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| DE ZOOLOGIE

COMPRENANT

LES DIFFÉRENTES BRANCHES DE CETTE SCIENCE :

__ HISTOIRE DES ANIMAUX VIVANTS ET FOSSILES, MŒURS, DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE ET PALÉONTOLOGIQUE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉES, EMBRYOGÉNIE, HISTOLOGIE, TÉRATOLOGIE, ZOOTECHNIE, ETC. L

PAR

M. PAUL GERVAIS

Professeur d'anatomie comparée au Muséum de Paris.

——

TOME DEUXIÈME ANNÉE 1873.

PARIS,

ARTHUS BERTRAND, ÉDITEUR, LIBRAIRIE SCIENTIFIQUE ET MARITIME;

21, rue Hautefeuille.

——————

CHALLAMEL & C" Successers

5, Rue Jacob et 2, Rue Furstenberg

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JOURNAL

| DE ZOOLOGIE.

JOURNAL

DE ZOOLOGIE.

OSTÉOLOGIE DU SPHARGIS LUTH ;

Par M. PAUL GERVAIS ({).

J'avais remarqué, il y a déjà plusieurs années, une cu- rieuse particularité anatomique du Sphargis (Sphargis coriacea), sorte de grand Chélonien marin, plus généralement connu sous le nom de Tortue Luth, particularité consistant en ce que dans cette espèce la carapace est formée de petits comparti- ments osseux extrêmement nombreux et comparables à de la marqueterie, et qu’elle est indépendante du squelette propre- ment dit. Cette observation me faisait vivement désirer de trouver l’occasion d'étudier le squelette complet de ce singu- lier Reptile pour en établir la comparaison avec celui des Chélonées, dans la famille desquelles il a souvent été classé, quoique ses caractères extérieurs soient assez importants pour qu'on l'en sépare, ce qui a, d’ailleurs, élé fait par plusieurs zoologistes, parmi lesquels je citerai MM. Gray, Fitzinger et Cope.

(1) Extrait d’un Mémoire, accompagné de cinq planches, inséré dans les Nouvelles Archives du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, t. VAL, p. 165, pl. v aix.

JOURNAL DE ZOOLOGIE. T, If, 1873, 1

2 PAUL GERYAIS.

Au mois de mai 1872, deux Chéloniens de cette espèce ont été pêchés sur nos côtes de l'Océan, ils avaient été amenés par les courants, ce qui est un fait rare et digne d'être si- gnalé. Ayant pu me procurer un de ces exemplaires, mort déjà depuis plusieurs jours, lorsqu'il fut envoyé à Paris, et dont l'anatomie complète était rendue impossible par son état de putréfaction déjà assez avancé, j'en ai fait préparer le sque- lette que nos galeries ne possédaient pas encore.

C'est à la description détaillée de ce squelette qu’est consa- cré le Mémoire dont je donne ici un extrait, Mémoire auquel j'ai joint quelques indicaüons relatives au squelette d’un ani- mal de la même espèce nouvellement sorti de l'œuf et de nom- breuses figures relatives à l’adulte ainsi qu’au jeune âge.

Le Sphargis se rapproche plus par la forme de son crâne des Chélonées, qui sont aussi des Chéloniens marins, que tout autre groupe du même ordre; mais il ne se laisse pas con- fondre avecelles, et plusieurs caractères importants le rendent facile à distinguer des trois genres propres à cette famille. J'énumère ces différences dans mon Mémoire.

L’os hyoïde présente aussi des particularités qui lui sont propres, et il en est de même de la colonne vertébrale, des côtes, des membres, leur ceinture d'attache comprise, ainsi que du sternum ou plastron. Au lieu de former, comme dans les Ché- lonées, un bouclier présentant, dans l’ouverture laissée entre les différentes pièces, de fortes saillies digitiformes des hyo- sternaux et des hyposternaux s’avançant vers la ligne médiane, le sternum représente dans son ensemble une sorte d'anneau ovalaire, à grand diamètre antéro-postérieur et dont les difé- rentes pièces sont étroites et allongées. Je n’y ai pas vu d'en- tosternal.

Les nombreuses plaques de la carapace sont articulées entre elles par engrenages, etcesengrenages sont plus faciles à obser- ver à la face interne qu'à la face externe. Celles de plusieurs

OSTÉOLOGIE DU SPHARGIS LUTH. 3

rangées longitudinales l'emportent sur les autres par leurs dimensions. On compte sept de ces rangées et autant de ca- rènes qui leur correspondent.

L'examen attentif de la carapace du Sphargis montre que c’est bien d’un animal de même genre que proviennent les plaques osseuses trouvées dans le calcaire miocène de Ven- dargues (Hérault) que j'ai décrites comme indiquant une espèce de ce genre sous le nom de Sphargis pseudostracion (1). Mais ce qu’il ya de plus curieux dans la carapace du Sphar- gis, c’est la présence, au-dessus du point de jonction du cou avec la colonne dorsale, d'une grande plaque osseuse, longue de 0,15 sur 0,24 de large environ, et qui constitueunesorte de disque entourée de rayons irréguliers, ce qui lui donne l'apparence d’une étoile dont la portion antérieure manque- rait. Elle est d’un seul morceau et très-différente, par sa struc- ture, des plaques cutanées de la grande carapace superficielle. . On distingue, à sa face inférieure, près du prolongement mé- dian qui en forme, pour ainsi dire, la queue, une facette ar- ticulaire par laquelle elle est en rapport avec le sommet émoussé de l’apophyse épineuse de la dernière vertèbre cervi- cale, laquelle dépasse en volume toutes les autres vertèbres de la même région. Cette plaque, qu’on ne saurait attribuer au névro-squelelte, est elle-même recouverte par la carapace dermique, et l'on voit sur celte dernière, à l'endroit elle la surplombe, une impression indiquant le point spécial par lequel elle était en rapport avec elle. Néanmoins, la plaque dont il s’agit n’est pas particulière au Sphargis. Elle répond à la bande osseuse située au même point, en avant de la ca- rapace, chez les autres Chéloniens, et sur laquelle s'appuie également l’apophyse épineuse de la dernière vertèbre cervi- cale. |

(1) Zoologie et Paléontologie françaises, p. 438,

h H. GRIPAT.

Il résulte des faits consignés dans ce Mémoire que, tout en appartenant bien, comme les Chelonées, à l'ordre des Chélo- niens, le genre Sphargis ne saurait être classé dans la même famille qu’elles. Il doit évidemment constituer un groupe à part.

Cette manière de considérer le genre Sphargis s'appuie sur plusieurs points importants tirés de la considération du sque- lette. Tels sont la conformation du crâne, l’état rudimentaire de la carapace proprement dite, qui se trouve réduite à la plaque étoilée propre à la région cervicale, l'apparence du plastron, ainsi que la présence d’une carapace supplémentaire formée par de nombreuses pièces osseuses articulées les unes aux autres par engrenage et dont la réunion a fait donner à cette espèce le nom de Luth.

SUR UN FOETUS DE VEAU ACÉPHALE ;

Par M. H. GRIPAT.

I. Aspect extérieur. Le corps est recouvert d'une peau revêlue, sur toute son étendue, de poils très-développés, et doublée d’un tissu cellulaire mollasse formant, des deux côtés du tronc, de grosses masses qui recouvrent les muscles et le squelette. À la partie supérieure, au-dessus de la colonne vertébrale, on Sent une masse molle. On ne voit aucune trace de la tête, et il n'y a point de bourgeon qui en marque la place. Et, sur les côtés, sont des membres supérieurs rudi- mentaires ; le droit n'est conslitué que par un bourgeon mou,

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FOETUS DE VEAU ACÉPHALE. 5

long de 1 centimètre environ, pourvu d’un ongle ; le gauche, long de 6 centimètres, et muni d’un squelelte osseux, est presque collé au corps et muni de trois ongles. Ce membre est situé plus haut que le droit. Au-dessous de l'ombilic se trouve la verge assez grosse, et, devant le bassin, un scrotum développé, mais vide. Les deux membres inférieurs sont flé- chis dans toutes leurs articulations, de longueur à peu près égale dans leur totalité, terminés tous deux par des pieds bots fléchis en dehors sur le tarse et munis d’ongles. Le membre gauche est un peu plus gros que le droit et son Poe plus développé.

En arrière notons une queue courte, relevée comme celle d’un Lapin.

La longueur totale de l'animal est de 28 centimètres, dont 13 pour le tronc mesuré à partir du périnée, et 7 seulement pour la portion sus-ombilicale. Les membres supérieurs sont écarlés de 6 centimètres.

Ce qui frappe tout d’abord, c’est l'asymétrie des deux côtés, caractérisée par le volume plus grand du côté gauche du tronc, tant en grosseur qu'en hauteur, et le plus grand déve- loppement relatif des membres, surtout des antérieurs.

IT. Dissection. Une incision est faite depuis le pubis jusqu'à la parte la plus antérieure du tronc; les deux côtés du thorax, non réunis sur la ligne médiane, sont écartés.

Le tronc est divisé en deux cavités par une cloison partant, en arrière, de la partie antérieure de la colonne vertébrale brusquement tronquée, et se dirigeant en avant et en haut, en suivant le niveau de chaque première côte droite et gauche, pour aboutir à la paroi antérieure de la cavité thoracique. Au-dessus de cette cloison se trouve une cavité tapissée par une séreuse spéciale, et ne contenant rien {nous ne savons si elle a toujours été vide, attendu que ses parois avaient été lacérées avant notre examen). Au-dessous de la cloison, se

6 H. GRIPAT.

trouve une seconde cavité beaucoup plus grande, formée par la colonne vertébrale, les parois thoraciques et ventrales, et tapissée par le péritoine qui remonte ainsi jusqu’à la première côte et la partie supérieure de la colonne vertébrale. La cloison intermédiaire aux deux cavités est donc formée par l'accolement des deux séreuses ; entre elles se trouve un plan musculaire à fibres striées dont les faisceaux partent en diver- seant de la colonne vertébrale, pour s'insérer aux côtes. Ce plan musculaire est le diaphragme.

La cavité thoraco-abdominale est entièrement remplie par trois appareils : l'appareil de la digestion ; l'appareil gé- nito-urinaire ; 3 l'appareil circulatoire. Nulle part nous n'avons trouvé de traces des organes sus-diaphragmatiques, à savoir des poumons, du cœur et du thymus ; nous allons voir que les organes de la zone épigastrique, estomac, foie, pan- créas, rate et capsules surrénales, manquent également; de sorte qu'il ne reste que les viscères des parties ombilicale et sous-ombilicale du corps. |

Appareil de la digestion. 11 est imperforé à ses deux extrémités. Le cul-de-sac supérieur, légèrement renflé, irrégu- lier, est situé à droite, sous le diaphragme. De là, part un pelit intestin pelotonné sur lui-même, situé un peu à droite de la ligne médiane, dans la partie costale de la cavité abdo- minale, entre le rein et la colonne vertébrale. L’appendice vermiculaire, relativement long, est situé sous les dernières côtes droites, en dedans de l’uretère. Partant de là, le colon fait une courbe à droite, revient en avant de la colonne verté- brale, s’y pelotonne, remonte du côté gauche, sous forme d’anse, jusqu’au diaphragme, redescend le long des côtes, revient dépasser la ligne médiane et former à droite une S iliaque aboutissant, comme il a été dit, à un rectum imper- foré, au niveau du bas-fond de la vessie. L'intestin ne con- tient qu'un mucus épais, très-légèrement jaunâtre et opalescent.

FOETUS DE VEAU ACÉPHALE. 7

Remarquons que la plus grande partie de l'intestin se trouve au-dessus de l’ombilic, et que l'on ne trouve guère au-dessous de ce point que la dernière partie du gros intestin. La région sous-ombilicale est, en effet, presque réservée à l'appareil circulatoire.

Appareil génito-urinaire. Nous l'avons trouvé complet moins les capsules surrénales que nous avons cherchées en vain. Les reins ont le volume d'une demi-sphère de 1 centi- mètre de diamètre; ils sont situés au tiers inférieur de la région costale, leur partie convexe étant logée entre les côtes et le psoas, leur partie plane en avant. Ils sont divisés en nombreuses circonvolutions par des scissures manifestes de tous côtés. Chaque rein recoit une artère située en avant et émet une veine. De chacun part un uretère d’abord plus large que le gros intestin, diminuant de calibre de haut en bas, et venant aboutir au bas-fond de la vessie, en contournant le reclum et passant au-dessous du canal testiculaire.

La vessie est située sur la ligne médiane, presque tout entière au-dessus des pubis; l'ouraque est encore large. Elle est assez grosse et l’urèthre vient, comme nous l'avons dit, s'ouvrir tout près de l'ombilic dans une verge développée.

Les testicules sont à l’anneau. Chacun est gros comme une lentille ; au-dessous de lui est une petite saillie dépendant de l'épididyme ; le cordon apparaît en dedans de l’organe et va transversalemént gagner le bas-fond de la vessie, en passant par-dessus l'artère ombilicale correspondante et la partie ter- minale de l'uretère. Nous publierons de cette pièce une figure dans laquelle on a supposé enlevés le testicule, le cordon et la partie inférieure de l’urelère gauches ; le testicule droit a été légèrement abaissé pour laisser voir les vaisseaux.

Appareil circulatoire. Le cœur manque comme c'est la règle presque absolue chez les acéphales.

A) artères. L'artère ombilicale gauche passe au-dessous

8 H. GRIPAT.

du canal déférent et de l’uretère, et se rend, à l’entrée du bassin, dans un confluent artériel d'où partent trois vaisseaux :

a) De la partie supérieure naît d'abord une aorte volu-, mineuse, prolongement du confluent artériel, qui se place devant la colonne vertébrale, atteint la ligne médiane, au ni- veau des reins, remonte jusque sous le diaphragme et se di- vise en trois branches, l’une médiane pour la colonne, les parois de la poche supérieure et les téguments postérieurs, deux latérales, longeant le premier espace intercostal, et se distribuant aux membres supérieurs. Dans son trajet, l'aorte fournit d'assez nombreuses artères pariétales ou viscérales. D'abord, au niveau de son origine, elle donne un bouquet de* quatre branches divergentes ; l’une à gauche, ascendante, pour le psoas ; trois à droite, une ascendante et une transver- sale pour le psoas, une descendante qui es la sacrée moyenne. Au-dessus de ce bouquet, l'aorte fournit une longue mésenté- rique qui se dirige en haut et à gauche ; un peu au-dessus de cette artère naissent, au même niveau, les deux rénales qui se dirigent en haut et en dehors. Au-dessus des rénales, l'aorte ne fournit plus que des intercostales qui naissent de quatre branches à droite, de six à gauche.

b) De la partie inférieure du confluent artériel et en dedans naîl l'artère hypogastrique qui plonge dans le bassin.

c) En dehors naît l'iliaque primitive qui fournit d’abord une lombaire, puis une circonflexe volumineuse, puis une artère naissant au niveau du testicule et se rendant à la vaginale. La crurale se divise en deux branches, une fémorale superficielle et une fémorale profonde, celle-ci plus volumineuse.

L'artère ombilicale droite passe au-dessous du cordon testi- culaire et de la veine iliaque ; elle aboutit à l'iliaque primitive droite située sur le bord de la fosse iliaque interne et formant un nouveau confluent en forme de crosse posléro-antérieure et oblique en dehors, d’où partent : en dedans et en arrière

FOŒTUS DE VEAU ACÉPHALE. 9

l'hypogastrique droite ; en dehors, et du sommet de la cour- bure, deux circonflexes iliaques ; en avant et en bas l’iliaque externe qui se distribue comme celle du côté opposé.

On n'aperçoit aucune communication entre les artères dé- pendantes de l’ombilicale droite et celles qui viennent de l'ombilicale gauche ; la circulation artérielle semble donc di- visée en deux départements distincts et inégaux : celui de droite, formé par le membre inférieur et la partie correspon- dante du bassin; celui de gauche formé par tout le reste du corps.

B. Veines. La veine ombilicale unique accompagne l'ar- ère ombilicale gauche; elle est située en dehors d'elle et passe également sous le cordon testiculaire. Au-dessous de l'uretère elle aboutit à un large confluent veineux, en forme de croissant transversal, qui commence en avant de l'origine de l'artère iliaque primitive gauche, passe en arrière du con- fluent artériel, perpendiculairement à lui, se porte à droite et se termine derrière le rectum et l’uretère. Ce confluent vei- neux, plus volumineux que le confluent artériel gauche, reçoit tous les troncs veineux du corps. En haut, par sa convexité il reçoit, de gauche à droite : la veine rénale gauche, une grosse azygos gauche qui débouche du psoas et naît de la partie latérale droite de la colonne vertébrale, enfin la veine rénale droite. En bas, à sa convexité aboutissent : l'hypogastrique gauche, la sacrée moyenne et l’hypogastrique droite. L’ex- trémité gauche du confluent est formée par la veine iliaque primitive qui se divise comme l'artère. Enfin l'extrémité droite reçoit la veine iliaque primitive droite analogue à celle du côté gauche. Le confluent semble ainsi aller de l’une des veines iliaques à l'autre, en passant derrière le confluent ar- tériel.

4 Système osseux. À chaque portion de la colonne se rattachent les parties latérales du squelette.

10 H. GRIPAT.

Le crâne n'est représenté que par une petite épine osseuse, située dans la paroi supérieure de la poche supérieure, et in- dépendante du reste des os.

La colonne cervicale n'est formée que par deux petits tuber- cules latéraux, situés côte à côle sur la partie supérieure de la colonne dorsale. |

Celle-ci comprend huit vertèbres qui paraissent, au premier abord, ne former qu'une seule masse volumineuse, arrondie par sa parlie supérieure, couverte, en avant, d'un surtout liga- menteux épais, munie, en arrière, d'une large et épaisse crête, formée par l'union intime des apophyses épineuses confon- dues. En enlevant le surtout ligamenteux, on voit que cette colonne est formée par huit corps osseux distincts, réunis par des cärtilages.

Il y a, de chaque côté, onze côtes dont plusieurs se soudent au voisinage de la colonne et ont une articulation commune. À gauche sont soudées deux à deux la première et la deuxième, la quatrième et la cinquième, la dixième et la onzième côtes ; à droite les trois premières sont réunies ensemble, ainsi que les neuvième et dixième. Ainsi, bien qu'il y ait onze côtes, 1l n'y a que huit articulations costo-vertébrales de chaque côté. En avant, les cartilages costaux supportent une moitié de ster- num cartilagineuse et indépendante. Le membre supérieur droit est formé par une omoplate seule; le membre gauche par une omoplate et un humérus.

La colonne lombaire est formée par cinq vertèbres haules, épaisses, dont plusieurs apophyses transversales sont soudées ensemble; c’est la partie mobile de la colonne vertébrale.

La colonne sacrée supporte un bassin aplali transversale- ment, supportant de chaque côté un squelette de membre inférieur sur lequel nous n’insistons pas, et terminé par une douzaine de vertèbres caudales.

Système nerveux. Le canal rachidien oblitéré en haut

FOETUS DE VEAU ACÉPHALE. 11

et en bas contient un axe médullaire volumineux, terminé su- périeurement par un bouquet nerveux analogue à la queue de Cheval. Dans la région dorsale et dans la région sacrée se trouvent deux renflements. De la moelle partent de nombreux nerfs volumineux, à deux branches d'origine, qui se distri- buent régulièrement aux diverses parties du corps.

De chaque côté de la colonne vertébrale, en avant et le long de l'aorte, nous avons trouvé une série de ganglions sympa- * thiques manifestement reliés par un cordon.

Sysième musculaire. Les muscles profonds sont par- faitement distincts ; mais le peaussier ne l’est pas.

Tissu cellulaire. Sous la peau il est abondant et forme d'énormes masses molles et élastiques sur les côtés du tronc. Entre les divers organes profonds, il est rare, lâche et rempli de graisse.

REMARQUES. Au mois de mars 1872, nous avons présenté à la Société anatomique de Paris {{} un autre monstre Acé- phalien ressemblant presque de tous points à celui-ci. C'était un fœtus humain mâle, fruit d'une grossesse gémellaire, au terme de 7 mois environ, après une fille régulièrement constituée.

Comme le petit Veau que nous venons de décrire, il pré- sentait une asymétrie évidente du corps avec prédominance du côté gauche. Les membres inférieurs pouvaient passer pour normaux, à part des pieds bots valgus. Le membre supérieur droit était rudimentaire, le gauche réduit au bras sans avant- bras ni main.

La cavité abdominale ne contenait ni foie, ni rate, ni pan- créas, n1 capsules surrénales. Le tube digestif long et grêle élait fermé à ses deux extrémités ; sa partie supérieure était un peu renflée, mais ne pouvait être considérée comme un

(1) Bulletin, 2 série, t. XVII, p. 124, av. pl. ; 1872.

12 H. GRIPAT.

estomac, vu le peu de longueur de l'intestin grêle et l'absence des glandes annexées au duodénum. L'appareil génito-urinaire était relativement très-développé ; les deux testicules étaient à l'anneau ; les deux reins lobulés, très-volumineux ; les uretères larges. La cavité abdominale était close à sa partie supérieure par un diaphragme musculaire tapissant toute la surface in- terne des côtes, de sorte qu’il n'y avait aucune trace de cavité thoracique. Par conséquent, nous avons noté l'absence com- plète du cœur, des poumons et du thymus.

La colonne vertébrale était tronquée à sa partie supérieure, el sa portion cervicale, représentée seulement par un petil os recouvert de trois petits bourgeons charnus, venait apparaître à l’extérieur, en avant, sous une vésicule.

Derrière la partie supérieure de la colonne vertébrale et au- dessus d'elle existait une large poche tapissée par une séreuse et contenant un magma qui n'a pu être examiné au micro- scope.

Le système nerveux médullaire et ganglionnaire était assez développé dans les régions inférieures.

Le tissu cellulaire était épais, résistant, quoique infiltré ; le cordon gras et mou, beaucoup plus court que celui du jumeau.

Le système circulatoire était représenté par une aorte lon- geant le côté gauche de la colonne vertébrale et en avant d’elle, passant derrière une veine cave qui formait une crosse {rans- versale d'où partaient les deux iliaques.

Ces deux monstres se ressemblent donc entièrement. Leurs particularités les plus intéressantes sont la présence d’un vrai diaphragme musculaire, d'une poche supérieure sur laquelle nous appelons des recherches nouvelles et d'un système ner- veux incomplet mais très-développé dans ses parties restantes, la prédominance d’un appareil génilo-urinaire complet et l’état d'une circulation jusqu'ici mal décrite.

HYLODES MARTINICENSIS. 13

Il nous semble qu'on doit, sans hésiter, les ranger dans le premier des trois genres de la famille des Acéphaliens, c'est-à- dire dans celui des Acéphales proprement dits.

Le monstre décrit dans cette Note a été envoyé en 1872 à M. le professeur P. Gervais, qui a bien voulu nous le remettre en nous donnant toutes les facilités pour le disséquer dans son laboratoire et en comparer les caractères anatomiques.

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SUR

L'HYLODES MARTINICENSIS

ET SES MÉTAMORPHOSES ;

PAR

M. BAVAY (1).

L’'Hylodes martinicensis, Tschudi, petite Rainette extrèême- ment abondante à la Guadeloupe, sort de l’œuf avec la forme qu’elle doit garder toute sa vie, c’est-à-dire celle d’un Batracien anoure ; voilà le fait qui m'a surpris et qui m'a conduit à rechercher comment une exception aussi singulière pouvait se produire, et à constater que cetle exception en entrainait plu- sieurs autres.

Dès le crépuscule, elle quitte sa retraite pour sauter sur les

(4) Extrait de la Revue des sciences naturelles, publiée, à Montpellier, sous la direction de M, E. Dubrueil {t. f, p. 281 ; 1872.

1% BAVAY.

branches et dans les herbes, dans le but d'y chercher sa nour- riture. Elle se porte souvent à l'entrée des tuyaux qui con- duisent les eaux pluviales dans les jarres destinées à les re- cuetlhir.

Au commencement de seplembre 1871, je rencontrai an Camp-Jacob, sous les débris de feuilles, un amas d'œufs géla- tüineux, légèrement cohérents, mais non liés les uns aux autres. Ne sachant trop à qui les attribuer, je les négligeai. Quelques jours après, le hasard m'en fit rencontrer d’autres au même endroit, mais cette fois l'erreur n’était plus possible : on dis- üinguait, en effet, dans ceux-ci un embryon dont la vie se ma- nifeslait par des mouvements (rès-vifs qui attirèrent tout d'abord mon attention.

Chaque œuf avait la forme d'une sphère transparente de 3 à 4 millimètres de diamètre, nettement terminée; mais chacune d'elles pourvue d’une petite expansion sphéroïdale qui semblait une hernie de la masse gélatineuse à travers un pore de l'enveloppe.

La masse gélatineuse dans cette hernie m'a semblé dépour- vue de membrane protectrice, maïs douée d'une certaine con- sistance qui empêchait son écoulement plus avancé.

Au milieu de l'œuf lui-même, on distinguait, posé sur une masse vitelline d’un blanc sale, un embryon à corps mince pourvu d'une tête grosse, de quatre membres styhformes et d'une queue repliée. Cet embryon se mouvait rapidement et changeait de place quand on touchait l'œuf, ne semblant pas plus rap- procher sa tête du pore herniaire que d’un autre point du sac qui le contenait.

Ces œufs furent placés avec les débris de feuilles qui les accompagnaient dans un verre recouvert d'un papier criblé de trous. La masse fut légèrement humectée, et le lendemain je l'examinai de nouveau. Les yeux me semblèrent plus distincts, et derrière chacun d’eux se voyait une tache blanche semi-

di Ses. à De at ti" De,

HYLODES.. MARTINICENSIS. 45

lunaire, opaque, le cerveau probablement, ou bien ses pre- miers os protecteurs. Dans l'animal extrait de l'œuf, la queue _ était aussi longue que le corps, translucide comme lui, haute et très-aplalie latéralement, semblable en un mot à la queue d'un Têtard; les pattes élaient toujours styliformes. Deux jours après, l'embryon s'était fort coloré, et au bout de peu de temps il sortait des œufs de petites Rainettes d’un gris brun qui se mettaient à sauter dans le verre qui les contenait.

Ce fait bien constaté, il restait à éclaircir deux points fort importants selon moi. L'état larvaire existe, puisque nous avons vu dans l'embryon un animal pourvu de queue et qu'il sort de l’œuf un animal anoure ; mais cet état larvaire est-il complet à un certain moment, c'est-à-dire la larve est-ellé apode pendant une certaine période de son existence ?

Deuxième point : cette larve est-elle pourvue de branchies ? On pourrait en douter, puisqu'à aucun moment de son exis- tence elle ne vit dans l’eau. Si les branchies n’existent pas, ce serait le premier exemple de Vertébré anallantoïdien qui n’en serait pas pourvu, au moins dans la période larvaire.

Pour arriver à juger cette question, il n’y avait qu'à obser- ver des œufs très-fraîchement pondus, et suivre pas à pas le développement de l'embryon depuis son apparition dans l'œuf.

Tout d'abord, il est à remarquer que la ponte n’a pas lieu pendant la saison sèche, au moins dans les parties basses de l’île, et même que l’on cherche vainement des œufs dans l’autre saison, quand il vient de s’écouler une période un peu longue sans pluie. On en trouve, au contraire, aussitôt après les premiers grains abondanis de l’hivernage.

Ces œufs, tout récemment pondus, ont environ 2 millimètres de diamètre. Le chorion est séparé du vitellus par une zone très-mince de matière gélatineuse. Le vitellus est blanc sale, et semble une sphère dont la tache germinative formerait une

16 BAVAY.

petite calotte transparente. Il n’y a pas, en effet, à ce moment, de signe visible d'incubation.

Ces œufs, au nombre de vingt environ, ne sont pas liés entre eux, mais simplement réunis en amas sous une pierre, ou, plus souvent, sous un petit paquet d'herbes ou de feuilles en voie de décomposition, et toujours placés dans des endroits fort humides, même ils doivent souvent rester mouillés pendant quelque temps par les eaux pluviales [le long des maisons sans goultières, par exemple).

Pour réaliser autant que possible ces conditions les œufs étaient placés dans un verre à expérience et recouverts d'un tampon de coton imbibé d'eau, de façon qu'ils fussent mouil- lés, mais non baignés par le liquide. Dans ce dernier cas, en effet, le développement se continuait pendant un jour ou deux, puis il cessait, et les embryons mouraient. L'eau imbibante devait être fréquemment renouvelée, et, si elle venait à s'éva- porer, l'embryon mourait rapidement. Du reste, même par ce procédé je n’ai pu que rarement amener des œufs fraîchement pondus à l’éclosion ; il fallait, pour réussir à coup sûr, que les embryons fussent arrivés à un certain degré de dévelop- pement. Le même résultat était obtenu en remplaçant le coton par des débris organiques, mais dans ce dernier cas ces ma- tières coloraient la substance albumineuse, et la (ransparence de l'œuf en souffrait.

Les limites de température nécessaires à l’éclosion sont, du reste, très-variables, car à la Basse-Terre la température du sol oscille entre 23° et 30°, et au Camp-Jacob entre 18° et 28°, sans que l'incubalion paraisse en souffrir.

Le lendemain de la mise en expérience des œufs très-frai- chement pondus, la partie transparente de la sphère limitée par le chorion et sa couche gélatineuse s’est rétrécie et ob- scurcie.

Le deuxième jour, la masse gélatineuse, le pseudo-albumen,

HYLODES MARTINICENSIS. 17

si je puis la nommer ainsi, s’est gonflée, et les linéaments de l'embryon paraissent. Celui-ci se présente, vers le soir de ce deuxième jour, sous la forme d'une petite masse blanche, élargie à une extrémité et munie de quatre appendices, pre- miers vestiges des pattes. La base des pattes postérieures est dépassée en arrière par un rudiment de queue. Cet embryon est, ainsi que la masse vitelline, doué d'un mouvement rota- toire assez lent d’abord, mais qui s'accélère assez rapidement. Il ne m'a pas été possible, ni à ce moment ni dans la suite, d'apercevoir lés cils vibratiles, organes de ce mouvement.

Le troisième jour, l'embryon se dessine bien, la queue est visible, ainsi que deux éminences figurant sur la tête l’empla- cement des yeux. Le cœur existe entre l'embryon et le vitellus, un peu en avant des pattes antérieures ; il est formé de deux

_renflements battant alternativement à des intervalles très-rap-

prochés. Avec beaucoup de peine on distingue, de chaque côté de la base du cou, deux petits prolongements qui sont les branchies. Le sang n'étant pas encore ou n’étant qu’à peine coloré, on ne parvient pas à distinguer sa circulation dans les branchies ni dans aucun vaisseau. Le mouvement rotatoire s’est prononcé et s'effectue dans un plan horizontal, de droite à gauche dans certains œufs, de gauche à droite dans certains autres, à raison de deux à cinq tours par deux minutes envi- ron. Quand on déplace l'œuf, l'embryon se déplace aussi avec le vitellus, de façon que le premier puisse revenir en dessus. Ce mouvement, à l’action de la gravité, prouve qu'un li- quide assez fluide est venu s’interposer entre l'embryon et le pseudo-albumen, de manière à favoriser le glissement du pre- mier. Ce liquide a un autre usage sans doute. En effet, le jeune animal est, en outre, déjà doué d’un mouvement propre indé- pendant du vitellus, auquel il semble uni par un cordon seu- lement.

Le quatrième jour, les yeux sont devenus gris el percés d’un JOURNAL DE Z00LOGIE, T, II, 1873. 2

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18 BAVAY.

trou rond. Le sang s’est coloré et les branchies sont bien vi- sibles. Elles ont la forme d’une simple anse vasculaire, le sang sortant du corps par une extrémité de l’anse et y rentrant par l’autre, On distingue quelques vaisseaux, notamment dans la queue, une artère et une veine parallèles avec quelques ra- mifications. Les membres sont toujours styliformes. Quelques vaisseaux se montrent à la surface du vitellus, qui semble toujours joint à l'embryon par un cordon; mais, par transpa- rence, on voit le blastoderme, sous la forme d'une fine mem- brane, réunir les flancs de l'embryon au vitellus. Les mouve- * ments propres du jeune animal se manifestent quand on presse l'œuf. Le mouvement rotatoire est très-lent; dans quelques œufs il a cessé, mais se ranime de temps à autre.

Le cinquième jour, l'embryon se colore par l'apparition de quelques taches grises ; le cœur est bien distinct, les branchies sont, comme le cœur, visibles à l'œil nu. Une simple loupe permet d'apprécier leur forme et de constater que l'artère et . la veine marchent d'abord parallèlement, puis s’écartent de facon à former un petit anneau dont aucune membrane ne semble réunir le périmètre. Un vaisseau part de chaque côté du cou, passe par-dessus la base des pattes antérieures, et suit le blastoderme pour aller se perdre dans le vitellus, qui est couvert d’une abondante arborisation vasculaire.

Le sixième jour, la coloralion de l'embryon augmente d’in- tensilé ; elle s'étend au blastoderme vitellin. Les pattes sont bien formées ; les doigts paraissent, la queue subsiste tou- jours, mais commence à s'atrophier. On distingue encore les branchies, mais confusément, et le soir elles ne se montrent plus que sous forme de points rouges. L'iris s'obscurcit sur- tout autour de son ouverture. L’embryon semble posé sur le vitellus.

Le septième jour, la coloration augmente, les branchies ont disparu, la queue se fétrit et se plisse, mais on voit encore *

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HYLODES MARTINICENSIS. 19

parfaitement les vaisseaux qui la parcourent. Les pattes sont bien formées, le vitellus fait corps avec l'embryon.

Le huitième jour, la coloration augmente partout, et même quelques dessins se forment, sur les cuisses, par exemple, qui sont annelées de gris et de gris foncé. Les paupières sont bien

_ formées; la queue disparaît, puis les vaisseaux qui la nour-

| rissaient.

Le neuvième ou le dixième jour, les œufs éclosent les uns après les autres. Dans la jeune Rainette, le vitellus, assez vo- lumineux, est encore très-visible à travers les parois de l’ab- domen, ce qui n'empêche pas l’animal de sauter et d’être très-libre dans ses mouvements.

Il est à remarquer que la masse gélatineuse interposée entre le chorion et le vitellus se gonfle considérablement pendant cette incubation, et cela au point que le diamètre de l’œuf arrive à alteindre près de 6 millimètres. Le chorion éclate à la fin, tontôt sous forme de hernie, et cela dans toute une couvée, tantôt le déchirement est complet. Quand les œufs sont

_maniés sans précaulion durant le cours de l’incubation, cette enveloppe protectrice se déchire très-facilement, et l'embryon meurt, sans doute parce que, l'absorption de l'eau ne se fai- sant plus d'une façon normale, la respiration en souffre.

. Lorsque l’on vient à ouvrir un de ces œufs très-gonflé, il en sort une quantité relativement considérable d’un liquide clair,

. parfaitement fluide, dans lequel baïgnait le jeune animal.

_ D'après ce que je viens de dire, la durée de l’incubation

serait de dix à douze jours. Bien qu'elle ne s’écarte guère de ce laps de temps, il est évident que certaines circonstances

peuvent la faire varier, par exemple et surtout la température

: ï et l'humidité; en tout cas, elle ne doit guère varier qu’en

moins, car c'est la durée totale des incubations partielles qui _ entre mes mains ont le mieux réussi 11 m'a été fort difficile, en effet, d'amener des œufs à bonne fin en les prenant juste

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au moment ils venaient d’être pondus, au moment au- cun travail d’incubation n’était bien visible (1). Dans ce cas, la plupart des embryons mouraient. En somme, comme faits importants on peut constater que, de même que dans le Pipa de Surinam, observé par Blumenbach, le développement lar- vaire se fait dans l'œuf et hors de l'eau ; mais tandis que, dans ce Crapaud, ce développement se fait dans les cellules cutanées de la peau de la mère, 1c1 1l s'opère librement dans l’œuf abandonné à lui-même, sous cette seule condition d’une extrême humidité.

Dans le Pipa, l’état de tétard existerait, puisque Duméril dit avoir extrait ces larves des cellules cutanées ; reste à savoir si c'est un Têtard apode ou pourvu de pieds. Dans ce cas-ci, cet état n'existe pas, à vrai dire, puisque les pattes paraissent en même temps que la queue. |

La larve de l'Hylode a des branchies ; seulement ces bran- chies doivent être réduites à leur plus simple expression, puis- qu’elles ne flottent pas librement dans l'eau, mais bien dans ce liquide fort limité, dans cette sorte d’eau de l'amnios que le chorion a laissée pénétrer dans son intérieur pour y remplir un rôle compliqué. Je pourrais tout aussi bien dire, si je ne craignais de me lancer dans des théories trop voisines de l'hy- pothèse, que, sous l'influence de la vie, le chorion fait péné- trer, à l’intérieur de la cavité qu'il circonscrit et qui est tout d'abord occupée par l'embryon et son vitellus, de l’eau à peu près pure, aérée; que c’esl dans cette eau que l'embryon ac- complit ses girations bizarres, qu'il se meut volontairement, et enfin qu'il respire à l’aide de ses branchies. Plus tard, cet acte s’accomplit par toute la surface de son blastoderme, sur- face rapidement vascularisée, en attendant qu’il puisse, hors de ces enveloppes protectrices, respirer à l’aide de ses poumons.

(1) Il est clair que je ne parle pas ici de la segmentation ni de l'ultime divi- sion du vitellus, qui était toujours très-manifeste au début de mes expériences,

HYLODES MARTINICENSIS. 21

Je soupçonne fort ces vaisseaux qui partent de chaque côté du cou pour aller se rendre dans le vitellus, en parcourant le blastoderme, de jouer ici un rôle spécial, très-analogue aux vaisseaux ombilicaux qui parcourent l’allantoïde chez les Oi- seaux. Ce qu'il y a de certain, c’est qu'ils paraissent au mo- ment les branchies commencent à se flétrir. Leur position, du reste, m'autorise à les regarder comme les artères pulmo- naires, bien que les poumons n'existent pas encore au mo- ment de leur apparition.

On pourra s'étonner que ces observations ne soient pas plus étendues et plus précises pour certains détails que le micro- scope eût pu fournir. Les personnes qui ont habité les pays _ tropicaux en seront moins surprises, car elles savent combien

est difficile et pénible l’emploi de cet instrument chaque fois _ que dans ces pays on veut examiner par réflexion un objet un peu volumineux. Aussi presque loutes ces observations ont été faites à l'œil _ nu ou armé d'une simple loupe; et à ce point de vue ces œufs seraient fort utiles dans les démonstrations de nos cours, car on pourrait avec eux faire admirer à un nombreux auditoire celte singulière apparition de la vie se manifestant par le mouvement rotatoire de l'embryon, mouvement qui jusqu’à présent n'est connu que des adeptes du microscope.

. L'observation des branchies est beaucoup moins facile ; pendant quelque temps, j'ai cru qu'elles n’existaient pas.

Cependant, en embrochant le vitellus dans une fine épingle, _de façon à le lenir écarté du cou, on peut très-bien les voir à - la loupe, et même, sous certain jour, une lentille Codington permet de discerner les globules fort gros cheminant par sac- cades dans ces étroits conduits.

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SUR LE TAPIR DE BAIRD ;

Par M. Paul GER V AIS,

On n'a connu, pendant longtemps, qu’une seule espèce de Tapirs, celle qui est répandue dans une grande partie de l'Amérique méridionale et que l'on a appelée tantôt Tapirus americanus, à cause de sa provenance, tantôt Tapirus terrestris, parce que Linné l'avait inscrite sous le nom d'Hippopotamus terrestris dans son Système de la nature; nous la recevons le ! plus habituellement du Brésil, et elle n’est pas rare dansles ménageries. Il en est déjà question dans les premiers auteurs qui ont écrit sur l'Amérique.

Une seconde espèce, bien distincte de celle-là, a été observée dans l'Inde, à Sumatra et à Malacca, durant les premières années de ce siècle. Elle a été successivement nommée Tapirus indicus, T. sumatranus, T. malayanus et T. bicolor ; le des Chinois n’en diffère peut-être pas. G. Cuvier (1) et de Blain- ville (2) ont donné des détails ostéologiques à son égard.

Une troisième espèce qu’il est à la fois aisé de distinguer de cette dernière et de la précédente a été découverte par M. Roulin, dans les Andes de la Nouvelle-Grenade ; et on la retrouve dans celles du Pérou. Elle a été décrite par ce savant, en 1829, sous le nom de Tapirus pinchaque (3); on l'a aussi appelée T. pinchacus, T. Roulini et T. villosus.

D’autres animaux du même genre ont été signalés plus ré-

(1) Ossements foss., t. 11, p. 256. (2) Ostéographie, genre T'apirus. (3) Ann. sc. nat., 1r° série, 1. XVII, p. 107; 1829.

TAPIR DE BAIRD. 23 cemment comme constituant aussi des espèces particulières. Ainsi, M. Gray a décrit (1) sous le nom de Tapirus Lauril- lardi, comme étant dans ce cas, un crâne conservé au collége des chirurgiens de Londres, et il a été indiqué dans l’Amé- rique centrale, à Panama, une espèce encore différente qui a été appelée Taprrus Bairdu (2).

A en juger par les figures publiées par M. Gray, le Tapirus Laurillardi ne paraît pas se distinguer sensiblement du T. ame- ricanus ; mais il n'en est pas de même du T. Bairdu. Celui-ci ne se laisse confondre ni avec le Tapir indien, ni avec les deux espèces du même genre précédemment décrites comme habi- tant l'Amérique méridionale. C’est ce dont on pourra s’assurer

en comparant les figures que nous donnons de son crâne avec celles des espèces dont 1l vient d’être question (T. americanus,

pinchaque et indicus), publiées par de Blainville dans son Os- téographie du genre Tapir. A ces espèces, dont trois sont actuellement propres à l'Amé-

Malaisie, à Malacca el à Sumatra, nous devrions ajouter, si nous faisions l’énumération complète des animaux de ce genre qui

à ont été signalés par les naturalistes, ceux dont on a découvert,

en Europe, des débris fossiles dans les terrains miocènes et plio- cènes (3); mais ces derniers, d’ailleurs faciles à rapporter au

(1) Proceed. zool. Soc. London, 1867, p. 881, av. fig.

(2) Gill.

(3) Voici l'indication des principaux gisements ils ont été observés :

Pliocène d'Issoire (Puy-de-Dôme) : Tapirus arvernensis, Devèze et Bouillet. Pliocène de Vialetie (Haute-Loire) : 7, elegans, Pomel; 7’. Vialetti, Ay-

_mard. Pliocène des environs de Montpellier (Hérault) : 7. minor, Cuvier.

Miocène de Vaumas (Allier) : 7, Poirieri, Pomel. Deux autres localités françaises, l’une et l’autre également miocènes, sont indiquées par M. Jourdan : Lucenay, près Anse (Rhône), pour le 7, intermedius, Jourdan, et Arques, près Gray (Haute-Saône).

. Le genre Tapir est aussi représenté dans le grand dépôt ossifère d’Eppelsheim {(Hesse-Darmstadt) : 7. priscus, Kaup.

2! PAUL GERVAIS.

genre de Jumentés qui nous occupe, n'ont pas encore pu être comparés, d’une manière assez complète, aux Tapirs existant de nos jours, et l’on ne peut se faire une idée suffisamment exacte des caractères qui leur sont propres, d'après les dents et les os que l’on en a recueillis.

On n’en possède pas de crânes entiers, et c'est cependant sur cette région squelettique que repose principalement la diagnose des espèces actuelles.

Des différences dans la forme du crâne permettent, en effet, de séparer assez nettement les uns des autres les Tapirus ame- ricanus, pinchaque et indicus. Le T. Bairdn peut aussi être caractérisé par des particularités empruntées à la même partie du squelette ; c’est ce que l’on reconnaîtra aisément par l’exa- men des figures du crâne de cet animal qui composent notre planche I, surtout si on les compare avec celles des autres animaux du même genre publiées par de Blainville et avec celles données par M. Gray (1) de son Tapirus Laurillardi, qui ne nous parait ne pas différer sensiblement du T. americanus.

Le crâne du Tapirus Bairdü est plus allongé que celui des trois autres espèces (T. americanus, pinchaque et indicus), sur- tout dans ses régions maxillaire et incisive, qui sont plus al- longées; il est également plus étroit, et ses deux surfaces tem- poro-pariétales ne sont pas resserrées et remontées en une crête arquée comme dans la première de ces espèces. Le trou naso-palatin y est plus allongé, et, ce qui est surtout remar- quable, les os propres du nez sont beaucoup plus petits.

Ils ne font au devant des frontaux qu’une saillie longue de 0,025 sur 0,019 de large vers son premier tiers (2).

(4) Proceed. zool, Soc. Lond., 1867, p. 881. Catal. brit. Museum, Car-

nivorous, elc., L. 257 et 258.

(2) Les mêmes os mesurés comparativement chez les autres espèces donnent : pour le Tapirus indicus, 0,12 sur 0,10; pour le 7, pinchaque, 0,11 sur 0,075; pour le 7°, americanus, 0,10 sur 0,065.

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TAPIR DE BAIRD. 25 outre, leur base n’est pas séparée par une pointe envoyée par les os du nez comme chez le Tapir des Indes et le Tapir ordi- naire. La disposition de cette jonction des os nasaux avec les frontaux est également différente dans le Pinchaque. On voit, en outre, de chaque côté des os frontaux du Tapir de Baird, au point d'insertion de la trompe, une excavation contournée qui se prolonge sur la branche maxillaire des mêmes os, mais en occupant une moindre étendue que chez le Tapir de l'Inde et sans que les os du nez, ici très-réduits, contribuent à former celte excavation ou l’entament, comme cela a lieu chez les __ Tapirs indien et pinchaque. Le Tapir ordinaire est encore dif- __ férent sous ce rapport, la double fossette que nous décrivons étant resserrée de chaque côté entre la partie basilaire des os - du nez et la branche montante des maxillaires. La région 4 occipitale a aussi plus d’analogie avec celle des Tapirs pin- chaque et indien qu'avec celle du Tapir ordinaire, et la fente _ intermaxillaire se prolonge sur une étendue plus considérable que dans les autres espèces; elle est en même temps plus k étroite et contribue à donner à la face supérieure du crâne une apparence particulière. Le rebord qui la limite à droite et _ à gauche se relève en avant des fosses nasales de manière à * former une double crête placée au-dessus des trous sous- orbitaires, ce qui n’a pas lieu chez les autres espèces. D’autres caractères, mais qui sont d'une moindre impor- tance, pourraient être également signalés. Nous nous borne- rons à indiquer la longueur de la barre qui est de 0,05. Celle des six premières molaires, les seules qui aient encore paru _ hors des gencives, est de 0,125. La barre inférieure mesure 0,05 et les cinq premières molaires inférieures 0,11. É La mâchoire inférieure du Tapir de Baird est sensiblement plus longue et plus grêle que celle des autres espèces du même genre; sa partie symphysaire est un peu plus allongée, mais relativement assez forte.

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M. Gill regarde le Tapirus Bairdi comme devant constituer : à 1 un genre à part, auquel il a donné le nom d’Elasmognathus, manière de voir que M. Gray a acceptée en élevant même ce genre au rang de tribu sous le nom d’'Elasmognathine. Pour M. Gray (1), les Tapirus americanus, Laurillardi et Pres constituent le véritable genre Tapirus, et le Tapirus indicus devient, à son tour, le type d’un autre genre, pour lequel ce +0 naturaliste réserve le nom de Rhinochærus, déjà employé par à Wagner. Les genres Tapirus et Rhinochærus réunies deviennent la tribu des Tapirinæ, et l'ancien genre Tapirus, ainsi partagé en trois, répond alors à la famille des Tapiridæ. ,

Si l'on admettait ces distinctions, on devrait remarquer qu le Pinchaque diffère presque autant du Tapir ordinaire ges des Tapirs indien et de Baird. |

PLANCHE 1.

Tarim DE BairD (Tapirus Bairdu).

Crâne d’un sujet non encore adulte, provenant de Panama. Fig. 1, vu de profil ;

Fig. 2, vu en dessus ;

Fig. 3, vu en dessous.

Ces figures sont réduites à + de la grandeur naturelle.

(1) Catalogue Brith. Museum, Carnivorous, etc., p. 252; 1869.

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ANALYSES D'OUVRAGES ET DE MÉMOIRES.

I. MURIE (James) : MÉMOIRES RELATIFS A L'ANATOMIE DES ANIMAUX, publiés dans différents recueils.

On doit à M. Murie une intéressante série de Mémoires re- latifs à l'anatomie des Mammifères et des Oiseaux, dont nous croyons utile de rappeler ici les titres en donnant de courtes indications au sujet de plusieurs d’entre eux. Ils ont paru dans différents recueils anglais, particulièrement dans les Proceedings et les Transactions de la Société zoologique de Londres. Ce sont les suivants :

Notes supplémentaires sur le Cercopithecus erythrogaster , Gray (Proceedings of the zoological Society of London, 1866,

p. 380). = Observations sur les Macaques, tirées du Macacus mau- rus de F. Cuvier et Blainville (ibid.).

Cette espèce est bien distincte du Cynopithecus nager.

Anatomie des Lémuriens. En commun avec M. Saint- George Mivart (Trans. zool. Soc. London, t. VII, p. 1 à 113, pl. vi).

Sur les organes femelles et les parties molles de l'Hyæna brunnea (Trans. id., t. VIE, p. 503 à 512, pl. Lx). :

Sur le Cuon dukkunensis de l'Inde : Examen analomique d’une femelle de cette espèce (Proceed. id., 1872).

Recherches sur l'anatomie des Pinnipèdes :

1'« partie : Anatomie du Morse (Trichecus rosmarus) (Proceed. id., 1870, p. 544 et Trans., t. VIIL, p. 411 à 464, pl. Li à ui).

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28 MURIE.

partie : Anatomie descriptive du Lion marin (Otarsa ju- bata) (Trans. id., t. VIT, p. 527 à 590, pl. Lxvu à Lxxm).

Nous donnons sur notre planche 51 des figures de la myo- logie de l’Otarie empruntées à ce Mémoire (1).

partie : Sur le Phoca groenlandica, Muller ; Ses modes de progression et son anatomie (Proceed., id., 1870, p. 604, pl. xxxn).

Sur le Tapir malais : donnant la myologie et la descrip- tion de plusieurs des viscères de cet animal (Journ. Anat. and

{1} Anatomie du LAMANTIN (Manatus americanus) : PI. u, fig. 1-5. Ana- tomie du LioN MARIN (Olaria jubata) : ibid., tig. 6-8.

Voici l'explication des figures pour l’une et l’autre espèce.

Myologie : a, peaussier de la mâchoire inférieure.—a!, peaussier du cou. a”, peaussier du ventre. b, élévateur de l’aile du nez. b', élévateur de la lèvre supérieure. c, abaisseur de l’aile du nez. —c', abaiïsseur de la narine. d, orbiculaire des lèvres.— d', orbiculaire des paupières.— e, zygomatique. f, buccinateur. g, temporal.— À, masséter.— à, digastrique.— j, sterno- hyoïdien. j', sterno-mastoïdien, k, splénius. 1, céphalo-huméral. m, complexus, n, trapèze.— 0, rhomboïde.— p, sacro-lombaire. g, long- dorsal.— r, élévateur interne de la queue.— r', élévateur externe de la queue. —$s, sacro-coccygien.— s', lombo-coccygien.—s"", ischio-coccygien.— s'!, infra- coccygien. 1, grand dorsal. u, grand pectoral. w’, petit pectoral. v, grand droit abdominal. æ, grand oblique.— x', petit oblique.— y, trans- verse. 1, dorso-épitrochléen.— 2, sous-épineux.— 3, deltoide. 4, brachial antérieur. 5, triceps.— 6, long-supinateur. 7, radiaux. 8, cubital anté- rieur. 9, extenseur commun des doigts. 10, extenseur propre du pouce et de l'index. 11, extenseur du petit doigt. 12, grand palmaire. 1%, petit palmaire.— 13, cubital postérieur.— 14, fléchisseur sublime. 15, fléchisseur profond et long fléchisseur du pouce.— 16, jambier antérieur.— #7, long péro- nier.— 18, extenseur commun des orteils.—19, court abducteur du petit orteil. 90, jambier postérieur. 21, soléaire. 22, fléchisseur du gros orleil. 93, long fléchisseur des orteils.— 23’, court fléchisseur des orteils.— 24, plan- taire. 25, interosseux.

Organes divers : c a, canal auditif externe.—s m, glande sous-maxillaire. pa, glande parotide.— Tr, trachée-artère. ma, mamelles.— r a, réseau ad- mirable de l’artère mammaire. vu, vulve., an, anus.

Il sera question de la figure 3, représentant le cerveau du Lamantin, dans le Mémoire concernant les formes cérébrales propres aux Mammifères marins qui paraîtra dans une des prochaines livraisons.

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ANATOMIE DES ANIMAUX. 29 Physiol. de Humpbhry et Turner, t. VI, p. 131, pl. vinr-x).

Sur la forme et la structure du Lamantin d'Amérique (Trans. zool. Soc. London, t. VII, p. 127 à 209, pl. xvn à XXVI).

Plusieurs des figures de ce Mémoire sont reproduites sur notre planche 11.

Sur les cornes, les viscères et les muscles de la Girafe, avec un rapport sur l'autopsie de deux animaux de cetle espèce morts dans un incendie (Ann. and Mag. of nat. Hist., 1872, p. 177, pl. var, et vu. Notes sur l’anatomie du Prongbuck, Antilope americana (Proceed., 1870, p. 451).

_ Détails anatomiques accompagnés de figures dans le {exte.

Sur l'anatomie du Saïga, Saiga tartarica (Proceed., 1870, p. 451).

Du rang que le Sivatherium giganteum doit occuper dans la classification (Geol. Mag., t. VIIE, p. 438, pl. xn et xur; 1871). |

M. Murie admet que les principales affinités de ce gigan- tesque Ruminant le rapprochent du Saïga.

.— Sur un cas de variation des bois dans le Cervus (Panolia) Eldi (Proceed., 1870, p. 611).

Sur le sternum et les viscères du Scotopelia Peli, de la famille des Strigidés (Journ. of Anat. and Phys., t. VI, p. 170, pl. x1).

Mémoire sur le Rhinochetus jubatus (Trans. zoo. Soc. London, t. VII, p. 465 à 492, pl. Lvi à Lvn, et Proceed., 1871, p. 647 (addition).

Il est aussi question, dans ce Mémoire, de l'Eurypyga helias et du Savacou (Cancroma cochlearia).

Sur le genre Colius : Structure et rang dans la classifica- tion (Jbis, 1872, p. 262, pl. x).

Sur le squelelte du Todier, g. Todus, avec des remarques

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30 JOBERT. Ù | sur les affinités de cet Oiseau (Proceed. , 1872, p. 664). | Sur les Momots des genres Momotus, Urospalha, Barypthen- gus, Hylomanes, Prionirhynchus et Eumomota, avec des re- marques sur leurs affinités (Jbis, 1872, p. 384 à 412, pl. xm à xv). , 26 CE Sur les appendices crâniens et les caroncules du Trago- pan (Ceriorms satyra) (Proceed., 1872, p. 730, pl. xu et xuu).

IT. JOBERT : LES ORGANES DU TOUCHER CHEZ DIVERS MamarèRes, Oiseaux, Poissons er Inxsecres. (Thèses de la Faculté des sciences de Paris, 339; 1872.)

M. Jobert termine ce travail par les remarques générales qui suivent. « En entreprenant l'étude des organes du tou- cher, j'avais voulu rechercher si, dans les appareils qui chaque jour, devant nous, servent aux animaux à l'accomplissement de cette fonction, on retrouverait des corps nerveux termi- naux analogues à ceux que possède la main de l'Homme. La queue prenante des Singes, la patte du Raton laveur, les pattes des Perroquets, les becs et la langue des Fringillidés, ont montré qu'entre la fonction du toucher et la présence des corpuscules terminaux il existe d’étroites relations, et que, de plus, les différences de structure entre ces divers petits organes sont loin d’être aussi considérables qu'on l’a dit, car on ren- contre des transitions insensibles entre eux. Comme je l'ai montré, les corpuscules de Pacini interpapillaires du Raton laveur diffèrent peu de ceux des Oiseaux. Chez tous les ani- maux que j'ai étudiés, ce sont toujours les mêmes parties de l'organisme (la queuc prenante fait exception cependant) qui sont adaptées au toucher, quels que soient, du reste, les instru- ments chargés de recueillir et de transmettre les impressions, et ce sont celles qui avoisinent la bouche, à savoir : les lèvres, l'extrémité du boutoir, les barbillons, les palpes, qui sont

4

ORGANES DU TOUCHER. 31 4 chargées de ce soin. De plus, dans les Vertébrés, une loi, qui & ne varie pas, montre que les extrémités des membres de- ? viennent les agents de cette fonction, agents imparfaits d'abord, : quoique sensibles, car chez la plupart d’entre eux ils servent | en même temps la locomotion; cependant on les voit se __ perfectionner de plus en plus à mesure que le principe si vrai de la division du travail est mis en application par la ke nature. à à | « Chez les Singes anthropomorphes, les mains antérieures

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peuvent, accidentellement il est vrai, ne servir qu’à la pré- :. hension et au tact; mais chez l'Homme il n'en est pas ainsi, ni notre main est l'instrument du toucher par excellence. Que s. voit-on chez les Poissons ? Les nageoires paires, ces organes 4 du mouvement, sont destinées, en certaines de leurs parties, ‘4 _ celles qui sont le plus en contact avec les corps extérieurs, à 4 _ servir au toucher actif; mais ces parties sont liées aux autres ‘4 d'une facon intime, la fonction ne peut s'exercer que diffici- fe lement. Le principe de la division du travail intervient ; bien- *

tôt les nagcoires ventrales, par exemple, changent de place ;

en même temps leurs parties tactiles s’allongent, déjà elles sont libres dans leur extrémité inférieure (Gades), et chez les Ophidium elles sont indépendantes, isolées l’une de l'autre, et avec elles l'animal, comme avec une main qui serait réduite à deux doigts, explore le fond de l’eau et recherche ses ali- ments. Ce que je viens de dire s’applique à la nageoire peclo- rale et à la nageoire dorsale.

« Au point de vue physiologique, on voit que la nature, dans la formation des organes du toucher, emploie toujours des procédés identiques ; au point de vue anatomique, on peut constater une uniformation des modes de terminaison des nerfs dans les appareils. Corpuscules terminaux, poils, termi- naisons interépithéliales, on ne trouve pas autre chose, et de plus, si l'en examine d’après certains de ces modes interépi-

32 BRUHL. théliaux, on ne peut s'empêcher de les rapprocher des poils tactiles. .

« Chez le Tatou, chez la Chauve-Souris, on peut voir les

transitions entre les follicules pileux et les amas de cellules de

Malpighi placées dans les cupules du derme. Chez les Tatous ne trouve-t-on pas les poils et les organes terminaux entre- mêlés? Que l’on étudie la formation des poils tactiles du bou- toir du Porc à un certain moment de la vie fœtale, n'a-t-on pas devant les yeux une cupule dermique hyaline remplie de cellules en connexion avec les nerfs ? Le poil à cet âge n'existe pas encore, on croirait voir un des corps terminaux que l'on trouve chez le Tatou adulte. Ces organes seraient-ils des poils ayant subi un arrêt de développement? Entre les poils du tact, trouve-t-on, au point de vue de la structure, des différences considérables ? Qu'ils possèdent ou non le sinus sanguin et le corps spongieux, les nerfs viennent former autour d'eux un collier au milieu duquel passe la tige qui vibrera au contact des corps et transmettra l'effet du contact. Chez les Insectes, le mode d'action est plus difficile à saisir, mais cependant j'ai montré qu'il devait en être à peu près de même, à cause de la présence du long filament qui va du poil au renflement ner- veux qui est au-dessous de lui. »

III. BRUÜHL : LonG EXTENSEUR SURNUMÉRAIRE DU GROS ORTEIL (Gazette médicale hebdomadaire de Vienne; année 1871, 151).

M. Brühl a observé sur une Femme de suixante-deux ans un pelit faisceau musculaire qui s’insérait sur la face dorsale du péroné au-dessous du long extenseur du pouce. Ce faisceau envoyail une expansion sur le long extenseur, puis se termi- nait par un tendon qui gagnait le tarse, et un peu en arrière de l'articulation astragalo-scaphoïdienne, et se divisait en

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deux tendons grêles, dont l’un, glissant sur la face profonde du long extenseur, suivait le bord interne du tarse et du mé- tatarse pour aller se fixer au côté libial de la base de la pre- mière phalange du gros orteil, tandis que l’autre marchait le long du tendon du long extenseur pour aller se fixer au côté péronéal de la base de la même phalange sur le tendon du court extenseur, c’est-à-dire du muscle pédieux.

M. Henle a observé un muscle semblable, mais dont le ten- don ne s'insérait qu'au côté lübial de la phalange. Meckel, d'autre part, a vu un cas le tendon s'insérait au côté péro- néal des deux phalanges ; il avait émis l'opinion que ce muscle remplaçait peut-être le court extenseur; mais cela ne peut pas être admis pour le sujet examiné par M. Brühl, le court extenseur exislait aussi.

(E. Aux.)

IV. TRAVAUX RÉCENTS RELATIFS AUX CÉTACES.

Les Cétacés, soit ceux du sous-ordre des Cétodontes, soil les Mysticètes ou Balénidés, ont été tout récemment l'objet de plusieurs publications importantes parmi lesquelles nous si- gnalerons les suivantes :

1. Mau (A. W.): Hvaldjur à sveriges Museer, ar 1869 ; av. pl., Stockholm, 1871. L'auteur donne la liste suivante des Cétacés observés sur les côtes de la Suède : Balæna mysticetus ; Hunterius Svedenborgu, Lilljebg. ; H. glaciahs (B. gl., KL); Megaptera longimana ; Eschrichtius robustus, Lillj. ; Physalus musculus ; Cuvierius Carolinæ, Malm ; Rudolphius laticeps, Gray ; Balænoptera rostrata ; Catodon macrocephalus ; Delphinus delphis ; Tursio truncatus ; Electra acuta ; Lagenorhynchus albi- rostris ; Pseudorca crassidens ; Phocæna communis ; Orca gladia- tor ; O. minor, Reinhardt; O0. Eschrichin, Steenstr.; Globice- phalus suineval ; Beluga catodon ; Monodon monoceros ; Hyperoo-

JOURNAL DE Z0OLOGIE, T, I]. 1873. 3

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don butskopf ; Lagenocetus borealis ; Ziphius cavirostris et Mi- cropteron bidens.

Les squelettes des Ziphius cavirostris et Micropteron bidens (Mesoplodon sowerbensis), provenant des côtes de Suède, sont conservés au musée de Gothenbourg.

L'auteur doune aussi des détails sur plusieurs espèces étran- gères aux régions septentrionales, d'après des préparations conservées dans les musées suédois ; nous citerons parmi les plus rares :

Physalus antarciicus, Pontoporia tenuirostris (Stenodelphis

Blainvillu, P. Gerv.; Pontoporia Blainv., Gray); Neomeris phocænoides, etc.

Un chapitre spécial est consacré à la description des os du carpe des espèces observées par l’auteur.

Six planches sont jointes à ce Mémoire.

2. K\ox (P. J.) et Hecror : Observations sur les Ziphidés (New-Zeelande Institut, t. AIT, p. 125). Il s’agit d’un Bérar- dius supposé nouveau (B. Hector) et d'un Mésoplodon, éga- lement regardé comme tel (M. Hectoru).

3. FLower (W. H.) : Sur les Ziphioides récents, avec une description du Berardius Arnouxn (Trans. zool. Soc. London, t. VILLE, p. 203 à 234, pl. xxvir à xxx). Le crâne du Berar- dius Arnouxu, Duvernoy, était seul connu ; M. Flower décrit le squelette entier de cette curieuse espèce d’après un exem- plaire conservé au musée huntérien de Londres (collége des chirurgiens). Il y ajoute quelques remarques sur les autres Liphioïdes et en particulier sur le Ziphius cavirostris.

Nous reviendrons sur cet important travail dans le chapitre de l'Ostéographie des Cétacés, qui sera consacré aux mêmes animaux.

4. Gray (J. E.) : Supplément au Cataloque des Phoques et dés Cétacés | Seals and Whales) du Musée britannique (in-8 ; Londres, 1871).

TURNER. 35

En ce qui concerne les Cétacés, l'auteur complète les syno- nymies consignées dans son Catalogue de 1866 par l'indication des ouvrages ou mémoires publiés plus récemment. I donne aussi quelques indications nouvelles, particulièrement sur le Balæna marginata de la Nouvelle-Zélande, dont il fait un genre nouveau sous le nom de Neobalæna. Une Note de lui, relative à ce Cétacé, a paru dans les Transactions de l’Institut de la Nouvelle-Zélande.

5. Une autre Note de M. Gray, imprimée dans les Annals and Magazine of natural History, série, t. XI, p. 17, 1873, a trait au Berardius et à quelques autres Cétacés ziphioïdes. L'auteur y rappelle les principales conclusions posées par M. Flower dans le Mémoire cité plus haut. Il y parle aussi des Hyperoodon Doumeti et Gervais, qui ne sent que des Zi- phius cavirostres, et du Mesoplodon longirostris, Krefft, Cétacé pris à peu de distance de Sidney, dont il propose de faire le type d’un nouveau genre sous le nom de Callhidon Gunther.

Une autre Note de M. Gray, également insérée dans les Ann. and Mag. of nat. Hist. (janvier 1873, p. 75), a trait au Mac-

leayius australiensis, Gray, espèce de Balénidés propre aux pa- rages de la Nouvelle-Zélande.

6. Turner : Sur l'existence du Ziphius cavirostris aux îles Shetlands et comparaison de son crâne avec celui du Mesoplodon Sowerbyi (Trans. r. Soc. Edinburgh, t. XXVI, p. 759 à 780, pl. xxix et xxx; 1872).

Après avoir rappelé que le Ziphius cavirostris, longtemps considéré comme une espèce éteinte, a été relrouvé vivant dans la Méditerranée par M. P. Gervais, et que des animaux analogues ont été signalés sur différents points de l'Océan Atlantique et ailleurs, M. Turner décrit un Cétacé de ce genre qu'il s’est procuré aux Shetlands, et il le compare au Dauphin de Sowerby (Mesoplodon sowerbensis, P. Gerv.). Les localités l'on a constaté la présence de Ziphius cavirostres sont ensuite

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36 PSEUDORQUES.

énumérées par lui; ce sont les suivantes : Fos, Bouches-du- Rhône (G. Cuvier); Aresquiès, Hérault (P. Gervais); Corse (Doumet) ; Cap de Bonne-Espérance (Van Beneden, Gray et Owen); Arcachon (Fischer) ; Buenos-Ayres (Burmeister) ; Ville- franche (Hœckel, Musée d’Iéna); Shetlands (Turner).

M. Turner ajoule à celte liste le Ziphius du Musée de Pise, que nous avons, en effet, reconnu pour un animal de ce genre, et celui des côtes de Scandinavie, conservé au Musée de Go- thenbourg dont il a été question plus haut. J'avais également signalé, dans mon Mémoire sur le Ziphius d’Aresquiès, deux autres exemplaires de cette espèce de Cétacés, l’un de Nice (Delphinus Desmarestiü, Risso), l’autre du détroit de Messine (D. Phlippui, Cocco).

La plupart de ces Ziphius sont représentés dans l'Ostéogra- phie des Cétacés, sur la planche xx, publiée depuis quatre ans ; leur énumération descriptive sera donnée dans le texte du même ouvrage.

7. On trouvera dans le premier volume du Journal de Zoologie le résumé des observations faites par M. Turner sur le Balænoptera Sibbaldü, échoué à Longniddry, en Ecosse (1), et de celles de M. Van Beneden sur les Balénides fossiles du crag d'Anvers (2).

8. Renmarot (M. J.) : Quelques mots sur le Pseudorca Grayi, Burm. (Videnshabelige Meddelelser naturh. Forening ; Copen- hague, novembre 1872) (3).

« L'auteur a énoncé autrefois que la tête du Dauphin sur lequel M. Burmeister établissait son Globicephalus Grayi doit être rapportée au genre Pseudorca; et cette opinion a été plus

(1) P. 70, pl. 1v.

(2) P. 407.

(3) Travail publié en danois sous le titre de : £t Par Ord om Pseudorca Grayi, Burm. Nous reproduisons l'analyse, rédigée en français, qui en a été donnée par l’auteur.

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REINHARDT. MT:

tard approuvée par M. Gervais (1) et par M. Burmeister lui-

. même. De plus, ce dernier a essayé de soutenir que le Pseu-

dorca Grayi diffère des deux espèces plus anciennes de ce genre, tout en étant plus rapproché du P. meridionalis que du P. crassidens. Les huit raisons alléguées par M. Burmeister à l'appui de cette opinion ont été pour M. Reinhardt l’objet d'une critique détaillée, dont voici les points les plus sail- lants : |

a). À en juger d'après les dessins publiés, représentant la tête du Pseudorca Grayr, sa conformation dans son ensemble offre, contrairement à ce qu'en pense M. Burmeister, une ressemblance notablement plus grande avec celui du P. cras- sidens qu'avec celui du P. meridionalis, tant par la forme du museau que par le rapport de grandeur existant entre le crâne et le museau. Si l’on s’en rapporte aux mesures données des têtes de ces espèces, on arrivera au même résultat.

b]. Que l'os imtermaxillaire doit remonter un peu plus loin en arrière que le gauche, en entourant la narine droite, c'est ce qui peut se dire tout aussi bien du P. crassidens (cfr. le dessin, p. 115, dans les Bulletins de la Société royale des Sciences, 1862) que du P. Grayi. |

c). Les Dauphins peuvent, en effet, offrir des traits dis- tincüfs bien prononcés, en quelques cas même d’une valeur plus que spécifique, dans l'étendue plus-ou moins grande les maxillaires sont couverts par les intermaxillaires, aux en- virons des narines, comme par exemple chez le Beluga et chez le Monodon, une bande des maxillaires reste découverte, non-seulement par devant, mais aussi aux côtés des narines, de sorte que les intermaxillaires ne contribuent point à les border. Il se montre pourtant que la différence entre les P. Grayi et meridionalis d’un côté et, de l’autre, le P. crassi- dens, différence que M. Burmeister a voulu signaler dans les

(1) Journal de Zoologie, 1. I, p. 68.

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38 REINHARDT.

petits coins des maxillaires qui apparaissent immédiatement devant les narines, de chaque côté de la lame perpendiculaire de l'ethmoïde, n’est pas fondée. Chez les deux exemplaires du P. crassidens qui se trouvent dans le musée de Copenhague, le coin droit est plus grand que le gauche; et, chez l'un d'eux, ils sont à peine aussi grands que la moitié de ceux de l’autre.

d). Selon M. Burmeister, le P. Grayi doit se distinguer en ce que le haut tubercule de derrière manque à ses os nasaux, tandis qu'ils doivent avoir un profond sillon diagonal qui les divise en deux. Cependant, il paraît que ce caractère tient à une erreur. Les nasaux se sont probablement détachés et sont tombés, dans l’exemplaire originaire du P. Grayi, et ces sillons ne sont que les fosses des frontaux dans lesquelles ils ont été enchâssés. 3

e). « La pointe des pariétaux réunis » (M. Burmeister j devrait dire : de l’interpariétal), s’intercalant entre les os fron- taux, est, chez le P. crassidens, d’une forme tantôt plus courte et plus obtuse, tantôt plus longue et plus effilée; la suture entre cette pointe et les frontaux est, en général, courbée et torlueuse d’une façon très-irrégulière. Voilà pourquoi de É quelques petites variations de celle conformation on ne saurait | recueillir de sûrs traits distincüifs.

f). Le nombre des dents du P. crassidens est, chez les 10—10 10—9 9—9 9—9 8—8 10—10? 10—10° 10—10° 9—9 °" 10—10: Ainsi il ne sera possible de tracer par ce caractère aucune limite entre les espèces du genre Pseudorca.

q). Quand ensuite M. Burmeister allègue qu'aucune des espèces antérieurement établies n'a les dents aussi grosses et aussi usées que le P. Grayi : du fait que les dents du crâne sur lequel il a fondé sa nouvelle espèce sont devenues si plates par l'usage, on ne devra sans doute conclure rien de plus qu'un caractère provenant de l'âge, ou bien une circonstance

divers exemplaires :

PSEUDORQUES. 39.

tout individuelle, qui résulte de la manière dont les dents

des deux mächoires ont agi les unes contre les autres, au lieu de s’emboîter comme de coutume dans les intervalles corres- pondants, phénomène individuel qu’on peut observer aussi chez d’autres espèces de Dauphins à dents grandes et épaisses (Tursio, Orca).

h). Sur deux des exemplaires du P. crassidens jetés par la mer sur les côtes danoïses, comme sur le P. Grayi, on peut parfaitement voir une bande étroite du vomer dans une fente qui se creuse entre les maxillaires. Chez le troisième exem- plaire, au contraire (comme chez le P. meridionals), on ne voit rien du tout de cet os.

« À voir la différence qui semble exister dans le contour du crâne et dans les rapports du vomer, on pourrait sans doute, du moins pour le moment, conclure que le P. Grayi est, en réalité, différent du P. meridionalis. D'autre part, on n'a jus- qu'ici signalé aucun trait distinctif palpable entre les P. Grayi

et crassidens ; en attendant, on n’est donc pas bien autorisé à

les déclarer différents entre eux. Cependant, M. Reinhardt ne veut pas par contester absolument que des traits distinctifs réels ne s’y pussent trouver, si le crâne mème provenant de l'Amérique méridionale pouvait être comparé immédiatement à ceux d'Europe. On ne peut nier non plus que la grande dis- tance qui sépare les lieux on les a trouvés ne soit de nature à éveiller des soupçons d’une différence spécifique.

« Enfin M. Reinhardt discute les grands Dauphins que M. Burmeister observa en 1850 dans l'Atlantique, à quelques degrés au nord de la ligne, et qu'il crut être des Globicéphales. À ce sujet, l’auteur soutient spécialement que la forme des na-

geoires dorsales parle en faveur de l’opinion que c’étaient des

Pseudorca plutôt que de véritables Globicéphales. »

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V. DELFORTRIE : Les GITES DE CHAUX PHOSPHATÉE DANS LE DÉPARTEMENT DU Lor (1); leur faune, le mode et l'époque probables de leur formation. (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXVIIT, livr. ; 1873.)

Les fossiles signalés par M. Delfortrie proviennent du gite de Beduer. Il les rapporte aux genres Tapir, Félis et Hyène, ainsi qu'à un Chéiroptère, voisin des Rhinolophes et des Rhi- nopomes, auquel il donne le nom de Vespertilio oltinus. Il y a aussi dans ce gisement diverses espèces de Mollusques, parmi lesquels M. Gassie a reconnu :

Deux individus appartenant à la famille des Cyclosto- macés, constituant deux espèces, mais indélerminables, car la partie caractéristique, l'ouverture, manque complétement. Chez la première, M. Gassies croit voir un Cyclostome de la section des Choanopoma qui vivent actuellement dans les îles de Cuba, de la Jamaïque, elc.; sa forme est turriculée et pour- vue de stries longitudinales transverses, comme chez le Cyclo- soma chordatum, Gundlach. La seconde espèce, de forme pareille, mais dépourvue de stries, n’est pas déterminée gèné- riquement ; elle est lisse, comme certaines Bythinies françaises et cubaines. 4 A

2 Un Planorbe se rapprochant beaucoup du Planorbis con- tortus, Muller ; cependant, la cavité ombilicale étant beaucoup plus évasée, M. Gassies pense qu il serait imprudent de le rap- porter à cette espèce.

VI. MARSH (0. C.) : IcHTHYORNIS DISPAR, OISEAU FOSSILE PROPRE AUX TERRAINS CRÉTACÉS SUPÉRIEURS DU KANSsAS, ETaATs- Unis (Americ. Journ. of arts and sc., t. V ; février, 1873).

M. Marsh a eu l'occasion d'étudier les restes fossiles d’un

(1) Voir t I, p. 260 ct 280 du Journal de Zoologie, les Mémoires de MM. P. Gervais et H. Filhol sur les fossiles des mêmes dépôts,

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Oiseau très-singulier, découvert dans le terrain crétacé supé- rieur du Kansas (États-Unis) par M. le professeur Mudge. La

taille de l'animal est à peu près celle du Pigeon, mais les

ailes sont plus grandes à proportion, et, bien que Îles carac- tères généraux soient semblables à ceux des autres Oiseaux, les vertèbres cervicales, dorsales et caudales sont biconcaves, particularité spéciale aux Poissons, que l’on observe aussi très-fréquemment dans les Reptiles propres à la période se- condaire, mais que ne présente aucune espèce d'Oiseaux, soil actuellement existante, soit propre à la période tertiaire.

M. Marsh vient de décrire ce nouveau genre dans un des derniers numéros du Journal de Silliman, sous le nom que nous venons d'indiquer. Il lui a reconnu une autre particula- rité non moins curieuse, celle d’être pourvu de dents aux deux mâchoires; ce qui le conduit à en faire le type d’une sous- classe distincte sous le nom d'Odontornithes. ;

VIT. FAYRER : Les THANATOPHIDES (OU SERPENTS VENIMEUX) DE L'INDE (1). (In-fol. av. pl. ; Calcutta),

Nous reproduisons ici le rapport fait sur cet ouvrage à l’Aca- démie des sciences de Paris par M. Dumas, secrétaire perpé- tuel (2). |

« Cet ouvrage, dont l’Académie m'a chargé de lui rendre compte, est accompagné de trente et une très-belles planches ; il contient une étude zoologique complète des Serpents veni- meux de l’Inde.

« Sous le rapport de leurs caractères anatomiques et de leur distribution géographique, je me borne à le signaler aux zoologistes.

(4) The Thanatophida of India.

(2) Compt. rend. hebd., 1. LXXVI, p. 467 (Séance du 24 février 1873).

On trouvera dans la Zoologie médicale de MM. P. Gervais et Van Beneden le résumé des travaux publiés antérieurement sur les serpents venimeux.

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Il renferme une triste statistique des décès causés par la morsure des Serpents, fournie, pour l’année 1869, par les secrétaires des agents politiques des huit gouvernements sui- vants :

Bengale. Provinces centrales. Provinces nord-ouest. Inde centrale. Punjab. Bajpootans.

Oude. British Burmah.

« Ces rapports ne contiennent que les cas survenus dans une partie de l'Inde; car les présidences de Madras et de Bombay ne sont pas comprises dans cette statistique. Si les renseignements étaient complets, on aurait un chiffre de mor- talité beaucoup plus considérable, et cependant, on va le voir, il est déjà énorme.

« Les différentes espèces de Serpents étant classées suivant la gravité relative de leur morsure, le Cobra occupe la première place ; le Knait (Bungarus cœæruleus) vient ensuite. Quant à ces accidents, que les relevés attribuent à des Serpents divers ou non reconnus, ils doivent être rapportés soil au Cobra, soit aux espèces ou genres suivants : Bungarus cœruleus, Hamadryas, Daboia, Bungarus fasciatus, Hydrophis, et quelques-uns à l'Echis carinata et au Trimeresure, quoiqu'il y ait lieu de croire que la morsure de ces derniers entraîne rarement la mort.

« Quand un Cobra, un Hamadryas, un Bungarus ou un Daboia bien portants ont inoculé leur venin, il y a très-peu de chances, si même il en existe, de sauver la personne mordue. Si toutes les morsures ne sont pas mortelles, c’est que le Ser- pent n’est pas toujours dans des conditions qui lui permettent d’inoculer réellement son poison dans la blessure.

« 48 districts du Bengale, pour la seule année 1869, ont eu 6219 morts constatées par suite de morsures de Serpents.

« Sur ce nombre, on complait 2374 personnes du sexe masculin âgées de plus de douze ans, 2576 du sexe féminin

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SERPENTS VENIMEUX DE L'INDE. h3

au-dessus de douze ans, 663 garcons et 606 filles, ce qui fai- sait un total de 3037 personnes du sexe masculin et 3 182 du sexe féminin. | |

« Tous les rapports n'ont pas fourni ces détails. Le nombre des morts constatées sans distinction d'âge ni de sexe se dis- tribue ainsi :

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Bengale, y compris Assam et Orissa, . . 6645 Provinces nord-ouest. .......... 1 995 j'(i1i 108 2e QRRTESNEE LAS ES ORAN BU sue 755 Dadet Han rt aus dut 89205 Provinces du centres, 2.4 sauce 606 LE AMEN El EME ANTON 90 Bts BOAT MEME Le 120

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« Ce total considérable est encore au-dessous de la vérité. Si la police tenait un compte exact des morts occasionnées par la morsure des Serpents, M. Fayrer estime qu’elles s’élèveraient au moins à 20 000 par an, dans tout l'Hindoustan.

« La surface sur laquelle les observations ont été faites re- présente environ le quart de la péninsule de l’Hindoustan, et compte une population de 120 972 263 âmes.

« Le venin des Serpents produit ses effets délétères, soit en paralysant complétement les centres nerveux, ce qui amène une dissolution rapide, soit en les paralysant d’une manière partielle et en empoisonnant le sang, ce qui occasionne des accidents pathologiques complexes et peut, suivant les espèces et les circonstances, produire des symptômes de gravité fort différente (1).

(4) « Il est très-difficile de reconnaitre si l’action sur le système nerveux pré- cède ou suit celle que le venin exerce sur le sang, que je suis porté à considérer comme étant l’action primitive. Ce sujet exige des études approfondies et ne peut être éclairé qu’en constatant par des expériences précises les effets pro- duits par des doses graduées du venin de chaque espèce de Serpents. »

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«Les effets observés dépendent : de la nature du Serpent,

de sa situation au moment de la morsure, de la quantité et de la qualité du poison, des circonstances dans lesquelles la mor- sure à été faite ; de l'espèce, de la taille et de la vigueur de la créature vivante mordue, et des circonstances au milieu desquelles elle recoit la morsure.

« Si le poison des Serpents, quand il a tout son effet, tue en attaquant les sources de la force nerveuse, c’est aussi un poison irritant, car, appliqué sur une muqueuse ou sur la conjonctive, 1l occasionne une inflammation locale violente ; l'absorption ayant lieu, les symptômes de l’empoisonnement général se produisent en même temps.

« Si la créature mordue survit, la blessure et les parties avoisinantes sont affectées de charbon et engendrent la septi- cémie. Le poison entre dans la circulation par absorption, atteint les centres nerveux, et produit, suivant sa quantité ou son intensité, des symptômes locaux ou conslitulionnels, ou même la mort. S'il pénètre par une grosse veine, telle que la jugulaire, la mort peut être presque instantanée.

« Le sang lui-même est affecté par le poison ; l’auteur n'a pas pu y découvrir de changements dans l'apparence des cor- puscules, et il est hors d'état d'en préciser les changements chimiques, mais son altération ne lui laisse aucun doute. Dans les animaux inférieurs, la morsure des vipérides détruit géné- ralement dans le sang la faculté de se coaguler, tandis que, après la morsure des colubrines, le sang se coagule encore après la mort.

« Le sang étant l'intermédiaire par lequel le poison agit, il est certain que le premier objet devrait être d'empêcher celui- ci de pénétrer dans la circulation, de neutraliser son effet s’il a déjà pénétré, ou de procurer son évacuation. L'absorption à lieu si rapidement, qu'on a été jusqu'à supposer que quelques- uns de ces poisons agissaient par la transmission d’un choc

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à travers le système nerveux. En général, il n'y a pas de rai- son, toutefois, de. supposer que le venin agisse autrement qu'en atteignant les centres nerveux après avoir passé par le système vasculaire.

« Le sang reste liquide lorsque la morsure est faite par le Daboia, et se coagule immédiatement quand la morsure est faite par un Cobra.

« Ce que l'on sait de la constitution chimique du poison du Cobra se réduit à l'analyse faite par M. Henri Armstrong, à Londres.

« Le poison qui lui avait été envoyé était contenu dans de petits flacons, et consistait en une sorle de matière sirupeuse brunâtre ; une quantité de gaz s’en échappa lorsqu'on débou- cha les flacons. On examina le poison brut, le précipité pro- duit par l'addition de l'alcool, enfin le résidu de l’évaporation du liquide alcoolique filtré.

« À. Le poison brut, évaporé sur de l'acide sulfurique dans le vide, laissait une masse friable qui, à l’analyse, contenait 43,55 pour 100 de carbone et 13,43 d'azote.

« B. Le précipité blanc produit par l'alcool et séché dans le vide sur l'acide sulfurique constituait une masse d’un brun pâle facile à pulvériser, laissant un léger résidu minéral par lincinération. Ce précipité contenait 45,3 pour 100 de car- bone et 14,7 d'azote.

« Dans un second essai sur d’autres produits, on obtenait 46,0 pour 100 de carbone et 13,9 d'azote;

« Enfin, dans une troisième analyse, 46,0 pour 100 de carbone et 6,6 d'hydrogène.

« On à déterminé le soufre en chauffant le produit avec une petite quantité d'acide nitrique, et, précipitant le soufre à l’état de sulfate de baryte, on en a trouvé 2,5 pour 100.

« C. La solution alcoolique évaporée sur l'acide sulfurique, dans le vide, laisse une masse friable d’un brun pâle, conte-

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nant 43,04 pour 100 de carbone, 12,45 d'azote et 7,0 d’hy- drogène.

_ « Voici les résultats de ces analyses comparés à ceux que fournit l’albumine :

A B C Albumine. DMDONE US ER e 43,55 45,76 43,04 53,5 LA RASE PAF 13,30 14,30 12,45 15,7 Hydrogène. .:.. .!..… » 6,60 7,00 A. Dore ie de ets ce » 2.5 » » DRASS 02 MATE » » » »

« Il convient d'observer que A n'était pas contenu dans les mêmes flacons que B et C.

« Par aucun moyen on n'a pu convertir la matière de ces poisons en produits cristallisables, C'est en vain qu’on a essayé l'usage de divers dissolvants : l’eau, l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone ; aucun d’eux n'a laissé trace de cristaux par l'éva- poration.

« L'acide azotique, l'alcool y déterminent un coagulum ; la chaleur produit le même effet. Les sels de cuivre et la potasse y font naître la coloration violette caractéristique de la pré- sence des matières albuminoïdes.

« Le poison du cobra consiste donc en une liqueur conte- nant des produits albumineux. Il résiste à la décomposition. Les produits bruts envoyés à Londres, conservés en vases fer- més, quoique altérés, n’en avaient pas moins conservé leur aclivité. Le produit brut sirupeux, le même produit desséché dans le vide, enfin l'alcool qui avait formé un précipité dans la liqueur vénéneuse, filtré et évaporé, ont tous les trois offert par leur action sur les animaux les caractères du poison lui- même. |

« D’après les résultats donnés par l'analyse chimique, on serait disposé à rapprocher les venins de ce genre des ferments proprement dits, ainsi qu'on l’a déjà fait pour le virus du

DE CASTELNAU. 47

vaccin, dans ces derniers temps. Mais nous savons bien peu de chose sur ce sujet si digne d'intérêt ; il réclame des expé- riences directes que l’on pourrait effectuer au moyen du venin de la Vipère, comme je m'en suis assuré, autrefois, par des expériences que les circonstances m’obligèrent à interrompre.

« En les résumant aujourd’hui, je serais porté à considérer le venin de la Vipère comme agissant sur le sang directement et sur le système nerveux secondairement. C’est une étude de nature à fournir à la physiologie des résultats importants et à la thérapeutique des moyens d’action nouveaux. Rien ne prouve que, par un emploi raisonné et gradué, ce poison re- douté ne puisse se convertir en utile remède ; rien ne prouve non plus qu'une étude systématique ne puisse pas en faire découvrir le contre-poison. On peut, en tout cas, dans l’état de la science qui permet de les aborder avec fruit, recom- mander de telles recherches avec confiance aux expérimenta- teurs. »

VIIT. DE CASTELNAU ({F.) : CoNTRIBUTIONS À L’ICHTHYO- LOGIE DE L AUSTRALIE (Proceed. of the zoolog. and acclimati- sation Soc. of Victoria, t. T, p. 29 à 248; Melbourne, 1872).

M. de Castelnau, à qui l’on devait déjà de fort bonnes ob- servations relatives aux Poissons de l'Amérique du Sud, donne ici la liste descriptive de 148 espèces, dont il a constaté la présence dans la région de Victoria. Des exemplaires en ont été recueillis par lui sur le marché de Melbourne. Un certain nombre de ces espèces sont inédites, et il en est même qui constituent des genres nouveaux.

Ces genres nouveaux sont au nombre de sept : Murrayra et Riverina, tous deux appartiennent à la famille des Pristipoma- tidés et sont propres au Murray-River; Neotephræops, de

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la famille des Sparidés; Neoplatycephalus, de la famille des Triglidés; Neosphyræna, de la famille des Sphyrénidés; Ri- chardsonia, de la famille des Scomberidés, tribu des Histio- phores, et Neomordaica, voisin du genre Mordiaca, Gray, de la famille des Pétromyzonidés. M. de Castelnau ajoute, à ce Mémoire, des détails sur 27 Poissons provenant du golfe de Saint-Vincent, également en Australie, qui lui ont été remis par M. Waterhouse, directeur du musée sud-australien. Plusieurs de ces espèces sont également nouvelles pour la science, et quelques-unes d'entre elles donnent lieu à la dis- tinclion de genres nouveaux, savoir :

Aploactisoma, voisin des Aploactis de Richardson.— Vincen- tia, comparable aux Chilodipterus, mais sans canines. Hete- roscarus, de la famille des Scaridés. Ophiclinus. Hetero- clinus.

IX. SMITH (Sidney) : Notice SUR LES CRUSTACÉS Re- CUEILLIS SUR LA CÔTE DU Brésiz par M. le prof. C. F. Harr (Trans. of the Connecticut Acad. of arts and sciences, t. IX, part. 1, p. 341 et 143, av. planches ; 1870).

Les articles parus sont consacrés aux Podophthalmes et aux

Ocypodoïdes ; nous nous bornerons, pour aujourd'hui, à en annoncer la publication.

X. VERHIL (A. E.) : Nores sur LES RADIAIRES DU Muséum DE YALE-COLLEGE, avec la caractéristique de genres el d'espèces non encore décrits (Trans. of the Connecticut Acad. of arts and sciences, L. I, p. art. 2, p. 247 à 613, pl. 1v à x; 1867-1871).

Il est traité, dans cette série de Mémoires, des Astéries de la

Nouvelle-Zélande ; des Echinodermes de Lanama et de la

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côte est d'Amérique; de la distribution géographique des Echinodermes sur la côte ouest de l'Amérique septentrionale et de leur comparaison avec ceux des côtes méridionales du même continent; des Coraux et des Echinodermes recueillis

par M. Hart; des Echinodermes recueillis à la Paz (Cali-

fornie inférieure) avec description d'un nouveau genre d'Asté- rides, voisin des Oréasters, que l'auteur désigne par le nom d’Amphaster ; d'une revue des Coraux et des Polypiers de la côte ouest d'Amérique ; de la distribution géographique des Polypes de la côte ouest d'Amérique et des Echinodermes du golfe ainsi que du cap de Saint-Lucas (Californie).

XI CORRE : Sur L'HELMINTHE RENCONTRÉ PAR LES D. WUCHERER ET CREVAUX DANS LES URINES HÉMATO-CHY- LEUSES (Revue des sciences naturelles publiée par MM. Dubrueil et Heckel, t. I, p. 199; Montpellier, 1872).

« Il y a quelques mois, le D. Crevaux, médecin de la ma- rine, publiait un très-intéressant Mémoire sur l’hémaiurie chyleuse, Mémoire dans lequel il donnait la description suc- eincte d'un Ver déjà signalé par Wucherer, à propos de la même maladie.

« Nous devons à l’obligeance de notre jeune et distingué confrère d’avoir pu étudier ce Ver.

« L'animal se rencontre partout au milieu des caillots des urines hématiques; on le trouve aussi, mais plus difficilement, dans les urines chyleuses, sans doute parce qu'il est alors comme perdu au sein d'une quantité de liquide trop considé- rable pour être examinée, d’une manière complèle, sous un fort grossissement. Il est incolore et transparent et se détache

sur la plaque, grâce aux ombres qui résultent de sa forme

cylindrique. Sa longueur est de 0"",200 à 0"",265; sa largeur, à la partie moyenne, de 0°",006 à 0°*,007.

DE ZOOLOGIE. T, II, 4873, [A

50 CORRE.

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« La tête, un peu obluse à son extrémité, nous a paru tantôt en continuité parfaite avec le reste du corps, lantôt séparée du reste du corps par un léger étranglement. Ni le D. Wucherer, ni le D. Crevaux, ne mentionnent de retrécisse- ment cervical ; mais le dernier de ces médecins, sur un des individus qu'il a représentés dans son Mémoire, a reproduit une sorte de cou résultant de l’alternation graduelle du corps jusqu’au renflement céphalique; il signale, en outre, à la tête, l'existence d’un petit point ressemblant plutôt à un amas de granulations qu’à un orifice.

« Le corps proprement dit présente un diamètre assez égal, mais susceptible de s’accroître momentanément vers sa partie antérieure par la propulsion du liquide intérieur, lorsque l'animal se déplace. IL diminue progressivement en arrière, pour se confondre avec la queue.

« Celle-ci est très-effilée, recourbée dans la direction de l'axe du corps.

« Nous n'avons pu distinguer aucune espèce d'organes. Nous avons seulement noté l'existence de nombreuses granu- lations à l’intérieur du corps, granulations tassées vers le centre et formant comme une trainée longitudinale qui simule, au premier aspect, un canal étendu de la tête à la queue.

« L'animal est doué d'une grande agilité. Il se meut en re- poussant sur les côtés les globules sanguins qui l'embar- rassent, par des mouvements de torsion énergiques, et en chassant d’arrière en avant, puis d'avant en arrière, la masse liquide et granuleuse qui les distend, par des mouvements de contraction. Nous n'avons point, toutefois, remarqué de stries circulaires ou longitudinales à la surface du corps. « On « trouve le Ver s’agitant dans un caillot exprimé et abandonné « à l'air depuis deux heures ; il remue sur les plaques jusqu’à « la dessiccation de la préparation » (Crevaux).

« Sans doute, ces caractères sont bien incomplets pour les

not du. ou. ie tee te * Le

TRÉMATODES. 51

besoins de la classification. Toutefois ne peuvent-ils pas suffire à rapprocher du Filaire l'Helminthe de l'hématurie chyleuse que nous venons de décrire. Le D. Wucherer considère cet animal comme une larve ; mais il n'a jamais rencontré à l’état parfait le Ver dont cette larve constituerait le premier degré de développement.

« Faisons remarquer, en terminant cette Note, que les ma- lades des D. Wucherer et Crevaux appartiennent à la zone de l'Amérique tropicale, et que les Vers trouvés dans leurs urines n’ont aucun rapport avec ceux des urines hémato-chyleuses observées en Égypte et au cap de Bonne-Espérance par Bil- harz, Griesinger et John Harley. »

XII. ZELLER, VON WILLEMOES-SHUM et VON LIN- STOW : RECHERCHES SUR DIVERSES ESPÈCES DE TRÉMATODES (Zeitschr. f. Wass. Zool., t. XII, 1872) (1).

1. Dans le premier de ses deux Mémoires, M. Ernst Leller donne le résultat de ses observations sur le Polystomum integerrimum parasite des Grenouilles. Ce singulier parasite nous offre, comme la plupart des Cestoïdes, un exemple très- curieux des migrations qu'accomplissent les vers intestinaux.

On sait que le têtard de la Grenouille ne possède pas de vessie urinaire pendant les premiers jours qui suivent sa sortie de l'œuf. Cet organe une fois formé, il deviendra le lieu d'élection du Polystome, qui en fera sa demeure définitive, dès que les branchies, sur lesquelles il vivait d’abord, com- menceront à s’atrophier ; mais la voie suivie par le parasite pour se rendre de ces organes dans la vessie reste à décou- vrir.

(1) Mémoires dont il est donné une analyse plus étendue par M. À. Humbert dans les Archives de la Bibliothèque universelle de Genève, 1. XIV, p, 99, 1872.

52 ZELLER, VON WILLEMOES-SHUM, VON LINSTOW.

M. Zeller donne d'intéressants détails sur l'anatomie du Polystome, animal déjà décrit par Rœsel en 1758. Voici, en quelques mots, le résumé de son travail.

Le ver, qui mesure à peine 1 millimètre à sa sortie de l'œuf, se meut au moyen de cils vibratiles; il les perdra bientôt pour se fixer, vingt-quatre heures environ après l’éclosion. Il dif- fère alors de l'adulte par l’absence des bourrelets qui bordent la partie antérieure et latérale de son corps. Les crochets pla- cés à la face ventrale sont au nombre de seize, leur forme est

celle que l’on rencontre le plus généralement chez ceux de la

région céphalique des Cestoides. À celte époque, l'animal est pourvu de deux paires d'yeux, qu'il n'a pas été possible de retrouver chez l'adulte. L'opinion de M. Willemoes-Shum est que ces yeux disparaissent pendant le développement du

Cestoïde; M. Pagenstecher, au contraire, croyait qu'ils per-

sistaient.

Le corps augmente très-peu de dimension durant les pre- miers temps de la vie. De chaque côté du pharynx, et débou- chant dans cet organe, se trouvent deux petites masses glan- dulaires dont les canaux excréteurs sont très-grêles et de peu de longueur.

Les organes reproducteurs apparaissent vers le quatrième ou le cinquième mois, et les sexes sont réunis sur le même individu. L'appareil femelle se compose d’un germigène suivi de son canal. Dans ce canal débouchent successivement celui du vitellogène et un autre, beaucoup plus large que le précé- dent, destiné à conduire le sperme. L'auteur n'a pu en dé- couvrir l’origine, et la manière dont s'effectue la fécondation des œufs reste également inconnue.

La réunion de ces trois canaux dont nous venons de parler constitue l’oviducte, Quant à l'organe mâle, il est très-peu compliqué et débouche au même point que l'oviducte.

A ces organes génitaux se rallachent très-probablement les

TRÉMATODES. 53

bourrelets situés sur les bords de la partie antérieure du corps. Ils sont munis d’un grand nombre de petites ouvertures, et, si on les écrase entre deux plaques de verre, sur le champ du microscope, on en voit sortir un très-grand nombre de zoospermes.

M. Zeller étudie ensuite le dévéloseieit du Polystome. Le nombre des œufs fournis par une seule ponte esttrès-con- sidérable, un seul individu pouvant en MERE près d'un millier.

Ces œufs se développent dans l’eau. La manière dont ils sont pondus n’est pas encore connue; l’auteur pense que le parasite sort l'extrémité de son corps par l'anus de la Gre- nouille dans la vessie de laquelle il habite. Le développement commence vers la fin de mai ou vers le commencement de juin. C'est à cette époque que les jeunes se fixent sur les branchies des têtards, et l’âge du Polystome coïncide toujours avec celui de la larve de Grenouille dont il est parasite.

Dix-huit ou dix-neuf mois après sa naissance. le ver a une longueur de 1°°*,5, et, vers la quatrième ou la cinquième an- née, il a acquis sa longueur maximum, qui est alors de 8 ou 10 millimètres.

2. Dans un second Mémoire M. Zeller rend compte de ses recherches sur les organes de la digestion ainsi que de la génération et sur le développement du Diplozoon paradozum. L'auteur choisit le moment la saison froide influe sur l'état physiologique des organes reproducteurs de ce ver, qui est parasite du Véron (Phoxinus lœuis). En effet, quand la tempé- rature est peu élevée, le germigène du Diplozoon contient très-peu d’ovules ; les autres portions de l'appareil sont consi- dérablement diminuées de volume et presque transparentes. On peut alors examiner le tube digestif, le système ner- veux, etc.

Si on élève convenablement la température du milieu dans

LD

5% ZELLER, VON WILLEMOES-SHUM, VON LINSTOW.

lequel on tient le Véron, infesté de Diplozoons, on peut obte- nir la ponte de son parasite. C’est ainsi que M. Zeller a obtenu les œufs de ce dernier pour en étudier le développement.

L'œuf recueilli dans l’eau met environ quinze jours à opérer son développement. Sa déhiscence se fait, comme pour celui du Polystomum integerrimum, par la rupture d’un petit oper- cule dentelé, situé à l'un de ses pôles.

L'embryon une fois libre se meut au moyen de ses cils vibratiles, disposés par petites houppes le long des parois laté- rales de son corps. Il mesure 26 millimètres de longueur. Sa bouche est munie de deux ventouses. Sur la ligne médiane de son corps, on aperçoit deux petites taches pigmentaires au- dessous de chacune desquelles se trouve un pelit cristallin ; ce sont les yeux.

Pris à cette époque de son évolution, l'embryon a été désigné sous le nom de Diporpa. Il est encore isolé. Vers le commencement de la partie postérieure de son corps, appa- raît une ventouse, et au même niveau, sur la partie dorsale, se montre une petite éminence en forme de papille conique. Ces deux petits organes serviront bientôt de moyen de conju- gaison pour deux Diporpa, que ceux-ci soient ou non du même âge. Deux Diporpa une fois soudés constituent un Diplozoon.

La partie postérieure du corps est élargie et présente une seule paire d'organes d’adhérence à la face ventrale. A la face dorsale, sont deux petits crochets qui ont été déjà décrits par M. Van Beneden. Les deux Diporpa une fois réunis et for- mant un seul être, leurs ventouses disparaissent. Le corps augmente de volume, et il acquiert jusqu’à quatre paires d'or- ganes d’adhérence ; le développement se termine par l'appa- rition des organes de la reproduction.

3.— Nous savons que les jeunes Trématodes, d’abord enkys- tés dans le parenchyme des organes d'un animal, n'alteignent

ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. 55

leur développement complet que plus tard, lorsque, par suite de quelque migration accidentelle, ils sont portés du corps qui les hébergeait d'abord, dans celui d’un nouvel hôte. C’est à celte époque seulement, qu'ils acquièrent leur développe- ment complet et sont pourvus d'organes génitaux.

MM. Leuckart, Oulianin, etc., nous ont déjà fait connaître quelques exceptions à la loi qui régit les migrations de ces parasites ; M. de Linstow nous en signale une nouvelle. Son observation porte sur le Distomum agamos, parasite de la Crevette des ruisseaux (Gammarus pulex). Chez ce Distome, les organes générateurs sont situés l’un en avant, l’autre à la partie postérieure de la ventouse ventrale ; l'animal peut se féconder lui-même en pliant son corps en deux. Il garde ses œufs avec lui, et ce n'est que lorsque le Gammarus deviendra la proie de quelque Vertébré, que les parois du kyste étant détruites, le Distome pondra ses œufs. Ceux-ci ne tarderont pas à être rejelés avec les excréments de l'animal dans lequel le ver a opéré sa migration.

(H. GER.)

XIII. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Tnra- VAUX RELATIFS AUX SCIENCES ZOOLOGIQUES PENDANT LES MOIS DE JUILLET A DÉCEMBRE 1872 (Comptes rend. hebd., t. LXV).

Séance du juillet.

P. 20. L. Souurer : Note relative à un procédé de des- truction du Phylloxera vastatrix de la vigne au moyen d’une décoction de tabac.

P. 29. P. Bert : Recherches expérimentales sur l’in- fluence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie {quatrième note).

56 ACADÉMIE DES SCIENCES

Séance du 8 juillet.

P. 59. CL. Bernarp : Évolution du Glycogène dans l'œuf des Oiseaux.

L'évolution glycogénique dans l’œuf des Oiseaux part de la cicatricule ; elle s'étend peu à peu dans le feuillet moyen ou vasculaire du blastoderme, à mesure que celui-ci s'éloigne et se développe. De même que dans le foie et dans le placenta des Mammifères, le Glycogène, dans le blastoderme des Oi- seaux, se présente sous forme de granulations arrondies ren- fermées dans des cellules glycogéniques d'une manière très- analogue à ce qui se voit pour les granules d’amidon dans les cellules végétales.

Chez les Oiseaux comme chez les Mammifères, les granula- tions de Glycogène existent d’abord d’une manière diffuse dans les organes embryonnaires transitoires, et c’est ultérieu- rement que ces cellules apparaissent dans le foie pour y per- sister à l’état adulte. Chez les Oiseaux comme chez les Mammi- fères, la Glycogénèse constitue une véritable évolution chi- mique de principes amidonnés.

P. 64. À. Davin : Observations faites dans la province de Tché-Kiang.

Ces observations ont particulièrement trait à diverses espèces d'Oiseaux. L'auteur y décrit aussi une espèce de Salamandre du groupe des Tritons, appartenant au genre Cynops de Gray, qu'il nomme C. orientalis; elle vit dans les étangs des ri-

zières. __ P. 88. P. Berr : Recherches expérimentales sur l'in- fluence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie (cinquième note).

P. 92. H. Firuoz : Sur les Carnassiers et les Chéirop- tères fossiles dans les gisements de phosphorite.

Voir t. I, p. 280 du présent Recueil.

DE PARIS. 57

Séance du 15 juillet.

P. 146. C. Daresre : Existence de l’amidon dans les Emydes. |

Recherches faites sur de jeunes sujets de l'espèce d'Europe qui n’avaient point encore perdu leur vésicule vitelline.

P. 148. Warecer : Sur les Ovulites, avec description d'une espèce nouvelle de ce groupe sous le nom d’Ovwrtuba margaritula.

P. 150. À. GranninieR et L. Vaizranr : Sur le Crocodile fossile d'Amboulintsatre (Madagascar).

Espèce différente du Crocodilus madagascariensis et que ses affinités rapprochent de celle du Sénégal. Les débris sont enfouis avec ceux de l’Hippopotame et de l’Æpyornis. Cette espèce reçoit de MM. Grandidier et Vaillant le nom de Croco- dilus robustus. |

Séance du 5 août.

P. 309. De Quarreracrs : Races nègres : Études sur les Mincopies et sur la race négrito en général.

Extrait d'un travail qui a paru dans la Revue d’Anthropo- logie publiée par M. Broca.

P. 322. Phosphorescence des animaux : A propos de re- cherches faites à l’aide du spectroscope, par le P. Secchi, sur la lumière du soleil et sur celle que produisent les animaux, M. de Quatrefages rappelle les travaux qu'il a lui-même publiés au sujet de la phosphorescence de différentes sortes d'animaux inférieurs.

Les observations déjà anciennes de Spallanzani et de Ma- caire, reprises par Matteucci et par M. Becquerel, ont mis hors de doute, dit M. de Quatrefages, que la lumière des Lampyres, des Elaters, etc., est due à une véritable combustion

58 ACADÉMIE DES SCIENCES

lente. Celle lumière s'éteint dans le vide, dans les gaz irres- pirables ; elle reparaît au contact de l'air; elle est sensible- ment activée par la présence de l'oxygène pur ; elle persiste dans les añimaux morts et dans les tronçons d'animaux; enfin son dégagement est accompagné d'acide carbonique. Dès 1843, M. de Quatrefages rattachait à ce mode de production de lumière la phosphorescence de certains animaux marins et, entre autres, des Pholades observées par M. Milne-Edwards. Mais en même temps il montrait que certains invertébrés marins articulés ou rayonnés produisent de la lumière d'une tout autre manière. Chez eux, cette production a lieu dans les muscles au moment de la contraction et par étincelles. Il a retrouvé, depuis lors, un mode analogue de phosphorescence chez les Noctiluques.

M. Milne-Edwards rappelle ensuite les travaux de M. Pan- ceri, de Naples, qui a étudié au spectroscope la lumière émise par les Pholades, les Béroës, les Méduses, les Penna- tules (1), etc., et qui l'a toujours trouvée monochroma- tique (2).

P. 356. S. Sonor : Dépôt d’ossements situé au pied du Mont-Dol (Ille-et-Vilaine).

Les débris recueillis dans cette station sont abondants. Ils se composent de dents, d'os généralement brisés, de frag- ments d'os plus ou moins calcinés et de cendres, de cailloux roulés de grès et de quartzite étrangers à la régian, ayant servi à la fabrication de haches et de coins. Les dents doivent être rapportées aux genres Elephas, Equus, Bos, Rhinoceros,

(1) Poir 1. I, p. 203 de ce Recueil.

(2) C’est aussi ce caractère que MM. P. Gervais et Diacon avaient reconnu, dès 1864, à la lumière des Lombries phosphorescents et des Vers luisants. Leurs observations à cet égard ont élé rappelées par M. Pasteur dans les Comptes rendus de l'Académie, Séance du 19 septembre 1864 (t. LIX, p. 509), lorsqu'il a présenté les recherches faites par M. Gernez et par lui, sur la lumière des Élatéridés du genre Pyrophore, connus au Mexique sous le nom de Cucuyos.

DE PARIS. 59

Sus, Ursus, à des Ruminants de moindre taille que le Bœuf et à des Carnivores autres que l’Ours, qui n’ont point encore été déterminés. Les os sont, en général, brisés ; il n'existe pas une seule épiphyse entière, et beaucoup de ces os sont brûlés ; aussi l’auteur de cette communication est-il porté à consi- dérer le dépôt osseux du Mont-Dol comme représentant des débris de cuisine.

P. 359. J. Kuncer. : Sur le développement des fibres musculaires striées chez les Insectes.

Les faits exposés par M. Kunckel sont principalement tirés de l'observation des Volucelles et de quelques autres Diptères; ils l'ont conduit À admettre ce qui suit : l'élément primitif du muscle est une cellule qui, par son allongement, constitue une fibrille ; la fibre ou faisceau primitif est une formation secon- daire ; c’est une réunion sous une enveloppe commune, le sarcolemme, d’un certain nombre de fibrilles déjà déve- loppées. Le sarcolemme est donc une forme du tissu conjonc- tif, les myoplastes sont les centres de formation du périmy- sium et ne jouent aucun rôle dans la genèse des muscles ; le tissu qui renferme les myoplastes n’est encore qu’une forme du tissu conjonctif. Enfin, sans préjuger de la nature intime de la substance fibrillaire, on voit que la fibrille possède une enveloppe qui est la paroi de la cellule d’origine.

P. 363. —'A. Vircor : Sur la forme embryonnaire des Dra- gonneaux (genre Gordius).

Question déjà traitée par divers auteurs et en particulier par M. Meissner {1}, qui était arrivé à des résultats analogues à ceux obtenus par M. Villot.

Les Dragonneaux sont soumis, dans le cours de leur déve- loppement, non-seulement à des migrations nécessaires, mais aussi à des métamorphoses complètes. Ce fait montre qu'il n'existe, au point de vue des premières phases de l’évolution,

(4) Archiv fur Wissenschaftliche Zoologie, t. VIL, p. 1, pl. 1 à vir.

ANR AS;

60 ACADÉMIE DES SCIENCES

aucune analogie entre les Gordius et les Mermis, les premiers ayant dans leur état embryonnaire une certaine ressemblance avec les Acanthocéphales.

P. 366. Z. Gerge : Formation des produits adventifs de l'œuf des Plagiostomes {1).

Chez les Plagiostomes ovipares, et en particulier chez la Raie, l’ovule, et plus tard l'embryon, avaient besoin d’enve- loppes qui les missent à l'abri des causes de destruction auxquelles ils seront exposés après la ponte, et il leur fallait des substances albumineuses que ne pouvait fournir le milieu dans lequel l’œuf de ces animaux est appelé à se développer.

La coque est composée de plusieurs couches superposées, ayant chacune ses caractères propres et pouvant, à leur tour, se décomposer en différents lames ou feuillets. Toutefois il n'y a rien ici qui rappelle, de loin ou de près, une coquille proprement dite; c'est une simple enveloppe protectrice qui pourrait {out au plus être comparée à la membrane coquil- hère de l'œuf de la Poule, ou plutôt à la coque fibreuse de celui des Serpents.

Quant à l’albumen, il est beaucoup moins abondant que celui des Oiseaux, et il en diffère en ce qu'il est plus fluide et et très-peu coagulable; il a la même densité dans toute son épaisseur et ne présente aucune trace de ces zones concen- triques si visible dans celui de la Poule. »

Enfin, la membrane chalazifère, excessivement ferme, est terminée par deux chalazes d'un volume inégal, très-peu tordues et se perdant dans l’albumen. Elle forme une sorte de sac que remplit un fluide muqueux hyalin, dans lequel flotte librement le vitellus.

On sait, par les recherches de Purkinje et de M. Coste, que l'ovule des Oiseaux, en parcourant le long canal flexueux que représente l’oviducte, s’enveloppe successivement et dans

(4) Voir Journal de Zoologie, |. 1, p. 366, la première partie de ce travail.

|

Digne É

DE PARIS. 61

autant de régions différentes de la membrane chalazifère, du blanc ou albumen, de la membrane coquillière ainsi que de la coquille, et qu'il se revêt de ces produits en exécutant dans son parcours un mouvement de rotation selon un de ses axes. Chez les Raïes, sauf dans la région qui fournit la mem-

brane chalazifère, il n’en est pas ainsi : au lieu d’être pourvu,

dans sa longueur, de plis mucipares qui sécréteront l’albumen, plus la coque, qui n'existe pas ici, l'oviducte présente une glande parfaitement circonscrite, épaisse à peine de quelques centimètres et située à peu près au milieu de ce canal, dont elle forme la paroi sur ce point. On reconnaît à cette glande plusieurs sortes de tubes sécréteurs. Les uns, simples, assez courts, presque droits, rangés côte à côte, sont placés tout à fait au débouché du conduit tubaire et y simulent deux cous- sinets de médiocre épaisseur ; les autres, plus longs, plus épais, flexueux, souvent dichotomes, constituent la plus grande partie de la masse glandulaire et enveloppent extérieurement les coussinets dont il vient d'être question comme un fruit enveloppe son noyau. Les premiers fournissent l’albumen proprement dit; les seconds, le mucus formateur de la coque. À partir de ce point, l'œuf n’exerce plus de mouvements de rotation.

Séance du 19 août.

P. 491. P. Berr : Recherches expérimentales sur l'in- fluence que les changements de pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie (sixième note).

P. 495. N. GRénant : Recherches comparatives sur labsorption des gaz par le sang. Dosage de l’hématoglobu- line,

Séance du 26 août.

P, 521. Donxé : Expériences nouvelles conduisant

62 ACADÉMIE DES SCIENCES

l’auteur à cette conclusion que, dans l’état actuel de nos connaissances, la science ne peut admettre les générations spontanées.

P. 542. Ramon pe Luna : Action de sulfate de cuivre sur V’urine normale.

P. 542. P. Berr : Recherches expérimentales sur l'in- fluence exercée par les changements de pression barométrique sur les phénomènes de la vie (septième note).

P. 548 : T. L. Pæipson : Sur la Noctilucine.

C'est une nouvelle substance organique qui est, suivant M. Phipson, la cause de la phosphorescence organique. Elle ne se produit pas seulement dans les poissons morts et dans la chair animale morte, mais aussi chez des Vers luisants, la Scolopendre électrique (espèce de Géophile), et probablement aussi chez tous les animaux qui luisent dans l'obscurité.

Séance du 23 septembre.

P. 722. MM. Ducraux et Cornu : Observations relatives au Phylloxera de la vigne.

M. Cornu décrit les gales produites par le Phylloxera sur les feuilles de la vigne qui ont été signalées par M. Laliman, dans sa propriété de Floirac, près Bordeaux {1). Il a eu l’occa- sion, avec son collaborateur, d'étudier de nouveaux exem- plaires ailés du Phylloxera et, aussi, de constater la présence de larves Phylloxères sur les racines du pêcher, du prunier et du cerisier. Ces observations ont été faites aux environs de Bordeaux.

MM. Paul Thénard et Duchartre donnent aussi des détails relatifs aux Pucerons, causes de la nouvelle maladie des vignes.

La communication de M. Duchartre à pour but de rappeler

(1) Voir Journal de Zoologie, t. I, p. 118,

DE PARIS. 63

que M. Malcolm Dunn, jardinier, à Powerscourt {Irlande}, a constaté, en 1867, une maladie des vignes cultivées en serres, et qu'il a, depuis lors, reconnu que cette maladie élait due à la présence du Phylloxera sur les parties aériennes de ces végétaux, ainsi que sur leurs racines.

Séance du 30 septembre.

P. 766. N. Jory : Observations sur les métamorphoses des Poissons osseux en général, el particulièrement sur celles d’un pelit Poisson chinois du genre Macropode, récem- ment introduit en France (1).

P. 769. H. Sicarp : Sur la connexion qui existe entre le système nerveux et le système musculaire des

élices. |

P. 771. LicarenstEIN, A. Rainaun, Peyrar et Louver : Différents procédés pour la destruction des Phylloxères de la vigne.

Séance du 7 octobre.

P. 803. S. Lovex : Études sur les Echinides (2).

Depuis longtemps on reconnaît chez les Échinides, comme seuls organes de sensation, ceux de la vision, situés sur les pièces ocellaires; ils en ont cependant d’autres, qui ont échappé jusqu'ici à l'observation, quoiqu'ils ne manquent dans aucun de leurs genres, celui des Cidaris excepté. Ce sont des corps très-petits, globulaires ou ellipsoides, de 0"",11 à 0,375, pourvus d'un pédicule très-court et s’arliculant sur un pelit mamelon du test. M. Loven propose de les nommer

{1} Le même sujet vient d’être également traité, en ce qui concerne le Macropode, par M. G. Pouchet (Revue et Mag. de Zoologie, 1871 et 1872, p. 369).

(2) Voir aussi le travail du même auteur intitulé : Om Echinoideermas byg- gnad, publié, en 1871, par l’Académie de Stockholm (Ofversigt kongl. Velens- kaps, 8, pl. xx).

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64 ACADÉMIE DES SCIENCES

sphérides. Ils sont transparents, luisants, durs et solides, revêtus d’un tissu pigmenté ainsi que d’un épithélium et d'une cuticule à cils vibratiles. Ils appartiennent aux ambulacres.

Ces organes ont, sans doute, pour fonction de reconnaître l'état de l’eau ambiante et des matières qu’elle contient; ce sont, par conséquent, des organes du goût. Le grand tronc nerveux qui est en dedans du test doit leur fournir des filets.

M. Loven passe en revue la disposition des sphérides dans les différents groupes d’Échinides.

P. 841. E. Gourier : De quelques caractères extérieurs qui différencient les sexes chez l'Écrevisse fluviatile.

Indépendamment des caractères connus, M. Gouriet con- state que les antennes des Écrevisses sont plus longues chez les mâles que chez les femelles de ces animaux; que l'ab- domen, vulgairement nommé la queue, est beaucoup plus volumineux chez les femelles; que les mâles ont le niveau des bords latéraux de la carapace dépassant sensiblement le niveau des bords de la queue, enfin que les mâles atteignent une taille à laquelle ne parviennent pas les femelles.

Séance du 14 octobre.

P, 883. E. J. Marey : Des allures du Cheval étudiées par la méthode graphique.

P. 887. A. Sansox : Recherches sur la toison des Mé- rinos précoces.

P. 893. GuériN-MÉNEvILLE : Fondation d'une station sé- ricicole à Châlons-sur-Marne.

Séance du 21 octobre.

P. 049, C. Daresre : Études sur les types ostéologiques des Poissons osseux (1"° partie).

4 Na rl AN : "a U J LL AA v 1e 4 s NU , Al 1108)

4 *

| _ DE PARIS. | 65 __P. 962. Bécaawp et Esror : Du rôle des microzymas pendant le développement embryonnaire.

P. 969. E. Fournié demande l'ouverture d'un pli ca-

cheté qu'il a adressé précédemment et dans lequel il expose les vues auxquelles ses expériences l’ont conduit relativement à divers points de la physiologie du système nerveux. Suivant lui : la perception simple se fait dans les couches . optiques, et la perception distinguée, la mémoire, réclame _ l'intégrité de la périphérie corticale; la lésion des circonvolu- tions ne s'accompagne pas de paralysie des membres, mais seulement d'affaiblissement.

tp Séance du 28 octobre.

P. 1007. J. E. PrancHon : Extension actuelle du Phyl- loxère de la vigne: Re Amérique septentrionale : principalement dans les États _ de l'Est, du Mississipi et presque dans le Canada.

4 Angleterre et Irlande : dans les grapperies ou serres à _ raisins, depuis 1863.

K: France :

ÿ Départements du Gard, de Vaucluse, des Bouches-du-

Rhône, de la Drôme, de l'Ardèche, de l'Hérault et du Var. _ Première constatation de la maladie, 1863; découverte de l'In- _ secte, 1868. Département de la Gironde : première con- stalation de la maladie vers 1866.

4 Portugal : Région du Douro et aussi aux environs de Lisbonne.

Autriche : Vignes de Closternenburg, près Vienne.

Indigène en Amérique, l'Insecte est évidemment d'impor- tation récente en Europe ; son histoire rappelle, à cet égard, celle du Puceron lanigère, lequel, importé d'Amérique en . Angleterre vers la fin du siècle dernier, ne pénétra que plus tard sur le continent européen.

JOURNAL DE Z00LOG1E. T, II, 1873. (488

x js 14 à 4

mo ACADÉMIE (DES SCIENCES FR "4 | P. 1018. far Daresre : Etudes sur les types ostéolog s des Poissons osseux (2° partie). | 4 at 0 ne P. 1021. Ducraux et Cornu : Communications re ÿ au Phylloxère de la vigne. AN

E. Loarer et Hervier : Même snjet. 1404 P. 1029. De La BrancHÈère : Changements de color SE. tion produits chez les Poissons par les conditions d'habitat. 118 Séance du 4 novembre.

4,

P. 1074. M. Rom lit un Rapport sur le Ménbieil 1 hi: M. Dufossé intitulé : Bruits et sons expressifs que font entendre 10 les Poissons des eaux douces et des mers de l'Europe. S 4

P. 1086. C. Daresre : Etudes sur les types cstéclogiques des Poissons osseux (3° partie). “4 ;

P. 1115. —E. J. Marey : Des allures du Cheval ‘us “#3 par la méthode graphique (2° partie). k .

P. 1126. E. Dusrueiz : Sur le Capréolus du Zonites dl. 4 girus. 164

P. 1127. CarBonnier : Reproduction et agenen | du Poisson télescope, variété monstrueuse du Cyprin Le Fe à gros yeux et à nageoires doublées (Cyprin gros yeux ét C. quatre lobes de Lacépède) rapportée de Chine, dont il y a des figures dans l'ouvrage de Martinet et Sauvigny (1). &

P. 1129. L. Ranvier : Des étranglements annulaires et des segments inter-annulaires chez les Raies et les Tor- 4 pilles. 4

P. 1133. Berencer-FÉéRAUD : Larves de Mouches qui se développent dans la peau de l'Homme au Sénégal. ï

On les appelle Vers du Cayor. .: TER

M. Blanchard suppose que ces larves sont celles d’une ‘e- -12 pèce du genre Ochromyia de Macquart, genre voisin de celui î |

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(1) In-fol., Paris, 1780.

; | OO pers un : des Lucilia, auquel appartient le L. homimwvoraz, de la Guyane. La Mouche du Cayor pourrait, ajoute M. Blanchard, être nommée Ochromyia anthropophaga.

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Séance du 11 novembre.

_ P. 1172. - C. Daresre : Etudes sur les types ostéologiques des Poissons osseux (4° parlie).

P. 1190. Lecros et Onimus : Recherches expérimen- tales sur certains points de la Er iE des nerfs PR _ gastriques.

P. 1194. E. Four : Recherches expérimentales sur le fonctionnement du cerveau.

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Séance du 18 novembre.

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P. 1930. Bouicraup : Sur la théorie de la production de

_ la chaleur animale. P. 1253. Daresre (C.) . Études sur les types

des Poissons (5° partie) (1).

P. 1258. Loarer : Sulfure d’arsenic contre le Phyl- _ loxère. | P. 1958. Sanr-Pierre (E.) : Présence du Phylloxère sur _ les racines des vignes sauvages, dites Lambrusques, aux envi- É rons de Montpellier. P. 1278.— Vaizzanr (Léon) : Distribution géographique des 4 Percina (première section des Percoïdes). __ « En résumé, dit M. Vaillant, ces remarques me paraissent - conduire aux conclusions suivantes, importantes surtout en ce que, ayant des analogues dans d’autres groupes, elles acquiè- rent plus de valeur par leur généralisation : : « Les espèces des eaux douces peuvent, dans les Percina,

TES

L (4) Voir Journal de Zoologie, t, I, p. 511, le résumé des observations de M. le professeur Dareste,

68 ACADÉMIE DES SCIENCES

avoir une aire d'extension géographique beaucoup plus consi- dérable que les espèces marines correspondantes ;

« Les Perca et les Labrax, les Siniperca et les Percala- brax, sont extra-tropicaux et appartiennent surlout à l'hémi- sphère boréal ; ils sont remplacés, entre les tropiques, par les Lates et les Centropomus. »

P. 1281. Gaupey (A.) : Sur une dent de l'Elephas primi- genius, trouvée dans l'Alaska, sur les bords de la rivière Kouit- chak, près du lac Iliamma, dans la baie de Bristol (Amérique du Nord), par M. Pinard.

Séance du 2 décembre.

P. 1432. CL. Bernarp et BouizLaup : Remarques au sujet de la Théorie de la chaleur animale.

P. 1486. A. Mie-Enwarps : Recherches anatomiques sur les Limules.

L'auteur, qui a communiqué, en 1869, à la Société phloma- thique de Paris une partie des résultats de ses recherches, rappelle que M. Owen s'était occupé du même sujet en 1855, et qu'un Journal a récemment annoncé que ce savant illustre a repris celte étude. Nous attendrons, pour rendre compte des résultats obtenus par ces deux auteurs, que leurs Mémoires aient paru l’un et l’autre (1).

P. 1528. L. Marassez : De la numération des globules rouges du sang chez les Mammifères, les Oiseaux et les Pois- sons.

Le nombre des globules est plus considérable chez les Mam- mifères que chez les Oiseaux, et chez ceux-ci que chez les Poissons.

(1) M. Owen, que nous avons vu à Londres en novembre dernier, nous a dit que son Mémoire était sous presse,

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Ce nombre est presque toujours en raison inverse du vo- _ Jume des globules. .

Le rapport entre le nombre et le volume n’est pas propor- tionnel ; les Oiseaux perdent plus par l'augmentation du vo- lume de leurs globules qu’ils ne perdent par la diminution dans leur nombre.

P. 1535. L. Varrranr : Valeur de certains caractères employés dans la classification des Poissons.

L'auteur étudie les écailles chez certains Poissons de la famille des Percoïdes. Il arrive à ce résultat que, chez ces

. Poissons, le type cténoïde ne peut être regardé comme étant

d’une valeur absolue. | P. 1539. A. Vizor : Suite de ses études sur la forme

_ larvaire des Dragonneaux (1).

Séance du 9 décembre.

P. 1594. CL. Bernarn, BouirrauDp et Mine-Epwanps : -

Discussion relative à la chaleur animale.

P. 1607. BLancæarn : Rapport sur le Mémoire de

à M. Alph. Milne-Edwards relatif à l'anatomie des Limules, pré- senté dans la séance du 2 décembre dernier.

P. 1632. H. De LA BLancuère : Nouvelle espèce de Chon-

drostome (Ch. Ceresi, La BI.) des eaux du Rouergue.

P. 1653. M. Braunis : À propos des recherches expéri-

mentales de M. Fournié sur le fonctionnement du cerveau, _ rappelle une note publiée par lui, en juillet et août 1872, _ dans la Gazette médicale, sous le titre suivant : Application des

injections interstitielles à l’étude des fonctions des centres

| nerveux.

Séance du 23 décembre.

P. 1743. —F. Prateau : Envoie le résumé de ses Recherches (1) Voir plus haut, p. 59.

70. © ACADÉMIE DÉS SCIENCES.

physico-chimiques sur les articulés aquatiques, qui ont Fra. Re. dans le Bulletin de l Acadéntie royale de Belgique. EURE F La première partie de ces Recherches (1) avait pour objet

les causes de la mort des animaux articulés propres aux eaux | douces que l’on place dans l’eau de mer et des articulés marins À |

| mis dans l’eau douce. Le travail actuel renferme les résultats “4 de nombreuses expériences, entreprises par l’auteur, sur. In 2% résistance à l’asphyxie par submersion, sur l’action du froid À. À RARE et surJ’action de la chaleur {2). Et. bi P. 1773. L. ne Sinéry : De l’état du foie chez les femelles nn” en lactation. : 20 Æ P. 1776. De Bove : Sur la couche endothéliale sos 10 140 épithéliale des membranes muqueuses. “4 L: P. 1777. Derresne : Études sur les sécrétions bilisiré ep

: 3

HS pancréatique chez les Omnivores. 2% P. 1778. —J. P. Duran (de Gros) : Sur la lorsion de 6 l'humérus chez les Vertébrés. 4

P. 1780. Jorerr : Recherches sur la structure interne du bec de la Spatule (Platalea). 14 ‘08 P. 1782. Mariez Devic : Sur quelques passages Fee 1 écrivain arabe du siècle, relatifs aux Oiseaux gigantesques en " de l'Afrique sud-orientale. 4

P. 1784. P. Fiscuer : Sur quelques coquilles fossiles ! rapportées de l'Alaska par M. A. Pinart.

P. 1786. E. Cnanrre : Sur la faune du lehm de Saint # Germain Mont-d’Or (Rhône). |

L'auteur cite les espèces suivantes : Bos primigenius, Bison, Cervus tarandus, Equus caballus, Rhinoceros tichorhinus et 4

Elephas primigenius (3). .

(4) Mémoire présenté à l’Académie royale de Belgique en 1870, et imprimé | en partie dans les Comptes rendus hebd., 1. LXXII, p. 100 ; juillet 1874.

(2) Voir Bull. Acad. r. de Belgique pour 1872.

(3) Voir aussi pour ce travail la Æevue savoisienne (Annecy ; 1872).

Séance du 30 décembre. © P. 1803. M. P. Gervais fait hommage à l'Académie de plusieurs travaux publiés par lui pendant l'année 1872.

P. 1809. À. Guérour : Sur les dimensions des intervalles poreux des membranes.

P. 1828. J. L. Prévosr : Sur la distribution de la corde __ duiympan. ; Observations confirmatives de celles présentées par M. Vul-

ï pian à la Société de Biologie, et desquelles il résulte que la . corde du tympan envoie des filets non-seulement à la glande : sous-maxillaire, mais aussi à la langue. 3 P. 1831. L. Ranvier : De la dégénérescence des nerfs Ë _ après leur section.

