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ANNALES
DE FLORE ET DE POMONE.
PARIS. — IMPRIMERIE DE CASIMIR,
rue de la Vieflle-Monnale, n° 12.
ANNALES
DE FLORE ET DE POMONE,
ou
JOURNAL DES JARDINS
ET DES CHAMPS;
Par MM. Camuzer, Ces FRÈRES, Darsrer , Dovercr, Duvaz, Harpy, Jacques, Jacquin AÎNÉ , JACQUIN 3EUNE, LEcoinTRE, Lémox, Neumann, Louis NolsEtte, PÉprin, Pororny Er UrTiner.
1835-1856.
LU Parts, ROUSSELON, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
RUE D’'ANJOU-DAUPHINE, N° 8.
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À MESSIEURS LES SOUSCRIPTEURS,
Les Annales de Flore et de Pomone, qui ont cu pour précurseur le Journal et Flore des Jardins, viennent d'accomplir leur troisième année : nous ne commencerons pas la quatrième sans remercier nos souscripteurs de leur fidélité à notre entreprise, et sans leur témoigner le prix que nous attachons à cette faveur. Elle est en effet pour nous le thermo- mètre par lequel nous jugeons les degrés de notre faible mérite, et un encouragement dont beaucoup d’autres à notre place seraient encore plus fiers. Mais nous, nous ne nous contentons pas aisément. Au milieu des motifs de satisfaction que nous trou- vons dans l'accueil fait aux Annales, nous éprou- vons une sorte de regret de voir trop peu de sous- cripteurs entrer en correspondance avec nous et faire de notre journal ce centre de communications que nous désirerions voir s'établir des divers poinis de la France entre les amateurs des sciences aima- bles auxquelles nous avons consacré notre œuvre.
Cependant dans notreintroduction (octobre 1832), en exposant succinctement le but et le plan de
notre travail, nous avons appelé l'attention de nos Ocrosre 1835. 1
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souscripteurs sur une foule de points remplis d’in- térêt en leur demandant un concours bienveillant ; depuis lors , nos prospectus et la couverture même de nos livraisons n’ont cessé de porter cette phrase: « On accueillera avec reconnaissance les notes inté- ressantes sur une culture quelconque qu'il plairait à MM. les souscripteurs de faire insérer dans ce journal. » Et quelques-uns seulement ont répondu à nos vœux en nous communiquant des notes sur des procédés pratiques ou des gains nouveaux. Aurions-nous été mal compris? Nous aurait-on jugés autrement que nous sommes, en pensant que nous ferions peu de cas des observations qu’on nous adresserait ? ou bien a-t-on cru que, peu riches en matériaux dignes de la publicité, nous venions 1m- plorer par besoin des secours étrangers ? Dans ces divers cas, on aurait fait une grave erreur. Le do- maine de l’agriculture et de l'horticulture est trop vaste pour qué toutes les connaissances qui en font partie soient le partage d'un même homme; nous avons donc tous quelque chose à apprendre les uns des autres, et nous voulions que notre journal de- vint une école mutuelle où chacun, dans l'intérêt général, vint apporter un tribut quelconque. Sans doute , tout en sachant un gré infini à la personne qui nous enverrait une note d’un intérêt par trop puéril, nous nous garderions de linsérer ; mais par la même raison qu'il y a peu de mauvais livres, parce qu'ils apprennent toujours quelque chose, il y a peu de notes sur un fait quelconque d'histoire naturelle qui ne contiennent quelque apercu nou- veau. Chacun observe à sa manière, et des différen- ces dans l'observation résultent des inductions diffé-
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rentes et souvent neuves ; et d’ailleurs la classe de lecteurs sous les yeux desquels passent les Annales nous est un sûr garant que la plupart d’entre ceux pourraient, s'ils le voulaient, les enrichir de docu- mens précieux. Est-ce par hasard qu’on cultive sur les bords du Rhin comme sur ceux de l’Adour ? est- ce que les mêmes résultats sont dus partout aux mêmes pratiques ? Et quand nous recherchons des faits, quand par des expériences pour lesquelles Ja nature n'abrége pas le temps , nous espérons arriver à la solution d’une question, souvent un de nos souscripteurs sait depuis plusieurs années le ré- sultat que nous attendons, et il ne nous le commu- nique pas, pour que nous le fassions connaître à d’autres auxquels il importe également:
Quant à l'idée qui aurait pu se former que notre invitation aux souscripteurs de correspondre avec nous déguisait la disette de matériaux, qu'on se rassure à cet égard ; ils sont aussi nombreux que la fécondité de cette terre est grande, et notre vie à tous ne suflira pas pour les mettre au jour. Mais de ce qu'il y a beaucoup à dire, s’ensuit-il qu'il n'y ait point de choix à faire? et d’autres que nous ne peuvent-ils savoir des choses qui feraient plaisir au- jourd'hui, tandis que nous n’en parlerons peut-être que long-temps après, faute de les avoir apprises plus tôt?
Nous dirons donc à MM. les souscripteurs : « Re- gardez ce journal comme un journal de famille ; ses pages sont ouvertes à vos observations ; communi- quez-nous des détails sur vos richesses horticoles . sur vos procédés, vos remarques. Critiquez-nous même, car nous le méritons souvent : mais au
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moins dites-nous quelque chose; l'indifférence n'est pas faite pour les admirateurs de la nature. » Si l'on ne nous honore pas de communications si sou- vent demandées, nous n’en fournirons pas moins notre carrière avec le même zèle que par le passé, mais avec le regret que tant de faits intéressans, épars parmi nos souscripteurs, ne viennent pas en- richir nos Annales et prouver l'intérêt que l'on porte en France au perfectionnement de l’agriculture et de lhorticulture.
Cauuzer, Ces frères, DALBRET, DoOVERGE, Duva, Harpy, Jacques, Jacquin aîné, Jacquin jeune, LecoinTRE, LéMoN, NEuMANN, Louis NoisETTE, PeriN, Pokorny , UTinET.
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Nota. Toutes les notes doivent être adressées, à M. Rousselon, libraire-éditeur de ces Annales.
HORTICULTURE.
PLANTES POTAGÈRES, Culture forcée des asperges.
Sur une fosse de cinq pieds de largeur, disposée pour recevoir des châssis de quatre pieds et demi, je plante trois rangs de grifles d'asperges que j'es- pace de quatorze pouces. Pendant les deux pre- mières années, je surveille avec soin cette planta- Lion pour m'assurer que toutes les griffes végètent bien, et si quelques-unes ne reprennent pas, je les remplace de suite même en plein été, et j'assure leur reprise par des arrosemens nombreux.
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Pour mettre cette fosse en activité à la quatrième apnée , on établit en novembre ou décembre, selon que l’on juge convenable, une tranchée de deux pieds de profondeur sur deux de largeur. Cette tranchée entoure la partie de la fosse que l’on veut forcer. On couvre cette dernière de châssis et l'on remplit la tranchée de fumier neuf, que lon tasse le plus possible et que l’on élève jusqu'au niveau des planches du châssis. Huit jours après, cn remanie le fumier de la tranchée et l'on y en ajoute du nou- veau le plus possible, pour lui faire reprendre de la chaleur, car le premier en a peu développé, à cause de l'humidité et de la fraîcheur de la terre. Il faut renouveler cette opération tous les douze ou quinze jours, tant que les asperges repoussent.
Lorsque celles-ci commencent à pointer , on établit une pareille tranchée autour d’une autre portion de la fosse, et l’on se comporte de la même manière. En agissant ainsi, on récoltera des asperges tout l’hiver sans interruption.
J'ai eu l’occasion, en parcourant la Bohême et la Moravie, d'examiner des cultures d’asperges que dans ces pays on n'obtient qu'à grands frais. On creuse la fosse à quatre ou cinq pieds de profon- deur , et on la remplit avec des copeaux de charpen- tier, des branches d'arbres et du fumier, et on élève cette couche à dix-huit pouces au-dessus du sol. On plante les griffes sur cette couche et à une très-srande distance. L'asperge traitée ainsi dure fort long-temps et donne de beaux produits, mais peu abondans. Pour les avoir bien droites, on se sert de cylindres creux en bois de deux pouces de diamètre et d'un pied de longueur. Ces cylindres,
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dont la capacité a un pouce de diamètre environ, sont apointés par un bout qui forme alors deux becs. Aussitôt qu’une asperge paraît, on pique ce cylin- dre dessus pour la faire filer, et on la coupe lors- qu’elle a achevé son développement. Les asperges sont plantées à rez de terre; on les fume tous les ans avec du terreau, et on les laboure avec une fourche pour ne point les étêter.
Depuis que j'habite les environs de Paris, j'ai envoyé à plusieurs seigneurs de ces deux pays des renseigsnemens sur la manière dont nous cultivons les asperges, et cette méthode est en usage main- tenant dans beaucoup de grands jardins potagers.
PoKkoRNY.
JARDIN FRUITIER.
Des auvens ou chaperons mobiles.
Malgré que l'usage des auvens ou chaperons mo- biles, pour garantir des intempéries du printemps les arbres fruitiers en espaliers, et notamment les pêchers, soit loin d’être nouveau, on peut dire avec regret quil nest pas assez répandu, puisqu'on n’en voit que dans quelques jardins.
Cependant c'est un des moyens les plus sûrs d’avoir d'abondantes récoltes. Decombles, dans son Traité de la culiure du pécher, en attribue l’in- vention à un M. Girardot, ancien mousquetaire, qui possédait à Bagnolet des plantations remar- quables, et dont il tirait un grand produit, surtout dans les années de disette. On rapporte à cette occa- sion que dans une fête donnée par la ville de Paris, à l'époque des pêches, il se trouva le seul en état
7 d'en fournir, et il lui en fut acheté trois mille pour chacune desquelles il recut un écu. C’est une imita- tion du procédé de ce cultivateur que les habitans de Montreuil ont mis en pratique. Il avait fait scel- ler tout le long de ses murs, au-dessous des chape- rons et de toise en toise, des morceaux de bois de deux pieds ou environ de saillie, sur lesquels il faisait poser des planches pendant la saison des ris ques. C'est encore la pratique qui serait préférable en donnant aux morceaux de bois qui soutiennent lauvent une inclinaison favorable à l'écoulement des eaux, et non en les scellant horizontalement dans le mur comme on le voit dans plusieurs jardins.
Decombles, en imitant le procédé de Girardot, l'avait modifié de la manière suivante : « Au lieu, dit-1l, de ces morceaux scellés à demeure dans les murs, qui font un vilain effet à la vue pendant l'été, j'ai fait faire de petites potences de bois léger, dont le dessus va un peu en talus, pour favoriser l’écou- lement des eaux de la couverture qu’elles portent. Elles s’attachent avec des osiers à la dernière maille du treillage, de six pieds en six pieds ; et au lieu des planches, j'ai fait faire, à limitation des habitans de Montreuil, des petits paillassons de deux pieds environ de largeur sur douze et demi de longueur liés par deux lattes. Au mois de février, je pose mes paillassons sur ces potences, et je les y arrête avec des osiers ; ils demeurent en cet état jusqu’au mois de mai, que je fais tout délier et rapporter dans ma serre. »
On voit que, pour adopter la pratique de Decom- bles, il faut que les murs contre lesquels sont dé- veloppéslesarbresàfruits soient garnis d’un treillage.
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Comme il n'en est pas toujours ainsi, il suffit que le montant de la potence soit percé de deux trous au moins, pour être avec deux forts clous fixés sur les murs dépourvus de treillages.
Pour les personnes qui ne craignent pas un peu plus de dépense, 1l serait très-avantageux de rem- placer tous ces supports par des tringles de fer plates , dont les deux extrémités seraient courbées à angles droits; l'extrémité supérieure aurait sa cour- bure dirigée vers le bas du mur, pour être intro- duite dans l'œil carré d'un piton scellé en place à demeure , et l'extrémité inférieure serait recourbée vers le ciel pour retenir, lorsqu'il serait posé dessus, les lattes qui maintiennent le côté du paillasson opposé au mur. Ün simple fil de fer, ou même un brin d’osier, suffirait pour assujettir ceslattes sur cha- que tringle de fer , de facon à ce que le paillasson ne pût être soulevé par le vent. Il est bien entendu que la courbure de ces tringles serait calculée de facon à ce qu’elles aient une inclinaison convenable, et que leur longueur serait proportionnée à la largeur qu’on jugcrait utile de donner à lauvent. On se fait facilernent une idée de la facilité avec laquelle cet appareil peut être monté et démonté, et de façon que, lorsque les auvents sont retirés, il ne reste plus sur les murs que Îles pitons, qui sont à peine visibles. On voit également qu’il est aussi fort possible d’em- ployer en pareille circonstance des planches pour former lauvent. Dans tous les cas, il faut que les supports soient fixés à un pouce au-dessous du cha- peron du mur, et que les planches ou paillassons soient serrés contre le mur pour recevoir les égout- tures de ces mêmes chaperons.
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Cest sur l'exposition autant que sur la hauteur des murs, qu'il convient de déterminer la largeur de l’auvent. On peut prendre pour terme moyen les dimensions suivantes :
Quatorze pouces pour des murs de neuf pieds d'élévation, exposés au midi ou dérivant un peu vers l’est ou l’ouest ;
Dix pouces pour ceux qui regardent en plein lee- vant , et dix-huit pouces pour ceux tournés à l’ouest.
Si les murs avaient moins d'élévation, on peut di- minuer la largeur des auvens dans la proportion d'un pouce par pied; si au contraire leur hauteur était plus considérable, la largeur devrait ètre augmentée de deux pouces par pied.
Pour mettre plus de régularité dans la confection des paillassons destinés à former l'auvent , on se sert d’un châssis composé de deux montans et de deux traverses. Si les supports de l’auvent sont espacés de six pieds, il faut des paillassons de douze pieds ; si, comme on le voit plus généralement, les supports sont placés à trois pieds les uns des autres, on fait des paillassons de six ou neuf pieds. Les montans du châssis dont on se sert, d’un pouce d'épaisseur au moins, sur trois ou quatre de large, ont donc la longueur nécessaire ; ils sont fixés à leurs extré- mités par les deux traverses, qui ont des encoches faites à différens points, afin d'obtenir la largeur désirée. On pose ce châssis sur un terrain plat, et on place dans son intérieur deux lattes de treil- lage de la longueur nécessaire, et éloignées cha- cune de deux ou trois pouces des bords internes des montans. On prend alors de la paille bien nettoycée et bien talonnée, et on la couche en travers du
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châssis, en ayant la précaution de faire porter le pied de la paille le long d’un des montans. Après avoir garni ainsi tout l'intérieur du châssis d'un lit de paille régulièrement rangée et d'une épaisseur d’un demi-pouce au moins, on pose le long d'un des montans à l’intérieur une tringle en bois de plu- sieurs pouces de large et d'une longueur indéter- minée, pourvu qu'elle n'excède pas celle du châssis ; on appuie fortement dessus pour rompre la paille et la faire enfoncer dans le châssis, et lorsqu'on en a fait autant des deux côtés, on prend deux nou- velles lattes semblables aux premières, on les pose sur la paille précisément au-dessus d’ x 1 puis on les fixe les unes aux autres avec du fil de fer, en les attachant de distance en distance. Cela fait, on re- tire le paillasson du châssis, et, à l’aide de grands ciseaux, on coupe toutes les pailles qui en dépassent les bords. On peut se dispenser de se servir de ce châssis, si l’on veut prendre la peine de mailler Ja paille comme on le fait pour les paillassons ordi- naires; mais alors le temps et la dépense sont plus que triplées.
L'effet de ces auvens mobiles, que l’on place ordi- nairement en janvier, avant qu'aucune végétation se soit fait remarquer, et que l’on retire lorsque les plus forts bourgeons ont acquis quatre à six pouces de longueur , est beaucoup plus important qu’il ne le semble d’abord. Ils s’opposent principalement au rayonnement, en cachant aux arbres qu'ils abritent l'aspect direct du ciel; ils les préservent d’une humi- dité surabondante, en interceptant les pluies et les brouillards, et les rendent par cela seul moins sen- sibles à la gelée, bien plus à craindre pour les végé-
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1. ABRICOT DES DAMES.
2, PRUNE DE LAMOTTE.
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taux mouillés que pour ceux qui sont secs ; ils s'op- posent au développement excessif que tendent toujours à prendre les parties les plus élevées d’un arbre et maintiennent la sève dans les parties infé- rieures, en diminuant Ja lumière dont jouiraient les branches supérieures , et en les privant de l’in- fluence solaire qui est nécessaire à leur développe- ment; enfin ils assurent la récolte et la rendent plus abondante. On peut même les employer à équi- librer la sève, lorsqu'elle se porte d’un côté d’un espalier avec trop de fougue. Il suffit pour cela de maintenir l’auvent au-dessus de la partie trop vi- soureuse, jusqu'a ce que l'autre côté ait rétabli l'égalité de force. Ce moyen qui n’est pas connu équivaut à tous ceux que j'ai conseillés dans le même but dans mon Cours théorique et pratique de la taille des arbres. Mes propres expériences m'ont fait remarquer que, pour de jeunes arbres, il est important de fixer les auvens à quatre ou six pouces seulement au- dessus de l'endroit où se terminent les plus forts rameaux, de manière qu'après la taille, il y ait entre eux et l'auvent un espace de dix-huit à vingt pouces. Plus élevés, ls remplissent mal leur but; plus bas, ils exposent les jeunes pousses à manquer d'air, ce qui les fait étioler. DALBRET.
Agricor pEs Dames ( Voyez la planche). J'ai ob- tenu cette variété d’un semis fait il y a douze ans dans nos pépinières, situées alors à Boissy-sous- Saint-Yon, dans un lieu appelé clos de Lamotte.
J'avais fait semer séparément des noyaux d’abri- cots de plusicurs variétés; mes semis étaient bien
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levés, mais les vers blancs en détruisirent la presque totalité. Le peu qui restait fut mis en place par le jardinier , qui n'y mit aucun ordre ; de facon qu'il n'est impossible aujourd'hui de dire de quelle va- riété celle-ci provient. Il est bon de faire remarquer qu'ayant quitté les pépinières de Boissy-sous-Saint- Yon , j'ai emporté trois ou quatre individus prove- nant de ce semis, que j'ai d'abord plantés à Vitry- sur-Seine, d’où je les ai fait arracher quatre ans après pour les transporter au Grand-Charonne , où ils sont maintenant. C'est la seconde fois que la va- riété qui nous occupe a donné des fruits, tandis que deux autres individus du même âge n'ont pas en- core fructifié.
Lorsque je fis ce semis, mes intentions étaient d'obtenir quelques variétés nouvelles et intéres- santes, et pour cela je m'étais proposé d'extraire des plants qui en résulteraient tous les individus présentant des caractères différens de ceux des va- riétés connues. Je fis donc mettre à part tous ceux qui s'éloignaient de leurs congénères, soit par un bois gros et trapu et dépourvu d'épines, soit par des feuilles beaucoup plus larges, etc., etc., me promettant d'employer le reste des plants à servir de sujets pour recevoir les greffes des variétés con- nues et observer celles qui offriraient le plus d'avantages dans cette circonstance. L’abricot des Dames provient d’un individu choisi d'après ces indications.
J'ai consulté l'ouvrage de Duhamél, et je n’y ai trouvé aucune figure ressemblant à ce fruit; et commeil m'a paru d’une jolie forme et que sa saveur est très-agréable, J'ai cru pouvoir lui donner le
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13 nom d’abricot des Dames, parce que je l'ai jugé digne de leur être offert.
En voici la description : Rameaux verticaux et eflilés , d'un vert rougeûtre du côté du soleil; bou- tons rapprochés et assez saillans. Feuilles luisantes, cordées , longuement acuminées , à pétioles longs; fleurs moyennes d'un blanc rosé. Fruit long d’un pouce et demi, terminé par un petit mamelon; comprime , d’un jaune rougeûtre pointillé de pour- pre du côté du soleil, et attaché par un pédoncule très-court. Il tient assez fortement au rameau, même lorsqu'il est bien mûr. La chair est jaune, un peu ferme , et d’un goût fort agréable, et qui m’a paru lui être particulier. Le noyau est allongé, compri- mé, pointu; sa carène est ouverte et saillante, tandis qu’elle est fermée et fistuleuse dans l'abricot- pêche.
La maturité de cet abricot m'a paru plus tardive de huit ou quinze jours que celle de l’abricot-pêche ; mais je ne sais sil faut attribuer ce retard à la localité ou à la vigueur de l'arbre. Dans tous les cas, j'estime que celte variété est intéressante et mérite d’être répandue. JACQUIN aîné.
Prune DE Lamorre ( Voyez la planche). J'ai donné à cette variété le nom du lieu de sa naissance, car elle provient d’un semis fait à la même époque et dans les mêmes pépinières que celui d’abricots dont J'ai obtenu la variété précédente. Au reste, ce semis de prunes n'a pas été plus heureux que le premier : dévoré par les vers blancs, mêlé par le jardinier qui en avait la surveillance, il ne n'est pas plus possible que pour F'abricot des Dames d'in-
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diquer de quelle variété cette prune est née. Quoi qu'il en soit, jen ai fait une variété nouvelle sous le nom du lieu de sa naissance , n'ayant trouvé ni parmi les fruits en nature, ni parmi ceux figurés , aucune prune qui lui ressemblât parfaitement. Toutefois la prune dont la forme est la plus rap- prochée de la sienne est le Perdrigon ou Impéra- trice violette.
Elle mürit vers la fin de juillet ; elle est allongée, pyriforme , de grosseur moyenne, d’un beau violet foncé très-fleuri; sa chair est d’un jaune verdûtre, se détachant facilement du noyau; elle est portée par un pédoncule assez long. Sa saveur est agréable et parfumée. JaAcquIN aîné.
PLANTES D'ORNEMENT.
PLEINE TERRE.
Rose MapamEe-Furrapo. J'ai obtenu ce rosier dans un semis des graines du Bengale cent-feuilles. L'é- légance de sa fleur, son coloris et l'odeur agréable qu'elle exhale n'ont paru, ainsi qu’à tous mes col- lègues, lui mériter d’être dédiée à une dame, et l'un de nous a proposé le nom de madame Furtado, née Rose Fould, que nous avons adopté avec em- pressemen£.
Le bois est d’un vert brun, les branches sont garnies de forts aiguillons peu accrochans; les feuilles sont composées de cinq à sept folioles, d’un vert frais et luisant en dessus , plus pâle en dessous, et dentées en scie,
Les fleurs sont en corymbes de sept à huit, por-
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tées sur des pédoncules forts, ce qui leur donne un port élégant et les empêche de se renverser.
Calice à cinq divisions inégales, réfléchies et dentées ; une ou deux des sépales sont quelquefois foliacées.
Fleurs tout-à-fait pleines, ne contenant que fort peu ou point d’étamines ; pétales de la circonférence larges et de couleur rose foncé; ceux du centre étroits, comme en lanière, d’un rose glacé qui passe à une couleur feu brillant, non ee 'IQUés , mais pliés dans tous les sens, et enveloppés par ceux de la circonférence, ce qui, lors de l'épanouis- sement , fait paraître la fleur comme frisée. Cette rose, qui exhale une odeur fort agréable , se main- tient long-temps , car au printemps dernier, elle a résisté en plein midi pendant dix-sept jours.
Puisque je m'occupe de roses en ce moment, Je ferai remarquer que Fété de 1835 a été fatal à un grand nombre de variétés. Ce que je n'avais pas encore vu, c'est qu'à l’époque de la Saint-Jean, les perpétuelles Lelieur se trouvèrent toutes pâtées, et que les cent-feuilles , et notamment les mousseuses, n'eurent aucun mal. Parmi les noisettes , plusieurs ont mal fleuri ; le général Larwæstine à résisté, et ses fleurs se sont montrées pendant quatorze jours. Y aurait-il quelquefois dans l’atmosphère des va- peurs dont l'influence pourrait être plus funeste à quelques variétés qu'à d’autres ?
Duvaz,
Horticulteur à Chaville
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GALARDIA. Fouceroux. Syngénésie polygamie frustranée , Lin. ; Radiées , Juss.
Caractères génériques. Involucre composé de deux à trois rangs de folioles linéaires, lâches ; fleurons du disque hermaphrodites ; demi-fleurens de la circonférence stériles; graines turbinées, couronnées par huit paillettes scarieuses et élargies à la base , subulées à leur sommet.
GALARDE ARISTÉE. Galardia aristata, Pursn. Flor. Amér., vol. Il, p. 573. Bot. REG., tab. 1186. ( Voyez la planche. )
Plante vivace, à tiges hautes de deux à trois pieds, striées dans toute leur longueur, garnies de poils soyeux aux deux tiers et pubescentes dans leur partie supérieure, se ramifiant et se subdivi- sant en quelques rameaux alternes terminés par des fleurs solitaires.
Feuilles alternes, oblongues , pointues, d’un vert glauque, garnies sur les deux faces d’un duvet soyeux ; les radicales ont de cinq à sept pouces de longueur ; elles ont, ainsi que celles de la partie inférieure , des tiges amincies à leur base, sinueuses et quelquefois pinnatifides , à découpures arrondies et obtuses. Les caulinaires diminuent sensiblement de longueur vers l'extrémité supérieure ; elles n'ont qu'un pouce et demi à deux pouces au plus, tout- à-fait sessiles, souvent semi -amplexicaules , très- entières et à nervure médiane saillante.
Fleurs grandes , éclatantes, terminales , portées sur de longs pédoncules; involucre à écailles fo-
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Galardia aristata
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liacées , imbriquées, lâches, linéaires, lancéolées, pubescentes ou soyeuses, lesquelles finissent par s'étendre au point d'affecter une position presque horizontale , et se réfléchissent à l’époque de la ma- turité des graines; les rayons ou demi-fleurons de la circonférence sont larges et d’un beau jaune, et divisés à la partie supérieure en deux ou trois dents pointues. Ovaire abortif surmonté de cinq petites écailles paléacées et tubulées ; les fleurons sont par- faits, à corolle tubuleuse, brillante, jaunûtre, marquée de rouge pourpré , et revêtue d’une touffe de poils ou soies de la même couleur; anthères pourpres , aigrettes consistant en cinq écailles blan- ches, membraneuses et paléacées , terminées par une pointe subulée. Stigmates allongés, hispides, d'un rouge purpurin.
Les principales différences qui distinguent cette espèce du Galardia rustica, H. Cass., ou brcolor, Bor. Mac. , consistent en ce que les feuilles sont très- entières à la partie supérieure , et que la fleur est d’un jaune pâle uniforme ; ses tiges sont aussi plus dressées et atteignent toujours un développement deux fois plus considérable. Elle est plus rustique, et sa floraison se prolonge plus long-temps.
Cette belle espèce , originaire de l'Amérique sep- tentrionale, est cultivée au Jardin des Plantes depuis 1850 , époque où on la recut d'Angleterre. M. Dou- glas l’a trouvée sur les montagnes Pétrées et dans des terrains secs qui s'étendent de ces montagnes à l'Océan Atlantique; partout elle était revêtue des mêmes caractères.
Elle mérite de trouver place dans tous les jardins par la beauté de ses fleurs, grandes et nombreuses,
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qui commencent à se montrer en juin et se suc- cèdent jusqu'à la fin d'octobre. Elle est encore peu répandue, mais il n’y a point de doute qu’elle ne le devienne davantage avant peu. Elle croît à toute exposition et dans tous les terrains ; mais ses tiges ont besoin d'être soutenues par un tuteur, à cause de leur forte végétation ct du poids des fleurs qui sont portées par de longs pédoncules. On la multiplie facilement de graines qu’elle donne abondamment, que l’on peut semer de suite ou au printemps sui- vant. Celles que l’on sème en automne fleurissent l'année suivante, et celles semées au printemps ne fleurissent que l’année d’ensuite, ce qui retarde d’un an. Lorsque les jeunes plants ont acquis trois ou quatre feuilles , il suffit de les repiquer deux à deux pour former plus tard une belle touffe.
On la multiplie aussi par éclats de sa touffe, et même par boutures de racines. Cette opération peut se faire depuis le mois d'octobre jusqu’au mois d'avril suivant, époque où elle commence à végé- ter. On peut, pendant les chaleurs de l'été, lui donner quelques arrosemens, ce qui entretient sa fraicheur et fait développer un plus grand nombre de rameaux et une plus grande quantité de fleurs.
On trouve cette plante dans plusieurs établisse- mens de Paris, et notamment chez nos collègues MM. Cels, Jacquin et Lémon. Pépin.
Le.
Suite de la notice descriptive des variétés du Phlox suffruticosa. ( Voyez page 368 et suivantes , An- nales, 1834-1835. )
Deuxième diwision. Fleurissant depuis vers la mi- L2 L] P juillet jusqu’à la fin d'août.
PREMIÈRE SECTION. Les pourpres, rouges, roses, lilas, etc.
21° PnLox sOuS-ARBRISSEAU DE GirauzT. Phlox su f- fruticosa Giraultü. Tiges fortes , vigoureuses, glabres, hautes de vingt-cinq à vingt-huit pouces, rameuses dans leur partie supérieure; feuilles fer- mes, bien étoffées, d’un beau vert luisant en dessus, plus pâle eu dessous, lancéolées pointues, longues de trente-six à quarante-deux lignes, larges de neuf à treize; fleurs en panicule un peu lâche, d’un lilas rosé très-agréable; limbe de neuf à dix lignes.
22° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU PETIT DE GIRAULT. P/#lox suffruticosa Giraultii minor. Celui-ci a les fleurs à peu près de la même forme et couleur que le précé- dent; mais la tige est un peu scabre et ne s'élève que de douze à quinze pouces.
25° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU AGRÉABLE. Phlox suf- fruticosa amæna. Tiges glabres, luisantes, fine- ment ponctuées de brun, de vingt-deux à vingt- quatre pouces ; feuilles linéaires, étroites, glabres, longues de trente-six à quarante-deux lignes, larges de cinq à sept ; fleurs en panicules lâches, et com- prenant au moins le tiers de la hauteur de la tige ; corolle bien étoffée, d’un beau pourpre clair, et de neuf à dix lignes de diamètre.
24° Purox sous-ARBRISSEAU DE Neumann. P/lox
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suffruticosa Neumannit. Tige droite , glabre et lui- sante, de vingt-trois à vingt-cinq pouces; feuilles du bas rapprochées, linéaires , celles du milieu pointues , lancéolées, un peu pétiolées; toutes glabres et luisantes en dessus; fleurs en panicule assez serrée, longue de cinq à six pouces; limbe d’un beau rose; divisions du limbe en cœur au sommet.
25° PnLox SOUS - ARBRISSEAU A LARGE COROLLE. Phlox suffruticosa magna. Tiges de vingt-quatre à vingt-sept pouces, glabres, lisses, vertes et légè- rement ponctuées de brun; feuilles opposées en croix , rapprochées, lancéolées linéaires, pointues, glabres; entières ; fleurs en panicule courte (cinq à six pouces ), d'un beau pourpre; limbe de dix à douze lignes, à divisions arrondies. C’est äne bien belle plante.
26° PuLox SOUS-ARBRISSEAU PALISSANT. Phlox suf- fruticosa pallens. Tiges droites, glabres, vertes, hautes de dix-huit à vingt-deux pouces; feuilles du bas étroites, linéaires , longues de cinq à six pouces, celles du milieu lancéolées linéaires, glabres; fleurs en panicule lâche, de cinq à six pouces; corolle d’un lilas pâle, blanchissant souvent même au moment de l'épanouissement.
27° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU ROSE VIOLACÉ. PAlox suffruticosa roseo-violacea. Tige ferme, droite, glabre et légèrement ponctuée de brun, de vingt- trois à vingt-quatre pouces ; feuilles lancéolées li- néaires, pointues, glabres et fermes; fleurs en larges panicules garnissant presque la moitié supé- rieure de la tige; fleurs grandes (dix à onze lignes ), d'un beau rose un peu violacé.
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28° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU TORTUEUX. PAlox suf- fruticosa contorta. Tiges grèles, brunâtres du côté du soleil, glabres, de quinze à seize pouces ; feuilles lancéolées linéaires, glabres des deux côtés, souvent contournées de diverses manières ; fleurs en pani- cule serrée; corolle petite (de sept à huit lignes ), lilas violet foncé. è
20° PHLOX SOUS - ARBRISSEAU A RAMEAUX OUVERTS. Phlox sufjruticosa patula. Tiges de quinze à dix- huit pouces, glabres, ponctuées de brun, rameuses presque dès la base; les rameaux ouverts, terminés chacun par une petite panicule serrée de fleurs d’un lilas pourpre foncé, avec une étoile plus intense au centre.
30° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU TRÈS-RAMEUX. Phlox suffruticosa ramosissima. Tiges de douze à quinze pouces, glabres, vertes ponctuées de brun, rameuses strictement depuis la racine; feuilles linéaires lancéolées, entières, glabres, luisantes en dessus et diversement contournées ; fleurs en longue pyra- mide , d’un lilas pâle et uniforme : variété très-re- marquable,.
51° PHLoX SOUS-ARBRISSEAU À FEUILLES DE LINAIRE. Phlox suffruticosa linarifolia. Tiges vertes, glabres, de dix-huit à vingt pouces; feuilles linéaires, très- étroites, entières et glabres sur les deux surfaces ; fleurs en panicule lâche et peu garnie, longue de quatre à cinq pouces ; corolle d’un pourpre lilacé, un peu étoilé au centre.
32° PHLOX SOUS- ARBRISSEAU A FEUILLES COURTES. Phlox suffruticosa brevifolia. Tiges grêles, me- nues, presque brunes, de quinze à seize pouces ; feuilles peu nombreuses , courtes, longues de dix-
22 huit à vingt-sept lignes, larges de quatre à six ; fleurs en panicule serrée, lilas pourpré, à limbe bien ouvert.
53° PHLOX SOUS-ARBRISSEAU DE JAcquIN. Phlox suffruticosa Jacquinü. Tiges fermes, arrondies, slabres, ponctuées de brun dans le haut, de quinze à dix-huit pouces; les rameaux presque horizonta- lement ouverts; fleurs en panicule, peu nom- breuses au sommet des tiges et des rameaux ; limbe plane de neuf à dix lignes, d’un lilas comme gris de lin.
Deuxième secrion. Les blancs plus ou moins purs.
34° PHLOxX SOUS-ARBRISSEAU LEOPOLDINE. Phlox suf- fruticosa Leopoldini. Tiges droites, verdâtres ponc- tuées de brun, glabres du bas, un peu scabres du haut, de dix-huit à vingt pouces, rameuses sur plus de la moitié de sa hauteur; rameaux courts, feuilles rapprochées , glabres , luisantes ; fleurs en panicule terminale bien garnie; corolle petite (sept à neuf lignes), d'un beau blanc sur le limbe et le tube.
35° PaLox sous-ARBRISSEAU AMÉLIE. Phlox sufjru- ticosa Ameliæ. Tiges droites, glabres, vertes et lisses, de vingt-quatre à vingt-six pouces; feuilles opposées en croix, lancéolées, pointues, glabres sans être luisantes; fleurs en panicule assez serrée, grandes (dix à onze lignes }, à limbe bien ouvert, à divisions arrondies, d’un beau blanc mat ainsi que le tube.
36° Pucox sous-arBrissEau Vicroire. PAlox su/ffru- ticosa Victoriæ. Tiges droites, vertes, un peu scabres du haut, de vingt-quatre à vingt-six pouces, rameu- ses dans la moitié supérieure de leur hauteur; ra- meaux allongés, lâches ; feuilles opposées en croix,
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lancéolées, glabres ; fleurs formant une large pa- nicule, d’un beau blanc, et à limbe bien ouvert.
37° PHLox SOUS-ARBRISSEAU D'UN BLANG ROSE. ?Alox suffruticosa sub-rosea. Tiges glabres, vertes, de dix-huit à vingt pouces ; feuilles du bas rapprochées, lancéolées linéaires, glabres; fleurs en panicule formant le tiers de la hauteur de la tige ; limbe blanc avec le centre légèrement rosé, ainsi que le tubé? calice teinté de violet.
- Toutes les variétés ci-dessus décrites, comme une grande partie de celles désignées dans ia précédente livraison, ont été obtenues de semis par M. Girault, à Neuilly-sur-Seine.
Je n'ai pas besoin de faire remarquer que les di- visions que j'ai indiquées ne sont pas positivement bien tranchées; car des variétés de la première pour ront continuer leur floraison pendant plus où moins de temps dans la seconde , tandis que d’autres de la dernière pourront commencer Îa leur plus ou moins de temps avant l’époque que je leur ai assi- gnée. Et ceci peut dépendre de plusieurs causes générales ou particulières, telles, dans le premier cas, que les années plus ou moins pluvieuses, 1: qualité des terrains, et dans le second, les di- verses expositions , la transplantation faite dans une saison plus ou moins avancée , les arrosemens abon- dans ou plus ou moins négligés, etc, : toutes ces
causes peuvent et doivent influer sur les époques de floraison. Jacques.
ANTAYLLIDE D'HERMANN. Anthy lis Hermanniæ. Lan
Arbrisseau en forme de buisson , haut de trois à quatre pieds, dont la tige rugueuse est couverte
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d’une écorce brune qui se détache, chaque année, par petites lanières. Les rameaux sont alternes, nombreux, courts, raides, un peu tortueux et sa- tinés vers le sommet; les feuilles sont alternes , persistantes, longues d’un pouce, oblongues, lan- céolées, cunéiformes, obtuses, pubescentes et blan- châtres en dessous, verdâtres en dessus, soyeuses ct argentées dans leur jeunesse ; elles se dévelop- pent par trois ou quatre ensemble à chaque point d'insertion ; les deux latérales sont souvent plus courtes et plus étroites que celles du milieu.
Les fleurs sont jaunes, petites, nombreuses, por- tées sur des pédoncules plus courts que leur calice, réunies par faisceau ou grappe, court et composé de trois à six fleurs alternes; chaque faisceau, ac- compagné à sa base de trois petites feuilles courtes, ovales, est disposé sur la longueur des jeunes ra- meaux de l’année, de facon à ce que chacun d’eux ait la forme d’un épi lèche; la floraison se prolonge de mai en août.
Le calice est monosépale , pubescent, à cinq dents courtes et aiguës. La corolle est papillonacée, l’éten- dard relevé, les deux ailes un peu plus longues que Ja carène; dix étamines à anthères oblongues, un ovaire supère ovale, se terminant par un style à stigmate simple et aigu, se recourbant avec les éta- mines dans l'intérieur de la carène; le fruit est une gousse ovale, arrondie, petite, velue, qui le plus souvent est monosperme.
Ce petit arbuste est originaire de la Grèce; on le trouve abondamment dans l’île de Candie, en Palestine et en Corse. On le cultive depuis fort long-temps dans les serres froides et orangeries des
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jardins de collection ; mais tenu en pot, sa végéta- tion se montrait peu vigoureuse, son port était ra- bougri , et cependant il fleurissait au printemps de chaque année. Ayant remar qué qu'il était peu dé- licat, devinant la position qui "lui est convenable, par l'induction des circonstances particulières aux pays dont il est originaire, j'en livrai un pied à à l'air libre, au printemps de l'année 1827. Depuis cette époque il a pris un accroissement considérable comparé à celui des pieds restés en pots; il a fleuri abondamment au printemps de chaque année et donné des graines en quantité. Il est devenu telle- ment rustique, que les sols les plus médiocres, brü- lans et calcaires, lui conviennent mieux que ceux qui sont meubles et profonds, car ses racines sèches et coriaces se fraient un passage au travers des pier- res. Il réussit à toutes les expositions. Aussi le but de cet article est de le mieux faire connaître, moins comme arbuste propre à la décoration des parterres que comme pouvant être employé utilement au sou- tien des terres dans les pentes arides ou glacis, et à l'exposition la plus chaude; il est encore très-con- venable pour former des bordures et des haies d’or- nement, parce qu'il s'élève peu, se ramifie beaucoup et devient très-touffu depuis sa base, à moins toute- fois qu'on n’élague ses parties inférieures. Il sup- porte parfaitement la tonte; mais si l'on veut le voir fleurir chaque année, il convient de ne le ton- dre qu’une fois par an, ce qui est tout-à-fait suffi- sant. On peut faire cette opération en mars et avril, et mieux à la fin d'août ou septembre, époque où les graines sont récoltées.
On le multiplie de marcottes avec facilité, et
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mieux de graines que l’on sème aussitôt la matu- rité où au printemps suivant, soit en rigoles ou en terrines, en terre meuble ou siliceuse. On repi- que le plant, la premiere ou la seconde année après le semis, en place pour baies ou bordures, et en pots pour en disposer plus tard selon le besoin. Il est bon, sous notre climat, de le couvrir, pendant l'hiver des premières années, par quelques feuilles sèches, pour le garantir du froid. Deux ou trois ans après le se- mis, la plupart des jeunes tiges ont acquis assez de développement pour former un petit buisson touffu et fleurir abondamment, quoique les branches soient encore assez minces. Le bois est tortillé et devient d’une grande dureté. Il suffit de quelques arrosemens pendant le moment de sa multiplication et la première année de la plantation. Pépin.
AMARYLLIS A FLEURS CHANGEANTES. Amaryllis bella- dona var. Mutabilis. Horr.
Oignon ovale de la grosseur d’un œuf, couvert de tuniques grises, garni de racines persistantes , fibreuses , en faisceau, de couleur blanche. En sep- tembre , il sort du collet de cet oignon huit à dix feuilles distiques d’un vert rougeûtre, longues de dix à douze pouces, en partie persistantes. D'août en octobre, plusieurs tiges comprimées, brunes, pulvérulentes, de la grosseur du doigt , s'élèvent du centre de l'oignon de quinze à dix-huit pouces, et sont terminées par une spathe contenant huit à dix fleurs à demi-évasées, à pétales longs de trois pou- ces et larges d’un. Lors de l'épanouissement, les pétales sont d’un blanc d’albâtre, depuis leur base
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jusqu'à la moitié de leur longueur, le reste est d’un bel incarnat bordé d’un rose vif; dix à douze jours après, ils deviennent d’un beau rouge vifet durent encore quelque temps. Cette amaryllis exhale une odeur suave qui approche de celle de la fleur d’o- ranger. Après la floraison, il succède des capsules qui contiennent chacune plusieurs soboles charnues; de la grosseur d’un pois, qu'il faut semer aussitôt” la maturité, car elles serment de suite, même dans les lieux les plus secs.
Cette amaryllis ne réussit pas en pots : il faut la cultiver en pleine terre à une exposition méri- dienue, en terre légère, et garantir ses feuilles des gelées au moyen d'un vase ou panier renversé cou- vert de paille ou de feuilles. On la découvre toutes les fois qu'il ne gèle pas.
On transplante les oignons après la floraison; une fois plantés, il ne faut pas les relever avantqu'ils aient fait une touffe volumineuse.
J'ai vu des oignons plantés depuis trois ans se diviser en cinq parties qui portaient chacune une tige à fleurs.
Cette amaryllis est hybride de la Belladona et de la Curvifolia; c’est la plus belle de celles que l'on cultive en pleine terre. La culture est la même que celle de la Belladona. LEMoN.
ORANGERIE.
WATSONIA Tauws., Lin. Pers., etc. Triandrie monogynie, Lix., Iridées , Jussreu.
Caractères génériques. Corolle recourbée , tubu- leuse cylindrique, ou tubuleuse dilatée infundibu--
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liforme, à divisions toutes égales , souvent droites ; trois étamines, un style; capsule renfermant plu- sieurs semences ailées.
WATSONIE A FEUILLES D'ALÉTRIS, /’atsonta aletroi- des. Ker. Bot. Magaz. 441.
Bulbe entière , produisant trois ou quatre feuil- les linéaires, pointues, longues de dix à douze pouces, larges de cinq à six lignes, glabres, très- entières sur les bords, où elles sont un peu mar- ginées, à nervure moyenne saillante sur les deux surfaces, d’un vert un peu glauque ; tige haute de dix-huit à vingt pouces, munie de deux à trois feuilles semblables aux radicales, mais plus cour- tes; épi de fleurs terminant la tige, composé de douze à vingt fleurs, sortant de spathes violacées, cartilagineuses au sommet ; corolle longue de dix- huit à vingt lignes , à tube recourbé en bas, aminci à la base, s’épaississant en massue au sommet où elle est divisée en six divisions courtes et s’ouvrant à peine; le tout d’un beau rouge transparent, se présentant unilatéralement , quoique les spathes sur l'axe soient distiques.
Trois étamines un peu moins longues que la corolle ; un style de même longueur, terminé par un stigmate divisé en six petits lobes ; ovaire obtu- sément trigone.
Cette plante originaire du Cap, comme une grande partie de ses congénères , se cultive en pots et en terre de bruyère pure ; la serre tempérée ou une bonne orangerie bien éclairée lui suffit. On peut encorc la cultiver sous châssis soit en pots, soit en
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Chelone speciosa ;
29 pleine terre, comme tous les ixia, glaïeuls et au- tres plantes du Cap; on la multiplie par la sépara- tion des caïeux.
Cultivée en Angleterre depuis 1774, elle n’est pas bien répandue en France et nous la devons à notre bon ami Préon qui, à son retour de l’île de Bour- bon , a rapporté du Cap plusieurs espèces de lilia- cées dans lesquelles s’est trouvée celle-ci.
JACQUES.
GALANE ÉLÉGANTE, Chelone speciosa ; Penstemon speciosum. Horric. BELGE; non Chelone speciosa,
Horruz. ( Voyez la planche. )
Observation. Le cinquième filament , plus court que les étamines et glabre dans toute sa longueur, ne permet pas de placer cette plante dans le genre Penstémon. Voyez les caractères génériques des Chelone , page 242 , Annales de Flore et de Pomone, année 1852-1833, et ceux des Penstemon, même année , page 360.
Cette jolie plante est vivace par sa racine; les feuilles sont opposées , glabres, les inférieures pé- tiolées, comme spathulées, les supérieures linéaires, sessiles , fortement creusées en gouttière en-dessus ; tiges de deux pieds et plus, cylindriques , glabres, portant à leur sommet des grappes de fleurs dont les pédoncules, longs de quatre à six lignes, sortent solitaires à l’aisselle des feuilles supérieures faisant alors fonction de bractées. Chacun de ces pédon- cules est ordinairement divisé en deux pédicelles, ayant à leur base deux petites bractées opposées, et portant à leur sommet un calice à cinq divi-
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sions ; corolle grande ( quinze à dix-huit lignes de long ), tubuleuse à la base, ventrue au sommet, où le limbe est divisé en deux lèvres dont la su- périeure est à deux lobes redressés; l’inférieure à trois, dont le moyen plus petit se recourbe en-des- sous ; toutes deux d’un beau bleu de ciel ou d'émail, s’affaiblissant sur le lobe et se changeant en verdâtre sous le calice.
Cette belle plante ressemble beaucoup par ses feuilles , ses tiges et son inflorescence, à sa congé- nère Chelone barbata ; mais ses fleurs ont une con- formation et une couleur toute différente. Il est donc probable que , comme celle-ci, elle est origi- naire du Mexique; c'est pourquoi jusqu'ici on l'a cultivée en serre tempérée. Je l'ai obtenue de graine semée en septembre :833, en terre de bruyère pure, étant celle qui paraît mieux lui convenir. Sur six à sept pieds que j'avais obtenus, je n'ai pu en conserver que deux, qui ont donné leurs pre- mières fleurs au commencement de juin 1835; elle est encore rare à Paris, et je ne la connais que chez M. Loht, qui l'a fait venir de l'étranger. Il est probable qu’elle se multipliera assez facilement de boutures et par ses graines, lorsqu'elles parvien- dront à leur parfaite maturité. JAGQUES.
SERRE CHAUDE.
CRINOLE GIGANTESQUE, Crinum giganteum, Ken. ; Amaryllis jagus, Tuowps.
Bulbe grosse comme le poing; feuilles longues de quinze pouces sur deux pouces et demi de large, d'un vert clair; hampe comprimée, s'élevant à en-
51 viron quinze pouces , terminée par cinq belles fleurs blanches, nuancées très-légèrement de verdâtre ; corolle de sept pouces environ de diamètre : son tube, long de six à sept pouces, n’a jamais plus de deux lignes de diamètre ; les divisions ou pétales sont larges, ovales ; les supérieurs, d’une plus grande dimension; filets des étamines recourbés vers les deux tiers de leur longueur, style court, moitié moins long que les pétales.
Cette belle plante répand , au moment de sa flo- raison , une odeur suave de vanille qui doit la faire préférer à un grand nombre d'espèces du genre. Nous ne pourrions pas expliquer les motifs qui lui ont valu l’épithète de giganteum , car il y a des es- pèces bien plus grandes qu’elle.
_ Ce crinum se cultive en serre chaude comme les liliacées de cette température. On la multiplie par les rejetons qui poussent au pied. CELs frères.
STERCULIE MONOSPERME. Slerculla monosperma, Venr.; Monadelphie dodécandrie, Liv.; Stercu- liacées, Jussieu.
Feuilles alternes, réfléchies, pétiolées, munies de stipules ovales, pointues, longues de huit pouces environ et larges de trois; pétioles renflés à la base et au sommet; stipules linéaires tombant promp- tement.
Grappes se développant au sommet des rameaux, nombreuses, rapprochées en faisceaux composés, et imitant une panicule arrondie et étalée. Fleurs penchées et réfléchies, d’un jaune verdûtre, répan- dant une très-forte odeur de vanille, sans corolle ct
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quelquefois dépourvues d'ovaire et d’étamines; pé- doncule fihforme, pubescent.
Calice divisé en cinq parties arquées et réunies à leur sommet, ciliées, et à bords réfléchis en de- hors. Douze étamines longues comme la moitié du calice, sans filets.
Cet arbre, originaire de l’Inde, paraît devoir s’éle- ver à une grande hauteur. On le cultive en serre chaude, et on le multiplie de boutures étouffées sous cloches. Cecs frères.
ERRELES DE FLORE ET DE POMONE.
0D:%V0DIG@0@B00S 100608000160 181806 006618068081 000B02000S0006000860
HORTICULTURE. PLANTES POTAGÈRES.
Extrait d’une lettre sur la pomme de terre de Rohan.
MM. Kæœnig et Oh], excellens pépimiéristes à Col- mar (Haut-Rhin) ont bien voulu nous adresser la note suivante , que nous avons accueillie avec em- pressement. Il s'agit de la pomme de terre de Ro- han, que ces messieurs ont mise en expérience pen- dant l'année 1834, et voici comment M. Kænig en rend compte lui-même.
« Nous nous sommes empressés , mon associé et moi, de nous procurer un certain nombre de tu- bercules de cette espèce: nous en avons fait trois portions, dont l’une a été plantée dans une terre lé- gere, substantielle et humide ; la seconde, dans une terre chaude, naturellement maigre, sèche et lé- gère; et la troisième, enfin, dans une terre argileuse, maigre et compacte. La plantation en a été faite au milieu du mois d'avril dernier.
« Les pommes de terre plantées dans les deux espèces de terre légère sont encore au moment ac-
Novemsre 1835. 3
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tuel(28 septembre 1835) enpleine végétation et char- gées de fleurs;iln'en est pas demêmede celles qui ont été plantées dans la terre argileuse: les tiges de ces dernières se sont flétries et desséchées peu après avoir fleuri et avant d'être parvenues à maturité. Ces pommes de terre ont été récoltées le 26 de ce mois , et je puis dès à présent vous faire connaître le résultat de cette partie de nos essais.
« Je dois commencer par vous dire que les tu- bercules qui ont été plantés dans ce dernier terrain étaient au nombre de sept, et pesaient trois livres. Ils ont été divisés en quarante-cinq fractions , mu- nies chacune d’un œil et plantées en pochets de six pouces de profondeur et à la distance d’un mètre l'un de l’autre, ce qui comportait une contenance de 45 centiares. On ne leur a donné d’autres soins qu'un sarclage et un seul buttage. Le produit de la récolte de ces trois livres de pommes de terre a réalisé trois hectolitreset demide tubercules dont un grand nombre ont pesé d’une à deux livress:Les ti- ges, qui au moment de la floraison avaient atteint une élévation d'un mètre trente centimètres, n’ont pas eu besoin de tuteurs ou d'aucune espèce de sou- tiens ; et tout nous porte à croire que la culture de cette nouvelle espèce ne diffère en rien de celle des variétés déjà connues , si ce n’est que ses tubercules veulent être plantés à une plus grande distance les uns des autres et peut-être aussi à une plus grande profondeur. Ces pommes de terre ayant été cuites ont été trouvées très - farineuses et de qualité supérieure aux autres, ce qui jusqu'à pré- sent ne s’est pas encore rencontré dans ce genre de produits provenant de terres argileuses.
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« Il est presque certain que la récolte de celles de ces pommes de terre qui ont été plantées dans les deux espèces de terre légère ci-dessus mention- nées , présentera un produit de beaucoup supérieur à celui que je viens de vous signaler. Je m'empres- serai de vous en faire connaître le résultat dès que le moment opportun sera arrivé.
« Si l’on prend pour base cet essai fait dans une terre peu favorable à ce genre de culture et par une sécheresse aussi constante que celle que nous avons éprouvée, il en résulte que le produit de ce tuber- cule est de cent soixante-cinq pour un , tandis que, jusqu’à présent , il n'avait jamais été que de douze à treize pour un; et que quatre hectolitres qui suf- fisent pour la plantation d'un hectare de terrain produiront dans la même proportion sept cents hec- tolitres, résultat réellement incroyable, si une pre- mière expérience n'en démontrait la possibilité, »
Nous saurons gré à MM. Kœnig et Oh! de nous faire connaître les résultats qu’ils ont obtenus de leurs essais en terre légère, que nous supposons de- voir être motndres que ceux en terre argileuse, pré- cisément à cause de la sécheresse dela saison, malgré laquelle le terrain argileux a conservé une humidité suffisante pour la végétalion non interrompue des tubercules; tandis qu'il est probable que le manque d'eau aura suspendu la végétation dans l’autre cas, et les pommes de terre seront moins bonnes. Au reste , nous attendrons leur rapport, et nous y ajou- terons toutes les observations que nos collègues réu- nissenten ce moment: mais nous dirons dès à pré- sent qu'il n'est pas rare d'obtenir quarante pour cent en pommes de terre, et que la plus grande dis-
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tance entre les pochets est pour toutes les variétés un moyen de faire produire davantage. Doverce.
JARDIN FRUITIER.
Poire GouLu-morceau. Notre collègue, M, Louis Noisette, a donné dans le Journal de la Société d’'A- sronomie pratique, mois de février 1830, page 40, la description d’une poire qu'il a désignée sous le nom de Goulu-Morceau de Chambron. Gette description, qu'il a consignée , ainsi qu'il le dit lui-même, sur la foi d'un correspondant, ne s'accorde que relative- ment au volume avec le fruit que nous donnons au- jourd’hui. N'ayant trouvé nulle part mention de cette poire ni dans le nouveau jardin fruitier de Noisette, ni dans les descriptions, données par M. Poiteau, des poires Van-Mons, où j'espérais obtenir quelques renseignemens , ayant entendu dire que cette poire était d'origine belge , il m'est difficile de donner moi-même sur ce point des indications satisfaisan- tes. J'ai trouvé sur un catalogue marchand une poire désignée sous le nom de la mienne, avec l’in- dication comme synonyme de Beurré d’Ardampont; c'estévidemment une erreur, car le beurré d'Ardam- pont est le même que celui d’'Aremberg, et ce der- nier, qui est très-connu, a la forme arrondie des beurrés, et écorce plus fine que dans Île fruit que je présente, et qui offre en outre un plus fort volume et une grande différence dans la longueur du pédon- cule et la manière dont il adhère au fruit.
Enfin je dirai que nos collèeues MM. Dalbret, Hardy et Noisette, tous fort bons juges à l'égard des fruits, n’ont pu m'indiquer le nom de la poire figu- rée dans cenuméro. Ils m'ont dit aussi n'avoir jamais
PL.5
60 221022 ET I à
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vu en nature legoulu-morceau.M. Jacquin aîné pos- sède dans sa propriété de Charonne deux poiriers sous ce nom ; la forme et la couleur des fruits sont les mêmes, mais avec des dimensions plus petites, ce qui au reste peut dépendre de état des sujets et de la nature du terrain ; mais la chair et la saveur différent par plus de fondant et de parfum. Bien qu'il y ait pour moi la conviction que ia poire que Joffre n’est autre que le goulu-morceau, c'est le cas d'invoquer pour plus de certitude le témoignage de ceux de nos souscripteurs qui pourraient le con- naître, en les priant de nous donner à ce sujet les renseignemens qu'ils pourraient nous procurer. Je dirai doncque le poirier dont il s’agit existait à Roc- quencourt avant que Je fusse chargé de soigner le jardin dont il fait partie, et que je n’ai rien à ap- prendre sur son origine. Il est vigoureux , charge beaucoup tous les ans, et donne une grande quan- tité de fruits. Ses feuilles ont en général une di- mension un peu plus petite; elles sont ondulées et réfléchies en dessous. Le fruit atteint de quatre à cinq pouces de hauteur sur trois ou quatre de dia- mètre ; il est remarquable par son pédoncule in- cliné, et par un bourrelet chiarnu du côté opposé à celui où il penche. L’œil ou ombilic est générale- ment enfoncé; l'écorce est d’abord verdâtre, pi- quetée, rougissant du côté du soleil et jaunissant à sa maturité, qui a lieu de la fin de novembre au com- mencement de janvier; la chair est fondante sans être très-fine, et sa saveur est agréable. Cest au reste un beau fruit, et qui est surtout fort intéres- sant par son abondance. Ürwer.
Li
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PLANTES D'ORNEMENT.
Quelques idées sur les jardins d'agrément.
Je désigne par ces mots ce que l’on nomme assez généralement jardin anglais ou paysagiste. C’est un espace de terrain plus ou moins considérable, uni- quement destiné à l'agrément, et où doivent être plantésavec ordre tous les arbres, arbustes ou plantes remarquables par leur port , leur feuillage, l'éclat de leurs fleurs ou de leurs fruits, ou par l'odeur agréable qu’ils exhalent. Autrefois, ces sortes de jardins étaient distribués en deux parties : l’une, consacrée aux arbres à feuilles caduques, prenait le nom de Jardin d'Été; l’autre, réunissant les ar- bres à feuilles persistantes, portait celui de Jardin d'Hiver : aujourd'hui on a tout réuni.
On a porté très-loin le goût pour ces sortes de jardins, et des sommes immenses ont été employées à en créer, même dans les lieux les moins favora- bles ; je citerai, par exemple, le parc de Saint-James à Neuilly, qui a occasioné des dépenses énormes, et dans lequel, après vingt-cinq ans de plantation, il était difficile de se mettre à l'ombre. D'autres, construits dans le même temps, sur un meilleur sol, font encore les délices des personnes qui les possè- dent ; et quelques-uns enfin , situés sur un terrain privilégié, n’ont eu besoin pour exister que d’un architecte qui en tract les allées : tel est Ermenon- ville.
Aujourd'hui , il n’est pas un seul propriétaire qui ne veuille avoir près de son habitation son jardin d'agrément. Préparer le sol serait la première chose
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à faire; c'est ce dont on s'occupe le moins. On com- mence par tracer les allées, ce qui ne devrait avoir lieu qu'après le défoncement du terrain; mais ce défoncement, on n’y pense même pas. La maison est en construction, alors que faire des débris ? On fait vider les allées sur toute leur surface; la terre qui en sort est déposée sur les endroits désignés par l'architecte chargé de ce travail. On en fait des mon- ticules, en prétendant imiter la nature; on remplit les ailées avec tout ce qui sort du bâtiment ; si elles ne suffisent pas, on ouvre d’autres tranchées ; puis on est content de soi, parce qu'on a économisé l'argent qu'aurait coûté le déblai de toutes ces pier- railles; mais on ne tient aucun compte de celui qu'il a fallu donnér pour creuser et remplir les allées. Enfin, on procède à la plantation et au labour pour semer des pelouses; on fait venir des carreaux de gazon que l’on fait plaquer pour former les bor- dures des allées, et on décore tout cela du nom de Jardin d'agrément. Je connais même des proprié- taires, jouissant d’une fortune considérable, qui ont fait planter leur jardin par des marchands d'arbres, avec lesquels ils avaient fait marché à tant le mille de tiges, baliveaux et touffes. Ils s’imaginaient ob- tenir ainsi une grande économie ! Mais ces sortes de spéculations sont tout-à-fait contre leur intérêt : ces plantations ne se font au’avec les rebuts des pépi- mères, et lorsque tout cela est en place , si le hasard veut que la plantation réussisse, c'est un véritable chaos qui ne fait honneur ni au discernement ni au bon goût du maître.
Quand on veut construire un jardin, je pense que le terrain doit en être défoncé à deux pieds de pro-
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fondeur, au moins , dans toute son étendue, et dé- barrassé des pierres avec le plus grand soin. Comme il est probable que les propriétaires voudront se promener à l'ombre, il est indispensable que les principales allées soient dirigées de l’est à l’ouest ; les sinuosités en seront assez arrondies pour qu’on ne puisse être apercu à une grande distance pendant la promenade. Lorsque l’homme d'État va méditer à Ja campagne, ilne doit pas y être troublé; c’est dans la solitude que les meilleures idées prennent nais- sance.
Les allées d'un jardin doivent être imperceptible- ment bombées , afin seulement que l’eau des pluies s'écoule dans les bordures; mais je n’y voudrais en- terrer ni pierres n1 décombres. J'ai la certitude qu'une fois que la terre est mastiquée entre les plà- tras ou cailloux, l'eau ne peut plus s'infiltrer, et rend les chemins presque impraticables, tandis qu'elle est toujours absorbée par la terre naturelle. I y à d'ailleurs un grave inconvénient dans cet enfouissement : car il peut arriver qu’on veuille changer une aliée, établir un massif d'arbustes ou alonger une pelouse de gazons à la place, et l’on se trouve gêné; en un mot, c'est vouloir sâter son terrain. €
Je viens de dire qu'il est probable que les pro- priétaires veulent de l'ombre dans leur jardin : c'est qu'en effet, il y a tant de jardins plantés depuis long-temps, et dans lesquels il est impossible de se préserver de l’ardeur du soleil, qu'il est bon d'in- sister sur ce point. Ce défaut tient absolument à la mauvaise distribution des végétaux, et je citerai pour exemple le jardin de lady Hunlocke à Billan-
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court , qui, planté depuis quinze ans, paraît encore tout découvert; et cependant cette dame n’a rien refusé, nien main d'œuvre, ni en tout ce qui était nécessaire. C'est que, pour planter un jardin, il faut bien connaitre les arbres qui doivent le meu- bler. Il ne suffit pas de posséder parfaitement les noms ; il faut s'attacher à connaître le mode de végé- tation de chaque espèce , la hauteur à laquelle elle’ s'élève ordinairement, quels effets doivent produire les diverses sortes de feuillages et defleursdes plantes employées, lorsque la vie végétale les revêtira de leur parure, et enfin, quelles dispositions sont le plus convenables pour leur faire jouer, dans la déco- ration, tout le rôle dont elles sont susceptibles en les plantant de facon à ce qu'aucune ne soit gênée dans son développement ou étouflée par les autres, et qu'enfin, en se promenant on ait en perspective tous les végétaux composant un massif.
Ainsi, par exemple, je voudrais qu’en se dirigeant de l’est à l’ouest, les dames pussent sortir à toute heure de la journée sans être importunées par les rayons du soleil. Je ferais en sorte qu'en partant de l'habitation il y eût un massif à gauche planté de manière à donner promptement de l'ombrage. Au lieu de planter mes arbres tiges au milieu des massifs où ils étouffent tout ce qui est autour d'eux, j'en ferais une ligne qui suivrait exactement les sinuo- sités .de l'allée principale jusqu’à l'endroit où elle prendrait une autre direction ; mais avant d'arriver tout-à-fait au point où le soleil paraîtrait à droite, je composerais, de ce côte, un massif dans le même ordre et ainsi de suite, en proportion de la gran- deur du terrain, et de facon à rejoindre l'habitation.
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Derrière la première ligne j'en planterais une se- conde composée de végétaux d’une taille moins élevée , qui cacheraient la tige des grands arbres, et ainsi par rangs de taille jusqu'aux bordures. Ainsi, en plantant de la même manière toutes les allées, on aurait de l'ombre d’un côté et un amphi- théâtre de l’autre, où d'un coup d'œil on pourrait jouir de toutes les variétés de fleurs et de fruits qui se succèdent pendant toute l’année. Cette manière de planter n’empêcherait pas de ménager le terrain destiné aux pelouses vertes, à la circulation des eaux, si l’on en avait, et à quelques planches de terre de bruyère.
Je proscrirais tous les érables, excepté ceux jaspés et à sucre; je n'admettrais que trois espèces de fré- nes, le pleureur, le frêne à bois jaune et celui à fleur ; j'exclurais également l’aylanthe du Japox , à cause de la mauvaise odeur de ses feuilles et de ses fleurs, et beaucoup d’autres arbustes qui n'ont aucun mérite pour les jardins de plaisance. Le fa- mille des légumineuses et celle des rosacées nous fournissent déjà beaucoup de végétaux bien dignes de fixer l'attention des gens de goût; le genre des aubépines, siintéressant et si négligé, devrait y être admis en entier, et surtout le mespylus linearis, si remarquable par la direction horizontale de ses branches.
Une plate - bande, proportionnée à la grandeur du jardin, devrait régner le long de la ligne des grands arbres. Elle ne contiendrait que des plaites vivaces rustiques , tels que les lis de diverses es- pèces, l’hellébore, les iris, pivoines, etc. ; elle serait bordée non de gazon , mais de fleurs vivaces, telles
43 quele c:gnoglossum omphaloïdes, les iris naines, les violettes , les hépatiques, etc.
S'il s'agissait d’un vaste jardin comme Ermenon- ville ou Mortefontaine , on admettrait certainement plusieurs espèces de peupliers et autres arbres de haute-futaie, parce qu'en pareil cas la spéculation peut fort bien s’unir à l'agrément.
Dans toutes les plantations de jardin que je vois faire, c’est une routine adoptée mal à propos, et contre l'intérêt des propriétaires, d'attendre le printemps pour mettre en place les arbres résineux et autres à feuilles persistantes. Il faut être peu fa- miliarisé avec les végétaux pour faire un pareil tra- vail. En plantant en septembre ou octobre, la terre est saine et meuble ; une chaleur interne, douce, bienfaisante, excite et provoque le développement de nouvelles racines ; un arrosement copieux et les pluies qui surviennent ordinairement à cette époque plombent la terre, et si on prend le soin de mettre à chacun deux bons tuteurs en arc-boutant et en face l’un de l’autre, ces arbres sont déjà attachés en novembre ; l'humidité de l'hiver achève de les fixer, et on n’a pas d'autre surveillance à exercer que d'empêcher les tuteurs d’être dérangés par les vents. Par ce procédé, que l’on n’exécute nulle part, on économise les arrosemens, on a des arbres re- pris, et on gagne une année de végétation; tandis que si, comme cela se pratique, on ne plante qu’en mars, quelquefois dans.des terres mouillées, qui ne se fixent aux racines que difficilement, ou dans des terres sableuses que le hâle pénètre aisément, c'est une opération manquée, pour peu qu'on néglige les arrosemens et les tuteurs.
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On est aussi dans l’usage de planter les arbres verts par groupes plus ou moins considérables, et surtout dans les jardins un peu vastes, et en général on les rapproche toujours trop les uns des autres. Tous ceux qui se trouvent dans le centre perdent leurs branches inférieures en peu d'années, ce qui retarde de beaucoup leur accroissement ; il n’y a que ceux de la circonférence du massif qui les con- servent, et seulement encore du côté extérieur où ils jouissent de toute l'influence bienfaisante de l'air. Les arbres résineux, comme pins, sapins, gené- vriers , etc., doivent être plantés isolément ou assez éloignés les uns des autres, pour qu'ils puissent con- server leurs branches jusqu'à terre, autrement ils ont toujours un aspect désagréable. Aussi voit-on souvent dans les parcs où ces arbres se sont trouvés trop pressés, qu'ils sont pour ainsi dire devenus étiolés et tout dégarnis de branches jusqu’à la hau- teur de la cime de leurs voisins. Si l’on vient à abattre ceux-ci, 1ls se courbent au gré des vents, n'ayant pu croître en grosseur; et l’on est obligé de les faire disparaître. Mais lorsqu'ils peuvent con- server leurs branches inférieures, ils se développent également en tous sens, et se défendent très-bien contre l'effort du vent qui les arracherait plutôt que de les rompre. J'ai vu dans la propriété de M. le comte d'Hauteroche, près d'Orléans, un pin maritime ainsi isolé, qui portait plus de huit pieds de crrcon- férence, à hauteur d'homme.
Les encaissemens de terre de bruyère doivent aussi faire partie du jardin d'agrément; c’est pour un amateur l’objet le plus intéressant et le plus flat- teur par la beauté et la quantité d'espèces d'arbustes
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et de plantes dont ils sont composés. Les magnolia, les rhododendrons, parmi lesquels il ne faut pas ou- blier celui à fleurs doubles, encore peu répandu, dont les capsules, au lieu de donnér des graines, se transforment en petites fleurs, et une foule d’autres dont l’énumération serait déplacée ici, doivent y être réunis. Ces encaissemens seront placés près des rochers, s’il en existe, dans des endroits aérés, et avoisinant les eaux, car les végétaux qu'on y cultive aiment beaucoup lhumidité et veulent des arrosemens fréquens pendant l'été. On doit les éloi- gner assez des grands arbres, tels qu'acacias et autres dont les racines s'étendent au loin, pour qu'elles ne puissent s’y introduire et les ruiner en peu de temps. Ici je ne suis pas de l'avis de M. le chevalier Soulange - Bodin, qui conseille, dans la Gne livraison des Annales de la Société d'Horticul- ture, page 77, d'arrêter tous les deux ans, au moyen de tranchées profondes avec la pioche et la bêche, les racines des arbres voisins qui tendraient à s’é- chapper dans la masse de l’encaissement ; ainsi cou- pées, elles se répandront à l'infini en expansions fasciculaires qui rendront l'invasion de ces racines beaucoup moins prompte et moins fâcheuse. Moi je pense qu’il est plus prudent de ne pas approcher les encaissemens des grands arbres. D'abord on a toujours assez à faire dans un jardin, sans s'occuper à ouvrir des tranchées inutiles; ensuite, nous au- tres praticiens, nous savons l'effet que produit la terre remuée près des racines des arbres, et c’est justement parce qu'elles se diviseront en expansions fasciculaires, que, trouvant près d’elles une terre fa- cile à pénétrer, elles pourront d'autant mieux s'in-
46 troduire dans les encaissemens, qu'elles ne trouve- ront aucun obstacle pour les en empêcher.
C'est encore une erreur de croire que l'ombre soit d’une nécessité absolue pour les plantes de terre de bruyère: elles prospèrent également à l'air li- bre, lorsqu'elles ne manquent pas d'humidité à leurs racines. Je le redirai encore, depuis le temps où ces plantes entrent en végétation jusqu’à la fin d'août , il faut leur donner de copieux arrosemens si on veut les voir végéter fortement et fournir des boutons à fleurs pour l’année suivante. J’ajouterai toutefois que pour la plus grande prospérité de la plantation, à l'airlibre comme ailleurs, la manière de distribuer les plantes n’est pas non plus sans impor- tance. Je mettrais sur une même ligne, du côté du soleil, les magnolia entremèêlés de touffes des ca/y- canthus floridus et præcox, de cléthra de plusieurs espèces, qui ombrageraient suffisamment le corps des magnolia de première taille; puis par-devant, et toujours par hauteur, les diverses espèces et va- riétés des rhododendrons , les magnolia glauca et déscolor ; et ensuite tous les azaléa, hortensia, et je finirais par le gentiana acaulis en bordure. Je ny admettrais point de mirica, point de céphalante, de nissa, d'aucuba ni d'hydrangea comme peu dignes d'y figurer avantageusement : je préfèrerais introduire quelques daphne indica, qui supportent facilement six degrés de froid , etle gentiana pneu- monanthe, plante vivace charmante et peu connue, quoiqueindigène aux environs de Paris.
Si l’on voulait avoir des filets de gazon pour bor- dures, il ne faudrait pas imiter l'usage de le faire lever par carreaux ou par rouleaux pour le mettre en
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place; ainsi dans Paris, par exemple, on le fait quel- quefois venir de deux lieues, ce qui conduit à des dépenses souvent assez inutiles. En effet, s’il sur- vient un printemps aride , il faut des arrosemens extraordinaires pour le faire s'attacher au sol, et lon court encore la chance d’avoir du gazon de mauvaise qualité où se trouveront des racines de chiendent ou des graines de plantes qui, levant spon- tanément, rendent le gazon si désagréable qu’on est obligé de recommencer. Le meilleur moyen est de le semer : par-làa on diminue la dépense et on est assuré de réussir, parce que la graine qu'on achète est épurée, et qu un jar dinier peut en semer plus de toises dans un jour qu'un terrassier n’en garnirait en huit. Il ne s’agit que de bien labourer le terrain, donner un coup de râteau très-proprement, tracer deux petites lignes qui suivent exactement les si- nuosités de l'allée au moyen de petits piquets, et semer la graine en l’appuyant avec le pied et la re- couvrant ensuite de l'épaisseur d’un doigt avec la terre la plus fine possible. S'il fait un temps sec, on mouille légèrement avec un arrosoir à pomme percée finement ; au bout de douze à quinze jours, la graine lèvera et donnera de suite une verdure des plus agréables. On aura économisé l'achat du gazon, les frais de transport, le placage, les arro- semens multiphés, les journées d’ouvrier, et on aura un gazon très-pur.
Il est des arbres dont on ne plante pas assez , tels que le bon-duc ou guillandina dioica. Sa tige droite, son feuillage composé, élégant, et ses fleurs très- odorantes devraient le faire employer en plus grand nombre dans les jardins paysagistes. Le pavra spi-
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48 cata, le vitex agnus castus, le virgilia lutea, le jasminum triumphans ; le Lacane pontica , l'arbre de Judée à fleurs blanches, sont certainement très- dignes d'y figurer aussi, et de remplacer les syco- mores et les espèces de frènes qui n’ont aucun agrément. Duvar,
horticulteur à Chaville.
Sur quelques arbres qui résistent à la sécheresse.
En passant un jour de l'été dernier sur le quai qui longe la terrasse des Tuileries, je remarquai des tilleuls dont la fraîche verdure contrastait avec le feuillage terne et languissant des autres. Curieux de connaître le motif de cette différence de végéta- tion, je passai quelques ] jours après sur la terrasse même pour examiner de plus près les arbres dont elle est ornée. Je reconnus que ceux qui étaient verts et bien portans appartenaient à l'espèce du tilleul des bois, #/ia sylvestris; ils sont en petit nombre dans cette avenue ; et que ceux qui étaient fatigués par la sécheresse étaient de l'espèce du til- leul commun, tilia platyphyllos. Le tilleul des bois est , ilest vrai, plus tardif à développer au printemps ses feuilles d’ailleurs plus petites que dans le tilleul commun , mais il me paraît devoir lui être préféré pour les plantations dans les lieux élevés, secs, et de mauvaise qualité, à cause de sa: rusticité qu’on ne peut révoquer en doute, car on le trouve dans les terrains les plus pauvres des bois.
La chaleur et la sécheresse prolongées de l'été der- nier ont pu faire juger quelles sont les espèces qui résistent le mieux à la privation d'humidité. J'ai
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49 eu l’occasion , des hauteurs qui avoisinent le Père- Lachaise , de remarquer que presque tous les saules pleureurs qui ombrageaient les monumens funérai- res avaient succombé pendant cette saison. C'est au reste ce qui arrive à ces arbres dans une année ou dans l’autre, toutes les fois qu'ils ne sont pas plantés près des eaux ou dans un terrain profond et hu- mide. Aussi, malgré qu'ils semblent exclusivement consacrés à la décoration des tombeaux, je conseil- lerais, dans de semblables localités, de les remplacer par les frênes et sophora pleureurs qui poussent as- sez bien dans tous les terrains , et dont les branches inclinées et garnies d'un feuillage rembruni con- viennent parfaitement à cette destination. LeconrTre.
PÉLÉGRINE A PoOILS RARES. #/stræmerta hirtella. Kuwr, Swer. fl. gard. Loupon. Cat. Host. Brir. (Voyez la planche, et pour les caractères génériques, päges 118 et 153 de ces Annales, année 1832-53.)
Tiges volubiles, grêles, glabres, pouvant s'élever autour d’un soutien à quatre ou cinq pieds ; feuilles alternes , disposées en spirale allongée, sessiles, ou à pétiole très-court, saliciformes , étroitement lan- céolées, terminées en pointe aiguë, entières sur les bords, glabres et lisses sur la surface inférieure, qui devient la supérieure par ia torsion du pétiole, munies de poils rares sur la surface supérieure , longues de cinq à six pouces, larges de six à sept lignes. Les tiges florales sont terminées par trois feuilles bractéales plus petites, mais semblables à celles de la tige, un peu recourbées et ondulées ;
elles sont entremêlées de feuilles plus petites, li- Noveusre 1835.
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néaires, pointues, teintées de violet pourpre sur les bords. Les fleurs sont en ombelle simple, au nombre de six à huit, portées sur des pédicelles simples, longs de quinze à dix-huit lignes, munies de petits poils bruns, courts et glanduleux; périan- the à six divisions, trois extérieures peu rétrécies en onglets à leur base; les intérieures rétrécies en onglets, creusées en fossette, obtuses au sommet, qui est élargi en spatule et ordinairement cré- nelé ; toutes d'un beau rouge sanguin, excepté à la base intérieure où elles sont marquées de jaune.
