BURNDY LIBRARY Chartertd GIFT OF Bern Dibner The Dilmer Librarv of the History of Science and Technology SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES "I- ■' ■ il ■ ;; ■' ■■ - Y.-. t'JvS 1 i - . V * . . . ' JOURNAL D U VOYAGE FAIT PAR ORDRE DU ROI, A L’EQ U A TE U R, SERVANT D’INTRODUCTION HISTORIQUE MESURE 6 DES TROIS PREMIERS DEGRES DU MERIDIEN. Par M. DE LA CoNDAMÏNE. < I I IIIWIIBII O pp ° fuit Naturel Alpemque nivernque. juven. Sat. X. A PARIS, DE L’IMPRIMERIE ROYALE, M. D C C L I. iiumm Carte de la Province de U I T O du Pérou Dressée sur les Observations astronomiques Mesures géographique s i "* Renvoi A **&**!- r^Mùnuu^.dont Tl'"' / r> jp'çfgm. , „ tes noms n-ontpu être écrits 'i-d-PÎ ^ 9 Journaux de route et Mémoires / p^ug, de Mr de la Contamine .ig ciZ et fur ceux A £ DonPjedro MAUDONADO . RdtS- Par ML D ’Anville de VAcad. Impériale de Petersbourq . PRd&Manqla. Ancon de Sa Am **** PPcUo*& PMl - A# da™ la Ca,k ■l S> ^‘p • "'vi’ èù Cerro (p'r ïf9u*r - n. @ ouTo,p° Comme ony a suivi lortho - ' SïdA '*& srapheEspaffnole.les noms ï *° ■ -a$n9p,'. C aÏaLI 'Æ&ûts 1 "rv,n-^ 2^v-o. . ici entre deux parentheseccs sont conformes d l'ortoçraphe Françoise. J. CoeJiesijui - O Observatoire . çjTanlaaoa, 3 Chanpallif Scfianpailli -) pPuca-Uaicu ( Ouaicbu.) Milia. --JpÈPô PapOrÜrciL ( O ur cou •} llpTy Ouarujo -tas sire . a 8 Cfuilapu ( Tcfiouiapou.j qpELivicctisotc .) -Xo(Chitc/iUcJioco .) - JlÆidmut fJFoulmoui.} Ljoaiala ou Coaya/ruv . j3Bmal. ;"'r' Î^sicaponpo ouDolomboc . lSJdabuço (Nabouço-j jPAmula {Amoula.} mj Zaprum / Zqproum J j8 I/anlarujuço (cjouço.) ...... ig Seneçoalap. ** v"’ Chutai/ ( ClunifaZ. j %Puntal 21 Sa£cha- lion- ioma . 22(Sinaça*. m TandUrSC /envNepro 1 ? pJUlar tU ÇuafOtélife^p . . . }uLJDjl,U A; ' naava-aaaa. , „ „ . , Equateur ou Lia .xt: -P T.o i '! noctjaiÀ ?:-%*£ P^Peden -PCPa. ^ofAilpa-roupachca. .) % PP-deUBa Ai PP^dclosBorrdi Nr r ÿ jï A vv | £ $«? ^ 3 la Canoa- Qr&ïgCsL s si pros prd^se!3 PP-VÜL pr&oz prpaji Caraques -VU A >Ri erc/uggf A- H, Uj ^ Pr-cU CkanéSÊ . « An. ^ _ r au,-.,/, N*\. Ensemadacùp EtwenaxLa, de Char, -Cpty- “”9 ^-Çf, picota a-> Aci/.-.p,: Write C/irish^- rpjpK -u.. .5# ÿ.«4fw^ av r C fsS-iL., .1 '•* "A*N • . . " g »^K>apj>.^u(s-ça - .^a-XPuerfo^iejo .j, P^éJ^si' SLoC^:^ . delCaUv ■ -J:'— «-a > '%fTS‘:Sà « '-'A ^ 3a ï»è A^a.yA ^ ■'* r •«=£"• Ctumaha ISCf-’S ^aV^ /Cx^'- -S^vclo a .£»..-!!* . •■ •>.?*•- Vrr‘'M'Ka^® . î tO ”if • ■ * -?vAz o Urcu assaji ‘ Sahzrujo ^ ■AsWfe V:»- ^ P Bde S^Hdenà^' A 'fe cou»&y™^'Mp£: ^^'^^PPr:Xs '"^ ., —•»**•> -s*.- ■ .- «oa. -*-n ' , - ' -Ulr-v- ,1 rr. Jy. '. *-ÎS Sîf!“* , ,. 1 V. -,..N — — • — -^^^stîJSST ... £t - - W .Si.'ir. » »•’ 'hu]U*0 aa ait t On a pjravc d Un trait phto fort ce epui cst pifeuæ connu et plus exactement déterminé - 1 es JWon Icu/nes représentée^ en plajhjjeometral sontcelles dont la position cstfucec c/eometrujuement, celles tpii sont mies en perspective ne sontplaeées îpue sur l ’aspect du pays - Ea partie de la Côte gui n’a point de hachure a etc' tiree d'anciennes Cartes manuscrites faute de plus surs -Mémoires . , .... / **. W„ x'dà'ds- \UhtrsP AV :»“• ,ç- 1 Golfe de Guayaquil GGl- MujAdtJff* Lieues de 2 5 au Dei/re ou de 22 83 Toises Z de- S P* Ch mVEiU | -ï-* ,, a 0» . ■ j. .^-/y; AVf • - v /i a !t- av> - *8- *ru. d * Ta F-Xdt "A *el timor tu.) odo Iiieucs Marines de 20 auDet Dl Ter, and '--*■** 'Mai-’. Af. 'una- de Jia La. M Lieues Espagnoles xnilpaircrnent j'eputees de rj 3 au Eecrre 5 10 i5 ijf Lieues Espac/noles dzxees a 5 000 Tares ,etijtd s évaluent cnp] Toises T Journées en pai/s uni, de 3 au Deejrr'e 1 Journées enpai/s coupe de Mon tziitnes etde-JRi ' . 1 " / . ~1 Lieues François es de 3oooJ?as Geométr? ou 2 5 00 Toisi Echelle de 3o mil- Tms.po7. les Trtanples de la Ateridienne _ *.â-lAv (* .? - U SUep “ " A1^- 4 12Â4.5 Ci Blanc 20 a5 3o »-fS r-Æ -V... \V O. '--I / / "Or. x-anjin aCuencaen.iy3ci.mlctucôC JuSTord . , % &^£rnaS . ! "Sr* ,1/ jwS.^ . . _. "3 A- ; ■"Ayu. AvpA-*- SK. »a6«cv«“- _.; -~.Ç ymÊj •?,.,??-».“ïiS>. Kvd XT yi,- . n ^ 7^ Pâlot ôlc-an **p"KfA, AÎrjie’M * VrimtduPu KjlJtnù- liS* Q~ ’/tf Ç(1' .«M* “A'* Ïï l\ Aî:A®. - vWSU :•!>> - ^ y''» MM :Ay iSÿ A»'«r *SsS^» • AVw///.,.,. .C •' A d&CcU, 9 n _ _ _ . . __ _ _ Ûdiadolid' ‘ T il' Aïr fe PeilnparU i> Y^ra _ /•«%-• .^r .r.. i > Gerro delErqoMl^ * ... :-•£'" '. . .«> 4ç9U> Sematé lift Colan- SiüdU^G/ tPa Payta v CertvddMrwjÈL ' .'.-V';' . JIAi. -^->Vy3Êsî &.Æ ;.;A^5*Assî A , ^ * 'A. Vi,:A San-MIgTieJ f ÇJiunibicos- 71; Cd^ ' > ^ 'J*%T 'A r tA.aa • „ | - a , ^ 05 ^ . .0?.,9 .o^- ,9 r .*®A ^S;-.-;^.fl(>....9..e À*: f - °'0 W ÿcA a* ;.A:- «.-a '•9potflx ■Mine de/S Jose£ rMi A m >? . .«.«.s«. 1 Vf..'" \ C>> A..... ^5- . ':-. îa-SnO^ é Æi*'» A w A >■>*■« O ,v?X ~T0TambPSg, % %S./Yapo deToro Vg T...T» - .. Dn a AsCiSr AÉM >?. T#ÿ A- «1 4 1^:, ‘pp/tU )‘4. A" ■ ç»c o; ?c AA .V9 î‘-K^; 'Y~ 9qp C .‘OYTLv ■*? *•'.■. '■ ' ' î9»q^„-.,9QÆli'.. . . . . •*'.*M..« -'d - ' " ** -p^upUidue. •y . - ?9.9U -#.'Jî; . -Qjpyjrianbaçev î;' C , AV', [kÇOîà::1 " Detroitjfde&itara .fi “t..»î> .9 9 î... -.^c .‘>a .,/i f, iEP -r1 ' 9.9. <*. y. ^ '..a&a-t Nnft- Y; v , ’Ut fKïf f De tr oit d ’Escurrebraças -a$l 7'A - ... x .... c.,-. ^ q^-.cSSo^e-C'- SA*-.. J,-.. - *' „ ApiU ta»- j - ■#«. æt-vSu 9. ?e > ,» 9 A ^ . ^...^ ' ■A o;^*uy âEm^ . °" Detroitde 9 3-5>-. <^e r-SfUo^ A- '^ -•Q S'Lueasch aCv" ypà^ AJ Cherapa.i a.. JAEN délira. ■Æ: pUifoneE HCumUaama ‘ ^ , •?'° H ‘*-ggf- Crus ad 4. Cite «9 âerf - 9 .f... Jbuir'j.’CJtda ( A» K ' dechura vA -■ Vdla .3, Mlle p'-U/ft.. . Asâento ^ Bourg n0 • ,9-^.Qi.. _ turato î Paroisse de Campqc/ne 'fc d$ Annexe ^ ^ JBcuzienda o Métairie Ucu^pulolL Corridor, \ &vÊC : 9.^; .,■(> 1 ;| .. /.o*.. 1^' T/ iPuujùv b'etc&s dans cep Carte sont ceux, qui. ont serci a. la. mesure de. la Atei uhe/uie . **. !.. zmmnnnmmh dmummmn: -imuinniimuL. Carte de la Province de Quito du Pérou Dressée sur les Observations astronomie^ Mesures geograplnqnes, Journaux de route et Mémoires de MI de la CONDAMINK. et fur ceux de BonPjuuw MAIJÏONADO . Par M!' D ’ANVILLE de lAcad. Impériale de Petersboiu / Nous partîmes de France, M. Godin, M. Bcuguer 6c moi, en 1735, envoyés par ordre du Roi dans i’Amérique elpagnole, 6c chargés par l’Acadé¬ mie défaire aux environs de l’Equateur, des obfér- vations de divers genres, 6c fur- tout celles qu’on jugeoit les plus propres à déterminer la Figure de la Terre. Ce n’efl qu’en 1 77 1 , près de fept ans depuis mon retour, que je donne l’hiftoire de ce voyage académique , 6c que je rends compte de la part que j’ai eue au travail commun. Voici les raifons qui ont fi long-temps retardé la publication de cet ouvrage. M. Bougucr, revenu plus de huit mois avant moi , avoit lu dès le mois de Novembre 1744-, dans une alfemblée publique de l’Académie , une Relation abrégée de nos opérations dans la province de Quito. Ceux qui n’avoient pas tenu la queflion de la Figure de la Terre pour décidée , les années précé¬ dentes, par les divers ouvrages de M. de Mauper- tuis *, n’avoient rien oppofé au réfultat des nou¬ velles mefures des degrés de latitude 6c de longitude, * Fig. de laTerre; De g. du Adérid. entre Paris & Amiens; E'iémens de Géographie ; Parallaxe de la Lune ; AJlronomie nautique, &c. 1; P R E F A C E . exécutées en France les années fuivantes*, & qui toutes confirmoient les conféquences tirées des opérations du Nord. Enfin, s’il rcfloit encore quelque partifàn de l’opinion de la Terre alongée ou fphérique , l’accord de nos obfiervations du Pérou avec celles de Lappo- nie & de France, leur concours mutuel à prouver i’inc- galité des degrés du Méridien croiffans de l’E'quateur au Cercle polaire, ne permettoient plus en 1744, de douter que notre globe ne fût aplati vers les pôles, & ne laifïoient déformais d’incertitude que fur le plus ou le moins de cet aplatiffement. La curiofité du public fur la figure de la Terre, étoit donc non feulement làtisfàite, mais peut-être laffée, lorfque je revins à Paris au mois de Février 1747 Je crus, par cette raifon, ne devoir pas traiter cette matière dans l’écrit que je lus à l’affemblée publique du 28 Avril de la même année: je me ren¬ fermai dans une relation fuccinéle de ce qui concer- noit mon retour par la rivière des Amazones. Cependant il convenoit que le détail de nos opé¬ rations fût rendu public. Elles ne nous appartenoient pas en propre, c’étoit le bien de l’Académie : il ne nous étoit permis d’en difpofer que de fon aveu, & fuivant fes vues. Le deffein de cette Compagnie, & l’intention du Roi qui nous avoit été plufieurs fois déclarée par * Voyez Mérid. de Paris vérif. par M, Caffini deThury, Paris, 1742, P R E F A CE. iij M. le Comte de Maurepas, ayant été que nous tra- vaillaffions de concert à un ouvrage commun , je ne pouvois douter que ce que chacun de nous y avoit contribué, ne fût recueilli en un corps, qui feroit une fuite des Mémoires de l’Académie *. Outre ce qui s’étoit pratiqué en pareil cas à l’égard de la defcrip- tion de l’ancienne & de la nouvelle méridienne de Paris , nous avions fous les yeux l’exemple récent des Académiciens envoyés au Cercle polaire. Un ouvrage auquel tous les obfervateurs avoient eu part, de que l’ancien avoit rédigé; un ouvrage renfermé précifé- ment dans les bornes du fujet, agréé de l’Académie, applaudi du Public , traduit dans toutes les langues de l’Europe, fembloit nous indiquer la manière la plus convenable de remplir nos engagemens ; fauf le droit qui refferoit à chacun de nous de publier à part les réflexions particulières, comme avoit fait M. Clairaut dans fa Théorie de la Figure de la Terre. Je favois que je ne pouvois clifputer à M. Godin ni à M. Bouguer, mes anciens l’un & l’autre, l’hon¬ neur de rédiger la relation de nos opérations. Si j’euffe * Le livre de la grandeur & de la fg. de la Terre , par M. Cafpni , qui contient le détail de la mefure de l’ancienne méridienne de Paris, fait une fuite des Mém. de l’Acad. de 1718 : celui de la Aîérid. vérifiée , publié par M.._CaJfini de Thury, porte le titre de Suite des Adém. de l’ Acad. de l’année 1 742. Quant à l’ouvrage fur la fig. de la Terre, donné par M. de Maupertuis, d’après les obfervations & celles de fes compagnons de voyage, il eft inféré en entier dans les Mémoires de l’Acad. de 1737* a ij IV PRETA C E. entrepris ce travail fans en être chargé nommément, ils auraient pu d’un feul mot en arrêter la publication , en réclamant leur droit, que je n’avois pas delfein de leur contefter. Je me contentai donc de recom¬ mencer en 174.6, tous mes calculs déjà faits, vérifiés & communiqués à M.rs Godin & Bouguer long temps avant mon départ d’Amérique. Je les tins prêts à être remis à fun des deux ; mais j’aurois regardé comme perdu le temps que j’eufTe employé pour en faire un ouvrage fuivi , en lui donnant une forme qui aurait fans doute changé entre les mains d’un autre. On fait affez combien il y a loin des maté¬ riaux d’un livre , même arrangés & mis en ordre , à un livre fait, & en état d’être préfenté au Public. Des nouvelles pofitives du prochain retour de M. Godin , chargé par lès inftruéfions de tenir regifire de toutes nos obfervations, tant communes que par¬ ticulières; fes lettres même, qui confirmoient cet avis, étoient pour moi un nouveau motif d’attendre ce qui ferait réglé fur la publication de nos travaux, quant à la forme. On n’étoit pas encore informé que M. Godin ? appelé à Lima par le Viceroi dès 1744, y dvoit accepté pour un temps la place de Cofmographe *, & celle de Directeur des fortifications du Callao ; qu’il s’étoit trouvé à Lima lors de l’affreux tremble¬ ment de terre du 28 Oétobre 1746, & qu’il avoit Yoy. Introduction hijlorique , Année 1 74 5, page 2 1 6» P R E F ACE. v été retenu pour travailler au nouveau plan de cette Capitale. Les chofes étoient demeurées dans cet état d’in¬ certitude, lorfque M. Bouguer, en 1748, demanda l’agrément de l’Académie pour faire imprimer fous le titre de fuite de fes Mémoires, un vol. in-4.0 fur la Figure de la Terre, déterminée par les obfervations Si par les miennes. Cette demande donnoit lieu à un nouvel arrangement, auquel j’étois fort éloigné de m’oppofer; c’étoit de publier chacun fon ouvrage à part comme fuite des Mémoires de l’Académie : je me trouvois, à cet égard, précifément dans le cas de M. Bo uguer. Il obtint donc ce qu’il- demandoit, fans que j’y formaffe aucune oppohtion. Je vis alors ce que j’avois à faire ; mais ce n’eft que depuis ce moment que j’ai fu que j’étois le maître de dilpofer des maté¬ riaux que j’avois raffemblés, Si de leur donner la forme que je jugerois à propos. Mon plan fut bien-tôt arrêté : je travaillois à l’exé¬ cution, lorfque les circondances m’ont obligé de dé¬ membrer mon ouvrage : je ne lai (ferai pas d’en don¬ ner ici le profpeftus conforme à mon premier projet. Le titre de Suite des Adémoires de ï Académie , que ce livre devoit porter , Si la variété des matières qui dévoient en faire le fujet, m’avoient déterminé à imiter la forme Si la didribution de nos recueils aca¬ démiques, Si à divifer mon livre en Hijloire Si en Mémoires* %■ * O- a ii) vj P R E F A CE. La P rem ière Partie devoit contenir une rela¬ tion hiforique de tout le voyage, laquelle eut em brade les divers objets qui pouvoient intérelfer la curio- fité du leétcur. Tout mon embarras étoit de lavoir quelles bornes je devois me prefcrire; li la gravité du titre , 6c la nature des matières qu’il annonce ordinai¬ rement, ne m’interdiroient pas ces détails purement amulans , que le plus grand nombre des leéteurs re¬ cherchent ; 6c jufqu’où il me feroit permis de m’é¬ tendre fur les mœurs 6c coutumes des peuples policés ou làuvages du vafle continent de l’Amérique méri¬ dionale, que j’ai traverfé en divers fens ; tantôt du nord au fud, de Quito à Lima ; tantôt de l’oued à l’ed , des côtes de la mer du fud aux frontières de la Guiane 6c du Brefd. Un aidez grand nombre de plans, de vues, de cartes 6c de delfcins laits fur les lieux 6c d’après nature, dont quelques-uns étoient déjà gravés, auroient accompagné cette première partie : la plufpart de ces derniers appartiennent du moins autant au moral, qu’au phylique du pays. La Seconde Partie auroit eu pour titre : Mé¬ moires de Mathématique S' de Phyfque , recueillis ■pendant le cours du voyage à ï Equateur : elle devoit être divifée en trois livres. Le premier n’eut traité que des opérations concer¬ nant la mefure de la Terre: le fécond eût contenu divers mémoires de mathématique 6c de phyfique, relatifs à cette mefure : le troifème, d’autres mémoires P R E F A CE. vf; de divers genres, fur différentes matières étrangères à ce fu jet. Voici le titre & la diflribution des deux livres qui dévoient compofer cette fécondé partie. Livre I. Opérations faites vers l’ Equateur, pour reconnaître la figure de la Terre. Seélion I. Détermination géométrique de la longueur de l’arc du Méridien. Seélion il. Détermination agronomique de l’ampli¬ tude du meme arc. Ce premier livre, dont je fupprime ici le détail, efl l’ouvrage que je donne aujourd’hui fous le titre de Mefure des trois premiers degrés du Méridien dans riiémifphère auflral. Liv. II. Mémoires de Mathématique ér de Phyfi que , relatifs à la figure de la Terre , ou aux opérations faites pour la déterminer. Ce fécond livre devoit contenir les articles fiivans. I a Mémoire fur la mefure actuelle de la bafe d’Ya- rouqui. Il b Mémoire fur la mefure aéluelle de la bafe de Tarqui. 1 1 1 Remarques fur les triangles de la méri¬ dienne de Quito, & fur les changemens que fioufifrent les angles obfervés dans des plans inclinés a l’hori¬ zon, lorf quon les réduit au plan horizontal. IV Expé¬ riences fur la réfradion des objets terrefires. V Ejfai a Envoyé à l’Académie dès 1 73 6. h idem » viij P R E F A CE fur fon évaluation. V I c De la manière de conclurr e la hauteur vraie d’un objet par les angles obfervés de hau¬ teur ou de dépreffîon apparente, vu Supplément à la Table des hauteurs des montagnes de la province de Quito , dont les fommets font couverts de neige ; & hauteurs de quelques montagnes voifnes de Limai. VIII e Expériences fur la longueur abfolue du Pendule à fécondé à différentes élévations du fol , d & Juin r/j y. 1 1 ' Hauteurs méridiennes du Soleil. 1 1 1 k Hauteurs méridiennes d’étoiles. IV1 Obfervations d’éclipfes de Lune & de Soleil. V m Obfervations d’immerfons d’émerfons des fat ellites de Jupiter. VI Obfervations faites pour déterminer les réfractions afronomiques fous l Equateur , au niveau de la mer E à Quito , tant le qour que la nuit. VII Tables des réfractions afronomi¬ ques pour Quito , jufquà 20 degrés de hauteur, tirée de mes feules obfervations. VIII n Obfervations diverfes, faites à Lima Expériences fur la dilatation èr la condenfation & un plus grand nombre dans I’édition efpagnoïe , qui a pour titre, Extrado del dlarïo de obfervaciones, &c. Amfterdam, 1745. u Ibid. x Relat. de l’Amazone, Aiém. de / 744, pp. 3 9 1 -49 2, & pafim. > II en a paru quelques-unes dans les Mémoires de l’Académie, de 1736, page j 0 0. 1 Voy. Relût, de l’Amazone, & Introdudion hijlor. p a film. a Relût, de l’Amazone. A4 ém . de l’ Acad. 1 747, p. 48 8. ,6 A4ef. des trois prem. deg. du Adérid. p. 77 & luiv. bij xi; P R E F ACE . des métaux. VII y Obfervations météorologiques. VIII ^ Déclinaifons de F aiguille aimantée , obfervées en mer avec le nouveau compas de variation que fai décrit dans les Mémoires de l’ Académie de 1733 ■ IXe Dêclinaifons de l’aiguille aimantée , obfervées à terre dans la çone torride , depuis 3 degrés de latitude boréale , jufqu à 1 2 degrés de latitude aujlrale , dans l’étendue de 30 degrés en longitude. X F Inclinaifons de l’ aiguille aimantée , obfervées en mer & fur terre en differens lieux. Les deux tiers des articles dont je viens de faire l’énumération, ont été lus à l’Académie , au moins en partie , avant ou depuis mon retour : quelques- uns font difperfés par extraits dans des ouvrages déjà imprimés ; mais aucun n’a été publié complètement: l’autre tiers n’a pas encore vu le jour. Tel étoit le plan du livre dont j’ai tous les maté¬ riaux prêts. Je ne m’y fuis pas exaétement conformé dans l’ouvrage luivant : j’ai donné à la partie hiftori- que une autre forme que celle que je m’étois pro- pofée : je me fuis borné dans la partie mathématique aux feules opérations qui concernent la mefure du degré : je ne donne rien aujourd’hui de mes obferva¬ tions diverfes: mon livre, ni celui de M. Bouguer, 7 Extrait d'obf. de Quito a Lima , ut fuprà , &c. Voy. Carte de mes routes, a la tête de l’introd. hijloriq. t Relat. de l’Amazone , & Aiém. de V Acad. 1745, pages 39 1 & fuiv. pajfim. K Ibid. PREFACE. xïij ne portent le titre de Suite des Mémoires de l’ Aca¬ démie: il ne paroît que long-temps après celui de cet Académicien : on eût en droit d’attendre fur tout cela quelques éciairciffemens, & cette Préface m’avoit paru le lieu le plus propre pour les donner. D’un autre côté, je fens combien on doit être réfervé à préfen- ter au Public , comme dignes de fon attention , des objets qui difparoiffent à fa vue par leur pctitciïe, & qui n’ont d’importance , ou même de réalité , qu’aux yeux des parties intéreffées. Cette réflexion, & des raifons particulières connues de l’Académie , m’em¬ pêchent d’entrer ici dans des détails qui pourroient me mener trop loin. Mais je ne puis me difpenfer de dire que je fuis le feul Académicien qui n’ai pu avoir connoifîànce, avant l’impre/Tion , du livre qui a pour titre , La Figure de la Terre , déterminée par les obfervations de Mrs Bouguer ip de la Cond amine , quelque intéreffé que je fois à cet ouvrage, comme le titre même le fuppofe, & quoique ce livre eût été lu dans nos affemblées en 1744. & 1745, avant mon arrivée à Paris . Toutes les raifons qui me fàifoient defirer d’en avoir communication , ont ceffé par la proteflation inférée fur le regifîre de l’Académie le 3 Décembre 1749; & dès ce moment, j’ai renoncé à voir l’ou¬ vrage de M. Bouguer > même après qu’il feroit impri¬ mé, jufqu’à ce que le mien eût vu le jour. C’eft une loi que je me fuis impofée , dans la crainte que b iij XIV P R E F A CE. cette lecture ne m’engageât à faire à mon livre des additions qui entraîneroient de nouveaux délais , & retarderaient encore mon -édition. Je lais que celui de M. Bouguer ayant paru depuis long temps , j’ai été le maître de le lire, & que je ne puis donner la preuve que je ne l’ai pas lu ; mais j’ai la fatisfaélion de penfer que ceux qui me connoiffcnt, m’en croiront fur ma parole : quant à ceux qui ne voudront pas m’en croire, il m’importe aulfi peu de les défàbufer, qu’à eux de l’être. Comme l’ouvrage de M. Bouguer ni le mien ne portent point le titre de fuite de nos Mémoires , l’A¬ cadémie a jugé à propos de nous demander à l’un & à l’autre des extraits de nos opérations faites pour déterminer la ligure de la Terre. On trouvera Tes deux extraits dans le volume de 1746. J’avois d’abord elpéré qu’en me bornant à ce qui regarde la mefure de l’arc du Méridien, objet principal de notre miffion, mon ouvrage, fous la forme abrégée que je réfolus de lui donner, pourrait paraître auffi-tôt que le volume de M. Bouguer; mais n’y ayant encore, lorfque celui-ci devint public, que les planches du mien de gravées , St que les tables de mes triangles d’imprimées, j’ai reconnu qu’il étoit inutile de me tant prelfer; St je me fuis donné du temps pour achever ce que j’avois entrepris avec alfez de précipitation. L’éditioncommencée au Louvre, in-8. °, reprife enfuite ïn-4.0 en Septembre 1749, a été finie, quant à la PREFACE . xv mefure des degrés du Méridien , au mois de Mai 1750» quoiqu’elle ne paroiffe qu’en 1751. Ma mefure du Méridien eft, comme je l’ai dit ci-deffus , divifée en deux parties : Mefure géomé¬ trique, ou longueur de l’arc du Méridien en toifes: Mefure agronomique , ou valeur du meme arc en degrés, minutes & fécondés. J’ai prefque réduit la première partie à une table de douze colonnes St aux explications nécelfaires pour l’intelligence de cette table. On y trouvera la réfolution de prefque toutes les queftions qu’on peut former fur les opé¬ rations qui ont fervi à déterminer la longueur de la méridienne de Quito. Tous les calculs qui y font contenus n’étoient pas également néceffaires pour conclurre cette longueur ; mais comme tous m’ont été utiles pour différens ufàges, St qu’ils fe fervent les uns aux autres de vérification , je n’ai laiffé dans les colonnes de la table des triangles aucun nombre à remplir. Outre cela , je donne deux autres tables particulières, l’une de la hauteur perpendiculaire des montagnes les plus remarquables de la province de Quito, au deffus du niveau de la mer, dont quelques- unes ont plus de 3000 toifes de haut, St font par conféquent plus d’une fois auffi élevées que les plus hautes des Pyrénées : l’autre eft une table des diftan- ces de chacun des fignaux qui ont terminé nos trian¬ gles, à la méridienne de Quito, & à la perpendiculaire xvj P R EF A CE. à cette méridienne. Enfin on trouvera dans cette prc* mière partie le réluitat de quelques expériences, où j’ai employé une nouvelle méthode pour mefurer la dilatation des métaux. Quant à la fécondé partie , qui regarde la mefure aftronomique, ou la détermination de l'amplitude de i’arc , on y verra la defcription de 1 infiniment qui a d’abord fervi à nos obfervations communes, Ôl enfuite aux miennes en particulier; fà conftruc- tion , ôl la manière de s’en fervir ; l’examen des fources d’erreur qui ont pu rendre nos premières obfervations défeélueufes ; les précautions que j’ai prifes dans mes dernières , pour prévenir les mêmes inconvéniens ; toutes nos diverfes obfervations rame¬ nées à la même époque, & réduites en tables lui- vies de réflexions; enfin les conféquences que j’en tire quant à la longueur du degré du Méridien. Mon deflein avoit été d’abord de me borner dans cette fécondé partie , à la defcription & à l’ufàge de l’inflrument, à mes Tables d’obfcrvations rédui¬ tes, & aux explications néceffaires de ces Tables: je n’avois pas compté m’étendre fur des remar¬ ques que je n’eftimois pas affez importantes pour mériter un grand détail ; perfuadé que je fuis, que tout obfervateur exaél ôl exercé, fur-tout s’il eft inf- truit par le temps & les réflexions fur un genre particulier d’obfervation , furmonteroit les obflacles que nous avons rencontrés , par des moyens fem- blables P R F F A CE. Fiables ou équivalais à ceux que les circonflances ou le befoin ont fuggérés dans l’occafion à chacun de nous. Mais ayant appris que M. Bouguer avoit fait de ces moyens une partie confidérable de la grande relation qu’il lut à f Académie avant mon arrivée en France , & qui fait la matière de fon ouvrage l'ur la figure de la Terre; j’ai cru que je ne devois pas fupprimer des réflexions propres à épar¬ gner du temps & de la peine à ceux qui pourraient fe trouver chargés d’un travail femhlabîe au nôtre; fur-tout celles que j’ai eu occafion de faire dans le cours de mes dernières obfervations , où j’opérais feul, & où privé du fecours de M. Bouguer , j’étois obligé d’imaginer des expédiens, pour remédier aux difficultés qui fe préfentoient. Je ne tire la valeur du degré que de nos obfer¬ vations fimultanées , faites aux deux extrémités de l’arc. Je rapporte les raifons qui nous ont engagés , M. Bouguer & moi , à les prendre pour fondement de notre détermination , & à ne faire aucun ufàge de nos obfervations antérieures , fpécialement de celles de Tarqui de 1739 & 174.0', les plus défec- tueufes de toutes. Nous avions même réfol u , d’un commun accord, d’en fupprimer tous les détails, & par cette convention, nous ne fiihons qu’ufer d’un droit qu’on ne contefle point aux obfervateurs. Je dois dire ce qui m’a fait changer de réiolution à cet égard. e xvüj P R E F A CE . M. Bouguer, dans l’extrait de Tes opérations, qu’il lut à l’Académie l’année dernière (jyjo), Si qui eft imprimé dans les Mémoires de 174.6 , non feulement ne s’en tient pas à nos obfervations fimuîtanées, pour conclurre l’amplitude de l’arc du Méridien , comme il en étoit convenu très-expref- fément Si par écrit; il aime mieux tirer, de fes feules obfervations, un réfultat différent à peine d’une fécondé ( Mém. de ï Acad. 17 46, p. 605 J , quoique le titre de fon livre fuppofe que les miennes ont également part à fa conciufion , Si quoiqu’il les eût adoptées dans le compte qu’il rendit à l’Académie en 1744- Jaurois donc pu dès ce moment regarder nos engagemens comme nuis; mais fi fon exemple ne fuffiloit pas pour m’en affranchir, une raifon beau¬ coup plus forte m’a forcé à tirer de l’oubli ce que nous y avions fi jufîement condamné. Le Profpeâus que M. Bouguer a difîribué de fon ouvrage. Si qu’il a fait réimprimer dans les Journaux, fait une mention expreffe ( art. v) de procès ver¬ baux légalifés avec les formalités ufitées dans le pays, c’eft-à-dire, fjgnés de quatre Notaires: ces pièces contiennent le détail des obfervations que tant de raifons nous avoient fait abandonner; & de plus, le même Profpcdus cite un Mémoire raifonné, fur le même fujet , & pareillement légalifé , ferrant ( dit M. Bouguer ) de fupplément aux procès verbaux dej tinés finalement à conjlater les faits. XIX P R E F A CE. Javois vu & figné ces derniers: quant au Mé¬ moire , il a été drefTé à mon inlü , dans un temps où nous travaillions de concert, M. Bouguer & moi, à don¬ ner à nos obfervations communes un degré d’authen¬ ticité qui pût fuppléer au défaut de communication complète de celles de M. Godin. C’eft par le Jour¬ nal de Trévoux que j’apprens l’exiftencc de cet écrit, huit ou neuf ans après fà date. Malgré tout cela , je n’ai pas le moindre fujet de m’alarmer : fi M. Bouguer eût fait quelque découverte d’où dépendît la juflelfe de mes obfervations à une extrémité de la Méri¬ dienne , tandis qu’il ohfervoit à l’autre; peut -on feulement imaginer qu’il ne m’en eût pas fait part dans le temps même! Auroit-il voulu, faute de cet avis, expofer le fuccès d’un travail commun, dont nous devions tirer notre dernier réfultat! Garder le filence en pareil cas , eût été mal répondre aux vues de l’Académie, Si aux intentions du Minière. Je ne fais pas à M. Bouguer l’injure de l’en foupçon- ner: la conféquence efl évidente ; le Mémoire fecret ne contient rien où le fuccès de notre miffion fût intérelfé. Outre cette confidération, déjà décifiv.e, le détail où j’entre dans mon ouvrage ( Mef. des trois jurent . de g. du Mérid. pag. i 8 7 J fur les précautions que j’ai prifes lorfque j’opérai feul pendant le cours de nos obfervations fimultanées , mettra le leéleur en état de juger de Inexactitude des miennes , indépendam¬ ment même du fuffrage de M. Bouguer , qui en a c ij XX P R E F A CE, fait un des fondemens de fa mefure du degré , dans les Mémoires de 1744 ( page 2pp ). Quoi qu’il en foit , la mention feule d’une chofe auffi nouvelle que des procès verbaux d’obferva- tions agronomiques par- devant Notaires , n’a pu manquer d’exciter la curiofité du leéteur; à plus forte raifon , la citation d’un Mémoire myfîérieux défigné fous le nom de Supplément aux procès verbaux. J’ai donc cru que pour me mettre à l’abri de tout foup- con d’avoir voulu dérober au Public la connoiffànce $ d’une partie de notre travail, je n’avois plus d’autre moyen que de tout foumettre à Ion examen , au moins tout ce qui m’étoit connu : c’efl ce que j’ai fait en donnant la copie des procès verbaux cités par M. Bouguer , dreffés par lui-même, & dont j’ai 1 ori¬ ginal écrit de fa main, fjgné de lui, de M. Verguin & de moi, fins compter les quatre Notaires. J’ai fait tout ce qui étoit en mon pouvoir pour l’inftruétion du leéteur, c’eft à M. Bouguer à fiire le refte , en achevant la révélation de la partie du fecret qu’il s’elt refervée : c’eft à lui de produire au grand jour ce Mémoire raifonné, qu’il a trop long¬ temps enfeveli dans les ténèbres. Ne l’aurôit-ii annoncé que pour l’y replonger î Non fans doute , je l’exhorte- à luivre le précepte d’Horace : Nonum* que prematur in annum. Les deux procès verbaux mis fous les yeux du leéteur, m’épargneront le détail des opérations pré- F R E F A CE . paratoires qui ont toujours précédé nos obfervations d’amplitude de l’arc du Méridien ; détail que je ne pouvois mieux rendre , qu’en copiant les paroles memes de M. Bouguer: ils ferviront encore à prouver combien j’étois éloigné d’être iatisfait de nos pre¬ miers travaux à Tarqui , lors même que nous les terminâmes. J’avoue que le poids du fuffrage de M. Bouguer , à l’avis duquel je m’étois fait une habitude de déférer, 6c fur-tout la crainte d’un plus grand mal, en érigeant un troifième obfervatoire, m’entraînèrent après trois mois d’un travail opiniâtre, 6c me firent adopter à fon exemple un réfultat moyen entre trois fuites d’obfervations , affez différentes pour n’y acquiefcer qu’à regret, mais malheureufè- ment trop conformes pour porter un caraélère évi¬ dent d’erreur. M. Bouguer n’aura pas oublié que je me rendis importun, en lui foûtenant alors que ces variations que nous avions aperçues fréquemment dans les hauteurs d’étoiles, 6c fur lefquelJes nous n’a¬ vions pas encore affez réfléchi , n’étoient pas du nombre de ces erreurs auxquelles l’imperfeétion de nos fens nous expofe. Je ne pouvois me réfoudre à fuppofer avec lui, qu’il n’étoit pas poffible de s affil¬ ier d’une diflance au zénith plus exaélement qu’à fix ou fept fécondés près, avec un infiniment de douze pieds de rayon ; différence qui fe trouvoit fouvent entre nos obfervations d’un jour à l’autre. Quoique nous ne loupçonnaffions pas alors une plus grande € ïlj xxij P R E F A CE . erreur, ce ne fut qu’avec une extrême répugnance que je confentis à terminer nos premiers travaux agronomiques; Si même en cédant aux inflances de M. Bouguer, je ne pus m’empêcher de relier encore à Tarqui quelques jours après fon départ, pour con¬ tinuer à y obferver feul , Si chercher une plus grande fureté , en multipliant le nombre des obfervations. J’en appelle au témoignage même de M. Bouguer fur tous ces faits; mais s’il étoit poffible que le temps les eût effacés de fà mémoire , ainfi que plufieurs autres, mes difpofitions font affez clairement expri¬ mées dans mes journaux , Si les motifs de la pro¬ longation de mon féjour à Tarqui fuffifàmment énon¬ cés dans mon certificat à la fuite du procès verbal a, malgré la réferve dont je crus devoir ufer par égard pour l’avis de M. Bouguer , auquel il ne m’étoit guère arrivé de préférer que l’évidence. Au refie, je ne prétends pas que rien de ce que je viens d’expofer, ni même les défauts de notre feéteur, à la conflruélion duquel je ne pris aucune part en 1739, par des raifons que j’explique ailleurs h, puiffe me fervir de prétexte pour me difculper de la part que je reconnois avoir au défaut de nos obfer¬ vations dans le temps dont je parle : je ne dirai point que je ne fuis refponfàble que de celles que j’ai faites feul, Si où je ne m’en fuis rapporté à per- fonne qu’à moi : nous étions deux à obferver en a Alef, des troisprem. deg. du Mérid. p. 1 3 6 & r 3 7. b Ibid. p. 1 09. P R E F A CE . xxiij 1739; je confens qu’on m’impute la moitié de i’erreur, & je me flatte que pour cette fois le partage ne déplaira pas à M. Bouguer. Quoi qu’il en foit , nous avons employé trois années à la reélifier, & à nous précautionner contre la rechute. Il femble que cette époque ait été fatale à toutes les obfervations de ce genre : M. Godin , qui obfervoit à Cuenca avec les deux Officiers efpagnols, comme M. Bouguer Sl moi à Tarqui, prévit dès-lors qu’il lui faudroit recom¬ mencer fes obfervations, qui n’avoient pas été plus heureufes que les nôtres, quoiqu’il eût un infiniment d’un beaucoup plus grand rayon. Après avoir réparé notre faute , nous ne pouvons mieux faire que d’imi¬ ter le bon exemple que nous donna dès-lors M. Go- dm, d’en convenir fins déguifement. L’intérêt de la vérité, Sl la crainte d’être foup- çonné d’avoir voulu la déguifer, m’ont fait entrer dans cette difcuffion : mais je ne faurois trop pré¬ venir le leéîcur , que les glus grandes différences qui fe trouvent entre les obfervations que nous avons adoptées comme les glus exafles , F celles que nous rejetons comme défefîueufes , ne changent les conclu- fans qu’on en peut tirer , par rapport à l ' applatffement de la Terre , que du plus au moins ; que toutes s’ac¬ cordent à faire de la Terre un fphéroide aplati vers les Pôles, en forte qu’on tireroit encore la même conclufan quand nous nous ferions trompés , non feule¬ ment de 20 à jo fécondés, mais de plus dune minute, XXIV P R E F A CE. fur la grandeur de notre arc , J2’ de lieue de degré * 5> 35> & ils & dut la vie à notre Chirur¬ gien : ils <2 9> 37 > reçues reçue 3 S, 1 0, le 23 le 22 4l > 24> le 27 le 22 56> S> Métis Mulâtre ibid. le 1 6 le 1 7 57> 26, mette ç en marge Expérience de la vîtefie du fon 6 1, note , Gnougou Gnou-gnou t>5> 3 4> vifité vifités 69, 5‘ il eft tranfcrit cependant il n’eft pas tranfcrit 84, *9> après ces mots de la fécondé , il devoit y avoir un renvoi* & cette note au bas de la page : Je fis pofer à fleur de terre aux deux extrémités de la baj e , pour en fixer les termes, deux pierres rondes , percées dans leur milieu, fur lefquelles je gravai le nombre de toifes de leur diflance mutuelle, J/ la direélion de la bafle, eu égard aux régions du monde , déflgnée par un diamètre tracé fur chaque pierre dans l' alignement d’un terme à l’autre, $S> en marge. 1 737 17 39 j 20, 4> Bnoguer Bouguer 128, J5> parculiers particuliers *57> 5 > couvrit couvrir 272, note 3, Jofeph Pedro 3 81, 7> traité traités *95> *> la carenne à la carenne 207, *9> à mon arrivée efface ç ces trois mois 2i3> *7* Noroîia JVoronha INTRODUCTION I ;• \ Û INTRODUCTION HISTORIQUE: O U JOURNAL DES TRAVAUX DES ACADEMICIENS Envoyés par ordre du Roi fous ï E'quateur: ' Depuis 1735 jufqiien 1747* Tous ceux qui ont pris quelque part à la queflion cle la Figure de ia Terre, ont remarqué avec fiirprife que dix ans ont à peine fuffi pour terminer notre voyage. On en avoit eftimé la durée à quatre tout au plus : encore fuppofoit - 011 alors, conformément au premier projet, qu’outre la mefiire du méridien, à iaquelle nos opérations fe font bornées, nous rapporterions celle de quelques degrés de l’équateur; lîircroît de travail dont les ordres du Roi nous ont depuis dilpenfës. D’ailleurs on fait que le voyage au cercle polaire , dont le plan ne fut formé qu’après notre départ, & que la mefure d’un degré , dans les régions incultes & fou vent délêrtes de A Plan de cette Introdu&ioH, 2 Introduction îa zone glaciale , fe font exécutés avec fùccès prefque dans le cours d’une année : ainfi malgré la différence de 1 éloi¬ gnement, on eft en droit de nous demander quelle fatale combinaifon de circonflances a pû nous occuper près de dix ans à mefurer trois degrés dans le pays le plus peuplé & le plus cultivé de la zone torride. J’ai donc cru que le lecteur pourrait me favoir gré de mettre ici fous les yeux le récit des principaux événemens de notre voyage , & un précis hiftorique , année par année & mois par mois, de la fuite de nos travaux, & des obftacles qui en ont fi fort prolongé la durée. Notre ouvrage a été long & pénible : j’ai tout lieu de craindre que cette efpcce de journal ne fe reffente de la féche- reffe du fujet ; d’autant plus que je me fuis renfermé dans les faits qui ont quelque rapport à notre miffion académique. Une Relation qui embrafferoit un plus grand nombre d’ob¬ jets, telle que je l’avois d’abord entreprifè, fournirait la ma¬ tière de plus d’un volume. Cette Introduction pafîè déjà les bornes que je m’étois prefcrites * : elle eft particulièrement deflinée à donner aux lecteurs une idée de l’emploi que nous avons fait de notre temps, & du genre de vie auquel nous nous fommes ordinairement vûs réduits, auffi nouveau pour nous que différent de celui que nous avions quitté en France. Ceux qui ont pris quelque intérêt à nos opérations , trouve¬ ront dans ce récit de quoi iatisfaire leur curiofité à plufieurs égards: quant à ceux à qui ces matières font indifférentes; s’ils rencontrent ici quelque chofê qui puifîe les amufèr, j’aurai plus tenu que je n’ai promis. * Je ne lui ai confervé le titre à’ Introduction que parce qu’elfe eft citée fous ce nom dans l’ouvrage fuivant fur la JVIefure 'des Degrés, imprimé depuis plus d’un an. Historique. 3 Année 1735- JE foppofè le Le<51eur inflruit des motifs & de l’objet de notre voyage. Ce fujet a été traité par tant d’habiles mains®, que je ne dois pas m’arrêter à l’expofèr : ainfi je commen¬ cerai ma narration à notre départ de France. Nous partîmes de la rade de la Rochelle for un vaifîèau du Roi, M. Goditi, M. Bouguer & moi, avec nos Aides & compagnons de voyage b, le i 6 Mai 17 3 5. Après trente- lept jours de navigation, nous atterrâmes de nuit le 22 Juin à la Martinique fous le Fort -Royal. Le vaifîèau ne devoit refier en cette Ifîe que dix jours. Pendant ce temps , nous fîmes diverfos obfèrvations , & en particulier fur la montagne Pelée , près du Fort Saint Pierre. Le 2 Juillet , un Sergent foifîè embarqué fur notre bord , homme robufle , fut emporté en moins d’un jour de la mala¬ die de Siam, fi commune dans nos ifîes. Le 3, une fièvre violente & d’autres fymptomes , firent croire que j’étois atta¬ qué du même mal. Nous devions partir le lendemain. On me traita avec toute la rapidité qu’exigeoit un terme fi court; je fus malade, faigné , purgé, guéri & embarqué en vingt- quatre heures. Nous mouillâmes le 1 1 dans la baye du Fort Saint- Louis, * Voyez Hijloire de l’Académie 1735, page 47. 1737 , page 90. 174.2 , page 94. Figure de la Terre de M. de Maupertuis. E'iémens de Géographie du même , <17 c. Fig. de la Terre, par AI. Clairaut. Aléridienne de Paris vérifiée par AI. Caffini de Thury , Difc. prélim, c. k M. Jofeph de Jujfieu , Dofteur-Régent de la Faculté de Paris , frère cadet des deux Académiciens de même nom , & depuis élû Académicien lui-même, en fon âbfence en 174-3, [Botanide]. M. Verguin, aujourd’hui Ingénieur de la Marine à Toulon, & Correfpondant de l’Académie , [Deffi- nateur pour les Pians & Cartes]. M. de Morainville , Ingénieur, [Deffi- nateur pour l’Hidoire Naturelle]. M. Couplet, neveu de feu M. Couplet Tréforier de l’Académie, & M. Godin des Odonnais, parent de l’Acadé¬ micien: [Aides l’un & l’autre pour nos opérations]. M. Seniergue, [Chirur¬ gien]. Le fieur Hugo , [ Horloger, & Ingénieur en indrumens de Mathé¬ matique]. Aij 1 7 3 5 • Mai. Départ de France. Juin. Séjour à h Martinique. Juillet , A Saint-Ds* mingue. I73 5* Juillet. Obftacles à notre départ. Août. Septembre. Odobre. ÎS'ègres, Ten- les , &c. four¬ nis par le Roi. 4 Introduction à la côte du fud de Saint-Domingue. Nous obforvâmes au Fort la latitude & la longitude : M. Verguin en ieva le plan. Le vaiffeau mit à la voile le 21, & donna fond le 29 fous le Fort du Petit Goave , au nord de Fille : nous la traverlames par terre M. Godin & moi, & nous obforvâmes en chemin à Saint George plufieurs immerfions du premier Satellite de Jupiter. Pour palier de Fille de Saint-Domingue à Carthage ne , ou à Portobclo , nous devions , aux termes de nos palfeports de la Cour d’Efpagne , aller nous embarquer à la ville elpa- gnole de Santo- Domingo , difiante du Petit Goave de cent lieues par terre, & du double par mer. Ce voyage, de quel¬ que manière qu’on l’eût Lit, étoit fojet à bien des difficultés, vu notre grand nombre, & la quantité de bagage & d’Info trumens que nous portions : heureufoment nous en fûmes dilpenfos. Le Général françois écrivit au Préfident & Capi¬ taine général elpagnol de Santo-Domingo , pour lui faire part de notre arrivée & des conditions de notre palîèport. Il en reçut une réponfo très-polie, «Se remplie de marques de zèle pour le for vice du Roi fon maître ; mais comme il ne fo trouvoit à la ville efpagnole , ni bâtimens propres à nous tranfo porter , ni pro vidons , ni matelots ; il fut réfolu que nous paierions à Carthagène fur le Bateau du Roi qu’on attendoit de France. Toutes ces raifons nous retinrent plus de trois mois, tant au Petit Goave qu’à Le'ogane. Au relie , le temps y fut bien employé , par le grand nombre d’obfor vations que nous fîmes en tout genre. Nous payâmes auffi le tribut à la malignité du climat, par les fièvres dont plufieurs de nous, & moi en particulier , furent attaqués , «Se par la mort d’un de nos gens. Cette perte fut amplement réparée par les efolaves Nègres dont nous fûmes pourvûs aux frais du Roi, dans un pays où nous devions bien -tôt éprouver par nous- mêmes, qu’il n’efi guère poffible de conforver des hommes blancs for le pied de domeffiques. Les ordres de M. le Comte de Mau- repas nous avoient précédés par- tout. A Rochefort pag- 4-1-6 • I734-) pp> 39 0 & 537’ n’exiger Historique , 9 n’exiger qu’un feul oblêrvateur. Mrs Goditi 8c Bouguer en rendirent dans ie temps un témoignage favorable, & j’en¬ voyai à l’Académie le certificat du Sieur Auroy , Pilote Vice- Amiral, qui étoit embarqué fur notre bord. Nous avions aulfi fait en mer différées e fiais d’une boufiole d’inclinailon que nous avions apportée de Paris; mais nous reconnûmes bien -tôt que la fulpenfion n’en étoit pas afièz libre : on fait combien il efi difficile de porter cet ïnltrument à la perfection , 8c l’on n’avoit pas encore les recherches de M. Daniel Bernoulli fur cette matière, ni les Boulfoles ci’incli- nailon du fieur Magny. Quant aux autres inftrumens maritimes , comme le Baro¬ mètre de mer de M. Amontons, la machine de M. 1e Mar¬ quis Poleni pour mefiirer le fillage d’un vaifièau 8c piufieurs autres de divers ulâges pour la mer, propofées en différens temps à l’Académie , ou tirées d’ouvrages qui ont remporté le Prix; il fèroit trop long 8c trop difficile de rapporter les différens obfiacles qui m’empêchèrent d’en faire l’expérience, comme je m’y étois offert : je puis feulement afiurer qu’il n’y a eu de ma part ni négligence, ni mauvailè volonté. Dans tous les lieux de notre fejour , tant dans les ifies de la Martinique 8c de Saint-Domingue , que fur les terres d’Efi pagne , à Carthagène , à Portobelo 8c à Panama , nous avions fait , Mrs Godin , Bouguer, de Jujjicu 8c moi , enfèmble , 8c chacun en particulier, un afièz grand nombre d’oblèrvations aftronomiques ou phyfiques , dont il feroit trop long de faire l’énumération. Toutes tendoient au progrès de la navigation, de la géographie 8c de i’hifioire naturelle. Nous en fîmes part dans le temps à l’Académie , 8c trois de nos Mémoires font imprimés dans le recueil de 1735* Nous avions porté des baromètres fur des montagnes 6 à 7 o o toiles au delfus du niveau de la mer; nous avions déterminé géométriquement leur hauteur ; 8c en y montant , nous nous étions efiayés à en efcalader bien-lot de trois à quatre fois plus élevées. ♦ B 1 Z 3 5* Décembre . Rcc. des Prix de l’Ac. ij 4-3. ÎO Introduction i736- Janvier. Février. Séjour à Pa¬ nama. Obfervations. Année 173 6. N' o u s refiâmes à Panama tout le mois de Janvier & une grande partie de Février 1736, en attendant un vaifièau qui pût nous tranfporter à la Côte du Pérou. Pendant ce temps, nous commençâmes à étudier la langue efpagnole : nous fîmes en divers lieux les obfervations ordi¬ naires du thermomètre , du baromètre 8c de la variation de l’aiguille aimantée : nous fixâmes la latitude de Panama: nous ne pûmes en déterminer la longitude ; la proximité de Jupiter au Soleil ne nous ayant pas permis d’obfèrver aucune éclipfe des fàtellites. Chacun de nous fit auffi plufieurs expé¬ riences du Pendule : M. Bouguer leva le pian de la rade : le Commandeur Don George Juan , M. Bouguer 8c moi , nous conflruisîmes chacun une carte du cours de la rivière de Chagres fur nos relèvemens. En mon particulier, j obier vai plufieurs fois les deux hauteurs méridiennes de letoile po¬ laire, loir 8c matin dans le crépufcule; 8c j’y appliquai avec fiiccès les réfractions de la Table de M. Bouguer. Je fis d après nature , quelques defièins d’hifloire naturelle ; mais c’efl des foins de M. de Jujjieu 8c du travail de M. de Mo- rainville , qu’on doit attendre une ample récolte en ce genre. M. Go din fit en fon particulier plufieurs obfervations aftrono- miques. Nous reçûmes à Panama , ainfi qu’à Cartliagène 8c à. Porto- belo, toutes fortes de politefîès 8c de prévenances des Coin- mandans & de Mrs les Prélats efpagnols : nous ne fûmes pas moins bien accueillis des Fadeurs anglois de la Compa¬ gnie de la mer du fud. Je ne m’arrête point au détail des difficultés que nous trouvâmes à fréter un navire à Panama » 8c à convenir des conditions de notre tranfport à GuayaquiL Nous traitions avec un Marchand, 8c nous étions Etrangers. Nous mîmes à la voile le 22 Février, nous pafiames pour h première fois la Ligne , la nuit du 7 au 8 Mars. Le 1 o, * Historique. h nous abordâmes à la côte de la province de Quito , & nous mouillâmes dans la rade de Manta , où nous oblèrvâmes à terre un degré de latitude au di ale. Nous fîmes un tour à ' Monte-Chrijlo , village indien à trois lieues dans les terres où les habitans de Manta fo font établis depuis que ce lieu fut pillé par les Flibultiers fur la fin du dernier fiècle. Le i 3» Mrs les Officiers efpagnols, M. Godin & le reffe de notre compagnie, hors M. B ouguer & moi, fo rembarquè¬ rent & firent voile pour la rivière de Guayaquil, à l’entrée de laquelle ils mouillèrent le 2 5 . Son embouchure ed à 2 degrés 2,5 minutes de latitude audrale : on remonte la rivière fêpt lieues pour arriver à Guayaquil , qui ed fitué fur la rive occidentale. Cette ville ed fur le chemin ordinaire Se le plus fréquenté pour arriver à Quito ; cependant les pluies le rendent impraticable quatre à cinq mois de l’année. Nous redâmes fouis à Manta, M. Bouguer Se moi. Nous nous propofions d’y obforver l’équinoxe par une nouvelle méthode de M. Bouguer, de reconnoître le point où padoit l’équateur, de fixer, par l’obforvation de leclipfo de Lune du 26 Mai, la longitude entièrement inconnue de cette côte, la plus occidentale de l’Amérique méridionale , & d’exa¬ miner le pays où nos opérations de la mefùre de l’équateur dévoient nous conduire. D’autres motifs fo joignirent à ces premières vûes : nous voulions chercher fur les plages de la côte un terrein commode à mefùrer , & propre à forvir de bafo à nos déterminations géométriques : nous ne devions pas négliger i’occafion d’obforver les réfraélions adronomi- ques de la zone torride , en profitant de la vûe de l’horizon de la mer, que nous allions bien-tôt perdre dans un pays de montagnes : enfin il étoit à propos de faire l’expérience du Pendule à fécondes au niveau de la mer & fous l’équa¬ teur même. Tout cela fut exécuté, à très-peu près, en moins d’un mois. M. Bouguer s’occupa fur-tout de l’examen des réfraélions qu’il avoit commencé d’obforver au Petit Go ave; & comme il n’avoit pû débarquer le Quart-de- cercle qui lui étoit dediné , je lui abandonnai i’ufage de celui de trois pieds B ij 1736. Mars. Pafîage de la Ligne. Débarque¬ ment à Manta. Arrivée à Guayaquit. Deux Acadé¬ miciens relient à Alanta. Observations diverfes. E'ciipfe de Lune. Réfraélions. >7 36- Mars. Infcription fous l'Equa¬ teur. Avril. Serpent. Voyage dans les terres à Puer- to-viejo. 12 Introduction de rayon dont jetois le dépofitaire. Je déterminai le point de la côte où elle eft coupée par l’équateur : c’eft une pointe appelée Palmar, où je gravai fur le rocher le plus Taillant une infcription* pour l’utilité des Marins. J’aurois dû peut-être y joindre le confeil de ne pas s’arrêter en ce lieu : la perfe- cution qu’on y fouffre jour & nuit des maringoins & de diverfès elpèces de moucherons inconnus en Europe , eft au deftus de toute exagération. Le ciel fut prefque toujours couvert de nuages pendant mon fejour à Palmar; & en cinq nuits que j’y pafiài fans dormir, je pûs à peine obfèrver trois étoiles. En débarquant à Manta , on nous avoit avertis de prendre garde aux ferpens, qui y font communs & dangereux. La première nuit que nous couchâmes à terre, j’en vis un fufpendu à un des montans de la café de rolèaux fous laquelle étoient tendus nos hamacs : iis ne font point de mal , pourvu qu’on ne les touche point. Les Indiens, qui marchent les pieds nus, font ceux qui courent le plus de rifque. Nous fîmes, M. Bouguer & moi, une tournée dans l’in¬ térieur des terres , à Charapoto & à Puerto-vïejo ( vieux Port), ainfi nommé , parce que c’eft le premier lieu où les Efpagnois s’arrêtèrent , lorfqu’ils reconnurent le pays ; en remontant une petite rivière , avant que d’avoir découvert celle de Guaya- quïl Le Lieutenant du Corrégidor de cette ville , qui com¬ mando! t à Puerto - viejo , Don Jofeph de Olabe y Gomarra , nous reçut chez lui , & nous procura des facilités pour nos obforvations. Nous n’avions à lui préfènter que des traduc¬ tions informes des ordres de SaMajefté Catholique, dont les originaux étoient reliés à bord. Je* lui fis voir feulement le paffeport françois du Roi , qui nous recommandoit aux Gou¬ verneurs étrangers des lieux de notre pafiàge : je le lui tra- duifis comme je pûs , & depuis ce moment il redoubla pour nous d’égards & d’attentions , juiqu’au point de m’offrir de nous prêter de l’argent. Je fus d’autant plus fènfible à cet excès * ÜESER VA T ION J BUS ASTRONOMICIS . . . HOCCE PROMON- TORJUM ÆCLUATORI SU BJ ACERE COMPERTUM EST. 1736.. Historique , 1 3 de politeffè, que dans les circonflances où nous nous trouvions, ii ne manquoit pas de prétexte pour nous faire peu d accueil. Pendant mon féjour à Puerto - vie) o , je guéris avec du quin¬ quina que j’avois apporté de France, un Créole efpagnoi, que ia fièvre tierce tourmentoit depuis un an, & qui n’a voit jamais entendu parier d’un fébrifuge qui croît dans fa patrie. Nous parcourûmes , M. Bouguer & moi , la Côte , depuis le Cap San- Loren^o , jufqu’au Cap PajJaJo & à Rio Jama. Nous nous féparâmes le 2 3 Avril : la fànté de M. Bouguer commençoit à le déranger. Il prit là route vers le fud, pour aller rejoindre le refie de notre compagnie à Cuayaquil. Nous partageâmes entre nous les inftrumens : je lui remis mon petit Quart -de -cercle d’un pied de rayon, & me chargeai du grand. Nous avions commencé enfèmble la Carte du pays,, je la continuai leul depuis le départ de M. Bouguer; & n’ayant pû trouver de guide pour pénétrer à Quito en ligne droite au travers des bois , où l’ancien chemin étoit effacé, je côtoyai les terres en pirogue i’elpace de plus de cinquante lieues vers le nord. Je déterminai par obfèrvation à terre, la latitude du cap San-Francifco, celle de Tacames & des autres points les plus remarquables : je remontai enfuite une rivière très - rapide , à laquelle une mine d’émeraudes , aujourd’hui perdue, a donné le nom : je levai le plan de fon cours & la carte de mes routes, depuis le lieu de mon débarquement, jufqua Quito. Tout ce terrein efl couvert de bois épais, où il faut fê faire jour avec la hache ; je marchois la boufîbîe & le ther¬ momètre à la main , plus fouvent à pied qu’à cheval. Il pleuvoit régulièrement toutes les après-midi ; je traînois après moi divers inftrumens & un grand Quart -de- cercle , que deux Indiens avoient bien de la peine à porter. Je recueillis ÔL deffinai dans ces vaftes forêts un grand nombre de plantes & de graines fingulières , que je remis depuis à Quito entre les mains de M. de Jufjieu. Je refiai huit jours dans ces défèrts , abandonné de mes guides : la poudre & mes autres provffions me manquèrent : les bananes & quelques fruits B iij 1736. Avril Routes. Carte eu pays». Mai. Rivière de las Ef mer aidas. Chemins dans- ies Bois. Fuite- de; guides-. 17)6. Mai. Villages in¬ diens, & Ponts de lianes. Mém. de l'A~ cad. 1745, p. //yu ye Jteo/l tel/l O/ ’O . /l’iL Je / O /,!•£/' Vil tio/i Jle/'iJieu/ie . Jean yiu .? 'eeterou, verte en 1/Ji ■ haut Je 2 a 5o . rumec ancien tec/exuv hante Je 2.720 Toi o ce' V-Pea/c., haute Je 2 /. ço Pouce . 2 /. 3 o Tou-Ci? Jniicocc J Yanouym, vite JeJYeû/e .Etnhrturee • einS/y.eteJÙt/o . haute Je teev/ne . in/zi e; T'émue, . ’/vne . ou y>iii?,?c la, hi/ue Eyuitiocteci/e, . J/inecce 1 )e jJP i/c/i/i 1 //, 11 , Paroieee, fcaaagSB > ; : JPL TT Bifrod, Æj£. Pag. 20 ^ ^ ^ — — 1— O— — «I l l l ■ ■ Il II ' '■ I 1^— — " / # 7 ^vj’>t/d> i/l/ITO t , , y\ -| N /Yt’ de h Buée rncévrœ du/ié la nlaiiw cl Yaroucjui , depuié C arabourou /iuu/u a Ovambaro, Soutien ci/'c crui comprend 180 . deyr etc Je l lioruron , Dceei/iee du haut Je ha c/iu(v J eau Ju moulu l y/vuhvi JYinmyiu . NB . On a représente Jane celle vzze (mes les ob/ctd Re/wote Jet O ig/uuu xN> cjui onFrvrvC jl> our la ou /Ce desTnanyleà A- /a tte/Oienuc conums dutiô celte Iïul~> a. y/\ z/nu Ce de. C arabourou. Il . Pyramide de Ovambaro . a . Cujnal de Cotopaau . li . ditynal dit Cc7'acoiv de Ranuccvo c . duphiC de Hi/a/ialo . J Juputldc Guaf/oulo . e . C rente de PilhuitchcL . g. nuire Signal dePi thin tchœppur lee Trie vuglet Il . SupiAzl de Caditagoa . 1 . Signa/ de Tcmtagocu . k . Signal de Coleheegui . i . Si gnal du Scnn/net de Pilhinlclia . • < | - ■ ■■— — O/ va. crm ai l orfoy, \zylic /rxzncoise dczzis les nraf\>- JYirouaut . Tt . Ravine dite de ia/'t/myen c K . Frnboitcni/re. delà. Ravine ? Je C: lbose. . T . Grand chemin P Ya routjiu a (/uito . O .CÂantac mreev cm. Je Gzmpayue . H . Pit'dn kieqct • . I ■ Tvliaupi-mohno Fctvne. . K . T uni b a co Parouve . L . ( Z umbaya Put v/eve . M diotre Thune de Cruapou/o , Cbayelle célébré . /V dit 1/1 >/i eYttueœe . O tFant^a Paroieve . P lottcntbo Parcrurve. . . Quito . R ■ Ferme J* F A l/t . S. Fc/ /ne de Slatar . T. Fer/? ic d i'lgna i/o . IY . d( v ync de\ Si/na/L eue' JC . C \i/xdiou/\)u Fe/vnc Y. Fer/n e l Y ÔMon hz / 1 c/ ’O . Z. Col cl iesr gui l/eu d c F t e, Fit h 0/1 as’lro/io/tmguc , au /tord Je h Mc/ 'uhc/i/ic . ■' ' ■/; ~ Historique * , 2 1 obfèrvâmes plufieurs fois à l’une des deux extrémités de la baie, l’angle entre l’autre extrémité & le ioleil levant ou cou¬ chant, pour reçonnoître la direction de la baie par rapport aux régions du monde, & celle de tous les côtés des triangles fuivans. Nous fîmes nos premiers dlais, tant aux deux termes extrêmes que fur les montagnes voifmes, où s’appuyoient nos premiers triangles , pour melùrer les angles de pofition entre les premiers fignaux, ainfi que leur hauteur apparente. Chacun de nous s’occupa de la vérification des divifions de Ion Quart- de-cercle , par le tour de l’horizon & par di vérités autres mé¬ thodes. Je fis une première tentative pour vérifier le mien de degrés en degrés, par des tangentes mefurées fur le terre-in à une diltance connue. Enfin je fixai les deux extrémités de la baie par les centres de deux meules de moulin, que j’y fis tranlporter & enterrer , en attendant un monument plus authentique dont je donnerai l’hifioire en particulier. Nous revînmes à Quito le 5 & le 6 Décembre. Le 5 au matin , entre minuit & une heure, il y eut un tremble¬ ment de terre qui dura environ trois quarts de minute : il fut beaucoup plus lènlible à dix lieues au fud de Quito, où il renverlà plufieurs bâtimens fitués fur le flanc de la mon¬ tagne d’JIiniça, & fit périr quelques Indiens. Le lolftice approchoit, & il ne nous reftoit pas trop de temps pour nous dilpoler à oblèrver l’obliquité de l’éclipti¬ que. La fituation de Quito , prelque fous l’équateur , nous mettoit en état d’y faire cette importante obfervation avec plus davantage que par- tout ailleurs. Nous avions apporté de France un Secteur de 1 2 pieds de rayon , defliné particulière¬ ment à cet ufage : nous commençâmes nos obfervations le 2 o de Décembre, & nous les répétâmes plufieurs fois les jours fuivans. C’efl: ainfi que le termina l’année 1736, la première de notre féjour à Quito. Nous étions alors bien éloignés d’ima¬ giner que nous verrions dans cette ville , ou du moins dans k même province, commencer l’année 1743. 1736. Décembre. Di redion de la Baie. Vérification des divifions des Quarts- de- cercle. T remMerncnt de terre. Obfervations du Solltice. 22 Introduction 1737. Janvier. Voyage à lima . Départ. Ciel de Lima. Février. Année 1737- Mon voyage à Lima étoit réfolu, &: je ne pou vois trop preffer mon départ , afin detre de retour au mois de Juin ; allez à temps pour affilier à i’oblervation de l’autre folfiice , & reprendre enfuite les opérations fur le terrein. On compte quatre cens lieues de Quito à Lima ; & il faut tout porter avec foi jufqua Ion lit. La moitié du chemin, par la route de Loxa , que j’avois choifie , efi un pays de montagnes, où fëpt lieues par jour font une forte journée. Pour peu que j’euflè différé de partir de Quito, notre travail auroit couru rifque d etre interrompu dans la plus belle fàifbn. Le temps ayant été contraire aux obfervations , depuis celle du folflice ; la vérification du Seéleur 11’étoit pas encore conflatée par le renverfement , lorfque je partis de Quito le ip Janvier 1737. Toute la ville étoit en mouvement, à i’occafion de l’arrivée du nouveau Préfident*, Gouverneur & Capitaine général de la province, & des préparatifs d’une courle de taureaux ; fpectacle dont le goût 11’efi pas encore éteint en Efpagne & le maintient dans toute fa vivacité dans l’Amérique efpagnole. J’avois confulté Mrs Godin & Bouguer fur le projet d’ob- fervations que je me propofois de faire à Lima , & fur les moyens de les rendre plus utiles; mais je reconnus par expé¬ rience, que ce n’étoit pas fins raifon que le Doéleur Don Pedro Per ait a, firvant & célèbre créole de cette ville, appe- loit fà patrie le purgatoire des Afironomes. Lima efi: à deux lieues de la côte, par 1 2 degrés de latitude auftrale: le climat efi plus chaud, mais beaucoup moins égal qu’à Quito; & pen¬ dant cinq ou fix mois de l’année , il y fait un brouillard fi épais, qu’011 ne voit pas le foleii. A la fin de Février , quelques jours avant mon arrivée à Lima, tandis que jetois en route, j’avois vû peu après le * Don Jofeph de Araujo y Rio. Historique. coucher du foleil, 8 ou i o degrés au delîus de l’horizon du 1737. côté de l’oued;, une étoile qui netoit fûrement pas une dxe, Février. & que je pris alors pour Mercure : je reconnus enfuite que Comète, ce ne pouvoit être ni cette planette, ni celle de Venus; & je jugeai que c’étoit une comète. J’ai appris depuis, quelle avoit été oblêrvée en Europe. J’arrivai à Lima le 28 Février, & le lendemain matin 1e1' Mars je m’alfurai par oblèrvation , Mars. que l’écliplè de loleil, qui dut être vifible à peu de didance vers le nord , ne l’étoit pas à Lima. Je m’adredai d’abord aux Négocians elpagnols qui m’a- voient été indiqués par M. Cajlanier à Paris & par M. Lam¬ bert correlpondant de feu M. Bernard à la Jamaïque. Je leur , Emprunt fait prélèntai mes lettres de crédit , & je demandai les fonds nécef- a ima’ Lires à la dépenlè de notre compagnie , en attendant les lè- cours de France : mais j’arrivois dans une circondance peu favo¬ rable; l’argent étoit rare en ce moment dans la Capitale du Pérou. Les matières d’argent & d’or tirées du Potofi &c des autres mines du haut-Pérou le rendent prelque toutes à Lima pour y être fabriquées en efpèces, & de là le répandre dans les Provinces. A mon arrivée, on étoit occupé à charger de piadres au Callao *, la frégate qui alloit porter à Panama, les redes du produit de la vente des galions de 1 7 3 o : & prelque tout l’argent étoit embarqué. Je trouvai plus de facilité pour mon emprunt, avec M. Thomas Blechynden, ancien faéteur anglois de la Compagnie de la mer du fud, qui étoit venu à Lima pour le recou¬ vrement de quelques dettes, & qui vouloit faite palier en Europe les fonds qu’il recevoit lùccelTivement de lès débi¬ teurs. Je lui offris de lui faire toucher, loit à Cadix , loit à Paris , à fon choix, la fomme de douze mille piadres du Pérou , ou loixante mille livres de France , que je crus fudi- fànte pour nous mettre en état d’attendre de nouveaux * Ville & Port à deux lieues de Lima. Elle a été non feulement ren- verfée comme Lima par le tremblement de terre du Oétobre 1746; ruais entièrement détruite avec tous fes habitans , par un débordement fubit de la mer,, qui porta plufieurs vaiffeaux fort avant dans les terres. *737- Mars. Crédit fur les Caifles royales. Réponfe du Viceroi, Avril. Confeil de Finance. 24 Introduction fecours. Nous convînmes de toutes les conditions du prêt, & elles ne furent pas onéreulès. Cette affaire terminée, je longeai à faire revivre le crédit que 5. M. C. par les palîêports, nous avoit accordé fur les cailles royales du Pérou , & qui étoit épuile depuis notre arrivée à Quito. Ce crédit avoit été limité à Cadii à 4000 piaftres, par un mal- entendu auquel la proximité de notre départ de France n avoit pas donné le temps de remédier. Quoique la réponlè du Viceroi à la lettre que M. Godin lui avoit écrite, pour lui reprélènter notre fituation, eût été, qu’on ne pouvoit rien changer aux ordres' de S. M. C; j’elpérai que me trouvant en perfonne à Lima , & logé au Palais du Viceroi, pour qui j’avois des lettres de recomman¬ dation de Mde la Duchellè de Saint-Pierre ; je pourrais faire écouter mes reprélèntations : & mon elpérance ne fut pas trompée. Cependant le Viceroi ne voulut pas u 1er de Ion autorité: il me dit qu’il filloit , pour que les choies fulïènt en règle , que le Conlèil de finance décidât de mon affaire. Ce Confeil elt compole d’une partie de X Audience royale ou Parlement de Lima, & de la Chambre des comptes de la même ville, réunies en un tribunal , qui ne s’affemble que dans des cas extraordinaires. 11 me fallut drelîèr une requête, inftruire tous les Juges, & voir chacun d’eux en particulier. C’elt là que je fis mon premier apprentiffage du métier de lolliciteur, auquel je ne m’étois pas cru deftiné, & qu’il m’a fallu fi fouvenfc exercer depuis pendant le cours du voyage. J’expolois dans ma requête que, par les ordres viles à Madrid dans le Conlèil fuprême des Indes, S. M. C. nous avoit accordé la faculté de tirer de lès caijfcs royales les lommes dont nous aurions beloin pour achever notre ouvrage, pourvû que l’Académie fût notre caution; qu’il étoit d’autant plus évident, que l’in¬ tention du Conlèil des Indes n’a voit été que d’afiurer par là le rembourfement des fommes qui nous lèroient avancées, qu’on avoit déjà interprété cette claulè, & dérogé au lèns littéral du palîèport , en admettant le cautionnement de la Chambre Historique: Chambre du commerce de France à Cadi au défaut de 173 7™ celui de l’Académie , qui n’ayant pas de biens fonds , 11e Avril, pouvoir rien alfurer; qu’en conféquence de cette interpréta¬ tion & de ce nouveau cautionnement , nous avions touché 4000 piaftres des caifîès royales de Guayaquil ; &L que par conféquent on ne pouvoit me refulèr d’admettre une nouvelle caution que j’offrois de faire agréer aux Tréforiers royaux de Quito , pour le crédit ultérieur que je demandois fur le tréfor royal de cette ville. Cette demande eût pâlie tout d’une voix , fi le Procureur général ne s’y fût pas oppofe, dans les conclufions qu’il donna fur ma requête; Ion oppofition, dont je 11’ai pû que loup- çonner les motifs , ne me fit pas échouer dans ma demande. Le cautionnement que je m’engageois à trouver, & dont je m’étois bien alluré d’avance , fut admis : ieulement le crédit illimité que je demandois, fut reftreint à 4000 piaftres, ou 20000 livres; mais par l’événement nous n’eûmes pas même befoin de faire ulage de ce nouveau crédit. Les lettres de change que nous reçûmes fuccelfivement , & les nouvelles avances que je fis dans la fuite, nous dilpensèrent d’employer cette dernière relîource. Pendant mon féjour à Lima , je ne me doutois pas que Affaire ffigu- j’avois une affaire criminelle à Quito. L’expolition que je fais iicrc à Q.ultoi ici de nos travaux étoit entièrement finie, avant que j’euftè longé à faire aucune mention d’un événement, où mon ablènce me dilpenlà de prendre part , mais qui eut des fuites où je me trouvai mêlé. O11 m’a fiit oblèrver qu’011 pouvoit mal interpréter le filence que je n ’avois rélolu de garder à ce fil jet , que par des railons qui me font étrangères : je me dil- penlè de publier celles qui m’engagent aujourd’hui à le rompre. Depuis mon départ de Quito, le nouveau Prélident avoit eu quelques démêlés avec Mrs les Officiers elpagnols nos adjoints. Les choies en étoient venues au point qu’il avoit voulu les faire arrêter; celui qui ofa mettre la main fur eux fut blefte dangereufement , & ils s’étoient réfugiés dans le col¬ lège des Jéfuites. M*r Goditi, au nom de notre compagnie, D 1 737- Avril. L’auteur accufé d’avoir contre¬ venu aux or¬ dres de Sa Ma- jelté Cathol. 2 6 Introduction avoit préfênté requête à l’Audience royale, en faveur des deux Officiers. Il demandoit qu’ils pûffent librement vaquer à leurs fondions , en affiliant à notre travail , comme il leur éîoit enjoint par les ordres de S. M. C. Cette requête avoit été fignée de toutes les perfonnes de la compagnie, ou fuppléée par des certificats équivalens; jetois le feul qui n’y eût aucune part, étant à 400 lieues du lieu de la fcène. Cependant je fus le feul de nous tous, qui me trouvai impli' qué dans la querelle. Le Préfident , qui craignoit l’effet de la requête & des certificats en faveur des deux Officiers efpagnols, chercha les moyens de rendre fufped le témoignage de la Compagnie Françoife; c’ell ainfi qu’on délignoit à Quito les Académie ciens & leurs aides; il ne trouva point de meilleur expédient que de nous faire un procès. Chacun de nous , tant maîtres que domefliques , avoit vendu , pour fuhvenir à fes beloins aduels, les choies dont il pouvoit le palier. Sur ce fonde¬ ment le Préfident pi étendit que nous avions contrevenu aux ordres de S. M* C. 8c fait un commerce illicite. Cette accu- fàtion nous comprenoit tous également ; mais elle étoit ailee à détruire par ceux qui étoient prélens à Quito. J ’étois le feul ablent , & le lèul qui ne pouvoit le défendre. D’ailleurs j’avois logé chez les Jéfuites , & le Préfident piqué de ce qu’ils avoient donné retraite aux Officiers elpagnols, cherchoit à mettre en eau le tout à la fois ces Pères & l’ancien Préfident avec lequel il n’étoit pas moins brouillé, 8c. dont j’avois reçu tant d’accueil. 11 11’en fallut pas davantage pour que tout l’orage tombât fur moi;, plufieurs témoins déposèrent qu’ils avoient acheté de mon domeflique des aiguilles, des pierres à fufil , & des chemiles; que j’avois moi-même vendu ou cherché à vendre plufieurs meubles à mon ulage, entr’autres quelques chemiles à dentelles, un fulil de prix, un biillant monté en bague, & une croix de S.1 Lazare enrichie de quelques diamans. Tout cela étoit vrai, & j’ai déjà dit à quoi j’avois employé le prix de ces effets. On concluoit que j’avois fait la contre- Historique. 27 _ bande , de i’aveu de l’ancien Préfident, & que j’avois eu un 1737. commiffionnaire qui tenoit boutique ouverte chez le? Jéfuites, Février. où l’on ailoit & venoit, diloit-on, à des heures indues: on a vû fur quel fondement portoit cette exagération. Enfin , on tiroit une autre conlequence, c’eft que j’étois allé à Lima chargé de marchandifes prohibées. L’information fecrètement faite fut envoyée au Viceroi par le Préfident. Le 2 1 Mars je travaillois tranquillement à 1' Pendule dont je cherchois la longueur à Lu, Gentilhomme du Viceroi me vint dire de là Excellence étoit perlùadée que je n’avois pas contrevenu aux ordres de S. M. C ; mais que comme j’en étois accule , & que je logeois dans le Palais, Son Excellence n’avoit pû le dilpenlèr , à caulè des conlequences , d’ordonner à l’Aîcalde criminel de la Cour de venir faire chez moi l’inventaire de tous mes effets. Ce niellage fut fûivi de la vifite de l’Alcalde à qui je remis mes clefs. Il examina avec autant de politelîè que d’exaélitude toutes mes hardes & mes livres , fans oublier mon Quart-de-cercle , ma Pendule, mes Lunettes, ma Bouf foie & mon Baromètre; rien ne lui parut de contrebande. Je déclarai qu’il étoit de notoriété publique , que tous nos coffres & caillés avoient été pareillement ouverts, & inven¬ toriés dans les Douanes de Cartha^ène , de Portobelo , de Panama, de Guayaqiàl & de Quito, conformément à la condition exprelîé de nos pafîëports; que les procès verbaux de tout ce que nous avions débarqué avoient été envoyés à Lima ; ce qui féul fuffiloit pour anéantir i’accufation intentée contre moi, L’Alcalde drelîa un procès verbal de fa vifite & de ma dé- P^cès verbal, claration : j’en ai l’expédition en bonne forme. Le Préfident de Quito reçut du Viceroi à ce fujet une lettre qu’il ne montra à perlonne. Pour achever ce qui regarde cette affaire , fans égard à Fjn de cette l’ordre des dates , j’ajouterai qu’à mon retour à Quito je aftaire’ prelfai le Préfident de me faire notifier les charges & infor¬ mations, de recevoir mes réponlés, & de rendre un Juge- Dij expérience du Mars, iia , lorlqu’un y>fitederAb 1 „ calde criminel. part que bon 28 Introduction 1737. ment. Il maffura que je pouvois être tranquille, qu’il 1116 Mars, donnoit la parole d’honneur qu’avant mon départ de Quito , j’aurois une pleine & entière décharge de 1 acculàtion , & fi je le voulois , par un arrêt de la Cour ; mais qu’il avoit des rai Tons pour ne pas faire actuellement ce que je lui demandois. Je ne laillai pas de lui préfenter fur le même fujet plufieurs requêtes judiciaires, fur lefquelles il ne fit pas droit. Je m’en plaignis au Yiceroi, & demandai qu’on méjugeât à la rigueur. Le Préfident avoit toute la famille à Lima & beaucoup de crédit. Je n’eus point de réponfe à ma première lettre au Yiceroi : je jugeai .qu’elle avoit été fupprimée. J’en écrivis une fécondé que je fis remettre à Son Excellence en main propre ; j’en reçus alors une dont je joins ici la copie * tirée Tr a du fl ion de la Lettre. Lettre du Viceroi de Lima. * Con vifla de las inftancias que lia^e el Senor Don Carlos, en fu carta de IVoviembre pajfado, con el motivo de haverle denegado el Senor Prefidente la manifeflacion, y entre- ga de las teftificaciones que infinua y confulera precifas para ajj'egurar fit defcargo en el minifterio de Fran¬ cia : devo de frie , que nunca podran ob fl ar le al Senor D. Carlos, ni tener efcacia alguna , quando en el recur- fo que hijo a ejle fuperior govierno, falio bien defpachado , y fe le dio fatisfacion correfpondiente , que no fi le concediera , fi no fe huviejje conocido eflar libre de qualquiera împoftura y fndication , y que ha cumptido mm ajufl ad ameute con los encargos de la Acadnnia de las Ciencias de Paris, y con los de Su JVIajeflad Chriftianijfuna , fin con- travenir a las condiciones del per- mifo de Su AI a) fl ad Catholica , conque paJ] "o a eftos Reynos , ni mefclarfe en negociaciones y comer- cios prohibidos , que nunca pudiera yo dijfnnular , cumpliendo con las cb/igaciones de mi empleo, a que me devo y procura ai reglanm, A la vue des inftances que fait M. de la Condamine dans fa lettre du mois de Novembre dernier, au fujet du refus que lui a fait M. le Préfident, de lui communiquer & délivrer les dépofitions de témoins' dont M. de la Condamine fait en¬ tendre qu’il juge la communication néceffaire pour affurer fa décharge auprès du miniftère de France , je dois dire à M. D. L. C. que ces dépofitions ne peuvent jamais lui nuire, ni avoir aucune force contre lui , après la décifion favorable de ce Gouvernement fupérieur, auquel il s’elf adreflé , & dont il a obtenu la fatisfaélion qu’il demandoit; la¬ quelle ne lui eut pas été accordée ii l’on n’eût pas reconnu qu’il s’elî pleinement juftifié de toute accufà- tion 6c imputation calomnieufes, & qu’il a rempli avec beaucoup d’exac¬ titude la commiüïon dont il a été chargé par l’Académie des Sciences de Paris , 6c par le Roi très-Chré- tien , fans contrevenir aux conditions du paffeport de Sa Majefté Catholi¬ que, ni s’être mêlé en aucun négoce ou commerce prohibé : ce que je ne Historique. 