P. 1839. Sacc : Études sur les Marmottes. Ces études ont trait à la nutrition, plus particulièrement à la production de l'urine. L'auteur fait remarquer que les faits . observés par lui « jettent un jour intéressant sur les métamor- ; phoses du sucre dans la circulation des Marmottes, puisqu'ils . semblent établir que celui-ci se change en lactate, qui se brûle à et passe dans les urines à l'état de bicarbonate de soude. » | Il ajoute : « Donc il n’y a pas fermentation, mais simple com- _ bustion de sucre dans le sang, puisqu ‘il s’est changé en acide | lactique.»

| XIV. SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE (Tome 4 second de la deuxième série des Annales ; in-8 av. pl. Paris ; E 1872). Les principaux travaux insérés dans ce volume sont dus à aux - auteurs dont les noms suivent :

E. Lefèvre : Monographie des Clytrides d'Europe et du bas- sin de la Méditerranée. Ch. Brisout de Barneville : Essai

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SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE. 71

y LS JOURNAL DE | CONCHYLIOLOGIE. |

monographique du genre Agathidium, tiger. Es Boo Arachnides cavernicoles et hypogées. V. Signoret : Code

nilles ou Gallinsectes des genres Vinsonia et Céroplaste. 44 ?

Laboulène : Métamorphoses de la Puce du Chat. H. Lucas: Coléoptères du Thibet. Giraud : Mœurs de l'Anthémya

XV. CROSSE et FISCHER : JourNAL DE ee comprenant l'étude des Mollusques vivants et fossiles, in-8 _avéc planches (3° série, t. XIL. Paris; 1872).

Principaux articles :

P. Fischer : Catalogue des Nudibranches et des Céphalo- podes des côtes océaniques de la France. P. Gloyne : Mode

de station, mœurs et habitudes des Mollusques terrestres de la Jamaïque. Tournouër : Auriculidées fossiles des faluns.

O. Môrch : Diplopelycia trigonura (1). P. Fischer : Brachio- à

podes des côtes océaniques de la France (supplément).

E. Sauvage et Rigaux : Espèces nouvelles de coquilles fossiles

du terrain jurassique de Boulogne-sur-mer. H. Crosse et

P. Fischer : Diagnoses de Mollusques nouveaux du Mexique.

Mérch : Mollusques terrestres et fluviatiles des anciennes

colonies danoiïses du Golfe de Bengale. Hesse : Nudi- branches nouveaux de la côte de Bretagne.—Souverbie, Crosse,

Gassies, Fischer, etc. : Nouvelles espèces de Mollusques de la Nouvelle-Calédonie et autres régions.

XVI. LA NATURALEZA ; PUBLICATION PÉRIODIQUE DE LA Société D’HisroiRE NATURELLE DU Mexique. (In-4, t. I, av.pl.; Mexico, 1869 et 1870.)

Ce Recueil est consacré aux différentes branches de l’his-

(1) Reproduit dans le Journal de Zoologie, 1. 1, p. 198, pl. xim.

spreta. Piochard de la Brülerie : Coléoptères caverieqies Ne

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. LA NATURALEZA. 73

toire naturelle, et la zoologie est représentée par plusieurs _ Mémoires dans les cahiers parus. En voici l’énumération :

Le Zopilote ; extrait des observations de M. H. de Saussure sur les Oiseaux du Mexique, avec des annotations sur cette espèce par M. À. Herrera. L'Oiseau-Mouche, par Beul- loch, traduit et annoté par Jesus Sanchez. Les Oiseaux de Mexico, par Manuel Villada, avec la collaboration d’Ant. Penafiel et de J. Sanchez. Description de quelques Méloïdes mexicains, par Eug. Dugès. Les Pics, par H. de Saussure ; traduction de J. Sanchez. Recettes pour la teinture de la soie, de la laine et du coton au moyen de l’aniline. Cata- logue des animaux vertébrés de la République mexicaine, par Alfr. Dugès. Sur le Strongylus micrurus, parasite de

l’espèce bovine, par Alf. Herrera. Notes sur les mœurs de

certains Reptiles mexicains (famille des Iguanes et genre Hélo- derme), par F. Sumichrast. Description du Cochon mons- trueux du genre Cyclope, par J. M. Rodriguez. Sur les Insectes de l'Agave : Terra Agavis, Bombyx Agavis, Lystra bombycida, Velia Agavis, par 1. Blasquez. Additions à la

. Mammalogie mexicaine, par Man. Villada. Mémoire sur la

distribution géographique des Oiseaux de la province de Vera-

Cruz, par D. F. Sumichrast ; traduction d’Aniceto Moreno.

Considérations sur la faune de Guanajuato, par Alfr. Dugès. Les Merles du Mexique, par H. de Saussure.

Cette énumération des articles parus dans la Naturaleza s'étend jusqu'au numéro de novembre 1870, le dernier que nous ayons pu nous procurer.

D ch Alu A LL on Lg de æ Au, n \ + AS nb: à AN » : + HN se

_ avec le D. Hugueny (Compt. rend. hebd., t. XIX, p. 818 et 1061 ; Ann. se.

BRULLÉ (Gaspard-Auguste) , à Paris le 7 avril 150, "A mort à Dijon le 21 janvier ae 0 M. Brullé a fait partie de l'expédition scientifique emogte en Morée, par la France, en 1829, et, de 1833 à 1836, ia’ rempli au Muséum de Paris les fonctions d’aide- naturaliste, près la chaire d’entomologie. Appelé, depuis lors, à professer la zoologie et l'anatomie comparée dans la Faculté des sciences 5, de Dijon, il a exercé ces fonctions jusqu'à son dernier jour, É "3 et ïl à aussi été doyen, dans la même Faculté, à partir de l'année 1861. 2. ‘4 Voici la liste des travaux de M. Brullé : “es 4

Recherches sur les origines ariennes (Mém. de l’Acad. de Dijon, 1865). : Recherches sur la classification des animaux en séries parallèles (Ann. sc. Mes É a 2 série, t. XVII, p. 257, et t. XVIII, p. 773). Sur le Gorille des natura: listes et le Gorille des archéologues (4cad. de Dijon). Sur le mod 6s LE Le développement du cément ou substance ‘corticale des dents (Acad. de Dijon, s | 1851, p. 37). Expériences sur le développement des os dans les Mammi-

fères et les, Oiseaux, au moyen de l'alimentation par la garance; en commun

nat., série, t. IV, p. 283). Note pour servir à l’histoire de la circulation du sang (Acad. de Dijon, 1854, p. 79). Sur la classification des Insectes (Compt. rend. hebd., t. XIII, p. 1069, et t. XIV, p. 226).— Expédition scienti= fique de Morée : Arachnides, Myriapodes, Insectes et Annélides; in-4 av. pl in-fol., 1831-1835. Coup d’œil sur l’entomologie de la Morée (Ann. sc.nat., 1re série, t. XXII], p. 244). Résumé des travaux de la Société entomolo- gique de France pendant l’année 1832 (4nn. Soc. entom., 1833, p. 391. Bulletin des séances de la même Société, du 16 novembre 1836 au 15 avril 1840 (ibid., 1836 et 1840). Hist. nat. des Insectes; en collaboration avec

‘Audouin : non terminée; les volumes 1 à 4 dus à M. Brullé ont seuls paru. In-8

av. pl.; 1834-1837. Éléments d’hist. nat. des Insectes, par de La Porte, Lucas et Blanchard : Introduction ; Paris, 1840. Les gisements des Insectes

fossiles et le secours que l’étude de ces animaux peut fournir à la géologie.

Thèses de la Faculté des sciences de Paris, In-4, 1839. Recherches sur les transformations des appendices dans les Articulés (Compt. rend. hebd., t. XVIII, p. 665, et Ann. sc. nal., série, t. IT, p. 271. Sur l’absence des

tarses dans quelques Insectes (Ænn. sc. nat., série, t. VIII, p. 246). Sur

les tarses des Lamellicornes coprophages (Ann. Soc. entom., 1838, pl. xvinr et xIx). Sur la transformation du Cladius difformis (Ann. sc. entom.). Examen des genres Brachinus et .Ditomus (Soc. entom., 1835, p. 621). Espèces nouvelles de Cicindélètes de la collection du Muséum de Paris; en col- laboration avec Audouin (Archives du Muséum, t. I, p. 115). Sur la syno- nymie des Carabiques (Revue entomol., t. II, p. 89; 1834).— Note sur un nou- veau genre de Charançons : Procrus Duponchelii, Dej. (Mag. de zool. pour 1832). Essai sur le genre Diaperis des auteurs (Ann. sc. nat., 1r° série, t. XXIIT, p. 325). Insecte hyménoptère parasite voisin d’Alyson (Soc. entom., 1833, p. 403). Sur la famille des Ichneumonides (Acad. de Dijon, 1856, p. 171 et 259. Monographie du g. Crabro (Soc. entom., 183%, p. 683). Sur la transformation du Cladius difformis, de la famille des Tenthrédines

(Soc. entom., 1832, p. 308). Hist. nat. des Hyménoptères : le t. IV de l’ou-

vrage de Lepelletier Saint-Fargeau faisant partie des Suites à Buffon éditées par la librairie Roret; in-8, 1840: Sur la bouche des Libellulines (Soc. entom., 1834, p. 683). Note sur le ÿ. Xiphura, de la famille des Diptères tipulaires (Soc. entom., 1832, p. 205, et 1833, p. 398).— Notice sur l’usage des perles en Chine (Æ4cad. de Dijon, 1857). Observations sur les Ligules (Compt. rend. hebd., t. XXXIX, p. 773, et Acad. de Dijon). Observations concernant les Polypes d’eau douce (Acad. de Dijon, 1851, p. 47). Rapports

- annuels sur les travaux de la Faculté des sciences de Dijon (pendant le dé-

canat de M. Brullé). Notice sur Guillaume Vrolich.

JOURDAN (Claude), professeur de Zoologie et d’Anatomie

. BIOGRAPHIES. 15.

comparée, et, pendant plusieurs années, doyen de la Faculté des

sciences, directeur du musée d'histoire naturelle du Palais Saint-Pierre, professeur d'anatomie appliquée aux beaux-arts de la ville de Lyon, etc.; à Heyrieux (Isère) le 18 juin 1803, nommé professeur de Faculté le 21 juillet 1834, à l’âge de trente et un ans, mort à Lyon le 13 février 1873.

v Al #

76 BIOGRAPHIES. Arrivé presque au terme de sa laborieuse ab et dans

l'espoir d'arriver à la députation, M. Jourdan, qui avait con- servé de son premier protecteur, le D. Prunelle, le goût des

fonctions politiques, venait de quitter ses différentes places, ES

mais son dévouement à la science était resté le même, etila ï prouvé jusqu’au dernier moment son goût pour l'AS

naturelle.

Peu de naturalistes, parmi nos compatriotes, ont eu une existence aussi active. En sa qualité de directeur du musée municipal de la grande ville qui l'avait si favorablement

accueilli et aux intérêts scientifiques et industriels de laquelle il s’était complétement identifié, M. Jourdan a donné aux col

lections dont il avait la responsabilité une extension consi-

dérable, et, pour arriver à cet utile résultat, il a accompli de nombreux voyages, soit en France, soit dans les pays voi=

sins. C’est ainsi qu’il a pu se procurer tant d'objets inté-

ressan{s, pour la plupart inconnus avant lui, et le musée de

Lyon lui doit le rang distingué qu’il occupe maintenant parmi les établissements du même genre. M. Jourdan donnait tous ses soins à l'accroissement de ces riches collections et à leur clas- sement, mais c’est au préjudice de ses propres publications qu’il a réussi dans l’accomplissement des fonctions multiples

dont il s'était chargé; comme la plupart des directeurs de mu-

sées qui tiennent à honneur de remplir fidèlement leurs de- voirs, il ne laisse pas un nombre d'ouvrages imprimés en rap- port avec les matériaux qu'il avait réunis. D’autres se charge- ront du soin de faire connaître ses importantes découvertes, et la science y trouvera de nouveaux éléments de progrès. C'est presque exclusivement par des Notes, souvent très- écourtées et résumant des communications faites à diverses so- ciétés savantes ou à des congrès, que les travaux de M. Jourdan

sont connus des naturalistes. Ces Notes et quelques rares Mé-

moires dus au même auteur ont trait à plusieurs genrés d'ani-

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BIOGRAPHIES. | Mr 0 dt maux exotiques dont les types sont conservés au musée de PAU Lyon, à des fossiles principalement recueillis dans la région ra du Rhône ou dans des localités peu éloignées de cette région, me et qui sont également déposés dans le même musée, ainsi qu'à ‘NO des études de géologie ou de minéralogie. LE $ M. Jourdan avait aussi entrepris un examen approfondi des 11 caractères que le système nerveux peut fournir à Ja classifica- tion méthodique, etil a,en outre, fait de nombreuses recherches ; relatives aux Vers à soie et à la sériciculture, questions qui in- téressent si directement le commerce lyonnais. Mais ces travaux Me: % n'ont pas élé non plus réunis en corps d'ouvrage comme le ‘4 comportait leur importance, et les études sur lesquelles ils re- k = posent seront peut-être difficiles à coordonner. Le même sa- > à | vant laisse aussi une série considérable de planches lithogra- 13 phiées, planches également inédites, représentant les princi- 4 paux fossiles que ses nombreuses excursions lui avaient pro- curés.

GEOFFROY SAINT-HILAIRE (Zsidore), professeur au Muséum et à la Fa- ii _ culté des sciences de Paris, membre de l’Institut; à Paris le 16 octobre | 1805, mort dans la même ville. L’éloge historique d’Is, Geoffroy a été prononcé par M. Dumas, devant l’Aca- démie des sciences de l’Institut, dans la séance du 23 novembre 1872.

_ LACORDAIRE (Jean-Théodore), professeur à l’Université de Liége, membre AUS de Académie royale de Belgique ; à Recey-sur-Ource (Côte-d'Or) le 4er fé- | , vrier 1801, mort à Liége le 18 juillet 1871. UC

Une notice biographique sur Lacordaire a été publiée par M. le D. P. Can- dèze, dans l'Annuaire de l’Académie royale de Belgique pour 1872.

DES

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES ;

Par M. PAUL GERVAIS.

Les monstres polygnathes, caractérisés par la présence de mâchoires surnuméraires, attachées aux mâchoires du sujet principal ou aux parties molles qui les entourent, sont classés par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1) parmi les monstres doubles, rapprochement qui se trouve justifié par la courte définition que nous venons d'en donner. Sans celle partie surnuméraire, le sujet complet serait parfaitement normal, et ses mâchoires accessoires semblent être le reste d’un second individu dont ces organes et quelques autres avoisinants, la langue, par exemple, auraient seuls été conservés. La vie dont ils ont continué à jouir s'explique par le fait même de leur parasilisme.

On connaissait depuis longtemps plusieurs genres de Poly- gnathes : les Epignathes, les Hypognathes, les Paragnathes et les Augnathes. Le D. Auzias Turenne, cité par Is. Geoffroy (2), y à ajouté celui des Myognathes, et l’auteur de l'Histoire des Anomalies a lui-même décrit (3) un sixième genre de cette famille, sous le nom de Desmiognathes.

Les faits qu'il a recueillis sur les Desmiognathes sont tout à

(1) Histoire des Anomalies, 1. IT, p. 250 ; 1836. (2) Comptes rend. hebd., t. XXXII, p. 151; 1851, (3) Zbid., p. 149.

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. 79

Lai dignes d'intérêt, et, comme il m'a été possible d'y joindre

‘Ja figure d’un des sujets observés par ce savant tératologiste (1), Ÿ je donnerai le résumé des détails qu'il a publiés à leur égard. 4 J'y ajouterai, d’ailleurs, la description d'un sujet desmiogna- A ‘4 _ the, appartenant également à l’espèce bovine, mais qui était | | arrivé à l’âge adulte, ainsi que le prouve l'examen du système dentaire de ce monstre, l’on voit, avec quelques dents de première dentilion, la série presque complète des dents de remplacement. On trouvera aussi dans ce Mémoire (2) la _ figure de cette pièce qui fait partie des collections du Muséum. En terminant son travail sur les Desmiognathes, Is. Geof- _ froy se demandait quel jour l'étude de ce singulier genre de 1 monstruosités peut jeter sur la notion de ces masses para- _ sitaires amorphes que l’on trouve tantôt dans l'utérus, les _ ovaires ou les trompes, tantôt dans d’autres parties du Corps,

et qu'il a lui-même réunies sous le nom commun de Zoomyles,

masses qui consistent en poils, dents et os de forme très- irrégulière. L'examen d’un cas très-rare de Zoomyles, de la _ nature de ceux que j'appelle Hétérognathes, m’a conduit à apprécier à mon tour les rapports que ces deux genres de monstruosilés, savoir la partie surnuméraire des Polygna- __ thiens et les Zoomyles hétérognathes, semblent, en effet, avoir l'un avec l'autre, bien que le premier soit classé parmi les monstres doubles et le second parmi les monstres simples.

Le fait dont 1l s’agit rappelle celui mentionné par Ploucket

et Authenrieth (3), dans lequel on trouva, chez une jeune femme (4), une multitude d'os informes et, avec eux, plus de

(1) PL. im.

(2) PL. 1v.

(3) Archiv für die physiologie von Reil, t. VII, p. 225.

(4) Isid. Geoffroy (Anomalies, t. II, p. 553) dit « un cas dans lequel on au- rait trouvé. » Il ajoute qu’il se borne à citer ce cas si extraordinaire, jusqu’à présent sans analogue dans la science et qu’il connaît d’une manière trop impar- faite pour en hasarder l'explication.

80 ed a Éabr émis:

srésits dents. Quelques-unes des figures de la Te he de ce Recueil lui sont consacrées. re

SI.

DES MONSTRES DESMIOGNATHES.

Is. Geoffroy a observé deux monstres de cette sorte, nésl'un et l’autre en France, le premier à Vannes (Morbihan), dans les derniers jours de mars 1850; le second à Neuville (Loiret), dans les derniers jours de septembre. Tous deux ont véeu à la 4 Ménagerie du Muséum, mais l’un d’eux, trop tôt séparé de sa mère, à bientôt succombé ; l’autre, celui de Vannes, était encore vivant lorsque l’auteur a publié son travail (1) et j'ai ee. eu moi-même l'occasion de l’observer ; c'est lui qui est figuré Ÿ sur notre pl. 11 d’après un vélin exécuté par Werner (2), en septembre 1850, à la demande d’Is. Geoffroy et sous ses yeux. Il avait été donné par M. Vrillotte, boucher, à Paris. S.

Comme pour le genre Myognathe, la monstruosité des Des- 4 miognathes consiste en une tête surnuméraire dont les mà- choires semblent être les parties essentielles, et cette tête sur- numéraire, qui est très-imparfaite, est unie au sujet principal par des parties molles musculaires et cutanées, sans jonction #4 des os du sujet accessoire avec l’autre; la différence consiste en ce que le moyen d'union est ici un long pédicule ou cor- don, à l'extrémité duquel la masse accessoire est suspendue et comme flottante. Ce pédicule s'insère, d’ailleurs, sous le cou ou même sous la portion antérieure du sternum et non à la région maxillaire du sujet complet. |

Dans les deux monstres observés par Is. Geoffroy, la masse 4 accessoire était de forme très-irrégulière, composée d'os etde

(4) 40 février 1851. (2) Coll. des Vélins du Muséum ; 1850, 38,

WE Ha

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. ‘81

muscles, recouverte, sur le côté attenant au pédicule et sur le

pédicule lui-même, par une véritable peau garnie de poilset, de l’autre, par une membrane comparable, par sa structure, à la muqueuse buccale. On voyait aussi de ce côté une langue rudimentaire et, dans le sujet de Neuville, une dent; au con- traire, plusieurs dents étaient apparentes dans celui de Vannes et l’on distinguait fort bien parmi elles trois paires d'incisives bordant la gencive près de laquelle est placée la langue, ainsi que quatre groupes de molairès répondant aux molaires inférieures et supérieures des côtés droit et gauche.

Deux incisives, dont une déjà visible lorsque notre figure 1 b a été dessinée, n’ont pas tardé à se montrer au bord op-

posé à celui se voient les six incisives inférieures citées

précédemment ; Is. Geoffroy les assimilait aux deux incisives supérieures persistantes des Caméliens. Il a, en même temps, apparu une quatrième paire de dents en dehors des six incisives déjà indiquées comme inférieures, cetle paire ré- pondant aux canines incisiformes, dites à tort incisives externes chez les Ruminants ordinaires.

La présence de glandes salivaires était, en outre, attestée par l’excrétion d’une abondante salive.

Is. Geoffroy dit du pédicule qu’il « est formé par des tégu- ments qui se continuent avec ceux de la région sternale, par un peaussier assez épais, et par un faisceau musculaire, grêle et allongé, dont les fibres longitudinalement disposées expliquent parfaitement la rétraction, parfois observée, chez ce Sujet comme chez l’autre, de la masse parasitaire.

Dans l’intérieur de ce pédicule, sur la ligne médiane, est une artère principale qui, en haut, se porte un peu à gauche, se courbe en arrière du sternum et va s’insérer sur la thora- cique interne.

La thoracique interne droite fournit de même une a branle

qui se porte dans le pédicule, mais qui est fort petite et dis- JOURNAL DE ZOOLOGIE. T. II. 1873. 6

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82 PAUL GERVAIS.

paraît bientôt. Le système veineux présente une disposition analogue.

« Nous n'avons point au régit dit aussi le même au- teur, trouvé de nerf accompagnant l'artère et la veine princi- pale du pédicule. Il est presque inutile d’ajouter que les ar-

tères, veines et nerfs des téguments de cette partie se conti-

nuent avec artères, veines et nerfs de la peau qui revêt le sternum, comme ces téguments eux-mêmes avec les tégu- ments de la région sternale dont ils sont le prolongement, et dont ils conservent complétement la structure... Une pi- qûre, une pression, soil sur peau du pédicule, :soit de même sur la partie velue de la masse parasitaire, est aussi vivement perçue par le sujet principal que si elle était faite sur ses propres téguments. Au contraire, les piqûres faites sur les parties revêtues seulement de la membrane buccale ne provoquent aucun signe de sensibilité. »

Nos collections possèdent le moule en plâtre du pédicule et de la masse terminant ce pédicule chez le sujet à Neu- ville.

Elles conservent aussi une masse osseuse de forme irrégu- lièrement annulaire, portant des incisives qui appartiennent à la première et à la seconde dentition , ainsi que des molaires en nombre suffisant pour compléter la série de celles qui composent la dentition permanente. Cette pièce, dont l'origine n'est pas indiquée, provient-elle du sujet de Vannes, qui a, comme nous l'avons déjà dit, vécu plus-ongtemps que celui de Neuville? C'est ce que je ne saurais admettre. En effet, cela n’est pas probable, la position de certaines parties pa- raissant différente. D'ailleurs, nous n'avons aucun moulage fait sur l’exemplaire de Vannes au moment de la mort, et je n'ai pu me procurer encore aucune indication sur la date celte mort a eu lieu. Il m'est donc impossible de regarder la pièce que je vais décrire comme provenant de cet exemplaire.

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MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. ‘83

On m'a même assuré qu’elle avait été remise directement à M. Gratiolet par une personne dont le nom n’a pas été conservé.

Je donne la figure de cette pièce osseuse sur la spa iv de ce Recueil ; en voici la description."

Cette pièce est large de 0,42, mesurée avec les deux dents molaires qui font de chaque côté la plus forte saillie, et elle a 0,24 dans l’autre sens, c'est-à-dire de la partie portant les incisives inférieures re au attedi du bord opposé à ces dents.

La symphyse mandibulaire, sur éuetie sont insérées les incisives, ne se confond pas, par ses côtes, avec les masses dépendant également du maxillaire inférieur que portent les molaires inférieures droites et gauches. Les dents incisives, ou plutôt incisiformes, sont sur deux rangs ; leur nombre est 3 de sept pour le premier rang qui occupe la ligne extérieure et, par suite, marginale de la symphyse, celles-là répètenttrès- À évidemment, par leur apparence aussi bien que par leur posi- tion, cinq des six incisives de lait (pl. 1v, fig, 1 et 2, sous les lettres 2) et les deux canines de la même dentition (ibidem, ? lettres c'}, restées en place malgré l'apparition, en arrière ! d'elles, de trois paires d’autres dents de même sorte, moins régulièrement implantées et d’un volume plus considé- rable, qui sont les incisives de la seconde dentition (ibidem,

4 k PS LL En ee Le GS MEL + TE RE on Ms De Er é y 2H he Pa à : | RARES EST PRET Pl a RTE,

lettre 1). | à Deux masses osseuses, placées de chaque côté de la sym- È physe, portent aussi des dents, mais qui sont évidemment des 3

molaires, les unes de l’ordre des prémolaires, les autres de ce- 4.

lui des arrière-molaires. | k Il y à, d'un côté, quatre prémolaires, par suite, sans doute, ;

de la persistance d'une des molaires de lait, et trois arrière-

molaires; et, de l’autre, six molaires, dont trois prémo-

laires et trois arrière-molaires : de ce côté comme de l’autre,

la dernière arrière-molaire est restée profondément enfoncée

‘84 PAUL GERVAIS.

dans la substance osseuse (sbidem, lettre m, de chaque côté des incisives, à partir de m. 2. jusqu’à m. .). |

Les portions de la masse osseuse portant les incisives, les canines et les molaires inférieures répondent, ainsi que nous l'avons déjà dit, aux maxillaires inférieurs droit et gauche, dont la symphyse est encore très-apparente sur la ligne mé- diane même en arrière de la ligne des incisives.

Les molaires sont portées par lesssaillies latérales de la ré- gion qui répond au maxillaire inférieur, et il y a continuité osseuse entre ces saillies et le reste de la pièce, sur les côtés de laquelle on voit deux autres grosses tubérosités à surface également irrégulière et dont le pourtour est aussi garni de dents (ibid., fig. 1 et 2 de m. s. à m. s.).

Ces dents sont des molaires, sauf celle .marquée c? sur la figure 2. Elles se partagent, comme celles dont nous-avons déjà parlé, en molaires de première et de seconde dentition. Il y a, d'un côté, les trois molaires de lait et deux des trois arrière-molaires de seconde dentition, et, de l’autre, les trois molaires de lait, plus quatre molaires de FAPNERSS dont deux prémolairés et deux arrière-molaires.

Quant à la forme des os, elle est méconnaissable, sauf pour la partie symphysaire de la mâchoire inférieure et pour les bords inférieurs des deux moitiés de cette mâchoire qui sont écartés l’un de l’autre. Ces os laissent entre eux uh espace vide clos en arrière par la soudure confuse de diverses parties ré- pondant à la base du crâne.

Ce que cette pièce nous offre surtout de remarquable, c’est la preuve que le système dentaire dont elle a conservé la plu- part des organes a subi son évolution ordinaire, et qu'il était passé, malgré l’état de difformité extrême des os crâniens, chez le sujet accessoire et fragmentaire si incomplet auquel il ap- parlient, de la condition de jeune âge, dite dentition de lait ou première dentition, à celle qui lui succède dans l’état normal,

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. 85 et que l’on nomme dentition permanente ou seconde den-- tition. | |

$ II.

DES MONSTRES HÉTÉROGNATHES.

Is. Geoffroy a placé les Desmiognathes parmi les Polygna- thiens, par conséquent dans la division des monstres doubles, mais en faisant remarquer, avec raison, que leur étude peut, mieux que celle de tous les autres genres de monstruosité, jeter du jour sur les amas d'os, de dents et de poils, connus sous le nom de Zoomyles, qui se développent dans les ovaires, les trompes ou d’autres organes internes des sujets, d’ailleurs normaux, chez lesquels on rencontre ces sortes de kystes; il établit aussi que la notion exacte des Desmiognathes peut nous aider à comprendre les Endocymiens, monstres plus ou moins

semblables aux Zoomyles, c'est-à-dire aux môles ordinaires, et qui sont le plus souvent réduits à quelques parties appar-:

tenant à la région faciale, incluses dans diverses régions du COrps. .: ;

Effectivement, si l’on suppose que la masse accessoire monstrueuse des Desmiognathes manque de pédicule et qu'elle a été englobée dans la cavité splanchnique ou dans quelque autre partie du corps, ou bien aussi que les frag- ments la constituant ont également continué à vivre tout en séjournant dans l'ovaire, dans les trompes, dans l'utérus ou ailleurs, on s'expliquera comment des dents de première et même de seconde dentition peuvent se rencontrer dans les masses parasitiques.

Toutefois, leur multiplicité sur un même sujet, multiplicité qui à élé constatée dans plusieurs circonstances, reste alors sans explication satisfaisante, et l’on ne résout pas davantage le problème qu'elle soulève, en admettant que ces portions de

Re Fe = RG EYE Fe Sn SR ar "1-14 < MES RESTE ER RIT are SRE. À

86 PAUL GERVAIS.

sujets soient réduites à des parties qui, pour les Hétérognathes, semblables sous ce rapport aux Desmiognathes, sont toujours les mêmes et résultent chacune du développement d’un ovule. La théorie des monstruosités par excès est également impuis- sante à les expliquer; mais examinons d'abord les principaux faits publiés, à cet égard, par les auteurs.

Is. Geoffroy en a réuni un certain nombre (1). Parmi les môles appelées, par lui, Zoomyles, il cite, en premier lieu, le cas à Bartholin (2).

Une femme accoucha, après trois jours de doit d'une môle grosse comme une tête de Mouton, l’on remarquait des poils nombreux et une mâchoire saillante portant plusieurs dents.

Osiander (3) a décrit une masse amorphe expulsée srl un enfant normal et qui consistait en un sac membraneux conte- nant, avec beaucoup de graisse, de longs poils et un os in- forme paraissant représenter un maxillaire inférieur garni de cinq dents.

A la suite d’un accouchement également régulier, une femme du Straffordshire rendit une masse amorphe fortement adhérente aux parois utérines et qu'on ne put en détacher qu'avec beaucoup de peine. Ce kyste renfermait, outre une matière de nature visqueuse, une peau recouverte de longs poils, et deux os, l’un arrondi portant huit dents molaires très- bien formées et disposées en cercle autour d'un trou, le second garni de cinq dents molaires dont quatre rangées en ligne droite. Des détails ont été recueillis, au sujet de celte môle, par Tyson et Sampson Birch (4).

(1) Æist. des Anomalies, 1. Il, p. 548, et 1. ILI, p. 308.

(2) Histor. Anat. rar., observ. LXXXIV.

(3) Epigr. in Complem. Mus. anatom., XX.

(4) Philos. Trans., 150, p. 281. Coll. Acad. étrang., 1. II, p. 502 et 503.

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. 87

Dans d’autres circonstances, le développement des môles de cette sorte se fait en dehors de l'utérus, mais encore dans les organes génitaux femelles. Ainsi, Corvinus a parlé, en 1780 {1}, d'un os, portant deux dents molaires, qu'il avait trouvé dans une dilatation de la trompe utérine.

Les ovaires peuvent aussi renfermer de semblables produc- tions, c'est mêne dans ces organes qu'on en rencontre le plus habituellement, et le caractère ordinaire de ces masses pa- rasitiques est d’être composées de peau avec poils et d’osirré- guliers portant le plus souvent des dents, le tout entouré d'une matière graisseuse enfermée dans un kyste membra- neux dont l'apparence rappelle, à quelques égards, celle du chorion. |

La tumeur à la fois pileuse et dentaire observée par Ander- son (2) remontait à dix années. Elle renfermait trois dents, dont une, semblant appartenir à la seconde dentition, adhérait à l'os, tandis que les deux autres en étaient détachées comme le sont les dents de lait à une époque correspondante de la vie.

Coley (3) en a trouvé une autre chez une femme portant, depuis cinq ans, une tumeur ovarienne, et l’une des molaires de ce kyste lui a paru avoir déjà été remplacée par une autre dent, ce qui devait faire rapporter cette dernière à la seconde dentition. |

Le nombre des denis et, par suite, celui des os qui les por- tent peuvent être considérables; c'est ce qu'ont observé, comme nous l'avons déjà rappelé, Ploucquet et Autenrieth, qui ont décrit un cas de ce genre dans lequel on avait trouvé, chez une jeune femme, un grand nombre d'os informes el plus de trois cents dents.

(1) De Conceptione tubar. (2) Edinburgh medical and surgical Journal, 1. VL, n°5. (3) Zbid., t. II, 8.

88 __ PAUL GERVAIS.

Meckel s'était occupé de ce genre de monstruosités avant Is. Geoffroy, et il en avait fait l’objet d’un Mémoire spécial publié à Halle en 1815 (1). Voigtel (2) en avait également écrit l'histoire dès 1805, et elle a été reprise, en 1842, par Stahl- berg (3), à qui elle a fourni le sujet de sa thèse inaugurale. Plus récemment, M. Lebert a étudié, avec un soin particulier, les kystes pileux-dentaires, qu’il rapporte à la catégorie de ceux appelés par lui kystes dermoïdes, et il en a traité lon- guement dans un Mémoire publié en 1852 (4); quelques figures de son atlas d'anatomie pathologique leur «sont égale- ment consacrées.

Meckel connaissait 33 exemples de semblables kystes,

M. Lebert en a relevé 129, tous authentiques et parmi lesquels:

il s’en trouve un comprenant plus de 300 dents (celui de Ploucquet et Autenrieth) et un autre 100 dents. M. Lebert cite aussi. le nom des auteurs qui ont traité ce sujet antérieu- rement à la publication de son travail.

Alquié, de Montpellier, a eu l’occasion d'observer une

monstruosité analogue, dont il a parlé dans sa Clinique chi- rurgicale de l'hôtel-Dieu de cette ville et qui mérite d'être citée. Il l’a aussi communiquée à l’Académie des sciences de Paris (5). J'ai eu l’occasion de l’examiner avec lui et je lai moi-même citée dans mon livre sur la Théorie du squelette humain (6). Les parties conservées se voient encore dans le musée anatomique de la Faculté de médecine de Montpellier. Le nombre des poches renfermant des os et des dents était de dix.

(1) ; Archiv fur Physiologie.

(2) Handbuch der Pathol. Anat., t. UT, p. 543; Halle, 1805.

(3) De Pilorum et Dentium formatione in Ovariis ; 182.

(4) Compt. rend. des séances et Mém. de la Société de Biologie, t. IV, p. 204.

(5) Compt. rend. hebd., 1. XLIV, p. 903 ; 1857. (6) P. 68; 1856.

| | .

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. 89

Il en a été trouvé une quantité bien plus considérable encore sur la femme opérée par M. le D. Péan, l’un de nos plus habiles chirurgiens. La femme dont il s'agit était âgée de trente ans, lorsqu'elle a été opérée, en novembre 1871.

Mariée depuis quatre ans, elle présenta bientôt après son mariage les symptômes de la grossesse ; toutefois les règles persistèrent jusqu’en 1870. Étant venue à Paris vers l’époque elle aurait accoucher, elle consulta. Le col de l'utérus n'était point dilaté, et il était impossible d'y introduire le doigt. Cependant le ventre augmentait progressivement de volume et, à la date que nous avons rappelée plus haut, la malade se trouvant fort génée par le développement de la tumeur que l’on considérait alors comme une tumeur ovarique ordi- naire, l'habile chirurgien que nous venons de citer se décida à faire l'opération.

La tumeur était ovoide, d’un volume considérable et du poids de 20 kilogr. environ; elle n’avait aucune adhérence avec l'utérus. Si du côté de ce dernier elle était libre de toute adhé- rence, elle y reposait inférieurement dans le petit bassin, elle était comme enclavée. Elle était, au contraire, reliée su- périeurement à l'intestin grêle et à l’épiploon, et remontait jusqu à l'épigastre. Elle remplissait presque complétement la cavité abdominale. Sa consistance était dure et sa surface à peu près unie et fort peu vasculaire; son enveloppe était épaisse. Un peu au-dessus de l’ombilic, elle présentait un sillon qui la séparait incomplétement en deux parties. Une sorte de pédoncule était fourni à cette tumeur par la trompe gauche un peu hypertrophiée.

Intérieurement on trouva un nombre considérable de poches fibreuses irrégulières dans leur forme, inégales en vo- lume, confusément adhérentes entre elles, ou avec l'enveloppe générale, et qui renfermaient souvent, outre une matière grasse d'apparence sébacée, en général de couleur pâle, des poils,

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90 PAUL GERVAIS.

de la peau, des os et des dents. Les poils étaient de longueur inégale, enroulés ou pelotonnés. Si on les retirait avec précau- tion, on constatait qu'ils élaient insérés sur des morceaux de peau, et ces morceaux de peau recouvraient à leur tour les fragments osseux sur lesquels les dents étaient implantées comme dans des alvéoles.

J'ai fait représenter, sur la figure 22 de la planche v de ce Recueil, un de ces fragments de peau avec poils et avec os donnant insertion à des dents, pris parmi ceux qu'il m'a été le plus facile d'isoler des kystes secondaires qui les renfer- maient, et l'on trouve, à côté, une figure des caractères micro- scopiques d'une des dents (1) (fig. 23), ainsi que ceux d'un poil (fig. 24).

Parmi les dents pis par ce fragment on reconnaît des incisives (fig. 22, lettre ‘), une canine {lettre c) et des molaires (lettre m).

Le fragment osseux donné sur la figure 20 a été débarrassé des poils ainsi que des chairs qui le recouvraient, et le mode d'insertion des dents qu'il est possible de distinguer en inci- sives, canines, fausses molaires et arrière-molaires y est facile à reconnaître.

On arrive aussi au même résultat pour ce qui concerne le fragment représenté fig. 21 et 21 a, qui est plus considérable, est de forme très-bizarre et porte des dents qui semblent être toutes des incisives ou des molaires.

La distribution de ces dents est fort irrégulière. On remarque cependant que les incisives occupent de préférence la saillie antérieure de l'os et que les molaires, dont le nombre est su- périeur à celui de ces dents pendant la première dentiton, se groupent en deux séries placées l'une à gauche et l’autre à droite. Les deux incisives antérieures sont soudées entre elles.

(4) M. Owen (Odontography, pl. cxx1v) donne la figure, très-grossie, d’une semblable dent ovarique.

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. F5 0

Ainsi que nous l'avons dit, le nombre des dents renfermées dans la tumeur était considérable, et elles constituaient des groupes différents formant comme autant de râteliers irré- guliers. L

Les portions de la tumeur, opérée par M. Péan, que nous avons pu étudier, nous ont été obligeamment remises par M. Barraud qui avait lui-même assisté à l'opération ; nous les avons déposées au cabinet d'anatomie comparée, dans la salle renfermant les pièces relatives à la tératologie.

M. Barraud pense qu’il y avait en tout plus de deux cents dents. Celles que nous avons fait représenter (fig. 10 à 22) ne forment qu’une partie seulement de l’ensemble qui nous en a été remis, et cet ensemble ne constituait guère, à son tour, que la dixième partie de la tumeur totale. Quelques autres dents ayant la même origine que les précédentes, mais prove- nant d'autres kystes secondaires, sont aussi représentées sous les n°° 10 à 17 de notre planche v. Elles semblent être de pré- férence des incisives, mais la forme de quelques-unes est loin d'être normale.

Il nous a paru que les dents que nous avons vues appar- tenaient toutes à la première dentition ou dentition de lait, qui, dans l’état normal, se compose, comme chacun le sait, de

pour chaque côté de mâchoire; en tout vingt dents. Dans les faits qui précèdent les portions fœtales observées appartiennent toujours à la face, et elles représentent un ou

plusieurs fragments de sujets réduits à ces mêmes portions ; mais, si elles sont habituellement logées dans un point dé- terminé des organes génitaux femelles, soit l'utérus, les

trompes ou surtout les ovaires, on peut aussi en trouver ail- leurs, et dans ce cas elles représentent aussi des fragments

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informes de fœtus ou plutôt des fragments d'organisme réduits à un état singulier de simplicité et de mutilation.

- Rappelons que celles dont on a parlé, et elles sont nom- breuses, consistent en lambeaux cutanés habituellement garnis de poils et renfermant des os de forme irrégulière qui portent eux-mêmes des dents. Le tout est aussi enfermé dans des kystes ou poches fibreuses dont chacune paraît affectée à l’un de ces organismes fragmentaires et contient en même temps une matière grasse abondante. Il y a cependant des degrés dans leur imperfection, et quelques-unes paraissent ne contenir que des poils développés à la face interne du kyste qui les constitue. :

Le nombre des poches varie avec celui des sujets, mais elles ne sont pas toutes aussi distinctes les unes que les autres et une certaine fusion peut s'établir entre elles et les débris vivants qu'elles renferment. Le plus souvent, les dents incisives, canines ou molaires, observées dans ces circonstances, ont la forme de celles de la première dentition ; mais il peutarriver qu'il y ait aussi des dents qui semblent appartenir à la seconde dentition.

On a constaté que les kystes pileux-dentaires ont parfois leur place ailleurs que dans les organes génitaux femelles. Il peut même s’en rencontrer chez des sujets de ce sexe avant l’âge de la puberté ou même chez des mâles. On en a vu jusque dans le scrotum et, assure-t-on, dans la masse du tes- ticule lui-même.

L'existence, dans le médiastin, d’une semblable masse, com- posée de cheveux, d'os et de dents, a été constatée par Gor- don {1}, et Ruysch (2) en a cité une trouvée dans l'estomac.

Huntt a parlé d'une autre qui s'était développée dans les in- testins et dont le contenu, toujours le même, fut rejeté par l'anus sans que la vie de la jeune fille, qui a présenté ces singuliers accidents, ait été mise en danger.

(1) London med. chirurg. Trans. (2) Advers. anat., décade III.

MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. 93

M. Lebert cite 3 cas de kystes extra-ovariens observés dans des enfants de 1 à 5 ans, 2 dans des enfants de 10 ans et 2 dans des enfants de 10 à 15 ans. Les cas de kystes ovariens répondant aux mêmes âges que ceux signalés ici sont représentés par les‘ nombres 3, 2 et 2.

Les principaux exemples de kystes pileux extra-ovariens ont été observés par Hunter (1), Cruveilhier, A. Cooper, Lawrence, Giraldès, Desormeaux, etc. ; il en a été rencontré jusque dans les bourses et dans les méninges ; d’autres renfer- maient aussi des os et des dents, indépendamment des poils. Il en à été trouvé dans le diaphragme, dans l'estomac, etc. C'est alors une sorte d'acheminement vers l'inclusion d’un sujet moins incomplet, ce que nous voyons se réaliser dans le cas, bien connu, opéré par Velpeau; ici une tumeur scrolale d’un sujet âgé de 27 ans se trouva constituée par les débris d’un véritable fœtus (2). Nous arrivons ainsi aux Endocymiens

véritables, c’est-à-dire aux monstres par inclusion.

De même aussi les hétérognathes ovariens se relient, par certains points de leur structure, aux môles ordinaires, et semblent un des anneaux qui rattachent ce genre de monstruo- sités aux Amorphes (genre Amorphus), tels que les décrivent Guril et Van Bambeke (3), ainsi qu'aux Asomes de Wrolik (4).

Mais, dans ces derniers cas, on reconnaît aisément qu'il s’agit des débris d'un fœtus ou d'un embryon mutilé pendant le cours de son développement, quelle que soit, d’ailleurs, la cause, encore inconnue, de cette mutilation ; tandis que, dans les hétérognathes, les fragments osseux pourvus de dents semblent, dans certaines circonstances, représenter plusieurs sujets.

(1) Baillie, Trans. phil., 1789.

(2) Gazette médicale, 15 février 1840.

(3) Ann. Soc. médecine; Gand, 1866.

(4) Tabulæ ad illustr. Embryogenesin, pl. Lxn ; 1849.

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Malgré les progrès qu’elles ont accomplis dans ces dernières années, l’embryogénie générale et l’ostéogénie qu en est une partie si importante sont encore impuissantes à nous donner la clef des problèmes difficiles que soulèvent les monstruosités hypognathes, desmiognathes et hétérognathes, aussi devons- nous nous borner, en terminant ce Mémoire, à rappeler les explications théoriques imaginées à leur égard par les auteurs qui s’en sont occupés : les uns attribuent ces formations acci- dentelles, quel qu’en soit le siége, au développement, incomplet et modifié dans sa marche, d'ovules fournis par l'ovaire et soumis à la fécondation; les autres ne veulent y voir, même lorsque ces productions ont leur siége dans l'ovaire ou dans les voies génitales femelles, que des produits de la plasticité orga- nique, et ils nient la nécessité d’avoir recours à des ovules pour en justifier l'apparition ; ce qui fait, des kystes spéciaux qui nous ont occupé sous le nom de kystes hélérognathes ou pileux dentaires, de simples générations hétérotopiques, c'est- à-dire susceptibles d'apparaître au milieu d'organes tout diffé- rents de ceux à l’ordre desquels ils appartiennent et sans être astreints, comme le sont encore la plupart des hy- pognathes, à conserver des rapports d'insertion soit entre eux, soit avec les organes correspondants du sujet qui les porte. Si nous étudions les monstres polyméliens, nous nous trouverons également, ainsi que nous l'avons fait remarquer en traitant des membres supplémentaires des nn: (1), devant des difficultés analogues.

PLANCHE lui.

Fig. 1, Veau desmiognathe ; exemplaire à Vannes (Mor- bihan), en mars 1850; dessiné en septembre de la même année (vélins du Muséum, année 1850, 38).

(4) Compt. rend. hebd., 1, LIX, p. 800 ; 1864,

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MONSTRES POLYGNATHES ET HÉTÉROGNATHES. 95

Fig. 1 b, la partie accessoire du même Veau vue séparé- ment, les incisives tournées en haut; réduite à + de la gran- deur naturelle. |

Fig. 2, Veau hypognathe ; la tête et ses mâchoires acces- soires d’après l'exemplaire représenté par Is. Geoffroy (Ano- malies, pl. xx, fig. 3). On voit encore sur cette pièce deux molaires inférieures de lait, dont la troisième est reconnais- sable à sa division en trois lobes.

PLANCHE 1v.

Bœuf desmiognathe : parties osseuses provenant d’un rudi- ment de tête supplémentaire, sans doute semblable à celle du sujet de la planche 1v, mais d'un âge plus avancé. :

Fig. 1, vu par la face externe, qui devait être recouverte d’une peau garnie de poils.

Fig. 2, vu par la face interne, ou couverte par la muqueuse sur laquelle se voyait, sans doute, une langue rudimentaire comme dans le sujet de Vannes.

‘indique les incisives de la première dentition qui sont restées implantées sur le bord de la symphyse mandibulaire ; 6’, les canines inférieures de la même dentition ; c? une canine supérieure ; M. 1, m, M... M. à, les molaires infé- rieures de première et de seconde dentition ; m. s., m. m, M. S., les molaires supérieures de première et de se- conde dentition.

Ces deux figures sont réduites à + de la grandeur naturelle.

PLANCHE v.

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Fig. 10 à 24, Hétérognathie ovarique ; cas décrit plus haut, p. 89.

Fig. 10 à 15, dents rappelant, par leur forme, des incisives et des canines.

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96 PAUL GERVAIS.

Fig. 16 à 17, dents de forme plus irrégulière. Celle de la figure 18 ressemble à une molaire; celle de la figure 19 pa- rait résulter de la soudure de deux dents incisives.

Fig. 20, portion d'os avec dents dépouillée de son enve- loppe cutanée.

Fig. 21, autre portion d'os plus grande et plus complexe avec dents, également dépouillée de son enveloppe cutanée.

Fig. 21 a, la même, vue par la face opposée.

Fig. 22, autre portion pourvue de deux groupes de dents, recouverte de sa peau et portant encore des poils.

Fig. 23, lamelle amincie d’une dent, vue au microscope, pour montrer les tubes dentaires.

Fig. 24, poil, vu au microscope, montrant l’état d'imper- fection de l'étui médullaire.

Ces figures, sauf celles des n°° 23 ef 24, sont de gran- deur naturelle.

La lettre à indique les dents qui peuvent être considérées comme des incisives; €, celles qui ressemblent davantage à des canines; #”, celles qui ont la forme de molaires.

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1. Veau desmognathe._ 2. Veau hypognathe

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Desmiognathie du Bœuf.

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DELPHINIDÉS DU CRAG D'ANVERS ;

PAR

M. DU BUS.

À diverses reprises j'ai communiqué à l’Académie des No- tices préliminaires concernant les débris de Mammifères re- cueillis pendant les fouilles pratiquées, il y a quelques années, autour d'Anvers pour l’agrandissement de cette place, et appartenant au musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles. Le travail que je présente aujourd’hui (1) forme la suite de ces communications; il est exclusivement consacré aux Del-

phinidés.

EURHINODELPHIS LONGIROSTRIS. Cette espèce n'est pas moins typique que l’Eur. Cocheteuxii dont elle a tous les ca- ractères génériques, mais elle est plus petite. Son crâne à un quart de moins dans tous les sens; son rostre est proportion- nellement plus long, il a plus de quatre fois la longueur du crâne. Les incisifs seuls forment la moitié antérieure du rostre. Le nombre des dents s'élève à cinquante au moins de chaque côté du maxillaire supérieur, à en juger par les al- véoles, aucune dent n’ayant été recueillie, tandis qu'il ne dé- passe guère quarante dans l'Eur. Cocheteuxü. La longueur to- tale de cette tête est de 1 mètre 5 centimètres, dont 20 centi- mètres pour le crâne seul.

EURHINODELPHIS AmBieuus. Outre les parties de tête appar-

(1) Bull. de l'Acad. r. de Belgique, 2: série, t. XXXIV, p. 491 ; 1872. JourNAL DE ZOOLOGIE. T. II. 4873. 7

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98 DU BUS.

tenant manifestement aux deux espèces mentionnées ci-des- sus, il existe des fragments qui semblent annoncer l'existence d'une troisième espèce du même genre. Ces fragments ne re- présentent que les parties moyennes et antérieures du rostre.

La taille de ce Dauphin ne dépasse probablement pas celle de

l'Eur. longirostris. |

Les gouttières latérales qui, à la partie postérieure du rostre, séparent les maxillaires des incisifs sont plus pro- fondes ; les dents sont également nombreuses, mais les espaces osseux interalvéolaires semblent plus larges, notamment vers l'extrémité des maxillaires. Les incisifs sont plus épais en quelques endroits.

PRISCODELPHINUS PRODUCTUS. Je réunis, sous la dénomina- tion générique de Priscodelphinus proposée par J. Leïidy en

1851, plusieurs Dauphins à rostres longs et étroits, à dents

nombreuses et petites et à longues symphyses mandibulaires, et dont les intermaxillaires ne forment pas, à l'extrémité du rostre, une sorte de trompe comme chez les Eurhinodelphes. Malheureusement il est fort difficile d'indiquer avec exacti- tude, dans une description sommaire, des caractères vrai- ment distinctüifs de ces espèces quelquefois assez semblables entre elles et représentées, le plus souvent, par des parties de tête plus ou moins incomplètes ou par de simples frag- ments.

Je ne connais du Priscodelphinus productus qu'une tête in- complète mesurant 63 centimètres de longueur, dont 20 pour le crâne seul. Le rostre est long et étroit et sa partie anté- rieure manque; mais il est probable que les incisifs ne dépas- saient pas notablement l'extrémité des maxillaires. On peut compter quarante-deux alvéoles, de chaque côté, dans la par- tie existante du rostre ; le nombre des dents s'élève donc pro- bablement à plus de cinquante. Il y a encore une dent en place; sa couronne est assez mince, courbée, pointue, dépri-

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DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. | _ 99 | mée d'avant en arrière ; sa racine est taillée en biseau à son _ extrémité.

| PrisconezpæiNus RoBusrus. Ce Dauphin n’est représenté jusqu'ici que par un seul fragment de tête, c’est un temporal . du côté gauche, sans la portion écailleuse de cet os, et un . occipital latéral avec une grande partie du condyle du même | côté. Par ses dimensions, il se rapproche de l’Eur. Coche- teurii.

- Le temporal dans les Dauphins donnant souvent de bons caractères spécifiques, il me paraît très-probable que ce fragment appartient à une espèce dont il n’a pas encore été question. Le temporal du Prise. robustus est très-développé comme celui de tous les Eurhinodelphes. L’apophyse zygoma- tique est fort épaisse et brusquement tronquée à son extré- mité; les deux fosseltes qui se trouvent à la base de cette apo- physe, au-dessous du bord inférieur de la fosse temporale, sont placées l’une au-dessus de l’autre et séparées par une cloison osseuse complète. Ce fragment provient du crag infé- rieur.

PRISCODELPHINUS VALIDUS. De même que le précédent, ce Dauphin ne m'est connu que par un temporal du côté gauche, un peu plus grand que celui de l’autre espèce, mais sans frag- ment d'occipital. L'apophyse zygomatique est extrêmement dé- veloppée, longue, comprimée sur les côtés, fort épaisse en hauteur et allant en diminuant vers son extrémité. Les deux _ fossettes n’en font, en quelque sorte, qu'une seule, la cloison étant très-peu distincte; elles sont placées l’une en avant, l’autre en arrière. Ce fragment provient anssi du crag infé- rieur.

PRISCODELPHINUS cRAssus. Il en est de cette espèce comme de la suivante, dont je ne connais jusqu'ici qu’une partie de l'intermaxillaire. Ce fragment-ci se rapporte à la base du rostre et à sa partie moyenne. Il est long de 36 centimètres

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100 DU BUS.

son bord interne est arrondi. Il provient, selon toute appa- rence, du crag inférieur. PRISCODELPHINUS TERES. Îl y a deux fragments de l’inter- maxillaire de cette espèce, du côté droit, mais ils ne sont pas du même individu. L'un et l’autre se rapportent, à peu près, à la partie moyenne du rostre. Ces fragments sont entière- ment droits, assez épais, régulièrement arrondis dans le sens transversal en dessus, et non moins régulièrement creusés en gouttière en dessous. Leur bord interne est carré, très-épais,

et large, vers le milieu, de 35 millimètres, légèrement courbé, ;

extrêmement épais à son extrémité postérieure, et beaucoup | moins vers l’autre extrémité, il est creusé en gouttière en dessous, pour concourir à former la voûte du canal vomérien; 4

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offrant une surface plane, variant entre 10 et 15 millimètres |

de largeur, évidemment destinée à être appliquée contre le bord correspondant de l’intermaxillaire opposé, de façon à former une sorte de trompe. Le plus grand de ces fragments a 21 centimètres de longueur. Sa dimension annonce un animal de la taille, à peu près, du précédent; il provient, comme lui, du crag inférieur.

PRiISCODELPHINUS DECLIVUS. Les seuls débris de cette es-

pèce sont deux tronçons de rostre, entre lesquels il y a une .

grande lacune. L'un forme la base du rostre à l'extrémité an- térieure de l’ethmoïde. Le maxillaire, qui n'existe ici que du côté droit, a son bord extérieur spongieux et corrodé. Il y a aussi un petit fragment d’intermaxillaire en place, du même côté. La face supérieure de cet os, au lieu d'être au niveau des maxillaires, comme cela existe ordinairement en cet en- droit chez les Dauphins, incline fortement, par son bord in- terne, vers le vomer qui est fort étroit et de forme assez ir- régulière. L'autre tronçon, se rapportant à une partie plus avancée du rostre, montre au centre du palais une large et profonde gouttière longitudinale, au fond de laquelle apparaît

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DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. 101

la face inférieure du vomer. Sur les côtés on voit deux lignes d’alvéoles assez espacés, surtout vers l'extrémité antérieure . du rostre, munis de cloisons osseuses complètes. Le second tronçon n’a conservé aucun fragment d'intermaxillaire. Ce Dauphin est inférieur, pour la taille, à ceux qui précèdent.

PRISCODELPHINUS MORCKHOVIENSIS. Îl y à de cette espèce une tête fort bien conservée, mais à laquelle manque la plus grande partie du museau. Le crâne seul à 18 centimètres de longueur, et un peu plus de largeur ; la longueur totale de . ce qui existe de la lête est de 38 centimètres. Vu par-dessus, ce crâne a une forme arrondie. Le sur-occipital a au centre une gouttère large et assez profonde, et au sommet, en ar- rière des frontaux, deux fossettes sur les côtés. Les os sont minces en général, notamment ceux de l’arcade orbitaire. La - partie existante du rostre, lequel est brisé vers le milieu de la » gouttière vomérienne du palais, montre dix-sept alvéoles ré- . gulièrement espacés, séparés entre eux par des cloisons os- L seuses complètes. La grande gouttière médiane du palais est très-profonde.

Cette tête présente une particularité tout à fait individuelle, en ce que le rocher et la caisse auditive, du côté gauche, sont soudés au crâne par leurs extrémités postérieures.

PRISCODELPHINUS ELEGANS. Ce Dauphin a, à peu près, la taille du précédent auquel il ressemble beaucoup par cer- taines parties de la tête. Malheureusement il n’en a été re- . cueilli que quelques fragments de crâne. Les os nasaux, très- . intacts et encore en place, ont une forme qui les distingue

tout à fait de ceux des autres espèces connues. Vus par-dessus, ils ont la forme de carrés irréguliers, plus étroits en arrière qu’en avant, plus longs que larges, et leur angle antérieur externe est muni d'une petite apophyse, de 5 à 6 millimètres de longueur, dirigée en avant et appliquée contre l’inter- . maxillaire, à l'extrémité supérieure du canal nasal. Les tem-

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102 DU BUS.

poraux sont, à peu près, les mêmes que ceux du: Prisc. morchkhoviensis.

PRISCODELPHINUS PULVINATUS. De nombreux fragments d'une tête, laissant malheureusement beaucoup de lacunes entre eux, permettent de reconnaître, dans ce Dauphin, une espèce à longue symphyse mandibulaire, différente de toutes les autres qui ont été trouvées à Anvers. Il y a une portion du

maxillaire inférieur, voisine de la symphyse, avec une dent.

en place. Cette dent, qui mesure 24 millimètres de longueur, a une couronne assez mince, pointue, courbée; au-dessous de la couronne un bourrelet circulaire assez développé; une racine légèrement comprimée sur les côlés, et à extrémité in- férieure crochue. Ces débris proviennent du crag inférieur; ils dénotent un animal d’une taille un peu supérieure à celle du Priscodelphinus morckhoviensis.

PRISCODELPHINUS CRISTATUS. À diverses reprises il a été trouvé, pendant les travaux autour d'Anvers, des parties de tête de cette espèce, mais dans un mauvais état de conserva- tion ; les maxillaires manquent presque entièrement; les inci- sifs seuls, étant très-compactes, se sont assez bien conservés. L'examen des débris que j'ai sous les yeux prouve que le rostre de ce Dauphin est extrêmement long, étroit, les dents très-nombreuses, très-rapprochées, les incisifs assez épais.

Parmi les débris d’un jeune individu, plus petit que les autres d’un huitième à peu près, les incisifs, dans leur partie rostrale et quoique incomplets, mesurent près de 75 centi- mètres de longueur. Le rostre doit donc, dans les individus plus grands, atteindre 90 centimètres, c’est-à-dire des pro- portions égales à celles du rostre de l'Eurhin. longirostris. Le crâne seul des individus qui paraissent adultes a, au moins, 20 centimètres de longueur et un peu plus de largeur, La partie supérieure du crâne offre un enfoncement assez consi- dérable au sommet de l’occipital, en arrière des frontaux,

DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. 103

lesquels sont très-saillants et forment une erête transversale bien prononcée.

Avec l’un des crânes les plus grands, il y a une série de ver- tèbres cervicales bien conservées, et quelques-unes des pre- mières dorsales. Les cervicales sont toutes libres; l’atlas est fort épais, il en est de même de l'axis, dont l’apophyse épi- neuse est bifide à son extrémité, dans le sens longitudinal. La septième cervicale a un caractère très-remarquable, en ce qu'elle à des apophyses transverses inférieures, ou parapo- physes, parfaitement développées.

PLATYDELPHIS CANALICULATUS (V. Meyer). Je pense avoir retrouvé à Anvers un Dauphin dont M. H. von Meyer a fait connaître quelques fragments dans sa Palæontographica, sous le nom de Delphinus canalhculatus. C’est une espèce des plus remarquables, caractérisée surtout par une dépression géné- rale de tout le rostre, lequel est partout beaucoup plus large que haut. Il en a été recueilli, outre quelques fragments isolés, un museau tout entier, sauf la pointe. Les alvéoles sont très-petits, très-espacés et, en certains endroits, irrégulière- ment, au nombre de quarante-sept de chaque côté, sans compter ceux qui doivent encore se trouvér dans la pointe brisée. Ce rostre est, proportionnellement, un peu plus grand que les fragments figurés par von Meyer. Je propose de faire de ce Dauphin le type d’un genre nouveau, sous le nom de Platydelphis canalculatus. Les nr d'Anvers FERRER du crag inférieur.

CHAMPSODELPHIS SCALDENSIS. Sous le nom générique de Champsodelphis, M. Gervais à réuni deux Dauphins dont les débris provenaient du grès de Léognan, dans le département de la Gironde. Je crois pouvoir y ajouter une troisième espèce, dont un fragment remarquable a été trouvé dans le crag noir, ont été recueillis la plupart des débris de Squalodon, près d'Anvers. Ce fragment est une portion symphysaire complète

10% DU BUS.

de mandibule, dont la dimension indique un animal ayant une taille inférieure d’un tiers, à peu près, à celle des deux autres espèces. Les alvéoles sont grands, très-rapprochés, les cloisons osseuses complètes et beaucoup plus minces que le diamètre des alvéoles, lesquels sont au nombre de quatorze de chaque côté, dans la portion symphysaire seulement. Les deux premiers alvéoles, à la pointe de la mandibule, parais- sent un peu plus grands que les autres; ceux-ci ont tous, à peu près, la même dimension, sauf les derniers, en arrière, qui sont un peu plus petits et plus rapprochés. Cette portion de mandibule est recourbée vers le haut. Sa longueur est de 19 centimètres, dont dix-sept pour la symphyse seule.

PHocÆNopsis SCHEYNENSIS. Ce petit Dauphin a une taille un peu inférieure à celle du Marsouin, auquel il ressemble sous plusieurs rapports; son museau est un peu moins large à sa base et probablement plus long. Le seul crâne recueilli, dont les os sont extrêmement délicats et minces, est dans un mauvais état de conservation, le rostre manque presque en- tièrement. Le trou occipital est plus grand que celui du Mar- souin, il est un peu plus haut que large. Les apophyses des temporaux, en partie détruites, sont beaucoup plus minces que celles des Dauphins du crag à longues symphyses mandi- bulaires. Il y a un os du nez en place, il ressemble beaucoup à ceux du Prisc. elegans; il a, comme eux, une petite apo- physe en forme de crochet à son angle antérieur externe, au sommet du canal nasal, mais il est un peu plus large que long. Ce crâne a 14 centimètres de longueur, à peu près, sans le rostre, et autant de largeur.

Paocænopsis CORNUTUS. Il y a, au musée, des débris de deux crânes de cette espèce, auxquels les rostres manquent entièrement. Elle est un peu plus petite que la précédente. Les temporaux sont semblables dans les deux espèces, mais la cavité glénoïde est plus étroite dans celle-ci; la courbure

DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. 105

des arcades orbitaires est aussi plus prononcée. Les os nasaux sont très-différents, bien qu'ils soient également pourvus de crochets à leur angle antérieur externe. Ils ne se touchent qu’en avant, ils sont séparés en arrière par les prolongements très-étroits des frontaux, et au lieu d’être légèrement arrondis à leur surface supérieure, comme ceux du Phoc. scheynensis, ils sont très-saillants, bombés et laissent entre eux une large _et profonde gouttière. Les extrémités poslérieures des maxil- laires, qui recouvrent les frontaux, se dirigent en arrière des incisifs et des nasaux, en remontant vers la ligne médiane du front, elles ne restent séparées que par un intervalle d'un Le pelit centimètre. La longueur de ce crâne est de 13 centi- : mètres.

EUDELPHIS MORTEZELENSIS. Il a été recueilli autour d’An- vers très-peu de débris de têtes de Dauphins à courte sym- physe mandibulaire, probablement à cause de la nature de leurs os moins compactes, en général, que ceux des têtes de Dauphins à longue symphyse. Par une heureuse exception, on a pu réunir de nombreux fragments de la tête d’une espèce à courte symphyse, que je désigne sous le nom d’Eudelphis mor- tezelensis. Ils ont été découverts au fort du Vieux-Dieu, à Mortsel, dans le crag noir qui a fourni aussi la plupart des fragments de Squalodon et d'Eùrhin. Cocheteuxu.

Ces débris, excessivement fragiles, pour la plupart, avant d'avoir élé préparés, appartiennent évidemment à un jeune animal. Les parties latérales postérieures du crâne sont fort épaisses ; la déviation du canal nasal, vers le côté gauche en haut, est extrêmement prononcée, tandis que dans les Dau- phins du crag à longue symphyse elle est à peine sensible. La cloison médiane de ce double canal a très-peu d'élévation, en proportion de la grandeur de la tête, et son bord inférieur à l'entrée des arrière-narines, au lieu d’être tranchant, est fai- blement arrondi. Le vomer se voit au centre et au niveau du

106 DU BUS.

palais; sa plus grande largeur en cet endroit est de 4 centi- mètres et demi; dans l’intérieur du canal vomérien il atteint, à peu près, l'extrémité du rostre. Les maxillaires portent des traces de dix ou onze alvéoles de chaque côté; il est probable que le nombre des dents s'élevait à quinze au moins.

Avec ces débris il y a deux dents. Elles sont de moyenne grandeur, en proportion des dimensions de la tête; elles sont creuses à l'intérieur dans la plus grande partie de leur lon- gueur, en cône allongé, légèrement courbées à la pointe. L'une de ces dents est, à peu près, cylindrique dans sa coupe transversale; elle mesure 9 centimètres de longueur; lautre, de même dimension, est comprimée sur les côtés. Cette tête a près de 80 centimètres de longueur totale, et 55 dans sa plus grande largeur.

HorLocerus BORGERHOUTENSIS. Parmi les dents du crag appartenant à des Dauphins à courte symphyse mandibulaire, _ il en est quelques-unes qui ont une grande ressemblance avec celles figurées par M. Gervais, à la planche 12 de sa Paléontologie française, sous le nom d’Hoplocetus crassidens. Les caractères principaux de ces dents paraissent être l'étran- glement du collet, immédiatement au-dessous de la couronne, et l'épaisseur de la partie radiculaire. En raison de cette dis- position du collet, la couronne entière a pu disparaître facile- ment chez les individus adultes, et ne laisser subsister qu’une grosse racine à tête plus ou moins obtuse ou arrondie. Or les dents ainsi déformées ne sont pas bien rares à Anvers, et j'ai remarqué qu’on les rencontrait souvent avec des dents d'Ho- plocetus bien caractérisées, et à couronnes plus ou moins en- tamées par l'usure.

Sur les bords du canal d'Herenthals, on a trouvé un groupe de six dents réunies sur un très-petit espace de terrain, et qui ont, selon toute apparence, appartenu à un même indi- vidu. De ces six dents, deux ont encore des couronnes, mais

DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. 107 fort usées, trois n'en ont plus du tout, et la sixième a la cou- À ronne cassée. Ces dents sont remarquables à cause de la À grande dissemblance qu’il y a entre leurs racines, et, comme elles diffèrent, sous plusieurs rapports, de celles qu’a fait connaître M. Gervais, je pense qu’elles sont d'une espèce in- connue que je désignerai sous le nom d'Hoplocetus borgerhou- tensis.

L'une des plus complètes a une longueur totale de 16 cen- timètres; elle est fusiforme, arquée dans toute sa longueur et + surtout aux extrémités; sa couronne est nettement tronquée ; 4 l'émail en est assez lisse, mais les stries longitudinales sont encore très-visibles; à la base de cette couronne, l'émail forme un bourrelet circulaire plus apparent que dans l’autre dent qui a aussi conservé sa couronne. La racine est épaisse et présente d'un côté, au-dessous du collet, une dépression assez considérable ; son extrémité est amincie et pointue.

L'autre dent à couronne a l’étranglement du collet plus pro- noncé, sa racine est également épaisse, mais elle est brusque- ment tronquée, et toute sa partie inférieure fait défaut, sans qu'il y ait aucune cassure ; aussi n’a-t-elle que 9 centimètres de longueur. La dépression au-dessous du collet existe ici des deux côtés.

La plus forte des dents sans couronne est un peu plus épaisse que les précédentes, plus arquée ; elle a 12 centimètres de longueur, en ligne directe; son extrémité coronale est ar- rondie en dessus, son extrémité radiculaire est assez amincie, comprimée, avec une apparence de bifidité. La dépression au-dessous du collet est forte et n'existe que d’un côté.

Les deux autres dents sans couronne sont ovoïdes, allon- gées, droites, légèrement comprimées dans toute leur longueur; leur extrémité coronale est arrondie, et la pointe de la racine est cassée.

PALÆODELPHIS GRANDIS. Je comprends, sous la dénomina-

108 DU BUS.

tion générique de Palæodelphis, différents Dauphins à courte symphyse mandibulaire, dont jusqu'ici on n’a guère rencon- tré que des dents. Ces dents sont toujours beaucoup plus fortes que celles des Dauphins à longue symphyse mandibu- laire, et s’en distinguent aussi sous plusieurs autres rapports.

Le Palæodelphis grandis est représenté par plusieurs dents en bon état, par quelques fragments de maxillaire supérieur entièrement corrodés et méconnaissables, et par une partie de mandibule. Ces dents sont allongées, assez minces, un peu renflées dans leur partie moyenne, légèrement arquées, sur- tout vers leur extrémité supérieure, un peu comprimées sur les côtés. Les couronnes sont usées et tronquées à la pointe, leur émail est finement strié en longueur ; à l'extrémité de la racine, elles ont un très-petit cône vide. Leur longueur varie entre 10 et 13 centimètres. Avec ces dents, évidemment adultes, on en a trouvé deux paraissant entièrement jeunes. Par la couronne elles sont absolument semblables aux autres, sauf que la pointe est encore entière; elles ont aussi une épaisseur égale, mais la racine est extrêmement courte, et l’in- térieur forme un grand cône vide qui pénètre jusque dans la couronne.

PazæoneLpais MNUTUS. Il y a de cette espèce une série de quatorze dents avec quelques fragments de mandibule. Ces dents ressemblent beaucoup à celles du Pal. grandis, mais elles sont notablement plus petites et très-adultes; elles sont aussi un peu plus renflées dans leur partie moyenne, un peu plus cylindriques dans leur section transversale, et courbées vers leur extrémité inférieure, aussi bien que vers la supé- rieure. Leur longueur varie entre 8 centimètres et demi et 9 centimètres et demi. (

PALÆODELPHIS ANNULATUS. Cinq dents de ce Dauphin ont été trouvées réunies sur un même point; elles sont tout à fait semblables. L'une a la couronne entière, les autres l’ont plus

+ RUE EURE

PRO PE TE CRE EN TRS

DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. 109

ou moins usée ou cassée. Ces dents sont épaisses vers le mi- lieu, leur axe est arqué surtout aux extrémités, et l’une des faces est renflée ; elles sont toutes plus ou moins tordues sur leur axe; leur racine est comprimée à son extrémité. La cou- ronne entière occupe un cinquième de la longueur totale de la dent; elle est cylindrique dans sa section transversale; elle a à sa base un anneau d'émail un peu saillant; cet émail est lisse en certains endroits, et finement ponctué en d’autres. La longueur totale de ces dents est de 10 centimètres en ligne directe ; elles ont toutes les mêmes dimensions.

PALÆODELPHIS CORONATUS. L’examen des séries complètes dents des Dauphins à courte symphyse mandibulaire, adultes, qui vivent à notre époque, démontre que l'on peut trouver réunies, dans un même animal, les formes les plus disparates avec d'énormes différences dans les dimensions. C’est donc avec la plus grande réserve qu’il convient de pro- céder à la détermination des espèces de Dauphins fossiles, d'après des dents isolées, si l'on veut éviter la création de nombreuses espèces nominales.

Les dents du Palæodelphis coronatus ont été trouvées dans ces conditions, et il n'en existe au musée qu'un très-pelit nombre. Celle que j'ai prise pour type est intacte; elle est épaisse, arquée dans toute sa longueur, renflée sur une des faces de son axe. Sa couronne est forte, avec un double ren- flement circulaire à sa base, l’un immédiatement au-dessus du collet, fort étroit, et l’autre plus haut et très-large; l'émail de sa pointe est presque lisse, et celui des anneaux est fine- ment strié. L’extrémité radiculaire est assez amincie et un peu comprimée sur les côtés ; la pointe manque en partie, mais on peut y reconnaître un commencement de bifidité. La lon- gueur totale de la dent, en ligne directe, est de 14 centi- mètres.

Une seconde dent trouvée vers la même époque, et à une

110 | DU BUS. certaine distance de l’autre, lui est tout à fait semblable dans sa forme générale et ses dimensions, mais sa couronne est complétement dépourvue d'anneaux, et l'extrémité de sa ra- cine est positivement bifide. Je fais ici mention de la seconde dent, à cause de cette dernière particularité, et sans me pro- noncer quant à son attribution spécifique.

PALÆODELPHIS ARCUATUS. Parmi toutes les dents soumises à mon examen, je n’en ai trouvé que deux qui me paraissent

appartenir à celte espèce que je crois nouvelle, et que je dé-

signe sous le nom de Palæodelphis arcuatus. L'une est, à peu près, intacte, l’autre n’est qu’une moitié

de dent dont la couche cémenteuse superficielle a entièrement

disparu. La dent intacte est extrêmement courbée; dans son axe elle forme plus d’un quart de cercle; elle est fusiforme, très-épaisse, renflée dans sa partie moyenne, légèrement comprimée sur les côtés; sa couronne presque intacte est forte, large à sa base, cylindrique dans sa section transver- sale, couverte d'un émail très-rugueux. La longueur totale de cette dent, en ligne directe, est de 14 centimètres, dont 35 millimètres pour la couronne, et de 16 centimètres en suivant la courbure de son axe.

PALÆODELPHIS FUSIFORMIS. Parmi les dents de ce Dauphin il en est sept qui ont été trouvées réunies sur un même point, toutes de même grandeur à peu près. Elles sont fusiformes, assez épaisses, régulièrement et insensiblement amincies à leurs extrémités, presque cylindriques dans leur section trans- versale; quelques-unes sont courbées à leur extrémité coro- nale, d’autres sont droites dans toute leur longueur. Les cou- ronnes entières sont coniques, et le diamètre de leur base égale, à peu près, les deux tiers de leur longueur; l'émail est strié, sans renflement sensible à la base. La longueur totale de ces dentsentières varie de 17 à 19 centimètres, dont 3 pour la couronne seule.

DELPHINIDÉS DU CRAG D’ANVERS. 111

PaLÆoDELPHIS ZONATUS. Les dents de cette espèce ont été recueillies en petit nombre; elles sont toujours plus ou moins corrodées et souvent méconnaissables. Elles sont fusiformes, assez épaisses; la plupart sont arquées aux extrémités, d’autres sont presque droites; elles sont toujours un peu comprimées sur les côtés ; l'extrémité radiculaire est toujours plus ou moins effilée. La couronne est en cône allongé, l'émail est légère- ment strié ou presque lisse, avec un renflement circulaire à la base, en forme d’anneau. Toutes les dents ont ce dernier ca- ractère, mais l'anneau varie de largeur entre 10 et 18 milli- mètres; le diamètre de la couronne, à sa base, est de 20 à 24 millimètres. La longueur totale de ces dents vane entre 20 et 22 centimètres.

PALÆODELPHIS PACHYODON. Îl existe quelques dents trou- vées à Anvers, dont les couronnes sont très-larges, dont la partie radiculaire est aussi fort épaisse, et qui paraissent ap- partenir à une espèce distincte de toutes celles dont il est fait mention ci-dessus. Je désignerai ce Dauphin sous le nom de Palæodelphis pachyodon.

Malheureusement toutes ces dents sont brisées et incom- plètes. La plus forte a sa couronne presque entière, sauf la pointe qui est cassée. Cette couronne doit avoir, étant entière, de 4 à 4 centimètres et demi de longueur, sur un diamètre de À centimètres à sa base; l'émail en est très-rugueux, il a 1 millimètre d'épaisseur. La partie radiculaire est brisée à 8 centimètres de la couronne, et ce qui en reste est presque entièrement décortiqué.

Une seconde dent que j'attribue à la même espèce, quoi- qu'elle n’ait pas été trouvée en même temps, est un peu plus petite ; elle est brisée au même endroit que l’autre, mais elle a conservé son enveloppe cémenteuse. Sa couronne est_usée transversalement, vers le milieu de sa longueur, et sa partie radiculaire a, à l’intérieur, un cône vide qui pénètre jusqu'à la base de la couronne.

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112 DU BUS.

SCALDICETUS ANTWERPIENSIS. J'ai fait connaître, en 1867,

les dents d'un grand Cétacé du crag que j'ai désigné sous le nom de Scaldicetus Carretti. Le musée possède un second groupe de trente-quatre dents du même genre, provenant du même endroit que les autres, appartenant à un animal plus adulte que le premier, et probablement d’une espèce diffé- rente. Je propose de le nommer Scaldicetus antwerpiensis.

La longueur de ces dents varie de 14 à 26 centimètres; en- core les plus longues ont-elles la couronne usée, de façon qu'étant intactes elles auraient 28 centimètres. La circonfé- rence des plus grosses est de 25 centimètres, et leur poids est d'un kilogramme et demi. Ces dents sont fusiformes en géné- ral, un peu courbées dans toute leur longueur; la plupart n'ont aucune cavité à l’intérieur, quelques-unes ont un tout petit canal ouvert à l'extrémité de la racine et qui s'étend à peine jusqu’au quart de la longueur de la dent. La racine est très-épaisse, tantôt elle diminue brusquement à son extrémité, tantôt elle est amincie à partir de sa partie moyenne, et se termine en pointe. La couronne est usée le plus souvent, l'extrémité supérieure de la dent est alors simplement arron- die, ou en pointe obtuse. Quelques-unes ont conservé une portion d'émail, lequel est très-rugueux, un peu plissé longitu- dinalement et d'une épaisseur d’un millimètre. Le diamètre de la base des couronnes, qui ont conservé une partie de leur émail, est de 16 à 23 millimètres.

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LES

CHAUVES-SOURIS DE LA BELGIQUE

ET LEURS PARASITES ; PAR

M. P. J. VAN BENEDEN.

En présentant à l’Académie royale de Belgique le Mémoire qu’il a rédigé sous ce titre, Mémoire sur lequel nous revien- drons lorsqu'il aura paru, M. Van Beneden a donné lecture de la Notice suivante {1).

« L'étude des Chauves-Souris présente un très-haut intérêt. Ces animaux sont soustraits complétement à l'influence de l'Homme ; ils se perpétuent sous l’empire absolu de la sélec- tion naturelle ; le même régime insectivore s’observe chez tous, et la loi de la concurrence vitale exerce d'autant mieux son empire, que l'abondance plus ou moins grande de pâture dé- pend des variations de la température. Aucun autre Mammi- fère n’est, sous ce rapport, aussi dépendant, et l'on peut se demander aujourd’hui comment ces Mammifères insectivores, vivant à côté des Mammouths, des Ours et des Rennes, ont pu traverser, sans disparaître complétement, les époques gla- ciaires. Pourraient-ils aujourd'hui passer impunément plus d'un hiver dans leur sommeil léthargique? En existerait-il encore si la température d’un seul été faisait défaut ?

(1) Insérée dans le Bull. de l'Acad. r. de Belgique, 2 série, t. XXXIIT, p. 207; 1872. JOURNAL DE ZOOLOGIE, T, Il, 1873. 8

114 P. J. VAN BENEDEN.

« Quel est l'effet que la sélection naturelle et la concurrence vitale ont exercé, depuis l’époque le Mammouth et le Rhi- nocéros tichorhinus foulaient notre sol, sur la forme, la force, la taille, le genre de vie des Chauves-Souris? Quel change- ment voit-on dans les espèces depuis le commencement de l'époque quaternaire ? Nous n’en apercevons pas et si, depuis cette époque, aucune variation n’est survenue ni dans le nombre, ni dans la forme des espèces, peut-on scientifique: ment attribuer à la sélection et à la concurrence la formation des espèces, soit à notre époque, soit aux époques anté- rieures ?

« Les espèces sont restées exactement les mêmes au milieu de toutes ces luttes, et il nous semble plus que hasardé de cher- cher l'explication de la diversité des formes dans des phéno- . mènes qui n’exercent aucune influence dans les temps ac- tuels.

« Ces considérations ont fait le sujet d’une communication que j'ai faite, au mois d'août dernier, à l’Association britan- nique d’'Edimbourg. Dans le travail que j'ai l'honneur de communiquer aujourd'hui, j'envisage les Chauves-Souris au point de vue des parasites qui les hantent. Il y a encore plu- sieurs lacunes à combler. Ces Mammifères hébergent-ils des parasites comme les autres ordres de cette classe ? Les para- sites des Chéiroptères ont-ils des caractères particuliers? Ceux qu'ils hébergent sont-ils à leur destination (Nostosites) et en hébergent-ils également qui soient chez eux de passage ou de transit (Xénosites)? En d’autres termes, y a-t-il des animaux qui font des Chauves-Souris leur pâture habituelle ?

« D'où leur viennent les Vers qui les habitent et par quel moyen s'introduisent-ils? Les trouve-t-on pendant les diverses saisons, en-été quand ils sont éveillés, en hiver quand ils sont engourdis, et restent-ils en vie pendant toute la durée de l'hiver ?

* Le Lit ls dt, Kobe Er VIA

CHAUVES-SOURIS DE LA BELGIQUE. 415

« Ce sont autant de questions auxquelles nous avons tâché de répondre par des recherches directes sur les Chauves-Souris du pays que nous avons pu nous procurer. Îl reste encore une grande lacune et que nous n’espérons pas pouvoir com- bler, c’est celle de leur pâture. Nous aurions voulu connaître le nom des espèces d’Insectes que chaque Chauve-Souris pour- chasse principalement, mais il nous a été impossible de le savoir. Il faudrait capturer ces animaux en assez grand nombre, immédiatement après leur chasse, avant que la di- gestion soit faite, et, par conséquent, surtout au crépuscule du soir | D’après ce que les parasites nous ont appris, nous savons seulement que les diverses Chauves-Souris du pays pour- suivent les mêmes Insectes, chaque espèce ayant toutefois ses préférences ; il n’y a que le Grand fer à cheval (1) qui chasse un Insecte particulier, puisque cet intéressant Rhinolophe nourrit un Strongle qu’on ne trouve jamais ailleurs et qui lui est apporté naturellement par une espèce qu’il serait impor- tant de découvrir.

« Il résulte de ces recherches :

Que les Chéiroptères nourrissent également des para- sites comme les autres Mammifères ;

2 Que ces parasites appartiennent à une catégorie à part;

Que l’on connaîtrait l’ordre des Chéiroptères au contenu de l'intestin;

4 Que les Ascarides, si communs dans tous les Mammifères, manquent chez les Chauves-Souris ; |

Que tous les parasites connus jusqu'à pitt sont Nos- tosites ;

Que les Xénosites sont des individus égarés ;

Qu'ils nourrissent les mêmes parasites pendant toute l'année ;

(4) Le Ahinolophus uni-hastatus.

116 P. HARTING.

Que le sommeil hibernal fait sentir ses effets sur leurs Vers comme sur leurs nombreux Ascarides. »

DU ROLE DE LA VESSIE NATATOIRE ;

Par M. P. HARTING (1).

M. Harting décrit dans ce travail un nouvel instrument qu'il a imaginé pour la détermination de volumes variables d’air ou d'autres corps, et plus particulièrement de la vessie natatoire des Poissons. Il fait précéder la description de cet instrument, appelé par lui physomètre, de remarques princi- palement relatives aux fonctions de la vessie natatoire. Voici le résumé de ces remarques emprunté presque textuellement au Mémoire de l’auteur.

Peu de problèmes ont autant occupé l'attention des natura- listes que le rôle que joue la vessie natatoire des Poissons. Les auteurs qui l’ont abordé se sont placés à deux points de vue différents. Pour les uns, la vessie natatoire serait un organe de respiration accessoire ; pour les autres, ce serait un appareil hydrostatique, à l’aide duquel le Poisson conserve dans l'eau son état d'équilibre et descend ou remonte alterna- tivement dans le liquide par la compression ou la dilatation de l'air contenu dans ce réservoir.

(1) Natuurkunde d'Amsterdam et Archives néerlandaises pour l’année 1872.

RÔLE DE LA VESSIE NATATOIRE. 117

La première de ces opinions remonte à Needham, qui l’a énoncée dans un écrit publié à Amsterdam, en 1668, sous le. titre de Disquisitio analomica de formatione fœtus. La seconde fut exprimée pour la première fois, mais à titre de simple conjecture, en 1675, par un certain A. J., dans une commu- nicalon faite à la Société royale il est, en outre, fait mention d'un moyen proposé par R. Boyle pour la vérification expéri- mentale de l’idée émise.

L'année suivante, parut l'ouvrage de Borel, De motu ani- malium. Dans le vingt-troisième chapitre, traitant de la nata- tion, l’auteur dit que les Poissons dont on a blessé la vessie natatoire de manière à en laisser échapper l'air restent con- finés au fond de l’eau, et il en conclut que non-seulement la vessie natatoire rend le Poisson spécifiquement plus léger,

* mais qu'elle favorise son ascension ou sa descente, suivant

qu elle est abandonnée à elle-même ou comprimée. Cette expli- cation a été, depuis lors, la plus généralement adoptée; Cuvier et Muller en ont été partisans l’un et l'autre. Il n'y avait pas seulement à invoquer en sa faveur l'existence de muscles dans la vessie aérienne de beaucoup d'espèces; on pouvait également citer les Poissons chez lesquels cet organe est pourvu d'un système propre de ressorts, formé de plaques dures osseuses et dont la pression peut être annulée à volonté par des muscles.

Toutefois, dès le commencement de ce siècle, Biot et Dela- roche, ainsi que de Humboldt et Provençal, avaient ouvert la voie à une modification des idées reçues en étudiant la com- position de l'air contenu dans l'organe dont il s’agit. Ils avaient, en effet, découvert que cet air contient les mêmes éléments que l’air atmosphérique, mais dans d’autres proportions. Le résultat le plus remarquable obtenu par les deux premiers de ces savants était que, chez les Poissons retirés des grandes profondeurs, la quantité d'oxygène est ordinairement plus considérable que dans l'air atmosphérique et qu'elle s'élève

118 P. HARTING.

parfois à 90 pour 100. Ce résultat seul prouvait déjà que la vessie natatoire recoit, par la sécrétion, de l'oxygène du sang qui circule dans les parois de cette poche. Mais la signification réelle de la vessie natatoire, comme organe accessoire de la respiration, ne fut mise en pleine évidence que par les expé- riences de M. Armand Moreau, qui, en 1863, établit, d'une manière convaincante, que celte vessie est un organe dans lequel un excès d'oxygène, introduit dans le sang par la respi- ration branchiale, peut être sécrété et en quelque sorte tempo- rairement emmagasiné, pour être ensuite repris par le sang et consommé lorsque le Poisson se trouve dans une eau la quantité de ce gaz ne suffit plus à entretenir sa respiration.

Ces recherches avaient porté une rude atteinte à la théorie ultra-mécanique, et elles avaient fourni la preuve que la vessie natatoire est, dans tous les cas, quelque chose de plus qu'un appareil hydrostatique.

En 1866, MM. Monoyer et Gouriet ont fait de nouvelles recherches sur ce sujet, etils sont arrivés, chacun de son côté, à cette conclusion, que la compression et la dilatation de la vessie aérienne ne sauraient être considérées comme la cause de l'ascension et de la descente du Poisson dans l’eau.

Sans entrer encore dans l’appréciation de ces diverses re- cherches, M. Harting se borne à faire remarquer qu'il serait au moins très-hasardé, ne connaissant que le résultat de re- cherches entreprises sur un petit nombre de Poissons d'eau douce, tous de la famille des Cyprinoïdes, de conclure’au rôle joué par la vessie natatoire chez tous les Poissons qui sont pourvus de cet organe. L'existence ou l'absence d’un conduit pneumatique, l'habitation dans un milieu peu profond, tel que les rivières et les autres eaux douces, ou dans les abimes de la haute mer, peut exercer une influence plus ou moins importante. Pour sentir combien seraient irrationnelles les in- ductions tirées d’un Poisson à l’autre, il n’y a, d’ailleurs, qu'à

cpl nié. in Ph dat

RÔLE DE LA VESSIE NATATOIRE. 119

_se rappeler les cas où, parmi des espèces très-voisines appar- tenant à un même genre, celui des Scombres, par exemple, les unes possèdent une vessie natatoire, tandis que les autres en sont dépourvues. Il faudra, en réalité, encore bien des re- cherches avant qu'on soit en droit de regarder comme parfai- tement compris le rôle que la vessie natatoire remplit chez les différentes espèces de Poissons. Mais de pareilles recherches exigent que l'on puisse suivre, dans des conditions variées, les changements que la vessie natatoire et le gaz contenu dans ce réservoir éprouvent pendant la vie. Les plus importantes de ces conditions sont : la pression à laquelle le corps entier du Poisson, et par conséquent la vessie aérienne, est soumis, à raison de la colonne d’eau qu’il supporte, et la quantité d'oxygène dissous dans cette eau.

Tandis que les variations occasionnées par la différence de pression à laquelle le Poisson se trouve soumis font déjà par elles-mêmes, sans l’intervention d'aucune compression ou dilatation active de la vessie, augmenter ou diminuer le volume de l'air emprisonné, la consommation successive de l'oxygène dissous dans l’eau fera disparaître ce gaz de la vessie. Par suite de cette seconde cause, le volume de la vessie natatoire pourra donc diminuer également, à moins que l’oxygène dis- paru ne soit remplacé par un volume égal de gaz acide carbo- nique, ce qui, pour plus d'une raison, est peu probable. D’un autre côté, le volume de la vessie natatoire peut augmenter rien que par la sécrétion, à l'intérieur de cette poche, de l'excès d'oxygène qui a été introduit dans le sang par la res- piration branchiale.

Maintenant, outre ces deux causes .principales et positives de variation du volume de l'air contenu dans la vessie nata- toire, en existe-t-il encore une troisième ? Le Poisson possède- t-il le pouvoir de comprimer cet air à volonté, ou de faire cesser, par des contractions volontaires, une compression exis- tant dans l'état passif ?

120 P. HARTING.

À ces questions, dit l’auteur, nous devons, pour le moment, nous abstenir de répondre.

En effet, l’existence d'appareils musculaires aptes à produire une pareille action n’oblige pas nécessairement d'admettre que cette action est réellement exercée pendant la vie ; en tout état de cause, il n’est pas permis de déduire, du petit nombre de cas de semblables appareils se rencontrent, que d’autres Poissons jouissent du même pouvoir, et que, la vessie na- tatoire ne possède pas de muscles ou n’en possède que de très- faibles, la pression exercée par les muscles latéraux des parois abdominales sera suffisante pour produire l'effet supposé.

La question ne pourrait être résolue avec certitude que si l'on avait le moyen de rendre visibles les variations de volume qu'éprouve la vessie natatoire durant la vie de l'animal. Toute compression due à une contraction musculaire doit partager le caractère de celle-ci. Une résistance passive est autre chose qu'un mouvement actif. L'air, par exemple, qui est contenu dans une vessie natatoire se dilatera et se resserrera graduel- lement et régulièrement, lorsque la hauteur de la colonne d’eau qu’il supporte sera la seule cause du changement effec- tué, De même, la variation de volume occasionnée par la sé- crétion et l'absorption de l’oxygène dans la vessie natatoire ne peut être qu'une variation lente et continue. Les contrac- tions musculaires, par contre, se font d’une manière plus ou moins instantanée. Elles sont le résultat d’un ordre de la vo- lonté. Des changements de volume rapides ne peuvent guère être produits que par elles, et, lorsqu'ils ont lieu, en outre, dans des conditions l’influence de la différence de pression est entièrement éliminée, il serait difficile de les attribuer à une aulre cause.

L'expérience de Boyle est susceptible d’une application utile, à la condition de remplacer le simple ballon dont il se servait par un appareil plus compliqué, qui permette non- seulement de voir, mais aussi de mesurer exactement les dila-

RÔLE DE LA VESSIE NATATOIRE. 121

tations et la contraction de l'air dans la vessie natatoire, et qui permette, en outre, de placer à volonté le Poisson plus haut ou plus bas dans l’eau, sans que l'appareil cesse d’être clos ou subisse quelque autre changement. Cette dernière condition, qui constitue la partie difficile des expériences que le sujet comporte, a été reproduite par M. Harting au moyen de l'ap- pareil qu’il a nommé physomètre, appareil dont la seconde partie de son Mémoire donne la description. Dans la troisième il traite de la disposition et de l'emploi du physomètre pos les déterminations voluménométriques.

Des recherches physométriques analogues à celles aux- quelles donnent lieu les Poissons peuvent aussi être faites sur d'autres animaux contenant de l'air dans leur intérieur. Si l’on avait l'occasion d'introduire dans l'appareil un Nautile vivant, il y aurait espoir d'élucider enfin le phénomène encore énigma- tique de l'ascension et de la descente de cet animal dans l'eau.

Une autre recherche à laquelle peut être appliqué le phy- somètre est celle de la quantité d’air contenue dans les pou- mons des enfants nouveau-nés. Il est clair qu’on obtiendra, par ce moyen, des résultats beaucoup plus sûrs que par la simple épreuve ordinaire, attendu qu’une quantité d'air, même très-faible et insuffisante pour faire surnager les pou- mons, sera non-seulement décelée, mais aussi mesurée par le physomètre.

Enfin ce n'est pas au seul doté de la physiologie qu'est réservé l'emploi du physomètre ; il est aussi appelé à rendre des services dans l’investigation de phénomènes du ressort ex- clusif de la physique.

Suit la description du physomètre, description qui, dans l'édition du Mémoire de M. Harting insérée dans les Archives néerlandaises, est accompagnée d'une planche représentant cet instrument.

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NOTICE

NOUVEAU POISSON DU TERRAIN LAEKENIEN:

PAR

ME. P. J. VAN BENEDEN (1)

Nous avons communiqué à la classe, l’année dernière, une Notice sur quelques Poissons fossiles de la Belgique (2). Deux Poissons remarquables ont été découverts depuis lors dans les environs de la capitale, et c’est l’un de ces Poissons que nous nous proposons de faire connaître aujourd'hui à l’Académie.

L'intérêt des Poissons fossiles s'accroît de jour en jour; il ne s'agit plus seulement de comparer les habitants des mers d'autrefois avec ceux d'aujourd'hui, mais de mieux apprécier les affinités fondamentales de certaines formes perdues et de déterminer plus exactement les affinités systématiques de cer- taines familles rebelles à toute classification. Si les Ceratodus d'Australie, si soigneusement décrits naguère par le D. Gün- ther, jettent du jour sur certaines formes de Poissons carboni- fères, les Palædaphus ne sont pas sans éclairer également les affinités véritables des Lépidosirènes des temps actuels.

(1) Extrait du Bulletin de l’Académie royale de Belgique, t. XXXIV, p. 420; 1872 ; Mémoire accompagné d’une planche. (2) Zbid., t. XXXT ; juin 1871. Journal de Zoologie, t. I, p. 78.

POISSON DU TERRAIN LAERENIEN. 193

Le Poisson que nous faisons connaître dans cette Notice a été trouvé récemment dans le terrain laekenien par M. G. Vin- cent. Comme on peut le voir par le dessin, il est assez com- plet, et les parties qui manquent sont toutes d'un intérêtsecon- daire. |

Ï mesure en longueur, depuis le bout du museau jusqu'à la base de la nageoire caudale, 38 centimètres; vers le milieu du corps, sans y comprendre la nageoire dorsale, il mesure 13 centimètres.

Les écailles sont grandes, recouvrent encore les diverses ré- gions, même les opercules, et mesurent, les grandes au moins, un demi-centimètre dans leur plus grande longueur.

La forme du Poisson est fort bien conservée; elle est celle du Poisson osseux ordinaire. La tête est parfaitement distincte, les dents sont encore en place et les os operculaires ont con- servé les écailles ‘qui les recouvrent.

Les os operculaires ne présentent aucune apparence d'épines; mais le préopercule, examiné à la loupe, a son bord inférieur surtout finement crénelé.

Les intermaxillaires et les mandibules sont armés de dents coniques qui donnent à la tête le cachet de la famille. Nous n'avons pu voir celles qui sont placées en dedans.

Les plaques sous-orbitaires sont excessivement larges.

Indépendamment de cette grande et belle pièce dont nous avons publié une figure, nous avons eu en communication quelques fragments de Poissons recueillis dans le même terrain et que nous rapportons à la même espèce. Parmi ces frag- ments se trouve une tête assez complète, au premier abord fort différente de la première, mais qui n'en diffère au fond que par la disparition de la peau et des écailles qui la recou- vraient. Le grand Poisson a été enveloppé tout entier à l'état frais, tandis que la tête a été conservée dans le sable après avoir subi les premiers effets de la décomposition.

124 P. J. VAN BENEDEN.

A côté des os de la tête, nous avons trouvé des otolithes bien conservés; nous avons eu soin de les faire également figu- rer. Il nous semble que jusqu’à présent les naturalistes n’ont pas attaché assez d'importance à ces organes qui sont, sans aucun doute, plus précieux à connaître que les écailles. Nous en pos- sédons de fort intéressants de Tortone, de Sassuolo et du Monte- Mario, qui ont été recueillis par monseigneur Van den Heck et que nous nous proposons de faire connaître dans un tra- vail spécial. | ù

Les otolithes de notre Poisson laekenien sont longs de 7 millimètres et larges de 5. Ils ont une forme ovale et sont aplatis comme une lentille; une des surfaces est légèrement convexe, parcourue, comme à l'ordinaire, par un ruban courbé au milieu; l'autre surface est concave, couverte de sillons, formant des encoches sur le bord à côté de tubercules qu'un dessin seul peut rendre.

Ces otolithes sont régulièrement arrondis à un bout, échan- crés sur le côté au bout opposé, avec un bord plus ou moins festonné. Cette forme se retrouve dans tous les Sparoïdes dont nous connaissons les otolithes.

Ces dernières pièces nous ont été communiquées par M. Th. Lefèvre.

À quelle famille notre Poisson éocène se rapporte-t-1l? IL saute aux yeux qu'il appartient, par tous ses caractères exté- rieurs, à la famille des Sparoïdes, ce que ses otolithes confir- ment. Mais les Sparoïdes sont fort nombreux dans les temps actuels. De quel genre vivant se rapproche-t-il le plus ? Nous dirons, sans hésiter, du genre Dentex, actuellement si riche en espèces.

Ya-t-il un Poisson fossile auquel on pourrait rapporter notre Dentex laekenien ?

Au commencement de ce siècle, Faujas-Saint-Fond a décrit dans les Annales du Muséum un Poisson fossile trouvé dans

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POISSON DU TERRAIN LAEKENIEN. 195

une des carrières de Nanterre près Paris (1) et qu’il rapportait au genre Coryphène. Trois ou quatre ans après, M. Barry (2) a fait observer, dans une lettre insérée dañs le même recueil, que le Poisson de Nanterre n'a pas les caractères des Cory- phènes, qui sont des Poissons habitant exclusivement des ré- gions intertropicales, mais se rapproche plutôt des Spares qui hantent des régions plus tempérées. Plus tard, Agassiz a fait de ce même Poisson un Dentex sous le nom de Dentex Fau- jasu.

C'est de ce Poisson du bassin de Paris que notre Dentex se

rapproche le plus ; toutefois, en tant que l'on puisse en juger par la figure qui en a été publiée, ces deux Poissons diffèrent entre eux par plusieurs caractères, et nous proposons pour notre Dentex le nom spécifique de laekeniensis. - On sait que nous n'avons guère actuellement de Sparoïdes dans la mer du Nord, tandis qu'ils sont communs dans la Méditerranée ; on en trouve encore sur les côtes de Bretagne, mais ils deviennent rares dans la Manche, et, si parfois il s’en trouve sur nos marchés, ce sont des pêcheurs de Bou- logne ou de Calais qui sont venus les vendre à la minque d'Ostende...

(1) Faujas-Saint-Fond, Annales du Muséum, t. I, p. 353 ; 1802... (2) Barry (lettre sur ce Poisson), Annales du Muséum, t. V ; 1804.

L'AILE DES INSECTES ;

PAR

M. Félix PLATEAU.

Qu'est-ce que l'aile d’un Insecte? Faut-il chercher, dans ces membranes tendues sur de délicates nervures, l’homologue

des organes qui servent à soutenir dans les airs le Chéiroptère et l’Oiseau; en d’autres termes, y a-t-il, entre les ailes des. Insectes et les membres antérieurs des Vertébrés doués de la”

faculté de voler, une autre ressemblance que celle tirée de l'aspect général et de l’usage ?

Bien des naturalistes l’ont cru, et un entomologiste célèbre, Jurine, qui, par de patientes recherches, est parvenu à rendre l'étude des nervures facile et d’une application importante dans la détermination des Hyménoptères, a donné, à ces ner- vures et à certaines portions de l’aile, des noms tels que ceux de nervure radiale, nervure cubitale, carpe, etc., qui prouvent assez que, pour lui, l'appareil du vol de l’Abeille était le pen- dant de celui de la Chauve-Souris (1).

Les termes employés par Jurine se sont, en grande partie, conservés dans la science, et il faut avouer que quelques con- sidérations anatomiques un peu superficielles peuvent être apportées à l'appui de l'idée dont il s’agit, comparons, par exemple, le mésothorax d’un Insecte aïlé à la ceinture scapu- laire de l’Oiseau : de part et d'autre, si nous nous servons,

(1) Nouvelle méthode de classer les Hyménoptères et les Diptéres, t, 1; Genève, 1807.

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LES AILES DES INSECTES. 127

pour l’Arthropode, de la méthode d’Audouin {1}, nous trouvons un sternum sur la ligne médiane; les pièces épisternales de l'Insecte répondent aux clavicules de l'Oiseau (ou, peut-être, aux coracoëdiens) ; voilà pour l'arc ventral. L’are tergal et les parties qui le forment, épimères et pièces tergales, sont repré- sentés chez le Vertébré par les omoplates.

Il devait en être ainsi; car, chez l’Articulé comme chez l'Oiseau, les organes du vol ne peuvent être insérés, pour que ce vol soit possible, que sur un anneau résistant et élas- tique.

Mais cette identité qu’on serait tenté d'admettre entre les ailes des Insectes et celles des Oiseaux est inacceptable; la ceinture scapulaire des Vertébrés porte le membre antérieur qui sert tantôt au vol ou à la natation, tantôt à la marche, et jamais elle ne constitue à la fois le point d'appui d’une paire de pattes et d'une paire d'ailes comme dans le tronc alifère des Insectes.

Dans le groupe des Articulés, chacun des troïs anneaux du thorax donne, des deux côtés du sternum, insertion à une patte qui est ainsi une dépendance de l’arceau inférieur de l’anneau complet et qui est l’analogue véritable du membre locomoteur ordinaire des Vertébrés, quel que soit son rôle (2).

Je ne connais rien de plus convaincant, à cet égard, que la

comparaison qu'on peut établir entre le sternum, l'épaule et le membre antérieur des Batraciens anoures et le méso- ou métathorax des Coléoptères.

Il y a deux vérités dont il faut bien se pénétrer et qui sont passées aujourd’hui à l’état de faits acquis : les pattes des Articulés, les membres locomoteurs et les ailes des Vertébrés

(1) Recherches anatomiques sur le thorax des animaux articulés (Ann. des sc. nat., 1re série, t, I; Paris, 1824).

(2) Geoffroy Saint-Hilaire regardait à tort les pattes des Insectes comme ré- pondant aux côles des Vertébrés, +

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128 PLATEAU.

naissent de l’arceau ventral ; les îles des Articulés reii de l’arceau tergal (1). |

Les ailes des Insectes, celles des Oiseaux et des Chéiroptères et même les nageoires développées des Poissons volants ne sont donc pas comparables (2).

Chercherons-nous, avec Kirby, une analogie peu accepté entre l’aile de l'Insecte et la peau des flancs soutenue par des côtes chez les Sauriens du genre Draco ; continuerons-nous à considérer, avec Audouin, les ailes des Articulés comme des organes sut generis (3); nous efforcerons-nous de trouver l'ori- gine des organes du vol dans des pattes profondément modi- fiées, comme l'ont voulu, à une certaine époque, Latreille et plus tard Mac-Leay ? Non certainement, car l'examen attentif du squelette cutané des Arthropodes va nous donner la solu- tion du problème.

Dans l'ouvrage publié récemment par M. E. Blanchard, sur

(1) Ce n’est pas exactement, il est vrai, l’opinion de tous les naturalistes. « Les membres des Articulés, dit M. Schiodte, naissent toujours des côtes des segments, c’est-à-dire de la région pleurale située entre la pièce tergale et la ventrale. Dans ce cas, cette région pleurale peut se recouvrir d’un dépôt de chi- tine pour former une pièce latérale, l’épimère, servant de point d’attache aux museles qui servent à mouvoir l'articulation basilaire du membre (la hanche). C’est aussi de la région pleurale seule que naissent les appendices respiratoires, à l'extérieur les branchies, à l’intérieur les trachées... » (Naturhistorisk tid- skrift IV; Kjobenhavn, 1866.— Ann. and Mag. of nat. Hist., 1868, p. 1. Biblio- thèque universelle de Genève ; Archives, t. XXXIV, p. 280; Mars, 1869).—Au lieu de considérer deux régions seulement dans l'anneau, une région tergale et une ventrale, M. le professeur Schiôdte en considère quatre dont deux pleu- rales répondant aux pleuræ de Kirby, aux flancs de V,. Audouin ; mais, pour peu qu’on envisage, non plus l’anneau théorique, mais l’anneau véritable des Arthropodes, on voit clairement que ces régions pleurales sont nettement divi- sées en deux portions dont l’une appartient à l’arceau tergal, c’est l’épimèére, l’autre à l’arceau ventral, c’est l’épisternum, et alors toute ambiguïté disparaît dans la position respective des ailes et des pattes.

(2) Carpenter, Animal physiology, p. 509 ; London, 1859,

(3) Voir : Lacordaire, Zntroduction à l’entomologie, 1. 1, p. 409; Paris, 1834.

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LES AILES DES INSECTES. 129

les métamorphoses des Insectes (1), l'auteur rappelle l'hypo- thèse suivante dont l'idée première appartient à de Blainville: « Jamais il n'existe d’orifices respiratoires soit au mésothorax, soit au métathorax. Dans les circonstances l’on a signalé l’existence de stigmates au mésothorax, on paraît avoir été trompé par un chevauchement du prothorax (2) ; lorsqu'elle a été constatée au métathorax, c’est que le premier anneau de l'abdomen s'était uni au dernier anneau du thorax (3). Cette absence d'orifices respiratoires aux deux anneaux qui portent ou qui doivent porter les ailes donne une certaine consistance à l’idée, depuis longtemps émise, que les ailes sont, en grande partie, constituées par des trachées rejetées au dehors et em- prisonnées entre deux lames tégumentaires. »

Admettre que les ailes ne sont qu’une dépendance de l’ap- pareil respiratoire est quelque chose de si simple, qu'il n’est pas étonnant, ainsi que le dit M. Blanchard, que cette idée ait été émise depuis longtemps (4); mais mes observations m'ont conduit vers une solution un peu différente de celle dont parle le savant entomologiste ; je vois dans l'aile, avec raison je pense, non pas des trachées déjetées au dehors, mais

(1) Métamorphoses, mœurs et instincts des Insectes, p. 128 ; Paris, 1868.

(2) Straus Dürkheim {Considérations générales sur l'anatomie comparée des animaux articulés) commet cette erreur ; elle résulte de ce que l’auteur nomme corselet le prothorax ordinaire, prothoraæ le mésothorax, etc. ; c’est- à-dire qu’il règne en ce point de son ouvrage une confusion regrettable.

(3) Il me paraît qu'un cas de ce genre peut être indiqué chez un Diptère pu- pipare, le Melophagus ovinus. M. Léon Dufour (Études anatomiques et phy- siologiques sur les Insectes diptères de la famille des pupipares ; Ann. des sc. nat., série, t. III, p. 49, pl. 11, fig. 4; 1845) a décrit et figuré quatre slig- mates thoraciques à la région dorsale de cet Insecte. La première paire appar- tient bien certainement, comme à l’ordinaire, au prothorax, et la deuxième, si Von en juge par sa situation en arrière des insertions de la dernière paire de membres, est très-probablement abdominale.

(4) Parmi les auteurs qu’on peut citer à cet égard, je signalgrai C. G. Carus,

Traité élémentaire d'anatomie comparée : Recherches d'anatomie philoso-

phique sur les parties primaires du squelette. JOURNAL DE ZOOLOGIE. T. II. 1873. 9

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130 PLATEAU.

des stigmates profondément modifiés. Comme cette opinion peut paraître hasardée, on me permettra d'en tenter la dé- monstration. 4

Tous les anneaux successifs du corps des Articulés, pre- nons des Insectes pour fixer les idées, sont semblables, c’est- à-dire formés des mêmes parties; si donc, dans l’arceau supé- rieur, les ailes n'existent que pour deux anneaux seulement, il faut rechercher quels sont les organes qui occupent leur place dans les sommités postérieures. Or ces organes sont les stigmates.

Les stiymates véritables, comme les ailes, sont toujours situés dans l'intervalle qui sépare l’épimère de la pièce tergale qui la surmonie, quelle que soit, du reste, la position des stigmates par rapport à l’ensemble du corps de l'animal (1). J'aurais pu donner, à l'appui de cette proposition, de nombreuses figures plus ou moins théoriques ; j'ai préféré me borner à deux des- sins faits d’après nature.

Afin d'éviter qu'aucune espèce de doute puisse rester dans l'esprit du lecteur, quant à mon interprétation des pièces du squelette, j'ai choisi à dessein le Dytiscus marginalis ; car on se rappellera que c’est aussi un Dytiscus qui à servi à Audouin de type pour la description du thorax (2).

Si l'on observe le métathorax du Dytiscus marginalis, on y voit le sternum, l'épisternum, la hanche de la troisième patte gauche, l'épimère et enfin la base de l'aile gauche. Rien de plus facile que de constater qu'il existe, pour le métathorax de notre Coléoptère, un espace plus membraneux que le reste, circonscrit par l’épimère presque seul vers le bas, et par

(4) Audouin considérait l’épimère comme appartenant au pectus, à l’arceau ventral. M. Milne-Edwards et les auteurs récents y voient, non sans motifs, une pièce de l'arc tergal (tergum). Voyez l’article Crustacea dans le Cyclopædia of Anatomy de Todd, p.753.

(2) Dytiscus ciroumfleæus, Audouin, Op. cit, pl, vin,

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LES AILES DES INSECTES. 131

l'ensemble des præscutum, scutum, scutellum et postscutellum vers le haut. Les extrémités antérieures et postérieures du cadre sont constituées par l'articulation du bout extrême du præscutum avec la paraptère de l’épisternum et par celle du bout du postscutellum avec la pointe de lépimère.

Dans l’espace membraneux dont je viens de décrire les limites, se trouvent placés les épidèmes d'articulation de l’or- gane du vol, et c’est également de cet espace que procède la membrane alaire.

Passons actuellement au deuxième anneau abdominal du même Insecte ; on y distingue nettement le sternum, l’épister- num, puis une pièce allongée qui ne fait pas partie de la pré- cédente, mais qui est bien réellement articulée avec elle; c’est de toute évidence l’épimère ; ensuite l'espace membraneux, et enfin l’ensemble du terqum. Au centre de l’espace membra- neux homologue de celui dont j'ai parlé plus haut, se voit le siüigmate, occupant exactement l'emplacement de l'aile, c’est- à-dire au-dessus de l’épimère.

Bien des faits paraissent en contradiction avec la proposi- tion générale que j'avance ici, à savoir que les stigmates véri- tables, comme les ailes, sont toujours placés dans l'intervalle qui sépare l'épimère de la pièce tergale qui la surmonte ; mais, ainsi qu on va le voir, ces faits sont réellement la con- firmation de mon hypothèse.

Chez les Lules, parmi les Myriapodes, les stigmates, au nombre de deux par anneau, sont situés à la face ventrale du corps et excessivement voisins de la ligne médiane ; or l’exa- men microscopique d'un anneau isolé d'Julus terrestris, par exemple, montre qu'il existe, aussi, une pièce sternale, des épisternaux, des épimères très-réduits, que les stigmates sont en dehors des épimères et que les pièces tergales énormes constituent presque l’anneau entier.

Chez les Scorpions, parmi les Arachnides, les stigmates,

132 PLATEAU.

quoique situés plus bas que la plaque dorsale, qui forme, en apparence, l’arceau dorsal seul, n’en sont pas moins en dehors des épimères fort bien représentés ; ce dont on s'assure faci- lement en comparant un anneau stigmatifère à un anneau thoracique du même individu.

Je rappellerai que ce n'est pas seulement au thorax que les orifices respiratoires peuvent manquer et sont remplacés par des expansions aliformes à deux feuillets. Six des anneaux de l'abdomen de la larve de l’Ephemera vulgata portent chacun une paire de branchies bifides et frangées assez semblables aux ailes des petits Lépidoptères fissipennes du genre Ptero- phorus. Sept des anneaux abdominaux de la larve de l’Ephe- mera biloculata (1) sont garnis de larges lamelles elliptiques trachéifères qui ont avec des ailes une analogie incontestable.

« Chez la larve de l’Agrion puella, dit Carus, le sang coule dans les rudiments des ailes, absolument de la même ma- nière que dans les lames branchiales, et 1l serait difficile de citer un autre cas plus propre à démontrer que l'aile qui pousse est une branchie (2). » Enfin Oken (3) et M. Owen (4) ont successivement cherché à prouver théoriquement que les ailes ne sont que des branchies modifiées.

Les nymphes de Culex pipiens viennent, comme on le sait, respirer à la surface de l’eau par deux tubes légèrement éva- sés qui s'élèvent sur la région dorsale thoracique. La dissec- tion de ces nymphes m'a montré que les deux tubes respira- toires sont insérés sur l’arceau tergal du mésothorax, précisé- ment au point d'où naissent les ailes rudimentaires qu’on

(1) C. G. Carus, Tabulæ anatomiam comparativam illustrantes, pl. TU, fig. 8,

(2) Traité élémentaire d’Anatomie comparée, op. cit., tr. p. 396.

(3) Naturphilosophie, édit., p. 418.

(4) Lectures on the comparative anatomy and physiology of the invertebrate animals, p. 198; London, 1848.

LES AILES DES INSECTES. 133

trouve couchées sous les plaques latérales de la portion anté- rieure du corps. Les stigmates véritables des anneaux de l’ab- domen de l'Insecte parfait sont déjà visibles sous les tégu- ments de la nymphe, et, chose curieuse, les balanciers en voie de formation qu'on aperçoit sous la peau du métathorax ont, avec ces stigmates imperforés, la ressemblance la plus com- plète au point de vue de la position et de la forme.

Lorsque la nymphe se dépouille de son enveloppe, les tubes respiratoires tombent avec celle-ci, et les orifices qui leur correspondaient, oblitérés, n'ont plus raison d’être ; les ailes restent seules; les balanciers, sous forme de tubes perma- nents, sont fermés, et les stigmates abdominaux entrent en fonction. À

Rien n'est si facile que de montrer le passage du stigmate au balancier des Diptères et celui de ce balancier à l’aile vé- ritable : si nous examinons les stigmates du Hanneton com- mun, si bien figurés dans leurs moindres détails par Straus Dürkheim {1}, nous constatons déjà que la portion qui appar- tient au squelette cutané est un tube membraneux court, à section elliptique, soutenu par deux cerceaux chitineux, l’un à l'entrée, l’autre au fond, reliés eux-mêmes l'un à l’autre par une série de nervures latérales ; au fond du tube se trouve percée la fente qui livre passage à Pair.

Si ce tube, qui n'est que le vestibule du gros tronc trachéen qui nait du stigmate, s’allonge considérablement et se ferme à l'extrémité, on a le balancier des Diptères. En effet, les ba- lanciers de la Tipula oleracea, par exemple, sont de simples tubes portant un empâtement ovoide (capitulum) à leur extré- mité libre ; ils ne renferment même pas de trachées. Ceux de la Calliphora cærulea, très-analogues aux précédents par leur simplicité, ont le style à section elliptique et contiennent un rameau trachéen grêle. Les mêmes organes chez l’Asilus cra-

(1) Considérations, pl. vr, fig. 7, 8, 9, 10.

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broniformus, plus aplatis encore, sont soutenus par trois ner- vures assimilables, jusqu'à un certain point, la première à l'ensemble des nervures radiale et cubitale réunies, la seconde à la médiane, la troisième à la sous-médiane ou à l’anale.

Chez la Tipule, comme chez la Calliphore et l’Asile, les ba- lanciers sont couverts des mêmes poils ou écailles que les ailes antérieures, et la forme totale des balanciers de l’Asile y fait reconnaître, malgré leurs dimensions exiguës, des ailes rudimentaires.

Ici se présente la question de savoir si, malgré cette ana- logie évidente, les balanciers des Diptères tiennent bien réel- lement la place de la paire d'ailes du métathorax. Question délicate et qui a fait l'objet de beaucoup de recherches.

On sait que Latreille (1) et, plus récemment, M. Macquart (2) voient, dans les balanciers, des dépendances du premier anneau abdominal ; mais Audouin (3), dont l'opinion a autant de poids que celle des auteurs précités, prétend, au contraire, que les balanciers sont insérés sur le métathorax. Malheureusement,

l'ouvrage le résultat de ses investigations devait être publié

n’a pas vu le jour. Bien d'autres naturalistes sont du même avis qu'Audouïin ; je citerai, parmi eux, Fabricius, Dugès (4), M. Rymer Jones (5), et, comme je le montrera plus loin, les recherches si minulieuses et si exactes de M. Aug. Weismann viennent confirmer entièrement cette opinion.

J'avoue qu'il m'a été impossible de découvrir nettement si

(1) Mémoires sur quelques appendices particuliers du thorax de divers Insectes (Mém. du Muséum, 1. VII). Observations sur l’organisation exté- rieure et générale des animaux articulés (Zbid., t. VIII).

(2) Hist. nat. des Ins. diptères (Suites à Buffon, 1. I, p. 9; Paris, 1834).

(3) Dictionnaire classique d'histoire naturelle, article Balanciers.

(4) Traité de physiologie comparée de l'Homme et des animaux ; Paris, 1828, t. Il, p. 146.

(5) General outline of the organisation of the animal kingdom, p. 349; London, 1854.

LES AILES DES INSECTES. 135

les balänciers sont, oui ou non, métathoraciques ; je dirai cependant, d’une facon générale, qu’on ne peut rien déduire, comme a voulu le faire Latreille, de la situation des balan- ciers dans le voisinage de la première paire de stigmates. Le métathorax des Diptères est, en effet, tellement réduit dans certaines de ses parties, et son mode d'union avec le premier anneau abdominal est tellement compliqué, qu'il est très-ad- missible que les balanciers soient portés par des pièces méta- thoraciques plus ou moins incluses entre des saillies de Fa: ceau abdominal antérieur.

Au point de vue anatomique, il restait une dernière res- source : « Si, dit M. Lacordaire, on retrouvait, à la base des balanciers, des épidèmes articulaires et des muscles analogues à ceux des ailes inférieures des Insectes, on ne pourrait douter de leur analogie avec ces dernières [1). »

J'ai donc examiné la base de balanciers frais et, comme Audouin l'avait annoncé, j'y ai observé effectivement, avec la plus vive satisfaction, une série de pièces articulaires inter- médiaires entre le corps et les nervures rudimentaires. Une figure, dessinée d’après l'Eristalis tenax, montre bien qu'il s’agit ici de véritables épidèmes. En la comparant avec la base de l'aile du Hanneton figuré par Straus, on discernera les parties suivantes : a) première nervure, b) médiane, c) anale, c') tête de la première nervure, e) première et deuxième axil- laires réunies, f) quatrième axillaire; et l'on remarquera qu'elles sont bien plus nettes que dans les ailes rudimentaires de certains Coléoptères (Carabus auratus, Procrustes coriaceus, Meloe proscarabœæus, p. ex.).

Le balancier est donc une aile rudimentaire ; l’aile elle- même n’est qu'un stigmate énormément développé; le tube du stigmate est à section elliptique, présentant un grand etun petit axe ; le petit axe de l’ellipse est devenu à peu près nul

(1) Zntroduction à l’entomologie, t. X, p. 142.

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et le grand s'est, au contraire, allongé. Il en résulte que les parois droite et gauche se touchent et constituent les deux feuillets membraneux dont toute aile est composée; ces feuillets emprisonnent les nervures qui ne sont autre chose que les baguettes qui soutenaient le tube du stigmate et qui se sont hypertrophiées.

S'il en est ainsi, les ailes, comparées au reste du corps, doivent être pauvres en trachées. L'étude détaillée des ailes d’un grand nombre d’Insectes est venue confirmer cette sup- position. J'exposerai, du reste, les résultats auxquels je suis arrivé à cet égard dans un travail que Fe compte publier d'ici à quelque temps.

L'embryogénie devait venir au secours de notre explication de l’origine de l'aile, et j'aurais, au moins, tenté quelques recherches dans ce sens, si la question n'avait été pleinement résolue, d’une manière réellement admirable, par M. Aug. Weismann (1).

On sait, depuis longtemps, que, chez les Insectes à méta- morphose complète, les appendices thoraciques de l’animal parfait apparaissent dès les premiers temps de la vie de la larve; Swammerdam, Burmeister, L. Agassiz s’en sont quelque peu occupés, mais M. Weismann seul a étudié ce phénomène d’une façon suffisante.

Il ne m'’appartient pas de reproduire ici un résumé détaillé du travail de cet auteur; je me borneraï à rappeler, en peu de mots, que le savant naturaliste a observé, chez la larve de la Musca (Calliphora) vomitoria (2), par exemple, douze petites plaques ou petits disques (Scheiben) visibles au travers des téguments transparents, placés quatre par quatre dans les

(4) Ueber die Entstehung des vollendeten Insects in Larve und Puppe.

Frankfurt a. M.; 1863 (4bhandl. der Senkenbergischen Naturf. Ges. zu Frank-

furt a. M., t. IF). (2) Les espèces principales dont M. Weismann s’est occupé sont : Simulia sericea, Musca vomitoria, Chironomus nigroviridis.

LES AILES DES INSECTES. 137

trois premiers anneaux du corps et dont l'ensemble était dis- tribué sur quatre lignes longitudinales, dont deux ventrales et deux dorsales.

Ces disques sont des renflements aplatis de la couche péri- tonéale de quelques trachées, et ils sont entièrement remplis des noyaux transparents qu'on rencontre distants les uns des autres dans la couche trachéenne la plus externe.

Laïssons de côté les plaques ventrales; elles produisent les pattes et les arceaux ventraux des anneaux thoraciques de la Mouche.

Quant aux disques supérieurs, ceux de la première paire donnent naissance, par des modifications successives, à l’ar- ceau tergal du prothorax et aux stigmates.

Ceux de la deuxième paire sont les origines de l’arceau tergal du mésothorax et d’une paire d’ailes ; ceux de la troi- sième paire située dans le métathorax forment l’arceau tergal de cet anneau et les balanciers.

Il ressort évidemment de ces observations, qui ont fait

l'admiration de tous les naturalistes actuels, que les stigmates, les ailes et les balanciers ont une origine identique.

Il me semble aussi qu’on peut déduire, des recherches de M. Weismann, des études anatomiques antérieures, et même,

de mes propres investigations, les conclusions qui suivent :

1. [n'y a pas de stigmates véritables au méso- et aw méta- thorax (1). 2. Les stigmates et les ailes appartiennent toujours à l'ar- ceau tergal. 3. L'aile est un stigmate hypertrophié. - À, Les balanciers sont des ailes rudimentaires.

(1) Puisque, dans ce cas, il existerait, chez les larves, dans le méso- et le métathorax, des disques de formation distincts de ceux qui produisent les pattes et les ailes ; or ces disques manquent.

————— © 2 ———

ÉDOUARD CLAPARÈDE ();

PAR

M. Charles VOGT (2).

.….. Après avoir suivi les cours de notre faculté des sciences, Pictet le distingua tout particulièrement, Claparède se transporta en 1853 à Berlin, pour étudier la médecine.

Un monde entièrement nouveau devait s'ouvrir pour un jeune naturaliste tel que Claparède, lorsqu'en sortant de l’Aca- démie de Genève il arriva à Berlin, l’une des universités les plus florissantes de l'Allemagne à une époque où, malgré la direction étroitement méthodiste imprimée à toutes les études par les influences de la Cour et du ministère, les travaux pra- tiques du laboratoire occupaient une large place dans l’ensei- gnement des sciences physiques et naturelles et l'étudiant pouvait jouir de cette liberté pleine et entière des études, que l'Allemagne a toujours gardée comme la condition essentielle de tout progrès. :

(1) CLAPARÈDE (Jean-Louis-René-Antoine-Édouard), professeur d’anato- mie comparée à l’Académie de Genève, dans cette ville, le 24 mai 1832, mort à Sienne (Italie), le 31 mai 1871.

Des notices biographiques ont été publiées sur Claparède par MM. Pierre Yaucher, Marc Débrit, Huxley, Hæckel et Henri de Saussure.

M. A. Humbert nous apprend qu’une seconde édition de la biographie de Claparède par M. de Saussure, accompagnée d’un portrait, va paraître en même temps qu’un Mémoire resté inédit du même savant sur la structure des Anné- lides sédentaires. (P. GERV.)

(2) Ce qui suit est emprunté à un discours prononcé par M. Ch. Vogt dans la séance générale tenue par l’Institut de Genève le 20 mai 1872.

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 139

*

Certes un jeune homme ayant le goût du travail et de l'ob- servation devait se trouver dans un monde nouveau à Berlin, de vastes laboratoires s’ouvraient pour le recevoir, des hommes, placés au premier rang, guidaient les commencçants et savaient stimuler le zèle de ceux qui voulaient avancer, et une liberté pleine et entière était laissée à chacun d’arran- ver ses études comme il l’entendait, de suivre les cours qu'il voulait, de laisser de côté ceux vers lesquels il ne se sentait pas porté et de dépenser, s’il le trouvait avantageux, presque tout son temps à des travaux pratiques non inscrits sur le programme officiel ! Aussi pouvons-nous dire que Claparède se précipitait dans ce tourbillon d’études avec une activité fiè- vreuse qui contribua peut-être à développer les germes fu- nestes de sa maladie, mais qui, en tous cas, nous a donné un homme hors ligne comme savant et comme professeur. El comme 1l profitait de cette liberté qui lui était laissée ! De la médecine, il en faisait juste assez pour ne pas échouer dans les examens pour le doctorat, examens fort peu rigoureux pour les étrangers dont on connaissait les intentions et les tendances; mais des sciences naturelles, oh ! if s’en donnait à pleines coupes ! Eh bien, ce sont les laboratoires et les études pratiques ; c'est la liberté sans limites des études qui nous ont donné, non-seulement Claparède, mais tous les hommes célè- bres si nombreux, qui ont fait à Genève la réputation d’une capitale des sciences naturelles et physiques. Lisez la vie de ces hommes, et vous verrez qu'ils n'ont pu se développer et grandir que lorsqu'ils avaient pu jouir de la liberté, suivre le penchant irrésistible qui les poussait et joindre ainsi, au tra- vail auquel ils devaient se livrer, la passion, sans l'impulsion de laquelle rien de grand ne saurait naître! Voyez ce jeune homme aux Cahiers soigneusement copiés et appris | On re- marque son intelligence, son travail ; on devine ses goûts, pen- dant qu'il trotte dans l’ornière officiellement tracée et on l’en-

140 : C. VOGT.

voie à Berlin pour y faire de la médecine et aucunement des sciences naturelles. Mais à peine arrivé, il s'enterre dans le laboratoire, il trouve des compagnons d’études, il néglige sa médecine et il sort de ce laboratoire piètre accoucheur, mal- habile chirurgien, médiocre médecin, mais grand naturaliste, parce qu'il a pu suivre sa véritable vocation |

C'était un temps étrange que cette période à Berlin, et l'homme auquel s’attacha Claparède n'était pas moins extraor- dinaire. La réaction avait triomphé de la révolution de 1848 et la répression célébrait des festins non interrompus. Les Man- teuffel et les Hinkeldey régnaient en maîtres ; la police insul- tait ouvertement à tout sentiment libéral et poursuivait avec rage tout souvenir d'une époque le sceptre de l'omnipo- tence avait glissé de ses mains pour quelque temps. Le citoyen était traité en suspect et l'étranger en ennemi, la philosophie de Hegel, autrefois tant chérie, était devenue la bête noire de la Cour ; les sciences étaient méprisées ; ce n’était que la foi qui pouvait sauver le roi, le trône, l'État et la société tout entière! Le roi, mystique et romantique, décochait des traits contre les sciences et s’oublia jusqu’au point de faire jouer un rôle indigne à des hommes tels qu'Alexandre de Humboldt, qu'il appelait « le Chat encyclopédique ! » Il faut lire, dans les mémoires et les correspondances de Varnhagen von Ense par exemple, comment ce chef de notre science actuelle, cet homme universellement respecté se vengeait de ces traitements indignes et comment il luttait pour conserver encore quelque influence qu’il pensait pouvoir employer pour le bien de la science. Ce fut dans ce temps que Humboldt, sortant d’une église l’on avait célébré quelque fête, fut abordé par un de ces généraux, forts pour la prière, mais faibles pour le service. « Comment, Excellence, lui dit le général, vous dans une église ? » « Certainement, mon cher, lui répondit Humboldt, je soigne ma carrière | » |

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ÉDOUARD CLAPARÈDE. 141

Mais la réaction était, malgré sa fureur, impuissante contre certains germes déposés dans l'Université de Berlin, et à la tête des hommes dont la renommée scientifique ne saurait s'étendre se trouvait Jean Müller, le célèbre anatomiste et physiologiste.

