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Grappe, Georges Pierre François

Jules Claretie

LES CÉLÉBRITÉS D'AUJOURD'HUI

ules Claretie

GEORGES GRAPPE

BIOGRAPHIE CRITIQUE

ILLUSTRÉE d'un PORTRAIT-FRONTISPICE

ET d'un autographe

SUIVIE d'opinions et d'une bibliographie

PARIS

-iliKAlKlH E. SANSOT & O' ÉDITEURS

53. RUE SAINT- ANDRÉ-DES-ARTS, 5^

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(Cliché Momu'l) M. JtJLES CLARETIE DANS SON CABINET OE TRAVAIL

LES CÉLÉBRITÉS D'AUJOURD'HUI

Jules Claretie

PAR

GEORGES GRAPPE

BIOGRAPHIE CRITIQUE

ILLUSTRÉE d'un PORTRAIT-FRONTISPICE

ET d'un AUTOGRAPHE

SUIVIE d'opinions et d'une BIBLIOGRAPHIE

PARIS LIBRAIRIE E. SAN SOT & O" ÉDITEURS

53, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, 53

220y

ÎÏ36104

IL A ETE TIRE DE CET 0UVRAi3E \

Six exemplaires sur Japon impérial, numérotés de I à 6 et dix exemvlaires sur Hollande, numérotés de y à 1 6.

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays, y compris les pays Scandinaves.

JULES CLARETIE

A Raymond Figeac.

« Jusqu'à la fin, je resterai curieux des livres, des hommes et des choses. »

« J'entrais dans cette vie littéraire si heurtée, si bizarre le jour mourait la bohème. Jamais d'ailleurs cette bohème ne m'eut tenté. »

J. Claretie

Jules-Arnauld Claretie est le 3 décem- bre 1840^ à Limoges. , Au second volume de son Histoire de France, Michelet trace un admirable tableau des caractères qui différencient chaque tempérament provincial. Comme des fées magnanimes, fantaisistes et spi- rituelles, groupées autour des berceaux de la France, chacune de ces marraines qu'elle s'ap- pelle l'Anjou, la Franche-Comté ou la Provence dote l'enfant venu au monde, sur la terre qu'elle habite, de qualités originelles. Ainsi, conte le

grand historien, la bonne dame Limousine pour- voit ses filleuls d'une nature « honnête, mais lourde, timide et gauche par indécision ».

Voici bien, semble-t-il, une première esquisse du tempérament de M. Claretie ! Cependant, en y regardant de bien près, l'on reconnaît que cer- tains traits portent à faux. Lourd..., gauche par indécision ?... Non pas. Timide sans doute et honnête certainement. Mais cette vertu et cette qualité, encore que toutes deux tendent à dispa- raître, serait-ce suffisant pour donner de la res- semblance à un portrait ? Il ne le semble pas. Et j'avoue qu^après avoir lu cette ligne, je me sentais toujours aussi embarrassé lorsque l'idée me vint de poursuivre ma lecture : « Le bas Limousin, ajoute Michelet, est autre chose ; le caractère remuant et spirituel des populations y est déjà frappant. Les noms des Ségur, des Saint-Aulaire, des Noailles, des Ventadour, des Pompadour, et surtout de Turenne, indiquent assez combien les hommes de ce pays se sont rattachés au pouvoir central et combien ils y ont gagné. Le drôle de cardinal Dubois était de Brives-la-Gaillarde » (i).

Je me trouvai rassuré.

En reprenant, en choisissant parmi ces traits : « honnête, timide, remuant je préférerais actif spirituel, attaché au pouvoir central » il me parut que l'on pouvait se faire une première idée, assez exacte, de ce tempérament d'écrivain ?

Il ne conviendrait d'ailleurs pas d'oublier que

(i) Michelet : Histoire de France ; T. II, page 28.

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la famille de M. Claretie est originaire de Guyenne. « Le pays de Montesquieu et de Montaigne », nous suggère tout aussitôt Michelet. Ses ancêtres étaient périgourdins, de Saint-Alvère et de Rate- voul_, deux villages situés non loin de Bergerac...

L'enfance de M. Claretie s'écoula à peu près entière à Limoges. En mettant bout à bout quel- ques confidences, très sobres, recueillies de ci de là, au cours de son œuvre, nous pouvons essayer d'en reconstituer les traits principaux.

L'enfant, dans le milieu de vieille bourgeoisie il était venu au monde, dut être choyé, gâté même autant qu'il est possible par ses « bons et chers parents ». L'intérieur familial, confortable sans luxe, heureux plutôt que joyeux, lui assura une croissance exempte de péripéties bien impor- tantes. Les semaines succédaient aux semaines, partagées entre la première éducation, indulgente et ferme tout à la fois, et ces intimités d'autrefois que les générations nouvelles semblent de moins en moins connaître. Les dimanches, on le condui- sait en promenade, le long des allées du Champ de Juillet. C'était un de ces mails provinciaux de jadis, cliers à M. Bergeret, l'on aimait flâ- ner les jours de fête pour croiser les amis et res- pirer un air un peu plus pur que celui du reste de la ville :

« Quand je m'écartais du chemin, a écrit M. Claretie, pour courir ramasser un de ces insectes propres et alertes qu'on appelle là- bas un cinq sous ou quelque cétoine noire,

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verte ou couleur de citron une hête à bon Dieu, comme on dit à Paris j'entendais mon père et ma mère, tout charmés, se dire bien bas, avec ces espoirs fous qu'on place sur la tête des petits : « Ce sera un Cuvier !... » J'igno- rais alors ce que c'était que Cuvier, mais je connaissais mieux qu'aujourd'hui bien des espèces d'insectes ».

Sa grande passion était alors l'histoire naturelle. Aux vacances seulement, Tenfant pouvait libre- ment satisfaire ce penchant. On l'envoyait, en effet, en août et septembre, chez son grand père, à Ratevoul, en pleine campagne périgourdine. Ses parents, après mille recommandations, l'ayant confié au conducteur, lorsqu'on ne trouvait per- sonne de connaissance, le faisaient monter dans la vieille petite diligence qui l'emportait, mélan- colique et joyeux tout à la fois, vers ce paradis auquel il rêvait dix mois chaque année, vers la vieille maison familiale, datant du siècle passé, dont la grande porte de bois s'ouvrait en grin- chant.

Lorsque cet huis antique était dépassé, il se trouvait dans la cour, toute plantée de gros arbres séculaires, sur les branches desquelles s'ébattaient, braillardes, des pintades, vêtues d'une robe argen- tée. Il courait, aussitôt sauté du cabriolet, à tra- vers les premières pièces de la vieille demeure, qui lui était familière, vers « le grand salon aux boi- series blanches et aux consoles Louis XVI se tenait d''ordinaire le grand-père, lisant son journal auprès de la haute fenêtre qui faisait pendant à la porte vitrée s'ouvrant sur la terrasse ». M. Clare- tie a tracé au cours de ces pages que je cite, mises

« en guise de préface » au seuil de T^ierrille, sa première œuvre un joli portrait du vieillard :

« Tête fine et fière, profil net et élégant, la lèvre et le menton rasés, un beau sourire, découvrant à soixante -douze ans, des dents irréprochables, une chevelure d'un blanc d'ar- gent sur un front hautain, cette physionomie d'aïeul ne m'est point sortie de la mémoire. J'entends encore la voix railleuse du vieillard, je le vois, toujours sur son petit cheval noir trottant vers Saint- Alvère avec sa canne à pommeau d'or tenu à son poignet par un cordonnet de cuir ».

Cet attardé du xviii^ siècle, sans doute sceptique et désabusé, meurtri par la vie, mi-seigneur, mi- bourgeois, comme l'étaient bon nombre de pro- priétaires ruraux au crépuscule de la monarchie, devait sourire, avec une tendresse amusée, à ce bambin qui venait jeter dans sa solitude le cri d'un âge renouvelé. On devine l'émotion du vieillard, dissimulée derrière quelque boutade, à l'arrivée du petit-fils, les conversations de haute tenue, toutes nourries de souvenirs entre le survivant d'une époque déjà lointaine et l'enfant à l'esprit ouvert qui distrayait la fin de cette longue exis- tence. Il ne serait pas étonnant que M. Claretie dût à ces causeries avec ce vieillard, d'esprit vif, le meilleur de son goût pour l'histoire de la Révo- lution et tous les souvenirs qui se rattachent à cette période. La tradition girondine devait se per- pétuer dans ce pays, qui avait vu passer les fugi- tifs du parti...

Peu à peu cependant, la chasse aux papillons, la cueille aux insectes, sans doute attiraient moins l'adolescent. Dans ce miUeu de bonne culture

celui de l'ancienne société bourgeoise d'autres goûts le gagnaient insensiblement. A Ratevoul, il y avait sur une des deux grandes armoires à boiserie du salon, des livres anciens, des estampes de la bonne époque et même de vieilles gravures du xvi^. Ces volumes, in-folios, reliés en veau fauve, elzévirs couverts de parchemins, livres à chappe, romans dépareillés, contes de Crébillon fils ou tomes égarés, des Mémoires d'un homme de qualité peut-être, éveillaient une nouvelle curiosité dans ce jeune cerveau : « J'ai pour la première fois par- couru là le vieux Corneille et cet autre livre, qui m'amusait tant, les Aventures du Baron de Fœneste, de Théodore Agrippa d'Aubigné, dans l'édition d'Amsterdam de 173 1 ».

Je m'attarde volontiers à conter ces vacances, qui duraient à peine quelques semaines chaque année, pour cette enfance, ainsi qu'il nous advint à nous-mêmes. Plutôt que le triste décor, sombre et mélancolique de Limoges, je me plais à situer cette première jeunesse de M. Claretie dans ce milieu périgourdin. Je le vois dans un cadre sculpté, décoré des attributs chers à la pastorale des dernières années du xviii'^ siècle. La houlette, le râteau et le grand chapeau de bergère qui plai- saient tant à Marie-Antoinette dominent cette estampe. A peine, pour que ce cadre soit exacte- ment reconstitué, faudrait-il ajouter le faisceau des Licteurs, mêlé aux symboles de l'âge précé- dent. Et puis encore, si je le choisis de préférence, c'est aussi qu'en dehors de ce pittoresque, qui me paraît avoir beaucoup plus que Limoges marqué

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le talent du futur écrivain, il me semble que quel- ques-unes des impressions, les plus fortes dont s'empreint l'enfant et qu'il retrouve parvenu à l'âge d'homme, ce sont celles de ces heures de vacance et de liberté, savourées loin des villes, en pleine griserie de la nature. Lorsqu'au fond de son fauteuil de travail, la nuit, après une soirée de labeur, M. Claretie, la pensée libérée des soucis de son état, laisse venir devant lui les souvenirs d^antan, j'ai bien envie de croire que ce sont deux de ces scènes de Ratevoul qu'il revoit de préfé- rence, au milieu de ces cadres anciens que je dessi- nais tout à l'heure. L'une doit représenter le grand salon tout blanc de la vieille maison. L'aïeul, debout près de la fenêtre qui ouvre sur la terrasse, tambourinant les vitres d'un doigt distrait, les livres jonchant les meubles, les estampes à terre, les armes au râtelier. L'autre, se dessine l'ample paysage fuyant vers Saint- Alvère, bordé de châtaigniers aux frondaisons su- perbes, semé de bruyères roses d'où s'envolent des compagnies de perdreaux, égayé de ci de par le coloris rouge ou jaune des oronges. La première de ces images revenues du fond du passé, c'est la scène de vieille bourgeoisie disparue, intime et attendrissante, sous laquelle il faudrait écrire La Famille ; l'autre, c'est la vision parfumée et enivrante du pays: Le Sol... Ce provincial, qui aujourd'hui est regardé comme un des pari- siens les plus parisiennants, n'a malgré les méta- morphoses imposées par le caprice de la destinée, jamais cessé d'être au fin fond de lui-même, der-

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rière la façade sociale, le petit fils du bourgeois aristocrate de Ratevoul, près de Saint-Alvère, en Périgord.

Vers 185 1, la famille de M. Claretie vint habiter Paris. L'enfant, pour continuer ses études fut placé au collège Chaptal. Le sortilège avait sans doute dès cette époque exercé toute son influence :

« Ma passion d'écrire était telle dès le jeune âge, écrivait- il récemment (i), que j'avais fondé au collège Chaptal j'étais élève, un journal manuscrit intitulé V Abeille, que je rédigeais à moi seul.

L'abeille était le signe distinctif des élèves de Chaptal. C'est dans V^heille que je publiais mes premiers romans, car le journal qui avait un premier Paris, des échos et des variétés littéraires, avait aussi un feuilleton. Mes camarades, naturellement, raillaient et critiquaient fort les teuilletons de V Abeille. Un jour j'annonçai un roman de mœurs corses, sans nom d'auteur. On le crut de moi comme les autres et on le trouva... exécrable. Dans le numéro suivant, je fis paraître une petite note ainsi conçue : « Le roman dont V Abeille a commencé la publication dans son dernier numéro est de M. Prosper Mérimée, de l'Académie Française. » C'était Colomba. »

Nul échotier vieilli sous le harnois n'eut su mieux tourner le filet et , décocher la flèche du Parthe... journaliste. Emile de Girardin eut cer- tainement embrassé l'éphèbe pour ce beau trait, auquel il eut pu reconnaître et son sang et son fils. Mais à cette heure, les études ne permettaient pas à l'enfant de cultiver sa vocation précoce. V Aheillemowrui, comme les feuilles, celles mêmes

(i) Les Annales Politiques et Littéraires, de Noël 1905.

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que ne chanta pas Hégésippe Moreau. Il puisa dans les classiques, consacrés, et les auteurs qui devaient à leur tour devenir les émules de ceux-ci, les romantiques, cette culture qui prépare les nouvelles générations d'écrivains. Près d'une mère intelligente, fière et bonne, il développait ces heureuses dispositions. Dans le petit appartement de la rue de Paradis-Poissonnière, ils étaient venu habiter, en arrivant à Paris, celle-ci « labo- rieuse, penchée sur la porcelaine de son fin pinceau, couvrait l'émail de bleuets et de myo- sotis, les fleurs aimées. La femme supérieure qu'elle était passait de l'atelier qu'elle dirigeait au livre nouveau, à la page préférée. Et, dans les veillées d'hiver, je faisais moi-même à haute voix, aux peintres sur porcelaine, les lectures qu'elle m'indiquait. Et nous commentions ainsi, pour ces travailleurs qui nous aimaient, Hernani, Ruy ^las, le Cid. C'était le « théâtre lu », une sorte de causerie familière accompagnant la lecture. »

Evidemment, le goût littéraire de l'enfant, de- venant jeune homme, se développait. Il avait besoin d'un milieu, plus conforme à ses goûts, que le collège Chaptal. Sa famille le fit passer au lycée Condorcet, qui, sous le régime impérial, s'appelle toujours lycée Bonaparte. Mais, ainsi qu'il était de mode, à cette époque, parmi les dames, de porter la crinoline, on trouvait utile de ne pas placer directement les enfants dans les lycées. Les triomphes universitaires, décrochés

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bruyamment et bien involontairement vers 1848 par l'institution Massin et quelques autres impo- saient aux petits deux geôles au lieu d'une seule. Ils entraient, chose admirable, dans ces établisse- ments mouche du coche universitaire pour... suivre des cours ailleurs. Lauriers de Taine, d'About et de Sarcey, qui vous balanciez, brillants et toujours verts, au-dessus du lit, durant le sommeil des mères ambitieuses, vous ne saurez jamais le nombre d'adolescents qui « s'embêtè- rent » à cause de votre éclat, dans ces « boîtes » extraordinaires ! On vendait là, à des adolescents qui s'en fussent bien passé, un peu de latin et beaucoup de crocodiles scientifiques... Les ratés de l'université s'embauchaient comme pions chez ces marchands de soupe. Ils assumaient, n'ayant pu personnellement réussir, de faire réussir les autres. Il y a fort à parier que ce n'est pas à l'institution Carré-Demailly que M. Jules Claretie fit le meilleur de sa culture.

