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ESS ESS DEC ALI / SZ HD Ji TONNES 7 WIPPIT MI URL: À ITEM I TEL i WVK 0 1) arms 7) ) ML NOTICE HISTORIQUE, ÉCONOMIQUE ET STATISTIQUE SUR LA FLORICULTURE EN BELGIQUE". Ge ce SOMMAIRE. — Introduction. — Origines. — Historique. — La floriculture au x1x° siecle : les fondateurs. — Objets de la floriculture ; plantes cultivées, leur origine, les inventeurs. — Les explorateurs belges. — L’art de l’horti- culture. — Statistique de la floriculture en Belgique : sa répartition dans les neuf provinces. — L’horticulture gantoise. — Importance du commerce hor- ticole. — Organisation de l’horticulture en Belgique. — Les amateurs. — Les sociétés d’horticulture. — Leur fédération. — Les conférences. — Les écoles d’horticulture. — La presse périodique. — Le roi Léopold II, la Reine, le palais de Laeken. La culture des fleurs est depuis longtemps populaire en Belgi- que : elle y constitue aussi une industrie importante et fournit la matière d’un commerce étendu. Ce penchant naturel des Belges pour lembellissement des jardins semble tirer son origine dans le sentiment esthétique des formes et des couleurs, qui, ne trouvant pas une satisfaction complète dans la végétation (1) Cette notice a été écrite en 1889, pour le catalogue horticole de l'Exposi- tion nationale qui en à donné aussi une version flamande. Elle a été reproduite dans plusieurs journaux et traduite à Vienne dans le Wiener Illustrirte Garten Zeitung (1881, p. 68). Nous en donnons ivi une deuxième édition différente de la première par quelques annotations que nous y avons intercallées. PAGE rurale relativement pauvre et monotone, les a portes à recher- cher et à conserver soigneusement les plus belles plantes des flores étrangères. La diversité de nos saisons, la variabilité et la fraîcheur de notre climat ont favorisé, en l’excitant, ce goût populaire : dans le cours d’une année, nous traversons des périodes presque sibériennes et nous subissons des chaleurs tropicales; avec des serres et par des soins judicieux on par- vient à tenir un juste milieu, à éviter Les extrêmes et surtout à augmenter le degré d'humidité naturel de l'atmosphère, humi- dité qui est, en général, aussi indispensable que l'augmentation de la chaleur. La fertilité du sol, le voisinage de la mer et le caractère national ont aussi aidé au développement de la flori- culture en Belgique. On pourrait, dans l’histoire des jardins et de la botanique horticole, remonter aux villas romaines dont les vestiges ont éte retrouvés, aux capitulaires de Charlemagne qui prescrivaient certaines cultures, aux croisades qui nous ont fourni quelques fleurs orientales, telles que la Rose Trémière et la Croix de Jérusalem et surtout aux jardins des manoirs féodaux et des monastères du moyen âge qui, dans leur style gothique, ne sont pas sans quelque ressemblance avec les parterres géométriques et maniérés de la mosaïculture moderne. Il nous suffira d’invo- quer le souvenir de la Renaissance qui fut, surtout dans la première moitié du XVI° siècle, une période de prospérité et de splendeur pour la floriculture dans les Pays-Bas : ce fut l’époque de Dodonée, de Lobel et de l’Escluse, dont les immortels ouvrages fournissent à chaque page des témoignages irrécusables de la variété des cultures dans les jardins des Pays-Bas. Cette richesse horticole est encore attestée dans les écrits de maints savants étrangers. Pendant le siècle de Charles-Quint et de Dep EE J François 1°, la flore horticole s’enrichit de plusieurs plantes d'Afrique, par exemple du Tagetes ou fleur de Tunis, de diverses plantes d'Orient, comme le Lilas et la Tulipe; mais la découverte du Nouveau-Monde fut surtout le signal d’une rénovation com- plète. Sans entrer dans le détail des faits, nous pouvons au moins, pour fixer un peu les idées, nommer parmi les plus hautes personnifications de la floriculture belge, au XVI® siecle, l’évé- que Triest à Gand, le conseiller d'État Gérard van Veltwyck à Bruxelles, Juste-Lipse à Louvain, le chanoine de Langhe à Liège, et surtout le pharmacien Caudenberg à Anvers, auquel ses concitoyens ont récemment élevé une statue, à peu près sur l'emplacement où a dû se trouver le jardin dans lequel :ïl avait réuni, vers 1550, plus de 300 végétaux exotiques. Une pareille collection, dont on a d'ailleurs l'inventaire scientifique, suppose la construction de serres, sinon aussi perfectionnées que les nôtres, au moins suffisantes pour abriter du froid, dans de bonnes conditions d'entretien, toutes sortes de plantes incapables de résister aux rigueurs de nos hivers, comme les Palmiers nains, les Euphorbes charnues, le Dragonnier, les Passiflores, etc. L'invention des serres que les uns attribuent à Guillaume de Blasere, échevin de Gand, d’autres à Albert le Grand, ne saurait d’ailleurs, nous paraît-il, être le fait d’un seul homme, mais a dû s'imposer en quelque sorte par la force des choses, à l'esprit industrieux de tous les amateurs de culture. Dès la fin du XVI: siècle, la guerre et les troubles politiques vinrent arrêter l’heureux essor des délassements pacifiques et amenèrent une véritable décadence de cette éphémère prospée- rite. Nous voulons seulement signaler au XVIII: siècle l’intro- duction en Belgique de beaucoup d’arbres etd’arbustes étrangers, principalement de l'Amérique du Nord, ce qui amena la création SEVRES) da de quelques grands parcs et jardins dans le style français : le baron Dolmen de Poederlé est la meilleure personnification de cette époque. Depuis le commencement du XIX: siecle, la floriculture est sortie de ce long engourdissement et à repris un essor extra- ordinaire en Belgique. Considérée comme industrie et commerce, elle à pris naissance à Gand, au commencement de ce siècle, et son développement à été puisamment favorisé sous le gouverne- ment des Pays-Bas, grâce aux colonies et à l'esprit d'entreprise qui s’est manifesté alors. Mais c’est surtout depuis la fondation de notre nationalité que les progrès ont été rapides et étendus. Le Gouvernement à protégé et encouragé les debuts de cette industrie et l’on sait que notre premier roi était un amateur zélé et très distingué d’horticulture. La ville de Gand peut être considérée comme le berceau de l’horticulture commerciale, dont les créateurs les plus connus sont les De Saegher, les Donkelaar, les Spae et surtout les Van Geert, les Verschaffelt et les Van Houtte; ce sont eux qui ont fondé les plus vastes établisse- ments, Louis Van Houtte surtout, le plus fecond et le plus entreprenant de tous, celui qui a porté le plus loin la renommée de l’horticulture gantoise et auquel ses concitoyens et ses confrères ont récemment élevé un monument commémoratif. M. J. Linden, qui est venu plus récemment, occupe une des premières places parmi les notabilités de la botanique gantoise. A Liége, c’est Lambert Jacob-Makoy qui fut le véritable fonda- teur de la floriculture : 1l fut, avec De Jonghe de Bruxelles, l’un des premiers et des plus ardents importateurs de plantes nouvelles en Belgique. On peut évaluer à 30,000 le nombre des différentes espèces végétales qui sont actuellement cultivées et multipliées pour Te la culture d'agrément, en prenant ce mot d’espece dans son acception scientifique; ce nombre s'élève au moins à 40,000 si l’on fait entrer en ligne de compte toutes les variétés différentes et bien caractérisées qui sont issues de certaines espèces, comme par exemple du Caladium bicolor, du Begonia Rex, du Camellia japonica, de la Rosa gallica, etc. etc. Ces plantes sont réellement l’élite du règne végétal; la culture est ici le prix de la grâce et de la distinction; elles sont choisies parmi les plus belles et les plus ornementales de la flore du monde entier; la plupart proviennent de contrées plus méri- dionales que la nôtre. Sous le rapport de l’origine première, les progrès de la botanique horticole ont suivi de près les dévelop- pements de la géographie et du commerce général. Les premières fleurs cultivées en Belgique, indépendamment de celles, d’ail- leurs fort peu nombreuses, qui peuvent être fournies par la flore rurale, sont venues du midi de la France, de l'Italie, de l'Espagne, de l'Orient, et, en général, du bassin de la Médi- terrannée ; puis sont arrivés, petit à petit, à mesure de l’exten- sion du commerce et de la marine, quelques végétaux de la Syrie, de la Perse, des Indes, de la Chine et du Japon; plus tard nos jardins se sont enrichis des tributs prélevés sur la flore des Indes occidentales, du Mexique, du Pérou et de l'Amérique du Nord, et enfin du cap de Bonne-Espérance ; en même temps les apports de l’Asie sont devenus plus nombreux. On doit assigner une introduction plus récente aux plantes ornementales de l'Australie et de la Nouvelle-Hollande, enfin à celles du Brésil, du Chili, de la Colombie et, en général, de toute l'Amérique du Sud. Le mouvement d'importation des végétaux nouvellement découverts et qui viennent alimenter et renouveler le fond de l’industrie et du commerce horticoles, loin de se ralentir à notre époque, 10 s'étend et se développe avec une ardeur presque fiévreuse sur toute la surface du globe. On peut observer qu’actuellement s’est de la Colombie et du Brésil que nous viennent les plantes les plus recherchées, parmi lesquelles il en est, même en grand nombre, qui valent littéralement leur poids d’or. On peut s’en assurer en suivant les cours que ces plantes atteignent aux ventes publiques qui ont lieu à Londres, plusieurs fois chaque semaine. Au contraire, le vaste et sombre continent africain, qui est parcouru et fouillé par tant d’explorations dont les résultats sont intéressants et instructifs à maints égards, fournit peu de choses nouvelles à l’horticulture, tant sa végétation parfois luxuriante, souvent épineuse et inextricable, est uniforme dans toute la région centrale, bien différente en cela de la flore du cap de Bonne-Espérance qui est, au contraire, la plus variée du monde entier. Les végétaux exotiques, même ceux des contrées les plus chaudes du globe, principalement ceux de l’extrême Orient et de l'Amérique centrale, sont cultivés avec succès en Belgique, grâce à l’abri et aux soins qu’ils reçoivent dans les serres; mais il n’en est pas de même des végétaux alpins et arctiques, dont on ne parvient qu'à grand’peine chez nous à maintenir quelques spécimens vivants. Notre pays a pris pendant la dernière période semi-séculaire une certaine part aux explorations botaniques qui ont enrichi le domaine de l’horticulture. H. Galeotti de 1835 à 1840, Ver- heyen en 1843 et 1844, M. Tonel et plus récemment, en 1869 et en 1870, Omer de Malzine ont herborise au Mexique, d’où ils ont fait parvenir en Belgique des végétaux remarquables jusqu’alors inconnus. En 1837, commencerent les voyages scientifiques de MM.J. Linden, N. Funck, Ghiesbreght et Schlim, qui s’étendirent au Brésil, au Mexique et à la Colombie. UNE M. J. Libon, de Verviers, alla à plusieurs reprises en 1842, 1845 et 1859 récolterdes plantes ornementales et inconnues au Brésil, où 1l mourut victime de son zèle pour la botanique, le2 août 1861. Ces voyages furent très fructueux : par les résultats obtenus et aussi par leur retentissement, ils ont été un des grands éléments de force et de renommée de notre horticulture ornementale, mais 1l y à trop longtemps que rien de semblable n’a plus été entrepris ; 11 conviendrait, semble-t-il, de ne pas perdre entière- ment les traditions des premières années de l'indépendance nationale ; alors la Belgique s’intéressait résolument à l’entreprise des grands voyages scientifiques. Il nous faut reconnaître, toute- fois, que le mouvement d'introduction directe de plantes nouvelles ne s’est pas ralenti pendant les dernières années, grâce aux rela- tions établies avec des correspondants qui habitent aux colonies, comme on disait jadis pour désigner tous les pays d'outre-mer, grace surtout à des explorations privées entreprises pour le compte et sur les instructions particulières de certains établisse- ments. L’Angleterre, par ses colonies et sa marine, par son esprit d'initiative et sa résolution, par ses immenses richesses et son esprit pratique, est à la tête des nations dans cette recherche incessante des nouvelles plantes ornementales, mais on peut observer en passant que, depuis plusieurs années, ce sont, en général, des Allemands qui s’employent à ce genre de recherches avec le plus d’opiniatreté et de succès. Les forêts de la Colombie et du Vénézuéla sont littéralement dépouillées de leurs plus beaux ornements. Une fois en possession des plantes qui fournissent la matière première de son industrie, l’horticulteur les entoure des condi- tions les plus favorables à leur développement ; ii leur prodigue, grâce à son instruction scientifique et à son expérience, les soin | en nécessaires à leur culture, leur multiplication et leur repro- duction. C’est sur ce travail technique qu'est fondée l’industrie horticole, source d’un commerce qui n’est pas sans valeur. Mais il y a plus encore, les végétaux assouplis par la culture, trans- portés de leur pays d’origine dans un nouveau milieu, réellement domestiqués comme les animaux que l’homme a soumis à son joug, ces végétaux ne tardent pas à modifier leur allure, à changer de caractere : ils produisent des variétés nouvelles, des races inconnues dans la nature libre. L’horticulteur surveille cette évolution et sait la diriger dans le sens esthétique, c’est-à- dire dans le sens d’une amélioration de la couleur, de l’ampli- tude et, en général, de tous les signes de la beauté ; la philogénie des plantes cultivées est un vaste sujet d’études pour le natura- liste. Elles-mêmes ont un caractère artistique qu’on ne saurait méconnaître. Par ce deuxième côté, l’horticulture ornementale côtoie au moins le terrain réservé aux beaux-arts : elle produit, elle crée ou au moins elle voit se produire entre ses mains du beau et du neuf qui plait aux yeux et les charme : le jardinier sent vibrer en lui la fibre artistique et c’est là pourquoi les Belges excellent dans le jardinage. D'après les renseignements statistiques que nous avons pu con- sulter, il y aurait en Belgique environ 1,200 horticulteurs, pépiniéristes, marchands grainetiers, architectes de jardins, dont la profession se rattache au jardinage ; mais à ne considérer que la floriculture, la seule branche de la culture que nous ayons à traiter dans cette notice, nous n’avons à tenir compte que des horticulteurs proprement dits, dont nous évaluons le nombre à 400, en négligeant bien entendu les modestes fleuristes. qui cultivent et offrent en vente quelques fleurs de marché. Nous estimons qu'en Belgique une quarantaine de ces horticulteurs are publient des catalogues imprimés et nous déduisons de cette publication que ceux-là au moins font le commerce d'exportation. La répartition des horticulteurs entre les chefs-lieux des neuf provinces est caractéristique : elle met en relief, nous paraît-il, l'importance relative de cette industrie dans les diverses régions du pays. Voici cette répartition : PSMOLS RE 0 M TOM horticulteurs. ÉODR e 0n Lar 0 » BRUNO ere Lie 92 » Puxelless Mere ni cu O4 » (Hal NE ANR Et » FRS » ÉÉno PAen, 40 » Monsté:-Tournar 100.71 718 » Hanatie A ee » Ensembles 2 ie ulteurs. Il ressort de ces chiffres que dans la province de Luxembourg, sous le rude climat des Ardennes, la floriculture commerciale est tout à fait nulle : chacun dans ce pays de bois, de pâturages et de bruyères produit lui-même les quelques fleurs dont il veut bien embellir son jardin ou égayer sa demeure. Il y a sans doute quelques serres dans le Luxembourg, mais nous n’y connaissons aucune collection de végétaux exotiques. Dans le Limbourg, la situation est encore fort précaire, mais elle est meilleure en ce qui concerne les amateurs. On y rencontre quelques jolies serres, principalement à Hasselt, de beaux parcs, mais surtout d’intéres- santes collections de plantes de pleine terre. À Namur, la flori- culture commerciale suffit aux besoins locaux : on trouve au moins à y acheter des plantes fleuries ou ornementales bien LE RME cultivées et de variété choisie, mais cette ville peut se prévaloir de certaines collections particulières de première importance : il en est de même de la province où se trouvent des parcs admi- rablement plantés et cultivés avec le meilleur soin. Il convient d'ajouter que dans ces trois provinces de Luxembourg, de Lim- bourg et de Namur il existe bon nombre de pépinières pour les | arbres forestiers, les arbustes d'ornement et les arbres fruitiers. De même dans le Hainaut, qui est plus industriel, plus actif et qui, à juste titre, se prévaut de ses jolies roses et de ses bons fruits et s’enorgueillit de ses parcs princiers et autres : on peut y voir d’admirables collections botaniques, surtout à Mons et aux envi- rons, mais il n’est pas à notre connaissance que les horticulteurs de cette province étendent beaucoup leurs relations au dehors. La province d'Anvers est plus favorisée : elle avait naguère la spécialité des Dahlias, quand cette fleur était en possession de la faveur publique ; maintenant elle produit en quantité considé- rable et elle exporte des arbres et arbustes d'ornement et spécialement des Conifères. Anvers et sa banlieue comptent des amateurs d'élite et quelques collections qui jouissent d’une réputation universelle. À Bruges et en général dans la Flandre occidentale, la floriculture est répandue ; cette ville est appréciée à l'étranger pour les plantes ornementales d’un tempérament robuste, telles que les Lauriers, les Phormium, les Palmiers de serre froide, qu’elle produit à profusion et qu’elle exporte en grandes quantités. Bruxelles fait une notable consommation de fleurs; le marché de la Grand’place, les galeries du marché de la Madeleine et les étalages des fleuristes sont en toute saison bien fournis de fleurs coupées en floraison naturelle ou forcée, de bouquets et de plantes d'appartement, qui sont en bonne partie les produits des horticulteurs établis autour de la capitale. sn Te Les meilleurs ont la spécialité des raisins forcés, des ananas et des fraises qu’ils savent faire müûrir en toute saison. A Liége, l’horticulture commerciale tient une place distinguée et soutient plusieurs établissements de premier rang ; sans doute on a eu tort de négliger la culture des modestes Auricules liégeoises et des Œillets de Verviers, mais ces vieilles fleurs, comme disent dédaigneusement les jeunes amateurs, ont dû céder la place aux plantes ornementales venues à Liége de toutes les contrées du globe. Les Orchidées y sont actuellement fort en honneur, ainsi que les plantes nouvelles, les Broméliacées, les Palmiers et une foule d’autres. Enfin, c’est à Gand surtout et dans plusieurs localités de la Flandre orientale que la floriculture s’est étendue et développée plus que partout ailleurs en Europe : la qualité du terrain et la nature des eaux favorisent, dans ce séjour privilégie de Flore, le développement de certaines plantes délicates. Tout ce qui est cultivable se trouve à Gand, où l’on peut s’approvisionner de Caféiers pour le Brésil, de Quinquinas pour les Indes, et surtout de plantes au feuillage élégant ou distingué. On peut affirmer qu'il n’y a pas une ville au monde qui offre au botaniste et à l'amateur de plantes un choix plus varié et plus exquis. Il nous semble intéressant d’énumérer rapidement les principaux groupes naturels pour lesquels il existe dans les établissements de Gand des serres qui leur sont spécialement affectées et qui constituent par conséquent aujourd'hui le fond principal des cultures de luxe. Fougères herbacees et Sélaginelles ; Fougères arborescentes : Fougères transparentes ou Hyménophylles. Cycadées; Conifères exotiques, tels que Araucaria, Dam- mara, etc. Palmiers des régions tempérées; Palmiers des PA contrées tropicales; Cyclanthées, Pandanées, Scitaminées, Bananiers, Dracwna et Cordyline, Aroïdées en général et spécialement les Caladium et les Anthurium; Marantacées, Broméliacées et séparément les Ananas; les Amaryllis, les Jacinthes, les Glaïeuls surtout et diverses plantes bulbeuses, tubéreuses ou charnues, telles que les Agaves; les Orchidées andines, mexicaines et indiennes. En fait de Dicotylédones qui sont, en général, un peu éclipsées par les Monocotylédones, bien que les botanistes prétendent reléguer celles-ci au deuxième rang de la hiérarchie naturelle, on trouve des serres pleines de Crotons, de Bégonias, de Cactées, de Gesnéracées, de Pélargoniums, d'Epacridées et d’Ericacées, de Fuchsias, mais ce qu’on trouve vraiment à profusion ce sont les Azalees, les Rhododendrons et les Camellia. D’autres serres sont affectées aux végétaux du Cap et de l'Australie, aux plantes molles, telles que les Coleus, les Hélio- tropes, etc., aux plantes ornementales ou à feuillage bigarré, aux plantes utiles ou officinales et aux arbres fruitiers des tropi- ques, etc., etc., sans compter les orangeries, les serres à multi- plication et les serres à forcer. Ces cultures variées sont réparties entre les divers établisse- ments de Gand et encore conviendrait-il d'ajouter l’énumération des cultures spéciales de la pleine terre, mais, ce qui est digne de remarque, c’est que certaines cultures, au moins celles de l’Azalée et du Camellia, sont tellement populaires que bon nombre de petits bourgeois ou de cultivateurs ruraux, voire même de riches propriétaires, s’y adonnent comme des horticulteurs de profession et trouvent d’ailleurs à écouler leurs produits précisément par l'entremise de ces derniers. Dans une discussion récente à la Chambre des représentants, EE 7 ess qui interessait vivement le sort de l’industrie horticole et provo- quée par une convention internationale contre l’envahissement du Phylloxera, un honorable représentant de Gand, M. Wille- quet, évaluait à sept millions de francs la valeur des plantes exportees annuellement par l’horticulture gantoise et il portait à 3,000 le nombre des ouvriers occupés par cette industrie. Ce commerce d'exportation s'étend sur le monde entier, jusqu’en Australie, dont les jardins botaniques coloniaux sont si bien dotés et dirigés qu’on voit figurer dans leurs catalogues, l’année même de leur apparition ou peu de temps après, les plantes nouvelles que nous avons décrites et figurées en Belgique, les plantes belges, comme on les appelle alors, par suite du baptême scientifique et cultural qu’elles ont recu chez nous. Les princi- paux débouchés de notre floriculture nationale sont la Russie, l'Allemagne, la France et les États-Unis d'Amérique. En Belgique même, la production horticole est d’ailleurs sou- tenue et encouragée par la population, par certaines associations et par les pouvoirs publics. Le goût des fleurs est généralement répandu ; on cultive des plantes dans les appartements et l’on offre des fleurs à ses parents à l’occasion de leur fête. La saint Joseph, la sainte Marie et d’autres sont l’occasion de grandes ventes pour nos fleuristes. De pieuses coutumes, telles que celle du mois de Marie, continuent les traditions des anciennes con- fréries de S'° Dorothée. Il existe aussi chez nous un assez grand nombre d'amateurs éclairés de botanique horticole qui se plaisent à collectionner les végetaux de leur prédilection. Ils rivalisent avec les horticulteurs de profession, ils sont à la tête du mouve- ment horticole et ils sont, en général, les promoteurs des Societes d’horticulture. Celles-ci sont organisées dans presque toutes les localités d’une certaine importance, sauf peut-être dans 2 ue PAU le Luxembourg, où nous n’en connaissons pas. On en peut compter au moins 85 qui organisent annuellement des exposi- tions publiques et des concours auxquels elles affectent des prix plus ou moins considérables, dont l’ensemble peut être évalué, avec les subsides officiels, à cent mille francs par année. Quelques-unes de ces expositions ont une importance exception- nelle et attirent beaucoup d'étrangers : ce sont notamment les expositions quinquennales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand. Un certain nombre de nos Sociétés d’hor- ticulture publient des bulletins périodiques destinés à répandre les connaissances utiles et les bonnes pratiques. Toutes sont d’ailleurs unies en une fédération, la Fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique, spécialement chargée de publier les résultats de leur activité et les documents qui les intéressent toutes. Le Bulletin de la Fédération est libéralement distribué dans le pays et à l’étranger. Les Sociétés locales et la Fédéra- tion sont soutenues par le Gouvernement, qui intervient dans les grandes Expositions, qui a institué sur toute la surface du royaume des conférences publiques et gratuites sur diverses branches de la culture des jardins et enfin qui a établi à Gand et à Vilvorde des écoles supérieures d’horticulture, spécialement destinées à former des horticulteurs instruits et capables. Les jardins botaniques établis auprès des Universités de Gand, de Liége et de Louvain, de même que le Jardin Botanique de l'État à Bruxelles, contribuent aussi au développement des études botaniques et horticoles. Plusieurs revues importantes de botanique horticole ornées de gravures et de planches coloriées reflètent cette heureuse acti- vité et répandent au loin la connaissance des plantes les plus intéressantes de nos jardins et des procédés nécessaires pour les RP pO ee cultiver ; ces revues élèvent d’ailleurs notre floriculture nationale au niveau de la science botanique. Nous sommes fier de mentionner ici, comme le couronnement de tout l’édifice de notre horticulture belge, la haute sollicitude de nos Augustes Souverains; la plus aimable des Reines qui se plait à Laeken dans sa collection de Roses, la plus complete et la mieux établie qui soit en Belgique, et le plus patriote de tous les souverains, qui à fait construire auprès de son palais d’été un vaste et majestueux jardin d'hiver qui abrite déjà une splendide réunion de Palmiers, de Cycadées, de Fougères et d’autres végétaux exotiques. Heureuse est la nation dont le peuple et les souverains s'adon- nent pendant un demi siecle à la culture des fleurs! EpouArRD MOoRREN. Le Z = un me Œ A. sa es pe: mn PA < . e œ æ (ep) hort. La Belg. 1882, pl. I. LA BELGIQUE HORTICOLE. 