Plus il avançait dans l'étude des faits, plus il se trouvait devant des antithèses insolubles, et si nous en croyons M. Virchow, un de ses élèves les plus remarquables, ces doutes invincibles lui ont coûté la vie. Müller, en effet, mourut subi- tement en 1858, et l'opinion était, et est encore généralement accréditée, qu'il n'était pas étranger à sa propre fin.

Il avait fait, quelques années auparavant, une découverte importante sur un animal marin des environs de Trieste. Il avait trouvé dans l'intérieur du corps d’une Synapte, espèce vermiculaire, parente des Oursins, un boyau contourné en spirale et qui était en connexion avec les organes générateurs, avec l'ovaire. Or dans ce boyau se développaient des jeunes Colimaçons, depuis les premiers germes informes jusqu’à des

larves presque complètes. Une Synapte, un Échinoderme, un

animalrayonné développait, dans son intérieur, des Mollusques, des Gastéropodes, des Colimaçons ! Pour Müller, c’était le ren- versement complet des lois imposées à la nature par le Créa- teur, l’anéantissement même de la pensée créatrice des es- pèces. Il songea sans cesse, raconte Virchow, à ce fait en le tournant de toute manière, sans pouvoir trouver une issue, et il succomba à la fin dans ce conflit. Quelques annés plus tard, l'énigme fut résolue. On trouva que le boyau engendrant les jeunes Colimaçons n’était autre chose qu’un Colimaçon parasite qui avait pénétré dans la Synapte et perdu, dans le parasitisme même, les caractères appréciables de sa nature, fait qui se ré- pète assez souvent dans d’autres classes et ordres du règne animal. Il n’y avait donc rien de contraire aux lois de la na- ture. Le Colimacon produisait des jeunes Colimaçons |

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112 C. VOGT.

Or, cet homme sombre, taciturne, hautain et fanatique même, devenait l'homme le plus soigneux, le plus paternel vis-à-vis de ceux qu'il pouvait estimer pour leurs talents et pour leur assiduité. Les élèves qu'il trouvait dignes d’être ad- mis au nombre de ses intimes trouvaient en lui un véritable père scientifique, qui les guidait avec patience et soignait leurs progrès avec sympathie.

« Les disciples de Johannes Müller, dit Claparède lui-même, savent combien ce grand homme était avare d’éloges. Tou- jours prêt à aider ses élèves avec affection, toujours fier de leurs succès lorsqu'ils en obtenaïent, il pensait avec raison qu'il est plus funeste de prodiguer des paroles louangeuses que de les retenir. L'approbation silencieuse de Müller, jaillis- sant de son œil d’aigle, électrisait plus d’un disciple dans son laboratoire. Il fallait des circonstances tout exception- nelles et aussi des talents hors ligne pour que Müller fit l'éloge des forces nouvelles qui germaient, bien petites encore, à l'ombre de son grand nom. Aussi tous ces disciples nom- breux qui l’ont approché de plus près n'ont jamais parlé de leur maître qu'avec la plus sincère vénération et avec un vé- ritable amour. Tout en les guidant de ses conseils, il leur laissait en entier un travail dont il avait tracé le plan, sur- veillé l'exécution et discuté les résultats. Les Virchow, les Du- bois-Reymond, les Hæckel et tant d'autres aux directions si diverses sont sortis de l’école du même maître, et tous ces hommes, si différents pour la nature de leurs travaux, pour leurs tendances scientifiques et philosophiques, attribuent à Jean Müller l'impulsion qu'ils ont reçue, et croient avoir hé- rité de ses meilleures qualités. » Pour le résumer en un mot, autant Müller était détesté par les étudiants ordinaires de me- tier, autant était-il aimé et vénéré par les étudiants d'élite et de science |

Müller reconnut bientôt en Claparède une force de premier

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 113

rang, d'une étonnante aptitude pour l'observation, d'une pro-

digieuse activité au travail et d'une pénétration logique pour

les abstractions théoriques. Aussi voyons-nous bientôt se dé- velopper une intimité touchante entre le maître et l'élève. Müller se propose d'aller en Suède pour y continuer ses re- cherches sur les animaux marins inférieurs ; Claparède doit l'accompagner et, pour être utile à son professeur, l'élève se met à l'étude du suédois et du danois, qu'il acquiert à fond sans négliger ses autres travaux.

Si Müller laissait la liberté complète à ses élèves de se dé- velopper suivant leurs aptitudes spéciales, il n’exerçait pas moins une puissanie influence sur la direction que prenaient leurs études. Lui-même s'était occupé, dans les débuts de sa carrière, plutôt d’études physiologiques proprement dites ; il avait même. fait des excursions fécondes dans l'anatomie pa- thologique, et son grand travail sur les tumeurs avait fondé l’étude raisonnée de ces productions anormales, tout comme ses recherches sur les glandes et sur la physiologie de la voix et du sens de la vue devaient rester pendant bien longtemps le point de départ des recherches ultérieures. Mais, plus tard, Müller s'était tourné toujours davantage vers l'anatomie et l'embryogénie comparées, et le premier jour des vacances le voyait prendre la route d’un port quelconque il s’établis- sait avec un microscope et quelques-uns de ses élèves préfé- rés, pour s’y livrer à des études assidues. Plus ces études mar- chaient et donnaient des résultats, plus le pouvoir magique d'attraction qu’exerce la mer avec sa variété étonnante de for- mes vitales se faisait sentir sur Müller et plus aussi ses élèves étaient entraînés dans la même direction. Les disciples de la première période professent aujourd'hui, dans les universités d'Allemagne , la physiologie, la pathologie, l'anatomie hu- maine ; ceux de la seconde période marchent à la tête de la z0ologie, de l'anatomie et embryogénie comparées. Il n’est pas

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étonnant que Claparède se sentit entraîné dans le même cou- rant et que, sans négliger ses autres études, il s’appliquait, sur- tout et dès le commencement, à des recherches qui devaient remplir sa vie scientifique tout entière.

C'était une brillante pléiade de jeunes savants que celle Claparède fut bientôt admis. Lachmann, Lieberkühn, Guido Wagener, Hæckel ont tous inscrit leurs noms avec des traits ineffaçables dans le livre d’or de la science, et, si quelques-uns de cette société ont payé déjà de leur vie le prix de tant de travaux, d’autres continuent encore leur marche ascendante.

Tous ceux qui ont connu Claparède à cette époque de son séjour à Berlin sont d'accord pour lui reconnaitre, d’un côté, des qualités étonnantes, de l’autre une activité prodigieuse. Rapidité et justesse du coup d'œil, habileté sans pareille à ma- nier le scalpel, le microscope et le crayon, exactitude minu- tieuse dans les observations les plus délicates, pénétration et réserve dans l'appréciation des faits, tous ces dons Claparède les possédait au plus haut degré. Il était ainsi prédestiné à être naturaliste, et il n’y a pas lieu de s'étonner que ses premières dissertations , celles qu’il a publiées à Berlin sur l’Actinophrys et la Néritine fluviatile, aient frappé les juges les plus compé- tents par la maturité précoce dont elles rendaient témoignage. Bien plutôt pourrait-on être surpris du labeur inmense qui remplit pour Claparède les années 1853-56 ; mais ce la- beur excessif était la conséquence volontaire d’un état de santé sur lequel notre ami ne se faisait aucune illusion. « Une maladie de cœur, suite d’un rhumatisme aigu qui l'avait frappé en 1854, l’avertissait, dès cette époque, que sa vie serait courte, et 1l se croyait obligé, écrivait-il, de l'employer d'au- tant mieux que le temps lui était plus étroitement mesuré. Il allait donc devant lui, accumulant dessins sur dessins, entas- sant notes sur notes, jusqu'à ce qu'au printemps 1857 une crise plus redoutable le contraignit enfin de s’arrêter. »

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ÉDOUARD CLAPARÈDE. 145

Aïnsi parle un ami, M. Pierre Vaucher. Mais cet arrêt ne fut que momentané. Dès que les forces lui revenaient un peu, il reprenait son travail plus ardent que jamais, et sa vie en- tière n’a été qu'un combat incessant entre la-maladie qui le minait et l’ardeur du travail qui le relevait. Le trouvant un jour affaissé sur lui-même derrière sa table, sur laquelle était étalé un dessin à moitié achevé, je lui fis des reproches en l'invitant à prendre du repos. « Qu’entendez-vous par repos ? » me dit-il. « Je ne puis me promener, les forces phy- siques me manquent. Je ne puis me coucher, je suffoquerais. Je me repose en observant et en dessinant. Et je vous trouve plaisant, ajoutait-il en souriant, que vous vous croyiez obligé, par tradition du métier, de me donner des conseils que vous ne suivriez pas vous-même, si vous étiez à ma place |! »

Mais ce qui est encore plus étonnant que ce labeur, c’est la variélé des travaux auxquels se vouait notre ami. « Claparède, dit le même ami que je viens de citer, Claparède n'était pas seulement un naturaliste de premier ordre, il possédait à fond les principales langues de l’Europe et aurait fait un philologue consommé, si les circonstances n’eussent décidé autrement de sa vocation. Il était capable de comprendre les analyses les plus déliées de la critique de la raison pure de Kant. Il ap- préciait mieux que personne le changement capital qu’un exa- men plus rigoureux de la tradition a opéré dans les sciences historiques. Il était accessible à toutes les émotions de l’art, à toutes les jouissances de la littérature. Il lisait beaucoup et retenait tout ce qu’il avait lu. Il pouvait parler de tout et tou- jours d’une manière originale. »

Il n'est pas trop difficile, en effet, d’exceller dans une spé- cialité lorsqu'on s’y voue corps et âme. Je voyageais un jour en Italie en assez nombreuse compagnie de savants. Tandis que nous nous laïssions aller, nous autres, aux impressions si

variées que nous procuraient les chefs-d’œuvre de l’art et les JOURNAL DE ZOOLOGIE, T, II. 1873. 10

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beautés de la nature, l’un de nous, un anatomiste éminent, ne saisissait des tableaux et des statues que les fautes anato- miques, et, entièrement rempli de son sujet, il ne voyait que crânes anciens et nouveaux, types romains ou {oscans. Il nous accusait de gaspiller notre temps à des billevesées artistiques et esthétiques, tandis que nous devrions profiter de l'occasion pour faire des études sérieuses, chacun dans sa spécialité. Hélas! il avait peut-être raison, car l'esprit humain a des bornes, et un Casier de la mémoire, rempli par un tableau de Raphaël ou une statue de Michel-Ange, ne peut plus guère recevoir d’'au- tres objets; mais heureux ceux qui ont un nombre suffisant de casiers et qui peuvent se livrer, comme Claparède, à des études variées et différentes, sans abandonner, pour cela, la spécialité à laquelle ils ont voué leurs principaux efforts.

C’est pendant son séjour à Berlin que Claparède accomplis- sait, avec son ami Lachmann, son grand travail sur les Infu- soires, couronné par l’Académie des sciences de Paris et pu- blié dans nos Mémoires. Ce travail est sans doute celui qui le plaça au premier rang et fil connaître son nom parmi les naturalistes du monde entier.

Il eut la douleur de perdre son ami et collaborateur Lachmann pendant le cours de cette œuvre capitale, qui fit d'autant plus de sensation qu'elle heurtait de front contre des opinions généralement accréditées et appuyées sur la grande autorité de M. Ehrenberg de Berlin, lequel avait initié lui-même les deux jeunes savants à l’élude de ces êtres microscopiques. Le travail, dépassé aujourd'hui, il est vrai, sur quelques points, n'esi pas moins un modèle quant aux vues qu'il fait ressorür et assure une valeur impérissable aux volumes de nos Mémoires qui le contiennent. Les planches nombreuses et d'une exécution difficile, qui l'accompagnent, rendaïent sa publication même onéreuse pour notre Institut ; mais connais- saut la valeur intrinsèque, nous n’avons pas craint d'absorber

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 147

les ressources de quelques années pour rendre possible, à Genève, la publication d’un travail qui devait honorer et l’au- teur et la Société dont il faisait partie.

Ce mémoire fut en même temps, il faut le dire, un acte de courage et d'indépendance scientifique. Voyageur et obser- vateur infatigable, M. Ehrenberg avait réuni les résultats de 18 années d’étude dans son grand ouvrage sur les Infusoires, dans lequel il concluait à une haute organisation de ces êtres. Tous les organes, intestins compliqués, système nerveux et circulatoire, appareils de sécrélion et de reproduction devaient se trouver dans ces animaux d’une taille minime, que l’on plaçait ainsi résolüment à côté des animaux les plus haute- ment organisés. Les observations des formes et des détails étaient admirables, les dessins des plus corrects, l’interpréta- tion seulement se trouvait en défaut. M. Ehrenberg avait ce- pendant réussi à abattre complétement l'opposition de Du- jardin et Meyen, lesquels, en partant d’un point de vue dia- métralement opposé, ne trouvaient, dans les Infusoires, que des êtres sans forme déterminée, sans organes intérieurs, des masses de sarcode animé, mais sans différenciation aucune. La quantité énorme d'observations, allant jusqu'aux moindres détails, que M. Ehrenberg opposait à ses adversaires, les avait terrassés. M. Ehrenberg pouvait toujours leur dire: Si vous n'avez pas vu ce que j'ai pu voir avec certitude, la faute n'en est ni à moi, ni à mes instruments |

Or c’est contre une autorité si bien étayée et régnant en maître depuis plusieurs lustres dans la science des Infusoires qu'allaient s’insurger deux jeunes gens, à peine « secs der- rière les oreilles » comme aimait s'exprimer Léopold de Buch, appuyés seulement sur quelques années d’études, fort incomplètes suivant M. Ehrenberg. C’est contre un véritable Dock de Londres, rempli de marchandises venues de toutes les parties du monde, que ces « blancs-becs » allaient mettre

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148 C. VOGT.

sur l’autre plateau de la balance un mince bagage recueilli seulement dans les carpières du Thiergarten et dans les eaux, faussement appelées fraîches, de la Sprée |

L’insurrection, dans ces temps-là, à Berlin, n'était pas plus permise en science qu'en politique. L'esprit borné des élèves n'avait pas plus de droit vis-à-vis des maîtres que l'esprit borné des sujets (der beschränkte Unterthanen-Verstand) vis-à-vis du gouvernement. Déjà de retour à Genève, Clapa- rède cherchait en vain à se concilier l'humeur ombrageuse du «tyran des Infusoires. » « Je ne puis oublier, disait-il dans sa préface, tout ce que je dois à M. Ehrenberg, qui a éveillé en moi tout d'abord le goût de l'étude des Infusoires, non-seulement par ses ouvrages, mais encore par ses démons- trations microscopiques particulières. La suite de mes tra- vaux a, il est vrai, apporté, dans les idées de l’élève, des mo- difications qui les écartent singulièrement de celles du maître; mais je n'en continue pas moins à regarder les ouvrages de M. Ehrenberg comme la base qui doit nous servir de point de départ. Leur publication a été accueillie, dans le temps, avec enthousiasme, et cet enthousiasme ne doit pas être effacé par la circonstance que l'édifice a été, depuis lors, victorieusement battu en brèche de côtés très-divers. À l’époque ils virent le jour, les travaux de M. Ehrenberg transformaient tellement la science, que c’était presque une création nouvelle. Aux beaux temps de la mythologie grecque, un Jupiter pouvait faire sortir de son cerveau une Minerve armée de toutes pièces ; mais aujourd'hui, si une Minerve prenait fantaisie de naître, elle devrait tout d’abord se mettre en quête, non-seu- lement d’une mère, mais encore de nombreux ouvriers pour fabriquer ses vêtements et forger son armure | »

On sent sous ces paroles la griffe acérée qui va mettre en pièces tout l’échafaudage construit par M. Ehrenberg. Com- bien sont différentes, dans la même préface, les paroles par

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 149

lesquelles Claparède fait les parts réciproques de son collabo- rateur Lachmann et de lui-même et celles il reconnaît ce qu'il doit à Müller et Lieberkuhn. « M. Lachmann, dit-il, n’a malheureusement pu prendre aucune part à la rédaction des deux premières parties de ce mémoire. Aussi les erreurs qu’elles renferment sans aucun doute ne peuvent être impu- tées qu’à moi seul, et mon collaborateur ne peut prendre la responsabilité de toutes les idées émises dans les pages qui suivent. Je dois dire cependant que, habitués à observer de concert et à critiquer mutuellement nos observations récipro- ques, nous avons forcément acquérir une unité de vues sur

les points capitaux. Dans la relation des fails et dans les des-

criptions, j'ai mis partout le sujet au pluriel, parce qu'il ne m'était plus possible de séparer les observations qui sont communes à M. Lachmann et moi de celles qui me sont exclu- sivement propres. Par contre, j'ai eu soin de noter, chaque fois, les observations qui appartiennent exclusivement à M. Lachmann et dont ce dernier prend la responsabilité, puis- que je les rapporte sur la foi de notes écrites de sa main ou d'esquisses communiquées par lui. |

« Je désire rendre un témoignage public de ma reconnais- sance à l’homme qui guida mes premiers pas dans la science et dont je serai toujours fier de me nommer le disciple, savoir M. Johannes Müller, professeur à l'Université de Berlin. Une grande partie des observations contenues dans ce travail ont été faites en sa présence, et nous avons trouvé sans cesse en lui l’aide et le secours toujours prêt du maître en science et le conseil de l'ami. |

« Un autre nom que je ne puis omettre ici est celui de

| M. Lieberkühn. Formé, comme moi, à l’école de M. Müller, 1l

s’est adonné, dès longtemps, à l'étude des animaux inférieurs. J'ai vu, moi, son cadet dans l’étude des Infusoires, mes idées se développer parallèlement aux siennes. Des fréquents rap-

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ports scientifiques et amicaux nous ont amenés à confronter naturellement nos observations et à les contrôler les unes par les autres. « Du choc des idées jaillit la lumière, » dit le pro- verbe, et je suis convaincu qu’en effet une bonne partie de la lumière que ce travail répandra, je l'espère, sur le domaine des Infusoires est un résultat inconscient de nos rapports mu- tuels. M. Lieberkübn a entre les mains les matériaux d’un tra- vail sur les Infusoires qui, s’il le publiait maintenant, con- tiendrait une bonne partie de ce qui est renfermé dans le nôtre, puisque nos études, portant sur les mêmes êtres, ont nous conduire à des résullats semblables. »

Je vous demande pardon, Messieurs, de m'être arrêté si longtemps sur cet ouvrage contenu dans nos Mémoires. Mais s’il est intéressant en particulier pour nous autres, membres de l’Institut, il est surtout remarquable parce qu’il forme le point de départ de tous les travaux subséquents de Claparède sur les animaux inférieurs et dans lesquels on trouve {toujours les mêmes qualités : observation rigoureuse, poussée jus- qu'aux derniers détails accessibles à nos moyens actuels, tra- vail opiniâtre, classement, sagement ordonné, des faits obser- vés, déduction d'une logique inexorable, reconnaissance même généreuse des mérites d'autrui, sévérité quelquefois même railleuse envers ceux qui avaient commis des erreurs ou des fautes attribuables à la légèreté. Ces qualités ne font que grandir dès le moment où, de retour à Genève, il s’affran- chit entièrement « du regard d’aigle » de son maître berli- nois et il commence et continue à voler de ses propres ailes. Qu'il s'adresse aux animaux de nos contrées en étudiant les vers de terre ou Lombrics, le développement des Araignées, la structure des Mites ou Acariens, ou qu'il se porte sur les côtes de l’Ecosse, de la France ou de l'Italie, dont il rapporte, chaque année, d'amples moissons d'observations nouvelles, partout nous le trouvons le même : un monographiste hors

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 151

ligne dont les travaux d'observation resteront dans l’histoire de la science. Dans les dernières années, dont il passait la mauvaise saison à Naples, il s'était surtout adonné à l’étude des Annélides, ces vers multiformes qui peuplent, non-seule- ment les plages submergées, mais dont quelques formes han- tent même, en nageant, la haute mer, et, pour longtemps encore, ses travaux sur ces vers formeront le point de départ et la base de toutes les observations futures.

Après avoir été reçu docteur en médecine à Berlin en 1857 et passé quelques mois à Paris et aux îles Hébrides, Claparède vint se fixer à Genève. Sa santé délabrée ne permettait en aucune façon l'exercice de la médecine pratique, auquel avaient voulu le vouer ses parents. Les escaliers des maisons de Genève lui auraient été funestes dès son début. Sa réputa- tion de naturaliste était, du reste, déjà faite; Pictet n'avait pas oublié son ancien élève, et, dès sa rentrée dans la patrie, la ré- solution de l’attacher à l'Académie fut chose convenue. Le projet pouvait, du reste, s’accomplir facilement. Depuis quel- ques années déjà, Pictet-de-la-Rive s'était déchargé d’une par- tie de ses leçons ; bientôt ce fut Claparède qui remplaçait, pour l'anatomie et l'embryogénie comparées, M. Pictet, lequel n’avait gardé pour lui-même qu'un petit cours de zoologie ou d'ostéologie fait pendant l'hiver. Après quelques semestres, Claparède recevait le titre de professeur honoraire, qui l’atta- chait définitivement à l’enseignement académique.

Un savant distingué peut être très-médiocre professeur. Mais, dès les premières leçons, il était facile de se convaincre que Claparède réunissait au premier chef toutes les qualités requises. Parole facile et entraînante, disposition méthodique de la matière, lucidité parfaite des descriptions et, en outre, je ne sais quoi de sympathique qui lui attachait les jeunes gens et les engageait à prêter une oreille attentive à cette voix qui souvent semblait prête à s’éteindre. Lui-même aimait pâs-

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152 C. VOGT.

sionnément l'enseignement. Souvent, en sortant de crises épouvantables, il se traînait avec peine à l'auditoire ou s'y faisait conduire en voiture, lorsque sa faiblesse ne lui permet- tait pas de gravir la rue de la Cité. En le voyant sortir de sa leçon, les joues colorées d’une rougeur fiévreuse, avec une toux opiniâtre et les lèvres bleuies d’une suffocation menaçante, je lui ai fait maintes fois la proposition de laisser son cours, que j'achèverais pour lui. Il n’acceptait pas même le remplace- ment pour quelques leçons. « Non, non, me dit-il, vous vous imaginez à tort que cela me fatigue ; j'ai besoin, au contraire, de cette excitation, qui me relève et me forüifie. » Encore, l'été dernier, lorsqu'il était retenu à Naples par une recru- descence de sa maladie, qui devait le ravir au retour, il m’é- crivit pour me dire qu'il espérait bien pouvoir faire la seconde moitié du cours, dont je m'étais chargé à sa place, tant était vif son désir de se trouver de nouveau en face de ses étu- diants.

Le grand public de Genève avait pu juger de ses aptitudes à l'enseignement par un cours public de physiologie dont il se chargea pendant l'hiver 1860-61. Mais cette révélation d'une force de premier ordre fut en même temps accompagnée d'un certain étonnement et même de plus que cela dans un certain monde. Claparède se montra dans ce cours ce qu’il était et ce qu'il est resté jusqu’à la fin de sa carrière, libre penseur. Re- jetant toutes les vues à priori, toutes les idées surannées de forces vitales propres, s'adressant uniquement aux faits et déduisant des phénomènes observés les conséquences avec une logique inflexible, il souleva contre lui des voix aigres partant d'une fraction de la société genevoise qui s'était ima- giné de pouvoir le compter parmi les siens et qui alla jusqu'à lui reprocher amèrement la tournure de ces idées et la har- diesse de ces conceptions. Lui-même me raconta un jour, pen- dant la durée de ce cours public mentionné, qu'un des amis de

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 153

sa famille, un pasteur vénérable pour son âge et qu’il aimait beaucoup pour sa douceur et ses vues relativement libérales, lui avait donné le conseil de quitter le professorat, dans le- quel il ne produirait jamais rien de bon et pour lequel il n'avait, suivant l'interlocuteur, aucune qualité requise. « Avec les idées que vous professez, lui dit cet ami bienveillant, jamais vous ne parviendrez à une position quelconque à Genève. Faites des travaux, imprimez des mémoires, mais ne professez pas, car vos lecons tournent au scandale ! »

On avait pourtant pu savoir à quoi s’en tenir sur ce sujet.

Dès sa rentrée à Genève, Claparède n'avait pas manqué l’oc- casion d'entrer en lice la visière ouverte, et, en juin 1859, il avait publié dans les Archives des sciences de la Bibliothèque universelle un article sous le titre: « Existe-t-il, chez les êtres vivants, des forces vitales propres ? » Cet article compte, sans . doute, parmi les œuvres les plus fortement pensées sur la ma- tière. La Rédaction des Archives avait, suivant une note, vo- lontiers accédé au désir exprimé par son collaborateur, de pouvoir insérer le résumé des opinions personnelles qu'il avait émises sur ce sujet dans une discussion au sein de la Société de physique, mais elle ajoutait, en même temps, « qu’elle n’a- vait nullement l'intention d'ouvrir son recueil à une discussion prolongée sur ce sujet, dont le caractère s’écarte du cadre habituel des Archives. »

Je ne puis résister au plaisir de vous donner, en grande partie, avec les paroles mêmes de l’auteur, une idée de ce travail remarquable. J'ai cherché à vous faire voir jusqu'ici l'investigateur, l'observateur, le « curieux de la nature » qui poursuit, armé du microscope et du scalpel, la nature jusque dans ses secrets les plus voilés ; ces lignes vous montreront le penseur profond, nourri d’études serrées, habitué à manier les armes de la logique et de la philosophie avec une préci- sion rare et une connaissance parfaite.

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Claparède entre immédiatement en matière. Il se propose de démontrer que, « dans l’état actuel de la physiologie, il est impossible de se prononcer d’une manière positive ni d’une manière négative sur l'existence de forces vitales ; mais, si l’on admet hypothétiquement l'existence de telles forces, on est inévitablement amené à considérer celles-ci comme des forces générales de la nature. »

Il cherche à démontrer cette proposilion, qui n’est autre chose que la négation absolue de forces vitales propres; car qu'est-ce qu'une force vilale, qui est générale, c’est-à-dire commune à la matière tout entière ? Si c’est la force vitale qui fait vivre, toute la matière est vivante dans le cas cette force est générale.

« On a eu recours, continue Claparède, dans la science, à l’admission d’une force vitale ou des forces vitales toutes les fois qu'on a rencontré, dansles êtres organisés, des phénomènes dont l'essence même échappe à l'observation, et qu'il s’est agi de donner une explication de ces phénomènes mal connus. Or, la physiologie étant une science, pour ainsi dire, encore dans l’enfance, on comprend qu’on ait fait dépendre des forces vitales la plus grande partie des phénomènes qui se passent dans les êtres vivants. En d’autres termes, toutes les fois qu'on a tenté d'expliquer un phénomène par l'intervention de la force vitale, on n’a fait qu'exprimer, sous une forme un peu moins brutale, qu’un je ne sais quoi, l'ignorance l’on était de la cause de ce phénomène. Expliquer un phénomène par l'intervention de la force vitale, c’est au fond ne pas l'expliquer du tout, car le terme de force vitale n’a point un sens positif comme le nom de telle ou telle force, par exemple l'attraction

universelle , le magnétisme ou l'électricité... Nul, en effet, peut en limiter le jeu; nul, en un mot, ne peut en indi- quer les lois... Toutes les fois qu'on admet l'existence d’une

force vitale, il faut renoncer à délimiter sa sphère d'action, et

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 155

c'est ce qui fait que l’admission de forces de cet ordre-là n’a jamais être d'aucune utülité pour la science... Tout en reconnaissant ce fait, un défenseur de forces vitales a dit que la science arriverait peut-être, un jour, à déterminer par voie d'élimination la sphère d’action des forces spéciales aux êtres organisés. Lorsqu'on sera parvenu, disait-il, à recon- naître exactement et dans toute son étendue le jeu des forces physiques dans les corps vivants, il faudra attribuer aux forces vitales la cause de tous ces phénomènes dont la science ne pourra donner, à ce moment, aucune explication. Mais, ré- pond Claparède, on peut hardiment affirmer que jamais la science n’arrivera à un pareil résultat... Jamais on ne pourra dire à ceux qui, balances, réactifs chimiques ou pile voltaique en main, poursuivent l'étude de la physiologie : Vousirez jusque-là et pas plus loin. Il est donc impossible de nier, tout comme il est impossible d'affirmer, qu’il existe, dans les êtres vivants, des forces autres que les forces géné- rales de la nature à nous déjà connues. »

Mais Claparède ne se contente point de cette formule, qu'il appelle lui-même « la constatation de l'insolubilité du pro- blème. » Il faut savoir si les forces vitales sont des forces spé- ciales ou des forces générales, se manifestant seulement à nous dans de certaines circonstances, dont le résultat est l’or- ganisme. « Il faut s'entendre, dit-il, sur ce terme « force. » « Une force est un principe d'activité, une cause de modifica- tion, suivant Leibnitz. Les rapports entre les forces et la ma- tière peuvent être considérés sous un double point de vue, ce- lui du physicien ou naturaliste et celui du métaphysicien. La base de toutes les sciences physiques et naturelles est la théo- rie atomistique. Demandons-nous maintenant quels sont les rapports des forces et de la malière ; quels sont, pour prendre un concret, les rapports existant entre les forces qui se ré- vèlent à notre observation dans un barreau d’acier et les mo-

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156 C. VOGT.

lécules matérielles de ce barreau. Une analyse réfléchie en- seigne bientôt que ces rapports sont de nature telle que nous ne pouvons séparer en aucune manière les forces des molé- cules..…. C’est un caractère essentiel de toute force de n'être rien, indépendamment de la matière. »

« Qu’on ne dise point que cette affirmation est aventurée...; elle repose sur une analyse exacte de la notion de matière... L'expérience ne nous renseigne jamais sur la matière elle- même, mais seulement sur les forces dont elle est douée. Comment, en effet, le barreau d'acier se révèle-t-il à moi? Par sa pesanteur, sa couleur, sa dureté, sa température, etc. Or toutes ces propriétés sont réductibles à l’action, sur mes organes sensibles, d’un certain nombre de forces en jeu dans ce barreau. Si donc, par la pensée, je supprime une à une toutes les forces qui agissent dans ce barreau, il ne me reste point la matière du barreau ; ce qui me reste, c’est le néant. En un mot, je ne connais de la matière rien que les forces qui agissent en elle; c’est par un travail synthétique que j'ar- rive à la notion de matière. Si je supprime les forces, la ma- tière n’existe plus pour moi. La matière n'est rien sans les forces. |

« Mais on peut aller plus loin encore et prouver d'une ma- nière péremploire que la matière ne peut exister indépen- damment de la force. Toute molécule matérielle est indes- tructible.… Si une seule molécule matérielle était susceptible d’anéantissement, la chimie serait ruinée par sa base ; ses ba- lances et ses eudiomètres devraient être consignés au gre- nier; ses précieuses conquêtes ne seraient que des rêves de cerveaux fêlés..…. Il n’y a donc pas de vérité mieux assise que l’indestructibilité de la matière.

« Supposons maintenant que les forces qui agissent sur un certain nombre de molécules puissent être séparées de ces mêmes molécules. Dès l'instant, ces molécules ne se révéleront

| ÉDOUARD CLAPARÈDE. 157 plus à nos sens; elles n’existeront plus pour nous. La sépara- tion d’une certaine quantité de forces aurait donc pour effet immédiat l’anéantissement, pour nous, d'un certain nombre d’atomes, et alors la science ne serait plus qu'un leurre.

« Nous sommes donc fatalement conduits à reconnaître que l’idée de la force ne peut être opposée à l’idée de la matière. Nous trouvons, comme corollaire de l’indestructibihté de la matière, l’indestructibilité de la force. Pas même la plus pe- tite quantité de force n’est susceptible d’être détruite, et, lors- que, dans un cas donné, une force cesse d'agir, ce n’est qu’une pure apparence, un changement de manifestation seu- lement. Toute quantité d'une force physique quelconque est susceptible de se transformer en une quantité équivalente d'une autre force.

« La force n'est donc point un être réel qi vient du de- hors s’unir à la molécule matérielle pour s’en séparer plus tard... La matière n’est point un chariot auquel on puisse at- teler des forces en guise de chevaux, pour les dételer ensuite au besoin. En effet, les forces ne sont que les propriétés im- prescriptibles, inaliénables de la nature, à tout jamais indes- tructibles, comme la matière elle-même.

« Si donc il existe des forces vitales, ces forces participant à l'essence de toute force ne sont pas autre chose que les pro- priétés imprescriptibles de la matière des êtres organisés. Elles sont à jamais indestructibles comme loutes les autres forces, et même à la mort des êtres organisés elles ne cessent point d'agir.

« Toute molécule, avant de faire partie d’un corps organisé, a appartenu à la nature anorganique. Elle a été pierre, terre ou métal. En arrivant dans le corps organisé elle a contribué à former une cellule et a participé, dès lors, aux phénomènes de la vie. Nous la trouvons maintenant douée des forces dites vitales. Ces forces se sont-elles ajoutées à elle depuis son

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introduction dans le corps vivant? Non, certes; car, s’il en élait ainsi, ces forces auraient une existence propre, par op- position à l’existence des molécules matérielles du corps or- ganisé : elles viendraient s’unir à la molécule comme le bœuf s’attelle à la charrue, et nous savons que cela serait en contra- diction formelle avec l’idée même de la force. Si donc il existe des forces vitales, ces forces ont été, de toute éternité, l’attri- but des molécules qui font partie des corps vivants, et la con- séquence nécessaire, irrévocable est que les forces vitales sont la propriété de toute matière, et que, virtuellement, elles existent dans le cristal de roche, le spath d'Islande ou une pé- pile d’or, tout aussi bien que dans l'Infusoire, le Chien et l'Homme lui-même.

« Admettre l'existence de forces vitales, c'est donc admettre aussi que ces forces sont générales et inhérentes à toute matière. |

« Ces considérations nous permettent, maintenant, de ré- pondre à la question posée au début de notre recherche. Cette réponse est négative :

« Non, il n'existe pas de forces spéciales aux êtres organisés vivants distinctes, à ce point de vue, des forces physiques qui sont essentiellement générales. »

Je m'arrête ici, Messieurs. Claparède prouve encore, d’une manière péremptoire, qu’en laissant de côté la théorie atomis- tique des sciences naturelles on doit nécessairement, forcé- ment arriver au même résultat, aux mêmes conclusions sur l'indestructibilité de la force et de la matière et sur l'unité de ces mêmes conceptions. Il déduit ces conséquences en partant du point de vue subjectif posé dans les œuvres de Kant, dont il a fait une étude spéciale. Mais il me serait impossible, pour le moment, de le suivre dans le développement de ses pensées. Ce que je vous ai lu doit suflire, je pense, pour vous montrer qu'aucun domaine de la pensée humaine ne lui était étranger

ÉDOUARD CLAPARÈDE. 159

et qu’il les abordait tous avec la même indépendance dans son raisonnement, sans craindre de heurter les préjugés qu'il pouvait rencontrer, ni les adversaires qu'il pouvait éveiller.

Faut-il s'étonner, maintenant, que cet homme fort, instruit et indépendant, qui ne cherchait que la vérité et qui ne vou- lait que la vérité, saluait avec transport la nouvelle direction imprimée par Darwin aux sciences naturelles ? Certes, ce n’était pas sans examen approfondi qu'il suivait le courant, et ce n’est pas sans avoir pesé mûrement chaque argument pour et contre qu’il se décida d'entrer en lice pour la sélection naturelle et la théorie de la descendance. Mais, s’il y avait un homme bien préparé pour comprendre les vues nouvelles et pour les étayer de faits et d'observations puisés dans la propre expé- rience, c'était bien lui! Il avait suivi avec un bonheur rare le développement de tant de types marins ou terrestres, il con- naissait, pour les avoir vus ou découverts lui-même, une telle quantité de phénomènes, qu'on pouvait invoquer en faveur de ces idées, et sa mémoire prodigieuse le servait si bien, qu'à chaque opposition il pouvait répondre à l'instant comme s’il avait passé des mois à réfléchir et à rassembler des matériaux. Mais, s’il acceptait et défendait les bases mêmes de ces théories si fécondes pour le développement des sciences naturelles, il était loin d’applaudir à toutes les exagérations dont on les obstruait.

Il ne méconnaissait pas les côtés faibles les faits fournis par l'expérience ne suffisent pas encore pour exclure tous les doutes. On peut penser que ces vues soulevaient bien des ob- jections et bien des débats, qu'il soutenait avec animation.

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SUR

DES MAMMIFÈRES FOSSILES GIGANTESQUES

CONSTITUANT UN ORDRE NOUVEAU SOUS LE NOM DE DINOCÉRATES;

PAR

M. ©. C. MARSH (1)

Parmi les nombreux animaux éteints intéressants, décou- verts jusqu’à ce jour dans les formations tertiaires de la région des Montagnes Rocheuses, il n’en est pas de plus remar- quables que les grands mammifères de l'éocène du Wyoming, décrits récemment.

Ces animaux, presque égaux en taille à l'Éléphant, avaient les os des membres assez semblables à ceux des Probosci- diens, comme cela a été établi dans la description originale de l’espèce type, le Tynoceras anceps, Marsh. Le crâne, ce- pendant, présente la plus singulière combinaison de carac- tères. Il est long, étroit, et supporte trois paires de cornes séparées. Le sommet de la tête est fortement excavé, et pré- sente une énorme crête sur ses bords latéraux et postérieur. Les canines prennent la forme d'énormes défenses recour- bées, ressemblant à celles du Morse, mais les incisives supé- rieures manquent. Les six dents molaires sont très-petiles.

(1) Traduit de l'American Journ. of sc. and arts, t. V, pl. 4 et 2; février 1873,

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MAMMIFÈRES FOSSILES GIGANTESQUES. 161

- Plusieurs espèces de ce genre remarquable ont déjà été dé- nommées, mais elles ne peuvent toutes être actuellement dis- tinguées avec une égale certitude. L'espèce type du groupe, le Tynoceras anceps, Marsh, était fondée sur le spécimen découvert en premier lieu, par la Commission du Yale College, en sep- tembre 1870, et décrit en juin 1871 par l’auteur de cette Notice, sous le nom de Titanetherium anceps (1).

Les naturalistes qui, depuis, ont décrit cette espèce et d’au- tres qui s’en rapprochent n’ont pas renvoyé à cette description.

L'année suivante, le professeur Cope donna le nom de Loxolophodon semicinctus à une espèce représentée par une seule prémolaire, qui peut-être appartient à ce groupe, mais qui ne saurait encore être identifiée avec l'espèce ci-dessus.

En août dernier, dans un des numéros des « Proceedings of

the Philadelphia Academy, » le D. Leïdy, a aussi décrit un fragment de ce genre sous le nom de Vantatherium robustum, et il a donné celui de Vintamastix atrox à une dent canine supé- rieure, probablement du même animal, pensant qu’elle ap- partenait à un carnivore.

Le trait caractéristique du crâne de ces animaux est indi- qué par le nom générique de Tinoceras que je leur ai appliqué en août 1872.

Le professeur Cope a, depuis lors, proposé le nom géné- rique d’Eobasileus, et indiqué trois espèces, qui, selon toute apparence, ne sont point distinctes de celles préalablement décrites par le D. Leïdy et par moi. Un grand nombre des caractères donnés par M. Cope, dans sa description de ces animaux, ne s'appliquent pas, il est vrai, à d’autres espèces connues ; mais il est évident qu’il a commis plusieurs erreurs dans ses observations.

Ces erreurs sont les suivantes :

(1) Americ. Journ., t. Il, p. 35. Espéce déjà citée dans le Journal de

Zoologie, t. I, p. 505. JOURNAL DE ZOOLOGIE, T, Il, 4873. 11

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Les dents que M. Cope a données comme des incisives sont des canines, et, par suite, son opinion que ces dents sont de larges incisives en forme de défense, ne doit pas être admise.

Les fortes cornes qu'il décrit ne sont pas situées sur les frontaux, mais bien sur les maxillaires.

L'orbite n’est pas au-dessous des cornes, mais presque derrière celles-ci, et, au dessus de celui-ci, le frontal pré- sente un rebord proéminent.

4 L'occiput n’est pas vertical, mais il s'étend obliquement en arrière, la crête occipitale se projetant derrière les condyles.

Les fosses temporales ne sont point étroites dans leur partie postérieure, mais, au contraire, d’une largeur inaccou- tumée.

Le grand trochanter du fémur est recourbé, malgré ce qu’en dit le professeur Cope.

L’épine du tibia n’est pas obtuse, mais elle manque.

Une des espèces, nommée par M. Cope Eobasileus furcatus, repose sur une pièce qu'il regarde comme une partie de l'os nasal. La description qu'il en donne indique cependant que cette pièce est simplement un prolongement postérieur en forme de cornes de l'espèce connue.

Le Muséum du Yale College possède les débris d'un grand nombre d'individus de l’ordre des Dinocérates, renfermant les types des différentes espèces décrites par moi. Toutes sont parfaitement représentées par des échantillons caractéris- tiques, et une d’entre elles, le Dinoceras mirabilis, Marsh, l'est par un crâne entier et un squelette presque complet.

L'occasion a été ainsi offerte de déterminer avec certitude les affinités naturelles de ce singulier groupe d'animaux, dont j'ai mentionné les principaux caractères avant d’en donner une description détaillée.

La plupart des caractères crâniens sont tirés d'une têle en parfait état de conservation, appartenant au Dinoceras mara-

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MAMMIFÈRES FOSSILES GIGANTESQUES. 163

bilis, qui est figurée dans la planche accompagnant cette Notice.

Le crâne est long et étroit. Les trois paires de cornes qui s'élèvent successivement l’une à la suite de l’autre, l'énorme crêle qui entoure la profonde excavation du sommet de la tête, ainsi que les grandes défenses tranchantes, s’unissent pour donner à la tête tout entière un aspect remarquable, et la font différer de toutes les formes connues vivantes ou fossiles.

La structure du crâne offre de nombreux traits intéressants. Le suroccipital est très-développé, et, s’élevant au-dessus de la boîte cränienne, il forme une énorme crête, qui se projette obliquement en arrière, au delà des condyles. La crête, en avant, se continue de chaque côté, chacune de ses portions latérales s’inclinant en dehors et faisant saillie au-dessus de la fosse temporale. Cette portion de la crête est formée en grande partie par les pariétaux. La paire de cornes postérieures surgit de cette crête, qui s’épaissit inférieurement, et sur sa partie interne, pour la supporter. ,

En avant de chacune de ces cornes, la crête décroît rapide- ment, et s'abaisse en pente douce sur le centre de l'orbite. Ces cornes sont plus élevées que celles qui les précèdent, et elles ont leur sommet obtus et aplati transversalement.

Les frontaux n'ont pas de processus post-orbitaire, et l’orbite n'est pas séparée de la fosse temporale, qui est très-large dans sa partie postérieure. Le temporal forme la partie inférieure de cette fosse, et envoie inférieurement un processus post- glénoïdien massif, qui ressemble à celui du Tapir.

L'os malaire complète la portion antérieure de l’arcade, ce qui n'a lieu chez aucun Proboscidien connu.

Le lacrymal est large, et forme le bord antérieur de l'orbite, comme chez le Rhinocéros. Il est perforé d'un large trou dans sa partie faciale. Au-dessus de l'orbite, le frontal envoie latéralement une saillie, qui offrait une bonne protection à

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l'œil dans les combats que ces animaux se livraient entre eux. |

Sur celte saillie, se voit une faible protubérance qui res- semble à l’axe d'une corne, mais la position qu’elle occupe immédiatement en avant de la crête latérale indique qu'elle ne supportait pas une semblable protubérance.

Les maxillaires sont massifs et très-remarquables, en ce qu'ils servent de base à une paire de cornes épaisses et co- niques. Au-dessous de celles-ci sont les grandes canines re- courbées, dont les racines sont implantées sous la base de ces cornes. Derrière la canine, se voit une barre médiocre suivie de six dents, prémolaires ou arrière-molaires. Les couronnes des molaires présentent deux crêtes transversales disjointes exté- rieurement, et se réunissant par leurs extrémités internes. Les os du nez sont massifs, et se prolongent fortement en avant. Vers l'arcade zygomatique, ils se rétrécissent et forment la surface inférieure interne des cornes maxillaires, ainsi qu’une saillie qui se voit entre elles. A partir de ce point, ils augmen- tent légèrement en largeur, pour se rétrécir ensuite de nouveau, vers l'extrémité du museau. Près de l'extrémité antérieure du nasal, se voit une paire de petits tubercules, qui évidemment supporlaient des éminences dermiques. Les prémaxillaires sont dépourvus de dents, et d’une forme particulière. Ils s'unissent postérieurement avec les maxillaires, en avant des canines, sont ensuite séparés, et envoient deux branches en avant qui enclosent en partie, supérieurement et inférieure- ment, les ouvertures des narines.

La branche supérieure est intimement unie au nasal, avec lequel elle est contiguë. La branche inférieure est mince et ressemble aux prémaxillaires de quelques Ruminants. L’ex- trémité s'étend un peu en arrière de celle des os du nez. Les narines extérieures sont comparativement petites, leur ouver- ture étant encore plus resserrée que dans les Rhinocéros,

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MAMMIFÈRES FOSSILES GIGANTESQUES. 165

Le maxillaire inférieur était mince et les défenses petites.

Les extrémités dans les Dinocérates ressemblent beaucoup à celles des Proboscidiens, mais elles sont proportionnellement plus courtes. Les jambes de devant étaient un peu plus fortes que celles de derrière. L'humérus était court et massif, très-semblable, dans ses principaux traits, à celui de l'Élé- phant. Une des différences les plus marquées se voit dans la grande tubérosité, qui ne s'élève pas au-dessus de la tête arti- culaire, et est un peu comprimée. En outre, la crête condy- lienne de l'extrémité inférieure est tuberculeuse et ne se con- nue pas au delà de la diaphyse. La partie inférieure de l’hu- mérus est très-semblable à celle du Rhinocéros, et les propor- tions des deux os sont essentiellement les mêmes. La tête du radius s'appuie sur le milieu de son articulation avec le cubi- lus, et, par suite, la diaphyse de cet os ne croise pas celle du cubitus aussi obliquement que dans l’Éléphant. Le fémur est environ une fois plus court que celui de ce dernier. La tête de cet os ne présente point de dépression pour le ligament rond, et le grand trochanter est aplati et recourbé. M. Cope prétend que cette partie n'offre point cette dernière dispo- silion, mais plusieurs spécimens en parfait état de conser- vation, appartenant au Yale Museum, ne laissent pas de doute à cet égard. Il n’y a pas d'indice d’un troisième trochanter. L'extrémité inférieure du fémur est plus aplatie transversale- ment que chez l'Éléphant, mais les condyles s’en-rapprochent ; davantage de ceux de ce dernier, sous le rapport de la pro- ‘% portion. Les faces articulaires correspondantes du tibia sont, par suite, égales, contiguës, et ne présentent pas d’élévations proéminentes entre elles. Quand le membre était au repos, le fémur et le tibia étaient presque dans la même ligne, comme chez l'Éléphant et l'Homme. L’astragale n’a pas de gorge su- périeure distincte. Sa portion antérieure présente des faces ar- ticulaires, pour les os naviculaire et cuboïde, différant, en

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cela, des Proboscidiens, qui n’en ont que pour le naviculaire ; elle se rapproche à cet égard des Périssodactyles. Le calcanéum est très-court, ainsi que les phalanges qui sont courbes, fortes et ressemblent à celles de l'Éléphant.

Les vertèbres de ce groupe ne ressemblent pas à celles des Proboscidiens dans leurs principaux caractères. Les cervi- cales sont matériellement plus longues que dans l’Éléphant. Les vertèbres sacrées sont au nombre de quatre, dont la pre- mière est très-courte et supporte une queue courte et grêle. Les côtes ont des aphyses en crochet, comme chez le Masto- donte.

Tels sont les principaux caractères de ces gigantesques Mammifères éteints. 11 reste à établir brièvement ce que ces caractères indiquent dans leur ensemble, et à donner les raisons qui font de ce groupe un ordre distinct des Probosci- diens.

Les vertèbres et les os des membres dans les Dinocérates sont, sous beaucoup de rapports, semblables à ceux des Pro- boscidiens, mais les caractères qui les en éloignent répétant ceux du type périssodactyle. Le crâne, au contraire, ne présente pas les traits distinctifs des Proboscidiens. La présence des cornes disposées par paires, l'absence de dents intermaxillaires ainsi que la présence d’une paire de larges canines, les rap- prochent des Ruminants. Les cornes nasales, la conformation de la partie antérieure du corps, les molaires, l’arcade zygo- matique, les fosses temporales allongées, le large processus post-glénoïdien, ainsi que des caractères moins importants du crâne, montrent qu'ils ont des affinités avec les Périssodactyles. La présence de cornes sur les maxillaires, la profonde conca- vité du sommet de la tête et les grandes crêtes latérales appar- tiennent exclusivement à ce nouvel ordre.

Quelques-uns des caractères les plus marqués qui dis- tinguent ces animaux des Proboscidiens sont les suivants :

MAMMIFÈRES FOSSILES GIGANTESQUES. 167

l'absence d’incisives supérieures; la présence de canines: 3 la présence de cornes; l'absence de grands sinus crâ- niens; les os molaires formant la portion antérieure de l’arcade zygomatique; la présence d’un large processus post-glénoïdien ; les larges lacrymaux perforés ; la peti- tesse et la disposition horizontale de l’orifice des narines ; le grand allongement des os du nez ; 10° les prémaxillaires ne s'articulant pas avec les frontaux; 11° la présence des crêtes latérales et postérieures ; 12° les dents molaires très- petites et leur mode de remplacement vertical ; 13 les maxil- laires inférieurs petits ; 14° l'articulation de l’astragale avec les os naviculaire et cuboide: 15° l’absence d’une véritable trompe.

Le dernier caractère peut provenir du peu de longueur des membres antérieurs et du cou, ainsi que de l'allongement de la tête, ce qui rendait la présence d’une trompe inutile, puisque le museau pouvait toucher le sol.

L'ouverture nasale petite, plus petite, même, que celle des Rhinocéros ou des Tapirs, est encore une preuve à l’appui de la non-présence de cet organe, qui, s’il eût existé, se serait trouvé en opposition avec les cornes nasales et les canines recourbées.

Les cornes des Dinocérates doivent avoir présenté une appa- rence singulière. Celles des os du nez étaient probablement courtes, recouvertes de peau, et ressemblaient à celles du Rhi- nocéros, tout en étant plus petites. Celles des maxillaires étaient coniques, très-allongées, et elles formaient, sans doute, des moyens de défense plus puissants. Les cornes postérieures étaient les plus larges, et leurs axes aplatis indiquent qu’elles étaient probablement branchues. Tous ces axes sont solides, presque lisses sur leur face externe; aucun ne montre de trace de meule.

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sexes avaient des cornes, mais il en était probablement ainsi. Les restes fossiles sur lesquels celte description repose pro- viennent des dépôts éocènes de Wyoming (États-Unis).

PLANCHE Vi.

Dinoceras murabihs.

Fig. 1, crâne vu de profil.

Fig. 2, id. vu en avant; les canines ont été coupées vers.

leur milieu.

Fig. 3, id. vu en dessus.

Ces figures sont réduites à + environ de la grandeur natu- relle ; elles sont tirées du Mémoire de M. Marsh.

SUR

LES ONGULÉS À PIEDS COURTS

DE L'ÉOCÈNE DU WYOMING (ÉTATS-UNIS) ; PAR

M. Édouard COPE {{).

Les divisions dans lesquelles se partagent les Proboscidiens sont les suivantes : (1) Extrait du Mémoire lu par l’auteur devant la Société philosophique

Américaine, le 21 février 1873, sous le titre suivant : On the short footed Un- gulata of the eocene of Wyoming.

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Dinoceras mirabilis.

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Imp .B ecquet, Paris.

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ONGULÉS A PIEDS COURTS. 169:

Pas d'incisives ; os du nez courts; astragale s’articulant avec le naviculaire seulement; pas de troisième trochanter (Proboscidia vera.)

2 Pas d'incisives; os du nez allongés ; astragale s’articulant avec les os naviculaire et cuboïde; pas de troisième trochanter (Dinocerata).

3 -Dentition complète? Os du nez? Astragale s’articulant avec le naviculaire et le cuboïde; un troisième trochanter ru- dimentaire (Pantodonta). .

Les deux derniers sous-ordres présentent des points de contact avec les Périssodactyles.

Ainsi, les Dinocérates se rapprochent des Proboscidiens par l'expansion postérieure de l’omoplate et l'allongement de sa partie terminale, par la longueur des vertèbres sacrées, par l’aplatissement des os du carpe, par l'absence d’une fosselte pour le ligament rond du fémur, par l’aplatissement du grand trochanter, le rétrécissement des condyles, et la

forme en fissure de l’espace intercondylien. Il faut y ajouter la crête longitudinale du tibia, séparant ses faces articulaires situées sur une ligne transversale.

Le calcanéum court, plus large que long, et tuberculeux sur sa face inférieure ; la présence de cinq doigts ; la cavité

- cotyloïde du bassin non séparée des iliaques par un rétrécis- sement en forme de pédicule, et le manque de saillie angu- laire au delà du sacrum, sont aussi des caractères dignes d’être notés.

Enfin il faut signaler les trois vertèbres sacrées distinctes contrastant avec les cinq vertèbres, entièrement unies, des Rhinocéros. |

Les principales différences se voient dans le crâne, quoi- qu'ici aussi se montrent d'importantes ressemblances. Ainsi, dans le Loxolophodon, l’os maiaire forme la partie médiane de l’arcade zygomatique, -et envoie seulement un prolonge-

ACL Nes

170 COPE.

ment étroit dans le voisinage du lacrymal. Dans le Vintathérium, suivant M. Marsh, son prolongement antérieur est moins grand et moindre encore que dans les Périssodactyles. La dentition ne s'éloigne pas autant de celle.du Dinothérium, et, selon toute probabilité, le mode de succession des dents était semblable. Dans le Loxolophodon, les prémaxillaires et les os du nez sont excavés et exostosés pour l'insertion d'une trompe.

Les crêtes latérale et occipitale du crâne, quoique différentes des sinus diploïques de la tête de l’Éléphant, en représentent les parois externes, et fournissent une indication de leur ori- gine en établissant une transition vers les Périssodactyles.

Les différences dans le crâne résident, par conséquent, dans l'allongement de sa partie antérieure, et les os du nez ainsi que les prémaxillaires ont, par suite, une grande étendue. Le lacry- mal est perforé d’un petit canal, comme cela se voit, suivant M. Marsh, chez le Vintathérium ; mais chez le Loxolophodon il n’y a plus qu’une excavation marginale. Ce conduit n'existe plus chez l’Éléphant.

Le processus post-glénoïdien est plus développé que chez les vrais Proboscidiens.

Les Pantodontes sont représentés par le Bathmodon ; celui- ci offre, avec une disposition des membres postérieurs, très- analogue à ce qui se voit chez l'Eobasileus, des rapports plus prononcés avec les Périssodactyles. L'omoplate présente le renflement terminal massif des vrais Proboscidiens, et chez quelques-uns le ligament rond pour l'articulation coxo-fémo- rale n'existe pas.

L’astragale a la même forme aplatie que chez le Vintathé- rium, et ressemble moins à celui des Périssodactyles.

Les molaires et les longues canines, comprimées, sont sem- blables, comme type, à celles du Loxolophodon. D’un autre côté, les vertèbres cervicales sont moins longues, et le fémur présente un troisième trochanter rudimentaire.

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ONGULÉS À PIEDS COURTS.

_ J'avais rapporté dans l'origine les Éobasiléidés aux Probos- cidiens, en m’appuyant sur la disposition des membres, et donné, par suite, un cerlain nombre de raisons à l'appui de cette manière de voir, devant l’Académie des sciences natu- relles de Philadelphie, le 14 juin 1873 (publié le 16 jan- vier). J'ai ajouté, dans la Notice que je donne AUNISRS des caractères confirmatifs nombreux.

Je rapporte les Bathmodontidés aux Périssodactyles.

M. le professeur Marsh, dans la description qu’il a donnée d'une espèce de ce groupe, le Titanotherium? anceps (juil- let 1871), la compare avec les Périssodactyles, et en décrivant le tibia il dit : « que l'extrémité fémorale a des surfaces arti- culaires contiguës, sans crête de séparation, et que, par suite, il ressemble à quelques-uns des Proboscidiens. » Quelques jours avant la publication de mes conclusions, il changea, dans une Notice parue le 22 juillet 1872, le nom de Tita- nothérium en celui de Mastodon, montrant, par là, qu'il con- servait la même opinion. Quelque temps après (Amer. Jour- nal of science and arts, 27 septembre), il a modifié ses vues, et créé un nouvel ordre, celui des Dinocérates, pour y rece- voir ces fossiles.

En ce qui regarde le nom assigné à Fasanes de que j'ai donné, comme renfermant trois sous-ordres, j'ai préféré em- ployer un nom déjà utilisé, plutôt que d'en créer un nouveau; cela vaudra beaucoup mieux, si, comme il peut arriver, les distinctions sur lesquelles cet ordre ainsi que ses deux autres reposent viennent à disparaître par suite de nouvelles décou- vertes paléontologiques.

Dinocerata.

Les genres que je connais dans ce groupe sont au nombre de quatre, et difièrent entre eux par les caractères suivants : Os du nez présentant un prolongement en forme de

172 COPE.

corne s'élevant sur leur sommet ; vertèbres cervicales courtes ; os malaire très-pelit en avant (Loxolophodon).

2 Os du nez présentant de petites tubérosités; vertèbres cervicales courtes (Eobasileus).

Vertèbres cervicales plus longues ; os malaire toudialié le maxillaire (Vintatherium).

4 Os du nez sans cornes antérieures ; vertèbres cervicales? (Megaceratops).

La dentition de ce groupe demande une description parti- culière. M'appuyant sur les dimensions relatives des dents, j'ai désigné la série molaire du Loxolophodon par 4 +2, mais, si l'on s’en rapporte à la forme des couronnes, ce serait 1 +5. Je suis persuadé, cependant, que, comme chez les autres Pro- boscidiens, c’est la série des prémolaires, et non celle des mo- laires, qui manque, et qu’il doit y avoir au moins trois à quatre vraies molaires.

Dans une mâchoire trouvée isolément, qui se rapporte, quant à la dimension, à celle de différents Vintathériums, six molaires se trouvaient conservées. Les deux postérieures montrent trois collines subtransversales, dont les deux anté- rieures forment un chevron ayant le sommet dirigé du côté interne ; en avant de la crête antérieure se voit un bour- relet.

La portion symphysaire du maxillaire inférieur est remar- quable. Elle est soudée, très-comprimée et courbée en haut, de façon à présenter l'apparence d’une proue étroite. De chaque côté, se voient deux dents séparées des molaires par une barre. Elles sont très-comprimées et courbées; celles de la paire an- térieure sont en contact l'une avec l’autre. La détermination de ces dents est rendue facile par la présence du trou mentonnier, au-dessous de la postérieure. Ce trou est, comme on le sait, postérieur aux canines chez tous les Mammifères, et il est situé au-dessous des prémolaires ou de la barre. Les deux

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ONGULÉS A PIEDS COURTS. 173

dents de notre fossile seraient donc une canine et une pré- molaire et l’on devrait regarder les incisives comme man- quant. Ce fait est en rapport avec la structure du maxillaire supérieur, et il présente quelque probabilité, en raison de la grande réduction, dans cette espèce, de la symphyse des maxillaires inférieurs. Il tire encore une preuve en sa faveur de la tendance générale à la réduction des incisives, qui s’observe chez tous les Mammifères de la même faune éteinte. Chez le Bathmodon et le Palæosyops, les canines passent à la forme des incisives, comme chez les Ruminants, et dans le Palæo- syops les incisives externes sont très-réduites. Dans plusieurs genres il n'y a que deux incisives. Enfin, dans le Synoplo- thérium, et probablement dans l’Anchiphodus, les larges dents inférieures, décrites par le D. Leidy et par moi comme incisives ressemblant à celles des Rongeurs, sont en avant du trou mentonnier, et elles ont avec lui et les prémolaires les mêmes relations que les canines du Palæosyops et d’autres Mammifères. Je crois, par conséquent, que ce sont des ca- nines et que les incisives inférieures manquent.

Une grande probabilité en faveur de cette détermination est fournie par l’existence de petits intervalles qui séparent ces denis, et par ce fait qu'elles sont opposées aux canines de la mâchoire supérieure.

LoxocopHonon, Cope, Proceedings american philosophical So-

_aety, 1872, p. 488 et 580.

Le crâne, dans ce genre, est très-allongé et PES 3 supporte trois paires de cornes :

Une sur le prémaxillaire, la seconde au-dessus de l'orbite et la troisième sur l’occipital;

L'occipital s'étend à une courte distance de chaque côté des condyles et il est séparé du mastoïdien par une suture ir- régulière percée d’un large trou mastoidien.

Le méat auditif s'ouvre, en haut, au-dessous de la de

174 COPE. de la fosse temporale, et un peu en arrière du processus glénoïdien.

Le basi-occipital se rétrécit antérieurement et forme avec le sphénoïde le contour du trou déchiré.

Les ptérygoidiens sont remarquables par leur grande longueur. L’alisphénoïde est allongé dans le sens antéro- postérieur et en contact supérieurement avec le frontal. Il présente antérieurement une courte suture avec l'os la- crymal.

Ce dernier est un os large, de forme triangulaire, et son côté le plus court est l’inférieur.

Le palais est remarquable par sa longueur et son étroitesse. Sa voûle est en grande partie formée par les maxillaires, mais une très-courte portion est constituée par les palalins.

Les prémaxillaires sont longitudinaux et séparés antérieu- rement, sur les deux üers de leur longueur, par un large trou incisif qu'ils n’enclosent pas. Ils s'avancent sur les côtés du museau à angle aigu en haut et en arrière, et se prolongent en avant au-dessus des narines externes.

La dentition peut être représentée par la formule suivit

Inc. 0, Can. 1, Mol. 6 (4 + 2).

La canine a la forme d'une défense comprimée, dont les bords antérieur et postérieur sont tranchants et présentent une forte courbure postérieure. Un tiers de cette dent est reçu : par le prémaxillaire et entouré en arrière par une saillie costiforme qui s'étend en haut et en arrière. Les prémo- laires sont usées et leurs surfaces de frottement sont cordi- formes transversalement. Ce fait résulte probablement de l'usure d'un chevron à deux crêtes convergeant du côté in- terne, et présentant dans quelques-unes un petit tubercule. Sur les vraies molaires cette disposition est représentée par un V, dont le sommet est interne,

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ONGULÉS A PIEDS COURTS. 175

J'ai donné, le premier, le nom de Loxolophodon à ce genre, dans une courte Note publiée en août 1872 et accom-

_ pagnée d’une description des principaux caractères de cet

animal. Le L. cornutus y était cité comme la première es- pèce connue et considéré comme le type. Je l'ai encore décrit dans un Mémoire plus détaillé {20 août}, indiquant l'Eobasileus comme un spécimen, au sujet duquel j'avais fait erreur, comme je l’ai indiqué dans cette Notice.

Loxolophodon cornutus, Cope, Proceedings american philoso- phical Society, 1872, p. 580 et 488. Eobasileus cornutus, Cope, American Naturalist, 1872, p. 774.

Cette espèce a été établie sur les restes d’un seul individu,

restes qui consistent dans un crâne presque entier, une omo-

plate droite complète, plusieurs vertèbres, y compris le sacrum, la première ou la seconde côte, un bassin complet et un fémur droit entier. On peut y ajouter aussi une pièce osseuse qui est probablement un radius (1).

Les restes du Loxolophodon cornutus ont été trouvés, en août 1872, dans un ravin des Mauvaises terres du Wyoming.

La plus grande partie du crâne et le fémur ont été extraits |

de la base d'un rocher, sur la berge d’un ravin élevé de 1,000 pieds, dans les Mammoth-Bultes, South-Bitter-Creek. Comme le bassin du Bitier-Creek est à 7,500 pieds au-dessus du niveau de la mer, le fossile a donc été trouvé à une hauteur de 8,500 pieds. L’horizon géologique de ce gisement dépend du Bridger-Group de l’éocène de M. Hayden.

Eopasiceus, Cope, Proceedings of the american philosophical Society, 1872, p. 485.

Ce genre, comme il a été dit plus haut, ressemble au Loxo- lophodon par le peu de longueur de ses vertèbres cervicales, mais il se rapproche des Vintathériums par la condition rudi- mentaire des cornes nasales qui ne sont représentées que par

(1) Ces pièces sont longuement décrites par M. Cope dans son Mémoire,

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176 COPE.

de petits tubercules. La troisième paire de cornes, ou cornes postérieures, est aussi très-différente et s'appuie proba- blement sur la crête latérale très-développée de la surface supérieure du crâne, comme cela se voit dans le Vintathérium. Elles existent dans l'E. furcatus, qui n'est pas le type de ce genre, et sont comprimées de la base au sommet. Dans le Loxolophodon, la base est presque cylindrique. Ces caractères n’ont été indiqués dans aucune des descriptions publiées par les paléontologistes, antérieurement à cette Notice.

Il est possible que le Tinoceras grandis soit synonyme d’une des espèces rapportées à ce genre, mais la description qui en a été donnée ne permet de rien préciser à cet égard.

Les vertèbres cervicales dans l'E. pressicornis sont très- courtes. Les membres ont beaucoup de rapports avec ceux du Loxolophodon, entre autres l’omoplate et le bassin. La sym- physe pubienne de l'E. pressicorms, ou de quelque espèce voisine, est courte.

L'os naviculaire d’une espèce, peut-être identique à celle citée plus haut, présente, comme chez les Proboscidiens ac- tuels, quatre facettes inférieures, ce qui prouve l’existence de cinq doigts au pied de derrière. La facette externe est for- tement concave et possède une coulisse ; elle est oblique et reliée, à angle aigu, avec la face supérieure. Il supportait di- rectement le petit doigt externe par l'intermédiaire de son métatarsien. Les trois autres sont dans un même plan et plus creuses que larges. Le naviculaire forme un peu moins d’un arc de cercle, et sa largeur est la moitié de sa longueur en diagonale. Sa face supérieure est fortement convexe.

Loxolophodon pressicornis, Cope, Proceed. amer. Soc., 1872, p. 580 et 488. E. cornutus, ad., ibid. ; p. 485. Non Loxolophodon cornutus, 1b., 1bid.

Espèce représentée par de nombreuses portions du crâne, accompagnées des fragments de membres appartenant au même

ONGULÉS A PIEDS COURTS. 177 individu; par un squelette presque entier, à l'exception du crâne, fourni par un second individu. Un humérus et l’astra- gale d’un troisième sujet sont de référence incertaine, et l’on connaît aussi quelques autres pièces susceplibles d'être attri- buées au même animal. |

Cette espèce a été d’abord décrite par moi, dans une courte Note publiée et distribuée en août 1872, sous le nom géné- rique de Loxolophodon; quelque temps après, je le rapportai nouveau genre Fobasiléus, sous le nom d’E. cornutus, pen- sant quil était identique au Loxolophodon cornutus ; mais ayant reconnu qu'il n'en était pas ainsi, je me suis servi du nom spécifique que j'emploie aujourd'hui. Le 21 septembre suivant, M. le professeur Marsh a décrit, sous le nom de Ti- noceras grandis, une espèce qui, d'après sa description, se rapportait, avec celle dont je parle, par la longueur des cornes ; mais on ne peut encore l'identifier avec elle d'une manière positive. J'avais décrit originairement les prolonge- ments en forme de cornes comme situés sur les frontaux ; M. Marsh a depuis avancé l'opinion qu’ils naïssaient des maxillaires. J’ai découvert, dès que j'ai pu en faire un examen approfondi, que leur face interne est formée par la partie postérieure du nasal, et l’externe par le maxillaire.

Eobasileus furcatus, Cope: Loxolophodon bifurcatus, Cope. Probosciiens of the eocene of Wyoming, août 1872. Loxo-

lophodon furcatus, 1d., Proceedings american philosophical So-

ciety, 1872, p. 580.

Cette espèce a été primilivement décrite, sur l'examen d’une forte corne, dont l’extrémité ressemble beaucoup au nasal de l'Eobasileus cornutus, ce qui m'a fait lui assigner cette position dans le crâne.

M. Marsh a décrit dans le Vintatherium mirabile quelque chose d’analogue aux prolongements en forme de cornes des

crêtes latérales de la partie postérieure du crâne, et l’on JourNAL DE Z00LOGIE. T. I]. 1873. 42

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178 COPE.

pourrait, par conséquent, rapporter mon exemplaire à cette espèce, quoiqu'il en diffère beaucoup.

Vinrarmerium, Leidy, Proceedings Academy natural sciences Philadelphia, 1872, p. 169. Dinoceras, Marsh, Amer. Journ. sc. and arts, octobre 1872.

Ce genre ressemble à celui des Eobasileus dans ses propor- tions générales, mais il en diffère par la moindre longueur de ses vertèbres cervicales. Leurs centres sont aplatis aux deux extrémités, mais ne présentent pas le raccourcissement com- parable à celui des Éléphants, si marqué que dans les deux genres qui précèdent. Cette disposition permettait à la tête de s'approcher du sol de plus près, et, comme les membres étaient plus courts dans quelques espèces, la longueur de la trompe, si elle existait, devait avoir subi une modification.

Plusieurs noms ont été donnés à ce genre. Celui sous lequel il est désigné ici est à M. le professeur Leïdy, et date du mois d'août dernier. M. Marsh, dans l'Amer. Journ. of science and arts (2 septembre 1872), donnait le nom de Tinoceras (T. grandis) à une espèce qui lui appartient, et il en a fait une description détaillée, dans laquelle quelques-uns des caractères génériques paraissent se retrouver. Il avait déjà antérieurement attribué les mêmes fossiles au Vantatherium anceps (24 août), sans les décrire, et, dans un erratum, son

Mastodon anceps élait devenu le Tinoceras anceps. Le 27 sep-

tembre, il proposa de nouveau le nom de Dinoceras (Amer. Journ. of science and arts, 1872) pour le V. mirabile, mais il ne donna pas les raisons qui avaient molivé celte séparation d'avec le premier genre ou d'avec ceux décrits par le D. Leidy et par moi.

Je conserve donc, comme l'a fait le D. Leidy, le nom d'Uintatherium (1). | | (1) Nous avons préféré écrire Vintatherium. |

(P, Gerv.)

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ONGULÉS A PIEDS COURTS. 179

J'ai observé deux espèces de ce genre, qui n’ont, ni l’une

ni l’autre, la taille de l'Eobasileus pressicornis, le V. robustum, Leidy, sensiblement plus petit, et le V. lacustre, Marsh, d'une dimension encore moindre. Le V. mirabile (Dinoceras, Marsh) est à peu près du volume du V. robustum, et il s’en rap- proche beaucoup ; mais on peut l'en distinguer par la pré- sence d'un processus mastoïdien plus large. Le Tinoceras gran- dis de Marsh se rapproche, pour ses dimensions, de l'E. pressi- cormis, et il appartient peut-être à cette espèce ou à l'E. furcatus.

Le Tinoceras anceps, Marsh, est si imparfaitement caractérisé, qu'il peut être considéré comme n'étant pas encore connu. C’est une des plus petites espèces, identique de tous points au V. robustum dont le nom est antérieur. Je continuerai donc, jusqu'à plus ample éclaircissement, à admettre troïs espèces, savoir : Vintatherium robustum , Leïidy ; V. mirabile, Marsh ; et V. lacustre, Marsh.

Vintatherium robustum, Leïidy, Proceedings Academy natural saences Philadelphia, août 1872, p. 169. Vintamastix atrox, Leidy, loc. cit. ? Titanotherium anceps, Marsh, American Journal sciences and arts, 1871, p. 35.

Je dois à l'obligeance de M. Leidy d'avoir pu étudier le type qui fait l'objet de cette description et d’avoir pu consta- ter qu'il appartient à une espèce plus pelite que celles décrites précédemment. Les crêtes latérale, pariétale et sur-occipi- tale sont très-développées, et la dernière s’étend oblique- ment en arrière. Plusieurs particularités remarquables s’ob- servent dans la dentition. Ainsi la dernière molaire supérieure offre une grande irrégularité dans la hauteur des crêtes trans- versales, l'antérieure qui est arquée formant une pointe élevée à son extrémité antérieure. Un petit tubercule se voit à l'angle interne de la surface triturante de la molaire pénultième. Le même angle présente une grande élévation dans la molaire antérieure,

180 COPE.

La canine est plus éloignée que dans l’L. cornutus, et moins recourbée. Le processus mastoïdien est très-proéminent. L’humérus présente une crête condylienne interne proémi- nente et une tubérosité. Les condyles ne sont pas très- obliques, et le lobe postérieur interne de la face tibiale de l'astragale est bien apparent. Il n’y a pas de fossette en le ligament à surface trochléenne.

Le D. Leidy a émis l'opinion que cette espèce et le Dino- ceras mirabihis de Marsh sont identiques.

Vintatherium mairabilis, Marsh. Dinoceras murabilis, Marsh, American Journal of sciences and arts, octobre 1872 (publié le 27 septembre). Id., ibid. (28 janvier 1873).

Le crâne de cette espèce diffère de celui du Loxolophodon cornutus par les caractères déjà mentionnés, et surtout par la position des cornes naso-maxillaires, la perforation du la- crymal, le développement antérieur de l'os malaire, l’obliquité de l’occiput, etc. Il diffère de celui de l'E. pressicornis par la moindre longueur des os du nez, par le rapprochement plus intime des prémaxillaires, dans leur portion postérieure, avec la base des cornes, qui sont plus courtes, et dans la formation desquelles les os du nez prennent une bien moins graëde part.

Vintatherium lacustre, Marsh. Dinoceras lacustris, Marsh, loc. «it., octobre 1872 (publié le 27 septembre 1872).

Je possède plusieurs dents, l’occipital, le pariétal et d’autres portions du crâne de cette espèce. Elle se distingue de ses congénères en dehors de ses dimensions plus restreintes par le large volume des dents. Elles sont presque aussi grandes que celles du Loxolophodon cornutus, et l'emportent de beau- coup sur celles du V. robustum et du V. mirabile. Les con- dyles occipitaux ne sont pas plus forts que ceux de l'Élan et du Cerf du Canada. La protubérance mastoïdienne est proémi- nente, et le processus post-glénoïdien, plus développé infé-

ONGULÉS A PIEDS COURTS. 181 rieurement, présente un diamètre antéro-postérieur moindre que dans les trois autres espèces. La crête condylienne infé- rieure est très-marquée, et le trou sr postérieur est élargi. k

Cette espèce a été découverte par moi dans les formations du South-Bitter-Creek, Wyoming,

Mecacerartors, Leidy, Proceeding Academy natural sciences,

1870, p. 1. Megacerops, id., Hayden’s geological Survey Wyoming ; 1872, p. 352). |

Ce genre est connu par l’extrémité des os du nez seulement 8 P

qui supportent les axes des cornes. Ceux-ci occupent une po- sition intermédiaire aux cornes nasales et naso-maxillaires des

Eobasileus, et peuvent représenter la paire médiane, les

cornes nasales manquant. Il fut dans l’origine, regardé par le D. Leidy, comme allié au Sivathérium, et, par suite, aux Ruminants. Il a émis

aussi l’opinion que ce groupe présentait une trompe, comme

celle du Tapir. Cette dernière supposition est très-probable, vu les affinités que ce genre présente avec les Proboscidiens.

Megaceratops coloradoensis, Leidy, Loco cit.

La partie conservée de cette espèce indique un animal de la taille des plus grands Vintathériums. Les os du nez sont soudés entre eux, et les axes des cornes sont sub-cylindriques, oblus, et sont longs de 2 pouces environ; ils naissent un peu en arrière de l'orifice externe des narines.

Pantodonta.

Comme je l'ai déjà dit, la disposition des membres et de leurs extrémités, dans ce sous-ordre, est la même que celle de l'ordre en général, et l'omoplate présente la disposition ordinaire à ce groupe. Il existe aussi une ressemblance dans la forme de la symphyse des maxillaires, qui est encore

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garnie de dents et forme une saillie longue et solide, comme chez l'Éléphant. L'astragale a une forme très-particulière, et est encore plus exceptionnel que chez le Vintathérium. Sa face supérieure articulaire est aplatie et concave au milieu. Elle est tournée en dedans, en avant de la face arti- culaire de la malléole interne, et se termine par une forte saillie. La face d’articulation avec le cuboïde est très-petite et sublatérale. La facette péronière est élargie, et celle du côté opposé est bien marquée.

D'un autre côté, le processus coracoïdien s'élève sous forme d’un crochet recourbé, et est, par suite, plus développé que chez les autres Proboscidiens et les Périssodactyles. Le cou est aussi plus long que chez les premiers de ces animaux, et les pariétaux semblent être rétrécis par le resserrement des fosses temporales, comme chez les Rhinocéros. On ne connaît rien de plus relativement à la structure du crâne.

Les genres de ce groupe sont au nombre de deux :

Avant-dernière molaire semblable à la dernière, avec un croissant externe et un bourrelet (Bathmodon).

®% Les trois dernières molaires pourvues de deux crêtes transversales ne se réunissant pas par leur partie interne (Metalophodon).

Baramopon, Cope, Proceedings american philosophical Society, 1872, p. 417.

Ce genre a d'abord été distingué surtout par sa dentition. On en connaît aujourd’hui beaucoup d’autres particularités importantes. En ce qui touche les molaires, les deux crêtes transversales sont séparées à leur partie interne par une étroite fissure ; la molaire antérieure est beaucoup plus longue et recourbée ; la postérieure est courte, étroite et pourvue d'une crête. La formule dentaire comprend :

Inc. 3, Can. 1, Mol. 7? mol. (4 + 3).

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ONGULÉS A PIEDS COURTS. 183

Bathmodon radians, Cope, Proceedings american philosophical Society ; 1872, 16 février. Id., Hayden’s geological Survey Of Montana, 1872, p. 350.

Bathmodon semicinctus, Cope, Proceedings american philoso- phucal Society ; 1872, p. 420).—Loxolophodon semicinctus, Cope.

La dent sur laquelle cette espèce est basée se rapproche de la dent correspondante du B. radians.

Bathmodon latipes, Cope. Espèce nouvelle établie sur les vertèbres atlas et axis, les dorsales et les lombaires, l'humérus, une phalange, le fémur et l’astragale d'un individu trouvé

avec le B. radians. Des couches du Green-River, près Evan-

ston, Utah. |

MEraLoPHODON, Cope, Proceedings american philosophical Society ; 1872, p. 542).

En distinguant ce genre des Bathmodons, j'ai établi qu’il en différait par la denüition, les crêles des vraies molaires se réu- nissant par leur partie interne et les prémolaires présentant deux et non trois crêtes. J'ajouterai à ces caractères qu'il y a trois molaires de chaque côté, portant des crêtes transver- sales, qui ne s'unissent poiñt à leur extrémité, excepté l’anté- rieure. Dans le Bathmodon, il n’y a qu'une seule dent offrant ce caractère, la postérieure.

Metalophodon armatus, Cope, Loco ctato.

Cette espèce est représentée par la plus grande partie des dents de deux maxillaires provenant d’un crâne trouvé par moi, et dont j'ai pu constater les relations. Une, au moins, des vraies molaires appartient à la dentition de lait, ce qu'on reconnaît de l'intégrité des couronnes des dents suivantes. Quelques-unes des prémolaires présentent déjà un certain degré d'usure.

Il n'est pas certain que la troisième espèce de Bathmodon ne soit point un Métalophodon.

184 | COPE.

PLANCHE vi. à al

Crûne du Loxolophodon cornutus.

Fig. 1, vu de profil ;

Fig. 2, vu en dessous, montrant les dents molaires; Fig. 3, vu en dessus.

Ces figures sont réduites à + de la grandeur naturelle (1).

(1) Nous les avons fait exécuter d’après celles qui accompagnent le Mémoire de M. Cope, en nous aidant de très-bonnes photographies, que ce savant nalu- ralisie a bien voulu nous adresser.

(P. GERY.)

Le lecteur aura remarqué que les auteurs des deux importants Mémoires qui précèdent réunissent bien, l’un et l’autre, aux Ongulés les singuliers fos- siles décrits par eux, mais qu’ils conservent, à certains égards, des doutes au sujet des véritables affinités de ces animaux, inconnus avant la publication de leur travail. M. Marsh admet que les Mammifères dont il s’agit constituent deux sous-ordres nouveaux auxquels il donne les noms de Dinocérates et de Pantodontes, et il place ces deux sous-ordres à la suite des Éléphants parmi les Proboscidiens.

_ Mais si l’on peut invoquer en faveur de ce classement la brièveté des ver- tèbres cervicales, celle des doigts et la forme de l’astragale dont le bord anté- rieur s’articule avec le naviculaire seul, tandis que chez les Ongulés sans trompe il touche plus ou moins à cet os et au cuboïde, on ne doit pas se dis- simuler que la présence d’une paire de dents cultriformes implantées dans les os maxillaires et qui doivent être regardées comme des canines, tandis que les défenses des Proboscidiens sont constamment de véritables incisives, suf- firait à elle seule pour éloigner des Proboscidiens, tels qu’on les a jusqu’à ce jour définis, les Mammifères éocènes du Wyoming. Les saillies multiples et en forme de cornes, dont le crâne de ces animaux est surmonté, ne viennent pas davantage à l'appui de leur classement dans le même ordre que les Élé- phants, les Mastodontes et les Dinothériums, même lorsqu'on les en sépare comme sous-ordre ou comme famille, et comme d’ailleurs ces prétendues cornes étaient bien plutôt de simples verrucosités osseuses plus comparables _aux excroissances de même nature qui s'élèvent auprès des canines supé- rieures des Sangliers ou sur le front du Chlamyphore, qu'aux axes osseux

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Loxolopho don cornutus.

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persistants cadues qui surmontent les frontaux des Ruminents, elles ne peuvent pas, d’autre part, être citées à l’appui de l'opinion qui rapprocherait des Ruminants ces anciens Mammifères.

La présence de cinq doigts pourrait être regardée cependant comme les rattachant aux Proboscidiens, mais elle n’exclut pas complétement la possi- bilité qu’ils aient également eu des rapports avec les Jumentés ou Périssodac- tyles, puisque les Damans, habituellement classés avec ces derniers, possèdent cinq doigts aux membres de devant. Enfin leur dentition, malgré la forme bi- zarre et, jusqu’à un certain point, porcine des canines semble aussi les rap- procher des animaux de ce groupe.

Quoi qu’il en soit, il faudrait connaître exactement la disposition des os des pieds et en comparer spécialement l’astragale, non-seulement à celui des Proboscidiens, mais aussi à celui du Toxodon, ce que, faute de figures relatives à cet objet, les Mémoires de MM. Marsh et Cope ne permettent pas encore de faire.

Nous nous empresserons de donner ces détails complémentaires dès qu'ils nous seront parvenus, nous bornant à rappeler, pour aujourd’hui, que M. Cope attribue un rudiment de troisième trochanter aux genres Bathmodon et lophodon, l’un et l’autre du groupe des Pantodontes.

MM. Marsh et Cope, tout en rapprochant des Proboscidiens les Mammifères décrits par eux, reconnaissent, d'ailleurs, leurs affinités avec les Jumentés ou Périssodactyles, et, d’après M. Cope, les deux genres Bathmodon et Méta- lophodon doivent même être rangés dans ce groupe. On sait que le caraetère d’avoir le fémur pourvu d’une semblable saillie n’a été observé jusqu'a présent, parmi les Ongulés, que chez les Jumentés seulement, soit les Che- vaux, les Rhinocéros, les Tapirs et les Damans. La conformation des ver- tèbres cervicales et le mode d’articulation de l’astragale méritent cependant une attention particulière, et ce n’est qu'après de nouvelles études que la place des grands Mammifères nouvellement découverts pourra être fixée d’une manière définitive.

(P. GERY.)

FAITS DIVERS.

STATION PRÉHISTORIQUE DÉCOUVERTE AUX ENVI- RONS DE VILLEFRANCHE (Alpes-Maritimes), par M. Rivière.

M. Rivière nous écrit à la date du 14 février : « J'ai décou- vert une nouvelle station préhistorique à Beaulieu, près Ville- franche, station qui me paraît contemporaine des grottes de Menton. Cette station est un abri sous roche d’une cinquan- taine de mètres de longueur. Dans les fouilles que, depuis six semaines, j'y ai entreprises, j'ai mis à nu deux foyers dis- tincis et j'ai recueilli un certain nombre d'ossements apparte- nant, pour le foyer supérieur, aux Bos primigenius, Cervus ela- phus, Cervus capreolus, Capra primigenia, Equus, Sus et Lepus; et pour le foyer inférieur, en plus des animaux ci- dessus indiqués, un maxillaire supérieur d'Hyæna spelwa et une phalange d'Ours. Les coquilles y sont aussi assez nom- breuses, du moins comme espèces, et les silex sont en quan- lité considérable; je suis parvenu à une profondeur de : a HP

RORQUAL (Rorqualus musculus). Un individu de cette espèce a été pris vers Noël 1872, sur la côte de Solenzara (Corse).

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ANALYSES D'OUVRAGES ET DE MÉMOIRES.

XVII. REINHARDT (J.) : NOUVELLE ESPÈCE DE SAIMIRI (Vidensk. naturhistoriske Forening à Kjobenhaven for 1872).

Cette nouvelle espèce provient de l'Amérique centrale. L'auteur l'appelle Chrysothrix Orstedü, et il en donne la diagnose snivante :

Chrysothrix fronte et vertice aterrimis, dorso inferiore lateri- busque corporis splendide aurantio-rufis, unicoloribus.

Une figure accompagne cette description.

Le même travail renferme aussi des remarques relatives à plusieurs espèces du genre Atèle.

XVIII. ALLEN (J. A.) : Mémoire SUR LES MAMMIFÈRES ET _LES OISEAUX DES Érars-Unis (Bulletin du Muséum de Zoologie comparative de Harvard College, à Cambridge, Massachussets).

Dans un premier Mémoire, t. I, 8 du Recueil cité, M. Allen s'occupe des Mammifères du Massachussets.

Un second Mémoire du même auteur (ibidem, t. II, 1) est consacré aux Otaries ou Phoques à oreilles (Otariadés) et il y est donné une description détaillée de ceux qui habitent le nord du Pacifique. Ce travail, accompagné de deux planches, représentant les crânes de l'Ofaria (Eumetopias) Stelleri et de l'O. (Callorhinus) ursinus, traite des Otariadés dont les noms suivent : Olaria (Eumetopias) Stelleri ou Lion marin de Stel- ler; Otaria (Zalophus) Gillespii, Mc Bain; Ofaria (Callorhinus), ursinus, Péron; il comprend aussi une Note du capitaine

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188 AGASSIZ.

Ch. Bryant sur les mœurs de l'O. wrsina ou Phoque à four- rure.

Dans un troisième Mémoire {ibid., t. III, 6), M. Allenrend compte d'une reconnaissance ornithologique entreprise dans le Kansas, le Colorado, le Wyoming et l’Utah.

XIX. AGASSIZ (Alexandre) : misrore pu Balanoglossus ET DU Tornaria ([Mém. de l’Acad. améric. des arts et des sciences, t. IX, p. 421, pl. 1 à m1; Cambridge Mss., 1873).

Parmi les larves d'animaux inférieurs marins découvertes par J. Muller, qui peuvent, à cause de leur forme et de la charpente solide dont leur corps est soutenu, être attribuées à des Échinodermes, l’une des plus difficiles à ramener à son véritable genre est celle qui a été nommée Tornaria par cet auteur. Étudié ensuite par Khron, Fritz Muller, etc., le Tor- naria a été attribué aux stellérides ou étoiles de mer. Cepen- dant M. Metschikoff avait pensé, dès 1871, que c'était le pre- mier âge d'un Ver, soit celui des Balanoglossus, genre de la famille des Siponculidés, soit celui d’un genre peu différent, opinion qu'il importait d'autant plus de vérifier que Cuvier a placé les Siponcles parmi ses Échinodermes sans pieds, tandis que de Blainville a proposé de le réunir aux Vers apodes de sa classification et d’en former, parmi ces animaux, une famille sous le nom de Siponculidés. Il convient aussi, pour faire comprendre l'intérêt des nouvelles observations de M. AI. Agassiz, de rappeler que M. de Quatrefages a fait des Siponeles un groupe à la fois distinct des Échinodermes et des Vers, sous le nom de Géphyriens, et que d’autres auteurs ont, au contraire, regardé les Échinodermes proprement dits, comme une division de la grande catégorie des Vers.

M. Al. Agassiz montre que le Tornaria est bien la larve du Balanoglosse, mais il fait ressortir les différences secondaires

MEINERT. 189

par lesquelles cette larve se distingue à la fois de celle des vraies Annélides et de celle des Échinodermes ordinaires.

XX. MEINERT (Fr.) : Pozyzoniuu cERManIcuM. (Sillæg til Danmarks Chilognather, in Naturhistorisk Tidsshrift, série, vol. VI. Copenhague, 1870.)

Cette petite monographie forme un supplément aux belles recherches de M. Meinert sur les Chilognathes du Dane- mark, publiées dans le même recueil, en 1867 ; elle com- plète, en les confirmant sur de certains points et en les rec- tifiant sur d’autres, les descriptions de ce curieux Myriapode que nous devions à MM. P. Gervais et Waga.

L'auteur fait d’abord remarquer que les parties buccales du Polyzonium ne sont pas suceuses, et que Brandt a eu tort de séparer tous les Myriapodes en « Broyeurs » et « Sucéurs. » Cette observation est certainement juste, et nous sommes même disposé à accorder encore moins d'importance que le savant danois aux caractères qui distinguent les Polyzonium, et même les Siphonophora, des Chilognathes essentiellement broyeurs. Au lieu de former.pour eux, comme M. Meinert le propose, une troisième section de Chilognathes, il nous semble plus conforme à la méthode naturelle de les considérer, avec M. P. Gervais et d’autres auteurs, comme une famille se ratta- chant de près aux Iulides. Le genre Platydesmus nous paraît faire une transition des uns aux autres par l’ensemble de ses caractères.

À en juger par la description de M. Meinert, les organes buccaux du Polyzonium sont beaucoup plus dégradés que ceux des Platydesmus, mais moins cependant que ceux des Siphonophora (1). La lèvre supérieure et les mandibules for-

(4) Voyez, pour les pièces buccales chez ces deux derniers genres, H. do

Saussure et A. Humbert, Études sur les Myriapodes américains. (Mission scientifique au Mexique, Zoologie, partie, section, pl. 11.)

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190 MEINERT.

ment par leur soudure un bec assez pointu, quoique beau- coup plus court que dans les genres voisins. Les mandibules sont armées de plusieurs lames simples en grande partie chi-. tineuses. Les ocelles, assez grands, forment ensemble un . angle aigu entre les antennes ; leurs éléments sont difficiles à distinguer les uns des autres en raison du pigment dont ils sont entourés; chez les adultes on en trouve trois de chaque côté. Les segments, à l'exception du premier et du dernier, sont divisés par une profonde suture transversale en deux parties. Les pores répugnatoires forment une série non imter- rompue de la cinquième jusqu’à l’avant-dernière lame tergale. Les lames pleurales sont très-grandes ; elles diffèrent de celles des Glomeris en ce qu’elles sont soudées aux lames tergales. Les lames ventrales sont libres, et il est souvent difficile de décider avec certitude à quel segment appartient une lame ventrale et les paltes qui en dépendent. On compte de 43 à A7 seg- ments. Le premier et le second ne portent chacun qu'une paire de pattes; le troisième est apode ; tous les suivants, sauf les trois ou quatre derniers, portent deux paires de pattes. Il paraîtrait que, chez les femelles, les quatre derniers seg- ments sont apodes, et chez les mâles seulement les trois der- niers. Les deux premières paires de pattes n'ont, tant chez l’un des sexes que chez l’autre, que 6 articles, tandis que les suivantes en ont 7, un petit article {trochanter) s'intercalant entre le premier et le second article. A l'extrémité du premier article ou hanche, l'on trouve, sauf aux deux premières paires de pattes, un processus en forme de poche qui s'étend jus- qu'au troisième article.

Les mâles sont un peu plus petits que les femelles et ne paraissent pas acquérir un aussi grand nombre de segments que celles-ci. Les pénis ou les vulves font saillie entre les pattes de la seconde paire. Les organes copulateurs des mâles sont formés, de même que chez les Iulides, aux dé-

PORATH. 191 pens des deux paires d'appendices du septième segment. Ces organes présentent, comme ceux des Siphonophora, des articles bien distincts et sont, par conséquent, des pattes beaucoup moins modifiées que les organes copulateurs des [ulides. On peut con- clure de ce fait que, bien que les Polyzonium et les Sipho- nophora puissent être considérés comme « dégradés » sous le rapport de leurs organes buccaux, ils s’éloignent moins, à certains égards, de l’archétype des Chilognathes que certaines formes plus parfaites qu'eux. Leurs organes copulateurs ne montrent encore qu'un faible degré de différenciation.

Les ongles des deux premières paires de pattes chez les mâles sont forts, foliacés, ou en forme de large cuiller {bredt skeedannet). C'est une disposition qui rappelle tout à fait celle que l'on observe dans la première paire de pattes du Para- julus olmecus (1). |

La seule localité danoise le Polyzonium germanicum ait été trouvé jusqu'à présent est la côte orientale de l’île Bor- nholm. (A. Humgerr.) s

XXI. PORATH (C. À. von) : MyYRIAPODES DE L'AFRIQUE MÉ- RIDIONALE CONSERVÉS AU MUSÉE DE STOCKHOLM ; Partie I : Chilopodes (Ofversigt af Kongl. Vetenskaps-Akademiens For- handlingar, 1871, 9, p. 1135-1167) et Partie IT : Diplopo- des. (Ibid., 1872, 5, p. 3-45, av. 1 pl.

Ces deux mémoires de M. de Porath nous font connaître les nombreux Myriapodes du Musée de Stockholm rapportés de la Cafrerie et du Cap par Wahlberg, Kinberg et Victorin, ainsi que quelques espèces récoltées à Sierra Leone, par Afze- lius. Les descriptions sont en latin ; les généralités, observa- tions et discussions, en suédois. Les genres sont caractérisés avec soin, et nous trouvons, à propos de certains d’entre eux, beaucoup de détails importants relatifs surtout à la structure

(1) Saussure (H, de) et Humbert (A.), loco cit., pl. v, fig. 1 p, 1 q.

192 PORATH.

des organes buccaux. Les espèces sont également décrites d’une manière complète et méthodique.

La première partie traite de 30 espèces de Chilopodes, dont 22 sont nouvelles. Elles sont réparties de la manière suivante dans les différents genres : Scutigera, 2; Henicops, 1 espèce nouvelle; Scolopendra, 12 (dont 11 esp. n.); Cormocephalus, 9 esp. n.; Eucorybas, 1; Cryptops, 1 esp. indéterminée ; Hetero- stoma, 1 ; Trematoptychus, 1 (esp. n.); Geophilus, 2, esp. indét.

La seconde partie comprend la description de 42 espèces, dont 32 sont nouvelles. Ces espèces rentrent dans les 7 genres suivants : Sphærotherium, 8 esp. (dont 4 nouvelles) ; Polydes- mus, sous-gen. Paradesmus, 1; sous-gen. Icosidesmus, 1, esp. n.; Eurydesmus, 1, esp. n.; lulomorpha, nouv. gen., 1, esp. n.; Spirobolus, 7 (dont 3 esp. n.); Spirostreptus : sous- genre Nodopyge, 17 (dont 14 esp. n.); sous-gen. Odontopyge, 5 (dont 4 esp. n.); Alloporus, gen. nouv., 1 esp. n..

Le genre lulomorpha se distingue des autres genres de la famille des Iulides principalement par sa « lamina labialis » (pièce médiane impaire, Sauss. et Humb.) divisée par une suture transversale en deux parties, dont la postérieure, qui est subtétragone, a une longueur égale à la moitié de celle des pièces antérieures externes (stipites maxillares). La mandibule a six peignes. Le Zulomorpha Kinbergi, seule espèce du genre, a été récolté au Cap par le naturaliste dont il porte le nom.

Le genre Alloporus diffère de tous les Iulides connus, en ce que ses pores répugnatoires, au lieu de ne commencer qu'au segment, se trouvent déjà sur le 5°. Les mandibules ont 8 peignes ; les À premiers segments sont ouverts en des- sous. Du reste, ce genre semble se rapprocher surtout des Spi- rostreptus (sous-genre Nodopyge). Il ne comprend qu'une seule espèce, l'Alloporus dissimilis, qui a été découvert en Ca- frerie par Wahlberg.

(A. HuwBent.)

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HAMY. 193

XXII. HAMY (E.-T.) : SUR L'AGE DES ANTHROPOLITHES DE LA GuapeLoure (Compt. rend. hebd., t. LXXVI, p. 381, 10 février 1873.)

« Le Muséum d'Histoire naturelle de Paris possède deux Anthropolithes de la Guadeloupe.

« Le premier seul a été étudié par Cuvier, el la figure et la description qu’il en a données ont été souvent reproduites. Un second bloc envoyé par Donzelot, en tout semblable au précédent, mais dont le squelette est beaucoup plus mal con- servé, ne paraissait devoir rien ajouter aux renseignements fournis par son devancier. Il ne fut pas dégrossi, mais, exposé à côté de celui qui renfermait le premier squelette, il servit à montrer aux visiteurs l’état naturel des bancs ossifères dits Magçonne-Bon-Dieu. C'est dans ce second bloc, dont une large fente, lentement agrandie, a fini par détacher un assez gros fragment, que j'ai trouvé le bijou caraibe qui accompagne cette

Note. La fissure qui dissociait, ainsi que je l'ai dit, le

squelette du Port-du-Moule dessinait ses sinuosités au-dessus des fragments -osseux qui représentaient le thorax du sujet; et, lorsque la partie supérieure s’est détachée, elle a montré, dans son épaisseur, la moitié droite d'un maxillaire inférieur, dont la dentition se rapportait à celle d’un enfant de huit ans environ. Cette indication s’accordait avec celles que fournis- saient déjà les diaphyses des membres saillantes à la surface de la roche, humérus, fémur, tibia, etc. Sous cette mandibule et un peu au-dessus de débris osseux qu'il était aisé de recon- naître pour quelques bouts de côtes supérieures et la portion moyenne d’un humérus, apparaissaient deux petites taches verdâtres et, au milieu de l’une d'elles, un petit cercle blanc. Je dégageai avec précaulion la pierre verte, qui se détachait sur fond grisâtre de la roche, el, après quelques minutes de travail, je pus ürer de la gangue une amulelle en jade, de JourNaL DE Z00LOGIE. T, II. 1873. 13

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194 HAMY.

20 millimètres de longueur sur 17 de largeur et 9 d'épaisseur, reproduisant grossièrement la forme d’un batracien. La tête et les membres antérieurs sont séparés du reste du corps par une rainure transversale ; chacune des saillies qui repré- sentent les paltes de devant est adroïtement percée de deux trous, l’un sur la face externe, l’autre sur la face inférieure, à l’aide desquels la grenouille de jade était suspendue au cou. Deux petits renflements simulent les yeux de l’animal, deux traits obliques circonscrivent ce qui répond aux membres postérieurs, et une saillie ovale dessine les contours de la région lombaire.

«J'ai dit que ce bijou était d’origine caraïbe. Cette apprécia- tion, que suggèrent les comparaisons ethnographiques, trouve sa confirmalion dans les textes des vieux auteurs qui ont écrit sur l'Histoire naturelle des Antilles. Rochefort, du Tertre, etc., parlent, en effet, du goût des habitants primitifs de cet ar- chipel pour certaines pierres verles el rouges, el ce dernier raconte même (1}, à propos de ces pierres, qu’il dit venir de la Terre-Ferme, qu’il en a vu de diverses figures et, en par-

4) R. P. du Terire, Hist. gén. des Antilles habitées par les Français, t. 11, p. 78; 1667, in-4,

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ANTHROPOLITHES DE LA GUADELOUPE. 195

ticulier, « une qui avait la forme d’une grenouilie, » Entre autres propriélés dont jouissaient ces pierres travaillées « pendues au col, » elles devaient empêcher de tomber du haut mal, soulager les femmes « en travail d'enfant, » etc., elc.

« La rencontre d’une semblable amulette, taillée suivant la forme spéciale indiquée par le vieil historien des Antilles, et suspendue au cou de l’un des sujets enfouis dans les tufs pélagiques du Port-du-Moule, me semble bien prouver, d'une à

, manière irrécusable, que ces squelettes appartiennent à 4 l’époque caraîbe, ainsi qu'Ernouf l'avait supposé.

« On peut donc maintenant limiter l'âge des anthropo- lithes, dont Kœnig, Cuvier, etc., s'étaient occupés, entre la première apparition des Caraïbes à la Guadeloupe et l’époque Rochefort, du Tertre, etc., décrivaient ces anciens habi- tants des petites Antilles aujourd'hui presque complétement disparus.

« On remarquera, en terminant, que c’est sous le nom de Gahbis que nos compatriotes désignaient, en 1805, les sque- lettes que l'on extrayait du Port-du-Moule. Or les Galibis sont les Caraïbes continentaux, et c’est d'eux, suivant la tradition la plus accréditée, que descendent les peuples qui ont, les premiers, habité les petites Antilles {1}. »

Nous avons joint aux détails donnés par M. Hamy des figures de grandeur naturelle montrant l'amulelte qu'il a découverte de profil (fig. 1), en dessus (fig. 2) et en dessous (fig. 3). M. Jannettaz, qui a étudié la densité et les autres ca- ractères physiques de la matière même dont cette Amulette est faite, a reconnu qu'elle appartient à la variété de Jade propre à l'Amérique centrale. | ee

(1) Rochefort, Hist. mor. des Iles Antilles de l'Amérique. Lyon, 1667; in-12, p. 152. Du Tertre, Op. cit., p. 361. Dauxion-Lavaysse, Foy. , aux Iles de Trinidad, de Tabago, etc. Paris, 1812; in-8, p. 287, el, :

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196 GRAY.

XXII. GRAY (J.-E.) : NouveLres Espèces DE Tapis PROPRES A L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. (Proceed. zool. Soc. London, 1872.)

Depuis que j'ai fait paraître dans ce Recueil la description, accompagée de figures, du crâne du Tapirus Bairdi (1), j'ai reçu le deuxième cahier des Proceedings de la Société zoolo- gique de Londres, pour l’année 1872, qui rend compte de plusieurs communicalions faites à cette Société par M. Gray, sur l’ensemble des animaux du même groupe vivant en Amé- rique. Ces communications sont accompagnées de figures que je reproduis en partie.

Dans son Catalogue des collections du Musée britannique, paru en 1869, le même auteur admettait, ainsi que nous l'avons rappelé, quatre espèces de Tapirs, savoir : le Tapirus terrestris (T. americanus), le T. Laurillardi, Gray, qui ne paraît pas différer du précédent, T. pinchacus, Roulin, et Elasmognathus Bairdi (Tapirus Baird) (2). Il pense mainte- nant que le nombre en est plus considérable ; mais c'est en partie d'après l'examen de jeunes sujets, encore revêtus de leur livrée, qu'il est arrivé à ce résultat.

Une nouvelle espèce que l’auteur rapproche du T. puu- chacus reçoit de lui le nom de T. leucojenys (3), et celui de T. œnigmaticus. M. Gray en représente l’adulte et le jeune âge, et il donne aussi la figure du crâne de ce dernier (4).

Le T. ecuadorensis, Gray, serait une autre espèce propre à Ecuador et à Macas, localités situées sur le haut Amazone (5).

(1) Journ. de Zoologie, 1. II, p. 22, pl. 1.

(2) M. Sclater donne du Tapirus Bairdi (Proceed. zool. Soc. London, 1872, pl. LI) une ligure que nous avons reproduite sur notre planche x.

(3) Proceed., p. 483, pl. xx1 (reproduite pl. vin, fig. 2 du présent vo-” lume).

(4) {bid., p. 490.

(5) Gray, loco cil., p. 492, pl. xxu, fig. 2 (le jeune âge).

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1. Tapirus Burdi 9.7. leucogenys.

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Une troisième espèce ou variété nouvelle serait le T. peru- vianus, Gray (1), de la région péruvienne de l’Amazone, connu par son jeune âge seulement.

Le nombre des espèces de Tapirs américains se trouverait ainsi porté à sept; c’est un résultat que nous nous bornons à signaler, n'ayant point encore eu l’occasion d’étudier les pièces sur lesquelles reposent les diagnoses données par le savant directeur du Musée britannique.

PLANCHE vit.

Fig. 1. Tapirus Baird, d'après M. Sclater. Fig. 2. Tapirus leucogenys et son petit, d'après M. Gray.

XXIV. MURIE (James) : SUR L'ORGANISATION Du Globioce- Phalus melas (Trans. zool. Soc. London, t. VII, p. 235 à 301, pl. xxx à xxxvIn).

M. Murie vient d'ajouter un nouveau Mémoire à la liste de ceux publiés par lui, que nous avons énumérés dans ce vo- lume (2); 1l est relatif à l'organisation du Dauphin globiceps (Globiocephalus melas), dont plusieurs auteurs se sont déjà oc- cupés, et ajoute de nouveaux faits à l'anatomie des Cétacés, si bien étudiée, dans ces dernières années, par les anatomistes. C'est un travail à consulter, mais dont une analyse ne pour- rait donner qu'une idée trop imparfaite ; nous nous borne- rons donc à en signaler la publication à nos lecteurs.

XXV. HORNHUBER {(1.) : HyDROSAURUS LESINENSIS, n0u- velle espèce de Sauriens des calcaires lithographiques de l'ile

(4) Loco cit. p. 624, pl. xLv. (2) P. 27.

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198 HORNHUBER.

de Lesino, côtes de Dalmatie. (Geol. Reichsantalt Abandlung ; av. 2 pl. ; Vienne, 1873.)

Le Reptile qui fait l’objet de cette Notice a été trouvé dans

l’île de Lesino, en Dalmatie, et provient du calcaire lithogra-

phique, 1l a été découvert en compagnie de quelques Pois-

sons, entre autres de Thrissops.

Les deux exemplaires que l’on en possède ne présentent point le même degré de perfection.

Le premier n'a conservé que quelques traces du membre antérieur droit. Le membre antérieur gauche manque com- plétement, et le sternum n'est indiqué que par de faibles ves- tiges ; au contraire, la partie dorsale de la colonne vertébrale, à l'exception des deux dorsales antérieures, et les vraies côtes sont bien conservées.

Les vertèbres lombaires manquent, et les dorsales ou vertè- bres partant des côtes sont suivies par deux vertèbres sacrées, près desquelles se voient, à gauche, le pubis et l'iléon. Les membres postérieurs sont bien conservés, surtout le droit, qui montre l'extrémité inférieure du fémur, le ubia, le péroné, le tarse, le métatarse et les phalanges. Les vertèbres caudales sont au nombre de vingt-quatre, et dans un état parfait de conservation.

Le second exemplaire est représenté par la tête, le cou, la région dorsale jusqu'au sacrum et un certain nombre de côtes; mais les extrémités et le bassin n’y sont que faiblement indi- qués. La région caudale manque complétement.

Quant à la place que ce Reptile doit occuper dans la clas- sification, l’auteur établit qu'il appartient à l'ordre des Sau- riens, Ce que ses caractères généraux indiquent en effet, et qu’il a des affinités avec les Lacertiens par ses pieds et, avec les Varans ainsi que les Monitors, par la forme de son crâne. Il le réunit au genre Hydrosaurus de Wagner et lui donne le

LAMARCK. ' 199 nom d'Hydrosaurus lesinensis. C'est un Saurien à vertèbres procéliennes, c'est-à-dire concaves en avant, comme celles des Varaniens, des Lacertiens et des Iguaniens, etc., tandis que celles des Reptiles de la même époque géologique, observés jusqu’à ce jour, sont biplanes ou biconcaves.

(R. BouLarr.)

XXVI. LAMARCK : PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE ; nouvelle édition, revue et précédée d'une Introduction biographique, par Ch. Marins. 2 vol. in-8, Paris, 1873 (1).

Voici la seconde édition d'un ouvrage dont les destinées. ont été vraiment singulières. Peu remarqué au moment de son apparition, 1l a été, après la mort de l’auteur, sévèrement critiqué, dans un éloge académique, et cela à cause des doc- trines transformistes qui y sont exposées. Condamné par G. Cu- vier, il n’a pas davantage trouvé grâce devant de Blainville,

cette autre illustration de l’école française, qui s'honorait ce

pendant d’avoir été le disciple de Lamarck, et, de nos jours, un grand nombre de naturalistes, tout en substituant au nom de ce novateur célèbre un nom plus récent, celui de son imitateur M. Darwin, posent en principe qu'il n'y a d'avenir pour les sciences biologiques que par le transfor- misme. | Cependant, on avait déjà, antérieurement à l'auteur de la Philosophie zoologique, admis que les espèces animales et vé- gélales, si nombreuses qu'elles soient ou qu'elles aient été, descendent les unes des autres suivant certaines lignées, dont les points de départ sont d'autant moins nombreux qu’on remonte plus haut dans la série des temps géologiques ; mais pas un savant ayant la compétence du professeur chargé au Muséum d'enseigner la zoologie des animaux sans vertèbres,

(4) Librairie F. Savy.

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200 LAMARCK.

ne s'était appliqué à la solution de ce grand problème, et, |

quand je parle ainsi, je n'excepte pas même Buffon, puisque, n'ayant étudié d’une manière approfondie ni les animaux in- férieurs ni les végétaux, comme Lamarck l’a fait, il ne pouvait se prévaloir de l'autorité dont celui-ci fit bientôt preuve, au su- jet de ces deux grandes catégories d'êtres organisés. Aussi la théorie de la fixité absolue des espèces et la croyance à l'immu- tabilité de leurs caractères continuèrent-elles à faire loi dans la science pendant les premières années du dix-neuvième siècle, comme cela avait eu lieu durant tout le dix-huitième. Linné avait dit : Tot numeramus species quot in principio fuerunt creatæ; De Jussieu ajouta : In unam speciem colligenda sunt vegelabilia seu individua omnibus suis partibus simillima et conti- nuata generationum serie semper conformia, ita ut quodhbet in- dividuum sit vera totius speciei præteritæ et præsents et futuræ effigies.

Sans parler des générations alternantes dont les deux règnes, animal et végétal, nous offrent tant d'exemples, on sait depuis longtemps combien la science possède de faits en opposition avec cette assertion.

Lamarck pensa donc, contre Linné, « qu'il n’est pas vrai que toutes les espèces soient aussi anciennes que le monde et qu’elles ont toutes existé aussi anciennement les unes que les autres; » mais il croit « qu’elles se sont formées successive- ment, qu'elles n'ont qu’une constance relative et qu’elles ne sont invariables que temporairement. »

Les notions qu'on avait recueillies dès son époque au sujel des animaux éteints et celles que l'on continua à recueillir après lui relativement aux végétaux fossiles propres aux anciens âges du globe ne laissèrent aucun doute au sujet de ces pro- positions, du moins en ce qui touche les trois premières d'entre elles. Guettard, Bourguet et tous les oryctographes du dix-huilième siècle; Pallas, G. Cuvier, Lamarck lui-même

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PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. 201

avaient, d’ailleurs, surabondamment prouvé que les espèces ont été différentes suivant les temps géologiques pendant les- quels elles ont vécu. Il restait à démontrer que, pour chaque série naturelle, ces espèces n’ont été que des variations généa- logiques d'un même type et non des ritions indépendantes entre elles dont l’hétérogénie, c’est-àMire la génération spon- tanée ou, ce qui en est bien peu érent au point de vue scientifique, l'intervention de la puissance créatrice, pouvaient seules donner l'explication.

De nombreux faits, parmi lesquels on peut citer le perfec- tionnement graduel des organismes dans chaque groupe na- turel, au fur et à mesure des progrès du temps, vinrent appuyer l'opinion de Lamarck; mais lui-même avait attribué ces changements à des causes insuffisantes. Ce n’est pas en associant à l'influence prolongée de nouvelles habitudes chez les animaux, aux désirs variables ou aux aspirations nouvelles des mêmes êtres, l’action de la chaleur, de la lumière ou de l'atmosphère que lon peut expliquer des modifications si profondes. Il faudrait aussi rendre compte des détails particu- liers de leur répartition géographique, et, après avoir trouvé la loi de la distribution des êtres dans l’espace, formuler celle de leur apparition dans le temps de manière à expliquer le mode de leur évolution et leurs relations originelles pour chacun des groupes distingués par la classification.

C’est ce que Lamarck n’a point réussi à faire, et, si sa théorie subsiste encore comme théorie, l'édifice sur lequel 1l l'a appuyée s’est écroulé.

A-t-on mieux réussi en invoquant la concurrence vilale et la sélection naturelle? nous n’oserions en répondre, car il est difficile de parler de la sélection naturelle ou de son interven- tion dans les variations incessantes de l'organisme ainsi que dans la mobile continuité des êtres vivants, sans penser à cer- taines formules des scolastiques ou des théologiens, qui, en

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202 LAMARCK.

ayant la prétention de trop expliquer, n’expliquent plus rien du tout. C’est ainsi que les physiologistes ont longlemps en- travé les progrès de la science en faisant intervenir à tout propos ce qu'ils nommaient le principe vital. Ce sont là, en effet, des distinctions plus subtiles que satisfaisantes, et, en établissant de semblables formules dont l’école transformiste actuelle fait l'abus que l’on sait, il est facile de se soustraire, plus encore que ne le faisait Lamarck, à l'obligation de dire suivant quelles lois les choses se sont passées.

D'ailleurs, la science n’a-t-elle pas recueilli des cas d’extinc- tions plutôt que des cas de transformations, et, s’il est facile d’édifier à priori le tronc principal de l'arbre qui donne inser- tion aux divers rameaux formant l’ensemble des groupes se- condaires des animaux et des plantes, ne voyons--nous pas ces rameaux eux-mêmes prendre naissance, autour du tronc biologique, à des époques diverses de la vie du globe, et s’éteindre le plus souvent à un moment déterminé sans avoir fourni de souche nouvelle. Aussi, quand on veut expliquer les rapports qui relient entre elles chacune des flores ou des faunes qui ont successivement peuplé le globe, l’on se trouve devant des difficultés sérieuses. Voila pourquoi, lorsque l'on a essayé de faire ressortir les différences qui ont existé entre cha- cune de ces populations d'êtres organisés qui se sont succédé à la surface du globe, on a eu recours, dans la plupart des cas, à la théorie des créations successives, tant qu’on n’a pas saisi les liens qui rattachent les unes aux autres les diverses espèces propres à ces diverses populations pour chacun des groupes naturels auxquels ces espèces appartiennent. Les ouvrages de Cuvier, d'Agassiz, de d'Orbigny et d’autres encore, parmi les- quels on ne doit pas omettre de citer les Mémoires de Lamarck relatifs aux coquilles fossiles du bassin de Paris, ont peu à peu habitué les esprits à ces changements successifs, et dans quelques circonstances ils ont permis de pressentir la loi

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PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. 203

de ces filiations. Mais la théorie de la fixité de l'espèce n’avail “pas encore fait son temps, et si l’on ne pouvait plus dire avec Linné, imité en cela par de Blainville et par Flourens, que tous les êtres organisés ont apparu à la même époque par le fait d’une création unique, et que les deux règnes n'ont fait que se décompléter par la succession des temps, on con- tinua à admettre, le plus généralement, que les espèces, qu'elles soient successives ou synchroniques, n’ont pas entre elles de liens réels de parenté. | On expliquait leur apparition par l'intervention directe

des forces naturelles ou par celle de la puissance divine,

ce qui revenait à altribuer leur venue à l'hétérogénie, et ce n'étaient pas seulement les espèces les plus simples que l'on faisait naître de la sorte, les végétaux et les animaux les plus parfaits semblaient eux-mêmes s’être formés ainsi ; dans cha- cun des genres, chacune des espèces avait une origine indé- pendante de celle des autres espèces.

Pourtant, qui oserait soutenir, aujourd'hui, que les difié- rents Éléphants, les différents Rhinocéros, les différentes Antilopes, etc., chacun dans son espèce et avec les caractères souvent légers qui sont propres à cetle espèce, soient le fait d’un acte particulier du créateur ou, dans un système différent, mais qui ne résiste pas davantage à la critique, celui d’une manifestation spéciale de la force productrice ?

Ce serait accepter les erreurs des hétérogénistes dans ce qu'elles ont de moins soutenable, et si la scence réduit de jour en jour le nombre des êtres qui semblent apparaître sponta- nément, cela à tel point que l'opinion la plus répandue est que la théorie des générations spontanées n’a pour ainsi dire plus sa raison d’être, comment supposer que des Éléphanis, des Rhinocéros, des Antilopes, l'Homme lui-même, puissent avoir été produits indépendamment de formes préexistantes, préparatrices des leurs, et par la seule action des agents phy-

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204 LAMARCK.

siques sur les éléments chimiques dont leurs organes et, par

. . +. suite, les cellules de loutes sortes composant ces organes, ainsi

que les plasma qui les accompagnent, ont été constitués ?

On ne se lire pas mieux d'embarras en recourant, avec Lau- rillard, à l'intervention des comètes. « Si les personnes qui préfèrent aux doutes des idées positives, quelque hasardées qu'elles soient, et ces personnes, dit le savant collaborateur de Cuvier, sont en grand nombre, nous demandaient quels peuvent être ces agents (de l'apparition itérative de faunes et de flores nouvelles), nous répondrions que quelques savants, M. Brocchi entre autres, ont pensé que les populations ani- males (et végétales) ont pu être détruites par le choc d'une comète, et d’autres, que les comètes ont concouru aux soulè- vements. On pourrait peut-être aller plus loin et supposer qu'en même temps qu'elles meltaient fin au régime organique existant elles venaient en apporter un autre. Ces corps se- raient ainsi considérés comme les agents chargés de porter dans les diverses planètes les êtres organisés au temps celles-ci se trouveraient dans des conditions physiques conve- nables, pour que les habitants qu'elles y apportent puissent y remplir le rôle auquel ils sont appelés par leur organisation ; comme des astres femelles enceints de toute une population; comme des œufs avec lesquels, en effet, les comèles ont quelque analogie par les diverses couches ou enveloppes de substances plus ou moins transparentes dont elles paraissent formées, et même par la queue ou chevelure qui serait le pla- centa au moyen duquel elles puiseraient dans l’éther les ma- tériaux nécessaires au développement des êtres en voie de formation, développement qui demanderait un temps propor- tionné à la rareté de cet éther, et qu'on ne peut estimer à moins de plusieurs dizaines de milliers d'années (1).

On comprend qu'après de semblables entrainements chez

(4) Dict. univ. d'hist. nat., 1. IX, (article Paléontologie).

PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. 9205

un esprit habituellement si sérieux, et dont une longue habi- tude de l'observation avait encore rehaussé les qualités scien- tifiques, toute exagération contradictoire des transformistes de- venait excusable, et pourtant, par son hypothèse, Laurillard échappait à la difficulté plutôt qu’il ne la résolvait. De leur côté les autogénistes n’ont pas eu besoin d'aller chercher hors de notre planète les nouveaux êtres organisés dont la géologie nous révèle les apparitions successives. Ils en ont admis la création directe et de toutes pièces, soit, comme nous l’avons déjà dit, par intervention de la puissance divine, soit par celle des forces cosmiques. De plus, ils ont trouvé naturel que d’autres êtres, quelle qu'en ait été la complication, aient ainsi apparu sans parents aux diverses époques géologiques ; sans penser que dans l’une et dans l’autre hypothèse ils avaient simplement recours à la génération spontanée. Ces exagérations ou, pour dire toute notre pensée, ces erreurs ne furent pas moins défavorables à la doctrine de la fixité des espèces que l’expé- dient fantaisiste imaginé par Laurillard ne l’eût été, si l’on avail pu y voir autre chose qu'un jeu de son imagination.

Si nous revenons aux exemples que nous avons tirés plus haut des genres Éléphant, Rhinocéros, elc., et à ceux que tous les autres groupes des deux règnes animal ou végétal pourraient nous fournir, nous devons reconnaitre que l'on n'explique rien par l'intervention directe des forces créatrices modelant la matière pour en faire des organismes et construi- sant de prime saut des êtres aussi compliqués dans leur struc- ture que ceux que nous avons cités, êtres souvent si peu diffé- rents les uns des autres dans leur espèce, qu'on pourrait les regarder comme constituant plutôt de simples variétés. En effet, on ne dit pas comment ces forces ont opéré et quels phé- nomènes ont accompagné l'apparition des nouvelles espèces. Combien Linné avait été mieux inspiré lorsqu'il écrivait : Non ad unam formam Natura, lex immutabilis Dei, opus suum præstat,

206 LAMARCK.

sed in varietate se jectat ; ideo ex alüs alias reparat animalium figuras, non uno contenta tenore, sed immutatas gaudens habere vires.

Avouons-le franchement, ce serait aller bien au delà de ce qu'aulorisent et les faits observés et la méthode scientifique selon laquelle nous devons chercher ces faits ou les coordon- ner, que de croire à la fixité absolue des espèces et à leur apparition simultanée, et si malgré les travaux dont les ani- maux domestiques ont été l'objet, même de la part des hété-

rogénistes, il nous est encore si difficile de les rattacher à.

leurs types sauvages primitifs et d’en trouver la provenance, ce qui devrait cependant être plus aisé que d'établir la phylo- génie des classes et celle des embranchements, il est évident que nous devons rechercher la filiation des êtres vivants, qu'il s'agisse de celle des espèces d’un même groupe ou de celle de groupes divers envisagés de la même manière.

On ne peut nier que les animaux domestiques n'aient varié et ne varient chaque jour dans leurs caractères, puisqu'ils sont multiformes dans la plupart de leurs genres, et que dans bien des cas les particularités par lesquelles ils se distinguent de leurs congénères restés sauvages sont de nature purement té- ratologique ; de même aussi, les espèces non soumises à l'in- fluence de l'Homme ont varié dans les temps géologiques.

L'apparition des espèces sauvages en dehors de toute filia- ion n’est pas plus admissible que celle de leurs variétés, et d’ailleurs sommes-nous toujours en mesure de distinguer ce qui est espèce d'avec ce qui n’est que variété. La théorie de la fixité absolue nous conduirait à fermer les yeux sur les faits d’atavisme, et, si on l’acceptait telle qu’elle a été soutenue, elle ramènerait la question qui nous occupe au point en était l'organogénie dans la théorie de la préexistence. Il y a eu évidemment une évolution des espèces dans le temps comme il y a une évolution particulière des individus de chaque

PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. 207

espèce depuis leur état ovulaire jusqu’à leur mort. Si donc la préexistence des organes et des formes individuelles ne doit pas être admise, il en est de même de la préexistence des formes spécifiques et de l'opinion qui les suppose invariables. Penser autrement, ce serait accepter les vues des hétérogé- nistes, et il est, parmi ces derniers, des savants qui ne craignent pas d'admettre que chaque espèce d'Éléphant, de Rhinocé- ros, etc., a été créée de toutes pièces indépendamment de ses congénères. |

La science nous a appris, dans ces derniers temps, certains faits principaux de l'évolution naturelle des êtres, et les liens exprimés par les affinités rattachant les espèces de chaque grande division les unes aux autres ou ces divisions entre elles se laissent déjà entrevoir ; mais la notion des modifications su- bies par les êtres vivants dans la série des temps est encore peu avancée, si on la compare aux données acquises dès à pré- sent au sujet du développement embryogénique des espèces prises séparément et comparées de genre à genre ou de familles à famille.

Aussi la filation générale des êtres est-elle très-hypothé- tique et l’on pourrait dire qu'elle prête encore à la fantaisie même chez les savants qui se sont appliqués le plus ré- cemment à ces sortes de constructions à priori. C'est à cause de cela que les naturalistes prudents se bornent à supputer les affinités des êtres vivants et à en opérer la classification, con- formément à la méthode naturelle, ce qui revient, d’ailleurs, à en chercher les rapports de filiation et la parenté, tandis qu'ils laissent à l’avenir le soin de démontrer si ces affinités nous indiquent bien réellement la filiation des espèces et celle des groupes.

Suivant Lamarck, « c’est un fait positif, qu’en suivant, selon l'usage, la chaîne des animaux depuis les plus parfails jus- qu'aux plus imparfails, on observe une gradalion et une sim-

208 LAMARCK.

plification croissante dans l'organisation ; que, par conséquent, en parcourant l'échelle animale dans un sens opposé, c’est-à- dire selon l'ordre même de la nature, on trouvera une com- position croissante dans l’organisation des animaux, compo- sition qui serait partout nuancée et régulière dans sa progres- sion, si les circonstances des lieux d'habitation, des manières de vivre, etc., n'y avaient occasionné des anomalies diverses. »

Pourquoi done, si le point de départ est unique, rencontre-

t-on dans les dépôts renfermant les plus anciennes faunes (j'ex- ceple, bien entendu, le terrain laurentien etson paradoxal fossile l'Eozoon), des représentants des cinq grands embranchements du règne animal. Mais Lamarck n’abandonne pas sa théorie, et elle a été conservée par ses successeurs. Lamarck dit done : « L'ordre naturel des animaux constituant une série doit commencer par ceux qui sont les plus imparfaits, afin d être conforme à celui de la nature; car la nature qui les a fait exister n'a pu les produire tous à la fois. » « Or, ajoute-t-il, les ayant formés successivement, elle a nécessairement commencé par les plus simples et n’a produit qu'en dernier lieu ceux qui ont l'organisation la plus composée. »

Tout cela est très-bien, mais nous ne connaissons pas da- vantage comment se sont opérées ces transformations progres- sives, ni quel était l’état des choses au point de départ.

Ce fut pourtant une illusion de l'Homme éminent dont nous rappelons ici les doctrines que de supposer définitive, dans ses grandes divisions du moins, la classification proposée par lui, et il ne la croyait susceptible que de quelques correc- tions de détail.

Cependant le temps l’a emportée avec tant d’autres concep- tions regardées d’abord comme parfaites par leurs auteurs ; la science n'avance pas aussi rapidement. La distribution sériale adoptée aujourd'hui est différente de celle de Lamarck et demain de nouvelles modifications y seront apportées. La

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PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. 209

conséquence est que notre manière d'envisager l'arbre généa- logique a beaucoup changé et changera encore sans échapper davantage à la critique; on ne saurait en douter si l'on con- sulte la dernière parue de ces prétendues filiations naturelles des êtres. Elle joint à des impossibilités évidentes ce que l'on pourrait appeler des anachronismes biogéniques, puisque dans certains cas elle fait descendre telle ou telle catégorie d'ani- maux de groupes qui ont vécu postérieurement à l'apparition de ces dernières ou qui en sont séparés par des intervalles de temps considérables. En outre, au lieu de rentrer dans les faits et de s’appuyer sur eux, elle tend trop souvent à s'en éloigner et, comme ses premiers adeptes l'avaient déjà fait, elle supplée par l'hypothèse aux données qui lui manquent en- core. Combien nous sommes loin, dans ce cas, de la méthode observatrice et expérimentale. J. Muller, ce grand maître dans l'art d'interroger la nature, avait évité soigneusement de lan- cer l’école allemande dans une voie aussi pleine de périls, et voilà que plusieurs des chefs de cette école, entraînés par les séductions de la théorie, tendent à revenir aux beaux temps des spéculations scientifiques d'Oken et de Carus. Si l'on ne savait distinguer ce mirage de la science d'avec la science elle- même, on serait exposé à regarder comme fondé le caractère de certitude que beaucoup de personnes supposent mainte- nant aux théories transformistes, tandis qu'il leur reste encore à recueillir de nombreux faits et à instituer des expériences dont le fil conducteur n’est point encore entre nos mains. Nous avons vu que Lamarck faisait descendre les difié- rentes classes d'animaux, et, par suite, les formes si diverses qui les représentent de nos jours ou qui les ont représentés aux anciens âges du globe, d’un petit nombre d'ancûtres pri- mitifs tous très-simples en organisation, que la nature aurait engendrés spontanément. M. Darwin croit simplifier encore

ce grand problème en n’admettant qu'un seul prolo-organisme, JouRNAL DE ZOOLOGIE. T. II. 1873. 14

210 LAMARCK.

lequel a servir de progéniteur à tous les autres : « On re- connaîtra plus tard, suivant lui, que toute l’histoire du monde, telle que nous la connaissons aujourd'hui, quoique d'une longueur incalculable pour notre esprit, n'est cependant qu’une fraction insignifiante du cours des temps, en compa- raison des âges écoulés depuis que la première créature, le progéniteur d'innombrables descendants vivants et détruits, a élé créé. »

Mais les théories de Lamarck et de M. Darwin sont aujourd'hui dépassées sans que la question ait pour cela marché beaucoup; nous sommes tout aussi embarrassés dans la pratique de l'his- toire naturelle, lorsqu'il s'agit des espèces, et leurs filiations supposées ne se laissent accepter que si nous sommes en me- sure de bien apprécier leurs affinités. Placer à la base des deux règnes vivan{s et comme transition entre eux et le monde inorganique les Monères, ce groupe « d'êtres organisés, dépourvus d'organisation, » et qui sont plutôt comparables à de la matière organique en formation qu'à des animaux ou à des végétaux proprement dits, est-ce éclaircir beaucoup plus l'ori- gine des espèces supérieures ou leur véritable filiation ? cela soit d't sans enlever aux observations dont les Batbies et autres Montres ont été l'objet le mérile qui revient à ces observa- tions. Qui donc oserait affirmer qu’il en est bien ainsi ?

En soumettant au lecteur les remarques que nous a in- spirées la publication d'une nouvelle édition de la Philosophie zoologique de Lamarck, nous n'avons eu d'autre but que de rappeler à quelques adeptes du transformisme la difficulté des questions que plusieurs d'entre eux sont encore tentés de résoudre avec une précipitation égale à celle dont ont fait preuve beaucoup de leurs devanciers. Suivant quelques- uns de ces savants, on ne peut rendre des services à celte cause si l'on n'accepte sans discussion les solutions de l’école, et ils laissent dans l'ombre non pas seulement ce que les pré-

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GIRARD. 211 curseurs de M. Darwin, ainsi que les appelle M. de Quatrefages, ont fait dans le sens de la variabilité et de la filiation, mais toute vue biologique qui reste étrangère au but qu'ils se pro- posent ou qui les en éloigne.