29 fur l’original que je conferve. Après une pareille lettre d’un Ï7 37T Viceroi dont l’intégrité fcrupuleufe & le rare defintéreiïèment Mars, furent toujours au-delTiis du foupçon , je crus devoir lui donner une marque de déférence en n’infiflant plus fur ma demande juridique. Le Président de Ion côté , par diverlês marques d’attention , parut vouloir réparer les fujets de plainte qu’il ne m’avoit donnés , que pour fatisfaire fon reflèntiment contre d’autres perfonnes , & j’oubliai tout ce qui s’étoit paffé. Telle fut l’ilfue de la première affaire étrangère à nos occu¬ pations, qui m’a été fufcitée pendant le cours du voyage. Elle pourrais jamais diffimuler fans man¬ quer au devoir de ma place, dont je dois & je tâche de m’acquitter. Par ces raifons, tout bien confi- déré, il m’a paru qu’il n’étoit pas jufte de donner lieu à de nouvelles procédures judiciaires; & j’ai ordonné qu’on s’en abilînt , après avoir re¬ connu & jugé qu 'elles n’ont aucun fondement réel , qu elles ne font dignes que de mépris , d’être en- fevelies dans l’oubli. La préfente déclaration férieufe i7 formelle pourra , en tout temps , fervir de fureté à AI. de la Condamine , fans qu’il foit befoin d’autre preuve ou examen juridique ; Tes procédés fans reproche m’étant bien connus , ainfi que fon attention à Ce conformer aux ordres en vertu defquels il ell pafTé en ce pays : & la pureté comme l’intégrité de fa conduite n’ont be¬ foin , pour être mifes à couvert , d’autre bouclier que celui de fes pro¬ pres opérations , qui ont été autori- lees par l’approbation qu’elles ont reçues de ce Gouvernement fupé- rieur : & toutes les. fois qu’il fera nécejfaire , je ratifierai le préfent Certificat , ir je m’en rendrai ga¬ rant. C’eil le témoignage que je dois à M. de la Condamine , dont Dieu Décembre J737- Signé le Marquis c S con el fundamento de ejîe f>- guro concepto , me parecio no fer jufio que Je dieffe lugar a nuevas aéluaciones y diligencias , y ordene que fe efcufdjfen , pues fie havia/i te- nido prefentes y formadofe juif 10 de fit ninguna fubflancia , fiendo digno folo del defprecio , y de que no fe bolviejfe a tratar de ellas : y en qualquiera tiempo podra fervir al Setior Don Carlos de refguardo efla feria y formai exprejfion , fin que neceffite de otra prueva b examen judicial : Pues me conflan fus lion- rade £ y ajuftamiento a las ordenes con que pajf'o a efle Reyno ; y fu pure^a y finceridad no han menefter, para fu propria defenfa, mas efeudo que el de fus proprias operaciones, y hallarfe acreditadas ellas con la aprobacion de efle fuperior govier- no; y fiempre que fea neceJJ'ario fe las ratificare en abono de ellas : Que es quanto devo expreffarle al Senor Don Carlos , a quien guarde Dios muchos anos. Lima, 1 4 Defiembre 1737, Firmado el Marques de VMa-Garcia. Al S.or D. Carlos de la Condamine, conferve les jours. A Lima, ce 1 a. e Villa-Garcia. A M. de la Condamine. D Üj 30 Introduction I737* men pronoftiquoit plufieurs autres Mars, peu m’attendre. Examen ciu Nous étions convenus avant mon départ de Quito , que terrein puur la p0ur lie point perdre de temps , on reconnoîtroiî pendant mefure des de- 1 . r j , . \ . , 1 grés. mon ablence le terrein ou nous devions operer , tant pour ïa mefure du Méridien, que pour celle de l’Equateur; l’une & l’autre entrant pour lors dans le projet de notre voyage. Mrs Godin, Bonguer & Verguin partagèrent entr’eux ce travail ; M. Godin setoit chargé de la partie à l’Occident de Quito qui comprend environ quarante lieues jufqu’à la Mer. Ce pays , qui s’étend préci Emeut fous l’Equateur , elt fembia- ble à celui que j’avois traverfe en venant à Quito par le Nord- oued, &: plus inconnu encore, lur-tout depuis qu’un che¬ min anciennement ouvert du fond de la Baye de Caraques * à Quito au travers des bois, s’eft entièrement effacé & perdu. Un vieux Cacique des environs de la côte , m’avoit adoré que dans fi jeuneffe il avoit fait plufieurs fois à pied ce trajet en cinq jours; mais il refufà de me fervir de guide, & n’en trouvant point d’autre, j’avois été contraint de renoncer à mon projet. Mars. Celui de M. Godin n’eut pas d’exécution non plus , foit que les ordres qu’il reçut au mois de Mars fuivant, de nous en tenir à la feule mefure du Méridien , fendent détourné du voyage qu’il méditoit à la Côte, foit qu’avant cet ordre il eût déjà changé d’avis. Avril. M. Bonguer fè mit en chemin au mois de Mars ; il diri¬ gea d’abord fi marche au Nord de Quito : mais à peu de didance de cette ville, le pays étant inconnu & couvert de bois , il fut obligé de fuivre ou de cotoyer la grande route Mai. de Carthage ne , il rapporta au mois de Mai fuivant, la carte Carte du ter- de tout le terrein qu’il avoit parcouru. Elle comprenoit TqSL rSO d environ un degré au Nord Nord-Ef! de Quito. Je m’étois engagé, en partant pour Lima, d’examiner, autant quç je le pourrais fans me détourner du chemin , le pays au Sud de Quito , que les autres Académiciens avoient déjà tra- verfé depuis Riohamha, en venant de Guayaquil. Je reconnus * Sur la côte du Pérou, & non Caracas , près de Venezuela. auxquelles je devois aufïi Historique. 31 que fes deux chaînes de montagnes , entre lefqueiles pafîè ie grand chemin de Quito à Lima , continuoient encore au delà de Rio-bamba, à peu près dans la direction du méridien; & que nous pouvions aifément pouffer notre melure trois degrés au delà de l’équateur, julquaux environs de Cuenca. Je féjournai en cette ville pour y obferver la latitude. J’indiquai auffi dès- lors la baie de Tarqui cinq lieues au delà vers le lud, comme propre à terminer & à vérifier nos difiances calculées ; Si. en effet elle a lèrvi depuis à cet ufage. M. Verguin aujourd’hui Ingénieur de la Marine à Toulon , dont nous avons tiré de grands fecours dans nos travaux , alla au mois de Mai reconnoîlre plus en détail le terrein de ce même côté , c’efi-à-dire, au Sud de Quito , & défigner les lieux où nous pouvions placer nos fignaux avec avan¬ tage. Il nous envoya dès le mois de Juin à Quito une Carte du pays qu’il avoit traverfé , jufqu’aux environs de Riobamba . Il y joignit un projet de triangles qui comprenoit deux degrés. Je revins dans ce même mois de Lima à Quito. Il n’y avoit pas eu de temps perdu dans mon voyage : en moins de cinq mois j'avois fait huit cens lieues avec un Quart-de- cercle, & plufieurs autres infirumens, levé la carte de ma route, obier vé les latitudes de tous les endroits remarquables: je metois an été trois jours à Loxa pour reconnoître, deffi- ner & décrire l’arbre du quinquina , & faire fur ce fujet des recherches , dont j’ai rendu compte , dans le temps , à l’Académie*: malgré le peu de folidité des mailons de Lima je m’y étois procuré un obfervatoire lolide dans le Palais du Yiceroi, & j’y avois fiit toutes les obfèrvations que le ciel & la làifon rmavoient permilês : je m’étois heureulement tiré de l’embarras que l’on m’avoit fulcité : en revenant par mer avec Ton George Juan que fon affaire perlonnelle avec le Préfidenî avoit conduit à Lima prelque fur mes pas , nous avions touché à Payta , Si oblèrvé la latitude de ce port : j’avois fait un ■voyage dans les terres, Si levé la carte du pays : en paffmt à Guayaquil , où je ne reliai que deux jours, j’avois fixé la * Mémoires de l’Académie 1738* page 2.16, *737- Mai . Juin. Carte du ter- rein au Sud de Quito. Retour de Lima à Quito. Carte de la route. Defcrîption du Quinquina» Obfèrvations diverfes. I737* Juin . Longitude de Guayaquil. Envoi en France. Secours d’ar¬ gent. Mémoire fur fe voyage de Lima. Retour à Quito. Obfervation du Solflice. Juillet. Obliquité de l’Ecliptique. Août, >1 Introduction longitude inconnue de ce point important , & déterminé fa polïtion, par rapport à la montagne de Chimho-raço , que nous pouvions lier à nos Triangles , comme nous l’avons lait depuis : j avois recueilli, tant à Lima que fur la route quelques ouvrages précieux de l’art des anciens Péruviens , & diverfès curiolités d’hiftoire naturelle : j’avois embarqué le tout pour Panama fur la frégate qui portoit le refie du produit de la vente des derniers galions *: enfin j’avois envoyé, & je rap¬ portais à Quito en argent ou en lettres de «change exigibles plus de 60000 livres pour payer nos dettes & continuer nos opérations, lans compter un crédit déplus de 20000 liv. fur les cailles royales. Mon feul voyage de Lima , & mon féjour de près de trois mois dans cette capitale du Nouveau- monde pourraient fournir la matière d’une relation intérefîànte. J’en envoyai i’année fuivante 1738 à feu M. du Fay un ample extrait , dans lequel je me bornois aux matières académiques ; c’eft le même que j’ai lu en 1746 dans nos affembiées , & il aurait paru dans nos Mémoires de la même année , fi je ne l’eufîè retiré pour le joindre au recueil de toutes mes obfêrvations particulières faites pendant le cours de mon voyage. J’arrivai de Lima à Quito le 20 Juin avant midi, & je me -joignis à Mrs Cad in & Bouguer, que je trouvai au pied du Seéteur occupés à la première obfervation du Solflice. Nous la répétâmes les jours fùivans: tout le mois de Juillet fut employé «à la vérification du Secteur. En comparant cette obfervation «à celle du mois de Déc. précédent , nous avions de quoi concîurre la diftance des Tropiques, & par conféquent l’obliquité de l’écliptique. Le jour même que l’obfèrvation fut terminée, M. Bouguer , qui avoit réduit tous les calculs jour par jour, envoya à l’Académie un Mémoire fur cette ma¬ tière, auquel il a fait depuis une addition; le mien fur le * Cette caiffe étoit adreffe'e à Cad'17^ à M. Partyet , ConfuI de France, pour la faire parvenir à feu M. du Fay , Intendant du jardin du Roi , fous l’a- dreffe de M. le Comte de Maurepas. Ellecontenoit entr’autres chofes un vafe d’argent du temps des Incas , fmgulier & fans fouclure (Voy. Mém. de V Acad, de Berlin, 1746) Je n’ai pû découvrir ce que cette caiffe elt devenue. même I ç • TiJU.InJrod JErt.JRu) 33. 7mj7777æWM WmpÀFITALE DE LA PROVINCE DE MÊME NOM ) dans le Royaume joe Pérou ; à odeg.i5w.*de latitude Australe , So dég-’ y, de longitude à l'Occident duMcrid.'deParis. \s Echelle de 5oo Toises ■ Pnmqsçiimè^ ' UurCollq/ejc . ajetfr îz Dont&uaunf.. Jé iPLjjt Coïï/^cdcXÇdnà^^Ê ^iur^yoUfthon ^ A® lÈlaMjrrtj. 17 Uni RuvÜecüènfÉ^Ï^ fel S?#! IffO • Z'É^TÉPalâis del’ctrùéianceRl*' ■-{%■. . €Hofdde rw- C'r-V ' ; fs Y , >pEflais BpUconal Vf'"; ÉyY E luhiortnQY^ .^''- Y , l UiÈoucfiérîe effipéâôtei % hôtel depîfle ;-> ; WJJÉJ^clNreNSilierfà^J 3@0HSteii| retend widÉfèaZ v été difeuté par plusieurs de nos plus grands Géomètres, & ce en particulier par M. Bouguer mêmeb: mais tout ce qu’on Mémoires de peut dire fur cela n’empêche pas que fi après avoir mefuré «p^7^' trois degrés du méridien , nous en euffions auffi mefuré trois <* de l’équateur, conformément à notre premier projet (ce qui ce ri etoit que difficile , mais nullement impoffible ) , nous neuf- « fions fait un ouvrage utile & unique. Outre la mefure effective du degré de l’équateur, indépendante de toute hypothèfè , nous « euffions encore eu l’avantage de pouvoir déduire la figure de « la terre & le rapport de fès axes, de nos feules opérations, « fans rien emprunter de perfonne , & au moins auffi exaéle- ce ment que par la comparai fon du premier degré du méridien « à ceux qui ont été méfurés en France*. Quoi qu’il en foit, ce * C’eft ce que je conclus de la dé- monftration même de M. Bouguer , dans le mémoire cité page 463. La comparaifon de notre premier degré du méridien au degré de l’équateur nous eût donné le rapport des axes de la terre près , au lieu que la comparaifon du même degré du mé¬ ridien au degré de France ne donne , félon le même auteur , ce rapport qu’à -j-™ parties près ( ibid. page 44 6) . Il eft vrai que ma conclufion eft fondée fur deux fuppofitions; i’une , que nous euffions pü mefurer fous le parallèle de Quito , ou pluftôt de Pitchincha, trois degrés en lon¬ gitude; au lieu que M. Bouguer ne fonde fon calcul que fur la mefure de deux degrés : l’autre , que nous euffions pû nous affiurer de la diffé¬ rence d’heure entre les méridiens des deux obfervateurs , fans commettre plus d’une fécondé de temps d’erreur fur l’arc total; au lieu que M. Bou¬ guer (page 456) fuppofe deux fé¬ condés; mais je crois que l’une 6c l’autre de mes deux fuppofitions eft très-recevable, & en voici la preuve. 1 ,° Quant à la diftance mefurable , le fommet de Pitchincha fe voit à 4,0 lieues marines du côté de l’oueft du haut des montagnes de Cuaques 6c de Jama , voifines de la côte ( Voy. la carte de la province de Quito). Du même fommet de Pitchincha , j’ai relevé, environ 1 8 lieues à l’Eft, plufieurs pointes de montagnes de i’autre côté de la Cordelière orien¬ tale, entr’autres, une montagne nom¬ mée Pifambilla , qui peut-être n’eft pas la plus éloignée , ni la plus convenable : voilà donc une diilance d’environ 60 lieues marines de l’effc à l’ouefl, qui pouvoit être mefurée par le moyen d’un feu fur Pitchin¬ cha. z.° Quant à la précilion de cette obfervation, nous avons pîu- fieurs fois reconnu, par expérience, u’il n’eft pas difficile fous l’équateur e déterminer par plufieurs hauteurs 40 Introduction ï/37. » Septemb. » Hifi. de l’A- „ cad. i 7 j f, p- (>y ” Mémoires de n l Ac. i y ] fi , pp. i î i & » SJ SS >s SS les mémoires que lurent à l’Académie depuis notre départ M. de Maupertuis En vain diroit-on, pour éluder la force de cet argument, » que les ordres du Roi , dont il ell ici quefïion , ne font pas » ceux qui nous parvinrent fur Pin h inc fui au mois de Septembre; » mais ceux qu’a voit reçüs M. Godïti dès le mois de Mars pré- cèdent: je répond rois qu’on ne peut, fins faire violence au 55 texte , fans changer les dates , & fins bouleverfer l’ordre de 55 la narration, rapporter au mois de Mars ce qui efl dit clai- » renient, d’un temps poftérieur à notre (ortie de Quito en Août » 1 7 3 7 b. Enfin pour couper court à toute réplique, je dis * Je croyois que nous pourrions au moins achever cette campagne ( 1 y 37) la mefure des degrés de latitude ; mais après avoir mieux examiné la chofe , je crois que c’efi tout ce que nous pourrons faire que de la terminer l’an prochain , nous ne ferons pas prêts de finir , SI nous entreprenons la mefure de l’équateur. Quito, 24. Juillet 1737. Signé Bouguer, ( Lettre à feu M. du Fay). AJon efpérancc de revoir la France vient de renaitrc par la lettre que M. le Comte de Mau repas m’a fait l’honneur de m’écrire (reçue le 23 Septembre 1737): nous ignorions que notre ouvrage fe réduisit à la feule mefure du méridien , en forte que nous agijfinns comme SI nouseuf fions toujoiii s dû mefurer EN SU ITE quelques degrés de l’équateur. Quito, Q&obre 1737. Signé Bouguer. { Lettre à feu M. du Fay) . b En voici la preuve. Dans la Re¬ lation déjà citée, il ell dit, page 2-Sa , Nous touchions à la fin de 173 6 : nous ne pûmes nous mettre en campagne l’année fuiv. (1737) que très -tard. En effet, ce fut le 1 4. Août que nous fortunes de Quito. Donc lorfquon lit dans la fuite de la narration, page fi tirante 2 83 , J 1 fi¬ gue - là tout s’étoit préparé pour la mefure de l'équateur , le leéleur doit entendre que tout s’étoit préparé pour cette mefure , jufqu’au temps où nous fonîmes de Quito en Août J 73 7. Cette époque eft encore clairement fixée page fuiv ante 284- , Le parti étant pris de mefurer les degrés du méridien , le choix des ftations nous arrêtoit beaucoup : nous finies éle¬ ver, AL. de la Condamine if moi , quelques fignaux particuliers. Or ces fignaux particuliers, c’eft-à-dire, qui ne nous étoient pas communs avec M. Godin , étoient ceux de Pitchincha & de Schangail/i , & ils ont été placés, comme je l’ai rap¬ porté, au mois de Septembre 1737. Donc, fuivant le texte du mémoire, ce n’elt qu’au mois de Septembre que le parti fut pris de mefurer les degrés du méridien; au lieu qu’il eft prouvé par la lettre de M. Bouguer > Historique. 43 _ que le parti c!e mefurer d’abord ie méridien étoit pris, &. « 1737. que ie projet de mefurer l’équateur enfuite, étoit douteux dès « Septemb . ie mois de Janvier précédent. C’eft de quoi j’ai une preuve « littérale qui tranche toute difficulté *. « Me fera -t -il permis maintenant de demander fur quoi « portent les expreffions fùivantes? Après un travail opiniâtre de « plifieurs années, & fous le poids duquel plufieurs d'entre nous « eujfent fuccombé . . . . dans ces forêts où nous eujfions manqué de « tout , & où nous eujfions eu une infinité d’accidens à crain- « dre . la citron fiance étoit critique : il étoit de la plus grande ce importance pour nous de bien cho'fir, puif qu’il s' agi JJ oit de tout ce le fuccès de notre voyage. Heureifement , les ordres du Roi , ce quoique dans une matière de pure géométrie, 11e nous laijfèrent ce pas la liberté de nous tromper .... ils ne pouvoient arriver plus « à propos que lorfque l'avis du plus grand nombre, ou (fui vaut ce le feuillet inféré après la diftribution des premiers exem- ce plaires), l’avis qui eût prévalu , alloit vrai-femblablement nous ce engager dans une entreprife tout -à- fait imprudente. (Mémoires ce de l’Académie 1 y yy, pages 283 & 284). « Réduifons tout ceci à fa jufîe valeur, & difons, que tant ce que notre commiffion s’eft étendue à la mefure de l’équa- ce teur , outre celle du méridien , ceux qu’on défigne ici par le ce plus grand nombre, c’eft-à-dire , M. Godin & moi, n’avons « pas été effrayés des obftacles qui s’oppofoient à la première ce des deux mefures; & que malgré ces obftacles connus , l’en- « treprifè n’étoit pas encore abandonnée, lorfque nous reçûmes ce les ordres du Roi, qui nous dépensèrent de cette partie la ce plus difficile de notre ouvrage , à laquelle nous 11’avions pas « que nous r.e penfions qu’au méri¬ dien le 24. Juillet, & qu’il étoit même douteux qu’après le méridien nous mefuraffions l’équateur. * Elle eft tirée d’une lettre de M. Cîairaut , qu’il m’écrivoit de Paris à Quito , & que je conferve en ori¬ ginal. Je viens de recevoir votre lettre de Quito, du mois de Janvier *737 : je fuis charmé que vous F ij foye refolus de mefurer d méridien , fans trop vous attacher à mefurer l’équateur .... vous aurie £ pû pajfer un temps tres-confidérable, fans f avoir la figure de la terre . . .je crois que j’ai eu quelque part à la lettre de AJ. le Comte de Maurepas là-defus : car dans le mémoire que je lus à l’Académie fur cette ma¬ tière, i7c. Paris, 3 Mars 1738. _ 44 Introduction 1737- » encore à la vérité travaillé; mais dont notre zèle avoit em- Septemb. » brade le projet avec ia même ardeur que b l’exécution en » eût été facile. Ajoûtons enfin que dorique ces ordres nous » parvinrent, nous mefurions déjà le méridien, & qu’il n’y » avoit rien de prêt pour 1a mefure de l’équateur. Voilà ce » qui eft exactement vrai; & tout ce qui elt dit de plus dans 5» le mémoire cité, ne peut ni détruire ces faits, ni même attri- » buer à M» B gu puer un changement furvenu à notre dedina- « tion a long-temps avant que le mémoire qu’il écrivit fur cette » matière fût parti de Quito. » Je ne prétends pas pour cela que ia frayeur de traverfèr « des bois & des forêts, ait pû perluader à M. Bouguer que l’entreprifè de la mefure de l’équateur nous feroit fatale. Sa « Relation nous apprend qu’il s’étoit familiarité avec ces dan- l’Ac T ' ” gers : mais défigné comme je le fuis dans les Mémoires de pge 2?o. » l’Académie, acculé d’avoir, par un avis imprudent , expofé notre » vie & tout Je fuccès J un voyage , qui , félon M. Bouguer hù- » même, auroit manqué b injailliblement fans mon fecours, j’ai cru » devoir, pour ma juflification , éclaircir des faits fur lefquels « le temps & la préoccupation avoient répandu quelque obfcu- » rité. C’eft malgré moi que je me vois obligé de donner cet » éclairci Bernent , & je conférve des témoignages authentiques « du fàcrihce que j’avoîs fait de mes droits , pour éviter julqu’à » l’apparence d’une conteûation. î» Au refie, quoique je ne fufîe point encore de retour à *Je conviens, & je me rappelle avec plaifir , que l’ordre du Roi nous a épargné peut-être un an, peut-être deux, d’un travail péniUe : mais il eft encore bien plus évident que le mémoire cité de M. Bouguer , le¬ quel ne fur lit à l’Académie que le 8 Mars *7 3 8, quokiu’il ait été imprimé dans le volume de 1736 ( Voy. p, 443 à la marge), n’a pû donner lieu à des ordres dont le premier duplicata. fut reçu un an au¬ paravant à Quito (le 9 Mars 1737) , <& qui ont dû nécefl’airement être expédiés en France dèsl’ann. 1 73.6. & peut-être même avant que le mé¬ moire de M Bouguer fût commencé; puifqu’il convient (ibidem) , qu’il ne rédigea ce mémoire qu’après que nous eûmes reçu au Pérou celui deM.de Alaupertuis, & l’extrait de celui de M. Clairaut , lefquels nous parvinrent dès le mois d’Oétobre 1 73 6 à Oyam- baro, près Quito, avec les premières lettres que nous reçûmes de France. b Lettre au Direéteur de l’Acadé¬ mie, Août 173 7 , lignée Godin Bouguer, Historique , 45 ■/fcwïorfque M. Bouguer y lut le mémoire dont ii s’agit, j’ai « 1737. tout lieu de croire que ni les deux articles qui font i’objet de « Septemb. ia préfente dilcuffion ; ni rien de ce qui ett contenu depuis « ie bas de la page 2S2, ju (qu’au milieu de la page 284, n’a « été lu dans nos affemblées , & que le tout a été inféré fins « avoir été communiqué à l’Académie, puilqu’il 11e s’en trouve « aucun veft ige (ur le regiftre original de la Compagnie ; mais « cette addition étant devenue publique, je n’ai pû, dans les cir- « confiances préfentes, me difpenfer d’y répondre, fous peine « deparortre avouer les conféquences qu’on en pourroit tirer» ]. Le changement de lieu du fignai de Pïtchïncha nous obli- Oâohre . geoit à reprendre de nouveaux angles. Les difficultés qui fe rencontrèrent pour placer for la montagne de Cota-catché, v ers ie nord, un fignai, qui devint depuis inutile, durèrent prefi que tout le mois d’Oéiobre. Je paffai ce temps à Piîchincha; notre nouveau polie , quoiqu'il y neigeât quelquefois , me fem- bloit un féjour agréable ; le climat en étoit doux , par com- paraifon à celui de la première dation. J’eus tout le loifir de faire, fous ma tente, plufieurs expériences du pendule, 570 toifes au deffos de Quito, ou je ne defeendis que le 7 No- Novembre. vembre, & je ne pûs partir de cette ville que le 17 Dé¬ cembre, pour aller reprendre aux environs de notre bafe, les angles que le fignai nouvellement pôle formoit avec les points déterminés. Cet intervalle de cinq femafnes avoit été rempli par des Décembre. occupations de divers genres. J’avois travaillé à une feconde obfervatfons vérification des di vidons de mon quart -de -cercle, de degré clivcrle5, en degré , dans une plaine voifine de Quito , où M. GoA'm avoit fait mefurer des diffances qui lui avoient fervi pour le même ufàge. Nous avions examiné M .Bouguer & moi, les divifions du limbe du grand feéteur, avec lequel nous avions obfervé les deux folfhees , ainfi que celles de la monture du baromètre que javois porté dans le voyage de Lima , fur laquelle javois marqué toutes les hauteurs du mercure que j’avois obfervées: enfin je me trouvai chargé de plufieurs affaires économiques de notre compagnie, qui rouloient fur. 4 6 Introduction i 737. moi depuis mes offres & mes avances. Il m’avoit fallu tra- Décembre. vaiiler à nous afîûrer de nouveaux fonds, pour continuer notre ouvrage fans interruption. Je cherchai & je trouvai les cautionnemens que j’avois offerts, & qui m’étoient nécefîàires pour nous mettre en état de tirer du tréfor royal de Quito, les nouveaux fècours dont nous étions à la veille d’avoir befoin. J’épargne au leéleur tous ces détails ; on a déjà pû voir que nous ne refiions pas oififs dans les intervalles que nous laifîoient quelquefois nos grandes opérations : & la fin de l’année 1737, entre autres , fut pour moi un de ces temps critiques où je me trouvai furchargé de foins étrangers à nos travaux académiques, mais qui n’en avoient pas moins pour but le fuccès de notre miffion. Je dois cependant remarquer, que fi cette année efl celle où nous avons le moins avancé la mefùre de la méridienne , qui étoit notre principal ouvrage , ce n’efl pas au défaut de fonds qu’il faut s’en prendre. Depuis le mois d’Août 1 7 3 d, j’avois pourvu à la fubfiflance de notre compagnie , par les arrangemens que j’avois pris dès -lors, en attendant les ref fources que j’efpérois trouver, & que je trouvai effectivement à Lima. Par ce qui précède on a pû voir que la principale raifon de notre retardement étoit, qu’on nous avoit afîùrés que nous perdrions notre temps , en nous obflinant à prendre des angles pendant la fâifon des pluies. C ’elt ce qui fit que, depuis l’obfervation du folflice de Décembre & la vérifica¬ tion du leéleur , terminée au commencement de Février, juf qu’à mon retour de Lima au mois de Juin; prefque tout le temps avoit été employé à reconnoître le terrein de la méri¬ dienne. L’obfèrvation du folflice de Juin & ’fès fuites nous ayant enfùite retenus jufquau mois d’Août , les difficultés de notre première flation fur Pitchincha , la pofition des fignaux fùivans, & le changement de celui-ci, furent caufè que tout le refie de l’année fe paffi, pour ainfi dire, en opérations préliminaires , ou f ibordonnées à notre objet le plus impor¬ tant. 't- . H I s T 0 R I <2 U E. 47 Année 1738. I738; ' Di S p E N s É s de la partie la plus difficile de notre ouvrage, nous avions lieu de nous flatter que nos opérations ne fouffiiroient plus de retardement, & que nous venions la fin de nos travaux dans le cours de l’année 1738 : pouvions- nous prévoir que les obltacles naîtroient fucceffi veinent les uns des autres, & fè multiplieroient à chaque pas! 11 finit avouer que la nature du pays où nous allions opérer n’y a pas peu contribué : il efl fi différent à plufieurs égards de celui que nous habitons , que le peu que j’en ai dit 11e fiuffit pas pour le faire connoitre. Le terrein peuplé & cultivé de la province de Quito, de Defcnptîon l’afpeét duquel j’ai déjà donné une première idée, eft un ^bJaiion ,Jc vallon fitué entre deux chaînes parallèles de hautes monta¬ gnes , qui font partie de la Cordelière des Arides. Leurs cimes îe perdent dans les nues , & prefque toutes font couvertes de maffes énormes d’une neige auffi ancienne que le monde. De plufieurs de ces fommets, en partie écroulés, on voit fortir encore des tourbillons de fumée & de flamme au foin Volcans, même de la neige. Tels font les fommets tronqués de Coto- paxi , de Tongouragua & de San gai. La plufpart des autres ont été volcans autrefois, ou, vrai-fomblablement, le devien¬ dront un jour a. L’Hiftoire ne nous a conforvé lepoque de leurs éruptions, que depuis la découverte de l’Amérique; mais les pierres ponces, les matières calcinées dont ils font parfè- niés, & les traces vifibles qu’a laiffées la flamme, font des témoignages authentiques de la réalité de leur embrafement. Quant à leur prodigieufè élévation , ce n’efl pas fins raifon qu’un auteur efpagnol b avance cjue les montagnes d’Amérique 3 On trouvera les dates qu’on a pu recueillir des éruptions des volcans de Pitchincfia , Anti-fana, Cotu-paxi , Tongouragua , San gai , *17 c, dans l’ouvrage fuivant fur ia AI fur c du degré du Méridien , p 5 6. &Le P. Acofla JéCüite p Hifl, nat, y moral de las Indias, lib. III, c.-g,. 48 Introduction .montâmes. 1738. font à 1 egard de celles d’Europe, ce que font les clochers de nos villes, comparés aux maifons ordinaires. Hauteur du La hauteur moyenne du fol du vallon où font fituées les viuce. villes de Quito, de Cuenca , de Riohamba , de Latacunga , de la Villa de Ybarra, & un grand nombre de bourgs & de villages, efl de 1500 à 1600 toifos au cielîùs de la mer; c’efl-à-dire quelle excède celle des plus hautes montagnes des Pyrénées , comme le Canigou & le Pic du Midi, & ce foi fort de bafo à des montagnes plus d’une fois aufli élevées. Cayambour, fitué fous l’équateur même , Antifana , qui n’en ell éloigné que de cinq lieues vers le fod, ont plus de 3000 toifos, à compter du niveau de la mer; & Chimboraço , Hauteur des haut de près de 3220 toifos, furpaflè de plus d’un tiers le Pic de Ténériffe , la plus haute montagne de l’ancien hémi- jphère : la foule partie de Chimboraço, toujours couverte de neige , a 8 o o toifos de hauteur perpendiculaire a. Pitchincha 8c le Coraçon , fur le fommet delquels nous avons porté des baromètres, n’ont que 2430 & 2470 toifos de hauteur abfolue; & c’efl la plus grande, que l’on lâche, où l’on ait jamais monté. La neige permanente a rendu juf- ques ici les plus hauts fommets inaccelhbles b. Depuis ce de îa terme, qui efl; celui où la neige ne fond plus, même dans neige perma- Ja zone torride , on ne voit guère , en defoendant julques à 1 00 ou 1 5 o toifos au delfous, que des rochers nuds, ou des fables arides; plus bas, on commence à voir quelques moufles Climats divers qui tapiflènt les rochers , diverfos elpèces de bruyères, qui, v-i otages. Lien qLie vertes & mouillées, font un feu clair, & nous ont été fouvent d’un grand fecours ; des mottes arrondies de terre Ipongieufo, où font plaquées de petites plantes radiées 8c étoilées, dont les pétales font fomblables aux feuilles de l’if, 8c quelques autres plantes dont je iaifle la defoription à M. de Jnjjieu. Dans tout cet elpace, la neige n’eft que palfagère; mais elle s’y conferve quelquefois des fontaines & des jnois entiers. Plus bas encore, & dans une autre zone d’environ a Voy. le profil des montagnes de la province de Quito , Planche IL 6Voy. plus bas, page 56. 300 toifos i erme 1 73 Historique. 49 300 toiles de hauteur, le terrein efl communément couvert d’une forte de gramen délié, qui s’élève jufqu’à un pied & demi ou deux pieds , & qui le nomme outchouc ( uchuc) dans la langue des Incas. Gette efpèce de foin ou de paille , comme on l’appelle dans le pays, efl le caraéfère propre qui di frin¬ gue les montagnes que les Efpagnols nomment Paramos. Ifs ne donnent ce nom, du moins dans l’Amérique méridionale, qu’aux landes ou friches d’un terrein allez élevé pour que le bois n’y croilfe plus, & où la pluie ne tombe guère autrement que fous la forme de neige , quoiqu’elle fe fonde pfefqu’auffi- tôt. Enfin en defcendant encore plus bas , jufques à la hau¬ teur d’environ 2000 toiles au deffus du niveau de la mer, j’ai vu neiger quelquefois , & d’autres fois pleuvoir. On lent bien que la diverfè nature du fol, là différente expofition , les vents , la faifon , & plufieurs circonftances phy- fiques , doivent faire varier plus ou moins les limites que je viens d’affigner à ces différens étages , & quelles ne peuvent être déterminées géométriquement. Si l’on continue de defcendre, après le terme que nous venons d’indiquer , on commence à rencontrer des arbufies ; & plus bas, on ne trouve plus autre choie que des bois, dans les terreins non défrichés ; tels que les deux côtés exté¬ rieurs de la double chaîne de montagnes, entre lefquelles fèrpente le vallon qui fait la partie habitée & cultivée de la province de Quito. Au dehors, de part & d’autre de la Cor¬ delière , tout efl couvert de vaftes forêts qui s’étendent, à i’oueft jufqu’à la mer du fud, à 40 lieues de diflance; & du côté de i’eEt , dans tout l’intérieur d’un continent de 7 à 800 lieues, le long de la rivière des Amazones, jufqu’à la Guianne & au Bréfil. La hauteur du fol de Quito eft celle où la température de l’air efl la plus agréable. Le thermomètre de M. de Reaumur y marque communément 14215 degrés au deflus du terme de la glace , comme à Paris dans les beaux jours de printemps, & il 11e varie que fort peu *. En montant ou en defcendant9 * Vy. Alan, de L’ Acad, 1736, page 500 Sc fuiv. G *738- JDs'fcto,. /<3 , tt Diredion de la Cordelière. Situation des fignaux. Ravines pro¬ fondes , dites Quelradas. Fuite des In¬ diens. Introduction on ell fur de faire defcendre ou monter le thermomètre, & de rencontrer fucceffivement la température de tous les divers climats, depuis 5 degrés au défions de la congéla¬ tion ou plus, jufques à 28 ou 29 au deflus. Quant au baro¬ mètre , hauteur moyenne à Quito efl de 2 o pouces une ligne , & lès plus grandes variations ne vont pas à une ligne oc demie. Elles font ordinairement d’unç ligne un quart par jour, & fe font allez régulièrement à des heures réglées. C’efl ce que M. Godin a remarqué le premier, & ce que j’ai vérifié pendant plus d’un an, par des obfèrvations fuivies, que je rapporterai ailleurs. Les deux chaînes de montagnes qui bordent le vallon de Quito, s’étendent à peu près du nord au fud. Cette fituation étoit favorable pour la mefure de la méridienne , & nous offroit alternativement fur l’une & l’autre chaîne , des points d’appui pour terminer nos triangles. La plus grande diffi¬ culté confifloit à choifir les endroits les plus favorables pour y placer des fignaux. Les pointes les plus élevées étoient les unes enfèvelies fous la neige, les autres le plus fou vent plongées dans les nuages, qui nous en déroboient la vûe. Placés dans les lieux plus bas , les fignaux fè projeâoient fur le terrein , & devenoient par-là très-difficiles à apercevoir de loin. D’ailleurs, non feulement il 11’y avoit point de che¬ min frayé qui conduisît d’un lignai à l’autre; mais il falloit fou vent traverfèr , en prenant de longs détours, des ravines formées par les torrens de pluie & de neige fondue , ereu- fées quelquefois de 60 & 80 toiles de profondeur , des¬ quelles j’aurai fouvent occafion de parler. Les Indiens les nom¬ ment Ouaïcou , & les Efpagnols Quelradas. On conçoit les difficultés & la lenteur de notre marche, quand il falloit tranfporter d’une dation à l’autre des quarts-de- cercle de deux & de trois pieds de rayon , avec tout ce qui étoit nécefîaire pour nous établir dans des lieux d’un accès difficile, & y fejourner quelquefois des mois entiers : fouvent les Indiens qui nous fèrvoient de guides, nous abandonnoient en chemin ou fur le fommet de la montagne où nous étions campés,, 1 73 8* H 1 ST 0 R I d U E. Je & pïufieurs jours le paffoient avant que nous pûiïions les remplacer. Les ordres qu’avoit donnés S. M. C. de pourvoir à tous nos befoins, ont toujours été refpeétés; mais l’autorité des Gouverneurs efpagnols, celle des Curés, fou vent plus abfolus qu’eux fur les Indiens, celle de leurs Caciques, enfin un falaire double, triple & quadruple de l’ordinaire, ne fuffi- ibient quelquefois pas pour nous faire trouver des guides, des muletiers & des porte -faix, ni même pour retenir ceux qui s etoient offerts volontairement. Un des obftacles qui ont le plus exercé notre patience , & qui ne tiennent pas moins que les précédais à la nature du pays, dans le phyfique <8c dans le moral, c’efi la chûte & l’enlè¬ vement fréquent des fignaux qui terminoient nos triangles. En France, les clochers, les moulins, les tours, les châteaux, les arbres ifolés placés dans un lieu remarquable , ont offert aux obfèrvateurs une infinité de points, parmi lefquels ils n’avoient qu’un choix à faire ; mais dans un pays fi différent de l’Europe, & où les fommets de montagnes ne préfèntoient pas de points affèz précis, nous étions obligés de nous créer, pour ainfi dire, des objets diftinéfs pour former nos triangles. Les premiers fignaux que nous pofames à cet effet , étoient des pyramides de trois ou quatre longues tiges d’une efpèce d’a- loès, dont le bois étoit très -léger, & cependant d’une allez grande réfiffance. Nous faifions garnir de paille ou de nattes la partie fupérieure de ces pyramides, & quelquefois d’une toile de coton fort claire, qu’on fabrique dans le pays; d’autrefois je les ai fait enduire d’une couche de chaux. Au defîous dé celte elpèce de pavillon, on laifîoit affèz d’efpace pour placer & ma¬ nier un quart-de-cerde. Mais après pïufieurs jours, & quelque¬ fois pïufieurs fèmaines de pluies & de brouillards; iorfque l’horizon s’éclairciffoit , & que les fommets des montagnes fè montrant à découvert , fèmbloient nous inviter à prendre nos angles ; fou vent à f inflan t même où nous étions près de recueillir le fruit d’une longue attente, nous avions le dépiaifir de voir difparoître nos fignaux , tantôt enlevés par les ouragans , & plus fouvent volés. Des Pâtres indiens , que la Gij Autres obfta¬ cles. Conflru 738- Janvier . Nos tentes fer¬ ment de lignai. 52 Introduction figure humaine diftingiie à peine de la brute, des Métis2, elpèce d’hommes qui n’a que les vices des nations dont elle ell le mélange, s’emparoient furtivement des perches, des cordes, des piquets &c, dont le tranlport dans ces lieux écartés avoit coûté beaucoup de temps & de peine ; & pour le plus vil intérêt, nous caufoient un très-grand préjudice. Il le palfoit quelquefois des huit, des quinze jours avant qu’on pût réparer le dommage : il nous falloit enfuite attendre des femaines entières dans la neige & dans les frimats, un autre moment favorable pour nos opérations. C’ell ce qui nous étoit arrivé plus d’une fois pendant nos féjours à Pitchincha , 8l le même inconvénient avoit fi long-temps prolongé nos flations aux environs de notre première baie. Le leui fignal de Pamba-niarca b, tantôt mal placé, tantôt détruit, fut réparé jufqu a fept fois, & me coûta en mon particulier trois voyages exprès, julqu’à ce qu’enfin je m’avilâi, pendant notre dation fur cette montagne, de faire ralfembler par nos gens un grand amas de pierres des débris d’une ancienne forterelîè indienne , & de faire élever fur ce monticule une haute croix, qui fubfifloit encore cinq ans après, iorfque nous avons quitté le pays. . Vers le commencement de cette année , M. Godïn imagina le premier un expédient fnnple & commode, pour rendre tout à la fois nos fignaux faciles à conftruire, & très-ailes à diffinguer de loin ; cetoit de prendre pour fignaux nos tentes mêmes , ou d’autres pareilles à celles lotis lelquelles nous campions. Chaque Académicien avoit une grande tente garnie de la marquilè : Mrs les Officiers elpagnols nous en offraient deux autres toutes lèmblables , & nous avions encore trois canonnières. M. Verguin & M. Godïn des O donnais nous pré- cédoient , & failôient placer celles-ci alternativement fur les * Les enfans nés d’un Blanc & d’une femme indienne, font défignés, dans toute l’Amérique efpagnole, fous le nom de Mefli-ços, c’ed-à- dire, Métis ; & ceux qui nailfent 4’ un blanc & d’une négreffe, fe nom- j ment Mulatos , & Mulâtres dans nos Colonies. b Pamba-marca-, ou , dans l’an- cienne langue du pays , Pampa - marca, fignifie fbrtereffe de la plaine-, c’elt-à-dire, qui dorninç la plaine. Historique. 53 deux chaînes de ia Cordelière, aux points défrgnés , confor- 1738. mènent au projet de triangles dont on étoit convenu ; & iis Janvier. lailîoient un Indien pour ies garder. Nous étions dans ia làilon des pluies : ce temps avoit été employé l’année précédente, à reconnoître le terrein de la méridienne, & à mon voyage de Lima. Il eût été même inutile, fuivant l’avis des gens du pays, de longer alors à monter fur ies montagnes : mais l’expérience nous avoit appris , depuis notre lejour dans ia province de Quito , que les beaux jours étoient feulement plus rares pendant le temps qu’on y nomme l’hiver, depuis Novembre julqu’en Mai; & que Eté & hiver dans le relie de l’année qu’on appelle l’été, il ne lailîoit pas dc <^ult0‘ de pleuvoir quelquefois piufieurs jours de fuite. Depuis que nous nous en fûmes aperçûs , toutes les làilons de l’année nous furent égaies; & la diverfité des temps n’interrompit plus le cours de nos opérations. Nous avions été retenus tout le mois de Janvier & la moitié de Février, à nos premiers fignaux des environs de Février. la baie , & à ceux de Pamha-marca , de Tanlagoa & de Chan- Stations à gailli. Nous revînmes à Quito pour oblèrver l’écliple de Soleil ja”^é>nar]£’ ' du 1 8 Fév. & continuer notre marche vers le fud: ce fut alors Changaîiii. que nos tentes commencèrent à lêrvir au nouvel ulâge auquel sJ^lipfe de nous les avions deflinées. Je fis ajoûter une pièce de toile trian¬ gulaire au delfus des canonnières, pour les exhaulfer & ies rendre aulh ailées à dihinguer de loin , que les grandes tentes. Nous iailfions toûjours au centre du fignal , un piquet enfoncé profondément, quelques pierres, & deux filions tracés en croix , pour reconnoître l’endroit en cas de beloin. Nous approchions du volcan de Coto-paxi *, qui, après Station furie volcan dc Cote- * Herrera fait mention de I érup¬ tion de ce volcan en 1 5 3 3 : il le nomme ie volcan de Latacunga, petite ville dont il eft dillant de quatre lieues : fon nom indien Coto- paxi , fignifie dans la langue des J'ncas, mage brillante. Les monta¬ gnes & les lieux de la province de paxh Quito , dont les noms ne fignifient rien dans cette langue, ont vrai-fem- blablement confervé celui de la lan¬ gue ancienne de ce canton , où les Incas n’avoient porté leurs armes & leur langue que 4.0 ou 5 o ans avant . l’arrivée des Efpagnols. G |fj 173*3- Février. Mars. Ketour à Quito. Chute de D. George. Avril. Voyage parti- cul. de l’auteur à Coto-paxi, 54 Introduction un filence de plus de deux fiècles, a renouvelé les explo¬ rions en 1742. , &. depuis a continué Tes ravages. Il devoit, par fa fituation , fournir un des points de nos triangles ; mais la dilpofition du terrein, i’efpace qu’occupoit la neige de Ion fommet, la groffeur, la rondeur & la pente de la montagne, ne pennettoient guère de trouver un lieu acceffi- ble, Tchitchi-tchoco » 1 73 8° Septembre. Lettres Je change de France. Stations à ' Tchoulapou, Hi- vitcatfou, Tchii- chi-tchoco . Station à Na- louço. 64 Introduction 1738. appelée Nabouço , voifine des villages indiens de Pempè 8c Septembre, de Guanando , où l’on recueille de fort belle cochenille, fur une efpèce particulière de ces arbuftes à feuilles épineules, Carrière de appelés Opuntia par les Botaniftes , & vulgairement nommés marbre, &c. Raquettes. La baie de la montagne de Nabouço eft de mar¬ bre : dans les ravines des environs , j’en découvris de très- beaux, & richement veinés de diverles couleurs. J’y vis auffi des rochers d’une pierre blanche auffi tranlparente que l’al¬ bâtre, & plus dure que le marbre. Elle le cafte par éclats, & rend beaucoup d’étincelles : on m’a depuis affiné quelle le liquéfioit à un feu violent : je loupçonnai quelle pouvoit être utilement employée à la porcelaine, & j’en recueillis plufieurs fragmens , qui failoient partie de l’envoi que je fis en 1740 pour le Cabinet du Jardin du Roi. Je trouvai auffi; Et d’ardoife. en delcendant plus bas, une carrière d’ardoilè , dont on ne fait aucun ulàge dans le pays : cette pierre n’y eft pas même connue. Pour arriver à notre pofte , il nous avoit fallu palier à Rivière dont Pénipè la rivière SAtchambo , fur un de ces ponts de rélèaux îe courant eft de lianes dont j’ai déjà parlé : celui-ci étoit long de 20 toiles; fecande!'eS Fr la vîteftè du courant , que nous mefi rames M. Bouguer & moi , étoit en ce lieu de quatre toiles par lèconde. Arrivés à Nabouço , le lejour nous en parut délicieux : nous n’étions pas accoûtumés à trouver lur nos montagnes, des bois, des prairies, & des promenades charmantes , ni à rencontrer, en fortant de nos tentes , des tapis de verdure émaillés de fleurs. A peine eûmes-nous le temps de jouir de ces agrémens : la douceur du climat & la lerénité du ciel nous mirent à portée d’achever nos opérations en vingt-quatre heures. Notre fort étoit de ne prolonger nos lejours que dans les poftes dont nous aurions defiré nous éloigner le plus promptement. Tels avoient été les deux précédens : le premier nommé Station à Mouhnoul, moins incommode par la hauteur, que par les Mmlmoui. oragèS que nous y eflûyûmes : le tonnerre y tomba très-pro- A Igoalata. che de notre tente: le lècond appelé Igoalata, rocher aride, 8c l’une des plus hautes $c des plus difficiles de nos lia lions, quoique Historique . 6$ _ quoique le voifmage de Savanac , maifou de campagne de 1738. Don Jofeph Davalos, où nos deux troupes logèrent tour à Septembre. tour, nous en eût beaucoup adouci la rigueur. La proximité des fignaux en cet endroit , fit cependant que ces deux flations , ainfi que celles d 'limai & de Nabouço , furent termi- Station à l/mat. nées dans le mois d’Oélobre & dans les premiers jours de Oâobrc. Novembre. Le 8 de ce mois, nous nous rendîmes tous à Novembre. Riobamba , où nous avions été précédés par Don Antoine de Ulloa, qui étoit tombé malade quelque temps auparavant. Après Quito & Cuetica, Riobamba efl la ville la plus confi- Rlol^mba, fa dërable de la province: elle efl célèbre par lès manufactures detemPcratmc* draps, dont on fait un grand commerce à Lima & dans tout le Pérou. Le fol de Riobamba efl de 2 o o & quelques toifes plus élevé que celui de Quito ; la température de 1 air y efl par confequent plus froide , mais d’ailleurs fort faine. J’ai vû dans ce canton, à Guano, à San- André s & à Pe'nipè , plu- fieurs vieillards indiens, métis, & efpagnols , qui pafîôient cent Vieillards cw ans; un entre autres qui difoit fè fouvenir de l’éruption du Uliaireî’ volcan de Tongouragua , arrivée vers 1641, & qui en rap¬ portait des circonflances. Je feuilletai le regiftre des baptêmes & morts de fa paroiffe, qui commençoit en 1 63 o, & je ne pus y rencontrer Ion nom ; j’y trouvai feulement la date an¬ cienne de la mort de plufieurs vieillards qu’il m’avoit nommés, & la fignature de plufieurs curés qu’il diloit avoir connus dans £1 jeunefîè : & tout me parut conforme à fon récit. Je ne dois pas omettre que pendant tout le temps de NoMcfië notre fejour à Quito, & dans le cours de notre travail, nous ctco!e' avons reçû toutes fortes de politeflès & de prévenances de la nobleffè créole de cette province, où un allez grand nombre de familles nobles d’Elpagne ont paffé il y a environ deux liècles, & poffèdent, depuis ce temps, des grandes terres, & les premiers emplois du pays. Plufieurs s‘ 'étaient empreffés à nous offrir leurs maifons de campagne qui fè trouvoient fur notre chemin , nous avoient vifité fous nos tentes dans le voifmage de leurs terres , ou nous y avoient envoyé des pro- vifions & des rafraîchifîèmens. De ce nombre furent , aux I 66 Introduction 1738. environs cîe Latacunga , ie Marquis de Maëtiva , & Don Novembre. Ramon Maldonado , depuis Marquis de Lvgs, frère de feu Don Pedro Maldonado, dont j’aurai fou vent occafion de parler. Nous reçûmes de même, en approchant de Rio- lamba , la vifite de Don Jofeph Davalos, Général de la Cava¬ lerie, & de Don Jofeph de Villavicencio , Alferès Real de Rio- lamba : nous logeâmes chez l’un & l’autre à la campagne «Sc à la ville ; & les agrémens qu’ils nous y procurèrent nous firent oublier les mauvais temps que nous avions pâlies fur leurs montagnes3. Séjour à E’kn. Notre féjour à E'ien, chez Don Jofeph Davalos, fut fur-tout remarquable par fes circonllances. Nous n’avions guère trouvé à Quito que trois ou quatre Jéfuites allemands ou italiens qui fûlîènt le françois b : perfonne ne ie parloit à E'Jen , ce qui n’avoit rien d’extraordinaire; mais ce qui i’étoit beaucoup, tout le monde l’entendoit , du moins par écrit. Le maître de la mailon avoit des livres françois; & fans parler cette langue, il l’avoit apprilè à lès enfans. Je fus témoin que Ion fils unique Don Antoine Davalos, jeune homme d’une grande elpérance , qu’il perdit peu de temps après par un cruel accident c, tra- duifit en deux jours en elpagnol la préface des Mémoires de l’Académie des Sciences par M. de Fontenelle . Don Antoine avoit trois loeurs , dont la cadette éloit un enfant de dix ans : on peut juger quelle fut notre furprilè, en les voyant traduire \zMoréri à l’ouverture du livre, «Se prononcer couramment en elpagnol tout ce quelles liloient des yeux en françois. Ce a La fuite de la narration ne m’a pas donné lieu de nommer toutes les autres perfonnes de marque chez qui plutieurs d’entre nous ont logé aux environs de Quito, en différentes occa¬ sions : comme àCangagua, chez Don Fernando Guerrero, ancien Gouver¬ neur de Popayan; à Tchantac, chez Mefdames fes fœurs ; à Ahaquito ôt à Cotchefqui , chez Don Manuel Frayre; à Couc/ii - Car an gui , chez 1 Don Diego de Nava , ancien Cor- ïégidor de Quito j à Hambato , chez Dona Luipa Naranjo ; dans un fauxbourg de Quito , chez Don Ma¬ nuel Rubio, Oydor de l’Audience royale; à Yarouqui ôt au Quinché , chez les Curés du lieu, «Sec. b J’oubliois Don Juan de Lu) an, Protecteur fifcal des Indiens , qui a fait fés études à Paris , & dont j’ai vû une thèfe de Philofophie dédiée à feu M. le Marquis de Torcy. e C’eft lui dont il ell parlé ci- defîus page 5 6 , fous le nom d’Ai- calde de Riobamba, Historique. ^7 ______ n’étoit-Ià que ïe prélude de ce qui nous redoit à voir dans 173 8. cette maifon , où ies arts peu cultivés, dans la province de Novembre. Quito , fembloient s’être domiciliés. Nous y trouvâmes un Taiens d’une tour monté , & plufieurs ouvrages délicats très -bien exé- Q™°/ercile cutés de la main de ces jeunes perfonnes. L’aînée réunifîoit tous les taiens: elle jouoit de la harpe, du clavecin, de la guittare, du violon, de la flûte traverfière; j’aurois pluffôt fait de dire de tous les inftrumens quelle avoit vûs : elle pei- gnoit en miniature & à l’huile; & n’avoit jamais eu de maître. Nous vîmes entre autres un de les tableaux de che¬ valet , repréfèntant la conversion de S.1 Paul, qui contenoit une trentaine de figures correctement deffinées, & dans lequel elle avoit tiré un grand parti des mauvaifês couleurs du pays. Avec tant de refîources pour plaire dans le monde, fort unique ambition étoit de fê faire Carmélite : elle 11’étoit retenue que par fa tendrefîè pour fon père, qui, après une longue réfiftance , lui donna enfin fon confèntement : elle fit profeffion à Quito en 1742. Le 19 Novembre, après un court fe jour, à Riobamba qui Station à Do- nous fêrvit d’entrepôt tout le temps que nous paffâmes aux ljml’oc" environs , nous reprîmes notre travail , & nous allâmes nous établir, M. Bouguer &. moi, au fignal de Siçapongo ou de Dolomboc. Outre les angles qui y aboutifîoient, nous fîmes en ce lieu trois obfèrvations de i’azimuth du foleil couchant, _ Obfervatîon pour vérifier la direction des côtés de nos triangles par rap- àaunutn- port à la méridienne; ce que nous n’avons jamais négligé, quand l’occàfion s’eft trouvée favorable. La nuit, nous voyions de notre pofte très-diflinctement , à environ quinze lieues de diftance , les flammes du volcan de S an gai , au pied Volcan de duquel eft aujourd’hui fituée la petite ville de JVlacas, autre- ^an£tU‘ fois célèbre : nous déterminâmes la fituation & la hauteur de ce volcan *. Le 2 6 nous étions de retour à Riobamba. M. Godin étoit allé à Quito pour lever quelques difficultés Voyage de M, Codin a Quito. * Voy. le profil des montagnes de la province de Quito , PL II, Table de la hauteur des montagnes, pf Part. /, art. XlV, p. j6 de la Alefure des trois premiers degrés du Méridien. I ij 68 Introduction marne. 1738. au fu jet des lettres de change dont j’ai parlé. Nous prîmes Novembre, le temps de fou abfence , M. Bouguer & moi, pour exécuter un projet d’obfèrvation de nouvelle efpèce : il étoit queftion Projet d’expé- de reconnoître par expérience, en oblèrvant la même étoile riences fur VAt- en c{eux différens endroits , fi le voifinage d’une très-groflè traction ncwto- , , , , 0 . . . 9-. , montagne pouvoit détourner de la ligne verticale le hl-à- plomb d’un quart-de-cercle , conformément à la théorie de la gravitation univerfelle de M. Newton. Cette idée étoit due à M. Bouguer: je n’ai eu de part qu’à l’exécution , & à rendre l’effet plus fenfibie , par un moyen qui n’eût fans doute pas échappé à M. Bouguer, & que je lui propofài , pour fùppléer à un autre expédient qu’il avoit imaginé, mais que la difpofltion du terrein ne nous permit pas, & doit rarement permettre d’employer. M. Bouguer, au commencement d’Oétobre, avoit été vifiter la montagne de Tongouragoa & lès environs , pour tâcher d’y trouver un lieu convenable à fbn defîèin ; mais celle de Chimlo-raço , par là hauteur & toutes lès dimenfions, y parut plus propre qu’aucune autre. Le 29 Novembre, nous partîmes pour aller la reconnoître, & choifir le poffe le plus avantageux. Nous nous établîmes dans une ferme, à mi-côte, pour nous approcher du point que nous cherchions. Le 3 o , nous paffâmes tout le jour fur la neige, parmi les rochers & les fables mouvans , montant & defcendant à pied les profondes ravines dont les flancs de la montagne font fiilonnés : cette marche dura plus de dix heures , au lieu de trois ou quatre fur quoi j’avois compté. Nous ne revînmes qu’à la nuit , & moi en particulier, excédé de laffi- tude , & bien réfolu de ne plus aller reconnoître le terrein à jeun. Nous avions choifi le lieu de notre dation au pied de la neige permanente, fur une croupe qui s’étend vers le Station à Cou- fud , dans un lieu que les Indiens nomment Contour - p alti ; mr-paln. c’ed-à-dire , juchoir du Contour ou Condor, cet oifêau célèbre du Pérou , le plus grand que l’on connoifîë. Nous y fîmes Décembre, porter une tente , fous laquelle nous campâmes le i.cr Dé¬ cembre. L’Académie a été informée du détail de nos obfèrva* lions & de notre expérience fur ïAttraâm newtonienne , paE Examen du ëerrein. Historique . 69 îes mémoires que nous envoyâmes dans le temps, M. B ali¬ gner & moi, fur ce fujet. Le mien, fous la forme d’une lettre écrite à feu M. du Fay le 2 3 Décembre 1738, a été lû dans nos affembiées par M. de Mairan le 2 5 Février 1741: il eft tranfcrit fur le regiftre. Je n’en rappellerai ici ni le détail ni le réfultat. Si l’on n’en peut rien tirer d’abfolument décifif en faveur de l 'Attraftion newtonienne , encore moins en conclurra-t-on rien qui y foit contraire. Je dirai feulement , que nous effuyâmes à Contour -palti, & à 1 ’Arénal où il nous fallut répéter la même opération , plus d’incommodités qu’à Pïtchincha, par le froid extrême que nous y reffentimes, par la neige , fous le poids de laquelle notre tente aurait fuccombé plus d’une fois , fi nous n ’euffions été continuellement occupés à fècouer celle qui s’amafîoit fur le toit , & fur -tout par la violence du vent, le plus grand ennemi des obfêrvations» Nous nous étions impofe la tâche d’oblerver toutes les nuits, quand cela ferait poffible, les hauteurs méridiennes de huit étoiles , qui pafîoient fucceffivement au méridien à toutes fortes d’heures; ce qui nous tenoit continuellement alertes. Don Antoine de Ulloa, à peine convalefcent , étoit venu dans l’intention de partager notre travail ; mais il retomba malade peu de jours après Ion arrivée, & fut obligé d’abandonner la partie. Une des circonftances particulières à la dation que nous fîmes à Contour -palti > ce font les éboulemens fréquens de groffes malles de neige durcie & incorporée avec le fable, que nous avions d’abord prifès pour des bancs de rochers : elles fè détachoient du fommet de la montagne , & fe préci- pitoient dans les ravines & dans ces crévafîès profondes, entre deux defquelles notre tente étoit placée ; & nous étions fouvent réveillés par ce bruit, que les échos redoublaient, & qui fëmbloit encore s’accroître dans le fiience de la nuit. M. Bouguer s’étoit déterminé à ne point porter de pen¬ dule à Chimboraço : les vibrations de la fienne étoient fort grandes ; il eût été trop difficile de l’affermir & de la régler fous un auffi foible abri qu’une tente , & dans un lieu ou les vents déploy oient toute leur furie. Je cherchai les moyens 1738. Décembre. Mémoires fùï l’ Attraction. yo Introduction ~ 1 7 3 8 f~ de furmonter ces difficultés. Ma pendule étoit d’un moindre Décembre, volume que celle de M. Bouguer, les olcillations étoient plus petites : je fis faire une longue boîte fort folide , qui renfer- moit le rouage , les poids & ie balancier , & qui les garait- tiffioit du vent: je portai le tout fous notre tente, j’attachai la boîte avec deux fortes vis à un poteau que je fis enfoncer en terre de plufieurs pieds, & où je fixai l’horloge: à force de foins & d’opiniâtreté, nous parvînmes à la régler. Elle nous fervit à prendre plus exactement les hauteurs de nos étoiles, en calculant l’heure de leur médiation ; & de plus, elle nous mit en état de profiter de trois belles foirées con- Obfervation fécutives , pour obferver au foleil couchant les réfractions des rciradions. a{tronorniques , 2400 toifes au deffus du niveau de la mer; dans la circonftance rare, & peut-être unique, de voir ie foleil plus d’un degré au deffous de l’horizon. Les momens étoient précieux, je ne fongeai qu’à aider M. Bouguer, en lui facilitant les moyens de perfectionner fà table de réfrac¬ tions pour la zone torride : il pointoit la lunette du quart- de-cercle, & obfèrvoit fucceffivement les hauteurs des deux bords du foleil: je calois l’inflrument, j’eftimois le point de la divifion où tomboit le fil-à-plomb ; & l’importance de i’ob- fèrvation fit que je me chargeai le plus fouvent du foin de compter les fécondes. Ce concours de deux obfervateurs fit que les hauteurs furent obfèrvées de degré en degré , fans en manquer prefque aucune, pendant les trois foirées. A la faveur de la même hoiloge, j’eus la facilité de faire en ce même lieu l’expérience du pendule , à peu près à la même éléva¬ tion de fol où je l’avois déjà faite à Pitchincha. Je la répétai les jours fuivans à Rïobamba, 800 toifes plus bas. Retour à Rio- Nous' employâmes vingt-trois jours aux deux ftations de lamba. Contour-palîi & de X Areu (il , d’où nous revînmes paflér les fêtes de Noël , & prendre un peu de relâche à Rïobamba , les derniers jours de l’année. Historique. 71 Année 1739- LA moitié de la longueur de notre méridienne étoit me- furée ; & nos opérations fur le tervein n’avoient été fulpendues que par le voyage de M. Godin à Quito, où il avoit été retenu par quelques accès de fièvre. Nous avions, comme on la vû, mis le temps de Ion abfence à profit, M. Bouguer & moi , par nos travaux fur Chimboraço. Lorfque nous revînmes à Rlobamba , le retour de M. Godin nous fut annoncé comme très-prochain. En l’attendant, j’entrepris un autre travail. Une prairie fort unie, à la porte de la ville, m’invitoit à reprendre de nouveau l’examen des divifions de mon quart- de-cercle & de leurs erreurs : j’en avois fait , fur mes premiers efiàis , diverlès tables, qui ne s’accordoient pas alfez pour y pou¬ voir compter. Je partageai mon temps entre cette occupation , quelques nouvelles expériences du pendule , le calcul de celles que je venois de faire à Chimboraço , tant fil]1 le pendule que fur l’attraélion , & mes lettres pour France, d’01'1 je n’attendois plus de réponlè , perfuadé que nous terminerions toutes nos opérations avant la fin de l’année où nous venions d’entrer. M. Bouguer , de Ion côté, s’étoit retiré dans une campagne voifine de Rlobamba, pour y faire diverlès oblèrvations dont je n’ai point eu de connoilîànce. C’efi par la même railon que je n’ai pû parler plus louvent des travaux particuliers de M. Godin. Quinze jours setant pâlies, & voyant que M. Godin n’arrivoit point, avec les fonds que nous attendions, nous craignîmes, M. Bouguer & moi, de nous trouver arrêtés par les brouillards dont on nous menaçoit , dans la province « 'XAlaouJJi , où la fuite de nos triangles alioit nous conduire : flous rélolümes de continuer la mefure de la méridienne, & de lailîèr dans toutes nos dations des fignaux, afin que M. Godin pût, chemin faifant, y prendre fes angles, & nous *739- Janvier. Examen des divifions du quart-de-cerde. Continuation de la mefure de la méridienne. *739* Janvier. .Station à Zagroutn. Station à Lanlangovço. Février . 72 J N T R Û' D- ACTION rejoindre plus promptement. Je fis , en conféquence de cef arrangement, les avances néceflaires à M. Bouguer, ainfi qua M. Verguin , qui de voit aller pofèr les fignaux en avant: pré¬ caution nécefîaire pour que notre marche ne fût pas retardée. Je me chargeai auffi du foin de faire tran (porter le fèc- teur de douze pieds de rayon , qui devoit fèrvif à notre obfêrvation agronomique, aux deux extrémités de la méri¬ dienne. Le 17 Janvier, je partis de Riobamba pour aller cam¬ per à Sefgoum, autrement Z agroum , le premier des fignaux où M. Godin devoit oblerver , fui vaut l’ordre de marche dont nous étions précédemment convenus. Cette dation, à la difficulté près du chemin que je pris pour m’y rendre, n’eut rien de pénible : j’étais campé fur le penchant d’une colline; le temps fut doux &c afièz favorable, pendant les trois jours que j’y pafîai : j’entendois , les nuits (ur - tout , les mugifle- mens du volcan de Sangdi , dont je netois éloigné que de fèpt à huit lieues. Depuis qu’il sert rallumé en 1728, il a prelque toujours vomi des flammes, mais fans caufer aucun fâcheux évènement. Le 2 1 je me rendis au fignal de Lanlangouço, où je comptais trouver M. Bouguer : je me préparai le lendemain, par des hauteurs correfpondantes , à fobfervation de 1 ’éclipfe de lune -du 24. Lèvent, la pluie & la neige fondue, m’empêchèrent de i’oblerver , & firent déferter mes Indiens : ils fuient fuivis de près par un valet métis, qui me vola; infidélité fi com¬ mune dans le pays, quelle peut être regardée comme une maladie épidémique. Le 2 5 , M. Bouguer & Don Antoine de Ulloa vinrent me joindre au fignal : ils n’avoient pas été plus heureux que moi en tentant d’obfèrver l’éclipfe dans une ferme où ils s étaient arrêtés à mi-côte. Le porte de Lan¬ langouço , quoique moins élevé que plufieurs des précédais , fut pour nous un des plus rudes de tous nos campemens fur les montagnes: j’y paflai dix jours, nous y eûmes deux tentes déchirées par le vent, & nous y rertâmes expoles aux injures de l’air : nous ne pûmes achever de prendre nos angles que le 3 1 . Nous en descendîmes le i.er Février. Dans notre nouveau ■■Historique. 73 _ pïan de travail, j’occupois la place de M. GoAïtù, & je 173p. devois obferver les angles aux fignaux, qui, dans notre pre- Février. mière difpofition , lui étoient échûs en partage : ainfi M. Bou- guer fut difpenfe daller au polie de Z agrouni, où je venois de faire une dation. Le 2 , il partit pour fe rendre à Sénéguaîap , Station à tandis que je pris, avec Don Antoine de Ulloa , le chemin ^enesuaiaP- de Choujdi. Nous couchâmes le même jour à Alaoujji , gros Alaougi. bourg d’Efpagnols , dont l’afpeél eft riant, quoique ce lieu ioit fitué dans un fond. J’allai le lendemain trois lieues au delà, trouver à Choufgna M. Verguin, que plufieurs difficultés locales avoient empêché jufqu alors de pofèr le fignai/uivant, au fud de Choujdi , du côté de foueft. Je le vis partir pour cette opération , & je repris aulfi-tôt la route de Choujdi , où Station à je me rendis dès le même foir. Je rencontrai, en y montant, Chodat- Don Antoine : nous attendîmes trois jours dans une chau¬ mière d’Indien, que notre tente fût réparée; elle ne fut prête & nous ne montâmes au fignal que le 6. Nous y arrivâmes encore beaucoup trop tôt. Choujdi efl une petite montagne conique , ifolée & très- efcarpée , voifine du bourg d’ Alaoujji, au deflus duquel elle efl élevée de 7 o o toiles , & d environ i960 au deffus du niveau de la mer. Il y faifoit affez froid les nuits & les matins ; mais il n’y geloit que rarement : du refie , la prédiélion qu’on nous avoit faite ne fè vérifia que trop ; nous y effuyâmes des pluies & des brouillards continuels. Les plaifirs du carnaval d 'Alaoujji n’avoient rien de bien piquant pour nous , & j’aurois tort d’en vanter le fàcrifice ; mais en allant camper dans ce temps, fur Choujdi , nous étions bien éloignés de prévoir que nous y pafi ferions jufqu a la Semaine fainte fans pouvoir obferver qu’un ieul angle de ceux qui nous étoient néceflàires. La difficulté qu’il y eut à pofèr les fignaux fùivans , en Dcfcription forte qu’ils pûfîènt fè voir les uns les autres, contribua pù,s {'Agouayè^ ^ à ce long délai que le mauvais temps. La direélion des deux branches de la Cordelière , jufqu’aiors à peu près parallèles, efl interrompue dans ce canton par l’interpofition d’un amas - * Voyez ci- deffus, page 49, ce que c’eft que Paramo. 173.9* Février. Accident. 74 Introduction cle montagnes très-hautes, & prelque égales en hauteur : elles barrent le vallon qui lépare les deux chaînes. Ce bloc immenle de rocs entaffés, qu’on nomme K Ajjouaye , elt à peu près de figure ronde : il a fix à lèpt lieues de diamètre ; Ion lommet elt entre-coupé de ravins, & hériffé de pointes, dont les plus élevées refient plufieurs mois de l’année couvertes de neige. Leurs intervalles lont remplis par des landes , des marais & des lacs, vrai-femblablement les plus hauts qui loient dans le monde. Les orages & les tonnerres y font fréquens. Les Indiens redoutent ce pafîàge, quoique ce foit le grand che¬ min , quand on ne veut pas prendre un long détour. On nous a fort allurés qu’on avoit louvent trouvé des gens morts de froid fur ce fameux Paramo ; mais je fuis fort tenté de croire que cet accident n’efl arrivé qu’à des Indiens qui s’étant eni¬ vrés d’eau de vie, ou d’une liqueur de maïz fermenté, appelée Chitcha , dont ces peuples font louvent des excès, avoient été lùrpris d’un orage pendant leur lommeil, & étoient de¬ meurés enlèvelis dans la neige. Les pointes les plus élevées de 1 ’Aflouaye , vues de quel¬ que dillance, paroilfent le confondre, en le projetant les unes fur les autres. On n’aperçoit de loin qu’une malle, & il étoit difficile d’y trouver des points qui réunifient toutes les conditions requilès pour continuer notre fuite de trian¬ gles. Il y avoit près d’un mois que nous étions à Clioujaï : les deux fignaflx vers le fuel n’étoient pas encore placés, & les difficultés le multiplioient chaque jour : je prévis que nous pouvions être arrêtés encore long- temps. Les lettres de AL Bouguer, qui étoit toûjours à Sénégualap , m’invitoient à aller reconnoître moi -même le terrein , & j’eufiè prévenu Ion invitation h j’eufie été en état de monter à cheval. Jetois delcendu le i 5 au matin à Alaouffi: le jour même en remontant à Choujai , mon cheval fit un effort & le cabra; heureulèment j’eus le temps de lâcher les étriers, & dans le moment où il étoit encore en équilibre & prêt à le renverfer fur moi , je me jetai d’un côté & le pouffai de l’autre : j’en fus quitté pour me froilîèr une jambe , & pour Historique. 75 ne pins rémonter ce cheval , qui le précipita feul peu de temps 1739. après. Cet accident me retint au lit quelques jours; mais, Mars. grâce à la pluie & aux brouillards, je ne perdis aucun moment favorable. Enfin je réfolus, pour accélérer l’ouvrage, d’aller voir par mes yeux où il falloit pofèr les deux fignaux fuivans, comme M. Bouguer m’en prefloit. Je partis le 2 Mars de Chou) aï: je pafïài huit jours errant Examen du par les landes & les marais, fans trouver d’autre gîte que des tencm- cavernes creufees dans le roc. Je parcourus toutes les émi¬ nences de XAJfouaye l’une après l’autre , & j’en levai le plan , afin que nous pûffions nous déterminer avec connoilîànce de caulè, fur le choix du point que nous cherchions. Je pla¬ çai le 7 un fignal fur la pointe de Gnaoupan, d’où je m’af- Signai à /Lirai qu’on voyoit tous les points nécefiaires. C’eft ce qui CnawïM‘ fut évidemment reconnu dans la fuite; mais un mal-entendu fut caulè qu’on ne le lèrvit point de ce fignal : celui de Sina- ça/iouaii, qui fut fubftituéau mien, ne fut pôle que plus d’un mois après. Je ne puis paflèr fous filence, que pendant notre ennuyeulè quarantaine à Chou) aï , Don Ejîevan de Hegues , Efpagnol d’Europe, établi à AlaouJJi, nous combla, Don Antoine Si moi, de marques d’attention & d’offres de fèrvice, que je me trouvai dans le cas d’accepter. Nous delcendîmes de Clioujaï le 2 1 Mars, veille des Ra¬ meaux , fans avoir pu , pendant un fejour de fix lèmaines , achever de prendre nos angles. Si la longueur de cette dation nous avoit caufé beaucoup d’impatience , elle ne dut pas déplaire à M. Godin, à qui elle donna le temps de nous M .Godin m. rejoindre : il étoit arrivé de Quito à Riobamba le 2 Février ^£n^e Cur’ avec Don George Juan ; & trouvant tous les fignaux placés & le temps favorable, il avoit atteint M. Bouguer au fignal de SénéguaJap. En defeendant de Clioujaï , je trouvai M. Godin & le refie de notre compagnie , hors M. Bouguer , raflèmblés à AlaouJJi. séjour à Al. de JuJJieu en partit le 2 2 pour aller à Loxa vifiter l’arbre Alaoufl- du Quinquina, & les autres plantes du pays : il étoit accompagné P' m,t.m I ,1 ■ J739- Mars. Seconde fla- îion à Choujài. Station à Satcha-tian. y 6 Introduction de feu M. Seniergues notre Chirurgien, qui venoit de faire un voyage utile à Carthagène , 8c d’afîùrer par fon induftrie une fortune, dont il avoit jeté les premiers fondemens par fon habileté dans fon art 3. II auroit continué d’en jouir noblement, fans le malheur qui i’attendoit à Cuenca. M. de Jujjieu emmenoit auffi avec lui M. de Mominvilk , pour deffi- ner fous fès yeux les plantes rares des environs de Loxa 8c de Zaruma. Pendant ce petit fejour à AlaouJJî, M. Godin me com¬ muniqua une Table des déclinaifons du foleii, d’une nouvelle conftruétion , qu’il avoit calculée avec Don George Juan b , pour le lieu de cet aflre dans l’écliptique. Nous remontâmes encore, Don Antoine de Ulloa ôc moi, le 24. Mars avant le jour, à Chou) ai , 8c nous prîmes, au foleii levant , un de nos angles : celui qui nous manquoit encore regardoit particulièrement M. Godin , qui reftoit à Alaoujfi pour l’obfêrver, auffi -tôt que le fignal de Y Ajjouaye fêroit placé. Le 26 j’allai joindre M. Bouguer à Satcha-tian , d’où nous reprîmes notre ancien ordre de marche : nous 11e pûmes rien faire les jours fùivans. Le 29 , qui étoit celui de Pâques,, il nous fallut aller chercher une mefîè à fix lieues, 8c revenir le foir même à notre poffe. Nous étions logés à Soula dans une ferme, à deux lieues du fignal, en attendant le moment favorable pour aller y prendre nos angles. M. Go¬ din en avoit ordinairement ufe de même, & s’en étoit quelque¬ fois bien trouvé. Je me lafîài bien-tôt de pafîêr tous les jours quatre ou cinq heures en pure perte, pour aller au fignal & en revenir : je pris le parti de camper fous la tente qui fêrvoit elle - même de lignai. M. Bouguer 8c Don Antoine de Ulloa 3 II avoit abattu fort heureufèment les cataractes à un habitant de Guaya- quil , dont il tira une fomme confi- dérable. b Cette table fuppofe l’obliquité de l’écliptique de zp 28' o" ; mais il y a des équations pour 1 o" de plus ou.de moins, en forte que la Table eft applicable à une plus grande ou à une moindre obliquité. M. Ver- gi/in , à la prière de M. Godin, a étendu cette table, qui n’étoit cal¬ culée que de 1 5 en 15 minutes, ôc l’a rendu plus commode , en la cal¬ culant de minute en minute,, ainfi que les différences. . Historique . 