SRE RRDRITS ; : RS re ; Éene ÈS Fe PER PPT STRRES ££ 7 ü 11e Li A Le L Pr A. a c 4 , ( y CR PRE 4748 Ar se. L - : | LA ' d: AU EN a LIN TES 0 + HS ap LS f 1 : L ni HO re ; pd CR + de f + nr JOURNAL DE PHYSIQUE. JOURNAL DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE ED ESA RT S, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; PAR J.-C. DELAMÉTHERIE, ET PAR H. M. DUCROTAY pe BLAINVILLE, Docteur en Médecine, Professeur Adjoint à la Faculté des Sciences, et Membre de la Société Philomatique, JANVIER AN 1817. TOME LXXXIV. À PARIS, Chez Me Ve COURCIER , Imprimeur-Libraire, quai des Augustins, n° 57, et rue du Jardinet, n° 12. 19 AVRIL 1817. TRRUA VE OUN ‘ir # j - Ter e è MT Pr de 4 RIT À Tur A4 | “ " 11 1 4 R me 315% y x 1 ; #2 S FT CE DEA An VE Pom Are à SR MT NÉE RENE + 18 M (ANNE AIRE +0 OMMICTT TETE 444 2° 4 3 Dr ee nd sm +. T0 | enr emer e Yane LE ‘ d = : = Le : bé ar Re 4er = »: ete L À x Se dis A a 8 it 2 ‘ A ve t 1 ÿ ya i à | (A pe . 4 MD. - d des A à É ï ” i LL Lee ACT t PRE LE _ : " 41 ed ra mn - ” En na! Fid Ron ? : ’ , Et è Won de : £ EE (l # | 6 | i Le : ap) | | IL JOURNAL DEPHYSIQUE, | DE CHIMIE Li 4 £ JANVIER AN 1817. Qui Li) EE és ne DISCOURS PRÉLIMINAIRE pr LA 1817, OU RAPPORT SUR LES PROGRÈS DES CONNOISSANCES HUMAINES PENDANT L'ANNÉE 1816; PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. C Journal, dont je suis propriétaire, et que je rédige depuis l'année 1785 , est un des plus beaux monumens élevés à la science réelle, à celle des faits et à la recherche de la vérité. J’ai tâché constamment de le soutenir à la même hauteur, sans re- douter ceux que la vérité offense. Dans les beaux siècles de la philosophie en Grèce, à Athènes, par exemple, les philosophes se montroient sous trois aspects principaux. Les uns, tels que Chrysipe, Platon... fréquentoient les cours et les gens opulens. Par /eurs léches complaisances ils en obtenoient de l'or, de l’or, de l’or;... ils étaloient un grand ( JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Juxe, et méprisoient ceux qui ne possédoient pas de fortunes semblables. D'autres, tels que Diogène... témoignoient un tel dédain pour tous ces objets, et se montroient en public avec une af- fectation si peu mesurée, qu’on les appela cyriques. Mais des troisièmes, tels que le SAGE SOcRATE, et la plus grande partie de son école, tenoient un juste milieu entre ces extrêmes; leur principale occupation étoit l’amour de la sagesse, et la recherche de La vérité. SOCRATE ! SOCRATE ! je t'ai toujours pris pour modèle. Je suis comme toi sans ambition... Je nai recherché ni argent, nè distinction}... je n’ai aimé que la science... Tu bus la ciguë plutôt que de trahir la vérité. Je n’ai pas montré moins de courage pour la soutenir, cette vérité : et si Je nai pas succombé comme toi, cela est dû à quelques circonstances favorables. AMOUR SACRÉ DE LA VÉRITÉ ET DE LA JUSTICE, TU NE CESSERAS DE GUIDER MES PAS. Mais arrivé à un âge avancé, avec des infirmités trés-graves et très-douloureuses, mes forces ne me permettent plus de suftire seul à la rédaction de ce Journal. J'ai donc prié M. de Blain- ville d'y coopérer avec moi. Chacun de nous indiquera sépa- rément les articles qu’il fournira. PF hs hthpilspliertielfreltfe st Tete re . CS CON MR ENT do 4 Plusieurs travaux importans ont été rendus publicscette année, et ont reculé les limites de la science. On doit distinguer par- ticulièrement ceux qui ont été faits sur la lumière, sur l’élec- tricité, sur le galvanisme..….. L'Histoire naturelle a fait des progrès qui ne sont pas moins rapides. La Géologie a une marche plus assurée. La Chimie continue ses brillantes découvertes ; elles annoncent qu'une nouvelle révolution y remplacera bientôt le règne de l'oxigène, comme celui-ci a remplacé le règne du phlogisiique. Mais tous ces nouveaux travaux confirment cette triste vérité ; On doit sans cesse soumettre à un nouvel examen les choses qu’on croyoit les mieux constatées. De nouveaux faits prouvent souvent qu'on étoit dans l'erreur. ET D'HISTOIRE NATURELLE. "4 La théorie de l’oxigène, par exemple, comme principe des acides, étoit regardée, par des savans distingués, comme tres- certaine ,... et aujourd'hui elle est généralement abandonnée. On regardoit comme certain, d’aprèsles expériences de Lémery, et surtout celles de Menghini , confirmées par tous les chimistes, que le principe colorant du sang étoit dû au fer; de nouvelles expériences prouvent que cetle opinion n’est pas fondée. Ce qui nous paroît le mieux constalé doit donc être placé seulement dans la classe des probabilités. DES MATHÉMATIQUES. Legendre, dans ses Exercices du Calcul intégral, s'est oc- cupé de la théorie des fonctions elliptiques. Poisson a développé la manière dont il suppose que le calo- rique se distribue dans les corps. Il a fait des recherches sur une propriété des équations gé- nérales du mouvement. Cette propriété, ditil, est comprisé dans la formule que Lagrange a donnée à la page 329 de la Méca- nique analytique, seconde édition , et dont il a fait la base de sa Théorie de la variation des Constantes arbitraires. Plusieurs géomètres, et particulièrement Cauchy, ont éga- lement donné sur les Mathématiques différens Mémoires inté- ressans, Des Tables des Probabilités. Dans mes Tables des Probabilités, j'ai recherché celle des faits qui ont lieu hors de notre globe. Cette probabilité est assez difficile à déterminer. Néanmoins on doit toujours lestimer par les mêmes principes d’après lesquels la probabilité des autres faits a été assignée; ellg est fondée sur l’UNIFORMITÉ DES LOIS qui subsislent parmi les êtres existans. La lune, par exemple, paroît avoir les plus grands rapports avec le globe terrestre; il est donc probable qu'il y existe à sa surface des êtres organisés, plus ou moins analogues à ceux qui sont à la surface de celukcr.... La même probabilité doit être appliquée à toutes les planètes et à tous les autres globes... Mais comment déterminer les degrés de ces probabilités? ë JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On doit se rappeler que j'ai exprimé la certitude, ou $ maxt- mum de probabilité par 100.000.000. Supposons, ai-je dit, une urne où on met r00.000.000 de billets; si on suppose tous ces billets blancs, et qu’on en tire-un, il est certain qu'il sera blanc : cette certitude, ou probabilité, est au r2aximum — ÿ — 100:000.000. Mais si on y met un billet noir, les autres étant blancs, on n'a plus de certitude que le-billet qu’on tirera sera blanc, puisque le noir peut sortir. La probabilité que ce billet sera blanc est égale à 99.999.999. . Si on place dans l’urne deux, ou trois, ou quatre,... ou 7 billets noirs, la probabilité que le billet qu'on tirera sera blanc suivra les mêmes proportions... Il n’y a de certain pour nous que ce qui est fondé sur le sentiment. Je suis certain que la couleur de ce papier m'affecte diffé- remment que celle de l'encre ; cette certitude est = 100.000.000. Mais nos autres connoissances, celles qui sont fondées sur la MÉMOIRE, ou sur l’'ANALOGIE, ou sur le TÉMOIGNAGE DES HOMMES , n’ont point de certitude pour nous; elles sont fondées seulement sur les probabilités. (7oyez la manière dont j'ai ex- primé ces probabilités dans ce Journal, tome LXXIX, pag. 133 et suivantes.) On calcule la probabilité de la durée de la vie humaine, par exemple, par le nombre des morts comparé à celui des nais- sances, sur un grand nombre d'individus. Mais pour la probabilité de ce qui se passe sur les autres globes, nous n'avons que l’exemple de ce qui se passe sur le globe terrestre.... Aussi ces probabilités n’ont pas la même valeur. On ne sauroit donuer trop d'attention à perfectionner ces Tables de probabilités, afin de pouvoir y classer toutes nos con- noissances. C’est un des travaux les plus utiles qu’on puisse entreprendre; et je ne doute pas que bientôt on ne cherche à perfectionner les Tables que j'ai commencées. On ne peut y appliquer la ri- gueur du calcul ; il faut s’en tenir à des approximations, comme on le fait dans tout le cours de la vie, par exemple dans les assurancesdiverses ..., DE ET D'HISTOIRE NATURELLE, 9 DE L’ASTRONOMIE, F Gauss a appliqué sa Théorie des Mouvemens elliptiques des Corps célestes à la détermination des mouvemens-de presque toutes les comètes, et aux mouvemens de Pallas. Bessel a calculé à Konisberg lorbite de la comète de 18r5. Sa période est de 74,049 ans. Il a également calculé l'effet des perturbations des planètes sur son prochain retour. Les Tables des mouvemens des divers corps célestes se per- fectionnent chaque jour. L’obliquité apparente de l’écliptique est, au rex janvier 1817, de 230 27° 51,8, suivant l'Ærnuaire de 1817. Cent vingtième Comète. Pons a découvert à Marseille, Ænnales de Chimie, pag. 202, cette comète, qui est la 120° observée; elle étoit située dans le voisinage du pôle. Sa lumière étoit très-foible. Elle a été vue à Paris par Bouvard et Arrago. Williamson, à New-Yorck, a fait un travail considérable sur les comètes, Des Taches du Soleil. Le professeur Pictet, au sujet de la température de cet été dans une partie de l’Europe, a rappelé l'attention des physiciens sur les taches du soleil, qui furent découvertes en 1610, par Scheiner et par Galilée. « L'apparition de ces taches, en un nombre plus ou moins grand, dit Pictet, paroît ne pas avoir d'influence sensible sur la température des saisons correspondantes. On a vu des étés très-chauds pendant lesquels Le soleil avoit beaucoup de taches, et des hivers très-froids pendant lesquels on n’en apercevoit au- cune. Ainsi en 1779 et en 1793, :on a vu des taches qui, me- surées exactement , avoient de dix à douze mille lieues de diamètre; celui de la terre n’en a que 2860. On en vit une en 1791, dont la surface étoit vingt-une fois plus grande que celle de la terre. » Les taches du soleil ne paroissent pas changer de place; Pictet cite les travaux de M. Eyrard, qui a fait un grand nombre Tome LXXXIV, JANVIER an 1617. B 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'observations sur ces taches. « Je suis loin, dit Eyrard , d’ac- corder à ces taches la faculté de nous ôter sensiblement de la chaleur du soleil. Nous pouvons raisonnablement admettre, d’après les observations de leurs rotations uniformes, qu’elles sont adhérentes au corps du soleil; et soit que, comme le pense Herschel, ces taches soient les 720n1agnes du noyau solide et obscur du soleil, qui percent quelquefois l'atmosphère lumi- neuse ; ou soit, comme le suppose M. Biot, que le corps même du soleil soit embrâsé , et que ces taches soient d'énormes embou- chures d’où partent des éruptions de feu, je ne vois point là de cause de diminution du fluide lumineux... » L2 L L L] 2 . LL L . L . T L L L3 . L2 . L L] L L} L2 L L3 L2 L] Mais en supposant avec moi, que les soleils sont d'immenses piles en activité (comme la grande pile de Institution roÿale), on dira que les taches sont des portions de la masse du soleil qui sont moins susceptibles d’être galvamisées, et qui sont plus ou moins éclairées par le fluide galvanique des parties environ- nantes , dont l'intensité doit varier, comme on l’observe dans nos piles. Du Mètre. Tous les peuples parvenus à un haut degré de civilisation ont cherché dans la nature un objet fixe pour déterminer leurs mesures de longueur. Celles-ci ont servi de bases à leurs mesures de capacité, à celles de pesanteur... , On suppose que les Égyptiens avoient pris cet objet dans une partie quelconque d’un grand cercle du globe. En France, on a adopté le même principe; on a fixé cet . x 1 . objet, ou le ètre, à la —— partie du quart d’un grand 10,000, 000 : cercle, ou un méridien du globe. En conséquence on a cherché à mesurer la longueur de ce méridien dans différentes contrées. Lambeton vient de faire, dit Delambre (Connaissance des Tems pour l'an 18r9), une nouvelle mesure d’un arc du mé- ridien dans l'Inde, à la latitude de 11° &, et il trouve l’apla- tissement du globe de = . 13’. Delambre estime l’aplatissement =. Les dernières mesures faites depuis Dunkerque jusqu’à l’île P que jusq ET D'HISTOIRE NATURELLE, 11 Formentera donnent le quart du méridien égal à 5,130,740 toises Ë | $ LE RS 7 (Annuaire, page 75); la dix millioniéme partie de cette lon- gueur donne le mètre égal à c"“b13074. La Commission a fixé la longueur du mètre à 443/%""295936. Toutes les mesures dérivent du mètre. Les mesures linéaires en sont des multiples ou sous-multiples décimaux. Le myriamètre Le kilomètre Le décimètre — de mètre. Le centimètre —— de mètre. Le millimètre —-—— de mètre. Les mesures de capacité en dérivent également. Le Zitre est le cube de la dixième partie du mètre. L’are, ou perche carrée, est un carré dont le côté est de dix mètres. Le Ailogramme, ou livre décimale, est le poids de la mil- lionième partie d’un mètre d’eau distillée, considérée dans le vide, et à son z2aximum de densité. Ce m2aximum répond au qua- trième degré du thermomètre, au-dessus de zéro, ou de la con- gélation. 10,000 mèlres. 1000 mètres. NIRIRL Mais l’estimation du mètre est encore hypothétique, puisque la figure de la terre n’est point déterminée d’une manière ri- goureuse. Du Pendule. La longueur de la verge du pendule qu bat les secondes peut également servir de point fixe pour les mesures. On sait que cette longueur varie à raison des latitudes. Les Anglais ont préféré cette longueur du pendule à une por- tion du méridien ; mais il est également difhcile d’avoir cette longueur d’une manière rigoureuse. Playfair estime qu’à Londres cette longueur du pendule est de 39,13809 pouces anglais. À A Paris elle est de 36 pouces 8,67 français. Cette longueur du pendule a été estimée par Borda, à Paris, à l'Observatoire, et dans le vide, de ome,741887. (Système du Monde, par Laplace, 3e édit. in-4°, pag. 72.) On n’a donc encore cette longueur de la verge du pendule à secondes que d’une manière approximative. Biz 12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On doit répéter en Angleterre les observations pour appro- cher de plus en plus de l'exactitude, Biot et Mathieu iront de Paris se réunir aux savans anglais. Ces difficultés d’avoir d’une manière rigoureuse la longueur de la verge du pendule à secondes, et celle du 7nètre, ou de Ja dix millionième partie du quart d’un méridien, forcent à s’en tenir à des mesures de convention , telles que la toise francoise ou le pied anglois, dont des étalons bien constatés sont placés dans des dépôts publics et sûrs. DE L’'HISTOIRE NATURELLE. Les travaux multipliés de ceux qui s'occupent de l’étude de l'Histoire naturelle, c’est-à-dire des êtres existant à la surface de notre globe, augmentent tellement nos connoissances sur ces êtres, qu'elles efraient le savant le plus zélé. Car le nombre des végétaux connus, dit Humbolt, est de plus de quarante-quatre mille ; et, ajoute-t-il, on ne connoît peut-être que la quatrième ou la cinquième partie des genres qui existent. Le nombre des animaux connus est beaucoup plus considérable que celui des végétaux. Celui des espèces minérales l’est moins; mais leurs variétés sont immenses. Le naturaliste doit, non-seulement connoître toutes les es- pèces d'animaux, de végétaux et de minéraux, mais il doit en connoître les différentes parties, leurs propriétés... De nouvelles difficultés sont nées de la science elle-même; c’est la zomenclature. Plusieurs savans ont donné des noms particuliers à différentes substances. La synonymie est donc devenue, en Histoire naturelle, une partie très-difficile. Ces difficultés s’accroissent chaque jour, parce que aujour- d’hui dans toutes les parties des sciences naturelles on introduit de nouveaux noms. Sans rien préjuger sur ces nouvelles nomenclatures, dont quelques-unes sont peut-être utiles, ou même nécessaires, on sait en général qu’il est toujours trèsfächeux de changer des noms consacrés par l'usage... ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 Le naturaliste cependant ne doit point être. découragé de tant de difficultés; mais après avoir acquis des notions générales, il se bornera à quelques parties particulières : et c’est ce que l'on fait aujourd’hui. DE LA ZOOLOGIE. Blainville a donné une Notice sur Saarah Battman, femme hottentote de la tribu des Boshimans , au cap de Bonne-Espé- rance, morte à Paris. Il lui trouve, quant au physique, de grands rapports avec l’orang-outang. Il nous a fait connoître en France plusieurs animaux vivans ou morts, qu'il a eu occasion d'observer en Angleterre, Il nous a donné des Notices sur différens mammifères, prin- cipalement de la famille des certs, de celle des antilopes... 11 a encore fait des recherches sur divers mollusques. Plusieurs autres savans se sont occupés de recherches sur les animaux. Cuvier a donné une nouvelle édition de son beau travail sur le règne animal. Lamarck a donné une nouvelle édition de son beau travail sur les animaux invertébrés, ou ceux que j'appelle osseux, Il y. a fait des additions importantes. Latreille en a fait également à son bel ouvrage sur les insectes. Savigni a enrichi différentes parties du règne animal. Lamoureux a publié son Histoire des Polypiers coralligènes flexibles, vulgairement nommés zoophites. Moreau de Jonnès a donné une description du trigonocéphale, grande vipère à fer de lance des Antilles. Ces différens travaux ont engagé à proposer de nouvelles clas- sifications du règne animal. De la Classification des Animaux. Cuvier a considéré les animaux principalement par rapport à leurs fonctions, et la classification qu'il en propose repose sur ces principes. / Blainville a suivi d’autres principes dans la classification du règne animal qu’il a proposée. « J’ai mis en première ligne, dit-il, la disposition des différentes parties, ou la forme géné- *4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1 , : rale des animaux ; aussi n'est-il plus question de circulatipn, de cœur à un ou deux ventricules, de sang chaud ou froid, rouge ou blanc, de respiration aérienne ou aquatique, double ou simple. Il a établi ses bases de classification sur les parties les plus profondes de l'organisation, et essentiellement sur la disposition du système nerveux; mais il a cherché à les traduire à l'extérieur, pour en tirer les caractères zoologiques. Blainville a cru nécessaire de proposer une nouvelle nomen- clature pour appuyer sa classification. Barbancoïis a proposé également une nouvelle classification du règne animal. [suit en partie la méthode adoptée par Lamarck, et divise les animaux en Animaux vertébrés. Animaux Zzvertébrés. Les animaux vertébrés forment six divisions : Les hommes. Les mammilères, +... {U(eLresires, marins. Les oiseaux... tortues. Les reptiles écailleux, 4 sauriens. ophydiens. Les reptiles visqueux..{ bactraciens. Les poissons. Les animaux invertébrés forment dix divisions : Les céphalopodes £ sèches. Les mollusques. Les annelides. Les crustacés. Les arachnides, Les vers. Les radiaires. Les polypes. Les infusoires, L’auteur a cru devoir distinguer l'homme des autres mam- mifères, L Il le place isolément, et en fait un quatrième règne, qui a seul la moralité; c’est pourquoi il lui a donné le nom de RÈGNE MORAL. Cette classification de l’homme, contraire à celle de tous les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 15 naturalistes, et de Linné, sera admise par ceux qui regardent Phomme comme un animal privilégié, seul de son espèce. L'auteur fait deux grandes classes des mammifères : Les terrestres. F Les marins. Je les avois également divisés en Mammifères (terrestres). En cétacés. DE LA PHYSIOLOGIE ANIMALE. De l’Azote. On sait que les substances animales contiennent des quantités plus ou moins considérables d’azote. Dagoumer en conséquence a donné un Essai sur le Gaz azote atmosphérique considéré dans ses rapports avec l’existence des animaux. « De l’aveu des chimistes, dit-il, l'azote est la sub- stance qui caractérise les matières animales. On doit donc re- garder comme indispensable l'intervention du gaz azote dans l'existence des animaux. » Magendie a prouvé, par des expériences directes, cette néces- sité de l'azote chez les animaux. Il a nourri des chiens avec des substances qui ne contiennent point d'azote, telles que le sucre, la gomme, le beurre... Un petit chien, à qui on donnoit pour toute nourriture du sucre et de l’eau pure, paroissoit bien portant les premiers jours; mais ses forces diminuèrent peu à peu : les cornées de ses yeux s’ulcérèrent, et laissoient filtrer une grande quantité de sérosités ; enfin il périt le trente-deuxième jour. Cette expérience fut répétée plusieurs fois, et donna toujours les mêmes résultats. Moreau de Jonnès a rappelé l'attention des physiologistes sur les géophages, ou les hommes qui mangent de la terre. Des Gaz intestinaux de l'Homme sain. Jurine avoit fait des expériences pour reconnoître la nature des gaz intestinaux de l’homme en état de santé. Dans son Mé- moire couronné par la Société de Médecine, il avoit reconnu dans le canal intestinal du gaz oxigène, du gaz acide carbonique, du gaz azote et du gaz hydrogène sulfuré. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Magendie a répété ces expériences, et ila obtenu des résul{ats analogues. Chez un jeune homme de 28 ans qui, quatre heures avant d’être exécuté, avoit mangé du pain, du bœuf bouill, des lentilles, et bu du vin rouge, on a retiré: Intestins grêles. Coœcum. Rectum. Oxisène EI ET NO 00 0,00 0,00 Acide carbonique... . . . 25,00 12,50 42,06 Hydrogène-pur: at t08,40 7,bo 0,00 Hydrogène carboné, . . . 0,00 12,00 11,10 AOC ele NO .60 67,80 45.96 100,00 100,00 100,00 Quelques traces d'hydrogène sulfuré s’étoient manifestées sur le mercure avant l'expérience. ‘On voit que l'acide carbonique est en général plus abondant dans les gros intestins que dans l’estomac et dans l'intestin gréle. . On a cru apercevoir quelques traces de gaz hydrogène per- carboné dans quelques gaz retirés du rectum. De l'Esprit vital ou moteur. Les physiologistes, pour expliquer la cause des mouvemens des animaux , l’attribuent toujours à un fluide particulier qu’ils appellent esprit vital, esprit animal, et que j'ai qualifié plus particulièrement d'esprit moteur que je crois être le galvanique. Les expériences de Dessaignes rapportées dans ce Journal, Cahier de décembre 1816, pag. 418, sur les grenouilles préparées, me paroissent ne laisser aucun doute que ce fluide ne soit le fluide galvanique. 11 faut donc attribuer au fluide galvanique ce que j'ai at- tribué à l'esprit moteur. Ainsi lorsque J'ai dit, Traité de l'Homme, tome I, pag. XXXV : « Les esprits moteurs font sur les nerfs et la fibre les mêmes » impressions que le fluide reproductif, lurine , la salive... » font sur leurs organes. » Lorsque cette impression est bornée, ils l’agacent volup- > tueusement, et produisent du plaisir, » Si L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 » Si impression est trop forte, ils irritent les nerfs et causent » de la douleur. ; » Telles sont les causes physiques de plaisir ou de douleur » que causent les sensations. » Il faut s'expliquer différemment, et dire : lorsque la quantité du fluide galvanique est trop considérable, il irrite et cause de la douleur, de l'ennui. Lorsqu'elle n’est que suflisante, elle affecte délicieusement, produit plaisir, hilarité... Lorsqu'elle n’est pas suffisante, il y a atonie, foiblesse. Cette action du fluide galvanique dans l’économie animale ; est produite par l'hétérogenéité des différentes parties dont sont composés les animaux. Leur système nerveux est hétérogène au système musculaire, aux systèmes des viscérés. . . On sait que toutes les substances hétérogènes en contact se galvanisent mutuellement. DE LA BOTANIQUE. Humboldt, Bonpland et Kuhnt ont publié un nouvel ouvrage intitulé : Nova GENERA ET sPECIES plantarum equinoxialium. Ils ont reconnu quarante genres nouveaux, et ils croient n'avoir découvert que la quatrième ou cinquième partie de ceux qui existent. Le nombre des espèces connues, disent-ils, est de 44,000. AGOINIEONE Se Ne AL NET RU RARARE QUE QUE Phanérogames. Se ms 00058000 ATADICS ANUS SE. CRIER O0 Asie équinoxiale.. . . . 4,500 dont on a trouvé en 4 Amérique équinoxiale. . 13,000 ANTIQHE-a6h fete fes 22000 Europe Me een Cie 2:000 Sans doute ce nombre de 44,000 plantes connues doit être réduit, parce qu'il est vraisemblable qu'il y a plusieurs doubles emplois. Mirbel a publié des Élémens de Botanique et Physiologie végétale. Bonpland a publié le huitième Fascicule des Plantes rares cul- tivées à Navarre et à la Malmaison. Tome LXXXIV. JANVIER 1817. CG 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les Anglois dans les Indes retirent des feuiiles d'un lau- rier rose, ou nerion, des quantités considérables d'une fécule bleue, égale en couleur à l’indigo. Ce fait a été annoncé à l’Aca- démie des Sciences à Paris, par Jaumes de Saint-Hilaire. Henri Cassini a donné plusieurs suites à son beau travail sur les synanthérées. Nous devons, dit-il, considérer la corolle des synanthérées comme formée par la réunion de cinq pétales. hacun de ces pétales forme un onglet et une lame. La réunion de ces cinq onglets forme le tube, celle des cinq lames forme le limbe. Le caractère le plus essentiel de la corolle des synanthérées réside dans la disposition des nervures. H donne aux synanthérées le nom de androtomes, c’est-à-dire plantes à étamines qui semblent coupées transversalement vers le milieu par une articulation , ou changement subit de sub- stances. Il les divise en dix-sept tribus naturelles. Il a aussi examiné le cardamine.... Jussieu a fait des recherches sur la famille des orangers. Saint-Hilaire en a fait sur celles des caryophillées, des portu- lacées , des paronychies, des salicaires. ... Thouin continue ses travaux sur l’art de cultiver les plantes. Il a donné la description de différentes manières de greffer. Des Lemna. Palissot de Beauvois a fait un grand travail sur Îles lemna, ou lentilles d’eau, sur leur frucufication et sur la gérmination de leurs graines. Il résulte de ses observations, 1°. Que les lemna appartiennent à la grande famille des pha- nérogames, c’est-a-dire des plantes dont les organes de la re- production sont connus. 2°. Que leurs fleurs sont hermaphrodites , composées d’une seule pièce, insérées comme les étamines à la base, mais sur l'ovaire. 5°, Elles ont deux étamines qui sedéveloppent alternativement, à anthères grosses, didymes, biloculaires ; Un style cylindrique ; Un stigmate creux, évasé en forme d’entonnoir; ET D'HISTOIRE NATURELLE, 19 Un ovaire comprimé, un peu cordiforme, lequel devient une capsule uniloculaire ; 1— 4 sperme se déchirant circulairement à sa base; L’embryon est renversé, ou antitrope ; Les graines germent à la manière des monocotylédones , mais avec des circonstances toutes particulières. L'auteur décrit ensuite les différentes especes de lemua connus. 11 en compte huit. DE LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Knight a fait quelques expériences sur les feuilles des plantes. Elles tendent à montrer que la matière du véritable bois s'y forme, et que la sève en descendant des feuilles aux racines donne naissance à l’aubier. Du Cambium et du Liber. Il se forme entre le liber et le bois une couche, qui est la continuation dæ bois et du liber. Cette couche régénératrice a recu le nom de cambium. Le cambium n’est donc point une iqueur qui vienne d’un endroit ou d’un autre. C’est un tissu très-jeune, qui continue le tissu plus ancien. Il est nourri et développé par une sève très-élaborée. Le cambium se développe à deux époques entre le bois et l'écorce, savoir : au printemps et en automne. Il fournit un nouveau feuillet de liber et un nouveau feuillet de bois. De la Respiration des Plantes exposées à la lumière du soleil. J'ai prouvé dans mes Considérations sur les Etres organisés, tome II, pag. 248, que les végétaux respiroient d'une manière particulière. Théodore de Saussure admet également celte respiration des plantes. Rhuland vient de faire de nouvelles expériences sur celte respiration des plantes exposées à la lumière du soleil. Il a fait voir que l'action des acides a une grande influence sur celte respiralion. C 2 20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De la Chaleur des Végétaux et des Animaux. Il est enfin reconnu aujourd’hui que la chaleur des végétaux et celle des animaux ne vient point de l’oxigène qu'ils ins- pirent; mais elle est produite , ainsi que je l'ai toujours soutenu , par l’action de leurs forces vitales. Celle action paroît un effet galvanique. | Des différens Systèmes de l'Economie végétale. Si l'on veut faire des progrès dans la connoïssance de l'éco- nomie des végétaux , il faut la comparer sans cesse à celle des animaux , laquelle se montre plus à découvert. C’est ce que j'ai démontré dans mes Considérations sur les Etres organisés. Bichat et Pinel ont distingué dans l’économie animale différens systèmes. Leur opinion a été adoptée par tous les physiologistes. J'ai fait voir qu'on devoit adopter les mêmes opinions pour l'é- conomie des végétaux : j'y ai distingué également plusieurs systèmes : ll Système du tissu cellulaire ; - Système des membranes séreuses ; Système des membranes muqueuses ; Système des membranes fibreuses ; Système des membranes keratiques ou cornées ; Système nucléen ; Système des membranes fibro-séreuses; Système des membranes fibro-muqueuses ; Système des membranes séro-muqueuses ; Système des membranes des cicatrices ; Système des membranes des gales; Système épidermoïde ; Système pileux ; Système dermoïde; Système dermoïde colorant; Système des trachées ; Système médullaire ; Système fibreux, ou des vaisseaux séveux ; Système glanduleux ; Système ‘exhalant; Système inhalant, ou absorbant: Système moteur, qui remplace le système musculaire ; EEE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21 Système des forces vitales; Système des organes de la nutrition; Système pneumateux, ou des organes de la respiration; Système des organes de la circulation ; Système des organes de la reproduction ; Système des organes externes de la sensibilité ; Système des sens internes de la sensibilité. Cette manière de considérer l’organisation végétale, me paroit y jeter un grand jour, etje crois pouvoir assurer que par ce moyen, l'anatomie végétale est aussi avancée que l'anatomie des animaux. Nous ne connoissons pas , par exemple, la nature des glandes des végétaux; mais nous ne connoïissons pas davantage la nature des glandes des animaux. - Des Vaisseaux rouges de la Moelle. J'ai fait connoître dans la moelle des jeunes branches de sureau, de l'yeble, de l'hortensia , des fibres particulières. (Con- siderations sur les Etres organisés, tome ll, pag. 454.) Elles sont rouges , demi-transparentes ,... et paroissent com- posées d'une manière analogue aux vaisseaux lymphatiques..… Je n’en connoïs pas encore l'usage. Leur existence est généralement admise, quoiqu'on ne nomme pas celui qui les a fait connoître le premier. DE LA MINÉRALOGIE. Jamesson a publié à Edimbourg un Système de Minéralogie. On sait qu'il est un des plus savans élèves de Werner. Léonhard a lu à l’Académie de Munich un Discours sur l’état actuel de la Minéralogie. De la Sodalite. Cette substance à été trouvée au Groenland. Coureur. Intermédiaire entre le vert céladon et le vert de montagne. TRANSPARENCE. Translucide. Durcré, Celle du feld-spath. PEsAnNTEUR. 2378. Cassure. Feuilletée. Fusisiriré. Fond au chalumeau. FoRME crISTALLINE. Dodécaëdre rhomboïdal. 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette substance, analysée par Thomson et Ekberg , leur a donné: Thomson. Ekberg. Silices LONCMMAN 1M4NS6 50 36 Alumime EN 27e 42 Chaux BIEN IP ERNST SIE 00 Oxide de fer. . . . . 1.0 0.25 Soudeni A ne 525660 25 Acide muriatique.. . 3.0 6.25 Matière volatile. . . . 2.10 0 Recto EN RUE T7 (J 100 100 Ce minéral a été découvert par le minéralogiste danoïs Giesecke, à Kanerdhuarsuk, dans le Groenland occidental. Il forme un lit de dix à douze pieds d'épaisseur, dans un schiste micacé. Il est accompagné d’augite, de hornblende et de grenat. Thomson en a donne la description dans les Memoires de la Société d'Edimbourg. Jamesson la classe parmi le feld-spath. Le nom de sodalite lui a été donné à cause de la quantité de soude qu'il contient. C’est le même naturaliste Giesecke, qui a découvert la riolite. Le comte Bourkouski a trouvé celte même sodalite au Vésuve, avec l’augite, l’hornblende, la vésuvienne. ..… Ilen a reuré, par l’analyse, Siicethomee, in fr-dlstéean 12: TE Annrinert Nas IPErE OMS LENS Soude et un peu de potasse. . . 27 AS look Te TROT Trace de chaux. ES lee dt oelalet ETATe AC) Cette analyse diffère peu de celle de la sodalite du Groenland. De l'Eïsspath, ou spath de glace de Werner. | ( . Là . ‘ L E L Ce minéral, qui se trouve au Vésuve, se présente en petites écailles blanchâtres, Du Grossular. Ce nom a été donné par Steffens, et adopté parj Werner, à un minéral connu sous le nom de grenat d'un vert olive, qui se trouve en Sibérie. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 23 Courzur. Vert d'olive. PEsanTeur. 5.571. Klaproth en a retiré, GC RP TEEN RE ES L'eihe Lei 2 (CET MER RATE EE SAIT EMOmMmANnGeN titre ME To 8.50 Fer'oxide An ER AL 19 Albite. Ce minéral a été décrit par Hedenberg , sous le nom de PARA à lames courbes. je minéral a une texture lamelleuse et courbe. Sa couleur est blanche, et souvent d’un blanc de neige. 11 n’est pas rayé par le quartz. Eggartz , Gahn et Berzelius ne le croient pas un feld-spath. Fttrocérite. Gahn et Berzelius ont ainsi appelé un minéral composé de fluor, ou chaux fluatée, de fluate de cerium et de fluate d'yttria. Coureur. Un violet passant au rouge, Dureré. Il est rayé par le quartz. PEsanTEUR. 3447. Ces chimistes en ont retiré, LE Me RSR RC IRRME MESA À MUR TELE es: ere bu ve LIO Géniamionde. PAU T2 a TO re Acide fluorique. . . RUE Tantalite. Ce minéral est un composé deplusieurs métaux oxidés, savoir : Fantasia ts alrinrlo asbl 669 Etain... spolensu) ob Box dA 2617 Hénin Ce ni ie Ava re 7x OT Dhneanesest. er ces) cle) 7:00 CHA en es ni qu Are sax Ar Les minéralogistes étrangers annoncent quelques autres mi- néraux que mous n'avons pas vus en France; mais il est vrai- 24 JOURNAL DELPHYSIQUE, DE EMIMIE semblable qu'ils donnent de nouyeaux noms:à.des minéraux connus. La substance qu'ils appellent gehlenite, par exemple, paroit être celle que j'ai nommée andalousite..., Il faut donc altendre de nouveaux éclaircissemens sur toutes ces substances. re ‘ DE LA GÉOLOGIE, Lecons de Géologie. J'ai réuni mes nombreux travaux sur la Géologie en un seul corps d'ouvrage, sous la dénomination de Lrcons De Giorocre. Toutes les questions y sont traitées dans un ordre très-méthodique, etavee une étendue suflisante. J'y ai suivi les prin- cipes les plus généralement avoués ; et je ne me suis jamais écarté des faits constatés, dont j'ai observé moi-même une partie dans mes nombreux voyages lithologiques.... Aussi cet ouvrage doit-il être regardé comme le Traité de. Géologie le plus complet que la science possède, Des savans, très-instruits dans .cette partie, me disent en m'écrivant : vos Lecons de Géologie sont le plus beau monument qu'on ait élevé à cette science. Cet ouvrage est la suite de mes Zecons de .Minéralogie pu- bliées en 1812, et complète mes Vues sur les Corps inorganises. Dans l'ordre de mes travaux, ces deux oùvrages précèdent mes Considérations sur les Etres organisés, Où j'ai exposé mes Vues sur cette païtié de nos connoissances. Enfin mon ouvrage pr LA NATURE DES ÊTRES EXISTANS réunit mes Ÿ’ues sur les êtres inorganises et les. êtrés organisés, et comprend mes idées générales sur l’ensemble de ces êtres. sur le cosmos, xwcuoc. J'ai fait voir que le ‘globe terrestre doit être considéré comme composé de la même manière que tous les autres globes, et particulièrement les planètes. C’est pourquoi j'ai fait précéder son histoire d'un Abrégé de Gosmologie. La matière dont ces globes ont été formés étoit dans un état de fluidité quelconque : c’est ce dont conviennent tous les savans, fondées sur la figure sphéroïdalé de'cés corps, laquelle est conforme à l’action de leurs. forces centrales, la centripète et la centrifuge. Cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25 Cette fluidité de la matière première pouvoit étre, Aériforme , Jonée, Aqueuse. # ,” , ot . * J'ai supposé, d'après les faits connus, que a. La masse du globe terrestre a été formée de substances “ LE » à l’état aériforme. b. La surface du globe, sa croûte extérieure, a été formée de substances qui jouissoient de la fluidité aqueuse. c. Les laves volcaniques me paroissent être les seules sub- stances minérales qui ont joui d'une fluidité ignée. De la Formation du Globe terrestre par Cristallisation. Les substances fluides qui ont formé le globe , se sont réunies par les forces des affinités, et ont cristallisé. Le globe a donc été le résultat de ces cristallisations. La densité de la surface du globe paroît être à peu près trois fois plus considérable que celle de l’eau. Cette densité augmente dans l'intérieur du globe; elle paroit y être à peu près cinq fois plus considérable que celle de l'eau. De De la Chaleur centrale du Globe. Les substances dont le globe terrestre est formé éloient fluides. Cette fluidité suppose une chaleur quelconque. La masse a conservé cette même chaleur, qui constitue la chaleur centrale du globe. Cette chaleur primitive a ensuite été modifiée : a. Par différentes combinaisons; b. Par l'action galvanique. Le résultat général de toutes ces actions particulières est le refroidissement de sa masse entière; car tous les faits prouvent que le globe perd journellement de sa chaleur. De l'Électricité du Globe et de l'Action galvanique. Le globe terrestre est regardé par tous les physiciens comme un »nagasin continuel d'électricité. Les phénomènes de la foudre ascendante ne laissent aucun doute sur cette électricité du globe, Tome LXXXIV. JANVIER an 1817. D 26 _ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CE SONT DES FAITS CERTAINS. Je suppose que cet état permanent, habituel, d'électricité lui est fourni par l’action galvanique que ses différens strates Aé- térogènes exercent les uns sur les autres. Les tremblemens de terre, dont les commotions sont très- analogues aux commotions électriques , confirment ces aperçus. Du Magnétisme du Globe terrestre. Le globe terrestre est dans un état habituel de magnétisme. On distingue la déclinaison de l'aiguille; Son ziaclinuison. L'une et l’autre varient. Leur cause nous est inconnue. Des Principes composant le Globe terrestre. ‘ Les principes dont le globe terrestre est composé paroissent de trois natures différentes. a. Les fluides éthérés, qui sont : Le fluide calorique, ou le feu; Le fluide lumineux ; Le fluide électrique, ou galvanique ; Le fluide magnétique ; Le fluide nebuleux. b. Les fluides gazeux, qui sont: L'air pur, ou gaz oxigène ; L'air inflammable, ou gaz hydrogène; L'air impur, ou gaz azote. c. Les substances concrètes sont : Le charbon, Le soufre, 9 Le phosphore, L'iode, Le bore, Le fluore, Le chlore, Neuf terres, qui sont des oxides; Deux alcalis, qui sont des oxides ; ? Vingt-huit substances métalliques. . . . . . . . 0 , . . , , * *) ET D'HISTOIRE NATURELLB. 27 Les fluides éthéreés et les fluides gazeux ne, paroïssent pas des substances composées. Je les regarde commé,des substances indécomposées. Les substances concrètes paroissent se former journellement ; comme dans les nitrières, ou dans d’autres combinaisons, ou chez les êtres organisés, par l’action de leurs forces vitales. J'ai suppose que ces substances concrètes sont produites par les combinaisons des fluides éthérés et des fluides gazeux. Toutes ces substances se sont combinées, ont cristallisé, et ont forme le globe par cristallisation. J'ai prouve ce point fondamental de la Géologie. 1Q De l'Atmosphère du Globe terrestre et de ses Mouvemens. L’atmosphère du globe terrestre est un fluide immense qui l'enveloppe. Elle es composée, Aïr pur, Où oxigène. . 141%" 1ob2t2 Air impur, ou azole. . 1: 4 10:783 Air inflammable, ou hydrogène. 0.003 Acide carbonique. . . . . . . 0.004 INTASMES = 7 0 pdrehednne La hauteur de l'atmosphère n’est pas connue. Je suppose qu’elle s'étend jusqu'aux atmosphères des autres planètes. La masse de l'atmosphère éprouve différens mouvemens , dont j'ai assigné les causes. | a. Le mouvement des marées. b. Un mouvement d’occident en orient. c. Un mouvement de l'équateur aux pôles. d. Un mouvement des pôles à l'équateur. De la Masse des Eaux à la surface du Globe, et de leurs différens Mouvemens. Le globe terrestre étoit primitivement couvert d’une masse d’eau qui l’enveloppoit à une plus où moins grande hauteur, que nous ne saurions déterminer. Ces eaux ont diminué successivement. D 2 28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cette masse des eaux éloit sujette aux mêmes monvemens que la masse de l'atmosphère, et qui étoient produits par les mêmes Causes. a. Au mouvement des marées, 8. À un mouvement d’occident en orient, ce. À un mouvement de l'équateur aux pôles. Ce mouvement paroïît plus considérable dans l'hémisphère Me , dont les mers sont plus étendues que dans l'hémisphère oréal. d. À un mouvement des pôles vers l'équateur. Mais ces mouvemens ont ensuite été modifiés par l’appari- tion des continens. De la Surface sèche du Globe terrestre, ou des Continens. Cette surface sèche du globe est composée de différens terrains. a. Terrains primitifs. b. Terrains secondaires. c. Terrains d’alluvion. d. Terrains volcaniques. Quant aux prétendus terrains de transition, Werner convient qu'ils contiennent des débris d’ètres organisés : dès-lors ils rentrent dans les terrains secondaires. La plus grande partie de la surface du globe est occupée par les eaux, Soit des grandes mers, Soit des lacs. Ces divers terrains primitifs n'ont pas formé des surfaces planes et unies , ainsi que l'ont supposé la plupart des géologues. Mais ils ont formé des groupes de cristaux, comme dans toutes les grandes masses cristallisées. Ces groupes ont formé les montagnes. Cette formation des montagnes est un point essentiel de la Géo- logie, que j'ai établi sur des preuves qu'on ne sauroit affoiblir. Des Montagnes , des Vallées et des Plaines. Car on distingue à la surface du globes, a. Des montagnes , b. Des vallées, «, Des plaines. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 Ces montagnes forment des chaines plus ou moins étendues. On avoit dit que ces chaines de montagnes avoient des di- rections constantes; mais les'faits mieux examinés ont fait voir que cette opinion est erronée. Les directions des montagnes Yarient dans chaque grande masse. Des Terrains primitifs. Ces terrains sont composés de roches , ou de pierres agrégées, dont les principales sont : Les granits, Les granitoides, Les gneis, Les schistes micacés, Les porphyres, les porphyroïdes, Les pétrosilex, ; Les lydiennes, Les cornéennes, Les schistes primitifs, Les serpentines. Les calcaires primitifs, Les dolomies, Les gypses primitifs, Les fluors, Les terrains métalliques primitifs, L’anthracite, Le soufre, Les brèches primitives, Les pouddings primitifs , Les sables primitifs. L Dans les granits, les granitoïdes, les gneïs, les schistes mi- cacés ,... chacune des substances qui les compose a cristallisé séparément. Dans les porphyres et les porphyroïdes,. . . quelques-unes des substances qui les composent ont cristallisé séparément : les autres ont cristallisé en masse. Dans les pétrosilex , les lydiennes , les cornéennes, tous les principes qui les composent ont cristallisé en masse. J'ai des morceaux dont une partie est lydienne et l'autre est porphyre, LA 20 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE Ces terrains primitifs forment de grandes masses de montagnes qui traversent toute la surface du globe. J'en ai donné un apercu pour celles de la France. J'ai fait voir qu'il falloit regarder les montagnes primitives de la France, par exemple , comme formant cinq grands groupes. 1°. Les Pyrénées, qui la séparent de l'Espagne. Nous en avons des descriptions incomplètes. 2°. Les Cévennes, qui font un grand centre d’où partent plu- sieurs chaînes secondaires. On n’en connoit passablement que les parties volcaniques. 3°. Les montagnes de la Bretagne, depuis les Sables-d'Olonne jusqu’à Cherbourg. Elles sont peu connues. J’ai invité Dubuisson, Menard,... à nous les faire connoître plus particulièrement. 4. Les Alpes, mieux connues. 5°. Les loges, peu connues. Des Substances métalliques des terrains primitifs. Les substances métalliques sont assez abondantes dans les terrains primiufs; elles s’y présentent sous trois formes dif- férentes : a. En filons, b. En couches ou floez, c. En petits amas, stociverdes. J'ai prouvé, d. Que les dépôts de ces substances métalliques dans les terrains primitifs avoient été faits par GRISTALLISATION ; e. Que les lois des affinités avoient déterminé ces dépôts. Cette formation des dépôts des mines par cristallisation est encore un grand pas que j'ai fait faire à la Géologie. Des Terrains secondaires. Les terrains secondaires sont composés de substances cris- tallisées, différentes de celles qui forment les terrains primitifs. On y distingue principalement ; Les calcaires, Les craies, Les gypses, Les appatits., ET D'HISTOIRE NATURELLE. 51 Les argiles, Les ardoises, ou schistes secondaires, Les houiiles, Les substances métalliques , Le soufre, Le sel gemme. Toutes ces substances contiennent des quantités plus ou moins considérables de fossiles. Quelques-unes de ces substances sont cristallisées, soit d’une manière réguliere, soit d'une manière confuse. Quelques-autres, telles que les craies, sont cristallisées d’une maniere grenue. Enfin lés schistes, les argiles,... sont de simples dépôts qui ne sont pas crislallisés. Des Bitumes. Les bitumes ou houilles forment des couches immenses dans les terrains secondaires. J'ai disüingué, dans la formation de ces couches, quatre époques bien caractérisées : a. Le dépôt des fossiles végétaux ou animaux, tels que les bois fossiles ; ... b. La minéralisation de ces substances; c. La fluidité du bitume , comme l’asphalte, les huiles mi- nérales; ... d. La formation des couches biturmineuses, et leur cristal- lisation, analogues à celles des calcaires, des gypses. . . Des Substances métalliques des Terrains secondaires. Les substances métalliques des couches secondaires sont dé- posées : a. Ou en couches, comme les galènes de la Carinthie ; ..… b. Ou en r#1ids, comme les mines de mercure, d'idria; c. Ou sous forme terreuse, comme les mines de fer limo- neuses. ... Des Terrains d'eaux douces. Dans les terrains secondaires, les uns ont été formés dans le sein des eaux des mers. 32 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les autres dans les lacs d'eaux douces, comme je l'ai dit (Théorie de la Terre, tome V, pag. 155). Lamanon avoit déjà dit que Montmartre avoit été formé dans les eaux douces. On les distingue par la nature des fossiles qui y Sont contenus, On suppose que ceux de ces terrains formés dans les eaux des mers contiennent des fossiles marins; Et que ceux qui ont été formés dans les eaux douces, con- tiennent des fossiles d'eaux douces. Mais j'ai fait voir que cette opinion n’est pas exacte, puisque des fossiles d'eaux douces sont journellement charriés dans les mers, comme les fossiles d'eaux douces des environs de Paris, par exemple, sont charriés par la Seine dans la mer, au Hävre.…. Des lacs d'eaux douces ont leurs bassins remplis de fossiles marins, qui tombent souvent dans leurs eaux , comme dans les monts Salevies, sur les bords du lac de Genève... D'ailleurs Beudant a prouvé que des coquilles d'eaux douces peuvent s’habituer peu à peu à vivre dans les eaux salées ; De même que des coquilles d'eaux marines peuvent s’ha- bituer dans des eaux douces, Du Sel gemme. Le sel gemme ne se trouve que dans les terrains secondaires, où il forme des dépôts considérables. Ces dépôts paroissent avoir été faits dans des lacs semblables à ceux qu'on voit en Afrique, comme les lacs de Natron en Egypte, le lac Tozzer... Les mines de sel de Cardonne en Espagne, décrites par Cordier, sont également des dépôts faits dans un lac d'eaux douces. Des Terrains d'alluvion. Les terrains d'alluvion, ou les attérissemens, ont été pro- duits par l’action des courans. Les uns ont été produits dans le sein des mers et des lacs. Les autres ont été produits par les courans qui ont lieu à la surface du globe, savoir, les rivières, les fleuves. .. Ces terrains d’alluvion se présentent sous différentes formes : Ou comme des érèches, Ou ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 Ou comme des pouddings, Ou comme des sables. Les brèches sont formées de substances de différentes na- tures , brisées et agglutinées par des cimens divers. On distingue : Brèches des terrains primitifs; Brèches des terrains secondaires. Les pouddings sont formés de substances de différentes na- tures , brisées et arrondies, et agglutinées par divers cimens. On distingue : Pouddings des terrains primitifs ; Pouddings des terrains secondaires. Les sables sont les mêmes substances réduites en très-petites parties. On distingue également : Sable des terrains primitifs; Sable des terrains secondaires. Les vastes dépôts sableux qu’on observe en Afrique, en Asie,... méritent toute l'attention des géologues, Des Terrains volcaniques. Les terrains volcaniques sont les produits des déjections des volcans. PE Les substances qui composent ces terrains sont de diffé- rentes natures. J'en ai distingué plusieurs espèces: Les laves fontiformes, telles que les basaltes; Les laves pétrosiliceuses; Les laves téphriniques; Les laves hornblendiques; Les laves leucitiques; Les laves augitiques, © e » e 0 e e ° e ° Les unes sont compactes (et non lithoïdes). Les autres sont scoriformes. Des troisièmes sont pulvérulentes, ou formant des cendres telles que la farine fossile de Santa-Fiera en Toscane. e # e LI L L a D * Q je L2 L 2 À cr. LL Li HA À Chacune de ces espèces présente différentes variétés que Jai décrites. | Ces substances volcaniques ont joui d’une fluidité ignée, et Tome LXXXIF. JANVIER an 1817. E 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ont coulé en grandes masses qui affectent quelquefois là forme prismatique. | Elles ont passé à l’état pierreux en se dévitrifiant. Cette dévitrification est opérée par deux causes : a. Un refroidissement lent. b. Une compression plus ou moins considérable. Les substances volcaniques sont regardées ordinairement comme les produits des roches que nous connoissons, et qui ont subi des degrés de chaleur et des compressions plus ou moins considérables, telles que Les pétrosilex, Les téphrines, Les hornblendes , Les leucites, Les augites. On ne peut élever aucun doute sur celles-ei. Quant aux laves fontiformes, elles me paroissent avoir été formées par les lydiennes, les cornéennes, les schistes argileux ou thon-schieffer, . .. exposés à des degrés de chaleur et à des compressions plus ou moins considérables. Des cristaux paroissent se former dans les laves en fusion. Les principes de ces cristaux, tels que ceux des leucites, des olivines,.… disséminés dans ces substances coulantes, peuvent se réunir et affecter des formes régulières, comme dans les granits , les granitoïdes, les porphyres, les porphyroïdes . . .…. La chaleur des volcans provient principalement de l'action galvanique, que les divers strates hétérogènes du globe exercent les uns sur les autres. Cette même action galvanique produit les commotions sou- terraines, les tremblemens de terre; ... ils ont effectivement la plus grande analogie avec les commotions électriques. De la nature des Substances volcaniques. Les géologues pensent presque unanimement que les sub- stances volcaniques sont les roches connues des différens ter- rains, plus ou moins altérées par l’action des feux souterrains et la compression. Deluc a avancé une autre opinion. Cordier s'est également éloigné de ces idées; il pense que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55 ces substances volcaniques sont d’une nature différente de celle de ces roches. Il a réduit en petites parcelles les substances volcaniques, et les a examinées au microscope. Il suppose y avoir reconnu huit substances principales : : 1°. Le feld-spath; 2°. Le pyroxène (augite); 3°. Le Dot AL 4°. Le fer titané ; 5°. L'amphibole (hornblende); 6°. Le mica; 7°. L’amphigène (leucite) ; 8&. Le fer oligiste. Il fait deux grandes divisions des substances «volcaniques. a. Les leucostines, qui ont une grande quantité de grains blancs. C’est moi qui ai employé ce nont dans une autre acception, Lecons de Minéralogie, tome IL, pag. b. Les basaltes (ou pyroxéniques). La leucostine, dit-il, est un feld-spath mélé d'une petite near de fer titané, de pyroxène, d’amphibole, de muca et ‘amphigène. RE ? Le basalte est, dit-il, un pyroxène compact (et non lithoïde), mélé de feld-spath , de fer litané , de péridot , d’amphigène et de fer oligiste. Il classe dans les basaltes : a. Les laves argilo-ferrugineuses de Dolomieu; b. Les laves basaltiques ; c. Les basaltes trappéens ; d. Les graustein de Werner ; e. Les laves proprement dites... Ce sont presque. toutes mes laves fontiformes. Il classe dans les leucostines : a. Les laves pétrosiliceuses ; b. Les klingstein ; c. Les domites; d. Les thon-porphyres volcaniques. y” Il partage chacune de ces deux grandes divisions, les Jeu- costines el les basaltes ou pyroxéniques, en huit sous-divisions, qu'il appelle types. Ce qui fait seize types : et chaque type est sous - divisé en trois sous-types; sous-type solide [et non E 2 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lithoïde (1)], sous-type friable, sous-type endurci; ce qui fait 48 sous-types. SUBSTANCES FELD=SPATHIQUES. Type. 3. Leucostines. a. Lave pétrosiliceuse. b. Grunstein. c. Domite. Type 2: Pumite. a. Pumite. Ponce. b. Ponce pesante. c. Ponce ordinaire. Type 3. Obsidienne. a. Obsidienne uniforme. b. Pechstein volcanique. c. Obsidienne imparfaite. | Type 4. Spodite. SUBSTANCES PYROXÉNIQUES. Type 1. Basalte. ù a. Lave compacte lithoïde. [23 €. Type 2. Scorie. a, Scorie. Lave poreuse. b. C: Type 3. Gallinace. 7 a. Obsidienne fondant eu verre noir de Dela- c. métherie. ._.. Type. Cénérite. a. Cendres volcaniques blanches, : Cendres. b. Cendres ponceuses. c. Cendres ponceuses. Type 5. Alloiïte. a. Tuf. ë. €. L] Type 6. Trassoite (trass). : Trass. €: Ce Type 5. Pépérite. a. Tufs. ë. €. Type 6. Tufaite. F Tufs volcaniques. €. (2) On dit, par exemple, calcaire compact, et non lithoïde.... L'auteur appelle lui-même ces sons-types so/ides, et non Lithoïde». ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 SUBSTANCES FELD-SPATHIQUES. SUBSTANCES PYROXÉNIQUES. Type 7. Type 7. Téphrine. Wacke. a. a. Laves basaltiques décom- ë. 6. posées. Ce Ce Type 8. Type 8. Asclérine. Pozzolite. a. Ponce. a. Pouzzolanes. 8. b. c. c L'auteur n’a osé donner le nom d'espèces à ces types et à ces sous-types. Ce sont cependant de vraies espèces. Quel autre nom leur donner ? Les substances volcaniques, feld-spathiques ne sont-elles pas aussi distinctes des pyroxéniques, que les fld-spaths le sont des prroxènes? Il examine ensuite la nature des pétrosilex, des trapps , des cornéennes,... et ne leur trouve aucun rapport avec les sub- stances volcaniques ; .. . en quoi il diffère des autres géologues. Il faut attendre les nouveaux développemens que l’auteur promet de son opinion. De la Diminution de la masse des Eaux à la surface du Globe. La masse des eaux qui ont primitivement couvert la surface de la terre, diminue journellement ; c’est un fait qu’on ne sauroit révoquer en doute. Ces eaux n'ont pu passer en d’autres globes,... comme le prétend Maillet.... Ces eaux se sont donc enfouies dans l’intérieur du globe : a. Dans des cavernes, B. Dans des fentes produites à la surface du globe, par suite de son refroidissement. . Cette diminution des eaux s’est opérée lentement et succes- sivement. Elle ne paroit pas avoir eu lieu par des secousses violentes. 38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des Fossiles. : Les fossiles sont les débris des étres organisés enfouis et mélangés dans les couches du globe formées postérieurement aux êtres organisés, Îls se présentent sous six états différens : 1°. Quelquefois ils sont entiers comme les insectes qui se trouvent dans le succin... 2°. D'autres sont ferréfiés, c’est-à-dire réduits en une espèce de matière terreuse... 5°. Quelques-uns sont bitumineux, ou convertis en bitumes. 4°. D’autres sont métallises. 5. Un grand nombre sont pétrifies. 6°. Il en est qui n’ont laissé que leur empreinte. Ces fossiles ne se conservent que dans’des circonstances par- ticulières, qui les empêchent de se décomposer. On avoit cru que les fossiles avoient tous appartenu à des êtres organisés dont les analogues n'existent plus. Le contraire est ayoué aujourd'hui. D'autres ont dit que tous les fossiles ont des analogues exis- tans. Cela ne paroït pas être. La grande difficulté que présentent les fossiles, est que leurs analogues le plus souvent n’existent-que dans des contrées éloi- gnées du lieu où ils sont. Pour répondre à cette difiiculté, j'ai prouvé, 1°. Que les mêmes espèces d'animaux et de végétaux ont pu être produites en DIFFÉRENTES CONTRÉES; 2°. Que les mêmes espèces d'animaux et de végétaux ont pu être produites à DIFFÉRENTES ÉPOQUES ; 3°. Que la température de différentes contrées a changé; 4°. Que la plus grande partie de ces fossiles a été transportée par des courans. L’éléphant, par exemple, a pu exister dans l’ancien continent et dans le nouveau. Par conséquent on peut trouver ses dépouilles fossiles dans les deux continens... Néanmoins la plus grande partie des fossiles a été trans- portée par divers courans. s++ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 39 De la Dissolution aqueuse des Substances minérales de la surface du Globe, et de leur Cristallisation. Les substances minérales qui composent la surface du globe ont été tenues en dissolution dans les eaux , et y ont cristal- lise. Ce sont des faits avoués par le plus grand ROBE des géologues. Mais les causes qui ont opéré ces dissolutions et ces cris- tallisations ne sont pas encore bien connues. Le géologue doit faire de nouvelles recherches à cet égard. J'ai fait voir, dans mes Lecons de Minéralogie, qu'on doit regarder le plus grand nombre des principes qui composent les substances minérales, comme des oxides, tels que les terres... Or ces oxides purs se dissolvent assez facilement dans les eaux. J'ai conclu de tous les faits qui sont constatés en Géologie, que celte science est aussi avancée que les autres branches de la Philosophie naturelle. Mon ouvrage embrasse toutes les parties de la Géologie; mais je n’ai pu entrer dans tous les détails. Aussi m'a-t-on reproché de n'avoir pas donné assez de développemens à certaines parties ; et on n’a pas fait attention qu'un ouvrage comme le mien ne comportoit pas ces détails. Quelques-uns ont trouvé, par exemple, le Chapitre sur les Fossiles pas assez étendu. Mais il l’est suffisamment, car on sait qu'il faudroit plusieurs volumes pour exposer ce qu'on connoit sur celte partie... D'autres auraïent désiré que je fusse entré dans de plus grands détails sur la position des différens terrains, comme l'exige Werner... Mais cette position n’a rien de régulier, comme je l'ai ob- servé. Aïnsi les granits et les porphyres, par exemple, sont le plus souvent mélangés... Des différens Systèmes géologiques. J'ai cru devoir terminer ce grand ouvrage en rapportant les difféfentes explications que les plus beaux génies ont donné des divers phénomènes géologiques. A 40 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Les uns (les Sabéens) ont supposé que le globe terrestre, et tous les autres globes, étoient des êtres animés, des espèces d'animaux, dont les perfections et la puissance étoient en raison de leur volume... Cette opinion n’a plus de partisans. Les autres ont supposé que le globe terrestre avoit été formé de principes à différens états, savoir : a. Les uns ont supposé que cette matière première jauissoit d'une fluidité ignee. C’étoit là doctrine des disciples de Zerdusth, qu Zoroastre... Héraclite et les Stoïciens soutenoient la même opinion. b. Des seconds l’ont supposé à l’état de fluidité aqueuse. Cette opinion paroît avoir été admise par les peuples les plus anciens , les Chinois, les Indoux, les Phéniciens, les Egyptiens.… Elle le fut également par Thalès. c. D'autres l'ont supposé à l'état d'un principe terreux pénétré d’eau. : Cette opinion paroît avoir été celle de Sanchoniaton, qui avoit donné à ce principe le nom de Morux : elle a été celle de Hésiode. d. Des quatrièmes, tels que les Phéniciens, matière première à l’état aeriforme. « Thaut (1), auteur de la Théologie phénicienne, établit pour » principe de tout l'univers un air ténébreux et agité comme » un vent, Ou plutôt un air obscur et subit comme on le » voit, ou comme un esprit, et le cahos plongé dans une obs- » curité et une confusion profondes. Tout cela demeura infini » et sans bornes pendant plusieurs siècles ; mais lorsque l'esprit » ou le soufile commenca a concevoir de l'amour pour les » principes, et qu'il se méla avec eux, ce mélange, qui fut » nommé le désir ou l'amour, devint le principe de la produc- » tion de toutes choses. Cependant l'esprit ne connoïssoit point » ses propres productions. Moth fut le fruit de son union avec » ses principes; et de moth, qui est le limon, sont sorties les » semences des choses , et la matière de toutes les créatures ; » dit dom Calmet, Commentaires, lib. 1, cap. 1, pag. 10. Anaximène embrassa ce système des Phéniciens, et soutint que l'air, c’est-à-dire des substances aériformes , étoient le prin< cipe de tout. ° . . ont supposé la C1 ps on) Sanchoniaton, apud Euseb , Pærpar. Evang. lib. 1, cap. X: Cette ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 Cette réunion des matières premières, prise en général, a recu différens noms chez les anciens. Les Hébreux lui donnoient celui de romu sonu, Genèse. Les Grecs l’appelloient camos. Hésiode. Ocellus Lucanus l’appeloit le grand pan, To Ta. Les Latins la désignoient sous le nom de RUDIS INDIGESTA QUE Mores. Ovide, Les philosophes avoient différentes opinions sur la cause de l'existence de cette matière première. . Le plus grand nombre d’entre eux disoient qu’elle avoit tou- jours existé. La Genèse a dit: IN PRINCIPIO CREAVIT DEUS CŒLUM ET TERRAM. Le savant Calmet, dans son Commentaire, tome I, pag. 2, donne l'explication suivante de cette expression: Creavit Deus. ï Ce terme, dit-il, signifie deux choses dans l'Écriture : « 1°, Tirer du néant; 2. Donner la forme à quelque chose. Tous les juifs et les chrétiens les prennent dans le premier sens. C’est lacception qu'ils donnent au mot hébreu 5ar4, et au latin CREARE. ; Quelquefois il signifie seulement produire quelque chose d’une manière ordinaire, en changeant la disposition ou la configura- tion de ses parties extérieures ou intérieures, comme dans ce chapitre premier, versets 21 et 27, où il est dit que Dieu forma les poissons. Verset 21. CrEAviT que Deus cete grandia, et omnem animam viventem atque motabilem, quam produxerant aquæ, in species suas, et omne volatile secundum genus suum. Verset 27. Masculum et fœminam cREAVIT eos, en parlant de l'homme et de la femme. DE LA GÉOGRAPHIE. La Géographie physique fait une portion essentielle de la Géologie, puisqu'elle concourt à faire connoïtre la surface de la terre; elle a fait cette année de grands progrès. Les Anglois ont pénétré dans l'intérieur de la Nouvelle-Hollande, qui avoit été jusqu'ici inaccessible, Tome LXXXIF. JANVIER an 1817, FE 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ils ont également pénétré dans le Thibet. On a trouvé dans les chaines de l’Immaüs des montagnes dont l'élévation paroit ètre de 4000 Loises. Toulouzan a proposé une nouvelle division géographique de la surface de la terre. I] la partage en six parties : 1°. L’Amerique. L'auteur comprend sous cette dénomination l'Amérique mé- ridionale. 2°. La Colombie. La Colombie comprend une partie de l'Amérique septen- trionale. 3°. L'Ericie. L'Ericie comprend les pays situés au nord de l'Amérique , tels que le Groenland... 4°. L’Europasie. IéEuropasie comprend l'Asie et. l'Europe. 5°. L'Afrique. L'Afrique renferme à peu près le pays connu sous le nom d'Afrique. G, La Malasie. La Malasie comprend une partie de l’Archipel indien , la Nouvelle-Hollande, les îles de la mer du Sud... Cette division de la surface du globe est assez conforme aux faits. Mais l’auteur suppose que l'Océan a été formé par la réunion des eaux des différens lacs, qui sesont écoulés... Ces eaux, dit-il, avoient différens courans qui ont sillonné la surface du globe. Cette formation de l'Océan par l'accumulation des eaux de différens lacs ne me paroît pas probable, ainsi que je l'ai prouvé dans mes ZLecons de Géologie, tome IIT, pag. 256. J'ai fait voir (ibidem, tome I, pag. 212) que les mouvemens des eaux des mers sont produits par les mêmes causes que les mouvemens de l'atmosphère. DE LA PHYSIQUE. Des expériences nombreuses ont cette année enrichi la Phy- sique. On perfectionne les instrumens, ou machines, pour fare des expériences : on en soumet les résultats au calcul, ... ET D'HISTOIRE NATURELLE. 43 Beudant a publié un Essai d'un Cours élémentaire et général de Physique. Il en a embrassé toutes les parties; mais son plan ne Jui a pas permis de les traiter avec une étendue suflisante, Biot, dans son 7raité de Physique, n’a pas embrassé toute la science; mais il est entré dans de plus grands détails sur les parties dont il s’est occupé, telles que la lumière. Lascience n’a donc point encore de Traité de Physique. Cepen- dant on sent plus que jamais l'utilité et méme la nécessité d’avoir un exposé fidele de nos connoissances actuelles dans ces diverses parties de cette portion de nos connoissances, aujourd'hui si étendue. Mais différentes parties de la Physique sont cultivées avec beaucoup de succès. DE LA MÉCANIQUE. Des Vaisseaux mus par la vapeur. J'ai publié l’année dernière (Discours préliminaires, pag. 62), la relation du voyage d’un vaisseau mu par la vapeur de l’eau bouillante, qui a fait 760 milles, ou 258 lieues, de Dublin à Londres, en 121 heures. On à construit depuis cette époque un grand nombre de pareils vaisseaux, ou paquebots. Ils ont l'avantage de marcher en tout temps, quelques vents qu'il y ait. On établit également des bateaux analogues sur les fleuves, surtout pour les remonter. Ils sont d'une grande utilité pour le commerce. De l'Éclairage par l'Air inflammable. Un francoïs, Le Bon, entreprit d'éclairer par le re du gaz inflammable, ou hydrogène; mais il ne donna pas de suite a ses essais, quoiqu'ils eussent été heureux. Ces procédés ont été perfectionnés en Angleterre; et aujour- d'hui non-seulement les particuliers s’en servent dans les grands ateliers, dans les manufactures, ... mais une partie de la ville de Londres est éclairée par du gaz hydrogène retiré du charbon de terre. Cet éclairage est peu dispendieux : le charbon est réduit en coak; on en retire de l'huile, de l'ammoniaque..…. F2 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE De la Lampe de sûreté de H. Davy. On sait que dans les mines de charbon il y a un dégage- ment considérable d’air inflammable ou hydrogène. Cet air est souvent enflammé par la lampe des ouvriers, et produit les accidens les, plus graves. H. Davy à construit une lampe environnée d’une espèce de gaze métallique, dont les rézeaux sont très-petits : cet air hy- drogène, qui est toujours carboné, ne sauroit les traverser, et ne sy enflamme point. DU CALORIQUE. De la Chaleur rayonnante. La théorie de l'équilibre mobile du calorique rayonnant a fait naître des difficultés qui ont été examinées par Prevost. « Je suppose, dit-il, connue et admise la constitution du calorique qui s'accorde le mieux avec les phénomènes du rayon- nement. C’est un fluide discret, dont chaque particule se meut rapidement en ligne droite; et ces particules vont les unes en une direction, les autres en une autre, de maniere que tout point sensible de l’espace chaud est un centre duquel partent et auquel arrivent des files de particules, ou ce qu’on peut nommer des rayons calorifiques. » Un réflecteur, dans un lieu de temperature uniforme , n’envoie ni plus ni moins de rayons calorifiques qu’un autre corps. Quant à l'effet thermométrique, il n'importe pas que les rayons partis d’un corps soient émis, c’est-à-dire émanés de l’intérieur, ou qu'ils soient réfléchis. Si le réflecteur est parfait, le courant entier est composé de rayons réfléchis. Si le réflecteur est imparfait, le courant est composé de rayons réfléchis et de rayons émis. Il faut, au reste, appliquer à la réflexion du calorique les lois de la réflexion de la lumière. Ces idées que l’auteur donne du rayonnement du calorique, sont sans doute celles qui sont le plus conformes aux faits connus. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45 De la nature du Calorique. Plusieurs physiciens croient qu'il n’y a point de fluide propre qui produise la chaleur, et qu'elle est le résultat d’un mouve- ment particulier des molécules des corps. Mais le plus grand nombre des physiciens pense que la cha- leur est produite par un fluide subtil qu’on appelle feu, ou calorique. On a avancé une troisième opinion à cet égard. La chaleur a été envisagée par plusieurs philosophes, et par- ticulièrement par Deluc, comme un effet produit par deux fluides, le feu et le fluide lumineux. En parlant de l’état primitif des choses (Journal de Physique, tome XXXVII, pag. 544), 1l dit : « Le soleil étoit primituive- » ment composé d'élémens qui se trouvoient sans action chi- » mique;... mais il devint lumineux. Sa lumière dardant sur la » surface de la terre l’échauffa.... » La lumière, dit-il, pag. 532, ayant pénétré toutes les sub- » stances terrestres, y exerca nombre d’aflinités.. .. Notre igno- » rance sur les diverses espèces de combinaisons de la lumière » opposera probablement long-temps un grand obstacle à ce » que nous puissions pénétrer bien avant dans les phénomènes » tant passés que présens de notre globe; mais il est une de » ces combinaisons qui nous ouvre au moins une route gé- » nérale pour arriver aux autres. C’est celle qui s'opère par » l'union de la lumière à la matière du feu. Le feu fut donc pro- » duit ainsi dans toute la masse de la terre, par où toutes les » opérations chimiques qui exigent la liquidité y commencèrent. » La chaleur est souvent accompagnée de lumiere. Cependant il peut exister d’assez hauts degrés de chaleur, comme dans des masses métalliques non incandescentes, sans lumière. > Du Thermometre. Le thermomètre, inventé en 1600 par Drebbel, et perfectionné par Newton, est devenu un instrument d’une grande utilité en Physique. On en a construit avec différentes jun On se sert particulièrement de l’alcool et du mercure. Mais les degrés de dilatation de ces deux liqueurs , par la chaleur, ne sont pas toujours dans les mêmes proportions. Flaugergues a prouvé que si les degrés égaux du thermomètre 46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à mercure n'expriment pas des différences égales de chaleur, cela ne vient pas d’une qualité particulière de ce fluide, mais de la manière dont les corps sont dilatés par le calorique. - « Lorsque la chaleur, dit-il, augmente par degrés égaux , » où en progression arithmétique, les dilatations correspon- » dantes du mercure dans le thermomètre suivent une progres- » sion géométrique. » Le Sage de Genève avoit concu de réduire les degrés du thermometre de Deluc à ceux d’une échelle dont les degrés exprimeroient des différences égales de chaleur, c’est-à-dire à l'échelle d’un thermomètre équidif'trentiel. Flaugergues a suivi cette idée de Le Sage; il a donné des Fables pour réduire les degrés du thermomètre de Deluc aux degrés de l'échelle d’un thermomètre éguidifférentiel ; Êt d'autres Tables pour réduire les degrés d’un thermomètre équidifjérentiel aux degrés du thermomètre de Deluc. Christin , de l'Académie de Lyon, dit:l, croyant avoir trouvé ue le volume du mercure à la température de la glace fon- Fous étoit à son volume à la température de l’eau bouillante, comme 66 à 67, ou comme 6600 à 6700, proposa de diviser l'espace fondamental en 100 parties. Cette division fut adoptée en Suède par Celsius, et l’a été en France. On sent que cette précision dans les observations thermomé- tiques n'est nécessaire que dans les recherches les plus déli- cates de la Physique. | DE LA LUMIÈRE, De la Réflexion de la Lumière et des diverses Couleurs. Les rayons de lumière en tombant sur les corps se réfléchissent sous un angle égal à celui d'incidence. Mais cette réflexion s'opère de deux manières. : a. Le rayon peut se réfléchir tout entier et la couleur en est blanche. b. Ou il n’y en a qu'une portion de réfléchie, et il affecte alors diverses couleurs. : Des Anneaux colorées. Les lames minces des corps donnent diverses. séries d’an- neaux colorés, Newton a examiné avec sa sagacité ordinaire les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 phénomènes que présentent ces anneaux colorés, et il a fait voir qu'ils dépendent des différentes épaisseurs de ces lames. On doit donc supposer que les diverses couleurs qu'offrent les corps sont dues à la même cause, De la Double Réfraction de la Lumière. Lorsqu'un rayon de lumière pénètre dans un cristal dont la forme primitive n’est ni l’octaëdre régulier ni le cube, on ob- serve en général qu'il se divise en deux faisceaux inégalement réfractés. L'un, que l’on nomme le faisceau ordinaire, suit la loi de réfraction découverte par Descartes, qui est commune à tous les corps cristallisés ou non cristallisés. L'autre faisceau, qu’on appelle extraordinaire, suit une autre loi de réfraction, qu'on appelle double réfraction, comme dans le spath d'Islande. Huyghens avoit déterminé cette loi par une construction in- génieuse. Laplace a combiné cette loi avec les principes généraux de la mécanique. Il en a déduit l'expression générale de la vitesse des particules lumineuses qui composent ce faisceau. Cette ex- pression indique qu'elles sont séparées par une force émanée de l’axe du cristal, et qui, dans le spath d'Islande, se trouve être répulsive. Mais Biot a découvert que dans un grand nombre de cris- taux le rayon extraordinaire est attiré vers l'axe, au lieu d’en être repoussé ; en sorte que sous ce rapport les cristaux doivent être partagés en deux classes, l’une que Biot nomme à double réfraction attractive, comme le cristal de roche,.. . Vautre à double réfraction répulsive,.comme le spath d'Islande, le béril..… Ces résultats montrent qu’il existe dans l’action des cristaux sur la lumière la même opposition de forces qu'on a déjà reconnue dans plusieurs autres actions naturelles, comme les deux électricités, les deux magnétismes... Brewster a fait plusieurs expériences qui lui ont prouvé, 1°. Que le verre, le muriate de soude et le fluor peuvent; par une pression mécanique, éprouver des altérations qui leur communiquent la double réfraction. 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE On y observe alors un côté convexe et un côté concave, et deux regions séparées par une ligne noire. $ P P 8 2°. Le spath fluor, le diamant, l’obsidienne,... peuvent ac- quérir par la chaleur la double réfraction. 5°. La compression produit les mêmes effets; car en com- primant dans des boîtes transparentes des gelées animales, elles acquièrent la double réfraction. Sebeck a observé des phénomènes analogues. De la Diffraction de la Lumière, ou Inflexion. La diffraction de la. lumière fut d’abord observée par Gri- maldi; elle a ensuite été étudiée par Maraldi, Dutour, Young... Un rayon de lumière qui passe près d’un corps, ou entre deux corps , est décomposé et laisse voir différentes franges colorées. Flaugergues a fait plusieurs expériences pour découvrir la cause de ces phénomènes (Journal de Physique, tome LXXV, pag. 387); il a conclu qu'il existe dans l’acte de la diffraction deux sortes de pouvoir : a. L'un par lequel une partie des rayons de la lumière qui passent près des bords d’un corps, sont attirés et pliés en dedans l'ombre de ce corps. b. Le second pouvoir est celui par lequel une partie de ces rayons, qui passent près des bords d’un corps, sont repoussés de manière qu'ils s’écartent de l'ombre de ce dernier corps. Ce dernier pouvoir agit plus fortement sur les rayons les moins réfrangibles, et moins sur les rayons les plus réfrangibles. La cause de ces deux pouvoirs est encore ignorée, ajoute-t-il. Fresnel, Arrago, Pouillet ont examiné la diffraction qu’éprouve la lumière lorsqu'elle passe entre deux bizeaux parallèles. D'après leur travail, les bandes les moins déviées ont leur ori- giné dans les points de l'intervalle les plus voisins de chaque bizeau, et les plus déviés ont leur origine le plus près du centre de l'axe. De la Polarisation de la Lumière. Cette propriété de la lumière , découverte par Mazvs, a été objet de plusieurs travaux intéressans. .Brewster à fait sur cet objet un très-grand nombre d’expé- riences, dont nous avons donné des extraits, Il a prouvé que, 1°. La ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 1°. La pression développoit la force polarisante dans plusieurs substances minérales qui ne la possèdent pas, tels que le fluor, le diamant, l’obsidienne,... et leur donnoit une polarisation semblable à celle que possèdent les minéraux cristallisés. Des substances végétales, tels que la gomme, le cahout- chouc.... $ Des substancés animales, telle que la gelée de poisson... recoivent également la force polarisante par une compression graduée, 2. La chaleur développe également celte propriété polari- sante dans plusieurs substances qui ne la possèdent.pas, tel que le verre... .s f On doit conclure de ces faits, que la compression et la cha- leur produisent des changemens considérables dans la position des molécules de certains corps, et leur communiquent les pro- priétés de différens corps cristallisés, tel que le spath calcaire, dit cristal d'Islande. Biot s’est également beaucoup occupé de la polarisation de la lumière. . Tous les faits paroissent prouver qu’il y a beaucoup d’ana- logie entre les phénomènes de la double réfraction de la lu- mière et ceux de sa polarisation. La chaleur, la compression, .….. communiquent à différens corps et la double réfraction , et la po- larisation. | Nous verrons que Dessaignes a prouvé que l1 compression et la chaleur ont également une grande influence sur l’état élec- trique des corps. Tous ces fluides éthérés, le calorique, le lumineux, l’élec- trique ,... ne seroient-ils que des modifications d’un seul fluide, comme le supposent plusieurs physiciens ? D'un Colorigrade. Les expériences sur la polarisation ont conduit Biot à la cons- truction d’un instrument propre à fixer d'une manière constante toutes les nuances des couleurs : il l'appelle colorigrade. D’Aubenton avait déjà employé les prismes pour le même objet. Mais Biot a trouvé, dans les rayons lumineux polarisés, une autre méthode d'arriver au mème but. 1] a construit un instru- ment composé de diverses plaques, dont la force polarisante est Tome LXXXIS. JANVIER an 1817. .G ( 5o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’abord très-foible, et s’augmente graduellement, et dont les cou- leurs sont toujours les mêmes. : Desrayonspolarisés communiquent constammentlesmmëmescou- leurs aux corps. Il faudra donc pour obtenir ces diverses couleurs, A corps a des rayons qui ont différentes forces polarisantes.. Son instrument présente ces diverses nuances, el lui donne constamment les mêmes couleurs dans les mêmes circonstances. De l’Absorption réelle de la Lumière. Grotthouss a recueilli un grand nombre d'expériences sur la lumière, et en a fait de nouvelles pour prouÿer qu'il y a une absorption réelle de la lumière de la part de certains corps exposés aux rayons du soleil. : Il prit du chlorophane , fluor de Nertschingk en Sibérie, qu'il exposa à la lumière du soleil. (On sait que cette pierre acquiert dans cette circonstance une belle couleur violette phosphores- cente.) Il l'enveloppa de plusieurs doubles de papier, et la ferma. dans une boite. Vingt heures après, dans une chambre bien obscure; il développa le chlorophane, qui jouissoit de toute sa phosphorescence. ; Mais l'ayant fermé de nouveau comme ci-devant, sans l'avoir exposé au soleil, il n’y avoit plus de phosphorescence. Il varia beaucoup ces expériences, qui lui donnèrent toujours des résultats analogues. Il en conclut que la lumière substance imponderable ou aw moins imponderée, peut former avec la matière pondérable solide, des combinaisons qui subsistent sans altération, lorsque cette dernière passe à l’état de fluidité, ou qu’elle est dissoute. Elle peut même, dans le cas d’une nouvelle modification chimique des élémens de la substance pondérable, passer de sa première com- binaison dans une nouvelle; et dans la suite, et par l'effet d'un simple changement dans la température, se dégager de nouveau sous la forme de lumière rayonnante, et se dissiper dans l’im- mensite de l’espace. 1% M “ Des Rayons de lumière désoxigénans, calorifiques et magnétisans. Les rayons de lumière présentent encore d’autres phénomènes, que j'ai rapportés dans ce Journal, tome LXXV, page 58. / ET D'HISTOIRE NATURELLE. y: Les uns sont désoxigénans ou chimiques, tels que les rayons violels. Les autres sont calorifiques, comme l'a prouvé Herschel, tels que les rayons rouges. Enfin les rayons violets peuvent, suivant Morichini, produire le magnétisme. Tous ces faits que nous venons d'exposer sur les lumières, exigent de nouvelles expériences. Du Système d'Ondulation, et de celui d'émission de la Lumière. Deux opinions principales sur la lumière partagent aujourd'hui les physiciens. Descartes, Huüyghens,... supposent qu'il existe un fluide par- ticulier, très-subul, doué d'une grande élasticité, répandu dans l'espace, qui produit, par ses ondulations, tous les phénomènes lu- mineux... Æuler, Young ,... admettent cette opinion. On l'a appelé système par ondulation. Newton suppose, au contraire, qu’il émane des corps lumineux un fluide particulier, qui produit tous les phénomènes de la lumière, d’une manière analogue à peu près aux phénomènes qui sont produits par des fluides odorans qui émanent des corps odorans. On donne à cette opinion de Newton le nom de sys- tème par émission. Dans le système par ondulation, on suppose que les pheno- mènes lumineux sont produits par les ondulations d'un fluide subtil où élastique, .… d'une manière à peu près analogue à celle dont sont-produits les phénomènes sonores, par les oscillations et les ondulations de l'air atmosphérique, et les autres fluides gazeux. On démontre que les phénomènes sonores sont produits par l'air, puisque dans le vide il n’y a plus de sons. Mais les mêmes démonstrations ne peuvent plus avoir lieu pour les effets qu'on suppose produits par des fluides éthérés, parce que nous n'avons aucun moyens de les contenir dans des vaisseaux, ou de les exclure. . Ainsi plusieurs physiciens n’admettent point de fluides calo- rique, parce qu'ils croient pouvoir expliquer tous les phénomènes du feu et de la chaleur sans supposer des fluides particuliers. IL en est de même pour les phénomènes électriques. H. Davy croit pouvoir les expliquer sans supposer qu'ils sont dus à un fluide particulier. G 2 52 © JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On peut donc réduire cette grande question à celle-ci : Le fluide qui produit des pliéngmènes lumineux est-il un fluide particulier, comme l'air qui produit les phénomènes sonores? Ou est-il une émission des particules qui émanent des Corps lumineux , comme le fluide odorifère émane des corps odorans ? Ne pouvant renfermer les fluides lumineux comme on ren- ferme Fair, chacun des partisans des deux opinions à cherché à faire voir que les phénomènes lumineux s'expliquent mieux dans songjsièrne que dans le système opposé. Fresnel vient d'exposer à l’Académie des Sciences, à Paris, des faits qui paroiïssent pouvoir mieux s'expliquer dans le système des ondulations que dans celui de l'émission... Mais ces faits ne sont pas assez concluans pour décider la question. Des causes des Phénomènes lumineux. Différentes causes font paroître la lumière. # a. La,combustion. . b. La chaleur. Des métaux, des pierres,... chauffés au rouge sont lumineux. ce. L’électricité. d. La phosphorescence. On peut supposer que l’état lumineux est un effet d'oscillations produites dans le fluide, comme l'éclat sonore est l'effet d'oscil- lations produites dans l'air. DE L'ÉLECTRICITÉ. Des différens modes d'Electricité. J'ai distingué dans les phénomènes électriques six modes ou six circonstances particulières. Il y a des corps : 1°. {dio-électrique, électriques par eux-mêmes ou par frot- tement. 2°. An-électriques, non par eux-mêmes, mais par commu- mication, 5°. Pyro-électriques , électriques par le feu, telle que la tour- maline... pe Sunaphto-électrique, électriques par contact, tels que les piles voltaiques. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 53 5, Positivo-électriques , corps passant au pôle positif de Ja pile. G. Négativo-électriques, corps passant au pôle negatif de la pile. J'ai comparé ces modes d'électricité aux différentes coulcurs que le prisme donne aux rayons lumineux. Je suppose que le fluide électrique peut également, dans dif- férentes circonstances, présenter six modifications particulières. La mème masse d'air atmosphérique peut transmettre différens sons, à raison de Ja nature des différentes ondulations qui lui sont communiquées par les corps sonores. Les physiciens ont émis différentes opinions sur les causes qui produisent l’électricite. H. Davy suppose qu’elle peut être produite, comme la chaleur, sans aucun fluide. Symmer suppose deux fluides. Francklin n’admet qu’un fluide électrique. Je pense quele fluide électrique est, comme le fluide calorique, un fluide particulier qui rayonne comme celui-ci. Il a une plus grande activité dans le corps électrisé, comme le calorique aura plus grande activité dans le corps échaufle. L'électricité est quelquefois accompagnée de lumière; mais souvent elle est sans lumicre. L£ De l' Electricité par la température, par la pression et par l'humidité. Dessaignes a déterminé, par un grand nombre d'expériences, l'influence que la température, la pression mécanique et les prin- cipes humides ont sur l'électricité (Journal de Physique, mai 1816). Parmi toutes les manières, dit-il, page 561 , de produire l’élec- tricité qui sont en usage, j'ai choisi de préférence celle qui con- siste à plonger une tige de verre ou tout autre corps électrique dans le mercure, comme plus capable de $e prèter à toutes les modifications... Il y trois manières de rendre électrique une tige de verre avec le mercure, qui ne sont que trois modes de pression. 1°. La meltre en contact avec le mercure. 2°. L'y plonger doucement et l’en retirer de mème. 3°. L'immerger brusquement et la retirer de la même manière, Je désignerai ces trois modes sous les noms de contact, d'im- mersior et de choc. 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE : J'ai constaté la matière de l'électricité par deux méthodes. a. Eu présentant la tige électrisée à un électromètre préalable- ment chargé d'une électricité opposée. b. En projetant sur la tige un mélange de minium et de soufre à l’aide d’un petit soufflet. c. Le mercure qu’on emploie doit être pur. La tige qu'on plonge dans le mercure est souvent électrique par immersion el par choc, et nullement par contact. Souvent elle l’est par contact, par immersion, et non par le choc. j Quelquefois elle n’est électrique que par contact. D'autres fois par le choc. Très-souvent elle se trouve inexcitable de toutes manières. L'électricité s’y développe quelquefois tout d’un coup, d’autres fois graduellement. La tige est quelquefois électrique par le haut de la partie im- mergée, avant que de l'être par le bas. Elle commence d’autres fois à l'être par le bas, avant que de l'être par le haut. Quelquefois la tige devenue électrique devient inexcitable ou par degrés, ou tout-à-la-fois. Enfin cette électricité présente toute sorte d'anomalies. L’au- teur a recherché les causes de ces anomalies. 1°. Le changement de température est une des causes les plus puissantes, e Mais pour que les variations de la température puissent produire spontanément de l'électricité (dit-il p. 566), il faut deux conditions essentielles : 4. contact entre deux corps hétérogènes; b. trans- mission du mouvement calorique du corps indiflérent dans celui qui ne l’est pas, ou qui l’est moins. 2°. L'influence de l’air sec on humide (pag. 173) esttrop bien reconnue pour chercher à l’établir, Mais ce pouvoir est modifié par la température. Le pouvoir électrique peut se développer dans un air humide, pourvu qu’il soit refroidissant. 7o 3°. On doit bien présumer ( pag. 574) que les pressions atmosphériques ne sont pas sans exercer une certaine influence sur le pouvoir électrique. Il est très-difficile, à la vérité, de voir et de déméler nettement leur action de celle des autres causes, soit lorsqu'elles concourent avec elles, soit lorsqu'elles leur sont opposées, parce que la marche annuelle de leur variation a trop peu d’étendue. , - LR ET DHISTOIRE NATURELLE. 5 Lorsque le pouvoir électrique est naturellement développé, il augmente sensiblement de tension dans un air raréfié jusqu’à un certain point. Un plus grand degré de raréfaction l’affoiblit et l’éteint. Lorsque le pouvoir est développé, il augmente de même de tension dans un air condensé jusqu'a un certain point. Un plus grand degré de condensation l'affoiblit et le fait disparoître. Quand ce pouvoir est naturellement inexcitable, on le fait re- naitre également dans un air raréfié ou condensé. Ces influences sont précisément celles que le froid et la cha- leur exercent sur le pouvoir électrique. Ces diverses actions de la température ne sont donc autre chose que des pressions diminuées ou augmentées; dimiuuées lorsque la température baisse, aug- mentees lorsqu'elle se rehausse. Lorsque le pouvoir électrique est inexcitable, si l’on approche de la surface du mercure une tige de verre grosse comme un bäton de soufre, de manière à ne toucher ce liquide que par un point, et sans exercer Ja moindre pression, elle n’y acquiert au- cune électricité. Quand le pouvoir au contraire est bien développé, elle y devient électrique sur-le-champ. Un simple contact a donc le pouvoir de faire naître un principe d'action. Le principe ne peut être que l'attraction des deux corps, pour ce fluide, l’un de l’autre. Il faut donc admettre trois sortes d'actions capables de produire l'effet électrique. Action physique, qui est le changement de température. Action mécanique, qui est le frottement ou la pression. Action chimique, qui est l'attraction. .Ces trois sortes d'actions ne sont en définitif que des pressions, et peuvent se réduire à une seule. Il faut donc dire généralement que l'excitation électrique est le résultat d'une pression (pag. 375). Le verre (pag. 384) n’est pas le seul corps soumis à ces varlatiôns. La laine, la soie, le papier, le coton, la cire à cacheter;, le soufre y sont aussi assujétis, mais avec des diffé rences qui méritent d'être connues. Les changemens de nature de l'électricité (pag. 385) ne sont pas particuliers au frottement produit par le mercure. Ils s’ob- servent dans le frottement sur la laine. 56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIIMIE L'auteur a ensuite multiplié les expériences, pour déterminer l'action du froid et de la chaleur dans la production de l'élec- tricité (pag. 413). . Lorsqu'en hiver un vent du nord vif et piquant règne dans l'atmosphère, si après avoir examiné l'intensité électrique qu’ac- uiert une tige de verre dans du mercure, à la température libre À l'appartement, on la plonge dans du mercure exposé à l'air extérieur, que je suppose à o°, et que de suite on l'approche d’une aiguille électrométrique, elle en sort quatre fois plus électrique que du premier mercure. " On obtient le même effet en présentant seulement à l'air du dehors le mercure qui est dans l'appartement, et en y plongeant en mème temps la tige. La première impression d’un froid vif suffit done au pou- voir électrique du mercure pour acquérir un accroissement de tensiorr. Les diverses impressions de la chaleur (pag. 428) ne modifient pas séulement la tension du pouvoir électrique, elles changent encore la nature de l'électricité. La tige de verre plongée dans le mercure reste négativé tant que le pouvoir électrique du verre, qui est naturellement supé- rieur à-celui du mercure, conserve sa supériorité ; ‘elle devient au contraire successivement inexcitable et positive , lorsque le pouvoir du mercure en augmentant seul de force, devient pro- gressivement égal et supérieur à celui du verre. Lorsque la tige sort fortement négative du mercure dans un temps sec et tres-froid , si l’on expose à l'air extérieur une grosse üige de verre, et qu'on ait soin de la porter dans la chambre de minute en minute, pour la plonger à chaque fois dans du mer- cure à la température de l'appartement, on Ja voit, à mesure qu'elle se refroïdit, sortir du mercure successivement moins né- galive, zéro positive, zéro négative, zéro très-faiblement positive, et enfin inexcitable: pour toujours. En la laissant ensuite revenir à la température du dedans, et en continuant à la plonger de temps en temps dans le mercure, elle repasse par tous les états qu'elle a parcourus en se refroïdissant, et se retrouve à là fin plus négative qu'avant l'expérience. L’électricité du verre est encore susceptible de changer de nature par la seule influence d’une action mécanique (pag: 454). Si l'ou presse fortement dans toute sa longueur une tige de verre dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. … 37 dans une serviette pliée en plusieurs doubles, et qu'après l'avoir ainsi serrée pendant quelque témps, on la plonge dans le mercure, elle y devient électrique, et d'autant plus fortement, qu'on Pa pressée davantage et plus long-temps. Lorsque la tige sort naturel- . lement positive du mercure, elle devient négative en la pres- sant ainsi. 4 ! On produit le même effet sur la tige, ou bien elle devient imexcilable en lui faisant une forte ligalure avec un cordonnet plat (456). a | De l'Électricité des métaux. Dessaignes a ensuite examiné l'influence de la température des pressions mécaniques sur l'intensité du pouvoir électrique, et sur le changement et la nature de leur électricité. Ses expé- riences ont été surtout dirigées sur les substances métalliques. Des expériences nombreuses lui ont fait tirer les conclusions suivantes : 1°. Un refroidissement lent et gradué ne procure aucune tension au pouvoir électrique des métaux, mais la dispose à en acquérir par les progrès de la chaleur diurne. Un refroidissement plus ou moins intense et plus ou moins rapide fait naître et développer proportionnellement leur pouvoir; ces mêmes degrés de froid l'affaiblissent et le font disparoitre lorsqu'ils deviennent station- paires el continus. 