1382. NOTE SUR LE STROMANTHE LUBBERSIANA PHRYNIUM LUBBERSI Horr. MAK. FAMILLE DES CANNACÉES Planche I. Stromanthe, SonpER in OTro, V. Allg. deu'sche Gartenz., V. H. 5, p. 225. — Bot. Zeit., 1850, p. 648. — Wap. Ann. bot., IL, 1853, p. 605. — ARTH. GRIS, Ann. sc. nat., 1858, IX, 185. Char. emend. Phrynium Lubbersi, HorT. Makoy. — Bull. Soc. roy. d'hort. de Liége, 1881, t. V, no 2, p. 21, MM. Jacob-Makoy ont, l'année dernière, mis en culture et présenté aux expositions florales une jolie plante qu'ils avaient recue du Brésil, encore inconnue, très ornementale, de la famille des Cannacées et pour laquelle ils ont proposé le nom de Phrynium Lubbersi. C’a été une heureuse inspiration que de dédier cette charmante introduction à M. Louis Lubbers, chef de culture du Jardin botanique de Bruxelles, l’un des plus experts, des plus sympathiques et aussi des plus modestes parmi les représentants actuels de l’horticulture en Belgique. Le Phrynium Lubbersi de MM. Jacob-Makoy a été fort remarqué et favorablement apprécié comme plante ornementale nouvelle. Il se distingue surtout par son feuillage relativement léger, d’un vert tendre et panaché de jaune. Nous en avons fait peindre le portrait que nous publions ici en le restreignant aux dimensions du cadre et nous en avons écrit la description suivante : DESCRIPTION. — La plante forme une touffe de peu de hauteur (0"30-40 au- dessus du sol). Le rhizôme souterrain émet des tiges dressées, peu élevées au- dessus du sol (0202-0x14), cylindriques, un peu comprimées, lisses ; à chaque MD DT nœud, se trouvent 7 à 8 feuilles de taille et même de proportions différentes. Les gaines des feuilles longues de 010-15 sont dressées et remarquables par leur glabrescence : elles se prolongent en un pétiole dressé, grêle, ferme, lisse, qui peut mesurer jusque 0w04 ou 005, mais qui est fort court (0m01) et manque même à certaines feuilles. L’épaississement cylindrique et excitable ou séruma qui ter- mine ce pétiole est coudé horizontalement et parfois aussi latéralement, long de : Om0]1 environ, vert, lisse sauf à la face supérieure qui est légèrement veloutée. La lame des feuilles est peu épaisse mais ferme, étalée pendant le jouret, quand elle est bien développée, en forme de lanière assez allongée (jusque 020), large (007), irrégulièrement cunéiforme à la base, brusquement arrondie et appoin- tie au sommet qui est manifestement inéquilatère, étant échancré d’un côté et lancéolé de l’autre. Les feuilles inférieures ont la lame beaucoup plus courte (008), sans être proportionnellement plus étroite (005). Toutes les feuilles sont absolument lisses, grisâtres à la face inférieure, tandis que leur face supérieure est élégamment marbrée de jaune, de vert pâle et de vert foncé répartis en taches et en bandes irrégulières mais disposées dans le sens des nervures secondaires. La plante n’a pas encore fleuri depuis qu'elle est cultivée en Belgique. En l’absence de fleurs, il est difficile de se prononcer sur la déter- mination botanique d’une plante et, dans la famille des Cannacées, cette difficulté s’augmente de l'incertitude des genres. Sous ces réserves nous croyons cependant pouvoir émettre l'avis que la plante qui nous occupe devra être classée dans le genre Siromanthe. Ce genre, fondé par Sonder, en 1849, est représenté dans nos serres par un petit nombre d'espèces, toutes d’origine brésilienne et de fort belle apparence. Ce sont, à notre connaissance, les espèces suivantes : Stromanthe sanguinea Sonper, Æamb. Garlen and Blum. Zeit., 1849, 225,connu des horticulteurs sous le nom de Maranta san- guinea, décrit et figuré sous le nom de PArynium sanguineum dans le Botanical Magazine (pl. 4646), de Thalia sanguinea dans le Jardin fleuriste de Ch. Lemaire (1852, III, pl. 268 et misc., p. 145) et enfin sous le nom actuel dans la Flore des Serres, VIII, 1852-53, p. 97, pl. 785. Cette belle plante a été envoyée par Libon, du Brésil, à De Jonghe, de Bruxelles : elle est le type du genre dont Arthur Gris a complété et rectifié la caractéristique en observant un fruit déve- loppé au Muséum de Paris en 1859 (Bull. Soc. bot. de France, 1859, p. 262, 408). DENT NE Stromanthe spectabilis Cu. LeMAIRE, dans le Jardin fleuriste, IV, 1853, misc., p. 63 et planche 401. — Envoyé du Brésil à M. De Jonghe, de Bruxelles, par Libon. La panicule des fleurs est compliquée et délicate : les feuilles sont concolores. Stromanthe Porteana ArTx. Gris (Ann. sc. nat., 1858, IX, 185, pl. 6). — Rapporté de Bahia, par le D' Porte, au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Stromanthe setosa Gris (Bull. Soc. bot. Fr., 1859, p.348). Arthur Gris, enlevé prématurément à la science, a intercallé dans le genre Stromanthe l’ancien PXrynium setosum de Roscoe. Stromanthe amabilis Morr. (Belg. hort., 1875, p. 271, pl. 15-17, fig. 2). — Enfin nous avons aussi attribué à ce même genre, en 1875, une très jolie Cannacée que MM. Jacob -Makoy avaient recue du Brésil et nous l'avons fait figurer dans ce recueil sous le nom de S'fromanthe amabilis. C'est à ce Stromanthe amabilis que notre plante actuelle ressemble le plus intimement et il ne nous étonnerait pas qu’elle en soit une variété à feuillage panaché : S'éromanthe amabilis var. ZLubbersiana. Il con- vient d'attendre la floraison pour se prononcer. La plante est de culture facile en serre tempérée et humide : elle n’aime pas les rayons directs du soleil. REVUE CRITIQUE DES PLANTES NOUVELLES DE 1881 PAR T. Moore. (Traduit du Gardeners’ Chronicle, janvier 1882, p. 9, 43 et 75.) L'année 1881, avant de disparaître sous la faux du Grand Moisson- neur, nous a dotés de maintes plantes décoratives, de maintes fleurs élégantes : nous allons tâcher, pendant que nos souvenirs sont encore vivaces, de grouper dans une courte appréciation les plus remarquabies d’entre elles, pour le plus grand profit de nos lecteurs et des cultiva- teurs à venir. Nous commencerons par les princes du règne végétal, les majestueux Palmiers. op PALMIERS. Une des plus jolies nouveautés de ce groupe ornemental est le Kentiopsis divaricata de la Nouvelle-Calédonie, à frondes pennées, à larges folioles alternes ; les feuilles, pendant leur développement, revêtent une teinte rouge-brunâtre extrêmement riche, qui fait du sujet, à cette période de son existence, une plante vraiment décora- tive. Le Pinanga patula est un autre palmier à frondes pennées origi- naire de Sumatra; son stipe est grêle, élancé, haut à peine de 1750 à 1780 ; ses feuilles sont longues de 1"20 à 1"50, ses folioles assez larges. Le Synechanthus fibrosus de Guatemala est aussi une espèce naine, toute gracieuse; son tronc, haut de 120, porte une couronne de feuilles pennées dont les folioles linéaires-lancéolées ont de 30 à 50 centim. de long, des drupes rouge-orangé succèdent à ses fleurs peu apparentes. Le Ravenea Hildebrandti, de l'Ile S! Jean, atteint 3 à 4 m. de hauteur; ses feuilles pennées sont formées de nombreuses folioles étroites lancéolées. Le Nunnezharia lenella nous présente le plus minuscule des palmiers connus : la plante entière, en fruits, ne mesure pas plus de 23 centim.; ses frondes nerveuses, oblongues- obovées, sont bifides à l’extrémité, et ses fleurs jaunes sont disposées en longs épis pendants presque aussi grands que la plante même. L'élégant Prichardia grandis, qui a si brillamment figuré dans la collection primée de M. Bull, a été désigné par M. Wendland sous le nom de ZLicuala grandis. FOUGÈRES. D'importantes additions ont été faites à ce groupe si populaire, tant en espèces importées qu’en variétés horticoles. Le Sagenia Laivrenceana est une espèce de Madagascar semblable à un Aspidium, remarquable par son allure fière et élancée, ses vastes frondes bipinnatifides, son . stipe luisant et ses sores proéminents. Le Pleopeltis Xiphias, des îles méridionales du Pacifique, est une fougère apparente parmi les espèces à frondes simples; ses feuilles sont obovées, terminées par une pointe étroite (cuspidées) et rappelant ainsi par leurs contours le profil d'un espadon, d’où le nom de la plante ; le dos de la fronde est MANS ue couvert de sores saillants. Le Zastrea Richardsi multifida, de la Poly- nésie, est une fougère élégamment découpée et extrêmement semblable à l’Aspidium obliqualum Germinyi tel que l'ont figuré les revues du Continent. Les Asplenium Baplistit et apicidens sont de bonnes acquisitions empruntées aux iles de la mer du Sud. Le premier est plus grand; il a des frondes persistantes, coriaces, longues de 50 centim., bipennées, à segments peu nombreux, étroits, subdivisés en pinnules à dents linéaires. Le second est une fougère pennée, haute de 30 centim., semblable à l'A. Vieulardi (Schizodon), dont il se distingue par l’arrangement des veines et des sores. Le Davallia fijiensis plumosa est peut-être une des plus élégantes fougères connues. La forme type est vigoureuse et porte des frondes de grandes dimensions élégamment découpées ; mais la variété — une de celles probablement que produit la plante à l’état sauvage — doit à son feuillage plumeux finement déchiqueté et gracieusement penché un facies on ne peut plus attrayant. Une autre acquisition remarquable est le Gymnogramma schizophylla, espèce vivace de la Jamaïque, à frondes oblongues, tripinnatifides, finement découpées, fourchues et prolifères à la partie supérieure, admirablement adaptée à la culture en corbeille. Aux espèces rustiques appartiennent le Polypodium Krameri, à frondes nettes et luisantes, analogue à notre P. phegopteris ; le Laslrea (et non Lastraea, comme nombre de personnes s’obstinent à l'écrire) Haximo- sviceii, analogue au Zastrea dilatata; et le Polystichum triplerum, étrange fougère au port élégant dont les feuilles persistantes portent à leur base deux segments plus développés : tous trois d’origine japonaise. Parmi les variétés horticoles, il en est quelques-unes de nouvelles qui constituent de vraies acquisitions. Citons entre autres le Davallia elegans polydactyla, obtenu par M. Schneider dans les serres de MM. Veitch et fils; cette variété, comme le type, est uue plante à frondes persistantes, vertes, luisantes, de texture coriace, divisées au sommet et au bout de chaque segment en lobes multifides ou mul- tidigités. L'Adiantum cuneatum grandiceps est une variété élégam- ment découpée du populaire A. cuneatum. L'Adiantum Lathomi est une forme ornementale — hybride ou variété — obtenue par M. Bause pour la Compagnie générale d'horticulture; il se rapproche beaucoup de l'Adiantum Ghiesbreghlii, mais son allure est plus penchée; il est ob ie destiné sans doute à occuper, parmi les Capillaires décoratifs robustes, Ja même place que l’A. cunealum parmi ses congénères de structure moins vigoureuse. ORCHIDÉES. Cette famille fournit aux horticulteurs un immense choix de maté- riaux. Les types gracieux ou grotesques qu’elle renferme ne semblent rien avoir perdu de leur popularité, loin de là : à en juger par les notices parues dans nos propres journaux et dans les publications étrangères, ainsi que dans les revues spécialement consacrées à ces étranges sujets du règne de Flore, on croirait que la faveur dont ils jouissent ne fait que grandir. Parmi les nouveautés de l'année, la première mention revient sans contredit au Phalaenopsis Sluartiana (Gardeners’ Chronicle, XVI, 753, pl. 149). C’est une espèce splendide, dont le feuillage jaune et tâcheté de gris argenté et dont les immenses panicules sont garnies de gracieuses fleurs blanches, avec des macules cramoisi sur fond jaune sur la moitié inférieure des sépales et le lobe central du labelle, tandis que l'extrémité des lobes latéraux est d’un blanc pur : ce qui donne à la plante un facies vraiment particulier. Le Phaius tuberculosus (Gardeners’ Chronicle, XV, 341, pl. 67) est une plante apparente dont les fleurs rappellent quelque peu celles de l'Alpinia nutans ; il a des feuilles plissées et des grappes dressées de grandes fleurs blanches élégantes, dont le labelle présente deux lobes Jatéraux grands, jaunes, maculés de brun pourpre, tandis que le lobe médian porte des crêtes jaunes saillantes et est teinté de mauve ou de rose sur les bords ; la plante est originaire de Madagascar. Le groupe des Aërides s'est accru de l'A. Zeeanum à grappes compactes et pen- dantes de fleurs fragrantes, couleur améthyste ; aux Saccolabium est venu s'ajouter le $. Graefii, jolie espèce des îles Fiji portant des épis de fleurs d’un pourpre sombre. L'Odontoglossum Marriottianum, avec ses panicules de grandes fleurs blanches dont les sépales et les pétales sont maculés d’innom- brab'es petites tâches pourpres et dont le labe:le porte un disque jaune est une jolie plante des États-Unis de Colombie, provenant peut-être d’un croisement naturel entre les O. Halli et crispum. L'Odontoglossum excellens est une autre plante décorative, ressem- D 0)7 EE blant à un Pescatorea jaune, dont les sépales sont jaunes et bruns avec une zône centrale b'anche, les pétales blancs bordés de jaune, le labelle blanc avec des crêtes jaunes et des macules pourpres. L’Odon- toglossum W'illiamsianum est tout différent ; il n’a pas mal l’allure de l'O. grande, mais ses pétales sont p'us larges : c’est en somme une bonne acquisition. Maintes autres Odontoglosses sont venues s'ajouter à la liste des nouveautés de ces dernières années, mais il ne nous reste plus guère de place que pour mentionner l'O. Rossi rubescens, une forme géante d’une exquise beauté, à fleurs plus grandes que celles du Xossi majus, dont le fond est légèrement teinté de rose avec des marbrures pourpre intense passant au brun-marron. Le Calanthe bella est un élégant hybride obteru par M. Veitch du croisement des ©. Veüitchi et Turneri; ses fleurs sont d’un rose lilas pâle avec une zône carmin intense; un autre hybride remarquable du même genre est le Calanthe Sandhurstiana dont les fleurs ressemblent à celles du C. Weilchi, mais présentent une tache oculiforme à la base du labelle. Tout différent d'aspect est le 7richo- centrum Pfavii, de l'Amérique centrale, jolie plante assez semblable à un Trichopilia, dont les fleurs groupées deux par deux ont les sépales spatulés, les pétales mi-blancs, mi-bruns et le labelle crépu, flabel- liforme, blanc avec une tache rouge intense sur l'onglet. Le genre Pescatorea s’est enrichi du Pescaiorea Dormaniana, jolie espèce de Colombie voisine du ?. Xlabochorum, à labelle couvert de papilles, à fleurs blanches, prolongées par trois éperons médians colorés en jaune-soufre, ainsi que l’extrémité des sépales. Aux Pleione est venu s'ajouter le superbe Pleione Arthuriana, plante de Burmah, assez semblable au P. maculala mais rayée sur les pétales d’une ou deux longues bandes apparentes et présentant sur le lobe médian du labelle une bordure d’un mauve-pourpre foncé ; les pseudobulbes sont de couleur pourpre intense, maculées d'innombrables tâches vert-clair. Le Coelogyne cristata hololeuca est une variété à crêtes blanches sur le labelle ; sans être supérieur au type, il se recommande parmi les fleurs d’un blanc pur. Le Cymbidium eburneum Williamsianum est une élé- gante variété du type bien connu qui occupe une place prédominante en tête des Orchidées; le lobe médian et l'extrémité des lobes latéraux du labelle présentent, dans cette variété, une coloration pourpre qui rehausse la beauté de la fleur. Les hybrides du genre Dons Cypripedium forment aujourd’hui une légion innombrable, dont une des meilleures recrues de dâte récente est le C. tessellatum porphyreum, à feuilles élégamment marquées, à fleurs nuancées du brun-pourpre le plus riche et le plus intense sur les sépales, les pétales et le pourtour du labelle; la fleur est bien supérieure à celle du type, bien qu’elle provienne de la même gousse. — L’Anguloa purpurea de l'IUustration horticole n'est que l’Anguloa Ruckeri sanguinea, plante bien connue et signalée antérieurement. | PLANTES DE SERRE CHAUDE. Elles se divisent naturellement en deux groupes que l’on peut inti- tuler : plantes à fleurs et plantes sans fleurs — dans l’acception usitée en jardinage, bien entendu. Nous examinerons les premières d'abord et y trouverons maints sujets intéressants, bien qu'aucune plante vraiment hors ligne. La plus remarquable est sans contredit le Taccarum Warmingianum de M. Bull (Gard. Chron., XVI, 654, fig. 134), qui fait comme qui dirait la transition entre les deux groupes prémentionnés dont il représente tantôt l’un, tantôt l’autre. Dans son plein épanouissement, il constitue incontestahlement une plante à fleurs, remarquable par sa vaste spathe, longue de 40 centim., enroulée à la base, déroulée au sommet, entourant de son enveloppe brun- cuivré clair un spadice dont la partie supérieure porte des fleurs mâles d'un rouge vif. Mais avant la floraison, c'est une vigoureuse plante à feuillage, dont la souche tuberculeuse produit une feuille solitaire, portée sur un pétiole haut de 1" à 1",20, de couleur vert-clair avec des bandes blanches ; le limbe est large de 60 à 75 centim., tripartite, à divisions bipinnatifides; les derniers lobes sont oblongs, lancéolés, falciformes, reliés les uns aux autres par une aile large bien marquée. Cette gigantesque Aracée a été importée par M. Bull de Minas- Geraes dans le Brésil, où elle a été découverte par le D' Warming qui lui a donné son nom. Une autre plante d'allure semblable est le Dracontium Carderi, dont la feuille solitaire, tribranchue, bipinna- tifide, large de 60 centim., est supportée par un pétiole haut de 60 à 90 centim. tâcheté de vert et de brun, et dont la spathe, longue de près de 30 centim., est verte en dehors et d’un pourpre terne en . dedans. Le Jasminum gracillimum, de Borneo (Gard. Chron., XN,; = DO PE 9, fig. 2), est une espèce grimpante parfumée, au port vraiment ornemental, susceptible d’être utilisée comme plante à floraison hivernale. Une autre acquisition intéressante au même point de vue est le Begonia Socotrana, espèce tubéreuse originaire de Socotra, à feuilles orbiculaires peltées, à fleurs rose vif disposées en cymes lâches (Gard. Chron., XV, 8). L'Fuadenia eminens, de l'Afrique tropi- cale occidentale, est une singulière Capparidée suffrutescente, à feuilles trifoliées, à larges grappes terminales de curieuses fleurs jaune pâle, dont les deux pétales supérieurs sont plus longs — 010 environ — et de forme spatulée. Le Zysionotus serrata est une jolie Gesnéracée indienne, à tige dressée, à grandes feuilles elliptiques-lan- céolées, luisantes à la face supérieure et portant à leur aisseile des corymbes de fleurs infundibuliformes, obliquement ouvertes, d’un bleu lilas pâle marqué de veines plus foncées. L'Osbeckia rostrata est une autre plante suffrutescente des Indes {Brésil), dont les tiges qua- drangulaires portent de grandes feuilles elliptiques à nervures sail- lantes et des cymes terminales de volumineuses fleurs d'un pourpre- violacé vif. Deux ou trois sujets intéressants sont venus s'ajouter au genre Crinum parmi les Amaryllidacées, entre autres le Crinum Forbesia- num, de Delagoa-Bay — une noble plante, à bulbe charnue, à feuilles ciliées loriformes apparaissant avant les fleurs, lesquelles sont blanches teintées et rayées de rouge-rosé vif et disposées en ombelles compactes; et le Crinum Balfourii, de Socotra, espèce non . moins jolie dont les ombelles sont chargées à profusion de fleurs blanches parfumées brièvement pétiolées. L’/Zxora Westii, avec ses fleurs rouge vif, à tube plus foncé et l’Zxora Pilgrimi, à fleurs écarlate- orangé teintées de cramoiïsi, sont aussi de bonnes acquisitions. N'oublions pas d'ajouter à cette liste deux ou trois Broméliacées, dont l'une, le VNeumannia nigra, est une plante caulescente à feuilles ellip- tiques récurvées longuement pétiolées, portant un épi cylindrique de bractées cramoisies du sein desquelles émergent des fleurs noir- pourpré, longues de 7 centimètres : l'inflorescence ne rappelle pas mal celle d’un Curcuma. Le Chevalliera Germinyana est une superbe plante avec de larges feuilles étalées et un épi serré de bractées cramoisi- foncé à peine dépassées par les fleurs blanches. Moins apparent, mais non moins gracieux, est le Pillbergia Lielzei du Brésil, jolie MENBD ee plante du genre du PB. nutans, à feuilles loriformes spinuleuses; ses bractées sont écarlates et ses fleurs allongées sont vertes marquées de bleu à l'extrémité; il en existe une variété à fleurs doubles. L'intéres- sant Tillandsia argentea de nos jardins serait, d’après le professeur Morren, une espèce du genre Anoplophytum, qu’il dénomme en con- séquence À. 2ncanum. Dans le groupe des plantes à feuillage — c'est-à-dire de celles où les fleurs ne sont pas le principal objet en vue — il convient de citer en toute première ligne quelques-uns des magnifiques Nepenthes de Bornéo, spécialement les W. Rajah (Gard. Chron., XVI, 403, fig. 91) et Northiana (Gard. Chron., XNI, 717, fig. 144 et suivantes). Le Nepenthes Rajah porte de larges urnes cramoisi-pourpré, de 0"15 de diamètre et de plus de 030 de long ; leur volumineux couvercle est éperonné à la base et l’épais rebord de l’orifice est relevé de côtes sailiantes et rapprochées. Le MWepenthes Northiana ne lui cède en rien en grandeur; ses urnes complètement développées sont cylin- driques, rouge-verdätre tàcheté de pourpre, longues de Om30 à 040; l'orifice est garni d’une élégante bordure plissée large de 010. D'autres Nepenthes encore sont venus ajouter un puissant intérêt à la liste déjà si nombreuse de ces étranges végétaux. C'est ainsi que nous possédons aujourd'hui le vrai ÂVepenthes Veilchii (Gard. Chron., XVI, 781, fig. 152) de Borneo, à urnes cylindriques déco- rées en avant d'ailes finement découpées et présentant autour de leur orifice une large bordure olive-crémeux ou rougeätre. Le Nepenthes Madagascariensis (Gard. Chron., XVT, 685, fig. 139) est une autre nouveauté intéressante; ses minuscules urnes lagéniformes ont une teinte cramoisi intense et un orifice circulaire contracté; la gorge est de couleur crême et le couvercle prolongé en arrière en une sorte d’éperon. Le N. Mastersiana (Gard. Chron., XVI, 749, fig. 148), né à la pépinière exotique royale de Chelsea d’un croisement entre les ÆV. sanguinea et Khasyana (distillaloria des horticulteurs) est un des plus jolis hybrides actuellement en cul- ture; ses urnes sont cylindriques et d'un rouge vineux. — Le Nepenthes Courtii (Gard. Chron., XVI, 845, fig 160) est un autre hybride élégant, à urnes vertes, maculées de rouge, né du croise= ment entre le NV. Dominii (hybride lui-même du NW. Ruflesiana) et une espèce bornéenne indéterminée, probablement le N. Zanata; il nl est remarquable par les ailes frangées de ses ascidies. Le Nepenthes Henryana est un hybride des NV. Hookeri et Sedeni; ses urnes sont - vertes, à larges macules d'un pourpre rougeitre; l’orifice en est cra- moisi et l'opercule teinté de rose carmin. Le Nepenthes superba, autre hybride né des mêmes parents, présente des caractères très analogues. À une tout autre classe appartient l’élégant Dracaena Lindeni, excellente addition à ce groupe hautement ornemental, avec sa tige dressée et ses feuilles vertes gracieusement récurvées, rayées longitu- dinalement de jaune-crêmeux. Parmi les Crotons — que l’on désigne- rait plus correctement sous le nom de Codiaeum — un des sujets les plus décoratifs est le Croton Thomsoni, variété à feuilles lobées d’allure assez vulgaire, longues de 30 centim. sur 10 de largeur, de couleur vert intense avec la nervure médiane et les veines fortement teintées de jaune vif. Le Croton Laingii est une toute gracieuse forme à feuilles étroites, pendantes, légèrement tordues, jaunes, à part la moitié supérieure qui est vert sombre : tige et pétioles sont teintés de rouge. Le genre Dieffenbachia a fait d'importantes acqui- sitions, notamment le D. {riumphans, plante de Colombie à feuillage vert sombre parsemé de macules rapprochées vert-jaunâtre et le D. imperalor du même pays, à feuilles vert-olive tendre tache- tées de jaune-pale et de blanc. Le Schismatoglottis Lavallei est une élégante Araliacée à tiges gréêles, dressées, à feuilles oblongues lancéolées acuminées longuement pétiolées, longues de 15 centim., vertes, irrégulièrement maculées de gris-argenté. L’Ardisia metallica de Sumatra semble destiné à devenir une plante ornementale à la mode; il est couvert de feuilles oblongues lancéolées, à reflet métallique bleuâtre-bronzé et porte à leur aisselle de jolies baies rouges. PLANTES DE SERRE FROIDE. La plus importante des espèces à ranger sous cette rubrique, au point de vue de la valeur décorative, est le Bomarea conferla, une Alstroemeriacée grimpante de Bogota, jolie au possible avec ses tiges pourprées pubescentes, ses feuilles aigues-lancéolées et ses ombelles pendantes de fleurs infandibuliformes, longuemeut pétiolées, longues d'au moins 005% et de couleur cramoisi intense. Une autre plante pee grimpante d’un certain intérêt, originaire d’Assam cette fois, est le Crarwfurdia luteo-viridis, à tiges rouges et grêles, à feuilles ovales- cordées portant à leur aisselle des grappes de fleurs campanulées, dont le tube est vert et le limbe blanc et auxquelles succèdent d'élé- gants fruits ellipsoïdo-cylindriques du rouge le plus brillant. Une troisième plante de même allure et non moins apparente est le Mületin megasperma, espèce ligneuse robuste à feuillage persistant, originaire du Queensland; son port rappelle celui du. Wistaria sinensis, ses feuilles sont pennées et ses fleurs disposées en grappes laches et pendantes sont pourpres avec le labelle d'un rouge-rosé. Une jolie espèce annuelle de serre froide, peut-être semi rustique, est l'Zmpaliens Marianne, d'Assam, avec ses tiges épaisses et charnues et ses grandes fleurs apparentes d'un lilas- pourpré délicat dont le labeile se prolonge en un éperon recourbé. Le Nerine filifolia est une forme nouvelle, appartenant à un minuscule groupe d'Amaryllidées représenté surtout au Cap; l'espèce en