77 refièrent à la ferme » 8l montoient prelque tous les matins à la tente au point du jour; mais le brouillard arrivoit aufîi- tôt qu’eux : ils firent cinq ou fix voyages inutiles. Je jouifi fois dans l’obfourité de la nuit du fpeéfacle que m’offroit le volcan de Sangai, plus embraie que jamais : tout un côté de la montagne paroiflbit en feu , comme la bouche même du volcan : il en découloit un torrent de foufre & de bitume en¬ flammés» qui s’eft creufé un lit au milieu de la neige, dont le foyer ardent du fommet efl toûjours couronné : ce torrent porte fos flots dans la rivière à’LJpano, où il fait mourir le poif fon à une grande diftance. Le bruit du volcan fo frit entendre fréquemment à Guayaquil, qui en efl éloigné de plus de qua¬ rante lieues en droite ligne. J’aurai lieu de rapporter des faits plus finguiiers en ce genre. Les intervalles des dates de nos obfèrvations au fignal de Satcha-tian , où nous jouîmes d’un ciel aflez pur, fuflîfont pour donner une idée de la difficulté de notre travail, lors même qu’il ne nous arrivoit pas de contretemps extraordi¬ naires. Souvent, tandis qu’il faifoit le temps le plus forein pour- tout le monde, un petit nuage malheureufoment interpole nous déroboit la vûe de quelque lignai, & le plus beau jour devenoit pour nous un jour de ténèbres. J’ai dit que nous étions arrivés" à notre polie le 2 6 Mars , nous prîmes un angle le 3 Avril entre les nuages. Le 1 1 , je vis paraître dans ma lunette le nouveau fignal de 1 ’AJJouaye à l’inflant même qu’on le pofoit : il devoit tenir lieu de celui de Gnaoupan, qui m’a voit coûté tant de peines plus d’un mois auparavant. Je profitai de ce moment pour prendre un angle. Il m’en relfoit un à oblèrver ; mais le fignal de 1 ’Ajfouaye ayant dilparu dans les nuages , je ne le revis plus que le 1 4 au point du jour. Je pris aufli-tôt l’angle qui me manquoit , Don Antoine & M. Bouguer arrivèrent encore à temps. Cependant nous n’étions pas encore bien luis d’avoir terminé cette ftation ; il falloit s’aflurer , avant que de la quitter , fi le fignal nouveau de Sinaça/iouan fur 1 ’AjJouaye , Jèroit apercû de celui qui venoit d’être pofé en dernier lieu K iij l739- Avril . Voîcan de Sangaï. *739- Avril Signal à Qui ttoa - lama. Station à Sinaçahouan, Horizon de X A jfoiuiye, 78 Introduction à Quinoa-loma par M. des Odonais, ce qui étoit encore dou¬ teux; & de plus, il falloit fixer ie point où M. Verguin pla¬ cerait un autre lignai du côté de i’efl. Je me chargeai d’éclaircir notre doute : je laifiai Don Antoine & M. Bouguer à Sonia, & je traverfai XAffouaye pour la quatrième fois : j allai trouver M. Verguin à Cagnar, & nous vilitâmes enlèmble la mon¬ tagne de Bouératt , deflinée au fignal fuivant. De là je paflai • à Quinoa-loma : je trouvai la canonnière fur laquelle nous avions pris l’angle à Satcha-tian , tranlportée à un nouveau point par M. des Odonais, qui du premier n’avoit pu voir¬ ie fignal de 1 ’AJfouaye: c etoit-là précifément ce que nous crai¬ gnions. Je fus plus heureux que lui : je découvris le fignal , de ce meme point, & j’y fis auffi-tôt rapporter la canonnière; ce qui me dilpenlôit de retourner fur mes pas à Sonia, J écrivis auffi-tôt à ces Meilleurs qu’ils pouvoient en partir , fans craindre d’être obligés d’y revenir , & j’allai les attendre à Sinaçahouan, Ce polie, qui étoit le plus haut point de 1 ’AjJouaye, ne pou- voit manquer dette difficile à franchir ; & nous le redou¬ tions avec raifôn : mais nous nous confolions dans l’efpérance que la hauteur du terrein diminuant fènfiblement de \Af- fouaye à Cuenca, les Hâtions fuivantes nous donneraient plus de facilité. J’arrivai le 27 au loir à Sinaçahouan , qui n’efl inférieur au Pic de Pitchincha que de 70 toiles. Le lendemain au point du jour , je courus au fignal qui étoit fur un rocher où l’on n’avoit pû placer de tente : le temps étoit clair & férein ; je découvrais le plus bel horizon qu’il loit poffible de voir : je me trouvois précifément au milieu des deux chaînes de montagnes delà Cordelière, qui fuyoient- au nord & au lud à perte de vûe. Je diffinguois très-clairement Coto-paxi à près de cinquante lieues de dillance. Les montagnes intermédiaires, & fur- tout les vallons voifins, s offraient à ma vûe à vol d’oiféau comme fur une carte topographique. Si mon quart- de-cercle fût arrivé auffi-tôt que moi, je me férois tiré en une matinée de la plus laborieufé de nos Hâtions. Infénfi- blement la plaine fe couvrit d’une vapeur légère , je n’apercevois 1 7 3 9 ■ Avril. Ouragan. Historique. 79 plus les objets qu’à travers un voile tranfparent , qui 11e laifîôit paraître diffindeinent que les fommets des montagnes les plus éminens. A mefure que le loîeii mon toit , les nuages s’élevoient : bien -tôt j’en fus enveloppé, à peine pouvois-je diffinguer mon quart-de-cercle , qu’on m’apporta dans le mo¬ ment qu’il me devenoit inutile. Je pafTai cette journée & la nuit fuivante fous une tente fans murailles : on va voir que cette expérience, que la néceffité me fit faire, 11’eût pas été facile à répéter. M. Bouguer arriva le 28 avec Don Antoine de Ulloa : nous fîmes placer notre tente quelques toiles plus bas que le fignal, pour tâcher de nous mettre un peu plus à l’abri du vent froid & piquant qui bouffie prefque toujours dans ce Para- nw. La nuit du 29 au 3 o, vers les deux heures du matin, il y eut un orage mêlé de grêle, de neige & de tonnerre. Nous fûmes réveillés par un bruit affreux : la plufpart des piquets étoient arrachés; les quartiers de rocher qui a voient lèrvi à les affiner , rouloient les uns fur les autres ; les murailles de la tente , déchirées & toutes rafles de verglas , ainfi que Tente par¬ leurs attaches rompues & agitées d’un vent furieux, battoient - Mai. Météore nouveau. Arrivée au bourg de Ca- Snari 8o Introduction terrein de fable 8c de roche, eurent toutes le même fort : deux traverfes furent rompues ; mon quart-de-cercie , refté près du fignai, fut renverfé, heureufêment fans aucun dommage : nos Indiens, las de racler 8c de fêcouer la neige dont la tente le couvrait continuellement, prirent tous la fuite les uns après les autres; nos chevaux 8c nos mules, qu’on laifîoit errer, fuivant la coûtume du pays , pour chercher leur pâture , le retirèrent par inftinél dans le fond des ravines. On trouva le cheval dont j’ai parlé , noyé dans un torrent, où le vent l’avoit fans doute précipité. Mrs Don George Juan 8c GoJin , qui formoient l’autre troupe d’obfervateurs , partagèrent avec nous les fatigues de celte pénible flation , 8c ne fouffrirent guère moins que nous , quoique campés dans un lieu plus bas. Je reçus dans ce même temps, & au fignai même, des lettres de France , où l’on ne nous plaignoit que des grandes chaleurs auxquelles on nous croyoit expofés. Au refte nous ne revîmes point à Sinaçahouan , comme je l’avois elpéré, le météore nouveau, du genre de l’arc-en-ciel, que M. GoJin, M. Bouguer 8c moi avions oblèrvé pour la première fois au foleil levant à Pamba-marca , le 2 i Novembre 1736. C’elt un cercle lumineux, embelli de toutes les couleurs de \ Iris, dont le fpeclateur voit l’ombre de là tête environnée comme d’une gloire, quand cette ombre eft reçûe fur un brouil¬ lard affez dénié, à une diftance convenable. M. Bouguer a donné de ce phénomène ( Mém. de ï Acad. 174.4.) line defcription qui me diipenfé d’entrer ici dans un plus grand détail. Le 7 Mai , la matinée ayant été fort belle , 8c le vent s’étant un peu calmé , nous achevâmes avant midi , de prendre tous nos angles, fans oublier les verticaux, ni la vérification du quart -de -cercle par le renverfèment ; opération difficile & délicate, lors même qu’on a toutes fes commodités. Je pris les devans auffi-tôt après, 8c j’arrivai le loir à Cagnar , gros bourg peuplé d’Efpagnols , à cinq grandes lieues au iud de YAjJouaye. En voyant de loin les nuages , les tonnerres & les éclairs qui durèrent plufieurs jours , & la neige , qui tomboit fans relâche, couvrir la cime de la montagne où l’on Historique. 8i Ton fàvoit que nous étions campés, la violence de la tempête dans ia plaine même , & les exagérations ordinaires en pareil cas, firent croire à quelques gens que nous avions tous péri. Ce n’étoit pas la première fois que ie bruit en avoit couru. Dans i’occafion dont je parle , on fit à Cagnar des prières pu¬ bliques pour nous : du moins on nous i’afîùra. Nous nous délafiames chez ie Docteur Enderica Curé de ce bourg, & nous y trouvâmes de quoi nous remettre de nos fatigues. Entre autres amufemens, il nous procura ious une de nos tentes, le fpeétacle d une petite comédie jouée par de jeunes métis; elle me parut, en defcendant de Y Ajjouaye , meilleure que toutes celles que j’avois vû repréfênter avec plus d’appareil. Nous nous arrê¬ tâmes quelques jours à Cagnar, en attendant que les fignaux fûivans fufîènt pofes. Dans cet intervalle, nous fîmes piufieurs voyages fur la montagne de Bouéran , que j’avois déjà recon¬ nue avec M. Verguin. En vain nous eflàyâmes de nous dif penfèr d’y camper : il fallut s’y réfoudre : nous paflarpes fous ia tente le relie du mois de Mai avec d’afîèz mauvais temps. Pendant ie cours de cette flation , je propofai à M. Bou- guer , un jour que l’horizon étoit embrumé, d’aller voir à deux lieues de Cagnar , vers l’efl, les mines d’une ancienne forterefîè du temps des Incas , près de laquelle j’avois pafîe dans mon voyage à Lima en 1 7 3 7 ; mais que la précipitation de ma marche m’avoit alors empêché d’examiner. Nous y allâmes le 20 Mai : nous en prîmes les dimenfions, & j’y retournai le 27. J’en ai donné le plan, la defcription & la vûe dans les mémoires de l’Académie de Berlin , de 1 746. Le premier Juin, nous partîmes, Don Antoine de Ulloa, M. Bouguer & moi , pour Cuenca , où la mefure de nos trois degrés devoit finir. Nous nous arrêtâmes en chemin au bourg de los Affogues , ou du vif argent*: nous vifitâmes un ruifîeau voifin, dans ie fable duquel on m’avoit dit qu’on trouvoit * Je n’ai pû découvrir ce qui a pû donner le nom d ’Ajfcgues à ce lieu , aux environs duquel on ne ■connoît aucune mine de mercure : peut-être la couleur rouge de la plufpart des terres du canton a-t-elle fait croire qu’il y avoit du cinabre. L 1739* Mai. Station k Bouéran. Ruines d’une fortereffe du temps des In¬ cas. Juin. Bourg de los Affogues. Ruifîeau où l’on trouve des grenats. ï/39* Juin. Juillet . Examen du îerrein de la nouvelle bafe. Prairie de Tarqui. Station à Y avouai. Si Introduction des rubis. C etoient de très-petits grenats. J’eus beaucoup de peine à en fane raflèmbler une certaine quantité , que j’ai re~ niife au cabinet d’hifloire naturelle qui eft au Jardin du Roi. Nous paflames , M. Bouguer & moi , preique tout le mois de Juin & les premiers jours de Juillet, à faire un grand nombre de voyages aux environs de Cuetica, pour choifir un terrein mefurable à la perche, & en faire le dernier côté de nos triangles ; afin que la mefure effective de cette nou¬ velle bafè pût fèrvir de vérification à toutes nos mefures conclues. Nous confirmâmes , par un choix réfléchi , le jugement que j’avois porté deux ans auparavant de la prairie de Tarqui, qui m’avoit paru très -propre à cet ufàge, lorf- que je l’avois traverfée en allant à Lima; mais fa fituation dans un fond entre deux collines parallèles, nous engageoit à reconnoître fès environs fort en détail, & même à en lever le plan , pour trouver les moyens de lier cette féconde bafè avec nos triangles. Après avoir fait toutes les difpofitions néceflâires pour cela , nous allâmes le y Juillet nous établir à Yajjouai , montagne fort efcarpée, fur laquelle nous trou¬ vâmes encore M. Go dm & Don George Juan , qui y cam- poient depuis plus d’un mois, fans avoir pû terminer leurs opérations. Us n’en partirent que deux jours après notre arrivée, & peu s’en fallut que nous n’achevaflions auiïi-tôt qu’eux. Nous ne fûmes retenus que par un fcrupule: pour le lever, nous envoyâmes couvrir d’un drap blanc un fignal que nous ne voyions pas allez diflinéfement. Nous reliâmes enfuite pendant quatre jours plongés dans un brouillard fi épais , que ne pouvant mettre le pied hors de la tente , dont les envi¬ rons & le fol même étoient un terrein gras & humide, nous n’eûmes pas de meilleur parti à prendre que de ne pas fortir de nos lits , qui , fur les montagnes , étoient notre cabinet ordinaire. Le i 6 , le ciel fè maintint tout le jour fans le moindre nuage : efpèce de phénomène très-rare dans le pays : tous nos angles , tant de pofition que de hauteur , étoient pris dès neuf heures du matin. Nous defcendîmes aufft- tôt H I S T 0 R I <2 U E. 83 par une pente très-roide; un de nos mulets, à qui le pied 1739. manqua , roula fort loin avec là charge. Nous allâmes le Juillet, même jour vifiter un canton voifin, où l’on avoit découvert des arbres de Quinquina depuis quelque temps : ia feuille & Quinquina la fleur m’en parurent beaucoup plus grandes, & le roL1gej^^cnt des pétales beaucoup plus foncé que celles de l’arbre de Loxa. On avoit fait les années précédentes de grandes récoltes, & des envois confidérables en Europe, de ce nouveau Quin¬ quina : mais foit expérience , foit ancien préjugé , il n’a pas à beaucoup près , même fur les lieux , autant de réputation ni de débit que celui des environs de Loxa; & cela de l’aveu des gens intérelfés à le faire valoir. Il en eft de même du Quinquina de Jaën. Le 1 8, nous paflantes au fignal de Borna, l’un des points „ Stations à •> r c J /. b • / a ' • • i Borna & à C&. que j avois reconnus & détermines. Apres y avoir pris les houa^ata, angles entre les fignaux, j’y reliai lèul pour oblerver les angles de hauteur Le 2,3 , je me rendis à Cuenca, pour conférer avec M. Bouguer; je montai le 24 à Cahouapata , où j’oblèrvai lèul jufqu’au 28, que je revins à Cuenca. J’y lailfai M. Bouguer occupé à faire travailler aux perches qui dévoient 1er vir à me- lurer notre nouvelle baie de Tarqui: où je metranlportai le 3 r . Les premiers jours d’Août furent employés à la melùre Août. des angles aux environs de cette baie , & à l’alignement de Stations aux la bafe même ; ainfi qu’aux autres préparatifs pour notre ^11S Je melùre fur le terrein , qui nous éloignoit de cinq lieues de Cuenca, d’où il nous falloit tout tirer. La commodité du voifmage de cette ville avoit déterminé M. Go Ain à me- llirer là baie de vérification dans la plaine même de Cuenca. Bafe de Cuenca,, Le terrein en étoit allez inégal , & entre-coupé de plufieurs rivières ; mais les chevalets de peintre , dont il le lêrvoit pour porter les perches, lui facilitèrent cette opération. Quant à la baie de la prairie de Tarqui, elle fut mefurée deux fois Bafe de Tarqià terre à terre , & de deux fens différais : par M. Bouguer du J^ure£ deux fud au nord , & par moi du nord au fud. Il fut aidé dans ce travail par Don Antoine de Clloa , & je le fus par M. Lij *735>- Août c 84 Introduction Nous procédâmes avec le même fèrupule qu a notre pre¬ mière baie ; 8l quoique dans un terrein fort uni , nous ne mefurions communément que 500 toifes par jour. J’ai rendu compte du détail de cette opération , par un mémoire que j’envoyai dans le temps à l’Académie : il fuffit de dire ici qu’a- près avoir terminé notre travail, nous nous communiquâmes Accord des réciproquement, M. Bouguer & moi, nos deux mefures, & deux mdures. qU’ej{es s accordoient à un pied un pouce près. Cette différence n’étoit pas confidérable fur 5259 toifès; cependant elle difi parut prefque entièrement, & fè réduifit à un ou deux pouces, quand nous eûmes comparé à la toile de fer que nous avions apportée de France, les deux toifès différentes qui avoient fervi pour étalonner les perches de bois avec iefquelles nous avions opéré fur le terrein. Cette longueur fè trouva, félon M. Bouguer , à trois ou quatre pieds près , & à une toifè près félon moi , la même que celle qui réfultoit du calcul de trente-deux triangles , dont le premier côté étoit notre première bafè , diflante de foixante- quinze lieues de la féconde. Pour fixer la longueur de la mé¬ ridienne, j’ai fuppofe que les deux bafés étaient également bien mefurées , & j’ai pris un milieu entre les deux réfultats. Fin de la me- Notre mefùre géométrique fè trouvoit entièrement termi¬ née par celle de la bafe de Tarqui , & nous lavions combien notre méridienne avoit de toifès : il ne nous manquoit plus que la mefùre afironomique. Celle-ci confifloit à déterminer quelle portion de la circonférence de la terre, répondoit à ia longueur de l’arc du méridien que nous venions de mefù- rer : pour parler ie langage ordinaire des Aftronomes & des Géographes , il nous refloit à lavoir combien la longueur que nous connoifîions en toifès , valoit de degrés , de minutes & de fécondes ; ou enfin , quelle étoit l’amplitude de l’arc dont nous connoifîions déjà la longueur. Préparatifs Le moyen le plus propre , de l’aveu de tous les Afiro- pour î«i inclure « N ^ ^ , jj r r agronomique, nomes , pour pai*venir a cette détermination , etoit d obier ver la hauteur d’une même étoile aux deux extrémités de la méri¬ dienne mefùrée. Nous avions compté que cette obfèrvation fuie géométri¬ que, Historique. 85 fê feroit en commun par les trois Académiciens, & avec l’inftrument de douze pieds de rayon, qui nous avoit forvi pour celle de l’obliquité de leciiptique : cependant M. Goditt ayant jugé à propos de faire conftruire, pour fon ufage, un lecteur d’un beaucoup plus grand rayon , & d’oblèrver à part, il nous avoit remis, à M. Bouguer & à moi, l’ancien feéteur, qui nous parut d’une grandeur fûffifonte ; mais auquel il fal- loit faire plufieurs réparations & changemens pour le rendre propre au nouvel ufige auquel il étoit deftiné. Nous revînmes de Tarqui à Cuenca le 23 Août, pour y faire travailler. Nous étions tous raffonlblés en cette ville, & très-occupés, les uns & les autres, des préparatifs de i’obforvation aftronomique , qui devoit terminer notre million. Après deux ans palfés fur les montagnes à mener la vie que j’ai décrite , nous com¬ mencions à jouir de quelque repos , quand l’évènement le plus imprévû nous mit tous, dans le plus grand danger. Sur la fin du mois d’Août, à l’occafion de je ne fais quelle folemnité, il le fit à Cuenca dans une place publique, une courfè de taureaux qui dura quatre jours. Le dernier , qui étoit le 28 Août, je cédai aux inltances qui me furent faites, & j’allai pour la première fois à ce Ipeéfacle : il étoit déjà fort avancé; mais j’arrivai encore trop tôt pour ce qui me reftoit à voir. M. Seniergues notre Chirurgien , membre d’une compagnie honorée de la proteélion fpéciale de deux Souve¬ rains, tranquillement affis dans une des loges de l’enceinte de la place, fut alîailli fous nos yeux par une populace armée & furieufo, animée par celui dont le devoir étoit de la réprimer; nous vîmes prelqu’en un même inflant Seniergues defoendre de fa loge, faire face à cette multitude, la contenir ; puis en être pourfuivi, enveloppé, déformé, & enfin tomber percé de blefi fores mortelles. Ceci paraîtra peu vrai-fombiable ; mais je n’a¬ vance rien dont il n’y ait eu deux ou trois mille témoins. Les détails de cette horrible avanture ont été rendus publics en 1745 *. Je me contenterai de dire ici, que ce meurtre, dont une querelle particulière avoit été l’origine, fut fùivî * Lettre fur l’émeute populaire de Cuenca. Paris., jyj-y L iij, I737- Août. Courfe de taureaux à Cuenca. Mort tragique de M. Scnier- gues. 1 739 • Août. Emeute po- oulaire contre [es François. Septembre. Procès criminel. Arrêt définitif. Nouvelle conftrudion de l’ancien lecteur. 86 Introduction d’une émeute générale contre tout ce qu’on appeloit Compa¬ gnie françoife : qu’il n’y eut aucun de nous qui ne courût riique de la vie , & que Mrs les Officiers elpagnols , nos com¬ pagnons de voyage, ne furent pas exempts du même péril. Le Curé de i’E'glile principale, &. divers particuliers de la ville, retirèrent chez eux la plulpart d’entre nous. Je ne longeai point à chercher d’autre alyle que mon logement ordinaire: ma porte fut affiégée par une troupe de féditieux, que le Père Reéleur des Jéfuites & Ion compagnon eurent bien de la, peine à contenir. J’avois fait porter le blelfé chez moi, & dans mon lit, où il mourut quatre jours après. M. de Jujjieu ne le quitta pas. Le jour même du tumulte, & avant le retour du Corré- gidor, qui étoit alors en tournée, un des principaux auteurs de la fédition s’érigeant en juge dans là propre caulè, com¬ mença une procédure monffiueulè , où bien-tôt nous fûmes tous enveloppés. Je me vis obligé, tant en mon nom qu’en qualité d’exécuteur tefïamentaire de M. Senïergues , de loûte- nir ées li Colla. 90 Introduction que j’avois fait entailler exprès : je donnerai ailleurs le détail des diverfès expériences que j’en ai fixités. Pendant mon fejour à Cuetica, je rafîemblai les certificats que m’avoient offerts les Curés des paroiffes de la ville, & les Supérieurs de diffé¬ rais Ordres religieux , fur la manière dont nous nous étions tous comportés en cette ville, avant & depuis l’émeute dont j’ai parlé. J’eus auffi le temps d’aller vifiter une fource bouil¬ lante d’eaux minérales, qui fort d’un rocher à fleur de terre, à deux lieues au fiid-oueft de Cuetica: la fumée s’apercevoit autrefois de plus d’une lieue : leur chaleur s’eft beaucoup mo¬ dérée depuis un tremblement de terre arrivé le Vendredi 9 Juin 1 7 1 9. J’emportai deux bouteilles de ces eaux à Quito, pour en faire l’analyfê. En pafïànt à Riobamba , nous fumes invités par Mrs Mal - donado , & par leurs beaux-frères Mrs Davalos & V'illavi- ceticio, à la noce d’une de leurs nièces, dans une maifon de campagne des environs. Outre la reconnoiffance que nous devions à cette famille, qui nous avoit prévenus en tout, & dans toutes les rencontres, j’avois, en mon particulier, l’obli¬ gation à Meffieurs Maldonado de s’être rendus mes cautions envers les Officiers royaux , pour le nouveau crédit que j’avois obtenu du Viceroi de Lima fur les caillés royales de Quito. Le retardement de mon bagage , qui étoit encore en chemin , fut une nouvelle raifon dont il fe fervit pour m’en¬ gager à une partie qu’il ne m’étoit guère poffible de refufèr. Je palîai en habit de voyageur trois jours à San- André s, où fè donna la fête la plus magnifique & la plus brillante que j’aie vue pendant mon féjour au Pérou. C’efl la plus longue vacance que je me fois donnée pendant le cours du voyage, & ce fut dans un temps que je ne pouvois occuper plus utilement: M. Verguiti fut mon complice. Nous ne laifîames pas de nous dérober aux plaifirs de notre ifie enchantée, dès que j’eus nouvelle que mon quart-de-cercle étoit arrivé à Riobamba, & nous allâmes enfemble à quatre lieues de San- Andrès , faire quelques expériences fur la réfraction des objets ter- reftres, au bord du lac de Colta, dont la furfjice me donnoiî, Historique. 91 fans aucune opération , deux points de niveau éloignés d une lieue i un de l’autre. Je me rendis à Quito le 7 Février , & j’y attendis encore les équipages , quoique je me fulfè arrêté deux jours dans les terres de Don Pedro Maldonado , où je fus témoin de quelques fmgularités phyfiques, dont je renvoie le détail au recueil de mes expériences & obferva- tions diverfès. M. Bouguer , arrivé quelques jours avant moi, faifoit faire plufieurs réparations & quelques changemens à notre lec¬ teur, pour le rendre plus lolide. Il partit le 1 1 avec M. Ver- guiti , pour aller au nord de la méridienne chercher fur le penchant de la montagne de Mohanda , comme nous en étions convenus, un lieu propre pour notre féconde obfèr- vation agronomique. Je reliai quelques jours de plus à Quito, pour faire réponfe aux lettres que j’y reçûs du Viceroi , au fùjet de l’affaire de Cuenca , fuivre la procédure criminelle commencée à l’Audience royale, & mettre ordre à quelques affaires de la fucceffion de feu M. Seniergues, defqueiles M. de Jujjieu, mon coexécuteur teflamen taire, relia chargé en mon abfence. Le 17, j’allai joindre M. Bouguer à Cotchefqui : j’y trouvai tout dilpolé pour l’obfervation qui n’étoit pas encore com¬ mencée. La lituation du lieu étoit très- favorable : on voyoit dillinélement notre première bafè, & les deux termes extrê¬ mes, ainfi que tous les fignaux des environs. Le beau temps lèmbloit nous répondre que notre obfèrvation leroit bien -tôt terminée; cependant le refie du mois de Février, ainfi que les mois de Mars & d’Avril , y furent employés, & nous lùfhrent à peine. Dans les intervalles de notre travail, je fis une table des erreurs des divifions de mon quart -de -cercle, en tirant un réfliltat moyen de mes différentes vérifications , fûtes par di- verfês méthodes , & de la comparaifon des mêmes angles obfêrvés avec divers inltrumens. Je corrigeai tous les miens d’après cette table, avant que d’avoir commencé mes calculs, & je remis deux liftes de mes angles oblêrvés & corrigés, M i; 1740. Février, Arrivée à Quito. Changemens faits au feéteur. Premières obfervations s Cotuhejqui. Mars. Avril Table des erreurs des divi¬ fions du quart de cercle. Triangle ajouté. 92 Introduction 1 740. l’une à M. Godin , l’autre à M. Bouguer. On trouvera le détail Avril. des oblervations agronomiques, faites à Cotchefqui & à Tar- qui, dans l’ouvrage lui vaut : j’y rapporte les procès verbaux des unes & des autres , dreflés dans le temps par M. Bouguer, & légalifes fur les lieux. Fin des pre- J’eulîè bien voulu continuer d’obferver à Cotchefqui juf- qu’à ce que nous perdiiîîons notre étoile de vue dans les qui. rayons du foleil ; mais M. Bouguer ayant jugé que ce que nous avions fait étroit fuffifmt, je me rendis à Ion avis. Nous démontâmes le fèéteur , nous vérifiâmes le rapport du rayon à la corde , & nous partîmes de Cotchefqui le 2 3 Avril. Nous avions pris en ce lieu l’angle qui y aboutiflbit, dans le nouveau triangle qu’il avoit fallu former pour lier notre obfervatoire leptentrional avec la première baie. Tandis que M. Bouguer ail oit à Tanin gu a , pour obier ver le iècond angle, Séjour au je me chargeai du troiiième â Oyaniharo . Je m’arrêtai chemin faifint au Quinché , chez le Docteur Don Jofeqdi Maldonado , depuis Curé de la cathédrale de Quito » & enfuite Chanoine de la même Eglile. Cet Eccléiiaflique, auifi recommandable par les vertus propres de fon état, que par l’étendue de les connoiüances , & la douceur de ion commerce , étoit frère de Don Ramon Maldonado , Marquis de Lïqes , Corrégidor de Quito , & de Don Pedro Maldonado , Gouverneur d ' Ef~ mer aidas , dont le nom reviendra fouvent dans cette Rela¬ tion. 11 venoit d’être pourvû de la cure du Quinché , bourg fitué à cinq lieues de Quito , & célèbre par les pèlerinages qu’on y vient faire de fort loin : ce lieu étoit voifin de la plaine d'Yarouqui , où nous avions mefuré notre première baie , fondement de toutes nos opérations. Le Doéteur Don Jojeph me procura des ficilités que je n’oiois eipérer, quant aux matériaux , & en me fai faut trouver des ouvriers dont Projet dedeux j’avois beloin pour la conftruélion dont je metois chargé, de deux monumens durables aux deux extrémités de cette baie, pour en fixer les deux termes , &: ièrvir dans tous les temps à vérifier notre travail. Une grande partie du reile de l’année fe puiîTi en voyages qu’il me fallut faire au Quinché , à la baie. pyramides. HlSTORÎdUE, 93 êc aux environs, pour donner les ordres néceflâires à cet 1740. ouvrage, dans un pays où ce n’eft qua force de temps, de Avril. foins 8c de patience qu’on peut parvenir à finir la moindre chofe. Mais je ne m’arrêterai pas davantage fur un point qui mérite d’être traité dans un article à part : je ne ferai men¬ tion ici que de mes autres occupations. Du Qinnché je me rendis à Oyamharo : j’y pris le dernier Dernier angte angle de ceux qui appartenoient aux triangles de la méri- Kél-tjknne^ dienne. Après quatre ans d’une vie errante, dont deux pâlies fur les montagnes, je revins à Quito le i .er Mai 1740, dans Mai. le defîèin d’y tirer à loifir les confequences de toutes nos mefures, & d’en conclurre la valeur du degré du méridien , qui étoit le but de tant d’opérations. Je me fentis effrayé à la vue des longs calculs qu’il me Calcul des falloit entreprendre , 8c dont les tables inférées dans fou- tnanglcs‘ vrage fuivant , peuvent donner une idée. J’avois une extrême répugnance pour un travail que le peu d’habitude rend péni¬ ble 8c rebutant quand on n’y efï pas rompu , tandis qu’il n’efl pour le calculateur exercé, qu’une occupation douce 8c pai- llble : elle peut même ceflèr d’être ennuyeufo pour lui , par la promptitude avec laquelle il trouve les réfultats qu’il cher¬ che. S'il étoit peimis de faire peu de cas d’un talent utile 8c difficile à acquérir, ce foroit tout au plus à ceux qui le pof- fèdent fupérieurement. Quel avantage n’a pas , pour arriver au terme, celui qui connoît le chemin le plus court, 8c qui eft fur de ne faire jamais un faux pas ! J’avoue que ce qui n’eût peut-être été que l’ouvrage de quelques femaines pour un autre , me coûta plufieurs mois : il eft vrai que je ne me permis aucune négligence , 8c que tous mes calculs ont été refaits plufieurs fois à Quito , fans compter la vérification que j’en ai faite depuis mon retour en France. Mon travail fut fouvent interrompu : outre les foins que- Occupais xigeoit la confhuélion des pyramides , en quoi je fus fort dlver(es- foulagé par M. de Morainville , j’étois continuellement occupé du procès criminel , qui s’inftruifoit à Cuenca 8c à Quito , contre les meurtriers de M. Seniergues ; j’avois à xepoufîèr les efforts M iij i74°* Mai. Juin. Juillet. Août. Voyage de M . Bouguer : i'ifîe de YInca. 94 Introduction des parties adverlês, qui ne négligeoient aucun moyen d’obfi curcir la vérité, & d’étouffer la voix de la juflice. Le grand Vicaire de Cuenca , principal auteur du foulèvement du peuple contre nous, avoit obtenu de l’Evêcjue un ordre au Recteur des Jéfuites, de fupprimer lepitaphe laite par M. Godin, <3c placée à Cuenca dans l’églife de ces Pères fur la tombe de feu M . Senicrgues. La défenfè de fa mémoire me regardoit, en qualité d’exécuteur teflamen taire; d’un autre côté, j’étois intérefie perlonnellernent dans l’affaire : les circon fiances m’en- gageoient à me charger aulfi de défendre l’honneur de notre compagnie, & celui de la nation même, que les auteurs du tumulte cherchoient à flétrir. Je ne voulus cependant rien faire fans confeil : j’agis toujours de concert avec M. de Jujjieu dans tout ce qui regardoit le mort, & avec M. Bouguer dans ce qui concernoit notre compagnie. L’un & l’autre lignèrent, ou me donnèrent leur procuration pour figner les écrits & requêtes que j’eus à prélenter dans les Tribunaux eccléfiafli- ques & civils. II me falloit compofèr, làns lècours, des Fac¬ tions dans une langue étrangère , & dans un ftyle encore plus étranger pour moi que la langue. Outre cela , j’étois dans un commerce fuivi de lettres avec le Viceroi du Pérou, & le nouveau Viceroi du royaume de Grenade , fous la juridic¬ tion duquel la province de Quito venoit de paffer. Tels furent, fans parler de quelques oblèrvations particulières, mes occupations ordinaires pendant les mois de Mai, Juin, Juillet & Août 1740. Elles ne me permirent pas de partager avec M. Bouguer les fatigues d’une courlè pénible & laborieulè de près de deux mois, dans la province d ’ Efmeraldas , que j’avois tra¬ verse en 1736 pour venir à Quito. M. Bouguer y étoit allé pour déterminer, dans un lieu dont la hauteur au defîus de la mer fût connue , celle de quelques-unes de nos monta¬ gnes, afin de pouvoir réduire au niveau de la furface de la mer , la valeur du degré que nous avions mefuré fur le haut de la Cordelière. Le fignal que j’avois pofé en Septembre 1 7 3 6 fur le fommet oriental de Pitchincha, & qui avoit été Historique. 93 tranfporté plus bas en 1737, devint néceflàire à M. Bouguer en cette occafion ; & ie temps qu’ii fallut pour le rétablir , ne contribua pas peu à prolonger Ion fejour dans fille de ïltica, fur la rivière d ' Efmeraldas , où il avoit choifi Ion oblèrvatoire. On peut voir dans les Mémoires de l’Académie de 1 744, les incommodités que M. Bouguer eut à louffrir. Je crois avoir allez donné de preuves de mon zèle pour netre pas foupçonné d’avoir voulu me dérober à ce travail ; on a vu en 1738, que je metois tranlporté de Latacunga à Gnoug- nou-Ourcoü , d’où l’on m’avoit alluré qu’on voyoit la mer; & au commencement de cette année 1 740 , j’avois elpéré trouver à Cuenca le moment de palfer à Guayaquïl , dans la même vue qui avoit déterminé M. Bouguer à Ion nouveau voyage. S’il eût conlènti que je lui en eulîè épargné la peine, ou fi j’eulfe cru la choie en moins bonnes mains, je lui aurois plullôt dilputé la fatigante commilfion dont il lë chargea d’office , que je ne l’eulîè refufée ; je dis plus , ii j’avois eu le choix je l’eulîè préférée à la trille occupation que me don- noient mes calculs, & fur-tout les procès où je me trouvois engagé. Tout ce que j’avois obtenu , après un an de pourfuites judi¬ ciaires, étoit la nomination d’un nouveau juge dans l’affaire de Cuenca , & un arrêt qui ordonnoit de nouvelles informa¬ tions, làns rien flatuer fur les premières procédures. Tandis que d’ennuyeules fupputations , & les détours odieux de la chicane, exerçoient tour à tour ma patience, tout Quito , ou plullôt toute l’Amérique elpagnole, étoit dans les alarmes les plus vives, fur la nouvelle reçue d’Efpagne qu’on armoit en Angleterre fix vailleaux pour la mer du lud. Les ordres du Viceroi avoieirt été auffi-tôt expédiés, pour que le trélor des galions, qui de Lima venoit d’être envoyé par mer à Panama , fût à Huilant rembarqué, tranfporté à Guaya- quil > & de là par terre à Quito, dont la fituation le mettoit hors d’infulte. Alors on fit trêve aux quefiions, qu’on n’avoit jufque-ià ceffé de nous faire, fur le but de notre voyage & 1 740. Août. Nouveau Juge dans l’affaire de Cutnca. Tréfor des galions , tran£ porté à Quite. iy 4°- Août. Lettres J’ Europe. M • C oit in re¬ tourne à Cunica répéter fon ob- fervation. M. Bouguer revient de i’ifle de i 'Inc a. Septembre. Préparatifs pour l’cxpé- ricnce du ion. Obfervations au Quinché. 9 6 Introduction de nos opérations , qui avoient donné matière aux raifonne- mens les plus finguliers. De nouveaux objets, & beaucoup plus intëreflans, occupoient l’attention des nouveliilles. Tous les députés du commerce de Lima, tous les commilbonn aires d’Efpagne & du Pérou , arrivoient lucceffivement à Quito. Le 9 Août & les jours lui vans , il entra dans cette viiie pla¬ neurs centaines de mulets chargés d’or & d’argent , & elle devint en ce moment dépolitaire de la plus grande partie des richelîes du nouveau monde. On y reçût le 1 4 des nouvelles d’Europe, les plus fraîches qui y loient parvenues pendant notre féjour en Amérique. Les lettres de Cadii étoient du 20 Mars, & avoient à peine quatre mois & demi de date. Je n’en reçûs de France que de fort anciennes. M. Godin étoit parti dès le commencement du mois d’Août pour Cuenca , où il retournoit faire fon oblervation altrono- mique , avec les deux Officiers efpagnols , n’étant pas content de celle qu’il y avoit faite l’année précédente. Nous ne nous doutions pas encore, M. Bouguer ni moi , que nous nous trouverions bien-tôt dans le même cas que M. Godin ; mais je fuis ici l’ordre des dates. Le 27 au matin , avant le jour, il y eut un tremblement de terre allez violent à Quito; M. Bouguer y arriva le loir même , de l’ille de Xlnca. Mes calculs étoient prelque finis , <3c nous longions férieufement à notre départ pour la France. Ce¬ pendant il relloit à M. Bouguer quelques angles à prendre, pour tirer toutes les conléquences de Ion dernier travail. Le 5 Septembre, j’allai faire polèr une tente fur la hau¬ teur de Goapoulo , où j’avois fait tranlporter un canon, avec l’agrément du Gouverneur, pour faire une nouvelle expé¬ rience de la vîtelle du fon , fur une diffimee plus grande que toutes celles que nous y avions jufqu’alors employées. Je me rendis le même jour au Quinché , où nous devions opérer : je pris, en attendant M. Bouguer , un des angles qui dévoient lervir à melùrer la diltance du canon : mais M. Bouguer m’ayant écrit qu’il avoit encore quelques angles à prendre à Papa-mrcou , Historique. 97 Papa-ourcou , pour la détermination de la hauteur abfblue de 174.0. nos montagnes: je lui envoyai mon petit quart-de- cercle, Septembre . qu’il me demandoit , & je remis l’expérience du fon à fon retour; cependant il différa lui-même ce voyage, par des rai- ions que je ne fus qu’au mois de Novembre fuivant. On s’accoûtume à tout, même aux tremblement de terre. TremWemem Ils étoient affez fréquens à Quito , mais peu violens : il y en etene eut trois en quatre jours; le 1 2 à cinq heures, le 1 4 à quatre heures , & le 1 6 à deux heures du matin. Le premier avoit duré près de deux minutes à diverfes reptiles. Je revins le 1 6 en cette ville : le 1 9 j’oblèrvai la déclinaifon de l’aimant : j’achevai le 20 la vérification de mes calculs de la longueur de la méridienne, de la valeur du degré, & du rapport des axes terrefhes. Je m’afîurai de l’exaélitude de mes réfui ta ts par une nouvelle preuve, en les comparant à ceux de M. Verguin : il avoit calculé les angles obfèrvés par M. Bouguer , qui ne différaient des miens que de quelques fécondes. Le 3 Oétobre, M. des O donnais partit pour Carthage ne: O flaire. je profitai de cette occafion pour le prier de fe charger de la Envoi eu troifième caifîè de curiofités d’hifloire naturelle en tout genre, EuroPe- & de monumens de i’induftrie des anciens Indiens, que j’envoyois en France*. J’avois raffemblé les morceaux qui compofoient celle-ci , depuis mon retour de Lima: elle étoit deftinée, comme les précédentes , pour le Cabinet du jardin du Roi , & adreffée à feu M. du Fay. Cette caifîe n’eut pas un fort plus heureux que celle que j’avois dépêchée de Lima en 1737, par la voie de Mrs Parmenter & David fon , Fac¬ teurs anglois à Panama ; elle arriva cependant à bon port à Carthagène , & je reçus avis de Don B las de Lcjjo , Gé¬ néral des galions , qu’il l’avoit fait embarquer fur une frégate françoife , prête à mettre à la voile pour Saint-Domingue. J’ap¬ pris depuis que les Anglois ayant forcé la rade de Cartha¬ ge ne , on avoit mis le feu à tous les vaifîèaux qui y étoient mouillés , pour les empêcher de tomber entre les mains de * Voy. la note à la fin de l’hiltoire de cette année, page j 04, N Introduction 1740. l’ennemi. Je me flattois néanmoins qu’on .retrouverait ma Odohre. caillé: car on avoit eu le temps de décharger la frégate; mais Don B las de Lepgo étant mort peu de temps après , les perquifitions que je lis alors , & que j’ai faites depuis n’ont pas eu plus de luccès que celles dont M. B oublier voulut bien le charger en p&nant à Carthagène , en 1743* M. Godin Le même jour 3 Octobre , M. Godin , Don George Juan 'cunicl. & Don Antoine de Ullod, revinrent de Cuenca, où, pendant les mois d’Août & de Septembre, ils avoient -répété leur obièrvation agronomique de l’année précédente : ils comp- toient pafîèr aulîi-tôt à l’extrémité feptemrionale de la méri¬ dienne , pour y faire leur fécondé obièrvation , & détermi- Les deux Offi- ner l’amplitude de l’arc; mais les deux Officiers efpagnols , appelés i Lima. >à la veille de leur départ de Cuenca , avoient reçu ordre du Yiceroi de le rendre au plullôt à Lima, où il armoit quatre vailîeaux pour aller cioifer fur les cotes du Chili , & attendre i’elcadre du vice- A mirai Atifon fur les ides de Juan Fernande^. Don George & Don Antoine netoient revenus à Quito que pour le mettre en état de faire le voyage de Lima . Ils partirent le 2 1 Oétobre. • Nouvelle ex- Nous étions alors depuis quelques jours au Quinché , M. vhcffcCduUfon! Bouguer & moi : nous y avions obfervé plulieurs angles qui lui manquoient pour tirer toutes les conléquences de Ion tra¬ vail dans l’ille de \ Jnca. On faifoit pendant ce temps à Quito & à Goapoulo , les préparatifs nécefîàires pour la nouvelle expé¬ rience du Ion, quej’avois projetée, & à laquelle j’avois invité M. Bouguer, Quelques accidens la retardèrent julqu’au 2 6 1 nous la répétâmes trois fois, & nous ne différâmes jamais d’une demi -féconde fur la mefure de l’intervalle entre la vue de la flamme & le bruit. Nous trouvâmes alors la vîtefîè du fon, de 174 toifès par féconde. Ce fut M. Verguln qui fé chargea dans cette occafion , comme dans les précédentes, des Lignai ix d’avis, & de faire charger & tirer le canon à Goa¬ poulo. La pièce n’étoit que de huit à neuf livres de balle: il n’y en avoit pas de plus groffè à Quito. La d b tan ce du fieu où nous étions, au canon, étoit de 10540 toiles, &. nous Historique. 99 ne lavions pas prifé plus grande, de peur de ne pas entendre Je canon , comme il étoit arrivé à M. Go Jin en i 737 : en effet, le bruit, qui fut plus de 60 fécondes à parvenir juf- qua nous, fut très-foible. Je netois pas alors dans le cas de ne pouvoir juger de la force du fon aufli-bien qu’un autre; & je n’avois pas encore recueilli ce premier fruit de mon voyage. Je faifois travailler dans le même temps au Quinché , fous mes yeux, à mouler une règle de bronze, pour laifîér à Quito un modèle durable de la longueur exaéte du pendule à fécondes, tirée de nos obférvations. 11 faudrait avoir été dans le pays , & en connoître les ouvriers , pour (avoir ce qu’il m’en coûta pour conduire ce travail. Je parlerai ailleurs de l’ufage que je fis de cette règle. Je revins le 3 1 Oélobre à Quito , où je reçûs , pour la dernière fois, des lettres de ma famille & de mes amis: elles m’apprirent que le Roi m’avoit fait l’honneur de me nom¬ mer, en mon abfence, Penfionnaire de l’Académie. Le plaifir que j’en reflèntis fut empoifonné par la nouvelle de la mort de i’illuflre ami à qui je fuccédois : c’étoit M. du Fay , dont l’Aca¬ démie & le public regrettoient la perte depuis plus d’un an. Nous avions tous remarqué des changemens bizarres, & quelquefois très-fènfibles, d’un jour à l’autre, dans la hauteur des étoiles voif mes du zénith, qui nous avoient férvi à déter¬ miner l’amplitude de l’arc du méridien. M. Godin foupçon- noitque ces variations avoient une période réglée; pour s’en affurer, 4^ a voit , en partant pour Cuenca , chargé M. Ver- gu'w d’obférver en particulier à Quito , avec une longue lunette fceilée contre un mur, les variations apparentes & journalières de hauteur de l’étoile dont M. Godin alloit obfèrver à Cuenca la diffmce au zénith avec un infiniment de 20 pieds de rayon. Nous apprîmes, M. Bouguer & moi, par M. Verguin , qu’il continuoit depuis deux ou trois mois à remarquer fou vent des différences notables ; mais nous ne fûmes aucun détail. M- Bouguer jugeoit que toutes ces variations n’étoient produites que par un mouvement imperceptible, qui étoit communiqué à la lunette par les briques crues , & feulement N ij 1 740. Octobre . Règle de bronze égale à la longueur du pendule. Nouvelles de France, Variations apparentes dam la hauteur des étoiles. Conjeélurcs fur ces appa¬ rences. Autres con¬ jectures. ly 4°. Ôflobre. Projets, d ob¬ servation. Novembre. ico Introduction féchées à l’ombre, dont les murs ordinaires des maiioiis de Quito font conûruits. Il foppofoit que ces briques, en fo ren¬ flant ou en fe reflerrant, iorique l’air étoit plus ou moins hu¬ mide , ne pouvoient manquer de faire varier la diredion de la lunette fcellée qu’on regardoit comme inébranlable. Cette conjedure ne manquoit pas de vrai-femblance; mais jufqu’à ce que le fait eût été vérifié , ce n’étoit qu’une conjedure. A cette caufo , qui faifoit de la lunette un hygromètre , on eût pû joindre une autre caufo, dont l’effet eût été compa¬ rable à celui du thermomètre, je veux dire l’adion alter¬ native des rayons du foleil fur une muraille, où ils ne fo réfléchiffoient pas toûjours , ni avec la même diredion. Cette adion ell très-fenfible , même fur les murs de pierre les plus mafîifs. Mv le Maunier s’en efi convaincu par expérience, en obforvant avec une lunette de cent pieds , foellée dans la tour de ieglifo de Saint Sulpiee à Paris; & il en a vû des effets très- marqués & très -réguliers dans fon dernier voyage d’E'coflè en 1748, à l’obforvatoire de Mylord MaccIesfieU. , Malgré tout cela , il étoit poffible que les variations que nous avions tous aperçûes dans nos étoiles, euffont auffi quelque chofe de réel. Pour favoir précifoment à quoi nous en tenir, je propo- fai à M. B ouguer de fixer une lunette pareille à celle avec laquelle obforvoit M. Verguin , & d’obforver de notre côté les mêmes étoiles , pour reconnoître fi les apparences foroient pour nous les mêmes que pour lui. Je propofai encore, dans le même temps, d’aller répéter à Cotchejqui, au nord de la n^ridienne, notre obfervation , dans la même faifon où nous l’avions faite l’année précédente au fud ; pour éviter les rédudions ou cor- redions nécefîaires , à caufo de l’aberration de la lumière, dont j’ai déjà remarqué que les loix ne nous étoient pas encore connues. M. Bouguer me répondit qu’il étoit de mon avis, quant à La répétition de l’ohforvation au nord de la méri¬ dienne; mais que cette obforvation.' n’étant que confirmative de k précédente , il feroit plus à propos & plus commode de la ïàix'èk. Quito même; d’autant plus que les 1 5 à 1 6 min. que nous perdrions par-là fur la longueur de Tare étoient de peu Historique. ioi cîe confequence: j’en convins avec M. Bouguer. Le i Nov. lendemain de cette conversation , il me conduifit en un en¬ droit écarté , différent de ceiui où je fàvois qu’il obforvoit les réfractions ; j’y trouvai un nouvel obfèrvatoire, & le foéteur tout monté. M. Bouguer m’apprit alors qu’il y répétait depuis fix femaines les mêmes obfêrvations que nous avions faites à Coîchefqui. Je jugeai que c’étoit-là ce qui lui avoit fait remettre fon voyage de Papa-ourcou. Je lui demandai des nouvelles de fon obforvation , & à y prendre part. Le 4, il me fit remettre, en partant pour Papa - ourcou, la clef de fon obfèrvatoire, avec une lettre par laquelle il me propofoit d’y obferver feul jufqu’au 1 3 Décembre fui- vant, après quoi il reprendrait fon obfèrvation. Le 5 & le 6 , je ne pûs avoir de hauteurs correspondantes : le 7 , j’eus le midi, & je fis auffi-tôt porter un lit à i’obfoîvatoire , où j’allai m’établir , pour ne perdre aucun moment favorable, M. Bouguer y avoit iaifië fà pendule, que les pluies fréquentes me donnèrent beaucoup de peine à régler. Du 9 au 23, je ne pus voir l’étoile une foule fois. J’ai dit que ce lieu , choifi par M. Bouguer , étoit à l’extré¬ mité de la ville : une des nuits les plus fombres , vers une heure après minuit, comme j’attendois l’infiant de la média¬ tion de l’étoile, je vis entrer dans mon oblervatoire,. dont la porte étoit bien fermée, un homme avec une lanterne lourde, fuivi de fopt ou huit autres l’épée & le pifiolet à la main je n’ignorois pas que les Alcaldes ( Magiflrats annuels de Po¬ lice ) , faifoient fouvent des rondes nocturnes ; mais je n’avois pas lieu de m’attendre à une pareille vifite, qui ne fo fait d’ordinaire que dans les endroits fufpeéts. L’AIcalde avoit fait forcer, fans bruit, la porte de la rue avec une pince de fer : il feignit de n’avoir pas fu que j etais en cette maifon , me fit de grands complimens & Sortit avec fa cohorte, a fiez mal payé de fà curiofité» Le mauvais temps continuoit : M. Bouguer , de retour de Papa-ourcou , eut befoin de fà pendule pour quelques obfor- vations particulières qu’il alloit faire dans le voifmage de Quito : N iij 1 740. Novembre. M. Bouguer obferve feul à Quito. M. Bouguer va à Paya- ourcou. J’obferve a- mon tour feul'. Vif] te noc¬ turne Je l’Al- caldc. ï 740. Novembre. Accident. « 1 102 Introduction il la fit démonter & enlever le 2 6 au matin , avant que j’eufle pu régler la mienne, les pluies continuelles ni en ayant empêché. Je prenois tous les jours avec opiniâtreté un très- grand nombre de hauteurs du loleii le matin entre les nuages, pour obtenir plus lu rement le loir quelqu’une des correlpon- dantes; ce qui me réulïil foit rarement. Je redoublois d’ardeur le 2 6 , pour tâcher d’avoir le midi à ma pendule , & luppléer au défaut de celle de M. Bouguer, lorfqu’il m’arriva un accident dont j’ai long-temps ignoré la caille précife. £n regardant à ma pendule pour marquer l’heure de l’oblervation , je perdis con- noillànce, & je tombai de ma hauteur. Heureulement cetoit fur la terre : mon Nègre, qui par halard ie trouva prélent, me lecourut : il m’apprit que je rn’étois relevé, & que j’étois retombé une fécondé fois. Tout cela ne dura que quelques fécondes, & n’eut point de fuite marquée, ni, je crois, rien de commun avec quelques reflentimens de fièvre que j’eus peu de temps après, &qui n’interrompirent pas mon oblervation. Ces faits m’étoient échappés de la mémoire, ainli que beaucoup d’autres: je les retrouve fur mon journal hillorique, que je par¬ cours pour la première fois depuis mon retour en Europe; & j’ai cru qu’on me pardonnerait un détail , qui, quoique perlon- nel, n’elt alîurément pas étranger à l’hiltoire de nos travaux. Quant à la caule d’un accident qui étoit tout nouveau pour moi , je l’attribuai d’abord vaguement à la fatigue, aux veilles précédentes, & au concours de diverfes circonl lances; mais la même choie m’étant arrivée deux ans après, & précifcment de la même manière , en étendant le col pour mieux diftinguer les fécondés à ma pendule, qui étoit placée allez haut & mai éclairée, j’ai foupçonné quelque caulé anatomique dans cette attitude même, & les maîtres de l’art conviennent qu’il n’en faut pas chercher d’autre que la compreffion des artères caro¬ tides, occafionnée par cette extenlion du col , fui- tout à la fuite de la poiture gênante que je venois de prendre en obférvant, &. qui avoit déjà interrompu le libre cours de la circulation. Je n’avois encore vu l’étoile qu’une feule fois, & peu difiinélement ; ce qui m’avoit fuffi pour reconnoître que la Historique, 103 lunette netoit pas à mon point. Plufieurs nuits fê pafsèj ent avant que je putîe lui donner exactement la longueur qui convenoit à ma vue : cette opération me fit perdre quel¬ ques obfervations. Ce fut alors que je m’aperçus, pour la première fois, que le foyer d’une longue lunette,' que nous avions reconnu dès l’année précédente netre pas le même pour deux différentes vues , changeoit aufîi quelquefois très- fenfiblement d’une nuit à l’autre pour le même obier vateur , fuivant le plus ou le moins de lumière (le l’étoile , & le diffé¬ rent état de l’atmolphère. J’en fis mention fur mon journal d’obfervations le 26 Novembre 1740, & le 27 Décembre fuivant. Cet article, moins propre à une relation hiltorique, eft plus détaillé dans l’ouvrage fuivant. Enfin le 1 3 Décembre, terme que M. Bouguer m’avoit défigné pour lui remettre l’obfèrvatoire & le ledeur, étoit paffé avant que j’euffe pu retourner l’infirument : je priai M. B oublier, qui avoit déjà deux obfervations complètes des mois de Septembre & d’Oc- tobre, de me donner le temps de terminer la mienne; cepen¬ dant les derniers jours de Décembre arrivèrent, fans que j’eufîè pû vérifier la caufe d’une variation très - confidérable que j’avois remarquée dans la hauteur de l’étoile , & qui me fit foupçonner du dérangement dans le fèdeur ; mais M. Bou¬ clier ayant remis la lunette à fon point de vue le 3 1, je ne pus tirer aucune conféquence de mon travail. - La fuite du récit m’a empêché de faire mention dans le cours de cette année, de plul leurs faits qui ont une relation moins dire de avec nos occupations , & que j’omets, pour abréger; mais je ne dois pas pafîèr fous filence la maladie qu’eut M. de Jujjïcu au commencement de Décembre, & qui fut affez férieufe pour l’engager à mettre ordre à les affaires & à la confcience. C’étoit une fièvre maligne continue, avec des redoublemens : il fè traita lui-même & auffi heureufement qu’un grand nombre de malades qu’il avoit guéris peu de temps auparavant d’un mal de gorge épidémique, qui ré- gnoit alors à Quito. C’eft vrai- femblablement le même qui commença fon tour d’Europe en l’année 173 8, & qui femble 1740Ï Novembre. Expérience & remarque d’op¬ tique. Décembre. Maladie de M. de Jujjiiu. Mat de gorge épidémique. 104 Introduction i 740. avoir fait celui du monde. Un autre fléau plus terrible encore Décembre, fê manifefla dans le même temps à Gnayaquil ; un giand nombre de gens moururent du vomiflement noir ou mal de Mal de Siam, S'uim , jufqu’alors inconnu fur les côtes de la mer du fud. Ce n’efl pas i’unique préfent funefle que les Européens aient fait à l’Amérique, en échange de l’or 8e des remèdes Petite vérole, falutaires qu’ils en ont bien certainement tirés. La petite vérole, maladie nouvelle dans le nouveau monde, y a détruit des mil¬ liers d’indiens, & continue de faire parmi ces peuples les mêmes ravages toutes les fois quelle s’y renouvelle. Je ne fais point mention de plufieurs évènemens importans & dignes de la curioflté du leéleur , mais trop étrangers à mon fujet , pour que je me permette ici de les rapporter. J’ajoûterai feulement mie note des difFérens Envois faits à l'Académie. On peut voir au Cabinet du Jardin du Roi, nos premiers envois, faits en commun de nos ides & de Portobelo en 1735, & un autre fait de Quito en 1737, par M. Godin , auquel j’eus beaucoup de part. La caille que j’embarquai à Lima en 1737, pour Panama, contenoit, outre le vafe d’argent du temps des Jncas ( voy. page y 2.), plufieurs petites idoles d’argent des anciens Péruviens : Un grand nombre de vafes antiques d’ar- gille de plufieurs couleurs, ornés d’animaux, & dont quelques-uns étoient faits avec un tel artifice, que l’eau formoit lin firHement lorfqu’on la verfoit : Un beau morceau déminé de cryffal : Plufieurs pétrifications & coquilles foffiles du Chili: Une belle plante marine adhérente à un caillou lifte: Dix-huit coquilles rares: Un aimant de Guancabelica : Une dent molaire, pétrifiée en agathe, du poids de deux livres: Plufieurs baumes fecs «3c liquides: Un diélionnaire Si une grammaire de la langue des Incas, Sic. La caille perdue à Carthagene ( voy. page 97), contenoit quelques vafes d’argille fembiables aux précédens : Plufieurs autres vafes de calebaffes de diffé¬ rentes formes, ornés de defieins faits à la main dans l’obfcurité , avec un char¬ bon brûlant; quelques-uns de ces vafes étoient montés en argent avec leurs pieds: Des incruffations pierreufes du ruificau de Tanlagua, entre autres fur une planche qui y avoir été plongée trois ans; les caraéières que j’y avois tracés paroiffoient en relief: Plufieurs marcaiïïtes taillées de la pierre appelée miroir de l’ Inca : Un grand nombre de iragmens de cryfial noirâtre, nommé dans le pays pierre de Gal/inaço : Deux pièces de bois pétrifié : Plufieurs pierres de différentes formes, qui ont fervi de haches aux anciens Indiens: Divers mortiers & vafes d’une efpèce d’albâtre de Cuenca: Un petit crocodile de la rivière de Guayaquil : La tête & la peau empaillées de la belle couleuvre appelée Coral, dont les anneaux font couleur de feu & noir, &c. Je ne parie point d’une caifi’e d’os monffrueux prétendus de géans , qui me venoit du Tucuman en 174.6, & qui fut jetée à la mer, par la fupeiïlition ordinaire des matelots, après une délibération fignée de tous les paffagers, &c. GC-Si'xS. Année Historique . 105 Année 17 41. 17 41 IL y avoit déjà huit mois que nous regardions nos obier- Janvier. vations agronomiques aux deux extrémités de la méri¬ dienne , comme terminées ; & depuis le retour de M. Bou- guer de fille de XInca , nous avions achevé de prendre tous les angles nécelîàires pour réduire au niveau de la mer la valeur du degré : ainfi rien ne fembloit plus nous retenir à Quito. Cependant quelque légitime que fût notre impatience de revoir RaHom quf la France, après une ablènce de fix ans, comme l’intention de ç^i'esAca- r Académie avoit été que notre melure de la terre fût le fruit démiciens du travail commun des trois Académiciens, nous jugeâmes, M. Boucuer & moi, que nous ne devions point partir fins avoir comparé le réfui tat de nos opérations à celui de M. Go din : mais cela même n’étoit poffible que lorsqu’il ne man- queroit plus rien à M. Godin pour tirer lès conclufions. Il faut le rappeler ici qu’il étoit retourné dès le mois d’Août précédent de Quito à Cûenca , pour y répéter avec Don George Juan & Don Antoine de GJlloa , l’oblèrvation agronomique qu’il avoit faite avec eux il y avoit près d’un an , au fud de la méridienne ; & qu’à la fin de Septembre , au moment qu’ils alloient tous palier à l’extrémité lèpten- trionale, pour achever de déterminer l’amplitude de l’arc du méridien, les deux Officiers elpagnols avoient reçu ordre de Les deux Offr¬ ie rendre promptement à Lima, où le Viceroi armoit une appciésà^/w^ elcadre , & où les Officiers de marine étoient plus rares , que les Aftronomes à Quito. Don George & Don Antoine étoient donc allés reprendre les fonctions militaires de leur véritable profeffion. Quand on fut qu’ils étoient retenus à Lima pour un temps confidérable, M. Godin fongea férieulèment à fon obfervation au nord de la méridienne. Nous 11’attendions, M. Bouguer & moi, que le moment où elle lèroit achevée , pour favoir fi nous étions tous d’accord fur la valeur du degré , & 11e plus penfèr en ce cas qu’à O io6 Introduction 1741. notre retour en Europe. Il efl vrai qu’en partant alors j’eufîè Janvier . laifïe dans l’indécifion les procès commencés à l’Audience royale , & à i’Officialité, au fujet de l’affaire de Cuetica; & que la conflruétion des deux pyramides de la baie, quoique fort avancée, n’étoit pas encore finie. Mais aucun de ces objets, fu- bordonnés à l’objet principal de notre miffion , n’eût été capa¬ ble de m’arrêter; & fi l’accord parfait du réfultat de M. Godin avec le nôtre ne m’eût plus laiflë de doute fur la jufleffe de nos oblèrvations , le jour où j’aurois pû, fans fcrupule , me mettre en chemin pour revenir en France , auroit touché de près à celui de la fin de toutes mes affaires. Obfcrvation. En attendant la comparai fon que nous defirions , M. B ali¬ gner répétait en fon particulier , pour la troifième fois à Quito , ï’obfervation de notre étoile. Il eut pendant le mois de Jan¬ vier un ciel plus favorable que je ne l’avois eu le mois de Décembre précédent. Il y avoit déjà du temps que j’efîàyois toutes les nuits divers objectifs que m’a voit prêtés M. Godin > qui en avoit apporté de France un grand nombre, & de différens foyers : je n’en avois encore trouvé aucun qui ne me fît voir les étoiles rayonnantes & mal terminées. Je cherchois un verre propre Lunette fcellée. pour une lunette de 14 ou 1 5 pieds, que je voulois faire fceller chez moi contre un mur, & la. fixer fur l’étoile que j’avois d’abord propofe à M. Bouguer d obferver enfèmble, ou tour à tour, dans le lieu où il avoit fait monter notre fèéfeur. Plufieurs raifons, également fortes, m’engageoient à me faire lin objet capital de cette obfèrvation. A quel dciTcin, Mon premier but étoit de vérifier fi les variations fré¬ quentes que nous avions tous aperçûes , dans la diftance des étoiles au zénith , avoient quelque choie de réel , comme le conjeèfuroit M. Godin , & de tâcher en ce cas d’en déterminer la période , ou de reconnoître fi ces apparences n’avoient pour caufè que le gonflement & le defsèchement alternatifs des bri¬ ques crues des murs du pays , comme le fuppofôit M. B ou¬ blier. En fécond lieu , j’efpérois qu’à force de multiplier les obfer- yations , & de fuivre plufieurs étoiles de différentes grandeurs,, Historique. 107 parmi celles qui paieraient dans le champ d’une lunette 1741. immobile, je pourrais non feulement confirmer les remarques Janvier. que j’avois faites aux mois de Novembre & Décembre pré¬ cédais avec le feéleur*, mais peut-être encore démêler quelle part avoient les différentes caules qu’on foupçonnoit dans les variations journalières que nous avions tous remarquées. Je fens bien que ce détail aflranomique n’eft pas fort inté- reffant pour la plufpart des leéleurs, mais je ne puis oublier que j écris particulièrement i’hifioire de nos travaux. Je ne parle ici qu’à ceux qui y ont pris part, & je les prie de confidérer que ce qui fatigue peut-être leur attention pendant quelques momens , nous a triflement occupés des mois & des années entières. Par la même raifon , il me lêra permis de dire que dans le temps dont je parle, une fluxion vio¬ lente dans la tête , caufee vrai-fèmblablement par les alterna¬ tives de froid & de chaud auxquelles nous nous expofions en obfèrvant le jour & la nuit , me priva prefqu’entièrement de fouie pendant plufieurs jours : les fuites en dureront pro¬ bablement autant que ma vie. Ce fut ail retour d’une courle que je fis derrière les montagnes à i’oueft de Quito , dans laquelle j’acquis quelques connoifîànces topographiques , en allant reconnoître le nouveau chemin que Don Pedro Mal - donado venoit d’ouvrir de Quito à la rivière des Eineraudes. Le 1 1 Janvier, M. Godin nous écrivit, à M. Bouguer & Proposition à moi: il nous propofoit de retourner, ou l’un ou l’autre, au dc M' Goim’- fud de la méridienne , & d’y répéter notre obfèrvation aflra¬ nomique , tandis que lui-même ferait celle qui lui manquoit à l’extrémité fêptentrionale de l’arc. Il ajoûtoit que pendant que deux Académiciens obfèrveroient ainfi la diflance de l’étoile au zénith, aux deux bouts de la méridienne à la fois, le troifième obfèrveroit dans un lieu intermédiaire, les varia¬ tions apparentes de cette même diflance, avec une lunette fixe : que cette obfèrvation fèrviroit de critique aux deux autres, qui fe feraient avec les deux fèéleurs aux extrémités de f arc, & quelle faciliterait la réduction de celles qui y * Voy. çi-defïus à la fin de Novembre 174.0. Oij 1 7 • Janvier. Propofition de M. Bonguer. Convention entre les trois Académiciens. 108 Introduction feroient faites en différentes nuits, à une même époque* Dans le même temps , M. Godin reçut auffi une lettre de M. Bonguer : elle portoit que comme nous avions déjà plu- fieurs obfèrvations réitérées au nord de la méridienne, il'étoit d’avis que nous devions pareillement les répéter au fud, pour fuppléer au défaut de communication du réfultat de M. Godin , qui lui -même l’ignoroit encore, puifquil n’avoit julqu’alors opéré qu’à l’une des extrémités de l’arc. Nous fûmes bien-tôt d’accord de nos arrangemens. M. Go¬ din devoit néceffairement aller au nord de l’arc, puifquil n’y avoit pas encore obfervé ; M. Bonguer fè chargea d’aller répéter notre obfervation au fud du même arc. Je refiai à Quito pour fuivre la même étoile avec la lunette fceiiée, conformément à mon projet. Ce netoit pas la partie la plus brillante dans ce travail commun; mais il fûffiloit quelle fût utile pour que je m’en chargeafîè avec plaifir. Quoique , fui vaut la propo¬ rtion de M. Godin, la fonélion qui metoit échûe dût fèrvir à reélifier les conféquences des obfèrvations faites aux extré¬ mités de l’arc; il étoit évident que celles-ci feules, fur-tout fi elles étoient faites les mêmes nuits, fuffifoient pour con¬ duire la grandeur du degré. J’indiquai même, à cette occa- fion, un moyen particulier de fe pafîèr non feulement de l’obfervation intermédiaire avec la lunette fixe , mais encore de tirer la valeur de l’arc des obfèrvations extrêmes Sc fimul- tanées , fins chercher l’erreur des deux fedeurs , ou , ce qui revient au même, fins employer la vraie difiance de l’étoile au zénith pour chaque obfèrvatoire. C’ell ce que j’explique dans la féconde partie de l’ouvrage fuivant, art., x x ni-, page 22 y Tout ceci fut arrêté entre nous vers le milieu de Jan¬ vier, & j’écrivis auffi-tôt en France, préfumant que ce fèroit pour la dernière fois de Quito ; je mandois que nous étions encore retenus dans le pays pour quelques mois, en confe- quence de la convention précédente. M. Bouguer dépêcha dans le même temps à farqiïi notre fèéleur; & pour lui épargner l’embarras du tranfport de fon grand quart-de-cercle*. Historique. 109 je lui en prêtai un petit d’un pied de rayon, qui fuffifoit pour* 1741. régler fa pendule; il fuivit de près Ion équipage aftronomi- Janvier. que , & partit de Quito le 9 Février pour Cuenca & Tarquï. Février. Le 10, lendemain de fon départ, & les jours fuivans, Communies- j’eus plufieurs conférences avec M. God'm, tant fur nos travaux t!on précédens que fur un projet , dont j’avois déjà fait part à M. Boulier, au fujet d’une infeription qui devoit contenir le réfuitat de toutes nos oblèrvations faites dans la province de Quito. Elle devoit être gravée fur une grande table d’une efpèce de marbre blanc qui tient beaucoup de l’albâtre. Je l’avois fait tirer en 1739, d’une carrière voifine du terme auflral de notre bafe de Tarquï , <5c tranfporter à Quito. Nous nous com¬ muniquâmes au di réciproquement, M. Goditi & moi, dès ce même jour nos mémoires fïir l’obliquité de l’écliptique : cette communication me mit en état declaircir la fource d’une différence de 839 fécondes entre la détermination de M. God'm & la mienne, qui différait à peine de celle de M. Bouguer. Tout le réduifoit à la diverfité du choix des élémens du calcul , & à la différente évaluation de l’erreur du centre , laquelle dépendoit d’une queflion de fait. Je fis auffi quelques expériences du baromètre avec M. Godin, Variations & nous en montâmes un , fur lequel je continuai toute cette f^mètre? année les oblèrvations, que je fuivois déjà depuis quelques mois, des hauteurs du mercure à différentes heures de la journée, pour confirmer la remarque deM. Godin , qui s’étoit aperçu le premier de plufieurs variations journalières & périodiques. Je trouvai que vers les neuf heures du matin le baromètre étoit à fà plus grande hauteur, & vers trois heures après midi à la moindre : la différence moyenne étoit 1 ligne II ne nous refloit prefque plus de mercure : celui que nous Mars. avions apporté de Paris, & que M. Geoffroy avoit pris foin Opérations de purifier , s’étoit prefque tout confommé ou perdu en fix cLvm'T-1C5> ans dans le grand nombre d’expériences du baromètre que nous avions faites fur les montagnes, & dans nos divers voya¬ ges. Le mercure que nous trou vions dans le pays, où il n’efl pas ïare, étoit mêlé de plomb <3c d’autres impuretés. J’entrepris y O iij I74I* Mars. Carte géogra¬ phique. Hauteur abfo- ïue des monta, gnes. ï i o Introduction à la prière de M. Godin , de 1 en dépouiller, en le révivifiant du cinabre ; opération qui n’auroit rien de difficile dans une ville d’Europe, mais pour laquelle je prévoyois à Quito de grandes difficultés. J’eus recours au laboratoire du collège desJéfuites, Sl je fus très -bien reçu du Frère qui avoit la direction de leur apothicairerie; mais je le trouvai plus fourni de remèdes que de fourneaux & d’infirumens chymiques. Les pots de terre qu’il me fallut couper, ou pluftôt fcier, pour en faire des aludels , étoient fi poreux , qu’ils abfôrbèrent une grande quantité de mercure dans la fublimation. Je rencontrai beau¬ coup d’autres obfiacles : cependant , à force de temps, de foins & de dépenlè, j’achevai les deux opérations de convertir le mercure en cinabre, & de le révivifier. La première, avec les préparatifs quelle exigea , me prit une partie du mois de Mars : je ne fis la féconde qu’au mois de Mai fiiivant , non plus que quelques autres expériences pour tirer i’efience d’une forte de canelle qui fé trouve abondamment dans la province de Marias, au fud-efi: de Quito. Le procédé que je fiiivis ne me réuffit qu’imparfaitement : l’eflènce confèrva une odeur d’empyreume; ce qu’il eût été poffible d’éviter, en opé¬ rant avec plus de commodités ou plus de loifir. Je travaillois dans le même temps avec Don Pedro Mal - donado à la carte de la partie féptentrionale des côtes de la province de Quito , qu’il venoit de parcourir : il me commu¬ niqua les routes , les diftances e (limées , & les airs de vent qu’il avoit oblérvés avec une boufiole faite exprès , dont je lui avois enfeigné lu (âge. Sur ces indications, & fur les mé¬ moires qu’il avoit recueillis dans le pays, nous eûmes de quoi tracer la côte depuis Rio verde jufqu’aux embouchûres de la rivière de Mira , & le cours de la rivière de Sant-Iago , que Don Pedro avoit remontée : ce qui ajoûtoit un morceau neuf à la carte que j’avois envoyée à l’Académie en 1736. Un autre travail m’occupoit encore , & moins agréable¬ ment, puifque ce n’étoit qu’une répétition de calculs qui ne devoit rien m’apprendre de nouveau. M. Bouguer nous avoit communiqué, à M. Godin & à moi, un extrait des opérations Historique. ni que j’ai dit qu’il avoit faites dans fide de Xlnca, fur la rivière des Emeraudes, pour déterminer la hauteur abfolue des mon¬ tagnes, d’où dépendoit la réduction de notre degré au niveau de la mer. Cet extrait contenoit tous les angles obfèrvés par M. Bouguer, tant dans ce voyage, qu’à Papa - ourcou depuis fon retour, & au Quinché , où nous avions opéré enfèmble. Il y avoit joint les réfùltats de fès calculs. Jetois bien fur que fon travail n’avoit pas befoin de vérification ; & d’autant moins, que cent toiles d’erreur fur la hauteur des montagnes n’auroient pas changé de deux toiles la longueur du degré: cependant je ne crus pas devoir me difpenfer de tirer moi- même toutes les conclufions. La multiplicité des élémens de cette fupputation , & le long circuit qu’il falloit faire pour atteindre le but , ne me rebutèrent point : je fis le calcul tout au long; & après un travail opiniâtre, je trouvai la diftance de fobfèrvatoire de fille de Xlnca au fommet â’Jliniça , la hauteur de cette montagne , & celle de Pitchincha , les mêmes , à deux ou trois toiles près , que M. Bouguer , & précifément la même réduélion du degré au niveau de la mer. Je donnai à M. Godin un extrait des procédés & des réfùltats de mon calcul. Ce que M. Bouguer avoit rapporté de plus précieux de fon voyage à fille de XInca , efl une table géométriquement conf- truite des différentes hauteurs du loi , qui répondent aux divers abaidèmens du mercure dans le vuide. Nous avions reconnu fa hauteur moyenne au niveau de la mer , par nos expériences du baromètre à Poriobelo , à Panama , à Manta , à Guaya- partirent de Quito le 2 Mars , avec le fècleur de M. Godin, pour aller le monter, le difpofèr, & faire tous les pré¬ paratifs nécehàires, quinze lieues au nord de Quito , à Mira , lieu choifi par M. Godin pour fon obfèrvation ieptentrionale, qui devoit auffi fèrvir de correfpondante à celle que M. Bou- guer alloit répéter à Tarqui . Le 17, M. Verguin n’a voit encore pû tracer de méridienne dans ce nouvel obfèrvatoire : ce qui fit que M. Godin prefia moins fon départ. En attendant, nous allâmes enfèmble voir le Préfident & les Oïdors ou Confèillers de l’Audience royale , & leur déclarer que je rehois chargé , au nom des autres Académiciens , de tout ce qui regardoit la conhruéüon des pyramides. M. Bouguer m’envoya de Cuenca , dans le même temps, ta procuration à cet effet. Lunette fcei- Outre ces diverfès occupations, & ies affaires litigieulês précamionse!,£5 Ie me trouv°f engagé , les difpofitions pour l’obfèrvation avec la lunette fixe avoient exigé beaucoup de foins & d’ap¬ pareil. J’avois choifi, pour la faire avec les précautions con¬ venables , un mur de refend de trois pieds depaihèur , qui n’étoit expofe d’aucun côté à l’air extérieur : j’aveis fait faire un chaffis de cuivre , où le bout oculaire de ma lunette de quatorze Historique. i ï 3 quatorze pieds étoit reçû & contenu par quatre vis, qui fer- voient à changer. 