2°. Le platine, l'or, le cuivre, l'argent, le zinc, le plomb et l'étain sont constamment négatifs par frottement sur laine, lorsque leur pouvoir électrique est bien développé, et posilifs quand il est affoibli. see ) " 3°. L’antimoine, le bismuth et le fer sont toujours positifs dans le. premiér cas, et négatifs dans le second. . EC VREE 4°. lorsque le pouvoir descend graduellement du plus haut point de son développement au plus grand degré de son affoiblissement, ou lorsqu'il remonte de celui-ci au précédent, les cinq premiers métaux, particulièrement leurs petits disques, sont susceptibles de parcourir quatre états électriques, un négatif et un positif fort, un négatif et un positif foible, tandis que les autres n'en parcourent que deux. RTE SEA . + De la cause de VE lectricité. Dessaignes tire, des faits que nous venons de rapporter, les con- elusions suivantes (pag. 450) : Tome LXXXIF. JANVIER an 1817. H 58: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CUIMIE « Tous ces faits, dit-il, me semblent inconciliables avec Ia théorie des deux fluides ; en, n’en admettant qu’un, ils me parois sent au contraire s'expliquer naturéllement. » 1°. Tous les éorps sont pénétrés d’un fluide éminemment expansif, auquel ils sont intimement unis par une force attrac- tive, et qui forme autour d'eux une espèce d’atmosphère. » :Tousges corps n’ont pas une égale attraction pour ce fluide. La quantité que chacun d’eux en possède est donc proportionnée à sa force attractive. k; ! : » La force expansive et la force attractive de ce fluide sont donc en équilibre entre elles dans tous les corps. » En vertu de la force expansive, ce fluide tend sans cesse à s'écarter ; mais sans cesse il est réprimée par sa force attractive. L'air atmosphérique la seconde dans ses efforts par son poids, sa pression, par sa température et par son principe humide. Ges trois sorles d'actions ne sont en réalité que divers modes de pression. » L'effet électrique est donc le résultat de l'action de deux puis- sances élastiques, qui se poussent l'une contre l’autre avec des forces inégales. Quel que soit l'état naturel des forces, l'électricité né- gative est loujours le partage naturel de celle qui se trouve supé- rieure à l’autre au moment de la réaction de deux pouvoirs, et. l'électricité positive celle de la plus foible. | | » La pression mécanique n’est pas la seule cause excilatrice de l'électricité; elle peut encore naître au simple contact de deux corps-hétérogènes, par le seul mouvement de leur température. lorsque son équilibre est rompu, ou par celui que produisent leurs forces alternatives, lorsqu'elles sont un peu énergiques; ais ces diverses actions ne sont en définitif que des pressions. » . Enfin les forces vilales sont soumises, comme le pouvoir électrique, aux mêmes lois d’accroissement ou de décroisse- ment, sous l'influence du poids de la température et du principe humide. - Symmer supposôit deux fluides électriques. H. Dayy suppose qu'il n'y a point de fluide électrique, et que: l'électricité, comme la chaleur, peut subsister sans fluide par- üiculier. Des attractions et répulsions sans électricité. Le Dessaignes, dans ses nombreuses et savantes expériences, que: nous venons de rapporter, a obtenu souvent des attractions: et . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59 des répulsions, auxquelles l'électricité ne paroît avoir aucune part, quoiqu’elles soient dépendantes de ce même fluide , en qui réside le Pouvoir électrique (Journal de Physique, juillet 1816, pag. 5). Un bâton de cire à cacheter gros comme un bàton de soufre ordinaire, dont l’une des extrémités est terminée par une sur- face convexe et bien polie, lorsqu'on touche par cette extrémité la surface du mercure avec diflérens degrés dé force, acquiert une électricité positive par un simple contact; par un choë modéré , 1l est sans électricité et inexcitable; par un choc plus fort, l'électricité devient négative (pag. 6). Si l’on réitère cette même expérience dans un temps ou l’exten- sion du pouvoir électrique est considérable, la cire à cacheter se trouve bien encore positive par contact, et négative par un choc fort; mais par un choc modéré, elle acquiert une force répul- sive qui fait fuir l'aiguille tournante, quoique celle-ci ne soit pas isolée; qui repousse le minium et le soufre lancés sur un bäton à l’aide d’un soufllet; ce qui prouve que cette force n’est pas de nature électrique. (Pag. 7). Si dans un vase de mercure dont la température soit de 6o à 80° centigrades, on plonge par intervalle une grosse tige de verre, elle en sort ordinairement électrique dans toute sa longueur, aux deux ou trois premières immersions. En continuant d'immerger la tige, elle devient négative en haut, positive en bas, et les deux extrémités sont séparées l’une de l’autre par une espèce de nœud inélectrique : à proportion que la tige s’échauffe et que son fluide se tend, ce nœud devient répulsif, et fait fuir l'aiguille électrométrique (pag. 7). Si l'on frotte avec une étofle de laine un bâton de cire à ca- cheter ou de soufre, et qu’on le présente dans loute sa longueur à l'aiguille électrométrique, celle-ci en est atteinte par toute la partie qui a été frottée, tandis qu’elle est repoussée fortement par celle qui n’a pas été frottée, malgré que l'aiguille soit cons- tamment sans électricité. Il résulte de ces faits (pag. 8), que le frottement ou la pression fait naître ou développer, dans les corps idio-électriques, une force de répulsion qui n’est point due à l'électricité, quoiqu’elle appartienne au fluide qui produit l'effet électrique. Cette force est susceptible de se manifester aux deux points différens de la tige. 1°. À son extrémité supérieure , ou plutôt immédiatement au- dessus de la partie qui a subi le frottement, EH 2 60 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2. À son extrémité inférieure, ou à cette espèce de nœud qui sépare les deux électricités contraires dont elle est quelque— fois pourvue. IL existe encore un autre fait intéressant, qui manifeste des phénomènes d'attraction et de répulsion sans éleetricité, I con- siste à exposer à l'air extérieur, lorsqu'il est refroidissant, un disque de métal quelconque, et à le présenter ensuite à une aiguille électrométrique non isolée; celle-ci est alors tantôt attirée tantôt repoussée, suivant l'intensité du refroidissement de l'air. De l'Electricité atmosphérique: Schluber a fait des observations intéressantes sur l'électricité atmosphérique. « Dans les jours sereins et calmes, dit-il, l'électricité esttoujours positive ; peu avant le lever du soleil, elle reste à son minimum. » Au lever de l’astre elle se manifeste, maïs lentement; l’ac- croissement est peu considérable dans la première ‘heure. L’hy- gromètre de de Saussure ne marche que peu vers la sécheresse. La rosée du matin tombe... l'électricité atmosphérique augmente rapidement, Elle atteint son premier #aximum , au mois de mai, ordinairement vers huit heures. Pendant que l'électricité atmosphérique parvient ainsi à son: premier maximum, air continuera à se charger de vapeurs. Dès que cette électricité commence à décroitre, les vapeurs diminuent. Vers deux heures après midi, l'électricité est près de son minimum , Où elle arrive vers les quatre à cinq heures. C'est aussi l'instant de la plus grande siccité de l’air. L’électricité commence à remonter une heure avant le coucher du soleil. Elle atteint souvent son maximum une heure et demie après le soleil couché. Elle diminue ensuite peu à peu, et arrive à son minimum au lever du soleil, ou peu de temps après. Le Tels sont les phénomènes généraux de l'électricité atmosphé- rique observés par Schluber. Ces phénomènes sont ensuite modifiés par la chaleur, par la lumière, par l'humidité... Ces variations dans l'électricité atmosphérique ont quelques - ET D'HISTOIRE NATURELLE, Gr yapports avec celles qu'on observe dans les mouvemens de l'aiguille aimantée. De la circulation du Fluide électrique. Delezennes a fait des recherches intéressantes sur la circulation du fluide électrique. Les résultats qu'il a obtenus diffèrent de ceux d'Erman, insérés dans le Journal de Physique, tom. LXIV. L'eau lui paroît mieux conduire l'électricité vitrée que l’élec- tricité rés'heuse. Tous ces faits que nous venons de rapporter attendent de nouvelles expériences. DU GALVANISME, OÙ ÉLECTRICITÉ PAR CONTACT. De l'influence de la chaleur et du froid sur l'Action galvanique. Dessaignes a constaté, par plusieurs expériences, que de hauts degrés de chaleur et de froid ont une grande influence sur l’action galvanique. Un degré de froid intense et une température élevée font perdre le pouvoir électromoteur à une pile. Des Piles galvaniques. Delezennes a fait des recherches sur la manière dont le fluide électrique se distribue dans la pile de Volta. « L'objet spécial de » la lettre qu'il m'adresse à ce sujet (Journal de Physique, » avril 1816, pag. 269), me dit-il, est d'annoncer aux physiciens » que le fluide electrique se distribue dans la pile de Volta ex » raison directe du carré du nombre des couples, et non comme » on l’a pensé, en raison simple de ee nombre de couples. » Les physiciens, tels que Children, Wollaston, ont construit un grand nombre de piles différentes , avec lesquelles ïls ont faitdes expériences intéressantes. Mais la plus remarquable est celle de l’Institution royale de Londres, qui a des surfaces de 128,000 pouces carrés; la chaleur qu’elle produit fond tous les corps... Sa lumière est aussi éclatante que celle du soleil. . . : Schluber a fait de nouvelles recherches... surles piles de Deluc’, de Zemboni, qui présentent des faits curieux; elles prouvent que le galvanisme peut s’opérer sans le concours de l’eau. Mais cette’ acuion ne dure qu’un certain temps. G2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'action des miennes, construites par Dumotiez, a cessé au bout de quatre à cinq mois. De l'Action galvanique. L'action galvanique, ou l'électricité par contact, est reconnue aujourd'hui pour un des plus grands agens des phénomènes naturels, ét chaque jour en découvre de nouveaux effets: Nous avons vu ceux qu'on obtient avec des piles différentes, telles que celles de Children, de Pepys, de Wollaston, de Deluc, de Zemboni. L'action galvanique me paroit être la cause de l'électricité de la masse du globe terrestre. Les différens strates hétérogènes dont il est composé, et qui sont continuellement en contact, s’électrisent, se galvanisent, et forment d'immenses piles. L’élec- tricité de quelques-uns de ces strates, les métalliques, les ma- gnésiens,... est positive; celle des autres, les sulfureux, les bitu- mineux,... est négative. L'air atmosphérique est également chargé d'électricité, et les nuages sont tantôt chargés d'électricité positive, tantôt d’élec- tricilte negative. Lorsque l'électricité de cet air est supérieure à celle du globe, elle se communique à celui-ci par la foudre descendante. Dans le cas opposé, il y a foudre ascendante. Le galvanisme de’ces piles de l’intérieur du globe est la cause des commotions souterraines, des tremblemens de terre... Lorsque, par des circonstances locales , la communiçation s'établit entre des strates chargés d'électricité différente, il y a, comme dans les piles voltaiques, décharge, détonnation, com- molion, inflammation. L'’analogie dit que la même action galvanique doit avoir lieu dans les planètes et dans les comètes. Elles sont, suivant les analogies, également composées de différens strates hétérogènes. L’analogie dit encore que la même action galvanique doit avoir lieu dans Îes soleils. Ces soleils sont également composés de parties hétérogènes, comme lé prouvent leurs différentes taches, qui diffèrent des por- tons lumineuses. Ces différentes portions hétérogènes doivent donc également se galvaniser. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 63 On peut donc regarder le soleil comme une immense pile galvanique toujours en aclivité. Lg é Les phénomènes que présente la grande pile voltaique de l'Institution royale, à Londres, ont beaucoup de rapports avec ceux que présente le soleil; lumière très-vive, chaleur con- sidérable,... permanence de celte lumière et de cette chaleur... L'hypothèse qui suppose que les soleils sont des corps ana- logues à nos corps combustibles, est duflicile à être soutenue. 1°. Car quelle seroit la nature de ces combustibles ? 2°. Quelle quantité d'air pur. faudroit-il pour entretenir cette combustion ?... 3°. La masse du soleil ou deces combustibles ne se consumeroit- elle pas ? Cette action galvanique a également lieu chez les êtres orga- nisés, les végétaux et les animaux; ils sont composés de parties hétérogènes. On reconnoiït que les phénomènes que présentent plusieurs animaux, telle que la torpille, sont dus à l'électricité... On suppose que les grands muscles de ces animaux font des espèces de piles avec leurs systèmes nerveux... Des végétaux présentent des phénomènes analogues. Leur irritabilité, leur excitabilité paroissent des phénomènes galvauiques. ? La chaleur desfleurs de la capucine, qui donne de la lumière ; Celle de l’arum , qui est très-considérable dans le temps de la floraison,. . . me paroissent des phénomènes galvaniques, (Voyez les Considérations sur les Etres organisés , tom. IL, pag. 32). Il est probable que cette même action galvanique est la cause de l'irritabilité, de f'excitabilité des animaux et des végétaux, en un mot, qu'elle est leur principe moteur, leur principe vital... (Voyez ci-devant, pag. 18). On en trouve la cause dans l’hélérogénéité des substances dont ils sont composés. ‘ Enfin l’action galvanique se montre dans un grand nombre de phénomènes particuliers. J'ai fait voir qu'elle paroit ètre la. cause des affinités chimiques. … DE LA PHOSPHORESCENCE. La phosphorescence est une autre modification de la lumière: Un corps phosphorescent devient lumineux , sans que cette phos- 64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE - phorescence soit accompagnée ni de chaleur, ni de combustion, ni d'électricité apparente. Dessaignes , dans son beau travail sur la phosphoresceace, la regarde comme un effet du fluide électrique. Placide Heinrich n’adopte pas cette opinion. J'ai supposé que la phosphorescence pouvoit étre produite par le fluide nébuleux. k DU MAGNLTISME. Les phénomènes magnétiques ont beaucoup d’analogie avec ceux de l'électricité; néanmoins ils ne sont accompagnés ni de chaleur, ni de lumière. Une haute température communiquée à une aiguille magnétique chauffée au rouge , par exemple, lui ôte son magnétisme. Un grand froid ne paroïit pas produire le même effet. De la déclinaison et de l'inclinaison. Les mouvemens de l'aiguille aimantée se continuent dans les mêmes directions. La déclinaison, à Paris, de l'aiguille, le 12 octobre 1816, à trois heures du soir, étoit — 22° 25/ à l’ouest. En 1813, cette déclinaison étoit — 22° 28' ( Annuaire de 1817). La déclinaison est donc aujourd'hui à peu près stationnaire. L'inclinaison, à Paris, le 6 octobre 1816, à midi, étoit à G8° 4. Et en octobre 1810, elle étoit à 68° 50”. Par conséquent, elle continue de diminuer. Des bandes sans déclinaison. Mais il y a des bandes sans déclinaison, et la physique manque d'observations pour constater les variations qu'éprouvent ces bandes sans déelinaison. 11 paroît que Christophe Colomb avoit reconnu que dans dif- férens parages les mouvemens de l'aiguille varioïient. Afin de constater un fait aussi intéressant pour les marins, le gouvernement anglais, en 1700, fournit au célèbre Halley un Vaisseau pour constater les lieux ou passoient ces bandes; il “484 dressa en conséquence des cartes, où il traça ces bandes sans déclinaison. < Ces ÆT D'HISTOIRE NATURELLE. 65 Ces bandes changent chaque année ; il faudroit donc répéter «ces observations et sur les mers, et sur les continens. DE LA MÉTÉOROLOGIE. Bouvard continue ses observations météorologiques à l'Obser- watoire de Paris. La température dans les caves de l'Observatoire de Paris, ob- servée depuis plus de cent ans, ne paroît pas varier sensiblement. Des observations analogues ont été faites a différentes latitudes et à différentes profondeurs; mais on n'y a pas toujours apporté la même exacütude. Aujourd'hui on pourroit facilement répéter de pareilles obser- vations à différentes profondeurs, depuis l'équateur jusque proche les régions polaires , et l'intérêt de la science le demande. Les grandes nations ont des possessions dans toutes les parties du globe : elles pourroïent done y faire établir des galeries souter- raines à différentes profondeurs, et dans les lieux convenables. .. ‘On y placeroit des thermometres, des baromètres. . . également gradués... Et au bout de quelques années on auroit des résultats satis- faisans. | Il: faudroit également répéter les observations pour avoir la longueur moyenne de la colonne de mercure dans le baromètre, sur les bords de l'Océan à différentes latitudes. Les mêmes observations devroïent également avoir lieu à dif- {érentes profondeurs dans les mines diverses. RÉSUMÉ. Les sciences physiques sont aujourd'hui assez généralement répandues, pour qu'on püt facilement obtenir des résultats, au moins satisfaisans, par approximation, sur les différentes questions dont nous venons de parler. 1°. Sur la température moyenne des différentes régions. a. À raison des latitudes; b. A raison des hauteurs; c. À raison des profondeurs au-dessous du niveau des eaux de l'Océan. | 2°. Les mêmes opérations devroient être faites sur les mers. Tome LXXXIF. JANVIER an 1817. I 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a. À raison des latitudes; 8. À leurs surfaces; c. À différentes profondeurs. 1 5°. On devroit également constater la marche du baromètre et l'élevation de la colonne de mercure: a. Sur les bords de la mer, à raison des latitudes; b. Sur les montagnes, à raison de leur élévation; ; ce. Dans les souterrains, à raison de leur profondeur ; d. On liendroit compte de sa marche journalière pour estimer la sécheresse, la pluie,.. et constater si l'on pourroit avoir à cet égard quelques resultats satisfaisans. 4°. L’aiguille aimantée devroit également être observée pour constater, À a. Sa déclinaison dans les différentes contrées; b. Les bandes sans déclinaison; c. Son inclinaison. Et pour obtenir ces résultats, les gouvernemens pourroient envoyer dans le même temps plusieurs vaisseaux dans les. différentes contrées, pour observer, comme le fit Halley, les mouvemens de l'aiguille... j On sent que pour faire toutes ces observations, il faudroit em- ployer des instrumens uniformes, et aussi bien construits qu'on le peut. » Toutes ces observations seroient ensuite réduites par approxi- mation ; : Et on en construiroit des tables deprobabilités ; analogues à celles que l’on a sur d’autres objets, par exemple, à la durée de la vie humaine... Les gouvernemens pourroient, par ces moyens, fournir en peu d'années , à la physique, la faculté de constater lous ces faits, pour lesquels elles n’a jusqu'ici que des données iucertaines. DE LA CHIMIE. La Chimie, cette belle partie de nos connoïssances, qui plus u’aucune autre, nous fait entrevoir les plus secrètes opérations: de la nature, continue sa marche incertaine de théories en théories. Mais elle s'enrichit chaque jour de nouveaux faits bien vus. Cette science, dont l'origine remonte jusqu'aux sages ou philosophes des peuples les plus anciennement civilisés, les ET D'HISTOIRE NATURELLE, Ü7 Chinois, les Hindoux (1) ,les Égyptiens, les Chaldéens , les Phé- niciens,... fut peu cultivée par les Grecs et les Romains... Les Arabes, sous les califes Rachild, Almamon, Almanzor... s’en occupèrent avec quelques succès; mais ils l'enveloppèrent de mystères. Les esprits exaltés y cherchèrent, et une panacée universelle pour prolonger indéfiniment la durée de la vie humaine, et la pierre philosophale , ou l’art de transmuter les métaux, et de faire de l'or; de l'argent. Quelques esprits supérieurs, les Raimond Lulle, les Basile Valentin, les Avicennes,... les Albert-le-Grand, les Paraceles, les Van-Helmont,... s’élevèrent à des considérations plus sages. Enfin parurent les Beccher, les Staahl, qui réunirent les faits connus, el proposèrent des théories générales pour les expliquer. L'opinion de Staahl en particulier fut admise presque généra- lement ; et sa théorie d'un phlogistique ou d’un principe inflam- mable existant dans tous les corps combustibles inflammables, fut adoptée par tous les chimistes. Mais Staahl n’avoit pas fait attention à l'influence que l'air avoit + QG) Nous devons juger des connoissances de ces peuples par leurs arts, dont il nous est resté des vestiges. Les Chinois connoissoient l'aiguille -aimantée, la poudre à canon, l'impri- merie, le papier, la soie, la porcelaine, . .. depuis plusieurs siècles. J'ai prouvé (Journal de Physique, tome LXXV, pag. 59) que les Chinois paroissoïent avoir été le peuple le plus anciennement instruit. Ils sont les des- cendans de ces anciennes races tartares ou scylhes si fameuses, les compatriotes d'Anacharsis, ces sages qui firent des réponses si sensées aux Darius, aux Alexandre.... | Les Persans, les Hindoux, ... fabriquoient des instruymens d’aciers, des sabres, ... dont nos arts modernes ne sauroient approcher. Les Tyriens sayoient employer l’étain, qu'ils alloient chercher aux îles Cas- sitérides, pour aviver leur couleur pourpre. Tous ces anciens peuples composoient des couleurs, tel que le rouge, dit d'Andrinople, . . : que nos arts modernes ne peuvent imiter que de loin. L'art de l'embaumement des corps étoit chez les Egyptiens plus avance qu'aujourd'hui. Du temps de Jézabel on sayoit que les préparations antimoniales teisnoient les cheveux en noir. . Ce degré de perfection de.tous ces arts suppose de hautes connoissances en Chimie. 1 2 68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans tous les phénomènes où il ne supposoit que son phlo- gistique. Cependant Jean Rey, dès l’année 1500, avoit prouvé qu'il ne pouvoit y avoir de combustion sans le concours de l'air. Cent livres de plomb calciné, disoit-il, donnent cent dix livres de minium. Ces dix livres sont dues à l'air, qui s’est combiné avec le plomb. Mayou, Halles... confirmèrent Jes expériences de Rey. Néanmoins l'opinion du phlogistique de Staahl fut soutenue jusqu'en 1774, que le célèbre Bayen en démontra l'insuflisance dans un Mémoire imprimé dans le Journal de Physique, en avril 1774. Il mit dans une cornue du précipité rouge (chaux ou oxide de mercure ), et l’exposa au feu sans y rien ajouter. Le mercure fut revivifié avec un dégagement considérable de fluide élastique. Il en conelut que ce précipité rouge n'étoit pas le mercure privé de son phlogistique; mais le mercure combiné avec une portion d'un fluide élastique. Priestley examina ce fluide élastique, et il reconnut que c’étoit un fluide particulier, auquel il donna le nom d'air dephlogis- tiqué: On s’empara des travaux de Bayen sans le nommer, et on donna au fluide élastique qu'il avoit retiré, le nom d'air oxigine, puis d'air oxigène, et on dit qu'il étoit le principe générateur des acides et de la combustion. On chercha à établir une nouvelle théorie pneumatique pour détruire celle du phlogistique. Chargé alors de la rédaction du Journal de Physique, je re- vendiquai pour Bayen (ainsi que pour Romé-de-Lisle, qu'on doit regarder comme le père de la cristallographie, qui a dé- montré qu’elle n’éloit point un caractère suffisant pour connoître les minéraux, etdont on vouloit également s'emparer des tra- vaux), et je fis voir que l'air obtenu par Bayen étoit à tort nommé oxigene , parce qu'il n’étoit point le principe des acides. Je prouvai qu'on ne détruisoit point la doctrine de Staahl : on la modifioit seulement. On reconnoissoit toujours un principe inflammable, qu'on appeloit cALORIQUE; mais on supposait qu'il. n’exisloit que dans le fluide élastique, tandis qu'il existe et dans le fluide élastique, et dans le corps combustible, le plus souvent sous forme d'aur inflammable. … . $ Après de longues discussions, toutes les vérités que je soute-- nois ont triomphé; il est reconnu que, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 69 a. L'air pur n’est point l’oxigène; . b. 11 existe un principe inflammable pAlogistique, ou air inflam- mable, ou calorique , qui se trouve et dans les corps combustibles, et dans l'air pur. Ce ete Cl Ales y tal a iet ue ol ,ol,ete (II REP Us Lei c. On à même été plus loin; on dit que ce principe inilam- mable ou hydrogène, est le principe de plusieurs acides ; il de- vient oxigène dans diverses eirconstances... Gay-Lussac a donné le nom de uypracipes .aux acides qu'il suppose acidifiés par l'hydrogène. d. De nouvelles idées ont fait naître l'envie et peut-être le besoin de nouveaux noms pour les exprimer. On a donc proposé une nouvelle zomenclature. { . . aie, Wen. shd 4 leigliers echo rt eh et ke, Le" 0 . Je ne crois pas cette théorie mieux fondée que celle de l’oxigène, mais je n'ai ni le courege, mi la force de la discuter et d’en faire voir les défauts, ainsi que ceux de cette nouvelle nomen- clature. Je dirai seulement que l'acidité ainsi que l’alcalinité me paroissent être les résultats de différentes combinaisons...et non d’un seul principe. + # . > L J'observerai qu’à travers toutes ces fluctuations d'idées de théorie, les faits se multiplient, que la science fait des progrès véritablement surprenans;... et peut-être ne pourra-t-on avoir de bonnes théories, que lorsque la masse des faits sera encore plus considérable... Continuons donc de recueillir des faits biem constatés, et né regardons toutes ces théories que comme des échafauds provisoires et nécessaires pour élever le grand édifice des connoissances humaines. De l’Acide prussique. Gay-Lussac a fait un grand travail sur cette substance, qui avoit été déjà l’objet des travaux de plusieurs chimistes. I] lui paroît qu’elle est composée de trois substances, l'azote, l'hydro— gène et le carbone. Suivant Gay-Lussac, Annales de Chimie, août 1815, pag. 157; cet acide prussiqueest composé de 1 volume de vapeur de carbone; 70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CNimir + volume d'hydrogène; + volume d'azote. Condensé en un seul, ou en poids, de Carbone 7 "ere PPS Dee D AAA IQ ATOME UD, 267 PIC I ENTORSES Hydrogène; 120 190078 5,08 Porret, chimiste anglais, qui s’est aussi beaucoup occupé de cet acide, donne pour principes de l'acide prussique : Carbone... 0e Nemo 224" O AzOte REA. HAE MES HE SRE ON Hydrôgènestn"s,ne AURA SAIS Curaudeau avoit dit, 4nnales de Chimie, tom. XL VI, pag. 148, qu'il existe un radical prussique , auquel il donnoït le nom de prussire : ce radical, en se combinant avec l'oxigène, formoit le véritable acide prussique, et ses combinaisons étoient les prus- siates. 11 n'acquiert la propriété neutralisante ou acide, qu'aux dépens de l’oxigène, que lui fournit un oxide métallique, dont le concours est nécessaire pour former, avec les bases salifiables, une combinaison énergique et durable (dit Gay-Lussac, Annales de Chimie et de Physique, an 1815, pag. 141). Gay-Lussac (ibidem , pag. 162) admet également un radical de l'acide prussique, qu'il nomme cyanogène (1); mais son opinion diffère de celle de Curaudeau, en ce qu'il croit que ce cyano- gène se combine avec l'hydrogène, pour former l'acide prus- sique. L'acide prussique ordinaire recevra, suivant lui, le nom d'acide hydro-cyanique. Les prussiates recevront le nom de hydro-cyanates. Les combinaisons du cyanogène avec les corps simples, quand il y jouera le même rôle que le chlore dans les chlorures, seront désignées par le nom de cyanures. L'acide prussique est composé , suivant lui : k 1 volume de vapeur de carbone; 1 volume d’azote; + volume d'hydrogène ; Et point d’oxigene. (1) Kowwr, cyanos, bleu, vera, j'engendre. ET D'HISTOIRE NATURELLE" TÉ Le potassium combiné avec cet acide, «en dégage la moitié de son volume d'hydrogène : il est clair que ce’ qui se combine avec ce métal, et qu'on devroit désigner par le nom de radical prussique, est un composé de carbone et d'azote, dans la propor- tion de 1 volume de vapeur de carbone; 1 volume de gaz azote. Ce radical , combiné avec le potassium ; constitue un véritable prussiure de ce métal. ; oi fi On doit donc considérer l’acide prussique ordinaire comme un EYDRACIDE. , On l’appellera kydro-cyanique. Et les prussiates seront des ydro-cyanates. Le radical de cet acide est le cyanogene. Les combinaisons des corps simples avec le cyanogène, seront des cyanures. ! Mais Porret (Annales de Chimie et de Physique , fevrier 1816 ; pag. 120) admet deux espèces de prussiates, les simples et les triples. K : : Les prussiates simples sont les sels qui résultent de l'union directe de l’acide prussique avec les alcalis et les autres bases; ils sont toujours alcalins, et sont incapables de former le bieu de prusse, quand ils sont ajoutés aux dissolutious du fer. Les prussiates triples de potasse sont neutres ; ils sont inso- lubles dans l'alcool, et forment le bleu de prusse avec les sels de fer peroxide. : De l'Axide oxalique , ou hydro-carbonique. L’acide oxalique (dit Ampère, cahier de mars, #nnales de Chimie, pag. 298) est suivant Dulong, composé de gaz car bonique et d'hydrogène combinés dans le rapport de deux à un en volume. En conséquence, Dulong le nomme hydro-carbonique, conformément à la nouvelle nomenclature. Cet acide s’unit aux oxides dans une proportion telle, que le volume d'hydrogène qu'il contient est double de celui de l’oxigène de l’oxide; en sorte que quand celui-ci n'est pas très= difiicile à décomposer, il forme de l’eau, et que le gaz carbonique reste seul combiné avec le métal, comme il arrive au eyanogène, au soufre, au chlore et à l’iode, dans la formation des cyanutes, : des sulfures, des chlorures et des iodures. c 72 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE k Du Gaz oléfiant, ou du Gaz hydrogène percarbone. La substance huileuse découverte par des chimistes hollan- dois, et qu'ils nommèrent gaz oléfiant, est appelée aujourd'hui “ee hydrogène percaboné; parce qu’on le regarde comme de ‘hydrogène surchargé de carbone ( Annales de Chimie et de Physique, avril 1816, pag. 327). | De L'Acide iodique. L'iode peut se combiner avec l’oxigène; il forme alors un acide qu'on appelle iodique. L'iode peut également se combiner avec l'hydrogène, et il forme un hydracide, qu'on appelle l'acide kydro-1odique. Les combinaisons de cet acide sont les hydriodates. De l'Acide fluorique. L’acide fluorique est composé d'une base combinée avec l'oxigène. Où avoit donné à cette base le nom de fZuore. Les Pthores. Mais Ampère (Annales de Chimie et de Physique, mai 1816, pag. 24) propose de lui donner le nom de PuTorE, analogue à celui de chlore, de phosphore, d'iode. Phtore, dit- il, dérive de l'adjectif grec phtoros, @lopews, délétère, qui à la force de ruiner, de détruire, de corrompre. Ce nom lui paroit très-propre à exprimer l'extrême énergie de cette substance, la propriété qu’elle possède exclusivement de détruire tous Îles vases ou l’on veut la renfermer, et l’action si remarquable qu’exerce la combinaison qu’elle forme avec l'hydrogène, sur les corps organisés. Cette combinaison avec l'hydrogène sera l'acide hydro-phto- rique ; celle que le même corps produit en s’unissant au Dore et au silicium, prendront le nom d'acide phtoro-borique et d'acide phtoro-silicique; et les sels correspondans , ceux des Aydrophto- rates, photoborates et phtoro-siliciates. Les hydro+phtorates se converliront en PHTORpRES lorsqu'ils seront privés d'eau. Enfin ET D'HISTOIRE NATURELLE, 73 Enfin si l’on vient à découvrir un acide formé du phtore et d'oxigène, ce qui est bien probable, ce sera l'acide phtorique, et les sels où il entrera seront des phtorates. : un phtore, dans l’ordre naturel, doit être placé entre le chlore et iode, De l’ Acide boracique ou borique. L’acide boracique est composé d’une base combinée avec loxigène. H. Davy a donné à cette base le nom de boron. Les chimistes français lui ont donné celui de bore. Ce bore peut se combiner avec différentes substances. Le bore peut peut-être se combiner avec l'hydrogène, et for- “mera un acide hydro-borique. De l’Acide phosphorique, ou des combinaisons du Phosphore avec l’'Oxigene. Dulong a combiné le phosphore avec l’oxigène, et croit que ‘es combinaisons forment au moins quatre acides distincts. 1°. L'acide hypo-phosphoreux, quicontientun minimum d’oxigène, Î est composé de Phosphore. . . . . . 72.75 — 100 Oxigène. . . . . . . 27.25 — 37.44 2. L'acide phosphoreux, qui paroït avoir été découvert par H. Davy. Il contient: Phosphore. , . . . . 57.18 — 100 Oxigène. . . . . . . 42.82 — 74.88 3°. L’acide phosphorique. Il contient : 100 124.5 Phosphore. . . . . . 44.48 — Oxigène.. . 4. . . + 55.52 — 4°. L'acide RTE “L'auteur regarde cet acide comme une combinaison d'acide phosphorique et d'acide phosphoreux. Tome LXXXIF, JANVIER 1817. K 74 FOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LE De la nature de l'Acide muriatique. Les chimistes regardoient l'acide marin ou muriatique com- posé, ainsi que plusieurs aulres acides, d’une base combinée avec l’oxigène. H. Davy a adopté une autre opinion. Il pense que, L’acide dit muriatique oxigéné est une substance élémentaire, à laquelle il a donné le nom de cucore, à cause de sa couleur d'un verd jaunûtre. Ce chlore peut, suivant lui, se combiner avec l'hydrogène, et forme l'acide muriatique ordinaire, auquel il donne le nom d'hydro-chlorique. + Ses combinaisons sont des Aydro-chlorates. . Berzelius a discuté cette nouvelle doctrine, Il n’admet point l'opinion de H. Davy. | De l'Eau comme principe dés corps. L'eau peut entrer en combinaison avec plusieurs substances. et il se férme alors de nouveaux composés. Les hydro-phtorates, par exemple, dit Ampère (Annales de Chimie, elc., mai 1816, pag. 24), contiennent de l’eau, et ils se convertiront en phiorures lorsqu'ils seront privés d’eau. Les hydrates avoués par les chimistes sont en grand nombre. Je suis le premier qui, en 1797 ( Théorie de la T'erre, tom. I. pag- 92) ait fait connoitre que l’eau étoit un des minéralisateurs: des métaux, d’après les expériences de Bergmann, de Pelletier, qui avoient retiré de l’eau des oxides du zinc. La Silice où Acide'silicique: Ampère considère ensuite la silice. (Cahier d'avril, pag. 377). La silice, dit-il, est tellement analogue au bore, qu’il est im- posible de l'en séparer. Ge qu’on nomme silice, et qui devroit porter le nom d’acidé. silicique, appartient si évidemment à la. classe des acides, que dans plusieurs pierres, ou plutôt dans plu- sieurs siliciates, la proportion de l’oxigèneuni au silicium: est la même, que celle de l’oxigène combiné avec le soufre dans les sulfates correspondans; le feldspath comparé à l’alun, comme la fait voir M. Berzelius, présente non-seulement la. même pro-- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75 portion d'oxigène dans l'acide, relativement à celui des bases, mais encore le même rapport entre ces bases, la potasse et l’alumine. ï ; r Le Verre , ou Silictate insoluble.' - Le verre n’est qu’un siliciate insoluble à l’état neutre et à celui du sel avec excès d'acide, parce que cet acide est lui-même insoluble. Liqueur des Cailloux, ou Siliciate soluble. Tandis qu'un siliciate avec excès de base, et dont la base à une grande aflinité avec l’eau, celui, par exemple, qu'on connoit sous le nom de liqueur des cailloux, est au contraire très-so- luble et déliquescent; les siliciates sont en tout semblables aux borates , lorsque ceux-ci sont formés comme eux par la voie sèche; enfin le silicium et le bore se désoxident de la même manière, par l’action simultanée du fer et du carbone, en for- mant avec le-fer des composés pareils, et se combinant de même en produisant des gaz permanens acides, avec les corps analogues à l'oxigène, au soufre, à l’iode et au chlore , qui ést uni à Thydrogène dans l’acide connu sous le nom d'acide fluorique. Des différentes combinaisons de l'Azote et de l'Oxigène. Mais les principes qui composent ces diverses substances, peuvent se trouver en différentes quantités; ce sont donc de nouveaux composés. Voilà des exemples des composés de l'azote et de l’oxigène, suivant Gay -Liussac (Annales de Chimie et de Physique, avril 1816, pag. 404). azote. oxigène. Oxiderdarote TE Too 5o Gazimiitreux. #4 Mn IUT 100 Acide per-nitreux. . . . … . . 100 150 Aaidelnitreux: 0e. et 2 0 te 100 200 Aciderniitique, |. 25 uses (9120023 200 Les autres combinaisons présentent des variétés analogues. Nous ne saurions ici les rapporter toutes. L'acide sulfurique, par exemple, offre les mêmes variations. Le soufre, qui est sa base, peut y étre combiné avec une plus ou moins grande quantité d'oxigene, et forme l'acide sul- fureux, l’acide sulfurique... K 2 76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CITIMIE De la revivification des Métaux et des Terres. Clarke, professeur de minéralogie à Cambridge, est parvenu à retirer de la baryte, de la strontiane, de la silice ou cristal de roche... les métaux dont ces terres sont des oxides: Il mélange de l'hydrogène et de l’oxigène dans la proportion qui fait l’eau. Ces gaz sont introduits dans un coffre fermé et comprimés par un piston... Îls sortent par un petit tube adapté _aux parois de la caisse, à l’orifice duquel on les enflamme. La chaleur qu'ils produisent est la plus considérable qu'on con- noisse. Le platine y fond en un instant, et il brûle avec vivacité, ainsi ‘que tous les autres métaux. La baryte, la strontiane, la silice ou cristal de roche s’y re- vivifient en substances métalliques brillantes.... qu’on peut marteler, limer.….. Le mode d'opération consiste à prendre une petite portion de la substance qu’on, veut éprouver, à l’entourer avec un fil de- platine, et à l’exposer à l’action de cette flamme... Mais ces expériences doivent être répétées. DE LA CHIMIE DES VÉGÉTAUX. De l Acide sorbique.. Les baies du sorbier (sorbus aucuparia) ont fourni au chimiste Donavant un acide qu'il croit particulier, et auquel il a donné le nom d’acide sorbique. : 2 C’est la saveur désagréable acide de tous ces fruits, qui a fixé l'attention de l’auteur. L’acide sorbique, quand il est parfaitement pur, est un liquide: transparent, sans couleur ; inodore, soluble dans l'alcool et dans: toute proportion d’eau. Il est incristallisable. Evaporé à siccité, il présente ane masse déliquescente. L’auteur, après avoir. examiné successivement l'acide malique obtenu par les divers procédés connus, s’est assuré que cet acide: n’est jamais seul dans Îles fruits mûrs. L’acide malique y est tou- jours accompagné de l'acide sorbique, surtout dans les pommes, les prunes, les baies de sorbier... . Cet acide sorbique à une grande tendance à se combiner avec les oxides de plomb... ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 77 Du Principe colorant du Datysca cannabind. Braconnot a reconnu dans le datysca cannabina, ou cannabine, un principe colorant analogue à celui de la gaude; mais la cou- leur qu’il donne en est plus vive et aussi solide. L'auteur a obtenu cette substance en évaporant à une douce chaleur une décoction de datysca; la liqueur abandonnée pen- dant quelque temps, il s’est déposé une matière cristalline gra- nuliforme. Ces cristaux ne sont pas sensiblement solubles dans l’eau froide. L'alcool bouillant les dissout. L'auteur, d’après les propriétés chimiques de cette substance, croit qu’elle peut-être considérée comme un des principes im- médiats des végétaux. La couleur de cette substance s’attache très-bien au lin, au coton, à la laine... à Il paroît que la matière colorante jaune est fort répandu dans les végétaux, ou elle n’y a le plus souvent point d'éclat. Mais dans la famille des orties, elle y est dans un plus grand élat de partie. DE LA CHIMIE DES ANIMAUX. Du Principe colorant du sang. Vauquelin a fait de nouveaux travaux sur la partie colorante du sang. | Il paroissoit bien constaté par les expériences de Lemery, de Menghini,... que la partie colorante du sang étoit due au fer. Mais Brande a élevé des doutes sur les résultats de Menghini et de Lemery. Il croit que ce principe colorant est une substance animale qui ne contient point de fer. Vauquelin a eu les mêmes résultats que Brande, d’où il tire la conséquenée suivante : « Le sang, dit-il, doit sa couleur à une matière particulière de » nature animale, produite par les forces animales, et particu- » lièrement par l'influence de la respiration. » L'opinion qui jusqu'a ces derniers attribuoit à la présence » du fer cette propriété, doit être abandonnée, au moins comme 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » en étlank la seule cause , puisque l’on peut obtenir cette sub= » stance isolément exempte de ce métal. » De la Graisse combinée avec la Potasse. Chevreul continue ses travaux sur les différentes espèces de graisse dans difiérens Mémoires. Premier Mérnoire. Dans un premier Mémoire, dit-il, j'ai com- biné la graïs’ de porc avec la potasse, et j'en ai retiré un corps gras perié, que j'ai appelé margarine. Ge corps à toutes les propriétés des graisses et des huiles, et réunit les propriétés des acides. Deuxième Mémoire. Dans le second Mémoire, après avoir épuisé le savon de sa margarine, j'en aï retiré un corps gras, que j'ai nommé graisse fluide, qui a les propriétés des acides. Cette substance s’unit en deux proportions avec la potasse. Enfin j'ai obtenu un principe doux, sembiable à celui que Scheele a reuré de l'eau dans laquelle on a lavé l’huile d'olives avec du pro- toxide de plomb. Ce savon est donc un composé double d’alcali et de deux corps gras acides. Troisième Memoire. Les produits essentiels dela saponifica- tion, dit-il dans le troisième Mémoire, sont donc, 1°. la mar- garine, 2°. la graisse fluide, 5°. le principe doux. Quatrième Mémoire. La baryte, la strontiane, la chaux, l’oxide de zinc, le protoxide de plomb font éprouver à la graisse les mêmes changemens que la potasse et la soude. Cinquième Mémoire. I fait voir que le calcul biliaire humain, le sperma-ceti et l’adipocire sont des corps différens. Sixième Mémoire, 1] a examiné les graisses d'homme, de mouton, de bœuf, de jaguar et d'oie; leurs principes se rap- prochent de ceux de la graisse de porc. Septième Mémoire. Dans ce système il s’est occupé de l'huile du delphinus globiceps , et de l'huile de poisson du commerce. Huitième Mémoire. Dans le huitième, il s’est occupé du beurre. L'auteur s'est cru obligé de donner de nouveaux noms aux nouvelles substances qu'il a obtenues. 11 nomme : Cholosterine, la substance cristallisée des calculs biliaires hu- mains. Celine, le blanc de baleine , ou sperma-ceti. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 79 Stearine, la substance qu'il appelle substance grasse. Elaine, est ce qu'il a appelé substance huileuse. Acide marigarique, est la margarine. Acide oléique, estce qu'il a appelé la graisse fluide. Acide cétique, est la substance concrète acide, qu'on obtient en saponifiant le blanc de baleine. Les margarates., les oleates, les cetates... sont les combinaisons de ces acides. De la doctrine des Proportions determinées. Les faits que nous venons de rapporter font voir que la Chimie tâche maintenant de déterminer les proportions des principes qu’elle découvre dans l'analyse des corps. C’est ce qu’on appelle la doctrine des proportions déterminées. Quelques. physiciens considèrent la matière comme le résultat de deux forces opposées ;... mais ces forces doivent avoir un substratum. Il faut donc dire que la matière est composée de molécules , ou d’atomes animés de forces particulières, en vertu desquelles elles se combinent. John Dalton s’est beaucoup attaché à suivre ces combinaisons dans les phénomènes chimiques. C’est cette doctrine dont Thom- son vient de donner une exposition détaillée, sous le nom de Théorie atomistique Daltonienne. Berzelius s’est également occupé de cette doctrine, mais il L . à n’adopte pas l'opinion de Thomson. : Ce savant, dit Berzelius, trouve que 100 parties du phosphore forment de l'acide phosphorique. avec 121,28 parties d'oxigène : ces 121,28 d'oxigène font deux atomes, et les 100 de phosphore ne font qu'un seul atome... Mais ce résultat ne lui paroit pas prouvé. Il pense que sous ce rapport, la constitution des substances: organiques est différente de celle des substances inorganiques. « Nous trouvons, dit-il, que dans les substances organiques, les » rapports dans lesquels leurs molécules élémentaires peuvent » se combiner, et par conséquent leurs combinaisons , sont in- » finies, tandis que dans les substances organiques cela n’a pas » lieu. » J'ai par conséquent considéré comme un caractère de la 8a JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » formation inorganique, que dans toutes ses combinaisons l'un » des élémens n'entroit qu'a une seule molécule... Cependant » je crois avoir trouvé quelques exceptions à cette loi. » Cette doctrine des proportions déterminées laisse encore beau- coup à désirer. Car comment pouvoir déterminer le nombre des atomes, ou molécules élémentaires qui entrent dans un corps, par exemple, le charbon, le soufre... : nous n'avons aucuns moyens... D'ailleurs on ne tient pas compte des fluides éthérés qui entrent dans ces combinaisons, et qui ont certainement une grande influence, comme je l'ai démontré. Des combinaisons des Fluides éthéres. Je rappellerai ce que j'ai déjà dit ailleurs, que dans toutes les combinaisons dont nous venons de parler, on ne fait point mention des fluides éthérés; et cependant on ne sauroit douter que ces fluides n’y aient la plus grande influence. Lavoisier a prouvé que le calorique se trouvoit en grande abon- dance dans l'acide nitrique,.… d’où-j'ai conclu qu'il doit se trouver également dans les autres acides. Le fluide lumineux existe également dans un grand nombre de combinaisons; nous avons rapporté Jes expériences de Gro- thouss. Le fluide électrique, et peut-être le fluide magnétique, parois= sent également combinés dans les corps... Il faut donc attendre de nouvelles expériences pour prononcer sur cette doctrine des proportions déterminées. CONCLUSIONS GÉNÉRALES. DE LA MATIÈRE PREMIÈRE. On ne sauroit douter qu'il existe une matière première, et Qu'elle est le substratum des différentes forces qui existent. Mais qu’elle est cette matière première ? Quelles sont ses différentes forces ? 1 » La plus grande partie des anciens philosophes, depuis Em- pédocle, n’admettoient que quatre élémens , le feu, Fair, la terre et l’eau. pere Hi Mais Aristote et quelques autres admettoient une cinquième substance, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1 8r° substance. Je suppose qu'elle étoit l’axasen des Brachmanes, dont Aristote avoit eu la: connoïssance par les livres que lui avoit envoyés son disciple {/exandre. Les Brachmanes disoient , suivant Strabon , que le ciel où les astrés étoient formés de cet 4kasch. Et præter quatuor elementa ; quintam ARASCI quædam naturam esse ,.ex que cœlum astraque constant. Sirabo, lib. XV; pag. 713, édition de: Casaubon. dOIer 118 C’est pourquoi on donnoit à cette substance le nom de céleste. Quelques-uns, tel. que Cicéron, disoient que les dieux et les esprits éloient formés de cette substance céleste. : Sin autem est quinta quædam natura ab Aristotele primum Ur = ducta, hæc est peorum ET ANimarum (Cicéro,, Tuscul., Lib.-1, S XXVI) (1). RTE 1e 1h - - . epule. in {le 0 tot tie n .. : . L LJ 0 . - c . . . . , . Une partie de cette doctrine dés anciens n’est plus admise aujourd'hui. “hncaniter tebar rte Mais il ÿa une matière prémière , quelle que soit sa nature. , Cette matière première étoit agitée de différentes forces. he Put}: : L jgul a$ 1e) E } tique. Alubnco eine LD de. ? Cés forces connues soht:° "1! A De, 1°. L’impulsion; ! f 2°. L’attraction; f 3°. La répulsion; 4°. Les forces Ha ; 5°. Les forces d’affinité. Tou tes ces forces sont différentes impulsions: De l'Impulsion. Un corps en mouvement qui en rencontre un autre en reposi lui communique de son mouvement, c’est l'impulsion. À Hi: De l'Attraction. _Un corps électrisé positivement , placé auprès d’un autre élec- {risé négativement, l’attire. RE USM ee D'TNN PSTE NO TT ON PORN ER RNEME Li: = Z 3 (1) J’oyez mon ouvrage De la Nature des tres existans. Tome LXXXIV. JANVIER an 1817. PME . . . . LU 82 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 1 : De la Répulsion. Un corps électrisé positivement, placé auprès d’un autre élec= trisé également positivement, le repousse. Ces attractions et répulsions sont les effets d'impulsions du fluide éléctrique. [ 1} f el Jen 2519077, el -Orrx lee), AO De) AUD DR 4 TATIANA Des Forces galvaniques. Les forces galvaniques ou électriques ont la plus grande influence dans les différens phénomènes, ainsi que nous l'avons vu. Le globe terreëtre, est dans un état habituel d'électricité, et il est regardé comme un magazin d'électricité. Hi Le fluide électrique l'enveloppe donc, comme une atmosphère. Le soleil, les planètes et tous les autres globes sont, suivantles- analogies , de semblables magazins d'électricité. Ils sont également enyeloppés d'atmosphères électriques. . Ces atmosphères s'étendent au point d’être contigues. Leurs attractions sont en raison des masses, et.de l'inverse du carré des distances. «104 wrl Ces atmosphères électriques doivent donc être considérées comme le fluide gravifique. .…. 3 Les forces magnétiques ont beaucoup de rapports avec les forces galvaniques…. 0 89 Des Affinités chimiques. J'ai prouvé ci-devant que les affinités chimiques sont des effets des forces galvaniques. | Car des corps galvanisés positivement se repoussent. Des corps galvanisés négativement se repoussent. Mais ün corps galvanisé positivement attire un corps galvanisé dégätivement. : ; Or, l’oxigène, les acides...) paroïssent des corps galvanisés positivement. Ils passent au pôle positif de la pile. 1 Les alcalis, lés terres... paroissent des corps galvanisés néga- tivement. Ils passent au pôle négatif.de la pile. / Les ,acides..,. exerceront donc une grande. action sur les alcalis…. - e ° 0 ° : ° . . . ° e Û 0 e , , . ° ° e EL D'HISTOIRE NATURELLE 83 Cette malière première, en vertu de ces différentes forces dont elle étoit animée, s’est combinée, et à cristallisé dans les différens points de l’espace. 4 Elle a formé les grands globes et les diverses substances qu ils contiennent. Le globe terrestre est un de ces globles, et un des plus petits. à À Il est une portion d'un système plus considérable, celui de notre soleil. Ces diverses combinaisons se décomposent, et sont remplacées par de nouvelles combinaisons. . . 1 Ces changemens ont eu lieu in principio, et se continuent dans la suite des siècles... : Ce sont les conclusions que nous pouvons tirer des faits que nous connoissons. Ë RER Mais qu'est le globe terrestre par rapport aux milliards d'autres globes existans, et la plupart plus gros que lui! : Qu'est l'homme comparé aux autres êtres organisés qui CO- habitent avec lui sur le globe! na Qu'est la durée de la vie humaine (que soht 74 ans) comparée à cette longue suite de siècles qui se sont, écoulés, et qui se succèdent avec tant de rapidité !... , L Qu'est ceile renommée. de quelques instans (cette gloriole ), qui. coûte tant de peines au conquérant, au savant... et donton jouit s1 rarement! ° . . . 0 . . + » 0 . Homme, pénètre-toi bien de ces vérités, et vois la place que tu ©occupes parmi les êtres existans!... : ; 5 La vertu, Ja vertu peut seule remplir dignement le petit nombre d'instans où tu existes (sous cette forme ). A4 Mais, hélas! qu'il y a peu de personnes pénétrées de celte vérité consolante! Et cognovi quod non esset melius nisi lœtari, et facere bene in vita sua. _Jouir des plaisirs honnêtes et faire le bien, dit Salomon , Eccte: srasle, verset 12, caput 3. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES « | THERMOMÉTRE EXTÉRIEUR: | 8, : 4 el : CENTIGRADE. é: ame MÉTRIQUE, Hs ? MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI. MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI. £ 2 ; 3 heürese ne heures mille heures mille mille 1 | à3s. + 500 y m. — 010] + 2,75| à 11m...779,72| à 7 #m...778,09| 773,40] 6°0 | 2 [àa3s. 9,75] à73m, — 0,75] + 2,10] à 9 m....771,70| à 6s..... 776,00] 771,32] 4,5]l 3 |[à53s. «bhi43 i7ime He 1386| 2 4,35{ à 9 2m... 769,64! à 6... : .768,66| 769:26| bol 4 J'ämidi, + 5,85] à 7 $m. + 4,00! + 5,85] à 7 m...768,50| à g s...:/767,00/)768,02| 5,4] 5 | à midi, 2 495l, 106, + 0,75) H,4,20] à 7 £m..:764,94| à 10s...,.7b5,60| 753,40] 5,21] 6 l'ämidi. Æ 7,10] à73m.—+ 4,00! + 7,10] à 105 m..7b4,60| à 94s.,..748,56| 755,98] . 6,0|| 7 | à midi. + 6,00! à8 s. 2,60] + 6,00f àg2s...755,00| à 7 {m...747,76| 751,20| 7,1] 8 | à8s.. 15,75 à7im + 9,5ol + 4,col à 11 5....755,08| à7#m...752,00| 752,60| 5,4 9 là6s. + 2,50] à 7 à im. — 0,50] + 1,40] à 7 5m...7b5,bo| à 9s..... 750,2c| 754,32|- 4,4) 10 | à midi... + 7oc à7 ..+ 2,00! H17;00 à 348.5 :792577 à 7 + m...740,40| 751,06| 5,11| 11 | à midi. +10,00| àg a + 3,50] +10,00! à 9 45. ..7b1,84|.à.8s.:....745,D8| 745,80] 8,0! 12 [a9s io] à7m, + 5,50] +6,60! à 74m...756,48| à,9 s....,789,10| 746,60| 6,4 13 | à73m. 10,96 a52 s. + b,6c| 19,10 5e). .746, 02] à 7? m..:741,20| 744,60] 8,71 14 lagls. + Bic à7sm "03,75 26; rof à 38.41. 7515b0| cg +5....747,86] 7bo,24| 7,6 15 là midi. 9,75| à102s. + 5,00| +9,85] d10Ës..:745,18| à 7 Ÿ m...739,90| 741,88| 9,4 16 | à35. +650 à7im.+ 2,95| + 6,00! à gs..... 71,58] à 7$m...748,16| 7bo,oo| 8,5] 17 là 3s. _—i1,85 à7 5m. +4,25] + gze| à 7,3 m...7b0,08| à 352. .-.74b,89| 746,94| 7,2] 18 | à midi. + 8,85 à 9. + 5,oo| + 8,85] à gs..... 747,84] à 72m...744,80| 745,58| 8,9 19 là3s. ‘+ 850 à7im. = 0,75] + 3,00] à 105....761,00 à 7 m...757,00 729,56] 6,5 20 | à3s. + ouicl àgs. — 2,85] — o,o2|-à 10Em..768,32l à 7 Ÿn...767.14] 768,04] 6,5! 21 | à midist=,8,50) aa: 2si— 5,60) — 9,55! à7%m...766,06| à 9 s..:.761,88| 764,18] 4,3 22 là3s. jj— 495jà 72m. — 800! —,440of.à 105....765,84| à 72 s.. 760,32 760,68] 3,3| 23 | à3s. — 1,95] à 7 5m. —10,00| — 5,25] à g m... 126488 A9) LL 761,64] 764,08| 2,91 24 l'ämidi, + /,75| à7 $m. + 1,75] + 4,791 à 75 m...758,64| à g9s..... 756,89] 758,02] 4,1! 25 | à midi. + 6,10] à'108. #+ %,00| + 6;10f à 104m.:756,94| à 5.2s....755,56| 756,62! 41 26 | à midi. : Æ6,00/ àl7 3m: Æ"3,95l° + 6,60! à gm....755,16| à gs..... 759,19] 7b5,94| 5,4) 27 | àmidi. + 775 à 1035. 2,95) + 7,75] àaos...754,82 à 6 SU 751,80] 751,50] 6,0 28 | à3s. + Lie 17 ni. 1,00 H 8:25] à 10m. :761,50l à 9 5... 2: 758,00] 761,08| 6,6 29 | à3s. +Hir,2b] à 1os. + 6,00 + 9,70]. à 10 Sre:7DB: 80| à 72m... .753,50| 7b5,64| 6,8] 50 | 285. .+.7,40| à 73 jm. + 6,00[ +'7,50l a101m. 21175 5e à 102s..:756,14| 758,50] 6,61 81 | à midi. 2H46/95} à 9%. 2 7,75] +10,25] à g m. 766,70] à 94 s....705,52] 755,92] 7,5] Moyennes. + 5,72 + 1,B5| + 5,08 758,10 *_ 754,25] 756,20| 6,4 RECAPITULATION. 4 [> GR STILL A "fr Millin, ; ‘Plus grandë élévation du mercuré..... _778°72 le‘ 1 Moindre élévation du mercure...:+.:. 789,10 le 12 Plus grand degré de chaleur.......... 1510 le 12 Moindre degré de chaleur........... —10,00 le 23 Nombre de jours beaux....,... dercouverts .-2-1"2:2# 24 dedpluie. rer te 17 dé VENT cine tre 51 detpelée ere 10 de tonnerre....,..... L de brouillard......... 30 dEMEISERR- eue ee 2 defsréle Ritter 1 =: HYG. £ VENTS Le) 1 73 IN.-E. 2 72 Idem. 3 92 Idem. 4 | 82 Idem. 5 | 72 |S. 6 8o |S.-0. 7 | 74 0. 8 | g2 |S. 9 2 |S.-S-E. 10 3 |O. 11 82 LR fort 19 S. fort. 13 34 O. fort. 14 | 83 |S.-O. 15 72 | Idem. 16 | 79 |[O.-S.-O: 17 94 |S.-0: 18 87 |O. 19 7o IN.-O. 20 | 63 |N.-E. fort ai 67 IN.-E. 22 | 81 Idem 23 81 |S.-0. 24 | 93 | Idem 25 3 Idem 26 ê9 Idem 27| 89 Idem 28 88 | Idem. 29 92 Id. fort 30 87 S.-E. 31 | 91 |[S.-0. oyen. 88. À L'OPSERVATOIRE ROYAL DE PARIS. DÉCEMBRE 1816. VARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE. POINTS LUNAIRES LE MATIN. À MIDI. LE SOIR. D en Beau ciel, brouillard. [Beau ciel, brouillard. |Très-nuageux. Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. |Couvert, brouil. neige. Idem et humide. Idem et humide. Idem et humide. .Laghws.] : Jdem. Idem. Idem. Couvert, brouillard. Idem. Idem. Nuag., br., pl. av. le j.|Couvert, léger brouill.|Couvert. Beau ciel. Nuageux, pl. à 91h. Couvert, pluie à 10 h.|Plute sur les 9 h. Brouillard très-humid.|Couv., beau ciel à gh. em. Brouill. épais et hum. Idem, givre. Pluie, brouillard. Idem. Pluie à 9 h. Pluie av. le jour, br. |Pluie, gréle, ton. à 1 h.[Nuageux. D.Q:4h.2/m.[Couvert, brouillard. |Plute abondante, Couvert. Idem. Couvert. Idem , pl. vers 11h. s Couvert, léger brouil. [Nuageux. Nuag., p/. dansla nuit. Lune périgée. INuageux. Idem. Pluie, grésil à 4 h. Idem, léger brouill.INuageux,. Beau ciel. Pluie, brouillard. Plute. Quelques éclaircis. IN.Laroh.45's.] Pluie abondante, br. |[Nuageux. Couvert et pluie. Nuageux, glace. Quelq.éclaircis,lég.br.|Couvert. Beau ciel Ale) Petits nuages. Beau ciel. Idem. Idem. Idem. Idem. Très-nuageux. Idem. Légers nuages, brouil.Nuageux, brouillard. [Neige, Couvert, brouillard. |Couvert. Couvert et pluie- Idem, pluie à 9h. |Quelques éclaircis. Couvert. P. Q. àh:2’s. Pluie finie , brouillard.|Couvert, léger brouill.| Idem. Lune apogée. Idem. Idem. PL.à3h.,beaudès7 h. Beau ciel, léger br. eau ciel. Couvert. Couvert, léger brouil. |Couvert. Pluie abondante. Couvert, brouillard. Idem. Couvert. *Idenr, br. hum. Idem. Idem, pluie à 5h. RÉCAPITULATION. NS RE rerroute NÉE EEE Te 7 ; « I DABET ONE o Jours dont le vent a soufflé du re ts ee: n S'OPPET Eee 15 Croissant 5 NEOGA EEE x le-1°5129,092 Termomètre des caves centigrades. le 16 12°,091 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 69"",00 = 2 p. 6 lig. 7 dixièmes” 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIY MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. PROGRAMME Du Concours pour la Chaire de Maréchallerie et de Jurisprudence vétérinaire à l'Ecole royale d'Economie rurale et vétérinaire d'Alfort. Première séance. — Œxercice théorique et pratique de la forge et de la ferrure, sur des pieds bien conformés et sur des pieds défectueux de chevaux, d'anes, de mulets et de bœufs. Deuxième séance. — Exercice théorique et pratique sur l’ana= tomie des pieds et des parties correspondantes dans les divers animaux domestiques susceptübles d’être ferrés. Troisième séance. — Exercice théorique sur les maladies des pieds des animaux, auxquelles on peut remédier par la ferrure, ou qu’elle peut occasionner. Quatrième séance. — Sur les matières premières employées ar le maréchal : le fer, l'acier, le charbon, le bois, l’eau, ete. ; Le instrumens à forger, à ferrer; la construction des forges, l’ate- lier, etc. Cinquième séance. — Examen des règles de la médecine légale appliquées aux transactions commerciales ; des maladies et des vices appelés rédhibitoires; de la rédaction des procès-verbaux et des rapports judiciaires. Sixième séance, — Examen des règles de la médecine légale appliquées à l’hygiène publique et particulière des animaux ; des enzoolies, des épizooties, des maladies contagieuses; de la ré- daction des rapports à faire aux autorités administratives, militaires et civiles. Septième séance. — Exercice théorique sur l'anatomie et la connoissance extérieure des animaux, Iuitième séance. — Exercice théorique sur la botanique, la matière médicale et la pharmacie. Neuvième séance. — Exercice théorique et pratique sur les ma- ladies et les opérations chirurgicales, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 Dixième séance. — Exercice théorique sur les diverses par- ties qui composent le second-cours-d'études -de d'art vétérinaire , savoir : l'Economie rurale, la Zoologie, la Physique et la Chimie. Séance de clôture. — Argumentations. Le Concours sera ouvert le 127 novembre 1817. Il aura Jieu à l'Ecole royale d'Economie rurale et vétérinaire d'Alfort, en présence d’un Jury spécial, confornrément à l’article 12 du décret du 15 janvier-+815. MM. les Candidats seront tenus de se faire inscrire d'avance ; soit au Bureau d'Agriculture du Ministère de l'Intérieur, rue de Grenelle-Saiut-Germain, n° 107, soit à la Direction de l'Ecole d’Alfort. Ils devront être Francais, ou naluralisés en France. Is seront tenus de produire le diplôme de médecin vétérinaire, de maréchal vétérinaire, ou autres pièces de cette nature, qu'ils auront oblenues dans l’une des Ecoles vétérinaires d’Alfort ou de Lyon. EE — Ne es sera seed NOUVELLE LITTÉRAIRE. Nowelle Nomenclaturechimique, d'après la classification adoptée par M. T'hénard. Ouvrage spécialement destiné aux personnes qui commencent l'étude de la Chimie , et à celles qui ne sont pas au courant des nouveaux noms. Par J.-B. Caventou, Pharmacien des hôpitaux et des hospices civils de Paris. 1 vol. in-8°, à Paris , chez Crochard, Libraire-Editeur des Annales de Chimie et de Physique, rue de Ecole de Médecine , n° 3. Et Gabon, Libraire, place de PEcole de Médecine, n° 2. Nous ferons connoître plus particulièrement cette nonvelle no= menclalure. 88 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, €lC. oo TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS C£ CAHIER. Discours préliminaire de l'an 1817. Pag. 5 Des Mathématiques. 7 De l'Astronomie. 9 De l'Histoire naturelle. 12 De la Zoologie. pero 13 De la Physiologie animale. dur: 15 De la Botanique. Er 17 De la Physiologie végétale: ; 19 De la Minéralogie. à MAT De la Géologie. 24 ‘De la Géographie. j 4x De la Physique. 42 De la Mécanique. 43 Du Calorique, 44 De la Lumière. 46 De l'Électricite. É 52 ‘Du Galvanisme, ou Électricité par contact. Gr De la Phosphorescence. . . 63 Du Magnétisme: | Fro qu 64 De la Météorologie. 65 Résumé. Tbid. De la Chimie. 66 De la Chimie des vegetaux. 76 De la Chimie des animaux. 77 Conclusions générales. De la Matière première. 80 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 84 Ministère de Intérieur. Programme du Concours pour la Chaire de Maréchallerie et de Jurisprudence vétérinaire à l'Ecole royale d Économie rurale et vétérinaire d'Alfort. . 86 Nouvelle littéraire. 87 De l'Imprimerie de Me V° COURCIER , rue du Jardinet, n° 12, quartier Saint-André-des-Arcs. Ë JOURNAL DE PHYSIQUE: DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. FÉVRIER an 1817. MÉMOIRE SUR L’ABSORPTION DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE PAR LES CORPS; Par M. RHULAND. : Ox connoit depuis long-temps la propriéte de l’eau, d’absorber une certaine quantité d’am atmosphérique, mais on n’a pas en- core examiné ayec assez de soin les diverses causes qui la mo- _difient, soit sous le rapport de la quantité de l'air absorbé, soit sous celui du changement chimique qu'il éprouve en même temps. Je tächerai, par les expériences suivantes, de les soumettre à un nouvel examen. Température. Eau de fontaine de.0° R., agitée jusqu'a saturation dans un flacon bouché à l'émeri,| avec la: quatrième partie en volume Tome LXXXIF. FÉVRIER an 1817. M 90 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d'air atmosphérique en absorba. . . . . . . . . . : 7 0,04 La même-eau, chaufféeà+ 79° R. . . . 2 ., . . 0,03 chauffée à + 15° — auquel degré de tem- pérature l'air commence à être dégagé de l’eau , augmenta le volume:de/l'ai de RENNES EG 05 La rëmeïedu, de LE 30° . @ LU EE MP TN 0,07 Den tre PE LIN Te UF 10,00) de + 60 — seulement de. . . . . . . 0,05 puisque dans le dernier cas une partie de l'air s’étoit dégagée avant que l’eau füt portée à ce degré de chaleur. à L'eau de fontaine, puisée à la température de of R., absorbe par conséquent de l'air jusqu’à + 15° R., au-delà duquel degré elle commence à en augmenter le volume. Solution des Sels. MM. de Humbolt-et Gay-Lussac ont démontré que les disso- lutions des sels dans l’eau, en dégagent une partie d’air atmo- sphérique. Cet air est chasse de l'eau; parceque l’aflinité des sels à l’eau est plus forte-que cellé de l'air, et par conséquent il n’en est plus absorbé, quelque temps qu’il reste en contact avec l’eaû. Les expériences suivantes en fournissent lés preuves. J'ai mis dans de l’eau distillée, que j'avois exposée long-temps au contact de l’air, du muriate'de chaux’et autres sels, réduits auparavant en poudre et mouillés avec de l'eau, pour chas- ser l'air atmosphérique qui se trouvoit dans leurs interstices. J'ai bouché ensuite .le flacon; renversé 'sur du mercure; mais dans un espace de deux mois que je le gardaï, le peu d’air qui s’étoit développé pendant la dissolution des sels, n’éprouva pas la moindre absorption. ‘J'ai obtenu le même résultat en dissolyant les sels dans de J'eau de fontaine, et en introduisant un volume déterminé d’air atmosphérique, aussitôt que la dissolution fut terminée ; car quel- ques semaines après, la quantité de l'air introduit fut trouvée ‘sans diminution de volume, ce qui n'auroit pas pu avoir lieu, si l'eau absorboit de rechef la partie de l'air atmosphérique qu’elle a perdue pendant la dissolution des sels. : Dans d’autres expériences, j'ai dissous une once des sels suivans ‘dans 12 onces:d'eau; et après avoir ‘exposé le mélange pendant «mois au contact de l'air atmosphérique; je l'ai fait bouillir ; j'ai ET D'HISTOIRE NATURELLE. ot recueilli ensuite le gaz qui se développoit, et après l'avoir lavé soigneusement avec de l’eau de chaux, j'ai trouvé que, L'eau sans mélange, de sel donna 160 parties d'un tube gradué. avec du sulfate de soude. . 145 avec du nitrate de potasse. . 145 avec du carbonate de potass. 130 avec du sartrate de potasse avecexcès d'acide. 160 avec du muriate de chaux. . 120 Ce qui fait voir que non-seulement la quantité de l'air atmo- sphérique est diminuée par la dissolution des sels, mais quels se trouve aussi en rapport inverse de l’aflinité dont le sel jouit à l'eau. : Les résultats deviennent plus exacts, quand on dissout quan- tités égales de sels dans des quantités égales d’eau, et qu'on les agile jusqu’à saturation avec une partie mesurée d'air atmospht- rique. C’est ainsi que l'absorption de L'eau sans mélange de sel donna une | absorption de. . . . . . . . 0,03 d'un tube gradué. avec de l'acide sulfurique. . . . 0,00 muriatique. . . + 0,00 avec de l’alc. de pot. caustique. . 0,015 avec du nitrate de potasse. . . . 0,02 * avec du sulfate de soude. . . . 0,035 avec du muriate de chaux. . . . 0,01 Dans une autre expérience à une tem- LA ’ ,» 4 pérature un peu plus élevée, L'eau sans mélange absorba.. . : . : : 0,025 avec 0,05 de son poids de sulfate de sondp;f.5$0, sie eset0,01à avec aulant de nitrate depotasse. . 0,01 avec autant d’alc. depot.caustique. 0,00 avec autant de muriate de chaux. . 0,00 . Tandis que l'acide sulfurique et-mu- rlalique ajoutés à l’eau en même quan- üté, et agités avec l'air, augmentèrent le volume de l'air, de. . ... . . . . 0,07 Si la quantité de l'air qu'une dissolution saline absorbe est en rapport inverse de l'afinité du sel avec l’eau, on devoit M 2 02 : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE attendre que la quantité du sel dissous devoit se trouver dans le: même rapport. Aussi Une quantité mesurée d’eau de font., sansmélange,absorba. 6,03 avec 20gr.d’alc.depot. 0,055 avec 40 ————- 0,03 avec 90— ———- 0,025 AVEC 100————— 0,02 AVEC + ONCE ————— O,01 aveC UNE ONCE-————- O,01 (A température égale). Dans une autre expérience, L'eau de fontaine, sans mélange, absorba. . . . . . . . 0,02 avec 20 grains de muriate de ehaux. eye 0,025 —. + . 0,025 Le 24 0:02 ————————. , . 0,01 CAO: 000 ‘avec 30——— avec 120 . avec 240— avec UNE ONCE —— Tous les autres liquides, si on ea excepte l’alcoo!, sont en état d'exercer de plus grandes absorptions que l’eau ordinaire. C’est ainsi que l'huile de lin, de pavots, et l'huile F'olives absorbent trois fois plus d'air atmosphérique que l'eau; aussi ces huiles donnent-elles trois fois plus d'air lorsqu'elles sont bouillies que les dissolutions salines dans les expériences précédentes. L'alcool ne montre pas une aussi grande absorption que l'eau; et quand il est mis en contact avec de l’eau, il abandonne une portion de l'air contenu, de la même manière que l’eau pendant la dissolu tion des sels, l’aflinité de l'alcool à Feau étant plus forte que celle de cette dernière à l'air atmosphérique: Quant à l'action chimique que l'eau exerce sur l'air pendant l'absorption, il y a des observations contradictoires. M. Bercer prétendant que l’eau de fontaine agitée avec l'air atmosphérique n’en absorbe que le gaz oxigène, tandis que les observations de M. de Marty démontrent aussi une absorplion de gaz azote; et M. T'omson croit même que si l’eau absorbe le gaz oxigène dans un autre rapport qu’il ne se trouve dans Pair atmosphérique, .cela doit être attribué à un changement chimique que des matières étrangères à l’eau aient éprouvé. J'ai repris ces expériences avec tout le soin possible, et j'ai trouvé que l’eau de fontaine absorboit exactement parties égales de gaz azote et de gaz oxigène, soit que l’eau soit agitée avec l'air, ÉP D'HISTOIRE NAPURELEE. 9F soit qu'elle se trouve seulement en contact avec lui. Le résaltat ne varioit pas pour l’eau fraiche, quelle que fût la proportion de l'air à l’eau, et la grandeur de l'absorption qui en dépendoïit. Les dissolutions des sels diminuent l'absorption du gaz oxigène à mesure qu’elles afloiblissent absorption de l'air en général; car si de l’eau de fontaine } agitée jusqu’à saturation avec de l'air atmosphérique, donnoit une absorption de.. 0,05, qui, examinée moyennant une dissolution de sulfure de potasse , donna. . an la re) vhariyetieit en aie ue pures de 0,31 azotapour reste, La même eau, avec une once de soude, . AO EN lee ds pet Let ee 0,03 absorpt. et 0,30,5 —— avecaulañtdenitratedepotasse 0,03 0,80,5 avée autant d'alc. de pol. caust. 0,02 0,79,5 avec autantdemuriat. de chaux 0,02 0,79 avec autanide l’acide sulfuriq. 0,605 0,79 tandis que l'air atmosphérique qui n’avoit pas été agité avec de l’eau laissa pour reste... . . . . 0,79 ce qui fait voir que l’action chimique de l’eau sur l'air s’affoiblit à mesure que la grandeur de l'absorption diminue en général. Les autres corps liquides opèrent dans l'air atmosphérique un changement chimique beaucoup plus considérable que l'eau. A la même quantité d'air atmosphérique à laquelle l'eau n’enlève que 0,04 de gaz oxigène, l'huile d'olives enlève 0,15, et l'huile de lin tout le gaz oxigène qu'il contient, tandis que l'absorption du gaz azote est relativement moindre, que celle effectuée par l’eau. J’ai fait voir que les dissolutions exhalent, quand elles sont chauffées, un volume d’air d'autant moindre, que le sel qu’elles contiennent jouit d’une affinité plus forte avec l’eau. Il n’en est pee de même du gaz oxigène de l'air dégagé, comme on voit par es expériences suivantes, : L’eau de fontaine dégagea un air qui laissa én reste. + . 6,70 La même eau, avec parties égales de muriate de chaux. . 0,705 —— d'acide sulfurique." . + 0,695 —_———— de nitrate de potasse. . 0,70 ——————— de l'ale. de pot: caust. 0,71 ce qui met hors de doute que les dernières parties de l’eau que la dissolution d’un sel dans l’eau n’en chasse pas, contiennent à pew près la même quantité de gaz oxigène, soit que l’eau soit pure ; soit qu'elle coutieune des sçls. 94 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'eau de fontaine n’est donc pointencore saturée d'air atmosphé= rique; au-dessous de 15° R. elle en absorbe une partie composée de parties égales de gaz azote et de gaz oxigène; cette propriété de l’eau n’est point anéantie lorsqu'on y dissout des sels, mais elle devient moindre à mesure de la quantité du sel ajouté et de l'affinité chimique qui lui convient avec l’eau, et à laquelle il faut attribuer le dégagement de l'air contenu dans l’eau pendant la dissolution des else enfin tous les corps liquides jouissent en différens degrés de la propriété d’absorber de l'air atmosphé- rique, en y Opérant en même temps des changemens chimiques, En méme temps ces observations démontrent que notre Arthra= cométrie repose sur des principes tout-à-fait erronés, toutes les fois que la quantité de l'acide carbonique contenu dans l'air est calculée d’après la grandeur de l'absorption que l'air éprouve, lorsqu'il est lavé avec de l’eau de chaux; car des observations faites avec le plus grand soin m'ont démontré d'nne manière incontestable, que l’eau de chaux, et même le lait de chaux, ab- sorbent tout autant de l'air atmosphérique avec lequel on les agite, que l’eau pure; de sorte que l'absorption augmente avec Ja quantité de l’eau qu’on emploie; et au lieu d’un air qu’on croit simplement dépouillé de son acide carbonique , on a pour résidu de l'air depourvu en plus ou moins grande quantité de son gaz oxigène. Une autre question qui dérive de ces observations, est celle : Si l'eau absorbe une partie de l'air atmosphérique; soit qu'il soit agité avec l'air, où, ce qui donne les mêmes résultats, qu’elle reste franquillement pendant quelques jours en contact avec une quan- tité déterminée d'air, à quoi faut-il attribuer que cette eau de fontaine qui s’est trouvée long-temps auparavant en contact avec de l'air atmosphérique, et qui par conséquent en devoit être saturée avant l'expérience, est propre à en absorber une nouvelle partie? Il me semble que cela nous oblige de recourir au mélange chimique du gaz azote et oxigène dans l’air; de sorte qu’a mesure que l'azote de l'air est privé d’une partie de son oxigène par les ifférens procédés terrestres accompagnés de combustions, il en enlève de nouveau à l’eau et à tous les corps dont l’aflinité pour lui est plus foible que la sienne, pour se remettre à son premier état; ce qui n’a pas lieu si l'air est enfermé &Gans un flacon où il se trouve seulement en contact avec l’eau. . Les corps liquides étant propres à se combiner avec une quan- tité d'oxigène, il restoit à examiner si les corps solides suivoient ET D'HISTOIRE NATURELLE. 95 les mêmes lois, et quelles étoient les diverses causes qui aug- mentoient ou diminoient leur influence sur l'air environnant. À cet effet, j'ai exposé les corps suivans, réduits en poudre, au contact de l’air pendant quelques mois, et je les ai mis ensuite dans de petites eornues de grès. Les corps soumis à l'examen étoient égaux en volume, et remplissoient trois quarts de la cornue et de l'air qui se dégageoit; on examina les dernières portions avec le sulfure de polasse. C’est ainsi que l'air dégage du Muriate de soude, fut trouvé contenir. . . . . 0,88d'azote. SUDAIRTU SOUTENIR eee Te de ete cer el 10,04 SIND ATEN TEEN ee MNT UT 010 CEE MEPTONRE MEL RENNES PRE Qt Terre d’alun, précipitée de l’alun par lammoniaque 0,98 Oxide de manganèse , chauffé assez foiblement pour H'OMTAS TOUTE SAUT Ice 00:00 Afcetale Pderplomb MEL HS. UMR EU NLEl8Z Charbon ordinaire, après avoir enlevé le gaz hydro- gène par des détonnations dans leudiomètre de MO ERP NE ARR OS EAU NAN D 16,05 (CE eu RE DS PET ESERAT LATANTE PA SET SES SES CE EURE GREAT CRUE NUES VA Une sorte d’argile blanche, chauffé au rouge.. . . 0,95 — —————————-àune chaleurmoinsforte 0,82 Alcakrde potassecsgteloll 2 Gamer, 6,94 Marie de chaux. WE PACLUNE M PU Po g4 = Moudéetdécrépitées tte IN /06 . Garbonate de magnésie. . . + . . . . . . . . 0,58 Craie} nb RP EN ON PEN EN ANRT JA ere fe 1066 Il est donc évident que les corps solides, quoiqu'ils ne soient plus capables d’un degré d'oxidation ultérieur, n’en sont pas moins propres à absorber une partie de l’oxigène de l’air dans lequel on les chauffe; mais pour que ces expériences réussissent, il est nécessaire que les corps soient portés &une chaleur rouge assez forte, et que les dermères portions de l’air qui se dégage soient seulement examinées. Des expériences anciennes de Westrumb, Wiegleb, Achard, et autres physiciens qui avoient pour but de démontrer un change- ment de l’eau en azote, sont analogues à celles-ci. On leur a objecté que le grès de la cornue devient perméable à l'air exté- rieur, à mesure que l’eau de la cornue s’évapore par Les parois; rs “| 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE -celte objection ne pourroit pas être faite à.mes expériences* parce que les matières éloient examinées dans un état sec, el que j'oblins les mêmes résultats en me servant de cornues de porce- laine ou de verre, et même en les mettant dans un bain de sable. Une autre objection seroit à prendre de la pureté des corps examinés. Pour m'en assurer, j'ai traité de l'oxide rouge de fer avec de l'acide nitrique; je l'ai fait rougir pendant long-temps, et, après l'avoir exposé à l'air pendant deux mois, il a donné les mêmes résultats; il en étoit de même de l'alcali de potasse, de la lerre d'alun et de magnésie, qui, préparées avec toutle soin pos- sible, n’en exercèrent pas moins la même influence sur le gaz oxi- gène de l'air. Aussi l’oxide rouge de fer, l'argile blanche, la terre d'alun, et l’oxide de manganèse, après avoir servi à ces expé- riences, montrèrent les mêmes effets une seconde fois, lors- qe farent auparavant exposés pendant quelques mois au contact de l'air. En outre, il est à remarquer que l’action de ces corps sur l’aïr n'étoit point terminée lorsqu'ils ne donnoient plus d'air. Lorsqu'on plongea le bec de la cornue, encore toute chaude, dans du mercure, et qu’on laissa entrer de l’air à mesure que le mercure morilait, il commenca l'absorption, consistant aussi dans une ab- sorplion de gaz oxigène par préférence ; de sorte que les corps qui avoient dégagé l'air le plus vicié, le dépouilloient le plus dë son gaz oxigène durant le procédé de l'absorption. L Mais lorsqu'on ne peut pas disconvenir que ces corps agissent sur le gaz exigèue par préférence, il se présente la question, par quelle'sorte d’afinilé cette action peut s'effectuer, l’eau et la plus grande partie des corps soumis à l’expérience n'étant pas propres à passer à un degré d'oxidation ultérieur qui rendit explicable absorption du gäz oxigène. A cet effet, je crois qu'on est obligé d’avoir recours, outre l’affinité chimique, à une autre plus foible, qu'on pourroit appeler aflinité électrique , qui consiste en ce que les corps montrent encore une tendance à absorber une nouvelle quantité de gaz oxigène, quoique Faflinité ne soit plus assez forte pour former un nouveau degré d’oxidation déterminé: aussi est- ce dans les principes du système électro-chimique d’adopter une affinité existante avant le moment que les corps se combinent; et les détonnations de différens gaz qui ne se combinent qu'a une certaine température, mais qui le font alors d’une manière pré- £ipitée, prouvent assez qu’une tension forte doit avoir précédé la £ 00 Terre daltimiue. "1. MN Lie 2e SECHE ONE eee O0 mouillée (2): ."."""89 Oxide de zinc (fait avec de l'acide nitrique)., + « + . « : . . . . avec beaucoup d'eau. 86 Oxide de PARCS, NT tee Mate ee AMC DE EARS Le ar 12 Prüsstialede feront met een ten PSE. Mall tRe 0e ME 1e OS mouillé:1)7.2,0722"#90 Chaux cuite d’un marbre. . :'. . très-sec. . :°. . . ‘79 —blanche, etéteinte à l'air. . . mouillée. . : . . 85 Oxide de’ manganèse. 2.018 24 Jisec. D RU N EE mouillé: .+. *, 98 Oxide de fer rouge, employé déjà plusieurs fois à ces expériences. . sec. . . . . . . . 8x Oxide de fer rouge.!. 40, .: 2. mouillé.:] 4° 7, Oxide de plombrouges 24 100174 20888 2m UN 0x mouillé: ?. 7:74. °.:./ 1095 Argile blanche, qui avoit déja servi quelquefois, MA0D, Lei ne HseCis À 0 - NME N IE PO 6Z mouillée. FM Le) © À la température ordinaire, les corps les plus différens jouissent (1) Sec vent dire à l’état hygrométrique que le corps avoit contracté à l'air pendant l'exposition précédente. (2) Les corps furent mourllés jusqu'à être réduits à l'état de pâte. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 09 donc de la propriété d’absorber du gaz oxigène, surtout lors- qu’on les humecte d’un peu d’eau. Les résultats furent les mêmes, lorsque j'ai préparé expressément la potasse, la magnésie, l'oxide rouge de fer et la terre d’alun, de sorte qu'aucun mélange de corps étrangers n’y put être soupconné. Les observations de M. de Humbolt, contestées pendant long-temps, sont donc cons- tatées par ces expériences; et si M. de Saussure el autres chi- mistes distingués n’y purent réussir, cela doit être attribué à ce qu'ils n’ont pas eu garde d'exposer les corps au contact de Fair, avant de les soumettre à l'expérience. J'ai trouvé moi-même que la terre d’alun, précipitée de l’alun et séchée ensuite au bain de sable, n’absorbe pas la moindre partie d’oxigène lorsqu'on la met dans un flacon avec dé l’air atmosphérique, à moins qu'elle ne soit pas restée long-temps auparavant dans l'air libre. Trop d'humidité afloiblit aussi l'absorption. à Conclusion. Les corps liquides et solides ne sont pas saturés de gaz oxigène; les corps liquides en absorbent une seconde partie, lorsqu'ils restent peñdant plus long-temps en contact avec l'air atmosphé- rique enfermé dans un flacon, et les corps solides exercent la même action, lorsqu'ils sont mouillés, ou qu'on les fait passer à une température plus élevée. Comme ces corps ne sont pas propres à passer à un degré d'oxidation ultérieur, cette qualité d'absor- ber une nouvelle dose d'oxigène doit être attribuée plutôt à une affinité électrique qu'à une combinaison chimique. L'air atmo- sphérique paroît avoir une tendance à enlever à tous les corps avec lesquels il se trouve en contact une partie de leur oxigène, et les empêche par conséquent d’en absorber toute la quantité qu'ils attirent, aussitôt qu'ils se trouvent eu contact avec de l'air enfermé. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EXTRAIT D'UNE LETTRE DU DOCTEUR S. L. MITCHELL, SUR DES FOSSILES, DATÉE DU 22 OCTOBRE 1816. (National Tutelligenur. New-Forck.) MM. Macrurr, célèbre géologue, et Lesueur, goologue dis- üngué, vinrent chez moi samedi soir. Le baron lEscalier, le comte Regnaud, et plusieurs autres personnes de märque éloient présens. Sur mra prière, M. Lesueur nous montra ses dessins de poissons des eaux #redonian. Us étoient exécutés dams un style égal à celui des oiseaux de Wilson, nous les trouvämes très- beaux, non-seulement comme les produits d’un bel art, mais encore comme les dessins d'objets réels, dont plusieurs nous éloient inconnus, et au moins quarante nouvelles espèces étran- gères au monde philosophique; vous pouvez aisément concevoir quelle fète M. Lesueur nous a procurée. C’étoit vraiment un grand et admirable rapport sur l'Ichthyologie de ces parties du nord de l'Amérique. Parmi ces espèces, étoit un hareng du lac Erié et de ses eaux environnantes, et une morue du même lieu; ce qui prouve la vérité de mon opinion, que les grands lacs de l'Amérique septentrionale étoient originairement remplis d’eau de mer; qu'ils se sont vidés et se sont remplis d’eau douce par la suile des temps; quelques poissons qui se sont habitués par degrés à leur nouvel élément, restent témoins vivans de l’ancien état des choses. Les descendans des animaux de l'Océan sont aujour- d'hui habitans de ces lacs. Je suis bien certain, et un témoin compétent, Alex. Macomb, esq. assure qu'une tortue marine a été vue par lui et par plusieurs, à Détroit. M. Rusinesque m'a informé, il y a quelques semaines, que dans son excursion aux lacs George et Champlain, il avoit découvert vingt sortes de poissons environ. Il présume que M. Lesueur en a ajoulé qua- ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 1di raule au moins, et l’on convenoit que dans mon Mémoire, publié dans Philosophical Transactions de New-York, j'en avois décrit quatre-vingts que les Européens n’ont jamais connues; de sorte que le monde scientifique aura une collection de cent qua- rante nouvelles espèces de poissons à ajouter à celles qu’il possède maintenant. J'ai été engagé à examiner, dans mes momens de loisir, la géologie fossile des environs de New-York; elle est bien plus curieuse que je l’avois concue lorsque j’entrepris cette tâche. Je suis satisfait d’avoir devant moi les restes de quatorze animaux tirés du sein de la terre, qui ne sont plus habitans de ce monde, leurs races entières étant éteintes. Je ne sais point pour- quoi il a plu au Créateur de détruire les êtres qu’il avoit formés. Les échantillons que j'ai devant moi prouvent qu'il existoit jadis, aux alentours de New-York, un reptile amphibie ressemblant au fameux crocodile fossile de Maestricht, un éléphant particulier à l'Amérique, un rhinocéros différent de celui des pays au-delà des mers, un grand mastodonte, une huître morte, un spirulus, un madrépore, une bélemnite, un terebratula, etc.,etc., quine sont plus vivans, et qui sont connus seulement par leurs restes dé- terrés; de plus, les os des animaux terrestres, les restes des pois- sons et autres diflérens objets variés et remarquables. Ainsi vous voyez que nous prenons une position indépendante, et que nous faisons nos affaires avec empressement. 102. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RAPPORT FAIT A L'INSTITUT ROYAL DE FRANCE SUR LA LITHOGRAPHIE, ET PARTICULIÈREMENT SUR UN RECUEIL DE DESSINS-LITHOGRAPHIÉS Par M. ENGELMANN. Messieurs, Il a été soumis à l'Académie royale des Beaux-Arts, dans sa séance du 3 août 1816, un recueil de dessins lithographiés par M. Engelmann de Mulhausen (Haut-Rhin). Le même artiste avoit déjà adressé à la Société d'Encourage- ment un Mémoire imprimé, auquel il avoit joint plusieurs de ces dessins. Cette Société a fait, le 20 décembre 1815, un Rap- port honorable pour M. Engelmann, et dans lequel on le félicite sur ses succès, et on l’exhorte à poursuivre l’entreprise qu'il a si heureusement commencée. Depuis, cet arliste paroît avoir non-seulement perfectionné ses procédés, mais y avoir fait d’utiles innovalions. Les gravures, ou plutôt les dessins présentés à l'Académie, étant le fruit d’un art nouveau, qui, né en Allemagne, répandu dans presque toute l'Europe, étoit à peu pres inconnu en France, ont paru, Messieurs, mériter toute votre attention, et pouvoir devenir l'objet d'un sérieux et profond examen : c’étoit le moyen de juger du degré d'utilité de ce procédé, qui ne tend à rien moins qu'a multiplier les productions originales des arts du dessin. L'Académie a donc cru devoir nommer une commission pour - examiner les essais lithographiés par M. Engelmann, et faire un ET D'HISTOIRE NATURELLE, 103 rapport sur l’origine, les progrès et les résultats de cet art nou- veau. C’est le travail que nous allons, Messieurs, mettre sous vos yeux; mais, bien qe nous parlions ici devant des arlistes consommés dans toutes les parties des Arts, comme il s’agit d'un procédé qui, se liant par quelques points à ceux qui vous sont connus, s’en écarte absolument dans beaucoup d’autres points, nous avons besoin, pour être parfaitement compris, de beaucoup d’indulgence et d'un peu d'attention, que ngus mettrons tous nos soins à ne pas fatiguer. Cependant, pour être clairs, nous avons besoin d'entrer dans des développemens que nous ne nous permettrions pas, Messieurs, sur tout aulre sujet qui vous est familier , et pour lequel nous nous estimerions heureux de rece- voir vos lecons. Au reste, la commission ne s’est pas bornée à examiner atlten- tivement les dessins qui lui ont été présentés, et à suivre tous les procédés de l'impression et du tirage des planches; elle a fait encore des recherches sur le mécanisme de la lithographie; et plusieurs d’entre nous ayant operé par ce nouveau moyen, nous pouvons offrir à l’Académie le résultat d'obsérvations tout-à-la-fois théoriques ét pratiques. L'industrie naquit, dit-on, de la nécessité, et les inventions humaines se sont long-temps bornées aux simples besoins de la vie. Ce n’est qu’en les faisant servir à ses jouissances que l'homme les a tant multipliées, Cependant, lorsqu'on réfléchit au sort de la plupart des dé- couvertes modernes, on ne sauroit trop s'étonner du long aveu- glement qui a fermé les yeux de nos devanciers aux plus simples vérités, ou plutôt de leur inaptitude à saisir les applications d'idées et d'actions d'un usage habituel, et dont on auroit peut- être toujours ignoré les conséquences, si le hasard n’avoit dé- terminé l'impulsion vers un but jusqu'alors inconnu; car il n’est que trop vrai que celte aveugle déité nous met-le plus souvent sur la voie d’une découverte; une fois arrivés, nous sommes surpris d’avoir fait tant de détours, lorsqu'il n’y avoit qu'un pas entre le premier principe et ceux qui en découlent si natu- rellement. Bientôt la science s'empare de cette œuvre du hasard, la féconde, en embrasse à la fois la cause et les effets, en coordonne les rap- ports, et en fait jaillir de nouvelles applications. L'art de la gravure, ou plutôt celui de multiplier les œuvres 4 L . 104 JOURNAL DE PNYSIQUE, DE CHIMIE du dessin au moyen de planches gravées, a parcouru ces degrés successifs. 12e Les anciens gravoient en creux et en relief sur le bois, les métaux et les pierres les plus dures : ils tiroient des empreintes de tous ces objets, et, chose qui doit paroitre étonnante, ils n'ont pas découvert l'imprimerie ét la gravure en taille-douce. Il étoit cependant fort simple d'enduire les traits saillans de leurs reliefs avec une couleur, ou d'en emplir les caractères, les chiffres ou les hiéroglyphes gravés en creux, ou d'en tirer des empreintes sur le papyrus, les peaux ou les étofes. On prétend que les Égyptiens possédoient ce secret, et il n’est pas douteux que les plus anciens peuples de l'Asie ne l’aient pra- tiqué avant nous; mais nous ne devons pas ici nous engager dans une discussion étrangère à notre sujet. . . . 4 qui . Quoi qu'il en soit, le hasard plus que le calcul paroit avoir fait paitre, au commencement du XIV° siècle, les premiers essais de la gravure en bois, destinée d'abord à multiplier des figures gros- sières, qui se sont transmises, presque sans aucun changement jusqu'a nos jours, dans les cartes à jouer. Nous voyons ensuite un orfèvre de Florence, Maso Finiguerra, habile dans la ciselure, et qui, pour juger de toute la délicatesse de son travail, tire avec du soufre liquéfié l'empreinte de traits creusés au burin sur le métal. Cet artiste observe que cette contre- épreuve afiroit l'apparence d’un déssin ; il imagine alors d’emplir ses tailles d’une couleur noire broyée à l'huile, et de recevoir cette nouvelle empreinte sur un papier humecté et pressé sur la planche au moyen d’un rouleau. Voilà tout l’art de la gravure en taille-douce découvertau mème instant, et la pratique de plusieurs siècles ne lui a rien fait gagner sous le rapport mécanique. Aussi cet art précieux fait bientôt de rapides progrès, étend ses applications, se subdivise en un nombre presque infini de procédés, qui tendent lous à imiter, en les mulipliant, les œuvres du dessin, et même font de la grayure un art presque rival de la peinture. “ | Cependant, jusqu'à nos jours, les peintres n’avoient que rare- ment employé la gravure pour mulüplier eux-mêmes leurs pro- ductions : ses procédés, quelque variés qu'ils fussent, ne leur offroient pas , dans la pratique, celte facilité et celte rapidité d'exécution à laquelle ils étoient habitués dans le maniement du ET D'HISTOIRE NATURELLE. 105 ‘du pinceau et du crayon. L'emploi du burin leur demandoit trop d'étude, celui de la pointe trop de soin, les autres moyens d'opérer, une foule de manipulations qui lassoient bientôt leur patience. : | Enfin un homme ingénieux se présente, et leur propose un crayon el une encre avec lesquels on peut tracer des dessins qui se contre-épreuvent plusieurs milliers de fois, sans rien perdre de leur netteté et de leur vigueur. D'abord l'artiste hésite et ne fait que des traits timides; prenant ensuite plus de con- fiance dans ces nouveaux agens, il s’enhardit, flatté du prix qu'on promet à sa persévérance ; il trace alors des dessins plus arrêtés, qu’il peut même retoucher à volonté; enfin il voit avec surprise que, sans l'intermédiaire d'une main étrangère, qui, quelque habile qu’elle soit, ne peut néanmoins remplir l'office de sa propre inspiration, 1l voit, dis-je, son ouvrage, son propre ouvrage multiplié comme par enchantement, sans que le moindre trait, la plus légère trace manque à cette copie, presque aussi fidèle que l’image répétée par un miroir. Certes, cet art, qui n’en est plus un, puisqu'il n’a pas besoin d'être appris, qui peut être pratiqué par quiconque sait dessiner, et qui offre la plupart des avantages de la gravure, ce procédé, disons-nous, a des droits à toute notre attention, et nous devons rechercher avec quelque intérêt son origine et suivre ses progrès. Nous avons déjà dit que le hasard plus que le calcul avoit présidé à la naissance de la plupart des inventions modernes : la ithographie en est une nouvelle preuve. Aloys Sennefelder, mé- diocre chanteur des cœurs du théâtre de Munich, observa la pro- priété qu'ont les pierres calcaires de retenir des traits formés par une encre grasse, et de les transmettre, dans toute leur pureté, au papier appliqué fortement à leur superficie; bien plus, il re- connut qu'on pouvoit répéter le même effet en humectant la pierre et en chargeant les mêmes traits d’une nouvelle dose de noir d'impression. Sennefelder apprécia dès-lors, et c'est en cela qu'il est le vé- ritable inventeur d’un nouvel art, il apprécia, dis-je, tout le parti qéon pouvoit tirer de la découverte d'un principe dont les conséquences étoient désormais faciles à tirer. Cet homme ingé- nieux méritoit d'être encouragé par son gouvernement; aussi obtint-il, en 1800, du Roi de Baviere , un privilége exclusif pour l'exercice de son procédé pendant l'espace de treize ans. L’ayant <édé ensuite à ses frères, 1l porta, en 1802, son invention dans Tome LXXXIF. FÉVRIER 1817. O 106 JOURNAL DE PHYSIQUE, DË CHIMIE la capitale de l'Autriche, et obtint un nouveau privilége; maïs; 1uCconslant.dans ses idées, il retourna bientôt à Munich, et ÿ forma, avec M. le baron d’Aretin, un établissement lithogra+ phique , qui s’est toujours soutenu depuis, et où l'on grave encore de la musique et des recueils de modèles de différens genres. La ville qui est le berceau de la gravure sur pierre est aussi celle où l’on s’est le plus occupé de cet art, et l’on a vu s’y former successivement plusieurs ateliers lithographiques : l’un où l’on grave les cartes du cadastre de la Bavière; l’autre, établi à l'école gratuite de dessin, est destiné à multiplier les modèles qu'on donne aux élèves. Cette école est dirigée par M. le pro- fesseur Mitterer, auquel on est, dit-on, redevable de la gravure au crayon sur pierre, Mais MM. Manlich et d’Aretin, jugeant que ces divers établis= semens n'avoient point pour but le perfectionnement de la litho- graphie, en formèrent un, qu'ils ont consacré spécialenrent à accélérer les progrès de cet art. M. Manlich, voulant même que ces essais ne fussent pas inu- tiles, entreprit de faire copier, par le nouveau procédé, la plupart des dessins des grands maîtres qui se trouvent dans la collection du Roi de Bavière, collection dont ce monarque lui a confié la direction. Gependant la lithographie se répandit dans le reste de l’Alle- magne; en 1801, On en fit quelques essais à Stutigard; mais ils furent si foibles, qu'en 1808 on n’avoit encore exécuté que cinq ou six planches : depuis ou y a perfectionné divers genres. Cet établissement peut être regardé comme l’un des plus avancés, et le graveur Strohofer est un de ceux qui ont fait le plus grand nombre d'essais dans le Wurtemberg. Ce n’est qu’en 1807 que la lithographie pénétra en Italie. Ce fut M. Dalarmé de Munich qui y fonda les établissemens de Rome, de Venise et de Milan. Celui de Rome a produit, à ce qu'on assure, de très-belles estampes, et on y a perfectionné les détails des procédés; mais nous ne pouvons rien dire de positif à cet égard. . La lithographie prend tous les jours une nouvelle extension; elle est pratiquée en grand en Russie, et il paroît même qu’elle est également en usage aux États-Unis d'Amérique. : Comme l'inventeur fit connoître son procédé à MM. André d'Offenbach, ceux-ci, s'empressèrent de le: répandre, l'un en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 107 France, l’autre en Angleterre. L'établissement de Londres a beaucoup prospéré, et les Anglois ont donné à ce procédé le nom de polyautographie, c'est-à-dire art qui donne un grand nombre de dessins autographes. M: André vint à Paris en 1807, et il vendit le secret du pro- cédé lithographique à plusieurs artistes. M. Choron, correspon- dant de l'Académie, fut un des premiers qui en eurent con- noissance , et il l'appliqua à la gravure de la musique. M. Baltard, connu avantageusement dans les arts, acheta aussi ce procédé; mais tous deux, dégoûtés par les demi-aveux qu'ils avoient obtenus sur la composition de l'encre et des crayons lithogra- phiques, ne donnèrent pas beaucoup de suite à leurs essais, et il ne resla de ces premières tentatives qu’une nouvelle application des principes lithographiques imaginée par M. Duplat, habile graveur en bois, et dont nous parlerons en son lieu. Cependant M. Manlich fit, en janvier 1810, hommage à la Classe des Beaux-Arts de l'Institut, d’une collection de gravures lithogra- phiques fort bien exécutées par MM. Strixner et Piloty, d’après es dessins originaux d'Albert Durer, de Michel-Ange, de Raphaël, etc., tirés du cabinet du roi de Bavière. Plus tard, en octobre 1814, M. Thierch, helléniste bavarois, présenta à la même Classe une collection de portraits des plus célèbres artistes d'Allemagne, dessinés par le même procédé. Ces ouvrages furent vus avec intérêt; mais M. Manlich ayant proposé au gouver- nement de former en France un établissement lithographique, l'autorisation et les encouragemens qu'il demandoit lui furent refusés. ‘ Sur ces entrefaites, M. Marcel de Serres, connus par divers écrits sur les sciences naturelles, fut envoyé en Allemagne par le gouvernement. Il devoit y recueillir des notions utiles sur les arts et les manufactures de ce paÿss il s’y instruisit de tous les secrets de la lithographie. Le résultat de ses observations a été publié (1), et nous a eté fort utile. Cependant M. le comte de Lasteyrie, membre de la Société d'Encouragement, ayant reconnu les avantages que la lithogra- phie offroit aux arts et à l’industrie francoise, fit plusieurs voyages à Munich, afin d'en prendre une connoissance exacte, et de-se mettre en état de former un établissement lithographique à Paris. {) Dans les Annales des Arts et des Manufactures, n°* 51 et 52. O 2 108 JOURNAL PE PHYSIQUE; DE CHIMIE T1 a même composé un traité dans lequel il décrit les manieres et les procédés lithographiques; mais cet ouvrage €t les essais de M. le comte de Lasteyrie n’ont point été rendus publics. Eafin, par une fatalité qui s'attache à certaines inventions, qu'on ne sait appuécier que long-temps après leur découverte, les artistes ignoreroient peut-être encore les nouvelles ressources qui leur sont offertes , si M. Engelmann, qui avoil déjà formé un atelier lithographique à l’une des extrémités de la France, n'avoit surmonté toutes les difficultés pour en faire jouir la capitale , et si l'Académie, accueillant avec intérêt une invention qui doit faire époque dans les annales des arts, ne s’étoit occupée des moyens propres à la faire connoître et à la propager. Après avoir résumé en peu de mots les notions historiques que nous avons pu nous procurer sur la lithographie, nous de- vons entreprendre de donner une légère idée de cet art. Ne pouvant lé faire que par analogie, ou au moyen de conjectures plus ou moins fondées, nous n’aurons pas la prétention de dé- voiler entièrement des secrets dont on fait encore une sorte de mystère, qui dérivent cependant tous de la même théorie, quoi- que, dans la pratique, ils semblent fournir des procédés et des résultats différens. Commencons par poser les bases sur lesquelles cet art re- pose, et faisons connoître en quoi il diffère des autres genres de gravure. Les effets produits par une trace faite sur la pierre avee un corps gras ou résineux, sont les résultats fort simples d’aflinités dont on n’avoit pas encore remarqué l'influence. Ces effets des affinités ont trois causes. 