question est originaire de la République d'Orange : elle porte un petit nombre de feuilles subulées et huit à dix ombelles de fleurs élégantes, de cou- leur rouge-rosé, à segments crépus oblancéolés, qui apparaissent en même temps que les feuilles. | Parmi les plantes charnues l’AToù Perryi, le véritable Aloës succo- trin, n'est pas l'introduction la moins intéressante ; il nous est par- venu tout récemment de l'ile de Socotra, en ligne directe; sa souche courte et dressée porte une touffe de douze à vingt feuilles lancéolées, glaucescentes, à bords épineux et une inflorescence fourchue com- posée de grappes oblongues-cylindriques de fleurs tubuleuses rouges, vertes à l'extrémité. L’Aloÿ macracantha, de l'Afrique méridionale, présente un facies très-aralogue ; ses feuilles à dents puissantes sont gracieusement marquées de macules et de lignes blanchâtres; ses fleurs tubuleuses sont rouge-écarlate, à part la base globuleuse qui est verte, et disposées en un corymbe dense sur les branches simples ou bifurquées de l'axe florifère. Une autre jolie espèce, sans doute originaire du Cap, sans qu’il soit possible d'en reconstituer l’histoire en toute certitude, est l’A7oë Greenii, dont la souche simole et courte porte une rosette de feuilles épineuses lancéolées « d’un vert vif, avec d’obscures lignes verticales b'anchâtres et des bandes transver- sales larges, irrégulières, formées par la confluence de tâches oblongues DRE SR de même couleur; » les fleurs disposées en panicule sont tubulaires, un peu resserrées au-dessus de la base globuleuse, et de couleur rouge- rosé pâle. L’Agave Hookeri du Mexique, un des grands Aloës d’Amé- rique, vient de fleurir à Kew pour la première fois; c’est une noble plante, dont les feuilles épineuses lancéolées recourbées ont de 120 à 150 de long et dont la hampe florifère, haute de près de 9 m., est ter- minée par des corymbes latéraux compactes de grandes fleurs jaunes, à style et étamines exsertes de même couleur. PLANTES SEMI-RUSTIQUES. À ce groupe intermédiaire, dont les limites sont parfois incertaines et difficiles à tracer, doit sans doute être rattaché l’Zmpatiens ampho- rala, plante annuelle des montagnes de l'Inde, à tige robuste, vigou- reuse, charnue, du genre de l’Z. Roylei (glanduligera), avec des feuilles crénelées-lancéolées et des grappes lâches de jolies fleurs rouge- pourpré pâle dont l’éperon allongé est rouge au bout. Ces Balsaminées gigantesques sont du plus brillant effet parmi les fleurs de la saison d'été. C’est encore parmi elles qu’il faut ranger sans doute l’Zncarvillea Koopmanni du Turkestan, plante grêle, suffrutescente, tendre, rappe- lant l'aspect des Amphicomes; il atteint 60 à 90 centim. de hauteur et porte des feuilles pinnatiséquées et des panicules terminales de jolies fleurs tubiformes rouge-rosé pâle. — Le Æniphofia comosa d’'Abyssinie doit aussi, pensons-nous, être rapporté à cette catégorie; c’est une espèce naine, à feuilles linéaires fortement carénées, à fleurs jaune vif, infundibuliformes, disposées en épis ou en grappes et longuement dépassées par le style et les étamines d’un rouge sombre. Le Zephy- ranthes macrosiphon du Mexique prospérerait, sans doute, en station modérément abritée; c'est une gentille plante bulbeuse naine, qui produit simultanément trois ou quatre feuilles linéaires au-dessus desquelles s'élève une grande fleur longuement tubuleuse de couleur rouge-rosé vif. L'Aster gymnocephalus est une autre jolie plante mexicaine annuelle (peut-être bisannuelle) haute de 30 à 60 centim., à ramification diffuse, couverte de feuilles dentées amplexicaules et portant des capitules solitaires, chez lesquels les fleurons de la circon- férence sont d’un pourpre-rosé vif. Un A NU PLANTES RUSTIQUES. Pour commencer par les espèces frutescentes, nous mentionnerons tout d’abord le Clerodendron trichotomum du Japon, arbuste ornemen- tal, haut de 1"80 à 3 m., avec de grandes feuilles ovées opposées dont les inférieures sont trilobées et des cymes lâches trichotomes de fleurs blanches dont les calices sont d’un rouge brunâtre. Du nord de la Chine et du pays d’Amur nous vient le Clemalis aethusifolia lalisecla, grâcieuse plante grimpante à feuilles composées- pennées, couverte d'une profusion de fleurs pendantes blanc crêmeux, cylindro-campanulées. L'Æscallonia rubra punclata du Chili est une excellente addition au genre; ses feuilles sont elliptiques, plus larges que dans le type et ses fleurs d’un rouge sombre, bien apparentes. Le Prunus Pissardi, importé de la Perse dans les jardins français, deviendra sans doute un arbuste résistant à la mode, à cause de ses feuilles ovales glabres, de couleur rouge pourpre foncé. Le nouveau lierre — Hedera Helix maderensis variegata — (Gard. Chron., XV, 657, fig. 118), est une plante grimpante rustique que recommande sa panachure apparente : la bordure blanche, large et bien définie qui circonscrit ses feuilles. Dans les Acer distylum (Gard. Chron., XV, 499, fig. 93) et Carpinifolium (Gard. Chron., XV, 564, fig. 105) nous possédons deux remarquables formes décoratives à ajouter à la liste des Erables ; l’un et l’autre sont originaires du Japon: les feuilles sont cordées-acuminées chez le premier, obovées-oblongues-acuminées chez le second. Enfin le Wüitis slriala est une bonne plante grimpante toujours verte, pas précisément nouvelle mais très peu connue, por- tant de jolies feuilles digitées vert-olive sombre à folioles oblongues et des cymes de fleurs verdâtres, auxquelles succèdent des baies rouge vif. Parmi les espèces vivaces résistantes, la plus caractéristique et la plus intéressante est, sans contredit, le Skortia gulacifolia { Gard. Chron., XV, 596, fig. 109) originaire du Japon et de la Caroline du Nord; c'est une plante naine, à feuilles cordées lâchement dentées, à fleurs blanches campanulées apparentes, appartenant au petit groupe non classé de Diapensiacées. Le Zysimachia brachystachys du Japon ressemble à une Véronique à inflorescence blanche spiciforme; les Eat ere feuilles sont entières, lancéolées ; les fleurs petites, blanches, disposées en épis terminaux denses longs de 0"12 à 015 : la plante a un carac- tère franchement ornemental. Le genre Eremurus, parmi les Liliacées, fournit deux espèces décoratives : l’Æ. Olgae du Turkestan, vigoureuse plante d'allure majestueuse, portant une touffe de feuilles linéaires- lancéolées étroites du sein desquelles s’élève une panicule serrée de fleurs blanches étoilées de 002 1/2 de diamètre, colorées en rouge brunâtre au dehors; et l’Z. himalaicus des Indes (Gard. Chron., XVI, 49), espèce élégante, moins robuste, à feuilles aiguës liguli- formes, à scapes hautes de 030 à 0"90, supportant une grappe compacte de jolies fleurs blanches étoilées. L’Aguilegia formosa de Californie est une élégante Ancolie du genre de l'A. canadensis, à feuilles biternées, à grandes et belles fleurs jaunes longuement éperon- nées : éperons et pourtour des sépales sont d’un rouge vif. L’Zris Missouriensis, originaire des Montagnes Rocheuses, est une jolie espèce, au port grêle, élancé ; ses feuilles sont étroites et ses fleurs bleu-lilas pâle, avec le revers des pétales blanc veiné de lilas. Le Japon nous à enrichis d'une primevère nouvelle se rapportant au type cortusoïdes, le Primula poculiformis, charmante espèce à feuilles obtuses oblongues-cordées, à fleurs lilas pâle disposées en ombelles, moins décorative que le P. Sieboldii, mais susceptible sans doute de perfectionnement. De l'Istrie nous est venu le Campanula Tommasi- niana, forme élégante, à tiges grèles dressées, hautes de 020 à 025, couvertes de feuilles lancéolées-acuminées et de jolies fleurs penchées, cylindriques, bleu lilas, produites en abondance à l’aisselle des feuilles supérieures et formant ainsi une grappe feuillée au sommet de la plante ; celle-ci est cultivée depuis quelques années à Kew, mais n’est pas encore entrée dans la pratique horticole. Deux nouveaux Statice nous sont arrivés du Turkestan : l’un, le Sé. callicoma, est une plante naine, à feuilles spatulées écailleuses, terminée par une cyme bran- chue de fleurs serrées couleur lilas-rosé; l’autre, le S%. leptoloba, produit une touffe de feuilles radicales oblancéolées-spatulées et des fleurs à calice infundibuliforme pourpré et à corolle jaunâtre, disposées en épis courts le long d’une hampe grêle et fourchue. C'est aussi du Turkestan que nous vient une nouvelle espèce décorative de Pied d'Alouette, le Delphinium corymbosum, haut à peine de 45 centim., à tige branchue corymbiforme, à feuilles palmatifides 5-lobées, portant HER SN des grappes de fleurs violet-päle. Les régions orientales de l'Amérique du Nord nous ont enrichis d’une plante aquatique rustique, le Nym- phaea tuberosa, espèce à fleurs blanches du genre du AN. odorata, faiblement odorantes, portées par une souche tubéreuse ressemblant à celle de l’Artichaut de Jérusalem ; feuilles et fleurs s'élèvent au-dessus de la surface de l'eau. Enfin le Senecio stenocephala var. comosa (Gard. Chron., 1881, p. 301, vol, XVI) est une bonne composée japonaise, à feuilles ovales-aiguës cordées ou hastées, à capitules jaunes disposés : en. épis oblongs serrés et compactes : une toute jolie plante apparente et bien distincte. Parmi les plantes à bulbes rustiques nous citerons, comme une des plus remarquables, le Colchicum crociflorum du Turkestan, à fleurs blanches rayées de pourpre en dehors, ressemblant à première vue au Crocus d'Écosse. Du même pays nous viennent le Scilla puschhinioïdes, jolie espèce à fleurs blanches, à feuilles large ment linéaires ou oblan- céolées, portant une scape haute de quelques centimètres, garnie de fleurs d’un blanc grisâtre gai, larges de 2 1/2 centim., avec une bande bleue sur chaque segment; l’Allium slipitatum, plante vigoureuse à feuilles linéaires-lancéolées étroites, surmontée d’une vaste ombelle hémisphérique de fleurs lilas-rosé pâle à pétales étroits; et le Zeontice Alberti, espèce naine à feuilles digitées tripartites divisées en folioles quinquépartites, à fleurs rouge-orangé disposées en grappes. L’Æeli- cophyllum Lekmanni, aussi du Turkestan, est une Araliacée à souche tubéreuse, dont les feuilles radicales sont étroites lancéolées et pétio- lées, et dont la spathe oblongue-elliptique, longue de 15 centim., verte au dehors et pourpre sombre en dedans, entoure un spadice noir qui la dépasse de 10 centim. environ. Tel est, en raccourci, l’appoint en plantes nouvelles de l’année qui vient de s'écouler ; le défaut d'espace nous force à en laisser de côté un bien plus grand nombre, malgré la valeur réelle de certaines d’entre elles. D: Meet, ADE SUR LE PERISPERIA ELATA. LA FLEUR « DEL ESPIRITU SANTO. » (Traduit de The Gardeners Magazine, 28 janvier 1882, p. 42.) De toutes les Orchidées que produit l’isthme de Panama, il n’en est aucune qui parle plus vivement aux sentiments religieux et à l’imagi- nation du peuple que la célèbre plante-colombe ou fleur « del Espi- ritu Santo ». Le caractère imitatif c'est-à-dire le mimétisme, si frappant dans la classe des Orchidées à laquelle cette plante appartient, y figure une colombe aux ailes étendues abritée au sein de la fleur. Tandis que d’autres Orchidées plus apparentes excitent l'admiration et la curiosité de l'observateur par une étonnante ressemblance avec des abeilles, des papillons ou d'autres insectes, la fleur du Saint-Esprit s'adresse au sentiment religieux. La plante produit une longue hampe de fleurs d’un blanc cireux uu peu jaunâtre, d’où s’exhale ur parfum pénétrant. La colonne qui s'élève au centre de la fleur, avec son couronnement et les masses polliniques saillantes qu’elle supporte, rappelle étonnamment l'aspect d’une colombe — d’où le nom anglais du genre. Les dames espagnoles, mues par une pieuse croyance aux symboles de l'Église catholique romaine, dans lesquels la colombe occupe une place si apparente, ont associé dans leur pensée l'étrange aspect de cette fleur avec l'oiseau choisi par l'Esprit-Saint pour assister au baptême du Sauveur, et ce nom lui est resté — quelque impie et irré- vérencieux qu’il puisse sembler à des oreilles puritaines. — L’impres- sion produite par la fleur « del Espiritu Santo » est à la fois pleine de mysticisme et de poésie, et rien d'étonnant qu un tel sujet ait plus d'une fois inspiré la verve des poètes hispano-américains qui l’ont contemplé dans ses forêts natives. Non-seulement ils ont célébré dans leurs vers la beauté naturelle, la structure étonnante, le parfum de cette étrange fleur, mais ils en ont fait l'emblême des chagrins, des désappointements, des privations mondaines qui semblent l’apanage obligé du don de l'inspiration poétique. Car la plupart d’entre-eux, UN 2e AMEL occupés de produire des chants qui rappellent leur nom au souvenir des générations futures, « n’ont pas le temps de faire de l’argent, » suivant l'expression pittoresque du regretté poète Agassiz. Thomas Martin Fuillet, de Panama, qui écrivit quelques charmantes pièces de vers espagnols et mourut jeune, a laissé un poème sur la fleur « del Espiritu Santo » dédié à une dame. Dans les deux derniers vers, il exprime l’espérance de voir une main amie répandre sur le drap mortuaire qui couvrira plus tard son tombeau, à défaut de larmes qu’il n'espère ni ne désire, quelques-unes de ces charmantes fleurs. Voici les vers qu’il consacre à cette pensée : Ah ! Cuando à fuerza de tormentos horridos Cese de palpitar mi corazon ; Cuando deje esta vida triste y misera, Para dormir tranquilo en el panteon, Yo sé que nadie verterâ una lâgrima ; Iojalâ que siquiera por favor, Alguien coloque en mi enlutado féretro Del Espiritu Santo alguna flor (1) La passion des fleurs est extrêmement commune à Panama et peu de balcons sont privés de leur grâcieuse parure. La plante « del Espiritu Santo » ou Peristeria elata est la favorite des cloitres, mais elle refuse de fleurir en culture à Panama. Les bulbes peuvent être maintenues longtemps en vie, mais s’obstinent à ne pas produire de fleurs. Il leur faut une période de repos dans une atmosphère relativement fraîche, et une température franchement froide et humide pendant leur croissance et leur floraison. Les saisons chaudes et sèches les endorment et leur sommeil s’éternise dans l'atmosphère des côtes et des cités, aussi longtemps que ne sont pas réalisées autour d'elles les conditions exigées d'humidité et de tempé- rature. (1) Ah ! quand des tourments horribles auront arrêté les battements de mon cœur ; quand j'abandonnerai cette vie triste et misérable pour dormir tranquille au temple de mémoire, je sais que nul ne versera un pleur sur ma tombe : mais qu’une main amie répande sur les crêpes de mon tombeau quelques fleurs « del Espiritu Santo ! » | (Note du Traducteur). EN 2 10 TRES Mais la ville en est approvisionnée par des indigènes (Jamaïca-men), qui font métier de les chercher et de les recueillir dans les forêts limi- trophes des régions é'evées parcourues par les voies ferrées et notam- ment aux abords de la station de Lion-Hill. L'on ne rencontre ces fleurs, à ce que nous pensons, ni dans le Veraquas ni dans le Chiriqui, bien que les Cordillères de l’un et l’autre département abondent en Orchidées rares et précieuses. Ces plantes sont souvent mises en vente dans les rues et devant le Grand-Hôtel de Panama, où les voyageurs peuvent se les procurer au prix de 3 à 5 dollars (15 à 25 fr.) la douzaine de bulbes fleuries, pendant les mois de juillet, août et sep- tembre. Bien que la plante « del Espiritu Santo » appartienne aux espèces épigées, ses bulbes ne doivent jamais être recouvertes de terre con- formément à la pratique généralement suivie. Il faut, dès qu’elles commencent à pousser, les empoter dans un compost ayant plus de corps et moins efficacement draïné que pour les sujets qui s’attachent aux arbres. Le meilleur substratum pour leur culture se composera d'argile sableuse, de tourbe fibreuse et de terreau de feuilles que l’on arrosera largement pendant la période de crois- sance : après quoi il faudra laisser la plante en repos et tenir les racines bien sèches, sous peine de les voir pourrir. Dans les serres d'Europe la plante continue à fleurir pendant deux mois, quand les hampes sont vigoureuses. L'espèce qui a recu le même nom au Chiriqui est un Cycnoches qui n'a pas la moindre ressemblance avec la plante de Panama, grandit en épiphyte sur les arbres et tire sa dénomination générique de ce que les fleurs ont la forme d’un cygne. Il existe sur l’Isthme de Panama une variété « del Espiritu Santo » caractérisée par la couleur jaune des fleurs et la teinte jaune fauve de la colombe, DS HR A AD NOTICE SUR LE JARDIN BOTANIQUE DE BERLIN ET SON HERBIER 0. (Traduit de The Gardeners’ Chronicle, 5 nov. 1881, p. 589.) C'est chose vraiment commode, avant de visiter un jardin ou un herbier, d'avoir une idée exacte de ce qu'il contient, et le D' Urban a rendu à ceux que la chose concerne un véritable service en publiant l’histoire complète du jardin botanique de Berlin et de son herbier et l'exposé de sa situation actuelle. La notice historique est également intéressante pour les gens du pays et les étrangers; mais la partie -vraiment utile de ce petit ouvrage est le relevé descriptif des princi- pales collections de l’herbier, et il nous a paru qu’un résumé de l'œuvre du D° Urban, avec quelques courtes citations lui empruntées, méritait de prendre place dans ces colonnes et ne pouvait manquer de trouver grâce auprès de nos lecteurs. Le premier jardin botanique ou plutôt économique de Berlin fut fondé en 1573 par l’Electeur Jean-George et dirigé par son jardinier, Desiderius Corbianius. Ce n’était, semble-t-il, qu'une sorte de verger et de légumier, qui fut livré à lui même et à l'invasion des mauvaises herbes pendant toute la durée de la guerre de Trente ans. Plus tard, en 1646, il fut restauré et replanté et la section botanique placée sous la direction du D'J. Elsholz. Celle-ci comprenait une orangerie, longue de 55 m. sur 18 de large et 6 de haut, où se cultivaient des citroniers, des grenadiers, des myrtes et autres plantes exotiques délicates. En été la toiture était enlevée et replacée en automne. Elle se composait essentiellement d'une couverture de planches, que l'on chargeait, suivant la rigueur de la saison, d’une couche plus ou moins épaisse de foin ou de paille, à laquelle on superposait un plancher de lattes. L'intérieur était chauffé au moyen de huit poëles en fonte qui exigeaient des soins et un entretien continuels. Le jardin compre- (1) Geschichte des Küniglichen Botanischen Gariens und des Kôüniglichen Herba- riums zu Berlin, nebst einer Darstellung des aügenblicklichen Zustand dieser Insti- tüte. Von Dr Ign. Urban, 8ve, pp. 164, tt. 2, Berlin, 1881; Gebrüder Bornträger. SPA de nait aussi un musée et une bibliothèque. — En 1664, le nombre d’espèces cultivées montait à 950, la plupart représentées encore aujourd’hui dans l’herbier par des spécimens soigneusement desséchés et conservés. Le Jardin botanique actuel a été fondé par l’Électeur Frédéric- Guillaume-le-Grand, au retour de sa campagne victorieuse de 1679. L'emplacement sur lequel il se développe aujourd’hui était occupé à cette époque par la houblonnière de la cour ; mais l’Électeur, entre autres réformes domestiques, décida d’allouer à son personnel une augmentation de gages au lieu de la ration de bière habituelle ; dès lors, la plantation de houblon n'avait plus de raison d'exister et fut transformée en un jardin général, comprenant une section botanique, mais destiné surtout à des essais de culture des diverses variétés de végétaux et d'arbres fruitiers fournis par les contrées avoisinantes. Mais nous ne pouvons songer, faute d'espace, à décrire les vicissitudes du jardin sous ses divers directeurs. — Le roi Frédéric-Guillaume [** (1713-1740), peu soucieux de ces sortes de choses et pas mal parcimo- nieux par dessus le marché, ne demanda pas mieux que de se débar- rasser des frais d'entretien du jardin au profit d'Andreas Gundelsheï- mer, médecin du précédent roi et compagnon du célèbre Tournefort dans ses voyages à travers l'Orient. Mais à peine avait-on commencé les travaux destinés à faire de cet enclos un vrai jardin botanique que Gundelsheimer vint à mourir. C’est alors que le Roi fit paraître un arrêté concu dans les termes les plus flatteurs pour la Société des sciences, exaltant l’érudition et les mérites de ses membres et concluant en mettant à ses charges l'entretien du jardin; en vain la Société protesta, invoquant l'insuffisance de ses ressources : on fit la sourde oreille et elle se vit obligée de s'imposer des sacrifices pécu- niaires considérables qui paralysèrent ses travaux dans toute autre direction. Pendant nombre d'années encore, le jardin continua à végé- ter péniblement sans revenus, sans ressources, ruiné et désolé. La guerre de sept ans ne fit qu'aggraver sa lamentable situation... Mais nous passons rapidement sur cette triste période pour arriver en 1801, époque où la réorganisation du jardin fut confiée à C. L. Willdenow ; sous la direction de cet éminent botaniste, le jardin ne tarda pas à acquérir une réputation européenne. En 1809 fut fondée l'Université de Berlin et Willdenow y occupa le premier la chaire de botanique, A to, qui, depuis cette époque, n’a cessé de marcher de paire avec la direc- tion du jardin. Willdenow mourut en 1812, et Lichtenstein, le même qui plus tard voyagea dans l'Afrique australe et explora la flore de cette contrée, lui fut donné provisoirement pour successeur. Link fut le premier directeur permanent du jardin ; il fut nommé en 1815 et remplit ces fonctions jusqu’en 1851, époque où Lichtenstein fut de nouveau appelé à la direction provisoire jusqu’à la nomination d'Alexandre Braun, dans les premiers mois de la même année. Depuis l’époque de Willdenow jusqu’à la période actuelle, le jardin n’a pas vu que d’heureux jours; car les troupes françaises firent leur entrée dans la capitale en 1806 et les Russes en 1813, et plantes et serres faillirent deux ou trois fois périr sous de violentes rafales de grêle. N'oublions pas de rappeler qu’en dépit du pillage du jardin par les Français en 1806, l'administrateur général Estève, auquel Humbold en fit parcourir les installations en 1807, fut tellement frappé de l'excellent entretien de ses splendides collections de plantes qu’il alloua spontanément un subside d'une centaine de francs pour son entretien mensuel. Nonobstant toutes ses infortunes, le jardin ne cessa de remplir son but sous la longue administration de Link. Le D'A. Braun, cependant, n’en reprit pas la direction dans des circonstances précisé- ment favorables, car l'examen des comptes conduisit à la découverte d’un déficit de 60,000 francs et au suicide du secrétaire. Pendant l'administration de Braun — 1851 à 1867 — le jardin s’accrut de plus d’une fois son étendue; une nouvelle serre à Victoria, une vaste serre à Palmiers, et d’autres annexes de moindre importance y furent érigées et l'on projeta les constructions du musée et des herbiers qui n’ont été terminées que l’an dernier. En 1850, le budget ordinaire du jardin était de 50,000 francs; il s’est élevé à 115,000 en 1876 et à près de 125,000 en 1879. L'étendue du jardin actuel est d'environ 27 arpents ; trente-six serres s’y élèvent, couvrant une surface globale de 3,500 mètres carrés. On y cultivait en 1877-78, 10,069 espèces et variétés, comprenant 2,159 genres différents. Certains éléments de cette collection sont dignes de remarque : c’est ainsi qu’on y observait 495 espèces de Légumineuses (y compris 145 Acacia), 142 Bégonia- cées, 539 Cactées, 391 Composées, 172 Gesnéracées (appartenant à 42 genres), 495 Orchidées, 193 Marantacées, 30 Musacées, 268 Aroï- dées, 43 Pandanacées, 173 Palmacées, 180 Broméliacées, 344 Amaryl- Net PA lidacées, 496 Liliacées, 233 Conifères, 44 Cycadées et 630 Filicinées. A la même date, le jardin comptait 7,000 espèces cultivées en plein air. — A la mort d'A. Braun en 1877, le défunt profes- seur Charles Koch remplit provisoirement les fonctions de direc- teur du jardin jusqu'à la nomination définitive du D" Eichler en 1878. Les jardins sont ouverts au public tous les jours, sauf le vendredi, le dimanche et les jours fériés, de 8 heures du matin jusqu'à 7 heures du soir en été, jusqu'à la nuit tombante en hiver, mais les serres ne sont pas accessibles aux visiteurs à heures fixes. Une notice, affichée à l’entrée du jardin, renseigne quelles serres sont ouvertes et à quelles heures. Les étrangers sont admis tous les jours. Les autres dispositions ne diffèrent pas de celles en vigueur à Kew. Nous eussions voulu citer quelques extraits relatifs aux collections de l'herbier et au musée, auxquels sont réservées des constructions spéciales, terminées l’an dernier et coûtant 900,000 fr. — 700,000 pour les bâtiments et 200,000 pour l'aménagement intérieur; mais il ne nous reste assez d'espace que pour ajouter que le D' Urban entre dans de longs détails ayant trait à ces différents points. Il est vraiment regrettable que la bibliothèque de l’herbier soit si pauvre, spéciale- ment en publications illustrées. Le nombre total des volumes, consis- tant exclusivement en traités, est de 2,344, un tiers à peu près de ceux que compte la bibliothèque de l’herbier de Kew. D'H"F. DNA ae L'ÉLECTRICITÉ EN HORTICULTURE ET EN AGRICULTURE, PAR M. C. W. SIMENS. NOTE PRÉSENTÉE LE le SEPTEMBRE 1881, A L'ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES, Traduite par M J. JocEaup. (Annales de l’Institut expérimental agricole du Rhône à Ecully, 1881, p. 354.) Le 1 mars 1880, j'ai communiqué à la Société royale un mémoire : De l'influence de la lumière électrique sur la végétation, dans lequel j'arrivais à cette conclusion que la lumière électrique était capable de produire, sur les plantes, les mêmes effets que ceux de la lumière solaire, qu'elle faisait apparaître la chlorophylle et qu'avec son aide on pouvait produire des fleurs et des fruits riches en couleur et en arôme. Mes expériences tendaient aussi à prouver que les plantes n'ont pas besoin de repos nocturne, maïs qu'elles font