J'espère aussi avoir établi que l’on peut être transformiste sans en resler aux solutions générales de Lamarck, ou accep- ter les supposilions, souvent dignes d'attention, mais souvent aussi discutables, que M. Darwin et, parmi les transformistes les plus éminents qui se sont groupés autour de lui, MM. Fritz Muller, Wallace, Huxley et Hæœckel, ont successivement émises.

Le transformisme n’est pas un point de vue purement théo- rique ; c’est un des aspects de la science, et il appartient aux auteurs qui abordent cet ordre d'idées, de ne le faire qu’en se laissant guider par les deux grands principes de la méthode, l'observation et l'expérience.

On l’a déjà dit, les hypothèses n’ont qu'une valeur imaginaire et une existence éphémère ; les faits seuls assurent les progrès de la science et seuls ils justifient les théories qui aident aux progrès de cette dernière; c’est en s'appuyant sur eux, et l’on peut déjà en invoquer de nombreux, que le transformisme acquerra l'autorité qui lui manque encore, Il lui faut donc abandonner désormais toutes les vaines spéculations et toutes les supposilions dépourvues de preuves qui constituent encore une bonne partie de son bagage, si ingénieuses ou si satisfai- santes que paraissent ces spéculalions ou supposilions. C’est ainsi qu’il prendra dans la Biologie le rang qui lui appartient.

XXVIL GIRARD (Maurice) : Les Insectes, TRAITÉ ÉLÉMEN- TAIRE D ENTOMOLOGIE ; t. 1, comprenant l’Introduction et les Coléoptères. In-8, avec Atlas de 60 pl. Paris, 1873 (1).

Cette nouvelle publication se composera de deux volumes.

(1) Chez J, B. Baillière et fils.

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212 PERRIER.

Le premier, qui vient de paraître, n'a pas moins de 840 pages. Il comprend deux parties. Dans la première, qui constitue une introduction à l’histoire des Insectes, l’auteur traite successivement de l’anatomie et de la physiologie de ces animaux, de leurs instincts, de la manière de les chasser et de les conserver, de leur distribution géographique, des fossiles qu'ils ont laissés dans les couches du globe et des clas- sifications dont ils ont été l'objet. La seconde est consacrée aux Coléoptères. Un certain nombre de figures sont inter- calées dans le texte, et de nombreuses citations renvoient aux livres ou mémoires originaux les plus modernes, principale- ment à ceux des auteurs français, ce qui contribuera à mettre le lecteur au courant de la science et servira certainement à répandre le goût de l'entomologie en facilitant l'étude de cette branche de la Zoologie.

Quant aux planches, elles sont, en grande partie, em- pruntées à l'Iconographie du règne animal, publiée par M. Guérin; mais des modifications importantes ont été apportées à celles qui laissaient à désirer ou qui n'étaient plus suffisamment au courant de la science, et il en a été ajouté de nouvelles ; l’atlas qu'elles forment acquiert, par là, un ca- ractère incontestable de nouveauté.

Par la publication du Traité d’Entomologie de M. Girard, la série des livres relatifs au règne animal, entreprise par la librairie Buillière, se trouve enrichie d’un ouvrage intéressant dans lequel on trouvera d'excellents renseignements sur les espèces uliles et leurs produits, ainsi que des détails rela- tifs à celles de ces espèces qui sont nuisibles et aux moyens de les détruire.

XXVIIT, PERRIER (Edmond) : RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES LOMBRICIENS TERRESTRES (Nouv. Arch. du

LOMBRICIENS TERRESTRES. 213

Muséum d'hist. nat. de Paris, t. VIIL, p. 1 à 298, pl. 1 à 1v; 1873).

M. Perrier donne lui-même le résumé de son travail dans les termes suivants :

« I. Au point de vue de la classification des Lombriciens, nous avons, pour la première fois, appelé l'attention :

« Sur la position des orifices génitaux mâles par rapport à la ceinture ;

« 2 Sur la position des orifices des organes segmentaires par rapport aux soles.

« En ce qui concerne les orifices génitaux mâles, nous

avons montré que leurs variations de position entrainaient.

avec elles un cerlain nombre de variations concomitantes dans les caractères anatomiques. De sorte que la position anté, intra et postchitellienne de ces orifices doit être considérée comme un des caractères les plus importants auxquels on doive avoir recours pour la répartition des genres.

« En ce qui concerne la posilion des orifices des organes segmentaires, nous avons donné un point de répère qui permet de rapporter ces organes à deux séries différentes et donne, _ par conséquent, un caractère nouveau, presque toujours facile à utiliser, en rapport immédiat avec l’organisation interne de l'animal et qui a, par conséquent, une importance considé- rable.

« De ces faits résulte nécessairement ceci : que toute des- cription générique est incomplète et insuffisante au premier chef, si elle ne tient aucun compte de ces caractères, que nous considérons comme de premier ordre et qui sont seuls capables, à notre avis, de donner la véritable place des genres dans la classe, puisqu'ils sont eux-mêmes des caractères de familles ou de tribus.

« Après ces caractères viennent ceux tirés de la présence

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214 PERRIER.

ou de l'absence d'appareils copulateurs externes, de la position des orifices des poches copulatrices, enfin de la disposition des soies entre autres, qui peuvent être diversement combinés entre eux. |

« Il ressort, du reste, de notre travail que des dispositions de soies analogues doivent se rencontrer parallèlement dans des ordres et des familles différents. Cela est au moins dé- montré par la disposition des soies la plus fréquente, celle ces organes forment quatre doubles lignes longitudinales.

« D'ailleurs, comme caractère distinctif des ordres de Lom- briciens, des Enchytréens et des Naïadiens, nous avons insisté sur le caractère tiré du mode de sécrétion des soies, caractère que nous avons le premier mis en évidence et qui entraîne presque forcément avec lui l'isolement ou le groupement, par paires, de ces organes chez les Lombriciens, par opposition à la fasciculation qui s’observe chez les Enchytréens et les Naïs.

« La simplicité de l'extrémité n'est peut-être pas non plus sans quelque rapport avec ce mode de sécrétion ; mais comme la simplicité de l’extrémité se retrouve chez les Enchytréens et se retrouvera préalablement chez quelques Naïdiens, que d'ail- leurs cette simplicité n’est, en aucune façon, exclue par le mode de sécrétion de la soie dans ces derniers ordres, elle ne peut être invoquée que comme caractère accessoire des Lombri- ciens proprement dits.

« 4 Enfin nous avons caractérisé, nettement et d'une manière complète, un certain nombre de genres qui, groupés avec ceux dont l'étude anatomique avait déjà été faite par d'Udekem, Claparède, Leydig, Grube et autres, pourront servir de base à une classification vraiment rationnelle des Lom- briciens.

« IL. Au point de vue anatomique :

« Nous avons donné un nombre assez considérable de dé- tails nouveaux sur l'appareil digestif dont nous avons démon-

LOMBRICIENS TERRESTRES. 215

tré la remarquable unité de composition, et sur l'appareil cir- culatoire, dont les centres d'impulsion nous ont présenté des dispositions aussi imprévues que compliquées.

« Les organes segmentaires et l'appareil reproducteur ont été l’objet d'études attentives. Nous avons fait connaître pour la première fois, d’une manière complète, l'appareil femelle chez les Perichæta, le Lumbricus Victoris, les Eudrilus et le Moniligaster Deshayesi.

« Cet appareil n’était connu que chez nos Lombrics indi- gènes.

« Enfin, nous avons encore fait connaitre, dans l'appareil mäle, diverses sortes d'organes absolument nouveaux; en particulier, des appareils copulateurs de diverses formes.

& LIT. Au point de vue morphologique :

« Nous avons établi les rapports remarquables qui existent entre la position des parties de l'appareil digestif et celle des organes essentiels de l'appareil génital.

« Nous avons montré qu'il y avait une liaison entre la position des orifices des organes segmeniaires et celle des soies locomotrices.

« Cela fait, nous avons assis sur des bases anatomiques l'hypothèse de l'existence typique de deux systèmes d'organes segmentaires pouvant avorter plus ou moins complétement chez les Lombriciens.

4 De est résullée une interprétation très-claire de la na- ture morphologique des canaux déférents et peut-être des poches copulatrices, quoique de graves raisons puissent con- duire à voir, dans ces dernières, des organes indépendants.

Nous avons fait voir à l’aide de quelles parties de l'appa- reil circulatoire pouvaient se constituer les cugAues propul- seurs du sang.

« Nous avons montré comment les organes copulateurs mâles pouvaient se constituer soit aux dépens de certaines

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216 A. AGASSIZ,

parties des canaux déférents, soit aux dépens des soies loco- molrices. »

XXIX. GASSIES (J.-B.) : FauNE CONCHYLIOLOGIQUE TER- RESTRE ET FLUVIO-LACUSTRE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 2e partie : in-8 de 212 p., avec 8 pl., Paris, 1872.

Ce volume comprend l'énumération, souvent accompagnée de descriptions et de figures fort bien faites, de 302 espèces de Mollusques, pour la [plupart Gastéropodes, actuellement signalées dans les différentes îles de la Nouvelle-Calédonie.

Ces espèces rentrent dans les genres suivants :

1. Gasréropones : Vaginulus, 1 espèce; Athoracophorus, 2esp.; Limax, 1 esp.; Succinea, 3 esp.; Zonites, 1 esp. ; Helix, 60 esp.; Bulimus, 37 esp. ; Tornatellina, 1 esp. ; Geostilbia, 1 esp. ; Pupa, 4 esp.; Scarabus, 7 esp. ; Marinula, 1 esp.; Melampus, 22 esp.; Pedipes, 1 esp.; Plecotrema, 2 esp.; Auricula, 5 esp.; Cassidula, 4 esp. ; Cyclostoma, 6 esp.; Dipplommatina, 1 esp.; Hehcina, 11 esp. ; Ampul- laria, 10 esp. ; Troncatella, 5 esp.; Planorbis, 3 esp.; Physa, 9 esp.; Ancylus, 1 esp.; Melanopsis, 34 esp.; Neritina, 40 esp.; Navacella, 10 esp.

2. LameLciBranCHEs : Cyrena, 1 esp.; Batissa, 3 esp., dont deux douteuses en tant que néo-calédoniennes.

XXX. AGASSIZ (Alexandre) : RÉVISION DES ÉCHINIDES, par- lies 1 et 2. In-4 de 378 p. et 23 pl. Cambridge, Mss. 1872.

Cet important travail fait partie du Catalogue illustré du Musée de Zoologie comparative d'Harvard-College, dont il constitue le VII (1). Il se composera de quatre parties,

(1) Zlustrated Catalogue of the Museum of comparative Zoology at Har-

vard-College. C'est à cette série de publications qu'appartiennent la Monographie des

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RÉVISION DES ÉCHINIDES. MA

dont les deux premières, actuellement parues, comprennent, l’une, une introduction à l’histoire des Échinides, la biblio- graphie relative à ce groupe d'Échinodermes, sa nomencla- ture, une liste chronologique par noms d'auteurs, l'index synonymique des genres et espèces, et la distribution géogra- phique de ces espèces ; l’autre, une énumération descrip- tive des Échinides propres à la côte orientale des États-Unis. Les parties 3 et 4 comprenant les Échinides non décrits dans la troisième partie, ainsi que des détails anatomiques et une révi- sion de l’ordre entier de ces animaux, sont en cours d’exé- cution.

M. A. Agassiz a pu rendre son travail plus complet en étu- diant les espèces recueillies, de 1867 à 1869, par M. Pourtalès, pendant les explorations sous-marines qui ont eu lieu sous la direction du professeur Pierce sur les côtes d'Amérique. C'est aux recherches de M. Pourtalès qu'est due la découverte du genre nouveau de Spatangidés de la tribu des Ananchydes auquel M. A. Agassiz a donné le nom de Pourtalesia et dont il appelle l'espèce encore unique P. miranda. |

Nous avons fait reproduire sur la planche 1x de ce volume les figures, exécutées par M. Agassiz, de ce curieux Échinide, et nous donnons ici la traduction {1) des détails descriptifs qu'il a publiés à son égard (2).

Ce genre est le représentant actuel de l’Infulaster de la pé- riode crétacée, et il offre avec lui la même relation qu’au- raient entre eux le Rhynchopygus, avec son prolongement recou- vrant l'anus, et l'Echinolampas, si la portion postérieure du test du premier était prolongée en une longue saillie.

Les traits caractéristiques sont, comme ceux de l’Infulaster,

Ophiuridées et des Astrophytidées de M. Th. Lyman, ainsi que celle des Aca- Jlèphes de l’Amérique du Nord par M. Al. Agassiz,

(1) Cette traduction est de M. À. Boulart.

(2) Loco cit., p. 344, et Bull. M CZ, I, page 172; 1869.

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218 A. AGASSIZ.

très-particuliers, et, à première vue, personne ne voudrait prendre pour un Oursin un animal allongé, lagéniforme et recouvert d’un test transparent. On le considérerait + comme une Holothurie.

L'anus supra-marginal est situé à l’une des eitrintités et la bouche à l’autre.

Le diamètre vertical, court par rapport à la longueur du corps, l'absence de tout indice d'une rosette ambulacraire pétaloïde ; les longues épines, fines et recourbées, très-écar- tées les unes des autres, et supportées par des tubercules par- ticuliers, font de ce genre un des plus intéressants qu'ait découverts M. Pourtalès.

Le Pourtalesia fournit un élément puséra pour l'appré- ciation des affinités qu'ont entre eux les Spatangoïdes propre- ment dits et ceux dont la bouche n'est pas labiée.

Le test, vu en dessus, est mince et lagéniforme ; tronqué antérieurement, dans le sens vertical, le sommet correspon- dant au pôle abactinal paraît, si on le voit de profil, rectan- gulaire et convexe en dessous.

La portion postérieure actinale du test se projette au delà de l'anus, sous forme de trompe, et l'extrémité postérieure est creusée en fosselte pour recevoir le système anal.

Vu dans son ensemble, le test présente la forme d'un cœur. La bouche est elliptique non labiée, et occupe le fond d'un sil- lon actinal profond. Les plastrons actinal et abactinal sont étroits, allongés, et formés de tubercules serrés les uns contre les autres. Des tubercules, en plus petitnombre, présentent un cercle scrobiculaire, portant de longues épines recourbées, faiblement dilatées à leur extrémité. Enfin d’autres tubercules plus petits ont la forme de spatules. On distingue quatre ou- vertures génilales. Les pores de l'ambulacre forment de simples rangs de la pointe à l’actinostome. Les suçoirs ambu- lacraires sont pointus.

RÉVISION DES ÉCHINIDES. 919

Vu en dessus (pl. 1x, fig. 3), le corps a la forme d'une bou- teille, et sa partie postérieure en représenterait le col. A la base de ce col, le test montre une fossette profonde surmontée, à son extrémité externe, d’un rostre, et sous ce rostre, à l’ex-

trémité de la fossetle, se trouve l'anus (fig. 6, 7). Vu de .

profil, son extrémité antérieure paraît échancrée dans le sens vertical. Le test se courbe régulièrement du système apicial au rostre, il est brusquement échancré, et, formant une courbe régulière vers l'extrémité postérieure, il s'étend au delà du système anal, sous forme d’une sorte de museau épaissi à son extrémité, qui est surmontée d'une accumula- tion de petits tubercules, d’un violet foncé, ne portant point d’épines. La face inférieure est convexe, régulièrement voûtée d'avant en arrière (fig. 1). La paire d'ambulacres s'étend des deux côtés d'un plastron allongé, vers la base du prolonge- ment en forme de museau dont j'ai parlé, ils se recourbent et, en contact avec la partie abactinale du test, se dirigent vers le système abactinal, situé lui-même jusqu’au sommet de l'extrémité antérieure. La paire antérieure d'ambulacres dé- erit une semblable ligne dans le sens opposé, mais ceux-c1 se recourbent plus régulièrement (fig. 4) et suivent de très-près le bord du sillon antérieur profond dans lequel l’ambulacre antérieur impair (fig. À) est placé.

L'ambulacre impair est formé de deux lignes de pores très- distants les uns des autres (fig. 8). Le système abactinal con- siste en quatre larges ouvertures génitales serrées les unes contre les autres, avec le corps madréporique assez bien défi- ni au centre, el est situé à l'origine du sillon antérieur. Il est bordé’ de deux cannelures proéminentes s'étendant du sys- tème apical et disparaissant graduellement vers la bouche, placée à l’extrémilé du sillon antérieur (fig. 4). Ce sillon s'ac- croit en profondeur à la face inférieure (fig. 2) et ressemble en cela au sillon anal de l’Echinobrissus et des genres voisins,

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220 A. AGASSIZ.

mais dans une position inverse. Le système abactinal est elliptique, et a ses bords bien définis et couverts par de très- petites plaques (fig. 8). Il n’y a pas de trace d’une floscelle ? L'ambulacre impair porte des tentacules, larges, épais, à extrémité arrondie, et assez serrés les uns contre les autres (fig. 19). Les tentacules des autres ambulacres, un pour chaque plaque, et très-écartés les uns des autres, sont placés de façon à échapper à l'observation, étant isolés au milieu de pédicelles proéminents particuliers, surtout au bord de l’am- bulacre postérieur. Ces pédicelles consistent en une tige sur laquelle s’articulent trois bras, minces et contractiles (fig. 16, 17, 18) et terminés en un disque échancré comme une roue de moulin. Les ambulacraires ne présentent pas de pièces pe- taloïdes. Ils sont tous formés, depuis la bouche jusqu’au système apical, de simples pores. Les épines sont longues, et courbées à la base, comme dans les Spatangoïdes (fig. 10). Les tubercules auxquels ellles sont fixées ont une petite sur- face scrobiculaire lisse. Le mamelon est petit, crénelé, perforé pour les tubercules anciens, imperforé chez les récents, en- touré d’une large surface scrobiculaire granulée, et s avance au-dessus de la surface du test auquel la partie dentelée est fixée par une petile membrane musculaire très-flexible (fig. 12, 13). Des épines plus petites, d'une semblable struc- ture, mais plus dilatées, sont répandues sur le test, et sont plus écartées les unes des autres [fig. 14). Le test dans son ensemble paraît lisse; les principaux tubercules, portant de longues épines, sont placés à distance les uns des autres, sur les espaces latéraux interambulacraires. Ce n'est que sur les cannelures, le long du sillon antérieur, et autour de la hanche et de l’anus, que les petites épines, en forme de spa- tules, sont groupées en grand nombre.

Rayonnant du sommet vers la hanche et s'étendant le long du plastron abactinal (fig. 3), se voient des amas de cellules

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MILNE-EDWARDS. 291

pigmentaires qui forment des séries de taches d’un violet foncé. De semblables séries de taches existent aussi autour de l'extrémité du prolongement anal du test, particulièrement marquées sur le côté de la fossette qui conduit à l'ouverture anale. Le test est extrêmement mince, transparent, d’un bleu grisâtre dans l'alcool, chez l'exemplaire décrit, de même que chez un individu plus jeune, recueilli dans l'expédition an- glaise du Porc-épic. Chez un exemplaire plus âgé, dragué éga- lement pendant cette expédition, le test était beaucoup plus épais.

D'après la description que je viens de donner de cet ani- mal, il ressort que l’Infulaster et les Ananchytidés devaient se rapprocher des Pourtalesia, et sont des Spatangoïdes à l’état embryonnaire, conservant encore quelques traits des Cléo- péastrides, en même temps qu'ils montrent les signes dis- üncüifs des jeunes Spatangoïdes.

PLANCHE 1x.

Pourtalesia miranda.

Fig. 1 à 19, copiées de l'ouvrage de M. AÏ. Agassiz.

XXXI. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES, série, ZooLocie, par M. Mizne-Enwarps, t. XV et XVI; Paris, années 1871-1872.

Ces deux volumes contiennent un certain nombre de Mémoires, dont plusieurs font partie des Thèses de la Faculté des sciences de Paris ou sont reproduits avec ces dernières dans un autre Recueil intitulé : Archives des hautes études. Chaque article porte un numéro à part et une pagination distincte.

T. XV.— Balbian : Mémoire sur la génération des Aphides;

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222 MILNE-EDWARDS. suite d’un travail étendu, commencé dans le précédent volume du même Recueil. Hesse : Observations sur les Crustacés rares ou nouveaux des côtes de la France (19° article). P. Fischer : Documents pour servir à l'Histoire de la Baleine des Basques (1). —A. Milne-Edwards : Observations sur l'embryo- génie des Lémuriens et sur les affinités physiologiques de ces animaux. 1d., Sur la variété mélanienne du Surmulot. Derbès : Sur les Aphidiens du Pistachier térébinthe. E. Van Beneden : Procédé de conservation des Médusaires et de divers animaux inférieurs (2). Joly : Nouveau cas d'hyper- métamorphose du Palingema virgo à l'état de larve (3). Perrier : Appareil moteur des valvules buccales des Cucullans. —J. Chatin : Observations sur la myologie de l’Hyémosque (4). Marey : Sur le vol des Insectes et des Oiseaux. Lespès : Étude anatomique sur un Chétoptère. A. Sanson : Mé- moire sur les méls du Lièvre et du Lapin. A. Milne- Edwards : Placenta du Tamandua. A. Dugès : Nouvelle espèce d’Axolotl, sous le nom de Siredon Dumerili. Mandl : Recherches sur la phonation et les registres de la voix. À. Milne-Edwards et Alf. Grandidier : Geogale aurita, nouveau genre de Mammifères Insectivores de Madagascar. Alf. Grandidier : Repüles et Batraciens nouveaux de Madagascar. 15 espèces sont décrites, savoir : Grocodilus madagascariensis, Chameleo antimana, Ch. Labordi, Ch. Campani ; Hemidactylus Tolampyæ, Gerrhosaurus æneus, Euprepes Sakalava, Gongylus splendidus, G. Mourondavæ, Onychocephalus arenarius, Pyxice- phalus madagascariensis, Dyscophus [nouv. g. voisin des Pelo- bates et des Neobatrachus) ansularis, Eucnemis Autanosi, E.

{t) Voir aussi Van Beneden, Ostéographie des Célacés, ouvrage publié en commun avec M. P. Gervais.

(2) Voir Journal de Zoologie, t. I, p. 206.

(3) Voir Acad, de Toulouse, série, t. III, p. 879 et 422.

(4) Voir les Observations de M. L'avocat sur le même sujet (Mém. Acad, sc., inscripl. el belles-leltres de Toulouse, série, 1. IV, p. 306 ; 1872),

GUÉRIN-MÉNEVILLE. 293

Beisileo, Dendrobates madagascariensis. A. Milne-Edwards : les Crabes d’eau douce de Madagascar : Telphusa madagasca- riensis, espèce nouvelle ajoutée à celle précédemment connue dans le même pays (T. Goudoti, H. Edw.) et Hydrotelphusa agilis, À. Edw., espèce également nouvelle, type d’un genre nouveau. H. Lucas : Quelques Lépidoptères nouveaux des genres Charaxes et Cyligramma, provenant de Madagascar. T. XVI. Balbiani : Développement des Phalangides. A. Milne-Edwards : Oiseaux fossiles (1). Jd., Scleropleura Bruneti (2). Th. Lyman : Ophiures et Euryales de la cel- lection du Muséum de Paris. Jobert : Études d'anatomie comparée sur les organes du toucher chez divers Mammifères : Oiseaux et Insectes (3). Carlet : Essai expérimental sur la locomotion humaine. 4. et N. Joly : Étude sur le prétendu Crustacé au sujet duquel Latreille a créé le genre Prosopi- stome, lequel est la larve d’un Insecte hexapode de l’ordre des Névroptères ? Panceri : Etudes sur la phosphorescence des animaux (4). Secchi : Nouvelles observations sur les lumières phosphorescentes animales (5).

XXXII REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, par M. Guérin-MÉNEVILLE : in-8, av. pl. Paris, 1872.

Voici les titres des principaux Articles et Mémoires parus, ainsi que le nom de leurs auteurs :

Chevrolat : Révision des Cléonides. ÆE. Simon : Révision des Scorpions du genre Heterometrus. S. H. Scudder : Nou- veau Papillon fossile des marnes gypsifères d'Aix (Saityrites Reynesü). G. Pouchet : Influence de la lumière sur les larves

(4) Voir Journal de Zoologie, t. 1, p. 363. {2) Voir ibid., p. 374.

(3) Voir ibid, t. II, p. 30.

(4) Voir ibid., 1. I, p. 203, ett. IL, p. 57. (5) Voir ibid., 1. IL, p. 57.

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294 DE LACAZE-DUTHIERS.

des Diptères privées d'organes extérieurs de la vision. A. Milne-Edwards et Grandidier : Nouvelle espèce de Propi- thèque (Propithecus sericeus). G. Pouchet : Observations sur le développement d'un Poisson du genre Macropode. Th. Deyrolle et Moreau : Sur l'Alburnus Tarichi (Pallas), espèce d’Ablette vivant dans le lac de Van (frontière est de la Turquie

d'Asie}, dont les eaux sont sur-saturées de sels de soude. . Cotteau : Échinides nouveaux ou peu connus. Une de ces

espèces sert de type à un genre nouveau appelé par l’auteur Tetracidaris, à cause des quatre rangées de tubercules existant entre ses aires ambulacraires ; c’est le T. Reynesi, du cénoma- nien? de Vergons, près Castellane (Basses-Alpes) ; ce genre se place parmi les Cidaridés, à côté des Diplocidaris.

XXXIIT.— ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE : Histoire naturelle, Morphologie, Histologie, Évolution des animaux; par M. H. ne Lacaze-Durmiers. In-8, avec planches (Paris ; année 1872).

M. de Lacaze-Duthiers fait précéder le premier numéro de ce Journal d’une Introduction dans laquelle il expose la di- rection qu’il se propose de donner à cette nouvelle publication. Il y passe successivement en revue ce qu'élait primitivement Ja Zoologie, ce qu'elle est encore pour beaucoup de personnes et ce qu’elle doit être et devenir. En terminant, il s'étend sur les conclusions auxquelles cet examen l'a conduit.

Nous nous bornerons, pour aujourd'hui, à citer les princi- paux Mémoires qui ont paru dans le premier volume de ce nouveau Recueil.

Ed. Perrier : Histoire naturelle du Dero obtusa. H. de Lacaze-Duthiers : Olocystes ou capsules auditives des Mol- lusques Gastéropodes. C. Dareste : Anémie des embryons. E. Baudelot : Études générales sur le sysième nerveux.

ANNALES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE. 2925

G. Pouchet : Développement du système trachéen de l’Ano- phèle (Corethra plumicornis). A. Giard : Étude critique des travaux d'Embryogénie relatifs à la parenté des Vertébrés et des Tuniciers (1). H. de Lacaze-Duthiers : Développement des Actiniaires sans polypier. E. T. Hamy : Contribution à l'étude du développement des lobes cérébraux des Primates. H. de Lacaze-Duthiers : Du système nerveux des Mollusques gastéropodes, pulmonés et aquatiques, et d’un nouvel organe d'innervation. Cet organe résulte d'une invagination dans le milieu d’un ganglion nerveux, en rapport avec le nerf palléal postérieur, d'un diverticulum de la peau et de l’épithélium cy- lindrique de l'extérieur dont les cellules prennent plus de dé- veloppement. Il est simple dans les pulmonés sénestres obser- vés par l’auteur, et double dans les pulmonés dextres. Il est placé à l’orifice respiratoire ou post-vulvaire. Sa partie nerveuse renferme des corpuscules ganglionnaires identiques à ceux qu on observe dans les autres ganglions du centre. Ses fonc- tions ont certainement pour but l'appréciation de quelques qualités spéciales du monde ambiant, et ces qualités sont pro- bablement en rapport avec la respiration. Cette appréciation est favorisée par la vibration de l'épithélium et la sécrétion interne du cœcum. A. Giard : Recherches sur les Actinies compo- sées ou Synacl{inies.

La plupart de ces Mémoires sont accompagnés de planches. Nous reviendrons sur ceux de MM. de Lacaze et Giard relatifs, le premier, au développement des Actiniaires et, le second, aux Synascidies.

Les Archives de Zoologie renferment, en outre, des analyses d'Ouvrages et de Mémoires publiés ailleurs par d’autres au- teurs.

(1) Voir t. I de ce Recueil, p. 187.

JourNaL DE Z0OLOGIE. T. II. 4873. 45

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226 CHARLES ROBIN.

XXXIV, JOURNAL D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

normale et pathologique de l'Homme et des Animaux, publié par M. CHarces Rogin. T. VIII (Paris, 1872).

Ainsi que nous l'avons fait pour les recueils dont il vient d'être question, nous ne donnerons que l'indication des prin- clpaux travaux contenus dans le Journal d'anatomie et de phy- siologie de M. Ch. Robin, et en nous bornant à ceux qui se rapportent plus particulièrement aux questions traitées dans le Journal de Zoologie.

B. Millot : Régénération du cristallin de l'Homme et des Animaux (planches 1 à vi). G. Pouchet : Rôle des nerfs dans les changements de coloration des Poissons. A. Dubrueil : Note pour servir à l'étude du développement des os. André Sanson : Sur la théorie du développement précoce des ani- maux domestiques (pl. vi et vu). Estor et Saint-Pierre : Analyse des gaz du sang.— J. Luys : Procédés pour décolorer les pièces et les corps minces qui ont mactré dans la solution chromique et les rendre transparents (1). J. P. Megnin :

(1) Les préparations microscopiques de tissus conservées en cellules au moyen du baume de Canada, du vernis, etc., après avoir été préalablement durcies dans l’acide chromique, deviennent très-transparentes, et cette transpa- rence s’exagérant dans certains cas, il devient presque impossible de distinguer les éléments de ces tissus. C’est un grand inconvénient pour l'étude de ces éléments et pour leur reproduction au moyen de la photographie. M. le D. Luys vient de trouver un procédé qui permet de remédier à cet inconvénient. Voici en quoi il consiste :

On prépare : une solution concentrée de soude caustique dans l’eau filtrée;

2e une solution d'acide chlorhydrique : + d'acide pour + d’eau filtrée.

La portion d’organe que l’on veut étudier une fois durcie dans l'acide chro- mique par les procédés ordinaires, on en fait une coupe que l’on place entre

deux lames de verre très-mince. On met celte préparation dans une petite cu- velte, et on y verse immédiatement la solution alcaline. L'imbibition se fait

aussitôt, les éléments du tissu se gonflent et les cristaux d'oxyde de chrome qui.

avaient pénétré dans leurs interstices deviennent bientôt libres. Au bout d'un teinps qui varie entre cinq minules et un quart d'heure, il faut arrêter l’action dissolvante de la solulion alcaline, On trempe, pour cela, la préparation toujours maintenue entre les deux lamelles de verre, dans le bain d'acide chlorhy-

2

JOURNAL D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE. 227 Note sur le développement des Cestoïdes à rostre inerme chez les grands Herbivores domestiques. Jd. : Sur un nouvel Acarien du genre Symbiote (Symbiotes spathiferus, pl. 1x à xu), observé à Saint-Mihiel sur un Cheval galeux. P. Bouland : Recherches anatomiques sur les courbures normales du rachis chez l'Homme et chez les Animaux. H. Byasson : Causes de la réaction acide de l'urine normale chez l'Homme et chez les Animaux. G. Pouchet : Sur les rapides changements de co- loration provoqués expérimentalement chez les Crustacés (1). 0. Larcher : Note pour servir à la pygomélie chez les Oi- seaux. V. Feltz : Études expérimentales sur la puissance d'absorption du tissu médullaire des os (pl. xiv et xv). Ch. Robin : Observations anatomiques et zoologiques sur deux espèces de Daphnies (Daphnia pulex et D. macrocopus) (pl. xvr à xx). Marey : Mémoire sur la Torpille. Gillette : Des os sésamoïdes chez l'Homme (pl. xx). G. Pouchet : Sur la com- position vertébrale du Tamanoir. Schlagdenhauffen : Consi- dérations mécaniques sur les muscles. Legros et Onimus : Recherches expérimentales sur la physiologie des nerfs pneu- mogastriques. 0. Larcher : Mémoire sur les difformités du bec chez les Oiseaux. Z. Gerbe : Recherches sur la segmen- tation de la cicatricule et la formation des produits adventifs de l'œuf des Plagiostomes et particulièrement des Raïes (pl. xx à xxu) (2). Gilleite : Description et structure de la tunique

drique étendu. Il se produit aussitôt une espèce de resserrement du tissu qui chasse les cristaux. |

ne se borne pas l’action de l'acide chlorhydrique, il décolore, en même temps, les parties de la préparation encore colorées par l’acide chromique non décomposé.

On lave la préparation pendant quelques jours, en ayant soin de changer l’eau, et on oblient ainsi des coupes d’une transparence parfaile. Pour les con- server indéfiniment, il suffit de les placer dans des cellules remplies, soit d’une solution titrée de glycérine additionnée d'acide acétique, soit de sirop de sucre acidifié ou bien encore de sirop de glucose.

(1) Analysé dans le Journal de Zoologie, 1. 1, p. 361.

(2) Analysé dans le Journal de Zoologie, t. I, p. 366,

A

298 ARCHIVES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE LYON.

2%. + TAAVAR ‘à musculaire de l'æsophage chez l'Homme et chez les Animaux.

L. A. Segond : Reptiles et Batraciens classés d’après leurs

affinités par rapport à cinq types dont les caractères sont em- prunlés aux parties les moins modifiables du squelette.

LA:

XXXV. ARCHIVES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATU- 4 RELLE DE LYON, 1. I, livr. 1 et 2; in-4 av. pl.; Lyon,

1872 et 1873.

Les deux livraisons parues de cette collection renferment les Mémoires dont les titres suivent :

Ducrost et Lortet : Études sur la station préhistorique de |

Solutré ; avec 7 planches. A. Locard : Note sur les brèches osseuses des environs de Bastia (Corse). Lortet : Étude sur le Lagomys corsicanus ; av. 1 pl. Lortet et E. Chantre :

Études paléontologiques dans le bassin du Rhône; période quaternaire. Sept planches, portant les 9 à 15, sont jointes à ce Mémoire. Les planches 1x el x représentent un crâne

humain trouvé à la Truchère (Saône-et-Loire) avec des osse- ments de Mammouth {Elephas primigenius) ; les planches x et xu, des dents de Mammouth recueillies à Pont-de-Veyle (Ain), à Ratenelle (Saône-et-Loire) et à Pont-de-Vaux (Ain); la planche xn1, des parties frontales avec cornes du Bos primi-

genius, de Pont-de-Vaux, et du Bison priscus, du lehm de

Chaponnay (Isère); la planche x1v, un crâne de Sus serofa, de Saint-Didier-au-Mont-d'Or, déjà cité dans des publications

antérieures, par MM. Jourdan, de Blainville et P. Gervais, et la planche xv, une défense de jeune Mammouth, de Pont-de=

Vaux (Ain); un cubitus de la même espèce provenant aussi de céttocalité ; les molaires supérieures droites du Rhinoceros

tichorhinus du Rorey, à Rochecardon (Rhône); ainsi que la partie antérieure d'un maxillaire supérieur droit d'Hycna À

De, de la caverne de Poleymieux (Rhône).

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FOUILLES A EXÉCUTÉES PAR M. ED. PIETTE

à DANS LA GROTTE DE GOURDAN

PRÈS MONTREJEAU (Haute-Garonne).

Note de ME. P. GERVAIS (1).

Avec de nombreux ossements de Renne, brisés par l'Homme et des restes de ce dernier, se trouvent des débris de plu- sieurs autres espèces d'animaux; Mammifères, Oiseaux, = Poissons. | M. Piette ayant bien voulu me confier la détermination ci scientifique de ces débris osseux, j'ai reconnu qu'ils appar- tiennent, pour la classe des Mammifères, parmi les Carni- | vores : au Loup, au Renard, au Lynx, à l'Ours ordinaire, et au Blaireau; parmi les Insectivores : au Hérisson; parmi les Rongeurs : au Lièvre et au Rat d’eau; parmi les Jumentés : au Cheval ; parmi les Porcins : au Sanglier et parmi les Ruminants : au Renne, qui est très-abondant et toujours fragmenté (2), au Cerf, à la Chèvre (Capra primi- genia), au Bouquetin, au Bœuf, au Saïga ? (d'après une extré- mité inférieure de canon brisé) et au Chamois.

La classe des Oiseaux est également représentée par divers

(1) Communiquée à la Société géologique, le 5 mai 1873.

(2) On compte, parmi les échantillons envoyés par M. Piette, environ toi 6 cents mâchoires inférieures de cette espèce de Cervidés, toutes brisées suivant la forme ordinaire.

230 PAUL GERVAIS.

genres : Aigle, Chouelte-Harfang, Choquard? Coq (1),"Tétras, Lagopède, Perdrix, Cigogne ? et une espèce de Canard.

Quelques vertèbres de Poissons paraissent appartenir au Brochet. |

M. Piette a aussi réuni une curieuse collection de dessins gravés sur os par les Hommes de l'époque du Renne. Parmi ces dessins figurent le Chamois et une seconde espèce de la fa- mille des Antilopes, que je regarde comme étant le Saiga (4n- tilope tartarica) dont M. Lartet avait signalé quelques rares dé- bris osseux dans le Périgord. MM. Massenat et Carthaïlhac en ont, depuis lors, retrouvé un petit nombre d’autres, dans la

même contrée, à Laugerie basse, et M. Dupont a aussi décou- ; verten Belgique une portion de crâne de la même espèce, au- jourd’hui déposée au musée de Bruxelles.

Nous donnons dans cet article la figure du dessin préhisto- rique découvert par M. Piette. On y remarquera, en arrière des deux oreilles d’un premier Ruminant, la tête d'une An- tilope pourvue de cornes, que ses caractères, forme géné- rale, renflement proboscidiforme du museau, disposition et aonelure des cornes, ne permettent de rapporter qu'au Saiga, espèce si différente de toutes celles qui composent la même tribu.et,qui se trouve aujourd'hui confinée en Tartarie ainsi que dans la région de l’Oural. Un Saïga vivait, il y a quelque

(4) Genre déjà signalé par Schmerling, dans les cavernes des environs de Liége; par moi, dans les dépôts, supérieurs de l’Auvergne, à Ardes, et, par M. Alph. Edwards, dans les amas d’ossements de Renne brisés du Périgord.

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DÉBRIS HUMAINS. 931 temps, à la ménagerie de Londres, nous l’avons étudié, et il a été, de la part de M. Murie, l'objet de recherches ana- tomiques signalées dans ce Recueil (1).

DÉBRIS HUMAINS

RECUEILLIS DANS LA CONFÉDÉRATION ARGENTINE

AVEC DES OSSEMENTS D'ANIMAUX

APPARTENANT À DES ESPÈCES PERDUES.

Note de M. P., GERVAIS.

En parlant, il y a déjà plusieurs années, de la nouvelle collection d'ossements fossiles recueillie par M. F. Seguin dans la République Argentine, je rappelais que cet infatigable cher- cheur avait aussi signalé, « associés aux ossements des espèces éteintes, des dents et des os de l'Homme, ainsi qu’un frag- ment de grès évidemment taillé de main humaine, » et j'ajou- tais « je laisse à d’autres le soin de décider s’il n'y a pas eu

quelque remaniement du sol susceplible d'expliquer un pareil

mélange ; si l'observation nouvelle de M. Seguin est une con- firmation des vues établies par M. Lund au sujet de l’ancien- neté de l'Homme en Amérique ; quelle est l'époque réelle de l'anéantissement des grands Mammifères américains, enfin quels rapports ont existé entre les causes de leur extinction et

(4) T. IL, p. 29.

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232 | _ PAUL GERVAIS.

celles qui ont aussi fait disparaitre tant de grandes espèces si 4 . dans les autres parties du monde (1). » A

Depuis que ces lignes ont été écrites, la nouvelle collection de M. Seguin a été achetée par le Muséum d'histoire naturelle, et je rédige en ce moment, au sujet des pièces qu'elle ren- ferme, un premier Mémoire, accompagné de planches, qui paraîtra parmi ceux de la Société géologique. J'ai pu aussi, grâce à celte acquisition, étudier de nouveau les ossements et les dents provenant de l'Homme que M. Seguin a découverts, et qu'il attribuait aux mêmes gisements que certaines espèces éteintes de Mammifères, parmi lesquelles il cite l'Ursus bona= riensis, animal dont la taille ne le cédait point à celle de l'Ursus spelœus d'Europe.

Les os provenant de l'Homme qui font partie de la deuxième collection de M. Seguin sont assez nombreux, mais ils sont, pour la plupart, réduits en esquilles. Il y a parmi eux des frag- ments de crânes, des portions d'os longs des membres et des. phalanges. Ces dernières sont pour, la plupart, intactes.

Ces ossements sont de deux teintes différentes. Les uns

plus clairs étaient épars à la surface du sol; ils avaient été

* sortis de leur gangue par les eaux et lavés par elles. Les autres

de couleur brune étaient encore dans la terre. Un fragment de fémur, déjà en partie dégagé lorsqu'il a été recueilli, montre par moitié l’un et l'autre caractère.

Les dents ou portions de dents trouvées avec ces débris osseux ne sont pas moins caractéristiques, et elles indiquent au moins deux sujets. Ce sont des incisives et des molaires. Leur couronne est toujours plus ou moins entamée, et les in-

sise en particulier, présentent, sous ce rapport, le mode

d'usure transversale particulier aux races primitives. Nous en, possédons une trentaine dont plusieurs sont représentées pa

(1) Zool. et Pal. gén., p. 144. Bull. Soc. géol.

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DÉBRIS HUMAINS. 233

les figures 1 à 9 de la planche v de ce Recueil. Celle de la

fig. 8 est encore en place sur un fragment de maxillaire, |

Fig. 1. Fig. 2. Fig. 4 (1).

C'est, en partie avec les débris osseux d'Homme cités ici et, de même dans la province de Santa-Fé, sur les bords du Rio Carcarana, à 25 lieues au nord du Rosaire, que M. Seguin a trouvé les instruments en pierre taillée, comparables, sous

_certains rapports, à ceux qui caractérisent, en Europe, l'époque

paléolithique. La pièce représentée sous le 1 est en quart- zite. Les 2 et 4 sont de la même substance ; le 3 est en calcédoine. Ces trois dernières pièces, n°° 2 à 4, également ra- massées par M. Seguin, rentrent assez bien dans les formes connues; elles indiquent aussi une époque assez avancée, mais il y aurait lieu d’en établir la comparaison soit avec les instru- ments de même sorte dont se servent encore quelques tribus

(1) D’après M. de Mortillet, ces pierres taillées rappelleraient, celles des { et 2, les long Baron de l'Angleterre, et les 3 et 4, les formes gau- loises : elles rentrent toutes les quatre dans la catégorie des pointes de flèches.

234 PAUL GERVAIS.

sud-américaines, soit avec ceux qu'elle employaient avant la Æ

conquête.

Quelques découvertes analogues ont été faites dans la Con- fédération Argentine, et les indications, encore bienincomplètes

sans doute, qui en sont résultées, devront être, comme celles qui précèdent, ajoutées aux renseignements publiés par M. Lund au sujet des fossiles humains qu’il a rencontrés, associés à des

espèces éleintes, dans les cavernes du Brésil. Ce sera un.

premier jalon pour l'histoire des anciens habitants humains du continent sud-américain. Voici quelques-unes de ces indications.

MM. Ch. Heusser et George Claraz (1) parlent de poteries

que l’on rencontre auprès du Salado, dans les dépôts d’allu- vion, fait qu'avait déjà entrevu A. d'Orbigny. De son côté,

M. Strobel (2) a signalé des poteries primitives et des instru-

ments en pierre (pointe en silex et bouts de flèches en calcé- doine), provenant aussi de la Confédération Argentine, et il a

cité, dans les mêmes couches, des fossiles récents dont la col-

lection de M. Seguin renferme aussi un grand nombre (Cténo- mys, Visvache, Lamas, elc.). <

Parmi les os du Lamas de la collection Seguin, il y en a qui indiquent la taille du Guanacho et d'autres celle de la Vigogne.

Dans ces derniers temps M. Burmeister s'est aussi occupé de cette question.

(1) Nouv. Mém. de la Soc. helv. des sc. nat., t. XXI, 1865. Matériaux pour l'Hist. prim. el nal. de l'Homme publiés par Morullet, 1866, p. 262 (ar- ticle de M. Desor).

(2) Atti della Soc. ital. di Scienzi nat., 1. X, p. 167. Jd., Viaggi nell Argentinia merid. Id., Matériaux pour l'hist. de l'Homme, 1867, p. 394.

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NOTE

L’AMPHIMOSCHUS PONTELEVIENSSS ;

PAR

ME. l'abbé BOURGEO!S.

J'ai communiqué, il y a quelques années, à M. P. Gervais, une liste des Mammifères tertiaires du département de Loir- et-Cher. Cette liste, insérée dans sa Zoologie et Paléontoloque générales (1), comprend une espèce nouvelle qui n’a jamais été n1 décrite ni figurée.

C'est un Ruminant voisin du genre Meschus, d'une taille qui surpasse d’un tiers à peu près celle du Chevreuil.

Les molaires inférieures, les seules qui soient connues avec certitude, sont au nombre de six. Les appendices interlobu- laires des arrière-molaires sont terminés en pointe effilée et

s'élèvent, lorsque ces dents n’ont pas été usées par la masti-

cation, au tiers de la hauteur du fût. La dernière des arrière- molaires de la même mâchoire présente un double croissant à son talon ou lobe postérieur.

Ce dernier caractère me semble suffisant pour autoriser la distinction d'un genre nouveau, genre que j'ai nommé Am- phimoschus.

(1) P. 156.

236 BOURGEOIS.

L'Amphimosque de Pont-Levoy (Amphimoschus ponte- leviensis) a laissé de nombreux débris dans les sables de l’'Or- léanais (miocène moyen). On le trouve aussi dans les faluns ; mais il pourrait bien ne se rencontrer que par suite d'un remaniement.

Localité : Thenay, près Pont-Levoy (Loir-et-Cher).

PLANCHE x.

Amphimoschus ponteleviensis.

Fig. 1, une des branches de la mâchoire inférieure, dont la première avant-molaire manque ; vue par la couronne.

Fig. 2, une des branches de la mâchoire inférieure d'un autre individu, dont la dent caractéristique, la sixième, vue à part en ? a, n’a pas été usée par suite de la mastication.

Fig. 3, une branche de la mâchoire inférieure montrant la longue barre qui précède les molaires; vue de profil et en dessus pour montrer la couronne des premières dents.

Fig. À et À a, trois arrière-molaires supérieures, dont la dernière de lait et les deux premières de remplacement; vues par la face externe et par la couronne.

Fig. 5, portion inférieure de l’humérus.

Fig. 6, la plus grande partie d'un canon du pied de der- rière, incomplet dans sa partie inférieure.

Toutes ces pièces sont représentées de grandeur naturelle.

4

Journal de Zoologie

Imp.B ecquet, Paris.

Delah aye del.

lensis.

Amphim oschus pont elev

SUR

QUELQUES GECKOTIENS NOUVEAUX OU PEU CONNUS

DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE ;

PAR

MN. BARBOZA DU BOCAGE |!)

_ Les espèces qui sont l'objet de la présente Note font partie d’une intéressante collection de reptiles, qui a été généreuse- . ment offerte au Muséum de Lisbonne en 1867 par M. Aubry _ Lecomte. Elles proviennent de la Nouvelle-Calédonie, pays très-intéressant sous le rapport de ses productions naturelles et qui commence à peine à être exploré.

RHacopacryLus LEAcHIANUS. Plat. Leachanus, Cuv., Reg. anam., 2, p. 94. Dum. et Bib., Erp. gén., 3, p. 315. Gray, Cat. Liz. Brit. Mus., p. 160. Rhacodactylus Lea- chanus, Fitz., Syst. Rept.

Le Muséum de Lisbonne possède depuis 1867 deux indi- vidus, l’un de forte taille, l’autre beaucoup plus petit, dont les caractères s'accordent assez bien avec ceux de l'espèce indiquée par Cuvier et décrite par Duméril sous le nom de Plat. Leachianus. Ces individus originaires de la Nouvelle-

(4) Extrait du Jornal de sciencias matemalicas, physicas e naturales, 14. Lisbonne, 1873,

CENT

238 BARBOZA DU BOCAGE.

Calédonie proviennent du voyage de Deplanche et nous ont été offerts par M. Aubry Lecomte. |

Le plus grand de nos individus mesure 22 centimètres de l'extrémité du museau à la base de la queue, laquelle est courle et présente, hs les deux spécimens, des indices cer- tains de reproduction après accident.

La tête, longue de 6 centimètres, est de forme pyramidale et présente assez de largeur postérieurement, c’est-à-dire

qu’elle mesure en largeur plus de 2/3 de sa longueur, tandis

que, chez l'individu unique de l'espèce au Muséum de Paris, la tête a en longueur le double de sa largeur postérieure, d’après les auteurs de l'Erpétologie générale. Les narines, de forme circulaire, sont entourées complétement par 7 écailles, la plus grande desquelles touche à la rostrale et à la première labiale supérieure. La face supérieure du museau et l’espace inter-orbitaire, déprimé en goullière, sont garnis d'écailles polygonales, la plupart distinctement carénées. Écailles supra- orbitaires plates. 17 scutelles labiales supérieures presque carrées ; plaque mentonnière et labiales inférieures au nombre de 13, quadrilatérales, allongées, décroissant succes- sivement de la première à la dernière : ces plaques sont bordées de plusieurs rangs d’écailles plates, bien distinctes des petites écailles ou granulations circulaires qui couvrent les régions inférieures.

Les parties supérieures sont couvertes de grains très-fins, lisses et égaux. Côtés de la tête, du cou, du tronc et des membres garnis d’un pli de la peau.

L'état de conservation de nos deux spécimens laisse beau- coup trop à désirer pour qu’on puisse se faire une idée exacte de son système de coloration. Ils présentent une teinte gé- nérale d’un brun grisâtre clair tacheté de brun foncé.

Nous avons reçu ces deux individus sous le nom de Plat. Leachianus, détermination qui nous semble exacte malgré

GECKOTIENS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 239

quelques différences auxquelles nous ne pouvons pas attacher une grande importance.

RHACODACTYLUS AUBRIANUS. Tête grosse, pyramidale, à museau terminé en pointe obtuse. Région inter-oculaire déprimée en goutlière, revêtue, ainsi que l’occiput et la face supérieure du museau, de petites et grosses granulations entremêlées, à la seule exception de l’espace internasal qui se trouve couvert de quelques écailles plates, irrégulières. Narines circulaires, complétement entourées par 9 ou 10 écailles, dont la plus grande s'articule à la rostrale et à la première labiale. 18 ou 19 labiales supérieures et 15 ou 16 labiales inférieures; plaque mentale presque triangulaire, enclavée entre la première paire de labiales inférieures. Un pli latéral de la peau de chaque côté de la tête et du tronc, et

les doigts palmés aux extrémités antérieures et postérieures,

exactement comme chez le Rhac. Leachianus. La surface entière de la peau des parties supérieures du corps et des membres est revêtue de grains plus fins et plus irréguliers que chez cette espèce. Régions inférieures couvertes de très- petites écailles circulaires; elles deviennent un peu plus grandes sur la région pré-anale. Queue (reproduite) très- courte.

Un seul individu de la Nouvelle-Calédonie, offert par M. Aubry Lecomte en 1867. Inférieur dans les dimensions à l'individu adulte du Rhac. Leachianus que nous possédons d'égale provenance, car il mesure 18 centimètres de l’extré- mité du museau à l'origine de la queue. Il se rapproche de cette espèce par les proportions, mais paraît être distinct par l'écaillure de la tête, comme il sera facile de juger d’après la diagnose ci-dessus. Il est, en dessus, d'un gris-brunâtre plus clair et uniforme sur la têle, plus foncé et varié de grandes taches blanches pointllées de noir sur le tronc, la base de la queue et la face externe des membres; en des-

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240 BARBOZA DU BOCAGE. sous, d’un blanc jaunâtre, marbré de brun clair sur le ventre. Le: RHACODACTYLUS TRACHYRHYNCHUS. Tête courte à museau large et arrondi, dont la face supérieure ainsi que la région interorbitaire sont couvertes de grosses écailles coniques et pointues. Sur le reste de la tête, les parties supérieures et latérales du tronc, la queue et les membres de petits grains lisses uniformes. Ceux de la gorge sont encore plus petits, mais les régions inférieures sont protégées par de petites écailles arrondies et plates, un peu plus grandes. La tête, le cou et le tronc sont latéralement garnis d’un pli de la peau, qui ne paraît pas se prolonger sur les côtés des membres.

Narines ovalaires entourées par 6 plaques nasales et par la

première labiale. La rostrale, assez développée dans le sens transversal, de forme triangulaire, présente un sillon vertical qui descend du milieu de son bord supérieur jusqu'au centre de la plaque. L'espace internasal est garni de 5 écailles en 2 rangs, 2 sur le premier et 3 sur le second, toutes plates; les 2 latérales du second rang sont les plus grandes et de forme hexagonale, tandis que les autres sont pentagonales. Nous comptons 11 labiales supérieures et 10 inférieures ; la men- tonnière, pelile et triangulaire, est enclavée entre la première paire de sous-labiales : celle-ci et les 2 immédiates sont très- allongées. Une seule rangée d'écailles polyzonales borde en dedans les labiales inférieures. Pas de pores aux régions pré-anale et fémorale. 5 ongles rétractiles à chaque extrémité ; une palmure à la base des doigts et des orteils.

Un seul individu de la Nouvelle-Calédonie {du voyage de Deplanche) offert en 1867 par M. Aubry Lecomle.

Il mesure en longueur totale 22 centimètres; la tête, 3,3 cent.; la queue, 9,2 cent.

Les couleurs sont allérées sans doute par son long séjour dans l'alcool : 1l paraît être d’un gris-brun, marbré irréguliè-

GECKOTIENS DE LA NOUVELLE CALÉDONIE. 9414

rement de brun plus foncé, et avec quelques taches plus claires, rondes, cerclées de brun, de chaque côté du dos.

CORRELOPHUS CILIATUS. C. ciliatus, Guichenot, Notice sur un nouveau genre de Geckotiens (Mém. Soc. des sc. nat. de Cherbourg. 12, 1866, p. 249, pl. 8).

Nous possédons deux individus de cette singulière espèce, rapportés par Deplanche de la Nouvelle-Calédonie. Chez nos deux individus, la queue, reproduite après accident, se pré- sente sous la forme d'un petit appendice conique de quelques millimètres à peine de longueur.

L'un de ces individus présente de chaque ‘côté du cou et du tronc un pli longitudinal de la peau bien distinct, caractère non cité dans la description de M. Guichenot et également omis dans la figure, d'ailleurs assez exacte, qui l'accom- pagne.

CeratoLopaus. Nouveau genre. Caract. génériques : Tête allongée, un peu déprimée; région interoculaire fortement excavée en goultière. De chaque côté de la partie postérieure de la tête trois éminences osseuses très-prononcées, reliées entre elles par des crêtes de la même nature, recouvertes de la peau et disposées de la manière suivante : la plus anté- rieure située au-dessus et derrière l'œil; derrière celle-ci, une autre au-dessus de l'ouverture auriculaire ; enfin, la troisième sur la nuque, un peu plus rapprochée de la pre- mière que de la seconde, et formant avec elles un triangle. Bord de la paupière supérieure garni d'écailles coniques. Cinq doigts à chaque patte, libres, onguiculés, à ongles rétractiles, médiocrement dilatés et garnis en dessous de lamelles imbri- quées entières. Queue longue, dilatée à la base, elle pré- sente de chaque côté, chez le mâle, un gros tubercule com- primé, grêle et conique dans le reste de son étendue. Écaillure des parties supérieures composée de grains petits, lisses, convexes et arrondis; celle des régions inférieures

JOURNAL DE Z0OLOGIE, T, II. 4873, 16

282 BARBOZA DU BOCAGE.

formée de petites écailles plates de forme hexagonale, excepté à la région sous-maxillaire, qui est revêtue de petits grains semblables à ceux du dos. Écailles de la queue quadran- gulaires, disposées en verticilles réguliers. Pas de plis latéraux apparents.

CERATOLOPHUS HEXACEROS. (Cet animal présente, à cause des éminences osseuses dont sa tête est ornée, une physio- nomie toute particulière. Ses narines rondes sont entourées par 8 ou 9 plaques, parmi lesquelles se trouvent la rostrale et la première labiale : la première nasale, celle qui s'articule avec la rostrale, est grande et de forme pentagonale; les autres sont pelites et carrées. Les 2 grandes plaques nasales sont séparées par une petite plaque qui s'adapte parfaitement à une échancrure angulaire située au milieu du bord supé- rieur de la rostrale. Les plaques labiales supérieures et infé- rieures, nombreuses, presque toutes de forme quadrilatérale, vont en décroissant d'avant en arrière : nous comptons 17 supérieures et 15 inférieures.

La mentonnière, triangulaire, mais à sommet tronqué, s’ar- ticule de chaque côté aux premières sous-labiales, qu'elle sépare; sous le maxillaire et le long de ces scutelles il y a 3 rangées d'écailles hexagonales, bien distinctes, par leur grosseur, des autres écailles qui garnissent la face inférieure de la tête. Cinq séries de pores sur la région pré-anale chez le mâle.

Deux individus de la Nouvelle-Calédonie, mâle et femelle, dus à l'extrême obligeance de M. Aubry Lecomte en 1867.

Le mâle présente les dimensions suivantes : longueur totale.

493 millimètres, de la tête 36, du tronc 83, de la queue 84 ; c'est le plus grand des deux.

Coloration. La femelle est, en dessus, d'un gris roussâtre varié de taches et de stries d'un brun noirâtre el présentant aussi quelques petites taches irrégulières jaunes, En dessous,

GECKOTIENS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 243

d'un gris jaunâtre maculé de brun. Chez le mâle, une large bande d'un brun roussâtre s'étend le long du milieu du dos depuis la tête jusqu’à l’origine de la queue ; cette bande, dont nous ne trouvons aucun vestige sur la femelle, prend sur les bords un ton roux plus prononcé. Sur la tête, on peut encore distinguer une petite raie brune sur l’espace compris entre la narine et l'œil, une autre de la même couleur de l'angle postérieur de l'œil à l'angle de la mâchoire. Sur les flancs de l'individu mâle on aperçoit une bande brune longi- tudinale à bords festonnés noirâtres et au-dessous de celle-ci une étroite raie noirâtre, moins distincte, depuis l’aisselle jusqu'à l'insertion du membre postérieur. Queue irrégulière- ment tachetée et striée de brun en dessus et sur les côtés.

Nos deux individus, dont l'état de conservalion laisse beau- coup à désirer, présentent, à l'instar du Correlophus ciliatus, un pli longitudinal peu prononcé de chaque côté du cou qui se prolonge jusqu’à l'aisselle ; mais il disparaît, peut-être par suite de la distension de la peau, sur les côtés du tronc : sous la gorge, il y a deux plis transversaux anguleux limitant un espace de forme rhomboïdale. |

LEPIDODACTYLUS NEOCALEDONICUS. Pouces mutiques ; des ongles rétractiles aux autres doigts ; des lamelles en chevrons sous tous les doigts. Peau du dos uniformément granuleuse. Narines circulaires bordées par la rostrale, la première labiale et 3 ou 4 plaques nasales, petites, rostrale large, échancrée à son bord supérieur, pour recevoir une plaque intermédiaire aux deux premières nasales, et à ses angles latéraux, pour faire partie du pourtour des narines. 10 labiales supérieures et 9 inférieures, mentonnière allongée, triangulaire, s’articulant par toute l'étendue de ses bords avec la première sous-labiale. Sous le menton, des écailles polygonales, dont la plus grande louche à l'extrémité de la mentonnière. La peau de la gorge est, comme celle des régionssupérieures, uniformément granu-

244 BARBOZA DU BOCAGE.

leuse; des écailles hexagonales revêtent la poitrine et le ventre. Les écailles de la queue sont quadrangulaires et dis- posées en verlicilles réguliers. 2 rangées anguleuses de pores pré-anaux chez le mâle, qui présente aussi deux petits tuber- cules coniques de chaque côté de la base de la queue.

Coloration. En dessus, d'un gris roussâtre orné, sur le dos et la face supérieure de la queue, de raies transversales angu- leuses brunes, 4 ou 5 sur le dos et 7 sur la queue. Une raie brune s'étend de l’extrémité du museau par l’œil jusqu’au cou, limitant sur la nuque un espace qui porte au centre une tache allongée de la mème couleur. Chez quelques individus, les couleurs s’affaiblissent considérablement. Les régions inférieures sont d'un blanc sale uniforme.

Plusieurs spécimens de cette espèce se trouvent au Muséum de Lisbonne, provenant du voyage de Deplanche à la Nou- velle-Calédonie : ils font partie des collections offertes en 1867 par M. Aubry Lecomie.

Le plus grand de nos spécimens à 118 millimètres de lon- gueur totale : la tète mesure 18 millimètres et la queue 55.

C'est une espèce à ajouter au genre Lepidodactylus, Fitz. (Amydosaurus, Gray}, exclusivement représenté jusqu'ici par le L. lugubris (Plat. lugubris, Duméril et Bibron), que nous connaissons à peine d'après la descripüon publiée dans l'Erpé- tologie générale (t. IE, p. 304) et la figure 1 de la pl. 1" des Reptiles du voyage au Pôle Sud et à l'Océanie. Si l'animal décrit et figuré sous ce nom est un individu adulte, les dif- férences de taille et de coloration ne permettront pas de con- fondre ces deux espèces, l’une rapportée de la Nouvelle-Calé- donie, l’autre découverte à Otaiti par Lesson et Garnot.

HYBRIDATION DES AXOLOTLS

PAR LES TRITONS.

Note de M. Henri GERVAIS.

Il n’est fait mention, dans aucun auteur, de mélis obtenus par le croisement des différentes espèces de Batraciens. Spal- lanzani, dans ses expériences sur la génération, avait bien essayé d'accoupler le Crapaud avec la Grenouille, la Grenouille avec la Rainette, les différentes espèces de Tritons entre elles ; mais 1l n’était arrivé à aucun résultat.

J'ai répété il y a un peu plus de quatre ans, vers le mois de mars 1869, une partie des expériences de Spallanzani et disposé à cet effet, au laboratoire d'anatomie comparée du Muséum, une série de vases dans lesquels j'avais isolé les différentes espèces de Batraciens urodèles qu’il est facile de se procurer aux environs de Paris : le Triton à crête, le Triton ponctué et le Triton palmipède.

Ces diverses espèces ont été rapprochées entre elles, le mâle de la première avec la femelle de la seconde, puis avec la femelle de la troisième et vice versé.

Désirant aussi expérimenter si la fécondation des Axololls par les Tritons pouvait s'accomplir, j'ai séparé des femelles des premiers de ces animaux et les ai mises dans des aqua- riums distincts chacune avec un mâle de nos espèces de Tri- tons indigènes ; des mäles d’Axolotls furent également isolés avec des femelles de ces Tritons.

De tous ces rapprochements, un seul, celui du Triton à

246 HENRI GERVAIS.

crête avec l’Axolotl femelle, a donné un résultat dont je vais rendre comple. Quant aux femelles des Tritons, elles pondirent bien leurs œufs, mais j'eus beau recourir à la fécondation arti- ficielle, en employant à cet effet les Axolotls, ces œufs ne se sont point développés.

L’Axolotl femelle et les Tritons mâles {car j'ai mis plusieurs de ces derniers dans le même aquarium, en ayant soin de les remplacer dès qu'ils commençaient à perdre leur aptitude à la fécondation) restèrent ainsi associés pendant environ un mois. Au bout de ce temps, la femelle commença à s’agiter dans l'aquarium; elle se frottait aux herbes déposées dans l’eau, et manifestait visiblement le désir de pondre. Ce ma- nége dura quelques jours pendant lesquels elle fut frottée matin et soir contre les mâles, de telle sorte que sa vulve fut mise en conlact avec le cloaque de ces derniers, qui émetlaient alors une grande quantité de spermatozoïdes.

Lorsqu'un mâle paraissait épuisé, il était remplacé par un plus vigoureux; après quoi, la femelle était plongée à son tour dans un vase l'on avait recueilli, dans une faible quantité d'eau, la liqueur séminale de plusieurs Tritons.

Au bout de huit à dix jours de ces essais de fécondation artificielle, la femelle qui était isolée des mâles de son espèce depuis plus d’un mois pondit une cinquantaine d'œufs. Ils furent soigneusement mis à part, avant d’avoir acquis le vo- lume qu’ils prennent peu de temps après la ponte.

Pour être bien certain qu'ils avaient subi le contact des spermatozoïdes, j'ai pris ces œufs, disposés en chapelet sur la tige des plantes aquatiques, et les ai soumis l’un après l’autre au contact du cloaque des Tritons mâles dont je pressais en même temps les organes génitaux. Au bout de quelques heures, ces œufs, au nombre de cinquante environ, avaient acquis leur volume normal; ils furent placés dans un vase contenant une plus grande quantité d’eau.

HYBRIDATION DES AXOLOTLS. 247

La femelle d'Axolotl pondit encore quelques œufs dans la journée; ils subirent la même opération, et furent placés avec les premiers.

Quarante-huit heures après, elle pondit de nouveau, et, cetle fois, en plus grande quantité, deux cents œufs envi- ron. Après sa deuxième ponte, elle avait été soigneusement lavée et isolée dans un vase autre que celui qu’elle avait habité jusqu'alors.

Les œufs de cette troisième ponte, ayant été mis à part, ne tardèrent pas à devenir blancs et à être envahis par des moisis- sures. Les premiers, au contraire, s'étant développés, l'em- bryon apparaissait déjà, et au bout de trois semaines je fus assez heureux pour obtenir une vingtaine de larves.

Aussitôt leur éclosion, ces larves furent comparées à des jeunes Axolotls et à des jeunes du Triton ponctué. La taille des sujets obtenus par hybridation était un peu inférieure à celle des Axolotls du même âge, et, tandis que ceux-ci sont assez colorés et présentent une série de taches pigmentaires noires sur la tête, tout le long de la région dorsale et sur la queue, les métis dont nous nous occupons se faisaient remarquer par leur transparence presque complète. Leur tête, plus allongée que celle de l'Axolotl, portait deux yeux plus brillants et plus grands, le cercle de la sclérotique étant coloré en vert clair. Les branchies étaient plus grêles, la ligne du dos était moins saillante et la queue moins large se terminait en pointe.

Quelques jours après, apparut la première paire de pattes. L'hybride, qui jusqu'alors ne différait essentiellement que par sa couleur, se pourvut d'organes de locomotion plus allongés que ceux des jeunes Axolotls d'au moins un tiers; les autres différences devenaient en même temps plus marquées, et l'on put mélanger des larves de l’une et l’autre catégorie sans crainte de les confondre.

Le métis prit sa seconde paire de pattes avant les Axolotls

248 HENRI GERVAIS.

de son âge. Ces pattes étaient plus courtes et plus trapues.

Pendant que l'animal suivait son développement, le corps se colorait, et cette coloration, que je regrette de ne pouvoir reproduire sur la figure jointe à cette note, se rapprochait beaucoup de celle de la larve du Triton à crête : elle était d'un vert pâle, tirant un peu sur le jaune. La tête présentait alors quelques taches de pigment noir très-disséminé et peu foncé. Il en apparut aussi quelques-unes le long du dos et sur la queue. Les flancs étaient brillants et légèrement colorés “en jaune verdâtre. Les hybridés mesuraient, à celte époque, environ 46 millimètres en longueur. Je les ai montrés à plu- sieurs personnes très-familiarisées avec l'étude des animaux de cette classe, et aucune d'elles n'y reconnut des larves d'Axolotls.

J'ai pu les conserver encore quelque temps, mais ils devinrent bientôt malades et périrent tous en très-peu de temps, avant que les premiers symptômes de la métamor- phose ne se fussent montrés. Une de ces larves a été dessinée ; quelques-unes ont servi à faire des préparalions pour le mi- croscope.

A part la différence dans la forme du corps et la disposi- tion du pigment, la dentition seule m'a présenté une par- ticularité digne d'intérêt; les dents étaient plus allongées, leur

HYBRIDATION DES AXOLOTLS. 249

sommet plus aigu que chez l’Axolotl, celles des maxillaires supérieurs présentant une bifurcation à pointes inégales, ce qui à lieu également pour les dents qui occupent la même place chez le Triton à crête. Nous n'avons rien pu découvrir d'analogue chez l’Axolotl.

Cette expérience a été reprise, l'année suivante, sans que les hybrides obtenus aient pu être conduits jusqu’à un âge plus avancé. Le résultat en a été cité par M. P. Gervais dans son ouvrage sur les Reptiles vivants et fossiles (1). Elle méritait d’être contrôlée et l’a été en effet depuis lors, par M. Boulart, élève du laboratoire d'anatomie du Muséum.

M. Boulart, a obtenu après la fécondation artificielle d’une dizaine d'œufs, deux éclosions seulement. Ces larves présen- taient les mêmes caractères que celles que j'ai décrites plus haut. Elles ont également péri avant de perdre leurs branchies.

La figure jointe à cette note est celle d’un des hybrides obtenus par moi, dessiné six semaines environ après la nais- sance. Elle est double de la grandeur naturelle.

(1) P. 48; 1869.

NOTICE

SUR UN NOUVEAU POISSON

DU TERRAIN BRUXELLIEN ;

PAR

M. P. J. VAN BENEDEN ({.

BLAINviLce, art. Poissons, Dictionnaire de Déterville, t. XX VII, p. 314. Acçassiz, Recherches sur les Poissons fossiles, t. V, p. 88, pl. xxx. Gervais, Zoologie et paléontologie françaises, p. 516, pl. xxi, fig. 2-3. Le How, Préliminaires d'un Mé- moire sur. les Poissons tertiaires de Belgique, Bruxelles, 1871, p. 14.

A la séance du mois de novembre 1872, j'ai eu l'honneur de communiquer à la classe une Notice sur un Poisson fossile nouveau du terrain laekenien (2) ; j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui une autre Notice sur un Poisson fossile du ter- rain bruxellien.

Ce second Poisson appartient à une famille toute différente |

et n’est pas moins intéressant que le premier, tant au point de vue de la faune fossile du pays qu’au point de vue de la géo- logie.

C'est, je crois, le cinquième Poisson osseux connu dans le bassin bruxellien. Il y a quelque temps déjà qu'il a été trouvé, avec une quantité d’autres débris fossiles des deux règnes, par

(1) Extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique, série, t. XXXV, 3; mars 1873. (2) Voir ce Recueil, t, II, p. 122.

POISSON DU TERRAIN BRUXELLNIEN. 251

M. le professeur Eugène Van Bemmel, qui a bien voulu le mettre à ma disposition. |

L'animal est enfermé dans une de ces pierres de grès con- crétionné, que l’on connaît sous le nom de pierres de grotte et que l’on trouve si abondamment dans le sable du bassin de Bruxelles.

Toute la partie postérieure du corps est dans un état de conservation parfaite, comme on peut le voir par le dessin

qui accompagne cette Notice ; les vertèbres avec leurs apo- physes et les rayons interépineux sont toules en place et libres au milieu de la pierre.

Toute la partie antérieure du corps manque ; elle est restée dans le fragment qui a été détaché du bloc et qui n'a plus été retrouvé. |

La partie de l'animal qui est encore en place, et que nous reproduisons, a une longueur de 20 centimètres et mesure en hauteur, sans lophioderme, 5 centimètres.

Dans cette partie conservée nous comptons vingt et une vertèbres en place.

La nageoire dorsale est représentée par les rayons inter- épineux et les rayons ordinaires qui s'étendent dans toute la longueur du corps jusqu'à la base de la queue. Il y a un espace entre elle et la nageoïre caudale.

Le lophioderme inférieur, ou la nageoire anale, se com- porte de la même manière, c’est-à-dire qu’elle s'étend égale- ment dans toute la longueur de la partie conservée, en laissant le même espace entre elle et la caudale.

La nageoire caudale est complète. Elle est échancrée comme dans les Poissons bons nageurs, avec les deux lobes de lar- geur égale. On compte une vingtaine de rayons dans les deux lobes.

Les vertèbres sont fort intéressantes; elles sont, comme _ nous l'avons déjà dit, dans un état de conservation parfaite, et entièrement libres dans la pierre.

252 P. J. VAN BENEDEN.

Elles ont le corps très-allongé, fortement étranglé au milieu et sont remarquables par leur surface unie sans aucune ap- parence d’entailles spongieuses. Leurs apophyses sont encore en place, les supérieures comme les inférieures.

Si l’on ne tenait compte que du corps des vertèbres, en les comparant à celles des Poissons vivant actuellement, on croi- rait avoir sous les yeux des Poissons complétement différents de ceux d'aujourd'hui. Aussi, si nous n'avions pour guide un Poisson du bassin de Paris, dont les caractères d'ensemble sont connus, nous aurions de la peine à nous faire une idée de la partie du corps qui manque.

Le Poisson du calcaire grossier des environs de Paris, dont nous voulons parler, est celui qui est figuré dans la Paléon- tologre et la Zoologie françaises de Paul Gervais, planche Lxxi, figures 2 et 3.

Cette planche représente deux Poissons mis au jour à Nanterre et qui sont conservés, l’un à l'École des mines de Paris, l’autre au Muséum d'histoire naturelle. Ce dernier est un don de M. Deshayes, et montre toute la partie antérieure du corps, la tête avec ses mandibules et son rostre, les na- geoires pectorale et dorsale, l’opercule et les côtes. L'autre figure représente le Poisson en entier réduit à un üers de la grandeur naturelle. On ne voit pas de nageoire ventrale.

Ces deux Poissons appartiennent évidemment à la même espèce qui a été nommée Hemirhynchus Deshayes, par Agassiz, mais que M. Paul Gervais a cru devoir rapprocher des Paleu- rhynchus de Blainville.

Les affinités qui lient ces Poissons de Nanterre à celui qui nous occupe ne peuvent échapper à personne.

Depuis longtemps l'illustre et infatigable naturaliste de Cambridge a parlé de ce fossile de Nanterre, dans ses Re- cherches sur les Poissons fossiles, mais il n'avait pas apprécié de prime abord ses véritables affinités, puisqu'il en avait fait un Scombéroïde ; trompé par l'état incomplet de la tête, il a

POISSON DU TERRAIN BRUXELLIEN. 253

changer le premier nom qu'il lui avait donné en celui d'Hemirhynchus qui rappelle trop les Hemiramphus des temps actuels.

Blainville s’est également occupé des Poissons fossiles. Pour rédiger son article Poissons dans le Dictionnaire de Déterville, il a coordonné tout ce que l’on savait sur ces animaux à cette époque, et en a fait le sujet d’un cours spécial au Collége de France, en 1817. Sous le nom de Paleorhynchus, il a désigné des Poissons fossiles des ardoises de Glaris, qui ne sont pas sans affinités avec l'Orphie des temps actuels.

C'est à ce genre Paléorhynque que M. Paul Gervais a cru devoir rapporter le Poisson de Nanterre, et c’est à lui aussi que Le Hon, dans ses Préliminaires sur les Poissons tertiaires de Belgique, rapporte le fossile qui fait le sujet de cette No- lice.

Nous ne pouvons partager cet avis : le Poisson que nous décrivons n’est pas, en effet, un Scombéroïde comme on pour-

_ rait le supposer d’abord, mais ce n’est pas non plus un Paléo- rhynque, puisque sa nageoire dorsale est fort peu élevée tout en s'étendant sur la longueur entière du dos.

Ne pouvant conserver le nom d'Hémirhynque, puisque les deux maxillaires sont également développées, tout aussi

…##w#”que dans le Scombresox el l'Orphie, nous ne croyons pouvoir mieux faire que de proposer pour lui le nom géné- rique d'Homorhynchus, qui rappelle la disposition de ses maxillaires, et de lui conserver le nom spécifique de bruxel- hiensis, proposé par Le Hon, jusqu'à ce que nous ayons pu nous assurer, par la comparaison des pièces, de ses vrais caractères spécifiques.

Nous placons ces Homorhynques à côté des Orphies et des Scombrésoces, en nous basant moins sur la conformation de la tête que sur le nombre et certains caractères des vertèbres et la disposition des nageoires.

254 P. J. VAN BENEDEN.

PLANCHE XI.

Dentez laekeniensis (1).

Fig. 1, Otolithe au grossissement de #.

Fig. 2, tête à + de la grandeur naturelle ; dépourvue de la peau, des dents et des écailles.

Fig. 3, le Poisson à + de la grand. nat. Les rayons de la nageoire dorsale ne sont pas restés en place. On voit les prin- cipales dents et les écailles qui recouvrent le corps ainsi que les os operculaires. |

Homorhynchus bruxellhensis.

Fig. 4, la partie postérieure du corps montrant les diffé- rentes vertèbres en place avec leurs apophyses et leurs rayons interépineux. On voit que ces rayons sont courts el se répètent jusqu’à la base de la queue.

Fig. 5, la contre-empreinte, le dos en bas.

Fig. 6 et 7, une vertèbre isolée, vue de profil et d'en haut.

(1) Voir, p. 122 du présent volume, la description du Dentex laekeniensis, Van Beneden.

se D elahaye Lth. Imp.Becquet, Paris.

Pourtalesia miranda.

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SOMMAIRE

DU

TROISIÈME MÉMOIRE

CRITIQUE ET DESCRIPTIF SUR LES ÉTOILES DE MER ();

PAR

M. Chr. LUTHEN.

1. Description d'une nouvelle espèce de Luidia (L. brevi- spina) de la côte ouest de l'Amérique centrale [Mazatlan).

2. Description de deux nouvelles espèces d'Astropeclen, l'A. euryacanthus, des îles Nicobares, et l'A. javanicus de Java.

3. Remarques sur les relations existant entre les genres Astropecten et Archaster.

A mesure qu’on pourra montrer un anus chez telle ou telle espèce d’Astropecten, elle devra conséquemment être classée sous l’Archaster ; et un examen anatomique {si les matériaux dont on dispose le permettent, et qu'on doive le tenir pour.

(1) Fortsatte kritiske og beas beskrivende Bidrag til Kundskab om Süstjerme {Asteridern) av. 2 pl. (Videnshabelige Meddelelser fra naturistorisk Forening i Æjobenhavn, 1872, p. 227, pl. 1v et v.)

Le résumé ci-dessus du travail de M. le D. Lütken a été rédigé par lui- même et inséré dans le même Recueil, p. 19 des Analyses.

#-

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236 C. LUTKEN.

nécessaire, dans des cas douteux), pouvant loujours détermi- ner s'il y a ou non un anus, je ne vois pas de raison pour rejeter ce caractère, parce que l'emploi en est moins com- mode ; car l'anus est rarement visible au premier abord chez l’Archaster intact. L'autre caractère, au contraire, par lequel on a essayé de distinguer ces deux genres l’un de l’autre, sa- voir la forme des pieds, est moins applicable pour une autre raison, c'est qu'il n'est pas tranché, et présente toutes les transitions possibles. Si l’on compare, par exemple, l'Astropecten platyacanthus à l’'Archaster typicus, la différence est, sans con- tredit, assez grande : chez celui-là, un pied complétement co- nique, terminé en pointe; chez celui-ci, un pied cylindrique avec une ventouse ou un disque terminal, grand et aplati. Chez l’Archaster Parelù on peut encore décrire le pied comme cylindrique avec une ventouse plate, quoique celle dernière soit déjà moins développée; mais celle de l’Archaster tenui- spinus est déjà complétement conique, bien qu'avec des traces de ventouse {de même que chez l’Astropecten arcticus) ; et enfin, chez l’Archaster Andromeda, je ne vois pas que la forme

des pieds soit essentiellement différente de celle de l’Astro

pecten Mülléri, par exemple (1). Ce n'est donc qu'avec une cerlaine réserve qu’on peut appliquer ce caractère-là ; quoi qu'il en soit, il sera évident qu'on ne peut ranger les deux genres dans des familles différentes (2).

4. Confirmation de ce que l’Astropecten velitaris, v. Mart.,

(1) Comparez à cela les observations correspondantes de Sars sur l’Archaster Parelü (Norges Echinod., p. 36-37), l'A. tenuispinus (p. 39) et l’4. Andro- meda (p. 31).

(2) Comparez, par exemple, ce que dit M. Perrier sur la subdivision des Asté- ries qui sont munies de deux rangées de pieds ambulacraires : « On la divise en deux groupes fort naturels, caractérisés par la présence ou par l'absence d'un anus » (1, @., p. 4), remarque dont il faut pourtant rapprocher ses re- marques restrictives, qui suivent immédiatement, Si le même auteur {l. €., p. 94) caractérise encore l'Archaster par l’existence de pédicellaires en pince

ÉTOILES DE MER. 257

est réellement une espèce indépendante (différente de l'A. ar- matus) ; description d'un exemplaire plus développé que celui qui a servi de type au naturaliste qui le premier a établi cette espèce.

5. Description d’une nouvelle espèce de Ctenodiscus an- tarctique (Ct. australis, Lov.), très-voisine de la seule espèce arctique jusqu'ici connue de ce genre.

6. Indication de ce que l'espèce d’Archaster que j'ai précé- demment mentionnée, et dont le seul exemplaire a été trouvé dans le ventre d'un Requin au Groënland, est l'A. tenuispinus, connu comme se trouvant dans les eaux profondes des côles de la Norvége ; puis, des données pouvant servir à la descrip- tion de l'espèce dans sa forme plus développée.

7. Description d’une nouvelle espèce d’Asterina (A. cabba- listica) de la mer du Sud.

8. Description d’une espèce et d’un genre nouveaux d’As- téries (Choriaster granulatus, Lik.) des îles Pelew et Viti de la mer Pacifique. Ce nouveau genre d’Astéries appartient à ceux qui ont un anus évident et les pieds ambulacraires disposés en deux rangées et munis d'un disque terminal distinct. Son haut corps et ses cinq bras courts et épais, presque cylin- driques, arrondis vers l'extrémité, et qui ne sont pas même aussi longs que le diamètre du disque, le rapprochent du genre Oreaster. De celui-ci et des genres voisins (tels que le Goniaster, elc.), il se distingue en ce que le corps et les bras des deux côtés, tant au dos qu'au ventre, sont complétement lisses, sans épines d'aucune espèce et sans plaques dermiques visibles, seulement recouverts d'une peau tendre et coriacée,

bien développés, en opposition avec l’Astropecten, ils font absolument dé- faut, il faut remarquer que des pédicellaires n’ont été observés chez aucune des espèces du Nord du genre Archaster (comp. Sars, L. c., p. 42) ; ce n’est que chez l'A. tenuispinus qu’il se trouve quelque chose qui se rapproche de ces organes d’une manière assez sensible.

JOURNAL DE ZOOLOGIE. T, II, 1873. 17

258 . €, LUTKEN.

quoique bien garnie de grains fins. L'anus, relativement grand, : 10

se trouve au milieu du dos. Les aires porifères sont distincte-

ment séparées les unes des autres, irrégulièrement arrondies, |

et contiennent, chacune, un assez grand nombre de pores; elles constituent huit rangées longitudinales sur chaque bras;

en somme, elles se trouvent sur le côté dorsal du corps pro =

prement dit (du disque), ainsi que sur les côtés et le dos des

bras, excepté le tiers extrême des bras, ils manquenten-

lièrement ; ils manquent aussi tout à fait sur le côté ventral.

Les papilles ambulacraires sont disposées en groupes man

formes ; le long de chaque côté de chaque ambulacre, sont deux rangées de tels groupes ; une rangée intérieure de pa- pilles plus petites, chaque groupe en contenant six ou sept; et une extérieure de papilles plus grandes, chaque groupe en contenant ordinairement quatre. Des pédicellaires n'ont pas été observés. Le grand rayon est d'environ 105"; le peut, d'environ 50°",

9. Révision des espèces de Gomaster, qui ont été ne demment classées sous les genres Stellaster et Dorigona, Gray, et qui ont été en partie méconnues et confondues par les na-

turalistes.

4. Goniaster equestris (Retz.) (= Stellaster Childreni, Gray).

Du Japon, du détroit de Formose, de la mer de la Chine méridionale.

2. G. Incei, Gr. (— Stellaster gracilis, Môb.).

Apparlient à une zone marine plus au sud, par RE à Sumatra et aux côtes de la partie septentrionale de l’Aus- tralie.

3. ? G. tuberculosus, v. Mart. 4. G. Belcheri, Gr. Environ la même étendue gtographique que le G. Encei. 5. G. Mülleri, v. Mart. (= Dorigona Reevesii, Gr.). Liendue géographique comme le G. equestris.

*

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ÉTOILES DE MER. 259

Une sixième espèce de celte division du genre Goniaster est peut-être le G. Souleyetr, Duj. et Hupé (longimanus, Môb.), du détroit de Malacca.

10. Nouvelle description du Goniaster Dübenu, Gr., de la Nouvelle-Hollande, qui n'avait pas été jusqu'ici décrit assez amplement.

11. Description de quatre nouvelles espèces d’Oreaster : deux de la Nouvelle-Hollande, O. australis et O. gracilis ; deux des Indes orientales, O. Hedemanni (de l'ile de Billiton) et ©. Westermanni (du Bengale). L'espèce que nous avons nommée la première est voisine de l'O. valvulatus, et est aussi com- parée à l'O. affinis, qui, à celte occasion, devient l’objet d’une description comparée. + |

12. La différence générique entre les genres Ophidiaster

(par exemple, O. ophidianus), Linckia (par exemple, L. lœvi-

gata) et Scytaster (par exemple, S. variclatus ou S. tubercu- latus), différence que j'ai précédemment relevée, je la soutiens de nouveau, en ayant spécialement égard à la proposition de M. von Martens de réunir toutes ces formes sous le nom com- muñ de Linchia. Un quatrième type au dedans du même

groupe est le Leiaster de Peters (peut-être identique au Lepi-

daster, Verr.); comme un cinquième on pourrait nommer les Mithrodia (les Heresaster de Michelin), en tant que le M. echi- nulata (M. Tr.) (H. papillosus, Mich.) figure dans le Système des Astéroïdes comme un Ophidiaster.

13. Comme une nouvelle espèce du genre Linckia [L. nico- barica) je décris une forme dont je trouvai {rois exemplaires dans une assez grande suile du L. lævigata (recueillie aux îles Nicobares par M. le professeur Reinhardt, pendani la visite de la Galatée), laquelle forme, comparée à une grande suite d'exemplaires du L. lœvigata, de beaucoup de lieux très-dif-

férents, de Mozambique jusqu'à Taiti, se montre différant de

celle-là par deux caraclères constants {comp. la diagnose),

Le “%

260 CG. LUTKEN.

dont l’un, emprunté aux papilles ambulacraires, offre

aussi un excellent trait distinctif d’autres espèces, qu'il est

d’ailleurs difficile de distinguer, comme cet aperçu le mon-

trera :

ou zones, plus ou moins régulières, le long des bras; les pa- pilles ambulacraires de la seconde rangée sont séparées entre elles par des grains, et ne se touchent pas immédia- tement. #4

«) Les papilles ambula- B) Les papilles ambula-

A. Les aires porifères constituent de nombreuses rangées

craires de la seconde rangée sont séparées de celles de la

première par des grains qui.

s’enfoncent, eux aussi, entre les papilles de la rangée in- térieure.

craires de la seconde rangée

ne sont pas séparées de celles

de la première par des grains; aussi, Ces derniers ne s’en- foncent-ils pas entre les pa- pilles de la première rangée.

*) Les espèces n'ont, dans la règle, qu'un seul corps ma-

dréporique et cinq rayons. L. lœvigata.

L. nicobarica.

**) Les espèces ont, dans la règle, deux corps madrépori- ques; le nombre des rayons est assez indéterminé, souvent

quatre ou sept. L. multifora.

L. ornithopus. L. Ehrenbergii.

B. Les aires porifères ne constituent qu'une seule rangée (qui est quelquefois double à la base), le long de chaque côté des bras. Les papilles ambulacraires de la seconde rangée se touchent immédiatement; aussi ne sont-elles pas séparées par des grains de celles de la première rangée (Phataria, Gr.). | L. unifascialis.

14. À propos de cette augmentation de la faune des îles Nicobares, j'ai donné une liste provisoire des Échinodermes à

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ÉTOILES DE MER. 261

. moi connus de cet archipel, et qui ont été pour la plupart ap-

portés par l’expédition ci-dessus nommée.

15. Description de trois espèces supposées nouvelles du genre Ophidiaster (dans le sens restreint du mot) de la mer Pacifique, à savoir : l’Ophidiaster asperulus, de Viti;, l'O. gra- nifer et l'O. cribrarius, de Tonga. (Voyez les diagnoses.)

L'O. granifer se rapproche assez des Lanckia, à l'égard des papilles ambulacraires, et l'O. cribrarius, qui a ordi- nairement deux corps madréporiques et souvent six rayons, s’en rapproche par sa facullé de reproduction, qui n'a son pendant que chez les Linckia, par exemple chez l'O. or- nithopus ; ainsi, la forme dite de comète, qui provient de ce que quatre ou cinq bras croissent d'un bras détaché, est, à ce qu’il paraît, relativement bien fréquente chez l'O. cribra- raus.

16. Description d'un exemplaire, peut-être jeune, d'une nou-

* yelle espèce d’Astérie, pêchée dans la mer de Chine (Scytaster

subtilis; comparez la diagnose, et les figures du Mémoire, pl. v, fig. 5). Ici se rattache l'observation que le S. cancellatus de Grube, dont on ignorait jusqu'ici le lieu de demeure, se trouve aux îles Fidji, ainsi qu'une invitation à examiner si le Scytaster Desjardinsu (Mich.) n'est peut-être que la forme plus jeune du S. tuberculatus, ce qui pourtant est peu vraisem- blable, puisque ces formes paraissent présenter de bons traits distinclüifs qu’on ne peut, je crois, considérer comme de pures différences d'âge.

17. Description d'une espèce d'Echinaster, de la Nouvelle- Zélande, dans laquelle j'ai cru reconnaître, bien qu'avec quelque doute, l'E. gracilis, M. Tr. |

18. Révision de la synonymie des espèces d'Echinaster de l'Amérique septentrionale. J'ai montré qu’il y en a quatre :

VE. brasiliensis, M. Tr. (multispina, Gr.), l'E. sentus, Say (sm-

nosa, Gr., M. Tr.), l'E. spinulosus, Verr., et l’E. crassispinus,

LS

4

262

Verr. (précédemment décrit par moi sous le nom d'E. spino- sus), auxquels se rattacherait encore l'E. serpentarius, Val., qui en est cependant plus éloigné, ainsi que l'E. ESS Verr. (de la côte occidentale de l’Amérique).

19. Description d'une espèce d'Echnaster [E. cribella ; comp. la diagnose), qui est très-voisine de l'E. serpentarius, et doit cependant être considérée comme différente de cette dernière, qui est de Vera-Cruz, tandis que l'E. cribella passe pour avoir été pris à Valparaïso par feu M. Krüyer.

20. À propos d'un nouveau genre d’Astéries à bras nom- breux, l'occasion se présente à moi de mettre en avant l’opi-

C. LUTKEN.

nion qu'il y a dans la littérature du sujet des indications de

trois espèces, au moins, du genre Acanthaster, Gerv. (Echinites M. Tr., Echunaster, Gr., non M. Tr.) savoir : l'A. echinites, Ell., des Indes orientales (Batavia, Ternate, Sumatra, Amboine, les Philippines), l'A. Ellis, Gr., de l'Amérique occidentale (l'Amérique méridionale, la Basse-Californie) et l'A. solaris, Gr.., du détroit de Magellan, qui n'est connu que par une descrip- tion et un dessin assez anciens. La comparaison plus exacte de ces espèces reste cependant encore à faire.

91. Le Labidiaster radiosus, espèce et genre nouveaux d’Astéries de la Patagonie, se rapproche le plus de l’Acanthaster, du Pycnopodia et du Pedicellaster . Il n'y a que deux rangées de pieds aux ambulacres, de même que l'Acanthaster et le Pedicellaster, des bras nombreux, comme l’A. et le P., maïs un seul corps madréporique, et des pédicellaires croisés à côté de pédicellaires droits, comme le Pycnopodia. Il s'oppose ainsi à la thèse de M. Perrier affirmant que l'existence de pédicel- laires croisés, seuls ou accompagnés de pédicellaires droits, devrait être accompagnée de celle de quatre rangées de pieds aux ambulacres ; tandis que les pédicellaires en pince et les pédicellaires valvulaires devraient caractériser la seconde grande division principale des Astéries (celle à deux rangées

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Mlaioltus.

ÉTOILES DE MER. 263

de pieds), —si toutefois, cela s'entend desoi-même, celles-ci sont -

3 munies de pédicellaires. Déjà, lorsqu'elle fut établie, cette règle

était fort infirmée par la découverte de feu M. Sars, d’un Pteraster à plus de deux rangées de pieds (P£. multipes) et du Pedicellaster avec pédicellaires croisés, seuls, et deux rangées de pieds ; et elle est encore plus infirmée par la découverte du Labidiaster qui, par son double appareil de pédicellaires croi- sés et de pédicellaires droits, se range à côté des Asteracan- thium, mais qui se rapproche, par ses deux rangées de pieds, du Pedicellaster, de l'Echinaster, etc.

22. Je donne enfin la description d’une nouvelle espèce d'Asterias, l'A. amurensis de la côte de la terre d’Amur (comp. la diagnose), en y ajoutant quelques mots sur une nou- velle Asterias du groupe des Leptasterias, du même lieu, à laquelle cependant je n'ai pas voulu attribuer de nom spéci- fique, parce que les espèces de ce groupe présentent des diffi- cultés particulières à l'égard du diagnostic, et que je n'ai pu disposer que d’un petit nombre d’exemplaires. Je profite de celte occasion pour constater mon peu de sympathie pour les nombreux genres qu'on a voulu récemment établir en décom- posant le genre Aserwas, et dont je regarde le Pycnopodia comme le mieux autorisé; les autres ne pourront guère être considérés que comme expressions de types ou de sous-genres au dedans du genre. Quant à VA. stellionura, Val., qu'on dit avoir été apporté de l'Islande par Gaimard, je dois exprimer un doute très-sérieux sur l'exactitude de cette indication ; il a été sans doute apporté du Spitzberg au musée de Paris; j'en ai récemment examiné un exemplaire qui a été apporté de cette île par l'expédition des MM. Heuglin et Waldburg.

23. Finalement, je donne une énumération de toutes les espèces d’Astéries, pour la connaissance desquelles j'ai fourni des matériaux dans cet article ou dans des articles antérieurs faisant partie des Mémoires de la Société d'Histoire natu-

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264 relle, en renvoyant a aux FR l'on devra che: articles.

MÉMOIRE

SUR UN OSSELET JUSQU'ICI INCONNU

DU CRANE DES TOURACOS OU MUSOPHAGIDÉS

ju DE QUELQUES REMARQUES SUR DES 0$S SEMBLABLES CHEZ D'AUTRES FAMILLES D'OISEAUX;

PAR

M. 3. REINHARDIT (1).

Les principaux faits consignés dans ce Mémoire sont les suivants : | xt

1. Le petit os crochu (os uncinatum) observé par M. le D. mn Ÿ gnus chez le Phœnicophœus viridis, os qui chez cet Oiseau-là n’est que faiblement fixé au bord inférieur de la lame papy- racée de l’ethmoïde, et s'étend de jusqu'à la surface supé- rieure du palatin, cet osselet est identique avec l'ossiculum lacrymo-palatinum observé par M. J. F. Brandt chez les Fré- gates et des Pétrels. LPS

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(4) Analysé par l'auteur (7idenskabelige Meddelelser fra natrisorih times Le Æjobenhaven, 1871-72, part. 2, p. 27).

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CRANE DES TOURACOS. _. 265

2. L'auteur a fait connaître des os identiques chez les Tou- racos. Il en a constaté la présence chez tous les genres et chez la moitié à peu près des espèces connues, de sorte qu’on doit croire que cet osselet se rencontre généralement dans cette famille, et qu'il en est un trait caractéristique. De l’autre côté, de tels osselets manquent chez le Colius et chez l'Opistho- comus, qu'on rapproche souvent des Touracos, mais dont le premier, selon l’auteur, doit constituer une famille à part, voisine des Touracos, tandis que l’autre, malgré certaines dif-

. férences splanchnologiques et son œuf tout particulier, se rap-

proche le plus des Pénélopides. La connexion dudit osselet avec les autres os du crâne est telle que, par son bord supé- rieur tronqué, il s'articule à la partie extérieure du bord infé- rieur de la lame papyracée, tandis qu'en même temps il s'ap- puie au dehors à la partie inférieure du lacrymal. Un peu plus en bas, il est très-étroitement attaché par du tissu connectif au bord intérieur de l'arc zygomatique ; et il se termine à la hauteur du palatin, au bord extérieur duquel il est mis en communication par un court ligament. Sa position est un peu oblique, de sorte que son extrémité inférieure pointue est vi- siblement placée plus en avant que sa large extrémité supé- rieure. Sa forme diffère un peu selon les différents genres : chez les Corythaixz (musophaga, Meriaui, persa, porphyrolo- phus), cet osselet est une petite esquille comprimée de de- vaut en arrière et crochue, qui est plus large en haut, devient de plus en plus pointue vers le bas, est convexe en dehors et par derrière, et concave en dedans et par devant. L’os cro- chu du Musophaga ne diffère de celui du Corythaix qu'en ce qu'il est presque droit, ce n’est proprement que le bord intérieur de son extrémité élargie supérieure, qui est un

peu concave, et qu’en ce que la tige effilée par laquelle se

termine sa partie inférieure grossit sensiblement de nouveau tout près de son extrémité. Chez les Schizorhis (africana et

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266 J. REINHARDT.

concolor) et Corythæola (cristata), l'os crochu est, au con-

traire, plus grand, plus gros et d'une autre forme que

chez les deux premiers genres nommés. La partie de l'osselet

qui s'étend jusqu'en dessous de l'arc zygomatique s’élargit en dehors en une surface rhomboïdale qui n’est guère moins large que le bout supérieur de l’osselet, et qui est séparée, par des bords tranchants, soit de la surface antérieure, soit de celle qui tourne vers l'orbite. Un trou pneumatique orbiculaire et un second oblong, placés tous deux à la surface antérieure de l’osselet, laquelle tourne vers l’espace entre l'os lacrymal et le bec, vont aboutir, environ à la hauteur de l'arc zygoma- tique, dans sa cavité cellulaire. Quant à l'osselet crochu, la seule différence entre le Schzorhis et le Corythæola consiste en ce que, chez le C., il n'est pas tout à fait aussi large en haut, il est attaché à la lame papyracée, et que la partie de l'osselet qui s'étend au-dessous de l'arc zygomatique est un peu plus longue. En somme, le genre Coryihæola doit, selon l’auteur, être rangé sous le Schizorhis avec lequel, outre la forme de l'os crochu, il a en commun cette particularité que la faculté de tourner l’orteil extérieur est faible ou presque nulle. Quoi qu’il en soit, il se rapproche plus du Schizorhis que du Corythaix; et, si l’on veut le maintenir comme un genre particulier, il doit prendre place entre le Musophaga et le Schizorhis.

3. Dans la famille des Coucous, l'os crochu se rencontre, outre chez le Phœnicophœus, chez les Zanclostomus, Rhinortha et Eudynamys (orientalis), tandis qu’il fait défaut chez les Cro- tophaga, Guira, Dromococcyx, Piaya et Centropus. Chez le Rhinortha il est très-petit, faiblement courbé et placé devant la lame papyracée ; du côté intérieur, il est légèrement fixé à la surface verticale de l’ethmoïde; au milieu de son bord convexe, il est faiblement uni par du tissu connectif à la pointe de la lame papyracée ; de la même manière, son extrémité

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_ CRANE DES TOURACOS. 267

inférieure et extérieure est fixée à la branche descendante du lacrymal et au palatin; enfin, il n'est pas vertical, mais oblique, et même presque horizontal. Il à une position sem- blable, mais la forme un peu différente, chez l'Eudynamys (1).

4. Dans la famille des Stéganopodes, la Frégate est le seul genre l'os crochu se rencontre. De même que chez les Pé- trels, sa communication avec l’are zygomalique est interrom- pue, en ce que la partie descendante du lacrymal s’étend jusqu'à cet arc et s'y appuie ; et ainsi l'os crochu est poussé plus en dedans. Son bord supérieur, obliquement coupé, est, dans loute sa largeur, fixé au bord de la partie cartilagineuse de la lame papyracée ; à une petite distance de ce point d’ap- pui, il est ensuite, pour une assez grande étendue, étroitement attaché au bord intérieur de la branche descendante du lacry- mal; et de là, enfin, il s’étend vers le palatin. L’os crochu paraît presque aussi caractéristique de la grande famille des Pétrels que de celle des Touracos. Là, l’auteur l’a observé chez les Albatros (Diomedea brachyura, exulans, melanophrys, chloro- rhyncha, fuliginosa), où, relativement, il n’est pas plus petit que chez la Frégate, mais a abandonné sa communication avec la lame papyracée, et, en haut, n’est fixé qu'au lacrymal ; chez les Puffins (Puffinus major, anglorum, carneipes, Maja- queus æquinoctals, et conspicillatus), il est plus petit et d'une forme un peu différente, mais avec les mêmes connexions: chez le Pelecanoides urinatrix, il est considérablement

plus court et plus grêle ; chez les Daption capensis, Fulma-

rus glaciahs et Ossifraga gigantea, il s’est réduit à un tout petit rudiment qui n'est gardé en sa position entre le lacrymal et le palatin que par des ligaments tendineux. Enfin, chez le

(1) Chez le Trogon (aurantius, Sp.?), l'os crochu est représenté par une très-grêle et fine apophyse courbée en forme de faux, qui part du bord inté- rieur de la branche descendante du lacrymal, et qui se courbe en bas vers le palatin. ù

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268 J. REINHARDT.

Procellaria oceanica, selon M. Brandt, un ligament sans au- cune ossificalion doit être la seule trace qui reste de cet osse-

let. Dans la plupart des cas, une connexion de plus en plus intime entre la lame papyracée et le lacrymal a lieu en même

temps que la réduction croissante de l'os crochu {1). 9. Quant au rôle physiologique de cet osselet, l’auteur nous

informe qu'il ne peut sans doute avoir une grande importance

comme protecteur de l'œil, tandis que, au contraire, il aide évidemment à entourer plus complétement cet espace, qui,

d'ailleurs, est limité par le bec en devant, par le lacrymal et la lame papyracée en arrière, par l’arc zygomatique et le palatin en dehors et en bas. Ainsi, il est vraisemblable que

l'importance de cet osselet se trouve plutôt, comme l’a déjà dit M. Brandt, dans l'utilité qu'il peut apporter à l'appareil de l'odorat et aux cavités y attenantes.

(1) L'auteur a enfin profité de cette occasion pour faire remarquer que les excroissances basiptérygoïdiques manquent chez quelques groupes de la fa- mille des Pétrels savoir, chez les Procellariæ et les Diomedeæ), mais se rencontrent chez tous les autres groupes examinés, surtout chez les Puffineæ, les Fulmareæ, les Æstrelateæ et les Halodromine.

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BIOGRAPHIE.

DE VERNEUIL (Philippe-Édouard Poulletier), à Paris le 13 février 1805 (1), se destinait à la magistrature et venait d'atteindre vingt-cinq ans, quand les événements de 1830 l’arrêtèrent dans la poursuite de ses projets.

Au moment il cherchait quel emploi il donnerait à son activité, la géologie prenait un essor considérable. Non-seule- ment on avait reconnu que l'écorce terrestre, loin d'être tou- jours restée dans l’immutabilité, comme l'avait admis l’école de Werner, avait subi des ploiements et des fractures que révélaient des transformations de structure et de relief, mais on en était même venu à déterminer l'âge relatif de ces phé- nomènes. C’est dans de telles circonstances que M. de Verneuil se sentit entraîné vers la géologie, et qu'il suivit avec une ardeur assidue les leçons élevées M. Élie de Beaumont développait les idées nouvelles.

Bientôt l'attrait des grandes questions qui se rattachent à l'histoire du globe passionna l'intelligence distinguée de M. de Verneuil, qui résolut de ne pas rester simple spectateur des découvertes d'autrui.

Reconnaissant qu’en géologie, comme en toute autre science d'observation, la vue de la nature peut seule donner une compréhension nette des phénomènes, il voulut voyager. Il choisit d’abord le pays de Galles, qu'à ce moment même les

(1) Décédé dans la même ville le 29 mai 1873. Les pages qu’on va lire sont extraites du Discours que M. Daubrée devait prononcer aux funérailles de M. de Verneuil.

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270 BIOGRAPHIE.

recherches de deux géologues célèbres de l'Angleterre , Sedgwick et Murchison, rendaient classique; car ils parve- naient à élablir des divisions ingénieusement motivées et un ordre certain de superposition, dans le groupe très-épais des couches les plus anciennes, que jusqu’alors on avait confon-

dues sous le nom général de terrains de transition. Comme il est arrivé plus d’une fois, ce premier voyage eut une in-

fluence décisive sur la direction ultérieure des recherches de

M. de Verneuil et sur la nature des services par lesquels il

devait marquer. | Son besoin de voir et de comparer l’entraîna, bientôt après, en Orient. Il se dirigeait vers la Turquie, en suivant le Danube sur lequel on inaugurait la navigation à vapeur, quand la rencontre de compagnons de voyage sympathiques le con- duisit par la Moldavie et la Bessarabie à Odessa, en Crimée et jusqu'aux frontières de la Circassie ; el plus {ard vers le Bos- phore. Le Mémoire sur la Crimée, qu’il publia alors, était complété par une collection de fossiles appartenant à des es- pèces nouvelles et intéressantes que décrivit M. Deshayes. Après avoir fait, en 1838, une étude spéciale des couches inférieures du Bas-Boulonnais, M. de Verneuil avait déjà acquis quelque autorilé dans la détermination des fossiles des terrains anciens. Aussi, en 1839, lorsque Sedgwick et Mur- chison voulurent comparer les formations les plus anciennes des contrées du Rhin et de la Belgique avec celles de l’Angle- terre, désirèrent-ils que M. de Verneuil les accompagnât dans leurs explorations. Absorbés comme ils l’élaient par leurs combinaisons stratigraphiques, ils avaient besoin de cette

coopération, qui devait leur être d'autant plus utile que, de

son côlé, M. de Verneuil avait déjà parcouru et étudié les mêmes pays. Dans le Mémoire qu'ils ont publié, les deux sa- vants anglais rendent hommage à l'appui que leur compagnon leur a fourni, en mellant généreusement à leur disposition les

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DE VERNEUIL. D,

riches collections qu'il avait personnellement recueillies. En

| collaboration avec M. d’Archiac, dont nous ne pouvons pro-

noncer le nom sans rappeler les douloureux regrets que nous inspire la perte de ce savant éminent et de ce confrère affec- tueux, M. de Verneuil publia, en 1841, la description des fossiles des plus anciens dépôts des provinces rhénanes. Le travail est précédé d’un aperçu général sur la faune des (er- rains dits paléozoïques, et suivi d'un tableau des restes orga- niques jusqu'alors rencontrés dans le système dévonien de l'Europe.

A cette époque, il était à peu près le seul, en Europe, qui fût initié aux faunes paléozoïques. Aussi, lorsque Murchison, désirant poursuivre au loin le domaine géologique qu'il avait ; si bien défini dans le nord-ouest de l'Europe, conçut le projet d'explorer la Russie, il pria de nouveau M. de Verneuil de s'adjoindre à lui. Le coup d'œil de Murchison, pour apprécier à rapidement la disposition et les caractères des strates, quelque puissant qu'il fût, n'aurait pu arriver seul à des distinctions certaines dans une si vasle région où, d'ailleurs, le sous-sol est en général peu visible. Les lumières des deux savants se complétaient de la manière la plus heureuse.

1! suffit à MM. Murchison, de Verneuil et de Keyserling de trois étés (1840 à 1842), pour explorer une superficie comprenant plus de la moitié de l'Europe. Il est juste de dire que l’empereur Nicolas favorisa de tout son pouvoir celte entreprise, dont 1l appréciait la grandeur et l'utilité ; plusieurs 4 savants russes ou étrangers avaient, d’ailleurs, publié des do- cuments sur diverses parties isolées. Voyageant par des roules différentes et se réunissant de temps à autre pour comparer leurs observations, les trois savants purent ainsi agrandir le champ de leur action. La disposition à peu près horizontale des formations de (ous les âges, en dehors de la chaine de

__ l'Oural, contraste avec la manière dont les mêmes groupes

272 BIOGRAPHIE.

sont redressés et brisés dans l'ouest de l’Europe; de là, des affleurements dont la grande dimension favorisait une rapide reconnaissance. L'ouvrage consacré à la Russie d'Europe et aux montagnes de l’Oural, et accompagné, comme on sait, de cartes géologiques, représentant chacune de ces deux con- trées, a paru en 1845. C’est un véritable monument élevé à la connaissance de l'immense région qu'il concerne, en même temps qu'aux faits fondamentaux de la géologie. L’introduc- tion du terrain permien dans la science fut un des grands résultats de cette exploration. |

Comme les conclusions reposent entièrement sur la déter- mination exacte des espèces fossiles, il était essentiel de donner à cette étude toute l'extension et tout le soin qu’elle mérite : aussi la description en a-t-elle pris un grand développement. Tout le second volume de l'ouvrage, qui contient, pour ainsi dire, les pièces justificatives, est l’œuvre personnelle de M. de Verneuil, assisté de M. le comte de Keyserling, pour tout ce qui concerne les faunes paléozoïques. Le travail relatif aux faunes des terrains secondaires fut confié à M. Alcide d’Orbi- gny, le premier à celte époque pour celte partie de la science. Jetant un coup d'œil général sur la faune des quatre systèmes paléozoïques, les auteurs montrent que les êtres organisés s’y succèdent à peu près dans le même ordre que dans les autres contrées de l’Europe.

De nombreux travaux qui se poursuivaient avec activité dans l'Amérique du Nord avaient fait connaître le dévelop- pement incomparable que présentaient les terrains stratifiés anciens dans celte partie du monde, tant par leur grande épaisseur que par les superficies considérables sur lesquelles on les avait rencontrés, superficies qui ne comprenaient pas moins de 35 degrés de longitude sur 15 degrés de latitude. Mais, dans une sage indépendance, les géologues américains ne s’élaient nullement préoccupés, pour les divisions qu'ils

DE VERNEUIL. 973

établissaient, de celles des groupes de l’Europe qui paraissaient

analogues ; ils manquaient, d’ailleurs, tout à fait de données pour des rapprochements exacts. Quand on peut suivre les couches sans interruption d'une contrée à l’autre, on parvient facilement à voir quelles correspondances elles ont entre elles ; maïs il peut en être ainsi pour deux continents séparés par plus de 4,000 kilomètres.

Dès le printemps de 1846, la publication relative à la Russie à peine terminée, M. de Verneuil entreprend de combler celte lacune énorme dont il vient d’être frappé. Il s'agissait de suivre comparativement, sur les deux continents, les dépôts sédimentaires compris depuis les plus anciennes couches fos- silifères jusqu'à celles qui renferment la houille. C'est la tâche à laquelle se voua l'intrépide et savant pionnier. Son travail eut exclusivement pour bases les espèces qu’il avait

directement étudiées dans les collections locales, ou qu'il

recueilhit lui-même sur le terrain. Il constata que, dans des contrées aussi distantes, les premières traces de la vie se ma- nifestent par des formes à peu près semblables, et que les mêmes types se développent successivement et parallèlement à travers toute la succession des couches paléozoïques : il y a, de part et d'autre, accord frappant dans leur succession.

M. de Verneuil a donc eu le double mérite, d'une part, pour les États-Unis, d'y porter la connaissance intime des divisions élablies en Europe dans les terrains paléozoïques ; d'autre part, pour l’Europe, de lui rapporter la connaissance des travaux américains et la possibilité d'en tirer parti: par ses propres lumières, M. de Verneuil a résolu celte question complexe. Sous une forme très-modeste, la notice sur le pa- rallélisme des roches paléozoïques des deux continents, qui n’a rien perdu de son mérite malgré les progrès incessants de la science, est un travail fondamental ; ce Mémoire fait ressor- tir la place qui appartient à la paléontologie dans les investi-

JourNAL DE ZOOLOGIE, —— T. II. 1873, 18

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27% BIOGRAPHIE.

gations relatives à l’histoire du globe. C’est peut-être le plus beau titre de M. de Verneuil.

Cependant, il est une autre entreprise qui témoigne plus hautement encore de son dévouement sans limite à la science et de son infatigable persévérance. L'Espagne avait été beau- coup moins étudiée que la plupart des autres parties de l’Eu- rope, lorsque M. de Verneuil songea à tourner ses pas de ce côté. Il y fut, d’ailleurs, engagé par Blainville, qui ne croyait pas à l’universalité des lois de la paléontologie. Si la succes- sion des terrains et des faunes qui les caractérisent lui sem- blait bien établie pour le nord des deux continents d'Europe et d'Amérique, ce grand naturaliste supposait qu'en Espagne, dans le sud principalement, l'ordre de succession des espèces fossiles devait être renversé ou au moins modifié : PS qui fut loin de se réaliser.

De 1849 à 1862, M. de Verneuil n’a pas exécuté moins de douze voyages dans la Péninsule, tantôt seul, tantôt avec M. Édouard Collomb, qui s'était fait connaître par ses travaux sur les anciens glaciers ; quelquefois aussi avec de jeunes na- turalistes qui l’ont accompagné dans le but de s'instruire. De très-nombreux fossiles ont été recueillis par lui, et les lois de la paléontologie ont naturellement reçu une éclatante confir- mation, comme partout s'étendent les observations des géologues. La carte géologique de l'Espagne et les Mémoires publiés à la suite de ces laborieuses excursions, entre autres celui qui signale la découverte de la faune primordiale, n'in- téressent pas seulement l'Espagne, elles ont provoqué d’autres travaux, mais tout le monde savant en général.

On doit, toutefois, regretter que l’auteur de tant d’observa- tions précieuses n'ait pas trouvé le temps de les mettre en ordre, et d'en constituer un ensemble comparable à celui dont la Russie avait été l'objet.

Ce n’est pas seulement par ses publications que M. de Ver-

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SYSTÈME DDNTAIRE DU HÉRISTON. 975

neuil a servi la science. Il lui a élevé aussi un monument par les collections qui réunissent les types de fossiles les mieux choisis dans les contrées qu'il a parcourues. Les étrangers de tout pays, non moins que les savants français,-ont puisé dans ces ressources précieuses qu'il mettait constamment à la dis- position de tous, avec la libéralité la plus large, en y joignant le secours désintéressé de ses lumières. C'est ainsi que M. de Verneuil élait un centre d'où les connaissances en paléonto- logie ont, pendant de longues années, rayonné de toutes parts. . Pour continuer, même après lui, l’exercice de sa générosité envers tous ceux qui étudient, il a voulu que cette collection, certainement unique, reslât toujours à leur disposition, et c'est dans ce but qu’il l’a léguée à la galerie de l’École des Mines (1). (DAUBRÉE.)

DU INÈNE DENTARE ET DU REMPLACEMENT DES DENT

CHEZ LE HÉRISSON; PAR

M. J, SAHEERTZ (2).

Les principaux résultats de mes recherches sur la dentition du Hérisson (Erinaceus europæus) sont les suivants :

(1) M. de Verneuil a offert les fossiles du terrain silurien de la Bohême à la Faculté des sciences de Paris, et les ossements de Mammifères provenant

d'Ttalie ainsi que de Crimée, qu’il avait également recueillis, au Muséum d’his-

toire naturelle. (P. Gerv.)

(2) Fidenskabelige Meddelelser fra nine Forening à Kjvbenhavn, 1871-72, partie 2, p. 36,

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276 J. SAHLERTZ.

Tandis que bien des naturalistes ont hésité à reconnaître une dent canine chez le Hérisson, j'ai me ranger à l'opinion de ceux qui regardent la quatrième dent de la mâchoire supé- rieure et la troisième de la mâchoire inférieure comme une vraie dent canine.-En effet, je vois qu'on a de plus en plus renoncé à tenir compte de la forme, de la grandeur, de la fonction, etc., et qu’on est porté à regarder la place de la dent comme la seule chose décisive dès qu’il s’agit d'employer la dénomination de dent canine. Quoi qu’il en soit, déjà précé- demment on a signalé, et surtout M. Owen, que la canine de la mâchoire supérieure est celle qui est située dans la suture de l'os intermaxillaire, ou immédiatement derrière celle-ci. Or, chez le jeune Hérisson, c’est précisément la quatrième dent de la mâchoire supérieure qui naît immédiatement derrière ou même dans cette suture; et quand, chez l’animal adulte, il semble parfois que cette dent soit éloignée jusqu'à 3*° de la suture, au côté extérieur du crâne, cette circonstance tient, soit à ce que la dent change un peu de position pendant la croissance des mâchoires, soit à ce que celte suture est squam- meuse, de sorte que l'os maxillaire couvre de plus en plus une partie de l’intermaxillaire ; la dislocation artificielle de ce dernier fera voir la dent implantée immédiatement derrière la suture. Mais si l’on est autorisé, pour ce qui concerne la mâ- choire supérieure, à s’en rapporter à un seul caractère, la po- sition, je crois aussi correct d'appeler canine une dent de la mâchoire inférieure située, ou bien précisément à l'endroit la prolongation de la suture de l'os intermaxillaire rencon- trerait la mâchoire inférieure, ou bien immédiatement devant cet endroit, de manière à pouvoir s’emboîter devant la canine de la mâchoire supérieure. La troisième dent de la mâchoire inférieure peut, il est vrai, chez des individus assez âgés, se porter en avant au point que, par son extrémité, elle touche aux incisives de la mâchoire supérieure; mais sa place par

SYSTÈME DENTAIRE DU HÉRISSON. | 277

rapport à la suture de l’os intermaxillaire, et la manière dont la dent, chez de jeunes individus, s’emboîte réellement devant la canine de la mâchoire supérieure, autorisent complétement la dénomination de dent canine. La position qu’a souvent cette dent chez des individus adultes provient d'un déplace- ment semblable à celui qui fait que la canine supérieure a, parfois, l’air d’être située un peu derrière la suture ; seulement

ce déplacement s'opère ici dans une direction contraire.

À aucun temps de sa vie hors de l’utérus, le Hérisson n'a de première dentition pure, c’est-à-dire, de dentition se com- posant exclusivemeut de dents de lait; car, dans sa première dentition fonctionnante, des dents de lait et des dents perma- nentes se rencontrent ensemble. J'ai poursuivi le développe- ment des dents jusque chez le nouveau-né, dont le crâne en- core mou est long d'environ 16**; mais ce n’est que quand l'animal a grandi au point que le crâne a une longueur d’'en- viron 33"*, que les dents commencent à percer la gencive; et dans les crânes de 44 à 54°" de longueur on trouve la pre- mière dentition fonctionnante pleinement développée. Or, quant aux incisives supérieures, celte dentition se compose de deux incisives de lait et d'une permanente ; et, quant aux motaires supérieures, d’une dent permanente suivie de deux dents de lait et enfin de trois vraies molaires ; dans la mâchoire infé- rieure, d’une incisive de lait et d'une permanente, d'une ca- nine permanente et d'une molaire permanente suivie d’une molaire de lait, et enfin de trois vraies molaires. Les dents qui remplacent ces dents de lait sont distinctement reconnais- sables lorsque le crâne est long d’environ 37*"; mais ce remplacement ne commence pas avant que l’animal ait atteint à peu près sa pleine grandeur, et que toutes les vraies mo-

laires soient développées ; il s'achève avant que l'animal entre

dans son premier engourdissement d'hiver. La canine de la mâchoire supérieure mérite d'être particu-

278 J. SAHLERTZ.

lièrement mentionnée. En effet, tandis que la plupart des crânes examinés par moi indiquent positivement qu'il ne se rencontre pas de canine de lait fonctionnante, je trouve dans trois crânes une canine de lait incontestable. Le plus jeune de ces crânes n’est long que de 30°%, mais il a cette dent presque entièrement développée ; son extrémité se montre même hors du bord de la mâchoire. Dans une tête longue de 38" envi- ron, ilse trouve une canine de lait complète dans l’alvéole de

la canine permanente ; cette dernière la serre contre la paroi

extérieure de l’alvéole. Enfin elle se trouve dans un crâne dont je ne suis pas en état d'indiquer la longueur, attendu que l’occiput fait défaut, ce crâne ayant été pris d'un exem- plaire empaillé. Dans ce dernier crâne (pl. 1x, fig. 4), il existe un appareil dentaire complet, la vraie molaire postérieure

étant même élevée, avec toute sa couronne, au-dessus du bord

de la mâchoire, et toutes les dents remplaçantes se rencontrant aux endroits ordinaires dans la mâchoire travaillée au ciseau. La canine de lait a, elle existe, un caractère si particu- lier, qu'elle semblerait tenir du système dentaire d'un tout autre Mammifère ; elle n’est longue en tout, avec sa seule ra- cine et sa pelite couronne obtuse et tuberculiforme, que d’en- viron 3°° ; de plus, elle n’est guère plus grosse qu'un gros fil ; la canine permanente naît de son côté intérieur.

Si l’on veut comparer la dentition du Hérisson, laquelle, d’après la manière générale de l’écrire, peut être désignée par

[1i,C+, P5, M5— à celle des autres Mammifères diphyo-

dontes, M. Owen a indiqué un procédé qui me parait très- heureux. En effet, il a signalé, à plusieurs reprises et dans divers ouvrages, quil se trouve pour les Mammifères diphyo- dontes une formule dentaire typique, savoir :

15,C:,P4, M.

Il donne à chacune de ces dents une désignation déterminée

SYSTÈME DENTAIRE DU HÉRISSON. 9279

en ajoutant à l'initiale de son nom scientifique un nombre indiquant sa place dans la série comptée d'avant en arrière, en même temps il indique positivement que, un appa- reil dentaire se compose d’un moindre nombre de dents, ce sont, quant aux incisives, celles indiquées par le nombre le plus bas qui sont gardées; pour les fausses molaires, celles indiquées par le nombre le plus élevé; et, pour les vraies mo- laires, celles indiquées par le plus petit nombre, en partant de la fausse molaire postérieure et de la vraie molaire antérieure (P, et M;) comme étant les plus constantes. Si on compare la dentition du Hérisson à celle du Gymnura, qui en est très- voisin, et qui appartient justement à l’un des genres peu nombreux actuellement vivants chez lesquels la dentition ty- pique est complète ; et si l'on prend pour point de départ le fait que les canines du Hérisson sont les vrais homotypes des canines du Gymnura, c’est-à-dire qu’elles occupent relative- ment la même place dans les mâchoires, quoique la confor- mation de la canine du Gymnura, surtout dans la mâchoire inférieure, diffère assez de celle du Hérisson, on ue tardera pas à se ranger du côté de l'opinion émise par M. Owen, en supposant que les dents absentes du Hérisson sont, dans la mâchoire supérieure, P;, et, dans la mâchoire inférieure, L;, P, et P,; de sorte que les dents présentes sont :

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Cependanl il paraît résulter des ouvrages de M. Owen, cités dans le texte danois, qu'il est d'avis que chaque dent située devant le point de départ fixe, qui distingue les vraies des fausses molaires ; en d'autres termes, devant la limite entre les dents P, et M;, doit avoir été précédée d’une dent de lait, que M. Owen désigne par la marque d (deciduus) ; mais, à ce que j'ai pu voir, cela ne s'applique point du tout aux dents

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280 J. SAHLERTZ.

du Hérisson. On y trouve, dans la mâchoire supérieure, au moins deux, le plus souvent même, trois dents, et, dans la mâchoire inférieure, trois dents qui naissent devant la fausse molaire postérieure, sans remplacer aucune dent de Jait (1).

Il n'est pas non plus sans analogie que telle ou telle dent

située devant la dent P, ne soit pas dent remplaçante, mais naisse sans remplacer aucune dent, ni sans être remplacée elle-même (2). Or, comment appeler une pareille dent? Dent de lait qui n'est pas remplacée ? ou dent permanente, pré- cédée d'aucune autre ?

Quant au Hérisson, il est hors de doute que, chez l’animal âgé d’un an et plus, toute dent située devant la limite entre

(1) Que ces dents, pendant la vie du fœtus, aient du germe de dents de lait correspondant aux dents en question, et qui ne se calcifient jamais, c’est ce que je n'ose supposer.

(2) On n’a jamais, que je sache, démontré avec certitude l’existence de plus de trois dents de lait dans aucun Mammifère réellement diphyodonte (je ne parle pas des Édentés). Aussi, chez ceux qui ont quatre prémolaires, la pre- mière sera-t-elle une dent qui n’a remplacé aucune molaire de lait. Je ne cite- rai comme exemple que les Phoques {voy., à ce sujet, MM. Steenstrup et Rein- hardt, dans les Mém. de la Société d'Hist. natur. de Copenhague, années 1860 et 1864). Mais, la se trouvent moins de quatre prémolaires, il peut de même se rencontrer des dents qui ont place parmi les fausses molaires, sans pourtant être dents remplaçantes. Ainsi il semble que, dans nos Chauves-Souris du Nord, le nombre des molaires de lait ne dépasse jamais deux, si même il y a plus de deux prémolaires. A la vérité, moi-même, je n’ai eu l’occasion d'étudier la première dentition que dans deux espèces, les 7’esperugo Nathusii et pipi- strellus. Que ces deux espèces ne possèdent que deux molaires de lait, c’est ce qui s’accorde entièrement avec le nombre des fausses molaires permanentes, mais, puisque M. Rousseau, dans le Vespertilio murinus, et M. Lilljeborg, dans le Y’espertilio Daubentonii, n’ont trouvé non plus que deux molaires de lait, ces espèces semblent avoir dans la dentition permanente une molaire qui appartient à la catégorie ici en question. Des incisives aussi peuvent naître, sans remplacer des dents de lait, comme dans les Rongeurs; et, quant aux Marsupiaux, il en est de même de toules les incisives et des canines, ainsi que d’un nombre variable de molaires ; car, suivant les recherches de M. Flower (Phil. transact., 1867), ces animaux n'ont qu’une dent remplaçante, savoir la dernière prémolaire.

POUX DES BALEINES. 281

P, et M, est une dent parmanente. Mais, entre celles-ci, il \ en à quelques-unes qui correspondent tout à fait aux incisives, aux canines et aux fausses molaires d’autres animaux, tandis que d'autres diffèrent de l’ordre de choses ordinaire, en ce qu’elles n’ont pas remplacé des dents antérieurement tombées. 1! nous manque une désignation pour de pareilles dents; mais, au lieu d'en proposer une, je préfère comprendre les dents de lait dans la formule qui caractérise ordinairement l’appa- reil dentaire des Mammifères (1).

CYAMES POUX DES BALEINES;

PAR

M. Chr. Fr. LUTKEN (2.

Dans le Mémoire que j'ai présenté sur cette matière à la Société royale des sciences travail commencé depuis long- temps et souvent interrompu je donne des descriptions détaillées et comparatives des espèces de Cyames qui habitent les Cétacés des mers du nord, savoir : 1) le Cyamus Mysticeti

{1} La découverte des dents de lait du Hérisson lève, en ce qui concerne cet animal, le doute que nous avons émis au'sujet de la dentition des Insectivores, à la p. 447 du T. I de ce Recueil.

(P. GER.)

(2) Analyse rédigée par l’auteur de son Mémoire intitulé : Bidrag til Kun- dskab om Arterne af Slægten Cyamus, Latr., eller Hvallusene (Acad. de Co- penhague, t. X, p. 231 à 284, pl. 1 à 1v; 1873).

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282 LUTKEN.

de la vraie Baleine ou Baleine blanche (Balæna mysticetus) ; 2) le Cyamus boopis du Balénoptère à bosse ou à aïlerons allon- gés, « Krepokak » des Esquimaux (Megaptera boops); 3) le C. monodontis et le C. nodosus du Narval (Monodon monoceros); 4) le C. globicipitis du Grindeval (Globiocephalus melas); 5) le Platicyamus Thompsoni des Dauphins ziphioïdes à bec de Canard ou Dôglings (Hyperoodon rostratus et I. latifrons).

Les Cyames qui habitent les Baleines vraies des mers du sud (Balæna australis, et peut-être la B. antipodarum), et dont deux habitent aussi celles des parties boréales de l'océan Pa- cifique (B. japonica ?), savoir les C. ovalis, erraticus et gracilis, y sont traités de la même matière; on y trouvera, en outre, la description d’une dixième espèce, décrite, il y a peu de temps, par M. Brandt (C. Kessleri), et provenant de la partie septen- trionale du grand Océan oriental, probablement d’une Baleine vraie du groupe des B. australis et biscayensis ainsi que celle d’une onzième de la partie tropicale des mêmes mers (C. pacificus), mais d'origine inconnue quant à l'animal qui la nourrit. Cependant il reste encore des doutes sur la question de savoir si cette dernière espèce ne serait pas mieux classée comme variété du C. boopis, opinion qui semble confirmée par le fait que de jeunes Cyames, pris sur des Cétacés incon- nus, dans l'océan Pacifique, près des îles Tonga et Rarotonga, se rapprochent extrêmement de l’espèce qui habite le Mégap- tère des mers du nord, et sont probablement identiques avec elle. Comme ces dix ou onze espèces sont toutes figurées dans les quatre planches qui accompagnent cet ouvrage, et que j'en ai donné des diagnoses en latin, et résumé dans un « sy- nopsis » tous les caractères principaux, il est inutile que je m'y arrête plus longtemps, et j'en dirai autant du nouveau genre que j'ai proposé, le Platycyamus, dont le type est l'es- pèce qui habite les Düglings des mers du nord.