1°. La facilité avec laquelle l’éau imbibe les pierres calcaires compactes, sans néanmoins que ce fluide contracte avec elles une adhérence bien intime. 2% La pénétration ou seulement la forte adhérence que les corps: gras ou résineux exercent sur ces pierres. ’ 3°, L'affinité des résines ou des graisses pour les corps de même nature, et l’antipathie de ces corps pour l'eau et tous les corps mouillés. De ces trois principes dérivent un même nombre de consé- quences. LEE 1°. Un trait fait avec un crayon ou une encre grasse sur la ET D'HISTOIRE NATURELLE: 109 pierre y adhère si fortement, que pour l'enlever il faut employer des moyens mécaniques. 2°. Toutes les parties de la pierre non recouvertes d’une couche grasse recoivent, absorbent et conservent l’eau. 5°. Si l'on passe sur cetle pierre ainsi préparée une couche de malière grasse et colorée, elle ne s’attachera qu'aux traits formés par l'encre grasse, tandis qu’elle sera repoussée par les parties mouillées. En un mot, le procédé lithographique dépend de ce que la pierre imbibée d’eau refuse l'encre, et de GA que cette même pierre graissée repousse l’eau et happe l’encreÿ ainsi, en appli- quant et pressant une feuille de papier sur la pierre, les traits gras ou résineux colorés seront seuls transmis à ce papier, et y offriront la contre-épreuve de ce qu'ils représentoient sur la pierre; mais pour cela, il faut la rendre susceptible de s’imbiber d’eau, eten même temps de recevoir les corps gras ou résineux avec facilité. Les acides atteignent ce premier but en attaquant la pierre, dont ils détruisent le poli, et la rendent ainsi propre à se pénétrer d’eau. à Tout corps gras est susceptible de donner une impression sur pierre, soit qu'on forme les traits avec un crayon ou une encre grasse, soit qu'en couvrant le fond avec cette matière grasse et noircie , on laisse les traits en blanc. Il en résulte deux procédés distincts. 1°. La gravüre au tracé, produite par la trace du crayon, de la plume ou du pinceau chargés d’une encre grasse. 2°. La gravure entaillée à la pointe, comme on le fait sur le bois ou le cuivre. Onobtient aussi des estampes dans le sens même de l'original, en transposant sur la pierre un dessin tracé sur le papier avec Fencre préparée. On en doït conclure que certains procédés lithographiques diffèrent entièrement de ceux de la gravure; et comme ils dé- pendent en partie d’un jeu d’aflinités et de répulsions produit par des substances de différentes natures, on parviendra peut-être en les variant à produire des effets inattendus. Parcourons maintenant là série des procédés employés dans, la Lithographie , procédés dont nous avons été les témoins, el que nous avons même mis en pratique. l 10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Faisons d’abord connoître les pierres qui sont propres à celte sorte de gravure. Toutes celles qui sont susceptibles de se laisser pénétrer par une substance grasse, et de s’imbiber d’eau avec facilité peuvent convenir; mais il faut qu’elles soient très-compactes, dans le FA de recevoir un beau poli, et d'une couleur claire et uni- orme. Tous ces avantages se trouvent réunis dans les pierres cal- caires qu'on trouve en Allemagne. C’est un carbonate de chaux presque pur; el il est en si grande abondance dans les carrières de Solenhofen, Près de Pappenheim en Bavière, que la plupart des édifices en sont pavés; on en trouve aussi à Kehlheim, près de Ratisbonne. Ces pierres se délitent en feuillets bien plans, de sept à huit lignes jusqu’à trois pouces d'épaisseur; le grain est si fin, qu'il suflit de les frotter l’une contre l'autre pour les dresser, et en les adoucissant avec le sablon ou la pierre-ponce, on leur donne le plus beau poli, ou le grain nécessaire pour retenir les traits du crayon. Cette pierre devant être soumise à une pression assez forte, l'on juge qu'elle doit avoir une certaine épaisseur. On doit aussi la choisir, autant que possible , sans défaut ; néanmoins il y existe souvent des filets de spath calcaire qui se pénètrent d’eau, il est vrai, comme le reste de la pierre, mais qui peuvent la rendre cassante. , Il est à desirer que l’on découvre en France, et surtout aux environs de Paris, des pierres de cette nature. Les ardoises épaisses pourroient être aussi employées; et il seroit possible à quelque potier intelligent de donner à la terre cuite la densité convenable; enfin on composeroit un stuc propre aux usages de la lithographie; et la Société d'Encouragément , qui étend sa sol- licitude à tout ce qui est avantageux aux arts, a déjà proposé un prix pour cet objet. L'encre et les crayons dont on se sert pour tracer des letires ou des dessins sur la pierre sont le résultat d’une combinaison de graisse, de résine, de soude et de gomme -laque; on ajoute à ce mélange la quantité de noir de fumée nécessaire pour le colorer. Cette encre est soluble à l’eau distillée; mais bien séchée sur la pierre, elle y est tellement adhérente, que les traits ne s’effacent ET D'IHISFOIRE NATURELLE. | HE point lorsqu'on passe dessus l'éponge mouillée. L’encre d’impres- sion est à peu près analogue à celle des imprimeurs typographes , mais elle est plus épaisse et compacte. La nature de la pierre, de l'encre et des crayons élant connue, ïl ne nous reste plus qu’à décrire leur emploi. Lorsque la planche est dressée et polie, l'artiste peut sans autre préparation commencer son dessin, soit au crayon, soit à la plume ou au pinceau; mais ensuite, pour rendre cette pierre plus propre à s’imbiber d’eau, on en baigne la superficie avec de l'acide nitrique affaibli. On peut esquisser son sujet avec la mine de plomb et lassan- guine, ou calquer un dessin par le procédé ordinaire. Le crayon gras est noir; il se taille aisément, et s’amincit en pointe tres-deliée; mais en cet état, il faut une main éxtrème- ment légère pour s’en servir; Car son extrémité ploie ou casse si Fon appuie trop : il a aussi le défaut de se ramollir à la chaleur et à l'humidité. s Dans les travaux croisés par lesquels on desire obtenir beau- coup de vigueur, il faut mettre infiniment d'ordre et de régu- Jarité dans ses hachures, autrement les traits se confondroient, s’'empâteroïent, et ne produiroient à l'impression qu'une plaque noire. Ilest un moyen, il est vrai, de retrouver des clairs dans les endroits trop fortement ombrés, puisqu'il suflit d’une pointe ou d’un grattoir pour enlever une partie de ce noir, et y faire repa- roître des traits blancs qui allégissent l'effet de ces masses et y jettent de la transparence. D'ailleurs il ne faut pas une longue étude pour se familiariser avec son crayon; pour peu qu'on ait d'adresse, on reconnoît tout le parti qu'on peut en tirer, et bientôt l’on oublie la diversité du procédé pour se livrer au charme de son travail, qui, certes, offre bien moins de difficultés que le moindre trait entaillé dans le cuivre; enfin l'homogénéité du crayon lithographique étant plus parfaile que celle de tout'autre crayon, et le grain de la pierre étant égal et plus fin que celui du papier vélin le plus beau et le nieux tendu, il en résulte qu'on peut obtenir un grené plus égal et plus serré. Des dessins au crayon exécutés par M. Regnault, membre de la commission, et par MM. Girbdet et Carle Vernet, membres de l'Académie, avec la liberté, la franchise, et surtout la cor- He JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rection qui caractérise le talent, paroïissent avoir atteint la per= feclion desirable dans les épreuves qu’en a tirées M. Engelmann. Ces artistes ont retrouvé dans ces conlre-épreuves toutes les qua- lités distinctives de leurs dessins originaux, et il nous semble qu’il n'existe entre ces ouvrages d'autre diflérence que celle qui dérive de la diversité des manières d'opérer (1). L’encre dont on se sert pour dessiner à la plume ou au pinceau, est à peu près de la même nature que le crayon, qui, n'étant qu'un savon noirci, se délaie aisément dans l'eau; mais il faut employer cette encre un peu épaisse; car la pierre, absorbant avec avidité la surabondance du liquide, fait élargir les traits, qui risqueroient alors de se confondre. La plume même est insufisante pour exécuter des hachuressextrèmement fines et déliées; il faut alors employer le pinceau à miniature. Quelques essais dessinés par M. Engelmann, et entre autres, une tête d'après une eau-forte, de Boissieux, et une autre d’après la gravure au burin, de M. Châullon, exécutée sur les dessins de M. Guérin, membre de la commission, nous prouvent qu'avec de l'adresse on obliendroil, soit des hachures, soit des points semblables à ceux qu'on trace sur le cuivre, quoique tous ces essais n’aient point encore atteint ce degré de "erfection. Il est un autre procédé employé avec succès par plusieurs arlistes, c’est la gravure exécutée sur pierre avec les outils ordi- naires des graveurs, c'est-à-dire la pointe sèche, l'échoppe, et le burin. Pour graver de cette manière, on donne un beau poli à la Pierre, puis on la couvre d'un vernis composé de gomme et de noir. Le graveur travaille comme sur le cuivre préparé au vernis dur; la planche étant terminée, au lieu de la faire creuser par Veau-forte, il se contente de passer du noir d'impression sur lous les traits gravés; ce noir s’y insinue seulement dans les endroits où la pierre est découverte, la couche de gomme pré- servant tous les autres points de sa superficie, puis on enlève celte gomme avec de l’eau, et le dessin se trouve gravé. Mais le vernis préservatif nous a paru extrêmement dur, et Y'arüste qui grave à l’eau-forte pouvant jouer en quelque sorte qui 8 ] (1) On peut citer encore quelques dessins de principes de paysage exécutés avec soin et vérité, par M. Mongin, avec (l ET D'HISTOIRE NATURELLE. 113 avec sa pointe, qui enlève facilement le vernis noir et glisse sur le cuivre qu’elle atteint à peine sans s’y engager, trouvera beau- Coup de difficultés à entamer le vernis de gomme, et croira Obtenir des trails d'une grande force, tandis que ces mêmes traits Marqueront à peine sur l'épreuve. Ce moyen sera néanmoins fort utile, surtout pour les objets dans lesquels on desire une grande finesse de traits, tels que des ciels, les travaux de la carte et des plans topographiques, l'écri- ture, etc.; mais il faut que l'artiste fasse une étude préparatoire Pour bien connoiître son vernis et sa pointe, et se familiariser avec un travail absolument différent, quant à l'effort de la main, de tous les autres genres de gravure et de dessin. Le procédé qui imite la gravure sur bois est le contraire de celui que nous venons de décrire; car au lieu du vernis de gomme, on passe avec le pinceau ou le tampon, et sur toute la pierre, une couche de la même encre grasse dont on s’est servi our dessiner à la plume, puis on découvre avec la pointe ou e grattoir, toutes les places qui doivent rester blanches dans l’estampe, absolument comme on le feroit sur une planche en bois, mais avec bien-plus de facilité, puisqu'il ne s’agit que de dégager la pierre de la surabondance de noir, tandis que dans la gravure sur bois il faut creuser ces mêmes traits. D'ailleurs on réparera facilement les défauts qu’on découvre sur la planche, soit avec la plume, soit avec le pinceau, et on peut même exécuter de cette dernière manière toutes les parties légères et qui se dé- tachent sur un fond blanc. M. Engelmann nous fournit encore plusieurs essais dans ce genre qui sont fort satisfaisans. On imite aussi un dessin au lavis, composé seulement, comme. dans ceux des grands maîtres, d’un trait et de plusieurs teintes plates plus ou moins vigoureuses, mais sans autre dégradation que leur différence entre elles. On y parvient au moyen de plusieurs pierres qu’on charge de noir dans les parties que l’on veut colorer. À l'impression, chaque planche produira une teinte différente de camaïeu oude lavis, en imprimant avec des encres transparentes et plus ou moins foncées. Pour imiter un dessin sur papier bleu ou bistré, rehaussé de blanc, une seconde planche suflit; on la couvre entièrement d'encre noire lithographique, et, après avoir contre-calqué une épreuve du dessin de la première planche, on enlève cette encre Tome LXXXIV. FÉVRIER an 1817. P 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au moyen du grattoir, aux endroits qui doivent étre rehaussés. de blanc. Un autre dessin de M. Engelmann, d'après M. Lafitte,. donnera l’idée de ce procédé. La lithographie nous fournira aussi un véritable polytypage d'autant plus précieux, qu'il peut s'étendre même aux produc- tions du burin; car il suflit de tirer une épreuve d’une gravure exécutée par ce dernier procédé, de l'appliquer immédiatement sur la pierre, et de l’y contre-épreuver par le moyen ordinaire, pour avoir une seconde planche semblable à la planche de cuivre, et dont on pourra tirer un bien plus grand nombre d'épreuves. Ne seroit-ce pas alors trop présumer que d'y voir un moyen de conservation pour les chefs-d'œuvre de la gravure, dont on tire- roit des contre-épreuves lorsque la planche de cuivre est dans toute sa force; et lorsqu'elle sera usée, la pierre sur laquelle on auroit imprimé une bonne épreuve, serviroit de type pour les mulüplier; on.a même essayé de faire revivre par ce moyen des estampes anciennes dont la planche n’existe plus. Si enfin on est pressé par le temps, et qu’il faille tirer un grand nombre d'exemplaires d’une pièce d'écriture ou d’un dessin, pourvu toutefois que l’objet soil peu chargé de travaux visant à l'effet, car plus les traits du dessin sont écartés, et mieux cette opéra-- tion réussira; si on veut donc multiplier les épreuves en très-peu de temps, il ne s’agit que de se procurer un plus grand nombre de planches matrices; ce qu’on obtiendra en contre-épreuvant autant d'épreuves qu'on voudra de planches; et en faisant agir plusieurs presses, le nombre d'exemplaires se multipliera pres-- qu'à l'infini, puisqu'’une seule presse peut en tirer cinq à six cents dans l’espace d’une journée. Il nous reste à parler du mécanisme de l'impression des des- sins dont nous venons de décrire à peu près toutes les variétés : #c'est dans cette opéralion que consiste le grand art du Btho- graphe; M. Engelmann paroit lavoir poussé à un haut degré de perfection. Dans les premiers essais lithographiques, les épreuves man> quoient de vigueur, étoient d’une inégalité choquante entre elles, les travaux fins ne prenoient point l'encre d'impression, ou les hachures croisées en prenoïent trop; le dessin perdoit tout son: effet, et l'artiste ne reconnoissoit plus son propre ouvrage. Les premiers soins de M. Engelmann se portèrent donc à rec- ° » ’ ep , 4 tifier ces défauts, provenant du peu de régularité qu'on metloit ET D'HISTOIRE NATURELLE. 115 ‘dans les préparations lithographiques. Il construisit de nouveaux instrumens qui lui permirent d'évaluer, avec une exactitude -scrupuleuse, la dose des divers ingrédiens, et dès-lors la plus -grande régularité s'établit dans les résultats. Il existoit un autre inconvénient plus grave encore, et qui au- Toit fait perdre à la lithographie beaucoup de ses partisans : c'étoit de ne pouvoir retoucher un dessin après le ürage. M. En- gelmann y a pourvu, et désormais l’on pourra tirer des épreuves d'essai, puis continuer son dessin, réparer lee parues w'op foibles, éclaircir celles qui parsissent trop noires, terminer enfin ce dessig en le poussant à la plus grande vigueur et au degré de fini Je plus précieux. Nous avons examiné avec soin un grand nombre d'épreuves sorties des ateliers de M. Engelmann, et en les comparant les unes avec les autres, et avec celles de planches gravées sur cuivre, nous avons remarqué qu'il n’y avoit entre elles qu'une fort légère différence, qu'on peut attribuer au pius ou moins de soin apporté par les ouvriers dans leur travail, et qui existe également dans l'impression de la gravure en taille-douce. Essayons d'indiquer le procédé du tirage, malgré la difficulté qu'il y a de faire comprendre la construction et le mécanisme de la presse, qui diffère de toutes celles qu’emploient les imprimeurs en caracteres, en taille-douce, les dominotiers, et les imprimeurs d’étoffes. » Cette presse consisle en une table creuse, terminée à l’une de ses extrémités par des montans qui supportent un rouleau à ma- nivelle; la table est recouverte d'un châssis à tabalière, garni d'un cuir fortement tendu. On place la pierre dans le creux de la table, et on l’y assujétit au moyen de calles et de coins, puis on la mouille avec une éponge et de l’eau pure, jusqu’à ce qu’elle en soit bien saturée. Ensuite on charge la planche de noir, au moyen d'un rouleau de bois ou manchon recouvert d'un cuir, et qui est lui-même imprégné d’un noir d'impression extrémement fin et compacte, qu'il a pris en roulant sur un marbre chargé de cette matière. On promène ce rouleau plusieurs fois, et en tous sens, sur la pierre. Nous avons remarqué, dans cette opération, que le noir d’im- pression ne s'attache absolument qu'aux endroits sur lesquels il exisle des traits ou des points qui doivent constituer le dessin, Pre 116: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE et que partout ailleurs ou la planche étoit nette et blanche, elle: reste telle, et ne retient aucune trace d’encre. La pierre étant donc chargée de noir, on étend dessus un pa- pier d'impression, bien moins humide que celui qu'on emploie pour celle de la taille-douce; alors le châssis retombe sur la table, et par dessus ce chässis une racle ou règle en bois qui, au moyen: d’une bascule faisant agir deux leviers, exerce une pression de: plus d’un millier de livres; enfin on met la manivelle en mouve- ment; la sangle, attachée à la racle par son autre extrémité, s'en- roule sur le rouleau, fait glisser ceite règle sur toute la superficie du chässis, qui sert d’intermédiaire entre elle et la pierre, et l'épreuve est imprimée. On relève alors la règle, on ouvre le chässis et on retire cette première épreuve, pour en faire sur-le- champ une seconde de la même maniere, et sans déranger la pierre, qu'on mouille à chaque fois. Ce n’est qu'après avoir tiré une douzaine d'épreuves d'essai que la gravure acquiert son dernier degré de vigueur, et qu'ensuite elle ne change pas sensiblement. Pour conserver les planches lorsque le tirage est fait, on les: enduit d’une couche de gomme arabique, qui les met à l'abri de l'atteinte des matières grasses et du frottement, qui pourroient. gater le dessin. Lorsque la planche commence à se graisser, et que les traits ont de la tendance à s’empäter, on la nettoie en passant dessus uñe éponge imbibée d'essence de térébenthine ; la pierre, essuyée et lavée ensuite à grande eau, paroït sans aucune trace de des-- sin, mais il n’y a réellement que le noir d’enlevé, et la trace résineuse ou graisseuse qui est sans couleur n’en reste pas moins. empreinte dans la pierre; aussi reproduit-on le dessin en le colorant de nouveau avec le rouleau ou le tampon chargé de: noir, el les traits reparoissent plus purs et plus vigoureux qu’au- paravant, Résumons les avantages de la lithographie. Si on la compare avec les différens genres d'imprimerie et de gravure, on reconnoitra qu'elle peut imiter à peu près ce que ces autres arts produisent, mais qu'ils ne peuvent eux-mêmes employer avec la même facilité les diverses méthodes du tracé lithographique, qui seul donne le moyen d'obtenir des gravures autographes. On joindra à ces avantages ceux de la célérité et de l’économie. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 117 Le simple tracé s'exécute aussi promptement qu’un dessin, l'im- pression est aussi plus prompte que celle de la taille-douce, et les planches durent bien plus long-temps; car à Munich, on a obtenu jusqu’à 30,000 épreuves d’un même ouvrage; en outre, les planches de bois et de cuivre ne servent guere plusieurs fois, tandis qu’il y a une si légère couche de pierre d'altérée par le tracé du dessin, qu’on grave sur la même un grand nombre de fois. Bien plus, pouvant multiplier les matrices d’un même sujet au moyen de la contre-épreuve, il n’y a que le cliché qui puisse Femporter sur cette opération; elle a même fourni au cliché un procédé aussi ingénieux qu'il est utile pour la typographie, et les autres arts dans lesquels on se sert de planches en relief, procédé dont nous jouissons‘presque sans nous en douter depuis plusieurs années, et qui consiste à graver sur pierre et couler ensuite en métal la planche de ces vignettes, qu'on entaillait auparavant dans le bois, et qui, intercalées dans les formes d’im- primeur, se tiroient en même lemps que le texte. On avoit presque renoncé à ce genre d'ornement, fort utile néanmoins, surtout dans les livres élémentaires, et la gravure sur bois, qui avoit illustré tant d'artistes, étoit presque aban- donnée, les procédés de la taille-douce étant devenus plus faciles el moins coùleux. Cependant , dès la première époque de l'introduction passagère de la lithographie en France, M. Duplat, graveur en bois, ima- gina de se servir de la pierre lithographique aux mêmes usages pour lesquels on employoit le bois. Il exécute son travail sur cette pierre, non pas en l’entaillant avec des outils tranchansé mais en la couvrant d’un vernis gras, qu'on peut enlever avec facilité au moyen de la pointe ou de l'échoppe; puis il creuse ou fait mordre Ja pierre comme une planche à l’eau-forte, de manière cependant à produire un effet contraire; car les traits du dessin au lieu d’être en creux, restent ici en relief; ils sont ensuite nettoyés, réparés, et les fonds abaissés de manière à n'être point atteints par le tampon de l'imprimeur. En cet état, la pierre offre l'aspect d’une planche de bois gravée, et peut, à la rigueur, servir aux mêmes usages, mais elle n’auroit pas la même solidité. Aussi M. Duplat ne se sert de cette pierre que comme d’une matrice sur laquelle il coule et frappe une masse de métal fondu; celle-ci retient x18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DF CHIMIE : û { ï de l'empreinte en. creux du relief ; elle sert ensuite elle-même à clicher ou estamper de nouvelles matrices en tout semblables à celle qui a été gravée sur la pierre, et qui, pouvant être mul- tipliées , puisque la matière première existe, tireront des épreuves à l'infini. ; M. Duplat, outre ses essais, qui s'élèvent à plusieurs milliers de dessins, a gravé par-ce procédé des suites de vignettes qu’on a prises, qu'on prend encore journellement pour des gravures sur bois, et qui n’en diffèrent même que par un plus haut degré de finesse d'exécution. Nous citerons les gravures des Fables de la Fontaine, et celles des Lettres sur la Mythologie , par Demous- lier, dans les dernières éditions publiées par M. Renouard. On voit, par ce simple exposé, quel est l'avantage d’une pa- reille invention, Ron-siuieincnt pour 168 vigueues, mcurons.ct gravures de tout genre qu’on intercale dans le texte, mais encore pour imiler avec exactitude et à peu de frais tous les caractères de l'écriture arabe, turque, chinoise, etc.; enfin on appliquera ce procédé à toute gravure en relief; et en réunissant ou soudant en- semble ces empreintes de métal, on peut remplacer les planches de bois gravées qui servent à l'impression des papiers de tenture et des étoffes. Après avoir énuméré les avantages de la lithographie etles nom- breuses applications qu’on en fait, on doit s'étonner que cet art ait été pratiqué pendant plus de quinze années dans presque toute l'Europe, que depuis long-temps ses productions aïent été entre nos mains, devant nos yeux, et que néanmoins ce procédé ingé- nienx ail été repoussé avec une sorte d'affectation , malgré l’utilité qu'il offre à l'industrie, et quoiqu'il fût reconnu qu'il Dennetoie sur plusieurs genres de gravures. * En effet, que le peintre dessine sur la pierre, c’est lui seul qui invente, exécute avec la fougue du génie ou l'amour de la per- fection; c’est son style, la manière qui lui est propre, et jusqu’à ses défauts dont il ne peut se prendre qu’à lui-même; on retrouve dans son ouvrage cette touche franche, prompte, spirituelle, qui est le résultat, non du tâtonnement, mais celui de l'inspiration qui conduit une main créatrice. Loin de nous cependant l'intention de déprécier la gravure ; cet art auquel nous devons tant de jouissances, de véritables chefs-d'œuvre, et qui se chargeant de la destinée des produe- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 “ions du dessin, les a immortalisées en les multipliant. Certes, un graveur habile est plus qu’un traducteur; il devient aussi créa- teur à son tour, lorsque, par le seul artifice du clair-obscur et d'un procédé qui ne lui permet d'employer que deux couleurs, il parvient à faire apprécier le prestige de la lumière et des ombres, et à nous faire deviner presque la magie du coloris. * Mais pour quelques graveurs qui possèdent le don précieux de créer, ow tout au moins qui sont initiés dans tous les secrets de l’art du dessin, combien cet art ne compte-t-il pas de copistes qui se bornent à suivre les traces des peintres, et qui ne peuvent arriver à une sorte de perfection que par les moyens méca- niques. C’est à cette seule classe d'artistes laborieux, estimables, mais peu propres à étendre les ressources de l’art, que la lithographie peut faire par la suite quelque tort. Il en fut de même à l’époque de la découverte de l'imprimerie, qui fit tomber la plume des mains à une multitude de copistes. Cependant on n’en proscrivit pas pour cela l’exercice de la plus étonnante comme de la plus utile invention de l'esprit, puis- qu’elle garantit à jamais l'existence du dépôt des connoïssances humaines. * Au reste, la lithographie pouvoit-elle se naturaliser en France a une époque où l’on repoussoit les découvertes des étrangers comme les productions de leurs colonies; époque désastreuse, à laquelle il nous falloit vivre de privations pour apprendre à nous suflire à nous-mêmes, sous peine d’être soupconnés de manquer de dévouement et de patriotisme? Tous les liens étoient rompus, et ceux même de la littérature et des arts l’auroiïent été, si l'Institut n’eût donné l'exemple d’une honorable bienveillance, qui lui faisoit accueillir, encourager les hommes de talent de tous les pays, avec lesquels il conservoit des relations amicales jusqu’au milieu des malheurs de la guerre. Mais ce qui étoit pour lors un mérite, devient aujourd'hui un devoir sous un Roi qui aime, cultive les lettres, qui apprécie et protège st efficacement les beaux-arts. Désormais les étrangers ne dédaigneront plus les œuvres de nos artistes, parce que nous ne rejetterons pas les leurs; les arts sont cosmopolites , et ils vont retrouver dans notre patrie l'antique hospitalité dont ils ont fait autrefois le touchant essai. Fiches de 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE notre propre fonds, ne dédaignons point les richesses qu’on nous offre, échangeons ces gages d'amitié, et que l'amour des arts et des lettres soit le lien qui nous unisse à jamais avec les autres peuples. Néanmoins, quoique la lithographie tire son origine de l’Alle- magne, C'est un francois qui vient nous faire jouir de tous les avantages de cet ingénieux procédé. M. Engelmann, soutenu par le seul amour des arts, pour les- quels son désintéressement Jui a fait faire de grands sacrifices ,. possédant d’ailleurs tous les moyens que donnent l'intelligence, l'adresse, l'esprit d'invention, a de plus, dans le dessin et la pein- ture, des connoïssances étendues, acquises sous la direction de l'un des restaurateurs de l’école francoise, M. Regnault, qui a bien voulu joindre l'influence de ses propres lumières à celles de son élève, pour naturaliser en France la lithographie. Toutefois il ne suflisoit pas d'offrir dans lés productions de cet art des objets de pur agrément, il falloit avant tout qu’elles eussent un but d'utilité. Telle a été l'intention que M. Engelmann a d’abord manifestée et qu'il a même déjà réalisée en publiant une suite de principes de dessin exécutés par les maitres eux- mêmes, persuadé qu’on y retrouveroit en même temps un degré de correction et une liberté de faire qui disparoissent souvent dans les copies qu’en offre la gravure. M. Engelmann a confié cette noble tâche à des artistes distin- gués dans différens genres; et il a multiplié, par le procédé litho- graphique, plusieurs dessins de figures, par M. Regnault; des études de chevaux de différentes races, par M. Carle Vernet; des études d'arbres et de paysages, par M. Mongin, etc. Ce recueil, qui acquiert tous les jours plus de variété, de mérite, et d'importance, a été soumis à l'Académie. La commission qui a été chargée, Messieurs, de vous en rendre compte, a reconnu dans ces ouvrages à peu près toutes les qualités qui sont les at- tributs de la gravure, et de plus, toutes celles qui n’appartiennent qu'au dessin autographe; elle doit donc faire des vœux pour la prospérité de l'établissement que M. Engelmaun vient de former dans la capitale; il est même à desirer que cet établissement attire l'attention du gouvernement et en soit protégé; alors il deviendra stable, les artistes pourront y trouver les Sellités nécessaires pour multiplier leurs productions dans toute leur originalité, et faire des essais nouveaux qui doivent tourner à l'avantage des arts, de l'industrie, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 24 l'industrie, du commerce, et contribuer ainsi à la prospérité et à la gloire de la France. Signé HeurTier, RrecwaurT, Guérin, DEsNoyers ; et CASTELLAN, rapporteur. L'Académie approuve le rapport, en ordonne l'impression, et arrêle qu'il sera transmis à S. Exc. le Ministre de l'Intérieur, avec invitation d'accorder à l'établissement de M. Engelmann tous les encouragemens auxquels lui donnent le droit de prétendre les perfectionnemens apportés par lui dans les procédés d'un genre de gravure et d'impression dont les résultats ne peuvent être que très-utiles aux arts, au commerce et a l'industrie. QUATREMÈRE-DE-QUINCY, Secrétaire perpétuel de F Académie royale des Beaux-Arts. et Tome LXXXIV. FÉVRIER an 1817. Q 123, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIM 1#: OO TE , DEAN NOTES: RELATIVES A LA EITHOGRAPHIE, th DE M. LASTEYRIE. 4 or te) , | { é ? : ! Ë Re 4) Ic est dit dans le Rapport de l'Institut, en parlant de M. de Lasteyrie que; « malgré Les: soins et des) expériences de M. le comte de Lasteyrie; le nouvel art nous $eroit peut-étre inconnu , si, M. Engelmann. r'avoit surmonté toutes les. difficultés: pour le l'ansporter à Pa , et st l’Académie ne s’éloit occupée des moyens propres à propager une invention qui doit faire époque dans les annales de l'art. » Nous observerons à ce sujet, que M. de Lasteyrie avoit im- primé le portrait d'Henry IV et les lettres autographes de ce prince, et quelques autres dessins, à une époque où M. En- gelmann n’avoit aucune presse à Paris. Ces faits sont consignés dans le Moniteur et dans le Journal des Maires. I avoit à la même époque un élablissement lithographique dans la rue du l'our Saint-Germain. Les presses qu'il a établies pour le service du Ministre de la Police avoient tiré plus de-soixante-dix mille épreuves, lorsque l’Académie des Beaux-Arts a fait son rapport, et il avoit produit une quantité assez notable de dessins dans son propre établissement. Ces faits sont connus d’un grand nombre d'artistes et de plusieurs membres de l’Institut. Les objets remarquables qui sont sortis des presses de M. de Lasteyrie, prouvent donc que la lithographie seroit connue en jrie, prouve ograp onnue France, quand méme M. Encelmann eût pas transporté cet art à DE RE DAT ct PASSES Paris. Ainsi M. Engelmann n’est n1 le seul, ni le vrai introduc- . oi ô . » . teur de la hithographie parmi nous, puisque M. André avoit exécuté des ouvrages très-parfaits en ce genre, bien long-temps avant lui; ce qui est prouvé par la médaille d'encouragement que la Société lui à accordée, et que M. de Lasteyrie n’a pu avoir, étant membre du Conseil de cette Société. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 123 Quant au perfectionnement que le rapporteur de l’Institut attribue à M. Engelmann, on nous permettra de suspendre notre opinion jusqu'à ce qu'on nous les ait fait connoitre; car nous ne considérerons pas les retouches comme une invention de M. Eu- gelman, puisqu'elles ont lieu à Munich et dans toutes les litho- graphies où les procédés les plus ordinaires de l’art sont connus. Les ouvrages qui, à notre connoissance, sont sorlies des presses de M.:de Easteyrie, à la manière du crayon, de la plume et de la gravure, A souvent, et surpassent même quelquefois les ouvrages de Munich. Nous avons surtout remarqué une carte de la bataille d'Austerlitz, qui est un chef-d'œuvre en ce genre. Le public peut juger du talent de M. de Lasteyrie, parles ou- vrages qu'il a mis en vente. Nous citerons le premier n° d'une collection intitulée : Recuerl de diffèrens genres d'impressions litho- graphiques qui peuvent avoir une application, utile aux sciences et aux arts mécaniques et libéraux. Les gravures contenues dans ce premier recueil prouvent que l'art de la lithographie est susceptible de rendre la représentation fidèle et caractéristique des différens êtres qui composent le domaine de l’histoire naturelle. Ce sera un nouveau service dont les sciences et les arts seront redevables à M. le comte de Las- teyrie. A L.. 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE NOUVELLE ‘ NOMENCLATURE CHIMIQUE, D'APRÈS LA CLASSIFICATION ADOPTÉE PAR M. THENARD; Ouvrage spécialement destiné aux personnes qui commencent l'étude de la Chimie, et à celles qui ne sont pas au courant des nou- veaux noms ; Par M. J.-B. CAVENTOU, Pharmacien des Hôpitaux et des Hospices civils de Paris. Un vol. in-8. A Paris, chez Crochard, Libraire-Éditeur des Annales de Chimie et de Physique, rue de l'École de Médecine, n° 3; et chez Gabon, Libraire, place de l’École de Médecine, n° 2. An 1816, EXTRAIT PAR J.-C. DELAMÉTHERIE. « Ir seroit bien dificile, dans l’état actuel de nos connois- » sances, dit l’auteur, de faire un bon ouvrage sur la nomen- » clature chimique.... » Effectivement, quels changemens cette nomenclature n’a-t-elle pas éprouvé depuis un siècle! On a eu la nomenclature de Beccher, de Staah]l.… À succédé celle de Lavoisier, de Fourcroy... De nouveaux noms ont remplacé ceux-ci actuellement, et les mêmes substances ont différens noms. à Et peut-être, ainsi que je l'ai dit, Discours préliminaire, cahier précédant, la science n’est pas encore assez avancée pour avoir une bonne nomenclature. Cependant, il faut que les chimistes actuels se servent de noms convenus; une nomenclature , au moins provisoire, leur est donc nécessaire. Le jeune auteur a donc rendu un grand service à la science, en réunissant la nomenclature la plus généralement adoptée, et employée par un de nos plus célèbres professeurs. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 125 L'auteur fait trois grandes divisions des corps simples et de leurs combinaisons. Iere DIVISION. Corps simples non métalliques: 1° DIVISION. Corps simples métalliques. III: DIVISION. Radicaux binaires et ternaires acidifiés , com- binés avec des bases. Il expose ensuite les différentes combinaisons de ces diverses substances, et les noms sous lesquels elles sont connues actuel- lement. PREMIÈRE DIVISION. CORPS SIMPLES NON MÉTALLIQUES. 1°. OxIGÈNE—. 2°. HYDROGÈNE. 3°. Borne. 4°. CARBONE. 5°. PnospnorEe. 6°. SourRE. . CHLORE. 8. Ilopt. , 9°. AZOTE. 10°. FLUORE. 11°. CYANOGÈNE, SECTION PREMIERÉ. $ Ler. OxIGÈN=. Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Empirée. Principe sorbile. — acidifiant. Ur — respirable. Air déphlogistiqué. — vital. Oxigène. Chaux métalliques. Fleurs métalliques. Thermoxides. : Oxides au minimum. Proloxides. .,- "ent { dues (KR pr0 Omeëner 0e SU ne 126 Nomenclature actuelle. Déuxotides. 4 a RNeEn { JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature ancienne. Oxides au maximum. Oxides (X laproth.) Protoxides, Ou premier degré d'oxigénation. Protoxide d'hydrogène, — de carbone. . . { — de phosphore. . — de chlore, ou acide | chloreux. . . — de silicium. ; = ('azôte; : . CC Fr 200 — de zirconium. — d'aluminium. Toutes les terres, les alcalis, les oxides métalliques... , classés parmi les protoxides. Fancmoe Oxidules de carbone. Gaz oxide de charbon. Oxide blanc de phôsphore: Euchlorine de (77. Davy.) Acide muriatique sur-oxigéné. Gaz nitreux déphlogistiqué. — nitreux de nitrogène, — nilreux. — de septone. Oxidule d'azote. Gaz oxide d'azote, Terre vatrifiable. — siliceuse. ; Silice. Zircone. Alumine calcinée. sont Deutoxides, Ou deuxième degré d'oxigénation des corps. Deuxotide de phosphore. — de sodium. — de potassium, Oxide rouge de phosphore, Soude caustique. Potasse caustique. Plusieurs oxides métalliques. sont des deutoxides. * Acides. Acideborique. . . . . . . ; — carbonique. ; . . . Sel sédatif. Acide boracique, Air fixe. 3 Acide crayeux, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Acide phosphorique. Acide phosphorique. — phosphoreux. — phosphorique phlogistiqué. lfuri Huile de vitriol. free SUMMER ESS Acide vitriolique, — sulfureux. — sulfureux. es — chlorique (MM. Go Lussac et Davy). — vilriolique phlogistiqué. — muriatique hyper-oxigéné. — murialique sur-oxigéné. Protoxide de chlore: Oxiodine (M. Davy ). Eau-forte. Acide mtreux blanc. — déphlogistiqué. TE Esprit de nitre fumant. — chloreux. . — iodique. — nilrique. + . Acide nitreux fumant. Deutoxide d’azote. Son existence n’est que soup- — nitreux, — cyanique (M. Gay-Lus- sac ). connée. — chloro - cyanique (M. A&dS : PAT Gay=Lussac). cide prussique oxigéné. — nitro- - chlorique. E Eau régale. Acide nitro-muriatique. — arsénique. — arsénical. — molybdique.. — molybdique. — chromique. c ; — du Wolfram. HN TDEN NET — de la tungstène. — columbique. — tellurique (EE Berz part C'est l’oxide de tellure. Vinaigre radical. Acide acéteux. Acides des pommes, — malusien. — d’oseille, — oxalin. — du sucre. — saccharin, — acétique.. — Oxaliques 4 7 + et k - — malique. à : 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMI" Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne Acide benzoïque. . . . . . { lou benzonique. Fleurs de benzoin. — citrique. Acide du citron. si Fr } Acides des champignons. Acide particulier du café : c'est l'acide gallique, selon M. Cadet. Acide gallique. Principe astringent. — cafique (M. Paisse). . — gallique. . se pi Maique (M, F'auque- ai Acide particulier du kinkina. — mellitique (Æ laproth). — de l’honigstein. — morique ou moroxo- ( Acide d’une substance du tronc lique (Ælaproth). . du mürier. — succinique. Acide du succin. — tartarique. — du tartre. — retiré de la laque. { (Existence douteuse). — du camphre. — du sucre de lait, — saccholactique. Esprit de tartre. : À Acide pyro-tartareux. — Jlaccique (M. Pearson). — camphorique. — mucique (M. T'henard). — pyro-tarlarique. . — subérique. É — retiré du liége. — nancéique de M. Bracon- : 5 not, formé dans les vé- — zumique ou zymique. gétaux abandonnés à l'as- cescence. , M. Pelletier lui a donné le nom de PRE , du mot grec zume , ferment. Acide urique, — rosacique(M. Proust). Se trouve dansle dépôt de l'urine. — amniotique(MM. J’au- Ç Retiré par évaporation de la li- quelin el Buniva ). queur de l’amnios de la vache, — sébacique \ M. The- Mode sébacé. nard. . . 3 — du suif. S Petit-lait aigri. en mA Acide Rare — lithique. , . . door — lithiasique. Acide ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. — Acide des fourmis. Combinaison d'acide acétique et malique, selon Fourcroy et V'auquelin. ‘ Acide particulier, selon Suersin. 4 { — du ver-à-soie. Acide formique. : — bombique. . , . SECTION DEUXIÈME. S Ir. HypROGÈNE. Gaz inflammable. Air inflammable. Gaz inflammable moffétisé. ! charbonneux. Hydrogène proto-carburé. . des marais. hydro-carburé. ( — Hydrogène carboné. — pro-carburé. — oléfiant. — proto-phosphure. Hydrogène. . — phosphorique inflammable de M. Gengembre. — hydrogène phosphoré. — per-phosphuré. . | Produit de la décomposition des — phospho-sulfuré ; è P P Le matières animales. — azOté. Voyez ammoniaque. a Produit gazeux d'hydrogène et de —- Zinqué. ... . . Ë ne zinc. — arsenié. — et d’arsenic. — telluré, — et de tellure. Hydrures. Combinaisons solides de l'hydrogène avec les métaux et autres corps solides. Fa d Soufre hydrogène. Re ee RUE { Hydrogène sur-sulfuré. Hydrures du sodium, du potassium, du mercure, du tellure..…. Hydracides. Ne as ainsi les corps simples ou composés acidifiés par Tome LXXXIF. FÉVRIER an 1817. = 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Acide hydro - sulfurique. { Gaz inflammable sulfuré. (M. Gay-Lussac). … . — hépatique. — hydro-chlorique (MM. LR Acide marin fumant. Gay et Thenard). . . Gaz muriatique. — hydro-iodique.. . (M. Gay-Lussac). s - Acide spathique. — hydro-fluorique. . . { ME nul — hydro - fluo - borique (MM. Gay-Lussac et — fluo-borique. Thenard)\ es are — hydro -cyanique (M. — prussien. Gay -Lussac). . . . { — prussique. Hydrates (M. Proust). Combinaison de l'eau avec les oxides métalliques (1). Hydrate de protoxide de sili- { Silice en gelée. mé er dei os Terre siliceuse. La méme nomenclature s'applique à toutes les autres terres et aux alcalis. : Elle s'applique également à plusieurs oxides métalliques, tels que ceux de zinc, de fer, d’étain.…. $ IL. Borne. Bore (MM. T'Aenard et G ay- ie DUSSAC RS ES 4 c Borium (MPaen) { Sel sédatif. Âcide borique, 1e Acide du borax. Borures. On appelle ainsi les combinaisons du bore avec les corps com- bustibles simples. Borure de fer. — de platine. (1) J'ai annoncé le premier ces combinaisons dansma Théorie de la Terre. ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE, 131. Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Porates. PBorax. Combinaisons de l'acide borique avec les bases salifiables. Proto-borate de silicium. Borate de silice. La même dénomination a lieu pour toutes les terres, les alcalis et plusieurs métaux. Deuto-borate de sodium. Borate de soude saturé. Sous-deuto-borate de sodium Borde brat. Tinckal. Deuto-borate de potassium. Borax végétal. $ IIL. CARBONE. H $ Charbon pur. SARDAAT 7 Diamant. « Combinaison du carbone avec de Charbon. + +: - «| Carbone. . . l'hydrogène et un peu d’oxi- gène. Carbone et hydrogène. Voyez hydrogène carboné, k — azoté, Voyez cyanogène. — phosphore EnEsr Ut ; gène. . . Gaz hydrogène phospho-carburé Carbures. PRE ; 4 J à Combinaisons solides du carbone avec Les-corps combustibles simples. Carbure de phosphore. — de soufre. Alcool de soufre. Soufre carbure. Per-carbure de soufre. . . — hydrogéné. — liquide. Sulfure de carbone. Carbure d'azote, Voyez azoture de carbone. — de manganèse. Sous-carbure de fer. s Acier. Graphite. Per-carbure de fer. . . . . 4 Crayon noir. Plombagine. 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne: Carbo-sulfures de MBerzelius. Combinaisons du carbure de soufre avec des bases. Combinaisons du carbone avec l’oxigène. à Oxide charbonneux toxid arbone. . . . = à Protoxide de carbone Gaz oxide de carbone. : É Air fixe. Acide carbonique. . . . . { AT Vues Carbonate. Combinaisons de l'acide carbonique avec des bases. Proto-carbonate de calcium. Spath calcaire. Pierre à chaux. La même dénomination doit être appliquée à toutes les com— binaisons des terres, des alcalis, des oxides, métalliques, avec l'acide carbonique. Sur-proto-carbonate de cal- Carbonate acide de chaux. CALME MEME TRE TAN Ne Soude crayeuse effervescente. Sous-deuto-carbona = ù 2h Ô onate de so Alcali fixe minéral effervescent. diurne "ce Rat ; Carbonate sur-saturé de soude. Sous-deuto-carbonate de po- ( Potasse carbonatée. tassium, . . . . . . . . / Carbonate sur-saturé de potasse. Les mêmes dénominations doivent être données aux combi- maisons de l'acide carbonique avec plusieurs oxides métalliques. $ IV. Pnospnonx. Phosphore. Phosphore de Kunckel. Combinaisons du phosphore avec l'oxigène. Protoxide de phosphore. Oxide blanc de phosphore. : Deutotide de phosphore. | — rouge de phosphore. Acide phosphorique phlogisti- Acide phosphoreux. . . , . 5 qué — phosphorique. — phosphorique. -ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Phosphures. Combinaisons du phosphore avec les corps combustibles simples. Phosphure de carbone. — de soufre. «— de sodium. — de potassium. — de différens métaux. Oxi-phosphures. Combinaisons du phosphore avec Les oxides métalliques. Proto-oxi-phosphures de ba- TIM: è La même dénomination doit être donnée à toutes les com- ia du phosphore avec toutes les terres, et à celles des alcalis Û Phosphure de baryte. Phosphates. Combinaisons de l'acide phosphorique avec les bases. \ Phosphate de chaux. Proto-phosphate de calcium. à Terre des os. Apalite. La même dénomination doit étre donnée à toutes les combi- naisons de l'acide phosphorique avec les terres, les alcalis et les oxides métalliques. Phosphites. Combinaisons de l'acide phosphoreux avec les bases. Proto-phosphite de magné- sium. La même daertén dent être donnée à toutes les combi- naisons de l'acide phosphoreux avec les terres, les alcalis et les oxides métalliques. | Phosphite de magnésie. $S V. SourRE. Soufre. Soufre. Combinaisons acides du soufre avec l'hydrozène et l'oxigène. Gaz hépatique. Acide hydro-sulfurique. . . i Lie l Es 134 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne: Acide sulfurique. Acide vitriolique. — sulfureux. — sulfureux volatil. Sulfures. Combinaisons du soufre avec Les corps combustibles simples. Sulfure de potassium. — de sodium. — du fer. Pyrite martiale. Oxi-sulfures (M. Gay-Lussac). Combinaisons triples d'oxipène de soufre , et d'un métal. Proto-sulfure de calcium. Foie de soufre calcaire. xi-sulfure d = à MEET US } Foie de soufre de potasse. Sous-deuto-oxi-sulfure d’an- ne Oxide d’antimoine sulfuré rouge. timoine. . . . Kermès minéral. + Per- delire Tan } Soufre doré d’antimoine. timoine: nt it auto ' Hydro-sulfates. Hydro-sulfures. Combinaisons de l'acide hydro-sulfurique avec les bases. Liqueur fumante de Boyle. Hydro-sulfure d'ammoniaque. Hydro-sulfates sulfures. Hydro-su lfures sulfures. Combinaisons des hydro-sulfates avec le soufre. Hydro- ie sulfuré de cal- cium. . Les mêmes FRE. 0t doivent être données à toutes les semblables combinaisons des terres, des alcalis. Hydro-sulfate d'anmoniaque. { } Hydro-sulfure sulfaré de chaux. Sulfates. Combinaisons de l'acide sulfurique avec les bases. Proto - sulfate- d'aluminium. Sulfate d’alumine. Sur-proto-sulfate d’alumi- } — acide d'alumine. NIUE e LEE . SE NPITS RS er ruse ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Sulfites. Combinaisons de l'acide sulfureux avec les bases. Proto-sulfite d'aluminium. . Sulfite d’alumine. Deulo - sulfite de potassium. — de potasse. : Sulfites sulfures. Combinaisons des sulfites avec Le soufre. Proto-sulfite sulfuré de cal- CU ME RE TAN } Sulfite sulfuré de chaux. $S VI. Curors. = UÜ X n Lussac. aan riraet murialique Oo igé 6. Chlore(MM. Thenardet Gay- Acide marin déphlogistiqué. Chlorine (M. Davy ). Combinaisons acides du chlore avec l'hydrogène, l'oxigène et le cyanogène. Acide marin fumant. Acide hydro-chlorique. . . — hydro-muriatique. — chloreux ou protoxide { — muriatique sur-oxigéné. du chlore. . . . . . | Euchlorine (M. Day). 1 RE GE Gy- j Acide muriatique hyper-oxigéné. — chloro - cyanique (M. loue A 2e Co Lisac) } — prussique oxigéné. — carbo-hydro- -chlorique. — phosgène (M. Davy ). Chlorures. Combinaisons du chlore-avec les corps combustibles simples. Chlorure de soufre. . « { Soufre oxi-murialé. S Sulfurane (M. Davy ). — d'azote. Acide muriatique ox1-azote. Beurre d’étain. — d’étain. . tte { s rh Liqueur fumante de Zibavius. 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne Oxi-chlorures. Combinaisons du chlore avec les oxides métalliques. Protoxi-chlorure de zinc. Chlorure de zinc. CC el, e\Zleitée Chlorates. Muriates sur-OXIgÈnES. Combinaisons de l'acide chlorique avec les bases. Proto-chlorate d'aluminium. Chlorate d’alumine. LC? enter Qhie ir eue relie rit Hydro-chlorates. Muriates. - Combinaisons de l'acide hydro-chlorate avec les bases. Proto-hydr ro-chlorate de cal- CIUME CS Deuto-hydro-chlorate dei so- dium. . . MAN 5 QU 7. Sel marin de chaux. == marin. $ VIL Ion. lode (M. Gay-Lussac). Iodine (M. Davy). Todures. Combinaisons de l'iode avec Les corps combustibles simples. Iodure de phosphore. Jodates. Oxiodes (M. Davy). Combinaisons de l'acide iodique avec les bases. Proto-iodate de calcium. Iodate de chaux. Hydriodates. Combinaisons de l'acide hydriodique avec les bases. Proto-hydriodate de calcium. Hydriodate de chaux. Hydriodates iodurés. Combinaisons des hydriodates avec l'iode. Proto-hydriodate ioduré de calcium. . 1 Hydriodate ioduré de chaux. $ VII ET D'HISTOIRE NATURELLE. 137 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. $ VII. Azore. ; Air vicié. AzOte.. Leu: TAN { ce phlogistiqué. — HE Voyez ammoniaque. — carboné. Voyez cyanogène. — et chlore. Chlorure d'azote. 1} — et iode. lodure d'azote. s à — carbone et chlore. Acide chloro-cyanique. — et hydrogène, — hydro-cyanique. Azotures. Combinaisons solides de l'azote avec les corps combustibles simples. Azoture de carbone. Combinaisons de l'azote avec l'oxigène. Pistanide d'asote lt, { Gaz nitreux déphlogistiqué. — oxide d’azote. Deutoxide d'azote. — nitreux. Acide nitreux. À cide nitreux. — nitrique. Eau forte. Nitrates. Îitres. Combinaisons de l'acide nitrique avec des bases. Proto-nitrate de calcium. Nitre calcaire. Deuto-nitrate de potassium. { DE Salpètre. Nitrites. Combinaisons de l'acide nitreux avec des bases. Proto-nitrite de calcium. Nitrite de chaux. Deuto-nitrite de potassium. Nitrite de potasse, S IX. Fruore. Radical de l'acide hydro - fluo- Fluote. "M rique. Fluorine (M. Davy). Tome LXXXIF. FÉVRIER an 1817. S 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Combinaisons du fluore avec l'hydrogène. Acide hydro-fluorique. Ë { Acide fluorique. — spathique. Hydro-fluates. REA Pate, Combinaisons de l'acide hydro-fluorique avec les: basès. Proto-hydro-fluate de cal- } Spath fluor. CINE LE Deuto-hydro- fluate ‘de so- si Fe du pene dium. . . 3 AE Se S0SS; Deuto- hydro-fluate de pots } Fluate de potasse. Sum ee: H) PA Fluo-borates. Combinaisons de l'acide hydro-fluo-borique avec les bases. Hydro-fluo-boratede calcium. Fluo-borate de chaux. S X. CGyANOGÈNE. Radical de l'acide prussique. DR Fe LL Gay-Lus Matière coloraute du bleu de Me Prusse. Combinaisons acides du cyanogène avec l'oxigène, PRyBroEÈre et Le chlore. Acide hydro- -Cyanique. Acide prussique. — chloro-cyanique. — prussique oxigéné. Cyanures. Combinaisons du cyanogène avec les corps combustibles simples. Cyanure de mercure. Oxi-cyanures , ou cyanures d'oxides. Combinaisons du cyanogène avec les oxides métalliques. Cyanure de sodium. Cyanure de potassium. Hydro-cyanates. Prussiates. Combinaisons de l'acide hydro-cyanique avec les bases. Proto-hydro-cyanate de fer. Prussiate de fer. ” ET D'HISTOIRE NATURELLE. 139 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Hydro-cyanates triples. Prussiates triples. Combinaisons de l'acide hydro-cyanique avec les bases. Proto-hydro-cyanate de ma- gnésium et de deutoxide $ Prussiate de fer et de magnésie. de Tree S XI. AMMONIAQUE, OU HYDROGÈNE AZOTÉ. Ammoniaque. . . . . . . Se de VENT — sulfuré. Voyez Sulfure d’ammoniaque. — ioduré, . loyez'Todure d’ammoniaque. — Cyanogène. Voyez Cyanure d’ammoniaque. Ammoniates. Aimmoniures. Combinaisons de l’ammoniaque avec les oxides métalliques. Proto-ammoniate de fer. Oxide de fer ammoniacal. Deuto-ammoniate de zinc. — de zinc ammoniacal. Combinaisons de l'ammoniaque avec les acides et avec les hydracides. Ammoniaque et acide borique: — carbonique. DEUXIÈME DIVISION. Corps simples métalliques. Méraux (1): : : : L'auteur les divise en six sections. SiLICIUM. ZLircoNIUM. ALUMINIUM, YTTrrIUM. GLucINIUM. MAacNésIU. Iere Secrion. . .: PIRE Pres et QG) Je suis le premier qui, dans.mes Zeçons de Minéralogie, ai proposé cette classification, en classant les terres et les alcalis avec les subs tances mé- talliques. FLN S 2 140 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cazcrum. STRONTIUM. T° SEcrroN. : + 0 BArrum: Sodium. Potassium. Manganèse. Zinc. Fer. Etain. IIIe SECTION. . . . . = . ; Arsenie. Molybdène. Chrôme. Tungstène. Colombium. Antimoine. Urane. Cérium. Cobalt. Titane. Bismuth. Cuivre. Tellure. Nickel. Plomb. Mercure. Osmium. Argent. Palladium. VIe Secrion. - . . + . .. € Rhodium. Platine. Or. L'auteur considère ensuite chacune de ces substances en par- ticulier. IV: SECTION. RARES RES VA SECTIONS mt, Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Silicium. Silicium. * Métal de silice. Protoxide de silicium. Terre silicée et silice. — de silicium et eau. Voyez hydrate. Zirconium. Zirconium. Métal de la zircône. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 141 Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. Combinaisons du protoxide de zirconium avec les acides et les hydracides. Protoxide de zirconium et acide borique. — et acide carbonique. — et acide phosphorique. Il en faut dire autant de tous les acides. Aluminium. Aluminium. Métal de l’alumine. Protoxide d'aluminium. . . . . . { Qer d’alun. rgile. — el eau. Voyez hydrate. —et phosphore. Voyez oxi-phosphures. —- etsoufre. ’oyez oxi-sulfures. — et chlore. Voyez oxi-chlorures. Combinaisons du protoxide d'aluminium avec les acides et les hydracides. Protoxide d'aluminium et d'acide borique. — acide carbonique. — acide arsénique. sul e44 elle . Les mêmes dénominations doivent avoir lieu pour les com- binaisons des métaux, des alcalis avec les corps simples, tels que le soufre, le charbon, le chlore,... ainsi qu'avec les acides et les hydracides. Les mêmes dénominations doivent également avoir lieu pour les combinaisons de toutes les sübstances métalliques avec les corps simples, tels que le soufre, le charbon... les acides et les hydracides. Il faut suivre l’auteur dans les détails qu’il donne sur chacune de ces combinaisons. Il rapporte les différens noms sous lesquels elles sont connues. TROISIÈME DIVISION. Elle contient les radicaux des acides, des végétaux et animaux. Rapicar acétique. Ranicaz fungique. — malique. — gallique. — oxalique. — kinique. — benzoïque. — mellitique. — cilrique. — morique. 142 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Rapicar mucique. Rapicar rosacique. — pyro-tar tar ique. — Amniotique. — subérique. — sébâcique. — zumique. — lactique. _— urique. —_ margarique. — succinique. — oléique. — tartarique. — butyrique. — camphorique. L'auteur considère ensuite chacune de ces substances en par- ticulier. Nomenclature actuelle. Nomenclature ancienne. $ Ie". ACIDE ACÉTIQUE. { Vinaigre radical. Acide acétique. . . . . TE CEUX, Acétates. Combinaisons de l'acide acétique avec des bases. Proto-acétate de zirconium. Acétate de:zircône. — de potasse. re foliée de tartre. Les mêmes dénominations doivent être données à toutes les combinaisons de l’acide acétique avec les différentes bases. Elles doivent également être données à toutes les combinaisons des acides végétaux et animaux avec des bases. Deuto -acétate de potassium. { Ter $ II. ACIDE MALIQUE. Acide malique. Acide des pommes. Malates. Combinaisons de l'acide malique avec des bases. $ III. AcipE OXALIQUE. { Acide de l’oseille, Acide oxalique. . . . . : — saccharin, Oxatates. Combinaisons de l'acide oxalique avec des bases, ET D'HISTOIRE NATURELLE. Nomenclature actuelle Nomenclature ancienne. $ IV. ACIDE BENZOÏQUE. Acide benzoique. Acide du benzoin. Benzoates. Combinaïsons de l'acide benzoïque avec des bases. $ V. ACIDE CITRIQUE. Acide citrique. Acide du citron. Citrates. Combinaisons de l'acide citrique avec les bases. $ VI. AcipE FUNGIQUE. Acide fungique. Acide des champignons. Fungates. Combinaisons de l'acide fungique avec les bases. $S VII AcipE GALLIQUE. Acide gallique. Acide gallique. Gallates. Combinaisons de l'acide gallique avec des bases. $ VIIT. AcipE KINIQUE. Acide kinique. Acide de kinkina. Kinates. Combinaisons de l'acide kinique avec des bases. $S IX. AciDE MELLITIQUE. Acide mellitique. Acide honigstique. Mellitates. Combinaisons de l'acide mellitique avec des bases. S X. ACIDE MORIQUE. Acide morique. . . . . . DR ere lee — du mürier. 143 144 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature nouvelle. Nomenclature ancienne. Morates. Combinaisons de l'acide morique avec des bases. $ XI. AcipE SUCCINIQUE. Acide succinique. ° Acide du succin. Succinates. Combinaisons de l'acide succinique avec des bases. $ XIL AcinE TARTARIQUE. Acide tartarique. Acide du tartre. T'artrates. T'artrites. Combinaisons de l'acide tartarique avec des bases. S XIII. AcipE CAMPHORIQUE. Acide camphorique. Acide du camphre. Camphorates. Combinaisons de l'acide camphorique avec des bases. S XIV. AcipE MUCIQUE. { Acide muqueux. bros — saccholactique. Acide mucique. . . Mucates. Saccholactates, mucites. Combinaisans de l'acide mucique avec des bases. $ XV. AcipE PYRO-TARTARIQUE. Acide pyro-tarlarique. Acide pyro-lartareux. Pyro-tartrates. Combinaisons de l'acide pyro-tartarique avec des bases. S XVI. Acipz SUBÉRIQUE. Âcide subérique. Acide du liége. Suberates. Combinaisons de l'acide subérique avec des bases. S XVI. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 Nomenclature nouvelle. Nomenclature ancienne. S XVII. AcinE ZUMIQUE. Acide zumique. Acide nancéique. Zumiates. Combinaisons de l'acide zumique avec des bases. $ XVIII. AcrDE URIQUE. Acide urique. Acide lithique de Schéele, Urates. Combinaisons de l'acide urique avec des bases. S XIX. ACIDE ROSACIQUE. Acide rosacique. Rosates. Combinaisons de l'acide rosacique avec des bases. » $S XX. AcipE AMNIOTIQUE. Acide amniotique. Acide amnique. Amniotates. Amniates. Combinaisons déW'acide amniotique avec des bases, $ XXI. ACIDE SÉBACIQUE. Acide sébacique. Acide des graisses. Sébates. Combinaisons de l'acide sébacique avec des bases, S XXII. AcIDE LACTIQUE. ps Acide lactique. À Acide du lait. Lactates. Combinaisons de l'acide lactique avec des bases, S XXII. AcIDE MARGARIQUE. Acide margarique(M. Chevreul). Margarine (M. Chevreul). : Margarates. Combinaisons del'acide margarique avec des bases, Tome LXXXIF. FÜVRIER an 1817. 4 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Nomenclature nouvelle. Nomenclature ancienne. S XXIV Acipe oLÉique. Acide oléique (M. Chevreul). Graisse fluide (M. Chevreul). Oléates. Combinaisons de l'acide oléique avec des bases. S XXV. Acine BUTYRIQUE (M. Chevreul). Acide qui se trouve dans le beurre : il est la cause de son odeur. Butyrates. Combinaisons de l'acide butyrique avec des bases. PRINCIPES IMMÉDIATS DES VÉGÉTAUX ET DES: ANIMAUX. Sucre. Sucre. Mannite (M. Thenard). Principale substance des mannes. Asparagine (ou Kane } Matière particulière des asperges. Robiquet). . . +... Amidon. Ê «us < Matière amilacée: Arome. Esprit recteur. Gomme. Mucilage age. { Prree particulier de quelques i J. Pelletier). . Bassorine (M. J. Pelletier) re SR Huiles fixes. +. + le. + À es no — volatiles. Huiles essentielles. Résines. Résines. Olivine(M.J. Pelletier). … | { RS OU Caoutchouc. Résine élastique. Camphre. Camphre. . Alcool. Esprit de vin. Ether. Ether. — sulfurique. — vitriolique. — phosphorique. — arsénique. 4 — nitrique. — nitreux. — hydr ie — hydro-chlorique. — marin. — hydro-fluorique. — fluorique. MT D'HISTOIRE NATURELLE. 147 Nomenclature nouvelle. Nomenclature ancienne, Ether butyrique. — acétique. Ether acéteux, bu Principe colorant du bois de cam- Hématine (M. Chevreul). . { peche Santaline (M. J. Pelletier). Principe colorant du santal. Gluten. Gluten. Ferment. Ferment. Substance particulière de la ra- Inuline. ::. : RAUNEE Î 5 2 cine d’aunée. Ulmine (M. Xlaprotkh). Produit d’une espèce d’orme. Sarcocolle. Extractif. Matière extractive. Picrotoxine (M. Boullay). . { Principe amer de la coque du Le- vant. Polychroïte (M. Bouillon- } agrange). + à «le» Matière colorante du safran. Fungine (M. Braconnot). Partie fibreuse des champignons. Fibrine. : Albumine, Gélatine. . Colle forte. Caséum. Fromage, Substance grasse du cadavre. Blanc de baleine. Urée. Matière particulière de l'urine. . Partie très-nutritive reurée des D Ce er ae { chairs musculaires. Picromel (M. Thenard). Matière particulière de la bile, Adipocire de Fourcroy. . . { CR CC et . , Ce que nous venons:de dire de cet ouvrage en fait assez voir l'utilité. Ceux qui veulent connoitre la nomenclature actuelle PROVISOIRE de la Chimie, et en lire les ouvrages, ne sauroient trop l’étudier, Cependant, il s’y est glissé quelques erreurs. Je” dis provisoire; car il y a déjà plusieurs autres nouveaux noms proposés, comme je l'ai dit dans le Discours préliminaire; ét sans. doute quelques-uns seront adoptés aussi provisoirement. Ces changemens sont des suites nécessaires du progrès des connoissances. Mais ils doivent être faits avec discernement. 148 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE QUELQUES NOUVELLES RECHERCHES SUR LA FLAMME; : Par Sir Humpnry DAVY. Extrait des Transactions Philosophiques. Londres, 1817. MÉMOIRE LU DEVANT LA SOCIETÉ ROYALE, ’ Le 16 janvier 1817. Daxs trois Mémoires que la Société royale a bien voulu ho- norer d'une place dans ses Transactions, j'ai décrit un grand nombre d'expériences sur la combustion, qui font voir qu'à l’aide de différentes influences réfrigérantes, on peut empêcher ou arrêter l'explosion de mélanges gazeux. Ces expériences m'ont’ conduit à découvrir un tissu perméable à la lumière et à l'air y»mais imperméable à la flamme ; c’est une gaze de fil de métal à l'épreuve de la lampe, dont on se sert généralement aujourd'hui dans toutes les mines où l'air inflammable domine ; invention qui a pour but de mettre à l'abri du danger la vie des mineurs. Dans une courte Notice insérée dans le n° 5 du Journal des Sciences et Arts, j'ai rendu compte de quelques-nou- veaux résultats sur la flamme; résultats qui prouvent que l’in- tensilé de la lumière des flamntes dépend principalement de l'intensité de la production et de l'ignition d’une matière solide dans la combustion, et que dans ce procédé la chaleur tet la lumière sont presque des phénomènes indépendans. Depuis que cette Notice a.été imprimée, j'ai fait une mullitude de recherches sur la flamme, et comme elles me paroissent jeter quelques nouvelles lumières sur ce sujet important, et conduire à quelques vuês pratiques qui ont du rapport avec les arts utiles, je vais les mettre sous les yeux de la Société ro yale. Pour mettre plus de clarté dans les détails, je diviserai mon sujet en quatre chapitres. Dans le premier, je discuterai les effets de la raréfaction, en supprimant en partie la pression de l’at- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 mosphère sur la flamme et sur l'explosion. Dans le second, je considérerai les effets de la chaleur dans la combustion. Dans le troisième, je considérerai l'effet du mélange des substances gazeuses sans les envisager en combustion sur la flamme et l'explosion. Dans le quatrième, j'offrirai quelques vues géné- rales sur la flamme, et j'indiquerai des applications pratiques - et théoriques indubitables. CHAPITRE PREMIER. Sur l'effet de la raréfaction en supprimant en partie la pression de l'atmosphère sur la flamme et sur l'explosion. Ceux qui les derniers ont fait des expériences sur le vide de Boyle , ont observé que la flamme cessoit dans un air hautement raréfié ; mais le degré de raréfaction nécessaire pour cet effet a élé différemment établi. M. de Grotthus, un de ceux qui a examiné ce sujet, a prétendu qu’un mélange d'oxigène et d'hy- drogène seize fois raréfié, ne donnoit plus d’explosion par l’étin- celle électrique, et qu'un mélange de chlorine et d'hydrogène seulement raréfié six fois, ne pouvoit pas faire explosion.; pro- position qu'il généralise en supposant que la raréfaction a le même effet, soit qu’elle soit produite par l'absence de la pression, ou par la chaleur. Je ne discuterai point ici les experiences de cet ingénieux auleur; mes résultats et mes conclusions sont absolument dif- férens des siens, et j'espère pouvoir démontrer dans le cours de ces recherches, la cause de cette différence. Je vais établir les observations qui ont dirigé mes recherches. Lorsque le gaz hydrogène lentement produit par un mélange convenable à l’orifice d’un tube de verre, comme dans l’expé- rience nommée la chandelle philosophique, de manière à fournir un jet de flamme d’environ un sixième de pouce de haut, fut intro- duit dans le récipient d’une pompe à air, contenant de 200 à 500 pouces cubes d'air, la flamme s'agrandit à mesure que le ré- cipient s’épuisoit; et lorsque la jauge indiquoit une pression de quatre à cinq fois moindre que celle de l'atmosphère au maximum de son volume , elle diminuoit graduellement au-dessous; mais elle brüloit au-dessus jusqu'à ce que la pression füt de 7 à 8 fois moindre, et alors elle s’éteignoit. Pour m'assurer si l'effet proyenoit du manque ‘d'oxigène , je 150 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fis usage d’un jet plus grand avec le même appareil; la flamme alors, à mon grand étonnement, brüla plus long-temps, l'at- mosphère ayant été raréfié dix fois, et cela à plusieurs reprises. Lorsque j'employai un jet plus considérable, la pointe du tube de verre devint d’une chaleur blanchâtre et continua à rougir jusqu'a ce que la flamme fut éteinte, J'imaginai aussitôt que la chaleur communiquée au gaz par {le tube étoit cause que la combustion duroit plus long-temps dans les dernières expériences où j'avois fait usage d’une flamme plus grande. Les expériences suivantes confirmèrent celte conclusion. J’appliquai autour de Ja cime du tube un morceau de fil de platine, de manière qu'il se trouvoit placé au milieu et au-dessus de la flamme. Le jet de gaz d'un sixième de pouce de haut s’alluma et l’exhaustion eut heu. Le fil de platine devint bientôt d’une chaleur blanchâtre au centre de la flamme, et vers le sommet une pelite pointe du fil tomba en fusion. La chaleur blanche continua jusqu’à ce que la pression fut dix fois moindre. Lorsqu'elle le fut dix fois, le fil de platine rougit à sa partie supérieure, et tant qu’il resta à ce degré de chaleur, le gaz quoiqu'éteint en dessous, continua de brüler en contact avec le fil chaud, et la combustion ne cessa que lorsque la pression fut réduite treize fois. Il paroît, d’après ce résultat, que la flamme de l'hydrogène ne s'éteint dans les atmosphères raréfiées, que lorsque la chaleur qu'elle produit ne peut pas conserver la combustion, ce qui semble avoir lieu lorsqu'elle est incapable de communiquer une ignilion visible au métal; et comme c’est la température requise pour l’inflammation de l'hydrogène dans les pressions ordinaires, il paroît que sa combustibilité n'augmente ni ne diminue par la raréfaction provenant de l'éloignement de la pression. D'après ce que je viens de dire relativement à l'hydrogène, il s’ensuivra que parmi les autres corps combustibles, ceux qui exigent pour leur combustion une chaleur moindre , doivent brûler dans un air plus raréfié que ceux qui produisent plus de chaleur dans leur combustion , les autres circonstances étant les mêmes dans un air plus raréfié, que ceux qui donnent peu de chaleur. Toutes les expériences que j'ai faites con- firment ces conclusions. Ainsi le gaz huileux, qui approche beaucoup de l'hydrogène, dans la chaleur produite par sa com- bustion, et qui n’exige pas une température beaucoup plus élevée pour sa combustion, lorsque sa flamme provient d'un jet de gaz d’une vessie unie à un petit tube garnj d’un fil de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 19€ platine, dans les mêmes circonstances que l'hydrogène , cessa de brüler lorsque la pression eut diminué de dix à onze fois ; et les flammes de l'alcool, ainsi que celles d’un cierge, qui pour la volatilisation et la décomposition de leur matière com- busuble demandent une consomption plus grande de chaleur, s’éteiguirent lorsque la pression étoit cinq ou six fois moindre sans le fil de platine, et sept ou huit fois moindre lorsque le fil se trouvoit dans la flamme. L’hydrogène légérement carburé qui, comme on le verra ci-après, produit moins de chaleur dans la combustion qu'aucun autre gaz combustible ordinaire, l’oxide carbonique excepté, et qui exige pour son inflammation une température plus élevée que toute autre, s’éteignit lors même que le tube étoit armé de fil, la pression étant au - dessous d'un quart. La flamme de l’oxide carbonique qui, quoiqu'ilne produise qu’une chaleur foible dans la combustion , est aussi inflammable que l'hydrogène, brüla lorsque je fis usage du fil, la pression étant un sixième. La flamme de l'hydrogène sulfuré, dont la chaleur est en quelque sorte absorbée par le soufre que produit sa décomposition durant sa combustion dans air raréfié , lorsqu'elle brüla dans le même appareil que le gaz huileuxetles autres gaz, s’éteignit , la pression étant un seplième. Le soufre, qui pour sa combustion demande une température plus basse que toute autre substance ordinaire inflammable, excepté le phosphore, brüla dans un air quinze fois raréfié, avec une flamme bleue très-foible; et à cette pression, la flamme chauffa à une rougeur foncée un fil de platine, et elle ne s’é- teiguit que lorsque la pression fut réduite à un vingtième (1). Le phosphore , comme l’a démontré M. Van Marum, brüle dans une atmosphère raréfiée 60 fois; et j'ai trouvé que l'hy- drogène phosphoré produisoit une lumière très-vive, lorsqu'on (Gi) La température de l'atmosphère diminue en raison de sa hauteur; c'est à quoi il faut faire attention dans les conclusions relatives à la combustion dans les régions supérieures de l'atmosphère, et l’elévation doit être tant soit peu plus basse que dans la progression arithmétique , la pression décroissant dans la progression géométrique. Cependant il y a tout lieu de croire qu’un cierge s’éteindroit à une éléyatio® de 8à 10 milles, l'hydrogène entre 12 et 13, et le soufre entre 15 et 16. 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l'admettoit dans le meilleur vide possible au moyen d'une ex- cellente pompe de la facon de Nairn. Le mélange de chlorine et d'hydrogène s'enflamme à une température beaucoup plus basse que celle de l'hydrogène et de l'oxigène, et produit un degré considérable de chaleur dans Ja combustion ; il étoit donc probable qu'il supporteroit un plus grand degré de raréfaction sans que son pouvoir d’explosion fut détruit; et c’est le cas d’après plusieurs expériences, malgré l'assertion contraire de M. de Grotthus. L’oxigène et l'hydrogène dans la proportion propre à former l’eau, ne donneront point d'explosion par l’étincelle électrique lorsqu'ils ont été raréfiés dix-huit fois; mais l'hydrogène et la chlorine en proportion pour former le gaz acide muriatique , donnent un éclair dans les mêmes circonstances, et ils secombinèrentavecune inflammation visible, lorsque l’éuincelle les eut traversés, l’exhaustion étant à un vingt- quatrième. * L'expérience sur Ja flamme d'hydrogène avec le fil de pla- üne, et qui soutient bien les flammes des autres gaz, fait voir qu'en conservant la chaleur dans un air raréfié, ou en donnant de la chaleur à un mélange, l'inflammation, dans les circons- tances ordinaires, peut être continuée lors même qu’elle est éteinte. Tel est aussi le cas dans d’autres expériences, lorsque la chaleur est communiquée d'une manière diflérente ; ainsi lorsque le camphre fut brûlé dans un tube de verre de manière à en rendre Ja partie supérieure rouge de chaleur, l’inflammation continua lorsque la raréfaction étoit neuf fois, au lieu que dans un air seulement rarefié six fois , elle n’auroit pas continué ; mais le camphre étant brûlé dans un tube épais de métal , l’inflamma- tion n’auroit pas pu beaucoup échauffer. En amenant un peu de naphte en contact avec un fer rouge, elle donna une flamme foible et légère, lorsqu'il ne restoit dans le récipient qu'un trentième de la quantité originelle d’air, quoique sans chaleur étrangère, la flamme s’éteignit lorsque la quantité cloit d’un sixième. Je raréfiai un mélange d’oxigène et d'hydrogène avec la pompe à air jusqu’à dix-huit fois environ; et lorsqu'il ne pouvoit plus être enflammé par l’étincelle électrique, je chauffai ensuite for- tement la partie supérieure du tube, jusqu’à ce que le verre recommencàt à s’amollir et que l’étincelle passät ; j’observai alors une lueur foible qui n'atteignoit point l'intérieur du tube; les gaz échauffés parurent seulement entrer en inflammation. Cette dernière ET D'HISTOIRE NATURELLE. 153 -dernière expérience demande beaucoup de soin. Si l’exhaustion est trop forte, ou si la chaleur s'élève trop lentement, elle ne réussit pas; et si la chaleur s'élève assez haut pour rendre le verre lumineux, l'éclair, qui est extrémement foible, n’est pas visible. Il est dificile d'obtenir le degré convenable d'exbaustion et de donner le degré exact de chaleur. Cependant je suis parvenu trois fois à obtenir ces résultats. M. Brande a été témoin de l'une de ces expériences. Pour approfondir encore plus cette recherche, j'ai fait une suite d'expériences sur la chaleur produite par quelques gaz inflammables en combustion. En comparant la chaleur commu- niquée aux fils de platine par des flammes du même volume, il fut évident que l'hydrogène el le gaz huileux dans l’oxigène, et l'hydrogène dans la chlorine , produisent une bien plus grande intensité de chaleur en combustion, que les autres substances gazeuses que j'ai dit brüler dans l'oxigène; mais il est impos- sible de former une échelle exacte d’après des observations de cette espece. J’essayai d'obtenir quelques approximations, en brülant des quantités égales de différens gaz dans les mêmes circonstances, et en appliquant la chaleur à un appareil suscep- tible d'être mesuré. A cet effet, j'armai d'un système de robinets un récipient de gaz sous lemercure, aboutissant à un forttube de platine qui avoit une petite ouverture. Je placai au - dessus un vase de cuivre rempli d'huile d'olives, où je mis un thermomètre. Cette huile fat chauffée à ‘212°, pour empécher qu'il n’y eût aucunes différences dans la communication de la chaleur par la condensation de la vapeur aqueuse. La pression fut la même pour les diflérens gaz, qui furent consumés , autant que possible, dans le même temps, et la flamme appliquée au même point de la coupe de cuivre, dont j'essuyai le fond après chaque ex- périence. Voici les résultats : La flamme du gaz huileux fit monter le thermo- nee piano RAS HONTE SALON SG detPRYdropent, 2. 47000 QU 1010238 de l’hydrogëne sulfuré, à.. . . . . 232 duirar decharbon 2.02... +. 256 de l'oxide gazeux carbonique, à . . 218 po Les quantités d’oxigèneconsumées{y.compriseaussicelleabsorbée par l'hydrogène) seront ,en suppasantia combustion parfite, pour Tome LXXXIV. FÉVRIER an 1817. Y 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le gaz huileux 6, pour l'hydrogène sulfuré 3, pour l’oxide carboni- que 1. Le gaz de charbon ne contenoit qu’une très-petite proportion de gaz huileux ; en le supposantde l'hydrogène fortement carburé, il auroit consumé 4 d’oxigène. En prenant les élévations de la température , et les quantités d’oxigène consumées comme les don- nées , les quantités de la chaleur produite par la combustion des différens gaz seroient pour l'hydrogène 26, pour le gaz hui- leux 9.66, pour l'hydrogène sulfuré 6.66 , pour l'hydrogène carburé 6, pour l’oxide carbonique 6 (1). Il seroit inutile de baser un raisonnement exact sur ces pro- portions, attendu que durant l'expérience, le gaz huileux ainsi que le gaz de charbon déposèrent du charbon de bois , et que l'hydrogène sulfuré déposa beaucoup de soufre; et il ÿ a tout dieu de croire que les capacités des fluides pour la chaleur aug- mentent avec leurs températures. Cela confirme néanmoins les conclusions générales, et prouve que lhydrogène est au haut de l'échelle, et l’oxide gazeux carbonique au bas. On pourroit d’abord imaginer, d'après cette échelle, que la flamme d’oxide carbonique doit s’éteindre par la raréfaction au même degré que hydrogène carburé; mais il faut se rappeler, ainsi que je l'ai dit ailleurs, que l’oxide carbonique est un gaz beaucoup plus combustible, L'oxide carbonique s’enflamme dans l'atmosphère, lorsqu'on le met en contact avec un fil de fer chauffé jusqu’à une rougeur foncée, au lieu que l'hydrogène carburé n’est pas susceptible d'inflammation, en contact avec un fil semblable, à moins d’être chauffé jusqu’à la blancheur, et de manière à brüler avec des étincelles. pi CHAPITRE DEUXIÈME. Sur les effets de la raréfaction par la chaleur sur la combustion et l'explosion. Les résultats détaillés dans le Chapitre précédent, sont indi- rectement opposés à l'opinion de M. de Grotthus , d’après laquelle la raréfaction par la chaleur détruit la combustibilité des mé- langes gazeux. Avant de faire aucune expérience directe sur ce (1) Ces résultats peuvent être comparés avec le nouyeau système de philo- sophie chimiquede M, Dalton’; ilsiservent à faire voir que l'hydrogène donne plus de chaleur dans la combustion qu'aucun de ses composés. et nt nées ET D'HISTOIRE NATURELLE. RARE 2 sujet, j'ai voulu m'assurer du degré d'expansion qui peut être communiqué aux fluides élastiques par la plus forte chaleur qu'on puisse appliquer aux vaisseaux de verre. À ‘cet effet, j'introduisis dans un tube de verre graduellement courbé, un métal fusible. Je chauffai pendant quelque temps sous l’eau bouillante le mé- tal et la partie du tube contenant l'air qu'il renfermoit : je placai ensuite l'appareil dans un feu de charbon de bois, et j'élevai graduellement la température, jusqu'a ce que le métal fusible vu dans l'ombre parût lumineux. À ce moment, l'air s'étoit épanché de manière à occuper 2.25 parties dans le tube; il étoit 1 à la température de l’eau bouillante. Une autre ex- périence fut faite dans un tube de verre plus épais , et la chaleur fut élevée jusqu'à ce que le tube eût commencé à marcher de pair avec lui; mais quoique cette chaleur parüt d’un rouge de cerise, l'éxpansion ne fut que de 2.5; et peut-être doit-on en attribuer une partie au tube de verre, qui se brisa avant que le métal fût fondu. On peut supposer que l’oxidation du métal fusible a contribué à rendre l'expansion moins visible; mais dans la première expérience, l'air fut ramené graduellement à la température originelle de l’eau bouillante, lorsque l'absorption éioit à peine sensible. Si l’on prend pour base le calcul de M. Gay-Lussac, et si l’on suppose que l'air s’épanche également à des accroissemens égaux de température, 1l paroitra que la température d'air capable de rendre le verre lumineux , doit être de 1038 de Fahrenheit (1). M. de Grotthus décrit une expérience dans laquelle l'air at- mosphérique et l'hydrogène développèrent quatre fois leur vo- lume sur le mercure par la chaleur, sans être enflammés par l'étincelle électrique. IL est évident que dans cette expérience, une grande quantité d'exhalaison ou de vapeur mercurielle doit avoir eu lieu; vapeur qui, comme les autres fluides élastiques qui ne font pas d’explosion, empêche la combustion lorsqu'elle est amalgamée en certaine quantité avec les mélanges qui font explosion. Mais quoiqu'il semble convenir que ces gaz n'étoient pas secs, cependant il tiresa conclusion générale que l'expansion tt (1) La méthode pour constater les températures aussi élevées que le ppint de fusion du verre par l'expansion de l'air, paroît plus susceptible d'exceptions qu'aucine autre. Élle donne pour le point d'ignition visible, à peu près le même degré que celui déduit par Newton, du temps nécessaire pour le ‘re- froidissement du métal au feu dans l'atmosphère. V 2 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE par la chaleur détruit les forces explosives des gaz, principa- lement d'après cette expérience qui ne conclut rien. J'introduisis dans un petit tube gradué sur du mercure bien bouilli, un mélange composé de deux parties d'hydrogène et d’une d’oxigène ; je chauffai le tube au moyen d’une grande lampe à esprit, jusqu'a ce que le volume du gaz füt augmenté 1 à 2.5. Ensuite avec un tuyau de soufllet et une autre lampe à esprit, je fis rougir la partie supérieure du tube, et à l'instant une ex- plosion :eut lieu. J'introdisis dans une vessie, un mélange d’oxigène et d’hy- gène, et unis celte vessie à un tube de verre épais d'environ 2 de pouce de diamètre sur trois pieds de long, courbé de ma- nière à pouvoir être graduellement échauffé dans un fourneau à charbon de bois. Deux lampes à esprit furent placées sous le tube à l'endroit où il entroit dans le feu de charbon’ de bois. Tie mélange fut lentement pressé à travers, et l'explosion eut lieu avant que le tube füt rouge. Cette expérience prouve que l'expansion par la chaleur, au lieu de diminuer la combustibilité des gaz, les rend au contraire susceptübles, en apparence, de faire explosion à une tempé- rature plus basse, ce qui paroît d'autant plus raisonnable, qu'une partie de la chaleur communiquée par un corps igné quelconque, doit se perdre dans une température qui s'élève graduellement. J'ai fait plusieurs autres expériences qui établissent les mêmes conclusions. Un mélange d’air commun et d'hydrogène fut in- troduit dans un petit tube de cuivre qui‘avoit un fouloir pas tout-à-fait serré. On placa le tube sur un feu de charbon de bois; avant qu'il fût visiblement rouge, l'explosion eut lieu et le fouloir fut chassé. J'ai fait différentes expériences sur les explosions, en passant des mélanges d'hydrogène et d’oxigène à travers des tubes échauf- fés.. Au commencement d'une de ces expériences, dans laquelle la chaleur paroïissoit être beaucoup au-dessous de la rougeur , la vapeur parut se former sans aucune combustion. Ceci me conduisit à exposer les mélanges d’oxigène et d'hydrogène dans des tubes où ils étoient retenus par le métal fusible à la chaleur devenu fluide; et j'ai trouvé qu’en appliquant avec soin une chaleur entre le point bouiïllant du mercure, qui n’est pas sufli- sante pour cet effet, et une chaleur approchant de la plus grande chaleur qu’on puisse obtenir sans rendre le verre lumineux dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 l'obscurité, la combinaison s’effectuoit sans aucune violence et sans aucune lumière; et en commençant avec 212°, le volume de vapeur formé au point. de combinaison paroïssoit exactement égal à celui des gaz originels. En sorte que dans les expériences de cette espèce, le premier effet est une expansion, vient en- suite une contraction, après laquelle la restauration du volume primitif. f | Si lorsque ce changement s'opère, la chaleur s'élève rapi- dement jusqu'à la rougeur, une ‘explosion a lien; mais avec de petiles quantités de gaz, le changement s'achève en moïns d’une minule. Il est probable que la combinaison lente sans combustion (ce*qui a été déjà observé depuis long-temps relativement à l'hydrogène et à la chlorine, à l’oxigène et aux métaux) aurait lieu à certaines températures avec la plupart des substances qui s'unissent par la chaleur. En faisant l'expérience avec du charbon de bois, j'ai trouvé qu'a une température qui sembloit être au- dessus du point bouillant du mercure, il changeoït assez promp= tement l’oxigène en acide carbonique, sans aucune apparencé lumineuse; et à une chaleur d’un rôuge foncé, les élémens du gaz huileux combinés de la même manière avec l'oxigène, lén= tement et sans explosion. ) L'effet de la combinaison lente de l’oxigène et de l'hydrogène, n'a point de connexité avec leur raréfaction; car j'ai trouvé qu'elle a lieu lorsque les gaz sont retenus dans le tube par un métal fusible rendu solide à sa surface supérieure, et cer- tainement avec autant de rapidité et sans aucune apparence de lumière. ; M. de Grotthus a prétendu qu'an charbon ardent mis en contact avec un mélange d'oxigène et d'hydrogène , non-seu- lement les raréfioit, mais ne leur causoit pas d'explosion. Cela dépend du degré de chaleur que communique le charbon. S'il est rouge au:jour et dégagé de cendre, il donne au mélange une explosion uniforme. Si sa rougeur est foiblement visible dans l'obscurité, les mélanges ne feront poiut d’explosion; mais leur combinaison sera lente; et le phénomène général n’a ab- solument aucune connexion avec la raréfaction , comme le dé- montre la circonstance suivante. Lorsque la chaleur est la plus forte, et avaut que la combinaison invisible soit complétée, si l'on met un fil de fer rouge jusqu’à la blancheur sur le char- 158. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bon, dans l'intérieur du vaisseau, lemélange fera explosion à l'instant. la + : L'hydrogène légèrement carburé, ainsi qu'on l'a démontré, demande une très-forte chaleur pour l’enflammer; il offroit donc une bonne substance pour une expérience sur l'effet des de- grés élevés de raréfaction par la chaleur sur la combustion. Je mélai ensemble une portion de ce gaz et huit d'air que j'intro- duisis dans une vessie armée d'un tube capillaire. Je chauflai ce tube jusqu'a ce qu'il commencät à fondre; après quoi je fis passer lentement le mélange au travers dans la flamme d’une lampe à esprit. Lorsqu'il prit feu et qu’il brüla avec sa lumière explosive particulière au-delà de la flamme de la lampe, et lorsqu'il fut sorti quoique l'ouverture fùt rouge jusqu'à la Blan- cheur, il contiuua à brüler avec beaucoup de vivacité. La compression dans une partie d'un mélange sujet à explo- sion, occasionnée par l'expansion subite d’une autre partie par la chaleur, ou par l’étincelle électrique, n’est point une cause de combinaison, comme le docteur Higgins, M. Berthollet et d’autres l’ont supposé. Cela paroît évident d’après ce que nous avons établi, et le devient encore plus par les faits suivans. Un mélange de gaz hydro-phosphorique et d'oxigène qui fait explosion à une chaleur un peu au-dessus de celle de l'eau bouillante , fut retenu par le mercure, et très- graduellement chauffé dans un bain de sable, La température du mercure par- venu à 242°, le mélange fit explosion. Je mis un pareil mélange dans un récipient qui communiquoit à une seringue condensante, et qui condensait sur lé mercure jusqu'a ce qu'il occupät seulement + de son volume originel. 11 ne se fit aucune explosion , aucun ‘changement ghimique n’eut liéu; car lorsque son volume fut rétabli, il fit aussitôt explosion par le moyen de la lampe à esprit. Il s’ensuivroit que la chaleur donnée par la compression des az est la cause réelle de la combustion qu’elle produit, et qu'à certaines élévations de. température, soit dans les atmo- sphères raréfiées. ou comprimées, l’explosion ou la combustion a lieu; c’est-à-dire que les corps se combinent avec la pro- duction de la chaleur et de la lumière, : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 CHAPITRE TROISIÈME. Sur les effets du mélange des difjèrens gaz dans l'explosion et la combustion. Dans mon premier Mémoire sur le feu humide des mines de charbon, j'ai dit que le gaz acide carbonique avoit plus de force pour détruire la puissance d’explosion ni mélanges de feu humide et d'air que l’azote, et j'ai supposé qu'il devoit cette proprieté à sa densité et à sa Capacité plus grandes pour la cha- leur, d'après lesquelles il peut exercer une plus grande agence réfrigérante , et empêcher la température du mélange de s'élever au degré nécessaire pour la combustion. J’ai fait tout récemment une suite d'expériences pour m'assurer si cette opinion étoit exacte, et pour constater les phénomènes généraux des effets du melange des substances gazeuses sur l'explosion et la com- bustion. — J'ai pris des volumes donnés d’un mélange composé de deux parties d'hydrogène et d’une partie d’oxigène, le tout bién mesuré, et après les avoir délayés avec diverses quantités de différens fluides élastiques, je n'assurai à quel degré de dilution le pou- voir d'inflammation par une forte étincelle d’une bouteille de Leyde étoit détruit. J'ai trouvé que pour un volume de mélange, l'inflammation étoit empéchée par Hydrogène environ. + ; 44. 4. Oxipènes title ane at one nco ls Oxidernitreus:sf 370 un UE Hydrogène: carburé. 4-44hiie sie tet/r4 Hydrogène sulfuré. . ... . .. . 1 Gaz'huileux. fut otst BH atte Gaz, acide muriatique.. . .:. , .. Gaz acide fluorique siliciaté. . : . . . Le clé ND 61e D #i m © O0 L'inflammation eut lieu lorsque les mélanges contenoient SRNANO RENE LEE. hleis 0 SAME ee 8 5 À Oxiceneetenes Mr De rie ; 7 OX nee EE CITE Ar LUE RER MEET EN Ce Hydrogène carburé.. : . , $ Gaz huileux. : . . . .. 3 160 JOURNALIDÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE Hydrogène sulfuré. :,.,.. as. à Gaz'acidemuriatiques "41/1881 0 1 Gaz acide sfluoriques#r. ». 2450 SINRE Hleob|ee(s >, S\ ) à 2 : J'espère pouvoir répéler sous peu ces expériences avec plus de précision. Les résultats n’en sont pas assez exacts pour en faire la base d'aucun calcul sur les pouvoirs relatifs réfrigérans des volumes égaux de gaz; mais elles démontrent suflisamment, si les conclusions de MM. Delaroche et Bérard sont exactes, que d’autres causes , indépendamment de la densité et de la ca- pacité" pour | la chaleur, concourrent avec les phénomènes. Ainsi l'oxide nitreux , qui est a peu près + plus dense que l'oxigène, et qui, suivant Delaroche et Bérard, a une plus grande capacité pour la chaleur dans la raison de1.5505 à 9.765 en volume, a des pouvoirs moindres d'empêcher l'explosion; ét l'hydrogène, qui est quinze fois plus léger que l’oxigène, et qui, en volumes égaux , a une plus petite capacité pour la chaleur, a certainement an pouvoir plus grand d'empêcher l'explosion; et le gaz huileux l'emporte sur loutesles autres snbstancesgazeuses dansune propor- tion beaucoup plus élevée qu'on ne l’auroit attendu de sa densité et de sa capacité, Le gaz huileux que j'employai étoit récemment fait et pouvoit avoir conservé quelque vapeur d’éther, et l’oxide nitreux .étoit mêlé d’un peu d'azote; mais ces causes légères n'ont pas pu influer beaucoup sur les résultats. M. Leslie, dans ses recherches ingénieuses et faites avec soin sur la chaleur, a observé les pouvoirs élevés de l'hydrogène, de soustraire la chaleur .des corps solides comparés avec celui de Pair commun et .de l'oxigène. J'ai fait quelques expériences sur la comparaison des pouvoirs de l'hydrogène sous ce rapport, - avec Ceux de l'hydrogène carburé, de Fazote, de loxigène , du gaz huileux , de l’oxide nitreux, de la’ chlorine et du gaz acide carbonique. Le même thermomètre éleve-à la même tempéra- ture 160°,;: fut «exposé. à. des. volames égaux (21 pouces cubes) de gaz huileux,, d'hydrogèné ;'d'oxigène, d’azote et d'air à tem- pératures égales, 52° de Fahrenheïit, : Les temps requis pour refroidir à 106°, furent, pour une 2 QU VERTE ire pe etant hydro bene he hstiitie te à jets pale TRACE Éergaizthuiléenx. 20000 -0 p ENTER Le gaz ‘dé charbon de bois. D 55 L'azote ET D'HISTOIRE NATURELLE. rôt L'azoles) tin perle rt 130 = L'osigène; #5. 4 ne gr L L'oxide-nitréug ét. menttuntarsiéol, 2.55 Le gaz acide carbonique. . . . 