de rapides et incessants progrès, si, même en hiver, elles sont soumises à la lumière du soleil pendant le jour et à la lumière électrique pendant la nuit. Depuis, c'est-à-dire durant tout l'hiver dernier, j'ai continué mes expériences sur une plus large échelle. Mon intention est d'en donner ici un résumé, ainsi que d'indiquer plusieurs applications des forces électriques à différentes opérations agricoles, notamment pour pomper de l’eau, scier du bois, hacher de la paille, couper des racines, etc., tout cela à des distances variables mais n’excédant pas un demi-mille (800 mètres) de l'endroit où se trouve la machine; donnant de cette facon un emploi utile pendant le jour à la machine qui doit produire la lumière pendant la nuit et réduisant ainsi directement le prix de revient de cette dernière. Pour produire la lumière, j'ai employé une machine à vapeur à haute pression de la force de six chevaux (de MM. Tangye frères), qui met en mouvement deux machines dynamiques Siemens reliées séparément à deux lampes électriques dont chacune peut émettre une lumière de ES cinq mille bougies. Une de ces lampes a été placée dans une serre de 2,318 pieds cubes (65 mètres cubes) de capacité, et l’autre fut suspen- due à la hauteur de 13 à 14 pieds (3"65 à 425) au-dessus d’une autre serre. Les expériences, commencées le 23 octobre 1880, ont été continuées jusqu'au 7 mai 1881. La lumière électrique fut d’abord employée depuis six heures du soir jusqu’à l'aube, puis dans les jours les plus courts à partir de cinq heures, le dimanche excepté. La lumière, placée au-dessus de la serre, était renfermée dans une lanterne à verres transparents, tandis que celle qui était à l’intérieur, placée à l'entrée de la serre et munie d’un réflecteur afin d’en condenser les rayons et _ de les envoyer directement sur les plantes, fut laissée nue, le but de mes premières expériences étant de comparer l'effet de la lumière dans ces deux conditions. Je semai dans ces serres du Blé, de l’Orge, de l’Avoine, des Pois, des Haricots, je plantai des Choux-fleurs, des Fraisiers, des Framboisiers, des Pêchers, des Tomates, de la Vigne, et différentes plantes à fleurs notamment des Rosiers, des Rhododendrons et des Azalées. Toutes ces plantes craignant comparativement peu le froid, la température dans cette serre fut maintenue autant que possible à 60 degrés Fahrenheit (15 degrés et demi centigrades). Les premiers effets observés furent loin d’être satisfaisants. Sous l'influence de la lumière suspendue au-dessus de la serre, les effets avantageux de l’an dernier se renouvelèrent ; mais les plantes exposées à l’action de la lumière nue présentèrent bientôt le plus triste aspect. Ne sachant si je devais attribuer cet état facheux à l'effet de la lumière nue ou à celui des produits chimiques se dégageant de l'arc électrique et résultant de la combinaison de l'oxygène et de l’azote ou de l’oxy- gene et du carbone, je me décidai à agir dans le sens de la première hypothèse. Dans le but d'adoucir les rayons de la lumière électrique, j'introduisis dans la serre, à travers de petits tubes, quelques jets de vapeur qui produisaient l'effet de nuages s'interposant d’une façon irrégulière entre la lumière et les plantes ; je pris toutefois des précau- tions pour ne pas introduire trop d'humidité. Cet essai eut un assez bon résultat. Quant aux produits chimiques, je pensai qu'ils seraient plutôt utiles que nuisibles en fournissant les véritables éléments dont dépend la vie des plantes, et, en outre, que la production constante FRA d'acide carbonique pur résultant de la combustion graduelle du charbon des électrodes permettrait de diminuer l’arrivée de l'air extérieur et restreindrait ainsi les dépenses de chauffage. Néanmoins, les plantes ne me surent pas gré de ces innovations dans leur mode d'existence ; je me décidai à placer une lanterne de verre transparent autour de la lumière dans le double but d’éloigner les pro- duits chimiques de l'arc électrique et d’interposer un écran efficace entre cet arc et les plantes placées sous son influence. L'influence de cette feuille de verre fut des plus remarquables : en faisant tomber sur une plante des rayons directs et d’autres filtrant au travers du verre, je reconnus dans l’espace d’une nuit l'effet très différent qu'ils produi- sirent sur des feuilles. Tandis que les portions de feuilles de Tomates éclairées par les rayons qui avaient traversé le verre conser vaient leur apparence de sante, les portions frappées par les rayons directs, quoique à la distance de 9 à 10 pieds (275 à 8"05), étaient visiblement ridées. Non seulement les feuilles, mais les jeunes pousses des plantes furent altérées par l’action de la lumière directe et ces effets fâcheux furent même visibles, bien qu'à un moindre degré, à une distance de 20 pieds (6 mètres) de la lampe. Une question se présente ici qui ne peut manquer d'intéresser les botanistes physiologistes. Le verre transparent n'ayant la propriété d’absorber aucun des rayons lumineux, ce n'est donc pas à ceux-ci que doivent être attribués les fâcheux effets observés. Le professeur Stokes a trouvé, en 1853, que l'arc électrique est par- ticulièrement riche en radiations invisibles, très réfrangibles, que celles-ci sont très fortement absorbées par leur passage au travers du verre transparent ; il est donc tout naturel d'en venir à cette conclusion, que ce sont ces rayons très réfrangibles qui causent le mal en détrui- sant les cellules, tandis qu'au contraire, les rayons lumineux de moindre réfrangibilité exercent sur elles une action bienfaisante. Désirant approfondir cette question, je semai, dans une partie du terrain réservé pour mes expériences, de la Moutarde et différentes graines ayant la propriété de croître rapidement; je les divisai par sections et dirigeai sur elles les rayons de ma lampe électrique après avoir modifié la lumière en la faisant passer au travers de verres de diverses couleurs. La première section fut soumise à l’action de la lumière nue ; la seconde ne recevait la lumière qu’au travers d’un verre AN IT ES transparent; la troisième, la quatrième et la cinquième ne la recevaient qu’au travers de verres respectivement jaunes, rouges et bleus. Les progrès des plantes furent notés jour par jour, et les différences d'effet sur leur développement furent suflisamment marquées pour justifier les conclusions suivantes : sous le verre transparent je constatai de rapides progrès et une croissance vigoureuse; le verre jaune vint au second rang'et les plantes, quoique égales en dimensions aux précédentes, leur étaient de beaucoup inférieures pour la vigueur des tiges et pour la couleur; le verre rouge donna une croissance médiocre et les feuilles prirent une teinte jaunâtre ; sous le verre bleu les plantes furent encore moins vigoureuses, et enfin, quant à celles qui recevaient directement la lumière, elles étaient noircies, frisées, dans le plus piteux état. Il faut remarquer que la lumière électrique est restée allumée de cinq heures du soir à six heures du matin tous les jours, excepté le dimanche, pendant le temps que durèrent ces expériences qui eurent lieu en janvier 1881, et que pendant la journée les plantes furent exposées à la lumière diffuse du jour. Ces résultats confirment ceux obtenus dès 1843 par le docteur J. W. Draper (voir les Mémoires scien- tifiques de J.W. Draper, Mémoire X), dans ses recherches remarquables sur l'influence que les rayons diversement colorés exercent sur les végétaux, résultats qui l’amenèrent à cette conclusion, alors en contra- diction avec l'opinion générale, que les rayons jaunes et non les rayons violets sont ceux qui décomposent l’acide carbonique dans les cellules des végétaux. Ces premiers essais m'ayant démontré la nécessité d’enfermer l'arc électrique dans une lanterne de verre transparent, j’obtins rapidement des effets plus avantageux. Ainsi, des pois qui avaient été semés à la fin d'octobre donnèrent sous l'influence de la lumière continue une récolte de fruits murs le 16 février, après avoir été, à l'exception des nuits des dimanches, sous l'influence d’une lumière continue; des pieds de Framboisiers placés dans la serre le 16 décembre donnèrent des fruits mürs le 1 mars, et des Fraisiers, plantés à peu près à la même époque, donnèrent des fruits d’une couleur et d’une saveur excellentes le 14 février. Des Vignes qui avaient été plantées le 26 décembre donnèrent des raisins complètement mürs et d’une qua- lité supérieure le 10 mars. Le Blé, l’Orge et l’Avoine se développèrent NS RS avec une rapidité extraordinaire sous l'influence de la lumière con- tinue, mais ne purent arriver à maturité; leur croissance ayant été trop rapide pour leur force, les tiges versèrent après avoir atteint une hauteur de 12 pouces (30 centimètres). Des semences de Blé, d'Orge et d'Avoine, jetées en plein air, mais développées sous l'influence de la lumière électrique extérieure, don- nèrent de meilleurs résultats : les semis ayant eu lieu le 6 janvier. elles ne germèrent qu'avec difficulté à cause de la neige et de la gelée, mais, quand le temps devint meilleur, les jeunes plantes se dévelop- pèrent rapidement et donnèrent des grains mürs à la fin de juin, ayant été aidées dans leur croissance par la lumière électrique jusqu'au commencement de mai. Des doutes ont été émis par quelques botanistes sur la possibilité d'obtenir, avec une plante soumise à la lumière continue, des semences capables de reproduction. Pour résoudre cette question, je plantai, le 18 février, des Pois recueillis le 16 sur des pieds qui avaient été con- stamment soumis à la lumière électrique : ils donnèrent des plantes de la meilleure apparence et d'une belle végétation. Une démonstration plus complète sera donnée sur ce sujet par le docteur Gilbert qui a entrepris des expériences sur le Blé, l'Orge et l’Avoine développés dans les conditions précédentes ; néanmoins, il est probable que ses recherches ne seront pas suffisantes et que d’autres expériences seront encore nécessaires pour lever tous les doutes qui s'élèvent sur cette question. Je sais que le docteur Darwin, dont l'opinion est de grand poids en pareille matière, professe l’idée que beaucoup de végétaux, sinon tous, ont besoin chaque jour de quelques instants de repos pour atteindre leur développement normal. Dans son grand ouvrage sur les Mouve- ments des plantes, il s'occupe de la vie des plantes dans les conditions ordinaires c’est-à-dire avec des alternances de lumière et d’obscurité. Il recherche avec une étonnante précision et une grande minutie leur mouvement naturel de circonvolution et d'action nocturne ou xyctitro- pique, mais il n'étend pas ses expériences aux conditions résultant de la lumière continue. Il prouve clairement que l’action nyctitropique est faite pour protéger les délicates cellules des plantes de la réfrigération causée dans l’espace par la radiation. Mais il ne s'ensuit pas, à mon avis, que cette influence protectrice implique la nécessité d’une mau- vaise influence. Ne pourrait-on pas plutôt déduire des recherches du docteur Darwin que l'absence de lumière pendant la nuit est une difficulté pour la vie des plantes, que certains organes mobiles doivent corriger, et que peut-être en soumettant les plantes à la lumière continue pendant plusieurs années, au bout de plusieurs générations, elles perdraient ces organes spéciaux ? Aussi n'est-ce pas sans crainte, et sans oser généraliser, que je me vois obligé d'annoncer qu'il résulte de l'ensemble de mes expériences pendant les deux premiers hivers, que, bien que l'obscurité périodique soit favorable à l’allongement des plantes, la lumière continue les stimule, rend leur croissance plus rapide et leur donne un aspect vigoureux depuis l'apparition de la première feuille jusqu'à la complète maturité. des fruits. Ces derniers sont même supérieurs en grosseur, en odeur et en saveur à ceux qu'on obtient avec des alter- nances de Jumière et d’obscurité et, en tous cas, leurs graines se sont toujours montrées capables de germer. Néanmoins, je reconnais que de nouvelles expériences sont nécessaires pour traiter à fond cette question et savoir si le repos diurne est nécessaire aux plantes, et surtout s’il a quelque analogie avec le repos hivernal nécessaire aux plantes désignées sous le nom de vivaces. L'influence avantageuse de la lumière électrique s'est montrée d’une facon très manifeste sur un Bananier qui, à deux périodes de son existence, au commencement de son développement et au moment de la fructification, c'est-à-dire en février 1880 et en mars 1881, fut soumis à son action pendant la nuit, à une distance n'excédant pas deux yards (1"80) de la plante. Le résultat obtenu fut une branche de fruits pesant 75 livres (34 kilogrammes), chaque Banane étant d’une grosseur extraordinaire et ayant, d'après les juges compétents, une saveur délicieuse. Des melons, remarquables par leur grosseur et leur arôme, ont été produits sous l'influence de la lumière continue au commencement des printemps de 1880 et 1881, et je suis convaincu qu'on pourra obtenir des résultats encore meilleurs quand les conditions de température et de proximité de la lumière les plus favorables auront été déterminées. Du reste, je me suis plutôt efforcé de démontrer l'influence avanta- geuse de la lumière électrique que d'obtenir une grande quantité de produits, et je suis disposé à croire que le temps n’est pas éloigné où 4 es Ve la lumière électrique sera considérée comme un puissant auxiliaire rendant l'horticulteur indépendant des climats et des saisons et lui permettra de produire des variétés nouvelles. | Mais avant que l'électro-horticulture puisse entrer dans la pratique actuelle, il faut qu’on ait pu se rendre compte des dépenses qu’elle occasionne, et c'est ce qui a fait en grande partie le but de mes recherches durant cet hiver. Quand on peut utiliser une chute d’eau, la lumière électrique ne coûte pas beaucoup, même en y comprenant les dépenses des électrodes de charbon, l'intérêt du prix des appareils et leur entretien, car le prix en a été calculé à 6 deniers (60 centimes) par heure pour une lumière de cinq mille bougies. Quant aux travaux manuels à exécuter, ils ne consistent qu'à remplacer les électrodes de charbon toutes les six ou huit heures, ce qui peut être fait sans grande dépense, le chauf- feur des serres pouvant facilement être chargé de ce service. N'ayant à ma disposition aucune force naturelle, je fus obligé d'employer une machine à vapeur. Cette machine, de la force nominale de six chevaux, pourvoit à la dépense des deux lumières, de cinq mille bougies chacune, que j'ai dans mes serres; elle consomme 09 livres (25 kilogrammes 368) de charbon par heure (c'est une machine à pression ordinaire), ce qui, en comptant la houille à 20 shillings (25 francs) la tonne, produit ua chiffre de 60 centimes, soit 30 centimes par lumière de cinq mille bougies ; encore faut-il déduire de cette dépense l’économie résultant de l'extinction des poêles chauffant les serres, économie qui peut s'évaluer aux deux tiers de la consommation de la machine, réduisant ainsi le prix du com- bustible à 10 centimes par heure. De telle sorte que, tout calcul fait, la dépense totale par la lumière serait de 60 centimes, plus 10 centimes, soit 70 centimes par heure. Ce calcul a été établi dans l'hypothèse que la machine fonctionneh rait 12 heures par jour ; mais comme la lumière électrique est inutile dans la journée et que cependant il faut entretenir Les feux pour chauf- fer les serres, la dépense reste la même pendant le jour et il y a une perte de force. Pour utiliser cette force disponible, je résolus de la faire servir à différents travaux agricoles en la transmettant à l’aide de fils sur différents points de la ferme où il y avait à hacher de la paille, couper des racines, scier du bois, pomper de l'eau, etc. Ces travaux furent accomplis au moyen de petites machines dynamiques placées aux points où je voulais utiliser leur force : je les reliai par des fils à la machine centrale mise en mouvement jar la vapeur. Les fils conducteurs que j'ai adoptés consistent en un fil de cuivre nu, supporté par des poteaux en bois ou par des arbres, sans isolateurs, tandis que le cireuit de retour se fait par la grille du parc ou par la clôture métallique, qui est reliée aux deux machines de transmission et de tra- vail par de petits conducteurs métalliques. Afin d'assurer la continuité métallique de la clôture, j'ai soin, partout où il y à des portes, de faire passer en terre, SOUS celles-ci, une pièce métallique soudée à la clôture de chaque côté. L'élévation de l’eau exigeait autrefois une machine à vapeur de la force de trois chevaux; elle animait deux pompes de 3 pouces et demi (10 centimètres) de diamètre, dont le piston faisait trente-six courses doubles par minute. J'emploie les mêmes pompes, mais elles sont maintenant mises en mouvement par une machine dynamique pesant 4 quintaux anglais (200 kilogrammes). Quand les citernes de la maison, les jardins et la ferme ont besoin d’eau, les pompes sont mises en mouvement simplement en établissant la communication avec le poste central où se trouve la machine à vapeur. Toutes les opérations de la ferme sont accomplies au moyen d'un seul et même moteur. Il est difficile de calculer exactement la force disponible au point où ont lieu les opérations; néanmoins, à l’aide d'un dynamomètre, je suis parvenu à établir que cette force est à peu près de 60 pour 100. En terrainant, je suis heureux de pouvoir dire que l'emploi de la lumière électrique et la transmission de force pour les opérations dont je viens de parler sont entièrement sous la direction de mon jardinier en chef, M. Buchanam, aidé par une escouade de jardiniers et d'ouvriers agricoles, qui, avant ces expériences, n'avaient aucune idée de ce que pouvait être une machine électrique. La transmission de la force par l'électricité peut être aussi utilisée pour battre, faucher et labourer. Ces travaux sont actuellement accomplis sur une grande échelle, à l'aide de locomobiles, appareils maintenant très perfectionnés; mais nos moteurs électriques ont sur eux le très grand avantage de la légèreté, leur poids par cheval étant seulement de deux quintaux PR Ru (100 kilog.) ; tandis qu'une locomobile, munie de sa chaudière remplie d'eau, pèse au moins 790 kilog. par cheval de force. De plus, la loco- mobile exige un renouvellement incessant d'eau et de charbon, ce qui nécessite un travail continu dans les champs, tandis que la machine électrique recoit sa force au moyen d’un simple fil (ou d’un rail léger sur lequel elle peut se mouvoir), d’une station centrale où la force est produite plus économiquement que dans les champs, tant pour le charbon que pour le travail manuel. L'emploi de batteries secondaires peut aussi être recommandé avec avantage pour emmagasiner la force électrique lorsque celle-ci ne trouve pas son emploi. En accomplissant ainsi tous les travaux d’une ferme à l’aide d’un poste central, on réa- lisera une grande économie de temps et de travail, car la machine à vapeur utilisée pendant le jour pour ces opérations agricoles produira, la nuit, la lumière pour l’électro-horticulture sans grand supplément de dépenses. En outre, on jouira d’un éclairage merveilleux et très complet pour les habitations et les serres, et d’un effet admirable dans les jardins. NOTE SUR LE VRIESEA INCURVATA, par M. Épouarp MoRREN. Planche II. Vriesea incurvata GauDpicHAUD, Aëlas du voyage de la Bonite, pl. 68. — B£er, die Famil. der Bromeliaceen, 1857, p. 9. — Wawra, die Bromel. Ausbeute..… in Oesterr. bot. Zeitchr., 1880, p. 184; éraduction, p. 64. — Vr. psit- tacina, var. Truffautiana Ep. ANDRÉ, Journal de la Soc. nat. et centr. d'horé. de France, \881, p. 87. — Herbiers : Bruxelles (Martius) : Burchell, n° 3485. Brésil : Prov. St Paulo. — Florence : n° 105; Ex Brasilia, légit C1. Raddi. — Vienne : Coll. Wawra, nes 86, 95. | La plante que nous figurons et décrivons ici, est une jolie espèce de Vriesea que M. Pedro Binot, de Petropolis, a introduite en Europe en 1880, notamment chez M. Truffaut, de Versailles ; elle est remar- quable par son épi distique relativement court, large, épais, formé de deux rangs de bractées équidistantes, de couleur orangée, terminées en bec-de-corbin et produisant chacune successivement une fleur tubu- leuse et jaune citron. Nous n’hésitons pas à reconnaitre dans cette RVATA. + | ENCE VRIESEA La Belg. hort 1882, pl. II. no plante, nouvelle pour l’horticulture, le Wriesea incurvata figuré par Gaudichaud dans l’atlas du voyage de 74 Bonite, et dont la description n’a jamais paru. Cette détermination est fondée non seulement sur l'analyse, mais aussi sur l'examen des spécimens d’herbiers et sur les récentes observations du D' Wawra, de Vienne. DESCRIPTION. — Plante cespiteuse, à drageons très rapprochés, de dimen- sions relativement petites (le spécimen mesure 0"45 de diamètre, sur 035 de haut.). Feuilles assez nombreuses (20 à 30), en rosace peu ouverte, coriaces, minces, dressées ou peu étalées, courtes (026), lisses et vertes sur les deux faces, ordinairement lingulées, à gaîne longue au point de constituer presque la moitié de la feuille (0m12-18), très large (0w07-8), ovale, insensiblement atténuée en une lame d’abord rétrécie (C"028), canaliculée, puis élargie (0036), ovale, plane, faiblement ciliolée sur les bords, brusquement lancéolée et pointue au sommet. Inflorescence terminale, droite ou dressée, dépassant le feuillage (0m35). Hampe courte (0m15), épaisse, vêtue de feuilles bractéiformes très rappro- chées, en spirale, largement ovales-lancéolées et acuminées, vertes et lisses, Épi simple, allongé (015-20), distique, large (0"05-6), ancipité, épais (0015), à rachis vert, lisse, portant à chaque nœud rapproché (environ 001), et épaissi, une bractée ovale-lancéolée, ascendante, condupliquée, carénée, longue (004), très large (004 dans la partie moyenne), terminée en bec incurvé, lisse, de couleur rouge-orangé pendant l’anthèse, enfin renfermant une fleur axillaire qui la dépasse un peu. Fleur subsessile allongée (0"06-7) tubuleuse, un peu courbée. Sépales coriaces, ovales, obtus, jaunes, longs (0"038) et larges, simplement convexes. Pétales ligulés, à limbe obtus, recourbé, dépassant peu le calice (0045), assez larges (0"008), jaune avec le sommet vert, à onglet muni au-dessus de la base de 2 écailles entières ou échancrées. Étamines adnées à la base des pétales, portant leur anthère dorsifixe au delà de la corolle. Style plus long, à stigmate formé de 3 branches papilleuses étalées. Pendant la fructification les bractées verdissent et se boursoufflent de manière à paraître pour ainsi dire joufïlues. Les capsules s’allongent jusqu’au sommet de ces bractées. Le Vriesea incurvata se distingue du Pr. psittacina par un feuillage plus large, une inflorescence plus courte, les bractées beaucoup plus rapprochées, plus boursoufflées, plus larges, en bec-de-corbin, de couleur rouge-orangé, les sépales non carénés, etc. On le cultive aisé- ment en serre chaude, à l’ombre et dans l’humidité. Il a été primé à l'exposition de Liège, le 25 juillet 1881, où il a été présenté par M. À. de la Devansaye. PQ BULLETIN DES NOUVELLES ET DE LA BIBLIOGRAPHIE. Collection Demoulin. — On annonce que l’État Belge vient de recevoir un cadeau vraiment royal de la veuve de M. Gaspard Demou- lin, ancien conseiller communal, à Mons. Cette dame vient de faire don au Jardin Botanique de la riche collection de plantes de son mari, que l’on estime à plus de 100,000 fr. Cette collection sera placée probablement dans une serre particu- lière du jardin botanique, laquelle portera le nom de Gaspard Demoulin. Phénologie végétale comparée. — Les soussignés prient tous ceux qui s'intéressent à la Phénologie végétale de bien vouloir leur commu- niquer,en aussi grand nombre que possible, les résultats d'observations exactes sur la date d'apparition des principaux phénomènes périodiques se rattachant à la biologie des plantes ; ces renseignements sont destinés à servir de base à un parallèle entre les différentes contrées de l’Europe relativement à la climatologie végétale, et les soussignés indiquent ci-dessous la liste des plantes qui se prêtent le mieux à de semblables observations. — (Les chiffres incrits à la suite des noms donnent la date moyenne pour Giessen,déterminée sur une série de plusieurs années). Les observations doivent porter sur des spécimens cultivés en pleine terre, à l'exclusion des plantes en espalier, et se faire jour par jour : seul moyen d'arriver à des résultats d’une suffisante exactitude. A. — Date d'épanouissement de la première fleur. 1. Ribes rubrum. . . . 14 Avril | 12. Crataegus oxyacantha. 9 Mai 2-UPFUNUS ANUS OO 13. Cytisus Laburnum . . 15 » 83. Prunus spinosa . . . 20 » 14. Sarothamnus vulgaris . 14 » 4, Prunus Cerasus . . . 22 15 Cydonia vulgaris . . 16 » 1 PEUNUS T'AUUS 1, JP); 16. Sorbus aucuparia . 10 6. Pyrus communis. . . 23 » 17: Sambucus nigra. 1PNES Ho PyeusIMalns ee 2) M, 280 18. Secale cereale . . . 28 » 8. Syringa vulgaris. . . 4 Mai 19. Atropa Belladona . . 29 » 9. Lonicera tatarica. . . 4 » 20, Vitis vinifera. . .\ 15 um 10. Narcissus poëticus . . 5 » 21. Tilia europaea(grandifolia)22 on 11, Aesculus Hippocastanum 7 » 22. Lilium candidum . . 1 Juillet DER. B. — Dale de malurité du premier fruit. 23. Ribes rubrum. . . 21 Juin 26. Atropa Belladona . , 2 Août 24 Lonicera tatarica. . 1 Juillet | 27. Sambucus nigra . . 11 »; 25. Sorbus aucuparia. +. 