Six étamines, un peu moins longues que les di- visions du périanthe; filets jaunes à la base , rouges au sommet; anthères grosses à pollen brunâtre; style jaunâtre, moins long que les étamines; stig- mate simple, triangulaire, muni de petits poils courts; ovaire obtusément hexagone, glabre et d’un vert glauque.
Originaire du Mexique et cultivée en Angleterre depuis 1824, je l'ai recue de Belgique en 1835 ; M. Lémon la cultive aussi dans son riche et bel établissement. J'ai mis en pleine terre le seul pied que je possédais au commencement de mai; il y a parfaitement végété, et les fleurs se sont montrées pendant tout le courant d'août et de septembre. À l'instar des Anglais, je l'y laisserai passer l'hiver, en ayant soin de garantir les racines des gelées et del’humidité. On peut multiplier cette plante par la séparation de ses racines et par ses graines lorsqu'elles müûrissent, avantage que je n'ai point eu cette année, maloré la prolongation du beau temps. On cultive treize ou quatorze espèces de ce genre en Angle- terre; Persoon et le Manuel complet du Jardimier,
Da de M. Noisette, en décrivent vingt-trois, et en y en ajoutant au moins dix que ces auteurs n’ont point décrites, le genre se trouverait composé d'environ trente-trois espèces ; la majeure partie de celles con- nues sont jolies et intéressantes, et méritent les soins des amateurs et des cultivateurs. JACQUES.
Roses.
Taé Triompue pu Luxemsourc. Arbuste vigoureux à rameaux horizontaux, violets dans les jeunes pous- ses ; aiguillons égaux, peu nombreux, dilatés à leur base ; feuilles à trois folioles cordiformes, luisantes, marginées de rougeâtre, dentées assez régulière- ment ; fleurs assez nombreuses , bien faites , en co- rymbe et souvent solitaires, de quatre pouces de diamètre , soutenues par un fort pédoncule droit et glabre, à pétales larges, de couleur chamois mé- langé de rose, d’une odeur très-agréable. Le tube du calice est très-court et porte quelques poils glan- duleux à sa base.
Cette superbe variété, née au Luxembourg, est un des thés les plus beaux de ceux connus jusqu’à ce jour. Elle se trouve chez Mme veuve Silvain, fleu- riste aux Sourds-et-Muets, rue Saint-Jacques, qui vient de la mettre dans le commerce.
Tué Duc »’OrLÉANs. Arbuste d’une végétation or- dinaire, à rameaux droits et rougeâtres et aiguillons peu nombreux , épars et presque droits ; feuilles de trois à cinq folioles, rougeâtres sur les jeunes ra- meaux, peu dentées ; fleurs nombreuses, pleines, bien faites, de moyenne grandeur, disposées en corymbe et parfois solitaires, à pétales d’un rose clair et soyeux, rangés avec symétrie. Le tube du calice est court et glabre.
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Cette jolie variété, également obtenue au Luxem- bourg , se trouve chez le même commercant.
Harpy, Jardinier en chef du Luxembourg.
Depuis quelque temps, il n’a été signalé que peu de roses nouvelles, du moins à Paris ou aux environs; cependant nous savons qu'il en existe de bien méritantes dans la belle collection du Luxem- bourg, qui, en Bengales et en Thés surtout, s’est enrichie de gains superbes, et que notre collègue, M. Hardy, s’'empressera sans doute de nous faire connaître, ainsi qu'il a déjà commencé ci-dessus. Quelques amateurs, quoique ayant été moins heu- reux, ne sont cependant pas restés sans succès , et un de nos amis, M. Jouvain, cultivateur à fzlle- d'Avray, a obtenu quelques variétés parmi les- quelles je puis signaler les deux suivantes :
Rose noiserTE M Jouvaix. Arbrisseau à rameaux grêles et très-rameux, divariqués, munis d'ai- guillons épars ; feuilles composées de cinq à sept folioles, petites, rougeâtres dans leur Jeunesse, d’un beau vert lisse et luisant en dessus, pales et blanchâtres en dessous, finement dentées sur les bords ; stipules petites et peu développées; pétioles aiguillonnés en dessous; fleurs en corymbe au nombre de quatre à huit; pédoncule glanduleux ; calice à sépales glabres, presque entières , tube gla- bre allongé; corolle petite (quinze à dix-huit li- gnes ) d’un rouge violacé à reflets jaunâtres au centre , d’une odeur de thé bien prononcée. C'est une très-intéressante variété qui n’a de rapport di- rect avec les noisettes que par son ovaire allongé.
Tué Éméue-Dior. Arbuste vigoureux, bien peu aiguillonné ; rameaux glabres et d'un beau vert;
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feuilles composées de trois à cinq folioles, gran- des, lancéolées, pointues, glabres, un peu lui- santes en dessus, plus pâles en dessous; pétiole rougeâtre ayant en dessous quelques aiguillons courts, stipules petites, à deux pointes courtes et divariquées ; fleurs en corymbe de trois à cinq ; pé- doncules longs et très-glabres; ovaire glabre ainsi que les sépales, qui sont blanches et cotonneuses en dedans ; trois de ces mêmes sépales sont munies de deux petites appendices courtes et ciliées ; corolle srande ( deux pouces ) à pétales lâches, d’un jaune serin très-pâle, semi-double; odeur forte et bien pro- noncée. La longueur des pédoncules fait que ces fleurs sont un peu pendantes, et malgré ce petit dé- faut, elles sont remarquables et forment une variété distincte.
Rose PERPÉTUELLE DE Neuirzy. Cette variété inté- ressante est une hybride sortant de la rose Atha- lin, qui elle-même a été produite par la rose de l’île Bourbon. L'arbrisseau est assez vigoureux ; rameaux à bois vert et à aiguillons courts et épars ; feuilles à trois ou cinq folioles ovales arrondies, dentelées, fermes, glabres, d’un beau vert en dessus , pâles et blanchâtres en dessous ; pédoncules munis d’aiguil- lons fins sétiformes ; ovaire glabre, allongé , coni- que ; fleurs de une à quatre terminant les rameaux ; corolle moyenne, bien pleine, légèrement creusée au centre, et se tenant droite dans une belle pause, d’un rouge carminé vif, ouvrant quelquefois mal à la premiere floraison, mais fleurissant parfaitement ensuite ; d'une odeur suave, bien prononcée et fran- chement remontante.
C'est une jolie acquisition faite par M. Verdier, cultivateur à Neuilly-sur-Seine , et qu'il pourra li-
54 vrer au commerce cet automne ; elle sera certaine- ment recherchée des amateurs, ayant une floraison d'une longue succession, un joli coloris et une odeur suave. JACQUESs.
LINUM, Lin. ; Pentandrie pentagynie, L.; Caryo- phyllées , Juss.
Caractères génériques. Galice à cinq divisions fo- liacées , persistantes ; corolle à cinq pétales ongui- culés. Filamens des étamines au nombre de dix, dont cinq seulement portent des anthères sagittées ; cinq styles à stigmate simple; capsule globuleuse à dix loges monospermes, à dix valves.
Lin A FEUILLES NERVÉES , Linum nervosum, WaALpsr et Kir. Plant. var. Hung. vol. IL (Voyez la planche.)
Belle plante vivace à tiges glabres, droites , plus ou moins anguleuses, hautes de deux à trois pieds, garnies de feuilles alternes, éparses, se ramifiant à la partie supérieure en petits rameaux alternes, un peu inclinés par le poids des fleurs, mais le plus souvent dressés. Feuilles simples, sessiles, glabres, raides, étroites, pointues, et souvent ovales lan- céolées, rétrécies à leur base ; celles des tiges prin- cipales sont longues d'un pouce à quinze lignes, celles de la partie supérieure d’un demi-pouce : toutes sont marquées de trois à cinq nervures lon- gitudinales.
Fleurs grandes, solitaires, à pétales entiers, ovales, arrondis, d’un lilas bleu léger. Avant l'épanouisse- ment elles sont roulées en tube comme les fleurs monopétales à corolle infundibuliforme; elles sont portées sur de petits rameaux longs de six pouces
FLY
Linum nervosüuim
55 à un pied , altergs , grêles et presque droits. L’en- semble de la plante forme une belle panicule co- rymbifère. Les fleurs sont plus ou moins pédoncu- lées et disposées alternativement , les unes latérale- ment , les autres au sommet des rameaux.
On cultive cette belle plante à Paris, depuis 1831 ; elle fleurit abondamment de mai en août. Les fleurs s'épanouissent vers six heures du matin et se refermént à peu près au milieu de la journée. Elle a un portélégant, ressemblant à celui d’un arbris- seau : on peut la placer avec avantage sur le bord des grands massifs, ou sur le milieu des corbeilles. Elle peut devenir également une plante utile pour la grande culture, lorsqu'elle sera multipliée; car ses tiges hautes et visoureuses peuvent fournir comme le lin cultivé et le lin vivace ou de Sibérie un fil fin et propre à confectionner des tissus.
Cette plante est rustique et ne se montre pas dif- ficile sur la nature du terrain ; cependant elle vé- sète plus vigoureusement dans une terre meuble et amendée où ses racines nombreuses et à chevelu blanchâtre puisent une nourriture substantielle. Depuis son introduction en France, elle n'exige que fort peu de soins pour sa conservation. Ses touffes peuvent rester en place cinq ou six ans sans être replantées; elle exige peu d’'arrosemens pen- dant l'été.
On la multiplie facilement par ses graines, qui mürissent en septembre et octobre, et qu'on peut semer immédiatement; ce qui est un avantage, parce que les jeunes pieds sont assez forts pour être repiqués avant l'hiver. On peut cependant se- mer en mars ou avril, soit en place pour la grande culture, soit pour repiquer dans les jardins. A dé-
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faut de graines, on la multiplie trés-bien par la di- vision de ses touffes.
Elle croît spontanément dans plusieurs pays; on la trouve sur le mont Caucase, en Hongrie et en
Espagne. PÉpIN. ORANGERIE.
VERBENA, Lin. ; Didynamie Angiospermie, L.; Gatiliers, Juss.
Caractères génériques. Galice à cinq divisions ; co- rolle presqu'à deux lèvres et à cinq lobes inépaux ; quatre étamines non saillantes; un ovaire à style filiforme, terminé par un stigmate chtus; quatre graines nues, enveloppées par le calice persistant.
VERVEINE A FEUILLES VEINÉES , /’erbena venosa. (Woyez la planche.)
Plante vivace ou au moins annuelle, à tiges de vingt à vingt-quatre pouces, anguleuses, droites, rameuses , velues et rudes au toucher; feuilles op- posées, veinées, droites, sessiles, lancéolées, en- tières, raides et serrulées, munies dans les radicales de douze à quinze grandes dents un peu piquantes, espacées irrégulièrement sur les bords; elles sont de même velues et rugucuses. :
De mai en octobre, fleurs d'un beau lilas pourpré, disposées en épis d’abord courts, et s’allongeant au fur et à mesure qu'ils avancent en floraison ; fleurs commetoutes les verveines, monopétales, tubulées, à limbe évasé, à cinq divisions, dont chacune d'elles est échancrée.
Cette plante fleurit jusqu'aux gelées par les jeunes rameaux qui sortent des aisselles des feuilles ou du
VERVEINE A FEUILLES VEINÉE S
Verbena venosa
. +4 : % % 15 Lau a
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collet même de la plante, et dont plusieurs por- tent des fleurs qui s’épanouissent successivement.
Elle se cultive en pots de terre de bruyère mé- langée de terre ordinaire, et doit être rentrée en serre tempérée à l'approche des gelées. On peut en mettre quelques pieds en pleine terre au printemps ; ils font un joli effet dans les plates-bandes, où ils deviennent plus forts et fleurissent abondamment. On la multiplie de pieds éclatés et de boutures faites en terre de bruyère, sur couche tiède ou simple- ment à froid, en pleine terre de même nature , à l'ombre. J’en ai fait de cette dernière manière, l'an dernier, avec des jeunes pousses sortant des ais- selles des fleurs, lorsqu'elles avaient quatre à cinq pouces de long ; elles ont émis facilement des ra- cines et ont même fleuri avant les gelées : on la mul- tiplie également de graines qu’elle donne tous les ans. On peut semer en pots de terre de bruyère en- foncés dans une couche chaude, ou seulement à froid dans la même terre aussitôt leur maturité. J'ai semé ainsi l'année dernière, et J'ai obtenu des indi- vidus qui ont fleuri dans les premiers jours d'octobre; mais je dois ajouter que ce semis m'a fourni peu de pieds. JAcquIN aîné.
SERRE CHAUDE. Du chaufjage des serres par les caloriferes à air.
On appelle en général calorifère tout appareil dont le foyer est hors du lieu qu’on veut chauffer, et qui y porte la chaleur au moyen d’un courant d'air qui se charge de calorique en passant dans un tuyau traversant ce même foyer, lequel tuyau a son extré- mité inférieure dans une pièce où la température est
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basse, et son extrémité supérieure aboutissant à la pièce qu'il s'agit d'échauffer.
Les avantages sénéraux des calorifères sont -: 1° la meilleure disposition des courans d'air, puis- qu'on peut le prendre où l’on veut; 2° la possibilité de chauffer plusieurs locaux à l’aide d’un seul foyer, en y faisant passer le nombre nécessaire detuyaux ca- léfacteurs, ce qui est une grande économie; 3° l’em- ploi du combustible le moins dispendieux, quels que soient d'ailleurs ses autres inconvéniens, dont on ne ressent aucun effet, le foyer n'étant pas dans la pièce; 4° enfin, la facilité, par une disposition par- ticulière fort simple, de tirer parti de la chaleur du foyer pour les besoins de l’économie domestique.
Il est très-facile de se faire une idée nette d’un calorifère à air, quand même on n'en aurait jamais vu. Il suffit de se figurer un tuyau quelconque tra- versant le foyer où a lieu la combustion, et ayant son orifice inférieur dans un endroit dont l’atmo- sphère est froide, et son orifice supérieur dans la pièce où l’on veut conduire le calorique. Lorsque le feu est allumé, Pair qui remplit le tuyau calé- facteur est bientôt échauffé ; le calorique dont il se charge le rend plus léger ; il s'élève dans le conduit ; le vide se forme dans toute la partie du caléfacteur en contact avec le feu, et, suivant l'expression pitto- resque des anciens physiciens, là nature ayant horreur du vide, Pair froid occupant la partie basse du caléfacteur remonte pour remplacer celui que. la chaleur a eleve, et il s'établit un courant conti- nuel péñdant tout le temps que dure lignition, le- quel attire le fluide aériforme du dehors, Île fait passer dans Île caléfacteur où il léchauffe , et [amène enfin dans Île lieu où l’on en a besoin. Les bouches à
59 chaleur, que les fumistes établissent tant bien que mal dans les poêles des salles à manger, sont une application de cet appareil.
Il est également facile, avec un peu de réflexion sur cette donnée, de s’apercevoir qu'avec un calori- fère ainsi établi, il y a d’abord perte de tout le calo- rique qui rayonne du foyer, et quil faut une consommation de combustible assez grande pour entretenir une chaleur uniforme dans un lieu dé- signé, puisque c’est toujours de l'air froid qu'il faut échauffer avant de l'y envoyer, et que si le feu s'é- teint, la chaleur cesse d'arriver, et conséquemment la température ne tarde pas à s’abaisser.
C'est donc seulement le principe dont il est avan- tageux de faire l'application au chauffage des serres; mais l'appareil a besoin de recevoir des modifications dont nous allons expliquer les principales, laissant à l'intelligence des personnes qui voudraient em- ployer ce procédé, à ajouter toutes celles que les lo- calités et les besoins particuliers pourront indiquer.
Nous connaissons deux serres chauffées avec les calorifères à air, l’une en Belgique et Fautre en France, et quoiqu'ils fonctionnent assez bien, ils nous ont paru susceptibles d'améliorations. Aussi, au lieu de les décrire, nous allons indiquer comment nous établirions un calorifère à air pour le chauffage d’une serre, en prenant pour bases l’économie et la possibilité d'en faire l’application à toutes les loca- lités.
À un bout de la serre, mais àjl'intérieur, on con- struit un poêle ou fourneau contenant le foyer où la combustion doit avoir lieu. En placant ainsi le foyer intérieurement, on économise le calorique qui en rayonne au profit de la température, tandis qu'il
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s'échapperait en pure perte pour elle s'il était au dehors. En pareil cas, le choix des matériaux dont on construit le poêle est sans importance : ce sont les moins coûteux qu'il s'agit d'employer. Lorsque le foyer est extérieur, il est utile de le construire en matières peu conductrices du calorique, pour éviter autant que possible la déperdition, et alors la pierre ou les briques méritent la préférence ; et si on l’établissait en fonte , il faudrait le garnir tout autour de maconnerie afin de maintenir le plus de chaleur interne. Toutefois, tout en construisant le foyer dans la serre, 1l faut en laisser l'ouverture ex- térieurement, d’abord pour ne pas être obligé d'y entrer pour entretenir le feu, ensuite pour éviter Ja fumée qui s'en échappe toujours, et enfin pour ne pas prendre dans la serre même l'air qui doit alimenter la combustion, laquelle en consomme une grande quantité, et le rend plus rare dans un lieu fermé, ce qui est un inconvénient pour les plantes. Quant aux tuyaux destinés au passage de l'air brûlé et de la fumée, on les dresse le long du ur interne de la serre afin de profiter encore de la plus grande partie du calorique qui s'échappe par cette voie.
Ilne reste plus pour compléter lappareil que l'é- tablissement des tuyaux caléfacteurs. Pour cela, on place dans le foyer même un coffre carré en fonte plus ou moins épaisse suivant la nature du com- bustible qu’on se propose d'employer. On sait que le bois, par exemple, altère en brûlant beaucoup moins la fonte que le charbon de terre. Ce coffre a toute la dimension que lui permet la grandeur du foyer. Il est placé dedans de facon que le feu se trouve immédiatement sous lui, et qu'il ne règne à
Gr
l'entour entre ses parois et celles du foyer qu'un es- pace vide aussi étroit que possible, pourvu qu'il suf- fise au départ de la fumée. Par cette disposition , le calorique qui s'élève du foyer est forcé de lécher (si l'on peut se servir de cette expression }) plus in- timement les parois du coffre , et conséquemment il l'échauffe plus promptement. On place à la partie su- périeure du poêle, etprécisémentau-dessus du milieu du coffre, l'ouverture par laquelle doit s'échapper la fumée. De cette facon , toute la chaleur qui rayonne du foyer entoure constamment le coffre, et l’on en perd le moins possible, Ce coffre est garni de deux tuyaux coulés avec lui, ou que l’on y adapte solide- ment et à clous rivés : l’un, destiné à appeler l'air froid , descend dans le poêle et en sort à six pouces environ du sol; l’autre, qui doit servir de conduit à l'air chaud, s'élève au-dessus du poêle ; l’un et l’autre font saillie de six à huit pouces.
En conseillant de remplacer par un coffre en fonte le tuyau caléfacteur que l’on emploie quelquefois tout simplement, nous avons un doubie but. Sa ca- pacité lui permet de mettre une plus grande masse d'air froid en contact avec le calorique, qui, par la disposition du foyer, peut lui faire acquérir dans un temps égal une température aussi élevée qu’à la pe- tite quantité qui passerait dans le caléfacteur ; en- suite, en donnant au tuyau qui emporte l'air chaud une ouverture plus petite que celle du tuyau qui emporte l'air froid, on force celui-ci à séjourner plus long-temps dans le coffre et conséquemment à en sortir plus chaud.
Si on laissait l'appareil en cet état, on concoit que le calorifère agirait seulement sur l'air qui l’envi- ronne et mettrait un long temps à élever la tempé-
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rature dans toutes les parties de la serre. Pour at- teindre sûrement ce but et aussi vite que possible, il faut adapter à l'extrémité du tuyau caléfacteur du bas d’autres tuyaux que l’on prolonge jusqu'au bout de la serre opposé à celui où se trouve le foyer. Ces tuyaux , que l’on soutient de distance en distance par des briques placées sur champ, peu- vent être en terre cuite comme ceux qu'on em- ploie pour les conduits d’eau, parce qu'étant des- tinés à être placés tout près du sol, ils éprouvent l'influence d’une plus grande somme d'humidité. Toutefois le dernier bout doit être en tôle et tra- verser le mur de la serre. Il est fermé par une sou- pape, qui clot bermétiquement. Un peu en avant de cette soupape, ce même tuyau a une ouverture regardant le sol, laquelle se ferme à volonté par un petit registre, mais est presque toujours ou- verte pour laisser le passage libre à l'air froid. Voici le motif de cette disposition : bien que l'ouverture du foyer où a lieu la combustion soit hors de la serre, et ne consomme par cette raison aucune por- tion de l'air qu’elle contient , il est souvent utile d’in- troduire dans la serre un air pur, alors on ferme le registre, on ouvre la soupape, et le fluide atmo- sphérique du dehors vient passer par les tuyaux caléfacteurs et ne se mêle que chaud à celui de la serre , quelle que soit la température extérieure.
On adapte également au tuyau caléfacteur du haut d’autres tuyaux qui s'élèvent jusqu'au toit de la serre, se courbent à cet endroit, et se prolon- gent le long du mur du fond jusqu’à l’autre bout de la serre où ils vont répandre l'air chaud, tout en rayonnant le calorique qui s'échappe de leur sur- face dans toute la longucur de ce trajet. Ceux-ci
63 peuvent être en tôle, qui est un meilleur conducteur du calorique , ce qui les rend assez légers pour être facilement fixés à l’aide de quelques attaches en fil de fer.
Il n’est pas difficile de se rendre compte de la ma- nière dont cet appareil fonctionne ; le feu étant allumé dans le foyer, l'air contenu dans le coffre de fonte s’échauffe et s'élève dans le tuyau supérieur en raison de la légèreté que lui communique le ca- lorique. L'air froid qui remplit le tuyau inférieur monte aussitôt dans le coffre et est remplacé par le même fluide qui occupe la serre : c’est toujours ce- lui qui est à la température la plus basse quise pré- sente le premier, puisqu'on le prend au niveau du sol, et qu'étant le plus lourd, il occupe constamment la région inférieure. L'air chaud monte par le tuyau caléfacteur du haut, et va se répandre dans l’atmo- sphère au point le plus éloigné du foyer. Se trouvant le plus léger, il se maintiendrait dans la région la plus élevée de la serre , s'il n’était forcé d’en descen- dre pour remplacer l'air froid sans cesse attiré par le tuyau du bas. Il s'établit donc un courant conti- nuel qui imprime au fluide atmosphérique un mou- vement favorable à la vie des plantes, et qui, multi- pliant le mélange des molécules d'air, concourt à établir une température uniforme , et d'autant plus promptement que cest toujours la même masse d'air qui passe et repasse dans le caléfacteur, avan- tage qui n'existe pas lorsqu'on prend l’air froid hors du lieu à chauffer.
Le plus difficile à faire dans ce mode de chauffage est d'entretenir le feu avec une régularité telle, que la chaieur soit autant égale que possible dans l'in térieur de la serre. On concoit que si l’on faisait un
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feu continuellement très-actif, on ferait monter la température à un degré trop élevé pour la santé des plantes, et que si on le laissait trop long-temps éteint, elle s’abaisserait promptement d’une ma- nière nuisible. On a calculé que la déperdition de la chaleur au travers des parois des appartemens ordinaires pouvait être évaluée par heure au cin- quième de la température intérieure ajoutée à celle de l'extérieur. Ainsi supposons 20 + o dans un appartement et 5 — o au dehors , l’'abaissement serait pendant la première heure de 5°; ce qui fe- rait qu’en six heures, il n’y aurait plus dans l’ap- partement qu'un degré et demi + o. Si, comme on n’en peut douter, la déperdition au travers des fe- nêtres est beaucoup plus considérable que celle qui se fait par les murs, on concevra que l'abaissement de température dans une serre presque entièrement vitrée, et en contact par tous les points avec l'air extérieur, est aussi plus rapide. Il est donc prudent de faire adapter à la porte du foyer un régulateur du feu quile maintient dans l'état d'activité dont on a besoin.
Il a été inventé en Belgique un thermomètre à ré- veil , qui sonne toutes les fois que la température tombe au-dessous du desré convenable ou s'élève plus qu’on ne le désire. Get instrument a pour but de réveiller la personne chargée de l'entretien du feu , laquelle peut par ce moyen dormir sans in- quiétude.
Nous nous proposons dans un prochain numéro d'examiner comparativement tous les nouveaux procédés de chauffage, et de faire ressortir leurs avantages et leurs inconvéniens sous tous les rapports. DovErcGE.
ANRELES
DE FLORE ET DE POMONE.
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AGRICULTURE.
BOIS.
Observations sur les arbres d’alignement des boule- vards et promenades et des mures routes.
Quand on examine les plantations d’arbres qui bordent les grandes routes, ou les promenades publiques et les boulevards, on ne peut s’enrpê- cher de reconnaître combien encore est puissante et fatale la routine qui préside à leur mise en place et à leur entretien. C'est à peine si dans quelques localités on a adopté l'excellente méthode de ne pas supprimer les têtes aux arbres que l’on plante; il faut espérer cependant qu'à force d’en publier l’u- ülité, on la verra enfin préférée partout. Je dois toutefois me hâter de dire qu’il ne faut pas porter ce principe à l'extrême, parce que c’est toujours par l’exagération que les meilleures choses sont discréditées. L’attention du planteur doit avoir principalement pour but de maintenir l'équilibre qui doit régner entre l’activité des racines et le développement des feuilles. Ainsi, en pareil cas, il
Déceusre 1835. 5
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est facile de concevoir que des racines nouvellement arrachées à la terre qui les nourrissait , et mises en contact avec une autre, éprouvent un malaise qui se prolonge plus ou moins long-temps , en raison d’une foule de circonstances qu'il est trop long d’énumé- rer 1ci. Il serait done nuisible de conserver la tête entière; mais il importe d'en réserver les parties les plus propres à développer beaucoup de feuilles, sans absorber une grande quantité de sève. Pour cela, on conservera autant que possible la partie la mieux disposée pour continuer la tige, mais les grosses branches devront être réformées en entier ; les moyennes seront raccourcies aux deux tiers ou aux trois quarts; quant aux petites, il faut les con- server toutes ou presque toutes, par la raison qu'elles sont munies de beaucoup d’'yeux auxquels il ne faut que peu de sève pour les faire développer. Une fois que cette production a eu lieu , l'arbre est à peu près sauvé, parce que les feuilles, en puisant dans l’atmo- sphère tous les fluides propres à la nutrition du végétal, portent bientôt une nouvelle vie dans la tige qui se communique aux racines par le secours de la sève descendante. Il faudrait que les racines eussent été bien mutilées par l’arrachage ou le transport pour quil y eût nécessité de faire des retranchemens plus considérables que ceux que je viens d'indiquer.
La position que ces arbres doivent occuper sur le sol n’est pas non plus indifférente. En général , sur les grandes routes, ils sont plantés sur la crête des fossés ou sur les intervalles qui se trouvent entre eux. Là, pendant les cinq ou six premières années, ils sont dévorés par la sécheresse ; car ce n’est qu’a-
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près ce temps qu'ils sont en état de se défendre con- tre elle. [serait infiniment plus convenable que ces fossés, qui n’ont d'autres fonctions que celle de re- cevoir les eaux des chaussées, fussent continués sans interruption toul le long de la route, et qu'à la place de chaque arbre le terrain fût un peu plus élevé que le fond du fossé, élévation qui variera se- lon la quantité d’eau que les probabilités pourront faire craindre. Ce mode de plantation éviterait les nombreux remplacemens qui deviennent nécessaires par suite de la mortalité qui détruit plusieurs de ces arbres, et dont le moindre inconvénient est l’ir- régularité dans leur hauteur et leur développe- ment.
Quant à ceux que les localités obligent de plan- ter sur la crête des fossés, 1l serait bien plus favo- rable de les placer au tiers ou au quart de la pente extérieure, en établissant à cet effet une espèce de banquette en retrait à la hauteur que l’on aurait adoptée. De cette facon, les arbres jouissent aux racines d'une plus grande somme d'humidité, et ont moins à redouter les chaleurs de l'été. Il serait aussi à désirer qu'en adoptât généralement le moyen introduit par M. Mirbel pour entretenir de la fraî- cheur au pied des arbres, et qui consiste à gar- mir de cailloux la terre qui les entoure. (Voyez page 288 de ces Annales , année 1833-1834.) Cette pratique, encore fort peu usitée en France, est, à ce qu'il paraît , très-employée en Angleterre.
L'entretien que recoivent ces arbres est aussi un point qui exigerait de grandes réformes , sur les- quelles ik serait temps que l'administration qui en est chargée voulût bien ouvrir les yeux. Ceux qui
68 sont plantés sur les promenades publiques ou sur les boulevards sont soumis à une tonture à laquelle on devrait renoncer. En la faisant, comme cela se pratique, à la fin de juillet ou dans le courant d’août, on nuit infiniment à leur développement, et on abrége même leur existence, pour peu surtout que les localités soient défavorables; car on les voit bientôt, en pareil eas , arriver à la caducité. Je sais bien qu'on peut alléguer, pour excuser le mauvais état des arbres de la plupart de nos boulevards et promenades, la poussière et la fumée continuelles dans lesquelles ils vivent, et qui, se déposant sur leurs feuilles, les encroûtent et empêchent leurs sécrétions. Tout en convenant de l'influence fatale de cette circonstance, il n'est pas moins vrai aussi qu'on y ajoute encore d’une façon bien funeste, en retranchant un tiers et souvent même moitié de leurs feuilles trois mois avant l'époque assignée par la nature; car, dans le premier cas, les feuilles au moins subsistent tout le temps qu'elles doivent exister, et exercent de temps en temps leurs fonc- tions lorsque les pluies viennent les laver , tandis que dans le second , la suppression est complète et irré- parable. Il est donc essentiel de conserver toutes les feuilles, à moins qu'il n'y ait nécessité de faire des retranchemens pour obvier à la trop grande ex- tension des branches , inconvénient qui peut se pré- senter souvent dans les grandes villes. Au reste, cette malheureuse routine est souvent mise en pra- tique dans des jardins particuliers, où les arbres d’alignement sont par cette raison de moitié et sou- vent des trois quarts moins gros qu'ils devraient être. On ne saurait donc trop solliciter l’'adminis-
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Ce
tration d'empêcher toute tonture pendant la pré- sence des feuilles. Cette opération doit être faite pendant l'hiver, et être absolument terminée pour la fin de février, avant qu'aucun mouvement de la sève se soit fait remarquer. Je désire que les proprié- taires veuilleut bien faire cas de cet avis, et suppri- mer aussi pour leurs arbres d’alignement toute tonture pendant l'été.
Le mode de tonture pour les arbres des grandes routes n'est pas moins barbare. Cette opération a lieu tous les six ou neuf ans; elle a pour but de re- trancher toutes les branches latérales à rez la tige, de facon à la rendre nue. La multitude de plaies qui en résulte occasione une grande déperdition de sève, et les plus considérables produisent sou- vent des écoulemens qui amènent la mort du sujet cinquante ou soixante ans avant le terme naturel. Il y a même des propriétaires riverains qui, par eux-mêmes ou par les entrepreneurs qu’ils endoc- trinent, font faire cette tonture pendant la plus grande activité de la végétation, ce qui conduit plus sûrement encore les arbres à leur perte, Je sais très- bien que l'ombre que projetteraient ces grandsarbres trop touffus serait nuisible aux céréales cultivées dans le rayon qu'elle couvrirait; mais c’est à l’ad- ministration du pays à concilier les intérêts des propriétaires avec l'utilité généralement reconnue de garnir les routes de grands végétaux qui assai- nissent l'air, sont un adoucissement pour les voya- geurs, etoffrent un produit plus oumoinsimportant. Si donc on les conserve, comme cela est certain, il ne faut cependant pas les entretenir de manière à ce qu'ils deviennent une charge pour l’État, à cause
70 de la brièveté de leur existence et de la nécessité de les remplacer incessamment. Il suffirait, pour obtenir un résultat utile, que quelques hommes assez habitués aux effets produits par la taiile pour en raisonner les applications, enseignassent aux élagueurs un mode de tailler qui ait pour but de conserver aux arbres la forme approchant le plus de celle de la nature, en ayant toutefois la précaution de ne pas laisser croître sur le flanc des deux lignes regardant les champs des branches trop fortes, ca- pables de couvrir de leur ombre une portion des terres cultivées. On pourrait arriver ainsi à faire prendre à ces végétaux une forme approchant de celle que présentent ceux de quelques-uns de nos boulevards, sans cependant les soumettre à une taille régulière. Pour cela, on réformerait tout ou partie des branches extérieures qui paraîtraient prendre de l'ascendant sur la tige; mais il ne fau- drait pas attendre qu'elles aient pris un fort déve- loppement, afin de ne pas être obligé de faire de grandes plaies, dont j'ai tout-à-l'heure signalé le danger; et d’ailleurs, il est bien plus facile de les supprimer lorsqu'elles sont jeunes que fortes.
On se sert pour amputer les grosses branches près de la tige du ciseau flamand, décrit dans le Journal de la Société d'Agronomie pratique, et, pour retrancher tout ou portion des branches plus faibles , du croissant , et mieux, de l’échenilloir le plus moderne, et qui, quoique connu depuis une quinzaine d'années, n'a pas de nom particulier , parce que l'inventeur a négligé de lui en donner un. Au reste, comme le ministre de l'Intérieur, sur un rapport du savant À. Thouin , l’a recommandé
71 dans tous les départemens par une circulaire ac- compagnée d’une gravure, on le trouve chez tous les fabricans d’instrumens aratoires. Le premier a été confectionné par M. Maquinhan, coutelier , rue Saint-Jacques, qui a refusé de prendre un bre- vet, malgré que l'inventeur l'y avait autorisé.
DALBRET.
HORTICULTURE. Exposition florale a Toulouse.
Il paraît qu’à l'instar de la Société d'Horticulture de Paris, les Societés de province commencent à provoquer et faire des expositions de fleurs ou au- tres objets relatifs à l'horticulture. J'ai recu , il y a déja quelque temps, unelettre de M. de Boisgiraud, amateur et cultivateur à Toulouse, qui me donne quelques détails sur une première exposition faite dans cette ville : voici un extrait de sa lettre.
_«..... Nous venons d'avoir une exposition de « plantes à Toulouse; elle s’est terminée dans les « premiers jours de ce mois (août). La ville avait « fait disposer un local pour cet objet. M. Murel, « pépiniériste, a obtenu une médaille en bronze, et « moi une d'argent. J'avais exposé un assez grand « nombre de plantes, dont la plupart étaient en gé- « néral de forts sujets, d’une belle végétation, et « plusieurs en fleurs... Vous trouverez ci-dessous « la liste de ces objets dont plusieurs avaient de « cinq à dix pieds de hauteur. »
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{
Liste de quelques-uns des plantes et arbres portés à lexposition de Toulouse par M. de Poisgtraud.
À cacia glaucopteris. Gossipium arboreum.
— latispinosa. Heliconia superba.
— hastulata. Hura crepitans.
— filicifolia. Jacaranda ovali folia.
— pulchella. Poinciana reginæ. Aralia umbraculifera. — pulcherrima. Astrapæa glutinosa. Strelitzia reginæ.
— Waliichi. Pandanus utilis.
Bancksia latifolia. Dracophyllum gracile. Boronnia pinnata. Driandra echinata. Bauhynia speciosa. Enkianthus quinqueflorus. Cactus ignescens. Ervihryna fulgens.
— broch’s reginæ. Gardenia intermedia.
— Vanverti. Lapeyrousia grandiflora. Crinum amabiie. Passiflora phœnicea.
— cruentum. Pimelea linifolia. Geissomeria lonçiflora. Epacbris , huit espèces, etc. , etc.
Je ne cite ici qu'un petit nombre de plantes, puisque la note se monte à cent-soixante-sept indi- vidus, sans compter les pelargonium et les rosiers qui n'étaient point détaillés. Voici donc une des principales villes de France qui a une Société d'Hor- ticulture bien organisée, et il est probable que plu- sieurs autres suivront cet exemple. Je suis d’au- tant plus fondé à le croire, que j'ai vu dernièrement plusieurs amateurs de Nîmes qui nr'ont parlé d’en fonder une aussi. L'horticulture ne peut que gagner beaucoup à cette espèce de propagande, et le goût des plantes pourra s'impatroniser enfin dans notre belle patrie. JACQUES.
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PLANTES POTAGERES. Pomme de terre de Rohan.
À la séance de la Société d'Horticulture du 4 fé- vrier 1835, M. Poiteau distribua quelques tuber- cules de cette pomme de terre que MM. Jacque- met-Bonnefonds lui avaient envoyés. Dans cette distribution il m'en fut remis une moitié pesant deux onces; le 20 du même mois, je la divisai en quatre parties à peu près égales, munies d’un bon œil , je plantai chacune d'elles dans un pot à basilic, et le tout fut placé sous châssis froid.
Le 25 mars suivant, je recus des mêmes MM. Jac- quemet-Bonnefonds, pépiniéristes fort distingués à Annonay, un envoi de plantes auquel ils avaient bien voulu joindre deux pommes de terre de Rohan. J'eus le plaisir d'en partager une entre M. le régis- seur du domaine royal de Neuiily et M. Camille Bauvais, zélé et savant horticulteur aux Bergeries, près de Villeneuve-Saint-Georges. Celle que je con- servai pesait quatorze onces; je la divisai en huit morceaux, dont chacun pesait une once trois quarts. Le 50 du même mois je fis labourer une planche | d’un terrain assez sablonneux, profond, mais n'ayant recu aucune fumure depuis long-temps. Cette plan- che ayant cinquante-quatre pieds de longueur sur six de large, avait la contenance d’une perche à la mesure de dix-huit pieds. Désirant obtenir des . tubercules volumineux, je fis creuser, à quatre pieds de distance, seize fosses de dix-huit pouces de pro- fondeur , dans le fond desquelles, et à cause de la maigreur du terrain dont j'ai parlé, je fis mettre
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une demi-brouettée de fumier, puis de la terre par-dessus, et, au centre, mes portions de pommes de terre recouvertes de terre disposée de facon a ménager un bassin afin de pouvoir rechausser au fur et à mesure du développement des tiges.
Les quatre fractions de tubercules mises en pots sous châssis furent plantées à la suite, ainsi que one autres morceaux d’une pomme de terre qui m'avait été donnée pour une excellente variété, que je crois être la Schasw.
Le 20 mai, je fis mettre au pied de re plante un pouce environ de terreau, et toutes furent re- chaussées ensuite de trois pouces de terre.
Le 10 juin, les plantes avaient acquis une éléva- tion d'environ un pied au-dessus du sol; malgré la sécheresse , les pampres étaient vigoureux et leur feuillage large ; je fis donner un binage à chacune, et un buttage d'au moins six pouces d'épaisseur. La terre , assez fraîche dans ce moment, se trouva favorable à cette opération. Déjà on apercevait quel- ques ombelles de boutons à fleurs ; mais il est à remarquer qu'aucun d'eux ne s’est épanoui dans la pomme de terre de Rohan, tandis que dans l’autre variété la floraison s’est assez bien effectuée.
La sécheresse arrêta ou suspendit la végétation ; mais après les premières pluies, les tiges reprirent une grande vigueur. Le 19 octobre, jour où elles furent totalement gelées, elles avaient acquis une longueur de cinq à six pieds, surtout dans celles de Rohan, qui furent toujours plus vigoureuses que dans Pautre variété. Après l'arrachage , j'en mesurai une qui à sa base avait quatre pouces et demi de circon- férence. Presque toutes les fractions de tubercules
79 n’ont émis qu'un seul jet qui s'est divisé à environ six pouces de sa base en plusieurs rameaux forts et vigoureux. On a pu voir d'après ce qui précède que chaque morceau de tubercule planté a été suc- cessivement recouvert par les buttages de quatorze pouces de terre, et que la tige principale s’est con- séquemment trouvée enfouie jusqu’à cette hauteur : les tubercules produits ont été à peu près égale- ment répartis le long de cette tige sur toute cette
longueur. Enfin, le 22 octobre, je fis levertoute la plantation,
et en voici le résultat :
Produit de la moitié du tubercule donné par la So- ciêté d’Horticulture, pesant deux onces et divisé en quatre fractions.
N° 1. Touffe entière. 11 liv. Poids du plus gros tubercule. 2 liv. 4 onc.
2. id. 12 id. 3 »
3. id. 11 id. I 4
4. id. 15 id. 3 8 Total,” + 749
Produit du tubercule conservé sur l’envoi de MM. J'ac- quemet-Bonne fonds » pesant qualorze onces, et divise en huit fractions.
Touffe entière. 16 liv. Poids du plus gros tubercule. 2 liv. 4 onc.
NET. 2 id. 15 id. 1 8 3 id. 18 id. 3 8 4. id. 16 id. 2 4 53 id. 17 id. 2 4 6 id. 16 id. 2 » 7 id. 16 id. 2 8 8 id. 16 id. I 2 Total... 128
Les quatre touffes de la Schasw n’ont donné en
76 tout que vingt livres de tubercules, mais parfaite- ment mûrs et très-bien conformés.
Le premier produit ci-dessus de quarante-neuf livres, pour les quatre premieres touffes, porte la moyenne de chacune à douze livres quatre onces, et la production de chaque once à vingt-quatre li- vres et denn.
Le second produit, étant de cent vingt-huit livres, donne seize livres pour moyenne de la récolte de chaque touffe, et élève la production de chaque once à neuf livres deux onces environ. Il résulte de là que les plus petites portions ont donné un poids plus considérable par once, et moindre par touffe, d’où l’on pourrait conclure que, pour l'avantage gé- néral de la récolte, 11 serait préférable de planter les portions de tubercules un peu plus grosses que trop petites.
Cette expérience prouve que la pomme de terre de Rohan donne des produits avantageux comme le faisait notre ancieune patraque jaune ou rouge, et que pour la nourriture des bestiaux et l'extraction de la fécule, ainsi que je le dirai tout à l'heure, elle peut être cultivée utilement. Mais il n’en est proba- blement pas de même pour les usages culinaires ; car au moment de l’arrachage j'en fis accommoderde diverses manières, et à peine a-t-on pu les trouver mangeables. J’attribue cette circonstance à ce que les pampres ayant été surpris par la gelée au mo- ment où la végétation avait le plus d'activité , les tubercules n’ont pu acquérir toute leur maturité, tandis que ceux de la Schasv, quoique cultivée abso- lument de la même manière, étaient parfaitement mûrs, leurs pampres étant desséchés avant la gelée.
77 J'ai d'autant plus de certitude de ce que j'avance, qu'ayant dégusté plusieurs fois la pomme de terre de Rohan depuis son arrachage, j'ai remarqué que la dernière, où les tubercules étaient plus mûrs, elle m'a paru bonne, et assimilable à la pomme de terre blanche ordinaire, mais loin encore de valoir les violettes, les cornichons jaunes et rouges, les Schaw, etc. Enfin, ayant voulu me rendre compte de la quantité relative de fécule , j'ai pesé une livre de pomme de terre de Rohan, je lai traitée aussi bien que possible pour en extraire la fécule , et j'en ai obtenu une once six gros. Une livre de la Schaw, traitée absolument demême, ena produit deux onces, ce qui prouve que les parties nutritives sont moins abondantes dans la première que dans la dernière. JAGQUES.
PLANTES D'ORNEMENT.
PLEINE TERRE.
Norte sur le Raphiolepis salicifolia Lan.
Dans le Journal et Flore des Jardins, page 03, notre confrèrc M. Jacques a donné la description d'un joli arbuste de la Chine, cultivé au Jardin des Plantes de Paris, sous le nom de Cratægus salicifolia, et dont M. Lindley a fait un genre sous celui de Rapliolepis. Cet arbuste , originaire de la Chine, a d'abord été cultivé en orangerie, où, selon M. Jac- ques, il fleurit de novembre en janvier; mais mieux étudié depuis 1831, Je crois pouvoir conseiller de le confier à la pleine terre, et assurer qu'it yfleurit presque toute l’année. 1] suffit pour sa conservation
78 de couvrir le pied avec des feuilles ou de la grande litière; si un hiver rigoureux fait périr les som- mités de ses tiges, on les rabat, et ilen repousse d’autres qui fleurissent dans la même année.
L’élégance et la floraison presque perpétuelle de cet intéressant arbuste m'ont déterminé à le mul- tiplier pour la pleine terre, au moyen de la greffe en fente, sur de jeunes coignassiers. Voici mon procédé:
Au printemps, je plante de jeunes coignassiers en pot. Âu mois d'août, je fais une petite couche tiède avec du vieux fumier, des feuilles ou toute autre substance susceptible d’entrer en fermenta- tion : je la couvre de terre légère ou de terreau; quand une chaleur douce s’est développée dans la couche , je coupe mes coignassiers à un pouce de terre et jy greffe un rameau feuillé de Raphiolepis, soit en fente ou en couronne, en recouvrant la plaie avec le mastic dont je me sers pour toutes mes autres greffes en fente, et dont je donne ci-après la com- position. Les greffes étant effectuées , je plonge les pots dans la terre de la couche, je couvre les gref- fes de cloches ; je place un panneau vitré par-dessus le tout, et j'ombre avec un paillasson quand le so- leil luit. Je ne manque pas ordinairement une seule grefle de Raphiolepis salicifolia mi des trois autres espèces du même genre, en les traitant ainsi.
Voici maintenant la composition du mastic que j'emploie depuis long-temps pour toutes mes gref- fes en fente, et dont je suis très-satisfait en ce qu'il ne s'éclate ni nc se fond, et qu'il conserve une élas- ticité qui ne s'oppose pas au grossissement des sujets.
Fr
Faba Valearis, Var. Nigrescens
7e
Poix de Bourgogne. . . .* 1 liv.
PO 00m IL D Se 4 onces. POTS TESINE NES LVL 2 2
MIT HEUNELLro. . L.. . 2
Sur ‘de mouton! ” : "1" | "2
On fait fondre et on mélange le tout dans un vase de fer ou de terre, et on l’'emploie tiède. B. Cauuzer.
FABA. Tourner. VENT.; règ. végét. DEcAND. prod. fl. franc., etc.; Vicra. spec., Lin.
\ , LS . \ . Caractères géneriques. Calice tubuleux à cinq dents ; étendard plus long que les ailes et la carène ; légume oblong, grand, coriace , un peu enflé ; se-
mences grandes, oblongues, à ombilic terminal.
Observation. Ce genre ne diffère du ’ïcia que par ses légumes grands et ses semences aplaties à ombi- hic terminal.
FÈVE À FLEURS NOIRATRES , Faba vulgaris. Dec. prod. Vicia faba, Lin. Pers., etc.; var., [Vrorescens.
(Voyez la planche.)
Dans le Journal et Flore des Jardins, page 2, j'ai signalé et fait figurer une féve à fleurs pourpres, dont j'avais recu les graines d'Angleterre en 1823. L'an passé 1834, j'ai obtenu celle-ci à fleurs moins brillantes, mais aussi singulières; c'est une sous- variété de la féve Julienne. La tige ne s'élève de même que de douze à vingt pouces; les feuilles sont ailées à folioles ovales, terminées par une pointe particulière. Les fleurs, en grappes axillaires comme dans les autres espèces ou variétés, ont un calice
rare)
à tube légèrement pourpré, à cinq dents un peu verdâtres ; mais ce qui les distingue particulière- ment , ce sont les ailes qui sont d’un brun-noir , et l'étendard d’un brun noirâtre, seulement pourpré à la base, nuance qui ne se retrouve que rarement dans la couleur des fleurs. Le pied qui a ainsi varié l'an passé n'a donné qu'une seule gousse conte- nant deux graines qui ont bien levé et ont repro- duit identiquement leur mère.
J'ai encore obtenu cette année, dans un semis de la fève à fleurs pourpres, une variété que j'appel- lerai fève demi-deuil. Les fleurs sont brunes comme dans celle que je viens de décrire ; mais l’étendard est bordé en dessus de blanc qui produit un singu- lier effet. J'ignore si cette variété persistera, ce dont je m'assurerai l’année prochaine.
Ces plantes ne demandent aucun soin particu- lier, et se sèment ainsi que toutes les autres de décembre en mars. JACQUES.
. SympnoriNe pu MExIQUuE, Symphoricarpos Mexi- cana, Lopp.
Arbuste de trois à quatre pieds, touffu, à tiges droites, rameuses, pubescentes, jaunâtres, mar- quées d’angles peu saillans; rameaux grêles, op- posés en croix, divariqués , munis à la base de deux stipules subulées, axillaires et dressées; terminés par des fleurs formant une sorte de petite grappe, quelquefois axillaire , et composée de deux, trois ou quatre fleurs.
Feuilles opposées, presque persistantes, entières, longues de six à huit lignes, ovales, pointues, d’un
81 vert gai en dessus , blanchâtre en dessous , portées par un pétiole court, muni de stipules axillaires, petites et subulées.
Corolle monopétale campanulée, d’un rose tendre un peu violacé, longue d'un demi-pouce, à cinq di- visions courtes et obtuses ; cinq étamines aussi lon- gues que la corolle; style plus court que les éta- mines; calice monophylle, accompagné de deux petites bractées courtes et pubescentes à la base.
Les fruits terminent les rameaux en octobre; ils sont axillaires , un peu pédonculés, ronds, transpa- rens , de la grosseur d'un pois, déprimés. Ils sont blancs rosés, marqués de nombreux petits points violacés; l'ombilic est saillant, à trois divi- sions dentées au sommet. Lors de l'entière matu- rité, ils deviennent mous et forment des angles transparens. Îls contiennent plusieurs graines blan- ches, ovales, aplaties.
Ce joli petit arbuste a été envoyé d'Angleterre à Paris en 1832, par MM. Loddiges. Le lieu d’origine que son nom indique, mais dont on doute au reste fortement , ne se trouvant mentionné nulle part, a engagé d'abord à le cultiver en orangerie. Mais on s'apercut qu'il languissait resserré dans un pot, et l'année suivante on en livra un pied à la pleine terre, où 1l poussa avec vigueur, fleurit abondamment et donna enfin cette année des fruits pour la première fois.
I sera aussi utile à l’ornement de nos jardins que le symphoricarpos racemosa, si remarquable par l'agslomération de ses fruits blancs semblables à des perles, et il produira un eftet fort pittoresque par ses petits rameaux divariqués , terminés par de nom-
Déceusre 1835. G
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breuses fleurs d’un rose tendre, depuis la fin de juin jusqu’en août, et ensuite par les fruits qui leur succèdent jusqu’en automne, et ne sont pas moins élégans de formes et de couleurs. À un port agréable il joint l'avantage deconserverses feuilles unegrande partie de l'année.
On le multiplie de boutures faites sur couche üède , en pots remplis de terre meuble et légère, et recouverts d'une cloche pendant huit ou quinze jours, temps qui paraît suflire à l'émission des ra- cines. Ces boutures peuvent se faire une partie de l'année, mais elles réussissent beaucoup mieux d'avril en septembre. Les boutures de portions de racines faites de la même manière obtiennent aussi un plein succès. Cet arbuste reprend très-bien encore de mar- cottes faites en mai et que l’on peut facilement se- vrer à l'automne.
Aujourd'hui quil nous donne des fruits, on peut les semer en novembre et décembre, et même au printemps suivant, d'autant plus que la graine pa- raît se conserver très-bien dans la pulpe ou le mu- cilage dont ils sont formés.
On peut se procurer cette nouvelle symphorine chez MM. Cels frères , où elle est en multiplication, et qui, dès à présent, peuvent en fournir aux amateurs. PÉpPIN.
Correspondance.
Je recois de M. Dovergne, horticulteur amateur très-distingué à Hesdin ( Pas-de-Calais ), la note sui- vante que je m'empresse de publier.
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LiNAIRE RÉFLÉCHIE, Linariareflexa ; Desr. fl. alt. 2. 42. Anthirrinum reflexum. Lin. Wirp. sp. 53-256.
«Cette petite plante annuelle n'est d’abord pro- venue de graines prises dans mon herbier sur des échantillons recueillis à Alger en 1830, puis de graines recues du Jardin du Roi en 1832. Semée en mars , elle a constamment fleuri jusqu'aux gelées, en touffes fort agréables et variées. Elle se ressème d'elle-même et fleurit au printemps suivant.
«Racines fibreuses, tiges longues d'environ six pouces, faibles, filiformes, cylindriques, lisses et un peu rameuses. Feuilles ovales, entières, glau- ques , un peu épaisses, distantes , sessiles, alternes excepté dans la partie inférieure où elles sont ternées ou opposées. Pédoncules solitaires , axillaires, uni- flores , longs d'environ deux pouces. Fleurs tantôt bleu pâle, tantôt blanches , plus souvent violettes, marquées de deux points orangés sur le palais, avec un éperon droit et subulé de la longueur de la fléur. La lèvre supérieure est droite, pro- fondément bifide; linférieure est à trois lobes légèrement échancrés. Lorsque le fruit est formé, ses pédoncules s'allongent et paraissent plier sous le poids de la capsule : de là lui vient son nom spé- cifique. La capsule est ronde et recouverte par les folioles du calice.
« Cette plante se recommande par son mérite d'offrir toute l'année des fleurs d’un bleu plus ou moins foncé que relèvent les points orangés qui {a- chent la corolle. On pourrait en retirer un bon effet en mélange avec les plantes dont on tapisse ordinai- rement les rocailles.
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« Elle peut être semée dans les plates-bandes et en bordure, en mars ou à l'automne. Toute expo- sition et tout terrain paraissent lui convenir , et particulièrement les terrains secs et chauds. »
Le semis d'automne doit se faire dans le courant d'octobre ou les premiers jours de novembre ; sans cela le plant pourrait fondre par l’action des gelées hâtives. PÉPIN.
Rose Durer. Cet arbrisseau, que j'ai obtenu de graines de la Perpétuelle Lelieur, où Rose du Roi, est vigoureux et forme une touffe presque régulière, à rameaux assez distancés ; bois gros, garni d’aiguil- lons fins, rapprochés, peu accrochans ; feuilles étof- fées , parfaitement ovales , finement et régulière- ment dentées, le pétiole de la feuille recouvrant entièrement l'œil. Calice divisé quelquefois en six parties foliacées et subsistant long-temps après la maturité du fruit; celui-ci est gros, en forme d'urne et lisse; fleur grande, composée de sept à huit rangs de pétales d’une largeur peu commune, de couleur tout-à-fait rose, et exhalant une odeur agréable. Cette rose s'ouvre très-bien, mais son épanouissement est long, ce que j'attribue à la lar- seur des pétales qui se recouvrent les uns par les autres. Au reste elle est rustique, car le soleil de 1835 ne l’a pas endommagée. Elle remonte très- franchement, chaque rameau étant toujours ter- miné par un groupe de deux à cinq fleurs.
Je l'ai dédiée à M. Duret, propriétaire et amateur au Val de Meudon. Duvaz,
Horticulteur à Chaville.
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Dans le numéro de mai 1835 de ces Annales, notre collègue M. Jacquin aîné a fait figurer et décrit une nouvelle espèce de Phlox sous le nom de Phlox verna, qu'il avait recue de l'Angleterre. En faisant connaître cette charmante plante, si remar- quable par ses fleurs printanières, ses feuilles arrondies portées par des rameaux herbacés, qui s'enracinent si facilement à l'insertion des feuilles, il conseilla prudemment d'en conserver quelques pieds en orangerie, pour ne pas la perdre totale- ment si le froid et l'humidité de l'hiver lui devenaient insupportables. Cette précaution était d'autant plus sage qu'on ignorait alors à quelle contrée elle ap- partenait; mais aujourd'hui on sait qu'elle est indi- gène à l'Amérique septentrionale.
Quoique cette plante n'ait encore supporté que des gelées de quelques degrés, on peut néanmoins apprécier sa rusticité, puisqu'aujourd’hui, ro dé- cembre, j'en ai vu HE pieds au Te des Plantes, tous vigoureux et couverts de boutons à fleurs dont trois ou quatre étaient épanouis.
Elle a une floraison plus précoce que ses congé- nères, qui le plus ordinairement dure de février en mai, car le fait que je rapporte est le premier qu'on ait observé. C’est du reste une belle acquisition pour l’horticulture , car elle deviendra un des plus jolis ornemens de nos parterres par ses touffes que relèvent ses grandes fleurs d’un beau rose pourpre.
M. Jcquin aîné peut en offrir aux amateurs, car il la multipliée dans ses jardins de Charonne.
P£riN.
86 ORANGERIE.
KETMIE A FLEURS CHANGEANTES DOUBLES, //ibiscus mulabilis. WirLp., var. : flore pleno.
Arbuste de cinq à six pieds; tiges épaisses et gri- sâtres garnies de feuilles amples à cinq lobes aigus , inégalement dentées, d’un vert tendre et à ner- vures tyès-saillantes en dessous. De septembre en décembre, fleurs solitaires et axillaires en corymbe terminal. Ces fleurs sont très-pleines, de trois pouces de diamètre, de couleur blanche d’abord, passant le lendemain à un rose tendre semblable à celui de la rose cent-feuilles , et devenant pourpre à la fin de la floraison. Cette belle variété de lhr biscus mutabilis anciennement connu vient d’être nouvellement apportée du Brésil.
Cette plante exige beaucoup de nourriture pour être belle; il faut la tailler très-court au prin- temps lorsqu'elle commence à pousser et la tenir au plein air tout l'été à une exposition chaude. On la rentre en serre tempérée lorsque les boutons sont de la grosseur d’une noisette, sans quoi ils tombe- raient sans fleurir. On la multiplie facilement de boutures sur couche et sous cloches qui ne fleuris- sent bien que la seconde année. LEÉMON.
PÉLARGONIER pE Gouvart, Pelargonium Gouvarti. Horr. ( Voyez la planche, et pour les caractères sénériques page 280 de ce Journal, année 1833-
1834.)
Plante vivace, sous-ligneuse comme ses congé- ncres, ayant toutes ses parties hispides excepté la
Pelargronium Gouvarti LA
| 4,7 MAN COR DETAIL ALES d Uk: ve du QU LUS LE
87 page supérieure des feuilles. Celles-ci sont pétiolées, moyennes, à trois lobes profonds qui sont eux- mêmes lobés, dentées, ondulées et coquillées en dessus , exhalant une odeur agréable.
En mai et juin, fleurs moyennes, portées sur un pédoncule droit: les deux pétales supérieurs sont d’nn beau pourpre noirâtre, plus longs que larges, droits et bien étoffés ; aussi ces fleurs se conservent plus long-temps que presque toutes celles du genre ; les pétales inférieurs sont d’un blanc rosé , striés et maculés de carmin plus ou moins foncé.
Cette jolie variété a été gagnée par M. Gouvart, horticulteur belge, de qui noûs lavons obtenue l’année dernière. Elle n’est pas plus délicate qu'au- cune autre du genre et se cultive de la même manière. JAcQUIN aîné.
Extrait d'une lettre sur les Cactees.
Le 8 septembre j'ai recu de M. Geninet, amateur, à Effiat, département du Puy-de-Dôme, une lettre par laquelle il me fait part de quelques observations d'horticulture; une entre autres me paraît pouvoir être signalée aux amateurs, quoique pouvant avoir
été déjà pratiquée. Il est toujours bon de provo- quer des expériences comparatives : je laisse donc parler cet excellent correspondant.
« ..... J'avais un très-cros pied d’Zchinocactus « ÆEyriesit qui jamais ne m'avait donné de petits ; il « m'est venu à l’idée de lui faire de petites incisions « au-dessus des paquets d’épines ; tous m'ont donné « fleurs ou boutures peu de temps après l’opé- « ration, et j'en ai actuellement une vingtaine de
88 « gros comme une noisette. Je pense donc que ce « serait un moyen de multiplier les espèces rares « d'Echinocactus, Mélocactus , etc. ; mais je ne puis « pas en faire l'expérience , et pour bonne raison. « Toutefois l'ayant fait sur un fort pied de Cereus « peruvianus qui ne fleurissait jamais, il m'a donné « cette année une douzaine de fleurs, mais pas un « rejet; je crois, d’après cela, qu'on pourrait obte- « nir tous les ans des fleurs, non-seulement de « cette espèce, mais de plusieurs autres : c'est une « expérience à tenter... »
Ayant fait part de cette lettre à notre ami et col- lègue Neumann , il m'a dit avoir obtenu à peu près le même résultat en enlevant avec un instrument bien tranchant quelques-uns des paquets d'épines.
JACQUESs.
WATSONIE A FLEURS DROITES, /f'atsonia strictiflora. Ker. Bor. REG. 1406. Gladiolus strictiflorus. Rep. Lil. vol. 7. tab. 300. ( Voyez la planche, et pour les caractères génériques page 27, octobre 1835 de ces Annales.)
Racine bulbeuse, de la grosseur d’une noix, ar- rondie, un peu déprimée, émettant sur ses flancs, comme à sa base, des fibres radicales d’un brun pâle. Feuilles radicales engaïînantes, disposées sur deux rangs, opposées, droites, lancéolées , quelque- fois légèrement contournées en spirale , larges d’un demi-pouce, longues de huit pouces à un pied , mais toujours de moitié plus courtes que la hampe, rétrécies au sommet en une pointe très-fine, gla- bres, raides, munies de nervures longitudinales
P1.41
Watsonia stricuflora
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89
dont la moyenne plus saillante que les autres. Hampe de dix-huit pouces à deux pieds, glabre, feuil- lée dans sa partie inférieure , et dans le reste de son étendue garnie de deux ou trois bractées engai- nantes, aiguës, rougeâtres sur les bords; fleurs formant un épi médiocrement serré, distiques ou quelquefois disposées à peu près régulièrement au- tour de la hampe. Chacune d’elles est munie à sa base de deux bractées ovales, concaves , aiguës, rouges, longues de près d’un pouce; celle de lin- térieur un peu plus longue et en général terminée par deux petites dents ; celle de l’extérieur entière. Le tube du périgone est long de deux pouces et souvent plus , droit et quelquefois un tant soit peu réfléchi, de couleur rouge écarlate ; il est dilaté graduellement depuis l'ovaire jusqu’à sa partie su- périeure , excepté vers son milieu où la dilatation est plus brusque ; l’exirémité du limbe forme six divisions à peu près égales, dilatées au sommet, qui cependant se termine en pointe. Les trois exté- rieures sont étalées, les trois intérieures et surtout la supérieure sont un peu dressées. Les filamens des élamines sont filiformes, blanchâtres dans le bas et d'un rouge ponceau dans le haut ; ils sont soudés au tube du périgone dans leur moitié inférieure. Les anthères sont oblongues , d’un violet noirûtre ; l'ovaire est ovale, triangulaire; le style est filiforme, de la même couleur que les filamens des étamines ; les stigmates sont filiformes , creusés en gouttière, fendus profondément et dépassant les anthères.
Cette espèce est originaire du Cap de Bonne-Espe- rance. En 1825, elle fut cultivée au fleuriste du roi à Saint-Cloud, d’où elle disparut quelque temps
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après, et elle fut rapportée à Paris l’année dernière avec une assez grande quantité d'amaryllis , d’ixia, de glaïeul, etc. Cette année elle a fleuri de mai en juin , et l'éclat de ses fleurs, leur disposition et leur durée doivent intéresser les amateurs. Du reste elle est peu délicate, et il suffit de la garantir de la gelée. Ii lui faut une terre meuble et légère, composée d'un quart de terre normale avec trois quarts de terreau de bruyère, ou mieux de dé- tritus végétaux. Sa culture est celle des ixia et des glaïeuls. On la tient en pots qu'on rentre sous châssis, ou en pleine terre sous les mêmes abris ; elle a besoin de beaucoup d’eau pendant sa végé- tation. On la trouve chez nos collègues MM. Cels frères. Pépin.
SERRE CHAUDE.
CRINÜM. Li. ; Hexandrie monogynie L. Narcissées. Juss. Ê
Caractères génériques. Spathe membraneuse, multiflore, divisée en deux par ties; calice infundi- buliforme, à tube filiforme, à limbe partagé en six divisions on dont trois terminées en cro- chet ; étamines insérées au tube de la corolle ; ovaire chargé d’un style aussi long que les étamines, et terminé par un stigmate simple; capsule ovale à trois loges polyspermes.
CRINOLE A FEUILLES RUDES, Crinum Scabrum. SER-
TuM Bot. ( Voyez la planche.)
Oignon de trois à quatre pouces de diamètre, de couleur blanchâtre, recouvert d’une enveloppe gri-
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CRINOLE A FEUILLES RUDES
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sâtre et comme cotonneuse. Les feuilles partent en spirale du collet de loignon; elles sont d’un vert gai, ondulées, d’abord très-rétrécies à la base, s'é- largissant ensuite jusqu’à trois pouces, longues d'environ trois pieds, et se recourbant au sommet. À côté des feuilles, s'élève, vers le mois de juin, une hampe aplatie , haute d’un pied , terminée par une ombelle de quatre à huit fleurs. Le tube de la co- rolle à trois ou quatre pouces dé longueur ; le limbe est campanulé, tres-ouvert, surtout lorsque la tem- pérature est chaude, d’un blanc pur avec une ligne d'un pourpre vif sur chaque division. Le style est plus long que les étamines, qui sont recourbées et surmontées d'une anthère jaune.
Cette plante, originaire du Brésil, n'exige pas de soins différens de ceux que l’on donne aux autres espèces. I faut la tenir dans la tannée tout l'été. Elle perd ses feuilles en hiver, et redoute l'humidité pendant cette saison. Aussi conseillerais-je de la placer sur une tablette et de suspendre tout arrose- ment. La terre de bruyère un peu tourbeuse, mé- langée avec un tiers de terre franche, est la com- position qui lui convient le mieux. LEMmon.
ANANAS A LONGUES BRACTÉES, Ananas bracteata. Bor.
REG.
Ce beau végétal ne doit pas être regardé, ainsi que tous les autres de son genre, comme une plante seulement alimentaire, mais plutôt comme un vé- ritable ornement pour les serres chaudes. Il prend tout son accroissement durant l’espace de trois ans. Son tronc ne s'élève guère qu'à la hauteur de deux
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pieds, et est garni de feuilles d’un beau vert luisant en dessus, un peu rougeâtres en dessous. Elles sont très-coriaces , et garnies d'épines assez éloignées les unes des autres ; elles ont environ, dans leur plus grand accroissement, quatre pieds de long sur trois pouces de large, se soutenant très-bien, et se re- courbant sracieusement en dessous vers les deux tiers de leur longueur. Quand la plante se dispose à fleurir , le cœur se colore, et laisse entrevoir un fruit de trois pouces de diamètre environ, d'un rouge cramoisi éblouissant. La tige qui le porte est garnie de dix à douze bractées de la même couleur, et s'élève de dix-huit pouces dans l'espace d’un mois ; ensuite les fleurs paraissent sur toute la circonfé- rence du fruit; elles sont plus grandes que celles des autres ananas, d’un beau bleu, et font un effet su- perbe parmi le rouge cramoisi du fruit qui se con- serve plus de deux mois. À mesure qu'il #rossit, Ja couronne se développe, et la couleur change insen- siblement jusqu’au rose carné, qui devient jaune en- suite vers le sixième mois de son apparition, épo- que de la maturité. Le fruit peut avoir huit pouces de hauteur sur quinze de circonférence ; il est d’une saveur très-agréable; les bractées calicinales, placées au-dessous de chaque grain, sont larges de trois lignes et longues d'un pouce, ce qui n'a lieu que dans cette espèce, et c'est de là que lui vient son nom de éracteata. Get ananas, originaire du Brésil, n’est connu que depuis dix à douze ans.
On peut le cultiver dans la tannée, parmi les au- tres plantes; 1l y croît très-bien, ne demande aucun soin particulier, et n'est pas délicat. Il prend tout son accroissement dans un vase de dix pouces à un
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pied de diamètre. La terre de bruyère un peu tourbeuse est celle qui paraît le plus lui convenir. On le multiplie par les œilletons qu'il produit au pied ou entre les aisselles; lorsqu'ils ont huit à dix feuilles, on les détache, et on les plante de suite sur une couche chaude. Jen ai obtenu un œilleton, 1l y a deux ans, sur une plante à feuilles vertes, qui s'est constamment conservé panaché très-élépam- ment de lignes rouges dans la jeunesse , et devenant blanches ensuite. LEémon.
NOUVELLES HORTICOLES.
M. Lafay, horticulteur, rue Rousselet-Saint- Germain, a introduit en France plusieurs plantes remarquables que nous croyons devoir signaler à l'attention de nos lecteurs.
On sait que cet habile cultivateur est un des pre- miers qui se soient occupés de former de riches col- lections de roses dont le bon choix, joint aux gains superbes que lui produisent ses nombreux semis, l'a placé au premier rang des collecteurs et lui a fait une réputation justement méritée. Sa collection est en effet une des plus brillantes , et il est vrai de dire qu'il ne néglige rien pour la rendre telle ; il fait de fréquens voyages à l'étranger, et surtout en Angleterre, pays avec lequel il'entretient les rela- tions les plus suivies , et ses nombreuses correspon- dances s'étendent à tous les points du globe qui peuvent lui offrir quelque nouvelle merveille.
Toutefois il ne s’est pas exclusivement consacré à Ja seule culture des roses ; il entretient également un grand nombre des belles plantes du Cap et de la
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Nouvelle-Hollande, et chaque voyage est pour lui une occasion d'augmenter ses richesses sous ce rapport. Je vais donc citer les plantes nouvelles dont nous lui devons l'introduction, notamment par suite du voyage qu'il a fait cette année.
DATURA A FLEURS ROUGES, Matura rubra, Datura sanguinea , Brugmansia bicolor. C'est une plante magnifique dont on parlait depuis long-temps, mais que l'on ne possédait pas; car les graines et les indi- vidus apportés par les voyageurs , où envoyés par des marchands étrangers, n'avaient fourni que des plantes à fleurs blanches. Celles de la plante qui nous occupe ne sont pas, ainsi qu on l'avait annon- cé , d'un rouge de sang , mais d’un rouge capucine à l'intérieur, diminuant d'intensité vers l'extrémité du limbe; l'extérieur est d’un blanc verditre, strié de jaune et de rose. Elles sont aussi grandes que celles du Datura arborea , et exhalent une odeur aussi suave. Les feuilles sont beaucoup moins lon- gues , ovales, lisses et un peu glauques. L'individu est très-rustique et paraît, comme l'autre espèce, demander , pendant sa végétation, de la nourriture et beaucoup d'eau.
Il existe au Jardin des Plantes, depuis quelques années , une plante qui paraît être la même; mais, quoique haute de quatre pieds, elle n'a pas encore fleuri.
BENTHAMIE FRAGIFÈRE, Zenthamya fragifera, Bor. Rec.; Cornus nepalensis. Arbre intéressant dont les fleurs, plus grandes que celles du Cornus florida, sont nombreuses, grandes, et d’un blanc jaunâtre ; son fruit est de la grosseur d’une fraise
2 Wilnoth, mais exactement cylindrique. Il est de
95 couleur rose lorsqu'il est mûr ; sa chair est blanche, délicate et comestible. Il est probable que cet arbre pourra passer en pleine terre, car il en existe un en Angleterre, lequel a de vingt à vingt-cinq pieds de hauteur et produit un effet charmant.
KENNÉDIE A FLEURS NOIRATRES, Kennedia nigri- cans. Arbuste volubile de la famille des légumi- neuses ; son feuillage est d’un vert foncé ; ses fleurs sont nombreuses , papillonacées, d’un noir violacé, bordé de jaune verdâtre. Cette espèce, originaire de la Nouvelle-Hollande , se cultive en serre tem- pérée, en pots remplis de terre de bruyère ; elle fleurit très-long-temps et est fort remarquable.
CLIANTHE pONCEAU, Clianthus puniceus. Arbuste de la famille des légumineuses , à fleurs papillona- cées, réunies en paquets de couleur rouge pon- ceau ; les feuilles sont pinnées et pointues. Cet arbuste, originaire de la Nouvelie-Hollande, paraît très-voisin du genre Colutea. I passe très-bien en serre tempérée. C'est une plante magnifique, que le coloris de ses fleurs ne peut manquer de faire re- chercher. ”
VERVEINE A FLEUR SOUFRÉE , V’erbena sulphurea. Cette nouvelle espèce est remarquable par ses fleurs d’un jaune soufré ; elle produit un joli effet et peut être cultivée en pleine terre pendant la belle saison.
RUSSÉLIE JONCIFORME, Russelia junceu. Plante nouvelle de serre tempérée, dont les fleurs sont d'un rouge écarlate et de longue durée.
FucasiE CHANGEANTE, Æuchsia mutabilis. Espèce nouvelle, et qui se fait remarquer, au milieu des autres espèces et variétés que cultive M. Lafay, par
96 ses nombreuses fleurs , longues , d’un rouge écar- late, et qui se succèdent toute l’année.
Cet horticulteur, l’un des premiers à qui nous de- vons l'introduction du Ribes sanguineum, figuré dans ces Annales, page 77, année 1833-34, vient égale- ment d'en introduire plusieurs espèces parmi les- quelles un certain nombre n’ont pas encore fleuri, mais dont je peux déjà citer le /èbes malvaceum , le Ribes glutinosum et le Ribes punctatum.
Il a également rapporté quelques espèces de cac- tus fort rares. Je citerai par exemple le Cereus senilis, remarquable par ses nombreux poils blancs, longs d’un à deux pouces, qui couvrent la tige et surtout la partie supérieure , où ils sont plus abon- dans et font l'effet d’une chevelure de vieillard. Cette plante fort curieuse a été achetée à un prix très-élevé par M. le marquis de l'Escalopier ; un second pied l'a été également par nos collègues, MM. Cels frères, qui n'ont pas borné leur acqui- sition à cette seule plante et qui s'occupent de mul- tiplier pour le commerce toutes celles qu’ils se sont procurées.
M. Lafay attend encore un nouvel envoi d’Angle- terre, et à juger par les raretés que le dernier contenait , 1l y a lieu d'espérer que celui-ci ne sera pas moins précieux ; aussi aurons-nous le soin de signaler aussitôt les nouveautés qu'il apportera.
P£pin.
ERRAT'A.
N° d'Octobre 1835, page 25, ligne 16, WATSONIE À FEUILLES D'ALETRIS, lisez : WATSONIE A FLEURS D'ALÉTRIS.
N° de Novembre 1835, page 56, ligne 16, plante vivace, où au moins annuelle , lisez : plante vivace ou au moins trisannuelle.
ERRELES
DE FLORE ET DE POMONE.
PPS ETS TS ITS LENS ES LS LL LL LE TITLES LE LS LE LL EL EL EE ZT LL TL, TL TILLIET 2. 111,1
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, Sur la maladie appelée Brülure.
La brûlure est une maladie accidentelle qui peut frapper toutes les espèces de végétaux dans les dif- férentes saisons de l’année, mais beaucoup moins en automne; elle provient de coups de soleil qui sont surtout à craindre au printemps, pendant les ardeurs de l'été et durant les temps de froid, lors- qu’une plante atteinte par la gelée se trouve exposée directement aux rayons solaires.
Cet accident peut tuer en quelques instans les vé- gétaux délicats , et il est rare qu'il ne produise pas un mal assez grand dans les plantes les plus robus- tes. Malheureusement il n'y a point de remèdes à cette maladie : la seule ressource qu'ait le cultiva- teur est de la prévenir par tous les moyens qui sont en son pouvoir ; et dans les cultures en grand, l’in- dustrie est en défaut, il faut se soumettre aux al- ternatives des intempéries. Ainsi le blé est quelque- fois frappé de brülure , ce que l'on reconnaît à la blancheur de sa tige et de son épi. Lorsque cet acci-
dent se montre au commencement de l'été, la ré- Janvier 1836. 7
(ere
colte est entièrement perdue; mais quand il arrive plus tard, le grain est seulement retrait, c'est-à- dire qu'il est petit, maigre et fournissant peu de fa- rine , laquelle encore ne contient presque point de, gluten. Les fromens semés dans des sols sablonneux et chauds, ayant peu de profondeur et placés à une exposition sud, sonttrès-exposés à la brülure dans les temps de sécheresse, qui font évaporer touie l'hu- midité de la terre où les racines altérées ne trou- vent bientôt plus qu'une poussière sèche et brû- lante. Il faut dans un cas pareil remédier aux vices du sol, et les moyens varient selon les circonstan- ces et les localités. Si Le défaut est le peu de profon- deur de la couche arable, il faut s’efforcer de Faug- menter par des défoncemens, si le sous-sol est bon ; par des chargemens , si ce dernier est de mauvaise qualité ; par des plantations d'arbres combinées de facon à procurer un abri contre les ardeurs du midi, par desirrigations, et enfin par tousles moyens les plus économiques et qui peuvent produire dans le sol une fraîcheur suffisante.
C'est surtout sur les produits de l’horticulture que cette maladie exerce une influence fatale; aussi les jardiniers ont-ils sans cesse les plus grandes pré- cautions à prendre pour s’en garantir; c'est pour cela qu'ils ont soin d’ombrer, pendant la présence du soleil, à toutes les époques de l’année, les serres et les châssis sous lesquels ils entretiennent les plantes délicates , ou les jeunes élèves qu'ils destinent plus tard à livrer au plein air. Cette attention a d'autant plus d'importance que le verre rassemble souvent les rayons et forme un foyer ardent. Jai vu un Vir- gilia frappé de brûlure dans l'établissement de no-
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tre collègue M. Noisette par la réflexion des rayons solaires sur les vitres de châssis placés sur champ, les uns derrière les autres, et de facon que l'arbre se trouvait entre eux et le soleil depuis une heure jusqu'a deux ou trois. La réflexion du soleil par l’eau produit aussi assez souvent la brûlure. La brûlure est particulièrement à craindre au prin- temps pour les plantes qui ont passé l'hiver en oran- gerie, en serre tempérée ou sous châssis, si on les exposait sans ménagement à un soleil très-vif. Leur tissu, privé depuis long-temps du contact de l'air atmosphérique, et n’ayant pas joui d'une lumière assez abondante pour solidifier leurs organes, se trouve attendri et par conséquent bien plus sensible aux effets de la chaleur directe.