2 45 jt } Eanehlonnestenatuns Muni": 3 6 Il paroït, d’après ces expériences, que les pouvoirs des fluides de soustraire ou, de chasser la chaleur des surfaces solides , est en quelque raison inverse de leur densité , et qu'il y a quelque chose dans la constitution des gaz légers qui les met en état d'enlever la chaleur des surfaces solides, d’une manière dif- férente de celle dont ils la soustrairoïent aux mélanges gazeux, et qui dépend probablement de la mobilité de leurs parties (2). Les moyens échauffans des gazeux par le contact des corps fluides ou solides, comme le comte de Rumford l’a démontré, dépendent principalement du changement de place de leurs particules; et il est évident, d’après les résultats établis au com- mencement de ce chapitre , que ces parcelles ont différens pou- voirs de soustraire la chaleur, analogues aux différens pouvoirs des solides et des fluides. Lorsqu'un fluide élastique exerce une influence réfrigérante sur une surface solide , l'effet dépend principalement de la rapidité avec laquelle ses particules changent de place; mais lorsque les particules réfrigérantes sont mêlées dans une masse avec d’autres particules gazeuses, leur effet doit dé- pendre principalement du pouvoir dont elles sont douées, d'enlever la chaleur aux particules voisines; ce qui dépend probablement de deux causes, le pouvoir simple enlevant par lequel elles deviennent promptement échauffées, et leur disposition pour la chaleur, qui est grande en proportion de ce que leurs tempé- ratures sont moins élevées par cette abstraction. Quelle que soit la cause des différens pouvoirs réfrigérans des différens fluides élastiques, pour empêcher l’inflammation, des expériences très-simples prouvent qu'ils opèrént uniformé- ment à l'égard des différentes espèces de combustions, et que () Ces deux derniers fésultats furent observés.par M. Saraday de l'Institut royal (qui m'a beaucoup aidé dans mes expériences), dans un moment où je n'etois pas à mon laboratoire. (2) Ces particules étant plus légères, on conçoit qu'elles sont plus en état de changer de place, et qu'elles doivent conséquemment refroidir très-promp- tement les surfaces solides, Dans le refroidissement des mélanges gazeux, la mobilité des particules doit être peu importante. " Tome LXXXIT. FÉVRIER an 1817, * 162 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE ces mélanges qui font explosion, ou que ces corps inflammables qui exigent une chaleur moindre pour leur combustion, de- mandent de plus grandes quantités de différens gaz pour en em- pêcher l’effet, et vice versä. Ainsi une portion de chlorine et une d'hydrogène s’enflamment encore lorsqu'elles sont mélées avec dix-huit fois leur volume d’oxigène; au lieu qu'un mélange d'hydrogène carburé et d’oxigène dans les proportions propres pour -se combiner, savoir, une et deux se trouvent arrêtées dans leur inflammation par moins de trois fois leur volame d'oxigène. Une bougie s’éteignit à l'instant dans un air mélé de + de gaz acide fluorique siliciaté, et dans un air mélé de +? de gaz acide muriatique; mais la flamme hydrogène brüla aisément dans ces mélanges; et dans ceux où la flamme d'hydrogène s’étoit éteinte, la. flamme du soufre brüla. Il y a une expérience très-simple qui démontre d’une ma- nière agréable ce principe général. Introduisez dans une longue bouteille , dont le col est étroit, une bougie allumée, et laissez- la brüler jusqu'a ce qu’elle s’éteigne. Bouchez exactement la bouteille; introduisez-y une autre bougie, elle s’éteindra avant d’être arrivée à l’extrémité du gouleau. Introduisez ensuite un petit tube contenant du zinc et de l’acide sulfurique délayé, à l'ouverture duquel l'hydrogène s’enflamme ; l'hydrogène se trou- vera brûler à l’endroit de la bouteille où le tube est placé. Après que l'hydrogène est éteint, introduisez du soufre allumé , il brü- lera pendant quelque temps, et quand il sera éteint, le phos- hore sera aussi lumineux que dans l'air; s’il est chauffé dans la bouteille, il produira une flamme d’un jaune pâle, d’une den- silé considérable. Dans les cas où la chaleur requise pour l'union chimique est très-pette, comme pour celle de l'hydrogène et de la chlo- rine, un mélange qui empêche l'inflammation n'empêchera pas la combinaison, c'esta-dire que les gaz se combineront sans aucun jet de lumière. C’est ce dont j'ai été témoin , en mêlant deux volumes d'hydrogène carburé avec un de chlorine et d'hy- drogène. L’acide muriatique se forma à travers le mélange, et la chaleur eut lieu, comme le prouva l'expansion lorsque l’étin- celle passa, et la contraction qui se fit ensuite ; mais la chaleur se dissipa si promplement par la quantité d'hydrogène carburé, que la flamme ne fut pas visible. Dans’le cas du phosphore , qui est combustible à la plus basse ET D'HISTOIRE NATURELLE. 163 tempéralure de l'atmosphère , aucune admixtion, commele fluide élastique | n’empéché l'apparence lumineuse; mais elle paroit dépendre de la lumière limitée aux particules solides de l'acide phosphorique formé : au lieu de produire la flamme, une certaine masse de fluide élastique doit être lumineuse, et il y a tout lieu de croire que lorsque l'hydrogène phosphoré fait explosion dans un air très-raréfié, le phosphore seul est consumé. Toute autre substance qui produit une matière solide dans la com- bustion , seroit probablement lumineuse comme le phosphore dans un air aussi raréfié et dans des mélanges aussi délayés, pourvu que la chaleur füt élevée à un degré suflisant pour sa combustion. J'ai trouvé que tel étoit le Cas relativement au zinc. Je jetai quelqués limailles de zinc dans un creuset de fer en feu sur le support d'une pompe à air sous un récipient, et je fis jouer la pompe jusqu'a ce qu'il ne restät que + de l'air. Quand je jugeai que le creuset échanffé jusqu’à la rougeur devoit être rempli de vapeur du zinc, j'introduisis environ 5 de plus d'air ; au moment , dans le creuset et au-dessus, parut un éclair semblable à celui qu’on obtient en introduisant de l'air dans la Vapeur du phosphore dans le vide. .Le pouvoir réfrigérant des mélañges des fluides élastiques pour empècher la combustion, doit augmenter avec leur con densalion et diminuer avec leur raréfaction; et en même temps la quantité de matière qui entre en combustion dans des espaces donnés, augmente et diminue relativement. Les expériences sur la flamme dans l'air atmosphérique raréfié, font voir que la quantité de chaleur produite dans la combustion diminue très- lentement par la combustion, la diminution du pouvoir réfri- gérant de l'azote étant apparemment dans une raison plus élevée que la diminution des pouvoirs échauffans des corps qui brülent. J’ai voulu constater quel seroit, l'effet de la condensation sur la flamme dans l'air atmosphérique, et si le pouvoir réfrigéränt de l'azote augmenteroit dans une raison plus basse (comme on pouvoit s’y attendre) que;la chaleur produite par l’augmentation de la quantité de matière entrant en combustion; mais j'ai trouvé beaucoup de difficulté à faire ces expériences avec pré- cision. Cependant je me suis assuré que la chaleur et la lumière des flammes de la bougie, du soufre et de l'hydrogène augmen- toient en agissant sur elles par l'air quatre fois condensé; mais pas plus que si on y eùt ajouté À d’oxigène. ; Je condensai à peu près, cinq fois l'air, et j'y fis rougir jus- X 2 % 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'à la blancheur, avec l’appareil de Volta’, un fil de fer; mais la combustion eut lieu avec très-peu plus de brillant que dans l’at- mosphère ordinaire; elle ne duroit pas comme dans l'oxigène, et le charbon de bois ne brüla pas d'une manière plus éclatante dans cet air comprimé , que dans l'air commun. Je me: propose de répéter ces expériences, s’il est possible, avec des pouyajrs condensans plus élevés, Elles suflisent pour faire voir, du moins jusqu’à un certain point, que comme la raréfaction ne diminue pas considérablement la chaleur de la flamme dans l'air atmo- sphérique, de même aussi la condensation ne l'augmente pas beaucoup ; circonstance d'une grande importance dans la cons- titution de notre atmosphère, qui, à toutes les hauteurs ou pro- fondeurs dans lesquelles l’homme peut exister, conserve toujours les mêmes rapports à la combustion. On peut conclure de la loi générale, qu’à des températures élevées, les gaz qui ne sont point susceptibles de combustion auront moins de pouvoir pour empêcher cette opération, et qu'également les vapeurs qui exigent une chaleur considérable pour leur formation auront moins d’effet pour empêcher la combustion, particulièrement celle des corps qui demandent des températures basses, que les gaz à la chaleur ordinaire de l'atmosphère. . 0 J'ai fait quelques expériences sur les effets de la vapeur, et leurs résultats furent d'accord avec ces idées. J'ai trouvé qu’une grande quantité de: vapeur étoit nécessaire pour empêcher le soufre de brûler. L’oxigène et l'hydrogène firent explosion par le moyen de l’étincelle’'électrique ; lorsque je les eus mèlés avec cinq fois leur volume de ‘vapeur. Bien plus, un mélange d’air et défgaz hydrogène carburé, de tous ‘les mélanges celui qui donne une moindre explosion, exigea un tiers de vapeur pour empêcher son explosion , au lieu que + d'azote produisit cet effet. Ces expériences furent faites Sur da mercure; la’ chaleur étoit appliquée à l’eau au-dessus du mercure, et 37.5 pour 100 païties furent regardés comme un correctif à l'expansion des gaz. ; ) ; . Il est probable qu'avec certains mélanges. de gaz échauffés, lorsque des fluides élastiques-qui ne sont pas susceptibles d'in- flammation, ou qui ne peuvent pas la supporler, se trouvent en grande quantilé, la combinaison avec l’oxigèene aura lieu comme dans l'expérience précitée de l'hydrogène et de la chlo- rine, sans aucune Jumière , attendu que la température produite ET D'HISTOIRE NATURELLE. 165 né sera pas suflisante pour rendre les moyens lumineux élas- tiques; et il n’y existe plus d’autres combustions que celles des composés du phosphore et des métaux dans lesquels les matières solides sont le résultat de combinaisons avec l’oxigène. J'ai fait voir, dans un Mémoire cité dans l'introduction, que la lumière des flammes ordinaires dépend presqu’entièrement de la déposi- tion de lignition et de la combustion du charbon de bois solide; mais celle déposition des substances gazeuses demande une tem- pérature élevée. Le phosphore qui s'élève en vapeur à des tem- pératures ordinaires, et la vapeur qui se combine avec l’oxigène à ces températures, ainsi que je l'ai dit plus haut, est loujours lumineux ; car il y a tout lieu de croire que chaque particule d'acide formé doit être chauffée jusqu’à la blancheur; mais il existe si peu de ces particules dans un espace donné, qu'à peine élèvent- elles la température d'un corps solide qu’on leur expose, quoi- que, comme dans la combustion rapide du phosphore, où elles se trouvent en grand nombre dans un petit espace , elles pro- duisent la plus forte chaleur. Dans tous les ças, la quantité de chaleur communiquée par Ja combustion sera dans la proportion de la quantité de la ma- tière brülante venant en contact avec le corps qui doit être chauffé, C’est ce qu'opèrent le tuyau d'unsouflet etles couraus d'air. L'effet en est empêché dans l'atmosphère parle mélange d’azote, quoiqu'il soit encore grand. Avec l’oxigène pur, la combustion produit un effet immense , et avec des courans d’oxigène et d’hy- drogène , ce qui porte à crojre que les matières solides sont faites pour atteindre la température de la flamme. Cette tem- pérature , néanmoins, présente évidemment une borne aux ex- périences de cette espèce, car les corps exposés à la flamme ne peuvent jamais être plus chauds que la flamme elle-même; au lieu que dans l'appareil de Volta, 1l paroît que la chaleur n’a point d'autre borne que la volatilisation es conducteurs. Les températures des flammes sont probablement très-dif- férentes. Dans les changemens chimiques où il n’y a pas de chan- gement de volume, comme dans l’expérience de l’action mutuelle de la chlorine et de l'hydrogène, le gaz prussique (cyanogène) et l’oxigène, qui approchent de leurs températures, peuvent pro- venir de l'expansion dans l'explosion. J'ai fait quelques expériences de cette espèce, en faisant dé- tonner le gaz par l’étincelle électrique dans un tube courbe qui contenoit du mercure ou de l’eau, et j'ai jugé de l'expansion par 166 JOURNAL DE PIHY6IQUE, DE CHIMIF la quantité de fluide lancé hors du tube. La résistance qu'opposa le mercure, etses grands pouvoirs réfrigérans, rendirent les ré- sultals très-peu salisfaisans dans les cas où je l’'employai ; mais avec l’eau, en faisant usage du cyanogène et de l’oxigène, ils furent plus concluans. Le cyanogène et SÉUGRES dans la pro- portion d'un à deux, détonnèrent dans un tube d'environ À de pouce de diamètre, et déplacèrent une quantité d’eau , preuve d'une expansion de quinze fois leur volume originel. Ce résultat indiqueroit une température de 5000° au-dessus de Fahrenheit; et la température véritable est probablement beaucoup plus élevée, car la chaleur dut se perdre par la communication avec le tube et avec l’eau. La chaleur du charbon gazeux en combustion dans Ce gaz, paroît avoir beaucoup plus d'intensité que celle de l’hy- drogène; car j'ai vu un filament de platine mis en fusion par une flamme de cyanogène dans l'air, et qu’une flamme semblable d'hydrogène n’avoit pas pu faire fondre. (La suile au Cahier prochain.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 167 Le MÉMOIRE SUR L’'AMALGAMATION. Ex n'occupant du traitement de diverses mines, et spéciale- ment de celles d’or et d'argent, 1l s’est présenté à mon obser- vation plusieurs faits, parmi lesquels je crois devoir signaler un genre de combinaison de mercure qui mérite d’être remarqué , à Cause de l'utilité qui peut en résulter dans quelques cas de métal- lurgie. On sait que l’arsenic peut s’amalgamer; mais je ne crois pas que l’on ait dit jusqu’à quel point ce métal peut influer sur l'union d’autres métaux, et entre autres sur le cobalt, le nickel et le fer, que jusqu'ici on n’a pu amalgamer à l’état de pureté. J'avois acquis un morceau de mine de cobalt gris, mélé d’un peu de kupfernickel, que l’on discernoit fort bien. On voyÿoit en outre sur le morceau ebdans sa masse, en la brisant, de belles végétations d'argent pur. Le tout étoit mélangé d'un peu de gangue d'apparence talqueuse. La masse étoit difhcile à briser au marteau, et sous le pilon elle sautoit en éclats comme beaucoup de mines de cobalt. Ce morceau pesoit 18 onces +. J'en ai heu- reusement réservé un fragment d’une once +. J'ai donc opéré sur 17 onces. Voulant retirer l'argent par l’'amalgamation, et pré- sumant la quantité d'argent qui pouvoit exister, ce qui se juge assez souvent à l’œil et par l'habitude, je pulvérisai la mine et, ajoutai la dose de mercure que je croyois nécessaire. Quel fut mon étonnement, lorsque de fraction en fraction, je vis mon mercure disparoitre, jusqu’à ce qu’enfin en ayant ajouté 18 onces, je vis se former la pella. Je lavai l’amalgame, il resta 22 onces de pina ou d’amalgame sec. Je dois observer que le fond du mortier dans lÉGbel Pavôis opéré ,'et qui étoit de fonte, ainsi que le pilon d'acier, étoient parfaitement unis au mercure, et que je n’ai pu les en détacher que par le frottement. J’ai fait évaporer - mon amalgame, il m’est resté une masse métallique pesant 10 onces :. Poussée au feu avec un peu de potasse , il s’est volatilisé de l’arsenic, et les scories étoient rouge brunätre 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE foncé. Le culot pesoit 9 @nces ; el étoit d’un beau blanc ar- gentin. On ne distinguoit aucunement l'argent. Il étoit très-cas- Sant el a été pulvérise, puis grillé. Après le grillage, le résidu ne pesoil plus que 8 onces #, Pendant. tout le temps, on avoit senti une forte odeur d'ail. Ce résidu étoit tout parsemé et entremèlé d'une bonne quantité d'argent capillaire. Fondu avec le soufre, il a fourni deux culots fortement soudés l'un à l'autre, et qui ne se sont séparés que par la pulvérisation du culot supérieur; l'infé- rieur étuit d'argent à mie grise, à cause de l'arsenic; il pesoit plus de 2 onces 1; le superieur pesoit près de 4 onces; total 6 onces +. Ces deux culots étoient très-blancs et ne se distinguoient point dans leur union. Les scories étoient bleu-noir, très-char- gées de cobalt, et entre-mélées de quelques traces plus verdätres. Le culot supérieur pulvérisé a laissé plusieurs grenailles d'argent assez ductile. Sa poussière exposée au feu a exhalé une grande quantité de vapeurs blanches, se condensant en un oxide très- blanc et très-léger, semblable à celui du zinc. Le résidu pesoit près de 3 onces : ; 1l étoit de couleur fauve, avec des végétalions vertes de nickel à la surface, et au fond il y avoit un peu de métal blanc réduit et fondu, quoique la masse n’eût éprouvé que la chaleur rouge. Traité avec le soufre, puis poussé au feu, ila fourni deux culots avec quelques grenailles; le tout pesoit 1 once 5 gros :, dont à peu près un gros d'ar$ent. Les scories, com- posées d’oxide de cobaltet de potasse, étoient d’un beau bleu; en y ajoutant un peu d’eau elles devenoient chamois, et si l'on mettoit beaucoup d’eau, celle-ci blanchissoit et laissont l'oxide de couleur jaune verdâtre. Le culot supérieur pulvérisé a été grillé de noweau, et fondu avec 2 onces de soufre et une once de potasse. Il a fourni deux culots-placés l’un contre l’autre et for- tement soudés; ils pesoient ensemble 1 gros +, il y avoit environ 25 gros d'argent; l’autre culot étoit gris blanc brillant extérieu- rement et rougeàlre intérieurement, à peu près comme le Kkup- fernickel, ou mieux, comme certains speiss. Je n'ai point poursuivi ce travail plus loin, mais j'ajouterai quelques remarques : d’abord j'ai traité de la même manière un cobalt gris, mêlé de kupfernickel dans une gangue de quartz étiqueté d’Allemont , et tenant, disoit-on, ++ d'argent. Je n'y ai point trouvé celui-ci; mais pour le reste, les phénomènes ont été semblables ; il y a quelques mois, j'avois traité une mine d’or en, octaèdres allongés, traversant en tout sens un cobalt gris et kup- fernickel avec gangue de sulfate de baryte. J'avois attribué à l'arsenic ET D'HISTOIRE NATURELLE. 169 l'arsenic la grande quantité d’amalgame que j'avois obtenue. Ce que je viens de rapporter éclaircit la chose. Voici encore deux observations qui méritent , je crois, quelque attention; la première, c'est cette évaporalion sans odeur, d'un oxide blanc, qui ne peut-être que de l’arsenic. Peut-être l’aleali joue-t-il là quelque rôle; car je suis convaincu qu'il s’unit à l’état métallique avec quelque métaux , desquels il pourroit ensuile se séparer en se volatilisant. Toujours puis-je assurer que je n’ai jamais pu obtenir une quantité notable d’antimoine des mélanges où cet alcali n’entroit pas; par exemple, en prenant du sulfure grillé, de la chaux et du sel marin avec du charboï; et l’autre remarque consiste en ce que l'oxide de cobalt, et surtout de nickel, sont si peu fusibles avec la potasse, lorsque l’arsenic ne surabonde pas, que jamais les scories, quoique chauffées au blanc, n’ont permis à la totalité du métal de se rassembler, et que l'arseniure de cobalt et de nickel, quoique fondus comme on Va vu à la simple chaleur rouge, n’ont aussi à la chaleur blanche été assez fluides pour permettre à l'argent de se rassembler avec facilité. Ce que je viens de dire sur l’amalgame peut s'appliquer aux alliagès de métaux, qui par eux-mêmes ne pouvant s’unir, s’allient au moyen d’un intermédiaire. Par exemple, le plomb, qui ne S’unit point au nickel, mais bien au speiss , et qui forme alors un alliage dont la cassure ressemble à ces feuillages d'ornemens en fer dont on garnit les balcons et les rampes d’escaliers. Il est probable que Je fer lui-même s’uniroit au plomb au moyen de l'antimoine. NOUVELLE LITTÉRAIRE. Les Halieutiques traduits d’Oppien, par J. M. Limes. Un vol, in-8°. À Paris, chez Lebègue, rue des Rats. Tome LXXXIF. FÉVRIER an 1817. ba OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES s p° à 84 THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR - al. Ca [E ià = CENTIGRADE. BAROMÈETRE MÉTRIQUE. > 5 # ñ E & fl . 5 (ii FE MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI. MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI. TZ | x Le] —— | ——_——_———_———“——— = me Cee | à heures. héurese heures mille heurese mille mille à 7 m...753,88| à 10 8....750,56| 753,24] 7°6 “ à 4 2s....795,50l à 7 5 m...7b0,70| 755,00| 9,0 EUNEMHPEE 757,90! à 7 Ÿm...753,90| 755,56] 9,4 à midi. + g°50| à73m. + 685] + 9,50 à3s. + 0,10] à10s. + 5,75] H 9,00 à8s. + 8,00! àgs. + 4,00| + 7,10 1 2 5 4 làagis. 0,75 à1m. “+ 2,50] + 9,25] à 1 m....757,90| à 9 45 ..780,96|752,70| 8,4 5 lagis. + 8,75] à7 3m. + 5,50] + 8,05] à 104m..762,19| à9 s8....7b2,2c| 761,60| 8,6 6 àgs. + 6,25 à6is. + 2,00| + Boo! à72m...759,04| à b+s....751,58| 755,40] 7,11 7 |à5s <+Bb,25| àgs + 1,95] + 5,co| à 10%8.:.770,00| à 7 $ in ..764,39) 766,72] 8,1|M 8|à5s. + 4,55] àiois. + 0,55] + 4,25] à 101 m..771,00| à 7 m...769,80| 770,54] 7,41 9 [à6s. + 1,00] à 7m. — 1,75] Æ 0,60] à 1015...773,50| à 5 m....771,00| 772,68] 6,1 10 [à midi. + 0,25] à10s. — 3,50! + 0,25] à 102m..773,40| à 41s....772,56| 775,00] 5,6 11 [à8s. — 2,00) à 7 5m. — 5,c0| — 3,10] à gm....771,40| à 1025...766,66| 770,16| 9,6 12 lamidi. — 0,25| à7 2m. — 5,40] — 0,95] à 7 Sm...763,44| à 105....759,76| 762,54] 4,9 18 | à5%s. + o,7b| à 7£m. — 5,00| — 0,50 à 71m. .756,96| à 95... :.7b2,50| 755,28] 5,b]k 14 |'ämidi + 5,40 à9s. + 2,60| + 3,40] à6"5....761,60| à 73 m...750,40| 751,20] 4,1]M 15 Jämidi. + 8,50 495. + 3,75] + 8,bol à 75 m...740,42| à bis....782,32| 765,24] 6,41! 16 à 9%s. + 8,00 à7 5m. + 0,50] + 8,10] à 75m...748,70| àg%s....788,44| 746,70] Bo 17 a midi. + 9,50! à 105. 4+.6,76|.+ 9,50! à ros. …..789; vo} à 8s....:787,04| 758,00] 7,5[\ 18 [ämidi. + b,oc| à7 Em. 4,25] + 8,00 à.9 Se. 6.741,20 à 73m. ..740,82 741,09] 6,8! 19 1 à3s + 8,65) à7im. + 1,25] + 7,75| à7im...787,94] à 35... 754,20| 785,28] 7,71 20 | à3s. + 9,25} à7 Êm. +5,75] H 8,25] à 105... .739,861 à 35... ..735,48| 735,66] 7,11 21 | à8s. + 7,00] àgs. 4,10] + 6,50 à9s.....761,60| à 7 ?m...750.bo| 754,42] 8,0 22 | à5s. + 6,50] à7km. + 1,50! + 6,75] à 102m..764,37| à 71m...763,16| 763,59] 6,2] 25 | à5s. +16,00| à 71m. 7,50) 1,75) à 65... 765,32: à midi. ..765,00| 762,00] 7,9lM 24 | à midi. +1,85 à 925. + 9,75). +H11,84) à 9 Ls...771)04| à 7lam...766,64) 768,59! 10,41 25 à midi. 10,35) à gs. + 8925 10,35] à 101m..771,40| à 95... 770544 771,00] 9,9]M 36 àSs. +10,60| à71m.+ 5,50l + 9,25 à 7im...768,54| à 9$s....766,24| 767,70] 9,71M 27 [55 +8,75 àgm. + 4,25] + 7,25] à 1035. .769,20| à 72 m...767,60| 768,60| 8,2) 28 | à5s. +596! ïgim. + Z05) ns à g9 m....708,48| à 85..... 766,88] 767,64] 7,5 29 | à3s. + 7,25] à7 im. + 4,co| + 7,10 à gs... 769,10! à 7 = m...767,70| 768,18 75| 30 | à8s. + 7,85] à71m. + b,60! + 7,50] à 9m....768,04| à 42 5. ..766,50| 767,40] 7,6 31 | à midi. +11.00| à 7! m. + 8,75] 11,00! à as... 770,8c| à 73 m...767,88| 769,26] 8,0 Moyennes. + 6,70 + 3,03| +6,56 760,27 756,42] 758,50 7,8M RECAPITULATION. Millim: Plus grande élévation du mercure. .... 778°50 le" q Moindre élévation du mercure........ 782,52 le 15 Plus grand degré de chaleur... ....... —15°00 le 23 Moindre degré de chaleur....,...... — 5,04 le 12 Nombre de jours beaux....,... 6 deicouverts ASE 25 dEMphnE er rer ÉRERE 15 de ventes @pair a 31 CeNPElÉE e crecrtieeet 8 de tonnerre..,...,.... 1 » de brouillard. ........ 31 de neiselrss tenaient o de grêle RAS Para leo ape ete 1 ‘ À L'OBSERVATO JANVIER 1817. IRE ROYAL DE PARIS. rc POINTS VARIATIONS DE L'ATMOSPHEÈRE, # ve VENTS. : D Pme uw [à midi. LUNAIRES LE MATIN. LE SOIR. 1 | 89 |S.-O. Pluie, brouillard. Couvert, léger brouill.|Couvert, pluie à 3 h. 2 | 81 Idem Nuageux , léger brouil.| Pluie. Nuag., pl. dansla nuit, 3 | 80! Jd.fort. [P.L.àoh.53s] dem. Nuageux. Idem, pluie à 4h. 4 | 87 | Jdem. Pluie, brouillard. Couvert, Pluie par intervalles. SIN 80 | : Jdem. Nuageux, brouillard. Idem. Idem. 6| 85| JIdtr.f, Couvert, brouillard. |Pluie. Pluie, gréle,écl., tonn. 7 76 |N.-O. Nuageux, br., glace. INuazeux. Nüageux. 8 | 75 IN.-E. Couvert, brouillard. Idem. } Beau ciel 9 | 78 | dem Line périgée: [Beau ciel, brouillard. [Beau ciel; brouillard.| J4em 10 | 7o| Jdem D.Quh51wl /dem. Idem. ë Idem 11 88 | Idem Couvert, brouillard. |Couvert, brouillatd. Nuageux, 19 | 81 Idem Beau ciel, brouillard, [Beau ciel brouillard. | dem. 13 | 89 |S.-O. Idem, givre. Nuageux. Idem. 14 | 70 |O. Couvert, brouillard. |Couvert, brouillard. |P/uie depuis minuit, 15 | 92 |S.-O.tr.-f , |Pluie, brouillard. Pluie par intervalles: Pluie continuelle. 16 | 89 |S.-O. fort Nuageux, brouillard. Pluie. | Pluie par intervalles. 17 | 91 |[S.-O. N.L àob.47s. | Plute, brouillard. Pluie par intervalles. |[Couvert. 18 | 88 |S. 4 CouYèrt, brouillard. |Couvert. * [Nuageux: 19 | 85 [E-S.Et | Nuag., brouill., glace.[Nuageux. Pluie. 20 | 89 |S. | L: Idem. \ Couvert. Couvert. or | 76 |O. Pluie, brouillard. Nuageux. Beau ciel: 22 | &8q !S.-O. Nuageux, brouillard, | Plure, Couvert. 23 | 92 | Idem Plue, brouillard. Couvert. Idem: 24 | 92 [N.-O: Lune apogée. Couvert, brouillard. |- Jdem, brouillard. Idem, tempshumid. 25 | 93 |S-S.-O. [PQ arih5xmlPetite pluie, brouill. | dem. Idem. 26 | 87 |S. Nuageux, brouillard. [Nuageux. Beau ciel, brouillard. 27 | 91 SE. Brouillard épais. Couvert brouillard. |Couvert, brouillard. 26 |, 91 LE. Idem et humide. Idem. Idem. 29 | 87 |N.-O. Idem. Idem. Idem. 30 | 84 |O. Couvert, brouillard. Idem. Pluie fine. 31 | 935 IN. Idem, br. hum. Idem. Couvert, brouillard. Moyen. 85 . F RECAPITULATION. IN dd ati LE 1 1 Èn DO CERN 6 £ L DÉS HO à 2 Jours dont le vent a soufllé du re ARE SES 4 SOS Er. 0 11 Os ots meipee 3 “ N.-0... 3 le 1°, 12°,091 Thermomètre des caves { | centigrades. le 16, 12°,071 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 38"",25 — 1 p. 5 lig. FE 11 172 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, elc. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Mémoire sur l'Absorption de F Air atmosphérique par les corps; par M. Rhulant. , ag. Extrait d'une Lettre du docteur S. L. Miichell, sur des Fossiles. Rapport fait à l'Institut royal de France sur la Lithographie, et particulièrement sur un Recueil de Dessins lithographiés par M. Engelmann. Notés relatives à la Lithographie de M. Lasteyrie. Nouvelle Nomenclature chimique, d'après la classification adoptée par M. T'henard: ouvrage spécialement destiné aux Personnes qui commencent l'étude de la Chimie, et à celles qui né Sont pas au courant des nouveaux noms ; par M. J.-B. Caventou. | | Quelques nouvelles Recherches sur la Flamme; par sir Humphry Davy. Mémotre sur l’Amalgamation. Tableau météorologique; par M. Bouvard, . ) #.) 89 100 De l'Imprimerie de: Mme Ve COURCIER,, rue du Jardinet, n°2 , quartier | ‘ Saint-André-des-Arcs, JOURNAL DE PHYSIQUE. DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. MARS an 1817. EXAMEN CRITIQUE Des différentes Hypothèses imaginées pour expliquer l’ap- Ï parence connue sous le nom de queue ou chevelure des Comètes (*) ; Par H. FLAUGERGUES. Les comètes diffèrent des autres planètes principalement par cette nébulosité blanche, plus ou moins vive, disposée autour du disque blanc et brillant de la comète, qu’on nomme Le noyau. La clarté de cette nébulosité diminue graduellement à mesure qu’elle est plus éloignée du noyau, et finit par se perdre dans le fond du ciel ; il est extrêmement probable que cette nébulosité n'est autre chose que l'atmosphère de la comète éclairée par le soleil, et qui (*) Ce Mémoire est extrait d'un ouvrage plus considérable, auquel l'Aca- démie royale du Gard a bien voulu décerner un de ses prix en 1816. Tome LXXXIV. MARS an 1817. Z 174 TOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE réfléchit une partie des rayons de cet astre. Cette atmosphère étant vraisemblablement formée, comme celle dela terre, d'un fluide élastique adhérent au noyau par sa pesanteur vers la comète, doit devenir plus rare à mesure qu’en s’éloignant de ce noyau sa pesanteur diminue ainsi que la pression des parties supérieures. À raison de celte raréfaction, continuellement croissante, ce fluide doit conséquemment réfléchir de moins en moins les rayons du soleil, et présenter ainsi l'apparence d’une clarté qui s’affaiblit toujours en s’éloignant du noyau de la comète; il n’y auroit rien à ajouter à une explicalion si naturelle, si les comètes ne présen- toient pas d’autres apparences; mais cette atmosphère, au lieu de rester arrondie, suivant les lois de l'équilibre des fluides, s’allonge d'une manière singulière lorsque la comète s'approche du soleil, au point de former une large bande qui s’étend souvent à plusieurs millions de lieues de la comète, et couvre un espace immense dans le ciel : on nomme cette bande la queue de la comete. Une apparence aussi singulière a fortement excité de tout temps la curiosité des philosophes, et, pour l'expliquer, ils ont imaginé un grand nombre d’hypothèses toutes plus ou moins mal fondées, et dont plusieurs, absolument contraires aux phénomènes ou cho- quant directement les principes d’une saine physique, sont des erreurs manifestes; mais avant que d'entrer dans l'examen de ees différentes hypothèses, il faut établir d’abord les apparences ou les phénomènes eonstans que présente la queue des comètes ; car, puisque une hypothèse quelconque doit, pour être admis- sible, représenter exactement tous les phénomènes connus, toute hypothèse qui ne remplira pas cette condition est nécessairement fausse, et doit être rejetée : voici donc l'énumération des phéno- mènes constans, et les plus généralement reconnus , que présente Ja queue des comètes. 1°. La queue d’unecomète s'étend toujours à peu près à l'opposite du soleil, et par conséquent cette queue suit la comète lorsqu’elle descend vers le soleil, et précède la comète lorsque cette comète, ayant passé le périhélie, remonte en s’éloignant du soleil. 2°. La queue des comètes est toujours plus longue et plus brillante après le passage de la comète au périhélie qu'avant ce passage. 5°. La queue d’une comète s'écarte pour l'ordinaire un peu d'un côté ou d'autre de la ligne menée par les centres du soleil et de la comète. 4. La queue d’une comète est rarement exactement droite, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175 ma ispresque toujours un peu courbe, et cette courbure est plus grande à l'extrémité de la queue que proche du noyau. 5°. Les queues des comètes sont ordinairement divergentes, c’est-à-dire plus larges à leur extrémité qu’à leur origine proche du noyau. A À plus grande clarté de la queue d’une comète est toujours à son origine proche du noyau; à partir de la, cette clarté diminue par degrés insensibles jusqu’à l'extrémité de la queue, qui n’est point tranchée, mais qui se perd et se confond insensiblement avec le fond du ciel. 7°. Les bords latéraux de la queue des comètes sont ordinai- rement plus lumineux que le milieu et le bord convexe, et pour l'ordinaire plus brillans et mieux terminés que le bord concave. 8. Lalumière de la queue des comètes est parfaitement blanche; ou si cette queue est colorée ( ce qui est extrêmement rare ), c’est la même couleur dans toute son étendue, et, dans aucun cas, on ne voit dans la queue des comètes des apparences semblables aux Couleurs prismatiques. q. Les queues des comtes sont transparentes, et on voit, au travers de ces queues, les plus petites étoiles. Voila, en général, les phénomènes que présentent les queues des comètes, et dont une hypothèse exacte sur la cause de ces apparences doit rendre raison; ce n’est pas cependant que ces phénomènes ne soient sujets à beaucoup d’exceptions; par exemple, une comète peut paraitre sans queue, non-seulemient parce que la queue est cachée derrière le corps et l’atmosphère de la comète, ou qu’étant projetée sur cette atmosphère, on ne puisse la dis- tinguer (ainsi que cela doit arriver toutes les fois qu'une comète se trouve en opposition ou en conjonction avec le soleil, avec une petite latitude géocentrique), mais encore parce qu’elle n'aura réellement point de queue : telles ont été en particulier les comètes des années 1585 (1) [*], 1718 (2), 1729 (5), etc. La direction constante de la queue des comètes vers le côte opposé au soleil, s'éloigne quelquefois assez considérablement de la ligne menée par les centres du soleil et de la comète, comme, par exemple, dans la comète de 1577, dont la queue [*] Les citations étant très-nombreuses, j'ai cru qu'il seroit plus à propos de les rapporter toutes de suite à la fin de ce Mémoire. Z 2 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE parut à Tycho-Brahé plutôt dirigée suivant la ligne qui joignoit les centres de Vénus et de la comète (4). Il est des queues de comètes qui ont une grande courbure ; telle étoit la queue de la comète de 1618, dont on comparoît la courbure à celle d’un cimelère où sabre persan (5). La queue des comètes est pour l'ordinaire terminée latéralement par deux courbes 7 le même sens, en s’éloignant l’une de l’autre; mais quelquefois ces bords sont courbés dans deux sens opposés; ils formoient à peu près une parabole dans la queue de la comète de 1807, et une hyperbole dans la queue de la comète de 1811, lorsque cette comète commenca à se dégager des rayons du soleil. Les comètes n'ont ordinairement qu’une queue; et cependant la co- mète de 1744 a présenté l'apparence de deux queues , une grande et une pelite ; et même le 8 et le o mars, Chezeaux , à Lausanne, vit la queue de cette comète divisée en six bandes de différentes courbures [ en supposant cependant que cet observateur, qui ne vit point ces jours-là, ni depuis, le noyau de la comète, n'ait pas été trompé par quelque illusion optique ou par quelque mé- téore] (6). Enfin les bords latéraux de la queue des comètes sont ordinairement plus brillans queële milieu ;, mais quelquefois c'est le milieu qui est plus brillant que les bords, comme dans la queue de la comète de 1618, qui étoit divisée, suivant sa Jongueur, par une raie brillante : cette apparence fut princrpa- lement observée à Rome par le père jésuite Honoré Grassi (7). Il est encore des apparences singulières et insolites que pré- sentent les queues des comètes, dont plusieurs observateurs ont parlé, mais dont on ne peut raisonnablement exiger que les hypothèses rendent raison, parce qu’elles ne sont probablement que des illusions optiques relatives à l’état de l’atmosphère, à l'état particulier de la partie du ciel où étoit projetée la queue de Ja comète, et à la disposition des yeux des observateurs : par exemple, la queue d’une comète paroït en même temps d'une longueur bien différente dans différens pays; ainsi la queue de la comète de 1680 paroissoit , à Paris, avoir une longueur de 62°; cette queue parut longue de 80° à Londres, et de 00° à Cons- tantinople (8). Le Oo septembre 1769, la comète qui paroïssoit alors fut vue à Londres avec une queue de 43° de longueur; cette queue paroissoit à Paris avoir 55°, à l'ile de Bourbon 60° et plus, et sur mer, entre Ténériffe et Cadix, elle fut jugée de 75° de longueur. Le 11 on l’estima sur mer de 00°, et à l'ile de Boubonde 97°, etc. (9). ET D'HISTOIRE NATURELLE. 177 Qui ne voit que cette différence de longueur venoit de ce que l'atmosphère étoit plus pure et plus sereine dans un lieu que dans un autre : par la même raison , lorsque l’état de l’atmo- Sphère vient à changer dans le même lieu, la longueur de la queue de la comète paroît aussi changer subitement. « Ceux » qui ont observé avec quelque attention la comète de 1618 » (dit Kepler), témoigneront que la queue courte d’abord, » devint longue en un clin d'œil (10). » Enfin, la queue d’une comèle vue du même lieu paroït, dans le même temps, de lon- gueur différente à différens observateurs, suivant que leur vue est plus ou moins sensible à l’action d'une foible lumière. On a cru voir. souvent du mouvement dans la matière de la queue des comètes, des jets, des élancemens de lumière pareils à ceux qu'on a observés dans des aurores boréales. Jean-Baptiste Cysatus -dit avoir remarqué que la queue de la comète de 1618 avoit un mouvement de fluctuation, comme si elle étoit agitée doucement par le vent avec des vibrations et des sautillemens d'un côté et d'autre; la même apparence fut encore observée par Longomontanus et par Kepler (11), ainsique par Snellius (12); Hévelius observa des mouvemens analogues dans la queue des comètes de 1652 et de 1661. M. Pingré a apercu ces mêmes phénomènes dans la queue de la comète de 1769, ainsi que M. de la Nux à l'ile de Bourbon (13); et jetrouve dans nies jour- naux, que le 27 août 1707, en observant la comète qui pa- roissoit alors, et qui étoit très-foible, je vis comme une va- peur blanchätre qui paroissoit sortir de la comète et tourner autour. Je crois très-fort, et tout physicien pensera de mème, que toutes ces apparences ne sont que des illusions optiques produites principalement par le mouvement ondulatoire des va- peurs répandues et flottantes dans l'atmosphère. Les changemens irréguliers et subits dans la figure de la queue des comètes, dont parlent quelques observateurs, sont aussi trop considérables et irop prompts pour être réels; ce n’étoit, ainsi que l’a très-bien pensé Newton (14), que des simples apparences produites par le mouvement des nuées qui couvroient et découvroient suc- cessivement des parties de la queue, et peut-être par des parties de la voie lactée ou de la lumière zodiacale qui peuvent avoir été confondues, par des observateurs peu instruits ou distraits, avec la lumière de la queue des comètes, et regardées comme appartenant à ces queues. La queue des comètes avoit été observée jusqu'ici contiguë 178 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ayec le noyau; la comète de 1811 à présenté une exception si singulière à celte règle , que je crois devoir en faire mention ici. Le noyau de cette comète étoit entouré, comme à l'ordinaire, d’une nébulosité blanche exactement circulaire; cette nébulosité étoit ensuite entourée d’un anneau obscur auquel succedoit une autre orbe circulaire de nébulosité blanche , qui s’écartoit en déux branches derrière la comète, et la réunion de ces deux branches formoit la queue. Voyez la figure que j'ai donnée de cette co- mèle dans le Journal de Physique du mois de novembre 1811 (15). J'ai supposé , suivant l'opinion commune, et qui me paroît être la seule vraie, que les comètes ne brillent que de la lumière du soleil, qu’elles nous réfléchissent, comme les autres planètes. Deux célèbres astronomes, MM. Schræter et Burckardt, ont prétendu, dans ces derniers temps , que les comètes brilloïent d’une lumière qui leur étoit propre; ce sentiment me me paroît nullement fondé, puisqu'il est certain, el tout le monde en convient, que les comètes sont toujours plus brillantes à mesure qu’elles s'approchent davantage du soleil , et qu’elles recoivent plus de lumière de cet astre, Dire, pour expliquer ce fait, que la chaleur du soleil active la phosphorescence de la comète, c’est substiluer une supposition gratuile à une cause évidente. De plus, on a observé des phases dans quelques comètes ; par exemple, la comète de l’année 813 parut sous la forme d’un croissant (16). Cassini a vu des phases dans la comète de 1744 (17), ainsi que Calandrini (18), et M. Dunn assure avoir observé le noyau de la comète de 1769, d'abord en croissant et ensuite en quartier (19); si l’on n’apercoit pas ces phases dans toutes les comètes, c’est que le noyau d’une comèle étant toujours entouré d’une atmo- sphère épaisse, ce noyau ne peut être vu au travers que très- confusément; de plus, lamultitude de réfractions et de réflexions irrégulières que la lumière du soleil éprouve en traversant cette atmosphère, doit détourner une grande partie des rayons, les plier et les amener sur la partie du noyau opposée au soleil, en sorte que cette partie peut, suivant les circonstances, être presque autant éclairée par ces rayons déviés, que Ja partie an- térieure du noyau est éclairée par les rayons directs du soleil, considérablement affoiblis dans leur trajet au travers de l’atmo- sphère de la comète et dans sa plus grande épaisseur ; de sorte u’il doit être ordinairement très-diflicile, et comme impossible, de distinguer ces deux parties du noyau, et conséquemment d’apercevoir des phases. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 179 Mais une preuve certaine que les comètes ne brillent que d'une lumière empruntée, qu’elles recoiveut du soleil, c'est l’'observa- tion constante que ces astres ne disparaissent que par l'affoiblis- sement de leur lumière, et nullement à raison de ce que, par Jeur éloignement, ils ne sous-tendent plus qu’un angle visuel im- perceptible; car c’est un fait reconnu par tous les astronomes, qu'une comète sur le point de disparoitre, conserve encore une longueur de plusieurs minutes dans sa plus petite dimension, Ainsi cette comète est encore bien éloignée de disparoître par les seuls effets de son éloignement de la terre, c'est-à-dire par la diminution de l’angle visuel produite par cet éloignement. Dans celte circonstance, cette comète paroît-comme une faible lueur presqu'insensible , qu’on distingue avec beaucoup de peine, mais qui occupe un espace assez grand. Le lendemain , cette faible lueur ayant eucore diminué, par augmentation de la distancé de la comète au soleil, on ne distingue plus l’espace qu’élle oc- cupe d’aveg le fond du ciel. La comète a disparu; mais il est évident que, dans l’espace de temps qui s’est écoulé depuis l’ob- servation de la veille, la comète ne s’est point assez éloignée de la terre pour que son diamètre, très- sensible lors de la première observalion, ait diminué au point d’être devenu im- perceptible. - Cette observation prouve évidemment que les comètés ne brillent point d’une lumière qui leur soit propre; et il suflit mème de faire attention que l'éclat des comètes diminue constamment à mesure que, s’éloignant du soleil, elles recoivent moins de lu- mire, et cela en raison inverse du quarré de leur éloignement, pour être assuré qu’elles ne font que réfléchir la lumière de cet astre. Car il est aisé de prouver qu’un a$tre qui brille d’une lu- mière qui lui est propre et constante, doit paroïtre également brillant, c’est-à-dire conserver toujours le même degré de clarté à quelque distance qu’il se trouve de nos yeux. En effet, suppo- sous qu'un astre, brillant de sa propre lumière, soit placé à une telle distance de l'œil, que son image occupe sur Ja rétine -un éspace circulaire du diamétre par exemplé de deux céntièmes de ligne, si on imagine que, toutes choses restant les mêmes, cet astre s'éloigne de l'œil à une distance double, il ést certain qu'il w'entrera plus dans l’œil que le quart de la lumière qui y. entroit dans le premier cas; mais aussi l'image de cet astre, au fond de Yœil, n’occupera plus qu’un espace circulaire d’un centième de ligne de diamètre, c'est-à-dire quatre fois plus petit que l’espace 180 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE occupé par la première image. Or, il est évident que ce dernier espace recevant quatre fois moins de lumière que le premier espace, mais étant aussi quatre fois plus petit, ces deux espaces circulaires ou ces deux images de l’astre sont du même degré de clarté, et qu'ainsi l’astre, dans les deux cas, doit paroître de grandeur différente, mais toujours avec le même éclat, le même degré de clarté; enfin avec la même teinte, comme disent les peintres. Le même raisonnement ayant lieu pour toute autre distance, il s'ensuit que si les comètes brilloient d'une lumière qui leur fût propre , elles paroitroiént, en s’éloignant de la terre, toujours également blanches, avec le même degré de clarté, et ne dispa- roitroient que lorsque à force de s'éloigner, leur diamètre ne sous-tendroit plus qu'un angle trop petit pour que ce diamètre füt perceptible à la vue aidée du secours des instrumens d’op- tique, ce qui n’arriveroit qu'au bout d'un temps extrémement long et peut-être jamais pour certaines comètes, et différeroit étrangement de Ja courte durée de l'apparition de cegastres. Je ne puis m'empêcher de remarquer ici une méprise de Newton qui pourrait facilement induire, en erreur. Ce grand homme, qui a très-bien prouvé dans le lemme IV du 5° livre des Principes, que les comètes sont placées dans la région des pla- nètes, mais qu'elles peuvent s'approcher beaucoup de la terre, ajoule ce raisonnement : Confirmatur eliam. propinquitas come- tarum ex luce capitum. Nam corporis cœlestis. a sole illustrati et in regiones longinquas abeuntis, diminuitur splendor in quadru- plicata ratione distantiæ : in duplicata ratione videlicet ob auc- tam corporis distantiam a sole, et in aliä duplicatä ratione ob diminutum diametrum apparentem (20). Ge dernier rapport ne pouvant entrer dans l'évaluation de la clarté de la comete, ainsi que nous venons de le voir ,-il s'ensuit que l'éclat, la clarté, la teinte d’une comète ne diminuent que dans la raison du carré de la distance de cette comète au soleil, et que la distance de cette comète à la terre ne doit entrer pour rien dans cette éva- luation. Celte correction qu’on doit faire au calcul de Newton, est d'ailleurs prouvée par le fait. La comète de 1807, qui avoit déjà passé au périhélie lorsqu'elle fut découverte, a constamment diminué d'éclat depuis le premier moment qu’elle fut apercue jusques à sa disparition totale; et cela dans le rapport du carré de sa distance au soleil, dont elle s’éloignoit continuellement ; et cependant, dans la majeure partie de cet intervalle de temps, celte comète s’est constamment rapprochée de la terre, au point que son diamètre apparent augmentoit très-sensiblement I Q ET D'HISTOIRE NATURELLE. ï œ mn a°. Hypothèse d'Anaxagoras et de Démocrite sur la cause de lu queue des comètes. Il paroît certain, par le témoignage d’Appollonius le mindien, cité par Stobbée (21) et par Sénèque (22), que parmi les astro- nomes chaldéens plusieurs avoient une idée juste de la nature des comètes; qu'ils les regardoient comme des astres éternels semblables aux planètes, et assujettis comme elles à un cours régulier; mais il n’est pas rapporté qu'ils eussent rien imaginé pour expliquer cette apparence connue sous les noms de queue, de barbe, de chevelure, etc., qu’elles présentent : Anaxagoras est probablement le premier qui ait tenté de l'expliquer. Au rapport d’Aristote (23), il croyoit que les comètes étoient des amas d'étoiles ou de planètes très-rapprochées les unes des autres (dipaoiy Toy mAaynrwr agepor), dont les rayons remplissoient les intervalles qu’elles laissoient entre elles, en sorte que, ne pouvant distinguer leurs séparations, ces étoiles ou planètes sembloient former un corps continu d’une clarté uniforme; c’est ainsi que la nébuleuse du Cancer ( Præsepe ), formée d'un grand nombre de petites étoiles resserrées dans un petit espace, pré- sente à l'œil l'apparence d’une aire arrondie, d’une blancheur confuse, sans interruption, et assez semblable à une comète. Il est possible qu'Anaxagoras ait eu la vue assez percante pour distinguer quelques-unes des étoiles dont cette nébuleuse est composée; et, d'apres cette observation, il peut avoir formé son hypothèse sur la nature des comètes, dont la queue n’étoit, selon lui, qu'une suite de l’arrangement des étoiles dont ces astres étoient formés lorsque l’amas éioit plus allongé d’un côlé que dans le reste de son contour. Cette opinion fut adoptée par Démocrite (24), principalement parce qu'il croyoit avoir vu une comète se diviser et se résoudre pour ainsi dire en un grand nombre de petites étoiles 25) [*]. Ce philosophe avoit eu la même idée, mais plus heureusement, [*1] Si Démocrite a vu une comete se diviser en petites étoiles, un historien (Philostorge) imbu sans doute de la même opinion, rapporte que des étoiles se sont réunies pour former une comète , c'est celle qui parut en 589 sous le con- sulat de Rimanius et de Rometus (voyez Æpitome Hislortæ ecclesiasticæ Philos- torgit a Photiopatriarcho confecto, et Nicephori Calirtæ, Historia ecclesiastica, lb. xi1, cap. 37). On voit par la, que dans tous les temps les hommes ont su imaginer des faits pour soutenir une opinion erronnée. Tome LXAXXIV. MARS an 1817. Aa 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE N pour expliquer la Galaxie ou Voie de lait, qu’on a reconnue effectivement deux mille ans après lui, avec le télescope, être composée d'une infinité de petites étoiles très-rapprochées les unes des autres. Suivant le système de Démocrite, les étoiles qui par leur réunion formoient une comète, étant plus serrées dans le milieu de l'amas, produisoient une clarté plus vive, c’étoit le noyau ; leur nombre diminuant en s’éloignant du centre, formoit cette nébulosité confuse, et qui s’affoiblit graduellement, dont le noyau paraissoil entouré; et enfin si ces etoiles se trouvoient en plus grand nombre d’un côté que de l’autre et s’étendoient lon- gitudinalement en s’éloignant de la comète, elles produisotent l'apparence de cette bande blanche qu’on nomme la queue d’une comète. Ce sentiment fut encore celui de Zénon, qui ajoutoit que la figure allongée des comètes venoit de la répercussion des rayons des étoiles dont elles étoient composées (26); et, parmi les. modernes, il fut adopté par Tannerus (27), Gysatus (28), Fatunius Licetus (29), Resta (30), par Cardan, dans sa jeunesse (51, par Jordanus Brunus (52), et par le père jésuite Manius Bettinus (33). On n'attend pas sans doute que je m'arrêterai ici à réfuter une opinion aussi absurde ; elle a été déià réfutée très-longuement par Aristote (54) et par Sénèque (55); mais c’étoit bon pour le temps où vivoient ces philosophes. 2°. Hypothèse d'Hyppocrate de Chio, et d'Æschile, son disciple. Plusieurs philosophes pythagoriciens, au rapportd’Aristote, pré- tendoient qu'une comète n’étoit autre chose qu’une planète qui, par des causes inconnues, descendoit du haut des cieux, se rap- prochoit de nous et devenoit visible. Ce sentiment fut aussi celui d'Hyppocrate de Chio, et d’Æschile, son disciple, qui ajoutèrent qu'en se mouvant auprès de nous ces astres ramassoiïent des va- peurs dont ils se formoient une chevelure qui devenoit visible lorsqu'elle étoit portée vers le soleil : 77 eadem sententia fuerunt Hyppocrates Chius et auditor ejus Æschylus, nisi quod non ex se habere crinem censent, sed dum errat interdum a loco accipere, dum aspectus noster ab humore quam illa ad se trahat refertur ad solem (36). Le sens de la dernière phrase est assez obscur; mais suivant Ticho-Brahé (37), ces mots « refertur ad solem, ont » engagé plusieurs modernes à rechercher quel rapport pouvoit » avoir la queue des comètes avec le soleil, ce qui a valu à » Pierre Appian sa curieuse observation de la direction cons- » tante de ces queues à l’opposite de cet astre. » C'est le seul ET D'HISTOIRE NATURELLE. 183 avantage qu'ait produit l'hypothèse d’'Hyppocrate de Chio, dont l'absurdité est palpable, les comètes passant toujours à une trop grande distance de la terre pour avoir quelque action sur les vapeurs répandues dans l'atmosphère. On peut rapporter au sentimeïii d'Hyppocrate de Chio, l’opi- nion également absurde de Strabon, qui, d’après Plutarque (38), prétendoit qu'une comète n’étoit que la lueur d'une étoile descendue près de nous et vue au travers d'un nuage; et que ce nuage se trouvant plus allongé d’un côté, formoit l'apparence de Ja queue. 3°. Hypothèse d'Aristote et des Péripatéticiens. Aristote, qui croyoit que les comètes étoient un phénomène sublunaire et un simple amas de vapeurs et d’exhalaisons terrestres emflammées, pensoit, par une suite de cette opinion, que la chevelure ou la queue n’étoit aussi qu’une exhalaison enflammée, ou une flamme formée d'une matière plus rare et plus légère que la matière embrasée qui formoit la tête; et que cette mauère plus rare prenoit une figure allongée, parce qu’elle étoit poussée par le vent de la même manière que la flamme des flambeaux et des torches allumées s’allonge et s'étend du côté opposé à celui d’où soufle le vent lorsqu'elles y sont exposées (39); mais la petitesse de la parallaxe des comètes prouvée par Tycho-Brahé d’après les observations de la comète de 1577. (40), et vérifiée par les observations de tous les astronomes qui l’ont suivi,ayant démontré île ces astres étoient placés dans des régions fort au-delà de celle e l'orbite de la lune, et auxquelles l’atmosphère et les exha- laisons terrestfes ne peuvent pas s'élever; etle retour de la comète de 1682 en 1759, prédit par Halley, ayant prouvé que les comètes n’étoient pas des productions fortuites, l'hypothèse d’Aristote sur la nature des comètes et sur leur origine, ainsi que l'explication qu’il donne de leur queue, n’a plus aucun fondement et doit être absolument rejetée. ' Il n’est pas surprenant, d’après l'empire qu’avoient obtenu les sentimens du prince des philosophes, dans les siècles ténébreux de la philosophie scholastique, que son absurde opinion sur la nature des comètes ait été embrassée et religieusement suivie par cette multitude de docteurs, angéliques, subtils, irréfragables, omniscients, mais très-ignorans dans la philosophie naturelle, qui brilloient dans ces temps barbares; mais il l’est beaucoup de voir un grand astronome que l’on peut comptér parmi les restaurateurs Aa 2 - 184 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de l'Astronomie, Jean Muller, plus connu sous le nom de Regio- monlanus, faire de l'idée d’Aristote le fondement d’une théorie des comètes, conclure de ce que la queue d’une comète n’étoit qu'une flamme, et qu'il est de l'essence de la flamme de s'élever dans l'atmosphère à cause de sa légèreté spécifique, que cette queue s'élevoit perpendiculairement en forme de cylindre, et faire en- suile de cette conclusion un des principaux élémens d’une méthode pour calculer la longueur, la surface et le volume d'une comète et de sa queue, etc. C’est ainsi que, comme il est très rare qu'une vérité demeure stérile, une erreur ne manque jamais d'enfanter d'autres erreurs (41). Tous les Péripatéticiens n’ont pas cependant exactement suivi les idées de leur maitre. Quelques-uns ont osé s’en écarter et substituer d’autres erreurs à celles du philosophe de Stagire. Tel fut entre autres Charles Pison (42) qui, frappé de la difficulté d'admettre un vent qui soufllät toujours dans la même direction pendant des mois entiers que dure quelquefois l'apparition d’une comète, prétendit que ce vent était une chimère, et que la flamme d’une comète rencontrant, en s’élevant, le ciel de la lune, qu'elle ne pouvoil pénétrer, elle étoit forcée de se courber et de s’allonger en forme de quete, tout comme la flamme d’une fournaise se plie contre le vent ; mais cette explication ne le satisfaisant pas en- tierement, il prétendit, bientôt après, que la flamme de la comète S'allongeoit en queue du côté opposé au mouvement du premier mobile, tout comme la flamme d’un flambeau reste couchée en arriere de celui qui court en portant ce flambeau; mais dans ce cas, la queue des comètes seroit toujours dirigée du côté de lorient, et on objecta dans la suite-à Pison, que la queue de la comète de 1618 étoit, au contraire, dirigéeers l'occident et précédoit la comète dans son mouvement diurne, ce qui dé- truisoit totalement son système. f Malgré que l'hypothèse de Pison sur la cause de la queue des comètes füt inadmissible, elle fat adoptée par Cothenius (43), par Marcius (44), par Belluüus (45) et par d’autres astronomes; mais Gemma Frisius, dans son Zraité de l'Astrolabe (46), fitun pas vers une hypothèse qui paroïssoit plus plausible, en sou tenant que le feu qui brüloit la comète étant repoussé en arrière par la forte action du soleil, prenoit une figure allongée , et formoit ainsi la queue de la comète à l'opposite de cet astre. ÊT. D'HISTOIRE NATURELLE, 185 4. Hypothese de Panetius. Panelius , philosophe stoïcien , natif de Rhodes, prétendoit, suivant Sénèque, que « la comète n’étoit pas un astre ordinaire, » mais seulement la fausse apparence d’un astre (47); » il placoit ce phénomène dans la classe des phénomènes emphatiques (éuqasic), tels que les paréhélies, les paraselènes, etc.; c’étoit, selon lui, un effet de la réflexion de la lumière sur des nuages ou des vapeurs, et la queue n’étoit que cette réflexion plus pro- longée du côté ou la lumière étoit plus divergente : cette opinion est si absurbe, que j'ai été tenté de la passer sous silence. Si les comètes étoient des phénomènes placés dans notre atmo- sphère , elles ne participeroient pas au mouvement diurne, ou, comme on disoit alors, au mouvement du premier mobile; leur durée seroit au plus de quelques heures, comme celle à laquelle sont bornées les apparences auxquelles Panetius les compare, et elles ne paroitroient que pour un lieu particulier, tandis que les comètes ont le même mouvement diurne apparent d’orient en occident que les autres astres; beaucoup de comètes ont paru pendant plusieurs mois de suite, et enfin elles sont visibles en méme temps dans une grande étendue de pays, et mème de tous les points de la moité de la surface du globe terrestre, lorsqu'elles se trouvent en opposition avec le soleil. L'opinion erronge de Panetius a été aussi celle de Héraclide de Pont, de Métrodore et de quelques modernes (48). D'autres philosophesanonymes, qui paroïssentavoirété pythago- riciens (49), crurent mieux réussir en placant la causedes comètes et de leurs queues hors de l'atmosphère terrestre, et en soutenant qu'elles étoient l'effet de la lumière du soleil réfléchie par certains espaces de la concavité des cieux; mais l'image d’un objet ré- fléchi par un miroir doit, suivant les lois de la catoptrique, avoir un mouvement proportionnel à celui de l’objet et dans le même sens; or, les mouvemens des comètes n'ont aucun rapport avec le mouvement apparent du soleil; au contraire, beaucoup de ces astres sont rétrogrades et se mmeuvent dans un seus opposé; on peut faire les mèmes objections contre lhypo- thèse de Philippe Appian, fils du célèbre Pierre Appian, qui pensoit que les comtes n'étoient autre chose qu'une apparence produite par le concours des rayons des astres, et principalement de ceux du soleil qui formoient en particulier la queue de la co- méle à l’opposite de cet astre, lequel concours avoit lieu dans 166 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE certaines parties du ciel disposées de manière à la rendre sensible par la réflexion (50); mais dans cette supposition , les comètes paroïlroient toujours dans les mêmes points du ciel, tandis qu’on sait que ces astres paroissent indifféremment dans tous les points des espaces célestes, et qu'il n’y a pas même de zodiaque affecté pour les comètes, ainsi que le croyoit Dominique Cassini (51). 3. Hypothèse de Senèque. Aucun philosophe de l'antiquité n’a eu des idées plus justes sur la nature des comètes et ne les a exprimées avec plus de clarté que Sénèque. Le septième livre de ses Questions na- turelles est un chef-d'œuvre de philosophie et de raison, qu'on ne peut se lasser de lire et d'admirer; on est ravi de voir ce rare génie découvrir, par le raisonnement , presque lout ce que, quinze siècles d'observations ont ajouté depuis à nos connois- sances; et il semble que les philosophes et les astronomes qui l'ont suivi, du moins jusqu'a Newton, n'aient travaillé que pour démontrer la vérité des idées sublimes qu'il avoit conçues sur celte parlie si intéressante du système du monde. Mais Sénèque en annoncant que les comètes éloient des corps éternels semblables aux planètes, assujétis comme elles à dé- crire des orbites dans l’espace, et en combattant ainsi le système de ceux qui les regardoïent comme des productions nouvelles, produites par la réunion fortuite des exhalaisons de la terre ou des planètes, avoit à détruire une objection formidable dans ce temps-là. Les philosophes, séduits par la grandeur et la beauté apparente des idées platoniciennes, regardoient comme une chose réelle et absolue, la perfection (idée abstraite qui, dans le fond, n'exprime que ce qui nous plaît et n’a rapport qu'a nous-mêmes). Le cercle leur parut, à cause de sa régularité, la plus parfaite des figures; et comme la Divinité, la nature, ou en général la cause de l’ordre de l'univers, n’avoit pu avoir pour mouf et pour but que la perfection, elle avoit nécessairement choisi le cercle pour la figure des orbites des planètes, et avoit assigné à ces astres une figure sphérique ; en sorte que tout ce qui n’avoit pasla figure sphérique et le mouvement circulaire, ne por- tant pas l'empreinte de la sagesse éternelle, ne pouvoit être qu'un assemblage de particules de matière qui s’étoient rencontrées par hasard, et s’étoient réunies fortuitement et sans règle : ainsi les comètes ayant une figure irrégulière et allongée, et un mou- vement irrégulier ( du moins en apparence), ne pouvoient être ÈT D'HISTOIRE NATURELLE. 187 que des productions nouvelles produites par la réunion fortuite de molécules matérielles disséminées et flottantes dans l’espace. Ce raisonnement paroissoit aussi convaincant aux anciens, que le peuvent paroître pour nous les démonstrations contraires de Newton. L'esprit de Sénèque étoit trop élevé au-dessus de son siècle pour croire à une pareille inéplie ; mais dans la crainte que la vérité ne füt entièrement méconnue auprès d'un préjugé aussi enraciné , il veut bien se mettre à la portée de ceux qui en étoient entachés. « Ce qui est de la nature de la comète , leur » disoit-il, forme un globe comme les autres astres; ce qui est » étranger s'étend à l’entour comme une clarté confuse; de » même que le soleil en lançant sa lumière tout autour de lui, » prend une apparence différente de celle de son globe propre, » de même le corps d'une comète entouré de ses rayons peut » paroître allongé, au lieu de la figure circulaire qu'il auroit » sil en étoit dépouillé (52). » On voit, par ce passage , que Sénèque croyoit que la queue des comètes n’étoit autre chose que les rayons lancés par le corps de la comète, et qui parois- soient s'étendre en divergeant. comme les rayons du soleil le paroiïssent quelquefois lorsque cet astre se trouve proche de l’ho- rizon entouré de nmuées qui laissent entre elles quelques inter- valles par lesquels s’échappent ses rayons, apparence que les anciens avoient observée, et qu'ils désignoïent sous le nom de verges (viroæ). Mais nous avons prouvé en commencant, que les comètes ne brillent point d’une lumière qui leur soit propre, mais seulement de la lumière du soleil qu’elles nous réfléchissent; ainsi les rayons que Sénèque supposoit lancés par la comète, sont une pure chimère; et quand même on supposeroit que ces rayons existent réellement, on sait que la lumière n'est visible que dans la direction des rayons, et que hors de cette direction, on ne peut l’apercevoir que par sa réflexion sur une matière interposée ; il faudroit donc que les rayons émanés de la co- mète fussent réfléchis par quelque matière propre et adhérente à la comète en forme de queue et qui en fit partie, et cette sup- position est contraire au sentiment de Sénèque; ou bien ces rayons lancés par la comète sont réfléchis par l’éther ou par les particules du milieu où se trouve la comète; mais si cela pou- voit se faire ainsi, à plus forte raison l’éther réfléchiroit-il les rayons de lumière lancés par le soleil, cette lumière étant bien plus forte que celle d’une comète; dans ce cas, 1l n'y auroit plus de nuit ; tout l’espace paroitroit éclairé d'une vive lumière 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sur laquelle on ne pourroit pas distinguer la queue d'une co- mèle, parce que l'addition d'une lumiere aussi foible que celle que réfléchit les queues des comètes ne produiroit qu'une dif- férence imperceptble sur un fond aussi brillant. Rothman , astronome du célèbre landgrave de Hesse - Cas- sel (55), qui pensoit, ainsi que Sénèque, que les comètes bril- loient d’une lumière qui leur étoit propre, a -cru que la queue étoit une dépendance de la comète, qu’elle en formoit une partie ‘intégrante sous la même figure allongée depuis son origine, mais plus ou moins visible, suivant les circonstances, et enfin que cette queue étoit lumineuse par elle-même comme la comètes mais alors, comment se pourroit-il faire que tant de comètes si différentes entre elles par leur grandeur, par leur position dans l’espace , par la direction souvent opposée de leurs mou- vemens autour du soleil et par leurs vitesses, pussent toujours se ressembler en ce point, que leurs queues sont toujours di- rigées à l'opposite du soleil, ou se détournent très-peu de cette direction? Pourquoi ces queues, si elles existent toujours, ne commencent-elles à paroître qu’à l'approche du passage des co- mètes par le périhélie, et deviennent plus grandes et plus bril- lantes un peu après ce passage que dans le reste de leur cours? Toutes ces apparences sont absolument inexplicables dans l'hy- pothèse que la queue est une partie intégrante de la comète, qui lui adhère sous cette forme allongée depuis son origine, et que cetle queue, ainsi que la comète, brillent d'une lumière qui leur est propre. (La suite au prochain Cahier.) NOTE "à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 NOTE SUR LES GAZ INTESTINAUX DE L'HOMME; Par M. BERGER. M. Macente lut à l’Instut de France, dans le mois de juillet de l’année dernière, 1816, une Note sur les gaz intestinaux de l'homme sain ; 1 la publia dans son entier, à ce qu’il sembleroit, dans la livraison d'août, du Bulletin des Sciences, par la Société Philomatique de Paris, page 129, année 1816. Le but avoué de M. Magendie, en présentant à l’Institut les expériences eudiométriques qu’il fit sur le corps de quatre suppli- ciés, mis à sa disposition peu de temps après leur mort, dans le courant de l’année 1815, « étoit de reprendre un travail fait en 17809, par M. Jurine, de Genève, sur le même objet; travail qui, attendu l’époque où il fut entrepris, ne put être qu'ébauché. » Le travail de M. Jurine, dont M. Magendie veut parler, est un Mémoire couronné en 1789, par la Société royale de Médecine de Paris, en réponse à cette question : « Déterminer quels avan- tages la Médecine peut retirer des découvertes modernes sur l’art de reconnoitre la pureté de l’air, par les différens eudiomètres. » Ce mémoire de M. Jurine n’a jamais été publié dans son entier , ni sous sa forme originale; mais M. Hallé en a donné un extrait fort détaillé, à l’article air de l'Encyclopédie methodique, où sont rapportées la plupart des nombreuses expériences eudiométriques faites par M. Jurine. M. Magendie a eu l'avantage de s’associer à M. Chevreul, pour la partie importante des analyses eudiométriques, dont il a eu l'honneur de rendre compte à l'Académie des Sciences. Ces Mes- sieurs ont recueilli sous le mercure, et séparément, les gaz con- tenus dans les différentes parties du canal intestinal. Ils se sont probablement servis, pour déterminer la quotité du gaz oxigène, et conséquemment celle du gaz azote, de l’eudiomètre de Folta; c’est-à-dire qu'ils auront enflammé, par l’éüncelle électrique, un Tome LXXXIFY,. MARS an 1817. Bb 190° JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mélange des gaz intestinaux à analyser et de gaz hydrogène. Ils ont ensuite distingué de l'air inflammable, dont M. Jurine avoit constaté la présence, l'hydrogène pur, d'avec l'hydrogène car- boné, l'hydrogène sulfuré et l'hydrogène percarboné; mais à l'exception de l’antépénultième de ces gaz, ils n’ont apercu que des traces seulement des deux derniers gaz, dans trois des quatre corps de supplieiés qui ont fait le sujet de leurs recherches: M. Jurine recueilloit sous l'eau, les différens gaz qu’il analysoit, en sorte que la quantité proportionnelle de gaz acide carbonique qu'il a déterminée dans ses expériences, a dù être estimée plus foible qu’elle ne l’étoit réellement; néanmoins, celte quotité s'est trouvée, à l’occasion des gaz de l'estomac dans un cadavre, de six centièmes plus forte que M. Magendie ne l'a rencontrée, dans la seule expérience qu’il ait faite à ce sujet ; ce qui prouve d'abord que ce gaz au moins: peut exister dans Festomac, dans des proportions assez différentes. M. Jurine se servoit de l’eudiomètreà air nitreux dit de Fontana, pour déterminer la quotité du gaz oxigène; l'instrument qu'il employoit, et qu’il possède encore , a toujours été le seul dont il ait fait usage; il secouoit le mélange des gaz un même nombre de fois, en sorte qu'il a dû dissoudre dans l’eau un peu de gaz nitreux qu'il employoit; mais, comme chaque fois qu'il analysoit des gaz retirés du corps humain, il analysoit aussi l'air atmosphé- rique avec le même gaz nitreux et d’après le même procédé, il s'ensuit que toutes les expériences qu'il a faites sont compa- rables entre elles: M. Jurine n’a point déterminé les différentes espèces de gaz hydrogène, ni même la quotité de l'air inflam- mable dans le mélange des gaz; il n’a fait que s’assurer de l’exis- tence de cet air: inflammable. Il est à remarquer que, malgré la supériorité des moyens eudio- métriques employes par MM. Chevreul et Magendie, en 1816; sur Ceux qu'avoit à sa disposition M. Jurine, en 1789, M. Ma- gendie n’a tout au plus complété, par ses quatre expériences, que ce qui étoit relatif à l'examen des gaz intestinaux chez l’homme mort : M. Jurine n'ayant fait qu’une seule expérience de ce genre, sur un fou ägé de 56 ans, trouvé mort de froid le matin dans sa loge, et ouvert aussitôt; car les expériences nombreuses en- treprises par M. Jurine, sur la nature des gaz rendus par lanus et par la bouche, chez l’homme vivant, restent encore à l'heure qu'il est, et'autant que nous sachions, un sujet neuf. La dificulté d'obtenir les vents rendus par l'anus, ailleurs que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 10T ‘dans le bain, où dans un large baquet, avoit en quelque sorte forcé M. Jurine à recueillir les gaz sous l’eau plutôt que sous Île mercure, et l'avoit empéché, contre son gré, ainsi qu'il est dit dans la copie manuscrite de son Mémoire, de connoître la quan- tité d'acide crayeux qu'ils pouvoient contenir. Quant aux gaz rendus par la bouche, M. Jurine observe qu'il est bien difficile qu'ils ne soient plus ou moins mélangés avec l'air qui sort des poumons; les gaz rotés remontent, il est vrai, l’œsophage assez rapidement, mais leur force s'éteint au moment où ils arrivent dans les fosses gutturales et nasales; en sorte que leur transmis- sion hors de la bouche ne se fait guère qu’à l’aide d'une expira- tion thorachique. M. Magendie, tout en reconnoissant « que ses résultats s’ac- cordent assez bien avec ceux: qu'avoit obtenus M. Jurine, rela- tivement à la nature des gaz », le critique au sujet de ce qu il avoit dit dans son Mémoire sur la proportion de l'acide car- bonique, qui, selon lui, « alloit décroissant depuis l’estomac jusqu’au rectum. » M. Jurine tiroit sans doute ce résultat de ses propres expériences, lequel peut être modifié, mais non point infirmé par les quatre expériences qu'a faites M. Magendie. Il sembleroit douteux, même en multipliant les essais de ce genre beaucoup plus qu’on ne l’a fait, qu’on arrivât facilement à assi- ner des proportions fixes aux différens gaz qui occupent le tube intestinal. M. Magendie auroit pu s’en convaincre lui-même, en voyant d’après ses propres expériences , que la quotité du gaz acide carbonique a varié dans les intestins grèles, comme -£ à 45; et, dans les gros intestins, comme 22 à =; l'hydrogène pur , comme 55 à -# dans les intestins grèles; et comme ;7- à -?- dans les gros intestins; en sorte que, sur ce dernier point, M. Jurine n’avoit pas grand tort, lorsqu'il annoncoïit dans son Mémoire, « qu'en général les gros intestins contenoient moins d’air in- flammable que les intestins grèles. » L’hydrogène carboné, tou- jours d’après les expériences de M. Magendie , a varié dans les gros intestins comme -; à =; enfin, Ye gaz azote comme € à 2 dans les intestins grèles, et comme 5 à dans les gros intestins. Il seroit possible que les vents bruyans (bombos) et le plus souvent inodores, que rendent en général , par l'anus, les sujets mélancoliques et les hypochondriaques, continssent, sous l'in- fluence nerveuse où ils vivent malheureusement, une proportion plus forte de gaz hydrogène; peut-être pourroit-on dire qu'il en Bb 2 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE est des vents que lächent ces personnes, tout comme des urines qu’elles rendent; en sorte que si l’on distinguë celles-ci suivant qu'elles sont crues ou colorées, on pourroit de même distinguer les vents rendus par l'anus, suivant qu’ils ont ou non de l'odeur? Mais à moins qu'une personne passät une partie de sa vie dans le bain , à recueillir et à analyser ses gaz intestinaux, comme Sane- torius passa dans un autre but une assez grande partie de la sienne sur le bassin d’une balance, il semble dificile, nous le répétons, d'arriver à des proportions bien définies relativement aux diffé rens gaz intestinaux. Le gaz oxigène paroit être celui dont les proportions varient le moins; les intestins grèles et les gros intes- tins semblent n’en contenir que très-peu, ou point du tout. Genève, 5 mars 1817. J.F. BERGER, D. M. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 193 LETTRE DE M. DE NÉLIS A J.-C. DELAMÉTHERIE, SUR L’ÉLECTRICITÉ: Monsieur , JE viens de faire, il y a quelques jours, une expérience qui prouve évidemment que l'attraction de M. Lugt est la seule qui agit dans toutes les expériences électriques. La voici : : Placez devant le conducteur d’un appareil non isolé, dont la table et les soutiens du disque sont en bois, un excitateur qui repose sur une lame de plomb laminé , que vous recourbez contre le bord de la table. Placez en dessous, sur un isoloir, une bou- teille d'environ un pied d’armure, dont le bouton de la tige se présente précisément devant le bord garni par la lame de plomb, à la distance d'environ une demi-ligne. Portez un fil métallique atlaché ,:comme dans mon expérience, page 407, paragraphe der- nier du Journal de mai 1816, d'un côte à la plaque de cuivre du coussin inférieur, et de l’autre contre l’armure extérieure de la bouteille. Après avoir trouvé la distance propre à obtenir les plus fortes étincelles, vous verrez, à chaque départ entre les deux boutons du conducteur et de l’excitateur, un jet électrique qui, malgré le non isolement de l’excitateur, est attiré par altrac- tion du disque à travers le verre armé de la bouteille, comme l'est, dans l'expérience citée , le même fluide. La bouteille après avoir recu un certain nombre de ces élin- celles est assez fortement chargée pour faire sentir la secousse, lorsqu'on porte les deux mains sur les armures, Jusqu'ici je n’ai fait ces expériences que pendant l'humidité de l'atmosphère; je n'en puis déterminer par Conséquent la force : d’ailleurs, je crois qu’elle augmente en raison de la grandeur du disque. J'ai observé qu’en placant la bouteille en communication avec le plancher, au moyen d'une bande métallique , le premier isolé ment ne rend pas la charge plus forte; donc le cercle que par= 194 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE court le fluide pour se porter vers le disque, est ici vraiment “électif, et le bois de la table est moins bon conducteur qu'un cercle composé de métal interrompu, premièrement par une demi-ligne d’air, et ensuite par l'épaisseur du verre armé, qui tous les deux sont des substances idio-électriques. Je me suis apercu également qu’en fixant une aiguille d'acier contre le bouton, on en peut éloigner la pointe de la lame de plomb placée sur la table qui recoit les étincelles à plus d’une ligne. Une remarque constante, c’est que cette attraction élective à des bornes; car après un Certain nombre d'’étincelles, l’on voit que leur intensité diminue, et à la fin il n’en paroït que toutes es troïs ou quatre secondes : sans doute pour réparer les pertes du verre que l'air ambiant lui cause. Comme l’humidité de l'atmosphère a empéché la continua- tion de mes recherches électriques, je n’ai point pu achever le précis de mes expériences. J’ose me flatter, Monsieur, que vous voudrez bien me conserver une place dans un de vos cahiers prochains, et qu’en attendant vous publierez cette lettre, pour que vos abonnés qui s'occupent de recherches électriques, puissent les répéter. Je crois que ces faits les convaincront de l’analogie de lélectricité développée par friction avec celle que le contact et l'action de plusieurs ‘substances humides sur les métaux produisent, Il me reste à vous entretenir d’un autre objet, qui est beau- coup plus important, ce me semble , c’est celui de la découverte des paratonnerres, que l’on doit à l'immortel Francklin, et que depuis quelques années l’on veut faire passer pour nuisibles, sous prétexte qu'ils soutirent le fluide électrique de l'atmosphère. Il régna, il y a quelques années, une grande sécheresse; les ga- zeltes étoient remplies de recherches sur les causes auxquelles elle étoit due; la principale étoit, dit-on, les paratonnerres; celte .année les pluies continuelles leur sont attribuées de nouveau. Voilà des faits qui paroïssent pourtant absolument contra- dictoires; permettez que je réserve mes réflexions pour mon Mémoire ; je me bornerai aujourd'hui à ne parler que de leur utilité pour la conservation de nos bâtimens, et surtout de tous ceux qui s’y trouvent à l'abri des orages lorsqu'ils sont préservés par ces paratonnerres. Il y a environ 25 ans que je dus la con- servation de ma famille à une continuité métallique , interrompue ET D'HISTOIRE NATURELLE. r0ù Pourtant dans trois endroits, que la foudre suivit après avoir abattu une cheminée ; évènement qui me fit placer un conducteur, non-seulement sur la maison de campagne où il eut lieu, mais sur celle de la ville. Depuis ce temps il n’y eut qu'un seul orage , qui m'a paru avoir agi sur la pointe du dernier conducteur. Aucun bâtiment dans les rues environnantes n’a essuyé des dégâts, tandis que la tour d’une église à la distance d'environ 5 minutes de marche, fut frappée deux fois ; et la petite tour de la cathédrale, non éloignée de la première, recut ensuite de grands dommages ; preuve évidente que les conducteurs ne nuisent pas aux ha- bitations voisines, et n’étendent que dans un pelit rayon leur action dans l'atmosphère. C’est plutôt à la grande destruction des arbres de haute-futaie pendant vingt-cinq anuéès de guerre, que le changement dans la température de l'Europe pourroit ètre attribuée. Je me souviens d’avoir lu un Voyage en Crimée, où l’auteur rapporte à cette cause, que celle de ce pays est tout-à-fait changée depuis qu’il appartient à la Russie, qui a cherché à rendre celte contrée à la culture , en défrichant ses vastes orèts. } Pour prouver par des faits récens l'utilité de ces conducteurs, jai prié M. Stoffels de vouloir me procurer le détail de quatre actions électriques qui ont agi depuis 1809 jusqu'au commen- cement de cette année, sur le clocher de l’église de la ville de Tongres. Il en écrivit à M. Rubens, qui eut soin de faire placer en 1813 un paratonnerre sur ce clocher, pour éviter de nouveaux désastres à cette église. Voici l'extrait de sa réponse : « Le 21 février 1809, à midi et demi, la foudre tomba sur » la croix, suivit le fer jusque dans la flèche, y mit le feu, » qu'on eut le bonheur d’éteindre. » Le 25 juillet de la même année, à deux heures trois quarts » après midi, elle tomba sur la mème croix, suivit la même » direction, brisa la flèche sans y mettre le feu. » Le 8 mai 18r1, à quatre heures après midi, la foudre s’y » porta de méme, suivant toujours la mème direction, brisa » de nouveau la boiserie de la flèche , entièrement racommodée , » sans l’incendier. » Voyant par ces trois évènemens à quel danger ses administrés étoient exposés, M. Rubens; comme maire de la ville, prit la sage résolution d'y faire placer un paratonnerre. Aucun évè- uement n'eut plus lieu jusqu’au 17 février 1816, que plusieurs 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pérsonnes ont vu tomber la foudre sur le conducteur, entre autres la sentinelle de la garde , qui n’étoit qu’à cinquanté pas de la tour. Cet homme en fut tellement affecté, qu'il tomba en foiblesse , croyant que la foudre l'avoit frappé. Après la détonnation , plusieurs personnés virent pendant quel- ques secondes une grande clarté électrique, qui environnoit la tour. Les évenemens précédens leur firént craindre un nouvel in- cendie; on sonna le tocsin; mais l’on ne trouva aucune trace de la foudre, qui avoit suivi le conducteur métallique jusqu’au sol, avec lequel la communication étoit établie par un égout. La lumière électrique que l’on apercut mérite l’attention des phy- siciens. Il y a peu d'années, qu'un militaire logé chez: moi, en revenant la nuit après un orage, raconta le lendemain qu'il avoit vu la pointe de mon conducteur jaillissant de la lumière. Je réserve quelques réflexions sur ces faits, lorsque je donnerai dans mon Précis le détail du cours qu'a suivi la foudre pour se jeter d’une cheminée par les ancres, le plomb d’une gout- tère, son conduit, dans l’eau de l’étang qui entoure ma campagne. SECONDE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 SECONDE LETTRE DE M. DUHÉRISSIER DE GERVILLE, A M. DE FRANCE, SUR LES COQUILLES FOSSILES. Valognes, 1°° juin 1816. Monsieur Je vous ai promis de nouveaux détails sur les fossiles du Cotentin, je vais essayer de remplir mon engagement. Si près de mille espèces ajoutées depuis deux ans au Catalogue de ce petit pays lui donnent un des premiers droits à l'attention des obser- vateurs éclairés, la grande diversité des bancs où jeles ai trouvées n'est peut-être pas moins curieuse. La facilité des recherches, la certitude d’une récolte immense d'objets dont plusieurs centaines étoient inconnues, l'espoir de faire faire un pas important à une science si peu avancée, vous engageront peut-être enfin à examiner un pays si peu connu et qui mérite tant de l’étre. Dans la première lettre que je vous écrivis il y a deux ans{r), je vous indiquai les localités que je connoissois alors, et, autant que je le pus, les genres de fossiles quej'y avais découverts. Je vais vous faire part de ce que j'ai observé depuis ce temps, relativement au gissement des bancs. A l’énumération des genres de fossiles, j'ajou- terai le nom des espèces communes à mon pays avec quelques parties de la France et de l'Angleterre, dont les fossiles ont été décrits par MM. Brander, Sowerby et Lamarck, ou figurés dans l'Encyclopédie. La connaissance de ces espèces, due en grande partie aux lumières que vous m'avez données, pourra vous servir à faire quelques rapprochemens entre les bancs décrits par ces auteurs et ceux du Cotentin. Peut-être y trouverai-je aussi mon (2) Journal de Physique, tome LXXIX, pag. 16. Tome LXXXIV. MARS 1817. Cc 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avantage , parce qu'en désignant, par exemple, quels fossiles des environs de Paris, que je trouve ici, vous serez à portée de savoir ceux que je n'ai pas, el ce sera une nouvelle manière de mettre votre obligeance à contribution. Je continuerai à me servir, pour désigner chaque banc, des lettres de l'alphabet que j'ai employées dans mon autre Notice, Tout changement à cet égard, quoiqu'il pût être utile d’ailleurs, eauseroit trop de confusion entre les envois que je vous ai faits et ceux que je vous ferai. D’un autre côté, je crois devoir suivre, pour le classement des banes, un ordre mieux adapté à leur na- ture. Je commencerai par les falunières et par le tuf, qui a avec elles beaucoup de rapports. Je passerai du calcaire mi-partie de grossier et de compacte, au calcaire tout-à-fait compacte; et je finirai par le schiste, le grès, et les pierres non calcaires. Cet arrangement, bien plus naturel, n’aura d’autre inconvénient que celui de déranger un peu l'ordre alphabétique de mes étiquettes. Les falunières où carrières contenant du sable coquillier, en fournissent trois espèces très-distinctes par la qualité du sable qu'on en tire et par celle des fossiles qui y fourmillent. La pre- mière ( celle qui a le plus d'aflinité avec le dépôt de Grignon) est infiniment plus riche qué les deux autres. Les cérites y do- minent; le sable en est très-doux, bien plus fin que celui des autres espèces ; les fossiles y sont parfaitement libres. Hauteville, entre Valognes et Saint-Sauveur, est à peu près le centre de ce banc, ou de cette suite de dépôts qui commencent à Nehou et finissent à Gourbeville. Une couleur blanchätre les distingue fa- cilement des espèces suivantes. La seconde espèce est plus jaunâtre ; le sable en est plus siliceux, plus propre aux ouvrages de maçonnerie, et à sabler les allées. Au lieu de fossiles libres, on n'y voit généralement que des noyaux dont quelques-uns appartiennent aux coquilles de l'espèce précédente; mais le plus souvent ses fossiles lui sont propres. Des acardes, des glossopêtres, des anomies et des oursins en font la plus grande partie. Ce banc est souvent en point de contact avec le précédent, mais ils ne sont jamais mélés ensemble. C'est, je crois, le plus étendu. Une carrière située à Rauville-la-Place, à peu de distance au nord-est de Saint-Sauveur sur Douve, est, jusqu'à présent, le seul dépôt connu de la troisième espèce, Le sable en est brun, et sa couleur diffère peu de celle de la couche de terre qui le couvre. Les balanes, les Bssurelles, lés ossemens roulés ÿ sont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 199 en abondance ; mais les huitres, à cause de leur grosseur, y par- roissent les plus communes. Ces trois espèces de falun servent à fertiliser les terres. Le niveau est à peu près le même pour toutes, environ 60 mètres au-dessus de celui de la mer. Quoique réellement distinctes, je n’en ferai que des variétés : une classification rigoureuse déran- geroit par trop l’ordre des numéros établi jusqu’à ce jour parmi près de mille espèces de fossiles. (Signes pour la rareté des espèces. C. commune, R. rare, P.C. peu com- mune.) CATALOGUE A. PREMIÈRE VARIÉTÉ. Genres. Espèces\ Noms de celles que je connois. EE - = — Acarde, 3 Ampullaire , 14 | Depressa C., crassatina R., epiglot- tina C., spirata C., sigaretina R., acu- minata R., patula P.C. (Lamarck). Ancille, 4 | Buccinoïdes C., canalifera C., olivula R., Sowerby, pl. 99; Lower, fig. Anomie, 2 Arche, 12 | AngustaC.,deltoidesR.,interruptaC., . quadrilatera C., scapulinaR. (Lam.) Avicule, 2 Auricule, 9 | AciculaR., sulcataR.,terebellataR., ringens C. (Lam.) Buccin, 5 | UndatumR. (Linné), stromboïdesR., terebrale C. (Lam.) Bulime, 3 7 Bulle, 5 : Cylindrica (Lam.) Calyptrée, 4 | Crepidularis P.C., trochiformis R. (Lam.) Chame, 9 | Lamellosa C. (Lam.) Cancellaire, 5 | Costulata R. Cardite, 5 | Avicularis C., aspera C. Cardium, 17 | Calcidrapoïdes C., lima R. (Lam.) Casque, 5 | Cancellata R., carinata R., harpa R. ‘| (Lam.) Cérite, 103 | Clavus R., cristatum R., hexagonum R., giganteum C., umbilicatum R., 207 | Cc 2 200 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE Genres Noms de celles que je connois. Glossopètre, I nudum C., plicatum R.,perversum . G.,mutabile R.,perforatum R., sena- tum C., subulatum C., substriatum R., interruptum R., semigranosum C., unisulcatum C. (Lam.) tus C., ficulneus R., bulbiformis R., intortus C. , longævus R., noæ P.C, Boon Ge, plicatus &: poligonus C. (Lam.) Voyez Brander Hanton, pl. 1x, fig. 113, 114, 110. . Espèces. 207 Chiton , 2 | Grinnionnense R. (Lam.) Cône, 6 | Deperditus C., stromboïdesC. (Lam.) Corbule, 7 | Gallica C. (Lam.), et une autre petite espèce marine qui se trouve sur nos . côtes. Colombelle, I Crassatelle, 8 | Gibbosa C., lamellosa C., triangularis R., tumida C. (Lam.) Crépidule, I Cucullée, ( 1 | Crassatina R. (Lam.) Cyclade, 2 . | Cypræa, 3 | Tumida R. (Lam.) Cythérée, 7 | Deltoïdes P.C., elegans C., tellinaria | R., nitidula C. (Lam.) Dauphinule, 15 | Calcar C., conica C., marginata C., striata C. Discorbe , 2 Donace, 4 | Lunulata R., tellmella C. (Lam) Dentale, 4 | Entalis, decemangulatum C. (Linn.) Emarginule 3 | Costata P.C. (Lam.) Encrinite, 1 Erycine, 1 Fasciolaire, I Fissurelle, 3 | Labiata C. (Lam.) Fistulane, 2 Fungite, 3 Fuseau, 49 | Acicularis C., abbreviatus C., alliga- [554 | Genres. — Harpe, Hélicine, Isocarde, Lenticuline, Lime, Lucine, Mactre, Madrépore (Linn. y, 1 Marginelle Mélanie, $ Milliole, £T D'HISTOIRE NÂTURELLE. Espèces. 33 Millepore (Lion », ra Mitre, Modiole:; Murex, Natice, Nérite, Nucule, Mummulite , Olye, Orbitolite, Ostrea, Patelle, Peigne , Perne, Pholade, Pianorbe, Pleurotome, om OR ONE À Oro D 1 ‘207 Noms de celles que je aonmois. Dubia P.C: (Lam.) Spathulata C. (Lam.) Concentrica C.,albellaR., circinnaria C;, lamellosa C., semisulcata R: (Lam.) . Eburnea C., ovulata C.(Lam.) Cochlearella R., costellata C., mar- ginata, nitida ? (Lam.) Cancellina R., citharella C., crebri- costa C., graniformis C. ,elongataR., monodonta C. , marginata C.,mixta C , mutica C., Taricosta C:, terebel- lum C. (Lam) NodulariaC. , tripterus C., contabu- latus C.? (Lam. ) Labellata G, (Lam.) Maïmaria R., tricarinata R. (Lam. 4 Margaritacea C., deltoïdesR. (Lam) Lævigata C. , Scabra C. Ed Mitreola Ci (Lam ) Plana C., concava P.C. (Lam. }roùV Deltoïdes R. (Liam.) Cornuoæpiee C:, elongata C., spiriz rostris C. (Lai), vulgata? (Linn.) Plebeius C.;,-infumatus C. (Iarn.) Clavicularis C., filosa C.; furcata R., 202 «Genres. Phasianelle, Plicatule, Pourpre, Pyrule, Rériuline, Rostellaire, Rotalie, Sidérolite, Solaire (cadran), Solen, Spirorbe Spondite, Strombe:, Tellime, Terebelle , Térébra, Terebratula, Térédo, Trigonie, Troque, Turbo, Turritelle, Vénéricard, Vénus, Volvaire, Volute, Vermiculaire , Cancrolites , Total:s5h, JOURNAL DE PHYSIQUE, DE GHIMIE Espèces! Noms de celles que je connois. 576 | marginataC., multinoda C.,turrella | R., undata C. (Lam.) 4 | Turbinoïdes C. (Lam.) 1 x°| Lapillus R! (Linn.?) 2 2/1Opercularis C. 1 | Fissurella R. 3 . 1 ni g L 9 | Cänaliculatum C., disjunctum C., bi- fronsC., cornu ammonis R.., datella- tumk., appendiculatum P.C. (Lam.) 3 LE 4 1 5 1 15 | Donacualis R. 3 | Convolutum C. 1 8 | Encyclopédie, pl. 159, fig. 6. ; f 2 É 15 | Crenularis C. | À 26 | Helicinoïdes G. (Lam.) 10 | Unisulcata C., imbricataria C., sul- cata R. (Lam.) Imbricata C., squamosa C. (Lam.) Mutabilis C. (Lam.) 6 : 5 I 13 | Harpa R., muricina R., costaria P.C, (Lam.) 10 5 734 . ‘Environ 28 noyaux ou fragmens dont le genre m’est inconnu. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 203 Les espèces suivantes de Brander, se trouvent avec celles De je viens de donner la liste, PBivalves. ® Univalves. Trochus apertus, spl 1, fig. ret2; opercularis, fig 3 Turbo, fig. 7, 8; dentalium > fig. 9, Chama squamosa, fig. 86. Tellina sulcata, 80; venus sal lina, 90, 94; venus rotun- data 91, 93. TO, T1 ; Serpula, fig. 12. Cardium porulosum , 90. Murex argutus, fig. 13; , — conoïdes , Arca lactea, 106; ostrea re-| fig. 17; © voluta perita, fig. 23:co- condita, 107. nus dormitor, fig. 24. Murex priscus, fig. 25, 44; bulla s0- Dentes squat 113,114,119.| pita, fig. 29 Mürex, fig. %a, 33, 54, 56, 40, 41, 46, 93. Turbo terebra, 47; editus, 48; buc- cinum, pl. 1v, fig. 56. Hélix fig. 58 , 59, Go: strombus, 65, 66, 67, 68. |Murex, 70,77; 78370; 80, 37,815823 CATALOGUE DES FOSSILES DE LA II: VARIÉTÉ A, Genres. Espèces. Noms de celles que je connois. Acarde, Anomie, Arche, Chame, Cardite, | Cérite ; Cariophyllie, Glossopètres, Lime, Madrépore, Millepore, Modiole, Natice, D ne | Brander Hanton, fig. Nat 114, 115, OM MÈRE ON mi JR 4 1m ND D O1 | | | À vf © 204 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Genres. Espèces] . Noms de celles que je connois: 29 ; & Orbitolites , | 2 | Les mêmes que celles de la première Patelle, sf rraméte. D nf Spondile, 2 Térébratule, 3 Turritelle, | I Vermiculite , u : Vaulselle, 2 Espèces incertaines ,|: 25 métab) el 67 | AS t CATALOGUE A. TRotsiÈME VARIÉTÉ. j à : Genres. Trspéces| Noms de celles que je connois. LS A A | ie À! PSN 11 2 18! Anomie, I Balane, 3 Chame, . 2 Crapaudme, 1 Cythérée, I Fissurelle, \ 1 Glossopétre, 1 Lime, I Madrépore (Linn.), 3 Ostréa, 3 Osteolite, QT Peigne, 4 | Plebeius (Lam.) Petoncle, 1 Térébratule, 2 | Encyclopédie, pl. 239, fig. 5, co- ; quille entièrement libre. Vénus, ï Inconnues , 23 | Aucunes univalves spirivalves. Honl%"; oo 70) Total des espèces trouvées dans les falunières, 850. Carrières de Tuf. Le tuf du Cotentin paroît être du falun grossièrement pétrifié ; mais si l’on en juge par les fossiles qu’il contient, il offriroit peu d'analogie = ET D'HISTOIRE NATURELLE. 205 d'analogie avec les bancs dont je viens de parler. Quoiqu'on y trouve beaucoup de coquilles et de polypiers, je n'y ai remarqué aucune des espèces qu'on voit dans nos falunières. Au surplus, comme les carrières de tuf ont à peine été exploitées depuis deux ans, je n'ai pas été beaucoup à portée de faire de nouvelles ob- servations sur cette pierre curieuse, et qu# contient probablement plusieurs centaines d'espèces presque toutes étrangères aux autres bancs du Cotentin. Je ne puis encore cette fois eu faire le cata- logue; les espèces de fossiles y sont fort petites ; les polypiers, les arches, les cérites, les turritelles, les limes, les peignes y sont en grand nombre. Une des plus grandes coquilles que j'y aie trouvées, est un turbo reritoides (Linné) de grandeur naturelle, Ce banc, assez étendu, est marqué sur la carte entre Carentan et Penen. Le tuf se trouve aussi au bord de quelques marais dans le canton de Sainte-Mère-Eglise, et probablement dans beaucoup d’autres endroits de la presqu'ile, puisque les sarcophäges de celte pierre y sont communs sur presque tous les points; mais depuis qu’on a cessé de l’employer à cet usage, le tuf a été re- gardé comme inutile partout où l'on trouvoit d’autres pierres; et les carrières des environs de Carentan n’ont continué à être exploitées que parce que le pays où elles sont n'offre aucune autre espèce de pierres. Banc H, ou des Baculites Les quatre bancs dont j'ai parlé sont formés de sable ou d’une pierre calcaire très-grossiere. Les bancs H et D sont, pour ainsi dire, mi-partie de calcaire compacte et de calcaire grossier. Le calcaire grossiér fournit le plus grand nombre de fossiles; l’autre en offre beaucoup moins; mais les espèces sont à peu près les mêmes dans tous les deux. ù Le banc H est le seul qui contienne des baculites; elles y sont très-communes ; il est curieux sous beaucoup de rapports; il est riche en fossiles, les espèces y sont très-variées; elles sont pres- que toutes nouvelles. Les fossiles y sont rarement libres; mais les noyaux y sont accompagnés d’une circonstance qui indique assez communément à quel genre ils ont appartenu, quoique gé- néralement privés de leur test; leur empreinte en retrace tous les traits et jusqu'aux stries les plus déliées. L'inspection attentive de leur gite m'a fait souvent y reconnoitre des espèces dont le noyau seul pouvoit à peine me faire soupconner le genre. . Le Catalogue de ce banc présentera beaucoup plus d’espèces Tome LXXXIV. MARS an 1817. ; Dd 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE incertaines que celui des autres, tant il y a de choses nouvelles et singulières. | CATALOGUE H. Genres. Espèces. Noms de celles que je connoïs. Ammonile, Ampullaire , Arche, Baculite, Bélemnite, Bucarde, Came, Cérite, Cranie, Dentale, Dicérate, Fungite, Fuseau, Lime, Madrépore (Limn.), Fistulane, Nautile, Mye, Huiître, Oursin, Patelle, Peigne, Pétoncle, Pinne, Placune, Plicatule, Spondile, T'érébratule, TFrigonie, Troque, Vermiculite, Glossopétre, Crapaudine, Incertaines , Total....,,,..} 178 Toutes particulières à ce banc. OR Vertébrée de Faujas. C. Sowerby, pl. 56, toutes les figures. 4 Vestiarius (Gmeliu). m D D OR D D D em DE D CTOTD D MO D O1 D = D Om D Om OUR (o] ET D'HISTOIRE NATURELLE. 207 De nouvelles carrières de pierres de ce banc ont été ouvertes cette année dans la commune de Biniville, sur la grande route de Valognes à Saint-Sauveur-le-Vicomte, et dans celle de Picau- ville, à peu de distance au levant de l'Eglise. À peu de distance de là, vers le nord, et auprès de l’église de Campigny, j'ai trouvé le banc H, celui B, et celui C en point de contact, mais sans mélange de productions, ni même super- position de couches. Banc D. . Les oolites se trouvent constamment dans ce banc; ils y sont en si grande abondance, qu'ils en décelent au premier coup-d'œil les productions. En outre des paroisses de Vaucelles, Monceaux, Sully et Magny, que je vous avois indiquées dans mon autre lettre, je crois pouvoir y ajouter à peu près toute la banlieue de Bayeux, et tout le terrain compris entre cette ville et Port-en- Bessin. 11 en existe même une carrière considérable à Sainte-Hono- rine-des-Pertes, au nord-ouest de Port, et je suis convaincu qu'il s’en trouvera encore d’autres plus loin de Bayeux, dans la même direction; mais, sur la route de Saint-Lo à Subles, et sur celle de Caen à Vieux-Pont, une veine tout-à-fait différente, et semblable aux bancs B et C du Cotentin, puisqu'elle réunit les bélemnites aux griphites, remplace le banc des oolites sur lequel j'espère obtenir des renseignemens très-détaillés cette année. En atten- dant, je ne balance pas à déclarer qu'il en est peu qui méritent autant d’être étudiés, et qui puissent récompenser plus largement la peine qu’on prendra de l’examiner. J'avois cru que les carrières étendues des environs de Caen, et sur-tout celles qui existent au midi de cette ville, depuis Verson jusqu'à Harecourt étoient du même banc; mais l'absence des oolites et la différence des productions forceront de les en séparer ainsi que celles de Rainville, qui sont encore distinctes des unes et des autres; mais ce travail est réservé aux habitans du Calvados, qui, par un examen journalier, sont à portée de fixer les limites avec une précision qu'on ne peut attendre d’un étranger. Je vais en conséquence continuer à classer, sous la lettre D, les produc- tions ‘fossiles que j'ai trouvées dans le Calvados, et qui n'appar- tiennent pas évidemment aux bancs C ou B; d'énormes nautiles s’y retrouvent en abondance dans toules les carrières, excepté dans celles de Raimville. Nora. Les carrières de Verson, Mullot, Bréteville-la-Pavée fournissent des oolites. Dd 2 208 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE CATALOGUE D. Genres. Espèces. Noms de celles que je connoïs. Ammonile, Alcion, Arche, Belemnite , Bucarde, Cadran, Cérite, Cyclolite, Dauphinule, Entroque, Lime, Madrépore, Millepore, Modiole ou moule, | Mye, ; Nauule, Orthocère, .Oùrsin, Péigne, - Porpite, Telline, T'érébratule ; © D m4 D ID D D OID D nm D Dm Or QD OI 4 Di Encyclopédie, pl. 250, fig. 1,3, 4,55 pl.240,fig.1,3,5;pl.241,fig.2,3, 4, 5; pl. 242, fig. 6; pl. 244, fig. 4; pl. 245, fig. 7; pl. 246, fig. 1. So- werby, table 15, fig. 3, 9; table 853, toutes les figures, 06, toutes; 100, idem; 107, fig.ret2, Troque, 5 | Trigonie, . 