30 ” 28. Aesculus hippocastanum 17 Sept. L'on recommande surtout l'observation des espèces 1, 3, 8, 11, 17, 22, 27, parce que l’un des soussignés (I.) travaille précisément à des cartes phénologiques qui les concernent et qui s'étendent à toute l’Europe. Les observations ayant rapport tant à l’année courante et à celles qui suivront qu’à des expériences précédemment instituées, mais inédites, seront recues avec reconnaissance par l’un ou l’autre des soussignés. Pour se renseigner sur le parti à tirer de semblables observations, voir la « carte phénologique comparée du centre de l’Europe par H. Hoffmann. » (Pelermann'’s geograph. Mittheil, janvier 1881.) Giessen, 1 mars 1882. Professeur D' H. HoFFMANN. (Grand-duché de Hesse). D' Eco IHNE. Dracæna Massangeana, Horr. Jacog. — ZL'Illustration horticole rapporte, d'après le Gartenzeilung, que la variété à feuilles panachées du Dracena fragrans, mise au commerce l’année dernière par MM. Jacob-Makoy, sous le nom de Dracæena Massangeana, se serait produite spontanément chez le duc de Schwarzenberg, à Frauenberg, sur un pied à feuilles vertes qui avait été jeté à l'écart après avoir servi à l’ornementation des appartements. Ce pied aurait développé une pousse à feuilles panachées qui, remarquée et cultivée par M. Wacha, jardinier en chef du duc de Schwarzenberg, a fixé sa pana- chure et serait devenue la souche du Dracæna Massangeana: — Toutes les variétés à feuilles panachées se produisent dans des circonstances analogues. Le Syringa persica a été découvert à l'état sauvage et en grande quantité par M. Aitchison dans la vallée de Kuram, jusqu'à 7000 pieds d’élévation. C’est la première localité certaine que l’on connaisse de cette espèce. (Bull. Soc. bot. Fr. 1881, R. B. 142.) Asa Gray et 5. J. D. Hooker, Te Vegetation of the Rocky Moun- tain Region, Washington, 1881, in-8°. —- Ce travail, rédigé en colla- RE CA boration par deux des botanistes les plus éminents de notre époque, traite d’une manière approfondie et avec beaucoup de détails de la flore des Montagnes Rocheuses. Il à paru dans le Bulletin des explo- rations géographiques et géologiques des territoires incorporés dans les États-Unis américains. Fr. Philippi, Calalogus plantarum vascularium Clilensium ; San- tiago de Chile, 1881; 1 vol. in-& de 378 pages. — Cet ouvrage inté- resse les botanistes à maints égards. Les espèces énumérées méthodi- quement et avec tous les renseignements nécessaires sont au nombre de 5,358, parmi lesquelles 1,939 polypétales, 1,967 gamopétales, 245 apétales, 982 monocotylées et 255 acotylées. Certains genres sont très abondamment représentés : les Senecio par 212 espèces, les Adesmia par 134, les Oxalis par 82, les Calandrinia par 78, les Solanum et les Chloraea par 64, les Carex et les Valeriana par 60, les Baccharis par 56, les Æaplopappus par 53, les Alstroemeria par 51, les Viola par 48, les Plantago par 47, ies Fritrichium et les Escallonia par 43, les Gnaphalium, Verbena et Poa par A1, les Ranunculus, Cristaria et Mutisia par 40. La flore du Chili présente des caractères singuliers et une composi- tion fort intéressante. L'ouvrage de M. Philippi permet de l’embrasser d'un seul coup d'œil... et sans quitter le fauteuil. Nomenclator botanicus. — M. B. Daydon Jackson, secrétaire pour la section botanique de la Société linnéenne de Londres, a entre- pris la publication d'un ouvrage éminemment utile, un nouveau Nomenclator botanicus complétant celui de Steudel qui date déjà de 1841. M. B. D. Jackson invite les botanistes à lui faire parvenir, avec les indications nécessaires, la liste des espèces qu'ils ont propo- sées, spécialement celles qui pourraient être décrites dans une publi- cation peu répandue. — Le Nomenclator de M. Jackson sera le bien venu dans toute bibliothèque scientifique. Le Bulletin de la Fédération des Sociétés d’horticulture de Bel- gique pour 1880 vient de paraître et forme cette fois un volume plus considérable que de coutume. Il contient de nombreux renseignements sur la Fédération, sur l’activité des Sociétés qui la composent et les. actes du Gouvernement en faveur de l’horticulture. on Un chapitre est consacré à l'Exposition nationale d’horticulture qui fut organisée en 1880 à l’occasion des fêtes données pour célébrer le cinquantenaire de l'indépendance de la Belgique. Deux grandes et belles gravures représentent des vues prises dans cette exposition. Le volume contient trois ouvrages particuliers, ayant chacun leur pagination particulière, comme c’est maintenant l’usage dans un grand nombre de publications scientifiques, par exemple les mémoires de l’Académie royale de Belgique. Par ce moyen, on peut imprimer chaque mémoire dès qu'ilest prêt, sans attendre les autres, sans préjudice des documents préliminaires qui sont prêts en dernier lieu; on évite le préjudice que le retard d’un seul mémoire entrainerait pour tous les autres; on peut distribuer immédiatement les tirages à part, et enfin, grâce à cette pagination spéciale à chaque mémoire, les citations sont concordantes pour les tirages à part et pour les recueils qui les con- tiennent. Ce sont là des avantages incontestables. Ces ouvrages sont les suivants : Actes du Congrès horlicole d'Anvers en 1881, redigés par M. Ch. De Bosschere, secrétaire du Congrès. Le Congrès s’est beaucoup occupé du transport des plantes par chemin de fer, de la convention de Berne, de l’organisation des expositions de plantes, du chauffage des serres, etc. Correspondance botanique : neuvième édition. Cette publication devient chaque année plus importante. Cette neuvième édition a 188 pages de petit texte, format grand in-8°. Elle donne les noms, qualités et adresses de 2500 botanistes répartis sur toute la surface du monde. Son utilité est généralement appréciée ; l'auteur recoit à peu près chaque jour des encouragements et, ce qui vaux mieux encore, des annotations et des renseignements.On ne saurait d’ailleurs s’imaginer combien sont nombreux et incessants les changements que le temps apporte dans la composition du monde botanique. D'une année à l’autre chaque page du livre qui réflète cette composition est profon- dément remaniée. Le Gouvernement et les pouvoirs publics peuvent y apprendre comment le personnel enseignant est organisé dans les universités étrangères et combien la Belgique a d'améliorations à faire sous ce rapport. Les Broméliacées brésiliennes, par le D' WawrA; traduction fran- RDS Pins çaise par MM. Morren et Fonsny. — La Belgique horticole a déjà analysé cet ouvrage intéressant pour le savant et le littérateur. Le comte Charles de Kerchove de Denterghem, mort le 25 février 1882, occupait une position éminente dans le monde de la botanique horticole. Bourgmestre de Gand, membre de la Chambre des représentants, promoteur d’un grand nombre d'œuvres philan- thropiques ou politiques, possesseur d’une fortune considérable, le comte de Kerchove était aussi président de la Société royale d’agri- culture et de botanique de Gand, vice-président de la Fédération hor- ticole, président du Cercle d'arboriculture, etc. Il aimait les plantes, on peut le dire, avec tendresse et il se plaisait à vivre entouré de végétation exotique. Il a fait construire à Gand un jardin d'hiver de très grandes dimensions rempli de Palmiers, de Cycadées et de Fougères disposés comme dans un parc tropical avec de sombres ombrages et de douces retraites. Aux grandes expositions quinquennales, quand la famille Royale et l’Europe botanique se réunissent à Gand, le comte Charles de Kerchove manifestait toute l'aménité et la distinction de son caractère et prati- quait la plus cordiale hospitalité. La Société de Gand a eu le bonheur d’avoir dans le comte Charles de Kerchove un président distingué entre tous et le digne successeur des Heynderycx, Papejans, Vanden Hecke et de Ghellinck, pour citer ceux- là seulement que la génération actuelle à connus. Elle saura maintenir ces bonnes traditions et s'assurer un avenir digne de son glorieux passé. Le comte Oswald de Kerchove de Denterghem, gouverneur du Hainaut, bien connu par diverses publications et surtout par un grand ouvrage sur les Palmiers, est le fils aîné du comte Charles de Kerchove. Joseph Decaisne, né à Bruxelles le 18 mars 1807, est mort à Paris le 5 février 1882, après une vie toujours laborieuse et absolument dévouée aux fonctions qu’il occupait la chaire de culture au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il a produit un nombre considérable de mémoires et d'ouvrages sur la botanique, la culture et la pomologie : le plus considérable est le Jardin fruitier du Muséum ; plusieurs ont été rédigés en collaboration avec M. Ch. Naudin ou Le Maout. — La Belgique horticole publiera plus tard la biographie de Joseph Decaisne. | Le h ê 08 Î cie 0 NOTICE SUR LE ZONGA (EPIPREMNUM MIRABILE Scott), PAR N. E. BROWN, Conservateur à l’herbier de Kew. (Traduit de « The Gardeners’ Chronicle », 11 février 1882, p. 180). « Tonga, le spécifique contre les névralgies » : tel est l’avis inséré depuis plusieurs mois à la quatrième page des journaux politiques par MM. Allen et Hanbury. — Le Tonga est un médicament végétal, composé d'un mélange d’écorces et d'éléments fibreux dont l’origine botanique est demeurée longtemps inconnue. Cependant, il y a quel- ques mois, une intéressante notice sur les plantes qui produisent cette drogue parut dans les colonnes de ce journal (voir Gard. Chron., XVI, p. 110) et renseigna, sur l'autorité du baron von Mueller, deux plan- tes, le Premna tailensis (Verbenacée) et le Raphidophora viliensis (Aracée), comme entrant dans la confection du Tonga. Cet article était communiqué par M'$ Clendinning, en même temps que des spé- cimens des plantes à Tonga dont l'éditeur du journal fit présent au musée de Kew. Dans le « Rapport sur les jardins royaux de Kew pour 1880 » publié vers la fin de l’année dernière, nous lisons que Mr E. M. Holmes, conservateur du musée de la société pharmaceutique, est arrivé à cette même conclusion que le Raphidophora vitiensis serait probablement une des plantes composant le Tonga, et que M' C. W. Hansen, pendant son séjour aux îles Fiji, a été à même de confirmer l'exactitude de cette détermination et croit pouvoir regarder le Premna laïilensis comme la seconde plante entrant dans la confection de la drogue de M" Allen et Hanbury. Ces renseignements, émanant de deux sources distinctes et indépen- dantes, nous amènent donc à conclure que le Tonga est emprunté à la fois au Premna laïtensis et au Rhaphidophora vitiensis, et il n’est pas sans intérêt de constater qu’une des deux plantes, celle sans doute à qui sont dûes les propriétés médicinales réputées du Tonga, a été cultivée dans notre pays pendant les quatre ou cinq années écoulées. Car, à première inspection des spécimens communiqués par M": Clen- dinning, je reconnus immédiatement dans l’un d'eux l’Aroïdée cultivée par M° W.Bull à Chelsea et dont je possédais des exemplaires desséchés dans l’herbier de Kew. En raison de la confusion et du désaccord qui n’ont cessé de régner sur la signification botanique de cette plante, je crois bien faire de donner sur son compte certains détails explicatifs, tout en réservant pour une autre occasion des particularités plus intimes qui n'auraient pas leur raison d'être dans ces colonnes. La plante de M' Bull à été importée des îles Fiji par l'intermédiaire du jardin botanique de Sydney, dans la Nouvelle-Galle du Sud, et Sest conduite d’une facon absolument conforme à ce qu’en dit le communiqué de M" Clendinning (je ferai observer du reste que ce mode de développement graduel accompagné d'un changement dans la forme des feuilles, tel qu’il est décrit plus bas, n’est pas chose rare dans ie groupe d’Aroïdées auquel la plante appartient). Lors de sa réception, la souche était grêle, épaisse à peine de 2 1/2 millim., garnie de minuscules feuilles entières ; en la laissant grandir le long d'une muraille ou de quelque autre support, elle ne tarda pas à gagner en épaisseur, acquit un diamètre d'environ 0"025 et produisit des feuilles qui, progressivement et parallèlement à l’épaississement de la souche, passèrent de la forme entière primitive à une forme plus développée et de plus en plus découpée, jusqu'à devenir à la fin pinna- tiséquées et hautes de 60 à 90 centim., pétiole compris. En juin 1878, la plante fleurit et un spécimen m'en fut communiqué pour déterminer et dénommer l'espèce. À cette époque, je ne mis pas à sa dissection un soin particulier: un examen superficiel me fit voir que chaque ovaire renfermait seulement deux ovules basilaires, qu’il s'agissait par conséquent d’une espèce d'Epipremnum ou de Monstera, du premier probablement ; je n'avais, d’autre part, dans l’herbier de Kew aucun spécimen de l'un ou l’autre genre à collationner avec l'exemplaire en cause et je ne songeai pas au genre Raphidophora qui, tel qu’on le comprend aujourd'hui, est caractérisé par un ovaire plus ou moins complètement biloculaire avec de nombreux ovules dans chaque loge. Si j'avais comparé mon spécimen avec les représentants de ce dernier genre, j'aurais sans aucun doute reconnu son identité avec le Ahaphi- : dophora vitiensis ScnoTT, dont un exemplaire type existe dans l’her- DNS RE bier de Kew, et le X. pinnata ScHoTT, qui n'est qu’une autre forme de la même plante, bien qu'Engler, dans sa monographie de l’ordre (D. C. Monograph. Phanerog., IT, p. 244), indique le Æ. pinnala comme synonyme du À. pertusa ScHoTT, avec lequel il n’a rien de commun, et le À. viliensis comme une variété de la même espèce. A la même époque, on regardait aussi la plante de M. Bull comme le Monstera dilacerata Kocx, auquel les feuilles incomplètement déve- loppées de la jeune plante ressemblent jusque dans les moindres détails — les petites macules pellucides et les perforations dissémi- nées le long de la nervure médiane : mais la description de Koch parue dans le Wochenschrift, XIII, p. 33, fait bien voir qu’il ne peut être question d'identifier les deux végétaux. Le Tonga est une plante grimpante ornementale, à croissance rapide, à grandes feuilles pinnatiséquées d’un vert sombre, à vastes inflores- cences telles que celles d’un Monstera ou d’un Raphidophora. C'est un végétal admirablement approprié à la décoration des piliers, des troncs de Palmiers ou de Fougères arborescentes, ou des murailles d’une serre; indépendamment de son caractère ornemental, il est remarquable par les variations qui s’y manifestent au fur et à mesure de sa croissance : depuis les minuscules feuilles entières de sa période d’adolescence jusqu'aux vastes frondes pinnatiséquées qu'il produit lors de son complet développement. Non moins intéressantes, sous un autre point de vue, sont ses qualités médicinales qui semblent être connues depuis longtemps des indigènes du pays ; car Rumphius, dans sa Flora amboinensis, voi. V, p. 489 (où se trouve — t. 183, pl. 2 — une excellente figure de la plante), dit expressément que les naturels de Java et de Baly torréfient légèrement les « cornes » (bourgeons terminaux des tiges florifères) du végétal, puis les écrasent, en expriment le suc, et le font boire aux vaches et aux chevaux faibles et maladifs pour leur rendre force, vigueur et santé. Le cœur ou partie centrale est réduit en pulpe et employé en cataplasme contre les entorses. On s’en sert aussi comme masticatoire pour blanchir les dents, en le mâchant avec du Pinanga et de la craie. Les vaches se nourrissent des feuilles, surtout pendant les chaleurs qui privent les champs de leur verdure; elles semblent en être friandes et broutent avec non moins de plaisir les souches dépourvues d’âcreté, En un mot le Tonga parait être une plante utile, eu égard surtout au groupe HO auquel il appartient et dont les représentants sont plus connus pour leurs propriétés vénéneuses ou suspectes que pour leur efficacité nutri- tive ou médicale. | Nous donnons ci-dessous la description du Tonga empruntée au spécimen de M. Bull, en laissant de côté la synonymie fastidieuse de l'espèce : Epipremnum mirabile scnorr, Genera Aroideurum, p. 79. — Souche grimpante, grêle chez les sujets jeunes où son épaisseur ne dépasse pas 2 !/, millim., acquérant chez les p'antes adultes un dia- mètre dix fois plus considérable, recouverte au sommet des restes fibreux persistants des feuilles écailleuses (1). Feuilles petites au début, formées d’un pétiole long de 3 à 4 centim., engainant sur la moitié de sa longueur et d’un limbe de 2 ‘/2 à 4 centim. de long sur 2 à 2 !/, de large, obliquement ové-cordé, aigu ou brièvement cuspidé, entier, sans perforations ; plus tard, au fur et à mesure que la plante s'accroit, le pétiole s’allonge et le limbe se développe, devient obli- quement ovale-oblong ou oblong-lancéolé, aigu ou brièvement acu- miné, avec de petites perforations ou des taches pellucides disséminées pour la plupart le long de la nervure médiane ; ses contours primiti- vement entiers se découpent de plus en plus jusqu’à atteindre la forme pinnatiséquée de l’état adulte. Dans la feuille complètement développée, pétiole robuste de 20 à 40 centim. de longueur — y compris une por- tion articulée basilaire longue de 2 ‘2 à À centim., convexe en dessous, canaliculé au-dessus, et engaïnant sur toute la longueur de l’articula- tion. Limbe long de 35 à 50 centim., large de 17 à 30, d'un vert sombre et luisant, à contours oblongs ou oblongs-elliptiques, aigu, cordé ou sub- cordé à la base, plus ou moins oblique, pinnatiséqué, à divisions s'éten- dant à peu près jusqu’à la côte médiane, présentant de nombreuses perforations minuscules et des tâches pellucides disséminées le mo = a (1) Si je comprends bien les descriptions données par les divers auteurs qui se sont occupés de cette plante, il faudrait considérer ces fibres persistantes corame les débris des gaînes foliaires normales, ce qui n’est pas exact : elles proviennent de feuilles cataphyllaires dont la production accompagne la floraison du sujet et le passage de l’accroissement monopodique à un mode de développement sympodique, exactement comme c’est le cas chez les Philoden- dron, par exemple le P. Simsdi. NA ETES long de la nervure médiane mais non confinées à cette région ; segments en nombre variable — 4 à 10 de chaque côté — mais plus nombreux d’un côté que de l’autre, droits ou légérement arqués, de largeur uniforme (2 1/2 à 5 cent.) sauf le plus inférieur, à sommet tronqué plan ou convexe prolongé en une pointe acuminée; lobe terminal plus ou moins rhombiforme, beaucoup plus grand que les autres ; nervures latérales primaires au nombre de 2 ou 3 dans chacun des segments basilaires, une seulement au centre des autres segments, parfois deux ou plus quand deux ou plusieurs segments se sont fusion- nés en un seul, divergentes, courant d’abord en ligne droite jusqu’au- près du bord du limbe, puis s'incurvant dans la pointe acuminée ; côte médiane et nervures peu marquées à la face supérieure, saillantes et arrondies à la face inférieure. Pédoncule long de 10 à 22 centimètres, arrondi. Spathe longue de 10 à 12 centim., ovale-naviculaire, briève- ment aiguë.cuspidée, verte au dehors, couleur puce en dedans. Spadice sessile, beaucoup plus court que la spathe, cylindrique-obtus, vert, épais de 1 5/4 centim. Ovaires cunéiformes, subhexagonaux, tronqués, uniloculaires, avec un placenta septiforme développé jusqu’au tiers de leur cavité et portant à sa base deux ovules, un de chaque côté (rarement un seul ovule). Stigmate sessile linéaire. — Schott, Prodromus Aroïdearum, p. 388; Engler, in D.C. Monogr. Phanerog., II, p. 249, etc. Plante à aire de dispersion vaste : habite Java, Sumatra, Baly, Amboïna, Timor, les Iles Fiji, l'Australie tropicale ; l’herbier de Kew possède un spécimen d’une plante que je considère comme identique, originaire de Whampoa en Chine (Hance n° 15,600). < DH ARS NOTICE SUR L'ORGANISATION DU YONTBRE TTA POTISTI (Traduit du Gardener's Chronicle, 23 octobre 1880, p. 525.) L'organisation de cette Iridacée relativement nouvelle mérite une courte notice. Dans le spécimen que nous avons en ce moment sous les yeux, nous remarquons tout d'abord le vieux rhizôme, avec les cicatrices circulaires des anciennes feuilles, mais complètement HA |: eu dépourvu de racines ; à son extrémité apparaît la souche de l’année, produisant à sa face inférieure deux sortes de racines, les unes char- nues, les autres fibreuses ; à sa face supérieure et sur les côtés des rejets, dont les plus vigoureux sont les plus bas insérés. Celui du centre représente sans doute ce qui reste de la hampe florale de la sai- son écoulée ; ceux du pourtour, plus vigoureux, sont destinés à fleurir l’année suivante. Indéperdamment de ces rejets, il en est d’autres qui rampent horizontalernent sous le sol, semblables aux coulants des frai- siers, et se terminent en un minuscule rhizôme susceptible de produire à son tour des rejets et des feuilles. Pour bien comprendre la portée et les détails de cet arrangement des parties souterraines de la plante, il faut se reporter à l’époque où le sujet est en pleine floraison et alors diverses particularités sautent aux yeux : d'abord l'utilité du vieux rhizôme, toujours dur, ferme et compacte, destiné désormais non à puiser dans le sol les éléments nutritifs, mais à servir de réservoir aux matériaux précédemment recueillis. Au nouveau rhizôme greffé à l'extrémité de l’ancien est évidemment dévolue la fonction de grandir et de fleurir pendant la saison actuelle et pendant la suivante. Pour celà il lui faut une nourriture abondante, qu’il se procure de trois manières, ou, plus exactement, qu'il tire de trois sources. Il y a d’abord le vieux rhizôme avec ses provisions, qui seraient, il est vrai, de peu d'usage sans l’eau pour les dissoudre et les mettre en circulation ; c’est à l’absorber que servent les racines fibreuses, tandis que les racines charnues fonctionnent surtout comme réservoir d’eau ; une fois celle-ci épuisée elles se dessèchent. L’utilité des rejets est évidente ; quant aux coulants, ils servent à étaler la plante, à lui procurer de nouveaux pâturages, des terrains frais et fournis, et à empêcher ainsi l'épuisement du soi en un espace restreint. Comme ces divers processus sont en pleine activité à l’époque actuelle de l’année (en octobre), il er résulte qu’il ne faut imposer aux plantes qu'un minimum de dérangement et que, pour le cas où un déplacement serait inévitable, les rhizômes ne doivent demeurer hors du sol que juste le temps nécessaire. La plante s'est montrée rustique dans la pépinière de M. Ware à Tottenham et dans d'autres endroits (1), D''HAMS (1) Cette note fait suite à l’article publié par la Pelgique horticole, en 1881, p. 299. Re 7 EEE, 4 MASDEVALLIA ROSEA. La Belg. hort. 1882, pl III. AIG > NOTICE SUR LE #ASDEVAZLIA ROSE A. LiNDLEY, PAR M. ÉpouArD MoRREN. Planche III, FAMILLE DES ORCHIDÉES. Masdevallia rosea, LiNDLEY, À Century of new Genera and Species of Orchi- daceous Plants, in Annals and Mag. of Natural History, 1845, XV, p. 2175. — H. G. REICHENBACH, WaLp., Annales, 1861, VI, p. 192; Gard. Chronicle, 1880, 1, 554, 648, 680, fig. 117-118; 10 sept. 1881, p. 337; 13 mai 1882, p. 628, 646, fig. 101. Figures analytiques : 1. Un pétale. — 2° Le labelle. — 3 La colonne. .Le Masdevallia rosea est une des espèces les plus anciennement con- nues en botanique et, au contraire, tout récemment introduite en culture. La plante a été découverte pour la première fois par le voyageur allemand Théodore Hartweg, vers 1843, pendant qu'il her- borisait aux environs de Loxa ou Loja, ville située dans la République de l’Equateur, à 30 lieues au sud de Cuenca, près des Andes et dans la région des Quinquinas. Hartweg en recueillit des spécimens d’her- bier que J. Lindley étudia et décrivit en 1845, en leur donnant le nom de Masdevallia rosea : il en fit paraître une courte diagnose. Ces mêmes spécimens d'herbier furent revus par M. Reïichenbach qui en donna une description plus détaillée en 1861. Sur ces entrefaites les Masdevallias, naguère inconnus dans nos cul- tures, arrivèrent en Europe et bientôt en masses considérables; mais rien du Masdevallia rosea de Hartweg et de Lindley, quand enfin, le 1r mai 1880, le Gardener’s Chronicle annonça que cette perle, cette merveille avait été retrouvée par F. C. Lehmann. Au prix de grandes fatigues, de privations et à travers de réels dangers, M. Lehmannétait parvenu jusqu'aux régions élevées et difficilement accessibles où cette plante est confinée. C’est sur le territoire de la Colombie qu'il est par- venu à l’atteindre, mais sans être autorisé à divulguer le nom de la ee [e) SHNBRNES localité. Cette fois on tenait la plante vivante; elle était arrivée en Angleterre dans un bon état de santé et on allait l’offrir en vente dans les salles Stevens, à Covent-Garden. Une grande difficulté avait été vaincue : cette petite plante craint par dessus tout les effets énervants de la chaleur à laquelle son tempérament ne résiste pas; il lui faut l’air vif, frais et pur des montagnes : cependant Lehmann l'avait heureusement fait descendre dans la plaine, et bien emballée, l'avait rapidement expédiée en Angleterre où elle arrivait au moment propice, avant les chaleurs et en bon état de santé. Cette nouvelle mit en émoi tous les Orchidophiles d'Angleterre et du continent. Les enchères de Stevens furent chaudes et animées : de nombreux amateurs se disputèrent à poids d'or les quelques pieds du Masdevallia rosea offerts à leurs convoitises. Plusieurs échürent à notre ami M. D. Massange-de Louvrex, le zélé propriétaire de la célèbre collection de Baillonville. Nous les avons vus à leur arrivée dans les Ardennes : ils avaient, il faut le reconnaitre, bien chétive apparence : quelques feuilles flétries, à peine adhérentes à des tiges minces comme un drageon de chiendent. Mais bientôt, grâce à des soins intelligents, à une cuiture dans un sol frais, léger et poreux, grâce surtout à l'air vif de la montagne et à la pureté des eaux, ces minces fétus ouvrirent un petit œil bien vert, puis deux ou trois qui se développèrent en feuilles verdoyantes. Recues en juin 1880, ces plantes fleurirent dans les serres de Baïllonville au mois d’avril 1882 : cette floraison fut, si nous ne nous trompons pas, la première en Europe, mais peu de temps après, presque en même temps, en mai, la même floraison fut signalée chez plusieurs amateurs anglais. En ce moment même, juin 1882, une forte plante est fleurie au chateau de St-Gilles, chez M. Ferdinand Massange et elle porte jusque six ou sept fleurs épanouies à la fois. La plante est fort jolie, sans toute- fois mériter des éloges dithyrambiques : elle n'a pas la prestance ni la parure des