3c à fixer fi direction. J’avois ménagé dans ie toit une efpèce de fenêtre qu’on pou voit ouvrir 3c fermer commodément d’en bas, fins monter iur une échelle, à cha¬ que obfcrvalion. Obligé de conduire des ouvriers, qui opé- roient aveuglément , il m’avoit fallu mettre par-tout la main à l’œuvre: je n’étois pas feulement l’ingénieur de la machine, je devins encore , par nécedité , forgeron , maçon 3c cou¬ vreur ; 3c je m’aperçus que je n’avois nulle vocation pour ce dernier métier. Un des ouvriers que j’employois alors avoit vû fur ma table un petit volume relié en chagrin , avec des fermoirs d’argent : il le prit vrai-fèmblablement pour un livre de prières: à cet afpect, tranfporté de zèle, il ne put fè contenir; & par une dévotion atlez mal entendue, il s’appropria , fans me confulter, une table manufcrite, calculée par M. l’Abbé de la Grive , 3c commode pour la réduction des angles obier vés hors du centre du lignai. Au refte,. il prit bien Ion temps : tous mes calculs trigonométriques étoient achevés il y avoit près d’un an; & cette table alors ne nf 'étoit guère plus nécefîaire qu a celui qui s’en empara par droit de conquête. Je comptais déjà un afîèz bon nombre d’oblervations avec ma lunette fixe, lorfqu’un orage violent, qui découvrit plu- fieurs toits de la ville , caufâ Je grands dé/ordres dans mon nouvel obfèrvatoire. L’eau entra dans la lunette par i’objeétif, 3c détendit les foies du micromètre : il fallut ie defîouder pour les retendre, 3c pouvoir réparer le dommage. M. Godin partit le i o Avril pour aller, comme je l’ai dit, obfêrver à Mira, à quinze lieues de Quito vers ie nord, la diflance verticale des étoiles que M. Bouguer oblèrvoit en même temps à l’autre bout de la méridienne, à Tarqui , près Cueuca . Je reliai à Quito , fuivant nos conventions , chargé de l’obfervation journalière des mêmes étoiles avec la lunette fixe. Pour mieux reconnoître fi elle changeroit de lituation , loit par quelqu’une des caufes qui avoient été loupçonnées, foit par les tremblemens de terre fréquens , foit par quelque 1741. Mars * Table de ré- duétion d’aa- gles. Accident à ta lunette fceltéc. Avril. Départ de M . Godin pour Mira. Obfervationï en trois lieu* différens. I 14 INTRODUCTION autre accident imprévu , j’avois fait fcelier à part dans le mur , & tout proche du bout oculaire, une petite plaque d’argent planée, où j’avois marqué de diflance en diflance des points, & tracé des tranfverfales. Un hl de pite long de 14 pieds, attaché au bout fupérieur de la lunette, près de l’objeétif, & chargé d'un poids de deux onces, raloit le petit limbe fcelîé dans le mur. Ce fil devoit toujours répondre au même point du limbe, fi la fituation de la lunette étoit invariable; & l’aplomb devoit changer, fi la muraille travailloit par l’hu¬ midité , ou par quelqu’autre caulê. Je tenois compte , à cha¬ que obfèrvation , des différences que je remarquois dans l’a¬ plomb, pour voir fi elles s’accordoient avec les changemens appareils de diflance de l’étoile au zénith , que je mefurois par le micromètre. Depuis l’accident arrivé aux foies du foyer de la lunette, que l’humidité avoit détendues , je ne pûs revoir letoiIe que le 1 4 Avril. Le 2 1 , je reçûs des nouvelles de M. Bouguer: il mecrivoit de Tarqui qu’il 11’avoit pas été moins contrarié que moi par les mauvais temps jufqu’au commence¬ ment du même mois , & il me marquoit qu’il ne faifoit pas grand fond fur fon premier réfuitat du mois de Mars, qui n etoit tiré que de deux obférvations , dont il ne me communiquoit pas le détail. Il 11 etoit pas content de l’oculaire de la lunette du fééleur, & rn’en demandoit un autre, que je lui envoyai. Mai. Peu de temps après, M. Bouguer me manda qu’il avoit Inctiipofition été obligé de fufpendre fon travail par divers obftacles , entre de M. Bougmr. autres par mie incommodité à laquelle il ne devoit pas s’atten¬ dre, vû le genre de vie très-philofophique qu’il menoit dans fa folitude: il y faifoit allez d’exercice , le lait étoit fon aliment le plus ordinaire, & il y avoit quatre ans qu’il n’a voit bu de vin. C’efl dans ces circonflances qu’il eut un accès de goûte a qu’il n’avoit jamais connue. Yins du Pérou. Je remarquerai à cette occafion , que les vins de Lima , qu’on tranfporte à Quito dans des jarres, ne font point cuvés; ce qui les rend, dit -on, mai-faifans. D’ailleurs, ces jarres font en¬ duites d’un goudron qui communique au vin un goût qui m’y avoit fait renoncer , & qui n etoit pas encore à la mode 1741. Avril H 1 ST 0 R / QU E. HJ quand nous partîmes de France. Les Créoles efpagnols les plus aifés boivent très -peu de ce vin, & ie craignent: les Elpagnols d’Europe s’en accommodent mieux. En général, on fait beaucoup plus d’ulàge d’eau de vie que de vin dans toute la province de Quito: il eft commun à Lima, & l’on en tire d’excellent du Chili , dont le plant, à ce qu’on allure , a été tr an (porté de Bourgogne & de Champagne par les Fran¬ çois qui fè font établis au Chili au commencement de ce fiècle, dans le temps de notre commerce à la mer du fud , & qui y ont introduit i’ufàge des tonneaux. Le 1 4. Juin , à une heure trois quarts après midi , il y eut un tremblement de terre , le plus violent de ceux que j’ai reftèntis à Quito : il ne dura que quelques focondes. J’ai déjà dit qu’on y eft familiarifo avec cet accident, qui n’a jamais été funefte à cette ville ; quoique celles de Latacunga & d’Ham- hato , qui n’en font éloignées que de quinze & de vingt-deux lieues, aient été prelque entièrement ruinées par un tremble¬ ment le 20 Juin 1 698. Ce fut vers ce temps qu’on apprit, par des lettres de Lima, que Don George Juan & Don Antoine de Ulloa n’a voient pû , malgré leur diligence, arriver aftèz tôt pour s’embarquer for i’efoadre que le Viceroi avoit armée au Callao, port de Lima , pour aller attendre celle des Anglois. Le Viceroi ne laiftà pas d’employer nos deux compagnons de voyage : il les chargea de lever le plan de Lima, de préfider à la conftruétion de quelques galères, & de faire toutes les difpofitions néceftâires pour mettre en état de défenfo les côtes du Pérou, dans les lieux où l’on craignoit une defoente de l’ennemi. Le ieéteur me pardonnera làns doute volontiers une courte digreflion for des évènemens politiques qui fe lient naturellement à mon fojet. On avoit reçû depuis peu avis à Lima , par des lettres du Gouverneur de Buenos- aires , que Don Jofeph Piiarro Commandant d’une efoadre de cinq vaiftèaux , armée à Cadii pour s’oppolër aux entreprifos des Anglois dans la mer du fud, n’avoit pû doubler le cap Horn; que cette efoadre avoit été obligée de relâcher à la rivière de la Plata , fans p ij 1741. Mai. Tremblement de terre. Occupations des deux Offi¬ ciers efpagnols. Nouvelles de Buenos -aires & de Carthagèn e. 336 Introduction 1741. vivres, avec perte de deux vaifieaux, & de plus de la moitié Md, des équipages. On craignoit que l’efcadre angloife n’eût été plus heureulê, & en ce cas elle devoit être actuellement dans la mer du fud ; ce qui netoit effectivement que trop vrai. D’un autre côté , on niandoit de Carthagène que le Fort de Prife de Boca- Boca-chica , qui défendoit la rade, avoit été pris; que la flotte ennemie, commandée par l’Amiral Vernon , avoit dé¬ barqué quatre mille hommes, & que Carthagène étoit afliégée Juin. par mer & par terre. On peut juger de la conflernation où ces nouvelles mirent toute l’Amérique efpagnole, & de l’in¬ térêt que nous devions y prendre nous-mêmes. Il y avoit déjà quelques mois que les quatre frégates armées au Callao , & commandées par Don Jacinto Je Segurola , Général de la mer du fud, étoient allé croiler fur les côtes du Chili , Si fur les ifles de Juan Fernande^, où l’on jngeoit avec rai fon que les Anglois auroient leur rendez-vous. Les malheurs que ceux-ci avoient éprouvés en doublant le cap Horn , <5c dont on peut voir le tableau dans le voyage publié fur les Mé¬ moires du Lord • An fon , furent le lalut de ceux qui avoient échappé aux glaces, aux tempêtes Si au fcorbut; fléaux lous îefquels les deux tiers des équipages avoient fuccombé. Les Anglois ne reconnurent la grande ifle de Fernande £ que le p Juin , trois jours après le départ de l’elcadre elpagnole, qui les y avoit attendus jufqu’au 6 du même mois, & qui, dans l’état de foiblefle Si de découragement où étoient leurs ennemis, auroient eu bon marché d’eux. L’efcadrede Le temps marqué par les inflruCtions du Général efpagnoi dansle port, étant expiré, il avoit jugé que lès Anglois, qui dévoient avoir doublé le cap Horn au mois de janvier ou de Février pré¬ cédent, n’avoient pu y réuflîr, puifqu’ils n’avoient pas encore paru le 6 Juin ; Si que s’ils n’avoient pas péri en mer , ils auroient au moins été obligés de relâcher fur la côte du Bréfil, comme il étoit arrivé à l’elcadre de Cadii. Cette conjecture étoit fondée fur la plus forte vrai-femblance : d’ailleurs, le mauvais état leul du vaiflèau que montoit le Général de la mer du fud , auroit pu fufflre pour le déterminer à finir là Historique. uj croifière , & à chercher un port. II revint au Callao à la fin de Juin, hors d’état de tenir la nier, & faifant eau de toutes parts. On ne put difconvenir, à fon retour , de la force de fes raifons, & l’inutilité apparente d’un plus long féjour par- loit en la faveur. Mais comme les évènemens font la règle la plus ordinaire, quoique la plus trompeufe, des jugemens des hommes ; quand on fut dans la fuite que s’il fut refié trois jours de plus fur les ifies de Fernande 7, il auroit ren¬ contré les Anglois; & que ceux-ci, épuifés de fatigues & de maladies, eufîènt été incapables de réfifier aux moindres forces, toutes les voix fe réunirent contre le Général : il fut regardé comme l’unique auteur du dommage que l’efcadre ennemie fit depuis dans ces mers. Perfonne n’eut le courage de prendre le parti d’un homme dont le plus grand crime étoit d’être malheureux. 11 ne put furvivre à la perte de fa réputation; chargé du poids de l’indignation publique, acca¬ blé de douleur, il expira fans autre caufè apparente, dans le moment même où l’on venoit pour l’arrêter. Je n’ofe nommer ici, fans aveu, la perfonne dont je tiens les principales circonfiances de ce récit; quoique rien ne pût lui faire plus d’honneur que d’avoir eu la générofité de défendre, contre le cri public, & contre fon intérêt perfon- nel , l’infortuné Général : je dirai feulement que perfonne n’étoit plus en état de juger du fait avec connoifiance de caufè, que celui qui m’en ainfiruit. Je n’ai jamais connu Don Jacïnto de Segurola ; mais je n’ai pas cru devoir perdre l’oc- eafion qui s’efi préfèntée, de jufiifier la mémoire de cet Officier, en oppofànt aux bruits populaires un témoignage refpeélable. Qu’011 me permette ici une réflexion qui fè préfènte natu¬ rellement. Si le halard eût fait que les débris de l’efcadre angloile fiiffent arrivés quelques jours plufiôt aux ifies de j Fernande^, Quelquefois même ces changemens étoient en fèns contraire fur les différentes étoiles qui paffoienl fucceffivement dans la lunette peu de temps l’une après l’autre. J’avois en¬ voyé la fuite de mes obfèrvations à M. Bouguer , & il nç Biavoit pas encore communiqué les fiennes ; je ne les reçus qu’au Historique. ni qu’au mois de Décembre fuivant : mais fès lettres fùffifoient pour m’apprendre qu’il avoit auffi remarqué jufqu’alors datiez grandes variations , & quelles ne s’accordoient pas toujours avec celles que j’avois obfèrvées. Cependant nous 11’avions trouvé , ni l’un ni l’autre , rien qui pût fërvir à confirmer le fyflème de la période qu’a- voit foupçonnée M. Godïn. Ainfi M. Bouguer perûûoit à croire que le jeu d’hygromètre , qu’il attribuoit à ma lunette quoique fcellée, fuffifoit pour expliquer les changemens que j’avois remarqués; & quoiqu’il fût bien que le mur où elle étoit appliquée netoit pas expofé à l’air extérieur, il memar- quoit qu’en jetant les yeux fur la lifle de mes obfervations faites avec la lunette prétendue fixe, il étoit toûjours tenté de croire qu’il lifoit des obfervations météorologiques. 11 con- venoit que les effets de l’humidité fur mon mur ne pou voient fë manifeffer d’une manière prompte & fubite , outre que le petit limbe gradué que rafoit mon fil-à-plomb m’affuroit de la fiabilité de ma lunette; mais l’humidité, félon lui, pouvoir influer fur mes obfervations en plus d’une manière, & il avoit remarqué lui-même, avec fon feéleur mobile, un chan¬ gement notable, que cette caufe devoit avoir produit infen- üblement dans la courbure des foies de fon micromètre. D’ailleurs nous lavions alors que les différens états de l’at- mofphère faifoient varier pour le même obfêrvateur le foyer d’une longue lunette. En mon particulier, je l’avois remarqué plus d’une fois, Si noté fur mon journal dès le 26 Novembre & le 27 Décembre 1740. J’ignore encore quand M. Bou¬ guer, à qui je fs part de mes remarques, s’afîùra du fait par lui -même; mais dans le temps dont je parle, un grand nombre d’obfèrvations ne permettoient plus de le révoquer en doute. On voit que la complication de ces diverfès caufès d’erreur & d’incertitude, les rendoit fort difficiles à démêler les unes des autres, fur- tout fi l’on y joint celles qui provien¬ nent de l’imperfeélion de nos fens ; comme la difficulté d’efli- mer le point où répond un fil -à- plomb, qui paroit quel¬ quefois, après de longues ofcillations, s’arrêter en différens Q 1741. Juillet . Elles n’ont point de pério¬ de réglée. Ei ■reurs d'op¬ tique, &c. 1 74 1 • Juillet. Août. Nouvelles d’Europe. Projet de re¬ tour par fa ri¬ vière des Ama¬ doues. ï 22 Introduction endroits , &c fèmbîe y refier immobile. Audi M. Bouguer me marquoit- il par fa lettre du 20 Juillet, qu’il n’y avoit que la patience qui pût , fi nous continuions nos travaux, moi à Quito, & lui a Tarqui, nous apprendre ce qu’il falloit penfer de tout cela. Je n’avois garde de ne pas déférer à un avis fi fàge: ainfi nous continuâmes de part & d’autre nos oblervations jufi qu’à la fin de l’année. On reçut à Quito , vers le commencement du mois d’Août, des lettres d’Europe, & d’anciennes gazettes, qui avoientpour nous tout le mérite de la nouveauté. J’y lus une nouvelle, dont la faufîèté, qui n’étoit que trop évidente, m’affligeoit fênt- fiblement. On affuroit que nous étions partis de Quito, pour revenir en France, au mois de Juillet 1740. Je reçus par la même occafion une lettre de M. le Comte de Maurepas , au fujet des différentes routes que nous avions proposes pour retourner en France. Je ne puis bien faire entendre de quoi il . eft ici queflion, fins reprendre les choies de plus haut. Dès le temps de notre arrivée à Panama , ou même à Porto be/o , M. Godin avoit penfe qu’après notre commiffion exécutée , nous pourrions nous embarquer tous fur la rivière des Amazones , pour revenir en Europe. Je ne connoifîôis alors ce chemin que par la traduction françoifè de la Relation du Père d’Acuna , écrite en efpagnol en ï 640. Cet auteur donne au Maranon ou fleuve des Am avoue s , depuis le lieu d’em¬ barquement le plus voifin de Quito , 1350 lieues de cours jufi qu’à la mer, ce qui, fur le pied de dix-fèpt lieues & demie au degré, félon l’ancienne évaluation * des lieues efpagnoles, ferait plus de 1900 de nos lieues communes. La leéîure de cet ouvrage ne pouvoit me faire regarder ce chemin que comme le plus long & le plus difficile de tous; & j’étois fort éloigné de goûter un projet qui ne fémbloit propre qu’à reculer le terme de notre retour en France. Depuis mon fejour à Quito, des informations plus exactes, tirées de divers Millionnaires s * M le Commandeur Don George Juan a prouvé depuis, que îa vraie Üieue de Caftilfe cfl; de i 5 000 pieds, & de 26 i lieues au degré. Voy. Obfer « vacwnes aftronomicas y phyficas. Madrid, , pag. joo & J HrsroRrauE. 123 avoient réformé mes premières idées : je m’étoîs convaincu qua la vérité cette route étoit impraticable pour une com¬ pagnie nombreufe, telle que la nôtre; puifqu’il eut fallu pour chacun de nous, ou du moins de deux en deux perfonnes, lin canot 8c un équipage de fèpt à huit rameurs; 8c que fou- vent il n’eut pas été pofhble d’en trouver un h grand nombre: mais les chofès étoiént fort différentes pour un ou deux voyageurs : je voyois même l’avantage , en prenant ce che¬ min , de ne pas faire un fèul pas qui ne m’approchât de la France. D’ailleurs, en fûivant le fleuve jufqu’à la mer, je devois me trouver fort près de Cayenne, où je jugeois que je pourrais m’embarquer fur le vaifîèau du Roi qui aborde tous les ans à cette colonie. Quant aux incommodités, inféparables d’un pareil' voyage, je ne doutai pas qu’elles ne fufîent exa¬ gérées; 8c tout ce que j’en entendois dire, ne fervoit qu’à redoubler le defir que j’avois de m’afîurer par moi-même de leur réalité. J’avois propofe dès 1 7 3 8 à M. le Comte de Maurcpas, mon idée au fujet de mon retour, conformément à ce projet; 8c pour prévenir tout obftacle, en cas quelle fût approuvée, 8c que je 11e changeaffe pas d’avis , j’avois prié dans le même temps M. le Marquis (XArgenfon , alors nommé Ambafïàdeur à la cour de Portugal, de vouloir bien folliciter en ma faveur des paffèports de S. M. P. pour me faciliter le paflage fur les terres de fà domination. Les lettres que je venois de recevoir ne m’apprenoient rien au fujet de l’expédition des pafTeports; mais feulement que l’intention du Roi étoit que nous revînffions le plus promptement qu’il nous ferait polfi- ble , 8c par le chemin le plus court ; ce qui me rendit pour lors incertain fur le parti que j’avois à prendre. Je dirai en Ion lieu ce qui fit renaître mes anciennes idées, 8c acheva de me déterminer fur le choix de ma route. Le 1 5 Août, les charges 8c informations fi long-temps attendues de Cuenca arrivèrent enfin , 8c furent remifès au greffe de l’Audience royale : elles avoient été jufque là fecrettes. On me dit alors que je pouvois en demander communication: Qij I74I* Août* Proccj crimiiie!» 1 7 4- ! * Août. M. Cod'm re¬ vient de Mira. Martre & - infeription à Quito. Septembre. Les deux Offi¬ ciers efpagnols reviennent de jLinta. 124 Introduction je J’obtins fe 2 1 ; je trouvai un in-folio de mille pages, qu il me fallut déchiffrer, avant que de travailler à une requête pro¬ portionnée à l’énormité du volume dont elle devoit contenir un extrait. M. Gcclin étoit revenu depuis deux jours de Mira , remis à peine d’une fièvre tierce qu’il avoit gardée fix femaines. Cet accident efl fort commun dans les pays chauds & humi¬ des, tels que celui qu’il venoit d’habiter. Du relie, il avoit eu un allez grand nombre d’obfèrvations pendant les mois de Mai & de Juin; tandis que M. Bouguer n’avoit pu réuffir à en faire aucune à Tarqui. Au mois de Juillet, le temps devenu plus favorable à M. Bouguer , fut très - contraire à M. Godin : ce qui fit qu’ils n’eurent aucune obfervation correfpondante. Il y avoit déjà quelques jours que j’avois commencé de faire graver fur le marbre dont j’ai parlé, l’inicription qui contenoit le réfultat de nos principales opérations, dans le pays que nous habitions depuis cinq ans. Le graveur, qu’on m’avoit indiqué comme le meilleur pour cet ouvrage , étoit un Indien, feuipteur en bois de fon métier. Il ne favoit pas lire ; ainfi j etois non feulement obligé de compafler les lignes & les efpaces , mais de lui deffiner , avec la dernière préci- fion, toutes les lettres, points & virgules, en forte qu’il n’eût qu’à fuivre les contours avec le burin. II travailloit fous mes yeux ; & fi je m’abfentois un moment , je netois pas fur de le retrouver, à moins que je ne l’enfermaflè fous la clef. Sou¬ vent plufieurs jours fe pafloient fans que je le viffe paroître. Il ne gravoit ordinairement qu’une ligne par jour: fon travail dura f ix femaines. Le 5 Septembre, Don George & Don Antoine de Ulloa revinrent de Lima, où le Viceroi les avoit occupés depuis près d’un an. J’ai déjà dit qu’après le retour au Callao des quatre vaifieJfix qui avoient croife plufieurs mois fur les côtes du Chili, & fur les ifles de Fernandei, fans rapporter aucune nouvelle des Anglois, on avoit jugé, avec la plus grande vrai - fèmblance , qu’il n’y avoit plus rien à craindre Historique. 125 de 1 ennemi cette année. La fàifon étoit trop avancée pour 174,1. tenter ie pafîage du cap Horn, qu’on ne peut guère franchir, Septembre . en venant d’Europe, qu’en plein été; c’eft-à-dire, en ce pays- là, vers le mois de Janvier ou de Février. Dans cette fuppo- fition , nos deux Officiers efpagnols avoient obtenu du Vice- roi la permiffion de revenir à Quito, pour faire l’obfervation agronomique qui leur manquoit à l’extrémité feptentrionale de la méridienne. Ils avoient offert de retourner fur leurs pas au premier avis que leur préfênce fèroit jugée néceffaire : ils ne s’attendoient pas à être rappelés fi tôt. M. Go Ain leur avoit laiffé tout monté à Mira le fèéleur Oâobrc. avec lequel il avoit oblêrvé ; mais une autre affaire retint ces Novembre. JVÏeffieurs à Quito pendant trois mois. J’ai tout lieu de croire ^ . Pr°cès al5 qu’ils ont eu plus d’une fois regret d’avoir employé un temps mîdes.05 P}'^ précieux , & qui fuffifoit pour terminer leur travail , à m’inten¬ ter un procès politique, au fujetdes pyramides & dei’infcrip- tion: procès, au refie, qui n’a jamais altéré les fèntimens d’eE time & d’amitié dont j’ai toujours fait profeffion à leur égard, & dont ils ont paru m’honorer avant & depuis ce temps-là. Puis-je douter qu’ils ne fê loient repentis d’avoir perdu une fi belle occafion d’achever leur obfèrvation , lorfque je me rap¬ pelle le temps & les fatigues qu’il leur en a coûté depuis pour réparer ce délai! un voyage pénible & dangereux de Guaya¬ quil à Quito , entrepris par Don Antoine de Ulloa dans la plus fàcheufè fàifon * ; fon retour précipité fur les pas de Quito à Guayaquil , & de Guayaquil à Lima avec Don George , pour obéir aux ordres du Viceroi; un autre voyage de 800 lieues, qu’ils furent obligés, l’un <5c l’autre, de frire trois ans après, uniquement pour revenir à Quito terminer leur travail, & retourner encore à Lima , où ils s’embarquèrent enfin pour l’Europe en Oéfobre 1 7 44. Le 5 Décembre, au moment où ces deux Officiers fè Décembre, difpofoient à le rendre à Ivlira avec notre Horloger, qui devoit les y accompagner, & mettre le feéleur en état, on reçut à Quito la nouvelle de la prife & du pillage de Pdita ,■ réduit ,„Lcs J*iI1p,°Ais 110 pillent & brû- * Voyez ci-après, Janvier 1 742 , page 1 34. km Paita. Q üj I74I* Décembre. Leurs aven¬ tures dans la mer du lud. On craint pour Guaya « cjuil. Confeil de guerre à Quito. 126 Introduction en cendres le 2 4 Novembre précédent par cette même efeadre qu’on croyoit, ou périe, ou de relâche à la côte du Bréfil. J’ai dit que le Commandant anglois avoit reconnu la grande iile de Juan Fernande £ trois jours après le départ des vailîèaux espagnols. A peine avoit-il pu gagner le mouillage: plufieurs de les malades expirèrent dans les chaloupes qui les tranfpor- toient à terre , d’autres en atteignant le rivage ; & la morta¬ lité continua plus de trois lemaines après le débarquement. Ceux qui échappèrent au Icorbut reprirent enfin, & peu à peu, leurs forces. Ils avoient trouvé dans fille, des chèvres iauvages , & fur les côtes une grande quantité de poifîon de toute efpèce. Les équipages eurent le temps de fe rétablir de leurs fatigues paffées , de lèmer & de recueillir du riz & divers légumes , dont ils avoient apporté les graines d’An* gieterre : enfin ils réparèrent à loifir tous leurs dommages pen¬ dant un lejour tranquille de quatre mois. Alors ils remirent en mer , firent plufieurs prilès fur les Efjaagnols près des côtes du Chili; & enfin ils venoient de furprendre, pilier & brûler Paita. On douta de cette dernière nouvelle à Quito jufqu’au p Décembre, qu’on en reçut la confirmation par une lettre du Corrégidor de Guayaquil , qui demandoit du lecours ; per- fuadé que de Paita les ennemis viendraient attaquer la Place. La crainte du Corrégidor étoit fondée; mais lorlqu’on reçut le 5 Décembre à Quito le premier avis du lac de Paita , & à plus forte raifon le 9, il étoit évident pour ceux qui con- noilfent le pays & les vents qui régnent dans ces parages, que l’expédition de Guayaquil étoit faite ou manquée; <3c encore plus , quelle ferait l’un ou l’autre avant l’arrivée du lecours le plus prompt, qui ne pouvoit s’y rendre en moins de douze ou quinze jours de marche. Cependant 011 tint le p un Confeil de guerre à Quito , où probablement on n’en avoit pas tenu depuis le temps des guerres civiles du Pérou dans le xvi.e fiècle. Le rélultat fut qu’on lecourroit Guayaquil. Le 1 2 , on apprit par une lettre de Monte Chrijlo , proche Alanta, que les Anglois avoient débarqué le 3 leurs prifonniers elpagnols fur cette côte; & Historique. ny par conféquent qu’ils étaient fous le vent de Guayaquil à plus de cent iieues , & en route , vent en poupe , pour ia côte de Panama ou du Mexique. On ne iaiffà pas de faire partir de Quito ie i 5 , foixante hommes de nouvelle levée, la plufpart tirés des pliions. Cette troupe devoit le joindre en chemin aux recrues des petites villes & bourgs de Latacunga , de Hambato , de Rïobamba & de Guaranda. Le tout montait à i 80 hommes, non compris 6 o que le Corrégidor de Cuenca devoit aulîi conduire à la Place me¬ nacée. Le Préfident de Quito, Gouverneur & Capitaine géné¬ rai de la province, prit le 14k route de Guayaquil à la tête de cette milice : il 11e paffà pas Guaranda. Le 1 6 il fut luivi par nos deux Officiers espagnols , nommés par l’Audience royale pour commander les troupes de la province; ils arri¬ vèrent à Guayaquil le 24. Je reviens à ce qui le paffbit à Quito , où leur ablènce me laiffoit le champ libre. Us étaient partis avant que le procès qu’ils me fàiloient au fujet des pyramides fût jugé : cetoit au moins le fept ou huitième dont je me trouvois chargé ; deffinée fingulière pour un homme qui julque-Ià n’en avoit connu que le nom. Je dois dire pour mon honneur , que je n’en ai perdu aucun , &: que j’ai gagné tous ceux que j’ai pû parvenir à faire juger. Celui du meurtre de M. Seniergues & de l’émeute de Cuenca en avoit engagé un autre devant le Juge eccléfiaftique , contre ie grand Vicaire de cette ville, ennemi déclaré du nom françois, <8c premier mobile de la ledition où nous avions tous couru rifque de 1a vie. J’avois cru devoir rendre plainte à l’Officia- lité contre ce grand Vicaire, & demander permiffion d’infor¬ mer. Il m’avoit encore fallu recourir au même tribunal , pour avoir raifon d’un dépôt d’effets appartenans en partie à feu M. Seniergues, & dont j’étois obligé de rendre compte aux inté- reliés. La partie adverle avoit pour défenlèur le plus célèbre Avocat de Quito , qui étoit auffi Commiffàire de l’Inquifition : cette affaire me brouilla avec lui , quoique nous euffions été julque-là fort bien enfemble, & allez pour qu’il eût, à ma Jôilicitation , donné depuis quatre ans un logement chez lui à 1741. Décembre; Secours en¬ voyé à Guay&~ quil. Procès divers. 1 741 • Décembre . * 2 s. Fin des obfer- vations de M. Bcuguer à Tar- qui. 128 Introduction M .Bouguer, qui ie confêrva jufqu a ion départ de Quito en 1743. Le déni de jufïice de i’E'vêque, qui n’avoit pas fait droit fur ma plainte réitérée contre (on grand Vicaire, m’avoit forcé, après deux ans, d’appeler au Métropolitain, & de pré- fênter une requête à l’ Audience roy de, pour obtenir que l’Evê¬ que fut exhorté: formalité pratiquée en Efpagne en pareil cas entre les juges eccléliafliques & laïques. Ainfi, (ans compter mon procès perfonnel contre le Préfident, duquel la lettre du Viceroi *, équivalente à un arrêt , m’avoit fait débiter en 173 7, j’en avois un contre les meurtriers de Séniergues, un contre ie grand Vicaire, un contie l’Evêque, un contre l’inquifi- teur, &un, en mon propre nom, contre les deux Officiers efpagnoîs. Outre cela, je n’avois pû éviter, en mon particu¬ lier, trois indances judiciaires, à moins de confèntir à perdre volontairement ce que j’avois prêté «à divers parculiers, uni¬ quement pour les obliger. Je ne compte point une autre difcudlon qui regardoit encore la fuccelfion du défunt, parce que M. de JuJJieu mon co-exécuteur teftamentaire, qui s’eu étoit chargé, m’en épargna les foins. Au milieu de tous ces embarras, notre grand procès avec les étoiles, dans lequel nous étions juges & parties, étoit celui de tous qui me tenoit le plus au cœur. Dans le temps où nous ie croyions terminé , il fê trouva malheureufèment fujet à révif ion. Le 1 5 Décembre, je reçus la lide des obfèrvations que M. Bouguer faifoit à Tarqui depuis le commencement de Mars, & qu’il avoit enfin achevées le 4 Décembre. Je recon¬ nus, en voyant leur réfultat, ce qu’il netoit plus poffible de me diffimuler , & ce que M. Bouguer me marquoit ne m’a¬ voir déclaré qu’à la dernière extrémité , dans la crainte de me donner un faux avis. Je n’avois reçu que le 1 .er Décembre fà lettre du 6 Novembre, par laquelle il m’annonçoit que la mefure des degrés du méridien, que nous regardions comme confômmée depuis plus d’un an, ne pouvoit encore l’être de plnfieurs mois ; & qu’enfin il me falloit retourner à Tarqui , pour y obfêrver à mon tour, & me convaincre par moi- ïxiême , comme il s’en étoit déjà convaincu , que nous devions abandonner HlSTeRItZUE. 129 abandonner nos anciennes obfervations de 1739, troP diffé- 1741. rentes de celles qu’il venoit de faire dans le même lieu, & Décembre . auxquelles il travailioit depuis neuf mois. Le défaut de lolidité dans l’enfemble de notre ancien fèéïeur avoit caufe tout le mal: il n’avoit pas fallu à M. Bouguer moins de temps ni moins de confiance pour le garantir des mêmes inconvéniens, & pour s’afîiirer que fes nouvelles obfervations n etoient pas fujettes à la même erreur que les anciennes. Un plus long détail à ce fujet feroit ici déplacé : on le trouvera dans l’ouvrage fuivant (Part. II, art. xi, p. 152). Ni. Bouguer me marquoit qu’il revenoit à Quito , mais qu’il me laiffoit l’inflrument tout monté dans l’obfêrvatoire ; & que la même perfonne qui l’avoit aidé dans le cours de les obfervations , m’attendroit à Tarqui. Raifom pour J’avois bien pré vu que le nouveau réfultat pourroit donner répéter les , r 1 i 1 j • ,, . . obfervations à quelques lecondes de plus ou de moins que 1 ancien : une petite Tardai différence diftribuée fur trois degrés, feroit devenue prefque infênfibie; & pour lors je n’aurois pas balancé à m’en rap¬ porter à M. Bouguer, fans me croire obligé d’entreprendre un long travail & un long voyage pour un objet de peu d’im¬ portance. Le cas devenoit fort différent : je voyois entre notre première obfèrvation de 1739, & k nouvelle, une différence de plus de 2 o fécondes ; même de près de 3 o , car elle nous a paru telle tant que nous n’avons pu appliquer la correéïion qui réfulte de l’aberration de la lumière. Cinq à fix réfui tais, indépendans l’un de l’autre , confirmoient la nouvelle détermi¬ nation. M. Bouguer me mandoit, qu’il avoit été aujfi étonné , qu’il jugeoit que je le ferois , de tout ce qu’il m annonçait . Je 11e pouvois donc plus me difpenfér de me convaincre par mes yeux d’un fait important, dont je devois dépofér comme témoin. D’un autre côté , la même caufé d’erreur pouvant avoir influé fur nos obfervations au nord de la méridienne, auffi-bien que fur celles que nous avions faites au fud, je jugeois que nous ferions encore obligés de répéter les obfer¬ vations à Cotchefqui. Dans le temps que ces affligeantes nouvelles me par- Affaires graves vinrent, le procès au fujet des pyramides étoit prêt à être a R 130 Introduction 1741. rapporté : celui de l’affaire criminelle de Cuenca n’étoit guère Décembre, moins avancé; je travaiilois actuellement à ma dernière re¬ quête, dans laquelle je réfumois tous les faits & toutes les procédures, pour en mettre le précis fous les yeux des juges, & obtenir un plus prompt jugement. Ces deux conteftations intéreffoient, j’oie le dire, l’honneur de la nation & celui de l’Académie. J’ai remis le détail hif torique de la première affaire à un article exprès. Quant à la féconde , il ne s’agifîoit pas feulement de la mémoire du défunt , que je devois défendre comme exécuteur teftamen taire : un meurtre qui avoit toutes les apparences d’un afîaffmat prémédité ; le droit des gens violé dans nos perfonnes fans le moindre prétexte ; mal¬ gré la proteétion & la recommandation fpéciales de Sa Ma- jefté Catholique; les calomnies dont on avoit voulu nous noircir, en nous impliquant dans une procédure criminelle, étoient des objets afîèz importans pour mériter toute mon attention. La lettre, déjà citée, du Viceroi, & les conclu¬ rions du Procureur général, prouvent que je n’exagère rien: je n’ai fait que copier leurs expreffions. Sur la lettre de M. Bouguer , du 6 Novembre, j’avois cherché à douter qu’il fallût abandonner entièrement notre ancien travail à Tarqui; mais auffi-tôt que j’eus reçu, le 1 5 Décembre, la lifte de fés obférvations, depuis le mors de Réponfe à Mars, je lui répondis que je voyois avec douleur que nos M .Bouguer. travaux n’ètoient pas prêts de finir : que j’étois réfolu d’aller répéter l’obfèrvation à Tarqui, comme il me le confeilloit lui même: que j’allois couper court à tout ce qui auroit pu, dans d’autres circonfiances , prolonger mon féjour à Quito , où j’élois bien réfolu de ne plus revenir, dès que je pourrois m’en tirer : que les deux affaires principales dont je viens de parler, étoient fur le point d’être jugées: que je n’attendois que ce moment pour partir, & me mettre en état de pouvoir dépofér, comme témoin oculaire, de ce dont j’étois déjà per- fuadé fur fon fèul témoignage. Je le priois enfin de me laifler le feéteur en état à Tarqui , comme il me l’offroit par fa pre¬ mière lettre ; ce qui pourrait m’épargner un temps & un travail Historique. i 3 ï eonfidérables. Ma réponlè ne lui put être rend le allez tôt: ^74 1 . " il étoit déjà parti de Cuenca, d’où il rapportait le fecteur Déambre. démonté. C’eft ainfi que dans le temps où je me flattais , avec plus d’apparence que jamais , que tous les obllacles qui nous rete- noient depuis fi long-temps alloient être levés, & que je pour- rois me mettre en chemin pour revenir en France , je me vis obligé de recommencer un nouveau travail, devenu nécefîàire, pour ne pas rapporter des fujets de doute & d’incertitude , au lieu de leclairciflèment que nous étions allé chercher fi loin. Les derniers jours de l’année , on reçut nouvelle à Quito Mort du Cé- que le Général des galions Don Blas de Le7o , Lieutenant f!eral £,a" general des armees du K01 d Llpagne , etoit mort a Carthagene de Le?n. peu de temps après la levée du liège de cette place, à la dé- fenlè de laquelle il avoit beaucoup contribué. Nous devons à la mémoire un tribut de reconnoiffance. Lorfque feu M. Se~ niergucs avoit fait un voyage à Carthagene en 1 7 3 7 pour lès propres affaires, ii lit entendre à Don Blas , fans avoir été chargé d’aucune commilfion à cet égard, que les lettres de change de France ne nous parvenoient que fort lentement : fur ce ieul avis le Général nous écrivit une lettre, adrelîee Ses offres amc aux trois Académiciens, par laquelle il nous offroit un fecours Académiciens, prélènt de quarante mille piaüres , ou deux cens mille livres de notre monnoie. Nous le remerciâmes alors de les offres: les douze mille piafhes que je venois d’avancer , & les lettres de change que nous reçûmes peu après, avoient pourvu dans ce temps à tous nos beloins. Cependant M. Goditt ayant eu depuis recours cà Don Blas , toucha par fes ordres , quel¬ ques mois avant la mort , une lomme de vingt mille livres , que M. le Comte de Maurepas a fait rembourlèr aux hé- ïitiers. Don Blas de Lepo , dans là jeunelîè , avoit lèrvi dans la Ses fer vices, marine de France : il eut une jambe emportée d’un boulet de canon au combat de Malaga, à côté de feu M. le Comte de Toulon fe , dont il étoit Page. Il avoit conlèrvé pour la nation françoife une affedion dont il a louvent donné des R ij 1 74 1 • Décembre. Mariage de M ■ Godin des Qdonnais. y 132 Introduction preuves. On devoit lui en (avoir d autant plus de gré , qu’il faut avouer que nous ne favons pas toûjours nous concilier celle des étrangers. J’ai déjà parlé de l’accueil que nous avions reçu de la noblefle créole, ainh que des Gouverneurs & Commandans efpagnols. En général , les attentions ont été plus marquées, lorlque ceux à qui nous avons eu affaire étoient plus élevés en dignité, ou plus inftruits. La meilleure éducation triomphe rarement du préjugé national , mais elle en fauve les apparences odieufes; & le voyageur qui ne fait pas un long féjour, recueille de la politeffe de les hôtes à peu près le même fruit , que d’une bienveillance réelle. Tandis que des évènemens imprévus nous retenoient à Quito malgré nous, un de nos compagnons de voyage, M. Godin des O donnais, coulin germain de l’Académicien , s’y fixa par un établifîement. 11 avoit partagé le foin de faire placer les fignaux fur les montagnes dans le temps de notre niefûre trigonométrique : depuis quelle étoit terminée, fès fonélions, relatives à l’objet de notre million, avoient ceffé. Le 27 Décembre de cette année , il époula la hile de M. de Gramtiiaifon , François né à Cadi £, & depuis Corrégidor G O tavalo , dans la province de Quito, par la faveur du der¬ nier Viceroi de Lima, le Marquis de Caflelfuerte , auquel il s’étoit attaché en Efpagne , & qu’il avoit fuivi au Pérou. Je reçus l’année dernière, 1750, une lettre de M. des O donnais datée de la colonie portugaifè du Para: il me marquoit qu’il étoit venu reconnoître le chemin, & qu’il retournoit à Quito pour fè difpofèr à repafîèr en France avec fa famille, par la route que je lui avois frayée en defeendant la rivière des Amazones', & que plufieurs Efpagnols ont prifê depuis moi. M. le Com¬ mandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire de Portugal, a bien voulu fè charger de folliciter les pafîèports de S. M. P. que demandait M. des Qdonnais , & m’accorder pour lui une recommandation particulière au nouveau Gouverneur du Parai- Historicité. *33 Année 77^2. 1742. J’Éprouvois depuis plus de dix-huit mois, que le fejour Janvier.- de Quito étoit moins tranquille pour moi que notre vie errante des années 1738 & 1739, fur les montagnes de la Cordelière. Quelle que fût mon impatience de me tirer de cette ville, mon fort étoit d’y pafîer encore huit mois, dans l’efpérance toujours fpécieufe , & continuellement fru Urée , d'être à la veille de mon départ. Le 3 Janvier, M. B aligner arriva de Cuenca : il étoit parti M. Bouguer de Quito depuis onze mois, dont il en avoit paffè neuf à Culwa. ° Tarqui. Nous eûmes une longue converfàtion au fujet des nouvelles obfervations qu’il venoit d’y faire , & qu’il étoit malheureufèment néceffaire que j’allaffe y répéter. Cependant les troupes levées à la hâte dans la province de Alarme à Quito , & commandées par Don George Juan & Don An- Gua>aTu-L loine de Ulloa , étoient arrivées à Guayaquil L’alarme n’avoit pas encore ceflé dans cette ville : cependant les Anglois en étoient alors à plus de deux cens lieues , occupés à faire de l’eau dans l’ille de Quibo , bien au delà de Panama. Leur Général avoit eu grande raifon de ne point tenter de def cente à Guayaquil. A la vue réelle ou imaginaire de deux chaloupes, que l’on crut être venues pour reconnoître l’em¬ bouchure de la rivière, fept lieues au defîous de la Place; & même fur la première nouvelle de l’expédition de Pa'ita , les habitans de Guayaquil avoient tranfporté leurs effets de quelque valeur, dans les bois, dont tout le pays eft couvert. .A in fi , quand même les Anglois eu (lent forcé les batteries qu’on avoit élevées pour s’oppofer à leur débarquement, ils ïiauroient plus trouvé qu’un lieu défêrt , & qui ne valoit pas la peine detre racheté de l’incendie; la plufpart des nraifons de cette ville , quoique riche par fon commerce , n’étant confbuites que de rofeaux. Quand on fe fut enfin raffuré , & qu’on eut évidemment R iij. * i742* Janvier. Don Antoine de Ulioa revient à Quito. ïl repart pour Lima avec Don George Juan. Ils vont croifer fur les côtes du Chili. 134 Introduction reconnu qu’on n’avoit plus rien à craindre pour Guayaquil , à moins qu’il ne vînt d’Angleterre une nouvelle elcadre; les deux Officiers efpagnols convinrent entre eux que D011 George îeüeroit dans la Place, pour eue tout porté, en cas de quelque évènement imprévu , & que Don Antoine iroit faire i’obférvation qui leur manquoit encoie au nord de la méridienne. En conféquence de cet accord , cet Odicier revint de Guayaquil à Quito , dans le temps de l’année où le chemin efl entièrement rompu par les pluies. 11 perdit une partie de fon équipage en traveriant les rivières, & courut lui- même beaucoup de rifque Le 1 9 Janvier, à peine arrivé à Quito , il apprit que de nouveaux ordres du Viceroi le rap- peioient , lui & Don George Juan , à Lima fins aucun délai: il repartit le 22, avec les mêmes incommodités, pour Gua - yaquil , d’où fon camarade & lui payèrent aufTi-tôt à Lima. Malgré leur diligence, ils ne purent s’y rendre avant le dé¬ part d’une féconde elcadre, de cinq vailfeaux, nouvellement armée au Callao , port de Lima. Elle avoit ordre de chercher & de combattre Anjou, qu’on iuppofoit en vouloir à Panama; tandis que ce Général , fur les nouvelles du mauvais fuccès de l’expédition de Carthage ne , avoit pris la route d’ Acapulco, fur la côte du Mexique. Au mois d’Oélobre fuivant , Don George & Don Antoine eurent le commandement de deux fré¬ gates , pour aller croifer lur la côte du Chili, & fur les ifîes de Juan Fernande £, dans la crainte que les Anglois ne tentaffènt quelque nouvelle entreprifé : ils avoient ordre de lé joindre aux débris de l’efcadre de Don Joseph Piiarro , qu’on atten- doit de Buenos-aires, où l’on fut depuis qu’il avoit été forcé de relâcher une féconde fois, après avoir perdu tous lés mâts fur le cap Horn. Telle fut la deflination de nos deux com¬ pagnons de voyage , pendant le cours de l’année 1742: leurs occupations agronomiques ne remplifîoient que l’intervalle de leurs premières fondions d’Officiers de marine. Ils ont eu fur nous l’avantage d’expofér leur vie pour la défenfe de leur pays , fans ceflèr d’avoir part à un travail utile à toutes les nations. Historique. 135 _ Lorlque Don Antoine partit cle Quito , il ne manquoit plus 1742. que les conduirons du Procureur générai dans l’affaire des Janvier. pyramides & dans celle de Cuenca , pour rendre les arrêts défi- Obfhdes au nitifs , & je nattendois que ce moment pour aller répéter à deParïde(2ww* ' mon tour l’oblèrvation agronomique à Tarqui , extrémité auftraie de la méridienne. Pendant que M. Bouguer obier voit en ce même lieu l’année précédente 1741, j’avois prié M. Godin de me prêter fou lêétaur de 2 o pieds de rayon , pour m’en lèrvir au nord de la méridienne, à Cot chef qui, où je me propofois alors de retour¬ ner; & il y avoit conlenti làns difficulté : mais lors de nos der¬ nières conventions, luivant lelquelles M. Bouguer alloit à Cot- ehefqui , tandis que j’irois occuper fa place à Tarqui, M. Godin lui avoit écrit qu’il ne lui étoit plus poffible de tenir là pro- melîè , attendu que Don Antoine de Ulloa, dans les trois jours qu’il avoit paffés à Quito , avoit obtenu du Préfident.un ordre, pour que l’inflrument, que M. Godin avoit laide tout monté à Mira depuis Ion oblervation de 1741, reliât en place dans ce même lieu jufqu’au retour des deux Officiels efpagnols» M. Godin nous offroit, à M. Bouguer <3c à moi, par la Fropofiuoiu même lettre, une nouvelle correlpondance d’oblèrvations, qui 11’avoit pu réuffir l’année précédente aux deux extré¬ mités de la méridienne: il s’engageoit d’aller recommencer d’oblêrver au nord de l’arc à Mira, au cas que M. Bou¬ guer & moi retournaffions à Tarqui , à l’extrémité fud; & fup- polé que M. Bouguer n’acceptât pas cette proportion , & qu’il voulût feulement lépéter i’oblèrvation à Cotchej'qui pendant que je la répéterais à Tarqui , M. Godin lui offrait de s’obli¬ ger à rembourler, quand il le pourrait, les frais de la conff truélion d’un nouveau lèéleur , qui ferait nécelîaire en ce cas. M. Bouguer , content de fon dernier travail à Tarqui;, où il avoit padé neuf mois , & ne jugeant pas que nos an¬ ciennes observations de Cotchefqui euffent beloin d’être répé¬ tées , paroidoit réfolu de partir , làns délai , pour revenir en France. Je lui repréfentai qu’il ne pou voit le dilpenfer d’attendre ïtaifonspouï 136 Introduction 174-2. ” au moins le réfultat des obfervations qu’il étoit néceffiire, de Janvier. f°n aveu même, que j’allafîè recommencer à larqui ; d’ail- répéter les o b- leurs, le temps où je fèrois occupé au lud de la méridienne, ne deuxt!exn-émiX Pouvo^ être plus utilement employé , pour notre ouvrage, tés de l’arc & qu’à répéter auffi nos oblervations au nord de l’arc , puifque tcmp?£me ^ ilous n’avions pas tout-à-rait les mêmes raifons de les loup- çonner que celles du lud , l’exemple de l’erreur que nous avions commife lur celles-ci, fuffifoit pour nous donner de l’inquié¬ tude lur les autres, & nous engager à les vérifier. En effet, les oblervations de Cotchefqui, réduites à celles de Quito en 1 7 3 6 & 1737, paroifloient alors en différer de 9 fécondés, fui vaut le calcul que j’envoyois à M. Bouguer, & le feul que nous pouvions faire , jufqu’à ce que nous puffions le corriger par l’aberration de la lumière , & lavoir fi cette correction aug- menteroit ou diminuerait la différence apparente. M- Bouguer ne fè rendoit point encore : tout proches voi- fins que nous étions à Quito, nous paffions les journées à nous écrire: les lettres me font trop précieufes, pour en avoir perdu aucune. Après fept ans de fatigues & de dangers , il fè croyoit, avec raifon, difpenfé de prolonger fon fejour en Amérique, à moins d’une néceffité évidente : il ne confultoit que fou jufte empreffement pour revoir la France , & peut-être dou- îoit-il que mon impatience fût égale à la tienne. J’ofai m’ex- pofer à confirmer les foupçons : je lui repréfentai le rifque que nous courions , fuppofé qu’il partît avant que j’eufîè répété comme lui les oblervations de Tarqui , fi malheureufèment je trouvois un réfultat différent du fien; fans avoir pu, fur les lieux , reconnoître la fource de cette différence : que fi la même chofè arrivoit à M. Godin, quant à la valeur du degré, n etoit-ce pas nous expofer à rapporter en France trois déter¬ minations différentes, au lieu de celle qu’on attendoit d’un travail qui devoit être commun , fuivant les intentions de l’Académie , & les ordres du Roi qui nous avoient été décla¬ rés par les lettres du Miniflre \ Une fouie d’autres raifons fè joignoient à des motifs déjà fi puiffans & fi décififs» N 03 obfèrvatipns aux deux extrémités de l’arc Historique. 137 Tare navoient pas été faites dans la même fai Ion de l’année: 17420 nous ne pouvions donc, faute de connoitre les loix de l’a- Janvier \ berration de la lumière , calculer actuellement la vraie am¬ plitude de cet arc, ni conclurre la jufte valeur du degré-. Il pouvoit y avoir , ou l’on pouvoit découvrir dans la fuite, des variations apparentes ou réelles dans les étoiles; & cela foui pouvoit expofor notre conclufion à des doutes, du moins à des chicanes. Le plus fur moyen de couper court à toutes les difficultés, bonnes ou mauvaifos, étoit de Lire aux deux extrémités de l’arc, des obforvations fimultanées, pour fup- pléer à celles que M. Bouguer n’avoit pu faire l’année pré¬ cédente, en correlpondance avec M. GoAin. De ces obforva- tions d’une même étoile , frites à la même heure , & prelque fous le même méridien , on pouvoit déduire l’amplitude de l’arc compris entre les zéniths des deux obfèrvateurs-, quel¬ ques mouvemens irréguliers qu’on voulut fuppofor dans l’é¬ toile ; au lieu qu’un obfervateur foui ne pouvoit fo procurer cet avantage: d’où je concluois que fi, contre toute apparence, le réfultat de M. GoAin fo trouvoit différer fonliblement du nôtre, il n’en pourroit balancer l’autorité. Enfin j’offrois à M. Bouguer de faire, dans le moment même, les avances né- cefiaires pour la conftruétion du nouveau foéteur dont nous avions befoin pour cette double obforvation , & qu’il feroit conftruire à fon gré. J’infiflai, je priai, mes inftances furent fi vives, que j’obtins enfin fon confontement, qu’il accorda fans M. Bouguer doute à la force de mes raifons , en paroifiant ne céder qu’à obfervatiom* mon importunité. Le fieur Hugo fut auffi-tôt chargé de tra- fmuitanées. vailler au nouvel infiniment. Une affaire d’une autre nature occupoit dans le même Février. temps M. GoAin , & l’on ne peut douter quelle ne méritât Rim'r.e ^ Ion attention a plulieurs égards: 11 a meme déclaré par écrit, lit. que quelque étrangère quelle parût à l’objet de notre voyage , elle y foroit plus utile qu’on ne penfoit, fi elle étoit luivie d’un heureux fuccès*. J’ai dit qu’en 1 740 Quito étoit devenu voy. i7y0e Août, j>. p 6. * M. Godin avoit deffein de mefurer un ou deux degrés dans I’hémi- fphère auftral fur la côte du. Chili, par 45 degrés de latitude. 3 1 3 S Introduction j 742. l’entrepôt de toutes les richefîes du Pérou, lorfque le Viceroi Février, de Lima eut fait rembarquer à Panama pour Guayaquil, <3c tranlporter de Guayaquil à Quito , le trélor des galions , afin de le mettre en lürete contre tout évènement. Le commerce entre Quito & Carthage 11e étoit aufîi vif & auffi continuel, lur- tout depuis la levée du liège, que fi ces deux villes n’eulient pas été léparées par 400 lieues de très-mauvais chemins. Tous les négocians du Pérou , tous les commilfionnaires d’Elpagne. failoient pafler leur argent de l’une à l’autre, & rapportoient en échange les marchandifes d’Europe qui étoient reliées en dépôt dans la dernière. O11 ne voyoit lur le grand chemin de Carîhagène à Quito , que mulets chargés d’or ou d’argent : un de ceux-là , dont la charge étoit de la valeur de 8 o mille pialhes , ou d’environ 400 mille livres de notre monnoie, en pallant fur un pont à dix ou douze lieues de Quito , tomba dans la rivière de Pif que. La profondeur de l’eau dans cet endroit , étoit de 1 5 à 18 pieds , & il y avoit un gué un peu plus bas : il n’étoit donc pas douteux que les cailîes d’or ne fufiènt refiées dans le lieu même de la chute. Après avoir employé vainement l’art des plongeurs, on ne trouva plus d’autre expédient que de détourner le lit de la rivière. Les intérefîés s’adrefsèrent à M. Godin , qui l’entreprit & y réulfit à trois différentes reprifès, en furmontant les obflacles que la nature du terrein, la difficulté de trouver les matériaux propres à faire des digues, & la mal-adrelfè des ouvriers, oppoloient à un genre de travail dans lequel il n’avoit lui - même eu juf qu’aiors aucune expérience ; mais chaque fois que la rivière fut détournée, & quelle eut pris fon cours par le nouveau lit qu’il lui avoit creufé , une de ces crûes d’eau iubites & impé- tueufes, auxquelles elle ell lujette par la fonte des neiges, força toutes les digues , ruina les travaux de plufieurs mois , & anéantit jufqua l’efpérance d’un plus heureux iuccès. Communies- Avant le départ de M. Godin pour Pifqué , je l’a vois prefle tion réciproque . r 1 , . . 1 . de ia valeur du de nouveau lur la communication mutuelle de ta valeur que propo- cJiacun de nous affignoit , d’après les propres obfèrvations8. au degré du méridien. M. Godin me répondit qu’il n’aurok Historique. 139 pas balancé à nous communiquer fon réiultal , à M. Bougucr & à moi, s'il eût pu partir auffi - tôt que nous pour 1 Eu¬ rope; mais qu’il avoit des ordj es précis de ne tailler aucune dette dans le pays , & qu’étant obligé d’y relier jufqu a ce qu’il eût de quoi lâtisfaire à celles qu’il avoit contractées pour le iervice , il ne vouloir pas que d’autres que lui même annon- çalfent en France le rélultat de les opérations. J ’in liftai , en reprélentant à M. Godin que la railon qu’il alléguoit devoit céder à un intérêt plus important , & que nous ne pouvions, lâns manquer à notre devoir , négliger de nous allurer , avant notre féparation , fi nos diverlés melures s’accordoient luffi- lâmment , ou du moins li la différence n’excédoit pas les limites des erreurs dont il n’eft pas poffible de répondre dans les obfèrvations les plus exactes ; ahn que fi cette différence étoit plus grande, nous pûffions, fur le lieu même, remonter à la fource , tandis qu’il en étoit encore temps. Il eft vrai que nous ne pouvions efpérer de M. Godin une communication bien complète de la mefure du degré, puifqu’il n avoit pas encore lié fon obfèrvatoire feptentrional , qui netoit pas le même que le nôtre, à la fuite des triangles de la méridienne; mais nous nous contentions , M. Bougucr & moi , de la com¬ munication du réfultat que M. Godin pouvoit tirer de la com- paraifon de fon oblervation à Cuenca , avec celles que nous avions fûtes tous enlèmble de la di fiance de la même étoile au zénith de Quito , pour vérifier le feéteur, après les fohtices de Décembre 1736, & de Juin 1737* M. Godin convenoit de la néceffité de reconnoître fi nous étions d’accord dans certaines limites ; mais il ne goûta pas les divers moyens que je lui propolai fucceffivement pour faire cette vérification, même en le réfèrvant , comme il le fouhaitoit, le lecret de fon nombre. Un de ces moyens con- fifloit à faire fouf traire le plus petit de nos deux nombres du plus grand, par quelqu'un qu’on pouvoit choifir, en lui laif- fant ignorer à qui de nous appartenoit chaque nombre, & qui , lans même favoir de quoi il étoit queltion , nous diroit feulement fi la différence des deux nombres qu’on lui S ij 1 742. Février. 140 Introduction préfenteroit , étoit plus grande que 40 ou 5 0 toiles, ou que telle quantité dont nous ferions convenus. Enfin j’imaginai un dernier expédient , que M. Godin adopta: forme elle lïit faite. 1 742, Février. Mars. En quelle nous convînmes de nous communiquer réciproquement , cha¬ cun b minute de notre degré, en nombre rond de toiles, fans déclarer la fraéf ion. Lon voit bien qu’il fiiîloit une toile entière de différence fur la minute, pour produire une différence de 60 toiles fur le degré. Je communiquai donc, de l’aveu de M. Boi/gi/er, le nombre de toiles de notre minute ; je fis en gros ce calcul d’après le changement que les dernières oblèrva- tions qu’il veuoit de faire à Tarquï fèmbloient apporter à notre ancien réfultat. Notre nombre rond, 945, fe trouva moindre d’une toife que celui de M. Godin: nous pouvions donc alors foupçonner une différence de 60 toifes entre Ion degré & le nôtre. Mais aujourd’hui , par le même calcul fait avec plus de précifion , & corrigé par l'équation pour l’aberration de la lumière, notre minute, lèlon M. Bcuguer & moi, leroit exprimée par le même nombre rond de toiles que M. Godin nous donna, qui étoit 946; & comme la valeur exaéle de notre minute diffère à peine aujourd’hui de 5)46 toiles com¬ plètes , il s’enfuit que la fraétion que nous ignorons encore du nombre de M. Godin , ne peut faire différer là minute de la nôtre que d’une demi -toile au plus; & qu’ainfi la diffé¬ rence de fon degré au nôtre ne peut palîèr 3 o toifes , & probablement eft beaucoup moindre. Cette communication fut faite réciproquement le 22 Mars. De plus , M. Godin nous envoya le 29 Ion vrai nombre déguilé fous un chiffre en lettres , dont il le réfervoit l’expli¬ cation à fon retour en France. J’ai rapporté de fuite ce qui regardoit cette affaire : je reviens à quelques évènemens qui l’avoient précédée. Ce fut à peu près dans ce temps-là que M. Verguin remit à chacun de nous, M. Godin , M. Bongtier & moi, une copie très proprement deffinée de la carte du terrein traverle par notre méridienne, Sc compris entre les deux chaînes de montagnes qui renfermoient nos triangles. Cette carte étoit Carte de îa méridienne. Historique. i 4 i en grande partie le fruit du travail particulier de M. Verguin. 1742. Outre plusieurs obfervations de latitude qui lui appartenoient Mars. en propre, & fes relèvemens des principaux points , avec la boufiôle ; il avoit examiné dans fes courfes faitesipour placer les fignaux, la figure du terrein, & le cours des rivières qu’il a reprélênté fur la carte. Les points déterminés géomé¬ triquement par nos triangles ont fervi à lui donner plus de pré- cilion. J’ai tâché d’y contribuer pour ma part, en commu¬ niquant à M. Verguin un grand nombre d’angles que j’avoîs obier vés, ou feul, par le moyen de la boufiole & du quart- de-cercie, ou avec Don Antoine de Ulloa, en nous 1er vaut de Ion graphomètre à lunettes, fur-tout pour fixer la pofition des lommets de montagnes qui n etoient point déterminés. Je joins à cet ouvrage une nouvelle carte de la province Cane déjà de Quito. Celle qui a été drelfée par M. Verguin, du terrein qu ’embraflènt nos triangles , occupe le centre de la mienne : tout le refie eft tiré de mes propres oblèrvations *, & des divers mémoires que j’ai recueillis fur les lieux. * Ma nouvelle carte de la province de Quito s’étend près de 7 degrés en latitude , & près de 4, en longitude. Tout le terrein qu’occupent les trian¬ gles de notre méridienne, renfermés entre les deux Cordelières , depuis un demi-degré au nord de la Ligne, juf- qu’à trois degrés fud , eft copié fur la carte dreffée par M. Verguin , c’eft le morceau le plus détaillé. La partie de 3a côte qui comprend près d’un degré en latitude, entre le cap San-Loren^o & Rio-jama, a été levée par M. B ou¬ blier Si par moi , conjointement, îorl- que nous débarquâmes en 1736 à Manta : je l’ai copiée fur la carte que j’envoyai à l’Académie la même année. Tout le relie de la nouvelle carte eft tiré , 1 .° De mes propres obfervations dans mes dilférens voya¬ ges particuliers aux provinces de Ef- meratdas , Guayaquil , Loxa , Vn- ruma, Piura , 'Fait a, Ja'ên , Borja, dVe> z° De ce que j’ai déjà dit (Mars ij 4.1, p. r 10) avoir em¬ prunté de feu D. Pedro Maldonado, quant à la partie fepïentrionale de la côte , que j’ai conflruite fur fes relève¬ mens, routes & diftances, depuis l’em¬ bouchure de Rio verde jufqu’à celle de Rio de Mira . 11 en eft de même du cours des rivières de Sant-Iago de la Tola, de Bobonaça & de Paflaça, que M. Maldonado avoit parcou¬ rues : le cours de ces deux dernières a été réduit fur fes obfervations par M. d’Anvil/e, 3.0 De divers mé¬ moires & informations que j’ai raf- femblés de toutes parts , Si dont je fuis fur-tout redevable au R. P. Ma- gnin , Jéfuite de Fribourg, ancien Millionnaire , Si Curé de Borja, aujourd’hui Profeffeur en Droit Ca¬ non h Quito, & Conefpondant de l’Académie. C’efl à lui que je dois tout le détail qu’a pu contenir la carte à l’orient des Cordelières : mais j’ai redifié toutes les politions par la S iij S ;:i^2 Introduction i 742."' Le 8 Mars, il y eut deux tremblemens de terre à Quito , Mars, l’un à trois heures & demie, l’autre à cinq heures du matin» Trembiemens Ils étoient li fréquens , comme je l’ai déjà dit, que j’ai fou- vent omis^i’en faire mention fur mon journal. Je crus en fèntir un la nuit du 28 au 29 du même mois; je fus réveillé en furfàut par un bruit qui me parut foûterrain : je reconnus le lendemain qu’il avoit été caufé par l'écroulement d’un pan de muraille du jardin de la maifon où je logeois. Ce mur avoit été miné par les pluies, qui, depuis fix femaines, étoient pref- que continuelles , & qui durèrent encore long-temps. Elles avoient fappé les fondemens de plufieurs maifons non habi- bitées des fauxbourgs de Quito. 11 faut ici fe rappeler que les murailles ordinaires du pays font conffruites de grandes bri¬ ques crues, épaifles de 3 à 4 pouces, léchées à l’ombre, & que les Elpagnols nomment adôbes. On pourroit croire qu’elles font fujètes à fè délayer par les eaux; cependant en quelques endroits , la terre dont elles font pétries eft d’une fi bonne qualité, quelle acquiert afîèz de dureté pour réfifter aux in¬ jures de l’air. Dans les ruines d’un village indien nommé Ticfan , que i’éboulement des terres d’une montagne voifme a fait abandonner , & transférer ailleurs en 1689, j’ai vu plu¬ fieurs pignons de maifons bâties de ces alôbes, dont les angles n’étoient pas émouflés depuis plus de cinquante ans. Les pluies exceffives & fréquentes qui tombèrent cette détermination exaéle des fommetsdes montagnes de la Cordelière orientale , d’où les rivières prennent leur cours vers celle des Amazones. Le détail du Napo, & des rivières qu’il reçoit, eft tire d’un delfein figuré du Père Pablo Maroni Jéfuite italien , autre Millionnaire de Marnas. Le golfe de Guayaquil a été copié fur un plan levé avee foin , qui m’a été donné par un habile Pilote f'rançois né à Cadi Quant à la portion de la côte depuis le cap San- Loren^o jufqu’à la Puma de Santa Helena , faute de mieux, je l’ai tirée d’anciens routiers & car¬ tes manufcrites. C’eft fur ces mêmes matériaux , que j’ai tous communi¬ qués à M. Maldonado , <3t fur (on propre travail , qu’il a fait dreflèr (bus fès yeux par M. d ' Anville une carte efpagnole en quatre feuilles , de la province de Quito. Les détails du noid-efl de cette ville ont été four¬ nis en partie par M. Bouguer, qui a pris ce chemin à fon retour, ôi font tirés en partie d’un journal curieux de Don Miguel de Santiflevan Lieute¬ nant-colonel , Efpagnol né au Pérou , ci-devant Corrégidor de Conchucos, Correfpondant de l’Académie des Sciences , qui a bien voulu me laiffer une copie de cet ouvrage. Historique. 143 année à Quito , ont fait une époque célèbre dans le pays : elles continuèrent cinq mois prefque fans intervalle; ce qui me fit repentir de n’avoir pas fait confiruire plufiôt l’infirument dont je me iêi*vis alors , pour mefurer commodément & avec précifion la quantité d’eau de pluie : ce n’efi pas ici le lieu de le décrire , ni de rapporter mes expériences. Dès le commencement de l’année 1738, j’avois celle d’être rembourfé de mes dépenfes particulières, par M. Go- dur, qui, d’un commun accord, étoit relié chargé de l’admi- nifiration de nos fonds, même dans le temps où nies avances fervoient à continuer notre ouvrage : cependant il n’avoit pas lailfé de payer les mémoires des frais que M. Bouguer avoit faits pour le lèrvice. Le 3 1 Mars , il ne le trouva plus en état d’y làtisfaire , & j’y fuppléai. Je pris aulfi fur mon compte un emprunt fait à M. de Juffieu par M. Bouguer, à qui j’offris de plus les lommes dont il croiroit avoir beloin pour Ion retour en France. Tandis qu’on travailloit à la conftruélion de Ion nouveau lêéleur , j’avois fait monter à Quito celui qu’il avoit rapporté de Cuenca, & je fai lois une nouvelle oblèrvation , tant pour fuppléer à celle que j’ai déjà dit être demeurée imparfaite au mois de Décembre 1 740, que pour me préparer à celles que jàdlois faire leul à Tarqui avec le même infiniment. Le mois d’ Avril fut aulfi pluvieux que les précédens : je perdis beau¬ coup de temps en m’opiniâtrant à prendre tous les matins un grand nombre de hauteurs pour régler ma pendule, fans pouvoir prefque jamais en avoir l’après-midi de correfpon- dantes. 11 m’arriva encore le même accident , & précifément dans les mêmes circonfiances qu’en i 740 * ; ce qui me mit fur la voie pour en découvrir la vraie eau le. L’année précédente , pendant le temps que M. Bouguer oblêrvoit à Tarqui , M. Godin m’avoit fiit voir un petit pen¬ dule à couteau & à verge d’acier, qu’il avoit fait exécuter avec beaucoup de foin par le heur Hugo , & qu’il defiinoit à faire des expériences , en le tranlportant en différens lieux , Voyez 1 740, page 102, 1 742* Mars. l:’!uies extraor¬ dinaire.';. Avances pour le i'ervice. Avril. Oblèrvation préparatoire à Quito. Pendule à verge d’acier. Ï44 Introduction 1742. comme i’avoit propofc M. de Mairan dans fén Mémoire fur Avril. la longueur du pendule, imprimé dans le recueil de l’Acadé¬ mie de l’année 1735 (page 2 0 4.) , & dont nous avions reçu copie à Oyambaro à la tin de l’année 1 73 6. Feu M. du Fay , dans plufieurs de Tes lettres, 111’avoit auffi propofé la même chofè. Dès le temps que nous étions à Saint-Domingue , M. Bouguer avoit fait fabriquer un pendule d’une conftruc- tion à peu près fèmblable , & qui battoit les fécondes ; il s’étoit fervi fécrèlement pour le fufpendre, d’une pierre d’ai¬ mant qu’il m’avoit empruntée, & qui portoit feize livres. II avoit depuis employé une autre fufpenfion; mais foit par le défaut de l’exécution , foit par l’ébranlement que le mou¬ vement du pendule communiquoit au fcabellum qui lui fërvoit de lupport , les ofcillations ne duraient guère plus de quatre heures. La fufpenfion du pendule de M. Godin étoit beau¬ coup plus parfaite , & imitée de celle de M. Graham : ce pendule ofcilloit au moins douze heures, quoiqu’il fût plus de la moitié plus court que celui de M. Bouguer; & de plus il pouvoit s’attacher commodément , par le moyen d’une vis en bois, à une muraille, ou à un lambris. Je parlai à M. Bouguer -de ce pendule, & j’appris peu après, qu’il en faifoit faire un pour fon ufàge avec une pareille fufpenfion. Je crus alors ne devoir rien épargner pour m’en procurer auffi un en mon particulier : je donnai au mien , par diverfès confidérations , 28 pouces de longueur, depuis le point de fufpenfion jufqu’au centre de fà lentille, & neuf livres de poids ; ce qui fut ftiffifànt pour rendre les ofcillations encore très-fènfibles après vingt-quatre heures. II m’a fervi depuis à faire des expériences, dont je rendrai compte ailleurs. La comparaifon du nombre de les vibrations dans un temps donné à Quito , à Pitchitic/ia , au Para , à Cayenne & à Paris , où je l’ai tenu en expérience plufieurs jours de fuite, me donne, les différences de longueur du pendule à fécondes dans tous ces lieux, avec une précifion qui répond à moins d’un cen¬ tième de ligne pour chaque ofcjllatioji de plus ou de moins en vingt-quatre heures. Le Historique. 145 Le 27 Avril, je répétai devant M. Bouguer, des expériences dune autre nature , auxquelles j’avois déjà travaillé avec M. Verguin , & que M. Go dm m’avoit prié de faire. Elles fèm- bîoient prouver que la diftance des pointes d’un compas à verge de bois de chêne, dont nous nous étions fouvent lervis, netoit pas la même lorlquon préfèntoit les pointes horizontalement, & lorlquon les prélènîoit verticalement. Nous fîmes aufîi quelques jours après , M. Verguin & moi , d’autres expériences propofées par M. Bouguer , pour melurer la courbure que prenoit le même compas à verge par Ion poids ; & celles-ci parurent contredire le réfultat des précédentes. Nous répé¬ tâmes les unes & les autres piufieurs fois avec le même fuccès. II 11e s’agit ici que de l’hif foire des faits , & ce n’eft pas le lieu d’entrer dans un plus grand détail à cet égard. Le 2 Mai, le temps commençant à le mettre au beau, je fis porter un lit à mon oblèrvatoire ; mais quinze jours fê payèrent avant que je pulle perfectionner ma méridienne. Le 4, nous obfèrvâmes à celle que j’avois tracée fur la terrafle du collège des Jéfiiites, la déciinaifon de l’aiguille O 7 O aimantée : nous la trouvâmes, M. Bouguer & moi, de 8 de¬ grés & demi du nord à l’ell , & fènfiblement la même qu’en *737- , a Le 7, à onze heures du loir, je vis au nord la lumière zodiacale qui selevoit à 1 5 ou 20 degrés de hauteur. J’avois obtenu dès le 7 Février, que le Procureur général donnât les conclufions dans l’affaire de Cuenca , & elles nous étoient très - favorables. Le rapport du procès commencé le 5 Mars, avoit fini le 2 1 Avril; mais on m’affura que la loi d’Efpagne accordoit cent jours aux juges pour donner leur avis , & je craignois fort que ces Meffieurs n’ulâfîènt de tout leur droit, ils étoient moins preffés que M. Bouguer & moi : enfin l’arrêt fut rendu le 1 8 Mai, & figné le 1 9. J’en ai donné ailleurs la copie, avec l’extrait des charges & infor¬ mations *. Il ne me feroit pas difficile de prouver que ceç * A la fuite de îa lettre à Madame * * * fur i’émeute populaire excitée à Cuenca contre les Académiciens, page 102. Paris , sy+à. 1742. Avril. Autres expériences» Mai. DécTinai/oîi de i’aimaat. Aurore boréale. A ffaire de Cuenca. Conclufions du Procureur; général. Arrêt définitif. 1742* Mai. Affaire des py»amicîes. Concluions du Procureur général. Ttièfe dédiée à l'Académie. Préfent fait à l’Académie. 146 Introduction arrêt eft rempli de nullités. Des gens accufés d’un afiàffmat prémédité , & d’un délit qualifié par le Procureur général de crime de lèze-Majeflé , fugitifs & contumaces, font condam¬ nés à un fimpie banniffement : les perfonnes de deux des principaux coupables font confondues en une feule, &c. Mais j’ai déjà traité cette matière, & je n’en parlerai plus. Quant à l’affaire des pyramides, les conclurions du Pro¬ cureur général avoient été données le 24 Avril. Mais il ne m’avoit pas été poffible de pouvoir raffembler tous les juges , quoiqu’ils ne fufiènt que cinq : chaque jour de nou¬ velles difficultés ou de nouveaux prétextes recuioient l’arrêt définitif. Le 2 5 Mai , nous fumes tous invités à une Thèlè de Théo¬ logie, qui avoit été dédiée à l’Académie des Sciences de Paris par le P. Charles Arboîeda jeune Jéluite créole de Popayan : M. Godïn y argumenta. Le Préfident de la Thèle étoit le R. P. François Satina , natif de Sardaigne, Leéleur de la première chaire de Théologie de l’Uni verlité de Saint Grégoire de Quito , Si très- célèbre Prédicateur. Je joins ici l’argument de la Thèlè, ainfi que la dédicace à l’Académie, dont l’auteur étoit le R. P .Pierre Milaneÿo , de Turin, Profeffeur de Philolophie, & Procureur des Mif- fions de Mai nas, C’ell lui qui avoit bien voulu le charger les années précédentes, pendant le temps que nous payâmes fur les montagnes , de tenir un journal des hauteurs du baro¬ mètre : il m’offrit auffi de continuer après mon départ, avec l’inflrument dont j’ai parlé, les expériences que j’avois com¬ mencées fur la quantité de pluie qui tombe à Quito . Le même Père me remit, de la part de fou Univerfite» cette Thèlè tk la dédicace; l’une & l’autre gravées lur une planche d’argent , avec une Minerve accompagnée de Gé¬ nies fous la figure d’enfans, qui forment des jeux avec les- attributs des Sciences mathématiques & phyliques , objet des différentes cia fies de l’Académie. Un frère Jéfuite du même collège, qui avoit un talent fmgujier pour la gravure* s’étoit chargé de la planche ; fon grand âge & lès occupations PP^RIS'IE,NSI ACADEMIÆ Matheseos Amîuficatrici, Phtsices instauratrici , CTTI S CIEIST TIA, nojvirn , A-AT/T/I A M6IA6 ADES, REGIA MENERA, RuROPA yectigales plaustjs A. DraBErRià,' V A J TENTJISSI MUMEX AMERICA MUNÜ S CUIA7 M. \ ; C-AHOXfTTS -AJR.JB OI/JZJDai M S O CIE T . JFjSTJ \SUPREJIAM. THEOLOGIE SUA ARENAM. Ac^us Aivinus Li\>er eit réalité r iAentiii.ca.tus cum Deo, et Aefeciitilis reaiiter loluiutjiioaA terminatioiieTn. veL Poffitilis eft creatur a aAeô rebellis, ue, remarquer à M. Bouguer un tourbillon de fumée qui s’élevoit de la montagne de Coîo-paxi, fur laquelle nous avions campé à plufieurs reprifes en 173 B. Notre guide & nos gens pré- tendoient que ce que nous voyions netoit qu’un nuage; ils réuUlrent même à me le perluader : cependant je ne me trompois pas : nous apprîmes à notre retour à Quito , que cette montagne, qui avoit jeté des flammes plus de deux fié- clés auparavant , peu après l’arrivée des Efpagnols , s etoit nouvellement enflammée le 1 5 au foir, & que la fonte d’une partie de les neiges avoit caufe de grands ravages. Dernière ten- Nous palsâm es encore deux jours à Pitchinc/m, & nous y ccmirc'dans^ia Lmes une dernière tentative, avec un nouveau guide, pour bouche du voi- tourner la montagne parl’ouefl, & entrer dans fon intérieur, quelque peu d’apparence qu’il y eût que nous puffions y voir rien de plus que ce que nous avions déjà vu ; mais le brouillard & un ravin impraticable ne nous permirent pas d’aborder , même la petite bouche , qui fume encore à ce qu’on allure , & aux approches de laquelle M. Bouguer crut fèntir, à différentes fois, une odeur de foufre. J’avoue que fi j’avois été fèul, je me ierois opiniâtré davantage; mais je conviens en même temps qu’il y a peu d’apparence que ce qui nous refloit à voir fut vraiment digne de curiolîté. Nous revînmes à Quito le 22 : on n’y partait que de l 'érup¬ tion de Coto-paxi, & des fuites funeltes de l’inondation caulée par la fonte fubite d’une grande partie des neiges, dont l’amas, entalîë depuis deux fiècles au moins , couvroit encore la veille toute la partie fupérieure de cette montagne. Depuis mon retour en France , j’ai appris qu’il y avoit eu les années fuivantes de nouveaux embralèmens du même vol¬ can à plufieurs reprifès, particulièrement le 27 Septembre 1743, & la nuit du 30 au 3 1 Novembre 1744, & que les Eruption du yolcan de Coto- faxi. Autres porte ricures. Historique . 