2 | Sowerby, table 85. Vénus, 4 | Sowerby, table 20, figures du bas. Vivipara, 3 | Sowerby, table 51, fig. 4, 5,6. Bois et ossemens. 3 Plagiostome (Sowerby), | 2 \ . LA Espèces incertaines,| . 29 ET D'HISTOIRE NATURELLE» s 209 . Banc C. Par les bélemnites, les nautiles et les térébratules, il y a de laflinité entre cé banc et le précédent, surtout pour la partie située entre Caen et Harcourt. Cependant, le banc CG est bien moins riche que celui dont je viens de donner le catalogue. Les carrières de Subles, près Bayeux; celles de Vieux-Pont, sur la route de Caen à Bayeux; celles des environs de Tilly-sur-Seules, et de Longueraye;, ressemblent beaucoup à celles de Bloville par la nature de leur pierre, de leur glaise, et plus encore par le mélange des griphites, avec les bélemnites. La chaux de Subles a beaucoup de rapports aussi avec celle de Bloville ; ce banc, que j'avais cru isolé dans Je nord-est de la presqu'ile du Cotentin, traverse dans une direction nord-est tout le diocèse de Bayeux; c’est peut-être le plus étendu que nous ayons en Basse-Nor- mandie. CATALOGUE C. Genres. Espaces. Noms de celles que je connotis. 7 Armmonite, Avicule, Belemnite, Bucarde , Chame , ” Cancrolite, Donace? Entroque, Huitre, Millepore, Moule, Nautile, Peigne, Placune, Plicatule, Spirorbe , . Térébratule, "12 | Encyclopédie, pl. 230, fig. 1—53; 240; 1 fig. 1; 242, fig. 6; 244, fig. 6. So- werby, pl. 15 et 85, toutes les figures. Lister animal. ang]l., table 7, fig. 31: 3 2 2 1 1 1 2 3 3 I 2 I 3 2 2 E 2 Vénus, 1 Incertaines ; 17 OLA ee | NO 210 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Banc B, ou des Griphites. Ce banc, très-étendu dans le Cotentin, l’est peut-être davan- tage encore dans le Calvados; mais il est généralement plus mêlé de bélemnites. Au reste, ce mélange ne me semble avoir, comme aux fourneaux de Bloville, aucune imfluence sur la nature de la pierre, ni sur celle du terrain, ou de la glaise, ou de la chaux. . En outre des communes du Cotentin que je vous ai indiquées, j'ai découvert que ce banc passoit sous la ville de Carentan, maïs à une plus grande profondeur que dans le canton de Sainte-Mère- Eglise. Il traverse aussi les marais au nord de celle ville, se prolonge dans la commune de Brevant sur le grand Vay, et se retrouve, au delà de ce bras de mer, dans les paroisses de Fon- tenay et Saint- Clément. Je l'ai suivi dans le Calvados jusqu’au château de Juvigny, et je suis convaincu qu'il s’étend bien plus loin daus cette direction. CATALOGUE B. Genres. Espèces.| Noms de celles que je connois, Ammonite, 5 | Sowerby, pl. 93. ï Entroque, 2 | Les mêmes quecelles du Catalogue C. Griphite, 1 | Encyclopédie, pl. 180, fig. Let 2. Lis- ter, anim. angl., table 8, fig. 45. So- werby, pl 112, fig. 1. Lime, 1 Millepore , 1 Moule ou modiole, 3 Mye, 2 Nautile, 1 Peigne, I | Perne, 1 Pinne, 1 Plagiostome, 2 | Gigantea (Sowerby). Serpule, I Spondile, ï T'elline ou mactre? 1 ai Térébratule, | 3 | Encyclopédie, pl. 245, fig. 2,5,4, GET 25 ÈT D'HISTOIRE NATURELLE. 212 Genres. Espèces. Noms de celles que je connois. 25 | Troque, 2 Vénus, 2 Unio? 1 Incertaines, | 15 Total. si 18 Banc G. La ville de Valognes est à peu près le centre de la principale veine de ce banc. Les fossiles en sont nombreux mais peu variés. La veine de Beaute, la plus méridionale, est la seule qui contienne des ammonites. Mes incertitudes, relativement au banc I, ont été augmentées par les découvertes que j'ai faites depuis deux ans. J’ai observé à Yvetot, proche de Valognes, une couche de pierre dont les fossiles ressemblent à ceux du Ham. Cette couche est sous plus de dix autres, bien au-dessous de la grande bande de glaise bleue qui caractérise généralement ce banc; cette glaise ne se trouve as au Ham. En attendant des données plus positives, j'ai marqué a veine du Ham comme le banc G. CATALOGUE G. Genres. Espèces. Noms de celles que je connois: —— _— Ammonite , 1 Au pl. 107, fig. 2. Anomie , 2 | Favagite, I Fuite : 2 Lime? plagiostome?| 1: Moule ou modiole, 3 Peigne, 1 Turritelle, 2 Vénus? unio? 2 Madrépore , 2 Ossemens, 5 Incertaines, 17 1 Total..,..,,...[ 39 D 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Banc F, Marbre. j Si on rassembloit toutes les paroisses du diocèse de Coutances qui fournissent du marbre, elles n’y occuperoïient pas mois d’es- pace que le terrain des griphites. Nos carrières de marbre con- tiennent beaucoup de pierre pesante, ‘et c’est principalement dans les couches de cette espèce qu’on’trouve les fossilés. Le Catalogue des productions de ce banc est bien plus nombreux que celui que je donnuai il y a deux ans; il est pourtant loin d’être assez étendu; chaque voyage fait à Nehou me fait découvrir de nouvelles espèces ; la plupart sont curieuses, très-rares ou tout-à- fait inconnues. CATALOGUE F., 1: Genres. [rspèces| , Noms de celles que je connots., a —— a ‘Ammonite, Astroite, Calcéole;, Caryophyllie, Dicerate, Discolite, Encrie ou entroque, Lime, Moule, Orthocere, Très-rare. ( Striata, uüdulata, breynñ ? circularis (Sowerby.) Peigne, Placune, Serpule , Térébratule, Gb D=QT) Gb MI 4 DER HI Encylopédie, pl.250, fig. 1; 241, fig.5, 43 5; 242, fig. 6; 245, fig.2; 244; ei fig. 5 et 6. Turritelle ? | Trilobite, Tubipore ? | Incertaines , | APOtALMRRENT. L : De tous les bancs calcaires du Cotentin, celui-ci et le précé- dent sembleroient les plus anciens, si l'on pouvoient craire à l'ordre ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 l'ordre chronologique des couches, mais, ce système est loin d’être prouvé. 5 L'un et l’autre se trouvent dans la mer au niveau des eaux les plus basses. Banc E, Pierres non calcaires. Lé hasard seul m'a fait rencontrer des fossiles dans ces pierres. Aucune indication, dans les ouvrages oryctologiques que j'ai lus ne me donnoit l'idée d'y en chercher; je savais bien que quelquefois dans les schistes, et particulièrement dans ceux qui couvrent les veines du charbon de terre, on observoit des em- preinte de végétaux et des térébratules; mais je n’avois lu nulle part que le grès, et surtout le grès quartzeux, contint des fos- siles. Un banc de cette pierre, jusqu'a présent regardée comme primitive, en est rempli, mais les espèces sont peu variées; il commence au bourg: de la Haie-du-Puits, traverse Montgardon et se termine à la mer près du havre de Surville. A l'entrée de la forêt, à une demi-lieue au midi du bourg de Briquebet, se trouve une autre carrière de grès grossier qui con- tient d’autres fossiles dont la plupart se rencontrent aussi dans le marbre. : Un peu plus loin, dans la même direction, sur la conmune des Perques, on trouve quelques térébratules dans le schiste; elles ressemblent à celles Éeures pl. 101 de M: Sowerby, Min. Conchology. e Les fossiles les plus curieux et les plus abondans que j'aie observés dans des terres non calcaires, sont à Breuville, petite paroisse entre Briquebec et Cherbourg, à peu près à moitié chemin. C’est en faisant, il y a trente ans, la grande route, qu'on les découvrit dans des morceaux isolés d’un schiste tendre. Des trilobites, connus en Angléterre sous le nom de dudley fossils, y étoient abondantes; la plupart ont été perdues ou jetées. J'ai eu de la peine à en reconnoître ou recueillir une douzaine d'échantillons, et il y a peu de chances qu'on fasse au même endroit de nouveaux travaux qui donnent l'espoir d'y en découvrir d’autres, Il n’y a point de carrière à exploiter sur les lieux, et il ne reste à l'amateur d’autre espérance que celle d'y voir faire de nouvelles clôtures, ou creuser des fosses à planter des pommiers, J'ai dés raisons de croire qu'on pourroit retrouver les mêmes, ou à peu près les mêmes fossiles dans les,paroisses qui avoisinent Breuville, et surtout dans celle de Couville. jte Tome LXXXIF. MARS an 1817. Ee 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Quoiqu'il y ait peu d’analogie entre les terrains non calcaires: qée je viens de citer, cependant comme chacun d’eux est trop peu considérable par le nombre de fossiles qu'il fournit, comme ils sont encore peu connus, comme il est probable qu'ils le seront. mal d'ici à long-temps, j'en réunis provisoirement les produc- tions à moi connues en un seul catalogue. LL CATALOGUE E. Genres, Espèces. Calcéole, I Entroque , I Polipier , ï Térébratule, 7 Trilobites, 2 Incertaines , 15 Total. :..,.. 27 RÉCAPITULATION. A. ; 1. Jens EU Tue ler RU T IE C7EECER D Ha be UM ES Gr APE È SA UM 140 3.16 RASE RE TES NAT AM) it © ] al eur 10 Monrion, deft Pol de SPRL 2 ere JA ROLE ES RTE le Le til RU SÉnIE Le enter DRARAR sien) 2 AU Lotal:.. MER 427 HnQO Si aux espèces dont je viens de faire l’énuméralion , on ajoute celles (et le nombre en est considérable) qu'on peut trouver dans le tuf; si on observe que mes recherches n'ont lieu que depuis peu d'années, que je les ai faites à peu près seul, que exploitation des carrières ou des marnières du Cotentin est très-peu considérable, on pourra se faire une idée de la richesse en ce genre qu'offre ce pelit pays, et de quelle importance il seroit pour la science qu'il fût examiné par des naturalistes éclairés comme vous. fl y a long-temps que j'en forme le vœu; puisse-t-1l se réaliser! ET D'HISTOIRE NATURELLE. 215 P. S. En relisant cette lettre, je m'apercois que j'oubliois le banc N trouvé entièrement depuis ma première lettre. Ce banc, existant sur un petit espace de terrain, à l'extrémité des arron- dissemens de Coutances et de Valognes, entre les paroisses de Cretteville et Beuzeville en Beautois, est extrêmement riche; un pied cube de pierre y contient souvent plusieurs centaines de coquilles fossiles, presque toutes bivalves; les pierres en sont molles et généralement spathisées; on n’en exploite aucune car- rière. Le hasard seul a fait découvrir celles que je connois; elles viennent presque toutes d’une excavation formée pour abreuver le bétail. Des vénus à peu près semblables à la vénus gallina (Gmelin) y fourmillent; des huitres d’une espèce particulière y sont communes, les autres espèces y sont moins connues; la seule univalve que j'y aie vue est je crois une turritelle, Ce banc mérite d’être étudié avec attention, et paroît fait pour récompenser les peines de ceux qui chercheront à le connoître davantage. J'espère en suivre les fouilles avec une grande exactitude. Il est à peu de distance des bancs G à Cretteville, et B à Beuzeville, Ee 2 216 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » SUITE DES NOUVELLES RECHERCHES > SUR LA FLAMME; Par Sir Humpury DAVY. Extrait des Transactions Philosophiques. Londres, 1817. MÉMOIRE LU DEVANT LA SOCIÉTÉ ROYALE, Le 16 janvier 1817. . . LAON AAAAAANA ANA 400 4 4 472 CHAPITRE QUATRIÈME. Quelques observations générales et conséquences pratiques. LA connaissance du pouvoir réfrigérant des milieux élastiques propres à empêcher l'explosion du gaz inflammable des mines (Jire domp ), m'a conduit à ces recherches pratiques qui ont abouti à la découverte du tissu métallique à l’aide duquel on peut se garantir du danger de la lampe; et les recherches gé- nérales de la relation et de l'étendue de ces pouvoirs, en servant à jeter du jour sur l'opération du treillis métallique, ainsi que des autres tissus ou systèmes d'ouvertures perméables à l’air et à la lumière, dans l'interruption de la flamme, confirment aussi les idées que j'ai originairement données de ces phénomènes. La flamme est une matière gazeuse si hautement chauffée, qu’elle devient lumineuse, et s'élève à un degré de tempéra- ture au-dessus de la chaleur blanche des corps solides, comme le prouve la circonstance que l'air non lumineux lui communiquera ce degré de chaleur (1). Lorsqu'on veut faire passer la flamme à (1)+C’est ce qui est prouvé par la simple expérience de tenir un fil de platine à un vingtième de pouce environ éloigné du milieu de Ja flamme d’une lampe à es- prit, et d’intercepter la flamme par le moyen d’un corps opaque, le fil deviendra d'une chaleur blanche dans un espace où il n’y a pas de lumière apparente. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 travers les mailles les plus étroites d'un tissu métallique à une température ordinaire, le tissu réfroidit chaque portion de la matière élastique qui passe au travers, de manière à réduire sa température au-dessous du degré où elle est lumineuse; et la diminution de température doit être proportionnée à la pelitesse des mailles et de la masse du métal. Le pouvoir d’un tissu métal- lique, ou de tout autre tissu, dépendra de la chaleur requise pour produire la combustion en tant qu'on la compare avec celle acquise par le tissu; et la flamme des substances les plus inflam- mables, comme celles qui donnent le plus de chaleur dans la com- bustion, passera à travers un tissu métallique, qui interceptera la - flamme des substances les moins inflammables, ou de celles qui produisent une chaleur moindre dans la combustion. Ou bien le tissu étant le même, et imperméable à toutes les flammes à des températures ordinaires, les flammes des substances les plus combustibles, et de celles qui produisent le plus de chaleur, pas- seront aisément à travers ce tissu lorsqu'il est échauffé; et chacune passera au travers à un degré de température différent. En un mot, toutes les circonstances qui conviennent à l'effet des mé- langes réfrigérans sur la flamme, s’appliqueront aux surfaces réfrigérantes perforées. Ainsi, la flamme de l'hydrogène phos- phore à des températures ordinaires passera à travers un tissu assez large pour n'être point immédiatement étouflée par l'acide phosphorique formé et le phosphore déposé (1) Un tissu de cent ouvertures, d'un pouce carré, fait d’un fil de Æ, à dés températures ordinaires, interceptera la flamme d’une lampe à esprit, mais non pas celle de l'hydrogène; et, fortement chauffé, il n’interceptera pas plus long-temps la flamme de la lampe à esprit. Un tissu qui n'interceptera pas la flamme de l'hydro- gène chauffé jusqu'au rouge, interceptera toujours celle du gaz huileux; et un tissu échauffé, qui communiqueroit l'explosion d’un mélange de gaz huileux et d’air, arrêtera l'explosion d’un mélange de gaz inflammable des mines eu d'hydrogène carburé. La raison de la combustibilité des différentes matières gazeuses, c'est vraisemblablement qu’elles sont, jusqu’à un certain point, QG) Si un tissu contenant environ 700 ouvertures d’un pouce carré, est main tenu sur la flamme du phosphore ou de l’hydrozène phosphoré, il ne transmet la flamme que lorsqu'il est assez chauffé, pour quele phosphore passe au travers en vapeur. L'hydrogène phosphoré se décompose dans la flamme, et agit exac- tement comme le phosphore. Bb 218 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme Îles masses de la matière échauffée requises pour Îles enflammer (1). Ainsi, un fil de de fer de : de pouce, chauflé jusqu'au rouge cerise, n’enflammera pas le gaz huileux, mais il enflammera le gaz hydrogène; et un fil de fer de 5 de pouce, chauffé au même degré, enflammera le gaz huileux; mais un fil de = de pouce doit être chauffé jusqu’à la blan- cheur pour enflammer l'hydrogène, quoiqu'à une chaleur d'un rouge inférieur, il enflammera le gaz biphosphoré ; mais un fil chauffé même jusqu’à la blancheur, n'enflammera pas des mé- langes de gaz inflammable des mines. . Les circonstances expliqueront pourquoi la maille de fil de fer doit être aussi exiguë pour empêcher l'explosion de l'hydrogène et de l’oxigène; et pourquoi le tissu le plus grossier suflit pour arrêter l'explosion du gaz inflammable des mines, heureusement de tous les gaz inflammables connus le moins combustible. La doctrine générale de l'opération du treillis de fil d’archal ne peut être mieux expliquée que dans ses effets sur la flamme du soufre. Lorsqu'un treillis de six ou sept cents ouvertures, d’un pouce carré, est maintenu sur la flamme, la fumée du soufre condensé passe immédiatement au travers et la flamme est inter- ceptée; la fumée continue pendant quelques instans, mais elle diminue à mesure que la chaleur augmente; et, au moment où elle disparoïit, ce qui a lieu long-temps avant que le treillis devienne rouge de chaleur, la flamme passe, la température à laquelle le soufre brüle étant celle où il est gazeux. Une autre preuve bien simple de la vérité de cette assertion se présente dans l'effet de l’action réfrigérante des surfaces métal- liques sur les flammes extrémement petites. Obtenez la plus petite flamme possible d'un seul fil de coton trempé dans l'huile, et brulant immédiatement sur la surface de l'huile; elle se trouvera avoir -; de pouce environ de diamètre; prenez un filide fer de -;- de pouce, faites-en un cercle de + de pouce de diamètre, I et placez-le,sur la flamme; quoiqu'à cette distance, il éteindra la flamme à l'instant, s’il est froid; mais s'il est maintenu au- (0 I m'a paru , dans ces expériences, que les substances les moins propres à servir de conducteurs et les plus radieuses, vouloient être chauffées à un degré plus élevé, à masses égales, pour produire le même effet sur les gaz. Ainsi le charbon de bois chauffé jusqu'au rouge, a évidemment un pouvoir d’inflam- mation moindre que le fer rouge. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 219 dessus de la flamme, de manière à étre légèrement chauffé, la flamme passera au travers sans s’éteindre. Cet effet dépend entiè- rement du.pouvoir dont le métal est doué, d’abstraire la chaleur de la flamme, comme on peut le voir en placant sur la flamme un anneau de verre capillaire du même diamètre et de la même grosseur ; ce verre étant un mauvais conducteur de la chaleur, même froid, il n’éteindra pas la flamme (1). 1% Supposez ,une flimme divisée par le treillis en flammes plus petites; chacune d’elles s’éteindra en passant par son ouverture, jusqu’à ce que cette ouverture ait atteint une température sufñ- sante pour produire la combustion permanente du mélange qui fait explosion. On peut rendre la flamme du soufre beaucoup plus petite que celle de l'hydrogène ; celle de l'hydrogène plus petite que celle d'une mèche imbibée d'huile; et celle d’une mèche imbibée d'huile, plus petite que celle de l'hydrogène carburé; et un an- neau de fil de fer froid, qui éteint sur-le-champ la flamme de l'hydrogène carburé, ne fait que diminuer légèrement le volume d'une flamme de soufre qui a les mêmes dimensions. Lorsque des courans rapides de mélanges explosifs sont des- tinés à agir sur le tissu de fil d’archal, il est naturel qu'il s’échaufle beaucoup plus promptement ; c’est pourquoi la même maille qui arrête les flammes des mélanges explosifs lorsqu'elles sont en repos, les laissera passer si elles éprouvent un mouvement rapide; mais en augmentant la surface réfrigérante par la diminution du volume, ou bien en augmentant la profondeur de l'ouverture, toutes les flammes, quelque rapide que soit leur mouvement, peuvent être arrêtées. La même loi s'applique exactement aux explosions qui agissent sur les vaisseaux fermés ; de très-petites ouvertures, lorsqu'elles sont en petit nombre, laisseront passer les explosions qui sont interceptées par des ouvertures beaucoup plus larges lorsqu'elles remplissent la surface toute entière. Je pratiquai une petite ouverture au fond d’une lampe garnie d’un (1), Prepez un petit globe de métal de Z de ponce de diamètre, dans lequel vous introduirez le bout d’un fil de fer, approchez-le d'une flamme de -: de pouce de diamètre; étant froid , il l'éteindra à la distance de son propre dia- mètre. Laissez le chaulfer# et la: distance diminuera à celle où il produit l'ex- tinction; à une chaleur blanthe, il n’éteint pas la flamme par le contact actuel , quoiqu'à une chaleur d'un rouge foncé, il produise immédiatement cet effet, 220 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Weillis, dans l'anneau cylindrique qui borde le treillis; cet anneau, quoiqu’ayant moins de -; de pouce de diamètre, passa au-delà de la flamme, et brüla l'atmosphère extérieure par la force de “explosion de la légère couche de mélange-renfermé dans le cy- lindre qui chassoit-la flamme à travers l'ouverture; si tout le pourtour de l'anneau eùt été composé d'ouvertures semblables séparées par des fils de fer, il seroit resté intact. Ces faits et ces observations infiniment simples démontrent d’une manière décisive que l'interruption de la flamme, par des tissus solides permeéables à l'air et à la lumière, ne dépend pas d’une cause occulte ou mystérieuse, mais de leurs pouvoirs réfri- gérans simplement considérés comme tels. Lorsqu'une lumière renfermée dans une cage de fil d’archal, est introduite dans une atmosphère explosive de gaz inflammable des mines, en repos, le maximum de chaleur est bientôt obtenu; le pou- voir radieux du fil d'archal, et l'effet réfrigérant de l'atmosphère, plus eflicace par le mélange d'air inflammable, l'empêche d'arriver à une température égale à celle de la rougeur foncée. Dans les. courans rapides de mélanges explosifs de gaz inflammable des mines qui chauffent le treillis ordinaire à une température plus élevée, le treillis entrelacé, dans lequel la surface radiante est considérablement plus grande et la circulation de l'air moindre, conserve une température égale. Il est vrai que la chaleur com- muniquée au fil de fer par la combustion du gaz inflammable des mines dans les lampes armées de treillis de fer, dépend abso- lument de l’ouvrier, car en diminuant les ouvertures et en aug- mentant la masse du métal ou la surface radieuse, on peut la diminuer jusqu'a un certain point. près J'ai eu, il n’y a pas long-temps, des lampes faites d’un treillis de fils de fer tressés très-épais, de }, de pouce seize fois à la chaîne et trente fois au tissu, el qui étant assujéti par une vis, ne pouvoit pas se déplacer ; sa flexibilité l'empéchoit de se briser, et sa force de s’applatir, à moins d’un très-fort coup. k Dans les lampes ordinaires mêmes, la flexibilité de la matière est d’une grande importance; et je puis citer en preuve un acci- dent terrible qui auroit eu lieu si, dans la construction de la lampe, on avoit employé d'autre matière qu’un treillis de fil d’archal; et ce qui prouve combien il est facile d’appliquer la pratique à celte invention, c'est que depuis dix mois des milliers de mineurs s’en servent dans les mines les plus dangereuses de la Grande-Bretagne, et, pendant tout Ce temps, toutes les fois qu'on en a fait usage, il n’est arrivé aucun accident, tandis que dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 221 dans d’autres mines, beaucoup moins dangereuses, où elle n'a pas encore été adoptée, quelques ouvriers ont perdu la vie et plusieurs ont été brulés (1). Les faits établis dans la deuxième section, expliquent pourquoi on obtient autant de chaleur des* matières combustibles quand elles brülent avec vivacité; et ils prouvent que dans tous les cas, la température des corps agissans doit être maintenue à un degré aussi élevé qu'il est possible, non-seulement parce que l'accrois- sement de chaleur est plus grand, mais aussi parce que c’est le moyen d’empècher les combinaisons qui, à des températures plus basses, ont lieu sans produire une chaleur considérable. Ainsi, dans la lampe d'Argand, dans celle de Liverpool et dans les meilleurs foyers, l'augmeñtation d'effet ne dépend pas sim- plement du courant rapide d’air, mais encore de la chaleur con- servée par l’arrangement des matériaux qui forment la cheminée et qui communiquent aux matières entrant en inflammation. Ces faits expliquent aussi les méthodes à l’aide desquelles on peut augmenter la température et reculer les bornes de certaines méthodes. Les courans de flamme, comme je l'ai démontré dans la dernière section, ne peuvent jamais élever la chaleur des corps qu'on y expose, plus haut qu'à un certain degré, qui est leur température propre. Mais par la compression, point de doute que la chaleur des flammes de simples supports et de matières combustibles ne puisse être considérablement augmentée, proba- blement en raison de leur compression. Dans le chalumeau à mélange d’oxigène et d'hydrogène , le maximum de la température se trouve à l'ouverture d’où les gaz sont dégagés, c’est-à-dire où leur densité est la plus grande. Probablement un degré de tempé- rature bien au-delà de tout autre, précédemment obtenu, peut être produit en chassant la flamme de l’oxigène et de l'hydrogène comprimés dans l’arc de Volta, et en combinant ainsi les deux plus puissans agens pour augmenter la température. Les circonstances rapportées dans ce Mémoire, combinées avec celles mentionnées dans celui sur la flamme, qui a paru dans le Journal des Sciences et des Arts, de M. Brande, expliquent la nature de la lumière des flammes ainsi que leurs formes. Lors- (1) Ces lampes sont applicables à tous les ouvrages où il faut se garantir des explosions ou des inflammations, soit de gaz inflammable des mines, ou de l’hy- drogène carburé, du gaz de charbon, des vapeurs des esprits, ou de celles de J'éther. Par l'introduction des cylindres de verre dans le cylindre de treillis de fil d’archal au-dessus de la flamme, on peut faire la mèche plus grande, et elle brûle d'après le principe de la lampe de Liverpool. Tome LXXXIF. MARS an 1817. Ff ‘ 222 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que, dans les flammes, la matière purement gazeuse brûle, la lumière est très-foible. La densité de da flamme ordinaire est proportionnée à la quantité de charbon de bois solide d’abord déposé étensuite brûlé, La forme dela flamme est conique, parce que la plus grande chaleur réside dans le centre du mélange explosif. En regardant attentivement les flammes, on aperçoit la partie où la matière combustible se volatilise; elle paroît obscure en compa- raison de celle où cette dernière commenee à brüler, et qui se trouve tellement imprégnée d’air, qu’elle devient explosive. La chaleur diminue vers le haut de la flamme, parce que, dans cette partie, la quantité d’oxigène est moindre. Lorsque la mèche s'épaissit par le charbon qu’y s'y ramasse, la radiation réfroidit la flamme et empèche une quantité Convenable d'air de se méler avec sa partie centrale. En conséquence, le charbon chassé du. haut de la flamme rougit seulement, et la plus grande partie s'échappe sans être consumée. L'intensité de la lumière des flammes dans l'atmosphère aug- mente par la condensation et diminue par la rarefactiou; appa= remment dans uné raison plus élevée que leur chaleur. Dans les atmosphères plus denses, il existe plus de particules capables d'émettre la lumière; et cependant la plupart de ces particules, en devenant capables d'émettre la lumière, absorbent la chaleur; ce qui ne peut avoir lieu dans la condensation d’un médium sim plement supportant. Les faits établis dans la première section prouvent que les apparences lumineuses des étoiles volantes et des météores ne peuvent pas être attribuées à aucune inflammalion de fluides élastiques; mais qu’elles dépendent de l'ignition de corps solides. Le D' Halley a calculé la hauteur d’un météore à quatre vingt- dix milles, et le grand météore de l'Amérique, qui lancait des pluies de pierres, fut estimé à soixante-dix milles de haut. La vélocité du mouvement de ces corps doit, dans tous les cas, être immensément grande; et la chaleur produite par la com- pression de l'air, singulièrement raréfiée par la vélocité du mou- vement, doit probablement suflire pour mettre la masse en feu. Tous les phénomènes peuvent s'expliquer en supposant que les étoiles tombantes sont des petits corps solides qui tournent autour de la terre dans des orbites parfaitement excentriques, qui ne prennent feu que lorsqu'elles passent , avec une immense vélocité, à travers les régions supérieures de l'atmosphère; enfin, en supposant que les corps météoriques qui lancent des pierres avec explosion, sont semblables à ceux qui renferment ,une matière soit combustible, soit élastique. À ET D'HISTOIRE NATURELLE. 293 » QUELQUES2NOU VELLES-: EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LA COMBUSTION DES MÉLANGES GAZEUX, etc.; Par SiR HumPHry DAVY. Lu devant la Société royale, le 23 janvier 1817. Dans un Mémoire lu dans les deux dernières séances de la Société royale, j'ai décrit les phénomènes de la combustion lente de l'hydrogène et du gaz huileux sans flamme. J'ai démontré, dans Je même Mémoire, que la température de la flamme est infiniment plus élevée qu'il n’est nécessaire pour l'ignition des corps solides. Aussi m'a-t-il paru probable que, dans certaines combinaisons des corps gazeux, par exemple de ceux précités, l'augmentation de température n’étoit pas suflisante pour rendre les matières gazeuses elles-mêmes lumineuses ; et cependant qu’elles pourroient mettre le feu aux matières solides qui leur étoient soumises. J’ai fait plusieurs expériences sur ce sujet. J'avois projeté d’exposer des fils de métal très-fins à l’oxigène et au gaz huileux, ainsi qu’à l’oxigène et à l'hydrogène pendant leur combinaison lente sous différentes circonstances, lorsque le hasard me conduisit à la connoïssance du fait, et, dans le même temps, à la découverte d’une nouvelle série de phénomènes curieux. Dans le but de faire des expériences sur l'agrandissement de la sphère .de la combustibilité des mélanges gazeux de gaz de charbon et d'air, par l'augmentation de la température, j'intro- duisis une petite lampe garnie d’un treillis de fil d’archal avec quelques fils de platine rés au-dessus de la flamme dans un mélange combustible contenant le maximum de gaz de charbon; et lorsque l’inflammation eut lieu dans le cylindre de treillis, j'y Ff 2 2324 JOURNAL DE PHYSIQUE, DF CHEMIE jetai une plus grande quantité de gaz de charbon, espérant que la chaleur acquise par le gaz mélangé, en passant au travers du treillis, empêcheroit l'excès d’éteindre la flamme. La flamme dura deux ou trois secondes après que le gaz de charbon fut introduit. Lorsqu'elle fut éteinte, la partie du fil de platine qui avoit été la plus échauffée resta en feu, et continua ainsi pendant plusieurs minutes; et quand je l’eus emporté dans un endroit obscur, il parut évidemment qu'il n’y avoit pas de flamme dans le cylindre. Je reconnus aussitôt que c'étoit là le résultat que j'avois espéré d'obtenir par d’autres méthodes, et que l’oxigene et le gaz de charbon, en contact avec le fil de métal chaud, se combinoïent sans flamme, et néamoins produisoïient assez de chalear pour conserver le fil en feu et garder leur propre combustion. Je me suis convaincu de la vérité de cette conclusion, en faisant un mé- lange semblable, en chauffant un fil de plaine et en l’introdui- sant dans le mélange. 11 devint immédiatement en feu à peu près jusqu'à la blancheur, comme s'il eût été lui-même actuel- lement en combustion, et il resté long-temps embrasé. Lors- que fut éteint, l’inflammabilité du mélange se trouva tout-à-fait étruite. Une température beaucoup au-dessous de l'ignition sufit pour produire ce curieux phénomène. J’enlevai le fil de platine et le mis refroidir dans l'atmosphère jusqu’à ce qu'il eût cessé d’être visiblement rouge; et cependant admis de nouveau dans le mé- lange, il devint aussitôt d'une chaleur rouge. J'obtins les mêmes phénomènes avec des mélanges de gaz huileux et d'air, l’oxide carbonique, le gaz prussique et Phy- drogène, et, dans le dernier. cas, avec une rapide production d’eau. J'ai observé que le degré de chaleur devoit étre déterminé par l’épaisseur du fil. Lorsque le fil étoit de la même épaisseur, il devenoit plus embrasé dans l'hydrogène que dans les mélanges de gaz huileux, et plus dans les mélanges du gaz huileux que dans ceux d’oxide gazeux de charbon. Lorsque le fil étoit très-fin, d'environ -: de pouce de dia- mètre, sa chaleur augmentoit dans des matières très-combus- tibles , de manière à leur faire faire explosion. Le même fil dans des mélanges moins combustibles, continua seulement à être d'un rouge brillant ou d'un rouge foncé, suivant la nature du mélange. ET D'HISTOIRE NATURELLE. : 225 Dans les mélanges non explosifs par la flamme renfermée dans de certaines bornes, ces phénomènes intéressans eurent lieu, -soit que l'air ou le gaz inflammable fussent en excès. La mème circonstance survint avec certaines vapeurs inflam- mables. J'ai essayé celles de l'éther, de l’alcool, de l'huile de térébenthine et de la naphte. Le meiïlleur moyen de développer ce fait, c’est de tenter une expérience sur la Yapeur de l'ether ou de alcool, qu’on peut faire en une minute. Jetez une goutte d’éther dans un verre froid, ou bien une goutte d'alcool dans un verre chaud. Faites chauffer quelques morceaux de fils de platine sur une pelle chaude ou à la chandelle, et jetez-les ensuite dans le verre; ils seront en feu dans quelque partie du verre , avec une chaleur presque blanche, et resteront en cet état aussi long-temps qu’il existera dans le verre une quantité suf- fisante de vapeur et d’air. | Lorsque l’expérience sur la combustion lente de l’éther se fait dans l’obseurité, on aperçoit au-dessus du fil une-lumière phosphorescente päle qui est plus apparente lorsque le fil cesse d’être en feu. Cette apparence tient à la formation d'une sub- stance volatile acerbe douée de propriétés acides. Les changemens chimiques généralement produits par une combustion lente, paroissent mériter nos recherches. Un fil de platine introduit dans des circonstances ordinaires dans un mélange de gaz prussique (cyanogène) , et dans l’oxigène en excès, devint enflammé jusqu'à l'excès , et j'observai les vapeurs jaunes de l'acide nitreux dans le mélange. 11 se forma beaucoup d'oxide carbonique dans un mélange de gaz huileux non ex- plosif, provenant de l'excès de gaz inflammable. J'ai essayé de produire ces phénomènes avec différens mé- taux; mais je nat réussi qu'avec.le platine et le palladium. Avec le cuivre, l'argent, le fer, l'or et le zinc, l'effet n’eut pas lieu. Le platine et le palladium sont de foibles conducteurs comparés avec les autres métaux; ils ne sont pas susceptibles de chaleur ; cette foiblesse et cette incapacité semblent être les principales causes de leur combustion lente, continue et rendue sensible. J'ai fait des expériences sur quelques substances terreuses qui sont de mauvais conducteurs de la chaleur; mais leurs fa- cultés et leur pouvoir de rendre la chaleur radieuse paroiïssent se combattre. Une mince pellicule de matière charbonneuse détruit 226 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE entièrement le pouvoir enflammant du platine, et une légère enveloppe de sulfure enlève au palladium cette propriété qui consiste principalement dans l’augmentation de pouvoir qu'ils donnent aux métaux de rendre la chaleur radieuse. Les lames minces des métaux, lorsque leur forme admet une libre circulation d'air, remplissent cet objet aussi bien que des fils déliés; et l’on peut faire rougir une large surface de plaune daus la vapeur de léther, ou dans un mélange combustible de gaz de charbon de bois et d'air. Je n'ai pas besoin d'insister sur la connexion de ces faits relatifs à la combustion lente, avec les autres faits que j'ai décrits dans l’histoire de la flamme. Plusieurs idées théoriques naitront de cette connexion; il en sortira de nouvelles recherches dont j'espère être en état de rendre compte dans un autre Mémoire. Je terminerai celui-ci par une application pratique. En tenant suspendus quelques bouts de fils de platine ou une feuille très- mince de platine ou de palladium au-dessus de la mèche de cette lampe dans le cylindre garni d’un treillis de métal, il y a tout lieu de croire que l’ouvrier qui travaille dans les mines de charbon de bois, obtiendra dans les mélanges de gaz inflam- mable des mines, une lumière qui ne fera plus d’explosion ; et quand bien méme sa flamme s’éteindroit par la quantité de gaz inflammable des mines, le brillant du métal continuera à le guider; et en plaçant la lampe dans différentes parties de la galerie, le brillant relatif du fil métallique montrera lat de l'atmosphère dans ces parties. 11 n’y a point là de danger à craindre pour la respiration, quand bien mème le fil métallique continueroit à s'enflammer, car ce phénomène disparoït lors même que: l'air méphitique forme + du volume de l'atmosphère. J'introduisis dans une lampe garnie d’un treillis de fil d’archal, une petite cage faite avec un fil très-mince de platine de -= de pouce d'épaisseur, et je la fixai avec un gros fil de platine d'environ deux pouces au-dessus de la mèche , qui étoit allumée. Je mis tout l'appareil dans un vaste récipient; au moyen d’un garde-gaz l'air pouvoit, jusqu'a un certain point, s'impreigner de gaz de charbon de bois; aussitôt qu'il y eut un léger mélange de gaz de charbon de bois, le platine s’enflamma. L'ignilion continua à aug- menter jusqu'à ce que la flamme de la mèche s'éteignit, et que tout le cylindre füt rempli de flamme, alors elle diminua. Lors- que la quantité du gaz de charbon de bois eut augmenté de ET D'HISTOIRE NATURELLE. À 527 manière à éteindre la flamme, au moment où la flamme s'éteignit la cage de platine devint d'une chaleur blanche et présenta la Jumière la plus brillante. En augmentant encore plus la quantité de gaz de charbon de bois, l'ignition du platine devint moins vive. Lorsque sa lumière fut simplement sensible, de petites quantités d'air furent admises; sa chaleur augmenta promptement; et, en régularisant l'admission du gaz de charbon de bois et de l'air, la cage devint de nouveau d’une chaleur blanche , et, bientèt après, elle allnma la flamme dans le cylindre, qui, suivant usage, par l'addition d'air plus atmosphérique, ralluma celle de la meche. J'ai très-souvent répété cette expérience, et toujours avec les mêmes résultats. Lorsque le fil qui soutient la cage, soit qu'il fütde cuivre, d'argent ou de platine, éloit très-épais, 1l conservoit une’ chaleur suflisante pour que le fil de platine mince se rallumät dans un mélange propre, une demi-minute après que sa lumière’ eut été entièrement détruite par une atmosphère de gaz pur de charbon de bois; et, en augmentant son épaisseur, la période peut encore se prolonger. Le phénomème de l’ignition du platine a lieu foiblement dans un mélange composé de deux parties d'air et d’une de gaz de charbon de bois ; et d’une manière brillante dans un mélange com- posé de trois parties d’air et d’une de gaz de‘charbon de bois. Plus la quantité de gaz de charbon de bois est grande, et plus est grande Ja quantité de chaleur produite. En sorte qu'un large ussu de fil métallique brülera dans un mélange plus inflammable que de simples filets. Et un fil métallique que j'ai chauffé jusqu’à la blancheur, brülera dans un mélange plus inflammable qu'un fil rouge de chaleur. Si l’on introduit dans une bouteille un mé- lange de trois parties d’air et d’une de gaz inflammable des mines, et qu'on l’enflamme à son point de contact avec l'atmosphère; il ne fera point explosion; mais il brülera comme une substance in- flammable pure. Si l’on passe lentement à travers la flamme un fil mince de platine réfroidi par son bout, il continuera à s’enflammer dans le corps du mélange, et la même matière gazeuse se trou- vera être inflammable et capable de supporter la combustion. Il ÿ a tout lieu de croire que les mêmes phénomènes se ren- contreront avec la cage de platine dans le gaz inflammable des mines, ainsi que ceux décrits dans son opéralion sur les mélanges de gaz de charbon de bois. En faisant ces expériences sur le gaz inflammable des mines, il faut avoir grand soin qu'aucun filament 228 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fe ou fil de platine ne porte sur l'extérieur de la lampe, car il mettroit alors le feu à un mélange explosif. Cependant une petite masse de platine qui metle feu à une matière explosive.dans la lampe entou- rée d’un treillis, produit le même résultat que lorsqu'on fait usage de grandes masses; la force de l'explosion est dirigée vers le üssu à jour dans toute son étendue, et il arrête la flamme. Lorsqu'on introduit une grande cage de fil de platine dans une twès-petite lampe à treillis, les mélanges explosifs de gaz inflam- mable des mines eux-mêmes brülent sans flamme ; et en mettant une cage quelconque de platine au fond de la lampe autour de la mèche, on empéche le fil d'être enfumé. J'ai envoyé des lampes garnies de cet appareil, pour en faire l’essai dans les mines de charbon de bois de Newcastle et de Whitehaven; je suis très-empressé de savoir quels sont leurs effets dans des atmo- sphères où aucune autre lumière permanente ne peut êlre pro duite par la combustion. OBSERVATIONS ET D'HISTOIRE NATURELLE. 229 " OBSERVATIONS SUR LE TARCHONANTHUS CAMPHORATUS, L.; Par M. Henr: CASSINI. Lues à la Société philomatique, le 13 juillet 1816. L’arsrisseau qui fait l’objet de ces observations, est une des - plantes sur lesquelles on a le plus varié dans la description des caractères génériques. Les plus habiles observateurs l'ont exa- minée, et tendent réformer les erreurs de leurs devanciers, ils en ont commis de nouvelles. Ces controverses et la confusion qui en résulte sont extraordivaires à l'égard d’une plante assez commune dans les jardins de botanique et dans les herbiers, et dont l'analyse n’est pas difficile. Le travail auquel je me livre depuis plusieurs années sur la famille à laquelle appartient le tarchonanthus, m’a conduit à étudier cette plante; et quoique je n’aie analysé que des fleurs sèches, je crois pouvoir répondre avec assurance de l’exactitude de mes observations. Elles con- tredisent cependant celles des autres botanistes, dont plusieurs ont analysé des fleurs vivantes; mais l'habitude que j'ai acquise de disséquer des fleurs de synanthérées, me permet d’avoir en celte partie quelque confiance en moi-même. Le tarchonanthe camphré est un arbrisseau à feuilles alternes, entières, tomenteuses, odorantes et à calathides disposées en épis ou en panicule à l’extrémilé des rameaux. Il est entière- ment dioïque, et je n'ai jamais vu l'individu femelle. Mais dans la famille des synanthérées, l'observation des fleurs femelles donne fort peu de lumières sur les aflinités naturelles. Voici comment sont construites les fleurs màles. La calathide est flosculeuse, uniforme, multiflore. Le péricline est campaniforme, d’une seule pièce ; découpé supérieurement en cinq lobes; tomenteux en dehors, glabre en dedans. Le cli- nanthe est hérissé d’une multitude de soies filiformes, dressées, Tome LX XXI. MARS an 1817. Gg 250 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE flexueuses, presque aussi longues que les fleurons. Chaque fleuron est composé d’une corolle, de cinq étamines, d’un style , d’un nectaire et d’un rudiment d’ovaire avorté. "La corolle est monopétale , tubuleuse , quinquéfide, rougeätre,. un peu arquée; son tube et son limbe ne sont point disüncts l'un de l’autre , parce qu’elle s’élargit de bas en haut par degrés insensibles. Les einq divisions sont allongées, arquées en de- hors, linéaires inférieurement, demi-lancéolées supérieurement, munies de quelques glandes derrière le sommet. Cette corolle glabre en dedans, hérissée en dehors de poils laineux, frisés ,. enmélés, a les nervures marginales, ce qui est bien important à remarquer. Les étamines ont les filets greffés à la partie basdaire seule- ment de la corolle et au devant des nervures, ce qui prouve qu'elles alternent avec ses divisions. Le filet est large, laminé, linéaire, glabre; l’article anthérifère bien distinct, est très- court, un peu épaissi. Les cinq anthères, entregreffées par les bords, ont chacune un connectif large, deux loges élroites ; un appendice apicilaire large, court, semi-ovale; aigu, abso- Jument libre; deux appendices basilaires longs , linéaires, non pollinifères, entièrement détachés lun de l’autre , mais greffés avec les appendices basilaires des anthères voisines. Pendant la fleuraison , le tube des anthères est élevé au-dessus de la corolle. Le style est long, filiforme, simple, cylindrique, de couleur rouge, obtus , et quelquefois échancré ou légèrement bilobé au sommet; sa partie supérieure, évidemment composée de deux branches entregreffées, est absolument dépourvue de stigmate , mais hérissée de papilles collectrices courtes, cylindriques; elle est presque toujours arquée ou flexueuse, et elle surmonte le tube des anthères. Un énorme nectaire épigyne , cylindracé , tubulé supérieure- ment, à bords sinués , occupe le fond de la corolle, et recoit ja base du style qui y est enchässée. L'ovaire est réduit à un simple rudiment presque nul ou avorté , informe, continu à la corolle à laquelle il sert de base. En combinant les caractères qui viennent d’être décrits, et en les comparant avec ceux des diverses tribus naturelles que j'ai formées dans la famille des synanthérées , je trouve que le tarchonanthus appartient :à celle que j'ai nommée la tribu des vernontées, et qu'il a beaucoup d’aflinité avec le éessaria, que .1e rapporte à cette tribu. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 231 11 importe maintenant de signaler en peu de mots les erreurs bien singulières dans lesquelles les botanistes sont tombés en décrivant le tarchonanthus. Bergius (For. cap.) veut que l'ovaire soit supérieur à la corolle, ce qui est sans exemple dans toute la famille des synanthérées. Linné (Syst. veg.) donne à l'ovaire une aigrette plumeuse. Gært- ner, bien meilleur observateur, n’admet point d'aigrette, et- restitue à l'ovaire sa véritable place au-dessous de la corolle ; mais il a commis d'autres erreurs, si toutefois la plante qu'il a observée n’est pas d’une espèce différente de la nôtre, ce que je suis tenté de croire. En effet, il décrit des fleurs herma- phrodites, à ovaire fertile, tandis que les nôtres sont mäles, l'ovaire étant avorté; il figure un style divisé en deux branches anquées en dehors, ce qui annonce une fleur hermaphrodite; et dans notre plante, le style est simplé comme dans les fleurs mâles de la famille; les arithères, dans la figure de Gærtner, sont enfermées dans l'intérieur du tube de la corolle; et dans notre plante elles s'élèvent presque entièrement au-dessus de la corolle; on ne voit dans la figure ni dans la description de Gærtner, aucune trace de l'énorme nectaire que j'ai observé. fl y a encore quelques autres différences moins importantes. Il est à remarquer que Linné (Gen. Plant.) décrit les étamines et le style comme ils sont figurés dans Gé&riner; mais il admet en même temps l'ovaire supérieur oblong , qui n’est autre chose que le nectaire. Sans cette dernière circonstance, je croirois que Linné et Gærtner ont décrit une espèce hermaphrodite, et par consé- quent différente de la mienne. M. Decandolle, qui a disséqué avec soin des fleurs vivantes de tarchonanthus épanouies en hiver dans l’orangerie du Jardin du Roi, à Paris, a certainement eu sous les yeux la même espèce que moi : cependant, nous sommes bien loin d’être d'ac- cord sur les points les plus essentiels. Il croit que les étamints sont opposées aux lobes de la corolle, ce qui n’a lieu dans au- cune synanthérée; et j'affirme qu'elles sont alternes avec les lobes de la corolle, comme dans toute cette famille. Selon lui, l'o- vaire est libre, c’est-à-dire supérieur ou supère, ce qui rejet- teroit également le tarchonanthus loin de la famille; et j'ai dé- montré que ce prétendu ovaire libre n'éloit autre chose qu'un nectaire. M. Decandolle conclut de ses observations, que Bergius et Linné ont mieux connu que Gærtner les véritables carac- tères du tarchonanthus; que cette plante n’est point une synan- Gg 2 2352 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE thérée; et M. Desfontaines, qui adopte son opinion, dit, dans son /Zistoire des Arbres, que M. Decandolle réunit le tarcho= nathus aux thymélées. Ces erreurs étranges dans la bouche d'aussi excellens bota- nistes, prouvent que les observations les plus minutieuses ne sont pas à dédaigner ; car s'ils eussent connu le caractère si chétif en apparence qui résulte de la disposition marginale des ner- vures de la corolle, ou celui de l'articulation des filets d'éta- mines , ils n’auroient jamais songé à expulser le tarchonanthus de la famille des synanthérées. L'observation des nervures les auroit aussi préservés de la supposition que les étamines sont opposées aux lobes de la corolle; et s'ils avoient remarqué que toutes les synanthérées ont un nectaire épigyne plus ou moins développé, ils ne seseroient pas avisés de nous donner cet organe pour un ovaire supérieur. Ë M. Richard a mieux apprécié les affinités naturelles du tarchonan- thus, puisqu'il l’a placé auprès du vernonia; cependant il les range Fun et l'autre dans sa tribu des liatridées, à laquelle il assigne pour caractère la nudité du clinanthe ou réceptacle commun ; 4 nous avons vu que le tarchonanthus a le elinanthe hérisse e soies. ÊT D'HISTOIRE NATURÉLLE. 233 OS FOSSILÉS DE RHINOCÉROS. Le 27 février, sir Everard Home lut, à la Société royale, un Mémoire sur des os fossiles de rhinocéros, trouvés dans une caverne de pierre calcaire, près de Plimouth, par M. Whitby. Sir Joseph Banks avoit prié M. Whithy, lorsqu'il partit pour sur- veiller la digue que l'on construit dans ce moment à Plymouth, d'inspecter toutes les cavernes qu’on rencontreroit dans les roches calcaires où l’on ouvriroit-des carrières, et de lui envoyer tous les os fossiles qu’on pourroit trouver. Les os fossiles décrits dans ce Mémoire furent découverts dans une caverne, dans une roche calcaire, sur le côté méridional du Catwater. Cette roche est bien certainement de transition. On trouva la caverne après avoir creusé 160 pieds dans le roc solide; elle avoit 45 pieds de long ; elle étoit remplie d'argile ; elle n’avoit aucune communi- cation avec la surface extérieure. Les os étoient des échantillons d’une perfection admirable. C’étoient certainement des ossemens de rhinocéros ; mais ils äppartenoient à trois animaux différens. C’étoient des dents, des os de l’épine,....... des os des jambes de devant, et du métatarse des jambes de derrière. Sir Everard les compara avec les ossemens du squelette d’un rhinocéros qui est dans la possession de M. Brookes, lequel est regardé eomme appartenant à la-plus grande des espèces qu'on ait jamais vues en Angleterre. Les os fossiles étoient en général d’une grandeur plus considérable, quoique quelques-uns d'eux appartinssent à un plus petit animal. La plupart d’entre eux furent analysés par M, Brande. LU trouva un échantillon composé ainsi quil suit : Phosphate dechatxe eue a 2e 60 Carhonate de chatte RER ES Matreremanniale 48e OR Po PAUSE EEE SLR METAL PA ENE TO 100 Les dents, comme à l'ordinaire, eontenoient une plus grande proportion de phosphate de chaux que les autres ossemens. Ces os étoient d’une netteté remarquable et parfaits ; ils constituent les plus beaux échantillons d'os fossiles qu'on ait jamais trouvés en Angleterre. [CA C1 + JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MOMIE TROUVÉE DANS L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Le 17 février 1817, M. Cranch communiqua à la Société philoso- phiqueet littéraire de Bath, la substance de quelques mémoires qui venoient de lui être transmis de Doschester, près Boston, dans la Nouvelle-Angleterre. Cétte notice étoit relative à une momie découverte dans uné imimense caverne souterraine, dans Vétat de Kentuckr. La momie est celle d’une femme fortement constituée, d’une taille de près de 6 pieds anglais (5 pieds 11 pouces + de France) de haut; mais elle étoit si desséchée, que toute la masse ne pesoit que 20 livres. Ce fut à la distance de trois milles (environ une lieue) de l'entrée de la caverne, qu’on trouva cette momie. La figure pa- roissoit assise dans un espèce de sarcophage grosssier, composé de cinq tablettes de pierre calcaire; la cmquième servoit comme de couvercle ou dé dessus au reste. Tout cela ressembloit exac- tement à ces anciens monurmens désignés sous le nom de cromlechs, encore existans en divers endroits des iles Britanniques. Les genoux de la momie avoient été repliés tout contre le corps; les mains étoient jointes sur la poitrine ; la tête, couverte d’une espèce de couronne, étoit droite, et toute la figure étoit enveloppée d’un grand nombre de tissus de chanvre sauvage et d’é- corce de saule. Il y avoit, tout auprès du corps, des sacs qui conte- noient des grains de collier, des babioles, et divers outils d’arts mécaniques , avec une sorte de panier à ouvrage, un instrument curieux de musique, et un éventail fait de plumes, à la Vandyke. On a fait, ajoute-t-on dans les Mémoires communiqués à M. Cranch, des découvertes importantes dans le Kentucki, les- quelles indiquent qu'à une époque très-éloignée, la société, les arts, et’les habitudes sociales avoient fait beaucoup plus de progrès que parmi les tribus indigènes jusqu'ici connues. ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. ° 235 om DU PRÉTENDU SIXIÈME SENS DES CHAUVE- SOURIS. On lit, dans le Précis élémentaire de Physiologie, par M. Ma- gendie (1), à la page 139, le passage suivant : :, « Enfin, la faculté qu'ont les chauve-souris de se diriger en » volant dans les lieux les plus obscurs, avoit fait penser à Spal- » lanzani et à M. Jurine, de Genève, que ces animaux étoient » doués d'un sixième sens; mais M. Cuvier a fait voir que cette » faculté de se conduire ainsi dans l'obscurité devoit étre attri- » buée au sens du toucher. ; » Il n'existe donc point de sixième sens. » : C’est à tort que M. Magendie prête l'opinion de Spallanzani à M. Jurine; et sin’ayant pu connoitresonMémoire original, puisqu'il n’a pas été publié, il s’étoit borné à copier avec plus d'exactitude ce que M. Cuvier dit à ce sujet , il auroit vu que ce savant ana- tomiste ne dit pas qu'il a fait voir, mais qu'il lui semble ‘que l'organe du toucher suflit pour expliquer tous les phénomènes que les chauve-souris présentent, ce qui n’est par conséquent LE simple présomption, An reste, voici ses propres, lermes, ans lesquels on verra que M. Jurine n’a jamais parlé d’un sixième sens, et qu'il pensoit que c’est par l’ouïe que les chauve - Souris se dirigent. L Spallanzani conclut des expériences qu’il avoit faites, « que » les chauve-souris ont un sixième sens dont nous n'avons » aucune idée. M. Jurine a, fait d’autres expériences qui Lendent » ja prouver que c’es! par l’ouïe que des chauve-souris aveuglées » se dirigent; mais il nous paroît que les opérations qu'il a fait » subir aux individus qu'il a privés de la faculté de se diriger, » ont été trop cruelles, et qu’elles ont plus fait que de les em- » pêcher d'entendre. 7! nous semble qu'il suflit de leur organe » du toucher pour expliquer tous les phénomènes que les chauve > souris présentent (2), » À ke J. F. BERGER , D. M. Genève, 5 mars 1877. Nora. Nous prions M. Berber de nousexcuser si nous avons cru devoir Faire quelques changemens à la forme de saréclamation, mais nous pensons en avoir entièrement conservé le fonds. (B.V.) : : des —_____———— (1) A Paris, chez Méqniguon-Marvis, 1816. : @) Leçons d’Anatomie comparée, tp: 581, chez Baudouin. Paris, an VIH. 236 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ANALYSE DU GAZ Trouvé:dans l'Abdomen de l'Éléphant mort au Muséum d'Histoire naturelle, la nuit du 14 au 15 mars 1817; Par M. VAUQUELIN, :Vincr-QuATRE heures après sa mort, cet animal étoit extré- mement météorisé, ce ‘qui semble annoncer qu'une tympanite a élé la cause de sa mort. 1°. Ce gaz avoit une odeur très-fétide de matière animale pourrie, mélée de celle de l'hydrogène sulfuré. 2°. Mis en contact avec la potasse caustique en liqueur, il a diminué d'un peu plus de moitié de son volume, 55 centièmes environ. La potasse s’est colorée en jaune, et a acquis la pro- priété de faire effervescence avec les acides; elle n’a pris qu'une ‘odeur fade et désagréable, mais pas aussi fétide que celle du gaz ; elle précipitoit l’acétate de plomb en une substance blanche , soluble en entier dans l'acide nitrique avec effervescence. 5°. On voyoit dans la solution alcaline qui avoit été en contact avec le gaz, une poussière noire qui, dissoute dans le chlore liquide, a légèrement précipité le muriate de baryte, ce qui annonce que du sulfure de mercure s’étoit formé, et que conséquemment le gaz contenoit du soufre. En effet, la surface du mercure avec lequel ce gaz a séjourné pendant quelque temps, devient très-noire. &. Le gaz qui n’a pas été absorbé par l'alcali a été divisé en deux portions; dans l’une, l’on a plongé une bougie qui s’y estéteinte aussilôt sans produire d'inflammation, et dans l'autre, l'on a mis un bâton de phosphore qui a produit quelques lé- gères vapeurs blanches, mais qui ont bientôt cessé ; le volume de ce gaz n'a pas sensiblement diminué. Il paroît, d'après ces expériences, que le gaz trouvé dans l'ab- domen de l'éléphant est composé principalement d'acide carbo- nique , ET D'HISTOIRE NATURELLE, . 237 nique, de, gaz azote, d’une petite, quantité d'hydrogène sulfuré et d’une matière animale en putréfaclion, extrêmement fétide, +4 Analyse du Gaz intestinal de lÉléphant: 1°. Son odeur éltoit extmémément fétide:: ayant quélque ana- logie avec celle de l'hydrogène :sulfurésss 25 1% ne lorrar 2°. Les 4rois quarts environ de ce. gaz sont ahsorbés par la solution depotasse celle-ci déviént jaunes; précipité en: blanc l'acétate de plorhb, et fait une vive effervéscence avec les acides. 5°. La surface du mercure sur lequel le gaz intestinal re- posoit, est devenue noire et formoit ‘une pellièule qui se déta- «choït: du reste. A: DNS 20) eare 4°. Cent mesures de la portion de ce gaz non absorbable par Talcali, mélées avec 195-mésures de gaz oxigène, ont été brülées au moyen de l’eudiomèlré à mercure; après la détonnation, les 295 mesures n’en occupoient plus que 115; ces dernières, mises en contact avec la potasse, ont diminué de 75 , et les 40 restant éloïent du gaz oxigène, probablement mêlé d’une petite quantité ‘de gaz azoté; au moins il ne brüloit pas les corps avec aulant d'énergie que quand il est pur; il y a donc eu, par Ja déton- ! ñ nation, une absorption dé 180 mesures: ns 5°. Le gaz intestinal entier éteignoit les bougies qu’on y plon- geoit sans qu'il y eùt d'inflammation ; mais quand l'acide car- bonique en avoit été séparé. par l'alcali, il brüloit-sans déton- nation en produisant une lumière blanche bleuätre. | 6°. Il résulte des expérienges ci-dessus, que,la portion de gaz intestinal insoluble dans dla'potasse a besoin, pour brüler, d’une fois et demie son volume de gaz oxigène , et qu'il fournit, par cette combustion , les trois quarts de son volume d'acide car- bonique. Ainsi ,, 100-parties de, ce gaz ont ‘absorbé 155 de gaz ,oxigene er brûlant ,iet iliença résulté 75, d’agide. carbonique. et de l’eau; dans laquelle il estientré 80 parties, d'oxigène en: vor lume; D'où l'on peut conclure que ce gaz est, composé de, 5:me- sures de vapeur de charbon et 169. d'hydrogène, dont le, totäl235 est réduit à 100 par l'aflinité de combinaison. De la il suit engere que dans ce gaz le poids de l'hydrogène est à celui du chärbon comme 5,5 est à 24,4, ou en termes plus simples, comme environ 1 à 4. Les quantités de carbonne et d'hydrogène, dans ce gaz, n'étant pas conformes à celles des trois espèces de gaz hydrogène car- Tome LXXXIV. MARS an 1817. Hh 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE boné’ connus, il faut que Ce soit une espèce nouvelle, où un mélange des’ déux premières. int Ce gaz inflammable doit peser environ 45 centigrammes le litre. C’est une chose très-remarquable, que les deux gaz dont nous venons" deparler soiént aussi différens entr'eux. Il Sembleroit naturel en effet, de penser'que celui qui étoit répanduü ‘dans la cavité abdominale étoit venu primitivement des intestins, à travers lesquels il auroït, pour ainsi dire, filtré. S'il en étoit ainsi, il faudroit admettre que le gaz intestinal auroit changé de nature avec: le temps; ce qui n’est pas impossible. Il n’est pas douteux, par! exemple; que, l'énorme, quantité ‘d'acide carbonique qui composoit la plus grande partie de ce gaz, ne proviennede la première période de la décomposition des alimens pris par l'ani- al peu de témps avant sa mort. Or, n'est-il pas possible qu'une fois les intestins pleins de gaz, ils l’aient forcé, par leur résistance, à se rendre dans l'abdomen, et que celui-ci, plein à son tour, n’ait pas permis au gaz de la deuxieme période de la ‘fermentation de's'y introduire ? On sait que le gaz de la deuxième période de la fermentation végétale contient du gaz hydrogène carbon. Pis, dits © : +. : L Cette hypothèse paroît, d'autant plus vraisemblable, que le gaz abdominal contient du gaz azote et encore quelques restes d'air ‘atmésphérique non décomposé, tandis. que celui des intestins n’en, contenoit plus, au moins en quantité appréciable. Quoi Sa en Soit, le développement Si rapide d’un si grand volume e gaz dans Âe corps de l’éléphant'n’en est pas moins'étonnant.Ce ‘gaz avoit äcquis un tel réssôrt, par la résistance dés parois de lab- ‘dômen; qu’au moment où l’on à coupé la peau) il a déchiré les mem- branes et les aponévroses sous-jacentes pour se faire un jour au dehors. Nous avons pu juger aussi de cette élasticité énorme, pär la vitesse avec lite ‘des vessies sesônt remplies dë ce gaz Torsque nous avons lintroduit dans le ventre ‘de l'animal Îles tuÿaux ‘de : cuivre à ‘robinet dont elles étoiént garnies. Ellés “étbient’ tellement teidnes, que/si nous'ne les avions pas fermés ‘aussilôt éllés aurdient peut-être crevé: pqBy al s11 )1 $ i SECH US us | (2537 EE ATOS | | L:3e9 4 ') HU Ld 1 soc » o wo _ F .ŒT D'HISTOIRE NATURELLE. 239 HET are 1 ot ee AN A LYS ES | D'UNE ESPÈCE DE CONCRÉTION Trouvée dans les Glandes maxillaires de l'Éléphant mort : : au Muséum d'Histoire naturelle en 1817; Par M. VAUQUELIN. Proprietés physiques. Ces calculs sont blancs, à cassure lamelleuse, la plupart sans forme cristalline, quelques -unscristallisés en tétraedres régu- liers, d’autres présentant une forme allongée, et ayant pour noyau un grain d'avoine dont il ne reste que les enveloppes. On a trouvé dans les mêmes glandes plusieurs de ces graines qui avoient conservé tous leurs caractères, J “ + Propriétés chimiques. Un ce ces calculs, concassé et séparé de son noyau, a été mis avec de l'acide nitrique foible ; il y a eu une effervescence écu- meuse, et la dissolution s’est faite complètement même à froid, à l’exception seulement de petits flocons de nature animale, qui nageoïent dans la liqueur. La liqueur filtrée a été mélée avec de l’ammoniaque qui ÿ a produit un précipité blanc très-peu abondant, formé entièrement de phosphate de chaux. + La liqueur surnageante, mise avec de l’oxalate d'ammoniaque, a donné un précipité blanc formé d’oxalate de chaux. Ces deux expériences suffisent pour’ prouver que les concrétions formées dans les glandes maxillaires de l’éléphant, sont composées de carbonate de chaux, qui en fait la plus grande partie, de phos- phate de chaux, et d'une matière animale qui servoit de lien au tout. N Observation. Il est rare de trouver dans les animaux des concrélions de cette nature, excepté cependant celles qui se rencontrent dans Hh 2 240 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE les voies urinaires; elles sont ordinairement de-phosphate de-chaux; quelquefois de magnésie ; ces dernières appartiennent principale- ment aux intestins. J'ai recu dermèrement de M. Derrien, im- primeur du Roi, à Quimper, des concrétions trouvées dans les entrailles d’une sole, qui étoient entièrement formées de phosphate de chaux et de magnésie, et qui avoient une forme cubique : voici les expériences auxquelles je les ai soumises. 1°. Chauffés au chalumeau, ces calculs exhalent une odeur de matière animale brülée!, ‘et sé fondent ensuite en émail blanc opaque. ; 2°. Mis dans l'acide nitrique foible, ils s’y dissolvent sans ef- fervescence; età mesure que la dissolution s'opère, l’on voit de légères membranes blanches qui s’en détachent et flottent dans la liqueur. 3°. La dissolution à été abondammiént précipitée par l’oxalate d'ammoniaque ét par l’acétate de plomb ; ce qui prouve que ces: calculs sont principalement formés de phosphate de chaux. 4°. Cependant la poussière de ces calculs broyée avec de la pôtasse caustique a exhalé une odeur frès-sensible d'ammoniaque; et la potasse qui avoit resté environ 24 heures sur cette pous- sière, saturée par l’acide nitrique, avoit acquis la propriété de précipiter l’eau de chaux ; enfin là poussière bien lavée et séchée, produisoit, après éette opération , une légère effervescence avec les acides. Ces derniers phénomènes annoncent que ces calculs contiennent aussi une petite quantité de phosphate ammoniaco-magnésien. La forme cubique que présente ces calculs, nôn plus que celle des concrétions de l'éléphant, n’est pas le résultat de la bi de la cristallisation à laquelle est sounuse la matière dont ils sont formés; elle est tout simplement l’effet ou d'une pression que cette matière a éprouvée pendant qu’elle étoit encore molle, ou, ce qui est plus vraisemblable , d’un frottement ]ong-temps continué de ces calculs entre eux. En effet, quand on brise ces concrétions , on trouve au centre un noyau rond qui n’auroit pas mianqué de; croître- sous la même forme, si quelque cause extérieure n’y eût mis obstacle, Nous avons eu, il y a déjà long-temps, M. Fourcroy et moi, occasion d'analyser une eoncrétion de poisson qui étoit de la mème nature que celle dont je viens de parler. gaie Annales du Muséum, voi. X, pag. 179. puit “ ET D'HISTOIRE NATURÈLLE. .. 241 NOUVELLE LITTÉRAIRE. Les Halieutiques, traduits du grec du Poëme d'Oppien, où il parle de la pêche et des mœurs des habitans des eaux; par M. Limes. Un vol. in-8°. À Paris, chez Lebègue, Imprimeur-Libraire, rue des Rats, n° 14, près la place Maubert. Oppien est un des auteurs grecs les plus estimés. « Oppien est, dans cet ouvrage, poète , naturaliste et philo- » sophe tout ensemble, dit le traducteur ; le charme d’une belle » poésie accompagne et anime ses tableaux. Les fleurs dont il a » soin d’orner les cadres, donnent de la fraicheur et du coloris » à une matière qui paroissoit ne promettre que de l’aridité... » Il a divisé son sujet en cinq chants, dans lesquels il décrit les divers habitans des eaux , leurs mœurs et les méthodes que l'homme emploie pour les saisir... ” Le traducteur n’a rien négligé pour rendre sa traduction in- téressante. Il a tâché de faire eonnoître les animaux dont parle l’anteur, et il a donné une table des noms grecs des animaux mentionnés dans les Halieutiques d'Oppien, et de leurs corres- pondans en français. Il a consulté à cet égard tous les naturalistes qui ont traité de ces objets. * Il a également décrit les différens moyens dont les anciens se servoient pour la pêche. s Cette traduction doit donc intéresser le naturaliste et le litté- rateur françois. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES 1 . E , 5. Es THERMOMEÈTRE EXTERIEUR : : A © CENTIGRADE. BAROMEMRENNERRIQUE: #14 5 = LE S ? MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI. MAXIMUM. MINIMUM. Ca Z heurese heures« heures* mille heurese 1 [à3s + 895| àgis. + 500! + 7,50] àgis..:.770,10| à 5s..... 5 &o 2 [à midi. + 7,85] à 7 im. + 2,85] + 7,85] à101m..771,94| à 55..... 71,56| 7,7 3 | à midi. + 8,60) àgis. —Æ 1,50! + 8,00! à 105 m..:769,84| à9 58. :. 8,5) 4 |à3s. :+4 4,50! à7im— 1,50| + 4,95] à 2m....768,60| à9 8... 6 5 | àiolm.+ 7,95| à 7 Em. + 4,25| + 4,50! à 105....769,72) à 73m.. 8,7| | 6 | à midi. H10,85| à 7m, ++ 7,00| 10,85] à gs..::. 766,56| à 7 m.... 7,914 7 |àämidi. +Hio,iol à7m. “+ 6,60! +Hio,10] à gs... 769,96! à 7 m.... 8,3 8 |[à3s. + 9,90! à1os. + 4,50! Æ 9,25] à midi. ..771,00| à 7 m.... 8,7 9 [àämidi. + 9,25 àgm + 6,95] Æ 9,95] à 104m..771,16| à 8s..... À 98] 8,5 10 | à midi. —10,25| à gs..,, + 7,10] +10,2b] à 7m....768,62| à95s..... 5,22| 767,50| 8,81 11 là3s + 8haol àgs. “+ 4,7b| + 7,75] à q s.....7b8,59] à 7 m....7€ à f 12 | à3s. Æ 80! à7m. “+ 5,75] + 6,25| à 10s....765,64] à midi... 7,3 18 | à3s) + 9,95 à7m + 4,25| + 7,75] à 9 m....759,28| à 10 55... 7,B} 14 l'àgm. #4 8,00! à 108. + 8,25] + 4,75] à 105... .759,20 àmidi.... 8,1 15 [à3s. + 9,75 à7m. + 8,50] + 6,25] à 7 m....757,50| à 3s..... 0| 752 64| 7,2 16 |'ämidi. + 8,75] à 105. + 6,25] Æ 8,75] à 10 s....761,04| 27m... 3 8,61! 17 là3s. +ii,bol à7m. + 5,60] +11,10) à 105s...764,70| 27 m.... 8,511 18 là midi. 10,50 àgs. + 8,00! 10,50) à 101m..767,68| ab s..... 7 9,0 19 | à midi. +10,50| à6 :m. + 7,00| +10,50| à midi....766,56| à 65m... ; ë, 20 | à3s. + 7,00| à6 im. + 3,72] +6,25! à 63 m.,.760,561 à 1135... 8,1 1 lamidi + 6,78] à6%m. + 3,25) + 6,75] à 6m...755,66| à 105... 79 22 là midi. + 7,50] à 6Ÿm. + 4,50] + 7,bo| à gs..... 757,22| à 6?m.. 8,1 25 | àmidi. + 9,25! à 6m. + 5,00! + 9,25] à101m..761,52| 49 ra 8,710 24 Vamidi. Æ 9,75] à10s. + 6,50] + 9,75| à 10 5... .761,19| à 6m. 9,511 25 | à midi. 10,50! à 63s: + 5,60] H10,10| à 10 : m..763,60| à 6 5 m.. 9,11 26, | à SENTE 8,75] à10+s. + b,col + 8,00] à 1025s...761,76| à 10; m. 9,1 27 | à midi. +H11,00| à 6 4m. + 6,50] H11,00! à 103 5...758,98| à 455... 9,210 28 | à midi. +10,00| à 6? m. + 6,50| +10,00! à 6 £m...759,92| à 5 s.. 9,3 Moyennes. + 8,95 + 4,85| + 8,37 765,45 759,35) 761,12 4} REÉCAPITULATION. | Millim. | Plus grande élévation du mercure..... 772210 le x | Moindre élévation du mercure........ 747,70 le 14 | Plus grand degré de chaleur.......... 1150 le 17 Moindre degré de chaleur..:........ — 1,50 le 4 Nombre de jours beaux....,.... 11 de couverts. ......,.. 24 defpluie. Etre 11 de’Vent dr E2EECEe 28 de gelée.........,.... 2 { de tonnerre.......... o | . de brouillard......... 27 f de neige. ............ o ; | dengréle tente yeee 2 A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS. : FÉVRIER 1817. VARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE. Le 2 |Hyc: : POINTS s ._ | VENTS. {dent PONERES LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. Led M 8o |N. Couvert, brouillard. |Couvertbrouillard. [Nuageux. 2 | 77 |N.-O. P.L. à2h.25/m.]Très-nuageux , br. Idem. Couvert. 25 | 68 LE. d Nuageux, brouillard. |Très-nuageaux. Beau ciel, 4 | 841$. Lune périgée. [Brouillard épais. Brouillard épais. Pl.danslecour.delan. 5 | 82 |O. Nuageux, pluie averse. [Nuageux , pl. à 11 2h. |Couvert. 6 | 89 | Idem. ” Pluie fine , brouillard.|Couvert. Nuageux. Ml .74 | Idem...) Très-couvert. Très-nuageux. « Idem. 8 | 74 | Idem. D.Q.à7h55s.]. Idem. Idem. Îd.; aurore bor. à 7”. 9 | 92 | Jdem. Idem. Couvert. Pluie fine. 10 | 82 |O.-S.-O. Pluie fine, brouillard.| dem. Couvert. 11 | go |S.-O. Idem. Idem. ’ Pluie fine. 12 | go |O. Couvert, léger brouill.|Tr.-nuag., p/. de 9 à 11.INuageux. : 13 | 94 |S.-O. Idem. Pluie fine. Idem. 14 | go | Jd.tr.-f. Pluie par intervalles. | Jdem. Idem, grésilà 5 h. 15 | 92 | Jdem. Couvert, brouillard. Idem. Couvert. 16 | 56 |N.-O. IN.L.à4h.27/m. [Nuageux , pluie à 8 h.[Nuageux, Idem. 17 | 83 |S.-O. * |Pluiefine, brouillard. |Très-nuageux. Pluie fine. 18 | 82 | Idem. Couvert, léger brouill.|Couvert. Couvert. 19 | 88 | Jdem. î Idem. Id., quelq. g. d’eau: |Pluiefine. 20 | 76 Id.tr:. |Lune apogée. [Nuag., brouil. , gel. bl.|Couvert. Couvert et pluie. ar | 77 |O. fort. Nuag.,pl.avantlejour.|Petite pluie, Idem. 92 | 71 N.-O. fort. Le Couvert; léger brouill.! Jdem. Couvert. 23 9 IN.-G:2- 7 Nuageux, brouillard. |Couvert. - Idem, pluie à 3h. 24 | 56 | Idem. P.Qäà8h37m.|Plure par intervalles. | Jdém. [Couvert par intervall. 25 | 61 |O. Couvert, léger brouill.| Très-nuageux. Couvert. 26 | 8o |O. fort. Idem. Plue, | Idem. 27 | 72 | Idem. Idem. Couvert. Averse dep/. et gr. à92/ 28 0. Idem, Idem. Couvert, par intervall. RÉCAPITULATION. Jours dont le vent a soufflé du ss. le 1°", 125,082 « Thermomètre des caves centigrades. le 15, 12°,081 . . , À . CE Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 20,65 — 9 lig. 2 dixièmes. \ét 10 244. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, @lC. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Examen critique des différentes Hypothèses imaginées, pour expliquer l'apparence connue sous le nom de queue ou chevelure des Comètes; par H. Flaugergues. . Pag. Note sur les Gaz intestinaux de l'Homme; par M. Berger. Lettre de M. de Nélis à J.-C. Delameéthertie, sur l'Electricité. Seconde Lettre de M. Dubhérissier de Gerville, a M. de France, sur les Le ur Suite des nouvelles Recherches sur la Flamme; par sir Humphry Davy. Quelques nouvelles expériences et observations sur la Com- bustion des Mélanges gazeux, etc.; par sûr Humphry Davy. . Observationgsur le T'archonanthus camphoratus, L.; par M. A. Cassini. ‘Os fossiles de Rhinocéros. | : Momie trouvée dans l'Amérique septentrionale. Du prétendu sixième Sens des Chaue-Souris. Analyse du Gaz trouvé dans l Abdomen de L'Éléphant mort au Muséumd’ Histoire naturelle, lanuit dus 4 au 15 mars 1817; par M. Vauquelin. Analyse d'une espèce de Concrétion trouvée dans les Glandes maxillaires de l'Éléphant mort au Muséum d'H istoire na- turelle en 1817; par M. Fauquelin. Nouvelle littéraire. 173 189 193 197 216" 223 229 233 . 234 235 236 Fe 239 241 am De l'Imprimerie de Me V° COURCIER , rue du Jardinet, n° 12, quartier Saint-André-des-Arcs. anne en JOURNAL DE PHYSIQUE, | DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE. AVRIL an 1817. SUITE DE L'EXAMEN CRITIQUE Des différentes Hypothèses imaginées pour expliquer l’ap- parence connue sous le nom de queue ou chevelure des Cornètes ; - Par H. FLAUGERGUES. Le 6. Hypothèse de Cardan. L'uyrOTuÈsE que je vais examiner a un grand nombre de sectateurs; c’est celle où l’on suppose que le corps des comètes est transparent, et que leur queue n’est autre chose que la lu- mière du soleil émergente du corps de la comète après y avoir été réfractée, et rendue visible par sa réflexion sur les parties de l'éther. Si on introduit dans une chambre obscure un fais- ceau de rayons solaires, et qu’on le recoive sur une boule de verre, On Verra à peu de distance par derrière, un cône de rayons divergens réfractés au’travers de cette boule, et rendus visibles par leur réflexion sur les particules de l’air, et les atomes de poussière qui nagent dans ce fluide, ce qui présente une Tome LXXXIV, AVRIL 1817. Ii 246 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE apparence qui a quelque ressemblance avec la queue d’une co- mète. C’est ce qui a donné lieu d'imaginer cette hypothèse , dont Pierre Appian passe pour être l'inventeur. Cependant j'ai lu avec la plus grande attention les ouvrages de ce savant as- tronome, particulièrement son Æstronomicum Cæsareum, livre devenu très-rare , dont je possède un exemplaire, et je n'ai point vu cette hypothèse, ou du moins n’y est-elle désignée que bien obscurément; car Appian ne dit autre chose seulement que, « La queue d'une comète est produite par le soleil à la manière » de l'ombre [ umbræ modo] » (54); mais Jérôme Cardan s’est exprimé plus clairement là dessus, et paroît tre conséquemment le véritable inventeur de cette hypothèse. « La comète, dit-il, est » un globe placé dans le ciel, qui est vu par les rayons du » soleil dont il est éclairé; et lorsque ces rayons le traversent » ils forment (ensuite) l’image d’une barbe ou d’une queue. Co- metes globus esse in cœlo constitutus, qui & sole illuminatus » videtur, et dum radii transeunt, barbæ aut caudæ effigiem efft- »_ciunt (55). » Cette opmion fut adoptée par Jules Scaliger (quoi- qu'il ne füt guère du sentiment de Cardan), et pour mieux expliquer l'idée qu'il s’étoit formée sur ce sujet, il ajoutoit : « Que la comète étoit un corps formé d'une matière assez dense ». pour réfléchir en partie les rayons du soleil; et pour les trans- » mettre en partie, ainsi que cela a lieu dans un globe de » verre (56). » Ce fut aussi l'opinion de Telesius, de Tassonus, d'Aversa (57) el, d’autres physiciens de ce temps-là, dont les noms peu connus ne méritent guère d’être rapportés. Le célèbre Tycho-Brahé embrassa avec beaucoup d’ardeur la même hypothese, et il soutint que- la queue de la comète de 1577 (quoique d'après ses observations elle ne füt pas di- rectement opposée au soleil) n’étoit cependant qu’une apparence produite par les rayons de cet astre qui traversoient la comète, et de après en être sortis, étoient réfléchis vers la terre par quelque matière éthérée qui n’étoit pas parfaitement transpa- rente (58); mais ce qui l’embarrassoit le plus dans cette expli- cation, c'étoit la courbure considérable de la queue de cette comète; car il s'ensuit des lois de la réfraction et du mouve- ment en droite ligne de la lumière dans un milieu homogène, que dans cette hypothèse, l'axe de la queue ou du cône de rayons réfractés et émergens de la comète, doit être une ligne droite et le prolongement de celle qui passe par les centres du soleil et de la comète. Pour résoudre cette difficulte, Tycho Ÿ Y 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 247 prétend que cette courbure de la queue n’est qu'apparente, et seulement leffet de la différence de parallaxe des différentes parties de celte queue (59); c’est-à-dire que Tycho après avoir employé presque tout son livre à prouver que la parallaxe de cetie comèle étoit beaucoup moindre que celle de la lune, et HS sa queue dirigée vers Vénus s’éloignoit encore de la terre, nit par supposer une parallaxe énorme à l'extrémité de cette queue; combien doit-on être en garde contre le goût des hy- pothèses, puisqu'il peut entrainer dans une pareille inconsé- quence un grand génie. Kepler, disciple de Tycho, suivit d’abord le sentiment de son maitre, sur l’apparence de queue qu’il supposoit produite derrière les comètes par les rayons du soleil réfractés et émer- gens de ces astres; mais aussi embarrassé que lui pour expliquer la courbure et la déviation de cette queue, il suppose qu’une partie du globe de la comète est opaque, que les rayons in- terceptés par cette partie opaque doivent en conséquence manquer dans les parties correspondantes et situées de différens côtés des cônes convergens et divergens opposés au sommet, que les rayons. réfractés formoient derrière la comète ; ce qui, suivant lui, devoit former l'apparence d’une bande courbée (60); mais ces suppo- sitions , purement gratuites, ont encore le défaut de ne pas s’ap- pliquer à l'apparence qu'il s’agit d'expliquer, puisque dans ce système la queue d’une comète n’auroit pas une courbure ré- gulière , ainsi qu’on l’observe, mais les bords de cette queue seroient des lignes droites qui feroient des angles entre elles au point de décussation desrayonsréfractés. Ainsi Keplerabandonna bientôt cette opinion, et il imagina une autre hypothèse que nous examinerons après celle-ci. Galilée fut aussi dans le même sentiment sur la nature de la queue des comètes; et pour expliquer leur courbure, il eut re- cours à la différente réfraction qu’éprouve les rayons de la lu- mière réfléchie par les différentes parties de la queue, suivant qu’à raison de son inclinaison à l'horizon, ces différens rayons traversent l'atmosphère à différentes hauteurs, et il prétend, dans un de ses ouvrages intitulé, Æ/ Trutinatore (61), où il com- pare cet effet à celui qui fait paroître courbe une rame plongée dans l’eau et vue obliquement, qu'il s'est assuré par les obser- vations des comètes de 1577 et de 1618, de l'exactitude de cette explication; mais elle fut attaquée par le père Horace Grassus, sous le nom supposé de Lotaire Sarzius (62) et par Kepler (63), li 2 248 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qui démontrèrent que cette explication" étoit fausse, puisque Ta courbure de la queue d’une comète paroït toujours sensiblement la même, quoique cette queue varie de position, et que par l'effet du mouvement diurne, elle devienne horizontale , inclinée à l'horizon ou verticale, et que cette courbure est encore la même lorsque la comète est proche de lhorizon, ou lorsqu'elle est près du zénit. De plus, il faudroit supposer une différence de réfraction prodigieuse, et plus grande même que la réfraction horizontale, pour expliquer la grande courbure de certaines co- mètes, telles que celles des années 1577 et 1618, que Galilée prend pour exemple; toutes ces raisons sont décisives, et doivent faire rejeter une explication qui n’a en sa faveur que le nom de ce grand homme. Le père Jean-Baptiste Cysati, astronome à Inspruck (64), et le père Cabée (65), pour conserver la mème opinion, préten- dirent que la coùrbure de la queue des comètes n’étoit qu’ap- parente, et qu'un simple effet de perspective provenant de ce que les parties de la queue étoient placées à des distances dif- férentes du spectateur; et pour soutenir cette explication erronée, ils osèrent s'appuyer de l'autorité du théorème 11° de l'Optique d’Euclide, qui dit toute autre chose (66); mais puisqu’ilest démontré dans tous les livres de perspective, que quelle que soit la po- sition d’une ligne droite qui, prolongée, ne passe pas par l'œil du spectateur, sa perspective est toujours une ligne droite (67), il s'ensuit que si la queue des comètes étoit étendue en ligne droite, ainsi qu'ils le prétendoient, elle paroitroit toujours droite, quelle que füt sa position par rapport à nous; de sorte que cette queue ne paroît courbée que parce qu’elle est réellement courbe. L'hypothèse que nous examinons éloit depuis long-temps jus- tement livrée à l'oubli, lorsqu'il a plu à M. Thilorier de la reproduire, et d'annoncer, comme une vérité, qu'il venoit de découvrir une erreur du seizième siècle. Suivant lui, « La queue » des comètes ne fait point partie de leur atmosphère; ce n’est » qu'un spectre produit par les rayons solaires que la rencontre » de l'atmosphère cométaire a forcés de converger vers un axe » commun, et qui, augmentant la clarté de la partie du ciel » qu'ils traversent, rendent visibles les molécules du fluide éthéré » qui se trouvent sur leur passage (68). » Mais, en supposant, avec M. Thilorier, que le fluide éthéré ait assez de densité pour réfléchir sensiblément les rayons directs du soleil ainsi:que ceux qui sont réfractés par l'atmosphère de la comète, il s'ensuivroit ET D'HISTOIRE NATURELLE, 249 une apparence toute différente de celle que présente la queue d’une comète; car les rayons du soleil étant arrêtés et déviés par la rencontre de l’atmosphère de la comète, il se forme, der- rière cette comète, un cône d'ombre qui n’est éclairé que par les rayons réfractés et émergens de cette atmosphère, tandis que tout l'éther environnant est éclairé par les rayons directs du soleil, dont il réfléchit une partie. Or, comme les rayons réfractés et émergens de l'atmosphère de la comète sont beaucoup plus foibles que les rayons directs dont ilstiennent la place, à cause de la diminution causée par l’interception des rayons directs qui tombent sur le noyau de la comète, par la perte des rayons ré- fléchis par l'atmosphère de la comète, et enfin par la perte de ceux qui sont absorbés et éteints en traversant cette atmosphère, il s'ensuit que la partie de l’éther derrière la comète est beaucoup moins éclairée que l’éther environnant; conséquemment, la partie derrière la comète seroit plus obscure que le fond du ciel, au lieu de paroïître plus lumineuse, et tout au plus pourroit-on voir dans cette hypothèse un point plus clair derrière la comète, correspondant au foyer des rayons réfractés par son atmosphère ; ce qui séroit une apparence bien différente que celle que présente la queue des comètes. A l’égard des rayons ainsi réfractés, qui, après s'être croisés au foyer, deviennent divergens , sortent du cône d'ombre et tombent sur les molécules environnantes de l’éther éclairées par les rayons directs du soleil et à une grande distance de la comète, ils sont évidemment trop foibles par la raison que nous venons de dire et encore par leur divergence, pour pouvoir produire une augmentation sensible de clarté dans ces molécules, qui put faire distinguer l’espace occupé par ces rayons divergens. On peut avoir une preuve sensible de ce que nous venons de dire, dans l'expérience même qui en a si fort imposé à Cardan et aux sectateurs de son hypothèse. Ayant disposé dans une chambre obscure une lentille ou un globe de verre, de manière à recevoir et à réfracter un faisceau de rayons'solaires introduits par un trou fail au volet de la fenêtre , les rayons, après s'être croisés au foyer, formeront un cône divergent qui, rendu visible par la réflexion d’une partie de ces rayons sur les molécules de’ l'air et les particules de poussière, ressemble à la queue d’une comète, ainsi que nous l'avons remarqué. Mais, sans rien changer à celte disposition, si on ouvre seulement une partie de la fenêtre) et que l'air envuôunant soit éclairé par les rayons directs du soleil; Là 250 JOURNAT DE PHYSIQUE, DE CHIMIE cette apparence disparoit entièrement; cependant il y a alors des particules d'air et de poussière qui sont éclairées par les rayons directs du soleil, et de plus par les rayons réfractés au travers du globe de verre; mais ces derniers rayons étant extrêmement foibles, soit.à cause de la diminution qu'ils ont éprouvée en tra- versant le globe, soit à raison de leur divergence, ils ñe peuvent produire une augmentation de clarté sur les molécules qu’ils at- teignent, qui puisse faire distinguer ces molécules de celles qui sont éclairées seulement pær les rayons directs du soleil. Or, c’est le cas où se trouvent les comètes qui, au lieu d'être placées dans l'obscurité, comme il faudroit que cela fût pour qu’on püt aper- cevoir l'apparence qui, dans l'hypothèse que nous combattons, doit former leur queue, se meuvent dans une espace partout eclairé des rayons du soleil. M. Thilorier a essayé de rendre raison de la déviation de la queue des comètes, et de leur courbure, qu'il prétend être un phénomène du même genre que l’aberration des étoiles (69); c’est une méprise; mais 1l ajoute ensuite un exemple dans lequel on découvre son idée (70). Il est bien vrai, ainsi qu'il le remarque, que la comète avançant dans son orbite tandis que la lumière du soleil parcourt avec une vitesse prodigieuse, mais finie, la longueur de la queue, le centre du soleil, celui de la comète, et l'extrémité de la queue ne peuvent rigoureusement se trouver en même temps dans une même ligne droite; mais la queue doit s’écarter un peu de la ligne menée par les centres du soleil et de la comète; et l’on voit aisément que cette queue doit être dirigée suivant la diagonale d’un parallélogramme dont un des côtés est à peu de chose près égal à la longueur de la queue et placé sur la ligne menée par es centres du soleil et de la comète; et l'autre côté , l'arc (qu’on peut prendre pour une petite ligne droite ) décrit par la comète dans son orbite apparente vue de la terre dans le temps que la lumière du soleil a employé pour par- courir la longueur de la queue; et comme ce temps esttrès-court, le mouvement de la comète, en décrivant cet arc, est sensible- ment uniforme, de même que le mouvement de la lumière; d'où il suit que la queue de la comète paroïtra exactement sur la diagonale de ce parallélogramme, c’est-à-dire étendue en ligne droite; et de plus, comme A vitesse de la lumière est incompa- rablement plus grande que la vitesse de quelque comète que ce soit, cette diagonale s'’écartera bien peu de la ligne menée par le centre du soleil et de la comète; de sorte qu'on ñe peut expli- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 quer, par les apparences résultantes des mouvemens combinés de la lumière et de la comète, la déviation considérable en dehors de la ligne menée par les centres du soleil et de la comète, qu'ont offert les queues de plusieurs comètes, comme en particulier celle de 1577, ni la courbure des queues des comètes, ainsi que le prétend M. Thilorier. M. Pompée de Laune a reproduit encore plus récemment la même opinion, et toujours comme une idée neuve el 12conçue. La petite fiole pleine d'eau dont se servent les orfèvres pour ras- sembler la lumière d’une lampe sur des ouvrages délicats, a sufli pour lui dévoiler tout le mystère des queues des comètes. Suivant lui, « Les comètes sont des globes composés d’élémens pure- » ment liquides, tels que l’eau..... Les rayons du soleil traver- » sant leur transparence, opèrent, à la partie opposée, une lueur » plus ou moins vive, suivant leur éloignement de nous; plus » où moins alongée, suivant notre hauteur et celle du soleil par » rapport à nous, etc. (71). » L'opinion de M. de Launé étant la même que celle de Cardan, est par conséquent sujette aux mêmes objections, qu'il seroit très-inutile de répéter; mais comme il fixe en quelque sorte le degré de transparence qu'on doit, suivant lui, attribuer aux comèles, c’est une occasion de présenter un nouvel argument contre les hypothèses dans lesquelles on supposeroit le corps des comètes transparent. Supposons donc, avec M. de Laune, que le corps d’une comète est composé d’eau. Il est prouvé, par les expériences et les calculs de M. Bouguer, admis par tous les physiciens, qu’il suffit d'une épaisseur d’eau de 679 pieds pour intercepter totalement la lumière du soleil (72); en sorte qu'avec celte épaisseur seulement l’eau devient un corps absolument opaque; de plus, suivant les observations et les mesures de M. Herschel (73), le demi-diamètre de la comète de 1807, qui avoit une belle queue, et que nous prendrons pour exemple, étoit _de 269 milles anglais, ou de 1,339,620 pieds de France [à raison de 830 toises par mille anglais | (74); on aura donc pour la proportion, 1 : 3396207": 3392" :: 10000000000: 2540143; c’est le sinus de 52”; donc, dans cette comète, la corde d'un arc double, ou de 1' 44", avoit 679 pieds de longueur; par consé- quent si on supposoit que celte comète fût formée de l’eau la plus limpide, elle n’en seroit pas moins absolument opaque, excepté dans une zone de 1’ 44" de largeur autour du cercle qui termine la partie éclairée par le soleil : tout le reste du corps 252 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la comète étant absolument imperméable aux rayons de cet astre, la hauteur de cette zone né seroit que la +3 partie du demi-diamètre de la comète, c'est-à-dire d’environ un pouce et un tiers; car tel est le rapport du sinus verse d’un arc de 144" avec le rayon; je laisse à penser si les rayons qui tombent sur une partie aussi étroite du globe de la comète, et dont la ma- jeure partie est encore réfléchie ou éteinte en traversant ce globe, peuvent former l'apparence brillante de la queue qui accompagne les comètes. La même chose auroit presque également lieu, quand on sup- poseroit que les comèles fussent composées d’une matière beau- coup plus rare et plus transparente que l’eau, comme, par exemple, si on supposoit qu’elles fussent formées d'air; et certes je ne crois pas que l’on puisse diminuer davantage leur densité, puisqu'on est obligé, dans l'hypothèse que nous exa- minons, de supposer une certaine densité à la matière dont elles sont composées, afin de conserver à cette matière une réfrin- gence suflisante. Supposons donc une comète composée d'air tel qu'il est à la surface de la terre, et du diamètre seulement de 227 lieues, cette comète seroit parfaitement opaque, suivant celui de ces diamètres qui, prolongé, passeroit par le centre du soleil, puisque, d’après les expériences de M. Bouguer (75), 227 lieues ee d'air suffisent pour intercepter totalement la lumière du soleil ; et comme les cordes parallèles à un dia- mètre diminuent fort lentement ( puisque les cordes qui passent à trente degrés d’un diamètre ne sont moindres que d'environ une huitième partie), il s'ensuit que cette comète seroit presque opaque dans le quart de sa surface, et que dans le restant il ne passeroit qu'une petite quantité de rayons du soleil extrémement affoiblis, et même presque que des rayons rouges, Le ont plus de force que les autres pour pénétrer les milieux tels que l'air. Ainsi, dans celte nouvelle supposition, qui est aussi favorable qu'il est possible au système de M. de Laune, les rayons émer- gens seroient encore si foibles et en si petite quantité, que ré- paudus dans un espace aussi grand que l’est ordinairement la queue d’une comète, ils ne pourroient donner de lueur sen- sible , et tout au plus, dans celte hypothèse, on pourroit voir la partie de la comète opposée au soleil, foiblement colorée de rouge. Sans être grand physicien, on devoit sentir combien il étoit difficile que la lumière du soleil pût traverser des globes aussi épais e ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253 épais que ceux des comètes, quelque transparente que füt la matière dont ils étoient composés; aussi deux astronomes peu connus, Camille Gloriosus (76) et Libertus Fromendi (77), pré- férèreut de percer la comète’ suivant son axe d'un trou par lequel ils faisoient passer un faisceau de rayons du soleil, qui, devenus divergens (on ne sait comment) après avoir traversé la comète, formoient sa queue et à cet effet la comète, par une espèce de sympathie ou de qualité occulte, tournoit toujours ce trou directement vis-à-vis du soleil, etc., etc. Récapitulons, en finissant, les argumens que l’on peut opposer à l'hypothèse de Cardan, qui sont tels, qu’un seul sufliroit pour la détruire. e 1°. Dans cette hypothèse, les rayons du soleil réfractés par le corps de la comèle, et par son atmosphère plus dense que le milieu environnant, doivent former derrière cette comète un cône convergent et ensuite un cône divergent; par conséquent si ces rayons rendus visibles par leur réflexion formoient la queue, cette queue auroit la figure de deux triangles opposés au som- met, au lieu de la figure d’une bande qui devient constamment plus large en s’éloignant du corps de la comète, que présente la queue qui accompagne ces astres. 2°. Dans la méme hypothèse, la queue, à son origine derrière la tête de la comète, devroit être moins large que cette tête, puisque l'arc compris entre des rayons incidens sur une sphère transpa- rente, est toujours plus grand que l’arc compris entre les mêmes rayons réfractés et émergens de cette sphère, tandis que la queue d’une comète est souyent plus large à son origine, ou du moins égale en largeur au diamètre de la tête. 30, Dans cette hypothèse, les bords de 14 queue devroïent nécessairement être rectilignes; et dans le réel, les bords des queues des comètes sont toujours courbes, et cette courbure est souvent très-considérable. 4. Dans la même hypothèse, l'axe de la queue seroit exacte- ment opposé au A, c’est-à-dire dans le prolongement de la ligne tirée par le centre du soleil et celui de la comète; et dans le fait, la queue des comètes dévie presque toujours de cette di- rection, et fait un angle quelquefois assez grand avec cette ligne des centres prolongée. j 5°, Si la queue des comètes provenoit des rayons du soleil réfractés au travers du corps ou de l'atmosphère de la comète, Tome LXXXIV. AVRIL an 1817. Kk 254 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE on devroit apercevoir dans cette queue les couleurs prismatiques qui accompagnent toute réfraction; c’est-à-dire que les bords du cône convergent des rayons réfractés seroient colorés de jaune et de rouge, et les bords du cône divergent qui lui succède, seroient colorés de bleu et«de violet. Or, il est certain qu’on n’a jamais vu de pareilles couleurs aux bords de la queue des comètes; ces bords sont constamment blanés, et même plus blancs que le reste de la queue; et si des comètes et leurs queues ont paru colorées, comme celle de l'an 146 avant l'ère dionisienne, et celles des années 662, 1526 et 1618 après cette ère , qui étoient rouges, et celle de l'année 1533 qui paroissoit jaune (78), ces: couleurs éloient d’une teinte égale dans toute l’étendue de la tête et de la queue de ces comètes; elles ne provenoient pas de la réfraction, mais elles dépendoient de la nature ou des modifi- cations de la matière dont ces astres éloient composés, comme cela a lieu dans les corps naturellement colorés. 