Cette maladie attaque tous les genres de végétaux, et son influence se fait remarquer aussi bien sur les feuilles que sur les bourgeons, les branches et les iges.
Souvent à la suite de pluies , de rosées et de gelée blanche, les feuilles frappées par le soleil offrent bientôt des taches blanches qui deviennent promp- tement noires. Ces taches détruisent le parenchyme et empêchent les fonctions de ces organes, de fa- con que lorsqu'elles sont nombreuses, le végétal souffre et périt souvent. Parmi les raisons que l’on a données pour expliquer cet effet, la plus raison- nable, à mon avis, est celle qui considère les gout- telettes d’eau ou les parcelles glacées comme autant de lentilles qui réfractent les rayons du soleil. Les plantes potagères et particulièr ement les melons y sont assez sujets ainsi que les arbres fruitiers et sur- tout ceux qui sont en espalier exposé au levant. Il
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arrive souvent qu'un pareil accident empêche les fleurs de nouer, ou cause l'avortement des fruits. Le seul remède à employer, dans cette circonstance, est de secouer, quand cela est possible, les goutte- lettes de rosée ou de pluie, et d’arroser les feuilles frappées de gelée blanche afin de la faire fondre. Si, en pareil cas, on pouvait abriter les végétaux des rayons solaires, 11 n'y aurait rien à craindre. Les auvens mobiles , dont notre collègue M. Dalbret a parlé, sont d’une grande ressource contre la brü- lure pour les arbres fruitiers en espalier. Lorsqu'a- près une gelée blanche ou qui survient à fa suite de la pluie , les bourgeons des arbres à fruits éprou- vent l’action du soleil, ils sont également brûlés, ils noircissent bientôt et tombent.
Mais les arbres fruitiers, surtout ceux en espalier, n’ont pas seulement à craindre la brülure pour leurs feuilles ou leurs bourgeons; il arrive souvent que, pendant les ardeurs de l'été, leurs branches et leurs tiges sont atteintes par cette maladie dans les portions tournées au midi. L’écorce se dessèche, se fend et se détache par lambeaux, et il en résulte quelquefois la mort du sujet, si la brûlure n’a pas frappé une partie qu’on puisse supprimer par la taille. Les arbres en contr'espalier et en plein vent y sont moins sujets, excepté toutefois les jeunes in- dividus récemment tirés d’une pépinière, où l'écorce de leur tige , se trouvant abritée de tout côté, s’est conservée plus tendre et comme étiolée. Le pêcher et l’abricotier sont plus exposés à cette maladie, à laquelle la vigne résiste parfaitement, sans doute à cause du tissu peu serré de son écorce qui se renou- velle tous les ans.
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Il arrive encore assez souvent que les arbres frui- tiers en espalier ou autres sont frappés de brûlure aux extrémités supérieures de leurs branches; c’est presque toujours à la qualité du sol qu'il faut rap- porter cet effet, car c’est le plus ordinairement dans les terrains légers et chauds que cette maladie se montre de cette manière. Les racines, ne trouvant plus d'humidité à aspirer, ne répondent plus aux sollicitations des feuilles ; elles se dessèchent et ces- sent bientôt d'envoyer la sève qui devait alimenter les branches, et celles-ci se dessèchent à leur tour par l'extrémité, dessiccation qui s'étend insensiblement en descendant. Les arbres nouvellement plantés sont plus que les autres susceptibles de périr ainsi, parce que la terre n’est pas encore bien serrée auiour de leurs racines, qui, mal assises dans le sol, ne jouissent pas de toute leur énergie pour allerchercher plus bas une humidité favorable. Le remède à de pareils ac- cidens est d’arroser à propos, en versant un arro- soir au pied de chaque arbre, et en garnissant la terre à l’entour d'un paillis ou de litière capable d'y entretenir une certaine fraîcheur. Il est encore bon de rappeler à cette occasion l'usage qu'on peut faire des cailloux pour couvrir d'une couche suffi- samment épaisse la terre qui entoure la tige des arbres.
Enfin on remarque des arbres fruitiers, et surtout les poiriers et pommiers, qui dans tous les terrains perdent leurs feuilles et se dessèchent par les som- mités de leurs branches; cette maladie, qui, en pareil cas, paraît être organique , dépend principalement des sujets sur lesquels ils sont greffés. Il est impor- tant que les cultivateurs portent leur attention sur
102 ce point; car, outre la mortalité des individus, les fruits de ceux qui résistent quelque temps sont plus petits , rachitiques et marqués de taches noires qui donnent à leur chair une saveur amère et dés- agréable.
En signalant ainsi les diverses causes qui peuvent produire la brûlure, j'ai cru faire une chose utile, ne fût-ce que pour marquer l'importance de certaines pratiques de l’horticulture que les jeunes jardiniers sont toujours tentés de négliger comme superflues.
Doverce.
Sur la croissance des arbres.
L’accroissement des végétaux ligneux peut être considéré sous deux aspects, l'élévation et la gros- seur.
La croissance en hauteur dépend de la situation que les arbres occupent, c'est-à-dire, s'ils sont iso- lés, ou au nulieu des taillis. Les expériences de Du- hamel prouvent que ceux qui se trouvent dans le dernier cas cessent de s'élever dès qu’on a coupé les taillis qui les environnaient, quel que soit leur âge à l'époque de la coupe.
Ainsi des baliveaux conservés dans un taills, coupé tous les vingt ans, avaient à cet âge 6 ” 5 de hauteur, et rien de plus à quatre-vingts ans.
Dans un taillis coupé tous les vingt-cinq ans, les baliveaux avaient à cet âge 8" 1, et rien de plus à
Ü
cent ans. Dans un taillis coupé tous les trente ans, des ba-
liveaux conservés avaient à cet âge 9" 7, et rien de plus à cent vingt ans.
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La croissance en grosseur est au contraire plus considérable dans les arbres isolés. Les baliveaux mesurés dans un taillis soumis à la coupe tous les vingt ans avaient o* 27 de circonférence à la première coupe; 0" 65 à quarante ans; 1 " 08 à soixante, et 1 " 44 à quatre-vingts : d'où il suit que l'accroissement de la première période de vingt ans a été plus faible que celui des trois autres pé- riodes, pendant lesquelles les baliveaux étaient iso- lés. La différence en moins est de 0" rr avec l’ac- croissement de la deuxième coupe, de 0" 16 avec celui de la troisième, et de o" 09 avec celui de la quatrième.
Toutefois l'accroissement en grosseur des bali- veaux conservés est plus considérable dans ceux qui font partie de taillis soumis à des coupes faites à de longs intervalles. Ainsi ceux conservés dans un taillis coupé tous les vingt ans avaient à la première coupe 0" 27 de circonférence, et 1" 44 à la quatrième ; ceux conservés dans un taillis coupé tous les trente ans, avaient à la première coupe 0" 40 de circonférence, et à la quatrième 2° 37.
!l résulte encore des expériences comparatives du même auteur, que l'accroissement d’un végétal li- gneux est en raison inverse de sa densité et de sa pe- santeur. Ainsi le peuplier, dont le pied cube pèse sec 37 liv. 12 onces, croît annuellement en hauteur de 135, et en circonférence de 0" 89, tandis que le chêne dont le pied cube pèse sec 72 liv., croît an- lement de o" 30 en hauteur et de 0" 23 en circon- férence.
De tous ces faits on peut tirer la conclusion, que d’ailleurs la pratique confirme, que pour obtenir
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les arbres les plus beaux en hauteur et en gros-
seur, il faut faire les coupes à l’âge le plus avancé
que peut le permettre le terrain que Pon exploite. DovErGe.
AGRICULTURE.
Extrait d’une lettre sur la pomme de terre de Rohan.
Nous avons, page 33, N° de Novembre de ces Annales, donné l'extrait d’une lettre de MM. Kænig et Ohl sur le produit de la pomme de terre de Rohan, plantée par eux en terre compacte et argileuse. Ils avaient bien voulu nous promettre une seconde lettre sur les résultats de leurs essais en terre légère et sèche; nous venons de la recevoir, et nous nous empressons d'en donner l’ex- trait ci-après :
« À l’époque du 13 octobre dernier, les tiges, qui avaient à peine cessé de fleurir et se trouvaient encore en pleine végétation, ont été surprises par une gelée, qui, s'étant consécutivement reproduite durant plusieurs jours, nous a fait perdre l'espoir de voir atteindre aux tubercules tout le développe- ment dont ils étaient susceptibles. La récolte en ayant été faite immédiatement a réalisé deux cent cinquante kilog. de pommes de terre, dont la ma- jeure partie pesaient d’une à deux livres ; quelques- unes, mais en petit nombre, ont atteint le poids de trois livres, et une celui de quatre livres. »
Ce produit est le résultat de la plantation d'un kilog. de porames de terre, divisé en vingt-cinq portions, et occupant un espace de terrain de vingt- einq centiares; ce qui donne une récolte de deux cent
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cinquante pour un, et un produit à l’hectare de mille six cent quatre-vingts bectolitres.
La plantation faite par ces messieurs en terre légère et humide a , contre leur attente, donné un produit moindre, qui est cependant encore de deux cent trente-huit pour un.
En présence de tels résultats, MM. Kænig et Oh voudraient que l’administration supérieure en fit vé- rifier l'exactitude, et propageât par tous les moyens la culture de cette variété, qui peut être pour de certaines localités une source féconde de richesses ; ils annoncent que, grâce à l’active sollicitude du préfet du Haut-Rhin, des mesures sont prises pour que toutes les communes de ce département soient dotées de cette précieuse conquête.
M. Kæœnig, répondant aux observations que j'a- vais ajoutées à l'extrait de sa lettre précédente, trouve que j'ai fait erreur en annoncant que je pré- voyais que la récolte en terre légère serait moindre que celle en terre argileuse, parce que, dit-il, « dans le cas particulier dont il s’agit, le terrain argileux qui a recu les tubercules se trouvait déjà privé en quelque sorte de toute espèce d'humidité au mo- ment de leur plantation, ce qui explique la cause pour laquelle leurs tiges se sont flétries et dessé- chées avant le temps ; tandis que la végétation de ceux plantés en terre légère n’a jamais été inter- rompue ; la nature de ce terrain se trouvant extré- mement perméable, le peu de pluie que nous avons eue y a chaque fois pénétré assez profondément pour maintenir la végétation des tubercules. »
Ilest bien clair que mon opinion ne pouvait être que conjecturale, et elle avait pour base la tempé-
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rature qui avait régné à Paris etaux environs, et qui a été long-temps sèche, sans interruption. :
Je reconnais également, avec M. Kœnig, que la terre qui convient le mieux aux pommes de terre est un sol léger et sablonneux; mais lorsque la sé- cheresse se prolonge trop long-temps, la végéta- tion s'arrête, les tubercules déjà formés s’aoû- tent, et si les pluies surviennent, il s'opère une nouvelle végétation: qui les fait germer en terre, et il en résulte une récolte de tubercules ger- més, et d’autres non encore arrivés à leur ma- turité. En général cette année, dans les envi- rons de Paris , les pommes de terre ne sont pas de bonne qualité. Doverce.
HORTICULTURE.
PLANTES POTAGERES. Extrait dure lettre sur la culture du melox.
M. Briet, membre de plusieurs sociétés, fonda- teur et propriétaire de l'école d'Horticulture et de Botanique de Guéret, nous a adressé une lettre sur la culture du melon, dont nous croyons pouvoir extraire utilement les observations suivantes :
« Tous les cultivateurs ( c’est M. Briet qui parle ) savent ou doivent savoir qu'un pied de melon ne peut produire qu'un nombre de fruits déterminé par l'expérience selon sa race, si on veut les obtenir, avec le volume et les qualités convenables. Ainsi les grosses variétés ne produisent qu’un ou deux melons, tandis que les petites peuvent en nourrir
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davantage, leur végétation étant la même, lorsque la culture est conduite avec intelligence. Du reste, ma méthode pour cultiver les melons est à peu près la même que celle généralement en usage, et j'obtiens comme les autres des fruits à maturité depuis le 1° mai jusqu’en octobre. Voici la seule différence que j'y ai introduite, et qui a pour but d'augmenter la quantité des produits :
« Lorsque mes plants ont poussé cinq ou six feuilles, je les étête à deux yeux au-dessus des co- tylédons, ce qui donne lieu à la naissance de quatre branches mères que je dirige en croix; je les taille ensuite au-dessus des deux yeux, ce qui me fait huit branches à fruits. Lorsque celles-ci ont cha- cune trois à quatre feuilles, je les soulève légère- ment l’une après l’autre avec la main gauche, et de la droite je fais dans le terreau, précisément au- dessous de leur embranchement sur la branche mère, un trou de trois à quatre pouces de pro- fondeur. Je fais avec la lame du greffoir, et à l'in- sertion de ces branches, une incision semblable à celle qu’on fait aux plantes qu’on multiplie de cou- chage; j'introduis cette partie de la branche dans le trou et je l'y assujettis à l’aide d’un crochet en bois; je remplis enfin le trou de terreau. Lorsque cette opération est faite à toutes les branches, j'ar- rose amplement. Les branches ainsi couchées émet- tent des racines et de nouvelles tiges, et grâce à la nourriture abondante qu’elles recoivent, j'obtiens huit fruits au lieu de deux par pied des grosses va- riétés, et seize des petites, et sans occuper une plus grande surface de terrain. Jai même obtenu ainsi vingt fruits d’un pied du cantaloup noir des
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Carmes, dont le plus gros pesait six livres et demi et était excellent. Je dois dire que c’est le hasard qui m'a fourni l'idée de cette expérience. J'avais plusieurs pieds de melons attaqués de chancres, accident qui arrive ordinairement à la naissance des branches, et qui a pour cause l'humidité. Ne sa- chant comment remédier aux ravages qu'ils pro- duisaient, je pensai à enterrer la partie malade, et j'opérai comme je viens de le dire. Au reste, d’autres essais pour guérir cette maladie m'ont assez bien réussi, et je me propose de vous les faire con- naître incessamment. »
En remerciant M. Briet de cette communication, je dois ajouter qu’un procédé analogue est employé, dans la culture en pleine terre du melon, dans quelques localités méridionales de la France. J'en trouve la preuve dans la Monographie complete du melon, par notre collègue M. Jacquin aîné, et je transcris ici le passage où ce procédé est mentionné.
« Quelques cultivateurs du Midi ne taillent pas leur melon. Ils se contentent, lorsque les fruits sont sur le point de nouer, de disposer les branches de facon qu’elles ne se croisent pas, et lorsqu'elles ont depuis deux jusqu’à six pieds de longueur, ils en enterrent l'extrémité qu'ils recouvrent de trois à quatre pouces de terre. Cette opération se fait de manière à ce que ce soit la partie d'où sortent les vrilles qui se trouve enterrée, et que l'extrémité reste hors de terre pour continuer à croître. Lorsqu'elle s'est alongée encore de deux pieds environ, on agit de la même manière. Les branches prennent racine à tous les endroits enter- rés ; les pieds couvrent ainsi une grande étendue de
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terrain , d’où les fruits nombreux dont ils se char- sent tirent une nourriture abondante, au moyen de cette espèce de marcottage. » Doverce.
Moyen de garantir les couches à melon des ravages des courtillières.
La Société Linnéenne de Lyon vient de proposer un prix de 600 francs pour la destruction de la courtillière ou taupe-grillon ; lequel sera décerné à la personne qui indiquera un moyen d’une exécution facile et plus efficace que ceux employés jusqu’ ICI contre cet insecte, et dont laction n'aura rien de nuisible au sol et aux végétaux qu'il nourrit : il doit être peu dispendieux et susceptible d’être employé en grand selon les besoins de l'agriculture (1).
Cette annonce m'a rappelé un fait dont la con- naissance peut être utile aux personnes qui éprou- vent les ravages des courtillières. Depuis plusieurs années notre maison vend aux maraîchers des graines de verveine officinale, et je pensais qu'ils cultivaient cette plante pour la vendre aux herbo- ristes de Paris. Mais, l'été dernier, j'ai connu l'usage qu'ils en faisaient en visitant le marais de M. Lenor- mand père. Je vis entre chaque pied de melons une petite touffe de verveine qui avait été semée sur la couche aussitôt qu’elle avait été confectionnée. Cet excellent cultivateur m'apprit alors qu'avant qu'il
(1) Les personnes qui voudront concourir doivent adresser leur Mémoire à la Société Linnéenne à Lyon , avant Le 15 dé- cembre 1836. Chaque Mémoire portera en tête une épigraphe qui sera répétée dans un billet cacheté contenant le nom de l’auteur.
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employât ce moyen, il avait une peine infinie à fure réussir ses melons, dont les racines étaient coupées par les courtillières, et qu'il était obligé souvent de les remplacer trois ou quatre fois; que même ceux qu’il amenait à bien n'offraient pas une végétation satisfaisante , parce que leurs racines étaient plus ou moins endommagées; mais que depuis qu'à l’exem- ple de plusieurs de ses confrères, il avait semé sur ses couches de la verveine officinale, les ravages des courtillières avaient cessé. Il me fit remarquer par l'examen de ses couches que Îles bords étaient criblés de trous de courtillières, mais qu’elles n’y pénétraient plus , soit que les racines de la verveine fussent un obstacle à leur passage, soit que l’odeur de cette plante les repoussât. Il est raisonnable d'at- tribuer cet effet à la présence de la verveine, puisqu’a- vant qu’elle fût employée, les couches étaient la- bourées et bouleversées en tous sens ; et d’ailleurs ce n'est pas un fait isolé qui le prouve, puisque tous les maraîchers ont adopté cette pratique.
Il serait bon par la même raison de semer ou repiquer cà et la, dans les planches des jardins, quelques pieds de verveine pour en éloigner les courtillières , car ce procédé ne produit pas ia des- truction de ces insectes, mais 11 est cependant un préservalif assuré contre leurs ravages. Ce moyen, au reste, vaut bien autant pour garantir les couches que les planches dont on en garnit les côtés, et les pots à fleurs enterrés au niveau du sol, que l'on place aux extrémités pour que les courtillières y tombent en suivant ces planches pour trouver un passage dans la couche. LECOINTRE.
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Clarlaa elegans
PLANTES D'ORNEMENT. PLEINE TERRE. CLARKIA Pursu.
Caractères génériques. Calice à quatre divisions, quatre pétales spatulés, cruciformes à onglet très- long, huit étamines inégales, savoir: quatre lon- gues à anthères fertiles, et quatre plus courtes à anthères souvent stériles ; un style filiforme à stig- mate quadrilobé, capsule cylindrique polysperme.
CLARKIE AGRÉABLE, Clarkia elegans, Doucras. Bot.
reg. 1575.( Voyez la planche. )
Plante annuelle, à tiges droites rameuses , hautes d'un à deux pieds , glabres, cylindriques, lavées de violet purpurin, et couvertes , à l’époque de la plus forte végétation, d’une poussière blanchâtre qu’elles sécrètent , et qui leur donne une teinte rosée. Les rameaux secondaires sont alternes, dressés et flexueux vers leur moitié; feuilles alternes, épar- ses, ovales-lancéolées, pointues, glabres, longues d'un à deux pouces, vertes en dessus, glauques en dessous, quelquefois un peu dentées, mais le plus
-souvent entières : les inféricures sont pétiolées et larges d'un demi-pouce; les supérieures étroites, linéaires, et presque sessiles.
Fleurs axillaires nombreuses, formant une sorte de grappe, à pétales disposés en croix, longs d’un pouce, y compris l'onglet aussi long que le limbe qui forme trois petits lobes peu profonds et obtus ; ils sont un peu réfléchis à leur extrémité, de cou-
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leur violet purpurin qui varie d'intensité selon les individus. Les boutons sont entièrement recourbés contre la tige, avant leur épanouissement; ils se redressent peu à peu, et sont tout-à-fait droits au moment de la floraison. Les divisions du calice sont vertes et glabres ; les étamines longues ont les an- thères pourpres, les courtes les ont grisâtres ; la capsule est hispide et sillonnée dans toute sa lon- gueur ; les graines sont petites, obovales, et de cou- leur brune; le style est aussi long que les pétales, et les lobes du stigmate sont courts, ovales, poin- tus et velus.
Nous avons recu, en 1830, un Clarkia pulchella Pursx, découvert par Lewis dans le nord-ouest de l'Amérique, etquel'infortuné Douglas avait introduit en Angleterre, en 1827. On le rencontre aujourd'hui dans toutes les villes de l'Europe , mais surtout dans celles du Nord, comme Moscou , Stockholm, etc. L'espèce qui nous occupe nous est venue du jardin de la Socicté horticulturale de Londres; elle est en- core peu connue des amateurs ; mais elle ne tardera pas à être recherchée par la singularité et le nombre de ses fleurs , dignes , comme celles de la première, de concourir à la décoration de nos parterres.
Elle est originaire de la Californie, où elle fut trouvée par Douglas, avec plusieurs autres plantes d’une beauté remarquable , dont quelques nouvelles espèces d'Æscholtzta.
On la sème en mars ou avril, soit en pot ou en pleine terre meuble et légère. Si l’on voulait repi- quer le plant , il ne faudrait pas attendre qu'il eût pris un trop grand développement ; mais 1l convien- drait de faire cette opération, lorsqu'il a poussé
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quatre à six feuilles ; sans cette précaution, les ra- cines durcissent, et la plante languit ou meurt. Se- mée à l’époque ci-dessus, dans de petits pots, et plantée en place, sans toucher aux racines, elle forme de jolies touffes qui fleurissent depuis juillet jusqu’à l'automne ; mais quand on veut obtenir des pieds vigoureux et des fleurs beaucoup plus grandes qui commencent à s'épanouir en juin et durent jusqu'aux gelées, il faut semer en novembre à l'air libre, protéger le semis par une légère couverture (quelques feuilles seulement ), et repiquer le plant dès février ou mars, en pleine terre ou en pots.
Elle croit dans tous les terrains et à toute expo- sition; mais une terre meuble et légère lui est pré- férable. Elle ne demande que quelques arrosemens pendant l'été.
On peut s’en procurer des graines chez M. Vilmo- rin, en ayant soin de bien s'expliquer, afin qu’on ne confonde pas avec le C/arkia pulchella, beaucoup plus ancien que cette nouvelle espèce qui n’est con- nue que depuis deux ans. PÉpPIN.
GROSEILLIER, /tbes, Lin, , Pers. , LAM. , DEcanp.
Le Prodrome de M. Decandolle cite cinquante- trois espèces de ce genre, dont plus de quarante-six sont cultivées en Angleterre; et, en France, quel- ques-unes ornent déjà nos bosquets, et plusieurs nouvelles y seront bientôt introduites. Je vais suc- cinctement décrire celles actuellement cultivées.
1° GROSEILLIER A FEUILLES PALMÉES, /tibes aureum, Purscn. , Decann. Prod. sp. 51, Bot. Rec., 125;
Ribes aureum, MERS. De L’AMATEUR ; Ribes palmatum, Janvier 1836. 8
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H.-P. Bon Jarp. , 1834; Ribes flavum , GazLa., Desr. Cat. éd. 3. Feuilles à trois lobes profonds, à dents peu nombreuses, souvent en coin à leur base ; fleurs en grappes pendantes ; calice tubuleux, long , d’un beau jaune; pétales passant du vert pâle au pour- pre; odeur douce de jonquille ou de giroflée ; fruits oblongs d'un beau noir, presque insipides.
2° GROSEILLIER JAUNE, Atibes flavum, Decawv. Prodr. sp. 52 ; Rtbes aureum , Desr. Cat. éd. 3. Arbrisseau de la taille et du port du précédent, feuilles sem- blables , fleurs en grappes courtes; calice petit, jaune; pétales passant du vert au rouge; fruits de la forme et de la grosseur du cassis, acidulés et un peu odorans.
3° GROSEILLER A PETITES FLEURS, /èbes tenuiflo- rum , Linpez. ; Ribes aureum , Bon Jarp., 1854. Ra- meaux plus srêles que dans les deux espèces précé- dentes , feuilles ovales trilobées , lobes à dents rares et peu profonds, fleurs semblables à celles de l’es- pèce précédente ; fruits très-petits, globuleux, d'un rouge orangé.
Ces trois espèces sont originaires de l'Amérique septentrionale, et déjà cultivées depuis quelque temps ; et je n'en aurais point parlé, si ce n’eût été pour donner les caractères de leurs fruits, qui les font facilement distinguer.
4° GROSEILLIER SANGUIN, Jèbes sanguineum, ANNA- LES DE FLORE ET DE Pomonr, 1833-1834. Ce bel arbris- seau commence à se répandre dans le commerce, et 1l formera le plus bel ornement des bosquets au printemps , où ses fleurs en longues grappes d’un beau rouge le font agréablement remarquer.
5° GROSEILLIER D'UN ROUGE POURPRE, /tibes atropur-
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pureum, HorruL. Cet arbrisseau, cité dans plusieurs Catalogues marchands, ne m'a pas paru faire même une variété du précédent ; je n’y ai trouvé aucun caractère distinctif.
6° GROSEILLIER ÉLÉGANT, Rtbes speciosum , Pursu., Decanp. Prodr. 3, page 478, sp. 6. Tiges et rameaux garnis de soies spinulescentes ; épines stipulaires, au nombre de trois ; feuilles un peu en coin arron- dies, lobées , incisées , crénelées , glabres ; pédicel- les formant une grappe, pédicelles et calice mu- nis de poils glanduleux; calice rouge , tubuleux ; étamines beaucoup plus longues que le calice et la corolle. Cette belle espèce, originaire de l’Améri- que , n’est à Paris que depuis environ deux ans, où elle commence à se répandre. On la trouve chez MM. Cels, Jacquin, Loht.
7° GROSEILLIER A RAMEAUX PENCHÉS, Rtbes decum- bens, Lepss., Lounon, Hort. brit. sup., pag. 473. Rameaux s'élevant d'abord, puis se recourbant en- suite au sommet; feuilles alternes pétiolées, cordi- formes à la base, à trois lobes à dents aiguës, un peu mucronées; fleurs en grappes penchées, blanchà- tres ; fruits arrondis, gros comme de petits cassis, d'un rouge noirâtre. Cet arbrisseau, que j'ai recu de Naples il y a quelques années, se trouve sous la même dénomination dans plusieurs jardins. Il a beaucoup de rapport avec le Ribes floridum , L'Herrr., et le Ribes pensylvanicum, LAM., et n’en est probablement qu'une variété.
8° GROSEILLIER TRISTE, ètbes triste, PAzLas , Dec. Prodr.t.5, p.481, u. p. 1835. Arbrisseau ayant des rapports au cassis par son bois, ses feuilles, ses fleurs et son odeur; mais baies noires, petites et
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insipides. Cultivé au Jardin des Plantes et à Neuilly ; originaire de Sibérie.
9° GROSEILLIER A FEUILLES DE VIGNE, Ribes vitifo- lium , 4. P. 1835. Arbrisseau ne paraissant pas de- voir s'élever beaucoup; feuilles à trois lobes peu profonds, doublement dentées, à dents aiguës , por- tées sur des pétioles assez longs ; fleurs en grappes penchées, petites et verdâtres. Je n'ai point vu les fruits, et j'ignore son lieu originaire.
10° GROSEILLIER DES RIVAGES , /tübes lacustre, PomerT., Encyclop.; Decanv. Prodr. ; Rtbes oxta- canthoïdes , Micu. Arbrisseau à branches et rameaux érigés, épines stipulaires multiples, aiguillons nom- breux , sétiformes, et couvrant les tiges et les ra- meaux ; feuilles profondément lobées, glabres sur les deux surfaces , cordiformes à la base; pétiole quelquefois un peu hispide; fleurs en grappes pen- dantes, pédoncules et pédicelles hispides; fruits petits, noirs et velus. Canada, Virginie. Chez M. Noisette, au Jardin des Plantes et à Neuilly.
11° GROSEILLIER DIVARIQUÉ, /ètbes divaricatum , Bot. REGIST. 1539. Douc., Desr., suppl. Tiges et rameaux gris, pouvant s'élever de deux à quatre pieds, divariqués ou diversement recourbés; une seule épine stipulaire à la base de chaque feuille ; celles-ci sont arrondies, cordiformes à la base, lobées obtusément, dentées ; pétiole un peu hispide ; grappes un peu pendantes, composées de trois à cinq fleurs, à calice cylindrique dont les divisions sont plus longues que les pétales, lesquels sont blancs, tronqués à leur sommet; pédoncules et pédicelles glabres ; style velu et profondément di- visé en deux : je n’ai point vu les fruits. Amérique
117 septentrionale. Au Jardin des Plantes, Neuilly, etc. 12° GROSEILLIER DES ROCHERS, Ribes saxatile, PALLAS; DEcan. Prodr. 5 p. 18; Desr. Cat. sup. Arbuste peu élevé, jeunes rameaux d’un jaune cannelle, rarement épineux à la base des feuilles ; celles-ci cunéiformes, à trois lobes, ou dentées au sommet; grappes droites; bractées linéaires aussi longues que les pé- dicelles; pétales petits, ouverts, verdâtres; baies rouges, petites. De la Sibérie. Cultivée au Jardin des Plantes, chez M. Noisette, à Neuilly et ailleurs. 13° GROSEIELIER PORTE-CIRE, Rtbes cereum, Doucz. Bot. regist. 1263. Tiges et rameaux sans épines; feuilles petites, arrondies, à trois petits lobes peu profonds, couvertes en-dessus de points glanduleux qui les rendent rugueuseset leur donnentunelégère odeur résineuse au toucher. Je n'ai vu ni les fleurs ni les fruits, n'étant cultivé en Angleterre que depuis 1827, et à Paris, au Jardin des Plantes, de- puis 1833 seulement.
On cultive encore plusieurs autres anciennes es- pèces qui peuvent servir à la variété et même à l'agrément des jardins paysagers : telles sont les 14° Ribes alpinum; 15° Ribes floridum; 16° Ribes petræum; 17°" Ribes cynosbaty ; 18° Diacantha, ete.
Dans les espèces les plus remarquables et qui sont d'un véritable ornement, on peut citer les numé- ros 1, 4, 5 et 6; tous sont de plein air, et se mul- tiplient de marcottes et de boutures faites à la fin de l'hiver, avant le mouvement de la sève , en plate- bande un peu ombragée et mélangée de terre de bruyère. On peut encore faire les boutures des es- pèces rares en mai et juin, avec de jeunes pousses sur couche tiède et sous bocaux étouffés. Toutes les
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espèces peuvent être avantageusement employées aux plantations des bordures des massifs; la qua- torzième espèce possède un grand avantage pour la garniture des dessous des vieux massifs : c’est celui de reprendre parfaitement , et de bien végéter entre les racines et à l'ombre des grands arbres. Notre ami ct collègue Souchet s’en sert beaucoup au petit parc de Fontainebleau; ayant suivi son exemple, . nous nous en trouvons fort bien. JACQUES.
Rose GÉnéraz-Lawoesrine. Ce rosier, que j'ai ob- tenu de graines du Bengale Sanguin ou Cruenta, forme un buisson assez touffu ; le bois est maigre, brun, armé de faibles aiguillons roux, droits et ra- res ; les feuilles sont d'un vert noir et composées de cinq folioles presque lancéolées , alongées en pointe et très-finement dentées.
Calice divisé en cinq parties égales, très-lisses, réfléchies bien avant le développement de la fleur qui ouvre facilement quoique très-double; les pé- tales de la circonférence sont rangés avec régula- rité et bien étalés; mais ceux du centre sont quel- quefois alongés, étroits, contournés et réunis en petits groupes, d’une couleur si éclatante que les yeux ont de la peine à la supporter. Les fleurs, au nombre de cinq à sept, sont soutenues par des pédon- cules fermes et droits, tandis que dans le Bengale Sanguin elles sont toujours penchées.
. Indépendamment de cet avantage, je ne connais aucune rose dans cette tribu qui offre un coloris aussi éblouissant. Duvaz,
Horticulteur à Chaville.
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ORANGERIE.
POLYGALA , Lin. Diadelphie octandrie, L; pédicu- laires. Juss.
Caracteres génériques. Galice à cinq divisions, dont deux beaucoup plus grandes que les autres, en forme d'ailes, et souvent colorées; corolle en tube à sa base, fendue en deux lèvres, dont la su- périeure partagée en deux lobes, et l’inférieure concave , barbue en dessous ou nue; huit étamines à filamens réunis en deux faisceaux renfermées dans la lèvre inférieure, et portant des anthères monc- loculaires ; un ovaire à style simple, terminé par un stigmate presque bifide ; une capsule en cœur ren- versé, à deux valves, à deux loges monospermes.
PorYGALA A FEUILLES EN COEUR, olygala cordifolia , Wiccp.; P. cordata, Horr. (Voyez la planche.)
Arbrisseau originaire du Cap, à rameaux pubes- cens, longs et grêles, à feuilles cordiformes, oppo- sées, mucronées , persistantes, d’un vert frais, à nervure médiane prononcée. En juin et juillet, fleurs en grappes terminales à l'extrémité des ra- meaux, d'un pourpre violacé sur la lèvre supé- rieure , tandis que l’inférieure, d’un rose verdâtre, est terminée par des filets déliés et d’un blanc teinté de rose.
Ce joli arbrisseau, extrêmement intéressant, quoique connu depuis plusieurs années, se cultive en pots remplis de terre de bruyère mêlée par moi- té avec du terreau. Pendant l'été il lui faut une
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exposition à demi ombragée, quelques arrosemens, et l'orangerie éclairée pendant l'hiver. On le multi- plie de marcottes , de boutures, et de graines semées sur couche chaude et sous châssis.
L. NoisETTE.
LAPEYROUZIE A GRANDES FLEURS, Lapeyrouzia grandi- flora , Horr.; Anomatheca cruenta, MORT. BELGE ,
pl. 3; Gladiolus cruentus, Horr. (Voy. la planche.)
Tige cylindrique haute de douze à quinze pouces; feuilles ensiformes, engaïînantes; de mai en juin fleurs en épis d’un beau rouge vermillon ; une large macule d’un rouge laque s'étend de l'onglet au mi- lieu des trois pétales inférieurs ; capsule hérissée, contenant plusieurs semences arrondies et de cou- leur brune.
Cette jolieiridée, originaire du Capde Bonne-Espé- rance, a été introduite en Belgique dès l'été de 1834, où elle a concouru pour le prix d'introduction. Je la possède également depuis cette époque, et j'ai ré- colté des graines qui, semées de suite, ont produit des plantes dont plusieurs ont fleuri cette année, en août et septembre, après un an de semis. Toutes ces fleurs ont été identiquement semblables à celles du type; mais il est bon de remarquer que ces plantes ont été cultivées seules, c’est-à-dire sans être pla- cées auprès d’autres sujets de leur famille.
On cultive cette iridée comme les ixia. On plante en août ou septembre en pots remplis de terre de bruyère sablonneuse , mais dont on a garni le fond d'un pouce ou deux de gros gravier, afin de faciliter l'écoulement des eaux. On peut réunir plusieurs
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ognons dans un même pot, pourvu qu'ils soient éloignés de trois pouces les uns des autres et en- foncés en terre à la profondeur d’un à deux pouces. On les dépose pendant l'hiver sous un châssis ou une bâche froide , en enterrant les pots dans du terreau, ou mieux encore dans du sable de bruyère très-sec. On arrose modérément et au besoin, afin d'éviter une trop grande humidité qui est très-nuisible. Pour empêcher la gelée de s’introduire sous la bâche, on entoure celle-ci, jusqu’au niveau des chässis, de débris de vieux fumier, de gros terreau ou de feuilles d'arbres. On couvre les châssis avec des paillassons, et on augmente la couverture en propor- tion de l'intensité du froid. Il est bon que les maté- riaux employés à garnir et couvrir ces bâches n’en- trent pas en fermentation et ne produisent aucune chaleur, ce qui donne de l'humidité sous les châssis et produit la pourriture. Ce soin est commun à toutes les plantes que l’on veut conserver et non for- cer. Les ixia traités ainsi fleurissent un peu plus tard, mais les fleurs sont plus belles et les plantes plus vigoureuses.
On aura soin de tenir les pots nets de mauvaises herbes et de donner de temps en temps une petite facon à la terre, afin d'empêcher qu’elle ne s'encroûte en dessus. On s’arrangera de facon à ce que les som- mets des plantes soient toujours éloignés des verres de trois à quatre pouces : pour cela, on a des haus- ses disposées pour exhausser les châssis à mesure que les plantes grandissent. Toutes les fois que le soleil se montre, il faut se hâter de découvrir les chàssis pour faire jouir les plantes de sa lumière et de sa chaleur ; on donne en même temps de Pair
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en les soulevant un peu; mais il faut avoir l’atten- tion de les refermer et de couvrir au moment où le soleil va cesser de darder ses rayons, ce qui em- pêche la chaleur qu'ils y ont introduite de s’en échapper.
Lorsque les tiges s'élèvent, on les soutient avec des petites baguettes sur lesquelles on les attache avec du jonc ou de la laine.
Pendant la durée de la floraison, si le soleil est trop vif, il est nécessaire de couvrir les châssis d'une toile claire ou de jeter par dessus un léger paillis que l’on retient par des perches placées cà et là pour s'opposer à ce que le vent l'enlève. A cette époque il faut arroser plus souvent, mais sans mouiller les fleurs.
Vers le mois de juillet, lorsque les fleurs des ixia sont passées, et que les feuilles et les tiges sont en- tièrement desséchées, on arrache les ognons , que l'on met ressuyer à l'ombre, soit dans des casiers disposés exprès, soit dans des sacs de papier. On a soin de les étiqueter, soit en inscrivant le nom, soit en y mettant un numéro qui renvoie à la nomen- clature du catalogue.
On choisit les plus gros ognons qui doivent fleu- rir l'année suivante pour les planter comme je lai dit plus haut; les petits et les caïeux dont la florai- son doit avoir lieu la seconde année sont plantés sé- parément.
On multiplie ces plantes par les caïeux et les graines dans les espèces qui en donnent. Cest par le semis que l’on obtient des variétés souvent fort jolies, surtout en laissant fleurir ensemble les ixia et les glaïeuls. 11 en résulte souvent des variétés
123 qui; tenant autant des plantes d’un de ces genres que de l’autre, sont classées par les uns parmi les ixia et par d’autres parmi les glaïeuls.
J'ai cru devoir entrer dans ces détails pour faire connaître la culture des ixia et gladiolus, plantes fort intéressantes et qui se cultivent toutes de la même manière. © Jacquin aîné.
SPARMANNIE NAINE D'AFRIQUE, Sparmannia Afri- cana , Lan.; var : Nana. Mort.
Arbuste s’élevant à deux pieds, à rameaux cy- lindriques et velus, d’un vert gai; feuilles pétiolées, alternes, à neuf nervures, cordiformes, pointues, de moyenne grandeur, dentées en scie et velues sur les deux surfaces ; fleurs pédicellées, disposées en ombelle de quarante à cinquante portée sur un pé- doncule opposé au pétiole, droit et velu, et muni à sa base d'une colierette de plusieurs folioles li- néaires et pointues. Corolle d’un pouce de diamè- tre, à quatre pétales d’un blanc pur, très-ouverts et arrondis à leur sommet; étamines nombreuses à filets rouges et anthères d’un jaune doré, s’éloi- gnant du style lorsqu'on les touche.
Cette variété est préférable au Sparmannia A fri- cana, par ses feuilles plus petites, élégantes et d'un beau vert, et par l'abondance de ses fleurs. Elie fleurit beaucoup plus jeune. On peut la former en tête dès qu'elle a un pied de hauteur, et elle se couvre de fleurs depuis le mois de décembre jus- qu'en mai. Elle se multiplie de boutures qui re- prennent facilement au printemps sur couche et sous cloches, et qui fleurissent très-bien dès la pre- mière année. Toutes les terres légères lui convien-
12/4
nent, et sa végétation est vigoureuse, I] Jui faut pour l'hiver une orangerie ou mieux une serre tempérée où elle produit un joli effet; on peut aussi l’em- ployer dans cette saison pour orner les appartemens. LEMoNx.
Poutures-greffes du citronnier.
Les personnes qui sèment ordinairement les graines de citron pour se procurer de jeunes sujets pour greffes, ont souvent occasion de regretter de n’en point avoir semé assez. C'est pourquoi je crois bien faire de leur indiquer un nouveau procédé pour ysuppléer, qui, quoique employé par quelques fleuristes, n’est pas encore généralement connu. On sait que lorsqu'on greffe les jeunes citronniers, on leur coupe la tête , dont autrefois on ne tirait aucun parti, et que l’on jetait habituellement. Aujourd’hui cette tête devient un nouveau sujet à greffer, et tout aussi bon que le pied enraciné lui-même. Pour cela on coupe le sommet de cette tête, on supprime toutes les feuilles, on la greffe comme le pied en- raciné, et on en fait immédiatement une bouture que l’on étouffe, et qui reprend aussi bien et croît aussi vite que le pied qui a des racines. Cette mé- thode, que l’on peut voir en pratique chez MM. Du- rand, fleuriste, rue de Buffon, et Boucher, jar- dinier de M. Chevet, rue de Charonne, mérite l'attention des CUT NE quit trouvent ainsi vingt sujets à greffer sur dix individus venus de semis.
NEUMANN.
125
SERRE CHAUDE.
CIERGE A PETITES ÉCAILLES, Cereus squamulosus. SALM.
Tige triangulaire à angles très-comprimés , peu crénelés, d’un vert pâle, munie vers les crénelures d’une écaille ovale aiguë, et de poils blancs très- nombreux et en forme de pinceau à la base. Fleurs nombreuses , très-petites, d’un blanc rosé, à pé- tales longs d'environ six lignes , un peu réfléchis, insérés au sommet du calice; étamines indéfinies, insérées à la même place; style unique, stigmate trifide. Les fleurs, ordinairement placées à l’extré- mité des rameaux , s’épanouissent les unes après les autres, en commencant par la base.
Cette espèce était connue jusqu’à présent sous le nom de Myosurus ; mais les botanistes qui l'ont dé- crite disent que les tiges sont quadrangulaires. Il est vrai cependant que sur un pied que nous pos- sédons, j'ai remarqué un rameau quadrangulaire : est-ce un accident ou une variété ?
Cette plante fleurit dans les serres du Jardin du Roi; on la cultive en pots remplis de terre mélan- gée et sablonneuse ; il faut la garantir de l’action di- recte du soleil, qui lui est nuisible, lui fait pren- dre une teinte pourpre violacée, et détruit souvent les rameaux. On la multiplie facilement de bou- tures , et quelquefois même il sort des racines ad- ventives des extrémités des rameaux. Il lui faut peu d’arrosement. NEUMANN.
126
XANTHOCHIMUS , Decanp. Prod., Roxsure ; Polya- delphie Polyandrie , Lin.; Guttifères, Jussreu.
Caractères génériques. Calice de cinq parties, petites, arrondies, inégales, imbriquées; corolle de cinq pétales, ovales, arrondies; cinq nectaires opposés aux pétales; quinze à trente étamines di- visées en cinq faisceaux alternes avec les pétales; style très-court, terminé par un stigmate à cinq lobes profonds et étalés ; fruit en baie renfermant de une à quatre semences.
XANTHOCHIME TEINTURIER, Nanthochimus tinctorius , Roxs., 2. p. 151 et 196; Decann.; Prodr.; Desr., Cat. ed. 3, p. 231. Xanthochimus pictorius, Lou- Don, Cat. (Voyez la planche.)
Petit arbre pouvant s'élever de dix à vingt pieds ; jeunes rameaux d’un beau vert, glabres et angu- leux; feuilles opposées, pétiolées, linéaires, lan- céolées, pointues, entières, persistantes, d'un beau vert, glabres sur les deux surfaces, longues de sept à neuf pouces, larges de trente-six à quarante- quatre lignes; pétioles arrondis, élargis à leur base. Fleurs latérales sortant des vieilles branches, fasciculées, au nombre de sept à dix, portées sur un gros pédoncule anguleux et écailleux; pédicelles sortant entre les écailles, gros, un peu coniques, portant à leur sommet un calice de cinq sépales verdâtres, persistantes, cinq pétales d’un bianc ver- dâtre et à peine du double plus grands, creusés en cuilleron et peu ouverts; style court, épais, ter- miné par un stigmate à cinq lobes arrondis ; cinq
XANTNOCHIME
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127 faisceaux d'étamines, portant à leur sommet de quatre à six petites anthères rondes et brunitres.
Fruits portés sur des pédoncules longs d'environ un pouce, arrondis, obliques , terminés par le stigmate persistant, ayant de quatre à cinq pouces de tour, d’un jaune orange pâle, lisses, à écorce mince et renfermant une pulpe jaune acidulée, peu agréable dans nos serres ; semences d’une à quatre dans chacun des fruits, grosses comme une olive, alongées, cylindriques, obtuses aux deux bouts.
Cet arbre assez délicat, et exigeant la haute serre chaude, est encore assez rare dans les établissemens d'amateurs, lesquels, malheureusement pour la science, ne sont pas nombreux; le plus beau pied qui existe à Paris était encore ( août 1835 ) dans les serres de M. Boursault, où depuis plusieurs années il produit des fruits que le propriétaire a généreu- sement donnés à divers établissemens et à quelques amateurs, et dont les graines ont servi à le mul- tiplier et le rendre un peu moins rare qu'il n’était il y a dix ans. Cet arbre a été fong-temps pris pour le mangoustan, Garcinia mangostana, Lin. ; mais lexamen de ses fleurs et de ses fruits l’a fait re- porter à son véritable genre, dont on cultive en Angleterre huit à neuf espèces, et où celle-ci a été introduite en 1706. C'est un bel arbre qu'on peut encore multiplier de marcottes qui sont longues et difficiles à faire enraciner , et qui, comme l'arbre, doivent être tenues à une chaleur élevée et con- stante.
Le beau pied qui fait l’objet de cet article est ac- tuellement dans'les belles et nouvelles serres du Jardin des Plantes de Paris. JAcQuESs.
1 28 NOUVELLES HORTICOLES.
OEïLLET AGRÉABLE, Dianthus pulchellus, Enru. Loupow; Hort. brit., pag. 170.
Tiges diffuses, hautes de neuf à douze pouces, glabres, un peu scabres, rameuses dès le bas ; feuilles opposées, presque amplexicaules , rétrécies en pétiole à la base, lancéolées, glabres, entières, à trois nervures ; fleurs terminant les tiges et les ra- meaux; écailles calicinales presque aussi longues que le calice; fleurs d’un blanc rosé , ou pourpre ve- louté-foncé, avec une auréole encore plus intense au centre et plus ou bien moins apparente; pétales dentées à leur sommet; 1l donne facilement des doubles dans les mêmes nuances que les simples.
Il n’est pas bien nouveau, et a été introduit dans les cultures de Paris par notre collègue Jacquin aîné, il y a déjà plusieurs années, sous le nom d'œillet de la Chine à feuilles d’œillet de poète. Pour- tant cette plante est citée comme originaire de Si- bérie et vivace, et si c'est une variété du Dianthus sinensis, elle en est très-distincte et mérite bien
être signalée sous un nom particulier ; et ce, avec d'autant plus de raison que depuis que nous le cultivons, aucun œillet de la Chine ne s’est trouvé dans ceux-ci, ni aucun pulchellus dans le premier.
J'ai recu , l'an passé , d’un de nos correspondans, un œillet sous le nom de Dranthus Berronit, qui a du rapport avec le précédent, mais qui pourtant me parait en différer ; 1la besoin d’être étudié denouveau avant de pouvoir se fixer à son égard. JaAcqQuEs.
ERRALES
DE FLORE ET DE POMONE.
006000000610 P1120608 0000006 000% 061208000040 0S0S068:4S06001
MÉTÉOROLOGIE.
Résumé général des observations météorologiques et horticoles faites a Villiers pendant l’année 1835, par M. Jacques , jardinier en chef du Roi, à Neuilly.
ÉTAT DU CIEL. TEMPÉRATURE BAROMETRE,
Plus Plus haute. | basse.
Bail dominant.
Clair. | Nuageux. LU Couvert.| Pluie, Maximam.| Minimum.
2 neige. 1
1 neiges » I
Ouest.
Co] D © @
Le)
Ouest. Variable. Variable. Ouest. N.-Ouest. Sud-Ouest,
Nord-Est.
ON
Ouest. Ouest. Ouest.
Novembre.
œ SI DO Cr Æ OI
Décembre.
FÉVRIER 1836. 9
130
Il résulte du tableau de l’autre part que nous avons eu 75 jours de temps clair, 122 nuageux, 16 de brouil- lards, 79 couverts, 59 de pluie, 5 où il est tombé de la neige » 7 rageux , et 2 brumeux; pourtant les pluies n’ont pas été abondantes , et dans beaucoup de pays, l’eau est encore rare ( 1°’ Janvier 1836) et manque pour abreuver les bestiaux ; cependant la terre est assez trempée pour qu'on puisse faire avec succès toutes les semences d'automne, ainsi que les premières plantations d'arbres, et autres travaux agricoles.
La récolte des céréales a été abondante : aussi le pain s’est soutenu à bon marché. Au début, la vigne présentait une superbe apparence, et pourtant la récolte n’a été que médiocre, soit en qualité, soit en quantité, et il y a beaucoup de choix dans les vins entre eux, et même du pareil crü.
Les fruits n’ont pas été plus abondans , ni d'une conservation facile ; il en est de même pour les rai- sins ; le manque de pluie fait aussi que les légumes secs sont assez rares et de médiocre qualité.
HORTICULTURE. JARDIN FRUITIER. Moyen de rajeunir une vieille vigne (chasselas).
Lorsqu'une vigne est vieille, qu’elle ne produit plus, ou que son rapport ne vaut pas la culture, parce qu'elle n'offre que des grappillons garnis de qu?tre ou cinq grains sans saveur el sans apparence, il faut commencer par déchausser la tige à trois ou quatre pouces de profondeur ; ensuite on la coupe avec une scie, à deux pouces au-dessus du sol, et
151 on rafraîchit immédiatement avec la serpe l'aire de la coupe , afin de l’unir le mieux possible.
On a soin, après cette opération, de tenir la terre qui entoure le pied bien nette de mauvaises herbes, afin que la tige puisse jouir sans obstacle de toute l'influence solaire, et émettre de nouveaux bour- geons. Aussitôt qu'ils se seront développés de deux à trois pouces, il convient de choisir les deux plus vigoureux, que l'on conserve , et l’on supprime tous les autres, car quelquefois il y en a dix ou douze. Ces deux bourgeons restent intacts, c'est-à-dire qu'on n'en casse point la cime, et on leur laisse prendre tout le développement qne la végétation léur pérmet, ce qui donne plus de facilitépour les coucher ensuite. J'en ai vu quelquefois pousser de douze à quinze pieds, tout en prenant une grosseur prodigieuse. On a soin de leur donner un tuteur auquel on les assujettit à l'aide d’une ligature douce qui ne blesse pas leur épiderme; cette précaution est nécessaire pour qu'ils ne soient pas cassés par le vent ou par les passans , et qu'ils poussent droits et non tordus ét défectueux.
Ainsi préparés , on peut les coucher à l'automne ou au printemps suivant ; mais la première époque est préférable. Cette opération doit être faite avec pré- caution, afin de ne pas faire fendre à l'insertion du sarment sur la souche, ce qui rendrait la reprise difficile, et pourrait entraîner même la mort du sujet. I] faut que le sarment soit enterré à dix-huit pouces au moins, et ne laisser sortir de terre que quatre ou cinq yeux sur lesquels on taille. Si le terrain n'est pas bien amendé, je conseille de le fumer avant cette opération. Les propriétaires qui
152
liendront à avoir de beaux et bons fruits, et donner à leur vigne une longue durée, et qui seront dis- posés à faire quelques sacrifices, feront bien de recoucher une seconde fois. PoKkorNY.
V'ariètes de vignes bonnes à cultiver pour la table.
De tous les fruits cultivés dans les jardins, le raisin est sans contredit un des meilleurs. Ce qui le prouve, c'est que partoul on voit la vigne s'étendre en cordons le long des murs, ou couvrirles berceaux de ses pampres verts. C’est presque exclusivement le chasselas de Fontainebleau ou de Thomery que lon cultive, et bien qu'il soit excellent et qu'il mérite une certaine préférence, ce n’est cependant pas la seule variété que l’on doive admettre à l’ex- clusion de toutes les autres.
Il existeen effet un très-grand nombre de va- riétés peu ou point cultivées dans les jardins, et qui devraient y figurer autant par l’abondance que par Îa beauté et les qualités de leurs fruits, bien dignes de paraître sur lestablesles mieux servies. On peut dire que généralement on ne s'occupe pas assez de répandre ces bonnes variétés, qui bientôt augmen- teraient considérablement nos richesses en ce genre.
Il est vrai que la plupart des meilleurs raisins nous venant des départemens méridionaux, où la chaleur du climat rend leur maturité complète et développe toutes leurs qualités, ont besoin d'une exposition privilégiée pour müûrir sous le climat de Paris dans les années ordinaires , et c’est en partie à l’omission de ce soin qu'il faut attribuer l'absence de ces bonnes variétés dans nos jardins. J'ai vu
3
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effectivement des cultivateurs qui, mécontens de ce que leurs vignes ne mürissaient pas faute de jouir d’une exposition favorable, les remplacaient au moyen de la greffe par des raisins exigeant moins de chaleur pour arriver à maturité.
Toute l’attention importante pour réussir dans la culture des variétés que je vais indiquer consiste donc uniquement à leur donner lexposition du midi , en les plantant au pied d’un mur sur lequel ensuite on dirige convenablement leurs sarmens. Par ce moyen, on est certain de la maturité de presque toutes dans les années ordinaires ; car, dans celles qui sont chaudes, elles mürissent même sans cette exposition. En effet, en 1834 j'ai vu mürir, dans la pépinière du Luxembourg, tous les raisins du Midi, et même ceux de l'Italie, et leur saveur avait acquis le même degré de perfection que sous leur climat naturel.
Placé par ma position à même de suivre la vé- gétation des vignes plantées dans la pépinière du Luxembourg, où la collection est encore la plus complète , malgré la destruction de la pépinière des arbres fruitiers et d’une partie des vignes elles- mêmes, j'ai recueilli depuis quelques années un assez grand nombre d'observations. J'ai pensé que les amateurs de cet excellent fruit pourraient en recevoir la communication avecplaisir, parce qu’elles m'ont paru propres à fixer leur attention sur les variétés que jai trouvées produisant de beaux et bons fruits pour la table, et qui peuvent parfaite- ment müûürir sous le climat de Paris, avec le soin de les planter à une bonne exposition.
Je me propose donc de faire connaître par une
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description exacte les meilleurs raisins que j'ai trouvés dans cette pépinière, en leur conservant les noms sous lesquels ils sont le mieux connus dans les diverses localités auxquelles ils appartiennent. J'ai négligé de parler des chasselas, et autres sortes déjà admises dans les cultures jardinières, pour ne m'occuper que des variétés qui n'y sont pas encore introduites, et qui cependant méritent d’être cul- tivées pour la table, à cause des qualités et de la beauté de leurs raisins.
Boudales (Hautes-Pyrénées); Uliade rouge (Hérault); Aramont noir (Gard).
Ce raisin est très-beau ; les grains sont d’un violet noir, très-gros, ovales, peu serrés, à peau très- mince ; il est excellent , produit beaucoup et mürit très-bien à Paris dans les années ordinaires, à bonne exposition. Dans le midi, on fait des raisins secs avec cette variété. Son bois est grêle, à yeux éloi- gnés, mais poussant vigoureusement.
Gros-Guillaume (Hautes-Pyrénées); Muscat-Roman (Bouches-du-Rhône—Aix.)
Très-beau raisin à grappes fortes et longues, à grains très-gros, ronds, peu serrés , d’un beau violet semblable à la prune de Monsieur. Variété très-visoureuse, à gros bois et boutons rapprochés, et à feuilles larges et peu découpées. Il mürit très- bien à l'exposition du midi, le long d’un mur. C'est un des plus beaux et des meilleurs raisins qu’on puisse désirer pour la table; et sa beauté le fait re- chercher par les peintres de fruits.
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Frankenthal (Bas-Rhin).
Variété produisant ordinairement beaucoup. La grappe est très-belle ; les grains sont ronds, noirs, gros et peu serrés ; mürissant très-bien en treille à bonne exposition. Ce raisin est excellent à manger, 4e conserve assez bien et est aussi recherché par les peintres. On le trouve déjà dans le commerce cliez MM. Noisette et Lémon.
Pulsare où Poulsare (Jura), Raïsin-Perle , Quille de Coq.
Ce raisin est très-estimé dans le Doubs et la Haute-Saône, et particulièrement dans le Jura où il est généralement cultivé. Il est excellent, à grains noirs, ovales, assez gros, peu serrés, Croquans. Cette variété est facile à reconnaître par son sarment dont les yeux sont très-rapprochés, et par ses feuil- les larges et toujours plus vertes que dans les au- tres:
Joannin (Vaucluse, Gard).
Ce plant produit un raisin blanc délicieux très- précoce ; les grains sont ovales, peu serrés et d’un jaune doré. Je considère cette variété comme un des meilleurs raisins hâtifs bons à manger. On a renoncé à sa culture dans plusieurs vignobles des départemens méridionaux précisément à cause de sa précocité : à l’époque des vendanges il ne restait plus rien sur les ceps, tout avait été dévoré par les mouches et les puêpes.
136 Fiez ou Fié(Vienne , Indre).
Il en existe deux variétés, le gris et le jaune. La première est très-estimée ; ses grains sont assez gros, presque ronds, ceroquans, excellens à manger et doués d’une saveur relevée. Les grappes sont peti- tes, mais nombreuses sur le cep. Cette variété est très - vigoureuse et connue dans le département de Maine-et-Loire et dans quelques localités de l'Indre sous le nom de Sujat ou Chauvignon cendré.
Le jaune a les grains assez gros , oblongs, jaunä- tres, très-sucrés et agréables au goût. Il est plus délicat que le gris.
Ces deux variétés, qu’on peut à bon droit classer parmi les meilleurs raisins, méritent d’être culti- vées , et mürissent très-bien sous le climat de Paris, sans l'exposition du midi.
Gromier (Cantal); Rougeard (Drôme).
Cette variété fournit de belles grappes, dont les grains sont gros, ronds, rougeâtres, et très - bons à manger. Elle réussit très-bien en treille à bonne exposition ; elle mürit cependant très-difficilement dans les années humides et froides. Elle se conserve assez bien,
(La suite au prochain numéro.) Harpy.
Sur: Le Puceron lanigere.
Malheureusement aujourd'hui tous les cultiva- teurs connaissent le puceron lanigère , insecte de la classe des hémiptères, remarquable par le duvet blanc qui couvre son petit corps de couleur marron
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plus ou moins foncée. On connaît également les ra- vages que cet insecte, qui s’est montré en France depuis plusieurs années, exerce dans nos cultures et particulièrement sur les espèces du genre malus, les pommiers. On sait encore l'inutilité des essais de destruction tentés jusqu'à ce jour contre lui.
! Depuis quelque temps j'avais remarqué qu'il étendait ses ravages aux poiriers , et cette année j'ai observé qu’il se propageait encore sur d'autres individus de la famille des rosacées. Je citerai un mespylus purpurea Poirer, cratægus purpurea DE- cAND., sur lequel je l'ai vu se fixer au commence- ment de juin dernier ; et le 15 juillet la plupart
- des jeunes rameaux ainsi que les vieilles branches, et notamment l'aire des tailles antérieures, en étaient couvertes, et les exostoses produites le longdes bran- ches étaient de la grosseur du petit doigt. A la fin du même mois un mespylus acuminata HorT. Par. était également envahi, mais sans exostoses ap- parentes. |
Il est déplorable qu’on ne puisse arrêter les pro- grès de ce puceron , qui menace de se répandre sur tous les arbres de cette famille, qui sont en grand nombre dans nos vergers et nos jardins, où ils jouent un rôle important, soit sous le rapport de l’utilité , soit sous celui de l'agrément. PÉpin.
PLANTES POTAGEÈERES.
Note sur le Quinoa.
? ® L4 r . J'ai trouvé dans le numéro d'octobre dernier des Annales de la Société ro yale d Horticulture de Paris,
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une nôte sur lé chenopodium quinoa WiLLpeNow ex- traite du Gardener’s Magazine.
L'auteur de cet article, M. Loudon, exalte l’uti- lité de cette plante originaire du Mexique, où elle est fort employée pour les usages alimentaires , et prétend qu’elle peut être cultivée dans toutes les contrées de l'Europe, où elle offrira les mêmes avantages, qui, selon lui, doivent être comparés à ceux de la pomme de terre, du maïs, du riz et même du blé. M. Loudon fait remonter la première introduction du quinoa en Angleterre à l’année 1822; et il ajoute que , cultivé alors dans le jardin de Kew, il y avait müûri ses graines, mais qu'il ne fut tenu aucune note sur la manière dont cette plante s'était comportée jusqu’en 1834, qu'un M. Lam- bert l'a semée , et a obtenu des graines müres et abondantes. Cet amateur pense : qu'après l'avoir propagée dans les jardins pour en obtenir des grai- nes en quantité sufisante , on la cultivera en plem champ pour déterminer la propriété nutritive de ses semences. M: Loudon, qui conseille de semer cette plante comme lorge , ne voit pas de grandes difficultés au succès de cette entreprise ; 1l félicite M. Lambert d'avoir prouvé le premier que le quimoa peut croître en Angleterre tout aussi bien qu'au Mexique et au Pérou, et déclare qu’on lui a de grandes obligations, car il n’y a probablement pas maintenant un seul pied de quinoa en Europe, excepté peut-être en Espagne.
Cette plante est cultivée en France depuis plus de vingt-cinq ans, et il n’est pas une collection bo- tanique où elle ne'se trouve, car c'est là qu’elle est reléguée malgré les recommandations du célèbre
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A. Thoum, qui lui supposa d’abord des avantages que l'expérience ne confirma pas. La difficulté d'en obtenir des graines a empêché qu’on ne la cultivât comme plante utile. Aussi, pour plus des trois quarts de la France , elle ne peut offrir dans les jar- dins potagers que des produits en vert propres à êcre consommés à la manière des épinards, de l’o- seille, etc., ete. Mais pour la récolte de ses graines, elle n’est à peu près assurée que dans les parties les plus méridionales de la France et dans les con- trées sud de l'Europe.
Il y a loin de là à voir le quinoa cultivé en plein champ comme l'orge. Si on le semait à la même époque, il ne lèverait que lorsque la chaleur du printemps aurait suffisamment échauffé le sol, et le plant commencerait à pointer seulement en mai; ce qui d’ailleurs serait heureux, car s’il levait plus tôt 1l pourrait être détruit par les gelées tardives. Jusqu’alors pour accélérer sa végétation, on le sème sur couche en mars et avril, et on ke livre au plein air en mai en le repiquant en place et à bonne exposition. Le plant, quoique déjà avancé à cette époque, puisqu'il a de quatre à six pouces de hau- teur, ne fleurit cependant qu'à la fin d'octobre ou en novembre, où il est haut de cinq à huit pieds, et ses graines ne parviennent à mûrir que dans une année tres-chaude.
Ce n’est donc pas sans vérification qu'il faut ad- mettre les conseils de M. Loudon; et encore ne peut-on espérer quelques succès que dans nos dé- partemens les plus chauds. Peut-être ferait-on bien d'expérimenter cette plante dans les localités conve- nables du territoire d'Alger , où, si elle réussissait, il
140 serait possible qu'elle réalisât quelques-uns des avan- tages qu'on lui accorde trop complaisamment. Doverce.
PLANTES D'ORNEMENT.
PLEINE TERRE.
Note sur deux nouvelles Z/strœmeria.
Depuis cinq ou six ans, on a recu du Chili et du Mexique douze espèces au moins d’#/stræmeria. Nous en avons déjà fait figurer plusieurs dans ces Annales (1). Jusqu’alors les fleuristes ne cultivaient que deux espèces de ce genre : ce sont l {/strœæmerta pelegrina, vulgairement appelé Lys des Incas, et l’'AÆlstræmeria listu. Ces deux plantes étaient fort recherchées des amateurs pour l'odeur suave, la beauté et l'élégance de leurs fleurs. Aujourd'hui, on peut cultiver avec avantage en pleine terre, sous le climat de Paris, et mieux encore dans les contrées méridionales du royaume, toutes les espèces de ce beau genre bien digne d'occuper une place distin- guée dans la décoration de nos jardins.
On réussit parfaitement en plantant au printemps, dans une terre meuble et légère, à la profondeur de quatre à huit pouces, selon la grosseur des racines et
(1) Alstræmeria rosea, page 119, année 1832-1833. — Alstræmeria acutifolia, p. 153 , même année. — Alstrœme- ria Jacquesii, page 29 , 1833-1834. — Alstræmerta ovata, p. 108, 1834-1835 , et Alstræœmeria hirtella, p. 49, 1835- 1336.
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le développement des tiges. Cette précaution a pour but d'empêcher la gelée d'atteindre les premières dans les hivers rigoureux ; il est bon toutefois d'ap- porter dans cette saison quelques feuilles au pied, et même d’en éloigner l'humidité par un buttage analogue à celui que l’on fait pour les pommes de terre et autres plantes bulbeuses.
Dans les jardins où l’on voudrait réunir toutes les espèces d’{/stræmeria sur une même plate-bande, on pourrait y placer, depuis décembre jusqu'en mars, un coffre en bois recouvert de châssis, ainsi qu’on le voit faire souvent pour les plantes du Cap de Bonne-Espérance qui appartiennent aux familles des liliacées , iridées et narcissées.
Je vais faire connaître ici une espèce encore peu répandue , et que je cultive depuis cinq ans en pleine terre.
PÉLÉGRINE PERROQUET, Æ/stræmeria psittacina, Lens. Plante vivace, originaire du Mexique, à ra- cines fasciculées et charnues. Les tiges sont droites, hautes d’un à deux pieds, garnies de feuilles éparses, sessiles , lancéolées , pointues, glabres, contournées en divers sens et comme tordues, longues de deux à trois pouces, larges d’un demi-pouce ; elles sont terminées par une ombelle régulière de dix à douze fleurs pédonculées , dont la moitié (les supérieures) fleurit douze ou quinze jours avant les autres; elles sont longues de deux pouces au moins; le tube, parsemé de taches vertes, est veiné de rouge; le limbe est d’un rouge pourpre à six divisions, dont trois égales.
Cette belle plante formait cette année une touffe
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de plus de deux pieds de diamètre, et avait déve- loppé plus de cinquante tiges floriferes qui s’'épa- nouirent depuis le commencement de juillet, et se succédèrent jusqu à la fin de novembre; où quelques jours de gelée arrêtèrent la végétation. Les tiges se sont ensuite détruites par l'effet d'un froid qui a atteint 6 à 7 degrés.
C'est au reste une plante rustique, et qui n'a même pas besoin d’arrosemens pendant l'été ; elle est d’un fort joli effet dans la décoration des jardins.
On la multiplie par la division de ses racines en février ou mars, ce qui vaut mieux qu’en automne, où elle est encore en pleine végétation. Elle donne des graines abondantes chaque année. On les semera au printemps sur couche, en pots remplis de terre de bruyère, ou toute autre terre meuble et légère. On repique le plant à l'automne, et il fleurit la se- conde ou Ja troisième année. Elle croît à toute expo- sition. On peut se la procurer dans beaucoup d’éta- blissemens horticulturaux , où jusqu’à ce jour elle est cultivée en pots. PÉpix.
PÉLÉGRINE TRICOLORE, Æ/strœæmeria tricolor. W. SurrH. Plante vivace, originaire du Chili, introduite en Angleterre en 1822, et en France en 1832. Sa hauteur est d'environ 18 pouces ; ses feuilles sont pétiolées, douces, luisantes et contournées ; les deux pétales supérieurs de la fleur ont le fond d’un très- beau jaune maculé de taches d’un rouge sang foncé ou plutôt pourpre; le troisième pétale et deux sé- pales sont blancs, légèrement dentés vers leur ex- trémité , et le troisième sépale est d’une jolie teinte rougeûtre.
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Cette plante est connue en Angleterre sous lenom d’A/stremæria flos Martini (fleur de la Saint-Martin), qui est celui qu’elle porte au Chili, et que Loudon lui a conservé, ainsi que Swett, dans son /Jortus PBritannicus.
On peut la cultiver en pleine terre, comme l’a dit notre collègue M. Pépin dans l’article précédent; mais 1l lui faut une exposition aérée où elle puisse jouir de toute l'influence solaire , excepté à l'heure de la journée où les rayons de cet astre sont le plus ardens. Dans une pareille situation , les fleurs. se développent en panicule plus compacte, et avec des couleurs plus vives. Il faut avoir soin de couvrir le pied avec des feuilles pendant la saison rigou- reuse.
Si on la cultivait en serre tempérée , elle s’élève- rait à une hauteur de trois pieds, ses fleurs seraient plus amples, mais leurs couleurs beaucoup plus pâles. Lorsque la floraison est passée, il faut sus- pendre les arrosemens , ce qui fait que la végétation s'arrête. Lorsque les racines repoussent , on rempote la plante. La terre qui lui convient pour la culture en pots est un mélange de terre franche, de sable et de terreau par égales portions.
On la multiplie comme la précédente.
JacquiN jeune. Note sur les Salpiglossis.
Il a été introduit en France et en Angleterre, pen- dant les années 1829 et 1830, une assez grande quantité de graines du Chili , dont les produits ont enrichi les collections ou concourent aujourd’hui
144 d'uñé manière très-remarquable à la décoration de nos jardins.
Parmi ces nouvelles acquisitions, je citerai les sa/- piglossis atropurpurea et straminea Hook ou sinuata Ruiz Et Pavon. La première est une plante magni- fique qui se distingue par ses fleurs d'un pourpre noir , et la seconde n’est pas moins remarquable par ses corolles jaunâtres veinées à l'intérieur de lignes d’un joli brun. Les fleurs de l’une et de l’au- tre sont grandes , à corolle monopétale à cinq divi- sions plus ou moins échancrées au sommet ; elles sont portées par de longs pédoncules axillaires qui se subdivisent et forment de belles panicules. La première de ces deux espèces à toujours été pré- férée par les amateurs, et quoiqu'elle ne soit pas plus délicate que l'autre, elle s’est continuellement montrée plus rare.
On a essayé d’en obtenir des hybrides par la fécon- dation artificielle de l’une par l’autre et réciproque- ment, et l'année d’ensuite des capsules ainsi fécon- dées donnèrent des graines qu’on sema séparément. On en obtint une variété fort belle dont les fleurs avaient doublé de diamètre. Cette variété, d’abord cultivée au potager du Roi à Versailles en 1832, y fut dessinée et a été figurée dans ces annales, livrai- son demars 1833, sous le nom de salpiglossis inter- media : ses belles fleurs offrent réunies, et dans une disposition agréable, les couleurs des deux espèces dont elle est sortie.
On a également obtenu plusieurs variétés aux Jardins des Plantes et du domaine royal de Neuilly, mais la plupart offraient des nuances peu diffé- rentes.
145
M. Vilmorin a cultivé cette plante en pleine terre et plus en grand que partout ailleurs ; aussi a-t-il depuis trois ans obtenu un grand nombre de va- riétés remarquables par les diverses nuances qu'’of- frent leurs fleurs. J'ai vu l'été dernier, dans plusieurs jardins , de ces plantes provenant de graines venues de chez M. Vilmorin, qui offraient les couleurs les plus variées ; il y en avait de brunâtres, de grises, de cuivrées, d’un blanc pâle ou violacé, de jaunä- tres, de couleur faïence, etc., et toutes striées de vei- nes d’une couleur plus ou moins foncée. Toutes ces plantes qui ont conservé leurs caractères, mais dont les fleurs sont plus ou moinsgrandes, produi- sent un fort joli effet lorsqu'elles sont réunies sur la même plate-bande. |
Pendant les premières années les salpiglossis étaient cultivées en pots et rentrées en orangerie, et on les considérait comme bisannuelles ; cepen- dant j'en ai vu vivre trois ans, mais il est rare qu'’a- lors elles se montrent aussi belles et aussi vigou- reuses que pendant l’année du semis. Aujourd'hui on les cultive seulement comme plantes annuelles, et avec d'autant plus de raison, que les graines mû- rissent parfaitement la première année. Pour en obtenir de belles touffes, il convient de semer sur couche, de février en avril ; on repiquele plant dans des pots remplis de terre meuble et légère, que lon replace immédiatement sur couche et sous châssis, ou bien si le temps est doux et la saison avancée on pourra repiquer en place en terre meu- ble et douce. Les plantes acquièrent la hauteur de dix-huit pouces à deux pieds, et forment de belles touffes qui se parent de fleurs nombreuses et riches
Janvier 1836. 10
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en couleurs variées qui s’épanouissent depuis juin jusqu’en septembre.
On peut aussi sémer en pleine terre à l'air libre en mai, et en terre légère; la floraison alors a lieu plus tard.
Il faut à ces plantes une exposition un peu om- bragée pour qu’elles ne recoivent pas les rayons du soleil pendant le temps qu'ilé ont le plus de force ; parce qu'il arrive souvent que la trop grande cha- leur les fait fondre. On peut en tout cas les abriter pendant quelques jours avec des toiles ou des bran- ches feuillées; elles n’exigent que des arrosemens
% Là
modérés pendant l'été. Pépin. ROSES.
Thé à fleur gigantesque. Ce rosier, obtenu du thé jaune, en a conservé quelques caractères. Il est vi- soureux, à rameaux étalés horizontalement, et ar- més de forts aiguillons peu nombreux, égaux, très- dilatés à leur base et rougeâtres. Les folioles sont d’un vert luisant, et les unes ovales tandis que d’au- tres sont cordiformes. La fleur a une très-srande dimension (environ cinq pouces de diamètre), d’une forme irrégulière, à pétales tres-serrés, d’un rose tendre à l'intérieur et plus pâle au sommet ; elle est soutenue par un fort pédoncule droit et glabre.
Cette variété, fort remarquable, fait un bel effet sreffée sur églantier par la grandeur de ses fleurs et la vigueur de ses rameaux.
Bengale Clara. Variété vigoureuse à rameaux droits , munis de notibteus et forts aiguillons égaux, et à folioles cordiformes, très-luisantes ; les
147 ïleurs sont fort nombreuses, grandes, bien faites, réunies en corymbe de quatre à cinq, formant bou- quet. Pétales d’un beau blanc, peu serrés et bien rangés à la circonférence. Ce rosier fait également un bon effet sur églantier. Ces deux rosiers se trouvent chez madame Syl- vain, fleuriste, rue d'Enfer, n° 57. Harpy.
Note sur le Ginkgo-Biloba.
En novembre 1835, M. Delille, professeur de botanique à Montpellier, transmit à M. Mirbel des fruits de Ginkgo-Piloba, pour être semés au Jardin du Roi. Ils ont été recueillis dans cette ville par ce professeur sur un fort sujet mâle, sur lequel M. De- lille avait, il y a quatre ou cinq ans, fait greffer un sujet femelle dont je ne peux indiquer l'origine. C'est un fait curieux et nouveau, car on ne posse- dait jusqu'alors en France, et probablement en Europe , que des individus mâles.
Ces fruits sont renfermés un à un dans une pulpe d’une odeur infecte, de la couleur d'une prune de mirabelle, et à peu près de la même grosseur. On ne peut mieux les comparer en petit qu'à ceux du Cycas Circinalis. Leur pulpe paraît être huileuse, car elle rancit facilement; et peut-être il sera pos- sible d'en extraire quelques produits, si un jour ces fruits deviennent abondans. N'ayant pas la cer- titude que ces fruits eussent acquis une maturité complète, je les laissai environ quinze jours sur la terre d’une bâche, pour qu'ils pussent achever de mürir, dans le cas où ils ne lauraient pas été suffisamment, mais ayant remarqué qu'ils se ri-
148 daient, je jugeai qu'ils étaient parfaitement en état d’être semés.
En décembre dernier , je les mis en terre en pot, exposés à une chaleur de vingt-cinq degrés Réau- mur , et en janvier, les cotylédons se sont très-bien développés. J'espère que ce semis nous offrira des individus des deux sexes. Au reste, avant l’envoi de ces graines, M. Delille avait déjà expédié des greffes et des boutures qui ont parfaitement réussi.
NEUMANN.
Observations sur la culture de PErythrina Crista Gall.
Dans les Annales de Flore et de Pomene, année 1854-1835 , page 204 et suivantes, J'ai donné un assez long article sur la culture de l£rythrina Crista Galli; mais ayant encore suivi cet objet pendant toute l’année 1835, je viens faire connaître le ré- sultat de mes nouvelles observations , ainsi que j'en ai pris l'engagement.
Je dirai d’abord que la moitié de mes semis , faits tant à l'automne de 1834 qu’au printemps de 1835, a fleuri depuis le commencement d'août jusqu’à la fin d'octobre de la même année, sans que les pieds les plus élevés aient acquis une hauteur qui dépassât dix-huit pouces.
J'avais replanté tous mes jeunes sujets, du 15 au 20 mai, à l'air libre, et sur une couche recouverte de huit à neuf pouces de terre assez mal préparée ; et il est remarquable que tous ceux provenant du
semis d'automne ont toujours été plus forts que les autres.
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J'ai reconnu que la terre qui couvrait la couche n'était pas assez substantielle, et qu’il aurait fallu, même encore dans ce cas, lui donner une épaisseur de quinze à dix-huit pouces ; toutefois, je suis per- susdé que, si la terre en question eût été de meil- leure qualité, tous mes semis auraient fleuri pres- que sans exception pendant la première année.