Aux espèces déjà bien connues et en partie décrites ici en

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POUX DES BALEINES. 283

détail pour la première fois, il faut en ajouter encore un petit nombre, dont on peut signaler l’existence, mais dont on ignore, en partie ou en totalité, les caractères, savoir : 1) les espèces qui, selon Bennett, habitent le Cachalot, et plusieurs Dauphins et Globiocéphales des mers du sud; 2) le Cyamus Delphini Guérin, pris sur un Dauphin dans les parages des Antilles, et très-voisin du C. globicipitis, sinon identique avec lui; 3) un Cyame, pris également sur un Dauphin d'espèce inconnue, et conservé dans le musée de Copenhague, mais différant spéci- fiquement de toutes les espèces énumérées ici; vu l'état assez peu développé des exemplaires, je me suis borné à le décrire succinctement sans lui attribuer une dénomination spécifique ; À) le Pou de Baleine qui, suivant le tableau publié par M. le D. Monedero, habite ou habitait jadis la Sarde ou Baleine basque, mais au lieu duquel on a cependant figuré un Pyc- nogonum (l)}; 5) celui qui, selon les indications du célèbre Steller, habitait autrefois le Rhytine, et que M. Alex. Brandt a cru selon moi à tort avoir retrouvé sur un morceau de peau desséché, dans une des décharges du Musée de Saint- Pétersbourg.

D'après la descripüion que M. Brandt en a donnée et _ d’après les exemplaires qu'il a bien voulu me communi- quer, ce prétendu parasite du Rhyüine est réellement iden- tique avec le Cyame ovale, et le morceau de peau dont il s’agit appartient probablement, non à un Rhyline, mais à une vraie Baleine de la mer du Kamischatka, la B. Japonica par exemple. Aussi, la description incomplète et, il est vrai, en parie obscure de Steller ne convient-elle nullement, suivant moi, à un animal du type des Cyames ovales, mais rappelle- rait-plutôt un Læmodipode crapelloïde du type des Proto ou Lepiomera, ou d'une configuration analogue.

Les espèces connues ou signalées seulement se divisent exception faite du Cyame douteux du Rhytine assez égale-

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284 ( LUTKEN.

ment entre les Cétacés à dents et ceux à fanons. Bon nombre de Cétacés en paraissent cependant complétement dépourvus; jusqu'ici on n’en a jamais découvert sur un véritable Balénop- tère, mais seulement sur les Mégaptères, les Baleines vraies, les Hyperoodons, les Cachalots, les Monodons et les Globio- céphales. Des découvertes ultérieures combleront, sans doute, le nombre des espèces de ces parasites remarquables (1). Quelques Cétacés en nourrissent plusieurs, par exemple le Narval deux, et la Baleine australe trois, et on trouve quelquefois les mêmes espèces sur des Cétacés du même genre ou sous-genre; les deux Dôüglings des mers du nord, la Baleine du sud et celle dite du Japon en fournissent des exemples, et peut-être les Mégaptères sont-ils dans le même cas. C’est bien à tort, cependant, que l'on a énuméré les espèces habitant la Baleine australe parmi les Crustacés de l’Europe, ou plus particulièrement parmi ceux des îles Bri- tanniques.

Les erreurs commises par quelques auteurs du siècle passé et du commencement du xix°, en attribuant aux Pycnogo- nides un genre de vie et un « habitat » analogue à ceux des vrais Poux de Baleines, et à ceux-ci la faculté de vivre en pa- rasites sur cerlains Poissons, ont seulement besoin d’être si- gnalées ; aujourd’hui il serait superflu de les discuter.

(1) Pendant que les dernières pages de ce Mémoire étaient sous presse, M. Dall a déja communiqué de courtes descriptions de trois espèces. Son €. Mysticeti, qui à été pris sur une Balæna mysticetus, dans les environs du dé- troit de Behring, est sans doule identique avec l’espèce que j'ai désignée sous le même nom ; le C. Scammoni, qui vit sur le « Grey Whale » de la Californie (Rhachianectes glaucus), est certainement une espèce nouvelle qui prendra place entre le €. ovalis et le C. Kessleri; le C. suffusus, qui habite le Mega- ptera versabilis, est peut-être la même espèce que le €. pacificus ou le C. boo- pis.

Une Notice ultérieure du même auteur a encore augmenté la liste des Coronulides balénophiles d’un genre nouveau, le Cryptolepas, habitant la « Baleine grise » nommée ci-dessus.

SAURIENS DE LA NOUVELLE CALÉDONIE. 285

On trouvera aussi, page 244 de mon Mémoire, de la main de M. Japetus Steernstrup, un aperçu critique des espèces de Cirrhipèdes, de la tribu des Cornulides, qui habitent les Céta- cés. Je crois enfin devoir signaler ici que c'est une méprise de M. Van Beneden d’avoir donné place, parmi les parasites des Cétacés, au Pennella pustulosa, Baird, et au Lernæonema midicornis, Stp.; car ces Crustacés copépodes ne vivent point sur de vrais Dauphins (Cétacés), mais sur des Dolphins, Pois- sons du genre Coryphæna.

SUR QUELQUES

SAURIENS NOUVEAUX DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

ET DE L’AUSTRALIE ;

PAR

NM. J. V. BARBOZA DU BOCAGE.

Lioscincus. Nov. gen.

Caractères : Écailles lisses et striées; dents coniques, simples, obtuses; deux supéro-nasales de chaque côté; marines latérales situées entre la nasale et la supéro-nasale antérieure ; ouvertures auriculaires rondes à bord antérieur sans lobules; paupière infé- rieure à disque transparent; fronto-pariétale unique; cinq doigts longs, un peu comprimés et élagés, à chaque extrémité.

286 BARBOZA DU BOCAGE.

Liosancus Srenacanerir. Nov. sp. Corps allongé ; mu- seau conique court et obtus. Rostrale large et haute à bord supérieur étendu et concave s’articulant à l’inter-nasale ; na- rines percées entre deux plaques triangulaires, la supéro- nasale antérieure et la nasale; une deuxième supéro-nasale, également triangulaire, située entre la nasale, la supéro- nasale antérieure, la fronto-nasale et la frénale; trois fréno- orbitaires, dont deux assez grandes, superposées; frontale en forme de fer de lance, dont la pointe regarde en arrière, s'articulant à l'inter-nasale par son bord antérieur; fronto- pariétale unique échancrée à son bord postérieur pour loger l'inter-pariétale en forme de losange, plus petite que la fron- tale; pariétales grandes, contiguës. Région temporale couverte de trois grandes plaques polygonales ; 8 labiales supérieures quadrangulaires, augmentant de grandeur de la première à la pénultième; 7 labiales inférieures; une large mentonnière, qui emboîte l’extrémité de la mâchoire inférieure. Écailles hexagonales lisses, striées, disposées en 38 séries longitudi- nales au milieu du tronc; celles du dos et du ventre sensi- blement plus grandes que celles des flancs. Doigis inégaux, étagés, légèrement comprimés; scutelles sous-digitales lisses. Queue revêtue partout d’écailles grandes, lisses, égales.

Cette description est faite d'après un seul exemplaire en mauvais état offert en 1867 par M. Aubry Lecomte. Il porte l'étiquette : « Tropidolepisma Dumerilü, D. et B. Nouvelle- Calédonie. »

Sa longueur totale est de 197 millimètres, dont la queue (incomplète) prend 110 millimètres,

Autant qu’on peut le juger d’après cet exemplaire, son sys- tème coloration doit se rapprocher de celui-ci du T: Du- merilü, tel qu'il se trouve représenté sur la, planche zv de l'Erpétologie générale, Les régions supérieures sont d'un brun olivâtre (acheté de noir, et ces taches forment sur le dos

SAURIENS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 287

quelques bandes transversales anguleuses; les flancs sont marbrés de noirâtre et présentent des taches noires et fauves espacées. Les régions inférieures sont jaunes, marbrées de noirâtre sur le menton, la gorge et les côtés du:ventre. La queue et la face externe des membres sont à peu près comme le dos.

Lycosoma DeprancHeI. Nov. sp. Paupière inférieure à disque transparent; fronto-pariétale double ; ouverture auri- culaire grande, garnie, à son bord antérieur, de 3 lobules arrondis; nasales repliées sur le museau, mais séparées par un petit intervalle; fronto-nasales presque contiguës; inter- nasale grande, rhomboïdale; frontale en losange, à bords an- térieurs courts réunis en angle obtus, et terminant en arrière en une pointe arrondie; inter-pariétale, de la même forme que la frontale mais plus petite; 2 frénales allongées ; 9 la- biales supérieures, dont la touche à l'œil, et 8 inférieures; sus-orbitaires et 7 petites supra-ciliaires. À ou 5 plaques pré-anales , sub-égales. Ecailles du tronc médiocres, hexa- gonales, disposées en 39 séries longitudinales.

Cette espèce ressemble par sa taille au L. White, Gray (L. moniligerum, D. et B.); mais elle a une tête plus allongée, à museau plus long et plus pointu : ses membres sont forts et bien développés. |

Elle se trouve représentée dans les collections du Muséum de Lisbonne par 3 exemplaires adultes et un jeune, tous de la Nouvelle-Calédonie et provenant du voyage de Deplanche. Ils nous ont été donnés par M. Aubry Lecomte.

Leur système de coloration paraît être assez caractéristique. Il est, en dessus, d'un brun fauve doré, présentant sur le dos et la face supérieure de la queue une série de raies transver- sales et onduleuses noires ; sur la ligne médiane une raie lon- gitudinale de la même couleur s'étend de la région cervicale à l’origine de la queue; une autre raie également noire com-

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288 BARBOZA DU BOCAGE.

mence au-dessus de l'œil et marche parallèlement à la pre- mière, de l’un et de l’autre côté, jusqu'au milieu du tronc. La face externe des membres est variée de petites taches noires et fauves. Les plaques céphaliques présentent un liséré d’un brun noir. En dessous il règne un blanc fauve uniforme à reflets verdâtres.

C’est l'individu jeune, le seul dont l’épiderme soit parfaite- ment intact, qui présente ces couleurs dans toute leur pu- reté. Chez les adultes la teinte générale est d’un ton plus foncé dans les parties non dépouillées, et les raies du dos sont moins distinctes, plus effacées.

Le plus grand de nos spécimens mesure 268 millimètres en longueur totale.

Troprposcincus. Nov. gen.

Caractères : Écailles carénées; langue plate, squameuse, légè- rement fendue à l'extrémité; dents coniques, obtuses ; ouverture auriculaire grande, triangulaire, garnie de petits lobules arrondis à son bord antérieur ; paupières vnférieures à disque transparent ; narines situées entre deux plaques nasales; pas de supéro-nasales; fronto-pariétale unique; 5 doigts inégaux à chaque extrémité.

TropinosciNCUS AUBRIANUS. Nov. sp.

Corps un peu allongé; queue longue et ronde; membres bien développés ; museau court et conique. Rostrale triangu- laire, repliée sur le museau et s’articulant par son sommet à l'inter-nasale ; frontale assez développée, en losange; fronto- nasales séparées ; fronto-pariétale unique, présentant à son bord postérieur une échancrure anguleuse pour recevoir l'inter-pariétale, qui est de la même forme que la pariétale, mais beaucoup plus petite; pariétales larges, en contact. Deux nasales, dont l’antérieure est la plus grande; deux frénales; trois fréno-orbitaires; quatre sus-orbitaires et une rangée de cinq petites supraciliaires. Trois grandes plaques temporales. Ecailles du tronc en 32 séries longitudinales; celles du dos,

SAURIENS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 289

des flancs et de la face externe des membres fortement caré- nées et portant, en général, trois carènes; celles de la queue à deux carènes très-fortes, qui forment, par leur réunion, des crêtes longitudinales très-prononcées. Régions inférieures re- couvertes d’écailles lisses, à l'exception de la queue, dont la dernière moitié présente, en dessous comme en dessus, des écailles carénées. Scutelles digitales entières et lisses.

Nous avons deux individus de cette espèce de la Nouvelle- Calédonie, du voyage de Deplanche ; nous les devons à l’obli- geance de M. Aubry Lecomte.

L'un de ces individus, ayant toute l'apparence d’adulte, mesure 28 centimètres en longueur totale ; l’autre, très-jeune, n'a que 9 centimètres.

L’adulte est, en dessus, d’une teinte olivâtre, ornée, sur le dos et sur les flancs, de quelques raies longitudinales plus foncées occupant les intervalles des séries d’écailles ; la queue porte quelques anneaux plus ou moins distincts d'un brun olivâtre, et elle est variée, ainsi que les flancs, de petites taches jaunûtres. L

Les régions inférieures sont d’une teinte plus claire, qui prend sous la gorge un ton bleuâtre.

L'individu jeune présente sur les flancs une large bande longitudinale noire bordée inférieurement de blanc.

Nous les avons reçus sous le nom de Tropidospisma Dumerilu.

Opxioseprs. Nov. gen.

Yeux sans paupières entourés par ua cercle complet de plaques étroites (1) ; langue plate, AE EE Pme à l'ex- trémité; dents extrêmement petites à la mâchoire inférieure seu -

(1) Il nous a été impossible de reconnaitre le nombre exact de plaques qui forment le cercle orbitaire ; les divisions ne se correspondent pas des deux cô- tés, et elles sont même si peu marquées qu’on esl tenté de croire qu’il y a une plaque unique entourant l'œil.

JOURNAL DE ZOOLOGIE, == T, II, 4873, 19

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290 BARBOZA DU BOCAGE.

lement. Pas d'ouvertures auriculaires. Corps très-long, cylin- drique ; queue mesurant à peu près 1/4 de la longueur totale,

diminuant un peu en diamètre vers l'extrémité, qui est obtuse et recouverte d'une écaille semicirculaire. Pas d’ extrémités; pas de pores pré-anaux. Écailles relativement grandes, à bord libre arrondi, recouvrant le tronc et la queue. Tête courte, aplatie en dessus, à museau assez avancé et très-renflé. Écaillure de la tête se rapprochant du type ophidien et présentant quelques particula- rués assez remarquables, à savoir : plaques nasales énormes se réunissant sur la face supérieure du museau derrière la rostrale et descendant de chaque côté jusqu'au bord de la mâchoire ; der- rière les nasales deux fronto-nasales contiqués qui descendent sur les côtés du museau pour s’articuler à la première labiale; une frontale très-développée; une seule pré-oculaire. La région nu- chale, 1mmédiatement après la frontale et les sus-oculaires, est recouverte de plaques imbriquées de la même forme que celles du cou. Pas de supéro-nasales ; pas de frénales. Quatre labiales su- périeures et trois labiales inférieures.

OpxiosePs NasUTUS. Nov. sp. Le renflement du museau et la disposition singulière des plaques céphaliques donnent à ce pelit saurien une physionomie toute particulière. Il paraît établir un trait d'union nouveau et plus intime entre les Sau- riens et les Ophidiens.

Les narines s'ouvrent vers le milieu du bord antérieur d’une plaque énorme, qui s’unit sur la ligne médiane par un bord étendu à celle. du côté opposé et remplace la première labiale sur le bord de la mâchoire supérieure ; l'intervalle qui reste en avant de cette espèce de voûte est rempli par une ros- trale bombée, presque triangulaire. La frontale, de grande dimension et à bords latéraux parallèles, occupe le centre de la face supérieure de la tête entre les sus-orbitaires; elle s’ar- ticule en avant aux deux fronto-nasales par deux bords en angle obtus, et s'unit en arrière par un bord semi-circulaire à

SAURIENS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 291

deux écailles qu'on peut regarder, d’après leur position, comme des fronio-pariétales. Sur les côtés de la tête il n'existe qu'une seule plaque étroite, située entre la portion descendante de la fronto-nasale et le cercle orbitaire; cette plaque ressemble à la pré-oculaire d'un Ophidien. Quatre plaques couvrent, à la suite de la nasale, la lèvre supérieure; les labiales inférieures sont au nombre de trois.

Ecailles lisses, non striées, disposées en 14 séries longitudi- nales au milieu du tronc; celles de la queue sont partout de la même forme, mais plus dilatées en travers sur la face infé- rieure de cet organe. Troïs grandes squames triangulaires couvrent le bord de l’ouverture anale.

Un seul exemplaire de cette espèce inédite se trouve au Muséum de Lisbonne. Il vient d'Australie ; nous l'avons recu en cadeau de M. Simmonds, en 1867, dans un petit bocal con- tenant plusieurs Scincoïdiens d'Australie, tels que Menetia Greyr, Hemnergis polylepsis, Ligosoma Whitei, etc. Il a 185 mil- limètres de longueur totale et 5 millimètres de largeur; la queue à 52 millimètres.

Coloration. Teinte générale fauve, prenant sur les flancs un ton plus cendré; les régions supérieures, les côtés du tronc et de la queue sont ornés de séries parallèles de petits traits noirs qui occupent le centre de chaque écaille. Parties inférieures uniformes. La région temporale et les deux côtés du museau présentent quelques petits traits noirs, plus ou moins confluents. |

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UN SPONGIAIRE NOUVEAU

DU SYSTÈME EIFELIEN ; PAR

M. Gustave DEWALQUE.

M. Ferd. Roemer a fait connaître, en 1842 (1), sous le nom de Blumenbachium Meniscus, un fossile singulier, commun dans le calcaire silurien supérieur du comté de Decatur, Tennessee. Ce fossile se présente sous la forme de disques concavo-convexes, et paraît formé tout entier d'étoiles à six branches, que le savant professeur est porté à considérer comme des amas de spicules. Plus tard (2) 1l le sépara avec raison, je crois, du genre Blumenbachium, fort incomplétement caractérisé d’ailleurs, pour en faire le type d'un autre genre de Spongiaires, auquel il donna le nom d’Astræospongium. Depuis lors, une seconde espèce, A. Hamaltonensis, a été dé- crite par MM. Meek et Worthen ; elle provient de l'étage d'Hamilton du système famennien ou devonien supérieur, et se rencontre à New Buffalo, Iowa (3).

Lors d’une excursion récente dans l’Eifel, je fus fort surpris de rencontrer, dans la collection de M. le professeur Krôfges, à Prüm, une forme très-voisine de l'espèce type, et1l me parut

(1) Leonhardt und Bronn : Veues Jahrbuch für Mineralogie, 1848, p. 680, pl. 1X, f. 1.

(2) H. G. Bronn’s Lethæa geognostica.

(3) Geological Survey of Illinois, 1, IX, p. 419, pl. x, fig. 6,

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SPONGIAIRE NOUVEAU. 293

intéressant de la faire connaitre. Grâce à l'obligeance du pro=

priétaire, j'ai pu la faire dessiner et en donner la description suivante.

ASTRÆOSPONGIUM MENISCOÏDES, n. Sp. À corpore disciformi, sub-plano, stellis 6-radiatis, præcipuè in superficie superiore dis-

tinctis, ornato.

Cette espèce, dont je ne connais que l’exemplaire de M. Krôfges, se présente sous la forme d'une masse aplatie, à contour irrégulièrement arrondi, de 8 à 9 centimètres de dia- mètre, et d'une épaisseur de 12 millimètres environ. La face inférieure se relève un peu vers la périphérie, mais elle pré- sente une notable dépression excentrique, probablement acci- dentelle, à laquelle correspond une saillie moins prononcée sur l’autre face; celle-ci se relève légèrement vers la plus grande partie de son pourtour.

La face inférieure est un peu encroûtée de calcaire marneux et les étoiles caractéristiques y sont mal visibles. Une partie du pourtour à été détruite, et permet de voir fort distinctement que toute la masse est formée de l’agglomération de ces étoiles. L'espace laissé libre entre les rayons est rempli d’un calcaire lâche et poreux; mais je ne constate que des cellules irrégu- lières, sans caractère organique particulier. Les étoiles sont bien visibles, au contraire, sur la face supérieure.

Ces étoiles sont formées de six rayons calcaires, divergeant d'une pièce commune qui paraît faire corps avec eux; ils attei- gnent près de 4 millimètres de long. Leur forme, un peu va- riable d'ailleurs, est celle d’un fuseau. Leur extrémité libre est assez pointue dans les rayons les plus longs ; les autres sont plutôt coupés carrément, et je serais tenté d'attribuer cette disposition à des cassures. Leur coupe transversale est arrondie. Leur face supérieure est manifestement corrodée dans la plupart des cas, comme par l'action d'eaux chargées d'anhydride carbonique; en tout cas, je n’ai pu reconnaître

29% ..G. DEWALQUE.

sur aucun rayon le sillon longitudinal indiqué par M. F. Roemer sur l’espèce silurienne, encore moins les ponctuations figurées dans le Lethæa. La même figure indique quatre points en croix dans la partie centrale : je n'en trouve pas trace dans l'échantillon que j'ai sous les yeux.

Les étoiles sont irrégulièrement disposées les unes par rap-" port aux autres. On voit parfois deux rayons appartenant à deux étoiles voisines, posés bout à bout, comme s'ils n’en for- maient qu'un; mais, en général, ils s’intercalent irrégulière- mentles uns entre lesautres, s’entre-croisent ou sesuperposent. Plusieurs sont isolés. Sur quelques-uns, cassés transversale- ment, on voitdistinctement une mince enveloppe, plus blanche, autour de l'intérieur compacte. C’est probablement le résultat de la corrosion que nous avons mentionnée plus haut.

Les dimensions des étoiles distinguent nettement cette espèce de celle que les géologues américains ont fait connaître, et qui provient d'un niveau un peu plus élevé. La description qui précède permettra de la distinguer de l'espèce silurienne, avec laquelle elle a pourtant les plus grandes analogies. Cette der- nière circonstance nous a engagé à lui donner un nom qui rappelle cette ressemblance.

Elle a été trouvée aux environs de Prüm. L'examen du fos- sile ne permet pas de douter qu'il vienne de l'étage à calcéoles, bien développé, comme on sait, à l’est de cette petite ville.

NOTE

SUR LE LEPTOCÉPHALE DE SPALLANZANI ;

PAR

M. €. DARESTE.

Gronovius créa, au siècle dernier, le genre Leptocéphale, pour un poisson fort singulier, découvert par Morris dans la rivière de Man et envoyé par lui au naturaliste Pennant, l’au- teur de la British Zoology. Celui-ci, après en avoir donné, dans son ouvrage, une description et une figure assez médiocres, adressa l'animal à Gronovius, qui le décrivit et le figura beau- coup plus exactement dans son Zoophylacium.

Risso, en 1810, décrivit sous le nom de Leptocephalus Spal- lanzani un poisson pris à Nice, qu'il considéra comme une seconde espèce du même genre ; mais Ce poisson n'était qu'un individu jeune, appartenant au genre Sphagobranche, comme

il le reconnut lui-même, puisque, dans une seconde édition

de son livre sur l’Ichthyologie de Nice, en 1825, il donna à ce poisson le nom de Sphagobranchus imberhis. Dans cette même édition, 1l transporta le nom de Leptocephalus Spallanzant à un autre poisson pris également à Nice, qu'il avait décrit dans sa première édition sous le nom de Lepidopus pellucidus.

Peu de temps après, en 1827, Costa décrivit, comme étant le Leptocephalus Spallanzani de Risso, un poisson pêché à Mes-

296 C. DARESTE. sine, Ce poisson, toutefois, ne parait pas être spécifiquement le même que Risso avait décrit, du moins si l’on en juge par la figure donnée par Risso. Ce dernier poisson me paraît, en

effet, se rapprocher bien plus des Lépidopes, comme Risso en

avait eu d'abord la pensée.

En 1815, le colonel Montagu fit connaître à la Société Wer- nerienne d'Edimbourg un poisson tout à fait semblable au Leptocephalus Spallanzani de Costa {et non de Risso); il le dé- crivit et le figura comme étant le Leptocephalus Morrisu de Gronovius.

En 1832, M. Conch décrivit et figura assez mal, sous le nom d'Ophidium pellucidum, un poisson tout à fait comparable à celui de Montagu. Il fit remarquer que ce poisson diffère, non- seulement spécifiquement, mais même génériquement, du Leptocephalus Morrisu, par l'existence des nageoires pectorales, et par la disposition des nageoires impaires, dorsale et anale, qui naissent beaucoup plus loin de l'extrémité antérieure du corps que chez le L. Morrisü.

Depuis cette époque, un certain nombre de poissons ana- logues ont été signalés par beaucoup de naturalistes. M. Kaup, danssa Monographie des poissons apodes, en forme une famille à part, contenant quatre genres el vingt-deux espèces.

Cuvier, en signalant le genre Leptocéphale dans son Règne animal, disait : L'étude approfondie de leur organisation est l'une des plus intéressantes auxquelles des naturalistes voya- geurs puissent se livrer. Mais ce ne fut qu'en 1853 que cette recommandation de Cuvier fut suivie. M. Kôlliker, ayant eu, pendant son séjour à Messine, l’occasion d'étudier plusieurs de ces animaux, donna quelques détails très-intéressants sur leur organisation fort remarquable, qui semble, au premier abord, très-différente de celle des poissons osseux.

Le squelette en est très-imparfait ; la colonne vertébrale n’est représentée que par une corde dorsale et quelques parties

LEPTOCÉPHALE DE SPALLANZANI. 297

membraneuses, comme chez l'Amphioxus. Le crâne n’est que très-imparfaitement ossifié, et laisse voir, par transparence, les diverses parties de l’encéphale. Le sang est incolore. Nous pouvons encore ajouter que ces animaux ne présentent point, si ce n’est dans le globe de l'œil, la matière argentée si remar- quable de la peau de la plupart des poissons. M. Külliker pense que tous ces caractères indiquent un groupe à part, un

ordre qu'il désigne sous le nom d'Helmichthydæ, à cause du

nom d'Helmichthys donné par Rafinesque à l’un de ces genres.

Ayant entrepris la révision des espèces du même genre, je suis arrivé pour l’une d’elles, le Leptocephalus Spallanzani de Costa, à un résultat fort inattendu; c'est que cet animal pré- sente tous les caractères zoologiques des Congres, et que très- probablement c’est le jeune Congre. J'ai pu constater ces ca- ractères sur deux individus appartenant à la collection du Muséum, et sur plusieurs autres individus que j'ai observés chez M. le D. Emile Moreau.

On y voit, en effet, comme chez les Congres, le museau tronqué en avant, et dépassant un peu la mâchoire inférieure ; l'orifice antérieur des narines formant un tube qui s'ouvre à la partie antérieure du museau, tandis que l'ouverture posté- rieure, non tubulaire, est placée en avant de l'œil; les fentes branchiales très-petites, et ne laissant pas voir les pièces os- seuses de l’opercule; les nageoires pectorales très-petiles, mais contenant le même nombre de rayons que celles du Congre adulte. Les pièces de l’os hyoïde et l’aile temporale ont la forme caractéristique qu’elles présentent chez les Congres. L'encéphale, que l’on peut étudier même sans enlever la voûte

du crâne, à cause de sa transparence, présente la même dispo-

sition que chez les Congres: on y voit, en effet, quatre paires de lobes formant une chaîne non interrompue ; en arrière, le cervelet, puis les lobes optiques, puis les lobes cérébraux qui

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298 C. DARESTE.

sont presque aussi volumineux que les lobes optiques, puis enfin les lobes olfactifs. Entre les lobes optiques et les lobes olfactifs, existe une glande pinéale d’un volume relativement considérable. La seule différence que l’on observe entre l’en- céphale de cesanimaux et celui des Congres, c’est qu’ilremplit toute la cavité crânienne,

M. le D. Moreau, qui a pu disséquer plusieurs de ces ani-

maux, y à constaté l'existence d’une vessie natatoire, présen-

tant des corps rouges. Le fait est d'autant plus remarquable, que les poissons anguilliformes sont les seuls dont la vessie natatoire possède à la fois des corps rouges et un canal pneu- matique. Cette vessie natatoire avait échappé aux investigations de M. Kôlliker. |

Ainsi l’organisation du Congre et celle du Leptocéphale sont essentiellement les mêmes. Les différences que l’on observe, et qui paraissent si importantes au premier abord, comme l'état imparfait de l’ossification et le défaut de coloration des . globules du sang, s'expliquent tout naturellement par la diffé- rence d'âge et par l’existence, à cette époque de la vie, d’un état embryonnaire. C’est également par la différence d'âge que nous devons expliquer quelques différences, d’ailleurs fort lé- gères, que l'on observe entre ces deux animaux : le museau plus allongé chez le Congre, comme on le voit d’ailleurs, presque toujours, quand on compare les animaux adultes aux jeunes animaux, et chez le Congre aussi la présence beaucoup

plus nombreuse des taches de pigment, tandis que le Leptocé-

phale ne présente que trois bandes de taches colorées, deux sur les nageoires impaires, et la troisième occupant la ligne latérale. C'est encore par une différence d'âge que l’on doit expliquer la différence d’origine de la nageoire dorsale qui, chez le Congre, naît dans le voisinage de la nuque, tandis qu'elle est reculée beaucoup plus en arrière dans le Leptocé- phale. En effet, l'examen d’un cerlain nombre de ces poissons

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P. FISCHER ET DE FOLIN. 299

m'a montré que de nombreuses variations individuelles prou- vent que la nageoire dorsale se forme d’arrière en avant.

Je me crois donc fondé à admettre que le Leptocephalus Spallanzani est le jeune âge du Congre, et que, par conséquent, il doit cesser de figurer dans les catalogues ichthyologiques à titre d'espèce distincte.

Je pense qu’il en est de même des autres Leptocéphales; que ce sont tous des jeunes poissons ; que, par conséquent, le genre Leptocéphale, ou l’ordre des Helmichthydæ, doit être rayé des cadres zoologiques.

EXPLORATION BATHYMÉTRIQUE

DE LA FOSSE DU CAP BRETON.

Note de MM. P. FISCHER et DE FOLEN.

Dans la campagne de 1872, nous avons surtout cherché à explorer complétement une seule partie de la fosse du cap Breton, à toutes ses profondeurs, afin d'arriver, en continuant nos travaux pendant quelque temps encore, à une connais- sance plus précise de toute cette région géographique. Nos draguages les plus récents ont été exécutés sur vingt-neuf points et à des profondeurs variant entre 12 et 180 brasses; ils eussent été plus nombreux'sans la perte d’une drague que nous avons abandonnée par 45 brasses de fond.

Voici la liste des animaux les plus intéressants que nous

300 P. FISCHER ET DE FOLIN.

ayons rencontrés; ils sont groupés d’après la profondeur des zones qu'ils habitent. |

Première zone, de 12 à 35 brasses. Les fonds que l’on atteint, dans ces limites, sont sablonneux, à l'exception d'un seul point l'on touche sur des roches par 25 brasses. Les Mollusques les plus abondants sont des Ringicula, Cylichna, Eulimella, Chemnitzia, Lucina, Pandora, Thracia, Rissoa, Dischides, etc., mais dans le nombre se trouvent quelques espèces que nous n'avions pas encore signalées, ou qui sont nouvelles pour la science ; nous citerons : Kebha Mac- Andrewi, Fisch., espèce déjà draguée au large en dehors d'Arcachon ; Sportella recondita, nov. sp., forme très-intéres- sante et représentant, à l’état vivant, un genre fossile du bas- sin de Paris; Lepton glabrum, nov. sp. ; Lepion subtrigonum, Jeffreys, et Lepton lacerum, Jeffreys; ces deux Lepton ont aussi été recueillis durant l'expédition du Porcupine, par M. Jeffreys, qui a identifié nos exemplaires avec les siens; nous les avons retrouvés encore dans les draguages opérés près de Gijon (Asturies), à partir de 18 brasses. Enfin nous mentionnerons parmi les autres Mollusques rares : Pholadidea papyracea, Lucinopsis undata, Solarium fallaciosum, etc.

Les crustacés nous ont présenté deux formes nouvelles pour la faune française : l'Ebalia Pennanti, que nous cher- chions depuis longtemps sans succès, et, à notre grande sur- prise, le Lambrus Massena, que nous croyons propre à la Mé- diterranée; nous l'avons dragué de nouveau à une profondeur un peu plus grande (45 brasses). Les Ostracodes sont des Cy- there et des Loxoconcha. Parmi les Annélides, M. Vaillant a re- connu une belle espèce de Sigalion, qu’il croit nouvelle.

Deuxième zone, de A0 à 90 brasses. Fonds variables, tantôt rocheux, tantôt sablonneux ou vaseux.

Parmi les Mollusques acéphales, nous avons obtenu les Lepton glabrum, L. subtrigonum, Sportella recondita, déjà

EXPLORATION BATHYMÉTRIQUE. 301

signalés à des profondeurs moindres et accompagnés ici de deux formes nouvelles très-remarquables et appartenant éga- lement à la famille des Kellude ; ce sont les Scintilla crispata et Hindsia Jeffreysiana. Le genre Hindsia, comme le genre Sportella, a été institué pour des coquilles éocènes, et le voilà trouvé à l’état vivant sur les côtes de France. Nous l'avons également obtenu sur les côtes des Asturies. Quant au Scintilla crispata, il rappelle à la fois, par sa forme, des espèces éocènes et des formes vivantes des Philippines; c’est, en effet, dans le grand Océan que les Scintilla atteignent leur maximum de développement, et l'on ne soupçonnait pas leur présence dans nos régions tempérées. Nous citerons, parmi les autres Acé- phales, une nouvelle espèce de Kelha, voisine du K. Geoffroyi; une valve de Neœra cuspidata, draguée par 80 brasses ; les Lucina radula, L. spinifera, et Tellina compressa, Brocchi, co- quille qui n'était connue qu'à l’état fossile et qu’on commence à recueillir par de grandes profondeurs dans la Méditerranée et dans la fosse du cap Breton.

Les fragments de roches ramenés par la drague sont criblés de Mollusques saxicoles, plus ou mains déformés : Gastrochæna modiolina, Saxicava rugosa, Sphenia Benghami, Kellia suborbi- cularis, Thracia distorta, Coralliophaga lithophagella, Acta lac- tea, Arca tetragona, Pecten pusio, Anomia ephippium, Crenella Peiagnæ. Ces Mollusques s'étaient développés successivement dans l'intervalle des valves des anciens propriétaires des exca- vations et nous avons ainsi trouvé jusqu’à cinq coquilles em- boîtées les unes dans les autres et occupant une seule cavité de roche. Des astéries stationnaient sur ces roches et y trou- vaient sans doute une nourriture abondante.

Les Gastéropodes ne nous ont offert que peu d'espèces nou- velles pour la faune française, à l’exceplion cependant d’une espèce de Cæcum qui constitue une section particulière dans le genre ; sa surface est recouverte de nombreuses épines, lé-

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302 P. FISCHER ET DE FOLIN.

gèrement recourbées à l’extrémité, et à courbure dirigée vers le sommet. Nous l’appellerons Cæcum spinosum. Citons encore

une espèce méditerranéenne, Fossarus costatus, et un Trun- catella propre au golfe de Gascogne, Tr. Juhiæ.

À la suite de nos sondages de 1870, nous avons annoncé la découverte, sur les côtes occidentales de France, d’un Ptéro- pode du genre Cleodora; en 1872 nous avons eu la satisfaction d'obtenir un deuxième représentant de.ce groupe de Mol- lusques, l’Hyalæa inflexa, Lesueur, espèce qui pénètre souvent * dans la Méditerranée. l

Parmi les Echinodermes, nous avons dragué une ophiure des mers d'Angleterre : l'Ophiactis Bailli, Thompson, et une des plus curieuses Holothuries des mers du Nord : le Thyone fusus, Müller (H. papillosa, Abildgaard).

Les Rayonnés et les Foraminifères ne nous ont pas offert de formes nouvelles.

Troisième zone, 180 brasses. À cette profondeur, le fond est une vase molle, habitée par une faune assez peu variée. Comme dans nos explorations précédentes, nous retrouvons des Annélides en grand nombre, des tubes de Pectinaria, des Échinodermes : Brissopsis lyrifer, Forbes, var. Biscayensis, et Amphiura Chiajei, Forbes, ophiure de la Méditerranée ; parmi les Mollusques, les Nassa semistriata, Tellina compressa, Syn- dosmya alba, etc. La vase renfermait une grande quantité de débris végétaux terrestres : graines, feuilles, tiges, etc. Nous notons ce fait comme un indice qui permettrait de croire ou que les courants amènent dans ces grands fonds des matières organiques disséminées aux alentours, précipitées ensuile sur ce point par l'effet d’un remous, ou que nous avons alteint des couches déposées dans la fosse du cap Breton par l’Adour, à l’époque il débouchait au cap Breton; mais cette der- nière hypothèse mérite confirmation.

En résumé, l'exploration de 1872 augmente sensiblement

EXPLORATION BATHYMÉTRIQUE. 303

_les richesses de la faune française, et nous fait connaître des

formes entièrement nouvelles. Nous croyons qu'il serait néces- saire, pour arriver à compléter nos études, de produire quelques explosions parmi les roches qui, sur plusieurs points, émergent du fond. On pourrait ainsi en rapporter, avec la drague, des fragments plus ou moins gros, et décou- vrir des parties du fond abritées par ces roches et la vie animale doit être très-variée.

Les opérations du chalut devraient être exécutées avec un filet beaucoup plus grand. Dans ce cas, il serait facile d’éta- blir à quelles profondeurs stationnent les diverses espèces de Poissons qui pénètrent dans la fosse, travail qui n’a pas en- core élé entrepris et qui donnerait peut-être des résultats importants.

Enfin nous rappellerons que, pause le commencement de ces recherches, la faune française a été enrichie de plus de 200 espèces qui n'avaient jamais été signalées sur nos côtes, et cependant nous n'avons déterminé ni les Annélides, si nombreuses, ni les petits Crustacés amphipodes et isopodes, ni les Éponges, etc. Il reste donc un vaste champ d’études ouvert aux travailleurs qui s nisrement à l'histoire naturelle de la France.

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REPRODUCTIONS HYBRIDES D'ÉCHINODERMES.

Note de MI. A. F. MARION.

La pénurie d'observations relatives à l’hybridité, chez les animaux inférieurs, constitue une lacune des plus regrettables, puisque le résultat des unions croisées a été considéré par beaucoup de naturalistes comme le seul criterium de la valeur réelle des groupes génériques ou spécifiques. Il est vrai que les phénomènes bien connus d’infécondité, de retour et de postérité limitée, semblent, à priori, être l'effet naturel de la distance proportionnelle des êtres entre eux, telle que nos classifications s'efforcent de la représenter ; mais cette donnée théorique ne dispense pas de réclamer de l’expérimentateur des preuves d’autant plus nécessaires, que l’ensemble des Invertébrés est resté jusqu'à ce jour pour ainsi dire hors de cause et comme inaccessible à cet ordre de recherches. L'hy- bridation n'’existerait-elle pas pour ces êtres chez qui lacte reproducteur dépend le plus souvent de la rencontre fortuite des deux éléments sexuels ? Ce phénomène, justement parce qu'ilconsacre une déviation aux lois ordinaires, nécessite, sans doute, entre les deux espèces parentes un certain degré d’affi- nilé organique qui les dispose à se rechercher ; mais se mani- feste-t-1l également parmi des animaux destinés par leur mode de fécondation à demeurer dans l'isolement et dont les fils ne dérivent qu'indirectement des produits maternels ? En d’autres termes, pouvons-nous supposer d'avance que les différences physiologiques, exprimées par les faits de génération alternante, soient de nature à élablir, entre deux espèces congénères d'In-

HYBRIDES D'ÉCHINODERMES. 305

vertébrés, une barrière plus infranchissable que celle qui sé- pare deux types voisins choisis parmi les animaux supérieurs? Il estimpossible de répondre à une question ainsi posée, faute d'observations catégoriques.

Je crois donc devoir exposer brièvement Fe résultats que j'ai obtenus, en expérimentant dans ce sens sur les Rayonnés du groupe des Échinides réguliers, si bien représenté dans le golfede Marseille par diverses formes del’ancien genre Echinus. L'espèce la plus connue, recherchée pour la consommation, le Toxopneustes lividus, doit être considérée comme essentiel- lement littorale. Fréquente déjà dans les petites anses éloi- gnées de la ville, elle abonde surtout dans les prairies de Lostères par 5; 6 et 7 brasses, sans jamais s’égarer sur les graviers ou dans la vase. On recueille cependant vers les ré- gions herbeuses plus profondes, jusqu'à 18 brasses, quelques rares individus de petile taille, associés aux Psammechinus pulchellus qui apparaissent dans ces mêmes prairies par 10 brasses de profondeur. Ces deux espèces possèdent donc, avec des apütudes un peu différentes, des stations bien dis- tinctes de celles fréquentées par les Sphærechinus brevispinosus, qui ne s'engagent qu'exceptionnellement au milieu des Posi- donies, tout en étant très-nombreux sur le pourtour de ces massifs, dans les débris de végélaux décomposés qui jonchent les fonds sablonneux. Ce n’est enfin que bien plus bas, à 25 et 35 brasses, qu'il est possible de trouver l’Echinus melo, tou- jours très-éloigné des autres espèces. On comprend l’impor- tance et les effets de cette distribution. Du reste, les moments de maturité sexuelle, différents pour ces quatre Rayonnés, rendent plus régulières les rencontres normales des éléments reproducteurs. En effet, les ovaires et les testicules du Toxo- pneustes huidus ont atteint déjà tout leur développement vers le milieu de janvier et conservent longtemps leur activité ; les Psammechinus pulchellus produisent, en mars eten avril, quel-

JourNaL DE ZOOLOGIE. T. II. 4873. 20

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306 À. F. MARION.

ques ovules et du sperme bien constitué, tandis qu’en ce mo- ment les Sphærechinus brevispinosus ne possèdent que des glandes sexuelles imparfaites. On peut toutefois découvrir cer- {ains individus à maturation hâtive qui permettent de recon- naître les phénomènes occasionnés par des imprégnations illégitimes. Je me propose de présenter uniquement dans cette Note un résumé rapide des expériences opérées, sur les deux espèces les plus voisines, durant plusieurs années consécu- tives. ,

Si l’on soumet, aux mois de mars et d'avril, les ovules du Sphærechinus brevispinosus à l'influence des spermatozoïdes du Tosopneustes lividus, on n'obtient que des résultats à peu près négalifs. Quelques œufs manifestent à peine un commence- ment de segmentalion irrégulière qui s'arrête aussitôt. Le con- tact du sperme des individus de même espèce ne produit, du reste, sur ces éléments sexuels femelles qu'un effet analogue. Il est juste de remarquer que l'examen anatomique explique cet insuccès, qui dépend de l’imperfection des ovules. Ce- pendant on trouve, à cette époque, dans le Sphærechinus bre- vispinosus, des glandes mâles contenant des filaments sperma- tiques très-agiles, que j'ai pu dès lors rapprocher, avec espoir de réussite, des ovules adultes pris dans l'intérieur des Toxo- pneustes lividus. Les spermatozoïdes s'engagent immédiate- ment dans la zone mucilagineuse qui entoure le vitellus; aussitôt se déclarent les mouvements désordonnés précurseurs de la segmentation, qui commence trois heures après l'impré- gnation else continue avec une régularité parfaite. Les cellules vitellines se groupent à la périphérie, l'embryon se constitue et l'éclosion s'effectue vingt-trois heures après l'action des filaments spermatiques. Les fécondations normales, opérées en même temps et d'une manière comparative, fournissent des faits entièrement concordants. Les embryons hybrides nagent rapidement, leur masse framboisée, très-opaque, cache la

HYBRIDES D'ÉCHINODERMES. 307

cavité centrale que j'ai pu reconnaître par compression. L'évo- lution de ces larves s'accélère deux jours après l’éclosion. Quelques-unes présentent des protubérances monstrueuses, mais elles périssent bientôt, et je ne trouve plus, le quatrième jour, que des embryons piriformes, dans lesquels les tiges cristallines prennent naissance. Les trois dilatations de l'appa- reil digestif deviennent visibles, et j’observe enfin les véritables Pluteus hybrides, ne différant que par des détails de contour peu importants des Pluteus normaux, qui subissent dans des vases spéciaux un développement parallèle. Mais l'impossibi- lité de conduire ces larves au delà d’une certaine phase cri- tique dans les éducations artificielles a été reconnue déjà par Khron, Derbès et Muller. Sept jours après l’éclosion, les alté- rations pathologiques inévitables apparaissent, et bientôt les Pluteus normaux, aussi bien que les hybrides, perdent leurs spicules, deviennent globuleux et se décomposent. Cependant l’existence, même passagère, de ces embryons, dont la pertene peut être attribuée à l'influence du croisement, constitueun fait dont l'importance n'a pas besoin d’être démontrée et qui mé- ritait d'obtenir une place dans l'histoire, à peine ébauchée, des reproductions hybrides.

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VERS PARASITES

DES

CHAUVES-SOURIS DE LA BELGIQUE;

PAR

M. P. J. VAN BENEDEN ({).

Les Articulés parasites à l'extérieur des Chauves-Souris se voient généralement à l’œil nu ou on les découvre facilement entre les poils, la loupe à la main ; les Helminthes exigent, en genéral, un peu plus de soin. Pour ceux du tube digestif, et ils logent presque tous dans l'estomac ou l’intestin, on ouvre cette cavité par un coup de ciseau et on vide le contenu sur une lame de verre qu'on examine au microscope simple ; pour ceux de l'intestin, on comprime celui-ci simplement en le poussant avec le dos du scalpel dans l’un ou l’autre sens, et on remet le contenu sur une lame de verre pour l'étudier par transparence. Rien ne peut échapper par ce moyen, et il est beaucoup plus facile de découvrir les Helminthes des voies digestives dans les petites espèces que dans les grands ani- maux.

Nous examinerons les Vers par groupes en commençant par les Nématodes. On verra que les Chauves-Souris s'éloignent, par leurs parasites, de tous les ordres de Mammifères.

(1) Extrait du Mémoire de M. Van Beneden intitulé : Les parasites des

Chauves-Souris de Belgique (Mém. de l'Acad. r. des sc., lettres et beaux- arts de Belgique, 1. XL, année 1873).

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 309

SL.

NÉMATODES.

Les Ascarides constituent la forme prédominante dans les Mammifères. La plupart des ordres ont leurs espèces d’Ascaris propres. Il n’en est pas de même des Chéiroptères ; jusqu’à présent, il n’y a pas une seule espèce signalée, el il est pro- bable que l'on n'en signalera point par la suite. Nous avons tout lieu de croire que les Ascaris sont introduits par la bois- son, et, si les Chéiroptères se désaltèrent, ce n’est pas en buvant de l’eau.

Nous trouvons, par contre, des Strongles qui sont assez ré- pandus parmi certains Mammifères, certains Oiseaux et quelques Reptiles. Jusqu’à présent, on n’a toutefois signalé aucune espèce qui leur soit propre.

Les autres Nématodes sont des Ophiostomes et des Tricho- somes.

Strongylides.

Les Strongylides sont plus particulièrement des parasites de Mammifères, quoiqu’on en trouve dans les Oiseaux et les Rep- tiles ; on a signalé leur présence dans les divers ordres, sauf dans celui des Chéiroptères, des Cétacés et des Didelphes.

Nous faisons donc connaître deux Strongylides entièrement nouveaux pour la science.

La seule mention qui soit faite, dans les auteurs, de la pré- sence d'un Strongle dans les Chauves-Souris est celle de Ru- dolphi : le célèbre helminthologiste parle, dans son Synopsis, d’un Nématode de Vespertilio auritus. Il n’y joint aucune des- cription ni dessin. À en juger par l'hôte dans lequel il l'a trouvé, nous avons tout lieu de croire que le prétendu Strongle

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de Rudolphi n'est que l’Ophiostome que l’on voit communé- ment dans celte espèce de Chéiroptères.

Le premier Strongylide que nous ayons à faire connaître provient des Vespertilio murinus, Daubentont et noctula, et peut fort bien rester dans le genre principal de cette famille, tandis que le second ne rentre, par ses solides crochets, dans aucune des coupes génériques.

STRONGYLUS TIPULA, Species nova. Nous avons donné le

nom spécifique de Tipula à ce Ver, à cause de la ressemblance de son facies avec une larve de Tipule.

Cette espèce vit dans les Vespertiho murinus, V. noctula et V. Daubentonu. Nous en avons vu jusqu’à une dizaine réunis, des deux sexes, dans plusieurs individus. Les mâles sont beau-

coup plus petits que les femelles et sont moins nombreux.

Nous n’en avons vu d'abord que dans un petit nombre d'in- dividus et la plupart dans le Murin. Depuis, nous en avons trouvé aussi dans le V. Daubentonu.

Nous avons trouvé le même Ver en abondance dans les V. noctula que nous avons visités dans les premiers jours du mois de mai. Au commencement des intestins se trouvaient des mâles et des femelles plus ou moins sexués ; vers la fin de l'intestin ne se trouvaient que des jeunes à peine visibles au microscope simple. Le troisième jour après la mort de la Chauve-Souris, ces Nématodes étaient encore en vie.

Le mâle ne mesure guère plus de { millimètre et la femelle 1 1/2 à 2 millimètres.

Il y a de grandes différences entre les sexes, surtout par la partie postérieure du corps.

Ces Vers tranchent, par leur couleur foncée, au milieu du contenu plus clair de l'intestin.

Le corps est fort long relativement à sa grosseur et se dis- tingue des autres Nématodes, en général, par sa roideur. On dirait une aiguille vivante dont la partie antérieure et posté-

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 311

rieure se courbe par moments, mais qui reste habituellement dans une position étendue.

Description. La peau est résistante et assez épaisse, fine- ment striée sur toute sa largeur.

L'extrémité céphalique dans les deux sexes est terminée par un renflement régulier.

L'extrémité caudale du mâle présente un éventail soutenu par des côtes, dont deux latérales assez fortes et LUE au milieu assez faibles.

La femelle est terminée en arrière par une pointe non re- courbée el portant trois éminences coniques.

La bouche se trouve au milieu sans lèvres et sans papilles.

Un bulbe œsophagien sépare nettement la partie antérieure du tube digestif. Ce bulbe a les parois épaisses et bien dis- tinctes. Il ne présente qu'un faible gonflemént en dessous.

Le tube digestif a les parois fort minces et montre peu dis- tinctement son coutour, si ce n’est quelquefois par son con- tenu opaque.

Il se termine en arrière en se modifiant d'une manière in-

sensible et présente à peine une différence dans sa partie ter- minale. |

L'anus s'ouvre non loin de la pointe libre.

L'appareil mâle est fort simple. On voit distinctement deux longs pénis légèrement courbés et une autre pièce vers leur extrémité qui a la même épaisseur qu'eux. Ces pénis ont une teinte un peu plus foncée que les autres organes.

L'appareil femelle est plusieurs fois replié sur lui-même et s’ouvre, si nous ne nous trompons, non loin de l'extrémité postérieure du corps.

L'ovaire est double : une branche se rend en avant, une autre en arrière, et, quand les œufs approchent du moment de leur maturité, il occupe presque toute la largeur du Ver. On voit souvent un œuf mûr isolé près d’être pondu, tantôt

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312 P. J. VAN BENEDEN.

au-dessus de la vulve, tantôt au-dessous. Mais il n'y en a qu’un seul à la fois. Les œufs en voie de développement sont serrés comme des dominos dans leur boîte.

Les œufs sont simples, ne montrent qu'une seule enveloppe el occupent vers l’extrémité de la matrice toute la largeur de la cavité. Avant de prendre leur forme arrondie, ils sont qua- drangulaires et empilés dans le tube. Nous avons vu la vésicule germinative dans la plupart d’entre eux.

La matrice est recourbée non loin de l'anus.

Nous avons vu des œufs dans lesquels l'embryon était en voie de développement avant la ponte. Ces Vers ne sont ce- pendant pas, croyons-nous, vivipares.

STRONGYLACANTHA GLYCIRRHIZA, Genus et Spec. nov. Ce se- cond Strongle doit évidemment former un genre nouveau et une division distincte, avec le curieux Nématode que Bilharz a découvert en Égypte dans l'intestin grêle de l'Homme.

La bouche de cet Helminthe est armée de deux forts cro- chets symétriques et d’un troisième médian inséré dans la paroi dorsale. |

Il habite l'intestin du Rhuinolophus ferrum-equinum.

Nous ne l'avons observé jusqu’à présent dans aucun autre Chéiroptère, pas même dans le Petit Fer-à-Cheval.

On le trouve ordinairement par couple.

Nous en avons vu jusqu'à trois et quatre couples dans la même Chauve-Souris.

Il est toujours logé au commencement de l'intestin.

Les mâles ont de 2 à 3 millimètres de longueur, les femelles sont un peu plus grandes.

Ils sont assez foncés en couleur ; le tube digestif est d'abord d’un brun foncé, le corps tire vers le jaune et le liquide péri- gastrique a une teinte rougeâtre. On trouve aussi des stries de sang dans la cavité digestive.

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 313

La peau est régulièrement ridée dans toute la longueur du Ver, et ces rides ne sont pas très-rapprochées.

C'est avec le Strongylus duodenalis, c'est-à-dire l’Ancylosto- mum duodenale de Dubini et de Bilharz, que ce Ver a le plus d’affinité.

Ce curieux Nématode, observé d’abord en Lombardie par Dubini, puis par |Bilharz et Griesinger en Égypte, est si abon- dant au Caire chez l'Homme, que presque chaque cadavre en renferme, et l’on en trouve souvent par centaines dans le duodénum et surtout dans le jejunum.

M. Griesinger attribue la maladie qu'il a désignée sous le nom de chlorose d'Égypte à la présence de ces parasites qui produisent, d'après lui, l’anémie par petites saignées (1). La présence d’un Ver semblable dans les Chauves-Souris, en parfaite santé, nous fait supposer que la cause de cette ma- ladie est ailleurs que dans la présence de ces Vers.

La bouche consiste dans un orifice plutôt de forme allongée que circulaire et s'ouvre lâtéralement. Elle est la même dans les deux sexes. À l’entrée, en dessous, existent deux forts cro- chets recourbés comme on les trouve sur la trompe des Échi- norhynques ou le rostellum de certains Cestodes. Ces crochets, surtout les deux inférieurs, sont très-forts ; leur base est soli- dement implantée dans l'épaisseur de la peau et leur pointe recourbée assez brusquement ; tout indique clairement qu'ils servent, avant tout, à amarrer l’animal.

Iudépendamment de ces deux crochets inférieurs, il en existe un troisième, inséré dans la voûte de la cavité de la

bouche et dont la pointe est à peine visible à l'extérieur. Il est

moins grand que les autres, et la pointe est fort peu courbée.

(1) Dubini, Omedei annal. univers. de medic. di Milano, 1843 ; Vierordl's Archiv. fur Physiolog. Heilk. an., XIII, liv. IV; Gazette hebdomadaire, 13 avril 1855; Zeits. fur Wiss. Zoologie, 1853.

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314 | p, J. VAN BENEDEN.

C’est mon fils qui a reconnu le premier cette dent qu’on pour- rait presque désigner sous le nom de palatine.

Cette dernière peut servir à forer, mais les deux précé- dentes ne peuvent avoir d’autre usage que d’attacher d’après un mécanisme semblable à celui des Cestodes.

J'engage ceux qui étudieront ces Vers après nous à ne pas croire à une erreur d'observation, s'ils ne trouvent pas de suite cette troisième pièce solide. Nous concevons parfaite- ment qu’elle échappe à un premier examen, comme cela nous est arrivé. \

L'existence de crochets à la bouche des Nématodes est une disposition tout exceptionnelle ; ces crochets rappellent évi- demment ceux de la trompe des Echinorhynques.

C'est par erreur que des helminthologistes ont prétendu que ces dents sont loujours dirigées en avant et servent à cou- per ou à perforer. Celles dont nous venons de parler sont évi- demment des crochets d’amarre pour attacher le Ver.

Les dents de l'animal qui nous occupe présentent donc une disposition exceptionnelle, puisque leur direction est positi- vement en arrière, comme dans les Échinorhynques.

La bouche, assez largement ouverte, conduit directement dans une cavité en entonnoir, dont les parois sont fort épaisses et qui s’élargit en bas en bulbe œsophagien ; vient ensuite le tube digestif qui se distingue par sa couleur brune et qui con- serve, à travers tout le corps, le même aspect et la même cou- leur de jus de réglisse.

Nous avons vu, chez quelques individus, du sang rouge dans l’intérieur de la cavité digestive.

Ce tube s’arrondit assez brusquement en arrière comme en avant, et se termine par un intestin rectum qui aboutit à l'anus. Il s’ouvre assez loin en arrière.

À sa base, il y a des glandes comme dans la plupart des Nématodes.

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 315

On aperçoit aussi deux bandes musculaires qui font fonc- tions de dilatateurs de l'anus.

Le mâle a le corps terminé par une membrane sous-tendue par des prolongements digitiformes, dont quelques-uns sont encore divisés au bout. C’est cet appareil surtout qui trahit la nature du Strongylide.

Il y a deux forts pénis, assez larges à la base et bifurqués vers le milieu de leur longueur, ce qui fait qu'au bout on croirait en voir quatre. |

Ces pénis sont très-visibles à travers l’épaisseur de la peau par leur couleur bistre.

La femelle a le corps terminé comme les Nématodes en gé- néral, par une pointe légèrement effilée ; mais, en l’examinant au microscope, cette pointe se bifurque.

La vulve est située vers le tiers postérieur du corps ; dans une femelle, nous avons vu l'utérus contenant, de chaque côté, deux ou trois œufs complétement formés et qui sont, sans doule, évacués simultanément.

Dans d’autres individus du même sexe, nous avons vu des œufs avec le vitellus en plein fractionnement, et remplissant une grande partie de l'appareil, de manière que les œufs oc- cupaient presque toute la longueur du corps. Les œufs sont proportionnellement grands.

L'oviducte et l'ovaire sont repliés plusieurs fois sur eux- mêmes. On voit des œufs avec le vitellus en plein fractionne- ment dans les replis de la matrice.

Sous la cavité de la bouche, on aperçoit un orifice auquel aboutit un tube à parois assez solides et qui communique avec une glande à parois fort délicates qui longe l'œsophage. C'est un appareil excréteur que nous n’avons trouvé nulle part aussi développé et aussi visiblement terminé par un orifice sur la ligne médiane.

Voilà donc un appareil excréteur comme dans les Cestodes

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316 P. J. VAN BENEDEN.

et les Trématodes. On a, du reste, signalé, dans ces derniers temps, la présence de cet appareil dans la plupart des Néma- todes.

On trouve des œufs libres en quantité dans l'intestin de la Chauve-Souris. Ces œufs sont à une seule enveloppe et un peu allongés sans aucun prolongement.

OPHIOSTOMUM MUCRONATUM. Le nom d'Ophiostome, intro- duit par Rudolphi, a été imposé à des Nématodes très- divers, et des cinq espèces placées dans ce genre il n’y en a que deux qui aient été vues et très-incomplétement étudiées par Rudolphi : l’'Ophiostoma mucronatum des Chauves-Souris, qui a besoin d’être soumis à de nouvelles recherches, restera peut-être seul dans ce genre; l’Ophiostoma sphærocephalum de l'Esturgeon, qui se trouve très-communément dans ce Pois- son, appartient à un autre genre.

Ce dernier n'a rien de commun avec l'Ophiostome des Chauves-Souris et appartient, d’après nos propres observa- tions, au genre Dacnitis, comme l’a supposé Dujardin.

L'Ophiostome des Phoques, placé par le savant helmintho- logiste à côté de l'espèce précédente, n'a également rien de commun avec lui. Nous avons trouvé une cinquantaine de ces Nématodes dans l'estomac d’un Phoca vitulina. I a la tête tri- lobée comme les Ascarides, et les mâles ont la queue entourée d’une membrane étroite soutenue par de nombreuses côtes. .

Kolenat cite l'Ophiostome parmi les parasites qui hantent les Chauves-Souris, mais 1l ne fait rien connaître de nouveau. Il donne la synonymie. Nous croyons peu important de la re- produire.

Il existe un mauvais dessin de la tête de ce Nématode (Ru- dolphi, Entoz., pl. 11, fig. 13-14) qui a été reproduit dans le Dictionnaire des sciences naturelles, pl. xxx, fig. 8 et 8 a, sous ce même nom d'Ophostome mucroné. C’est le même animal que celui qui a été décrit sous le nom de Fissula mucronata

VERS DES CHAUVES-SOURIS. a?7

par Lamarck, dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres.

Zeder et Dujardin ont eu tous les deux ce Ver sous les yeux, mais ils l'ont perdu l’un et l’autre avant d’avoir eu le temps de l’observer. De manière que ce Nématode, quoique signalé par les principaux helminthologistes, n'est connu, jusqu’à présent, dans aucun de ses appareils. Il n’est donc pas éton- nant que ses affinités soient mal appréciées, et nous ne devons pas être surpris de voir Dujardin placer le genre Ophiostome à côté des Dacnihs et des Dochmius.

D'après Rudolphi, un Ver nématode, à bouche large munie de deux lèvres, habite le tube digestif de plusieurs Chauves- Souris d'Europe : Plecotus auritus, Vespertiho noctula et V. mu- rinus. Goeze, Zeder et Dujardin ont également trouvé des Helminthes nématodes dans les Chéiroptères, mais aucun d’eux n'a eu le loisir de les étudier convenablement, et il nous serait impossible d'affirmer positivement que l’un ou l’autre de ces auteurs ait vu réellement l'animal que nous décrivons ici.

Nous trouvons communément ce Nématode dans l'intestin du Vespertihio Nattereri. Nous en avons trouvé trois du sexe femelle dans une seule Chauve-Souris, et trois fois nous avons vu un mâle isolé.

Dans une autre, nous avons constaté la présence de cinq femelles à la fois.

Nous l'avons observé également dans le Vespertilio Dauben- tonri.

La Chauve-Souris qui le nourrit le plus régulièrement est toutefois l'Oreillard ; on pourrait presque dire que c’est le pa- rasile constant de ce Chéiroptère.

Description. La peau présente une consistance assez grande et se déforme très-rapidement pendant la macéralion, Elle est finement siriée dans toule sa longueur,

318 P. J. VAN BENEDEN.

La longueur du corps est à peu près de 15 millimètres et sa plus grande épaisseur de 1 millimètre.

Le corps est rigidule, peu aminci aux extrémités.

La bouche s'ouvre au milieu ; il n'y a ni lèvres ni papilles.

L'œsophage est assez long, élargi en avant et en arrière, et ne montre que peu de différence dans son diamètre.

Vers le liers antérieur on voit, à l’intérieur, une peau au- .

tour de l'æsophage ayant l'air de constituer une cloison dia- phragmatique. C’est sans doute le système nerveux.

À un fort grossissement, nous avons vu, sur le bulbe œæso- phagien en avant, une apparence de ganglions avec des filets nerveux qui en partent. ù

Le tube digestif est droit et, chez plusieurs, foncé en couleur. On dirait qu'il renferme une bande noire’au centre.

Le corps se termine en avant et en arrière de la même ma- nière dans les deux sexes.

Le corps est mucroné et terminé par un onglet, qui s’en- vagine quelquefois chez le mâle.

L'orifice sexuel femelle s'ouvre vers le tiers antérieur.

Le mâle a deux pénis semblables, légèrement courbés, ter- minés en pointe et ne dépassant pas en longueur le diamètre du corps.

A la base du rectum, on voit des vésicules glandulaires, et dans une de ces vésicules on aperçoit une cellule complète fort distincte, que l’on prendrait pour un organe des sens, si on la voyait pendre à un collier nerveux.

Ses muscles se présentent sous la forme de bandes isolées sous-cutanées, mais fort distinctes.

Nous avons vu des œufs et des embryons à tous les degrés de développement.

L'œuf a une enveloppe simple et mesure dans son grand axe 0",24.

Le développement n'offre rien de particuher,

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 319

TricHosomum speciosum, Spec. nov. Le catalogue du mu- sée de Vienne indique un Trichosome d'espèce indéterminée, dit Dujardin (1).

Kolenati fait mention de ce Trichosome, cite le catalogue du musée de Vienne, Diesing, Rudolphi et Dujardin, et quoiqu'il reconnaisse lui-même que ce Ver a besoin d’être étudié, puisque Diesing ne donne même pas de diagnose, il établit cependant une espèce nouvelle sous le nom de Trichosome de Diesing, observé dans le Myotus murinus.

Aux caractères qu’il lui accorde : la tête gonflée en forme de bouton avec une papille terminale, la partie postérieure des mâles pourvue de trois crochets courbés contre le pénis, nous ne reconnaissons aucunement le Trichosome que nous décrivons. Ne voulant pas révoquer en doute l’exactitude des observations de Kolenali, nous nous voyons obligé de donner à notre Trichosome un nom nouveau, et nous le désignons sous le nom de Trichosomum speciosum.

D'après le catalogue du musée de Vienne, un Trichosome a été trouvé quatre fois dans le Vespertiho lasiopterus, sur cent quarante-quatre indivièus.

Nous avons trouvé ce Ver abondamment dans le Vespertihio Daubentonu, dans le Vespertiho dasycnemus et dans le Vesper- hho serotinus.

Il habite l'estomac seulement ; nous ne l'avons jamais trouvé dans les intestins. Il ne s’observe que dans un petit nombre d'individus ; il est à remarquer, toutefois, que ces Nématodes doivent facilement échapper à l'attention des naturalistes.

Nous avons trouvé ordinairement des mâles et des femelles réunis dans le même estomac.

Les femelles déroulées atteignent 20 millimètres.

Les mâles sont plus petits et plus minces.

Description. Le corps se termine en avant en une pointe

(1) P, 9.

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320 P. J. VAN BENEDEN.

d'une ténuité extrême au milieu de laquelle on distingue à peine le court bulbe æsophagien et la bouche.

La bouche ne semble entourée d'aucune espèce de papilles et nous ne sommes pas certain qu’elle s'ouvre dans l'axe du corps.

Les parois du bulbe sont fort minces et délicates.

Le corps s’épaissit lentement presque à la hauteur de l’ori- fice vaginal, puis il se rétrécit de nouveau fort lentement jus- qu’à l'extrémité caudale.

Le corps, dans les deux sexes, se termine de la même ma- nière aux deux extrémités.

Le tube digestif, à quelque distance du bulbe œsophagien, se festonne comme s’il était formé d'œufs empilés, et ce tube s'élargit avec le corps jusqu'à l’orifice sexuel femelle.

Ce tube ensuite se rend en ligne droite à l'anus et reste vi- sible dans toute sa longueur par son contenu foncé.

En arrière, l'estomac se termine assez brusquement et est .

suivi ensuile d’un rectum fort distinct.

Les anses de l'appareil femelle s'étendent jusqu'à l'anus.

L’orifice sexuel femelle est situé vers le milieu de la longueur du Ver.

Une parle du vagin se déroule comme un pénis.

Nous n’avons vu qu'une matrice simple qui renferme, vers son orifice, des œufs complétement développés. Ces œufs oc- cupent à peu près loule la largeur de la cavité. La matrice ne montre aucun renflement.

Les œufs ont 0"*,25 dans leur plus grande longueur. Ils sont enveloppés d’une coque résistante qui forme, aux deux pôles, une espèce de goulot et donne à ces œufs un facies à part.

Le mâle a un énorme pénis, comme on peut le voir dans les figures.

En examinant la partie caudale des mâles à un fort grossis-

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 391

sement, on découvre de deux côtés une aile membraneuse et des côtes peu nombreuses, faiblement accusées.

Lrrosoma (1) riLaRIA, Nov. gen.— Nous avons trouvé ce Ver dans l’estomac du Vespertilio auritus. Il était seul et nous ne avons pas retrouvé dans d’autres.

Il se distingue des Ophiostomes par divers caractères et au premier coup d'œil par sa grande ténuité.

Le corps est, en effet, proportionnellement fort long et la peau n’est point ridée comme dans l'Ophiostome. II a la même épaisseur à peu près dans toute la longueur. La têle n'est cependant pas effilée comme l'extrémité caudale. Il présente le même aspect que les Mermus ou les Gordius et s’entortille comme ces Vers libres, de manière à ressembler à une corde de violon.

La bouche s'ouvre au milieu en avant, et ne présente au- cune apparence de lèvres ou de papilles ; derrière l’orifice, on voit une espèce d’entonnoir ou de vestibule qui précède le bulbe œsophagien.

Ce bulbe est fort long, étroit et sans renflement inférieur.

L'estomac parcourt régulièrement toute la longueur du corps sans présenter aucune particularité sur son trajet.

Sur le trajet de cette cavité gastrique, on distingue facile- ment le testicule qui forme des anses nombreuses el se détache facilement. Nous n'avons vu qu'un seul conduit.

Le pénis est double : un des spicules est fort long et sans renflement sensible sur son trajet, l’autre est fort court. Leur terminaison ne présente rien de particulier.

Ce Ver se distingue par sa grande ténuité, sa surface cu- tanée unie, la bouche sans lèvres, un vestibule qui précède le bulbe œsophagien, et un double pénis avec un des spicules fort grand.

(4) De Arcs, tenuis. JOURNAL DE ZOOLOGIE, T, Il. 1873. 91

322 P. J. VAN BENEDEN.

* Il serait difficile de dire, ne connaissant que le mâle, avec quel genre ce Ver offre le plus d’affinité.

Ascarops (1) mxura, Nov. gen. Ce Nématode se distingue par la présence de deux papilles, un œsophage très-long et membraneux et un appendice caudal arrondi.

Nous avons trouvé deux individus, tous les deux agames, enkystés dans les parois de l'estomac d’un Vespertilio dasyc- neme.

La tête est effilée en avant et présente, comme nous venons de le dire, deux papilles.

L'œsophage est fort long ; on voit, en avant, les renflements ganglionnaires, et son diamètre augmente brusquement. La division de l'intestin est peu visible.

Le bout de la queue est terminé par un bouton.

Le mâle a des membranes au bout de la queue, et celle-ci se rétrécit brusquement. La peau est finement striée dans toute son étendue.

Dans la matrice d’un Petit Fer-à-Cheval, nous avons trouvé un kyste sous forme de lentille, attaché à l’aide d’un long pé- dicule et dans lequel se trouvait un Ver enroulé. Il n’était pas difficile de le reconnaître comme Nématode agame. En ou- vrant le kyste, nous avons trouvé un Ver assez gros, dont la surface était finement striée, la tête tronquée, un très-long bulbe œsophagien précédé d’un entonnoir, sans papilles ou aucune espèce d’appendice, et dont l'extrémité postérieure du corps est terminée par un bouton.

Nous nous demandons, en coordonnant le résultat de nos observations, si les deux papilles que nous avons remarquées dans les premiers individus ne sont pas le produit de quelque repli de l’entonnoir, puisque, sous les autres rapports, ces Vers correspondent très-bien.

(1) De Ascaris et «À, vullus,

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VERS DES CHAUVES-SOURIS. 323

Nous espérons que ces recherches seront bientôt reprises par quelque naturaliste favorablement placé, qui pourra faire connaître plus complétement l’organisation et l’origine de ces Helminthes.

8 II.

TRÉMATODES.

Genre Disroma. Les Distomes sont excessivement com- muns dans le tube digestif ou, pour mieux dire, dans les in- testins des Chauves-Souris, contrairement à ce que l’on voit dans tous les autres Mammifères. Nous avons rarement ou- vert une Chauve-Souris de Maestricht, le Mystacin, le Dasy- cnème, le Murin, le Daubenton, le Natterer ou le Grand et le Petit Fer-à-Cheval, sans en trouver un bon nombre. Et ce qui n’est pas moins important à faire remarquer, c'est qu'à côté des deux grandes espèces, Distoma lima et Distoma chi- lostomum, il y a toujours un grand nombre, un très-grand nombre de Distomes également sexués, qui appartiennent à une espèce parfaitement distincte et à laquelle nous avons donné le nom de Distoma ascidia, à cause de sa ressemblance avec une outre.

Les deux grandes espèces sont les plus aisées à confondre,

mais avec un peu d'attention on peut les distinguer aisément dans le jeune âge comme à l’âge adulte.

Le Distoma lima a le corps hérissé de pointes, surtout en avant, et ses œufs sont assez larges au milieu ; le Distoma chi- lostomum n'a pas d’aspériés ni des œufs elliptiques ; mais le caractère le plus saillant par lequel ces deux espèces se dis- tinguent à tout âge, c'est que le Distoma lima a toujours une poche du pénis fort distincte, tandis qu’elle est vaguement in- diquée dans le Distoma chilostomum.

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324 P, J. VAN BENEDEN.

Ces trois espèces de Distomes se trouvent généralement à tous les degrés de développement dans le même hôte ; ceux à sexe complet à côté des agames, de manière que, pendant toute la durée de leur engourdissement, les Chauves-Souris logent des Vers qui ont à peine quitté la vie de Cercaires.

Ces parasites partagent avec leurs hôtes l’engourdissement hibernal. Il faut que ces jeunes Distomes aient été introduits en automne, au moment leur hôte allait commencer son sommeil hibernal.

Ces Distomes sont introduits par les insectes qui font leu pâture habituelle ; mais quels sont ces insectes, et par quelle voie les œufs de ces Distomes parviennent-ils dans cette pâ- ture vivante ? L’abondance de ces Distomes nous montre qu'ils doivent être excessivement communs dans ces Insectes, et le mélange des divers Distomes indique en même temps que nos

différentes Chauves-Souris chassent les mêmes espèces. Ce

pendant, il y a quelques Chéiroptères qui ont leurs parasites propres et qui, par conséquent, doivent se repaître exclusi- vement de certaines espèces. À côté des plats qui sont com- muns à toutes, il y a des friandises pour quelques-unes d’entre elles, que les moyens ordinaires ne permettent pas de recon- naître ou de poursuivre avec succès. Ainsi le Grand-Fer-à- Cheval nourrit seul le Strongylacantha ; le Plecotus auritus loge principalement l'Ophiostome, le Murin, surtout le Scolex de Cestode auquel nous avons donné le nom de Milina grisea.

Ce qui facilitera beaucoup la connaissance des Distomes en voie de développement, c’est que chaque espèce présente déjà dans le jeune âge, à son entrée chez la Chauve-Souris, des dispositions propres dans l'appareil excréteur, indépendam- ment des caractères tirés de la laille et des ventouses. Ces ca- ractères distincüfs, surtout de l'appareil excréteur, doivent se trouver déjà dans la Cercaire.

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VERS DES CHAUVES-=SOURIS. 325

Quant à leur abondance dans les voies digestives, il y a moins d’analogie avec les autres Mammifères qu'avec les Pois- sons ; en général, les Mammifères n'ont des Distomes que dans le foie ou la vésicule biliaire, et ce n’est que tout récem- ment que l’on a signalé deux espèces chez l'Homme en Égypte, l’un le Distoma hæmatobium dans la veine-porte, l’autre le Distoma heterophyes dans l’intestin grêle. |

Tous les deux sont considérés comme nuisibles à la santé, tandis que les Distomes des Chauves-Souris ne changent au- cunement l’état parfaitement physiologique de leur hôte. On peut même dire que l'animal qui n’en héberge pas ne se trouve guère dans son état normal.

Dujardin a donné le nom de Distoma heteroporum à un Dis- tome de la Pipistrelle qui se distingue surtout, dit-il, par la cavité respiratoire (appareil sécréteur) postérieure qui est di- visée en deux branches courtes. Puis il ajoute qu'il l’a trouvé abondamment à Rennes, qu'il diffère de tous les autres Dis- tomes par l'échancrure de la ventouse ventrale, résultant de la position du réceptacle globuleux du pénis, et par la forme plus allongée de ses œufs.

Il ajoute ensuite : j'ai trouvé en même temps des exem- plaires beaucoup plus petits en forme d’urne, et n'ayant pas encore la ventouse ventrale développée, mais ayant déjà des œufs mürs de même grandeur.

Il résulte clairement pour nous de ces passages :

Que Dujardin a donné le nom de Distoma heteroporum au Distome à œufs allongés qui porte le nom spécifique de D. chlostomum qu'il doit conserver ;

Qu'il a confondu les trois espèces qui vivent communé- ment ensemble ;

Que la ventouse ventrale de la petite espèce lui a échappé, puisque cet organe existe déjà à l’âge de Cercaire ;

Qu'il a bien vu la Distoma à laquelle nous avons donné

326 P. J. VAN BENEDEN.

le nom de Distoma ascidia, maïs en la prenant pour un jeune animal.

Dujardin cite la Distoma lima, fait connaître sa synonymie et parle de sa grande abondance dans les Chauves-Souris, mais il n’a pas fait d'observations propres.

D'après des dessins que nous avons pris, nous sommes per- suadé qu'il y a encore d’autres espèces de ce genre qui habitent nos Chauves-Souris. Nous avons dessiné, entre autres, un Dis- tome de la Pipistrelle qui diffère notablement des autres par le grand développement de sa ventouse ventrale et qui était con- fondu avec les Distoma ascidia.

Disroma Lima, Rud. (1). Ce Distome habite les intestins des diverses espèces de Chauves-Souris et se trouve assez abondamment dans toutes. On en découvre jusqu’à plusieurs douzaines dans le même animal et à tous les degrés de déve- loppement. En effet, il n’est pas rare de voir, à côté d'individus sexués et complétement remplis d'œufs, de jeunes Distomes n'ayant pas le sixième de leur dimension. On en voit depuis

ce premier âge qui montrent fort distinctement le canal excré-

teur médian sous la forme d’un y. Plus tard, on voit encore ce canal médian très-contractile depuis l'extrémité postérieure jusqu’à la ventouse.

Il atteint en longueur 2 millimètres et en largeur un quart de millimètre quand il est étendu.

Le tube digestif est toujours distinct; le corps en avant est toujours couvert d'aspérités, la ventouse antérieure est un peu plus grande que la postérieure ; le pénis est très-déve- loppé el toujours très-distinct, ainsi que le vagin; le canal excréteur est étendu depuis la ventouse ventrale jusqu'à l’ex- trémité postérieure et bifurqué en avant. Ses parois sont con-

(1) Fasciola Vespertilionis, Mull., Zool. dan., pl. Lxxn, fig. 12-16. Distoma lima, Goez, Vers. ein. Naturg., pl. xiv, fig. 1-2.

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VERS DES CHAUVES-SOURIS. 327

tractiles ; les œufs sont de couleur jaune dorée et de forme ovale. |

Il n’est pas rare de trouver des individus jeunes et sexués, dont les deux tubes digestifs sont gorgés de sang qui a conservé sa couleur rouge. On voit alors distinctement ce liquide rouge se mouvoir d'après les contractions du corps et quelquefois, par des contractions désordonnées, se répandre par la cavité de la bouche.

La ventouse antérieure est un peu plus grande que la pos- térieure.

On voit souvent, même dans des individus sexués, tout le vitellogène en place, et le Distome présente alors l’aspect d’un corps régulièrement ligré. On dirait un tout autre animal.

La peau est régulièrement couverte d’aspérités, ce qui lui a valu son nom spécifique, et sur le bord des aspérités se pré- sentent même à la tête comme des dentelures. Vers le milieu du corps, la peau devient plus lisse et en arrière les rugosités disparaissent.

Nous avons vu distinctement la fin de la matrice s’aboucher dans un vagin fort distinct, placé à côté de la ventouse ven- trale. Son orifice est situé à côté de l'orifice du pénis.

La poche du pénis est toujours fort distincte, et il n’est pas rare de voir cet organe se dérouler.

Le pénis est situé du côté opposé du vagin, à côté de la ventouse ventrale.

Déjà dans le très-jeune âge, avant l'apparition des œufs, cette espèce diffère surtout de la Distoma ascidia par les deux tubes digestifs qui sont toujours distincts, puis par l'appareil excréteur qui est toujours très-extraordinairement développé.

Les œufs mûrs sont d’un jaune doré, un peu plus longs que larges, et n’ont qu'une seule enveloppe sans appendices. Ils diffèrent peu de ceux de l'espèce suivante.

DisTOMA CHILOSTOMUM. Parmi les espèces douteuses, Ru-

* Vol At

328 P. J. VAN BENEDEN.

dolphi (1) cite, dans son Synopsis, sous le nom de Distoma noctulæ, une espèce distincte de la Distoma lima, et, en 1831, Meblis lui donne le nom de Chalostomum (2).

Diesing pense que cette espèce pourrait bien être une Dusto- ma lima avant la formation des tubercules. C'est évidemment une erreur. Ces deux Vers diffèrent complétement l’un de l'autre. |

Une partie des Distoma heteroporum de Dujardin doit se rap- porter à cette espèce. Dujardin a négligé d'étudier ces Vers ; comparativement (3). 1

Le Distoma chilostomum habite également dans les diverses espèces de Chauves-Souris ordinairement mêlé avec d’autres.

Il atteint une longueur de 2 millimètres et en largeur ne dépasse pas un 1/2 millimètre.

Le corps n’est pas couvert d’aspérilés en avant, mais fine- ment strié, surtout dans le sens de la longueur ; le pénis est moins distinct ; les œufs sont plus allongés ; le tube digestif est toujours fort distinct ainsi que l'appareil excréleur en ar- rière.

Nous avons reproduit le contour des œufs des trois espèces pour mieux juger de leur forme et de leur grandeur : pl. w, fig. 18, 19 et 20.

Le vitellogène n’est pas répandu sur la longueur du corps comme dans la Distoma lima ; les grappes qui le constituent sont réunies, comme dans la petite espèce, sur le côté, au devant de la ventouse ventrale.

Disroma AscipiA, Nov. spec. Nous avons vu plus haut qu’à côté des Distoma lima Dujardin a trouvé, en même temps, des exemplaires beaucoup plus petits, longs de 0"",49 en forme d’urne, n'ayant pas encore la ventouse ventrale déve-

(1) Synopsis, p. 119. (2) Jsis, 1831, p. 187. (3) Dujardin, Aist. nat. Helminthes, p. 402.

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 329

loppée, mais ayant déjà des œufs mûrs de même grandeur.

Il résulte clairement de ce passage que Dujardin a vu la Distoma ascidia, mais nous ne comprenons pas comment cet - helminthologiste a pu dire que la ventouse ventrale avait en- core à se développer ; les œufs existaient déjà, et la présence des œufs ne lui a pas fait voir qu'il avait affaire à un Ver adulte.

D'un autre côté, il aurait s’apercevoir que les Distoma lima dépassent déjà en taille la Distoma ascidia, avant l’appa- rition des œufs ou même des organes sexuels.

Ceci montre de nouveau que ce n’est jamais au vol, mais après une étude suivie et des observations souvent répétées, que l'on découvre la vérité. Dujardin a étudié les Chauves- Souris que le hasard lui faisait tomber entre les mains, mais souvent, dans ce cas, ni l'heure ni le temps ne conviennent, et l’on doit observer trop rapidement.

Son Distoma heteroporum est évidemment le Distoma chilo- siomum à œufs étroits.

Est-ce le Monostomum Vespertilionis de Kolenati ? Cela n’est pas impossible, et nous dirons même que cela est fort probable, puisque nous n'avons jamais vu de Monostome véritable dans _ les Chauves-Souris et que la ventouse ventrale peut facilement échapper à celui qui n’a pas l'habitude de l’étude des Vers. Nous dirons plus : en voyant la première fois ce Distome, la ventouse ventrale nous avait également échappé.

Dans les Pipistrelles, on trouve communément cette espèce seule et en grande abondance.

Ce Ver habite surtout le milieu de l'intestin de la plupart de nos espèces de Chauves-Souris, et de préférence la moitié postérieure. On ne le trouve plus toutefois entre les fèces. Nous disons de la plupart, parce que nous en avons trouvé dans le Murin, le Dasycnème, le Natterer, le Daubenton, le Mystacin, l’Oreillard et la Pipistrelle. Dans cette dernière sur-

330 P. J. VAN BENEDEN.

tout, on compterait facilement cinquante et jusqu’à cent indi- vidus.

Quand la Chauve-Souris, que l’on fouille, est morte depuis quelque temps, les Distomes qui nous occupent sont tous contractés et ressemblent à une urne ou à un sac. Quand on en examine de vivants, on voit, au contraire, les formes les plus variées. Les individus s’allongent et se raccourcissent, se recourbent et s’ondulent comme des Sangsues ou des Cer- caires. On ne dirait pas le même animal. Parfois ils s’allongent en avant et s'arrondissent en arrière de manière à prendre la forme de vases d'ornement.

Ces jeunes Distomes, dont nous avons reproduit un croquis, s’allongent et s’effilent ou se contractent et s'envaginent, lais- sant à peine apercevoir un organe dans la moitié antérieure du corps. Cette partie est particulièrement occupée par le vi- tellogène.

La peau est régulièrement ridée et en arrière surtout; dans .

certains individus, on la dirait réticulée. En avant, ces replis sont moins prononcés.

La ventouse buccale est parfaitement circulaire comme la ventouse ventrale, et diffère fort peu de cette dernière sous le rapport du volume, comme sous le rapport de l'aspect. L'ori- fice de toutes les deux se présente exactement sous le même aspect.

Le bulbe œsophagien est fort peu apparent.

Les deux tubes digestifs sont rarement bien distincts, et, con- trairement à ce que nous montre la Distoma lima, nous ne le voyons jamais plein de liquide, encore moins de sang rouge.

L'appareil exeréteur est excessivement développé et se montre déjà parfaitement dans les fort jeunes individus. Il reste très-distinct jusqu'à l'apparition des œufs.

Ce qui sépare surtout les jeunes de cette espèce des autres, c’est l'appareil excréteur et le tube digestif.

VERS DES CHAUVES=SOURIS. 331

L'appareil excréteur remplit toute la moitié postérieure du corps et consiste en deux gros tubes creux remplis de globules opaques ; les parois sont fort contractiles et sont plus transpa- rentes en arrière qu en avant où, en apparence elles se termi- nent en cul-de-sac, mais, en réalité, se divisent en canaux à ramifications sur leur trajet. Ces tubes se réunissent, mais seulement en arrière. Dans l’autre Distome, ils sont réunis sur presque toute leur étendue.

On distingue fort bien les deux testicules qui occupent la même hauteur à peu près et, pendant le repos, quand le Ver est contracté, 1ls sont situés à droite et à gauche de la ventouse ventrale. Ils sont symétriques.

Au devant de cette ventouse ventrale, on aperçoit la poche du pénis, mais elle est beaucoup moins nettement dessinée que dans la Distoma lima. Nous avons vu parfaitement, dans des individus très-vivaces, l’orifice sexuel s'ouvrir et se fer- mer. | Le germigène consiste, comme le testicule, en une petite sphère transparente, pleine de globules, et qui est siluée à la hauteur à peu près de la ventouse abdominale. Il faut quelque attention pour le découvrir.

Le vitellogène est très-développé, et, contrairement à ce qui existe dans les deux autres espèces, il n'occupe que la partie antérieure du corps, à droite et à gauche de la ventouse anté- rieure.

Le vitellogène se comporte comme un manteau qui recouvre les épaules. Le vitelloducte s'aperçoit parfois et nous l'avons vu en situation à la hauteur de la ventouse ven- trale.

La matrice remplit toute la partie supérieure du corps, el les œufs donnent une teinte dorée à tout ce qui est situé der- rière la ventouse ventrale. On voit les circonvolutions de la matrice tout autour des larges canaux excréleurs.

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332 P. J, VAN BENEDEN.

Les œufs sont plus petits que dans les deux autres espèces.

Disroma AscipioInes, Nov. spec. Ce Ver est ordinairement confondu avec la Distoma ascidia, quand on commence des observations sur les parasites des Chauves-Souris ; il faut en avoir observé beaucoup et avoir également dessiné plusieurs individus pour ne plus s’y tromper. Il se distingue particuliè- rement par le grand développement de la ventouse buccale. Nous l'avons trouvé surtout dans le Rhinolophe Petit Fer-à- Cheval.

$ III.

CESTODES.

On connaît de cet ordre un Cysticerque trouvé par Bloch dans le foie du Vespertilio auritus. En parlant du Cysticercus fasciolaris trouvé dans le foie de diverses espèces du genre Rat, Dujardin, après Bloch (1), émet l'avis que c’est le même animal, et il figure sous ce même nom un Strobile de Ténia.

Il est fait mention ensuite de trois espèces de Ténia, dont

un du Brésil, d’une Ligula également de l'Amérique du Sud, .

et d’une Linguatule observée également au Brésil sur un Phyl- lostoma.

Nous n'avons trouvé jusqu’à présent que deux Cestodes, un agame, fort peu avancé, avec un rostellum sans crochets et un vrai Ténia avec crochets et développé sans œufs toute- fois.

Mina GRisEA, Nov. gen. et spec. Nous en avons trouvé par centaines dans l'intestin grêle du Vespertilio murinus et du

(4) On la trouve dans une vessie blanche au foie des Chauves-Souris (Æaus- Feld und Fledermaus), dit Bloch, 4bhandl., p. 23.

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 333

V. serotinus ; à côté de ces Cestodes se trouvaient, dans le der- nier, plusieurs Trichosomum speciosum.

À peu de chose près, ils ont tous le même degré de dévelop- pement. /

On voit les quatre ventouses, le rostellum au ‘milieu d’elles, non armé, le prolongement en arrière, des granulations cal- caires difficilement visibles.

Les Scolex sont grands comme la ventouse buccale des Dis- toma lima.

Jusqu'au bout'de l'intestin, nous n’en avons pas vu de plus avancés.

Deux ou trois Distoma adultes se trouvaient dans le même animal, à côté des Mihina.

Nous avons donné un nom au Scolex, persuadé que le Ver sexué n'est pas connu encore des naturalistes.

ce Milina complète-t-il son évolution? Est-ce dans la même Chauve-Souris ? Mais pourquoi n’y en a-t-il pas alors de complets ? Ou bien est-ce dans un autre animal? Mais nous ne connaissons pas d'animaux qui mangent les Chauves-Souris et dans lesquels il faudrait chercher leur forme sexuée. Ou est-ce un parasite égaré ?

Il y a donc plusieurs points intéressants à éclaircir.

Dans des V. serotinus, nous en avons trouvé de strobilés, mais pas jusqu'à la forme sexuelle. Ils avaient cependant une largeur suffisante et l’on pouvait suivre les canaux excréteurs d'un bout du corps à l’autre.

Ces canaux aboutissent distinctement tous les quatre à une vésicule pulsatile.

Les parasites des Chéiroptères doivent être divisés aussi en parasites propres, c’est-à-dire ceux qui sont chez eux et se dé- veloppent sexuellement, et en parasites qui ne se trouvent qu'à l’état agame et sont simplement de passage. Nous n'avons vu que les curieux Scolex des intestins de plusieurs espèces, entre autres du Murin, qui pourraient appartenir à cette caté.

33% P. J. VAN BENEDEN.

gorie et doivent probablement passer leur période sexuelle dans un animal qui fait sa proie des Chauves-Souris. Nous avons tout lieu de croire que le Scolex de Cestode n’est pas le jeune âge du Ténia que nous connaissons, puisque son rostel- lum du Scolex est tout autrement conformé et qu'il n'existe pas de couronne de crochets.

Les Cysticerques signalés dans le foie des Plecotus appar- tiennent évidemment à la catégorie des parasites de passage. Nous ne connaissons que les Oiseaux Rapaces nocturnes qui pourraient faire la chasse aux Chéiroptères.

TenrA oBrusata, Rud. Brenner a envoyé à Rudolphi des Ténias, recueillis dans lintestin du Murin, de # à 8 lignes de 4 long, dont la partie antérieure du strobile est capillaire, mais qui va en s’élargissant en arrière.

Quoique Rudolphi n'ait pas vu de crochets au rostellum, nous sommes persuadé que c’est bien la même espèce que nous décrivons ici. Nous pouvons heureusement compléter la description du célèbre helminthologiste et représenter la cu- rieuse couronne de crochets.

Nous avons tout lieu de croire que la seconde Re de Ténia, observée dans la Noctula, ne diffère pas de la précé- dente. On ne doit pas perdre de vue que, si les crochets sont les organes les plus importants pour la distinction des espèces, ce sont aussi les organes qui font le plus ordinairement dé- faut. On sait que, dans la plupart des Ténias, ces organes tombent avec une facilité extrême après la mort, et que les animaux que l’on ne peut étudier vivants ou très-frais ne montrent souvent que des Gymnotenia. Ils ne sont Gymnotenia que parce que les crochets sont tombés. Dans beaucoup de ces Vers il existe des différences énormes entre l'état vivant et Ja forme cadavérique.

Nous avons trouvé uñe demi-douzaine de Ténias dans une seule Chauve-Souris sérotine.

Nous avons vu des Strobila complets ayant encore les cro-

A

VERS DES CHAUVES-SOURIS. 335

chets de leur rostellum en place, mais dans lesquels nous n'avons pu voir des proglotiüis parvenus à leur état sexuel. Aussi ne connaissons-nous pas leurs œufs.

La tête du Scolex est fort élargie à la hauteur des ventouses, puis elle se rétrécit en avant pour se terminer par un rostel- lum fort obtus.

Cet organe est armé, comme d'ordinaire, de deux rangs de crochets qui alternent entre eux ; chaque rangée compte vingt de ces organes dans la circonférence. Ceux du rang inférieur sont les plus développés.

Dans chaque crochet, on voit un talon fort long, terminé en massue, presque aussi long que la poignée. La poignée est fort longue et étroite ; elle est recourbée en dedans de manière à suivre la forme du rostellum. La lame ou la griffe, qui est assez large à sa base, se recourbe lentement et se termine en pointe fort aigué.

Les quatre ventouses sont placées à la même hauteur et occupent la partie la plus large du Scolex ; chaque ventouse est de forme sphérique et agit de concert avec la couronne de crochets pour amarrer la colonie.

Nous avons trouvé, dans la longueur des Strobiles, des ca- naux excréteurs et dans toute l'épaisseur des granulations cal- caires relativement fort pelites. Les canaux sont surtout dis- tincts par leur peu de transparence.

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EMBRYOGÉNIE

DES

ORGANES ÉLECTRIQUES DE LA TORPILLE

ET DES

ORGANES PSEUDO-ÉLECTRIQUES DE LA RAIE;

MI. Leone de SANCTIS (1).

A. 1. Les embryons de la Torpille sont plus facilesà dt. trouver que ceux de la Raïe, le premier de ces animaux 4 étant ovo-vivipare, tandis que le second est ovipare et dépose ses œufs à de grandes profondeurs.

2. La durée de la gestation chez la Torpille est d'environ huit à dix mois, et la meilleure époque pour la recherche de . ses embryons à divers degrés de développement s'étend du milieu de mars à la mi-septembre. Les très-jeunes individus de la Raiïe peuvent se pêcher en novembre et en décembre.

3. En étudiant des embryons de Torpille, j'ai distingué quatre époques morphologiques bien définies.

a) Embryon squaliforme. Corps presque cylindrique, ouvertures branchiales latérales (Pleurotrème). à (1) Résumé et conclusions de son Mémoire intitulé Embryogenia degli or. Ç 4 gani elettrici delle Torpedini e degli organi pseudo-elettrici delle Raïe (Atti à

della r. Acad. delle scienxe fis. et nat. di Napoli, 1. V, 1, pl. 1-1V; 1872), Traduction de M. R, Boulart,

ORGANES ÉLECTRIQUES DE LA TORPILLE. . 337

b. Embryon raïforme. (Corps déprimé; ouvertures branchiales inférieures (état hypotrème).

c. Embryon torpédiniforme. Organes électriques déjà visibles à l'œil nu ou armé d’une simple loupe, nageoire tho- racique incomplète en forme de monocône.

d. Petite Torpille blanche. Nageoires réunies à la têle et contournant les organes électriques ; la peau est encore in- colore.

4. Une section faite perpendiculairement à l’axe du corps, en correspondance de la région branchiale, de même qu'une section horizontale pratiquée sur des embryons squaliformes, ne montrent aucune trace d'organes électriques, et cela par le manque d’espace au delà de la branchie, représentée par une simple fente. |

5. La première apparence d'organes électriques se voit dans les sections verticale et transverse pratiquées sur des embryons raiformes. Cet état est le plus important parce qu’il montre cet organe à ses débuts, divisé en dix parties, cinq de chaque côté, chacune d'elles présentant un certain nombre de petits cylindres variant de trois à douze, et placés entre les bifurcations nerveuses, à l’extrémité des cloisons in- terbranchiales.

6. La section horizontale pratiquée pendant l'état torpédi- niforme montre la fusion qui s’est opérée entre les cinq parlies primordiales de chaque côté, pour en constituer un organe unique, et l’entre-croisement des fibres nerveuses dans la partie limitrophe.

7. L’organe total dans ses deux stades, raïforme et torpédi- niforme, n'offre pas une grande différence. Un cylindre élec- trique isolé de l’un ou de l’autre ne se distingue point, par cela même que, dans les deux cas, il est composé d'une masse compacte de cellules étoilées, étroitement réunies par leur

court processus. Dans le second stade, on remarque de préfé- JOURNAL DE ZOOLOGIE. T. IT. 1873. 22

he ed Cf, ARE OS Ter MNT TR UN VO s H $ ; : y

338 L. DE SANCTIS.

rence les nucléoles réniformes, qui, par les progrès de la pro-

lifération cellulaire, disparaissent pour faire place aux élé- ments cellulaires étoilés. Dans l’un et dans l’autre stade, on ne voit aucun indice de division des cylindres.

8. La première trace de segmentation des cylindres com- mence à apparaître dans le stade de petite Torpille blanche.

9. L'absence de tout organe électrique jusqu'au stade squa- liforme, tandis que les autres organes fondamentaux sont bien reconnaissables, montre -que cet organe est d'une importance moindre que les autres, et qu'on doit, par conséquent, le placer parmi les organes accessoires.

10. Par l'étude de la genèse histologique des cylindres, on acquiert la conviction qu'une partie des cellules embryon- naires, ou cellules connectives embryonnaires, en s’agrégeant et se disposant en des points déterminés, suivant un mode dif- férent des autres, donnent naissance à ces cylindres qui repré- sentent les premières traces du futur organe électrique, c’est- à-dire de la colonne et de prismes hexagonaux.

11. Un cylindre électrique est constitué, dans l'embryon raï- forme, d'un faisceau de fibres en chapelet (résultant des cel- lules embryonnaires) disposées en file, dirigées dans le sens vertical, directement du dos au ventre, el disposées de ma- nière à s’engrener alternativement, en s'adaplant au corps des cellules d'une série, dans les interstices laissés par les cellules d'une autre série contiguë. De ce groupement et de cette dis- posilion résulte une masse cellulaire cylindrique, presque assez compacte pour cacher les processus qui réunissent ces cellules dans le sens vertical et dans le sens horizontal. En raison de celte épaisseur, les cylindres se distinguent des cel- lules isolées et sans direction constante qui les entourent, les maintiennent séparés et les unissent entre eux.

12. La difficulté qui se présente dans ce stade, de discerner le mode de connexion des éléments cellulaires par leurs pro-

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ST CHUTÉ A TS

ORGANES ÉLECTRIQUES DE LA TORPILLE. 339

cessus, s’accroit lorsqu'il s’agit de déterminer le mode de con- nexion de ces mêmes éléments avec les terminaisons des fibres nerveuses primordiales, qui immergent dans les petits cylindres.

13. Dans les petits cylindres plus développés du stade rai- forme, ou mieux dans le stade torpédiniforme, on voit, à un très-fort grossissement, les processus intercellulaires, ainsi que les fibrilles nerveuses primordiales extrêmement fines qui se continuent avec ceux-Ci.

14. Les petits cylindres, réunis à partir de l’état torpédini- forme, commencent au stade de la petite Torpille blanche à se segmenter transversalement. Les cellules nommées primitive- ment mucifères, parce qu’elles se montrent comme des vési- cules remplies de mucus, représentent les cellules embryon- naires restées dans les cylindres à l’état primitif, et qui, en se gonflant d'une facon notable, font l'office de coin dans la pro- duction de cette segmentation. En outre, leurs paroïs, par suite du gonflement qui s'opère, s'amincissent jusqu’au point de se rompre et forment des lacunes qui, plus tard, produiront les espaces réguliers inter-diaphragmatiques séparant les la- melles électriques (prastrine) les unes des autres et qui, dis- posés en série, fourniront la colonne électrique, laquelle, à ses débuts, était un petit cylindre compacte.

15. Dans ces espaces pénètrent des fibrilles nerveuses, autres que celles existant déjà et en rapport avec les processus cellulaires. Leur quantité s'accroît considérablement, par suite de leurs nombreuses ramifications, qui remplissent en quelque sorte les espaces inter-diaphragmatiques d’une sorte de plexus nerveux remarquablement entrelacé, et dont les fibrilles ter- minales, en s’anastomosant avec les processus cellulaires dont il a été parlé, forment un réticule terminal, ces mêmes pro-

cessus s'anastomosant à leur tour entre eux.

16. À l'origine, les fibres nerveuses les plus simples el les

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340 L. DE SANCTIS.

plus fines ont l’apparence de fibres conneclives, présentant, de distance en distance, sur leur trajet, des nucléoles qui plus tard, quand les fibres nerveuses auront acquis leur ca- libre ordinaire et leur double contour, se caractériseront un peu loin de leur terminaison, comme des nucléoles de la gaîne de Schwann.

17. À partir de la segmentation des cylindres, on remarque, en suivant le mode d'organisation des lamelles, que le réticule des cellules embryonnaires, en rapport avec les fibres ner- veuses, dépose une substance amorphe, qui réunit les élé- ments cellulaires entre eux, leur conserve une distance déter- minée, et les met en rapport de continuité, de manière à former un organe homogène uniqueÿfequel n’est autre que l'appareil électrique.

Cette substance amorphe intercellulaire, ayant le même indice de réfraction que les parois cellulaires et leurs proces- sus, ne permet plus la distinction de ces dernières parties sans un traitement chimique spécial, tandis que les nucléoles vésiculaires restent toujours les seuls éléments distinctifs de la lamelle.

18. Dès que ces lamelles se sont constituées, les nom- breuses fibres nerveuses, allant toujours croïssant en nombre et en dimension, se répandent sur leur face ventrale et forment, pour ainsi dire, une toile nerveuse.

19. La terminaison de ces fibres dans une lamelle est double. L'une, formant un réticule à mailles très-étroites, à fibres très-fines et ne présentant point de nucléoles dans leur trajet, est directement appliquée sur la face ventrale de la lamelle et n’est autre que le réticule de Schultz. L'autre ter- minaison, observée par moi, est constituée par les processus des nucléoles étoilés, renfermés dans l'épaisseur de la matière amorphe, nucléoles auxquels arrivent les fibres nerveuses, et qui forment, dans leur ensemble, comme un autre rélicule à

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ORGANES ÉLECTRIQUES DE LA TORPILLE. 341

mailles plus larges et nucléolées ; elle est superposée, par cela même, à la première.

En raison de cela, chacune des lamelles est bipolaire. Le rélicule inférieur à mailles fines en est le pôle négatif, et le rélicule supérieur nucléolé le pôle posilif.

20, Le réticule supérieur est, pour ainsi dire, la charpente sur laquelle s'est déposée la substance amorphe intercellulaire qui conslitue la lamelle ; en raison de cela, elle se distingue

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facilement chez l'embryon mais avec difficulté chez l'adulte, à,

travers la substance intercellulaire ; l’autre réticule, au con- traire, n'existe que lorsque la lamelle qui se forme tardi- vement s'est consliluée, et, par cela même, elle se voit seule- ment chez les sujets adultes étudiés à l’état frais, et plus par- ticulièrement, chez les sujets vivants, car elle est altérable et très-fugace, en raison de son extrême délicatesse. |

B.— 21. L'auteur considère l'organe pseudo-électrique comme un tendon transformé, en grande partie, en plexus élastique réticulé, et changé en corpuscules, ayant chacun des rapports spéciaux avec les fibres musculaires et avec les fibres nerveuses.

22. La lamelle pseudo-électrique commence comme les corpuscules piriformes, qui sont formés d'une agrégation de fibres élastiques disposées en réticule et qui contiennent, dans leur intérieur, des cellules étoilées, lesquelles par leurs proces- sus se mettent en rapport les unes avec les autres et avec les fibres innerveuses, en même temps que le pédicule des corpus- cules est en relation avec la terminaison d’une fibre musculaire. En fait, le corpuscule est, pour ainsi dire, intermédiaire entre la fibre musculaire et la fibre nerveuse, en tant que les fibres s'y terminent et qu'il leur sert de soutien. |

Dans la lamelle arrivée à son entier développement, il devient scléreux et résiste, par cela même, à d'énergiques trai- tements chimiques.

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342 L. DE SANCTIS.

23. La lamelle pseudo-électrique est constituée sur le {type de la lamelle électrique, et renferme les mêmes tissus élé- mentaires dans une proportion et une distribution variables. La principale différence réside dans la substance intercellu- laire amorphe de la lamelle électrique et dans son organisa- tion en fibres élastiques et conneclives dans la lamelle pseudo-électrique.

Dans les deux cas nous trouvons la double terminaison en réticule des fibres nerveuses, l'un à mailles étroites et lisses, l’autre à mailles larges et nucléolées. Par conséquent, en exceptant les différences de position, rapport, symétrie, vo- lume, poids et position de la colonne, qui se remarquent en comparant les organes électriques et pseudo-électriques (diffé- rences existant aussi dans les organes électriques de la Tor- pille, du Gymnote et du Silure), les caractères histologiques sont analogues, et, par suite, on doit considérer les organes pseudo-électriques comme les représentants anatomiques des organes électriques, si l’on excepte, toutefois, leur fonction qui dans les conditions ordinaires est d’une valeur presque nulle.

C. 24. En résumé, il résulte de l'étude embryogénique que les organes électriques comme les organes pseudo-élec- triques appartiennent au feuillet moyen ou moto-germinatif des embryologistes.

Les organes électriques naissent du tissu connectif sous- cutané, comme les pseudo-électriques du tendon du muscle sacro-lombaire, situé immédiatement sous la peau. Ce feuillet moyen fournit l'abondant tissu nerveux des nerfs périphériques, qui forment la partie essentielle de l’organe, et le tissu con- nectif sert à maintenir dans leur ordre et leur position les innombrables fibres qui, par cela même, prennent les carac- tères d’un organe spécial nerveux périphérique.

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SUR

DES RESTES DE BALEINES FOSSILES

TROUVÉS EN ITALIE; PAR

M. G. CAPELLINI.

EL M. Capellini a présenté à l’Académie de Bologne des restes fossiles, consistant en vertèbres de Baleine, trouvés dans le voisinage de Montepulciano, et acquis par l’entre- mise de M. Vincent Luatti, à qui la collection paléontologique du musée de Bologne doit déjà beaucoup d'objets.

M. Capellini, se proposant de décrire ultérieurement ces importants fossiles , se borne pour aujourd hui (1) à faire remarquer qu'il s’agit de huit vertèbres dont les sept cervicales et la première dorsale.

Les sept vertèbres cervicales sont soudées ensemble, et la dorsale l’est seulement en partie avec la septième cervicale.

Passant rapidement sur les caractères qui rapprochent ces vertèbres de celles du vrai genre Baleine, M. Capellini les compare aux vertèbres de la région cervicale des principales espèces de Baleines vivantes, et il en conclut que la Baleine fossile trouvée à Montepulciano ne peut être identifiée avec aucune des espèces vivantes, bien qu’elle offre des rapports intings avec la Balæna biscayensis et avec la B. austrahs.

(1) Rendiconto delle sessioni dell Accademia delle scienze dell’Instituto di Bologna; 25 mai 1871.

n * + du PT ET SITE _ CRETE PO TE ET en VC ER Te NES Sr M ET PE DE EE

344 G. CAPELLINI.

L'auteur pense donc que cette Baleine est entrée dans le bassin de la Méditerranée quand ce bassin communiquait avec l'Atlantique par le golfe de Gascogne, et il ajoute que la B. biscayensis est le descendant de l'espèce pliocène.

IT. Une seconde communication de M. Capellini a trait à : la Baleine étrusque, fossile dans les sables jaunes de Siène et des environs de Chiusi (1).

Après un court résumé se rapporlant au groupe de ver- (èbres de Baleines fossiles, dont il a déjà entretenu l'Acadé- mie, le 21 mai 1871 (2), M. Capellini passe à quelques considé- ralions sur les Baleines vivantes et fossiles, et rappelle que ces animaux, appelés Mysticètes ou Cétacés à fanons, se di- visent en trois groupes, les Baleines, le Mégaptères et les Ba- lénoptères, et qu'ils ont commencé à apparaître vers la moitié de l’époque tertiaire.

Les premières notions relatives à des Cétacés fossiles sont dues à Giacomo Biancani, de Bologne, qui, vers la fin de 1751, parla de restes de Cétacés trouvés à Monte Maggiore el à Monte Biancano, avant que Cortesi ne décrivit d'autres restes recueillis à Piacentino, et qui sont rapportés, par lui, au genre Baleine, quoiqu'ils appartiennent, en réalité, à des Balé- noptères.

À ce dernier genre doivent être également attribués, sui- vant M. Capellini, les restes de Mysticètes trouvés à Cortan- noze, en Piémont, ceux de la vallée de la Fine, en Toscane, quelques vertèbres conservées dans le musée de l’Académie des fisiocritiques de Siène et probablement aussi les restes, provenant de la terre d’Otrante, que possède le musée de l’Université royale de Naples.

Le maxillaire de Cétacé figuré par M. le professeur Roberto

(1) Xendiconto delle sessioni dell Accademia delle scienze dell’ Instituto di Bologna; 17 février 1873. (2) Voir ci-dessus.

BALEINES FOSSILES D'ITALIE. 345

Sava appartient aussi à ce genre et contient, en outre, ce qui ne se voit chez aucun fossile, une grande quantité de sub- stance organique, ce qui fait qu'on peut le déterminer avec sécurité comme étant de Balenoptera musculus. Il en est de même pour tant d’autres restes de Mysticètes fossiles, trouvés en Angleterre, Belgique, France, Portugal, Allemagne, Suisse, Crimée, Russie, ete. ; on doit les réunir au genre Balénop- tère : d'où 1l résulte que, parmi les Mysticètes fossiles les plus communs, sont les Balénoptères, ceux du genre Mégaptère et du vrai genre Baleine étant très-rares.

Traitant brièvement des ossements fossiles qui se rapportent à ce dernier genre, M. le professeur Capellini fait con- naître qu'ils ont généralement peu d'importance, comparati- vement au groupe dont il s'occupe dans ce Mémoire. Il passe ensuite en revue les caractères de la région cervicale des Baleines vivantes, et mentionne plus particulièrement la ré- gion cervicale de Baleine se trouvant au Muséum d'histoire naturelle de Paris, que Lacépède fit connaître le premier, et qui fut ensuite figurée et décrite par Cuvier, et rapportée par M. Van Beneden au Balæna biscayensis (1).

En tenant compte d’un caractère des plus intéressants, la soudure des sept vertèbres cervicales ainsi que de la première dorsale, M. Capellini pense qu’on peut considérer ces ver- tèbres comme appartenant à une nouvelle espèce qu’il pro- pose de nommer Balæna Van Benediana en l'honneur du grand cétologue belge.

Venant ensuite à parler du groupe de vertèbres fossiles de Fonte Rotella, près Chiusi, M. le professeur Capellini en donne une minutieuse et scrupuleuse description, en ne négligeant pas les mesures et en faisant suivre son Mémoire de très-belles planches; il rappelle que les sept vertèbres cervicales, ainsi que

(1) Van Beneden et P. Gervais, Ostéographie des Célacés, p.107, pl. vu, fig. 7-11.

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346 G. CAPELLINI.

la première dorsale, se trouvent unies, et il prouve qu’enraison

de ce fait, et aussi par d’autres caractères, elles ne peuvent être identifiées avec aucune espèce vivante ou connue, ni avec la B. Van Benediana, bien que ce soit avec celle-ci qu'elles ont le plus d’analogie.

Tout calcul fait, la longueur de la B. etrusca devait être de 14 mètres environ. C’est avec la B. australis et la B. Van Be- nediana qu’elle à le plus de rapports.

Finalement, M. Capellini fait connaître d'autres restes de vraies Baleines, probablement de la B. etrusca, trouvés à Siène et qui se voient dans le Musée des fisiocritiques. Ces restes sont un beau fragment du maxillaire droit, long de 85 centimètres, trouvé dans ladite ville en 1859, et deux corps de vertèbres, dont l’un, qui est le plus intéressant, ap- partent à la première vertèbre de la région caudale; l’autre n'est qu'une moitié de vertèbre lombaire.

Ce Mémoire se termine ainsi : « La découverte de restes de vraies Baleines dans les sables jaunes compactes de Senese et du Val de Chiana, dont j'ai déjà fait connaître l’identité avec les sables jaunes compactes de Riosto et de Mongardino, dans le Bolonais, et avec ceux de Montpellier, en France, est un fait très-important. Quand d'autres matériaux paléontolo- giques de celte formation, si intéressante par ses débris de Rhinoceros megarhinus, Sus, Felsinotherium Foresti et F. Ger- vasu, et aussi par les restes de la Baleine étrusque, seront connus, il me sera facile de prouver que la faune fossile italienne est celle du midi de la France, dont l’époque géo- logique a d'étroits rapports avec la faune actuelle des régions orientale et australe. »

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ROLE

DES GLANDES UTRICULAIRES DE L'UTÉRUS

DANS LA FORMATION DE LA PORTION MATERNELLE DU PLACENTA ET DANS LA NUTRITION DU FOETUS (1) ;

Par M. ERCOLANI.

L'auteur fait d’abord remarquer que ses idées (2) relatives à la structure du placenta, basées sur des faits anatomiques touchant la nutrition du fœtus, laquelle s’effectue, selon lui, au moyen d’une humeur ou lait utérin sécrété par la por- tion maternelle de cet organe, ont été admises par de nombreux physiologistes. Il ajoute qu'il se croit en droit de faire obser- ver, d'une part, que les observations dans lesquelles sa ma- nière de voir peut trouver une base sûre n'ont pas été suffi- samment examinées, aussi s'ensuit-il que plusieurs savants invoquent encore, à cet égard, des observations erronées, comme, par exemple, la pénétration des villosités dans les glandes utriculaires et que, d'autre part, les faits anatomiques admis par d’autres physiologistes ont été, dans plusieurs oc- casions, interprétés diversement, ce qui a fait attribuer la sé- crétion du lait utérin à la glande utriculaire et non à l'organe glandulaire de nouvelle formation décrit par lui.

Les nouveaux faits anatomiques exposés dans ce Mémoire

(1) Traduit du Compte rendu de la session de l’Académie des sciences de

l’Institut de Bologne pour 1873 ; séance du 30 janvier. (2) Voir Journal de Zoologie, t. I, p. 472.

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348 ERCOLANI.

tendent à démontrer, avec grande évidence, deux points fon- damentaux :

La néo-formation d’un élément cellulaire dans le lieu de l'utérus le placenta se forme, indépendamment des glandes utriculaires ;

2% Les moyens employés par la nature pour empêcher l'humeur sécrétée par les glandes utriculaires d’être versée dans la cavité de l’utérus pendant la période de la grossesse.

Le processus néo-formatif des cotylédons utérins dans les Pachydermes confirme le premier fait, en démontrant que dans l’intérieur des cotylédons de l'utérus non gravide, d’où naissent pendant la grossesse les cotylédons utérins, les a glandes utriculaires manquent et que, par suite, la néo-for- 1 mation s'effectue sans que les glandes y prennent part.

M. le professeur Ercolani décrit minutieusement les pre- mières phases du développement des cotylédons, qui montrent clairement la néo-formation d’un élément cellulaire par les permutations successives duquel s'opère le développement complet du cotylédon.

En examinant minutieusement l'utérus gravide de la Truie, on voit quels moyens la nature emploie pour empêcher, dans le principe, l'humeur d’être déversée dans la cavité de l’uté- rus, et comment, vers le {erme de la grossesse, dans le même animal, l'ouverture des tubes de la glande s’oblitère complé- tement.

De ces faits il résulte qu’on ne peut attribuer à ces glandes l'office de nourrir le fœtus, puisqu’elles suspendent leur fonc- tion, alors que celui-ci a le plus besoin d'éléments nutritifs. |

Des dispositions qui s’observent dans la caduque de la Femme, particulièrement l'apparence eriblée qu'on remarque dans les premiers mois de la grossesse et qui se perd par les progrès de la grossesse, fournissent un argument pour supposer que ce que l’on voit chez la Truie a lieu aussi chez la Femme, et

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GLANDES UTRICULAIRES DE L'UTÉRUS. 349

en comparant les observations qu'on possède sur les glandes utriculaires et les ostioles qui, dans quelques animaux (Vache et Truie}), sont placés à l'ouverture de leurs tubes, dans la période de la grossesse, on oblient une base pour déterminer le rôle des glandes dans la période de celle-ci aussi bien chez la Femme que chez les animaux. Bien qu’elles aient, pendant la grossesse, un usage important, elles n'en sont point, pour cela, d’une nécessité absolue, puisque, dans cer- taines circonstances, par exemple dans une grossesse extra- utérine, elles peuvent manquer sans compromettre la vie du fœtus.

Comme complément de ces faits, M. le professeur Ercolani décrit le processus n6o-formatif et la formation du placenta dans le Surmulot, chez lequel la portion maternelle du placenta aussi bien que la fœtale résultent de deux parties dis- tinctes. La partie maternelle est formée des masses glandu- laires et glandulo-vasculaires, et la portion fœtale des villosités placentaires et des villosités simples, qui n’ont, comme les premières, aucun rapport avec le placenta et se trouvent dans un sac parfaitement clos sur la surface fœtale de ce placenta, dans lequel se verse le lait utérin sécrété par la portion glan- dulaire de la partie maternelle.

La singulière disposition des parties du placenta dans cet animal confirme non-seulement d’une manière complète la doctrine exposée par M. le professeur Ercolani sur la nutrition du fœtus, mais elle indique encore, en raison des parties dis- tinctes qui s'y remarquent, le double rôle qu’a le placenta de servir à la respiration et à la nutrition du fœtus. La fonction respiratoire est dévéiue aux villosités qui se mettent en contact avec cet organe, et sont nommées, en raison de cela, villosités placentaires, et la fonction de nutrition aux villosilés du cho- rion qui, pour absorber, n’ont pas besoin d’être en contact avec l'organe sécrétant, mais avec l'humeur sécrétée par cel

LES TIR NE SR CRE

350 ERCOLANI.

organe, lequel n’en est autre que la portion glandulaire.

Ayant confirmé et augmenté, | par ces faits nouveaux, ses précédentes observations, M. le-professeur Ercolani résume, à grands traits, l’origine et le mode de formation du pla- centa chez la Femme. Il démontre que les villosités (portion fœtale ou absorbante du placenta) fournissent une membrane externe aux cellules de la sérotine, et que cette membrane externe (portion maternelle ou sécrétante) ne diffère, égale- ment chez la Femme, que par la forme de l'organe foliacé ou simplement crypteux qui s'observe chez les Pachydermes et chez les Cétacés.

Par ces nouvelles observations, destinées spécialement à dé- truire quelques-unes des récentes doctrines des anatomistes anglais et allemands qui, si elles étaient vraies, -obligeraient à considérer la nutrition du fœtus comme s’effectuant de façons disparates et très-diverses, M. le professeur Ercolani, en s'ap- puyant sur ses nombreuses observations, admet une base anatomique unique : la formation, dans l'utérus des Mammi- fères, l'espèce humaine comprise, d'un nouvel organe glandu- laire, indépendamment des glandes utriculaires lorsqu'elles existent. Cet organe présente des formes diverses dans les dif- férentes espèces d'animaux, mais il tire toujours, et dans tous les cas, son origine d’un élément cellulaire de nouvelle forma- (ion, connu, chez la Femme, sous le nom de decidua-vera ou serolina. Cet élément ‘ne fait point défaut chez les animaux comme on l’a enseigné par erreur et, arrivé à son complet dé- veloppement, il est destiné à sécréter le lait utérin qui est ab- sorbé par les villosités pour servir à la nutrition du fœtus.

ÉNUMÉRATION

DE QUELQUES OSSEMENTS D'ANIMAUX VERTÉBRÉS

RECUEILLIS AUX ENVIRONS DE REIMS PAR M. LEMOINE.

Note de M. P. GERVAIS.

M. le D. Lemoine, professeur à l'École de médecine de Reims, a recueilli, dans les terrains terliaires inférieurs des environs de cette ville, avec le concours de MM. Eck et Au- monier, une petite collection de pièces osseuses et de dents provenant de différentes espèces d'animaux vertébrés, et il a bien voulu me la communiquer en partie. Ces pièces ont été retirées soit du calcaire grossier de Jouy, appartenant aux dé- pôts éocènes proprement dits, soit de couches plus anciennes encore, telles que le conglomérat des argiles lignitifères de Cernay, le calcaire de Rilly et les sables de Châlons-sur-Vesle.

L. Le calcaire grossier de Jouy a fourni une plaque den- taire de Myliobate et un os indéterminé annonçant un Ver- tébré aérien d’assez forte taille.

IL. Du conglomérat de Cernay proviennent :

Une partie supérieure de cubitus, sans doute de Carni- vore, indiquant une espèce à peu près grande comme la Pan- thère ou le Loup, mais différant de ces animaux ainsi que de l'Hyénodon, et, pamsuite, de genre indéterminé.

Deux fragments de maxillaires inférieurs de petits Pachy- dermes comparables aux Pachynolophes, provenant de deux espèces différentes. Les alvéoles des deux dents, longues en- semble de 0,013, y sont seuls apparents, ce qui rend im-

352 PAUL GERVAIS.

possible de dire exactement de quel genre ces débris pro- viennent.

Un fragment du maxillaire inférieur d’un Pachyderme plus petit que les précédents. Il n’y a que deux dents en place, peut-être la dernière fausse molaire et la première arrière- molaire. L'apparence de ces dents die celle des Pachy- nolophes et des Lophiothériums, mais je n'ai pas la certitude qu'elles proviennent d'un animal de l’un de ces genres. Une arrière-molaire séparée indiquerait plutôt le premier que le second. L'animal était moins grand que le Pachynolophus Duvalu.

4 Espèce de Mammifère encore plus petite, signalée par un fragment de mâchoire inférieure montrant quatre alvéoles qui paraissent répondre aux deux dernières molaires et oc- cupent une longueur de 0,006. L'animal dont ce fragment pro- vient élait comparable, pour la taille, au Lagomys et au Hé- rissOn.

Une pièce d'un intérêt scienüfique plus grand est une vertèbre (pl. x, fig. 4-6) provenant de la partie inférieure du cou d'un Oiseau de grande taille, mais d'une espèce et sans doute aussi d'un genre différent de ceux auxquels ses dimensions portent à le comparer, l’Autruche, par exemple, le Nandou, le Casoar, les Emeus et même le Dinornis. Cette vertèbre n’est pas complète. Ses masses latéro-supérieures conslituées par les apophyses transverses ont été enlevées, et le trou du canal vertébral est, par suite, ouvert des deux côtés sur {oute sa longueur. Le pont formé par la saillie externe ayant disparu, il résulte de cette mutilation que la parue inférieure de la vertèbre paraît être plus large que la supé- rieure, ce qui en réalité n’a pas lieu. La double saillie latérale de l'arc supérieur et les apophyses articulaires postérieures s’y retrouvent presque en entier. Ces parles sont plus larges que dans le Pélican, plus larges également et plus aplaties que

OSSEMENTS FOSSILES DE REIMS. 353

dans la dix-huitième cervicale de l’Autruche. Les dimensions sont en même temps plus fortes que chez cette espèce. En outre, le canai rachidien est plus évasé, et la forme du corps vertébral diffère aussi à certains égards. Quelques autres particularités montrent qu'il s’agit d’un genre différent de ceux dont nous possédons les squelettes, mais la vertèbre du _grand Oiseau de Cernay pourrait bien avoir appartenu au Gas- tormis, et en effet on n'a encore décrit qu'une faible partie des membres de ce dernier, entre autres le tibia; le reste de son squelette est entièrement inconnu. Quelques autres carac- tères ne pourront être indiqués avec utilité que dans une des- criplion comparative plus étendue; nous ajoutons seule- ment que l’état actuel de l’os permet de voir nettement que sa structure était celluleuse comme dans les autres animaux de la classe dont il provient.

Des Chéloniens des genres Emys et Trionyx, constatés sur l'examen de fragments de carapaces. Ces Chéloniens étaient de taille moyenne.

Une avant-dernière vertèbre cervicale rappelle les Trionyx, mais cependant avec une différence sensible dans la forme générale de cet os.

Crocodiles, reconnus d'après des dents à couronne ob- tuse.

Avec ces restes de Crocodiles, étaient une phalange indiquant aussi un animal de ce groupe et une vertèbre concavo-con- vexe.

D’autres vertèbres, en petit nombre. La plus grosse est représentée dans ce Recueil (pl. x, fig. 1-3); elle appartient - à la forme biplane; la soudure de sa neurapophyse n'était pas encore opérée ;#les masses latérales sur lesquelles celle- ei a été implantée présentent quelques stries divergentes. La . forme de ces vertèbres rappelle celles des Plésiosaures et, mieux encore, celles des Simosauriens, animaux quin’existaient

JOURNAL DE Z00LOG1E. T. Il. 1873. 23

354 PAUL GERVAIS.

plus lorsque la période tertiaire a commencé. Elles ne peuvent, d'autre part, être attribuées à aucun Reptile enfoui dans les formations post-crétacées, et leur détermination générique constitue un problème sur lequel j'appellerai l'attention des anatomisles.

® Il y a, avec les fossiles dont l'énumération précède, des dents en pavés provenant sans doute de Poissons sparoïdes comparables à ceux que l’on rencontre dans les marnes du calcaire grossier, à Passy et ailleurs.

Je dois également signaler une dent de Lamma, une petite dent d'Otodus ou squalidé analogue, et un fragment de plaque dentaire de Myliobate.

III. Calcaires de Rilly. Ces calcaires ont fourni :

La partie supérieure d'un cubitus de quelque Carni- vore, à peu près grand comme la Panthère ou le Loup, mais de genre indéterminé.

2% Une incisive longue de 0,023, la racine comprise, et dont Ja couronne comprimée porte au collet un tubercule saillant situé à la face postérieure ; elle paraît avoir appartenu à un Mammifère du groupe des Porcins, qui dépassait peu les Adapis en grandeur.

Un Chélonien ; peut-être du groupe des Emydes.

Crocodiles ; une dent de forme conique aiguë.

IV. Sables de Châlons-sur-Vesle. Les fossiles provenant de cette localité que nous avons examinés sont :

Deux pelites vertèbres de Poissons du groupe des Séla- ciens.

Une petite dent de Sélacien, peut-être d'Otodus.

Ces gisements méritent, comme on le voit, une attention particulière, et l'exploration de celui de Cernay a déjà fourni des indications précieuses, puisqu'on y trouve des restes d’un très-grand Oiseau, comparable du moins, pour la taille, au

SUITE

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OSSEMENTS FOSSILES DE REIMS. 355

Gastornis, et des débris d’un Reptile probablement différent de ceux qui ont été signalés, jusqu’à ce jour, dans les terrains tertiaires inférieurs.

M. Lemoine continue ses recherches, et nous espérons qu'il ne lardera pas à ajouter des faits nouveaux à ceux dont il a déjà réussi à enrichir la science.

PLANCHE XII.

Fig. 1, 2 et 3. Vertèbre dorsale de Reptile, biplane et à neurapophyse épiphysaire ; du conglomérat de Cernay. Vue en dessus {fig. 1), de profil (fig. 2) et en dessous (fig. 3).

Fig. 4 et 5. Vertèbre cervicale inférieure d’une grande espèce d’Oiseau, peut-être de Gastornis, provenant du même gisement. Vue par la face postérieure (fig. 4), par la face ex- terne (fig. 5) et par la face antérieure (fig. 6).

Les figures de cette planche sont toutes de grandeur natu- relle ; elles ont été faites d'après des moulages.

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MAMMIFÈRES

DONT LES

OSSEMENTS ACCOMPAGNENT LES DÉPOTS DE CHAUX PHOSPHATÉE DES DÉPARTEMENTS DE TARN-ET-GARONNE ET DU LOT;

PAR

M. Paul GERVAIS (1).

(SECOND MÉMOIRE.)

Sie

REMARQUES GÉNÉRALES.

Les phosphorites ou phosphates de chaux, si répandus dans cerlaines localités du Quercy, particulièrement dans les dé- partements du Lot et de Tarn-et-Garonne, sont devenus une source de richesse pour ces localités. Leur utilité pour l'agri- culture et l'exportation considérable qui s’en fait depuis quel- que temps ont appelé sur leurs gisements l'attention des ob- servateurs; aussi l’étude de ces dépôts fournit-elle chaque jour de nouveaux faits à la science. MM. Leymerie (2), Trut- tat(3), Delfortrie (4), Combes{5), Rey(6), plus particulièrement

(1) Voir Journal de Zoologie, t. I, p. 261, la première partie de ce travail.

(2) Journal d'agriculture pratique, 1873.

(3) Acad. de Toulouse.

(4) Actes Soc. Linn. Bordeaux, 1. XXVIIE, livr. ; 1873.—Journ. de Zoo- logie, 1. 11, p. 40.

(5) Rapport sur le phosphate de chaux du Lot. Cahors, 1872.

(6) Recueil des travaux de la Soc. d'agr., des sc. et des arts d'Agen, 1873.

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 357

encore M. Malinowski (1), s’en sont occupés au point de vue du gisement, et ils ont ajouté des remarques importantes à celles qui avaient été publiées par M. Daubrée{2). D'autre part, beau- coup depersonnes, parmi lesquelles nous citerons MM. Dartiga- longue, Daudibertière, Duc, Escrouzaille, Ficat, Malinowsky, Plana et Rossignol, se sont appliquées à la recherche des fossiles enfouis dans lesexcavations à phosphate, et MM. H. Filhol et Del- fortrie ont ajouté différentes espèces intéressantes à la liste que nous avions nous-même publiée (3). MM. Filhol et Delfortrie parlent l’un et l’autre d’une espèce de Rhinolophe dont les os- sements accumulés en énorme quantité à Crégols forment une brèche des mieux caractérisées. Nous possédons un bel échan- üllon de cette brèche qui nous a été remis par M. Plana, de Cahors. M. Filhol a plus particulièrement décrit les Carni- vores du Quercy dont il énumère dix espèces (4), et M. Del- fortrie (5) a signalé dans les mêmes dépôts la présence des genres Tapir et Hyène que nous n’y connaissons pas encore. Tout récemment le même savant vient de décrire une pièce provenant aussi des gisements de phosphorite du Quercy, qu'il attribue à l’ordre des Lémures; c'est son Palæolemur Be- hlles (6), du gîte de Béduer {7}. Nous en parlerons quand le mémoire il en est question aura paru et qu’il nous aura été

(1) Traité spécial des phosphales de chaux natifs. À vol. in-8. Paris et Cahors; 1873.

(2) Compt. rend. hebd., 1. LXXII, p. 1098, et. LXXIV, p. 1372.— Pull. de la Soc. d'encouragement de l'industrie nationale, série, 1. XVIII, 2%; 1871. Assoc. scient. de France, 1. IX, Bulletin 214.