Lorsque l'on était bien avec le petit Chose de (c service », on pouvait néanmoins tirer quelques avantages de cette servitude. Cela .permettait sans doute, de griller, entre l'institution et le lycée, quelques cigarettes. Et puis, l'on prenait l'air de la rue. A quinze ans, l'on pardonne beaucoup en faveur d'une telle considération. Jadis ainsi qu'aujourd'hui car il existe encore, comme de l'Auroch, quelques spécibiens de ces espèces dis- parues, — on lisait en cours de route, sous le manteau, c'est-à-dire sous le capuchon, les petits journaux défendus par TEmpire : « Plus d'une fois,

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a écrit M. Claretie, au coin de la rue Saint-Lazare^ nous filions alors par le passage du Havre et nous avions^ courant les Libraires ou prenant le train pour Asnières^ quelques moments de liberté. »

Au lycée, on était des élèves, ni meilleurs ni pires qu'en un autre temps. Ce n'est pas parce que j'écris la biographie de M. Claretie que je me croirai obligé de dire qu'il fut au collège uii phénix universitaire^ ce qui n'a jamais d'ailleurs rien prouvé. Mais^ à cause de l'époque, l'on agrémen- tait l'aridité des études de quelques intermèdes. Pour être l'expression d'une ardente conviction^ ces manifestations politiques n'en constituaient pas moins un délassement appréciable. On tradui- sait Tacite avec passion ; l'on ne trouvait jamais trop difficile à expliquer cet auteur, qui fournis- sait tant de traits et de si immédiats contre le « tyran. » Aux banquets de la S* Char- lemagne, on débitait des vers satiriques contre l'Empire. Aux distributions de prix, devant le maréchal Magnan, « dont la large oreille rougis- sait, » ou devant le vieux Portails, présidant, on faisait courageusement entendre un murmure de désapprobation contre le proviseur, M. Gros, lors- qu'il célébrait les bienfaits du régime. Enfin, on « lâchait même les rangs » de l'institution Carré- Demailly pour aller suivre le cours de Saint- Marc-Girardin, en Sorbonne, bourré d'allusions, fameuses alors, contre le gouvernement.

Saint-Marc-Girardin, comme vous seriez oublié

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si... et comme vous êtes déjà oublié, quoique vous ayez représenté « l'opposition sous les César, » au temps même ou Constant Martha écrivait ce livre intéressant^ bien que polémique ! Vous représentiez la pensée libre. Vous étiez le symbole de l'indépendance pour toute une jeu- nesse, qui venait à vos leçons et s'enivrait de vos paroles,' comme si vous eussiez dit des choses éternelles ! Votre collègue Nisard, aux yeux de vos disciples^ inca-rnait la bassesse d'âme pour avoir ingénieusement composé sa théorie des deux morales. Vraiment^ comme tout cela est loin et comme je vous eusse sans regret laissé reposer côte à côte, dans la mort^ sans doute enfin accordés, si mon sujet ne m'avait fait buter en chemin contre votre pierre tombale!...

Il ne faut pas évoquer les morts trop longue- ment, d'autant qu'aujourd'hui^ les prosopopées sont bien désuètes. Mais, vraiment^ et croyez-moi, celle-ci ne fut point trop amenée par artifice. Elle fut une exclamation naturelle provoquée par Fétonnement de voir M. Jules Claretie à tel point notre contemporain, et ces vieux universi- taires, si lointains de lui comme de nous... Des deux cependant, de Saint-Marc-Girardin et de Nisard^ c'était bien ce dernier qui était le plus dans le mouvement. Et sa théorie des deux mo- rales n'était pas si... immorale^ après tout^ puisque d'abord^ elle correspondait à un état de choses réel et puis encore, puisque si elle justifiait

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« l'opération de police un peu rude y>, elle réser- vait d'autre part une autre façon d'envisager les choses.

Les deux morales ! M. Jules Claretie eut vingt ans^ au temps des deux morales. Et, pour vous indiquer l'état de la société au moment il entrait ainsi dans la vie^ à sa sortie du collège, il me semble que je ne saurais trouver un meilleur cadre que celui-ci. Il y avait en effet deux sociétés^ comme il y avait deux morales. L'tine^ qui com- prenait tous les hommes de « la grande aventure », tous ceux qui s'étaient groupés autour de Napo- léon le Petit, sortant de la légalité pour rentrer dans le droit phrase fameuse qui eut l'art de calmer les scrupules des gens qui n'en avaient pas et leur permit, pendant dix-huit années, de satisfaire tous leurs désirs de jouissance effrénée. Les Tuile- ries et Compiègne, Sébastopol, Inkermann, Ma- genta, Solférino, toutes les fêtes, toutes les équi- pées militaires mêlées ensemble ; un régime de bals masqués, de politique secrète, d'indécision et de plaisir; un empereur intelligent, à l'intelli- gence pervertie par le romantisme politique ; une souveraine merveilleusement belle, sans doute calomniée, reproduisant à un peu moins d'un siècle de distance, les charmes et les frivolités d'une reine de France; une cour brillante et mêlée se rencontraient la plus vieille aristocratie étran- gère et les parvenus du régime ; des soldats heu- reux, des Corses, les gens du coup d'état, des carbonari délégués de toutes les ventes d'Europe auprès de l'adepte parvenu. Splendide aplomb

a

des Saint-Arnault^ intelligence des Morny^ cour- tisanerie des Persigny^ habileté des Haussmann, toute cette tourbe rentrait dans le décor follement magnifique^ merveilleusement artiste^ de la Cour, se fondait en anonymat au milieu des diplomates^ des artistes^ des jolies femmes, irresponsables de la malhonnêteté plus ou moins grande de leurs époux. Gloire des Castiglione, des Waleska et des Metternich^ tourbillon des bals du palais, dan- dysme de Grammont-Caderousse et des Orsay, équipages des derbys, daumont des femmes de souverains, meutes de chasse, ivresse des rentrées triomphes de nos troupes, émerveillement des boulevards tout fraîchement percés, joie populaire et aristocratique. Soupers et bacchanales du café Anglais, de Tortoni, de Brébant ou de la maison Dorée, premières d'Offenbach aux flons-flons chantés par la Schneider, la Duverger, Cora Pearl ou Anna Deslions... Tout cela se mêlait et éblouis- sait, parodie gracieuse de tous les luxes, de tous les sentiments, de toutes les amours, de tous les arts et de toutes les épopées, joyeusement, indul- gemment commentée par les Athéniens sceptiques du dîner Magny, les Sainte-Beuve, les Mérimée, les Houssaye, les Saint- Victor et les Gautier, amis sincères à la fois de La Païva et de la princesse Mathilde...

Mais, pour excuser l'Empire, il fallait avoir passé Tâge des enthousiasmes, avoir doublé cette quarantaine qui dispose à Tindulgence ceux qui ont réussi dans la vie. En face des Tuileries, de l'autre côté de la Seine, qui coule sans connaître

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les régimes, qui assiste sereine aux hasards de l'his- toire, sur la rive gauche, se trouvait toute une jeunesse qui n'acceptait pas aussi facilement les réalités. Il est bien rare d'ailleurs que la jeunesse accepte les réalités. Elle se composait alors d'étu- diants, comme jadis et comme aujourd'hui, mais aux préoccupations littéraires qu'elle avait connues avec le romantisme, étaient venus s'adjoindre des soucis politiques. De la pension Laveur, man- geaient chichement et d'ailleurs gratuitement au moins pour l'instant Gambetta, Floquet Pelletan, Spuller et tant d'autres, qui devaient devenir un jour l'a aristocratie répubhcaine », partaient les premiers bruits de la révolution. Les vitres du Procope tremblaient lorsque quelqu'un de la bande déclamait au milieu des camarades, des maîtresses, O Phryné, modèle de Gérome. . .

des soucoupes empilées et de la fumée des pipes quelque morceau des Châtiments ou quelque bribe de pamphlet, venus de Bruxelles ou de Ge- nève. On remontait en pèlerinage les vieilles rues du Quartier. On visitait pieusement^ quoique bruyamment, les endroits Ton s'était battu pour la République en 1830 et 1848, aux alentours de la montagne Sainte-Geneviève... On acclamait J. Simon, Michelet, Vacherot, Béranger, Prévost- Paradol, mais on ne s'occupait pas seulement de politique. On ne dénonçait pas uniquement les méfaits du tyran à ses débauches. Il y avait une véritable, profonde, sincère et utile camaraderie

ce mot qui revient si souvent sous la plume de M. Claretie entre les artistes et les futurs

politiciens. On récitait des vers, même lorsqu'ils ne venaient pas de Jersey. On lisait les œuvres même lorsqu'elles n'étaient pas signées du nom d'un exilé. Daudet, ici et là, nous a peint d'amu- sants tableautins de ce milieu et de cette époque, de ce pays de la morale unique et de cette société en herbe, très méridionale et très sincère néan- moins, très enthousiaste et très artiste aussi, M. Claretie avait ses plus chères amitiés de vingt ans... C'était sous l'Empire alors que, comme l'a dit Forain, la République était belle.

Dans ce milieu, très remuant, on éprouvait le besoin d'écrire presque autant que celui de par- ler. Mais les journaux ne reconnaissaient pas vo- lontiers du talent à un littérateur, nouveau venu, qui se réclamait, plus ou moins timidement d'ailleurS;, de l'opposition. Un véritable artiste, au gré du directeur des organes contemporains, ne devait pas avoir d'opinion politique et encore moins être républicain. Volontiers, on eût prêté le style du père Duchesne à tout admirateur de la Révolution.

Le besoin crée l'organe. Frappés d'ostracisme par les grands journaux, les nouveaux venus fondèrent de minuscules revues et de petits jour- naux, où. en toute tranquillité, ils purent former leur talent. Ainsi, pour chaque génération, les périodiques des jeunes sont les laboratoires néces- saires à la formation de la génération suivante d'écrivains.

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Sous TEmpire, ils furent nombreux. Pour deux raisons : la première, c'est que cette jeunesse croyait plus qu'une autre avoir beaucoup à ex- primer ; la seconde, parce que le gouvernement réduisait pour un rien au silence le nouveau paru. .. Ecrire la biographie de M. Claretie, c'est forcément écrire au moins brièvement l'histoire de tous les journaux, car il collabora simultanément aux uns et aux autres.

Il débuta en 1854, au Diogène. Il n'avait pas encore tout à fait vingt ans : « Le jour je vis mon nom imprimé pour la première fois, racon- tait-il quelques années plus tard dans le Nain Jaune, on portait, je m'en souviens, Murger au cimetière... J'entrais dans cette vie Httéraire si heurtée, si bizarre, le jour mourait la bo- hème. Jamais d'ailleurs, cette bohème ne m'eut tenté. Ce qui lui manque, au fond, c'est la pas- sion. Elle n'est pas l'amour de la liberté, elle n'en est que le caprice. »

Le Diogéne était le type des journaux extraor- dinaires, au temps de Napoléon III. Il paraissait deux fois la semaine et « ne prétendait à rien moins qu'à faire concurrence au Figaro bi-hebdomadaire de Villemessant ». On y menait une campagne légère contre le régime et l'on faisait de la litté- rature. Logé passage Saulnier, dans une petite mansarde, il comptait une rédaction parfois très nombreuse, parfois réduite à M. Jules Claretie tout uniquement, qui faisait alors le numéro à lui seul. Le journal avait pour voisins About et la bonne Virginie Déjazet, qui venait parfois bavarder

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avec ces jeunes gens. Sous le nom de Paul Walter, Cassagnac y faisait paraître des échos, des chro- niques, des fantaisies. Les collaborateurs principaux étaient outre M. Claretie et le futur directeur de V Autorité Ernest d'Hervilly, Jules Lermina, Paul Saunières réunis sous le directeur, Eugène Var- nières. Il y avait bien certains autres rédacteurs qui, d'un seul coup, occupaient tout le numéro, certains jours, Georges Duclos, Jules de Lussan... Mais ces nouveaux apparus n'étaient que des bonshommes de paille qui masquaient au public la seule personnalité de M. Claretie. Enfin, « le journal payait à beaucoup d'égard la ligne » comme l'a dit spirituellement Ernest d'Hervilly... Mais le journal se transforma et devint surtout politique avec L. Duvernois, Alf. Assolant, M. H. Pessard et de Fonvielle; c'était en 1862, M. Claretie y resta chargé de la critique littéraire. Un seul organe ne pouvait suffire à l'activité du jeune chroniqueur, qui était déjà prodi- gieuse. Il entrait bientôt à La France, sous le pseudonyme d'Olivier de Jalin, à La Presse, à La Patrie (où il publia Une Drôlesse) à La France, M. de la Guéronnière étant directeur, à la Revue Française, à V Artiste avec Arsène Houssaye (Ga- lerie des Artistes Contemporains), au Figaro (en collaboration avec Ch. Monselet il pubHait un article hebdomadaire d'échos sous la signature de M. de Cupidon 1862). Ici et là, il faisait un rude et consciencieux apprentissage de journaliste. C'était le temps Aurélien SchoU était le roi des chroniqueurs et M. Claretie s'essayait bien à

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manier cette verve, à distiller cette parisine mous- seuse, pétillante, qui s'évente très facilement. Mais, malgré son habileté qui lui permettait de remplir son rôle tout aussi bien qu'un autre, il ne tranchait pas sur la moyenne des confrères. La voie de M. Claretie était d'ores et déjà comme journaliste tout autre : il devait créer une autre sorte de chro- nique, très personnelle, moins frivole, toute bour- rée d'anecdotes charmantes à la manière du XVIIP saupoudrée d'un rien de morale pari- sienne, je veux dire de philosophie humaine, rien qu'humaine.