Masdevallia Harryana, Veilchi, Lindeni et autres du même groupe, mais elle plaitet se distingue par son allure toute particulière. C’est une véritable plante andine, une montagnarde et quant au tempérament, c’est la plus rustique des Masdevalles. Elle se plait dans de petites terrines pleines de tessons de pots qui sont cou- verts d’un peu de terre de bruyère, sablonneuse et fibreuse, protégée elle même sous un peu de sphagnum. RAY 7 PRES La plante que nous avons sous les yeux et que nous figurons ici, se présente avec les caractères suivants. DESCRIPTION. — Plante à feuillage touffu et dressé s’élevant à Om14-15, Chaque feuille est garnie à sa base d’une écaille membraneuse, cuspidée, longue de 0"03; elle consiste en un pétiole étroit (0003), canaliculé, assez long (0"03-6) et qui s’élargit rapidement en un limbe elliptique, coriace, long de 0n06-7, large de 00725, vert foncé au-dessus, vert pâle en dessous, sillonné par la nervure médiane et tricuspidé au sommet. Pédoncule grèle, ascendant, ferme, s’élevant un peu au-dessus du feuillage, présentant à la base et à la partie supérieure un nœud pourvu d’une petite bractée. Ovaire court (0"01) et sillonné. Fleur grande (0"07 de long) à périanthe tubuleux. Tube très-long (0028), assez large (0007), un peu com- primé latéralement et dirigé horizontalement, peu arqué et coloré extérieure- ment en beau rose nuancé d’écarlate. Le tube du périanthe se prolonge à la partie supérieure en un lobe très-long (0045), effilé, subulé, dirigé horizontale- ment, arqué ou courbé vers le bas et de la même couleur que le tube. Celui-ci se prolonge à la partie inférieure de la gorge en un lobe ovale, ample (0203 de long et 002 de large), étalé, profondément bipartite, les deux segments étant séparés par un sinus étroit et profond et prolongés chacun en un appendice subulé, filiforme, assez long (0015), d’abord dirigé en avant et plus tard réfracté. Tout ce limbe du périanthe est d’un beau rose, virant sur le violet clair. L'intérieur du tube est traversé par de larges bandes longitudinales jaunes. Pétales minimes (0004), ligulés, blancs, à base large, à sommet tronqué obliquement et brièvement cuspidé. Labelle de même longueur, lingulé, assez épais, velouté sur les bords et à l’épichyle qui est de couleur ponceau. Colonne courte, arquée, blanche; androcline surmonté d’un capuchon; rostellum mem- braneux et rabattu comme un tablier. DE 24 Tel MON DERNIER VOYAGE À LA COTE OCCIDENTALE DU MEXIQUE. PAR B. Rozzz, de Prague). Le 15 Juillet 1874 nous nous embarquions, mon neveu B. Houda et moi, sur le magnifique vapeur « l’Abyssinie » de la messagerie Conrad qui ne prend que des passagers de première classe. Nos compagnons de voyage, au nombre de cent cinquante, étaient pour la plupart des américains de retour d’explorations à travers le continent européen. Nous eûmes pendant les deux premiers jours une traversée orageuse et pénible, à tel point que la plupart des passagers et parmi eux mon neveu qui faisait son apprentissage de la mer, furent contraints de demeurer dans leurs cabines. Les jours suivants nous amenèrent un ciel serein et mirent la compagnie en belle humeur; c'était à qui passerait de la facon la plus agréable le temps disponible après boire, manger et dormir. Le douzième jour nous arrivons en vue de la terre promise, dont l'aspect arrache à chaque Américain cette exclamation involontaire : Me voici enfin chez moi! Le pilote arrive sur un minuscule vapeur ; on entend le capitaine donner l'ordre de stoper, et voilà le pilote à bord, les mains pleines de journaux qu'il distribue en guise de bien- venue. Ces feuilles sont parcourues à la hâte ; on a soif non seulement des nouvelles américaines, mais encore des nouveautés que le télégraphe a apportées d'Europe depuis l’heure du départ. Puis nous remontons, sous la conduite du pilote, le cours de l’Hudson ; en deux heures nous atteignons New York, et nous voilà entourés de gens, parents des débarqués ou employés des hôtels, ces derniers détailllant avec grand bruit et vacarme les avantages de leurs établissements respectifs. Nous descendons à un hôtel espagnol, que je choisis expressément (1) Une relation allemande de cet intéressant voyage botanique a paru dans le Deutsche Gürtner-Zeitung, 1880. — (00 — parce que j'ai chance d’y rencontrer les représentants des nationalités les plus diverses — Cuübains, Mexicains, Guatémaliens, Columbiens, Chiliens, Péruviens, etc. — dont j'espère apprendre maints détails intéressants sur ces contrées que je regarde comme une nouvelle patrie, tant j'y ai vécu de nombreuses années. Nous ne pouvions songer à nous arrêter longtemps à New-York ; cinq jours après notre arrivée, nous prenions le train qui devait nous conduire versles régions occidentales. Voyager en chemin de fer est autrement commode en Amérique qu’en Europe. Les wagons larges, spacieux et confortables ne ressemblent guère aux cages étroites de nos trains continentaux. Ils sont de plus reliés par des galeries qui permettent de passer de l’un à l’autre et sont fournis de toutes les nécessités et commodités de l'existence, dans l’acception la plus large du mot. Le pays que nous traversons avec la rapidité de l'éclair est à peine à demi cultivé; la végétation en est riche et puissante. Une bonne partie des forêts se compose de Pinus S'trobus, Tsuga canadensis et de Magnolias. Les taillis consistent en Azaléas, Andromèdes, Kalmias, ÆXkododendron mazimum et Rhodora canadensis. Les prairies entre Chicago et St Louis sont couvertes à profusion d’Asclepias tuberosa, de Lilium superbum et de quantité d’espèces de Phlox. Et l’on se prend à chaque instant à désirer que le train s’arrête ou ralentisse son rapide essor, pour pouvoir cueillir ou au moins contempler plus à son aise cette merveilleuse végétation. Les champs cultivés ressemblent à ceux d'Europe, mais les jardins fruitiers sont bien plus grands et d'aspect plus enchanteur. Il n’est pas rare de voir des centaines d’arpents plantés d’arbres d’une seule essence, égaux en force et en beauté, choisis parmi les plus productifs et les mieux appropriés au climat et au terrain. Le 2 août nous partons en train express pour visiter la cataracte de Niagara, que je désire faire voir à mon neveu. Nous étions accom- pagnés du jeune et intelligent Enders, alors plein de vie et de santé, mais que la mort devait moissonner peu de temps après, à la fleur de l’âge, dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Je n'’essaierai pas de décrire l’aspect majestueux et grandiose de la chûte d’eau. Mon neveu demeura frappé de stupeur devant ce spectacle et trouva qu’il justifiait son nom de « la plus grande merveille du monde. » Sur le versant canadien par lequel on arrive à la cataracte et qui sert de frontière entre l'Amérique du Nord et le Canada, je rencontrai ne ft à profusion un Parnassia semblable à notre P. palustris, mais à fleur notablement plus grande. Après une halte de 24 heures, nous conti- nuons notre route par Cleveland et Sandrusky, deux grandes cités industrielles que dominent des centaines de cheminées et que parsè- ment, comme toutes les stations intermédiaires du reste, de frais et charmants jardins. En règle générale, chaque famille a sa maison et son « cottage. » Les habitations ont leurs façades tapissées tantôt par la Rose rouge des prairies, Rosa sempervirens, tantôt par des Clématites à grandes fleurs blanches et bleues, qui donnent aux rues l'aspect le plus enchanteur. Nous arrivons bientôt à Chicago, grande ville de première classe dont les superbes maisons, bâties à la suite du grand incendie dont elle fut la proie, sont de date toute récente. La ville est limitée au nord par le lac Erié; à l'est, au sud et à l’ouest se développent huit grand'routes convergeant vers la cité. Un trafic énorme se fait par ces diverses voies, par les vaisseaux à voile et à vapeur qui sillonnent le lac Erié, par les routes carrossables qui parcourent la ville dans toutes les directions. Chicago possède divers jardins privés bien entretenus ainsi qu’un jardin botanique. Nous gagnons ensuite St-Louis, sur le Missouri, ville égale en importance à Chicago et siége d’un commerce étendu avec le sud. L'on y voit plusieurs jardins publics et de nombreux établissements d’horti- culture organisés tout autrement qu’en Allemagne. Les plantes en culture y sont représentées par des spécimens innombrables, à cause de l’énorme consommation qu’en font les jardins particuliers. St-Louis possède en outre un vaste jardin botanique, fondé par un certain M. Show. Nous y trouvons d'immenses collections de Cactus, parmi lesquels les Opuntiées notamment sont représentées par des spécimens gigantesques. Trois cent milles anglais (555 kilom.) plus à l'ouest s'étend Omaha, à mi chemin de San Francisco ; nous sommes à la limite des terres habitées : les prairies déploient à nos regards leur incommensurable étendue et il nous faut franchir mille autres milles anglais (1850 kil.) avant de revoir un arbre, le Pseudotsuga Douglasii. Omaha est une grande ville encore inachevée. L'on s'étonne de la rapidité de son développement quand on songe qu’elle ne date que de l’année 1868, époque où furent construites les huit premières baraques en bois qui ee lui servirent de berceau. Elle n'avait alors d’autre bureau de poste qu'une tente en toile, devant laquelle se dressait, en guise d’enseigne, un vieux chapeau fièrement planté au sommet d’une perche: aujourd’hui postes et télégraphes sont installés dans un local splen- dide. Omaha présente, plus qu'aucune autre ville, les bizarreries caractéristiques de nombre de cités du nord de l’Amérique ; l’état de nature le plus rudimentaire et le plus primitif y trouve place à côté du luxe et des raffinements de la civilisation moderne. Tout contre la ville se dressent les tentes des Indiens d'Omaha, qui traînent une existence précaire et misérable sous des huttes couvertes de peaux de buffles. A partir d'Omaha, la voie ferrée ne fait qu'escalader des prairies parsemées à perte de vue de Delphinium bleus, dont la teinte uniforme est interrompue de distance en distance par quelques Gaillardia, des Coreopsis, des Phlox et des Euphorbes multicolores. Plus nous avan- cons dans les prairies et plus le gazon devient bas et rampant. Au bout de 24 heures nous avons fait 316 milles anglais (584 kilom.) et nous sommes arrivés à Cheyenne, à 2000 m. au dessus du niveau de la mer. C'est le pays des Pentstemon : nous faisons halte pour recueillir les semences de ces charmants végétaux, dont les fleurs couvrent d'immenses étendues qu'elles parent de leurs brillantes couleurs : ici de bleu foncé, là-bas de rouge-pourpre. Sur les côteaux peu élevés de cette région si intéressante pour le botaniste se rencontrent déjà les représentants de la flore alpestre américaine; mais combien peu elle ressemble à celle d'Europe ! Dans ces contrées que jamais n’arrose une goute de pluie prospèrent surtout les Opuntia, les Mamillaires, les Cereus, les Yucca, les Calochortus, formant le fond du tapis végétal et entremélés de quelques Phlox, Oenothères, Coreopsis, etc. Nous y passons deux jours à récolter des graines, puis nous nous dirigeons eu ligne directe vers le sud, cotoyons la chaine des « Montagnes Rocheuses » dont certains pics atteignent 5000 m. d'altitude et arrivons enfin à Denver, la capitale du jeune état de Colorado, perchée à 2000 m. au dessus du niveau de la mer. Après une courte halte nous gagnons Georgetown, 60 milles (111 kilom.) plus à l’ouest, dans la profondeur des montagnes; c’est une ville indus- trielle dont les environs sont riches en minerai d'argent. Le but de notre voyage est de récolter des semences de Conifères ; nous trouvons Tes sur la montagne les cônes murs des Pinus monticola et flexilis, puis du splendide Picea Perryana, connu aussi sous le nom de P. Fngel- manianna. Nous en emplissons six grands sacs que nous emportons avec nous à Denver pour les sécher au soleil. Nous rencontrons aussi l'Abies commutata : malheureusement ses cônes sont encore loin de maturité. Notre voyage nous conduit ensuite plus au sud, à Colorado-Spring, petite station où nous faisons halte. Le chef de gare, un tout jeune homme de 17 à 18 ans, met à notre disposition sa maiïsonnette pour y loger et y remiser nos bagages. Tout résignés que nous fussions à passer la nuit à la belle étoile, l'offre de cet abri ne laissa pas que de venir à propos, car il y avait au dehors huit centimètres d'épaisseur de neige et, bien qu’on füt au 15 août, la température se montrait extrêmement rigoureuse. Nous venions à Colorado-Spring récolter des semences de Conifères et notamment d’Aies concolor. Après pas mal d'explorations et de recherches, nous finissons par rencontrer ce majestueux végétal qui ressemble énormément à l’Abies lasiocarpa de Californie, mais s'en distingue par la teinte blanc-argenté de l’une. et l’autre face de ses feuilles aciculaires : d’où la dénomination de concolor qu’il recut du D' Engelmann, il y a quelque vingt ans. Heureusement la neige ne persista guère; deux jours plus tard le temps était superbe et nous pûmes nous livrer fructueusement à la recherche des spécimens les plus beaux, c’est-à-dire les plus chargés de cônes séminifères. Grimper au sommet des arbres n'était guère possible, par ce temps froid et venteux; nous étions réduits à les abattre pour faire ample moisson de ces cônes tant désirés. C'est dans cette excursion que je rencontrai une charmante variété nouvelle à cônes violacés, que je baptisai, en raison de cette particu- larité, du nom d’Aies concolor violacea. Quand les arbres nés de ces graines auront acquis toute leur croissance, ils seront dans nos jar- dins d'Europe de l'effet le plus décoratif. Je trouvai aussi au même endroit le Pseudotsuga (Abies) Douglas à aiguilles grises, avec une forme naine, haute à peine d’un mètre, couverte de cônes à profusion, ainsi que le Picea Perryana dans les ravins. J'avais aussi l'intention de récolter un millier de bulbes de Calochortus venustus que, deux ans auparavant, j'avais rencontré en abondance dans cette localité. Grand fut mon désappointement de ne plus en DES retrouver un seul pied : du bétail avait été parqué sur la prairie et en avait brouté les tiges en guise de friandise; les broussailles même les plus touffues avaient été inefficaces à les protéger contre la gour- mandise de ces maudites bêtes, de telle sorte qu’au lieu de la récolte miraculeuse sur laquelle j'avais compté, je dus me contenter de deux malheureuses bulbes. Une semaine entière s'était passée à chercher et à récolter des graines : je dus payer au chef de station 12 marks (15 fr.) par jour pour l’abri incommode et la nourriture plus que médiocre qu'il voulut bien mettre à notre disposition. À demi morts de faim — car il n’y avait pas à songer à s’approvi- sionner de vivres que l’on était réduit à faire venir de Denver, 60 milles anglais (111 kilom.) plus loin — nous continuâmes notre route en traversant Fueblo pour atteindre Canon-City, où nous voulions récolter les semences du Pinus edulis. Après beaucoup d’excursions et d’explorations infructueuses, nous arrivämes à cette triste conclusion que nos recherches étaient vaines : les Indiens Apaches, nous dit-on, nous avaient dévancés et avaient recueilli les graines pour s’en servir en guise de nourriture. Les semences de ce pin sont presque aussi volumineuses que celles du Pinus Cembra et ont un goût exquis. L'arbre est loin d'être beau; il demeure chétif, rabou- gri, tortueux ; mais il est recherché pour les collections précisément à cause de la singularité de sa tournure et du groupement spécial de ses aiguilles, longues de 3 centimètres et disposées deux par deux. Nous nous résignâmes donc à abandonner ces recherches stériles pour regagner notre quartier général à Denver et nous occuper de la dessi- cation des cônes précédemment récoltés : travail fastidieux et pénible, car nous n'avions qu'un minuscule balcon pour dessécher une vingtaine de sacs pleins à déborder ; puis le temps se mit à l'orage et il fallut, pour empêcher la dissémination de leurs graines ailées, recouvrir les cônes de sacs vides. Dans l’entretemps nous entreprimes une explo- ration vers Georgetown, pour y recueillir les semences, mûres à cette époque de l’année, de l’Abies commutata. Enfin, le 26 septembre, le nettoyage de notre récolte fut assez avancé pour nous permettre d’expédier à New-York 125 kilog' de graines de conifères, 25 kilog” de semences de Yycca angustifolia et 10 kilog' de semences d’Zpomaea linifolia. PE ©: RE Pendant notre séjour à Denver eut lieu une exposition des produits du pays laquelle, sans être bien brillante, n’en laissait pas moins que d'exhiber des résultats satisfaisants pour une contrée cultivée depuis une quinzaine d’années à peine. La première habitation érigée à Denver dâte de quatorze ans et la ville, à l’époque de notre voyage, comptait déjà 20,000 habitants. Parmi les produits exposés, les plus remarquables étaient une gigantesque citrouille pesant 117 kilog. et deux lingots, l’un d'argent pur du poids de 1850 kilogr., l’autre d'or pesant 49 kilog', tous deux arrachés aux entrailles des Montagnes Rocheuses. Puis venaient les magnifiques chèvres-angora dontla toison sert à tisser les châ'es persans; enfin les céréales, les légumes, les fruits et les échantillons de minerai. Des Indiens aux costumes bigarrés y prenaient part : il y en avait parmi eux dont les oreilles, découpées en deux endroits et portant dans chaque entaille six anneaux de pierre, le visage teint en rouge et les cheveux divisés en tresses multiples formaient un ensemble étrange, ne ressemblant pas mal à une crète de coq. — Ces Indiens organisèrent diverses courses à pied et à cheval extrêmement intéressantes pour nous. A cheval, ces gaillards sont lestes comme des singes : ils vont, viennent, s'asseyent, se tiennent debout, se laissent pendre sous le ventre de leur monture, bondissent comme sur la terre ferme. Une certaine émotion régnait parmi les naturels du pays : on s’entretenait à mi-voix des ravages du Doryphora, dontles innombrables cohortes dévoraient les feuilles et les tiges des carottes à tel point que la récolte semblait singulièrement compromise. Heureusement ces fâcheux pronostics ne se réalisérent qu’en partie, les tubercules étant déjà venus et formés avant l’appa- rition de ces parasites incommodes. Le 30 septembre nous revinmes par express à Shermann, où je voulais rechercher un lis rouge que j'avais, quatre ans auparavant, apercu dans un marécage éloigné de deux lieues de la gare. Mais nos recherches furent vaines : la station semblait s'être évanouie. La contrée présente tant de formations gréseuses, entrecoupées d’un si grand nombre de vallées identiques, que l’on y erre comme dans un labyrinthe, sans trop savoir où l'on est. Découragés par l'insuccès de nos recherches, nous nous hâtâmes de regagner la voie ferrée. Dans cette contrée située vers le 40° parallèle nord, on trouve, à DO ER 3000 m. environ d'altitude, un massif de Mamillaires en pleine santé, bien qu’en août la température soit inférieure à 3° R. (3°8 C.) et descende en hiver jusqu’à 30° sous 0 (— 37° C). Désireux de récolter encore des Cônes de conifères et de les trouver fermés — car aux premières lueurs du soleil et au plus faible souffle du vent, les graines s’envolent dans toutes les directions — nous voyageâmes trois nuits et deux jours sans nous arrêter, jusqu'aux montagnes neigeuses de la Sierra Nevada de Californie, 1400 milles (2590 kilom.) plus à l’ouest. Les contrées que nous traversons chan- gent constamment d'aspect : tantôt ce sont de hautes montagnes, tan- tôt de vastes plaines et des lacs, parmi lesquels le Lac Salé, dans l’état d'Utah. Le matin du troisième jour nous faisons halte à la petite ville de Truckee, qui compte 2500 habitants dont la moitié chinois. La ville est perchée sur le flanc oriental de la Sierra Nevada, à 2000 m. d'altitude. La forêt, qui descend jusqu’à ses portes, se compose sur- tout d'A bies magnifica, A. lasiocarpa, Pinus Lambertiana et P. Ben- thamiana. Les cônes de ces diverses espèces étaient juste en train de s'ouvrir, et il fallait hâter la récolte. Aussi j'engageai douze Chinois au prix de 2 1/2 dollars (fr. 12-50) pour abattre les arbres, car il n'y avait pas à songer à y grimper. Les cônes des divers Abies sont tout imprégnés de résine; le nettoyage en est long et pénible. Or, pendant que nous étions occupés à cette besogne, nous reconnüûmes, à notre grand désappointement, qu’un petit ver, à peine visible, avait rongé et détérioré presque toutes les semences. Les cônes de l’Abies magnifica étaient d’une grosseur inaccoutumée, mais aux trois-quarts vides. Le fruit de tous nos labeurs était donc perdu : il fallait se remettre à la recherche des cônes, que j’espérais retrouver à « Summit. » Les fruits du Pinus Lambertiana, dont nous recueillimes une quantité, sont longs d'environ 30 centimètres et atteignent, lorsqu'ils s'ouvrent au soleil, 10-13 centimètres de largenr. Il faut en récolter pas mal pour avoir quelques kilogr. de semences. Comme les arbres ne portent qu’un petit nombre de cônes suspendus aux rameaux supérieurs seulement, l'on se voit obligé, bon gré mal gré, d'en faire une destruction démesurée. Et je soupirais chaque fois que je voyais tomber à mes pieds l’un de ces gigantesques Abies magnifica, plus beaux peut-être, avec leur riche nuance gris-argenté, que le célèbre Araucaria excelsa. Nous recueillimes plus de 50 sacs de cônes de pins, d’où nous MNT A parvinmes à extraire et à envoyer en Europe, après 14 jours d’un travail ininterrompu et pas mal de peines et de difficultés, 150 kilogr. de semences mondées. Le 14 octobre nous nous dirigeâmes vers « Summit », le point culminant de la ligne centrale du Pacifique, à 2500 m. d'altitude. Le trajet est intéressant et accidenté : la voie ferrée traverse huit longs tunnels, franchit sur des ponts solidement charpentés des ravins, des précipices, etc. À droite se déploient, à 2000 m. d'altitude, les eaux claires et limpides du Donnersée, telles qu’un gigantesque miroir reflétant les derniers rayons du soleil couchant. À Summit s'élève, outre les bâtiments de la station, un grand hôtel que nombre de Californiens habitent pendant les mois d'été. La contrée. est renommée comme territoire de chasse : outre le lièvre, le chevreuil et le coq de bruyère, on y rencontre l'ours grisly et l’ours noir. Le pécheur trouve, dans les six lacs du voisinage et les innom- brables ruisseaux qui y serpentent, d’excellents poissons parmi lesquels une espèce de truite. C'était la sixième fois que j’explorais eette région et je ne manquai pas d'admirer, cette fois encore, la beauté de la contrée et la limpidité de l’atmosphère qui n’a d'égale en aucun autre lieu du monde. Au contact de cet air frais et pur se développe un appétit insatiable : l’on y mange moitié plus qu'ailleurs. | Nous y trouvons un Strobus du plus bel effet, le Pinus jfleæilis, dont les cônes minces et effilés sont juste à maturité. C’est un arbre qui s’adaptera parfaitement au climat de notre patrie. De 3500 à 3700 m. d'altitude s'étend une vaste forêt de Tsuga Hookeriana, superbe végétal à cime exactement pyramidée, avec des rameaux pendants couleur gris-cendré et des cônes violet foncé longs de 5 cm. Je ne connais aucun Conifère qui demeure aussi constamment. fidèle à la forme pyramidée, sauf peut-être le Cedrus Deodara : encore . chez ce dernier se perd-elle avec les progrès de l’âge et l’étalement plus accentué des rameaux. Une particularité vraiment étonnante est la stricte délimitation de la zône de croissance de ce végétal. La forêt, qui ne se composait à sa lisière que d’Abies magnijica et de Pinus jflexilis, Se trouve tout-à-coup être entièrement formée de T'suga Hookeriana ; par ci par là se rencontrent bien encore quelques spécimens perdus de Pinus M flexilis, isolés, rabougris, de l’aspect le plus lamentable; encore ne tardent-ils pas à disparaitre; quant à l’Abies magnifica, il s'est évanoui comme par enchantement dès l'apparition du peu sociable Tsuga. L'on serait disposé à croire que les semences de Tsuga, trans- portées en énorme quantité par les oiseaux, l’eau et le vent jusqu’au bas des montagnes, pourraient s'y acclimater et prospérer dans des zones de moindre altitude : ce serait une erreur. Certes, quanbité de graines susceptibles de germer descendent les pentes des monts, mais il n’en est pas moins vrai que l'observateur le plus attentif ne réussira jamais à rencontrer le Tsuga Hookeriana en dessous de 3500 à 3700 m. d’élévation. Ce n'est du reste pas la première fois que nous remarquons cette particularité étrange; nous la trouvons exprimée avec la même netteté sur n'importe quelle montagne alpestre. Après avoir, avec l’aide de nos Chinois et de quelques mercenaires irlandais, réuni suffisamment de cônes de Tsuga Hookeriana et de diverses espèces de Pins — entre autres le Pinus occidentalis — il fallut songer au fastidieux travail de dessiccation de notre récolte. Un temps superbe contribra, au début, à rendre notre tâche moins pénible, mais notre joie fut de courte durée. Des le troisième jour — c'était le 24 octobre -— une petite pluie fine commenca à tomber dès le matin. La pluie, dont on n'avait plus eu une seule goutte depuis la fin d'avril, ne tarda pas à se changer en neige et, vers trois heures de l’après-dinée, celle-ci descendait en flocons volumineux et serrés. Il fallait s'occuper de chercher un abri pour notre récolte incomplètement desséchée. J'avais compté la remiser sous l’hôtel, bâti sur pilotis suivant l'usage de la contrée, quand je m'apercus, à mon grand effroi, que des centaines de bras étaient occupés à y entasser du bois à brûler, avant que la neige, en l’imprégnant, ne le rendit impropre à servir de combustible. IL ne me restait autre chose à faire que d'emballer mes semences et mes cônes dans des sacs et des caisses dont je pus, par bonheur, me procurer un stock suffisant. Cependant l’hiver arrivait avec sa violence habituelle et ses énormes rafales de neige ; celle-ci tomba sans interruption