(3) Comptes rend. hebd., 1. LXXIII, p. 1033.— Zbid., t. LXXIV, p. 1367.— Journal de Zoologie, 1. I, p. 261.

(4) Comples rend. hebd., t. LXXV, p. 93. Journal de Zoologie, t, I, p. 280. Ann. sc. géol., t, III, 7.

(5) Loco cit. Journ. de Zoologie, 1. II, p. 40.

(6) Act. Soc. Linn. Bordeaux; Comptes rend. hebd., t. LXXVII, p. 64.

(7) M. Dellortrie signale le Cheval comme fossile dans le même gisement.

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358 PAUL GERVAIS.

possible de voir la pièce sur laquelle repose cette intéressante indication.

Ayant eu tout récemment (juillet 1873) l’occasion de visiter plusieurs des gisements qui ont fourni ces abondants débris de Mammifères et quelques-unes des collections qui les ren- ferment, j'ai pu me faire une idée du mode suivant lequel tant d'animaux ont ainsi été ensevelis à des époques certainement différentes de la période tertiaire. Qu'on se figure des poches plus ou moins profondes : quelques-unes ont jusqu’à 50 à 60 mètres et plus, sont fort larges et souvent tortueuses. Les parois en sont usées par les eaux, comme cela a lieu pour les cavernes renfermant les ossements des animaux quaternaires. Ces poches contiennent dans leurs parties inférieures les amas de phosphorites qui ont conduit à y pratiquer des fouilles, mais la plus grande partie de leur capacité est remplie d’une terre ferrugineuse, caillouteuse par endroits, qui rappelle les dépôts sidérolithiques, par exemple ceux de la Grive Saint-Alban, auprès de Bourgoin (Isère) (1). C'est dans le dépôt ferrugineux, à une profondeur plus ou moins grande, que sont enfouis les ossements, et, comme 1l faut enlever ce dépôt pour arriver au phosphate, l'extraction des fossiles s'opère avec une facilité d'autant plus grande qu’étant enfouis dans un amas de terre sablo-marneuse un simple lavage suffit pour les débarrasser complétement de la gangue qui les entoure. Ils sont à peine roulés, les dents sont le plus souvent en place sur les mà- choires qui les portaient, et l’on rencontre assez fréquemment des pièces qui sont d'une conservation remarquable. Toutefois les ossements sont dissociés et l’on voit que, siles animaux aux- quels ils ont appartenu sont morts à peu de distance, leurs squelettes ont cependant été désarticulés, et que les pièces qui les constituaient ont été confusément accumulées sans distinc-

(1) Voir Journ. de Zool., 1. I, p. 258.

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSTHATÉES. 359

tion d'espèces, lorsque les sables fins de la masse sidérolithique les ont enveloppés. Il y en a de grandes quantités, et les es- pèces dont ils proviennent sont diverses de formes et, en même temps, de taille. C’est dans des calcaires secondaires ap- partenant à la formation jurassique que sont creusées les exca- vations en forme de cavernes, de pelites gorges ou de simples fentes dans lesquelles sont renfermés les phosphorites du Quercy et les ossements qui les accompagnent. Plus ou moins complétement débarrassées de leur contenu, ces excavations auraient une physionomie assez semblable à celle des gorges d'Ollioules (Var). Ce sont des cavernes et des fentes à parois émoussées dont le remplissage remonte, en grande partie, à l'époque tertiaire.

Si nous envisageons les ossements fossiles du Quercy au point de vue de la classification des espèces dont ils provien- nent, nous devons rappeler qu'on asignalé, parmi ces espèces, des représentants des ordres suivants :

Lémures : Palæolemur Betillei, Delfortrie.

Chéiroptères : Rhinolophus antiquus, Filhol, ou Vespertiho (Nycteris?) ollinus, Delf.

Rongeurs (P. Gervais).

Jumentés : plusieurs genres dont j'ai indiqué les noms.

Bisulques (Ruminants et Porcins) : plusieurs genres éga- lement déterminés par moi.

Carnivores : les espèces en ont été successivement dé- crites par moi et par M. H. Filhol. $

Marsupiaux : une seule espèce de petite taille.

Quelques espèces de Vertébrés ovipares que j'ai également déterminées et dont l’énumération sera reproduite plus loin. G

C'est principalement des Jumentés, des Bisulques et des Carnivores que nous nous occuperons dans ce Mémoire. En effet, la description du Palæolemur Betillei n’a point encore

360 . PAUL GERVAIS.

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paru; des débris fossiles de Chauves-Souris, dont l’accumu- lation a formé un amas brécheux à Crégols, sont empâtés dans la brèche et d'une extraction difficile (1), et nous ne pou- vons encore signaler qu’un petit nombre de pièces indiquant des Rongeurs. Elles proviennent d'animaux voisins des Theri- domys et des Archæomys, comme le prouve la figure ci- contre (2), ainsi que de Cricetodons (3). Quant aux Marsupiaux,

ce sont des Peratheriums (4), c'est-à-dire des petits Didelphes comparables à ceux qui ont déjà été signalés dans les gypses parisiens, dans les lignites de la Debruge, près Apt, dans les marnes lacustres de la Limagne, au Puy en Velay et dans quelques autres gisements proïcènes ou miocènes.

Après avoir passé en revue les Jumentés et décrit séparé- ment un genre nouveau de cet ordre que nous avons récem-

(4) J'avais antérieurement signalé des Chauves-Souris fossiles dans le Quercy, mais sans qu’il m’eût été possible d’en déterminer le genre. (2) Mâchoire inférieure d’Archæomys, au quadruple de la grandeur natu- relle.

(3) P. Gerv., Compt. rend. hebd., t. LXXVIT, p. 107.

(4) Zd., ibid.

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 361

ment reconnu, nous parlerons des Bisulques et des Carni- vores des dépôts à phosphorites, et puis nous terminerons par quelques courtes indications relatives aux Vertébrés ovipares que nous y avons également observés.

$ IL. FOSSILES DE L'ORDRE DES JUMENTÉS.

En ce qui concerne les animaux de cet ordre, nos observa- tions actuelles nous conduisent à établir la liste suivante :

Genre Ruainocéros : deux espèces, dont le Rhinoceros minu- tus et une autre qui paraît être l’Acerotherium incisivum.

Nous connaissons aussi des restes, quelques dents seule- ment, d’un animal appartenant également à la famille des Rhinocéridés, mais de plus grande taille que les précédents. Nous en avons fait un genre à part sous le nom de Cadurco- thervum en donnant à l'espèce le nom de C. Cayluæi. Il en sera question plus longuement dans le paragraphe suivant. C’est une forme tout à fait nouvelle et dont aucun autre gisement ne parait avoir, jusqu à ce jour, fourni des débris.

J'ai précédemment signalé dans le Quercy l'association des Paléothériums avec les Rhinocéros et rappelé le nom de quelques gisements dans lesquels on avait déjà observé le même fait. De nombreux ossements de ces deux groupes d'animaux ont été plus récemment extraits des cavités qui nous occupent, et, si nous arrivons, d’un côté, à reconnaître trois es- pèces bien distinctes de Rhinocéridés, nous voyons, d’autre part, que le nombre des Paléothériums n'était pas moindre. J'avais déjà observé des débris provenant des Paléothériums comparables aux Palæotherium medium et curtum (pl. xv, fig. 6-7); je puis ajouter maintenant à cette liste le Palæothe- rium magnum (1).

(1) P. Gerv., Comptes rend. hebd., t. LXXVII, p. 106.

362 PAUL GERVAIS.

Aucune des pièces examinées par moi, jusqu’à ce jour, n’est susceptible d’être attribuée au genre Tapir que M. Delfortrie a mis au nombre des animaux fossiles dans le Quercy. Ce serait un {roisième groupe de Jumentés ayant des représentants dans ces gisements.

$ III.

Du CADURCOTHERIUM CAYLUXI, nouveau genre de la famille des Rhinocéridés.

L'animal indiqué sous ce nom dans la liste qui précède est un grand Pachyderme de l’ordre des Jumentés, que ses carac- tères connus, dont le nombre, il est vrai, est encore peu con- sidérable, doivent faire placer dans la famille des Rhinocéros.

Il égalait par sa taille les plus fortes espèces de ces animaux ; mais tout en possédant les principaux traits de leur dentition,

en ce qui concerne la forme de la dernière molaire supé-

rieure et les molaires inférieures, les seules parties que j'en aile encore observées, il s’en distinguait cependant par des particularités qui, tout en étant de valeur secondaire, n’en justifient pas moins sa séparalion générique. J'ai donné à ce genre le nom de Cadurcotherium qui rappellera qu'il a été trouvé dans le Quercy, et j’en ai appelé l'espèce Rhinoceros (Cadurcotherium) Cayluri (1).

La collection de M. Daudibertière en renferme quelques dents dont quatre sont figurées sur les plauches accompa- gnant ce Mémoire; elles m'ont été gracieusement communi- quées par ce zélé collectionneur. J'en ai vu deux ou trois autres chez d'autres personnes et, en particulier, chez M. Escrouzaille, maire de Bach, et chez M. Plana, agent phos- phatier de Cahors.

(1) Compt. rend, hebd. de l'Acad. des sc., 1. LXXV, p. 106 ; 1873.

et CE ©: +: 1

L] MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 363

Voici la description des pièces figurées :

Dernière molaire supérieure à peine entamée par l'usure (1). Cette dent dépasse déjà par sa taille celle de la plupart des Rhinocéros, et sa forme indique une différence sensible, qu’on la compare à celle des Rhinocéros ordinaires, soit actuels, soit fossiles, ou à ceux chez lesquels elle est plus compliquée, tels que le Rhinocéros tichorhine et le Simus. Elle est en même temps plus incurvée en dedans par suite de l'inflexion de ce côté de son sommet, et l’excavation en vallée descendante ou- verte angulairement entre ses deux lobes est beaucoup plus resserrée que d'habitude ; la paroï interne de cette excava- tion répondant au lobe extérieur de la dent est aussi plus courte tandis que l’externe est proportionnellement pluslongue. Le crochet relié à la paroi interne du bord externe est, en même temps, plus reculé et plus épais, d’où il résulte que le bord

- postérieur est doublé intérieurement par un bourrelet moins

haut que lui et de forme cylindro-conique qui détermine de ce côté une sorte de rigole verticale. En outre, le bourrelet placé au bord antéro-interne du collet est très-saillant, et il se relève en une sorte de crête séparée de la dent elle-même au- dessus de son insertion, ce qui devient l'origine d’une petite gorge descendante, qui se trans{formera en une faible excava- üon en forme de puits par ie fait de l'usure. La crête de ce bourrelet se continue avec la face antérieure de la dent en se confondant avec elle, mais sans atteindre le bord externe qui ne présente pas de semblable saillie non plus que le bord pos- térieur tandis qu’il y en a ordinairement une chez le Rhino- céros.

Nous avons dit que le bord externe est ample. Sa forme générale rappelle celle qu’il a chez les Rhinocéros des divers genres, sauf l’exagération de l’incurvation du sommet et l'absence de la goutlière longeant le bord antéro-externe

(1) PI. xiv, fig. 1 et 1 a.

364 PAUL GERVAIS.

que l’on voit chez les mêmes animaux. Les bords antérieur et postérieur sont sensiblement relevés sur leur longueur, ce qui concourt à excaver la surface dentaire à laquelle ils servent de limite. L’usure avait déjà commencé à entamer le bord supé- rieur de cette dent. La coupe en est oblique, descendant d'arrière en avant.

Les racines n'étaient pas encore solidifiées.

Les principales dimensions donnent les chiffres suivants :

Longueur de la partie usée de la couronne. . . 0,020 Longueur du bord externe, mesurée au collet. . 0,065 Longueur du bord interne. . . . . . . . ... 0,044 Largeur du bord antérieur. . . . . . . . . .. 0,050 Largeur du bord postérieur. . . . . . . . . . . 0,020 Longueur de la gorge médiane versant en arrière

entire les deux 10bes2': ALAN EME ED ERA 0,025 Hauteur en avant, prise à l’angle extérieur, du

sommet Us au COHEN NUL CNIAUE Re 0,080

Hauteur en arrière, prise de la même manière. 0,082 Longueur mesurée en dehors à la hauteur du Dotlets 12: MSA EP RETOURS MR ES RTNESI 0,065 J'ai sous les yeux une autre dernière molaire supérieure (1) provenant d'un sujet bien adulte, dont les racines sont com- plétement ossifiées et la couronne déjà entamée aux deux tiers par l’usure. Les caractères de la dent précédemment dé- crite s’y retrouvent cependant d'une manière évidente, et l'on peut affirmer qu’elle appartient bien à un animal de la même espèce. Le méplat un peu excavé de la surface externe de la couronne ; la saillie de l'angle antérieur interne ; la gouttière du bord postérieur résultant du rapprochement de ce bord avec la crête interne dont nous avons parlé; l’al- longement et l'étroitesse de la gorge de la couronne, ici no- tablement usée, et qui setrouve, par cela même, réduite à une

(1) PL. x1v, fig. 2 et 2 a.

\

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 365

sorte de puits elliptique, à grand diamètre antéro-postérieur ; la petite fosselte antéro-interne résultant de l’usure de la grande crête antéro-interne, et les replis de l'ivoire le long du bord interne : toutes ces particularités, jointes à l'étroitesse

de la dent et à son allongement, montrent également

qu’elle est bien une dernière molaire de Cadurcothérium.

Les racines sont au nombre de trois : la première, sous la parlie antérieure et en continuant la surface, et les deux autres sous la partie postérieure , l’une externe, et l’autre sous le commencement du bord interne.

Voici les dimensions principales de cette dent :

Longueur du bord externe, mesurée au collet. . 0,060

Longueur du bord'interne. 445218 « 4141214 - 0,050 Largeur du bord antérieur. . . . . . . .:.. . 0,050 Largeur du bord postérieur. '. . .,, . .\4 . 0,020 Loneueus du puits men y Rien) à 0,030 Hauteur en avant, la racine comprise. . . . . . 0,070

Hauteur en arrière, la racine interne comprise. 0,050 Diamètre antéro-postérieur de la racine postéro-

PDA MR NET DEN TER OU TU ATEN 0,043 Diamètre de la racine postérieure externe. . . . 0,022 Sa longueur, à partir du collet. . . . . . . .. 0,040 Molaires inférieures. Les particularités distinctives de la

dernière molaire supérieure du Cadurcothérium que nous ve- nons de signaler suffiraient à elles seules pour distinguer cet animal des différentes espèces de Rhinocéros qui ont été dé- crites jusqu’à ce jour et dont plusieurs sont devenues le type des genres particuliers. Elles prouvent cependant que c’est à celle famille d'animaux, plutôt qu’à toute autre de cellesque l’on a élablies dans ce groupe, que l'espèce de grande taille dont nous cherchons à établir les affinités doit être attribuée. Elle ne ressemble, en effet, par aucun des traits généraux de sa dernière molaire supérieure, dent si caractéristique chez les Jumentés,

366 PAUL GERVAIS.

aux autres animaux du même ordre, et si elle avait, par la forme de la dent décrite ici, plus de rapports avec les Damans qu'avec aucun de ces derniers, il faut rappeler que les Damans sont les animaux qui approchent le plus des Rhinocéros par la confor- mation de leurs molaires.

Les molaires inférieures donnent aussi de bonnes indica- tions pour la diagnose du nouveau genre que nous proposons, et si leur examen conduit au même résultat que celui de la dernière molaire supérieure, c’est-à-dire tend à faire rappro- cher le Cadurcothérium des Rhinocéros, il permet d'en faire un genre très-distinct dans cette division des Jumentés.

J'ai vu plusieurs de ces dents, et je puis donner la figure .

de deux d’entre elles, appartenant, l’une et l’autre, à la partie postérieure de la série.

Ces dents sont, comme celles des Rhinocéros, formées de deux lobes successifs ayant l'apparence de croissants, mais ces deux lobes sont moins égaux entre eux, et s'ils sont encore net- tement séparés à leur face interne, la boucle postérieure de leur premier lobe fait une saillie persistante et très-nette, ils ne le sont plus que très-légèrement à leur face externe, une simple dépression verticale, à peine apparente ou même presque nulle, indique seule leur point de contact; aussi faut-il avoir recours, pour les distinguer, à l'élévation du bord supérieur du lobe antérieur qui est plus grande que celle du lobe pos- térieur, mais cette différence disparaît plus ou moins tôt par suite de l'usure dela couronne. Ce dernier bord est plus aminci que dans les autres Rhinocéridés, et la boucle antérieure du premier lobe ainsi que la postérieure du second sont comme appliquées contre les parties qui les avoisinent, ce qui contribue au moindre élargissement de ces dents. Cette apparence s’écarte davantage encore de celle qui est propre aux Paléothériums, animaux chez lesquels les deux lobes de chaque dent sont en croissant plus régulier que chez les Rhinoctros, plus nettement

140

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 367

séparés l’un de l’autre du côté externe et plus excavés sur leur arc interne. Les dents que nous décrivons manquent de bour- relet ; leur surface externe est très-finement guillochée, ce qui rappelle la structure de l'émail des deux molaires supérieures dont nous avons parlé plus haut.

Les deux dents de la mâchoire inférieure dont nous venons de parler paraissent être, l'une et l’autre, la dernière dela série. L'une d’elles (1) a sa couronne intacte, et ses racines n’élant pas encore solidifiées, on peut dire qu’elle répond, par son développement, à la plus jeune des deux molaires dont il a été

question. Ses dimensions sont les suivantes : Longueur d'avant en arrière. : . 4. ! 1 104 0,045 Hauteur de la couronne à la fin du premier lobe. 0,038 Hauteur à la fin du second lobe. . . . . . . . 0,030 Biuséaramde épaisseur. Gi ML UMR EAN 0,012

L'autre, représentée sur la même planche (2), provient, comme la seconde de nos dents supérieures, d’un sujet plus avancé en âge, aussi sa couronne est-elle en partie entamée par l’usure. Elle présente un bourrelet bien marqué le long de son collet au bord interne ; ses deux lobes sont suffisamment usés pour avoir opéré la jonction de leurs parties éburnées. Les racines de cette dent étaient formées, mais elles ont été brisées.

M. Plana, de Cahors, m'a remis une autre dent presque en- tière, encore plus usée que celle-là. Elle diffère également peu, par ses dimensions, de celle figurée sous le n°3; on y rerharque les mêmes caractères généraux.

Une autre molaire inférieure appartenant à la série anté- rieure était un peu plus nettement séparée en deux lobes.

Je ne connais aucune pièce susceptible de nous indiquer la

(1) PI. xiv, fig. 3 a et 3 b. (21 PI. xiv, fig. 4.

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368 PAUL GERVAIS.

condition des incisives du Carcarotherium, non plus que les particularités ostéologiques qui peuvent distinguer ce genre des autres animaux appartenant à la famille des Rhinocéridés ; le rang qu’il doit occuper dans la série de ces derniers ne sau- rait donc être encore indiqué : toutefois je ne crois pas qu'il doive être placé dans un autre groupe.

S IV. MAMMIFÈRES DE L'ORDRE DES BISULQUES.

On sait qu'il y a deux grandes catégories de Bisulques : les Ruminants, animaux d'autant plus nombreux en espèces qu'on se rapproche davantage de l’époque actuelle, et les Porcins, qui sont, au contraire, moins abondants de nos jours et moins variés dans leurs formes qu'ils ne l’ont été pendant les pre- miers temps de la période tertiaire.

Ruminants. Il y a, parmi les fossiles du Quercy, des Ruminants de plusieurs genres.

J'ai indiqué, comme provenant d’un Bour de taille moyenne, peut-être d'une Antilope à dents pourvues de co- lonnettes entre leurs deux lobes, une demi-mâchoire inférieure conservée dans la collection géologique de la Sorbonne, mais en faisant remarquer que ce fossile appartenait, sans doute, aux couches les plus récentes des dépôts sidérolithiques recouvrant les phosphorites. Les trois dernières molaires inférieures oc- cupent ensemble une longueur de 0,12.

Une arrière-molaire supérieure, qui m'a été remise derniè- rement, paraît avoir appartenu au même animal.

Le groupe des CEerrs semble aussi être représenté dans les mêmes gisements, mais par des débris encore très-rares; cette indication a même besoin d'être vérifiée.

On y rencontre, certainement et même assez abondamment,

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 369

les restes d’une espèce de Moscapés (1) dont j'ai recu des dents et quelques os, particulièrement un fragment de canon. L'espèce devra en être comparée attentivement aux Dorcathé- riums et surtout aux Amphitragulus du Puy en Velay (genre Gelocus, Aymard), ce que le petit nombre des pièces que nous possédons ne nous permet pas encore de faire avec certitude.

2 Porcins. Les Porcins sont, avec les Carnivores dont nous traiterons dans le paragraphe suivant, le groupe le mieux représenté dans les dépôts qui nous occupent. Les genres aux- quels ils appartiennent sont, les uns, de la série des Porcins omnivores qui ont les arrière-molaires tuberculeuses; les autres, de celle des Porcins plus rapprochés des Ruminants, dont les mêmes dents molaires tendent vers le caractère herbivore.

a) À la seconde de ces deux catégories de Bisulques se rapporte le genre de CaiworHériuus. Ses débris sont abon- dants.

Il faut en rapprocher un petit animal dont les restes sont moins fréquents, mais dont j'ai vu cependant quelques pièces, et en particulier une portion de crâne avec dents faisant partie de la collection de M. Daudibertière. La taille de ce petit ani- mal était moindre encore que celle des Cainothériums. Il avait, comme eux, les arrière-molaires à cinq pointes, mais avec une disposition moins aiguë de ces pointes. En outre, on remarque une petite barre entre ses première et deuxième molaires à l’une et à l’autre mâchoire.

Je propose de donner à ce nouveau genre le nom des Pre- SIOMÆRYX, et j'en appellerai l'espèce encore unique Plesiomæ- ryz cadurcensis.

Le X1PHoDoN, qui fait aussi partie des Porcins les plus voisins des Ruminants, et qui est un des genres caractéristiques de la

(1) J'ai signalé cette espèce dans la Note que j'ai remise à M. Daubrée en octobre 1872 (Compt. rend. hebd., t. LXXXIIL, p. 1033). JourNaL DE ZOOLOGIE. T, II, 1873. 24

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370 | PAUL GERVAIS.

faune proïcène, a aussi laissé des débris dans les dépôts ossi-

fères des environs de Caylux. On en voit au musée de Tou- louse une pièce très-caractéristique offerte par M. Truttat.

b) Dans un groupe déjà moins rapproché des Mammifères qui ruminent se place le genre ANOPLOTHÉRIUM, partout ailleurs propre à l'étage proïcène et qu'il est curieux de retrouver ici non-seulement associé aux Paléothériums dont il a été le con- temporain, mais aussi à de nombreux animaux miocènes, tels que des Rhinocéros, des Anthracothériums, etc.

Il y a, au Caylux et dans les autres gisements de la même contrée, deux espèces d’Anoplothériums bien distinctes par la taille fournissant, l’une et l’autre, des débris aussi abondants que caractéristiques. La plus grande de ces espèces répond à l’Anoplotherium commune de Cuvier ; la seconde est peut-être son À. secundarium dont l'authenticité avait été contestée ; je lui laisserai provisoirement ce nom. Son métatarsien externe est long de 0,054 à la face antérieure.

Les ANTHRACOTHÉRIUMS sont aussi de grandeur différente et ils rappellent, à cet égard, les A. magnum et À. onoideum ou alsaticum. M. le D. Latteux m'a communiqué un très-beau maxillaire inférieur répondant à cette dernière sorte, qui lui a été envoyé par M. Rossignol, de Lacapelle-Livron, près Bach. J'en publierai une figure dans le deuxième volume de ma Zoologie et Paléontologie générales, ouvrage dans lequel on trouvera aussi le dessin de plusieurs des pièces appartenant à d’autres genres fossiles dans le Quercy, que j'ai pu observer, et dont j'ai parlé dans mes deux Mémoires relatifs à ces fos- siles.

Un animal différent de ceux-là, mais appartenant, comme eux, au miocène, à aussi été rencontré dans le Quercy, sans toutefois que je puisse affirmer qu'il est bien des dépôts à phos- phorite ; je veux parler du Caaricornériun (1) dont M. Daubrée

(1) Le même que l’Anisodon de M. Lartet.

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ed ls MM EME AU I RACE

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 371

a recu une dent molaire supérieure qu’il a bien voulu me remettre. :

Au contraire, c’est bien certainement des dépôts dont nous nous occupons dans ce Mémoire, que proviennent les quel- ques ossements attribués par moi au DicoBune (D. parisiense), et l’on trouve assez fréquemment, dans les mêmes sédiments, des dents de l’ExréLonon (1) (E. magnum), singulier genre de grands Pachydermes omnivores découverts pour la première fois, par M. Aymard, dans les marnes calcaires de Ronzon, près le Puy'en Velay, et retrouvés à une date plus récente dans celles du Mas d'Agen, marnes dans lesquelles des ossements de Paléothériums sont associés, comme au Puy et à Caylux, à des ossements de Rhinocéros.

On trouve, avec ces débris, des dents d’un animal compa- rable à l’'Hyoraérium (2) ou au Chœæromorus, genres difficiles à distinguer, dans certaines parties de leur dentition, des An- thracothervum minimum et gergovianum.

Je citerai enfin un dernier genre de Porcins parmi les fos- siles de Caylux, celui de Sus, dont il m'a été remis une dent molaire, pièce très-facile à reconnaître comme telle, maïs in- suffisante pour permettre de déterminer l'espèce à laquelle elle se rapporte.

$ V.

MAMMIFÈRES DE L'ORDRE DES CARNIVORES. Ÿ M. Delfortrie, qui cite le Cheval, animal d'époque quater- naire, parmi les espèces fossiles dans les dépôts à phospho- rites du Quercy, y signale également l’Hyène ; mais je n'ai encore vu aucun débris de ce genre recueilli dans les gise-

(4) Elotherium, Pomel. (2) Palæochærus, Pomel.

RARE N-LANE RES

372 PAUL GERVAIS.

ments qui nous occupent, et M. H. Filhol n'en mentionne pas non plus. Nous n’y avons pas davantage constaté la présence

de Carnivores du groupe des Ours, mais il s’y rencontre des débris de Canidés, de Viverridés, de Félidés et de Mustélidés.

Il faut y ajouter des Carnivores de la division des Hyénodons.

1. J'ai décrit, sous le nom de Canis palæolycos (1) et comme appartenant peut-être à la division des Amphicyons, des débris de Canidés ayant trois arrière-molaires supérieures et seulement deux arrière-molaires inférieures, ce qui répond, en effet, à la formule de certains animaux auxquels on a ap- pliqué la dénomination d'Amphicyon; mais je ne puis me dis- simuler que ce classement et la diagnose sur laquelle il re- pose n’offrent pas toute la certitude voulue, et les quelques débris que j'attribue à cette espèce proviennent peut-être de plusieurs animaux distincts, dont un serait très-peu différent des Loups, si la mâchoire dont cinq dents sont représentées par la figure 7 de notre planche xv et les fig. 9 et 9 a de la pl. xvi avait bien sept molaires, comme cela paraît avoir lieu. Dans le cas contraire, il n'y aurait que trois avant- molaires, et il faudra peut-être réunir au Canis palæolycos le Brachycyon Gaudryi de M. H. Filhol (2), dont ce naturaliste dit qu'il présente, pour la mâchoire inférieure, la formule dentaire suivante : trois prémolaires, la carnassière et deux tuberculeuses.

Je donne aussi la figure (pl. xvi, fig. 6) d’une portion de maxillaire inférieur encore pourvue de cinq molaires, trois avant-molaires, à deux racines, la carnassière et une première arrière-molaire suivie elle-même d’un alvéole indiquant une seconde dent de cette sorte. La pièce dont 1l s'agit provient d'un animal du groupe des Renards et non d’un Cyno-

(1) Journ. de Zool., 1. I, p. 265. (2) Canis Gaudryi, H. Filhol, Compt. rend. hebd., t. LXXV, p. 92, et Journ. de Zool., 1. 1, p.283, Brachycyon Gaud., id., Ann. sc. géol., t, III, 7.

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MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 313

dictis, la carnassière n'ayant pas la pointe inierne relevée comme dans ce dernier genre. L'espèce était sensiblement in- férieure au Renard par ses dimensions, mais elle possédait, comme lui, sept molaires inférieures de forme très-peu diffé- rente des siennes et dont la première était également uniradi- culée.

C'est au contraire, parmi les Cynodictis, que M. Filhol range plusieurs des espèces qu'il a distinguées, mais que je dois me borner à citer, n'ayant pas vu les pièces sur lesquelles repose ses descriptions ; il les nomme :

Cynodictis robustus (1).

Cynodictis cayluxensis (2).

Cynodictis longirostris (à).

Cynodictis compressidens (4).

2. Si je passe aux Viverridés, je trouve à signaler égale- ment plusieurs espèces dont la première décrite est celle que j'ai appelée Viverra (Amphictis) ambiqua (5). Je donne la figure de la seule pièce que j'en aïe observée (pl. xvi, fig. 1). |

Deux autres Viverridés ont été plus récemment indiqués par M. Filhol ; ce sont : :

Le Viverra angustidens (6) de ce naturaliste et une espèce innomée qu'il se borne à mentionner comme Viverra (7).

3. Le Carnivore auquel a appartenu la pièce représentée pl. xv, fig. 4, provient bien d'un Hyæxopon. Elle indique un sujet peu différent, par la taille et les proportions, de l’Hyæ- nodon branchyrhynchus de Rabastens (Tarn), autrefois décrit

(1) Ann. sc. géol., t. IT, p. 18, pl. 11, fig. 14-16. "

(2) Zbid., p. 20, fig. 20-22.

(3) Zbid., p. 24, fig. 17-19.

(4) Zbid., p. 26, fig. 28-32.

(5) Compt. rend. hebd., t. LXXV, p. 92. Journal de Zool., t. I p. 265.

(6) Ann. sc. nat., loco cit., p. 27, fig. 33-35.

(7) Tbid., p. 29, fig. 26-27,

2

374 PAUL GERVAIS.

par Dujardin et de Blainville, et dont j'ai moi-même parlé (1). Le genre Hyénodon figure sur la liste que j'ai déjà donnée des animaux fossiles trouvés auprès de Caylux (2) ; M. H. Filhol en fait aussi mention (3), et considérant que l'espèce observée par lui est nouvelle pour la science, il l'appelle Hyænodon dubius. Elle est, dans tous les cas, peu différente, comme celle observée par moi, de l’H. branchyrhynchus. Il a déjà été dé- couvert un assez grand nombre de débris d'Hyénodon de cette taille; quelques-uns mériteraient d'être publiés.

Je regarde, au contraire, comme provenant d'une es- pèce sensiblement plus petite, une demi-mâchoire in- férieure (pl. xvi, fig. 5) n'ayant conservé que l’antépénul- tième molaire en place, mais dont les alvéoles sont visibles pour le reste de la série des dents molaires. C’est une espèce. bien inférieure à l'Hyænodon minor (4), et qui at- teignait à peu près les dimensions d’un Renard. On pour- rait l'appeler, si ses caractères génériques sont bien ceux que je lui suppose, Hyænodon vulpinus, par allusion à sa taille. |

La présence d’un talon, comparable à celui de l'avant-der- nière molaire inférieure des Ptérodons, placé à la partie pos- térieure d’une dent à deux ailes tranchantes, ressemblant à l’avant-dernière molaire de ces animaux et des Hyénodons et suivie, comme chez ces Carnivores, de deux alvéoles dans les- quels devaient se placer les deux racines d'une dent égale-

ment carnassière et à couronne bi-ailée, m'a porté à attribuer

à un Préropon plutôt qu’à un Hyénodon un fragment de mà- choire inférieure (pl. xvi, fig. 3), qui provient d'un animal un peu moins fort que le Renard. Cette dent carnassière, qui

(1) Zool. et Pal. franç., p. 233.

(2) Journ. de Zoologie, 1. I, p. 264.

(3) Loco cit., p. 29, fig. 36-41.

(4) P. Gerv., Zool. et Pal. franç., p. 225.

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 375

est l’avant-dernière, est longue de 0,008. C’est l’une des pièces sur l'examen desquelles j'ai établi mon Pterodon exiguum (1).

Je possède deux molaires supérieures susceptibles d’être rapportées à la même espèce. Elles ont, l’une et l'autre, sur- tout la seconde, la forme des carnassières supérieures des Ptérodons et des Hyénodons, et la forme bi-ailée de la couronne de la seconde est bien évidente, mais son talon antérieur est moindre que dans les genres que je prends pour terme de comparaison; en outre, la face externe en est plus simple. "Il est possible que le Pterodon exiguum doive

- constituer un genre nouveau lorsqu'il sera plus complétement

connu. Je donne la figure de ces deux pièces (pl. xvr, fig. 2 et 3).

4. Je n'avais pu attribuer aux Félidés qu'un fragment de canine (pl. xv, fig. 3) cultriforme et comprimé provenant de la mâchoire supérieure d’un Machairodus, plutôt que de celle de quelque espèce de Moschidé, et j'avais inscrit ce genre parmi ceux dont on recueille des fossiles aux environs de Caylux. Cette dent rappelle, par sa forme générale, la dent correspondante du Drepanodon primævus (2), fossile dans le Nébraska (États-Unis).

M. H. Filhol a eu connaissance de deux autres Félidés dans les gisements à phosphates du Quercy. Il décrit l’un sous le nom d'OŒElurogale intermedia (3), et l’autre sous celui de Pseu- dælurus Edwardsii (4). Le premier rappelle le Dinictis felina de M. Leidy par la formule de ses dents molaires inférieures : 3 avant-molaires, 1 carnassière bi-ailée et 1 tuberculeuse ; mais sa canine supérieure ne paraît pas avoir eu le dévelop-

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{1} Journal de Zoologie, t. T, p. 266.

(2) Leidy, Extinct mammalian Fauna of Dakota and Nebraska, p. 55, pl. 1v. Journ. de Zoo!l., 1. I, p. 180.

(3) Loco cit., p. 10, fig. 23-25.

(4) Zbid., p. 3, fig. 1-10.

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376 PAUL GERVAIS.

pement cultriforme propre au Dinictis. Je donne ici la figure de la carnassière inférieure de ce Félidé. Le second manquait de dent tuberculeuse en arrière de la carnassière, mais il avait une avant-molaire de plus que n’en ont ordinai- rement les Félis: il était, d’ailleurs, de moindre taille que l’OElurogale.

5. Le Dinictis et l'OElurogale, qui éta- blissent une transition des Félis aux Mustélidés, nous con- duisent à parler de ces derniers, dont il y a aussi des repré- sentants dans la faune mixte de Caylus. Le maxillaire infé- rieur représenté pl. xvi, fig. 1, rentre, par ses caractères principaux, dans le genre PLesiocare. La confusion qui règne dans la diagnose des espèces de ce genre ne me permettra pas de lui appliquer sûrement une dénomination spécifique. Je me borne donc à l’indiquer génériquement, en faisant remarquer qu'il se {rouve ici, comme en Auvergne, associé à des Viverridés qui sont également de petite dimension.

J'ai observé aussi différentes autres pièces osseuses provenant de Carnivores, telles qu'humérus, fémurs, etc., ayant appar- tenu à des animaux qui différaient les uns des autres par le genre aussi bien que par les dimensions ; mais, comme il est difficile d’en tirer des documents aussi précis que ceux aux- quels conduit l'examen des dents, je me dispenserai d'en trai- ter ici. On trouvera, cependant, la figure de deux de ces osse- ments sur notre pl. xv. Le 4 est, sans doute, l’humérus de quelque Viverridé ; le 5 est celui d’un Hyénodon de petite dimension.

8 VI.

U me reste à signaler quelques débris de Vertébrés ovi- pares, trouvés avec les ossements de Mammifères dont les

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 377

genres viennent d'être énumérés. Il faut, en effet, ajouter aux espèces propres à la première classe de cet embranchement, un petit nombre d'animaux ovipares, les uns de la division des Oiseaux, les autres de celle des Reptiles. J'ai parlé de plusieurs de ces animaux dans la dernière Note que j'ai in- sérée aux Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences de Paris (1).

Parmi les os d'Oiseaux, nous possédons un humérus com- parable à celui des Falconidés et la portion intérieure du tarse d’une espèce grande comme le Lagopède et qui lui est com- parable à certains égards.

Les restes de CHÉLONIENS sont des plaques de la carapace et des os du squelette provenant de grandes Tortues terrestres.

Il y a aussi des CRocoDILES ; nous en avons vu des plaques osseuses et quelques dents.

Les Ophidiens sont représentés par deux espèces au moins, dont la plus grande dépasse sensiblement nos Ophidiens ac- tuels. C’est ce que montrera la figure ci-contre, représentant

une des vertèbres de cette espèce. Sa forme indique un ani- mal comparable aux Paléophis.

Enfin, la collection de M. Daudibertière renferme des mà- choires de deux petites espèces de Sauriens ayant des rapports avec les Lacertiens, mais dont nous ne pouvons, pour le mo- ment, indiquer le genre avec précision, n’ayant pas eu la pos- sibilité de les comparer avec les autres animaux de cet ordre.

4) T. LXXVIL, p. 106.

318 PAUL GERVAIS.

PLANCHE XIV.

CADURCOTHERIUM CAYLUXI.

Fig. 1. Dernière molaire supérieure, peu entamée par l’usure, et dont les racines n’étaient pas encore ossifiées ; vue par la face externe.

Fig. 1 a. La même dent, vue par la face interne.

Fig. 2. Dernière molaire supérieure d’un autre sujet, dont

la couronne a été notablement entamée par l'usure et qui

avait ses racines ossifites ; vue par la face externe.

Fig. 2 a. La même, vue par la couronne.

Fig. 3. Une des arrière-molaires inférieures, peu entamée par l'usure et dont les racines n'étaient pas encore ossifiées ; vue par la face externe.

Fig. 3 a. La mème dent, vue par la couronne.

Fig. 3 b. La même dent, vue par la face interne.

Fig. 4. Une des arrière-molaires inférieures, plus entamée à sa couronne, sans doute d'un autre sujet et ayant les ra- cines ossifiées ; vue par la face externe.

Fig. À a. La même dent, vue par la couronne.

Fig. 4 b. La même dent, vue par la face interne

PLANCHE XV.

MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES DU QUERCY.

Fig. 1. Partie d'un maxillaire inférieur attribué à un Hyénodon analogue à l’'Hyænodon brachyrhynchus.

Fig. 2. Partie d'un maxillaire inférieur de Canidé, primiti- vement décrit sous le nom de Canis palæolycos.

Fig. 3. Canine supérieure considérée comme étant de Machairodus ou Drepanodon.

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MAMMIFÈRES DES CHAUX PHOSPHATÉES. 379

| Fig. 4. Extrémité inférieure de l’humérus d’une espèce de __ Viverridé. Fig. 5. Extrémité inférieure de l’humérus d'une petite espèce d'Hyénodon (Hyænodon vulpinus ?). Fig. 6. L'une des branches de maxillaire inférieur d’un Paléothérium de la taille des Palæotherium curtum et minus. Fig. 7. Autre portion de maxillaire inférieur provenant d’un Paléothérium de la taille du Palæotherium medium. Fig. 8. Les trois dernières molaires inférieures d’un Mos- chidé, peut-être du genre Gelocus. Fig. 9. Partie moyenne et supérieure du canon antérieur du même animal. Fig. 10. Arrière-molaire inférieure d'Entelodon, vue par la couronne ;—fig. 10 a. La même dent, vue par sa face externe. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle.

*

PLANCHE XVI.

CARNIVORES FOSSILES DES CHAUX PHOSPHATÉES DU QUERCY.

Fig. 1. Maxillaire inférieur de Viverra (Amphactis) ambiqua.

Fig. 2. Maxillaire inférieur de Plesiogale.

Fig. 3. Portion d’un maxillaire inférieur de Pterodon exi- gquum, portant encore l'avant-dernière dent carnassière.

Fig. À. Fragment de maxillaire supérieur du même ani- mal, avec les deux avant-dernières molaires en place.

Fig. 4 a. Le même, montrant la couronne des dents.

Fig. 5. Maxillaire inférieur d'Hyœænodon? vulpinus, dont une seule dent, l’antépénultième, a été conservée.

Fig. 6. Maxillaire inférieur portant cinq des sept dents mo- laires ; provient d’une petite espèce de la division des Cani- dés.

Fig. 7. Portion d'un maxillaire supérieur montrant trois

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380 CH. ROBIN ET A. LABOULBÈNE.

dents molaires en place et les alvéoles de quatre autres, dont :

une troisième arrière-molaire et trois avant-molaires, en avant

desquelles est une portion des alvéoles d'une quatrième arte k

molaire ainsi que de la canine : Canis palæolycos ?

Fig. 8. Les trois dernières molaires (la carnassière et les ÿ ie

deux arrière-molaires) d’un Canidé de même taille, peut-être +

de même espèce ; vues par la couronne.

Fig. 9. La face interne des cinq molaires du Canis palæo- 3 1

lycos en place sur la pièce représentée pl. xv, fig. 2. Fig. 9 a. Couronne de la carnassière. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle.

ORGANES PHOSPHORESCENTS THORACIQUES ET ABDOMINAL à

DU COCUYO DE CUBA

(Pyrophorus noctilucus ; Elater noctilucus, L.) ;

Par MM. Ch. ROBIN ct A. LABOULBÈNE (!).

Nous avons eu l’occasion d’examiner vivants et de dissé- quer trois des Insectes Coléoptères, de la famille des Élatérides,

sur lesquels M. de Dos Hermanas a appelé récemment l'atten-

tion de l'Académie (2). L'étude de cet Insecte, qui est com-

mun dans l'Amérique intertropicale, nous a conduits à

quelques résultats méritant d'être signalés (3).

(4) Extrait des Compt. rend. hebd. de l'Acad. des sciences de Paris,

t. LXXVII, p. 511 (séance du 25 août 1873). (2) Sur les Cocuyos de Cuba (Comptes rendus, t. LXXVIT, p. 333; 1873). (3) Les trois individus soumis à notre examen étaient du sexe mâle,

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COCUYO DE CUBA. 381

Indépendamment des deux organes phosphorescents, très- apparents sous forme de taches d’un jaune mat, ovalaires, si- | tuées, une de chaque côté, sur la face dorsale, à l'arrière du prothorax (corselet), il en existe un troisième, impair et médian. Celui-ci se présente sous l'aspect d’une grande plaque, d’un blanc un peu jaunâtre, située à la face ventrale du corps, entre le thorax et l’abdomen : l'Insecte la met à découvert et la rend lumineuse volontairement ; il la rend aussi très-lumi- neuse quand on.écarle les élytres et les ailes, et qu'on ren- verse un peu l’abdomen vers la partie dorsale.

En meltant à découvert l’espace situé entre les segments emboîtés du métathorax et du premier segment abdominal, on a sous les yeux un espace triangulaire ayant plus de trois fois la largeur d’une des taches lumineuses du corselet. Sur l'ani- mal vivant, cet espace interthoraco-abdominal brille alors du plus vif éclat. C’est aussi vers la partie centrale qu'apparaît d'abord la lumière verte, phosphorescente. A la clarté du jour ordinaire, nous l'avons déjà dit, la coloration de l'organe en

repos est blanchâtre et à peine jaune. |

A. Si l’on examine la surface des taches jaunâtres dor-

sales du prothorax, de forme ovalaire, longues de 2 milli- mètres, on voit qu'elle est très-lisse, et qu’en ces points il y a une transparence parfaite des téguments chitineux, amincis, ; incolores, continus avec la portion brune foncée et épaisse re- "3 couvrant le reste du corselet (1). Immédiatement au-dessous

du tégument diaphane des trois appareils phosphorescents se 9 voit le tissu propre de l’organe, qui est humide, charnu, gri- à, sâtre, demi-transparent; tout le reste de sa surface profonde ; est pourvu d'une couche ou enveloppe de tissu adipeux d’un 4

(1) Cette partie diaphane du tégument, en forme de cornée oculaire, au ni- 2 veau de ces organes, a néanmoins sa surface marquée de fines ponctuations microscopiques, figurant des virgules droites, écartées les unes des autres de Onw,01 et en rangées quinconciales régulières. l

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382 CH. ROBIN ET A. LABOULBÈNE.

blanc mat, épaisse d'un dixième de millimètre, que tra- versent les trachées et les nerfs de l'organe même. Celui- ci ne peut être enlevé sans qu’on entraîne aussi cette couche. Dès qu'un des organes dorsal ou ventral est à dé- couvert, sa surface humide et brillante s’enfonce et se relève par mouvements lents et irréguliers, dus à la contraction

de faisceaux musculaires striés qui s’insèrent à sa face pro=

fonde (1).

« En enlevant ou en arrachant peu à peu tout l'organe lu- mineux, on arrive à découvrir contre lui un tronc trachéen court et considérable, car il a plus de 2 millimètres de dia- mètre ; il est donc très-facile à voir. La disposition des tra- chées sortant de celte ampoule trachéenne pour aller à l’or-

gane voisin est plutôt celle de houppes que la division dicho-

tomique ordinaire.

B.— L’organe phosphorescent abdominal est irrégulière- |

ment triangulaire, à base tournée du côté du thorax et à som- met postérieur. Il n’a pas l'enveloppe tégumentaire solide des taches lumineuses du thorax; c’est la membrane interthoraco- abdominale, devenue très-fine et transparente, qui le re- couvre. La surface extérieure de celle-ci est lisse, avec quelques poils fins et très-espacés ; sa face postérieure adhère fortement à l'organe lumineux. Ce dernier, d’un blanc jau-

nâtre, retiré du corps de l'animal vivant, brille dans l'air,

dans l’eau, sur les plaques de verre porte-objet (2). On trouve à l'organe phosphorescent de l'abdomen, chez

(1) Cette surface devient bientôt louche et verdâtre, parce que ces contrac- tions rompent alors les cellules adipeuses de l’enveloppe sus-indiquée, et font couler sur elle les gouttelettes microscopiques de leur contenu huileux.

(2) Il en est de même de l’organe lumineux du corselet. Du reste, l'organe des Lampyres, ou Vers luisants de nos contrées, brille étant retiré du corps et après l’écrasement de l'animal. Sa substance dissociée met quelques minutes avant d’avoir épuisé sa phosphorescence.

COCUYO DE CUBA. 383

le Pyrophorus, la même structure que pour les deux organes thoraciques (1).

Structure anatomique. Les coupes de ces divers organes montrent qu’ils sont de forme lenticulaire, d’un tiers environ moins épais que larges, en y comprenant l'enveloppe adipeuse profonde. Celle-ci est entièrement formée de très-grandes cel- lules à paroi hyaline, à contenu formé de nombreuses goutte- lettes graisseuses, comme dans le tissu adipeux des Insectes (2), et qu'il reçoit des trachées peu nombreuses relativement au reste de l'appareil.

Le tissu propre, demi-transparent, humide, forme la partie centrale de l’appareil, qui est la plus volumineuse. Il est composé de cellules qui ne diffèrent pas sensiblement de celles qui constituent les organes lumineux des Lampyres, et depuis longtemps décrites; ce sont des cellules irrégulière- ment polyédriques, à angles arrondis, assez molles, friables, difficiles à séparer les unes des autres, épaisses de 0"*,04 à 0"*,06 ; elles manquent de paroi propre ; elles ont un noyau _ relativement petit (0"*,007), ovoïde, un peu grenu, sans nu- cléole, visible facilement après l’action prolongée de l’acide

(1) Les trachées de l’organe ventral se rendent dans deux troncs trachéens brunâtres, allant de chaque côté au gros stigmale du premier segment abdo- minal.

(2) Après vingt-quatre heures de contact avec l’acide acélique ou avec l’acide chlorhydrique étendu, les principes graisseux formant ces gouttelettes passent en partie à l’état de fins cristaux aciculaires qui hérissent Jeur surface ou restent plongés dans leur épaisseur. Beaucoup de ces gouttes se fondent alors ensemble en gouttes plus grosses. Les acides ne font pas apparaître des cris-

taux d’acide urique dans ces cellules, ni entre elles, comme ils le font, au .

contraire, dans les cellules du tissu propre de chaque organe, Ce sont leurs gouttelettes qui donnent une coloration d’un blanc jaune mat à la surface pro- fonde de l’appareil, et qui réfléchissent vers l’intérieur la lumière centrale pro- duite, mais non les granules d’urate (dont il va être question), contrairement à ce qu’on a supposé être dans les Lampyres. Du moins, il en est ainsi sur les Pyrophores.

384 CH. ROBIN ET A. LABOULBÈNE.

acétique et de la teinture de carmin. L'aspect charnu particu- lier et l’état finement et uniformément grenu de ces cellules se retrouvent ici d'une manière très-nette. La présence de l'urate d'ammoniaque ou de soude en grande quantité, comme prin- cipe constitutif de ces granules, sur laquelle les auteurs clas- siques insistent à propos de l'appareil des Lampyris, se con- state ici de la manière la plus nette. L’acide acétique et l’acide chlorhydrique étendu font apparaître, au bout de quelques minutes, dans l'épaisseur des coupes du tissu, et surtout autour d'elles, des cristaux d’acide urique, isolés ou groupés, aisément reconnaissables et nombreux (1); en même temps la substance des cellules devient moins grenue, plus transparente, sans se dissoudre.

Ces cellules sont immédiatement contiguës les unes aux autres, et entre leurs faces adjacentes on ne trouve que des trachées et des tubes nerveux, sans que la masse du tissu ainsi constitué soit subdivisée en lobes et lobules (2).

Les trachées, d'épaisseur moyenne quand elles traversent la couche blanche adipeuse, deviennent fort nombreuses et très-fines, par subdivisions multiples, et touffues dès qu’elles pénètrent dans le tissu propre; elles vont se terminer en pointes les plus fines contre une face des cellules. Cette face nous a semblé être la face opposée à celle contre laquelle arri-

(1) Aucun de ces fins granules ne dépasse en diamètre 0w®,001 et ne peut être reconnu comme salin saps l’action des acides. L’acide sulfurique, qui fait apparaître promptement des aiguilles de sulfate de chaux, sous le microscope, partout il agit sur des carbonates ou des urates de chaux, n’amène pas leur formation ici : 11 amène le dépôt d'acide urique en groupes sphéroïdaux, en sa- bliers, etc.

(2) Les cellules de la surface contiguë à la couche adipeuse sont plus riches en granulations, un peu moins transparentes que celles qui sont plus centrales, mais sans former toutefois une couche distincte, comme les cellules adipeuses en constituent une.

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COCUYO DE CUBA, 385

vent les tubes nerveux. Toutefois, nous ne pouvons pas être absolument affirmatifs à cet égard (1).

« Les nerfs, relativement nombreux et volumineux, vien- nent du ganglion le plus voisin de chaque appareil et le pénè- trent par sa circonférence. Ils s'épanouissent en tubes marchant bientôt isolément, entre les cellules, dès qu’ils ont traversé la couche adipeuse. Là, ils cessent bientôt de posséder leur couche de myéline et, après s'être divisé plusieurs fois, leur cy- lindre-axe s'applique contre telle et telle cellule; mais il nous a été impossible d'en voir la terminaison réelle, comme on peut le faire dans les appareils électriques des Poissons, par exemple. »

Remarques physiologiques. Les organes phosphorescents des Insectes constituent des appareils de la vie de relation comme les appareils électriques des Poissons. Leurs nerfs sont de l’ordre des nerfs moteurs dits volontaires.

On sait, d’après les expériences faites sur les Lampyres, que leurs propriétés sont modifiées de la même manière par les mêmes agents.

Brown et Linné avaient déjà constaté que la production lumineuse par le Pyrophore est soumise à sa volonté. On peut en multiplier les preuves de mille manières (2). Alors que l'animal trop affaibli ne produit plus de lueurs à la suite des excitations, qui en suscitaient auparavant l'émission, on peut encore en obtenir en incisant les ganglions qui envoient des

(1) On sait que l’un de nous a démontré que les disques du tissu électrique formant les appareils de ce nom dans les Poissons reçoivent leurs vaisseaux par celle de leur faces par laquelle s'échappe le courant, tandis que les nerfs se terminent contre la face opposée, celle qui est tournée vers le pôle positif de l'appareil (voir Ch. Robin, Annales des sc. nat., Zool., 1847. Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, 1855. Journal d’'Anatomie et de Physiologie, année 1865).

(2) Brown et Linné avaient déjà constaté que l’abdomen de ces Insectes devient brillant quand on les déchire en deux. Voir aussi Fougeroux de Bou- darois, Mémoires de l’Académie des sciences, 1766; Lacordaire, Zntroduction à l'Entomologie, ec.

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386 CH. ROBIN ET A. LABOULBÈNE.

nerfs à l'appareil, ou en arrachant brusquement celui-ci.

Ces expériences réussissent sur le thorax séparé de l’ab- domen comme sur l'Insecte entier. Leurs résultats sont de même ordre que ceux que l'on obtient avec des muscles ou des organes électriques récemment séparés de l'animal qui les porte. Sur les appareils ventral et dorsal, la lumière apparaît d’abord au centre même de l'organe, puis elle gagne toute son étendue, éclaire au dehors; elle devient fort vive, verdâtre et

des plus belles. Une zone linéaire, jaunâtre, très-apparente,

parce qu'elle tranche à la périphérie sur le ton brun des tégu- ments, n’est point primitivement lumineuse. Il en est de même des angles externes de l'organe ventral, surtout quand l'animal est affaibli. Cette zone est représentée par la couche adipeuse indiquée plus haut.

Elle devient lumineuse quand du centre la phosphores- cence a gagné jusqu'à elle; mais alors même elle ne produit pas de lumière, elle n’est jamais photogène : elle ne fait que réfléchir la lumière produite par la portion centrale de l'or- gane. En revanche, elle le fait non-seulement par sa face in- terne, mais par toute son épaisseur, ce à quoi se prêtent la transparence et le fort pouvoir réfringent de ses goultelettes graisseuses, toutes nettement sphériques. Ces dispositions physiques déterminent des phénomènes dispersifs et d'inter- férence qui sont la cause de l'éclat remarquable que prend la lumière, dès que du centre elle se propage jusqu'à cette zone.

Quels sont les changements d'état moléculaire des cellules du tissu propre de l'organe qui causent ici un dégagement de lumière ? On sait que, pendant le repos et en dehors de toute influence nerveuse, les appareils électrogènes des Poissons passent à un état de tension électrique de plus en plus pro- noncé, dont ils se dégagent subitement dès qu'ils veulent, ou sous l'influence expérimentale de telle ou telle action physico- chimique. Or, ici les probabilités sont que le tissu phospho-

COCUYO DE CUBA. 387

rescent produit peu à peu une substance qui s'accumule len- tement dans les cellules productrices mêmes, indépendam- ment de toute influence nerveuse, par des actes de même ordre que ceux de diverses sécrétions, et que l'acte seul par lequel elles s’en déchargent est volontaire (1).

« La mise en liberté volontaire de la matière produite rela- tivement au reste de la substance des cellules consiste-t-elle en un suintement exsudatif intercellulaire ou a-t-elle lieu dans l'épaisseur de ces éléments? On ne peut encore rien dire de précis sur ce point; mais le principe qui rend lumineuse, pen- dant plusieurs minutes, la substance des cellules écrasées se comporte comme la noctilucine, principe azoté coagulable, phosphorescent, retiré, par Phipson (1871), du mucus lumi- neux de certaines Scolopendres, des Poissons, etc. C’est un principe immédiat naturel, peu stable, dont la ségrégation chi- mique ou moléculaire a lieu dès qu'il devient libre et qui se manifeste par une production de lumière seulement, sans chaleur, d’une manière aualogue à ce qui a lieu lors de la dé- composition accidentelle, putride ou non, de diverses sortes

de tissus, de mucus, de sucres, etc.

« L’abondance des urates dans la substance des cellules au sein desquelles a lieu le dégagement de lumière porte à pen- ser que l'acide urique est un des composés cristallisables ré- sultant de la décomposition photogénique du composé coagu lable précédent, puisqu'il est graduellement éliminé comme les principes cristallins de désassimilation analogues. L’abon- dance des trachées dans cet appareil est certainement en rap- port avec celle de la consommation d'oxygène qui accom- pagne ces phénomènes.

(1) L'expérience prouve que, comme pour la production et le dégagement de l'électricité des Poissons, les actes précédents épuisent vite l’animal et

exigent le repos, après une série de quelques dégagements, pour qu’une PR ration nutritive permette de nouveau leur production.

D 0 C0 G————

RECHERCHES

SUR LES TÉNIAS DES OISEAUX ;

PAR

M. H. KRABBRE /{

Parmi toutes les classes des Vertébrés, il n’en est aucune chez qui les Vers Cestoïdes du genre Ténia soient plus fré- quents que chez les Oiseaux ; Rudolphi en a décrit 145 espèces, dont 84 trouvées chez des Oiseaux, et, parmi les 242 Ténias énumérés par Diesing, il y en a également plus de la moitié, soit 138, qui proviennent de ces animaux. Ces espèces étaient ainsi réparties :

PnEr les Palmipèdes. 07.0." A0 espèces. mn | Échassiones à: à 00 Ua 37 D \ PASSGreAUx, 2 US ne PURE 36 Pigeons, les Gallinacés et les Au-

PUCES. 5270 IQIETE TITRES 13 Grimpeurs. . . .. . .. PET EE = . Üiseaux de proie. . . . .../.1. 8

On arrive à un résullat analogue en consultant le catalogue que Westrumb, en 1821, a donné de la collection des Vers intestinaux de Vienne. L'examen de 18,082 Oiseaux y a fait découvrir des Cestoides chez

(1) Extrait des Mémoires de l'Académie de Copenhague, t. VIII, p. 364;

1870. Résumé fait par l’auteur de son Mémoire intitulé : Pidrag til Kund- skab om Fuglenes Bændelorme (ibid., p. 249 à 363, av. 10 pl.).

TÉNIAS DES OISEAUX. 389

311 Échassiers. « . : . . . .. sur 1,014 soit 31 0/0 239 Palmipèdes. . . . . . . .. 936 26 114 Grimpeurs 4. ox 05 0 810 14 874 Passereaux. . . . . uso + 11,006 8 139 Pigeons, Gallinacés, Au-

HuCHos Nr 50: à 9,059 7 140 Oiseaux de proie. . . . . . 2,257 6

On doit donc regarder comme acquis que les Cestoïdes apparaissent bien plus fréquemment chez les Oiseaux aqua- tiques que chez les Oiseaux terrestres, et que, parmi ces der- niers, ils sont moins abondants chez les Rapaces et les Grani- vores, ce qui est d'autant plus remarquable que, parmi les Mammifères, ce sont les Carnivores qu'ils habitent de préfé- rence. Cela semble indiquer que les Cestoïdes des Oiseaux proviennent principalement d'animaux inférieurs et, en par- ticulier, qui vivent dans l’eau.

D'après les descriptions des anciens auteurs, il n’y a qu’un petit nombre d'espèces qu'on puisse reconnaître avec certi- tude, même en s’aidant des lieux de provenance. Rudolphi avait, au point de vue de la classification, attribué une grande importance aux crochets dont la trompe est souvent armée ; mais Mehlis et, après lui, V. Siebold et Dujardin, ont montré qu'ils avaient, en beaucoup de cas, échappé à l'attention de ce savant helminthologiste, et Dujardin est le premier qui, en publiant des mesures et des dessins de ces organes, ait donné des caractères satisfaisants pour quelques espèces dont M. Wedl a plus tard augmenté le nombre.

Comme les travaux dont les Ténias cystiques des Mammifères ont été l’objet ont fourni, sur le développement de ces para- sites, des renseignements aussi intéressants pour la science qu'importants dans la pratique, j'ai pensé qu'il serait utile d'étudier également les caractères spécifiques des Cestoïdes des Oiseaux; et, sous ce rapport, la position des orifices géni-

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390 __ H, KRABBE.

taux, la conformation du pénis, l'aspect des œufs, et surtout les crochets de la trompe, constituent autant de signes pré- cieux. En démontrant l'identité des crochets, Küchenmeister a trouvé que le Cysticerque de la Limace se transforme en Ténia chez la Guignette (Totanus hypoleucus), et j'ai pu con- stater de la même manière que les Gryporhynchus de la Tanche, décrits par von Nordmann, Aubert et Wagener, donnent naissance aux Ténias du Héron.

Afin de pouvoir, autant que possible, préciser les caractères spécifiques des Ténias déjà décrits, j'ai jugé nécessaire d'exa- miner les collections laissées par Rudolphi et Creplin, qui con- tiennent les exemplaires originaux sur lesquels ces natura- listes ont basé leurs descriptions, et MM. les professeurs Peters et Münter m'ont permis, avec beaucoup de libéralité, d'utiliser dans ce but tout ce que les musées de Berlin et de Greifswald renferment en fait de Cestoïdes d'Oiseaux. M. le prof. Wedl a également eu la bonté de me communiquer un certain nombre de préparations de Ténias décrits par lui. A ces espèces, j'ai pu en ajouter quelques nouvelles, que je dois à la bienveillance de MM. Gurlt, Küchenmeister, Leuckart et von Siebold, de même que le professeur Steenstrup, avec son obligeance ordinaire, a mis à ma disposition les matériaux que MM. Orick et Pfaff ont rapportés du Groënland pour le musée de l’Université. Parmi les compatriotes qui m'ont aidé à rassembler des Ténias d'Oiseaux, je citerai principalement MM. Fris, médecin dans le Sleswig, et Berg, médecin aux Fœroë. Pour ce qui me concerne, j'ai surtout eu l’occasion de réunir des Ténias de Palmipèdes en Islande et d'Oiseaux domestiques en Danemark.

Les Cestoïdes que j'ai décrits dans ce Mémoire sont, je l’es- père, suffisamment caractérisés pour pouvoir être reconnus à l’aide des figures qui y sont jointes. Par’ contre, je n'ose me flatter qu'on acceptera toujours la séparation que j'ai faite

TÉNIAS DES OISEAUX. 394

entre les espèces, d’autant plus que, dans divers cas, je con- serve moi-même des doutes sur son exactitude. Cela provient en partie de l'insuffisance des matériaux, en partie de la diffi- culté de distinguer entre les particularités de l'espèce et celles de l'individu, difficulté qui se présente souvent, même lors- qu'on a un assez grand-nombre d'exemplaires à sa disposi- tion.

Parmi les classifications qu'on a proposées pour le genre Ténia, celle de Dujardin se rapproche assurément le plus d’un groupement naturel. Toutefois, je n’ai pas pensé qu'il fût pos- sible, pour le moment, d'établir un groupement complet de cette nature, et la raison en est qu'on ne possède sur beau- coup d'espèces que des renseignements trop imparfaits pour pouvoir les classer avec certitude. On trouvera cependant, en parcourant les formes que j'ai décrites, plusieurs groupes nettement caractérisés, et d’autres qui se détachent avec plus ou moins de clarté.

Les 20 premières espèces, qui appartiennent aux Palmi- pèdes et aux Échassiers, ont des crochets allongés dont le nombre varie de douze à trente-deux, mais est ordinairement de vingt et quelques, et qui sont disposés plus ou moins dis- tinctement en deux rangées peu différentes l’une de l’autre. Les orifices génitaux sont irrégulièrement alternants, le pénis est, en général, cylindrique et légèrement garni de poils, et chez aucun d’entre eux la poche du pénis ne paraît être très- développée. Chez les Tœnia socialis, armillaris, sternina, porosa, macracantha, campylacantha, multiformis, piriformis et Nym- phæa, espèces qui habitent les Guillemots, les Mouettes et divers Échassiers, les œufs sont ronds. Chez d'autres espèces, appartenant loutes à des Échassiers, la membrane externe forme deux grands prolongements effilés, et, le plus souvent, les membranes internes et l'embryon lui-même sont égale- ment allongés, comme dans les Tœnia clavigera, variabilis,

392 H. KRABBE.

citrus, globulus et platyrhyncha. Le Cysticerque bien connu de la Limace répond incontestablement à une espèce de cette dernière division, de sorte qu'il est assez probable que les nourrices correspondant aux espèces les plus voisines doivent se trouver chez les Mollusques.

Des crochets semblables à ceux des Tœnia ægyptiaca et ba- cilligera, qui sont presque styliformes à cause de la longueur relativement considérable du manche, se retrouvent chez les T. lœvis, villosa, stylosa et Fringillarum qui, sous d’autres rapports, diffèrent beaucoup entre eux. Cela prouve qu’on ne peut pas constater la parenté des espèces en s’en rappor- tant seulement à la ressemblance des crochets.

Les Tœma embryo, stelhifera et paradoxa sont des espèces voisines. Ils ont une couronne simple, des crochets allongés et uniformes, et habitent les Bécasses et les Bécassines.

Un groupe bien caractérisé est formé par les Tœnia unilate- rahs, macropeos, urceus, scolecina et transfuga. Ns ont vingt crochets qui présentent dans les deux rangées une différence remarquable. Lorsque la trompe se retire en arrière, les cro- chets se renversent de manière à tourner leurs pointes en avant. Les orifices génitaux sont unilatéraux, et les organes de Ja génération semblent se développer rapidement, de sorte que ces Vers n'atteignent guère une grande taille ; toutefois, je n’en ai trouvé aucun avec des œufs. Pour deux d’entre eux, on connaît les nourrices correspondantes (Gryporhynchus), et il y a lieu de supposer que tous les Ténias que je viens de nommer, et qui habitent des Oiseaux ichthyophages, passent la première période de leur développement chez les Poissons. Les T. capito et omalancristrota, qui habitent aussi les Hérons, se rapprochent des espèces précédentes par les crochets ; mais chez les premiers de ces Vers les orifices génitaux ont une position différente.

Les espèces mentionnées ensuite, lesquelles vivent toutes

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TÉNIAS DES OISEAUX. 393

chez les Palmipèdes et les Échassiers, ont une couronne de crochets uniformes, ordinairement au nombre de dix, et, si l'on en excepte les formes Tæma polymorpha et lewis, des ori- fices génitaux unilatéraux. Elles présentent, d’ailleurs, plu- sieurs petits groupes bien caractérisés, et il y en a notamment un certain nombre qui sont munies de crochets à long manche, dont les pointes se dirigent en arrière lorsque la trompe se contracte, tandis que chez les autres les crochets sont courts, l'hypomochlion égalant ou surpassant le manche en grandeur. Parmi les espèces de la première catégorie, les Tœnia sinuosa, gracihs, fasciata, fragihis et octacantha, qui habitent divers Ca- nards, ont entre eux beaucoup d’analogie, et leurs organes génitaux présentent la conformation particulière que j'ai dé- crite en parlant du Tœnia sinuosa ; les quatre dernières ont huit crochets sur la trompe. Les quatre espèces qu’on trouve chez les Grèbes (Podiceps), savoir les Tœnia macrorhyncha, multi- siriata, furcifera et capillaris, doivent égälement être rangées ensemble, bien que présentant entre elles des différences plus grandes.

Les Tœnia fusceus, cirrosa, Recurvirostræ, Himantopodis, mi- crocephala, brachyphallos, amphitricha, filum, crassirostris et clandestina, qui habitent les Mouettes et des Échassiers, sur- tout de la famille des Bécasses, se ressemblent beaucoup par les crochets, qui sont courts, au nombre de dix, et,'chez plu- sieurs d'entre eux, la poche du pénis est assez distincte, mais le pénis et les œufs affectent des formes très-variées. Les Tæma rhomboidea, groenlandica, æquabihs, Creplini; coronula, micran- cristota et fallax, constituent une autre série de ces Ténias à crochets courts qui vivent chez les Oiseaux de la famille des Canards.

Chez les espèces suivantes, qui, à l'exception des Tænia Leuckarti et circumeincta, habitent exclusivement les Oiseaux terrestres, on trouve d'autres types que chez les Témias des Oiseaux aquatiques.

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Les Tœmia Bilharzü, farciminalis, serpentulus, angulata et coronina, qui ont dix crochets à la trompe et des orifices géni- taux unilatéraux, sont des espèces très-voisines; parmi les suivants, on peut bien, çà et là, constater quelque indice de parenté, mais il est difficile de les grouper d'une manière sa- tisfaisante.

Un groupe très-distinct est enfin formé par les espèces qui vivent chez les Gallinacés, les Pigeons, les Autruches et les Grimpeurs, savoir : les Tœnia cesticillus, circumvallata, austra- lis, circumeincta, Urogalli, crassula, leptosoma et frontina. Is ont tous une trompe hémisphérique garnie de nombreux pe- tits crochets disposés sur deux rangs. Les Tœnia cesticillus (T. infundibuliformas, Duj.) et frontina ont été aussi considérés par Dujardin comme formant une division à part des Ténias. Il faut sans doute également y ranger le Tœma cantaniana du Dindon, décrit par Polonio, et peut-être le Tœnia proglottina du Coq de basse-cour. Quelques-uns d’entre eux ont des ori- fices génitaux irrégulièrement alternants, mais chez la plu- part ils sont unilatéraux, et chez ces derniers les œufs semblent se développer en forme de groupes, de même que la petite poche du pénis est souvent très-marquée. Chez plu- sieurs de ces espèces, les suçoirs sont garnis d'organes spé- ciaux d’accrochement, savoir une bordure villeuse ou formée de petites épines.

La distribution géographique des Vers intestinaux est encore très-peu connue. Elle doit, jusqu’à un certain point, se régler d’après celle des animaux dont ils sont les parasites. Pour ce qui concerne les Cestoïdes des Oiseaux, on doit supposer que ceux qui se montrent chez les Oiseaux de passage ont la même distribution que ces derniers, même si les nourrices corrés- pondantes vivent dans un cercle moins étendu. Chez les Oiseaux sédentaires, il en est sans doute autrement, car l’ap- parition de leurs Ténias doit être limitée aux pays qu’habitent les hôtes des Cysticerques correspondants, et 1l faut, par con-

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AGE DE LA PIERRE. 395.

séquent, s'attendre à ce que, dans des pays différents, ces Oiseaux soient, jusqu’à un certain degré, infectés de Cestoïdes

d'espèces différentes.

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CLASSEMENT

DES DIVERSES PÉRIODES DE L'AGE DE LA PIERRE ;

PAR

M. Gabriel de MORTILLET (1).

En étudiant, avec soin, la période de la pierre taillée, ou

période paléolithique, j'ai reconnu qu’elle pouvait très-bien

former deux grandes subdivisions industrielles.

La première, la plus longue et la plus ancienne, pen- dant laquelle l’homme ne se servait que d'instruments en pierre.

La seconde, plus récente, caractérisée par l'apparition d'instruments en os et en bois de cervidés, qui ont pris un grand développement et remplacé en partie les instruments en pierre.

Cette partie de la période paléolithique, avec instruments en os, offre un ensemble assez homogène pour ne former qu'une époque.

L'autre partie de la période paléolithique, c'est-à-dire

(1) Extrait d’un travail inséré dans le Compte rendu du Congrès d'anthro- pologie et d'archéologie préhistoriques tenu à Bruxelles en 1872.

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396 GABRIEL DE MORTILLET.

celle qui ne fournit que des instruments en pierre, est plus | variée et peut se subdiviser encore en trois époques bien distinctes, ce qui porte à cinq les époques de l’âge de la pierre.

Si je repousse complétement la méthode géologico-paléon- tologique, pour caractériser les époques, je l'adopte, au con- traire, pour ce qui concerne les noms. Je donne à chaque époque le nom de la localité typique la mieux connue, et je simplifie la désignation en la réduisant en un seul mot, comme on fait en géologie. |

Voici l’'énumération détaillée de mes cinq époques, en par- tant de la plus vieille et remontant nécessairement jusqu'à la moins ancienne.

Époque de Saint-Acheul ou Acheuléen, caractérisée par de gros instruments en pierre, affectant plus ou moins la forme amygdaloïde, taillés des deux côtés. L'instrument se maniait, au moins très-généralement, à la main, sans emman- chure. Ces instruments ont été signalés tout d'abord par Bou- cher de Perthes dans les alluvions quaternaires d’Abbeville (Somme). Si je donne à l’époque le nom de Saint-Acheul, c'est que cette localité, découverte par le D. Rigollot, le pre- mier disciple de Boucher de Perthes, est plus caractérisée, plus facile à étudier, et a fourni un plus grand nombre de pièces.

Les instruments caractéristiques de l’Acheuléen se trouvent dans les alluvions de hauts niveaux : Saint-Acheul, à la porte d’Abbeville et Thennes (Somme), Sotteville-les-Rouen (Seine- Ioférieure), Vaudricourt (Pas-de-Calais).

Sur les plateaux et les terrasses trop élevées pour que les alluvions quaternaires aient pu y parvenir, les instruments types de l’Acheuléen se rencontrent à la surface du sol mêlés avec des objets de tous les âges. Tels sont les gisements de Beaumont (Vienne) et de Tilly (Allier). On pourrait multiplier

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AGE DE LA PIERRE. 397

les citations. À la Ganterie (Côtes-du-Nord) et sur les ter- rasses latérales des vallées de la Saône et de la Ceillonne (Haute-Garonne), ces instruments sont en quartzite au lieu d'être en silex. |

Époque de Moustiers ou Moustiérien, caractérisée par des pointes retaillées d’un seul«côté et généralement à un seul bout, et par des racloirs plus ou moins grands, également tout unis sur une de leurs faces. Ces racloirs remplacent le véri- table grattoir, qui fait défaut. Les haches, ou instruments typiques de l’Acheuléen, viennent s’éteindre à cette époque, comme les pointes moustiériennes commencçaient déjà à ap- paraître dans l’Acheuléen. La localité-type qui a donné son nom à l'époque est la grotte et le plateau de Moustiers (Dor- dogne).

Les produits de cette époque se rencontrent dans les allu- vions des bas niveaux, comme Grenelle, Levallois, Clichy (Seine), le Pecq (Seine-et-Oise), Montguillain (Oise); mais dans ce genre de gisements il y a souvent mélange et incer- titude.

Les gisements les plus caractérisés sont ceux des grottes et de certaines stations en plein air. On peut citer le gisement de Chez-Pourré, à Brive (Corrèze); les grottes de la Marti- nière et de l'Ermitage (Vienne), de la Mère-Grand (Saône-et- Loire), de Buoux (Vaucluse), de Néron (Ardèche) ; la fameuse station de Cœuvres (Aisne); les brèches de Genay et Ménétreux- le-Pitois (Côte-d'Or).

Époque de Solutré ou Solutréen. Le travail grossier et pri- mitif du Moustérien se transforme et fait place à un travail de la pierre beaucoup plus perfectionné, tellement perfectionné même que quelques personnes ont cru que cette époque de- vait servir de transition entre la pierre taillée et la pierre po- lie, entre le paléolithique et le néolithique. Mais cette suppo- : sition n’a pas de fondement. D’abord les stations solutréennes

398 GABRIEL DE MORTILLET.

ne renferment pas d'instruments en os ou en bois de cervi- dés; ensuite la faune est encore largement quaternaire. Du reste, la superposition vient trancher la question d’une ma- nière irrécusable. |

À Laugerie-Haute, commune de Tayac, on a exploité un riche gisement solutréen. Sur ce gisement 3, du moins en partie, s'étendait l'extrémité supérieure d’un autre gisement très-développé, à Laugerie-Basse, appartenant au Magdalé- nien, dernière époque du paléolithique, 2. Sur le tout re- | posait, 1, un lambeau de Robenhausien, ou néolithique, qui a fourni des haches polies. On a donc pu constater la su- perposition ci-dessus indiquée :

1. Robenhausien ou néolithique.

2. Magdalénien, dernière époque paléolithique.

3. Solutréen.

Dans le Solutréen, les racloirs mousliériens font place aux véritables grattoirs qui, à partir de là, prennent un grand dé- veloppement, quise maintient pendant les deux époques sui- vantes. Les pièces caractéristiques du Solutréen sont les pointes en forme de feuilles de laurier, finement retaillées des deux côtés et aux deux bouts. Il y a aussi d’autres pièces fine- ment retaillées. On commence à trouver des objets d'art, sculptures, mais en pierre.

La première station solutréenne signalée a été celle de Lau- gerie-Haute, qui a fourni de riches séries à Lartet et Christy et à M. de Vibraye. Mais, comme à Laugerie-Basse il y a une riche station de l'époque suivante, j'ai abandonné le nom de Laugerie, afin d'éviter toute équivoque, et j'ai pris celui de Solutré (Saône-et-Loire), se trouve un gisement plus net, fort riche, publié par de Ferry et Arcelin.

Les stations solutréennes ne sont pas nombreuses. Outre les précédentes, on peut encore citer Badegols et Saint-Martin- d’Encideuil (Dordogne).

AGE DE LA PIERRE. 399

Époque de la Madeleine Magüalénien. Aux instruments uniquement en pierre, se mêlent en assez grande abondance ceux en os et en bois de cervidés; de là, décadence de la taille de la pierre. On ne trouve plus les jolies pointes qui ca- ractérisent l’époque précédente. Les lames de silex, servant de couteaux, de scies, de frottoirs, de perçoirs, deviennent fort nombreuses, parce que c'est avec elles qu'on façonnait l'os et les bois de cervidés. |

L'art, gravure et sculpture, se développe, et, ainsi que l’in- dustrie, il emploie, comme malières premières, l’ivoire et les bois de cervidés.

Cette époque tire son nom de la Madeleine, station sous abri, des bords de la Vésère, commune de Tursac (Dordogne), parfaitement explorée par Lartet et Christy, et l’une des mieux connues.

Le Magdalénien est très-répandu. C’est lui qui abonde le plus dans les collections. On le retrouve surtout à l'entrée des grottes et sous les abris. Nous citerons les Eyzies et Laugerie- Basse (Dordogne); Bruniquel (Tarn-et-Garonne); Mussat (Ariége); Montrejeau (Haute-Garonne); Auransan (Hautes-Py- rénées); Murceint (Lot); les Morts, Champs et le Puy-de-La- can (Corrèze); le Plucard (Charente); Arcy (Yonne); Salève (Haute-Savoie); le Scé (Vaud); Baoussé-Roussé (Vintimille); Furfooz (Dinant). |

Le Magdalénien se trouve aussi parfois à l'air libre. La station de Schussenried, dans le Wurtemberg, en est un très- bel exemple.

Précédemment, sur l'autorité d'Édouard Lartet, j'avais éta- bli une coupure entre le Solutréen et le Magdalénien : l'époque d’Aurignac. J'ai reconnu depuis que cette coupure, mal dé- finie, n'a pas tant de valeur. C’est tout au plus une transition, ou mieux encore le commencement du Magdalénien. Les in- Struments en os sont déjà abondants, et l’industrie ne pouvait

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se caractériser que par une différence dans la forme des pointes de lances et de flèches en os. À l'époque d’Aurignac, ces pointes sont fendues à la base et la hampe ou manche entre dans la pointe, tandis qu’à la belle époque de la Made- leine c’est l'inverse qui a lieu : les pointes ont leur base tail- lée en biseau ou en coin pour entrer dans la hampe. C'est un caractère insuffisant pour déterminer une époque; et puisila été reconnu que la localité typique, Aurignac, présente un mélange de Robenhausien, ou pierre polie, de Magdalénien et même probablement de Moustiérien.

Époque de Robenhausen ou Robenhausien, parfaite- ment caractérisée par les haches polies, les pointes de flèches en pierre, barbelées et à pédoncule, et par l'apparition de la poterie.

Entre les diverses époques paléolithiques, on suit le déve- loppement régulier et logique de l’industrie; on en trouve des transitions et des passages. Des degrés, des points intermé- diaires peuvent encore faire défaut, mais on sent, on recon- naît qu’il y a suite continue. Il n’en est plus de même entre le paléolithique et le néolithique, entre le Magdalénien et le Robenhausien. Il y a une large et profonde lacune, un grand hiatus ; 1] y a une transformation complète.

Avec le Magdalénien, disparaissent les animaux quater- naires, le Grand-Ours, le Mammouth, le Mégacère; avec le Magdalénien, émigrent les espèces des régions froides qui peuplaient nos plaines; le Renne, le Glouton, le Bœuf musqué remontent vers le pôle; le Chamois, le Bouquetin, la Marmotte gagnent le sommet neigeux de nos montagnes.

Avec le Robenhausien, ont apparu non-seulement les in- strun:ents en pierre polie, mais encore la poterie, les monu- ments, dolmens et menhirs, les animaux domestiques et l’agri- culture. C’est donc un changement complet.

Je donne à cette époque le nom de Robenhausien, parce

AGE DE LA PIERRE. 01

que c’est danis les environs de Robenhausen, canton de Zurich, qu’on a découvert les documents les plus complets sur l’in- dustrie et la vie de cette époque, documents admirablement étudiés par M. le D. F. Keller.

Les stations principales du Robenhausien sont les habitations lacustres dans les lacs et marais tels que Meïlen (Zurich), Mooseedorf (Berne), Saint-Aubin (Neuchâtel), Concise (Vaud); Clairvaux (Jura), Wangen [lac de Constance); les dol- mens du Morbihan et de toute la Bretagne, les allées cou- vertes d'Argenteuil et de la Justice (Seine-et-Oise)}, qui ont servi de sépultures; les ateliers l’on taillait les instru- ments en pierre comme ceux du Grand-Pressigny ([ndre-et- Loire), du Camp-Barbet (Oise), de Londinières (Seine-Infé- rieure), de Spiennes (Hainaut); les aires d'habitation : vallée de la Vibrata (Ascoli); les camps ou oppidums, qui servaient de lieux de défense : Chassay (Saône-et-Loire), Has- tedon (Namur) (1).

(1) M. de Mortillet joint à son travail un tableau synoptique, dans lequel il place, en regard du nom de chaque époque, l'indication des stations principales qui s’y rapportent; il rappelle aussi les changements climatologiques qui ont probablement eu lieu et les principales modifications survenues dans la faune. Il termine ainsi : « Sous ce rapport, nous avons malheureusement encore bien peu de documents. Pourtant ceux que nous possédons suffisent pour montrer qu'avant le développement de nos races actuelles nos régions ont élé occupées par une race ou espèce humaine d’un type très-inférieur, presque bestial, dont les calottes crâniennes de Néanderthal et Eguisheim, la mâchoire inférieure de la Naulette et le frontal de Denize sont des témoins irrécusables. »

(P. GERV.)

. JouRNAL DE ZOOLOGIE. T, II. 1873. 26

ANALYSES D'OUVRAGES ET DE MÉMOIRES.

XXXVI. MUNIER (A.) : DÉCOUVERTES PRÉHISTORIQUES FAITES DANS LA CHAINE DE LA GARDÉOLE (Acad. des sc. et lettres de Montpelher; Mémoires de la section des sciences, t. VIIT, p. 89, pl. ui à vi; 1871).

L'Académie des sciences et lettres de Montpellier, à la fon- dation de laquelle l’auteur de ce Recueil se fait honneur d'avoir contribué, poursuit le cours de ses publications, et elle est arrivée au huitième volume de ses Mémoires. Le fasci- cule de 1871 renferme un travail de M. Munier, consacré aux stations préhistoriques découvertes par ce savant dans la petite chaîne de la Gardéole, qui commence au sud-ouest de Mont- pellier et s'étend dans la direction de Cette.

M. Munier a fait des fouilles dans la grotte de la Magde- leine, et il a trouvé, dans cette excavation, des cendres et du charbon, accompagnés de poteries nombreuses, noires, à pâte grossière, à grains de mica très-abondants et sur lesquelles étaient des dessins ainsi que des bourrelets avec empreintes de doigts.

Avec ces poteries, gisaient en abondance des os d'animaux, tous brisés d'une manière uniforme et dont on avait retirer la moelle. La plupart de ces os étaient brûlés et cer- tains d’entre eux portaient des entailles à leur base. Le Bœuf, le Cheval, le Cochon, le Lapin, le Cerf, le Chevreuil, la Chèvre, la Tortue et la Dorade (1) (Chrysophrys) y ont été reconnus. Il y

(1) Poisson marin de la famille des Sparoïdes, commune sur les côtes voi-

sines de la Méditerranée et dans plusieurs étangs marins peu éloignés de la grotte de la Magdeleine.

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avait également des silex taillés d’un beau type, des pesons en terre cuite, des os soigneusement travaillés en pointe, ainsi que deux petites haches en jade et de nombreuses canines percées. Des coquillages également troués et une défense de Sanglier usée par le frottement et perforée à son extrémité ont aussi été fournis par ces fouilles.

D'autres objets sont en bronze, ce qui constitue une associa- tion semblable à celles qu'on a déjà indiquées dans le bas Languedoc, plus particulièrement dans la grotte du Pontil, près Saint-Pons (1).

M. Munier signale quelques autres stations préhistoriques, appartenant, comme la Magdeleine, à la Gardéole. Deux grottes situées à l’origine du ravin appelé la Combe de l'Homme mort, sur la limite des communes de Frontignan et de Gigean, renfermaient de nombreux restes humains et, en particulier, des crânes dont l’auteur de ce travail donne des figures.

XXXVIT. CORNALIA (Emilio) : DÉCOUVERTE DU PELOBATES FUSCUS, AUX ENVIRONS DE Miran (Rendiconti del r. Instituto Lombardo, série 2, t. VI, fasc. 10 ; 1873).

En signalant cette découverte, M. Cornalia revient sur les caractères attribués à celte espèce, et il donne la liste des Ba- traciens anoures observés jusqu'ici en Lombardie. Ce sont les suivant(s : Rana esculenta, Linné ; R. temporaria, id. (2); Hyla wiridis, Laurent ; Pelobates fuscus, id. ; Bombinator igneus, id. ; Bufo vulgaris, id. ; B. viridis, id.

(1) Voir P. Gerv., Zool. et Pal. gén., p. 45, pl. 1 à v. (2) Le Rana agilis de Thomas, accepté comme espèce distincte par M. V. Fatio, dans sa Faune des Vertébrés de la Suisse, se rencontre aussi en ltalie,

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XXXVIIL.— ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Travaux RELATIFS AUX SCIENCES ZOOLOGIQUES PENDANT LES MOIS DE JANVIER A aux 1873 (Comptes rendus hebd., t. LXXVI).

Séance du 6 janvier.

P. 54. Esror et Sar-Pierre: Nouvelles expériences sur les combustions respiratoires ; oxydation du sucre dans le sys- tème artériel.

P. 55. Samson : Équidés de la faune quaternaire.

Séance du 20 janvier.

P. 146. Vuzpiax : Nouvelles recherches physiologiques sur la corde du tympan.

Il résulte de ces expériences que l’excitabilité motrice acquise par le nerf lingual, après la section du nerf hypoglosse du côté correspondant, réside, non dans les fibres propres du nerf lingual, mais dans les fibres nerveuses anastomotiques qu'il re- coit de la corde du tympan. Les fibres de la corde du tympan qui accompagnent le nerf lingual, dans sa distribution à la lan- gue, se rendent, en partie du moins, aux faisceaux musculaires de cet organe.

Séance du 27 janvier.

P. 189. Boussineauzr : Conservation des substances ali- mentaires par l’action du froid. En 1865, du bouillon de Bœuf enfermé dans des flacons fut plongé, durant quelques heures, dans un mélange réfrigérant dont la température descendit | à 20°. Aujourd'hui ce bouillon a toutes les qualités qu’il possédait lorsqu'il fut soumis à l’action du froid.

Du jus de canne à sucre, exposé, en vase clos, à la même température de 20°, a été préservé de toute altération.

DE PARIS. k05

P. 209. Marès : Note sur la maladie de la vigne caracté- risée par le Phylloxera (1).

P. 232. Gayon : Altération spontanée des œufs.

P. 233. GrÉénanr: Détermination quantitative de l'oxyde de carbone combiné avec l’hémoglobine ; mode d'élimination de l’oxyde de carbone.

P. 240. CHanrran: Expérience sur la eat des yeux chez les Ecrevisses.

Les yeux des Ecrevisses se régénèrentnormalement ouanor- malement, plus lentement ou plus rapidement, suivant l’âge et le moment de la vie des sujets sur lesquels on opère.

Séance du 10 février.

P. 381. Hamy : Age des Anthropolithes de la Guade- loupe (2). .

Séance du 17 février.

P. 443. Bert: Recherches expérimentales sur l'influence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie (8° note).

P. 449. E. Rivière : Station préhistorique du cap Roux près Beaulieu, entre Nice et Monaco.

Les fouilles ont donné des résultats analogues à ceux obtenus à Baoussé Roussé : foyers, dents, ossements brisés de Mammi- fères, coquillages et silex taillés. Les Mammifères appartiennent aux genres Bœuf, Cerf et Chèvre ; les coquilles, aux genres Pa- telle, Pétoncle, Pecten, Cardium, Moule, Murex, Rostellaire, Haliotide, Turritelle, Cérithe, Troque et Pleurotome.

Un foyer inférieur renfermant des restes du Loup (3).

(4) Voir aussi p. 335 du même Recueil (séance du 10 février). (2) Voir Journal de Zool., 1. II, p. 193. (3) Et non d’Hyène et d’Ours des cavernes comme le dit le Compte rendu.

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k06 ACADÉMIE DES SCIENCES

P. 455. GuériN-MÉNEvILLE : Faits montrant que les graines de vers à soie provenant de parents corpusculeux et de parents sans corpuscules donnent également des vers sains et. de bonnes récoltes.

Séance du 24 février.

P. 461. M. CornaLia communique à l'Académie, par l'en- tremise de M. Pasteur, un Rapport sur les résultats des éduca- tions des Vers à soie faites en 1872 dans le Milanais.

L'année 1872, si pluvieuse et si froide pendant le mois de mai et la première quinzaine de juin, a été très-défavorable, ce qui a également eu lieu en France. Comme le commerce des graines avec le Japon est très-opposé, par intérêt personnel, à la régénération de nos belles races indigènes, qu’en outre un certain nombre de personnes sont portées à nier même les plus heureuses applications de la science, on n’a pas manqué de s'armer des échecs dont il est question pour mettre ces échecs à la charge du procédé Pasteur.

L'éducation des races jaunes de sélection cellulaire est allée bien mieux qu’on ne le disait.

Aucune des éducations faites avec la graine dite cellulaire, c’est-à-dire obtenue par le grainage cellulaire, n’a souffert de pébrine; la flacherie seule a apporté quelques ravages, et, pourtant, malgré l'influence de la mauvaise saison, 1l y à eu des résultats magnifiques.

Depuis 1867, premitre année de l'application du procédé Pasteur, la situation a bien changé : l'infection corpusculeuse a diminué en Italie tandis qu’elle a augmenté au Japon.

P. 467. M. Dumas fait un rapport verbal sur l’histoire des Serpents venimeux de l’Inde publiée par M. Fayrer [1).

P. 491. Ranvier : Sur la régénération des nerfs.

(4) Voir Journal de Zool., t. Il, p. 41.

- DE PARIS. k07

Séance du 3 mars.

P. 578. Bert: Recherches expérimentales sur l'influence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie (9° note).

P. 582. Fiscuer et DE Foun : Exploration bathymé- trique de la fosse du cap Breton, près Bayonne, exécutée en 1872 (1). | |

P. 585. Juzxren : Poumon des Psammodromes.

Il est traversé à l’intérieur par des faisceaux musculaires à fibres lisses, très-volumineux, s’anastomosant les uns avec les autres et formant une sorte de quadrillage en saillie à l’inté- rieur, qui sert de charpente au tissu pulmonaire proprement dit, comme chez tous les Reptiles. Pendant la respiration ces faisceaux musculaires se contractent. Ici l'inspiration est ra- pide et l'expiration lente.

Séance du 10 mars.

P. 622. Vurrian : Action de la corde du tympan sur la circulation sanguine de la langue.

P. 646. GrÉéHanr et Picarp : De l’asphyxie et de la cause des mouvements respiratoires chez les Poissons.

P. 654. Bécaawp : Sur les Microzymas normaux du lait considérés comme cause de la coagulation spontanée.

P. 657. Gaupry : Fossiles quaternaires recueillis par M. OElert à Louverné (Mayenne).

P. 659. Grap : Existence de l'Homme en Alsace pen- dant l’époque glaciaire.

P. 662. De La BrancaèRe : Nouvelle espèce de Van- doise des eaux du Rouergue.

(1) Voir Journal de Zool., t. IX, p. 299.

L08 ACADÉMIE DES SCIENCES

L'auteur appelle cette espèce Squalius oxyrrhis, et il en donne une figure.

Séance du 17 mars.

P. 718. Perrier : Note sur l'anatomie de la Comatule (Comatula rosea, BI.).

P. 720. Gorceix, Signale un gisement de Mammifères fossiles à Lapsista, en Macédoine.

Séance du 14 avril.

P. 963. Marion : Reproductions hybrides d’Echino- dermes [1).

P. 966. Zezrer : Observations sur la structure de la trompe d'un némertien hermaphrodite, provenant des côtes de Marseille.

Séance du 21 avril.

P. 1096. Gaupry : Géologie du mont Léberon.

L'auteur aborde dans cette note la question de la succession des faunes tertiaires en ce qui concerne les Mammifères (2).

P. 1143. Bécnamp et Esror : Faits pour servir à l'his- toire des Microzymas et des Bactrices.

P. 1145. Resoux : Débris d'Elephas priscus trouvés dans le terrain quaternaire des environs de Paris, à Levallois-Perret.

Séance du 19 mai. P. 1276. P. Bers : Recherches expérimentales sur l’in-

(4) Voir Journal de Zool., 1. Il, p. 304.

(2) Voir l’ouvrage intitulé : Animaux fossiles du mont Léberon (Vaucluse) : Études sur les Vertébrés, par M. A. Gaudry ; Études sur les Invertébrés, par MM. P. Fiscer et J. TourNOUËR. In-4, av. pl. ; Paris, 1873.

DE PARIS. 109

fluence que les modifications dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie (10° note).

Séance du 26 mai.

P. 1304. Dareste : Note sur le Leptocéphale de Spal- lanzani (1).

P. 1307. M. Guérin-MÉNEVILLE donne des renseigne- ments concernant une importation, en France, de graines de Vers à soie du Pérou.

Séance du 2 juin.

P. 1313. M. De Quarreraces présente la première livrai- son de l’ouvrage intitulé Crania ethnica (les crânes des races humaines), qu’il a entrepris avec le concours de M. Hamy et dans lequel il se propose de faire connaître les nombreux ma- tériaux réunis dans la galerie anthropologique du Muséum d'histoire naturelle.

P. 1317. M. Ch. Rozn offre à l’Académie le nouvel ou- vrage intitulé Anatomie et physiologie cellulaires qu'il vient de publier.

P. 1340. Bavay : Note sur l'Hylodes martinicensis et ses métamorphoses.

Ce travail, dont cette note donne le résumé, a déjà paru dans le Journal de Zoologie, t. IE, p. 13.

Séance du 9 juin.

P. 1376. M. Cuevreux fait connaître qu'il a trouvé l'acide avique dans un échantillon de guano.

P. 1390. Bouxraup : De la parole à l’état normal et anormal.

(1) Voir Journal de Zool., t. II, p. 295.

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k10 ACADÉMIE DES SCIENCES

P.1423.—L. Varsranr : Affinités des Etheostomata (Agass.). Les caractères généraux de ces Poissons sont ceux des Per- coïdes, surtout des Percina. La présence de six rayons bran- chiostéges seulement, le manque de dentelures au préopercule sont les seuls caractères aberrants; or certains Percichthys offrentla première deces particularités, et la seconde n’a qu’une médiocre importance, puisque plusieursgenres voisins montrent des variations analogues, les Aprions et même plusieurs Serrans ayant le bord du préopercule lisse.

Séance du 16 juin.

P. 1454, M. Dumas fait un rapport sur les études relatives au Phylloxzera présentées à l'Académie par MM. Duclos, Max Cornu et L. Faucon.

P. 1190. Saxsox : Détermination du coefficient méca- nique des aliments.

P. 1493. P. Berr : Recherches expérimentales sur l’in- fluence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie (11° note).

Séance du 30 juin.

P. 1568. M. P. Gervais fait hommage des livraisons 9 et 10 de l'ouvrage qu’il publie avec M. Van Beneden sous le litre d’Ostéographie des Cétacés.

Ces livraisons contiennent la fin de l’histoire des Balénidés ou Mysticètes, rédigée par M. Van Beneden, et le commence- ment de l'histoire des Cétodontes ou Cétacés pourvus de dents persistantes dont M. Gervais s’est chargé. Les planches accom- pagnant ces deux nouvelles livraisons ont toutes trait aux Cétodontes.

P. 1609. Guérn-MÉNEvVILLE : Sommaire sur l'état de la sériciculture en 1873.

PHYLLOXERA VASTATRIX. k11

Nora. Le volume des Comptes-rendus dont l'analyse précède renferme, en outre, différentes communications rela- tives au Phylloxère et à la maladie de la vigne occasionnée par la présence de cet insecte. Cette question agricole préoc- cupe également un grand nombre de Sociélés savantes, et le Ministre de l’agriculture a nommé plusieurs commissions pour étudier le même objet. Des observateurs ont aussi été envoyés dans les départements avec la mission de s’en occuper d'une manière spéciale.

XXXIX. PHYLLOXERA VASTATRIX.

La Société d'agriculture de l'Hérault, émue par les progrès croissants du Phylloxère {1), vient de demander au Ministre de l'agriculture l'envoi, en Amérique, d’un savant au courant de celte question, et elle a désiré que cette mission füt confiée à M. Planchon, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier, ce qui a été agréé par le Ministre de l’agricul- ture.

« Pendant trois ans, dit la Société de l'Hérault, cet FA s'est répandu sur une foule de points, mais les pertes qu'il a causées ont été, en somme, peu considérables. Il n'en est plus de même aujourd'hui. Le mal, favorisé par une incuba- tion de plusieurs années et par la douceur de l'hiver dernier, a tellement augmenté en étendue et en intensité, que près de moitié du département est aujourd’hui envahie, et que plu- sieurs communes éprouveront, à la récolle prochaine, de véri- tables désastres.

« Tout le monde sait, d’un autre côté, que le Gard est encore plus compromis que l'Hérault, que la situation ne

(1) On a récemment constaté l'invasion du Phylloxère dans la Charente ; M. Reiche, de la Société entomologique, le signale aussi à Saint-Emilion.

k12 PHYLLOXERA VASTATRIX.

s’est pas améliorée dans les Bouches-du-Rhône et dans Vau- cluse, et que la Drôme aussi bien que l'Ardèche sont forte- ment envahies en ce moment.

Devant l'insuffisance des moyens proposés jusqu'à ce jour pour combattre le mal et en attendant qu’on en trouve de nouveaux, la Société d'agriculture croit qu’il serait indis- pensable de résoudre, sur-le-champ et d’une manière défini- tive, la question suivante, l’une des plus importantes de la nouvelle maladie de la vigne :

« Le Phylloxera, qui détruit si complétement les vignes en Europe, en laisse vivre aux États-Unis. D'où vient cette diffé- rence ? Faut-il l’attribuer à une simple modification des mœurs de l'Insecte, qui serait moins destructeur en Amérique que chez nous? Ne vaut-il pas mieux admettre, comme des faits et des renseignements sérieux tendent à le faire supposer, que quelques cépages américains jouissent d’une certaine immu- nité, ou, tout au moins, d’un certain degré de résistance qui leur permet de vivre en présence du Phylloxera.

« Pour résoudre cette question capitale, 1l faudrait, d’après la Société d'agriculture, envoyer, cette année même, aux États-Unis, un observateur capable d'étudier, dans ce pays, le Phylloxera et les vignes indigènes. Il faudrait, en second lieu, que le délégué connût assez bien la culture de la vigne pour pouvoir, dans toutes les circonstances et dans tous les faits observés, démêler avec sûreté ce qui peut être utile et applicable dans notre pays. Il serait, en outre, urgent d'agir avec promptitude, car l'été est la saison la plus favorable pour l'étude du Phylloxera et pour la détermination des vignes jugées dignes d'intérêt. »

La submersion des vignes, proposée par M. Faucon, du département de Vaucluse, paraît être, jusqu'à ce jour, le seul des moyens indiqués qui ait fourni quelque résultat avanta- geux; mais il est applicable dans un si petit nombre de

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A. DUMÉRIL ET BOCOURT. k13

vignobles, que l’on doit le regarder comme tout à fait insuffi- sant. |

Le même viticulteur a constaté qu'à certains moments les Phylloxères de la forme aptère sortent de terre ‘et qu'on les voit cheminer à la surface du sol, pour gagner d’autres ceps, ce qui indique l'invasion de proche en proche et explique l'extension du mal, dans les localités attaquées. Ne pourrait- on pas tirer de ces remarques l'indication que, dans de sem- blables conditions, la diffusion du soufre en fleurs à la surface du sol ou le soufrage tel qu’on le pratique d'ordinaire contre l’oïdium, ou bien encore l'usage de quelque autre insecticide, par exemple la poudre de staphisaigre mêlée au quassia dans les proportions indiquées par M. Cloëz et employée en poudre à l'extérieur, particulièrement au moment des pluies, pour- rait contribuer à entraver l'extension de l'insecte?

On vante beaucoup en ce moment le sulfure de carbone comme anti-phylloxérique.

XL. DUMÉRIL (4.) et BOCOURT : Érupes sur Les RePniLes ET LES BATRACIENS, et livraisons. (Mission scientifique au Mexique et dans l'Amérique centrale.) In-4 av. pl.; Paris, 1870 et 1873.

M. Bocourt continue la publication de cet ouvrage qu'il avait commencé en 1870, avec le concours de feu M. Auguste Du- méril, et 1l vient d’en faire paraître la seconde livraison. Elle est essentiellement consacrée aux Geckos et aux Anolis du Mexique et des parties centrales l'Amérique. Des planches dessinées par l’auteur, représentant, avec une rare perfection, les caractères des animaux décrits, sont jointes à ce travail. Les premières pages de cette seconde livraison terminent l’histoire des Crocodiliens, commencée dans la première, qui traite aussi des Chéloniens,

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k1% DELFORTRIE.

Voici le nom des genres de Sauriens dont M. Bocourt passe les caractères en revue, avec la mention des espèces qu’il décrit. Il commence par les genres appartenant au sous-ordre des Geckotidés ou Ascalabotes, savoir :

Idiodactylus (1. georgeensis, esp. n.). Phyllodactylus (Ph. tuberculosus, Wiegm. ; Ph. unctus, Cope). Sphærodactylus (S. fantasticus, Cuv.; S. millepunctatus, Hallowell ; S. anthracinus, Cope ; S. glaucus, id. ; S. lineolatus, Licht.). Gymnodactylus (G. fuscus, À. Dum.). Coleonyx (C. elegans, Gray). Stenodac- tylus (S. variegatus, Baird).

Les Anolis, de la famille des Iguanidés, sont ensuite décrits et répartis en groupes naturels.

Anolis (A. Bouvierii, esp. n.; A. buccatus, esp. n. ; A. Gun- therü, esp. n.; À. Rodriguezü, esp. n.; A. Schiedu, Wiegm. ; A. limifrons, Cope; A. nebulosus, Wiegm.; A. intermedius, Peters; A. nannodes, Cope ; A. nebuloides, esp. n.; A. Copei, esp. n.; À. Petersu, esp. n.; A. Sagræi, Cocteau ; A. crassu- lus, Cope; A. dollfusianus, esp. n.; À. Hoffmanni, Peters ; A. lœviventris, Wiegm.; A. Cummingü, Peters; A. Salle, Gunther; À. binotatus, Peters; A. cupreus, Hallowell; A. seri- ceus, id. ; À. longicauda, id. ; A. cymbops, Cope ; À. ustus, td. ; A. concolor, id.; A. bivittatus, Hallowell ; A. biporcatus, Wiegm. ; A. chrysolepis, Dum. et Bibron ; A. capito, Peters; À. tropidonotus, id. ; A. humilis, id. ; A. heliactin? Cope). No- rops (N. auratus, Dum. et B.).— Polychrus [P. multicarinatus).

La troisième livraison paraîtra prochainement.

XLI DELFORTRIE : UN SINGE DE LA FAMILLE DES LÉMU- *

RIENS DANS LES PHOSPHATES DE CHAUX QUATERNAIRES DU DÉ— PARTEMENT DU LOT (Actes de la Soc. Linn. de Bordeaux, t. XXIX, livraison ; 1873).

C’est sous ce titre que M. Delfortrie vient de publier la des-

SINGES DES CHAUX PHOSPHATÉES. L15

cription de l'animal fossile, dans les dépôts sidérolithiques ac- compagnant les chaux phosphatées du Lot, auquel il a donné le nom de Palæolemur Betillei. Sa Note est accompagnée de figures que nous reproduisons sur notre planche xvir.

Voici des extraits du travail de M. Delfortrie, relatifs à l’es- pèce des petits Mammifères, attribuée par lui au groupe des Lémuriens.

« Les restes fossiles se rapportant à la famille des Lémurs ou Makis étaient restés complétement ignorés jusqu'à ce jour (1); mais cette importante lacune est enfin comblée ; la science sera redevable de ce desideratum à M. Bétille, qui vient d’exhumer, des phosphates de chaux dont 1l poursuit l’exploi- tation sur sa propriété de Sainte-Néboule-de-Bébuer (Lot), le crâne presque entier, en parfait état de conservation, d'un individu adulte de cette famille ; M. Bétille a un droit réel à la reconnaissance des naturalistes, car, lui aussi, avide de savoir, n'a pas vu dans son exploitation, seulement le côté industriel, mais sachant apprécier à leur juste valeur les dé- bris fossiles si nombreux, si variés, que fournissent les phos- phates, il s’est attaché à les recueillir avec tout le soin pos- sible ; c'est un exemple qui, s’il était suivi par ceux qui sont appelés à diriger des fouilles, et espérons qu'il le sera, viendrait puissamment en aide aux études paléontologiques.

« Le Lémurien des phosphates de Béduer a été, lui aussi, comme nous le verrons plus loin, trouvé, sous le rapport de l'association du moins, dans des conditions offrant une grande analogie avec celles que nous avons indiquées pour les Pi- thèques de Sansans et des monts Himalaya.

(1) « Nous ne saurions considérer comme un Primate de la famille des Lému- riens le Cænopithecus lemuroides, Rütimeyer, établi sur un fragment de mà- choire provenant du sidérolithique d’Egerkingen, près de Soleure (Rütimeyer, Eocæne Säugethiere aus dem Gebiet dem Schweizerischen Jura, in-4, Zurich, 1862) ; nous pensons avec un de nos plus savants paléontologues que ce frag- ment de mâchoire doit être rapporté à un petit Pachyderme. »

k16 DELFORTRIE.

« Suivant Blainville, les individus de cette famille présen- teraient des signes de variations et de dégradations bien plus nombreux que chez les Pithèques et Sapajous, et un caractère, commun à toutes les espèces du groupe, serait d’avoir les na- rines dans un petit mufle à l’extrémité du museau; enfin leurs os ne seraient pas sans une certaine analogie avec ceux des Oiseaux, étant plus légers et plus fistuleux que chez les vrais Singes.

« « Le crâne affecte chez eux une forme conique, allongée ; leurs dents n'ont plus la même fixité de nombre, et, dans les espèces descendantes surtout, les tubercules en sont pointus au lieu d'être mousses comme chez les Singes proprement dits.

« Ces caractères ostéologiques, nous allons les retrouver, comme on va le voir, dans le crâne de notre Lémurien.

« Tête offrant dans son ensemble une forme conique et al- longée.

« Face externe. Occipital peu élevé, aplati, avec crête peu saullante, très-élargi, par suite du développement des mastoidiens.

« Trou occipital grand, ovalaire ; condyles peu volumineux, mais offrant une saillie très-prononcée.

« Pariétaux très-étalés, constituant la presque totalité de la vole cérébrale, légèrement aplatis à l'arrière, puis s’arron- dissant sensiblement ; ils s’excavent en se relevant brusque- ment sur la ligne médiane pour former une crête sagittale, tranchante, très-prononcée, laquelle, arrivée au frontal, se bifurque pour s'unir à des crêtes orbitaires mousses d’une saillie très-accusée.

« Temporaux plats, allongés, dépassant à peine en hauteur la moitié de celle des orbites.

« Frontal déprimé, portant sur la ligne médiane une carène

qui rend ainsi très-distinctes deux cavités latérales formées

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LÉMURIEN DES CHAUX PHOSPHATÉES. k17

par le relèvement des crêtes orbitaires antérieures et posté- rieures.

« Cercle orbitaire fermé, complet comme chez les Singes et Sapajous, mais plus étroit et de forme presque ovalaire oblique, et fort échancré à l'origine nasale.

« Os nasaux très-différents de ce qu'ils sont chez les Singes et Sapajous, ils se montrent ici très-allongés ; relevés légère- ment sur la ligne médiane, ils s’inclinent à leur bord externe pour se souder au maxillaire.

« L'intermaxillaire est limité par une ligne courbe prenant naissance vers la moitié de la longueur environ des os nasaux.

« Face interne. Rocher très-développé.

« Fosse mésoptérygoide profonde.

« Voüûte palatine creusée en une gouttière très-accusée qui incline un peu en atteignant le trou incisif, ce qui fait relever sensiblement la mâchoire à son extrémité antérieure, ainsi que le montre la figure qui représente la pièce en profil.

« Les détails ostéographiques qui précèdent semblent, tout d'abord, devoir s'appliquer à un Lori, et en effet la figure qui montre notre Lémurien en profil rappelle, d’une manière frappante, le Lori grêle (Lemur gracilis) ; mais, par l’étude des dents qui va suivre, il sera clairement démontré que nous sommes en présence non d'un Lori, mais d'un individu ap- partenant à un genre complétement nouveau, de la famille des Malus.

« On n'observe plus, nous l'avons dit plus haut, chez les Lémuriens, la même fixité de nombre, parmi les denis, que chez les Singes et les Sapajous ; c’est ainsi que, tandis que le système dentaire du Maki Vari (Lemur mococo) et du Lori grêle (Lemur gracilis) se formule ainsi :

»

incisives canines mol, avant-mol, principales arr.-mol. 2 1 6 5] 1 2 18 a Es = CDR | = = = = 2 t 1 LE 6 3 1 2 13 36

JouRNAL DE ZOOLOGIE. T. II, 1873. 27

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L18 DELFORTRIE.

« Ce même système, chez l'Indri, se formule par :

incisives canines mol. avant-mol, principales arr.-mol. 2 1 6) 2 1 2 16 Ds PS On NUE 07 4

« Cette variation dans le système dentaire ne s'applique pas seulement au nombre, mais aussi à la forme des dents.

« Ainsi, tandis que le Lemur mococo a les molaires à tuber- cules presque mousses, le Lori grêle et l’Indri puisent dans - les tubercules aigus des leurs un caractère essentiellement :

insectivore.

« Notre Lémurien, comme on va le voir, devra être classé

dans cette dernière catégorie. « Le remarquable morceau qui nous occupe ne présente,

malheureusement, que trois dents intactes, la principale et les deux arrière-molaires droites ; il est facile de voir que toutes #

les autres étaient en place et ont été rasées au niveau du

maxillaire par la pioche de l’ouvrier; mais cet accident, si regrettable qu’il soit, a eu pour effet de trancher si nettement, :

que les racines adhèrent encore aux alvéoles restés intacts,

de telle sorte que, sauf les incisives dont toute trace à dis-

paru, il est possible d'étudier la série dont la formule est :

incisives can. prémol. princip. arrière-mol,

? 2. LUE E AS ERIUPSES ER ES CARE

« En admettant le nombre normal d'incisives, c’est-à-dire deux, notre Lémurien présenterait donc vingt dents à la mâ- choire supérieure.

« Passant d’abord à l'étude des alvéoles et des racines, puis à celle des dents qui subsistent, nous trouvons :

« La racine de la canine, de forme conique légèrement comprimée, remplissant un alvéole de forme exactement ova- laire qui borde immédiatement la suture de l’intermaxillaire.

« La racine de la première prémolaire de forme aplatie,

LÉMURIEN DES CHAUX PHOSPHATÉES. k19

oblique, logée dans un alvéole ovalaire annonçant une dent à une seule racine ; cette première prémolaire est séparée de la canine par un espace très-appréciable. |

« 3 Les restes de la deuxième prémolaire, moins oblique que la précédente, plus forte qu'elle, montrant très-distincte-

ment deux racines, la postérieure plus grosse que l’antérieure,

celles-ci connées, logées dans un alvéole en forme de trou de serrure ; cet alvéole est encore séparé du précédent par un espace relativement assez large. -

, « Les vestiges de la troisième prémolaire, placée encore obliquement comme la précédente et plus forte qu’elle, mon- trant les traces de deux racines connées, la postérieure plus forte que l’antérieure, implantées encore dans deux alvéoles confondus en trou de serrure; cetle troisième prémolaire touche immédiatement la précédente.

« Les restes de la quatrième prémolaire montrent trois racines très-distinctes, deux sur le bord externe, une sur le bord interne, dans un alvéole élargi, triquètre et séparé du précédent par une cloison assez épaisse.

« La principale, de forme carrée, un peu plus élevée que la première arrière-molaire, mais moins volumineuse qu’elle, contrairement à ce qui s’observe ordinairement dans cette fa- mille ; son bord externe est partagé en deux denticules aigus, égaux; son bord interne porte à l'avant un lobe tricuspide très-développé, et à l'arrière une petite pointe mousse.

« La première arrière-molaire est exactement semblable

- à la précédente, si ce n’est qu’elle est un peu plus forte.

« Enfin, la deuxième arrière-molaire, qui est la plus pe- tite des trois; triquètre, elle porte au bord externe deux denti- cules acérés, l’antérieur beaucoup plus élevé et développé que le postérieur; son bord interne porte, comme dans les deux dents précédentes, un lobe tricuspide à l’avant, mais moins élevé que chez celles-ci, et, à l'arrière, on n’y observe plus la petite pointe mousse qui existe dans les autres. »

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L:20 DELFORTRIE.

M. Delfortrie ajoute, à la date du 4 septembre 1873, la Note suivante aux détails qu’on vient de lire :

« Notre Mémoire sur le Lémurien des phosphates de chaux était sous presse, que nous recevions du même gisement une mandibule droite ayant appartenu à un individu de même espèce ; nous nous sommes empressé de communiquer cette mandibule, ainsi que le crâne qui fait l’objet du Mémoire ci- dessus, à M. Albert Gaudry ; il a reconnu que ces deux pièces semblent provenir d’un Lémurien qui, selon lui, marquerait plusieurs affinités avec les Pachydermes éocènes ou miocènes, |

que sa crête sagittale bien plus forte que dans les Lémuriens

ordinaires, ses orbites plus petits, la largeur de la région arti- culaire de ses mandibules, ses prémolaires au nombre de # et même la forme de ses dents, ont quelque chose qui rappelle les Ongulés tertiaires. M. Gaudry ajoute qu’il serait intéres- sant d'apprendre si les membres de ce Lémurien n'avaient pas aussi certaines particularités du squelette des Pachy- dermes ; qu’enfin, peut-être, la distance qui sépare les Ongui- culés des Ongulés a été moins grande autrefois qu'aujour- d’hui. |

« Maïs un fait non moins curieux qu'inattendu, que vient aussi de constater le savant professeur de Paléontologie du Muséum, c’est qu'il y a identité spécifique entre le Palæole- mur Betillei et l'Aphelotherium Duvernoyi, Gervais, des gypses de Paris, et que cette identité pourrait bien s'étendre aussi, à en juger au moins par les figures, à l’Adapis parisiensis, Cu- vier, également des gypses de Paris, comme aussi à l’Adapis de la Barthelemy, près d'Apt (étage des Paléoihériums), dont M. Gervais a figuré les molaires.

« Il ressortirait donc aujourd’hui de ces indications que des Lémuriens, jusqu'ici pris pour des Pachydermes, auraient été aussi des animaux caractéristiques des gypses de Paris. »

LÉMURIEN DES CHAUX PHOSPHATÉES. L21

PLANCHE xvII.

Fig. 1. Crâne du Palæolemur Betillei, décrit par M. Del- fortrie dans le travail reproduit ci-dessus; vu en dessus et de grandeur naturelle.

Fig. 2. Le même; vu en dessous, de gr. nat.

Fig. 3. Le même, vu de profil, de gr. nat.

Fig. 4. Les trois dernières dents molaires du côté droit, en place sur la même pièce, les alvéoles ou les racines de cinq des dents situées en avant, savoir une canine ? et quatre avant- molaires ; au double de la grand. nat. On y a joint, comme termes de comparaison, les arcs dentaires supérieurs de trois genres de Lémuriens, également dessinés au double de la grandeur naturelle, savoir : l'Avalus (fig. 5), le Sienops grêle (fig. 6) et le Galago crassicaude (fig. 7).

REMARQUES AU SUJET DU GENRE Palæolemur ;

Par M. Paul GERvAIS.

Le crâne découvert dans les dépôts à phosphate du Lot, que M. Delfortrie a reçu de M. Bétille, et dont on vient de lire la description faite par lui, présente, comme on peut le voir par les figures que nous en reproduisons, une grande analogie de forme avec celui de certains Lémuriens, et ce qui reste de son système dentaire ne contrarie pas d’une manière absolue les indications que l’on peut tirer de cette ressem- blance. L'aplatissement de la boîte crânienne (dont il faut cependant signaler la forte crête sagittale longeant la digne médiane, ce qui dénote plus de puissance dans les muscles de cette région) ; la jonction de la bifurcation antérieure de la crête dont il vient d'être question, avec la partie postéro- supérieure des orbites; la capacité du crâne relativement

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122 PAUL GERVAIS.

moindre que chez les Lémuriens existant de nos jours; l’état complet du cercle orbitaire et son ampleur indiquant d’assez gros yeux; la position inféro-externe du trou lacrymal et son développement (1) ; l'élargissement du crâne à la partie corres- pondant aux orbites ; la largeur de la surface sphénoïdienne

et celle du palais ainsi que de l’échancrure palatine ; le déve-

loppement probable des caisses auditives : tout indique des affinités avec le groupe dont nous venons de parler, et il est peu admissible que, si l'on avait sousles yeux une semblable portion du crâne d’un animal vivant offrant les mêmes caractères, on n’hésiterait pas à l’attribuer à quelque Lémurien. C’est ce que

n’a pas fait M. Delfortrie, et je ne doute pas qu'il n’ait eu raison

d'agir ainsi, quel que soit, d’ailleurs, le résultat auquel pourra conduire l’examen ultérieur des autres parties osseuses de ce Mammifère.

La forme des dents ne contredit pas non plus ce rappro-

chement, et une comparaison attentive montre bientôt qu'il

n'y a pas plus de différence à cet égard entre elle et celle des différents genres de Lémuriens, qu'il n'y en a, sous le même rapport, entre les dents de ces derniers, même en ne comprenant pas les Chéiromys parmi les animaux de cet ordre.

Mais de quels Lémuriens le Paléolémur doit-il être rappro- ché ? Est-ce, comme semblerait l'indiquer son nom générique, des Lémuriens de Madagascar, qui se partagent en deux fa- milles, les Indris ou Indrisidés et les Makis ou Lémuridés, familles comprenant elles-mêmes plusieurs genres chacune, ou, au contraire, des Lémuriens indo-africains représentés dans l'Inde par les Tarsiers, les Loris paresseux et le Stenops ou Loris grêle et, en Afrique, par le Pérodictique, l'Arctocèbe et les différents Galagos.

Mais signalons d’abord une première différence entre le Pa- léolémur et tous les Lémuriens connus. Au lieu d’avoir, comme

(1) Caractère qui se retrouve chez les Marsupiaux.

; LÉMURIEN DES CHAUX PHOSPHATÉES. 123 eux, cinq (1) ou six paires (2) de molaires à chaque mâchoire, il en a sept, peut-être même huit supérieurement. On voit, en effet, enavant destroisarrière-molaires supérieures droites, encore en place, sur le crâne fossile, des alvéoles pour cinq autres dents, et les racines encore en place ou leurs alvéoles appartenant au côté opposé en indiquent un égal nombre. Le Paléolémur avait donc, outre quatre paires d’arrière-molaires, quatre avant- molaires, comme certains Pachydermes , au lieu de trois, comme la plupart des Lémuriens, ou de deux, comme cela a

lieu chez l’Indri et les genres qui se placent auprès de lui,

le Propithèque et l’Avahis, et si on ne lui reconnaît, comme à tous ces animaux, que trois paires de molaires proprement dites ou arrière-molaires, il faudra admettre qu’il possédait cinq paires d’avant-molaires, car on ne peut considérer, comme répondant à la canine cultriforme des Adapis, la petite dent placée antérieurement, que M. Delfortrie regarde comme une dent canine.

Que le Paléolémur doive être placé avec les Lémuriens ma- décasses, c'est ce que je n’admets pas, non-seulement à cause de la différence de sa formule dentaire comparée à la leur, mais surtout à cause de la différence de la forme de ses dents. L'Avahis, dont il semble, au premier abord, se rappro- cher à cet égard, a les deux avant-dernières molaires surmontées de sept petites pyramides dont trois externes, deux intermé- diaires el deux internes, tandis qu’il n’y en a que cinq par suite de l'absence du tubercule moyen externe et du tuber- cule antérieur de la ligne intermédiaire dans le fossile du Quercy. La dernière molaire est moins différente, mais sans être, pour cela, de forme identique, son bord postérieur étant échancré au lieu d’être relevé en crête, et ses deux mamelons

(1) Ce cas est celui des Indrisidés. (2) Ce qui a lieu pour tous les Lémuriens étrangers à la famille des Indri- sidés, qu’ils soient de Madagascar ou indo-africains.

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42% PAUL GERVAIS.

externes n'étant pas réunis en un seul. Quant aux Lémuridés, c'est-à-dire aux Lémuriens ordinaires de Madagascar, depuis les Makis proprement dits jusqu’au Microcèbe ou Maki- rat (Lemur murinus), 11 n'y a pas lieu à en rapprocher le fos- sile qui nous occupe ; s’il est du même ordre qu'eux, il n’ap- partient certainement pas à la même famille.

Voici donc les Lémuriens de la faune madécasse exclus de la comparaison que nous poursuivons, et, si l’on se rappelle .

les conditions de leur distribution géographique, il semblait naturel qu'il en fût ainsi. C'était plutôt parmi les Lémuriens indo-africains que l’on devait s'attendre à retrouver les alliés du Paléolémur, si toutefois le caractère lémurien de celui-ci doit être définitivement admis. | Quoique pourvus de six paires de molaires seulement, les

* Galagos, et en particulier le Galago à grosse queue dont nous donnons les dents supérieures (pl. xvn, fig. 7), n’est pas sans

analogie par la forme que ces dents présentent avec le Paléo- lémur; mais si elles ont aussi quatre tubercules, ou trois seu- lement si l’on considère la dernière, ces tubercules sont moins régulièrement placés aux quatre ou aux trois coins de la cou- ronne, et l’ensemble de la dent a plus d’obliquité. Sans res- sembler absolument au Paléolémur, et en n'ayant toujours que six paires de molaires supérieures, le Stenops grêle s’en

rapproche déjà davantage ; mais son crâne resserré entre les

orbites, ce qui facilite l'agrandissement de ces dernières, prend une forme moins semblable. Nous ne possédons mal- heureusement au Muséum ni le crâne du Pérodictique, ni celui de l’Arctocèbe, animaux l’un et l’autre africains; mais, si je juge de la dentition du dernier par les figures qu'en a pu- bliées M. Huxley (1), je ne vois pas que la différence soit plus grande entre lui et le Paléolémur qu'entre celui-ci et les Gala- gos, et les dents antérieures sont fortes, ce qui est une ressem-

(1) Proceed, zoo. Soc, London, 1864, p. 324.

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LÉMURIEN DES CHAUX PHOSPHATÉES. 495

blance à noter, le Paléolémur étant regardé comme un Adapis.

Il nous reste maintenant à établir la comparaison de ce Pa- léolémur avec l’Adapis parisiensis, petit animal fossile dans les gypses de Montmartre, dont on doit la première description à Cuvier et sur lequel M. de Blainville (1) et moi avons donné de nouveaux détails. Ainsi qu'on l’a vu par l’addition qui termine le Mémoire de M. Delfortrie, M. Gaudry a été con- duit, par l'examen qu'il a fait du Paléolémur, à se demander si ce fossile différait réellement de l'Adapis, et il a attribué aussi au même animal le maxillaire inférieur qne j'ai moi- même décrit sous le nom d’Aphelotherium Duvernoyi. Il a été conduit à ce dernier rapprochement en étudiant un maxil- laire inférieur droit que j'ai pu voir après lui, lequel, par la forme,des dents molaires, encore en place au nombre de six sur sept, me paraît justifier parfaitement cette curieuse re- marque. C’est absolument la même conformation, et l’on doit attribuer le maxillaire dont il s’agit à l’Adapis, car les dents qui y sont conservées, compärées à celles de ce dernier, ainsi que de l’Aphélothérium, ne présentent pas de différences importantes. La première est, dans les trois cas, uniradiculée, ce dont on juge pour le fossile de Bébuer, par son alvéole ; la couronne de celles en place ne diffère pas non plus, et la dernière ou septième présente aussi les mêmes particula- rités de détail. Une différence de quelque valeur semblerait exister pour la canine saillante, forte et en coin allongé chez lAdapis (2); faible au contraire, et plus semblable à une fausse molaire dans l’Aphélothérium ; mais il faut rappeler que la mâchoire type de ce genre provient d'un sujet encore jeune et dont la dernière molaire était renfermée en partie dans l’alvéole.

L'identité du Paléolémur avec l’Adapis ne paraîtra pas moins

(1) Ostéographie, genre Anoplotheriwm, p. 112, pl. 1x.

(2) La dent trouvée à Rilly, dont j'ai parlé à la page 354 de ce volume sous le 2, ressemble plus à la canine d’un Adapis qu’à toute autre dent.

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26 | LEGOUIS.

probable, si l’on a recours à la mâchoire supérieure, quoique la pièce sur laquelle repose la description de Cuvier soit très- endommagée. Les deux avant-dernières molaires ont, dans l’un et dans l’autre fossile, une même apparence, et c’est À peine si l'on peut trouver une légère différence dans le bour- relet de ces dents, un peu plus fort chez le sujet des gypses

parisiens que dans celui du Quercy. Mais le nombre des dents

supérieures était-il bien le même dans l’Adapis et dans le Paléolémur? C’est ce qui reste à démontrer.

Ce serait toutefois une rectification intéressante dans la sy- nonymie de ces trois genres de petits Mammifères, dont deux, établis d’après des pièces trouvées à Paris (l’Adapis et l'Aphé= « lothérium), ont été placés, l’un à côté de l’autre, parmi les Pa- chydermes et rapprochés des Anoplothériums, tandis que le Paléolémur à pu être immédiatement réuni aux Lémuriens, parce qu'on en à connu un crâne presque entier. Ces trois genres n'en formeraient alors qu'un seul, et les pièces qui serventde type à chacun d'eux proviendraient très-probablement d'une seule et même espèce, à la quelle on devrait sans doute rapporter aussi le Cœnopithecus lemuroides, Rutimeyer.

Le nom d’Adapis resterait au genre dont il s’agit, genre que Cuvier avait le premier placé auprès des Anoplothé- riums, que Laurillard a ensuite rapproché des Insectivores et que de Blainville a particulièrement comparé au Hérisson. Il faut, toutefois, que les assimilations faites par MM. Delfortrie et Gaudry soient confirmées par de nouvelles pièces.

Je ne terminerai pas cette Note sans remercier M. Delfor- trie de la complaisance qu'il a eue de me communiquer le fos- sile si intéressant dont on lui doit la description, et de m'au- toriser à en faire exécuter un modèle pour nos collections.

XLII. LEGOUIS : RECHERCHES SUR LES TUBES DE WEBER ET SUR LE PANCRÉAS DES Poissons osseux (Thèse présentée à

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TRAVAUX DIVERS. 427

la Faculté des sciences de Paris ; 350. Ann. sc. nat., série, t. XVII, 8, pl. xvr à xx; 1873).

L'auteur établit que tous les Poissons osseux ont un pan- créas, non point rudimentaire et seulement vestige d’un or- gane constant chez les Vertébrés, mais considérable, quoique généralement épars et d’une importance fondamentale pour la digestion.

La dissociation profonde que la glande présente dans ces espèces est déjà connue dans beaucoup de Batraciens et

. même dans quelques formes isolées des groupes plus relevés _ du même embranchement.

Avant d'arriver à ces conclusions auxquelles le conduit une étude attentive de la glande pancréatique, M. Legouis décrit avec soin des tubes ramifiés, invisibles, dans la plupart des cas, sans le secours du microscope; il leur donne le nom de canaux de Weber. Ces canaux, dont la signification était inconnue,

L déversent le suc pancréatique plus ou moins près de l’orifice 1 % cholédoque, et ce résultat a souvent lieu par l’intermédiaire

. d’un tronc renflé en ampoule.

XLYII. TRAVAUX DIVERS.

Nous nous bornerons à l'énumération sommaire des travaux suivants :

SABATIER (Armand) : Études sur le cœur et la circulation cen- trale des Vertébrés [in-4° de 462 pages, accompagné de 18 pl. Montpellier, 1873. Thèse présentée à la Faculté des sciences de Paris ; 349).

STRUTHERS (John) : Observations d’anatomiehumaine et comparée :

Cèfascicule contient les mémoires suivants :

Hérédité de la saillie sus-condyloïdienne chez l'Homme, en- visagée dans ses rapports avec le trou de ce nom qui donne

. passage au nerf médian et à l'artère brachiale chez beaucoup

de Mammifères.

128 TRAVAUX DIVERS.

Note sur le médiastin.

Présence d'un os additionnel du carpe chez l'Homme.

Cet os était situé entre le trapézoïde et le grand os d’une part, et le second et le troisième métacarpiens d'autre part, s'articulant avec tous les quatre.

Sur quelques points de l'anatomie d’un grand Rorqual (Ba- lænoptera musculus) ; av. 2 pl. représentant la myologie des nageoires, le bassin avec son rudiment de fémur, l’articula- tion de la première paire de côtes avec le sternum et la tête de la seconde côte.

Sur les vertèbres cervicales des Rorquals et leurs articula- tions; av. 2 pl. représentant ces parties chez les Rorquals de Pelerhead (1870) de Stornorwy (1871) et de Wick (1869).

Ces mémoires, sauf le premier qui est extrait de «the Lancet, » ont paru dans le Journal of Anatomy and Physiology de MM. Hum- phry et Turner, t. IL, VI et VIL.