Parmi ceux qui ont donné fleurs, j'ai cru pouvoir distinguer quatre variétés plus ou moins tranchées :
1° À fleurs d’un rouge pâle presque rose ;
2° À folioles plus larges et presque rondes, et à tiges plus trapues et moins épineuses que les autres ;
3° À fleurs plus petites que celles de la mère , mais d’un coloris semblable ;
4° À fleurs marginées et nuancées de blanc ; mais comme celle-ci a fleuri la dernière, je crains que ces traces de blanc ne soient le résultat de la tempé- rature froide qu'elles ont subie pendant quelques nuits où 1l y a eu gelée blanche. Au reste, toutes ces variétés ont été numérotées avec soin; je vais mettre sur couche tous les pieds provenus de semis, et je les observerai exactement pendant leur flo- raison.
Les boutures faites la même année ont moins bien fleuri que les pieds provenant de semis; je crois qu'elles ont été tenues en serre trop long-temps , et qu'il aurait fallu au contraire les livrer successive- ment au plein air, au fur et à mesure qu'elles émet- taient des racines.
Le pied que j'ai laissé en pleine terre, pendant l'hiver de 1834 à 1835, s'y est parfaitement con- servé , avec la seule précaution de le couvrir de feuilles ; mais il a fleuri plus tard que les pieds
150
conservés en serre, et replantés en pleine terre du 15 au 20 mai. Ses fleurs n'étaient ni plus belles, ni plus abondantes ; sa première floraison étant tardive empêche qu’une seconde puisse avoir lieu en saison. Il me paraît done démontré qu'il est préférable d’ar- racher les pieds d’erythrina à l'approche des gelées, et de les rentrer dans un lieu inaccessible au froid, LL ? L L r 4 et qu'il n’est pas nécessaire d'échauffer par une cha- leur artificielle. Le pied dont il est question en ce P I AL FRS EP D . r
moment a été arraché à l'automne dernier, et dé- posé sur les tablettes avec les dahlia, et il est en très-bon état aujourd'hui.
J'ai laissé un autre pied en pleine terre pour y
, Q f * PERS 9 4
passer l'hiver présent , à l'aide d’une couverture de feuilles, et j'espère qu'il résistera aussi bien que le premier.
On se rappelle l'Ærythrina laurtfoiia, que jai dit avoir atteint huit pieds de hauteur en 1834, et
? A ° L] . LE n'avoir fleuri queen septembre, tandis que l'£ry- thrina Crista Galli, placé absolument dans la même 11e
position , a fleuri deux fois en 1834, et deux fois encore en 1835; conservé dans la même serre et traité comme le second que je croyais d’une floraison plus hâtive, il a fleuri, à ma grande surprise, plus de trois semaines avant lui. J'avais laissé à cet ery- thrina une tige de cinq pieds, mais je n’ose pas at- tribuer à cette cause la précocité de sa floraison en 1835; je crois plutôt que le Crista Galli n’est pas susceptible d’être forcé par une chaleur artifi- cielle, tandis que le Laurifolia me paraîtrait très- propre à être soumis à ce procédé.
Je livre ces réflexions à mes lecteurs; mais pour m'assurer si ces deux variétés se montreront con-
PLAT
ST
Hunnemanma fumariæfolia
dun on é-
15]
stantes dans la marche de leur floraison, je vais les planter en pleine terre , et observer ce qu'il en sera. JAcqQuIN aîné.
ORANGERIE. HUNNEMANNIA. Swerr. Polyandrie Monogynie,
Lin. ; Papavéracées, Juss.
Caractères géneriques. Calice d'abord monophylle, s'ouvrant en deux parties, caduque ; réceptacle du calice, des pétales et des étamines très-pelit sous l'ovaire; stigmate presque sessile, pelté, à quatre lobes courts ; semences refléchies et un peu réticu- lées; cotylédons oblongs, atténués à la base, velus sur leurs bords ; tige et racine non lactescentes ; capsule presque siliqueuse marquée de dix stries , à deux valves, s’ouvrant par la base, et portant les graines attachées sur les bords.
HUuNNEMANNIE A FEUILLES DE FUMETERRE. //urnneman- nia fumariæ folia. SwEeTT. fl. Gard. Tab. 276. ( Voyez la planche.)
Plante vivace à tiges droites, hautes de deux à trois pieds, glabres, glauques, et striées dans leur longueur , se ramuifiant vers la moitié en rameaux alternes’ et comme dichotomes, qui se développent dans l’aisselle des feuilles. Celles-ci sont glabres et éparses, alternes, pinnatifides et multifides, sessiles ou péuolées un peu moins glauques que les tiges, à pétiole canneleé.
Fleurs grandes, terminales, d'un beau jaune à qua- tre pétales obovales, un peu foncés, et longs d'un pouce au moins ; elles sont portées par un pédoncule long de trois à six pouces. Ayant l'épanouissement
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de la fleur le bouton est allongé et enveloppé par le calice ; les étamines sont nombreuses et insérées sous l'ovaire; les anthères sont orangées ; la capsule est longue de trois à quatre pouces; les graines sont noires.
Cette plante originaire de Îa Californie se rappro- che beaucoup du genre escholtzia, qui fait aujour- d'hui l’ornement de nos jardins. Des graines ont été envoyées’ d'Angleterre à Paris en 1834, et elle a fleuri pour la première fois en avril 1835.
Cette nouvelle plante paraîtrait devoir former un petit sous- -arbrisseau par la grosseur de sa tige et la disposition de ses rameaux. Ce qui le donne- rait aussi à penser, c'est que les vieux pieds sont encore très-vigoureux, et que les graines semées depuis leur introduction n’ont produit qu'une tige chacune, qui ne fleurit que l'année suivante, On peut, la première année, lorsqu'elle est encore en herbe, employer le moyen du pincement pour la faire ramifier à quelques pouces de terre afin de former une belle touffe régulière d’un pied à quinze pouces d’élévation. Elle n'est pas délicate ; on la multiplie parfaitement de ses graines qui mürissent peu de temps après la floraison. On peut les semer à l'automne en pots remplis de terre meuble et lé- gère et rentrer pendant l'hiver dans l’orangerie près du jour, ou mieux sous châssis froid. De cette manière on obtiendrait les fleurs l’année suivante. Jusqu’alors on semait en mars , et on repiquait en pot le plant lorsqu'il était assez fort. On rentrait les pots en orangerie pendant l'hiver suivant, et enfin on mettait les pieds en place en pleine terre dans les derniers jours d'avril où au commencement de mai.
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Boronia pinnal à :
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Cette belle espèce a commencé à fleurir en avril, où elle n’avait encore qu’un pied de haut ; mais de juillet en septembre chaque sujet était élevé de deux à trois pieds, et développait chaque jour un grand nombre de fleurs qui s’'épanouissaient depuis le matin jusqu'au soir; alors les pétales s’appli-. quent l’un contre l’autre pour ne s'ouvrir que le lendemain.
Sa culture est facile ; elle croît pendant l'été à toute exposition en terre meuble, plutôt légère que forte, et ne demande que peu d’arrosemens. Il est probable qu’elle finira par s’acclimater comme ses congénères, et qu’on pourra se dispenser d'avoir re- cours à l’orangerie. Elle commence à se multiplier dans plusieurs établissemens de Paris. PEPIN.
BORONIA. Smiru.. Octandrie monogynie, Lin. ; - Rutacces, Juss.
Caractères génériques. Calice persistant à quatre divisions, quatre pétales insérés sur un disque hypo- gyne ; huit étamines, quatre styles connivens; qua- tre capsules réunies en une seule, chacune s’ouvrant en deux valves et contenant une ou deux graines.
BoRONIE A FEUILLES PINNÉES. Zoronta pinnata. SMITH, VENTENAT, jardin de la Malmaison. (J’oyez la
planche.)
Arbuste de trois à quatre pieds, à tiges droites, cylindriques, d’un brun clair, à rameaux axillaires, opposés, peu ouverts, à feuilles opposées en croix, ailées avec impaire. Les folioles sont opposées , ses- siles, lancéolées, pointues, linéaires un peu épaisses, lisses, ponctuées, répandant, quand on les froisse,
154 une odeur de myrte. Fleursroses, moyennes, pédi- cellées toujours par trois; sur un pédoncule com- mun. Les anthères sont d’un jaune brun.
Le genre Boronia créé par Smith a été dédié par luià Borone, son élève jardinier, mort à Athènes, en accompagnant M. Sibthorp dans son voyage en Grèce. L'arbuste dont il est question est originaire de la Nouvelle-Galles du Sud. Quoiqu’assez ancienne- ment connu, il est encore rare et d’un prix assez élevé. On le cultive en pots remplis de terre de bruyère sablonneuse, et préférabiement dans une caisse , où il paraît se plaire davantage. On le rentre pendant l'hiveren orangerie, ou mieux dansuneserre tempérée. Il craint beaucoup l'humidité, qui le ferait promptement périr : c’est pourquoi il ne résisterait pas en pleine terre dans la bâche d’une serre, où 1l trouverait une trop grande somme de principes nu- tritifs et trop d'humidité. I faut donc avoir soin de le tenir à l'étroit dans une caisse dont on garnit le fond de tessons ou de gros graviers qui facilitent l'écoulement des eaux. Les pots ou caisses ne doi- vent pas être enterrés. Lorsque l’on empote, il faut avoir le soin de placer le pied de facon que la par- tie supérieure des racines ne soit recouverte que d’un demi-pouce de terre. If lui faut, pour l'été, une exposition aérée et à demi ombragée.
On le multiplie de boutures sur couche tiède, sous cloche ; elles reprennent assez difficilement et longuement. On le multiplie également de eou- chages, qui ne prennent guère racine avant deux ans. Du reste, il faut arroser avec autant de meéna- gement les plantes adultes que les jeunes,
JacquiN aîne.
PTS
Calccolaria coœrulescens
155
CALCÉOLAIRE BLEUATRE. Calceolariu cærulescens. Horruz. (Voyez la planche , et pour les caractères génériques, p. 101, Journal et Flore des Jardins, et 317, Annales de Flore, année 1832-1833.)
Tiges frutescentes , les adultes grises, les jeunes légèrement pubescentes, faibles, hautes de vingt- quatre à trente pouces; feuilles opposées , lancéo- lées, rétrécies en pétiole à la base, presque em- brassantes, crénelées ou comme rongées sur les bords, à nervures saillantes en-dessous, comme ru- gueuses en-dessus, un peu blanchâtres, ce qui est causé par des poils courts et nombreux; fleurs ter- minant les tiges et les rameaux , disposées en cime plusieurs fois bi ou trichotome, pédoncules et pé- dicelles pubescens et légèrement visqueux ; calice à quatre divisions ovales obtuses ; corolle à deux lè- vres, dont l'inférieure, grosse, courte et très-obtuse, est d’un rouge-brun foncé en-dessus, et très-légè- rement violacée ou bleuâtre en-dessous; sa lèvre supérieure beaucoup plus courte et de la même cou- leur que l’inférieure.
Je l'ai recue, au printemps de 1835, d'un amateur de Toulouse; elle a fleuri en juin, même année, ainsi que plusieurs espèces ou variétés; elle paraïi- trait provenir d’un semis du C. arachnoïdea et du C. salvtfolia ? Du reste, la plupart de ces plantes ne sont pas d’une conservation facile, et 1 est bon de les renouveler souvent de boutures, lesquelles re- prennent facilement en terre de bruyère, laissant passer l’eau, et tenue légèrement humide. On peut encore les multiplier de graines, et par ce moyen on est presque certain d'obtenir des variétés. Ces
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graines doivent être semées sur de la terre de bruyère bien meuble , sans aucunement les recou- vrir, mais en appuyant assez fortement la terre ; les pots ou terrines seront placés sous un châssis om- bré et aéré , et la terre entretenue fraîche sans être humide. Lorsque le plant est assez fort, on le repique en pots qui seront de même placés sous châssis pour accélérer la reprise; on peut ensuite les déposer avec les vieux pieds à une exposition demi-ombra- gée, et l'hiver en serre tempérée ou châssis dont on doit renouveler l'air souvent, et avoir soin d’ôter soigneusement les feuilles mortes ou tachées de moisissure. JACQUES.
NIEREMBERGIA. Pentandrie monogynie, Lin. ;
Solanées , Juss.
Caractères génériques. Galice persistant, mono- 5 1 P > phylle, à cinq divisions profondes, étroites et subu- lées; corolle monopétale infundibuliforme, dont le limbe est à cinq lobes arrondis et à échancrures peu profondes ; cinq étamines insérées au fond du tube et plus courtes que lui; un style filiforme. Capsule P q ; Y Ê
oblongue à deux valves, polyspermes.
NIEREMBERGIE INTERMÉDIAIRE, /V'erembergia interme- dia , Hort.; Petunia intermedia , WMorT. ANGL.
(Voyez la planche.)
Plante herbacée à tiges très-rameuses, hautes de quinze à dix-huit pouces, à feuilles éparses, liné- aires et sessiles , recourbées et un peu roulées par- ticulièrement sur les vieux rameaux ; toutes les par- ties de la plante sont pubescentes et visqueuses.
D'avril en octobre, cette jolie plante se couvre de fleurs nombreuses dont la corolle a le limbe d'un
*
P1,920
Nierembereia intermedia 2
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pourpre foncé, le tube d’un jaune soufre, marqué vers le haut d’un cercle pourpre plus foncé que le reste du limbe. Je l’ai recu d'Angleterre sous le nom de Petunia intermedia, en 1835, et depuis ce temps elle n’a pu fournir que cinq à six petites plantes en état d’être livrées au commerce. Elle est d’une con- servation fort diflicile, à cause des myriades d’in- sectes ou pucerons presque imperceptibles qui cou- vrent toutes les parties de la plante et nuisent à sa végétation, ainsi qu'à sa santé. Ce n’est que l'été dernier que nous nous en sommes apercus , et nous n'avons pas trouvé de meilleur moyen pour les dé- truire, que de donner aux plantes tous les huit ou quinze jours, suivant le besoin , une fumigation de feuilles de tabac. On peut employer pour cette opé- ration, l'enfumeur, instrument inventé pour cet usage par MM. Arnheiter et Petit, taillandiers- mécaniciens, rue Childebert. Il est très - conve- nable lorsque l'on veut enfumer les plantes partiel- lement et sur place, parce qu'il permet de diriger la fumée à volonté.
On peut aussi enfumer ces végétaux à l’aide d’un réchaud plein de charbon allumé, et sur lequel on jette des feuilles de tabac. Pour cela, on dépose les plantes sous un châssis que l’on ferme bermétique- ment et que l’on tient dans cet état pendant au moins une heure , afin que la fumée du tabac ait le temps d'agir sur les insectes. Il est bien de couvrir en même temps le châssis d’un paillasson ou d’une toile, autant pour mieux renfermer la fumée que pour s'opposer à l'influence du soleil sil donnait sur le châssis. Lorsque la fumigation a duré assez de
temps, on soulève un peu le châssis pour donner de l'air.
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Je cultive cette plante en pots de terre de bruyère mélangée de terre franche et de terreau, pour être rentrée en serre tempérée , et placée près du jour. Elle redoute l'humidité et s'accommode fort bien de dix à douze degrés de chaleur Réaumur. On la mul- tiplie de boutures faites au printemps, sur couches et sous cloches.
Elle a fleuri pour la première fois chez nous en 1835. Je n’ai pas encore récolté de graines, mais je pense qu'elle en produira lorsqu'elle sera plus vi- goureuse. Comme elle ne me paraît pas très-robuste, je crois qu'il sera utile de la renouveler tous les ans de boutures ou de graines. Les jeunes pieds sont toujours plus rustiques que les vieux. On fera bien d'employer le même moyen pour toutes les espèces de ce genre et des Petunia, quoique plus ou moins vivaces , parce que les fleurs sont dans ce cas beau- coup plus belles. Jacquin aîné.
SERRE CHAUDE. Exemple de fécondité d'un ananas.
Je vais souvent visiter les serres de M. Grison, jardinier eu chef chez M. le baron Rothschild, à Su- rênes. Il me fit voir, il y a quelque temps, sur un pied d’ananas Enville, un œilleton qui avait poussé sur la tige et qu'il se proposait de supprimer. Pro- bablement l’œilleton fut oublié, car quinze jours après, me retrouvant dans la même serre, je l’a- percus , et, à mon grand étonnement , je remarquai qu'il était presque aussi développé que sa mère. Effectivement , dans les premiers jours de juin, il montra son fruit, et sa végétation ayant continué depuis lors avec la même activité, ce fruit est main-
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tenant (fin de décembre) en parfaite maturité, et annonce devoir peser au moins quatre ou cinq livres.
Quant à la mère, malgré sa grande vigueur qui lui a permis de supporter cet excédant de produit, elle s'est trouvée retardée dans sa propre fructifi- cation , car elle n'a marqué son fruit que deux mois et demi après l'œilleton. Il ÿ a environ un mois que sa floraison est passée, et, malgré la saison, le fruit s'annonce fort bien, ce qui produit un effet assez re- marquable, puisque la même tige offre un fruit mûr et jaune, et un autre tout vert auquel il faut bien encore trois mois pour atteindre toute sa maturité.
Cette anomalie pourrait donner à penser que les ananas jouissant d'une grande vigueur pourraient fournir deux ou trois fruits sur la même tige, ce qui doit engager les cultivateurs à tourner Lie efforts vers un pareil résultat qui rendrait les ananas assez communs pour que ces excellens fruits puissent devenir à la portée de tout le monde. PoKkorNy.
NOUVELLES.
EuPHORBE PANACHÉE. {uphorbia variegata.
Bor. Mac. 1547.
Racines fibreuses, annuelles ; tige simple d’abord, cylindrique, munie de quelques poils blancs, haute de vingt-quatre à trente pouces ; à la hauteur de douze à dix-huit, naît au sommet une fleur stérile, et alors elle se divise en quatre rameaux de neuf à onze pouces, qui sont garnis, ainsi que la tige, de feuilles sessiles, ovales, très-entières sur les bords, pointues où même acuminées, glabres et d’un vert glauque. Chaque rameau se termine par une om- belle à cinq rayons velus, et terminés eux - mêmes par trois pédicelles biflores; feuilles florales, brac-
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tées et bractéoles d’un beau blanc sur les bords, avec le milieu vert ; les feuilles raméales se bordent de blanc d'autant plus marqué qu’elles approchent de l'ombelle; périanthe vert, velu; cinq pétales blancs; anthères jaunâtres, didymes; trois styles verdâtres, bifides ; fruits velus , à trois angles obtus; semences blanchâtres, presque sphériques, munies de poils saillants.
Cette plante signalée par Nuttal, 7. bor. Am., est originaire de la Louisiane, et quoiqu'elle fût intro- duite en Angleterre depuis 1825, elle n’est que bien peu répandue en France. Je lai vue pour la pre- mière fois en 1834, dans le jardin de M. Vilmorin à Verrieres près de Paris, de l’obligeance duquel j'en ai obtenu quelques graines. Les sommets de cette plante, variés de vert et de beau blanc , produisent un joli effet , et on pourrait l'employer à l'ornement des parterres si elle était plus répandue; ce qui ne tardera probablement pas, car j'espère en récolter quelques graines, et la maison que je viens de ci- ter en recueillera sûrement assez pour la livrer au commerce.
Je ne puis donner beaucoup de renseignemens sur sa culture, ne la possédant que de cette année. Seulement j'ai remarqué que les graines que j'ai semées en pot, et qui y ont de même été repiquées, n’ont fait qu'une chétive végétation , tandis que j'en avais mis quelques-unes entre les pots d'une couche où avaient été semées des plantes rustiques ; elles y ont parfaitement végété; c'est donc en place qu’il faut semer cette plante, et dans un terrain meuble et chaud. Les arrosemens doivent être modérés, les racines étant susceptibles de se pourrir par une humidité un peu stagnante. JACQUES.
ERRALES
DE FLORE ET DE POMONE.
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MÉTÉOROLOGIE.
Des T'hermometres.
Le besoin fréquent qu'on éprouve, en horticulture, de connaître avec exactitude l’état de la tempéra- ture, nous a donné à penser qu'on accueillerait avec faveur quelques détails sur le thermomètre, instru- ment imaginé par les physiciens pour apprécier la somme de calorique en expansion dans l'air ambiant.
Les thermomètres à liquide sont ceux dont l’u- sage est le plus fréquent, et le mercure est préfé- rable à l’esprit-de-vin pour rendre les observations plus certaines.
Le mercure étant rarement dans le commerce à un véritable état de pureté, il faut le purifier avant de l'employer. Pour cela on le met dans un mor- ceau de peau de chamois que l’on lie fortement, et par les pores de laquelle il faut le faire passer de force en la pressant. Après cette opération , on le distille, et voici comment l’on s'y prend : on met le mercure dans une cornue en verre; on adapte à son col, et bien exactement, un tube également en verre,
Mars 1836. 11
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dont l’autre extrémité est lutée à l’orifice d’un bal- lon placé dans un vase rempli d’eau. Le lut dont on se sert se compose de colle et de farine de graine de lin mêlées ensemble. On fait peu à peu du feu sous la cornue, ét le mercure , âmené à ébullition, se vaporise et passe dans le ballon, dégagé de tousles corps étrangers, qui restent dans la cornue.
On choisit pour contenir le mercure un tube de verre parfaitement cylindrique, et pour s'en assurer on y introduit une goutte d’un liquide quelconque coloré, et on lui fait parcourir toute sa longueur; elle doit partout occuper le même espace, autre- ment il faut rejeter le tube. Lorsque ce choix est fait, on souffle une boule à l’une de ses extrémités. Pour céla on l’expose à la flamme d’une lampe d’e- mailleur, et, à l'aide d'un morceau de cuivre tenu dans Ja même flamme pour qu'il soit chaud, on le fond et on larrondit ; ensuite on soufile par l’autre bout, ce qui forme une boule. Plus la capacité de celle-ci est grande en proportion de celle du tube, plus le thermomètre sera sensible aux moindres va- riations de la température.
Pour introduire le mercure dans le tube, il faut échauffer celui-ci fortement, mais par degrés; en même temps, on fait chauffer et même bouillir le mercure, et on y plonge l'orifice du tube chaud qu'on maintient verticalement. À mesure qu'il se refroidit, l'air que la chaleur avait dilaté se con- tracte, et la pression atmosphérique, en agissant sur la surface extérieure du mercure, le pousse dans le tube, où il s'introduit.
La quantité de mercure nécessaire à la confection d'un thermomètre dépend de l'usage auquel on le
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destine. Si on veut l'employer à mesurer des tem- pératures très-basses, il faut laisser entre la boule et le point indicatif de la glace un espace égal à la moitié de celui qui sépare la congélation du degré de l'eau bouillante. Si en même temps on veut me- surer des températures très-élevées, il faut que le tube ait une longueur pareille à l'espace que je viens d'indiquer, au-dessus du point de l’ébullition.. Pour indiquer provisoirement le premier point, on plonge le tube avec le mercure dans de la neige ou de la glace fondante, et l'on fait une marque à l’en- droit où s'arrête le mercure en se contractant. Pour marquer approximativement le second, on plonge le thermomètre dans de l’eau bouillante, et on mar- que d’un trait le point où s'arrête le mercure dans son ascension. Ces deux premières épreuvesontpour but de s'assurer qu'il y a assez de mereure dans le tube et de déterminer la longueur de celui-ci.
Lorsqu'on est certain que la quantité de mercure introduite dans le tube est suflisante pour le but qu'on se propose, on coupe ce qui excède la lon- gueurnécessaire, elon tire à la lampe cette extré- muté en un tube très-fin. On fait alors chauffer graduellement le thermomètre sur des charbons ar- dens jusqu'à ce que le mercure arrive à l'extrémité du tube, afin d'en chasser tout l'air. Dans ce mo- ment on la présente à la lampe pour la boucher, afin d'empêcher l'air de rentrer à mesure que le refroi- dissement opérerait la contraction du mercure. On finit enfin par sceller cette extrémité plus solide- ment, parce que, si on la laissait telle que je viens de le dire, le verre serait trop fragile.
Arrivé à ce point, il ne reste plus qu'à graduer
104 définitivement le thermomètre. Les deux points fixes qui servent de base sont , comme je viens de le dire, ceux de la congélation et de l’eau bouil- lante. Il s’agit donc de les déterminer bien exac- tement.
La température de la glace fondante est absolu- ment invariable; mais il faut avoir soin d'y plonger exactement la boule et toute la partie du tube qui contient le mercure. Celui-ci, en se contractant, di- minue de volume et descend dans le tube ; lorsqu'il a fini ce mouvement, il faut marquer le point où il s'arrête et attendre encore quelques instans pour s'assurer qu'il n'y a point variation.
Il est plus difficile de déterminer le point de l'eau bouillante. Pour cela on se sert d’un matras à large col; :on le remplit à moitié d’eau, de facon que le thermomètre introduit ne touche pas à sa surface, car c'est la vapeur seulement qui doit agir sur le mercure. Le col du matras est fermé par un bouchon percé de deux trous; dans l'un passe le thermomètre, que l’on peut hausser et baisser à vo- lonté; dans l'autre est introduit un tube recourbé pour laisser échapper la vapeur surabondante. Dans celte opération il faut enfoncer le thermomètre à mesure que le mercure monte, afin qu'il plonge con- tinuellement dans la vapeur. Lorsqu'il cesse de mon- ter, on marque le point où il s'arrête, et on a ainsi le second degré de l'échelle.
Toutefois ce degré n’est exact qu'autant qu'on tient compte des conditions suivantes. Si on a fait bouillir l’eau dans un matras en verre, il faut y ajouter quelques grains de limaille métallique, parce que l’eau bout dans le verre à une tempéra-
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ture plus basse que dans le métal. On à remarqué également que l'eau bouillait à une température plus ou moins considérable, suivant l'élévation du baromètre, On est convenu de prendre pour base la hauteur de 760 millimètres, et l'expérience a dé- montré que chaque millimètre en plus ou en moins faisait croître ou décroître l'intervalle entre la glace et l’eau bouillante de 0,00037. Il faut donc retran- cher cette quantité autant de fois qu'il y a de milli- mètres en moins de la moyenne ci-dessus, ou l’a- jouter autant de fois qu'il y a de millimètres en plus.
Lorsque l’on a déterminé positivement les deux points qui fixent les extrémités de l'échelle, on rap- porte l'intervalle qui les sépare sur le papier, et on le divise en autant de degrés qu'on le veut, suivant qu’on adopte la graduation de tel ou tel auteur.
Dans le thermomètre centigrade, cet intervalle est divisé en 100 degrés ; dans celui de Réaumur, en 80 degrés. Dans ces deux thermomètres, on rap- porte au-dessous de 0, qui indique la congélation, les espaces qui marquent les degrés en les numéro- tant en sens inverse. Dans le thermomètre de Fah- renheit, la glace fondante est marquée 32 degrés et l'eau bouillante 212; l'intervalle qui sépare ces deux points est donc de 180 degrés. Dans le thermomètre de Delisle, o indique le point de l’eau bouillante, et 150 celui de la glace fondante.
En comparant aux degrés du thermomètre centi- grade les degrés de chacun des autres thermomètres dont je viens de parler, on trouve que chaque degré Réaumur égale 5/4, chaque degré Fahrenheit 5/9, et chaque degré Delisle 2/3 d'un degré centigrade.
On varie de plusieurs manières les échelles qu'on
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fixe aux thermomètres. Elles sont inscrites sur le bois ou le métal qui leur sert de support, lorsqu’on les destine à être appliqués contre un mur; on les enferme dans un tube en verre qui contient en même temps le thermomètre, lorsque celui-ci est fait pour être plongé dans un liquide.
La forme du réservoir, que nous avons dit être en boule , ce qui est la plus facile à confectionner, est quelquefois différente : ainsi on en fait en spirale et en tube cylindrique d’un diamètre plus grand que le tube gradué. Quant aux supports, ils sont en bois ou en métal, et diversement entaillés selon la forme du thermomètre dont on les garnit; on en fait qui se ferment pour les thermomètres destinés à être transportés.
Il ne suffit pas de connaître la composition du thermomètre , il faut encore savoir dans quelle cir- constance 1l peut donner l'état vrai de la tempéra- ture. Dans un lieu clos, un thermomètre bien fait en indique toujours le véritable degré ; mais il n’en est pas de même lorsqu'il est placé au dehors. Dans ce cas, plusieurs circonstances , parmi lesquelles le rayonnement à le plus d'influence, peuvent faire qu'il indique une température autre que celle des corps qui ne se trouvent pas tout-à-fait dans la même position que lui.
Ceci mérite quelques observations. Lorsqu'un thermomètre est exposé à la vue du ciel, que celui- ciestsans nuages et que la nuit est calme, il rayonne comme tous les corps, et sa température devient plus basse que celle de l'air ambiant; en pareil cas, il mdique sa propre température, et non celle de l'atmosphère dans laquelle il est plongé. Sa boule ou
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réservoir est alors couverte de rosée. La différence entre la température particulière du thermomètre et celle du milieu où il se trouve, peut être assez considérable tant que cet instrument reste au-dessus de 0 ; mais lorsqu'il descend au-dessous déce point, l’abaissement de température ést plus rapide encore et la variation plus considérable. Cet effet à pour cause la congélation de la rosée dont le réservoir était couvert, et le dépôt successif , opéré par l'air tou- jours légèrement agité dansles nuits les plus calmes, de nouvelles molécules d’eau qui hérissent la boule du thermomètre de pointes de givre, plus ou moins allongées selon Fétat hygrométrique de l'air. On sait que peu de corps rayonnent autant que la glace en cristallisation régulière ; c’est pourquoi , dans le cas précédent, l’abaissement de la température est considérable et peut offrir une différence de six à huit degrés.
Lorsque le ciel estnuageux, les variations du ther- momètre sont toujours moins considérables, mais les oscillations sont plus fréquentes , parce que cha- que nuage passant au zénith fait monter le thermo- mètre, en compensant par son rayonnement celui de cet instrument, qui redescend aussitôt que lenuage ne lui cache plus l'aspect du ciel. Ces oscillations sont quelquefois assez rapides, et on en a vu s'étendre à deux degrés un quart en moins d’une heure. La na- ture des instrumens a une certaine influence sur la fréquence de ces oscillations. Le verre rayonne avec force, mais tous les verres ne rayonnent pas avec la même énergie; les surfaces métalliques polies rayonnent très-peu ; les liquides colorés surtout rayonnent très-fortement , ce qui est encore une
168 raison pour préférer les thermomètres à mercure ; enfin, le volume du réservoir est également à con- sidérer : plus il est grand et moins le rayonnement a d'action sur lui.
Une autre cause qui influe encore sur les varia- tions du thermomètre consiste dans le rayonne- ment terrestre. La surface de la terre est souvent plus chaude ou plus froide que l'atmosphere. Dans ces deux cas, le thermomètre placé près du sol in- dique une fausse température. L'observation a prouvé qu'en pareille circonstance la différence pouvait aller jusqu'à trois ou quatre degrés.
résulte donc de l'exposition des diverses causes qui peuvent influer sur la température de linstrument destiné à l’indiquer,qu'ilest nécessaire, pourobtenir des données vraies sur le calorique de l’air, de placer celui-ci horizontalementsous un petit toit en planches qui lui cache au moins les 4/ro"6% de l'hémisphère cé- leste. Cette précaution suffit lorsque le support du thermomètre est en bois et que son réservoir est eylin- drique ou en spirale ; mais lorsqu'il est en boule et que le bois est échancré pour la loger, il est utile de placer dessous une petite planche pour empêcher le rayon- nement terrestre d'agir sur la partie de la boule re- gardant le sol. Cette précaution est à plus forte rai- son nécessaire si le thermomètre estentièrement nu, et même lorsque son support est métallique.
On peut en même temps avoir un autre thermo- mètre identiquement pareil, mais que l'on laisse ex- posé, sans abri , à l'aspect du ciel, en le soustrayant toutefois à l’action du rayonnement terrestre. On obtient ainsi des observations comparatives qui ne sont pas sans intérêt. DovEerGE.
109 AGRICULTURE.
BOIS ET FORÊTS.
Notice sur les plantations d’arbres verts en Champagne.
Il est une gloire qui, pour être moins brillante que celle que procure la carrière des armes ou l'il- lustration de la tribune et du barreau , ne mérite pas moins les éloges des hommes de bien : c’est celle du modeste cultivateur qui dote son pays d’un vé- gétal utile, ou qui conquiert à la culture des ter- rains voués à la stérilité depuis un si long temps, qu'il paraissait douteux de les voir jamais produire une végétation profitable et susceptible de les con- vertir un jour en terres arables.
Tel est aujourd’hui le spectacle que nous offrent les plaines crayeuses de la Champagne connue sous la triste dénomination de Pouilleuse, et qui s’é- tendent dans le département de la Marne et une grande partie de celui de l'Aube. Un de nos sous- cripteurs, M. Baltet-Petit, pépiniériste très-dis- tingué à Troyes, a le mérite d’avoir, principalement dans le département de l'Aube, conquis à la culture des centaines d’arpens par le moyen de plantations d'arbres verts résineux, et notamment du pin d'É- cosse, qui lui a le mieux réussi, et qu'il a toujours fait entrer dans ses plantations pour les 1Q/aqus,
La série de travaux que cette entreprise lui a oc- casionés offre beaucoup d'intérêt, et nous avons pensé pouvoir être utiles à nos lecteurs en les en en- tretenant ; c'est d'ailleurs d’après les renseignemens
170 pris auprès de ce cultivateur que nous allons en exposer l'analyse.
Il y a trente ans que M, Baltet-Petit commenca,
dans le département de l'Aube, des plantations d’ar- bres verts sur des terrains jusqu'alors incultes, et à l'égard desquels avaient complétement échoué de nombreuses tentatives essayées avant fui. Les plaines qu'il s'agissait de cultiver ainsi sont très- éloignées des villes, ce qui rendait les frais de trans- port fort onéreux, à cette époque surtout où on ignorait l’art des pépinières, et où les seules res- ‘sources consistaient en quelques plants entretenus en pots, et en élèves qu'il y avait nécessité d'aller chercher en mottes dans les bois de pins situés dans le département de la Marne. Dans le premier cas, la dépense était hors de proportion avec le ré- sultat; dans le second , outre les frais de transport, on n’obtenait souvent que de mauvais plants sans ra- cines. Témoin du peu de succès de pareilles entre- prises, M. Baltet-Petit essaya de planter à racines nues.
Pour cela , il commenca par faire des semis avec des graines qu'il fit venir de l'Allemagne , et qui lui coûtaient moitié moins que celles qu'il se serait pro- curées en France. Ses semis furent faits en planches, à l'air libre, pour y habituer le jeune plant, et seule- ment en couvrant la planche de deux pouces de terre de bruyère. La seconde année il repiquait ses plants, mais toujours avec la même quantité de terre de bruyère ; elle a parfaitement suffi à faire dé- velopper de nombreuses racines plus étalées et moins perpendiculaires que s'ils eussent végété dans une terre profonde et substantielle. Un an
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après il les repiquait de nouveau dans une terre ordinaire, mais bien travaillée, où il les laissait deux ans.
La veille d’arracher les plants pour les mettre en place, il leur faisait donner un arrosement copieux, et l’arrachage s’opérait en commencant par un bout de la planche, en creusant en dessous de manière à enlever avec une pioche une grande quantité de plants dont la plus grande partie conservait toutes ses racines, quelle que fût leur longueur. La plus grande précaution était prise pour ne pas secouer les chevelus , afin qu'ils restassent garnis des parties terreuses qui les tapissent, et on les emballait de suite dans de la paille mouillée, pour pouvoir les transporter sur le heu de la plantation, sans que les racines fussent séchées ; ce qui est fort important à l'égard des arbres résineux.
Comme dans ses premiers essais M. Baltet-Petit plantait en mars et avril, suivant l’usage établi presque encore généralement aujourd'hui, il ne fai- sait faire les trous qu'au fur et à mesure qu'on de- vait planter, et cela afin que la terre ne fût pas hâlée et conservât toute la fraîcheur favorable à la reprise des racines. Cette opération s'exécutait par plusieurs ouvriers à la fois, les uns faisant les trous , les au- tres y placant un plant qu'ils prenaient dans le ballot à l'instant même, et autour des racines du- quel ils avaient le plus grand soin d’émietter con- venablement la terre.
Dans les années suivantes il employait un autre moyen ; il faisait arracher ses plants vers la fin de février, et après avoir fait ouvrir une tranchée en terre très-meuble , il les y déposait les uns à côté
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des autres en les inclinant , et non les uns sur les autres comme quand on met en jauge; 1l les faisait couvrir de terre, et ouvrir parallèlement une se- conde tranchée qui recouvrait la première, etainsi de suite tant qu'il y avait des plants. À la fin de mars , on plantait ces pieds ainsi conservés et qui avaient poussé de nombreux chevelus , et bien plus développés que si le plant n'avait pas été traité ainsi. Cette circonstance est d'autant plus avanta- seuse, qu'elle favorise le développement des ra- cines tout en retardant celui de la tête, et il en résultait une reprise plus prompte et plus assurée.
Cependant, à force de marcher, M: Baltet-Petit reconnut que l’époque du printemps fixée pour la plantation des arbres verts par les auteurs, et adop- tée par les cultivateurs, était loin d'être la plus favorable ; alors, prenant un autre système , il choi- sit pour ses plantations le temps qui s'écoule du 15 septembre à la fin d'octobre : voici comment ce cultivateur raisonne à cet égard. Pour que le prin- temps soit la saison convenable à la plantation des arbres verts, il faudrait qu’on püt toujours compter sur un temps favorable, pluvieux ou couvert, et sur des pluies se succédant de temps à autre. Mais il est rare qu'il en soit ainsi; le plus souvent'il règne en mars des vents secs et arides, et cette sé- cheresse se prolonge plus où moins long-temps dans la plupart des années, sans qu'aucune pluie vienne rafraîchir la terre. On concoit que les jeunes plants arrachés, dans de pareilles circonstances, d’un lieu où ils étaient bien cultivés et bien nourris, et placés immédiatement, et dans une saison avan- cée, dans des terres extrêmement légères, ne peu-
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vent que fort difficilement résister, et languissent long-temps s'ils ne périssent pas. Cet inconvénient rend les travaux inutiles et produit la perte du plus grand nombre des sujets; car malheureuse- ment ces plantations se trouvant fort éloignées, 1l n’est pas au pouvoir du cultivateur de les secourir par des arrosemens. D'ailleurs, il s’agit ici de plan- tations considérables destinées à rendre la vie aux plaines de la Champagne. À l'automne, au contraire, les mois de septembre et octobre n’ont plus cette chaleur brûlante de l'été ; il est rare que les vents d'est, si desséchans, soufflent à cette époque, et s’il ne tombe pas de pluies, il est certain que le mois de novembre en amènera. D'ailleurs les jeunes plants sont alors plus en état de s’en passer; les nuits sont plus longues et plus fraîches; la rosée vient en abondance humecter le sol et rafraîchir leurs feuilles; tout concourt enfin à la reprise, la terre conservant encore une chaleur douce, favo- rable à la végétation. Il n’y a donc point de doute que les plantations d'automne doivent mieux réus- sir; cest au reste ce que l'expérience a démontré à M. Baltet-Petit, qui doit en savoir quelque chose, puisqu'il a planté pour son compte plus de cent mille pieds d'arbres et plusieurs centaines de mille pour d’autres propriétaires.
Ce cultivateur a planté à diverses distances qui n'ont pas été moindres de huit pieds et plus grandes que douze pieds. C'est toujours, comme je l'ai dit, le pin d'Écosse qu'il a préféré ; il est dans un les prospère; le ton de verdure est le même que siles arbres étaient en pépinière, et les pousses verticales sont d'un pied à trente pouces. C’est dans les plan-
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tations plus serrées que les pousses sont plus consi- dérables : aussi maintenant M. Baltet-Petit a-t-il adopté la plus petite des distances indiquées plus haut. En effet, plus ces arbres sont rapprochés, plus ils se procurent mutuellement de l'ombre qui leur est indispensable, et plus ils s'élèvent rapide- ment. Il est facile d’ailleurs d'éclaircir après quel- ques années, et ensuite de ne laisser que les porte- graines.
Pour apporter la plus grande économie possible dans l'opération même de la plantation, dont il est parvenu à réduire les frais de facon que chaque mille ne lui revient qu’à trois francs , il a imaginé des moyens d'exécution qu'il est bon de faire con- naître, d'abord parce qu'ils sont économiques, et ensuite parce qu'ils permettent de faire une plan- tation parfaitement bien alignée.
Il possède une chaîne de cent pieds de longueur où chaque pied est indiqué par un anneau. Lors- qu'il s’agit de disposer une pièce de terre, il com- mence par tracer une ligne perpendiculaire avec toute la justesse convenable à la localité ; 1l marque cette ligne au moyen de jalons assez rapprochés ; cela fait, il présente sa chaîne sur cette ligne, et il y attache des marques éloignées l’une de l'autre de buit ou dix pieds, selon qu'il a adopté pour ses plantations l'une ou l’autre de ces distances. Cette chaîne est portée par deux hommes intelligens qui sont secondés par deux autres ouvriers armés eha- cun d’un bâton ferré. L'un des porteurs se place sur l’extrémité de cette premiere ligne, et l'autre marche en avant de toute la longueur de la chaîne ; les hommes qui ont un bâton ferré parcourent cette
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distance, et enfoncent leur bâton en terre à chaque marque qu'ils rencontrent, pour indiquer le point où devra plus tard être fait le trou. Lorsque la ligne est prolongée autant que le terrain peut le permet- tre, il fait tracer une seconde ligne parallèle à cent pieds de la première , après avoir établi une ligne droite qui va de l’une à Fautre: Lorsque les deux lignes parallèles sont tracées, les porteurs de la chaîne se placent, l’un sur la première ligne, l'au- tre sur la seconde en s’alignant sur la ligne droite horizontale qui les réunit, et ils s’avancent ainsi jusqu'à la première marque ; là, ils posent la chaîne, et les deux hommes armés de bâtons font des trous partout où la chaîne l'indique; ils relèvent ensuite la chaine et vont jusqu'a la seconde marque, et ainsi de suite jusqu'à la fin. On établit ensuite une troisième ligne perpendiculaire parallèle aux deux premières, et les porteurs de chaîne font sur ce second tracé la même opération que la première fois, et continuent ainsi tant que l’espace le per- met. Ce travail est promptement fait et procure une grande régularité.
Il s'agit ensuite de faire un trou à chaque point où les bâtons ferrés ont été enfoncés. Pour cela chaque travailleur enfonce quatre fois le fer de sa bèche en formant le carré, ce qui donne à chaque trou six pouces carrés et cinq de profondeur; la bèche vide le trou d'un seul coup ou au moins en deux fois.
J'ai déjà dit comment on plantait pour que le plant ne soit pas desséché, mi la terre du trou bhâlée. Il faut, après la seconde année, butter la plantation d'une manière proportionnée à sa force. Cette opé-
170 ration, d'abord coûteuse , ne lui revient plus qu’à 3 francs par mille de plans.
M. Massin, chef d'institution à Paris, possède une propriété sur laquelle il a fait planter depuis vingt ans, et par les soins de M. Baltet-Petit, environ trois cents arpensen essence de pin d'Écosse; jusqu’a- lors il payait 15 francs par mille pour le buttage, maisil a cette année adopté la méthode de M. Baltet- Petit, et il en résulte pour lui une économie de 12 francs par mille. Ce cultivateur emploie, pour opérer le buttage , une petite charrue dont l'oreille est relevée en forme d’arête, de facon que le labou- reur, en passant de chaque côté de la ligne, ne laisse qu’un petit intervalle entre les deux rayons, et un homme avec une houe n’a que fort peu de chose à faire pour qu’en deux coups de son instrument il ait formé une petite butte.
Le second buttage a lieu la quatrième année; cette opération se fait à la bêche : deux hommes pla- cés, l’un d’un côté et le second de l’autre côté dela ligne, prennent en même temps une béchée de terre qu'ils déposent au pied de l'arbre, en ayant grand soin de placer cette terre sur les branches les plus basses. De cette manière, l'arbre se trouve parfaitement en état de résister aux efforts des vents, de quelque côté qu'ils soufflent. IL faut ce- pendant veiller à ce que l'extrémité supérieure des branches ne soit pas couverte, car autrement elles périraient ; au lieu qu'étant libre, elles se nourris- sent et même elles se développent plus vigoureuse- ment que celles qui sont plus élevées, ce qui est probablement dû à la fraicheur dont elles jouissent.
La sixième année, il fait donner un dernier et
177 léger buttage, qui a pour but de rechar ger les bran- SL qui se seraient relevées ou de garnir celles qui auraient échappé à la précédente opération.
M. Baltet-Petit attribue à ces buttages le succès de la plantation. Il a vu dans la Marne des arbres verts à l'égard desquels le buttage sur branches n'avait pas eu lieu , et que même l'on avait élagués vers la base, et il affirme que c'est à cette pratique défec- tueuse que sont dus les vides nombreux qui existent dans les lignes. On concoit facilement que des arbres verts à feuillage persistant sont bien plus tourmentés par les vents que les arbres à feuilles caduques, sur- tout lorsqu'ils sont plantés sur des points culminans ou en plaine découverte, et dans des terres légères et maigres et qui n'ont pas une profondeur de plus de cinq à six pouces. Ainsi en pareille circonstance l'opération du buttage sur branches ne peut qu'être une chose fort utile.
Quant à l’elagage des branches inférieures, c’est, selon M. Baltet-Petit, qui nous paraît avoir parfai- tement raison, une pratique absurde et désastreuse pour les arbres verts. D'abord jamais les branches ne repoussent , et les tiges ont beaucoup plus de peine à se développer; mais ensuite, dans les plan- tations champenoises, toujours faites sur un sol sec et aride , il est de la plus grande importance de leur conserver un grand nombre de branches tout le long de la tige, de façon cependant à ce qu’il n’y ait pas une confusion nuisible, mais qu'il règne toujours assez d'ombre pour entretenir au pied'une fraîcheur salutaire.
J'ai dit que pour se procurer du plant en quan-
tüité convenable et à moindres frais, M. Baltet:Petit Mars 1836. F2
170 avait fait des semis. Mais ses premiers essais:, bien que donnant de bons résultats, n'étaient pas encore un procédé assez économique : ilest parvenu à semer avec fruit sur les terres crayeuses elles-mêmes.
Quelques cultivateurs avaient essayé de semer des graines d'arbres verts en même temps que des avoines ou des prairies artificielles, ou après l’ense- mencement à l'époque du hersage. Le succès n’a- vait pas couronné cette tentative, et la cause était dué à la légèreté des terres crayeuses. En effet, les graines germaient et le plant se montrait pendant quelques mois, mais après un an il n'en restait pas, parce que ces terrains sont tellement légers qu'ils se dessèchent en été au point de faire périr les jeunes élèves, et ceux qui échappent sont soulevés par les gelées. |
Ces résultats ont prouvé à M. Baltet-Petit qu'on ne pouvait pas impunément jeter ainsi la graine sur une terre si peu préparée, et qu'il fallait aviser à une autre combinaison.
Il a donc fait labourer une terre en friche, en choi- sissant de préférence exposition du nord. Trois labours ont été donnés pour ameublir autant que possible la surface. Au printemps suivant, il a semé du sainfoin en mélange avec de Pavoine pour pro- téger le premier, qui, comme on le sait , ne produit que la seconde année. En mars de cette seconde année, il a semé sur le sainfoin ses graines de pin d'Écosse, à raison de douze kilogrammes par demi- hectare. Après ce semis, ila fait faire un hersage croisé, c'est-à-dire qu'il a fait passer la herse une fois dans la longueur et une fois dans la largeur. Cette opération a pour but d’enfouir les graines ; et celles
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qui se trouvent sous les feuilles de sainfoin ne sont pas les plus mal placées. Ensuite le champ est roulé deux fois dans sa longueur, pour que la pesanteur du rouleau resserre la surface de la terre. Là finit l'opération, qui consiste, comme on a pu le voir, à semer sur une terre déjà cultivée pendant un an, et qui se trouve garnie suffisamment d’un herbage capable d'entretenir une certaine somme de frai- cheur ; herbage qu'il a soin de ne point faire couper et de laisser périr sur pied pour qu'il protége le plus long-temps possible le jeune plant contre le soleil pendant l'été, et contre les givres et les frimas de la mauvaise saison.
On ne peut qu'applaudir à l'industrie que M. Bal- tet-Petit a montrée pour arriver à l’heureux résultat d’arracher à la stérihité des terres dont on n’osait espérer aucun produit. Maintenant l'essor est donné, et la Champagne aura à se féliciter un jour d’avoir nourri des hommes qui ont su faire tourner au profit général les succès que leur ont valus leurs connais- sances et leurs travaux. Aussi déjà la Société d’Agri- culture de l'Aube a su récompenser, autant qu'il était en son pouvoir, le mérite de M. Baltet-Petit , en lui décernant, à diverses époques, deux médailles d'or pour ses plantations et ses senus d'arbres verts.
Au reste, je dois faire remarquer que cette cul- ture offre des produits importans , en voici la don- née approximative pour un arpent de cent perches, celle-ci de vingt pieds, pendant les vingt premières années :
180
L’arpent terme moyen en friche 15 Fourniture de plants de pins d'Écosse
plantés à 10 pieds en tous sens, ci
5oo par arpent, à 4 fr. 20 Frais de plantation portés à 5 fr. le
mille, au lieu de 3 fr. ainsi que je
lai dit : pour un arpent 2 bo Frais de premier buttage portés à 5 fr.
le mille au lieu de 3, ainsi que je l'ai
dit : pour un arpent 2 65o Frais de buttage des quatrième et
sixième années, à 10 fr. le mille :
pour un arpent 5 Frais de transport du plant de la pépi-
nière au lieu de la plantation, sup-
posé à 3 lieues 4 Total 49
Intérêt pour vingt ans 49 Total 08
Si après vingt ans on coupe ou arrache la planta- tion, on aura pour EE ao 5oo pieds d'arbres à Blé TT use Lie UT EE
Dans ce cas, on ren Lou der comme un second bénéfice la mon de la terre, rendue propre à produire des céréales.
Si au contraire on ne défriche qu'après trente ou quarante ans, les frais n’augmenteront pas, car ils sont faits une fois pour toutes, tandis que la valeur des arbres peut quadrupler. Ainsi, qu’on défriche ou non, les produits sont fort importans. Dovrercr.
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HORTICULTURE. JARDIN FRUITIER.
Suite des variétés de vignes bonnes à cultiver pour la table.
Pied-de - Perdrix (Hautes-Pyrénées ); Noir - de - Pressac et Cruchinet (Gironde , selon les locali- tés); Maural(Aveyron); Pied - Rouge ou Côte- Rouge (Lot-et-Garonne) ; Jacobin-Norr (Vienne).
C'est le meilleur raisin noir qui existe; les grains sont ronds et d’une grosseur ordinaire, peu serrés, excellens ; le pédoncule de la grappe est rouge. Il est productif et très-estimé dans les départemens où il est cultivé. Il mürit très-bien à Paris dans les années ordinaires sans l'exposition du midi.
Sauvignon (Charente-Inférieure); Sauvionon-V'ert- Jaune (Landes, Gironde); Sauvagnon, dit le Naturel (Jura).
Ce raisin blanc, qui se trouve encore dans d’au- tres localités, est un des meilleurs qui existent ; aussi est-il très-estimé : ses grains sont ronds, serrés et très-sucrés; il est productif et mûrit par- faitement à Paris dans les années ordinaires. Ce raisin , dont les mouches sont très-friandes, profite même après la chute des feuilles, et peut rester fort tard sur le cep sans qu'il soit altéré par la gelée. C’est même dans cet état qu'il fait le meil- leur vin.
Saint-Pierre (Charente, Allier).
Ce raisin est blanc, à grains ronds, assez gros, à
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peau mince et suc très-doux. On le dit nourrissant. Il est très-productif ordinairement. Son bois, vigou- reux et fort, a le défaut de pourrir dans les années humides.
Il est encore connu dans divers départemens sous les noms suivans :
Saoule-Bouvier (Gard); Arribe-Bouvier et Car- guemiuu (dans quelques localités du même dépar- tement); Bespero! (Haute-Garonne ); Lahatre et Bournès-Blanc (dans quelques cantons du même) ; Poupe., Saumes et Caula (Lot-et-Garonne ); Co- lombeau - Blanc (Drôme); Crabar-Blunc (Vars); Piquepoule-Blanc (Hérault) ; Prungéral (Lot).
Muscat d'Alexandrie (Hérault, Dordogne) ; Panse- Musquée (Bouches-du-Rhône); Cahat (Indre ); Moura (Hautes-Pyrénées); Malaga (Lot); Mus- cat grec (je crois, Tarn); Muscat à gros grains, Muscat long, pâle, musqué.
Raisin à gros grains oblong, d’un blanc jaunître, croquans et charnus, d’une saveur très-musquée, en grappes peu fournies. Il n’est pas très-productif, et est plutôt cultivé pour la beauté de son fruit que pour sa qualité. Il est excellent confit à l’eau-de- vie.
Les variétés de raisin muscat ne sont cultivées dans nos jardins qu’en treilles, et produisent beau- coup lorsqu'elles sont placées contre un mur à l'ex- position du midi. En général, dans les environs de Paris, leurs fruits ne sont destinés que pour la table.
Jen connais plusieurs qu'on cultive fort peu, et
183 qui cependant sont préférables au muscat ordinaire blanc et rouge que l'on trouve dans tous les jardins: ce sont ‘les muscats violet, rose et noir. Ces deux derniers raisins sont très-délicats, et d’une saveur des plus agréables. | o
Il existe un autre muscat noir connu vulgaire- ment:sous le nom de Caillaba ou :Caillava. dans le département des Hautes-Pyrénées. Ce raisin müûrit très-bien sous le climat de Paris, dans les années ordinaires et à une bonne exposition ; il.a un par- fum délicieux et un goût très-sucré ; les grains sont assez gros et peu serrés sur la grappe. Ilest essentiel de le garantir des mouches , car il est rare qu'elles ne l’attaquent pas.
Il y a encore d'autres variétés de muscat, mais qui ne mürissent que très-rarement sous le climat de Paris. La plupart sont originaires des départe- mens méridionaux, de l'Italie ou du Piémont.
Mansein (Landes).
Raisin noir à petits grains ronds et d’excellent goût, très-estimé dans ce département.
Il y a aussi le Mansein blanc, dont le grain est rond, fort doux, se dorant facilement, et fort bon à manger. Il müûrit promptement, mais il est un peu sujet à la coulure. Il se trouve dans la Gironde, sous le même nom et sous celui de Queue-Courte.
Pineau-Noir (Côte-d'Or); Notrin (Doubs et Jura) ; Auvernat (Loiret); Morillon-Noir (dans quelques localités ).
Ce raisin , qui est également cultivé dans les dé- partemens de l'Yonne, de la Haute-Saône , de la
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Meurthe, de la Meuse, de la Haute-Marne, de la Charente, de la Dordogne, de la Mayenne, etc., est le plant le plus répandu en Bourgogne. Ses grains sont ronds, d’une grosseur ordinaire, assez serrés sur la grappe. Il produit beaucoup et est bon à manger.
Il y à plusieurs variétés excellentes de Pineau ; telles sont le Pineau-de-Coulange (Yonne), le Pi- neau-V'iolet (de la Haute-Marne et de la Moselle ), et principalement le Pineau-Gris (Côte-d'Or), vul- gairement Muscadet, Bourré (dans le Gard), Gentil- Rouge (dans le Bas-Rhin), Malvoisie (dans la Drôme), Piquepoule-Gris (Landes, Aude, Pyré- nées-Orientales), etc. Cette variété a les grains ronds, d’une grosseur médiocre , serrés , à pédoncule très: court. Elle est excellente au goût, très-estimée partout où on la cultive, mais ses fruits se conser- vent difficilement.
Il existe encore deux variétés de Pineau dans la Vienne; l'une à petits grains, et l'autre à gros grains. Elles sont d’une qualité inférieure à la pré- cédente ; les grains sont noirs, ronds et très- serrés sur la grappe.
Pineau- Blanc (Côte-d'Or, Yonne, Charente et Mayenne); Chardonnet (Saône-et-Loire).
C’est un excellent raisin , de bon produit et mü- rissant bien. On prétend que c’est avec ce plant que sont faits les vins blancs en réputation, tels que le Montrachet, le Meursault et le Pouilly-Fuisset.
Rischline (Bas-Rhin ).
Très-bon raisin blanc, à grains ronds, assez gros,
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serrés et formant de belles grappes. Ilest très-pro- ductif, excellent, et müûrit parfaitement sous le climat de Paris, sans que l’exposition du midi lui soit nécessaire. C'est un des meilleurs raisins du
Bas-Rhin. Burger (Bas-Rhin et Moselle).
Bon raisin blanc, très-productif, mürissant bien dans les environs de Paris, année ordinaire; ses grains sont ronds et serrés.
( La suite au prochain numéro). Haroy.
© PLANTES D'ORNEMENT.
PLEINE TERRE.
CoLLOMIE ÉCARLATE, Collomia coccinea, LEHM; Bot. Reg., 1622.
Plante annuelle à tiges droites, hautes d’un pied, à rameaux et feuilles alternes ; celles-ci sont sessiles, lancéolées; celles de la partie supérieure sont ovales, très-entières et profondément dentées au sommet ; les fleurs sont réunies en tête et forment une sorte de panicule corymbifère ; la corolle est longue d'un demi-pouce et brille d’une couleur rouge carmin vif.
Cette espèce, originaire du Chili, a été introduite en France en 1833. On peut en faire de jolies bor- dures en la semant à l'automne comme les pieds d’alouette. On peut aussi la semer au printemps ; mais, se trouvant souvent altérée parles vents dessé- chans de l’est, elle reste beaucoup plus petite , et les fleurs en général se développent beaucoup moins.
Le genre auquel cette plante appartient n’est eul-
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tivé en France que depuis 1830, et ne contient que quatre espèces originaires du Chili et de la Califor- nie. Toutes sont annuelles,et rustiques, carle plant semé d'automné résiste parfaitement aux rigueurs de l'hiver. L'espèce dont il s’agit s’est, on peut le dire, naturalisée dans les jardins du roi à Neuilly, où notre estimable collèoue M. Jacques la cultive depuis 1834. Il lui faut une terre meuble, légère, et peu d’arrosemens. Pépin.
ORANGERIE.
CAPUCINE TRICOLORE, : 7'ropæolum tricolorum , Mort. (Voyez la planche, et pour les caractères géné-
riques , page 166, Journal et Flore des Jardins.)
Cettetrès-jolie plante nous a été communiquée par M. Laffay, et est probablement comme ses congé- nères d'origine péruvienne; son calice est éperonné, très-renflé au point ou s'attache le pédoncule, de couleur écarlate vif, à cinq divisions courtes, arron- dies et bordées de violet noir; la corolle a ses cinq pétales insérés sur le calice, d’un joli jaune, ondu- lés et légèrement crénelés enleurs bords; pédoncule long, filiforme, de couleur pourpre; tiges volubiles, déliées, teintées de pourpre violacé; feuilles petites, à cinq lobes plus ou moins échancrés et obtus; les radicales teintes de pourpre grisâtre en dessous; racine bulbeuse,
Cette plante vivace, tout nouvellement introduite, fleurit abondamment à l'air libre pendant l'été, mais il lui faut la serre tempérée pour passer l'hiver. Jus- qu'à présent on la multiplie de boutures qui repren- nent fort bien; et probablement on la propagera de
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Portulaca Gilliesu,
197 graines quand elle en aura donné, eton pourra alors la cultiver comme plante annuelle à la manière du T'ropæolum majus.
Capucine À CINQ FEUILLES , 7’ ropæolum pentaphyllum, Horrt.
Celle-ci s'élève à deux ou trois pieds; elle est depuis quelquetemps en France, où elle a été impor- tée de Buénos-Ayres. Elle produit pendant l'été une grande quantité de fleurs d’un beau rouge clair, avec l'extrémité des pétales verte. Cette plante assez remarquable se cultive et se multiplie comme la précédente. JacQuiN jeune.
PORTULACA, Lin. Dodécandrie monogynie, Lin.
Portulacées, Juss.
Caractères génériques. Galice persistant, compri- mé, divisé en deux valves à son sommet; cinq péta- les plus grands que le calice; six à douze étamines; style court, à quatre ou cinq stigmates; capsule s'ouvrant en travers et contenant plusieurs graines.
POURPIER DE Griuirs, Portulaca Gilliesii, Hort. (V. la planche. )
Tiges succulentes, de six à huit pouces de hau- teur, presque droites, rameuses à la base et pour- prées; feuilles oblongues, cylindriques, compri- mées, obtuses, pointillées; poilsaxillaires, fasciculés, droits; fleurs terminales à pétales soyeux et d’une jolie couleur rose pourpre.
Cette jolie plante vivace, qui nous vient de l'An-
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gleterre , est originaire du Chili. Le docteur Gillies fit présent au Jardin Botanique de Glasgow de se- mences recueillies dans les plaines de Mendoza. Il lui faut pour acquérir toute sa perfection la chaleur la plus haute et la lumière la plus vive que puissent produire nos étés. Ce n’est que sous l'empire de ces deux conditions qu’elle épanouit en abondance ses brillantes fleurs qui se ferment à la fin du jour. On la cultive en pots, et on la rentre l'hiver en serre tempérée ou sous châssis froid. Elle redoute l’humi- dité. Jacquix jeune.
ECHEVERIA, Decann. Joubarbes, Juss.
Caractères génériques. Calice divisé en cinq par- ties foliacées; cinq pétales réunis inférieurement ; dix étamines plus courtes que les pétales, à base relevée; cinq écailles courtes, obtuses; cinq car- pelles se terminant en styles subulés.
EÉCHEVÉRIE RAMEUSE, Æcheveriaracemosa, SCHLECHT. E. livida, Mort. ANG. (Voyez la planche.) |;
Tiges florales, longues d'environ deux pieds; feuilles ovales, lancéolées, mucronulées, sessiles, alternes, les plus jeunes à reflets lilas. Fleurs roses, disposées en grappes terminales lâches, à pédi- celles plus courts que les feuilles florales. Le ca- lice est à cinq divisions lancéolées, aiguës, éta- lées, glauques, charnues comme les feuilles, et soudées entre elles à la base. Les pétales sont oblongs, lancéolés, aigus, longs d’un demi-pouce environ , alternant avec les divisions du calice ét soudés ensemble à la base, où 1l existe une sorte de renflement. Étamines à filets plus courts que les divisions de la corolle, alternant avec elles,
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presque libres jusqu'à leur base, ct portant -une anthère ovale. Les carpelles sont conniventes, jaunâtres , un peu plus courtes que les étamines; les styles sont dressés et d'une couleur rouge foncé.
Cette jolie plante d'ornement fleurit pendant les mois d'octobre, novembre et décembre. Elle se charge de cinq à six tiges florales, se maintient très- bien à la température qui convient aux cactées. Elle se multiplie de rejetons presque aussi facile- ment que la joubarbe , avec qui cette plante a quel- ques rapports, ainsi que de boutures faites avec ses feuilles. I! lui faut une terre mélangée de terre normale et de terreau de feuilles ou de bruyère.
NEUMANN.
SERRE CHAUDE. GESNERIA , Lin., Lamarck, PersooN, etc. Didyna-
mie angiospermie, Liv. Campanulacées , Juss., Desr. Gesneriæ, Ricu.
Caractères génériques. Calice court, monophylle, à cinq divisions, inséré sur l'ovaire ; corolle mono- pétale, tubuleuse, courbe, à limbe à cinq divisions souvent inégales ; quatre étamines didynames, à filets aussi longs que le tube; anthères cohérentes ; un style; un stigmate en tête ; capsule inférieure à deux loges ; graines très-menues.
GESNERIE BRILLANTE, Gesneria rutila, Linpret, Bot. regist., 1158.
Racines. . . . . . produisant plusieurs tiges comme charnues , hautes de dix-huit pouces à deux pieds et plus, rameuses du haut, légèrement pu- bescentes, rougeûtres, marquées de points allongés brunâtres ; feuilles opposées , pétiolées, lancéolées,
190 obtuses, crénelées sur les bords, vertesetun peu ru- sueuses en-dessus, pâles et pubescentes en-dessous, épaisses , fermes et charnues ; fleurs en épis termi- nant les tiges et les rameaux, pédicellées, à l’aisselle de bractées opposées; calice court, monophylle, à cinq angles et à cinq divisions courtes, pointues, un peu ouvertes; corolle tubulée, un peu courbe, longue de seize à vingt lignes, à limbe à cinq di- visions, dont les deux supérieures sont presque conniventes et un peu voûtées, les trois inférieures presque ouvertes, d’un beau rouge brillant, et garnies en-dessus de poils papilleux. À la base de la corolle, 1l existe un renflement embrassant l’o- vaire.
Cette belle espèce est originaire du Brésil, et introduite en Angleterre depuis 1825; je l'ai recue de Belgique en 1833; elle se cultive en serre chaude, en pots, et en terre de bruyère pure ou mélangée de terre fraîche normale; elle se multi- plie facilement de boutures, soit de tiges , soit de feuilles, faites sous cloche, étouffées dans la tannée de la serre ou châssis chaud ; elles s’enracinent fa- cilement et promptement. C'est une acquisition pour l’ornement des serres, etles amateurs ne man- queront pas de l’introduire dans leurs cultures.
JACQUES. NOUVELLES.
Dans le courant de février dernier, j'ai remarque dans l'établissement de nos collègues MM. Cels frères plusieurs plantes nouvellement recues de
191 l'Angleterre et de la Belgique, dont la plupart en fleur-ou près de fleurir.
En voici la note succincte :
Nemopenthes Andersont. Arbuste originaire L Cap, à feuilles persistantes, ovales, lancéolées, bor- dées de quelques dents épineuses, ayant pour le port beaucoup de ressemblance avec le houx. Les fleurs sont jaunes, axillaires. Serre tempérée; terre de bruyère mêlée de terre normale.
Epachrys campanulata. Arbuste charmant, ori- ginaire de la Nouvelle-Hollande, et remarquable par ses bellés fleurs nombreuses, à corolle campa- nulée, longues d'un demi-pouce, d’un beau rouge vif, et quelques-unes d’un rouge moins intense, ce qui, du reste, produit un assez joli effet. Son port lui donne de la ressemblance avec une bruyère: Serre tempérée et terre de bruyère pure.
Epachrys campanulata alba. Superbe variété de la précédente, et originaire du même pays. Elle a les fleurs aussi grandes et aussi nombreuses ; la corolle estcampanulée, d'un beau blanc vers son extrémité, et verdâtre à sa base. Même culture.
Ces deux plantes sont magnifiques; leurs fleurs, aussi nombreuses que dans toutes les espèces con- nues jusqu’à ce jour, les surpassent toutes en beauté et en coloris.
Scottea trapeziformis. Arbrisseau de la famille des légumineuses, originaire de la Nouvelle-Hol- lande. Les feuilles sont triangulaires, finement dentées sur les bords; les fleurs sont papilionacées, longues d'un pouce, d'un rouge mêlé de jaune. Serre tempérée; terre de bruyère pure.
Budleia Mexicana. Arbrisseau du Mexique, très-
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vigoureux, à feuilles ovales, lancéolées, pointues, cotonneuses; fleurs en panicules terminales. Serre tempérée; terre de bruyère mêlée d’un quart de terre normale.
Jasione splendens. Plante vivace, à feuilles en- tières, velues , spatulées, réunies en touffes ; le pé- doncule est long de 8 pouces à un pied, et porte un grand nombre de fleurs bleues très-élégantes,
PEpIN.
Parmi plusieurs nouveaux acacia (mimosa), qui n’ont point encore fleuri, j'ai remarqué en pleine floraison l’acacia hispidula (de Sainte-Hélène), dont les branches , disposées comme celles du saule pleu- reur, retombent sur la tige, en étalant les nom- breuses fleurs qui les couvrent. C’est un arbrisseau précieux pour la décoration des serres tempérées, et que les fleuristes de Paris ne manqueront sans doute pas bientôt de multiplier pour approvisionner le marché. Ce beau végétal s’est maintenu long- temps à un prix élevé, parce qu'on n'en récoltait pas de graines , et que sa multiplication, qui se fai- sait par marcottes, était lente, parce qu'illeur fallait au moins deux ans pour produire des racines. On le greffait aussi en approche. Mais aujourd'hui, MM. Cels en ont un grand nombre provenus de leurs semis et qu’ils peuvent donner à un prix très- modéré. Pépin.
ARRELSS
DE FLORE ET DE POMONE.
0060 PBO0SP 008 000000060002 162114000800 0S00S0060610s000600
AGRICULTURE.
BOIS ET FORÊTS.
Note sur les espèces d'arbres qui conviennent le mieux aux terrains humides et aux marais.
IL est rare que les propriétaires qui possèdent des prairies humides et marécageuses , ou des terrains inondés , auxquels on ne peut confier des graines fourragères sans avoir préalablement fait des tra- vaux propres à les égoutter, il est rare, dis-je, que ces propriétaires combinent les plantations d'arbres appropriés à ces localités avec les besoins d’assai- nissement et de consolidation du sol qui sont im- portans à satisfaire dans une circonstance pareille. Il est cependant bien vrai qu’outre les produits directs qu'on peut obtenir des essences d'arbres qui réussissent dans des positions semblables, on trouve, dans les plantations, de grands avantages qui con- courent plus ou moins directement et avec efficacité au but qu'on se propose.
Ainsi donc, dans mon opinion, il y a toujours Ave 1836. 13
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avantage à planter de grands arbres, soit dans des prairies jouissant d'une humidité ordinaire, soit sur des terrains où l’eau est surabondante continuelle- ment, ou à intervalles irréguliers ou périodiques. Ces grands végétaux absorbent une énorme quantité de fluide aqueux, qu’ils exhalent ensuite dans l’at- mosphère qu'ils rafraîchissent pendant les chaleurs de l'été; ils offrent alors aux bestiaux qu’on y fait paître un abri salutaire contre l’ardeur du soleil ; ils s'opposent également à son action trop dessé- chante sur les herbages eux-mêmes, et ils assai- nissent l'air en s’emparant des gaz délétères que les détritus végétaux forment en se putréfiant sous l'influence de l'humidité et de la chaleur. Leurs racines, en se multipliant en tous sens dans le sol, l'affermissent et l'égouttent, et il n'est pas jusqu’à leurs feuilles qui ne deviennent par leur chute un engrais favorable.
Je ne pense pas qu'on puisse élever d'objection sérieuse contre une méthode profitable, qui n'offre aucune difficulté dans la pratique et n’occasione qu'une dépense minime, et dont d’ailleurs il est facile au besoin de montrer plusieurs exemples dé- cisifs. C'est là ce qui m'engage à rappeler ici les espèces d’arbres dans lesquelles on peut choisir en pareil cas, en insistant auprès des cultivateurs pour qu'ils ne négligent aucune occasion de planter, c'est une récolte qui arrive un jour comme une gratification imprévue.
Je w’essaierai pas de décrire toutes les combi- naisons possibles qui peuvent être adoptées dans les circonstances que j'ai signalées. L'intelligence du propriétaire doit imaginer celle qui se trouvera le
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plus en harmonie avec le besoin des localités. Là la qualité des herbages engagera à espacer davantage les arbres afin que leur ombre ne nuise pas à leur perfection ; icice sera le contraire, parce que le pro- duit en fourrages sera nul ou mauvais; ailleurs on donnera aux lignes la direction de l’est à l'ouest pour que le sole;l de midi exerce toute son influence; dans d’autres cas on alignera du nord au midi pour empêcher les herbes d’être desséchées dans les grandes chaleurs, ou on donnera aux lignes une direction plus ou moins oblique , et quelquefois on leur fera suivre le cours des ruisseaux naturels ou artificiels qui couperont le terrain. [ei on choisira des arbres pyramidaux, parce qu'ils conviendront mieux aux Circonstances atimosphériques ; la on emploiera des arbres à branches étalées; ailleurs on réunira les uns et les autres en les alternant, ce qui est toujours le plus agréable à la vue lorsque des raisons majeures ne s'y opposent pas.
Laissant donc aux propriétaires le soin d'agir selon la situation, je me contenterai d'indiquer les espèces d’arbres qui peuvent convenir. Au premier rang je placerai les peupliers à cause de leur beauté, de leur croissance rapide , et de leur habitude na- turelle de bien végéter dans les terrains très-humides et profonds. Voici les espèces à préférer.
1. Peuplier blanc, ypréau blanc de Hollande ; Populus alba, Surra. Arbre indigène de cent à cent vingt pieds , à feuilles cordiformes, arrondies, lo- bées , dentées , cotonneuses et blanches en dessous.
2. Peuplier tremble, Populus tremula, Smrrn. Arbre indigène de cent à cent vingt pieds, à écorce blanchâtre et jeunes rameaux velus, à feuilles un
196 peu orbiculées, dentées, glabres des deux côtés. 3.Peupliernoir, Populusniora, Atr.Arbreindigène assez élevé, à feuilles glabres des deux côtés, acumui- nées, dentées, deltoïdes, plus larges que longues.
4. Peuplier d'Italie, Populus fastigiata, Vers. ; Populus dilatata, Arr. d'Orient. Arbre pyramidal , trés-haut , à branches serrées et droites , et à feuilles dentées en scie plus larges que longues.
5. Peuplier du Canada, Populus Canadensis, Morncu. Arbre d'Amérique très-élevé, à rameaux an- guleux et feuilles un peu cordiformes , glabres, den- tées en forme d'hamecons, velues, nerveuses, étalées.
6. Peuplier à grandes dents, Populus grandiden- tata, Micu. Arbre du Canada, très-élevé , à feuilles ovales , acuminées , à grandes dents éloignées.
7. Peuplier de la Caroline, Populus angulata, Wizp. Arbre de l'Amérique septentrionale, grand et droit , à feuilles cordiformes, deltoïdes, acumi- nées, à dents obtuses et crochues, et à rameaux ailés et anguleux.
8. Peuplier liard, grand baumier, Populus can- dicans, Air.; Populus viminea , Hortr. Par. Arbre du Canada, de cinquante pieds, à rameaux glabres et bruns , et à feuilles un peu cordiformes, ovales, oblongues , acuminées , inégalement dentées, à trois nervures, réticulées, blanches en dessous, d’un vert sombre en dessus, glabres.
g. Peuplier du lac Ontario, Populus Ontariensts, Horr. Par. Arbre de l'Amérique septentrionale, de soixante à quatre-vingts pieds dans son pays natal, peut-être moins élevé chez nous ; à feuilles de neuf à dix pouces de longueur sur six de large, dentées régulièrement et blanchâtres en dessous.
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10. Peuplier de Virginie ou Suisse, Populus mo- nilifera , Air.; Populus V'irginiana , Horr. Arbre de cent pieds à tige droite, cylindrique , à feuilles cor- diformes, glabres, dentées, portées par des pétioles rouges.
11. Peuplier de la Vistule, Populus Polona, L. Noïserre (Manuel du Jardinier). Arbre de la Pologne s’élevant de quatre-vingt-dix à cent pieds, à feuilles très-développées.
La croissance rapide des peupliers, lorsqu'ils sont dans une situation qui leur convient, doit engager à en planter partout où cela est possible. Leur bois, qui n'est pas sujet aux attaques des vers, peut être em- ployé dans la construction des bâtimens; il est propre à la menuiserie et même à l’ébénisterie, car on cite les jolis meubles qui se font en Prusse avec le peuplier de la Vistule.
La manière la plus simple de planter cette espèce d'arbre est de couper des boutures ou plancons de trois ans; on leur laisse leur longueur, mais on sup- prime les branches, en conservant les petits rameaux que l’on taille à trois ou quatre yeux. L'extrémité qui doit être fichée en terre est coupée en biseau , dont le côté le plus long reste garni de son écorce. Cette préparation se fait le jour même de la plantation. A l’aide d’un pieu ferré et pointu on fait des trous de quinze à dix-huit pouces de profondeur, qui n'endommagent en aucune facon les prés où on les fait. Avant d'y planter la bouture, on y verse un peu d’eau si le terrain n’est pas assez humide, ce qui facilite la reprise; on appuie avec le pied la terre autour du plancon. On donne à chacun d'eux un tuteur, et si la plantation est faite dans un lieu fré-
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quenté par le bétail, on les garnit d’épines. Si on n’en avait pas une assez grande quantité, on pourrait y suppléer en faisant avec de la mauvaise paille des cordons dont on enveloppe la tige jusqu'à la hauteur convenable, selon le genre d'animaux à craindre. Il faut préalablement avoir fait tremper cette paille dans dés eaux sales ou croupies, afin que l'odeur dont elle s’imprègne éloigne le bétail. C'est par le bas de la tige que l’on commence à l’entourer de ce cordon que l’on arrête solidement au point où l’on finit. Cet empaillage, qui dure deux ans, peut être lui-même remplacé par des feuilles de carex, de typha ou autres plantes aquatiques. La plantation n’exige plus ensuite d’autres soins que de détruire pendant les premières années les rameaux qui poussent le long de la tige. On maintient celle-ci nue à la hauteur de huit à neuf pieds.
Après les peupliers, l'essence la plus convenable pour le cas dont il s’agit est celle du genre Saule. Voici les espèces préférables.
1. Saule osier, Salix vitellina, Wirzo. Arbre in- digène s’élevant de soixante à quatre-vingts pieds, à rameaux flexibles d’un jaune orangé, et à feuilles dentées en scie, lancéolées et aiguës.