Il avait à cette époque « une physionomie fine et distinguée, un regard profond et doux (i) ». Le journalisme ne satisfaisait pas tous ses goûts. En dehors de cette besogne au jour le jour, il tra- vaillait avec ardeur pour réaliser son rêve ; devenir un écrivain comme les maîtres de la génération précédente moins la bohème, un romancier faisant œuvre durable. C'est ainsi qu'en 1863, il publiait une longue nouvelle d'essai, composée quatre années auparavant sur les souvenirs qu'a- vait déposés en lui le paysage et les souvenirs de Ratevoul. Il l'appelait Pierrille. Elle lui valut le suffrage enthousiaste de George Sand...

Ce début dût rassurer le jeune auteur. Et il semble bien qu'à ce moment il en avait vraiment besoin. Il hésitait ; il cherchait conseil, appui, encouragement. Il alla voir Janin, qui lui dit cette

(i). G. de Chervilles.

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phrase peut-être profonde, « Mon enfant, il faut songera avoir un bel enterrement ».

Dans la Correspondance d'Alfred de Vigny que vient d'éditer pieusement Mademoiselle Emma Sakellaridès (i) se trouvent, aux dates du 29 au 31 août 1860, deux lettres qui témoignent de cette indécision persistante. M. Claretie avait aussi écrit à l'auteur de Stello pour lui exprimer le désir de le voir. C'est cette page même que nous vou- drions posséder. Elle nous aiderait à reconstituer Tétat d'esprit du jeune écrivain, à cette époque. Les réponses du grand poète nous permettent au moins de le deviner : « Vous voulez me voir, cher monsieur ? Rien de plus facile... Vous saurez en peu d'instants comment vous devez à mon avis vous diriger sur cette mer orageuse des lettres, je vous donnerai quelques conseils que vous n'aurez pas le courage de suivre vraisemblable- ment ; Mais qu'importe?... Vous me raconterez quelle a été votre première éducation... Ne m'ap- portez pas de manuscrit, le temps me manquerait pour le lire... Venez donc après demain. Mon- sieur, et ne doutez pas de tout l'intérêt avec lequel je vous écouterai. » (2).

M. Claretie, avec une piété très avertie, désirait prendre conseil du superbe maître, vieillissant, à la veille même du jour celui-ci allait mou- rir. Mais un « excès de timidité » le retint, après même qu'il avait demandé à Vigny de le recevoir. Il ne vint pas au rendez-vous. Il s'excusa et,

(i). Calmann-Lévy ; 1906. (2). Loc. cit. p. 318, 319, 320.

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celui-ci, avec une bonté dont M. Claretie devait d'ailleurs souvent faire preuve, à son tour, à l'é- gard des jeunes, lui envoya par lettre, sinon les conseils, au moins les renseignements qu'il désirait.

Or^ ces renseignements nous intéressent, nous aussi. Avant tout, parce qu'ils nous montrent que le jeune et... « brillant chroniqueur », pour em- ployer la formule consacrée, n'était pas du tout assuré de son avenir. Sa timidité, sa modestie lui faisaient craindre d'aborder franchement la litté- rature, et puis aussi, parce que nous voyons que M. Claretie hésitait entre la poésie et la prose. Il demandait en effet à Vigny les conditions requises pour participer au concours de poésie de l'Aca- démie Française...

Nous ne savons pas si M. Claretie fit enfin connaissance avec le poète à'Eloa. Mais il prit part au concours et ne fut pas couronné. Le lauréat fut son futur collègue de l'Académie, Henri de Bornier qui avait accompli ce prodigieux tour de force de trouver des accents lyriques pour cé- lébrer le percement... de l'Isthme de Suez.

Ce petit épisode ne fut peut-être pas sans in- fluencer sur sa destinée littéraire. Cet échec le découragea sans doute de la carrière poétique, puisque les seuls vers que nous connaissions de M. Claretie sont les « Compliments » que lui devait imposer un jour sa fonction. Comme beau- coup d'entre nous, il dut rengainer pas mal de

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pièces, fiévreusement écrites, en cinq actes et en vers. Mais le succès de Pierrille dut le réconforter et l'inciter à suivre cette veine romanesque, à laquelle il n'avait pu s'attacher définitivement, en publiant Une Drôlesse^ ce feuilleton qui avait paru à La Patrie.

D'ailleurs, c'était le temps il entrait au Nain Jaune, que venait de fonder Aurélien SchoU. Il était au Figaro. Il publiait en 1863 Les Ornières de la Vie, son premier recueil de nouvelles. L'année suivante, il donnait Les Victimes de Paris qui comprenait, à côté de nouveaux contes, . quelques études documentaires, des biographies mélancoli- ques de contemporains, trop tôt disparus comme Georges Farcy, Charles Dovalle, Alphonse Rabbe. Volume intéressant, joliment présenté, aujourd'hui assez rare, qui se ressentait malheureusement des exigences de l'édition et qui, superficiel souvent, étonne lorsqu'on songe qu'il est sorti de la plume de ce consciencieux qu'est M. Claretie. En 1865, il publiait coup sur coup une étude remar- quable sur Petrus Borel, Le Dernier Baiser, U Incen- die de la Birague et enfin Les Voyages d^un Parisien, livre charmant le jeune auteur note ses impres- sions de tourisme ici et là, en France, en Angle- terre et en Allemagne. Enfin, après s'être révélé comme conférencier, l'année précédente, à la salle aujourd'hui disparue de la rue de la Paix, en prenant avec une jolie crânerie de jeunesse le parti de La Fontaine contre Lamartine qui avait parlé dédaigneusement du fabuliste dans ses Entre- tiens, il se voyait retirer la parole, en février 1865,

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à la salle de la rue Cadet, par ordre du gouver- nement, à la suite d'une conférence sur Béranger. C'était la renommée, cette grande gloire, qu'ap- porte dans la France frondeuse, la plus petite des vexations du pouvoir.

Il semble bien que i8é6 soit une des dates im- portantes de sa carrière. C'est cette année-là qu'il entre à L'Avenir National, il inaugure ces chro- niques originales, qui le classent définitivement comme journaliste et qu'il reprendra plus tard au Temps, pour constituer aujourd'hui encore, chaque jeudi, un des meilleurs agréments du grand journal.

C'est cette même année qu'il eut son premier grand succès comme romancier, en publiant Mademoiselle Cachemire devenu par la suite Une Femme de proie et Un Assassin. le T(ohert Burat des œuvres définitives, à propos duquel Sainte-Beuve écrivait : « M. Claretie a touché sa fibre vraie : la vie moderne est là. » Enfin, c'est encore en 1866 que V Avenir National l'eavoyait en Italie comme correspondant de guerre pour suivre les opération entre l'Autriche et la nouvelle monarchie de Savoie.

Avec Charles Floquet, avec Louis Noir, Charles Habéneck, il parcourait les rues de Florence, â la veille des batailles qui devaient amener la jeune nation à Custozza, en conduisant à Kœniggraetz les grenadiers prussiens. Ils étaient un petit groupe, des journalistes « très amis de Tltalie et très résolus à pousser à sa délivrance » des ar- tistes comme Marcellin Desboutins, Georges Lafe-

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nestre, Sully Prudhomme et Jules Amigue. On adjoignait bientôt un collaborateur qui avait demandé à partir comme rédacteur volontaire et qui n'était autre que... Alexandre Dumas père. Toute cette jeunesse l'auteur des Trois Mous- quetaires n'avait que soixante ans était enthou- siaste ; ils étaient des « jeunes gens épris de liberté, des vaillants d'avant-garde parmi les aînés qui son- naient la diane ». Dans cette Italie d'hier, qu'a reculée dans l'histoire des mœurs l'unification, ils s'enivraient d'espoirs politiques, de volontés belli- queuses, de passions artistiques. Ils visitaient les musées avec le désintéressement de purs esthéti- ciens, « s'emballaient », guidés par M. Lafenestre, devant les Ghirlandajo, les Botticelli, les Dona- tello et les délia Robbia. Ils assistaient fiévreuse- ment aux déhbérations du Parlement. Ils tentaient des excursions dans la campagne florentine, vers Fiesole, s'arrêtaient au retour dans une auberge où, sous la vigne courant à l'antique, le long des colonnettes de pierre, on arrosait la cuisine du pays en buvant VAsti spumanti. Le soir, après des journées anxieuses, émouvantes d'incertitude, on se promenait dans la banlieue ou les jardins de Boboli, bras dessus, bras dessous. L'on échan- geait, sur les chemins étoiles de lucioles, bordés d'oliviers gris frissonnant sous la brise, des rêves ambitieux, des espoirs nobles et des idées désinté- ressées ! . . .

Cette guerre, toute brève, terminée, M. Cla- retie rentra à Paris reprendre l'œuvre interrompue. A son retour, il mit au point quelques études

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historiques, auxquelles il travaillait depuis un cer- tain nombre d'années, aux Archives :

J'ai passé là, a-t-il écrit au souvenir de ce temps, dans la petite salle obscure et basse, l'on ne travailUe plus main- tenant, les meilleures heures de ma vie, compulsant les dos- siers, feuilletant les vieux papiers des commissions militaires, écrivant sur une de ces tables rondes en poirier noir, recou- vertes de cuir, qui étaient les tables mêmes ka juges du Tribunal révolutionnaire étalaient leurs dossiers, étudiaient les interrogatoires marqués du Hic de Fouquier-Tinville. Nous n'étions pas nombreux alors dans la petite salle labo- rieuse où chacun, silencieusement, faisait son œuvre... La salle de travail pouvait contenir trente-deux personnes, mais qunnd on y voyait cinq ou six gratteurs de papier, c'était beaucoup... Il y a quatre-vings places marquées dans la salle nouvelle... Mais je ne m'attendris qu'au souvenir de la petite salle sombre, j'ai travaillé jadis avec tant d'ardeur et de foi.

C'était bien « avec ardeur et avec foi » en effet que M. Claretie composait les œuvres historiques, cherchant dans l'Histoire même après son maître Michelet « l'âme même de la patrie ». Ce jeune républicain de jadis était patriote, autant que les soldats de Valmy et en contant l'histoire de Camille Desmoulins, c'était encore la France qu'il prétendait glorifier et magnifier. Lorsqu'il écrivit ses Derniers Montagnards, Michelet l'appelait « un chaleureux jeune homme bien digne de toucher aux reUques de l'Histoire », et c'est encore à pro- pos de ce livre passionné et passionnant qu'il disait : « Son livre m'a fait frissonner ». Nul ne saurait oubUer que le vieux maître citait ce jeune disciple élogieusement, dans la préface de son His- toire de France. . .

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La scène tentait aussi le jeune écrivain. Encore qu'il ait prétendu longtemps « qu'il n'avait point fait de théâtre », il y connut de beaux succès et la centième, si ardemment convoitée par les auteurs dramatiques. En 1868, comme début, il donnait à l'Ambigu La Famille des Gueux, un grand drame qui se passait dans les Flandres à l'instar de Tatrie, son contemporain et son concur- rent. M. Claretie à cette occasion, avait une excel- lente presse et Théophile Gautier, dans son feuil- leton du Moniteur universel, écrivait que cette œuvre l'avait fait penser « à un tableau de Zur- baran, avec trop de touches sombres et pas assez de ciel bleu mais d'une peinture puissante ».

Coup sur coup, il donnait ensuite à Castellano, le directeur du Théâtre historique, qui était à la veille de la faillite, deux œuvres qui obtinrent le plus grand succès, doublèrent le cap de la cen- tième et, suivant le mot de Théodore -de Banville, dans le National, qui désensorcelèrent la place du Châtelet » . C'étaient ensuite tour à tour Les Mus- cadins et Le Régiment de Champagne, deux œuvres qui indiquaient un sens très curieux de la scène et révèlent un homme de théâtre.

Vers le même moment d'ailleurs, il prenait la . chronique dramatique à V Opinion Nationale et il s'y révélait à la fois très avisé critique et très indul- gent confrère sans cesser pour cela, néanmoins, d'être loyal, « parlant toujours des gens comme s'il leur parlait », pour employer l'expression de

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Fiévée qu'il avait reprise pour son propre compte...

Ainsi, à la veille de la Guerre fossé qui sépare en deux fragments bien distincts la vie des hommes de cette génération M. Claretie avait parcouru les stades essentiels de sa carrière d'écri- vain, en ce sens que les étapes de la vingtième à la trentiène année de la vie d'un littérateur sont les plus rudes qu'il ait à parcourir. Il s'était imposé aux directeurs de journaux et de théâtre ainsi qu'au grand public. Au sein de l'élite de ses contemporains, il était connu et aimé. Il avait cette curiosité universelle qui le faisait participer à tous les grands événements, s'intéresser aux mouve- ments importants, connaître comme il l'a dit lui- même <( les livres, les hommes et les choses ».

Parmi ses confrères il passait pour un des jeu- nes écrivains d'avenir. On l'aimait pour son res- pect envers les aînés, pour son enthousiasme, pour ce mélange d'audace et d'austérité qui le situait à l'avant-garde du mouvement intellectuel et politique. Il l'a dit lui-même, il se voulait alors (( moraliste, et moraliste au fer rouge ». Personne n'était plus probe, plus soucieux de faire une France nouvelle, libérée du tyran, amie des arts, les bonnes mœurs fleuriraient. Il rêvait comme jadis à Florence, quand il conversait avec Floquet une république athénienne et par certains côtés Spartiate. Ne connaissant pas les lendemains du pays, voyant sous ses yeux l'aujourd'hui, triom- phaient le tyran, les abus de ses favoris et les mœurs des favorites de tous, il croyait que l'on

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changerait tout cela... Noble idéal, un peu sévère qui n'eut pas l'heur de s'accomplir même avec le changement de régime, même avec l'efFort de l'écrivain, romancier, dramaturge ou journaliste mais qui reste l'honneur de sa jeunesse et de sa vie toute entière.

Avec tous ces espoirs délicieux, toute cette volonté « de bien faire », il avait à cette époque l'apparence d'un être sûr de lui-même. M. Coquelin Cadet, dans une lettre récente, a fait de M. Clare- tie, tel qu'il était à cette époque, un portrait char- mant : « Au temps ou j'étais élève du Conserva- toire, je voyais chapeau noir très haut à bords plats, figure mate aux yeux fins, moustache noire, barbiche noire faisant le petit éventail sous le menton, nez caractéristique, long pardessus boutonné et pincé à la taille, large pantalon et gros gourdin à la main se promenant d'un air terrible, Jules Claretie déjà célèbre et feuille- toniste de théâtre à VOpinion Nationale. Je me disais : « En voilà un qui me jugera bientôt à rOdéon ou au Théâtre Français ». Et je saluais obstinément sans salut de retour : il ne me connaissait pas ! »

Ne croyez pas. Monsieur Coquelin, que ce petit homme, portant pantalons à la houzarde, haut de forme à bords plats et même des airs fendants, tout cela le faisant ressembler à s'y méprendre à quelque Willy du Second Empire, Dieu me par- donne ! vous refusât le salut par ignorance de votre personnalité, encore à s'exprimer... Vous ne me paraissez pas, à trente cinq ans de distance.