Branpr (Johann-Friedrich) : Recherches sur l’histoire naturelle des Élans, aux points de vue morphologique, paléontolo- gique et géographique ; in-4 av. 2 pl. (Mém. Acad. sc. Saint- Pétersbourg, série, t. XVI, 5).

ReinnarDr (J.) : Additions à la Faune ornithologique du Groenland (Vidensk. Medd. fra den naturhistoriske Forening. Copenhague ; 1872). |

L'auteur signale deux espèces qu’on n'avait pas encore in-

diquées dans cette région ; ce sont le Pandion hahætus et le

Butaurus minor. BarBoza Du Bocace : Oiseaux des possessions portugaises de

l'Afrique occidentale (Jorn. de sciencias math., phys. e naturales,

14. Lisbonne ; 1873).

La liste que M. le savant directeur du musée l Lisbonne publie est la septième.

Core (Edward) : Sur les Carnivores à ongles plats (flat cla- wed) de l'éocène de Wyoming (Amer. phil. Soc., Æ avril 1873).

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TRAVAUX DIVERS. L29

Id. : Description des genres Mesonyx et Synoplotherium.

Id. : Sur l’ostéologie de l’Hyrachyus, genre éteint de Mammi- fères tapiroïdes (ibid., 18 avril 1873).

Id. : Sur les types primitifs des ordres de Mammifères édu- cables TR 18 avril 1873).

Id. : Bulletin paléontologique. In-8, 1 à 15 ; 1873.

L'auteur a déjà inséré, dans les numéros parus de son Bul- letin, un assez grand nombre de Notices paléontologiques, prin- cipalement consacrées à la description de Vertébrés fossiles,

propres aux États-Unis, dont il donne de courtes descriptions.

Quelques-uns forment des genres nouveaux.

De Briro CapeLLo (Félix) : Première liste des Poissons des îles de Madère, des Açores ainsi que des possessions portugaises d'Afrique, existant au musée de Lisbonne (Jornal de sciencias mathem., phys. et nat., 13. Lisbonne, 1872).

Cette énumération conduit l’auteur jusqu’au 145.

PRupDHOMME DE Borre (A.) : Ÿ a-t-l des faunes naturelles distinctes à la surface du globe, et quelle méthode doit-on em- ployer pour arriver à les définir et les limiter (Ann. Soc. ento- mol. de Belgique, t. XVI; 1873).

BranDr (Alex.) : Recherches anatomo-histologiques sur le Si- punculus nudus, L. In-4 av. 2 pl. (Mém. Acad. Saint-Pétersb., série, t. XVI, 8).

Mir (H. J.) et VAN DEN BroEcx (Ern.) : Les foraminifères vivants et fossiles de la Belgique. Introduction. In-8. Bruxelles, 1873.

Nous reviendrons sur cet ouvrage quand la publication en sera plus avancée.

DE Brrro CarecLo (Félix) : Description d’une nouvelle espèce de Telphuse de l'Afrique occidentale (Jornal de sciencias math., phys. e nat., 15. Lisbonne ; 1873).

Cette espèce a été rapportée de la rivière Cunena, intérieur de Mossamades. L'auteur lui donne le nom de Telphusa dubia.

LutkeN (Chr. Fr.) : Observations sur l'Héteractinie et la di-

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Lk30 TRAVAUX DIVERS.

vision spontanée chez les Ophiurides et les Astérides (Oversigt over d. K. D. V. Selsk. Forhandl. ; 2. Copenhague ; 1872), Ce Mémoire est écrit en danois et fait suite à celui qui sera reproduit plus loin, dans lequel le même auteur s'occupe d’un certain nombre d'espèces d'Ophiurides nouvelles ou peu con- nues. Voici les conclusions de ce travail :

« La manifestation la plus énergique de la faculté de

régénération chez les animaux est la divisibilité.

« Chez certaines formes de Rayonnés dont la faculté de régénération est très-développée, la division spontanée se re- produit soit seule (Astérides et Ophiurides), soit à côté de la semmation (Aclinies).

« La véritable division spontanée ou schizogonie chez les Actinies, les Méduses, les Astérides et les Ophiurides (laquelle il ne faut pas confondre avec la gemmation déguisée chez les Infusoires, les Scyphistomes et certains Chétopodes) doit être regardée comme une forme particulière de la reproduction agame, à côté de la Blastogonie, de la Sporogonie et de la Par- thénogonie. »

XLIV. DES MOULINS (Charles) : Crinoide tertiaire de la Gironde et Spatanque du miocène supérieur de Saucats (Actes Soc. Linn. de Bordeaux, t. XXVIIL, et livr. ; 1872).

L'espèce de la famille des Crinoïdes dont il s’agit est le Pentacrinus Gastaldii, de Micheloth, dont M. Artigue a remis, à l’auteur de ces Notices, un Entroque recueilli par lui dans le falun de Mérignac.

Le Spatangue, trouvé à Saucats, est le Spatanqus ocellatus, Defrance (Spat. Nicoleti, Agass.). M. des Moulins ajoute, à la description qu’il en donne, quelques observations inédites re- latives à la lame buccale des vrais Spatangoïdes.

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BIOGRAPHIES.

VERREAUX (Jules-Pierre), décédé à Paris, le 7 septembre 1873, âgé de 66 ans.

Neveu du voyageur naturaliste Delalande, avec lequel il avait, encore fort jeune, exécuté un grand voyage au Cap de Bonne-Espérance, M. Jules Verreaux, depuis lors, a exploré de nouveau cette vaste contrée, et il a ensuite reçu du Muséum d'histoire naturelle de Paris la mission de parcourir la Nou- velle-Hollande. ;

Les collections de ce grand établissement lui sont rede- vables d'objets nombreux et pleins d'intérêt pour la science, et il à publié, dans plusieurs occasions, des observations qui lui sont propres. Mais c’est surtout à l'étude des Oiseaux que M. J. Verreaux s'était voué, et il avait acquis, dans cette branche de la Zoologie, une supériorité incontestée, dont l'adminis- tration du Muséum a voulu profiter en se l'attachant.

Le classement actuel de nos collections ornithologiques lui doit beaucoup, et il a également rendu des services analogues à plusieurs autres Musées.

M. Verreaux, qui a fait connaître un grand nombre d'Oi- seaux inconnus avant lui, travaillait à une synonymie générale des Vertébrés de cette classe, et il pféparait, à cet égard, un grand ouvrage qui restera malheureusement inachevé. Il avait aussi entrepris la monographie des Trochilidés et groupes voisins. Beaucoup de savants avaient, chaque jour, recours à ses lumières, et son nom était connu de tous les amis de l'histoire naturelle.

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L32 COSTE.

COSTE (Jean-Jacques-Marie-Cyprien-Victor), à Castries (Hérault) en 1807, mort à Rézenlieu, près Gacé (Orne) le 19 septembre 1873.

Ce savant éminent a surtout contribué aux progrès de la science par ses imporlan(s travaux sur le développement des animaux, et il avait obtenu, pour en exposer les résultats, la création d’une chaire au Collége de France. Il était membre de l’Académie des sciences de l’Institut.

Outre plusieurs Mémoires étendus, consacrés à la vésicule germinative qu'il a retrouvée dans l'œuf des Mammifères, à la comparaison des organes génitaux mâles et femelles, à lovo- logie du Kangurou, à l’examen attentif des corps de Wolf, à la nidification des Épinoches, à la segmentation de la vésicule germinative chez certains groupes de Vertébrés, à l'organisa- tion des Polypes fluviatiles ainsi qu'à celle des Asci- dies, etc., M. Coste laisse différents ouvrages, dont les princi- paux sont les suivants :

Recherches sur la formation des embryons des Oiseaux. 1 vol. in-A; Paris, 1834 (en commun avec Delpech, de Montpellier).

Embryologie comparée : Cours sur le développement de l'Homme et des Animaux fait au Muséum d'histoire naturelle (en remplacement de Blainville). 1 vol. in-8 av. atlas in-4; Paris, 1837.

Histoire générale et particulière du développement des êtres organisés. In-4 av. atlas in-fol. Ouvrage commencé en 1847, non terminé. Comprend différents Mémoires omis dans l’énu- mération ci-dessus.

Instructions pratiques sur la pisciculture. À vol. in-12. Deux éditions : Paris, 1853 et 1856.

Voyage d'exploration sur le littoral de la France et de l'Itahe. 4 vol. in-4 av. pl. Deux éditions : Paris, 1855 et 1861.

M. Coste a été conduit, par ses ingénieuses recherches sur la génération et sur le mode de développement des animaux,

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COSTE. L33

à s'occuper des grandes questions pratiques qui ont trait à la pisciculture, et il sera plus particulièrement exercé à la mul- tiplication des Salmonidés et des Huîtres. Ses études sur cette branche de l’histoire naturelle appliquée ont eu un grand re- tentissement, et plusieurs pays se sont empressés d'en utiliser les indications. On lui doit la création de l'établissement de pisciculture d'Huningue et du vivier-laboratoire de Concar- neau.

M. Coste s’est, en outre, occupé de questions administratives relatives à l'inscription maritime.

Il a lu en 1868, devant l’Académie, un éloge de Dutrochet qui a été très-favorablement accueilli.

Sa mort est, pour la Zoologie, une perte qui sera d'autant plus vivement sentie, que ce naturaliste célèbre joignait les qualités de l'esprit à celles de la science.

LANDSEER, artiste anglais, qui s'était acquis une grande réputation, comme peintre d'animaux, est elneE mort 1l y a peu de temps.

JourNAL DE Z00LOGIE. T, Il. 1873. 28

REMARQUE AU SUJET DU SYSTÈME DENTAIRE DE L'AI ;

PAR

M. Paul GERVAIS.

J'ai déjà eu l’occasion de signaler plusieurs particularités du système dentaire des Édentés, qui n’avaient encore été signa- lées par aucun auteur. Ainsi, j'ai reconnu (1), par l'examen d'un jeune Cachicanne, que les Tatous ont une première et une seconde dentition, et cette observation, dont on avait d’abord contesté l'exactitude, a été confirmée par M. Flower (2). D'autre part, j'ai noté (3) la présence, chez le Cœlodon maqui- nensis, qui est une grande espèce de Tardigrades fossiles propre à l’Amérique méridionale, d’une dent de remplacement visible au-dessous de la première molaire inférieure de cet animal, et j'ai aussi montré, sur l'inspection d’un maxil- laire inférieur de très-jeune Fourmilier didactyle (Myrmaidon didactylus) (4), la possibilité que cette espèce ait des dents dans son premier âge, lesquelles dents, tout en avortant, n'en constilueraient pas moins un nouveau lien rattachant les Myr- mécophagidés aux Tardigrades. La figure publiée par moi, lorsque j'ai fait cette remarque, donne une idée du caractère auquel je fais ici allusion.

Un fœtus, à terme, de Paresseux Aï, mais encore dans le

(1) Hist. nat. des Mammif., 1. 1, p. xxn (avec figure). (2) Pruceed. Zool. Soc. London, 1868.

(3) Zool. et Pal. gén., p. 253.

(4) Zbid., p. 134 (avec fig.).

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SYSTÈME DENTAIRE DE L’Ai. 435

sein de la mère, appartenant à l'espèce ou variété à front jaune, avait déjà toutes ses dents apparentes, hors des alvéoles et visibles dans une partie assez considérable de leur cou- ronne. Celle-ci est en cône oblique, et, pour la plupart, les grosses dents sont déjà très-légèrement entamées au sommet, comme par un premier commencement d'usure. La première paire de molaires supérieures, qui répond à la dent canini- forme des Lestodons, Mégalonyx et Mylodons, est beaucoup plus petite que les autres; mais elle est cependant très-appa- rente, et l’on voit à cette mâchoire les cinq paires de dents connues dans tous les Tardigrades, le Cœlodon et le Sphéno- don exceptés. Pour cette mâchoire, c’est la seconde dent qui est la plus forte.

Inférieurement, les quatre paires de dents habituelles aux animaux du même groupe (1) ont également la couronne sortie des alvéoles et, de plus, il y a, en avant d'elles, de chaque côté, un tout petit alvéole contenant une dent qui est elle- même de très-faible dimension ; ce qui porte à cinq paires, au lieu de quatre, les dents de cette mâchoire, caractère qui n'a- yait jusqu’à présent été signalé ni chez les Aïs ni chez aucun autre genre de Tardigrades. Si la première des quatre paires de grosses dents inférieures des Aïs doit être regardée comme une canine à cause de la forme que prend sa correspondante chez quelques genres de cet ordre, il en résulle évidem- ment que la petite dent surnuméraire et caduque, que nous avons le premier observée, doit être prise pour une dent in- cisive.

La dernière molaire inférieure du fœtus de l’Aï est la dent

(1) On n’en connaît que + pour le genre Cœlodon, et l’un des crânes de Mé- gathériums de la collection du Muséum n’a aussi que + dents, tandis que la même espèce en possède ordinairement +. La formule dentaire du Sphénodon serait +, d’après M. Lund. Il y a, au contraire, ; dents chez les très-jeunes Mylodons et chez les Scélidothériums du même âge que nous avons observés.

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436 | PAUL GERVAIS. la plus forte de cette mâchoire. Son diamètre antéro-postérieur

l'emporte sur le diamètre transversal, et elle présente, de

chaque côté, sur le milieu de son fût, une rainure indiquant la tendance qu’a cette dent à prendre la division en deux lobes caractéristique de plusieurs des animaux gigantesques du même ordre.

Nous donnons sur notre planche xvu, fig. 1 et 2, les maxil- laires supérieur et inférieur avec leurs dents du fœtus d’Aï, qui

nous a fourni cettte observation. Elles sont au double de la

grandeur naturelle.

PLancHe xvin, fig. 1 et 2.

Fig. 1. Maxillaire supérieur du Paresseux (fœtus) et ses dents, au nombre de cinq.

Fig. 2. Maxillaire inférieur du même avec ses dents, éga- lement au nombre de cinq.

Fig. 2 a. La dent caduque précédant la dent canine infé- rieure.

Ces figures sont au double de la grandeur naturelle, sauf la dent caduque inférieure qui est grossie quatre fois.

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REPTILES NOUVEAUX DE L'INTÉRIEUR DE MOSSAMEDES ; 3

MEL. J. V. BARBOZA DU BOCAGE (1).

1. Lepidosternon (Phractogonus) Anchietæ. Nova sp. Mu- seau déprimé, à bord tranchant; tête couverte en dessus par deux grandes plaques, l’antérieure emboîtant le bout du museau, la postérieure, étroite et transversale, s’articulant de chaque côté à une petite oculaire et bordée en arrière par deux rangées de plaques symétriques. Narines percées dans

{1) Extrait du Jornal de sciencias mathematicas, physicas e naturales, XV. Lisbonne, 1873. :

M. Barboza du Bocage à aussi inséré, dans le même Recueil, un travail à ÿ d’Erpétologie ayant pour titre : Sur quelques Reptiles et Batraciens nouveaux, rares ou peu connus, de l'Afrique occidentale. I1 y donne des détails sur vingt et une espèces dont voici les noms :

Sauriens : Hemidactylus guineensis, Peters ; H. platycephalus, id.; H, Cessacii, Bocage (de Saint-Iago, Cap-Vert) ; Z. gutturalis, id. (de Bissau, Cap- Vert); Rhroptrotus afer, Peters; Sepsina Copei, Barb. (du Dombé, Ben- guella) ; Typhlacantias punctatissimus, Barb., genre et esp. nouv. (du Rio | :3 Coroca, Mossamedes) ; Feylinia Currori, Gray. À

Ophidiens : Monopeltis capensis ; Calamelaps polylepis, Barb. (de l’inté- 1 rieur d’Angole) ; Prosymna ambiguus, Barb. (du Duque de Braganca) ; Simo- ‘4 cephalus poensis, Gray; Rhagerrhis tritæniata, Gunther; Psammophylax ocellatus, Broc. (de Gambos, intérieur de Mossamedes) ; Ps. viperinus, id. (du Dombé, Benguella); Atractaspis aterrima, Gunth.; Clapsoidra Guntherü, Boc. (des côtes de Guinée et du Congo).

Batraciens : Siphonops thomensis, id. (de l’île Saint-Thomé, côte occidentale d'Afrique); Hyperolius Bocagei, Steindachner ; Æ. huillensis, Boc. (de Huilla); Pyæicephalus rugosus, Gunth.; Hylambates viridis, id.; H. An- chietæ, Boc. (intérieur de Mossamedes) ; Br'éviceps gibbosus, id., ibid.).

L38 BARBOZA DU BOCAGE.

une plaque nasale distincte. Une plaque quadrangulaire pla- cée entre les deux nasales, fort étroites et allongées, et s’arti- culant sur le bord de la mâchoire à la première labiale supé- rieure. Trois labiales supérieures, les deux premières petites et égales, la troisième très-large. Mentonnière médiocre, tra- pézoïdale, suivie de deux labiales petites et d’une troisième énorme. Yeux nuls. Compartiments pectoraux au nombre de six, inégaux : ceux de la première paire les plus longs, étroits à leur extrémité antérieure, plus larges successivement en ar- rière et tronqués aux deux bouts ; ceux de la deuxième paire, en forme d'équerre, placés antérieurement sur la même ligne que les précédents, mais n’allant pas aussi loin qu’eux en ar- rière ; enfin les compartiments latéraux encore plus courts que ceux de la deuxième paire, dont ils touchent à peine la partie centrale de leur bord externe. Pas de pores à la région préanale, ni sur les côtés de l'anus ; la lèvre du cloaque di- visée en deux compartiments. Sillons latéraux du tronc bien distincts. Queue cylindrique comme le tronc, autour de la- quelle on compte dix verticilles; ceux du tronc, cent quatre- vingt-dix-neuf.

Coloration (dans l'alcool) : Parties supérieures et latérales d'un brun cendré, sauf la tête qui est d'une teinte jaunâtre sur presque toute l’étendue de la première plaque sus-crâ- nienne ; régions inférieures d’un blanc jaunâtre ou bleuâtre uniforme, à l'exception du dessous de la queue, qui est à peu près de la couleur du dos.

Nous avons reçu un seul individu recueilli par M. d'An- chieta au Humbe, dans l’intérieur de Mossamedes, près des bords de la rivière Cunene. Il a toute l'apparence d'adulle et mesure 280 millimètres de l'extrémité du museau à celle de la queue ; celle-ci n'a que 16 millim.; la tête, 10 millim. ; le diamètre du tronc, 10 millim.

Cette espèce, que nous ne trouvons décrite nulle part, se

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REPTILES NOUVEAUX DE MOSSAMEDES. L39

rapproche évidemment du Phractogonus galeatus, Hallowell (1), par l'existence des deux grandes plaques sus-crâniennes et par l'ouverture des narines dans des plaques nasales dis- tinctes ; mais les autres détails de l’écaillure de la tête, ainsi que la forme et la disposition des compartiments pectoraux et préanaux, en sont entièrement différents.

Ce même caractère, tiré de l'existence des deux grandes plaques cräniennes, lui est commun avec le Lepidosternon scu- tigerum (Gephalopeltis Cuweri, Mull.}, du Brésil, chez lequel la position des narines, percées dans la rostrale comme chez les autres Lepidosternon, rend toute confusion impossible, in- dépendamment de plusieurs autres différences, qu’il est inu- ile de signaler.

2. Onychocephalus anomalus. Nova sp. Corps étroit et un peu déprimé près de la tête, devenant assez gros dans ses 5 postérieurs. Queue courte, recourbée, mesurant à peine en longueur la moitié de son diamètre à la base, et portant à l'extrémité une épine aiguë. Bout du museau tranchant. Rostrale très-large, ovale en dessus, plus étroite et à bords lé- gèrement concaves en bas. Nasale échancrée à son bord pos- térieur, étroite à ses deux extrémilés. Narine située très-près du bord latéral de la rostrale et immédiatement au-dessous du bord tranchant du museau : le sillon nasal part du bord latéral de la rostrale, au lieu de partir de la première labiale, et se prolonge un peu au delà de la narine, sans diviser la nasale en deux plaques. Préoculaire étroite, plus courte que l’ocu- laire, recouvrant presque complétement l'œil par son extré- mité supérieure. Oculaire assez développée. Quatre labiales supérieures. Vingt-huit à trente séries longitudinales d’é- cailles. |

Le dos est d'un brun uniforme ; les flancs et les régions in-

(1) V. Hallowel, New species of Reptiles from W. Africa. (Proc. Ac. Phi- ladelphia, 1852, p. 62.) Id., Proc. Ac. Philadelphia, 1850, p. 50.

k 40 BARBOZA DU BOCAGE.

férieures d’un jaune plus ou moins vif, qui se montre égale- ment sur l’extrémité du museau et celle de la queue.

Nous avons reçu, en 1871, de Huilla, dans l’intérieur de Mossamedes, par M. Anchieta, trois individus de cette espèce, parfaitement caractérisée par la disposition singulière du sillon nasal. Un quatrième individu, identique aux premiers, faisait partie d’une intéressante collection de Reptiles qui nous a été offerte par J.J. da Graça, ancien gouverneur de Mossamedes.

Le plus grand de nos spécimens est long de 188 millim. Son diamètre près de la tête N'est que de 6 millim., tandis qu'il devient de 9 à 10 dans sa moitié postérieure. La queue n’a que 4 millim. en longueur.

3. O. Petersu. Nov. sp. Corps cylindrique, légèrement renflé à sa partie postérieure. Queue conique et {rès-courte, mesurant à peine en longueur 1/3 de son diamètre à la base. Rostrale large, ovale en dessus, rétrécie en bas. Sillon nasal partant de la première labiale, marchant parallèlement au bord de la rostrale et s’arrêtant à la narine; celle-ci située immédiatement au-dessous du bord tranchant du museau, à une petite distance du bord de la rostrale. Préoculaire étroite, pointue à ses deux extrémités, plus courte que l'oculaire, qui est assez large. Yeux recouverts uniquement par l’oculaire. Quatre labiales supérieures, trente-huit séries longitudinales d’écailles.

Deux individus, adulte et jeune, rencontrés à Biballa par M. d’Anchieta en 1868. Les indigènes l’appellent Cumbicuri.

Les dimensions de l'individu adulte sont : longueur totale, 315 millim.; longueur de la queue, 5 millim. ; diamètre der- rière la tête, 10 millim.; diamètre vers la base de la queue, 13 millim.

Le jeune est long de 18 millim. ; la queue n’a que 3 millim. de longueur et 8 de diamètre à la base.

Le système de coloration n’est pas absolument identique

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k' | REPTILES NOUVEAUX DE MOSSAMEDES. khA chez ces deux spécimens. L’adulte est d’un jaune vif uniforme en dessous, tacheté irrégulièrement, sur le dos et sur les flancs, de brun foncé, avec les bords des écailles noirs dans les espaces recouverts par les taches brunes. Le dos porte, en outre, des raies longitudinales brunes, plus ou moins dis- tinctes, occupant les limites des séries d’écailles.

Le jeune est, en dessous, d’une teinte uniforme d’un jaune pâle, et les régions supérieures présentent, sur un fond gris de perle, des séries longitudinales de points noirs, occupant les intervalles des séries d'écailles; les bords libres des écailles

-sont, par places, également noirs.

Cetle espèce doit se rapprocher de l'O. Schlegelii (— O. din- ga, Peters), d'après les descriptions et les figures publiées par Bianconi, Jan et Peters ; mais, indépendamment du système de coloration, d’autres caractères d’une certaine importance ne permettent pas de les identifier. Ainsi l'O. Schlegelü a, d'après Jan, quarante-deux séries d’écailles, tandis que nos deux exemplaires n’en présentent que trente-huit ; le sillon de la narine, qui, d’après le même auteur, divise complétement la nasale en deux plaques distinctes chez la première espèce, ne dépasse pas la narine chez l'O. Petersü ; la queue de celle- ci est proporlionnellement plus courte et le bord libre du museau plus tranchant et plus avancé.

Il faudrait aussi pouvoir comparer nos spécimens à ceux de l'O. varius, Peters, de Mocambique, que nous connaissons à peine par la description trop concise et par les figures, in- complètes quant aux détails essentiels de l’écaillure de la tête, publiées par le savant directeur du Muséum de Berlin. Le nombre des séries d’écailles, trente-quatre au lieu de trente- huit, établit une forle présomption en faveur de la non-iden- tité de cette espèce.

La détermination rigoureuse de quelques espèces du genre Onychocephalus d'Afrique occidentale nous paraît être une tâche assez difficile, pour ne pas dire impossible.

#12 BARBOZA DU BOCAGE. ,

Il suffit de comparer les descriptions et les figures, publiées par Jan, de quatre de ces espèces (0. lineolatus, O. liberien- sis, O. Kraussü et O. Eschrichtü), pour bien juger de l'embar-

ras que doit éprouver tout zoologiste qui, sans posséder les

types authentiques de ces espèces, désire se faire une opinion consciencieuse sur la réalité et les véritables caractères diffé 23 renliels de chacune d’elles.

Dans les collections du Muséum de Lisbonne, se trouvent |

quelques individus provenant de diverses localités d'Afrique occidentale, très-ressemblants entre eux et appartenant évi- demment au même groupe sous-générique qui doit com- prendre les quatre espèces citées, mais au sujet desquels il nous est fort difficile d'établir avec précision leur identité |

cifique. ;

Un individu adulte de 47 centimètres de longueur se rap- proche de l'O. Kraussi par sa tête étroite et déprimée, et par U la forme de la rostrale, tronquée postérieurement ; maisiln'a que vingt-quatre séries d’écailles, tandis que l'O. Kraussu doit en avoir, d'après Jan, vingt-huit. C’est l'individu sur lequel nous avions établi une espèce nouvelle sous le nom d’O. an- golensis (1).

Un autre individu, jeune, de la même localité (Duque de Bragança, dans l’intérieur d’Angola), a la tête moins étroite et vingt-six rangées d'écailles. Il paraît ressembler surtout à l'O. lhineolatus.

A cette même espèce paraît devoir être rapporté un autre individu, ayant 30 centimètres de longueur et vingt-six séries d'écailles, que nous avons reçu de Sierra Leona.

Enfin deux individus adultes, l’un provenant du Congo,

l’autre de Bissau, longs de 36 et de 40 centimètres, se res- ia

semblent parfaitement par leur système de coloration (rayés

(1) V. Jorn. de Sc. Mathem., Phys. e Naturaes. Lisboa, 1868, 1, p. 46 et 65.

REPTILES NOUVEAUX DE MOSSAMEDES. kh3

longitudinalement de brun et de jaunâtre) et par tous les dé- tails de l’écaillure de la tête ; mais le premier est plus trapu et il n’a que vingt-quatre séries d’écailles, tandis que le se- cond, plus allongé et moins gros, a trente séries d’écailles. Celui-ci se rapproche surtout de l'O. Eschrichtü et l’autre de l'O. liberiensis, et c’est, en effet, sous ces noms que nous les avons provisoirement inscrits dans nos catalogues; mais nous pensons que, par la comparaison de séries nombreuses d’in- dividus d'âges et de sexes différents, on arrivera probablement à reconnaître la nécessité de réduire le nombre des espèces, indépendamment des corrections à introduire dans leur syno- nymie, corrections déjà signalées par le professeur Peters.

Les Typhlopiens d'Afrique occidentale, représentés jusqu'à présent dans les collections du Muséum de Lisbonne, se ré- duisent aux espèces suivantes :

1. Stenostoma sculifrons, Peters. (Duque de Bragança. Un individu par M. Bayäo en 1869. Biballa. Deux individus par M. d'Anchieta en 1868.)

2. Onychocephalus Delalandü, Smith. Otjimbingue. Un individu offert en 1869 par le professeur Peters.

3. O. Kraussii, Jan. (O0. angolensis, Bocage (Rept. Afr. occ. In Jorn. de Sc. Mathem., Phys. e Nat. Lisboa, 1868, 1, p. 46 et 65). Duque de Bragança. Un individu adulte par

M. Bayao en 1865).

À. G. lineolatus, Jan. (Sierra Leona. Offert en 1867 par le Muséum britannique. Duque de Bragança. Un individu par M. Bayao en 1865. Peut-être n'est-il pas réellement dis- tinct de celui que nous avons rapporté à l'O. Kraussü.)

5. O. liberiensis, Hallowel? (Zaire. Spécimen obtenu en 1865 par M. d'Anchieta. Il a 26 rangées d’écailles.)

6. O. Eschrichtu, Schlegel? (Bissau. Individu adulte, ayant trente séries d’écailles, offert en 1871 par M. H. Ca- pello.)

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7. O. Petersü, Bocage. (Biballa. Deux individus, auto et jeune, par M. RAR en 1871.) Nom indigène : Cumbi. curi. |

8. O. anomalus, Bocage. (Huilla. Quatre individus par M. d’Anchiéta; un individu par M. Graça en 1872 (1).)

DESCRIPTION

DE QUELQUES OPHIURIDES NOUVEAUX PEU CONNUS;

PAR

M. Chr. LUTHEN (2).

Dans la première partie de ce travail, j'ai décrit : 1. Un Ophioderma de l'océan Pacifique (îles Tonga), connu seulement jusqu'ici, par un seul petit exemplaire du musée

(1) Pour compléter la liste de tous les Typhlopiens qui existent dans les col- lections de Lisbonne, M. Barboza du Bocage ajoute les noms de sept espèces déjà connues, dont il y a aussi des exemplaires dans ce musée.

Ce sont les Stenostoma macrolepis, du Mexique ? ; Æelminthophis flavoter- minatus, du Mexique ? ; Typhlops lumbricalis, de Cuba; T. braminus, de Ceylan ; Onychocephalus acutus, de Ceylan ; O0. mucruso, de Mosambique, et O. bicolor, d'Australie.

(P. GERY.)

(2) Résumé, fait par l’auteur, de son Mémoire intitulé : Ophiuridarum no- varum vel minus cognilarüum descriptiones nonnullæ. Beskrivelser af nogle nye eller mindre bekjendte Slangestjerner. In-8, av. 2 pl. (Oversigt. Over. d. X. D. V. Selsk. Forhandl. . s. v., 2. Copenhague, 1872). |

Voir, p. 429, les conclusions de la seconde partie du même travail de M. Lut- ken, relative à la division spontanée envisagée chez les Rayonnés.

OPHIURIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS. kh5

Godeffroy, à Hambourg. Ce genre, riche en espèces, n'avait pas été rencontré jusqu'à présent dans l'océan Indien ni le Pacifique proprement dit, abstraction faite des côtes améri- caines.

2. Un Ophiostigma du canal de Formose ; ce genre n’était connu jusqu'ici que par deux espèces, l’une des Indes occi- dentales et de la Floride, l’autre de la côte occidentale de l’Amérique centrale. De même que l'Ophioderma tongana , l'Ophostigma formosa nous fournit une nouvelle preuve que beaucoup de genres de l’ordre des Ophiurides sont plus ré- pandus à la surface du globe qu’on ne le supposait aupara- vant. Nous en trouvons deux autres exemples dans les genres Ophioglypha et Ophiacantha, qui étaient d’abord regardés comme boréaux, mais dont on ne connait aujourd'hui pas moins de cinq espèces de chaque dans les mers tropicales.

3. Une nouvelle espèce d'Amphipholis (A. Andræa) de la côte nord de Java (Cheribon). Comme point de comparaison, j'ai en même temps donné les dessins d’une espèce que je re- garde comme identique avec l’A. depressa, Lam.

4. L'Amphipholis Koch, une nouvelle espèce rapportée de Wladiwostok (Mantschourie russe).

5. Une espèce d'Amphipholis des Indes occidentales, qui semble différer de l'A. Wurdemanni et de l'A. Lütkeni, mais

appartient à la même division {disco cireulo papillarum erecta-

rum circumscripto, Additam. IT, p. 114). Je la regarde comme une forme plus développée de l'A. septa, que j'ai décrit anté- rieurement d'après un jeune exemplaire.

6. Une nouvelle espèce d’Ophiothrix (0. Qulateæ), du groupe à longs bras plats armés de piquants courts.

7. Une espèce du nouveau genre Ophiothela établi par

M. Verrill (O. ssidicola), pèchée en assez grand nombre sur

un Isidien (Parisi$ laxa), dans le canal de Formose. Les autres espèces de ce genre sont : l'O. mirabihs, de Panama, trouvé

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kkG CHR. LUTKEN.

sur des Gorgones et des Éponges ; l'O. Dane, des îles Fidji, trouvé sur le Melitodes virgata ; l'O. tigris, de l'océan Paci- fique (?); une espèce imparfaitement connue de l'île de France, trouvée sur des Gorgones ; une espèce du Japon qui vit sur le Mopsella japonica.

Comme j'ai donné des diagnoses détaillées en latin des nou- velles espèces, ainsi que des dessins de la plupart d’entre elles, je ne crois pas nécessaire d'en reproduire ici la des- cription.

J'ai profité de l’occasion, pour publier une série de re- marques critiques sur divers Ophiurides, comme supplément à mes travaux antérieurs sur ce groupe d’animaux, et j'indi- querai ici en peu de mots les points qui sont traités dans ces dix paragraphes.

1. L'existence de l’Asterophyton Agassizü, St., dans les eaux du Groenland, est confirmée par deux exemplaires trou- vés dans des estomacs de Requins. Je fais remarquer, à cette occasion, que l’examen du contenu des estomacs de Requins a successivement enrichi la faune des Échinodermes du Groen- land, des espèces suivantes, qui ne sont pas connues d'une autre manière dans ce pays : Ophioscolex glacialis, Archaster tenuispinus, Asterias stellionura et Ast. rosea.

2. Comme supplément à ma description antérieure de l’As- terophyton muricatum, je fais observer que les piquants des côtes dorsales du disque peuvent, chez certains individus, prendre tous, ou en parle, une forme assez différente de la forme conique ordinaire (on en trouve qui sont épais, obtus, munis de 3—4 costules ou même fendus en plusieurs pointes, ou bien qui se terminent par une tête renflée en forme de bourgeon, avec des arêtes saillantes ou ailes, en nombre va- riable et plus ou moins régulier); on aurait tort, cependant, de regarder ces formes plus ou moins caractérisées comme autre chose que des variétés de l'Euryale dont il s’agit.

OPHIURIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS. 47

3. Il s'est confirmé que le genre Hemieuryale, que j'avais hésité de rapporter avec M. V. Martens aux Euryalides, pos- sède à la fois des dents et des écussons radiaux et n’est pas un Euryalide, mais un véritable Ophiuride (comp. une Note de M. Lyman dans les Annales des sciences naturelles pour 1872).

4. D'après les communications de M. Lyman, l’Asteromor- pha Steenstrupü, dont l'habitation m'était inconnue, est iden- tique avec l’Asteroschema Rousseaui, qui a été rapporté de Bourbon et de la Réunion, au musée de Paris. Notre musée possède aussi un exemplaire de l’Asteromorpha lœvis, Lym., qui est fixé sur un Gorgonella quadelupensis de la Barbade. Quant à l’armature de la bouche chez l’Asteroschema, je fais remarquer ce qui suit : « Les sinus buccaux portent latérale- ment le même revêtement de grains que la face inférieure du disque, avec cette seule différence que quelques-uns des grains, qui prennent la place des papilles buccales, sont plus grands et plus aplatis, sans pourtant qu'il y ait entre eux et les autres un contraste tranché, et les organes situés le long des mâchoires à la place des dents semblent aussi être de la même nature, bien que je ne puisse les assimiler à de véri- tables dents, comme ils ne me paraissent en posséder ni la fer- meté et la dureté, ni la forme bien caractéristique. » J'ajoute que, dans plusieurs cas, 1l me parait presque impossible de dé- terminer chez les Euryalides, et surtout chez le genre Astero- phyton, la limite entre les dents et les épines buccales, comme entre celles-ci et les papilles buccales, et que, par suite, il ne sera peut-être pas possible non plus de décider laquelle de ces dénominations est spécialement applicable au genre Astero- schema.

5. L’Ophiachs abyssicola, Sars, dont la place dans le sys- tème était auparavant douteuse, est réellement un Ophactis. Les papilles infradentales, qui avaient provoqué ces doutes,

k48 CHR. LUTKEN.

se sont montrées n’être pas constantes. La double rangée de papilles buccales qu'on a attribuée à certaines espèces d'Ophiactis, et qu’on pourrait, avec tout autant de raison, attri- buer à d’autres, provient (comme chez l’'Amphiura) de ce qu'on range, parmi les papilles buccales, la papille ou partie sail- lante du cadre buccal qui est située au-dessous des cirrhes . buccaux supérieurs, et qui, de même que ceux-ci, peut faci- lement passer inaperçue dans tous les cas les vraies papilles buccales (labiales) sont nombreuses et forment une rangée serrée. Chaque sinus buccal est, en effet, de quatre cirrhes dont deux en haut et deux en bas; ces derniers cependant, chez l’Ophioglypha et l'Amphilepis, sortent du sinus buccal, et se présentent comme une paire de cirrhes buccaux extérieurs sur les côtés ou un peu en dedans de la plaque ventrale in- terne des bras. En prenant les Ophioglyphes pour point de départ, on trouve que les cirrhes internes des bras ont, en général, deux séries de papilles, une de chaque côté du cirrhe, l’une interne (la plus voisine de la plaque ventrale et de l'axe du bras), l’autre externe. La paire inférieure de cirrhes buc- caux a, chez les Ophioglyphes, également deux séries de pa- pilles, 4—6 à chaque ; les papilles buccales proprement dites devraient, par suite, plutôt appartenir à la paire supérieure de cirrhes, dont elles seraient les papilles extérieures. Si l’on établit, sous ce rapport, une comparaison avec l’Ophiolepis, l'Ophioderma, le Pectinura, l'Ophiocoma, etc., on arrive à ce résultat, que ce que nous décrivons chez ces genres comme des papilles buccales sont les papilles externes des deux paires de cirrhes buccaux, à l'exception, toutefois, de la papille buccale extrême (fausse ?). —Dans quelques cas, il y en a plus d’une qui est située tout contre la plaque ventrale rudi- mentaire interne, et un peu au-dessus des autres ; car elle est une des papilles internes de la paire inférieure de cirrhes buccaux, et, si on ne la compte pas parmi les vraies papilles

OPHIURIDES NOUVEAUX PEU CONNUS. kk9

buccales, il en résultera souvent une petite réduction dans le nombre de ces dernières, tel que je l’ai indiqué dans mon « Synopsis » (chez les Amphiurinæ, cette papille manque tou- jours, excepté chez l'A. Andreæ et deux autres espèces qui, par suite, sont décrites comme ayant quatre papilles buccales à chaque série). Les papilles situées entre les cirrhes buccaux supérieurs el inférieurs devront donc être considérées comme les papilles internes du cirrhe supérieur. Comme il y a deux paires de cirrhes buccaux, il faut aussi admettre que chaque cadre buccal ossiculum orale ») se compose de deux mor- ceaux ; la limite entre eux n’est pas connue; mais, s'il était constaté que toutes les vraies papilles buccales sont quelque-

fois situées sur le morceau inférieur, et doivent, par consé-

quent, être regardées comme appartenant à la paire inférieure de cirrhes, il faudrait en conclure que les papilles externes de la paire supérieure ont été supprimées faute de place.

6. Outre les deux espèces méditerranéennes d’Ophiothrix (O. echinata et O. quinquemaculata) qui, ainsi que je l'ai mon- tré, diffèrent notablement de notre ©. fragilis, des mers du Nord, il existe réellement dans la Méditerranée, sur les côtes de Naples {ce qu’à tort j'avais mis en doute}, une troisième forme que je n'ai pu distinguer comme espèce de l'O. fra- gilis.

7. Le genre Ophiacantha, qui, dans ces dernières années, s’est enrichi d'un grand nombre d'espèces (0. wivipara, de la Patagonie (?); O. anomala, O. abyssicola et O. spectabilis des

fjords profonds de la Norwége, O. Smitti des parages du Por-

tugal), doit encore, suivant moi, être augmenté de « l'Ophi- acts » humalis, du détroit de la Floride, des espèces des Indes occidentales, que M. Lyman a désignées sous les noms d’Ophio- matra vahda, O. sertata et Ophiothamnus vicarius, et de l’'Ophio- thamnus affnis des parages du Portugal, décrit par M. Ljung-

man. En effet, d'après les descriptions, je dois regarder les JourNaL DE Z00LOG1E. T. II. 1873. 29

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390 CHR. LUTKEN.

genres Ophiomitra et Ophiothamnus comme complétement identiques avec le genre Ophiacantha.

8. Le genre Ophiomaza de M. Lyman doit être considéré comme identique avec le genre Ophiocnemis. En comparant l'Ophiomaza cacaotica, Lym., qui est très-voisin de l’'Ophiocne- mis obscura, Ljgm., avec l'espèce type du genre, l'Ophiocnemis marmorata, on voit que le seul caractère qui pourrait les dis- tinguer génériquement, c’est que le dos du disque est nu chez l’un et couvert de grains chez l’autre. Or, que cette différence ne puisse avoir une signification générique , c'est ce que montrent l’analogie du genre voisin Ophiomashx, celle des jeunes individus de l'Ophiothrix longipeda, et la variation que présente le ventre de l'O. marmorata, lequel est tantôt nu, et tantôt couvert de grains ou de petits piquants.

9. L'Ophioglypha graciis, Sars, est, suivant moi, plutôt une variété méridionale de l'Opluocten Kroyeri qu'une véritable espèce indépendante. Quant aux motifs sur lesquels est fondée cette manière de voir, je dois renvoyer le lecteur au texte danois.

10. D’après une communication de M. Ljungman, l'Oplua- rachna spinosa n'est pas la même espèce que l'Opluopeza fal- lax, Pet., mais le type d'un nouveau genre Ophiopezella, tandis que mon genre Ophiopsammus se confond avec le genre Opluo- peza [les espèces Yoldü et fallax restent toutefois séparées).

Dans l'opinion du même auteur, le Pectinura vestila, Forb., ne peut même pas être rangé dans le groupe des espèces (gorgonia, elc.), rapportées auparavant au genre Ophiarachna, auxquelles j'avais appliqué le nom de Pectinura, mais pour lesquelles M. Ljungman propose maintenant celui d'Oplua- rachnella.

DU MOLOCH ET DE L’HÉLODERME,

REPTILES DE L’ORDRE DES SAURIENS : NI. Paul GER VAIS.

Il existe deux genres de Reptiles sauriens, l’un propre à l'Australie ayant recu le nom de Moloch, et l’autre vivant au Mexique, c'est l’Héloderme, qui présentent, tous deux, des caractères remarquables et méritent de fixer l'attention des na- turalistes. Le premier de ces genres, publié d’abord par M. Gray, m'a fourni le sujet d’une courte Notice qui a paru dans les Annales des sciences naturelles (1) ; le second, décrit plusieurs fois depuis Wiesmann, qui en à primitivement parlé, a occupé successivement Duméril et Bibron (2), ainsi que M. Kaup (3). Je ferai syivre les détails que j'ai recueillis au sujet de l’'Héloderme de quelques remarques sur les dents des Serpenis vénimeux.

$ I. MOLOCH.

Ainsi que je l'ai déjà rappelé, j'ai publié, en 1861, la description du squelette du Moloch, mais sans en donner de

(1) série, t. XV, p. 86 ; 1861.

(2) Erpétologie générale, t. 1IT, p. 499.

(3) Troche!s Archiv für Naturgeschichte, t. LXT, p. 33, pl. m, fig. 1-2; 1865.

452 PAUL GERVAIS.

figures ; il m'a paru ulile de réparer cette omission. Je figure donc le crâne et les dents du Moloch (pl. xn, fig. 1 à 3, et xvun, fig. 3 et 4), les deux parties de ce Reptile, qui s’éloignent le plus de ce que l’on voit chez les autres animaux du même ordre ; toutefois, je renverrai pour les détails de la descrip- lion, à ce que j'ai déjà dit dans le travail cité.

La figure 1 de la planche x donne le dessus du crâne du Moloch, et, la figure 2, sa partie inférieure. Tous les os n'ont pu être également suivis dans les contours qui limitent chacun d’eux, et leurs points de contact sont parfois obscurs ; mais on voit très-bien, pour la face supérieure, les sutures de l'ocei- pital supérieur, des occipitaux latéraux, des pariétaux soudés en une seule pièce, des frontaux également réunis et en ar- rière desquels sont les frontaux postérieurs. Celles des fron- taux antérieurs sont à l'extrémité opposée des frontaux véri- tables et au bord postérieur de la branche montante des maxil- laires supérieurs ; les nasaux, dont la suture médiane s'est conservée, forment, par leur jonction avec les frontaux an- térieurs, la branche montante des maxillaires supérieurs, et l'os incisif, le cercle dans lequel sont percées les narinès. Les la- crymaux sont également apparents. L’arc jugal est complet. Il n’y à qu’un petit os columellaire. Les ptérygoidiens aboutissent, comme d'habitude, au tympanique, qui est raccourei et fixe. Les occipitaux latéraux sont forts, et l'on voit bien la limite des palatins, des maxillaires ainsi que de l'incisif.

Quant aux dents, nous donnons celles de la mâchoire supé- rieure (pl. xu, fig. 2) et (pl. xu, fig. 3, et pl. xvinr, fig. 3-4) celles de la mâchoire inférieure vues par la face externe, par la face interne et par la couronne. Dans le premier cas et dans le troisième, le maxillaire inférieur est également représenté de manière à faire voir l'apparence des pièces qui le constituent.

La plupart de ces dents sont de forme singulière. Une partie des antérieures est festonnée à la couronne; les postérieures

DU MOLOCH ET DE L'HÉLODERME. h53

sont divisées, par un vallon de séparation, en deux crêtes res- semblant aux branches d’un v à ouverture externe.

Aïnsi que je l’ai déjà fait remarquer, les cornes du Moloch restent cutanées au lieu de se synostoser avec le crâne comme le font celles des Phrynosomes. Ces derniers Sauriens sont des Iguanidés et se classent parmi les Sauriens pleurodontes ; le Moloch, dont les dents sont acrodontes, doit, au contraire, être reporté parmi les Agamidés, qui sont des Sauriens, propres à l’ancien monde.

$ IL.

HÉLODERME.

Duméril et Bibron réunissent l'Héloderme aux Varanidés : M. Gray en fait, au contraire, une famille à part. Quant à M. Kaup, il le rapproche des Iguanidés, en se fondant sur la forme de la langue, mais il le sépare du reste de ces animaux, en tenant compte de ses autres caractères. D'ailleurs, l'Hélo- derme a, suivant lui, des rapports avec les Ophidiens par le mode de développement de ses dents, et, d'après le même auteur, ces rapports existent aussi entre les Ophidiens et les Varanidés.

Le crâne de l’Héloderme offre un aspect assez particulier. Il est comme aplati et un peu bombé (pl. xn, fig. 4). Ses pariélaux forment un large carré, prolongé bilatéralement en arrière par une double pointe longeant les mastoïdiens. La surface occupée par les frontaux proprement dits est presque aussi grande; elle est bordée latéralement, en arrière, par les frontaux postérieurs sur lesquels s’insère l’apophyse pos- térieure du jugal, et, en avant, par les frontaux antérieurs et le lacrymal, beaucoup plus petit qu'eux. Les nasaux joints aux frontaux antérieurs et à la branche montante des maxil-

PPS. SES

Lk5k PAUL GERVAIS.

laires continuent l'élargissement antérieur de la face. En avant, sont ouvertes deux amples narines séparées l’une de l’autre au moyen d’une bande formée par la jonction de la branche antérieure des os du nez avec la branche postérieure ou montante des intermaxillaires. Le bord antérieur du crâne est obtus; ses côtés sont élargis en dehors des orbites par l'arqûre.des jugaux et sa partie postérieure est surchargée bi= latéralement par les os tympaniques, ici fixés aux mastoïdiens et à la branche postérieure des ptérygoïdiens, comme cela a lieu chez les autres animaux du même ordre.

Vu de profil (pl. xu, fig. 6), le crâne de l’Héloderme laisse apercevoir la columelle qui forme, de chaque côté, un os long, mince, un peu arqué, dirigé verticalement de chaque côté et long de 0,010.

Notre fig. 5 montre les principales particularités de la face inférieure, dont les arrière-narines sont grandes, ct les pté- rygoidiens de forme assez particulière.

Parmi les Sauriens, le genre australien des Trachysaures est l’un de ceux qui se rapprochent davantage de l’Héloderme par la forme de son crâne ; mais il s'en faut cependant beau- coup qu'il y ait identité entre ces deux animaux sous ce rap- port.

Le maxillaire inférieur présente le même nombre de pièces que celui des Sauriens ordinaires. On jugera de la forme de ces pièces par la figure 7 de la planche xn, qui les représente vues par la face externe du maxillaire elles sont visibles toutes les six.

On compte, au squelette du même animal, trente et une vertèbres, entre l’axis et la première sacrée. Les cinq pre- mières de ces vertèbres portent des côtes de plus en plus grandes, mais qui ne se rattachent pas au sternum par leur partie cartilagineuse, ce qui a, au contraire, très-distinctement lieu pour les quatre suivantes. Les deux dernières vertèbres,

DU MOLOCH ET DE L'HÉLODERME. 55

celles qui précèdent le sacrum, manquent de partie costiforme ; ce sont les trente-troisième et trente-quatrième, si l’on com- prend l'atlas et l’axis dans cette énumération.

Il y a deux vertèbres sacrées articulées l’une et l’autre avec le sacrum. Viennent ensuite au moins quarante caudales (1). Les vertèbres des différentes régions sont concavo-convexes. Leur longueur est médiocre ; ce qui fes fait paraître d'autant plus larges. Leur apparence est à peu près la même que chez le Trachysaure.

L'épaule ne diffère que par quelques particularités secon- daires de celle des Varanidés, des Iguanidés et des Agamidés. Le sternum est dans le même cas. Il n’y a pas non plus iden- tité complète sous ce rapport entre l’'Héloderme et le Trachy- saure.

Les membres ne présentent aussi que des particularités d'une importance secondaire, mais qui mériteraient d’être dé- criles, si nous donnions en détail l’'énumération des caractères de ce Saurien. Ils sont robustes ; les humérus manquent de trou sus-condylien et les patles, sans être longues comme chez beaucoup d'animaux du même ordre et à doigts très-iné- gaux, sont cependant plus fortes que celles du Trachysaure.

Quant aux dents de l'Héloderme, M. Kaup a déjà fait re- marquer qu'elles sont de deux sortes, celles qui bordent les maxillaires inférieur et supérieur ou sont implantées sur l'os incisif, et celles qui sont portées par les palatins et les ptéry- goïdiens.

Ces dernières sont plus visibles chez les jeunes sujets que chez les sujets adultes, et elles disparaissent sans doute dans la vieillesse. Dans notre exemplaire, elles sont réduites à de simples tubercules.

Il y a trois paires de dents incisives, et les maxillaires supé-

(1) Quelques-unes sont restées dans la peau lors de la préparation, ou du moins elles manquent au squelette que nous décrivons.

456 PAUL GERVAIS.

rieurs et inférieurs portent les premiers sept paires de dents, les seconds huit. Ces dents sont en partie doublées par une série de dents semblables placées en arrière d’elles el destinées à les remplacer.

M. Kaup a fait remarquer que l’Héloderme a d’abord les germes des dents de remplacement logés dans des alvéoles, mais que plus tard ces dents sont fixées aux inaxillaires par des bases osseuses. Je les crois plutôt retenues dans la muqueuse avant leur synostose qu’enfoncées dans des

alvéoles véritables ; i'Héloderme n’est pas un Reptile thé-

codonte.

Leur disposition est, à certains égards, intermédiaire entre celles dites pleurodontes et acrodontes, ce qui a également lieu chez les Ophidiens. C'est aussi le caractère que les dents présentent chez les Varans.

M. Kaup a signalé, en outre, les sillons que les dents maxillaires de l’Héloderme présentent à leur base; il y a un semblable sillon au bord postérieur comme au bord anté- rieur. Cette double impression rappelle un peu celle qui distinguent les dents de certains Ophidiens dits à dents cannelés, plus particulièrement les Opistoglyphes; mais ce ne serait pas un caractère suffisant pour rapprocher l'Hé- loderme de ces animaux, puisque, à part cette analogie encore fort éloignée, tirée du système dentaire, la forme du crâne et encore moins la conformation du squelette ne se ressemblent pas dans les deux groupes.

Je donne sur la planche xvir, fig. 5, la coupe d'aci dent supérieure, vue au microscope. On y remarquera que, indé- pendamment des deux sillons extérieurs, il y a des expansions ou digitations internes du bulbe qui se prolongent dans une des moitiés du fût conique de cette dent. C’est une disposition tout à fait particulière. ÿ

La coupe des dents inférieures, vue au microscope, mérite

LA

DU MOLOCH ET DE L'HÉLODERME. k57

également d’être mentionnée. Les dents inférieures (pl. x1x, fig. 1 à 4) sont sillonnées en avant dans toute leur longueur et elles ressemblent, jusqu’à un certain point, par cetle dispo- sition, aux dents maxillaires supérieurs des Serpents venimeux ; mais elles ont un double sillon, et ce sillon est moins profond. On sait que l’Héloderme passe aussi pour venimeux.

L'apparence des plaques cutanées qui recouvrent le crâne de l’Héloderme n’est pas moins remarquable, quoiqu'elle rap- pelle un peu celle de certains Scincoïdiens, des Trachysaures, par exemple; elle constitue l’un des caractères de ce genre.

J'ai placé en regard de la figure 8 de la planche x, qui représente ces plaques d’après l’exemplaire dont la tête a été décrite plus haut, des plaques assez semblables (fig. 9), indiquant également un genre de Sauriens ; elles proviennent des calcaires proïcènes de la butte. de Perréal ou. Sainte- Radégonde, près Apt. Ce genre est celui auqnel j'ai donné le nom de Placosaurus (1).

Les plaques du Placosaure sont également garnies de gra- nulations; mais, ici, les granulations sont plus fortes que chez PHéloderme, tandis que les plaques sont, au contraire, moins nombreuses. Les granulations manquent aux plaques cépha- liques des Trachÿsaures.

Les détails qui précèdent me paraissent confirmer l'opinion émise par M. Gray, que l’Héloderme constitue un groupe dis- tinct de Sauriens. Les affinités de ce groupe semblent le re- lier aux Varanidés plutôt qu'aux Iguanidés. Quand au genre

-_Lépidophyme (2) qu’on serait tenté d'en rapprocher, à cause

de son apparence extérieure, il présente des caractères bien différents et doit prendre rang parmi les Pleurodontes ordi- naires. Son crâne rappelle, à plusieurs égards, celui des La-

(1) Zool. et Pal. franç., p. 457. (2) Aug. Duméril, Catal. Rept. Mus. Paris, p. 138.

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PAUL GERVAIS,

certiens,. el ses vertèbres sont concavo-convexes, ce qui ne permet pas non plus de l’associer aux Geckotiens.

Des cannelures semblables à celles des dents de l'Hélo- derme n'ont encore été observées dans aucun autre animal du même ordre.

S III.

REMARQUES SUR LA STRUCTURE DES DENTS DES SERPENTS

VENIMEUX.

On sait qu'il existe, indépendamment des Ophidiens de la famille des Vipéridés (fig. 1), dont les Crotales sont les espèces

Fig. 1 (1).

les plus redoutables par la promptitude avec la- quelle agit leur poison, des animaux du même ordre qui possèdent aussi des glandes à venin, mais chez lesquels les dents servant à l’introduc- tion du venin ne forment pas un tube complet. Ainsi qu’on peut le voir chez les Najas (fig. 2) et chez quelques autres, un sillon se remarque à la partie antérieure de leurs dents en crochets, mais ces dents occupent la même place que celles

des Vipéridés et sont également implantées sur la partie anté- rieure des maxillaires supérieurs.

Lig. 2 (2).

Dans une troisième catégorie de Serpents ve- nimeux, les premières dents du maxillaire supé- rieur sont sans tube ni cannelure, mais une fente habituellement plus large que dans le cas pré- cédent se remarque à Ja face antérieure des der- nières denis supérieures.

(1) Zipera prester.

(2) ANaÿja.

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DU MOLOCH ET DE L'HÉLODERME. k59

Les Cœlopeltis, dont il existe une espèce dans le midi de la France, et un certain nombre d’autres genres, qui sont étrangers à la France {fig. 3) (1), nous ne fournissent des exemples.

Enfin, le reste des Ophidiens n'a plus que des dents pleines (fig. 4 à 6) (2).

Duméril et Bibron appellent Solénoglyphes les Serpents ayant des dents vénéneuses semblables à celles des Vipères ; ils nomment Protéroglyphes ceux dont le venin est versé par des dents sem- blables à celles des Najas, et Opistoglyphes les Serpents à venin de la troisième catégorie. J'ai compris sous la dénomination commune d’Aglyphes tous les

Fig. 3 (1).

Fig. 4. N°3. Fig. 5. 4. Fig. 6.— N°5. autres Ophidiens, quelle qu’en soit la famille, parce que leurs

(1) Cœlopellis insigniles.—a) os maxillaire dont les dernières dents (cr) sont sillonnées en avant; c) os transverse ; d) plérygoidien ; e) palatin ; f) incisif.

(2) : n°3, Couleuvre à collier (Tropidonotus natrix) ;—n° 4, Python. Mâchoire inférieure et mâchoire supérieure avec les os qui en dépendent;—n°5, Xénodon.

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hkG6O PAUL GERVAIS. .

dents ne présentent jamais de sillons; aucun d’eux n’est d’ailleurs venimeux

Les figures ci-dessus extraites de la Zoologie médicale (1), que M. Van Beneden et moi avons publiée, représentent ces diffé renles dispositions.

Comme il semblait naturel de le supposer, la cavité en tube des dents vénéneuses des Viptridés n'est pas le fait d’une sorte de perforation naturelle dont ces dents auraient été l'objet; elle résulte du rapprochement des deux bords de chaque dent, et le bulbe de celle-ci constitue une espèce de . lame qui se replie sur elle-même, comme le fait, sous la main de l'Homme, la lame de métal ou de carton dont on veut faire un tuyau. Cette comparaison se trouve jusüfiée par l'existence, le long de la dent, d’une véritable suture manquant à ses deux extrémités supérieure et inférieure, lesquelles restent ouvertes pour l'entrée et la sortie du liquide toxique.

La coupe que nous don- nons 1ci, d’après M. Owen (2), d’une dent vénéneuse de Solénoglyphe, c'est-à- dire d’une dent en crochet tubulaire appartenant à uñe espèce de Vipéridés, ne laisse aucun doute à cet égard. On y voit la dispo- sillon circulaire du bulbe, sauf au point a eu lieu le contact des deux bords ; c’est que la suture s’est opérée, et les tubes de dentine qui aboutissent à ce bulbe sont interrompus tout le long de son trajet. Les deux parties inférieure et suptrieure des dents des

(1) vol. In-8, Paris, 1869. Librairie de J, B. Baillière et fils. (2) Odontography, pl. LxY a.

DU MOLOCH ET DE L'HÉLODERME. 461

Solénoglyphes restent, d'ailleurs, ouvertes, et leur coupe montre une disjonction plus ou moins considérable du bulbe, avec écartement des bords de la lame dentaire alors simple- ment repliée en oublie.

Nous compléterons cette démonstration en donnant, sous le 6 de notre planche xix, la coupe d'une dent cannelée de Protéroglyphe tirée du Naja et, sous le 7 de la même planche, celle d’une dent également cannelée d’Opistoglyphe, tirée du genre Psammophis. Les deux bords de la première dent sont bien nets, quoique presque en contact l’un avec l'autre, ce qui constitue la condition la plus sémblable pos- sible à l’état solénoglyphe. Ceux de la seconde sont, au con- traire, notable ment écartés entre eux, ils laissent béant, dans toute sa longueur, le canal auquel aboutit la glande qui s’y rend, ce qui tend à revenir à la forme pleine ou cylindro- conique des dents des Ophidiens ordinaires, c’est-à-dire des Aglyphes. On retrouve la fente des dents protéroglyphes et opistoglyphes aux deux extrémité inférieure et supérieure des dents solénoglyphes; à leur pointe est la fente donnant issue au venin qui doit être inoculé, à leur base celle par entre le canal de la glande toxique.

PLANCHE xx.

Fig. 1. Crâne du Moloch horridus, vu en dessus ; grossi quatre fois.

Fig. 2. Le même, vu en dessous.

Fig. 3. Le maxillaire inférieur, vu par sa face externe ; grossi quatre fois. à

Fig. 4. Crâne de l’'Heloderma horridum, vu en dessus ; de grand. nat.

Fig. 5. Le même, vu en dessous.

Fig. 6. Le même, vu de profil.

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62 PAUL GERVAIS.

Fig. 7. La mâchoire inférieure du même animal, vue par -

la face externe.

Fig. 8. Plaques céphaliques de l'Héloderme.

Fig. 9. Plaques céphaliques du Placosaurus rugosus, P. Gerv.

PLANCHE XVI.

Fig. 3. Les dents inférieures du Moloch, vues par la cou- ronne ; grossies cinq fois.

Fig. À. Les mêmes, vues par la couronne, sur le maxillaire inférieur ; vues de profil, par la face interne.

Fig. 5. Coupe d’une dent supérieure cannelée de l'Hélo- derme ; vue au microscope. On voit ses sillons antérieur et postérieur, ainsi que les digitations internes du bulbe.

PLANCHE xIx.

Fig. 1-3. Coupes d'une dent inférieure de l’Héloderme, prises à des hauteurs différentes du fût de cette dent ; vues au microscope ; la figure 3 montre, indépendamment des deux sillons de la dent et des digitations internes de son bulbe, les cellules étoilées de la partie osseuse du maxillaire avec lequel la base de cette dent est synostosée.

Fig. A. Une dent inférieure du même animal; vue en avant, et par sa face postérieure; grossie.

Fig. 5. Une dent supérieure bi-cannelée du même animal grossie ; vue en avant, et par sa face postérieure.

Fig. 6. Coupe d'une dent de Naÿja (Ophidien protéroglyphe) ; vue au Microscope.

Fig. 7. Coupe d'une dent de Psammophis moniliger (Ophi- dien opistoglyphe); vue au microscope.

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RECHERCITES

SUR LES ÉDENTÉS TARDIGRADES :

PAR

NM. Paul GERVAIS (1).

Il a existé dans l'Amérique méridionale, à une époque peu reculée et certainement postérieure à la fin des temps géolo- giques compris sous la dénomination commune de période tertiaire, un certain nombre d'espèces gigantesques, appar-

tenant à l’ordre des Édentés, qui étaient pourvues de dents

rappelant celles des Paresseux, soit les Unaus, soit les Aïs. Par leurs caractères ostéologiques, ces animaux se rattachaient aussi, d’une manière parliculière, à ces deux genres de Mam- mifères encore actuellement existants, et les grands Tardi-

grades sud-américains n'avaient, comme les Paresseux, aucun

représentant dans les autres parties du globe. Les affinités, qui rattachent les uns aux autres les genres de ces deux caté- gories, ont été reconnues par Cuvier, lorsqu'il a pu étudier des débris appartenant au Mégathérium et au Mégalonyx et comparer les particularités ostéologiques, qui distinguent ces deux animaux éteints, à celles que présentent les Aïs et les Unaus. Ce mode de classement, d’abord contesté par quelques anatomistes qui voulaient réunir les Paresseux au groupe des Singes, comme l'avait fait autrefois Linné, et ne placer parmi

(1) Résumé général présenté à l{cadémie des sciences dans la séance du 20 octobre 1873.

6% PAUL GERVAIS.

les Édentés que les grands Tardigrades d'espèces détruites, a fini par être généralement accepté. Toutefois, les grandes espèces dont il s’agit différaient de celles beaucoup plus pe- tites, qui existent encore maintenant, par leur manière de vivre. La masse énorme de leur corps en faisait nécessaire- rement des animaux terrestres ; les ongles puissants, dont un ou plusieurs de leurs doigls étaient armés, leur servaient à fouiller le sol, et si, dans la plupart des cas, elles se nour- rissaient, comme le font les Unaus et les Aïs, de substances vé- gétales, ce dont on ne peut douter en considérant la confor-

mation habituelle de leurs dents, on doit également supposer

qu’elles se servaient de leurs ongles pour bouleverser les grandes fourmilières, et que les Fourmis, ainsi que les Ter- miles, faisaient partie de leur alimentation aussi bien que les substances végétales accumulées par ces Insectes ou les par- ties succulentes des végétaux que leurs énormes griffes leur permettaient d'extraire du sol. Cependant, le Lestodon était, sans doute, en partie carnivore. On le voit, ces gigantesques représentants de nos Tardigrades, dans la faune quaternaire, n'avaient pas tous les mêmes habitudes ; c’est ce que l’on ne saurait contester, si l’on passe en revue les particularités sou- vent remarquables d'organisation qui les distinguaient les uns des autres. |

Le nombre de leurs genres peut être évalué à une dizaine environ.

1. Le premier, ou le genre Megatherium, présentait cinq paires de molaires supérieures et quatre inférieures ; ce qui est la règle à peu près constante pour les Tardigrades. Ses dents étaient équidistantes entre elles, à quatre pans et rele- vées à la couronne par une paire de crêtes ou collines trans- versales comparables à celles de certains Mammifères essen- liellement herbivores et phyllophages, tels que les Tapirs et les Kangurous. On doit supposer, comme on l’a fait, du reste,

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ÉDENTÉS TARDIGRADES. kG6$

pour les Dinothériums, fossiles en Europe et dans l’Inde, et aussi pour le Notothérium et le Diprotodon, qui sont de gi- gantesques Marsupiaux éteints, particuliers à l'Australie, que le régime du Mégathérium était analogue à celui de ces ani- maux. L'humérus du même animal manquait de perforation au-dessus du condyle interne ; son fémur était fort large et ses pieds de derrière, qui se distinguent surtout par la forme de deux de leurs os du tarse, le calcanéum et l’astragale, ne portaient d’ongle qu’à un seul doigt. Il avait, au Contes trois doigts onguiculés aux pieds de devant.

Ce gigantesque animal a été successivement décrit par dif- férents auteurs depuis Cuvier, et M. Owen en a donné la monographie en 1861. Le squelette de Mégathérium que je viens de faire préparer pour la collection du Muséum, grâce à l’habile et utile concours de M. le D. Sénéchal, nous a per- mis, à M. Sénéchal et à moi, d'ajouter des faits nouveaux à ceux qui ont déjà été publiés au sujet de ce Mammifère, faits sur lesquels nous reviendrons dans un travail actuellement en préparation.

2. On trouve une disposition peu différente de celle qui

caractérise le système dentaire du Mégathérium, dans le genre Cælodon, découvert au Brésil par M. Lund. Ce genre est encore peu connu. J'ai pu en étudier le squelette dans le musée de Copenhague, et recueillir à son égard quelques in- dications utiles pour la science. Les dents du Cœlodon sont au nombre de quatre paires à la mâchoire supérieure et de trois seulement à l’inférieure, formule que je retrouve sur l'un des crânes de Mégathérium que possède le Muséum.

3. Le Lesiodon est un autre Tardigrade gigantesque que j'ai, le premier, distingué du reste des animaux de cet ordre. Il joignait, à certaines dispositions ostéologiques, rappelant le Mégathérium et le Cœlodon, des caractères qui ne se re- trouvent que chez le Mylodon, dont je parlerai tout à l'heure ;

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Lk66 PAUL GERVAIS.

mais ce qui le distingue surtout, c’est l'apparence caniniforme de la première paire de ses dents supérieures et inférieures, qui rappellent, par leur écartement et par leur forme, les ca- nines des Unaus. En outre, le bord mentonnier était large et aplati. On possède des fragments de la tête du Lestodon, son membre postérieur à peu près entier et quelques autres pièces encore, dont j'ai commencé à publier des descriptions accom- pagnées de figures. Le fémur mesurait 0,74 de longueur to- tale; mais, s'il était plus long que celui du Mégathérium, il élail en même temps moins large.

La collection du Muséum paraît être, jusqu'à présent, la

seule dans laquelle on voie des portions du squelette de ce

singulier animal.

4. Le genre Megalonyx avait aussi la première paire de dents écartée des autres, mais avec une forme de ces dents rappelant les incisives des Rongeurs. Le squelette de cet Édenté n’a été connu de Cuvier qu’en partie ; mais, M. Leidy l’a décrit plus récemment dans la plupart de ses pièces. On rencontre des débris de Mégalonyx dans l'Amérique méridio- nale aussi bien que dans les États-Unis, ils ont été décou- verts par Jefferson, et pour chacune de ces grandes régions l'espèce est différente. Un maxillaire inférieur indiquant aussi le genre Mégalonyx a été également recueilli dans l’île de Cuba ; quoiqu’on en ait fait un genre distinct, sous les noms de Megalochnus et de Myomorphus, ce fossile doit être certai- nement altribué à un véritable Mégalonyx.

». Side ce genre nous passons à celui des Mylodons, nous trouvons d'autres particularités faciles à saisir, et cela dans le squelette aussi bien que dans le système dentaire. Cer- tains os du pied ont une forme tout autre que dans les genres précédents, et la première paire de dents, tont en restant écartée, soit à la mâchoire supérieure, soit à la mâchoire infé- rieure, l'est beaucoup moins que chez les Lestodons ou les

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ÉDENTÉS TARDIGRADES. k67

Mégalonyx. Son fût ne ressemble, d’ailleurs, ni à la canine des

premiers, ni à la dent incisiforme des seconds.

Il en est des Mylodons comme des Mégalonyx ; ces animaux ont existé dans les deux Amériques.

6. Vient ensuite le genre Scelidotherium, plus semblable aux Paresseux Aïs par la forme de ses dents antérieures qu'aux Unaus, et dont le squeletle est aussi très-facile à dis- tinguer, dans plusieurs de ses parties, de celui des cinq genres dont il a été question jusqu'ici.

7. Ce ne sont pas les seuls grands Tardigrades dont les dépôts superficiels et les cavernes à ossements de l'Amérique aient conservé les débris. M. Lund, à qui l’on doit tant de belles découvertes au sujet des fossiles de ce continent, et qui a décrit les Scélidothériums sous le nom de Platyonyx, en même temps que M. Owen les faisait connaître sous la déno- minaltion qui a été conservée, parle d’une septième forme d'animaux du même ordre qu’il appelle Sphenodon. Ces Sphé- nodons n'auraient, suivant M. Lund, que quatre paires de molaires à chaque mâchoire, tandis que nous avons vu que les autres Tardigrades, sauf cependant le Cœlodon, en avaient cinq en haut et quatre en bas, ce qui est aussi le cas des Pa- resseux Unaus et celui des Aïs, du moins après leur nais- sance.

8. On doit regarder, comme indiquant un huitième genre, une dent encore implantée sur la partie antéro-externe d'un maxillaire inférieur. Par la forme en pyramide de sa cou- ronne, elle nous signale un animal non encore décrit et voisin des Lestodons, dont il différait cependant d’une manière cer- laine. Cette dent a été trouvée dans la Confédération Argen- tine par M. Seguin ; elle n’a encore été ni décrite, ni figurée. Le grand Édenté qu’elle nous signale devait dépasser le Lesto- don en dimensions ou tout au moins l’égaler.

9. Les os du pied, plus particulièrement le calcanéum et

468. PAUL GERVAIS.

l’astragale, présentent, chez les Tardigrades, des différences de forme qui peuvent être utilement employées dans la dia- gnose des divers genres de cet ordre. Un calcanéum rapporté du Brésil par M. Claussen, avec des restes du Scélidothérium et de plusieurs autres animaux éteints, et déposé avec eux dans notre collection publique, permet de conclure à l’an- cienne existence, dans l'Amérique méridionale, d’un neuvième genre, dont l'espèce type n’est encore connue que par cette seule partie. Les caractères du calcanéum auquel je fais allu- sion ne laissent, à cet égard, aucun doute. Ce Tardigrade in- connu était aussi un animal de grande taille ; il égalait, sous ce rapport, le Scélidothérium et dépassait le Mégalonyx de Jefferson. Je publierai aussi la description et les figures de la pièce unique sur laquelle cette démonstration repose encore.

On peut, dès à présent, soupçonner l’ancienne existence, en Amérique, d'animaux encore différents de ceux-là par le genre, mais appartenant de même aux Tardigrades.

Les Édentés, dont les Tardigrades constituent une section importante, forment, parmi les Mammifères, une division pri- mordiale qui devrait être regardée comme une sous-classe de ces animaux, plutôt que comme un ordre comparable à ceux des Singes, des Carnivores, des Chéiroptères ou des Rongeurs. C’est pourquoi nous faisons des Tardigrades un ordre à part.

Malgré l'apparence d’uniformité que présentent leurs dents, toujours à une seule racine et à peu près semblables entre elles pour chaque espèce, ce qui m'a conduit à donner aux Edentés la dénomination d'Homodontes, on remarque certaines particularités de ces organes qui, pour être passagères, n'en sont pas moins dignes d’être prises en considération dans la caractéristique des différents ordres dont cette sous-classe se compose (1).

() Voir, p. 434 de ce volume, une Note de l’auteur relative aux particula- rités observées sur le système dentaire de plusieurs genres d’Edentés.

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VERTÈBRE DE L'HYPSELOSAURUS PRISCUS. k69

Les Tardigrades constituent néanmoins un groupe très-na- turel, et ce groupe reçoit, comme on l’a vu par les faits EXpo- sés dans ce résumé, une extension considérable de l’adjonc- tion des genres éleints à ceux qui vivent encore de nos jours. Il est digne de remarque que les espèces de ces genres anéan- tis atteignaient toutes des dimensions considérables. C'est aussi ce qui à été observé pour la plupart des espèces propres aux faunes quaternaires de l'Europe tempérée et des régions arctiques, ainsi que pour celles de l'Australie, etc., qui ont disparu les premières. Il en est également ainsi pour le Toxo- don, le Macrauchénia, le Chlamydothérium, le Typothérium, les Glyptodons des divers genres et d’autres encore qui ont été contemporains des Tardigrades, dans les régions intertro- picales du continent américain ; c’étaient aussi des animaux d'une taille considérable ; le Typothérium, qui égalait cepen- dant nos plus grands Cabiais, était le moins gros d’entre eux.

VERTÈBRE DE L'HYPSELOSAURUS PRISCUS, TROUVÉE A PUGÈRE (BOUCHES-DU-RHONE) ; |

Note de M. Paul GERVAIS,.

M. Ph. Matheron a désigné, par le nom d’Hypselosaurus priscus, dans sa Notice sur les Reptiles fossiles des dépôts crétacés fluvio-lacustres du bassin à lignites de Fuveau, pu- bliée en 1869 (1), un très-grand Reptile, appartenant, sans doute, à l’ordre des Crocodiliens et à la famille de ceux dont

(1) Mém. de l’Acad. des sciences, belles-lettres et arts de Marseille.

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470 PAUL GERVAIS.

les vertèbres sont concayvo-convexes. Il en décrit quelques os, dont trois vertèbres coccygiennes, celles-ci, en effet, concavo- convexes, et il donne en même temps la figure de ces pièces.

« L'Hypsélosaurus, dit M. Matheron, était probablement un animal aquatique, dans le genre des grands Crocodiliens connus. Sa queue ne devait pas être comprimée sur les côtés comme celle des Crocodiles. Son système dentaire est inconnu. L'absence de canal médullaire dans les os longs ne permet pas de supposer qu'il ait été terrestre comme l'était l'Igua- nodon. »

Je crois pouvoir rapporter au même animal une vertèbre longue de 0,135, large de 0,075 à une de ses extrémités et de 0,065 à l’autre, dont le canal médullaire avait de 0,018 à 0,016, et dont les apophyses épineuses, complétement synos- tosées avec le corps, n’occupaient qu’une longueur de 0,050. Cette vertèbre avait les deux surfaces articulaires du corps ou centrum convexes, ce qui est un des caractères de la première caudale des Crocodiliens et confirme, si elle est bien de l'Hyp- sélosaurus, comme je le suppose, le classement de ce genre parmi les Reptiles, à l'ordre desquels M. Matheron l’a rap- porté. Ses dimensions indiquent un animal supérieur à nos plus grands Crocodiles actuels, et dont les vertèbres étaient proportionnellement plus allongées. La masse intérieure de l'os est de structure grossière et généralement parsemée de fines porosités répondant aux canalicules de Havers, ici plus apparentes qu'elles ne le sont chez les animaux plus élevés en organisation. J'ai fail exécuter une coupe de la substance de cette vertèbre, pour en examiner le tissu à l’aide du micro- scope. Les ostéoplastes entourant les canalicules sont petits, peu nombreux et assez distants les uns des autres.

Je dois la communication de cette vertèbre, qui a été moulée pour la collection des fossiles du Muséum, au savant botaniste, M. G. de Saporta, à qui elle a été remise par M. Ju-

7

MONSTRE HUMAIN. k&71

lien fils ; celui-ci l’a recueillie à la Grande-Pugère, près Pour- rière (Bouches-du-Rhône), dans un dépôt de grès d’origine lacustre appartenant à l'étage de Rognac. On sait que M. Ma- theron rapporte maintenant ces dépôts, ainsi que ceux de Fuveau, qui leur sont inférieurs, aux derniers temps de la pé- riode crétacée.

MONSTRE HUMAIN TRIPLE PAR INCLUSION.

Note de M. PHILIPEAUX. ({).

J'ai montré, le 17 avril 1873, à la Société de Biologie, un Poulet monstrueux, au vitellus duquel était suspendu le train postérieur d’un autre Poulet.

M. le D. Armand Moreau, mon ami et mon collègue au Muséum d'histoire naturelle, m'a communiqué, à cette occa- sion, un fait bien plus remarquable et qui est très-rare dans la science. Il s’agit d’un monstre humain triple par inclu- sion (2). Ce fait a été publié par le D. Gaetano Nocito, à Gir- genti (3).

Je crois que l’auteur n a pas très-bien compris le mode de

(1) Extrait de la Gazette médicale de Paris, 4 série, t. II, p. 546; du. 11 octobre 1873.

« (2) M. Cruveilhier, dans son ouvrage sur l’Anatomie pathologique, t. I, p. 324, cite un exemple analogue observé sur un fœtus, dans l’abdomen duquel on trouva les restes de deux embryons. Cette observation a été publiée par Fattoria, de Pavie, en 1815.

(3) Mémoire sur un cas de monstruosité humaine par inclusion, publié par le D. Gaetano Nocito, en 1850, à Girgenti; chez Vincenzo Liponi.

472 PHILIPEAUX.

production de cette monstruosité, et il m'a semblé qu'il y aurait quelque intérêt à tenter d'en donner la théorie.

Il s’agit d’un homme nommé Francois Arrigo, âgé de 32 ans, en 1820, à Girgenti, de parents sains et d'une mère ayant eu plusieurs grossesses doubles. Doué d'un tempérament bi- lieux, n'ayant jamais été sérieusement malade avant l’âge de 27 ans, il n'avait eu que quelques accès de fièvre, quelques ictères. Mais, à partir de cette époque (27 ans), il fut pris de vives douleurs à l’hypocondre droit, douleurs qui durèrent pendant trois ans sans discontinuer. Rien ne put calmer ces douleurs, et elles ne cessèrent qu'après qu'il se fut formé un énorme abcès dans la région de l’hypocondre droit, abcès qui s'ouvrit un jour spontanément.

De cet abcès sortirent les restes osseux et macérés de deux

embryons humains pouvant avoir, l’un deux mois, et l’autre trois mois environ de vie intra-utérine. J'ai déterminé l'âge de ces deux embryons, d’après la longueur que le D. Gaetano Nocito assigne aux tibias, à savoir : 6 millimètres pour le tibia d’un des embryons, ce qui suppose l’âge de deux mois de vie fœtale, et 8 millimètres pour l’autre, ce qui suppose l’âge de trois mois.

François Arrigo mourut, en 1852, à l’âge de 32 ans, d’une myélite avec paralysie de la partie inférieure du corps, sur-. venue à la suite d'une carie des vertèbres dorsales.

Si maintenant on cherche à bien se rendre compte de cette monstruosité par inclusion (1), on peut dire, et cela comme chose certaine, que trois ovules ont été fécondés en même temps, qu'ils se sont développés tous trois dans l'utérus de leur mère à côté l’un de l’autre ; l’un pendant deux mois, l'autre pendant trois mois, et le troisième pendant toute la durée de la gestation (9 mois). Celui-ci a été Arrigo.

(4) Monstruosité niée dans l'espèce humaine, par Haller, Chaussier, Meckel et Adelon. Voir Cruveilhier, Anatomie pathologique, t. I, p. 324.

MONSTRE HUMAIN. Lk73

Mais on doit se demander comment les deux premiers em-

bryons sont entrés dans l'abdomen du troisième, c’est-à-dire d'Arrigo, leur frère, et sont venus se placer dans l’hypocondre droit. Il est probable que, sous l'influence d’une compression exercée par l'utérus, deux des embryons ont été gênés dans leur développement, appliqués sur le troisième embryon qui, moins comprimé, se sera développé plus facilement. Les en- veloppes de ce dernier embryon auront été perforées par les deux autres, par suite de la pression continue qui les maïnte- nait en contact avec ces membranes.

Ils ont pu pénétrer même dans la cavité viscérale d’Arrigo par l'ouverture ombilicale, alors que cette ouverture n'était

pas encore fermée. C’est donc dans la première quinzaine de

-

la gestation que cette inclusion a se faire. Il est vraisem- blable que les deux embryons ainsi inclus dans le troisième se sont greffés à l’intérieur de la paroi abdominale dès les pre- miers temps de leur pénétration dans la cavité viscérale d’Arrigo, et c’est ainsi, sans doute, qu’ils ont pu continuer à vivre d'une vie parasilaire, à se développer plus ou moins irrégulièrement et à s’accroître pendant un certain temps. Peu à peu, les embryons incarcérés se sont entourés d’un kyste à cause de l'irritation qu’ils ont déterminée sur la région de l’hypocondre droit, c’est-à-dire ils s'étaient greffés.

Mais 1l faut admettre encore qu'avant cet enkystement et

alors que ces embryons vivaient, comme nous l'avons dit,

d'une vie parasitaire, l’un d'eux est mort un certain temps avant l’autre, la greffe étant probablement plus imparfaite

pour lui que pour l’autre. Le kyste s’est formé vraisembla-

blement lorsque ces deux embryons étaient morts et lorsque, par suite même des modifications que la mort leur a fait subir, ils sont devenus des corps étrangers irritants.

Ce kyste a grossi peu à peu pendant un certain temps, puis

LT PHILIPEAUX,

a conservé des dimensions à peu près constantes jusqu’au moment où, sous des influences non déterminées, il est devenu un foyer de suppuration. Ce kyste n'a donné lieu à aucun accident pendant bien longtemps, puisque Arrigo avait pu suivre les cours de théologie, devenir prêtre, et exercer cette profession sans aucun empêchement jusqu’à l’âge de: 27 ans; ce n'est qu’à partir de cette époque qu’il commença à souffrir de la tumeur qu'il portait au côté droit. Cette tu- meur augmenta à partir de ce jour, et il y ressentit des dou- leurs qui devinrent {rès-vives, ainsi que je l’ai dit : elles le privèrent de repos pendant trois ans, c’est-à-dire jusqu'au jour un énorme abcès se fut formé dans cette tumeur, abcès qui perça spontanément et duquel sortit une grande quantité de pus avec les os macérés dont nous avons parlé et dont la plus grande partie a été détruite par le pus du kyste.

Les os rendus avec le pus sont pour l'embryon de deux mois : un humérus, un übia et plusieurs fragments d'os indéterminés; et pour l'embryon de trois mois : trois vertèbres, une lombaire, une dorsale et une cervicale, 2 cinq phalanges onguéales, un cubitus, plusieurs pièces ster- nales, un radius, deux humérus, une omoplate, 8& un péroné, 9 un os ilaque, 10° deux têtes de fémur, 11° enfin quelques os crâniens, mais incomplets.

À parür de ce jour, la guérison d’Arrigo fut complète; mais hélas ! elle ne fut pour lui que de courte durée, car, trois ans après, il succombait, à l’âge de 32 ans, dans d’atroces douleurs occasionnées par la carie des vertèbres dorsales, carie qui détermina une myélile avec paralysie complète de la partie inférieure du corps.

On voit que l'interprétation que je donne du fait publié par le D. Gaetano Nocilo se rapproche beaucoup de celle qui a été proposée par Dupuytren. En effet, d’après ce célèbre chi- rurgien, la pénétration ou l'intussusception est la pénétration

MONSTRE HUMAIN. Lk75

d’un germeé*fécondé dans un autre germe fécondé, de telle sorte que le fœtus inclus est bien le frère contemporain du fœtus parfait.

L'interprétation que j'ai indiquée brièvement est évidem- ment moins vague que les idées émises par le D. Gaetano Nocito à propos du fait si intéressant qu'il a publié.

Il dit, en effet,

« Que cette monstruosité est le fait d’un accident ou d’une « aberration de la nature. »

Je crois qu'il n'y a pas aberration de la nature, mais _ qu'il s'agit simplement d’un cas de grossesse triple, avec in- clusion de deux embryons dans le troisième.

Il dit encore « qu’on chercherait vainement à expliquer ce « phénomène. »

Ce que je viens de dire montre qu’il n'est pas difficile d’en donner une explication très-simple.

Pour lui « ce monstre humain triple par inclusion serait le « résultat d'une maladie externe et interne. »

Il est clair qu’une pareille hypothèse n’explique rien, mais il a raison lorsqu'il « pense que l’inclusion de deux embryons « dans l'abdomen du troisième n'a pu se faire qu’à l’état de « germe, et que ces deux embryons ont vivre pendant « quelque temps dans l'hypocondre droit d’Arrigo comme « deux parasites. »

En résumé, on voit qu'il existe dans la science au moins deux faits de monstruosité triple par inclusion : celui de Fattoria, celui de Gaetano Nocito.

Ces faits peuvent s'expliquer l’un et l’autre par le mode de formation que j'ai indiqué.

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SUR UN

NOUVEAU GENRE DE LÉMURIEN FOSSILE,

RÉCEMMENT DÉCOUVERT

DANS LES GISEMENTS DE PHOSPHATE DE CHAUX DU QUERCY.

Note de M. H. FILHOL (1)

M. Delfortrie, dans une communication qu'il adressait, il y a quelques mois, à l’Académie (2), annonçait la découverte, dans les gisements tertiaires de chaux phosphatée du Quercy, d'un Lémurien fossile qu’il désignait par le nom de Palæole- mur Betillei. C'était le premier Lémurien fossile connu, ou du moins c'était le premier dont la détermination exacte était établie; car plusieurs dents d'animaux de ce groupe avaient été trouvées dans d’autres gisements, et rapportées à tort à des Herbivores (3). J'ai reçu dernièrement, de M. Martignac de Saint-Antonin, un crâne de Lémurien différent de celui que M. Delfortrie avait décrit et constituant un genre nouveau.

Sa taille est inférieure de beaucoup à celle du Palæolemur Betillei et peut être comparée à celle du Galago du Sénégal (Galago senegalensis). Les orbites sont grands et indiquent un animal nocturne. Pourtant nous savons, par l'exemple des Pérodicticus, qui sont les animaux les plus essentiellement

(1) Communiquée à l’Académie des sciences dans sa séance du 10 novembre 1873.

(2) Compt. rend., 1. LXXVIT, p. 64.

(3) Voir Journal de Zoologie, 1. IL, p. 414, et 421, pl. xvir.

LI PATIX

NOUVEAU LÉMURIEN FOSSILE. 177

nocturnes que nous connaissions, que les orbites sont loin de prendre toujours un développement aussi grand et de de- venir, par cela même, caractéristiques.

L'espace interorbitaire est assez considérable et, par cela, très-différent de ce qu'il est chez le Loris. Les crêtes tempo- rales viennent se réunir à la partie postérieure du front, tandis que chez les Nycticèbes elles portent directement en arrière sans se réunir.

Si l'on examine la dentiion, on remarque que les dents sont beaucoup moins aiguës que dans les Loris, et que la pre- mière prémolaire de la mâchoire supérieure est beaucoup moins développée.

C'est avec les Galagos que la nouvelle espèce que je décris présente le plus de ressemblance par la forme de ses molaires, par la courbure du bord dentaire supérieur. Mais chez les Gala- gos 1l existe, entre les première et deuxième prémolaires su- périeures, une sorte de barre que l’on ne retrouve pas chez le Lémurien des phosphorites. D'autre part, la première prémolaire supérieure chez les Galagos est très-forte, et a un aspect cani- niforme qu'elle ne possède pas chez le Lémurien dont je parle.

La forme du maxillaire inférieur est celle du maxillaire in- férieur du Galago, et les caisses tympaniques ont le même dé- veloppement.

En résumé, c'est de ce genre que l'animal trouvé dans les phosphates de chaux est le plus voisin, bien qu’il présente quelques affinités avec les Loris. J'indique brièvement, dans cette Note, les caractères spécifiques sur lesquels je reviendrai avec plus de détails dans un Mémoire qui paraîtra dans le prochain numéro des Annales des sciences géologiques, et je propose de désigner ce Lémurien par le nom de Necrolemur antiquus.

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REMARQUES

SUR LA FAUNE SUD-AMÉRICAINE,

ACCOMPAGNÉES DE DÉTAILS ANATOMIQUES RELATIFS A QUELQUES-UNS DE SES TYPES LES PLUS CARACTÉRISTIQUES :

PAR

ME. Paul GERVAIS (1).

J'ai rappelé, dans un précédent travail (2), combien l'ordre des Tardigrades, dont j’ai passé en revue les différents genres éteints, en les comparant à ceux de la nature actuelle, s’éloi- gnait des autres ordres composant avec lui la grande division des Édentés. En même temps, j'ai fait voir comment il deve- nait, par l'ensemble des animaux qui le constituent, l’un des groupes les plus caractéristiques de la faune sud-américaine. C’est aux Édentés qu’appartiennent également les Myrméco- phages ou Fourmiliers, et les Dasypidés ou Tatous, dont l’aire d'habitat est la même que pour les Tardigrades.

Si l'on ne connaît pas encore de fossiles susceptibles d'être altribués à des animaux de la même catégorie que les Four- miliers, il n'en est pas de même pour les Dasypidés, dont les formes actuelles rentrent toutes dans la tribu des Tatous. Plu-

(1) Travail présenté à l’Académie des sciences dans sa séance du 24 no- vembre 1873.

(2) Comptes rendus, t. LXXVITL, p. 861 ; séance du 20 octobre 1873, Journal de Zoologie, 1. 11, p. 463,

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FAUNE SUD-AMÉRICAINE. 479

sieurs d’entre elles se rencontrent déjà parmi les fossiles des dépôts pampéens ou dans les cavernes des mêmes contrées, et il s’y joint deux genres éleints qui sont l’un et l’autre fort remarquables. Le plus anciennement décrit, au sujet duquel j'ai moi-même donné quelques détails, a reçu de M. Lund le nom de Chlamydotherium, et j'ai appelé le second Eutatus; leurs espèces atteignaient de fortes dimensions.

Une autre tribu des Dasypidés est celle des Glyptodontes, qui ont constitué trois genres distincts : les Schstopleurum de M. Nodot, les Panochthus de M. Burmeister et les Hoplophorus de M. Lund, dont j'ai également eu l’occasion de m'occuper.

Les Glyptodontes possédaient une cuirasse osseuse, compa- rable à celle des Tatous ; mais les débris de cet appareil pro- tecteur ont d’abord été attribués au Mégathérium, erreur qui a été rectifiée. Cependant il ne faudrait pas croïre que les Tardigrades avaient toujours la peau dépourvue de granula- tions osseuses. Il s’en trouvait, en particulier, dans certains points de celle du Mylodon, ainsi que l’ont observé MM. Sé- néchal et Burmeister. C'étaient des espèces de tubercules, ayant à peu près la grosseur d'un et une forme assez peu différente, quoique beaucoup moins régulière. Les collections

réunies par M. F. Séguin en renferment un certain nombre.

d'échantillons, dont quelques-uns sont restés appliqués contre l'omoplate d’un animal du genre qui vient d’être cité. On doit y voir un rudiment de la cuirasse propre aux Dasypidés, ru- diment que l’on peut comparer, aussi bien que les pièces composant la véritable cuirasse des Tatous et des Glypto- dontes, aux disques osseux qui solidifient la peau des Sphar- gis et celle des Coffres ou‘Ostracions, ainsi que de beaucoup d’autres animaux cataphractés. Toutefois ce serait à tort que l’on chercherait à assimiler les pièces osseuses dont il s’agit aux plaques constituant la carapace des Chéloniens, et, chez le Sphargis, la vraie carapace des Tortues est elle-même re-

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Lk80 PAUL GERVAIS. "

présentée par une grande plaque de forme irrégulièrement étoilée, placée au point de jonction des vertèbres cervicales et dorsales, au-dessous de la cuirasse en mosaïque propre à cette espèce.

Il serait sans intérêt, pour le but que je me propose dans ce résumé, de passer en revue, comme je l’ai fait ailleurs, les différences tirées du squelette proprement dit, de la dentition, | de la cuirasse, etc., par lesquelles les espèces comprises dans | les trois genres connus de Glyptodontes se distinguent les unes des autres, ce que l’état de nos collections rend actuellement facile ; je me bornerai donc à ajouter, aux indications précé- dentes, que l’examen des formes cérébrales propres aux Da- sypidés vivants et fossiles, ou celles des Fourmiliers et des Tardigrades, m'a aussi conduit à des résultats dignes d’être pris en considération, lorsque l’on veut se faire une idée plus exacte des traits caractéristiques de ces trois groupes d’Édentés américains.

Le Macrothérium de la faune miocène de l'Europe a été quelquefois regardé comme devant être classé avec les Four- miliers ; mais il n’a, en réalité, rien de commun avec ces ani- maux. Il ne doit pas non plus être rapproché des Oryctéropes,

qui sont particuliers à l’Afrique, puisque ses dents n’offrent pas la structure spéciale que l’on connaît aux dents de ces derniers. En considérant ses caractères ostéologiques, je suis conduit à le placer près des Pangolins, quoique ceux-ci manquent entièrement de dents, et l’on sait que Cuvier avait attribué à un grand Pangolin la seule phalange par laquelle il connaissait le même animal.

Il à existé, dans l'Amérique, des Mammifères non moins singuliers que ceux dont nous avons parlé jusqu’à présent. De ce nombre est le Typotherium, genre dénommé, mais non décrit, par M. Bravard, et dont M. Serres a entretenu l'Aca- démie à plusieurs reprises, en lui donnant le nom de Méso-

FAUNE SUD-AMÉRICAINE. L81

thérium. Malgré une certaine ressemblance avec le Toxodon, dont nous parlerons bientôt, et aussi avec les Édentés, le Ty- pothérium se rattachait d’une manière plus directe aux Ron- geurs : toutefois, il y a ici une distinction à établir.

Les Rongeurs, si naturel que soit le groupe qu'ils consti- tuent, cessent d'offrir ce caractère d’uniformité, si on leur associe les Lièvres, les Lapins, les Lagomys et certains genres fossiles rentrant aussi dans la famille des Léporidés; c’est comme constituant un ordre particulier et non comme une simple famille des Rongeurs proprement dits qu'il faut les considérer.

C’est auprès d’eux, et sans doute dans le même ordre, que le Typothérium doit prendre rang, tout en devenant le type d’une famille à part. Son crâne ressemble beaucoup à celui des Léporidés ; il a, comme ces animaux, le péroné articulé avec une saillie latéro-externe du calcanéum, et j'ai, en outre, constaté que, par sa forme cérébrale, il s’en rapproche plus que de tout autre groupe. Certaines dispositions de son bassin et de ses membres établissent, il est vrai, entre lui et les vé- ritables Léporidés une séparation de valeur plus que géné- rique, et l'on doit en faire une famille à part, ayant cepen-

dant sa place marquée dans le même ordre que ces animaux. n

Le Macrauchénia et le Toxodon, signalés l’un et l’autre pour la première fois par M. Owen, sont des Mammifères d’un autre ordre. Ils appartiennent à la série des Ongulés et présentent des caractères non moins insolites, qui rendent également difficiles à saisir leurs véritables affinités. C’étaient des animaux de grande taille. À

Le premier, c’est-à-dire le Macrauchenia, possédait un cou long et recourbé à la manière de celui des Chameaux ou des Lamas, et dont les vertèbres avaient aussi le trou artériel placé dans l’intérieur du canal rachidien ; ses membres étaient impa-

ridigités ; il avait, de même que les Jumentés, le fémur pourvu JourNAL DE Z00LOGIE. T. II. 1873. 31

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182 PAUL GERVAIS.

d’un troisième trochanter, remonté comme cela a lieu chez les Chevaux; son astragale était différent de celui des Bi-

sulques et comparable à celui des Rhinocéros, des Tapirs, etc.; -

enfin ses dents, qui rappellent, à certains égards, celles des Pa- léothériums, étaient équidistantes, égales en hauteur, et sem- blables, sous ce rapport, à celles des Anoplothériums, ani- maux qui doivent être rapportés au sous-ordre des Porcins. J'ai donné récemment la description détaillée des caractères dentaires du Macrauchénia et, en même temps, j'ai fait voir que le pied de derrière de cet Ongulé présente une particula- rité qui le rapproche aussi des Bisulques : je veux parler de l'articulation de son calcanéum avec le péroné, disposition qui ne se voit dans aucun des Jumentés connus, mais est con- slante chez les Ruminants et les Porcins.

Le genre éteint des Nésodons, que l’on ne trouve également que dans l’Amérique méridionale, est sans doute aussi de la famille des Macrauchénidés.

Quant au Toxodon, c'était un animal comparable à l'Hippo- potame par ses proportions, mais très-différent de ce dernier par ses traits principaux et d’une tout autre famille. La forme de son crâne et de ses dents, que M. Owen a fait connaître ;

ses membres, dont j'ai décrit les principales pièces, en faï- saient un animal très-singulier, certainement allié aux Por- ins, mais qui mêlait à plusieurs dispositions particulières à ce sous-ordre une tendance vers les Proboscidiens. La forme de son astragale vient à l'appui de cette dernière remarque, et, si l'on considère la façon dont le calcanéum du Toxodon était en rapport avec le péroné, ce qui a été indiqué par M. Burmeister, on constate une analogie plus grande avec les deux groupes dont 1l vient d’être question qu'avec les Jumen- tés; mais le Toxodon se rattachait évidemment aux Porcins plutôt qu'aux Proboscidiens, et je doute maintenant qu'il faille en faire, comme on l’a proposé, l’objet d'un ordre par-

de hr te à.

FAUNE SUD-AMÉRICAINE. 183

ticulier. L’examen de la forme cérébrale nous fournit ici en- core une indication précieuse : elle éloigne le Toxodon des Proboscidiens et, tout en rappelant, à divers égards, celle de certains Jumentés, c’est aux Porcins et de préférence aux Hippopotames qu’elle conduit.

A ces Mammifères se distinguant par le genre, souvent même par la famille, de ceux qui s’observent ailleurs, s’en ajoutaient d’autres dont les formes se sont, pour la plupart, conservées après avoir été contemporaines de celles que la nature a perdues. Ils sont souvent très-différents de ceux que l'on rencontre dans les autres parties du monde, et la faune sud-américaine leur doit aussi, en grande partie, le cachet qui lui est propre. Ce sont les Lamas, dont nous avons décrit une espèce éteinte atteignant les dimensions des Chameaux ; les Pécaris, qui possédaient autrefois une espèce supérieure aux Pécaris actuels ; les Sarigues, dont il y a encore des repré- sentants jusque dans les États-Unis ; les Phyllostomidés, con- stituant une des grandes familles de l’ordre des Chéiroptères, et certains Rongeurs de formes exclusivement américaines: les Caviadés ; les Viscaches et genres analogues ; les Cténomydés, enfin les Myopotames, les Capromys, les Échimys, ainsi que les genres qui s’en rapprochent. Ces animaux sont au nombre. des fossiles enfouis dans les terrains quaternaires de la sud- Amérique ; mais la plupart de leurs espèces existent encore maintenant.

I] faut ajouter à cette liste toute la série des Singes cébins dont l'Amérique possède seule des représentants, soit fossiles, soit vivants. On sait que ces quadrumanes constituent une tribu bien distincte de celle des Singes actuellement propres à l’ancien continent ou qui sont fossiles, dans les terrains (er- tiaires de ce dernier continent.

Certains Mammifères sud-américains s'éloignent moins par les traits qu'ils présentent de ceux que possèdent les autres

:8% PAUL GERVAIS.

faunes ou qui en ont fait autrefois partie. Les Mastodontes ont

habité l'Amérique méridionale aussi bien que l'Amérique

septentrionale, le midi de l’Asie, l'Europe tempérée et une partie de l'Afrique. Il y a des fossiles du genre Éléphant jusque

dans les parties centrales de l’Amtrique, qui fournissent, d’ail-

leurs, plusieurs des grands Mammifères éteints si fréquents dans la Guyane, au Brésil, dans la Bolivie, au Pérou et dans

la Confédération Argentine.

D'autres animaux sud-américains sont congénères de ceux que l'on rencontre dans l'Amérique du Nord et dans les di- verses parties de l’ancien continent, ou qui ont habité ces grandes régions à une époque géologiquement peu éloignée de nous. Ce sont des Chevaux dont les espèces avaient depuis longtemps disparu, lorsque les Espagnols transportèrent en Amérique des individus domestiques du même genre; des Tapirs représentés, dans l’ancien continent, par une espèce propre à l'Asie méridionale et par plusieurs espèces fossiles en Europe ; des Carnivores de différentes familles, et, parmi eux, le grand Machairodus nommé Neogeus par M. Lund et Smalo- don par M. de Blainville, ainsi que le grand Ours, type du genre Arclotherium, que j'ai appelé Ursus bonariensis. Les autres animaux du même ordre, qu'ils soient fossiles ou en- core existants, rentrent, pour la plupart, dans des genres re- présentés ailleurs, et, quoique différant par leurs caractères spécifiques, ils s’éloignent, en général, assez peu de leurs ana- logues propres aux autres régions. On sait, d'ailleurs, que, si les Carnivores sont au nombre des Mammifères les moins circonscrits dans leur répartiion géographique, l'Amérique méridionale n'en à pas moins des espèces de cet ordre qui Jui sont propres, et la plupart sont à la fois connues dans les dépôts fossilifères ainsi que dans l’époque actuelle.

Il en est également ainsi pour les petits Rongeurs sud- américains du groupe des Rats ou Murins, et pour les Chéi-

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FAUNE SUD-AMÉRICAINE. | L85

ropières de la famille des Vespertilions ou Chauves-Souris proprement dites, que l’on rencontre aussi dans ces deux conditions. Dans la plupart des cas, ils ne se séparent pas, par le genre, de ceux des autres parties du monde, ou ils ne s'en séparent que d'une facon très-légère, ce qui concorde avec ce fait, aujourd'hui bien constaté, que ces animaux, tous de faible dimension et qui occupent un rang inférieur dans leurs groupes respectifs, ont une aire d'habitat si étendue, qu'on doit les considérer comme réellement cosmopolites. Il existe, en effet, des Vespertilions et des Rongeurs de la tribu des Murins jusque dans l'Australie, cette terre dont la faune est presque exclusivement fournie par les deux sous-classes des Marsupiaux et des Monotrèmes. Les Vespertilions et les Rongeurs murins, mêlés à la faune dont nous parlons, n’en sont pas moins particuliers à cette faune, si l'on tient compte de leurs caractères spécifiques.

Dans le remarquable chapitre de son Histoire naturelle qu'il à consacré aux lois régissant la distribution des Mammi- fères, Buffon compare les espèces propres aux parties méri- dionales de l’ancien continent à celles du nouveau, et ïl ajoute :

« Plus on fera de recherches et de comparaisons à ce sujet, plus on sera convaincu que les animaux des parties méridio- nales de chacun des continents n’existaient point dans l’autre, et que le petit nombre de ceux qu'on y trouve aujourd'hui ont été transportés par l'Homme. »

L'étude attentive des fossiles découverts dans l'Amérique méridionale montre que celte séparation de Ja faune particu-

_lière à cette région d’avec celles de l'Afrique ou de l'Asie est

plus ancienne que ne supposait ce grand naturaliste, et l’on sait, d'autre part, que les découvertes faites bientôt après lui, à Madagascar et en Australie, ont singulièrement étendu, en les confirmant, les remarques auxquelles un premier coup d'œil l’avait conduit. C’est ce que j'ai signalé, il y à déjà long-

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L:86 PAUL GERVAIS.

temps, et c’est ce que les observations de chaque jour entre- prises par les zoologistes sont venues confirmer.

L'étude des fossiles recueillis dans une grande partie de l'Amérique méridionale et dans le sud de l'Amérique septen- trionale montre, au contraire, que Buffon était arrivé à un résultat inexact, lorsqu'il avait vu, dans la petitesse relative des espèces qui composent la faune américaine, un des carac- tères distincüfs de cette faune comparée à celles de l’ancien continent, Il faut, comme on l’a fait lorsqu'on a voulu se rendre un compte exact de la dernière des populations ani- males propres à l'Europe, restituer à la faune sud-américaine les espèces qu'elle a perdues depuis le commencement de la période quaternaire. On reconnaît alors que, semblable à celle-ci, elle le cède peu, par le nombre aussi bien que par la grandeur de ses Mammifères, aux populations animales qui se sont perpétuées en Afrique et en Asie, et l’on sait que le même fait a été observé pour l'Australie. |

Mais, si l’on cherche ensuite à établir l’origine de ces di- verses faunes et, en particulier, celle de la faune sud-améri- k caine, on voit bientôt surgir des questions pour la solution desquelles l'observation n’a encore fourni que des documents tout à fait insuffisants, et l’on est forcé d’avouer que ce n'est pas résoudre ces difficiles problèmes que de dire, avec Buffon,

« qu'il ne serait pas impossible, même sans intervertir l'ordre | de la nature, que lous ces animaux du nouveau monde F fussent, dans lefond, les mêmes que ceux de l’ancien, des- quels ils auraient autrefois tiré leur origme. »

Les savants les plus favorables aux théories transformistes | doivent reconnaître qu'il a existé et qu'il existe encore, parmi les animaux américains, des formes qu’il est impossible de faire dériver de celles qui habitent les différentes régions de | l’ancien continent ou qui les ont habitées depuis la fin de la période tertiaire. Leur comparaison avec les espèces tertiaires laisse également subsister bien des doutes, et, dans l'état ac-

FAUNE SUD-AMÉRICAINE. L87

tuel de nos connaissances, remonter au delà serait s’exposer à des objections non moins sérieuses, puisque les liens de pa- renté que l’on pourrait supposer seraient, dans la plupart des cas, dépourvus de toute apparence de réalité. C’est À peine si l’on commence à en entrevoir quelques-uns, en ayant re- cours aux faunes postérieures à la période crétacée. Sous ce rapport, cependant, les fossiles du Nébraska et du Dakota pa- raissent, à défaut de notions sur.les animaux que les change- ments géologiques survenus dans l'hémisphère austral peuvent avoir fait disparaître, devoir fournir des indications précieuses lorsqu'on les connaîtra plus complétement. On y signale déjà plusieurs genres éteints se rattachant à la fois aux Lamas et aux Chameaux, et 1l s’y trouve aussi des genres identiques avec ceux qui vivaient alors en Europe.

Mais Buffon semble avoir prévu les difficultés qui viennent d’être rappelées, et 1l ajoutait, au passage que nous lui avons emprunté, à propos des Mammifères sud-américains :

« Cela ne doit pas nous empêcher de les regarder comme des animaux d'espèces différentes; de quelque cause que vienne:cette différence, qu'elle ait été produite par le temps, le climat ou la terre, ou qu’elle soit de même date que la na- ture, elle n'en est pas moins réelle. »

Non-seulement les animaux sud-américains diffèrent, par leurs espèces, de ceux des régions méridionales de l’ancien continent, mais, dans un grand nombre de cas, ils forment des genres à part, quelquefois même des familles entièrement distinctes de celles que possèdent l'Amérique du Nord et les diverses parties de l'ancien continent. C’est un fait consi- dérable, que la loi relative aux régions australes des conti- nenis, telle que l’a formulée Buffon, ne met pas suffisamment en lumière.

SUR LES MARQUES

QUE PORTENT LES OS CONTENUS DANS LES PELOTES REJETÉES PAR LES OISEAUX DE PROIE

ET SUR

L'IMPORTANCE DE CES MARQUES

POUR LA GÉOLOGIE ET L'ARCHÉOLOGIE ;

PAR

M. Japetus STEENSTRUP (1).

Dans ces dernières années, de grands amas d’ossements de petits Vertébrés, d'Oiseaux et de Mammifères ont souvent été découverts dans les cavernes de l’Europe, par exemple de la Belgique, et l’on a interprété ces amas de différentes manières, mais ces interprétations ont toujours abouti à des conclusions trop étendues. Pendant les discussions soulevées à ce sujet, on à demandé à l'auteur de ce Mémoire à quels caractères on pouvait, dans de pareils amas, reconnaître les os provenant des Oiseaux de proie, et, en particulier, à quelles marques, lors de sa communication sur les cavernes à ossements et les brèches osseuses, en 1860, il avait lui-même cru pouvoir dis-

(1) Analyse, faite par l’auteur, du Mémoire inséré par lui, dans le 7idens- kabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening à Aj6benhavn ; 1872, p. 213, pl. 1v. Ce Mémoire a pour titre : Om de Mærker, som Anoklerne à Fu- glenes ophulkede Foderboller bære af Opholdet à Fuglenes Maver, samt om disse Mærkers Betydning for Geologien og Archæologien.

:20R

Na CIEL CARPE de

PELOTES REJETÉES PAR LES ACCIPITRES. L89

. tinguer les os qu'il avait examinés dans quelques échantillons de brèches osseuses, et mentionnés comme ayant été proba- blement rejetés par des Chouettes ou d’autres oiseaux de proie.

M. Steenstrup répond aujourd’hui à cette question en mon- trant qu’il s’est laissé guider dans son interprétation par cer-

_taines marques ou corrosions particulières, qu’il avait obser- vées sur un grand nombre des os qui avaient séjourné quelque temps dans les organes digestifs des Oiseaux de proie, et, pour rendre ces marques plus faciles à saisir, il les explique par des figures.

Les fig. 1-3, pl. xx, représentent ainsi divers os d’un Eider, retirés de l'estomac d’un Aïgle, et portant lesdites marques; les fig. 5 et 6, deux têtes de Moineaux, avec les mêmes marques notamment sur l'os occipital, et recueillies, avec beaucoup d’autres os, dans les pelotes rejetées par un Strix flammea ; les fig. 4 et 7-10, une série d’os provenant d’une seule pelote rejelée par un Sfrix aluco. On voit sur lous ces os comment le tissu osseux externe, en certains endroits, a élé fortement attaqué, dissous et corrodé. Tous les os qui ont été en contact immédiat avec les parois de la cavité digestive offrent des marques semblables, tandis que les os ou parties d'os qui sont plus enfoncés dans l’intérieur des pelotes n’en portent pas de traces bien visibles. L'expérience montre aussi que ces corrosions sont d'autant plus profondes que la digestion a été plus complète, et que les os ont séjourné plus longtemps dans les organes des Oiseaux. Comme les os, les dents ont, sous l'influence des mêmes causes, été attaquées de la même manièré, et les grandes incisives des Rongeurs, en particu- lier, ont difficilement pu éviter ce contact intime avec les sucs gastriques ; aussi en trouve-t-on très-souvent dont l'émail co- loré est corrodé {fig. 4).

Tels sont les caractères dont l’auteur se servait alors, et par

L:90 J. STEENSTRUP.

lesquels il se laisse encore guider dans des recherches de ce genre, el, comme une grande partie des os sont marqués de cette facon dans l’estomac des Oiseaux, il pose comme condi- tion, pour que de grands amas d’ossements puissent être re

gardés comme provenant des rejections des Oiseaux de proie, :

qu'ils présentent ces empreintes chimiques sur un très-grand nombre des os qui les composent, et notamment sur les plus grands. En l'absence de pareilles marques, il regarde toute tentative de rapporter ces nombreux débris à des Oiseaux de proie, comme stérile et, en tout cas, arbitraire. Mais il va sans dire que c’est à ses yeux une manière de procéder tout aussi dénuée de valeur objective que de vouloir, sans indices d'un traitement ou d'une conservation déterminée, considérer de pareils amas comme des restes de repas d’autres animaux ou même de l'Homme, ainsi que M. Dupont, à Bruxelles, l’a fait dernièrement sur une grande échelle, lorsqu'il a dépeint de petites colonies parmi les populations primitives de la Bel- gique, comme se nourrissant, exclusivement ou en grande partie, de Campagnols et de Taupes. M. Steenstrup fait, à ce sujet, une courte digression pour insister sur l'importance d'un examen de ces milliers d’ossements des cavernes de la Belgique, fait en vue de rechercher les marques d’une nature quelconque qu'ils peuvent présenter, pour les comparer aux indications que le nombre des os des différentes parties du corps peut fournir. Dans l'hypothèse les os seraient des restes de repas d'animaux, 1l fait ainsi observer que certaines Chouettes semblent préférer les têtes des Lemmings, mais laissent les corps, et que les Chiens des Lapons ne mangent que la partie antérieure de ces animaux, tandis que les Re- nards de la Laponie paraissent emporter animal tout entier dans les cavernes. Vient ensuite une autre digression plus étendue concernant les célèbres recherches de notre compa- triote, M. le D. W. Lund, sur les cavernes du Brésil, et le cal-

A" LE !

= T SR

PELOTES REJETÉES PAR LES ACCIPITRES. 191 eul ingénieux et plein d'intérêt qu il a fait de l'antiquité de la faune actuelle, en s'appuyant des indications que lui ont fournies les os de ces petits animaux. Mais il est nécessaire ici de reproduire in extenso une partie de l'exposé qu’en donne M. Steenstrup.

La seconde caverne était située dans la propriété appelée Escrevania ; elle avait la forme d'une fosse oblongue mesurant en haut 36 pieds dans sa plus grande longueur, et dont les parois descendaient verticalement jusqu'à 20 et quelques pieds, profondeur à laquelle se trouvait un plancher composé d’une terre meuble, de couleur jaune grisâtre, qui était entiè- rement pénétrée de petits os, mais renfermant une quantité de débris pierreux et des restes épars de plus grands animaux. En déblayant cette masse terreuse, on trouva que la fosse se continuait en entonnoir jusqu’à une profondeur de 62 pieds (1), elle se terminait en un passage trop étroit pour pouvoir être exploré. M. Lund raconte que lui et ses ouvriers mirent trois mois et demi à vider le contenu de la caverne, et qu'ils en remplirent 8,348 barils (chacun d'un cinquième de ton- neau) dont 6,552 de terre et 1,796 de pierres. Dans les 4,000 premiers barils, les os étaient mélangés dans la même proportion avec la masse terreuse, et, dans les 2,552 restants, il y en avait deux fois moins. M. Lund fit rassembler avec soin toutes les demi-mandibules de petits Mammifères contenues dans un baril choisi au hasard parmi les 4,000, et en compta

(1) P. W. Lund, « Meddelelse af det Udbytte, de i 1844 undersôgte Knogle- huler have afgivet til Kundskaben om Brasiliens Dyreverden für sidste Jor- domvæltning. » Kjobenhavn 1845. (Kgl. Vid. Selsk. mathem.-naturv. Afhdl., vol. XII, p. 59-60 ; 1846).

Comp. J. Th. Reinhardt, « De brasilianske Knoglehuler og de i dom fore- kommende Dyrelevninger » quatre discours prononcés dans les réunions du dimanche de la Société d'Histoire naturelle, et publiés dans « Tidskrift for popul. Fremstillinger af Naturvidenskaben » de MM. C. Fogh et C.F. Lütken, 3e série, vol. ; 1867. discours, p. 304-311.

k92 J. STEENSTRUP.

ainsi 2,389, dont 18 appartenant à des Cabiais, 26 à des

Échimys, 901 à de petites Sarigues (Didelphis) et 1,440 à di-

verses espèces de Souris. Un certain nombre de ces demi- mandibules, cachées dans la poussière et les mottes de terre, passèrent naturellement inaperçues, et M. Lund les évaluant à 10 pour 100 {soit 238), 1l s'ensuit qu'un de ces barils a en contenir 2,623, ce qui donne pour chacun des 4,000 barils au moins 1,312 individus, et, pour tous ensemble, 5,244,000 in- dividus. En ajoutant à ces chiffres les 1,637,500 demi-man- dibules contenues dans les 2,500 derniers barils, M. Lund arrive à ce résultat que les quatre genres de Mammifères ci- dessus nommés sont, à eux seuls, représentés dans cette ca- verne par 6,881,500 individus. Mais, parmi ces os, 1l y en avait un assez grand nombre d'autres appartenant à d’autres Mammifères, à de petits Oiseaux, à des Repüles, et dont M. Lund a évalué le chiffre à 10 pour 100 des précédents, soil à 688,150, ce qui veut dire que dans cette seule caverne on a trouvé des os de 7 millions et demi de petits Vertébrés. M. Lund croit que toute cette masse de pelils animaux à été enlevée et dévorée par la Chouette des cavernes (Strex per- lata, Lichl.), espèce très-voisine de l'Effraie d'Europe (Strix flammea, L.), si voisine même que plusieurs naturalistes l'ont considérée comme la même espèce. Par les fouilles qu'il a pratiquées dans un grand nombre de cavernes, M. Lund a eu une excellente occasion d'apprendre à connaître à fond la vie de la Chouette dont il s’agit, et il a, d'ailleurs, plusieurs fois tenu chez lui en captivité de ces Oiseaux ainsi que d’autres espèces de Choueltes. En se fondant sur cette connaissance, 1l calcule que chaque couple, en comptant largement, dévore en moyenne, par jour, quatre de ces petits animaux, et, comme les Chouettes, de même que les autres Oiseaux de proie, ne vivent pas en sociélé (pour ce qui regarde la Chouette des cavernes, on peut admettre avec cerlitude qu'il n’y en a jamais plus

en

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PELOTES REJETÉES PAR LES ACCIPITRES. L93

d’un couple qui habite à la fois la même caverne), il s'ensuit qu'il a s'écouler une période d'au moins 5,000 ans avant qu'une si grande quantité d'os aient pu être rejetés par les Oiseaux de proie sur le sol de la caverne. Comme il le fait ob- server lui-même, M. Lund n'a cependant pas tenu compte, dans ce calcul, de la circonstance assez probable que la ca- verne n'a pas, constamment et sans interruplion, été habitée par des Chouettes, et qu'il s’est écoulé des intervalles entre chaque changement d'habitants.

M. Lund suppose, du moins pour cette caverne, que l'antiquité de la couche remonte au temps plusieurs des espèces de la faune éteinte du Brésil y périrent; mais, chose à remarquer, la formation de la couche « était déjà terminée depuis longtemps. » La surface en était bien jonchée d'os frais de la même nature, mais il n’existait aucune transition entre

_eux et la masse ossifère sous-jacente. Les 5,000 ans men- tionnés plus haut ne peuvent donc, dans lous les cas, être qu'un minimum du nombre d'années qui se sont écoulées de- puis que la couche a commencé de se former, et, par consé- quent, depuis que les dernières disparues des espèces éteintes vivaient encore. En tant que M. Lund, d'après ses communi- cations ultérieures, semble être devenu plus familier avec l'idée que l'Homme, au Brésil, a été contemporain des espèces qui s’y sont éteintes les dernières, ce chiffre deviendrait en même temps un minimum pour l'époque de l'apparition de l'Homme dans ces contrées du globe.

Contre cette méthode de calcul de notre célèbre compa- triote et les conséquences qu'il en tire, ilne peut, en principe, rien y avoir à objecter. Tout au contraire, elle me paraît beaucoup plus satisfaisante que les autres méthodes, l’on a déployé tant de sagacité pour calculer approximativement en années les périodes de temps comprises entre de grands changements survenus à la surface de la terre, ou entre de

D OS 7

19% J. STEENSTRUP.

grandes étapes de la civilisation (1). Mais il va sans dire que, pour en faire usage, il faut, avant tout, avoir une garantie positive que les matériaux qui ont servi à établir le calcul de M. Lund, savoir les os des petits animaux, ont bien été accu- mulés par les Oiseaux de proie habitant les cavernes. et pro- viennent de leurs rejections. Sous ce rapport, comme je l’ai fait observer plus haut à l’occasion des cavernes belges, 1l ne

suffit pas de s’appuyer sur une probabilité, sur une certaine

appréciation ; mais c’est ce que M. Lund n'a heureusement pas fait non plus, et ses assertions sont basées sur des re- cherches et des observations contre lesquelles personne, que je sache, n’a jusqu'ici élevé des objections. En effet, 1l a con- staté non-seulement que la Chouette est un habitant ordinaire des cavernes à ossements, mais aussi, par l'examen de ses re- jections, qu’elle choisit pour sa nourriture les mêmes animaux

qu’on trouve dans les couches de ces cavernes; de plus, il n’a .

pu découvrir aucune différence entre l'état général des os dans les rejectionis et dans les anciennes couches de la terre ossifère que nous avons décrite, et enfin il signale spéciale- ment la circonstance qu'ils présentent les mêmes genres de lésions. Nous devons cependant examiner ces dernières de plus près, afin de voir si ce sont les mêmes auxquelles, dans des questions de cette nature, il faut, suivant nous, attacher l'importance la plus grande.

Les lésions que mentionne M. Lund, et sur lesquelles 1l s'appuie principalement, ne sont, à proprement parler, que de trois catégories. « Ces os, dit-il à propos de la caverne mentionnée p. 225, étaient en grande partie brisés ; les plus petits seulement, comme les os des mains et des pieds, les vertèbres et les os longs les plus forts, étaient entiers. Toutes les têles, sans exception, élaient brisées ; une partie du crâne

(4) Comp. D. F. A. Forel : Æssai de chronologie archéologique (Bullet. Soc. Vaud. Sc. nat., t. X, p. 559 et suiv. ; 1870).

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PELOTES REJETÉES PAR LES ACCIPITRES. L95

(en général les pariétaux) manquait, ainsi que la branche mince ascendante des mandibules. » Toutes ces lésions sont mécaniques. M. Lund n’a malheureusement pas indiqué en même temps si les os des cavernes portaient des traces de l'action chimique des sucs gastriques, mais 1l ne mentionne non plus ces marques sur les os rejetés par les Chouettes qu'il tenait en captivité. « J'ai, dit-il (loco cit.), souvent eu l'occasion de suivre, depuis leur origine, la formation de ces amas d'os dans les cavernes ; mais, pour écarter tous les doutes, j'ai élevé chez moi plusieurs espèces de Chouettes, que j'ai nourries avec de petits Mammifères et des Oiseaux, et qui ont rejeté sous mes yeux ces pelotes remplies d'os, et ces os présentaient exactement les mêmes lésions que dans les cavernes. »

Plus on attache de prix aux recherches de M. Lund sur la terre ossifère des cavernes du Brésil et aux résultats qu'il en a tirés, plus on doit regretter qu'il n’ait mentionné que les lésions mécaniques. Ces lésions méritent certainement d'être prises en grande considération ; mais elles ne sauraient suffire, à elles seules, à dissiper un doute fondé, n1 à justifier complé- tement l'exactitude de l’assertion relative à l’origine de la terre ossifère. Elles le peuvent d'autant moins qu'elles ne sont pas décrites d'une manière assez détaillée. C’est ainsi, par exemple, qu’il n'est pas rare de rencontrer, dans nos dolmens, de grands amas de Campagnols (Hypudæus), et les crânes de ces animaux sont dans un état de conservation analogue, les pariétaux, ou ceux-ci et les occipitaux, ayant été séparés du reste du crâne par la putréfaction et les infiltrations des eaux pluviales; or il est bien posiif que ces os ou les animaux eux-mêmes n’y ont point été introduits par des Chouettes ou d’autres animaux de proie. Mais, si M. Lund n’a pas donné, à l'appui de son opi- nion sur l’origine de la terre ossifère, des raisons aussi con- cluantes que le demanderaït aujourd’hui la science après une

L SES SRE

k96 J. STEENSTRUP.

génération écoulée, nous possédons cependant une garantie toute particulière de la justesse générale de cette opinion, dans la circonstance qu’un observateur aussi pénétrant et aussi exact que M. Lund a établi une comparaison directe entre le contenu de la terre ossifère et celui des pelotes reje- tées par les Oiseaux de proie, et, comme il le dit lui-même dans les termes que j'ai soulignés plus haut, qu'il n’a remar- qué aucune différence entre les os au point de vue de leur état de conservation. L’exactitude de cette manière de voir est, d’ailleurs, rendue d'avance, à un haut degré vraisemblable, par le fait que la Strix perlata habite la plupart de ces ca- vernes, et que, elle séjourne, on trouve de grands amas d'os provenant des pelotes rejetées par ces Oiseaux.

Mais, une fois admis que les Chouettes peuvent être el sont réellement une des causes principales de l'introduction de ces masses prodigieuses d'os de petits animaux dans les cavernes du Brésil, il n’en reste toujours pas moins une ques- tion ouverte, à savoir si, à côté de cette cause, il n’y a pas eu d’autres forces en jeu, et si, dans certaines cavernes, elles n'ont en réalité pas plus contribué que la Chouette des ca- vernes elle-même à la formation de ces amas. Car pourquoi les cavernes du Brésil formeraient-elles sous ce rapport comme une exceplion, et pourquoi les os ne s’y accumuleraïent-ils pas par la même cause qui paraît être la plus ordinaire dans les cavernes à ossements et les brèches ossuses de l’Europe, à savoir que ces nombreux et féconds petits animaux y pénè- trent d'eux-mêmes pour divers motifs et y périssent souvent, ces cavernes constituant pour eux une quantité de piéges na- turels. Il me semble donc peu probable que les cavernes du Brésil ne dussent pas renfermer des amas plus ou moins grands ayant celte origine, et plus on en est convaincu, plus on doit regretter que les marques laissées sur les os par leur séjour dans l’estomac des Oiseaux n'aient pas, du moins,

ET

OT ARS PEUR VO RETTEA LA HORS :

PELOTES REJETÉES PAR LES ACCIPITRES. k97

pour un grand nombre d’entre eux, été constatées dans les amas qui ont servi de base aux intéressants calculs de M. Lund. |

Que dans les cavernes du Brésil il se trouve réellement de grands amas d'os de petits animaux qui ne peuvent être inter- prétés comme provenant des rejections des Oiseaux de proie, c'est ce que M. Steenstrup croit avoir établi par l'examen d'une partie assez considérable de petits os retirés de la terre ossifère d’une de ces cavernes {on ignore laquelle) et envoyés en Danemark par M. Lund, et que M. le professeur Reinhardt avait eu l’obligeance de mettre à sa disposition. Sur les mil- liers d'os et de fragments d’os composant cet envoi, et dont l'état général de conservation répondait bien, du reste, à la description de M. Lund, M. Steenstrup n’a, en effet, trouvé que très-rarement des traces de corrosions pouvant faire sup- poser qu'ils avaient séjourné dans les organes digestifs des Chouettes, et cela quoiqu'il y en eût une quantité qui, par leur grandeur, eussent difficilement pu échapper à l’action

corrosive des sucs gastriques. Parmi les nombreuses mandi-

bules encore munies de leurs dents et les dents détachées des Rongeurs, 1l y en avait également très-peu, seulement quelques pour cent, qui présentassent des traces de ces marques, d’ail- leurs si fréquentes dans les rejections des Chouettes. Confor- mément aux indications de M. Lund, les demi-mandibules des petits Marsupiaux étaient très-souvent privées de leur branche mince ascendante; mais, dans les pelotes rejetées par les Chouettes, M. Steenstrup n’a rien pu découvrir qui ressemblât à cette lésion, sans que toutefois il ait réussi à dé- terminer avec certitude par quelle cause ces branches os- seuses ont élé enlevées comme par de toutes peliles morsures. Pour ce double motif, il ne saurait considérer la terre ossifère à laquelle appartient la partie qu'il a examinée comme pro- venant des rejections des Chouettes. JOURNAL DE ZOOLOGIE, T, II, 1873, 32

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L98 PAUL GERVAIS.

Afin d'appeler l’attention sur cette singulière lésion, M. Steen- strup a représenté, pl. xx, fig. 11 a 11 k une série de ces mandibules. «)

PLANCHE xx.

Os montrant des traces d’altération des os retirés des pelotes digestives rejetées par les Oiseaux de proie.

REMARQUES SUR LA DENTITION DU NARVAL;

PAR

M. Paul GER VAIS.

On connait la particularité remarquable offerte par la denti- tion du Narval. Dans ce genre de Cétacés, une grande dent, longue de 2 mètres à 2",50 environ, sort du maxillaire supé- rieur gauche et se dirige en avant, en formant une arme puis- sante dont l'animal se sert, paraît-il, pour percer la glace.

Cette dent, qui est garnie d’une forte couche de cément re- couvrant sa partie éburnée, a sa surface parcourue par une ligne spirale, marchant de droite à gauche et qui se prolonge jusqu’à son extrémité, vers laquelle elle est moins serrée et en même temps plus marquée. La dent dont il s’agit est la seule qui grandit ainsi.

Sa correspondante du côté droit s'arrête de bonne heure dans son développement par suite de l’ossification précoce du bulbe, tandis que le bulbe de la défense ne s'oblitère que fort lard,

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TU ET RENE

DENTITION DU NARVAL. 99

ce qui assure le grand allongement de celle-ci. La dent de droite reste alors cachée dans le maxillaire, et, chez la femelle,

elle ne dépasse guère 0",20 ; dans ce sexe, il en est également

ainsi pour la dent qui s’accroit, au contraire, si démesuré- ment dans le mâle. |

En pratiquant une ouverture dans l’un et dans l’autre maxil- laire, on les trouve à une place correspondant à l’alvéole de la dent avortée des sujets mâles.

Toutefois, 1l peut arriver aussi que les deux dents prennent une égale extension et deviennent alors l’une et l’autre des défenses. C’est ce que l’on a constaté plusieurs fois chez des mâles, et M. J. W. Clarck (1) a fait récemment connaître un nouvel exemple de cette disposition. Notre collection doit au musée de Copenhague un Narval chez lequel la seconde dent, notablement moins longue que l’autre, fait cependant, en de- hors du maxillaire, une saillie de 0,07. Ce Narval était en- core Jeune.