2. Saule pleureur, Salix Babylonica , Lin. Arbre de l'Orient de trente à quarante pieds, à rameaux grêles, longs, pendans, et à feuilles linéaires , lan- céolées, dentées en scie. ;
3. Saule pourpre, Salix purpurea, Smirn. Arbris- seau indigène à rameaux d’un rouge pourpre vif en hiver, et verts en été, et à feuilles lancéolées, glabres et dentées en scie.
4. Saule marceau, Salx caprea, Smira. Arbre
199 indigène de vingt-cinq à trente pieds, à feuilles ovales, acuminées, dentées en scie, ondulées et cotonneuses en dessous.
5. Saule osier vert, Sax viminalis, Wu. Arbrisseau indigèneà rameaux jonciformes, à feuilles presque entières, linéaires, lancéolées , longues, d'un blanc soyeux en dessous.
6. Saule blanc, Salix alba, Lin. Arbre indigène de cinquante à soixante pieds, à feuilles lancéolées, acuminées, dentées en scie, pubescentes des deux côtés.
7: Saule cassant, Sax fragilis, WNuiv. Très- semblable au précédent , à feuilles lancéolées, d’un vert cendre.
8. Saule violet, Salix acutifolia, Wuap. Arbre à rameaux très-souples fournissant un excellent osier, à écorce violette et poudreuse, et à feuilles lancéo- lées aiguës.
Les saules se plaisent dans les terres humides, ou plutôt aquatiques , mais ils ne résistent pas dans les fonds tourbeux. On les plante en boutures ou plan- cons, comme les peupliers, et ils reprennent très- bien. On les taille en têtards, c’est-à-dire qu’on coupe leurs têtes à huit ou neuf pieds de hauteur. C'est sur ces têtes que lon choisit tous les ans les jeunes rameaux propres à faire des osiers ; on les élague aussi tous les trois ans, et outre les perches et les échalas que l'on y coupe, on fait également des fagots. Ces arbres produisent ainsi un rapport assez important.
On peut aussi employer dans ces plantations :
L’aune commun, Æ/nus communis, Hort.; 4 nus glutinosa, Wup.; Betula alnus, Lin. Arbre
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indigène de soixante pieds, à feuilles arrondies, cunéiformes, obtuses et glutineuses. Cet arbre croît très-bien dans les lieux marécageux ; les sols noirs et sablonneux lui conviennent parfaitement ; il se plaît sur le bord des rivières ou grands ruisseaux, dans les terres imondées, ou sur lesquelles les eaux séjournent. Il reprend également de boutures plan- tées comme celles de peuplier. On les choisit dans les taillis de trois ans , et on ne fait que les débar- rasser de leurs rameaux latéraux, sans supprimer la cime. L’écorce de l'arbre est raboteuse et noi- râtre; on l’'emploie avec avantage dans la teinture en noir des cuirs; le bois est rouge à l’intérieur , il se gâte promptement à l'air, mais il se conserve long-temps sous l'eau.
Le genre bouleau fournit une espèce d’un em- ploi avantageux. C'est le
Bouleau noir, Betula nigra, Air. Arbre indigène de quarante à cinquante pieds, à feuilles rhomboï- dales , ovales, doublement dentées en scie, aiguës, pubescentes en dessous, entières à la base, à pé- tioles velus.
Cet arbre aime une terre franche, légère, fraîche, mais non trop humide; on le multiplie de graines et de marcottes qui reprennent facilement. Son bois est employé par les charrons, les tonneliers, les tourneurs, les sabotiers, les menuisiers et les boisseliers. On en fait même usage dans la construc- tion des bâtimens , mais seulement à défaut d'autre bois.
Parmi les érables , je citerai :
L’érable à feuilles de frêne, Acer negundo, Lin. Arbre de première grandeur de l'Amérique septen-
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trionale, à tige droite et écorce lisse dans sa jeu- nesse, et à feuilles pinnées avec impaire.
Cette espèce, qui se plaît beaucoup dans les sols frais et argileux, où elle croît avec rapidité, se mul- tiplie de semis et de marcottes faites au printemps ou à l’automne. Cependant elle reprend assez bien aussi de boutures faites à la manière des peupliers. En coupant l'arbre rez terre, il émet une grande quantité de jets qui, bouturés dans un terrain hu- mide, reprennent encore plus facilement. Son bois est assez dur; on l’'emploie dans la charpente, l'é- bénisterie et quelques autres arts.
Le platane de Virginie, Platanus occidentalis , Wizo., peut encore trouver place dans les planta- tions dont nous nous occupons. C’est un arbre élevé de l'Amérique septentrionale, à tige droite et à feuilles à cinq angles, dentées et cunéiformes. Il se plaît dans les terrains frais et profonds, près des rivières et dans les lieux aquatiques. Il reprend très-bien de boutures taillées en plancons de peu- plier, et auxquelles on ne coupe pas la cime. Il se multiplie encore de graines et de marcottes. Son bois, dur, est employé à plusieurs usages, et no- tamment pour la menuiserie et la boissellerie.
Enfin je signalerai le cyprès chauve, Cupressus disticha , Lin.; Schubertia disticha, Mrs. ; T'axo- dium distichum , Ricu. Arbre de l'Amérique qui s’é- lève à une grande hauteur, croît promptement, et se plaît particulièrement dans les terrains inondés.
On concoit qu'en indiquant ici plusieurs espèces d'arbres, j'ai eu pour but d'appeler l'attention des cultivateurs sur celles qui conviennent le plus géné- ralement dans le cas donné, et parmi lesquelles ce-
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pendant il y a un choix à faire, selon la nature du terrain et les autres circonstances qu'il n'était pas possible de prévoir dans cet article. Doverce.
HORTICULTURE. JARDIN FRUITIER.
Suite des variétés de vignes bonnes a cultiver pour la table. ( Voyez pages 132 et 181 de ces Annales. )
Liverdun (Vosges, Meurthe ).
Bon raisin noir à grains ronds, assez pros, ser- rés, à grappes moyennes. Il est très-estimé dans les Vosges et la Lorraine ; il est bon à manger, et mürit très-bien à Paris.
Mausac à gros grains noirs ( Lot ). Le
Cette variété à grains ronds est bonne à manger, et mérite d’être cultivée, tant pour la qualité que pour l’abondance de son produit. Ce raisin se trouve également dans le département de Lot-et-Garonne, de l’Aude , de Saône-et-Loire , et particulièrement dans celui du Tarn, où il est très-estimé.
Mélier blanc (Seine ); Rodiat ( Vaucluse ); Sava- guin jaune (Jura); Blanc d’Orient( Aisne, Cher et Loir-et-Cher ).
Ce raisin, bien connu dans les environs de Paris, est excellent à manger ; il est très-productif, et se cultive en treille.
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Meunier, lEnfuriné (Jura ); le Bleu ou Farino (Aisne); T'aconné (Bas-Rhin ); Burguaderube (raisin de la Bourgogne ), en Angleterre.”
Ce raisin, que l’on cultive encore dans les dé- partemens de Seine-et-Marne, d'Indre-et-Loire, de l'Yonne, de Lot-et-Garonne, et dans d’autres loca- lités , a les grains petits, noirs, ronds, bons à man- ger. Il produit beaucoup, et est remarquable par son feuillage cotonneux et blanchâtre, d’où lui vient le nom de Meunier. 11 porte celui de Verjutier dans le département de la Sarthe, lequel lui a été donné, sans doute, parce qu’à l’époque où on en fait la cueillette il conserve encore des grappillons qui ne sont qu'en verjus.
Merlinot blanc (Charente-Inférieure ).
C’est un raisin très-bon pour la treille ; il est à gros grains un peu ovales, et bons à manger. J'ai appris qu'il était peu cultivé dans ce département, ainsi que dans les autres localités où il est connu, sans doute parce qu'il n’est pas très-productif.
Damas rouge , ou Gros rouge ( Drôme ). Superbe raisin à gros grains ronds, d’une cou- leur rougeûtre; les grappes ne sont pas très-fortes. I mürit à Paris, à l'exposition du midi. Damas noir, où Gros brun du même département.
Il a les mêmes qualités que le précédent , mais les grappes sont plus fortes. Ces deux variétés méritent d'être cultivées pour la grosseur et la beauté de leurs fruits.
204 Muller Reben (Moselle ).
Très-bon raisin à grains ronds et roses peu ser-
rés et à petites grappes, productif, excellent à man- ger, et müûrissant tres-bien à Paris.
Madeleine blanche , Morillon blanc tres-hätif (Jura) ; Précoce blanche, plante de juillet.
Raisin tres-hâtif, excellent à manger, à grains ronds, d’une grosseur médiocre. Il est souvent dé- voré par les mouches , qui en sont si friandes que souvent il ne reste que la grappe au cultivateur.
Madeleine notre, ou Précoce notre, ou Prin- lanier.
Est généralement connue et n'est cultivée que pour la précocité de son fruit.
Olwvette noire (Hérault); Olven notr (Gard).
Ce raisin se rapproche beaucoup du Boudales par la forme de ses grains; la peau est plus ferme, et le grain plus serré sur la grappe, qui est longue et forte. Il est très-productif et de bon goût. Il se conserve assez long-temps et mürit, année ordinaire, sous le climat de Paris.
Maroquin ( Gard ).
Ce raisin est blanc et bon à manger. Il produit peu et ne müûrit pas tous les ans à Paris, malgré l'exposition du midi, qui luiest indispensable. Il pa- raît qu'on le cultive dans le Gard principalement pour en confire à l'eau-de-vie les grains lorsqu'ils sont bien murs, et en faire du ratafia que l’on dit excellent.
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Grosse panse, où Plant pascal (Bouches-du-Rhône, Isère, Ardèche, Aude, Pyrénées-Orientales ).
Ce raisin, qui produit abondamment, a les grains gros, oblongs et blancs verdâtres ; les grappes sont fortes et longues. On le fait sécher dans le midi de la France ; il mürit difficilement sous le climat de Paris, et cependant il mérite d’être cultivé pour la beauté de son fruit.
Perle de la Seine , Taquet (Vienne, Ardèche).
Je ne fais mention de ce raisin que pour la beauté de son fruit, qui est très-gros, ovale, transparent, peu serré et en grappes fortes. Cette variété est très- recherchée par les peintres.
Je citerai en même temps la ’icanne ( Cher et Charente-Inférieure ), qui ressemble beaucoup au précédent, excepté que ses grains sont un peu plus serrés sur la grappe.
Ciotat (Seine); Cioutat ou Persillard (Jura); Pe- tersilien (Bas-Rhin); vulgairement chasselas à feuilles laciniées.
Ce raisin a la forme du chasselas, mais il lui est inférieur en qualité; les grains sont écartés; le jus en est doux, mais peu vineux. Cette variété est cul- tivée dans les jardins pour l'élégance de son feuil- lage profondément et finement découpé. Elle est peu vigoureuse et passe pour être originaire du Ca- nada , où, dit-on, elle croît sauvage.
Clairette (Vaucluse ).
Raisin blanc, d'un goût exquis, à grains un peu
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ovales et fermes, produisant beaucoup. Il lui faut l'exposition du midi.
Asptran (Hérault, Gard).
Raisin noir, très-estimé dans le Midi, et fort bon à manger. Il est à gros grains fermes et croquans, et forme de belles grappes.
Marsanne (Drôme ). . e Lt L3 Li LA Raisin à gros grains noirs, ronds, serrés, en grap- pes fortes. Il produit beaucoup et est bon à manger. L'exposition du midi lui est indispensable.
Amandis (Gironde ).
Petites grappes à grains ronds. Cette variété, assez bonne , est délicate et facile à reconnaître par son feuillage crispé et contourné. Le bois est grêle, peu vigoureux. Ce raisin ressemble à l’ambré noir de la Haute-Garonne.
(La suite à un prochain numéro.) Harpy.
PLANTES D'ORNEMENT. PLEINE TERRE.
Quelques observations sur les roses.
En décembre 1830, je semai une assez grande quantité de graines d'églantier, qui levèrent par- faitement au printemps de 1852, mais furent, pour la plus grande partie, dévorées presque aussitôt par les vers blancs. À l'automne de la même année, je plantai les sujets qui avaient échappé, dans l’inten- tion de les greffer près de terre. En 1834, lorsque je les préparai pour cette opération, je crus me tromper en en remarquant un tout-à-fait.sans
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épines. Il avait quelques fleurs blanches, petites, et de peu d'apparence. Il me donna quelques fruits que je recueillis soigneusement , et qui lèvent en ce moment ; je compte cependant peu sur les plants qui en proviendront , car je suppose qu'ils retourneront au type. Ayant laissé cet églantier pousser à volonté, il ne m’a pas fourni un seul drageon ; et, quoiqu'il ait parfaitement fleuri en 1855 , il ne m'a pas donné un seul fruit, car tous ont été desséchés promptement.
Dans la même plantation, j'ai remarqué un autre églantier dont le bois est violet foncé, et qui se trouve armé de forts aiguillons très-accrochans. Les feuilles sont larges ; les branches, contournées dans tous les sens, produisent beaucoup de fleurs rouges et grandes ; les boutons sont plus saillans que dans aucune autre espèce de rosiers ; le fruit est gros, ovale, d’un rouge vif et luisant ; le calice est persis- tant. Cet églantier fait un joli effet , lorsqu'il est en fleurs ou en fruits ; comme je ne le mutile pas avec la serpette, 1l ne m'a pas encore donné de rejets.
Si par suite on pouvait parvenir à se procurer des églantiers sans épine, il en résulteraitune grande facilité pour le travail; ce n’est qu'à force de soins et de persévérance qu'on en viendra à bout, mais il n’est pas douteux qu’on reussira.
En 1633 je semai des graines de rose thé ordi- naire dans un pot, et, pour les préserver de la dent des mulots, j'enfermai le vase sous un châssis. Les graines levèrent assez bien au printemps suivant ; je repiquai les plants dans deux autres pots , pour qu’ils fussent plus au large. J'avaisrécolté les graines moi- même , et j'étais conséquemment bien sûr d’avoir semé de la rose thé; cependant, sur trente-trois
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plants qui en provinrent, il ne se trouva qu’une seule rose thé, bien double, de couleur carnée comme son type, mais inodore. Tous les autres individus sont de vrais églantiers des bois, qui probablement vont fleurir cette année.
Si l'églantier a la faculté de féconder la rose thé à un degré si influent , cette dernière ne pourrait- elle pas jouir à son égard de la même faculté? et, en effet, on obtient souvent des roses thé presque simples. Ce serait une expérience facile à faire, car il suffirait d'observer les résultats donnés par les graines d'un églantier cultivé près d’un rosier thé. Il y a cependant entre l’un et l’autre une différence naturelle assez importante ; car si l'on sème leurs graines en novembre , celles de la rose thé lèveront peu de temps après, tandis que les semences de l'é- glantier resteront quatorze ou quinze mois en terre.
Duvaz, horticulteur à Chaville.
ORANGERIE.
Campanule hérissée, Campanula peregrina, Lan. , Bor. Mac., 1257; C. lanuginosa, Lam. ( Voyez la planche, et pour les caractères génériques, page 119, Journal et Flore des Jardins.)
Plante bisannuelle , à tige droite , quelquefois ra- mifiée, cylindrique, hispide, haute d'un pied à dix-huit pouces , garnie dans sa longueur de poils blanchätres qui la font paraître laineuse. Les feuilles radicales, réunies en touffe la première année, sont longues de cinq à six pouces , ovales , lancéolées, obtuses, ridées , rétrécies sur le pétiole , crénelées sur les bords , rudes des deux côtés , d’un vert pâle,
Campan ula perecrina 3 L 2
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etgarnies sur les deux faces de petits poils très-fins. Elles ont, quant à la forme , assez de ressemblance avec celles de la primevère. Les caulinaires sont al- ternes, moins longues, de forme ovale arrondie. Celles de la partie supérieure sont plus petites, ses- siles, et un peu pointues. Les fleurs sont solitaires, ou réunies par deux ou trois dans l'aisselle des feuilles, et presque sessiles ; elles forment des épis lâches, qui sont terminaux ou latéraux. La corolle est monopétale , à cinq divisions étalées, pointues, d’un bleu clair lépèrement lilacé, et violet foncé au fond de la corolle; ce qui lui fait produire un bel effet. Cinq étamines à anthères jaunes; un style de même longueur que la corolle, surmonté d’un stig- mate trifide. Le calice est hispide , à cinq divisions lancéolées, pointues, et plus courtes que la corolle. La capsule est polysperme. Les graines sont très-fines. Cette plante, orig'naire d'Orient, et que l'on trouve aussi en Portugal, est anciennement connue etcultivée au Jardin des Plantes de Paris. Cependant elle a toujours été fort rare dans les jardins d'ama- teurs, quoiqu'elle attire leurs regards lorsqu'elle est en pleine floraison ; aussi j'attribue sa rareté à ce qu'étant bisannuelle , et originaire d’un pays où le climat est moins froid et moins humide que le nôtre, elle résiste difficilement à nos hivers. Je lai vue, toutefois, supporter des gelées de six à huit degrés sans beaucoup souffrir pour cela lorsqu'elle se trouve abritée par un mur ou plantée en terre sèche. Ce qui est surtout funeste à cette plante, ce sont les alternatives de gel et de dégel qui se re- nouvellent en février et mars, et les givres qui ré- sultent de la congélation des eaux pluviales, lesquels Avriz 1836. 14
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désorganisent l'épiderme, et sont cause que la plante se fend sous l'influence de lhumidité, qui achève la décomposition. Quand ontient à en cultiver quel- ques pieds , il suffit de couvrir d’un coffre haut de six à huit pouces, et couvert de ses châssis, la plate-bande où sont plantés en pépinières les indi- vidus que lon prépare à fleurir l’année suivante. Quand on en cultive une petite quantité, il suffit de les mettre en pots, pour être rentrés en D + pendant l'hiver.
Dans l’un et l’autre cas, on place en mars ou avril les plantes que Fon a ainsi conservées sur les plates- bandes où elles doivent fleurir, et on a soin d'en ré- colter les graines aussitôt leur maturité, car la plante meurt immédiatement.
Ces graines sont semées de bonne heure, au prin- temps suivant, dans une terre meuble dont on les recouvre légèrement. Quelques mois après, lorsque le plant est assez fort pour être repiqué, on le re- lève et on le plante par deux ou trois pieds réunis, afin de former de belles touffes, quoiqu’un seul pied forme ordinairement plusieurs tiges, qui du reste sont fermes et droites , et fleurissent aussi bien en pots qu’en pleine terre.
C'est une plante magnifique qui fleurit en juillet et août , époque où ses congénères sont toutes flé- tries. MM. Jacquin frères et compagnie la culti- vent dans leur jardin de Charonne. Pépin.
PASSIFLORA , Lin. Monadelphie pentandrie , Lin.;
Passiflores, Juss.
Caractères génériques. Calice monophylle , décou- pé en cinq divisions profondes et oblongues ; cinq
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SOYEUSE
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Passiflora holosericea .
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pétales oblongs, étalés, attachés à la base du calice ; une couronne colorée divisée profondément en deux rangées de filamens ; cinq étamines attachées sous l'ovaire, au sommet de son pédicule ; un ovaire su- périeur surmonté de trois styles épaissis à leur som- met, et portant des stigmates en tête; une baïe ovoïde, monoloculaire, contenant un grand nombre de graines ovales, munies d'une tunique propre, et attachées à trois placentas linéaires, adhérens à la paroi interne de la baïe.
GRENADILLE SOYEUSE, Jassiflora holosericea , Lin.;
Bor. rec. , 59. ( Voyez la planche. )
Plante hgneuse, originaire de la Vera-Cruz ; tige de dix à douze pieds, à rameaux cotonneux; les feuilles sont trilobées, pubescentes en dessous , munies de chaque côté à la base d’une petite dent ré- fléchie; pétioles biglanduleux ; fleurs blanches à couronne frangée d’un joli jaune aux sommets des rayons et d’un pourpre vif à la base. Cette plante, que l’on cultivait précédemment en serre chaude, supporte parfaitement la serre tempérée. I] lui faut une terre légère et substantielle ; on arrose fréquem- ment enété et presque point en hiver.On la tient dans des vases un peu grands, on la multiplie de graines semées sur couche chaude au printemps, de rejetons, de marcottes, ou de boutures étouffées. LEcoINTRE.
ENTÉLÉE EN ARBRE, Æntelea arborea, R. Brown, Bot.
Mag. , t. 2480.
Arbre à feuilles alternes, cordiformes, anguleuses, pubescentes, doublement crénelées, longues de six
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pouces, larges de quatre à cinq; les jeunes coton- neuses , à pétiole renflé à la base et long de quatre à cinq pouces. Stipules petites et persistantes; fleurs grandes, blanches, nombreuses, à quatre ou cinq pétales disposés en ombelle. Étamines nombreuses, jaunâtres; anthères arrondies; stigmate denticulé. Le fruit est une capsule à cinq ou six loges, hérissée de longs poils.
Cet arbre, de la famille des tiliacées , est très-voi- sin du sparmania, avec lequel il a beaucoup de ressemblance par le port, la disposition, la gran- deur de ses feuilles et le nombre de ses belles fleurs. Il à été introduit à Paris en 1831, et paraît devoir s'élever à dix ou douze pieds, quoique dans ce moment il n’en ait que cinq. Il est très-vigoureux, garni d'un beau feuillage, pousse beaucoup pendant l'été et fleurit une partie de l’année.
Son bois, mou et léger comme celui du sparma- nia, paraît être employé par les naturels pour soute- nir les filets de pêche à la facon du liége.
[Lest originaire de la Nouvelle-Zélande; on le cul- tive en pots, en terre meuble et amendée, et on le rentre l'hiver en orangerie. Il est probable que dans le midi de la France il passerait fort bien la mauvaise saison en pleine terre.
On le multiplie de boutures sur couche tiède et sous cloches, et de graines qui mürissent facile- ment chaque année. Il lui faut beaucoup d’arrose- mens pendant l'été. Nos collègues MM. Cels sont en mesure d'en livrer au commerce. P£PIN.
Chilopsis sahiena 2
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CHILOPSIS , D. Don. Didynanne angiospermie, Lin.; Bignonées, Juss.
Caracteres genériques. Calice campanulé peu ven- tru, à deux lèvres , quelquefois à quatre divisions ; corolle campanulée; tube ventru; limbe à quatre lobes inégaux ondulés sur les bords ; quatre éta- mines didynames ; un filament stérile; un style terminé par un stigmate à deux lames; ovaire cy- lindrique; fruit...
Observation. Ge genre diffère des Bignonia par son calice à deux lèvres; ce qui le rapproche du Catalpa, auquel il ressemble encore par ses quatre étamines fertiles et un filament stérile.
CHILOPSIDE 4 FEUILLES DE SAULE, Chilopsis saligna , D. Don.; Signontia linearis, Cav.,Icon., 3, 269;
Wizco., Sp. plant. ( Voyez la planche. )
Arbrisseau pouvant s'élever de huit à dix pieds, mais fleurissant beaucoup plus bas ; tige rameuse ; rameaux eflilés, verts et un peu velus dans leur jeunesse, gris-brun ensuite ; feuilles éparses, pres- que sessiles , quelquefois ternées, linéaires, très- étroites , rétrécies aux deux extrémités, longues de cinq à six pouces, larges de deux à trois lignes, entières et glabres sur les deux surfaces ; fleurs en grappes terminales composées de vingt à trente fleurs; pédicelles velus portant vers le milieu deux petites bractées caduques, sétacées, longues de cinq à sept lignes ; calice velu à deux lèvres entières ; corolle tubulée , longue de deux pouces, à limbe grand à cinq divisions inégales, dentées et crépues
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sur les bords, d'un rose léger, ayant dans l'intérieur du tube deux stries saillantes et jaunes ; le dessous du tube est blanchâtre; quatre étamines didynames moins longues que le tube, à antheres blanches ; style un peu plus long que les étamines, terminé par un petit stigmate à deux lobes ; fruit...
Ce très-joli arbrisseau est originaire du Mexique ; il est cultivé en Angleterre depuis 1825, et je l’ai recu en 1833, de M. Harpin, zélé amateur à Gray (Haute-Marne ), qui lui-même l'avait recu d’Amé- rique deux ou trois ans auparavant. Suivant la lettre de M. Harpin, publiée dans les Annales de Flore et de Pomone , année 1832, page 62, il a supporté six degrés de gelée ; il est cependant prudent d'en avoir en orangerie , où il passe parfaitement l'hiver, les feuilles étant caduques. On le multiplie facilement de marcottes qui s'enracinent aisément, mais qui au séparage fondent souvent. Je ne connais pas encore ce bel arbuste dans le commerce ; 11 mérite tous les soins des amateurs, ses fleurs étant charmantes et se montrant au mois d'août , époque où peu d'arbres et arbrisseaux sont fleuris. JAcQUESs.
LACHENALE A FLEURS PENDANTES, Lachenalia pendula, Jace. ; Liliacées, Juss.
Belle plante bulbeuse, originaire du Cap, à ognon blanchâtre, au sommet duquel sortent deux feuilles oblongues lancéolées, d’un beau vert, longues de quatre à six pouces, et larges de deux à trois. À leur centre, se développe une hampe raide, de six à huit pouces de hauteur, de couleur pourpre cen- dré, et pointillée dans toute sa longueur de petites taches plus foncées. Les fleurs, au nombre de quinze
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à vingt-cinq, selon la grosseur de l'ognon, se dé- veloppent éparses du tiers de la hampe à son extré- mité supérieure. Elles sont tubulées, pendantes, longues d'un pouce à un pouce et demi, de couleur rouge-carmin luisant, et marquées de vert jaunâtre et de violet foncé au sommet des divisions.
Cette plante magnifique sous le rapport de son inflorescence , qui ressemble à celle des genres Tri- toma et W'elthermia (Aletris Capensis, Lan), fleurit, selon la volonté des cultivateurs, depuis novembre jusqu’en mars, époque où les fleurs sont rares, et où lon ne dispose que d'un très-petit nombre. Quoique ancienne, elle est peu répandue dans le commerce; cependant M. Quillardet, horticul- teur très-habile , rue du Buisson-Saint-Louis, à Pa- ris , la cultive en grand depuis quelques années, et à la fin de chaque saison, il ne lui reste que les plus petits ognons qui n’ont pas fleuri, et qui lui servent pour la reproduction de l’année suivante. C'est le seul cultivateur qui, à ma connaissance, cultive cette plante avec succès, et soit toujours en position d'en fournir de beaux individus.
C’est , au reste, une plante rustique. Dès le mois d'octobre on la place près du jour, sur une ta- blette de la serre tempérée, où sous châssis froid. En la plantant en août, en pots remplis de terre de bruyère ou de terreau de feuilles, mêlé à un cin- quième de terre normale , on obtient des fleurs du 15 au 20 novembre, au lieu que si on plante en septembre ou octobre, la floraison ne commence qu'en janvier, et se prolonge, dans l’un et l’autre cas, jusqu'en mars. On met dans chaque pot un, deux ou trois ognons.
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À la fin d'avril, lorsque les feuilles sont séchées , on cesse d’arroser ; on arrache les ognons, et on les dépose dans un lieu qui ne soit ni trop sec ni trop humide ; et lorsque la saison de les planter est reve- nue, on détache tous les caïeux qui se sont formés à la base de l'ognon, en ayant soin de ne pas alté- rer celui-ci, qui est destiné à fleurir.
Le coloris et la durée des belles fleurs du Zache- nalia vendent cette plante fort intéressante pour la décoration des. appartemens ; où elle fait un joli effet, surtout lorsque l'art du jardinier sait lui con- server tous ses avantages, en la plaçant dans dés vases ou des jardinières disposés convenablement pour la faire valoir.
J'ai eu, par rapport à cette plante, l'occasion de voir les cultures de M. Quillardet, et je m'empresse de rendre ici témoignage aux talens de ce cultiva- teur. Les plantes qu'il soigne jouissent d'une végé- tation parfaite, et sont disposées avec une élégance qui atteste son bon goût. Jai remarqué chez lui plusieurs plantes assez délicates et dans un brillant état de santé, telles que des Polygala cordifolia , des Pelargonium tricolor, des Pimelea decussata. Cet horticulteur est un des premiers qui aient multi- plié ce joli petit arbuste, qu'il a pu répandre én grande quantité tant dans le commerce français que dans celui de la Belgique. On lui doit, sous le nom d’Aster Alpinus flore albo, une variété qu'il a obtenue de l' Aster Alpinus {jolie espèce, remar- quable par ses fleurs bleues), et plusieurs variétés nouvelles de cactus, dont il a su faire varier. les couleurs en combinant les fécondations artificiel les. Parmi elles, il en est une qui porte son nom,
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BALISIER ÉLEVE
Canna excelsa
we 217 et dont la figure a été donnée, page 99 du Journal et Flore des Jardins. Pépin.
CANNA , Lin., Lamarck , PERsOON, VENT. ; Monan- drie monogynie, Lin. ; Balisiers , Juss.; Drym- mirrhizées , VENT.
Caractères génériques. Calice persistant à trois divisions ; corolle beaucoup plus grande que le ca- lice, à six divisions, dont cinq droites, et l’autre le plus souvent réfléchie; un filament d’étamine à deux lobes, dont le supérieur porte une anthere adnée ; style pétaloïde, ensiforme; stigmate linéaire adné ; capsule scabre, couronnée par le calice; se- mences presque globuleuses.
Bausier ÉLEVÉ, Canna excelsa, Lopnic., Bot. Cab.,
743. (Voyez la planche. )
Tiges glabres, noueuses, s’élevant de douze à quinze pieds; feuilles alternes, glabres, lancéolées, entières, bordées de brunâtre, portées par des pé- tioles de douze à quinze lignes de long, engaînans à leur base; tige terminée d’abord par un épi de cinq à six fleurs, mais formant ensuite la panicule par les épis latéraux qui se développent successive- ment; calice à trois divisions pointues, verdâtres , teintées de rouge, serrées sur le tube de la corolle, qui est longue de plus de trois pouces, d’un rouge écarlate vif, et n'ayant aucune de ses divisions réflé- chie, ce qui la rend presque tubuleuse; ovaire presque cylindrique. Les fruits n’ont point noué.
Cette gigantesque plante est originaire du Brésil, et cultivée en Angleterre depuis 1820; je l'ai obte-
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nue de semis en 1828. L'ayant tenue en pots pen - dant deux ans, et voyant qu'elle n’y fleurissait point, je l'ai plantée en pleine terre, dans le pavillon de la grande serre chaude de Neuilly, où elle s’est élevée à plus de dix-huit pieds sans montrer ses fleurs. Enfin, au printemps de 1834, j'en mis un pied dans une caisse de dix-huit pouces ; il passa l’été de cette même année en plein air, et l'hiver il fut rentré en serre chaude; en eut soin de couper constamment les nouveaux jets qui s’élevaient des racines, n’en ayant laissé que deux des plus vigoureux : ce trai- tement nous réussit, puisqu’en novembre. 1835 les fleurs se développèrent au sommet d'une tige de treize pieds.
Elle se multiplie donc facilement par la division de sa touffe et le séparage de ses œilletons; mais, comme presque toutes les autres espèces et variétés du genre, je ne crois point que celle-ci puisse être cultivée en plein air, soit en couvrant ses racines pendant l'hiver, soit en les relevant l’automne , pour être replantées au printemps suivant, puisque les tiges n’ont donné fleur que la seconde année après leur sortie de terre. JACQUES.
Extrait d'unenotice sur le Nelumbium speciosum, où
Nélumbo de l'Inde, par M. Rafjeneau-Delile.
Cette superbe plante a fleuri à Montpellier dans l'été de 1835, en plein air, résultat qui n'avait pas encore été obtenu en Europe, j'ai donc cru que quel- ques détails à son égard ne pourraient que faire plaisir aux amateurs et aux horticulteurs, et je laisse parler l'auteur même.
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:.1 «La culture de cette plante était justement enviée à l'Inde , surtout quand l'expérience démon- tre que les plantes aquatiques se naturalisent plus facilement que d’autres. Le Papyrus de ancienne Évypte, transporté en Syrie, dans le Jourdain , et en Sicile , à Syracuse , en est une preuve; nous le conservons même en France, avec un peu d'art et de soin, malgré nos hivers.
‘« Aucune plante, depuis l'expédition d'Égypte, ne me touchait plus que le Velumbo. J'ai questionné les voyageurs ; j'ai fait de fréquentes demandes de graines. Îl y avait eu de ces graines à Paris; elles avaient été fort étudiées , sous le rapport de la ger- mination, par les meilleurs botanistes; je n’en avais pu voir que des germinations détruites.
J'ai obtenu des graines, il y a quelques années, par M: G. Bentham, secrétaire de la Société d'Hor- ticulture de Londres, et par M. le professeur de botanique Dargelas, de Bordeaux.
«Ces graines ont été semées avec succès ; elles serment facilement à quelques lignes sous l’eau ; et pour les avoir hâtives, en avril, il faut les mettre sur couche et les couvrir d’une cloche ou d'un chàs- sis ; elles donnent de premières feuilles flottantes , et ensuite, pendant l'été, de grandes feuilles pé- donculées, hors de l’eau. Leur belle végétation dé- pend de la grande capacité des vases où est cultivée la plante. Nous pensions d’abord qu’il lui fallait plus de chaleur que dans les bassins du jardin ; nous la- vons soignée à la manière des ananas , chauffée sur couche, sorte de culture qui n’a pas répondu à notre attente. Nos essais nous ont conduit à mettre des vases dans une exposition favorable, au voisi-
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nage d'arbres des allées donnant un peu d'abri.
« Beaucoup d'air est nécessaire à cette plante , et il est quelquefois difficile de lui en procurer assez, parce qu'elle offre, par ses larges feuilles, une grande prise aux vents, Il faut donc la garantir des ouragans. Les vastes eaux tranquilles sont son élé- ment , sur lequel règne une atmosphère très-propre à maintenir la délicate fraîcheur des feuilles. Les rayons trop vifs du scleil g»illent ces feuilles , si elles y sont exposées de toutes parts dans un vase isolé.
« Cependant rien n’a manqué à la végétation de cette plante au jardin de Montpellier , puisque nous en espérons même des graines, et que ses racines y suffisent d’ailleurs pour la multiplier.
«Les feuilles périssent en automne, et 1l n’en reste point de traces pendant l'hiver; les racines seules persistent au fond de Feau. Nous les avons conservées jusqu'ici dans la serre tempérée, sans avoir été obligés de combattre le froid autrement que par d’exactes fermetures et des paillassons, lorsque le soleil n’était pas sur l'horizon. Telle est la beauté du climat à Montpellier, qu'il ne gèle point ordinaire- ment dans une serre conduite si simplement. De plus grandes précautions, les poêles , ne sont requis que pendant les longs jours couverts, froids, hu- mides, dont la continuité , qui serait désespérante, est heureusement fort rare.
« Les racines du Velumbium sont de longs cordons cylindriques qui ressemblent à des tiges articulées de roseau; elle sont charnues, cassantes aux ré- trécissemens de leurs articulations, fistuleuses , très-pourvues de trachées déroulables, qui abondent aussi dans les pédoncules et dans les pétioles.
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« Les parties renflées des racines sont les plus fortes, susceptibles de bonne conservation , tandis que les racines grêles sont souvent atteintes de pourriture. Une plante qui était cultivée depuis quelques années dans un vase de la contenance de deux hectolitres, a présenté une racine longue de quatre à cinq pieds, et de la grosseur du pouce; nous avons coupé cette racine en deux parties, au printemps dernier, pour cultiver l’une plus courte dans un vase de poterie des plus grands du pays, et l'autre dans un large baquet de la contenance de quatre hectolitres, double de celle du vase.
« Chaque jour on a eu soin de renouveler une quantité suflisante d'eau pour que les plantes y fussent baignées parfaitement. Le vase de poterie a été gardé à Pair, et le baquet a été, au commen- cement de l'été, plongé entièrement au milieu d’un des bassins d’arrosement du Jardin de Botanique ; l'eau s’est couverte des feuilles du Velumbium, dans le vase et dans le bassin ; les unes sont demeurées appliquées sur l’eau et flottantes, les autres se sont élevées sur leurs pétioles à trois et six décimètres (un à deux pieds) au-dessus de l'eau. Plusieurs boutons de fleurs ont paru dans le mois de juillet ; ils ont été plus précoces dans le vase isolé à l'air que dans le bassin.
« Trois fleurs se sont magnifiquement épanouies au-dessus du vase et au-dessus des plus hautes feuilles. Ce vase a été l’imitation du mode de cul- ture usité, dit-on, pour orner les galeries opu- lentes de quelques pays de l'Inde. Quatre autres fleurs se sont épanouies dans le bassin. Les pédon- cules s'y sont élevés d’un mètre (trois pieds ) au-
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dessus du niveau de l’eau, et ont porté des fleurs de trente centimètres (dix à onze pouces) de large; les plus grands disques des feuilles ont eu cinquante centimètres ( dix-huit pouces ) de largeur : l'eau était à la température ordinaire de vingt-deux à vingt- quatre degrés centigrades en juillet.
« Le Nelumbium est principalement: intéressant en botanique par la singularité de son fruit, dont les caractères ont servi à Tournefort pour établir le genre Velumbo. Ce nom est celui de la plante à Ceylan. M. de Jussieu en a fait le nom de Nelum- bium , adopté dans la science.
« Voici quelques détails organographiques de cette plante. Elle ne présente aucuns stomates ni raphides ; elle fournit un suc laiteux par l’éraille- ment de ses nervures, et par la rupture de ses pé- doncules et de ses pétioles ; sa ressemblance est très-grande avec les autres Nymphéacées. On dé- couvre, en comparant les feuilles orbiculaires du Nelumbium aux feuilles échancrées cordifermes des VNymphæa, que les feuilles orbiculaires , con- struites sur le plan des feuilles cordiformes, n’en diffèrent que par une soudure permanente de ner- vures. Le disque des feuilles , dans les deux genres, se déroule également par les deux moitiés paral- lèles ; mais il n’est pas aussi uniformément orbicu- laire dans le Nelumbium qu'il le paraît.
« Son ombilic présente une nervure médiane; d'origine latérale, de la terminaison du pétiole, sorte de nervation qui répond à celle du Nymphæa. Les nervures, dans les feuilles adultes, varient le plus souvent de vingt à vingt-trois.
« La face supérieure des feuilles est d’un velouté
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extrêmement fin, sur lequel Feau coule se gouttes, semblables à des globules de cristal; ce n’est point ici un simple enduit glauque farineux, comme dans le pavot ou sur les prunes, mais une organisation papilaire très-vivante, que le contact de l'eau ne mouille pas et qui en repousse toute adhérence: La pluie tombe , comme dans des coupes, dans les disques des feuilles , profondes de trois pouces ‘et également rabattues par les bords en manière de pavillon de corps de chasse, et huit à dix feuilles versent à la fois un petit ruisseau d’eau dès que le vent fait céder et incliner leurs pétioles.
« Notre plante; par sa rareté, a eu le privilége d’être très-visitée , très-admirée, d'attirer un con- cours de personnes qui apprenaient avec intérêt qu'elle est utile pour ses graines et ses racines, bonne pouraliment dans Inde ; mais cette qualité d’abiment est vile, sans mérite, en comparaison de élégance, de la couleur, et du parfum anisé de la fleur; elle res- semble beaucoup, avant de s'épanouir, à une énorme tulipe. Jy ai compté dix et douze pétales, d’un beau rose par leur sommet , et blanchâtres à leur base, et six à huit pétales nuancés de vert en dehors.
« Les étamines, extrêmement nombreuses , ont les anthères linéaires, biloculaires , extrorses , tan- dis qu'elles sont introrses dans les Nymphæa. Leurs filets se prolongent au-dessus des loges, en une petite massue obovoïde de tissu celluleux, dont l'axe est fibreux , capillaire , et dont l'épiderme est on ne peut plus finement papilleux.
« Le pollen est globuleux , lisse ; on en voit à la loupe des grains distincts sur les stigmates, qui sont en plateaux un peu bombés , formés extérieu-
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rement de papilles serrées, visibles seulement au microscope.
« L'insertion des parties de la fleur a lieu par cercles spiraux qui laissent leurs traces sur le sup- port du fruit ; comme dans le pavot, le fruit est un cône celluleux , renversé , dans lequel les graines ou carpelles sont implantées dans presque toute leur longueur, et un peu saillantes à la face plane éta- lée , où base renversée du cône; le fruit le mieux garni de graines en a porté dix-neuf.
« On en voit, dans les collections, qui ont au-delà de vingt graines.
« Cette superbe plante, qui est demeurée figurée dans les armoiries des temples del'Esypte, nous rap- pelle la plus ancienne civilisation. Elle existe en- core, toute du règne des divinités tutélaires , dans l'Inde ; elle a été tellement caractéristique du génie du bien dans l’ancienne Egypte, que pour en éta- ler les merveilles la fiction en a été prodiguée. C'est une pure fable inscrite dans l’histoire , que les aï- guillons de cette plante, qui ne sont que de très- petites aspérités, empêchaient l'approche du cro- codile , qui en aurait eu les yeux blessés.
« Cette plante fleurie, acclimatée, est une pré- cieuse offrande horticole, digne des arts de décor ; elle est destinée à agrandir la composition des ta- bleaux si estimés sur porcelaine, et en tissus somp- tueux, chefs - d'œuvre d'ameublement, que nos célèbres manufactures répandent dans les deux mondes. » JACQUES.
BRRELSS
DE FLORE ET DE POMONE.
VO 61e 606210682000 2808000e06ç0@0e 0001006 S061t80ete0Sisç6cetéctes cetetere
MÉTÉOROLOGIE.
Du Barometre.
Cest un instrument inventé par les physiciens pour mesurer la pression de Fair atmosphérique, et que l'expérience a rendu propre à indiquer les va- rations météorologiques avec une presque certi- tude , à cause de la coïncidence naturelle qui a été observée entre les différens degrés de pesanteur de l'air et la disposition de l'atmosphère au beau ou au mauvais temps.
Galilée avait découvert la pesanteur de l'air, et trois ans après, en 1643, Toricelli, son élève, in- venta le tube qui porte son nom, pour pouvoir l'apprécier d’une manière exacte. Cet appareil, qui est le baromètre le plus simple, se compose effecti- vement d’un tube de 8 décimètres et demi environ (à peu près 31 pouces), exactement fermé par un bout et que l’on remplit de mercure en le chauffant, ainsi que je l'ai dit pour le thermomètre; on le renverse ensuite, après avoir posé le doigt sur l’o- rifice ouvert pour empêcher l'écoulement du mer-
cure, et on plonge cette extrémité dans le même Mar 1836. 15
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métal contenu dans une petite cuvette en verre ; on retire le doigt, et le mercure se met en équilibre. La différence qui existe entre le niveau du métal dans la cuvette et sa hauteur dans le tube, repré- sente la pression de l'air, dont une colonne ayant un décimètre carré à sa base pèse 103 kil. 13, poids égal à celui d'une colonne de mercure de même base, ayant 760 millim. de hauteur, ou 28 pouces. C'est donc sur ce rapport entre la pe- santeur spécifique du mercure et celle de Pair, qu'est fondée la théorie du baromètre.
On a donné diverses formes aux baromètres selon leur destination ; je n'en ferai connaître que deux qui sont celles le plus généralement adoptées pour les usages domestiques et les observations usuelles de l’agriculture et de l'horticulture.
La première, dite baromètre à cuvette, qui n’est autre chose que l'appareil décrit ci-dessus et fixé sur un support en bois, est la plus simple et la meilleure pour les usages ordinaires, c'est-à-dire lorsque le baromètre n'a pas d'autre destination que d'observer la pression atmosphérique en restant dans le même lieu.
La condition la plus essentielle de la bonté d’un baromètre est que son tube soit sur toute sa lon- gueur d’un calibre bien égal et exactement purgé d'air, ce que l’on obtient en chauffant fortement le tube et la cuvette. La moindre molécule d'air in- terposée parmi celles du mercure empêcherait par son élasticité ce métal d'indiquer précisément la pression atmosphérique. On reconnaît que le tube du baromètre est parfaitement vide en l'inclinant peu à peu jusquà ce que le mercure vienne en
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remplir l'extrémité supérieure, sans y laisser Ja plus petite bulle d'air. I est bon d'aller doucement en faisant cette épreuve, car si on la brusquait, le mercure pourrait rompre le tube, contre l’extré- mité duquel il vient frapper d'un coup sec.
Le support sur lequel est fixé le baromètre est gradué par une échelle divisée en 30 pouces ou en 80 centimètres. Le o est inscrit au niveau du mer- cure dans la cuvette, lequel varie peu à cause de la grande différence de capacité entre elle et le tube. Au haut de l'échelle, les indications sont inscrites de la manière suivante :
à 27 pouces, tempête.
27 41. grande pluie. 27 8 |. pluie.
28 variable.
28 4 1. beau temps. 28 8 1. beau fixe.
29 tres-sec.
D'où résulte la conséquence que plus le mercure monte, plus il fait beau.
La seconde forme , encore très-usitée, est celle du baromètre a cadran. 1 se compose d’un baromètre à siphon, formé tout simplement d’un tube re- courbé, à branches inégales de longueur, dont la plus longue est hermétiquement fermée, et la plus courte ouverte. Ce tube est rempli de mercure en le chauffant fortement. Ce siphon est fixé derrière un cadran percé au centre d'un trou qui laisse passer l'axe sur lequel s’ajuste l'aiguille, axe qui supporte derrière le cadran une double poulie de 4o mm. (environ 18 lignes) de circonférence. Le siphon qui
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forme le baromètre ayant la même capacité dans toutes les parties de son tube, on concoit que le mercure ne peut pas s’abaisser dans une branche sans monter dans l’autre, et réciproquement ; au contraire du baromètre à cuvette, où le niveau du mercure ne varie pas sensiblement, ainsi que je lai déjà fait remarquer.
Sur le mercure qui se trouve dans la branche la plus courte du siphon, pose une petite ampoule de verre contenant une certaine quantité de mercure, laquelle se trouve attachée par un fil de soie à l'une des deux petites poulies , sur laquelle elle s’enroule quand le mercure la soulève ; un autre poids, un peu moins pesant que lampoule , attaché de la même manière à l’autre poulie, pend le long de la plus longue branche du siphon. Par cette disposition, si le mercure s'élève dans la plus longue branche du siphon, il s’abaisse dans la plus courte, et l’ampoule descend en faisant tourner les deux poulies sur l'une desquelles s’enroule le fil portant le poids qui remonte entraîné par la pesanteur de l’ampoule. Si au contraire le mercure s’abaisse dans la branche la . plus longue, il s'élève dans la plus courte , soulève lampoule dont le fil s’enroule sur sa poulie que le poids fait tourner. La circonférence du cadran est divisée en trente-deux parties correspondant à trente-deux lignes qui sont l’espace dans lequel ont lieu chez nous toutes les oscillations du baromètre. Supposons cet instrument suspendu verticalement, et imaginons une ligne perpendiculaire à l'horizon qui partage son cercle en deux segmens égaux. En partant du point où cette ligne coupe le cercle dans sa partie inférieure, on marque en commencant
ra
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par la gauche, sur la circonférence du cadran, les 32 divisions qui, comme je l'ai dit, représentent des lignes. Ensuite , devant la 4°, à partir toujours du même point et à gauche du cadran en le regar- dant, on écrit le chiffre 27 p°; douze lignes plus loin on écrit 28 p., qui se trouve placé précisément sur le haut du cadran à l’endroit où la ligne perpendi- culaire le coupe en deux; en descendant de 12 li- gnes vers la droite , on écrit 29 p°, qui se trouve séparé seulement par 8 lignes du chiffre 27 p'. En- fin on écrit les indications du temps autour du ca- dran en les placant vis-à-vis des pouces et des lignes, correspondant à ceux que j'ai indiqués pour le ba- romètre à euvette. Toutes les oscillations du mer- cure sont rendues sensibles sur le cadran par l’ai- guille qui, placée sur son axe, obéit au mouvement circulaire que celui-ci recoit de poulies et qu'il lui communique.Seulement, en placant l'aiguille, il faut consulter la hauteur du mercure sur un autre ba- romètre et ajuster l'indicateur sur son axe, de facon à ce quil marque le n° correspondant. Cela fait, il continuera à marquer sur le cadran la bus du mercure dans le siphon. Ce baromètre, au sur- plus, a pour destination spéciale d'indiquer le beau ou le mauvais temps.
Bien que les usages du baromètre ne se bornent pas aux seules indications météorologiques, c'est principalement sous ce rapport que je vais le con- sidérer; car ce sont elles seules qui peuvent inté- resser les cultivateurs. Cependant, avant de cher- cher à expliquer le plus rationnellement possible les causes qui produisent les oscillations du mer- cure, je crois devoir parler d'un de ses usages qui
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n'est pas sans intérêt sous le rapport agronomique : c’est l'emploi que font les géographes physiciens du baromètre pour mesurer les hauteurs. Nous avons dit qu'une colonne d’air de toute la profon- deur de l'atmosphère était égale en poids à une co- lonne de mercure de mème base ayant 28 pouces de hauteur. On concoit de suite que le plus ou moins de profondeur dela couche atmosphérique doit faire varier cette pesanteur. La première pensée de ce fait est due à Pascal, qui, soupconnant que la couche d'air atmosphérique devait être moins épaisse sur les montagnes que dans les lieux bas, fit, avec le secours d’un de ses amis, des expériences sur le Puy-de-Dôme et au niveau de la mer, qui le convainquirent de la justesse de son observation. C'est donc en prenant cette expérience pour base, que les savans sont parvenus à déterminer les bau- teurs des montagnes par rapport au niveau de la mer, ou à celui des lieux placés à leurs pieds. Ces observations barométriques, auxquelles MM. de Humboldt et Bonpland ont consacré tant de patientes recherches, se font avec une grande précision, mais à l’aide de formules fort compliquées. Qu'il nous suflise de dire que, toutes choses égales d’ail- leurs, chaque fois que l’on s'élève de 10 m. 45 cent., le mercure s'abaisse d’un millimètre; mais cette donnée se modifie suivant le degré de température, suivant la différence en plus ou en moins entre l’é- lévation du mercure et le terme de 28 pouces, et enfin suivant l’état hygrométrique de l'air qui fait varier sa pesanteur spécifique.
Mais revenons aux indications météorologiques. On a beaucoup varié sur l'explication des phéno-
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mènes qui ont lieu dans ce cas. On avait d'abord pensé que l'air chargé de vapeurs aqueuses deve- nait plus pesant, et que, par conséquent, le mercure devait monter ; mais l'observation prouva bientôt le contraire. On reconnut alors que les vapeurs d'eau, en se mélant à l'air, en augmentaient le volume et rendaient sa pesanteur moindre, puis- qu’elles sont plus légères que lui ; mais la réflexion indiqua bientôt que telle ne pouvait pas être la cause de l’abaissement du mercure, car ces vapeurs, étant moins pesantes, devaient bientôt gagner les hauteurs de l'atmosphère, en vertu des lois qui régissent l'équilibre des fluides, et compenser par leur élévation leur défaut de pesanteur. On avait d’ailleurs remarqué que le baromètre était souvent en désaccord avec l'hygromètre, et qu’il annonçait parfois une pluie ou un orage encore éloigné, sans que l'hygromètre indiquât que lair fût humide. Il a donc fallu rechercher la cause de labaissement du mercure dans les phénomènes qui s’opèrent lors de la formation de la pluie et des orages.
Indiquons done sommairement les lois physiques qui président à la formation de ces météores. La pluie résulte de la condensation des vapeurs bu- mides qui se résolvent en eau par le refroidisse- ment; ces vapeurs , qui formaient un volume beau- coup plus considérable avant la condensation, produisent un vide qui diminue la tension et fait baisser le baromètre, non-seulement dans le lieu même, mais encore dans tous ceux d’où l'air s'é- lance par son expansion pour aller combler le vide, jusqu'à ce que, remplacé de proche en proche, tout soit mis en équilibre. Il en est de même en
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hiver, lorsqu'il neige; la condensation des va- peurs humides qui se congèlent dans l'atmosphère, produit un effet analogue.
Pendant l'orage , l'abaissement du mercure peut être encore augmenté si des gaz inflammables, exhalés de la terre, ont été soulevés par leur lé- sereté dans les hautes régions de l'atmosphère, parce qu’alors l'électricité, attirée d’un nuage par un autre, traverse les couches gazeuses qu'elle enflamme , et forme de nouveaux vides qui dimi- nuent d'autant la tension de l'air.
Je ne trouve pas non plus d’autres causes , que des condensations plus ou moins considérables des gaz ou des vapeurs humides , au vent qui abaisse aussi le mercure; car si lair environnant était poussé par une expansion rapide d’une masse d’air venant de plus loin, le baromètre hausserait en pareil cas, tandis que presque toujours il baisse.
Si, au contraire, l'atmosphère est pure et dé- gagée de toute espèce de vapeurs ou de gaz étran- sers à l'air, celui-ci jouit alors de toute son élasti- cité, qui semble augmenter sa pesanteur, et sa pression sur le mercure est telle, quil s'élève dans le tube à la plus grande hauteur relative. J'en- tends, par ce mot, que les oscillations du baromètre n’ont pas la même étendue dans toutes les contrées du globe. Elles sont presqu'insensibles sous l’équa- teur, vont en augmentant à mesure qu'on avance vers les pôles, ce qui justifie encore ce que je viens de dire, car c'est là que labaissement de la température produit le plus de condensations , qui peut-être sont la cause que, par rapport à nous, le vent du sud souflle souvent en été, parce que l'air
233 est presque toujours attiré vers notre pôle par les vi- des qui s’y opèrent. Au contraire, les condensations qui ont lieu sous notre climat pendant la mauvaise saison, rétablissent des courans venant du nord.
Quoi qu’il en soit de ces explications données par les physiciens, et qui toutefois satisfont la raison, l'observation avait su avant, et sans se rendre compte des causes, tirer des pronostics assez probables des indications du baromètre. Je crois devoir termi- ner cet article par leur résumé.
1. Les oscillations du mercure annoncent un changement de temps.
2. Son abaissement pronostique aussi bien la pluie que le vent.
3. Les vents de nord, de nord-est et d'est, font moins baisser le mercure que les autres.
4. Le mercure qui descend beaucoup et lente- ment annonce du temps mauvais et durable.
5. C'est le contraire s’il monte beaucoup et len- tement.
6. Les oscillations instantanées indiquent que le temps qu'elles pronostiquent sera de courte durée.
7. L’abaissement du mercure par un temps fort chaud n'annonce de l'orage qu'autant qu'il est considérable; autrement sa variation, lorsqu'elle est peu importante, ne présage pas de changement de temps.
8. Le mercure en s’élevant pendant l'hiver an- nonce la gelée. Son abaissement annonce de la neige ou du dégel.
Telles sont à peu près les indications probables qu'on peut obtenir du baromètre; mais il faut pour cela le tenir suspendu contre un mur, perpen-
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diculairement a l'horizon et d'une manière fixe. II est encore essentiel de le placer dans un lieu où il soit sous l'influence de la température de l'atmo- sphère, caï sil était dans un appartement chaud pendant l'hiver, le mercure y serait toujours un peu plus élevé à cause de la dilatation qu’occasio- nerait la chaleur. Doverce.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
Résultat des effets de la gelee sur quelques arbres verts.
J'ai publié, page 33 de ces Annales, année 1833- 1854, des observations sur les effets produits par la gelée, à la fin de mars 1834, sur plusieurs espèces d'abies (sapinette). J'ai continué à observer les ar- bres dans lesquels la sève avait été si brusquement refoulée par cette gelée inattendue; malgré leur vigueur et leur rusticité habituelles, la plupart de ceux qui ont été atteints au moment de l'ascension de la sève sont morts pendant l'automne 1834 , etil a fallu en arracher beaucoup encore au printemps 1835. Le peu qui existe aujourd'hui est dénué de feuilles , à l'exception des extrémités des jeunes rameaux. Dans beaucoup de grands parcs, on les a fait arracher à cause de l'effet désagréable qu'ils produisaient. Parmi eux, il s'en est trouvé qui avaient déjà une hauteur de 30 à 40 pieds, et c'est une perte inévitable, surtout à cause de l'emploi qu'ils remplissaient dans les scènes pittoresques dont ils faisaient partie. Cet accident a surtout été remarquable à Trianon , Compiègne, Neuilly, et
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dans les jardins de MM. Rothschild et d’autres ama- teurs. Il est vraiment surprenant que des sapins, qui montrent leur sombre feuillage dans les con- trées voisines du pôle glacial, aient succombé à une gelée de 5 degrés. Cette mortalité ne peut être at- tribuée qu'à l’époque où ce froid a eu lieu et où déjà la sève en mouvement avait attendri les bour- Seons.
J'ai en effet remarqué aussi que c’est à ces gelées tardives que nous devons la perte de plantes exoti- ques acclimatées, plutôt qu'a un froid continuel qui aurait lieu en saison. PÉpin.
Seconde floraison de quelques arbres et arbustes.
Pendant les mois de septembre et octobre, et même pendant les premiers jours de novembre der- nier, J'airemarqué, comme l'année précédente, beau- coup d'arbres et de plantes en fleurs pour la seconde fois. La plupart étaient de ceux qui, en 1834, avaient également donné une seconde floraison, et cette fécondité ne paraissait pas les altérer en rien. Ne serait-il pas possible que ce soient des variétés plus précoces modifiées par le semis? Cette anomalie s’est particulièrement montrée surles marronniers, les pommiers, les poiriers, les lilas à feuilles laci- niées ou de persil, les iris, etc. Pépin.
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HORTICULTURE. À MM. les Rédacteurs des Annales de Flore
et de Pomone. Messieurs,
Voulez-vous permettre à un de vos abonnés de venir vous soumettre quelques réflexions que sa po- sition d'ami des sciences agricole et horticole lui a suggérées, et qui probablement vous feront sourire plus d’une fois, autant par leur naïveté que par le cachet d’ignorance dont elles sont revêtues. Il ne faut cependant pas se hâter de rire aux dépens d'un homme qui connaît lui-même son incapacité, a le courage de l'avouer, et est prêt à faire tous ses efforts pour la faire cesser.
D'abord, et c’est ici un petit sentiment d’amour- propre qui me fait parler, je viens de quitter le ser- vice, où J'étais entré fort jeune, et vous savez que bien qu’un agriculteur et un militaire manœuvrent sur le terrain, ils ne le voient pas de la même ma- nière; ainsi donc, mon coup d'œil embrasse parfaite- ment l'étendue d’un champ, mais le reste m'échappe comme si j'étais le plus grand aveugle de l'univers. J'ai pourtant un vif désir de voir clair, et pour cela j'ai causé avec mes voisins. L'un m'a donné un avis opposé à l’autre, et je ne suis pas en état de discer- ner livraie du bon grain. Il y a bien la ressource des expériences, mais je me fais vieux, et j'ai appris queles épreuves en agriculture exigeaient du temps : je suis forcé d'en être avare. On m'a conseillé d’a- cheter des livres; j'ai dépensé beaucoup d'argent,
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j'ai lu tellement que j'ai failli m'aveugler physique- ment , et cependant toutes ces lectures n’ont pas fait cesser ma cécité morale. Au contraire, je vous l’a- vouerai, avant je ne doutais de rien, aujourd’hui je doute de tout. Je m'adresse, par exemple, à un auteur en réputation pour savoir une chose; probablement elle était trop connue, il l’a omise. Sur un autre point,
deux ouvrages me disent des choses diamétralement contraires. Je dois pour tant vous confesser que le plus souvent les auteurs s'entendent assez bien, car quelquefois leurs expressions sont identiques au point que je ne comprends pas comment deux hom- mes ont pu, par hasard, età des époques différentes, penser et parler avec un accord si parfait. Aussi, en pareil cas, je ne me crois plus embarrassé. Eh bien! je ne sais par quelle fatalité, c'est justement quand J'exécute une opération conseillée par plusieurs au- teurs, qu'elle ne réussit pas. Je m'y perds.
Ne pensez point, messieurs, que je m'en prenne à eux de ce que je ne trouve pas dans leurs ouvrages les renseignemens que je désire; je confesse que c'est ma faute, et je me surprends quelquefois même à douter si je sais lire. Quoi qu'il en soit, je voudrais sortir de cette position, et je m'adresse à vous. Je lis attentivement vos Annales, et je conviens que j'y comprends quelque chose; cependant, grâce à cette concession, permettez-moi de leur reprocher aussi de ne pas offrir un corps complet de doctrines. Je sais bien que vous pouvez me répondre que ce jour- nal n'a pas pour but de faire connaître les élémens des sciences auxquelles ilest consacré ; qu'il s'adresse aux amateurs déjà connaisseurs, et que, par cette raison, il ne doit pas entrer dans les humbles détails
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de la culture. Cependant Je ne suis pas le seul qui en soit à l'A B C de l'agronomie , et votre journal, s1l consacrait une portion de ses pages à une série d'articles qui prissent la science à son début et la conduisissent jusqu'à l'état des connaissance actuel- les, remplirait une lacune qu'aucun ouvrage encore ne me paraît avoir comblée. Mais si vous trouviez cette œuvre digne de vous, il ne faudrait pas crain- dre de publier les choses que vous croyez le mieux connues; car ce sont celles qui sont le plus arbitrai- rement exécutées, et sur lesquelles il est plus néces- saire d'être bien fixé. De cette manière, au moins, sansnuireau plan de votre journal, et tout en y con- servant une large place pour les nouveautés que re- cherchentsiavidement les amateurs, on y trouverait un cours complet et méthodique d’horticulture et d'agriculture, qui seuls mériteraient à votre travail, fort intéressant d’ailleurs , une place honorable dans les souvenirs de la postérité.
Si ce n’était véritablement , messieurs, la crainte de passer à vos yeux pour jouer le rôle de M. Josse, je prendrais la liberté grande de vous soumettre un plan, non des connaissances auxquelles vous avez voué votre Journal, mais de ceiles que je voudrais bien acquérir et qui me semblent pouvoir n'arriver par les Annales de Flore, pour peu que vous vouliez vous y prêter, ce dont je ne doute pas, si cependant ce que je demande est fondé en raison, ce dont je pour- rais douter davantage. Mais je me borne à vous prier de passer en revue successivement toutes les plantes qui sont du domaine de agriculture et de l’horti- culture francaise dans l'ordre qui vous paraîtra le meilleur, afin que je sache si mon fermier qui cul-
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tive à moitié fruits avec moi connaît bien tous les végétaux capables de former le meilleur assolement, et s’il sait se procurer les espèces ou variétés préfé- rables pour l'objet qu'il se propose; si enfin mon jar- dinier sait faire usage de toutes les ressources de son art pour mefaire jouir le plustôt et le plus long-temps possible des légumes, des fruits et des fleurs de mon jardin, que je trouve toujours tardifs et fort chers, et qui m'arrivent souvent tous à la fois à une époque où les heureux de la capitale sont déjà rassasiés de ceux qu'avechbien moins de fraisils se sont procurés sur le riche jardin dela halle. Ce désagrément m'au- rait déjà fait vendre mes propriétés pour acheter des rentes, car la profession de rentier est fort facile à exercer, si je n'appréhendais la réduction dont on parle sous le nom de conversion; et puis, tout est si séduisant à la campagne qu'il est difficile de se soustraire au charme qui vous y attache. Mais ici- bas point de bonheur sans mélange, et à l'espoir qui me sourit d'apprendre par vos lecons tout ce qui fait l'objet de mes désirs, vient se mêler la crainte de voir le fisc prélever la dîme sur mes futures récoltes précoces , ainsi qu'il menace de le faire sur la bette- rave, comme pour nous punir d'avoir cherché, sous les inspirations du grand homme, les moyens de su- crer économiquement notre café sous le règne heu- reusement assuré de Louis-Philippe.
Je sais bien qu’il se prépare ou se publie des ou- vrages qui en apparence rempliraient mon but; mais la célébrité des noms sous le patronage desquels ils sont annoncés est tout autre que celle d'une pra- tique savante, et, pour mon compte, j'aime les ou- vrages écrits par des mains que le maniement des
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instrumens aratoires a rendues calleuses, parce qu'elles refuseraient à leur plume le pouvoir de dire autre chose que la vérité, et qu’elles ne la défigure- raient pas par un jargon scientifique capable de la faire méconnaître. Et voilà pourquoi je me suis adressé à vous.
Agréez , etc.
E. B., l’un de vos abonnés.
Ce que notre abonné réclame par sa lettre que nous avons cru devoir insérer en entier, a toujours été dans le plan de notre travail; et de temps à autre, en effet, nous avons parlé de la culture de plantes an- ciennes. Avec le temps tous les végétaux seront passés en revue, ainsi que toutes les questions qui peuvent intéresser les cultivateurs; mais nous ne pouvons le faire que par des articles détachés et non dans un ordre régulier et méthodique auquel un journal ne peut se prêter. Nous savons aussi que sur tout il peut y avoir quelque chose de neuf à ap- prendre, et nous ne manquerons pas à cette mis- sion. DoverGe.
Fructification du Ginkgo Eriloba.
J'ai sous les yeux une notice de M. Delile, di- recteur du Jardin botanique de Montpellier, par laquelle il a fait connaître la première récolte de fruits du Ginkgo Biloba, dont jusqu'ici on ne possé- dait en France que des individus mäles. Bien que notre collègue, M. Neumann, ait publié, page 147 de ces Annales, année courante , une note sur les fruits envoyés par M. Delile à M. Mirbel, je trouve
241 qu’il y a quelques enscignemens utiles à retirer de cette notice.
M. Delile savait qu'il existait dans une campagne près de Genève un pied femelle de ginkgo, que le propriétaire conservait sans le multiplier. « Mes ef- forts, dit-il, pour obtenir des boutures de cet arbre unique , ont été infructueux pendant dix ans, laps de temps après lequel M. Vialars, mon collègue à la Société d'agriculture de l'Hérault , a réussi à obtenir de ses correspondans de Genève, en 1830, deux boutures qu'il a bien voulu donner au Jardin de Montpellier. Elles ont été greffées en fente, au prin- temps , sur un jeune pied mâle ; puis un an après, multipliées sur un pied plus vigoureux, et-ont fourni de fortes greffes en 1832.
« Ge sont ces greffes qui ont été entécs avec tout le succès désiré, sur trois branches d’un g#nK20 de 5o pieds de haut, qui n’était que mâle et qui s’est trouvé changé en un arbre fécond , monoïque ou androgyne. »
Cette pensée de greffer ainsi sur un arbre fait des rameaux femelles , opération que le succès a cou- ronnée , est un grand pas vers une prompte. multi- plication de cet arbre intéressant, que M. Delile croit plus précieux pour le midi de la France où il réussit mieux qu'ailleurs. L'expérience lui avait prouvé que le gink2o ne fleurit qu'après 40 ans de plantation , et c’est une heureuse idée que celle de produire ainsi, sur un arbre adulte, des branches fructifères qui ont donné des fruits trois ans après, Ceux-ci étant moins connus, puisqu'on n’en avait pas encore récolté, et que ceux qu’on avait vus en France étaient à l’état de dessiceation, je crois de-
Mar 1836. 16
242 voir emprunter à l’auteur la description qu'il en donne.
« Le fruit, dit-il, est un drupe globuleux ou ovoïde, d’un pouce (15 millimètres) de diamètre, contenant un noyau ou endocarpe blanc, ovoïde, lenticulaire, et d’un tissu ligneux , mince, se cas- sant facilement.
« La graine, fraîche et mûre, remplit le noyau, y adhère dans son tiers , ou environ sa moitié infé- rieure ; la cavité de l’endocarpe ou noyau retient ainsi la graine fixée comme dans une capsule. La graine est libre dans la portion supérieure de l'en- docarpe qui, dans cette portion , est séparable en deux valves.
« La lame tégumentaire propre de la graine s’in- sinue, par une légère crête , dans le sillon intérieur de la suture des deux parties valvaires de l’endo- carpe.
« Quelquefois l’endocarpe est ovoïde-trigone , au lieu d'approcher de la forme lenticulaire, et est séparable, au sommet , en trois pièces par trois su- tures.
« L’amande fraîche consiste presque totalement en un endosperme vert, pulpeux, au sommet du- quel est l'embryon dicotylédoné, oblong, cylindri- que, renversé, remplissant une fossette couverte par le tégument de la graine. M. Richard n'avait point vu le fruit dans le même état que nous. Il n’a point parlé de ce tégument de la graine. Il a vu l’em- bryon' très-long, à un degré d'avancement ou de préparation à la germination différent du premier état de maturité des fruits à l'automne, tels que nous les possédons.
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« Il a représenté l'embryon entre les parois écar- tées de l’intérieur de l'endosperme , tandis qu'il y a contiguité des parois avec l'embryon, avant Ja des- siccation de ce dernier par son centre, »
Il est encore une observation de M, Delile , que je crois devoir mentionner ici; elle est relative aux résultats que donnent les boutures du g/7kc0 et me semble mériter quelque attention. |
« Précédemment, dit-il, les boutures et les mar- cottes, à défaut de graines, ont servi àpropager, dans les jardins, le ginkgo; mais elles ont eu presque toujours l'inconvénient de pousser de mauvaises ges, parce que les boutures et les marcottes des conifères, tels que le ginkgo, restent de simples branches en poussant et ne forment de tr once que par un drageon venu de la racine. Cette voie d’ un dr ‘a- geon sorti de la racine d’une bouture , nous à pro- duit dans une autre circonstance, à Montpellier, un cuninghamia fertile, tandis qu'on n’en possède pas qui donne des graines ailleurs. Cet arbre, de l’ordre des conifères comme le g/7k20, n'avait été, pendant trois ans, qu’ une bouture soutenue par un tuteur; elle a péri par sa branche, mais non par sa racine, et il en est poussé un tronc bien propor- tionné qui fructifie pleinement. Je cite cet'exemple pour fonder sur l’analogie les chances de succès du recepage d'arbres malvenus de gik20, dans les pé- pinières. J'ai éprouvé que ce moyen était le seul qui fit produire des scions radicaux au pginkgo qui n'en donne pas spontanément. »
Ce fait, de la mauvaise AA des boutures dé ginkgo à former des tiges régulières et qui s’élé- vent verticalement , a déjà été signalé par M. Poi-
244 teau dans Îes Annales de la Société d'horticulture. 1} a, en effet, remarqué que, parmi les boutures, une partie se dispose naturellement à filer verticalement, mais que d'autres ne filent pas du tout ou poussent obliquement et même dans une direction horizon- tale. [1 a proposé comme moyens propres à remé- dier à cet inconvénient de greffer sur le sujet mal- venu un œil axillaire en écusson, ou enfin de rabattre la bouture à un âge assez avancé pour que les ra- cines aient eu le temps de se développer et soient en état de fournir un bourgeon adventif capable de former la tise. Il a conseillé encore de couper par troncons les racines de sinkso et de les bouturer comme celles du sophora japonica.
Notre collègue , M. Pépin, dans un article sur le ginkgo , inséré page 112, année 1832-1835 de ces Annales, a indiqué comme moyen de multiplication préférable aux boutures, la greffe de jeunes rameaux sur racine.
Ces cultivateurs ônt omis de dire, quoiqu'ils le sachent certäinemeut aussi bien que moi, que la mauvaise direction que prennent les boutures dé- pend uniquement de la manière dont on les fait. Si on y emploie une portion de rameau munie d'un œil terminal, la bouture s’élèvera verticalement ; si au contraire on n’y emploie que les portions imter- médiaires du rameau qui n’ont que des yeux laté- raux , elles pousseront des jets obliques ou horizon- taux. Ainsi donc, quand on fait plusieurs boutures d'un même rameau, il n’y a que celle qui le ter- mine qui file bien, et voilà pourquoi il y a plus de boutures malvenantes que d’autres. Il en est de même si l'on greffe sur racine un rameau non muni
pe
249 d'un œil ternunal. Aussi voit-on presque loujours les marcottes s'élever bien droites, parce qu'elles ont toutes l’œ1l terminal nécessaire à leur ascension verticale. s
Le ginkgo passe au Japon pour être originaire de la Chine, et il paraît y acquérir des dimensions gi- gantesques, car M. Delile cite un individu que le docteur Bunge a vu près d’une pagode aux environs de Pékin ; son tronc avait une circonférence: de 40 pieds, sa hauteur était prodigieuse , et sa végé- tation semblait, par sa vigueur, démentir son an- cienneté. Le même docteur dit aussi qu'il est d’u- sage en Chine d'entremêler et greffer plusieurs jeunes sujets pour en avoir de monstrueux , et sans doute encore pour assurer leur fécondité. Kæmpfer a trouvé que le bois de cet arbre était mou, et M. Delile par l'essai qu'il a fait sur une branche coupée fort jeune , et qui, par conséquent, n'avait pas acquis toute sa dureté, en a jugé autrement, et prétend que le grain est fin, serré et approchant de celui de l'érable. C'est un nouveau motif qui rend plus précieuse encore l'acquisition du ginkgo, dont l'introduction en France remonte à 1788, et dont le premier pied qui y ait fleuri a montré ses fleurs en 1812.
Notre collègue, M. Pépin, disait en terminant l'article dont j'ai parlé plus haut : « Enfin si l’on par- venait à fare fructifier le ginkgo, il ne serait pas moins recherché comme arbre fruitier qu'il l’est aujourd'hui, pour J'ornement des jardins, par son beau port et son singulier feuillage. » Voilà son vœu réalisé, grâce au zèle, à la persévérance et au savoir de M. Delile, I à fait griller les amandes ot
246 leur a trouvé un goût analogue à celui du maïs frais, traité de même, et une qualité farineuse et non huileuse ; ce qui lui a fait considérer ce fruit plutôt comme un gland que comme une noix. DovercE.
Note sur le Mirabilis Jalapa. Belle de nuit.
J'avais remarqué deux pieds de Mirabilis Jalapa, Liv. , lun au fleuriste du roi, à Sèvres, l’autre dans un jardin particulier, à Soissons, dont la racine fusiforme et rameuse était conservée depuis plu- sieurs années dans le sol au moyen d’une couver- ture de feuilles ou litière pendant l'hiver, et qui développait chaque année des branches d’une telle vigueur qu’elles formaient un énorme buisson de trois à quatre pieds de hauteur, sur un diamètre de huit à dix. J’eus l’occasion d'en parler à M. Os- mond, bibliothécaire de la bibliothèque Mazarine. Il me dit qu’il cultivait, depuis plus de dix ans, dans son jardin, à Rosny près Mantes, un pied de Mirabilis Hybrida, Hort. par., intermédiaire du Mirabilis Jalapa et du Mirabilis Longiflora. Ce pied a une racine charnue de dix-huit à vingt pouces de long, de forme irrégulière et pesant quatre-vingt deux livres en avril 1856. Il la fait retirer de terre à la fin de novembre de chaque année, et la place dans un sellier, pendant l'hiver, avec d’autres plantes tuberculeuses, telles que les dahlias, etc. Au mois d'avril ou dé mai suivant , époque où elle commence à développer ses bourgeons, il la plante dans un trou préparé pour la recevoir. Bientôt, du collet de cette racine , sortent plusieurs branches qui s’é-
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Jèvent à plus de trois pieds et forment un buisson immense; cependant cette hybride s'élève beaucoup moins que le type et les variétés connues. Ses ra- meaux sont plus gros, ses nœuds ou articulations plus rapprochés, ses feuilles sont bullées ou ri- dées de forme ovale arrondie, et ses fleurs de cou- leur rouge violacé.
On devrait, dans les grands jardins, sur le bord des massifs, entre les arbres même, cultiver eette plante et ses variétés. On formerait ainsi, pendant l'été et l'automne , des buissons charmans par leur forme sphérique et la quantité de fleurs dont ils se couvrent, Cette plante, une fois parvenue à un pa- reil développement, peut se passer de tuteur; pen- dant l'hiver elle se trouverait suffisamment abritée du froid, d’abord, par la masse des arbres, et en- suite par les feuilles qu’il suffirait de rassembler autour du pied. Toutes les espèces et variétés don- nent des graines en abondance qui lèvent chaque année autour des anciens pieds quand même elles seraient enterrées à plus de six pouces de profon- deur. PÉpin.
NotesurleGlaïeul Perroquet. Gladiolus Psittacinus.
Notre collègue, M. Jacques, a donné dans ces Annales, page 85, année 1833-1834, la figure, la description et la culture de cette jolie espèce de Glaïeul. Il conseille de tenir cette plante en pots et sous châssis pendant la inauvaise saison, ce qui était vrai alors qu'elle était nouvelle, peu connue et assez rare pour qu'on pût craindre de la perdre. Mais depuis cette époque, on la beaucoup multi- phée, soit par les caïeux, soit par les graines, et au-
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jourd’hui on la cultive en pleine terre de bruyere, ou terre douce de détritus végétaux, comme l’a indiqué M. Jacques ; dans cet état, elle fleurit par- faitement, s'élève jusqu'à trois pieds, et fournit des graines en abondance. II faut, à cet effet, la planter à l'air libre du 1° au 15 mars, et lorsque les feuilles sont entièrement desséchées on arrache l'oignon, que l’on conserve très-bien pendant l'hiver sur des tablettes placées dans un lieu inaccessible à la gelée. LECOINTRE.
ORANGERIE.
SciiLE A FLEURS EN COUPE. Sctlla cupaniana, TE- NORE , FI. neap.? (Voyez la planche, et pour les caractères génériques, page 303 de ces Annal- les, année 1833-1834.)
Oignon assez gros (trois à quatre pouces de circon- férence ), émettant en dessus dix à douze feuilles li- néaires, pointues, glabres, entières, bordées d’une légère membrane, longues de trente-six à quarante- deux lignes , larges de sept à huit; les inférieures un peu étalées, les intérieures demi-redressées; scape ou hampe sortant du centre des feuilles, cylindrique et plus demoitié moins longue qu'elles; pédicelles pres- que en corymbe, ayant à la base une bractée de la moitié de leur longueur, et au sommet une fleur composée d’un périanthe à six divisions presque ouvertes, d'un bleu pâle, marquées en-dessous d’une raie verte; étamines et ovaire d’un bleu un peu plus foncé que les divisions du périgone ; ovaire ob- tusément trigone; style court, terminé par un stig- mate simple, violet pourpre.