157 effets ên avoient encore été plus terribles : on vit des cata- raétes de feu s’ouvrir de nouvelles routes , en perçant les flancs de la montagne , des calcades de neige à demi-fondue fe précipiter dans la plaine , une mer d’eaux bouillantes cou¬ vrit en peu de minutes le terrein plufieurs lieues à la ronde, & rouler dans les flots pêle-mêle , des malles enflammées , des blocs de glace, 8c des fragmens de rocher. En 1744, les rivières ou torrens s’enflèrent fi prodigieufement , que trois ou quatre ponts de pierre furent emportés , Sc qu’une manu¬ facture de drap très-lolidement bâtie, à douze lieues du vol¬ can, fut entièrement détruite. Le village de Napo , diflant de plus de trente en droite ligne, peut-être de plus de ioixante par les grandes finuofités du cours des rivières en¬ tre les montagnes, fut enlevé entre minuit 8c une heure du matin , cinq à lix heures après la grande explohon. M. Godin, dans la gazette de Lima des mois de Février 6c de Mars 1745, a publié en efpagnol une relation circonf- tanciée de ces évènemens. M. Bouguer, dans les Mémoires de l’Académie de l’année 1744, elt entré dans un alîèz grand détail fur l’éruption de Coto-paxi de 1742. Don George Juan 8c Don Antoine de Ulloa , dans leur Relation hiflorique de notre voyage, ont auffi traité la même matière; mais le champ efl fi vafle , qu’après tant de récoltes , il me relie en¬ core de quoi glaner ; 8c j’ai cru qu’on ne me lauroit pas mau¬ vais gré d’inférer ici dans le texte même la matière d’une note, qui eût pâlie les bornes ordinaires. Si je parle d’évè- nemens poltérieurs à l’année dont j écris l’hiftoire ,~ la Angula¬ rité des faits me lervira d’exculè : je n’infiflerai que fur quel¬ ques circonflances dignes de remarque , qui ne le trouvent point dans les ouvrages que je viens de citer. J’avois été infor¬ mé des principales, dès l’année 1747, par les lettres du Doc¬ teur Don Ignacio de Chiriboga, Chanoine dignitaire de l’églifê cathédrale de Quito ; mais j’en apprends un grand nombre d’un témoin oculaire 6c très-digne de foi, actuellement pré- fent à Paris, 8c fous les yeux duquel j’écris ceci *. * Don Gregorio Matheu y Ef caler a, Marquis de JVI aérien. Y Üj 1742. Juin , 1^8 Introduction En 1742, on avoit entendu très-diflinélement à Quito Je bruit du volcan de Goto- paxi, piiifieurs fois en plein jour, fans même y faire une attention expreffè : c’eft ce que je puis conliimer par mon témoignage, qui a plus de poids ici cjue je ne voudrais; cependant on n’entendit point en cette même ville la grande explolion le loir du 3 o Novembre 1 744. Ce qu’il y a de plus fingulier, c’efl que ce même bruit, qui ne lut pas (enlible à Quito , à douze lieues du volcan vers le nord, fut ouï très-diüinéïement à la même heure & du meme côté en des lieux beaucoup plus éloignés, comme à la Villa de I barra , à Pajlo , à Popayan , «Sc même à la P lata , à plus de cent lieues melurées en l’air : c’elt de quoi l’on cite des témoins relpeélables. On allure autfi que le bruit fut entendu bien plus loin encore du côté du lud , vers Guayaquil , & au delà du Piura , c’eft-à-dire à plus de 120 lieues de 2 5 au degré : le vent y aidoit un peu ; il fouffloit alors du nord-eft. 11 y a quelque apparence que ce vent & les montagnes inter¬ médiaires, fur-tout celle d ’Yavirac, vulgairement el Panecillo ( Voy. le plan de Quito ) , qui couvre immédiatement Quito du côté du fud , empêchèrent le bruit d’y parvenir ; tandis que le fon , réfléchi & augmenté par les échos dans le vallon au nord du volcan, où ce vent ne le fàifoit pas fèntir, fut porté beaucoup plus loin du même côté. O11 prétend que les eaux , en le précipitant du fommet de la montagne, firent plul leurs bonds dans la plaine avant que de s’y répandre uniformément ; ce qui lauva la vie à diverles perfonnes, par-dellus iefquelles le torrent palîa fins les tou¬ cher. Le terrein, cavé en quelques endroits par la chûte des eaux , self exhaulTé en d’autres par ie limon qu’elles ont dépofe en lé retirant. On peut juger quels changemens a dû rece¬ voir la fui face de la terre par des évènemens fèmblables, pendant le cours des fiècles antérieurs, dans un pays où prelque toutes les montagnes font volcans, ou l’ont été: il n’elf pas rare d’y voir, & nous en lommes témoins, des ravins fe for¬ mer à vue d’œil , d’autres qui fe font creufé un lit profond en peu d’années, dans un terrein que l’on le fouvient d’avoir vû Historique. 159 parfaitement uni. Il efl très-poffible , il efl même vrai-fêmbla- ble, que toute la fuperhcie de la province de Quito,) ufqu’à une affez glande profondeur, foit formée de nouvelles terres ébou¬ lées , & de débris de volcans ; & c’efl peut-être par cette raifon que je n’y ai pu trouver aucune coquille foffile, quoique j’en aie cherché avec foin dans les Quebradas les plus profondes. En 173 B, le fommet de Coto-paxi , par mefure géométri¬ que, étoit de 500 toiles au moins plus haut que le pied de la neige permanente. La flamme du volcan s’élevoit, d’un commun aveu , autant au delfus de la cime de la monta¬ gne , que fon fommet excédoit la hauteur du pied de la neige. Cette mefure comparative , qui ne peut être fujète à unë grande erreur , m’a été confirmée par le Marquis de Aidëtnji , de qui je tiens la plus grande partie de ces détails. Placé à quatre lieues de diffance, & fpeélateur tranquille de ce terrible phénomène, quoique d’ailleurs fort intéreffé par le dommage que les terres en foudroient, il fe trou voit à portée de juger de tout avec plus de fàng froid à la Ciénega, que ceux dont la vie étoit actuellement expofée au danger de l’inondation. Quand on rabattrait un tiers de la hau¬ teur eftimée, il refierait encore plus de 3 00 toiles ou 1800 pieds , pour la hauteur de la flamme : cependant la fur fit ce fupérieure du cône tronqué , dont la pointe a été emportée par les anciennes exploitons , avoit en 1 7 3 8 , fèpt à huit cens toiles de diamètre. Cette vafle bouche du volcan s’eft vifiblement étendue par les éruptions poflérieures de 1743 Si 1744; fans parler des nouvelles bouches qui fe font ou¬ vertes en forme de loupiraux dans les flancs de la montagne. Il efl donc très- probable qu’avant que cet immenfe foyer fe fût fi fort accru ôc multiplie, dans le temps, par exemple, qu’a joué la première mine , qui fit fauter un quart de la hauteur de Coto-paxi ; la flamme réunie en un fêul jet dut être dardée avec plus d’impétuolité, & par conféquent put s’élever encore plus haut que dans le dernier embrafèment. Quelle a dû être la force qui fut alors capable de lancer à pius de trois lieues , de gros quartiers de roches , témoins t6o Introduction 1742. irréprochables d’un fait qui fèmble, au premier afjaeéï , pafler Juin. les bornes de la vrai-fêmblance , parce que nous connoifiôns peu la Nature! J’ai vu un de ces éclats de rocher plus gros qu’une chaumière d’Indien , au milieu de la plaine , fur le bord du grand chemin proche de Malahalo ( Voy . la carte), & je le jugeai , avec réflexion , de 1 2 à 1 5 toiles cubes : il n’efl pas douteux qu’il ne loit forti comme les autres de ce gouffre. Des traînées de roches de meme efpèce forment en tout fens des rayons qui partent de ce centre commun, & des perfonnes fort éclairées qui ont voulu d’abord révoquer en doute ma conjeélure, n’ont pu s’empêcher de fe rendre à cette preuve après un examen plus attentif. Voici encore quelques circonflances particulières à i’incéndie de 1744» Les cendres furent portées jufqu’à la mer, à plus de 8 o lieues : il y a d’autres exemples fèmblables , & ce fait n’eft plus étonnant, s’il efl vrai , comme je l’ai lu quelquepart, que les cendres du mont Etna ont quelquefois volé juf¬ qu’à Conjlantlnople. Mais un fait plus nouveau, c’efl que celles de Coto-paxi , dans l’occafion dont je parle , couvrirent les terres au point qu’on ne voyoit plus la moindre verdure dans les campagnes à douze & quinze lieues de diftance du côté de Riobamba ; ce qui dura lin mois & plus en quelques en¬ droits , & fit périr un nombre prodigieux de gros & de menu bétail. A la Ciénega, quatre lieues à l’ouefl de la bouche du volcan, la cendre avoit 3 ou 4 pouces depaifîèur. Cette pluie de cendre avoit été immédiatement précédée d’une de terre fine d’odeur défigréable & de couleur blanche, rouge & verte, qui elle -même avoit été devancée par une autre de menu gravier. Celle-ci fut accompagnée en divers endroits d’une nuée immenfè de gros hannetons blancs , de l’efpèce qu’on nomme ravets dans nos ifles : la terre en fut couverte en un inflant , & ils difparurent tous avant le jour. Par des lettres de Quito reçues pendant que cet ouvrage efl; fous la prefle, j’apprends que le 3 Septembre 1750, Coto- paxi fai foi l entendre depuis trois jours, fans difcontinuer, de nouveaux mugiflèmens plus terribles que jamais, entre-mêlés de 1 742, Juin. Historique. 161 Je fôns éclatans qui faifoient craindre une nouvelle explofion. Le jour que je defcendis de Pitchincha , je repris à Quito mon oblervation afironomique , interrompue par le voyage Obfervations. au volcan : le fééteur de M. Bouguer étoit achevé , & mon pendule à verge de métal prefque fini. Les expériences que je me propofois de faire avec cet infiniment, ne demandoient que quelques jours, & je réfolus d’y travailler, en attendant la décifion de l'affaire des pyramides. Le jugement en avoit en¬ core été remis , à caufe de l’indifpofition & de l’abfénce du Préfident , qui étoit dans une campagne à quelques lieues de Quito , & il me fallut y aller pour lui demander Ion jour. Le 27, M. Bouguer fit partir de Quito pour Cotchefqui fon nouveau fèéleur , & un domeffique pour préparer i’ob- fèrvatoire. Je payai les frais de i’inffrument , & je donnai à M. Bouguer l’argent dont il avoit belôin. Le 2 Juillet , je montai à la Tour de i’églifé de la Merci de Quito , le plus haut édifice de la ville, & qui, d’ailleurs, le trouvoit lié à nos triangles : je melùrai fa hauteur au deffiis du fol de la grande Place , & je pris divers angles. Le 4, je reçus une féconde réponlé du Viceroi de Santa- Fé en date du 4 Mars, au fujet de l’émeute de Cuenca : il Santa- Fé. me marquoit qu’il récrivoit fur Je même fujet aux Préfident & Confeillers de l Audience royale de Quito. Cette féconde lettre étoit conçue en termes encore plus forts que celle de 1741*. Le Viceroi finiffoiten difànt qu’il efpéroit n'être pas obligé de leur en écrire une troifème : il ordonnoit à un des Oïdors , qu’il défgnoit nommément, de fe tranfporter fur h champ à Cuenca, &c ; mais l’arrêt définitif ayant été rendu, comme je l’ai dit , le 1 8 Mai précédent , les nouveaux ordres du Viceroi devinrent inutiles. Je me contentai de faire copier en bonne forme toutes les ., CoPje dcî pièces du procès , pour les apporter en France ; mais , afin d’en cèTde Cuenca! pouvoir faire ufàge, il fallut commencer par les mettre en ordre, ranger fuivant leurs dates toutes les pièces qui compofént un in-folio de mille pages , & en dreffer moi-même une table. * Voyez Juin 1741, page 118, Juillet. Lettre du Viceroi de X \6z Introduction j 742. Le 6 , je fis incrufter & Iceiler avec trois crampons C, C, C, Juillet. dans le marbre que j’avois apporté de Tarqui, la règle A, B, Mefure cîu Je bronze fur laquelle étoit marquée la longueur du pen- mcruftée 'dans dule à fécondés , moyenne entre les obfervations de M. Go- le marbre. din f de M. Bouguer & les miennes , dont les réfultats ne différaient guère entr’eux que de ~o de ligne. La face A h înfcription jeftée à Qiiito. antérieure de la règle, qui étoit dans le même plan que la furface extérieure du marbre , fe terminoit par deux cercles d’un pouce de diamètre. La difïance mutuelle des centres de ces deux cercles étoit marquée par une ligne droite tirée d’un centre à l’autre : cette ligne avoit été rendue égale à la longueur du pendule à fécondes à Quito; & afin que les deux centres , ou les points qui la terminoient, ne s’effiçaffent pas avec le temps, parla rouille, ou par quelque accident, & qu’ils fuffent, même en ce cas, toujours ailés à retrouver, j’avois fait entrer au milieu de chaque cercle, un clou d’argent, en vis à -tête- perdue , d’une ligne de diamètre; & au centre de chaque clou , j’avois enté pareillement & rivé une aiguille d’or, lur la coupe de laquelle étoit marqué le point qui ter- minoit la melure : ainfi les deux points extrêmes lervoient chacun de centre à trois furfaces circulaires concentriques, l’une d’or, l’autre d’argent , & la troifième de bronze, dont une feule fuffüoit pour faire retrouver le centre , s’il fut venu à s’oblitérer. Outre la longueur du pendule , j’avois fait graver iur ce même marbre ( Voy. Août / y 4/ ), de concert avec Mrs Go- din & Bouguer, une inlcription latine qui contenoit un précis de nos diveilés obfervations dans la province de Quito, ils m’avoient communiqué l’un & l’autre, une partie des nom¬ bres auxquels ils s’en tenoient, & j’avois pris un milieu entre nos trois rélultats, quand il s’étoit trouvé quelque légère diffë- Introduit, hijlor, vis-à-vis la OBSERV A T I O N I B U S LUDOVICI GODIN, PETRI BOUGUER, CAROLI-MARIÆ DE LA CONDAMINE, È REGI P A RI S I E N S I SCIENTIARUM ACADEMIÂ, INVENTA SUNT QUITI; LaTITUDO HUJUSCE TEMPLI, AUSTRALIS GRAD. 0, MIN. ij, SEC. 1 8 : LONG1TUDO OCCIDENTALE AB OBSERVATORIO REGIO, GRAD. 81, MIN. 22. DeCLINATIO ACUS MAGNETICÆ, À BOREA AD ORIENTEM, EXEUNTE ANNO 1736, GRAD. 8, MIN. 33: ANNO 1742, GR. 8, MIN. 20. INCLINATIO EJUSDEM INFRÀ HORIZONTEM, PARTE BOREALI, CoNCHÆ, ANNO 1739, GRAD. /2 .• QUITI .741, GRAD. 13. Altitudines suprà libellam maris geometricè collectæ, in hexapedis parisiensibus, SPECTABILIORUM NIVE PERENNI HUJUS PROVINCIÆ MONTIUM , QUORUM PLERIQUE FLAMMAS EVOMUERUNT, COTA-CACHE 2367, CAYAMBUR jozS, ANTI-SANA 3016 , COTO-PAXI 2332, TONGURAGUA 2623, SANGAY ETIAMNUNC ARDENTIS 2678, CHIMBORASO 322», ILIN1SA 2717, SOU QUITENSIS IN FORO MAJORI 13.62, CRUCIS IN PROXIMO PICHINCHA MONTIS VERTICE CONSPICUÆ 2032: ACUTIORIS AC LAPIDEI CACUMINIS NIVE PLERUMQUE OPERTI 2332; UT ET NIVE INFIMÆ PERMANENTE IN MONT1BUS NIVOSE. Media elevatio mercurii in barometro suspensi, in zonâ torridâ, eaque parum variabilis, IN OR MARITIM POLLICUM 28, LINEARUM 0 .• QUITI POLL. 20, LIN. 07: IN PICHINCHA, AD CRUCEM, POLL. 17, LIN. 7; AD NIVEM POLL. 16, LIN. 0. S PIR.IT US VINI, QUI IN THERMOMETRO REAUMURIANO, À PARTIBUS iooo, INCIPIENTE GELU, AD 1080 PARTES IN AQUA FERVENTE 1NTUMESCIT DILATATIO -, QUITI, À PARTIBUS 1008, AD PARTES 1018 ; JUXTÀ MARE, À 1017 AD 1023: IN FASTIGIO PICHINCHA, À 995 AD 1012. SoNI VELOCITAS, UNIUS MINUTI SECUNDI INTERVALLO, HEXAPEDARUM i7î. PeNDULI S1MPL1CIS ÆQU1N OCT1A LIS, UNIUS MINUTI SECUNDI TEMPORIS ME DU, IN A LT1TUDINE SOL1 QUITENSIS, ARCHETYPUS page 163, & 0 ( MENSURÆ NATURALIS EXEMPLAR, UTINAM ET UNIVERSALE ! ) ÆQUALIS HEXAPEDÆ, SEU PE DI EUS 3, POLLICIBUS o, L1NE1S ■■ MAJOR IN PROXIMO MARIS LITTORE 7?. LIN: MINOR IN APICE PICHINCHA ~ LIN. ReFRACTIO ASTRONOMICA HORIZONTALIS SUB ÆQUATORE MEDIA, JUXTÀ MARE 27 MIN: AD NIVEM IN CHIMBORASO 19' 5i": EX QUA ET ALIIS OBSERVATIS, QUITI 22' 50". LlMBORUM INFERIORUM SOLE, IN TROPICIS DEC. 1736 ET JUNJI 1737, DISTANTIA INSTRUMENTO DODECAPEDALI MENSURATA GRAD. 37, MIN. 28, SEC .36: EX QUÂ, POSITIS DIAMETRE SOLE, MIN. 32, SEC. 37 ET 31' 33"; REFRACTIONE IN 66 GRAD. ALT1TUDINIS o' 15"; PARALLAXI VERÜ4"4o'", ERUIIUR OBLIQU1TAS ECLIPT1CÆ, CIRCA EQUINOCTIUM MARTII 1737, GRAD. 23, MIN. 28, SEC. 28. StELLÆ TRIUM IN BALTHEO ORIONIS MEDIÆ (BAYERO Q DECLINATIO AUSTRALIS, JULIO 1737, GRAD. MIN. 23, SEC. 30. Ex ARCU GRADUUM PLUSQUÀM TRIUM REIPS D1MENSO, GRADUS MERID1AN1 SEU LAT1TUD1N1S PRIMUS, AD LIBELLAM MARIS REDACTUS, HEXAP. 36630. Quorum memoriam, AD PHYSICES, ASTRONOMIÆ, GEOGRAPHIÆ, NAUTICÆ INCREMENTA, HOC MARMORE PARIETI TEMPLI COLLEG1I MAXIMI QUITENSIS SOC. JESU AFFIXO, HUJUS ET POSTERI ÆVI UTILITATI V. D. C. IPS1SSIMI OBSERVATORES. ANNO CHRISTI M. D CCX LII. La mcfure ci-dejfus qui, pour repréfentcr le Quart du Pendule équinoïïial, devait avoir près de 3 pouces 1 ligne f, ejl trop longue d’environ f de ligne I vis la page 1 63 LUDOVICI GODIÎ È R Latitudo hujusce templi, australis < Declinatio acus magneticæ, a INCLINATIO EJUSDEM INFRÀ E Altitudines SUP SPECTABILIORUM NIVE PJ COTA-CACHE 2567, CAYAMBUR 3028, ANTI-SANA 3016 SOLI QUITENSIS IN FORO ACUTIORIS AC LAPIDEI CACUMINIS Media elevatio meh IN OR MARITIM POLLICUM 28, LINEARUM c SpiRITÛS VINI , QUI IN THERMOMETRO REA DILATATIO -, QUITI, À PARTIBUS 100 Soni VELOCT PeNDULI SIMPL1CIS ÆQ UINOCT1A LIS, UNIL 717* 0 ( MEC ÆQUALIS -rÜsô- HEXAPEDÆ, SEU PE DI BUS 3, POL\ f. ItEFRACTIO ASTRONOMICA HORIZONTALES SUB ÆQUATOF LlMBORUM INFERIORUM SOL.IS, IN TROPICIS DEC EX QUÂ, POS1TIS DIAMETRIS SoLIS, MIN ERUITUR OBLIQU1TAS StELLÆ TRIUM IN BALTHEO ORI1 Lx A RC U GRADUUM PLUSQUÀM TRIUM REIPS D1MENSO, ^ AD PHYSÏCES HOC MARMORE PARIETI TEMPLI COLL I P S I S S I M I 2.2' JO". 56650, La mefure ci - de J] us qui, pour repréfenter le Quart du Pendule équinol I/42* Juillet. Historique. rence. D’autres nombres , comme celui qui exprimoit la lon¬ gueur du degré du méridien en toiles , étoient reliés en blanc faute de communication, ou parce que nous n étions pas encore bien déterminés. Voici ce qui s’elt palîé depuis. Je priai M. Bouguer , en partant de Quito , de remplir ces nombres : il m’écrivit à Tarqui , qu’il y en avoit quel- (le i9 Sept.) ques-uns de ceux que j’avois employés, qu’il n’approuvoit pas. Je lui répondis que pour ce qui me concernoit, je le lailfois le maître d’y faire tels changemens qu’il jugeroit à propos, & que je joignois ma voix à la fienne. Je ne reçus point alors de réponfe fur cet article, & je n’ai pu lavoir, même depuis , ce que M. Bouguer a fait à cet égard. J’ai feulement appris il y a peu de temps, que l’mlcription efl depuis plufieurs années placée au lieu de là deftination. M. Bouguer publiera , fins doute , les nombres auxquels il croit devoir lé fixer : en attendant , je donnerai aufîi les miens , c’eft-à-dire, ceux auxquels je m’étois arrêté dans le temps dont je parle, & je les diftinguerai par des caractères italiques dans la copie que je joins ici de l’inlcription. Mais comme il y en a plulieurs , qui font le réfoltat d’un grand nombre d’opérations, & qui demanderoient des dilculïions allèz longues, que quel¬ ques-uns même pourroient avoir befoin d’une équation , je me réforve le droit d’y fiire les petits changemens que je croirai nécelîaires , & d’en expliquer les motifs, torique je donnerai le détail de mes obfervations particulières, & que j’aurai occafion d’examiner de nouveau cette matière. Le p, on commença enfin le rapport du procès au fojet des pyramides & des inforiptions : il fut achevé le ï 2 ; & le nombre des voix pour & contre s’étant trouvé égal , les pièces furent remifes, pour départager les juges, au Doyen de l’Au¬ dience , qui n’avoit point été prêtent au rapport. Le même jour & les iuivans, je fis avec M. de Moraiti- Expériences .77 j* r , . r y / • , / fur ia dilatation ville diverles expériences lur la dilatation des métaux : je m etois ^cs métaux., pourvu à cet effet de deux douzaines de règles, longues de 6 pouces, les unes d’une demi -ligne, les autres d’une ligne d’épaiffour , de différens métaux, tant purs qu’alliés : je mefurai Xij Rapport du procès des py¬ ramides. Pli ■ ■ . . . 1742. Juillet. Nouvelle affaire. ■9 RI Bougncr part pour Lut- cfujqui. Gain du procès des pyramides. Tente vendue. 164 Introduction leurs différentes longueurs en les expolànt alternativement au foleil, à l’eau bouillante & au froid de la neige. Je me (èrvis pour cette expérience d’un compas fort fimple , qui quadru- ploit les différences obfervées, & les rendoit d’autant plus (èn- libles : je prenois les diverfes mefires de mes règles de métal avec ce compas, & j’en tranfportois les longueurs quadruplées fur une règle de fer, dont le dernier pouce, pour faciliter l’opération, étoit étamé, & divifé par des tranfverfiles en vingtièmes de ligne. Je m’affürai auffi direélement de la différence de longueur de mon pendule de métal , expofé alternativement au froid caufé par le contaéf de la neige, 8c au degré de chaleur qui répond à 1 divifions au detîus du terme de la glace, dans le thermomètre de M. de Reaumur. Le 1 7, je reçus avis (écrêtement que la partie adverfe avec qui j etois en procès pour un dépôt appartenant à la fuccef- lion de feu M. Seniergues , a voit lait dilparoître un efclave nègre , le feul domeftique fur lequel je puffe compter , & devoit l’envoyer la nuit fuivante à dix lieues de Quito. Ce jour 8c le fui vaut (e payèrent à prendre les mefures néceffiires pour le retrouver , 8c prévenir (on évafion. Le 1 8, à la veille de la décifion du procès des pyramides, M. B ouguer partit pour Cotchefqui, après m’avoir écrit que (i je ne putois auffi pour Tarquï dans quinze jours, il renonçoit aux obfervations fimultanées. Le lendemain rp, fut pour moi une époque remarquable: l’arrêt pour la conférvation des pyramides 8c de notre inferip- tion , fut enfin rendu , & je gagnai ce procès , qui duroit depuis deux ans. Le jour même, je demandai des ordres pour avoir les Indiens qui dévoient tran (porter à bras, de Quito à Tarqui , le grand feéleur tout affèmblé dans une caidè folide que j’avois fait f tire exprès. La tente qui m’avoit iervi fur les montagnes, dans le cours de nos opérations , 8c en dernier lieu fur Pitchïncha , me devenoit inutile, & netoit plus qu’un attirail embarrafîànt pour mon voyage. Je la fis monter fur la grande place de Quito. Ce (peolacle, nouveau pour le pays, attira non lèulemenb Historique. 165 comme je l’avois prévu, l’attention des Dames de la ville, aux¬ quelles j’en fis les honneurs, mais auffi, comme je l’efpérois , celle d’un grand nombre de curieux. Un gentilhomme*, qui avoit la paffion de la chaflè, comme fon frère avoit celle des livres, s’accommoda de la tente, que je lui cédai, pour le compte du Roi, à un prix modéré pour Quito; mais qui ne laifiôit pas d’excéder celui quelle avoit coûté neuve à Saint- Domi ngue. Tandis que je préparois tout pour mon départ, j’avois fût à Quito les premières expériences de mon pendule de métal, dont les ofciilations étoient encore lènfibles après vingt-quatre heures. Pour en compter plus facilement le nombre, j’avois raccourci le pendule d'une horloge ordinaire, jufqu’à ce que lès vibrations fufîènt exactement ifochrones à celles du pendule d’épreuve, & je ne paffois jamais trois heures, ni le jour ni la nuit, fans les comparer: j’avois, outre cela, pour mefurer la durée de l’expérience , une autre horloge , que je régiois en prenant loir & matin des hauteurs correfpondantes du foleil. Ce travail dura quinze jours, prefque finis interruption: il ne finit que le 3 Août. Le 4, le lecteur partit enfin pour Tarqui , porté dans fii caille par fix Indiens, fous les yeux de M. de Mominville. Cet infiniment avoit été démonté & emballé dès la fin de Juillet, auffi -tôt que j’en eus remefuré le rayon, & vérifié l’arc; mais il avoit fallu plufieurs jours pour affurer les In¬ diens qui le dévoient porter, & pour lever les obfiacles qui retenoient M. de Morainville à Quito. Les lenteurs ordinaires des ouvriers, la fuite des Indiens au moment marqué pour le départ , malgré la précaution que j’avois prilè de les faire coucher chez moi, avoient feules retardé celui de l’infiru- ment: ceux qui le portaient ne pouvoient faire guère plus de trois lieues par jour dans un pays de montagnes, & dévoient * Don Juan de Chiriboga , Porte- étendart royal ( Alféres Real) de Quito , dont le frère , le Doéleur Don Ignacio de Chiriboga , Cha¬ noine dignitaire de l’églife cathédrale, avoit un cabinet de livres de Belles- Lettres de fix à fept mille volumes, latins, efpagnols, italiens & françois» X il) I742* Juillet. Dernières expériences du pendule à verge de métal à Quito. Août. Départ du feéteur pour langui. i74-2. Août. Projet de re¬ tour par ia ri¬ vière des Ama¬ zones. 1 66 Introduction par confequent employer plus d’un mois pour aller de Quito à Tarquï, où je pouvois me rendre en huit jours. Je me hâtai de profiter du temps qui me refioit, pour terminer toutes mes affaires à Quito , bien réfolu de n’y plus revenir. Je metors enfin déterminé à reprendre mon projet de defcendre le fleuve des Amazones, fur une lettre de M. Par- tyet Conful de France à Cadi^, par laquelle il me donnoit avis que les pafieports & les ordres du Roi de Portugal , que j’avois follicités, comme j’ai dit plus haut, par l’entremifè de M. le Marquis d’Argenfon , étoient expédiés. Cette nouvelle me fut confirmée d’une manière encore plus décifive pour mon defiein , par des lettres de Marnas ■ Quoique les Jéfuites espagnols qui cultivent les Miffions de ce nom, à l’orient de la Cordelière, fur les bords du Marahon , n’aient prefque aucune communication avec les Carmes portugais , leurs voi- fins en defcendant le fleuve , les premiers avoient eu cepen¬ dant, par une occafion extraordinaire, des nouvelles pofitives que le Gouverneur du Para , & ceux des autres Forts por¬ tugais, avoient reçu depuis un an, des ordres de leur Cour en ma faveur, & même qu’ils m’attendoient avec impatience. Je crus qu’il ne m’étoit plus permis de balancer fur le choix de ma route, à moins qu’il ne flirvînt quelque nouvelle diffi¬ culté. Déjà l’on avoit détourné Don Pedro Maldotiado de me fuivre, comme il me l’avoit promis; & je me voyois par¬ la privé d’un compagnon de voyage fur qui j’avois compté. . Je le connoifîois pour homme incapable de fê laifîèr effrayer par la peinture de dangers imaginaires ou exagérés : le paffige de Quito à Mainas n’éîoit pas plus difficile pour nous que pour les Millionnaires Jéfuites, qui s’y rendent de temps en temps, & pour les Provinciaux de cette Compagnie, qui y vont tous les cinq ans faire leur vifite. Le chemin des Miffions efjaa- gnoles aux Miffions portugaifês, nous étoit ouvert en defcendant le fleuve, fur- tout depuis que je me voyois affuré des pafîè- ports & des recommandations de la cour de Portugal; mais 1a famille de Don Pedro Maldonado, à qui il étoit cher, & qui le voyoit à regret s’éloigner, cherchoit à le retenir par Historique. 167 toutes fortes de moyens : outre cela , j’ai fu de lui-même que d’autres perfonnes , à qui il avoit demandé confèii , ou qui le lui donnèrent officieufèment , avoient fait leur poffible, par des motifs que je ne cherche point à pénétrer , pour le dé¬ goûter d’une entreprife qu’ils traitoient d’imprudente & de téméraire, fur le feul fondement que ce chemin n’étoit pas fréquenté. On lui repréfentoit qu’il feroit univerfêllement blâmé de préférer une route inconnue & dangereufê, à celle qui étoit généralement fuivie. Cependant , mettant à part les terreurs paniques qu’on cherchoit vainement à lui infpirer, il eft certain que le chemin que je propofois, convenoit encore mieux à Ni. Maldonado qu’à moi, dans les circonftances où nous nous trouvions l’un & l’autre. Le défir de voir un pays inconnu, & de rendre mon voyage utile , m’avoit déterminé fur le choix de cette route ; outre ces motifs, qui netoient nullement indifférens à Don Pedro , il en avoit de plus puiflans & de perfonnels. La France étoit alors en paix avec les Puiffances maritimes , ce qui rendoit tous les chemins à peu près également furs pour moi ; M. Maldonado n’étoit pas dans le même cas. 11 y avoit près de trois ans que l’Efpagne & l’Angleterre fè faifôient une guerre très- vive en Amérique: je conleillois à mon ami , pour fon propre intérêt , de defcendre avec moi le fleuve des Anuqones jufqua la colonie portugaife du Para , & de s’y embarquer pour Lïjlonne : c’étoit, fans contredit, le plus fur moyen de fe mettre à l’abri des efcadres atigloifês , qui couvroient les mers, & de palier en Efpagne fans inquié¬ tude lous un pavillon neutre; tandis que la plufpart de les compatriotes, qui tendoient au même but, attendoient de¬ puis plufieurs années à Carthagène , la fin de la guerre; & que ceux qui avoient olé fè hafuder fur des vaiffeaux d’avis, étoient prefque tous tombés, avec leurs richefîès, & celles qui leur avoient été confiées , entre les mains de leurs ennemis. Cesraifôns, dont .M. Maldonado fèntoit la force, l’avoient d’abord engagé à m’accompagner , & les fuites ont fait voir 1 742. Août. 1 68 Introduction 1742. qu’il s’efi bien trouvé de mon conlèil. Cependant les repré- Août. ièntations dont j’ai parlé, quoiqu’elles ne fullènt nullement de fon goût , i’avoient plus ébranlé que les alarmes de les pro¬ ches. Jaloux de la réputation, il craignoit d’être taxé d’impru¬ dence, Si de palier pour un aventurier dans Pelprit de ceux- là même qui ne jugent que par l’évènement, fi Ion entreprilè n’étoit pas fuivie d’un heureux fuccès : enfin il étoit parti de Quito pour lès terres, làns avoir encore pris de réfolution. Je lèntois tout ce que je perdrois à être privé de l’agrément Si des refiources que je pouvois trouver dans la compagnie d’un ami tel que lui ; mais cela ne me fit pas changer de delîèin : je lui écrivis que je n’exigeois rien en conlequence de lès pre¬ miers engagemens; que jetois réfolu à faire lèul le voyage de la rivière des Amazones, s’il y renonçoit , «Se s’il ne me lürve- noit point d’obllacle imprévu. Expériences Le 5 Août, j’achevai mes expériences d’un pendule fim- pîePrdeuxflfb- P^e de 1 2 P>eds > fulpendu par un fil de pite chargé d’un coudes. poids de fix onces , dont les olcillations étoient de deux le- condes: j’en avois déjà fait de lèmblables au petit Goave , en Pille de Saint-Domingue , «Se je venois de les répéter à Quito avec l’inftrument que j’ai décrit dans les Mémoires de l’Aca¬ démie de 1735» M. Verguin voulut bien m’aider à mefurer ce nouveau pendule , quatre fois plus long que le pendule à lècondes: la difficulté de cette opération, toûjours délicate, croît à proportion de la longueur de la mefure. Autres du pen- Je répétai auffi les jours fuivans, Si pour la dernière fois, fécondés?1 C a les expériences du pendule fimple avec un autre infiniment, auffi décrit dans les Mémoires de 173 5, Si qui m’avoit lèrvi au même ulàge au petit Goave, à Panama , à Lima , à Pitchin- cha , à Chimboraço , à Riobamba, à Tarqui, Si plufieurs fois à Quito. Règle d’acier. Le 8 , je retirai enfin des mains du fieur Hugo une règle mdureiupcn- 44^^. qlie j’attendois depuis long temps, & que j’ai depuis rendu égale à la longueur du pendule à lècondes, telle quelle rélulte de mes oblèrvations au Para Si à Cayenne, au niveau de la mer. Le i/42* Août. Tnciinaifon de aimant. Historique. i 69 Le 9, affidé de M. Verguin,] oblervai l’inclinailon de 1 ai¬ mant, que je trouvai de 1 7 degrés au délions de l’horizon , du côté du nord à Quito, où elle m’avoit paru de 1 5 degrés en 1 74. 1 , & avec la même aiguille. C’étoit auffi ceile dont je m. e- tois lervi en 173 9 à Tarqui, où nous trouvâmes , M. Bouguer 8c moi, cette inciinailon de 1 2 degrés. Je n’ai jamais opéré leul , que lorlque je n’ai pu me procurer le lècours de quelque perlonne intelligente, qui voulut bien me lèrvir d’aide ou de témoin dans mes opérations : j’ai cru que , h j’avois moins d expériences qui m’appartinffent en propre, je les rendrais plus exa&es, ou du moins plus authentiques, 8c que je rem¬ plirais mieux les vues de l’Académie. Le même jour, je montai à Pitchincha , à l’endroit où a voit Expériences été polé notre dernier lignai, 8c j’y fis les jours fuivans, juf vaged'acW l qu’au 14, cinq expériences, les unes de 1 2 , les autres de 24 Fuchmcha, heures, avec mon pendule de métal, pour reconnoître quelle étoit dans un jour la différence du nombre de lès olcillations en ce lieu 8c à Quito, 8c combien la pelanteur des corps dimi- nuoit dans un lieu plus éloigné du centre de la terre de/ 5 o toif Le 1 4 , en delcendant de Pitchincha , je ne trouvai plus Autres fur u chez moi la règle fur laquelle j’avois marqué les longueurs létaux " deve- qui rélultoient de mes épreuves fur la dilatation des métaux : nues inutiles, cette règle étoit malheureulèment de fer; elle peioit lept à huit livres, 8c valoit alors à Quito lept ou huit onces d’ar¬ gent. Ce vol me lit perdre le fruit d’un travail allez pénible; mais j’ai confervé les règles que j’avois ftit frire de divers métaux, 8c je pourrai répéter les expériences. Le 17, je terminai un marché qui me tenoit fort à cœur: le quart -de -cercle de 3 pieds de rayon qui m’avoit lèrvi à toutes mes opérations, & dont je venois encore de faire u fige à Pitchincha, étoit d’une conltruétion ancienne , 8c Ion pied allez incommode. Mon petit quart-de-cercle de 1 2 pouces de rayon me fuffifoit pour oblèrver en chemin les latitudes avec toute la précifion néceffirire dans les uftges géographi¬ ques, & le grand étoit d’un tranlport très-embarralîànt, comme je i’avois allez éprouvé , fur-tout en arrivant à Quito par la y Vente du ;rand quait- e-cercie. 1 742, Août • Pendule de M. Craham. Préparatifs du départ pour Tarqui. 17 o Introduction province d’ Ef mer aidas : il m’eût fallu deux mulets pour porter la caillé de l’inflrument & celle de Ion pied, ayant plus de deux cens lieues à faire par des chemins très -diffi¬ ciles , avant que de pouvoir m’embarquer. Un Chanoine de Quito , qui avoit un goût décidé pour les machines, jugea à propos de faire l’acquilition de cet infiniment : je le vendis quinze cens livres, au profit de l’Académie, qui ne l’avoit acheté que neuf cens à l’inventaire de feu M. le Chevalier de Louville. Ce marché, outre qu’il m’épargnoit les frais du tranfport, me mettoit en état de faire conflruire à Paris un nou-. veau quart -de-cercle auffi grand que l’ancien. J’ai lu depuis, que cet infiniment, après la mort du Chanoine, étoit pâlie heureulément au R. P. Magnin Jéfoite : perfonne n’efl plus en état que lui d’en faire un bon ufige. Ce Père, alors MiP- fionnaire & Curé de Borja , & dont j’ai tiré tant de lumières -fur la topographie de la province de ALainas, ell aujourd’hui Profelîeur en Droit Canon à Quito , & Correlpondant de l’Académie. La pendule du célèbre M. Graham, que M. Godin avoit apportée de Londres, & à laquelle il étoit arrivé quel¬ que accident pendant le voyage, ell tombée en auffi bonne main : elle appartient aujourd’hui au R. P. Térol, Reéteur du collège & de l’Uni verfité des Dominicains de Quito, digne ÿ par fon goût & Ion rare talent pour les ouvrages d’horlogerie,, de polléder un pareil chef-d’œuvre de l’art. C’efl ainlî que dans un pays où les fciences & les arts font peu généralement cultivés, un petit nombre de pei tonnes font les dépohtaires de ce feu facré. Le 20, je fis partir pour Cuenca & Tarqin mes inllm- mens, mes livres & tout mon bagage , hors mon lit & mes journaux d’oblérvations , dont je ne voulois pas me féparer ; mais chaque jour me devoir donner une nouvelle leçon fur la nature & les inconvéniens d’un pays que je croyois connoî- tre : j’en reçus alors une qui n’a pas été la dernière. Je me féiicitois de m’être débarrafîe de tout ce qui pouvoit retarder ma marche, lorlque je vis rentrer dans ma cour l’équipage que je venais de faire partir une demi-heure auparavant î Historique. iyi î appris que les mulets qui le portoient, & que javois envoyés j 742T" depuis piufieurs mois dans une campagne voifine de Quito, Août. pour les préparer au voyage de Cuenca , étoient hors d état de faire la première journée, par la mauvaifè foi de ceux à qui je les avois confiés; il me fallut en louer d’autres , avec toutes les difficultés ordinaires , auxquelles j’ aurais dû être accoutumé. Il ne me refloit plus , avant que de partir de Quito , Vifite des qu’une feule chofe à faire , dont j’étois chargé par l’arrêt de Pyramidc5, l’Audience royale, au fûjet de notre infeription : il falloit,pour cela , me tranfporter avec un Huiffier fur le lieu même où étoient les pyramides, à peu près à moitié chemin de Cot- chejqui, où M. Bouguer oblèrvoit déjà. Je voulus profiter de cette occafion pour m’aboucher avec lui , afin de convenir définitivement de nos arrangemens au fujet de la correfpon- dance de nos obfêrvations fimultanées aux deux extrémités de la méridienne: je lui dépêchai un exprès, on Jofeph Sanche £ Marquis de Solanda. b II y avoir dans la même cadette, pb'fietiFs penJans d’oreille & de na¬ rine des anciens Indiens 3 d’urr or fort bas, allié fur cuivre; de petits ou¬ vrages délicats , d’un or très-fin , trou¬ vés près de i’embouchûrede la rivière de Sant-Iago, ainft que quelques émeraudes percées à jour , &c> Historique* 173 qu’ils m’eurent été dérobés. Le 2 Septembre , au point du jour, je les vis en liaiïè ex pôles fur le bord d’une fon¬ taine au milieu de la cour de la maifon où je logeois : cette vue me rendit le calme; je les vifitai, & retrouvant ce qui m’étoit le plus précieux, je ne remarquai pas d’abord qu’il y manquoit deux petits livrets originaux de mes obferva- tions. J e foupçonne que les noms de Pïtchincha & de Goto- paxi, qu’on a voit pu remarquer au titre de quelques pages, ont peut-être empêché que la reftitution ne fût complète: fans doute 011 crut y trouver des éclairciflêmens au fujet des mines d’or , que bien des gens s’imaginoient avoir été le but fecret de tous nos voyages fur les montagnes. Cet acci¬ dent, & une difficulté que ht naître dans le même temps le Procureur général , au lujet de l’exécution de l’arrêt dans ' l’affaire des pyramides, me retinrent à Quito jufqu’au 4 Sep¬ tembre, que j’en partis à la fin pour me rendre à Tarquï. On peut juger que cet évènement, à la fuite de toutes les affahes délagréables que j’avois eues à Quito depuis deux ans, fut tiès-propie à modérer mes regrets , en quittant un lieu fingulièrement recommandable par la douceur & l’égalité de fon climat, & dans lequel, après un le jour de plufieurs années, je me flatte d’avoir laiflè quelques amis. La nuit du 3 1 Août au 1 cr Septembre, il étoit tombé en moins de 1 2 heures plus de 8 lignes d’eau, qui furent mefurées avec i’inftrument dont j’ai parlé. Je le laiflai en partant entre les mains du Père Milaner(io , ainfi que le marbre fur lequel j’avois fait graver i’infeription que j’ai rapportée plus haut , & qui conienoit le rélultat de nos principales oblèi valions. Elle eft aujourd’hui placée dans le collège des Jélùites de Quito , fur la face extérieure du mur de leur églife, la. plus belle de la ville, & bâtie fur le modèle de celle du Jefus, à Rome. Le lendemain de mon départ cle Quito, je m’arrêtai à douze lieues de cette ville, à la Cienegn , terre conhdérable, & l’une de celles du Marquis de Alaënia , chez lequel tout m’auroit invité à prolonger mon féjour dans d’autres Y iij 1 742. Septembre-, Reftitution,. Dernier dé¬ part de Quito. Quantité de pluie. Marbre & infeription lait- lés à Quito. ■Séjour à la Cienega. i742- Septembre . Séjour ctez T), l'eàro Mal- donado. Nos conven¬ tions. 174 Introduction circonflances. j’avois donné des ordres pour que mon quart- de-cercle m’y attendît , oc j’y refiai un jour à defièin d’ob- ferver la hauteur de Coto-paxi, pour connoître de combien elle étoit diminuée par la fonte des neiges depuis l’éruption du 30 Juillet précédent: les nuages qui couvroient la mon¬ tagne rendirent mon projet inutile ; & pour 11e point retar¬ der ma marche , je m’abftins d’aller au lieu même faire diverfès autres obfèrvations fur les changemens arrivés à ce volcan : elles ont été avantageufeinent flippléées par le voyage que M. B ougiier y fit peu de temps après dans la même vue, 8c dont il a rendu compte dans les Mémoires de l’A¬ cadémie de 1 744. Je me détournai un peu du grand chemin à Hambato , pour aller voir en pa fiant Don Pedro Maldonado dans les terres , comme je le lui avois promis : je le trouvai encore incertain fur la route qu’il devoit prendre; il atten- doit de Lima les ordres du Viceroi. Nous ne laifsâmes pas de convenir, qu’au cas qu’il reprît notre premier arrangement, il s’embarqueroit fur la rivière de Bobonaça , dans la province de Canelos, qui n’étoit pas éloignée de chez lui , pour des¬ cendre par cette rivière dans celle de Paftaça, 8c de celle-ci dans le Marahotu Nous nous donnâmes rendez-vous, dans ce cas, à la Laguna , chef- lieu des Millions êfpagnoies de Mainas, 011 le premier arrivé de nous deux attendroit l’autre: il me promit de m’écrire, 8c de m’informer de fà dernière réfolution ; pour moi mon deflèin étoit , fi je n’en étois pas détourné par quelque nouvel obflacle,de partir auffi-tôt que mes obfèrvations feraient achevées à Tarqui , de prendre ma route du côté du fud par Jaën de Bracamoros, 8c d’aller m’em¬ barquer au lieu le plus voifin , pour comprendre , dans la carte du cours du Maranon , que je me propofois de lever , toute la partie navigable de ce fleuve , 8c voir par mes yeux fi le fameux détroit, connu fous le nom de Pongo de Manfé- ritché , étoit auffi terrible de près, qu’on me le dépeignôit de loin. Je paflai deux jours chez mon ami , dans un canton où j’eus occafion de faire quelques remarques d’hiftoire naturelle, Historique. 175 qui pourront trouver leur place ailleurs. Nous allâmes enfemble à Bien prendre congé de fon beau-frère Don Joseph Davalos, & des Mules franco! (es de la province de Quito a. D’ailleurs, E'ieti étant à peu près à moitié chemin de Quito à Cuenca, je voulois y établir une correlpondance fore & un entrepôt fixe , pour les exprès que j’étois convenu avec M. Bouguer de lui dépêcher tous les quinze jours, afin de nous commu¬ niquer plus promptement nos obforvations refpeétives. Don Jofeph Davalos , en celte occafion comme dans toutes les autres , me procura toutes les facilités que je pouvois defirer , & me donna de nouvelles preuves de fon amitié. J’atteignis le 14 mon bagage à Riobamba , d’où je marchai à grandes journées : j’en eus bien-tôt deux ou trois d’avance fur mon lit; j’allois encore trop lentement au gré de mon impatience. Je pris ma route par le pied des hauteurs de YAJJouaye vers l’ouefi , pour connoître un nouveau pays : je payai cher cette curiofité; jamais chemin ne mérita mieux Ion nom que celui de las Ceneguetas ( les bourbiers) : j’y pafiii des nuits , où , fans fouffrir de froid , je regrettai celles de YAJJouaye b. J’arrivai le 19 à Cuenca , réfoïu de paflër le jour même à T ar qui , cinq lieues au delà, pour ne pas perdre un inrtant. Je devois y trouver le leéleur monté, & toutes chofes difpo- fées pour i’obfervation , par les foins de M. de Moral avilie , qui étoit parti de Quito un mois avant moi. En arrivant à Cuenca , je (us que la malle où j’avois renfermé ma pendule & le limbe de l’infii ument, étoit refiée en cette ville; ce qui m’y retint jufqu’au lendemain. Je trouvai dès le foir cette malle ouverte & à moitié vuide : heureufoment les voleurs avoient eu plus befoin de chemifes que d’infini mens de mathématiques. J’appris auffi que je courois ri (que de netre pas reçu à Tarqui dans la mai fon de campagne où nous avions obforvé en 1739 & 1740, & que j’étois brouillé avec le maî¬ tre du logis, fans autre tort que celui de lui avoir prêté de l’argent trois ans auparavant. Quelque différente que (bit 8 Voy. 1737* Nov.j?, 66. | h Voy. 1739, Avril, 1742. Septembre. Séjour à L'Un. Kiobamba. Chemin de las Ceneguetas. Arrivée à Cuenca. Obflaçfes divers. * 74 2 • Septembre . Le Se&eur dérangé dans le tranfport : ré¬ paré & recon'- îruit. Qâohre. 176 Introduction l’Amérique de l’Europe, l’ancien & le nouveau monde ne laillènt pas d’avoir leurs traits de rellèmblance, dans Je moral aulfi-bien que dans le phyfique. Je trouvai les portes fermées à Tarqui comme on me l’avoit annoncé; cependant le lecieur étoit logé : M. de Morainville , arrivé depuis piufieurs jours, avoit trouvé moyen de le faire ouvrir le bâtiment ifolé & défert qui nous avoit toujours lèrvi d ’oblervatoire ; il y avoit fait monter i’inflrument, & je m’y établis. J’aurois pu, dès le jour même, avoir une méridienne , fr j’euflè retrouvé en leur place le gnomon & les crampons de fer qui avoient lèrvi à tendre le fil de celle de M. B ou puer ; mais il avoit tout emporté à Cotchefquï. . Le loleil étoit à 3 degrés du zénith , & s’en approchoit tous les jours ; ce qui ne me permettoit pas de tracer une méridienne par la mé¬ thode ordinaire: je ne pouvois y fuppléer que très -impar¬ faitement & d’une manière indireéte , par l’oblèrvation d’un azimuth, fur-tout n’ayant pas encore de pendule réglée. Un autre obllacle m’arrêtoit. Une des traverlès du pied de mon quart-de- cercle avoit été volée en chemin avec lès vis : le dommage étoit difficile à réparer, vû la dilètte, l’éloi¬ gnement & la mal-habileté des ouvriers qu’il falloit aller chercher à Cuenca ; en attendant, je lis comme je pus une traverlè de bois, & je pris des hauteurs. Mes premiers elîais avec le feéfeur m’apprirent qu’il setoit dérangé dans le tranf port , malgré toutes mes précautions : ainfi mes premières ob¬ lèrvations furent perdues; il me fallut démonter l’inffiument, & le reconftruire de nouveau. Je rends compte plus en détail dans l’ouvrage fuivant , des changemens & réparations que j’y fis à piufieurs reprilès, pour le rendre plus libre fur jfbn pivot, & en augmenter lafolidité, comme auffi du temps que pri¬ rent toutes ces opérations. Cependant M. Bouguer, qui avoit commencé d’obferver à Cotchefquï dès la lin d’Août, mecri- voit qu’il croyoit en avoir alièz fait , & qu’il renonçoit aux oblèrvations fimultanées , auxquelles il avoit eu tant de peine à conlèntir. Ses lettres netoient propres qu’à m’affliger : il lèmbfoit avoir oublié que Tarqui étoit un léjour fatal aux oblèrvations Historique. 177 obfervations agronomiques; que l’année précédente il s’étoit 1742. trouvé précifément dans le même cas que moi ; qu’il n’avoit Oélobre » pu en trois mois avoir une feule obfervation correlpondante à celles de M. Godin à Mira; & enfin qu’il en avoit paiïe neuf entiers avant que de terminer fes travaux dans le même lieu où je 11’étois arrivé que depuis un mois. L’impatience que me témoignoit M. Bouguer, ajoûtoit encore à la mienne. Jamais un laboureur, menacé par les orages de perdre fi ré¬ colte, ne fit de vœux plus ardens pour un beau jour, que j’en fàifois pour une belle nuit; cependant les pluies ne cefsè- rent que pour faire place à des brouillards plus fâcheux par Pluies & leur continuité , que les pluies mêmes. brouillards. Il ne m’étoit plus poffible de régler ma pendule ; elle avoit jym ,Cmbre. d’ailleurs tant de facilité à fortir de Ion échappement, quelle n’attendoit pas, pour s’arrêter, les fréquens tremblemens de terre, qui ne pou voient manquer de donner lieu à cet accident. Un petit nombre d’oblervations , dérobées entre les' nuages, ne s’accordoient point , ou n etoient pas affez conformes pour que j’y puffe compter. Je ne le diffimulai point à M. Bouguer, non plus que le remède que je me propofois d’y apporter, s’il partoit avant que nous euffions des obfervations fimultanées : c ’étoit de prier M. Godin d’y fuppléer par de nouvelles ; réfôlu que j’étois de ne pas retourner en France , & de ne point quitter le pied de l’inftrument , que je ne me fuflè affuré de la conformité de mon rélultat avec celui de l’un de mes deux collègues. M. Bouguer approuva fans doute mes raifens, & continua d’obferver à Cotchefqui. A la fin de Novembre, les chofes commencèrent à prendre une autre face. Peu après , je trouvai le moyen de me garantir Décembre. de l’erreur d’optique*, qui faifoit varier d’un jour à l’autre la hauteur apparente d’une même étoile. Depuis ce temps, la con¬ formité de mes obfervations me rafîura fur mes ferupules , & j’ofai me promettre un heureux fuccès. Après huit ans de tra¬ vaux, il étoit temps que j’entrevifîè le moment de mon retour. * Voy. Mef. des trois pvem.deg. du Mérid, Part. Il, art. x 1 x , p. 2 ij . Z Introduction 1743. Ohfcrvatoirc de 7 urquL 378 Année 174-3- L’endroit où job fer vois à Tarqui, éloigné de quatre lieues du plus prochain village, eft le plus trifte léjour qu’il loit poffible d’imaginer : cetoit un bâtiment à raiz-de- chaufîee, femblable à une ferme, comme le plus grand nombre des maiions de campagne du pays. Celle-ci eft iituée à l’ex¬ trémité auftrale du vallon , dans un enfoncement qui n’a qu’une feule iffue : un cercle de montagnes , dont la maifon touche le pied , y borne la vue de tous côtés , fins donner aucun abri. Pendant le cours de mes obfèrvations , les vents y furent continuels & violens: j’y refîèntois prefque toujours, & fur-tout la nuit, affez de froid pour defirer du feu : il y pleu- voit des femaines entières fins interruption. Les tremblemens de terre n etoient pas moins fréquens que les orages : deux In¬ diens y avoient été tués par le tonnerre en 1735), prefque fous nos yeux, & il étoit tombé fur une de mes mules à un jet de pierre de notre logis. Quelquefois la matinée annonçoit un beau jour; mais à une heure prelque réglée, le brouillard épais qui selevoit d’un terrein voifin , bas & humide , entroit par une gorge de montagnes, fè répandoit fur tout le vallon, & déroboit fiibitement la vue du ciel & de la terre. Je ne parle point de la difficulté de trouver les chofes les plus né- celfaires à la vie : je ne pouvois rien tirer que de Cuetica, dont j’étois éloigné de cinq grandes lieues, & féparépar cinq rivières, qu’il fai loit palier à gué, deux entre autres avec danger. On fera fans doute furpris que nous euffions choifi ce lien pour un obfervatoire ; mais la proximité du fignal qui termi- noit notie méridienne, avoit décidé notre choix : la faifon où nous avions meJùré notre féconde bafe dans la prairie voifine, au mois d’Aoùt 1 73 9 , avoit aidé à nous tromper : c’étoit le plus beau temps de l’année : enfin nous ignorions alors les inconamoditésparticulièresdu pofleoù nous allions nous établir; & qu a une demi-iieue de là, nous euffions joui d’un autre ciel* Historique. 179 Ceft dans le lieu que je viens de décrire, que je paffâi 17430 iêpt mois, dont les trois premiers avec M. de Moraumlle , & les quatre fuivans fans autre compagnie que celle de quel¬ ques livres elpagnols. Je failois du jour la nuit, pour ne perdre aucune oblervation. Le fuccès de notre million dépendoit de ce dernier travail; l’elpérance & la crainte me tenoient dans une agitation continuelle : l’inquiétude me préfèrva de l’ennui. Après deux mois de mauvais temps, &. d’obltacles accumu- Dernières lés , les nuits du mois de Décembre m’avoient été allez favo- ° lervat,0is" râbles : c’étoit beaucoup pour Tarqui, que d’y avoir vu notre étoile lèpt fois en trois fèmaines. Ces variations irrégulières dans là hauteur , qui m’avoient laide des doutes dans toutes mes oblèrvations précédentes, ne fubliffoient plus depuis que j’avois employé l’expédient dont j’ai parlé. L’uniformité des fuivantes, & leur accord avec le réfùltat des dernières de M. Bouguer, me répondoient de l’exaélitude des unes & des autres. Les premiers quinze jours de Janvier, j’en eus encore trois dont je ne fus pas moins content: j’en fis part à M. Bon- Janvier, guer par mes lettres du 1 5 & du 19. Pendant le relie du même mois, il y eut une reprilê de Brouillards, brouillards, qui m’auroit pu difpenlèr, même de me prélènter à la lunette, fi je n’euffe quelquefois éprouvé que je voyois l'étoile dans des temps de brume claire , où aucun altre ne paroilîoit à la vûe fimple. Je fus plus heureux pendant le mois de Février. Le 2 1 , je retournai l’iiiffrument pour la Février. quatrième fois. A force d’exercice, j’étois parvenu à oblêrver fêui avec la plus grande facilité, fans avoir belbin d’aucun fècours. Dans toutes ces différentes inverfions, je n’éprouvai plus les changemens auxquels le fèéleur avoit été fujet dans nos précédentes oblèrvations. Je reçus le 1 6 Février, la réponfè de M. Bouguer à mes Communies- lettres du 15 & du 19 Janvier, avec la première communi- jeonnoslobier- cation de les oblèrvations julquW 2 du même mois. Sa lettre valions fîmul- étoit du 3 1 : il avoit vu l’étoile g JOrïon plufieurs des mêmes tanee5‘ nuits du mois de Décembre où je l’avois auffi oblèrvée. Le 9 Mars, je lui envoyai la fuite de mes oblèrvations: Murs. Z ij 1 743* Mars. Dernière lettre à M. Bon- gucr, Départ de M. llpuguer pour France. Avril. Lettre de Don Fedio Alaldo- vado. r8o Introduction j’y joignis une récapitulation de toutes celles que nous avions faites enfèmble & féparément les années précédentes à Tarqui, à Cotchcfqui & à Quito ; avec la comparaifon & la critique des unes & des autres , & le réfultat de mes réflexions. Je le priois de me dire fon avis fur le tout, & de me faire part de fes lumières; afin de convenir dès -lors, non feule¬ ment des fûts déjà conflatés par la communication récipro¬ que , mais aulli de toutes les confequences que nous en devions tirer. Ma lettre n’atteignit M. Bouguer que fur la route de Car¬ thage ne : il étoit parti de Quito dès le 20 Février ( prefque dans le même temps où j’avois reçu fa réponfè) : c’efi: ce que je n’appris que le 5 Avril, au retour de mon exprès dépêché le p Mars; ainfi, tandis que je continuois d’oblerver à Tarqui , dans le deflein d’obtenir un plus grand nombre d’obfèrvations fimuit.inées, correfpondantes à celles de M .Bouguer, il étoit en chemin depuis fix fèmaines. M. de Jiijjieu me marquoit qu’il lui avoit délivré, fur mon mandement, ce qu’il lui avoit demandé de ma part , pour fubvenir aux frais de fon voyage. Cette fomme fufoit partie de la fucceffion de feu M. Senier- gués, dont M. de JuJJîeu & moi étions dépofitaires. Je reçus dans le même temps des nouvelles de Don Pedro Maldonado : il me mandait qu’il s’étoit enfin déterminé à prendre avec moi la route de la rivière des Amazones; qu’il fè rendrait , ainfi que nous en étions convenus, par la pro¬ vince de Canélos à la Laguna , principale miffion de Marnas , où il m’attendroit s’il arrivoit le premier. Sur cette lettre , je lui dépêchai un dernier exprès à Quito , pour l’informer de ma marche, & je ne longeai plus qu’à mon départ. Je n’attendois , pour me mettre en chemin , que la réponfè du Père Magmn, curé & miffionnaire de Borja , que j’avois prié depuis plulieurs mois de m’envoyer des canots à i ’em- barcadero voilin de Jaën ; mais voyant bien que cela me retar¬ derait trop long-temps, je pris enfin le parti d’aller au devant de fâ lettre. J’eus encore plus de peine à me tirer de Tarqui , où je H I S T 0 R I (l U E. I 8 I rfavois plus d’affaire, que de Quito, où elles ne finifloient 1743* point. Je devois me pourvoir de tout ce qui metoit né- Avril. ceflaire pour une longue route , à Cuenca , où je netois Préparatifs pas vu de bon œil par les païens & les amis de ceux qui mon c" avoient eu part à l’émeute populaire de 1735?, & qui ne pou- voient me pardonner l’arrêt que j ’avois obtenu , quoiqu’il les eût traité avec peu de rigueur : il me fallut faire piufieurs voyages en cette ville; & malgré la faveur du Corrégidor, il ne me fut pas aile d’obtenir des muletiers & des porte-faix. La quinzaine de Pâques lèrvoit de prétexte à la mauvailê volonté de ceux à qui j’avois affaire : je me conlolois en perdant que cetoit pour la dernière fois que j’y lèrois expofé. Le 2 5 Avril , je partis de Cuenca pour n’y plus retourner. ^ .Toutes les rivières étoient prodigieulëment enflées; je pris un grand tour , pour éviter les gués : cependant il falloit nécef- fairement en pafler un pour arriver à Tarqui , où je reve- nois coucher. Celui-ci, le plus petit de tous, avoit à peine Gué de Tarqui. 6 toiles de large , & je le connoiflois très-bien; mais la rivière avoit tant charié de labié & de valè , que mon cheval , quoique haut & vigoureux, s’y enfonçoit de plus en plus par les efforts même qu’il failoit pour s’en tirer : je me jetai à l’eau pour le jfoulager de mon poids, & le dégager. Si dans cette occafion j’eufle monté une mule, comme ces animaux ont les pieds moins larges que les chevaux , elle eût couru grand rilque d’y relier. Le même jour, celle qui portoit ma malle étoit tom¬ bée du haut d’une berge dans la rivière, & ne s’en étoit tirée que pour retomber peu après dans une mare: mes livres & mes papiers étoient entièrement mouillés. J’aurois pu m’é¬ pargner le long temps que j’employai pour les fécher, fi j’eufle prévu qu’il me faudrait bien-tôt recommencer la même opé¬ ration. A la veille de mon départ de Tarqui , je me vis menacé Nouvel d’un nouveau procès avec le maître de la mailon que j’ha- obftacie'> bitois depuis lèpt mois: je lui en avois fait les honneurs toutes les fois qu’il y étoit venu pafler quelques jours; je me flattois d’avoir regagné lès bonnes grâces par des attentions Z iij s 82 Introduction. 1743. Avril. Départ de Tarqui . Mai. marquées : j’avois, d’ailleurs, très -bien payé tout ce qui! m’avoit offert gratuitement ; cependant il attendoit le moment de mon départ pour me rançonner , en formant les plus étranges prétentions , & en me rendant relponlable de ce qu’il répétoit, fins aucun droit, contre Mrs B aligner & Ver- gain, pour le temps de notre premier fejour à Tarqui , quatre ans auparavant. Je lui donnai un peu plus que ce qu’il exi- geoit pour mon compte, & je me crus heureux d’en être quitte à ce prix. Je n’infifte fur ce fait que pour remarquer que rien* ne reffemble moins que ce procédé, à celui de la piufpart des gens de confidération à qui nous avons eu affaire dans l’Amérique efpagnole. A Cuenca même, où nous avions peu d’amis, j’occupai à plufieurs reprifes en 1739 &. 1743, une maifon entière, que le maître*, dont j etois à peine connu, m’avoit offerte, & de laquelle il 11e me fut pas poffible de lui faire accepter aucun loyer. Il faut avouer que la vertu de i’hof- pitalité, aujourd’hui prelque bannie de l’Europe, fèmble setre réfugiée dans le nouveau monde. Sans doute cetoit autrefois la même choie dans l’ancien ; mais l’affluence des hôtes , le nombre des aventuriers, & la facilité de le procurer pour de l’argent toutes les commodités de la vie dans les grandes villes, ont dû y faite plultôt fèntir les inconvéniens d’un ufige qui failoit tant d’honneur à l’humanité. Après bien des délais, & des contre- temps que l’habitude feule pouvoit rendre lupportables, je partis enfin de Tarqui le I 1 Mai 1743* Un jeune Créole établi à Cuenca , dont les talens étoient dignes d’une meilleure fortune, vint recevoir mes adieux dans mon défèrt, & prendre pirt à ma joie. Je n’ofois prelque m’y livrer; j’avois beloin d’être confirmé dans l’affurance que je n’étois plus retenu par aucun obltacle. Je pris la roule de Ja'én le 1 1 Mai 1743, huit ans après mon départ de France , & fèpt depuis mon arrivée à Quito. Ce qui fuit n’a plus rien de commun avec l’objet principal de notre million, c’elt-à-dire, avec la mefure des degrés, <5c * Le Doéleur Don Francifco Varfallo , Commiflaire du tribunal de la Cru^ada. Historique . 183 ne regarde que mon retour en Europe , dont j’ai donné ia relation abrégée en 1745. Cependant, pour remplir le plan que je me fuis propofé dans cette lntrodu&ion, & pour ache¬ ver de rendre compte de mes occupations dans le cours des dix années qu’a duré mon voyage, je joins ici, fuivant l’ordre des dates, une récapitulation luccinle des principaux faits rap¬ portés dans ma première relation ; mais j’indiquerai feule¬ ment ce que j’ai déjà dit ailleurs. Je n’infifterai que fur les faits les plus importans , & fur plufieurs circonftances nou¬ velles & dignes d’attention, que les bornes prefcrites à ma leélure m’avoient fait omettre dans l’ouvrage cité a, & que je retrouve fur mes journaux. Du vallon de Tarqui , dont la température approche du froid , on delcend au lud par une gorge appelée le Port été, dans lin pays bas & chaud, comme l’exprime le nom indien Yiui~ guilla b, qui a pris une terminaifon elpagnole. Ce canton, le laboratoire des brouillards qui nous avoient defôlé à Tar¬ qui , eft très-abondant en oranges, citrons, limes & limons de toute efpèce, bananes, grenadilies, & fur-tout en chiri- moyas, fruit du même genre que celui qu’on nomme dans nos ifles, pommes de çanelle; mais qui l’emporte beaucoup fur celles-ci par le goût & le parfum. On donne allez géné¬ ralement au Pérou la préférence à la chirimoya fur l’ananas même , & il faut bien remarquer que l’on ne peut avoir en Europe qu’une idée imparfaite du goût de l’ananas, par ceux que l’art fait éclorre dans nos ferres. En fortant d ’Yuhguilla, on paflè un gué fameux par un grand nombie d’accidens ; c’eft celui de 1a rivière de las J 'li¬ belles. Je la trouvai fort enflée par les pluies : plufieurs de mes mules perdirent pied en la traverfànt , & tout mon bagage fut mouillé: un Nègre libre, établi près du gué, n’a d’autre métier que celui de paflèr un à un les voyageurs en croupe 1743. Mai. Vallon d'I'iin* guilla. Gué de la rivière de los Julw/ies, * Cette relation étoir deltinée pour «ne affemblée publique de l’Acadé¬ mie , y fut lue en partie le 28 Avril 1 74. 5 . V les Mém. p. j ÿ 1 . b Dans la langue Quetchoa, vul¬ gairement langue de VInga, c’ell-à- dire, des Incas , Yi/nca fignilie pavs de plaine, & fè pi end d'ordinaire pour pays chaud : d / unca on a fait Y unga? & pai diminutif Yunguilla, I743* Mai . Mines d’or de Zaruma. 1 84. Introduction fur un très -grand cheval accoûtumé à cet exercice. Javois couché au bord de la rivière : ia conformité de couleur Sa la même patrie eurent bien- tôt frit lier connoiffance au Nègre qui me fèrvoit, avec le Chimbador * (c’eft le nom qu’on donne dans le pays aux pafièurs de cette efpèçe ) ; celui-ci s’infor¬ ma de mon nom, & demanda quelle querelle j’avois eue avec S . l’un de ceux qui étoient le plus chargés dans l’affaire du tumulte de 1 7 3 9 ; & fur le compte que lui ren¬ dit mon Nègre, le Chimbador ajoûta que j’étois bienheu¬ reux d’avoir pris cette route au lieu de l’autre , 011 j’aurois fait une mauvailè rencontre en paffant fur les terres de S . Le pur halàrd m’avoit déterminé à ce choix : j’avois fuivi le giand chemin en 1 73 7, dans mon voyage de Lima, je voulus cette fois en prendre un nouveau , pour mieux connoître le pays, & pouvoir placer Zaruma fur ma carte. Quoi qu’on m’en ait dit , je n’ai jamais pu me perfuader que j’eulîe couru d’autre rilque que de me voir enlever la copie des pièces du procès criminel, qu’011 fàvoit que j’emportois avec moi, & dont on appréhendoit fort la révifion au Confêil des Indes de Madrid, Je n’ai pas porté mes ioupçons plus loin contre un homme, qui de chef de fedition ell devenu, depuis mon départ, prêtre & curé, & qui fans doute a fait des preuves fufhfantes pour être revêtu de ce caractère. On pourra trouver qu’il a poulie les précautions à l’excès, fur- tout depuis que l’évè¬ nement a frit voir que lui & les complices n’auroient pas dû prendre leur confcience pour melùre de leur frayeur. J’arrivai le 17 à Z anima: c’eft le leul pays de mines que j’aie eu occafion de voir pendant mon fejour au Pérou, Si toutes les autres refîembloient à celle -çi, 1a pauvreté habite- roit au lëin de la richellè: foit parelfe, loit défaut d’indufîrie. * Ce nom eft originairement in¬ dien. Dans l’ancienne langue du Pé¬ rou , chimpa, racine du verbe chim- pani, ( je paffe au delà ) , fignifie le bord oppoië d’une rivière ou d’une ravine. Les Efpagnols ont fouvent changé le/? en b; de pampa, (plaine) , ils ont fait bamba: ainfi de chimpo , ils ont fait chirnbo ; & de chimbo , chimbador , paffeur. Chimbo elt le nom d’un village où l’on paflè une rivière, à la vue de la célèbre monta¬ gne de Chimbo-raço , dont le nom veut dire la neige de l’autre bord. prefque Historique. 185 _ prefque tous les habitans de Z anima font dans l’indigence; & 1 74.3. avec le titre de Villa *, ce lieu reffemble à un village médiocre : Mai . ceux qui me montraient d’où l’on tirait l’or, n’avoient point de bouliers. Cet or efl de bas a loi , & ne pafïè guère 1 4 carats : on le travaille avec le vif- argent. Les mines de Z a- ruma font prefque abandonnées, quoiqu’aïïèz abondantes: il ne manque que des bras pour les mettre en valeur ; mais les fruits, qui, grâce au climat, ne demandent aucune culture, y /ont excellens. Je ne remportai de ce lieu que la latitude, une bonne provifion d’ananas, &une longue barbe; car dans un lieu où j’entendois parler RAlcaldes, de Re'gidors & d’hôtel de ville , je 11’avois pu trouver un Barbier. Il ferait difficile d’opter, & fur-tout de faire un bon choix entre les ponts de lianes & les gués qu’il faut palier aux en¬ virons de Z anima. Je rejoignis le grand chemin le 23 à Loxa. Loxa, que je connoiflois dès le temps de mon voyage à Lima en 1 7 3 7 . Cette ville efl déchue de fon ancien luftre, & prelque tout fon commerce, le quinquina excepté, a pafîe à Cuenca. Mon premier foin, en arrivant à Loxa , fut de réduire mon bagage au moindre volume poffible, & de me débarrafîèr de tout ce qui pouvoit retarder ma marche. Je ne gardai que deux habits très- légers ; je me défis de mon lit de camp: un hamac me fuffifoit dans le pays où j’allois entrer , qui devenoit plus chaud à mefure que le terrein baiflôit. Je louai de nouveaux mulets, & je vendis à vil prix les miens, qui netoient pas en état de me mener plus loin , fur-tout dans les chemins affreux dont on me menaçoit : j’avoue que cette fois-là je n’eus pas à me plaindre de l’exagération. Je m’arrêtai quelques jours à Malacatos, chez Don Fer- Séjour 4 nand de la Vega, auquel je remis le teftament d’un François ^lalacatos-. fon gendre, mort à Quito, & qui, pour faire connoifîànce avec moi , avoit attendu le jour où il m’envoya prier d etre ion exécuteur teflamentaire. Je ne pouvois, d’ailleurs, me difpenfèr de fejourner à Malacatos : une de mes mules avoit été entraînée par un torrent avec fà charge ; mes plans , cartes, * Villa, en E (pagne, eft une petite ville, à la diftindion de Ciudad , Aa r743* Mai. Quinquina,' Extrait. Sel. Juin. Plant de Quinquina. Villes ruinées. Rivière de Chinthipe. s 86 Introduction vues & defleins étoient fort maltraités , & j’avois pris l’habi¬ tude de fécher mes papiers chaque fois qu’ils étoient mouillés. Pendant ce temps, un Religieux Auguflin, Curé de Villca - lamba , village voifin , me rendit un grand lèrvice de la manière la plus obligeante : il relfouda & répara les tuyaux d’une grande lunette de i 6 pieds , qui m’a depuis lêrvi dans ma route à plufieurs oblèrvations de longitude , & qui , làns lui , me feroit devenue inutile dans un pays où je n’aurois pu la faire réparer. La récolte de quinquina failoit le principal revenu de mon hôte, qui avoit les terres dans un des bons cantons: j’y fis ma provifion de celui de la meilleure elpèce ; il me donna de l’extrait & du fel tirés de cette écorce encore récente, par le procédé que lui avoit enlèigné M. de Jiijjîeu , pendant le féjour qu’il avoit fait dans ce même lieu en 173p. Je n’ai pas eu occafion de faire ulàge du lel ; mais l’écorce & l’extrait ont guéri de la fièvre tous ceux à qui j’en ai donné au Para, à Cayenne , & fur le vailîeau hollandois qui m’a palfé en Europe. Je féjournai le 3 Juin à Yangana , pour y chercher & choifir moi- même de jeunes rejetons de l’arbre du quinquina, que je defiinois au Jardin royal des plantes. Je metois flatté de pouvoir les tranfporter au moins julqua Cayenne , & de les y laifler en dépôt. On verra quel fut leur fort. Je paflai par les villes de Loyola & de Valladolid, & près de Cumbinama, fondées dans les commencemens de la conquête du Pérou. Leurs grands noms peuvent fervir tout au plus d’or¬ nement à une carte; il y auroit à peine de l’exagération à dire que quelques-unes tiennent plus de place fur le papier, que les villes mêmes n’en occupent aujourd’hui fur le ter- rein. Il ne relie nul vefligede celle de Cumbinama : les deux autres ne méritent pas le nom de hameau. Je laifle à juger de l’état des ponts de lianes qui conduilèrrt à ces lieux inhabités. Pendant que mon bagage alloit par terre à Ja'ên , je fis mon premier eflai de navigation fur un radeau, en delcendant la rivière de Chinchipé depuis Perico julqu a Tomépenda , où Historique. 187 jallois trouver ie Gouverneur efpagnol de J tien , qui préfé- roit , avec grande raifon , le féjour d’un village indien à celui de là capitale : celle-ci eft fituée » comme Tarama , fur une montagne, mais fale & humide, malgré cette pofition, & renommée feulement par l’efpèce de tique , appelée garrapata, dont on y eft dévoré. Mon bagage mattendoit à Jaën, dont je voulois déter¬ miner la fituation : cetoit , pour ainfi dire , mon point de partance. Il fallut me contenter d’en fixer la latitude , & de conclurre la longitude feulement par mes routes , n’ayant pu y obier ver d’éclipfé des fàtellites de Jupiter. Le Maranon n’eft pas encore navigable à Jaën : il me reftoit quatre jours de marche ju (qu’au port où je devois m’embarquer. La nature du pays que j’eus à traverfér de Loxa à Jaën , & de Jaën à Kembarcadero , mériterait quelque détail ; on le trouvera dans les additions à ma relation de Y Amazone , inférées dans les Mémoires de l’Académie de 1745.de dirai feulement que j’arrivai le 26, de nuit, à Chucliunga, lieu de mon embarquement, après plufieurs naufrages dans un torrent que je paffai vingt -deux fois la dernière journée de ma route par terre. Pendant qu’on me préparait un radeau , je m’occupai à faire un extrait de mes obférvations les plus importantes , tant fur la mefure du degré que fur diverfes autres matières : eet extrait étoit adreffé à l’Académie, pour lui être rendu , en cas que je •mouruffé en chemin : je recommandois au Gouverneur de Jaën , de le faire tenir à Quito au Père Mi~ Jatievjo, que j’en rendois le dépofi taire. Je m’embarquai le 4 Juillet fur la petite rivière de Chuchunga , & je la deféendis en radeau jufqua fa rencontre avec le Maranon , où je dé¬ bouchai le 5 au matin, après environ fix heures de naviga¬ tion. Un peu au delà, je m’arrêtai deux jours, pour donner ie temps aux eaux de baiffér, & pour aggrandir mon radeau, fur lequel j’arrivai à Sant-lago le 1 o, après avoir franchi le mauvais pas de Cumbinama , & ie tournant d’eau d ’ Efcurre- bragas : je ne me tirai de celui-ci qu’au moyen d’une corde A a ij 1743, Juin. Tomépenda. Jaën. Mauvais chemins. Embarcadero „ ou port deJaën. Teftament académique. Embarque¬ ment. Juillet . 1743- Juillet. Radeau fulpendu. PafTage de Fonça. Borja. La Laguna . principale Mif- fion. 188 Introduction que me jetèrent les trois Indiens du canot qui mefcortoit en côtoyant le rivage. J’ai rapporté ailleurs comment la nuit du 11 au 12, tandis que j’attendois que la rivière fût affez bafie pour rifquer le paflage du Pongo, peu s’en fallut que je ne demeuraffe fuf pendu avec mon radeau , à l’éclat d’une branche d’arbre qui y étoit entrée par-defïous , & qui l’avoit traverfé. Le 1 2 , je pafîai le fameux détroit connu lotis le nom de Pongo de Manféritché , que je trouvai moins effrayant qu’on ne me l’avoit dépeint. J’en ai donné le plan 8c la vue dans les Mémoires de l’Académie de 1745* En 57 minutes, je me vis tranfporté à Borja , que j’eftimai deux lieues au defîous de Sant-Iago. De nouvelles réflexions fur la rapidité du cou¬ rant de plufieurs rivières qui tombent de la Cordelière, 8c dont j’ai mefiiré la vîteffe plufieurs fois proche de leurs fources, me font foupçonner que la diflance de Sant-Iago à Borja pourroit bien être plus grande que je ne l’ai évaluée dans ma relation, 8c que j’ai peut-être trop rabattu de l’eflime ordi¬ naire de trois lieues. Borja , capitale du Gouvernement de Maïnas, reffemble affez aux villes dont j’ai parlé plus haut : il n’y a plus que des Indiens. J’en partis le 14 avec le R. P. Magnin , millionnaire 8c curé de ce lieu , qui voulut bien m’accompagner jufques à la Laguna. Le 1 7 , nous fîmes halte à l’embouchure du Paflaça , rivière qui reçoit toutes les eaux de la Cordelière „ à l’orient de Riobamha, 8c que Don Pedro Maldonado a voit defcendue en venant de Quito. Je trouvai attaché à un arbre un billet qu’il y avoit laide en pafTant, le premier Juin, pour m’infhuire de là marche , comme nous en étions convenus. ■ Le 1 7 , je le joignis à la Laguna , principale miffion de Marnas, où il m’attendoit depuis fix fèmaines. Nous en partîmes enfèmble le 23 flir deux canots de 42 8c de 44 pieds de long , formés chacun d’un feul tronc d’ar¬ bre, & équipés de huit rameurs. Nous marchâmes jour 8c nuit, dans i’efpérance d’atteindre, avant leur départ, les bri- gantins que les millionnaires , Carmes portugais , dépêchent Historique . 