pendant cinq jours, s’accumulant dans les plaines unies et découvertes jusqu'à 2 m. de hauteur. L'apparition subite du mauvais temps ne laissait pas que de nous mettre de mauvaise humeur, impression qui, hâtons-nous de le aie US dire, était loin d'être partagée par certain hôte de l'établissement. Dans une vaste cage découverte se trouvait un grand ours noir captif et c'était chose curieuse de voir l'énorme bête manifester à sa manière son contentement et sa joie de l’apparition de la neige; bondir en l'air, puis se coucher et se rouler au milieu des flocons fraichement tombés, pousser de petits hurlements de bonheur et de plaisir, escalader en quelques sauts l’échafaudage dressé dans sa prison, se laisser glisser à terre et recommencer à sauter et à danser. Les ouvriers occupés à déblayer la neige s'amusèrent à lui en lancer quelques poignées; ce fut alors que sa joie éclata de la facon la plus expansive et la plus bruyante. L'arrivée prématurée du souverain des frimas et des neiges, qui se fait généralemeut attendre jusque vers le milieu de novembre, ne lais- sait pas que de jouer un mauvais tour aux habitants du pays. En règle générale on a l'habitude, à l’approche de l'hiver, de couvrir d’un toit protecteur le court espace qui sépare de la gare abritée en toute saison l'hôtel de Summit, afin que les voyageurs puissent descendre à pied sec pour venir y prendre, ceux qui arrivent de l’est leur déjeuner, ceux qui viennent de San Francisco leur souper. Or nul, au moment de la brusque apparition de la neige, n'avait encore songé à disposer cet abri, de telle sorte que les hôtes de l'établissement s’y trouvaient enfermés comme dans une prison, n’osant se risquer au dehors qu'avec des patins de 1 m. 60 de longueur. Le long de la voie ferrée, couverte sur des vastes étendues, la neige s’accumulait aux points découverts jusqu'à 6 m. de haut. Inutile d'ajouter que ma situation n'avait rien d’enchanteur; il ne me restait autre chose à faire que de redescendre vers l'ouest par la ligne centrale du Pacifique : encore ce projet était- il hérissé d'innombrables difficultés, car, en certains points, le train n’avançait qu’à grand'peine, malgré les deux locomotives munies de chasse-neige dont il était précédé. Enfin le troisième jour la voie fut libre et nous gagnämes Colfax, ville située à 800 m. d’altitude, sur le versant occidental de la Sierra Nevada. Au lieu de la neige qui s’accu- mulait à Summit, nous y trouvâmes des pluies abondantes ; la tempéra- ture était printanière, la nature semblait reverdir. Nous eûmes bientôt fait de nous procurer un abri pour y étaler nos graines et achever leur dessication. Une fois cette besogne terminée, j’explorai la contrée dans tous les sens et y trouvai une vaste forêt de Pinus Lambertiana. MON. LE C’est un arbre haut de 30 à 50 m., dont les spécimens les plus vigou- reux ont de 1 m. 50 à 1 m. 90 de diamètre et doivent un aspect parti- culier à leur croissance inégale, à leurs rameaux irrégulièrement découpés (comme dans le Cupressus macrocarpa) et à leurs cônes longs de 30 à 40 centimètres, suspendus par groupes de 2 ou 3 à l'extrémité des branches et des rameaux. Il était trop tard pour songer à en récolter les semences, déjà dispersées depuis longtemps. Les Indiens en recherchent avidement les cônes qu'ils font tomber de l'arbre. Ils choisissent pour cela l'époque où ils sont encore fermés et les placent sur des charbons ardents dont la chaleur les fait éclater. Les graines ainsi obtenues sont emmagasinées comme provision d'hiver. En raison de cette pratique, le sol que nous foulions aux pieds était tout jonché des débris de ces cônes que recouvre une résine blanche à saveur sucrée : d’où le nom de « Pin sucré » que les Californiens donnent à l'arbre. En avançant dans la forêt, je tombai sur un campement d’Indiens. Leurs huttes ou plutôt leurs taudis extrêmement primitifs, de forme conique, faits de troncs d’arbres irrégulièrement disposés, ont tout au plus 2 m. 50 à 3 m. de diamètre ; ils sont couverts de branchages : l'ouverture qui leur sert d'entrée est tendue de peaux d'ours ou de buffles. Il ne s’y trouvait que des femmes, dont quelques- unes avaient le visage et toutes les parties découvertes du corps ainsi que leur longue chevelure peintes en rouge cinabre ou en noir : cette dernière couleur est le signe du deuil, tandis que le rouge sert d’or- nement aux hommes et aux femmes. En quelques secondes tout le camp m'entourait, curieux de voir et de connaître l’aventureux étranger qui venait ainsi troubler sa quiétude. Autant que le permet- tait ma connaissance imparfaite de la langue, je m'’efforçai de faire comprendre à tout ce monde que je désirais visiter les huttes et sur- tout les magasins à provisions. Les femmes m’apprirent que le chef et tous ses hommes étaient à la chasse et qu’elles attendaient leur retour dans 2 ou 3 jours, mais aucune ne parut disposée à m’accorder l’entrée du sanctuaire ou plutôt de leur dégoûtant taudis. Je pénétrai quand même dans la plus grande hutte, qui est celle du chef, et y trouvai quelques sacs de cuir remplis les uns de glands, les autres de semences des Pinus Lambertiana et Sabiniana. Le plancher était jonché de cônes de ces deux espèces, gros comme la tête et contenant encore LE 80 = quelques semences aussi grandes que des noisettes. Les cônes sont superbes; leurs écailles portent à la face externe des prolonge- ments pointus longs de 3 cm. Il faut le secours d'une massue pour les ouvrir : aussi les indigènes trouvent-ils plus commode de confier cette besogne au feu, comme je l'ai indiqué précédemment. J'y rencontrai aussi, broyées et amassées en quantités énormes, les baies rouge-brun de l’Arbutus rotundifolia; ces fruits écrasés donnent une sorte de fine farine de couleur jaunâtre, qui, mélangée à l’eau, fournit une boisson acidule très agréable. Tout cela gisait pêle mêle sur le sol de la hutte, et si l'on réfléchit que cet étroit espace sert à la fois de dortoir, de cuisine, de chambre à manger, etc, on comprendra que l'ensemble produise sur le visiteur l'impression la plus désagréable et la plus repoussante. J'avais pour mission de récolter quelques milliers de bulbes de Lillium Humboldli; j'étais précisément sur le territoire de chasse et, après trois jours d'explorations et de recherches, je découvris, à mon grand contentement, un endroit où cette charmante fleur croissait en abondance. Heureux de ma trouvaille, je repris sans tarder le chemin de Colfax pour faire part à mon neveu de la bonne nouvelle. Il était trop tard pour songer à commencer la besogne le jour même, mais dès le lendemain matin, nous nous mettions en route et atteignions en deux heures le théâtre de nos labeurs. Je dis labeurs, car il n’est pas aussi facile qu’on serait tenté de le croire de déterrer les bulbes des lis; ceux-ci grandissent avec une préférence marquée au milieu des buissons épineux d'un Ceanothus à fleurs blanches, et comme le sol y est tout criblé de racines, l'enlèvement des oignons doit se faire avec les précautions les plus minutieuses, de crainte de blesser leurs tissus délicats et de les voir se pourrir pendant le transport. Là où les hampes florales s'étaient brisées par suite de quelque accident, les bulbes étaient le plus puissamment développées ; celles dont l’enfouis- sement atteignait une profondeur de 60 centim. portaient le plus grand nombre de fleurs : j'en comptai jusqu’à 40 sur certains spécimens. Nous travaillâmes 12 jours sans interruption pour récolter 4000 exem- plaires dont nous remplimes 80 sacs. Grande fut la surprise des habitants de Colfax en voyant notre récolte. Il y avait surtout parmi eux des juifs allemands qui nous accablèrent de questions insidieuses : « Qu'est-ce que celà? Combien cela vaut-il? Où le vend-on? D'où LE. ce vient-il? » Telles étaient les questions qui se pressaient sur leurs lèvres, en même temps qu’ils faisaient d'un œil jaloux l’inventaire de nos richesses. « Ce sont des « Lis tigrés » leur répondis-je, car tel est le nom sous lequel la plante est connue dans le pays : celui de Lilium Humboldti, que je lui appliquai dans un précédent voyage, me fut inspiré par la date de ma découverte qui tombait juste au centième anniversaire de la naissance du grand naturaliste. Mes curieux questionneurs — il y en avait bien une centaine — parurent extré- mement surpris et affirmerent n'avoir jamais vu de ces bulbes. Après avoir soigneusement emballé ma récolte dans de grandes caisses, je repris la ligne du Pacifique et revins sur mes pas vers une station nommée Æmigrant-Gap, située sur le versant méridional de la Sierra Nevada, à 1600 m. d'altitude. À cette hauteur, où le Zilium Hum- boldti disparaît, commence la zône du Z. Washingtoni, que l’on retrouve en plein état de développement et de santé jusqu’à 3000 m. d'altitude. Les fleurs en sont blanches, mais leurs pétales en fanant se teignent légèrement en rose. Là aussi j’eus l’occasion d'observer que les fleurs sont le plus abondantes et le mieux développées quand les bulbes qui les produisent sont enfouies à une suffisante profondeur; je ne comptai cependant pas au delà de vingt fleurs par hampe florale. Avec l’aide de quelques Chinois je récoltai 2000 spécimens, les emballai et, le 30 octobre, rétrogradai encore de cinq stations. Arrivé le soir à destination, j'escaladai dès le lendemain la crête montagneuse qui domine la localité et pénétrai dans un vallon d'une profondeur inaccoutumée, que j'avais déjà visité plusieurs fois les années précé- dentes et où je connaissais une prairie couverte à profusion de Zilium puberulum. Ce lis, comme les Zilium superbum, canadense, etc., appartient au groupe caractérisé par la présence non de bulbes proprement dites mais de rhizômes, épais de 30 centim. et étalés à 15 cm. de profondeur sous le sol. Cette particularité de structure rend extrêmement facile l'enlèvement de la plante: dès cinq heures après- diner nous en avions ramassé un nombre de spécimens suffisant pour en emplir une vingtaine de sacs. Mais la difficulté — et c'est ici qu'un bon conseil eût valu son poids d’or — était de les faire parvenir à destination. Ce n’est qu'après de longues recherches que je pus me procurer un chariot à deux chevaux pour y charger mes sacs et les conduire à la gare. Là les rhizômes furent emballés dans des caisses 6 LPS Qu et nous accompagnâmes l'envoi à San Francisco d’où l’on peut faire parvenir, sans grande peine, marchandises et bagages jusqu’à New-York : les petites stations intermédiaires ne sont guère orga- nisées pour de telles expéditions et entraînent à des frais bien plus considérables. À San Francisco nous expédiâämes 50 grandes caisses, après quoi nous revinmes à Colfax. Deux milles (3 kilom. 70) au delà de cette ville se déploie un sîte ravissant que l’on nomme le Cap Horn et dont l’admirable perspective dépasse tout ce que les Etats-Unis de l'Amérique du Nord offrent en ce genre à l'œil émerveillé du touriste. L’American-River déploie au milieu d’une vallée enchanteresse le ruban argenté de ses eaux limpides et tranche sur le ton sombre du feuillage du Pinus Lambertiana, dont les immenses forêts tapissent, jusqu'à 850 m. d'altitude, les flancs des montagnes qui servent de cadre au vallon. La voie ferrée grimpe le long des rochers, s'accroche à leurs pentes, côtoie des abimes dont l’un, distant d'à peine un mètre et d'une incommensurable profondeur, donne la chair de poule au voyageur le plus intrépide et le plus familiarisé avec le péril. N'oublions pas de mentionner en passant un genre d'industrie chinoise pratiqué ici sur une vaste échelle par les citoyens du Céleste- Empire. Dans cette région grandit une plante de la famille des Lilia- cées, à petites fleurs blanches : ses bulbes, longues de 8 à 12cm. et larges de 5 à 6, sont recouvertes d'une sorte de fibres qui les fait ressembler à une tête d’'Indien avec sa chevelure. Les fibres en question sont soigneusement recueillies, triées, empaquetées en balles de 100 k°5 et expédiées à San Francisco, où elles servent au rembour- rage des matelas et des meubles. Après quelques jours de repos je me dirigeai vers Sacramento, capitale de la Californie. Il s’y tenait justement une grande exposition de fruits et de fleurs, et je n'eus garde de manquer de lui rendre visite. Elle comprenait entre-autres diverses collections de splendides raisins de table et de magnifiques spécimens de fruits ainsi qu’un grand nombre de vins d'espèces nouvelles, variétés nées presque toutes de semis du Muscat d'Alexandrie. Je fus vraiment surpris de la diversité des espèces exposées, au point de vue tant de la grosseur des raisins et des grappes que de l'intensité de leur coloration. C'est avec raison que la Californie peut revendiquer le titre de « terre promise de la vigne », et s’il est vrai qu'on s’y adonne. 0 ARE aujourd'hui de préférence à la culture des raisins de table, le temps n'en est pas moins proche où les vins californiens sauront se faire et se maintenir une place importante sur les marchés du monde entier. Des milliers de tonnes de raisins de table sont expédiées chaque année par chemin de fer vers l'Est et approvisionnent de ce précieux produit les villes de Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, etc. Et bien que la distance à franchir atteigne souvent 3000 milles anglais (5550 kilomètres), les raisins parviennent à destination dans un état à ne pas laisser soupconner cette longue traversée. Ils voyagent du reste aussi par mer et s’en vont jusqu'au Japon et aux iles Sandwich. La Californie exporte également d'énormes quantités de poires et de pommes d’excellente qualité, que l'on retrouve à Mazatlan, à Man- zanilla, à Acapulco, à San José de Guatamala, à Panama et jusqu’en Europe. N'oublions pas de mentionner que l’on y cultive aussi des | prunes, des noix, des oranges, des citrons et des figues de qualité tout à fait supérieure, destinés en partie à l'exportation. Les légumes exposés étaient superbes: leur vo'ume et leur beauté eussent certai- nement excité l'admiration de l'honorable lecteur. Un grand nombre de fabriques de conserve utilisent ces légumes, dont quelques uns, l’asperge entre-autres, se cultivent sur une échelle considérable, en vue de l'exportation qui prend chaque jour plus d'importance. Quand on songe qu’il y a trente ans d'ici ces précieux produits du sol ne croissaient qu’en proportion insignifiante sur ce territoire alors complètement inculte, l’on est frappé d’admiration devant l’infatigable persévérance des émigrés allemands et anglais dont les opiniâtres travaux ont enfanté de telles merveilles. C'est grâce à leurs efforts que l'énorme quantité de matériaux nutritifs accumulés dans le sol a été mise en activité au profit de cette végétation luxuriante et qu'une ville prospère, entourée de campagnes et de jardins floris- sants, a surgi du sein d’une région autrefois désolée et stérile. Rien que les nombreux visiteurs accourus de toutes parts pour assister à l’exposition suffisent à prouver l'intérêt que prend la population tout entière à la culture des champs et des jardins. — De telles exposi- tions se tiennent fréquemment dans le courant de l’année et revêétent l'aspect de véritables fêtes nationales : il n’est pas une petite ville qui n’ait la sienne, plus ou moins brillante, suivant l'importance et la richesse de la cite. Nan Sacramento doit son aspect enchanteur aux nombreux jardinets bien entretenus qui le parsèment: nulle habitation, quelque modeste qu’elle soit, n’en est dépourvue. Tous sont plantés et cultivés avec goût; l’on y trouve, à côté des arbres indigènes — Pinus insignis, Cupressus macrocarpa, etc. — des espèces originaires de l’Australie, telles que : Æucalyptus globulus, Acacia dealbata, À. longifolia, À. linearis, A. lophanta, Callistemon semperflorens, Polygala Daniel- siana, Araucaria excelsa, etc., représentées par de forts beaux spéci- mens. L’on y voit aussi des Roses, des Héliotropes, des Fuschia, des Calla, des Petunia, des Iris, des Oeillets, des Chrysanthèmes, etc., et la beauté de ces parterres ne manquerait pas d’exciter l'admiration et la convoitise de nos jardiniers européens. Il est vrai que la besogne de l’horticulteur est autrement commode dans ces contrées privi- légiées que chez nous; pas n’est besoin d’y chercher, pour les plantes délicates, l'abri d’une serre pendant les mauvais jours : elles derneurent en plein air, sans protection ni couverture, sans avoir à y redouter les atteintes d’une gelée meurtrière. — Mentionnons aussi le jardin de Woodward, créé et entretenu jusqu'à ce jour par un particulier de San Francisco qui lui a donné son nom. L'on y trouve, indépendamment d’une immense collection de toutes les plantes et arbres imaginables, un jardin zoologique rempli d’une profusion d'animaux. Les oiseaux de la Nouvelle Guinée captivèrent surtout notre attention : c’est chose admirable que l'éclat de leur plumage, dont les teintes châtoyantes varient à chaque mouvement et forment un tableau d’une beauté et d’une richesse incomparables. Enfin le jardin contient encore un musée plein de collections d’une réelle valeur. Après avoir contemplé à loisir les curiosités de San Francisco — si nombreuses que les dimensions de ce journal ne me permettent pas de les décrire en détail — nous réemballâmes avec un surcroît de soin et d'attention nos semences et nos bulbes, si laborieusement acquises, pour expédier la récolte entière à New-York, à l’agent de la maison, lequel avait mission d’en soigner le transport par eau jusqu'en Angleterre. Nous fimes en même temps savoir au pays que nous nous proposions de reprendre la mer le 27 novembre 1874, sur le vapeur américain Costa-Rica. Après avoir franchi 364 lieues marines anglaises à partir de San Francisco, nous jetâmes l'ancre "se ‘ds Las 2: dans le port de San Pedro, au voisinage immédiat de Los Angellos, la plus grande ville du sud de la Californie. Le climat en est enchanteur; les Citroniers, les Orangers et jusqu'aux Ricins y prospèrent. Nombre de vignerons, émigrés des bords du Rhin, sont venus s’y abattre et y ont essayé avec plein succès la culture de la Vigne. Un vin qui n’est pas sans mérite se retire des superbes variétés de raisins, dont le pays n’est pas moins prodigue qu'à Sacramento. Nous ne devions faire halte à San Pedro que le temps nécessaire pour nous approvisionner d’eau et de vivres frais, quun minuscule vapeur conduisit à notre bord en quantité suffisante. Bientôt nous reprimes la mer et continuâmes notre voyage vers San Diégo, 82 lieues marines au sud de San Pedro. San Diégo est ie point le plus méridional de la Californie, il n’est distant du territoire mexi- cain que de quelques milles et possède le débarcadère le plus sûr du monde, connu de tous les navigateurs sous le nom de baie de San Diégo et jouissant auprès d'eux de la meilleure réputation. Cette ville s'est élevée et peuplée en quelques années ; bien qu’elle ne compte encore que 7 à 8,000 habitants, elle se développe néanmoins sur un territoire assez étendu. Nous y remplaçâmes notre cargaison, puis poursuivimes notre voyage vers les côtes de la Basse Californie, 20 à 30 milles plus loin. Cette traversée est une des plus belles que j'aie jamais faite en mer. C’est à peine si notre vaisseau eût à souf- frir d’une microscopique tempête. À gauche, le long de la côte américaine, se dressent des montagnes de toutes dimensions, hautes de 1,900 mètres à peine, mais d’aspect si changeant et si enchanteur que le spectateur voit à regret le soleil s’abaisser vers l'horizon et lui ravir la perspective de ce tableau merveilleux. Bientôt cinq cent milles anglais sont franchis et nous voilà au port de San Lucas, point extrême de la presqu'’ile. Nous y abordons de nuit, comme le font du reste presque tous les vapeurs et un coup de canon annonce notre arrivée. Après une halte d’une heure, le vaisseau lève l'ancre et nous voguons à travers le golfe de Californie vers Mazatlan. C'est la première ville mexicaine à laquelle nous touchons, et, franchement, si elle se distingue des cités californiennes, ce n’est pas à son avan- tage. Bientôt une foule bigarrée entoure notre vaisseau : ce sont des hommes demi-nus, effroyablement peints et bariolés. On dirait qu’ils ont voulu rivaliser entre eux par la bizarrerie et l’étrangeté de coloration de leur peau ; ici c’est le noir le plus foncé, là la plus belle nuance cuivrée, voire même le blanc le plus éclatant : l’ensemble forme un spectacle vraiment curieux et extraordinaire. C'est le 8 décembre que nous débarquons et le thermomètre marque 28 R. (35 C.) à l'ombre. Une sécheresse ininterrompue règne depuis nombre de mois et quantité d'arbres sont morts, victimes de ce climat meurtrier. Ils sont là debout encore, nus, rabougris, privés de feuillage, tandis que, dans les régions où persiste quelque humidité — dans les ravins par exemple — la végétation s'étale dans toute sa splendeur, les forêts se dép'oient vertes et vigoureuses. Nous trouvons le vaste marché de la ville rempli à profusion de superbes oranges sucrées, de baies du Passiflora edulis, sem- blables aux oranges par la forme et la couleur, mais de saveur bien plus délicate; enfin de bananes, fruits des Musa Sapientum et paradisiaca. Nous reprenons la mer après quelques heures de séjour ; une courte et heureuse traversée nous conduit au port mexicain de San Blas. La prétendue ville de San Blas n’est qu'un misérable village, dont les jardins incultes et où tout grandit pêle-mêle font sur le visiteur la plus triste impression. Orangers, Limoniers, Caféiers y vivent entremélés, croissant au hasard de la dissémination de leurs graines, sans que la main de l’homme s'efforce d'apporter l’ordre et la symétrie dans ce chaos indiscipliné. Le Persea gratissima se rencontre quelquefois dans ce fouillis végétal : ses fruits assaisonnés de poivre et de sel fournissent un mets excellent. J'y trouve aussi l’Znga lucida, à gousses longues d’un pied (30 cen- tim.), pleines de semences dont l'enveloppe extérieure a un goût exquis. Enfin l'on y rencontre également le Mango, Mangifera indica, dont la volumineuse baie jaune-orange est très appréciée comme fruit de table, et tout à côté l'inévitable Psidium pomiferum, une vraie mauvaise herbe, qui prospère jusque dans les fentes et les crevasses des murailles. Les huîtres et les poissons font la base de l'alimentation des habi- tants; l'étranger, au début de son séjour, s’en donne à cœur joie, mais l’uniformité ne tarde pas à engendrer le dégoût et c’est ardem- ment qu'il soupire bientôt après un changement de nourriture. MER Une des plaies de la contrée, et une plaie douloureuse, consiste dans d'innombrables essaims de moustiques représentés sans doute par quantité d'espèces, à en juger au moins sur la diversité de leur taille. C’est en vain que l’on cherche à se metre à l’abri de leurs atteintes, et lorsque ces malicieuses petites furies s’acharnent sur votre peau, il y a de quoi vous réduire au plus atroce désespoir. Nous séjournâmes dans cette localité 36 heures environ, jusqu’à ce qu'une occasion se présentât de poursuivre notre voyage. C’est par monts et par vaux, pas des sentiers souvent à peine praticables que l’on arrive à Tepic. Nous trouvons en chemin pour la première fois, à l'état sauvage et en grande abondance le Poinseilia pulcherrima et le Janipha Manihot. Nulle part ailleurs l’on ne rencontre ces végétaux à l’état spontané; comme plantes de culture, on les élève partout. La ville de Tepic se dresse à 850 m. au dessus du niveau de la mer; elle est encadrée à l’est par des montagnes aux contours pittoresques, que sépare un volcan en pleine activité; son climat est excellent. Le volcan n’est guère distant de Tepic de plus de cinq milles, et j’éprouvais un vif désir d’en entreprendre l’ascen- sion ou du moins de l’observer dans son voisinage immédiat. Mais les autorités de la ville se mirent entre moi et l’accomplissement de mon projet; successivement le chef civil, puis le commandant militaire, me refusèrent l’autorisation de le visiter, sous prétexte que depuis quelque temps des brigands indiens infestaient le voisinage de la montagne, promenant partout avec une peu rassurante prédilection le meurtre et le carnage ; ajoutant que l’on avait réussi à débarrasser de ces détrousseurs de grand chemin la route de San Blas à Tepic, sans parvenir encore malgré de sérieuses tentatives, à disperser les autres bandes.Dans ces circonstances il me fallut bien, bon gré malgré, renon- cer aux espérances que j'avais caressées et me contenter d'apprendre que le volcan porte le nom de Cherubusco et que son apparition ne dâte que d’un petit nombre d’années. L'énergie avec laquelle les autorités de Tepic poursuivaient l’exter- mination des bandes de brigands se traduisait trop clairement aux yeux par les nombreux cadavres suspendus, de San Blas à Tepic, aux arbres du chemin. J’en comptai jusque six attachés à la même cime: spectacle repoussant et hideux que celui de ces charognes puantes, infectes, dont d'immenses troupes de vautours se disputent les chairs putréfiées. C'est ainsi que se pratique la justice dans le pays et l’on n'a . certes pas à lui reprocher d'être trop peu expéditive. Dès qu’un marau- deur indien est pris, il ne lui reste à vivre que les instants qui le séparent de l'arbre voisin, aux branches duquel on le suspend sans plus de cérémonies. — Depuis une vingtaine d'années Tepic n’a plus d’attaches officielles avec le gouvernement mexicain‘ elle forme une petite république indépendante, présidée par un indien qui gouverne despotiquement et ne regarde pas à une vie humaine, dès que celle-ci entrave l'exécution de ses projets. Ces particularités, dont on m'avait tracé jadis un tableau trop fidèle, m'ôtèrent toute envie de contre- carrer Ja loi du puissant dictateur et je me contentai d’escalader une montagne peu élevée, voisine de la ville,où je rencontrai en abondauce le superbe Bouvardia Roezli, espèce complètement distincte de toutes celles actuellement en culture. Les panicules florales sont volumi- neuses, les fleurs très analogues à celles de la Verveine, de couleur rouge-foncé