SCILLE A FLEURS EN COUPE
Scilla cupaniana .
AO
PL. 30
Alstroemeria pulchella. k: anvin JS
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Cette plante est originaire de l'Italie méridionale; nous l’avons recue de Naples il y a deux ou trois ans; je lai aussi vue cette année, au Jardin des Plantes de Paris. On la cultive en pot de terre de bruyère mélangée de terre franche, et placé l'hiver en oran- gerie vitrée ou sous châssis froid; elle paraît avare d'œilletons, ne m'en ayant pas encore donné; les graines non plus n’ont pas müri; peut-être serons- nous plus heureux par la suite.
Observation. Le genre Scilla diffère des jacinthes, par son périgone à six divisions ouvertes, et des ornithogales par ses graines arrondies. JACQuESs.
PÉLÉGRINE GRACIEUSE. A/strœæmeria Pulchella. (Voyez Ja planche, et pour les caractères génériques, page 118, année 1832-1833 de ces Annales. }
Plante vivace à racine tubéreuse; tige droite s’éle- vant à quinze ou dix-huit pouces, garnie de feuilles linéaires, contournées, opposées, d’un vert ten- dre. En juin, quatre à six fleurs d’un beau rouge écarlate sur quatre divisions, et d'un beau jaune sur les deux intérieures qui sont marquées régu- lièrement de stries purpurines; toutes les divisions terminées par une pointe obtuse verdûtre. La fleur, avant son épanouissement, est d’un blanc lavé de rose purpurin, et les extrémités des divisions d’un vert foncé.
Cette plante, originaire du Chili fait un joli effet. I lui faut une terre légère, composée de terre fran- che et de sable; on la rentre en orangerie pendant hiver. Elle se multiplie de graines. Jacquin aîné.
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SERRE CHAUDE.
BILBERGHIE A FEUILLES FASCIÉES. Pilberglua Fusciata. Bor. rec. Hexaudrie monogynie, Lin. Bromélia- cées, Juss, ( Voyez la planche).
Cette belle plante, dont notre collègue et ami M. Neumann a donné la description, page 121 de ces Annales, année 1832-1833, méritait d'être figu- rée dans ce journal. C’est en effet une des plus jolies espèces de la famille des Bromeliacées, qui compte, suivant l’Æortus Britannicus, douze genres, et cent espèces, dont quatre-vingt seize de serre chaude.
Je n’ajouterai rien à la description à laquelle je viens de renvoyer ; je dirai seulement que les fruits qui mûrissent dans les serres sont un peu pulpeux, et qu'au travers de la laine blanche et épaisse qui les recouvre, on apercoit la peau qui jaunit au moment de la maturité. Ils exhalent alors une odeur assez prononcée d’ananas. Les graines sont brunes , luisantes, et ressemblent à des pépins de groseilles. JAGQUES.
NOUVELLES.
M. Vilmorin a obtenu dans un semis de Coreopsts Lincloria, qui a fleuri en 1855, des variétés dont les couleurs sont tout-à-fait tranchées. Parmi elles je signalerai la variété qu’il désigne sous le nom de Coreopsis unctoria, var. atro-purpurea, dans laquelle la couleur jaune qui couvre le limbe de chaque rayon a fait place au pourpre velouté de l'onglet, qui s'est étendu sur tout le rayon. Quelques fleurs ont con- servé un liseré jaune sur chaque pétale, lequel tranche admirablement sur le pourpre et fait un
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Bilberghia fasciata.
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charmant effet. Les amateurs n’ont pas manqué de remarquer la béætuté de cette variété ; aussi la plus grande partie des graines qu’elle a produites a été demandée et particulièrement par les Anglais.
Il n’est pas douteux qu’en s’occupant de féconder artificiellement la plupart des plantes de la famille des radiées , on obtienne des variétés magnifiques. Déjà les chrysanthèmes et les reines -marguerites en sont une preuve. PEPIN.
J'ai lu dans la livraison de février 1836 de l'ÆZorti- culteur belge que M. de Coster, receveur des revenus de M. le duc d’Aremberg à Louvain, était parvenu à faire doubler la Rose Capucine ou PoncEau, Rosa bicolor, Jaco. Hort. Kew., variété de la rose jaune. Ce fait , qui pendant plusieurs années avait été faus- ment annoncé par quelques catalogues, paraît se confirmeraujourd’hui, nou-seulement par cetarticle de l’Æorticulteur belge, mais encore par la connais- sance particulière que j’ai de l'existence de cette rose double en Angleterre chez plusieurs amateurs. C’est une conquête intéressante pour l’horticulture que le gain de cette rose qui doit éclipser son type, ce- pendant si recherché pour la décoration des massifs où elle produit un effet prodigieux, et par les pein- tres de fleurs pour la reproduire dans leurs tableaux. Espérons que cette nouveauté ne tardera pas à être introduite en France par le zèle de nos horticulteurs amateurs.
Ce journal annonce encore dans la même livraison qu’un pied de Vaniee (Vanilla aromatica, SwAr'Yz; Epidendrum vanilla, Lin.) a fleuri dans les serres de l'Université à Liége pour la première fois, Aussi les
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amateurs se sont-ils empressés de venir de fort loin visiter dans cet état cette belle et utile orchidée. Le jardin botanique d'Anvers possède également un pied decette planteintéressante; iltapisse deses nombreux rameaux une grande partie des murs de la serre , et jusqu'alors il n’a montré aucune apparence de fleurs malgré son brillant état de végétation. Pépin.
PANCRAIS À LONGUES FEUILLES. Pancratium longifo- lium. HorTuL.
Oignon un peu arrondi, émettant huit à dix feuilles linéaires , pointues , glabres, entières, d’un beau vert, presque distiques, ou sur deux rangs, lon- gues de vingt-deux à vingt-six pouces, larges de quinze à dix-huit lignes ; du centre des feuilles sort une hampe un peu aplatie, moins haute que les feuilles (11 à 12 pouces), portant à son sommet une spathe blanchâtre , s’ouvrant en deux parties prin- cipales, et renfermant de six à huit fleurs, à tube grêle, verdâtre, long de quatre pouces et demi à cinq; périgone à six divisions linéaires, pointues, d’un beau blanc, seulement un peu verdâtre au sommet, longues de trois pouces au moins, et larges seulement de deux lignes; godet du centre haut d'un pouce, irrégulièrement denté entre les éta- mines , et aussi d'un beau blanc ; les six étamines ont les filets blancs à la base et verts au sommet, moins longs que les divisions du limbe; style de même couleur que les étamines et plus long qu'elles ; ovaire verdâtre; fruit.
J'ignore le lieu originaire de cette plante, qui m'a été envoyée par un de mes correspondans, sous le
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nom que je viens de citer. Elle est tres-distinete du Pancratium amænum ; c'est pourtant de cette es- pèce dont elle se rapproche le plus ; l'odeur de la fleur est douce et agréable. C’est une charmante plante que nous cultivons en serre chaude, en pot et en terre de bruyère pure; on peut la multiplier par ses œilletons ou caïeux, et par ses soboles, si elles parviennent à maturité ; elle a fleuri en février
1836. JACQUES.
Déjà, il y a plusieurs années, M. Fion , habile et très-bon cultivateur, rue des Trois-Couronnes à Paris, a obtenu une variété très-intéressante de Daphné, connue et répandue aujourd’hui dans le commerce, sous le nom de Daphné dauphin. Cet arbuste paraît être un hybride dont la mère serait le D. collina, et le père le D. odora vel indica. Ce zélé cultivateur ayant continué de semer, a vu sa persévérance couronnée de succès; et je viens de voir chez lui une nouvelle et jolie variété provenant de semis du Daphne altaïca. Sa fleur en petites om- belles latérales et terminales, est blanche, lavée de violet et exhale une odeur de vanille très-pro- noncée ; les feuilles et le bois ont quelques rapports au D. altaica; maïs ils sont un peu velus, ce qui fait présumer qu'ici le père est le D. collina; ce pe- tit et intéressant arbuste était en fleur fin de mars, et en même temps que la nombreuse et riche col- lection de camellia, qu’on a pu admirer chez cet estimable horticulteur. M. Fion ne tardera sûre- ment pas à faire jouir les amateurs de sa jolie ac- quisition , à laquelle il a donnée le nom de Daphne Lutetiana, Daphné de Paris. JACQUES.
234 GROSEILLER PORTE-CIRE. Âtbes cereum. Horr.
J'ai donné la description sommaire de cette és- pèce, dans les {nnales de Flore et de Pomone, hvrai- son de janvier 1836, page 117; mais à cette épo- que je n'avais pas encore vu les fleurs; aujourd'hur que celui du Jardin des Plantes en a donné pour la première fois, je puis compléter cette description.
Petite grappe penchée, composée de trois à cinq fleurs , sessiles sur la rafle, et ayant chacune à leur base une bractée palmée et sessile aussi ; calice tu- bulé long de quatre à cinq lignes, à limbe à cinq petites divisions, ouvertes , légèrement rosées ; cinq pétales blanchâtres , très-petits , et moins longs que les divisions du calice; cinq étamines insérées sur le tube du calice et un peu moins longues que son limbe ; un style un peu plus long que les étamines, et terminé par un stigmate noirâtre. En mars ct avril. JACQUES.
La Société royale et centrale d'agriculture a proposé , pour être distribués dans la séance d'avril 1837, trois prix, l’un de 3000 francs, l’autre de 2000 francs, et le dernier de 1000 francs, pour faire connaître les procédés les plus simples et les plus économiques pour l'extraction du sucre de bette- raves, à la portée des petites exploitations rurales.
C’est une idée philantropique , que celle d'encou- rager dans les plus petites exploitations où l’on cul- tive la betterave, la fabrication du sucre dont le produit peut être un bénéfice net, puisque les rési- dus sont aussi bons pour les bestiaux que la bette- rave elle-même, et que déjà dans quelques localités
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ils lui sont préferés. Mais pour parvenir à ce résul- tat, il faut que des procédés simples, économiques et certains, soient publiés d’une manière claire et précise; c'est l'objet du prix de 3000 francs. Il faut en outre imâginer des appareils de fabrication peu compliqués, surtout peu coûteux, et qui rém- plissent parfaitement les nécessités d’une petite manipulation; c'est la condition du deuxième prix. Enfin celui de 1000 sera accordé à l’auteur du per- fectionnement le plus notable et inconnu jusqu’à présent, dans l’une des opérations de cette industrie. En outre, douze primes de 100 francs seront accor- dées à chacun des douze premiers concurrens, qui auront établi une petite fabrique ; préparant, avee les betteraves de leurs cultures , 300 kil. de sucre par an.
J'ai cru devoir donner une place, à l'annonce de ces prix, dont l'utilité est réelle, et dont la propo- sition fait honneur à la Société d'agriculture. Les personnes qui désireraient le rapport et le pro- gramme qui y sont relatifs, peuvent se les procurer auprès de M. le baron Sylvestre, secrétaire perpé- tuel de la société.
Malgré la présentation du projet de loi qui me- nace de frapper d'un impôt vexatoire l'industrie du sucre de betteraves , espérons que les chambres trouveront dans leur sagesse un moyen de perce- voir un droit juste en lui-même, à cause de l’inté- rêt qu'inspirent nos colonies, mais en le débarrassant de toutes les mesures inquisitoriales dont il est ac- compagné , et surtout sans ôter aux petits cultiva- teurs la possibilité de tirer parti de cette précieuse ressource. Ce point est surtout essentiel , au moment
256 “ L] , Li - s où l'on annonce qu'un chimiste allemand a trouvé un procédé par lequel il convertit en sucre cristal- lisé la betterave fraiche, en huit heures seulement. DoveErce.
M. Lefèvre, propriétaire-pépiniériste, à Morte- fontaine , près et par la Chapelle en Serval (Oise) vient de recevoir un grand nombre d’Ændromeda buxifolia, Lam., arbuste charmant qui a été figuré page 251 de ces Annales, année 1832-1833. Quoi- que originaire de l’île Bourbon, il passe parfaitement l'hiver en serre tempérée. Il n’est introduit en France que depuis quelques années, et il a fleuri pour la première fois au Jardin des Plantes de Paris en 1832, et à Ris au jardin de Fromont. MM. Cels en cultivaient à cette époque un très-beau pied en pleine terre dans une bâche. Cet arbuste s’est main- tenu jusqu'a présent assez cher, mais aujourd’hui M. Lefèvre peut en fournir aux amateurs à un prix très-modéré. PÉPIN.
| ERRERAS
DE FLORE ET DE POMONE.
0O0090000290089250008090800000000000001H0812060S00020S0000000800000e
HORTICULTURE. PLANTES POTAGÈRES. Observations sur la culture des Jeves.
Il se fait dans les environs des grandes villes , et surtout de la capitale, une assez forte consommation de fèves que l’on récolte petites et que l’on em- ploie aux usages culinaires sans les dérober. Ce légume plaît à beaucoup de personnes dans cet état de nouveauté , et je pense qu'il n’est pas sans intérêt de rappeler aux propriétaires de jardins qui aiment à en obtenir des produits utiles, un moyen facile et économique de multiplier cette récolte, sans s’as- sujettir à des semis convenablement espacés.
Lorsque les fèves que l’on a semées ont donné leurs fleurs et formé leurs gousses, et que les fruits ont atteint la grosseur qu’on leur désire, on en fait la récolte, et on coupe toutes les tiges rez de terre ; on arrose, s’il en est besoin,, et peu de temps après on voit quatre ou cinq nouvelles tiges croître rapi- dement et fournir d’autres gousses. On peut obtenir
Jurx 1836. 17
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ainsi trois ou quatre récoltes, surtout quand cn consomme les fèves petites, et deux seulement quand on leur laisse prendre un certain dévelop- pement.
Pour bien réussir dans cette pratique , il faut se- mer en touffe , et espacer davantage les trous que dans la méthode ordinaire, afin que les nouvelles pousses aient une place suffisante.
Rien n'empêche d'employer ce procédé dans la culture en grand, où il peut fournir deux ré- coltes. Dans cette circonstance, outre un double pro- duit en fèves d'une belle grosseur, on trouve, dans les fanes, un excellent fourrage pour les bestiaux.
DovErce.
JARDIN FRUITIER.
Extrait d’une lettre sur un moyen d'obtenir des raisins tardifs.
Un de nos abonnés, du département du Bas-Rhin, nous adresse une lettre dont nous extrayons ce qui suit :
« J'ai lu quelque part dans vos Annales que vous re- cherchiez , avec le même empressement, les moyens de hâter les jouissances que procure le jardinage, et ceux de les prolonger en retardant le dévelop- pement des fleurs et des fruits. Je connais un fait qui se rattache à cette dernière circonstance , et je vais vous l'indiquer tout simplement, laissant à votre décision son insertion dans votre journal.
« Un de mes amis avait un vieux jardinier qui, chaque année, lui procurait, pour sa table, des
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raisins couronnés de feuilles, dans un état de frai- cheur absolument semblable à celui que ces fruits offrent en automne , et cela en mars et avril. Voici quel était son procédé : avant la taille de l'année précédente, il choisissait, sur divers ceps, quelques sarmens qui, par leur conformation , lui promet- taient des fruits assurés. Il préparait des caisses en bois, d’un pied en tous sens, et il en adaptait une à chaque sarment qui la traversait au moyen d'un trou ménagé dans son fond. Chaque caisse était soutenue à la hauteur convenable, par des moyens appropriés à la localité. Il les remplissait de bonne terre ; ensuite, il taillait les sarmens à deux ou trois yeux au dessus;, eë avait soin d'arroser assez souvent pour que cette terre, facile à dessécher, conservât toujours une pire humidité.
« Chaque rameau prenaitracine et poussait bientôt des bourgeons chargés de belles grappes. Quelque temps avant leur maturité, il sevrait ces marcottes en coupant la mère-branche au dessous de la caisse. Il supprimait alors toutes les parties qui dépassaient ja grappe la plus élevée, et rentrait, avant les gelées, les caisses dans un lieu à l'abri des grands froids. Il arrosait plus rarement alors, et récoltait de mars en avril des raisins aussi frais et garnis de feuilles que si on les eût cueillis sur la treille en bonne saison.
« Ces marcottes lui offraient ensuite un plant garni de chevelu, d’une reprise facile et assurée, et lui donnaient la facilité de propager ainsi cer- taines espèces. Il suflisait, pour cela, de replanter, en pleine terre, au printemps, le plant avec sa motte, lequel souffrait si peu de cette opération, qu'il fruc- Ufiait à l'automne suivant. »
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L'opération que signale cette lettre, et qu'aucun de nous n’a eu l’occasion de pratiquer, n'offre rien que la théorie puisse démentir, et nous l'avons trou- vée assez intéressante pour la faire connaître à nos souscripteurs. DoverGE.
PLANTES D'ORNEMENT,. PLEINE TERRE.
SILENE , Lan., Lamark, DEcanD. PERsSOON, etc., Décandrie trigynie, Lix., Caryophyllées, Juss.
Caracteres génér iques. Calice tubulé, souvent ventru , nu, à cinq dents; cor ollé de cinq pétales , dont l'onglet est égal au calice, à gorge munie d’écailles ou nue, et limbe souvent échancré; dix éta- mines ; ovaires couronnés par trois styles; capsule à trois loges, s’ouvrant en six valves, ou à six dents au sommet.
SILÈNE SERRÉE. Silene compacta , FISCHER ; in Horn. Hort. Hafn. 1, pag. 417, Stlene armerta, Bree BERST, FI. Taur. rs la planche.)
Racines fibreuses ;, feuilles. en: rosette, dans la jeunesse de la plante : celles de la tige opposées , amplexicaules, sessilés, entières sur FA bords , à trois nervures peu prononcées en-dessous, d'un vert glauque, comme les radicales ; tiges droités, un peu rameuses au sommet ; quelquefois les entre- nœuds sont munis d’un Det cercle visqueux ; elles sont d’un vert glauque de la:même teinte que les feuilles, et portent, à leur sommet, une ombelle
P1L:33
-Silene compact a
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ou corymbe serré de fleurs dont le calice est rou- geûtre , en massue allongée, à cinq petites dents au sommet; cinq pétales obovales, entiers, roses, et ayant à leur gorge deux appendices de la même couleur et presque aussi longues qu'eux : les fleurs se montrent de juillet en septembre.
Cette plante, annuelle ou bisannuelle , est origi- naire de Russie, et cultivée en Angleterre depuis 1820 : c'est, à ma connaissance, M. Mathieu, jar- dinier fleuriste ; rue de Buffon , à Paris, qui, le premier, l’a introduite dans le commerce vers 1833 ou 1834; elle se cultive en plein air, et, comme beaucoup d'autres plantes annuelles, on défi semer les graines peu de temps après leur récolte. Ce se- imis peut se faire en place, c’est-à-dire aux endroits où l’on veut que la plante fleurisse; on peut encore le faire pour repiquer ensuite le plant sur les plates- bandes des parterres; d’une manière comme de l'autre , les graines , étant très-menues, ne doivent être que peu recouvertes de terre légère tenue fraîche jusqu’au moment de la levée ; ensuite, les arrosemens doivent être modérés, cette plante étant assez sujette à fondre par l'excès d’hurnidité. On peut encore semer au printemps, avec les mêmes soins; mais souvent une partie des plantes ne mon- tent point, et celles qui fleurissent sont beaucoup moins vigoureuses.
C'est une jolie plante qui, sûrement, ne tardera pas à être cultivée pour l'ornement des jardins ; sa multiplication étant facile par ses graines qui mû- rissent très-bien.
M. Decandolle, dans son prodrome, etc. , a décrit deux cent dix-sept espèces de ce genre : on en cul-
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tive en Angleterre cent cinquante - sept, dont soixante-cinq vivaces, vingt-deux bisannuelles, et le reste annuelles. Celle que je viens de décrire est une des plus jolies. Elle se rapproche du Srene ar- meria , qui, depuis long - temps , est cultivé dans les jardins, sous le nom de muscipula, attrape- mouche, etc.; mais elle en diffère essentiellement par ses ombelles serrées, ses pétales obovales et non échancrés, ses feuilles plus obtuses et ses tiges à peine visqueuses et moins rameuses. JACQuESs.
Note sur la culture des Anémones.
C’est de l'ANÉMONE DES FLEURISTES, ÂnemoOne coro- naria , Lin, plante vivace que l’on a dit être origi- naire de l'Orient, mais qu’on a trouvée croissant spontanément dans le midi de la France, et de V'ANE- MONE DES JARDINS, 4. Hortensis ; Lin., 4. Stellata, Lam. , que sont provenues presque toutes les varié- tés à fleurs doubles que l’on cultive dans les jar- dins.
Les amateurs d’anémones attachent une grande importance aux formes et à la couleur de cette plante ; et pour qu’une variété leur paraisse digne d’être admise dans leur collection, il faut qu'elle réunisse un assez grand nombre de qualites, que rend cependant assez communes encore la prodi- gieuse fécondité de ces plantes en variétés belles ct distinctes. |
Voici, quant à la forme, ce que recherchent les collecteurs. Ils veulent que le pamnpre ou feuillage soit bien garni, profondément et élégamment dé- coupé ; que la June ou involucre soit aux deux tiers
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de la longueur de la hampe, et que l’un et l'autre soient d'un beau vert ; la baguette ou hampe doit être haute, droite et raide, afin que la fleur ne se montre jamais penchée, ce qui est à leurs yeux un défaut important. Ils veulent la fleur grande ( deux ou trois pouces de diamètre ), parfaitement ronde, double et bombée ; les pétales de la circonférence, qu'ils nomment le manteau, épais, arrondis, et de deux nuances : l’une qui couvre le limbe, l’autre qui colore l'onglet ; les pétales qui suivent immé- diatement, et que l'on appelle /e cordon, courts, larges et arrondis, et d'une couleur qui se détache sur le manteau; les pétales qui viennent ensuite et qui portent le nom de béquillons, fournis et obtus, et s'allongeant graduellement vers le centre ; et en- fin celui-ci, désigné à son tour sous le nom de panne ou pluche, doit se composer de pétales al- longés par gradation, pour rendre la fleur parfai- tement bombée.
Quant aux couleurs, les plus estimées sont le cramoisi et le rouge réunis sur la même fleur ; en- suite, le rouge, le blanc et le pourpre formant des panachures régulières , qui sont encore recherchées quand elles ne se composent que de rouge ou rose et de blanc. Après ces couleurs, celles qui plaisent davantage sont le bleu, le bleu clair panaché de blanc, et le pourpre pur. Enfin le dernier rang, dans les plantes de choix, est occupé par les bizarres, à l'égard desquelles le goût se décide par un motif qui plaît à l'un, tandis qu'ilest réprouvé par un autre.
Les anémones simples ne sont considérées que comme porte-graines, et n'ont pas l'honneur d’ê- tre cultivées dans les planches ou parcs où sont
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réunies les doubles, qui se font valoir les unes par les autres, grâce à l’opposition de leurs vives cou- leurs.
Il faut aux anémones une terre légère, sablon- neuse , substantielle et chaude; celle des jardins, soumis à la culture depuis long-temps leur con- vient parfaitement. On peut, au reste, leur fournir toujours un sol convenable en mélangeant, par égale portion, de la terre franche et du terreau de couche très-consommé , et y ajoutant un sixième de sable. Lorsque le terrain a été bien ameubli, passé à la claie et nivelé, on trace sur la planche huit rayons parallèles et longitudinaux, à la distance de six pouces les uns des autres, et on y plante, en fé- vrier , les pattes d’anémones, à trois pouces de pro- fondeur , et à six de distance, en ayant soin de toujours placer l'œil en dessus. Si l’on appréhen- dait quelques gelées tardives, au moment où les anémones commenceraient à pointer, il faudrait jeter sur la planche un grand paillis ou de la fou- gère, que l’on retire quand le danger est passé. On les soigne jusqu’à la floraison en binant et sarclant le sol, au besoin, et en arrosant légèrement chaque fois, lorsque cela est nécessaire, pour tenir la terre constamment fraîche. Lorsqu'on arrose pendant la floraison , on veille à ne pas répandre d'eau sur les fleurs, ce qui les ferait pencher. Après la floraison, qui a lieu dans le courant de mai, les fanes ne tar- dent pas à se dessécher ; et lorsqu'elles sont dans cet état, on arrache tous les tubercules en soulevant la terre à la bèche. On secoue celle qui les en- toure et on les fait sécher à l’ombre sur des claies, ou sur les tablettes d'un grenier ou d’une serre, et
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on les conserve en lieu sec, à l'abri de la gelée.
Ces anémones , dont les organes reproducteurs ont été convertis en pétales, se multiplient par la séparation des tubercules qui se forment autour de la patte ou tubercule-mère. Il faut avoir soin, au sé- parage, de détacher seulement les plus gros, ‘et qu'ils soient munis d’un œil; car si on les choisit trop petits , ils fondent. Au surplus , on ne détache les tubercules qu'au moment de planter.
‘Dans les pays plus méridionaux, où les fortes gelées ne sont pas à craindre, on peut planter en octobre. Quand on possède une collection nom- breuse d'anémones où les mêmes variétés se répè- tent, ilest bien de laisser les tubereules se reposer un an; on obtient ainsi une floraison bien plus belle.
On ne cultive les anémones simples que pour ob- tenir des graines, car c’est par le semis qu’on ga- gne de nouvelles variétés ; mais il faut encore que ces plantes soient revêtues d’une des couleurs privi- légiées et qu’elle soit bien vive et bien franche. On sème aussitôt la maturité dans les pays où les fortes gelées ne sont pas à craindre, ou seulement au printemps dans le cas contraire, sur une plate- bande composée de terre semblable à celle que j'ai indiquée , et bien ameublie; on ehoisit l'exposition la plus favorable , on sème , et on recouvre la graine de trois lignes de terre; lon sarcle et on arrose de facon à tenir le terrain toujours frais : là graine lève en quarante ou cinquante jours. Si l’on a semé Pautomne, il est bon de garantir Je semis du froid avec des paillassons soutenus à quelques pouces pai' des perches et des piquets, et que l’on enlève
266 toutes les fois que la douceur de la température le permet ; si la gelée était forte, il faudrait border la planche de semis avec de la grande litière. On peut encore semer en terrine pour pouvoir rentrer dans l'orangerie. pendant l'hiver, et repiquer en place au printemps.
. Lorsque , au mois de juin suivant, les fanes sont desséchées , on retire les tubercules de la terre (ils portent re le nom de pois), et on les replante à la même époque que les anémones formées , mais seulement à deux pouces de profondeur. C'est. à leur troisième pousse que les anémones de semis fleurissent : on a le soin pendant la floraison de re- marquer les doubles qui.se montrent, et les sim- ples aux couleurs vives et tranchées; les autres qui ne présentént aucun intérêt sont arrachées sans pitié.
L'année suivante, on plante à part les anémones doubles qu'on a obtenues, afin de les étudier et de les classer selon leur mérite ayant de les admettre dans le parc de luxe.
On divise, dansle commerce, les anémones en ané- mones par noms et couleurs : ce sont les plus belles auxquelles on a assigné un nom pour aider à les re- connaître ; en anémones en mélange beautés supé- rieures : ce sont encore de belles Mao , Mais parmi lesquelles on peut avoir des doubles, et jamais tou- tes les variétés; ét enfin en anémones en melange, premier , deuxième ou troisième choix, qui ren- ferment toutes celles qui ne sont qu'ordinaires.
Nos collègues, MM. Jacquin frères et compa- gnie, cultivent à leur jardin de Charonne une fort belle collection d’anémoncs par noms et couleurs,
267 à laquelle ils ont réuni celle de M. Bazin de Ver- sailles, dont ils se sont rendus acquéreurs. DOvERGE.
[Note sur le coignassier de la Chine.
Le ColGNAssiER DE La CHINE, Cydonia sinensis, Taoux , Ann. du Mus., vol. XIX , tab. 8 et 9, est un arbre de quinze à vingt pieds d'élévation ; il a à peu près la forme d'un buisson arrondi, que lui donnent les branches éparses et rameuses qui gar- nissent son tronc, souvent dès sa base, avec une certaine régularité.
Les feuilles sont alternes, ovales, pointues, lon- gues de deux à trois pouces et larges de deux , den- tées régulièrement sur les bords, à nervures sail- lantes, d’un vert gai pendant l'été, prenant une nuance rougeâtre pendant l’automne ; elles tombent fort tard, et il n’est pas rare d'en trouver encore sur l'arbre au printemps suivant, lorsque les nou- velles.se développent en février, mais le plus ordi- nairement en mars et avril.
Les fleurs sont grandes, nombreuses , solitaires et sessiles, se développant sur des rameaux grêlés à l'aisselle des feuilles, latéralés ou terminales. Elles sont à cinq larges pétales oblongs, un peu échan- crés au sommet, d'un beau rose plus ou moins in- tense, et à odeur douce et suave. Leur base est garnie de folioles formant collerette, ainsi que de quelques bractées, qui tombent presque aussitôt après la fécondation de l'ovaire.
Les étamines, insérées au bord du calice, sont souvent au nombre de vingt, à anthères jaunes,
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portées par des filets d'un blanc rosé réunis en gerbe autour d’un pistil composé de cinq stigmates.
Le calice est monophylle, à cinq divisions ovales pointues, qui tombent aux deux tiers de la matu- rité des fruits.
Le fruit est de forme ovale allongée, souvent cy- lindrique , et comprimé ou aplati aux deux extré- mités. Du reste, il est assez inégal ; tantôt il montre des angles plus ou moins saillans, tantôt ilest comme bossué à plusieurs places. Avant sa maturité, sa cou- léur est d'un vert pâle, ensuite elle passe au jaune citron; sa peau est glabre et très-glanduleuse. Sous le climat de Paris, ces fruits ne mürissent que fort tard ,.à l'automne. C'est toujours fin d'octobre ou commencement de novembre qu'il faut les cueillir, car les gelées hâtives sont nuisibles à leur conserva- tion. Il'est nécessaire encore que la belle saison ait été assez chaude. Ils acquièrent une dimension de quatre à cinq pouces de long, sur un diamètre de trois pouces. L’odeur approche de celle du coing, maiselle est moins forte et plus suave; et en février et mars, époque de la parfaite maturité, elle ressemble à celle d'une pomme de reinette et de l'ananas. La chair est grenue, de couleur blanc jaunâtre, de consistance sèche et ferme , presque sans eau et fort acide, ce qui empêche qu'ils soient comestibles. L'intérieur se compose de cinq loges, renfermant chacune au moins trente graines semblables aux pepins de poires. Le plus grand nombre avorte ; mais celles qui mürissent lèvent très-bien, lorsqu'on les sème peu de temps après les avoir extraites du fruit.
Depuis quelques années, j'ai vu des fruits de ce
260 bel arbre apportés du Midi par des amateurs. Leur volume était double de celui que présentent les fruits récoltés à Paris; mais, depuis trois ans sur- tout, que la température a été plus favorable, leur dimension s’est encore augmentée. A l’automne de 1835, M. Camille Aguilon, amateur distingué de Toulon, en offrit quelques-uns, obtenus dans son pays, à la Société royale d'Horticulture de Paris ; ils étaient les plus gros de tous ceux qu’on avait vus jusqu’alors.'La même année, M. Boissin, marchand grainier, en avait un, venant également du Midi; il ressemblait à un melon, et avait au moins six poucés de hauteur, sur quatre pouces et demi de diamètre.
Il est fâcheux que jusqu'alors on n’ait pu’tirer aucun parti de ces fruits, sous le rapport alimen- taire. Les nombreux essais qu’on en a faits ont dé- montré que, crus ou cuits, ils restaient toujours coriaces et amers. Cependant il est probable que, per suite d’une culture suivie, on parviendra à leur trouver quelques usages en écononrie domestique. Par exemple , ne pourrait-on pas, par la fermenta- tion de ces fruits, obtenir une boisson analogue au cidré, ainsi qu'on en obtient de plusieurs autres fruits , tels que les cormes, qui , malgré leur âpreté et leur amertume, fournissent éncore üne boisson agréable. Espérons que, lorsque ce coignassier sera cultivé plus en grand, l'industrie agricole trouvera moyen d'en tirer un produit utile, soit pour l’ali- mentation, soit pour les arts.
Cet arbre, originaire de la Chine, paraîtrait avoir été introduit en Europe vers 1799; MM. Cels et Noisette l'ont obtenu à Paris, én 1802, par la voie du commerce qu'ils n’ont cessé d'entretenir avec
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l'Angleterre et la Hollande. Le sujet qui fructifia pour la première fois à Paris fut donné par M. Cels, en 1806, au Muséum d'Histoire naturelle, où il fut planté dans l'École de Botanique; il müûrit ses fruits en 1811, lesquels furent peints alors pour les vé- lins du Muséum. Un second pied, donné par M. Noi- sette, en 1808, fut planté dans l'École des arbres fruitiers du même établissement ; celui-ci avait été greffé en écusson sur le coignassier commun.
Le plus beau pied de coignassier de la Chine qui existe dans les environs de Paris, et fait chaque an- née l'admiration des amateurs qui ont occasion de le voir, se trouve dans un des clos de l’École royale d'Alfort, où sont établis des modèles d'arbres et de haies pour l'instruction des jeunes élèves. Ce bel ar- bre, planté peu de temps après ceux du Muséum, a, dans ce moment, quinze à seize pieds de haut, sur un diamètre de quatorze pieds. Son tronc a vingt-un pouces de circonférence; il est nu jusqu'à la hauteur de vingt pouces; à ce point sortent plu- sieurs branches-mères, qui se subdivisent et de- viennent très-rameuses, L'épiderme est d'un gris cendré; l'écorce est mince, et se détache ou se lève par plaques qui tombent partiellement chaque an- née, comme dans les platanes et les arbousiers, etc. Son port est celui d'un buisson ovale arrondi, qui résulte de la régularité de ses branches. Sa floraison est abondante chaque année, et dure depuis mars jusqu’à la fin de mai. Il est précoce ; et paraît être toujoursen végétation, car, aussitôt les grands froids passés, on voit bientôt les boutons grossir et les écailles s'entr'ouvrir pour laisser passer les fleurs. On peut remarquer cet état en janvier et février, où
271 quelquefois des fleurs s’épanouissent , lorsque 1a température est douce. C’est cette disposition à une floraison hâtive qui rend dangereuses pour les fruits de cet arbre les gelées tardives du printemps, et dans les années moins chaudes que 1834 et 1855, les gelées d'automne arrivent souvent trop tôt pour qu’ils aient le temps de mürir.
Cependant l'arbre dont il est question fructifie assez abondamment chaque année, mais les fruits sont moins beaux quand la saison a été défavorable. M. Desjardins, jardinier fort instruit , à qui est con- fiée la direction des jardins de l’école d’Alfort, m'en a souvent donné qu'il récoltait en octobre ou no- vembre, selon la température; ils avaient quatre ou cinq pouces de longueur, sur trois à trois pouces et demi de diamètre, et leurs graines étaient fort bonnes. Mais, comme on le voit, ils sont encore bien éloignés de la grosseur qu’atteignent les fruits du Midi.
Malgré sa précocité, cet arbre n’est pas moins rustique, puisque les pieds, plantés depuis trente ans, ont résisté à toutes les intempéries des saisons. Il préfère les sols meubles, siliceux et frais; 1l croît à toute exposition , mais sous notre climat la plus chaude est celle qu'il faut lui donner. Il recoit parfai- tement toutes les formes qu'on veut lui faire prendre par la taille, soit quenouille, vase, espalier, etc. Cette dernière est la plus convenable pour les départemens du nord, parce qu'elle favorise sa fructification et la maturité de ses fruits. Cepen- dant, ce qui séra toujours préférable ; c’est de lui laisser prendre son développement naturel, au moyen duquel il donne’en abondance ses fleurs
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d'un joli rose et d’un aspect ravissant. Il suflit en pareïl.cas de régulariser son développement par la suppression de quelques branches nuisibles ou confuses. |
Ce bel arbre devrait être plus multiplié pour l'ornement des parcs et jardins de tous genres, où il est capable de produire l’effet le plus pittoresque par sa forme et l'éclat de ses fleurs. Soit qu'on le place isolément sur le bord des gazons ou sur la lisière des massifs, soit qu’on en forme des groupes plus ou moins considérables, il est appelé à jouer un rôle important dans les jardins anglais et paysa- pistes. à Son bois, d’un blanc jaunitre, a le grain très- serré ; 1l est d’une grande dureté et peut être em- ployé ävantageusement pour la marqueterie et les ouvrages de tour.
Je pense qu’en s'occupant sérieusement de la multiplication de cette espèce d'arbres, on en ob- tiendra des variétés parmi lesquelles il s’en trouvera peut-être de précieuses, Déjà on sème beaucoup ses graines , et le hasard , ainsi que l’art des fécon- dations artificielles, si heureusement employé au- jourd'hui en horticulture , peut amener des résul- tats importans et inattendus.
On le multipliait par boutures et marcottes, et plus promptement, dans les pépinières, par la greffe en fente, et mieux encore par celle en écusson à œil dormant. Les sujets propres à cette opération sont les poiriers , les épines blanches, et. le coignassier sauvage, qui est préférable à cause de son analogie. Aujourd’hui qu'on peut se procurer des graines venant du Midi, il est d'autant plus avantageux de
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recourir au semis , parce que les individus qui en ré- sulteront auront une durée, une vigueur et une rus- ticité plus grandes, qu'ils devrént à l'acclimatation. Les graines doivent être semées peu de temps après la maturité des fruits, c'est-à-dire à la fin de février et en mars, dans une terre meuble légère et riche en humus. On sème en rigole ou en terrine. Le jeune semis prend souvent assez de dévelop- pement pour être repiqué l’année suivante, ou la deuxième année en pépinière, dans un sol meuble, sablonneux et frais. On commence dès-lors à le dis- poser à la forme qu'on désire lui faire prendre, comme tige, buisson ou espalier. Pépin.
ORANGERIE.
PÉLÉGRINE DORÉE. Æ{/stræmeria aurantiaca, Hort. Alstræmeria aurea, Gurris Mac. New series, pl. 5350. ( Voyez la planche, et pour les carac- tères génériques, page 118 de ce Journal, année 1832-1833.)
Tige de quinze pouces de hauteur, garnie de feuilles nombreuses, linéaires, elliptiques, contour- nées à la base, d’un vert pâle, légèrement rudes sur les bords, calleuses au sommet, ce qui est plus sen- sible quand la plante commence à se passer et que la tige se dessèche. Pédoncules droits presque aussi longs que la feuille qui garnit leur base, avec une petite bractée aux deux tiers supérieurs de leur longueur. Il est probable que sur une plante plus forte il peut se développer une troisième fleur. Ces fleurs sont droites, simples et lisses, et d'un
beau jaune doré; les divisions sont presque égales Juin 1836. 18
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en longueur, les trois extérieures presque ovales et légèrement dentées, les intérieures lancéolées; celle du bas d’un jaune uniforme ; les deux autres marquées de quelques stries orange pourpré. Les étamines tombantes, plus longues que les divisions, à anthères et filets jaunes ; le style également jaune, redressé, terminé par un stigmate trifide. Graine d'un vert strié.
Cette plante fait un très-bel effet par la riche nuance de ses fleurs. Introduite en Angleterre par le docteur Anderson , qui l'a trouvée au Chili, nous l'avons tirée de ce premier pays au printemps de 1834, et elle a fleuri dans notre établissement en juin 1855. On la multiplie de séparage comme Ja pelegrina. W lui faut la serre tempérée. CeLs frères.
SERRE CHAUDE.
CLEOME, Lin, Pers., DEec.,prod.1, pag. 238. Hexan- drie monogynie , PERsOON ; Capparidées, Jussieu ; Tétradynamie siliqueuse, Loup. Catalogue.
MosAMBÉ REMARQUABLE. Cleome speciosa, Hums. et Bowr., 456; Gynandropsis speciosa, DEcan». , prod. (Voyez la planche.)
Tiges vertes , fermes, glabres, lisses, sillonnées dans le bas, hautes de dix-huit à vingt-quatre pouees ; feuilles éparses , portées par des pétioles cylindriques, caualiculés en-dessus, longs de vingt- quatre à trente lignes; elles se composent de sept fohioles ovales, oblongues, pointues, finement sérru- lées sur les bords, glabres sur les deux surfaces, lisses en-dessus ; fleurs en épis terminaux , longs de deux à dix pouces; pédicelles grêles, d’un pouce,
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naissant à l’aisselle d’une bractée sessile cordiforme ; calice de quatre sépalesouverts, verdâtres etglabres; corolle de quatre pétales redressées , d’un beau rose viclacé , long de huit à neuf lignes; six étamines à filets grêles, presque du double plus longs que les pétales, et monadelphes à la base; stipe de l'ovaire de la couleur et de la longueur des étamines; ovaire terminé par un stigmate sessile ; siliques grêles, cy- lindriques, striées, longues de deux à trois pouces, s'ouvrant en deux valves du haut en bas; semences brunes, hémisphériques, munies de petites papilles sur toute leur surface.
Les graines de cette plante me furent données par M. Duvillers, qui lesavait recues, sans nom, d’un voyageur arrivant de l'Amérique méridionale; elles furent semées , sous châssis chaud , en mars 1835 ; une seule leva dans le pot; je la transportai en serre chaude au mois de septembre, où elle a com- mencé à fleurir le 15 octobre; les graines ont müûri à la fin du mois suivant, et pourront servir à la multiplier. C'est une jolie plante que les amateurs devront posséder. Originaire de Carthagène, dans la Nouvelle-Grenade , elle est annuelle, quoique M. Decandolle la cite comme vivace, mais, il est vrai, d'une manière douteuse. JACQUES.
GESNÉRIE ECLATANTE. Gesneria atrosanguinea, Hort. ( Voyez la planche, et pour les caractères géné- riques, page 184'de ce Journal; année courante.)
Racines tuberculeuses, charnues, devenant très- grosses; tiges droites, charnues et cylindriques , hautes de dix-huit pouces à deux pieds, d’un vert tendre ; feuilles opposées, pétiolées , en cœur aigu,
276 crénelées à leurs bords, épaisses, à nervures très- saillantes en-dessous, et entièrement velues ainsi que toute la plante.
Fleurs en épi terminal , pédicellées et opposées ; calice court à cinq divisions, pointues et resserrées sur la base de la corolle, qui forme un renfle- ment comprimé par ses divisions ; corolle tubulée, un peu courbée, longue de vingt à vingt-quatre lignes , d'un bel écarlate velouté ; limbe à cinq di- visions peu apparentes et recourbées en-dedans ; les deux supérieures, bien plus allongées que le reste de la corolle, sont capuchonnées à leur extrémité. Les étamines, au nombre de quatre , sont cohé- rentes ; les anthères sont jaunes, portées sur des filets roses, dont deux, plus longs, se recourbent et dépassent l’extrémité supérieure de la corolle.
Cette plante se cultive en serre chaude en terre de bruyère; on la multiplie de boutures par les feuilles , ou de graines semées aussitôt la maturité sur une couche chaude.
Lorsqu'elle a perdu ses tiges, il faut tenir le pot hors de la tannée et cesser les arrosemens jusqu’au mois de février ; à cette époque, on peut changer le tubercule de terre et le remettre sur une couche où on le soigne comme les autres plantes de serre chaude. LEMox.
JaqQuIER iNGISÉ. Arbre à pain. Rima. {rtocarpus in- cisa, Witv.; Rhademachia incisa, Taums.; Mo- nœcie monandrie, Lin. ; Urticées, Juss.
Arbre originaire des Moluques , s’élevant à qua- rante pieds, à feuilles pinnatifides, sinuées, rudes, pubescentes en dessous, produisant des fruits de la
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grosseur d’un melon et de même forme, à pulpe blanche, molle comme de la mie de pain, et offrant le goût de celui-ci, réuni à celui du cul d’artichaut. Cet arbre exige chez nous une serre chaude entre- tenue à dix-huit degrés , et des arrosemens copieux pendant l'été et point pendant l'hiver. I Jui faut une terre franche et substantielle; on le multiplie de graines, de boutures et de marcottes.
Le fruit de l'arbre à pain forme la base de la nour- riture des naturels, dans les îles de l'Océan pacifique. Ils se montrent très-passionnés pour cet aliment, que les riches se font préparer trois fois par jour pour leurs repas, tandis que les pauvres font cuire en une seule tout ce qui est nécessaire pour leur journée.
Autrefois, les habitans d’un district se réunis- saient pour faire cuire leurs fruits en commun, dans de grands fours qu’ils nommaient Opio. Ces fours étaient formés d’un trou de vingt à trente pieds de diamètre, qu'ils remplissaient de bois et de grosses pierres. Lorsque quelques-unes de celles- ci commencaient à se fendre, ils jetaient dans le bra- sier des fruits par centaines, qu'ils recouvraient de pierres chaudes qu'ils avaient retirées, de terre et de feuilles. Les fruits restaient un jour en cet état; après quoi ils se les partageaient , et chacun dé- posait sa portion dans des trous particuliers. Ces fruits, cuits ainsi, pouvaient se conserver cinq ou six semaines. Cette manière de faire cuire l'arbre à pain, étant une occasion d’excès et de débauches, n’est plus en usage depuis l'introduction du chris- tianisme parmi ces naturels, dont il a adouci les. mœurs.
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Comme ce fruit ne donne pas toute l'année en abondance, bien qu'il y en ait en tout temps quel- ques-uns de mûrs, on y suppléeen en formant une espèce de pâte qu’on nomme 7nahi. On cueille alors ce fruit un peu avant sa parfaite maturité, on le met en tas que l’on recouvre exactement de feuilles. Dans cet état, il subit une sorte de fermentation qui lui donne un goût doux, peu agréable. On en Ôte les graines ou le cœur, en tirant à soï et douce- met le pédoncule, et on jette le reste de chaque fruit dans un trou préparé à cet effet, et garni à l'intérieur et autour de feuilles et d'herbes. Quand le trou est plein, on le recouvre de feuilles, et on met par-dessus plusieurs grosses pierres. Dans cet état, il subit une nouvelle fermentation qui le rend aigre. Malgré ce goût, qui ne change pas pendant plusieurs mois, on le considère comme un bon ali- ment durant toute la saison où l’on n’en récolte pas.
Aux îles Sandwich, les habitans le eueillent avant sa maturité, lorsque lécorce est mince et ferme, et ils en mangent la pulpe, après avoir fait griller l’é- corce sur des charbons ardens. On dit qu'en pareil cas cet aliment ressemble beaucoup par sa consi- stance à de la mie d’un pain chaud, légèrement co- lorée, et qu'il a le goût d’un jaune d'œuf dur. Il est lésèrement astringent.
Bien que ce fruit soit loin de pouvoir être com- paré au pain, il nest pas douteux que, soumis à des préparations convenables, il puisse devenir une substance utile en économie domestique. Nous pen- sons que, cultivé à Alger, il réussirait parfaitement, et pourrait y servir de base à quelques préparations alimentaires qui deviendraient une ressource pour
279 cette localité et peut-être un objet d'exportation dans la métropole.
Au reste, son fruit n’est pas son seul produit utile; son tronc fournit une résine que les naturels emploient à enduire leurs canots, et qui pourrait, sous l'influence de notre industrie, recevoir d’au- tres destinations. Il fournit également un bon bois de charpente , et l'écorce de ses jeunes rameaux, débarrassée de son parenchyme, donne des fils ca- pables de produire des tissus plus ou moins pré- cieux.
Nous possédons un assez grand nombre de jeunes sujets de cette espèce pour pouvoir en livrer, non- seulement aux amateurs curieux d'augmenter leurs richesses végétales, maïs encore aux personnes qui voudraient en essayer la culture sur le territoire de notre nouvelle colonie africaine. CELs frères.
Note sur le Pandanus.
I 'arrive souvent que l’on se presse trop de vider les vases ou de retourner les plates-bandes dans les- quelles on à semé les graines de plantes exotiques. Cette précipitation est un inconvénient, surtout lors- qu'il s'agit de végétaux peu ou point connus. On sait qu'il y a des plantes dont les graines conservent long-temps la faculté germinative, et souvent même jusqu’à ce qu'ellessoient placées dansles circonstances favorables à leur végétation, ainsi que je l'ai dit dans une notice à ce sujet, insérée dans ces Annales, en avril 1834. Beaucoup de personnes qui recoivent de ces graines se contentent de dire qu'elles ne valent rien, lorsqu'elles ne les voient pas lever dans les deux ou trois mois qui suivent le semis.
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Je remarque , chaque année , que des semences de plantes annuelles exotiques, semées au mois d'avril, ne lèvent qu’en juillet; et je citerai parmi elles l’{geratum cœruleum, plante du Mexique, déjà assez connue, qui, le plus ordinairement, ne lève qu'en août, et cependant fleurit et donne ses graines avant l'hiver. À cette occasion, je rapporterai un fait que je tiens de M. Riché, jardinier en chef du Jardin des Plantes.
En 1802, M. Thouin recut, de Bourbon, des graines de Pandanus odoratissimus, Jaco.; P. uti- ls, Wu, arbre originaire de Madagascar, où les naturels le nomment V’acoua. Ce beau végétal était alors inconnu en France, et M. Riché, charge à cette époque de la direction des serres chaudes , recut la mission de les semer, Ce semis fut fait en pots placés sur couche chaude. Quelques graines levèrent dans le cours de la première et de la se- conde année. Plusieurs pots furent alors retirés des serres et placés à l'air libre, où ils étaient restés près d’un an et avaient subi l'intempérie d’un hiver assez rigoureux , lorsqu'on s’apercul que quelques nouvelles graines avaient encore levé sur les pots restés en serre; on s’empressa de rentrer les autres, qui produisirent également quelques plants.
Ce fait prouve que la germination des graines dépend de circonstances particulières qui doivent engager à attendre un résultat aussi long-temps que possible, tant qu’elles ne sont pas connues. Dans le cas présent, cette production successive enrichit nos serres d’une plante fort remarquable pour leur ornement, autant par son beau port que par la dis- position singulière de ses feuilles insérées en spi-
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rale sur la tige, de laquelle poussent des racines adventives à différentes hauteurs qui viennent s’im- planter dans la terre comme pour former des arcs- boutans capables de soutenir, contre l'effort du vent, leur tête formée de feuilles longues et charnues, avec lesquelles les naturels font des tissus et d'au- tres ouvrages remarquables. PÉpPIN.
IGNAME AILÉE, Dioscorea alata , Lin. De la Diæœcie hexandrie de Lin., et de la famille des Aspara- ginées, Juss.
Plante vivace, originaire de l'Inde. Racine longue d'au moins un pied, charnue et grosse; tige grim- pante, ailée, bulbifère, s’allongeant de huit à dix pieds; feuilles opposées, cordiformes , sagittées , marquées de sept nervures. ;
Cette plante ne se cultive, chez nous, qu’en serre chaude, en pots enfoncés dans la tannée d’une cou- che qu’elle ne doit jamais quitter. Il lui faut une terre légère rendue substantielle par l'addition de terreau végétal. On la multiplie par segmens de sa racine auxquels il importe de laisser un œil. 1] lui faut peu d’arrosemens, jusqu'à ce que ses bour- geons soient développés, et point du tout quand elle a cessé de végéter.
Les racines de cette isname , douées d’un excel- lent goût, sont une substance alimentaire d’un grand intérêt dans l'Inde et dans les contrées les plus chaudes de l’Amérique méridionale , où on les mange cuites au four ou dans l’eau. Elles se conservent, hors de terre, beaucoup plus facilement qu'aucun autre tubercule,
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Il nous semble que, sous le rapport de limpor- tance de son produit, on devrait en essayer la cul- turesur le territoire d'Alger, oùilest probable qu’elle réussirait et deviendrait un grande ressource pour cette colonie. Sa culture, en pleine terre , demande quelques facons. Il faut la planter au pied des co- teaux et la butter en même temps, en la couvrant de terre légère , mais substantielle, ou seulement de feuilles desséchées. CELS FRÈRES.
NOUVELLES.
Nous cultivons dans notre établissement, sous le nom de mapnolia glauca arborea, un arbre qui, à l'exception de sa taille, a beaucoup de rapport avee le, M. glauca. W paraît devoir s'élever à une plus grande hauteur; ses feuilles sont trois fois plus grandes; ses fleurs, également plus développées, exhalent un parfum aussi agréable pendant leur épanouissement.
Malgré que nous regardions cet arbre comme une variété du glauca , nous ne saurions trop le recommander à l'attention des amateurs; 1l a sur celui-ci l'avantage de conserver beaucoup mieux ses feuilles pendant l'hiver. Cecs frères.
CORRESPONDANCE.
L'hiver passé, 1835-1836, quoique peu intense à Paris, n'en a pas moins été long et nuisible à-un grand nombre de végétaux, à cause du temps som- bre et de l'humidité. Mais si chez nous la tempé- rature ne s’est pas abaissée à un degré très-bas, il n'en à pas été de mème dans quelques provin-
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ces: J'ai recu depuis plusieurs jours, d'un de mes correspondans des environs de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), une lettre dont voici un extrait :
«... Je vais en même temps vous faire part de quelques observations que j'ai faites sur les pertes que l'hiver rigoureux nous a fait éprouver dans les environs. À Randan, dans le parc de S. A. R. ma- dame la princesse Adélaïde, tous les pins pignon, pinus pinea, de Jérusalem ou d'Alep , ceux de Na- ples, pinus Brutia, ont totalement péri, ainsi que les cyprès pyramidal et étalé, le genêt d'Espagne, les bordures de thym, hyssope, lavande, sauge, primevères, etc. Du reste, les autres plantations sont superbes. J'ai encore remarqué dans plusieurs endroits beaucoup de jeunes saules et peupliers fendus dans toute leur longueur , ainsi que des vi- gnes, grosses comme le bras, exposées auprès de murs, au midi, et qui ont éprouvé le même sort. Tous nos figuiers sont morts. J'ai personnellement perdu tous mes alaternes , phylyrea, fontanesia, tamarix, magnolia grandiflora, ptnus palustris , pinus pinea, etc., ainsi que toutes mes bordures de primevères, paquerettes, lavandes, etc. , ce que je regrette infiniment... Par contre, je dois vous dire que nos pivoines en arbre en pleine terre n’ont nullement souffert, non plus qu'un pied d’a- tragène de l'Inde, atragene indica, dont les pousses sont aussi fortes que celles conservées en serre... Désirant aussi multiplier quelques espèces de cara- gana, telles que chamlagu , halodendron, pigmeu , frutescens, etc., et manquant de sujets, j'ai pris des racines du robinia caragana, sur lequel j'a greffe les espèces que je viens de vous signaler, et, à ma
284 grande satisfaction, le tout a bien réussi. J'avais encore un melaleuca coronata qui était toujours jaune et mal portant, je l'ai greffé sur le melaleuca armillaris, à haute tige; à présent il forme une belle tête bien vigoureuse, fleurissant beaucoup et d’un bien joli effet... » Genie fils, à Effiat.
On voit, par les faits que cette lettre signale, que si nous avons eu à souffrir de la prolongation des jours sombres, humides et tristes , il est des loca- lités où les horticulteurs, encore plus à plaindre que nous, ont éprouvé des pertes considérables et très-regrettables. JACQUES.
BIBLIOGRAPHIE.
Traité théorique et pratique sur les semis et planta- tions , ou seules méthodes véritables de semer et de planter dans tous les climats, d’après les lois de la nature; par J. S. Larpier, membre de l'Académie royale de Marseille, de la Société d'agriculture et de commerce du Var. 3° édit. (r).
On est heureux de trouver l’occasion d'annoncer une œuvre sur l'agriculture faite avec la conscience. d'un honnête homme et les lumières d’une longue: expérience. L'auteur, que la mort vient d'enlever, a observé pendant plus de soixante ans les règles: que la nature s'efforce d'indiquer à l'homme pour le guider dans les travaux de la culture, et c'est en
(1) Un vol. in-8 , prix, 5 fr. Paris, Roussezon. Marseille, Roucnon,
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les commentant avec une logique serrée qu'il com- bat toutes les pratiques routinières et vicieuses, dont il démontre l'inanité par les expériences qu'il a faites en conformité des lois naturelles. On trouve dans cet ouvrage, que l’on pourrait appeler la plulosophie de l’agriculture, des vues d’une grande portée, des apercus neufs et des idées capables de produire des résultats importans. Au surplus, je ne puis mieux en donner une idée claire à mes lecteurs qu'en transcrivant ici le résumé des propositions qu'il regarde comme positives, et qu'il développe avec un talent remarquable dans tout le cours de son travail.
« Pouvons-nous espérer, dit-il en terminant, d'avoir communiqué à nos lecteurs quelque chose de notre intime et profonde conviction, que , dans le respect des lois éternelles et dans leur observation seule, nous trouverons la prospérité de l’agricul- ture at le fruit de nos travaux? Il ne nous appartient pas de répondre; mais, à nos yeux, les principes suivans restent stcitobhs et démontrés :
« 1° Les graines de toutes les espèces de plantes et d'arbres, sans exception, ne peuvent prospérer pleinement qu’autant qu'on les aura laissées parve- nir à l’état de parfaite maturité ;
« 2° Dans cet état, par un inappréciable bienfait de la Providence, elles se conservent inaltérables et ne perdent jamais aucun de leurs principes de fé- condité, pourvu qu'elles soient préservées de l’hu- midité et des intempéries de l'air ;
«3° Leur ensemencement doit être uniforme sur toutes les qualités de terre et dans tous les climats, à l'exemple de la nature, qui, partout,
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procède uniformément sans aucune sorte de varia- tion ; c'est-à-dire que la graine ne doit être que très- légèrement recouverte de terre , afin de n’apporter aucun obstacle à la tendance naturelle des parties constitutives du végétal qui est renfermé, et à leur développement ;
« 4° Mais nos terres, soumises depuis silong-temps a une culture plus ou moins défectueuse, doivent être aidées par des engrais distribués à propos. Par la même raison, ce secours ne doit pas être refusé aux graines pour réparer l’affaiblissement produit par les méthodes vicieuses de semis qui les ont éloi- onées de leur type naturel;
« 5° Les plantes et les arbres transplantés'ne doivent.être remis en terre que de la même ma- nière qu'ils s'y trouvaient déjà placés, ni plus haut, ni plus bas, sous peine de les voir dépérir, ou de ne les voir jamais arriver à leur de de dévelop- pement ;
« 6° Cette règle de transplantation est générale, et doit d'autant plus S ‘appliquer aux rejetons > AUX marcottes, aux boutures , que ces productions se- condaires, nécessairement moins vivaces que les sujets venus directement de graines , même abâtar- dies , ont plus besoin de rester sous l'influence de la véritable et unique loi de végétation ;
«7° La grefle, moyen factice de changer la qua- lité des fruits de l'arbre, lépuise toujours par le pénible travail de la transfusion des deux sèves , ‘et c'est pourquoi l'arbre greflfé ne peut prospérer qu'à l’aide d'une culture plus attentive et de soins par- ticubiers ;
« 8° Pour les graines comme pour les arbres,
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les résultats de la culture seront d'autant plus as- surés et plus avantageux, qu'on les aura fait pas- ser d'un terrain de qualité inférieure à un autre meilleur ou mieux éxposé : d'où la conséquence que les semences de blé et de légumes doivent être fréquemment changées , et tirées, sil se peut, de terrains de qualité inférieure, ou tout au plus égale ;
« 9° Les plantes légumineuses, en général, épui- sent et effritent la terre beaucoup plus que ne le fait le blé ; ainsi on ne doit les faire reparaître sur le même terrain qu’à des intervalles assez longs pour que la terre ait eu le temps de recouvrer les sucs spécialement nécessaires à ces plantes ;
« 10° La terre ne sera pasépuisée et pourra n'avoir jamais besoin de repos, si l’on y fait convenablement alterner les diverses natures de semence , et si l'on accompagne toujours celle du blé d'une quantité suffisante d engrais ; ;
«11° En conséquence, au moyen d’assolemens bien combinés , d'engrais bien distribués et de la- bours profonds dans la grande et la petite culture, nous pourrons ne plus perdre la moitié des rés sources de l'agriculture, en laissant en jachères, comme à présent , la moitié de nos terres ;
«12° Toutefois, les plantes ne prospèreront ja- mais parfaitement qu'avec une méthode plus ra- tionnelle de semis, c'est-à-dire qu’autant qu'on se bornera à une moindre quantité de semence, et que l'on se décidera à semer par rangées convenable- ment espacées, soit le blé, soit les légumes, afin de se ménager la facilité des sarclages et des bi- nages, auxiliaires, nous le répétons, les plus puis-
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sans de tous, pour une végétation fructueuse. » Tels sont les principes que l’auteur s'est efforcé de rendre évidens par une discussion lumineuse appuyée sur les expériences d’une pratique éclairée ; aussi, j'ose affirmer que cet ouvrage, d'ailleurs écrit avec une grande clarté, contient beaucoup plus de faits précieux et d’enseignemens utiles que la simplicité de son titre ne semble l’annoncer, et qu'il est facile , à chaque page , de reconnaître que ce n’est pas l'œuvre d’un agronome de cabinet. DoverGE.
AVIS.
Il a paru le prospectus d’un grand ouvrage sur l'Horticulture où les noms de la plupart des colla- borateurs des {nnales de Flore et de Pomone sont compris au nombre des auteurs. Nos abonnés sont prévenus qu'aucun d'eux n’a accepté cette mission, qu'ils restent tous étrangers à la rédaction de cette œuvre , réservant leurs eflorts pour le présent jour- nal et pour les travaux particuliers auxquels quel- ques-uns d’entre eux se livrent, et qu'ils publieront si le temps leur permet d’y mettre la dernière main.
BRRALES
DE FLORE ET DE POMONE.
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HORTICULTURE. PLANTES POTAGÈRES.
Observations sur les fraisiers.
Le jardin de M. Boursault a joui d’une telle cé- lébrité, que le nom de M. David aîné, auquel était confiée la direction des belles serres qui ont contenu tant de merveilles, est généralement connu; il mé- rite à tous égards de l'être, car cet habile horticul- teur excelle dans la pratique de tous les genres de jardinage. Ainsi, après avoir montré ce que peut l’art de la culture pour la conservation et le déve- loppement des plus précieux végétaux exotiques, il prouve aujourd'hui un talent égal dans la direc- tion des pêchers en espalier qui étalent leur riche végétation sur l’ancien | AN des serres. Ces espaliers sont formés avec un art admirable, et ne laissent apercevoir aucune: lacune sous les diffé- rentes formes auxquelles il les a soumis , et que la position l’a en quelque sorte obligé à choisir. On peut dire avec assurance que Montreuil n'offre rien de mieux en ce genre.
Juizzer 1836. 19
290 Ce cultivateur distingué, obligé de disputer ses plantes potagères aux courtilières , aux vers blancs, et aux autres insectes destructeurs , a imaginé une construction fort simple pour mettre ses fraisiers à l'abri. Vers le 15 février, il a enfoncé en terre, à la distance de vingt pouces environ, des pieux qui dépassent le sol de deux pieds; sur ces pieux sont établies des planches formant table, qu’il a entourées d’autres planches placées sur champ, et larges de huit pouces, de facon à former une espèce de bâche exhaussée. Il a garni le fond d’un lit de fumier gras de vache, de deux pouces à peu près d'épaisseur, et il l’a recouvert d’une couche de terre prise dans le jardin, d’une épaisseur de six pouces environ. J'ai vu les jeunes fraisiers qu'il a plantés en février donner en abondance, dès les premiers Jours de juillet, des fruits magnifiques qui surpassent en beauté tous ceux obtenus en pleine terre ,.et; qui n’ont aucunement à redouter les ravages des in- sectes rongeurs, ce qu'annonce au surplus leur brillante végétation. J'ai cru bien faire d'indiquer ce procédé pour les personnes qui se trouveraient dans une circonstance pareille, et ne regarderaient pas à quelque dépense de plus pour obtenir. de belles fraises. LCL Pendant que je m'occupe de fraisiers, je dois signa- ler ici une méthode de semis pratiquéeavecavantage par plusieurs bons mé, parmi lesquels, je citerai MM. Découflé, Barbier, etc. Is sèment de février jusqu'en mars en terrines qu'ils placent,sous châssis, ou en terre meuble bien maniée et bien:unie. Dans ce dernier cas, ils ajoutent aux graines une petite quantité de celles de carottes,ou,de-crésson,
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afin de faciliter, par l'ombre de ces plantes,.la germi- nation des fraisiers, et de retenir la terre que l’eau des arrosemens déplace. Pour semer, ils commen- cent par un bout du carré préparé, et mettent une planche en travers sur laquelle ils marchent, afin de ne pas piétiner inégalement le terrain, et dans le but, au contraire, de le resserrer uniformément par leur poids, et d'empêcher la graine de s’enterrer trop profondément, Hs changent Ja planche de place à mesure qu'ils ont semé, et de facon qu’elle ait été posée successivement sur toute la surface du carré qu'ils sèment ainsi en reculant. Ils terreautent légè- rement ensuite, et jettent sur le semis quelques débris de racines fibreuses sous lesquelles les frai- siers lèvent facilement, ce qui conviendrait éga- lement à beaucoup d'autres semis, Les plants bien soignés sont en état d'être repiqués du 15 juin au
© juillet; ce que lon fait en planches en les espa- cant un peu plus que les fraisiers venus de filets, parce qu'ils sont plus vigoureux et forment de plus grosses touffes. C'est, pourquoi on les recherche da- vantage pour la pleine terre, où ils résistent mieux aux grandes chaleurs, de Fété. Les filets que ces plants produisent. à l'automne sont au contraire préférés pour châssis, parce qu'ils prennent moins de développement.
Je crois bien faire de renvoyer pour lé autres détails de cette culture à l'excellent article donné par, notre collègue et’ associé M. Jacquin aîné, page 261 de ces Annales, année 1833-1834.
LECOINTRE, Associé de la maison Jacquin frères et ©!.
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Observations sur un moyen indiqué pour augmenter le volume des artichauts.
Il existe dans le midi de la France, et particulie- vement dans le département des Bouches-du-Rhône, un procédé fort simple au moyen duquel on fait acquérir à l’artichaut un volume considérable, tout en conservant, ou pour mieux dire en augmentant la délicatesse et la succulence des écailles et du pla- centa. Ce procédé, dont il serait diflicile d'expli- quer l’origine, consiste à enfoncer en croix deux broches en roseau ou en bois dans la tige florale de Yartichaut, à deux ou trois pouces au-dessous du calice. On attend pour cela que la tête de lartichaut se soit élevée au-dessus des feuilles. Aussitôt après cette opération, on voit cette tête se développer en s’arrondissant et grossir sensiblement et prompte- ment. C’est principalement la variété ronde et vio- lette que l’on cultive dans ces localités, et jamais les têtes sur lesquelles on a pratiqué cette opération ne développent leurs fleurs. Il se produit dans cette circonstance un effet analogue à celui qui cause la duplicature des fleurs, par l’oblitération ou l’annu- lation des organes reproducteurs ; car on a remar- qué que les étamines qui adhèrent au fond du calice n'existent plus, ou sont rares et oblitérées.
L’explication de ce phénomène qui se présente à l'esprit est celle-ci : la tige florale de l’artichaut se compose d’un tissu cortical qui enferme le canal médullaire; c’est par ce canal que la sève s'élève pour nourrir et développer les organes de la fructi- fication. Interrompue dans sa marche par l’introduc- tion des broches, dont le croisement ferme à peu
203 près. le canal médullaire, elle afllue avec plus d'a- bondance dans le tissu cortical, et se porte sur les écailles, qui, la recevant en plus grande masse, se développent davantage, deviennent plus charnues et plus délicates, et augmentent enfin de volume et de qualité.
Je serais bien aise que des essais fussent faits sous notre climat parisien pour confirmer cette pra- tique , dont la vérité, une fois bien constatée, peut conduire à beaucoup d'applications avantageuses pour l’horticulture. Je ne sais où j'ai vu que feu Ma- diot, directeur de la pépinière de PObservance, à Lyon, avait fait quelques expériences analogues sur le chou eabus, dont il avait obtenu des pommes beaucoup plus grosses et plus délicates, en enfon- cant transversalement des épines dans la tige, entre la première et la seconde verticille de feuilles.
Dans les plantes où le canal médullaire aurait un très-prand développement eomparé à celui du tissu cortical, ne serait-il pas possible d'augmenter en- core le volume des fleurs aux dépens du système foliacé, par un moyen invérse? L'incision annulaire produit un effet analogue, et un vieux jardinier, à Toulon, était cité pour la grosseur des choux-fleurs qu'il eultivait. Son secret consistait dans l’enlève- ment d'un anneau circulaire de l'écorce de la tige, au-dessous des premières feuilles. Cet anneau, large au plus de deux lignes, était remplacé par un brin de laine légèrement serré. Ce sont effectivement des monstruosités que l’on obtiendrait ainsi; mais les plus beaux ornemens de nos jardins ne doivent les beautés qui font notre admiration qu'aux ruses ingeénieuses de-Fart, qui détournent de leur desti-
294 nation les élémens que la nature élabore pour ren- dre le végétal complet. DovrrGE.
JARDIN FRUITIER.
Poire BEURRÉ Bosc. — Avant 1825, M. Van-Mons avait dédié une poire à son ami Bosc, qui a occupé après À. Thouin la chaire de culture au Muséum d'histoire naturelle, et qui fut à son tour enlevé aux sciences et à sa famille en 1828. Je n’ai aucune cer- titude que la poire que je vais signaler soit bien celle de M. Van-Mons; mais il est positif qu’elle n’est que peu ou point connue dans le commerce, qu’elle mérite d'y tenir une place distinguée, et d’être offerte aux amateurs d’excellens fruits. Il y a neuf ou dix ans qu’elle est cultivée au Jardin des Plantes, où elle a été envoyée de Lyon par feu Ma- diot, alors directeur de la pépinière départemen- tale du Rhône. Probablement ce cultivateur lavait obtenue de la Belgique.
Quoi qu'il en soit, l'arbre qui existe dans la pépi- nière confiée à mes soins a rapporté suffisamment de fruits en 1835, pour qu'il m'ait été possible de bien constater leur mérite et de me convaincre qu'il y en a peu de meilleurs. Les bourgeons de l'arbre sont cuivrés, géniculés; les yeux, supportés par des consoles saillantes, sont pointus , blanchà- tres et s’éloignent du bourgeon. Les boutons à fruits sont également pointus et noirs; les feuilles sont larges , épaisses et fort belles.
Le fruit a quatre pouces à quatre pouces et demi de longueur ; son pédoncule est assez long, charnu ou épaissi à son altache sur le fruit; lombilic est
205 toujours petit et saillant. L’écorce fine et très-lisse est d’un roux grisâtre. La chair est blanche, très- fine .et fondante ; l’eau est abondante, sucrée, et d’une saveur relevée et: excellente. La forme est allongée, et resserrée vers le milieu. La maturité arrive en novembre.
Je ne saurais trop inviter les pépiniéristes à s'em= presser de multiplier cet excellent fruit, qu'ils peu- vent offrir avec confiance aux amateurs comme l’une des meilleures poires beurré. Camuzer.
Quelques observations sur l’ébourgeonnement des arbres fruitiers.
Les poiriers qu'on élève pour quenouilles ou py- ramides se greffent à œil dormant, sur des sujets de coignassiers ou de poiriers élevés de pepins se- més à cet effet. C'est sur la fin de juin que se prati- que l'opération de la greffe, d’où il suit que l'œil reste inactif pendant huit mois environ, après les- quels il se développe en une tige plus ou moins vi- goureuse , selon l’état et la qualité du sol, la nature de la variété greffée , qui doit former un arbre d’une dimension plus ou moins considérable et l'activité de sa végétation. En effet, il y a des variétés de poires, telles que le sucré-vert, le rousselet, le beurré d'Angleterre , la virgouleuse, la crassanne, la royale d'hiver, qui, dans un seul été, s'élèvent de six à sept pieds, tandis que d’autres, telles que le beurré , le saint-germain , le beurré d'Aremberg , croissent beaucoup moins ; il en est encore qui se ramifient assez bien, comme le beurré d’Arem- berg, le martin-sec, le saint-germain, l'echassery,
206
etc. Mais, en général, la sève, attirée par l’action de l'air libre sur les feuilles, se porte toujours avec plus d’affluence vers l’extrémité supérieure des ti- ges, ce qui est tout-à-fait contraire à l’objet qu’on se propose. En effet, il est convenu que larbre doit être garni de branches depuis environ un pied de terre jusqu'en haut, en observant encore de maintenir plus longues les branches inférieures , et de leur faire, en ce sens, subir une décroissance sraduelle jusqu’au sommet. Nous sommes loin d'ob- tenir de tels résultats; et il n’est guère possible qu'il en soit autrement, parce que le pépiniériste ne peut pas donner assez d'espace à ses élèves, pour qu'ils jouissent d’une somme suflisante d'air, à moins de sacrifier ses intérêts ou de les compro- mettre gravement. En effet, il ne trouverait pas assez d'acheteurs qui voulussent payer quarante sous un poirier quenouille.
Il me semble toutefois qu'on pourrait, du moins en grande partie, remédier à cette difficulté, J’é- lève aussi et je plante tous les ans une grande quantité de poiriers quenouilles, dont je suis obligé d'acheter une partie. Les personnes qui me font l'honneur de me confier leurs plantations m'adres- sent quelquefois à ce sujet des observations qui sont véritablement fondées ; car aujourd'hui non- seulement les propriétaires veulent s'instruire , mais il en est qui le sont assez pour reconnaître que certains individus ne réunissent pas les con- ditions voulues, et en cela ils ont raison. Les pépi- niéristes sont très-soisneux de mettre un échalas ou tuteur à chacun des individus destinés à être élevés en quenouille, afin de les dresser parfaite-
297 ment. Après la pousse de la première année, ils tail- lent à la hauteur de trois pieds et demi à quatre tous ceux qui sont au-dessus de cette élévation. Ceux qui n'y sont pas encore parvenus l'acquièrent l'année suivante et n’en sont pas plus mauvais; mais la sève des uns et des autres se porte en abon- dance vers l'endroit de la taille, ou auprès de l'œil terminal de ceux qui n'étaient pas assez élevés pour être taillés et y développe trois, quatre et jusques à six forts bourgeons qui absorbent à eux seuls toutes les rosées, l'air, la lumière, au détriment des yeux inférieurs, qui, dans certaines espèces, comme l'épargne, le chaumontel, etc., s’éteignent tout-a- fait. Il en résulte qu'après la plantation, si ces sujets ne sont pas confiés à des mains habiles, le pro- priétaire reste plusieurs années sans avoir des ar- bres réguliers. Le marchand cependant n'est pas en défaut , car il a livré de belle marchandise. Mais si ce dernier n’a pas vendu tous ses arbres à deux ans, il est obligé de les garder pour l’année suivante : ils en ont trois alors et n’en sont pas plus mauvais; mais le même inconvénient subsiste, et s'ag- grave encore, car il a fallu que le pépiniériste taillât une seconde fois ses arbres. Ceux-ci ont poussé de très-forts bourgeons, qu'il est forcé de couper rez du tronc, en multipliant les plaies ; il taille ensuite les autres bourgeons à trois ou quatre yeux, et la sève, déjà habituée à s'y porter, y arrive sans rencontrer d'obstacles et avec d’au- tant plus d’abondance qu'elle trouve les canaux ouverts. Ainsi, même désordre que l'année précé- dente. On entend les acheteurs se louer d’avoir acquis d'aussi beaux arbres; ils ont raison en appa-
208 rence, mais ils n’en sont pas à avoir du fruit et le plus difficile n’est pas fait, car donner à de pareils arbres la forme qu'ils doivent prendre après la transplantation , et leur faire porter du fruit tout à la fois, sont un écueil dont peu de jardiniers savent se tirer habilement.
Je suis bien éloigné de prétendre donner une le- con à MM. les pépiniéristes ; mais s'ils voulaient se donner la peine d’ébourgeonner leurs poiriers, ils préviendraient les graves inconvéniens que je viens de signaler et rendraient un véritable service à l'horticulture. Cet ébourgeonnement , d’une exécu- tion facile, consisterait : 1° à l’époque du dévelop- pement des bourgeons, après que les greffes sont rabattues ou taillées à la hauteur voulue, à passer dans la pépinière et à couper les bourgeons supé- rieurs à deux feuilles de la tige, ayant soin de con- server le bourgeon le mieux placé pour former Wa flèche. La sève, se trouvant contrariée dans sa mar- che, serait obligée de refluer vers les yeux inférieurs, et d'y développer des bourgeons qui s’allongeraient d'autant mieux qu'ils jouiraient de l'influence de l'air et du soleil, et si, chez quelques individus,;'le bourgeon terminal prenaittrop d’ascendant, j'irais jusqu’à le couper à la moitié de sa longueur, pour créer davantage de branches latérales, car les que- nouilles sont toujours trop hautes pour le petit nombre de branches dont elles sont garnies.
2° Siles arbres n'étaient pas vendus dans l'année, je taillerais très-court les bourgeons supérieurs dont la croissance aurait été atténuce par l'ébour- seonnement, et j'allongerais un peu plus ceux de la partie inférieure, et, par un ébourgeonnement
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semblable au premier, j'obtiendrais des arbres qui auraient déjà la figure pour laquelle ils sont desti- nés. En effet, qu'une quencuille soit plantée le long d’un mur ou en quinconce, il est naturel qu’elle soit plus large en bas qu’en haut, car les branches inférieures ont poussé les premières, et cette disposition d’ailleurs importe à la durée, en maintenant une sève proportionnelle dans toutes ses parties et empêchant de se porter avec trop de fougue vers le sommet.