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malgré un commerce familier, avoir tout à fait compris l'âme de votre administrateur général. Souvenez-vous qu'il signa Candide et laissez-moi^ d'après quelques fragments de son autobiogra- phie (i), essayer à mon tour de vous expliquer cette impolitesse apparente, que constituait le fait de ne pas soulever son chapeau, à Tinstar de votre geste... Car, après tout, ne pas connaître quelqu'un qui vous salue n'a jamais dispensé personne d'être aussi aimable que lui. Non, vraiment... Vous étiez bien intimidé, n'est-ce pas, vous, petit élève du Conservatoire ? Mais le plus intimidé des deux, c'était sans doute le critique dramatique, déjà cé- lèbre et puissant, Técrivain notoire et populaire, que vous croisiez sous les colonnes du Français pendant les entr' actes...

Je n'ai pas écrit cette petite lettre ouverte à M. Cpquelin cadet uniquement pour le plaisir, pourtant appréciable, d'être son correspondant. Si j'avais obéi à ce mobile, j'eusse le remercier de ce charmant croquis déjà ancien de M. Claretie, qu'il a bien voulu dessiner de mémoire pour la joie des biographes de l'écrivain. Ce qui me fait penser qu'à mon tour, sans raison de timidité, je viens d'être impoli... Mais j'ai été entraîné par la remarque psychologique accompagnant le crayon,

(i) a Je suis timide au point de ne pas entrer dans un magasin je vois un bibelot qui me tente et j'ai fait des conférences devant deux mille personnes sans la moindre émotion. »

(Croquis contemporains, i^ Livraison).

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qui me paraissait moins juste que celui-ci, et importante à corriger... Car un des traits même qui caractérisent M. Claretie, c'est cette timidité qui est peut-être un reste de cette gaucherie limousine, dont parle Michelet.

Comme la jeunesse contemporaine, lorsqu'éclata la guerre de 1870, il fit le mieux possible, à son poste, son devoir. Il alla d'abord à l'armée faire son métier de correspondant. Puis lorsque vinrent les défaites, qui saignaient d'autant plus son cœur de patriote, qu'il croyait en toute sincérité pou- voir en imputer la faute à l'Empire, il se replia et revint à Paris prendre du service à son tour, afin de défendre la vieille Cité, qu'il avait adoptée de toute sa passion d'artiste. Comme tous les écri- vains de cette époque émouvante unanimité que l'on ne connaîtrait sans doute plus aujourd'hui, en pareille occurrence ! il souffrit profondément dans sa foi française, dans son orgueil civique, dans sa pensée, et dans sa chair presque, de cette défaite qui nous accablait, qui nous laissait sinon sans espoirs, au moins sans forces... Mais, au len- deriiain de la paix douloureuse, ayant ouvert une plaie saignante à notre flanc, que rien ne pourra cicatriser, il fut de ceux qui retrouvèrent bien vite le courage de leur pleine vigueur, pour refaire une France digne de ses triomphes passés, pour pré- parer les revanches que l'on croyait prochaines.

Ses amis de l'opposition, les bruyants républi- cains du Quartier et des petits journaux avaient escaladé le pouvoir et pris la place du pauvre sou- verain diminué par toutes les fatalités de la maladie.

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des ambitions qui l'environnaient, par sa chimère même des nationalités qui l'avait trahi, comme une femme. Gambetta s'était révélé, grand ambi- tieux, puissant remueur de foules, l'homme qui convenait au moment, parce que son ambition s'accordait avec les nécessités du moment. Au len- demain de la paix, ou, pour mieux dire, après le i6 mai M. Claretie devait se trouver persona grata auprès de ses camarades d'autrefois.

Il reprit d'ailleurs son œuvre, avec la même conscience, sans plus demander au nouveau régime qu'à l'ancien. Comme il l'a dit, « son idéal à vingt ans avait été de vivre sous la République et non, comme tant d'autres, de la République. » Le jour les honneurs et les places lui vinrent, il avait conscience de les avoir bien gagnées à la pointe de... sa plume.

A partir de cette époque d'ailleurs, la formation de l'écrivain achevée, il n'est plus aussi utile de suivre son oeuvre pas à pas. Avec la régularité d'un travail harmonieux, ses romans paraissent. Comme transition, ce sont ces Amours d'un In- terne, curieuse étude, toute nourrie « d'observa- tions, » pour employer un terme ayant couleur locale un drame puissant enveloppé de docu- ments habilement mis en œuvre, puisés à même la réalité, la vie moderne. Pour écrire cette étude, M. Claretie avait demandé à son ami Pailleron, de le présenter à Charcot, et ce fut, en suivant sa clinique, en se faisant le disciple du grand aliéniste qu'il composa ce personnage si impressionnant de Jeanne Barrai.

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Vinrent ensuite j'en passe : l'œuvre roma- nesque de M. Claretie comprend une trentaine de volumes, les œuvres qui consacrèrent sa réputation de romancier, qui le classèrent défini- tivement parmi les auteurs favoris du public, Jean Mornas, Le Train ly. Le Troisième dessous, La Fugitive, Le ^eau Solignac, Le prince Zilah, Le Million, Candidat, Monsieur le Ministre, qui fut peut-être son plus grand succès.

Lettré indépendant, lié avec toutes les gloires artistiques du pays et même avec bon nombre de celles qui. sont l'orgueil de l'étranger^ reçu dans ce monde politique de la troisième République, qui, vers 1880, cherchait à se donner une allure athénienne, grâce à quelques salons qu'il a d'ail- leurs dépeints dans Monsieur le Ministre, doué d'une curiosité que n'avait pas affaiblie la quaran- taine, Parisien de plus en plus amoureux de la Ville-Lumière, comme disent volontiers les pro- vinciaux, fureteur, aimant les vieilles rues pitto- resques, les livres, les fêtes populaires, le théâtre, les expositions, les salons, tous ces détails de mœurs, futiles en eux-mêmes et qui constituent après coup une civilisation, ayant dès sa jeunesse connu toutes les dernières gloires romantiques, ami de toutes les nouvelles celles du Parnasse et de l'Ecole de Médan, il était préparé mieux que quiconque, pour prendre au Temps cette « charge » de Chroniqueur, pour assumer ce rôle de « Spectateur » de la Fie à Paris. Il l'inaugura en 1881 : il le remplit aujourd'hui encore.

Ce fut d'ailleurs le beau temps du journalisme

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parisien, cette période qui va de 1880 à 1895 par- ticulièrement. Le grand journalisme politique était mort avec la fougueuse opposition qui l'avait suscité, et les petits journaux de l'Empire étaient devenus les grands journaux de la République sans cesser d'ailleurs pour cela d'appartenir à l'opposi- tion. En effet, si le Temps était désormais l'organe officiel du gouvernement opportuniste, le Figaro, le Gaulois, le Gil Blas, Y Evénement, boudaient le nouveau régime et lui faisaient une guerre d'em- buscade beaucoup plus qu'ils ne lui livraient des batailles rangées. On essayait de ressusciter Athènes, et si les conservateurs ne prenaient part à cette tentative de miracle, ils assistaient comme un bon public à cet essai de démocratie intellec- tuelle, inclinée vers un centre, oscillant entre une droite et une gauche républicaines. On ne songeait plus à La Lanterne, aux Tropos de Labiénus, aux Phillipiques renouvelées de l'antique. Les enfants terribles du régime étaient à Nouméa ou en exil. Les armes avaient été déposées pour la toge. Danè les colonnes des grands journaux^ les pre- miers-Paris politiques n'étaient plus que des filets d'une centaine de lignes, en minuscules caractères, qui se faisaient aussi petits que pos- sible — comme pour s'excuser d'être encore là. Partout ailleurs, on trouvait des chroniques^ des contes^ des nouvelles^ des poésies même. Les feuilletons, en rez-de-chaussée, étaient signés de noms de maître. La jeunesse de l'Empire prenait du ventre à collaborer à tous ces organes, à toucher de beaux appointements. Les échos étaient

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signés par des lettrés... C'était le temps Paul Arène, Maupassant, Halévy^ Dumas fils, About, Banville, Coppée, Maizeroy, Bourget, Mendès, A Silvestre, Daudet, Zola, Scholl même se survi- vant, Fouquier, Sarcey, Bauër,* et tant d'autres ornaient, honoraient de leur prose ou de leurs vers ces journaux... qui ne s'occupaient point encore d'affaires. Cet astre nouveau d'une presse littéraire devait atteindre le zénith avec les beaux jours de VEcho de Taris et du Journal.

M. Claretie, à cette époque de sa vie, fournit un labeur prodigieux. Il était un des grands ouvriers de lettre de sa génération et témoignait d'une activité qui ne pouvait être comparée qu'à celles de Zola ou de Sarcey. Il reçut la récompense qui lui était due : le gouvernement le nomma, en 1885, administrateur-général de la Comédie- Française, en place de Perrin.

Nul poste ne pouvait lui agréer davantage... Si, en effet, M. Claretie ne fournit pas le meilleur de sa carrière littéraire, comme auteur dramatique, il aima toujours néanmoins, par dessus tout autre art, le théâtre. Dès sa jeunesse, il était de ceux qui sur leur bourse de collégien, fréquentent le parterre du Français et de TOdéon. Plus tard, il n'eut de cesse qu'îl ne tint la critique dans un journal : il aimait l'entre-cour et jardin autant que les plus beaux paysages. Je ne sais pas si, aujourd'hui encore, il ne préfère pas à ses arbres

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de Viroflay le moindre portant se découpe un feuillage.

Lorsqu'on lui confia cette fonction importante, l'un de ses plus beaux rêves se trouva réalisé, peut-être le plus beau. Sans doute, en assumant ce poste, il savait qu'il aliénait sa liberté, qu'il devenait fonctionnaire, qu'il allait être à la merci de la critique des indépendants^ qu'il diminuait les chères heures de son travail personnel ; mais, le moyen de résister au plaisir d'être le gardien, le conseil de la première scène du monde, d'y pouvoir évoluer sans contrainte, de posséder la puissance de réaliser bien des rêves de lettré, en faisant jouer le répertoire selon la conception que Ton croit la meilleure ! Et puis, ce théâtre Fran- çais, où M. Claretie entrait en maître, c'était en serviteur dévoué de l'art, en fervent respectueux de la tradition qu'il en franchissait le seuil. Maison, superbe et vénérable, les deux masques glorieux de la tragédie et de la comédie nationales, malgré les rides des ans, les grimaces, les tics, les jeux de scène, les fards et toutes les conven- tions humaines, gardent une fraîcheur, un charme divin et surnaturel, maison, aux corridors solen- nels et harrponieux, bordés de souvenirs, tout rappelle un émoi glorieux, un geste épique, les bustes redisent l'histoire du roman comique et héroïque à la fois, qui va de Molière aux derniers sociétaires, temple Ton se souvient des mélan- coliques retraités, triomphateurs de jadis, à qui l'on fendit l'oreille ou qui partirent à contre- cœur, les superbes jeunes premiers, les tragédiens,

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les ingénues d'hier^ Febvre, Delaunay, Worms^ Reichenberg et tant d'autres, dont le nom éveille dans notre mémoire reconnaissante tout un cortège d'images grandioses ou chômantes, maison qui vit passer La Champmeslé, La Clairon, Adrienne Lecouvreur, Talma, Mademoiselle Georges Rachel_, les Brohan, maison puissamment évocatrice, un peu surannée, ainsi que tous les sanctuaires du monde... Comme on comprend, en évaluant toutes ces richesses, en se remémorant toutes ces beautés, que M. Claretie acceptât de gaieté de cœur de sacrifier quelques joies personnelles, pour parti- ciper à l'existence de cette grande personnalité morale et artistique, qui fait à jamais partie de notre trésor d'orgueil national.

D'ailleurs, à ce moment, l'heure du marécha- lat approchait. Son nom était répandu à l'envi et courait le monde, au même titre que les plus grands, parmi ceux de sa génération. Légionnaire à cravate, il fut bientôt élu en 1888 mem- bre de l'Académie Française. Ses parents disaient de lui, dans son enfance, en le voyant courir après les papillons : « Il sera un jour un autre Cuvier... » La destinée ne lui réservait pas cette sorte de gloire. Mais, comme il était écrit que cette car- rière, s'accomplirait tout entière, heureuse, sans heurts, à force de travail probe et de volonté silen- cieuse, le fauteuil qui lui échut par hasard lors de son élection fut celui qu'avait jadis occupé le grand naturaliste... Depuis lors, dans cette existence heureuse, il ne s'est plus guère passé de notable événement pouvant intéresser le lecteur. M. Cla-

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retie a continué et continue sa tâche, avec la même ferveur sinon le même enthousiasme qu'à ses débuts, avec la même conscience. Sans changer une seule virgule de place, il pourrait écrire au- jourd'hui encore cette phrase qu'il écrivait le 7 mars 1867, dans Le Nain Jaune : « J'ai com- mencé... à exercer un état qui me plaira jusqu'à la fin » .

J'ai tenté de tracer un portrait aussi ressem- blant que possible de l'homme public, en dessinant quelques croquis des milieux il évolua. J'ai évité jusqu'ici de mêler à mon travail toute appréciation critique... Et je sais très bien que je ne saurais achever cette biographie sans m'y contraindre : l'œuvre est là, très grosse, comprenant des romans, des livres d'histoire, des pièces, toute une production au jour le jour dans les journaux.

Je sens ce qui me gêne, en ce moment. Au fond, un critique ne juge convenablement que les disparus et ses propres contemporains. Les dispa- rus, parce que après un certain nombre d'années, la mort les libère de ce que leurs goûts pourraient avoir de trop voisins des nôtres et passez-moi le mot de rococo à nos yeux. Ils ont franchi le Styx de l'immortalité et se sont purifiés du léger et involontaire ils diraient regrettable ridi- cule qu'il y a toujours pour un homme à être l'aîné d'un autre. Les contemporains, parce que nous sommes mieux placés que quiconque toute question de camaraderie mise de côté

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pour comprendre ceux qui ont traversé les mêmes crises générales que nous au point de vue litté- raires, philosophique, politique : Je dirais pour peu que Ton me poussât les mêmes crises sen- timentales, car toutes les amours que vit une génération ont un petit air de famille...

Mais lorsqu'il s'agit de juger quelqu'un de nos grands aînés, encore vivant, ayant vécu ses vingt ans longtemps avant que nouç ne naissions, la tâche devient ardue, et^ personnellement, j'éprouve toujours une certaine hésitation au moment de le faire. J'ai peur à chaque fois, en toute sincérité, d'être injuste à son égard. Lorsque je songe que M. Claretie appartient à cette jeunesse du Second Empire qui croyait en la république, qui était à la fois romantique et parnassienne, réaHste et pres- que naturaliste, qui avait foi en des tas de choses qui nous laissent sceptique, aujourd'hui je me demande comment nous-mêmes, qui avons passé par d'autres phases, qui avons été mystiques, symbolistes pour nous dégager peu à peu et reve- nir à un bon et simple classicisme de tradition, pouvons être justes et même impartiaux.