189 tous les ans au Para , pour porter le cacao qu’ils recueillent 174.3. dans leurs millions , en échange duquel ils reçoivent de Lif- Juillet, bonne tout ce qui leur efl néceflàire. Nous arrivâmes le 2 5 au loir , après quarante-huit heures Yatneef. de marche , à la bourgade des Yame'os , nation làuvage nou¬ vellement apprivoise, dont la langue & la prononciation ne reffemblent à aucune autre. Le 2 6 , je ne trouvai point de fond à 8 o bralîês , quoique Sonde, je fulîè encore à 800 lieues de la mer: je palîài le même jour devant les bouches de YUcayalé. Son cours de plus de Rivière i'U- 500 lieues, la largeur de Ion lit, la direction , qui change ca?alé- moins que celle du Marahon après leur rencontre mutuelle, donnent lieu de douter lequel de ces deux fleuves reçoit l’autre, & doit lui donner Ion nom. Le 27 au matin, nous abordâmes à Saint- Joachim des Omaguas. Omaguas. De tous les fauvages qui habitent les bords de Y Amazone, ce font les plus civilités , malgré leurulage bizarre de s’applatir le front , la longueur artificielle de leurs oreilles , qui leur efl commune avec quelques autres nations , & leur goût fingulier pour leurs prétendus fortilèges &: certaines fu- perditions bizarres, dont le détail me mènerait trop loin. Le 3 1 , je déterminai en longitude & en latitude i’embou- jgapo , point chure du JSapo, qui fort des montagnes à l’orient de Quito , de ,on3ituJe- & qui a long-temps paflè pour la fource principale de l’Ama¬ zone. Les Portugais font remonter jufqu’à ce confluent, leurs prétentions fur le domaine des bords de ce fleuve ; quoique la borne placée en 1 6 3 9 par Texeira, fur laquelle ils fo fondent, ait été pofée beaucoup plus bas , à Paraguari, vis-à-vis de la première bouche de YYupura. Le lendemain , piemier Août, nous prîmes terre à Pévas, Août. aujourd’hui la dernière miflion efpagnole en defoendant le levas, der- fleuve. Le poifon , dont les Sauvages raflèmblés en ce lieu , particulièrement les Ticounas, enduilent la pointe de certaines petites flèches de bois de palmier, qu’ils lancent avec le fouffle par le moyen d’une farbacanne, pafie dans le pays pour le plus violent de tous ceux qui fervent au même ulâge. On A a iij I743* Août. Sauvages nus. Antro- pophages. Navigation jour & nuit. 190 Introduction croit communément qu'il perd là force en peu de mois; mais je 11e l’ai trouvé guère moins aétif après deux ans. Mrs de Reaumur 8c Hérijfant en ont jugé de même, par les expériences qu’ils en ont faites à Paris au bout de quatre ans, fur un grand nombre de quadrupèdes 8c d’oifèaux, même fur des chevaux , fur un ours, un aigle, 8cc. L’animal atteint d’une de ces flèches récemment empoifonnées, tombe en para- lyfie, quelquefois avec des convulfions, 8c meurt ordinaire¬ ment en moins d’une minute. Ce poifon n’agit que mêlé direélement avec le fàng : le gibier tué avec ces mêmes flèches, n’en eft pas moins bon à manger, 8c nous en avons vécu pendant le cours de notre navigation fur XAmajone. Le lucre pris intérieurement , qui paiïè dans le pays pour un contrepoifôn efficace contre ces bieflures, ne produit fou vent aucun eflèt: les animaux piqués d’une flèche empoifonnée, n’ont été fàuvés que par l’application du feu fur la plaie, ou l’amputation de la partie bleflée, faite à i’inflant même. La miffion de Pévas eft compofée de diverfès nations raflèmblées ; nous y vîmes plufieurs Sauvages indépendans qui venoient vifiter les nouveaux Chrétiens de la bourgade , leurs parens ou leurs compatriotes. Ceux-ci n’ont d’autre vêtement que ce qui fuffit à peine pour couvrir leur sexe: ceux-là, hommes 8c femmes, vont entièrement nus. Les uns & les autres ont, pour la plufpart, le vifage criblé de trous; 8c dans leurs fêtes 8c leurs danfès, dont nous fûmes témoins, ils fè lardent le vifage de plumes d’oifèaux de différentes couleurs. Il y a encore quelques nations barbares dans l’intérieur des terres , 8c nommément fur les bords de XYupura , qui man¬ gent leurs prifonniers ; mais aucune d’elles n’habite les bords de X Amazone. Nous partîmes de Pévas le loir même : nous navigâmes trois nuits 8c trois jours, 8c nous fîmes le chemin de fept à huit journées ordinaires , fans rencontrer aucune habitation. La nuit, nous nous laiffions aller au fil du courant, 8c nos rameurs fè repofoient : deux fèulement faifoient fèntinelle , i’un à la poupe, l’autre à la proue. Hors le temps deftiné à Historique . 191 prendre hauteur à midi , ou à obferver l’amplitude au lever & au coucher du foieil , nous ne faifions chaque jour qu’une halte de. deux ou trois heures, pendant iefquelles je prenois un peu de repos : le relte du temps , jetois continuellement occupé à obferver avec la bouffole les changemens de direc¬ tion du cours de la rivière, & avec la montre, le temps que nous employions d’un détour à l’autre; à mesurer la vîteflè du courant, celle du canot, la largeur du fleuve, la longueur de lès ifles ; enfin à marquer les embouchures des rivières qu’il reçoit, pour ne rien omettre, s’il étoit poffible, dans la carte que je ievois de fon cours. Le 3 Août , M. Maldonado vou¬ lut bien commencer à fe charger de marquer les changemens déroute, & la durée de chacune, depuis fix heures du matin jufqu’à neuf; ce qu’il continua les jours fuivans, tant que nous marchâmes fans nous arrêter. Nous évitions de prendre terre dans les endroits dange¬ reux & fufpeèh, où le hafàrd peut faire rencontrer quelque¬ fois des Sauvages ennemis, quoique le cas foit fort rare. Je m’étois muni d’armes à feu, qu’ils craignent beaucoup, bien que moins terribles que leurs flèches empoifonnées : j’avois dans mon fèul canot, deux fufils & quatre paires de piflolets. Je m’aperçus bien -tôt que cette provifion étoit inutile: elle me fèrvit à faire des préfèns fur la route, à nos hôtes & à nos guides. Le 5 au matin , nous débarquâmes à San-Pablo, la pre¬ mière des cinq millions portugailes qui occupent environ deux cens lieues le long de la rive auflrale du fleuve. C’efl: depuis i’invafion des Portugais en 1 7 1 o, que ces nouveaux établifîe- mens fè font formés des débris de l’ancienne mifhon du Père Samuel Frit£, Jéfuite allemand, millionnaire de la cou¬ ronne d’Efpagne, & l’apôtre du Marahon. Il avoit poulie les conquêtes fpirituelles jufque dans Rio-Negro , à 600 lieues de Borja, lorfqu’il defcendit le Mararion en 1 689. La grande carte Efpagnole du cours de cette rivière, qu’il lit à fon retour du Para, fut gravée en petit à Quito en 1707, & depuis copiée en 1 7 1 7, dans le Reç. de Lettres édif & curieuj. Cette x743* Août. Carte du court de ['AtnaQwe. Armes à feu redoutées des Sauvages, Miiïions por- tuoaifes , San- Pablo. Carte do P. Fritfy 192 Introduction 1 74 3 . carte eft un morceau précieux & unique * : elle prouve l’habileté Août. de Ion auteur , vu la dilètte où il étoit d’inltrumens, fon infir¬ mité aéluelle, & les circon flan ces gênantes de fa navigation. L’original du P. Frit^, où les degrés de grand cercle ont près d’un pouce, m’eft tombé heureulement entre les mains, à la veille d’être entièrement confumé par le temps, l’humidité & les inlèéles , qui détruifent tout dans les pays chauds ; j’en fuis redevable au R. P. Nicolas Sindlher , Jéîuite bavarois , Su¬ périeur des millions de Ma'inas , dont le zèle & les travaux ont abrégé les jours : mon defièin eft de le dépoter à la Bi¬ bliothèque du Roi , quand j’aurai publié ma grande carte. Les cinq nouvelles millions portugailès font aujourd’hui gouvernées par des religieux Carmes de la même nation. Nous y trouvâmes des canots beaucoup plus grands & plus commodes que les nôtres, une nouvelle langue, de nouveaux ulàges. Là , quoiqu’au centre du vafle continent de l’Améri¬ que méridionale, tout le retient de laitance que procure le commerce direct avec l’Europe, par le moyen de la flotte qui vient tous les ans de Lijbonne au Para. Nous fojournâmes * Ce n’eft que depuis peu de temps que j’ai pu rencontrer un exemplaire de la Relation françoife de la rivière des Ama-çones , par le Comte de Pa¬ gan , imprimée à Paris en 1655, quinze ans après celle que le Père d ’Acuha avoir publiée à Madrid en 1 64.0, & que M . deGomberville, de l’Acad. Françoife, traduifit en 1 682. J’ai trouvé dans celle du Comte de Pagan une petite carte fort défec- tueufe de la rivière des Amazones, mais antérieure à celle du P. Frit & qui ne fe trouve point dans l’édi¬ tion elpagnole de l’ouvrage du Père A’Acuha. Quelques-uns ont pris la Relation du Comte de Pagan , qui ne cite perfonne , pour une para- phrafe de celle du Père d ’Acuha; mais comme Pagan contredit & re¬ lève cet auteur en divers endroits , il faut néceflàirement qu’il ait eu d’au¬ tres mémoires. Il y a toute appa¬ rence qu’il les avoir acquis en Portu¬ gal, où il fut envoyé pour fervir en qualité de Maréchal - de - camp en 1 642 , deux ans après la révolution qui mit la maifon de Bragance fur le thrône : il eft probable qu’il les aura tirés de quelqu’un des Portugais de l’expédition de Pedro Texeira, Lieu¬ tenant de Roi , ou Capitam mor du Para, qui avoit remonté V Amazone en 1 6 3 7, & fait le voyage de Quito. Peut-être même Pas>an aura-t-il eu communication de quelques mémoi¬ res envoyés directement du Para à la cour de Lijbonne , pour fuppléer à ceux que le Jéfuite efpagnol , nom¬ mé par l’Audience royale de Quito pour accompagner Texeira dans fon retour, avoit apportés à Madrid à Philippe II, dont le Portugal venoit de fecouer le joug. flX Historique. 193 fix jours à Coan, ïa dernière des cinq millions : nous y relay⬠mes de canots & d’indiens» & nous en partîmes le 20. Le même jour , nous effuyâmes une véritable tempête » dans un endroit où le fleuve avoit plus d’une lieue de large : nous eûmes le temps de nous mettre à l’abri; l’entrée d’un ruifièau nous fer vit de port. Je n’ai point fait mention de plufieurs autres pareils orages. Le 2 1 , je ne trouvai point de fond avec une fonde de cent trois brafîès : je metois précautionné contre l’accident connu , qui peut , en certains cas , empêcher la fonde d’aller à fond , quand la profondeur efl fort grande , & le plomb fort petit. Le 23, nous entrâmes dans Rio negro , ou la Rivière noire , & nous prîmes terre au Fort Portugais : on peut remonter de cette rivière dans le grand fleuve de ÏOrinoque, qui a fon em¬ bouchure vis-à-vis fille de la Trinité. Cette communication de ÏOrinoque à ï Amazone, autrefois connue, enfuite révoquée en doute, niée même encore en 1742 par le P. Gimiilla, auteur de ÏOrinoque illujlré , qui avoit paffé fi vie dans les millions voifines , a été récemment bien conflatée par les nouvelles découvertes des Portugais en 1743, & fauteur cité a reconnu fon erreur avant fâ mort. Il s’enfuit de-Ià que la Guiatie efl la plus grande ifle du monde connu. Le lendemain, nous laifîâmes à droite, fur la rive auflrale, les bouches de la rivière da Madeira ( ou du Bois), que les Portugais du Para ont remontée en 1741 jufqua Santa-Cru g de la Sierra, dans le haut Pérou. Les Jéfuites portugais ont des millions très-florilfantes fur les bords de cette rivière : celles de ï Amazone , au defîous de C'oari, font régies par des Reli¬ gieux de la Mercy de la même nation. Le 2 8 , nous atterrâmes fur le bord fëptentrional du fleuve au Fort de Paouchis (. Patixis ,) où les Portugais ont une garnifon. lé Amazone, large d’une & de deux lieues au deffus de Pauxis, forme en ce lieu un détroit dont je mefùrai géométriquement la largeur; je la trouvai de 900 toiles. Le flux & reflux s’y fait fêntir , quoiqua deux cens lieues de la mer. En feize heures de marche » nous nous rendîmes de Pauxis Bb *743* Août . Co&ri. Rio negr», fa largeur. R ivière Jcnhe‘ d’expofèr. Je voulois, en faifant le trajet du Para à Cayenne , achever ma carte du cours de K Amazone , 8c mefurer l’em¬ bouchure de ce fleuve en la traverfànt. Je comptois dépofèr à Cayenne mes jeunes arbres de quinquina, qui a voient befoin de cet entrepôt pour être tranlportés en France. D’ailleurs, il me paroifloit important de répéter l’expérience de M. Richer fur la longueur du pendule à fécondes à Cayenne : je me pro- pofois auffi d’y faire celle du pendule de métal , que j’avois employé au même ufàge à Quito, à PitchincJia , au Para, & qui m’a férvi depuis à Paris, Je me flattois, vu les mefures que j’avois prifês , de trouver raflemblées à Cayenne toutes les lettres que j’attendois d’Europe , & dont j’étois privé depuis plus de trois ans : fur - tout j’efpérois pouvoir m’embarquer, 8c repaffer droit en France , fur le vaiflèau de guerre qui , à fon retour de Cayenne , touche ordinairement à la Martini¬ que. J’étois bien réfolu , en ce cas , de remonter fur la mon¬ tagne Pelée , haute de 700 toiles , d’y mefurer avec le micro¬ mètre , la diverfité d’inclinaifon de l’horizon dans le fèns du méridien , 8c perpendiculairement au méridien ; 8c de con¬ clu rre de cette obfervation l’inégalité des degrés du méridien & de l’équateur par une voie très-fnnple. J’avois inutilement cherché les moyens de faire cette obfervation fur la côte de la mer du fud en 173 6, lors de notre débarquement à Manta: il ne m’avoit pas été poffible alors de faire aucune application utile de cette méthode , faute d’une hauteur fuflifânte , & je metois toujours flatté qu’à mon retour j’en trouverais i’occa- fion à la Martinique. Telles étoient les raifons qui me déter¬ minèrent au voyage de Cayenne : j’étois bien éloigné de pré¬ voir qu’il retarderait de près d’un an mon arrivée en France, Historique. 199 La petite vérole faifoit alors un ravage affreux au Para parmi les Indiens , à qui elle eft prefque toujours mortelle , quand ils l’ont naturellement , & quelle ne leur elt pas com¬ muniquée par infêrtion: opération qui a très -bien réuffi au Para avant & depuis mon pafïàge. 11 n’étoit pas poffible de trouver un nombre fuffifànt d’indiens pour former un équi¬ page de rameurs: il les fallut faire venir de fort loin, 8c les garder à vue , pour empêcher qu’ils ne communiquaient avec ceux de là- ville, qui étoient infeétés de la contagion. Tout le mois de Décembre le pafla dans ces préparatifs. Je mis à profit ce délai : je déterminai la latitude & la longitude du j Para par plufieurs obfèrvations , & j’en fis un grand nombre de divers genres, dont j’épargne ici l’énumération au lecteur. Celui que le Gouverneur avoit chargé d’équiper le canot , avoit refufé de recevoir l’argent que je lui avois offert: je portai fécrètement , au moment de mon départ, 200 cruzades ( environ 500 livres monnoie de France), à un riche négo¬ ciant , que je chargeai de les remettre de ma part pour le fret du canot. J’ai appris depuis mon retour en France , que la fomme n’avoit point été acceptée, & quelle étoit reliée en dépôt par ordre du Gouverneur : c eft à cette occafion que j’ai fu jufqu’où s’étoient étendus les ordres 8c la libéra¬ lité de Sa Majefté Portugaifè. Je m’embarquai enfin la nuit du 29 au 30 Décembre 1 743 . Neuf ans d’abfènce de ma patrie, 8c l’efpoir de trouver bien -tôt des nouvelles de ma famille’ 8c de mes amis , me donnoient la même impatience d’arriver à Cayenne , que fi cette colonie eût été la France même. 17 43- Décembre. Rareté des Indiens, caufée par la petite vé¬ role. On refufe fe fret du canot. Départ du Para pour Ça* ymne. 2.00 Introduction *744- Pirogue pontée. Janvier. Pointe de Maguari, Ifîe de Marayo, ®u des J o an es. Année 174-4- LE bâtiment fur lequel je partis du Para, J toit une grande pirogue pontée , avec un équipage de vingt- deux rameurs. Le Gouverneur m’avoit donné un fergent de la garnifon, pour les commander, & je trouvai à bord une ample provifion de vivres & de rafraîchi démens. Ce bâtiment pouvoit tenir la mer; mais les Indiens & leur condudeur n’étoient pas gens à perdre la terre de vue; & je ne pouvois frire autrement que de me laiflér conduire : peu s’en fallut que les vents contraires ne me ramenaflènt au Para huit jours après mon départ. Enfin nous doublâmes, avec beaucoup de peine, le r 1 Jan¬ vier, la pointe de Maguari, à l’angle oriental de la grande ide des Joanes, ou de Marayo. Cette pointe n’eft pas moins dangereufè, par les récifs dont die efl environnée, que celle de Tigioca , fituée tout vis-à-vis dans la terre ferme, 11e i’efl par fes bas-fonds , qui s’étendent fort loin au large. Toutes deux forment l’embouchure de la rivière du Para , qui a douze lieues de traverfée d’une pointe à l’autre, & qui efl , je le répète, abfolument diflinde, & à plus de quarante lieues de diflance de l’embouchure du fleuve des Amazones, avec lequel la rivière du Para a fouvent été confondue. Je prolongeai la côte feptentrionale de l’ifîe de Marayo, ou des Joanes, qui court quarante lieues de i’efl à l’oueft , pres¬ que fous la Ligne équinodiale. Cette ifîe , qui peut avoir plus de 1 50 lieues de tour, n’efl feulement pas nommée dans les didionnaires géographiques les plus récens. Je traverfài enfuite, en paffant d’une ifîe à l’autre, & portant toujours à l’ouefl, le vrai canal de K Amazone, dont la largeur vis-à-vis de Macapà n’a pas moins de douze lieues , en y comprenant les ifles; j’abordai au fort de Macapà, fur la rive gauche du fleuve , à o degré 3 minutes de latitude nord : ce fut là que j’achevai de me convaincre par mes yeux, & par le rapport des gens qui connoiffoient le pays, que ce que j’avois propofé Historique. 201 dès 1734, fur la feule inlpeéfion des cartes, eût été d’une exécution pins ailée que je n’ofois alors le préfumer; que rien n’auroit empêché de mefurer plufieurs degrés du méridien au fud de Cayenne, fans furtir des terres de France; & qu’avec des pafieports de Portugal , on eût pu facilement pou fier la niefure julque fous l’équateur. Je 11e répéterai point ici ce que j’ai dit ailleurs, au (ùjet de ce mouvement terrible des marées, que les Indiens nom¬ ment Pororoca, & qui fait dans tout ce canton de grands ravages à toutes les pleines lunes : la frayeur de mes Indiens & de leur chef de route les ht arrêter malgré moi , pour attendre que ce temps redoutable fût paffé ; ce qu’ils exécu¬ tèrent h complètement , que par ce long délai peu s’en fallut que les marées de la nouvelle lune fuivante ne nous devinrent funehes. Nous pafîames cet intervalle de douze jours dans une ifle déièrte , que j’ai nommée fur ma carte Ifle de la Pénitence: il n’y avoit pas où mettre le pied à fec, & je ne fortis point de mon canot, dans lequel il fembloit que tous les mouftiques de fille fê fufîènt raflèmblés; de là, nous atteignîmes en deux jours, ainh que je l’avois prévu, le cap de Nord , qui termine fins équivoque l’embouchure de KAmajone du côté de l’oueh. Si on prend vers l’efl la pointe de Magnan pour l’autre terme , la bouche du fleuve aura , fui vaut mes routes, un peu moins de cinquante lieues marines, & environ foixante lieues com¬ munes; & h on veut abfolument y comprendre celle de la rivière du Para, l’embouchure totale aura plus de foixante- dix de ces dernières. Le lendemain du jour où je doublai le cap de Nord, mes guides ayant voulu , malgré moi, jeter l’ancre en pleine marée fur un bas-fond, les eaux, en fe retirant le premier jour à peu de di (lance de nous , & s’éloignant de plus en plus les jours fuivans, laiisèrent le canot à fec, ou pluüôt engagé dans une mer de boue, où mes Indiens enfonçoient jufqu’à la cein¬ ture, quand ils fe hafndoient à fortir pour chaffer , ou pour aller chercher à deux lieues de là une eau fiumûtre, que la C c 1 744* Janvier. Pororoca. Ifle de ta Pénitence. Février. Canot retté à fec. 202 Introduction 1744. nécefîlté feule pou voit rendre potable. Cette fituation dura Février, fept jours , jufqu’à ce que les marées recommençant à croître, vinrent à notre lecours, & enlevèrent, avec plus de bonheur que je ne l’efpérois, le canot enchâlfé dans un limon déjà durci par les ardeurs du foleil : ainli je dus mon (a! ut à ce même dot dont j’avois tout à craindre. Heureulèment le banc s’éten- doit fort loin, & reçut le premier choc. La précaution que j’avois prife , en faifànt creuler dans la vafè defféchée un canal jufqu’au canot, & à l’entour, pour recevoir peu à peu les pre¬ mières eaux des marées croisantes , ne me fut pas inutile. Erreur des Fendant ce trifle féjour , j’eus ocçafion de remarquer dans ‘ lC les meilleures cartes marines une erreur très-dangereufê pour l’atterrage des vailFeaux , & qui peut-être en a fait périr plu¬ sieurs, comme ceux dont je vis les débris fur la côte voifine, qui court au nord jufqu’au cap d O range : l’importance de la matière m’engage à expliquer ici plus particulièrement ce que je n’ai dit qu’en paffant dans ma relation de X Amazone. Rien n’elt moins conforme à la vérité que la vue & l’afpeét de cette côte , telle quelle eft deffinée dans le Flambeau de la mer, livre traduit du Hollandois dans toutes les langues. On y voit la repréfentation d’une longue chaîne de monta¬ gnes , dont les diverfès pointes & inflexions font figurées dans le plus grand détail, & l’on donne cet afpeél pour celui fous lequel paroifient les terres quand on en approche : il eft pour¬ tant très- vrai qu’on n’aperçoit pas fur le terrein la moindre apparence de colline tant que la vue peut s’étendre. La côte eft une terre balle & noyée , couverte de mangliers qui avancent fort loin dans la mer. Les mêmes cartes hollan- doifès, & d’après celles-ci toutes les autres, défigurent aulîi i’ifle de Marayo , ou des Joancs ; & d’une feule iiïe, elles font un Archipel , avec des canaux où les fondes font mar¬ quées. Je ne trouve qu’un moyen de concilier ce que j’ai vu avec la carte. J***». C’efl de fiippofèr que les terres & le limon chartes & «eue erreur! dépofés par X Amazone & par le reflux de la mer, ont uni, avec le temps, plufieurs ifles en une feule, dont le terrein Historique. 203 s’affermit & s’élève depuis quelle eft défrichée par ceux du 1 Para , qui y ont plufieurs établifîèmens & beaucoup de gros Février . bétail. Cette eau le, jointe à la propriété qu’ont les mangliers de fè reproduire par leurs branches, qui deviennent des racines, peut avoir auffj fait avancer la côte du continent plufieurs lieues vers l’elt , & affez pour que les montagnes de l’intérieur des terres ne puillent plus être vifibles en mer, comme elles l’é- toiem peut-être, iorfque les vailfeaux pouvoient en approcher de près il y a plus d’un fiècle , temps où les vues en ont été défît nées. Cette conjecture , que l’inlpeélion du ter rein me fit naître fur le lieu même, m’avoit échappé , quand je donnai mon livre en 1 745. Elle ne manque pas de vrai-fêmblance; au moins eü-elle plus probable, qu’il nel’eft de fuppofèr que l’auteur des cartes du Flambeau de la mer n’a cherché qu’à tromper fes lecteurs. Je continuai ma route fans autre accident notable jufcju’à c^p la hauteur du cap COratige , où je dus la vie à la prévoyance du Gouverneur du Para. Pour peu que ma pirogue eût été moins forte, ou même fi elle n’avoit pas été pontée, elle ne fê fèroit jamais relevée , après le coup de mer qui la tourna fur le côté , & faillit à la renverlèr entièrement. La même vague, en nous inondant, endommagea la poupe de la piro¬ gue, & emporta une caifîe qui y étoit fortement amarrée, dans laquelle je gardois à vue depuis huit mois quelques pieds de quinquina, dont trois setoient bien confèrvés. J’ai dit que je m’étois flatté de les conduire à Cayenne , pour les y laifîer en dépôt, & les faire tran (porter enluite en France au Jardin du Roi : j’eus le déplaifir de leur voir faire naufrage au port, après tous les foins que j’en avois pris dans un voyage de plus de douze cens lieues. La timidité de mes Indiens & du Sergent Adamelus* qui ^ Timidité de# les commandoit , leur faifoit toujours rafer la côte de très- près, & jeter l’ancre tous les foirs : ainfi je confommai près de deux mois dans une navigation , qu’un ou deux ans * On appelle au Bréfil du nom de Mamelus les fils d’Européens & d’In¬ diennes, les mêmes qu’on nomme Métis au Pérou. Ce ij 1 744» Février. Arrivée à Cayenne. Séjour. Obftacles au départ, & ma¬ ladie. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. 204 J N T R 0 D U C T I 0 N auparavant le Capitaine Maillorti, François, fur un pareil canot ponté & agréé à la manière, avoit achevé en lix jours, lui qua¬ trième, en prenant le large. Je me confolai de ce retarde¬ ment, en ce qu’il me donna lieu d’oblerver fouvent la lati¬ tude à terre, & de déterminer avec plus de précifion un grand nombre de points. J’arrivai enfin à Cayenne le 26 Février 1744, trop tard pour obferver la comète que j’avois vue en mer, & qui le perdit, peu après mon arrivée, dans les rayons du foleil. Le bon accueil que je reçus dans cette colonie , les diverfès obfèrvations que j’entrepris, les voyages que je fis dans l’inté¬ rieur des terres avec M. d 'Orvilliers, alors Lieutenant de Rot Commandant, & aujourd’hui Gouverneur, les occupations de différent genre que je me procurai , & dont j’ai rendu compte ailleurs, modérèrent pendant quelque temps mon impatience de ne pas voir arriver le vaifîèau du Roi , fur lequel je fon- dois l’efpérance prochaine de mon retour en France. O11 n’avoit pas reçu d’avis que la guerre fût déclarée avec l’An¬ gleterre : elle ne l’étoit même pas encore, mais fur les dernières nouvelles de la fin de l’année 1 743 , je la préfumois; & i’évè- nement ne tarda pas à vérifier ma conjeéture. J’avois vu partir fucceffivement fept à huit navires mar¬ chands pour France, fans ofèr m’y embarquer, dans la crainte d’expofèr à la diferétion du premier corfàire, mes papiers & mes journaux d’obfervations , fruit de neuf années de travail. Après quatre mois & demi de fejour à Cayenne , ma fin té , qui avoit réfifié depuis fi long -temps aux fatigues & aux traverfès que j’avois effuyées , luccomba fous le chagrin que me caufoit cette efpèce de détention : je reconnus alors avec la plus grande furprifê , & fans l’avoir prévu ni cru poffible,, que ce qu’on appelle vulgairement la maladie du pays n’efi pas une chimère, comme je l’avois toûjours penfé. Je ne puis attribuer à aucune autre caufè l’état où je me trouvai , puis¬ que le Commandant de la colonie, le Connnifiaire ordon¬ nateur *, les Miffionnaires, les Officiers de la garnifon, & les * M. Vdliers de Lille- Adam, Historique. 205 habitans , me procuroient tous les agréinens que le pays & le climat pouvoient permettre. Inlènfiblement je tombai dans une langueur, accompagnée d’inlomnie, & la jauniflè le dé¬ clara. Il 11e relloit plus qu’un lèulvailîèau dans le port, & il eût été imprudent de m’y embarquer fans être informé des nouvelles d’Europe. Ap rès divers obftacles, j’obtins lur la fin de Juillet de pou¬ voir dépêcher un exprès à la colonie hollandoilè de Surinam , pour y apprendre fi nous étions en paix ou en guerre , & fi je pou vois , avec lùreté , profiter de la dernière occafion qui le prélèntoit pour pafièr en France. Aulfi-tôt que je fus que mon exprès étoit parti de Cayenne , je me trouvai foulage lenfible- ment; mais la réponlê & les offres obligeantes de M. Mau¬ ritius, Gouverneur de Surinam , qui me donnoit le choix de foixante navires pour repafîèr en Europe, me rendirent en¬ tièrement la fânté. Je reçus là lettre le i 5 Août, & le jour même je mis ordre à mon départ. Le lendemain , un navire de Bourdeaux, frété pour le compte du Roi au défaut du vail- lèau ordinaire, nous apporta la nouvelle de la déclaration de guerre du mois d’ Avril précédent. Je reçus, par la même voie, réponlê à mes lettres du Para du mois de Décembre 1743: M. le Comte de Maurepas me recommandoit de prelîèr mon retour. 11 n’avoit pas tenu à moi de prévenir lès ordres. Je partis de Cayenne pour Surinam, dans un canot du Roi, le 2 2 Août : M. SOrvillïers me donna un Sergent de la gar- nifon pour commander les Indiens rameurs. Je ne m’arrêtai en chemin que le temps nécelîaire pour leur repos, & pour compléter l’équipage à Sénamari. J’arrivai le 27, à l’embou¬ chure de la rivière de Surinam: j’y couchai fur un bâtiment qui lèrt de douane. Le lendemain , le Gouverneur m’envoya fon canot avec un Officier françois, qui me conduifit à Parama¬ ribo , capitale de cette colonie , où j’admirai l’art avec lequel les Hollandois lavent forcer la Nature. Le bâtiment le plus prêt à faire voile, fut le meilleur pour moi. Je m’embarquai pour Amflerdam le 3 de Septembre lur une flûte hollandoilè de quatorze canons , chargée de Ce iij Ï744- Août. Exprès à Surinam. Réponfe des Gouverneur de Surinam. Nouvelles de la déclaration de guerre. Départ de Cayenne. Arrivée à Surinam. Embarque» ment pour Amjleniam » 1 744* Septembre. Rencontre d’un l'oiLan. Novembre. Corfaire frar.çois. Vue du Texd. Bas- fonds. Tempête. Arrivée à Amjltruatti. 2.0 6 Introduction café , & qui navoit que douze hommes d 'équipage : on peut juger quelle devoit être la lenteur de notre manœuvre; mais il leroit difficile de fè figurer ce que j’eus à louffrir de la grofi lièreté des gens à qui j’avois affaire. Le 2p du même mois, nous échappâmes, grâce au mau¬ vais temps , à un corfaire anglois.que nous jugeâmes être un forban , le pavillon des Etats généraux ne l’ayant pas empêché de nous lâcher de près fa bordée. Le 6 Novembre , en appro¬ chant des côtes de Bretagne, nous rai tonnâmes avec un cor- iaire de Saint- Malo* : je latisfis à toutes les queffions; & par-là j épargnai au Capitaine hollandois le rifque de mettre là cha¬ loupe à la mer par un gros temps. Cela ne l’empêcha pas de refufer de me defeendre , en pafîânt devant Calais, dans une barque de pêcheur, comme il l’avoit promis au Gouverneur de Surinam. Jufque-là notre navigation avoit été heureufe; elle le fut encore julqu a l’entrée du Tcxel , où nous prîmes le i 6 un pilote côtier pour nous conduire au port. Le bot fur lequel il étoit venu , lui troilième, rentra fous nos yeux, dans le canal: quels furent mes regrets de ne m’y être pas embarqué î le vent ayant redoublé en ce moment, nous errâmes lerefte du mois dans la mer de Nort-hollande, fur des bas-fonds, d’un très-gros temps, par une brume continuelle, & toujours la fonde à la main. Ce fut par cette même tempête que périt dans la Manche le vaifîèau de l’Amiral Balchen, monté de i 20 canons. Le peu d’eau que tiroit notre navire, nous prélerva d’échouer fur la côte , dont nous vîmes fou vent les feux de trop près. J’avois couru quelques rilques fur mer dans mes voyages du Levant & d’Amérique, mais je n’avois jamais vu le capitaine fermer tous fes coffres, le charger d’un lac qui contenoit lès lettres & fes papiers les plus nécelîaires, n’attendre que le moment de toucher , & n’avoir qu’une foible efpérance de le làuver dans la chaloupe. Nous reconnûmes enfin Ulie-land , dont nous nous croyions très- éloignés, & nous entrâmes dans le Zuyderzée. Le 3 o Novembre , à l’entrée de la nuit , je débarquai à Amfler- dam: en mettant pied à terre, tout le relie fut oublié. * Le Lis, commandé par M. de la Cour -gaillard. H ! S T Ô li ï d U E' 20J Année 1745- Retour des Académiciens à* de leurs compagnons de voyage . LE défaut de pafîèports qui m’étoîent néceflaires pour tra- verfer avec fureté la Flandre autrichienne, me retint plus de deux mois en Hollande; & je ne pus, avant le 2 5 Février 1745 , me rendre à Paris , d’ou jetois parti près de dix ans auparavant. A mon arrivée, j’eus l’honneur d’être prélènté au Roi; je lus à i’afiemblée publique de l’Académie du 2 8 Avril fui- vant , une partie de ma Relation de la rivière des Ama^nes, qui fut imprimée la même année, & qui m’appartenoit en propre. Quant à nos travaux communs fur la melùre de la terre, je n’en publiai rien alors, l’Académie étant informée depuis long-temps de leur rélultat ; & que toutes les nouvelles mefures des degrés , en France , fous le cercle polaire & fous l’Equateur, concouroient à prouver que notre globe eff aplati vers les pôles. A mon arrivée, je remis au cabinet du Jardin du Roi une collection de plus de deux cens morceaux d’hiftoire naturelle, & de différens ouvrages de l’art, que j’avois rafi- fomblés, tant à Quito, qu’en defcendant la rivière des Ama¬ zones; & pendant mes divers fojours au Para , à Cayenne, à Surinam & en Hollande. Arrivée n éloge, patrie, où il avoit rélolu d’intioduire le goût des Iciences & des arts; Si perlonne n’étoit plus capable que lui de faire réulfir ce projet. Sa palfion pour s’infiruire embralîoit tous les genres; Si là facilité à concevoir fuppiéoit à l’impolfibilité où il avoit été de les cultiver tous dès là première jeunelfe. Sa phyfio- nomie étoit prévenante : Ion caraétère doux Si infinuant , Si là politelîè, achevoient de lui concilier la bienveillance. Il a eu pour amis en France, en Hollande, en Angleterre, tous les gens de mérite qu’il a connus. L’Académie a été fenfible à là perte , Si l’hifiorien de la compagnie a cru devoir payer un tribut à là mémoire. J’ai déjà parlé de ce que nous devions à la famille de Historique. 211 M- Maîdotiado; lès deux frères , les beaux - frères , tous lès proches , pendant les lèpt années de notre le/our dans la pro¬ vince de Quito, avoient paru le dilputer le plaifir qu’ils témoi- gnoient à nous obliger. Les trois frères s’étoient rendus mes cautions auprès des Tréloriers royaux » pour le crédit que j’avois obtenu du Viceroi de Lima fur les cailles royales. La mort de l’un d’eux, Don Ramon, Marquis de Lijes, Corré- gidor de Quito, a précédé celle de Don Pedro qui étoit le plus jeune. Celui-ci reconnoidbit devoir Ion inclination pour les Iciences , & lès premiers progrès , au Doéïeur Don Jofepk Aîaldonado , l’aîné des trois frères, Eccléliallique vertueux, qui joint à toutes lès qualités aimables le charme de la mo- delfie , trop rarement compagne d’un mérite fupérieur. J’ai parlé ailleurs * des travaux géographiques de Don Pe¬ dro : depuis là mort , j’ai achevé de faire graver là carte de la province de Quito, en quatre feuilles, & je l’ai publiée lous fon nom. J’en ai prélènté, fuivant Ion intention , un exem¬ plaire à l’Académie : S. M. C. a fait demander les planches, dont jetois relié dépofitaire ; j’ai eu ordre de les remettre à M. l’Ambalîàdeur d’Elpagne, qui a pareillement retiré des mains d’un compatriote de Don Pedro, un coffre aulfi relié en dépôt , rempli de papiers * de mémoires de la main du défunt, & de curiofités d’hiltoire naturelle. Je viens à ce qui concerne les deux jeunes Officiers elpa- gnols nos adjoints, qui jouilîènt aujourd’hui, avec la diffinc- tion due à leur mérite, des honneurs & des récompenlès accordées à leurs lèrvices militaires, & à leurs travaux altro- nomiques. On peut le louvenir que nous les avons lailîes au mois de Février 1742a Lima, où le Viceroi les avoit appelés de Quito pour la féconde fois, lûr la nouvelle de l’entrée des Anglois dans la mer du fud , & de leur expédition de Pa'ita. Don George Juan & Don Antoine de Ulloa , malgré leur dili¬ gence, ne purent lè rendre à Lima qu après le départ des cinq vaiflëaux de la nouvelle efeadre que le Viceroi venoit * Voy. Mars 174-1, p< 1 1 0, & Mars 174.2, p. 141. Voy. la note. Ce- qu'il a fart pour les Aca¬ démiciens. Sa carte. Retour des deux Officiers efpagnois en Europe- Retour de Don George Juan. 212 Introduction d’armer au Callao, avec ordre de chercher le Vice -amiral Anjou, & de le combattre; mais les Anglois étoient alors bien près ci’ Acapulco , fur les côtes du Mexique. Le Viceroi ne lailfa pas d’employer nos deux Officiers; il leur donna le commandement de deux autres frégates pour aller c roi fer fur les il les de Juan Fernande^ , & fur les côtes du Chili, & fe trouver en état d’agir efficacement en cas de quelque nouvelle entreprife de la part de l’Angleterre. Ils dévoient auffi le joindre aux débris de l’elcadre de Don Jofeph Pi - ici rro , qu’on attendoit de Buenos- aires, où ce Commandant a voit été forcé de relâcher pour la féconde fois. Don George & Don Antoine , après une campagne de lèpt mois, rentrèrent au Callao le 6 Juillet 174 3; dans le temps où je commençois à delcenclre le fleuve des Amazones. Ce ne fut qu’au commencement de l’année fuivante qu’ils purent fe rendre à Quito, où ils rejoignirent M. Godin; ils oblèr- vèrent premièrement avec lui les angles néceflâires pour lier ion oblervatoire léptentrional avec la fuite de lés triangles. Le 22 Mars, ils allèrent s’établir, avec le fleur Hugo notre Hor¬ loger, à Mira , ou pluflôt à Pueblo viejo, où le grand lééleur de M. Godin de 20 pieds de rayon étoit relié tout monté depuis le mois de Juillet 1742, qu’il avoit celfé d’y oblèrver. Les oblérvations de Don George & de Don Antoine durèrent julqu’au 22 Mai 1744 : peu de temps après , ils repartirent pour Lima , & s’y embarquèrent le 22 Oéfobre de la même année fur deux des quatre navires de Saint-Malo qui avoient paffié à la mer du fud, avec permiffion de la cour d’Elpagne, & qui étoient prêts à revenir en Europe chargés de deux millions de piaflres du Pérou, fans compter les marchand! lès. Les deux vaiflèaux s’étant feparés, parce que l’un des deux devoit toucher à Val-paraifo , ils lé rejoignirent à la Concep¬ tion du Chili , où les quatre frégates françoilés setoient donné rendez-vous, & d’où elles mirent enfemble à la voile le 27 Janvier 1745. Une voie d’eau mit le Lys , que Don George montoit, dans la néceffité de relâcher; il repartit de Val-paraifo lùr Historique , 213 le même navire ie i.er Mars 1745, doubla le cap Horn heureufement, & après avoir échappé à deux corfaires anglois, & touché au Cap François dans fille de Saint-Domingue , où il fit diverfes obfèrvations , ii arriva enfin à Bref ie 3 1 Octobre de la même année, avec une partie de ia flotte mar¬ chande convoyée par i’efcadre de M. de l’Etanduère. Pour pafîèr de Bref en Efpagne par terre , Don George prit fà route par Paris, où l’Académie s’emprefîà de le rece¬ voir au nombre de lès Correfpondans. Après un court fejour en cette ville , il fe rendit à Madrid au commencement de 174 6. Depuis que le vaifîèau de Don George eut quitté la petite efcadre, la Notre-Dame de bonne délivrance , fur laquelle étoit embarqué Don Antoine de Ulloa, continua fa route, de con- fèrve avec les deux autres , la Marquife d’Antin & le Louis E'rafme , fans aucun accident fâcheux, jufqua i’ifle de Fer¬ nando de Norona. Depuis cette ifle où , il lui fallut relâcher pour boucher une voie d’eau , la navigation des trois frégates fut heureufè, jufqu’au nord des Açores, vers ia latitude du cap Finijlerre : là elles furent attaquées par deux corfaires anglois , fort fupérieurs en artillerie & en équipage. Après trois heures d’un combat très-inégal , la Marquife d'Antin , prête à couler bas, & dont le Capitaine, M. de la Sandre , étoit bleffé à mort , amena fon pavillon. Plufieurs paffagers efpagnols, créoles du Pérou, y étoient embarqués, & furent emmenés prifonniers en Angleterre, entr’autres ie Marquis de Valdclirios , aujourd’hui Confeiller du Confèil des Indes, & Don François de Arguedas, qui y fut bleffé. Les deux autres frégates forcèrent de voiles pendant que les corfaires amarinoient leur prife. Le Louis E'rafme , bien-tôt atteint par ie plus grand des deux navires ennemis , fut pris après un nou- veau combat: le Capitaine, M. de la Vigne-Quefnel , mourut aulfi le lendemain de fès bleffures. La troifième frégate, ia plus petite de toutes, fur laquelle étoit embarqué Don Antoine de Ulloa, échappa pendant cette féconde action, & fit route pour Louijbourg, où elle arriva heureufement le 6 Août. Ce fut là Dd iij Retour & aventures de D. Antoine Ue Ulloa. Ouvrages des deux Officiers efpagnols. Leurs fervices. Leurs récom- penfes. Retour de M. Beugatr en France. 214 Introduction qu’échappé à tous les dangers , rendu au port , & voyant îe pavillon de France arboré de toutes parts , Don Antoine le trouva prilonnier des Anglais , devenus maîtres de cette Place par une fuite des malheureux hafards que perfonne n’ignore aujourd’hui. Il fut transféré de Canada en Angleterre au mois de Décembre fuivant, & ne tarda pas à être relâché. Il reçut tous lès papiers de la main de M. Folkes, Préfident de la Société Royale, à laquelle il fut agrégé. Bien-tôt après, il s’embarqua pour Lijbonne , d’où il le rendit à Madrid vers la fin de Juillet 1 746 ; quelques mois après Don George Juan. L’un & l’autre ont publié conjointement en 1 748, à Ma¬ drid , un recueil d’oblèrvations , & une relation hiftorique de leur voyage en 5 vol. in-quarto, ouvrages dans lelquels ils ont donné de nouvelles preuves de leur capacité. Don George s eü particulièrement chargé de rédiger & mettre en ordre la partie qui concerne les oblèrvations aftronomiques & phyfiques, & Don Antoine la partie hifiorique & géographique. Ces deux Officiers , iorlqu’ils furent deftinés en 1734 par la cour d’Elpagne pour nous accompagner, & pour aiTifi ter à nos oblèrvations , lèrvoient dans la compagnie des Gardes de la marine de Cadi it, dont le premier étoit Brigadier. Sa Majefté Catholique, en faveur du voyage, leur donna le grade de Lieutenant de vaifîèau ; ce fut en cette qualité qu’ils fè joignirent à nous à Carthagène d’Amérique en 1735 : celle de Capitaine de frégate, dont ils firent depuis les fonc¬ tions dans la mer du lud, & que le Viceroi leur avoit accor¬ dée en 1741 , leur fut confirmée à leur arrivée en Efpagne, en 1746 ; & torique leur relation parut en 1748, ils furent nommés Capitaines de vaifièau. Ils ont depuis fait plufieurs voyages dans les cours de l’Europe : l’un & l’autre font Cor- relpondans de l’Académie des Sciences de Paris, & Membres de celles de Londres & de Berlin : Don George commande aujourd’hui la compagnie des Gardes de la marine à Cadi^ . Je viens à nos Académiciens, & à nos autres compagnons de voyage. M. Bouguer, en partant de Quito, comme je l’ai dit, fe Historique. n $ 20 Février 1742, prît ia route de Carthagène & de Saint- Domingue. Je n’ai pas été informé des particularités de fon voyage ; je fai s feulement qu’il arriva en France vers la fin de Juin 1 744, huit mois avant moi. Il rendit compte de nos opérations pour la mefiire du méridien , dans l’afîèmblée pu¬ blique du mois de Novembre fuivant. Au commencement de 1745» il fut gratifié d’une penfion de mille écus fur la marine. Il donna en 1746 fon Traité du Navire, fruit de fes méditations fur les montagnes du Pérou. Cet ouvrage efl rempli de lavantes recherches fur une matière que per- fonne, jufqua M. Bouguer, n’avoit autant approfondie que lui. En Juillet 1748, il a publié fon livre fur la Figure de la Terre, déduite de nos obfèrvations. Après fon départ & le mien, M .Verguin, refié à Quito pour aider M. Godin dans fès dernières opérations trigono- métriques , tomba malade dangereufèment. Sa fânté fut long¬ temps à le rétablir, & ne lui permit de fè mettre' en che¬ min qu’en 1745 : il prit fa route par Guayaquil, Panama , Portobelo , Saint-Domingue , la même que nous avions fùivie en allant au Pérou. A fon arrivée à Paris, au commencement de 1746, il obtint le brevet d’ingénieur de la marine à Tou¬ lon , fâ patrie, & partit peu de temps après pour fon départe¬ ment, où les circonflances rendoient fâ préfènce néceffaire. Il efl aujourd’hui Ingénieur en chef de cette place. J’ai rapporté de fuite ce qui regardoit ceux de nos com¬ pagnons de voyage qui font actuellement de retour en Eu¬ rope : je viens à ce qui concerne M. Godin, & ceux qui, comme lui , ne font pas encore arrivés. M. Godin , l’ancien des trois Académiciens , & qui avoit propofé le voyage de Quito , étoit, comme je l’ai dit, chargé de l’adminiflration des fonds deflinés à notre ouvrage. Il avoit ordre de ne laiffèr aucune dette en Amérique : les dépenfês qu’il avoit été obligé de faire pour le fèrvice , & le malheu¬ reux luccès de fon entreprifè pour détourner la rivière de Pif que a, le retenoient à Quito. Dans ces circonflances > le * Voy. 174.2, Janvier, page tyy. Retour cfe M. Verguin* Nouvelles dk M. GW/», 2 1 6 Introduction Viteroi 8c l’Univerfité de Lima lui offrirent, au commence¬ ment de 1744, la place de premier Colmographe de Sa Ma- jeflé Catholique, & la chaire de mathématique, vacante par la mort du Doéïeur Don Jofeph Peralta. Lorlque nous avions follicité en 1734 les pafleports de la cour d’Efpagne pour aller melurer les degrés équinoètiaux, nous avions offert de nous employer à ce qui pourroit être utile au fèrvice de S, M. C. a & qui ne leroit pas incompatible avec notre commiffion. L’on avoit fommé M. Godïn de remplir cet en¬ gagement , en lui faifant les propofitions que je viens de rapporter; 8c la fituation où il le trouvoit, 11e lui permettoit guère de refufer, au moins pour un temps, des offres fi avan- tageufes. Sur ces entrefaites, l’Univerlité de Lima écrivit une lettre très -obligeante à l’Académie, pour la prier de trouver bon que M. Godin, qui avoit terminé les affaires de fa miffion, paffàt quelques années dans la capitale du Pérou, pour y faire des difciples, 8c répandre les lumières de l’A¬ cadémie dans cette partie du nouveau monde. M. Godin partit de Quito pour le rendre à Lima, au mois de Juillet 1744, avec Don George Juan ; 8c bien -tôt après, il entra dans fes nouvelles fonéh’ons, auxquelles on joignit celle de compofer la gazette du Pérou. 11 étoit à Lima lors de l’affreux tremble¬ ment de terre qui ruina prelque entièrement cette ville, le 2 8 Octobre 1746 , 8c qui iaifla fubffffer à peine quelques veff- tiges du port 8c de la ville du Callao , fubmergée 8c engloutie avec la garnifon de cette place, & tous les habitans. M. Godin fut confulté par le nouveau Viceroi, b fur le projet de réédi- ffeation de Lima 8c du Callao. A peu près en ce même temps, M. le Comte de Maurepas fit tenir à M.. Godin des fonds, qu’il reçut en 1747 par le vaiffèau le Coudé ; ce qui le mit en état de fatisfaire à fes engagemens, 8c de partir de Lima. Il me marquoit par fa lettre du 2 5 Août 174 8, deux * Voy. les pafleports de S. M. C. à fa fin de cette relation, , b Don Jofeph Alanfo y Velafco Comte de St/pet utida , luccefleur de¬ puis le 1 3 Juillet 1745 du Marquis de Villa-Garcia , mort en revenant en L fpag/ie fur le vaifl'eau fiançois VHeétor, le 14 Décembre 1746. deux Historique. 2,17 jours avant Ton départ, qu’il prenoit ia route de Buenos-aires. * J’avois écrit à M. de Jujfieu en 1743 , des initiions de ALàitias 8c du Para , de quelle manière j’avois été reçu dans tous les lieux de mon patlàge ; je l’invitois à prendre la même route que moi, comme la plus propre à multiplier lès recher¬ ches de botanique 8c d’hiftoire naturelle, & je tâchois de lui donner une jufte idée d’une entreprilè qu’on lui avoit peinte avec les couleurs les plus propres à l’en détourner. La guerre avec l’Angleterre, déclarée depuis 1744, étoit une nouvelle railon pour le déterminer à prendre ce parti : il y étoit en effet rélôlu , 8c me l’écrivit ainfi au mois de Sep¬ tembre ï 747; mais au moment qu’il le préparait à ce voyage, il le vit retenu par les défenles qui furent fûtes par-tout de lui fournir des mules, ni des Indiens, & par un decret qui lui fut Lignifié de l’Audience royale de Quito, pour ne point fortir de ia ville. Rien n’eft plus propre à faire honneur à M. de Jujfieu que cette eljaèce de violence : les preuves qu’il avoit données de Ion habileté, 8c ia confiance qu’il s’étoit acquilè, avoient fait juger qu’on ne pouvoit le palier de lui dans un temps où la petite vérole ravageoit toute ia Province. La contagion ceflee, M. de Jujfieu reprit le deffein de delcendre le fleuve des Amazones; il pénétra à pied dans la province de Canélos , par la même route qu’avoit luivie Don Pedro Maldonado , iorlqu’il partit de Quito pour venir à notre ren¬ dez-vous de la Laguna. M. de JuJJicu reçut alors des lettres de M. le Comte de Maurepas, en conlèquence delqueiles il alla trouver à Lima M. Godin, pour lui demander, au cas qu’il comptât le fixer en cette ville , une copie de lès oblèrvations 8c les infiru mens de l’Académie , particulièrement la toilè de Nouvelles de M, de J «pieu. * Pendant qu’on imprimoit cette feuille, j’ai reçu une Lettre de M. Godin, datée de Lijbonned u ao Juil¬ let 1 75 i . II y eft arrivé fur la flotte de Fernambouc. II marque à M. le • Comte d’ Argenfon qu’il fe rendra ïncefiamment à Paris, Les Savans apprendront fans doute avec plaifir que M. Godin s’eft rencontré à Rio Janeiro au mois de Février de cette année avec M. de la Caille , parti du port de l 'Orient le 2 5 Novembre 1750, pour aller faire des obfcrva- tions aftronomiques au Cap de Bon- ne-Efpérance ; que cet Académicien y eft arrivé à bon port le 20 Avril dernier, & qu’il a été parfaitement bien reçu du Gouverneur. Ee 2 1 8 Introduction, &c. Nouvelles de M ■ Go dm des Vdonnais. De Mrs de Morainville & Hugo. fer qui avoit fêrvi à régler toutes nos mefures. M. de Juffie* trouva M. God'm prêt à revenir en Europe, à la faveur des nouveaux fecours qu’il avoit reçus de la part du Minière : l’un & l’autre partirent enfèmble de Lima les derniers jours d’Aoüt Il 748, & fe mirent en chemin pour Bttenos-aires, en traver- lànt le haut Pérou, le Tucuman & le Paraguay. Dans cette longue royte, M. de JuJJieu le fépara de M. Godin, pour aller herborifer aux environs de Santa-Crui de la Sierra : il devoit le retrouver à Buenos-aires, d’où M. Godin a écrit qu’il l’atten- doit. Us rapportent une collection très-nombreufe de plantes, de graines , de folTiles , de minéraux , d’animaux & de mor¬ ceaux précieux d’hiftoire naturelle de tout genre, fruit de quinze années de recherches , & du travail particulier de M. de JuJJicn , outre un grand nombre de defïèins très-bien exécutés, de la main de M. de Morainville. J’ai dit ailleurs (Voy. Déc. 1741) que M. Godin des O don¬ nais le difpofoit à repafîer en France: il mecrivoit du Para au mois de Septembre 1 749, qu’il étoit venu reconnoître la route que j’avois fuivie, & qu’il retournoit à Quito pour amener là Emilie. Les pafîèports qu’il me prioit de folliciter à la cour de Lijbonne, ont été adrellés au Gouverneur du Para. J’ai reçu depuis d’autres lettres de lui de Cayenne , par lelquelles il me confirme qu’il eft toujours dans la même réfolution. Mrs de Morainville & Hugo font reftés feuls de toute notre compagnie, outre quelques domeftiques, dans la province de Quito : tous deux y pourraient trouver de fréquentes occa- fions d’exercer leurs talens & leurs connoilîànces dans les arts, mais l’un & l’autre m’écrivent de Quito (1749) qu’ils n’afpirent qu’au moment de le trouver en état de repalîèr en France, pour y finir leurs jours dans leur patrie. C’elt ainfi que par une fuite d evènemens au deffus de la prévoyance humaine , mon voyage particulier a duré près de dix ans, & qu’il s’en efl écoulé plus de feize depuis notre départ de France jufqu’au moment où j’écris ceci, lâns que nous foyons encore tous ralîemblés. . < \ Inscription posée sur Za /ace àhls Sale de la Pyramide de Caxaïcrurou Terme Soldai de ïzB^e Auspicns PlUT .IP PI V HMPANIARtTM HT INDIAR.ReGI5 CaTHOLICI Prchiove.\te Re &u S oen turdi Acai>£3ixa Paris . Faventib vs Eiucr.H&RC . de Flechy, Sacra RcluEccl - Cardinal r, SuPREiMO (BuRXJpÀ PLArDENTE' GaI.MAR. APAUNISTRO: CELS. JOAIC.PRED.PHEIilPEArX Co.JI.DB AlACRBPAS , REaFRÀKEBrs3fAREnMiî&i:.a\KiOE?i&ERCDrno?asiÆBCctîr > IjTO>. G o n iv, Pet. BrorER, Car ALskia de laCondamixh E jusdemAcad. Socii . L UD OVICLXV! Eban c or -Régis QnasTfSt’ssÛET munificenttÀ in Prruviam aussi, Ad aœnBNDOS rv AQuiNOCTLaijPLAGÀ Terrestres Gradps, QüO VERA TELLPBIS FraUBACEBCUCS INNOTBS CURE T As slsp, xxaur n.Ry. G. G*ni.G, Jean, A. de Cil van^uoj., vi cfeu Soi. o ad Pbrticam Libeuasiotte kxplorato In hac Y\r cquehn si Pianitie DrST.UCriASI HOBJZONTAT.BM IN’TRA HVJÜS ET ALTEJC 0BHLI3 CÏWES A 6273 . HüXAi’XDABtm Pares , Pediw 4, ; EX I^I A E nnymi R.\STS LTRIANCULIIAXUS iOPERJS PUSOAMEN. rv lke de la Base , Plan Dec Petto: Pyranutteè aurait. de C/iaussee o/iarp ente du P/iassts de lay> dgyramlde de C arabourou at vhbsts GfLinDa^MwA^ S T AT PERE Anno ChristxM.D.CCXXXNIAINoveaibri. META AU S TRALIS . J^ro/z/ de*) deaze Pj// xi/nu/e<) eâ Je ?a /ondahon L*C j PRQ5I0VENTEREGX\SCIENTlARCJr ACADBHI PARIS . RIS. Faventibus Emut . Herc . de Fleury, Sacra Rqal E ccl . Cardinal!, JAI J, SuPREAIO(BuROPÀ PLAÜDENTEÏ GaLUAR ADMINISTRO: STRC CV-T, S . J QAN. FRED PhE L LPEAUX C O AI. DE JlAURBPAS , 'AS Re C3 FrÀ REBUS 3TARrmU3 &C . OMNTGENSiERIJDmONlSlMÆCEftï? N.-YTF,, X-T7D . Godin, Pet . Br gîter, Car JVIakia de la Cqndamine KDNB EjubdejtAcad. Socu. LCTIOVKxXyiEaANConitKGis Chris T.”j'î’ssût-r MraiFiCKNni 'FJsf TNPERUVIAM AUSSI, Ad mettent) os xn aquino caiaijFlagÀTerrestre s Grades, ÏRADC5, (Jro ver a Telluris Figura cektius jnnotes cerkt CBREÏ As sls r . kstman i\Re g. Gmr.G. Juan, A, de Fia. oa, va^bell. vicfed, au®. Solo ad Pkrticaai Libellajique explorato In hac \\r U QUE EN si Planitie DlSTANTIAil HOSIZONTALE3I IN’TRA KUJTS ET ALTER.-QbEIJSCTAXK5 ZUSŒS A 6272 . Hexapedabch Paris s , Pedwi 4, ; p 01A.7. KX qUA ELICIETCrBASIS I.TBlCNCL’LIL.mjS .OPERE PUNDAMEN. AMEN in l ixea qpa escukrit abAustro Orienteoiversus iS2.fi j S TATCKRK . j An.no C i iris Tr M JD. C C .XXXVI . AI . N ovemb ri . J3IU.I AIE TA BORE AL 15 . j J •ale de la ■urtrab de •Çi KTX. :tfé =J>. ’ [IITtr-' ’fc de xd/e /ad i i : Il il! 2 ï 9 HISTOIRE DES PYRAMIDES D E QUITO. Etiam periêre ruines. Lucan. Pharf. Lib. IX. ON a vu dans l’hiftoire précédente du voyage académique à l’Equateur , que j’avois fait élever deux Pyramides aux extrémités de la baie mefurée près de Quito, & que nous y avions fait graver une infoription. J’ai parlé du procès que j’avois été obligé de foutenir à cette occafion , contre les deux Officiers espagnols nommés par Sa Majefté Catholique, pour affilier à toutes nos oblèrvations ; Don George Juan , Com¬ mandeur d ’Aliaga dans l’Ordre de Maltlie ; & Don Antoine Je Ulloa , l’un & l’autre alors Lieutenans, & aujourd’hui Capitaines de vailîèaux dans la marine d’Elpagne. J’ai dit, & je le répète, que cette difouffion, où des motifs louables de leur part , & peut-être quelque mal-entendu , les avoient engagés, n’a jamais altéré en moi l’effime due à leur mérite, ni les lèntimens dont j’ai tâché de leur donner des preuves dans les occahons. J’ai ajoûté que j’avois gagné ce procès en 1742 par arrêt contradictoire de X Audience royale Je Quito ; mais comme ma relation finit en 1 74 5 , je n’ai pu rien dire de ce qui s’elt paffié à ce fujet depuis mon retour en Europe. Ce monument, tel que nous l’avions laide, pouvoit lèrvir à perpétuer la mémoire d’un travail utile à toutes les nations , entrepris par l’Académie , exécuté par ordre du Roi , avec l’agrément & fous la protection de Sa Majefté Catholique; Ee ij a20 Histoire des Pyramides mais il étoit fpécialement defliné à fixer les termes de la baie fondamentale de tontes nos opérations géographiques & aflra- nomiques , & à la garantir du fort de tous les travaux des anciens fur la mefure des degrés terreftres : travaux dont le fruit a été perdu pour la poflérité, fuite d’une pareille pré¬ caution. Cependant ce monument, autorife par plufieurs arrêts lolennels rendus contradictoirement , vient d’être anéanti , fans qu’on en ait entendu parler en France. On y en fubfhtue un autre, qui n’aura jamais le même degré d’authenticité pour fixer une mefure dont nous ne pouvons plus répondre. J’ai cru ces évènemens allez intérefïàns pour mériter d’être rapportés avec quelque détail. J’avois d’abord pris la réfolution de inen tenir au peu que j’avois dit des Pyramides & de l’infcription , au commence¬ ment de mon voyage de X Ama7j)ne, & dans la relation précé¬ dente. Mais leur deftruélion totale , avec les circonfiances que je viens d’indiquer, les conféquences qu’on en pourroit tirer dans la fuite contre l’exaCtitude de nos opérations , l’expo- fition pure & fimple que fait la relation efpagnole * de l’inf- cription nouvelle , fins nulle mention de tout ce qui a précédé, ni de la fuppreffion de l’ancienne; enfin l’intérêt de la vérité, & la crainte que mon lilence ne pût être mal interprété , m’ont déterminé à publier ce qu’un excès de circonlpe&ion m’avoit fait laifièr dans l’oubli depuis plus de fix ans. Cet article appartient à plus d’un titre à la relation de nos travaux académiques, & lui fèrvira de fuite. L’hifloire particulière de ce fait fè divife naturellement en trois parties , fuivant l’ordre des temps. La première traitera de ce qui s’efl paffé avant notre départ de France au fujet des Pyramides & des infcriptions projetées. La féconde, de la manière dont ce projet s’efi exécuté, & des oppofitions qu’il a fouffertes pendant notre fejour à Quito. La troifième, des évènemens relatifs à ce même objet , & pofiérieurs à notre retour en Europe. * Reïacion hîftorica dd viage a Ja America Méridional. Part, /A Tom. III, nS j-j 3* de Quito . 22 1 ARTICLE PREMIER. Ce qui seftpqffc en France avant le départ des Acadé¬ miciens , au fu/et des Pyramides de Quito > èr de leur Infcription. On s’étoit plaint en France qu’il ne fût refié aucun monu¬ ment de ia baie mefùrée en i 672, par M. Picard aux envi¬ rons de Paris, laquelle avoit fèrvi de fondement à fa mefure du degré du méridien entre Paris & Amiens . Dès le temps de notre départ (en 173 5), les deux points que cet Aca¬ démicien avoit pris pour termes de cette bafè, ne fubfifioient déjà plus; le moulin de Villejuifve d’une part, & le pavillon de Juvify de l’autre, étoient détruits il y avoit plufieurs années. On lait ce qu’il a coûté de foins à M. Cajfini, pour en retrouver les vefiiges; les doutes qu’on a formés, & tout ce qui s’efi paffé dans cette occafion a. Quoique je ne pufîè prévoir tous ces détails, j’olè dire que j’avois une forte de prefientiment de ce qui pouvoit arriver, iorfque prêt à partir pour le voyage de l’équateur, j’infiftai fortement dans une de nos affemblées „ fur l’importance dont il étoit , de ne pas laifier perdre entiè¬ rement les termes de la bafè de M. Picard. J’ajoûtai que pour prévenir de fèmblables inconvéniens dans ia mefure que nous allions entreprendre , j’efiimois que nous devions fixer les deux termes de la bafè fondamentale de nos opérations par deux monumens durables; comme deux colonnes , obélifques, ou pyramides , dont i’ufàge feroit expliqué par une infcription. L’Académie parut agréer cette idée. Peu de jours après, je fus fùrpris de voir mon projet expofé dans une feuille périodique qui avoit alors beaucoup de cours. Son ingénieux auteur i’avoiî embelli ; il fuppofoit que i’infcription fèroit gravée en quatre langues, en latin, en françois, en efpagnol & en péruvien; a Voy. fa Aît'rid. de Paris vérifiée , chap. I, & la Alef. des trois prem, degrés du Mérid. Liv. II, chap. XXX. b Voy. le Pour ôl Contre, Tome page 28- Ee iij 222 Histoire des Pyramides une fur chaque face des Pyramides. Ma propofition fe bor- noit à une infcription latine qui défignât le nombre de toiles compriles entre les deux termes de la baie , & qui pût appren¬ dre au lecteur par quel ordre, dans quelle vue , en quel temps, & par qui cette baie avoit été melùrée. Je fis en confequence un projet très-fimple qui ne contenoit que huit à dix lignes, où j’expofois en peu de mots le fait principal & les circonltances. Je priai feu M. le Cardinal de Polignac, qui m’honoroit de fou amitié , de préfenter à l’Académie des Infcriptions & Belles- lettres , cette ébauche , pour y être examinée ; ou pludôt pour confulter fur la forme la plus propre à en rendre le lèns en ftyle lapidaire. Plufjeurs autres projets furent auffi propofes. La matière fut dilcutée dans plufieurs aflemblées de cette Académie. On y eut pour but de ne rien inférer dans i’infi- cription , qui pût déplaire à la nation efpagnole , ou bleder les droits légitimes du Souverain , dans les états & fous la pro¬ tection duquel nous allions opérer ; mais en même temps , de ne pas biffer ignorer que cette Mefure de la Terre s’exécu- toit de l’ordre du Roi, 8c à b foilicitation de l’Académie des Sciences, par ceux quelle en avoit chargés. On jugera fi ces vues n’étoient pas remplies dans l 'infcription que je rappor¬ terai bien -tôt. M. le Marquis Scipion Adaffèi , qui fê trouvoit alors I Paris , avoit affidé, en qualité d’adocié étranger de f Académie des Belles - lettres , aux afîèmblées où cette matière fut agitée. 11 me fit l’honneur de me remettre un mémoire italien , con¬ tenant plufieurs remarques fur le projet qui avoit été rédige. Il y avoit joint un fonnet ingénieux , comme tout ce qui part de b plume; cetoit une infcription pour 1a colonne qu’il fîip- pofoit que nous élèverions au point de l’interfêélion de l 'équa¬ teur 8c du méridien. Cette colonne n’a point été placée ; 8c quand elle l’eût été , il ne nous convenoit pas de graver nous- même notre éloge fur le marbre , & fur-tout un éloge auffi poétique que celui du fonnet; mais un témoignage fi illudre fait trop d’honneur à notre entreprifè , pour le pafièr fous filence, 8c pour en priver le iecleur. de Quito. 223 PER I SIGN0R1 ACADEM1C1 DEILE SCIENZE SPEDITI AL PERÙ. S O N E T T O, In forma d’infcrifione , da porsi nel fito , dove le due linee che faramio da effi ritracciatc , fotto ï Equat or e sinterfecheranno. O Peregrin , qui al tuo vagar pon freno ; E mira, e apprendi , e tanta forte afferra. Qui il gran cerchio, che in due parte la Terra, Incrocia l’aitro che i dui Poli ha in feno. Saggi, per divifame i gradi à pieno, Venner’, fenza temer mar, yenti o guerra, Fin dal bel regno, cui d’intorno ferra L’un mar e faltro, AIpi, Pirene e il Reno. Per che AlefTandro e Ciro efaltar tantôt Defolando acquiftar con üraggi orrende Poca parte del Mondo è piccol vanto. E’ fa ben più , chi ne difcuopre e intende Forma, eftefa, e mifura; e tutto quanto Colla mente il pofîiede, e io comprende. 224 Histoire des Pyramides TRADUCTION LATINE Du Sonnet précédent. A Ion go ]am JiJIe gradus errore , Via tort Rem tibi forte datur lujlrare èr difcere magnant » Circulas hic duplex , Æquator flammeus , èx qui Tangtt mimique Polos , punâo fcinduntur in uno , IJla reperturi , Sophiœ quos impulit ardor, Per fréta , per fcopulos , per quidquid ubiqus periclî ejl , Venêre è regno , hinc cingunt quod Rlienus & Alpes , Inde Pyr encens gemini cum Ht tore ponti. Pellœi pofilhac juvenis , Cyrique triumphos Jaâet fiim a loquax! magnis implendo ruinis, Exiguam partent vix Orbis uterque fubegit. Plus fuit ignotam Terres evicijfe figurant , Diverfos fignajfe gradus , totumque capaci Scrutando Mundum compleâi br claudere mente , TRADUCTION de Quito . 22 ; TRADUCTION ESPAGNOLE D il même Sonnet. Süfpende , o Pajjagero, el paffo errante, Y de tu encuentro da gracias al h ado. A qui el cerco à los Polos enlaqddo CriiTa al que de ambos es equidifiante . Para a fus grados dar valor confiante Sabios, que aires, mar, guerra han defpreciado, Vinieron del gran reino , a que ha^en lado / Dos mares, Alpe , Rhin , è Ibero Atlante. \ De Cyro y Alexandro cl nombre oy ce fie: Pues fi talar el Orbe , y con esfuerço Sojii7gar parte de el, lauros merece ; Mas haie el que , con ânimo diverfio , Concive , abraia y mide quant o offre ce La immenfa confiruccièn del Univerfo. Ff 226 Histoire des Pyramides TRADUCTION FRANÇOISE. VERSUS GRAD. I Q. MIN. 2 £ ^Ab AustroOrientemJ y 7 A Statuere. Ann. Christi M.DCCXXXVI. M. Noyembri. META AUSTRALIS. BOREALIS. Ffij 2i8 Histoire des Py ram i des Cette Infcription ne diffère pas eflèntiellement de celle qui me fut remile en 1735 par M. de Bovj , alors Secré¬ taire perpétuel de l’Académie des Belles -lettres. Nous en avons conlervé le fond & i’efprit , & même la plufpart des termes : fi de nouvelles réflexions nous ont engagés à y faire quelques additions ou chungeinens, ce n’a été que rela¬ tivement au temps , au lieu de notre opération , & à des circonflances que nous ne pouvions prévoir , ou qui ne s’é- toient pas prélentées à nous, iorfque nous avions confulté cette lavante Compagnie. Le refpeéf que j’ai pour une Académie qu’on doit regarder comme juge louverain en ces matières , allociée d’ailleurs à celle dont j’ai l’honneur dette membre, m’engage à foûmettre à Ion jugement la néceffité des changemens que nous nous lommes cru obligés de faire à fon projet. Le plus conftdérable, & prefque le feul qui mérite explica¬ tion, c’ell le retranchement de ces mots, hiviflïjfimorum Bor- bonïorum gloriœ ac perennïiati , fub , qui, dans le projet, précé- doient ceux-ci, aufpicïis Phïlippi V, par où commence l’Inf cription qui a été pofée. Nous avons craint, & l’on ne peut nier que notre crainte 11e fût bien fondée , que cette dédicace ne fèmblât trop pont- peule pour la fimplicité de 1 edihce auquel nous étions bornés par les circonflances. Je n’avois point demandé dans le temps, comme peut-être je i’aurois dû, d’être admis dans l’affembiée de l’Académie des Belles - lettres , pour y expofèr mon idée ; & la choie fut prélentée fous un autre point de vue que celui fous lequel je l’avois envi figée. Il ne fut queftion que de Pyramides: ce terme réveille de grandes idées; mais en effet nos Pyramides ne dévoient rien avoir de commun que ie nom, avec celles que l’hifloire a célébrées. Nous n’allions ériger ni un arc triomphal, ni un monument comparable aux colonnes Trajane & Antonine , ou aux obélilques égyp¬ tiens. Nous n’avions à élever que deux matfes de pierre ou de brique, auxquelles on devoit donner une figure pyra¬ midale, pour les rendre plus foiides, & dont le principal, & de Quito. i 229 même l’unique ufage, de voit être, de fixer les deux ternies de notre Bafe, & d’indiquer par une Inlcription le nombre de toiles comprifes entre ces deux termes. La converlation que j’eus alors avec M. le Marquis Maffei ne me permit pas de douter que fi j’avois expofé la choie fous cet alpeéf à Meilleurs de l’Académie des Belles-lettres, ils n’eufient été les premiers à convenir qu’une Inlcription dellinée uniquement à conllater une difiance , ne devoit pas être dans le genre honorifique. Mais fi cette remarque a voit quelque fondement avant notre départ de France, quand on ignoroit encore de quelle manière le projet fèroit exécuté, combien devenoit-eile plus frappante, depuis que le temps, les lieux & les convenances avoient exigé que nous nous en finlTions à confiruire deux bornes de la forme la plus lim- ple , lans aucun ornement d’architeélure , & dont la hauteur totale 11’excédoit pas i 6 pieds! Ce monument, encore une fois, étoit fuffifant pour rendre invariables les deux termes de notre mefure fondamentale; mais certainement il n’étoit ni allez vafie, ni allez magnifique pour fervir de champ à un éloge pompeux des deux plus puifians monarques de l’Eu¬ rope: & fi leurs noms étoient dellinés à y paroître, ce ne devoit être que d’une manière purement hifiorique. Une autre railon qui luffiloit leule pour nous déterminer à ce parti , c’étoit la crainte de blelîer la délicatelîè de la nation elpagnole. Si malgré l’attention lcrupuleule qu’on y avoit apportée, l’ Inlcription commençant par ces mots, Auf piciis Philippi V. Hifpaniarum & Indiarum Repïs Cathol'tci , ne iailla pas d’être dénoncée à l’Audience Royale de Quito comme offençante «Se injurieule pour l’Efpagne ; une dédicace à la mailon de France en général, Borbomorum glorïœ ac perctmi- tatï , eût été bien plus propre à cauler quelque ombrage. Cette conlidération , comme on le voit, étoit encore plus importante que l’autre. La fupprelfion de cette première ligne a entraîné celle de la particule Jub , qui pi c cédoit le mot Aujpiciis, & qui lans doute n’avoit été insérée que pour une plus grande clarté, afin de caraétériler 1 ablatif Aiifpkïis, & F f iij 230 Histoire des Pyramides d’empêcher qu’il ne pût être pris pour un datif à ia fuite de gloriœ ac perennitati. Quant au refle des changemens , les uns étoient devenus ncceilaires, comme la fubflitution de ces mots, terreflres gradus, à ceux-ci , cum Æquatoris, tum Mendïanï gradus, depuis que nous avions été difpenfés de la induré de l’Equateur; les autres regardoient , prelque tous, certaines circonllances , qu’un exa¬ men plus réfléchi nous avoit obligés d’ajoûter, ou d’expri¬ mer autrement que dans le projet ; telles que la direction de la baie par rapport aux régions du monde, la diftinélion entre la diflance des deux termes de la baie, meliirée horizontale¬ ment à diffêrens niveaux, à caulê de la pente du terrein, & la diflance en droite ligne d’un terme à l’autre, qui ne pouvoit être conclue que par le calcul. Enfin notre recon- noiflànce envers deux Minières, membres de notre Acadé¬ mie, & par la faveur delquels un voyage fi utile aux Iciences avoit été entrepris, nous engageoità leur en donner un témoi¬ gnage , en faifant d’eux une mention honorable dans notre Infcription. Elle ne contenoit cependant rien à cet égard, que i’hilfoire puifiè dé/avouer , & qui n’ait été dit d’une ma¬ nière beaucoup plus forte, dans les papiers publics de toutes les cours de l’Europe , au temps même de la date de ce monu¬ ment. Tout le refle de l’infcription qui fut pofée, efl demeuré conforme au projet de l’Académie des Belles-lettres. Il n’eft pas encore temps de parler de l’addition en carac¬ tères italiques , qui , dans la copie précédente , efl: renfermée entre deux parenthèfes. de Quito. 23* ARTICLE IL Ce qui s’ejl pajfé à Quito au fujet des Pyramides & de l Inscription. §. I. Conflruflion des Pyramides. Je me permets dans la narration fui vante quelques details, & je me flatte qu’ils ne déplairont pas au leéteur. Si je m’y fuis an été, c’efl moins dans la vue de l’intéreiïer par la pein¬ ture des obflaclesqui m’ont été fu Ici tés à chaque pas, & par le récit des peines que j’ai prifes pour les furmonter, que pour donner une idée, tant dans le moral que dans le phyfique, de la nature du pays où nous opérions ; & pour en tirer une concluflon importante, qu’on verra qu’il étoit de mon devoir de mettre dans tout Ion jour. Vers la fin de 1736, nous mefurâmes aux environs de Quito, avec la perche & le niveau, une plaine de deux lieues, pour fervir de fondement à toutes nos opérations. Aufli-tôt que cette baie tût été meluree, mon premier foin fut d’en conflatei les deux tûmes d’une manière inva¬ riable. Dans cette vue, je fis tranlportei une meule de moulin à chaque extrémité; je fis creuler le loi & enterrer les meules, en forte que les deux jalons qui terminoient la diftance me- fùrée, occupoient les centres vu ides ue ces pierres. L’une des deux fut depuis reculée de deux ou trois pouce4 , dans le deflein de donner à notre meîuie un nombre complet de toiles ; mais un examen plus exaét nous ayant fait connoître qu’il refloit encore une fraction , nous y avons eu égard dans nos calculs & dans l’Infcription. En attendant que l’édifice fût élevé, j’eus la précaution de faire une brèche à la cir- conféitnce de chaque meule placée au milieu des fondem ns, de peur que les guis du voiftnage ne fufîènt ternes de les 232 Histoire des Pyramides enlever, & de ies employer à leur première dedination. Cela s’étoit exécuté jolis les yeux de Don George Juan, & de Don Antoine de Ulloa. Le premier avoit aidé à la mefure de M. Godin, & le fécond avoit affidé à celle qui m’étoit commune avec M. Bougncr : nous leur avions laiîfë prendre à ce travail la part que chacun d’eux avoit voulu, pour ne les pas rendre, comme nous l’euffions pu, fpeéla- teurs oififs d’un ouvrage dont nous étions féuls chargés , féuls refponfàbles , & pour lequel nous n’avions nullement beloin de leur fécours. J’avois parlé plufieurs fois en leur préfence & fans aucun myltère , du projet des Pyramides ; &l jamais ils ne m’avoient fait aucune objeélion. Dès le temps de la mefure de notre bafè , j’avois fait mes premières difpofitions à l’égard des fondemens des Pyramides. M. Godin , chargé de l’adminiflration des fonds dedinés à notre ouvrage, me remit alors quelque chofe à compte pour l’entre¬ preneur des briques ; mais dans la fuite il m’écrivit qu’il ne pouvoit plus faire les avances nécedàires pour continuer ce travail, jufqu’à ce qu’il eût reçu de nouveaux fécours de France. Depuis ce moment, je crus devoir me charger plus particulièrement de cette affaire : réfol u cependant de ne rien faire d’efiéntiel que de concert avec Mrs Godin & Bouguer. Tout ceci s’étoit paffé fur la fin de 173 6 : je fis au com¬ mencement de 1737 le voyage de Lima; à mon retour, en Juin, nous obfervâmes le foldice : nous pafsâmes le rede de l’année, & prefque les deux foiivantes, fur les montagnes, occupés à la mefure des triangles de la méridienne, & à nos premières obférvations adronomiques aux environs de Cuenca, comme je l’ai rapporté dans la relation précédente. Ce ne fut qu’au mois de Mai 1740, après notre obférvation de Cotchcf- qui, que je pus veiller de près & par moi-même à la condruc- tion des Pyramides , en quoi je fus bien fécondé par i’aélivité de M. de Morainville , qui fe chargea de faire exécuter l’ou¬ vrage fous fes yeux , & de conduire des ouvriers qu’il 11e falioit pas perdre de vue. II de Quito. II n’y eut pas beaucoup à méditer lur la matière & la forme les plus convenables à un monument bmple & durable, propre à conÜater lins équivoque les deux termes extrêmes de notre baie. Quant à la forme, la plus avantageule pour ce delfein étoit la pyramidale, & la plus fimple de toutes les Pyramides étoit un tétraèdre * ; mais comme il conve- noit d’orienter I édifice par rapport aux régions du monde, je me déterminai , par cette confidération , à donner à nos Pyramides quatre fices , lans compter celle de leur baie ; ce qui d’ailleurs rendoit la conftruéfion plus facile. L’Inlcription pofée fur une face inclinée , eût présenté un alpeél dé/agréa¬ ble; elle eut été moins ailée à lire, & trop expolée aux injures de l’air : le moyen de prévenir ces inconvéniens , étoit de faire porter les Pyramides fur un locle ou piédeflal à faces verticales, d’une hauteur fuffifante pour y placer l’Inlcription à portée deda vue, & par conléquent de 5 à 6 pieds de haut. Quant à la matière , il n’y avoit pas à choifir. La terre n’au- roit point eu allez de folidité; la carrière de pierres de taille la plus voifine, étoit au delà de Quito, à fix ou fept lieues de diltance : la profondeur des ravines intermédiaires & la diffi¬ culté des chemins auroient rendu impraticable le tranlport'des matériaux. Je n’eus donc d’autre parti à prendre que de tirer des ravines les plus prochaines , des pierres dures & des quar¬ tiers de roche, pour faire le malfif intérieur de l’ouvrage, fauf à le revêtir de briques extérieurement. Enfin , outre les railons d’économie fur le temps & la dépenle, il étoit, comme je l’ai déjà remarqué, parfaitement inutile pour le but qu’on le propoloit, de donner beaucoup de grandeur à cet édifice. Par toutes ces railons, l’on voit qu’il n’y eut guère plus à délibérer fur la grandeur des Pyra¬ mides que fur la forme & la matière: le temps, le lieu, 8c toutes les circonfiances demandoient quelles fuflènt à peu près telles que les reprélente la Planche fuivante. Le 3 o Avril 1740, j’allai fur les lieux avec M. de Mo* ville, & nous vérifiâmes l’alignement des quatre faces, que * Corps régulier terminé par quatre triangles équilatéraux. 