Cette opération d'ébourgeonner peut paraître embarrassante à quiconque n’en a pas l'habitude; mais si l’on considère le peu de temps qu’elle exige et les avantages qu’elle présente aux pépiniéris- tes, il n’y a point de doute qu'on la pratiquerait. J'aime à penser que pas un seul propriétaire sé re- fuserait à payer un sou ou deux de plus un sujet bien conditionné; et cette augmentation peu im- portante pour l'acheteur serait cependant suffisante pour indemniser le cultivateur du temps qu'il y aurait consacré.
En général, l'éboursgeonnement sur les arbres en pyramide est peu pratiqué; et cependant il n’y a que parce moyen qu'on peut leur donner une belle forme ’et les rendre productifs. On se contente, à l’époque de Ia taille, de promener à tort et à tra- vers le sécateur sur les individus que l’on dirige et que l'on abandonne ensuite à eux-mêmes pendant tout l'été, et on s'étonne de n'avoir point de fruits, ou de n’en obtenir que de médiocres. Tant que les jardiniers négligeront d'ébourgeonner, ou les pro- priétaires de le faire faire, les arbres pyramidaux n'auront ni forme ni fruits.
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Pendant que je m'occupe d’ébourgeonnement, jai besoin de relever une erreur qui tend à attri- buer à cette opération la maladie de la gomme qui affecte quelquefois des arbres fruitiers, tels que pé- chers, abricotiers, etc. M. Mirbel, p. 152 et 153 du Cours complet d'agriculture, vol. IX, recommande de ne pas ébourgeonner les arbres par un temps pluvieux, pour ne pas provoquer cette maladie. « En temps de pluie, ditl, l'opération pourrait avoir des suites fàcheuses. » Sous ce rapport, les craintes sont vaines; car fort peu de jardiniers sont tentés de se faire mouiller pour ébourgeonner- leurs arbres. Plus loin, il ajoute : « Les habitans de Montreuil attendent la fin de mai ou le commen- cement de juin pour ébourgeonner. » En cela leur méthode s’est perfectionnée, car, il y a trente ans, ils ne faisaient cette opération qu’en août ; ils ont d’ailleurs une bonne raison pour attendre en juin, puisqu'à l'époque de la taille , leurs arbres ont déjà subi un ébourgeonnement, que M. Mirbel nomme éborgnage, sans nous dire dans quelles vues et pour quel motif il est pratiqué.
Depuis quarante ans que je cultive les arbres fruitiers, je n’en ai jamais vu un seul atteint de la gomme pour avoir été ébourgeonné; mais beaucoup, au contraire, affectés de cette maladie pour ne l'a- voir pas été. Elle n’est, au reste, ni contagieuse, nk sans remède, et j'ai bien des fois rétabli en peu de temps des arbres gommeux condamnés à la mort. Ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces sortes de végétaux, et qui ne sont pas praticiens, sont effrayés à la vue d’un arbre souffrant, parce qu'ils ne savent quel moyen employer pour les guérir, et, souvent
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même , faute de connaissances, ils aggravent le mal en voulant l’extirper.
Je l'ai déjà dit, et je me permettrai de le répéter ici, les maladies des arbres en général ne provien- nent jamais des branches ; c’est toujours dans la terre qui les nourrit que se trouve la cause du mal. Toutes les fois que les racines sont en bon état, la physionomie de l'arbre annonce la vigueur et la santé; une seule d'elles se trouve-t-elle dans une veine de terre qui ne lui convient pas, la branche corres- poudante devient souffrante et on peut le remarquer surtout dans le poirier. Les insectes eux-mêmes n’attaquent les arbres que lorsqu'ils sont languis- sans, comme la punaise sur les pêchers, le tigre sur les poiriers, le puceron, etc. Enfin, la gomme ne se montre guère sur un arbre bien soigné et dont les racines fonctionnent à leur aise.
Duvaz, horticulteur à Chaville.
Sur le pécher greffe sur abricotier.
À la fin de mai 1836, j'ai eu l'honneur de faire partie d’une commission nommée par la Société royale d'Horticulture pour aller visiter et exami- ner les cultures de pêchers de M. Alexis Lepère, cultivateur à Montreuil près Paris. Pendant cette visite j'ai remarqué des pêchers en espaliers, greffés sur abricotier-pêche, et parmi eux quelques-uns ayant une ou plusieurs branches-mères et sous- mères appartenant les unes à l’espèce du pêcher, les autres à celle de l’abricotier. Toutes rmontraient une belle végétation et fournissent chaque année des fruits remarquables par leur beauté et leur sa-
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veur. Sur mes observations à cet égard, M. Le- père me dit que, dans un sol semblable et à une exposition pareille, les pêchers greffés sur abrico- tier donnaient des fruits plus volumineux et plus parfumés que ceux greffés sur amandier et pru- nier. Ce résultat pourrait être l'effet de la plus grande analogie qui existe entre ces deux espèces, et cependant on voit fort peu de pèchers greffés sur de pareils sujets. Duhamel-Dumonceau est peut- être le seul auteur recommandable qui ait parlé de la greffe du pècher sur abricotier et qui ait ex- primé le-regret de ne pas la voir plus employée; il n'hésite pas à donner la préférence dans toutes les circonstances aux sujets de cette espèce. Quoi qu'il en soit, le procédé de M. Lepère me paraît avanta- geux, et digne d'être employé dans quelques jar- dins. Il offre le moyen d'obtenir à diverses époques sur le même pied des fruits différens, et dont le volume et la saveur sont supérieurs à ceux des au- tres fruits qu'on voit avec tant de plaisir parer les tables bien servies.
Ce cultivateur traite ses pêchers avec talent et succès. Il donne à la forme qu'il leur fait prendre le nom de pécher carre. dispose deux branches- mères inclinées à l’angle de quarante-cinq degrés ; sous celles-ci il conserve pour branches secondaires, à la distance de dix-huit pouces à deux pieds, des branches simples presque horizontales, dénuées de troisièmes et quatrièmes branches, et seulement garnies de brindilles ou branches à fruits, qu'il taille à deux ou trois yeux et qu'il nomme cochonets.
Ces arbres sont parfaitement conduits et bien disposés; et je peux dire, sans crainte d’être dé-
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menti, que M. Lepère est un des cultivateurs les plus distingués de Montreuil. Cependant il est à remarquer que dans ses espaliers sa première bran- che inférieure est toujours la moins vigoureuse, par la tendance que la sève a constamment à s’é- lever dans lesparties supérieures de l'arbre. C'est pourquoi je conseille à toutes les personnes qui s'occupent de la taille des pêchers , partie de l'hor- ticulture qui, il faut l'avouer, est encore fort impar- faite, d'établir leurs espaliers sur quatre branches, dont les deux premières, ou branches-mères, étalées à l'angle de quarante-cinq degrés, et les deux autres, ou sous-mères, à celui de vingt à vingt-cinq. Ensuite on conserve sous les unes et les autres des troisièmes branches qui garuissent le mur, depuis la basé jus- qu’au chaperon. Il faut empêcher qu'aucune branche un peu forte se développe sur le dessus d'aucune d'elles, parce qu'il en résulterait bientôt le dépéris- sement des branches inférieures, que la sève aban- donnerait pour se porter vers ces nouvelles bran- ches, où elle trouveraitdes pores plus dilatés que dans les autres maintenues dans une position presque horizontale. Âu surplus je ne peux mieux faire que de renvoyer mes lecteurs au cours théorique êt pra- tique de la taille des arbres fruitiers, par notre col- légue DazsrerT, où ces questions sont, au dire.des connaisseurs, parfaitement traitées. P£Épin.
Greffe propre a regarnir quelques arbres fru tiers:
Lorsqu'un poirier ou un pommier est dégarni de branches dans sa partie inférieure, on peut le
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regarnir au moyen d'une greffe peu en usage, mais qui devient d'une grande utilité en pareille circon- stance. Elle consiste à faire sur le corps de l'arbre une incision en forme de T comme pour y insérer un écusson. On se sert de bourgeons coupés long- temps à l'avance, ou au moins qui n'aient pas en- core commencé à développer leurs germes. On en coupe des morceaux munis de deux ou trois bons yeux, on les taille en biseau comme pour la greffe en couronne, c’est-à-dire que cette greffe est unie du côté du corps et ronde de l’autre côté ; on taille ou on enlève également environ deux lignes de lon- gueur de l'écorce et du bois, à la partie inférieure qui doit regarder l'écorce. À la partie supérieure du T on supprime en amincissant l’arête que forme l'épaisseur de la vieille écorce, on soulève adroite- ment les deux parties d’écorce longitudinales et on implante la greffe qu’on appuie légèrement, jus- qu'à ce que l'on sente qu'elle est solidement fixée. Il n’est pas besoin de ligatures, mais seulement on couvre avec soin lincision avec de la cire à greffer pour empêcher la pluie de s’y introduire et l'air et lé soleil de la dessécher. Cette greffe peut se prati- quer du 1° mars au 1° mai ; à cette époque, la sève est assez abondante pour que la greffe puisse couler entre le bois et l'écorce.
Un propriétaire qui avait un mur de quinze pieds de hauteur voulut, pour le garnir, que je lui plan- tasse un poirier tige de Catillac ayant huit pieds d'élévation sous branches. Mais la nudité du corps de l'arbre le contrariant, je lui proposai de le greffer par le procédé que je viens de décrire. Ces greffes, faites en avril dernier avec des bourgeons de la va-
Hi P1,36
NEMOPHILE RE MARQUABLE
Nemophila insignis. 2
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riété connue sous le nom de duchesse d'Angoulême, au nombre de vingt-quatre, douze de chaque côté, sont en pleine végétation, et j'ai lieu d'espérer que d'ici à deux ans la partie inférieure de l’arbre sera parfaitement garnie. Duvar, horticult. à Chaville.
PLANTES D'ORNEMENT.
PLEINE TERRE.
NÉMOPHILE REMARQUABLE, z2emophila insignis. Bor. REG. 1713. Pentandrie monogynie, Lin. ; Lysi- machies, Juss. ( Voyez la planche. )
Plante annuelle; tiges s'élevant de six à huit pouces, herbacées, éparses, cylindriques , vertes et rameuses. Feuilles épaisses, à pétioles plus ou moins longs, selon la place qu’elles occupent, et légèrement canaliculés ; les radicales à découpures profondes, irrégulièrement lobées, un peu rudes ; les caulinaires moins grandes, à découpures plus ré- sulières et pointues ; toutes d’un vert foncé. Pédon- cules assez longs, verts, naissant dans l'aisselle des feuilles ; calice monophylle à cinq divisions linéaires, pointues, séparées les unes des autres par autant d’appendices pétaloïdes recourbées en bas, de même couleur que les feuilles. Corolle à cinq divisions arrondies , d'un bleu violacé en dehors, d’un beau bleu azur foncé en dedans sur la moitie supérieure du limbe de chaque pétale, dont le reste inférieur est blanc; cinq étamines à filets blancs et anthères noirâtres. Un style simple.
Cette jolie plante, originaire de la Californie,
Jurzzer 1836. 20
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n’est connue que depuis 1834 en Angleterre, d’où elle a été importée en France. Elle deviendra bien- tôt un nouvel ornement pour nos parterres, qu’elle est destinée à embellir, soit qu’on la cultive en bordure ou en touffe. Elle n’est nullement difficile sur le terrain et sur l’exposilion; on la sème au printemps comme la girofléé de Mahon. Elle mûrit parfaitement ses graines, qu'il faut avoir soin de récolter quelques jours avant leur maturité, parce qu’elles se répandent facilement.
Nous devons cette plante à l'obligeance de M. Eaf- fay ; elle a fleuri également en mai et juin au Jardin des Plantes. JacQuiIN jeune,
Associé de la maison Jacquin frères et Cie.
GROSEILLIER PORTE-CIRE , /tbes cereum, DoucLas. BorT. mac. 1263.
Notre collègue, M. Jacques, dans un article sur le genre Ribes, inséré page 113 de ces An- nales, année courante, a cité, page 117, l'espèce ci- dessus, dont il n'avait alors vu ni la fleur ni le fruit. C'est ce qui m'engage à donner de nouveaux dé- tails sur ce groseillier, destiné à produire un joli effet dans la décoration des jardins.
C'est un arbuste de trois à quatre pieds, à ra- meaux alternes. La tige principale est droite; les ramilles, disposées presque horizontalement, sont, dans leur jeunesse, garnies de glandes d’où secrète une résine à odeur semblable à celle du cirier (Myrica, Lin.). Elles sont ordinairement cendrées, et ponctuées de pourpre du côté du soleil sur les pousses de l’année.
Les feuilles sont alternes, à trois ou cinq lobes
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(mais toujours trois plus prononcés ), crénelées ; les petites sont cunéiformes, blanchâtres en des- sous, et couvertes en dessus de petites granules pulvérulentes et résineuses. Le pétiole est long d'un pouce et slanduleux. Les fleurs sont mono- pétales, infundibuliformes, à cinq petites divisions réfléchies, de couleur blanc rosé, nombreuses, longues d'un demi-pouce, réunies de deux à quatre sur un pédoncule axillaire, long d’un pouce au plus, glanduleux. A la base des fleurs se trouve une appendice calicinale d'une à trois folioles ré- fléchies, ovales, semi-amplexicaules , dentées fine- ment et profondément à leur sommet; cinq éta- mines, ne dépassant pas ia corolle; un style plus long que la corolle, à stigmate noirâtre.
Les fruits sont presque sessiles, agglomérés par deux ou quatre d'un rouge foncé, arrondis, com- primés aux deux extrémités, de la grosseur de ceux du groscillier à grappes; ils conservent à leur base les trois stipules calicinales et sont portés le long des rameaux par un pédoncule commun axil- laire long de deux à quatre lignes; ils sont doux, pâteux , sans aucune acidité, et mürissent fin de juin ou dans les premiers jours de juillet.
Cet arbuste, originaire de l'Amérique septen- trionale, ne peut être employé utilement que pour la décoration des jardins; ses nombreuses fleurs, d'un blanc rosé, apparaissent en mars et avril, époque où fleurissent les ribes sanguineum, palma- tum, aureum, de facon qu'il produira un fort joli effet en l’alternant avec ces espèces. Introduit en 1853, je le connais déjà dans les jardins royaux de Neuilly, dirigés par notre collègue, M. Jacques,
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et dans quelques établissemens marchands, tels que ceux de MM. Cels, Godefroy, etc.
On le multiplie de boutures, de marcottes et de graines , et 1l croît dans tous les terrains et à toute exposition. PÉPIN.
DEUTZIE À FEUILLES RUDES. Deutsia scabra, Taums., nov. sen. 10 fl. Jap.; Décandrie trigynie, Lin. ; Saxifrages, Juss.
Feuilles caduques , opposées, ovales aiguës, fine- ment dentées , à dents assez espacées, lisses en des- sus, rudes en dessous ; rameaux grêles, terminés par des grappes de douze à vingt fleurs environ, opposées, à pédicelles d'autant plus courts qu'ils se rapprochent du sommet du rameau ; pédoncule commun, formant l’axe de la grappe, légèrement incliné à l'extrémité supérieure; pédicelles munis de deux bractées vers la moitié de leur longueur ; calice tomenteux à cinq divisions ; boutons ayant l'aspect et la forme de ceux de l'oranger, et se développant de même. Corolle à cinq pétales d'un très-beau blanc, à surface extérieure concave, et formant avec les styles un angle de quarante-cinq degrés; les bords des pétales amincis à cause de leur croisement l’un sur l’autre avant l'épanouisse- ment. Dix étamines à filets pétaloïdes, larges d’une demi-ligne, trifides au sommet ; la division du nu- lieu plus allongée et supportant l'anthère; les deux autres en forme de dents. Ovaire concave, surmonté de trois styles terminés chacun par un stygmate en forme de massue. Capsules globuleuses , tronquées, à trois loges, aristées par les styles qui persistent.
Ni
PL.3T4
Pimelea silvestris
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Nous avons recu ce bel arbuste d'Angleterre , où tout récemment il avait été apporté du Japon. Il paraît destiné à tenir une place distinguée dans nos bosquets, dont il deviendra un précieux ornement. Il a un peu l'aspect du philadelphus ou serimpgat. Les deux seuls rameaux florifères dont il était garni se sont développés en même temps, ce qui nous fait supposer qu'il épanouit toutes ses fleurs à la fois ; et comme elles ont une longue durée, ce doit être un spectacle ravissant que de voir la floraison d'un individu un peu fort.
Jusqu’alors nous l'avons cultivé en terre de bruyère, mais il est probable qu'une terre mé- langée lui conviendrait aussi bien. Nous croyons aussi qu’il est entièrement de pleine terre. Au reste nous continucrons nos observations, et peut-être l’année prochaine en donnerons-nous la figure dans les nnales. I se multiplie de boutures étouffées et de marcottes. CeLs frères.
ORANGERIE.
PIMELEA , Smira. Diandrie monogynie, Lin.,
Thymélées, Juss.
Caractères génériques. Calice quadrifide; deux étamines insérées à la gorge de la corolle; un style latéral; noix uniloculaire recouverte d’une écorce.
PIMÉLÉE DES Bois, Prmelea silvestris. Horr.
(Voyez la planche.)
Arbuste de la Nouvelle-Hollande, s’élevant de qua- tre à six pieds. Tige verte, glabre et très-rameuse ;
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feuilles opposées, linéaires, d'un vert glauque; en mai et juin fleurs monopétales tubulées, petites, à quatre divisions profondes, à peine lilacées en de- hors et d’un blanc rosé en dedans; les deux éta- mines sont plus longues que la corolle, le style simple a la même longueur que les étamines ; cet organe manque dans une partie des fleurs. Celles-ci sont réunies dans un involucre à six folioles, au nombre de trente-cinq à quarante par tête sphé- rique, terminant les rameaux longs et grêles, que son poids fait incliner d'une manière tout-à-fait gracieuse.
Cet arbuste, que nous possédons depuis le prin- temps de 1835, n’exige pas une culture difficile. Nous le tenons en pots de terre de bruyère, et nous le conservons en serre tempérée. On le multiplie de marcottes qui s’enracinent longuement et difficile- ment, et mieux de boutures faites au printemps en pots remplis de terre de bruyère, placés sous cloches et enfoncés dans une couche tiède. Ces boutures, quoique reprises, sont encore sujettes à fondre lors- qu’on les sépare pour les empoter ; c'est pourquoi je conseillerais de les faire une à une dans des petits pots que l’on ne changerait que lorsqu'ils seraient devenus trop petits.
Il est probable qu'on parviendra à le propager par le semis de ses graines, qu’il donne assez abon- damment. Cependant une partie des fruits sont dé- pourvus d'amandes, et je présume que ce sont ceux qui proviennent des fleurs où le style manque. Quoi qu’il en soit, j'ai fait semer de ces graines l’année dernière et je n’en ai obtenu aucun bon résultat; mais comme il est possible que ce semis ait été mal
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STEPHANOTIDE à fleurs nombreuses
Stephanotis floribunda Karvwin: Se
311 soigné, je vais recommencer cette année aussitôt après la maturité des graines, et si elles ont à lever,
je pense que, comme les daphnés, ce ne sera que pour le printemps prochain. JAcQuIN aîne.
SERRE CHAUDE.
STÉPHANOTIDE A FLEURS NOMBREUSES. Stephanotis flo- ribunda, Ab. Bronc. Pentandrie monogynie, Lin. ; Apocynées, Juss. (Voyez la planche.)
Arbuste volubile, à rameaux cylindriques, gri- sâtres, couverts de petites lentilles blanchûtres ; feuilles ovales, arrondies, ou subcordiformes à la base, acuminées au sommet, pétiolées, glabres ; longues d’un pouce et demi à deux, larges d'un à un pouce et demi, d’un vert foncé et Juisant sur la face supérieure, qui paraît un peu ehagrinée , lisses et d’un vert pâle sur l'inférieure; nervures à peine saillantes; pétioles longs d'un pouce environ, ié- sèrement déprimés et munis de quelques petits tubercules glanduleux à leur jonction avec la feuille.
Calice à cinq divisions libres jusqu’à la base, ovales, obtuses, un peu redressées contre le tube de la corolle , porté par un pédicelle cylindrique long d'un payes environ, d'un vert pâle ; corolle tubu- leuse , à limbe à cinq divisions ovales, à bords ré- fléchis, d'un beau blanc, un peu luisant dans les fleurs qui s’épanouissent, à tube long d’un pouce, un peu rétréci vers le haut, tapissé vers sa moitié interne de poils blancs horizontaux , et parcouru dans toute sa longueur par des nervures vertes à la
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base , ensuite légerement rosées et qui vont s’épa- nouir dans le limbe. Cinq étamines attachées au fond du tube, terminées par une appendice membraneuse blanche, et ayant leurs anthères ovales, dressées et fixées contre la base du style, qui est apiculé et divisé en deux lobes appliqués l’un contre l'autre. Ces fleurs sont disposées en ombelle de cinq à sept, portée par un pédoncule commun axillaire; elles exhalent une odeur très-suave, semblable à celle du jasmin.
Ce joli arbuste est originaire de Madagascar ; il a fleuri pour la première fois en 1835, dans les serres chaudes du Muséum d'histoire naturelle. On le cul- tive en bonne terre mélangée et en pots enterrés dans la tannée. On le multiplie de boutures qui re- prennent assez facilement ; mais, comme il fournit peu de bourgeons, il sera rare encore long-temps.
NEUMANN.
Kerue DE Lipcer. Aibiscus Lindlei, Wavucu., PI. asiat., rar., Vol. I, tab. 4. (Voyez la planche).
Plante à tiges frutescentes, rameuses, semi-cy- lindriques, garnies d'épines, pouvant s'élever à six pieds ; feuilles alternes, palmées, divisées en troisou cinqlobes; lesinférieuressont quelquefoissanslobes, un peu cordiformes et dentées comme les supé- rieures ; pétioles longs de deux à trois pouces, gar- nis en dessous de petites épines recourbées, et à la base de deux stipules longues de six à huit lignes, ciliées sur les bords. Calice ovale à cinq dents hé- rissées de poils assez longs, entouré d'un involucre composé de folioles linéaires hispides; fleurs à pé-
P1.39
Hibiscus lindlen SLT
03
doncule axillaire, solitaires, composées de cinq pétales étalés, arrondis au sommet, de couleur pourpre très-foncé sur le limbe, et d’un noir luisant à l'onglet, striés de nervures d’un pourpre plus in- tense encore; du centre noir de la fleur, s'élève un ovaire surmonté d'un style à cinq stigmates noirs, et entouré de sa base au sommet d’étamines mona- delphes à anthères arrondies et jaunes.
Cette jolie plante, nouvelle dans nos serres, est, selon Wallich, originaire de la Birmanie. Elle se conserve et fleurit très-bien sur une tablette, près du jour, dans une serre chaude. Malheureusement la fleur n’est pas d’une grande durée : quatre ou cinq heures d'épanouissement suffisent pour lui enlever toute sa beauté, et bientôt les pétales se contractent et se serrent les uns sur les autres, comme pour envelopper et garantir les organes de la reproduc- tion. Cette courte durée est au reste compensée par l'abondance des fleurs qui se succèdent de jour en jour, et quelquefois plusieurs ensemble, quand les individus sont vigoureux.
Il faut à cette plante un mélange de terres de bruyère et franche avec un peu de terreau. On la multiplie facilement de boutures et de graines. En coupant la tige principale à six ou huit pouces au dessus du pot, on peut obtenir des fleurs sur des plantes hautes seulement d’un à deux pieds.
NEUMANN.
314
MozAMBE EN ARBRE, Cleome arborea, Huws. et Bonp., Decann. prod. 1, pag. 258. Kuwr, Nov. sp. p. 5: p- 86. (Voyez la planche dans le numéro de juin dernier, donnée par une erreur inexplicable sous le nom de MosAmBé REMARQUABLE, Cleome spectosa. La plante qu’elle représente est celle dont la des- cription va suivre, et le C/eome speciosa, décrit page 374, n'était pas destiné à être peint.)
Tige ligneuse, ordinairement peu rameuse, et comme pubescente dans sa jeunesse , teintée légère- ment de violet du côté du soleil, pouvant s'élever de cinq à six pieds et peut-être plus; feuilles épar- ses, portées sur un pétiole ouvert presque horizon- talement, finement pubescentes; les folioles sont au nombre de sept, ovales, lancéolées, pointues, en- tières sur les bords, et pubescentes comme les pé- tioles ; la moyenne est la plus grande. Les autres vont en décroissant graduellement , en sorte que les deux inférieures sont beaucoup plus petites; les fleurs terminent les feuilles et les rameaux. Elles sont disposées en grappe qui s’allonge à me- sure que la floraison s'effectue ; les pédicelles sont longs d'environ un pouce et portées à la base d’une bractée simple, petite, analogue aux feuilles ; le calice est à quatre divisions réfléchies en arrière, verdâtres, linéaires, pointues; corolle de quatre pétales redressés en haut, un peu ondulés, et presque toujours connivens au sommet, de huit à neuf lignes de long, d’un pourpre un peu violacé , blanchâtres à la base; six étamines ouvertes et di- vergentes, du même pourpre que les pétales, lon- gues de deux pouces et demi au moins; les anthères
P1,40
MOSAMBE REMARQUABLE
Cleome speciosa
315
sont droites, un peu relevées au sommet au moment de l'émission; style un peu plus court que les éta- mines de même couleur, portant à son sommet un ovaire oblong, terminé par un stigmate sessile et violet. Les graines n’ont point noué.
Cette belle plante sous-ligneuse se cultive en pot, dans un mélange de terre de bruyère et de bonne terre normale; la première pure lui convient éga- lement. La serre chaude lui est nécessaire; on la multiplie facilement de boutures, faites sur couche chaude, et étouffées d’une cloche.
Elle est originaire de Caracas, et cultivée en An- gleterre depuis 1817 ; ses jolies fleurs se sont mon- trées en mars, avril et mai; je la tiens de l’obligeance de M. Loht, jardinier-fleuriste, rue Fontaine-au-Rot, à Paris, qui lui-même l'avait acquise d’un fleuriste de Gand, après qu'elle eut figuré à l'exposition que fit la Société royale d'Horticulture de Paris en 1835.
JACQUES.
NOUVELLES.
Dans les premiers jours de juin, j'allai avec M. Poiteau visiter les cultures de notre collègue M. Lémon, à Belleville, et particulièrement la floraison d'une certaine quantité de pivoines pro- venant de ses semis.
M. Lémon , ayant semé des graines de la Pæœonia sinensis , obtint, entre autres , deux variétés à fleurs simples, l’une d'un beau rose carné, l’autre d’un blanc pur, qui ont recu de lui les noms de specta- bilis et grandiflora. Ces deux pivoines , fécondées l'une par l'autre, ont fourni, par le semis de leurs graines, plusieurs autres variétés, parmi lesquelles
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je signalerai seulement les trois suivantes sous la nomenclature que M. Poiteau leur à assignée.
PivoinE BicoLore. Fleurs de quatre pouces et demi de diamètre, sur trois environ d'épaisseur , bien faites, presque pleines, et soutenues avec grâce par leur pédoncule. Elles offrent un premier rang de pétales extérieurs, grands, un peu laciniés au sommet, d’un blanc pur, excepté en dehors près de l'onglet, où se montre une légère teinte rosée ; les pétales du second rang sont grands, ovales, ar- rondis, plus étroits à l'onglet et entièrement blancs; le centre est occupé par une masse de pétales étroits, pointus , aigus ou laciniés plus ou moins profondé- ment et inégalement, d’un beau jaune soufre uni- forme ; du milieu de ce faisceau se détachent cinq ovaires, surmontés de styles pourpres. Chaque tige florale porte ordinairement deux fleurs.
Pivoine PROLIFÈRE. Celle-ci, plus large et plus épaisse que la précédente, a les pétales de la cir- conférence ovales, arrondis, d’un blanc pur en dedans, légèrement rosés à l'extérieur ; le second rang se compose de pétales étroits à l'onglet , élar- gis au sommet, et d'un beau jaune soufre; vient ensuite un faisceau circulaire de pétales plus larges, blancs à l'extérieur et au sommet intérieur , tandis que l'onglet du même côté est teint en jaune. Cinq d’entre eux ont leur extrémité maculée de pourpre très-vif, comme si les styles de cette première fleur avaient conservé leur couleur en se métamor- phosant en pétales ; du centre s'élève comme une seconde fleur composée d’un groupe de petits pé- tales irréguliers et presque tous linéaires, envelop- pant les ovaires, dont les styles rouges ressortent
317 également sur le fond blanc qui les environne.
PivoiNE A PÉTALES LIGULÉS. Cette variété a ses fleurs un peu plus étroites que la première. Sa circonférence est garnie de dix pétales blancs ovales arrondis ; le centre est occupé par cinq ovaires à style pourpre, entourés d’un très-grand nombre de pétales longs, étroits, ligulés, et dont les bords de l'onglet sont révolutés les uns sur les autres; tons sont d’un blanc pur, excepté l'onglet, qui est teinté de jaune. Cette fleur fait un joli effet.
Les deux premières variétés s'élèvent à environ trois pieds ; la dernière, un peu moins. Leur feuil- lage ne diffère en rien de celui de la Pœonia si- nensis. DoverGE.
En visitant, à la fin de mai dernier, les belles cultures de notre collègue , M. Jacquin aîné, dans son jardin de Charonne, j'ai trouvé dans le plus bel état de végétation toutes les plantes rares dont il a fait l'acquisition à l'exposition de la Société d'Hor- ticulture, en 1855, et parmi lesquelles je citerai les Ænthocercis viscosa , Boronta pinnata , Pimelea silvestris, Daviesia longifolia, etc.
Toutes ces plantes, qui sont en multiplication, pourront cette année être livrées au commerce.
Toutefois, ce qui motive plus particulièrement cet article, est ce qui m'a frappé dans les variétés de la pivoine en arbre, Pœonia moutan, dont notre collègue a été l’un des premiers à faire des semis. Non-seulement il a obtenu quelques belles variétés à fleurs doubles de dimensions assez remarquables, mais encore des feuillages qui diffèrent singuliè- rement de celui du type. Ainsi, parmi les jeunes
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pieds provenus de semis, plusieurs ont sur les bords des feuilles, et sur les feuilles mêmes, des pa- nachures de jaune plus ou moins doré, de blanc, de rouge sanguin, de violet, de pourpre, etc., lesquelles font un effet très-curieux. Toutefois ces panachures annoncent un état de dégénérescence et de maladie; et en effet la plupart des individus dans ce cas n’ont pas encore fleuri, et chez tous ceux qui ont donné quelque apparence de fleurs, celles-ci ont avorté jusqu’à ce jour. C’est pourquoi on ne peut les multiplier que par la voie des boutures et de la greffe qui réussit parfaitement sur les racines tuberculeuses ou fusiformes des espèces herbacées que l’on cultive communément dans les jardins.
Au reste, ces plantes à feuillage si diversement varié de nuances plus ou moins tranchées , peu- vent être employées avec succès dans la décoration des plates-bandes et parterres où elles font un joli effet. PÉpin.
J'ai vu en fleurs pendant le mois de juin der- nier, au Jardin des Plantes, les espèces ci-après.
Platistemon californicum , BoT. REG. 1670, Papa- véracées, Juss., à fleurs jaunes assez insignifiantes.
Escholtzia crocea, BoT. REG. 1677, Papavéracées, Juss. Jolie plante à fleurs d’un beau jaune oranger , que nous cultivons depuis un an de la même ma- nière que l'£scholtzia californica.
Linnanthus Douglas, Box. rec. Plante nouvelle, avec laquelle M. Robert-Brown a fait une nouvelle famille; du reste assez insignifiante pour l'ornement.
Portulaca Gilliesiüi, dont nous avons donné la figure dans ces Annales.
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Leptosiphon (Bentham ) androsaceus , Bor: REG. 1710; Polémoniacées, Juss. C’est une fort jolie petite plante, d’une élégance remarquable , et qui sera employée pour l’ornement.
Oxyura chrysanthemoïdes, Bot. REG. 1850. Genre nouveau de collection botanique.
Toutes ces plantes, qui paraissent être origi- naires de la Californie, sont annuelles. Nous les cultivons encore en pots jusqu'à ce qu’elles aient donné des graines, car plus tard elle seront sou- mises à la pleine terre comme toutes les plantes de cette contrée. Neumann.
La Société d'Agriculture de Saint-Omer a tenu sa cinquième exposition publique pour la section d’horticulture , les 5 et6 juin derniers. Cette expo- sition, d’après un témoin oculaire, paraît avoir été brillante, et annonce que le goût de l'horticulture fait dans cette ville des progrès remarquables. Il y avait en effet un grandnombre de plantes, parmi lesquelles il s’en trouvait d'assez rares, des fruits et des légumes.
Cette exposition a été terminée par une séance où les récompenses indiquées par le programme ont été distribuées aux concurrens. Le premier prix, consistant en une médaille d’or , a été décerné à M. le comte Dutertre, amateur très-distingué, pro- priétaire à Saint-Martin au Laërt, pour sa belle collection de plantes de serres des diverses tempé- ratures. Une médaille d'argent grand module, con- stituant le premier accessit de ce prix, a été remise à M. le docteur Deschamps, de Saint-Omer , qui avait également exposé un bon ngmbre de jolies plantes.
Une autre médaille d'argent, formant le second
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prix, a été donnée à M. Verchaffeld, fleuriste à Gand, pour la plante en fleurs la plus rare : c'était le Deu- uzia scabra, dont MM. Cels se sont occupés dans ce numéro même. M. le comte Dutertre a encore ob- tenu une médaille d'argent comme accessit à ce prix, pour le Catasetum luridum.
M. Deschamps, déjà nommé , a remporté le troi- sième prix, pour la plus belle culture, et M. Mé- quignon, fleuriste à Saint-Omer, pour la plus belle collection de plantes de pleine terre en fleurs.
En regrettant de ne pouvoir signaler les autres nominations, nous dirons qu’on ne peut qu’applaudir au zèle que déploient les vrais amis de l'horticul- ture , pour en populariser le goût. C'est en effet en étalant aux yeux ses productions les plus brillantes qu'on lui créera des partisans, et les récompenses décernées solennellement ne peuvent qu’encoura- ser les amateurs, et soutenir leurs efforts dans une carrière fort aimable sans doute, mais où les succès s’achètent au prix de soins et de travaux assidus.
Doverce.
L'association entre MM. Arnbheiter et Petit pour la fabrication et la vente des outils et instrumens aratoires ayant cessé, M. Arnheiter reste seul chargé de la suite des affaires, des travaux et de lexploi- tation de la fabrique, sise rue Childebert, n° 13, près de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés. Cet habile mécanicien se recommande à tous les amateurs de l’horticulture par les qualités des outils qui sortent de ses ateliers et par l'utilité du plus grand nombre, qui rendent plus facile la pratique de certaines opé- rations du jardinage.
ARRALES
DE FLORE ET DE POMONE.
té e1e060P2I 002516060608 060000e0000061e16180006060S0c060606P1ç0008120%
REVUE
Des genres de végétaux dont toutes les espêces, où quelques-unes seulement , sont cultivées en France et offrent des ressources à l’agriculture, à l’hor- ticulture , à la médecine, aux arts et métiers, etc.
Jaloux de satisfaire aux vœux exprimés par un de nos souscripteurs dans la lettre que nous avons insérée dans le numéro de mai dernier, et dont limportance et l'utilité nous ont paru évidentes, nous avons résolu de donner, sous le titre ci-dessus, une série d'articles offrant les détails qui peuvent intéresser nos lecteurs sur chaque genre de végé- taux. Ces articles auront l'avantage de faire con- naître l’état exact, au moment de leur publication, de toutes les espèces de chacun d'eux, cultivéés en France dans un but d'utilité ou d'agrément, et lorsque de nouvelles acquisitions viendront s'a- jouter aux anciennes, nous aurons soin de les consigner dans nos Annales avec les observations auxquelles elles pourront donner lieu. Comme per-
sonne n’est infaillible en ce monde, et que surtout Aour 1836. 21
322
nous n'avons pas la sotte prétention de l'être, nous invitons nos souscripteurs à vouloir bien nous in- diquer les onussions qui pourraient nous échapper, s’il nous arrivait d'oublier de mentionner des es- : pèces qui nous seraient inconnues et qu'ils possè- deraient, ou, relativement à la culture et aux usages d’une plante, de négliger quelques détails curieux et intéressans. La recherche de la vérité est l'objet de nos efforts, mais seuls il nous serait diffi- cile de la rencontrer toujours , surtout à l'égard de la nomenclature généralement mal soignée, et dont l'exactitude toutefois est d'un grand intérêt pour les amateurs. Nous réclamons donc encore la bien- veillance de nos lecteurs, dont le concours doit con- tribuer à rendre ces articles aussi complets que possible.
ABIES. TournerorrT. Decann. F1. fr. PINUS. Lin. Lams. monœcie Monadelphie. Lin. Conifères. Juss.
Caractères génériques. Fleurs mâles et femelles sur le même individu, chatons mâles solitaires ; les femelles de même à écailles des cônes arrondies au sommet, et non épaissies, ni anguleuses. Les feuilles sont toujours solitaires , et ne sortent jamais d’une gaîne comme dans le genre pinus.
S L. 4 feuilles solitatres ou pectinées.
1. SAPIN BAUMIER. Baumier de Gilead. 4bres bal- samifera Micu. Peuce balsamea Racu. Pinus bal- samea Laws. Pers. Arbre pouvant s'élever jusqu'à cinquante pieds, d'un port droit et pyramidal ;
323 feuilles pectinées sur les côtés, et couvrant en outre le dessus des rameaux; boutons ou gemmes ordinairement munis de résine; cônes droits et assez gros, d'un gris noirâtre, sans aspérités. Lieu. La Virginie, le Canada, etc.
2. Sapin à feuilles d'if. S. blanc. S. de Normandie. Abies picea Wuip. 4. pectinata Lam. Pinus picea Lin. Lams. Pers. Arbre de première grandeur, port droit et pyramidal; feuilles distiques et à peu près régulièrement rangées sur deux rangs ; gemmes ou boutons terminaux ordinairement dépourvus de résine ; cônes érigés, plus petits que dans l'espèce précédente. Lieu. Les montagnes de la France, de l'Allemagne , etc.
3, SAPIN REMARQUABLE. Abies spectabilis Laws. Pinus Webiana Warucu. Arbre dè quatre-vingt- dix à cent pieds; rameaux verticillés comme dans l'espèce précédente ; feuilles pectinées sur plusieurs rangs; les inférieures plus longues ayant jusqu’à dix-huit lignes, à deux dents aiguës à leur sommet ; vertes en dessus, d’un beau blanc argenté en des- sous, gemmes munis de résine. Lieu. Les monta- ones du Népaule. ( Voyez page 288 de ces Annales, année 1832-1833.)
4. SAPIN DE FRASER. Abies Fraseri Pursn. Cet arbre, malgré ses rapports avec la première espèce, en est cependant très-distinct. Ses rameaux sont beaucoup plus menus; ses feuilles, assez nom- breuses, sont pectinées davantage, et n’ont pas plus de six lignes de longueur, d’un vert foncé en des- sus, avec deux nervures, blanches en dessous, non ou à peine bidentées au sommet ; les cônes me sont inconnus. Lieu. La Pensylvanie, etc.
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5. SAPIN DE SIBÉRIE. Abies pichta Fiscuer. Loup. cat. Arbre de quarante à cinquante pieds ; rameaux verticillés, nombreux, un peu diffus; feuilles peu régulièrement pectinées , de douze à quatorze li- ones de long, et d'un peu plus d’une demie de large , d’un vert sombre en dessus, avec deux raies blanches en dessous. Lieu. La Sibérie.
6. Sapin pu Canapa, hemelock-spruss, Pérusse. Abies canadensis Micu. Pinus canadensis HORT. KEW. Lams. Arbre de trente à quarante pieds, branches presque éparses, montantes, rameaux flexibles ; feuilles assez courtes, un peu pectinées, comme membraneuses, un peu pointues; cônes petits, ovales, de six à huit lignes de long. Zieu. L’Amé- rique septentrionale , la Pensylvanie , etc.
7. SAPIN DE LA BAIE D'Hupson. Æbies Hudsonia Bosc. Cours complet d’agr.; Annales de la société d’agron. pratique, mai 1629. Petit arbre en mi- niature, puisqu'il ne paraît pas devoir s'élever à plus de trois ou quatre pieds ; branches verticillées comme dans les deux premières espèces ; feuilles distiques , longues de six à sept lignes, vertes avec un sillon en dessus, et deux raies blanches en des- sous; on ne connaît pas la fructification de ce petit arbre , il est même bien peu connu des botanistes.
8. SariN DE LA CHine. #ies lanceolata Desr., cat. ed. 3, Pinus lanceolata lAw8., Pin. t. 34. Cunning- hamia sinensis Rica. Conif. t. 18. Moyen arbre pou- vant s'élever à trente pieds ; feuilles nombreu- ses , linéaires , très-pointues, aiguës, courtement sessiles, se déjetant par leur torsion à la base, lon- oues de dix-huit à vingt-quatre lignes, larges d’une et demie à deux, d’un beau vert en dessus,
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marquées de deux lignes longitudinales blanches en dessous ; cônes globuleux à écailles acuminées. Lieu. La Chine.
S IL. Feuilles éparses , anguleuses ou subulées.
9- SAPIN EPICEA , epicea , faux sapin, sapin de Nor- vége. Abies excelsa Poirer. Pinus abies Lin. P. ex- celsa, Lam. Arbre pouvant s'élever à plus de cent pieds, branches et rameaux étagés et verticillés, souvent pendans dans la vieillesse de l'arbre ; feuilles couvrant presque tout le dessus des rameaux, qu'elles laissent presque dénudés en dessous, quel- quefois obtusément tétragones , droites , pointues, plus longues que dans les espèces suivantes; cônes cylindriques pendans, à écailles légèrement lacérées en leurs bords et échancrées au sommet, longs de cinq à six pouces. Lieu. Le nord de l'Europe, les montagnes des Vosges, du Dauphiné, etc.
10. SAPIN EPICEA A FEUILLES PANACHÉES. /bies ex- celsa, var. Arbre s’élevant moins que son espèce, et servant à l'ornement des jardins. Je ne le crois pas encore en France. On connaît en outre deux variétés de cet arbre, qui ne sont que des accidens de se- mences, l’une nommée Æpicea bosc, et l’autre sans dénomination ; toutes deux se trouvent aux parc et pépinières de Trianon.
11. SAPINETTE BLANCHE, épinette blanche, sapi- nette bleue. Abies alba Mic. Arb. Pinus alba Laus., Pin. t, 26. Grand arbre dans son pays origi- naire et dans les bons terrains ; branches et rameaux verticillés; feuilles éparses, nombreuses, un peu courbées en faux, à sommet obtus, tétragones,
326 vertes sur les angles, glauques dans les intervalles ; ce qui leur donne en masse un aspect blanchâtre ou bleuâtre ; cônes cylindriques, pendans. Lieu. L’A- mérique septentrionale.
12. SAPIN ROUGE, sapinette rouge. Abies rubra Micu. Pers., sp. 28. Arbre de quarante à cinquante pieds , à écorce rugueuse, rubiconde; branches et rameaux verticillés: feuilles solitaires subulées ; cônes oblongs, obtus, rougeâtres, longs de dix- huit lignes à deux pouces, à écailles arrondies , presque bilobées, à marge entière. Lieu. Le Canada, la baie d'Hudson.
13. Sapin Noir, épinette noire , sapin double , sa- pinette à la bière. {bies nigra mort. Kew. Micu., Arb. Pinus nigra Lams., Pin. t. 27. Arbre moyen dans son pays ( quarante à cinquante pieds), beaucoup moins élevé en France; feuilles tétragones, vertes sur les angles, glauquesdansles intervalles, éparses, nombreuses, plus courtes et plus grosses que dans la onzième espèce, presque droites et couvrant presque également la surface des rameaux ; cônes moins longs et plus gros que dans la onzième. Leur longueur est de quinze à dix-huit lignes. Zieu. L'Amérique septentrionale.
14. SAPIN NAIN, sapinette naine. Æbres clanbrasi- liana norr. kew. Loupon. Arbrisseau très-rameux et formant un large buisson. qui ne s'élève pas à plus de douze ou quinze pouces; feuilles très- nombreuses couvrant les rameaux, presque cylin- driques , d’un vert à peu près uniforme , longues de cinq à six lignes, très-aiguës au sommet. La fructifi- cation ainsi que le lieu originaire me sont inconnus.
15, SAPINETTE BLANCHE NAINE. Abies alba var : nanu.
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Cette variété, de la onzième espèce, a été ob- tenue à Versailles par M. Bertin , cultivateur fleu- riste et pépiniériste dans cette ville ; elle forme un arbuste ne paraissant pas devoir s'élever beaucoup. Les branches et les rameaux sont verticillés, et très- rapprochés; les feuilles sont aussi très-serrées et garnissent la totalité des rameaux, un peu moins en dessous ; elles sont un peu tétragones, et les li- gnes blanches peu apparentes, leur pointe est aiguë et fine. |
16. SAPIN A LARGES FEUILLES. {bies dammara n. ». Pinus dammara Lams., Pin. t. 58. Agatlus dam- mara Ric., Conifères, tab. 19. Dammara orientalis Laus. Agathis loranthifolia Sauss., ete. Grand arbre (cinquante pieds environ), feuilles opposées, elliptiques, lancéolées, striées, de neuf à dix lignes de large; le fruit m'est inconnu. Lieu. Am- boine.
Currure. Les abres balsamifera, picea, frasert, pichta, canadensis, hudsonia, excelsa vax : alba, rubra, nigra, clanbrasiliana et alba var : nana sont de pleine terre et rustiques; pourtant les sapins de l'Amérique septentrionale végètent mieux dans un bon fond de terre douce et fraiche que dans tout autre terrain. Les abies picea et excelsa sont les moins délicats relativement à la nature du sol, cependant plus il est bon plus leur végétation est vigoureuse, et ce n'est même qu'avec cette condition qu'ils acquièrent toute la beauté de leur croissance. On les multiplie de semence excepté les abies hudsonia, excelsa var : alba var : nana et clanbrasiliana, qui à ma connaissance n’en ont ja-
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mais donné. Les Æbies picea, canadensis, excelsa , alba, rubra et nigra les màrissent en France , même aux environs de Paris; pour les autres, il faut les ürer de leur pays originaire. Les semis s’exécu- tent pour tous de la même manière , qui consiste , pour que la réussite soit aussi satisfaisante que pos- sible, à enlever environ six pouces de terre d’une plate-bande ou d’une ou plusieurs planches à mi- ombre, si on peut avoir cet avantage; remplacer la terre enlevée par de la terre de bruyère non tourbeuse ; bien dresser le terrain, semer lesgraines, puis les recouvrir d'au plus trois lignes de la même terre, tenir ses planches ou plates-bandes fraîches sans trop d'humidité, et sarcler soigneusement les mauvaises herbes. Ce semis peut s’exécuter de la mi-avril à la mi-mai; au mois d'avril suivant, ou au bout de deux ans on repique le plant en même plate-bande , ou on le plante en place dans les bois, forêts où massifs qu'on veut former dans les jar- dins d'agrément. Le repiquage se fait en espacant les plants de quatre à six pouces, on les laisse sur place pendant un an ou deux, et alors ils forment de bons plants, dont la réussite est presque assurée, surtout pour l’epicea, qui reprend plus facilement que la plétpart des autres arbres résineux. Dans les pépinières et cultures commerciales, c'est en sortant des planches de repiquage qu’on met ces arbres en pots pour être transplantés ensuite dans les jardins d'ornement, où on trouve spécialement les espèces balsamifera, fraseri, pichta, canadensis, alba, rubra, niora, et sa variété nana. Cette culture ne con- vient qu'aux pépiniéristes ou aux amateurs ; toute- fois , j'ai dit que les planches creusées pour les semis
329 seraient remplies de terre de bruyère; j'ai égale- ment bien réussi en me servant de sable fin d’allu- viôn qui se trouve au bord des rivières après les inondations.
Les espèces picea et excelsa se sèment aussi pour former les corps de forêt, comme les pins syl- vestre , laricio, de Bordeaux, et autres. Ces semis en grand doivent être traités comme ceux à pins Ë et voici comme on les exécute dans la forêt de Fontainebleau, où j'ai vu la réussite complète de semis superbes sur des bruyères ou friches. Du milieu d'avril à celui de mai on jette de la graine à la volée, à raison de sept à huit livres par arpent de la première espèce , et de dix-huit à vingt de la se- conde, en s’assurant cependant si me sont de bonne qualité. Cette opération étant terminée, des ouvriers , avec des pioches plates ou hoyaux, cou- pententre deux terres, et à six ou huit lignes de pro- fondeur seulement, les bruyères, grosses herbes, ronces et toutes broussailles qui recouvrent le ter- rain, et après les avoir enlevées, on donne un coup de herse et on abandonne le semis à la nature. J'ai vu, comme je viens de le dire , des semis considéra- bles exécutés de cette manière, sous les ordres de M. de Bois-d'Hyver, conservateur de cette rési- dence, et qui étaient d’une venue magnifique.
On peut encore les semer sur un terrain préala- blement labouré, et sur lequel on a fait, au com- mencement d'avril, une demi-semence d'avoine, et après avoir hersé celle-ci, on y sème la même quantité de graine que j'ai citée ci-dessus, puis on y passe la herse renversée sur le dos, et ensuite un coup de rouleau pour affermir le terrain. On fait
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la récolte de l'avoine avec précaution afin de ména- ger le jeune plant autant que possible.
Les espèces spectabilis, lanceolata, peuvent à la rigueur supporter la pleine terre; mais 1l est pru- dent d’en avoir toujours quelques individus en caisse et en pots afin de pouvoir les abriter lhi- ver en orangerie. Si on pouvait se procurer des graines de ces espèces, elles seraient semées en pots ou terrines , en mars, ou aussitôt leur recep- tion. Ces vases seraient placés sous châssis tiède, afin d'accélérer la germination ; on les accoutume- rait ensuite petit à petit au grand air, en donnant d’abord un peu d'air au châssis et en augmentant successivement ; il faut aussi ombrager le châssis dans les journées ou le soleil brille, soit avec des toiles, du paillis ou du feuillage ; à la fin de mai on peut sortir les pots ou terrines et les placer auprès d’un ombrage au levant. On pourrait même à cette époque les séparer en mettant chacun dans un petit pot, et les faire reprendre sous un châssis ombragé ; on les abriterait l'hiver dans une orangerie, ou sous châssis, et on ne les livrerait au plein air que lorsqu'ils auraient acquis une certaine force.
Toutes les espèces reprennent plus ou moins bien de boutures, surtout lexcelsa. On fait celles-ci au commencement du printemps, en pleine terre et en place, et si le printemps est humide ou qu’on leur donne quelques arrosemens, elles réussissent ordinairement bien et forment par la suite d'aussi beaux arbres que les semis; celles des espèces spectabilis, fraseri, pichta, hudsonia et lanceolata, peuvent être faites en plates-bandes de terre de bruyère au nord et recouvertes de cloches, sur
337 couche chaude, ou en serre sous cloche étouffée. On peut encore greffer en approche ou en herbe, sur le picea, les espèces spectabilis, frasert, pichta, hudsontia ; le clanbrasiliana, se multiplie de mar- cotte , et aussi par la greffe sur l'exce/sa.
L'abies dammara est de serre chaude; il est très- rare , jen’en counais qu'un seul individu au Jardin des Plantes de Paris, il provient de l’ancienne et riche collection de M. Boursault. Sa multiplication est très-difficile, et, depuis déjà plusieurs années
qu’il est à Paris, on n’a pu encore en obtenir aucun jeune individu.
Usaces. Tous servent à l’ornement des jardins paysagers, objet qu'ils remplissent parfaitement. Les espèces picea et excelsa forment des forêts étendues en Europe et même en France, où leur bois est employé pour les constructions navales et civiles, et par les menuisiers, les luthiers et au- tres; du picea, on tire de la térébenthine; on em- ploie quelquefois ses bourgeons dans les maladies scorbutiques ; l'excelsa donne la poix blanche, poix de Bourgogne, qui se fige en larmes sur les troncs, avec laquelle on fabrique la poix noire en y mélan- geant du noir de fumée ; l'écorce des sapins peut être employée pour le tannage des cuirs ; ce sont enfin des arbres d’une grande et précieuse utilité.
Dans le nord de l'Amérique, les sapins balsamt- fera, canadensis, hudsonia, alba, rubra, nigra, alba vax : nana et autres que nous ne possédons pas en France, forment des forêts d’une immense étendue, plusieurs servent aux mêmes usages qu’en Europe, mais quelques-uns ont des emplois parti-
Jen
culiers. Le balsamifera fournit le baume du Ca- nada ou baume de Gilead, qui dans cette contrée et en Angleterre s'emploie contre la phthisie pul- monaire. On fait de la bière avec les jeunes bour- geons des canadensis et nigra, dont les écorces ser- vent au tannage. La térébenthine qui s'obtient de cette dernière espèce sert à goudronner les coutures des canots faits d’écorce. Ainsi, comme en Europe, ces arbres sont une ressource précieuse, et il est présumable que les espèces de l'Inde et de la Sibérie rendent les mêmes services dans leurs pays res- pectifs. Jacques.
HORTICULTURE. JARDIN FRUITIER.
Pore Wicriams. (Voyez la planche.) Cette poire, introduite au Jardin des Plantes par la bienveil- lance de M. Léon Leclerc , amateur et pommologiste distingué, lui est venue de l'Angleterre.
L'arbre qui la produit est d’une extrême fertilité, et paraît se prêter à toutes les formes ; ses rameaux sont droits, bien étoffés, recouverts d’une écorce épaisse de‘couleur roux clair, légèrement poin- tillée de gris; les yeux sont gros, assez ronds, de couleur fauve, demi saillans. Les boutons sont remarquables par leur volume, de forme conique un peu évasée et parfaitement recouverts d'écailles qui les garantissent des effets funestes des plus mauvais hivers. Les feuilles sont grandes et portées sur un pétiole gros et court. Le fruit est d’une belle grosseur; celui qui a servi de modèle est de di-
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mension moyenne; sa chair est blanche, un peu souffrée, très-succulente, laissant échapper une eau abondante et d'une saveur très-agréable. Sa ma- turité, qui arrive assez généralement à la fin d’août, semble avoir lieu à point pour remplir la lacune qui existe entre les derniers bons fruits de l'été et les premiers de l'automne. Cet avantage, réuni aux qualités qui le distinguent, doit le faire admettre dans tous les jardins. J'ai déjà signalé cette poire aux pépiniéristes, et ils sont en état de la fournir aux amateurs qui pourraient la désirer. Darsrer.
Moyen d'obtenir plusieurs variétés de raisin sur le méme cep.
Notre coliègue, M. Hardy, en enrichissant nos Annales de la description de plusieurs belles et bonnes variétés de vignes dont les raisins sont dignes d'être servis sur les tables, aura sans doute inspiré aux amateurs le désir de s’en procurer quel- ques-unes.
Il peut arriver souvent qu'on se trouve arrêté dans la réalisation de ce projet, soit parce qu’on manque de place pour planter et cultiver les nou- veaux sujets , soit parce qu'avec raison on ne veut pas détruire de beaux ceps pour les remplacer par de nouvelles variétés.
On peut avantageusement lever cette difficulté par le moyen de la greffe. Ainsi, ceux qui possè- dent déja des treilles bien formées, étalant leurs cordons sur les murs contre lesquels elles sont palissées, peuvent greffer sur chacun d’eux des /varictés différentes, et avoir, par ce moyen, sur le
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même pied plusieurs sortes de raisins qui font un bel effet lorsque la vigne est couverte de fruits, et offrent pour la table des ressources plus variées, en même temps que l’occasion d'apprécier leur mérite particulier.
Il en est de même lorsque la place dont on dispose ne peut recevoir qu'un ou deux pieds de vignes. On les élève à cordons, et chaque fois qu’on en établit un, on greffe, sur le sarment qui le forme, une variété différente. La greffe que l’on emploie pour cette opération est celle en fente, décrite par notre collègue Doverge, p. 9 de ces Annales, année 1833-1834. Elle se fait au printemps , au moment où la sève commence à gonfler les bourgeons.
La seule attention qu’il faut avoir dans le choix des variétés qu'on réunit ainsi sur un même pied est relative à l'exposition; car il ne faudrait pas employer des greffes provenant de vignes qui ne müriraient pas leurs fruits à la place qu’on pourrait leur donner.
Lorsqu'on greffe sur une treille déjà formée, la jouissance est prompte, et souvent la fructification a lieu à l'automne suivant. Uriner.
Culture forcée de la vigne en pots.
Cette culture est pratiquée par les jardiniers qui s'occupent de primeurs, et je citerai particulière- ment, comme excellant dans cette pratique qui lui réussit complétement chaque année, M. Grison jeune, jardinier en chef du potager du roi à Ver- sailles. Cet habile cultivateur m'a fait voir au commencement de 1835, et en mai dernier, des
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ceps de vignes en pots chargés de six à huit grappes du plus beau raisin et d’une maturité complète. La variété qu'il préfére est celle nommée gros gou- lard, qui réunit une grande beauté à des qualités qui devraient engager à la cultiver davantage.
On fait, en février, des marcottes en pots que l'on sèvre à l'automne suivant. On les replante alors dans des pots de dix à douze pouces de diamètre que l’on tient au plein air, à bonne exposition, en les enterrant à moitié dans le sol, et en ayant soin de les retourner de temps en temps pour empêcher les racines de pénétrer dans la terre environnante. On taille chaque année, selon la méthode ordinaire, et de facon à maintenir les ceps peu élevés. Dès le troisième hiver on place ces pots sur les tablettes d’une serre chaude ou sous un châssis d’une tem- pérature convenable, on taille et bientôt les vignes se développent, fleurissent et fournissent des fruits murs souvent dès le mois de mars. La principale difficulté de cettte culture consiste à faire jouir les vignes d’une assez grande somme de lumière pour les empêcher de s'étioler, ce qui dépend principa- lement de l'emplacement dont on dispose, et de l'état du ciel pendant la mauvaise saison.
On concoit que ces vignes n’ont qu'une existence bornée, et qu'il faut de temps en temps renouveler la terre des pots, afin de leur fournir une nour- riture suffisante.
Aïnsi on peut dire, quant à la vigne, que Part du jardinage a résolu le problème d’une fructi- fication non-interrompue pendant presque tous les mois de l’année, par des moyens artificiels pro- pres à l’avancer et à la retarder. Uriner.
336 ORANGERIE.
LACHNEA , Lin. Octandrie-monogynie , Lin. Thy-
mélées , Juss.
Caractères génériques. Calice tubuleux, pétali- forme , à limbe inégal, quadrifide ; huit étamines saillantes hors du tube ; un ovaire surmonté d’un style filiforme , latéral , terminé par un stigmate en tête, velu ; un petit drupe presque sec, enveloppé par la base d’un style persistant.
LACHNÉE PURPURINE. Lachnea purpurea Mort.
(Voyez la planche. )
Joli arbuste du Cap, à tige de deux à trois pieds, à rameaux eflilés, grisâtres, garnis de feuilles pe- tites , linéaires, persistantes et imbriquées.
En avril et mai fleurs d’un pourpre rosé, réunies en tête de douze à quinze, petites, tubulées et du- veteuses.
Cet arbuste , qui nous est venu l’an dernier de la Belgique, est d'une culture difficile; il est de serre tempérée ou plutôt d'orangerie éclairée. Il redoute l'humidité , surtout en hiver, et même l'été il faut lui ménager les arrosemens , et le tenir à mi-ombre dans un endroit aéré. Il se cultive en pot rempli de terre de bruyère , et se multiplie de boutures et de marcottes. Les unes et les autres sont longues à s’en- raciner, et difficiles à conserver. Après le séparage, il faut les tenir pendant la première année sur couche tiède, sous châssis , en leur donnant souvent de l'air et peu d’eau. JacquiN aîné.
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597 SERRE CHAUDE,
BouGAINVILLÉE REMARQUABLE. Pugainvillea spectabi- lis. Loupon. Hort. Brit.
M. Jacques notre collègue, jardinier en chef du domaine royal de Neuilly, a donné la figure de cette plante, page 184 de ces Annales , année 1833- 1834. Elle avait en effet fleuri pour la première fois dans les serres de cette résidence, en novembre 1833. Elle a fleuri au Jardin des Plantes, d'avril en juin de cette année, où elle a fait l'admiration des nombreux amateurs qui sont venus la voir. Comme l'individu que possédait notre collègue était jeune et cultivé en pot, il n’a pu donner autant de fleurs que le picd que nous possédons et qui est planté en pleine terre, le long du mur d'une de nos serres où il a pu développer ses rameaux sur le treillage dis- posé pour les soutenir, et produire tout l'effet dont il est susceptible.
C’est donc pour faire connaitre davantage le mé- rite et la brillante beauté de cet arbrisseau, que, d'accord avec M. Jacques, je viens ajouter quelques détails à son article, aujourd’hui que la plante, pla- cée dans des circonstances plus favorables à son développement, nous a offert les merveilles de sa prodigieuse floraison.
Les fleurs qui se sont épanouies peuvent-être es- timées trois cents, sans exagération; elles étaient disséminées sur des rameaux de sept à huit pieds de long, trop grêles pour se soutenir d'eux-mêmes, et qui étaient palissés sur le treillage qui couvre le
AouT 1836. 22
338
mur. Ces fleurs ne sont pas solitaires, et portées sur une épine comme l'indique la figure, mais bien sur des rameaux feuillés, partant de laisselle des feuilles et souvent accompagnés d'une épine. Je n'ai vu que deux exemples de fleurs portées à l'extrémité d’une épine. Ces rameaux ou pédoncules communs se bifurquent et trifurquent, et chacun de ces se- conds ou troisièmes pédoncules porte toujours un faisceau de bractées trois par trois, ce qui peut produire sur un seul pédoncule jusqu'à dix-huit fleurs entourées de leurs bractées rose-pourpre, etnon-mélangées de blanc comme on en voit sur la figure qui a été dessinée sur un échantillon où elles n'avaient pas acquis encore toute l'intensité de leur couleur. Il est à remarquer aussi que cet arbrisseau a fleuri à Neuilly dans le mois de novembre, tan- dis qu’au Jardin des Plantes la floraison n'a com- mencé que le 25 avril; mais j'attribue cette diffé- rence à ce que le premier était tenu en pot dans la tannée de la couche, tandis que le second s’est mis à fleur sans l'influence d'aucune chaleur artificielle au pied.
Cette belle plante, par la prodigieuse quantité et l'élégance de ses fleurs à coloris si vif et qui se suc- cèdent pendant trois mois, est digne d'être placée au premier rang parmi les plus belles de serre tempérée; et, en m’exprimant ainsi, je suis dans la vérité, puisque la serre où elle végète ne conserve pas pendant l'hiver plus de huit à neuf degrés de température. M. Jacques avait également jugé qu'elle pourrait se contenter d'une température pareille.
En finissant cette note sur la bougainvillée, je
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mentionnerai une observation due au hasard, et qui n’en est pas moins digne de remarque. Made- moiselle Riché, chargée de peindre cette fleur pour les vélins du Muséum, me demanda si je pensais qu'elle pouvait se conserver dans l'eau. Je lui promis d’en faire l'essai, qui me réussit complétement , et je lui remis un échantillon en assurant qu'il se maintiendrait parfaitement. L’ayant revue deux jours après, je lui demandai des nouvelles de sa plante, et elle me dit que le rameau était tout flétri et hors d'état de lui servir. Le lendemain elle eut l’idée de verser de l’eau tiède dans le vase qui contenait son échantiilon, et, à sa grande sur- prise, elle le vit reprendre de la fermeté; ayant renouvelé l’expérience, le quatrième jour, la plante avait.entièrement recouyré sa première fraicheur. Je n’eus pas de peine à deviner la cause qui avait produit cet effet; c'est que mademoiselle Riché avait mis son échantillon dañs de l’eau de fontaine d’une température trop basse, tandis que mon essai avait été fait avec l’eau tenue dans la serre chaude , et par conséquent d’une température égale à celie dont jouissait la plante, ce qui l’a empêchée d'en recevoir aucune altération.
Ce fait prouve la nécessité pour les cultivateurs qui entretiennent des plantes de serre chaude, de ne Îes arroser qu'avec de l'eau déposée à l'avance dans le local où elles vivent , afin qu’elle jouisse d’un degré de chaleur égal à celui de lair environnant, et ne fasse pas éprouver aux racines pendant l'arro- sement une sensation de froid qui influe d’une ma- mère fàcheuse sur les organes du végétal. Cette attention est plus importante encore lorsqu'on fait
540 des semis à chaud, et il faut en pareil cas dégourdir Peau par un moyen approprié , et c’est un soin que je ne néglige jamais. NEUMANN.
AMHERSTIA Wazcuicu. (Famille des lécumineuses,
section des Bauhiniées.)
Car. GEN. Ess. os papilionaceus; carina vix conspiceua, in duobus filis brevissimis constricta ; stamina Oo, monadelpha , alternatim breviora ; legu- men planum, acinaciforme , polyspermum (à).
Tnoka DES BirMaANs. Æmherstia nobilis W ALLIcH. (Voyez la planche.)
LA
1
Car. sp. Arbor; folis alternis, stipulatis , abrupte pinnatis , 6-8 jugis ; :floribus magnis, ruberrinus , ocellatis , in racemum simplicem , maximum , pen- dulum congesus.
En 1832, un Anglais qui était venu passer quel- que temps à Paris, avait apporté avec lui le dessin colorié , fait, disait-il, dans l'nde, par un peintre ce i : | ; chinois, d’un rameau muni de feuilles et d’une grappe immense de grandes fleurs rouges extraor-
(1) Je ne fais pas entrer au nombre des caractères géné- . , . Br . , chien r riques de Amherstia, insertion hypogyne d’une dixième éta- mine indiquée par Wallich, d’abord parce que je n’ai pu la trouver, ensuite parce qu’une insertion rigoureusement hypo— syne avec une insertion rigoureusement périgyne paraissent deux choses incompatibles dans le même ordre naturel, et bien plus incompatibles encore dans la même fleur, à l’en- tendement des botanistes de l’école française.
341 dinairement belles(1). Ayant eu ce dessin pendant quinze jours entre les mains, je n'ai pu résister au désir de le copier avant de le rendre; j'en conserve la copie très-soigneusement.
Vers la même époque, l'ouvrage du docteur Wallich, intitulé Plantæ rariores asiaticæ, avri- vait à Paris , et j'ai reconnu mon dessin (beaucoup réduit } dans la première figure du premier volume de ce magnifique ouvrage; J'en ai lu aussitôt la description avec avidité, et me suis confirmé dans l'idée que l'arbre qui portait des fleurs aussi admi- rables devait être le plus beau du globe.
Toujours vers la même époque, M. le baron De- lessert recut du docteur Wailich des échantillons desséchés de Thoka, que ce zélé protecteur des sciences naturelles voulut bien mettre à ma dispo- sition pour que je pusse en analyser les fleurs, qui, d’après la description et la figure de Wallich, de- vaient offrir dans l'insertion de leur dixième éta- mine un caractère aussi nouveau qu'étrange dans la nombreuse famille des légumineuses, et même dans tout le règne végétal. Mais quoique j'eusse apporté tout le soin dont je suis capable à la re- cherche de ce caractère, je n’ai pu le découvrir ; tandis qu’au contraire je puis aflirmer l'existence
(1) En apportant ce dessin colorié à Paris, l'intention de l'Anglais était de le faire modeler par quelqu'un des artistes habiles qui excellent aujourd’hui dans l'exécution des fleurs artificielles. IL s’est adressé à madame Prevost, qui lui a en effet modelé son dessin d’une manière ravissante. Elle en à, de plus, modelé une copie qu’elle a donnée à M. L Noisette, avec d’autres fleurs, et qu’il conserve précieusement.
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d’un autre caractère également indiqué , tiré de la carène réduite à deux très-courts filets à peine visibles : ce dernier suffit pour constituer un genre.
Le docteur Wallich n'est pas le premier Euro- péen qui ait eu connaissance du Thoka : la première notion sur l’existencede cet arbre est due à M. Craw- ford, qui avait eu occasion d'en voir un pied pen- dant son séjour à Martaban, et avait inséré une notice à ce sujet dans la Gazette de Calcutta, en mai 1826. « Au pied d’une colline, disait-il, près de Kogun et de la rivière Saluen, dans la province de Martaban, est un jardin en assez mauvais état appartenant à un monastère voisin. La seule plante remarquable que nous y vimes fut un arbre haut d'environ vingt pieds, couvert de longues feuilles élégantes, lancéolées, et de longues panicules pendantes de fleurs couleur de riche geranium. Cet arbre, de la classe et de l’ordre dela diadelphie décandrie, est une trop belle offrande dans une srotte devant les idoles de Buddha (1). »
Aussitôt que le docteur Vallich, alors directeur du jardin botanique de Calcutta, eut connaissance de cette notice, et que M. Crawford lui eut donné quelques fieurs desséchées et non épanouies de Thoka, le désir de voir un aussi bel arbre sur place ne le quitta plus. Le capitaine Hitchens, au service de la compagnie de Madras, lui promit de faire des
(1) And too beautiful offering in the cave before the images of Buddha. Ce passage, ainsi qu’un autre de Wallich, in- dique que les Birmans idolâtres tiennent l’nnage de leur dieu dans des grottes (caves), et qu’ils lui offrent en hommage le plus bel arbre ou les plus belles fleurs qu’ils peuvent trouver.
343 recherches de son côté, et lui envoya en effet quel- ques échantillons desséchés de cet arbre; cependant tout cela ne suffisait pas à un botaniste aussi ardent que le docteur Wallich. A cette même époque il obtint d'accompagner un envoyé britannique à Ava; mais ni tandis qu'il est resté dans ce pays, ni pendant ses voyages jusqu'à Irawaddi, il ne put recueillir aucune nouvelle notion sur le Thoka. On ne connaissait pas même de nom à cet arbre dans la capitale de l'empire des Birmans. Wallich men- tionne ceci comme une preuve frappante de la pro- fonde ignorance et de l'indifférence de cette nation concernant les productions naturelles du pays qu'elle habite, nonobstant les prétentions contraires jour- nellement manifestées par les hautes classes de la société dans leurs communications avec les Anglais.
Enfin le docteur Wallich, se trouvant à Marta- ban, en mars 1827, y vit M. Crawford, duquel il recut de nouveaux renseignemens sur l'endroit où existait le Thoka, et s’achemina bientôt vers la rivière Saluen, tant pour chercher cet arbre que pour reconnaître la position et l'importance des T'eak-Forests de cette contrée. Voici un extrait de la relation de son voyage.
« Après environ une heure de marche, nous ar- rivâmes à un kioum ruiné (sorte de monastère ) distant d'à peu près deux milles de la rive droite de la rivière Saluen, et de vingt-sept milles de la ville de Martaban. D'après les indications que M. Craw- ford m'avait données, je devais trouver le Thoka dans cet endroit. Je ne fus pas trompé, il y avait deux individus de cet arbre; le plus gros, haut d'environ quarante pieds sur six pieds de circon-
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férence à trois pieds au-dessus du sol, était placé tout près d'une grotte; l’autre était plus petit et s’é- tendait sur un vieux réservoir d’eau, carré, fait en briques et en pierres. Ces arbres étaient ornés avec profusion de grandes grappes pendantes de fleurs d’un rouge vermillon, formant de superbes objets sans pareils dans la /’/ore des Indes orientales , et, je présume, non surpassés en magnificence et en élégance dans aucune autre partie du monde. Per- sonne ici ni à Martaban n’a pu m'indiquer le lieu où le Thoka croît naturellement ; mais je ne doute nullement qu'il n’appartienne aux forêts de la pro- vince. La terre était jonchée, même jusqu'à une grande distance, de fleurs de Thoka, apportées jour- nellement comme offrande aux images du dieu des Birmans dans les grottes adjacentes. Les en- virons étaient couverts de nombreux Jonesta asoca en pleine floraison, dont la beauté ne le cède qu'au Thoka. Il y avait aussi plusieurs Mesua ferrea. Ce n’est pas une petite remarque à faire, dit Wallich, que les prêtres, dans cette contrée, aient montré un si bon goût en choisissant pour ornement aux ob- jets de leur vénération, deux sortes d'arbres ap- partenant à une petite, mais bien caractérisée et extrêmement belle tribu de l'immense famille des plantes lésumineuses. Par la suite j'ai trouvé à Martaban même un troisième membre de cette petite tribu; c’est le Bauhinia variegata, arbre d'une grande beauté; il était planté près d'un Thoka. »
On voit donc, par ce passage, qu’en 1827, les Anglais n'avaient pas encore trouvé le lieu où le Thoka croît naturellement, et qu'ils n'avaient en-
345 core vu que trois individus de son espèce plantés, deux dans le jardin d’un monastéêre ruiné, et le troisième à Martaban.
Après l'examen des fleurs du Thoka, le docteur Wallich a reconnu qu’elles pouvaient constituer un nouveau genre en botanique, et il la établi, sous le nom de {mherstia nobilis, en lhonneur de madame la comtesse Amherst et de sa fille lady Sarah Ambherst, amies zélées et protectrices de toutes les branches de l’histoire naturelle, princi- palement de la botanique. Pendant un séjour de près de cinq ans dans l’Inde, ces dames ont fait de longs et dangereux voyages jusqu'aux plus hautes régions au nord et à l’ouest de l’Indoustan , sont restées plusieurs semaines dans les montagnes voi- sines du Himalaya à une élévation de 10,000 ou 12,000 pieds, et sont enfin revenues en Angleterre avec de nombreuses et intéressantes collections de plantes recueillies et préparées de leurs propres mains, et parfaitement conservées par leurs soins.
Le docteur Wallich décrit très-longuement , beaucoup trop longuement pour limpatience fran- caise, les caractères génériques et spécifiques de l’Amherstia nobilis ; je vais tâcher, en le traduisant, d'en élaguer les détails minutieux que l’on pourrait considérer ici comme inutiles ou oiseux ; je tairai même l'insertion hypogyne d’une dixième étamine à l'existence de laquelle les promoteurs de la mé- thode naturelle ne peuvent croire sans lavoir vue, et je mentionnerai dans la fleur quelques particula- rités que l’auteur anglais a passées sous silence, quoique d’une certaine importance pour le botaniste qui étudie les affinités.
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L'Amherstia nobilis est un arbre haut de trente à quarante pieds; son tronc est gros, long de douze pieds sous branches, et se divise ensuite en rameaux qui lui forment une large cime feuil- lue. Les jeunes rameaux sont pubescens et pen- dent d’une manière lâche ainsi que les jeunes feuilles lavées de pourpre qu'ils portent; les ra- meaux adultes sont gros, cylindriques, glauques. Les feuilles adultes sont alternes, assez rapprochées, étalées, longues d’un ou de plusieurs pieds, pennées sans impaire , et composées de six à huit paires de folioles ; leur pétiole commun est glabre, très- renflé à la base, s’amincissant ensuite progres- sivement jusqu’au bout, et se terminant par une - petite pointe subulée, marcescente ; les folioles, lé- gèremeñt pétiolulées, sont oblongues, entières, étalées, longues de six à douze pouces, arrondies à la base, acuminées au sommet, glabres et d'un vert foncé en dessus, pubescentes et très-glauques en dessous, à nervures latérales obliques , paral- lèles entre elles et s’anastomosant d’une manière élégante vers le bord des folioles. Les stipules sont caulescentes, grandes, foliacées, lancéolées, lon- gues d’un pouce et plus, caduques.
Les fleurs naissent en grappe axillaire, simple et pendante avec et sur les jeunes rameaux ; l'axe de la grappe, un peu moins gros que le petit doigt, est violâtre, long d'environ trois pieds, nu dans un tiers de sa longueur du côté de son origine, et ayant le reste, jusqu’à son extrémité, garni de cin- quante à soixante fleurs très-grandes, alternes, d'un rouge vermillon enrichi de larges écussons jaunes, pendantes obliquement au bout de gros
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pédicelles de même couleur, longs de cinq à six pouces. La figure ci-jointe me dispense de parler de la grandeur, de la riche couleur et de la rare beauté de ces fleurs; mais leur structure diffère assez des autres de la même famille pour qu’il ne soit pas inutile de la décrire.
Vers l’extrémité du pédicelle est un involucre de deux grandes folioles opposées, concolores, lan- céolées, qui enveloppaient la fleur dans sa jeunesse, et qui ensuite s’écartent et se recourbent en arrière. À quelques lignes de cet involucre commence le tube calicinal long de deux pouces et plus, subcy- lindrique, s’évasant au sommet en un limbe qua- drifide, à divisions aussi longues que le tube; trois de ces divisions , les deux latérales et linférieure, sont égales entre elles, lancéolées, tandis que la quatrième et supérieure est une fois plus large et paraît formée de deux divisions soudées lune à l’autre ; de sorte que le nombre naturel cinq s’y re- trouve malgré l'apparence contraire.
Mais l'estivation des parties de la corolle offre un caractère qui, je crois, n’a pas encore été remarqué dans aucune autre fleur papilionacée, et dont Wal- ich n’a pas parlé, Partout ailleurs , Pétendard ou le pétale supérieur est le plus extérieur ; avant l’épa- nouissement il recouvre les ailes, et celles-ei re- couvrent la carène , qui elle-même enferme Îles or- sanes sexuels. Dans l/mherstia, au contraire, les ailes sont placées le plus extérieurement, elles s’ap- pliquent sur l'étendard avant l'épanouissement , et c'est l’étendard qui enveloppeimmédiatement les or- sanes sexuels à défaut de carène. Une autre exception que Wallich a également négligé de signaler dans
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l'estivation , c'est que dans l'Amherstia, le style est roulé en spirale en dessous ou du côté des étamines, tandis que partout ailleurs il se courbe en dessus ou du côté de l’étendard lorsqu'il ne reste pas droit. A mesure que Îa fleur de l’Æmherstia s'épanouit, le style se déroule, se dresse et se courbe un peu du côté supérieur; alors il ressemble à tous les autres.