Ainsi, en ce qui regarde l'œuvre de M. Clare- tie, il est très certain que toute une partie de de son œuvre romanesque me déconcerte et ne me passionne nullement. De ses premiers romans j'aime Tierrille, qui est une toute petite chose dans son œuvre, à cause de sa fraîcheur et de sa naïveté et Une femme de Proie me paraît correspon- dre à une tout autre esthétique que celle que je comprends. Je sais bien que l'écrivain a voulu «faire

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œuvre de moraliste et de moraliste au fer rouge », mais aujourd'hui nous ne concevons pas qu'une œuvre romanesque enseigne la morale parce que nous avons peur que notre fable soit par défigurée même de ce point de vue. La pauvre Antonia ne nous paraît pas marquée au fer rouge, et le personnage le plus sympathique du roman, c'est peut-être encore cette fille capricieuse, naïve et qui reste somme toute une moyenne de bonne fille.

De même, tous les romans « d'observation » de M. Claretie nous effraient un peu de leur appareil scientifique. Les Amours d'un Interne, qui contien- nent de très belles pages de conteur. Le train ly sentent trop les carnets de notes, parfois, sont alourdis de descriptions inutiles qui trahissent le « plaqué »... Et puis, je ne sais pas. Je me sens intimidé et j'ai bien envie de biffer toute cette appréciation, en me souvenant de la phrase de Sainte-Beuve, qui s'y connaissait mieux que moi, « M. Claretie a touché la fibre vraie, la vie moderne est » .

Non, vraiment, il ne me semble pas que la vie moderne soit là. Nous concevons le moder- nisme autrement : nous avons sucé le lait des Concourt. Tout ce décor moderne, nous l'aimons animé, sans que le roman s'arrête pour que nous l'admirions. Nous le sentons mêlé aux êtres, vivants de leur vie... et voici que j'oublierai mon sujet si je ne pensais que parmi ces romans il en est certains comme Monsieur le Ministre, comme Le million, comme Candidat, comme Le ^eau Soli-

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gnac qui résistent à cette critique^ parce que le consciencieux qui les écrivit les travaillait avec soin. Aux yeux de l'avenir, ceux-là ne sembleront peut-être guère plus vivants que les autres, mais ils intéresseront, au même titre que certains romans de « milieu » du xviii^ siècle : ils reste- ront comme la légende minutieuse des estampes destinées à renseigner « l'amateur » sur nos mœurs.

Monsieur le Ministre apparaîtra sans doute comme le meilleur ouvrage de cette manière. Soigneusement documenté, écrit simplement, dans une langue robuste et très claire, on trouvera une piquante histoire des coteries politiques ; et vraiment, parce que j'analyse ce roman il me semble mieux apercevoir son gra^d défaut. A mes yeux c'est à ce seul point de vue, toujours, que j'entends me placer ce livre comme les autres manque de passion, morale ou immorale comme on voudra. M. Claretie semble avoir suivi de trop près le conseil de son cousin, le grand pay- siste Jules Dupré qui lui disait un jour : « N'ou- blie jamais que pour qu'une œuvre d'art soit bonne, il faut la traiter comme Dieu a traité les arbres : les racines dans la terre et la cime dans le ciel ». Dans le roman de l'écrivain de Robert ^urat, l'on voit trop les racines et pas assez le ciel le ciel d'ailleurs quel qu'il soit.

Il est cependant une œuvre romanesque de M. Claretie qui demeurera vraisemblablement et tout écrivain voudrait pouvoir avoir cette espé- rance. C'est BrichanteaUy comédien français. Elle fut

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écrite, voici quelques années seulement. Est-ce pour cette raison que nous, les jeunes, nous la préférons à beaucoup d'autres romans de l'écrivain, disons même franchement, à tous les romans de l'écrivain ? Je ne sais ; mais en fait, je serais assez tenté de le croire. Il semble qu'elle nous plaise surtout parce que nous y trouvons cette fois une vraie tendresse d'écrivain pour un person- nage et parce que nous ne sentons pas dans ce livre que M. Claretie ait pris des notes pour l'écrire. Nous ne croyons même pas qu'il ait voulu le composer : ce roman a se faire tout seul. Comme son héros, il est enfant de la balle. Il est fait de toute l'expérience indulgente, apitoyée et très sagace d'un ami des comédiens...

Et vraiment, je comprends mieux en le relisant, au moment d^écrire ces pages, je crois mieux con- naître en M. Claretie le romancier qu'il a été et celui qu^il s'est révélé dans son Brichanteau. Sans que le sujet soit le même, il n'est cependant pas sans analogie avec celui du Troisième Dessous. Celui-ci est une oeuvre très habile, mais livresque et Brichanteau est une œuvre humaine, passion- nément, amoureusement humaine. Il est débar- rassé du superflu : il ne cherche plus la descrip- tion, le morceau. Le bonhomme vit, c'est-à-dire aime, souffre^ est ridicule et héroïque, « m'as-tu vu » pitoyable, charmant, presque épique à de certains moments. Nous le reconnaissons^ nous le suivons volontiers. Pour un peu nous serions aussi sots que lui par moments. C'est un type, un caractère et bien des mentons bleus, épaves de

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Conservatoire^ comiques de faubourg et de ban- lieue ou de sous-préfecture doivent, sans qu'ils s'en doutent, à cet admirable personnage de M. Claretie, la sympathie compréhensive que nous leur témoignons désormais...

Un abbé Prévost, qui composa une soixantaine de romans, vit à jamais dans la mémoire des hom- mes pour avoir écrit un petit livre^ Manon Les- caut. Si la destinée veut que les romans de M. Claretie disparaissent, je crois que Brichanteau, comédien français demeurera. Les œuvres histori- ques, consciencieusement documentées^ viendront longtemps encore en aide aux érudits^ qui vou- dront étudier la période révolutionnaire et il con- vient de noter ici que ce curieux et ce modeste, qui ne rappelle pas volontiers ses mérites fut un des premiers à défricher cette brousse sauvage et touffue qui s'appelle la Révolution. En ce temps l'on aime l'histoire un peu par snobisme, un peu par goût de la brocante il est bon de rappe- ler qu'il fut un de ceux qui l'aimèrent pour elle- même ou mieux encore par amour de la Patrie.

Les pièces de cet homme de théâtre, fortement charpentées^ d'un dessin sûr, vivantes, qu'advien- dra-t-il d'elles ? Sans doute ce qui attend la plu- part des œuvres dramatiques d'aujourd'hui. Faites pour une génération, celles-ci s'enseveliront avec elle et cependant, dans ces drames historiques de M. Claretie, il y a de bien belles scènes que je

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serais curieux de revoir « entre les frises et la rampe... »

... Voici qu'insensiblement, je me substitue à la postérité et que je juge alors que je désirerai donner uniquement une impression. Travers de sincérité et puis inconsciente manie de critique... Mais ici même, au moment je voudrais parler du chroniqueur, c'est-à-dire de l'auteur de ces savoureuses Vie à Paris, je sens que je ne saurais résister au plaisir de deviner le jugement de cet avenir... Je sais si bien la joie que j'éprouve à lire un Brantôme, un Tallemant des Réaux, un Bachaumont, un Mercier, un Métra, un ou... deux Rétif de la Bretonne « l'ancien et le nouveau » comme dit la vieille chanson que je suis assuré- d'avance du plaisir raffiné qu'éprouveront les bra- ves gens du xxi^ siècle, amoureux de notre épo- que, à compulser ces livres délicieux le meil- leur d'un écrivain s'est peut-être dépensé. . . Comme je regarde avec attendrissement, par delà cette cen- taine d'années, le fureteur au nez délicat qui pourra rêver à ce que nous fûmes ici je me retrouve de la même génération que M. Claretie grâce à ces causeries toutes remplies notre vie ! Comme nous pourrons devenir ses camarades, ses amis même, rien que par ces feuillets de jour- naux jaunis et comme nous serons moins morts, d'être aussi bien connus ! Vraiment, grâce à notre contemporain « qui n'a pas abdiqué la joie de juger les choses lorsqu'elles passent et de saluer les hommes, lorsqu'ils les aiment », je crois qu'il ne pourra pas avoir trop mauvaise opinion

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de ces ancêtres, de ces Parisiens d'autrefois. Il trouvera, dans ces pages, un portrait charmant, involontairement tracé par l'auteur, de M. Clare- tie, qui se dégagera des chroniques, qui se dessi- nera entre les lignes et conversera avec lui, et il aura de nous-mêmes un portrait assez fidèle aussi. Il s'étonnera peut-être de nos frivolités et de nos ridicules ; mais nous sommes vengés d'avance car si l'on est encore homme à cette époque, il aura certainement les siens qui ne vaudront ni plus ni moins que les nôtres. A côté de cela, il verra que le Parisien car le petit provincial que je vous présentais au seuil de cette étude peut représenter Paris, à la fin il est devenu un de nos plus purs Parisiens aimait les histoires plutôt que les cancans. Fart en dépit de ses snobismes, des Salons bizarres et des pièces ridicules, qu'il s'apitoyait assez facilement et laissait parfois perler une larme derrière son monocle. Il verra qu'il respectait l'autorité en la railknt sans cesse, aimait bien son pays ce sera peut-être une curiosité en ce temps, et que son anecdote contée, plus ou moins « rosse », il gardait une indulgente philosophie pour la commenter...

Nous devons beaucoup de remerciements à M. Claretie rien que pour nous avoir présenté de façon aussi avantageuse. Surtout jsi, comme je le crois très sincèrement, ces Vie à Paris doivent traverser les siècles et être lues aussi longtemps qu'on s'occupera des Parisiens. C'est-à-dire tou- jours.

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Le choniqueur, c'est rhomme. Je songe sou- vent, le jeudi soir, ayant achevé de lire dans Le Temps son article de la semaine, à l'admirable activité de cet esprit, qui appelle, avec une déli- cieuse modestie, ces causeries : « des repos pendant les entr'actes administratifs ». Là, sa curiosité va d'un sujet à l'autre, sans lassitude, butine sur toutes les fleurs, dans le jardin de la vie, avec toujours une ardeur égale, une bonne volonté semblable à elle-même ; ainsi il passe dans l'exis- tence : ces chroniques sont le miroir de sa des- tinée...

Il est en effet l'un des hommes les plus occupés de notre temps, tour à tour pris par ses devoirs d'administrateur aux Français, par le jury du Conservatoire, par les commissions dont il fait partie^ et cependant, sans que ces labeurs s'en ressentent^ il trouve encore le moyen de faire ses tâches innombrables d'écrivain illustre, d'être accueillant aux jeunes, d'assister à toutes les solen- nités, officielles ou autres, aux premières, aux vernissages, aux derbys, partout l'on peut voir et comprendre...

Faire avec plaisir et honnêtement un travail qui vous plaît, a-t-il pu écrire, c'est le bonheur tout simplement. Ajoutez à cela des livres curieux, de rares tableaux, un enfant qui court sur le tapis, et la liberté de vivre donnée par le travail. Voilà qui console de perdre beaucoup de ses cheveux et quelque peu de ses illusions, tout en gardant, je crois, tous les amis de sa jeunesse, excepté ceux qui sont tombés.

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Délicieuse, exquise morale^ charmante philoso- phie pas très profonde peut-être mais au moins dénuée de toute amertume. Elle fixe mieux que tout autre trait une figure. A force d'indul- gence, elle semble presque épicurienne : elle ferait croire que M. Claretie est un optimiste et que tout fut aisé dans sa vie, qu'une bonne étoile d'ailleurs, il faut le reconnaître, favorisa. Ce sont propos de Pangloss... Heureusement, un écri- vain n'est jamais si maître de sa plume qu'il ne lui échappe des aveux. « Sans doute, cela est bien dit, répondait Candide au philosophe du bonheur^ mais il faut cultiver notre jardin ». Sans doute, pouvons-nous répondre à M. Claretie, mon cher maître, tout cela est bien aisé et le Parisien que vous êtes paraît avoir accompli toute sa carrière, intelligente et bonne, en se jouant; mais ne serait-ce pas parce que vous êtes demeuré au fin fond de vous-même, un de ces Limousins que vous peignîtes un jour, en disant qu'il possède « des vertus sans fracas, une patience silencieuse, une ténacité lente et sûre?... » Cela expliquerait sans doute bien des choses, beaucoup plus de choses que je n'en ai expliqué moi-même, en fai- sant cependant de mon mieux pour esquisser une image de vous, qui ne fut pas trop indigne d'un modèle qui reste l'honneur des vieilles lettres françaises...

Georges Grappe.

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AUTOGRAPHE DE M. JULES CLARETIE

OPINIONS ET DOCUMENTS

De M. Adolphe Brîsson :

M. rAdministrateur général se lève à huit heures en hiver, à sept heures en été.

Dès son réveil, on lui apporte une liasse de journaux, un monceau de lettres.

Il ouvre les journaux et va tout de suite aux nou- velles théâtrales. Première cause d'irritation...

M. l'Administrateur général compte dans la presse de rudes adversaires : dramaturges auxquels il a dû, à son vif regret, fermer les portes de son théâtre ; repor- ters mécontents ; jeunes chroniqueurs « amis de la maison », qui épousent avec ardeur les colères de Dorine, s'associent aux regrets de Célimène et servent les rancunes de l'impétueux Figaro ou de l'aigre Sylvia.

Et ce sont des bruits inexacts, des notes perfides dont, malgré sa philosophie, M. l'Administrateur géné- ral est agacé... Ici un chroniqueur, connu pour la vio- lence de son humeur batailleuse, lui décoche des flèches empoisonnées ; là, au milieu d'une causerie en appa- rence inoffensive, s'épanouit une fleur de méchanceté.

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Telle feuille annonce que M. Coquelin et M^e Sarah Bernhardt vont reparaître sur les planches de la Comé- die-Française. Telle autre assure que M. l'Administra- teur intente à M. Coquelin une action retentissante et le félicite ironiquement sur sa fermeté, sur la vigilance avec laquelle il assure le respect des traditions.

Les journaux parcourus, M. l'Administrateur général passe aux lettres. Elles sont nombreuses, mais peu variées. Les mêmes missives se retrouvent dans tous les courriers. Ce sont des demandes d'audience, des envois de manuscrits, des réclamations et des plaintes contre les décisions du Comité.

A la plupart de ces lettres, M. l'Administrateur géné- ral est obligé de répondre de sa propre main, afin d'être bien sûr de ne dire que ce qu'il veut et de ne pas s'engager à son insu.