234 Histoire des Pyramides javois déjà tracé fêul plus de trois ans auparavant. Nous îai£ saines des piquets pour marquer les encoignures. Je fis marché avec divers particuliers pour tirer des ravines profondes, dont le terreîn eft entre -coupé, la quantité de pierres qui de voit entrer dans la fondation , & former le corps de l’édifice. Elles ne pou voient fe tranfporter qu’à dos de mulet : c'eft l’unique voiture que permette le pays. Cette feule opération demandoit plufieurs mois de travail; il ne falloit fouvent que deux pierres, & quelquefois une feule, pour une charge. Je donnai les ordres néceff tires pour faire mouler & cuire les briques fur le lieu même , & dans le voifinage de chaque emplacement, afin de rendre leur tranfport plus facile. Quoi¬ qu’on fè fêrve dans l’Amérique efpagnole , pour les bâtimens ordinaires, de greffes maffes de terre pétrie & fimplement léchée, qu’on nomme Adobés, on ne laifîè pas d’y faire auffi des briques à la manière d’Europe; ainfi, de toutes les di/po- fitions préliminaires à la confh uélion , ce fut celle-ci qui me coûta ,1e moins de foins & de peines. J’eus attention de faire le moule de mes briques d’une proportion différente de l’or- dinaire , pour quelles fuffent moins propres à toute autre fabri¬ que, & qu’on ne fût pas tenté de dégrader les Pyramides à deflein d’en employer les briques ailleurs; je fis venir de la meilleure chaux de la Province : elle fê fait au bourg de Cayambé , à dix lieues de Quito vers l’orient. Meffieurs les Officiers efpagnols étoient en cette ville,, lorfque je me donnai tous les mouvemens pour ces prépa¬ ratifs, & je n’épiouvai alors de leur part aucune apparence de contradiction. Je n’ignorois pas que pour ériger un monument & pofèr publiquement une Infcription dans une terre étrangère, javois befoin de l’aveu du Souverain , ou de ceux qui le repréfen- toient : je longeai donc à mettre l’Infcription & les Pyramides fous la protection de X Audience royale de Quito , qui rend les arrêts au nom de S. M. C. comme toutes les Chancelleries ou Cours fouveraines d’Efpagne ; mais il n’étoit pas à propos de faire autorifer l’Infcription par ce tribunal , avant que les, de Quito. 235 trois Académiciens fufîènt entièrement d’accord fur tous les termes, de forte qu’ii n’y eût plus le moindre changement à y faire. Il nous reftoit du temps pour convenir de tout, julqu’à l’entière exécution d’un ouvrage, dont les fondemens netoient pas encore jetés. Cependant je mis l’Infcription au net, avec les additions 8c les petits changemens qui nous avoient paru nécefîàires, pour en concerter à loifir toutes les expreffions, d’abord avec AI. Bouguer préfènt à Quito, enfuite avec M. Godin , qui obfervoit .alors à Cuenca. J’ai déjà dit que Meilleurs les Officiers efpagnols avoient participé à la mefure de notre bafè ; 8c quoique ce fut d’office & fans aucune obligation pour eux de partager ce travail, ni pour nous de les y admettre, il me parut que la bonne intelligence qui régnoit entre eux 8c nous, demandoit que nous leur offiiffions de les nommer dans notre Infcription: mais j’avoue que je ne me crus engagé à cette démarche que par un égard de pure politefîè, dont je ne doutois pas qu’ils ne me fufîènt gré. En effet. Don Antoine de Ulloa , qui fè trouvoit alors feul à Quito , loin de me faire aucune difficulté, parut fènfible à mon attention : il me dit feulement qu’il s’en rapportoit à Don George Juan, fon camarade 8c fon ancien, qui répéloit alors à Cuenca, avec M. Godin , i’obfèrvation afho- nomique à l’extrémité auffiale de la méridienne. Ceci le pafîà au mois d’Août 1740. J’envoyai auffi-tôt à Cuenca le projet d’Infcription , tel que je l’avois rédigé de concert avec M. Bouguer. Je priois M. Goditi de me faire part de les remarques fur ce projet; 8c par une lettre particulière à Don George , à qui je rendois compte de ma converfation avec Don Antoine, j’offrois de faire entrer leurs noms dans i’Infcription , avec mention ex* preflè de la part que l’un 8c l’autre avoient prifè à notre travail, 8c cela dans la forme fui vante. Auxiliantibus Georgio Juan & Antonio de Ulloa , navis bellicœ in Hijpania Vice-prœfeâis; c’ert-à-dire , avec l’aide de Don George Juan & de Don Antoine de Ulloa, Lieutenans de vaijjeau en Efpagne. G g ij 2 36 Histoire des Pyramides Je ne m’attendois point que cette proportion put être rejetée par Don George ; mais comme il me parut que Ton mécontentement procédoit fur-tout du terme auxi/iantibus qui lui déplaifoit, & que je n’avois rien plus à cœur que de nous concilier, je lui propofai d’y fubflituer celui de concurrentibus , ou de cooperantibus, qui exprimoient la participation d’un tra¬ vail commun. Je fis tout mon pofTible pour lui faire agréer ce tempérament ou quelqu’autre fêmblable, & pour le fitif- faire lui les difficultés , par les lettres que je continuai de lui écrire pendant fon fejour à Cuenca , & depuis fon retour à Quito. J’allai julqua lui offrir de fupprimer dans l’Infcription, les noms de M. Godin , de M. Bouguer & le mien, pourvu qu’il fut dit que la baie avoit été mefurée par des Acadé¬ miciens des Sciences de Paris, envoyés pour reconnoître la longueur des degrés terreff res; mais les choies s’étoient aigries au point que je 11e pus rien obtenir. Dans ce même temps, Don George & Don Antoine furent appelés, comme je l’ai dit ailleurs *, par le Viceroi du Pérou , fur les premières nouvelles qu’on y avoit reçues de l’armement qui le failoit en Angle¬ terre , d’une efcadre deftinée pour la mer du Sud. Ces deux Officiers partirent pour Lima le 21 Octobre 1740; ce qui coupa court pour lors à notre difcuffion. Dans ces entrefaites , les fondemens des Pyramides avoient été pofés. Avant que de paffer outre en élevant l’édifice hors de terre , je portai au Préfident & aux Oidors , ou Con- feillers de X Audience royale, le projet d’Infcription , fur lequel M. Godin , M. Bouguer & moi , n’étions plus en différend qu’au fujet de deux ou trois expreffions relatives ci nos me- fures, & qui ne pouvoient intéreffèr l’Efpagne. Je fis peler aux juges tous les termes du projet, fur -tout ceux qui pou¬ voient donner matière à contradiélion de la part des deux Officiers elpagnols ; après quoi , de l’aveu & par l’avis des mêmes juges, je préfentai ma requête, dont voici l’extrait. J’expolois que tous les travaux entrepris en divers temps de l’antiquité & du moyen âge, par le zèle d’habiles niathé- * Voy. Intrcd, Hïji, Année 174-0, Odobre, page 98. de Quito. 237 jmaticîens , & fous les ordres de puifians Monarques, pour déterminer ia grandeur des degrés terreflres, étoient devenus inutiles, & que l’hiftoire nous en avoit en vain confèrvé ia mémoire; uniquement parce qu’on avoit négligé de fixer, par des monumens durables, les mefores prilès fur le terrein, qui fèrvoient de fondement aux difiances conclues par le calcul. J’ajoûtois que, pour ne pas tomber dans le même inconvénient, il avoit paru convenable d’élever deux bornes en forme de Pyramides , aux extrémités de notre bafo , afin que dans tous ïes temps on pût , par le moyen de ces deux termes , vérifier notre travail , fans être obligé de le répéter entièrement. Je demandois qu’en confequence de la proteélion Ipéciale que S. M. C. nous avoit accordée par les paflèports, pour tout ce qui regardoit l’objet de notre million , il nous fût permis de faire conftruire ces deux bornes pyramidales, & d’y placer une Infcription qui exprimât le nombre de toiles comprilès entre les deux termes extrêmes de la baie, & les noms des Aca¬ démiciens qui i’avoient mefurée par ordre du Roi , fous les aufpices de S. M.C; enfin, qu’il fût ordonné à tous les Cor- régidors, Juges, & Miniftres inférieurs, de nous prêter toute l’aide & . faveur dont nous aurions befoin , &c. Ma requête me fut accordée : l’arrêt impofoit des amendes (dont moitié au dénonciateur) & des peines affliéfives : les premières regardoient les Elpagnols & les Métis; les autres menaçoient les Indiens qui feraient quelque dommage aux Pyramides ou aux Inforiptions. De plus, le Corrégidor de Quito fut nommément chargé par le même arrêt, de recon- noître l’état de ces monumens, iorfqu’ii ferait la vifite annuelle de là banlieue, & d’en rendre compte à, X Audience royale , fous peine d’en être refponlàble , quand il fortiroit de charge (cou cargo de refidencia). Cet arrêt fut prononcé & ligné le a Décembre 1740: je l’envoyai aiilTi-tôt à Lima à Don ■Antoine de Ulloa. 11 me répondit qu’il avoit communiqué ma lettre à Don George Juan , qui lui avoit dit, que puifque j’avois permiffion de X Audience royale , il n’avoit plus de ïaifons pour s’oppoler à mon projet. G g üj. 238 Histoire des Pyramides Je me vis alors en état de travailler librement à la conf* truélion des Pyramides. L’endroit où devoit être placée celle qui marquerait l’extrémité auflrale de la baie à’Oyambaro, étoit un petit tertre d’un terrein propre à bâtir lolideinent. Le loi de la Pyramide fèptentrionale à C ar abolirent , étoit d’une nature fort différente, & j’y rencontrai des ob'ftacles auxquels je ne ni etois pas attendu. La plaine d 'Yarouqui, dans laquelle nous avions mefuré notre baie , a fa pente vers le nord : elle s’y termine* par une cavée ou vallon d’une très -grande pro¬ fondeur ou coule la rivière de Guaïllabamba , qui réunit toutes les eaux du territoire à l’orient de Quito. Celles qui tombent des montagnes dont la plaine elt entourée , ont entraîné à la longue une grande quantité de fable, & l’ont dépofe dans le bas de la plaine, en prenant leur cours vers la grande ravine. C’étoit ' préci fement fur Ion bord que nous avions fixé le terme boréal de notre baie , & que devoit être conftruite la Pyramide de Carabourou. J avois fait creufer quinze à vingt pieds fins rien trouver que du fable, & je m etois convaincu, en examinant la coupe du terrein au bord de la ravine , qu’en fouillant beaucoup plus bas ce ferait encore la même choie : il étoit donc indifpenfâble de fonder cette Pyramide fur pilotis. Dès le mois d’Août précédent, j’avois parcouru les envi¬ rons de ce canton, qui eft fort dénué de bois, & il s’étoit heureufèment trouvé quelques arbres de l’efpèce que les In¬ diens nomment Capouli , dont le bois dur & compacte fè confèrve très-long -temps dans l’eau. J’avois fait marché de ces arbres fur pied , & envoyé de Quito des charpentiers pour les abattre & les façonner en pilotis. M. de Moramville conf- truifit , pour les enfoncer , une machine fèmblable à celle dont on fè fert en France à cet ufàge. Quoique je lui eufîè donné un jeune homme du pays, afîèz intelligent, pour conduire les ouvriers fous les ordres , & lui fèrvir de piqueur , il ne fè croyoit pas difpenfe d’en faire fouvent lui-même les fonélions. * Voy. la vue de la bafe & des Pyramides, Introduit ion hi dorique ? Planche II. DE QU 1 T 0. 239 Comme tout alloit fort lentement par la rareté, îa pareffe & la malhabileté des Indiens, plufieurs mois setoient paffés à raffembler feulement les matériaux. Je me tranfportois de Quito fur les lieux auffi feuvent que mes obfervations & mes affaires me le permettoient , & M. de Moraïnvilk veilloit à tout encore de plus près. II s etoit établi au Quinché chez le Docteur Don Jofeph Mahlonado , qui faifoit bâtir une nou¬ velle tour à fon Eglife, & il fervoit d’Architeéle pour cet édifice, dont je lui avois procuré la direction. Il reftoit encore un grand obftacîe à furmonter ; la difette d’eau pour éteindre la chaux & détremper le mortier. Les ruiffeaux qui des montagnes voifines fe précipitent en torrens dans la plaine , fe rendent , comme je fai dit , par diverfes ravines dans celle de Gua'illabamba. Notre bafe étoit dirigée entre deux de ces ravines , & l’une d’elles avoit fon embou¬ chure très-proche de Carabourou; mais elle étoit fi profonde, qu’on ne devoit pas fonger à en tirer de l’eau, ni à bras, ni par machines. Il fut plus aife de la prendre dans une fource éloignée de deux lieues, & de la conduire par une pente douce, en lui creufânt un lit, jufqua l’endroit où l’on en avoit befoin. Tous ces travaux regardoient la confiruétion des Pyra¬ mides; mais aucune des difficultés qui la retardèrent, n’ap¬ procha de celle qu’on eut à trouver des pierres propres pour les Inferiptions , à les tailler, à les tirer de 400 pieds de pro¬ fondeur, à les graver & à les tranfporter au lieu de leur defii- nation. 11 fallut parcourir les lits de tous les torrens , de tous les ravins deux lieues à la ronde, avant que de rencontrer de quoi former deux tables de grandeur fuffifànte. Les pierres quej’avois reconnues trois ans auparavant, & fur lesquelles je comptois, avoient été enlevées ou brifées par les crues d’eau, & il ne fut plus poffible de les retrouver. Le lit de ces torrens eft fèmé de pierres, la.plufpart arrondies, & de médiocre grofi feur ; mais les bords font garnis de groffes roches , parmi les¬ quelles j’en cherchois qui fufiènt en quelque forte ébauchées par la nature, & telles qu’on en put tirer, fans un trop grand 240 Histoire des Pyramides travail , deux tables de cinq pieds de haut & de trois pieds de large: nous les trouvâmes enfin. Je fis faire à Quito tous les inürumens nécefîaires; & muni des ordres du Préfident , du Corrégidor & des Aicaldes , j’envoyai fur les lieux des tailleurs de pierre, qui furent très -difficiles à trouver, parce qu’ils étoient en petit nombre , & d’ailleurs fort occupés dans la ville au bâtiment d’une nouvelle églilè. A mefure qu’ils défèrtoient avec mes outils, ce qui leur arrivoit très-fou vent, j’en renvoyois d’autres prendre leur place. Quoique payés à la journée, ils trouvoient ce travail infupportable par fa len¬ teur : les pics les mieux acérés s’émouffoient ou s eclatoient au premier coup; il failoit continuellement les rapporter à Qi/iio pour les réparer : j’avois un homme de journée dont ces voyages étoient l’unique fonction. Les pierres dégroffies, il fallut imaginer de nouveaux expé- diens pour polir, en frottant l’une fur l’autre les faces deftinées à recevoir i’infçription , qui venoit enfin d’être arrêtée entre les trois Académiciens, après de longues difcuffions. II reffoit à y graver les lettres. J’ai parlé ailleurs * de la difficulté que j’avois eue à diriger, même à la ville, un fèmblable ouvrage, quoique d’une exécution beaucoup plus aifée, puifque la pierre étoit d’une efjaèce de marbre prefqu’auffi tendre que l’albâtre, & non, comme dans le cas préfent , d’une roche qui appro- choit de la dureté du caillou. M. de Morainv'ilk avoit voulu non feulement faire tailler , mais , contre mon avis , faire fculpter & polir les deux pierres, à l’endroit où elies avoient été trouvées, c’eff-à-dire , dans le fond même de la ravine, & déplus y graver l’Infcription. Pour les enlever de là, il fit un engin avec un treuil, & le fixa dans la plaine au bord fupé- rieur de la Quchrada de Chaupi - Molino , dont la profondeur en cet endroit étoit de plus de 60 toiles, ou de près de 400 pieds. II avoit apporté du Quinché quelques cabies de cuir, & je lui en avois envoyé d’autres de Quito : ce font les cordes du pays; & nommément celles dont on fè fèrt pour élever les lourds fardeaux, & pour guinder les plus greffes cloches. * Voy. Introduélion hijîorique , Année 174-1? Août, page 124. Lorfqu’on D É d U I T 0‘ 241 Loriquon eut achevé de foulpter les pierres au bord du torrent, on en tira l’une des deux fort heureufêment , & on la mit en fureté : on travailloit à force à élever l’autre avec la machine ; & une pluie abondante prefîôit les Indiens de hâter cette opération , en même temps quelle la retardoit par l’alongement des courroies dont le cable étoiî formé. Il ne s’en falloit pas deux brades que la pierre ne fût au niveau de la plaine, lorlque l’orage & les éclairs redoublant, les Indiens abandonnèrent l’ouvrage pour aller chercher un abri , & laissèrent la pierre fufpendue. Les courroies continuoient à s’aîonger, quelques torons du cable le rompirent, & enfin le cable même : la pierre , précipitée dans le fond d’où elle avoit été tirée avec tant de peine, le brila en miile éclats, & le travail de fix mois fut perdu dans un inftant. J’étois alors à Quito, occupé de beaucoup d’autres foins. M. àe.Morain- ville me cacha cet accident , jugeant combien j’y forois fonfi- ble, quoiqu’il n’en prévît pas alors toutes les conféquences : il fo donna tant de mouvemens pour trouver une autre pierre, & fit tant de diligence pour la faire travailler , que je n’ap¬ pris le dommage que lorfqu’il étoit en grande partie réparé. J’attendois qu’il le fût entièrement, & que les Inforiptions fudent pofées, pour faire dreffer un procès verbal par-devant notaire , y joindre le dedèin des Pyramides , avec une copie figurée de i’Infoription , & préfenter une nouvelle requête à l 'Audience royale , par laquelle je devois demander que l’arrêt du 2 Décembre 1740, s’entendît de i’Infoription dont je dépofois une copie, pour être jointe au nouvel arrêt. Je n’avois pas fait graver fur la pierre les noms des deux Officiers efpagnois ; mais j’avois laide un intervalle vuide où il étoit aile de les inférer, fi, comme je l’efpérois encore, nous pouvions parvenir à nous concilier. Hh 2 42 Histoire des Pyramides S. II. Procès au Ju/et des Pyramides & ïnfcrip lions . IL y avoit plus d’un an qu’on travailloit fans relâche à la conftruélion des Pyramides: elles étoient achevées, à très-peu près; & fans l’accident dont je viens de parler, les pierres qui portoient i’Infcription auroient été en place lorfque Don George Juan & Don Antoine de Ulloa revinrent de Lima le 5 Septembre 1741, avec un congé du Yiceroi , dans le dellein de faire au nord de la méridienne l’obfèrvation allro- nomique qui leur manquoit , & fins laquelle ils ne pouvoient tirer de toutes les opérations précédentes aucune conféquence fur la valeur du degré. Ils auroient eu le temps de faire leur oblèrvation , & fe feroient épargné alors plufieurs voyages , & la peine de revenir encore de Lima à Quito trois ans après ; mais ne prévoyant point qu’ils alloient être rappelés fur leurs pas par le Viceroi , ni que le temps pût leur manquer, & jugeant qu’auffi-tôt que flnfcription lèroit pofée, j’ailois obtenir un nouvel arrêt pour fà confèrvation & celle des Pyramides , ils m’intentèrent un procès. Le 26 Septembre, ils préfentèrent à mon infü, une requête à X Audience royale, par laquelle ils expofoient que de mon autorité privée , fans l’aveu de Ad. Godin, l’ancien des trois Académiciens , & fans permijfion de /'Audience, j’avois fait ériger deux Pyramides , où j'avois fait graver une Infcription injurieufe à la nation elpagnole, de perfonnellement au Roi Catholique : que contre tout droit ,)’ avais omis d'y faire mention d’eux, quoiqu'ils enflent été envoyés par leur Souverain , en qualité <7 Académiciens efpagnols , & pour le même ouvrage que les Académiciens français; que j’avois nommé dans F Inf¬ cription deux Minijlres de France , Jans parler de ceux d'Efpa- gne : enfin , que pour couronnement des Pyramides, j'avois mis une fleur-de-lis ; ce qui hledoit l’honneur de la perfônne Royale, &c. Ils concluaient que les Infcriptions fuflent J opprimées, que je fufle admonejlé, &c. Tel eff .le précis très-fuccint de la requête peu mefuree de Quito. 243 que préientèrent contre moi Mrs les Officiers elpagnols; il eft vrai quelle netoit pas leur ouvrage, mais celui d’un Avo¬ cat , aux lumières &.au difcèrnement duquel elle ne fait pas honneur. On n’y trouve qu’un amas informe de déclama¬ tions vagues, fans ordre ni méthode, remplies de répétitions & de termes inintelligibles ; comme on peut s’en con¬ vaincre par l’extrait elpagnoi ci -joint de la requête origi¬ nale *. Cependant fur cet expole captieux , le premier mouve¬ ment de quelques Oui ors , dont l’un netoit en place que depuis l’arrêt du 2 Décembre 1740, & dont les autres n’a- voient plus cet arrêt prêtent, fut d’ordonner fans autre exa¬ men , la démolition des Pyramides; mais l’Avocat qui faifoit la fonction de Rapporteur, fuivant i’ufige des tribunaux d'Ef- pagne , ayant reprélènté aux juges , qu’à Ion rapport , ils • *.... Los fapplicantes , como taies ACADEMICOS EsPAnOLES... M. de la Condamine por fi folo , y fin diélamen de fu principal M. Go¬ din , y lo que es mas fin la venia precifa de Vueftra Altéra , . . poner una Infcripcion de notable defcaeci- miento y contra el honor de Vueftra Real perfona , el Reino y interefTa- dos . ... no obflante la contradiction de fu principal M. Godin . dar la mas promta providencia para que pafe perfona de fatïsfaccion y ref- peclo a quitar dicha Infcripcion , y recoger las piedras en que fe ha fija- do : imponiendo le à dicho M. de la Condamine, los apercibimientos de- vidos en ejle'cafo , para que de algun modo quede fatisfecho el excejfo co¬ rnet ido . . . . fon graves los inconve- nientes que produ^e contra V ueftra Real perfona , Reino y fus proprios intereffes . lo quai es mui grande defacato que fe haze de Vueftra Real perfona , pretendiendo igualarla con linos minijlros de otro foberano .... offende al Reino y nacion efpanola.... omitiendo nos como à taies AcADE- MICOS ESPAnOLES . en detri- mento de la nacion efpanola todas veçes que como SUS ACADEMICOS hemos concurrido .... pues como a fus ACADEMICOS ESPAnOLES, nos manda y embio . . . .potier en las euf- pides de las Pyramides dos fores de If , que y a fe ve reprefentan las armas de Francia, lo quai puede traer con el tiempo mui nocivas con- fequencias ..... en los campos de Vueftra Real perfona gravaffen y SUPUTASSEN armas y eferitos con¬ tra fu honor .... nos excluye de efe aélo como à taies ACADEMICOS ESPAnOLES, repele el diélamen de fu principal M. Godin y exécuta el excejfo de dicha Infcripcion arbitra - da y deterrninada por fu propria idea .... para que luego pafe .... la perfona de fat ïsfaccion y refpeto , para que quite las lo^as en que Je hallare la refer ida Infcripcion y de efe modo Je ataje el perjuivjo que llevainos reprefentado , y fe le aper- ciba à M. de la Condamine en la forma , iP c. para que de algun modo quede fatisfecho el excejfo çometido. Hhij 244 Histoire des Pyramides avaient rendu fur ce fujet un arrêt ii y avoit neuf à dix mois , la Cour ordonna que la requête des deux Officiers fut jointe aux écrits précédens , & communiquée aux Académi¬ ciens françois. 11 le paffii treize jours avant que cette lignification me fût faite ; & dans cet intervalle , plufieurs per ion lies s’entremi¬ rent pour me propofer un accommodement. On m'offrait de la part de Don George , en cas que nous convinffions de nos faits, de retirer la requête prélêntée; & dans le même temps, M. G o Ain propofôit une autre Infcription qui étoit agréée des parties adverfès. Je répondis que quoique je pufle m’oppofer , par des rai- fons très-légitimes , au nouveau projet d’inlcription , où l’on donnoit à Mrs les Officiers elpagnols des qualités qui ne leur appartenoient pas, je voulois bien, par amour pour la paix , palier par-deffus cette confidération , fâuf le con lente¬ ment de M. Bouguer, qui étoit alors à Cuenca ; à condition cependant : i.° qu’avant tout, je répondrois à la requête, qui blefîoit mon honneur , & qui avoit été lue en pleine Audience; & qu’enluite je retirerais ma réponlè, fi ces Mefi- fieuis retiraient leur requête : 2. qu’en convenant à l’amia¬ ble de l’ Infcription , toute contefiation judiciaire cefièroit fur les autres points, v Ces conditions n’ayant pas été acceptées, le procès conti¬ nua. M. GoAin, qui avoit reçu plufieurs jours avant moi la lignification de la requête des deux Officiers , y répondit le premier, & dit que ce n’étoit pas à lui de réfuter des accufa- tions qui ne le regardoient point, puifqu’il s’étoit entièrement repolé fur moi de la confiruéiion des Pyramides ; que Ion objet unique avoit été d’affiurer la durée de l Infcription qui ferait pofée, quelle quelle fut; qu enfin j’avois toujours été & que j’étois aéluellement occupé à prendre les indurés nécefîàires pour fi ire autoriler celle que je voulois placer. M. GoAin , dans la même requête, propoiôit une nouvelle Infcription, comme propre à tout concilier, & comme avouée des deux Officiers» D E Q U I T 0. 245 Le T o Octobre , vingt-quatre heures après que la requête de ces Meilleurs m’eut été lignifiée, je répondis amplement à tous leurs griefs; mais comme je 4t ai pins affaire aujour¬ d’hui à des juges prévenus, il 11e fera pas nécefiaire d’entrer ici dans, un long détail, pour prouver combien les préten¬ tions de nos parties adverfes étoient peu fondées , à commen¬ cer par celle d’avoir été envoyés par leur Souverain en qua¬ lité d’Académiciens efpagnois pour meiurer la Terre, comme iis cherchoient à le faire entendre à force d’expreffions équi¬ voques. Les feuls Académiciens françois ont été charges de cette commiffion, •& ils n etoient obligés de la partager avec perfonne : il fuffit, pour s’en convaincre, de jeter les yeux fur les pafîeports de Sa Majefié Catholique. Ce Monarque , en nous permettant d’aller mefurer les degrés voifins de l’équateur dans les états du nouveau-monde, ne nous impofoit que deux conditions * : l’une de nous foumettre aux vifites ordinaires dans tous les ports, & à toutes les douanes des lieux de notre patfige, pour prévenir tout foupçon de commerce prohibé; ce qui avoit été très - ponctuellement exécuté , comme les procès verbaux drefies dans ces différens lieux en faifoient foi: l’autre, que le Roi Catholique nommeroit deux perfonnes intelligentes en mathématique & en agronomie, pour ajfijier (ce font les termes même du pafîèport ) à toutes nos obfervations, & en garder une note. Voilà l’objet de la million des deux Offi¬ ciers, énoncé clairement & fans équivoque. Ceft du moins le foui dont nous ayons eu connoifiance. D’ailleurs, il efi fi vrai que leur commiffion étoit abfolunient dépendante de la nôtre, qu’auffi-tôt que nous eiim.es reçu de nouveaux ordres de notre Cour pour nous en tenir à la mef ire du méridien , ils ne longèrent plus à l’équateur, qu’ils s etoient d’abord attendus à mefurer avec nous dans le temps que nous en étions chargés. Que fi un an après notre arrivée à Quito , ils reçurent un quart-de- cercle & quelques autres inftru mens faits à Paris fous la direction de feu M. du Fay, c’étoit pour les exercer * Voy. les pafîeports de Sa Majefté Catholique, & leur traduction, à la fuite de^cette hiftoire; & la note, page lüiva-nte. H h iij 2.4 6 Histoire des Pyramides aux oblêrvations afironomiques & aux opérations de trigono* niétrie, dont ils navoient alors aucune pratique; & rien ne prouve moins qu’ils eullènt été chargés par leur Souverain de mefurer la Terre, comme ils le prétendoient. Non feule¬ ment ils n’ont jamais produit un pareil ordre, dont la date* s’il exifloit , prouverait encore ce que j’avance , mais il ell évident que leur quart-de-cercle de deux pieds de rayon étoit infuffilant pour cet ufage. Outre le fecleur de douze pieds que nous avions apporté de France , deux autres qui ont été conftruits fur les lieux , & aux dépens du Roi , par notre horloger, nous ont à peine lùffi. Je dis plus: quand Don George & Don Antoine eufiènt été de longue- main exercés dans la pratique de i’Adronomie & des opérations géodéfiques, ce que leur grande jeunedè rendoit impoffible , & ce dont leur état d’Officiers de marine Jes difpenfoit: quand même ils auraient fait voir un ordre pofitif de mefurer les degrés , cela ne leur donnait aucun droit fur notre ouvrage. Nous avions toujours été les maîtres, en nous renfermant dans les conditions du padèport d’Efpa- gne , de les réduire à la qualité de fimples témoins de notre travail ; lauf à eux d’écrire fur leur régi lire ce qu’ils nous auraient vu faire *, ainfi qu’il leur étoit prefcrit. Enfin , & c’eft ici le point décifif, notre ïnlcription étoit defiinée à indiquer le nombre de toiles que nous avions trouvé en mefurant notre première baie, fur le terrein : fi nous nous étions trompés fur cette mefure, affurément on ne s’en ferait pas pris aux Officiers de marine efpagnols; les fèuls Acadé¬ miciens François eufient été refponfàbles de l’erreur à l’Aca¬ démie & au public. D’ailleurs , peut-on s’imaginer, que deux fujets du Roi d’Elpagne eufîènt été chargés de mefurer une bafè en toiles du Châtelet de Pans! c’efi pourtant ce qu’il faudrait fuppofer , puifque ces Meilleurs navoient point * Para que ajjiftan con los men- cionados Francefes à todas las ob- Jèrvaciones que hiqjercn y apunten lo que fueren executando .... afin qu’ils affiftent avec lefdits François à toutes les obfervations qu’ils feront, & qu’ils en tiennent une note. Kay. les pageports déjà cités. de Quito. 247 apporté de modèle de la Vare d’Efpagne, fur la longueur de laquelle les auteurs efpagnols ne font pas même d’accord *. Je n’en dirai pas davantage fur le fond du procès : la multitude de raiforts ne fèrviroit qua ofïufquer leur évidence. Quant aux chefs d’accufâtion intentés contre moi perfon- lieliëment, je répondis, i.° Que j’avois obtenu, il y avoit près d’un an, un arrêt de X. Audience royale , portant permiffion d’ériger les Pyrami¬ des, & d’y placer i’infcription que j’avois prélèntée dès-lors à tous les membres de X Audience , en attendant que mes deux collègues & moi , nous euffions fixé tous les termes qui regar- doient le détail de notre opération ; & que les juges étoient convenus que dès que i’infcription fèroit en place, ce qui netoit pas encore, je la ferois autorifèr par un nouvel arrêt, auquel leroit jointe la copie figurée de i’infcription ; que par confequent rien n’étoit moins conforme à la vérité que de dire que j’avois procédé fins permiffion de X Audience. 2.0 Que je n’avois pas agi de mon chef, mais de concert avec les deux Académiciens, fans me contenter de netre pas défivoué par eux; que j’avois le confentement de M. Boit- guer, comme le reconnoifloient nos parties, & que M. Godin, en répondant à la fignification qui lui avoit été faite de la requête des deux Officiers efjxignols , avoit déclaré s’en être rapporté à moi fur ce qui regardoit les Pyramides ; qu’outre cela, .Meilleurs les juges fivoient qu’avant le départ de M. Godin pour Mira, nous avions été les voir tous, M. Godin & moi, & qu’il les avoit prévenus que j’agiffois au nom de toute la compagnie : fiait fur lequel je m’en rapportois à leur témoignage. 3.0 Que i’infcription n’étoit pas plus injurieufè à la nation * Le Commandeur Don George Juan , depuis Ton retour à Madrid en 174.6, a déterminé !e rapport de îa Vare de Caitille à la toile de Pa¬ ris, de t.44. à 371; en comparant à Y E' ta ' on de la Vare du Conieil royal de Caitille, une règle de dcmi-ioife qu’il avoit lui -même étalonnée à Quito, fur la toife de fer que nous avions apportée de Paris au Pérou, & qui a ici vi à toutes nos opérations. Voy. Obfervaciones aflronoinicas y phyficas , d?ç. Madrid, 174.8^ page 101. 248 Histoire des Pyramides espagnole qu’à la nation angloifè, puifqu’eile ne parîoit pas plus de laine que de l’autre: qu’il était bien vrai qu’011 n’y lifoit pas le nom des deux Officiers efpagnols ; mais qu’outre que je n’étois pas dans l’obligation de les nommer , ils ne dévoient s’en prendre qu’à eux -mêmes, puifquils àvoient refulé de l’être en qualité de coopérateurs; quoique je leur en eufîe fait l’offre , fins nécefîité de ma part , & feulement pour les obliger. 4.0 Quant à l’étrange reproche qu’on me faifoit, en difânt que i’Infcription étoit injurieufe , même à S. M. G. le Roi Philippe V, je répondois que ma douleur étoit égale à ma furprife, de me voir fi injufiement accufé d’avoir manqué de refpeét à un Souverain, à qui la feule qualité de Prince du fàng royal de France , affuroit la vénération & l’amour de tous les cœurs françois, indépendamment de tous fes autres titres, & des vertus qu’il avoit portées fur le trône de la plus vafle monarchie de l’univers. J’ajoutois, en répondant d’une ma¬ nière direéle , que l’Infcription dénoncée comme injurieufe à S. M. C. étoit beaucoup plus honorable que celle qu’on pré- tendoit lui fubftituer: Que celle-ci difoit feulement, & dans la fuite du difcours, que ce Monarque avoit bien voulu que nous opéraffions dans fes état s (Volente PhilippoV); au lieu que la mienne , ou pluflot celle que j’avois empruntée de l’Aca¬ démie des Belles-lettres , qui avoit mûrement pefe les termes & les circonftances , commençoit par ces mots, Aufpkîis P/ù- lippi V: Que je m’en rapportais à tous ceux qui entendoient la force du terme Aufpicïis, & qui favoient en quel feus il étoit employé dans les Infcriptions antiques, pour juger s’il n’exprimoit pas avec beaucoup plus d’énergie & de dignité, la faveur & la protection dont le Roi Catholique avoit honoré notre entreprifè, que le mot fhnple & nud Volente , qui, d’ailleurs, était fuperflu, puifqu’on ne pouvoit fuppofer qu’un ouvrage fëmblable au nôtre s’exécutât fur les terres d’un Sou¬ verain fins fon agrément : Que le terme Aufpiçiis en tête de l’Infcription , étoit un hommage & une consécration du mo¬ nument à S. M. C , dans les domaines de qui nous avions DE <2 U ï T 0. 249 opéré; au îieu que S. M. T. C. netoit nommée qu’hiflorique- ment dans le corps de l’Infeription , 8c feulement pour dé¬ clarer que nous avions été envoyés par ce Monarque. 5.0 Que les noms des deux Officiers elpagnols n étant point dans i’Infeription , depuis qu’ils avoient refuie mes offres , je n’avois pas été dans le cas d’exprimer aux frais de qui ces Meffieurs étoient venus : mais que quand leurs noms & leurs titres y euffent été énoncés, il me paroîtroit petit 8c prelque indécent, de dire que le Roi leur maître avoit nourri dans les propres états deux de fes Officiers de marine quali¬ fiés tels; comme le propofoient les parties adverfes dans leur projet d’Infcription, en ajoûtant ces mots & impenjis ahnt: fur quoi je m’en rapportois entièrement à la prudence de la Cour. Je relevois auffi l’abus que les parties adverfes faifeient du terme d’ Académiciens, en fondant leur prétention fur ce qu’ils étoient Académiciens espagnols; ce qui étoit répété julqu a cinq fois dans leur requête. Je déclarois que fous ce nom, je 11e connoiffois que Meffieurs de l’Académie de Madrid, auteurs du grand dictionnaire de la langue caftiiiane: que l’Académie des Gardes de la marine de Cadi\ 7 étoit une école , où de jeunes gentilshommes apprenoient à faire leurs exercices; 8c que fi nos parties avoient eu à traduire leur requête en fran- çois, leur titre à’ Académiciens Ce feroit converti en celui d’A~ cadémijles. Je ne répète point ici ce que j’oppofois à une pré¬ tention encore plus hngulière qu’ils formoient alors, mais fur laquelle ils n’ont pas infifté ; c’étoit, qu’en cette qualité â'Aca- démijîcs de Càdi£, leurs noms dévoient précéder les nôtres. 6.° Quant aux noms de M. le Cardinal de Fleury & de M. le Comte de Maurepas , 8c à l’omiffion de ceux des Miniftres d’Efpagne, je rapportois les raifons qui nous avoient engagés à reconnoître publiquement la part que deux Mi- nillres, membres de notre Académie, avoient eue à une entreprife que leur amour pour les fciences les avoit portés à favorifer : qu’au furplus, on ne pouvoit nous obliger à mentionner dans notre Infeription aucune circonltance étran¬ gère à notre ouvrage , excepté la protection dont S. M. C* I x 250 Histoire des Pyramides avoît honoré l’entreprifê ; j’ajoûtois que les parties ad ver les étoient les maîtres de faire élever à leurs frais d autres Pyra¬ mides, & d’y graver telle Infcription que bon leur fèmbie- roit , mais n’avoient point droit d’exiger que nous ajoûtaflions à la nôtre rien de ce qui n’y étoit pas abfolument néceflàire. J* A iegard de la fleur-de-lis qui terminoit les Pyrami¬ des , je failois voir que lecuffon entier des armoiries d’Eff pagne qu’on propofoit d’y fobflituer , n’étoit nullement propre à faire un couronnement ifolé : que j’avois fuivi un ulage confiant, & d’ailleurs conforme aux règles de l’architeélure & à celles de l’art héraldique, en faifant fervir d’ornement, comme on le pratique dans tous les édifices , la pièce princi¬ pale des armes du Seigneur. Je concluois qu’ayant bâti fur les terres du Roi d’Elpagne , & l’Infcription étant dédiée à ce Monarque , par la formule Aufpiciis Philippi V, j’avois dû tirer l’ornement deftiné à terminer la pointe des Pyramides, de 1 ecu des armes perfonnelles du Roi Philippe V; puifque l’Infcription n’étoit pas dédiée aux Rois d’Efpagne en général, mais au Monarque régnant : & d’autant plus qu’il n’y avoit aucune raifon de préférence , pour choifîr dans les armoiries de cette Couronne une pièce pluflôt qu’une autre, comme le Lion, la Tour, la Grenade, &c, qui font les armes particu¬ lières des divers Royaumes dont la réunion forme la Monar¬ chie efpagnole. Que fi l’on vouloit fuppofor que le choix de la pièce fut indifférent, pourvu quelle fût tirée des armoi¬ ries d’Efpagne, la fleur-de-lis étoit encore dans le cas d’être choifie à ce titre, puifque lecuflon du royaume de Naples, qui fait partie de celui d’Efpagne, efl femé de fleur-de-lis. Quant à ce qui regarde les prétentions qu’on fuppofoit que la France pourroit former à l’occafion de cette fleur-de-lis, for des pays de la domination d’Efpagne, j’alléguai (car jetois obli¬ gé de répondre férieufêment ) que cette crainte étoit vifible- ment chimérique, par les raifons précédentes, & parce que le nom de Philippe V, qui commençoit l’infoription, levoit toute équivoque: Que d’ailleurs cette fleur-de-lis ne droit pas plus à conféquence, que celles qu’on voyoit à Quito même, dans la D E Q U I T 0. 2 fl fri le du frontilpice de leglilè de Saint François, bâtie il y a deux fiècles; & qui navoient pas plus fourni de prétexte à la France , pour former des prétentions fur l’Amérique , qu’à la mailon de Fampie & à la ville de Florence , qui ont auffi pour armes des fleur- de- lis : Que fl la crainte que témoi- gnoient les parties adverlès avoit le plus léger fondement , il falloit convenir que la France avoit été bien négligente à faire valoir le droit que lui donnerait en ce cas , fur les con¬ quêtes du nouveau monde, la fleur -de -lis qui marque le nord dans toutes les boufloies d’Europe, & qui a lèrvi de guide aux Colombs, aux Vefpuces & aux Mage'llans, pour leurs découvertes. Je témoignois ma furprife de ce qu’on vouloit prendre ombrage d’une fleur-de-lis, tirée des propres armes du Monarque régnant , dans une ville où l’on voyoit en tous lieux l’Aigle impériale, tantôt peinte ou Iculptée, & tout récemment encore à la porte du Palais de X Audience royale ; tantôt bradée, découpée, moulée lur les harnois de chevaux, fur les meubles , jufque fur les autels; &. qui, fans doute, étoit regardée par-tout comme un ornement fans conlequence. J’aurois pu ajouter, qu’à Madrid même on n’y faifoit pas plus d’attention , fi j’enfle pu prévoir alors, que huit ans après, je verrais l’aigle à deux têtes, chargée en cœur de leculîbn des armes de la mailon d’Autriche, lèrvir de j fleuron à la fin des chapitres, dans la relation publiée* par ceux qui me fai- foient un crime d’avoir couronné nos Pyramides d’une fleur- de-lis. Enfin j’infinuois dans ma requête, & j’avois dit à M. le Pro¬ cureur général, que pour ôter toute équivoque, & prévenir toute interprétation fulpeéle, il n’y avoit qu’à couvrir de la couronne d’Elpagne la fleur-de-lis des Pyramides; qu’alors on ne pourrait plus douter qu elle ne Fût le fymbole d’un roi d’Elpagne né prince de la mailon de France. Je concluois par demander la confirmation de l’arrêt du 2 Décembre 1 740, &. l’approbation de X Audience royale , pour l’inlcription que * Voy. Relacion hifîorica del viage à la América méridional. Madrid, I74.8, pp. 26, 640, &c. 2)2 Eistoite des Pyramides j’avois récemment fait graver, depuis que nous étions conve¬ nus, entre les trois Académiciens, de tous les termes, à la pluralité des voix. J’épargne au lecteur un plus long détail de cette fingulière contellation , ainfi que des incidens * qui en retardèrent le jugement. On aura peine à croire qu’une choie fi fimpîe ait pu donner matière à plus de quatre-vingts rôles in-folio d écri¬ tures, fins compter les lettres particulières & les mémoires qui avoient précédé , dont on eût pu faire un volume beau¬ coup plus gros. Après que les parties eurent fourni réciproquement leurs productions, la Cour ordonna un foit communiqué au Procu¬ reur général; & l’on n’attendoit plus que les conclufions , lorlque les deux Officiers efpagnols furent nommés par X Au¬ dience , comme je l’ai dit ailleurs, pour commander les milices de la province de Quito, & les conduire à Guayaquil , où. i’on craignoit une defcente des Anglois. Ils partirent pour cette ville le 6 Décembre 1741, & bien -tôt après pour Lima , où les ordres du Viceroi les rappeloient. Outre la prévention nationale que j’avois à combattre dans Pefprit de tous mes juges, les grandes liai/ons des deux Offi¬ ciers efpagnols avec le Procureur général , étoient pour moi un nouveau fujet d’inquiétude. L’évidence de mon droit ne fuffiloit pas pour me raffiurer: je padai quatre mois dans ces alarmes. Enfin ce magiflrat donna fes conclufions le 2 5 Avril 1742 : elles portoient qu’il étoit de l'honneur de la nation elpagnole, & de la juffice due aux deux Officiers de marine, * Pour qu’on ne puiffe m’accufer d’avoir rien omis qui paroifTe de quel¬ que conféquence , je remarquerai qu’ayant cité dans ma requête un difcours tenu par Don George Juan, d’où il réfültoit qu’il ne fe regardoit pas comme chargé de la commifïîon de mefurer la bafe, M. Godui, nom¬ mé incidemment dans cette citation, craignit , par une délicatelfe que je ne puis blâmer, qu’on ne pût inter¬ préter mon allégation à fou défavan- tage , & en conféquence préfenta un écrit pour me faire expliquer fur ce qui le regardoit. Je répondis d’une manière fàtisfaifante , & il ne répliqua plus. Ainfi , quelque juge¬ ment qu’on ait pu porter de cet inci¬ dent , il n’a formé aucune contra- diéîion réelle, delapart de M . Godin^ à tout ce que j’alléguois en faveur de notre caufe commune, ni à ce que lui-même avoit déclaré dans fa pre¬ mière requête dont j’ai parlé ci-deffus. v £ Quito. 253 de ïes nommèr dans l’infcription , non feulement en qualité d’afîiftans à notre travail, mais comme y ayant participé. C etoit précifément ce que je leur avois offert avant le procès. Du relie, le Procureur général ne trouvoit aucun fondement à la' difficulté des parties adverfès fur les noms des Minières de France, dans une Inlcription qui ipécifioit lapait que cha¬ cune des perlonnes nommées avoit eue à l’ouvrage. Enfin il adoptoit l’expédient que j’avois propofe pour éviter toute équi¬ voque , qui étoit de pofèr fur les fleur-de-lis la couronne propre des rois d’Elpagne. En fuivant ce procès , j avois agi au nom de M. B ouguer comme au mien, en vertu de la procuration qu’il m’avoit envoyée de Cuenca ; mais comme il revint ail commence¬ ment de 1742 à Quito, nous concertâmes, lui & moi, une nouvelle requête qu’il préfenta en fon nom, pour répondre à celle des deux Officiers qu’on venoit de lui fignifier. Je profitai de l’occafion : nous inférâmes dans cette réponfè quel¬ ques remarques qu’il m’avoit fûggérées , & de nouveaux moyens de défenfe non moins décififs que les précédais. Outre cela , M. Bouguer déclarait dans la requête , qu’il n’ap- prouvoit point pour fà part, l’offre que j’avois faite à nos parties, de leur céder une des faces des Pyramides, pour y placer telle Inlcription qu’ils voudraient: il en expofoit les inconvéniens. Du refie, fes conclufions ne différaient pas des miennes. Le 1 o Juillet 1742 , l’affaire fut rapportée, & les avis fè trouvèrent partagés. Comme le Doyen n’a voit pas été préfènt, la caufe lui fut renvoyée pour départager les voix & faire l’ar¬ rêt. Il fallut recommencer devant lui le rapport du procès. Je trouvai d’abord ce magiftrat fi prévenu , qu’il réfufoit de m’é¬ couter : à la fin il voulut bien m’entendre. Il paffa huit jours à examiner les pièces qui lui avoient été remifès, & à fè faire rapporter la caufe tout au long par l’Avocat Relaîeur, chargé de cette fonélion. Le 19 Juillet, l’arrêt fut rendu & figue: le voici avec ia traduction littérale. 254 Histoire des Py ram i des Arrêt de l’Audience royale de Quito. Texte Efpagnol. Los Sehores Prefidcnte y O y do¬ res de efia Real Audiencïa , Ha- viendo vijlo ejlos autos, dixeron: eue fe les permite à los Académicos francefes, la corfiruccion y fâbrica de las Pirâmides del llano de Y a- ruqui , para fehal y memoria per¬ pétua de fus obfervaciones, que han hecho en ejle Reyno , de confenti- mïento de fu Magejlad: con la ce ï- lidad precifa , de que dentro de dos ahos, han de traer confirmation del Real y fupremo Confiejo de las In- dias, y de que fibre las flores de lis que terminan las Pyramides, fe ponga la Corona de los Reyes de Efpaha. Y afsi mifino fe appruebay da por buena la Infcripcion que han hecho dichos Académicos, y empiéta con la clâufula Aufpiciis Philippi V, que efia à f.° 2 o de los autos; y fe incorpore en e/la el nombre de los dos Efpanoles guardas- marinas, debaxo de! litulo con que vinie- ron embiados, para affiflirà todas las operaciones de dichos Acadé¬ micos francefes :y debaxo de efias c alidade s fe entienda, guarde y cumpla c! auto de dos de T) mem¬ bre del ano pafsado de fetecientos y quarenta , en que fe les dio la fa- cuit ad de erigir efias Pyramides : y déjeles el tefiimonio de los autos que tienen pedido, para fu recurfo ; y que cumplan con lo que fe lesordena. Afsi !o proveyeron y rubricaron. Proveyeron y rubricaron el auto de Traduâlon. Messieurs les Prefidenf & Oidors de cette Audience royale , vu les pièces du préfenf procès, ont dit : qu’il efl permis aux Académiciens françois de conftruire & d’élever deux Py¬ ramides dans la plaine d 'Yarouqui pour fervir de fignal ( à leurs triangles) & pour perpétuer la mémoire des obfervations qu'ils ont faites dans ce royaume du conlèntement de S. Al : fous la condition e^preffe qu’ils rappor¬ teront dans deux ans la confir¬ mation du Conlèil Royal & fu- prêrne des Indes; & que fur les feur-de-lis qui terminent les Py¬ ramides, il fera mis la Couronne propre des Rois d’Efpagne. En outre , I’Infcription defdits Aca¬ démiciens , qui commence par ces mots, Aufpiciis Philippi V, telle qu’elle ell rapportée au pro¬ cès f.° 20, efl approuvée & re¬ connue bonne , & les noms des deux Efpagnols gardes de la marine y feront inférés, avec les qualités fous lefquelles ils ont été envoyés , pour ajfifier à toutes les opérations defdits Aca¬ démiciens françois ; & fous ces conditions doit être entendu, exécuté & accompli l’arrêt du 2 Décembre 1740, par le¬ quel la faculté d’ériger les deux Pyramides leur a été accordée: & la copie des pièces du procès DE Q fufo los ferions Prefidentey Oy do¬ res de efta Real Audkncia ; ejlando en la fala del Real Acuerdo de jujlicia de e/la , los Licenciados, Don Jofeph Llorente, Don Pe¬ dro Gomez de Andrade, Don Efteban de Olays y Echeverria, y Don Jofeph de Quintana y Azevedo Oydores de Quito, en Aies y nueve dias del mes de Julio de mil fete-çientos quarenta y dos ahos . u / t o. 2 y y demandée par îes Parties , leur fera délivrée, pour y avoir re¬ cours & accomplir ce qui leur eft enjoint. Le préfent arrêt ren¬ du & paraphé par Meilleurs les Préfident & O'idors de cette Audience royale : étant préfens dans la falle du Confèil royal de juftice , les Licenciés Don Jofeph Llorente ( Doyen ), Don Pedro Gome ç de Andrade , Don Efeban de Olays y Echeverria , & Don Jofeph de Quintana y Azevedo, O'idors de Quito , le ip Juillet 1742. Par cet arrêt, celui du 2 Décembre 1740, portant per- miffion delever les Pyramides, étoit, comme on voit, con¬ firmé ; i’Infcription que j’avois propofee, du con lentement de Mrs Godin & Bouguer, étoit approuvée ; & les deux Offi¬ ciers efpagnols obtenoient moins que je ne leur avois offert ; puifqu’ils étoient réduits à leur fimple qualité diajfiflans à notre opération , conformément à la teneur des paffèpo'rts de S. M. C, après avoir refulé mon offre de les nommer comme particîpans ou coopérans. Mais l’arrêt conteno'it encore deux autres conditions: l’une, qu’on placerait fur les fleur-de-lis du fommet des Pyramides, la couronne d’Efpagne , ce que j’avois moi - même propofe : l’autre, que nous rapporterions dans le terme de deux ans, la confirmation de cet arrêt par le Confeil fuprême des Indes de Madrid. Je me hâtai de remplir la première de ces deux, conditions, en ce qui dépendoit de moi. Je ne pus cependant, avant les derniers jours du mois d’Août, me tran (porter avec un huiffier, aux deux extrémités de la bafe, pour faire placer & Iceller deux couronnes de bronze fur les fleur de-lis de pierre qui formoient la pointe des Pyramides® L’huiffier fit un procès verbal de l’état aétuel de ce monument, & certifia que tout étoit conforme au deffein que je joignis à 256 Histoire des Pyràm i des ce procès verbal; ainfi que les Infcriptions à la copie figurée jointe au même dellein. Il certifioit de plus, qu’il avoit vu poler en la prélènce, & fceller au haut des deux Pyramides, fur la Heur- de- lis de pierre qui les terminoît, une couronne de bronze fermée à double ceintre, & telle qu’on la repré- lènte dans l’écu de la monarchie d'Efpagne. Cette vifite de l’huiffier avoit été précédée d’une autre opé¬ ration. Il ne m’avoit pas été poffibfe, dans le temps de la fondation des Pyramides, d’y inférer, comme je me le pro- polois, une copie de i’Infcription , qui netoit pas encore arrêtée, ni par confequent autorilée, puifque nous n étions pas tout -à-fait convenus du choix de quelques termes qui dévoient y entrer; mais je m’étois réfervé un moyen de fuppléer à cette omilfion. J’avois fait drelfer un mât fort haut, dont le pied remplilîoit le vuide de la meule de moulin qui marquoit le centre de la baie de chaque Pyramide. On avoit enluite élevé le piédeflal & le relie de l'édifice. Des cordes tendues du haut du mât aux quatre angles, a voient guidé les maçons dans l’alignement des vive -arêtes; mais cet ufage netoit qu’accefîoire, & je m’étois propole un but tout différent. En retirant le mât après l’entière confiruélion des Pyramides, il étoit relié dans la place qu’il avoit occupée, lin canal creux * qui aboutiiïoit au milieu de la meule de moulin placée au centre delà fondation. Quelque temps avant la defcente de l’huilfier fur les lieux, & lorfque tous les termes .de i’Infcription eurent été concertés entre nous, je me tranfi portai aux Pyramides, & je lailfai tomber dans le canal qui les traverfoit depuis le fommet julqu’à leur bafe, une longue boîte de plomb fondée, qui contenoit une planche d’argent de fix pouces fur quatre, où j’avois fait graver par M. de Monïm- ville, la copie figurée de i’Infcription, telle quelle étoit fculptée fur la pierre fcellée dans la face de la Pyramide. Un mé¬ lange de fôufre fondu page 4. J 9. JL1 266 Histoire des Pyramides D’ailleurs , il nelt pas douteux qua i’inflant de la démoli¬ tion des anciennes Pyramides, & avant l’arrivée de l’ordre pour les rétablir , tous les matériaux qui les compofoient , n’aient été dilperfés, & que les gens du voilinage ne s’en foient emparés , & ne les aient employés ailleurs. Quand il fèroit poflible que cela ne fût pas arrivé , quand je fuppofè- rois gratuitement que la confiance & i’induflrie auraient enfin fui mon té toutes les difficultés de la réédffication , malheureu- fèment -je vois encore que la mefure de notre bafè, que j’avois pris tant de peine à confèrver, elt perdue fans reffource: en voici la preuve. On a fouillé jufque dans les fondemens des Pyramides, pour y chercher les deux lames d’argent qu’on a lu que j’y avois placées, & fur lelquelles j’avois fait graver la même Inlcription que fur les tables de pierre. On a donc dérangé les meules de moulin dont les centres marquoient les deux termes de la bafe. Mais aura-t-on replacé ces centres au même point où ils étoient ! Les Indiens, à la difcrétion delquels l’ouvrage aura été abandonné, auront-ils remis dans la même direétion la ligne que j’avois tracée fur les meules qui occupoient le milieu des fondemens dans chaque Pyramide! Auront-ils orienté les fices des Pyramides nouvelles fur les régions du monde! Et quand on aurait fenti les conféquences de toutes ces attentions , & fur- tout l’extrême importance de la première , pour confèrver le point du centre, je demande qui fè fera chargé d’y veiller, & qui l’aura pu faire avec connoiffance de caufè! Suppofons cependant que cela le foit fait par hafard ou autrement,. qui nous en afîurera ! Qui nous fera garant que la bafè comprifè entre les deux Pyramides fuppofèes reconflruites , ne fèra pas ou plus longue ou plus courte que celle que nous avions déterminée avec tant de fcrupuîe! Il eft donc certain, & de la plus grande évidence, non fèulement pour tous les mathématiciens, mais pour tout lec¬ teur qui voudra fe donner la peine d’y réfléchir, que les deux termes extrêmes de notre bafè font perdus à jamais; ou, ce qui revient au même, que l’on ne peut avoir aucune certitude de Quito. 267 morale qu’ils foient confêrvés. Le nouveau monument pourra donc fèrvir tout au plus à perpétuer la mémoire d’un voyage déjà célèbre dans les recueils académiques, & dans tous les journaux littéraires de l’Europe; mais non à conflater fur le terrein la longueur réelle de notre baie; ufage auquel l’an¬ cien monument étoit principalement defliné , & qu’aucun autre 11e peut fuppléer parfaitement. Les nouvelles Pyramides ne lèroient propres à cet égard qu’à induire en erreur. Ce fl là ce que je ne pouvois me difpenfer e!e déclarer ici , pour pré¬ venir les conséquences qui feroient à craindre , fi jamais on vou- loit faire Jervir la diflançe des deux Pyramides nouvelles à vérifier nos mej lires, ou fi les fuppofant Lien orientées, on s’avfioit d'en conduire que la méridienne a changé de direâion. Tout ceci ne Ici oit point arrivé, fi les parties intérefîèes avoient été appelées 8c entendues. J’ai appris trop tard que cetoient moins la multitude & l’importance des affaires con¬ fiées à un Miniflre dont le nom étoit dans notre Infcription, qu’un excès de délicateffe de la part, qui l’avoit fait le repofèr du luccès de la demande de l’Académie fur l’évidence de notre droit, lans agir aulfi vivement qu’il l’auroit pu faire, s’il ne s’étoit pas regardé comme partie intérefîée. Je fens bien que par la même railon, mon témoignage peut paraître fufpeCt, du moins en Eipagne, lur tout ce qui concerne cette affaire, li eft important de me juftifîer de ce reproche. Premièrement , quant au doute que je forme fur la réédi¬ fication des Pyiamides, je m’en rapporte à l’évènement, fup- polé qu’on en loit jamais exadement informé en Europe : à l’égard de l'incertitude qu’il y aura toujours lur la diftance de leurs centres , j’en appelle à l’évidence, 8c même à la confcience de Don George Juan 8c de Don Antoine de Ulloa, qui font au fait de la matière. En fécond lieu , pour ce qui concerne le fond du procès: quant aux faits, je les ai tous tirés de la copie authentique des pièces mêmes, que j’ai actuellement fous les yeux, 8c dont le double eft à Madrid. .Si j’ai allégué un fait faux, je pafle condamnation fur tout le relie. Quant au droit, je n’ai pas Li ij 268 Histoire des Pyramides feulement en ma faveur le jugement de X Audience royale de Quito , de laquelle tous les membres, 6c particulièrement le Doyen dont la voix fit l’arrêt, étoient d’abord très-prévenus contre la caufe des Académiciens: je pourrais encore, fi la dilcrétion me le permettoit, citer un grand nombre d’Efi pagnols, tant Européens que Créoles, 6c des plus éclairés, à qui je lus dans le temps mes requêtes , 6c qui tous me parurent ne pas révoquer en doute la jufiice de ma caulè, 6c la force de notre droit; mais fans compromettre perlonne, il m’efi permis de produire le témoignage d’un illufire mort, Don Jofep/i Par do y Figueroa Marquis de Valle-umbrofo , Corrégidor de Cufco , neveu d’un Viceroi du Mexique, 6c frère de l’Evêque de Guatimala. Je cite un fujet difiingué par la nailîànce, fur- tout par fes connoilîànces 6c la grande littérature , 6c l’un des plus propres à faire honneur à la nation efpagnole. Le Père Vaniere dans fon élégant ouvrage, le Père Feijoo, cet écrivain célèbre dont le lèul nom fait leloge 6c tant d’honneur à là patrie *, l’ont mis avec railon au nombre des Créoles illufires, 6c l’ont immortalifé. Il avoit voyagé en Europe; il connoilîoit la cour de Madrid. Lorlque le Con- fèil des Indes délibérait en 1 7 3 4 fur notre requête , pour aller mefurer les degrés de la terre à Quito , le même Marquis de Valle-umbrofo avoit été confulté. Ce fut lui qui ouvrit l’avis de nommer deux jeunes gardes de la marine, intelligens dans les mathématiques, pour s’inftruire des pratiques de l’altronomie 6c de la trigonométrie, en affiliant à notre travail : fonction à laquelle furent deltinés depuis Don George Juan 6c Don An¬ toine de Ulloa. On doit être curieux de lavoir ce que penloit fur cette matière, un perfonnage fi propre à en bien juger, de l’aveu de toute là nation. Voici i’extrait de deux de fès lettres, dont je garde précieufement les originaux. Si l’on prend la peine de comparer ma traduction au texte elpagnol , on verra que j’en ai adouci les expreffions. * Voyez Prædium rujîicum , Lib. VI, Paris , 1730, & Theatro critico * Tom. j V) Dite. 6. 269 DE <2 Extraits de Lettres du Mar¬ quis de Veille -umbrofo. recibido la Infcripcion que Vm me remite , y efa mui Roma - 71a, y con la magejlàd que vide' el ejlilo lapidârio , que comprehende mucho en poco. Ha me caufado ri^a el pleito que han puefto a Vm, y mucho mas que , en lugar de Auf- piciis ,fe ponga V olente : por que ejle ultimo fe debe fuponer , que no fe exécuta cofa en pais extraîio, fin vo/untàd del Soberano; y afi fe Jave fin decirfe , quando al con¬ trario, en el Aulpiciis , fe explica con el may'or decoro la proteccion de S. Ad. Para criticàr Infcrip- ciones, es meneferhaverfe quebrado mucho tiempo la cabeja en revolver à Grutero , Reinéfio , Spon , y al célébré Padre Montfrucon, que recogieron baf antes antiguas; y para las modem as, à Angelo Rocca , al célébré Padre Menef- trier ,y fobre todo las recopilaciones que da a lu £ la Académia de Ade- dallas è Infcripciones de Paris, que en aquellos dodos exemplares fe toman las réglas de h alertas, y tambien de impugnarlas ; pero del modo que fe ha impugnado la de Vm, es cofa de rira ; y a mi fe me cae la car a de verguenra , de que aya en mi nacion , quien in- curra en femejantes bobadas, como las que fe han opuefo à la Infrip- cion. P e dire de Lima los eferitos prefentados en efe negocio , que fue- ran mejor para darle a Ad. Mo¬ lière ,f vivieffe, afumpto para que sompufejfe ma comédia, que para U J T 0. Traduflion. J’ai reçu Plnfcription que vous m’envoyez; eile eil vraiment Ro¬ maine, & a la majefté du Ityle lapi¬ daire, qui comprend beaucoup dechofesenpeudemots. Le pro¬ cès qu’on vous fait , m’a donné envie de rire, & fur-tout quand je vois qu’on propofe de fubfti- tuer au mot Aufpicïis, celui de Volente; puifqu’on doit fuppofer que rien de pareil ne peut s’exé¬ cuter en un pays étranger fans la volonté du Souverain , & qu’ain- fi il n’eft pas befoin de le dire ; au lieu que le terme Aufpiciis ex¬ prime avec la dignité convena¬ ble la protection de S. M. Pour critiquer une Infcription, il faut s’être long- temps cafle la tête à feuilleter Gruter, Reinefus, Spon, le f mieux Père Adontfaucon , qui en ont recueilli un affez grand nombre d’anciennes ; & quant aux Infcriptions modernes, Ange Rocca, le célèbre Père Ale- nef ri er, & fur- tout les Mémoires de l'Académie des Médailles & Infcriptions de Paris. C’eft dans ces la vans originaux qu’on ap¬ prend à les faire & à les criti¬ quer; mais la manière dont on attaque la vôtre n’eft que rifible, & je meurs de honte qu’il y ait dans ma nation des gens capables de frire d’aufh pauvres objec¬ tions que celles qu’on vous op- pofe. Je demanderai qu’on m’en¬ voie de Lima les pièces du pro¬ cès, qui feroient plus propres à 270 Histoire des Pyramides que fe pongan en trïbunales; y en Efp ana le lentiràn femejantes im- pertinéneias , por el detdoro que refulta à la naciôn. Cuzco_y Alarro i 2 de i y 4. 2. Firmado £ L MARQUES DE Vajlle-umbrosu. A Don Carlos de la Condamine. Ya me havia Vm remitido la Infcripcion , pero con la duda de fi fe pondria ejja ù otra en las Pyra¬ mides; pero aora la recibo con el confuelo de fabèr avia Vm vencido el pieito defpues de dos anos de litigio .... llaman la juficia conl- tans & perpétua, porque en eliafe etern'nan los pleitos ! Cuzcoy Noviembre y de 1 y 4.2 . Firmado EL Al ARQUES DE Valle-umbroso, A Don Carlos de la Condamine. fournir à Adoliére , s’il vivoit en¬ core , un lujet de comédie , qu’à devenir celui de l’attention des tribunaux: on en fendra (comme moi ) en Efpagne toute l’incon¬ gruité, qui n’ejl propre qu’à faire déshonneur a la nation. Cufco 1 2 Mars 1 y y 2. Signé LE Marquis de Valle-um~ B R OS O. A M. de la Condamine. Vous m’aviez déjà envoyé l’Infciiption; mais dans le temps où l’on doutoit encore fi celle- là ou une autre feroit placée fur les Pyramides. Je la reçois au¬ jourd’hui avec la confolante nou¬ velle que vous avez gagné votre caulè après deux ans de procé¬ dures . appellcroit-on (à Quito J la jullice, confante & per¬ pétuelle , parce que les procès n’y fi ni (lent point l Cufco y Novembre 1742. Signé le Marquis de Valle-umbroso. A M. de la Condamine. Que le lecteur juge maintenant fi j’ai parlé de ma caufê avec trop de prévention. L’on dira peut-être que ce que je viens de rapporter n’elt que l’avis d’un particulier : cependant c’elt ici ou jamais le cas de peler les luffrages plu flot que de les compter. O11 voit par l’extrait précédent, ce que pen- foit du procès des Pyramides un témoin qu’on ne peut re¬ culer en Efpagne, de la manière dont il jugeoit alois qu’on envifageroit la chofe à la cour de Madrid. Je ne cite point d’autres témoignages; mais j’elpère que l’on conviendra, même dans cette Cour, que fur le ièul avis du Marquis de Valle-umbrofo , il m’étoit peinais de croire, fi j’en avois pu douter julqu’alors , qu’il n’y avoit pas matière à procès, pour qui auroit été Lieu au lait de la queüipn. J’olerpis encore de Quito. 271 alfurer que quelques années plus tard , ce dont je me plains aujourd’hui, ne feroit point arrivé : du moins à en juger par le goût des Lettres, des Sciences & des Arts, qui le répand de plus en plus dans la nation espagnole, li propre à y faire de rapides progrès; & fur-tout à en juger par la proteclion déclarée dont S. M. C. honore les talens en tout genre, & par les grandes choies que lès Miniltres ont déjà exécutées fous lès ordres , en un petit nombre d’années. Dans toute cette affaire , je me fuis conduit ïïiivant ce que l’honneur & la vérité m’ont paru exiger de moi. Les mêmes motifs m’engageoient à donner une relation exaéïe de ce qui s’efl pâlie. Aujourd’hui, je crois n’avoir rien de mieux à fiire, que d’oublier les fatigues & les peines qu’il m’en a coûté pour une cholè que je vois avec d’autres yeux , depuis que le temps & l’expérience m’ont appris que celles qu’on fou- haite avec le plus d’ardeur, ne peuvent nous dédommager du repos que l’on perd pour les obtenir; & que tout ce qui dépend des hommes , ne mérite pas d’être pris aflèz vive¬ ment pour y facriffer fa tranquillité. S? ~ » ! F I N. J , *0^ (L m* 4 -*■ /? irt‘& •%> 41 272 Passeport de France. Passeport du Roy , pour les Académiciens envoyés fous l’Equateur en i/yf. De par le Roy. A TOUS Gouverneurs, 6c nos Lieu- tenans généraux en nos provinces 6c armées , Gouverneurs particuliers de nos villes & places. Maires, Confuls 6c E'chevins d’icelles , Capitaines ôc Gardes de nos ports, péages 6c paffa- ges , 6c à tous autres Magillrats , Offi¬ ciers de Juflice, Police, 6c autres nos fujets , de telle qualité 6c condition qu’ilsfoient, SALUT. La defcription qui a été faite par nos ordres, d’une ligne parallèle à l’Equateur, ayant fait connoître une erreur conlidérable dans la mefure des degrés prife fin¬ ie parallèle de Paris; cette décou¬ verte, qui tient à la véritable figure de la Terre, nous a déterminés à prier notre Frère 6c Oncle le Roi d’Ef- pagne , d’agréer que nous envoyaf- lionsau Pérou quelques Aflronomes, pour faire fous l’Equateur même, des obfervations qui puiffent con¬ duire à découvrir la véritable forme de la Terre; ce qui feroit non feule¬ ment avantageux pour le progrès des Sciences, mais auffi fort utile au commerce , en rendant la navigation plus fûre 6c plus facile : le Roi d’Ef- pagne également perfuadé de l’utilité qui réfultera de ces obfervations aftro- rtomiques, a fait expédier par le Con- feil des Indes un decret portant per- miffion aux Académiciens Aflrono¬ mes 6c Géomètres que nous avions choifis pour ladite entreprife, ainfi qu aux Botaniftes que nous lui avions également propofés, pour faire des recherches fur la Médecine, la Bo¬ tanique 6c l’Hifloire naturelle , de paffer avec les perfonnes qui leur font néceflaires pour la méchanique de leurs ouvrages, 6c quatre domefti- ques pour les fervir, dans la province de Quito au Pérou , 6c d’y refier le temps dont ils auront beloin pour faire lefdites obfervations. Nous avons , à cet effet , donné nos or¬ dres aux Sieurs Godin, Bouguer 6c de la Condamine de notre Académie des Sciences , de Jujjîei/ Docteur eri Alédecine de la Faculté de Paris , Ver guin ,Couplet-viguier ,G cdin-des- O donnais , de Alorainville Deffina- teur, Se/üergues Chirurgien, 6c Hu¬ go Horloger, que nous avons nom¬ més pour faire ledit voyage, 6c en qui nous connoifi’ons toute la capa¬ cité 6c le zèle néceflaires pour rem¬ plir lefdits objets, de fe rendre au port de Rochefort pour s’y embar¬ quer avec quatre domeftiques : Nous vous mandons de les laifler finement 6c librement paffer avec leurs quatre domeltiques dans l’étendue de vos pouvoirs 6c jurifdiélions , terres 6c feigneuries de notre ohéiflance , fans permettre qu’il leur foit donné au¬ cun trouble ni empêchement; mais au contraire de leur prêter toute aide, fecours 6c faveur: Car TEL EST NOTRE PLAISIR t Plions 6c requérons les Vicerois, Gouverneurs 6c tous ceux qui font à prier dans les E'tats des Princes où paflèront les fufnommés , 6c où ils feront obli¬ gés de réfider pendant le cours de leur commiffion , de leur procurer pareillement toute aide, fecours 6c faveur. DONNÉ àMarly, le treize Février mil fept cens trente -cinq. Signé LOUIS. Et plus bas , Pas le Roy, Phelypeaux. Cedula Passeports dEspagne, CÊDU LA Real de Su ATageJlad Caîhôlica , y licencia para los Académicos de las Ciéncïas de Paris, embiados al Perii . 