Anderson parle d’une femelle qui avait les deux dents sorties; mais, en général, ce sont les mâles seuls qui sont dans ce cas.

Il est à remarquer que la spirale de la seconde dent prolon- gée en défense marche dans le même sens que celle de l’autre.

Désirant vivement observer le premier état des deux dents propres au Narval, je me suis adressé à M. Reinhardt, l’un des directeurs du musée de Copenhague, qui, avec la complaisance qui lui est habituelle, m’a communiqué un fœtus presque à terme et encore en chair de cette espèce. Les deux dents y sont apparentes, et l’on voit l'extrémité terminale de chacune d’elles faire une petite saillie en avant du bord antérieur des os maxillaires. Elles sont égales entre elles, en cône allongé, ayant la pointe émoussée et longue de 0,065 ; pour chacune, le bulbe remonte intérieurement jusqu'auprès

(1) Proceed, zool, Soc, London, 1871, p. 42,

De CP AIR CARS CET EN PRET LS * 7 q . ra

500 R. OWEN.

de la pointe; et l'on voit sur cette dernière l'ivoire se prolonger en une courte saillie au delà de la couche cémenteuse.

Outre ces deux dents qui répondent aux dents connues des Narvals, j'en ai trouvé deux autres, une pour chaque côté, n'ayant que quelques millimètres de long et placées en dehors d'elles. Ces dents sont à peu près piriformes et elles ont déjà leur bulbe entièrement ossifié. Elles sont caduques et doivent disparaître de fort bonne heure.

Ces particularités de la dentition du Narval ont été repré- sentées sur une des planches de l’Ostéographie des Cétacés, qui paraîtra dans la prochaine livraison de cet ouvrage.

DESCRIPTION DU CRANE D'UN OISEAU DENTIGÈRE (Odontopterus toliapica)

DU LONDON-CLAY DE SHEPPEY ;

PAR

ME. He. OWVEN (1.

L'auteur a déjà publié plusieurs Notices destinées à la se- conde édition de son ouvrage intitulé British Fossil Mammals and Birds, et, en particulier, la description d'un Oiseau gigan- tesque de l’éocène, trouvé dans le London-Clay de Sheppey. Cet Oiseau, qui égalait en dimensions le plus grand des Dinor-

(4) Extrait d'un Mémoire inséré dans Quaterly Journal of the geological Society ; novembre 1872.

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+ (4 à

CRANE D'UN OISEAU DENTIGÈRE. 501

nis connus, a recu de M. Owen le nom de Dasornis londinen- sis (1).

Le nouvel ornitholithe qu'il décrit aujourd'hui est plus remarquable encore à cause des caractères par lesquels il éta- blit une sorte de transition entre les Oiseaux et les Ptérosau- riens. La pièce qu’en a reçue le Musée britannique était en- core en partie engagée dans l'argile, mais elle a été mise en évidence par l’habile M. Davies, attaché à ce grand établisse- ment pour la géologie. Elle consiste en une partie considérable du crâne, montrant, sur les bords des maxillaires supérieur et inférieur, des saillies dentiformes qui font, de ce fossile, un être à part, bien que les caractères généraux du crâne lui-même ne l’éloignent pas des Vertébrés pennifères.

Avant de parler de ces saillies dentiformes, M. Owen donne du crâne même une description détaillée que l’on trouvera dans son Mémoire.

Voici ce qui a spécialement trait à cette particularité.

« Le bord alvéolaire de la partie postérieure du maxillaire supérieur qui à été conservée présente neuf prolongements, en forme de dents, coniques, comprimés, aigus et légèrement inclinés en avant. La dernière dent mesure environ un quart de ligne de long; la suivante, une demi-ligne; la troisième est un peu plus forte, la quatrième un peu plus courte. La ein- quième augmente tout à coup et présente la forme d’un cône ou d'un triangle, dont le plus grand côté mesure 3 lignes et 1/2 de longueur; le plus court, deux lignes, et la base environ la même longueur.

« Le bord alvéolaire se renfle légèrement au point il forme la base dentaire. Le côté externe de la dent présente les mêmes stries que le reste de l'os, mais avec un moindre développement. À moins d'une ligne en avant de cette dent, on en voit une autre petite, semblable à la quatrième ; puis

(1) Trans. zool. Soc., t, VIT, p. 145, pl. xvi.

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vient une base dentaire plus grande, dont la fracture met à jour une cavité, ici remplie par un noyau pyritique, et enfin, à une ligne en avant de celle-ci, se remarque la base fracturée et creusée d’une dent plus petite, qu'on prendrait, à première vue, pour un alvéole.

Le bord alvéolaire du côté gauche du maxillaire supérieur, qui se prolonge plus avant que celui du côté droit, montre, sur une partie manquant à ce dernier, une dent de même forme que la cinquième du côté opposé, mais un peu plus large. Sa pointe est plus obtuse et semble avoir été usée. Cette dent est aussi la continuation directe de l’os, mais ses stries étant moins marquées que sur le maxillaire, elle paraît être lisse à l'œil nu. La base de deux dents plus petites se voit sur l’espace de 3 lignes que présente le bord alvéolaire en avant de cette dent.

« Nous avons donc ainsi douze dents ou prolongements en forme de dents : deux grandes, séparées par un intervalle d'à peu près un demi-pouce, les autres petites ou étroites, toutes comprimées triangulaires, situées sur la partie posté- rieure et sur la moitié du bord alvéolaire de chacun des maxillaires supérieurs. |

« Ce caractère dentaire se montre plus clairement sur les parties correspondantes du bord alvéolaire du maxillaire infé- rieur. Du côté droit, sur un espace de 8 lignes, à partir de la suture du dentaire avec le surangulaire, se voient cinq dents, dont la dernière est petite comme la supérieure, qui lui correspondent. La suivante est un peu plus grande et la troisième l’est plus encore, quoiqu’'elle n'égale pas la cin- quième du maxillaire supérieur derrière laquelle sa pointe se projette. La quatrième dent est petite et la cinquième aug- mente subitement, surtout en longueur ; elle mesure 3 lignes de côté et a une base de la largeur de 1 ligne. Elle est aiguë et directement oblique en haut et en avant. Ces dents sont

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CRANE D'UN OISEAU DENTIGÈRE. 503

des prolongements du maxillaire, et leurs stries sont plus pro- noncées vers la pointe.

« Du côté gauche, sur 1 pouce d' ue à parür de la région postérieure du bord alvéolaire, se voient-trois grandes dents caniniformes séparées entre-elles par des intervalles de 3 à 4 lignes renfermant, à leur tour, des dents plus petites.

« Les dents caniniformes inférieures sont plus longues et plus étroites que celles du maxillaire supérieur. Elles ont la même direction, et leur sommet est légèrement incliné en avant.

« En estimant la longueur du bord alvéolaire à 3 pouces et en supposant que les dents les plus fortes se continuaient à intervalles égaux (comme cela se voit sur le fossile), jusqu'à l'extrémité de la mâchoire, il y aurait eu dix de ces dents sur chacun des maxillaires inférieurs et un nombre à peu près double de petites dents intermédiaires.

« Les caractères du cràne de ce quasi-Reptile montrent clairement que c’est dans les limites de la classe des Oiseaux qu’on peut en établir d’utiles comparaisons.

« La conclusion que l’on tire de la longueur du bec nous conduit tout d'abord à comparer l’Odontoptéryx avec les Oi- seaux chez lesquels cette partie l'emporte en longueur sur le reste de la tête.

« Je me servirai, dans le cours de mes comparaisons, du terme « crâne, » pour désigner cette dernière partie qui est limitée en avant par la suture fronto-nasale.

« Un semblable caractère est exceptionnel dans les « Aves aereæ et les Aves terrestres de Nitzsch. » Les Calaos, les Toucans, quelques Corbeaux, certains Pics, les Martins-Pêcheurs, les Coucous, les Oiseaux-Mouches, les Aptéryx et les Autruches, le montrent, mais avec des particularités différentielles bien marquées, qui nous conduisent à suivre une autre voie dans la recherche des affinités de l’'Odontoptéryx.

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Un bec plus long que le crâne est la règle chez les « Aves aquaticæ, » mais pas un de ces Oiseaux n’a les narines externes aussi éloignées de l'orbite que l'Odontoptéryx. Ce caractère le rapproche des Totipalmes et des Longipennes à narines en tubes, mais les Pétrels, ainsi que les Albatros, les Mouettes, les Sternes et les Oiseaux de tempête, ont d’autres caractères bien marqués qui les éloignent de ce genre éteint.

« L'absence de la fossette glandulaire sus-orbitaire chez l’'Odontoptéryx limite, 1l est vrai, le champ des comparaisons aux Totipalmes et aux Lamellirostres, parmi lesquels cependant le Cygne olor et certaines Oies, les Céréopses ainsi que les Sarcelles, montrent des traces plus ou moins distinctes de l'impression d'une semblable glande au-dessus et en arrière du bord de l'orbite. Cette trace n'existe pas chez les Cormo- rans, les Anbingas et les Fous, et cependant on trouve chez ces Oiseaux un prolongement de l'os du bec supérieur, indé- pendamment des cavités nasales, qui correspondrait avec celui qui se remarque sur le fossile de Sheppey. Mais les Toti- palmes n’ont pas l'orbite limitée par une paroi postérieure comme chez l’Odontoptéryx. Le bord sus-orbitaire est brus- quement tronqué en arrière par une profonde et large fosse crotaphytle, qui chez les Cormorans et les Fous monte de fa- con à rencontrer sa symétrique sur la région pariétale du crâne.

« Chez l'Odontoptéryx, la région pariétale est largement arquée et la fosse crotaphyte, très-basse, commence en bas, un peu au-dessus du trou occipital. C'est le caractère de cette fosse chez certains Anatidés, les Oies par exemple (Anser palustris), et dans celte famille la paroi orbitaire forme en bas la partie postérieure de cette cavité, comme chez l'Odontop- téryx, mais en avant il existe un fort processus, que semble n'avoir pas présenté le genre fossile. La moitié postérieure de la narine externe aurait cependant se voir à la base de la

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CRANE D'UN OISEAU DENTIGÈRE. 505

partie encore existant du bec, si l’Odontoptéryx avait partagé les caractères des narines propres aux Lamellirostres.

« Dans le plus grand nombre de ces Oiseaux d’eau, le bord coronoïde du maxillaire inférieur donne naissance à un processus, et, lorsqu'il n'existe pas, comme chez les Harles, un tubereule le remplace, ce dont il n’y a pas plus de trace chez l'Odontoptéryx que chez les Totipalmes.

« La moitié postérieure de la branche du maxillaire infé- rieur ressemble, comme hauteur et comme épaisseur, à la même partie chez les Lamellirosires, plutôt qu'à celle des To- tipalmes, qui l'ont plus épaisse et plus abaissée.

« La surface externe du dentaire est divisée, chez les Oies, :

en partie supérieure et partie inférieure, par un sillon qui commence près de sa ligne de suture avec les éléments an- gulaire et surangulaire, puis se courbe faiblement dans son trajet en avant. Le Cygnus Ruppelu, sous ce rapport, répète presque ce qui à lieu chez l’Odontoptéryx.

« L'os supérieur du bec dans les Anatidés ne montre pas le sillon longitudinal qui se remarque chez l'Odontoptéryx. Mais ce sillon existe chez le Fou et chez le Cormoran. Il com- mence, chez ces Oiseaux, un peu en avant de l'extrémité externe de la suture fronto-nasale et s’avance à peu près vers le milieu de l’espace compris entre le bord externe et le bord interne du bec supérieur, jusqu'auprès de sa pointe. Le sil- lon a la même position relative sur le côté du bec supérieur chez l’Odontoptéryx, mais il commence au-dessous de la par- tie antérieure du zygomatique, et s'élève en haut, avec une légère courbure convexe sur le milieu de la partie comprise entre les bords externe et interne du maxillaire supérieur, le long duquel il s'avance en ligne droite jusqu’au point cet os est brisé.

« Chez le Fou, la partie supérieure du bec supérieur est large et arquée à sa base ; la convexité transverse se prononce

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davantage à mesure que le bec se rétrécit. Chez l'Odontopté- ryx, une partie de la région supérieure est aplatie, puis elle devient convexe transversalement à mesure qu'elle se rétré- cit, les côtés du bec au-dessous de cette partie étant faible- ment concaves transversalement avant d'atteindre le sillon. Cette partie médiane relevée rappelle la même portion du bec, plus fortement prononcé chez les Procellaridés, et con- duit à penser qu’elle pouvait, chez l'Odontoptéryx, se prolon- ger et se terminer en avant comme chez les Pétrels, sur l’ou- verture externe de la narine tubulaire. Mais la fracture du bec dans le fossile laisse ce point à l’état de pure conjecture. Tous les autres caractères du crâne rapprochent l'Odontopté- : ryx des Lamellirosires et des Totipalmes, et non des Longi- pennes.

« Un autre caractère relie le fossile au Fou. Il n’y a pas trace d’échancrure médiane dans le point la branche na- sale du prémaxillaire se prolonge dans l’Anser palustris.

« La suture transversale fronto-nasale sépare brusquement le crâne du bec chez l'Odontoptéryx, comme aussi chez les To- tipalmes. Mais l’étroitesse transversale de la partie interorbi- taire du frontal est plus considérable dans le fossile et la partie postérieure du naso-prémaxillaire est plus aplate.

« J'ai déjà cité les autres différences qui l’éloignent des Fous et des Cormorans. |

« Ainsi l’'Odontoptéryx, indépendamment des dents qu'il présente, montre, dans le seul spécimen qui le représente encore, des caractères distinctifs par rapport à tous les genres d’Oiseaux existant aujourd’hui.

« L'énumération des espèces dont le bec est armé de prolon- gements en forme de dents est facile. Les vrais Faucons ont une dent unique de chaque côté du maxillaire supérieur. Une semblable armature du bec a fait désigner les Pies-Grièches sous le nom de Dentirostres. Le mäle d’un des genres d'Oi-

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CRANE D'UN OISEAU DENTIGÈRE. 507

seaux-Mouches présente le même caractère, d'où son nom d'Androdon. Le petit Dodo (Didunculus) à été appelé Pigeon à bec denté, à cause des échancrures qui séparent trois prolon- gements cornés pointus, existant sur le bord du bec inférieur, juste en dedans et er arrière du prolongement en crochet qui se voit à l'extrémité du bec supérieur. Les bords alvéolaires du bec dans les Anatidés et les Phénicoptéridés sont échancrés par des lames transversales qui se prolongent en pointe dans les genres voisins Piscivores, Goosanders et Mergansers.

« Mais, dans tous ces cas, les dents, telles que les définissent les ornithologistes, c’est-à-dire des processus dentiformes des bords du bec, sont cornées et limitées à l'enveloppe du bec, et il n'y a pas de prolongements correspondants de l'os qui supporte ces processus cornés. Les bords alvéolaires de l'os sont lisses, et ne donnent qu'une légère indication des dents cornées. Le commencement de l'enveloppe du bec est, il est vrai, comme Geoffroy l'a indiqué le premier, formé, chez quelques Oiseaux, par des papilles détachées, occupant des cavités peu profondes, imitant des alvéoles ; mais ces tuber- cules primitifs vont à la rencontre les uns des autres et fi- nisssent par se confondre.

« Peut-être se rapproche-t-on davantage de la structure den- taire, dans les cas les sels calcaires sont suffisamment en excès pour donner à l'enveloppe le caractère de l'ivoire, et la souder avec l'os, comme cela a lieu chez les Pics.

« Le prolongement du bord alvéolaire en processus osseux dentiformes est, d’après mes observations sur les Oiseaux, particulier au seul Odontoptéryx. La plus exacte répétition de cette structure que j'aie vue est celle qui se remarque dans le Lézard à capuchon (Chlamydosaurus). Mais les dents de ce dernier sont petites, à l'exception des deux qui se voient à la partie antérieure de chaque mâchoire supérieure et de la dent unique placée dans la parlie correspondante de chaque branche

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être des prolongements. Les grandes dents terminales anté-

rieures, bien qu’ankylosées avec l'os, ont leur base marquée par une crête qui donne l’idée d’un orifice alvéolaire, surtout à la mâchoire inférieure. Toutes ces dents sont recouvertes d'une couche dure de dentine. Mais tel n'est pas le cas pour les prolongements dentiformes de lOdontoptéryx; ceux-ci semblent avoir été revêlus de corne, ou avoir supporté des prolongements dentiformes du bec corné, el leur surface externe montre, quoique dans une faible proportion, une ponctuation indiquant la présence de vaisseaux reliant le bec corné avec l'os. Il n’y a aucune trace d’alvéoles, quoique la cavité à la base de laquelle il semble avoir existé une dent brisée, à la partie antérieure de la mâchoire supérieure droite, puisse être prise pour une de ces cavités.

« Je n'ai pas pu découvrir, à l’aide de lentilles d’un pou-

voir suffisant, la trace d’une couche de dentine. J'ai fait faire alors une coupe d’une des dents qui m'a paru le plus propre à montrer la structure de ces saillies. Elle présentait, princi- palement à la base, de larges cavités remplies de matière pyritique.

« Dans le corps de la dent, cette matière occupait et ren- dait visibles une partie-des canaux vasculaires. Ceux-ci mon- trent une direction longitudinale, ou bien, dans le sens de l'axe de la dent, ils s'unissent par de courtes branches et forment des espaces oblongs.

« La disposition générale en est réticulée, comme dans l'os, et la substance vasculaire n’ayant pas rempli la cavité basilaire du cône, comme le fait la pulpe dentaire d’une vraie dent, une grande partie du tissu osseux de la saillie s’est con- servée, et montre, sous un grossissement de 250 diamètres, les cellules osseuses. Celles-ci ont la longueur et la largeur

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CRANE D'UN OISEAU DENTIGÈRE. À 509

caractéristiques des os d’Oiseaux et des Ptérodactyles. Un grand nombre de cellules se voient dans la direction du grand axe du processus dentiforme et mesurent + de pouce. D’autres, placées plus près des canaux vasculaires, sont dis- posées à angle droit avec le grand axe. Leur diamètre trans- versal est de -— de pouce. Les canalicules des cellules os-

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_seuses sont oblitérés. On voit donc ainsi clairement, à l’aide

du microscope, le caractère osseux des prolongements denti- formes, et cette structure ajoute à la probabilité, tirée de la pré- sence des traces de vaisseaux, qu'ils étaient revêtus de pro- longements cornés du bec.

« En résumé, l’Odontoptéryx était un Bipède pennifère à sang chaud, et il avait des aïles. Ses pieds étaient palmés et il se nourrissait de Poissons. Il s’aidait, pour les atteindre, de l’armature ptéro-sauriale de son bec.

« Le fossile crétacé que M. Marsh {1) prétend être un Oiseau armé de dents, et qu'il a proposé comme type d’un genre, sous le nom d'Ichthyornis, et d'un ordre, celui des Odontor- nithes ou Aves dentatæ, s'éloigne de celui de Sheppey par des ÿeux placés en avant, une mâchoire inférieure longue et grêle, des dents nombreuses, implantées dans des alvéoles distinctes et d’une forme et d’une grandeur différentes. M. Marsh les dé- crit comme élant petites, comprimées, pointues et semblables entre elles. Chaque branche du maxillaire inférieur en compte vingt, qui sont toutes plus ou moins inclinées en arrière. Les dents du maxillaire supérieur sont semblables en nombre et en forme à celles du maxillaire inférieur.

« L'Odontoptéryx a les orbites placés dans les limites de la moilié postérieure du crâne et le maxillaireinférieur de cet Oiseau, quoique long, a ses branches trop épaisses pour qu'on puisse dire qu'il est grêle. Les dents sont séparées par des espaces qui ne permettent pas de les indiquer comme nom-

(1) Voir Journal de Zoologie, 1. I, p. 40.

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510 R. OWEN.

breuses ; elles ne sont pas implantées dans des alvéoles, mais sont représentées par des prolongements du bord alvéolaire de l'os. Il est vrai que quelques-unes d’entre elles sont petites, et que toutes sont comprimées et pointues, mais elles n’ont pas toutes le même volume. Une, deux ou trois petites dents sont placées entre les grandes dents caniniformes qui sont lar- sement espacées. Enfin, toutes les dents conservées de l'Odon- toptéryx penchent plus ou moins en avant et non en arrière.

PLANCHE xxI.

Fig. 1. Portion du crâne de l’Odontopteryx tohiapica, Owen; vue en dessus.

Fig. 2. La même pièce, vue de profil, du côté gauche.

Fig. 3. Sa région occipitale.

Fig. 4. Les maxillaires supérieur et inférieur droits, vus de profil.

Fig. 5. Le crâne entier du même animal, restauré d’après les parties connues.

Les figures 1 à 4 sont de grandeur naturelle; la figure 5 est au double.

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Odontopteryx tohiapica, Owen.

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PAR M. LAVOCAT ({)

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En 1770, Francois Morand, médecin à Paris, publia, dans les Mémoires de l’Académie des sciences, des recherches sur quelques conformations monstrueuses des doigts de l'Homme.

L'une des observations recueillies par Morand avait pour su- jet un pied d'Homme à huit doigts. Les tératologistes se sont occupés de ce fait, à diverses reprises; ils l’ont jugé digne d'intérêt et l’ont généralement désigné sous le titre de pied de Morand. ,

Dans l'examen de cette anomalie, ce qui est le plus impor- tant, c'est la détermination exacte des doigts surnuméraires. Morand n’a pas cherché à résoudre cette question; il n'a donné que quelques indications qui s’accordent peu avec le des- sin représentant le pied anormal. I. Geoffroy Saint-Hilaire (2) s’est borné à remarquer qu'après le gros orteil vient un doigt composé seulement de deux phalanges, très-court et caché en partie par le troisième orteil ; que les six autres orteils ont trois phalanges chacun, et vont en décroissant du troisième au cinquième, puis du sixième, un peu plus long que le précé- dent, au huitième.

Plus récemment, en 1869, M. Delplanque, médecin vétéri-

(1) Extrait des Mém. de l'Acad. des sc., inscriptions et belles-leltres de Toulouse, série, t. V, p. 281; 1873. (2) Histoire des Anomalies, 1. [, p. 687.

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naire, conservateur du musée d'histoire naturelle de Douai, a publié, sous le titre d'Études tératologiques, une brochure dans laquelle il établit que les trois doigts surnuméraires du pied de Morand sont, en procédant de dehors en dedans, le premier, le troisième et le quatrième.

Avant de contrôler ces appréciations, 1l est opportun de rap- peler sommairement les principaux faits analogues connus jusqu'à présent, afin d'exposer, autant que cela est nécessaire, l'état de la science sur les différents cas de polydactylie chez l'Homme et les Animaux.

Dans son Traité des anomalies, Geoffroy Saint-Hilaire rap- porte de nombreux exemples d'augmentation du nombre des doigts. Voici les plus remarquables : |

D'après la Bible, un Philistin, de grande taille, qui fut tué par les Juifs, sous le règne de David, était sexdigitaire aux mains et aux pieds.

D'après des peintures anciennes, Léonard de Vinci a re- produit, dans son célèbre tableau de la Cène, un apôtre dont les mains sont à six doigts.

Dans la Grèce ainsi qu’à Rome, on a remarqué des familles sexdigitaires.

On affirme que la mère infortunée de la reine Élisabeth d'Angleterre, Anne de Boleyn, avait six doigts à chaque main.

Vient ensuite l'observation publiée par Herkring, relative- ment à un enfant qui présentait sept doigts à chaque main, huit au pied droit et neuf au pied gauche. Cette anomalie est intéressante en ce qu’elle paraît analogue au pied de Morand.

Enfin, Saviard et Rueff disent avoir remarqué, aux mains et aux pieds, Jun dix doigts et l’autre douze doigts. Mais nous croyons, avec L. Geoffroy Saint-Hilaire, que, si ces faits sont authentiques, ils doivent être rangés parmi les anomalies de duplication complète des mains et des pieds, c'est-à-dire parmi les diptogénèses. |

PIED D'HOMME A HUIT DOIGTS. 513

Il résulte de ce premier aperçu que l'augmentation du nombre des doigts a été assez souvent constatée pour qu’on puisse la considérer comme n'étant pas très-rare.

Mais il importe d'étudier la polydactylie sous un autre point de vue qui nous paraît plus intéressant. Il s’agit, dans les dif- férents cas dont nous allons nous occuper, de déterminer quels sont les doigts atteints de duplication et, par suite, quels sont ceux qui présentent le plus fréquemment ce genre d’ano- malie. ul

Dans cette recherche, nous examinerons les doigts de de- hors en dedans, c'est-à-dire en procédant du petit doigt au pouce.

Le premier doigt est celui dont la duplication a été le plus souvent remarquée chez presque tous les sexdigitaires ; c’est ce doigt qui est double. Winslow en 1743, et Morand en 1770, ont fait connaître des mains et des pieds d'Hommes sur lesquels la duplication du premier doigt atteignait non- seulement les phalanges, mais aussi le mélacarpien ou le mé- tatarsien. L'année suivante, Morand observa une main dont le premier doigt était triple.

Enfin, Paul Dubois, a présenté à l’Académie de médecine, en 1826, un enfant dont le premier doigt de la main était double, et chez lequel le pouce, égal en longueur aux autres doigts, avait, comme eux, trois phalanges.

Le deuxième doigt est rarement double. Nous ne connais- sons que les exemples de Geoffroy Saint-Hilaire : il s’agit de Moutons qui, aux pieds postérieurs et antérieurs, avaient le deuxième doigt pourvu de deux séries de phalanges.

Le troisième doigt est moins rarement que le deuxième frappé d’anomalie. A part le pied de Morand, les observations connues ont été presque toutes recueillies sur des animaux. Ainsi, Geoffroy Saint-Hilaire mentionne des Moutons et des

Porcs chez lesquels la région phalangienne de ce doigt était JOURNAL DE ZOOLOGIE. T, II. 1873, 33

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double, soit aux pieds antérieurs, soit aux pieds postérieurs. M. Delplanque a observé, sur un Poulet, la duplication du troisième doigt ; elle consistait en ce que la première phalange se bifurquait et portait deux phalanges en dehors et trois en dedans. Pour le quatrième doigt, on ne connaît pas d'exemple de

. duplication.

Quant au pouce ou cinquième doigt, le fait est à peu près aussi fréquent que pour le premier doigt. Il a été constaté aux mains et aux pieds de l'Homme, et on le rencontre souvent aux extrémités postérieures, sur certaines races de Chiens et des Poulets, à la suite du développement de ce doigt, ordinai- rement rudimentaire.

En conséquence de cette revue, les doigts dont la duplica- tion a été le plus souvent observée sont le premier, le troi- sième et le cinquième. Ce sont surtout les deux extrêmes, et ce sont eux aussi qui, dans les modifications sériales de la pen-

tadactylie, se trouvent atteints les premiers.

Ces remarques auront bientôt leur application : elles nous viendront en aide, lorsque nous aurons à déterminer quels sont les doigts supplémentaires du pied de Morand.

Pour aborder méthodiquement cette recherche, nous de- vons d’abord examiner la construction ostéologique de ce pied anormal.

Le tarse est formé de quatre pièces au premier rang et de six au second : en tout dix pièces, au lieu de sept à l’état nor- mal.

Les deux premiers os de la première rangée, le calcanéum et l’astragale, ne présentent rien de remarquable, si ce n'est qu’ils sont un peu déformés. Les deux autres pièces de cette même section sont aplalies et de dimensions inégales.

La moins grande se trouve comprise entre les deux rangées tarsiennes et rappelle, par sa position, l'os intermédiaire

PIED D'HOMME A HUIT DOIGTS. 515

qu'on rencontre au carpe de quelques Singes inférieurs et de certains Rongeurs. La plus grande pièce s'étend transversale- ment depuis le cuboïde jusqu’au bord interne du tarse. Elle répond en arrière à l’astragale, et en avant aux deux os cunéi- formes internes, tandis que sa moitié externe est séparée des deux cunéiformes externes par la pièce 4’.

Les six pièces du second rang sont disposées de dehors en dedans, à peu près comme les quatre os constituant l'état nor- mal. La première s'articule, en arrière, avec le calcanéum; la deuxième, avec les deux pièces sous-astragaliennes ; la troi- sième et la quatrième, avec la moins étendue de ces deux pièces ; et les deux dernières, avec la plus grande. En avant, chacun de ces os répond assez régulièrement à la tête des mé- tatarsiens appartenant à ahacun des doigts simples ou doubles du pied anormal.

Il n’y a donc, du côté du tarse, que six extrémités métalar- siennes, et, si le nombre des doigts est de huit, c’est que deux de ces métatarsiens, le premier et le troisième, se bifurquent vers leur premier tiers. Chaque branche porte en avant trois phalanges, comme d'ordinaire, et il en est ainsi pour les six premiers doigts, sauf le cinquième qui n’a que deux phalanges, comme les septième et huitième doigts.

De ces deux derniers, le septième est un peu moins gros et plus court que le sixième. Enfin le huitième, long et fort, pré- sente tous les caractères d'un pouce normal.

Nous avons dit, en commençant cette étude, que son but essentiel était la détermination exacte des doigts frappés de duplication. Nous avons indiqué aussi que Morand et, plus tard, Geoffroy Saint-Hilaire, ne s'étaient pas occupés de cette recherche. M. Delplanque l’a entreprise, et il est arrivé aux résultats suivants :

Les deuxième et cinquième doigts sont simples; le premier, le troisième et le quatrième sont doubles : le premier et le

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troisième, par bifurcation de leur métatarsien, et le quatrième par duplication complète.

L'interprétation est juste pour les premier et troisième doigts, qu’il était, d’ailleurs, assez facile de reconnaître ; mais il y a erreur au sujet du quatrième doigt, auquel le doigt se- rait adjoint. :

Cette manière de voir procède d’une supposition également défectueuse, d'après laquelle M. Delplanque admet que le scaphoïde s’est divisé en trois pièces, dont la dernière est la base tarsienne du quatrième doigt supplémentaire.

La principale cause de ces erreurs doit être attribuée à une connaissance imparfaite des pièces essentielles constituant le tarse, et surtout des rapports établis entre elles par des règles fixes et presque absolues. En effet, la pièce 5”, qui supporte le métatarsien du doigt, ne peut pas être une division du sca- phoïde ; il en résulterait que ce doigt n'aurait pas de pièce tar- sienne du second rang, et il eût été plus rationnel de consi- dérer cet élément comme un cunéiforme intercalé.

D'un autre côté, rien ne démontre que le doigt soit une du- plication du quatrième, qui est précisément celui sur lequel celte anomalie n’a jamais été remarquée.

Nous devons dire, cependant, que M. Delplanque n’est pas sans connaître les principes fondamentaux qui auraïent mieux le guider. C’est ainsi qu’au sujet de la division en deux parties, que présentent le scaphoïde et l'os cuboïde, 1l fait re- marquer que cette séparation de pièces, ordinairement coa- lescentes, est une sorte de retour au type constitutif présenté par le pied anormal de Morand.

Il est incontestable que, dans ce genre d’appréciations, àl faut une certaine expérience qui assure le jugement. Mais il importe, par-dessus tout, de bien comprendre et de ne pas perdre de vue le grand principe des connexions, institué par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire.

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PIED D'HOMME A HUIT DOIGTS. 517

C'est en nous appuyant sur ces bases méthodiques que nous allons entreprendre de dégager la vérité dans l’examen analytique du pied à huit doigts, observé par Morand.

Nous avons, précédemment, indiqué que le tarse de ce pied est composé de dix pièces, quatre au premier rang et six au second. Voyons tout d'abord en quoi cette construction diffère, soit de la normalité, soit du type primordial.

Les quatre os de la première rangée sont le calcanéum, l’astragale et deux pièces aplaties, qui représentent évidem- ment le scaphoïde ordinaire. De ces deux pièces, la moins grande est en contact avec les deux cunéiformes ; elle con- situe, par conséquent, le véritable scaphoïde.

Quant à la grande pièce qui s'étend entre l'astragale, le scaphoïde et les deux derniers cunéiformes, c’est une division du scaphoïde normal; c’est la partie de cet os qui, du côté interne, se trouvant comprise entre l’astragale et le troisième cunéiforme, est une des bases larsiennes du pouce ou cin- quième doigt. ;

Dans nos recherches, entreprises, en 1852, avec M. Joly, il a été démontré que cet os interne n’est pas toujours soudé au scaphoïde, et qu'il devient libre dans certaines espèces, sur- tout parmi les Rongeurs. Il existe aussi chez les Singes, le Chien et le Chat, mais il est peu développé et généralement considéré comme sésamoïde du tendon qui termine le muscle jambier postérieur.

Ici, l'os interne a pris un grand développement, aux dépens du scaphoïde lui-même et en harmonie avec le volume consi- dérable du pouce, auquel il appartient.

Les deux pièces dont nous venons de nous occuper con- courent donc, avec l’astragale et le calcanéum, à former la première rangée tarsienne. Il faut aussi, comme d'ordinaire, tenir compte du sommet épiphysaire du calcanéum ; il en ré- sulte que la première section du tarse est conforme au type,

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518 LAVOCAT.

c’est-à-dire constituée par cinq éléments qui, par suite des soudures, forment trois os distincts dans un pied ordinaire, et quatre dans le pied de Morand.

Si maintenant nous examinons la seconde rangée, nous voyons qu’elle est composée de six pièces, tandis que l'état normal n’en offre que quatre, représentant les cinq du type fondamental.

C’est ici que les connexions doivent être observées avec le plus grand soin, parce que la détermination exacte de cha- cune de ces six pièces fera connaître positivement quel est le doigt correspondant.

Les deux premières pièces répètent certainement le cuboïde. Ce sont les deux parties de cet os qui, ordinairement soudées, se montrent ici distinctes, comme chez quelques animaux. Ce qui le prouve, c’est qu’elles s’articulent, en avant, avec les métatarsiens des deux premiers doigts. |

Les autres pièces de la rangée sont évidemment des os cu- néiformes ; mais au lieu de trois, comme dans l’état normal, il y en a quatre. Toute la question consiste donc à rechercher quel est l'os surnuméraire.

En avant, chacun d'eux donne régulièrement appui à un métatarsien ; en arrière, les deux premiers répondent au sca= phoïde, et les deux derniers à l'os interne. Pour les deux pre- miers, la connexion scaphoïdienne ne laisse aucun doute : ce sont bien les premiers et les deuxièmes cunéiformes appar- tenant spécialement, l’un au troisième et l'autre au quatrième doigt.

Il ne reste donc que les deux derniers cunéiformes ré- pondant tous deux à l'os interne et portant chacun un doigt. Tout concourt à prouver que l’un d'eux est le troisième os cunéiforme en contact normal et que l'autre est un troisième cunéiforme supplémentaire, qui vient s'ajouter en dedans de la série sans l’interrompre, ce qui aurait eu

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PIED D'HOMME A HUIT DOIGTS. 519

lieu si l’intercalation admise par M. Delplanque était réelle. Cette difficulté étant résolue, 1l devient facile de procéder à la détermination des huit doigts que présente le pied de Morand. | | Le premier doigt est double; son métatarsien, simple en haut, répond au premier os cuboïde. En bas, il se bifurque, et chaque branche porte trois phalanges. Le doigt surnumé-

_raire est, comme d'ordinaire, en dehors du doigt normal.

Le deuxième doigt est simple, complet et caractérisé par sa connexion avec le deuxième os cuboïde.

Le troisième doigt est reconnaissable par son contact avec le premier cunéiforme. Il est double, comme le premier doigt, c’est-à-dire par bifurcation de son métatarsien. Le doigt prin- cipal est régulier. Le doigt accessoire est situé en dedans et ne porte que deux phalanges.

Le quatrième doigt est normal et répond, comme d’ordi- naire, au deuxième os cunéiforme.

Le cinquième doigt est complétement double, et la dupli- cation atteint même les pièces tarsiennes. Il y a donc deux pouces complets ayant chacun deux phalanges, comme à l'or- dinaire : le premier a pour base le troisième os cunéiforme, et, par conséquent, 1l ne peut pas être une duplication du quatrième doigt; c'est le pouce régulier, bien qu'il soit moins long et moins fort que le pouce surnuméraire. Ce dernier est en dedans du pied, comme est en dehors le petit doigt sur- ajouté. Il joue sur un troisième cunéiforme qui est, comme lui, supplémentaire.

Les grandes proportions de ce doigt expliquent parfaite- ment le moindre développement du vrai pouce. C’est un re- marquable exemple de la loi de balancement organique.

En résumé, le pied d'Homme à huit doigts, désigné sous le titre de pied de Morand, est un fait tératologique important.

Il y avait intérêt à déterminer exactement quels étaient les

520 PAUL GERVAIS.

doigts surnuméraires, ou plutôt quels étaient ceux des cinq doigts fondamentaux qui se trouvaient atteints de duplication. Depuis un siècle que le pied de Morand est connu, cette re- cherche avait été négligée ou entreprise sans méthode suffi- sante.

L'examen des os du tarse nous a démontré que, dans le pied anormal, les pièces constitutives ne s'éloignent de l'état normal que pour se rapprocher du type.

Dans la région des doigts, il est évident que trois d'entre eux sont doubles, et que, d’après les connexions régulières, ce sont le premier, le troisième et le cinquième : les deux premiers par bifurcation de leur métatarsien, et le dernier par duplication complète.

Enfin il est à remarquer que, d’après les observations re- cueillies jusqu'à présent, ces trois doigts sont précisément ceux sur lesquels la duplication a été constatée le plus souvent.

SQUELETTE DE GRAND PALÉOTHÉRIUM

(Palæotherium magnum de Cuvier)

TROUVÉ DANS LES PLATRIÈRES DE VITRY-SUR-SEINE.

Note de M. Paul GERVAIS,

On ne connaissait encore d’autre pièce pouvant donner une idée des proportions du corps des Paléothériums, et indiquer quelles étaient les allures de ces animaux, qu’un squelette du Palæotherium minus de Cuvier, ayant conservé la région occipi-

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SQUELETTE DE GRAND PALÉOTHÉRIUM. 521

tale du crâne, le cou et une portion du tronc, mais manquant du train de derrière, et dont les membres étaient fort incom- plets. Nous serons désormais mieux renseignés au sujet de ces Mammifères, grâce à la découverte qu'a faite M. Fuchs, ingénieur civil, propriétaire de la carrière Michel, située entre Vitry-sur-Seine et Choïisy-le-Roï, du squelette, à peu de chose près complet, d'un Pachyderme de ce genre appartenant à l'espèce du Palæotherium magnum.

Cuvier avait conclu de la forme du Palæotherium minus, espèce à peu près égale par la taille à un Agneau, à celle du Palæotherium magnum, dont il ne possédait que des parties séparées, et il disait du second de ces Paléothériums qu'il de- vait avoir 4 + pieds de hauteur au garrot, qu'il était moins élevé qu’un grand Cheval, mais plus trapu ; que sa tête était plus massive, et qu'il avait les extrémités plus grosses et plus courtes. Cuvier avait d’ailleurs démontré que les Paléothé- riums se distinguent des Chevaux, parce qu’ils ont trois doigts à chaque pied au lieu d’un seul, et que leurs dents sont diffé- rentes, par les détails de leur forme aussi bien que par leur disposition, de celles des Chevaux, des Tapirs et des Rhino- céros.

Le squelette trouvé par M. Fuchs dans la carrière qu’il exploite, et dont il a bien voulu, sur ma demande, faire don au Muséum, apporte une confirmation rigoureuse de ces ca- ractères, et 1l montre, en outre, que le Palæotherium magnum, malgré l'élévation considérable de sa taille, différait moins du Palæotherium minus, dans son aspect général, qu’on ne serait d’abord porté à le supposer. |

Tout en ayant la tête très-forte (0°,50 de longueur), il avait, comme son congénère de petite dimension, le cou plus allongé que ne l'ont, en général, les Jumentés, soit vivants, soit fossiles, et, quoique ses pieds aient été moins fins que ceux de l’espèce dont Cuvier s’était servi pour en établir la

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522 PAUL GERVAIS.

restauration, ce devait être aussi un animal assez agile. En somme, il était moins trapu que ne le sont les Rhinocéros et les Tapirs.

L'exemplaire entier qui vient de prendre place dans nos collections, déjà riches des matériaux relatifs au même genre d'animaux qui ont été décrits par Cuvier et, après lui, par de Blainville ainsi que par plusieurs autres observateurs, paraît avoir flotté, pendant quelque temps après sa mort, dans les eaux qui ont déposé les masses gypseuses constituant les car- rières de Villejuif et de Vitry, et, lorsqu'il est descendu au fond, il y est resté couché sur le flanc, la tête rejetée en ar- rière et les quatre membres étendus. Il a été fossilisé dans celte position, dans la mince couche de marne située à 2 mè- tres environ au-dessus de la masse épaisse de même substancé qui sépare les deux parties du gypse exploité dans la carrière Michel, et il a été mis à nu au plafond de l'atelier inférieur, par suite des extractions de pierre à plâtre opérées dans cet atelier.

Son enlèvement était chose difficile, eu égard aux dimen- sions du bloc gypso-marneux dans lequel il a été saisi, et son éloignement des points d'entrée et de sortie de la carrière en rendait le transport à la fois périlleux et pénible. En effet, il a fallu, pour le conserver intact, détacher une masse de la roche n’ayant pas moins de 2",45 sur 1",80, avec une épais- seur de 0",25.

Dans la crainte de quelque accident et pour assurer le sou- venir d’une observation aussi intéressante pour la science, j'ai pensé qu'il était convenable, avant de procéder aux tra- vaux de l’extraction, de la sortie et du transport à destination d’un objet aussi volumineux et aussi pesant, d'en faire exé- cuter une photographie sur place, en recourant à la lumière électrique, moyen qui pouvait seul être employé dans l’en- droit obscur nous opérions. MM. Serrin, Favre et Molteni,

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SQUELETTE DE GRAND PALÉOTHÉRIUM. 593

dont l’habileté dans ce genre de travaux est bien connue, se sont chargés de ce soin, et ils ont parfaitement réussi.

Actuellement, le remarquable fossile dont il s’agit est ins- tallé dans la galerie d'anatomie comparée, et il y a été trans- porté sans avoir subi aucune dégradation, résultat que je n'aurais certainement pas obtenu sans l’utile concours de M. Fuchs et des ouvriers qu’il a bien voulu mettre à ma dis- position.

Quoique comprimé par la roche qui le renferme et endom- magé sur différents points lorsqu'on en a fait la découverte, le squelette trouvé à Vitry se voit presque dans son intégrité à la surface de la dalle dans laquelle il est engagé comme un bas-relief qu'on aurait sculpté sur cette dalle. Pour que l’on en comprenne mieux les particularités anatomiques, il a été placé verticalement et non suivant la position horizontale qu'il occupait dans la carrière dont on l’a retiré. De la sorte, il semble avoir repris les allures de la course, et l’on peut en dire, comme le disait déjà Cuvier lorsqu'il comparait au Pa- læotherium minus les parties isolées du Palæotherium magnum qu’il avait pu étudier, « qu'il n’est rien de plus aisé que de se le représenter dans l’état de vie. »

On s'occupe, en ce moment, de dégager d'une manière.

plus complète le fossile de Vitry, ce qui permettra de montrer la presque totalité des pièces qui le constituent.

Je ne dois pas terminer cette Note sans remercier publi- quement M. Fuchs du don qu'il a généreusement fait au Mu- séum. Les amis de la science lui seront reconnaissants des soins qu'il a pris pour conserver les résultats de cette décou- verte inattendue et de la manière dont il en a disposé.

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BIOGRAPHIES.

AGASSIZ (Louis).—Une dépêche télégraphique a récemment fait connaître à l’Europe une nouvelle et douloureuse perte éprouvée par la science. M. Louis Agassiz, le grand naturaliste dont les travaux occupent un rang si élevé en Zoologie, vient de mourir à Cambridge, près Boston, au moment il mettait la dernière main à l'installation de ce grand établissement, et en laissant inachevées une partie des œuvres remarquables qui étendaient chaque jour encore sa réputation.

Nous renvoyons à l'un de nos prochains numéros la No- tice nécrologique que nous nous proposons de consacrer à M. Agassiz, nous bornant, pour aujourd’hui, à enregistrer ce triste événement.

CLAPARÈDE (Edouard). La Notice biographique con- sacrée à ce savant éminent par M. H. de Saussure vient d'être réimprimée, avec quelques légers changements, dans le t. XXII des Mémoires de la Société de physique et d'histoire na- turelle de Genève.

ANALYSES D'OUVRAGES ET DE MÉMOIRES.

XLV. INDES : Les MONUMENTS PRÉHISTORIQUES DES ENVI- RONS DE Dreux (Courrier d'Eure-et-Loir ; mars 1873).

Le frère Indes, des Écoles chrétiennes, auquel on doit plu- sieurs Notes intéressantes relatives à des animaux fossiles, et en particulier à ceux des environs de Rome, signale, dans la lettre que nous venons de rappeler, la Marmotte (Arciomys . primigenia), d'après des pièces recueillies dans les environs de Dreux, sur la rive gauche de la Blaise, en face de la gare d’Aulnay-sous-Crécy (Eure-et-Loir). Ces débris de Marmotte étaient associés à des débris du Bœuf, du Cerf, du Cheval et du Blaireau. Il y avait aussi du charbon et des silex taillés.

Un gisement analogue à celui qui a fourni au frère Indes la Marmotte dont il s’agit renfermait une autre espèce de Ron- geurs que nous avons reconnue pour le Hamster (Crocetus), genre déjà signalé aux environs de Paris et en Auvergne, mais aujourd'hui étranger à notre pays.

XLVI. STIEDA (Ludwig) : FormaTion Des os. (Mémoire pré- senté à la Société médicale de Riga le 15 septembre 1872. Broch. in-4 av. 1 pl.; Leipzig, 1872.)

M. le D. Stieda émet les propositions suivantes sur le mode de formation du tissu osseux :

Le tissu osseux se forme toujours sans participation du tissu cartilagineux. |

Le tissu osseux ne doit être considéré ni comme du tissu

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526 STIEDA.

cartilagineux ossifié, ni comme le résultat d’une évolution des éléments primitifs du cartilage.

Le tissu osseux est un tissu sui generis appartenant à la ca- tégorie des substances conjonctives.

Dans les os qui se montrent d'abord à l’état cartilagineux, le cartilage n’est qu’un organe provisoire qui devra être rem- placé. Le tissu cartilagineux s’atrophie, et il cède sa place au tissu osseux qui est une formation nouvelle sans aucun lien d'origine avec le cartilage.

Ces propositions, données par M. Stieda comme résultant de ses études microscopiques, sont tout à fait d'accord avec les idées émises par Nesbitt, en 1736, aussi bien qu'avec les observations que Duhamel fit plus tard sur les os colorés par la garance, et que Flourens a répétées à une époque ré- cente; mais elles sont en contradiction avec les idées de Haller, qui voulait que le cartilage se transformât en os dans toute son épaisseur, et avec celles d’un grand nombre de mi- crographes, qui affirment que la cellule cartilagineuse se change en cellule osseuse.

D'après M. Stieda, les éléments primitifs du tissu osseux, que l’on a nommés ostéoplastes, sont des cellules embryon- naires d’une nature particulière qui forment sous le périoste une couche semblable à un épithélium. Le protoplasme qui compose les cellules ostéogènes se durcit dans sa partie péri- phérique, pour constituer ce que l’on a nommé la substance fondamentale du tissu osseux, tandis que la partie centrale de ces cellules et leur noyau restent mous pour former ultérieu- rement les corpuscules osseux.

Ce mode de formation peut être vérifié, non-seulement sur les os qui ne sont pas précédés par des carlilages, comme, par exemple, le maxillaire inférieur, les frontaux et les pariétaux, mais encore sur les os qui se présentent d’abord à l’état carti- lagineux, comme les os longs des membres.

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FORMATION DES OS. 527

Dans ce dernier cas, on voit apparaître sous le périoste une

couche de cellules ostéogènes, et bientôt le cartilage est revêtu :

d'une mince enveloppe osseuse qui s’épaissit à mesure que de nouvelles couches se déposent. En même temps, le carti- lage se modifie, des lacunes s’y produisent, des vaisseaux y pénètrent, la membrane médullaire se forme, et enfin il n'y a plus qu’un os parcouru par les canaux de Havers et creusé d'une cavité au centre. La première couche osseuse qui re- couvre le cartilage l'enveloppe d'un vernis continu, mais plus tard elle se résorbe par places, et c’est que le tissu conjonc- tif, qui porte les vaisseaux, entre en contact avec le cartilage; c'est aussi que commencent à se former les canaux de Ha- vers, qui deviennent plus évidents à mesure que l'os augmente d'épaisseur.

Pour les os courts, dont l’ossification commence par le centre, le cartilage se vasculariserait d'abord, puis le tissu os- téogène se formerait dans le tissu conjonctif entourant les vaisseaux. Il en serait de même pour les épiphyses ; mais l’au- teur n’est pas tout à fait affirmatif à ce sujet. Il y a une difficulté qui n’est pas encore résolue. Pourquoi certains os commencent-ils à s’ossifier par la périphérie, et pourquoi d’autres commencent-ils à le faire par le centre? De nouvelles recherches sont nécessaires pour résoudre cette double ques- tion.

Le Mémoire de M. Stieda est accompagné d’un résumé his- torique très-complet des travaux relatifs à la formation des os.

Ses recherches particulières ont porté sur les espèces sui- vantes : Chat, Chien, Souris, Rat, Cochon, Mouton.

Voici le procédé employé par l’auteur :

On fait d’abord séjourner l'os dans une solution d'acide chromique, jusqu'à ce qu'il ait perdu toute sa partie calcaire. On fait ensuite des coupes minces. En plongeant ces coupes dans la glycérine, on voit très-bien les cellules et les canali-

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528 FORSYTH MAJOR.

cules, mais les différents tissus ne se distinguent pas aussi nettement. .

En plongeant la coupe pendant douze à vingt-quatre heures dans une dilution concentrée de carmin, la lavant ensuite avec de l’eau, puis la laissant baigner une à deux heures dans l'acétate de fer, le protoplasme et les noyaux des cellules pa= raissent colorés, tandis que la substance fondamentale reste incolore. On peut colorer celle-ci à l’aide d’une solution al- coolique d'acide picrique.

M. Stieda a le plus souvent renoncé à conserver les coupes dans la glycérine. Habituellement, il les rend transparentes à l'aide d’un mélange de créosote et d'essence de girofle, et 1l les enferme dans le baume de Canada.

(E. Aux.)

XLVII. FORSYTH MAJOR (C. J.) : RONGEURS FOSSILES DU BORNERZE DE L'ALLEMAGNE DU SUD ET DE LA SUISSE, ETC. (Palæontographica de Dunker et Zittel, t. XXII, p. 75 à 124, pl. 11 à vi; 1873.)

Les espèces de Rongeurs dont l’auteur s'occupe sont les suivantes : Pseudosciurus suevicus, Hensel ; Sciuroides (1) Rü- timeyerr (Sciurus, 1d., Pictet et Humb.); Sc. Fraasi ; Sc. side- rolüthicus (Theridomys, ad., Pictet); Sc. minimus, esp. nouy. ; Sciurus spectabihs, esp. nouv.; Trechomys Bonduellu, Lartet (Theridomys Gaudini, Pictet et Humb.).

Ce travail comprend aussi des remarques relatives à l’odon- tographie comparée des Ongulés et des Onguiculés.

(1) Genre nouveau proposé par M. Forsyth Major.

COPE. 529

XLVIIT.— COPE (Edward) : QUATRIÈME NOTE SUR DES FOSSILES ÉOCÈNES DES ÉtaTs-UNis (Paleontological Bulletin, 17).

Les Mammifères dont il est question dans ce numéro du Bulletin paléontologique de M. Cope sont les suivants :

L’Eobasileus galeatus, Cope, espèce nouvelle de South- Bitter-Creek, Mauvaises Terres ; 2 l’Archænodon insolens, es- pèce nouvelle, type d’un nouveau genre voisin de l'Elothérium (Entelodon, Aymard), provenant des couches du Bridger; le Phenacodon primævus, espèce nouvelle type d’un nouveau genre établi sur une molaire postérieure de la mâchoire supérieure, qui rappelle à la fois celle des Quadrumanes du Bridger éocène et des Porcins du genre Elothérium. L'animal dont celte dent provient devait être de la taille de l’Orang. Le seul des fossiles décrits par M. Marsh, auquel on en pourrait comparer l'espèce, est le Tinothérium ; mais ce dernier n’est connu que par des molaires inférieures ; l'Orotherium index, espèce nouvelle.

L'auteur fait, en outre, remarquer que plusieurs espèces de Baihmodon possédaient de puissantes défenses de forme cylin- drique et d’une longueur considérable. Les inférieures étaient subhorizontales. Il ajoute que les défenses supérieures du Me- talophodon sont comprimées et cultriformes.

.XLIX. VAN BENEDEN [(P. J.) : Sur DEUX DESSINS DE

Céracés Du Cap DE Bonne-Espérance (Bull. acad. r. Bel- gique, série, t. XXXVI, 7, av. 1 pl. ; juillet 1873).

Les deux dessins qui servent de motif à cette Note sont dus à M. de Castelnau ; M. Van Beneden regarde l’un comme re- présentant le Delphinus Heavisidii de M. Gray, qu’il réunit

aux Orques, en tenant, de préférence, compte de son mode de

JOURNAL DK ZOOLOGIE. T, II, 4873, 34

530 P. J. VAN BENEDEN.

coloration, et l’autre, comme se rapportant à une espèce de Lagénorhynque à laquelle il donne le nom de Lagenorhynchus de Castelnau. 1 termine ce travail par les conclusions sui- vanles :

« Les Orques ont tout le dessous du corps jaune depuis la gorge jusqu'’autour de l'anus, des organes sexuels et des mamelles ; c’est une bande à contours nettement tranchés qui va en se rétrécissant d'avant en arrière, forme sur la poitrine

une croix de Lorraine et se divise, derrière l'abdomen, en un

trident dont les dents extérieures se recourbent sur les flancs. Chez quelques-uns, il y a, de plus, une bande jaune isolée der- rière et un peu au-dessus de l'œil. Tout le dessus du corps est noir.

« Les Lagénorhynques ont des bandes blanches interrom- pues et irrégulières sur les flancs ; tout le dessous du corps est complétement blanc sur la ligne médiane et se fond insen- siblement dans le noir. |

« Les Grindewall ou Globiceps forment, sous le rapport des couleurs, aussi bien que les Pseudorques, un véritable con- traste. Les Grindewall, en effet, sont presque entièrement noirs, mais, en dessous, sous la ligne médiane, une bande

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pâle s’étend depuis le milieu de la gorge jusqu'aux organes

sexuels, s’élargissant lentement d’arrière en avant et se termi- nant sous la gorge par une échancrure médiane qu'on pour-

rait comparer à l’échancrure d’un cœur. Ce serait un cœur

fortement éliré. Nous avons tout lieu de croire que ce dessin se retrouvera dans tous les Grindewall, et qu'il sera d'autant plus distinct qu’on examinera un animal plus jeune. Il était parfaitement marqué dans le fœtus à terme que nous avons trouvé dans le ventre d’une femelle morte pendant l'acte de la parturition.

« Les Pseudorques, assez voisins des Orques, comme le nom l'indique, sont, au contraire, {out noirs, si nous nous en

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rapportons à la bande qui a fait, il y a quelques années, son

apparition dans la baie de Kiel, et dont les deux individus cap- turés ont servi de type à genre.

« Les Grampus ont la peau grisâtre et couverte de balafres pâles, qui ressemblent à des lésions faites par des épines, d'après les beaux dessins qui en ont été publiés récemment par MM. Flower, Fischer et J. Murie.

« Les Beluga, comme on sait, sont tout blancs, et l’on a remarqué celte couleur chez les Beluga du pôle arctique aussi bien que chez ceux du pôle antarctique.

« il est à remarquer que le Narval, qui est si voisin du Be- luga qu'on à pu le considérer comme le sexe mâle, au lieu d'être blanc et à couleur uniforme, comme la plupart des ani- maux arctiques, a toute la peau couverte de taches noires.

« Nous ferons remarquer, enfin, que le Dauphin de la mer de Chine, que Peters Osbeck avait déjà signalé il y a plus d’un siècle et dont M. Flower vient de faire connaître avec tant de soin le squelette, est tout blanc également; mais il est possible que la coloration de ce Dauphin présente des particularités qui ont échappé jusqu à présent à l'attention des naturalistes.

« Nous savons aujourd’hui que les Cétacés n'échappent pas plus que les autres animaux à l’albinisme, et le professeur Giglioli en a signalé un exemple remarquable dans le détroit de la Sonde. »

| L. MALM {4. W.) : Sur Le Paocænxa Linnæt ou Delphinus

phocæna (Kongl. vet. a Watt Samhallets à Gôteborg Han- dlingar, 1873, p. 45).

Le savant professeur de l'Université de Gothembourg passe

en revue les caractères, principalement tirés de l’Ostéologie,

que lui ont présentés quinze individus de cette espèce. Les

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532 WINCKLER, RUTIMEYER ET MAACK,

vertèbres dorsales varient de treize à quatorze, les lombo- sacrées sont en nombre égal, et il y a de trente et une à trente-quaire vertèbres coccygiennes.

LI. WINCKLER (7. C.), RUTIMEYER [(L.) et MAACK (G. A.) : RECHERCHES SUR LES CHÉLONIENS FOSSILES.

M. Winckler (1) a principalement consacré son ouvrage sur les Chéloniens fossiles à la grande Tortue marine de la craie de Maestricht (Chelonia Hoffmanni) ; il y donne aussi des détails sur les Tortues d'OEningen (Trionyx Teyleri, Chelydra Mur- chisoni et Emys scutella), sur celles de Purbeck (Pleurosternon ovatum), sur celles de Sheppey (Emys Parkinsoni), sur celles de Bruxelles (Emys Camperi, Trionyx bruxelhensis), ainsi que sur celles du Nebraska (Testudo hemispherica).

Le travail de M. Maack (2) est consacré à l'étude des Ché- loniens fossiles en général et de ceux du Jura supérieur de Kelheim (Bavière), ainsi que du Hanovre, pris en particulier. Il y est donné l’énumération suivante des espèces connues.

Genre Testudo, 25 espèces; Colossochelys, 1; Macrochelys, 1 ; Ptychogaster, 1; Palæwochelys, 4; Dithyrosternon, 1; Stylemys, 2; Emys, A2; Cistudo, 2; Chelydra et Emysaurus, 3; Chelidrop- sis, 1 ; Platychelys, 1; Platemys, 9; Helochelys, 1; Bothremys, 1; Euryaspis, 2; Idiochelys, 2; Eurysternum, 2; Aplax, 1; Parachelys, 1; Hydropelta, 1 ; Achelonia, 1; Trachyaspis, 2; Apholidemys, 2; Tetrosternon, 1; Trionyx, 23; Protemys, 1; | Chelonemys, 2 ; Chelonides, 1 ; Chelone, 24; Sphargis, 1. J

M. Rutimeyer (3) s’est occupé, plus récemment, des animaux

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à (4) Les Tortues fossiles conservées dans| le musée Teyler et dans quel- # ques autres musées, 1 vol. in-8, 151 p. et 33 pl.; Harlem, 1869. a:

(2) Des Tortues connues dans le Jura supérieur de Kelheim et nouvelles es- pèces du Hanovre. In-4 de 146 p. avec 8 pl.; Cassel, 1869. (3) Les Tortues fossiles de Soleure el des formations jurassiques, avec des

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MARSH. 533

du même ordre ; il a étudié ceux des formations jurassiques, de Soleure, en y joignant des recherches anatomiques sur les Chéloniens en général, ainsi que sur leur histoire.

LIT. MARSH (0. C.) : STRUCTURE DU CRANE ET DES MEMBRES CHEZ LES REPTILES MOSASAUROIDES, avec description d'espèces et de genres nouveaux [Amer. Journ. of science and arts ; 1872). |

L'examen attentif de nombreux restes de Pythonomorphes des Montagnes Rocheuses a permis à M. Marsh de décrire plusieurs particularités nouvelles de la structure de ces Rep- tiles, et de corriger des erreurs commises par les auteurs qui ont écrit antérieurement sur ce sujet.

Ces particularités sont les suivantes :

Examen de l'os carré. Cet os, chez les Pythono- morphes, a, dans la position naturelle, sa grande aile située extérieurement, et les termes employés pour le décrire doivent être modifiés conformément à cette remarque.

Découverte de l’osselet auditif. Cet élément osseux, qui n’avait pas été encore découvert chez les Pythonomorphes, vient de l'être, par M. Marsh, sur le crâne d'une espèce de Lestosaurus. Le tiers antérieur de cet osselet était fixé à l’exoccipital.

Sur un autre exemplaire du même genre (Lestosaurus felix, Marsh), 1l adhérait tout entier à la base du crâne. Dans ces deux cas, la pièce dont il s’agit se présentait sous la forme d'une tige épaisse, presque arrondie, dont l'extrémité anté- rieure était élargie ; l'extrémité postérieure était aussi d’une

certaine largeur. Dans sa position naturelle, elle devait se

recherches sur l'anatomie et l’histoire des Tortues en général. In-4 de 185 p. et 17 pl. ; Zurich, 1873. \

534 MARSH.

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trouver placée dans le sillon qui se remarque à la face postéro-

inférieure du suspensorium. Son extrémité antérieure s’ap-

puyait probablement sur la fenêtre ovale et son extrémité pos-

térieure était reçue dans la fossette de l’os carré.

Columelle. M. Marsh a découvert, sur le crâne en parfait |

état de conservation d’un Lestosaurus felix, un os cylindrique

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mince, adhérant au basi-sphénoïde, qui est, selon toute appa=

rence, la columelle. Cet os est un peu comprimé, légèrement

sigmoide et un peu élargi à ses deux extrémités. Sa partie in=

férieure présente, dans la direction du plus grand diamètre, un sillon profond et large, destiné probablement à son union

avec le ptérygoïdien. La partie supérieure possède aussi une

fosselte servant probablement à l'insertion d'un cartilage.

Arc quadrato-pariétal. Cet arc, dont l'existence a été con- 1 statée par M. Marsh pour les genres Edestosaurus, Clidastes,

Lestosaurus et Rhinosaurus, et dont quelques portions ont été aussi observées par M. Cope, n’est pas formé, dans la pluralité des genres, par une extension postérieure du pariétal allant vers le suspensorium, comme cela se voit chez un grand nombre de Sauriens actuels, mais par un os intermédiaire qui, selon toute apparence, est le squamosal. Cet os s’umit en avant, par sa suture, avec l’un des prolongements postérieurs du pariétal, et, par son extrémité distale, avec un processus unciné de l'opisthotique.

Découverte de l'arc malaire. Cet arc, dont l'existence n'avait pas été démontrée jusqu’à présent dans ce groupe, a été découvert sur le crâne du même Lestosaurus, qui présen- tait aussi l’osselet de l’ouie et la columelle, et sur un exem- plaire du genre Edestosaurus. Chez le Lestosaurus, le jugal est

représenté par un os fort, un peu aplati et courbé à angle

obtus. Une suture l’unit avec un prolongement du post-frontal. Son extrémité antérieure est unie avec le maxillaire. Dans toutes les espèces cet os a été observé, il présente une saillie

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REPTILES MOSASAUROIDES. 535 pointue à son angle postérieur externe. Chez l’Edestosaurus, l'union du jugal avec le post-frontal est moins compliquée, et le corps de l'os est moins volumineux. Cet arc paraît aussi

bien développé chez le Rhinosaurus.

Os ptérotique. Parmi les particularités nouvelles que présente le crâne des Pythonomorphes, on doit mentionner la découverte, sur l'Edestosaurus, d’une ossification distincte de l'extrémité distale du suspensorium, laquelle n’est autre chose que l'élément nommé ptérotique par M. Huxley. C'est un petit os ovale, attaché à l’opisthotique et placé sur la surface supérieure de l'os carré.

Membres antérieurs. Les dépôts crétacès des Montagnes Rocheuses ont fourni de nombreux matériaux prouvant que les membres antérieurs des Reptiles mosasauroïdes étaient disposés en forme de rames. Chez le Lestosaurus simus, les doigts de la main étaient au nombre de cinq. Le plus long présentait six phalanges et le plus court quatre. Cette rame était élargie comme chez certains Cétacés, et non contractée ainsi que cela a lieu chez les Ichthyosaures, les Plésiosaures et les autres Enaliosauriens.

Membres postérieurs. L'absence de ces extrémités chez les Pythonomorphes était considérée comme défimitivement établie, lorsque la découverte d’un Edestosaurus dans un par- fait état de conservation a permis à M. Marsh de constater la présence d'un arc pelvien. Il put, bientôt après, observer l'existence de ces membres chez presque tous les autres genres, et 1l n'est pas douteux, actuellement, qu'ils soient communs à l’ordre tout entier. Comme structure générale, les extrémités postérieures correspondent essentiellement aux rames anté- rieures déjà décrites, mais dans le plus grand nombre des genres connus elles sont moins développées.

Nombre des vertèbres cervicales.—M. Huxley place les Mo- sasauriens avec les Reptiles ayant plus de neuf vertèbres cer-

DRE QE eur PU TN ONNETR.

536 STIEDA. (TN vicales, et M. Cope établit que dans le Clidastes propython les “4 vertèbres cervicales sont au nombre de dix et présentent des hypapophyses articulées. Dans le Yale Museum, se trouvent de ‘4 nombreuses séries de vertèbres cervicales de Lestosaurus qui 4 semblent complètes. Pas une ne possède, après l'axis, plus de quatre vertèbres ayant des faces articulaires destinées aux ÿ hypapophyses. Une ou deux des vertèbres suivantes portent un tubercule plus ou moins développé. Chez l'Edestosaurus, les vertèbres cervicales devaient être au nombre de cinq, non compris l’atlas et l’axis, et elles présentaient des hypapophyses libres. Venaient ensuite deux ou trois vertèbres pourvues de petits tubercules rugueux. Le même nombre a été observé sur un Rhinosaurus.

Il est, d’ailleurs, évident que le cou, dans ce groupe, était remarquablement écourté, et qu'il ressemblait beaucoup à celui des Reptiles nageurs, tels que les Ichthyosaures. 4 Les espèces dont la description est donnée dans ce Mémoire ont déjà été citées dans le Journal de Zoologie, t. I, p. 387. Elles rentrent dans les genres Edestosaurus, Lestosaurus et Rhi- nosaurus, établis tous les trois par M. Marsh.

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2 LUI. STIEDA (Ludoig) : Érunes sur L'Amphiorus lan- 4 ceolatus (Mém. Acad. imp. Saint-Pétersbourg, VIL série, t. XIX, 7, av. 4 pl.; 1873).

M. Stieda traite successivement, dans ce Mémoire, de la distribution géographique des Amphioxus, des différentes es- ÿ pèces que l’on en connait, de leur conformation extérieure ainsi | que de leur structure anatomique qu'il étudie en s’occupant successivement du squelette, des muscles, de la peau, des voies digestives et respiratoires, des vaisseaux, du système nerveux et du système vasculaire. Nous nous bornerons à rappeler ici les données principales de la partie historique de ce travail.

SUR L’AMPHIOXUS LANCEOLATUS. 537

Ce genre, connu sous le nom de Poissons-lancette, a été signalé pour la première fois par Pallas, mais sans avoir été rapporté par ce naturaliste célèbre à son véritable rang zo0- logique. Il lui avait été envoyé des côtes de Cornouailles et fut considéré par lui comme une Limace de mer qu'il appela Limax lanceolatus. Beaucoup de temps se passa avant que l’on revit cette prétendue Limace ; mais, en 1833, O. G. Costa rencontra le même animal dans les sables du Possilipe, et, l'année suivante, il en donna une courte descriplion dans laquelle il constatait que c’était un Poisson. Il en fit son Bran- chiostoma lubricum.

Plus tard, Costa s’est occupé, à diverses reprises, du même animal, ainsi qu’en témoignent plusieurs de ses publications; mais le nom qu'il lui donna ne devait pas être conservé.

En 1831, M. Conch avait recueilli de semblables Poissons sur la côte de Cornouaïlles, et il les avait communiqués à son compatriote Yarrel, qui, en 1836, dans son Histoire des Pois- sons de l'Angleterre, en donna à son tour la description. Yarrel considère comme indispensable de rejeter le nom d’Amphio- xus, comme s'appuyant sur la fausse interprétation de l’un des organes du Poisson auquel ce nom avait été appliqué par Costa, et il l'appelle Amphiozus lanceolatus, ce que la plupart des auteurs continuent à faire. M. Conch ne publia que plus tard ses recherches sur ce singulier animal.

En 1834, MM. Sundewall et Lôven avaient retrouvé l’Am- phioxus sur les côtes de la Suède, mais ils n'avaient donné aucun document à son égard. M. Fries eut occasion de l’ob- server aussi.

L’attention des naturalistes continua à se porter sur ce sujet, et des recherches relalives à la structure de l’Amphioxus, ainsi qu'à son mode d'existence, ne tardèrent pas à paraître. Good- sir et Rathke publièrent les leurs en 1841. Vers la fin de la même année, J. Muller présenta un Mémoire à l’Académie

538 STIEDA.

de Berlin, Mémoire qui parut en 1844. Le même auteur

s’occupa aussi de ce Poisson en collaboration avec Retzius

et, en 1845, M. de Quatrefages donna le résultat de re- cherches dans lesquelles l’histologie est prise en considé- ration.

Vinrent ensuite les études entreprises par M. Kolliker re- lativement aux organes des sens, parues en 1845, la Notice

histologique de M. Marcusen traitant de l’histologie, celle de

M. Owsjannikow consacrée au système nerveux et celle de

M. W. Muller ayant trait à la corde dorsale; notices auxquelles

se sont ajoutées, depuis lors, celles de MM. Max Schullze, Leuckart, Pagensteker et Kowaléwski.

Les localités les auteurs citent l'Amphioxus sont les sui- vanles :

Au nord de l'Europe : embouchure de la Clyde (A. White); côte de Cornouailles, près Polperro et Falmouth (Pallas et Conch); sud de l'Irlande, près Cork (Andrew et W. Thomson); côte d'Écosse, à l'embouchure de la Moray ainsi que de l'île de Man (Forbes et Goodsir); Gothenbourg, en Suède (Sundewall, Lôwen, Fries, Retzius et J. Muller); Molde, en Norwége (Rathke); côte d'Helgoland (Leuckart, Pa- genstecher et Max Schultze).

2 Au midi de l’Europe : dans la Méditerranée, à Nice ; dans l'Étang de Thau, près Cette (Gervais et Van Beneden); dans le golfe de Naples (Costa, Kowalewski, Owsjannikow et Rei- chert); dans le détroit de Messine (de Quatrefages) ; à Alger (Wilde).

Dans les eaux américaines (Kroyer); sur les côtes du Brésil (J. Muller); au Pérou (Harting).

4 Dans la mer des Indes : côte de Bornéo (Gervais et Van Beneden), ainsi que dans les mers de la Chine (Gray, Yarrel et Richardson).

L'Amphioxus de Bornéo a reçu le nom spécifique d'A. Bel-

LEP

PANCERI. 539 cherii, celui du Brésil le nom d'A. Mulleri, et ceux _. Pérou les noms d'A. caribœus et d'A. elongatus.

LIV. PAVESI (P.) : CATALOGUE SYSTÉMATIQUE DES ARAI- GNÉES DU CANTON DU Tessin, avec leur distribution horizon- tale et verticale et des détails sur l'Aranéologue suisse (1 voi. in-8 de 215 p. Extrait des Annales du Musée civique d'histoire naturelle de Génes, t. IV ; novembre, 1873).

Cet intéressant travail donne l’'énumération de deux cent six espèces dont un cerlain nombre sont nouvelles pour la science ; l'auteur y a joint des détails historiques et critiques relatifs à l’Aranéologie helvétique, et une comparaison des Araignées propres au Tessin avec celles des autres pays.

LV. PANCERI (Paolo) : Nouveaux MÉMoIREs.

M. le professeur Panceri, de Naples, vient de publier plusieurs Mémoires nouveaux que nous nous empressons de signaler à nos lecteurs; ces Mémoires ont pour litre :

Lettre à M. le professeur P. Montagaza sur la fréquence de la suture frontale chez les Arabes-Egyptiens, sur une Opéra- hon qui se pratique sur les organes génitaux dans l'Afrique orientale, et sur la Perfechibilité des Nègres [Archivio dell Antrop. e la Etnol., t. IIT, fasc. 3 et 4 ; Florence, 1873).

Sur les glandes molaires du Dromadaire [Annali del Museo civico di Storia naturale di Genova, t. IV, p. 269, pl. 1v; 1873).

Sur des Crypiogames observés dans l'œuf de l'Autruche (Atti della r. Academua delle scienze fisiche e matem. di Napoli ; 1873).

Expériences sur les effets du venin du Naja d'Égypte et du

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540 LEIDY.

Céraste (25 p. in-4 ; Naples, 1873). Travail rédigé en commun avec M. le D. Francesco Gasco.

Les expériences dont il est question dans ce dernier Mémoire portent, en ce qui concerne le Naja, sur des Mammifères et des Oiseaux, et, pour le Céraste, sur des Mammifères, des Oiseaux et des Reptiles.

Les auteurs parlent ensuite du passage du venin à travers les muqueuses et les séreuses; ils s'occupent, en outre, de l’action toxique du sang et des sécrétions des animaux qui ont subi les effets du poison, de l’intoxication des Serpenis ve- . nimeux par eux-mêmes et des causes anatomiques de la mort occasionnée par leur piqüre.

Sur l’albinisme du Clarias anguillaris (Atti della r. Accademia delle scienze fisiche et matem. di Napoli ; 1873).

M. Panceri énumère, à celte occasion, les principaux faits d'albinisme observés dans les différentes classes des animaux vérlébrés.

LVI. LEIDY (Joseph) : LA FAUNE ÉTENTE Du NÉBRASKA (troisième article).

Nous avons dit, dans nos deux articles précédents (1), quels sont les Mammifères terrestres propres aux différentes forma- tions tertiaires des Mauvaises Terres, que M. Leidy fait con- naître dans son savant ouvrage. La liste de ces fossiles, si éten- due qu’elle soit, ne nous donne pas encore une idée complète des animaux de la même classe, ayant eu le même genre de vie, dont les débris se rencontrent dans l'Amérique septentrio- nale; une partie du travail de M. Leidy, intitulée Synopsis des Mammifères éteints de l'Amérique du Nord, nous fournit les éléments de cette curieuse énumération.

(1) Voir Journal de Zoologie, t. 1, p. 178 et 500 ; 1872.

LA FAUNE ÉTEINTE DU NÉBRASKA. 5k1

Des débris humains rencontrés à l’état fossile ont été si- gnalés dans plusieurs localités des États-Unis, particulière- ment à Natchez, Mississipi, un os innomé de cette espèce a été trouvé associé à ceux du Mégalonyx et da Mylodon. On ne signale, d’ailleurs, encore, dans des conditions véritables de fossilisalion, ni débris de Quadrumanes, ni débris de Chéi- roptères.

Aux Carnivores dont nous avons parlé à la p. 180 du t.I de ce Recueil, il faut ajouter le Felis atrox, du quaternaire du Mississipi, le Trucifelis fatalis de celui du Texas, différents Canidés, ainsi que le Galera macrodon, les Ursus amplidens et americanus, l'Arctodus pristinus, le Leptarctus priscus, les Pro- cyon lotor et priscus, animaux propres à la même époque ou au pliocène.

Le sous-ordre des Ruminants fournit des Bœufs (Bos ame- ricanus, priscus et latifrons) également quaternaires, les Ovibos moschatus, bombifrons et cavifrons, remontant à la même époque, ainsi que l’Ovis mamillaris, et divers Cervidés (Cervus wirginianus, canadensis, alces, tarandus et americanus).

Aux Porcins appartiennent le Platygonus compressus du groupe des Pécaris, ainsi que les Dicotyles lenis et nasutus, animaux de date également peu ancienne, qui sont des Pé- caris véritables.

Les Jumentés fournissent les Tapirus americanus et Hays, l'un et l’autre d'époque quaternaire, et trois espèces de Chevaux (Equus fossiis, major et fraternus) qui en ont été contemporaines.

Parmi les Proboscidiens, il faut surtout citer le Mastodon americanus, ou grand animal de l'Ohio, et les Elephas ameri- canus et primigenius.

L'ordre des Léporidés est représenté dans les mêmes con- ditions par le Lepus sylvaticus, et celui des Rongeurs propre- ment dits par les Sourus panolius, Tamias lœvidens, Arctomys

542 LEIDY.

monax, Castor canadensis, Castoroides ohioensis, Geomys bursa-

rius, Arvicola riparia, Fiber zibethicus, Neotoma magister, Am-

blyrhiza inundata, Loxomylus longidens et Hydrochærus Æsopr.

Le Didelphys virginianus était le Marsupial de la faune qua-

ternaire, faune comprenant, ainsi qu'on le voit, un mélange des espèces actuelles avec un certain nombre d'espèces per- dues.

Ici, comme ailleurs, la catégorie des espèces perdues com- prend surtout celles qui atteignaient des dimensions considé- rables, et l’on y retrouve, en particulier, des Édentés, savoir : le Megatherium mirabile, le Megalonyx Jefferson, les Megalonyx dissimihis et validus, l'Ereptodon priscus, Leidy, le Mylodon Harlani et le Megalocnus rodens, répondant au Myomorphus cubensis de M. Pomel. Cette dernière espèce, qu’on ne saurait séparer des Mégalonyx, n’a encore été observée que dans l’île de Cuba.

Un Mammifère d'espèce terrestre, propre à l'Amérique sep- tentrionale, plus ancien que tous ceux dont il vient d'être question, est le Dromatherium silvestre, Emmons (1), qui avait, sans doute, un régime inseclivore; il appartient à la période triasique.

Il nous reste à parler maintenant des Thalassothériens ou Mammifères marins, au sujet desquels l'ouvrage de M. Leïdy renferme aussi de précieuses indications. A limitation de plu- sieurs autres naturalistes, le savant auteur de la faune éteinte du Nébraska et du Dakota partage les Thalassothériens en

quatre ordres sous les noms de Siréniens, Phoques, Zeuglo=

dontes et Cétacés, ceux-ci divisés en Delphinidés et Balénidés. Nous passerons successivement ces quatre ordres en revue.

1. Siréniens. Ce sont une espèce de Lamantin (Manatus

antiquus, Leidy), du pléistocène d'Ashley-River, Caroline du

(1) Amer. geol,, p. 93, fig. 66; 1857.

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LA FAUNE ÉTEINTE DU NÉBRASKA. 543

Sud, et le Prorastoma sirenoides, Owen, du terrain tertiaire de la Jamaïque.

2. Phoques. Les fossiles de cet ordre ont pu être rapportés à six espèces différentes : Phoca groenlendica; espèce actuelle; du quaternaire du Maine et du Canada. Ph. Wymani, Leidy; miocène de Richmond, Virginie. Ph. debilis, Leidy (Squalodon deb., Cope) ; même gisement. Ph. modesta, id. ; même gisement. Lobodon vetus, Leidy ; miocène ? du Bar- lington, New-Jersey. Trichecus rosmarus , signalé dans le New-Jersey, le Massachussets et la Virginie; c'est le Tr. vwirgi- mianus de Dekay.

3. Zeuglodontes. L'auteur place dans cet ordre, comme en constituant le premier genre, les Squalodons : Squalodon atlan- hcus, Leidy (Macrophoca atl., id.); du miocène de Shiloh, New-Jersey. Sq. Holmesu, Leidy (Colophodon Holm., Leidy); de l’'éocène d’Ashley-River, Caroline du Sud. Sgq. pelagicus, id.; même gisement. Sqg. pygmœus [Zeuglodon pygm., 3. Muller ; Phocodon Holmesu, Agassiz); même gisement {1}. Sq. protervus (Cynorca proterva, Cope); même gisement. Delphinodon mento, Cope; miocène du Maryland. Delph. Wyman, Leidy ; même gisement. Phocageneus venustus, Leidy ; miocène de Richmond, Virginie. Basilosaurus, Harlan (Hydrarchus Harlani, Koch ; Zeug. macrospondylus, Mul- ler; Basil. Harlani, Gibbes ; Zeuglodon cetoides, Owen); éocène de l’Alabama, de la Louisiane, du Mississipi et de l’Arkansas. Durodon serratus, Gibbes ; éocène de la Caroline du Sud, de l’Alabama et de la Louisiane. Cetophis heteroclitus, Cope; miocène du Maryland. Saurocetus Gibbesti, Agassiz; éocène de la Caroline du Sud.

(1) J'ai fait remarquer, dans mon Mémoire sur les Balénidés (Nouv. Arch. Mus. d'hist. nat., t. VIL, p. 139), que le crâne de cette espèce, figuré par M. Leidy, paraît offrir une grande analogie avec celui des petits Rorquals fos- siles en Europe.

544 LEIDY.

4. Cétacés. Si nous commençons par les Delphinidés, nous trouvons les espèces dont les noms suivent :

moon, Californie. Delphinus mento (Squalodon, id., Cope);

siosaurus, Harlan errore); miocène du New-Jersey. Prisc. Conradi, Cope (Delph. Conr., Leidy); miocène de la Virginie et du Maryland. Prisc. acutidens, Cope ; miocène du Mary- land. Prisc. spinosus, 1. ; miocène du Maryland. Prise. atropius, id. ; même gisement. Prisc. stenus, 1d.; même gisement. Tretosphys grandævus, Leidy | Delphinapterus À grand., Cope); miocène de Shiloh, New-Jersey. Tret. lacer- tosus, Cope (Delphinapterus Hawhinsu, id.); mème gisement. É Tret. Gabbi, Cope ; même gisement. Tret. urœus, Cope; | même gisement. Tret. Ruschenbergi, Cope ; même gisement. l Zarachis flagellator, Cope ; même gisement. Zar. Tysoma, Cope; miocène de Patuxent, Maryland. Zar. velox, Cope ; miocène de Shiloh, New-Jersey. Lophocetus calvertensis, Cope (Delphinus Calv., Harlan); miocène de Calvert, Maryland. Rhabdosteus latiradix, Cope ; miocène du Maryland. 1xa- canthus cælospondylus, Cope; même gisement. Anoplonassa forcipata, Cope; près Savannah, Géorgie (1). Beluga ver- montana, Thomson ; postertiaire de Montréal, Canada. Ce-= lodon vetus, Leidy (Physeter antiquus, id., non Gervais); pléi- stocène de la Caroline du Sud.— Orycterocetus quadridentatus, Leidy ; miocène de la Virginie. Or. cornutidens, Leidy (Or. crocodilinus, Cope); miocène de la Caroline du Nord. Ho: plocetus obesus, Leïdy; pléistocène d'Ashley-River, près Charles-

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# tune, Caroline du Nord. Ontocelus Emmonsi, Leidy ; mio- ; cène de la Caroline du Nord. Hemicaulodon effodiens, Cope (2).

(1) Voir Journal de Zoologie, 1. I, p. 168, av. fig. (2) Zbid., p. 169.

Delphinus occiduus, Leidy; miocène supérieur de la baie d'Half-

de Richmond, Virginie. Priscodelphinus Harlani, Leidy (Ple-

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JOLY. : 545

Les Balénidés sont moins variés en espèces. M. Leidy en signale cependant sept espèces : Balæna mysticetoides, Em- mons; miocène de la Caroline du Nord. Protobalæna palæ- atlantica, Leidy ; miocène de City-Point, Virginie. Eschrich- tius priscus, Leidy (Balæna prisca, Cope); miocène de West- Moreland, Virginie. Esch. cephalus, Cope ; miocène du Ma- ryland. Esch. leptocentrus, Cope ; miocène de la Virginie.— Esch. expansus, Cope ; miocène de la Virginie et du Maryland. Esch. pusillus, Cope; miocène du Maryland (1).

LVIT. JOLY (N.) : ÉrupEs SUR LES MOEURS, LE DÉVELOP- PEMENT ET LES MÉTAMORPHOSES D'UN PETIT POISSON CHINOIS DU GENRE MACROPODE (Macropodus Paradisi) ; (Mém. de l'Acad. des sc., inscript. et belles-lettres de Toulouse, t. V, p. 312, av. 1 pl.; 1873).

Cet intéressant Mémoire se divise en deux parties dont la première, ayant trait à la description, à la classification, aux mœurs et à l'alimentation des Macropodes, est empruntée aux travaux de M. Carbonnier. Je la passerai donc sous silence pour arriver à la seconde partie de l'œuvre consacrée à l'étude de l’embryogénie de ce Poisson, ainsi qu’à ses métamorphoses. Signalons d'abord une lacune. M. Joly n’a pu examiner les

œufs du Macropode que vingt heures après la ponte, alors que le travail embryonnaire était déjà commencé; mais le

_ Mémoire de M. Pouchet sur ce sujet lui permet de combler

(4) Un récent travail de M. Leidy, dont nous rendrons compte dans un de noS

prochains numéros, a pour titre : Contributions to the extinct verlebral faun' _ ofthe Western Territories. Cette importante publication, qui est accompagnée de trente-sept planches, forme à elle seule le tome V du Report of the United States geological Survey of the Territories de M. F. V. Heyden, qui a paru en 1873. Le rapport complet dont M. Heyden a réuni les éléments comprendra cinq volumes. ,

JOURNAL DE ZOOLOGIE, == T, II, 1873, 39

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546 JOLY.

cette lacune, et nous voyons ainsi que la segmentation du vitellus ainsi que la formation du blastoderme s ectuent le jour même de la ponte. DC « Le deuxième jour, apparaissent les renflements cépha à et caudal. Le premier représente la tête avec les yeux, sous ls forme de deux ampoules incolores ; le second n’est autre chose que l'extrémité postérieure ou la queue. + T8 Bientôt après, la tête prend forme, et l'œil et son cristallin se voient distinctement. Le cœur existe et la circulation est établie. 4 Au commencement du troisième jour, se montrent les lobes opüques et les hémisphères, mais les lobes olfacüifs ne sont " pas encore dislinctifs. La circulation ombilicale existe; toute- fois, la circulation générale est encore incomplète. Le sang est déjà légèrement coloré en rouge et les nageoires pectorales sont rudimentaires. Les capsules auditives se présentent sous la forme de deux cavités renfermant chacune deux otolithes. * Pas encore de trace de l'appareil labyrinthiforme ; les cavités olfactives sont à peine visibles. *4 65 Soixante ou soixante-cinq heures après la fécondation, lem- bryon rompt ses enveloppes et s'échappe au dehors. à A celte phase du développement, le jeune Macropode ne. montre encore, suivant M. Joly, n1 bouche, ni intestin, ni. orifice anal, ni aucune trace de branchies, de foie, de reins, $ d'organes génitaux, de squelette osseux, d'écailles ou de na= geoires, à l'exception toutefois des nageoires pectorales. Mais, ; après rnenquare heures, la bouche apparaît sous forme de fente, pour s'ouvrir le lendemain, et présenter des mâchoires supérieure et inférieure nettement séparées. | à L'intestin n'apparaît que plus lard, vers le sixième jour. s Le foie, les reins, les uretères et la vessie ne se verront aussi que très-lardivement. 5 :

La corde dorsale apparaît de très-bonne heure ; elle s'étend, | + 4

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DÉVELOPPEMENT DU MACROPODE. 547

en avant, jusque derrière les yeux, et, en arrière, jusqu’à l’ex- trémité de la queue. M. Pouchet a montré que les cartilages de la tête existent aussi dès les deux premiers jours de la nais- sance.

Les côtes ne sont pas encore visibles à la fin du premier mois, mais les muscles sont déjà indiqués chez l'embryon en- core dans l'œuf. ;

Du système nerveux, l’auteur n’a aperçu que trois masses cérébrales disposées par paires, à la suite l’une de l’autre. Les deux masses médianes seraient les lobes optiques ; les masses antérieures représenteraient les hémisphères cérébraux; les postérieures répondraient au cervelet.

La moelle épinière, visible vers le huitième jour, est formée

de deux cordons placés côte à côte. Nulle trace de nerfs péri- phériques ne se voit alors. Rien de particulier dans la circulation, qui subit des modi- fications analogues à celles que Lereboullet a observées chez la Perche, et, par suite aussi, rien à noter dans la respiration, qui, d’abord cutanée, s'exécute ensuite, après la formation du réseau vitellin, par la vésicule ombilicale, pour s’effacer bien- tôt et appartenir aux branchies.

Quant aux organes locomoteurs, la queue est enveloppée, chez le jeune embryon, d’une membrane anhiste dans laquelle se remarquent de bonne heure les rayons, encore à l’état de ru-

_ diments, des nageoires anale, dorsale et caudale, qui se

_ forment aux dépens de la nageoire embryonnaire. Les na-

_ geoires pectorales, bien qu’elles se voient déjà chez l'embryon encore dans l’œuf, ne se développent que trois jours après la naissance. Ajoutons, enfin, que la queue du Macropode se résorbe en partie, avant que celui-ci n'arrive à son état défi- niif.

De l’ensemble des faits que nous venons d'exposer, l’auteur:

conclut qu'il y a chez le Macropode, après la naissance, for-

548 SARS.

mation de parties nouvelles, disparition de parties précédem- ment existantes, modifications de diverses sortes et, par suite, 3 métamorphoses, suivant la définition que Dugès a donnée de ce mot.

(R. Bourarr.) _

+

LVIII. SARS (Michael) et SARS (George-Ossian) : Sur 4 QUELQUES FORMES REMARQUABLES APPARTENANT AU RÈGNE ANI= 4 MAL, qui proviennent des grandes profondeurs sous-marines des côtes de la Norwége (1* fasc., in-4 de 82 p. et 6 pl.; Ô Christiania, 1872). 4

£

C'est le commencement de l'ouvrage entrepris par M. G. 0. | Sars, au sujet des animaux qu'ont fournis les draguages exé- f

cutés à de grandes profondeurs, sur les côtes de la Norwége, ouvrage pour lequel il se propose d'avoir recours, non-seule= ment à ses propres observations, mais aussi à celles laissées en manuscrit par son père. Il y décrira aussi les espèces dé- couvertes par suite de ses nouvelles explorations.

Avant ces draguages, si utiles à la science, on supposait que la vie animale cessait avec les grandes profondeurs, et Forbes a même pensé qu’elle ne se manifestait plus à partir de 300 brasses. Mais des recherches récentes ont montré que certains grands fonds possédaient une faune aussi riche que variée, et, dès 1864, Michael Sars a déjà donné la liste de Fes quatre-vingt-douze espèces découvertes par lui à la prolon ë deur de 2 à 300 brasses. 4

Pendant son séjour aux îles Lofoten, M. G. O. Sars apu constater qu’à une pareille profondeur la vie animale brie encore d’un certain éclat, et que les formes nombreuses qui les caractérisent appellent celles de la période crétacée. C'est dans ces conditions qu'a été découvert le genre remarquable

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ANIMAUX DES CÔTES DE NORWÉGE. 549

des Rhizocrinus (1), appartenant à la famille des Apiocrinidées, jusqu'alors considérée comme éleinte et dont les principales espèces sont propres à l'oolithe.

On doit croire, avec M. Carpenter, que la formation cré- tacée se continue à de grandes profondeurs sous la mer, tandis que la faune des profondeurs moindres, et en particulier, celle des rivages doit, dans un temps très-court et en raison des révolutions géologiques et physiques, changer compléte- ment de caractère. Il est également à supposer que les formes animales, propres à ces grandes prefondeurs, dont l'énuméra- tion va suivre, sont des formes très-anciennes qui paraissent avoir été légèrement modifiées par le temps.

1. Polyzoaires : Rhadopleura marabilis, Mich. Sars (Halilo- phus mir. id.) ; se trouve aux Lofoten, à une profondeur va- riant entre 100 et 200 brasses. Flustra abyssicola, Mich. Sars; semble être très-répandu dans les profondeurs de l'Océan.

2. Conchifères : Zoldia obtusa, Mich. Sars (Z. abyss., id.) ; des côtes de Norwége, entre 200 et 400 brasses. Pecchiolia abyssicola (Lyonsiella abyss., id.); existe aux Lofoten, à des profondeurs allant jusqu’à 500 brasses.

3. Céphalophores : Dentalium agile, Mich. Sars (D. incer- tum, Philippi, non Desh.); se pêche aux Lofoten et dans le

voisinage d’Alsund. Triopa incisa, Mich. Sars; habite les

Lofoten et se distingue surtout des T. clavigera et lacer par le grand développement de son manteau. Goniodes typica, Mich. Sars ; a été pris à Christiansund, à 70 brasses de pro- fondeur. |

4. Annélides : Umbelhsylhs fasciata, Mich. Sars ; habite les îles méridionales, occidentales et boréales de la Norwége, à

une profondeur variant entre 40 et 300 brasses; cette Anné-

(1) Voir Mic. Sars, Mém. pour servir à la connaissance des Crinoïides vivants. In-4 de 65 p. av. 6 pl. Christiania, 1868.

-

; à NU | A y fi GE ee 4 550 MARCHE, Se PER lide se rapproche beaucoup des Hésionides. Para m e pulehella, Mich. Sars ; semble exister sur toute la ee " côtes de Norwége. qe ‘4

5. Zoanthaires : Mopsea borealis, Mich. Sars; appartient au groupe de Coraux dont Ehrenberg fait sa famille des Isidées ni on le trouve aux Lofoten, à de grandes profondeurs. Fun giacyathus fragilis, Mich. Sars; appartient aux Turbinolidées | libres dont la plupart des espèces sont fossiles. Quatre exem= plaires en ont été trouvés aux Lofoten, à la profondeur d 3. ds brasses. “14

Éponges : Trichostemma hemisphericum, Mich. Sars ; es A à enveloppe spiculo-radiée, et, par suite, du groupe des 3 Cortiquées de M. Oscar Smith. Cladorhyza abyssicola, Mich. * Sars; des Lofoten, à la profondeur de 400 brasses ; le gem s à dont celte espèce, elle-même type du genre nouveau, se rap= | proche le plus, est celui des Hymadesmion. = 3 gissimum, Mich. Sars ; n'a été rencontré qu'aux Lofoten de grandes profondeurs seulement (1).

LIX. MARCHI (Pietro) : MORPnOLOGIE DES POILS DES Caéinoprènes (Atti Soc. ital. sc. nat., L. XV, fasc. 2, pl. vin à xt; 1873). |

Les formes propres aux poils de ces Mammifères sont très- variées, et elles méritaient une étude particulière permettan de les comparer entre elles, ainsi que d’en apprécier la val ar | caractéristique. L'auteur a poursuivi celle recherche sur la riche collection du musée de Vienne, ce qui lui à Fri faire connaître, sous ce rapport, les principaux genres de e

à

(1) Indépendamment de l’Æyalonema, 1ype du genre, qui vit au Japon el été décrit par M. Gray, on en connait deux autres, le premier des côtes d 1P M: { tugal, 7. lusitanica, Barb, du Bocage; l’autre, de celles de la Norwég ge, si 4 f gualé par Lôven. + ji ei

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STIEDA. 551

ordre et un grand nombre de leurs espèces. Il à pris de er

férence les poils du ventre.

C’est un caractère général des poils des Chéiroptères, d’être comprimés et légèrement fusiformes. Leur sommet est pointu et leur tiers inférieur étroit. Dans beaucoup d'espèces on con- state qu’ils sont formés de deux ou de trois parties successives en forme de fuseau. Ils sont constitués par un nombre consi- dérable de petits cônes tronqués, invaginés les uns dans les autres, de façon à ce que la partie correspondant à la pointe de chaque cône regarde vers la base du poil. Examinés de côté, ils sont tellement comprimés, qu'ils ressemblent à des lamelles. On voit, dans une partie de leur intérieur, des vacuoles ou cellules ; elles occupent principalement leur par- tie moyenne. Les saillies de la surface prennent l'apparence de dentelures ou d'épines, et présentent des apparences ainsi que des dispositions très-diverses.

EX. STIEDA (Ludwig) : SIGNIFICATION DE CERTAINES PAR- (MES DU CERVEAU DES Poissons (Zeitschr. [. wissen. Zoologie, t. XXII).

Le Mémoire de M. Stieda a pour but de réfuter la théorie de M. Gegenbaur, relative à la signification du cerveau des Poissons. Jusque dans ces derniers temps, on s’appuyait sur

l’embryogénie pour déterminer les différentes régions de cet

organe, et l'on considérait sa partie creuse moyenne ou les lobes optiques des auteurs, comme répondant au cerveau moyen de de Baër, ou aux tubercules quadrijumeaux de l'Homme et des Mammifères. On regardait aussi la partie si- tuée en arrière, comme un cervelet, et la partie placée en

avant, comme la région du troisième ventricule.

Les recherches microscopiques que l’auteur à entreprises

STIEDA.

confirmaient cette manière de voir, mais elles ne tardèrent pi à rencontrer des adversaires, et entre autres Miklucho-Maclay. É qui a assimilé la partie regardée comme étant le cervelet au cerveau moyen ou aux tubercules quadrijumeaux. M. Gegen- baur à complétement adopté cette opinion, et il s’est ainsi séparé de l’ancienne théorie. La première partie, que M. Gegenbaur nomme cerveau an- térieur, est considérée comme telle par tous les auteurs. La partie suivante, couverte par les lobes optiques (cerveau 3 intermédiaire de de Baër), est décrite par lui comme une commissure longitudinale, et il considère la troisième parie | à (cerveau moyen de de Baër ou lobes optiques des auteurs) comme le cerveau intermédiaire. La quatrième partie (cervélét des auteurs et cerveau postérieur de de Baër) est pour M. 4 À genbaur le cerveau moyen, et1l envisage comme cerveau pos- er térieur une petite lamelle située derrière le cerveau postérieur de de Baër. Enfin le même auteur considère le post-cerebrum “18 de de Baër comme élant la moelle allongée. D Le tableau suivant fera mieux comprendre, en la résumant, | la théorie de M. Gegenbaur. Miklucho-Maclay et

De Baër- Gegenbaur. Autres auteurs,

1. Cerveau antérieur. . ., 1. Cerveau antérieur... . . 1. Hémisphères.

2, Cerveau intermédiaire, . 2. Lobes optiques. {

3. Cerveau moyen. . . .. 2, Cerveau intermédiaire. 3. Corps er 4

4. Cerveau postérieur... . . 3. Cerveau moyen. . . . . 4. Cervelet. 14 | 4. Cerveau postérieur. . . _ à +10

5. Post-cerebrum.. . . . . 5. Posl-cerebrum. . . . . 5. Moelle allongée.

On peut donc conclure de ce qui précède que M. Gegen- baur ne tient aucun compte du point de sortie des nerfs, car 1l 2 résulterait de sa théorie que les nerfs optiques sortiraient du De

cerveau intermédiaire, et que le nerf qui, chez les Mammi- fères, les Oiseaux, les Amphibiens et les Reptiles, naît entre “3 |

PER

FORSYTH MAJOR. 553

le cerveau moyen ou tubercules quadrijumeauxet le cervelet, émargerait, au contraire, entre le cerveau intermédiaire et le cerveau moyen, en sorte que chez les Poissons ce nerf se trouverait en avant du cerveau moyen.

M. Stieda fait encore quelques objections à la théorie de M. Gegenbaur.

En premier lieu, il y aurait une grande différence entre les Amphibiens, les Reptiles et les Poissons, dont le cerveau in- termédiaire serait comparativement énorme, et, en second

_ lieu, la glande pinéale chez ces animaux se comporterait tout

autrement que chez les autres Vertébrés. Elle n’atteindrait pas le cerveau moyen et se trouverait en avant du cerveau inter- médiaire.

Enfin le cervelet des Poissons ressemble, comme structure, à celui des autres Vertébrés, et cependant, d’après M. Ge- genbaur, ce serait le cerveau moyen qui aurait cette structure commune.

M. Stieda espère que M. Gegenbaur reviendra sur celte ma- nière d'envisager la question, et qu'il adoptera l’ancienne théorie que les recherches, tant embryogéniques que micro- scopiques, faites par lui sur les Poissons osseux et cartilagi- neux, démontrent être la seule logique.

Un autre Mémoire de M. Slieda est spécialement consacré au système nerveux des Torpilles et des Raies. Il est inséré dans le même Recueil que le précédent, aux pages 435 à 442, et est accompagné d'une planche portant le 25.

(R. BouLarr.)

LXI. FORSYTH MAJOR (C. J.) : REMARQUES SUR QUELQUES MAMMIFÈRES POST-TERTIAIRES DE L'ITALIE, suivies de consi- dérations générales sur la faune des Mammufères post-tertires

Ua et Ce en A OR DE GS A EE ét ni de PT

55% PAUL GERVAIS.

(Ati della Soc. ital. di scienze natur., t. XV, fasc. V

1873). Li »

M. Forsyth Major indique, dans ce travail, un certain al

nombre de gisements italiens de l'Ursus spelœus ; il montre, comme nous l'avons fait de notre côté, dans un Mémoire sur le même sujet (1), que l'Ursus arctos se rencontre à l'état | fossile en Italie, et il signale, en outre, une espèce, plus pe- tite que ce dernier, à laquelle il donne le nom d’U. mediter- r'aneus. |

Le même auteur regarde le Cynotherium sardous, Studiati, dont les débris ont été découverts dans la brèche de Montréal, près Cagliari, comme rentrant dans le genre Cuon. Il donne aussi de nouveaux détails au sujet des Rhinocéros italiens, attribue au Bouquetin, comme nous l'avons fait nous-même, un des Ruminants de la grotte de Campana, conservés au musée de Naples, et mentionne le Chamoiïs dans la caverne de Parignana.

M. Forsyth Major rappelle ensuite les gisements connus de diverses autres espèces.

Les Rongeurs lui ont aussi fourni des observations nouvelles, et en particulier la constatation de ce fait curieux, que Île Hamster (Cricetus frumentarius) est au nombre des animaux qui ont laissé des ossements à Parignana. On sait que cette ‘4 espèce se rencontre à l’état fossile aux environs de Paris, au- près de Dreux (2) et en Auvergne, mais qu'elle est aujourd'hui étrangère à la France, comme elle l’est à l'Italie.

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LXIT. GERVAIS {Paul) : MÉMOIRE SUR PLUSIEURS ESPÈCES à DE MAMMIFÈRES FOSSILES PROPRES A L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE (1) Journal de Zool., t. 1, p. 211.

(2) Zbid., 1. 11, p. 525.

A e % ag Je TENUE ve Bi ET OS ee Ps A nt QE Nb Cat de ' D SEA AO A A da GX Eee Tr ed de Re Paie LU Te Age:

THIOLLIÈRE. 555

(Mém. Soc. géol. de France, 2 série, L. IX, p. 1 à 44, pl 1 à ix ; 1873).

Les quatre espèces dont la description détaillée est donnée dans ce travail sont les suivantes : Macrauchenia palachomica, Owen: Ursus bonariensis, P. Gerv. ; Lestodon armatus, 1d., et Eutatus Seguini, id. C’est le troisième Mémoire consacré par l’auteur aux fossiles de la même région. Les deux premières ont paru dans la partie anatomique de l'Expédition de M. de Castelnau dans l'Amérique du Sud et dans la Zoologie et Pa- léontologie générales.

LXIII. THIOLLIÈRE (Victor) : DESCRIPTION DES FOSSILES PROVENANT DES GISEMENTS CORALLIENS DU JURA DANS LE Bu- GEy ; seconde livraison revue et annotée par M. Paul Ger- vais, publiée par les soins de MM. E. Dumortier, A. Falsan et Ch. Godinot [in-fol. accompagné de 13 pl. Lyon et Paris, 1871-1873).

C’est en 1854 que M. Victor Thiollière a fait paraître la pre- mière livraison de l’ouvrage intitulé Description des Poissons fossiles provenant des gisements coralliens du Jura, dont nous venons de publier le complément. Il s'était préparé à ce travail par l'étude de la riche collection de Poissons fossiles formée par ses soins à Cerin dans le Bugey, département de l'Ain, et avait déjà, dans deux Mémoires succincts (1), donné aux naturalistes une première idée de ses remarquables décou-

(1) Première notice sur un nouveau gisement de Poissons fossiles dans le Jura du département de l'Ain (Annales de la Soc. nationale d'agriculture, . histoire naturelle et arts utiles de Lyon, 2: série, t. 1, p. 43 à 66 ; 1849). Seconde nolice sur le gisement et sur les corps organisés fossiles des cal- caires lithographiques dans le Jura du département de l'Ain, comprenant la description de deux Reptiles inédits provenant de ces couches, par M. Hermann de Meyer. (In-4 de 80 pages, avec 2 pl. Lyon, 1850.)

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Éd |

556 THIOLLIÈRE.

vertes. Lorsque la mort est venue le surprendre, 1l s'occupait de réunir les matériaux d’une seconde livraison et, en 1858, il avait mis douze des planches qui devaient la composer, sous les yeux des membres de la Société géologique de France réu- nis à Nevers (1). Malheureusement, ces planches n'ont pas été publiées immédiatement, et, lorsque la science a perdu M. Thiollière, on ne les a pas retrouvées. Il y avait donc tout lieu de craindre qu'elles n’eussent été détruites ; mais les sa- vants n'auront pas à regretter cette perle.

Le tirage entier des planches, encore inédites, que M. Thiol- lière destinait à la deuxième livraison de son ouvrage, était resté dans une pièce obscure du logement qu'avait habité cet habile naturaliste, et ce tirage comprend une treizième planche lithographiée postérieurement à la communication faite à la réunion de Nevers. Elle a été jointe à la présente publication qui comprend deux parties :

Les remarques relatives à la classification ichthyolo- gique inspirées à M. Thiollière par l'étude des Poissons fos- siles trouvés à Cerin. Ces remarques sont les mêmes qu'il a communiquées à la Société géologique en 1858.

% L'énumération des espèces de Poissons recueillies par le même savant dans le gisement de Cerin, qu’il a tant contribué à faire connaitre. Des détails descriptifs, tirés en partie des deux premières Notices publiées par M. Thiollière, sont joints à cette énumération, de manière à compléter l’histoire de la faune ichthyologique de Cerin, commencée dans la pre- mière livraison du même ouvrage.

Nous avons placé, à la suite de ce travail, le Mémoire relatif aux Reptiles découverts dans le même dépôt, que nous avons présenté à l'Académie des sciences en 1871.

(1) Notice sur les Poissons fossiles du Bugey et sur l'application de la mé-

thode de Cuvier à leur classement. (Bull. de la Soc. géol. de France; Réunion extraordinaire à Nevers, 1858.)

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AL : aie _Vodh « sh

D.

; te Une Notice sur les plantes fossiles du niveau des is à

Lo

| Poissons de Cerin, par M. G. de Saporta ; 2% Une Note sur les terrains subordonnés aux gisements de .. et de végétaux du Bas-Bugey, par MM. A. Falsan et 4 E. Dumortier. |

“is planches et des coupes sont jointes à celte partie de

I. Tapir de Baird. II. Myologie du Lamantin et de l'Otarie. III. Veaux Desmiognathe et Hypognathe. IV. Desmiognathie du Bœuf. V. Fossiles humains de la République Argentine.— Hété érogn na - thie ovarique. “10 VI. Dinoceras mirabilis.

VII. Loxolophodon cornutus. VIII. Tapir de Baird. Tapir leucogénys. IX. Pourtalesia miranda. X. Amphimoschus ponteleviensis. XI. Dentex lækaniensis. Hemirhynchus bruxelliensis. XII. Moloch. Héloderme, Placosaurus.

XIII. Fossiles de Cernay (environs de Reims). XIV. Cadurcotherium Cayluxi. XV. Mammifères divers des chaux phosphatées. XVI. Carnivores des chaux phosphatées. PI. XVII. Palæolemur Betillei. Dentition des Lémuriens. PI. XVIII. Dentition de l'Aï. Dentition du Moloch, id. de loderme. ner PI. XIX. Structure dentaire de l’Héloderme, du Naja et du FAI mo- phis. V4 PI. XX. Os rejetés par les Oiseaux de proie. PI, XXI, Ornithopteryx toliapica.

Dub dar soirs dr ro LA MF Le MES \bet( Pre

| 12 ë Pages. | Agassiz (AL). : ... 188, 216 8% Agassiz (L.) (sa mort). . . 524 En... .... 187 M Délbiant, , : . . . . . 2921, 993 _ Barboza du Bocage.. . 237, TR 985, 198, 436 M Dhudelot. . 4 |... |. 294 A 73, 409 Des LE TNA 69 _ Bechamp. .... 65,407, 408 Beranger-Féraud. . . .., 66 D Bernard (CL). . : : 56, 68 | Bert. 55, 56, 61, 62, 404, 0 105, 408, 410 D Doulloch..,,,... 1... 73 Dr. 2 ST ARE ESS 73, 409 Dour. - . 419 M Bouilland. . . . . . 67,68, 409 M Boulet... 4, «ie 227 4 Bourgeois. . . . . AS ae 235 ni: Mouesingault. . : . . . . 404 RS LL... . . 70 DA brandt (Al) . . . ..... 429 mn rond (Fr... 44); 128 M Bisont (Ch). . . .. :. RL | = Brito Capello (de). . . . . . 499 M Doi . . . . . . . . , 349 D Carbonnier. . . . .. ... 66 DOTE NSP 223 Castelnau (de)... , ,.,,, 47

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RS PTS a 7 se bia Mie HR Re 1 \ 4 ÿ s rs 560 LISTE DES NOMS D AUTEURS. Reiti. is Fat TA COR MSN SUR UT 78 | Gréhand,. ..,... 000 Dumas. . . .,4.s + « . 110 | AGripat,2e +" RENE : 11000 Daméril (AL ME A 412 Guéromite : : JP | D: AE . . : 70 | Guérin-Méneville. 64, 223, Edwards (A. Milne-). . 68 406, 409, 292, 223, 924 | Hamy:. .. . .. 00 Edwards (H. Milne-). . 69, 22 | Harting........... 1. LINEAR 347 | Herrera, . . ..:,+ 2000 Estor. . . . . 64, 226, 404, 408 Hébse.#ti : : 5 7:20 de 1 15 CROP EEE 41 Hornhuber.. . . . . .. + ARMÉE ER 997. | Andes... ..,..,. 5000 1211044: RATER 57, 476 Jobert.2% ....:. 78070 Fischer {P:752 "20 70, T2) 407 À Joly (407.4 20700000 TE SPP IPN 34 | Joly (N.). . . 63, 222, 225, Folin (de). + . .. .. 295, 407 Jourdan ubhal Forsyth Major. ; :.: . 528, 558 | Julien. .:. ......,:, 1100 407 PORTER L'ile 4 1 64, 67 KDOX.: .:.:.:.-. 21e CUT: PRRORORCEERNSESCIE ONE 72 Erabber rm .. .. 38 DOOy. 0. 17. 68, 407, 408 | Kunckel.. . . . . . . .. PEN. LL LOTO EME EREUEEE 405 | Lablanchère (de). . . . 66, 6 Geoffroy Saint-Hilaire (L.) Laboulbène..".:.. 0 72, 380 (Biographie). NRA 77 | Lacaze-Duthiers (de).. 224, 225 . PRO PR 2 d 78, 227 | Lacordaire (Biographie). . . T1 errais (Rs es. UE 245 | Lamarck (de). . . . . . . : Gervais (P.). 1, 22, 42, 60, Larcher,::..:./5:.5000 : 71, 78, 229, 231, 350, Lavocat ?. :!., 1700 ETR 356, 434, 451, 45k, 463, Landseer (sa mort). . . . . 469, 478, 498, 554, 620 | Lefèvre... ....... k 11.1: RONDE CPC AC 296. 1 Lesouis. :"; "2:31 126 11,1 15: ACSRARA TT Se EP ENS ON SAT t Era: 00e 67, a PARC AONQR FTP 211 L6y: "SES D er) 72 | Lespès (Biographie). . . . . (11.2 RASE A RE ER Us LE 72 | Lichtenstein (J.).. La 05 SRPMPNNMPONRNt er PLACE 408 | Lima {de)..:.:.14"2946008 00 7 MORIN 6E | Linstow.. "41590 0 1.001, PSNREAE AIRE RRE ET RCE «OT |- Lotrem 0707200 66, 67 Gray (J. E.).. . 867285 | Lortet:./; ET RRES ER Grandidier., . .. 8, 299, 224 | Léven.. 1e

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193, 250, 308, 529 | ab (de) (Biographie). 268 | Watelet.. ........

«eu 81 BRENT ORNE TES Wilemoës-Shum. , ... RE

Verreaux (J.) (Biographie). 431 Wipckler. : 600 Made ea ct Eellers | RSS NOR. O9 CMD

FIN DE LA LISTE DES NOMS D'AUTEURS. \

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TABLE DES MATIÈRES.

EL in A RO US UN os OR er MÉMOIRES.

Ostéologie du Sphargis luth, par M. P. Gervais. . . . . . . . . L

Sur un fœtus de Veau acéphale, par M. H. Gripat. . . . . . .. n Sur l’Hylodes martinicensis et ses métamorphoses, par M. Bavay. 13 Sur le Tapir de Baird, par M. P. Gervais (pl. I). . . . . . . . . 23 Monstres polygnathes et hétérognathes, par M. P. Gervais DR AN) ue ef UAH chantiers site 78 Delphinidés du crag d'Anvers, par M. Dubus. . . . . . . . ... 97 Les Chauves-Souris de la Belgique et leurs parasites, par M. P. JiVan Beneden., 242 4 le 41: TROT BL UT Re 113 Du rôle de la vessie natatoire, par M. Harting. . . . . . . . .. 116 Notice sur un nouveau Poisson du terrain laekenien, par M. P. J. Mnbeneden (DhEXES Sale A JS ss ma tete0 ne aile 123 L’aile des Insectes, par M. Félix Plateau... . . . . . . . . . .. 126

Sur des Mammifères fossiles gigantesques constituant un ordre nouveau sous le nom de Dinocérates, par M. O. C. Marsh

RME ANS ET EN See UT anR ST aURNE«e 164 Sur les Ongulés à pieds courts de l’éocène du Wyoming (États- Mesh par M-E,,Cone (pl MIE) Le ein die die aile 168

Fouilles exécutées par M. Ed. Piette dans la grotte de Gourdan, près Montrejeau, Haute-Garonne. Note de M. P. Gervais.. . . 229

i Débris humains recueillis dans la Confédération Argentine, avec

des ossements d'animaux appartenant à des espèces perdues.

De MAP GER Re OM A (Rate 931 Note sur l’Amphimoschus ponteleviensis, par M. l'abbé Bour- LLC AU 00. PR AO EME | 16 ÉCRIRE, REG VAL RAGE 234

Note sur quelques Geckotiens nouveaux ou peu connus de la

AU

56% TABLE DES MATIÈRES.

Nouvelle-Calédonie, par M. Barboza du Bocage Hybridation des Axolotls par les Tritons. Note de M. 7. Gervais. Notice sur un nouveau Poisson du terrain bruxellien, par M. 2.

J'Vanseaeden (pl. XT- 05 OS STE CARE Sommaire du troisième Mémoire critique et descriptif sur les

Étoiles de mer, par M. Chr. Lütken: OR Mémoire sur un osselet jusqu'ici inconnu du crâne des Touracos

ou Musophagidés, accompagné de quelques remarques sur des

os semblables chez d’autres familles d’'Oiseaux, par M. J. Rein-

Du système dentaire et du remplacement des dents chez le Hé- rissons par M. Sahlertess AR TRS RECU ROSES Cyames ou Poux des Baleines, par M. Chr. Lutken. . . . . . .. Sur quelques Sauriens nouveaux de la Nouvelle-Calédonie et de l'Australie, par M. Barboza du Bocage. . . . . . . . . . . .. Un Spongiaire nouveau du système Eifelien, par M. G. Dewalque. Note sur le Leptocéphale de Spallanzani, par M. C. Dareste. . . Exploration bathymétrique de la fosse du Cap Breton. Note de MM. P.: Fischer et de Fohini ie S'IL ONU 0 SOUS Reproduction hybride d'Échinodermes. Note de M. 4. F. Marion. Vers parasites des Chauves-Souris de la Belgique, par M. P. J. Van Beneden. s » à à NIUE MOINE LATE SON EM Embryogénie des organes électriques de la Torpille et des organes pseudo-électriques de la Raie, par M. Leone de Sanctis. . . . Sur des restes de Baleines fossiles trouvés en Italie, par M. G. Capelliny. LE UMA PONDMIINNT EANPPOT, ATEN) Rôle des glandes utriculaires de l'utérus dans la formation de la portion maternelle du placenta et dans la nutrition du fœtus, par MBrcobgne;0 LU DR AUD DIT DJS AOORE. COURS Énumération de quelques ossements d'Animaux vertébrés re- cueillis aux environs de Reims par M. Lemoine. Note de M. P.

Gervais (plÜ XI). à 21.29 HO QUEIRIAUS UJIAUEL, ERP

Mammifères dont les ossements accompagnent les dépôts de chaux phosphàtée du département du Tarn-et-Garonne et du Lot, par

M. P. Gervais (pl. XIV à XVI)... 8 + 1940 NE

Organes phosphorescents thoraciques et abdominal du Cocuyo de Cuba, par MM. Ch. Robin et Laboulbène. . . . . . . . . . .. Recherches sur les Ténias des Oiseaux, par M. H. Krabbe. . . .

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TABLE DES MATIÈRES.

| Classement des diverses périodes de l” âge de hi pierre, par M. Ga- AL Cd CAE NP RE TO OS ERP PME ER Se À Remarques au sujet du système dentaire de l’Aï rune tri- > dactylus), par M. P. Gervais (pl. XVIII, fig. 1 et 2). . . . .. EX: Nouveaux Reptiles de l’intérieur de Mossamedes, par M. J. V. à: ttouza die Bocage. trs 4 10h RNA à Ji 4) HATR À _ Description de quelques Ophiurides nouveaux ou peu connus, De - Mao Chr. Lutkens. 410044 00 4 PALIN A CNCTÉTRADR _ Du Moloch et de l'Héloderme, Reptiles æ Pad des Sautens

; _ par M. P. Gervais (pl. XII, XVII et XIX). RUREURS ENT _ Recherches anatomiques sur les Édentés ads par M. P. E. LR ANT CONNUE NATIONS | A RAR !

_ Vertèbre de l’Hypselosaurus priscus, trouvée à Pugère (Fouches D du-Rhône). Note de M. P. Gervais. ., . . 4... 0. 11.

7e Monstre humain triple par inclusion. Note de M. PAR ‘à Surun nouveau genre de Lémuriens fossiles, récemment découvert De dans les gisements de phosphate de chaux du Quercy. Note de

D Pa AS NASA A A AE A EN UN RL D “à Remarques sur la faune sud-américaine, accompagnées de détails + ni anatomiques relatifs à quelques-uns de ses types les plus ca- Dractéristiques, par M. P. Gervais... à... 4.0 eu Sur les marques que portent les os contenus dans les pelotes re- jetées par les Oiseaux de proie et sur l'importance de ces marques pour la géologie et l'archéologie, par M. Japetus E Sieenstrup (pl. XX). HAS TETE RE TRUE OU QT PIE | _ Remarques sur la dtition Fe Narval, par M. P. Chan 00%

_ Description du crâne d’un Oiseau (Odontopterus tolia- . _ pica) du London-clay de Sheppey, par M. À. Owen (pl. XXI). | Pied d'homme à huit doigts, par M. Lavocat. . . . . . . . . .. PR Squelette de grand Paléothérium (Palæotherium magnum de Cu- _ vier) trouvé dans les plâtrières de Vitry-sur-Seine. Note de OO ON AI ER LD El CUT

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ANALYSES D'OUVRAGES ET DE MÉMOIRES (1).

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566 TABLE DES MATIÈRES.

(DL MDE NS CET AE INE MEL E RARE GVOME SAE TR TRES Les organes du toucher chez divers Mammifères, Oiseaux, Pois- sons et Insectes, par M, Jobér£, 4h, 4 LL UN Long extenseur surnuméraire du gros orteil, par M. Bruhl. . . . Travaux récents relatifs aux Gétacés. . .... , .. .. .. .. Les gites de chaux phosphatée dans le département du Lot, par M Alone. 1 (L\. iv eUOfE JIDURUL: LION. AN MSIE TD UNERNES Ischyornis dispar, Oiseau fossile propre aux terrains crétacés su- périeurs du Kansas, États-Unis, par M. 0. C. Marsh. . . . . . Les Tanatophides (ou Serpents venimeux) de l'Inde, par MoFayner.lsh., Le UNE L'INSERM EE Contributions à l’ichthyologie de l'Australie, par M. F. de Cas- einem ill OPEN 6607 LOL AA EE IAUIREE ESPMERSESS Note de M. Sidney-Smyth sur les Crustacés recueillis sur les côtes du Brésil par M. le prof. C. F. Hart.. . . . . . . . . .. Notes sur les Radiaires du muséum de Yale College, avec la ca- ractéristique de genres et espèces non encore décrits, par MAAUE Verhils. 6. 0 005 21 ee CON ANNE Sur l’Helminthe rencontré par les D. Wucherer et Crevaux dans

les urines hémato-chyleuses. Note de M. Corre.. . . .. ... 49 Recherches sur diverses espèces de Trématodes, par MM. Zeller,

von Villemoës-Shum et von Linstow. . . . ... . . ...... 51 Académie des sciences de Paris : Travaux relatifs aux sciences

zoologiques pendant les mois de juillet à décembre 1872. . . . 99 Société entomologique de France, Annales, 2e série, t. IL. . . . . 71 Journal de Conchyliologie de MM. Crosse et Fischer, 3 série,

29.0 | CNUNAPODENSENRE CURE INCTS OS DIRE Fer CORNE S TOR PTE D 72 La Naturaleza, publication de la Société d'histoire naturelle du

Mexique MT. .. , 0 MMA EI LIGNES ANNEES 72 Station préhistorique découverte aux environs de Villefranche !

(Alpes-Maritimes), par M. Rivière. . . . . . . . . . . . . .. 186 Rorqual pris sur les côtes de la Corse.. . . . . . . . . . . . . . 186 Nouvelle espèce de Saïmiri, par M. J. Reinhardt. . . . . . . .. 187 Sur les Mammifères et les Oiseaux des États-Unis, par M. J. A.

AMIENS 7: 0 d'etiae a + 0e ANR MENT ES EN ERRS 187 Histoire du Balanoglossus et du Tornaria, par M. Alexandre

Agaasis.) L'ile SR der ETAT PNR LOIRE 188

Polyzonium germanicum, par M. Fr. Meinert.. . . . . . . . . . 189

PA CRhoimt par M} C: A! von Borafn. AM, Lo AUX Sur l’âge des Anthropolithes de la Ur par M. Humy. _ Nouvelles espèces de Tapirs propres à l'Amérique méridionale,

par MOVE Gray (pl VIT). . 4 Sur l’organisation du Globiocephalus melas, par M. James Murie. _ Hydrosaurus lesinensis, nouvelle espèce de Sauriens des cal- _ caires lithographiques de l’île de Lesino, côtes de Dalmatie. . # 4 Remarques sur le transformisme à propos de la nouvelle édition

Re. S.- onter see tele

ne de la Philosophie zoologique de Lamarck, par M. P. Gervais. . _ Les Insectes, Traité élémentaire d’Entomologie, par M. Maurice “% Girard (1% partie)... ..................

4 à Recherches pour servir à l’histoire des Lombriciens terrestres, À par M. Edmond Perrier. . . . .. à _ Faune conchyliologique terrestre et fluvio-lacustre de la Nou- de _ velle-Calédonie, par M. J. B. Gassies.. . Révision des Échinides, par Alexandre Agassiz (première et 1 dénsième parties) (pls EX): 222 22 078 OR À #3 a _ Annales des sciences naturelles, publiées par M. MES

AR Ut XVe XV “ON Niue 0

mA R ui ta Tes ep a Tele .

a Revue et magasin de zoologie, publiés par M. Guérin- Ménéotilel LE CO CR ER Te NE TROUS Archives de zoologie crient et générale, publiées par M. de Lacaze-Duthiers, année 48792. . ..... .......

_ Journal d'anatomie et de physiologie, publié par M. Ch. Robin, année 1872.. . _ Archives du Muséum d'histoire "ture de Lyon, qe et 1ivr. : | Découvertes préhistoriques faites dans la chaîne de la Gardéole,

DE M À: Munier: 50 ne RON x ‘4 Découverte du Pelobates fuscus aux environs de Milan, par Ne ARE VEN AAEIEE CAO QT Er Académie des sciences de Paris : tr zoologiques ; janvier à L # LENORES RAR RERR EL LRRTRSRE AH CU ER L à ah & g Phylloxera Vénus MAP ANR ERREUR 4 YU DES AUEEERES CIE ei

Ç Études sur les Reptiles et les An du Mexique et de l’Amé- L ; rique centrale, par MM. À. Duméril et Bocourt. Palæolemur Betillei, Lémurien des phosphates de chaux du Lot, par M. Delfortrie {pl. XVIII)... .

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221

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Remarques à ce sujet, me M. P AE F0 à 117) FRONT RRS CRETE à de

Recherches sur les tubes de er et le pancréas des Poissons osseux, par M. Legouis. .

Travaux divers

Les monuments préhistoriques des environs de Dreux, par

AL Indes. |

Formation des os, par M. Stieda.

Rongeurs fossiles du Bohnerze de l’Allemagne du Sud et F la Suisse, par M. Forsyth Major. . . DU.

Note sur des fossiles éocènes des États-Unis, par M. Edward Cope. .

Sur deux dessins de Cétacés du Cap FA Boude Fer par M. P. J. Van Beneden. . .

Sur le Marsouin, Phocæna Linnæi ou Delphinus phocæna, par

Recherches sur les Chéloniens fossiles, par M. Winckler, Ruti- meyer et Maack. .

Structure du crâne et des membres chez les Reptiles Mosasau- roïdes avec description d'espèces et de genres nouveaux, par M. O. C. Marsh.

Études sur l'Amphioxus Fos et par M. Ludwig Stieda. .

Catalogue systématique des Araignées du canton du Tessin, avec leur distribution horizontale et verticale et des détails sur l’Aranéologie suisse, par P. Pavesi.

Nouveaux Mémoires, par M. Paolo Panceri.. .

La faune éteinte du Nebraska, par M. Joseph Leidy (3° article). .

Études sur les mœurs, le développement et les métamorphoses d'un petit Poisson chinois du genre Macropode (Macropodus connai), Par M. N. Job RER CR TARN ENS

Sur quelques formes remarquables appartenant au règne animal, qui proviennent des grandes profondeurs sous-marines des côtes de la Norwége, par MM. Michaël et George Ossian Sars.

Morphologie des poils des Chéiroptères, par M. Pietro Marchi. .

Signification de certaines parties du cerveau des Poissons, par mario Shea. KE). hs le tehe bete leE DATE

Remarques sur quelques pue post-tertiaires de l'Italie, suivies de considérations générales sur la faune des Mammi- fères post-tertiaires, par M. C, J, Forsyth Major. , . ...,.,

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TABLE DES MATIÈRES.

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| Mémoire < sur PR pa de Mammifères fossiles propres à APS. -

| u ements coralliens du

: »% | Jura dans le Bugey, par M. Victor Thiollière ; Seconde livrai- A son revue et annotée par M. P. Gervais. . . . . . . . . ...

D BIOGRAPHIES.

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Pi: FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU TOME DEUXIÈME.

_ (LT Paris. Imprimerie de madame Bouchard-Huzard, rue de l'Éperon, 5.

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CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION :

Le JOURNAL DE Z00L0@1r pue tous les deux mois, à partir de 1872, par cahiers de 5 ou 6 feuilles et de 4 ou » planches, de manière à former, chaque année, un très-fort volume, accompagné d’un atlas de 25 planches environ.

PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL :

Ho Paris... DURS NE ANSE TS 20 fr. Pour les départements et l'Algérie. . . 23 fr. Ponr étrangers - 2: #1: N'a 25 fr. Pour les pays d'outre-mer. . . . . . . 30 fr.

LES ABONNEMENTS PARTENT DU Ie" JANVIER DE CHAQUE ANNÉE. À ON S'ABONNE 3 En adressant franco à l'ordre de M. ARTHUS BERTRAND, 21, rue Hautefcuille, un mandat sur la poste ou une valeur à vue sur Paris,

7 Le Journal de Zoologie renferme des mémoires originaux relatifs aux différentes branches de l’histoire des animaux, des analyses d'ouvrages et publications ayant trait aux mêmes questions, ainsi que des notices biographiques.

Il y est rendu compte de toutes les publications zoologiques dont il est envoyé franco deux exemplaires.

Les lettres, mémoires et travaux doivent être envoyés FrANco. 8

\ OSTEOGRAPHIE DES CETACES, vivants el fossiles, compre- nant la description iconographique du squelette, et du système dentaire de ces animaux, ainsi que des documents relatifs à leur histoire naturelle, par MM. Van Beneden, professeur à l’Université de Louvain, et Paul Gervais, professeur d'anatomie comparée au Muséum de Paris.

Cette publication paraîtra en 14 livraisons environ, renfermant chacune 5 feuilles in-4° de texte et 4 planches grand in-folio lithographiées.

Prix de la livraison: 15 fr. En vente : les 10 premières livraisons. x

Zoologic et Paléontologie générales, nouvelles recherches sur les animaux vertébrés vivants et fossiles, comprenant des documents et mémoires d'anatomie et de paléontologie sur différents groupes de vertébrés, par M. Paul Gervais, professeur au Muséum de Paris.

2ette publication se composera de 3 volumes, format grand in-4. Chaque volume contiendra 300 pages environ, avec de nombreuses figures dans le texte, et sera accompagné d'un atlas de 50 planches lithographiées. |

PARr:: 65 fr.

Chaque volume est publié en 13 livraisons à 5 francs chaque.

Première série. Recherches sur l'ancienneté de l'homme et la période quaternaire.—Recherches sur différents groupes de mammifères, particulière- ment sur les animaux qui ont été détruits pendant les périodes tertiaire et quaternaire. Recherches sur différents groupes de vertébrés ovipares, les uns actuellement existants, les autres éteints, et sur les faunes auxquelles ils appartiennent.

Seconde série. Sous presse : les deux premières livraisons.

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On trouve à la même librairie les différents OUvrAGEs et Mémoires de M. Paul Gervais.

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L Paris. Imprimerie de madame veuve Bouchard-Hluzmd, vue de l'Eperon, 5.

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