Ceci le mène à dix heures. Il jette un coup d'œil sur le rapport du semainier relatif à la soirée de la veille ; sur le bordereau de la recette ; enfin sur le bulletin de répétition qui lui permettra de régler l'emploi de sa journée. Vous croyez peut-être qu'après avoir pris connaissance -de ces documents et noirci une vingtaine de feuilles de papier à lettres, M. l'Administrateur géné- ral a conquis le droit de se reposer... Erreur profonde... Presque toujours, le matin, il y a quelque course urgente à accomplir : visite au magasin de décors, bou- levard Bineau ; visite au dessinateur de la Comédie, pour examiner ses maquettes et ses projets de cos- tumes.

M. l'Administrateur général file comme le vent, ren- tre chez lui à midi un quart, déjeune en toute hâte ; puis, sa serviette volumineuse sous le bras, il se dirige vers la Comédie. Il y arrive à une heure précise, se glisse dans son cabinet, esquivant les opportuns qui voudraient le saisir au passage, et il trouve sur son buvard un nouveau paquet de lettres, presque toutes fâcheuses et indiscrètes, presque toutes lui demandant quelque chose qu'il lui est impossible d'accorder...

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Cependant la vieille pendule du foyer marque une heure et demie, on commence à répéter sur la scène ; la présence de M. l'Administrateur général est impé- rieusement réclamée, il ne peut se dérober à ce devoir... Et le voilà pendant deux heures qui suit la pièce nou- velle, qui confère avec l'auteur, discute avec les inter- prètes, arrête les détails et règle les idées de mise en scène.

Vers trois heures, le régisseur s'approche de lui.

« Monsieur l'Administrateur n'oublie pas qu'il est attendu au ministère ?

C'est juste... Il n'est que temps 1 »

Et M. l'Administrateur général dégringole l'escalier et se dirige vers un des trois ministères avec lesquels la Comédie entretient des relations administratives.

Il ne lui reste plus qu'à rentrer au théâtre, qu'à rece- voir une dizaine de visiteurs de marque difficiles à éli- miner, qu'à écrire une quinzaine de lettres et à rédiger un ou deux rapports. Il se met courageusement à l'œuvre. Il expédie les visites (moment pénible à pas- ser). Il réconforte M. X..., qui lui soumet ses embarras financiers ; il rassure M. Z... qui craint de voir sa pièce (une pièce reçue) ajournée aux calendes grecques ; il reçoit froidement le sociétaire Y... qui vient lui deman- der la permission de jouer Le Misanthrope à Bruxelles, et daigne à peine sourire aux grâces de M"e W... qui, de sa voix la plus suave, sollicite l'autorisation d'aller passer le prochain mois de décembre dans le Midi.

Enfin il affronte avec constance, mais non sans ennui, le flot des auteurs grincheux, des blackboulés, des éternels mécontents, anciens camarades du journalisme et de la vie littéraire, qui semblent lui reprocher son ingratitude. Le torrent des visiteurs écoulé, M. l'Admi- nistrateur général s'enferme avec ses paperasses. Il ouvre les lettres qui se sont empilées d'une heure à cinq sur le maroquin de son buvard. Hélas ! il y trouve d'au- tres récriminations, d'autres protestations, d'autres supplications. M. l'Administrateur général parcourt

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avec mélancolie ces missives. Puis il trempe sa plume dans l'encre et répond. Il répond tout de suite, car le moindre retard amènerait des froissements, allumerait des colères. Que répond-il ? Des choses aimables... Il proteste de ses excellentes intentions, il invoque les embarras du théâtre, l'encombrement, les engagements antérieurs. Enfin, il verra! Il tâchera! Il promet... sans promettre et jette un gâteau de miel dans les gueules affamées.

Sept heures sonnent, puis sept heures et demie. Et M. l'Administrateur général écrit toujours. Il se décide enfin à aller dîner. Il rentre chez lui courbaturé, préoc- cupé, la tète lourde. A neuf heures, il revient au théâ- tre et recommence à écrire, à lire des manuscrits, à recevoir des visites jusqu'à minuit. S'il est trop fatigué, il demeure paisiblement au coin de son feu, s'étend sur un bon fauteuil, se fait apporter le théâtrophone et là, pendant deux heures, il suit, de loin, témoin invi- sible et d'autant plus redoutable, la représentation, et note au passage les défaillances et les manques de mémoire de ses sociétaires bien-aimés.

Ainsi s'achève la journée de M. l'Administrateur général. Journée si laborieuse, si féconde en contra- riétés, en complications, en difficultés de toute espèce, que parfois M. l'Administrateur général songe au mot souvent cité de Labiche :

« Si l'on me nommait directeur de la Comédie-Fran- çaise, disait l'auteur de La Cagnotte, je n'accepterais que pour une heure, parce que le mois commencé compte, puis je donnerais ma démission. »

De M. Jules Huret :

M. Jules Claretie est l'un des rares académiciens qu'on ait quelque chance de rencontrer sur le boulevard. Hier, comme j'allais justement me diriger vers la rue de Douai, j'ai croisé, devant le bureau des omnibus du boulevard des Italiens le très aimable et très spirituel

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directeur de la Comédie-Française. Nous rîmes ensem- ble de cette rencontre, et après avoir expliqué mes projets :

Je ne suis pas importun ? dis-je.

Mais non ! je vais aux Français. Marchons.

Et, une fois la chaussée traversée et atteint le trottoir droit de la rue Richelieu, la conversation s'engage ainsi :

Je suis très curieux de tout ce qui est nouveau et je suis avec autant d'attention qu'il m'est possible, le mouvement qui emporte les générations nouveles.

Si vous m'aviez vu, chez moi, ce matin, j'étais préci- sément occupé à ranger et à donner au relieur les col- lections de ces revues de jeunes que je lis et dont la diversité et l'ardeur militante me plaisent, les Ecrits pour l'Art de M. René Ghil, les Entretiens de M. Ber- nard Lazare, la Plume de M. Léon Deschamps, le Mercure de France , les numéros d'Art et Critique de M. Jean Julien, et d'autres collections encore. Il y a dans ces publications, plus encore que dans les livres des nouveaux, une telle verdeur d'idées, une telle viva- cité de ton, que cela me rajeunit de voir ainsi les jeunes monter à l'assaut et sonner de l'olifant.

Ce que j'aime le plus au monde, c'est l'oubli de soi- même. On jette une idée dans la circulation comme on jetterait une graine au vent et elle pousse elle veut. Ce qui est certain, c'est que vous avez eu une idée excellente en recueillant tant d'avis divers, d'opinions, d'idées justes ou paradoxales, en groupant les aspira- tions, les rêves d'art, les désirs de lutte de toute une génération qui, entre autres mérites, a celui d'avoir vingt ans, comme Célimène, c'est-à-dire d'avoir le droit d'être sévère, coquette et dédaigneuse. Ça lui passera quand elle sera devenue, à son tour, Arsinoé, car, pour le moment, une autre Célimène grandit : elle est au couvent encore et s'appelle Agnès. Pour moi,— en un temps chacun s'épuise à fabriquer sa petite liqueur, capiteuse ou colorée, son élixir spécial, enfermé dans de

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petits flacons aux ciselures imperceptibles, à alambi- quer, gouttelette à gouttelette, le flot même qui jaillit du cœur et que toute chimie arrête et tarit, je me suis attaché à puiser au clair ruisseau du génie de France, un peu d'eau pure, un peu d'eau fraîche, savou- reuse et saine et, laissant les fabricants de spiritueux à leurs alambics, j'ai continué ma marche après m'être ainsi désaltéré dans le creux de ma main...

(^Enquête sur l'Evolution littéraire.)

BIBLIOGRAPHIE

LES LIVRES

Les Célébrités industrielles au XIX^ siècle, par

A. Vuillot de Carteville. Paris, Impr. G. Kugelmann, iS6i, in-18. (Biographie de Cliamproux, négociant en vins, rédi- gée par M. Jules Claretie, arrangée et publiée par G. Vuil- lot de Carteville. Portrait lithographie de Champroux). Une Drôlesse. Paris, Dentu, 1863, in-18. Etudes contemporaines. M. A. de la Ouéronnière. Paris, Dentu, 1863, in-80. Pierrille, histoire de village. Les amours d'une cétoine. Bestiola. Monsieur Mayeux^ La messe de Monsieur François. Marcel. Un saltimbanque. Paris, Librairie Parisienne, Dupray de la Mahérie, 1863, in-i2 (Réimpr. : Pierrille. Paris, Dentu, 1879, in-i6, 1889, in-18). Les Victimes de Paris. Paris, Dentu, 1864, in-18. Les Ornières de la Vie. Paris, Achille Faure, 1864, in-i2. Le Dernier Baiser. Paris, Sartorius, 1864, in- 16, figures. La Fontaine et M. de Lamartine. Conférence faite le 3 mai 1864, Paris, Cour- nol, 1864, in-80. Elisa Mercœur. Hippolyte de la Morvonnais. Georges Farcy. Charles Doyalle. Alphonse Rabbe. Eau-forte par G. Staal. Paris, Bache- lin-Deflorenne, 1864, in-i6. Béranger. Conférence faite le dimanche 19 févr. 1865, aux Entretiens de la rue Cadet. Paris, Dupray de la Mahérie, 1865, in-18. Petrus

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Borel le lycanthrope. Sa vie, ses écrits, sa correspondance. Poésies et documents inédits. Frontispice à l'eau-forte avec portrait de Ulm. Paris, R. Pincebourde, 1865, in-i6. Voyages d'un Parisien. (Voyage aux Charmettes. Lyon. Cherbourg. Londres et les Anglais. Le %hin allemand. Huit jours en Belgique, France, Angleterre. Allemagne, Pays-Bas. Le champ de bataille de Waterloo). Paris, A. Faure, 1865, in-i2. L'Incendie de la Biragne. Paris, Vanier, 1865, in-i8. Histoires cousues de fil blanc. Paris, Libr. du Petit Journal, 1866, in-i8. Un assassin. Paris, Achille Faure, 1866, in-12. Réimpr. à partir de la troi- sième édition sous ce titre : Robert Burat. Nouvelle édition, avec une préface inédite. Paris, G. Dentu, 1879, in-i8 ; Robert Burat (Œuvres de Jules Claretie). Paris, A. Lemerre, 1886, petit in-12. Portrait de Claretie gravé à l'eau-forte par L. Monziès. Les derniers Montagnards. Histoire de l'Insurrection de prairial an III (1795), etc. Paris, Libr. Internationale, 1867, in-80 et in-i8 Les places publiques, les quais et les squares de Paris. Paris- Guide, dernière partie : La Vie. Paris, Libr. Intern., 1867, petit in-80. Les Femmes de Proie. Mademoiselle Cachemire. Paris, Dentu, 1867, in-i8. (Réimpr. : Une femme de pioie. Scènes de la Vie parisienne . Paris, Dentu, 1881, in-i8). La Libre Parole, avec une lettre à M. le Mi- nistre de l'Instruction publique. Paris, Libr. Intern., 1868, in-12. Madeleine Bertin. Paris, Michel Lévy, frères, 1869, in-12. La Famille des Gueux, drame en 5 actes (en coUab. avec Petrucelli délia Gattina), représenté au théâtre de l'Ambigu en mars 1869. Paris, Michel Lévy, 1869, in-i8. (La même, avec vignettes. Paris, Michel Lévy, 1869, in-40). La vie moderne au théâtre. Causeries sur l'Art dramatique [i 867-1 868], première série. Paris, Barba, 1869, in- 18. La volonté du peuple. (Résultat des électiotis générales des 25 et 24 mai). Paris, F. Roy et Ci*, Le Chevalier, 1869, in-32. La poudre au vent. Notes et croquis. Portraits. Deux mois en Italie. Paris, Degorce- Cadot, s. d. [1869], in- 18. Almanach de la Révolu- tion pour 1870. Paris, Librairie Centrale, 1869, in-32. Armand Barbés. Etude historique et biographique. Paris, Libr. Centr., 1870, in-80. Journées de voyage, Es- pagne et France. Paris, A. Lemerre, 1870, in-i8. Raymond Lindey, drame en 5 actes et 6 tableaux. Repré-

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in-i6. (Portrait de Diaz). Le train 17. Paris, Dentu,

1877, in-i8. Le régiment de Champïigne, drame en 5 actes et 9 tableaux représenté sur la scène du théâtre historique le 17 sept. 1877. Paris, Tresse, 1877, in-12. Xavier de Maistre. Paris, Impr. D. Jouaust, nôv. 1877, in-80. (Tiré à 50 exempL). Les hommes du jour. M. J.-J. Henner, 1839-1878, par un critique d'Art. Paris, G. Decaux, 1878, in-32, portrait. La maison vide. Paris, Dentu, 1878, in-i8. Une journée à Tab- baye de Valmont, octobre 1877. Fécamp, Imprim. L. Monmarché, s. d. [1878], in-80. Société des gens de lettres. Rapport sur les travaux du Comité pen- dant Texeroice 1877. Paris, 1878, in-80. Le troi- sième dessous. Paris, Dentu, 1878, in- 18. Les artistes français et l'Exposition Universelle de

1878. Paris, G. Decaux, 1879, m-12. (Tiré à 100 exempL). Béranger et la chanson. Conférence faite au théâtre du Château-d'Eau le 13 avril 1879. Paris, Patay, 1879, in-i8. Jules Dupré, 1811-1879, par un critique d'Art. Paris^ Libr. Illustr., 1879, in-32, portrait. Le Drapeau. Edit. illustrée de grav. hors texte par Alphonse de Neuville, de grav. sur bois d'après les dessins de Edmond Morin, et du portrait de l'auteur, gravé à l'eau-forte, par A. Gilbert. Paris. G. Decaux, 1879, ^^-4°. Réimpr. : Le Drapeau, ouvrage couronné par l'Académie française. Paris, Calmann Lévy, 1886, in-i8 ; Le Drapeau. Paris, Jeandé, 1900, in-32. La Fugitive. Paris. Dentu, 1879, in-i8. Les Mirabeau, drame en 5 actes et 7 tableaux, représenté pour la première fois au Théâtre historique, le 31 oct. 1879. P^ris, Tresse, 1879, in- 18. La Maîtresse. Paris, Dentu, 1880, in-i8. ~ Les mitrailles politiques de la France pendant la Révolution de 1870-71. (Chute de l'Empire, la Guerre, la Commune), complém. in- dispensable de l'Histoire de la Révolution de 1870-71. Paris, Libr. Illustr., 1880. in-40. Un livre unique. L'af- faire Clemenceau, peinte et illustrée. (Portrait d'Alexandre Dumas fils, gravé à l'eau-forte par A. Mongin d'après Meissonier ; dessins de E. de Beaumont, Gustave Boulanger, Victor Giraud, Schosser, Bonvin, Bellel, Guil- laume, Meissonier, Solon, Ed. Hédouin, J. Jacquemart, Bouguereau, Cermak, L'Epine, Fortuny, Ballu et Chauvel). Paris, Gazette des Beaux Arts, (tirage à part), 1880, gr.