6°. Quelque supposition que l’on fasse sur la nature de la matière” dont les comètes sont composées, nous avons vu qu'on ne peut guère la supposer moinsdense que l'air, puisqu'il faut qu’elleait un pouvoir réfringent suffisant pour réfracter les rayons du soleil, et les rendre aussi divergens que le paroissent les queues des co- mèles. Or, en supposant que la matière des comètes fut aussi transparente que notre air, la lumiere du soleil ne pourroit tra- verser, même les plus petites, que vers leurs bords; lasmajeure partie des rayons incidens seroit réfléchie, éteinte et absorbée en traversant la comète; et le peu de rayons qui en émergeroiïent. ne pourroil former une lueur sensible derrière cette comète. 7°. Enfin, comme nous l'avons déjà dibplusieurs fois, lesrayons réfractés par le coxps de la comète, dans l'hypothèse de Cardan, ne pourroient être aperçus derrière le corps de la comète, et former l'apparence de la queue , qu’autant qu'ils seroient réfléchis vers nous par les molécules de l’éther ou du. milieu dans lequel se meut la comète, et qu'ils se trouveroient dans une obseurité parfaite. Mais si les molécules de l’éther peuvent nous réfléchir ces rayons réfractés , à plus forte raison réfléchiront-ils les rayons directs du soleil. Tout l’éther étant éclairé par ces rayons directs, et réfléchissant vers la terre une partie de ces rayons, devroit donc nous paroître lumineux, et l’on ne pourroit distinguer sur le fond du ciel les rayons qu’on suppose réfractés par la comète, et ensuite réfléchis par léther, puisque ces derniers rayons se- roient toujours de beaucoup plus fotbles que les rayons dArects ET D'HISTOIRE NATURELLE. 255 réfléchis, à raison de ce qu'une partie des rayons incidens-sur la ‘comète sont réfléchis et mous la rendent visible, et qu'une autre partie seroïent éteints et absorbés en traversant la comète, et en- suite très-affoiblis par leur divergence; de sorte qu'ils né pour- roient produire aucune impression sensible. Par ces différentes raisons , auxquelles on ne peut répondre rien de satisfaisant, on doit conclure que l'hypothèse de Cardan et de ses sectateurs n'a aucun fondement, et qu’elle est absolument inadmissible. CITATIONS. (1) Tychonis-Brahe, Dani, Epistolarum astronomicarum, lib.1, ag. 15. di Fa) Miscellanea Berolinensium, cent. 2°, pag. 201. (5) Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris, ann. 1729; ag. 210. fs 4) Tychonis-Brahe, De Mundi æthereirecentioribus Phenome- nis, lib. 11, cap. vir, pag. 165 et seq. Uraniburgi et Pragæ, 1605, in-40. (5) Joh.-Baptista Riccioli, Almagestum novum, tom. I, lib. vrrr: fol. 117 et 125. (6) Traité de la Cormète qui a paru en 1745, janvier, février, mars 1744, par M. J.-P. Loïs Decheseaux, pag. 135. (7) Joh.-Bapt. Riccioli, Almagestum novum, tom. I, pars pos- terior, lib. vrir, sect. x, fol. 18. (8) Abrégé des Observations êt des Réflexions sur la Comète de 1680, par M. Cassini, pag. xxx et xxx1. (9) Cométographie, ou Traité historique et physique des Co- mètes, par M. Pingré, tome Il, pag. 194. : (10) Joh. Keppleri, De Comet libelli tres Astronomica, Physica et Astrologica, pag. 03: (x1) Joh.-Bapt. Riccioli, Almagestum nevum, tom. I, pars posterior, lib. virr, sect. 1, fol. 18 et 19. (12) Willebrodii Snellii, Descriptio Cometæ 1618. Lugduni Batavorum, 1619, cap. vit, pag. 143. (13) Cométographie de M. Pingré, tome IT, pag. 195. (14) Philosophiæ naturalis Principia mathematica, authore Isaaco Newiono , perpetuis Commentaris illustrata P.P. Thomas Lesueur et Francisci Jacquier. Col. Allobrogum, 1760, lib. 117, prop. xur, fol. 646. Kk 2 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE (15) Journal de Physique, tome LXXIIL, pag. 146: (16) Cométographie de M. Pingré, tome I, pag. 558. (17) Mémoires de l’Académie des Science pour 1744, p. 304. (18) Traité de la Comète qui a paru en 1743, par M. J.-P Loïs Decheseaux, pag. 155. (19) Mémoires de l’Académie des Sciences, ann. 1775, p. 454. (20) Principia mathematica Philosophiæ naturalis, etc., hb. 111, lemma 1v, tom. IV, fol. 572. (21) Eglogæ physicarurt , cap. xxv, pag. 63, ed. de Plantin. Antuerpiæ, 1575, m-folio. (22) L. Annei Senecæ, Naturalium Questionum, lib. vir, cap. 117. Coloniæ Allobrogum, 1614; in-18, pag. 935. (23) Aristotelis, Metereologicorum, lib. 1, cap. vr, fol. 337, ex versione Joachimi Perionñ. Lugduni, 1576, in-12. (24) Aristotelis, Metereologicorum, lib. 1, cap. vi, pag. 347; et Plutarchus, De Placitis Philosophorum, lib. 111, cap. 11. (25) Aristotelis, Metereologicorum , lib. 1, cap. vr, pag. 340. (26) L. Ann. Senecæ, Naturalium Questionum, lib. vir, cap: xx1x, fol. 954. (27) Tannerus, Dissertatio de Cœlo, pag. 150. (28) Joh.-Bapt. Gysati, Tractatus de Cometis, cap. vrr. * (29) Fortunü Liceti, De novis Astris et Cometis librisex, lib. v, Cap. LII Et LXV. (50) J.-B. Resta, Tractatus Metereologiæ, lib. 1, cap. rar. (51) Hieronimi Cardani, De vanitate Rerum, lib, 1, cap. r. (32) In libro de Innumerabilibus, Immenso et Infigurabili (an- ciens extraits). ; (55) Appiaria universæ Philosophiæ Mathematicæ, authore Mario Bettino, tom. IL, fol. 27. Bononiæ, 1642, in-folio. (54) Aristotelis, Metereologicorum, lib. 1, cap. vr, fol. 348 etseq. (55) L. Ann. Senecæ, Nat. Questionum , lib. vrr, cap. 1x, f. 957. (36) Aristotelis, Metereologicorum, lb. 71, cap. vr, fol. 347. (37) Tychonis-Brabe, De Mundi ætherei recentioribus Pheno- menis, hb. 11, pag. 160. (58) Plutarchus, De Placitis Philosophorum, lib. 111 , cap. tr. (59) Aristotelis, Metereologicorum , lib. 1, cap. vir, fol. 350. (4o) Tychonis-Brahe, De Mundi ætherei recentioribus Pheno- menis , hb. 11, pag. 209 et sequentes. (41) Scripta clarissimi mathematici M. Joh. Regiomontani, problemata 16, de Cometis longitudine, magnitudine et loco vero ,Joh. Schonero edente. Norimbergæ, an. 1555, in-4°, prob. 15 el 16. : - ET D'HISTOIRE NATURELLE: 257 (42) Speculum Cometæ physicum, authore Carolo Pisone, Ponte a Montionem, 1619, in-8°, cap. xvir, fol. (45) J. Colhenu, Tractatus Meteorum, hb. 1, sect. 33. (44) Apud Ricciolum in Almagesto. (45) P. Bellutii, Disputatio 1v de Cœælo, Questiones 2 et 4. (46) Reynerus Gemma Frisius, De usu Annuli Astronomici. Antuerpiæ, 1564, in-8°, cap. LXXXIE (47) L.An.Senecæ, Nat Questionum, lib. vif, cap. xxx, fol.957. (48) Plutarchus, De Placitis Philosophorum , Hib. 111, cap. 11. (49) Plutarchus, loco supra citato. (50) Tychonis-Brahe, Astronomiæ instauratæ progymnasmata. MD: et Pragæ, Fe in-4°, pag. 646. 1) Observations sur la Comète qui a paru au mois de dé- Ps 1680, par M. Cassini. Paris 51683 RSA pag. 21. ; 2) E. An. Senecæ,NaturaliumQuestionum, lib. vi1, €ap*xxvr, ol. 049. J | : (53) Tychonis-Brahe, Dani, Epistolarum astronomicarum libri. Novibergæ, 1601, in-4°, fol. 187. (54) Astronomicum Cæsareum. Ingolstadii, 1540 , in-fol., pars secunda de Cometa. Anni 1534, cap. 12. (55) Hieronimi Cardini, De Subuülitate, lib. rv. (56) Jui Scaligeri , Exercitatio 79°, contra Cardanum. (57) De Cometis, questio 42, sect. 4. k ES) Tychonis-Brahe, Dani, Epistolarum astronomicarum libri, ol. 143 et 147. (59) A OM TA De Mundi ætherei recentioribus Phe- nomenis, pag. 181 et 182. (60) Joh. Keppleri, ad Vitellionem Paralipomena in quibus Astronomiæ pars Optica tradetur, cap. vi, n° 13, pag. 164. (6r) Galileo Galileï, El Trutinatore pag. 141 et suiv. (62) Lotharii Sarzüi, Libra astronomica et philosophica, exam. 3, questio. 3. 60) Joh. Keppleri, Hyperaspites Tychonis.Francofurte, 1625, 44 . CARTES Cysati, Mathematica Astronomica de Cometa anni 1618. Ingolstadii, 1619, in-4°, Cap. vir, fol. 123. (65) Nicolai Cablieï, Metereologicorum, hb. 1, text.37, quest.7. (66) FAR Re Perspectiva in Elementorum Geo- metricorum, editione Basileæ, anno 1546, in-fol., pag. 522. ; (67) Traité de da le père Bernard HE Amster- am, 1734, 1n-12, Chap. 1v, théor. 2, pag. 41. , (68) Découverte de Ja véritable Re de la Queue des Co- 258 JOURNAL DE PHYSIQUES; DE CHIMIE rhètes , par M. Thilorier. Paris , 1812, pag. 12. (69) Zdem, pag. 58. (70) Zdem, pag. 39. .( : (71) Traite et Définition dés Comètes, par J.-J. Pompée de Laune. Rouen, 1813,in-12, pag. 15. (72) Traité d'Optiquefsur la gradation de la lumière, lv. ui. . sec. >, pag. 264. (75) Bibliothèque Britannique, septembre 1809, pag. (74) Astronomie, par M. de Lalande, 3° éd., tom. 1IE, pag. 12. (95) Traité d'Optiquesur la gradation de la lumière, liv. ur. sect. 2, pag. 264. (76) Dissertatio astronomico physica de Cometa anni 1618; authore Joh. Camillo Glorioso. Venetüis, 1624, in-4°, lib. v, Cap.t, pag. 125 et seq: (77) LibertiFromondi, Metereologicorum, ib.r1,cap:rv,art. 1. © (78) Mmagestum novum, authore Joh.-Bapt. Riccioli,tom. primi, pars posterior, lib. virr, sect. 1, S 15, pag. 29. ET D'HISTOIRE NATURELLE: 259 MÉMOIRE SUR L'OOPAS OÙ ARBRE AU POISON, DE JAVA; Par M. HORSEFIELD, Docreur en Mépecins. L'écrir publié en Hollande, en 1783, par lequel on en a imposé d’une manière si singulière au monde savant, au sujet de l'arbre appelé oopas, donne un intérêt particulier à la relation de M. Horsefield, insérée dans le septième volume des Tran- sactions de la Société des Ænts et des Sciences, établie à Batavia. L'histoire et l'origine de cette célèbre imposture sont encore un mystère. Fœærsch , qui mit son nom à cet écrit, étoit un chi- rurgien au sérvice de la Compagnie hollandaise des Indes orien- tales. Ayant ramassé à la hâte quelques renseignemens vagues concernant l’oopas, il les apporta en Europe, où ses noles furent rédigées sans doute par une main différente, sous une forme telle, qu’on leur ajouta foi généralement, tant elles étoient plau- sibles et avoient l’apparence de la vérité. Ce n’est pas un petit sujet de surprise qu'une fausselé aussi palpable ait été avancée avec lant de hardiesse, et soit restée si long-temps sansréfutation, ou qu'un objet d'une nature si curieuse , si facile à éclaircir, et relatif à la princip olonie hollandaise , n’ait point été soumis à des recherches et rectifié par les naturalistes de la mère-patrie. Pour toute personne un peu au fait de la géographie de File, des mœurs des princes de Java, et de leurs relations avec le gouvernement hollandais à cette époque, le premier coup-d'œil jeté sur la relation de Fœrsch auroit dù en découvrir la fausseté et l'absurdité; mais quoiqu’en ce qui regarde la situation de l’arbre au poison, ses effets sur la contrée d’alentour, et l'application: qu'on avoit faite, dit-on, de l'oopas, sur des criminels, en! 260 JOURNALIDE PHYSIQUE, DE CHIMIE diverses parties de l'ile, aussi bien que la description de la sub- slance vénéneuse elle-même et la manière de la recueillir, on ait démontré que cette relation étoit une imposture extravagante, l'auteur du présent Mémoire établit, comme un fait hors de doute, l'existence d'un arbre de Java avec la sève duquel on prépare un poison qui, une fois jeté dans la circulation, est aussi mortel que les plus forts poisons animaux jusqu'ici connus. L’arbre qui produit ce poison est appelé antschar; il croît à l'extrémité orientale de l'ile. L'ouvrage de Rumph contient un long récit de l’oopas sous le nom d'arbre vénéneux (arbor toxi- carta) : l'arbre ne croit pas à Amboine, et cette description fut faite d’après des renseignemens qu’il avoit obtenus de Macassar. La figure donnée par Rumph fut dessinée d'après une branche de celui qui étoit appelé l'arbre mäle, et qui lui avoit été envoyée du même endroit. Cette figure servit à établir l'identité de l'arbre di poison, de Macassaret des autres îles orientales, avec l’antshar e Java. La relation de cet auteur est trop étendue pour être abrégée ici. On y trouve tout ce qui a été publié jusqu’à présent sur ce sujet. Il est très-intéressant en ce qu'il#apporte les effets des dards empoisonnés employés d'abord dans les guerres des iles arien- tales, sur le corps humain, et les remèdes par lesquels on com- battoit etdétruisoit ces pernicieux eflets. vd Suivant Rumph, la sève seule de l'arbre qu'il nomme arbor toxicaria n’est point malfaisante ; il faut y ajouter du gingembre et plusieurs autres substances analogues, pour la rendre active et mortelle, Cela s'accorde aussi avec l’antschar qui, s’il est employé seul, est supposé sans action; et qui, avant qu'on le mette en usage comme poison, est soumis à une préparatiou qu'on dé- crira après l’histoire de l'arbre. La même effervescence et la même ébullition qu’on remarque dans le mélange des substances ajoutées au suc laïteux par les Javanais à Blamb n, ont été observées dans la préparation du poison de Macassar, et l’activité du poison est supposce croître en proportion de la violence de ces effets. Outre le véritable arbre au poison, l’oopas des îles orientales et l’antschar des Ja: zanais, Java produit un arbrisseau qui, suivant les observations faites jusqu’à présent, est particulier à cet en- droit, et qui, par un différent mode de préparation, fournit un poison surpassant de beaucoup l’oopas en violence : son nom est ésheutik. L'antschar ET D'HISTOIRE NATURELLE. 261 L'antschar est'un des plus grands arbres des forêts de Java. Sa tige est cylindrique, verticale, et s'élève complètement nue à la hauteur de 60, 70 ou 80 pieds; elle est revêtue d’une écorce blanchätre, légèrement sillonnée de crevasses dans le sens de la longueur; près de la terre, l'écorce, dans les vieux arbres, est épaisse de plus d’un demi-pouce; et si on y fait une blessure, elle fournit abondamment le suc laiteux dont onprépare le fameux poison. En s’écoulant hors de l’incision faite à l'arbre, le suc ou la sève paroit d’une couleur jaune. Cette couleur est plus pâle quand les arbres sont vieux, et presque blanche s'ils sont jeunes ; exposée à l'air, sa surface devient brune. Ce suc a la consistance du lait; il est seulement plus épais et visqueux. Ce même suc est contenu dans la véritable écorce (cortex), qui, si on la perce, en donne une quantité considérable, au point que, dans un court espace de temps, un grand arbre peut en remplir une coupe. Avant l'époque de la floraison, vers le commencement de juin, l'arbre perd ses feuilles, lesquelles repoussent lorsque les fleurs mâles ont rempli les fonctions de la fécondation. Il se plait dans un sol fertile et peu élevé, et on ne le trouve que dans les grandes forêts. Le docteur Horsefield le rencontra d’abord (l’antschar ) dans la province de Poegar, tandis qu'il alloit à Banjoowangee. Quand on veut nettoyer a nouveaux terrains, dans les environs de Banjoowangee, pour les mettre en culture, c’est avec difficulté qu'on fait approcher de l'arbre les habitans, qui redoutent les éruptions cutanées qu'on sait qu'il produit lorsqu'il est coupé récemment. Mais, à moins qu’on n’ait fait à l'arbre de grandes incisions, ou qu’on ne lait abattu et qu’il ne s’en écoule beaucoup de suc dontles émanations, en se mêlant à l'atmosphère, affectent les personnes qui y sont exposées des symptômes qu’on vient d'indiquer, on peut approcher de l'arbre et monter dessus, comme s’il s’agissoit des autres arbres communs dans les forêts. L’antschar, dit le docteur Horsefield , comme les arbres de son voisinage, est, de tous côtés, environné d’arbrisseaux et de plantes; je n’ai jamais observé que la terre fût nue et stérile immédiate- ment autour de lui. Le plus quai arbre que j'aie rencontré à Blambangan, étoit environné de si près par les arbres ordinaires et par les arbris- seaux de la forêt dans laquelle il croissoit, que ce ne fut qu'avec difficulté que je pus en approcher. A l’époque où je visitai l'arbre et en recueillis le suc, je fus fortement frappé du faux ex- posé de Foersch; plusieurs jeunes arbres poussoient spontané- Tome LXXXIV. AVRIL an 1817. LI 262 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE ment des graines qui étoient tombées de l’arbre-mère. Ce qui me fit souvenir d'un vers du Jardin Botanique de Darwin, dont voici le sens : Deux démons, comme deux jeunes pousses, sont enchatnés à sa racine (1). Tandis que je me rappelois sa belle description de l’oopas, le voisinage de l’arbre auprès duquel je me trouvois, me donna lieu de me réjouir de ce qu’elle n’étoit fondée que sur une fiction. Le tshitük est un arbrisseau serpentant, Dans les grands indi- vidus, il a un diamètre de deux ou trois pouces ; son écorce, ui est d’un brun rougeâtre, contient un suc de la même couleur, et d’une odeur piquante et quelque peu nauséabonde. C’est de cette écorce que le poison est tiré. On rencontre le tshittik même dans les deserts de Blambangan. La manière de préparer l’antschar me fut montrée par un vieux javanais qui éloit renommé pour son savoir supérieur dans la préparation du poison. Il versa avec précaution dans un vase, environ 8 onces du suc de l’antschar, qui avoit été recueilli le soir précédent à la manière ordinaire, et qui avoit élé conservé dans un nœud de bambou ; il y ajouta le suc qu’il avoit exprimé de différentes substances après les avoir rapées et broyées avec soin. Voici ces substances : arum, nampoo (de Java), kaemferia, galanga, kontshur, amomum, bengley ‘une variété de zarum- beJl ), oignon commun et garliz ; il'en mit : dragme environ de chaque ; il y ajonta ensuite la mème quantité de poivre noir réduit en poudre très-fine, et il remua tout le mélange. Le préparateur prit après cela un fruit entier du capsicum fru- ticosum, ou poivre de Guinée; il ouvrit ce fruit, il en retira, avec précaution, un grain de la semence, et le mit sur le liquide au milieu du vase. Ce grain se mit tout à coup à tourner avec rapidité, tanlôt formant un cercle parfait, tantôt s’élancant vers le bord du’ vase; il y avoit à la surface de la liqueur une agitation sensible, qui dura environ une minute. Tout étant redevenu tranquille, il ajouta de nouveau la même quantité de poivre noir, et il mit sur le liquide un autre grain de la semence de capsicum, comme il avoit déjà fait; une agitation pareille eut lieu dans ce liquide, mais dans un moindre degré, et le grain tourna avec moins de rapi- () Ou bien: a À Il enchaîne à ses pieds deux démons, ses enfans. à ET D'HISTOIRE NATURELLE. 263 dité; il ajouta une troisième fois la même quantité de poivre, et le grain de capsicum ayant été déposé avec précaution au centré du liquide, il resta à la même place, en formant autour de lui- même dans le liquide un cercle régulier, semblable au halo de la lune. Ceci est regardé comme un signe que la préparation du poison est finie. Le tshetuk se prépare avec l'écorce de la racine. On la fait bouillir, on la sépare de l’eau, on en expose l'extrait au feu jus- qu'à ce qu'il ait à peu près la consistance de sirop. Après cela, la préparation est la même que celle de l’antschar. Le docteur Horsefield donne une relation détaillée de vingt- six expériences , sur quoi il remarque que parmi un grand nombre d'essais, 1l a choisi ceux-la seulement qui démontrent d’une manière particulière les effets de l’antschar et du tshettik, quand ils sont introduits dans la circulation. Le poison fut appliqué dans tous les cas avec un dard pointu ou avec une flèche, l’un et l’autre de bambou. La manière d'agir des deux poisons sur le système animal, est essentiellement différente. Les dix-sept premières expériences furent faites avec l’antschar. La rapidité de son effet dépend en grande partie de la grandeur des vaisseaux attaqués et de la quantité de poison portée dans la circulation. Dans la première expérience, il donna la mort en 26 minutes; dans la deuxième, en 13 minutes. Le poison a paru ävoir la mème activité, quelle que füt la partie de l’ile d’où il fut tiré. Les.symp- tomes ordinaires se présentent dans l’ordre suivant : tremblement et frisson des extrémités, inquiétude, évacuation du bas ventre, langueur et défaillance , spasmes légers el convulsions, respiration accélérée, salivation excessive, contractions $pasmodiques des muscles pectoraux et abdominaux, envie de vomir, vomissement, vomissement des excrémens, vomissement glaireux, grandé ago- nie, respiration pénible, convulsions violentes et répétées, mort. Les effets sont presque les mêmes sur les quadrupèdes,, en quelque partie du corps que la blessure soit faite. Le poison agit quelquefois avec tant d’activité, qu’on n'a pas le temps d'observer tous les symptômes qu'on vient de rapporter. : L'oopas -paroît attaquer les différens quadrapèdes presqu'avec une force égale ; proportionnée, en quelque sorte, à leur gran- deur et à leurs dispositions. 11 dévient mortel pour les chiens ; Llz 264 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE la plupart du temps dans l’espace d'une heure; une souris mourut en 10 minutes, un singe en 7 minules , un chat en 15 minutes, Un buflle, un des plus grands quadrupèdes de l'ile, mourut en 2 heures 10 minutes, quoique la quantité de poison employée dans cette expérience füt proportionnée à celle qui étoit jetée dans le système des animaux plus petits. Si le suc tout seul, sans préparation , est mêlé avec l’extrait de tabac ou de stramonium, au lieu des substances dont on a fait mention dans le détail de la préparation , il en résulte un poison d’une activité égale, et peut-être plus grande encore. Le suc même tout seul, sans mélange et.sans préparation, paroît agir avec une force égale à celui qui‘a subi la préparation à la manière des Javanais de Blambangan (1). +2 Le poison agit très-différemment sur les oiseaux. Les volailles ont la faculté particulière de résister à ses effets. Une volaille mourut 24 heures après la blessure ; d’autres ont guéri après avoir éprouvé une indisposition partielle. A l'égard des expériences faites avec le poison du tshettik, son opération est beaucoup plus violente et plus rapide que celle de l’antschar, et il affecte différemment le système animal, tandis que l’antschar agit principalement sur l'estomac et le canal ali- mentaire, la respiration et la circulation. Le tshettik attaque le cerveau et le système nerveux (2). La dissection montre des résultats qui, comparés entr’eux, démontrent d’une manière frappante la manière d'agir propre à chaque poison. Après les symptômes préliminaires de langueur, de défaillance et de convulsions légères, le poison du tshettik agit avec une énergie soudaine, qui, comme une violente apoplexie, paralyse à la fois tout le système nerveux. | Dans les deux expériences, cet effet subit eut lieu 6 minutes (x) Nous n’avions pas lu sans surprise les détails de la préparation du poison, préparation qui, dans le fait, n’ajoute rien à la violence du poison. (2) M. Brodie, dans un Mémoire surles poisons végétaux (Trans. Phil. 1811), a donné le détail de quelques expériences faites par lui-même avec le upas antiar de Java, fourni par M. Maïsde, ces expériences semblent prouver que uand ce poison: est introduit dans ‘une blessure , il donne la mort (comme ait l'infusion de tabac, injectée dans les intestins), en rendant le cœur ir- sensible au stimulus.du sang et en arrêtant la circulation. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 265 après la blessure, et dans une autre, à la 7° minute. Les animaux firent des soubressauts, tombèrent à terre la tête en avant, et eurent des convulsions jusqu’à ce que leur mort s’ensuivit. Ce poison attaque les volailles d'une manière beaucoup plus violente que celui de l’antschar, la mortayant eu lieu fréquemment dans l'espace d'une minute après la piqûre faite avec un dard empoisonné. La simple décoction de l'écorce de la racine du tshettik, sans aucun autre mélange, est presqu'aussi active que le poison pré paré suivant le procédé ci-dessus relaté. La portion résineuse de l'écorce n’est pas aussi active que les particules solubles dans l’eau. Ingéré dans l'estomac des quadrupèdes, le tshettik agit pareil- lement comme poison très-violent, mais il exige environ le double du temps pour produire le même effet que produit une blessure; mais l'estomac des volailles résiste à son action. Le poison de l’antschar n’agit pas sur les quadrupèdes avec la même violence que celui du tshettik. Le docteur Horsefield ob- serve qu'il le donna x un chien; il produisit d'abord presque les mêmes symptômes qu’une piqure : oppression de la téte, picote- mens, foiblesse, respiration pénible, contraction violente des muscles pectoraux et abdominaux, salivation excessive, vomisse- ment, grande agitation et agonie, etc. , ce qui dura près de deux heures; mais après une évacuation complète de l'estomac par des vomissemens, l'animal recouvra peu à peu la santé. Rumph assure qu’on peut en prendre une petite quantité inté= rieurement comme une médecine. Dans les animaux tués par l’antschar, on trouva toujours les grands vaisseaux du thorax, l’aorte et la veine cave, dans un état de distension excessive; les viscères dans le voisinige des sources de Ja circulation , spécialement les poumons, étoient uniformé- ment remplis, à un degré extraordinaire, de sang qui, dans ce viscère et dans l’aorte, conservoit encore une couleur vermeille et étoit parfaitement oxigéné; en piquant ces vaisseaux, il jail- lissoit avec l’élasticité et le ressort de la vie. Les vaisseaux du foie, de l'estomac et des intesüns, et des viscères de l'abdomen en général, étoient aussi plus distendus que dans leur état naturel, mais non pas au même degré que ceux de la poitrine. Il y avoit quelquefois un peu de serum répandu dans la cavité de l'abdomen. “ L’estomac étoit toujours gonflé d'air; et toutes les fois que l’action 266 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du poison se développoit par degré, et que le vomissement surve- noit parmi les symptômes, les parois internes de l'estomac étoient recouverts de glaires. é Le cerveau indiquoit moins de traces de poison que les vis- cères, du thorax et de l'abdomen. Il étoit quelquefois dans son état naturel; d’autres fois on y découvroit des marques d’une légère inflammation. Dans quelques animaux disséqués, on remarquoit un mouve- ment ondulatoire de la peau et des muscles isolés. Les animaux tués par le tshettik offroient des phénomènes très-différens. Dans beaucoup de dissections, on trouva les vis-. cères du thorax et de l’abdomen presque dans leur état naturel; et les grands vaisseaux du thorax paroissoient dans l’état où ils sont ordinairement trouvés après la mort causée par d’autres poisons. … À l'égard du cerveau et de la dure-mère, on y reconnoissoit les marques d’une affection très-violente et excessive. Dans quel- ques cas, l’inflammation et la rougeur de la dure-mère étoient si frappantes, qu'à la première inspection, le docteur Horsefield supposa que c’étoit l'effet d’un coup précédemment recu, jusqu'à ce qu'il trouvàt, à force d'examiner, que ce phénomène accom- pagne toujours la mort causée par le tshettik. Rumph eut une occasion d'observer lui-même quel effet produisoient sur le corps humain les flèches et les dards empoisonnés, tels que les em- ployèrent les natifs de Macassar quand ils attaquèrent Amboine, vers 1650. Cet auteur, parlant dé cet effet, dit que le poison à peine en contact avec le sang chaud, est à l'instant répandu dans tout le corps, au point qu'il peut se manifester dans toutes les veines; qu'on se sent brüler, que la tête tourne, symptômes suivis de la défaillance et de la mort. Un grand nombre de soldats hollandais en moururent à Am- boine et. à Macassar. A là fin on'découvrit, dit-on, un antidote presqu'infaillible dans la racine du crinum asiaticum (appelé par Rumph, radix toxicaria). Ce remède, appliqué à temps, com- battoit, en qualité d'émétique violent, la force de l'oopas. Un javanois intelligent informa M. Horsefield qu’une flèche lancée clandestinement avec une sarbacanne, avoit blessé un habitant à l’avant-bras, près de l'articulation du coude. Dans l'espace de 15 minutes environ, le blessé tomba en léthargie, après quoi il fut saisi de vomissemens, eut le délire, ét mourut eu moins d’une demi-heure. ET D'HISTOIRE NATURELLE | 267 MÉMOIRE SUR LE PRINCIPE EXTRACTIF ET SUR LES EXTRAITS EN GÉNÉRAL; + Par Henrr BRACONNOT, Professeur d'Histoire naturelle, Directeur du Jardin des Plantes, et Membre de l’Académie royale des Sciences de Nancy. IL est assez surprenant qu’à une époque où la Chimie végétale étoit encore peu avancée, et sans avoir suffisamment examiné les matériaux et rassemblé des faits, on se soit empressé d’ériger en principe un étre auquel on a accordé une idee de grandeur et le privilége d’exister dans presque tous les végétaux, quoique malgré bien des efforts on n'ait pas encore pu réussir à le bien caractériser et à déterminer posilivement ses propriétés; il paroît même que plus ces efforts se sont multipliés dans la recherche des propriétés de l’extractif, plus ‘on s’est étendu dans le vague et plus on a accordé à l'arbitraire. Surpris de voir réunis sous la même dénomination générique des corps d’une nature si dif- férente , et n'ayant jamais pu rencontrer parmi les principes d'aucune plante les caractères attribués à l’extractif; dirigé d’ail- leurs dans ces recherches par l'examen des faits nouveaux, je cherchai à déterminer si ce principe existoit réellement, ou si on s’éloit fait illusion en suivant une route trompeuse dans l'examen des faits. Fourcroy, qui a si puissamment contribué au progrès de la science , ant par la méthode lumineuse qu'il a su y répandre, que par ses propres découvertes, me paroît être un de ceux qui ont le plus accordé à l’extractif, en lui attachant une grande im- portance. Ce savant pensa que l'oxidabilité étoit son principal caractère, et crut le reconnoitre particulièrement dans la sub- stance qui forme les dépôts dans la décoction de quinquina , 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE substance que les pharmaciens ont appelé la résine du quinquina , et qu'en dernier lieu MM. Vauquelin, Psaff et Reuss ont exa- minée, el qui a donné pour produit : un principe amer, du rouge cinchonique ; un acide libre, et quelquefois une matière tannante. M.Schrader et d'autres chimistes partagèrent l'opinion de Fourcroy, et s’imaginèrent, sans donner de preuves suflisantes , que l'ex- tractifarrivoit par une attraction élective bien prononcée au »7axt- rmum d’oxidation, précisément comme l’auroit fait un métal très- avide d’oxigène ; mais nous ferons voir, sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir l'oxigène, que les dépôts qui se forment pen- dant l'évaporation des. sucs et des décoctions, sont dus à des causes assez variées, mais dont la plus générale consiste dans la précipitation d'un sel calcaire peu soluble, qui entraine or- dinairement avec lui des matières insolubles dans l'alcool , et qui ont de la tendance à se concréter , telles qu’un reste d’albumine, de mucus, etc. Sans doute les extraits, comme la plupart des autres matières organisées, éprouvent, par l’action combinée de ‘l'air, de l’eau et de la chaleur, des changemens qui déterminent des séparations et de nouvelles combinaisons qui n’exisloient pas; mais ces changemens doivent-ils: être attribués à une fixation d’oxigène ? Il est infiniment plus probable qu'ils sont dus, comme le pensent MM. Théodore de Saussure etBerthollet, à une réaction des élémens de l’extrait, qui détermine une production d’eau et une petite quantité d'acide carbonique, en sorte que l'extrait a perdu de son poids, et qu'il s'y trouve une plus grande pro- portion de carbone qu'auparavant. Dans la suite, M. Bouillon-Lagrange, et d’après lui, M. Thomson et d’autres chimistes, pensèrent que l’extractif existoit particu- lièrement dans le séné, parce que son infusion présentoit avec les réactifs quelques phénomènes qu’on avoit attribués à ce principe; mais nous verrons qu'il n'existe pas plus dans le séné que dans les autres plantes. On a aussi supposé l’extractif dans la sève des arbres, mais M. Vauquelin dit formellement (1), et j'aime beaucoup à m'ap- puyer de son autorité , « Mes: expériences prouvent que l'extrait » contenu dans la sève debouleau, ainsi que dans les autres sèves, » estune véritable matière colorante. Cette matière colorante ne »_paroit pas d’ailleurs identique, puisque celle du marronnier n’est \ (1) Journal des Pharmaciens de Paris, tome Il, pag. 348, par ET D'HISTOIRE NATURELELF. M 269 pas sensiblement soluble dans l'alcool; d’autres fois elle s'y dis- sout en partie à l'aide de la chaleur, comme celle du charme, du hêtre : au surplus, je ne me rappelle pas d'avoir vu indiqué l'extractif dans les belles analyses de M. Vauquelin, et je me permettrai même de dire que beaucoup de celles dans lesquelles on le rapporte, m'ont paru au premier aspect pêcher par quelques inexactitudes. ] Suivant M. Hermbstaedt, on peut obtenir l’extractif presque à l'état de pureté, en évaporant l'infusion de safran à siccité; mais MM. Bouillon-Lagrange et Vogel ont prouvé que l'extrait de safran étoit un composé de gomme et d'un principe partü- culier qu'ils ont nommé polychroite. M. H. Davy fit connoître, particulièrement dans le cachou, une matière colorante qu'il regarde comme l’extractif; il la trouva d'un brun rouge, d’une saveur légèrement astringente; elle ne rougit point les couleurs bleues végétales, n’est point précipitée par le tannin, ne fond point au feu et donne de l'acide acétique a la distillation; mais quoiqu'il me paroisse qu'on n'ait point encore rencontré une pareille substance dans les végétaux herbacés, elle ne semble pas même jouir des propriétés les plus saillantes attribuées à l’extractif; car elle ne produit aucun effet remarquable dans la dissolution des terres alcalines, et trouble à peine celles de nitrate, d’alumine et de muriate d’étain. M. Hermbstaedt surpris sans doute de voir l’extractif si per- pétuellement différent de lui-même, donna le nom de principe Savonneux à une substance également soluble dans l’eau et dans l'alcool , qu'il indiqua dans plusieurs plantes, telles que la sapon- naire, la gentiane, la rhubarbe, et quoique les divers principes de-ces plantes soient d’une nature différente, comme nous le: verrons. 0 M. Schrader crut qu'il n’existoit pas de différence entre le principe savonneux et l’extractif. Enfin M. Berzelius, tout en reconnoissant l’idée très-vague qu’on attache au mot extractif, semble en avoir abusé, en l’ap- pliquant à une substance qu'il obtint du lichen d'Islande préa= lablement épuisé par l’eau, et en le soumettant ensuite avec une dissolution aqueuse de carbonate de potasse ; il en résulta une liqueur, laquelle évaporée , laissa une masse brune presque entièrement insoluble dans l'alcool, de manière qu'après avoir saturé la potasse par l'acide acétique , on pouvoit enlever l'acétalg Tome LXXXIF. AVRIL an 1817. Mm : 270 + JOURNAL DE PHYSIQUE» DE CHIMIE de potasse formé à l’aide de l'alcool, et obtenir ce prétendu extractif, qui, selon M. Berzelius, étoit élastique comme le caout- chouc, ou semblable en tout au gluten, n'ayant pas la moindre amertume, très-peu soluble dans l’alcool et dans l’eau , et même dans une légère dissolution alcaline, et ne répandant point d'odeur animale étant exposé à une température élevée. J'avoue que j'ai de la peine à concevoir comment le célèbre chimiste suédois a pu comprendre sous la dénomination d’extractif une pareille substance, laquelle, ainsi que ce savant l'observe lui-même , devoit son origine à une partie constituante du lichen modifié par les agens employés pour l’analyse. À juger de l'incohérence et de linstabilité des idées qu’on s’étoit formées concernant l’extractif, il sembleroit qu'on lui a fait jouer en Chimie le même rôle que le nectaire en Botanique, et que le schorll en Minéralogie, tant il est vrai que l'esprit humain, pour me servir d’une comparaison ingénieuse de Bacon, est semblable à un miroir inégal qui change l’image des objets, par la propre irrégularité de sa forme et de ses faces. En considérant les extraits sous un nouveau point de vue, j'ai reconnu que la plupart contenoient plusieurs matières ami- malisées assez variables dans leurs propriétés, et qui ont été le plus souvent confondues avec le principe extractif. Pour répandre plus de ‘clarté sur la nature des extraits en général, et en donner une idée plus exacte qu'on ne l'avoit fait jusqu’à présent, je vais essayer d’en tracer la classification d’après ces matières plus ou moins azotées qu'ils contiennent, - en ayant égard toutefois à l'impression qu'ils produisent sur l'organe du goût; car il peut être de quelque léger avantage pour le médecin, de les envisager aussi d’après les affections qu'ils font naître sur quelques parties de l’économie animale. Je ne dirai rien de la distribution des extraits admise par Rouelle l'aîné, qui a été tant vantée; elle n’étoit cependant propre, comme l'observe Fourcroy, qu'à embrouiller véritablement les idées sous le point de vuë chimique; d’ailleurs à cette époque déjà reculée , les plus habiles chimistes ne pouvoient se former ni par conséquent donner une idée nette de ces matières, qu’on regardoit plulôt comme des préparations pharmaceutiques que comme des produits végétaux chimiques distincts. J'ai-partagé les extraits, comme on va le voir, en cinq genres. Li ET D'HISTOIRE NATURELLE. Lo PREMIER GENRE: Extraits azotes peu amers. Caractères. Hs ont une saveur légèrement amère; ils contiennent un ou deux principes animalisés que le tannin précipite abon- damnient; ils donnent à la distillation un produit plus ou moins ammoniaçal. Espèces. Extraits de bourrache, de buglosse, de cochléaria, de cresson, de séné, de saponaire, de ciguëé, d’aconit, de jusquiame, de stramonium, de belladone, de nicotiane, d’el- lébore noir, de rhus radicans, de douce-amère, de chicorée, de valériane,. d’armoise , de laitue , de chamoædris , de chamæ- pitys, de chardon bénit...... SECOND GENRE. Extraits azotés très-amers. Caractères. Us fournissent deux principes animalisés, dont l’un extrémement amer et soluble dans l'alcool; ils sont d’ailleurs précipités abondamment par le tannin , et donnent à la distillation un produit ammonijacal. Espèces. Extraits de concombre sauvage, de trèfle d’eau, de fumeterre , de noix vomique..... TROISIÈME GENRE (1). Extraits hydro-azotés très-amers. Caractères. Exposés au feu , ils brülent avec une flamme assez vive et fournissent une quantité d'hydrogène excédente à la formation de l’eau; ils sont précipités abondamment par gene et contiennent un principe hydrogéné souvent associé à d’autres substances animales. Espèces. Extraits d’opium, d’aloès, de coloquinte, d'absinthe, de | de quinquina de Saint-Domingue , de chausse-trapé, de laitue vireuse, de pavot, de chélidoine...... ————————_—_—_—_—_—p2—Z (1) Les vases de cuivre doivent être proscrits , particulièrement dans la pré- paration de ces trois premiers genres d'extrait. Mm 2 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE QUATRIÈME GENRE. Extraits oxigénés. Caractères. Ils ont souvent une saveur sucrée, quelquefois acide ou astringente; ils ne contiennent point sensiblement d'a- zote, produisent peu ou point de changement avec le tannin , et donnent à la distillation un produit acide considérable, qui décèle une quantité notable d’oxigène, ordinairement dans la proportion de l'hydrogène et du carbone. On pourroit aussi ap- peler ces extraits muqueux, Car ils contiennent la plupart de la gomme. Espèces. Extraits de réglisse, d'aunée, d’oignon, de scille, de calagula, de polypode, de fougère, de safran, de rhubarbe, de cachou, de casse, pulpe de tamarins , suc d’hypociste, rob de sureau, rob de groseilles.. . CINQUIÈME GENRE. Extraits oxigénés et très-amers. Caractères. Ils sont d'une amertume considérable due à un principe amer particulier, associé à une matière gommeuse; ils ne produisent point de changement avec le tannin, et donnent à la distillation un produit acide assez considérable, qui ne con- tient point d'ammoniaque. Espèces. Extraits de gentiane, de petite centaurée, de quassia amara.... Il nous reste maintenant à confirmer d'une manière irréfra- gable la non existence de l’extractif; c’est ce que nous allons faire | en exposant une série d'analyses exactes de plus de trente espèces d'extraits dans lesquels l'extractif n’existe pont. , PREMIER GENRE. Extraits azotés peu amers. I. Analyse de l'extrait de Bourrache. Borago officinalis. Recueillie dans le temps de la floraison, cette plante a élé pilée dans un mortier de marbre avec de l’eau, et on l'a sou- mise à l’action d’une presse : le suc clarifié par le seul repos, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 275 étoit d'une couleur rouge foncée; cependant dès qu'il sort de la plante, il paroïit incolore ; il sembleroit que la vitalité n’est pas plutôt évanouie, que l’action chimique abandonnée à elle- méme exerce dans le moment son empire, modifie et altère les premières combinaisons qui avoient été formées sous l'influence vitale. Cette coloration du suc de bourrache ne me paroît pas due uniquement au contact de l'air, car je me suis assuré, non sans beaucoup de peine, qu'il se coloroit presque autant dans des vases “exactement bouchés, que dans ceux qui étoient ex- posés à l'air; que le froid retardoit cette coloralion, mais que la chaleur la déterminoit promptement. D'ailleurs cette couleur foncée qu’acquiert le suc de bourrache par la réaction de ses principes, et qu’on pourroit être tenté d'attribuer à l’extractif, réside en grande partie dans une substance particulière com- muve aux plantes de la famille des borraginées, et dont nous ferons bientôt connoître la nature. Le suc de bourrache soumis à l’action de quelques réactifs, s’est comporlé de la manière suivante : 1°. 1 n’est pas sensiblement troublé par la chaleur de l’ébul- liion , ce qui annonce l'absence de l’albumine. 2», Il ne contient point d'acide libre, comme on en remarque dans la plupart des végétaux, car il ne rougit point sensible- ment la teinture de tournesol, ni le papier teint avec cette substance; mais si on l’abandonne quelques jours à lui-même, il acquiert une légère acidité sensible aux réactifs, et il s’en est séparé en même temps un magma fort abondant. 3°. Tous les acides, même les plus foibles, occasionnent dans ce suc récent un coagulum abondant, d'une couleur brune, et le liquide surnageant est presque entièrement décoloreé. 4. Les alcalis n’y produisent aucun changement, seulement ils augmentent l'intensité de la couleur. à 5. Les sels de plomb, de mercure, de fer, de zinc, de man- ganèse, de cuivre, et vraisemblablement toutes les dissolutions métalliqués sans exception, produisent dans le suc de bourrache un coagulum abondant et coloré , et la liqueur surnageante est le plus souvent entièrement décolorée. 6. La dissolution des terres alcalines ainsi que les sels terreux y forment aussi des dépôts plus ou moins abondans; il en est de même du muriate de soude et autres sels neutres. 7°. Linfusion de noix de galle trouble ce suc et y annonce la présence d’une matière animale. « ; LZ 274 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 8. Un excès d’oxide de plomb que l’on fait bouillir avec l'in- fusion de la plante sèche, en précipite entièrement la même substance qui en est séparée par les acides. Ces épreuves annoncent dans le suc de bourrache la présence d'une matière assez singulière, fort abondante; qui ne paroit que foiblement retenue en dissolution dans le suc, et qui s’en sépare lorsqu'on lui présente un corps qui, ayant de l’aflinité avec l’eau ou avec cetle matière, détermine un rapprochement dans ses molécules qui lui fait perdre une partie de sa solubilité. Lvaporation du suc de Bourrache. Clarifié , ainsi que nous l'avons dit, par le repos et non pañ le blanc d'œuf, afin de prévenir la séparation de quelques-uns de ses principes, et éviter en même temps d'y en introduire d’autres, ce suc a été évaporé à une douce chaleur dans un vase d'argent ; pendant les progrès de l’évaporation, ils s’est formé , à la surface de la liqueur, des nappes muqueuses assez épaisses, se renou- vélant bientôt lorsqu'on les avoit enlevées, et formant , par leur réunion, des masses molles, fibreuses, tremblantes, d’une cou- leur brune foncée, et ayant l'apparence du caillot de sang. L’évapo- ration ayant élé continuée sans en séparer les pellicules muqueuses et en remuant, sur la fin il est resté une pelote molasse, ridée, élastique, fibreuse comme du gluten, n’adhérant nullement aux mains ni au vase évaporatoire. Cette pelote, ainsi obtenue par l'évaporation du suc de bourrache, a été lavée à plusieurs reprises avec de l’eau froide, jusqu’à ce que cette dernière cessät de se colorer. Les eaux de lavages ort été mises à part pour être exa- minées, el il est resté une substance muqueuse, insoluble, abon- dante, dont voici les propriétés. Examen de la substance muqueuse de la Bourrache. Elle est un peu glaireuse, demi-transparente, onctueuse, et douce sous les doigts, d’une couleur brune, un peu élastique et tremblante. Cette substance, qui étoit retenue en dissolution dans le suc de bourrache, perd sa solubilité dans l’eau froide dès qu'elle est séparée de son dissolvant par un moyen quelconque. L'eau bouillante la dissout en partie lorsqu'elle est à l’état glai- reux, et donne un liquide épais, moussant beaucoup par l’ébul- lition, et se prenant en gelée imparfaite par le refroidissement et par le repos. Cette dissolutin , qui est assez permanente, est préci- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 275 pitée entièrement par les acides, qui forment avec la matière muqueuse de véritables combinaisons insolubles. Plongée à l’état glaireux dans l'acide phosphorique, celui-ci semble disparoître du mélange, et perd en grande partie son acidité, tandis que la matière muqueuse se contracte sur elle-même ; si après l'avoir bien lavée et desséchée on la chauffe fortement, elle laisse pour résidu de l'acide phosphorique vitreux fondu. Les dissolutions métalliques, les terres alcalines, et la plupart des sels la précipitent aussi de sa dissolution ; mais l’infusion de noix de galle ne fait qu'en troubler la transparence. L'alcool bouilli avec cette substance glaireuse, la crispe et en sépare un peu de matière colorante verte. Les acides, plus ou moins affoiblis, chauffés avec cette sub- stance, ne la dissolvent point sensiblement ; plongée dans l’acide nitrique, elle se crispe et se contracte; dans cebétat, elle paroiït avoir éprouvé peu d’altération. Cependant elle se dissout dans une légère dissolution, et donne une liqueur brune foncée dans laquelle les acides font des dépôts gélatineux. Abandonnée quelque temps à elle-même dans l’eau, elle se moisit et ne semble pas se décomposer ; cependant, à la longue, elle donne des signes manifestes de putréfaction comme les sub- _stances animales. La matière muqueuse de la bourrache , desséchée à une douce chaleur, se réduit à un petit volume d’un noir foncé comme du charbon, perd la plupart de ses propriétés, et se ramollit à peine dans l’eau sans augmenter sensiblement de volume. Mise sur un charbon ardent elle brüle sans se fondre. Soumise à la distillation , elle a donné pour produit, 1° du car- bonate d'ammoniaque dont une partie étoit sublimée à la voute de la cornue; 2° une liqueur alcaline qui contenoit le même sel; et enfin une huile pyrogénée, épaisse et assez abondante. Il est resté dans la cornue un charbon irisé qui avoit conservé la forme de la substance employée. Telles sont les principales propriétés que m'a offertes la matière muqueuse de la bôurrache. Maintenant, quel rang doit-on assigner à cette substance parmi les produits immédiats des êtres organisés ? Il me paroîit qu'elle doit être na- turellement rangée dans le genre mucus, qui comprend déjà plu- sieurs espèces distinctes dont le savant chimiste Berzelius nous a fait connoître la nature. Le mucus de la bourrache paroiït avoir quelques analogies avec celui de la bile, avec lequel les acides 276 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE produisent aussi un coagulum abondant; mais il est beaucoup: moins visqueux, moins animalisé, et ne se ramollit pas sensible- ment dans l’eau lorsqu'il est séché comme celui du fiel. Au reste, ce mucus paroit commun à toutes les plantes de la famille des borraginées, du moins je n'ai encore pu trouver d'exception parmi beaucoup d'espèces que j'ai essayées. Examen.des eaux de lavage qui ont servi à séparer la matière mu- queuse des autres principes solubles, de l'extrait de Bourrache. Ces eaux réunies contenoient encore du mucus, dont la pré- sence y étoit rendue sensible par l’affusion des acides qui y pro- duisirent un précipité. On a fait évaporer la liqueur; elle a laissé déposer une petile quantité de mucus mêle dau sel végétal à base de chaux ; l’évaporation ayant été continuée à une chaleur bien ménagée, on a obtenu un résidu sec, attirant l'humidité, et montrant peu de disposition à se dissoudre dans l'alcool af- foibli, même bouillant; cependant après une longue ébullition, on est parvenu à en dissoudre une petite quantité. La liqueur alcoolique évaporée spontanément à l'air, n’a laissé déposer que fort peu de nitrate de potasse; elle contenoit en outre, une matière animale qui étoit abondamment précipitée par le tannin , plus, de l’acétate de potasse, car l'acide sulfurique afloibli, aidé de la chaleur, en a dégagé de l'acide acétique, et il s’est déposé du sulfate de potasse. x : Examen du résidu de l'extrait de Bourrache séparé du mucus et qui a refusé de se dissoudre dans l'alcool affoibli bouillant. Ce résidu redissous dans l’eau, a encore laissé déposer un sédiment que l'on a séparé par le filtre, et qui étoit un mélange de mucus uni à un sel végétal à base de chaux, que je n'ai pu examiner vu sa petite quantité. La liqueur étoit abondamment précipitée par l’infusion de noix de galle ; elle contenoit: en effet une malière animale qui étoit aussi précipitée par le nitrate de plomb; ce dernier séba été versé dans la totalité de la liqueur; on a recueilli le dépôt, et après l'avoir bien lavé, il a èté dé- composé par l'acide sulfurique afloibli; on a obtenu un aeide végétal d’une saveur assez forte, retenant une quantité consi- dérable de matière animale que l'alcool et l'éther n’ont pu lui enlever qu’en partie. Combiné à la chaux, il donne un sel soluble qui. laisse sur les ET D'HISTOIRE NATURELLE. 277 les vases un enduit vernissé. Redissous dans l’eau, il étoit abon- damment précipité par l’oxalate d'ammoniaque et par l’acétate de plomb; ce dernier dépôt éloit parfaitement insoluble dans le vinaigre distillé; mais en ajoutant au mélange quelques gouttes d'acide nitrique, le précipité a disparu. Avec la potasse et l'ammoniaque , cet acide forme des sels déliquescens, incristallisables, parfaitement insolubles dans l'alcool affoibli. Get acide ne paroït point être de l'acide malique, vu l’état d'impureté dans lequel je l'ai obtenu; je n’ai pas encore de données assez certaines pour prononcer sur sa nature; mais il est bien probable qu'il estle même que celui que nous ferons mieux connoître dans d’autres plantes herbacées ; il étoit uni à la po- tasse dans les plantes. La liqueur, séparée du dépôt dont nous avons parlé, formé dans l'extrait de bourrache par le nitrate de plomb, a été mélée à peu d'acide sulfurique pour éliminer l'excès du plomb, puis ensuite a été évaporée; il est resté un résidu composé de matière animale, dé sulfate et d’acétate de potasse, et d'un peu de sel végétal à base de potasse, que le nitrate de plomb n’avoit point décomposé entièrement , probablement parce que la liqueur contenoit un excès d'acide. En recueillant avec soin les produits de l'extrait de bourrache obtenu de l’évaporation immédiate du suc, j'ai trouvé par ap- proximalion que 44 grammes de cet extrait sec contiennent 1°. Mucus des borraginées.. . ... . . . . .#18"0 2°. Matière animale insoluble dans l'alcool. . 13 ,0 3°. Acide végétal uni à la potasse. . . . . 11 ,0 4. Acide végétal uni à la chaux. . . . . . oo ,5 Me. Arcétate de potassés. nn 2€. ait ee AT O 6°, Nitrate dè polasse .: 1. «eee 2 en NO 44,0 On voit par cette analyse de l'extrait de bourrache, qu'il ne recèle aucun principe que l’on puisse confondre avec l'extractif. Cet extrait diffère considérablement selon da manière dont il a été préparé. Obtenu par l’évaporation du suç décanté, on n’ob- tient qu'une masse molle élastique. Le même suc_clarifié au blanc d'œuf, donne un extrait qui contient beaucoup moins de mucus que le précédent, mais qui en retient cependant assez pour Tome LXXXIF. AVRIL an 1817. Nn 278 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE quelquefois grumeler pendant sa préparation. Enfin l'extrait ob- tenu de la plante sèche , contient moins de mucus, et, par celte raison, est moins sujet à se moisir. Les pharmaciens ont ob- servé que ce dernier éxtrait s’obtenoit plus abondamment que celui qui résulte de la clarification du suc, par la raison que dans cette dernière circonstance le mucus séparé à l'aide du blanc d'œuf occupant un volume considérable, entraîne dans ses molécules beaucoup de matière soluble que le lavage peut lui enlever, au lieu que dans la plante sèche , ce macus est réduit à un lrès-petit volume, et a perdu par cette dessi- calion une partie de ses propriétés. Reste cependant à savoir si cet extrait doit être employé préférablement à celui obtenu du suc clarifié, qui contient, comme nous l'avons dit, une plus grande quantité de mucus, dans lequel réside probablement une partie des vertus béchiques et incisives que l'on attribue à la bourrache. C’est aux médecins observateurs et éclairés, qu'il appartient de décider celte question. Il me reste ehcore une remarque importante à faire relativement à l'extrait de bourrache, c’est que däns la préparation on doit bien se garder d'employer des vases de cuivre, autrement il pourrait en résulter les plus grands dangers; il me suflira de dire qu'il m'est arrivé d’avoir fait évaporer du suc de bourrache, et de l'avoir laissé séjourner dans une petite châhdière de cuivre; il a contracté une saveur cuivreüse tellement forte, que je suis persuadé qu’une cuillerée de çe sue auroit suffi pour donner des coliques violentes. En y plongeant une lame de fer, elle s’est bientôt recouverte d’une couche de cuivre. L’extrait de bourrache contient un peu d’acide libre et beaucoup de matière animale, et on sait que ces substances agissent fortement sur le cuivre. IL. Analyse de l'extrait de Cochléaria. Cochlearia officinalis. Cette plante fraiche a été pilée dans un mortier de marbre, le suc nouvellement exprimé n’a point bruni l'argent ni les dis- solutions ‘métalliques; il ne contenoit donc ni soufre, ni hy- drogène sulfuré. Soumis à la chaleur de l’ébullition, il s’est clarifié par la coagulation de l'albumen qu'il retenoit, et qui a été séparé en mêmé temps que la matière colorante verte; filtré, ce suc étoit peu coloré et n’avoit point l'odeur forte de la plante, celte odeur résidoit en grande partie dans le marc exprimé. Ce suc s’est comporté dela manière suivante avec les reacufs. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 579 Teiñture de tournesol. Couleur rouge. /nfusion aqueuse de noix de galle. Précipité assez abondant. Acétate de plomb. Pré- cipité blanc jaunätre, en partie soluble dans l'acide nitrique ; liqueur surnageante presque décolorée. Nuitrate d'argent. Léger dépôt insoluble dans l'acide nitrique. Nitrate de baryte. Précipité blanc, presque entièrement soluble dans l'acide nitrique. Eau de baryte. Dépôt jaune , liqueur surnageante de la même couleur. Oxalate et carbonate d'ammoniaque, annoncént une assez grande quantité de chaux unie à un acide. Acides. Couleur rougeitre sans aucun aulre changement. Æ{calis. Couleur d’un beau jaune, dépôt coloré. Sulfate de fer. Couleur rembrunie verdätre , léger précipité grisätre, qui ne paroît que quelques temps après. Mu- riale de chaux. Faen d'appareut. lcool.Précipitéblanc, floconneux. Tels sont les phénomènes qu’a offerts lesuc de cochléaria essayé avec les réactifs; on peut en déduire quelques conséquences sur la nature des substances qui y sont contenues. Evaporation du suc de Cochléaria; action de l'alcool sur son extrait. Cette évaporation à été faite dans un vase d'argent fin, sans qu'il en soit terni; il s’est formé à la surface de la liqueur des pellicules blanches assez abondantes d'un sel caleaire peu so- luble, qu'on n’a point séparé; il est resté après l’évaporation continuée jusqu'a siccité à une très-douce chaleur, un extrait peu coloré. 30 grammes de cet extrait ont été ramenés en con- sislance de miel par l'addition d’un peu d’eau. On a fait bouillir cet extrait plusieurs fois successives avec de l'alcool à 35°, jusqu'à ce qu'il ait refusé d'agir. Les liqueurs alcooliques réunies seront examinées plus bas. Le résidu de cet extrait imsoluble dans l’al- cool a été repris par l’eau qui l’a dissous en partie , et a laissé déposer un sel calcaire blanc et pulvérulent, du poids de 2 grammes 6 décigrammes. Décoriposition de ce sel; examen de son acide. Il n’étoit pas parfaitement pur, et retenoit un peu d'albumine coagulée; après l'avoir bien lavé, -on l’a décomposé par l'acide sulfurique afloibli, et il en est résulté un acide qui retenoit des traces d'acide sulfurique qui lui ont été enlevées par la baryte. Cet acide végétak purifié à l'alcool, est presque incolore ; in- cristallisable, et attire puissamment l'humidité de l'air. I forme ayec l’acélate ou le nitrate de plomb , un dépôt blanc, caillebotté, Nn 2 280 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE peu soluble dans une grande quantité de vinaigre distillé, mais qui disparoît complètement dans peu d'acide nitrique afloibli. * Le nitrate d'argent ne produit absolument aucun changement avec cet acide, mais le nitrate de mercure y manifeste un pré- cipité. L’eau de baryte versée dans cet acide, y fait un pré- cipité abondant, soluble dans un excès d'acide; ce sel acidulé, desséché ; ressemble à un vernis transparent sur la surface des vases. Avec la potasse et l’ammoniaque , il donne des sels déliquescens, in- solubles dans l'alcool; avec lamagnésie, une combinaison semblable à de la gonime, mais n’attirant point l'humidité de l'atmosphère. Il paroîtque cet acide, qui d’ailleurs a de la ressemblance avec l'acide malique, est le même que celui que nous avons fait connoitre dans la bourrache; il est à présumer qu'il doit être fort com- mun dans les plantes herbacées. ÆExamen du résidu du Cochléaria épuisé par l'alcool bouïillant. Ce résidu repris par l’eâu, et séparé, comme on l’a dit ci-desus, du sel végétal à base de chaux, a offert un liquide brunätre, qui relenoit encore en dissolution du même sel calcaire et une autre combinaison de l'acide précédemment décrit avec la potasse., On a séparé ces deux sels de la liqueur, en y versant d’abord de l'acide oxalique pour précipiter la chaux, puis ensuite de l'acide tartarique qui a formé avec la potasse une combinaison peu soluble: On a rapproché la liqueur et on l’a traitée par l'alcool, qui s'est emparé de l'acide dégagé de ses combinaisons; le résidu, séparé en grande partie du surtartrate de potasse, étoit formé d’une matiere animale d’une couleur brune, qui étoit abondam- ment précipitée par le tannin, et brüloit en répandant une odeur désagréable ; elle pesoit 9 grammes 6 décigrammes. J’évalue à 2 grammes le sel végétal à base de potasse qui étoit mélangé à cette substance. ÆExamen de la matière dissoute dans l'alcool bouillant appliqué à l'extrait de Cochléaria. Ces liqueurs alcooliques réunies, comme nous avons dit, n’ont point laissé déposer de matière saline en refroidissant, ni même en rapprochant convenablement; en continuant cette évaporation au bain-marie jusqu’à siccité, il est resté 14 grammes 5 déci- grammes d’une substance qui a présenté les propriétés.suivantes : elle étoit d’un brun rouge foncé, et d’une saveur sucrée bien ET D'HISTOIRE NATURELLE. 281 prononcée ; elle est absolument insoluble dans l'alcool froid. Linfusion aqueuse de noix de galle précipite abondamment la dis- solution de cette matière. L’acétate de plomb en trouble à peine la transparence. L'eau de chaux, de baryte, etles autres alcalis lui communiquent une belle couleur jaune, sans y former de préci- pité. Le nitrate d'argent en précipite du muriate d'argent, ce qui annonce dans cette matière un muriate. Le sulfate de fer lui communique une couleur foncée. Le chlore ÿ produit un dépôt blanc floconneux. Cette matière , exposée au feu dans un creuset, a brülé avec boursoufilement considérable, en exhalant une odeur de caramel mélangée de matière animale brülée; il est resté un charbon diflicile à incinérer, et qui a laissé une cendre très-légère, qui contenoit du muriate de potasse et un vestige de potasse, Au reste, celte malière animalisée sucrée ne contenoit ni acétate de potasse, ni aucun sel à base d’ammoniaque, ainsi que je m'en suis assuré. Je h’ai pas besoin d'observer qu'elle n’a nulle ressem- blance avec le prétendu extractif; elle auroit plutôt de l’analogie avec la matière que l’on a nommée »mucoso-sucré. I] résulte de cette analyse, que 30 grammes d'extrait de cochléaria sont com- posés de 1°. Matière animalisée sucrée insoluble dans l'alcoDE TOI Et SHMAON APE LION NT ARE 2°. Matière animalisée insoluble dans l'alcool EU ET RE ET EE RO CE HE ARTS RÉEL € 5°. Sel calcaire contenant un acide végétal. . . 2 ,6 4. Sel à base de potasse contenant le même ACIAE sn 2 in 2 De : NME PERTE MUR 5. Muriate de sulfate de potasse et perte. . . 1 ,5 30 ,0 La plante fraiche contient, outre ces principes, de l’albumine, de la fécule verte, de la fibre ligneuse, et le principe äcre des crucifères décrit par Einhof, et dans lequel paroît résider toutes leurs vertus. À II. Analyse de l'extrait de Séné. Cassia lanceolata ( Lamarck ). M. Bouillon-Lagrange avoit déjà fait l'analyse de cette espèce de séné (1), connu sous les noms de Séné d'Alexandrie où de la (1) Annales de Chimie, tome XXIV, pag. 2. 282 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Palte; aussi nous serions-nous dispensé d'examiner son extrait; si M. Thomson et d’autres chimistes ne l’eussent considéré comme fournissant particulièrement le principe extractif; mais nous allons prouver que celte assertion n’est point fondée. On trouvera sans doute mes résultats diffcrens sous plusieurs rapports de ceux annoncés par M. Bouillon-Lagrange; mais il faut considérer qu'à l'époque où ce chimiste fit l’analyser du séné, la Chimie végetale n'avoit pas encore atteint le degré de perfecuon qu’elle a acquis aujourd'hui; toutefois, je serai obligé de relever quelques opi- nions erronées qui semblent avoir échappé à la sagacité de ce savant, auquel la science a d’ailleurs de grandes obligations. La décoction de séné s’est comportée de la manière suivante, avec quelques réactifs. 1°. Lesacidesetl'infusion de noix de galle y produisent de légers precipités fauves, qui ne paroissent qu’au bout de quelques mi- nutes , ainsi que l’avoit observé M. BouillonsLagrange. æ. L'alcool y fait un dépôt assez volumineux ; si on filtre la liqueur et qu’on y ajoute de l'acide nitrique ou tout autre acide, elle conserve sa limpidité, d'où il résulte que la substance pré- cipitée par les acides dans la décoction de séné, l’est aussi par l'alcool affoibli. Cette substance n’est donc point de l’extractif altéré par sa combinaison avec l’oxigène, comme le pense M: Thompson. Au reste, ce dépôt, formé par l'alcool dans la décoction de séné, ne fait pas effervescence avec les acides, comme le-dit M. Bouil- lon-Lagrange; je l'ai trouvé composé de mucus altéré par l'alcool, d’un sel calcaire peu soluble, d'un principe gommeux, et d'acé- tate de chaux. 3°. Ite sulfate de fer développe dans la décoction de séné une couleur très-foncée, et il se forme un précipité gris foncé, qui est dû, à ce qu'il me paroît, à une matière muqueuse. 47. L'eau de baryte, le nitrate de mercure et de plomb y font des précipités colorés abondans. 3°. Le nitrate d'argent, ün léger précipité qui ne s’est dissous qu’en partie dans l'acide nitrique. . 6°. L'oxalate et le carbonate d'ammoniaque y produisent des précipités calcaires qui annoncent un sel à base de chaux. 7°. Le,chlore a donné naissance à un précipité jaunätre, solable dans l'alcool. ] Soixante grammes de séné ont été mis en ébullition trois fois successives avec de l’eau; les décoctions passées bouillantes à ET D'HISTOIRE NÂTURELLE. 283 fravers une Loile fine ont été réunies dans un vase exactement bouché, que l’on a laissé en repos pendant 24 heures; il s’est rassemblé un dépôt duquel on a séparé la liqueur par la décantation. de Examen de ce dépôt. Bien lavé, il étoit d’une couleur grisätre, d’une saveur fade, d’une consistance demi-liquide, comme "glaireuse, et onctueuse sous les doigts comme le mucus. Il s’est dissous en partie dans l'eau bouillante : cette liqueur étoit entièrement précipilée par l’acétate de plomb et par les acides. Cette matière ne s’est point dissoute dans une légère dissolution de potasse. Chauflée avec un acide, elle a pris plus de densité; la liqueur acide étoit claire et ne contenoit rieu en dissolution. Desséchée, elle se réduisoit facilement en poudre, et a donné à la distillation un produit am- moniacal. Cette,matière paroitroit avoir de l’analogie avec le mucus des borraginées ; je l’évalue à 6 décigrammes. J’observerai que je n’ai pu constater la présence du carbonate de chaux dans aucun des produits du séné non incinéré, comme l'a indiqué, dans son Mémoire, M. Bouillon-Lagrange; cependant plus loin, ce chimiste sembleroit se contredire lui-même, car il n'indique point de craie dans les cendres provenant de la com- bustion des feuilles de séné (1), et il en annonce au contraire dans l'extrait incinéré. 11 se sera probablement glissé quelques erreurs pendant la rédaction. Æxamen de la décoction de Séné séparée du dépôt précédent. Cette liqueur étoit assez transparente; on y a fait passer de l'air atmosphérique pendant long-temps avec un soufilet, comme l'in- dique M. Bouillon-Lagrange, mais elle n’en fut point troublée; elle l’étoit au contraire , mais moins qu'auparavant, en y ajoutant un peu d'acide muriatique, ce que j'attribue à la matière mu- queuse que cette liqueur retenoit encore, et qui étoit précipitée par les acides comme celle des borraginées. On ne peut donc point raisonnablement regarder ce précipité comme l’extractif oxigéné. J’observerai encore ici qu’on a singulièrement abusé de ce mot (:) Ces cendres ne contiennent point de magnésie, ainsi que je m’en suis assuré, mais elles sont formées en grande partie de phosphate et de carbonate de chaux, de muriate de potasse , et d’une petite quantité de potasse. 284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pour l'appliquer indifféremment à toute sorte de dépôts qui se forment dans les sucs exprimés, les infusions, les décoctions, : sans trop avoir examiné leur nature. La décoction de séné a été évaporéepour en obtenir l'extrait ; lorsqu'elle s’est réduite à un certain point, elle filoit à la manière du mucus , mais elle ne s’est point troublée ; en prenant plus de consistance elle avoit une sorte d’élasticité et ressembloit à une matière gommeuse épaissie; l'évaporation poussée à siccilé, à üne chaleur très-ménagée, a laissé un extrait brun foncé, cassant, attirant à peine l'humidité. Action de l'alcool sur l'extrait de Séne. Seize grammes d'extrait sec de séné, ramenés à une consistance de sirop épais par une addition d’eau chaude, ont été traités successivement par l'alcool bouillant jusqu'a cessation d'action. Il est resté un résidu assez abondant, que ce liquide a refusé de dissoudre; il pesoit 7 grammes’ 5 décigrammes y compris environ un gramme de matière semblable déposée des liqueurs alcoo- liques réfroidies; celles-ci évaporées ont laissé 8 grammes 6 dé- cigrammes d’un principe que nous examinerons plus bas. Examen du résidu insoluble dans l'alcool appliqué a l'extrait de Séne. Ce résidu repris par l’eau chaude ne s’est dissous qu’en partie; il est resté un dépôt que l’on a bien lavé et desséché ; il étoit d’un aspect terreux et d’un gris rougeûtre ; il ne fait point d’efferves- cence avec les acides. Exposé au feu, il a brülé presque sans donner de flamme, et a laissé une grande quantité de carbonate de chaux; ce dépôt étoit en effet formé en grande partie d’un sel végétal calcaire uni à du mucus altéré et rendu insoluble par Vaction de l'alcool. On a dégagé l'acide végétal de ce dépôt en le chauffant avec un peu d’acide sulfurique; et traitant ce mélange par l'alcool, il en est résulté un acide incristallisable et attirant Fhumidité de l'air. I ne trouble point le nitrate d’argent, produit avec l’acétate de plomb un précipité soluble dans l’acide nitrique, mais non dans l'acide acétique, et formant avec un excès d'eau de chaux un dépôt floconneux. Uni avec l’'ammoniaque, il a donné un sel déliquescent indissoluble dans l'alcool; la petite quantité de cet acide ne m'a pas permis d’examiuer ses autres combinaisons, ; J6 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 285 Je reviens à la dissolution aqueuse séparée du dépôt précédent: elle contenoit les autres principes de l'extrait de séné insoluble dans l'alcool; évaporée, elle a produit à sa surface des pellicules muqueuses qui ont augmenté sur la fin, et il est resté un résidu sec, cassant, n’attirant point l'humidité, et pesant 6 grammes 5 de- cigrammes ; en faisant redissoudre dans l’eau ce résidu, il s’en est encore séparé un peu de mucus insoluble, et on a obtenu par lévaporation de la liqueur tirée au clair, une masse transpa- rente, d'un brun rougeätre foncé presque noir, surtout lorsqu'elle est réduite en poudre. Elle a l'apparence d'une gomme; sa saveur étoit fade, un peu salée; exposée au feu, elle laisse beaucoup de carbonate de chaux; elle est parfaitement insoluble dans l'alcool ; sa dissolution aqueuse, d’un brun foncé, n’étoit point troublée par les acides, ni par le sulfate de fer, comme avec la décoction ou l'infusion de séné. L’infusion de noix de galle, de même que le nitrate d'argent, n’y ont produit aucun chan- gement. Le nitrate de mercure et l’acétate de plomb y ont formé des précipités extrêmement abondans. Le muriate de chaux n'y a manifesté aucun changement, même après avoir ajouté de l’ammoniaque au mélange. L’oxalate d'ammoniaque y a fait un précipité d’oxalate de chaux qui indique un sel calcaire dans cette matière gommeuse; cependant l’eau de chaux en excès n’a point sensiblement troublé sa dissolution, ce qui indique un sel calcaire qui n’est point précipité par un excès de chaux. Soupconnant que ce sel pouvoit être de l’acétate de chaux, j'ai distillé une certaine quantité de cette matière gommeuse à une douce chaleur avec l’acide phosphorique, et j'ai effectivement obtenu une quantité notable d'acide acéuique , dont l’odeur étoit très-pénétrante. Pour déterminer la quantité d’acétate de chaux qui se trouvoit mélangé à la matière gommeuse , j'ai incinéré deux grammes de cette dernière dans un creuset d'agent; le carbonate de chaux qui en est résulté a été saturé par l'acide acétique, et on a obtenu 8 décigrammes d’acétate de chaux ; d’où il résulte que les 6 grammes 5 décigrammes de la substance gommeuse du séné étoient composés de 5 grammes 1 décigramme de prin- cipe gommeux, et de 1 gramme 4 décigrammes d’acétate de chaux. Examen du principe de l'extrait de Séné soluble dans l'alcool. On se rappelle que nous avons séparé ce principe, pesant 8 grammes 6 décigrammes, en faisant agir l'alcool bouillant sur Tome LXXXIV. AVRIL an 1817. Oo 286 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les 16 grammes d'extrait de séné, ramené en-consistance de sirop avec de l’eau, pour favoriser l’action de l'alcool, aussi con- tenoit-il un peu de substance gommeuse ; pour l'isoler de celle-ci, on l’a fait redissoudre dans l’eau, et on y a mélé quelques gouttes d’acétate de plomb, puis on a ajouté à la liqueur filtrée un peu de carbonate d’'ammoniaque pour éliminer l’excès de plomb, et on a fait évaporer à siccité. Je considère ce résidu. comme le principe pur et bien isolé de l'extrait de séné soluble dans l'alcool , si ce n’est qu'il contient un peu de muriate de potasse et des vestiges d’acétate de potasse. Ce principe est d’un brun jaunâtre , transparent, d’une cas- sure lisse et vitreuse ; il se dissout très-facilement dans l’eau, et donne une liqueur transparente d'un rouge foncé, lorsqu'elle est vueen masse , mais sur un vase de porcelaine , elle paroït d’un jaune tirant au brun. Elle a l'odeur nauséabonde et la saveur particulière légèrement amère que l’on connoiît au séné. Cette même dissolution ne se trouble nullement, soit par des évapo- rations répétées , soit en l’exposant sur de grandes surfaces au contact de l'air; seulement, elle finit par se moisir. Les acides ne produisent absolument aucun changement, mais l'infusion de noix de galle y détermine un précipité. Cette même disso- lution n’est point affectée par l’acétate de plomb. Le nitrate d'argent y forme un léger précipité de muriate d'argent. Le sulfate de fer lui communique une couleur foncée presque noire, sans en troubler la transparence. L'eau de chaux , l’eau de baryte et les alcalis en exaltent la couleur. Le chlore y aformé un précipité jaunätre, soluble dans l'alcool. Exposé au feu, cé principe du séné brüle avec boursoufllement en répandant une odeur assez désagréable, et laisse un charbon peu sapide et assez difficile à incinérer. Soumis à la distillation, 1l a donné un produit acide peu considérable, qui contenoit peu d’ammoniaque ; il estresté dans la cornue une très-grande quan- tité de charbon contenant du muriate de potasse et des traces de potasse. Il est très-évident que c’est à ce principe du séné soluble dans l’alcool, qu’on doit attribuer toutes les propriétés du séné. Ce principe appartient à un genre extrêmement nombreux en espèces, lesquelles ont entre elles des caractères chimiques assez constans , mais dont les propriétés physiques et médicinales sont presque aussi variées que les végétaux qui les fournissent. Ce genre de substance est encore innominé. Il mérite une at- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 287 tention particulière de la part des chimistes et des médecins. Au reste, on se tromperoit fort si on le confondpit avec la ma- üère extractive telle qu’elle a été décrite jusqu’à présent. Dans les feuilles récentes de séné, ce principe actif paroît avoir une légère acrimonie qui ajoute beaucoup à ses vertus purgalives, et qui se dissipe en partie par l’ébullition ; aussi l'in- fusion de séné purge-t-elle beaucoup plus que sa décoction. C'est ce qui a fait dire à Mesné, que la vertu du séné résidoit à- sa superficie. En résumant les faits contenus dans cette analyse, on trouve que 16 grammes d'extrait sec de séné sont composés de 19. Un principe actif soluble dans l’eau et dans l'alcool, n’éprouvant point de changement avec les réactifs, si ce n’est avec le tannin et le chlore quile précipite. 8:" 6 2°. Un principe gommeux précipitant plusieurs disso- lutons métalliques. an. bonsoir ot thin) ent 3°. Du mucus précipitable par les acides. . . . . . + ,0 A HDelacéhate de chaux: 24 +02. url ba aterlne sé 5°. Un sel calcaire médiocrement soluble, commun dans Jes Vébelaux. eut snvrtenwe ent Evrale lac Oncaf Of Murale dE DOlASSE LS -: S'alyoleres mCteyTer A HAcE re de notasse, IACES 22 en lt 234 16 ,7 Augmentation. . :°. . . : 7 Analyse de l'extrait de Saponaire..Saponaria oflicinalis. La saponaire, recueillie sur la fin de sa floraison, a été hachée, Smbetillie avec une quantité d’eau pure; la décoction, passée à travers un linge, s’est éclaircie par le repos, en laissant déposer un sédiment d’un blanc verdätre, qui contenait une matière colorante d’un beau jaune. La liqueur séparée de ce dépôt moussoit très-for- tement par l'agitation, comme de l’eau de savon. Essayée par quelques reactifs, elle a donné avec teinture de tournesol, couleur à peine rougie. Acétate de plomb. Précipite d’un blancjaunätre, en- tierement soluble dans l’acide intrique ; liqueur surnageante jaune. : Infusion aqueuse de noix de galle. Précipité floconneux peu coloré. Eau de baryte et eau de chaux.Liégers précipités. Vitrate de baryte. Idem. Mitrate d'argent. Transparence à peine troublée. Carbonate d'ammoniaque et alcalis. Couleur d’un beau jaune, sans que le mé-: Oo 2 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lange soit sensiblement troublé. Oxalate d'ammoniaque. Transpa- rence légèrement troublée. , « 11 paraît que cette décoction ne contient que des lraces inappré- ciables de sel calcaire. Evaporation de la décoction de Saponaire; action de l'alcool sur son extrail. Evaporée, cette liqueur n’a point formé de pellicules à sa sur- face, ainsi qu'on pouvoit s’y attendre, puisque ces pellicules sont dues le plus souvent, dans les plantes herbacées, à un sel calcaire, qui, en perdant une partie de sa solubilité par le rapprochement des liqueurs, se précipite et entraine un peu de matiere albumi- neuse ou d'autres substances. En continuant cette évaporation jusqu’à siccité, on a ob- tenu un extrait mi-transparent et peu coloré. Redissous dans l'eau, il a laissé déposer un sédiment blanc, très-divisé, d’une ma- üière végétale qui ne retenoit que des traces légères de sel calcaire, ainsi qu'on s'en est assuré par la combustion. 20 grammes d'extrait de saponaire mis dans l’alcool à 35° froid, ont montré peu de dispo- sition à s’y dissoudre; mais, par l’action de la chaleur, une partie a passé dans l'alcool. On a continué de faire agir cehiquide bouillant à plusieurs reprises sur le résidu , jusqu’à ce qu'il cessât d’en dis- soudre. Nous allons procéder à l'examen du principe enlevé à l'extrait par l’alcool, et nous examinerons ensuite le résidu inso- luble dans ce liquide. Examen du principe savonneux dissous dans l'alcool appliqué à l'extrait de Saponaire. L'alcool chargé de ce principe a laissé déposer, en refroidissant a environ un gramme de matière extractiforme , mais aucune autre substance saline. La liqueur évaporée à siccité a laïssé la substance sayonneuse assez pure, abstraction faite d’une très-petite quantité d’acétate de potasse qu’elle recéloit; elle pesoit 14 grammes 6 dé- cigrammes. Élle est d’an jaune brunâtre, transparente, d’une saveur un peu amère, mais laissant au fond de la gorge une constriction assez désagréable et singulière. Quelques décigrammes de cette matière dissoute dans un litre d’eau, lui communiquent la propriété de mousser fortement comme de l’eau de savon en y soufllant avec un tube. L’infusion de noix de galle a formé dans la dissolution aqueusé de cette substance un précipité floconneux abondant, d’un : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 285 jaune fauve, et la liqueur étoit en partie décolorée; ce précipité est soluble dans l'alcool. Les dissolutions métalliques ne troublent point la solution de celte matière lorsquelle est pure, d’où il résulte qu’on peut aussi l'obtenir en précipitant la décoction de saponaire par l’acétate de plomb , et en faisant passer de l'hydrogène sulfuré dans la liqueur séparée du dépôt, ou en y versant du carbonate d'ammoniaque pour éliminer le plomb en excès. Le sulfate de fer communique à ce principe une couleur beaucoup plus foncée. L'eau de baryte et les alcalis lui communiquent une belle couleur jaune sans aucun autre changement. Sadissolutionaqueuse,quoique parfaitementlim- pide, laisse déposer au bout de quelques jours une matière végé- tale floconneuse, blanche, ayant unesorte d’élasticité, mais dont la nature ne m'est pas bien connue. Le chlore en trouble la transpa- rence, et il se dépose avec le temps un précipité blanc soluble dans l'alcool. Cette substance savonneuse, soumise à la distillation, a laissé un charbon dificile à incinérer, quicontenoit peu de polasse, et on a obtenu un produit acide qui contenoit peu d'ammoniaque, ce qui indique que cette substance est médiocrement animalisée comme celle du séné, dont elle a d’ailleurs les propriétés chi- miques ; quoique son actin sur l'économie animale soit fort différente. Examen du résidu de l'extrait de Saponaire insoluble dans l'alcool. . Ce résidu, du poids de 6 grammes, repris par l’eau, a laissé dé- poser un sédiment blanc, légèrement verdätre, dont on a déjà parlé; il brüloit au feu comme une matière végétale, etne conte- noit point de sel calcaire. Il pesoit environ 5 décigrammes. Sa petile quantité ne m'a pas permis de l’examiner avec plus de détails. En soufllant avec un tube dans la liqueur ainsi séparée du sédiment , elle moussoit considérablement en formant une multi- tude de bulles qui, par leurs compressions respectives, représen- toient autant de celluleshexaëdres ; il paroit donc que cette liqueur contenoit encore du principesavonneux quiavoit échappe à l'alcool. Pour l’en séparer entièrement , on a réduit cette liqueur par l’éva- poration à une consistance inférieure à celle d’un sirop, et on y a versé de l'alcool, qui en a précipité une matière brune, qui res- sembloit à de la poix. Cette matière, desséchée , avoit une#ayeur fade légèrement salée, mais ne produisant point dans la gorge la même impression que la substance sayonneuse; desséchée, elle 290 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE n’attiroit point l'humidité de l'air; sa dissolution dans l'eau ne moussoil plus par l'agitation, mais elle était abondamment préci- pitée par l'infusion aqueuse de noïx de galle , et ce précipité n’éloit point soluble dans l'alcool comme celui formé avec la matière savonneuse. L'acélate de plomb précipitoit aussi abondamment celte matière peu sapide. La liqueur aqueuse de laquelle cette ma- tière avoit été précipitée par l'alcool , en retenoit encore beaucowp, qui étoit mélangée à la substance savonneuse , et à un sel déliques- cent à base de potasse , assez abondant, de l’acide duquel nous al- lons examiner les principales propriétés. De l'acide qui sature la potasse dans l'extrait de Saponaire. Pour dégager cet acide de sa combinaison alcaline, on a fait redissoudre de l’extrait de saponaire dans l’eau , et on y a versé de l’acétate de plomb. Le précipité séparé de la liqueur savonneuse , après avoir été bien lavé, contenoit l'acide dont il est question, uni au principe peu animalisé insoluble dans l'alcool. Ce précipité, décomposé par l'acide sulfurique affoibli, a donné un acide duquel l'alcool a séparé en grande partie la matière in- soluble dans ce liquide. Cet acide estäincristallisable et attire l’hu- midité atmosphérique; avec l’acétate de plomb il forme un précipité insoluble dans l'acide acétique, mais non dans l’acide nitrique. Le nitrate de plomb n’est point sensiblement troublé par cet acide , de même que le nitrate d'argent saturé par la baryte; il donne un sel incristallisable, inaltérable àl’air, et ressemblant à une gomme. Uni à la potasse, il donne un sel incristallisable attirant l'humidité de l'air et insoluble dans l’alcool ; sa dissolution dans l’eau n’est trou- blée ni par le muriate de chaux ni par le sulfate de fer ; il necontient donc point d'acide phosphorique. Avec la magnésie, il a produit un sel inaltérable à l’air, ayant de la ressemblance avec une gomme, mais dont une partie a cristallisé. Avec l'ammoniaque, une combi- binaison déliquescente insoluble dans l'alcool , et dont la dissolu- tion aqueuse est à peine troublée par les nitrates d'argent et de plomb. pe “ D'après ce qui précède, je crois pouvoir établir que 20 grammes d'extrait sec de saponaire sont composés des corps suivans, savoir : 1°. Un principe savonneux soluble dans l'alcool af- foibli dans l’eau, et susceptible d’être précipité par le tannin et par le chlore. . , . ,; . . . . 146 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29? D'autre part. . . . . : . 246 2°. Une malière non savonneuse , insoluble dans ‘ l'alcool affoibli et précipitable par l’étain. . . BULE 3°. Un sel végétal déliquescent , à base de potasse, ? commun daus les plantes... . . : . . . . . 4°. Une matière végétale blanchâtre, peu connue. 0 ,9 20020 Cet extrait ne contient qu’une très-pelite quantité d’acétate de potasse et point de sel à base d’ammoniaque. V. Analyse de l'extrait de Belladone. Atropa belladona. Il résulte de l'analyse de cette plante par M. Vauquelin, que son extrait contient : 1°. Une matière animale insoluble dans l'alcool; 2°. Une substance animalisée amère et nauséabonde; 3° Plusieurs sels à base de potasse, savoir : beaucoup de ni- trate, du muriate, du sulfate, de l’oxalate acidulé et de l'acétate. VI. Analyse de l'extrait de Nicotiane. Nitotiana tabacum. D'après le même chimiste, qui a analysé la nicotiane, son extrait doit contenir : 1°. Du malate de chaux avec excès d'acide; 2°. De l'acide acétique; 3°. Du nitrate et du muriate de potasse en quantité notable; . 4. Une matière rouge peu connue, peu soluble dans l’alcool et dans l’eau, qüi se boursoufile considérablement au feu; 5°. Du muriate d’ammoniaque; 6°. Enfin un principe äcre, volatil. VIL. Analyse de l'extrait de Valériane. Valeriana officinalis. En partant de l’analyse de la racine de valériane, publiée par M. Trommsdorff, 3 onces 4 gros d'extrait seroient composés : 1°. Extractif particulier, 2 onces. 2°, Extrait gommeux.. 1 once 4 gros. Il est à noter que le principe que M. Trommsdorff a désigné sous le nom d’extractif particulier, est un corps insoluble dans l'alcool, formant des précipités avec les sels de plomb, d'ar- gent, de mercure et d’antimoine, mais ne précipitant point le sulfate de fer ni la dissolution d’alun. On pourra encore ici 292 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE remarquer l'abus que l’on a commis à l'égard de l'extractif. Au reste, je me suis assuré que l’extrait de valériane étoit abon- damment précipité par l'infusion de noix de galle. SECOND GENRE. Extraits azsotés très-amers. I. Analyse de l'extrait de Concombre sauvage. Momordica elaterium. Cette plante pourvue de ses fruits a été Dilée dans un mortier; le suc exprimé et soumus à la chaleur de l’ébulliion, s’est clarifié de lui-même, il s'en est séparé une assez grande quan- tité d'albumine coagulée et de matière colorante verte, que le filtre a séparée de la liqueur; celle-ci étoit d’une couleur ambrée ; elle a manifesté les effets suivans avec quelques réactifs. T'ein- ture bleue de tournesol. Couleur rouge. Sulfate de fer. Gouleur verte foncée. Æcétate de plomb. Précipité floconneux abondant, d’une couleur blanche. Vitrate de mercure. Précipité blanc fort abondant, soluble dans lacide nitrique. Nitrate d'argent. Pré- cipité floconneux léger de muriate d'argent. /nfusion aqueuse de. noix de galle. Dépôt floconneux. A{cool. Idem. 4lun. Rien d'apparent; mais en ajoutant au mélange un alcali, il se fait un précipité d'une belle couleur jaune. Oxalate d'ammoniaque. Précipité abondant. Muriate de chaux. Rien d’apparent. 4lcalis. Troublent la liqueur et augmentent l'intensité de la couleur jaune. £ 4 « ; Évaporation du suc de Concombre sauvage; action de l'alcool sur son extrait. Ce suc filtré s’est troublé. pendant les progrès de son évapo- ralion , eta laissé déposer un sédiment blanchätre, assez abondant, qu'on n'a point séparé de la liqueur; celle - ci réduite jusqu’à consistance solide, a laissé un extrait rougeätre; 36 grammes de cet extrait desséché, puis réduit en consistance de miel par l'addition d’un peu d’eau bouillante, ontété traités un grand nombre de fois par l'alcool bouillant, jusqu'à ce que celui-ci ait cessé de se colorer. Les liqueurs alcooliques réunies ont été mises à part pour être examinées. Le résidu de cet extrait insoluble dans l'alcool traite par l'eau, s'est dissous pour la plus grande partie, à l'exception du dépôt dont nous avons déjà parlé , et que nous allons examiner. Quant à la liqueur aqueuse chargée des parties iusolubles de ceteztrait dans l'alcool, nous y reviendrons plus bas. Examen. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 2093 Examen du dépôt précédent formé pendant l'évaporation du Suc. Ce dépôt , bien lavé et desséché, pesoit un peu plus de deux grammes ; 1] étoit blanc et pulvérulent; traité par l'acide ni- trique afloibli, il s’y est dissous en grande partie sans effer- vescence, en laissant une matière animale que je crois de nature albumineuse. Exposé au feu, il noircit et donne une grande quantité de carbonate de chaux; traité par l'eau bouillante, ïl se dissout en partie et ne laisse rien déposer par le refroidis- sement; mais par l’évaporation on obtient des pellicules blanches, cristallines, médiocrement solubles. Ces essais ayant fait reconnoître ce dépôt pour un sel végétal calcaire, on en a traité une certaine quanüté avec de l'acide sulfurique afloibli aidé d’une douce chaleur, et on a en eflet obtenu un acide végétal assez fort, peu coloré , et par conséquent assez pur. Voici ses propriétés. Il est absolument incristallisable , attire l’humidité de Pie et ressemble assez à l'acide malique, mais en diffère sous d’autres rapports. Il produit avec l’acétate de plomb un dépôt très-blanc, flocon- neux, qui ne se dissout que très-diflicilement dans l'acide acé- tique, mais que quelques gouttes d'acide nitrique font disparoître sur-le-champ. Il produit à peu près le même effet avec le nitrate de mercure. Cet acide n'occasionne point de changement appréciable dans le nitrate d'argent. En versant de l’eau de baryte dans cet acide, il se forme un dépôt qui se redissout dans la liqueur , si elle contient un très-léger excès d'acide; en l’évaporant dans cet état, on obtient une combinaison acidule , inaltérable à l'air, incristal- lisable et transparente comme de la gomme. On sait que le malate de baryte est susceptible de cristalliser. Uni à la soude, il donne un sel déliquescent insoluble dans l'alcool. Avec l’ammoniaque il donne naissance à un sel qui donne des signes de cristallisation, et dans la dissolution duquel le nitrate de baryte et le muriate de chaux ne produisent aucun chan- gement. Combiné à la chaux, il forme un sel cristallisé confusément, dans lequel l’acétate de plomb forme un dépôt floconneux incom- plètement soluble dans une grande quantité de vinaigre distillé, mais disparaissant dans l'acide nitrique affoibli; au reste, ce sel cal- caire peut s'unir à un excès de base, et perdre par là une partie de sa solubilité. Tome LXXXIV. AVRIL 1817. Pp 294 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Combiné avec la magnésie, il produit une combinaison qui ressemble à de la gomme, mais nullement déliquescente comme le malate de magnesie. Même résultats avec l’oxide d'argent et de manganèse. Cet acide a, comme on le voit, quelques analogies avec l’acide malique, mais il en diffère par quelques-unes de ses propriétés. Examen des matières solubles enlevées à l'extrait de Concombre sauvage par l'alëool bouillant. Ces liqueurs alcooliques réunies, ainsi qu’on l’a dit, ont laissé déposer par le réfroidissement une grande quantité de nitrate de potasse. Ce sel pesoit deux grammes, mais il étoit mêlé à une petite quantité d’une matière animale insoluble dans l'alcool. La liqueur évaporée en parle a'encore fourni de ce sel; en poussant l’éva- poration jusqu'à siccité, on a obtenu 14 grammes 5 décigrammes d’une matière qui a offert les propriétés suivantes. Elle est d’un brun rougeätre , d’une saveur extrêmement amère; broyée avec la chaux elle n’a donné aucun indice de la présence de l'ammoniaque; elle ne contenoit point non plus d’acétate de potasse, mais du nitrate de potasse et une petite quantité de ma- tière animale peu sapide, susceptible d’être précipitée par les disso- lutions de plomb. Pour la débarrasser de ces substances étrangères, je l’ai fait redissoudre dans l’eau; j'ai versé avec ménagement dans la liqueur de l’acétate de plomb, jusqu'à ce qu'il n’en troublàt plus la transparence, j'ai ajouté ensuite, après avoir filtré, de l'acide tartarique qui, en éliminant l'excès de plomb, a formé en même temps avec la potasse un sel acidule peu soluble; la liqueur éva- porée en consistance de miel a été traitée par l'alcool; celui-ci a laissé après son évaporation le principe actif amer de l’élatérium beaucoup plus pur qu'auparavant; dans cet étatil ne trouble point les dissolutions métalliques, mais il est précipité abondamment en ros flocons par l’infusion de noix de galle; mis à digérer avec Féther, il s’en dissout une petite quantite. L’eau de baryte ne produit aucun changement avec ce principe amer, ainsi que le sulfate d’alumine; mais en ajoutant un alcali à ce dernier mélange, il se dépose une laque jaune. Le sulfate de fer ajouté à sa dissolution aqueuse, lui communique une couleur beaucoup plus foncée, Soumis à la distillation, il a donné du car- bonate d'ammoniaque et un charbon abondant, extraordinairement raréfié, contenant du muriate et du carbonate de potasse, Ce prin- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 20 cipe distillé presque jusqu'a siccité avec de l'acide nitrique, et le résidu délayé dans l’eau, n’a point offert de sédiment particulier, seulement on a obtenu une liqueur jaune, amère, qui a fourni une grande quantité d'acide oxalique. Au reste, ce principe actif ani- malisé, très-amer, qu’on ne sera pas tenté, je pense, de confondre avec l’extractif, paroït exister dans plusieurs plantes, comme nous le verrons. Examen du résidu de l'extrait de Concombre sauvage épuisé par l'alcool bouillant. On se rappelle que ce résidu traité par l’eau s’est dissous en partie, à l'exception du sel végétal calcaire dont nous avons fait connoitre la nature; mais la liqueur en retenoit encore en dissolu- tion; pour l'en séparer, on y a versé avec précaution de l'acide oxalique , qui y a formé un précipité d’oxalate de chaux qui a été chauffé au rouge et pesé. La liqueur évaporée ensuite en consis- tance d'extrait, puis traitée par l'alcool, 4 fourni l’acide auquelona restitué la chaux précipitée par l'acide oxalique , et il en est encore résullé environ 5 décigrammes de sel acidule, qui a refusé de cris- taliser, mais qui était de même nature que les 2 grammes de celui dont nous avons parlé précédemment. Le résidu insoluble dans l'alcool, ainsi privé du sel calcaire, pesoit 13 grammes 5 déci- grammes après avoir été bien desséché : il contenoit un autre sel à base de potasse et une substance animalisée qui en formoit la plus grande partie. Celle-ci étoit d’un brun rougeätre, d’une saveur un peu salée, mais pot désagréable ; redissoute dans l’eau, elle a don- né avec l’infusion de noix de galle un dépôt divisé et abondant; avec l'acétate de plomb un magma abondant peu coloré, ainsi qu'avec le nitrate de mercure, mais aucun changement avec le sublimé corrosif; avec le nitrate d'argent un dépôt léger, avec le sulfate de fer une couleur verte foncée. Cette matière soumise à la distillation, a produit un liquide ammoniacal et une huile brune, épaisse ; le charbon resté dans la cornue étoit extrêmement bour- soufllé ; incinére, il a fourni du sulfate de potasse, et une quantité notable de potasse , qui étoit combinée en partie à l'acide végétal examiné précédemment. J’ai reconnu ce sel végétal à base de po- tasse dans la matière animalisée insoluble dans l'alcool, en la faisant redissoudre dans un peu d’eau, et en y ajoutant de l'acide tartarique qui, en formant avec la potasse un sel acidule peu soluble, en a dégagé l'acide que j'ai extrait de la matière animalisée par l'alcool]. J'esume que ce sel végétal à base de potasse peut être évalué à Pp 2 206 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE environ 1 gramme; reste donc 12 grammes 5 décigrammes pour lamatière animalisée insoluble dans l'alcool. Au reste, l’éiatérium ne contient point de résine, et je ne sais d’après qu’elle expérience les anciens chimistes ont supposé que c’était un extracto-résineux. En résumant les produits obtenus dans cette analyse, on trouve que 56 grammes d'extrait de concombre sauvage ou élatérium; sont composés de 1°. Principe actifanimalisé très-amer, soluble dans dalbo of POMPES PANNE) ML MARS Aus /ReeS 2°, Principe animalisé, insoluble dans l'alcool. . 