La corolle de lAmherstia n'offre à l'œil que trois pétales, l’étendard et les deux ailes, enrichis chacun d'un écusson jaune au sommet; celui de l’étendard est entouré d'une large bande pourpre-foncé. Rien de plus riche et de plus éclatant que ces trois pé- tales quand la fleur est épanouie. Si l’on cherche à la place que devrait occuper la carène, l'on n’y trouve que deux très-petits filets blancs, longs de deux lignes au plus, rudimens des deux pétales avortés qui auraient dû former la carène.
Beaucoup de fleurs papilionacées ont les filets des étamines et les anthères alternativement courts et longs, mais non d’une manière aussi prononcée que dans l4mherstia. La figure ci-jointe montre les neuf étamines monadelphes et la différence qu’il y a entre les longs et les courts filets ainsi qu'entre les an- thères des uns et des autres. Quant à la dixième étamine que Wallich indique insérée sur le carpo- phore, je n'ai pu la découvrir à cet endroit ni ail- leurs dans les fleurs encore incluses , ni dans celles épanouies que j'ai analysées avec le plus grand soin, et le carpophore ne n’a montré aucune trace de filet d'étamine qui aurait pu y adhérer accidentellement s’il se fût séparé des autres dès le fond du calice.
Le carpophore, adhérant inférieurement à la paroi du tube calicinal, est rouge, libre dans sa partie
349 supérieure, et s'élève plus haut que lorifice du - tube ; il supporte un ovaire pubescent, verdâtre, acinaciforme, polysperme, surmonté d’un long style rouge, atténué vers l'extrémité, d’abord roulé en spirale en dessous, ensuite droit et enfin arqué en- dessus.
Le docteur Wallich n’a pas vu de fruits mûrs, et par conséquent n’en en a pas connu la véritable longueur; celui encore imparfait qu'il a examiné était figuré en sabre, long de sept pouces, aplati sur les deux faces, rouge violacé , et contenait cinq ou six graines imparfaites. Cet auteur dit positive- ment que la fleur de lAmherstia nobilis n’a pas d’o- deur.
L’explication que je donnerai tout à l'heure de la planche ci-jointe me dispense d'entrer ici dans de plus grands détails sur la structure de la fleur de l'Amherstia; mais je ne dois pas omettre de dire que le docteur Wallich a apporté quelques jeunes pieds de cet arbre admirable de Martaban au jardin bo- tanique de Calcutta, où sans doute ils prospèrent; qu'en partant de l'Inde pour revenir en Angleterre, il en avait embarqué avec lui deux pieds qui mal- heureusement moururent pendant la traversée , et qu'il n’est pas en ma connaissance que depuis il en soit arrivé d’autres pieds ni graines en Angleterre. Cependant nous ne devons pas désespérer de voir bientôt | /mherstia nobilis dans les serres chaudes des principaux établissemens de l'Europe. Les An- glais sont si riches , si puissans dans l'Inde! ils ont tant de goût pour les beaux végétaux, et font tant de sacrifices pour introduire en Angleterre les pro- ductions utiles ou intéressantes de toutes les parties
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du globe ! D'un autre côté , l’art de la multiplication par bouture ou autrement est si avancé parmi nous, que si nous possédions une fois un seul individu de cet arbre merveilleux , nous en aurions bientôt fait un grand nombre. Peut-être pourtant craindrait- on qu'un arbre qui s'élève à trente ou quarante pieds dans son pays, ne püt jamais fleurir chez nous; mais nous avons beaucoup d'exemples qui doivent faire diminuer ou disparaître cette crainte.
Explication de la planche du Taoxa, Âmherstia nobilis.
Fig. 1. Extrémité d’un pétiole commun portant quatre fo- lioles de grandeur naturelle.
Fig. 2. Une fleur
a Petite portion du pédoncule long de trois pieds et qui porte de cinquante à soixante fleurs.
bb Pédicelle d’une seule fleur, tors dans cet exemple, mais dont la torsion n’est pas constante.
cc Bractées, ou mvolucre diphylle.
d Tube calicinal.
eeee Les quatre divisions du calice. La supérieure in- dique par sa plus grande largeur qu’elle est com- posée de deux divisions soudées par leurs bords.
f Étendard.
gg Ailes.
h Faisceau d’étamines monadelphes.
i Dixième étamine libre, hypogine, selon Wailich, et que je n’ai pu découvrir dans les échantillons que j'ai examinés.
Fig. 3. Jeune fleur dont on a coupé les bractées en aa, le limbe calicinal en b et les ailes en c. Alors on voit en d la carène réduite en deux petits filets courts. On voit aussi qu'avant l’épanouissement de la fleur, l’étendard e enveloppe immédiatement l’ovaire et les étamines, fonction remplie par la carène dans les autres papilionacces.
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i. Autre figure montrant le‘tube calicinal un peu fendu dans le haut en à, l’insertion des étamines en b, les deux filets, rudiment de carène, en c. Le carpo- phore d sortant de l’intérieur du tube calicinal. L’ovaire e surmonté du style f, roulé du côté des étamines, tandis que dans les autres papilionacées, il se courbe ou se roule du côté opposé.
IS
Fig.
Fig. 5. Développement du faisceau d’étamines monadelphes au nombre de neuf, dont quatre plus courtes aaaa, ayant leur anthère ovale droite, et cinq plus longues bbbbb, dont les anthères sont linéaires et vacillantes.
Fig. 6. Coupe longitudinale d’un ovaire montrant six à huit
ovules attachés à l’une des sutures, plus la dixième étamine a décrite et figurée par Wallich, et que je n'ai pu découvrir. É
Fig. 7. Fruit présumé n’avoir encore atteint qu'environ le tiers de sa grandeur. Porreau.
En accueillant avec un vif empressement l’article qui précède et le dessin dont notre respectable ami M. Poiteau a bien voulu l'accompagner, nous avons espéré satisfaire justement à la curiosité de nos lec- teurs. En effet, le Thoka des Birmans peut être con- sidéré comme lun des arbres les plus extraordi- naires, en même temps qu'il en est le plus beau par ses brillantes et colossales grappes de fleurs, dont le riche coloris doit produire un effet magique sous le ciel brûlant de l'Inde. Espérons que ce merveilleux végétal sera enfin introduit en Angleterre , et qu'il se trouvera en France des amateurs assez dévoués pour en enrichir nos serres chaudes.
Il est fâcheux que la grande dimension des fleurs et des feuilles ne nous ait pas permis de donner da- vantage de détails, à cause de notre format, car le dessin de M. Poiteau, exécuté sur papier grand-
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aigle (vingt-quatre pouces sur trente-huit), est vraiment curieux à voir. C'est pourquoi nous avons résolu de le faire lithographier avec soin, afin de pouvoir en mettre des épreuves à la disposition des amateurs. Nous ouvrons donc une souscrip- tion au prix de 7 fr. 5o cent. l'épreuve coloriée avec toute la perfection possible. Les personnes qui désireraient souscrire sont priées de se faire inscrire dès à présent chez le Hibraire Roussecon, éditeur de ces Annales , parce que nous ne mettrons ce projet à exécution que lorsque nous aurons réuni trois cents souscripteurs.
Les soins que nous nous proposons d'apporter dans l'exécution de ce travail en feront une estampe digne d’orner les plus riches salons des amateurs, pour qui les merveilles de la nature ont un attrait puissant. C'est au surplus le dernier travail en pein- ture de M. Poiteau, et nous nous croyons presque obligés à publier son adieu à cet art charmant , afin de laisser parmi les amis de l'horticulture un sou- venir du talent de cet homme de bien, dont toute la carrière a été vouée à l'étude de la science naturelle végétale et à la recherche comme à la propagation des meilleurs moyens de perfectionner les cultures.
DoverGe.
La Societe royale d'horticulture de Paris tiendra sa septième exposition publique dans l’orangerie du Louvre, du 19 au 25 septembre 1836.
ERRALES
DE FLORE ET DE POMONE.
ÉD EE CI TILI. LIL L 2, LE, Le EL LL EE LED 111,71, LL LL RE EL E, LDÉROAT LL TELL LE)
HORTICULTURE.
Jnstruction sur le procédé a suivre a la réception de végétaux venant de voyager, pour assurer leur reprise.
Nous recevons de MM. les frères Baumann , ex- cellens cultivateurs et pépiniéristes à Bollwiller par Ensisheim ( Haut-Rhin), une instruction qu'ils ont publiée et adressée à leurs nombreux correspondans, sur les précautions à prendre pour déballer les végétaux qui viennent de voyager, et leur donner les soins que nécessite l'état de malaise dans lequel ils ont été tenus plus ou moins long-temps; nous croyons être utile aux amateurs qui font venir des plantes de pays éloignés , en la leur communiquant comine un suide à suivre en pareille circonstance.
« L’horticulture, disent MM. Baumann, dont le goût s'est répandu dans tous les pays civilisés, a pris un tel essor, qu'elle ne connaît plus de limites aux explorations lointaines qui peuvent lui procu- rer des nouveautés végétales, soit pour l’ornement, soit en produits utiles. Des sociétés même se sont
SEPTEMBRE 1836. 23
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formées pour faciliter de nouvelles découvertes, à l'aide de leurs indications et de leurs capitaux. Toutes les contrées du globe sont fouillées avec avi- dité ; des explorations se poursuivent avec zèle pour découvrir les plantes curieuses et intéressantes qui peuvent enrichir nos collections de luxe ou aug- menter nos ressources végétales , afin de les répan- dre dans toutes les directions. Aussi les amateurs s'empressent de tirer des pays éloignés, nou-seule- ment les végétaux qui leur sont indiqués par les voyageurs, mais encore ceux que ces derniers peu- vent rencontrer et qui sont tout-à-fait inconnus.
« Souvent ces plantes leur arrivent en bon état; quelquefois le malaise qu’elles ont éprouvé pendant les longs voyages les a rendues souffrantes , et plus souvent encore les destinataires augmentent le mal, ne connaissant pas les soins qu'elles exigent au dé- ballage, et la manière de favoriser leur reprise et leur prospérité au moment de la replantation.
« Il ne s’agit pas ici de graines ni d'ognons de fleurs ou de plantes venant de climats plus chauds que ceux de la France, de l'Angleterre, de l’Alle- magne et de quelques états voisins de même tem- pérature. Il s’agit uniquement d'arbres et arbustes qui peuvent vivre en pleine terre dans ces mêmes pays, nous réservant pour une autre circonstance d'indiquer les procédés à suivre pour les plantes qui appartiennent aux autres sections de l’horticulture.
« Deux circonstances principales doivent être considérées à l’arrivée de pareils envois : l’une est celle d'une température moyenne, l’autre d’un temps froid.
« Voici ce quil convient de faire lorsque des
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plantes arrivent pendant un temps tempéré et sec. Elles doivent être déballées dans un appartement, une caye où une orangerie hermétiquement fermée et sans circulation d'air quelconque. Les sujets, dé- barrassés de l'emballage, doivent être plongés dans des vases proportionnés ou des cuviers remplis d’eau de rivière ou de pluie, s’il est possible, et à défaut d’eau de puits. Ils peuvent y rester de deux à huit jours, suivant leur état d'épuisement. Si, au con- traire , l'arrivée a lieu par un temps doux mais plu- vieux , les végétaux peuvent être plongés en plem air dans l’eau de rivière et y rester le nombre de jours indiqué ci-dessus ; aussitôt que l’on remarque un gonflement d'yeux , il faut préparer les sujets à être plantés à la place qui leur est destinée. La plantation doit être faite immédiatement et avec tout le soin possible. Un jardinier intelligent doit connaître ce qu'il aura à faire en ce qui concerne la taille ; cependant il est bon d’observer qu'il faut épargner les grandes plaies aux végétaux souffrans, et qu'il suffit de leur enlever provisoirement les parties mutilées.
« Le végétal doit être en même temps légèrement attaché à un tuteur proportionné et de facon à ce qu'il puisse s’affaisser avec la terre meuble dans la: quelle il se trouve, sans cependant qu'il puisse être ébranlé par les vents. Aussitôt attaché, sa racine doit être humectée avec modération.
« Après la plantation, il est d’un avantage inap- préciable d’envelopper les sujets avec du papier de maculature ou autre, avec des chiffons, de la toile d'emballage ou tout autre objet capable d’empécher l'impression des courans d'air, et de garantir du so-
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leil avant la parfaite reprise. Lorsqu'ensuite, pen- dant quelques pluies douces, on apercoit un mou- vement de végétation, on commence à découvrir successivement les parties vivantes, que l’on expose au plein air au fur et à mesure que s'opère le déve- loppement des feuilles.
« IL est nécessaire pendant la première et la se- conde année qui suivent la plantation , et surtout pendant les chaleurs et les sécheresses, d'entretenir tous les sujets continuellement humides , afin que la sève n'éprouve pas une retraite subite, parce qu'une pareille altération entraïînerait la mort du sujet nouvellement planté.
« Quant à la seconde circonstance, qui est celle de l'arrivée des plantes pendant un temps froid, les pré- cautions à prendre sont différentes, attendu que l'ouverture imprudente d'un -ballot produirait la perte immanquable de son contenu.
« Lorsqu'on recoit un ballot d'arbres ou d’arbus- tes dans un état gelé, 1l est de toute nécessité d’em- pêcher un dégel subit. I] faut imiter dans ce cas la marche de la nature, qui opère insensiblement ; et à cet effet, le ballot doit être placé intact, pendant huit ou quinze jours et même au-delà, dans un en- droit tempéré, tel que cave, étable à vaches, oran- geric , où 1l puisse dégeler lentement.
« Dañs l'intervalle, on prépare une place pour mettre, si le froid est excessif, les végétaux en jauge dans de la terre ou du sable ; déposé dans une cave ou une orangerie , et si le temps le permet, en pleine terre, en s'y prenant de la manière ‘sui- vante : on choisit dans un jardin ou dans un champ clos un endroit abrité, et l’on dépose une couche
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suffisante de fumier de cheval sur la surface du ter- rain, que la chaleur de cet engrais fait dégeler. Lorsque le déballage pourra être fait, on retirera les arbres et arbustes, que l’on placera en jauge dans cette terre dégelée, en choisissant un moment de calme, et en ayant soin de séparer les racines pour qu'elles ne s’échauffent pas, et puissent être enle- vées sans mutilation, lorsque le temps sera assez favorable pour faire la plantation en place. Jus- que-là, aucune autre précaution n’est nécessaire, si ce n’est celle d'abriter ces végétaux des rayons du soleil par des branches de sapin, des roseaux, de la bruyère, etc., parce qu’en pareille position l'influence solaire est autant dangereuse qu'elle est favorable lorsque les sujets y sont accoutumés.
« Lorsque la transplantation peut se faire ; On Y procède comme nous l'avons dit plus haut; et tout amateur qui voudra observer fidèlement les indiea- tions que nous venons de donner obtiendra les ré- sultats les plus satisfaisans. »
L'instruction qui précède ne peut converir qu'aux arbres rares à l'égard desquels on ne saurait prendre trop de soins, et à ceux qui arrivent tardivement et dans un moment où la plantation est impossible. Ce dernier inconvénient peut être facilement évité par les amateurs s'ils veulent prendre la peine de faire leur demande de facon à ce qu'ils puissent ré- cevoir en novembre pour les plantations d'automne, et en mars pour celles de printemps. Au reste, ceci s'applique davantage aux végétaux venant de pays lointains, et dont l'arrivage ne peut être cal- culé, à cause des accidens et des retards insépara- bles d’un long voyage.
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Dans tous les cas, nous ne saurions approuver l'emploi du papier de maculature pour garantir les jeunes plantations ; indépendamment qu’il est plus rare d'en avoir à sa disposition, le vent et la moin- dre pluie sont deux causes de dérangement ou de - destruction ; nous ne voyons rien de préférable à Ja paille pour un pareil emploi. Doverce.
PLANTES POTAGÈRES. Culture de l’ognon de Cassellamar.
Cet ognon, qui acquiert jusqu’à six pouces de diamètre , demande une terre plutôt sablonneuse qu'argileuse. On sème les graines à la fin d'août ou au commencement de septembre sur une planche bien préparée. Quand on sème sous un climat froid, il faut pendant la mauvaise saison tenir la planche couverte avec de la litière.
Lorsque le plant s’est élevé de trois doigts, :l faut semer sur la planche de la fiente de poule ou de pigeon. Lorsqu'il a atteint huit pouces on le re- pique en sillons espacés de huit pouces, et en con- servant entre chaque pied un intervalle de trois à cinq pouces, sur une planche convenablement dis- posée. Un mois environ après la transplantation quand les ognons recommencent à pousser , 1l faut déposer le long des sillons du crottin de chevai ou du fumier bien consommé et le couvrir de terre. Pendant le cours de la végétation il faut biner la terre au moins trois fois et avoir le soin de la tenir toujours bien nette de mauvaises herbes. Pendant l'été on arrose selon le besoin. Enfin lorsque les fanes commencent à se sécher, ce qui annonce la
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maturité, on arrache les ognons, et on les dépose dans un lieu aéré et exempt d'humidité pour les faire sécher. PoKkoRNy.
PLANTES D'ORNEMENT. PLEINE TERRE. Marronnier nain.
Tout le monde connaît le marronnier d'Inde com- mun, Æsculus hippocastanum Lin. , dont les bou- quets pyramidaux de fleurs blanches se détachent élégamment sur le vert clair de ses grandes feuilles digitées, et qui forme de si belles avenues dans les parcs et promenades publiques. On connait aussi sa jolie variété Æsculus rubicunda Horr. Par., qui, bien que d’un port moins majestueux , produit ce- pendant un fort bel effet par ses fleurs rouges, lors- qu'il est placé isolément ou en tête de massifs dont le fond vert le fait parfaitement ressortir.
Cet arbre, élevé de semis dans nos pépinières ; ne commence à fleurir que lorsqu'il a atteint l’âge de cinq ou six ans au moins, et de greffe la deuxieme ou troisième année. On peut jouir de ses fleurs beau- coup plus tôt en franc de pied, en semant un fruit en pot de six à huit pouces. On n’arrose absolument que pour entretenir, dans la terre, la fraîcheur in- dispensable à la végétation, et cetarbre, dontlapriva- tion de nourriture arrête le développement, se rami- fie beaucoup, s'élève fort peu et se couvre de fleurs dès qu'il a trois ans. Cette expérience, qui au premier coup d'œil paraît presque insignifiante quant aux résultats, peut cependant devenir, dans des mains
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habiles , un moyen de se procurer de jolies fleurs , pour la décoration des appartemens ( goût qui, soit dit en passant, acquiert tous les jours plus d’em- pire), le marronnier pouvant, cultivé ainsi en pots, donner des fleurs à contre-saison, si le jardinier veut le soumettre à l'influence d’une chaleur artifi- cielle. UTINET.
OBSERVATIONS sur l'4mygdalus nana (Amandier nain Je
Depuis long-temps on cultive pour lornement des parterres l'amandier nain, qui fructifie facile- ment.
De cette jolie espèce sont sorties plusieurs variétés plus ou moins remarquables, notamment celle que nous avons obtenue en 1818, et que j'ai signalée dans Îe Journal de l'ancienne Société d’Agronomie pratique, sous le nom d’Amygdalus nana serrata.
Il existe bien d'autres variétés obtenues depuis, à feuilles ou fleurs plus ou moins grandes; mais elles ne valent pas la peine d’être signalées. Ce qui étonnera peut-être les cultivateurs et surtout les bo- tanistes, c'est que l#mygdalus Georgica, dont on a fait une espèce distincte, n'est autre chose qu’une variété du nana, ainsi que je vais le démontrer.
Ayant récolté quelques fruits sur l'Amandier dit de Georgie, je les semai avec soin, car nous com- mencions à devenir pauvres de cette espèce. Quel fut mon étonnement, en les voyant fleurir, de les trouver en tout point semblables à l'4mygdalus nana!
Je crus un instant m'être trompé dans mes se- mences; car Je ne trouvais dans ces jeunes individus
361 rien qui ressemblât à leur mère : ce n'était ni la force du bois , ni la verdure des feuilles, et encore bien moins le rouge vif de ses fleurs. Je résolus donc de recommencer l'expérience, mais je fus obligé d'attendre trois ans pour récolter des fruits.
Enfin, en 1832, j'en recueillis moi-même en assez grande quantité, et les semai avec soin. Depuis deux ans, ces jeunes sujets fleurissent abondamment et tous sont des {mygdalus nana : d’où je conclus que l'Amygdalus Georgica n’est qu’une variété de ce dernier ; le fait est exact.
Tous les cultivateurs qui font des semis , et qui les observent, savent combien la famille des Ro- sacées est susceptible de donner des variétés : ainsi, je pourrais citer encore une très-belle variété de l'Amandier commun obtenue il y a quelques années au Luxembourg, et qui est recherchée pour l'or- nement des parterres par la grandeur et la beauté de ses fleurs, qui, quoique simples, sont tout-à-fait élégantes; au premier aspect, on ne voudrait jamais croire que c'est un amandier commun.
J'engage donc les personnes qui voudraient con- server l’amandier dit de Georgie, à le multiplier de greffe ou de marcottes ; ce mode de multiplica- tion est à suivre pour beaucoup d’autres variétés qu'on a décrites comme espèces. B. CamuzET.
Greffe du lilas sur fréne.
Il est peu de fleurs que l’on voie avec plus de plaisir que celles du lilas : c’est en effet le pre- mier arbrisseau qui dans nos bosquets annonce le retour de la belle saison par ses fleurs élégantes et
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parfumées ; mais malheureusement leur courte durée fait bientôt succéder le regret à la jouissance. Il n'est donc pas sans intérêt de chercher à la pro- longer. C'est pourquoi je viens engager les ama- teurs à greffer le lilas commun, Syringa vulgaris Lin., sur le frêne élevé, Fraxinus excelsior Wir» , et mieux encore sur le frêne à fleurs, Æraxinus ornus LAN. Ces arbres, et surtout le dernier, dont la végétation est plus tardive, feront produire au lilas des fleurs de mai en juin qui succèderont im- médiatement à celles du lilas franc de pied et pro- longeront ainsi leur durée toujours trop éphémère. Il faut dire que ces greffes ne vivent que trois ou quatre ans au plus.
On greffe en fente au printemps, ou en écusson en juillet et août. Üriner.
ROsAGE À FLEURS DE JACINTHE, Æhododendron pontt- cum Var. : hyacinthuflorum. (Voyez la figure, et pour les caractères génériques, page 283, an-
née 1832-1833.)
Nous avons obtenu cette superbe variété dans un semis des graines du Ponticum, et nous avons re- marqué ses jolies fleurs au mois de mai 1832 , épo- que où elle a fleuri pour la première fois. Depuis lors , chaque année , elle. a eu sa floraison régulière et toujours également belle.
IL y a peu de choses à dire du feuillage, qui ne diffère pas beaucoup de celui de son type. Il est généralement plus petit, et sa couleur verte est un peu plus intense.
P1.45
4)
L 4
Rhododendron ponticum 17774 hvacinthiilorum
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Les fleurs sont disposées en tête hémisphérique, nombreuses , très-rapprochées les unes des autres et à pédoncule court. Elles se composent de quinze pétales, dont les extérieurs sont les plus grands, et qui sont assez régulièrement disposés sur trois rangs ; elles ont à peu près la forme d’une jacinthe, ce qui nous a suggéré l’idée de nommer cette va- riélé comme nous l'avons fait. Ces pétales sont co- lorés d’un joh rose violacé. Toutes les étamines ont disparu en se métamorphosant en pétales, du centre desquels s'élève le style seul.
Ce charmant rosage nous a paru une heurense conquête dans ce genre, où l’on ne voit point de jo- lies fleurs doubles, car on ne peut donner ce nom aux deux ou trois variétés connues , et qui n’offrent que trois ou quatre pétales de plus que les espèces à fleurs simples. Il a de plus un grand avantage, c'est la durée de sa floraison, car nous avons vu des fleurs se maintenir dans le plus grand état de fraîcheur pendant un mois au moins.
Nous;,serons bientôt en état d’en livrer au com- merce. CEzs frères.
Moyens de convertir les plantes annuelles en plantes vivaces eten plantes ligneuses.
Les travaux des horticulteurs habiles amènent quelquefois des résultats intéressans qu’il est bon de faire connaître , et surtout dans la circonstance présente, où les exernples que je vais citer peuvent donner lieu à de nombreuses applications qui flat- tent les amateurs , et prouvent la puissance de l’art . du jardinier sur la constitution et la durée des vé- gétaux soumis à ses soins.
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Lorsque dans un semis de la capucine à fleur simple, Tropæolum majus Lan. , on trouva la va- riété à fleur double, on reconnut bientôt limpossi- bilité de la reproduire autrement que de boutures, puisque tous les organes générateurs s'étaient con- vertis en pétales; dont le nombre avait plus que quadruplé. On: savait que le type originaire du Pérou y était vivace, et que si chez nous il restait annuel, il fallait en accuser l'influence fâcheuse de nos hivers, et, en même temps, on avait reconnü l’inutilité de conserver artificiellement pendant la mauvaise saison une plante qui mûrissait parfaite- ment ses graines et se multipliait à volonté par le semis. Mais à l'égard de la variété à fleur double, ce dernier moyen ne pouvant être employé, il ÿ avait nécessité de recourir à d’autres procédés afin de la propager. On fit donc des boutures que l’on garantit du froid en les rentrant en serre tempérée sur des tablettes près dujour. ‘Le succès fut com? plet, car on est parvenu à former ainsi de petits arbrisseaux dont les tiges atteignent la grosseur du doigt. J'en ai vu , dans cet état, âgés de plus de douze ans et produisant un effet fort agréable par le grand nombre de fleurs que donnent leurs rameaux pendant neuf ou dix mois de l’année.
Il en est de même de la variété à fleur double que notre collègue M. Jacquin aîné vient d'obtenir de la capucine mordorée (improprement dite d'A ger), Z'ræopolum majus, var : atropurpureum, Nos., que M. Jacques a fait connaître dans le Journalet Flore des jardins, où elle a été figurée. C'est un gain fort intéressant qui sera incessamment publié dans ces Annales, et dont la conservation et la multiph-
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cation s'opèrent par les mêmes moyens que pour la précédente.
Après lacapucine on s’occupa du réséda odorant, Reseda odorata , Lin. , plante annuelle , originaire d'Afrique, et qui fut introduite en France en 1736 par les soins de M. Grangé, qui Penvoya d'Égypte. L’odeur suave qu'exhalent ses fleurs l'ayant mise à la mode , elle devint de la part des horticulteurs l'ob- jet de soins particuliers , et ils parvinrent à l’élever sur une tige de huit pouces à un pied, et à la con- server ainsi pendant plusieurs années. La disposi- tion naturelle de ses rameaux à se diriger horizon- talement et même à ramper sur le sol était une difficulté dans cette opération ; mais on remarqua qu'au centre ilse trouvait toujours une tige princi- pale dont la tendance à s'élever verticalement était plus prononcée , et c'est celle-là que lon choisit. IL faut , pour arriver au but proposé, supprimer pendant la jeunesse de la plante toutes ses branches inférieures à mesure qu'elles croissent , ainsi que les feuilles qui poussent à la base. On empêche éga- lement la floraison sur les rameaux conservés, jus- qu'a ce que le sous-arbrisseau soit entièrement formé, parce que ces fleurs absorberaient une cer- taine quantité de sève dont la privation nuirait à leur vigueur et au développement qu'ils doivent pren- dre. Lorsque la tige est arrivée à la hauteur désirée, on laisse les branches conservées se ramifier pour former la tête, ce que lomobtient en les pineant plusieurs fois ; elles deviennent ainsi plus fortes et ligneuses ; enfin, lorsque sa formation est complète, on laisse la floraison s'opérer naturellement, et alors le petit arbuste se couvre de fleurs et devient
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un objet d'agrément pour les amateurs. C’est ordi- nairement pendant la première année qu’on élève la tige à la hauteur voulue; mais on ne laissé de fleurs que la seconde année. Pour bien réussir on plante les pieds très-jeunes , lorsqu'ils ont développé quatre ou six feuilles au plus, un à un dans des pots remplis de terre légère et très-substantielle : s'il en est besoin, on les soutient par un tuteur et on les rentre pendant l'hiver en orangerie, sur des tablettes près du jour, ou mieux sous châssis.
Le chrysanthème des jardins, Chrysanthemum co- ronarium ; Lan., est aussi une plante annuelle que l'art du jardinier a convertie en petit sous-arbris- seau qui fleurit dans les serres une partie de l'hiver. Indigène à notre pays, c’est la culture qui a fait doubler ses fleurs, et obtenu une variété blanche du type, dont la couleur est jaune. Ces deux varié- tés, multipliées par la voie des boutures et traitées comme le réséda, donnent des résultats semblables et sont devenues ligneuses.
La ketmie vésiculeuse, Æibiscus vesicarius, Gav., plante annuelle originaire d'Afrique, fort recher: chée pour l’ornement de nos parterres à cause de ses fleurs grandes et nombreuses dont les péta- les à limbe d’un jaune clair, et à onglet d'un brun violacé, font un si bel effet, peut aussi servir à la décoration des serres chaudes et tempérées, où elle fleurit une partie de l’année en la soignant conve- nablement. Cette espèce, encore peu répandue, se multiplie de graines ou de boutures, qu'il faut tou- jours empêcher de fleurir la première année, et rentrer dans les serres pendant la mauvaise saison: Lorsqu'elle a pris le développement que l’on dé-
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sire, 1} faut , après la floraison , avoir soin de la ra- battre en coupant l'extrémité de ses branches su- périeures , afin de la rendre plus rameuse, de Ja faire fleurir davantage, et de lui assurer une exis- tence plus longue. J'ai vu des individus qui, n'ayant pas été rabattus aussi sévèrement que je viens de le dire, se sont élevés de quatre à six pieds.
La ketmie d'Italie, //ibiscus trionum, Lin., an- nuelle comme la précédente, avec laquelle elle a quelque analogie par son port et ses fleurs quoique moins brillantes et moins grandes, donne les mêmes résultats en la soumettant à la même cul- ture.
Le senecon élégant ou d'Afrique, Senecio elegans, Lix., originaire du Cap- ché Tail ph, est encore une plante annuelle dont on s’empressa de multiplier de boutures la variété à fleurs doubles ; celles-ci , rentrées en serre tempérée pendant l’hi- ver, ont formé aussi de petits arbustes ou des touf- fes comme plantes vivaces, selon les soins qu’on leur a donnés. Cette variété est remarquable par ses jolies fleurs de couleur violet foncé en co- rymbe, et dont la dimension est souvent égale à celle des fleurs de paquerette, Bellis perennis, Lan. Plustard on en a obtenu une seconde variété à fleurs doubles d’un blanc violacé, qui se comporte de même en lui donnant une culture pareille.
L’anthémis à trois lobes , Ænthemis triloba , OrTEGa , DEcanp., plante vivace, originaire du Mexique , que l'on peut cultiver comme plante an- nuelle dans les jardins botaniques, ainsi qu’on le fait pour les Ricinus (Ricin), et dont les pieds se- més chaque année donnent des graines en abon-
368 dance, peut également former un sous-arbrisseau de deux à trois pieds en la rentrant en serre chaude ou bonne serre tempérée.
L’agératoire à fleurs bleues, Ageratum cæru- leum, norT. par. À. Mexicanum, 8OT. MAG., jolie plante annuelle, originaire du Mexique, est sans contredit une des plus belles qui ornent nos parter- res depuis juillet jusqu'aux gelées. Elle forme des touffes charmantes qui, rentrées pendant l’h1- ver en serre tempérée , et traitées comme je lai dit plus haut, fleurissent toute l’année. Elle est pré- férable pour l'ornement, à cause de sa prodigieuse floraison, à l’Æperaium cælestinum, espèce ligneuse depuis long-temps cultivée dans nos serres et Jar- dins, quoique les fleurs de cette dernière soient plus grandes.
La cassinie remarquable, Cassinia spectabilis , BOT. REG. Calea spectabilis, Lagiz., plante bis- annuelle et quelquefois trisannuelle, originaire de la Nouvelle-Hollande, introduite depuis quelques années dans nos cultures, forme un arbre de six à sept pieds, lorsqu'on a soin de supprimer ses gran- des panicules de fleurs lors de leur développement, pendant les premières années.
L’onagre commun, CEnothera biennis, Lan. , plante bisannuelle indigène , peut former un sous- arbrisseau de plusieurs pieds, pourvu qu’elle soit traitée comme les précédentes et rentrée en serre tempérée pendant l'hiver. Il en est de même de l'onagre à grandes fleurs, O£nothera grandiflora, Wuzo., plante bisannuelle de l'Amérique septen- trionale , de l’onagre à feuille de saule, OEnothera salicifolia, mort. PAR. , également bisannuelle et
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du même pays, et de quelques autres espèces du senre, Ainsi converties en plantes ligneuses, elles vivent plusieurs années.
Les mêmes résultats peuvent être obtenus à l’é- gard de beaucoup d'espèces de la famille des malva- cées, et particulièrement dans les genres Halva et Sida. Par exemple , la mauve crépue, Malva crispa, Lin., plante annuelle, originaire d'Orient, étant cul- tivée en pots, et rentrce en orangerie ou serre tem- pérée pendant la mauvaise saison, y forme un arbre de plusieurs pieds, et vit long-temps dans cet état.
Le blé, 7riticum sativum, et ses variétés, sont sus- ceptibles de devenir vivaces, en empêchant la fruc- tification par le retranchement des épis au fur et à mesure de leur formation.
Ces exemples suffisent , je pense, pour faire ap- précier l'inflüence d'une culture donnée sur la constitution et l'existence des végétaux. Un grand nombre de plantes annuelles et bisannuelles offri- raient les mêmes résultats si on leur appliquait les procédés de culture dont je viens de parler. Car celles que j'ai mentionnées plus haut ne possèdent l'avantage d'être devenues ligneuses ou vivaces que parce que la beauté de leurs fleurs, ou simple- ment le caprice, les a fait rechercher des amateurs, dont les demandes ont été pour les horticulteurs un motif puissant d’'émulation qui leur a fait diri- ger tous les efforts de leur intelligence vers le per- fectionnement de ces espèces privilégiées.
Il est encore un autre moyen qui donne des pro- duits analogues , dont toutefois on ne tire parti que depuis peu de temps; je veux parler de la grefle en approche , en fente , en couronne et herbacée.
SEPTEMBRE 1836. 24
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Le liseron pourpre ou volubilis, Zpomæa purpu- rea , Lam. , greffé par approche à la hauteur d’un pied sur une branche de patate rouge comestible , Convoloulus batatas, Lin, a depuis 1831, époque de l'opération, poussé plusieurs branches qui chaque année produisent des fleurs en abondance. Cultivé en pot, il est devenu presque ligneux, et se con- serve en le rentrant chaque hiver dans une serre chaude.
La patate, au contraire, grelfée sur une tige de liseron, a rendu ce dernier vivace depuis trois ans, et sa tige a acquis plus que la grosseur d'une plume. On espérait par ce moyen hâter la floraison de la patate, qui jusqu'à ce jour se montre avare de fleurs ; mais si l'expérience n’a pas réalisé cet es- poir, son résultat n’est pas moins intéressant.
La greffe herbacée ou 4 la T'schudy, dont on fait aujourd'hui de si heureuses applications, fournit aussi quelques exemples remarquables. La tomate, Lycopersicum esculentum, NurrTar., et beaucoup d’autres solanées annuelles, peuvent vivre très-long- temps en les greffant en herbe sur des espèces li- gneuses du même genre , et même sur des tiges de pommes de terre, pourvu que les individus soient tenus l'hiver dans la serre chaude.
Les différens tabacs annuels peuvent être greffés sur la nicotiane à feuilles glauques, ÂVicotiana glauca, dont nous avons donné la figure page 149 de ces Annales, année 1833-1834. Cette espèce, qui est ligneuse, est la plus convenable pour servir de sujet. Toutes les greffes reprennent bien, quel que soit le procédé, en fente ou en couronne, et peuvent y vivre long-temps. Cette plante est en
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effet fort rustique, et a plusieurs fois déjà résisté à un froid de 7 à 6 degrés, tandis que les autres gèlent souvent à une température d’un degré sous o. Il faut dans le cas présent la cultiver en pot, afin de la rentrer dans la serre pendant l'hiver. Il est nécessaire aussi de supprimer les premières fleurs qui apparaissent, et même de pincer l'extrémité des rameaux développés par la greffe, afin de lui faire acquérir plus de force et plus de ramifica- tions.
On réussit de même en greffant sur le tabac commun, /Vcotiana tabacurm, Lan.; mais l’autre espèce est préférable.
Les genres voisins, comme Petunia, Nierember- gta , etc., greffés sur les deux espèces indiquées précédemment, deviennent également vivaces et ligneux.
L'œillet des fleuristes, Dianthus caryophyllus , Lan. , et mieux l'œillet de bois, Dianthus lignosus, Horr. , sont, par leurs tiges boisées, très-convena- bles pour recevoir la greffe de plusieurs espèces du même genre vivaces et bisannuelles, telles que l’œillet de Chine , Dianthus Sinensis , Lan., et ses variétés; l'œillet de poète, Dianthus barbatus, Law.; la mignardise des jardins, Dianthus moscatus, ete. Il faut, bien entendu, rentrer pendant l'hiver les pieds greffes en serre tempérée.
On pourrait penser, par ce qui précède, que c'est principalement sur les plantes exotiques que les essais réussissent le mieux; mais il n’en est rien ; nos végétaux indigènes peuvent produire le même effet, et je répèterai encore qu'un grand nombre d'applications plus où moins curieuses
372 peuvent être faites de ces divers procédés, qui jus- qu'alors n’ont été mis en usage qu'a l'égard des plantes qui ont plus particulièrement fixé l'attention des fleuristes. Pépin.
Rose DE Harpy. Rosa Hardi. ( Voyez la planche. )
Petit arbrisseau s’élevant à deux pieds environ ; rameaux étalés, grêles , flexibles, rougeûtres, coudés , légèrement velus, armés à linsertion de chaque pétiole de deux aiguillons géminés et d'un troisième en dessous formant le triangle, rarement disposés sur la même ligne, et quelquefois deux ou quatre.
Feuilles composées de 5-7 folioles , lancéolées, petites , étroites, à dents aiguës, assez souvent de forme irrégulière , rarement opposées ; la terminale généralement bilobée ou trilobée. Quelquefois trois folioles partent du même point , rarement une seule, qui paraît néanmoins trifoliée, à cause de sa stipule bifoliée. La nervure de la feuille est garnie en des- sous de trois à quatre petits aiguillons aigus. La couleur du feuillage est d’un vert foncé.
Fleurs nombreuses, simples, plus grandes que celles du Perberidifolia, à pétales d’un jaune doré dont l'onglet est couvert d’une macule purpurine plus grande que dans les fleurs du précédent ro- sier. Ces fleurs, qui s'ouvrent parfaitement bien, sont quelquefois réunies par deux ou trois, mais le plus souvent solitaires. Le pédoncule est court et légèrement velu , le calice sphérique et hérissé de petits aiguillons droits assez nombreux. Les éta- mines sont en grand nombre et d’un beau jaune, un peu plus clair que celui des pétales.
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Cette rose intéressante, obtenue au Luxembourg, par notre collègue M. Hardy, du Clinophylla et du Perberidifolia, sera d'une culture facile. Elle remplacera avec avantage la Perberidifolia , sur laquelle elle l'emporte par une plus grande dimen- sion, une floraison plus nombreuse et plus parfaite, un port plus gracieux et un feuillage plus élégant. Elle est en multiplication dans notre établisse- ment, où on la trouve exclusivement; et nous pour- rons la livrer dans quelque temps au prix de 25 fr. Les amateurs qui désireraient l’acquérir sont priés de nous adresser leur demande à l'avance, les ex-
péditions devant se faire toutes à la fois (1).
Ces frères,
Pépiniéristes, chaussée du Maine, à Montrouge, banlieue de Paris.
Rose Arcaipuc CnarLes. Arbrisseau d'une végé- talion ordinaire, à rameaux droits, lisses, armés d’un petit nombre d’aiguillons égaux, dilatés à leur base , rougeâtres et courbés. Feuilles composées de trois et plus souvent cinq folioles un peu lancéolées , d’un vert foncé et à dentelures régulières et rou- geâtres. Fleurs nombreuses , doubles , de moyenne grandeur, disposées en corymbe, d’une forme ré- gulière, imitant la coupe. Les pétales sont d'un rose très-vif et brillant. Le tube du calice est glabre, et le pédoncule garni de petits poils glanduleux. Cette charmante variété de Bengale, qui fleurit
(1) Quelques botanistes ont fait sous le nom de Lowea un genre de la rose Zerberidifolia ; nous n’avons pas cru devoir l’adopter pour la rose Hardy.
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beaucoup et a un aspect trèes-agréable, se trouve dans la collection de roses de madame veuve Syi- vain. Haroy.
Anormalie observee sur un roster mousseux.
il y a deux ans, j'ai cité, dans les Annales de flore, un accident produit sur la rose mousseuse prolifère, lequel m'a procuré une variété nouvelle de cent-feuilles. La même chose vient de se renou- veler sur la mousseuse ordinaire. J'avais planté deux de ces rosiers au pied d’un mur au midi; au mois de septembre 1835, deux drageons sorti- rent de terre, à la hauteur d'environ six pouces; l'hiver suspendit leur végétation, mais ne fit pas tomber leurs feuilles, qu'ils conservèrent pendant toute la mauvaise saison. Au printemps, leur crois- sance continua au point que l’un des deux, qui est bien une mousseuse, a acquis trois pieds de hau- teur. L'autre, qui se trouve terminé par un bouquet de cinq fleurs, est une véritable cent-feuilles ordi- naire, entièrement dépourvue de mousse. Ce fait me confirme dans l’idée que la mousseuse ordinaire n’est qu'un accident trouvé sur la cent-feuilles, et qu'elle a toujours une propension à retourner au type. Duva, horticulteur à Chaville.
ÉRIGÉRON usSE, Erigeron glabellum, Nurraz. Belle plante vivace à racine fibreuse ; feuilles en touffes sessiles ; les radicales longues de trois à quatre pou- ces, ovales, arrondies à l'extrémité, à nervures sail- lantes sur la face, dentées très-finement sur les
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bords, et à pétiole à caunelure supérieure se pro- longeant sur la nervure médiane; les caulinaires plus courtes , lancéolées et ciliées. Les tiges nais- santes ont leur extrémité penchée et sont nuancées de violet purpurin. Elles sont hautes de huit à douze pouces lors de leur entier développement , et quelquefois plus. Elles sont un peu flexueuses, anguleuses et velues, et portent plusieurs rameaux alternes qui se ramifient encore à leur sommet, et, se réunissant tous à la même hauteur, forment une sorte de corymbe très-agréable. Chacun de ces ra- meaux est terminé par une fleur.
Les fieurs sont grandes, un pouce environ de diamètre , radiées, composées de fleurons jaunes au centre et d’un grand nombre de ligules ou rayons linéaires et subulés à la circonférence. Ils sont de couleur violet clair.
Cette belle plante, originaire de l'Amérique sep- tentrionale , fut envoyée au Jardin des Plantes de Paris en 1832, par la Société horticulturale de Londres. Elle est très-rustique , et d’un joli effet par ses toulfes régulières et ses nombreuses fleurs, qui s’'épanouissent depuis le commencement de mai jusqu'au 15 ou 20 de juillet.
- On la multiplie facilement par l'éclat de son pied: cette opération est rigoureusement nécessaire tous les deux ou trois ans pour avoir de belles fleurs ; car cette plante est susceptible de se détruire par le centre de sa touffe, si on la laisse devenir trop forte. On la multiplie aussi par ses graines, dont on repique ensuite le plant , qui forme de belles touffes la première année, et fleurit seulement l’année suivante , mais en abondance. Elle croît à toute
576 exposition et n'a besoin que de peu d’arrosemens.
On la trouve cultivée dans quelques établissemens de Paris. PÉpix.
SILÈNE A TROIS NERVURES, SYene trinervia, Maury. FI. Rom. 152. Dec. Prod. 1. 393.
« Tiges droites, d'un à deux pieds, velues, non visqueuses, grêles, rameuses; feuilles linéaires, lan- céolées, ciliées à leur base, marquées de trois ner- vures ; fleurs terminales, unilatérales comme dans beaucoup d'espèces de ce genre, solitaires, légère- ment pédonculées; calice en imassue, hispide, à dix stries roussâtres, sur lesquelles se trouvent deux rangées de poils transparens, articulés et 1m- briqués; pétales légèrement bifides, munis d'un appendice en couronne.
« Cette plante annuelle, qui croît en Sicile, aux environs de Rome, et sur les côtes de Barbarie, se recommande par l'abondance de ses fleurs d’un rose vif, ressemblant un peu à celles du Sz/ene bipartita, Desr. Mais cette espèce a l'avantage de se tenir plus droite, d'avoir des fleurs constamment ouvertes, qui durent très-long-temps et offrent un aspect très-agréable.
« On la sème au printemps, en place et par touffes, dans les plates-bandes , ou en rayon pour bordure.»
La note ci-dessus nous a été adressée par M. Do- vergne, pharmacien à Hesdin , qui s'occupe de culture avec un zèle éclairé; et nous l'avons ac- cueillie avec empressement, la plante qui en fait l'objet étant effectivement fort digne de lattention des amateurs. P£Érin.
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Mimuce CARDINAL, Méimulus cardinalis. Horr. PAR. (Voyez la planche, et pour les caractères généri- ques, page 105, Journal et Flore des jardins.)
Cette plante nouvellement introduite en France, et que nous ne possédons que depuis le printemps dernier, paraît devoir occuper une place impor- tante parmi celles employées dans la décoration des jardins. Elle se montre vigoureuse et peu délicate, car le pied qui a fourni le modèle au dessinateur est cultivé en pot, et a cependant une hauteur de trois pieds ; et il est probable qu'en pleine terre il s’élèverait bien davantage.
Tige herbacée, velue, d’un beau port, et se soute- nant bien sans tuteur. Feuilles opposées, ovales, lan- céolées, longues de 3 à 4 pouces, irrégulièrement dentées, sinuolées , courtement pétiolées et très- velues, à cinq nervures dont trois profondes ; elles exhalent une odeur musquée lorsqu'elles sont frois- sées entre les doigts. Fleurs portées sur un pédon- cule axillaire long d'environ deux pouces, cylin- drique et velu; calice anguleux à cinq divisions peu profondes, velu et linéé de stries pourpre foncé; corolle monopétale tubulée à deux lèvres, la supérieure bilobée, l’inférieure trilobée; le limbe est d’un beau rouge vif en dedans, et d'un jaune rougeûtre à l'extérieur ; à l'entrée du tube le rouge est remplacé par un beau jaune marqué de raies d’un pourpre brillant qui s'étendent de chaque côté du tube à la commissure des lèvres ; les bords de chaque côté des deux lèvres un peu roulés l’un sur l’autre; le limbe des lèvres un peu velu à l'en-
378 trée du tube. Fruit capsulaire à deux loges ; un réceptacle central marginé dans son contour, tenant lieu d’une cloison, chargé des deux côtés de se- mences nombreuses et petites. Les quatre étamines ont les filets jaune pâle et les anthères blanches ; le style est saillant et le stigmate bilabié, blanc.
Cette plante, que je crois originaire du Chili, peut se multiplier facilement de boutures, mais mieux de graines; je pense qu’on pourra la cultiver en pleine terre substantielle et légère, en ayant soin de semer à froid à l'automne et au printemps de bonne heure. NEUMANN.
SERRE CHAUDE. POINCIANA. Lin. Décandrie monogynie, Lin.
Bauhinées. DEcan».
Caractères génériques. Galice à cinq divisions, l'inférieure plus grande; cinq pétales onguiculés plus grands que le calice, dont quatre égaux plus petits que le cinquième; dix étamines libres, lon- gues, courbées, velues à la base ; anthères oblongues et vacillantes ; ovaire oblong , pédicellé ; style long, stigmate infundibuliforme ; légume oblong, com- primé, plane, bivalve , polysperme.
PornaiLLaDE DE GiLuies, Poinciana Gilliesii, W ALL et Hook. Bot. Misc. vol. 1, page 129, tab. 34. ( Voyez la planche. )
M. Tripet, grainier fleuriste et pépimériste, boulevart des Capucines, n° 13, à Paris, ayant eu la complaisance de nous prévenir qu'il possédait cet arbrisseau intéressant en fleurs , nous nous sommes empressés d'en faire peindre la figure que nous
PL4S
Poinciana Gilhesu
379 joignons ici. Cet habile cultivateur a bien voulu aussi nous donner sur ce végétal rare et curieux la note suivante , que nous transcrivons littéralement.
« Des graines de cet arbrisseau m'ont été envoyées sans nom, de Buenos-Âvyres, en 1830; semées de suite en pot et traitées comme plante de serre tem- pérée, elles ont bien levé; mais cultivées ensuite peut-être trop négligemment, j'en ai perdu quelques pieds; des sept ou huit qui me restèrent, le plus grand a aujourd'hui cinq pieds de hauteur, et a fleuri en juillet dernier pour la première fois. Alors, jai reconnu que c'était une plante méritante, et qu’elle était digne d’être multipliée, d’entrer dans le commerce, et d'être signalée aux amateurs.
« C'est un arbrisseau à tige droite, moyennement rameuse , et que, par le moyen de la taille, on peut élever en baliveau, en quenouille et en tête. Parmi les jeunes rameaux, qui tous sont efilés, verts et un peu anguleux , les uns sont presque nus, tandis que d'autres sont sensiblement munis de deux sor- tes de poils; c’est-à-dire qu'il y en a de simples, blancs , divergens, assez fins, et d’autres plus gros, plus courts, roux, terminés en tête globuleuse lé- sèrement visqueuse, et munis latéralement de ra- mifications blanches et semblables aux autres poils.
« Les feuilles, élégantes, légères et d’un vert gai, rappellent par leur aspect la nombreuse famille des acacias; elles sont bipennées; leur pétiole com- mun est long de six à huit pouces, muni cà et là de quelques poils courts glanduleux , et supporte de huit à douze pétioles secondaires , tantôt opposés el tantôt alternes , longs de quinze à dix-huit lignes, et supportant de huit à douze paires de folioles
LU
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oblongues, arrondies au sommet et à la base, lon- gues de quatre lignes et larges d’une ligne et demie, entières , d’un vert gai en dessus, lésèrement glau- que en dessous, et munies de ce côté de quatre à dix points noirs près du bord extérieur, et d’un nom- bre toujours moins grand de mêmes points près du bord intérieur.
À l'insertion d’un pétiole commun sont deux stipules lancéolées, marcescentes , roussâtres, lon- gues de trois lignes et bordées de longs cils.
« Les fleurs naissent en grappe simple et termi- nale , et sont de six à dix sur chaque grappe; le pédoncule commun est gros, droit, glanduleux, long de deux à trois pouces ; chaque fleur est alterne, pédicellée, ouverte en tulipe, large de deux pou- ces , jaune , avec de tres-longues étamines pourpre foncé qui forment une aigrette arquée et ascen- dante de la plus grande élégance. Voici la compo- sition de la seule fleur qu'il m'’ait été possible d’exa- miner : 1° pédicelle long d’un pouce et glanduleux ; 2° calice tubuleux, divisé à sa gorge en cinq folioles très-minces, vert pâle , subcunéiformes , ciliées au sommet, l’une d'elles plus grande, plus concave, pétaloïde en partie ; 3° cinq pétales insérés à l'ori- fice du tube calicinal, jaunes, figurés en coin, l'un d'eux plus grand que les autres ; 4° dix étami- nes libres , insérées au même lieu que les pétales, et dont les filets élargis et velus à la base sont d’un pourpre foncé , arqués, ascendans, longs de trois pouces six lignes et terminés par des anthères ova- les, courtes, insérées en travers; 5° un ovaire sti- pité, oblong, subfalciforme, pubescent, surmonté d'un style “a la longueur et de la couleur des éta-
381
mines, et terminé par un stigmate infundibuli- forme. Le fruit ne m'est pas encore connu.
« Outre le lieu indiqué ci-dessus, ce bel arbris- seau a encore été trouvé à Mendoza par M. Gillies, et au Chili par M. Bertero. On devine alors qu'il n'exige pas une serre trés-chaude chez nous, et qu’un bon conservatoire doit lui suffire pendant l'hiver. Je le multiplie de bouture avec du bois de deux ans, et puis en fournir quelques pieds aux amateurs. »
Nota. I serait possible que le dessin ci-joint ne représentât pas exactement l'aspect de la fleur bien épanouie, parce qu’elle commençait à se faner quand elle est arrivée sous les yeux du peintre.
Nous ajouterons à l’article de M. Tripet que le genre Pornciana a été créé en l'honneur de M. de Poincy, gouverneur-général des Antilles, qui le premier fit connaître le Poinciana pulcherrima, joli arbrisseau de serre chaude, maintenant cultivé dans les jardins de la France, et dont nous pouvons citer un pied fort remarquable chez M. Maciet, ancien notaire à Meaux. Pendant la floraison il ta- pisse de la manière la plus élégante, par ses jolies fleurs rouges et jaunes, les murs de la serre de cet amateur distingué. Doverce.
NOUVELLES.
Cou coLossaz toujours vert de la Nouvelle-
Zélande.
Les journaux de la capitale annoncent depuis plusieurs jours cette nouvelle espece, dont une seule graine se vend 1 fr!!! Cest, dit-on, un chou vert gigantesque qui s'élève constamment *de 9 à
® ’ ? , 15 pieds. Je présume fortement que ce n’est qu'une
382
spéculation tentée sur l'empressement que montrent un grand nombre de cultivateurs à enrichir la France d’un végétal qu'ils croient utile ; et que ce fameux chou n’est autre que notre chou cavalier. En effet, celui-ci, cultivé avec soin dans une terre forte, substantielle, humide et convenablement fumée, donne des produits très-remarquables, et l’un de nous en a vu à Puteaux d’une élévation de quatorze pieds.
On peut se rappeler qu'il y a quelques années il fut fait grand bruit du chou arbre de Laponie préconisé par feu Madiot, directeur de la pépinière de l’Observance à Lyon. Eh bien ! ce chou si vanté, et auquel rien ne pouvait être comparable, n’est plus aujourd'hui et depuis long-temps que notre chou cavalier.
Nous ne connaissons encore à Paris que des graines du chou colossal, et l’on sait qu’on ne peut tirer aucune lumiere de la comparaison des graines de brassica; car elles n'offrent pas de caractères suffisans pour distinguer les variétés. Mais notre collègue M. Lecointre, se trouvant dernièrement à Londres, a vu dans Covent-Garden deux pieds vivans de ce chou. Un pépimiériste anglais dont je tairai le nom, et qui l'accompagnait, lui de- manda à dessein à quelle variété il rapportait ce végétal, et notre collègue ayant nommé le chou cavalier, son compagnon lapprouva positivement; ce qui prouve en passant que tous les pépiniéristes anglais ne sont pas complices de cette mystification.
C'est donc pour mettre les consommateurs en garde côntre les erreurs de bonne foi ou intéressées que je publie cette note. Ce ne sont pas quelques
383 pièces de cinq francs prélevées sur la crédulité des cultivateurs qui forment ici le plus grand inconvé- nient; mais les personnes trompées se dégoûtent des innovations , et les meilleures choses ensuite cessent d’être adoptées, tant devient grande la crainte d'être dupe. Et comment en serait-il au- trement quand le charlatanisme pénètre partout? N'a-t-on pas vu à Paris vendre du cerfeuil musqué pour l’arracacha si vanté , et dont la réputation s'est évanoule en fumée, etc., etc. ? Au reste, je dirai en terminant que la mystification dont je m'occupe est tout-à-fait anglaise, et que, jusqu'à présent, le commerce francais n'y est pour rien. DovErGE.
Depuis six ans nos jardins se sont enrichis d’un assez grand nombre de plantes d'ornement origi- naires du Chili et de la Californie. Parmi elles plu- sieurs se sont parfaitement acclimatées, et ont donné des variétés à fleurs doubles ou de couleurs différentes. Je vais en citer quelques-unes.
Le Gilia capitata, Bot. mac., plante annuelle à fleurs bleues , a, depuis l’année dernière, donné une variété à fleurs d’un blanc pur.
Le Gilia tricolor, figuré dans ces Annales, p. 363, année 1834-1835, a donné dans les semis faits cette année un assez grand nombre de pieds à fleurs d’un blanc pur ou plus ou moins verdâtre, et chez lesquelles ont disparu les couleurs jaune et violet fonce.
Le Clarkia pulchella, Vursn., plante annuelle à fleurs d'un rose violacé, a donné plusieurs variétés de couleur, parmi lesquelles on remarque le violet pourpre, le violet clair, le blanc violacé et le blanc
‘
384
pur. Il a également donné l'année dernière plu- sieurs pieds à fleurs doubles.
Le Clarkia elegans, figuré page 3 de ces Annales, année courante , a également fourni dans les semis de cette année plusieurs variétés de couleur. Je citerai notamment celles obtenues par M. Tripet, grainier - pépimiériste, boulevard des Capucines. Elles sont au nombre de trois, l'une d'un joli pour- pre clair , la seconde d’un rose carné , à laquelle il a donné le nom de Carnea, et la troisième, la plus re- marquable et la plus curieuse, à fleurs doubles blan- ches.
L’Escholtzia Californica, Cuamisso, figuré p. 52 du Journal et Flore des Jardins, aujourd'hui très- répandu, donne chaque année par le semis un grand nombre de fleurs doubles.
Le Podolepis gracilis, figuré p. 154 de ces An- nales, année 1832-1833, produit chaque année dans les semis un certain nombre de pieds où la couleur rose est remplacée par le blanc pur; mais il n'a point encore doublé. : cette plante est origi- naire de la Nouvelle-Hollande.
Il y a lieu d'espérer que ces contrées, qui se mon- trent riches en végétaux inconnus chez nous, nous enverront encore des nouveautés à la recherche desquelles de zélés voyageurs se sont voués.
Pépin.
MM. Cels frères, pépiniéristes à Montrouge, ayant fait il y a deux ans des semis assez considéra- bles du Strelitzia augusta , du Laurus persea (avo- catier }, et du Pandanus utilis (vacoua), sont en position de livrer aux amateurs ces jolies plantes à un prix très-modéré. DoverGe.
TABLE FRANÇAISE ET LATINE
DES PLANTES
GRAVÉES DANS LES ANNALES DE FLORE ET DE POMONE.
année 1835-1836.
Abricot des dames. | Prune de Lamotte.
. Galarde aristée. . Watsonie à fleurs d’alétris.
Galane élégante.
. Poire goulu morceau.
. Pélégrine à poils rares.
. Lin à feuilles nervées.
. Verveine à feuilles veinées. . Fève à fleurs noirîtres.
. Pélargonier de Gouvart.
. Watsonie à fleurs droites. . Crinole à feuilles rudes.
. Clarkie agréable,
. Poly . Lapeyrouzieà grandes fleurs. . Xanthochime teinturier.
. Hunnemannie à feuilles de
gala à feuilles en cœur.
fumeterre.
. Boronie à feuilles pinnées.
. Calcéolaire bleuûitre.
. Niérembergie intermédiaire. . Capucine tricolore.
. Pourpier de Gillies.
. Echevérie rameuse.
. Gesnérie brillante.
. Campanule hérissée.
. Grenadille soyeuse.
. Chilopside à feuilles de sau-
le.
s. Balisier élevé.
SEPTEMBRE 1930.
Pages RO RE 0 RE 1i De tn PME PAP a Er 13 Galardia aristata. 16 Watsonia aletroïdes. 28 Chelone speciosa. 29 FN ROME DO PO TEE TR ss Alstræmeria hirtella. 49 Linum nervosum. 54 l’erbena venosa. 5G Faba vulgaris. Var : nigres- cens. 79 Pelargonium Gouvarti. 86 W'atsonia strictiflora. 88 Crinum scabrur. 90 Clarkia elegans. 111 Polygala cordifolia. 119 Lapeyrouzia grandiflora. 120 Xanthochimus tinclorius. 126
Hunnemannia fumariæfc-
dia. 151 Boronia pinnata. 153 Calceolaria cærulescens. 155 Nierembergia intermedia. 156 Tropæolum tricolorum. 186 Portulacca Guilliesi. 187 Eçheveria racemosa. 185$
Gesneria rulila. 189
Campanula peregrina. 208 Passiflora holosericea. 211 Chilopsis saligna. 213 Canna excelsa. 217
b Qt
386
29. Scille de Cupani.
30. Pélégrine gracieuse.
31-32. Bilberghie à à feuilles fas- ciées.
33. Silène serrée.
34. Pélégrine dorée.
35. Mozambé en arbre.
36. Gesnérie éclatante.
37. Némophile remarquable.
38. Pimélée des bois.
39. Stéphanotide à fleurs nom- breuses.
40. Ketmie de Lindley
41. Poire Williams.
42, Lachnée purpurine.
43-44. Thoka des Birmans.
45. Rosage à fleurs de jacinthe.
46. Rose de Hardy.
47. Mimule cardinal. 48. Poincillade de Gillies.
Nora.
En faisant relier ce Journal,
Pages
Scilla Cupaniana. 2458 Alstræmeria pulchella. 249 Bilberghia fasciata. 250 Silene compacta. 260 Alstræmeria aurantiaca. 2173 Cleome arborea. 314 Gesnerta atro-sanguinea. 275 Nemoplhila insignis. 805 Pimelea silvestris. 309 Stephanotis floribunda. 311 Hibiscus Lindleii. 312 ANDRE CMENEEMES PPS D 174 Dane purpurea. 336 Amherstia nobilis. 840
Rhododendron Ponticum. Var. :
hyacinthiflorum. 352 Rosa Hardii. 372 Mimulus cardinalis. a Poinciana Gilliesir. 378
on réunira toutes les planches à la
fin du volume et dans l'ordre ei-dessus, ou l'on placera chacune d'elles
eu regard de là page indiquée.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LES ANNALES DE FLORE ET DE POMONE.
1835-1836. D >) CR Pages Abies. 322 ques arbres et arbustes. Abricot des dames. 11 Arbres fruitiers ( quelques Acacia hispidula. 192 observations sur l’ébour- Alstrœæmeria aurantiaca. 273 geonnement des). — Hirtella, 49 Asperges(culture forcée des) — Psittacina. 141 Artichauts. Observationssur — Pulchella. 249 le moyen de les faire gros- — Tricolor. 142 sir, Amary llis bellaaona. Var. : Arlocarpus incisa. mutabilis, 26 Avis.
A Messieurs les souscrip- teurs
A Messieurs les rédacteurs des Annales de Flore et de Pomone.
Amherstia nobilis.
Amygdalus nana (observa- tions sur l’).
Ananas bracteata.
Ananas (exemple de fécon- dité d’un ).
Andromeda buxifolia.
Anémones (culture des).
Anthirrinum reflexum.
Anthyllis hermannie.
Arbre à pain.
Arbres qui résistent à la sé- cheresse.
—D’alignement (observa- tions sur les),
— Sur leur croissance.
— Piantation d’arbres verts en Champagne.
— Sur les espèces qui con- viennent le mieux aux marais.
— Seconde floraison de quel-
l 236 350
360 91
Auvens ou chaperons mobi- les.
Balisier élevé.
Baromètre.
Belle de nuit.
Benihamia fragifera.
Bilberghia fasciata.
Boronia pinnata.
Prugmansia bicotor.
Brûlure (sur la maladieappe-
lée). Budleia mexicana. Bugainvillea spectabilis. ,Cactées (extrait d’une lettre sur les). Calceolaria cærulescens. Campanula peregrina. Camuzer.Note sur le raphio- lepis salivifolia. —Poire beurré Bosc. —Amygdalus nana (obser- vations sur l). Canna excelsa. Capucine à cinq feuilles. — Tricolore Cecs frères. Crinole gigantes- que.
Pages
235
293
388
Pages
Cezs frères. Sterculie mo- nosperme. 31 —Pélégrine dorée. 273 —Jaquier incisé. 276 —Tgname ailé. 281 — Magnolia glauca arborea. 282 —Deutzie à feuilles rudes. 302 —Rose de Hardy. 372 —Rosageä fleurs de jacinthe. 362 Cereus senilis. 96 —Squamulosus. 125
Chauffage des serres par les
calorifères à air. 57 Cheione speciosa. 29 Chilopsis saligna. 213 Chou colossal toujours vert
de la Nouvelle-Zélande. 381 Cierge à petites écailles. 125 Citronnier (Boutures-greffes
du). 124 Clarkia elegans 111
— Variétés. 384
— Pulchella. Variétés. ibid. Cleome arborea. 314
— Speciosa. 274 Clianthus puniceus. 95 Coignassier de la Chine. 267 Collomia coccinea. 185 Coreopsis tinctoria. Var. :
atropurpurea. 250 Corrus nepalensis. 94 Crinum giganteun. 80
— Scabrum. 91 Cydonia sinensis. 267
Dazeret. Des auvens ou cha- perons mobiles. 6 — Observations sur les ar-
bres d’alignement 65 — Poire Williams. 332 Daphne lutetiana. 253 Datura rubra. 94 Deutzia scabra. 308 Dianthus pulchellus. 128 Dioscorea alata. 281 Doverce. Extrait d’unelettre
sur la pomme de terre de
Rohan. 33 et 104 —Chauffage des serres par
les calorifères à air. 57
Doverce. Sur la maladie ap- pelée brülure.
—Sur la croissance des ar- bres.
—Extrait d’une lettre sur la culture du melon.
— Note sur le quinoa.
—Des thermomètres.
—Notice sur les plantations d’arbres verts en Cham- pagne.
—Espèces d’arbres qui con- viennent le mieux aux marais.
— Des baromètres.
—Note sur la lettre à Mes- sieurs les rédacteurs. : —Fructification du ginkgo
biloba.
—Prix pour Pextraction du sucre de betteraves.
— Observation sur la culture des fèves.
—Extrait d’une lettre sur un moyen d’obtenir des raisins tardifs.
—Culture des anémones.
—Traité- théorique et prati- que sur les semis et plan- tations.
—Observations sur les arti- chauts.
—Pivoines nouvelles.
—Exposition florale à St- Omer.
—Souscription au thoka des Birmans.
— Instruction sur le procédé à suivre à la réception des végétaux.
—Poincillade de Gillies.
—Chou colossal.
Duvaz. Rose madame Fur- tado.
— Quelques idées sur les jar- dins d’agrément.
—Rose général Lawoæstine.
—Quelques observations sur les roses.
254
258
258
262
254
292 315
319 352 351 378 381
14
38 112
206
389
Pages Duvaz. Quelques observa- tions sur l’ébourgeonne- ment des arbres fruitiers. 295
—Greffe propre à regarnir quelques arbres fruitiers. —Anomalie observée sur un
303
rosier mousseux. 374 ÆEcheveria racemosa 188 Entelea arbor2a. 211 Epacris campanulata 191
— Alba. ibid. Erigeron glabellum. 376
Erythrina crista-galli (note
sur la culture de F). 148 Escholtzia californica. Va- riété à fleurs doubles. 384 — Crocea. 318 Euphorbia variegata. 159 Exposition florale à Tou- louse. 71 — À St-Omer. 319 Fabavulgaris.Var.: nigres- cens. 79 Fèves ( Observations sur la culture des ). 257 Fräisiers (Observations sur les). 389 Fuchsia mutabilis. 95 Galane élégante. 29 Galardia aristata. 16 Gelée. Résultats de la gelée sur quelques arbres verts. 234 Gesneria atro-Sanguinea. 275 — Rutila. 189 Gilia capitata, var. blanche. 383 — tricolor, var. blan- che. ibid.
Ginkgo biloba (note sur le). 147 —(Fructification du). 240 Gladiolus psittacinus. 247 Greffe propre à regarnir quelques arbres fruitiers. 303
— Du lilas sur frêne. 361 Grenadille soyeuse. 211 Groseillier. 113 — Porte-cire. 254-306 Gynandropsis Speciosa. 274 Harpy. Roses. 51-146
— Variétés de vignes bonnes
à cultiver pour la ta- ble.
—Rose archiduc Charles.
Hibiscus Lindleii.
Hibiscus mutabilis. Var. :
Jlore pleno.
Hunnemannia fumariæfo- lia.
Humidité. Note sur l’humi- dité de l’hiver 1835-1836.
Igname ailée.
Instruction sur le procédé à suivre à la réception de végétaux venant de voya- ger, pour assurer leur re- prise.
Jacques. Suite de la notice sur les phlox.
—Watsonie à fleurs d’alé- tris.
—Galane élégante.
—Pélégrine à poils rares.
—Roses.
—Exposition florale à Tou- louse.
—Pomme de terre de Rohan.
—Fève à fleurs noirâtres.
—Extrait d’une lettre sur les cactées.
—Groseillier.
—Xanthochime teinturier.
—OEillet agréable.
—Résumé d’observations météorologiques.
— Calcéolaire bleuître.
—Euphorbe pauachée.
—Gesnérie brillante.
—Chilopside à feuilles de saule.
—Balisier élevé.
—Extrait d’une notice sur le nelumbium specio-
SUN.
—Scille de Cupani.
—Bilberghie à feuilles fas- ciées.
— l’ancraisàlongues feuilles.
—Daphné de Paris.
— Groseiller porte-cire.
Pages
132-181-202
373 312
86
151
282 281
Jacques. Silène serré
—Mozambé remarquable.
—Influence de l’humidité de l'hiver 1535-1836.
—Mozambé en arbre.
— Abies.
Jacquin AINÉ. Abricot des da- mes.
—Prune de Lamotte.
— Verveine à feuilles vei- nées.
—Pélargonier de Gouvart.
—Lapeyrouzie à grandes fleurs.
—Note sur la culture de lerythrina crista galli.
—Boronie à feuilles pinnées. —Niérembergie intermé- diaire,
—Pélégrine gracieuse.
—Pimélée des bois.
—Lachnée purpurine.
JacQuiIN 3euNE. Péléorine tricolore.
—Capucine tricolore.
—Pourpier de Gillies.
—Némophile remarqua-
ble. Jaquier incisé. Jardins d'agrément (quel- ques idées sur les). Jasione splendens. Kennedia nigricans. Ketmie à fleurs changeantes doubles.
—de Lindley. Lachenalia pendula. Lachnea purpurea. Lapeyrouzia grandiflora. Lecoinrre. Sur quelques
arbres qui résistent à la sécheresse.
—Moyÿen de garantir les
couches à melon des ravages des courtiliè- res.
—Grenadille soyeuse.
—Note sur le glaïeul
à cinq feuilles. ibid.
390
Pages 260 274
282 314 322
11 13
56 86
120
146 154
156 249 309 336
142 186 187
305 276
38 192 95
86 312 214 336 120
42
109 211
perroquet. —Observations sur les fraisiers.
LÉémox. Amaryllis à fleurs changeantes.
—Ketmie à fleurs chan- geantes.
— Crinole à feuilles rudes.
— Ananas à longues brac- tées.
—Sparmannie d'Afrique.
—Gesnérie éclatante,
Leptosiphon androsaceus.
Lin à feuilles nervées.
Linaria reflexa.
Linum nervosum.
Linnanthus doug lasi.
Magnolia glauca arbo- r'ea.
Marronnier nain.
Melon (extrait d’une lettre sur la culture du)
—Moyens de garantir les couches des ravages des courtilières.
Minulus cardinalis.
Mirabilis jatapa.
Moyens de convertir les plantes annuelles en plantes vivaces et en plantes ligneuses,
Mozambé en arbre.
—remarquable.
Nelumbiurm spectosum,
Extrait d’une notice sur le ntlumbo, par M. Raf- feneau-Delille.
Nemopenthes Anderson,
Nemophila insignis.
Neumanx. Boutures-greffes du citronnier.
naine
—Cierge à petites écailles.
—Note sur le ginkgo bi- toba.
—Echevérie rameuse,
—Stéphanotide à fleurs nombreuses.
—Ketmie de Lindley.
Page“
248
289
311! 312
Neumann Nouvelles.
—Bougainvillée remar-
quabie.
—Mimule cardinal. Wiere bergia intermedia Noiserre (Louis.) Polygala
à feuilles en cœur. OEïillet agréable. Ognon de Cassellamar (cul-
ture de P).
Oxyura chirysanthemoides.
Pancratium longifolium. Pandanus(note sur le). Passiflora holosericea.
Pêcher greffé sur abricotier.
Pelargonium Gouvarti. Pélégrine à poils rares.
— dorée.
— gracieuse.
— perroquet.
— tricolore. Pentstemon speciosum. Pépin. Galarde aristée.
—Anthyllide d'Hermann
—Lin à feuilles nervées.
—Symphorine du Mexi-
que.
—Linaire réfléchie.
—Phlox verna.
—W atsonie à fleurs droi-
tes.
—Nouvelles.
—Clarkie agréable.
—Sur le puceron lani-
gère.
—Pélégrine - perroquet.
—Notesurlessalpiglossis.
—Hunnemannie à fleurs de fumeterre.
—Collomie écarlate.
— Nouvelles.
—Acacia hispidula.
—Campanule hérissée.
—Entélée en arbre.
—Lachénaleà fleurs pen- dantes.
—Résultats de la gelée sur quelques AL verts.
391 Pages Pages 318 Périx. Seconde floraison de quelques arbres et ar- 337 bustes. 235 877 —Note sur le mirabilis 156 jalapa. 246 —Coreopsis tinctoria.Var.: 119 atro-purpurea. 250 128 —Rose capucine double. 251 —Vanille. ébid. 358 —Coignassier de la Chi- 319 ne. 267 252 —Note sur le pandanus. 279 279 — Pêcher greffé sur abri- 211 cotier. 301 301 —Groseillier porte-cire. 306 TE —Observations sur quel- 49 ques variétés de pœo- 273 nia moutan. 317 249 --Silène à trois nervu- 141 res. 376 142 —Erigéron lisse. 375 29 —Moyens de convertir les 16 plantes annuelles en 25 plantes ligneusés et en 54 plantes vivaces. 363 —Nouvelles. 393 80 Phlox suffruticosa (suite 83 de la notice descrip- 85 tive des variétés du). Phlox verna. 85 88 Pimelea sylvestris. 309 93 Pivoine bicolore. 316 111 —prolifère. ibid. —à pétales ligulés. 317 136 — Observations sur quel- 141 ques variétés de la 143 pæcnia moutan. ibid. Platistemon Californi- 151 cum. 318 185 Podolepis gracilis. Variété 190 blanche. 384 192 Poinciana Gilliesii. 378 208 Poire beurré rose. 294 111 — goula morceau. 36 — Williams. 332 214 Poxorny. Culture forcée des asperges. 4 — Moyen de rajeunir une 234 vieille vigne. 130
5g2 Pages | Pages Poxorwy. Exemple de fécon- Salpiglossis (Note sur les). 143 dité d’un ananas. 158 Sapin. 322 — Culture de l’ognon de Scilla Cupaniana. 248 Cassellamar. 358 Scottea trapeziformis. 191 Polygala cordifolia. 119 Silene compacta. 270 Pomme de terre de Ro- — trinervia. 376 han. 33-13-104 Sparmanniaafricana.Var.: Portulacca Gilliesii. 187 nana. 123 Prix pour l'extraction du Stephanotis floribunda. 311. sucre de betterave. 254 Wierculia monosperma. 31 Prune de Lamotte. 13 Symphoricarpos mexicana. 80 Paceron lanigère (sur le). 136 Thermomètres. 161 Quinoa ( Note sur le). 137 Thoka des Birmans. 340 Raphiolepis salicifolia. 77 — Souscription ouverte Résumé d’observations mé- pour la lithographie de téorologiques faites à Vil- cette fleur. 351 liers pour 1835. 129 Traité théorique et pratique Revue des genres de végé- sur les semis et planta- taux cultivés en France. 321 tions. 284 Rhademachia incisa. 276 Tropæolum pentaphyllum. 187 Rhododendron hyacinthiflo- — tricolorum. 186 rum. 362 Vanille. 25 Ribes. 113 VM'aisonia aletroïdes. 28 — cereum. 254-306 — strictiflora. 88 Rima. 276 V’erbena sulphurea. 95 Rose madame Furtado. 14 — venosa. 56 — thé duc d'Orléans. 51 Vigne. Moyen de rajeunir —thé triomphe du Luxem- une vieille vigne. 130 bourg. 51 — Variétés bonnes à culti- — Noisette madame Jou- ver pour la table. 132-181- vain. 52 202 — thé Emélie Diot. ibid. —Moyen d'obtenir des — perpétuelle de Neuilly. 53 raisins tardifs. 258 — Duret. 84 — Moyen d’obtenir plu- — général Lavoæstine. 118 sieurs variétés de — Thé à fleur gigantes- raisin sur le même cep. 333 que. 146 — Culture forcée en pots. 334 — Bengale Clara. ibid. Urinxr. Poire goulu mor- — capucine ponceau dou- ceau. 36 ble. 251 — Moyen d'obtenir plusieurs — de Hardy. 372 variétés de raisin sur le — archiduc Charles. 373 même cep. 333 Roses ( Observations sur — Culture forcée de la vi- les). 206 gne en pots. 334 — Anomalie observée sur — Marronnier nain. 359 un rosier mousseux. 574 — Greffe du lilas sur frêne. 361 Russelia juncea. 95 Xanthochimus tinctorius. 126
FIN.
(ii) io Lil
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