62

in-4°. JLa vie à Paris, 1880. {Première année). Paris, Victor Havard, s. d. [1881], in-i8. Les amours d'un interne. Paris, Dentu, 1881, in-i8. Réimp. : Les amours d'un interne. Nouv. éd. illustr. par Geo. Dupuis, grav. sur bois par G. Lemoine. Paris, P. OUendorff, 1902, in- 16. La Tzigane. Paris, aux bureaux du Siècle, 188 [. gr. in-8^ à 2 col. (Dans le même vol. : Un vieux papillon, par Charles Joliet ; les Degrés de V échelle, par Henry Gréville). Mon- sieur le Ministre, roman parisien. Paris, Dentu, 1881, in-i8. (Rcimpr. : Monsieur le Ministre., dix compositions par Adrien Marie, gravées à Peau-forte par Wallet. Paris, Quantin, s. d. [1886], petit in-40 ; Monsieur le Ministre. Paris, E. Fasquelle, 1904, in- 18. Monsieur le Ministre , comédie en 5 actes (collab. anonyme de A. Dumas fils et W. Busnach, représentée pour la première fois au théâtre du Gymnase dramatique, le 2 févr. 1883. Paris, Dentu, 1883, in-80). Les semaines de deux parisiens, par Mardoche et Desgenais [Jules Claretie], avec une préface de Gaston Bérardi . Paris , Dentu , 1881, in-i8. Les Parisiennes, par Mardoche et Desgenais [Jules Claretie]. Paris, Dentu, 1882, in-i8. Peintres et sculpteurs contemporains. Seize por- traits gravés à l'eau-torte par L. Massard ; seize dessins dans le texte. Première série. Artistes décédés de 1870 à 1880. Paris, Libr. des Bibliophiles, 1882, in-80. [Henri Regnault.

O. Tassaert. Hanion. J.-F. Millet. Corot, Barye. Pils. Carpeaux. Fromentin. Dia:(^. Courbet. DauUgny, Préault. Daumier. Couture.

Cogniet). Peintres et sculpteurs contemporains. Seize portraits gravés à l'eau-forte par L. Massard ; seize dessins dans le texte. Deuxième série. Artistes vivants en janv. 1881. Paris, Libr. des Bibliophiles, 1884, in-80. {Meis- sonier. Baudry. Gèrôme. Henner. Doré. Bonnat. Carolus Dur an. /. Dupré. Vollon. L. Leloir. Détaille. J.-P. Laurens. C. Jacques. P. Dubois. /. Lefebvre. Falguière). La Vie à Paris,

1881. {Deuxième année). Paris, V. Havard, s. d. [1882], in-i8. Le million, roman parisien. Paris, Denm, 1882, in- 18. -- Un enlèvement au dix-huitième siècle. Documents tirés des Archives Nationales. Paris, E. Dentu,

1882, petit in-8". (Frontispice gravé), La Vie à Paris, 1882. (Troisième année). Paris, V. Havard, s. d. [1883],

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in-i8. Noris, mœurs du jour. Paris, Dentu, 1883, in-i8. Michel Berthier, roman parisien. Paris, Dentu, 1883, in-i8. Alphonse Daudet, avec portrait et au- tographe. Paris, Quantin, 1883, in- 18. François Coppée, avec portr. et autogr. Paris, Quantin, 1883, in-i8.

A. Dumas fils, avec portr. et autogr. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Edouard Pailleron, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Emile Aug-ier, etc. Paris, Quantin, i8cS3, in- 18. Erckmann-Chatrian, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Oct. Feuillet, etc. Paris, Quantin, 1883, in- 18. Eug*. Labiche, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8.

Jules Sandeau, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Jules Verne, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Victor Hugo, etc. Paris, Quantin, 1883, în-i8. Victorien Sardou, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Ludovic Halévy, etc. Paris, Quantin, 1883, in-i8. Paul Dé- roulède, etc. Paris, Q.uantin, 1883, in-i8. Le prince Zilah, roman parisien. Paris, Dentu, 1884, in-i8. (Réimpr. : Le prince Zilah, illustr. de A. Calbet, J. Dedina et A. Boyé. Paris, Borel, 1898, in- 18. Le Ménage Hubert, précédé de une journée à Bellevue, par Jules Tibyl [Jules Claretie et Charles-Edmond]. Paris, Dentu, 1884, in-12. La Vie à Paris, 1883. {Quatrième année). Paris, V. Havard, s. d. [1884], in-i.8 La Vie à Paris, 1884. {Cinquième année). Paris, V. Havard, s. d. [1885], in-i8. Confi- dences à propos de ma bibliothèque. Portrait de Jules Claretie, gravé à l'eau-forte par Nargeot ; dessins dans le texte. Paris, Typographie du 0 Livre », chez A. Quan- tin, 1885, gr. in-80. Jean Mornas. Paris, Dentu, 1885, in- 18. Le prince Zilah, pièce en 5 actes tirée du ro- man de ce nom, représentée au théâtre du Gymnase le 28 févr. 1885. Paris, Dentu, 1885, in-80. La Vie à Paris, 1885. {Sixième année). Paris, s. d. [1886], in-i8.

47, chaussée d'Antin. Récits, contes et nouvelles. Paris, 1886, in-i8. (Publ. collective de la Société des gens de lettres. "Préface et En partie double., par Jules Claretie. Journées de vacances. Paris, Dentu, 1886, in-i8. La canne de M. Michelet. Promenades et souvenirs. Pré- face par Alfred Mézières de l'Académie française. Douze compositions de P. Jazet gravées à l'eau-forte par H. Tous- saint. (Portrait de l'auteur gravé par Burney, d'après Ulmann). Paris, L. Conquet, 1886, petit in-S». Candidat I Paris,

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Dentu, 1887, in- 18. Les livres du Peuple. (Jules Claretie, Les derniers Montagnards). Paris, Boulanger, 1887, gr. in- 18. La Mansarde. Paris, Marpon et Flamma- rion (collect. des auteurs célèbres), 1887, in- 18. Bouddha. Frontispice et 10 vignettes, dessinées par Robaudi, gravées par A. Nargeot. Paris, L. Conquet, 1888, in-i8. Dis- cours de réception de M. Jules Claretie. (Séance de l'Académie française du 21 févr. 1889). Paris, Impr, Firmin Didot," 1889, in-40, et Calmann Lévy, 1889, in-80. L'Académie française en 1789, lu dans la séance publique des cinq académies du 25 oct. 1889. Paris, Imprim. Firmin Didot, 1889, in-40. Discours prononcés aux funérailles de M. Emile Augier, de TAcadémie française, le 28 oct. 1889, par MM. Gréard, etc., François Coppée, etc., et Jules Claretie, etc. Paris, Impr. Firmin Didot, 1889, in-40. Puyjoli. Paris, Dentu,

1890, in- 18. La Cigarette. Paris, Dentu, 1890, in-i8. La Bouquetière. (Paris qui crie. Petits métiers). Impr. pour les « Amis du Livre », 1890, petit in-4'». La comédie à Trianon. A-propos en vers composé pour la représentation donnée sur le théâtre de Trianon au béné- fice de la statue de Houdon, le ler juin 1891. Paris, Imprim. Firmin Didot (imprim. à la suite des discours de MM. Henri Delaborde et Gustave Larroumet), 1891, in-4'' '■> Versailles, Cerf, 1891, in-80, et Paris, A. Lemerre, 1891, in-40. Discours prononcés aux obsèques de M. Octave Feuillet, de l'Académie française, le 31 déc. 1890, par MM. Gustave Larroumet, etc., Mezières, etc., Jules Claretie, etc., et Henri de Bornier. Paris, Imprim. Chaix,

1891, in-80. (Ce discours de Jules Claretie avait été imprimé précédemment avec celui de M. Mezières, par Firmin Didot, 1891, in-40. Catissou suivi de Fuyet. Une course de taureaux à Madrid. Paris, Gautier, 1891, in-80. L'Américaine, roman contemporain. Paris, Dentu, 1892, in-i8. Discours prononcé au banquet offert à M. Jules La Roche, sociétaire de la Comé- die française, à l'occasion de sa nomination de chevalier de la Légion d'Honneur. Paris, Impnm. Chamerot et Renouard, s. d. [1893], petit in-80. Dis- cours prononcé dans la séance publique tenue par l'Académie française pour la réception de M. Thureau-Dangin, le 14 déc. 1893, par MM. Thureau-

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Dangin et Jules Claretie. Paris, Impr. Firmin Didot, 1893, in-40. Dîner à Poccasion du 272® anniversaire de la naissance de Molière. Discours. Paris, Hôtel des Sociétés Savantes, 1894, in-40. La Navarraise, épisode lyrique en deux actes (en collab. avec Henri Caïn). Musique de J. Massenet. (Représenté pour la première fois au Théâtre Royal de Covent-Garden, à Londres, le 20 juin 1894). Paris, Heugel, 1894, in-i8. Discours prononcé aux obsèques d'Auguste Caïn. (Discours de Henri Havard, Champoudry et Jules Claretie). Evreux, Imprim. de C. Herissey, 1894, in-S». La Frontière. Illustr. de G. Picard. Paris, Dentu, 1894, in-i8. Mariage manqué. Illustr. de Magron. Paris, C. Mendel, 1894, gr. in-8". Explication. Illustr. de Robida. Paris, Libr. Illustr., I895, in-40. Edouard Thierry, 1813-1894. (Discours de MM. Théodore Cahu, Jules Claretie, Henri de Bornier). Paris, Plon-Nourrit et O^, 1895, in-80. La Vie à Paris, 1895. Paris, G. Charpentier et E. Fasquelle, 1896, in-i8. Brichanteau comédien. Paris, E. Fas- quelle, 1896, in-i8. La Divette. Illustr. de L. Marold. Paris, Borel, 1896, in- 32. Fabre d'Eglantine et la Comédie française. Lecture faite à la séance annuelle de la Société de l'Histoire de la Révolution le 14 mars 1897. Paris, Au siège de la Société, 1897, in-8°. L'Accusa- teur, roman parisien. Paris, E. Fasquelle, 1897, in-i8. Pages choisies des auteurs contemporains. Jules Claretie. Paris, A. Colin, 1897, in-i8. La Vie à Paris, 1895. Paris, E. Fasquelle, 1897, in-i8. Paris assiégé. Champigny. Buzenval. Paris, Gautier, 1897, in-80. Prix de vertu. Discours prononcé par M. Jules Claretie, directeur de l'Académie française, dans la séance publique du 18 nov. 1897, sur les prix de vertu. Paris, Imprim. Firmin Didot et O^, 1897, in-18. La Vie à Paris, 1897. Paris, E. Fasquelle, 1898, in-18. Un chapitre inédit de Don Quichotte avec trente-et- une illustrations, par Atalaya, gravées sur bois par Henri Brauer. Paris, H. Floury, 1898, in-4° et in-i6. Récits de guerre. Paris assiégé, 1870-71. Illustr. par Alphonse de Neuville, Edouard Détaille, Puvis de Cha- vannes, etc., et d'après la collection composée par M. A. Binant. Paris, J. Boussod, Manzi, Joyant et Ci®, 1898-1899, in-4°. La Vie à Paris, 1898. Paris, E. Fasquelle,

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1899, in-i8. Toast au troisième banquet de la Comédie française. (2^8^ anniversaire de Molière^. S. 1. n. d. [Paris], 14 févr. 1900, in-12. (Tir. à 100 exempl.). La Vie à Paris, 1899. Paris, E. Fasquelle, 1900, in- 18. La Vie à Paris, 1900. Paris, E. Fasquelle, 1901, in-i8. Le Sang français, nouvelles et récits. Paris, E. Fasquelle, 1901, in-i8. La Corde. Illustr. de Ch. Jouas, gravées par Boisson. Paris, imprimé pour les Amis des livres, 1901, in-80. Costumes et souvenirs his- toriques. (Musée rétrospectif des classes 85 et 86. Le cos- tume et ses accessoires à l'Exposition Universelle interna- tionale de 1900, à Paris). Saint-Cloud, Imprini. Belin, frères, s. d., gr. in-80. Victor Hugo. Souvenirs in- times. Paris, Libr. Molière, s. d. [1902], in-i8. (Portrait de Victor Hugo). Profils de théâtre. Paris, Gaultier- Magnier, 1902, in- 18. Réimpr. : Profils de théâtre. Paris, E. Fasquelle, 1904, in- 18. La Vie à Paris, 1901- 1903. Paris, E. Fasquelle, 1904, in- 18. Femmes et déesses. Préface s. 1. (Valence, Céas, 1902), 1904, in-8". [Signé Jules Claretie, 30 juillet 1902]. La maison de Victor Hugo, place Royale. Paris, Ed. Pelletan, 1904, petit in-40. (Tiré à 75 exempl.). -~ Une visite à l'Impri- merie Nationale. Paris, Impr. Nationale, 1904, petit in-40. Rousseil. Paris, Mersch, 1904, petit in-80. (Extrait du Figaro, 9 févr. 1884, publié sous le pseudonyme de Croisilles). La Vie à Paris, 1904. Paris, E. Fas- quelle, 1905, in- 18. Brichanteau célèbre. Paris, E. Fasquelle, 1905, in- 18. La Vie à Paris, 1905. Paris,

E. Fasquelle, 1906, in- 18. ~ Institut de France. Aca- démie française. Discours prononcé à Tinaugura- tion de la statue d'Alfred de Musset à Paris le vendredi 23 févr. 1906. Paris, Imprim. Firmin Didot et C'e, 1906, in-4°. (Discours de MM. F. Coppée et Cla- retie).

PRÉFACES, INTRODUCTIONS, NOTICES, LETTRES, etc.

Arsène Alexandre : Acteurs et actrices d'aujourd'hui. Suzanne Reicheuherg , Les ingénues au théâtre. Préface. Paris,

F. Juven, 1898, in-4°. Auteurs et acteurs. Cata- logue de Pexposition de portraits installés dans

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les galeries du Théâtre d'Application, etc. Préface. Paris, Aron fr., 1899, i""^"- A. d'Atri : Giuseppe Zanardelli et lUtalie moderne. Avanl-propos. Paris,

1903, in- . Henri Avenel : La Presse Jrançaise au XX' siècle, etc. Préface. Paris, E. Flammarion, 1901, in-80.

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1888, in- 18. Emile Blavet: La vie parisienne, ^e année. Préface. Paris, Ollendorff, 1887, in- 18. Emile Blé- mont : Théâtre Moliéresque et Cornélien. (Etude et lettre sur Molière). Paris, A. Lemerre, 1898, in- 18. Petrus Borel : Madame Putiphar, seconde édition. Préface. Paris, Wilhem, 1877, in-80. Qeorges Btichner : La mort de Danton, drame en 3 actes, etc. Préface. Paris, Westhausser,

1889, in- 18. Doct. Cabanes : La Névrose révolution- naire. Fréhœ. Paris, Soc. franc, d'imprim. et de libr., 1906, in-80. _- Carlochristi [A. Christian] : Contes pan- tagruéliques. Premier sixain. Préface. Paris, L. Conard, H. Champion, 1905, in-80. Yan de Castétis : L'héritage de Pierrech. Lettre préface. Paris, Westhausser, s. d., gr. in-S*".