12, ,5 3°. Sel calcaire contenant un acide végétal com- Munidans les plantessti;| 2100 DH TENESEANR NE QI 4°. Sel à base de potasse contenant lemémeacide.. 1 ,0 be iNitraleide potasse: 2e er MATRA ENER " S RSS 6°. Sulfate de potasse, muriate de potasseetperte, 3 ,0 36 ,o Ainsi la plante entière contient les mêmes principes, plus de l'albumine, de la fécule vérte, de la fibre ligneuse, mais rien qui puisse être comparé à l’extractif. IL. Analyse de l'extrait de Treffle d’eau. Menyanthes trifoliata. M. Trommsdorff a analysé cette plante; son extrait doit contenir, d’après les résultats de ce chimiste, 1°. Un principe très-amer légèrement azoté, 2. Une substance animale soluble dans l'alcool, 5°. Une gomme brune, 4°. De l'acide malique libre, 5°. De l’acétate de potasse, 6°. Une fécule blanche particulière. II. Analyse de l'extrait de Noix vomique. Stwychnos nux vomica. Il résulte de l’analyse que Braconnot a faite de cettesemence, que son extrait contient: 1°. Une matière animalisée extraordinairement amère, 2°. Une matière animalisée peu sapide, 5°. De la fécule amilacée, 4°. Un acide végétal uni à la potasse, 5°, Du sulfate et du muriate de potasse. (La suite au prochain Cahier.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 ESSAY ON THE ORIGIN, PROGRES AND PRESENT STATE OF GALVANISME, #rc. ESSAI SUR L'ORIGINE, LES PROGRÈS ET L'ÉTAT PRÉSENT DU GALVANISME, Contenant des Recherches expérimentales et théoriques sur les principales doctrines offertes pour l'explication de ce phéno- nomène, et la base d’une nouvelle Hypothèse ; Par M. DONAVAN pr DUBLIN. (Premier Extrait par H. M. GAULTIER de CLAUBRFT.) La découverte du Galvanisme est, sans contredit, celle qui a procuré à la Physique et à la Chimie les plus précieux moyens d'expériences ; aussi depuis que Volta a fait connoître l'ingénieux instrument qui porte son nom, les découvertes se sont multipliées d’une manière surprenante. Les discussions qui se sont d’abord élevées entre les savans sur 12 nature du fluide galvanique, ont été utiles en ce point, qu’elles ont déterminé un grand nombre de recherches qui ont conduit à des résultats importans. Depuis long-temps l'opinion est bien arrêtée sur cette matière , et il est prouvé que le fluide galvanique n’est pas d’une nature particulière, et que* tous les phénomènes observés pro- viennent de l'électricité développée par de nouveaux moyens. Mais en admettant cette vérité, on a fait diverses théories qui sont plus ou moins süsceptibles d’expliquer tous les phé- nomènes du Galvanisme : chacune d’ellés se trouve appuyée sur des observations ; mais M. Donavan ne trouvant pas qu'elles sa- tisfissent à toutes les conditions , a développé les bases d’une nouvelle hypothèse pour le soutien de laquelle il a fait des re cherches que nous aurons occasion de citer. 208 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'ouvrage de M. Donavan comprend l’histoire du Galvanisme, une critique des diverses théories proposées, et les bases d'une hypothèse nouvelle, ce qui forme trois grandes divisions. L'auteur divise en trois classes distinctes les phénomènes du galvanisme ; 1°. les eflets physiologiques sur les animaux ; 2°. les effets physiques et chimiques sur la matière inorganique ; 5°. les phénomènes découverts par l'application du principe général dé- rivé de la connoïissance de son action chimique. Avant la véritable époque du Galvanisme , on avoit plusieurs fois observé des faits qui dépendent évidemment de cet agent, et qui auroient pu conduire à l'imporlante découverte que fit postérieurement Galvani, s'ils eussent été suivis avec le soin convenable. M. Donavan a fait de l'exposé de ces phénomènes la première période de son historique, qui se trouve ainsi divisée en quatre époques principales. La seconde renferme le temps qui s’est écoulé entre la dé- couverte des contractions musculaires effectuées par l’action de deux métaux , et la découverte des appareils galvaniques. La troisième comprend les développemens graduels des pou- voirs physiques et chimiques des appareils galvaniques. La quatrième enfin, contient des généralités sur les effets chimiques du Galvanisme et les découvertes qui ont été faites par lapplication de ce principe général. Les faits observés pendant la première période, qui comprend 87 ans, sont très-peu nombreux. Duverney avoit vu qu’en irritant avec un scalpel les nerfs d'une grenouille récemment tuée, les parties inférieures éprou- voient des convulsions. . Priestley ayant donné à un rat une forte décharge électrique, l'animal mourut à l'instant, après avoir éprouvé une convulsion générale. Sultzer observa que quand un morceau de plomb et un d'argent sont en Contact entre eux etavec la langue , on ressent une saveur particulière que ne font pas éprouver ces mélaux séparés. Un jeune étudiant disséquant une souris, recut, en touchant un nerf avec le scalpel, une commotion qui l’étourdit pendant un quart d'heure. Enfin, leRév, A, Bennet trouva que certains métaux deviennent, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 après le contact seulement , sensiblement électriques ; et Cavallo le démontra d’une manière plus étendue. On fit si peu d'attention à ces divers faits, qui pouvoient ce- pendant conduire à d'importantes découvertes, ou au moins servir en quelque chose à l'hypothèse de Galvani, que l’on n’en parla que long-temps après qu’il eùt publié ses recherches. La seconde période, qui n’est à proprement parler que la première de l’histoire du Galvanisme , comprend 7 années; elle commence par l'exposition des expériences de Galvani. En 1791, ce physicien italien, dans une suite de recherches sur, l'action de l'électricité sur les animaux, observa des con- traClions dans des grenouilles disséquées, placées sur une table, lorsqu'on touchoit un nerf et qu’une personne tiroit en même temps une étincelle de la machine électrique ; il vit aussi qu’en attachant les nerfs des grenouilles à un conducteur élevé au- dessus de la maison, les muscles des jambes communiquant avec le sol, lorsqu'il passoit sur la maison un nuage électrisé, les grenouilles éprouvoient des convulsions. Enfin, des gre- nouilles suspendues à la palissade de fer d'un jardin, éprou- voient souvent des convulsions. Des expériences aussi curieuses ne pouvoient manquer d'allirer l'attention des savans. À peine furent-elles connues, que de toutes parts on s’empressa de les répéter. Spallanzani, Humboldt, Fontana, Pfaff, Valli, Bridon, Monro, les étudièrent et s’ef- forcèrent d'expliquer ces singuliers phénomènes par diverses théories d'électricité animale , de fluide sui generis; mais jusque-là ces recherches n’avoient que l'intérêt de la nouveauté ou de la singularité ; heureusement Volta s’en occupa, et dès- lors celte découverte changea de face : il considéra les phénomènes comme produits par l'action de l'électricité développée par le contact de deux métaux différens; et cette manière d'envisager les phénomènes le conduisit à la formalion de cet instrument si fecond en découvertes, et qui porte son nom. Ces expériences de Volta ne suflirent pas encore pour faire abandonner les théories d'électricité animale que Galvani et plu- sieurs physiciens appuyèrent par des expériences ingénieuses , mais qui ne servirent qu’à soutenir un instant ce frèle édifice. La plupart de ceux qui adoptèrent l'explication de Galvani, la modifièrent plus ou moins. Vassali-Eandi, Fowler, Marsigli, Gra- pengiesser, Smuch, Giulio, Rossi, Aldini, Robison, Wells, 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Creve, Fabroni, Ash, Reinhold publièrent sur ce sujet des re- cherches dans lesquelles on trouve beaucoup de faits intéressans, mais qui en général sont liés par des hypothèses abandonnées depuis long-temps. Ù La construction de la pile forme véritablement une ère nou- velle; et ce n’est que depuis ce moment. que la découverte de Galyani peut être considérée cetume”une source de précieux moyens d'analyse, La troisièrte période, qui comprend quatre années, est fort remarquable à casse de l'examen particulier que l’on fit du nou- Veau mode de développement de l'électricité, dont on étudia les lois avec beaacoup de soin. à L “Volta continnoit to:jours ses importantes recherches , et mettoit la dernière main à sa découverte. ! Nicholson et Carlisle observèrent la decomposition de l’eau par le fluide galvanique ; Cruickshank vit qu'il se développoit dans les expériences un acide et un alcali; Kenry remarqua la décompo- sition des acides par le même moyen; Haldane détermina le pou- voir des divers métaux pour produire l'électricité galvanique; Davy, portant dans ce geure de recherches sa sagacité ordinaire, observa beaucoup de faits importans sur le dé ppement de l'électricité par le contact de deux métaux avec un liquide ou d’un métal avec deux liquides différens. \ Brugnatelli et Robertson regardèrent le fluide galyvanique comme un acide. Lehot et Gautherot étudièrent les lois du déve- loppement de ce fluide. , Wollaston prouva l'identité de l'électricité galvanique avec celle que l’on développe par les moyens ordinaires. ii - Helwig, Twart, Bourguet, Hermann , Tromsdortff, Simon, Van Marum étudièrent la combustion des métaux par le fluide galva- nique. £ | BiotetF. Cuvier observèrent qu'il y ade l’oxigène absorbé par la pile pendant qu’elle agit, mais qu’elle acèpendant une action indé- pendante de l’oxigène. Pepys et Desormes virent aussi l’action de l'oxigène sur la pile. Bostock, Fourcroy, Vauquelin et Thenard, Cuthbertson appor- ièrent des modifications à la théorie de Volta. Lagrave construisit une pile avec des couches alternatives de muscles et de cerveau, avec des disques de chapeau humectés d'eau salée. Jordan ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 5ot Jordan et Ritter annoncèrent que l’eau est décompôsée par les pôles d'un aimant; mais les expériences furent répétées sans succès. Van Marum trouva qu'un contactmomentané d’une bouteille de Leyde avec la pile, la chargeait assez pour donner le maximum de charge. Ritter, Bouvier, Jordoigne, Humboldt, Fowler virent que des rondelles de glace bien sèches employées au lieu du corps humide, empéchent toute action. Larcher, Daubencourt et Zanetti observèrent l’action du Galya- nisnre sur quelques produits des animaux. Fourcroy, Vauquelin et Thenard remarquèrent que les effets de la pile sur les animaux, sont en raison du nombre de plaques, tandis que sur les métaux ils sont en proportion de la grandeur. La quatrième époque, la plus brillante à cause des nombreuses découvertes opérées par le moyen de la pile, commence en 1804 et s’étend jusqu'en 1813. Elle commence par les importantes recher- ches de Berzelius et Hisinger sur la séparation des élémens des corps au moyen de la pile ; recherches qui ont conduit à la décom- position des alcalis, et à une suile très-curieuse de résultats. æ Cruickshank, Grothius observèrent plusieurs faits singuliers à ce sujet; Pacchiani annonca la décomposition de l’acide muria- tique; mais la Société galvanique de Paris prouva que c’étoit une erreur due au muriate de soude contenu dans l’eau. Enfin Davy, en continuant les expériences de Berzelius et Hi- singer, fut assez heureux pour parvenir à la décomposition des alcalis, et rendit par là un service distingué à la Chimie, qui s'en- richit ainsi d'un des moyens les plus puissans d'analyse. Erhman fit des observations intéressantes sur l'isolation des pôles de la pile par diverses substances ; Children détermina l’action des piles à grandes plaques et en construisit une d’une surface énorme. Deluc construisitune pile sans élément humide, qu'il remplaçoit par du papier, et crut que l'humidité n’était pas nécessaire pour le développement de l'électricité. Enfin, Berzelius, Dayy et Œrstedt proposérent des théories pour l'explication des phénomènes produits par la pile. T'els sont les objets sur lesquels M. Donavan donne des détails dans cette première partie de son ouvrage; il trace cet historique avec assez d’exactitude, quoique beaucoup de sources ne soient qu'indiquées et d’autres entierement omises. En général, cette Tome LXXXIF. AVRIL an 1817. Qq 302 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CIMIMIE histoire donne une idée assez exacte de l'état des connoissances à chacune des époques dont l'auteur: s'est occupé , quoique la seconde période pendant laquelle on fiten Italie un grand nombre de recherches sur les premières expériences de Galvani, laisse beaucoup à desirer. Depuis l'époque où M. Donavan termine son historique, on a publié quelques observations importantes. | ‘M. Biot a fait voir que la quantité d'électricité que donne une pile est la même lorsqu'au lieu de drap mouillé, on se sert de disques de nitrate de potasse secs; mais qu'il yaune différence con- sidérable dans la vitesse du chargement. C’est pour cela que la, pile de Zamboni, dont nous allous parler, donne la même quantité de tension, mais ne produit ancun des effets chimiques ou physio- logiques de la pile ordinaire. Zamboni construisit avec des disques de papier doré saupoudrés d'oxide de manganèse en poudre, une pile qui donne des étincelles et peut charger une batterie; mais qui, par la lenteur avec laquelle le fluide électrique s'y meut, ne peut produire aucun effet chimique. Cette pile ne contient aucun élément humide en apparence; c’est le papier dont l’eau hygrométrique remplit cette fonction; car en faisant dessécher fortement le papier, la pile ne produit plus aucun effet; mais à mesure qu'il attire l'humidité de l'air, l'électricité commence à s'y développer. Enfin, Zamboni a observé que l’on pouvoit construire une pile nouvelle avec une feuille d’étain et de l’eau distillée ; mais il faut pour cela que la lame de zinc touche inégalement deux portions d’eau différentes. On peut construire par ce moyen une pile nou- velle qui, par sa forme, ressemble beaucoup à l'appareil qui a été désignée par Volta sous le nom de chaîne de tasses. On prend une feuille d’étain que l’on coupe en lames carrées avec un petit appendice; on dispose sur une table autant de verres de montre que l’on veut;,on ÿ verse de l’eau distillée et on y place les losanges d’étain, de manière que le corps. soit dans un verre et l'appendice dans le suivant, et ainsi desuite; de cettemanière, chaque feuille d’étaim touche inégalement deux portions d’eau différentes, et le corps de l’une se trouve dans la même cuve que l’appendice de la seconde. Gette pile‘donne des signes très-sensibles d’élec- iricite. (La suite au Cahier prochain.) ET D'HISTOIRE NATURELLE. ° 303 ANALYSE DE L’IOLITHE; Par LÉOPOLD GMELIN, Docteur en Médecine, Professeur à Heidelberg. L'’rourrue ou le dichroïte est du petit nombre de ces sub- stances minérales qui, quoique connues depuis long- temps, ont encore échappé à l’analyse chimique. Néanmoins elle en est devenue d’autant plus digne, que M. Cordier, dans un Mémoire très-intéressant (1), avoit démontré tant sa nature particuhière, que son analogie avec l’émeraude. Il étoit donc curieux de re- chercher si l'analyse chimique de cette substance s’accorderoit avec les observations tirées de sa structure et de ses caractères physiques, et principalement si elle contenoit aussi de la glucyne. Je dois à la bonté de MM. Haüy et Cordier, la portion de ce minéral que j'ai soumise aux recherches suivantes ; M. Vauquelin a bien voulu me permettre de les faire dans son laboratoire. Le minéral, qui venoit du cap de Galtes étoit en grains mélés de quartz, de mica et de grenat, dont ils furent séparés avec le plus grand soin; cependant il est possible qu'il y soit resté un peu de mica. A.+ 1,294 gramme d'iolithe en morceaux, exposés à une vive chaleur pendant une demi-heure, sont devenus supérficiellement brunätres, et ont diminué seulement de 0,005 gramme, ce qui n’est pas une demi-partie pour cent. B. a) 1,406 gramme d'iolithe pulvérisés, mêlés à cinq parties de nitrate de baryte furent décomposés peu à peu dans un creuset QG) M. L. Cordier, Description du Dichroite, nouvelle espèce minérale, dans le Journal des Mines, février 180q. Qq 2 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de platine. La masse, d’un gris brunätre , fut dissoute dans l'acide muriatique foible. Une partie du minéral ne se trouvant pas encore attaquée , on le calcina de nouveau avec un poids convenable de nitrate de baryte, et sa dissolution dans l'acide muriatique fut ajoutée à la première. Cette dissolution muriatique fut réduite par l’évaporation en poudre sèche jaunâtre, qui, chauffée avec l'acide muriatique étendu d’eau , fut passée sur un filtre. La silice pesoit , après la calcination , 0,599 gramme (1). b) La liqueur muriatique , après avoir été précipitée par l'acide sulfurique, et séparée du sulfate de baryte par la filtration, fut précipitée par l’ammoniaque et filtrée de nouveau. Le précipité brun fut traité à chaud avec une dissolution de potasse, de laquelle, après la filtration , le muriate d’ammoniaque sépara l'alu- mine, qui, fortement calcinée, pesoit 0,465 gramme. c) L’oxide de fer et de manganèse, restant après la disso- lution de l’alumine daus la potasse, pesoient, après la calcination, 0,281 gramme. En les dissolvant de nouveau dans l'acide mu- riatique, il resta quelques parties d'alumine pesant 0,020 gramme. La dissolution fut précipitée à froid par le carbonate de potasse saturé ; la liqueur rose surnageante filtrée , déposa, par la chaleur, des flocons bruns d’oxide de manganèse, pesant, après l’exsic- cation, 0,025 gramme. En retranchant des 0,28: gramme de matière insoluble dans la potasse, 0,020 gramme pour l’alumine et 0,025 gramme pour l'oxide de manganèse, il resta 0,236 pour l’oxide de fer, ce qui, selon M. Berzelius , indique 0,211 gramme d’oxidule de fer. d) La liqueur ammoniacale 4), concentrée par l’évaporation, donna, par l’oxalate d’ammoniaque, de l’oxalate de chaux qui, bien séché, pesoit 0,067 gramme, ce qui indique, d’après MM. Gay-Lussac et Thenard, 0,025 de chaux. e) La liqueur séparée de la chaux , qui ne donnoit pas de pré- cipité avec le carbonate d’ammoniaque ajouté à chaud, fut ré- duite à siccité et calcinée. Il restoit, après cette opération, une (1) Ces quantités ont toujours été déterminées en pesant le filtre seul et ensuite chargé de matière, en calcinant une certaine quantité de la matière, et en calculart d’après cela la perte qu’auroit éprouvée le tout. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 305 masse noirätre, qui, dissoute dans l’eau, filtrée et évaporée, déposa quelques aiguilles de sulfate de chaux, ‘et cristallisa après toute entière en prismes, qui d’abord furent pris pour du sulfate de magnésie. Ce sel pesoit, après la calcination, 0,240 gramme, ce qui indique, selon M. Berzelius, 0,082 gramme de magnésie. Ce sel n'eflleurissant pas du tout dans la tempéra- ture ordinaire, et ne donnant aucun précipité avec le muriate de platine , ne paroït contenir ni de la soude, ni de la potasse. D'après cette analyse, l'iolithe contient : sur 1,406 sur 10077: So RC NE NN TES 42,6 Alumine, bet © . . : . . 0 ,485 34,4 Maonesiesse 6e tn 0 ,082 5,8 Chaud AR EE CPAM. 06 020 17 Oxidule de fer, c: . . . . 0,217 15,0 Oxide de manganèse, c.. . 0 ,025 1,7 Data PES TP a 101,2 C. Cette analyse est d'accord dans les points essentiels avec une autre dans laquelle j'avois traité par la potasse 1,122 gramme d'iolithe, et dans laquelle seulement je n’avois pas eu soin, à ce qu'il paroït, de précipiter toute la magnésie. Voilà le résultat de cette analyse: sur 1%,122 Sur : 100 7" SUICEN SN ER EN Es le LOS 47O 42,0 AlUmUNe EU ee I RO 000 32,0 Oxiderdetfer PRENONS 15,2 Magnésie et manganèse ,unetrace. Lotal-tdenal htason6 89,7 Perte Mono 10,3 Quant à l'alumine, toutes les expériences auxquelles je l'ai soumise prouvent qu’elle ne contient point de glucyne. L’a- lumine obtenue dans la dernière analyse fut de nouveau fondue avec de la potasse, et dissoute dans l'acide sulfurique; après avoir fait cristalliser le sulfate de potasse et l’alun, l’eau-mère fut traitée par une dissolution concentrée de carbonate d'ammo- niaque pendant plusieurs jours ; mais elle fournit, par la filtration, 506 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE une liqueur qui se trouble si peu par la chaleur, qu'on peut attribuer cet-effet à un peu d’alumine. L’alumine de la première analyse, fondue avec la potasse, dissoute ensuite dans l'acide muriatique et traitée de méme avec le carbonate d’ammoniaque, donna le même résultat. ” + D'après ces expériences, la composition de l’iolithe est tout- à-fait différente de celle de l’émeraude, tant sous le rapport des principes constiluans, que par leurs proportions; au con- traire, elles font ressorür une grande analogie entre l'iolithe et la tourmaline noire. La lourmaline noire du Saint-Gottard con- tient, d’après M. Bucholz, 40 silice, 3 alumine, 6 oxidule de fer, 1,7 potasse, 0,06 chaux, 5,9 magnésie et 5 eau. A la vérité, les tourmalines noires analysées par M. Klaproth contiennent plus de potasse, 5 à 6 pour cent, et il paroît que c’est en cela que consiste la différence entre l'iolithe et la tourmaline noire. En comparant d'un autre côté les propriétés physiques de cette substance avec celles de la tourmaline, on remarque de même plusieurs analogies. Toutes les deux rayent fortement le verre ét foiblement le quartz; elles présentent des différences dans leurs couleurs et dans leur transparence, quand le rayon visuel se trouve dirigé ou perpendiculairement, ou parallèlement à l’axe du prisme. Toutes les deux paroïissent avoir la simple réfraction (1); enfin elles sont difhicilement fusibles en émail grisätre. Mais, d’un autre côté, l'iolithe ne s’électrise pas par la cha- leur, différence qui n’est pas très - importante; la #pesanteur spécifique de l'iohthe est beaucoup moins grande; enfin la struc- ture de ces deux substances, quoique tres-analogue, n’est pas la même. , Loin de vouloir décider de la possibilité ou impossibilité de réunir l'iolithe avec Ja tourmaline, je n’ai voulu que fixer l’at- tention des minéralogistes sur l’analogie entre ces deux substances, qui, si elles n’appartiennent pas à la même espèce, forment du moins deux espèces, qui, dans le système, doivent être rangées l'une apres l’autre. (1) La réfraction de l'iolithe est inconnue; mais celle du saphir d’eau paroît simple , d'après M. Cordier. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 507 OBSERVATIONS SUR LES CORPS ORGANISÉS ANIMAUX Trouvés vivans dans l’intérieur de corps solides sans com- munication avec l'air extérieur. Le Philosophical Magazine rapporte, dans son numéro de dé- cembre 1816, que des lézards (1) furent trouvés dans un banc de craie à 50 pieds de profondeur, par un ecclésiastique, à Eden, dans le comté de Suffolk; il les prit d’abord pour des animaux fossiles, tant il lui parurent privés de vie; mais à sa grande surprise, il les vitse mouvoir au moment où il alloiït les saisir ; il les porta au soleil, dont la chaleur les ranima promptement. Ils avoient la bouche collée par une substance glutineuse, et ils sembloient souffrir beaucoup de cet état ; à en juger parles convulsions de leur gorge et les efforts qu'ils faisoient pour écarter leurs mächoires,on auroit dit qu'ils alloïent suffoquer. L'un deux fut mis dans l’eau etl’autre laissé dans un lieu sec; le premier parvint à se décoller la bouche et parut se trouver parfaitement à son aise, tandis que l’autre mourut dans la nuit. t La publication de ce fait donna lieu au certificat suivant de deux mineurs, relatif à une découverte du même genre, et qui fut inséré dans le même journal, mois de mars 1817. Nous soussignés Williams Mills et John Fisher, certifions et déclarons que comme nous étions employés, il y a un petit nombre d'années, dans une mine de charbon de terre appartenant au très- honorable vicomte Budley et Ward, à l'endroit appelé les Pièces, QG) Il paroît beaucoup plus probable que c’étoient des salamandres ; en effet, les mouyemens convulsifs de la gorge indiquent le mode de respiration de ces animaux, et en outre, l'observation que l'individu mis dans l’eau a survécu, tandis que l’autre est mort, paroît mettre la chose hors de doute; malheureu- sement l’auteur ne donne aucune espèce de description. (B.V.) 308: : JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans la paroisse de Liplon, comté de Stafford , et que nous étions à briser et à rompre le lit de houille appelé pierre de houille, qui est épais d'environ quatre pieds et à cinquante à peu près au-dessous de lasurface de la terre, nous avons découvertun reptile vivant, del'es- pèce du serpent ou de la couleuvre, couché et roulé sur lui même, reliré au fond d’une petite cavité creusée dans l'intérieur d’uri mor- ceau de houille qui pouvoit peser vingt-tonnes. Le reptile, quand on le découvrit, parut véritablement se mouvoir, et bientôt après il sortit du trou en rampant; mais il ue vécut pas plus de 10 minutes après avoir élé exposé à l’air. Il mourut, sans avoir’étle blessé en aucune manière, tandis qu’on brisoit la masse de houille dont l'épaisseur et la solidité ont dû le garantir du contact de l'air. La cavité dans laquelle étoit contenu cet animal étoit assez petite, très-humide au fond , mais ne contenoit point d’eau visible. Le serpent avoita pouces de long ; sa couleur étoit cendrée, sombre, un peu marquelée. Suivent les signatures des deux personnes et celle du magistrat en présence desquels ces faits ont été certifiés sous serment. Ces exemples récemment observés d'animaux vivans, trouvés dans l’intérieur de masses pierreuses plusou moins considérables, nous donnent l’occasion bien naturelle de rapprocher tous les faits de même espèce qui sont venus à notre connoissance , afin de voir s’il est possible d’en tirer quelque explication un peu satisfai- sante, et surtout d'indiquer quels sont les différens points de vue sous lesquels on doit envisager ce phénomène, et par conséquent quelles sont les précautions à prendre dans ces sortes d'observa- vations, oudansles expériences que l’on voudroit tenter à ce sujet. Le plus ancien exemple que je connoisse, est celui rapporté par Baptiste Fulgose, d’un ver vivant trouvé dans un caillou ; mais malheureusement nous n’avons point d’autres détails, en sorte qu'il se pourroit que ce ne füt autre chose qu'un mollusque lythophage. Il en est à peu près de même de celui donné par dom Ulloa, ui dit avoir vu à Madrid deux vers vivans trouvés dans le centre duo bloc de marbre que devoit employer un sculpteur. Nous pouvons compter d'avantage sur la découverte de trois œufs trouvés en Italie, dans la pleine épaisseur d’un mur large de trois pieds. On remarqua qu'ils étoient couchés suivant le lit des pierres, scellés et enchässes de toutes parts par le mortier, qui s’étoit durci; et ce qui parut le plus singulier, c’est que l’un de ces œufs ayant été cassé par un témoin de la découverte, on le trouva ET D'HISTOIRE NATURELLE. 309 wouva liquide, avec le blanc et le jaune bien formés, ayant l'odeur et la saveur naturelles, en un mot frais et bons à manger. Ces œufs étoient dans un vieux mur de la sacristie d’un église fort ancienne, dans un bourg près du lac Majeur; or, d’après des pretives historiques, on n’avoit pas touché à ce mur depuis l’époque de sa construction, c’est-à-dire depuis trois cents ans auparavant. Le journal italien qui rapporte ce fait, conclut que cesœufs, qui avoient probablement été mis là par quelque ouvrier par mégarde, se sont conservés trois siècles. Alex. Tassoni, dans ses Pensées diverses, rapporte un fait à peu près de même nature : il dit qu’on trouva au milieu d'un marbre des environs de Tivoli, une écrevisse vivante, que les ouvriers firent cuire et mangèrent. Mais par ce marbre de Tivoli, il faut sans doute entendre une sorte de tuf ou calcaire d’eau douce, appelé à Rome travertino, qui pourroit bien n’être pas très- ancien dans plusieurs de ses parties. Maïs ce sont surtout des crapauds, animaux remarquables par la facilité avec laquelle ils s’introduisent dans les trous profonds et étroits, pour passer la saison d'hibernation, que l’on a le plus souvent trouvés enveloppés ainsi, dans des masses plus ou moins considérables , pierreuses ou ligneuses. L'un des exemples les mieux averés, est celui dontles Mémoires del’Académie deStockholm donnèrent l’histoire dans l’'année1741, avec une planche représentant l'animal, et la superposition des couches formant la carrière : en voici l’extrail. Le 8 mai 1753, dans une carrière de Nybra, diocèse de Wamblingebon dans le Gothland, quinze jours après qu’on eüt commencé l'exploitation des couches supérieures, des ouvriers voulant-enlever une pierre comprise entre deux fissures, nom- mées sride en teyme du pays, et ayant employé à cet effet des maillets et des coins, la rompirent en morceaux, et trouvèrent dans son intérieur un crapaud vivant. L'inspecteur des carrières fut appelé, et c’est lui qui envoya la relation de ce faità l'Académie. Comme la partie de la pierre qui entouroit l'animal étoit tendre, c’est ce qui avoit été cause qu’elle s’étoit brisée, et qu'on ne püt avoir l'empreinte qu’il avoit dû y former. Le crapaud étoit, ditAl, àenviron une coudée de profondeur, à trois quarts de coudée d'une fissure et à une coudée de l’autre; il étoit encore couvert des débris de la pierre, dans une immobilité complète, et enveloppé d’une sorte de couche de grains de sable adhérens à la peau. Sa couleur éloit cendrée, noirätre, tachetée sur le dos, plus pàle en Tome LXXXIF. AVRIL an 1817. Rr 510 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHTMIF dessous. Les yeux petits et ronds, étoient couverts d’une pellicule à travers laquelle percoit une couleur d’or. L’ayant touché avec un bäton, Léna ferma les yeux comme s'il dormoit, et les ouvrit peu à peu, mais du reste ne remua pas. La bouche n’étoit. ouverte qu'au milieu, et dans le reste de son étendue étoit 6bs=+ truée par une pellicule jaunätre; on essaya envain de l'ouvrir avec la pointe d'un bâton. Enfin, lui ayant fortement pressé le dos avec le pied, l'animal rejetà une grande quantité d'urine aqueuse par l'anus, et mourut. Tous ces faits sont certifiés par six ouvriers: témoins, outre l'inspecteur, et leur moralité attestée par le mi nistre de Wamblingebon. S, M. Cræberg donne ensuite des dé- tails intéressans sur la nature de la pierre , qui paroît être fort em- ployée en Suède, sous le nom de pierre de Gothland ; sur la position relative du banc qui contenoit l'animal, et sur la succes= sion des couches superposées. La première et la plus superficielle, composée de cailloux roulés, calcaires et siliceux, mélés de quelques coquilles ou débris marins, et même d’ammonites, mais évidemment de transport, étoit à 250 pieds de distance du bord de l’eau, et à 8 ou 9 coudées au-dessus de son niveau. La seconde est formée d’un calcaire très-pesant, jaunätre ou cendré, fort bon pour faire de la chaux, qu'on est obligé de faire sauter avec de la poudre, et qui paroïit comme rempli de petits corps, qu'il com- pare à des grains d'aneth, de cumin, de poivre; élevée de trois coudées au moins vers la falaise, elle s’abaisse peu à peu en s’ap- prochant du bord de l’eau, où elle n’a plus qu’une à une coudée et demie de hauteur. 3°. Vient ensuite une argile bleue de trois quarlts de coudée. 4°. Puis la première couche des meilleures pierres de Gothland, qui n’a qu’une coudée d'épaisseur. 5° et 6°. Enfin, äprès une couche d'argile très-douce de 9 pouces de haut, vient celle où étoitle crapaud, à 109 coudéesdu rivage, et qui a 2à 3 coudées d'épaisseur, Il paroît que son fond estau nivau de la sur face de la mer, et qu'ilse prolonge assez avant sous les éaux. Elle est solide, très-dense, Éréscabe oHBagté , composée de petits grains de sable luisans, qui se désagrègent facilement, lorsqu'après avoir été imbibée d’eau, elle vient subitementäètre gelée. Tous ces bancs, plus ou moins durs, sont partagés en grands parallélipipèdes par des fentes verticales fort étroites, pouvant à peine permettre lintroduction d’üne lame de couteau , et qui sont remplies par une argilé molle. tenace, propre à dégraisser, dans laquelle on trouve mélée de la poix limpide fort pure, qui brûle en répandant une odeur semblable à celle du succin. On trouve aussi de cette argile méme dans la pierre la plus dure ; ‘et souvent avec de petites co- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 314 quilles et de petites racines, ce qui fait penser à S. M. Grœberg, que la pierre dite de Gothland n’a été d'abord que de l'argile, qui, par la succession des temps, et l'accession de la matière lapidifique, s'est convertie en pierre. Les deux exemples suivans sont tirés de la Dissertation de Le Cat surles animaux vivant dans les pierres ; mais il ne les a vus ni l’un ni l'autre. Le premier a été observé par M. Peyssonel, qui faisant creuser un puits dans son habitation à la Guadeloupe, trouva et retira lui-même des grenouilles d'un lit de roche et de pétrifi- 0,5000 DA gg ee à 533 DA =" 0857: PénMeeNerg re 8 pa — 7" ©,8750—————— 2 7 ————0,0179 9 y les2eli Loe 1e nd RS AP RENE FE CR URL à 8° —————0,0158 ODA IE, 9° ————0,0112 17. D'où l’on voit que, soit que l’orifice AB subisse un res- serrement de 1, 4, À, ele., soit que le côté DA recoive un accroissement de 2, 5,4, elc., la puissance inférieure, prise dans la section DABC éprouve toujours la même zugmentation; or, ‘ ë 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE il en est évidemment de même pour loule autre progression sui- vant laquelle peuvent être modifiées, soit l'étendue de orifice AB, soit la distance qui sépare cet orifice de son opposé DC. Donc, toute modification dans l'orifice qui représente la puissance supérieure opère sur l'opposée, prise dans la section inférieure du tube,, le même effet qu'une modification correspondante dans la distance qui règne entre ces deux puissances : autrement dit : toute modification dans l'étendue de l'orifice supérieur opère sur la puissance inférieure prise dans la section inférieure du tube, le même effet qu'une modification correspondante dans la hauteur de celui-ci. 18. Avant de passer à l'application de ces principes, je crois devoir prévenir quelques objections. L'une est que, dans les excipiens de calorique, aucune des deux puissances n’est réduite a zéro comme dans l'hypothèse. Une seconde est que l'extrémité inférieure du tube, qui représente ici le foyer d’un excipient de calorique, n’est pas toujours le point où la déflagration à le plus d'intensité, conséquemment n’est pas toujours le maximum de la puissance inférieure, Une troisième enfin, que l'air atmosphé- rique pèse aussi bien sur l’un des deux orifices du tube que sur l’autre. 19. Surdes deux premières, les puissances ne sont pas ici con- sidérées en elles-mêmes, mais seulement sous les rapports qui peuvent subsister entre elles, prises dans la capacité du tube. Or, quels que soient, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, les points où les deux puissances sont réellement réduites à zéro, et ceux où elles atteignent leur plus haut degré d'intensité, lorifice opposé à leur »7aximum , relativement à la capacité du tube, est toujours leur rninimum relativement à cette méme capacité. 20. Quand à la troisième objection, il faut bien remarquer que la portion d'air atmosphérique qui pèse sur l’orifice DC ne doit point être assimilée, quant au but qu’on se propose dans la construction de l’excipient, à celle qui pèse sur l'orifice AB. Celle- ci tend à affoiblir l’intensité du calorique en le divisant (a), au lieu que l'autre ténd à augmenter cette intensité en activant la dé- flagration. (a) Ce n’est pas qu'il n’existe des circonstances où l'air qui pèse sur l'orifice supérieur peut concourir à la déflagration ; telle est celle où la décomposition du combustible n’a pas été complètement exécutée dans l’excipient, ce quina lieu que trop souvent lorsqu'il y a surchage de combustible ; mais cette défla- gration purement extérieure est étrangère à notre sujet. 21, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 21. Un four est une capacité dans laquelle on recueille les produits de la décomposition ignée d’un combustible, pour éviter que le calorique qui fait partie de ces produits ne soit disséminé dans l’air ambiant. Les parois de cet excipient peuvent être considérées comme la clôture proposée (11 et 12). Quel- ques formes qu’on leur suppose, elles peuvent toujours être yap- portées à celle du tube pris pour exemple; et à quelques modifi- calions que puissent être assujéties les ouvertures qu’on y pratique pour l'admission de l'air et pour la sortie de la famée, du moment que ces ouvertures remplissent leurs fonctions, elles rentrent dans les principes auxquels sont soumis les deux orifices du tube proposé. 22. Il a été dit (4) que ces orifices peuvent être dans un rapport plus ou moins convenable entre eux, et que le degré de convenance de ces rapports influe sur le dégagement du calo- rique, On a vu également (5) que l'accumulation du calo- rique dans l’excipient est subordonnée au rapport qui subsiste entre le corps de ce même excipient et le système de ses orifices. Enfin , il a été démontré (14) que la distance qui sépare les orifices opère des effets semblables et proportionnels à ceux que produit leur étendue. Il s'ensuit que, si on substitue un excipient de calorique au tube proposé, les effets en seront subordonnés, 1°. au rapport existant entre les dimensions des orifices ; 2°. au rapport existant entre le système de ces orifices et le corps de l'excipient; 3°. enfin, à la distance qui sépare les orifices. 23. De même que l'intensité du calorique exposé à l'air libre s’y dégrade, sauf les modifications énoncées ( 8 eto), en raison du carré des distances, de même, dans un espace circonscrit, la dégradation, effet nécessaire de la rencontre des deux fluides opposés, doit être proportionnée à la distance comme à l’étendue du point de rencontre ; c’est-à-dire que l'ac- tion du fluide qui absorbe le calorique est, quant à l’es- pace circonscrit où s'opère l'absorption, absolument la même lorsque la rencontre de ces fluides a liea sous telle étendue, que lorsqu'elle a lieu à telle distance correspondante. 24. C’est ce dont nous faisons l'expérience toutes les fois que, nous trouvant dans une capacité dont la température diffère de celle du dehors, il s'établit une communication entre le dehors et cette capacité; alors une grande ouverture pratiquée à une grande distance de la place que nous occupons, n’opère pas plus de différence dans la température de cette place, qu’une plus petite ouverture à une distance proportionnellement moindre. Tome LXXXIV. JUIN an 1817 Ggg - 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Or, si on regarde cette ouverture comme la base d’un cône dont le point que nous occupons forme le sommet, quelle que soit la hauteur de ce cône, ou, ce qui est identique, quelle que soit la dis- tance qui nous sépare de l'ouverture par laquelle afflue l'air exlé- rieur, l'effet en est le même lorsque la proportion entre la base et la hauteur du cône reste la même (a). 25. Pott a fait connoître le fourneau avec lequel il a fait ses expériences lithogéognosiques (2), mais il n’a pas fait mention des principes qui l'ont guidé dans la construction de cet excipient ; ce qui Ôte toute matière à discussion. 26. Macquer(c), en adoptant le fourneau de Pott, a cherché à modifier ce qu'il appelle Ze tuyau d'aspiration. Au sujet de la longueur de cette partie, ilconvient bien que « les fourneaux pro- » duisent d'autant plus de chaleur que.le tuyau qui est à leur par- » lie supérieure est plus long »; mais c’est moins à la longueur prise abstractivement qu'il attribue cet effet, qu’au vide qui s'y forme ; vide que l'air tend à occuper en vertu de sa pesanteur. Selon ce savant, la raison pour laquelle ce tuyau doit être long, est que « plus l’espace où l'air se raréfie est grand, plus le courant » d'air extérieur qui est forcé d'entrer dans le fourneau pour » remplir ce vide est fort et rapide. » 27. Sans doute l'étendue du vide, lorsqu'elle est proportionnée au besoin de l’excipient, entre pour beaucoup dans les causes de l'activité du tirage; mais l'effet n’en est que secondaire, puisque le vide lui-même est dû à une cause antécédente, l’échauffement. Or, outre qu’à quantités égales de calorique, la grandeur est un obstacle à l’échauffement de la capacité, il est de fait que l’échauf- fement acquiert d’autant plus d'intensité, que la rencontre de l'air est plus reculée. C’est donc la longueur du tuyau qui agit ici en première ligne. L'effet en est direct et absolu, au lieu que celui de la grandeur, non-seulement n’est que secondaire et subor- donne, mais peut devenir nul ou même nuisible. 28. Si la grandeur suffisoit, si la longueur n’étoit pas essen- tielle, la forme pourroit être indifférente; et une capacité donnée opéreroil le même effet étant large et courte qu’étant longue et étroite. Or, l'expérience prouve trop évidemment le contraire pour qu'il soit nécessaire de le démontrer. (a) Il est inutile de dire que ce raisonnement souffre exception dans les cas où il y a courant d'air. - À (Dar: RE . (c) Dictionn. de Chimie, tome IL, pag. 298 et suivantes, ) ) P o ET D'HISTOIRE NATURELLE. 415 20. L'auteur a bien senti, 1°. que le resserrement de l'issue supérieure étoit un moyen de concentrer le calorique dans l'in- térieur du fourneau ; 2°. qu'il doit exister un rapport entre Île dia- mètre du tuyau d'aspiration et l'ouverture du cendrier. Il est surprenant qu'après avoir reconnu ces principes il ait pu les perdre de vue au point de retrécir le tuyau d’aspiration sans re- trécir proportionnellement l'ouverture du cendrier. Quand cette ouverture, trop grande relativement à celle du dégorgeoir, n’au- roit pas l'inconvénient d'admettre un excédent d'air atmosphé- rique, dont l'effet inévitable est d'affoiblir la température en délayant le calorique, elle auroit au moins celui de ne pas gêner suflisamment l'entrée de l'air, dont l'introduction sous le plus pee volume possible est un puissant moyen d'activer la com- uslion. ‘ 50. A la vérité, il est possible qu'un cendrier trop grand re- lativement au tuyau d'aspiration , n’admette pas sensiblement plus d'air qu'il n’en auroit admis étant plus petit; car la quantité de ce fluide qui peut entrer dans un fourneau n’est ni uniquement ni même nécessairemént proportionnée aux dimensions de l’ou- verture du cendrier. Elle peut être augmentée ou diminuée par plusieurs causes physiques qui modifient l'effet purement géo- métrique de ces dimensions. En effet, l’élasticité de l’air fait que, dans un temps donné, il entre par la même ouverture, une quantité plus ou moins grande de ce fluide, selon que le tirage est plus ou moins violent. Or, le tirage étant proportionné à la température, si, par une trop grande ouverture on donne entrée à une quantité d’air qui excède les besoins de la déflagration , la température baissera et le tirage avec elle. La quantité d'air admis diminueroit donc au lieu d'augmenter. D'ailleurs cette quantité est nécessairement modifiée par le volume des solides du combustible; de sorte que la mème ouver- ture qui seroit excessive pour un combustible dont les solides laissent entre eux de grands interstices, peut être trop pelite si on fait usage d’un combustible dont les solides, ne laïssant entre eux que de petits interslices, corrigent, par leur petitesse, l'excès d’étendue du cendrier. . Mais sans entrer dans un plus grand développement des divers inconvéniens attachés à la trop grande étendue de l'ouverture du cendrier, il suflira de faire observer qu’elle éloigne l’excipient de état de vaisseau clos (7). Ggg 2 410 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 51. Après avoir élabli, ce qui est exact, que « ce seroit un » grand inconvénient que ce tuyau (d'aspiration) fut trop étroit », ‘Macquer conclut que le diamètre en doit être à celui du corps du fourneau dans le rapport de deux à trois! On ne voit pas ce que ce rapport peut avoir d’absolu. Je ne discuterai pas sil cadre plus ou moins avec la circonstance particulière où s’étoit placé l’auteur, en donnant à son cendrier une très-grande ou- verture. Je me bornerai à représenter que Pott qui, en laissant celle ouverture beaucoup plus petite, a donné moins de diamètre au tuyau, doit avoir obtenu une température tout au moins aussi élevée que celle dont Macquer a pu disposer, autant qu'on se peut juger par les résultats qu'ils ont fait connoitre l’un et autre. j 52. Baumé (a) peut à peine admettre que le fourneau décrit par Poit puisse produire un degré de chaleur suflisant pour mettre en fusion certains mixtes très-difliciles à fondre, et dont cet auteur annonce avoir opéré la fusion. Et la raison sur laquelle Baumé se fonde est, que la cheminée et la porte inférieure par laquelle entre le courant d'air sont trop étroites par rapport à la capacité du fourneau! D'abord, je ne connois rien qui tende à faire douter que le fourneau décrit par Pott soit celui dans lequel il a obtenu les résultats qu'il a annoncés ; et l’assertion de Baumé, dénuée de toutes preuves, ne me paroit rien moins que suffisante pour inspirer quelque défiance à cet égard. Mais, quoi qu'il en soit, ce dernier donne la préférence à celui de Macquer, dont le tuyau d'aspiration et le cendrier ont, relativement au corps du fourneau, plus d'ouverture que dans celui de Pott. Néanmoins, laissant de côté le principe posé par Macquer (35), « que le resserrement de l'issue supérieure est un moyen de » concentrer la chaleur », il suppose (2) que, « pour faire pro- » duire plus de chaleur à ce fourneau (celui de Macquer) sans » en augmenter la capacité, il suflira d'agrandir seulement le » diamètre de la chemmée, afin de donner à l'air qui se raréfie » en passant au travers du charbon embrasé plus d'espace et plus » de facilité à s’'évacuer.» 33. Nul doute qu’un grand espace offre à l'air qui se raréfie plus de facilité à s’évacuer. Mais l'air raréfié ne se précipite dans (a) Cours de Chimie, Prolégomènes, pag. LXXX. (b) Ibidem, pag. LXXxIv. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 417 cet espace qu'à raison du vide qu'a pu y former l'échanffement. Or, outre que, à quantités égales de calorique, le tuyau d'aspi- ration s'échaufle d'autant moins qu'il a plus de capacité, il est évident que la grandeur du diamètre de ce tuyau est un obstacle à l'accumulation du fluide. C’est donc aller contre le but que d'aug- menter ce diamètre. Pour concilier l'accumulation du calorique avec la production qu’on cherche à établir par le tirage, il faut, en méme temps qu'on élargit le tuyau d'aspiration, en resserrer l'orifice inférieur au point de sa jonction avec le corps du four ;ce qui le met dans la classe de certains fours qui réunissent les deux moyens d'élever la température, c’est-à-dire le resserrement et l’exhaussement (25). 34. Conséquemment à son principe, Baumé propose un four- neau de quinze pieds de haut sur dix pouces de large, dans le haut comme dans le bas; etil assure (a) que, « lorsque ce four- » neau est bien servi, il produit plus de chaleur que le précédent (celui de Macquer). » Entrainé par une asserlion aussi positive, dans un temps où je ne pouvois encore avoir d'opinion arrêtée sur cette malière, je crus devoir suivre de point en point les proportions données par l’auteur’ dans la construction d’un fourneau que je fis faire exprès pour mon,äinstruclion. Les résultats furent tellement éloignés de mon attente, que, non-seulement ils fixèrent forte- ment mon attention, mais ils contribuèrent singulièrement à la tourner vers l’objet de ce Mémoire. Depuis cette époque j'ai eu plusieurs occasions de construire des fours dont les ouvertures avoient à peu près le même diamètre que le corps, et je n'ai jamais pu y obtenir une tempéralure très-élevée (b). 35. Quant à celte expression : lorsque ce fourneau est bien servi, On sait bien que la manière de servir un fourneau quel- conque favorise ou contrarie la justesse de ses proportions. Il est tout simple que «celui qu’on alimente forlement ou par de grosses charges, doit avoir des issues plus faciles que celui qu'on alimente foiblement ou par petites charges. Les particularités dans la facon d'opérer font que les mèmes ustensiles rendent un usage différent dans des mains différentes. Il n’y a donc pas lieu de s'étonner que le fourneau qui a convenu à Pott n’ait convenu (a) Cours de Chimie, Prolégomènes, pag. LXXXY. (b) Il n’est ici question que de fourneaux à tirage et non de ceux à soufflets. 418 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'en partie à Macquer, et que Baumé n'ai pu en tirer parti. Mais si, abstraction faite de toute facon particulière de s’en servir, on remonte aux principes, on conviendra que le meilleur four- neau est celui qui, avec une quantité donnée de combustible , atteint la plus haute température , où qui atteint une température donnée avec la moindre quantité de combustible. Or, cette supériorité ne peut manquer d’appartenir à celui que sa construc- tion rapproche de l’état de vaisseau clos, autant que le permet le jeu de la deflagration (6). 56. Lavoisier s'accorde avec Macquer sur la nécessité de resserrer la partie supérieure; « mais, dit-il avec raïson (a), on » ne connoît pas le rapport qu'on doit observer entre les ouver- » lures inférieure et supérieure ; on connoît encore moins la » grandeur: absolue qu'il faut donner à ces ouvertures ; les ». données manquent: et on ne peut arriver au but que par täton- » nement». Proposition qui rentre exactement dans ce qui précède (5,6 et 7). 57. Avec Pottet Macquer, ce savant reconnoit (2) que «le » foyer des fourneaux étant l’endroit le plus chaud, et par con- » séquent celui ou l'air qui le traverse est le plus dilaté, celte » partie du fourneau doit être aussi la plus volumineuse, et il est » nécessaire d'y ménager un renflement considérable »; en con- séquence, s’éloignant de l'opinion de Baumé, il suit celle de Pott et de Macquer, en donnant aux issues moins de diamètre qu'au corps du fourneau. Néanmoins cette différence portée plus loin dans le fourneau de Pott, rapproche davantage celui-ci de l'état de-vaisseau clos; d'où doit résulter une plus grande économie de combustible. 38. Quant à cette raison alléguée par l’auteur pour donner au corps du fourneau plus de volume qu'aux autres parties, que « c'est l'endroit où l'air qui se raréfie est le plus dilaté », sans la discuter à fond, je me contenterai de faire observer qu'elle perd beaucoup par la considération de la grande compressi- bilité de l'air. 1] semble plus naturel de dire que, le corps du four élant la partie qui doit contenir les objets de l'opération, la capacité de cette partie doit surpasser celle des deux autres en raison du volume des objets qu'elle est destinée à contenir de plus que ces deux autres. (a) Traité élémentaire de Chimie, tome H, pag. 548. () Ibidem , pag. 547. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 39. Une observation dont aucun auteur avant Lavoisier n’avoit fait mention, et qui ne lui a point échappé, c'est que l’eflet du tuyau d’aspiralion ne croit point en raison de la hauteur de celui-ci. 11 a reconnu que « cet effet décroit à mesure de l'élé- » valion. »...« Les conséquences, dit-il (a), auxquelles nous » conduisent ces réflexions, sont , 1°. que le premier pied du » tuyau qu'on ajoute sur le dôme d'un fourneau , fait plus d'effet » que le sixième, par exemple; 2°. que le sixième en fait plus » que le dixième , elc.; mais aucune expérience ne nous a encore » fait connoitre à quel terme on doit s'arrêter. » 40. Quoique la construction des fourneaux ne format qu'un accessoire des recherches de ce savant, on voit, par le peu qu'il a écrit sur ce sujet, qu'il ne laissoit pas que d'y attacher de l'importance. Le coup-d'œil rapide qu'il.avoit jeté sur les prin- cipes de la construction de ces instrumens, porte l'empreinte de cette pénétration qui distingue ses travaux; et on ne peut guère douter que s'il eût eu plus de momens à y donner, il eût obtenu toutes les solutions dont les questions qu'il s’étoit pro- posées sont susceptibles; questions qui-se réduisent à trois prin- cipales : 1°. quelles dimensions doivent avoir les issues? 2°. quel rapport doit subsister entre les dimensions respectives des issues ? 5°. suivant quelle loi diminue l'effet de la distance qui sépare les issues ? ou, ce qui est identique, suivant quelle loi diminue l'effet de l'allongement des tuyaux d'aspiration? 41. Sur les. deux premieres, l’auteur observe très-judicieu- sement : « les données manquent, et on ne sauroïit arriver au » but que par tälonnement. » Il semble donc que tout ce qu'on peut raisonnablement espérer, dans l’état actuel de nos connois- sances, est de déterminer la direction que doit prendre ce tà- tonnement. Or, celle direction me paroit déterminée, autant qu'elle en est susceptible, par ce priricipe (6), que l'excipient doit étre rapproché de l'état de vaisseau clos autant que le permet le volume des substances gazéiformes dégagées par la déflagration. Quant à la dernière question, je la regarde comme résolue par le tableau-ci-dessus (16). : 42. De ce que le resserrement de l’orifice supérieur produit le mème avantage que l'augmentagjon de hauteur pour élever la température d’un four, il suit que ces deux moyens sont sub- (a) Traité élémentaire de Ehimie, tome IF, pag. 546. ‘120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE slituables lan à l’autre. Il s'ensuit également que leur réunion doit cumuler les avantages attachés à l’un et à l’autre ; mais il ne s'ensuit pas nécessairement que le produit de celte cumu- lation doive égaler la somme des deux avantages pris séparé- ment. Lesdifférens fours connus nous démontrent, 1°. que le res- serrement des issues, en opérant l'accumulation du calorique, élève la température de l’excipient; 2°. qu’une grande distance entre ces issues , laquelle s'obtient par l'élévation des cheminées, opère le même effet en éloignant la rencontre de l'air extérieur; 3°. enfin, que la réunion de ces deux moyens fournit des ré- sultats supérieurs à ceux de chacun pris séparément. En effet , sans parler des fours à soufilets, dont les issues peuvent ètre diminuées presqu'à volonté, nous avons des fours dans les- quels la température est exaltée par la seule accumulation due au resserrement des issues, Nous en avons d'autres dans lesquels on alteint une température aussi élevée par des cheminées qui reportent au loin la rencontre de l'air extérieur. Enfin, nous en avons ,.et ce sont les plus actifs, dans lesquels l'effet du resser- rement des issues est augmenté par l'élévation des cheminées. Que si, dans ces derniers, la réunion des deux moyens ne donne pas un produit égal à la somme des produits de chacun des deux pris séparément (a), ce n’est pas le seul phénomène qui nous offre , pour deux causes réunies, un résultat moindre que la somme de ceux que fournit chaque cause séparée. On ne s'arrêtera donc pas à rechercher la cause de celte espèce d’anomalie. Il est trop évident que le grand effet des fours dans la construction desquels on a ajouté de hautes cheminées à des issues resserrées, est dù à la réunion de ces deux moyens. 43. De ce qu’on peut obtenir une haute température dans les fours sans cheminées comme dans ceux à cheminée, il ne faudroit pas inférer que ces deux modes de construction pussent (a) Si on évaluoit l'effet du four à refondre le fer, dit four a reverbère (lg. 13), d’après le tableau ci-dessus (16), on obtiendroit un produit qui excéderoit le maximum. En effet , le resserrement qui a lieu au point où la cheminée se joint au four et qui réduit l'ouverture inférieure de cette cheminée à moitié, ce res- serrement; dis-je, répond au preffiier accroissement —0,5000, et l'élévation de la cheminée qui égale deux ou trois fois la longueur du corps du four, ré- pond à un intermédiaire entre le 2° et le 3° accroissement, c'est-à-dire entre 0,6666 et 0,750, soit 0,7283; le total de ces deux facteurs seroit donc......; 0,5000 + 0,7285 — 1,2285 , eu 0,2283 au-delà de la valeur de AB. de ètre ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 42t être employés indifféremment dans tous les cas: La lenteur ou la rapidité prescrite par la nature des émplois, et beaucoup d’autres considérations qu'il seroit trop long de développér icr, imposent souvent la nécessité d'opter entre l'an ou l'autre: D'abord , entre l’action d’un four à grandes issues avec che- minée et celle d’un four à petites issues sans cheminée , il existe plusieurs différences dont nous ne ferons ressortir ici que la principale ; le premier de ces fours, en+cé qu'il s'écarte de l'état de vaisseau clos, laisse perdre une plus grande quantité de calorique pour atteindre la même température. Mais comme la marche en est plus rapide, il convient aux opérations pour lesquelles la rapidité est plus importante que l’économie du combustible (a), pendaut que l’autre est propre aux opérations qui exigent un échauffement lent, et à celles pour lesquelles On à une raison quelconque de sacrifier le temps à l'économie du combustible (4). D'un autre côté, l'issue supérieure devant évacuer toute la fumée, doit avoir une dimension proportionnée au volume de ce fluide , volume d'autant plus considérable, que la température est moins élevée. Dans les opérations où la température va toujours croissant , .de cela seul que l'issue supérieure suflit à l'évacuation de la famée qui se dégage dans le commencement, il suit qu’elle devient trop grande à mesure que l'opération s’avance. Il con- vient donc de la resserrer dans la même mesure pour rap- procher l’excipient de l’état de vaisseau clos, ce que l'on fait quelquefois avec ce qu'on appelle registre; mais l'emploi de ce régulateur étant plus ou moins incertain, souvent incommode, quelquefois même impossible, la hauteur des cheminées y sup- plée d'autant mieux, qu’on n'a rien à craindre en reculant, le plus possible, par cette élévation, le point de rencontre de l'air extérieur. Au lieu que la diminution de ce point de ren- contre par l'effet du registre , peut être facilement portée à l'excès en plus comme en moins. *° 44. Le calorique qui se dégage du combustible en déflagration se précipite dans l'air compris dans le four, et constitue, avec cet air, un mixte que nous appellerons fluide calorifere; ce fluide, à raison de sa légèreté spécifique ,'tend à s’élever. Son intensité (a) Telle est la refonte du fer, qui ne peut être exécutée trop rapidement. (b) Telles sont certaines opérations ciramiques. Tome LXXXIV. JUIN an 1817. Hhh 423 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE calorique est plus ou moins grande, selon qu'il est plus où moins étendu d'air, et il l’est à proportion de ce que ce dernier afflue plus ou moins par les deux issues de l’excipient, autre ment dit, à proportion de ce que l'excipient est plus ou moins clos. Or, quoique la dégradation ne soit plus la mème dans un espace circonscrit qu’à l'air libre (9), on conçoit qu’elle doit participer de ces deux circonstances; c’est-à-dire qu’elle doit se rapprocher de l’une ou de l’autre manière d’être, selon que l’excipient renferme plus ou moins d'espace vide. En quelque proportion que s'opère cetle dégradation, le fluide calorifere trouvant sur son passage les solides employés à la construction du four et ceux qui en remplissent la capacité, leur transmet une portion du calorique dont ilest pourvu; et lorsque chacun de ces solides en a absorbé la quantité dont il étoit sus- ceptible de se charger par ce moyen, l'excédent va se perdre dans l'atmosphère. A doute cet excédent peut être restreint par la justesse des proportions de l’excipient; mais il est toujours infiniment plus considérable que la portion qui s’est fixée utile- ment : d’où il suit que si, au lieu de laisser arriver inutilement au dehors la portion non fixée, on la retient dans une capacité ad- ditionnelle, les solides renfermés dans celle-ci en absorberont une partie quelconque. Or, non-seulement le corps du four tel qu'il étoit dans le principe n’aura rien perdu à cette addition, mais il y aura gagné, 1°. une augmentation de température due à ce que la renconire de l'air extérieur est reportée plus loin ; 2°. une plus grande uniformité de température entre les différentes parties de l’excipient; uniformité résultante de ce que les parties les plus éloignées du foyer seront celles qui profiteront le plus de l'augmentation acquise ; de sorte que la température en AB se rapprochera de celle de DC, (fig. a et 10) à proportion de la hauteur de la capacité additionnelle. C’est ce qu'on voit dans le tube simple (fig. 6) où elle est réduite à zéro, pendant que dans Je tube double (fig. 9 et 10 ) elle devient _ et que dans le tube triple (fig. 11 et 12) elle est LT 45. Si on compare l'immense quantité de fluide calorifere qui traverse inutilement la capacité d’un excipient à la quantité infiniment pelite de calorique qu’il dépose sur son passage, on concevra sans peine que, pour le retenir jusqu’au point d’en épui- ser tout le calorique, il faudroit employer des capacités bien autre- ment grandes que celles qu’on est dans l'usage de construire. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 Mais quelqu'intéresssante que puisse être cette question sous le rapport de la théorie, je la laisse de côté, parce que la solution ne m'en paroit pas susceptible d’une application importante dans la pratique. 46. Quant à ce que celle-ci peut gagner au prolongement, on sent que l'avantage ne doit avoir lieu que pour certains excipiens, et qu'il est nul ou presque nul pour les autres; notamment, pour ceux dont l’action ne s'exerce qu'auprès du foyer ou à une petite distance, parce qu’alors l’espace où s’opère cette action doit être considéré comme la partie inférieure du tube (fig. 5, get 11), sur laquelle le resserrement de même que l’échauffement n’exer- cent qu'une foible influence. Il n’en est pas ainsi pour tous les excipiens. Je me propose de le démontrer lorsque je traiterai des fours céramiques; en attendant, je me bornerai ici à appeler l'attention des chimistes manufactu- turiers, sur le parti qu’ils peuvent tirer de lexhaussement dans la construction de certains grands excipiens, spécialement des galères. L'emploi raisonné de ce moyen peut leur procurer, à dépense égale de combustible, une plus grande longueur de la partie utile , ou, avec la même longueur, une moindre différence entre les températures des deux extrémités. Par exemple, soit GHCD (fig. gou fig. 11) un de ces excipiens dont le maximum de tem- pérature étant DC, le minimum sera IF ; si on l’allonge de moitié en sus, ce qui le convertit en LKCD (fig. 11), ïe minimum sera rapporté de AB en «b, et la partie utile qui n’étoit que DIFC deviendra Difc. 47. Le tube qui enveloppe le foyer de la lampe d'argent ne diffère en rien, quant aux principes, de celui que nous avons imaginé (11), et tout ce qui précède le concerne; conséquem- ment il seroit possible d'en augmenter l'effet par les moyens qui augmentent celui des fourneaux, sile verre dont il est composé n'y mettoit obstacle. On conçoit même la possibilité de l’exécuter partie en verre et parlie en métal, ce qui permettroit, 1°. d'en resserrer les orifices, spécialement l’inférieur; 2°. d'en aug- menter la hauteur ; 5°. d'en diminuer le diamètre. Mais la tentative présente peu d'intérêt en ce que le plus grand effet de ces mo- difications seroit de retenir le calorique dans la partie supé- rieure de l’excipient, et que le cône lumineux n’occupant que Ja partieinférieure , en recevroit peu d’accroissement (46). 48. Il n'a été objecté qu’un maître de forge ayant ajouté une cheminée à un haut-fourneau, avoit trouvé qu'au-delà d’un cer- Hhh 2 . 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tain degré d'élévation la température , non-seulement n’avoit plus recu d'augmentation, mais avoit même déchu suivant une pro- gression qu’on ne m'a pas fait connoitre! Lorsqu'une observation contrarie, non-seulement les principes, mais même des faits sur lesquelsil ne s’est jamais élevé de doutes, elle ne peut acquérir d'autorité si elle n'est confirmée de manière à dissiper toute incertitude. Je n'ai rien appris qui tende à confirmer celle-ci; néanmoins, je ne crois pas inul:le dé la discuter. 49. Beaucoup de chimistes, depuis Lavoisier, ont reconnu avee lui que l'avantage dû à l'allongement du tuyau d'aspiration ne croit pas en raison de la longueur ajoutée. Plusieurs ont pu re- garder cette modification. comme plus ou moins inutile, selon les fourneaux dont ils faisoient usage. Mais que quelqu'un l'ait trouvée nuisible, c'est la seule fois que je l’aie entendu dire. Macquer a bien dit(a) « que quand le tuyau d'aspiration est trop » étroit (à), plus il a de hauteur, moins le fourneau a de tirage »; mais sans discuter ici cette assertion, qui porte autant sur le défaut de largeur que sur l'excès de longueur du tuyau, je me borneraï à faire observer que Le tirage ne doit point être confondu avec la température; l'effet du tirage est bien d'accélérer le déga- gement du calorique, mais ce n’est pas le dégagement c'est l'accumulation de ce fluide qui produit la température. Un ex- cipient peut avoir un très-grand tirage sans atteindre à une lem- pérature élévée si le calorique ne s’y accumule pas. 5o. Le poële est un excipient dont les principes de construc- tion, sont les mêmes que ceux des fourneaux chimiques. La longueur des tuyaux qu'on est dans l'usage d’y adapter est rare- ment déterminée par le degré d'activité qu’on veut lui donner, mais le plus souvent par des considérations absolument étran- gères à ce motif. Cette longueur est quelquefois portée à un degré extrème,-comparativement à celle qu'on a coutume de donner aux fourneaux usilés dans les laboratoires ou dans les manufac- tures. Il est bien reconnu que l’extrêème longueur n’augmente pas proporlionnellement le tirage de cet excipient. Il n’estrien moins que constaté qu’elle le diminue (c), mais personne à ma connois- sance n’a prétendu qu’elle abaissät la température. (a) Cours de Chimie, tome IT, pag. 230. (b) Et lorsque la direction en est trop contournée,, eût-il pu ajouter. (c) Nul doute qu'il y a diminution de tirage lorsque le tuyau est trop étroit, eu qu'on lui fait subir trop de révolutions. Mais de ce que la longueur rend ET D'HISTOIRE NATURELLE. 425 51. Il est bien vrai qu'au moment où l’on allume le feu dans un excipient froid , le tirage tarde d'autant plus à s'établir que la cheminée a plus de longueur, De là vient que les cheminées très- longues sontembarrassantes, pour ne pas dire nuisibles, lorsque la durée des opérations esl courte. Mais pour peu que cette durée soit de vingt - quatre heures seulement, la longueur des che= minées , lors même qu’elle n'apporte pas d'avantages , n’eu- traine aucun inconvénient sous le rapport dont il s’agit ici. 52. Ce n’est pas qu'on ne puisse concevoir une longueur de cheminée telle, que le calorique compris dans la fumée étant absorbé par les solides employés à la construction, cette fumée ne conserveroit plus assez de légèreté pour arriver à l'air libre. Alors elle se condenseroit, et le tirage seroït anéanti(a); mais on conçoit également qu'une telle longueur excéderoit de beaucoup celle qu'on peut donner raisonnablement aux cheminées des hauts- fourneaux , conséquemment celle qu’à pu donner le maitre de forge mentionné. Les poëles et les étuves domestiques sont bien loin d’atteindée à des températures aussi élevées que ces grands excipiens. J'en ai fait construire pour échauffer mes ateliers un assez grand nombre, dans des formes et des dimensions très-variées (4); il s'en est trouvé dont les cheminées avoient trente à quarante fois la lon- gueur du corps de l’excipient. À chaque fois qu’on y remettoit le feu, après un refroidissement total, il falloit un certain temps pour que la fumée parvint à l’orifice supérieur de la cheminée. Mais une fois que celle-ci étoit échauffée au point de ne plus con- denser le fluide, ce qui ne demandoit que quelques heures, l'ob- stacle éloit vaincu pour tout le temps que l’étuve ne revenoit point à l'etat de refroidissement total. Je ne hasarderai pas d'assurer ce qui arriveroit par une tempérelure plus élevée; mais je ne serois pas surpris qu'un excipient échauflé seulement à 15° ou 20° du pyromètre de Wedewood püt recevoir, sans nuire à l'activité de la déflagration, plus de cent fois sa longueur en tuyaux additionnels. Que serait-ce pour un excipient porté à une température aussi élevée que celle d’un haut-fourneau! l'effet de ces deux causes plus sensible, il ne suit pas qu’elle soit elle-même cause de cet effet. (a) C’est ce qui arrive dans certains poëles où la fumée est contrainte à faire de longs circuits pour arriver à l’état de liberté. (b) Le premier jet de cet ouvrage date de près de quarante ans, pendant lesquels j'ai fait un grand nombre d’essais tendans à le discuter, ’ 402 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 55. Au surplus, le ralentissement quelconque qui peut résulter de la longueur des cheminées, n’est point inhérent à cette lon- gueur prise abstractivement. C’est un accident qui n’a lieu qu’au- tant que les parois des tuyaux sont froides, et qui cesse dès que ces parois ont acquis assez de calorique pour ne plus enlever à la fumée celui qui doit servir à son ascension, accident étranger à la question dont il s’agit ici, 54. On pourroit objecter que ce qui précède étant plus ou moins relatif, peut n'avoir pas nécessairement lieu pour tous les excipiens. Il existe en effet des circonstances où les lois qui ré- giesenss les uns souffrent des exceptions ou des modifications ans les autres. C’est ainsi, par exemple, que, dans les petits excipiens, les issues ne peuvent être, relativement à la capacité du corps, aussi resserrées que dans les grands. Mais les principes ne sont aucunement infirmés par celte différence, parce qu'elle résulte de circonstances particulières, savoir : 1°. que les charges de combustibles sont toujours, relativement à la capacité de l’ex- cipient, plus fortes dans les pétits excipiens que dans les grands. 2°. Que les premières consomment, relativement à leur capacité, plus de combustible que les derniers (a). Cette double raison de donner aux petits des ouvertures pro- portionnellement plus étendues qu'aux grands, fait que l’accu- mulation du calorique y est plus difficile. C’est en vain qu'on tâche de corriger cette difficulté par de long tuyaux d’aspiration ; un pelit excipient ne peut être rapproché autant qu'un grand de (a) Cette proposition est rigoureusement exacte pour les fours qui servent pleins, c’est-à-dire pour ceux dont la capacité est entièrement occupée par les substances qu’on y soumet à l’action du calorique. Mais dans ceux qui servent plus ou moins vides, c’est-à-dire dans ceux dont la capacité n’est pas entière ment occupée par les substances sur lesquelles s'exerce leur action, elle peut souffrir quelques modifications que le défaut de données certaines ne me permet pas d'assigner, mais dont la raison est facile à concevoir. 1°. La loi suivant la- quelle se dégrade l'intensité du calorique dans une capacité vide, doit nécessai- rement se rapprocher de celle qui a lieu à l’air libre. 2°. La température ne peut s'élever dans un excipient qu’en raison de l'accumulation du calorique ; accu- mulation nécessairement proportionnée à l'aptitude que les substances em- ployées, soit à la construction, soit au remplissage du four, peuvent avoir à se charger de ce fluide. Or, l'air n'ayant pas cette aptitude au même degré que les solides, plus un excipient renferme d'espace occupé par l'air seul, plus l'accu- mulation du calorique y devient difficile. Aussi voit-on que les fours qui servent vides sont plus difficiles à échauffer que ceux qui servent pleins, et qu'ils con- somment proportionnellement plus de combustible. ET D'HISTOIRE NATURELLÉ. 427 l'état de vaisseau clos. De là vient que, toutes choses égales d’ail- leurs, on obtient plus difficilement une haute température dans un petit excipient que dans un grand. : 55. Je termine en disant, que les différences qui peuvent subsister entre les fours, sous le rapport de la consommation du combustible de même que sous celui de l'aptitude à l’échauffe- ment, ne portent aucune atteinte aux principes exposés dans ce Mémoire , tant à l'étendue des ouvertures qu'a l'égard de la dis- tance qui les sépare. Sous ce double rapport, toutes les espèces de fours sont soumises aux mêmes lois, et la longueur des cheminées qui opère l’exaltation de la température dans les petits fours n’agit pas d’une autre manière dans les grands. D'où il suit que lobjection qui a motivé cette discussion est dénuée non- seulement de preuves, mais même de probabilités. DEUXIÈME GENRE. Excipiens dont l'effet est extérieur. Ce genre se subdivise en deux espèces, dans l’une desquelles les produits de la déflagration subissent plus ou moins de con- trainte pendant que, dans l’autre, ils jouissent d’une liberté plus ou moins étendue. La première comprend /e poéle et ses dérivés. La seconde renferme les diverses espèces de cheminées. Le Poële. 56. Les principes de construction sont les mêmes pour les poêles que pour les fours. Ainsi la plus grande partie de ce quia été établi au sujet de ces derniers est applicable au prenner. Soumis l'un et l’autre aux mêmes lois en ce qui concerne /a production (4) et l'accumulation (5) du calorique, ils different essentiellement en ce qui concerne l'emploi de ce fluide. La des- tination du four est d'accumuler celui-ci au profit d’une opération qui s'exerce dans son intérieur; celle du poële est de le répandre à l'extérieur au profit de certaines capacités dont on se propose d'élever la température. 57. Dans l'emploi du four, on n’a le plus souventen vue qu'une latitude plus ou moins limitée de température conve- nable à une destination particulière, et on s'occupe rarement de mettre à profit les degrés qui sortent de cette latitude; ainsi, supposé qu’on ait besoin de 30 à 40°, tout ce qui est au-dessous 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme au-dessus de cette latitude est ordinairement négligé comme inutile. Dans l'emploi du poële, au contraire, tout ce Fe peut élever ou soutenir la température de la capacité qu'il loit échauffer, est compté pour quelque chose. On ne s’en üent pas à recueillir le calorique fourni par la flamme ou par la braise, on s'empare encore, autant qu'il est possible, de celui qui accompagne la fumée. 58. On a vu (7) que plus le four est rapproché de l’état de vaisseau clos, plus le calorique s'y accumule. Il en est de même du pole. Mais comme dans celui-ci on n’accumule le calo- rique que pour le répandre, on n’a pas intérêt de le retenir, comme on fait dans le four, entre des matériaux le moins con- ducteurs possible. Au contraire, outre la compression exercée sur ce fluide pour le contraindre à se répandre à l'extérieur, on le construit avec des matériaux plus ou moins perméables. 59. Les différences dans la manière de transmettre le calo- rique en supposent dans le mode de construction. Le poële dont on n'attend qu'un effet rapide et court, ne doit être cons- truit ni de la même manière, ni avec les mêmes matériaux que celui dont l'effet doit être permanent. La Cheminée. 6o. Il est des cheminées dont l'âtre n’est pas entouré de cloi- sons. Elles sont étrangères à notre sujet, par la raison qu'elles ne constituent pas proprement des excipiens. Nous ne nous oc- cuperons que de celles dont l’âtre est plus ou moins renfermé entre des cloisons qui établissent sa jonction avec ie tuyau su- perposé, et constituent le coffre. Cette espèce diffère du poële en ce que les rapports d’étendue et de capacité qui subsistent, soit gutre J'orifice inférieur et supérieur du tuyau, soit entre le système de ces deux orifices et la capacité du coffre, y sont beaucoup plus grands; ce qui l'éloigne tellement de l’état de vaisseau clos, qu’elle n'offre aucun moyen d'accumuler le calorique. Ce n’est donc pas sous le rap- port de l'accumulation, mais sous celui de la distribution de ce fluide, qu'elle va fixer notre attention. 61. La double jouissance de voir le feu et d'en ressentir l'in- fluence au moment même où on l’allume, la facilité d’y exécuter nombre d'opérations domestiques qui empruntent le secours du feu découvert, sont autant d'avantages qu'offre cet excipient à l’exclusion ET D'HISTOIRE NATURELLE. 429 à l'exclusion du poële, qui, en revanche, offre beaucoup plus d'économie de combustible. | 62. La répugnance qu'on a généralement en France pour le poêle, a fait qu'on s’en est bien moins occupé que de la che- minée. Ce que nous avons de bon relativement au premier, nous vient de l'étranger, au lieu que l’autre a fixé l'attention d'un grand nombre d'artistes et même de savans français. On se feroit difhcilement Pidée de ce qui a été dit, écrit où exécuté chez nous relativement à cet excipient. On s’est tourmenté pour lui trouver des formes et des proportions dans lesquelles l’agré- ment demeuràt joint à lutilité, et surtout pour les mettre en état d’échauffer les appartemens sans y répandre de fumée et sans sortir des limites d’une certaine économie. 63. On s’est principalement attaché à fairé réfléchir horizon- talement vers l'ouverture antérieure du coffre, la plus grande quantité de rayons caloriques, en donnant aux paroïs de ce même coffre des formes plus ou moins propres à favoriser cette ré- flexion. Cet amendement, s’il étoit plus exécutable, ne seroit pas tout-àgfait sans mérite. Mais les corrections purement géo- métriques ont à cet égard moïns d'influence qu’il ne peut sembler au premier aspect; parce que si, d'une part, les rayons calo- riques sont de nature à diverger ét à se réfléchir suivant des lois mathématiques, d’une autre part, ces lois sont modifiées par des causes physiques qui les contrarient plus ou moins, Les molécules d'air au milieu desquelles se répand le. calorique dé- gagé par la décomposition ignée des combustibles.;, s'emparent de ce fluide (8), et dès qu’elles en sont pourvues, elles tendent à s'élever verticalement. Or,'cette tendauce pour la verticale influe tellement sur la direction qu’on prétend obtenir par la réflexion , que la régularité de cette direction ne peut manquer d'en ètre altérée. Aussi l’est-elle d'autant plus, que les diffé- rentes formes et les différentes capacités (a) des tuyaux super- posés augmentent encore la somme des modifications possibles. Le résultat de causes si variables et si compliquées ne peut donc être soumis à une formule constamment admissible dans la (a) Lorsque cette capacité est plus grande que ne l'exige le dégagement de la fumée , il s'établit entre le combustible en déflagration et l'appartement, un courant d'air qui, de l'ouverture antérieure du coffre, se précipite dans le tuyau, où il entraîne une partie des rayons caloriques qu’il trouve sur son! chemin, Tome LXXXIF. JUIN an 1817. li 430 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pratique. Mais d’ailleurs l'avantage qu'on retireroit de cet amen- dement, supposé qu'on püt en obtenir l'effet total , se réduiroit à tirer parti d’une certaine quantité de rayons caloriques qui sont perdus dans les constructions où cet amendement n’a pas lieu. Or, pour peu qu’on y réflechisse, on trouvera que ce seroit peu de chose (a). 64. Un des principaux inconvéniens attachés à usage de la cheminée, est le refoulement de la fumée. Il est si grave et si fréquent, que le soin de le prévenir et d'y remédier est de venu l'objet d’une profession particulière. Il sera donc d'autant moins inutile de fixer nos regards sur cet objet, qu'il tient es- sentiellement aux principes généraux de la construction des ex- cipiens de calorique. 65. Les causes qui peuvent contrarier l'ascension de la fumée dans le tuyau d’une cheminée sont nombreuses et souvent com- pliquées; aussi les fumistes ne les saisissent-ils pas toujours. Il seroit trop long de passer en revue toutes celles qui sont connues et auxquelles on obvie plus ou moins heureusement; mais il en est une que je regarde comme la plus fréquente et à laquelle il ne me semble pas qu'on ait fait toute l'attention qu'elle mérite. C’est le resserrement plus ou moins sensible des tuyaux vers leur orifice supérieur. 66. Personne n’ignore que, sauf quelques cas particuliers, un tube étant placé verticalement au-dessus d’un combustible en déflagration , il s’y établit un courant d’air du bas en haut. C’est étre une observation triviale que, dans un état de liberte, les molécules fuligineuses , en se disséminant dans l’at- mosphère, y occupent d’autant plus de place, qu'elles s’éloignent davantage du foyer d’où elles émanent. C’est donc un moyen d'en faciliter le dégagement , que d’évaser du bas en haut le canal par où elles doivent s'échapper. Conséquemment, les tuyaux de che- minées, presque tous construils sur un principe opposé, offrent un véritable contre-sens. 67. Outre qu’un passage étroit suffit à une fumée naissante (qu'on me permelte cette expression ), ce passage est d'autant plus facile à échauffer par une quantité donnée de fumée, qu'il est plus res- serré. Or, l'échauffement du passage détermine l'ascension de la (a) C’est en quoi le poële dont les tubes utilisent une partie du calorique ré- paudu dans la fumée, est beaucoup plus économique que la cheminée, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 431 famée , non-seulement en ce qu'il laisse à celle-ci une plusgrande quantité du calorique nécessaire à cette ascension , mais encore en ce qu'il excite un Lirage qui la sollicite ; tirage d'autant plus actif, que l’orifice inférieur se trouve dans un rapport plus petit avec le supérieur. ILest donc évident qu’une construction qui offre à la fumée naissante un passage plus resserré que le éanal auquel il conduit, est-celle qui favorise le plus l'écoulement de ce fluide. Par cette raison, ainsi que par la précédente, les tuyaux de che- minée, loin d'étre plus serrés du haut que du bas, devraient étre plus larges. 68. Je n’examinerai pas à quel point ni suivant quelle loi ce principe devroit être employé dans la construction des cheminées Outre que cette recherche suppose des expériences:quine sont nt en mon pouvoir ni de mon ressort, je la regarde comme superflue; en ce que le but auquel elle tendroit peut être atteint yet l'est journellement, sans qu’on fasse aux tuyaux de cheminées ordi- naires d’autres modifications que d'en resserrer l’orifice infériéur: aussi n’ai-je efileuré ce sujet que pour jeter plus de jour sur ce qui va suivre. | 69. La question seroït complètement résolue, si on pouvoit connoitre le rapport d'eétendue qui doit subsister entre les deux orifices opposés. Mais il en est de ce rapport comme de celui des distances; il ne peut être assujéti à aucune règle certaine, attendu le grand nombre de particularités qui en modifient l'application. En effet, il ne suffit pas de savoir que le volurne de la fumée varie à raison de sa distance du foyer; il ne suflit pas encore de savoir que le tirage est d'autant plus actif, que l’orifice du tuyau est plus échauffé; car, 1°. le degré d'échauffement de cet orifice ne dépend pas seulement de son étendue et de la distance qui le sépare du foyer, il dépend encore de la température de celui-ci; 2°. la tem- pérature ; outre qu’elle est elle-même subordonnée à la quantité, à l’état et à l'essence du combustible en deflagration, est encore modifiée par l’état de l'atmosphère, ainsi que par une foule de circonstances plus ou moins variables. Or, toutes ces particularités rendent si variable l'influence que peuvent exercer, soit l'étendue de l’orifice inférieur du tuyau, soit sa position relativement au foyer, qu’il est impossible de faire quelqu'heureux emploi de la théorie sans le secours du tätonnement. 70. De ce qu'une quantité donnée de fumée échauffe d'autant plus le canal qu’elle traverse que celui-ci est plus étroit, et de ce que le tirage y est d'autant plus énergique que l’échauffement lit 2 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en est plus exalté, il suit qu’il ne faut donner que le moins pos= sible de capacité aux canaux destinés à l'évacuation de la fumée. Mais ce principe, rigoureusement applicable et constamment appliqué à la construction des excipiens clos, souffre une telle restriction dans celle des excipiens ouverts, que l'usage en devient presque:nul dans les cheminées; et cela, par la raison que la famée qui en émane est beaucoup moins chaude, conséquemment plus volumineuse que celle qui émane des excipiens clos ; le calorique s'yÿtrouvant disséminé dans une plus grande quantité d'air ambiant, 71 D'un autre côté, à mesure que la fumée s'éloigne du foyer, elle perd de-plus en plus le calorique qui fait son moyen d’ascen- sion; ainsi; le moment où, par l'accroissement dé son volume, elle va-éprouver-le plus de résistance de la part des parois du canäl qu’elle: doit traverser, devient précisément celui où la fa- culté de vaincre cette résistance va en s’afloiblissant chez elle, Si donc les dimensions de ce canal gênent tant soit peu le cours de son ascension, elle cherche une issue plus facile; et comme l'ouverture antérieure du coffre la lui présente, elle ne manque pas. d'en profiter pour refluer dans l'appartement. 72. Dans la construction’ des excipiens clos, où ce reflux lui est interdit par l’exiguité de l'ouverture antérieure, on peut, à raison de sa compressibilité, la réduire à ne pas occuper plus de place au loin qu’auprès. Mais les circonstances qui rendent cette contrainte praticable dans la construction des excipiens clos n'ayant pas lieu dans celle des excipiens ouverts, il n’est pas pos- sible de réduire lés tuyaux de cheminées à des dimensions aussipetites que: celles des tuyaux de ipoéles. 73. Dans l'intention d'obtenir sur ce point, sinon des données certaines, au moins quelques éclaircissemens, j'ai employé des moyens ne ne me dissimule pas l'insuffisance, mais qui ne laissent pas de mettre sur la voie. A J'ai fait exécuter au, milieu d’une chambre d'environ 55 mètres carrés , un coffre de cheminée dans les proportions ordi- nairement usitées à Paris, et dont l’ouverture antérieure avoit... B J'en ai réduit à moitié l'ouverture antérieure, par le moyen commun d’une planche apposée verticalement en:Contre-bas du manteau. C J'ai modifié ce coffre selon le procédé de M. de Rumford, en lui laissant toute son ouverture antérieure, É£T D'HISTOIRE NATURELLE. 455 D Enfin, j'ai réduit à moitié cette ouverture, comme je l’avois fait pour l'espèce B. 74. Exécuter en maconnerie les divers tuyaux qu’exigeoit une telle recherche, eût entraîné de grosses dépenses. J’y ai sup- pléé par des tubes de tôle tels qu’on les emploie pour les poëles. Ces tubes partoient du mur servant de dossier aw Coffre pour se rendre, sous un angle d'environ 45°, dans le tuyau d’une che- minée ordinaire qui se trouvoit à environ quatre mètres de dis- tance. Ce tuyau avoit deux étages à traverser pour atteindre le toit de la maison. En alimentant ces quatre variétés avec du boïs très-sec, je n’ai pu, sans voir la fumée refluer dans la chambre, réduire ces tubes à de moindres diamètres que les suiyans : Cheminée ordinaire... de A JT ONE ... (A) environ 21imétre ——————— avec l’onifice ant. réduit à moité (B) 19 Cheminée à la Rumford..... RÉ SRE MST MERS (C) 16 —-- —————— ayec l'orifice ant. réduit à moitié (D) 13 On conçoit que si au lieu d’être réduits à 4 mètres de longueur, les tubes de tèle eussent été prolongés jusqu’au dehors du toit, le tirage eût éprouvé beaucoup plus de difliculté, supposé qu'il se füt établi naturellement. On conçoit également que la difliculté eût été encore plus grasse si on eütemployé des tuyaux en maconnerie de même hauteur, et dont la capacité eut été réduite à celle des tubes de tôle. 75. Dans les pays où l’on se chauffe avec la houille, on fait les tuyaux de cheminée très-étroits, de sorte qu'au moment où l'on allume le feu, la famée ne peut y être admise facilement et tend plus ou moins à refluer au dehors. On y remédie en obs- truant l’orifice antérieur par une plaque de metal jusqu’au moment où, par l'effet de la déflagration, le volume de la fumée se trouve remis en proportion avec la capacité du tuyau. Ce moyen, qui est également employé pour activer la déflagration, rentre dans les deux cas B et D du paragraphe précédent. 76. Sans entrer dans l'exposé des nombreuses innovations qui se succèdent depuis quelques années dans la construction des cheminées, je les réduirai à deux classes principales : l’une qui conserve le caractère distinctif de l’excipient, l'entière liberté des produits de la déflagration; l’autre qui se rapproche des excipiens clos, en ce que ses produits y sont soumis à plus ou moins de contrainte. La première se compose des cheminées dont l'ouver- 434. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ture antérieure conserve l'étendue ordinaire pendant que le pas- sage de la fumée est resserré à l’entrée du tuyau. La seconde embrasse l'espèce très-variée d’excipiens qui tiennent un certain milieu entre le poële et la cheminée, et qu'on appelle cheminées- poêles. : 77. Il a ététdit (66 et 67) que le tirage qui s'établit de bas en haut, dans un tube superposé verticalement à un combustible en déflagration, acquiert de la rapidité lorsque l'entrée du fluide aériforme qui s’y porte est plus petite que la sortie. Le resserre- ment peut avoir lieu en devant comme en arrière de la déflagration sans qu’il y ait variation dans le principe; mais il y en a dans l’ap- plication de celui-ci. 78. Lorsque le resserrement a lieu au devant du combustible , comme dans les excipiens clos, on peut le porter à un degré presqu’arbitraire, sans qu'il en résulte aucun retour de la fumée. Mais il n’en est pas ainsi lorsque ce resserrement s'opère en arrière du combustible, ce qui a toujours lieu dans les excipiens ouverts. Dans ce dernier cas, 1] ne peut être porté au même degré que dans le premier, parce que, si l'issue offerte à la fumée se trouvoit trop petite relativement au volume de ce fluide, rien n’empêche- roit celui-ci de refluer dans l'appartement. Mais si on n'est pas maître de diminuer à volonté cette issue, on peut la diminuer le plus possible en la présentant au fluide, à l'endroit où son vo- lume est le plus petit et sa force d’ascension la plus énergique, autrement dit, en l'approchant le plus possible du combustible en déflagration. T'el est le principe sur lequelest basée la construction des diverses cheminées dont le tuyau subit un resserrement à sa jonction avec le cofire. 79. Supposons une cheminée ordinaire dans laquelle nous intercepterons la communication du coffre au tuyau par un dia- phragme ABCD (fig. 14) horizontalement placé au-dessus de la languette FG, c’est-à-dire au niveau du manteau, et dans lequel nous aurons ménagé un passage E plus ou moins étroit pour la fumée. Cette disposition n’a rien de neuf; les fumistes en font quelquefoisusage ; et si elle ne leur réussit pas toujours, c’est moins parce qu’ils se trompent sur le rapport d’étendue qui doit subsister entre le passage L et l’orifice supérieur du tuyau, que parce qu'ils ne saisissent pas toujours le rapport de distance qui doit subsister entre le passage et le combustible en déflagration ; autrement dit, Ja hauteur à laquelle doit être établi le diaphragme. Ils se mépren- nent d’autant plus aisément sur celte hauteur, qu’elle n’est ni ne ET D'HISTOIRE NATURELLE. 435 peut être assujétie à aucune règle fixe. Ils se dirigent sur ceïle du manteau, qui, elle même, n’a rien de plus fixe; de sorte que quand celui-ciest bas ou à une hauteur convenable, leur succès est assuré, pendant que le contraire a lieu lorsqu'il se trouve trop élevé. L'effet seroit plus constants’ils s’en tenoient à placer le diaphragme aussi près du feu qu'il est possible de le faire sans l’étouffer. Ce qui ne souffriroit aucune difhculté si, au lieu de l’établir dans un sens horizontal, ils l'inclinoient plus ou moins vers le fond du coffre (a), lequel rentreroit alors dans l’espèce qui va être immé- diatement décrite. . 80. Au lieu de placer le diaphragme au-dessus, placons-le sur le devant, de facon qu’il ferme l’orifice antérieur du cofre (fig. 15), nous y pratiquerons, comme dans l'espèce précédente, une ouver- ture £ pour le RAS de la fumée. Cette cloison pourra être plus ou moins enfoncée dans le coffre; elle pourra être cintrée tant sur le plan horizontal (fig. 16) que sur le vertical en forme de niche. Mais, quelque disposition que l’on suive, si l'ouverture pratiquée pour le passage de la fumée se trouve dans un rapport convenable avec lorifice supérieur du tuyau, le combustiblé en déflagration étant placé immédiatement au devant de cette ouver- ture, la fumée qui rencontrera celle-ci au moment où elle s’échappe du combustible s’y introduira, avec une certaine hésitation peut- être en commencant; mais aussilôt que les parois de cette ou- verture et l'entrée du tuyau seront un peu échauffés, le tirage s'établira dans celui-ci et la fumée prendra un cours soutenu. Comité, dont la mort prématurée fut une perte si sensible pour les arts, avoit sinon inventé, au moins modifié cette nouveauté, l’une * des plus agréables de celles qui sont usitées. 81. Donnons plus d’ampleur à la cloison antérieure, de manière u’en s’enfonçant dans l’ätre elle y forme un arc plus cintré que de l'espèce précédente, ou, si l’on veut, trois pans (fig. 17) dont l'intermédiaire soit parallèle au mur du fond du coffre, pendant que les deux autres viendront obliquement se confondre avec les jambages. Il ne sera plus nécessaire d'y ménager une ou- verture comme celle qui a lieu en E dans les deux espèces précé- dentes, parce que l’espace existant entre les trois pans de la cloison et la languette FG offrira cette ouverture. Dans cette (a) De retour à Paris, après une absence de sept à huit ans, j'y trouve cette disposition nouyellement appliquée à plusieurs cheminées. 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE construction, introduite par M. Rumford, de même que dans toutes les autres, l'évacuation de la fumée ne dépend pas seule- ment du rapport détendue subsistant entre les deux orifices du tuyau, elle dépend encore essentiellement de la distance du-com- bustible en deflagration à l’orifice inférieur de ce tuyau;et comme cet orifice est ordinairement au niveau du manteau, la hauteur de celui-ci devient décisive dans la construction des cheminées de cette espèce, comme dans celles de l'espèce ci-dessus (79). Aussi voit-on que le succès des cheminées à la Rumford est à peu près certain lorsqu'elles sont implantées dans d’anciennes constructions dont le manteau est plus ou moins bas; au lieu que, dans celles dont le manteau est trop élevé, on est réduit à en revenir au vieil expédient d’une planche descendant en contre- bas du manteau, où à quelque équivalent qui en diminue l’ouver- ture antérieure. 82. Quoi qu'il en soit, ces trois constructions ne préviennent le retour de la fumée que parce que l'orifice inférieur du tuyau est plus ou moins diminué relativement au supérieur; disposition dia- mélalement opposée à celles des cheminées ordinaires, et qui confirme ce qui a été dit (67). 