14 de Agoflo I/J4- 273 D ec R et de S. M. C, fervant de pafTeport aux Académi¬ ciens des Sciences de Paris, envoyés au Pérou. Du 14 Août 1734. El R e y. Por quanto por varios Académicos de la Académia de las Ciéncias de Paris , que de mucho tiempo a elîa parte fe han occupado en obfervaciones adronomicas , para perfeccionar la navegacion , fe ha re- prefentado, quan conveniente feria , para confeguir que tenga efedo fu defeo , el que fe les permitieflè pafar al Perù, para hazer en aquel Reyno algunas obfervaciones utiliffimas à la navegacion en general , y mas par- ticularmente à la de mis vafallos; y que fiendo necefario hazer debaxo del milino Equador algunas obfer¬ vaciones adronomicas , y medir alli ios grados affi de longitud , como de latitud, por donde facilmente fe inferirà la forma exaéta de la Tierra y julla la medida de los grados del Paralelo , les parece que folo en la coda del Perù fe podràn prometer fin graves înconvenientes para el in- tento referido , todas las ventajas que fepueden defear; proponiendodichos Alironomos francefes, que pafaràn à ede fin en las embarcaciones de fu nacion, à la ciudad d e Samo-Domin¬ go , en la ida efpanola, y auxiliados alli de tnis reales ordenes y recomen- daciones, fe embarcaràn en los pri- meros navios que pafaren cà Porto- belo, defde donde fe encaminaràn à Panama ; y defde ede puerto Te bol- beràn à embarcar para el mas prô- ximo de la provincia de Quito , en la quai haràn las prevenciones nece- fârias para hazer fus obfervaciones en las cercanias de la propria ciudad de San Francifco de Quito, eligien- do una porcîon del Equador, y de un Mcridiano que facilmente pueda De PA R LE Roi . Sur la repré* fentation qui a été faite par plu- fieurs membres de l’ Académie des Sciences de Paris, qui depuis long temps fe font occupés d’obfervations aftronomiques, propres a perfection¬ ner la navigation , combien il ferait convenable , pour parvenir à ce but , qu’il leur fût permis de pajfer au Pérou , pour faire en ce royaume quelques olfervations utiles à la na¬ vigation en général , if particu¬ lièrement à celle de mes Sujets; if qu’étant nécefjaire que ces cbfer- vations fujfent faites fous l’E'qua- teur même, if que les degrés de longitude if de latitude y fujfent mefurés, pour en déduire facilement la figure de la Terre df la 1 nef tire exacte des degrés des Parallèles, il leur paroit que ce n’efl que fur la côte du Pérou qu’ils peuvent fe promettre, fans de grands inconvê- niens , les avantages qu’ils en ef pè¬ re nt : lefdits Aftronomes français iéclaré que leur intention pajfer fur des bâtimens de leur nation à la ville de Santo-Do- mingo dans l’ifie ejpagno/e; if à la faveur de mes ordres royaux if de mes recommandations, de s’y em¬ barquer fur les premiers vaijfeaux qui feront voile à Portobelo , d’où ils fe rendront à Panama, if s’y embar¬ queront de nouveau pour le port le plus prochain de la province de Qui¬ to, où ils feront les difpofi lions nécef- f aires pour leurs obfervations aux en¬ virons de la ville même de S. François de Quito , en y choifijfant l’endroit le plus favorable pour mefurer faci¬ lement une portion de l’E'quateur Mm ayant c étoit de ■74 P A S S E P 0 R T S medirfe, y empezando cerca del cabo Pajfado continuaràn fu trabajo por lo largo del Equador fegnn fe lo permita la comodidad del pais, y aeterminaràn la poficion exadta de la coda del Perù , lo que podrà re- fultar en grande utilidad de las nave- gaciones de los efpanoles , y afi- mifmo haràn obfervaciones fobre todos lospafos, obligandofe tambien à que fi hallaren particularniente al- gun parage, en donde en virtud de mis reaies ordenes fe quiera que ha- gan aîguna manfion , y obfervacio- nes , lo executaràn gullofos por con- fiderar que todas las naciones de Eu- ropa , y en particular mis vafallos, facaràn mui grandes ventajas del tra¬ bajo que proponen hazer con tanto ciudado y atcncion ; pidiendo que para que puedan poner en execucion todo lo referido , expida las ordenes correlpondientes , para que mis Go- vernadores de la referida ilia de San- to- Domingo y ciudades de Portobelo, Panama, Quito y todas las demas de la America, protexan y favoref- can emprefa tan ûtil ; y para que unos y otros eden libres de las fof- pechas de que los exprefados Aca- démicos puedan folicitar alguna in- îroducion en el comércio , ù otras per- judiciales à los interelès de mis rey- nos , fe fujetan à que , luego que Ileguen à la mencionada ilia de Santo- Domingo , abriràn y haràn manifief- îos lus cajones y cofres , para que fe reconofca que folo Ilevan en ellos îo que necefitan y los indrumentos de adronomia y mathemàtica , y execu- tada eda vifita , fe embarcar. n en los navios efpanoles, para fu viaje, y fe podrà hazer îo mifmo de buelta à S anto- Domingo. Concluyendo en que tienen por conveniente, fe in- duyan en elle viaje uno ù dos inte- îigentes para bufcar plantas medeci- nales y à propôfito para la curacion de îos enfermos del pais. Haviendo vido en mi Confejo de if une du Méridien , que commençant leurs opérations vers le cap Paflado , ils fuivront l’E'quateur, autant que la commodité du terrein le permet - tra , if détermineront la pofition exaéîe de la côte du Pérou , de quoi les navigateurs efpagnols retireraient une grande utilité : les mêmes Aca~ démiciens ayant offert de faire des obfervations dans tous les lieux de leur paffage , if s’étant obligés , s’il Je trouvoit quelque endroit où, en vertu de mes ordres royaux, il convint de faire quelque féjour if quelque obfervation particulière , de s’en charger avec plaifir, dans la vue des avantages que toutes les na¬ tions de l’ Europe , if fpécialement mes fujets, retireront d’un travail où ils fe propofent d’apporter l’atten¬ tion la plus fcrupuleufe ; if m’ayant demandé , afin de pouvoir mettre ce projet en exécution , les ordres né- cejjaires pour que mes Gouverneurs de l’ifle de Saint-Domingue if des villes de Portobelo , Panama , Qui¬ to , if autres de l’ Amérique , protè¬ ge affent une entreprife aujfi utile , if s’étant fournis, pour fe mettre à l’abri du foupçon de tout commerce préjudiciable aux intérêts de mes royaumes , à la vifite qui feroit faite à leur arrivée dans l’ifle de Saint- Domingue , de leurs caijfes if coffres, if à la reconnoiffance de ce qu’ils ne contiennent que leurs inf- trumens d’aflronomie if de mathé¬ matique , avant que de s’embarquer fur les navires efpagnols pour con¬ tinuer leur voyage , if a faire la même chofe au retour : enfin ayant expofé qu’ils tiennent pour conve¬ nable d’avoir parmi eux un ou deux Botaniftes propres à faire la re¬ cherche des plantes médicinales, if à la guérifon des malades du pays. Sur le vû de mon Confeil des Indes, if les conclufions du Pro¬ cureur général , if en confidération de l’utilité dont peut être cette entre - fas Indias con Io que al fifcal de el feie ofreciô y confultâdome fobreello, atendiendo à lo ütil que puede fer ella emprefa , he venido en condecen- der à eila y dar licencia para que pafen al reyno de! Perù à ponerla en prâdica à los très cientificos N. Godin , If. Granjean * y N. la Condcunine , para hazer las obferva- ciones aflronomicas ; à el Abad de la Grive , N. Pimodan y N. JuJJîeu, para la Botânica y la Geometria : y afimifmo para que puedan ilevar en fu compania dos hombres que neceft- tan para la mecânica, de difponer y componer los inltrumcntos que hayan menefter para fus obfervaciones y otras cofas de fu alivio , y tambien cjuatro criados para fu fervicio, con tal de que haya de précéder el reco- nocerles en todos los puertos de las Indias (en la forma que ofrecen fu- jetarfe) los cajones y cofres que lle- varen , e infertarfe en el pafaporte que para fu pafage fe les baya de dar por mis Governadores de eilos, el numéro tamano y fabrica de los referidos cajones y cofres , y de las alajas e inltrumentos de fu parte , para obviar illcitas introduciones ; y afimifmo lie refuelto fe deftinen nno ù des Sujetos efpaholes inteligentes en la niathemâtica y aftroncmia (cuya eleccion quedo en Iia-^er) para que afflan con los mencionados Fr an- cefes à todas las obfervaciones que lu fier en y apunten las que fueren executando; y que mis Governadores de las provincias de Indias, nombren uno ù dos prâclicos para bufear las plantas medecinales en los parajes donde deva praflicarfe efta diligén- cia. Por tanto, por la prefente doiy concedo licencia à los fujetos referi¬ dos para que en la forma exprefada puedan embarcaiTe defde el reyno de Francia para la ilia Efpanola y d'E s p à g N E. 275 prife , j’y ai donné mon confen te¬ rne nt , dG permis de l’exécuter, f i- voir , aux trois Académiciens des Sciences , les fieurs Godin , Gran¬ jean * dG de la Condamine, char¬ gés de faire les obfervations aflro- nomiques; V Abbé de la Grive , N. . . Pimodan dG N. . . de Julfieu, Bo- taniftes dG Géomètres; leur accor¬ dant de pouvoir mener en leur com¬ pagnie deux perfonnes dont ils ont befoin pour la méchanique dG la conflruélion des inf rumens deflinés à leurs obfervations , dG pour leur fervir d’aides , outre quatre domejli- ques pour leur fervice ; à condition que dans tous les ports des Indes, on fera dd abord la vif te de tous les coffres dG caiffes (dans la forme à laquelle ils offrent de fe foumettre) dG qu’il fera fait mention dans le pajjeport qui leur fera délivré par mes Gouverneurs , du nombre , de la grandeur dG de Informe de f dit s coffres dG caiffes de leurs inftru- mens dG autres effets , pour préve¬ nir les introductions illicites. De plus, j’ai réfolu de nommer une ou deux perfonnes intelligentes en ma¬ thématique & en agronomie ( dont je me réferve le choix ) pour aflifter avec Iefdits François .à toutes les obfervations qu’ils feront , & en tenir regillre ; dG que mes Gouver¬ neurs de provinces dans les Indes nommeront un ou deux pratiques, pour faire la recherche des' plantes médicinales dans les lieux où il con¬ viendra : en conféquence de quoi je donne dG j’accorde par la préfente , la permiffon aux fufhommés , pour qu’ils puijfent paffer des ports du royaume de France en l’ifle efpa - gnole dG à la ville de Santo-Do- mingo, dG de là fur iïies vaiffeaux à Portobelo , Panama , & dans les provinces de Quito dG du Pérou, où * Plnfieurs de ceux qui font nommés dans ce palîeport 11’ayant pas fait le voyage pour lequel ils s’étoient propofés , ils ont été remplacés par d’autres dont 011 trouvera les noms dans ia note de la première page de 1 'Introduction hijloritjuc précédente. M m i j 2.-/6 P A S S E ciudad de San te- Domingo , y defde nlli iiazer fu viage en navios mios ù de mis vafallos à Portobelo , Pana¬ ma y provincias de Quito y ei Perù donde necefiten hazer las menciona- das obfervaciones. Y mando à mis Virrey , Governadory Capitan gene¬ ral de! reyno del Perù, ai Preildente Governador y Capitan general de la citada iOa de Santo- Domingo , Te- riiente general de Portobelo , à los Prefidentes Governadores y Capita- rtes generales de las provincias de Tier- r a-firme y Quito , y los demas de todos Jos puertos y provincias del Perù, y à los Miniitros, Juezesy Julïicias de ellos, que no folo no pongan embarafo à los enunciados Aitrono- xnos francefes en fu pal'age y em- prefa exprefada, fino que antes bien les den para eilo la proteccion y auxilio que hubieren menefter; que lal es mi voluntad ; y que , corno ueda exprefado , por mis Governa- ores de los puertos por donde tran- fitaren los dichos Alironomos, fe les reconofcan los cajones y cofres que Jlevaren y de el pafaporte correfpon- dientecon exprelion del numéro, ta- mano y fabrica de ellos, y de las aia- jas e infirumentos de fu parte, para precaver el que fe cometan ilicitas in- troduciones. Dada en San-Ildefonfo à catorze de Agollo de mil fetecientos y treynta y quatro. YO EL REY. Por mandado del Rey Nueflro Sehor, Don M 1 GU EL DE Vl- LLA NUEVA. > 0 R T S ils doivent faire leurs obfervations ci-dejfus mentionnées , dP j’ordonne à mon Viceroi , Gouverneur dp Ca¬ pitaine général du royaume du Pé¬ rou , au Préfdent , Gouverneur dP Capitaine général de l’ifle Jufdite de Saint-Domingue , au Lieutenant général de Portobelo , aux Préfi- dens , Gouverneurs dp Capitaines généraux des provinces de Terre- ferme dP de Quito , dP autres de tous les ports dP provinces du Pé¬ rou ; enfemble aux Miniflr es, Juges dP Juftices , que non feulement ils ne mettent point d’empêchement au pajfage defdits AJlronomes françois ni à leur entreprife , mais encore qu’ils leur donnera pour l’exécuter, la proteélion dP les fecours dont ils auront befoin : car telle ejl ma vo¬ lonté ; dP que , comme il eft dit , mes Gouverneurs dP Commandans dans les ports où pajferont lefdits AJlronomes, fajfent la vif te de leurs caijj'es dP coffres, dP qu’il Joit fait mention dans le pajfeport expédié en conféquence , de leur nombre , leur grandeur dP leur forme, dP de leurs autres meubles dP inf ru¬ mens , pour empêcher qu’il fe com¬ mette aucune introduction illicite. Donné a Saint-Ildefonfe , le qua¬ torze Août mil fept cens trente- quatre. Signé MOI LE ROY» Par ordre du Roi notre Seigneur, Don Miguel de Villa¬ nueva» (J’ai cru qu’il étoit inutile de rapporter ici les procès verbaux de la vif te de nos coffres , hardes, bagages dP inf rumens , à Portobelo, à Panama, à Guayaquii , dPc. dont j’ai une expédition en bonne forme » La vif te fut f exaéle , particulièrement a Portobelo, que nous ne pûmes obtenir des Douaniers de ne pas découvrir le miroir de métal d’un télefeope catoptrique , qu’il étoit à craindre que l’humidité de l’aiv de Portobelo n endommageât J. D* E s P a g N E. Otm Céd U là Real de Su Ma - gejlad Catholica , en favor de los Académicos Reales de las Ciéncias de Paris, para que pue dan facar de las Caxas Reales del Peru las cantïdades que huvieren menejler para fu encargo. El Rey. Porquanto pordefpacho de catorze de Agoflo de effe prelente ano , expedido por mi Confejo de las Indias , à reprefentacion de vârios Académicos de la Académia de las Ciéncias de Paris , que de mucho tiempo a e(la parte fe han ocupado en obfervaciones aftronomicas , con el defeo de perfeccionar la navega- cion à Indias en general , y mas par- ticularmente à la de mis Vafallos, he concedido licencia para que païen al reyno de el Perù los très Cienti- ficos N. Godin , N. Granjean y jN. la Condamine , para hazer algu- nas obfervaciones aftronomicas, y al Abad de la Grive , N. Pimodan y N. Juffieu, para la Botânica yGeo- metria, todos de la mifma Àcadé- mia , y afimifmo para que puedan îlevar en fu compania dos hombres que necefitan para la mecânica de difponer y componer los inftrumen- tos que hayan menefter para fus ob¬ fervaciones y otras cofas de fu ali vio ; y tambien quatro criados para fu fer- vicio , con tal que haya de précéder el reconocerles , en todos los puertos de las Indias (en la forma que ban ofre- cido fujetarfe) los cajones y cofres que Hevaren , e infertarfe en el pafa- porte que para fu pafage fe les haya de dar por mis Governadores de citas, en el numéro tamano y fâbrica de los referidos cajones y cofres, y de las alajas e infini mentos de fu parte , para obviai' ilicitas introdu- ciones ; embarcândofe defde el reyno de Francia por la ilia Efpanola y 2 77 Autre Decret de S. M. C. en faveur des députés de l’Aca¬ démie Royale des Sciences de Paris , pour qu’ils puiffent tirer des CaifTes royales du Pérou, les fornmes dont ils auront befoin pour les opéra¬ tions dont ils font chargés. De par le Roy. Vû que par l’ordre expédié le 1 4 Août de la pré¬ fente année par mon Confeil des Indes, fur la reprcfentation de plu- fieurs membres de l’Académie des Sciences de Paris, qui depuis long temps fe font occupés d’obfervations aftronomiques, dans la vue de per- feclionner la navigation des Indes en général , iA plus particulière¬ ment celle de mes Sujets, j’ai accor¬ dé la permijfion de pajfer au royau¬ me du Pérou aux trois Académi¬ ciens des Sciences, les Sieurs Godin , Granjean <1? de la Condamine, pour faire quelques obfervations aflrcno- miques; iA a l’Abbé de la Grive, aux Sieurs de Pimodan iA de Juf- fieu , Botanifles iA Géomètres, tous de la même Académie ; comme auffi pour qu’ils puijfent emmener avec eux deux hommes dont ils ont be¬ foin pour la méchanique iA la conf- truâlion des inflrumens qui leur font nécejj aires pour leurs obfervations , iA autres chofes qui en dépendent , iA quatre domeftiques pour leur fer- vice perfonnel; à condition que préa¬ lablement dans tous les ports des Indes, les caijfes iA cofres qu’ils porteront feront vif tés dans la for¬ me à laquelle ils fe font fournis; iA que le nombre , la grandeur iA la fabrique dcfdits cofres, celle de leurs autres meubles iA inf rumens, feront inférés dans les pajfeports qui leur feront délivrés par les Gouverneurs defdits ports , pour prévenir toute introduclwn illicite; Et attendu que Mm iij 2 "78 Passe / ciudad de Santo- Domingo , y defde alli hazer fu pafage en navios rnios ù de mis vafallos à Portobelo , Pa¬ nama y provincias de Quito y el Perù , donde necefiten hazer ias men- cionadas obfervaciones; en fu con- fequéncia y haviéndome aora repre- fentado los referidos Académicos, ne- cefitan fe expidan ôrdenes, para que todos los Governadores de las pro- vîncias y puertos dei reyno de Tier- ra-firme y de! Pen'i , les den todo el auxilio, fàvor y amparo que hayan menefter, facilitândoles todas las con- veniéncias que neceiîtaren , como cafas, carruajes, cavallerias y otras cofas, pagândoloafu judo précio, y que fe les libre y entriegue los cau¬ dales que pidieren de misCaxas rea- les , refpeéto de que Io que percibieren fe reintregarà en Efpana en la forma que fea mas de mi real agrado , lie venido en condecender à eda indan- cia. Portanto, por la prefente, mando à mi Viney , Governador y Capi- tan general dei reyno de el Perù , al Prelïdente, Governador y Capitan general de la ilia de Santo- Domingo, Teniente general de Portobelo, à los Prendentes , Governadores y Ca- pitanes generales de Tierra-firme y Quito , y à los de mas de todos los puertos y provincias dei Perù, y à los Minidros y Juezes y Judicias de elles, atiendan y protejan contodoel favor y amparo, à los referidos Af- tronomos, feguny como fe previene en el enunciado defpacho, de catorze de Agodode ede prefente ano; faci¬ litândoles todas las conveniéncias que hayan meneder, de cafas para fu na- bitacion , carruajes y cavallerias , y otras cofas que pidieren para fu con- duccion y tranfporte con fu ropa y criados, y de mas perfonas que los hayan de addirà las ciudades, puertos y lugares y demas parajes que clixie- ren, para fus obfervaciones adronômi- cas , y demas diligéneias de fu indi- tuto y encargo; làtisfaciendo fu im- PORTS ( fuivant les mêmes pa déports) lefdits Académiciens Je doivent embarquer en France pour l’ijle Efpagno/e dp la ville de Santo- Domingo, dp de la pajfer fur mes vaiffeaux ou ceux de mes Sujets, à Purto-belo , Pa¬ nama dF aux provinces de Quito dP du Pérou, où leurf dites obfer- vations les doivent conduire; dP Jur la nouvelle repréfentation qui m’a etc faite par lefdits Académi¬ ciens, qu’ils ont befoiu de nouveaux ordres, pour que les Gouverneurs des provinces dP ports du royaume de Terre-ferme dp du Pérou leur don¬ nent tout le fecours, la faveur dP la proteélion qui leur efl néceffaire , pour qu’ils puijfent trouver facile¬ ment des maifons, des voitures, des montures, dP c , en payant leur jufle prix , dP qu’il leur foit délivré de mes caijjes royales tes fonds qu’ils demanderont , lefquels feront rem- bourfés en Efpagne dans la forme qui me fera la plus agréable ; j ’ai bien voulu donner mon con- fentement à cette nouvelle deman¬ de : dP en conféquence , j’ordonne par la préfente à mon Viceroi , Gouverneur dP Capitaine général du Pérou, au Préfident , Gou¬ verneur dP Capitaine général de l’ife de Saint-Domingue, au Lieu¬ tenant général de Portobelo, aux Préfdens, Gouverneurs dP Capi¬ taines généraux de Terre-ferme dP de Quito , dP aux autres des diffé- rens ports dP provinces du Pérou , ainfi qu’aux JVEinifires, Juges dP Jufiices d’iceux , qu’ils veillent dp donnent toute faveur dP proteélion auxdits Aftronomes, comme il leur ejl enjoint dans ma dépêche du 14 Août de la préfente année , en leur procurant toutes les facilités dP com¬ modités dont ils auront befoin , comme maifons, logemens, voitures, montures, dP autres chofes qu’ils demanderont , pour fe tranfporter avec leur bagage dP leurs domefii- porte de uno y otro, à los précios judos y regulares , fin alteracion ni embarazo alguno ; y que fe les iibre demis Caxas Realespor los referidos mi Virrey, Governadores y Capita- nes generales, las cantidades de dinero que pidieren en fu didrito y jurifdi- cion , para fu manutencion y los fines exprefados. Y ordeno à los Officiales de mi Real Hacienda, de las caxas de donde fe librare las cantidades que huvieren meneder , fe las fatisfagan promptamente y fin dilacion alguna ; precediendo para edo , prefentar inf- trumento autorifado de la fianza he- cha en la ciudad de Cadi £ por eî Conful de Francia en ella, ante eï Prefidente del Tribunal de la Cafa de Contratacion à Indias , por parte de la Académia de las Ciéncias de Paris, y edos Académicos de pagar y reintegrar à mi Real Hacienda, en edos reynos, y en la depofitaria del referido tribunal, las cantidades que en la forma exprefada percibieren; que con fu recivo, copia auténtica del ci- tado indrumento y de ede defpa- cbo, fe les pafarà en quenta à los di- chos Officiales Reales , lo que ali les dieren y pagaren : y ad mifmo man- do que unos y otros me den quenta, en todas las ocaficnes que fe ofre- cieren, de lasporciones que les entre- garen y fubminidraren à los referi- dos Adrônomos, con tedimonio en dévida forma y exprefion de fus re- cibos, para que en fu virtud, fe pue- da bazer , en edos reynos, lareintre- gacion que correfponde à mi Real Hacienda, por la parte obi igada por ellos à executarlo. Que ali procédé de mi real voluntad. Fecho en San- lldefonfo, à veinte de Agodo de mil fetecientos treinta y quatro. Yo EL REY. Don Joseph PatiHo. d’ E s P A g N E. 279 ques autres perfonnes qui doi¬ vent les aider, dans les villes, ports , lieux CA parages qu’ils choifiront pour leurs observations ajlronomi- ques JP autres affaires relatives à leur commiffion , en fatisfaifant par eux dans l’un CA l’autre cas, d? payant les prix jufles CA ordinai¬ res , fans altération ni empêchement quelconque ; CA qu’il leur foit déli¬ vré de mes Caiffes royales, par meff dits Vicerois, Gouverneurs CA Ca¬ pitaines généraux , les fournies d’ar¬ gent qu’ils demanderont dans leurs divers dijlriéls d 'T jurifdiélions, tant pour leur fubfiflance que pour les motifs ci-deffus mentionnés. J’or¬ donne aux Officiers de mon Tréfor royal des lieux où feront délivrés auxdits Académiciens les fonds dont ils auront befoin , qu’ils leur en faffent la remife promptement CA fans aucun délai, fur la préfentation qui leur fera faite d’un cautionne¬ ment en bonne forme pajfé dans la ville de Cadix par le Conful de France devant le Préfdent du Tri¬ bunal de l’hôtel de la Contraclation des Indes, au nom de l’Académie des Sciences de Paris , par lequel lefdits Académiciens s’obligeront de payer CA rembourfer à mon Tréfor royal en Efpagne , au dépôt dudit tribunal , les fommes qu’ils rece¬ vront dans la forme p>r effrite ; CA fur leur reçu, joint a la copie au¬ thentique dudit cautionnement CA de la préffnte dépêche, lefdites fouî¬ mes ainfi payées par mes Tréforiers royaux leur feront pajfées en compte: Et j’ordonne qu’eux fiA les Gouver¬ neurs me rendent raifon dans toutes les occafons qui s’offriront , des à- comptes qu’ils auront payés auxdits Aftronomes, en y joignant leurs reçus en bonne forme par-devant notaire : afin qu’en vertu d’iceux , le recouvrement deflites avances fe puijfe faire en Europe , CA que le remplacement des fonds foit fait à mon Tréfor royal par les parties obligées. Car telle eft ma volonté. Fait à Saint-IIde» fonfe, le 20 Août 1 y 34. Signé, Moi LE ROY, D on Joseph PAüno* 280 Passeport O r d E m da Sua Mageflade Portuguefa, a o Governador e Capitam general do Ejlado do Maranham. Ha VENDO reprefentado a Sua Ma- geltade o Confiai general da Nalçao Franceza por ordem da fua Corte , que el Rey ChrilVianiffimo dezeiava fe permittiffe licença à Monl. de la Condamine , Acadenaico da Acade- mia Real das Sciencias de Pari para que com outros companlieiros polî’aô palTar do Perû , aonde aélual- îaiente fe achaô fazendo as luas obfer- vaçoens, para efi'a Capicania, e délia tranfportaremfe para Cama: Orde- na Sua Mageflade a Voila Senhoria que naô fô na5 embaralîè a os ditos Academicos a viagem que determi- naô fazer atê effa capital, mas antes Ihes dé Voila Senhoria todo o auxi- lio e favor de que neceffitarem , affim para a dita viagem , como para a que intentaô continuar defie porto para o de Caena : ordenando Voila Sen¬ horia effedivamente a os (eus fub- alternos, que em qualquer parte dos dominios de el Rey aonde chega- rem os mefmos Academicos , fejao tratados com a attençao que deve conciliarlhes a alta protecçaô que lo- grao de el Rey Chriflianiffimo , e a recomendaçaô que mandou fazer das fuas pefïoas a el Rey Noffo Sen- hor, que efpera execute Voila Sen¬ horia elta fua Real Ordem com o de- vido cuidado eexaeçao. Deus guarde Voila Senhoria muitos annos. Lif- hoa occidental, i 9 de Abril de 1739. Antonio Guedes P é réira , S.r J o Ao De Arreu de Castelbranco. O Secretario do Eflado do JWa- ranham, JOSE GonçALVEZ DA Fonséca, DE P 0 RT U G A L. O R D R E de Sa Majefte' Portu¬ gal fe au Gouverneur & Capi¬ taine ge'ne'ral de la province de Maragnan. Le Conful général de la Nation françoife ayant , par ordre de fa Cour, repréfenté à Sa Majefté que le Roi Près - Chrétien defiroit qu’il fût permis à Monfieur de la Con- damine , membre de l’ Académie Royale des Sciences de Paris , de pajjer avec quelques perfonnes qui l' accompagnent du Pérou, où ils font aâluellement leurs obfervations, en votre Gouvernement , pour de là fe tranfporter à Cayenne : Sa ATa- je fié ordonne à Votre Seigneurie, non feulement de ne point s’oppofer au voyage que lefdits Académiciens ont réfolu de faire pour fe rendre à la ville capitale de votre Gouverne¬ ment , mais encore de leur prêter toute l’aide ÉS tout le fecours dont ils pourront avoir befoin , tant dans ce voyage que dans celui qu’ils fe propofent de faire de votre port au port de Cayenne. Votre Seigneurie donnera efficacement fes ordres à tous les Officiers de fa dépendance , pour que lefdits Académiciens , en quelque lieu qu’ils fe trouvent de la domination du Roi , f oient traités avec L’attention que doivent leur attirer la liauie protcélion que leur accorde le Roi Très- Chrétien , Ù* la recommandation de leurs perfon¬ nes qu’il a faite au Roi Notre Sei¬ gneur, qui efpère que Votre Seigneu¬ rie exécutera , comme elle doit , foi- gneufement ponctuellement ce préfent Ordre Royal. Dieu conferve longues armées Votre Seigneurie. A Lifbonne occidentale, le 1 9 d’ Avril 17J 9. Antoine Guedes PÉRÉIRA. Seigneur Je A N DE Abreu de Castelbranco. Le Secrétaire de la province de Maragnan , JOSEPH GoNSALVEZ da Fonséca. TABLE /■ TABLE DES MATIERES Contenues dans l’ ïntrodudîon hijtorique. A Académiciens envoyés par le Roi au Pérou : durée de leur voyage, page i . Leur départ de France : leur fé jour à la Martinique, 3. A Saint- Domingue, 4. Se pourvoient de tentes au petit Goave , 5. Arrivent à Cartha- gène , ibid. A Portobclo , 6. Lèvent le plan du cours de la rivière de Cha- gres , arrivent à Panama , 8. Font divcrfes obfervations pendant leur voyage, ibid. & fuiv. Paiïent la Ligne pour la première fois, 10. Abordent à la côte de la province de Quito, \ r , Arrivent à Quito, 1 5. Comment y font reçus, ibid. & fuiv.- Manquent d’argent à Quito, 18. Obfervent une éclipfe de Lune, 20. Mefurent une bafe dans la plaine d 'Yarouqni , iüd. Vérifient les divifions de leurs quart- de-cercles, 21. Préfentent requête à Y Audience royale de Quito, 25 & 26. Sont difpenfés de mefurer l’Equateur, 38. Raifons qui retardent leurs opé¬ rations, 46, 57. Sortent de Quito pour continuer la mefure de la Mé¬ ridienne , & font l’expérience de la vïtefle du fon , ibid. Ordre de leur marche: fe léparent & fe retrouvent de deux en deux fignaux , Go, 6t. Se rafiemblent à Latacunga , ibid. A Biobamba, G 5. A Alaoujfi, 75. A Yajjottai , 8 2 . A Cuenca ,83. Obfer¬ vent un météore nouveau , 80. Me¬ furent deux nouvelles bafes à Ctienca , 83, & à Tar qui , 84 & fuiv. Courent rifque de la vie à Cuenca, 86. Font à Cuenca & à 7 arqui leurs premières obfervations pour l’amplitude de l’arc, 87. Reviennent à Quito, & paffent à l’autre extrémité de l’arc, 89. Retenus à Quito, 105. Convention entr’eux pour la certitude de leurs obfervations , jo8. Leur retour en France, 207 & fuiv. Lettres des Académiciens envoyés au Cercle po¬ laire, reçues au Pérou , 63 . K Lettres. ADOBES, ce que les Efpagnols appel¬ lent ainfi, 142. AIMANT. Voye^ Expérience, Déclinai- fon & Inciinaifon. Pierre d’Aimant portant feize livres , 1 44. Albâtre. (Carrière d’une forte d’ ), G 4, 109. Alcalbe, Voyez Davabs ( Don Antoine). Vifite nocturne d'un Al- caide , 1 o 1 . Amazones (rivière des) traverfe le continent de l’Amérique méridionale , 49. Longueur de fon cours, projet de defeendre cette rivière, 122, 123 & 166. M. de la Condamine s’y em¬ barque pour revenir en France , j 87. Sa navigation fur ce fleuve, 188- 195. Sa largeur & profondeur ,189. L 'Orinoque communique avec la ri¬ vière des Amazones, par Rio negro , 193. Largeur de l’embouchure de Y Amazone ,201. Amazones ( pierres d’), cequec’efl, 194. Amérique Efpagnole menacée par les armes des Angiois , 95. Amplitude de l’arc du Méridien. Voyc^ Obfervations. Anglois menacent l’Amérique efpa- gnoîe , 95. Alfiègent Carthag'cne , prennent le fort de Bocachica, 1 1 G. Lèvent le fiège de Carthagène , 120. Pillent & brûlent Pdita , 125. Leurs aventures dans la mer du Sud, 1 2 G. Font craindre pour Guayaquil , ibid. A N SON (le Vice- amiral ) double le cap Horn, arrive à Fille de Juan Fcr- vandei, 116. Ses aventures & fes fuccès dans la mer du Sud , 1 18, 126. Antoine (Don) Voy. Ullca. N 11 ij T A B Anthropophages. U y en a encore en Amérique, 190. Ardoise ( carrière d’ ) , 64.. Argenson ( M. le Marquis d’), M- de la C on d amine lui écrit pour folliciter des pafTeports de Portugal , 123. Ils font expédiés , 1 6 <5. Argenson (M. le Comte d’) reçoit nom elle de l’arrivée de M. Godin à Lijbunne ,217, note. ARREST définitif rendu par l’Audience royale de Quito , dans l’affaire de l’é¬ meute de Cuenca, 1 4. 5 . Arrêt pour la confervation des Pyramides de Quito, 1 64, 254. Contellations fur l’exé¬ cution de quelques parties de cet arrêt , 2 57 & fuiv. Assouaye (P), fa defcription, 74 & 78. As Y LES. Caufede l’impunité des crimes en Amérique, 5 6. ÂTCHAMBO , rivière de la province de Quito: la vîteffe de (on courant, 64. Avances faites pour le fervice par M. de la Condamine , 32, 143, 180 ir alibi pajftm. Aurore boréale, 143. Azimutii du Soleil couchant, obfervé à Dolomboc & en divers endroits, 67 B Ballet de chevaux , 87. Baromètre ( expériences du ) , 9, 38, 109. Sa hauteur (ur le Pic de Pitchin- cha, 3 3 Du Coraçon , 58. Tuyaux de Baromètres demandés à la Jamdique , & reçus , Ul'id. Variations périodi¬ ques du Baromètre, 50 & 109. Base mefurée par M. Picard. Les termes ne fubliflent plus ,221. Ter¬ mes de la Baie melurée par les Aca¬ démiciens près Quito , pourquoi per¬ dus , 26 6. Voy. Yarotujui & Tarqui. B L A S de Lejo ( mort de Don ) , fes offres aux Académiciens , fes fervices, &c. 131. ÎOUGUER (M ) s’embarque à la Ro¬ chelle , 3. Fait l’expérience du pen¬ dule, & trace deux cadrans folaires à Portohelo , 7. Lève le plan de la L E rade de Panama, 10. Confîruit une carte du cours de la rivière de Cha- gres , ihid. Reile à Alanta avec M. de la Condamine , obferve les réfradions , 1 1 . Prend leui la route de Gmyaquil, 13. Se rend de Guay tquil à Quito, 13. Extrait de fes obfervations & table des réfradions , envoyés à l’A¬ cadémie, 17. Reconnoît, conjointe¬ ment avec M de la Condamine & Don George Juan , la bafe d ’Yamtqui , 2 o. Vifite le terrein au nord de Quito, 3 o. Envoie à l’Académie un Mémoire fur l’obliquité de l’écliptique , 32. Monte avec M. de la Condamine fur le Pic de Pitchincha , 33. Sur Coto-pax't, 54. Sur le Coraçon , 58. Paffent une nuit en plein champ au pied de Coto-paxi , 59. Son expérience à Ckimboraço fur i’attradion newtonienne, 68 & fuiv. Se rend au Lignai de Lanlangouço ,72. Fait une Ration feul à Sénégualap , 73. Autres avec M. de la Condamine à Satcha-tian , 76. A Sinaçahottan , 79. Lèvent le plan d’un château du temps des Incas, 8 1 . Fait travailler aux per¬ ches pour mefurer la bafe de Tarqui , 83. La mefure avec M. de la Conda¬ mine , 84. Y fait avec le même les pre¬ mières obfervations de l’amplitude de l’arc , 87. Part de Cuenca pour Quito , 89. Fait réparer le Sedeur : fe rend à Cot chef qui avec M . Verguin : y ob¬ ferve avec M. de la Condamine , 91» Va à r an! agita, 92 . Laiffe une procu¬ ration à M . de la Condamine : fait un voyage dans la province d ' Ejmeraldas, 94. Revient à Quito 96. Ses con¬ jectures fur les variations apparentes de la hauteur des étoiles, 90. Ob¬ ferve feul à Quito, 101, 106. Va à Papaourcou, 1 o 1 . Se charge de répéter les oblèrvations au fud de l’arc de la méridienne, 108. Se vend à Cuenca & à Tarqui 109. Relfent une atta¬ que de goutte , 114. Ses obferva¬ tions interrompues par le mauvais temps, i 1 9. Fait conltruire une clep- fydre à réveil à Cuenca , ihid. Finit fes oblèrvations à Tarqui , 128. Re¬ vient à Quito » 133. Se prépare à revenir en France, 136. Confent à frire des obfervations fimultanées, 1 3-7. Va vifiter le volcan de Pit¬ chincha avec M. de la Condamine, 148. DES A4 A Envoie à Cotchi [qui préparer l’ob- fervatoire, 1 6 i . Se rend à Cotchef- qui pour y obier ver, i 64 S’abouche avec M. de ia Corn! amine à Yarouqui, 17 1. Retourne à CotLhejqui , 172. Prêt à partir pour Carthagène , 176. Communique (es obfervacions à M. de la Londamine , 179. Part pour Car- thagène , 180. Son retour & Ton arri¬ vée en France : ii eft gratifié d’une fjeniion : fon traité du Navire : fon ivre fur la figure de ia Terre, 21 5. I oy. Académiciens. Boussole. Voy. Compas. BOUSSOLE d’inclinaifon , difficile à porter à fa perfeétion , 9. Brouillards de la province d'AlaouJft, 71. Sur la montagne d’YaJJouai, 82. A Tarqui , 177, 178 & 179. C Cala MIN A IRE (pierre) nefe trouve point en A mérique , 1 47. Calculs , & réflexions fur les Calcu¬ lateurs , 93. Callao, ville, fortereffe & port de Lima , détruit par un tremblement de terre , 216. CARRIÈRES de marbre, d’albâtre, d’ar- doife dans la montagne de Nabouço , 6 4.. D’albâtre, à Cai/jui , 109. CARTE des routes de M. de la Con- damine, PI. I. Du cours de la rivière de Chagres, par le même, 8. De la côte du Pérou, par le même, 13, Envoyée à l’Académie, \y. Du terrein au nord de Quito , par M. B ali¬ gner , 30. Du terrein au fud de Quito, par M. Verguin, 31. Carte particulière de Cuetica à Loxa , des environs de Pdita , par M. de la Condamine , ibid. De la partie fepten- trionale des côtes de la province de Quito, faite par M. de la Condamine fur les Mémoires de Don Pedro Mal- donado , no. Du terrein traverfé par la méridienne , dreflèe par M. Verguin, 140. De la province de Quito , par M . de la Condamine ,141, note. Du cours de ia rivière des Amajones , par le même , 191. Autre de la même rivière , par le P. frit^ , T r È R E S. ilj ibid. & fuiv. Autre par le Comte de Pagan , 192, note. De la pro¬ vince de Quito , par Don Pedro Mal- donado , publiée après fa mort par M. de la Condamine , 2 1 1. Cautionnement. Voy. Maldonado. CAYENNE : on eût pu y faire plus aifé- ment les opérations exécutées dans la province de Quito , pour la mefure de la Terre, 194 & 201. Séjour, ob¬ ier vations & maladie de M. de ia Con¬ damine à Cayenne , 204. CÉNÉGUETAS (las), nom d’un che¬ min de Riobatnba à Cuetica, 1 73. Certificats honorables aux Acadé¬ miciens , raffemblés par M. de la Con¬ damine , 90. Chemin. Difficulté des chemins de Carthagène à Quito, 5. De Poriobeto à Panama, y. De Monta à Quito, 13. De Guayaquil à Quito, 1 1 St i 6. De la rivière d’ Ejmcr aidas à Quito , 1 3 & 1 4. De las Céne'guetas, 1 75 . De Loxa à Jaen, 1 87. CHIMBADOR : ce que l’on entend par ce mot, 1 84. CHITCHA , forte de liqueur en ufage chez les Indiens du Pérou , 74. CltOUJAI ( flation fur). Defcription de cette montagne, 73 . Cochenille, où & comment recueillie, 64. COMÈTE aperçue par M. de la Conda¬ mine fur la route de Quito à Lima , 23. Autre, vue en allant du Para k Cayenne, 204. Communication mutuelle d’obfer- vations entre Mrs Codin & de la Con¬ damine , 109. Communication mu¬ tuelle de la valeur du degré entre les trois Académiciens , & en quelle forme, 1 38 & fuiv. Des obfervations de M. Bouguer, 128. Des fimultanées entre lui & M. de la Condamine , 179. COMPAGNONS de voyage des Acadé¬ miciens , 3 , note. COMPAS de variation, inventé par M. de la Condamine en 1733, qui n’exige qu’un feul Obfervateur , 8 & 9. Voy. Dédinaifon. CONDAMINE. ( M. de la) s’embarque Nn ij Table à fa Rochelle , 3 . Eft malade à la Mar¬ tinique, ibid, Traverfe de Saint- Domingue par terre avec M . Godin , q.. Eff piqué par un Scorpion à Puriobelo , 7. Deffine ia vue des châteaux de ce port, ibid. Ses diverfes obfervations dans ia traverfée d’Europe en Amé¬ rique , S & 9. Fait une carte du cours de ia rivière de Chaires, & divers deffeins d’hiffoire naturelle , 1 o. Débarque à Manta avec M. B ali¬ gner , 1 1 . Y obferve ie point où ia côte du Pérou eff coupée par i’E'- quateur , 12. Guérit de la fièvre un Créole efpagnoi avec du quinquina apporté de France, 13. Refie feui fur ia côte avec M. Bouguer : leurs occupations , ibid. Se rend feui à Quito par ia rivière d ' Efmeraldas, ibid. & fiuiv. Fait en chemin plufieurs obfervations : efi abandonné de fes guides, ibid. Deffine diverfes plantes, ibid. Tombe malade, 1 q.. Difficultés de cette route, 13. Laifie fes équipages en chemin , 1 6. Loge chez les Jé- fuites à Quito , ibid. Envoie à l’A¬ cadémie un extrait de fes obfervations & de celles de M. Bouguer , avec une carte de la côte du Pérou , 1 7. Fait un voyage à Nano qui le rend fufpect au Préfident Gouverneur général, ibid. Trace une méridienne au col¬ lège des Jéfuites de Quito, 18. Place un fignat fur le Pic de Pitchincha , 20. Mefure avec M. Bouguer la bafe d 'Yarouqui , ibid. En fixe les extrémi¬ tés, 21. Revient à Quito pour l’ob- fervation du folftice de Décembre 1736, ibid. Part pour Lima, 22. Ses démarches pour trouver des fonds, 2 3 & fui-v. On lui fufcite une affaire à Quito pendant fon abfence , 2 5. Ses effets vifités par ordre du Viceroi de Lima ,’ 27. Suites & fin de cette affai¬ re, 28 & 29. Fait dans ce voyage diverfes obfervations : décrit l’arbre du Quinquina ; fixe la longitude de Gua- yaqu.il, 3 1 . Revient à Quito pour l’ob- fervation du folftice de Juin 1737, ibid. Rapporte des fonds pour conti¬ nuer la mefure des degrés ,32. S’éta¬ blit avec M. Bouguer fur le fommet de Pitchincha, 3 q~ Reconnoît le terrein pour ie fignai de Schangailli , 37. Re¬ monte feui à Pitchincha , 45» Ver, Te les divifions de fon quart -de -cercle, ibid. Va avec M. Bouguer 3. Coto-yaxi , 5 4. Y retourne feui , ibid. Ce qui lui arrive fur ce volcan , 53. Raifons qui l’empêchent de monter au fom¬ met de Coto-yaxi, 5 6. Va rétablir plufieurs fignaux tombés , 38. Monte au pic de Coraçon avec M. Bouguer : y font l 'expérience du baromètre , ibid. Paffe une nuit en pleine campa¬ gne avec le même, 59. Fait un voyage particulier au lac de Quilotoa , 61. Reçoit des lettres des Académiciens envoyés au Cercle polaire, 6 2. Monte à Chimboraço , & y fait, avec M. Bou¬ guer , des expériences fur l’attraélion newtonienne : y répète celle du pen¬ dule, (58 & fuiv. Vérifie fon quart-de- cercle à Riobamba, 71 . Obferve lèui à Zagroum, 72 . Volépnr un Métis , ibid. Remplace M. Godin malade, 73. Fait une chute en remontant à Chou] ai , 74.. Va reconnoître le terrein des montagnes de l'AJfouaye , & place un fignai, 75. Va voir avec M .Bouguer une ancienne fortereffe des Lucas : en lève le plan, 8 1 . Obferve feui à Ca- bouapata, 83. Suit un procès crimi¬ nel à Cuenca, 86, Fait avec M. Bou¬ guer les premières obfervations affro- nomiques pour la mefure de l’arc à Tarqui , 89. Vifite une fource d’eaux minérales près Cuenca , 90. Séjourne aux environs de Riobamba , ibid. Re¬ vient à Quito, 91, 93. Obferve à Cotchefqui avec M. Bouguer,. 92. Va prendre les derniers angles pour fa méridienne à Oyambaro , ibid. Se charge de faire élever deux pyrami¬ des aux deux extrémités de la bafe, ibid. Fait le calcul des triangles, 93. Ses occupations diverfes à Quito , ibid. & fuiv. Envoie en France une caiffè de curiofités : quel fut le fort de cette caifle, 97. Ce qu’elle contenoit: autres envois à l’Académie , 1 04,. Fait faire une règle de bronze égale à la lon¬ gueur du pendule, 99. Reçoit nou¬ velle qu’il a été nommé par le Roi Penfionnaire de l’Académie, ibid. Ses obfervations aftronomiques à Quito , 1 o 1 . L’Aicalde fait une vifite noc¬ turne chez lui, ibid. Accident qui lui arrive, 102, 14.3. Fluxion qui kfi caufe une furdité, 107. Refis à. des Matières . Quito pour obferver avec Une lunette fixe , en correfpondance avec les deux autres Académiciens, aux extrémités de lare ,119. Elfuie plufieurs procès, 127. Invité par M. Bouguer à aller répéter les obfer valions à Tarqui , 129. Affaires qui le retiennent à Quito , 130, 135. Demande à M. Godin la communication de la valeur du degré, fuivant fes obfervations , 138. Comment il l’obtient , 14.0. Propofe à M. Bouguer d’aller vifiter le volcan de Pitchincha , 1 4.7. Un Religieux Francifcain lui donne avis d’une mine d’or, 14.8. Part pour le volcan de Pitchincha, 14.9. Aventures en che¬ min, ihid. & fuiv. Revient fur Tes pas à Quito , 152. Repart pour le volcan , ihid. Reprend à Quito fon obfervation : les diverfes occupations , 1 6 1 . Laide à Quito une infeription gravée fur un marbre, 162. Se défait de fa tente & de fon grand quart- de- cercle, 164. & 169. Fait des expér. avec un pendule à verge d’acier , ilnd. Projette fon retour par la rivière des Amazones, 1 66. Fait à Pitchincha des expériences avec le pendule ci- défais, 169. Prépare fon voyage à Tarqui, 170. Vilite les pyramides avec M. Bouguer, 171. Termine les affaires à Quito , 172. Ses papiers & les effets volés , ihid. Recouvre fes papiers ,173. Part de Quito , ihid. Va trouver Don Pedro Mal don ado , 174.. Arrive à Cuenca : y eft volé , 175. Se rend à Tarqui & commence fes obfervations, 176. Elles font interrompues & re¬ tardées par divers obftacles , ihid. & fuiv. Communique fes obfervations à M. Bouguer, 179. Son dernier départ de Cuenca , 1 8 1 . Obffacles qui le retiennent à Tarqui, ihid. Se met en route pour revenir en France, 182. Choifit des arbufles de Quinquina pour apporter en France, 186. f ixe la latitude de Jaén , \ 87. Fait fon îeflament académique , ihid. S’em¬ barque fur la rivière des Amazones, ihid. PafTe le détroit appelé le / 'on go , 188. Joint Don Pedro A'Ialdonado à la Laguna , ihid. Lève la carte de la rivière des A madones, 191. Acci¬ dent arrivé à fon canot, 1 94. Com¬ ment reçu-pav les Gouverneurs pertu- V gais, 195 & 199. Séjourne au Para, & y obferve, 196. Pourquoi il pré¬ fère la route de Cayenne à celle de Liflmne , 198. S’embarque au Para pour Cayenne, 199. Arrive à Cayenne, 204,. Y tombe malade de la jaunifTe, ihid. Paffc à Surinam, 205. Sa tra- verfée en Europe : rencontre d’un Forban : tempête, 20 6. Arrive à Paris , 2 07. A fhonneur d’être pré- fenté au Roi , ihid. Remet au cabi¬ net du Jardin du Roi une colleéfion de morceaux d’hiffoire naturelle , ihid. Eft rembourfé de fes avances , ihid. Son premier projet de la conffruéfion des pyramides, propofé à l’Acadé¬ mie, 231. Préfente une requête à l’Audience royale de Quito , fur le fujet des Pyramides, 236. On lui accorde fa demande , 237. Il répond à la requête des Officiers efpagnols , 24,5. Et aux chefs d’accufation in¬ tentés contre lui, 247. Dépofe un monument dans l’intérieur des pyra¬ mides, 256. Préfente une requête à l’Audience royale de Quito, pour faire achever l’infcription , 2 57. Rend compte à l’Académie des Sciences de fes démarches en Amérique, 2.59. Ses remarques fur la nouvelle inferip- tion des pyramides, fubflituée à celle des Académiciens, 262 & 264. fl en obtient la réformation, 282. Conseil de finance à Lima, 24. Con- feil de guerre à Quito, 12 6. Contour ou Condor , oifeau célèbre du Pérou, 68. CORAÇON , hauteur de cette monta¬ gne, 48. Station & expérience du baromètre fur fon fommet , 57 & 58, CORDELIÈRE des Andes ( la ) : quelles montagnes font ainfi appelées , 47, Defcription de ces montagnes , 48 & fuiv. Leur direéfion, 50. Coto-paxi, nom d’un volcan de la province de Quito : étymologie de ce mot , 53, note. Difficulté d’y placer un lignai : Ml s Bouguer & de la Conda- mine y font Une Ration : montent fur la neige, 54. M. de la Condamine y retourne feul, ihid. Ce qui l’empêche de monter au fommet, 56. Mrs Bou¬ guer & de la Condamine îe voient s’en— Sammer, 156. Autres éruptions ds. Mn i | Table V ce volcan : relations diverfes de ces éruptions : bruit de ce volcan , en¬ tendu de plus de 100 lieues : effets de l’éruption de ce volcan en 1742 , 174.3, '744, 17 50, 156 & luiv. Hauteur de la flamme 4111 en for- toit, 159. COUPLET ( M ) accompagne les Aca¬ démiciens françois envoyés en Amé¬ rique, 3, note. Va reconnoître la plaine de Cayambé' , 18. Sa mort, 19. Courses de taureaux à Cuenca, -85. CRÉOLE (Nobleffe) de l’Amérique efpagnole : accueil qu’en reçoivent les Académiciens, 10, 65 , 66 6c note, 132. Demoifelle Créole; les taiens, 67. CüENCA. Mrs Bouguer & delà Conda¬ mne en reconnoiffent les environs, 82. M. Godin y inclure une bafe de véri¬ fication , 83. Le peuple de cette ville fe foîilève contre les Académiciens françois , 86. M. Godin y termine (a mefure géométrique , 87. Eaux mi¬ nérales près de Cuenca , 90. Suites de l’affaire de Cuenca, 94, 95, 1 18, 120, 123, 124., 14.5. Sa conclufion , 145 6c 146. Cuivre rouge, commun en Améri¬ que, 147. Jaune, rare, ibid. D D AVALOS (Don Jofeph), Général de la Cavalerie de Riûbamba, Les Aca¬ démiciens logent chez lui à Savanac , 6 5. Il les vifite fous leur tente, 66. Les loge à Riobamba 6c à E'ien , ibid, Taiens de les filles , ibid. Invite M. de la Condaminc à une fête , 90. DAVALOS ( Don Antoine) traduit la préface de M. de Fontenelle , 66. Sa mort , ibid. 6c 3 6. Déclinaison de l’aiguille aimantée, obfervée par M. de la Condamine : avec quel compas, 8 6c 145. Degré du Méridien ( Mefure du ). Voy. Übfervation. D 1 L AT AT ION des métaux ( Expé¬ riences fur la), 163, 164, 169. Di VISIONS des qtiart-de-ccrcles, véri¬ fiées , 21. M . de la Condamine vérifie le lien, ibid. 6c 45, 71, 91 6c alibi. E F, A U X minérales aux environs de Cueni a , 90. Eclipses de Lune , obfervéesà Adanta, 11. A Cayambé 6c à Yarouqui, 20, A Quito, 37. Lclipfé de boleii à Quito, 53. Ecliple de Lune à Lan. - /angouço, 72. Emeute populaire. Voy. Cuenca. Envois divers, faits à l’Académie par M. de la Lonaamine. Voy. 104, note. Equateur (Mefure de 1’), l’un des objets du voyage des Académiciens à Quito, 38. Ils en lont dilpenfés , 6c reçoivent des ordresà ce lujet, ibid. N’a jamais été commencée , ibid. 6c fuiv. Pouvoit être utile , mais n’étoit pas néceffaire , 39 6c luiv. Plus difficile que celle des degrés du Méridien ,41. ERREURS d’optique, caufées par les dif- férens états de l’atmofphère , 121. Erreurs des quart -de -cercles. Voyc^ Quart- de- cercle. Erreurs dans les cartes marines, remarquées par M. de la Condamine , 202. Etymologies de noms indiens. Voy. Cota - paxi , Latacunga , Chimboraço , Gnougnou-ourcou, Pamba-tnarca, Yunca, &c. Expériences du pendule , faites à Por - tobelo, 7. A Panama, 10. A Lima, .27. Du pendule 6c du baromètre fur le fommet de Pitchincha , 35. Autres fur la même montagne, 45 . A Chim¬ boraço 6c Riobamba. 70. Expériences fur la vîteffe du fon , 57. Du baro¬ mètre au Coraçon , 58. Sur l’attrac¬ tion newtonienne, 68 6c luiv. Du pendule fimple avec une boule d’or, 89. De l’inclinaifon de l’aimant , faite à Tarqui 6c répétée à Çuenca , ibid. Du fon, 96, 98. Diverfes, 145. Sur la dilatation des métaux, 163, 169. Qui deviennent inutiles, ibid. Du pendule fimple à deux fécondés, 168. Du pendule à verge d’acier, 1 69. Voy, Qbfervation. DES Ma F F AV ( M. du). M. de îa Condamine lui adreffe un Mémoire, 69. Une caiffe pour le cabinet du Jardin du Roi , 97, & reçoit la nouvelle deTa mort, 99. Fièvre tierce ( Créole guéri de la ) avec du quinquina apporté de France, 1 3 . Don George Juan en efi attaqué , 2 o. M. Goditt l’efi auffi , 71 & 124. Commune dans les pays chauds & humides, ibid. FLEURI (le Cardinal de ) : pourquoi nommé dans i’infcription des pyra¬ mides, 2.3.9. FlEUR de lis : pourquoi employée pour terminer les pyramides, 250. Contefiations auxquelles elle a donné lieu , ibid. Expédient propofé par M. de la Condamine pour les finir ,251. Flux & reflux fenfible dans la rivière des Amazones , à deux cens lieues de la mer , 193. Voy. Marées. Fontenelle ( M. de). Tradu&ion efpagnole de fa préface des. Mémoires de l’Académie, 66. G Galions ( tréfor des ) tranfporté à Quito ,95. (Général des) : fes offres aux Académiciens : fa mort , 1 3 1 . GEORGE ( Don) Voy. Juan. Gnou- GNOU- OURCOU , montagne: pourquoi ainfi nommée, 61. GODIN (M.) s’embarque à la Ro¬ chelle, 3. Arrive à la Martinique, ibid T raverfe par terre l’ifîe de Saint- Domingue , 4.. Obferve en chemin avec M de la Condamine . ibid. Séjourne & obferve à Portobe/o, à Panama , 7 & 10. Part pour Guaynquil , 11. Y fait beaucoup d’obfervations , 15. Arrive à Quito, ibid. Obferve le folflice, 32. Envoie en France un traité latin fur l’obliquité de l’écliptique , 33. Fait fa première Ration pour la mé¬ ridienne fur la montagne de Pamba- marca, 3 6. Obferve une variation périodique dans la hauteur du baro¬ mètre à Quito, 50. Fait fervir les tentes de fignal fur les montagnes, 5 2. T I E RE S. Vij Campe à Coto-paxi , 54. Retourne à Quito , 61, 67. Ses travaux particu¬ liers , pourquoi non détaillés ,71. Sa nouvelle Table de déclinaifons du So¬ leil , 76. Rejoint les autres Acadé¬ miciens, 75. Mefure une bafe de vérification dans la plaine de Cucnca , 83. Fait fes premières obfervations de l’amplitude de l’arc à Cuenca , 87. Retourne à Cuenca y répéter fes ob¬ fervations, 96. Revient de Cuenca à Quito, 98. Ses conjedures fur les variations apparentes de la hauteur d’une étoile, 99. Se prépare à obfer- ver au nord de la méridienne, 105. Propofe des obfervations correfpon- dantes aux deux extrémités de la mé¬ ridienne, 1 07. Se rend à Mira pour fon obfervation au nord de la méri¬ dienne , 11 2 & 113. En revient fans obfervations correfpondantes à celles de M. Bouguer , 124. Propofe aux deux autres Académiciens d’établir une nouvelle corrdpondance d’obfer¬ vations ,135. Détourne une rivière, 137. Motif de fon refus de commu¬ niquer le réfultat de fes obfervations , 139. Confent à cette communica¬ tion, & en quelle forme, 140. Refie feul à Quito après le départ de fes collègues, 213. Demandé par l’Uni- verfité de Lima pour remplir la chaire de Proleflèur de Mathématiques, &c. 2 i 6. Se met en chemin pour reve¬ nir en France, 217 Efi rencontré par M. de la Caille à Rio Janeiro : fon arrivée à Lijbonne , ibid. note. Voy Académiciens. CoDJN des O donnais (M ) compa¬ gnon de voyage des Académiciens, 3, note. Chargé de pofer les fignaux , 32 & 1 32. Se marie à Quito, ibid. Fait un voyage à Car hagène , & fe charge d’une caiffe de curiofités d’hif- toire naturelle , envoyée par M. de la Condamine , 97 Se prépare à reve¬ nir en France : fes lettres du Para & de Cayenne, 132 & 218. Graham ( Pendule de M. ) , portée à Quito : entre les mains de qui elfe efi refiée, 170. GRENATS trouvés dans un petit ru i fléau au bourg de los A blogues, près Cuenca , 81&82. viij T A b GUAYAQUIL ( M. Godin, b“C, prennent la route de) : fituation de cette ville: chemin de Guayaqùil à Quito , impra¬ ticable quatre à cinq mois de l’année, i 1. M. Godin y lait beaucoup d’ob- fervatioris , 15. Sa longitude , déter¬ minée par M. de la Condamine , 3 1 & 32. On y craint une defcente des Anglois : iécours envoyé de Quito, 1 27. Arrivée du lecours, 133. CuiANE ( ilîe de la), la plus grande du monde connu, 193. Hadley ( M. ) : ufage que font de l'on o clans les Académiciens envoyés au Pérou , 8. Hambato , gros bourg de la province de Quito , renverfé par un tremble¬ ment de terre, 1 1 5 . Hauteur du fol de Quito, 33. De la province de Quito , & de l'es mon¬ tagnes , 4.8. Du terme où la neige ne fond plus, ibid. De Zaruma & de la montagne Pelée à la Martinique, .1 98. Voy, Fit chine ha , Coraçon , iXc. He G U E s ( Don Efleban de ) rend fer- vice aux Académiciens, 73. Hugo ( M.) , envoyé au Pérou avec les Académiciens : en quelle qualité , 3, note. Répare l’ancien fechjur, 8 6. Tourne une boule d’or pour l’expé¬ rience du pendule : fait une aiguille aimantée, 89. Prépare le fecleur de M. Godin à Mira , 112. Pendule de mé¬ tal , & autres ouvrages qu’il fait pour les Académiciens, 143, 144.,, 168. Relie dans la province de Quito après le départ des Académiciens ,218. InCAS ( langue des), 183, note. Voy, E'tymologie. Monument du temps des Incas ,81. Inclinaison de l’aimant, 9, 89, 169. Indiens : on ne peut compter fur eux, 13, 5 o, 72 , Quelle efpècë d’hommes, 51 & 52. Enclins au vol , 52, 72 & 1 13. Leur naturel timide, 203. Inoculation de la petite vérole, 199. L E Inscription, gravée par M. de la Condamine, lur un rocher au bord de la mer , fous l’équateur, 12. Projet d’infeription , contenant un extrait des diverfes obtervations faites dans la province de Quito, 109. Exé¬ cution de cette inlcription , 124 & \6i. Lieu où elle ell dépofée, 173. Voy. Pyramides & Condamine. Inscription pour les pyramides ( projet d’ ) , propoié par M. de la Condamine , & préfenté à l’Académie des lnlcriptions ,222. Gravée fur les pyramides dans la plaine d 'Yarouqtd, 227. En quoi différente du projet approuvé par l’Académie des Infcrip- tions, 228. Railons des changemens faits au projet, ibid. & fuiv. ( Pro¬ jet d’ ) préfenté à l’Audience royale de Quito, 23 6. Inlcription gravée fur une planche d’argent , & enfer¬ mée dans l’intérieur des pyramides, 256. Inlcription (nouvelle) fublli- tuée à celle des Académiciens, fur les faces des pyramides, 261. E11 quoi différente de la première, 262. Elle ell réformée fur les repréfenta- tions de M. de la Condamine, ibid. Copie de cette Infcription, 263. J J ÉSU1TES : M . de la Condamine loge cher eux à Quito , 1 6. Voy. Thcfe. Leur milfion de ALiinas. Voy. Millions. Juan (Don George) joint les Aca¬ démiciens à Carthagène , 5. Conliruit une carte du cours de la rivière de Chagres, 10. Aide à reconnoître & aligner la bafe d’ Yarouqtd , 20. Fait le voyage de Quito à Lima .• revient avec M . de la Condamine, 3 1 . Obferve la latitude de Paita , ibid. Fait une chute en montant à Coto-paxi, 54. Se joint à M. Godin dans le travail de la méridienne, 60. Calcule avec lui une nouvelle table de décli- naifons du Soleil, 76. Relie dans Guayaquil , & pourquoi, 134. S’em¬ barque à Lima fur un vaiffeau fran- çois, 212. Reçu Correfpondant de l’Académie des Sciences de Paris , 213. Arrive en France: féjourne à Paris ; fe rend à Madrid, ibid. Commande iX des Matières , Commande aujourd’hui les gardes de la marine à Cadi z 14. Ses diffi¬ cultés fur le projet d’infcription , z 3 6. Fixe le rapport de la Vare d’Efpagne au pied de Paris , 2 4.7. S’oppofe à la deftruftion des pyramides ,261. Voy. Officiers efpagnois. JUBONES ( gué de los), dangereux, 1 83. Avis qu’y reçoit M. de la Coud. 1 84. JUSSIEU ( M. de ) : en quelle qualité accompagne les Académiciens envoyés Î>ar le Roi au Pérou , 3 , note. Ma- ade à Portobelo , 6. Va examiner l’ar¬ bre du quinquina & autres plantes des environs deLoxa, 75. Malade à Quito, 103. Fait l’extraitdu quinquina, 1 86. Retenu à Quito après le départ des Académiciens, va à Canélos, 2 >7. Part pour la France avec M. Godin, 218. L Lac de Quilotoa enflammé, 6 r. LAGUNA (la) , chef-lieu des millions de Addinas, dans la partie fupérieure de la rivière des Amaipnes , 188. LANGUE ancienne du Pérou , dite Quetchoa , ou de 1 ' Inga, 183, note. LaTACUNGA , petite ville de la pro¬ vince de Quito : hauteur de fon loi , 48. Sa lîtuation : fes pâturages : éty¬ mologie de ce nom, 60, & note. Renveriée par un tremblement de terre, ibid. Les Académiciens s’y arrêtent , 61. Lettres de change de France, 5, 18, 63, 2 1 6 , &c. Lettres de France, reçues par les Académiciens, 38, 41, 43, note: 44, note: 63, 80, 99, 122, 205, 216, 217. LlEUE efpagnole: fon ancienne évalua¬ tion : la nouvelle par Don George Juan , 122. Lima (Voyage de M.dela Condamine a): dilfance de cette ville à Quito, 22. Difficulté du chemin , ibid. Ciel de Lima , contraire aux obfervations , ibid. Tremblement de terre qui dé¬ truit cette ville, 2 1 6. Lions (efpèce de), fur la montagne de Piuhincha , 153. L I s. Voy. Fleur de lis. Loxa : déchue de fon luffre : fon com¬ merce de quinquina, 185. V. Jufiieu. LUNETTE fcellée ( M. Verguin obferve avec une) 99. M. de la Condamine en fait fceller une, 106, 112. A quel deffein, 106. Avec quelles pré¬ cautions , 1 1 2 , 114. Accident arrivé à cette lunette , 113. M M A D E I R A ( Rio du ), grande rivière qui tombe dans celle des Amazones, 193. M A E N Z A ( Don Gregorio Adathett Marquis de) fait conftruire un obfer- vatoire à M. de la Condamine fur une montagne, 6t. Témoin de l’inflam¬ mation du lac de Quilotoa , 62. Vifite les Académiciens fous leurs tentes, 66. Donne des Mémoires fur l’incen¬ die de Coto-paxi , 159. MAFFEI ( Mémoire de M. le Marquis Scipion) fur le projet des pyramides, 222. Sonnet italien du même, 223. MaïNAS ou Aïaynat. Voy. Miffions. MALACATOS, fertile en bon quinquina : M. de la Condamine s’y arrête , 185. Mal de gorge épidémique à Quito , 103. Mal de Siam. Voy. Siam. MALnONADO (Mrs) fe rendent cau¬ tions des Académiciens, 56. Leur rendent divers fervices , 90 & 211. Don Jojeph ), Curé de la Cathé- rale de Quito, 92, 171 & 21t. ( Don Ramon), Corrégidor de Quito , 92. Reçoit le titre de Marquis de Life s , 208. (Don Pedro), Gouver¬ neur d ' Efmeraldas : fes offres à M. de la Condamine , 56. Fait ouvrir un che¬ min pour aller de Quito à la rivière des Emeraudes , 1 07. Fournit des Mémoires à M. de la Condamine pour conftruire une carte géographique f 110. Promet à M. de la Condamine de defeendre avec lui la rivière des Amazones, 16 6. Eü détourné de prendre cette route, ibid. & 1 6 8. S’y détermine , & convient d’un ren¬ dez-vous avec M. de la Condamine , 174 & 180. Defcend la rivière d« X T A . Fnflaça , & attend M. de la Conda- tnine à la l .tartina ,188. Descend avec lui le fleuve des Amazones, ibid. Aide à M • de la Condamna à lever la carte de Ton cours ,191. Ne fe fait point connoître au l\.r à , & s’embarque pour laponne, 196. Arrive à Madrid, 208. Ses fervices récompenfés à la cour d’Efpngne, ibid. Ses voyages en France St en Hollande : Correfpondant de l’Académie, 209. Propofé à la So¬ ciété Royale : meurt à Londres, 2 1 o. Sa carte, 211. Son éloge, ibid. MamELUS : à qui on donne ce nom au Brefil , 203. MANTA : féjour qu’y font M,s B ali¬ gner & de la Condamine , 11 & 12. MARAnON (rivière du ), la même que des Amazones, 122. Marbre (Carrière de), 64, 109. Marbre. Voy. Infcription. Marées ( phénomène terrible des ), 201. Màurepas ( M. le Comte de) pour¬ voit aux befoins des Académiciens envoyés à Quito , 4, 5. M. de la Con¬ damine lui envoie une carte & un extrait d’obfervations , 17. Les Acadé¬ miciens en reçoivent un ordre qui les difpenfe de la mefure de l’Equateur , 38 & 41. Leur fait tenir des lettres de change , 63. Leur écrit fur leur retour en France, 1 22 &2c>5.M.de la Condamine lui fait part de fon projet de retour par la rivière des Amazones, 123. M. Cad in reçoit des fonds de fa part , 216 Pourquoi nommé dans l’infcription des pyramides , 249. Re¬ çoit de M Bouguer la copie des pièces du procès des pyramides, 259. Ecrit en Efpagne à ce fujet, ibid: & 260. Pourquoi n’infifle pas, 267. Voye^ Lettres de change. MAYNAS ou Alain as, province de l’A¬ mérique efpagnole. Voy. Miffions. Médaille frappée à la Jamaïque , au fujet du liège de Cm t ha gène , 120. MERCURE (obf. de 1, manquée, 20. MERCURE revivifié du cinabre, 1 10. Mesure de la Méridienne interrom- 1 E pue: efl reprife, 71. Mefure de la baie. Vqyei Bafe. Du pendule à Quito, incruflée dans un marbre, 162. Mefure du degré. Voy, Degré. MÉTÉORE du genre de l’arc-en-ciel, obfervé à Pamba- marc a , 80. MÉTIS : à quels hommes on donne ce nom ,52, note. Leurs défauts , ibid. > Mines d’or, 23, 148. Voy. Zarumat Missions efpagnoles & portugaifes le long de la rivière des Amazones, 188, 189, 1 9 1 , 192, 193. Montagnes d’Amérique: leurcom- parailon à celles d’Europe , 47 & 48. On y change de climat à me- furc que l’on y monte , 48. Morainville ( M. de), envoyé au Pérou avec les Académiciens : en quelle qualité , 3. Fait divers deffeins d’hifloire naturelle, 10. Lève un plan de Quito , 33. Fait avec M. de J u (fieu le Voyage de Zaruma & de Loxa , & deffine les plantes des environs , 76. Aide M. de la Condamine dans la conflruétion des pyramides , 93, 238 & fuiv, Demeure dans la province de Quito après le départ des Acadé¬ miciens , 218. M O RT d’un Sergent SuifFe, 3. De M. Couplet, 1 9. Mort violente du Nègre de M. Bougutr, 35. D’un Alcalde de liiobamha , 5 6 De M . Seniergues, 85. Mort de M. du Fay, 99. De Don B/as de Leip , 131. Du Père Sindlher, 192. De Don Pedro Ma/donado , 2 1 o. De deux Capitaines de vaiffeaux fran- çois, 213. Du Viceroi du Pérou, 216, note. MULATRE: quelle efpèce d’homme c’cfl , 52, note. Ar NaBOUÇO , montagne où ctoit placé un lignai : fa defcription , 64. N A PO , fleuve qui fe joint au Maranon : prétentions des Portugais au fujet du JVapo . la latitude & la longitude de fon embouchure, déterminées , 189. NÈGRES (efclavcs ) , fournis par le Roi aux Académiciens, 4. Nègre tué, 55. des Matières , NEIGE : à quelle hauteur au delîus du niveau de la mer elle ne fond plus , 48. Durcie & incorporée avec le fable , refîemble à des bancs de ro¬ chers , 54, 69. Nuit paflee en plein champ au pied de Coto-paxi , 59. Dans la neige de Pitchirtcha , 1 5 1 . Près du Quinché , Observations, faites à Saint-Do¬ mingue , 4. Au petit Goave., &c. ibid. A Portobe/o , 7. Pendant le voyage d’Europe en Amérique, 8. A Panama, 1 o. A A'ianta , 1 1 . Du paffage de Mercure fur le Soleil , projetée & manquée à caufe des nuages, 20. Faites à Lima, 31. Du folflice de Déc. 1736, 2 1. Juin 1737, 32. Di- verfes dans le voifinage de Quito, 45. Des rétractions, 1 1, 17, 70. Pour l’amplitude de l’arc du Méridien à Tarqui en 1739 & 1740, 87 & 89. En 1741, 109, 114, 119, 128, 129, 133. En 1742, 135 & fuiv. 176 & fuiv. (Premières) à Cotchef- qui en 1740, 91, 92. Secondes à Cotchefqui en 1742, 161, 164, 172. Communication d’obf. entre Mrs Go- din & de la Condom. 109. Préparatifs d’obfervations à Mira , 1 1 2 . Corref- pondantes aux deux extrémités de l’arc de la méridienne, 1 13, 1.19. Rai- fons pour les répéter, 1 3 6. Dernières obfervations à Tarqui : obttacles & difficultés, 176 & fuiv. Communica¬ tion d’obl. entre Mrs Baigner & de la Condamine , 179. Obfervations au Para, 196, 199. A Cayenne , 204. O C T A N S. Voy. Hadley. OFFICIERS efpagnols fe joignent aux Académiciens françois, 5. Lèvent un plan du port & des châteaux de Porto- belo , 7. Arrivent à Guayaquil-, 1 r. A Quito, 1 5. Leurs démêlés avec le nouveau Préfident , 25. Aident M. Godin dans fes obfervations, 87, 9 6. Sont mandés à Lima par le Viceroi, 98, 105. Leurs occupations en cette ville, 113. Reviennent à Quito, 125. Intentent un procès à M. de la Con¬ damine , au lu jet des pyramides , ibid. Xj Vont au fecours de Guayaquil , 133. Rappelés à Lima par le Viceroi , 134. Commandent deux frégates, & vont croiler tur les côtes du Chili, ilnd. & 2 1 2 . Retournent à Quitt ache¬ ver leurs oblervations , 212. S’em¬ barquent pour l’Europe, ibid. Leurs ouvrages , 214. Leurs fervices & leurs récompenfes, ibid. Sont témoins tranquilles des préparatifs pour la conf- truélion des pyramides, 234. S’y' oppofent enfuite, 242. V. Don George Juan 6c Don Antoine de Ulloa. O L A B E y Gomarra ( Don Jofeph de ), Lieutenant de Corrégidor à Puerto viejo ■ Ion accueil aux deux Acadé¬ miciens débarqués à Atlanta , 1 2. Omaguas, fauvages de l’Amérique, 189. Opérations chymiques, 109. Orinoque (1’): fa communication avec le MaraFion , conflatéè, 193. P A M B A - M A RCA ( montagne de ) : fa diflance de Quito, & du Pic de Pit- chincha, 36. Voy. Météore. PANAMA (ifthme de): fa largeur, 7. PANAMA (ville de) : fa diflance de Portobe/o , 7. Séjour qu’y font les Aca¬ démiciens françois , 10. Pantomimes : les Académiciens voient imiter leurs opérations , 88, PARA ( ville du grand ), colonie portu- gaife, 1 9 5 & fuiv. (rivière du ), prife mal-à-propos pour un bras de l’A~ madone, 1 93 . Pa R A M O S : à quelles montagnes les Efpagnols donnent ce nom , & ce qui les diliingue, 49. Paktyet ( M. ) , ConfuI de France à Cadip , donne avis à M. de la Con¬ damine que les paffeports de Portugal font expédiés, 166. Passeport du Roi aux Académiciens envoyés fous l’Equateur , 272. Pafïe- port donné par le Roi d’Efpagne aux mêmes, 273. Paffeport du Roi de Oo ij xi! Table Portugal , accordé à M. de la Conda¬ mine , 280. PENDULE portée fur Chimboraço : de quelle utilité elle fut aux Obferva- teurs , 70. Voy. Grahnm. PENDULE à verge d’acier: fort utilité, 14.3 & fuiv. Pendule (expériences du) à Porto¬ belo, y. A Suint - Oomingue , 9. A Panama, 10. A Lima, 27. A Fit- chirchit , 35, 45 , 169. A Chimbo- 7aço &. à R'wbnmba , 70. A Quito , 165, 1 A 8, 169 Au Para, à Cayenne, i<)(, 199,204.. J o)'ci Obfervations. Mefure du Pendule à Quito, marquée fur une règle de bronze, 99. Reftée en dépôt à Quito , 162. PÉNITENCE ( ifle de la) , 201. PERALTA ( Don Pedro), (avant Créole de Lima : ce qu’il difoit du ciel de cette ville, 22. M. Godin lui fuccède dans fes places, 2 1 6. Petite vérole, mortelle pour les In¬ diens, 199. L’inoculation les fauve, ibid. PÉVAS , million efpagnole compofée de diverfes nations fauvages, 190. PIASTRE du Pérou : combien elle vaut monnoie de France, 5, note. PiTCHiNCHA (Pic de): M de la Ctmdamine y pofe un lignai , 20. Y fait conffruire un obfervatoire , & y retourne avec M. JJottguer, 33, 34. Elévation du fommet de cette monta¬ gne, 33, 34, 48, 58. PafTe pour riche en mines d’or, 33. Les Obfervateurs françois & efpagnols y reçoivent une vifite , 3 6. Mrs Bouguer & de la Condamine y retournent dans un nou¬ veau pofle, 37. Voy. Volcan. T LAN de Portobelo , levé par les Offi¬ ciers efpagnols & par M. Vcrguin, 6, y. De la rade de Panama, par M. Bouguer, 1 o. De Quito par M . de Alorainvil/e, 3 3 . D’un ancien château par M. de la Condamine, 8 1 . Pluies extraordinaires à Quito, 142, >43* Poignards : leur ufage toléré en Amérique, 55. Suites funeffes de cette tolérance, Portobelo : pourquoi nommé le Tombeau des Efpagnols , 6. Procès criminel contre les meurtriers de M. Seniergues , & arrêt définitif, 8d. Procès à i’occafion des pyrami¬ des, 125,242 & fuiv Jugement de ce procès , 253. Combien de temps il a duré , 258. Procès divers, fou- tenus par M de la Condamine ,12 7. Pyramides (projet de deux) pour fixer les deux termes de la bafe fon¬ damentale des opérations des Acadé¬ miciens, 92 & 221. Matière du procès , 125. Suite de ce procès , 146 & 163. Arrêt, 164. L’Acadé¬ mie des Sciences en approuve le pro¬ jet : l’Académie des Infcriptions & Relies lettres cil confultée : on com¬ mence la conflruétion des pyramides, 221,222. I eur forme ,233. Nature du terrein 011 elles ont été élevées, 238. Raifons qui en rendoient la conf- truélion difficile, 239. Accident qui brilè une des pierres deflinées à rece¬ voir l’infeription , 241. Ordre pour la defhuélion des pyramides : révo¬ cation de l’ordre, 261 & 264. Elle arrive trop tard : les Pyramides font détruites , 264. Ordre pour leur réédification , ibid. Réflexions fur cet évènement, 265 Si fuiv. Voy. Inf- cription. Q Quart - DE-CERCLE : examen de fes divifions , 21,45,71,91. Vérifié par le renverfement , 80. ( grand ) , vendu pour le compte de l’Académie, 169. Petit, fuflifant pour les ufages géo¬ graphiques, 13, 97, 169. QUEBRADAS : cequec’efl, 50. QuiLOTOA , nom d’un lac enflammé, décrit par M. de la Condamine , 61. 62. QUINQUINA : defeription de cet arbre , par M de la Condamine , 31, De différentes fortes , 83. Extrait & fel de quinquina, 186. (Arbuftes de), deffinés à être tranfportés en France , ibid. Emportés par un coup de mer, 20 3. des Ma QUITO : afped des environs de cette ville, 14, 1 5 . Sa fituation , 6c c. ibid. Plan de cette ville : par qui levé ,33. Soi de cette ville : de combien furpaffie en hauteur celui de la mer , ibid. Defcription de la province de Quito, 47 6c 48. Température de l’air à Quito, 49 & 53. Conjedure fur la nature du foi de cette province , 159. R Réfractions aflronomiques. Voye^ Table. Réfradions terrcflres , obler- vées à Coïta , 90. REQUETE de M. de la Condatnine à l’Audience royale de Quito, pour la conftrudion des Pyramides, 23 6. Autre des Officiers efpagnols pour les faire démolir , 242 6c lui v. Pro¬ cès en conféquence, 244. Requête de M. Bouguer fur le même fujct, 253. Autre de M. de la Condatnine , & à quel fujet, 257 6c fuiv. RîOBAMBA , ville de la province de Quito: quel rang elle y tient, 65. Sa température , ibid. Route: Journal déroute, 8. T. Cartes. Ruines d’une forterefle du temps des Jucas, 6c fon plan levé ,81. S S A N G A I , volcan , 67 6c 77. SAUVAGES Yameos, Otnaguas, Ticotmas, Feras, iXc , 189 6c 190. Sauvages redoutent les armes à feu , 191. Sau¬ vages nus, anthropophages, 190. SECTEUR vérifié par le renverfement , 33. Nouveau, conftruit par M. Go- din , 85. Ancien, réparé, 86, 91. Envoyé à Far qui , 165. Dérangé dans le tranfport , 6c réparé, 176. Autre conffruit par M. Bouguer , 137, 147. Seniergues (M.) Chirurgien, en¬ voyé avec les Académiciens au Pé¬ rou , rapporte de Carthagètie à M . de la Condatnine des tuyaux de baro¬ mètre , 59. Part pour Loxa avec M. de Jujfieu ; fon habileté dans fon art. T I È R E S. xiij 76 , 6c note. Sa mort tragique à C.uenca, 85 6c fuiv. S E R P E N S communs à Monta , 12. Serpent, dit Coral : fa peau. Voy. note , page 1 04. SlA M (maladie de), commune aux illes de l’Amérique, 3. Paraît pour la première fois dans la mer du fud. 1 04. Signal placé fur le pic de Pitcf incita, 20, 33. A Schangailii , 37, 53. Autre fignal fur Pitchincha, 38. Difficultés de placer les fignaux, 50. Signaux renverlés 6c enlevés ,51. De Pam- ba-marca , replacé julqu a fept fois , 52. Autres à Tanlagoa , à Coto- paxi , 53, 55. Sur le Coraçon, 37. A Papa-ourcou, c, 59. A Alilin, 59, 60. A Ouango- tajjîn , 62. A Tchou- lapou , Hivicatfou , Te hitchi - tc/ioco , Nabouço , 6 3. À Moulmoul , lgoalata, 64. A limai , 63. A Dolomhoc , 67. A Contour-yalti ,68. A Sejgoum ou Zagroum , 6c à Lanlangouço , 72. A Sénégualap , 73. A Choujai , ibid. 6c 76. A Satcha-tian , 76. A Gnaou- pan 6c Sinaçahouan , 75, 77, 78. A Bouéran , 7 8 6c 8 1 . A Quinoa-loma , 78. A Yajfouai , 82. A Borma 6c Ca- houapata, 8 3 . SlNAÇA - houan , l’un des fommets de \’/4Jfouaye, 78 6c fuiv. Solstice de Décembre 1736, ob- fervé à Quito, 21. De Juin 1737, obfervé dans la même ville , 32. SONNET italien de M. le Marquis S ci- pion Alaffei, à la louange des Acadé¬ miciens envoyés fous l’Equateur , 223. Le même traduit en latin , 224. En efpagnol , 2 2 5 . En françois ,226. Station. Voy. Signal. T Table des ré fra fiions de M. Bouguer , 10,17. ^es déclinaifons du Soleil , par M .Godin, 76. Des erreurs des divi- fions du quart-de-cercle ,91. De la hauteur des montagnes par le baromè¬ tre, 111. De rédudion d’angles , 113. TARQUI (prairie de), jugée propre à la O 0 iij xiv T A B mefure d'une bafe de vérification , 82 . M durée deux. lôisr, 83. Oblervations faites à Targui. Voy. Oblervations. Tem peste à l’attérage des côtes de Hollande, 206. Tentes prifes pour fignal, 52. Ren- verfées par les orages , 72, 79 & luiv. TERRE. ( AI dure de la). Voy. Degré & Oblervations. Testament académique, 187 & 1 9 6. Thermomètre : fa hauteur à Pitchin- cha , 34. A Quito, ire. Voy. l’inlcrip- tion vis-à-vis la page 1 63 . ThÈSE dédiée à l’Académie, 1 \6. T i C O U N A S , Sauvages qui empoifon- nent leurs flèches, 189. Tremblement de terre à Quito , 21, 96 , 97, 115, 142 , &c. A Lata - cunga, 60. A Tarqui, 120. V ValüELIRIOS (le Marquis de) , pri- lonnier par les Anglois, 213. VALLE- U.viBROSO ( le Marquis de) : fes qualités, 268. Son jugement fur le procès intenté au lujet de l’inlcrip- tion pofée fur les pyramides, 269. V A R E , mefure efpagnole : fon rap¬ port au pied de Paris, 247, note. Variations apparentes dans la hau¬ teur des étoiles, 99, 120. Obferva- tions occafionnées par ces variations , 100. Elles n’ont point de périodes réglées, 121. Variation de l’aimant. Voy. Compas, Déclinaifôn, Übler- vations. V E R G U I N ( M. ) : en quelle qualité accompagne au Pérou les Académi¬ ciens envoyés par le Roi, 3, note. Tient un journal de navigation, 8. Lève un plan à Saint-Domingue , .4. Lève à Portobelo celui du port 8c des châteaux , 7. Va reconnoître la plaine de Cayarhbé , 18. Et le ter- rein au fud de Quito : en fait une carte & un projet de triangles, 3 1. Chargé de pofer les fignaux , 52. De faire préparer le canon pour L E l’expérience du fon, 57. Reconnoîc avec M. de la Condamne la monta¬ gne de Bouéran, 78,81. Aide le même à melurer la baie de Tarqui, 83. Oblerve au meme lieu avec Mrs Bougtter 8c de la Condamine . 87. Et avec ce dernier au lac de Coïta , 90. Va à Cutchejqui avec M. Btuguer , 9 1 . Calcule les triangles de la méri¬ dienne , 97. Aide à faire une expé¬ rience lur la vîteffe du Ion, 98. Chargé d’ob erver les variations de hauteur d’une étoile avec une lu¬ nette fcellëe , 99. Prépare le ledeur de M. Godin à A'iira, 112. hait une carte de tout le terrein traverfé par la méridienne , 140. Sa maladie : Ion retour : la récompenle ,215. VERNON ( le Vice-amiral ) aflîège Car- thagène , 8c prend Bocachica , 1 1 6. Vieillards de plus de cent ans, 65. V 1LLAVICENCIO ( DonJofephde ), Al- feres Real de Riulmmba , vilite les Aca¬ démiciens fous leur tente, 66. Les loge à la ville & à la campagne, ibid. Invite M. de la Condamine à une fête, 90. VrNS du Pérou: leurs qualités, 1 14. Comment on les conferve, ibid. Vol des matériaux des fignaux , 52.’ Autres vols, 72, 1 13. Des papiers de M. de la Condamine, 172. De divers effets à Cuenca , 175. VOLCANS des environs de Quito , 47. Volcan de Tongouragua , 6 5. De A an- gai ; les flammes vues à 1 5 lieues de diflance, 67. Ses effets, 77. D e Pit- chincha: fa defeription , fes différentes éruptions, 147. Mrs Bouguer 8c de la Condamine vont le vifiter , 1 47 & fuiv. Leurs tentatives pour y mon¬ ter, 152 & fuiv. Ils montent à la bouche du volcan, 154. Envoient l’intérieur , 155. Tentent d’y def- cbndre, 15 6. De Cota-paxi. Voyez Coto-paxi. U UcAYALÉ, grande rivière qui fe joint à celle de Alaranon , autrement des Amazones , 189, des Matières , (J LL O A (Don Antoine de) joint les Académiciens françois à Carthagène , 5. £(l piqué par un fcorpion à Portobelo , 7. Tombe en foibleffe en montant à Pitchincha , 3 4. Affocié aux travaux de Mrs Bouguer & de la Condamine , 60. Arrêté par la maladie, 69. Aide M. Bouguer à mefurer la bafe de Tarqui , 83. Re¬ vient de Guayaquil à Quito , 1 3 q. Croife fur les côtes de Chili, 212. S’embarque pour l’Europe , ibidem. Ses aventures pendant fa navigation , 213. Prifonnier à Loui (bourg, tranf- féré à Londres, s’embarque pour Lis¬ bonne , fe rend à Madrid, 2 1 q. Voy. Officiers efpagnols. XV Université deQuito, envoie un pré» fent à l’Académie des Sciences de Paris, 1 q6. Y Ya M É O S , nation fauvage , 189. It AROUQUl (plaine d’), choilie pour la mefure de la première bafe , 19,20. Y U N C A 6c Yunguilla : leur fignifica- tion , 183. Z Za RU M A , mine d’or , pauvreté des habitans, 1 8q & luiv. Fin de la Table des Matières de ITntroduâion hijlorique. / » »