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Marquis de Cherville : Les mois aux champs. Préface. Paris, Libr. du Temps, 1886, in'- 18. Arthur Chris- tian : 'Débuts de l'imprimerie en France. L'Imprimerie Natio- nale. L'Hôtel de Rohan. Préface. Paris, 1905. Albert Christophe : Fables. Préface. Paris, A. Lemerre, 1902, in- 16. Ch. Clairville : La fille de M^e Angot. Notice historique. Paris, Tresse, 1873, in-i8. Léo Claretie : Paris, depuis ses origines jusqu'en l'an ^000. Pré- face. Paris, Charavay fr., 1886, in-40, Emile Dacier : Le Musée de la Comédie française. Préface. Camille Debans : Histoires de tous les diables. Préface, Paris, Dentu, 1882, in- 18. Delaunay (de la Comédie française) : Sou- venirs recueillis par le Fleury. Préface. Paris, Calmann Lévy, 1901, in- 18. A.-J. Delaunay: Artistes scandi-

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face. Québec, C. Darveau, 1897, in-80. André Geiger : André. Préface. Paris, E. Fasquelle, 1903,111-18. Albert Qlatigny : Sa bibliographie, précédée d'une notice litté- raire, par M. Jules Claretie, et ornée d'un portrait gravé à l'eau-forte par M. Frédéric Régamey. Paris, J. Baur, 1875, petit in-S". Paul Ginisty : L'année littéraire (4^ année, 188S). Préface. Paris, Charpentier, 1889, in- 18. —Général Govone : Mémoires. Préface. Léon Gozlan : Bal:(ac intime. Balzac en pantoufles. Balzac che:^ lui. Nouvelle édition. Préface. Paris, Libr. Illustr., 1886, in-12. Théodore de Grave : Les Duellistes. Préface. Paris, Dentu, 1868, in-i8. (Réimpr. sous ce titre : Les Drames de VÉpée). Jules Grisez-Droz : L'Orgueil du Drapeau. Lettre. Paris, Impr. F. Appel, 1899, in-i6. André Hesse : Code pra- tique du théâtre. Préface. Paris, P. V. Stock, 1903, in-i8. M™e Huguette [M^e J. Bodin] : IsLos fleurs. Petites cau- series botaniques. Préface. Paris, Libr. Illustr., 1887, in-i8. Firmin Javel : Treize à table. Préface. Paris, Libr. Internat., 1867, in- 18. Jean Bernard [Passerieu] : Les lundis révolutionnaires. Histoire anecdottque de la Révolution française, I. Préface. Paris, G. Maurice, 1890, in-i8. A. Joannidès : La Comédie française de 1680 à içoo. 'Diction- naire gêner, des pièces et des auteurs. Préface. Paris, Plon- Nourrit, 1901, gr. in-80. _ pr, Kohn^Abrest : Guerre d'Orient. Campagne de i8']'j . Zig-%ags en Bulgarie. Préface. Paris, Charpentier, 1879, in-i8. Ad. Laferrière : Sou- venirs d'un jeune premier. Préface. Paris, 1885, in-i8. Joseph Lafon-Labatut : La femme du diable, légende pé- rigourdine. Préface. Périgueux, Imprim. Rastouil, 1879, in- 18. Joseph Lafon-Labatut : Les derniers tâtonne- ments. Préface. Terrasson (Dordogne), Gabr. Lafon, 1890, in-i8. Jean de La Fontaine : L&s amours de Psyché et de Cupidon. Nouv. éd. ornée de 26 fig. de Borel gravées en couleurs par Vigna- Vigneron. Préface. Paris, T. Belin, 1899, 2 vol. in-fol. Paul Lagrange : Contes militaires. Préface. Paris, Ch. Lavauzelle, 1894, in-i8. Marc Lan- glaîs : La Coudraie, histoire d'un jermier et d'un instituteur. Lettre. Paris, Vanier, 1901, in-i8. Armand Lapointe : Le cousin César. Préface. Paris, Pion, 1883, in-i8. Phi- lippe Larondé [Philippe Chapelle] : Mademoiselle d'Espal- bère. Préface. Paris, Libr. Internat., 1869, in- 18. Mau- rice Lefèvre : A travers chants. Préface. Paris, Ollendorff,

70

1893, in-i8. Lemercier de Neuville : Histoire anec- dotique des maisonnettes. Préface. Paris, Calmann Lévy, 1892, in-i8. Charles Léser : La Vie militaire. Préface. Paris, Berger-Levrault, 1887, in-i8. Paul Lindau : Monsieur et Madame 'Bewer. Préface. Paris. Hinrischsen. 1884, in-i8. Longus : Daphnis et Chloé, trad. de J. Amyot, revue corr. etc., par P.-L. Courrier, compositions de R. CoUin, gravées par ChampoUion. Préface. Paris, Bou- det, 1890, in-80. Henry Lumière : Le théâtre français pendant la Révolution ij8-^-iy^^. Lettre -Préface. Paris, Dentu, 1894, in-i8. Maurice Magnier : La Danseuse. Lettre-Préface. Paris, Marpon et Flammarion, 1885, in-4°.

Xavier de Maistre : Voyage autour de ma chambre, suivi de l'Expédition nocturne. Préface. Paris, Libr. des Biblio- philes, 1877, in-i6. Adrien Maquet : Bougival et la Celle Saint-Cloud. Préface. Paris, 1884, in- 18. Mariani : Figures contemporaines, 4^ volume. Préface. Paris, H. Floury, 1897, 1899, gr. in-S**. Marquet de Vasselot : Histoire des sculpteurs français (de Charles VIII à Henri III). Préface. Paris, Dentu, 1888, in-80. _ Marquis Philippe de Massa : Zibeline, roman. Préface. Paris, Ollendorff, 1892, in-i8. Lieutenant Maury : Aux soldats. Histoire d'un régiment, Bourgogne : Jt^e demi-brigade de bataille, ^96 régi- ment d'infanterie de ligne. Préface. Paris, Impr. Gadrat aîné, 1899, in- 16. Henri Mazereau et Edouard Noël : Les manœuvres de forteresse {souvenirs de Vaujours). Préface. Paris, Berger-Levrault, 1895, in-i6. Jules Michelt : Les femmes de la Révolution. Etude. Paris, Flammarion, 1898, in-8°. André Monseleti'Chark': Mouselet, sa vie, son œuvre. Préface. Paris, Testard, 1892, in-80. Georges Monval : Les collections de la Comédie française, catalogue historique et raisonné. Préface. Paris, Soc. de propagation des livres d'art, 1897, gr. in-80. Louis Morin : French illustrators. Préface. New-York, C. Scribner, 1893, in-foi.

Comte Charles de Motiy : Mademoiselle de Valgen- seuse. Lettre. Paris, A. Lemerre, 1898, in- 18. Nancy- Vernet : Mimose, plaquettes de cœur. Préface. Paris, Soc. d'Ed. littéraires, 1899, in- 18. Edouard Noël: Le capitaine Loys, conte dramat. en 3 actes et 6 tableaux. Pré- face. Paris, E. Flammarion, 1899, in- 18. Edouaid Noël et Edmond StOuUig : Les Annales du théâtre et de la musique, troisième année, 1887. Préface. Paris, Charpen-

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tier, 1888. in- 18. Paul Parfait ; Petit Pierre, la maison du Juif , etc. Préface. Paris, Calmann Lévy, 1889, in-i8. Charles Timoléon Pasqaalîai : Choses du siècle et choses du cœur. Préface. Paris, H. Floury, 1902, in- 16. Capi- taine Paimblanc du Rouil : Le capitaine la Tour d'Au- vergne Cooret, premier grenadier des armées de la République. Lettre-Préface. Paris, Imprim, Chaix, 1897, in-i8. Eugène Perbal : Les acteurs de la vie. Scènes et comédies rapides. Préface. Paris, 1906. Guy

Péron : Les derniers invalides. Préface. Pibrac : Les Quatrains etc., suivis de ses autres poésies. Notice. Paris, A. Lemerre, 1874, in- 12. H. Prudent : Les salles de spec- tacle construites par Victor Louis à Bordeaux. Préface. G. Renault : Les rois du ruisseau. Lettre-Préface. Gas- ton Richard : Petits poèmes. Lettre-Préface. Paris, Libraires associés, 1896, in- 18. M™e Roland : Mémoires. Préface. Paris, Libr. des Bibliophiles, 1884, 2 voL in- 18. Jan Rosmer : Promenades de deux enfants à travers Paris. Pré- face. Paris, Firmin Didot, 1903, gr. in-8°. J.-J. Rous- seau : Les Confessions. Illustr. de Maurice Leloir. Préface. Paris, Launette, 1888- 1890, 2 vol. in-40. Bernardin de Saint Pierre : Paul et Virginie. Préface. Paris, Quan- tin et De, 1877, in- 8°. M'^e Samson : Rachel et Samson, souvenirs de théâtre par la veuve de Samson. Préface. Paris, Ollendorff, 1898, in- 18. Scarron : Don Japhet d'Armé- nie, comédie en vers réduite en 3 actes par Jules Truffier. Préface. Paris, A. Lemerre, 1893, in-i6. [Commandant Jean-Baptiste Schambion] : Le commandant Bon Saïd. Les trois divorces de Yamina. Préface. Paris, Melet, 1895, in- 16. Léon Séché : Amour et Patrie, poésies. Lettre- préface. Paris, A. Lemerre, 187$, in-80. Mathilde Shaw : Illustres et inconnus. Souvenirs de ma vie. Préface. Paris, E. Fasquelle, 1906, in-i8. Jean Sigaux : Le Paysan. Lettre. Paris, 1887, in-i8. Armand Silvestre : Floréal. Préface. Paris, Delagrave, 1891, in-40. D»" Gus- tave Simon : La confusion d'une mère. Préface. Alfred Sirvon : La Linda, roman parisien. Paris, Bourloton, 1889, in- 18. Daniel Sivet : Les Enamourées. Préface. Paris, Dentu, 1885, in-i8. Henri de Soria : Histoire pitto- resque de la danse. Lettre-préface. Paris, H. Noble, 1897, gr. in-8°. Souvenirs de Léonard, coiffeur de la reine Marie- Antoinette, etc. Préface. Paris, Arth. Fayard, s. d.

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[1905]» gr- in-80. La Terre de France. Préface. Paris, L. Boulanger, 1898- 1899, gr. in-4<', fig. —Adolphe Tavernier et Arsène Alexandre : Le guignol des Champs-Elysées. Préface. Paris, Marpon et Flammarion, 1889, gr. in-80. André Theuriet : Sous bois, nouv. édit. illustrée de 78 compositions de Giacomelli. Préface. Paris, Conquet, 1884, in-S".

A CONSULTER

Henri d' Aimeras : Avant la gloire. Leurs de'buts , ire série. Paris, Soc. française d'imprim. et de libr., 1902, in-12. O. Beauchamp : Les contemporains célèbres. (Notice par Paul Acker. Portrait humoristique de Capiello). Paris, E. Bernard, 1905, gr. in-40. H. Bonnemain : Introduction aux « Pages choisies de Jules Claretie )^. Paris, A. Colin, 1897, in- 18. Adolphe Brisson : Portraits intimes, 2^ série. Paris, A. Colin, -1896, in-i8 ; Portraits intimes, 3e série. Paris, A. Colin, 1897, in-i8. G. de Cherville : Jules Claretee avec portrait et fac simile. Paris, Quantin, 1883, in- 18. [Georges Decaux] : Jules Claretie, 1840-1878, par un Bibliophile. Paris, Libr. Illustr., 1879, in-12. (Portrait de Jules Claretie). René Delorme : Jules Claretie. Ga- lerie contemporaine de L. Baschet. Paris, s. d. in- 18. (Cf. Decaux). Jules Huret : Enquête sur l'Evolution littéraire. Paris, Charpentier et Fasquelle, 1894, in- 18. Gabriel B. Moreno del Chrîsto : Julio Claretie. Paris, Imprim. Garnier, 1893, in-8''. Ernest "Ren&li: Séance de l'Académie Jrançaisc du 21 février 188^. Réponse de M. Tienan au discours de M. Jules Claretie. Paris, 1889, in-80. Francisque Sarcey : Quarante ans de théâtre, etc. Paris, Biblioth. des 0 Annales politiques et littéraires », 1901-1902, in-î8. (Tome VII). Souvenir à M. Jules Claretie, administra- teur général de la Comédie française, vingt ans d'administration, 20 oct. 1885, 20 oct. 1905. Paris, Impr. L. Maretheux, s. d. [1905], in-80. Georges Vicaire : Manuel de V amateur de livres du XIX^ siècle, 1801- i8p^. Paris, A. Rouquette, 1895, in-80, tome II.

Ad. B.

Imp, A, Lemercier, 5, Rue Yvers, Niort.

Les Célébrités d'Aujourd'hui

COLLECTION DE BIOGRAPHIES CONTEMPORAINES

Chaque biographie luxueusement imprimée forme une élégai plaquette in-i8 jésus, illustrée d'un portrait hors-texte et d] autographe. L'étude biographique est complétée par une si d'opinions caractéristiques et par une bibliographie méthodique œuvres publiées, des collaborations diverses et des ouvrages consulter.

Chaque Biographie 1

BIOGRAPHIES PARUES

Paul Adam,

par Marcel Batilliat. Octave Mirbeau,

par Edmond Pilon, Rémy de Gourmont.

par Pierre de Querlon. Frédéric Nietsche,

par Henri Albert. Maurice Donnay,

par Roger Le Brun. Jules Lemaître,

par E. Sansot-Orland. J adith Gautier,

par RÉMY de Goljrmont. Camille Lemonnier,

par Léon Bazalgette. Emile Faguet,

par Alphonse Séché. Anatole France,

par Roger Le Brun. Henri de Régnier,

par Paul Léautaud. Alfred Capus,

par Edouard Quet. Willy,

par Henri Albert. Paul Bourget,

par Georges Grappe. Péladan,

par René-Georges Aubrun.

Pierre Louys,

par Ernest Gaubert. Maurice Maeterlinck^

par Ad. van Bever. Marcel Prévost.

par Jules Bertaut. F. Brunetière,

par R.-L. Richard. François de Curel,

par Roger Le Brun. Jean Moréas,

par Jean de Gourmoî Jean Lorrain,

par Ernest Gaubert Paul et Victor Marguj

par Edmond Pilon. Henry Hou^saye,

par Louis Sonloet. Camille Mauclair,

par G Jean Aubry. Edouard Rod,

par Firmin Roz. François Coppée,

par Ernest Gaubert.| Henry Bordeaux,

par A. Britsch. Georges Clemenceai

par Maurice Le Blo: Georges Courteline,

par Roger Le Brun.

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PQ Grappe, Georges Pierre

2207 François

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