85. On voit assez que je ne fais qu’esquisser les principaux traits qui distinguent les cheminées dans lesquelles l’orifice in- férieur du tuyau subit un resserrement, et qu'outre les trois variétés que je viens de citer, il est impossible d'en exécuter une infinité d’autres. Mais, au lieu d’enfouir sous des détails su- perflus le principe qui préside à leur construction, j'ai cru devoir le faire ressortir, en me bornant à démontrer que toutes les mo- difications par lesquelles on est parvenu à éviter le refoulement de la famée dans les cheminées d’ancienne construction, sans en diminuer l'ouverture antérieure, doivent ce succès à ce que l'orifice inférieur du tuyau y subit un étranglement convenable à une distance convenable du foyer; de sorte que la fumée se présentant au moment où elle est le plus chaude, conséquemment le moins volumineuse, à l'entrée d’un passage d’autant plus facile à échauffer qu'il est plus resserré, franchit ce passage avec d'autant plus d’aisance, qu’elle trouve au-delà une capacité assez spacieuse pour ne pas contrarier son développement, et néanmoins ers- core assez resserrée pour contracter, par le contact de ce fluide, un degré d'échauffement capable de déterminer un certain tirage. 84. Lorsque l'orifice inférieur du tuyau se trouve dans un rapport ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 rapport détendue convenable avec l’orifice supérieur, et à une distance convenable du foyer, le contre-sens qui résulte du rétré- cissement du tuyau à sa partie supérieure, et que nous avons signalé (65, 66 et 67), cesse d’être nuisible par plusieurs raisons. 1°. La fumée arrive dans ce tuyau moins chargée d'air atmosphé- rique, conséquemment plus chaude. 2°. La facilité que ce fluide trouve dans les cheminées ordinaires à refluer par le bas disparoît en ce que, non-seulement le resserrement de l’orifice inferieur diminue l'espace ouvert à ce reflux, mais encore en ce que cet espace échauffé devient une sorte de tuyère, dont l'effet ayant lieu de bas en haut, oppose une résistance au retour de la famée; aussi lorsque ces cheminées fument par refoulement, ce n’est point parce que la fumée redescend d’elle-même , c’est parce qu’elle est repoussée par quelque cause extérieure plus ou moins violente, qu'aucune autre construction ne sauroit prévenir. 85. Je conclus de ce qui précède qu’en ce qui tient à la cons- truction, l’art d'éviter le refoulement de la fumée consiste, 1°. & rapprocher convenablement.le foyer de l'orifice inférieur du tuyau; 2°. à diminuer convenablement l'étendue de cet orifice relativement à celle de l'orifice supérieur. Si l'onifice inférieur est trop resserré, la fumée ne trouvant plus assez d’issue refoulera dans l'appartement; si ce même orifice est trop rapproché de l’âtre, le calorique ira se perdre dans le tuyau sans utilité pour la place qu'on veut échauffer (4). On sent que la recherche de ces deux convenances ne peut s’opérer que par le tätonnement. 86. Depuis quelque temps elles ont été trouvées et mises en pratique, soit dans la construction de nouvelles cheminées, soit dans la correction d’anciennes. Mais en vain j'interrogeles auteurs ou les propagateurs de cette innovation, sur les principes qui les ÿ ont conduits; aucun d'eux ne m'en rend raison, et je ne vois pas que M. de Rumford lui-même ait donné la théorie de la sienne. La Cheminée-poéle. 87. Le chauffoir de Pensylvanie, du Dr Francklin, a fait naître chez nous diverses imitations plus ou moins heureuses, aux- @ C’est ce qu’on voit dans certains fours céramiques employés à la cuisson de la faïence et de la porcelaine , où le combustible exposé à la déflagration re- pose sur un foyer extérieur et découvert; la flamme qui se dégage de ce foyer, au lieu de se répandre au dehors, se précipite avec une extrême rapidité dans le corps du four au travers du canal de communication établi à cet effet. Tome LXXXIFV. JUIN 1817, Kkk CA 458 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE quelles on a donné le nom de cheminées-poéles. Cette espèce, don le nom seul indique une composilion mixte, permet de mettre à profit le calorique joint à la fumée sans renoncer à l'agrément de voir le feu. Mais, de quelque facon que l’on combine Fe moyens qui peuvent conduire à ce double but, on ne peut en atteindre une partie qu'aux dépens de l’autre; on peut bien forcer à vo- lonté la fumée à subir plus ou moins de révolutions pour mettre à profit une plus grande quantité du calorique qui en fait partie; mais comme elle résisteroit indubitablement à celte contrainte, st elle ÿ trouvoit autant de facilité que dans les cheminées ordi- naires, on est obligé de resserrer l'ouverture antérieure du coffre à un degré capable de prévenir le retour de ce fluide; c'est-à-dire qu'on doit rentrer dans la construction du poële à proportion de la contrainte qu'on veut imposer à la fumée; d’où il suit qu’on perd l'agrément de la cheminée à proportion de ce qu’on gagne par l’économie du poële, et vice versa. ! belle Lens de en: + à 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 439 © — —— RECHERCHES ANATOMIQUES ET OBSERVATIONS SUR LE SCORPION ROUSSATRE; Par M. Lion DUFOUR, D. M. PEnDAanT mon séjour dans la Basse-Catalogne et dans le royaume de Valence, depuis l'été de 1810 jusqu’à celui de 1813, j'ai eu occasion d'observer un nombre considérable de scorpions rous- sâtres, el de me livrer à des recherches réitérées sur leur or- ganisation intérieure et leur genre de vie. Malgré tout, je re- connois aujourd'hui, en coordonnant mes matériaux, que quelques points d'anatomie m'ont échappé, et qu'il en est d’autres sur lesquels il me reste des doutes ou de l'incertitude. Je signalerai ces lacunes, ces doutes, avec toute la franchise d'un homme qui aime la science pour sa propre instruction , et qui a autant d'in- térêt à reconnoitre l’erreur qu'à rendre hommage à la vérité, Des naturalistes plus habiles compléteront mon travail. En at- tendant, ils me sauront gré de mes efforts, et je me sentirai pleinement dedommagé s'ils me fournissent l'occasion de rec- tifier mes idées. Je diviserai en deux chapitres ce que j'ai à dire sur ce scor- pion. Dans l’un, je donnerai sa description entomologique et l’histoire de ses mœurs ou habitudes. Dans l’autre, j'exposerai, en examinant successivement les fonctions animales, ce que mes dissections m'ont appris sur les organes qui y président. CHAPITRE PREMIER. Description entomologique. Scorpio occitanus. Latr. Gen. C., et Ins. I, p. 132. Scorpion roussâtre, 1b. Melleo-flavescens ; oculis 8; pectinibus 28 dentibus; thorace su- pra lineolis granulosis sculpto; manibus lævissimis, ovatis ; cauda Kkk 2 440 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE corpore longiore, articulis costato granulosis , ultimo globose lœvissimo. Ce scorpion, dont les plus grands individus acquièrent jus- qu'a deux pouces et demi de longueur, la queue comprise, a une couleur d’un blond jaunâtre approchante de celle du miel. Son corcelet a la forme d’un quadrilatère dont le côté postérieu”, presque droit, est du double plus long que l’antérieur. Sa sur- face supérieure est ciselée par de légères arêtes sinueuses garnies de très-petites granulations arrondies. Deux de ces arêles des- sinent, par leur réunion, une sorte de lyre, dont la partie la plus dilafée est en avant, Outre ces granulations disposées en séries , on en observe aussi de vaguement disséminées. Les yeux, au nombre de huit, sont noirs, luisans, hémisphériques. Deux d’entre eux, bien plus grands que les autres, placés vers le centre du corcelet et séparés par la ligne médiaire, sont adossés contre l'arète en lyre qui leur sert d’orbite. Tout près de chacun des’ angles anterieurs, se voient les trois autres yeux situés obli- . quement sur une même ligne, et fort ressemblans aux granu- lations qui les avoisinent. Les deux pinces dont se compose chaque mandibule sont armées chacune de quatre dents noi- râtrès, triangulaires, disposées sur deux rangs que sépare une , rainure , profonde. L’externe, qui est plus grande , a son extrémité bifide. L'une et l’autre sont velues à leur base interne. Les palpes, ou bras, s’articulent sur une pièce située au-dessous des man- dibules et faisant l'office de mâchoire. La, serre qui les ternrine a une base ovale, très-lisse, arrondie Qué son contour. Ses branches, qui forment la pince, sont minces, à peu près droites, avec des dentelures extraordinairement fines et'égales, à leur bord interne. Ces dentelures sont accompagnées, de chaque côté, d’une série de dents, ou plutôt de petits tubercules noirâtres plus saillans qu'elles et distans les uns des autres. Lorsque la pince est fermée, sa base n’offre pas, comme dans le scorpio Europœus, une ou- verlure sinueuse. L’abdomen acquiert jusqu'a six lignes de diamètre transversal. Ses segmens dorsaux sont au nombre de sept, dont les trois pre- miers, bien plus étroits que les autres, correspondent à la pre- mière plaque ventrale. Ils sont marqués chacun, vers le milieu, de trois petites arêtes longitudinales d’autant plus saillantes , qu’elles sont plus postérieures. Le septième de ces segmens, qui pourroit être considéré comme la première articulation de la queue, en a cinq en dessus et autant en dessous. EŸ D'HISTOIRE NATURELLE." 44 La queue, plus longue que le corps et bien plus robuste que dans le scorpion d'Europe, est formée de six articles creusés à leur face supérieure d’une large gouttière lisse, et parcourus, soit à l'inférieure , soit sur les côtés, par plusieurs séries longitudi- nales de points granuleux. L’avant-dernier, le plus long de tous, est armé en dessous, près de son extrémité, de quelques aspé- rités particulières, Le dernier, renflé à sa base en une ampoule presque globuleuse, se termine par un aiguillon arqué, en grande une noir, percé de chaque côté de sa pointe d’un pore pour ‘émission de la liqueur vénéneuse; ce pore est placé au centre d’une gouttière oblongue. La concavité de l'arc de cet aiguillon est tournée en arrière. Les pattes sont comprimées et progressivement plus longues d'avant en arrière. Elles se fixent à la poitrine par un article fort court pour la première paire, et en pyramide plus ou moins allongée pour les autres. Une pièce oblongue est intermédiaire entre cet article et la cuisse. Celle-ci a quelques légères arêtes graveleuses. Sa jambe , plus courte et un peu plus large que la cuisse , est aussi parcourue par des lignes saillantes. Le tarse est plus ou moins velu, plus long que la jambe et composé de trois articles. Les deux premiers, dans la troisième et la qua- trième paires seulement, se terminent en dedans par une forte épine droite. Le dernier présente dans toutes, trois griffes ro- bustes, simples. Les peignes, placés à l’origine des pattes postérieures, sont formés d’une tige de trois articles bordée intérieurement de 28 à 29 dents. Le scorpion roussätre se trouve sous les pierres , dans les mon- tagnes des contrées méridionales exposées à une vive chaleur. Il fuit les lieux humides et ne pénètre ni dans les habitations ni dans les souterrains; je n’en ai jamais rencontré plus de deux sous le même abri; le plus souvent ils vivent solitaires et se creusent dans le solune cavité conchoïde où ils se tiennent blottis. Lors- qu'ils sortent de leur tannière pour chercher leur proie, et c’est ordinairement le soir ou pendant la nuit, ils ont leurs palpes por- tés en avant ét la queue trainante. Mais sitôt qu'ils sont menacés d’un danger ou qu'on les irrite, ils replient les premiers en ar- rière et recourbent la queue sur le corps, de manière que l’ai- guillon vient protéger la tête et devient l'arme essentielle que l'animal dirige dans tous les sens pour attaquer ou se défendre. Ils se battent entr’eux à outrance et finissent par s'entre-dévorer, 442 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE comme je m'en suis convaincu plusieurs fois dans les lieux où je les tenois en réserve. Ils font leur nourriture. de divers insectes et de larves qu’ils accrochent avec leurs pinces et qu’ils broyent entièrement; ils supportent une diète absolue pendant très long- temps. Mes expériences ont confirmé à cet égard l'observation 4 Rédi, car après en avoir renfermé isolément dans des cornets de papier, sans aucune espèce de nourriture, je les ai retrouvés au bout de six mois vivans et bien portans. Ils subissent la même mé- tamorphose que les araignées, c’est-à-dire qu'il ont en naissant le même nombre et la même configuration des parties que dans l’âge adulte, mais ils changent plusieurs fois de peau : j'en conserve: une dépouille bien entière. Les femelles transportent leurs jeunes petits sur le dos comme le font les tarentules. Les mâles ne dif- fèrent extérieurement d’elles que parce qu’ils sont un peu moins grands, et que surtout leur ventre n’est pas aussi distendu. Cescorpion, qui est l'espèce dont Rédi et Maupertuis se sont servis dans leurs expériences sur l'effet de son venin, me paroît avoir élé connu par des auteurs bien antérieurs à eux. Jonston le caractérise assez bien par ces mots : Lividum pallidumque est amplo et distento ventre. Mathiole, dans ses Commentaires sur Diosco- . , . \ Li ride, mentionne pareillement une espèce de couleur blonde ou rousse. Avant de passer à l'histoire anatomique du scorpion rous- sâtre , j'exposerai, relativement au climat qui lui est propre, des faits et quelques réflexions applicables à la géographie des arach- nides et des insectes, sur laquelle le savant Latreille a publié un Mémoire plein d'intérêt. C’est principalement la lecture de ce dernier qui nv'a suggéré l’idée de ces ‘considérations. Cet animal est très-fréquent dans le royaume de Valence et la Basse-Catalogne, provinces où, malgré les recherches les plus multipliées, je n'ai pa découvrir un seul individu du scorpion d'Europe. Ces deux espèces indiquent une température différente et semblent s’exclure réciproquement des mêmes localités. La dernière n’est pas rare aux environs de Gironne, dans la Haute- Catalogne, tandis que la première ne s'y rencontre pas; j'ai re- trouvé celle-ci dans les montagnes arides près de Narbonne, et je n’y ai pas apercu le scorpion d'Europe. J'ai fait, pendant quatre mois de la belle saison, des excursions répétées dans la campagne de Madrid ; j'ai traversé à pied les deux Castilles et le Guipuscoa; J'ai remué pendant deux mois bien des pierres dans les lieux in- cultes de Tafalla, en Basse-Navarre; j'ai passé un an et demi à ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 443 étudier l'histoire naturelle des montagnes de Tudela, sur Ebre ; j'ai soigneusement fureté les alentours de Saragosse, et cependant, je n’ai découvert dans ces pays aucune trace de l'existence de l’une ou de l’autre espèce de scorpions. La présence du scorpion roussätre dans une contrée a tou- jours été pour moi un excellent thermomètre. J’ai constamment vu qu’elle étoit l'indice d’äne température chaude et d’un terrain sec. Je remarque que sa patrie, en Espagne , est absolument celle dû caroubier ( Ceratonia siliqua L.), c'est-à-dire une lisière de huit à dix lieues au plus de largeur, sur la côte orientale et méri- dionale. Ainsi, en suivant la direction du nord au sud, c’est un peu au-delà de Barcelonne que l’on rencontre les premieres plan- tations de caroubiers; et c’est dans les montagnes schisteuses de Palleja, à deux lieues de cette capitale, sur la rive droite du Llobregat, que j'ai découvert les premiers individus de ce scorpion. Les collines désertes de Tarragone, de T'ortose, de Sagonte, de Valence, de St.-Philippe abondent en arachnides de cette espèce ; et c’est aussi dans les riches campagnes qui avoisinent ces villes , que le caroubier se cultive plus particulierement. En venant du nord-ouest vers l’est, c'est-à-dire de Sarragosse vers Tortose, les confins de la Basse-Catalogne avec l’Arragon mont offert en même temps et des scorpions et des caroubiers. On n’imaginera pas sans doute que l'animal , qui est essentiellement insectivore, soit sous quelque dépendance particulière de l'arbre. Leur exis- tence simultanée n’a rien de commun que la température. Je pourrois être dans l'erreur, mais je présume que le scorpion roussâtre ne s’interne pas dans les terres au-dela des limites que je lui ai assignées plus haut. Ma facon de penser ne s’étaie pas seulement des observations que j'ai faites en Espagne, je vois aussi que la partie du Bas-Languedoc qui le recèle est maritime , et que Tunis, d’où Rédi avoit recu ceux dont il parle, est pareil- lement sur la côte. On lui donne aussi pour patrie le Portugal, ce qui vient encore à l’appui de mes présomptions. Je serois fort surpris qu’on le renconträt à une hauteur de plus de 150 toises au-dessus du nivau de la mer. Les montagnes de Porta-Cœli, situées à six lieues à l’ouest de Valence, quoique dans la zone du scorpion roussätre, mais d’une élévation favo- rable à la propagation de quelques plantes sous-alpines, n’ont présenté à mes soigneuses recherches aucun vestige de cet animal, 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CHAPITRE II. Observations anatomiques: Avant d'entrer dans les détails de ces observations, et afin . qu'on puisse les apprécier à leur juste valeur, je dois rendre compte de la manière dont j'ai procédé à la dissection de ces scorpions. Attaché comme médecin au service d'une armée très- active , et toujours obligé d'obéir à l’instabilité des évènemens, dans un pays où les ressources du côté de la science et des arts éloient presque nulles, je n’ai pu avoir recours ni à l'usage du microscope, ni à la pratique des injections. Une planchette de liége poli largement arrondie aux deux bouts; un bocal de verre rempli d’eau claire, des ciseaux fins, des scal- pels, une loupe ordinaire, des épingles, voila tout mon atelier zootomique. Je fixois. d'abord par ses extrémités l'animal sur le liége; j'en fesois ensuite l'ouverture, soit par une incision cruciale dont jedéjetois au dehors les lambeaux, soit en coupant la membrane qui unit latéralement les segmens dorsaux aux plaques ventrales. J'avois le soin que l’incision n’intéressät que les té- gumens. Puis j'enfoncois dans le bocal la planchette, qui, tant soit peu plus longue que le diamètre de celui-ci, entroit avec quelque difliculté, et par ce moyen pouvoit, tout en m'offrant une fixité suffisante , s’abaisser ou s'élever à mon gré. Je la tenois assez submergée pour que l’objet füt à la portée de la loupe et d’une facile dissection. Alors, soit au moyen du manche de scalpel, soit avec le secours d'épingles, les unes à pointe mousse, les autres acérées, je mettois successivement en évidence les organes, et je les étalois avec facilité à la faveur du liquide. Je renouvelois celui-ci toutes les fois que quelque dissolution ani- male en altéroit la transparence. ART. |. Organes de la respiration. Cette fonction s'exerce dans les scorpions au moyen de poumons et de stigmates. $. L Des Poumons. Placés au nombre de quatre paires de chaque côté des quatre premières plaques ventrales de l'abdomen , ils se dénotent à l’ex- iérieur par autant de taches ovales blanchätres de près d’une ligne L PA ET D'HISTOIRE NATURELLE. 445 ligne de diamètre. Ils sont fixés au-dessous d’une toile muscu- leuse qui revêt intérieurement l'enveloppe cornée du scorpion. Lorsque cet organe est mis entièrement à nu, on voit qu'il est d’un blanc laiteux mat, d'une forme ovale, plus rétrécie à un bout, assez semblable à celle d’une moule. Il est formé par la réunion d’un grand nombre de feuillets fort minces et étroi- tement embriqués, dont j'ai pu compter de trente à quarante. Chacun de ces feuillets est en demi-croissant, et ils confluent tous par leur base en un sinus commun membraneux où s’'abouclie le stigmate. Le bord libre est d’un blanc plus foncé qe le reste, ce qui me porte à penser qu'il résulte peut-être e la superposition de plusieurs lames, et que c'est-làa où s'opère essentiellement la fonction respiratoire. Je présume aussi que chaque feuillet est formé de deux lames. Ces bourses pulmonaires m'ont offert la même structure dans les araignées, notamment dans la tarentule. $ IT. Des Stigrnates. Ce sont des ouvertures linéaires transversales, munies d’un léger rebord de consistance cornée. Il y en a un pour chaque bourse pulmonaire. Dans l’acte respiratoire ils présentent un mou- vement presqu'insensible de dilatation et de contraetion. Arr. Il. Organes de la circulation. Mes recherches sur ce point sont nécessairement fort incom- plètes, attendu que je n’ai pas eu recours aux injections. J'ai reconnu un vaisseau dorsal dont les parois sont plus fermes, plus musculaires que dans les insectes. Logé dans la rainure médiane qui sépare le foie en deux lobes, il m'a offert des di- latations et des étranglemens successifs. Il fournit latéralement des rameaux très-difficiles à suivre avec les instrumens ordi- naires de dissection. En pénétrant dans la queue, il devient d’une ténuité extrême, et les étranglemens n’y sont plus sen- sibles. Je l'ai ouvert longitudinalement, et je n'ai su y découvrir qu'une seule cavité. Des observations plus exactes de Cuvier sur l'anatomie du scor- pion d'Europe, ont mis ce savant à même de se convaincre que le cœur de ces animaux émettoit des artères et des veines quise distribuoient aux poches pulmonaires et aux autres parties, Tome LXXXIV. JUIN an 1817. LIl 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ArT. IL Système nerveux. Situé au-dessous du tube alimentaire le long de la ligne mé- diane du corps, il est essentiellement constitué par huit gan- glions lenticulaires” unis par un cordon forme de deux filamens contigus, mais distincts. . Le premier de ces ganglions, ou le ganglion céphalique, qui tient lieu de cerveau, est placé justement au-dessus de la base des mandibules vers l’origine de l’œsophage. Il est comme bilobé antérieurement, et semble résulter de la réunion de deux gan- glions. Chacun de ces lobes fournit deux ref optiques, dont lun, plus court, va s'épanouir sur le bulbe du grand œil cor- respondant, et l’autre , plus long, plus antérieur, va se distribuer par trois rameaux aux trois petits yeux latéraux. Un autre nerf part de chaque côté du bord postérieur du ganglion céphalique, et se dirige en arrière pour aller se perdre dans le voisinage du premier poumon. Après ce ganglion, le cordon nerveux s'engage sous une es- pèce de membrane tendineuse, qui rend fort difhcile sa dissec- lion, et se continue jusqu’à l'extrémité de la queue. Dans ce trajet il offre sept ganglions, dont trois dans la cavité abdomi- nale et quatre dans la queue. Les ganglions abdominaux , plus dislans entre eux que ceux qui les suivent, émettent chacun trois nerfs. De ceux-ci les latéraux pénètrent dans le panicule musculeux et envoient des filets aux poumons correspondans , tandis que le troisième prenant naissance à sa face inférieure, rétrograde un peu à son origine et va se distribuer aux viscères. Les quatre ganglions renfermés dans la queue correspondent aux articulations des quatre premiers nœuds. Ils ne fournissent qu'un seul nerf de chaque côté. Ensuite les deux filamens du cordon s’écartent en divergeant , se bifurquent et vont se ramifier dans les muscles de l'article à aiguillon. Obs. J'ai constamment vu que le cordon nerveux, à son trajet dans l'abdomen, s’accompagnoit de corpuscules allongés, cylin- droïdes ou fusiformes , blanchâtres, d'apparence graisseuse , ac- colés à sa surface et liés les uns à la file des autres. Arr. IV. Système musculaire. Je me vois encore obligé de répéter ici ce que j'ai déjà dit à l'article des organes de la circulation. Mes observations myolo- ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 447 giques sur le scorpion, se réduisent à quelques recherches fort incomplètes , à l'exposition de quelques faits isolés. Les muscles de ces animaux sont assez robustes, d'un gris blanchâtre, formés de fibres simples etdroites (r). Une toile musculeuse assez forte revêt intérieurementles parois de l'abdomen, et enveloppe tous les viscères à l'exceplion des poumons et peut-être aussi du vaisseau dorsal. Elle est décollée dans la plus grande partie de son étendue. La région dorsale de celte toile donne attache à sept paires de muscles filiformes, qui traversent le foie par des trous ou conduits pratiqués dans la substance de cet organe, -et vont se fixer à un ruban musculeux qui règne lelong des parois ventrales en passant au-dessus des poumons. Lorsqu'on enlève avec soin la pulpe hé- patique, de manière à ménager ces muscles filiformes, ceux-ci ressemblent à des cordes tendues: Le dérnier anneau de l'abdomen, celui qui est dépourvu de poches pulmonaires, est rempli par une masse musculeuse très- forte, qui sert à imprimer à la queue les divers grands mouvemens dont elle est susceptible. Les nœuds de celle-ci ont un panicule charnu, dont les fibres, disposées sur deux côtés opposés, se rendent obliquement à la ligne médiane , comme les barbes d’une plume sur leur axe com- mun. Un muscle robuste s'observe de chaque côté de la base de l'article à aiguillon. Arr. V. Organes de la digestion. Is ont la plus grande analogie avec ceux des araignées, et con- sistent dans le fote et le tube alimentaire. SI. Du Fote. Cet organe, d’une couleur brunâtre plus ou moins foncée et d’une consistance pulpeuse, occupe toute la capacité de l’abdo- men el du corcelet, et sert de réceptacle au canal intestinal. Une rainure médiane, qui loge le vaisseau dorsal, le partage superfi- (1) Je dis simples et droites, parce que les fibres musculaires n’offrent pas toujours ce caractère dans les insectes. C’est ainsi que dans le grand hydrophile elles sont tordues sur elles-mêmes de manière à paroître raboteuses, LI 2 443 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ciellement en deux lobes égaux. Sa partie antérieure se divise en plusieurs prolongemens irréguliers qui s'enfoncent dans les an- fractuosités du corcelet; il se termine postérieurement par deux digitations aiguës qui pénètrent dans le premier anneau de la queue; sa face supérieure est légèrement convexe, lisse, d’une apparence finement réticulée comme certains madréporites polis. Si l'on considère attentivement à la loupe cette disposition, on voit qu’elle est le résultat du rapprochement de lobules polygones qui deviennent surtout manifestes, lorsque l'animal a jeüné long- temps où lorsqu'on déchire la substance de l'organe. L'intérieur de celle-ci est un tissu de glandes infiniment petites, qui se.pré- sente à la surface externe sous l'apparence réticulaire. La face inférieure offre une structure analogue, mais bien plus distincte ; on y compte une quarantaine environ de lobules pyramidaux, détachés les uns des autres, et dont les sommets forment, par leur réunion, des grappes qui ont leurs canaux excréteurs. Ces lobules saisis ayec une pince s’arrachent facilement en conservant leur forme, surtout quand cette opération se fait dans l’eau, qui donne plus de fermeté à la pulpe. Les conduits destinés à verser la bile dans le tube alimentaire, sont en nombre supérieur à celui que Cuvier a observé dans le scorpion d'Europe. Ge savant ne parle que de quatre paires de grappes glanduleuses. Dans l'espèce soumise à mes dissections,- j'ai mis en évidence six paires principales de canaux hépatiques , savoir : trois dans la portion du tube alimentaire renfermée dans le corcelet, et les trois autres dans celle qui occupe la capacité abdominale. J'en remarque, en outre, une ou deux paires plus longues et presque capillaires près de l’origine de la queue. _$S IL Du. Tube alimentaire. Il est gréle et se porte directement, sans aucune inflexion, de la bouche à l'origine du dernier nœud de la queue, en traversant le foie, avec lequel il a de nombreuses connexions au moyen des conduits hépatiques dont j'ai parlé. Il est a peu près d’un même diamètre dans toute son étendue ; cependant, il n’est pas rare qu'il présente une dilatation informe dans le corcelet, et même une autre semblable avant l’anus. Les tuniques qui le forment sont lisses, membraneuses, d’un blanc laiteux presque diaphane , et m'ont paru d’une contexture identique partout. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 Arr. VI. Organes de la Génération. Ils sont doubles dans chacun des sexes. SECTION PREMIÈRE. Organes mâles de la Génération, Ils se divisent en ceux qui préparent ou recèlent la semence, et en ceux qui servent à l'acte de la copulation. < $ I. Organes mâles preparateurs. 1°. Testicules. Leur conformation singulière n'offre qu’une analogie fort indirecte avec celles de ces mêmes organes dans les autres classes d'insectes , et il ne faut rien moins que l'autorité imposante de Cuvier pour désigner sous ce nom un vaisssau sper- matique formé de trois grandes mailles à peu près semblables, anastomosées entr'elles et couchées le long du foie. Ces mailles constituées par un conduit filiforme , demi-transparent, ne com- muniquent pas ordinairement avec celles de l'organe préparateur du côté opposé; j'ai néanmoins disséqué des individus dans les- quels cette anastomose avoit lieu. Elles aboutissent postérieure- ment à un canal déférent, de quelques lignes de longueur, qui s’'abouche à la base d’une vésicule spermatique insérée au côté externe de l'organe copulateur. Ainsi les testicules du scorpion nous présentent des différences assez remarquables, comparativement à ceux des insectes pro- _gprement dits. 1°. Iln’y en a qu'un seul pour chaque organe gé- Paie mâle, quoiqu'ils soient doubles dans chaque individu ; car le réseau à trois mailles ne sauroit représenter qu'un même testicule, puisqu'il n’a qu’un canal déférent unique. 2°. Au lieu d’être forme par l’entortillement, l'agglomération d’un vaisseau spermalique simple, celui-ci se divise en plusieurs branches étalées et confluentes. Cette dernière disposition suggère une réflexion qui se reproduit fréquemment dans l'étude de l’Anatomie comparée, c’est ce que la nature atteint le même but par des moyens qui souvent ne different qu’en apparence. Si l’on en juge par la structure intime des, testicules dans les animaux à sang rouge, et même dans la plupart des invertébrés, la liqueur sper- matique a besoin , pour être suflisamment élaborée, de circuler dans des vaisseaux dont les nombreux replis lui impriment des directions variées et opèrent ainsi le mélange, la combinaison de ses élémens. Le testicule à réseau, du scorpion, quoique d’une 450 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE grande simplicité, n’offre-t-il pas des conditions aussi favorables à la préparation du sperme? La liqueur séminale ne s’y croise-t-elle pas dans toutes les directions avant d’aboutir au conduit ex- créteur ? 2°. Vésicules spermatiques. J'en ai observé deux , absolument de même nature, remplies d'un sperme plus ou moins blanchätre. L'une, moins grande, conico-cylindrique, longue de deux à trois lignes, recoit à sa base, comme je l'ai dit plus haut , le canal déférent. L'autre, cylindrique, obtuse, droite, adhère au corps de l'organe copulateur sur lequel elle est couchée. $ IT. Organes mâles copulateurs. Il y a deux verges bien distinctes accolées , à droite et à gauche, le long du bord externe du foie. Je dis deux verges, quoique vraisemblablement, et surtout si l’on en juge par analogie avec ces mêmes corps dans les insectes, il füt plus prudent de les désigner sous le nom d’armures. Quoi qu’il en soit, chacun de ces organes, essentiellement destinés à transmettre au dehors la liqueur fécondante, se présente sous la forme d’une tige eflilée ou d’un étui mince presque droîit, d’un brun päle, d’une con- sistance cornée enveloppée par uné substance comme gélatüineuse. Son extrémité antérieure, ou la plus interne , offremne bifurcation dont la branchesexterne est courte, conoïde, pointue, d'un brun foncé, tandis que l’interne se prolonge en un cordon: filiforme, blanchätre, courbe sur lui-même, de manière à former une anse, et revenant en sens contraire de sa première direction pour se coller contre le corps de l'organe. Cette courbure ressemble abso- lument à celle que forme une cravache dont on ramène l'extré- mité ou fouet sur le manche. La macération rend cette disposition évidente. ; L'issue de l'organe copulateur au dehors du corps a lieu par une ouverture bilabiée, située à la base de l'abdomen entre les lames pectinées ; l'extrémité destinée à se porter au dehors est très-mince, sélacée. SecrioN DEUxIÈME. Organes femelles de la Génération. J'établirai pour leur exposition la même division que pour les organes mâles. Dans le premier paragraphe je décrirai l'organe préparateur ou l'ovaire; je parlerai dans le second des parties qui servent à la copulation. ET D'HISTOIRE NATURELLE, . 45: $S L Organes femelles préparateurs. 1°. Ovaires. Ils sont doubles, comme les testicules, et placés à droite et à gauche dans l’intérieur du foie. Chacune de ces singu- lières matrices est essentiellement constituée par un conduit membraneux , formé de quatre grandes mailles quadrilatères anastomosées entr’elles et avec celle de l'ovaire opposé. Lorsque les germes n’y sont point apparens , cet organe ressemble beau- coup à l'organe préparateur mâle ; mais l'existence de quatre mailles, au lieu de trois, et ses connexions intimes et constantes avec l'ovaire correspondant lèvent toute difliculté. Les œufs ou les germes renfermés dans la matrice, ont une disposition tres-différente suivant l'époque de la gestation. Dans les premiers temps de celle-ci ils sont logés chacun dans une bourse sphérique, pédiculée, flottante en dehors du conduit. Vers la fin de la gestation les œufs, devenus fort gros, rentrent dans la matrice, se placent à la file les uns des autres, séparés par des étranglemens bien marqués, et les bourses latérales s’o- blitèrent. La figure que je donne de ces deux états dispense d'entrer dans de plus grands détails. Les mailles de l'ovaire aboutissent à un conduit simplé de peu de longueur, un véritable oviductus qui, avant de se réunir avec celui du côté opposé, offre constamment une légère dilatation. Un col extrêmement court, et commun aux deux matrices , dé- bouche dans la vulve. 2°. OEufs. Rédi a prétendu que leur nombre n'excédoit pas celui de quarante dans chaque femelle. Mes observations sont conformes à celles de Maupertuis. J'en ai compte jusqu'à soixante, Ils sont ronds et blanchätres. $ Il. Organes femelles copulateurs. La vu/ve, placée entre les deux lames pectinées de la base du ventre, est formée par deux pièces ovales, plates, séparées par une ligne médiane enfoncée, et susceptibles de s’écarter l’une de l'autre. Ainsi il n'y a qu'une valve. J'ai constamment rencontré dans celle:ci une pièce particu- lière qui paroît destinée à l’acte de la copalation. C’est un. carps oblong, brun , d’une dureté cornée, d’une ligne environ de Jon- gueur, caréné sur une face, en gonllière sur l’autre. L'une de 452 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ses extrémités est libre, largement tronquée et comme finement dentelce; l’autre, fixée au moyen de deux muscles assez longs, qui paroiïssent avoir leur insertion dans l’espace dilaté de chaque oviductus, se termine par trois lobes, dont les deux latéraux, plus petits, sont courbés en crochets, tandis que l'intermédiaire, plus grand et en pointe mousse, donne attache aux muscles dont jai parlé. Quelques considérations sur les organes de la génération. La situation et la forme des organes copulateurs du scorpion supposent un mode singulier d’accouplement, dont les auteurs ne font pas mention, et je n’ai pas eu l’occasion de les sur- prendre dans leurs ébats amoureux qui, je le présume , sont noc- iurnes. La pièce interne et mobile de L vulve doit nécessaire- ment jouer un rôle pour diriger vers chaque oviductus les deux verges acérées du mäle, au moyen des deux crochets et de la goutlière qui y aboutit. ; Malgré des dissections cent fois répétées dans des saisons dif- férentes , je suis forcé d’avouer mon ignorance absolue sur l’exis- tence du conduit spermatique commun, qui, dans les mâles des insectes proprement dits, se trouve intermédiaire entre la verge et les vésicules séminales. Ce point d'Anatomie m'a toujours of- fert, dans le scorpion, des diflicultés inextricables. J'en dirai presque autant de mes recherches sur la conformation de la verge. Elles sont loin d'avoir amené celte évidence rigoureuse que je desirerois. Dans le mois de février 1812, après avoir arraché les deux verges d'un scorpion, j'apercus au bord externe de chacune d'elles, près de leur extrémité, une petite grappe oblongue , d'une ligne et demie de longueur , jaunätre, pédiculée, qui, à la loupe, me parut composée de vésicules sessiles rangées de part et d'autre sur un axe commun. Ce corps fait-ñ partie des organes préparateurs de la semence, ou n'est-il qu’un muscle des- tiné à l'extraction ou à la rétraction du membre copulateur? Ju- dicent peritiores. Je n'ai pas renouvelé cette observation. Ces animaux, ovigères et vivipares, ont une gestation beau- coup plus longue que les autres insectes. Dès le commencement de l'automne , toutes les femelles adultes sont fecondées. Leurs œufs sont alors petits, latéraux, pédiculés. Ils augmentent de volume pendant l'hiver: au printemps ils ont une grosseur qua- druple ET D'HISTOIRE NATURELLE. 453 druple de celle des œnfs de l'automne, et sont renfermés dans la matrice. Ils éclosent dans lé courant de l'été. Ainsi la ges- tation dure un an environ, ce quÿ est fort extraordinaire , même comparativement aux animaux à sang rouge. De ce fait dérive une conséquence incontestable, c’est que la vie des scorpions se prolonge au-delà d'une année. Je ferai, relativement à la différence de disposition des œufs suivant les progrès de la gestation, une remarque d’une appli- cation générale. Dans les coléoptères , les orthoptères, les hy- ménoptères et dans beaucoup d’autres insectes, sans doute, les germes fécondés sont placés à la file les uns des autres dans des tubes particuliers, et ce n’est que lorsque les œufs sont par- venus à terme, qu'ils tombent dans la matrice pour être ensuile pondus. L’utérus du scorpion, si différent d’ailleurs par sa forme et sa structure , de celui des invertébrés dont je viens de parler, offre néanmoins une grande analogie avec ce dernier, par rapport au mode de développement des œufs. Dans l’arachnide comme dans les insectes, ceux-ci ne rentrent dans la matrice qu'après avoir acquis toute leur maturité. La seule différence essentielle qui existe, c’est que les bourses ovigères du scorpion sont glo- buleuses et monospermes, tandis que les tubes ovigères des in- sectes sont conoïdes et polyspermes. , Les auteurs tant anciens que modernes gardent le plus profond silence sur le mode d'accouchement des scorpions. J'ai vainement épié la naissance de ces animaux. Mais voici une observation, doublement constatée, qui fait présumer que la délivrance doit, au moins dans certaines circonstances, être fort difficile et très- singulière. Dans l’été de 1810, et dans celui de 1811, je fis à Mora d'Ebre et à Tarragone, l'ouverture de deux femelles de scorpion roussätre dont le ventre étoit fort distendu. Au milieu des œufs, bien près d’être à terme, mais non encore éclos, je rencontrai dans l’une et dans l’autre un petit scorpion qui me sembla libre dans la capacité abdominale et que je jugeai extra- utérin. Il avoit trois lignes de longueur sur une et demie en- viron de largeur. Tous ses membres étoient emmaillotés de ma- nière qu'il n'exécutoit aucun mouvement. La queue, composée du même nombre de nœuds que dans la mère, étoit collée le long de la partie inférieure du corps, et l’aiguillon étoit caché entre les pattes. Les palpes, réfléchies vers celles-ci, seconfondoient avec elles. Les grands yeux se faisoient remarquer par deux gros points noirs fort rapprochés. Le volume de ces fœtus est Tome LXXXIF., JUIN an 1817 Mim 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE si énormément disproportionné avec l'ouverture de la vulve, et celle-ci, à raison de sa consistance cornée. est si peu susceptible d'une grande dilatation, que“je ne saurois concevoir la possi- bilité de l'accouchement sans une opération extraordinaire. Observations supplémentaires. La liqueur vénéneuse que le scorpion distille par les deux pores de l’aiguillon de sa queue, et qui, lorsqu'on l'irrite, s’y accumule sous la forme de deux gouttelettes, a une couleur blanchâtre analogue à celle de la sérosité du lait. Son effusion sur le papier blanc y détermine une tache semblable à: celle que produiroit l'huile ou la graisse, de manière que par la dessica- tion, l’espace qui en est enduit devient plus consistant et demi- transparent. C’est vainement que j'ai cherché à découvrir, dans le dernier article de la queue, les glandes destinées à sa sécrétion. En disséquant un dé ces animaux vivans, je fus, par mé- garde, piqué au doigt, mais le dard n’enfonea que peu pro- fondément. Malgré le soin que j'eus de comprimer immédia- tement les environs de la piqüre, qui laissa écouler un peu de sang, j'éprouvai un sentiment local assez vif de cuisson, sem- blable à celui qui résulte de la présence d’une épine ou d’une substance âcre. Ce léger accident se dissipa de lui-même après un quart d'heure. | A la fin de décembre 1812, je placai dans un bocal de verre clos, un scorpion mäle bien adulte et vigoureux avec un stel- lion commun. Ce reptile fut aussitôt dardé avec force par deux ou trois reprises. L’aiguillon du scorpion étoit tout humecté de venin. Au bout de quatre heures , je ne fus pas peu surpris de voir que la couleur cendrée du stellion passa au noir, sans que cependant sa santé en parût sensiblement altérée. Le lendemain sa robe devint d'un cendré uniforme. Je le fis piquer de nou- veau, il n’en résulta aucun changement. Ces deux animaux co- habitérent plusieurs jours dans je même vase sans chercher à se nuire. Explication de la planche. j Fig. 1. Le scorpion roussâtre de grandeur naturelle. 2. Un poumon et un des feuillets qui le forment, très- grossis, Jnanal de Lasique, 022774 Zage- 454. Cravépar Ambroise Zardiu, Rue de dardnet Vs . p AG nb ra om à ET D'HISTOIRE NATURELLE, 455 Système nerveux, grossi. : Le foie grossi et une portion d’une grappe de ses lo- bules fort grossis. Le tube alimentaire grossi. . Un des organes mâles de la génération fort grossi. aaa, Les trois mailles du testicule. b. Canal deférent. ce. Vésicules spermatiques. dd, Verge. e. Petite grappe oblongue ayant l'apparence de vé- sicules. j Ovaire grossi, d’un côté dans les premiers temps et de , Q Q 1 LY LA l’autre dans les derniers temps de la gestation , et à côté une bourse ovigère très-grossie. Pièce. particulière de la vulve, très-grossie. Mnim 2 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE OBSERVATIONS SUR LES VARIÉTÉS PRODUITES PAR LE CHANGEMENT DE PEAU DANS LES LÉZARDS ÊT DANS LES VIPÈRES ; PAR M. BRETON, D. M. P. Les naturalistes s'accordent à reconnoître que la couleur n'est pas un caractère essentiel des espèces; cette vérité si souvent ob- servée en Botanique et en Minéralogie semble être méconnue le plus souvent dans l’histoire des animaux. , Les reptiles surtout, et en particulier ceux qui font le sujet de ces Observations , ont presqu’entièrement été négligés; et si les naturalistes s’en sont occupés, c’étoit plutôt dans le but d'établir des espèces sur la moindre différence dans la couleur et dans les taches, que pour assigner de véritables caractères aux prétendues espèces qu’ils décrivoient. Je me livrois depuis quelque temps à des recherches sur le chan- ement de peau des reptiles écailleux ; comme le pays que j'habite (Grenoble) offre ces animaux en grande abondance, je fus bientôt à portée de multiplier les observations. J’étois étonné de ne jamais rencontrer dans les lieux où l’on trouve ces animaux, que des adultes des plus grandes espèces décrites; et lorsque je trou- vois des petits, je les regardois comme appartenant à d’autres espèces. Ainsi, pour le genre lézard, je n’ai jamais pu rencontrer des petits du grand lézard vert; tous ceux que j'ai vus me semblentse rapporter aux espèces décrites sous les noms de lézard des mu- railles, des souches , et autres petites espèces. Mais le hasardme procura bientôt l'explication de cette absence des petits du lézard vert. Dans le nombre de ceux que j'avois re- cueillis, il s’en trouva plusieurs de l’espèce que l’on nomme des souches, sur lesquels j'apercus les flancs et une partie du dos ET D'HISTOIRE NATURELLE. 457 tachés de noir sur un fond d’un beau vert, avec une bande d'un brun foncé et des taches rousses sur le dos, la tête etle côté des mächoires; je crus d’abord que c’étoit une espèce nouvelle, etje ne fus détrompé que lorsque je vis quelques jours après un lézard gris de souches à peu près du même âge et prêt à changer de peau; j'enlevai facilement le vieil épiderme, etje fus très-étonné de trou- ver sous cette pellicule, qui étoil grise sur le dos et les flançs avec une bande plus foncée près de l’épine, et les plaques abdominales d’un blanc jaunâtre tacheté de noir, de trouver une peau d’un beau vert sur laquelle on voyait des taches noires près des flancs, une bande de taches noires sur le dos avec un point vert dans le mi- lieu de chacune, et de plus, sur l’épine une large bande d'un gris roux avec de grandes taches noires, comme avant le change- ment de peau; les plaques du ventre étoient devenues bleuätres et toujours avec des taches noires. Je parvins à me procurer ensuite des lézards de différens âges, et je m'apercus que ceux qui l’année précédente avoient atteint le changement que je viens de décrire, perdoient la bande rousse tachetée de noir qui se voit sur le dos, et qu’elle étoit remplacée par un fond vert encore tacheté; dans quelques-uns la bande ne disparoissoit pas entièrement. J'ai trouvé après cela des lézards d’un vert foncé taché de points noirs occellés sur les flancs, qui me semblent faire le passage avec ceux dont le vert est pur. Ceux qui n’offrent plus de taches noires après un dernier chan- gement de peau, prennent sur les côtés du col, derrière les mà- choires, une tache d’un beau bleu de Prusse, laquelle s'étend plus ou moins sur les plaques du ventre. Comme ces Observations ont été faites dans l’ordre que je viens d'exposer, je suis obligé de revenir sur les couleurs des premiers âges. Tout le monde sait qu’au sortir de l'œuf le petit lézard est en- tièrement noir; ce n’est qu’à la fin de l’année que cette couleur s’affoiblit et devient d’un gris foncé. On commence alors à aperce- voir la bande spinale et celles des côtés du dos; mais au premier changement de peau, la couleur est grise avec des bandes rousses occellées de jaunâtre d’une manière tellement irrégulière, qu'il seroit difficile de la décrire; à mesure que l'animal grandit, ce qui me paroît durer pendant plusieurs années, le gris devient plus clair, Pabdomen commence à prendre des taches noires, et au lieu du lézard des murs on a celui des souches; et comme ces ani- 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE maux sont plus ou moins bien nourris selon le lieu qu'ils habitent, on les trouve dans ces premiers états à différente grosseur; je n'ai pu m'assurer s'ils pouvoient faire des petits avant d’avoir acquis la couleur verte, je n’en ai jamais rencontré la couple. Il suivroit de ces Observations, qu’il n’exisle en France qu'une seule espèce de lézard, celle que Linné avoit appelée lacerta agilis; que le lézard des murs, celui des souches et plusieurs autres variétés détachées de ces deux espèces, ne seroient que des jeunes âges de la véritable espèce, qui est le lézard vert; je ne me suis point dissimulé que ces observations avoient besoin d’être con- firmées, j'ai seulement cherché à fixer sur ce point intéressant de l'Histoire naturelle l'attention des observateurs. J'ai cru leur donner un plus grand degré d’exactitude en joignant ce que j'ai observé sur le genre vipère. Il y en a trois espèces décrites comme habitant spécialement notre pays; les na- turalistes en décrivent jusqu’à sept , se fondant sur le nombre des plaques abdominales; j'ai cru ne devoir adopter que les espèces connues sous les noms de bérus, de prester et d'aspis, les autres me paroissent rentrer dans l’espèce bérus. J'ai encore été à portée de recueillir et d'observer un grand nombre d'individus de ces espèces ; ces animaux étant employés fortsouvent dans la médecine, les pharmaciens de ce pays en font de grandes provisions. J'avois vu dans les environs de Paris l'espèce commune (le bérus), etje ne la reconnaissois pas parmi celles que l'on apportoit, et que les paysans disoient être la plus commune dans les environs de Grenoble; ce ne fut que dans ces derniers temps que je crus reconnoitre la même variété que j'avois vue dans la forêt de Fon- lainebleau. Elle est d’une couleur grise rougeätre, avec des taches brunes en zigzag sur le dos, et des taches noires sur les flancs; elle a deux bandes noires derrière l’occiput, ces deux. petites bandes . vont en divergeant de, l’épine vers l'angle des mâchoires; une troisième bande noire sur le milieu de la tête semble vouloir se joindre avec celles de l’occiput vers l'angle des mächoires; je ferai remarquer que les taches qui forment la bande du milieu du dos sont à peu près quadrilatères, et qu’elles se joignent alternative- ment par deux angles, en sorte que l'intervalle qu’elles laissent entre ces angles est rempli par la couleur qui fait le fond de la peau, Dans l'espèce de Fontainebleau elle est d’un gris rougeitre, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 459 dans celles de nos environs elle est de couleur de café au lait, et les taches sont d’un brun plus foncé. as Mais quand on voit à la fois un grand nombre de ces reptiles» les nuances de cés couleurs vont depuis le café au lait jusqu’au brun le plus foncé, en laissant néanmoins paroitre les taches que l'on voit sur les espèces les plus claires; enfin, on en trouve qui sont d’un beau noir sans aucune apparence de taches; c’est alors ce qui constitue l'espèce connue sous le nom de prester; cela est si vrai, que j'en ai vu apporler une paire que Jes paysans disoient avoir prise accouplée ; le mäle-étoit noir et la femelle grise. Il arrive aussi que le fond ne change pas, et que les taches prennent des dimensions variables ; ainsi, dans quelques individus, J'ai trouvé les taches des flancs très-développées, et celles de la iète réunies par leurs angles demanière à former un anneau : c’est alors l'espèce que l’on nomme aspic. Les paysans disent qu’elle n'est pas venimeuse, et cependant elle est munie de forts grands crochets à venin, ce qui me fait croire qu’ils ne le savent pas par expérience. Quant au nombre de plaques et de demi-plaques, il est fort variable ; j’en ai trouvé à l'abdomen depuis 147 jusqu’à 157 et 158, ce qui dépend du développement des plaques sous-maxillaires ; aussi les naturalistes n’en font-ils plus un caractère. Quant aux âgés, 1l ne font pas moins varier la couleur de la peau dans les vipères que dans les lézards; en général, la couleur est d’autant plus foncée que l'animal est plus jeune, excepté pour les variétés qui deviennent noires ou brunés; dans ce dernier cas, plus l'animal est vieux plus il est noir. On peut doncconclurede cesfaits, qu’il n’existe en France qu’une seule espèce de vipère; que toutes celles que l’on a décrites ne sont que des variétés de la vipère commune. Je me propose d’avoir l'honneur de présenter à la Société Philomathique, d’autres observations sur les espèces du genre cou- leuvre et sur les reptiles nus. 460 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RECHERCHES SUR LA COMBINAISON DE LA CRÈÉME DE TARTRE AVEC L'ACIDE BORIQUE; Par MEYRAC riss, Membre Correspondant de la Société Philomathique. Mémoire lu à la Société Philomathique , dans la Séance du 22 mars 1817: Ox s’est beaucoup occupé de la crême de tartre rendue so- lable par l'acide borique et le borax. M. Lartigue, pharmacien distingué de Bordeaux, a fait paroïître un Mémoire qui a jeté un grand jour sur cette combinaison singulière. M. Thévenin, pharmacien interne à l’'Hôtel-Dieu, a aussi fait des recherches sur la crème de tartre soluble. M. Vogel, Membre de l’Académie des Sciences de Munich, y a lu un travail sur l’action de l'acide borique et des borates sur le tartrate de potasse, et sur le tartrate de soude. Depuis plusieurs mois j'ai entrepris les mêmes recherches. Plu- sieurs de mes observations ont déjà été consignées dans le Dic- tionnaire des Sciences naturelles, et dans le Bulletin de la Société Philomathique. Je parlerai dans ce Mémoire, 1°. de l’action de l’acide borique sur d » « . s". les tartrates de potasse, des expériences qui peuvent prouver qu'il aol >, ESC SE CE EE : y a une véritable combinaison entre l’acide borique et une partie d'acide tartarique du surtartrate de potasse ; 2°. Des expériences propres à démontrer qu'il n’y a pas com- ee ES P Le TROT binaison entre l’acide borique et l'acide tartarique; 3°. De la combinaison des sous-borates et borates neutres al- calins avec les surtartrates ; 4. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 461 4. De l'influence de l’eau sur la neutralité des acétates, oxa- lates, citrates, tartrates et borates. De l’action de l'acide Lorique sur le surtartrate de potaïse. Tous les pharmaciens qui ont travaillé sur la crême de tartrate soluble ne sont pas d'accord sur les proportions d'acide borique les plus favorables pour rendre le surtartrate de potasse soluble. J'ai trouvé qu’un huitième de cet acide étoit la proportion la plus avantageuse pour avoir ce sel très-soluble. Plusieurs chimistes pensoient qu'il y avoit combinaison entre l’acide borique et une partie de l'acide tartarique du surtartrate. Les faits suivans me font partager leur opinion. Une expérience faite par M. Thévenin, lui a douné des ré- sultats qu'il a trouvés surprenans; ils m'ont, au contraire, paru très-naturels et propres à établir une preuve de combinaison entre les deux acides borique et tartarique, dans la crème de tartre soluble. : Si on verse dans une dissolution de crème de tartre soluble par l'acide borique , du tartrate neutre de potasse , il se précipite de la crème de tartre. L'acide borique uni à l'acide tartarique abandonne celui-ci pour se combiner à une partie de potasse du tartrate neutre, et donne ainsi naissance à une plus grande quantité de surtartrate de potasse qui se précipite, le borate de potasse n’élant pas en assez grande proportion pour le dissoudre en entier. Afin d’avoir plus de certitude ‘sur cette théorie, j'ai versé dans une dissolution de crême de tartre rendue soluble par le borate de potasse, du tartrate neutre de potasse; je n'ai pas eu de précipité. Il ne paroît pas probable, d’après ces faits, que l’acide borique puisse s'unir à une partie de potasse de la crème de tartre. Voici une expérience tendant à prouver que l'acide borique forme un sel particulier avec le surtartrate de potasse, puisque de la réunion de ces deux corps on obtient un composé qui a plusieurs propriétés étrangères et à l'acide borique et à la crème de tartre. Si, au lieu de traiter 100 grammes de surtartrate de potasse en dissolution dans l’eau par 12 grammes 5 décigrammes d'acide borique vitrifié, on retranche les 0,5, une partie de crême de tartre se précipite, et celle tenue en dissolution dans l’eau se dépose peu à peu à mesure que la liqueur se concentre, de Tome LXXXIV. JUIN an 1817. Non 462 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mauière qu'il en reste très-peu en dissolution. Si on la fait évaporer à siccilé, On a une poudre grenue, semblable au sur- tartrate de potasse , ne pouvant se dissoudre que dans une grande quantité d'eau, et même à l’aide de la chaleur. Tandis que si à celte même crême de tartre on ajoute les 0,5 décigrammes d'acide borique, on obtient un composé dont les propriétés phy- siques sont différentes, et la solubilité beaucoup plus grande, puisque deux parties d’eau portées à l’ébullition suffisent pour le dissoudre. La crème de tartre ainsi préparée, lorsque sa dis- solution est très-concentrée, offre l'aspect d’une dissolution gom- meuse, Si on veut l'obtenir privée de tartrate de chaux, 1l est nécessaire de traiter la crème de tartre par le sous-carbonate de potasse, qui salure l'excès d’acide du surtartrate, et permet à la chaux de se précipiter à l’état de carbonate. On filtre, on traite ensuite la liqueur par l'acide muriatique, qui s'empare d’une partie de potasse pour former un muriate soluble, et le sur- tartrate se précipite, entrainant avec lui du muriate. Aussi doit-on laver plusieurs fois le précipité de crème de tartre pour l'avoir pur. En le traitant ensuite (après l'avoir séché) par le huitième de son poids d'acide borique, on a une crême de tartre soluble très-belle, jouissant des propriétés suivantes : d’un beau blanc, d’une saveur très-acide, donnant par l’évaporation lente sous une cloche renfermant de la chaux, des petits cristaux dont la forme m'a paru être rhomboïdale ; soluble dans deux fois son poids d’eau bouillante; précipitée de ses dissolutions aqueuses par l'alcool à 40 degrés, en donnant un précipité visqueux d’un vert d’eau, qui devient blanc et solide après avoir été traité plusieurs fois par de l'alcool concentré. L’éther acétique agit de la même maniere; l’éther sulfurique est sans action, ce qui tient à son peu d’affinité pour l’eau. La crême de tartre soluble dis- soute dans de l’alcool à 25 degrés , et soumise à la distillation, n’a donné que de l'alcool, ce qui établit une preuve que cet acide forme avec la crème de lartre une véritable combinaison. Une dissolution de crème de tartre soluble mise au pôle né- “ gatif d’une pile a été décomposée; l'acide borique et une partie d'acide tartarique se sont portés au pôle positif, et une petite quantité de crème de tartre s'est précipitée dans la dissolution qui étoit au pôle négatif. Effet dù à la quantité d’acide borique qui a passé à l’autre pôle avec l'acide tartarique, et dont la quantité étoit plus grande en proportion que celle de l'acide tar- tarique, qui est en bien plus grande quantité dans la crême de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 403 Sartre. J'ai fait évaporer sous une cloche, à l’aide de Ja chaux, ces deux acides séparés par la pile ; j'ai eu des cristaax si petits, que je n'ai pu en déterminer la forme. ls m'ont paru n'être que de l'acide borique. Il seroit nécessaire de soumettre de Lies quantités de crème de tartre soluble à l’action de la pile; dans ce Cas on pourroit parvenir à avoir des quantités d'acides propres à donner des formes distinctives. Jusque-là il me paroit difficile de porter un jugement certain pour savoir si deux acides attirés au pôle positif sont combinés. Ce que je ne crois pas. J'ai fait dissoudre dansune certaine quantité d’eau 16 grammes d'acide tartarique. J'y ai ajouté un gramme d'acide borique. La dissolution opérée à une douce chaleur, je l'ai soumise à une évaporation lente. Après plusieurs évaporations, j'ai obtenu 0,98 d'acide borique..Il n’y a eu que deux centièmes de perte, qui sont restés dans les eaux-mères tenant en dissolution l'acide tartarique. J'ai essayé de traiter le mélange de ces deux acides par les alcalis, pour avoir les sels et les faire cristalliser. Mais ils forment avec les bases des sels si solubles, qu’on ne peut avoir des cris- taux. Avec les oxides métalliques des composés insolubles , après avoir traité la crème de tartre soluble par l’acétate de plomb, j'eus un précipité de borale et tartrate de plomb; après en avoir fait un mélange, je l’exposai à la chaleur pour le priver d'hu- midité. Au moment où il n’y en eut plus, je vis le papier qui le contenoit s’agiter; les molécules se dressèrent, présentèrent la forme de petites aiguilles, et furent lancées de toutes parts. Je voulus, en fixant le papier qui étoit dans une agitation con- tinuelle, empècher la poudre d’être projetée; j'y parvins en l'éloignant du contact de la chaleur. J’attribue ce phénomène à l'état électrique de ces deux sels, qui, se trouvant le même, cause la répulsion. On a aussi préparé et on prépare encore dans les pharmacies de la crême de tartre soluble par le borax. Dans ces circons- tances, il se forme du tartrate de soude et de potasse un com- posé de tartrate acidule et d’acide borique, comme l’a fait con- noître M. Thenard (tome troisième). L’excès d’acide du tartrate de potasse enlève la soude au sous-borate, s’unit à elle, forme un tartrate de soude, et le surtartrate devient tartrate acidule. L’acide borique , déplacé de sa base par l'acide tartarique, s’unit, ou au tartrate acidule, ou au tartrate neutre; ce qu’on ne sauroit affirmer. Cette crème de tartrate ainsi préparée, demande pour Nnn 2 em 464% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE sa dissolution parfaite au moins le sixième de son poids de sous* borate. Elle a un aspect d'un beau blanc, sa saveur est acide, mais agréable; elle donne , et par l'alcool et par l’éther acé- tique, les mêmes résultats que la crème de tartre soluble -par Vacide borique. Elle est plus soluble que la première. Sa dis- solution, placée au pôle négatif de la pile, a été décomposée; les deux acides se sont portés au pôle positif sans laisser de pre- cipité dans le tube placé au fil négatif. Il est facile d'expliquer la solubilité de cette crême de tartre ; mais les borates neutres al- calins jouissent aussi de la propriété de rendre le surtartrate de potasse soluble : peut-on dire alors que ce soit exclusivement à la neutralisation d'une certaine quantité d'acide tartarique, qu'est due la solubilité de la crème de tartre? En eflet, si on traite 36 parties de crême de tartre par six parties de borale neutre alcalin, on a une crême de tartre tres-soluble jouissant de presque toutes les propriétés des précédentes, donnant par la pile, l'alcool et l’éther acétique, les mêmes résultats que la crème de tartre obtenue par le sous-borate. J'ai observé qu'après avoir élé évaporée à siccité, elle se réduisoit en pâte. Mais en la laissant exposée à l'air, elle reprenoit bientôt son premier état blanc et pulvérulent. Depuis deux mois, j'en ai exposé au contact de l’air dans une soucoupe : après avoir été réduite pres- qu'à l’état liquide, elle l’a perdu pour prendre l’état sec, qu’elle conserve encore sans avoir subi la moindre altération. Cette pro- priété d'attirer dans le principe l’humidité de l'atmosphère, lui vient probablement des borates neutres alcalins, qui présentent ces caractères; ce qui avoit induit en erreur plusieurs chimistes, qui, après avoir observé que ces sels, à leur premier contact avec l'air, lui enlevoient de l’eau, n'ayant pas poussé plus loin leurs recherches, avoient avancé que les’ borales neutres alcalins étoient déliquescens, Ces borates, mélés aux nitrates, hydro-chlorates, elc., leur communiquent aussi la propriété d’aturer dans le principe l’hu- midité de l'atmosphère. J'ai fait passer dans des dissolutions de ces trois crèmes de tartre du gaz acide carbonique; elles n’ont éprouvé aucune action. Action de l’eau sur la neutralité des acétates, tartrates, oxalates et citrates alcalins. M. Chevreul a observé qu'ayant uni à de la potasse dissoute dans un peu d’eau, environ une fois et demie plus d'acide butirique ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 465 qu'il n’en falloit pour la neutraliser, il avoit obtenu un liquide dont l'action sur un papier de tournesol se bornoit à le faire passer au pourpre (1). Il à conclu de là que la potasse ou le butirate de potasse neutre aitiroit plus fortement la quantité d'acide en excès; que celte quantité n’éloit attirée que par l’alcali du tournesol; et ce qui l'a confirmé dans cette opinion, c’est que la solution de bu- tirate avec son excès d'acide ne décomposoit pas, à la tempé- rature ordinaire, des cristaux de carbonate de potasse qu’on jetoit dedans. Mais ce qui prouve maintenant l'influence de la masse de l’eau sur ce résultat, c’est qu’en ajoutant suffisamment de ce liquide au butirate, la liqueur acquéroit la propriété de rougir fortement le tournesol, parce qu’alors l’action de la po- tasse ou du butirate neutre sur l’excès d'acide affoibli par l’action de l’eau, ne s’exercoit plus avec une intensité suffisante pour s'opposer à ce que l'acide butirique s’emparût de tout l’alcali du tournesol. Il a observé de plus, que la liqueur, étendue, dé- composoit avec effervescence le carbonate de potasse cristallisé. L’acide acétique, combiné aux bases alcalines, m'a donné les mêmes résultats. Cet acide, comme l’a observé M. Chevreul, a plusieurs rapports avec l'acide butirique , par la manière dont il se comporte au feu, et avec les bases salifiables. J'ai pris une dissolution concentrée de potasse, j'y ai versé de l'acide acétique concentré : un papier de tournesol rougi, plongé dans cette combinaison, a passé au bleu. J'ai ajouté de l’eau à cette dissolution; le papier de tournesol a repris sa teinte primitive rouge : ce fait est analogue à l'observation de M. Che- vreul sur les butirates. L’acide citrique combiné aux bases salifiables jouit des mêmes propriétés ; si On verse dans une dissolution concentrée de sous- carbonate de potasse de l'acide citrique, on a un composé qui rappelle au bleu un papier de tournesol rougi. Par l'addition de l’eau, le papier passe au rouge; si on le fait sécher, il redevient bleu. F L’acide oxalique, uni aux bases salifiables, donne aussi les mêmes résultats; des caractères acides lorsque les sels sont en dissolution dans l’eau, et alcalins lorsqu'ils sont en partie privés d’eau. ES (Gi) Ce chimiste ya s’occuper d'un Mémoite sur l'influence de l’eau sur les sels 466 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ces trois sels végétaux, mélés aux sulfates, nitrates et hydro- chlorates, forment des sels doubles, jouissant des propriétés al- calines lorsque les dissolutions sont concentrées, et acides lors- qu’elles sont étendues dans une certaine quantité d’eau. Si on traite une dissolution concentrée d'acide tartarique, par une dissolution concentrée de potasse, on obtient un sel qui jouit des propriétés alcalines, et qui devient acide par l’addition d'une cerlaine quantité d’eau. Ce qui m'a paru assez remarquable , c’est que si l’on traite ce lartrate de potasse par le quart de son poids d'acide borique, ces propriétés restent les mêmes. On a un sel très-soluble, donnant des propriétés acides lorsqu'il est en dissolution dans l’eau, et alcalines lorsqu'il en est en partie privé. - J'ai traité une dissolution concentrée de borate de potasse par le sixième de son poids d'acide tartarique, j'ai eu un sel rou- gissant fortement le tournesol dans son état de concentration, et le rappelant au contraire au bleu lorsqu'il étoit en dissolution dans une certaine quantité d’eau. Ce sel double est moins soluble ue le précédent; il cristallise en rhomboïdes; les dissolutions # ces deux sels, soumises à Ja distillation , n'ont laissé passer que de l'eau sans acide borique, ce qui prouve que cet acide forme une véritable combinaison avec ces deux sels. Mais si on traite, soit le tartrate de potasse, soil le borate de potasse, par une plus grande quantité d'acide que celle indiquée plus baut, dans ce cas, il passe à la distillation de l’acide borique, entrainé par la vapeur d’eau. L'alcool distillé sur ces sels n’en- lève l'acide borique, qu'il a la propriété de dissoudre, que lors- qu'on passe les proportions indiquées. ‘ / Action de l'eau sur les combinaisons de l'acide borique avec les alcalis. Si on met l'acide borique en contact avec une dissolution concentrée de potasse, on a un sel qui fait passer au rouge le papier de tournesol; si on ajoute de l’eau à cette combinaison, elle devient alcaline , et fait passer au bleu le papier de tournesol rougi. Si on verse, dans une dissolution concentrée de borate de potasse, de l’eau tenant en dissolution du surtartrate de po- tasse, il résulte de l'union de ces deux liqueurs, donnant, prises sé- parément, des caractères acides , un composé qui jouit des pro- | priétés alcalines : une eau légèrement acidulée , mise en contact À | | ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 avec les dissolutions concentrées de borate, donne aussi les mêmes résultats. Les dissolutions peu concentrées des borates peuvent donc ‘absorber une certaine quantité d'acide, sans que leurs caractères changent, puisque ces sels acides, dans leur état de concentration , devenant alcalins par addition d’une eau acide, rougissent encore le tournesol lorsqu'on porte leur dissolution a un certain degré de concentration ; mais il faut que l’eau que l'on ajoute ne contienne que très-peu d'acide. Les borates alcalins mis en contact avec les nitrates, sulfates, hydro-chlorates alcalins, ne perdent pas leurs propriétés. Le sulfaténeutre de soude, évaporé dans une eau colorée par la teinture de tournesol, ne lui a fait éprouver aucune altération eta donné une poudre bleue; j'y ai versé quelques gouttes d’une dissolution neutre de nitrate de potasse, le sel a pris une teinte rouge; je l'ai étendu d’éau, il a repris sa couleur bleue; comme le mélange des borates avec les autres sels, il conserve, avec les sulfates et muriates alcalins , les propriétés alcalines lorsqu'ils sont en dissolution dans l’eau, et les propriétés acides lorsqu'ils sont privés de celiquide. Cette propriété que donnent les nitrates, ils n’en jouissent pas eux-mêmes; il faut qu'ils soient mélés à d’autres sels pour la manifester. 458 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur une Source près du village de Feslau dans le voisinage de Baaden en Allemagne, d’où il sort une grande quantité de gaz azote; Par Le Cuevazier MARSIGLI LANDRIANT. (Extrait del Giornale di Fisica, etc., tome IX, pag. 115.) Par M. H. GAULTIER DE CLAUBRY. L'AUTEUR ayant eu occasion de visiter les environs du village de Feslau pour en examiner le sol, fut très-surpris de "voir sor- tir d’une source qui étoit au pied de la colline qui domine ce village, une très-grande quantité de bulles d’air, sans que l'eau de cette fontaine eût aucune saveur, ni que l'atmosphère qui l’environne ait aucune odeur sulfureuse. Le lit de la source esi formé d'un amas de la brèche calcaire qui forme la colline. L'eau n’a aucune saveur, et est très-limpide : de sorte que le gaz ne peut étre de l'acide carbonique, de l'hydrogène sulfuré, nt même de l'hydrogène carburé, puisque ce gaz est toujours pro- : duit par la décomposition d’une grande quantité de substances végétales, où la décomposition du charbon fossile, etc., ce qui trouble constamment la transparence de l’eau qui contient de ce gaz. L'auteur crut alors que ces bulles étoient dues à quelque gaz développé par les pyrites martiales qui se trouvent dans cette colline, ou du gaz azote dont il ne pouvoit assigner la présence; quoiqu'il sût que le professeur Giobert avoit trouvé près de Eoni une source imprégnée de ce gaz, il ne pouvoit pas se faire une idée des moyens que la nature peut employer pour le développer des pyrites martiales sans le secours de quelque feu souterrain, dont on ne trouve aucune trace dans cette colline. Le gaz ne trouble pas l’eau de chaux, et ne rougit pas la teinture de tournesol. Il n’est pas absorbé par la potasse en dis- solution. Il n’est pas inflammable, même quand on le mêle à l'oxigène, ne noircit pas l'argent, ne se dissout pas dans l’eau, etc.; il ET D'HISTOIRE NATURELLE, 469 il n’entretient pas la respiration et ne peut servir a la combustion des corps. Ce gaz ne peut donc être, à ce que pense l’auteur, que du gaz azole; et voici comment il croit pouvoir en expli- quer l’origine (1). La colline qui domine la ville et le territoire de Baaden, con- tient beaucoup de substances sulfureuses de ioute espèce, comme le prouve le gaz hydrogène sulfuré des eaux thermales de ces environs; ces substances peuvent facilement décomposer l'air atmosphérique qui s’infiltre par les crevasses nombreuses de cette colline, et se trouve en contact avec les matières sul- fureuses qui peuvent alors dégager une grande quantité d'azote. Sans recourir à d’autres exemples, pour prouver que l'air atmo- sphérique pénètre par des voies cachées dans l’intérieur des mon- tagnes, el en sort ensuite avec impétuosité, l’auteur cite les collines dulac Lugan, dont parle de Saussure dans son voyage des Alpes (2), d’où l'air sort du sol en si grande quantité, qu'il éteint les lumiéres que l’on présente aux fissures. Maintenant, l'auteur pense que si l'air atmosphérique introduit par les fissures de la montagne, trouve des substances susceptibles d’absorber le gaz oxigène, comme les substances sulfureuses, le résidu sera de l'azote qui, s’'accumulant peu à peu dans cetle cavité, en sort ensuile par les conduits où il trouve moins de résistance, comme dans le fond de la source composé de morceaux inco- hérents, qui laissent un libre passage au fluide élastique; et comme ce gaz résulte de la décomposition de l’air atmosphé- rique et de l'absorption de l'oxigène, il doit se dégager aussi du RER ce qui explique pourquoi l’eau de la source dont il parle ne gelle jamais, quoiqu’elle ne contienne aucune substance susceptible d’en empécher la congélation... Les bulles qui se dégagent ne sont pas de l'azote pur, mais se trouvent mélées d'un peu d’air atmosphérique. L'auteur a communiqué son observation au D' Schenck, mé- decin des bains, qui lui a rapporté les résultats avantageux que Ton observe dans plusieurs cas, sur les malades qui respirent cet air imprégné d'azote. (1) Gimbernat annonça avoir trouvé de l'azote sulfuré dans l’eau d'Aix-la- Chapelle; son opinion ne fut pas reçue. Il paroît que ces eaux contiennent de l'azote et de l'hydrogène sulfuré. (Brugn.) (2) Voyage dans les Alpes, tome IT, édit. in-4°., chap. XVH1, pag. 209 et suivantes. Tome LXXXIV. JUIN an 1817. Ooo 470 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ÉNUMÉRATION DES ESPÈCES QUI DOIVENT COMPOSER LE GENRE BARKHANSIA; Par N. A. DESVAUX, Querque peu important que paraisse être un travail, s’il est fait de manière à perfectionner un point de la science, il a toujours un intérêt quelconque, et il est nécessaire de tenir compte des observations qu’il peut contenir, toutes les fois qu’elles ajoutent à nos connoissances; c’est ce qui peut faire regarder la réunion des espèces du petit groupe composant le genre Barkhansia, comme utile à faire connoître , d'autant plus qu’elle n’a pas encore été présentée, et que l'examen qui en a été fait par nous a donné lieu de relever quelques erreurs commises par les auteurs qui ont parlé de certaines barkhansies. Le caractère du genre barkhansia est simple : il diffère du crepis par son aigrette (calice aigrettoïde) qui est portée par un long prolongement du péricarpe, ce qui a fait dire que cette aigrette étoit stipitée, lorsqu'il étoit rigoureusement vrai de dire, péricarpe filiforme au sommet. Moench, qui le premier a fait usage de ce caractère, sans être le premier qui l'ait reconnu, a eu d'autant plus de raison de l’employer, que bien examinées, les plantes que renferme le genre barkhansia ont quelque chose de caractéristique dans le port, qui les éloigne des crépis. Le carac- tère de la végétation ne doit nullement être négligé, surtout si l’on s'occupe des rapports naturels; et même il arrive quelquefois que ce caractère de végétation oblige de négliger quelques dif- férences qui, dans d’autres cas, deviennent caractéristiques. S’il y a un caractère de végétation différent, au contraire, souvent un examen attentif fait observer un caractère diagnostique utile pour établir une distinction que réclamoiït une association hété- rogène. Pour donner en ce moment des exemples qui justifient celte assertion, exemples pris même dans la famille de plantes dont nous examinons un groupe en ce moment, nous dirons qu’il ar- rive quelquefois que le réceptacle des fleurs de certaines semi- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47x flosculeuses est pourvu de sortes de paillettes, tandis que toutes les espèces congénères manquent de ce caractère; c'est ce qui a fait, par exemple, que Scopoli a placé dans le genre andryala . (andryala chondrilloïdes) une espèce qui a tous les caractères de végétation du crépis; cette même plante a été regardée comme du genre Aieracium (H. fæniculaceum, Waulf.) par Waulfen ; enfin Brignoli ne négligeant pas, comme ses prédécesseurs , le carac- ière de végétation, a bien vu que cette plante étoit mal classée ; mais au lieu de la rapporter à son genre naturel, le crépis (1), il en a fait son genre Berinia (B. andryaloïdes). En donnant, comme l'a fait Brignoli, de l’importance à ce même caractère, il faudroit que la barkhansie fétide formät un genre distinct ; car elle est au genre barkhansia, ce que la berinia est au crépis; nous l’avions même établi sous le nom d’elerum (fetidier) ; mais l'examen du caractère distinctif ne nous a pas paru assez pro- noncé pour l’employer de préférence au caractère de végétation; nous avons même observé sur d’autres plantes de la mème sec- tion, que l'on regarde comme ayant le réceptacle nu, ces es- pèces de paillettes, qui deviennent très-peu apparentes lorsque le développement de la plante est complet et que le réceptacle est desséché. Ces observations tendent à prouver que pour la distribution des semi-flosculeuses ou chicoracées, on ne doit pas employer comme caractère primaire, celui du réceptacle nu ou paléacé, et que M Decandolle a bien fait dans sa Flore française, et M. Gochnat dans sa Revue des Chicoracées , de prendre pour caractère de première classe les aigrettes simples ou plumeuses. On doit éloigner du genre barkhansia la plante nommée crepis leontodontoïdes par Allinoni , etque M. Decandolle y a rapportée (barkhansia leotondon), parce que, bien que Willdenow lui at- tribue une aigrette stipitée, cette aigrette est réellement sessile, et de plus, le port de cette espèce la rejette dans le genre crepis. Nous avons vérifié que le crepis macrophylla de M. Desfon- tane estlamême chose quele €. scariosa de Willdenow, dont Linné avoit fait la variété B de son crepis vesicaria qui, de même que QG) Creris chondrilloïdes, Nob. Ændryala chondrilloïdes, Scop. FI. Carn., éd. 2; t. LIL. Hieracium fæniculaceum, Wulf. in Jam. Coll. Berinia Andrya- loïdes, Brignoli, Fasc. PI. rar., pag. 50. C. perennis, hirta, caule erecto, ramoso, ramis strictis, involucris incanis, foliis pinnatifidis lacinüs linearibus, filiformi- bus. Habitat in Carinthia. Ooo 2 472 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le précédent, rentre dans le genre barkhansia. Nous avons sup- primé l'espèce nommée par M. Merat barkhansia ciliata, parce qu’elle est la même que celle connue sous le nom de 2. taraxa- cifolia. * BARRHANSIA. Involucrum imbricatum involucellatum aut foliolis inferioribus laxis ; receptaculum nudum fayosumque; acheniun apice atte- nualum; calix papposoïdes setosus. * ]nvolucellum distinctum scariosum. 1. B. rubra, Moench (crepis rubra, L.); annua; subpubescens; caule basi ramoso , ramis simplicibus strictis; foliis radicalibus runcinato-lyratis, cCaulinis sessilibus sagittatis dentatis; involu- cris hispidis, involucello subpatente. Floribus (roseïs) solitariis. Habitat in Europa australi. 2. B. alpina, Moench (crepis alpina, 1L..); annua, cinereo pu- bescens ; caule ramoso ramis elongatis simplicibus subpatentibus; fohis ovalis acutis basi cordato-sagittatis sessilibus ; involucrum hirtum, involucellum sub-farinosum scariosum. Habitat in Al- pibus Galliæ australis. 3. B. macrophylla, Nob. (crepis vesicaria, B L., crepis ma- crophylla, Desf., crepis scariosa, Wild.) perennis; caule elato aspero sub-corymboso , foliis inferioribus lyratis, annulatis, supe- rioribus lanceolatis dentatis ; involucello membranaceo-scarioso laxo, foliolis concavis latissimis. Æabitat in Gallia australi et in Barbaria. Obs. La plante de M. Desfontaine nous a paru un peu plus robuste, les feuilles supérieures un peu plus sagittées, mais cela tient à la localité où elle a crû, et à la force de végétation. 4. B. vesicaria, Nob. (crepis vesicaria, L.) pubescens; folüs ovato=oblongis, runcinato-dentatis, superioribus subpinnatifidis externis bracteiformibus, involucellum paucifoliolum , scariosum, foiolis oblongis. Habitat in Oriente. ** {nvolucellum conforme. 5. B. hispidula, Nob. (crepis hispidula, Delille), perennis ; caule scaposo basi hirto apice subramoso ; foliis lanceolato-run- cinatis subglabris; involucro cilialo , involucello subadpresso. Habitat in Ægypta. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 473 6. B. ruficoma, Nob. perennis; caule sub ramoso , foliis sub- pinnalfidis caulinis (2—53) linearibus; involucrum simplex, fo- holis sub coalitis, involucello patente ; calicibus rufis. Zabitat in America boreali. Obs. cette plante se rapproche de l’urospermum, mais elle en diffère par son involucelle; peut-être forme-t-elle un genre. 7. B. fœtida, Dec. (crepis fœtida, L.); perennis ; cinerescens, caule ramoso;: foliis runcinatis, laciniis rhumboïdalibus, invo- lucellis subnullis ; mvolucris cinereis, receptaculo paleaceo. Ha- bitat in Europa. - 8. B. setosa, Dec. (crepis setosa, Hall. fil., crepis hispida, Walds. , crepis pungens , Desf.); hirta, ramosa, divaricata; foliis sub-pinnatifidis, superioribus sessilibus sagittatis, basi pectinatis ; iuvolucro, hirto , involucello sub appresso. Habitat in Europa. 9. B. lævis, Nob, (crepis Ari Loisel); perennis ; caule glabro , basi inflexo, ramoso, foliis glabris lyratis obtusis, su- perioribus oblongis, spathulaus, obtusis ; involucellis paucifoliolis adpressis. Âabitat in Corsica. Obs. Il étoit nécessaire de ne pas laisser subsister le nom de bellidifolia, lorsque les feuilles sont réellement lyrées. 10. 2. suffreniana, Dec. (crepis bellidifolia, Lois. not) annua? hirsuta ramosa erecta; foliis inferioribus spatulatis aut lyratis ci- liatis, involucro cinereo , involucello adpresso. 11. B. intybacea, Dec. (crepis intybacea, Brot); perennis; caule ramoso ; folis obovatis oblongis dentatis glabris, involucello sub- patente. abitat in Lusitania. 12. B. taraxacifolia, Dec. (crepis taraxacifolia, Thull. C. taraxacoïdes, Desf., C. taurinensis, Balb., C. dioscoridis, W. Encl. syn., C. taraxacifolia, W., barkhansia ciliata , Merat); pe- rennis, scabra , ramosa, elala; foliis retroflexo-runcinatis, invo- lucellis patentibus. Æabitat in Gallia. 13. B. apargioides, Nob. (crepis apargioïdes, W., hieracium stipilatum , Jacq.); perennis, ramosa; caule monophyllo; foliis lanceolato-obovatis dentatis glabris, caulinis linearibus, pedun- culis involucris que hispidis. Zabitat in pratis sub Alpinis. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR . É na BAROMÈTRE MÉTRIQUE. + Ü MAXIMUM. MINIMUM. A MIPI. MAXIMUM. MINIMUM. a Z heurese beurese heures* mille heurese mill à midi. +10%60| à 41m. + 4°25| +10,60| à 10 2s...756,02| à 45 m...753,52 116 à3s. +19,75| à 4m. + D,75| Hi0o,g0| à 105....757,80| à 3 s..... 756,12 10,9 à5s. —+13,00| à 4 m. + 5,75] H19,00| à gm....757,46| à6 s..... 755,80 11,0 à 8s. +17,25| à 4 Em. + 4,95] 16,95] à 105....761,00| à 44 m...756,82 12,5 à midi. +18,95) à 4 Lim. Æ 8,75] Ha8,95] à gm....763,32| à 4im...762,00 13,5 à8s. 19,10) à 41m. + 6,90| +18,25| à 9 m.....764,00| à 4m... .762 14,5 àBs. +925,50| à 41m. + 8,25| +90,95| à 7 m....764,04| à9s..... 759,00 15,7 à3s. 24,50! à 41m. +10,25| +4,95] à 7m....757,74| à 1145...754,10 16,9) à midi. +22,75| à 1015. +10,50 22,75) à 4im...752,64] à 55 .751,12 17,1 à3s. —H14,40| à 41m. + 8,50] +13,10 à 7 m....7b0,88| à gs..... 748,60 15,1 àgm. 11,75] à {im. + 7,00| H11,25| à 105....7592,80| à 4 + m...747,90 144 à midi. 15,50] àgm. + 8,70] 15,50] à 9 s..... 751,40| à 43m...748,88 14,9 à midi. 15,50] à 41m. 5,60] H15,5o| à 10: m. .757,88|-à g s.....7b5,24 147 à3s. +16,40| à 4m. + 5,50| +16,00| à 101s...7b6,44| à 4 3 m...76 14,4 à midi. +17,50| à 41m. + 4,79 —H17,50| à 9$s....759,12 à 4; m...756,50 14,8 à3s. 16,75 à 45 m. + 7,00| +16,925] à g9m....759,14 à 9'S Sete 757,00 14,6 à3s 20,25 à 4 + m. + 9,25 19,75] à 9 m....756,90 à10+s...7b4,50 15,6 à8s. +22,60| à 4m. +11,75| +0,00! à 41m. .751,96| à 10 s...747,00 16,0 à midi. +18 5o| à gs. Hi92,75| +18,50 ADS EE 747,72 à 4 ; m...745,80 16,6 à midi. +21,00| à 4 :m. + 9,75] H21,00| à 101 m..748,48| à 6s..... 746.20] 17,0 à midi. +17,60| à 4 2m. + 7,75| 17,60] à 61 m...751,88| à 6 2s....740,70 20,5 àmidi. +5,10] à 4 im.+ 7,50 nt à g%s....750,70| à 35..... 749,50] 147 à midi. +18,25| à 4m. + 4,75] +18,95| à 4 ! m...750,00 à 1045. .747,2 15,2 à midi. 17,10] à 41m. + 7,50! H17,10| àmidi....749,19| à 4 + m...746,96 15,5 à 35. +16,2b} à 41m. + 8,75] +14,75| à 42 m...744,50| à 105... .741,82 14,2 à3s. +15,25l à 4 1m. + 8,75 413,76] à 9 s.....745,08| à 4+m...741,84! 14,0 à midi. +17,69| à 41m. + 8,75] 17,60] à 9 15....7b1,51| à 42m...741,6 14,6 à10+m.+15,10| à 4m. — 5,75] 13,50] à 9 !s....752,54| à 6 1s....7b1,92 14,5 à midi. +17,00| à 4m. + 9,40] +17,00| à 1115s...759,50| à5s..... 751,64 15,5 à2s. 14,00! à 4m. + 8,75] +13,40] à gs... 757,50] à 4 m 753,24 15,8 à midi. +15,40| à 4m. + 6,50] +153,40| à 7 m....757,49| à 10 15...755,68 14,1 Moyennes +17,07 fus 754,47 "761,75, 7b3,40| 14,5 RECAPITULATION. Millim. Plus grande élévation du mercure..... 76404 le 7 Moiïndre élévation du mercure. ....... 741,32 le 95 Plus grand degré de chaleur... ....... 2460 le 8 Moindre degré de chaleur.........., + 4,25 le 1 Nombre de jours beaux....,... 16 de couverts. ......... 16 de pluies." 15 de vent. ie 31 depelée- "etre o de tonnerre.......... L de brouillard. ...... SRE deneise: 252 Pre o A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS. MAI 1817. VARIATIONS DE L'ATMOSPHÈRE. LE MATIN. À MIDI. LE SOIR. 1 | 66 IN.-O. P.L.à7h.{2°m.|Couvert. Quelques gout. d’eau. |Plute, grêle à3 h. 2 | 64 ÎN. Lune périgée.| Jdem. Très-nuageux. Pluie à 5 h. 3 | 54| Idem. Idem. Idem. Beau ciel. 4 | 5o |O. Nuageux, brouillard. [Nuageux. Couvert. 5 | Bi Idem. Idem. Idem. Légers nnages. 6| 54 IN.-E. s Beau ciel , brouillard. [Beau ciel, Beau ciel. 7 56 |E.-N.-E. Beau ciel. Idem. Légers nuages. 8 | 4o |S. D.Q.43h4//m.[Nuageux , léger brouil.|Légers nuages. il Nuageux, 9 | 58 |S.-O. Très-nuageux. Très-nuageux. ‘" |Pluie. 10 | 84 |O.-S.-O. Pluiefine. Pluiefine. 91! Id, parintervalles. 11 | 74 |[O. Pluie avant le jour. |Pluie par intervalles. |Couvert, gréle à 2 h. 12 | 6o |S.-O. Pluie fine. Nuageux. Pluie par intervalles. 13 | 53 | Idem. Nuageux. Idem. Nuageux. 14 | 57 | Idem. |[Luneapogée. | 1d.,pl. av. lejour. |Très-nuageux. Idem, pluie à3 1h. 15 | 57 | Idem. Nuageux. Couvert. Beau ciel. 16 | 58 [E.-N.E. ([N.L.à7h.9m.[|Couvert, brouillard. Idem. Couvert. 17 | 48 LE. Nuageux. Beau ciel. Nuageux. 18 | 82 |S.-E. Couvert, pluie. Pluie par intervalles. [Beau ciel. 19 | 83 |S Pluie abondante. Idem. Nuageux. 20 | 66 | Idem. Légers nuages. Nuageux, pl. à 10h. |Pluie, tonnerre. 21 | 62 |S.-O. Couvert. « Quelques éclaircis. [Pluie par intervalles. 22 | 63 | Idem. Très-nuageux, pluie. |Très-nuageux. Nuageux. 23 | 55 ÎS. Nuageux. Idem. Couvert. 24 | 62 |[O. P.Q àoh56/m.|P/ute avant le jour. Idem. Petite pluie à 5. 25 | 8o {|S. Plurefine. Pluie par intervalles. | Pluie par intervalles. 26 | 72 | Idem. Couvert. Idem. Idem. 27 | 64 |S.-S.-O. Couvert, pluie à 9h. |Très-nuageux. Nuageux. 28 | 70 |S.-O. Nuageux. Pluie fine. Pluie, par intervalles. 29 | 58 |O. Lune périgée. |[Couvert. Couvert. Idem. 30 76 IN. P.L.à3h30's.| Jdem, petite pluie. | Idem. Couvert. _31 | 52 |N.-O. Quelques éclaircis. Idem. Idem. Moyen. 62 : ù RECAPITULATION. Na.sk ah ay 3 IN PE POP DEN I Pre ed 3 Jours dont le vent a soufflé du = PAPER DIET ; SEOMACONE 8 Où. co -oi 6 NO ere CEE 2 e le 1°, 129,104 Thermomètre des caves | centigrades. le 16, 12°,097 Eau de pluie tombée dans le cours de ce mois, 68""70 — 2 p.6 lig. 4 dixièmes. So 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EEE EEE NOTE SUR LA THORINE, NOUVELLE TERRE: EN examinant la composition de la gadolinite de Korarvet du- rant l'été de 1 815, Berzelius obtint, dans une de ses analyses, une Substance particulière qui possédoit des propriétés différentes de celles des auires terres; il n’en parla point alors, parce qu'il en avoil une trop petite quantité à sa disposition; il l’a retrouvée “en 1816, en analysant le deutofluate de cérium et le fluate double de cérium et d'yttria, qu’on rencontre à Finbo, dans le voisinage de Fahlun. 1] la séparée de ces minéraux par des opérations que. nous ne rapporlerons pas ici. | 1 Il la rauge parmi les terres, quoiqu'il regarde, avec tous les chimistes, comme ‘äutant d'oxides métalliques, les bases sali- fiables qu'on peut, pour plus de clarté, continuer à diviser en alcalis, en terre et en oxides métalliques proprement dits. Le savant Suédois propose de donner à la nouvelle terre le:nom de thorine , dérivé de celui T'Aor, dieu des anciens Scandinaves, pour rappeler la contrée où elle a été découverte. La thorine n’entre point en fusion au chalumeau. Fondue avec le borax, elle donne un verre transparent, qui étant exposé à la flamme extérieure, devient opaque et laiteux. Fondue avec le phosphate de soude, elle donne une perle transparente, elle est infusible avec la soude; imbibée d’une solution ‘de cobalt, elle prend une teinte de brun, tirant sur le gris. è La thorine diffère des autres terres par les propriétés suivantes : De l'alumine, par son insolubilité dans l’hydrate de potasse; de la glucine, par la même propriété; de lyttria, parce qu’elle a une saveur purement astringente et qui n’a rien de doux, et de plus par la propriété dont jouissent ses dissolutions, d’être précipitées par l’ébullition, quand elles ne contiennent pas un trop grand excès d'acide. w+ 2 ME l Elle diffère de la zircone par les propriétés que voici : 1°. après avoir été chauffée jusqu’au rouge, elle est encore susceptible d'être dissoute par les acides. 2°. Le sulfate de potasse ne la précipite point de ses dissolutions, tandis qu’il précipite la zircone des disso- lutions qui contiennent même un excès considérable d'acide, 3°. La thorine est précipitée par l’oxalate d’'ammoniaque ; ce qui n’a point lieu pour la zircone. 4°. Le sulfate de thorine cris- tallise promptement, tandis que le sulfate de zircone, en le sup- posant ET D'HISTOIRE NATURELLE. 479 posant privé d'alcali, forme, lorsqu'il est séché, une masse gé- latineuso ot trancparente, oans--auvcunv: trace de cristallisation. La thorine a plus d'analogie avec la zircone qu'avec tout autre corps; la saveur deleurs solutions neutres-est simplement astrin- gente. Les succinates, benzoates et tartrates alcalins occasionnent un précipité dans leurs dissolutions ; le précipité par un tartrate al- calin ést dissous par l'hydrate de potasse. Les deux térres sont in- solubles dans l'hydrate de potasse , et solubles dans les carbonates al- calins ; toutes les deux aussisé comiporlent de même au chalumeau. L'auteur de la découverte présame que la thorine trouvée dans le minéral de Kororvet , éloit à l’élat d'un siliciate , tandis que celle qu’il découvrit à Finbo étoit unie avec l'acide fluorique. ERR AT A. Dans la première partie du Mémoire de M. H. Davy, partout où se trouve feu humide, il faut substituer gaz inflammable des munes. Ainsi : pag. 159, lign. 1, 4... Pag. 216, lign. 3, fire domp, lisez fire damp 314, 13, ne, lisez de TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER. Essai sur les Excipiens de calorique ; par M. Fourmy: Pag. 405 Recherches anatomiques et observations sur le Scorpion rous- sâtre; par M. Léon Dufour. 439 Observations sur les variétés produites par le changement de peau dans les Lézards et dans les V'ipères; par M. Breton. 456 Recherches sur la Combinaison de la Créme de Tartre avec l'Acide borique ; par Meyrac fils. 460 Mémoire sur une Source près du village de Feslau dans le voisinage de Baaden en Allemagne, À où il Sort une grande quantité de Gaz azote; par le chevalier Marsigli Landriani. Extrait par M. H. Gaultier de Claubry. 468 Enumération des espèces qui doivent composer la genre bar- khansia; par N. 4. Desvaux. 470 Tableau météorologique; par M. Bouvard. 474 Note sur la Thorine, nouvelle terre, 476 Tome LXXXIV. JUIN 1817. Ppp 478 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE “TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. CHIMIE. Nouvelle Nomenclature chimique, d'après la classification adoptée par M. T'henard; ouvrage spécialement destiné aux personnes qui commencent l'étude de la Chimie, et à celles qui ne sont pas au courant des nouveaux noms; par M. J.-B. Caventou. Pag. 124 Quelques nouvelles Recherches sur la Flamme; par sir Humphry Davy. 148 Suite. 216 Mémoire sur l Amalgamation. 167 Quelques nouvelles expériences et observations sur la Com- bustion des Mélanges gazeux , ète.; par sir Humphry Davy. 223 Analyse du Gaz trouvé dans l Abdomen de l'Éléphant mort au Museum d’ Histoire naturelle, la nuit du x 4 au 15 mars 1817; par M. Vauquelin. 236 Analyse d'une espèce de Concrétion trouvée dans les Glandes maxillaires d'un Eléphant et dans les intestins d'une Sole; par M. Vauquelin. 239 Mémoire sur de Principe extractif et sur les Extraits en gé- LEE _ néral; par Henri Braconnot.: 267 Suite. AUS 325 | Examen chimique, des Feuilles de Pastel et du principe ex- | traclif gw'elles contiennent; par M. Chevreul. 350 Experiments and observations on the atomic theory and elec- trical phenomena, ou Expériences et observations sur la théorie atomistique et les phénomènes électriques; par William Higgins, Esq. F. R. S., Professeur de Chimie à la Société :: de Pub. (Extrait par M. H. Gaultier de-Claubry.) 592 Note sur la Morphine, 39c Nouvelle scientifique sur les Corps gras; par M. Chevreul. 407 Recherches sur la combinaison de la Créme de T'artre avec l’Acide borique; par Meyrac fils. 5, 460 Vote sur la T'horine, nouvelle terre. 477 ET D'HISTOIRE NATURELLE. PHYSIQUE. Observations météorologique; par M. Bouvard. Décembre 1816. Pag. Janvier 1817. Fevrier. Mars. Avril. Mai. Mémotrre sur l'Absorption de l Air atmosphérique par les corps; par M. Rhulant. ’ - Lettre de M. de Nélis à J.-C. Delametherie, sur l'Électricite. Essay on the origin, progres and present state of Galva- ° ! nism, etc. Essai sur l'origine , les progrès et l’état présent du Galvanisme; par M. Donovan de Dublin. (Premier Extrait par M. H. Gaultier de Claubry.) Suite. Mémoire sur la structure du Cristallin des Poissons et des Quadrupèdes , déduite de son action sur la Lumière pola- risée; par David Brewster. Essai sur les Excipiens de calorique; par M. Fourmry. ASTRONOMIE. Examen critique des différentes Hypothèses imaginées pour expliquer l'apparence connue sous le nom de queue ou che- velure des Comètes; par H. Flaugergues. Suite. 2. MINERALOGIE. Analyse de l'Iolithe; par Léopold Gmelin. Mémoire sur uné Source pres du village de Feslau dans le voisinage de Baaden en Allemagne, d'où il sort une grande quantité de Gaze azote; par le chevalier Marsigli Landriant. Extrait par M. H. Gaultier de Claubry. GÉOLOGIE. Extrait d'une Lettre du docteur S. L. Mitchell, sur des Fossiles. Seconde Lettre de M. Duhérissier de Gerville, a M. de France, sur les Coquilles fossiles. Os fossiles de Rhinocéros. 430 JOURNAL DE PIIYSIQUE, DE CHIMIE, e@lCc. BOTANIQUE, xro. Observations sur le T'archonanthus camphoratus, L. ; par M. H. Cassini. Pag. 229 Proposition d'une nouvelle famille de plantes ; par H. Cassini. 315 Doutes sur l'origine et la nature du Nostoc; par M. Henri Cassini. 395 Note sur l'Ascophore; par M. Vallot. 400 ÆEnumération des espèces qui doivent composer le genre har- khansia; par N. A. Desvaux. 470 ZOOLOGIE, rc. Note sur les Gaz intestinaux de l'Homme; par M. Berger. 189 Momie trouvée dans l'Amérique septentrionale. 234 Du prétendu sixième Sens des Chawe-Souris. À 235 Memoire sur l'Oopas ou arbre au poison, de Java; par M. Horsefield. 259 Observations sur les Corps organisés animaux trouvés vivans dans l’intérieur de corps solides sans communication avec l'air extérieur. du Observations sur l'Organe appelé ergot dans l'Ornithorinque ; par M. H. de Blainvitte. +18 Observations sur les variétés produites par le changement de. peau dans les Lézards et dans les Viperes; par M. Breton. 456 Recherches anatomiques et observations sur le Scorpion rous- sâtre; par M. Léon Dufour. 44t MÉLANGES. Discours préliminaire de l'an 1817, ou Rapport sur les progrès des connoïssances humaines pendant l'année 1816; par J.-C. Delamétherie. 5 Rapport fait à l'Institut royal de France sur la Lithographie, et particulierement sur ur Recueil de Dessins lithographiés par M. Engelmann. 102 Notes relatives à la Lithographie de M. Lasteyrie. 122 Les Halieutiques. ee 241 De l’Imprimerie de Me Ve CO GER: se ardinet, n° 12, quartier Saint-Antké-das £ ns ee