ou rouge-écarlate, teinte que ne présente aucun autre Bouvardia. La plante à été introduite dans la culture par Hen- derson, mais ne semble pas avoir réussi; elle fleurit dans sa patrie de novembre en février et affectionne un sol compacte, mais pierreux. Un autre végétal intéressant que je trouvai sur la montagne est le Poinsettia strigulosa, en pleine floraison. Il s’élève à une hauteur de 40 centim. ; il a des feuilles lancéolées, longues de 5 centimèt., larges de 2 et des fleurs d’un beau rouge si vif, si tranché, que je ne lui connais d’analogue chez aucune autre plante. C'est une espèce tubéreuse, qui se cultiverait sans doute comme le Dahlia si, malheureusement, elle ne choisissait pour épanouir ses fieurs précisément la saison d'hiver. J'en ai expédié quelques centaines de pieds en Europe : ils sont parvenus à destination en bon état, mais n’y ont pas vécu longtemps, faute d’une culture appropriée. Après quelques jours passés à Tepic, voyant toutes mes instances pour obtenir l'autorisation de franchir l'enceinte de la ville se heurter constamment à l’entétement opiniâtre du commandant de place, je finis par renoncer, sur les conseils du vice-consul anglais, à pénétrer plus avant dans l’intérieur des terres où, me disait-on, ma vie courait de grands dangers et me résignai à reprendre la route de San Blas. Nous louâmes un chariot attelé de deux mules et le commandant nous donna, comme gardes de corps, une escorte de douze hommes, qui furent pour nous une charge gênante bien plus qu'une protection sérieuse. Ils ne faisaient que mendier, et c'étaient de rudes et indisciplinés gaillards, auxquels on n'osait pas toujours refuser leurs demandes, crainte d'être dévalisés puis abandonnés par eux. Afin de nous permettre sans doute d'apprécier à leur juste valeur tous les charmes d’un voyage à travers le Mexique, une des roues de notre chariot eut soin de se briser en chemin, après deux heures de marche, de facon à nous mettre dans l’impossibilité de continuer notre route et à nous obliger d'envoyer un messager à la ville pour la remplacer. La roue de rechange arriva enfin vers le soir et nous pûmes poursuivre notre voyage, cette fois sans l’accom- pagnement de notre escorte qui était tombée sur les traces d’une bande de brigands indiens et, sans plus de scrupules, nous avait campés là pour leur faire une chasse acharnée. La nuit étendait sur nous son voile noir quand une seconde roue subit le sort de la première et nous forca de nouveau à faire halte. Nous tachâmes, autant que faire se pouvait, d'installer au lieu de l’accident un cam- pement provisoire; mais les piqûres acharnées des moustiques tinrent le sommeil éloigné de nos paupières et nous fûmes heureux quand l’aube vint colorer de ses teintes azurées le sommet des montagnes voisines. Nous parvinmes, non sans peine, à réparer la roue et le voyage put se continuer sans entraves. Il est vrai que nous étions obligés, pour épargner la roue endommagée, de faire route à pied à nous cinq, le conducteur compris, à côté du chariot. Enfin nous atteignimes un relai postal, non sans une vive satisfaction, car l'estomac depuis nombre d’heures réclamait ses droits d’une façon aussi désagréable qu'impérieuse et nous comptions pouvoir aisément les satisfaire en pareil lieu. Quelle fut notre déception en n’y trouvant qu'un peu de maïs et quelques amandes d’Attalea, espèce de palmier dont les fruits durs et semblables pour la saveur aux noix de coco portent chez les gens du pays le nom de Cocito. Ajoutez-y une couple d'œufs que nos gens découvrirent après de persévérantes recherches et vous en conclurez que notre déjeuner dut être frugal et propre à justifier le peu de durée de notre séjour en cet endroit. Chemin faisant, nous fûmes assaillis par deux brigands indiens que notre attitude déterminée et notre supériorité numérique ne tardèrent pas PO) 20 à mettre en fuite; puis notre voyage se poursuivit sans interruption | pendant le reste de la nuit. Peu à peu les routes devinrent moins incommodes et nous pümes, à tour de rôle, grimper sur le chariot pour reposer nos membres endoloris. Enfin, trois jours après notre départ de Tepic et dès les premières heures de la matinée, nous atteignimes le but de’notre voyage et il était grand temps, car le vapeur qui ne part que tous les vingt jours se disposait à lever l’ancre. Nous rejoignimes « l’Orizaba » en chaloupe et montâmes à bord ; — une demi heure plus tard nous fendions les flots azurés et voguions vers le midi. C’est un pays superbe que celui devant lequel nous passons; une perspective admirable se déploie à nos regards. — Partout d'épaisses forêts vierges tapissent les pentes de la Sierra; des centaines, des milliers de pics escarpés défilent devant nos yeux; ici c’est un golfe profond, là une presqu'ile qui s’avance au sein des flots ; entre deux des rochers de hauteur colossale. Malheureusement une chaleur accablante nous empêche de savourer les splendeurs de cette nature, dont le charme opère d'autant plus vivement sur l'imagination de l’Européen que nulle part ne s’y remarque la moindre trace d'habitation ou de culture. Trente-six heures après notre départ, le vapeur jette l'ancre dans le petit port de Manzanilla ; on y jouit d'une vue superbe du volcan Colima, surmonté de son gigantesque panache de fumée et flanqué à gauche de la Sierra de los Tigres (Montagne des Tigres), chaïînon latéral de la Sierra Madre (Mon- tagne mère). Manzanilla est une petite localité, encadrée à droite de roches que tapisse en abondance l’Agave Oritgiesi, dont les hampes florales décorent par centaines la nudité de la pierre brute. Il y a six ans que j'ai récolté au même lieu, pour la première fois, ce magnifique végétal appartenant à la division des Zithaae; ses hampes, hautes de 2 à 3 mètres, sont couvertes à profusion de fleurs vertes et brunes. C’est à peine si le roc nu sur lequel il grandit présente quelques traces de terre ; la plante y croit dans les fissures, comme les Broméliacées. Les indigènes de la contrée cultivent le Manguier et le Cocotier ; le sol spontanément ne produit pas grand” chose. À 10 mètres au dessus du niveau de la mer et à 350 mètres du port s'étend une lagune qui découpe le pays sur une longueur de dix lieues. C’est une contrée enchanteresse mais complètement inhabitée. Par un heureux hasard, nous pûmes voir quatre grandes ant), 00 3 Noise baleines s'engager dans le port et fouetter de leurs puissantes nageoires la surface des eaux, tranquille et unie comme un vaste miroir. Nous continuons notre voyage à dos de mules; ces animaux nous servent en lieu et place de « plus nobles montures» pour arriver jusqu’à la capitale du petit état de Colima. Nous longeoxs d’abord la lagune dont nous avons précédemment fait mention et qui se nomme «lagune de Manzanilla. » C’est un chemin bien dangereux que celui par lequel nous devons passer : une eau profonde d'un côté, de l’autre des rochers de hauteur démesurée et, entre deux, une route parsemée de robustes figuiers dont il faut d’abord abattre les racines adventives appendues aux rameaux pour ouvrir un chemin à nous et à nos bêtes. Des essaims de moustiques et de taons nous obsèdent de leurs piqûres auxquelles nous ne pouvons opposer qu'une résignation passive. Nous ne trouvons rien de bien remarquable ni de bien intéressant en fait de plantes, sauf peut-être un Vitis, unique de son espèce, dont le rhizôme déve- loppe annuellement une ou deux nouvelles pousses hautes de dix à vingt mètres et produisant une grappe à chaque pétiole. C'est un spectacle curieux que de rencontrer à la fois, sur la même pousse, boutons, fleurs et grappes mûres. Les baies ressemblent à nos plus grosses groseilles ; elles sont d'un noir foncé et ont une saveur forte, aromatique, que l’on ne peut qualifier précisément d’agréable, mais qui disparaît par la coction pour ne laisser qu’une compote d’un fort bon goût. Si cette vigne n’était une plante essentiellement tropicale, j'en recommanderais fortement la culture en Europe. La nuit descendait à grands pas quand nous apercûmes au loin quelques misérables cabanes qui, d’abord, nous parurent complète- ment couvertes de neige, tant elles avaient d’éclat et de blancheur. Nous ne tardâmes pas à reconnaître que cette apparence était due au sel, dont on extrait du sol des quantités suffisantes pour approvision- ner une bonne partie du nord du Mexique. Nous y trouvons des cen- taines d'ânes, de mulets et de chevaux, tous chargés de ce précieux condiment. Les huttes, petites et misérables, ne pouvaient nous fournir un abri que nous cherchâmes sous les puissants rameaux d’un Tamarindus indica ; après quoi nous nous arrangeâmes pour la nuit, aussi bien que les circonstances le permettaient. 25400 "ke Nous avions pris auparavant un frugal souper composé de quelques œufs, de bananes, de café noir ainsi que d’un peu d’une eau de vie grossière apnelée aquardiento — eau de feu — dans le pays. Il ne pouvait être question de dormir, au milieu des essaims d’insectes acharnés à nous torturer: nous n'en fûmes pas moins heureux de pouvoir étendre pendant quelques heures nos membres endoloris. Aux premières lueurs da jour nous étions sur pieds, prêts à reprendre notre voyage. Cependant la végétation ne tarde pas à revêtir un aspect tout différent, au fur et à mesure que le sol s'élève. Nous ne rencontrons guère, en fait de plantes intéressantes, que l’Arbre Courbaril commun, Aymenea Courbaril L., qui s’élève à une hauteur énorme et atteint souvent deux mille ans d’existence. La souche, à sa partie inférieure, présente de grandes ailes et acquiert une circonférence d’une vingtaine de mètres. Son bois est dur et d’un beau brun; il est fréquemment employé comme bois de charpente, notamment pour la confection des canots. Ses fruits ressemblent aux boules de nos jeux de quilles ; ils sont à peu près de même grosseur et renferment de nombreuses graines logées dans une pulpe farineuse. Débarrassés de leur contenu, ils servent dans la vie domestique à de multiples usages ; on les emploie comme tasses à café, comme pots à tabac, pour conserver le sucre, le café, le poivre d’Espagne, etc. C’est dire qu’ils sont d’une réelle et incontestable utilité. On voit de ces fruits par milliers, accumulés en couches épaisses sous les arbres où ils deviennent la proie d’une putréfaction lente. Entre-eux grandit, représentée par d'innombrables spécimens, une Orchidée à panicules florales d’un beau rose. Reichenbach fils, le grand orchidophile, la nomma Zaeliopsis non-chinensensis tandis que le D' Lindley, trompé par son habitus, la rangea parmi les Epidendrum. J'en ai envoyé 3000 pieds en Angleterre, mais je ne crois pas que la plante s’y soit maintenue. Enfin nous apercevons au loin la ville de Colima et, comme au départ du port, le volcan dressant devant nous sa cîme élancée haute de 5000 mètres. Il est formé de deux cratères, l’un éteint depuis longtemps, l’autre qui présente des alternatives d'activité et à côté duquel s’en est tout récemment formé un troisième en état d’éruption permanente. | Colima est la capitale du territoire de même nom, avec une popu- MON (cons lation qui ne dépasse pas 10000 âmes et se compose pour les deux tiers de femmes : triste conséquence des révolutions qui ravagent périodiquement le pays. Le premier acte de chaque nouveau dictateur est de faire, autant que possible, table rase de ses adversaires. Les combats antérieurs à son avènement en ont déjà bien réduit le nombre, mais peu importe : il faut procéder avec la plus extrême rigueur contre ceux qui ont survécu et dont l'influence pourrait continuer à se faire sentir sur une population « changeante à l’égal des flots de la mer ». La ville est vaste ; elle doit aux jardins qui la parsèment un aspect qui n’est pas sans charmes ; elle est traversée par de nombreuses rues croisées à angle droit : au centre se développent deux grandes places, l’une encadrée par une double rangée d'orangers, l'autre servant de jardin public (Almeda). Des centaines d'espèces de rosiers y sont représentées par des spécimens gigantesques, en particulier les Roses-thé, pour lesquelles les habitants de Colima semblent éprouver une vraie prédilection. Ces rosiers s'élèvent avec l’âge à la hauteur de vrais arbres ; ils ne manquent jamais d’exciter l'admiration de l'Européen et, de fait, ce n’est pas sans un sentiment de convoitise jalouse que le rosiériste allemand contemple ces rosiers arborescents couverts de milliers des plus belles fleurs. Le jardin renferme enoutre des Oleander, Héliotropes, Gardenia florida, de bleus Plumbago capensis, des Bignonia capensis, Ipomaea, Jasmins, Hibiscus et surtout le splendide Poinseltia pulcherrima en pleine florai- son. C’est un séjour enchanté qu’un pareil lieu, avec ses parterres de fleurs si belles, si diverses, d'où s’exhalent des senteurs exquises et embaumées. Chaque habitation de Colima possède son jardin où se cultive surtout le Café, mais où prospèrent également le Cocotier, le Cacaoyer et l’Ananas à fruits vraiment exquis. Le café de Colima est le meil- leur du Mexique et la demande en est toujours considérable. Il faut quelques jours pour visiter la ville dont l'étendue est hors de rapport avec l’exiguité de sa population, mais on n'a pas lieu de regretter le temps que l'on y consacre. Outre le désir de voir en détail les jardins et les curiosités de Colima, j'avais encore à y régler diverses affaires qui ne souffraient aucun retard. Les obstacles et les difficultés de tout genre qui, dans les derniers temps, s'étaient accu- mulés sur ma route, avaient fortement ébréché mon avoir et il fallait avant tout songer à renouveler mon stock du précieux métal. J'avais en portefeuille une traite sur la maison Oetling et Cie à Colima et me mis bravement à sa recherche. C’est la succursale d’une grande mai- son de banque de Hambourg dont le représentant à Colima est M.Christian Flor,un compatriote qui exerce en même temps les fonc- tions de vice-consul d'Allemagne et me fit le plus charmant accueil. Le consul général a'lemand au Mexique avait été prévenu de ma pro- chaine arrivée par M. Flor, qui n'avait pas manqué de me recomman- der chaleureusement à sa bienveillance. J'ai rarement eu le bonheur dans mes voyages de rencontrer autant de sympathie et un désir aussi vif de me voir réussir dans le but de mes explorations, et c'est un devoir de reconnaissance que je remplis aujourd’hui en exprimant publiquement à M. Flor toute ma gratitude pour l’aide bienveillante qu’il a prêtée à un compatriote dans l'embarras. Mes affaires d'argent furent bientôt réglées. Il s'agissait désor- mais de faire de bonne besogne car, jusqu'alors, mes explorations n'avaient rien produit qui fut de nature à compenser les dépenses considérables auxquelles elles m'avaient entrainé. Il fallait chercher des Orchidées, en trouver coûte que coûte et ne reculer devant aucun obstacle pour parvenir au but. Je résolus donc d'entreprendre l'ascension du volcan par le flanc nord, espérant bien ne pas ren- contrer de difficultés sérieuses jusqu’au sommet qui, vu de la ville, ne me paraissait distant que d’une bonne portée de fusil. Je ne fus pas longtemps à reconnaitre mon erreur. Tantôt c'était un précipice à franchir, tantôt une pente à gravir puis à redescendre et le jour touchait à sa fin que nous étions encore loin du but! Vers le soir nous traversons un village indien dont les nombreuses huttes s’alignent à l’ombre de superbes orangers. Pour un medio (25 centimes), nous achetons plein un sac de ces fruits exquis, dont nous chargeons le dos de nos mules. À notre départ de Colima, nous nous étions abondamment fournis de provisions de bouche; nos bêtes portaient, soigneusement empaquetés, du café, du sucre, du chocolat, 1/4 de quintal de viande séchée et un baril de mescal (eau de vie fabriquée avec les Agave). | À l'approche de la nuit nous cherchâmes, pour y coucher, un lieu à proximité d’une source. Nous eûmes bientôt fait d'en trouver un, dans la profondeur d’une gorge d’où l’on n'apercevait plus trace du LIL Q En Vu volcan. Nos bêtes furent débarrassées de leur fardeau, car elles avaient besoin de repos et de nourriture. Le lendemain matin nous allumons un grand feu, avalons une jatte de café noir additionné de mescal en guise de lait et un morceau de viande dégourdi sur la braise ; puis nous nous mettons à la recherche de nos chevaux et de nos mules, les sellons, les rechargeons et reprenons allègre- ment notre route. Toute trace du chemin est perdue : il s’agit d'aller au petit bonheur. Bientôt nous arrivons dans un ravin large et escarpé, face à face avec un spectacle bien propre à mettre en évidence l’irrésistible puissance des forces de la nature. Sur plusieurs centaines de mètres d’étendue, le sol est parsemé de minuscules frag- ments d’une roche particulière semblable à la pierre ponce, dont l'accumulation ralentit le cours des eaux. Aïlleurs la terre s’est entr’ouverte, engloutissant ies arbres gigantesques de la forêt vierge et entassant à leur place des rochers hauts comme des maisons, aux contours si réguliers et disposés avec tant de symétrie que l’on croirait y reconnaitre l’œuvre de l’industrie humaine. Ici ce sont des monticules arrondis, là, semblable à quelque tour gigantesque, s'élève dans l’espace une colonne massive et régulière ; plus loin encore c'est une sorte de forteresse construite suivant les préceptes de la plus exacte stratégie. Cà et là plane en croassant dans les airs un de ces hideux vautours si abondants au Mexique, tandis qu'un lézard bigarré s'enfuit crain- tivement sur les flancs des rochers : nul autre être vivant n’anime ces solitudes désolées. Combien de temps ont-ils encore à demeurer debout, ces rochers, avant qu'une nouvelle convulsion du sol les reprenne et rétablisse à leur place la végétation luxuriante et la vie active et florissante d’autrefois?...... Quant à notre route, pas plus que sur la main ; pas le moindre indice du Colima. Les guides commencent à perdre courage et à parler de regagner la ville. Ils pensent qu’une « colonie » doit exister aux environs, au moins il yen avait une autrefois : seulement qui sait si elle ne s’est pas engloutie avec le reste dans ce bouleversement du sol? Mais j'ai foi en ma boussole, mon seul guide désormais, car il est difficile de tirer quelque chose d’un Mexicain quand il commence à perdre la tête et à considérer comme irréalisable un but périlleux et difficile à atteindre. Je veux avancer à tout prix, quoiqu'il arrive. Je sens qu'elles ne HPob, sont pas loin, ces Orchidées dont la riche mois son doit me dédom- mager amplement de toutes mes peines et de toutes mes fatigues. Car la vue d’une plante nouvelle, inconnue, a sitôt fait oublier au botaniste les tracas, les privations d'un voyage long et pénible; le désir et l'espoir de rencontrer quelqu’autre production plus brillante encore du sol privilégié des tropiques a sitôt ranimé ses forces épuisées et ses esprits abattus! Aussi longtemps que nous avons des vivres, il ne s’agit pas de songer au retour : voilà ce à quoi je suis ferme- ment décidé. Tout à coup nous remarquons, appuyé contre un arbre, un être vivant que nous prenons d’abord pour un homme, maïs que nous reconnaissons bientôt n'être qu’un bouc, occupé à brouter les bran- ches basses. La présence de cet animal nous annonce la proximité d'habitations humaines et mes guides reprennent force et courage. Nous hâtons quelque peu le pas de nos montures et voyons bientot la contrée revêtir un tout autre caractère. C'est la forêt vierge, plusieurs fois séculaire, dans toute sa majestueuse beauté, avec la superbe parure qu’elle tient de la munificence de Flore; c’est le but de mon voyage, car partout autour de moi les Orchidées déploient leurs formes ravissantes et leurs brillantes couleurs. J'étais amplement dédommagé des ennuis et des périls du chemin; je ne songeais plus à la fatigue qui, peu d’instants auparavant, enchaïnait mes membres et paralysait mes forces. De tels moments sont les plus doux dans la vie d’un botaniste coilectionneur; ils com- pensent largement les dangers et les efforts du voyage le plus pénible. L'Oncidium hastatum var. Roezli (RcHBcH) croissait partout à pro- fusion ; le beau T{landsia usneoïdes laissait pendre ses guirlandes aux branches de chaque arbre. À côté se déployaient, dans toute leur splendeur, les Oncidium Cavendishianum, Laelia albida, L. au- tumnalis et Mormodes laxeatum. Ce dernier est une superbe Orchidée à vastes panicules de fleurs jaune-citron. Certains pieds donnent 3 à 5 hampes, portant chacune 8 à 15 fleurs. J'avais à peine recueilli quelques unes de ces jolies plantes que deux Indiens, l’un jeune, l’autre vieux, parurent tout-à-coup à mes côtés. Ils se mirent à me consi- dérer tous deux avec une curiosité quelque peu inquiète. Je remarquai bientôt aux questions qu’ils m'adressaient qu'ils me prenaient pour un médico (docteur) et me croyaient occupé à collecter des simples. OT ATEER Naturellement ils cherchèrent à savoir à quelles maladies je les destinais, quelle préparation il fallait leur faire subir, où et quand on devait les récolter, etc. Je leur fis comprendre que je me proposais d'escalader le volcan, ce qui les fit rire aux éclats et ne laissa pas que de me déprécier dans leur estime. Suivant leur naïve croyance, un esprit des ténèbres tenait son sabbat sur ces hauteurs et jamais un mortel n’avait impunément foulé aux pieds ses domaines, que ne traverse du reste aucune route et à travers lesquels on ne saurait en faire passer aucune. Ces racontars des Indiens me laissèrent profondément indifférent : je connaissais assez l'esprit superstitieux de ce peuple pour ne pas me laisser détourner de mon projet par leurs contes en l’air; mais il n’en fut pas de même de mes gens, sur l'imagination desquels ces histoires ne manquèrent pas de produire leur eïïet habituel. Tous faisaient triste figure et se demandaient à l'oreille si, dans de telles circonstances, il ne vaudrait pas mieux me laisser dans l’em- barras. Je ne fis pas semblant de m'en apercevoir et me renseignai auprès du vieillard sur sa demeure et ses provisions de vivres. Pour le mieux disposer à notre égard et le rendre plus communicatif, je lui tendis ma gourde qu’il n’accepta qu'avec méfiance et après nous en avoir vu prendre, à mes guides et à moi, une bonne rasade. Il se dé- cida enfin à nous proposer de nous conduire à sa hutte, à condition de laisser nos bêtes à l’endroit où nous nous trouvions, car il nous fal- lait, pour y atteindre, traverser un profond ravin impraticable aux chevaux et aux mules. Nous débarrassâmes donc nos bêtes de leur fardeau et ne primes avec nous que ce dont chacun avait strictement besoin pour la nuit. Le passage du ravin fut extrêmement pénible : nous étions presque constamment obligés de ramper sur les pieds et les mains, et, pour moi, qui ai laissé ma main gauche à la Havane, cet exercice était aussi fatigant que périlleux. À un moment donné, il me fut impossible de continuer l’escalade et mes gens durent me remonter à l'aide de cordes du fond du précipice. La nuit était déjà tombée quand nous arrivames à la hutte de l’Indien, que rien du reste ne distinguait de celles que nous avions vues précédemment. La provision de victuailles n’était guère riche : il n’y avait que du miel, si dur qu'il fallait le découper à la hâche. Nous fimes cuire des œufs et du café et mangeâmes du pain de maïs, auquel nos estomacs affamés firent le 7 SONO SR meilleur accueil. Puis nous dressämes notre lit sur le sol uni de la hutte. Quelques instants après, épuisés par les efforts de la journée, nous reposions d’un profond sommeil... Au lever du soleil nous nous levâämes. Un spectacle admirable nous attendait sur Le seuil de cette pauvre cabane: nos regards plongeaient sur la vaste étendue de la plaine et dans le fond, à une grande distance, le volcan s'élevait dans les airs sous un angle de 75°. Notre hôte nous conduisit à une fontaine thermale, dont les eaux bouillantes et limpides comme le cristal jaillissaient à quelques pas de son habitation. Je ne tardai pas à acquérir la conviction intime qu’il ne fallait pas songer à atteindre le volcan dans cette direction; nous payâmes notre hôte, repassâmes le ravin et, après avoir retrouvé et rechargé nos bêtes, nous reprimes lestement notre route. Mes compagnons d’aventure nous voyant redescendre une bonne partie du chemin que nous avions parcouru la veille, se réjouissaient de ce que j’eusse ainsi renoncé à l’idée d’escalader le volcan... Enfin, vers midi, nous prenons une autre direction par laquelle j'espère atteindre plus aisément mon but. Nous grimpons des montagnes, descendons des ravins escarpés : il faut l’œil d’un observateur attentif pour s’apercevoir que nous nous élevons de plus en plus. Nous venons d’escalader une crête de rochers de 2500 m. environ de hauteur quand la nuit nous surprend. Impossible de trouver de l’eau; après d’infructueuses recherches, nous nous décidons à camper sous un chêne vigoureux, dont les branches sont tapissées d'une épaisse couche de mousse où ont pris racine d’innombrables Agaves. Deux espèces surtout s'étalent à profusion sur les arbres voisins, représentées par de robustes spécimens: ce sont l’Agave atlenuata et un Agave très voisin de l’Agave americana commun. Le premier porte des feuilles dépourvues de piquants, d’une belle couleur vert-grisâtre tendre : c’est une des plus jolies espèces de cette remarquable famille. Le Dallia variabilis commun, souche de nos magnifiques Dahlias d'Europe, croit aussi en abondance sur le vieux chêne au tronc noueux, à côté de l'Achimenes grandiflora et de divers Echeveria qui font de l'arbre décoré de leur brillante parure un véritable jardin suspendu. Le lendemain matin nous nous éveil- lons transis de froid, car nous campons à une altitude de 2340 m., et nous sommes au 24 décembre, le jour de l’année où, sous le OO ne. 21° parallèle, le soleil est le plus incliné sur l'horizon. Pour réchauffer mes membres engourdis, je pousse une pointe dans le voisinage et me trouve tout à coup devant un précipice escarpé dont les rochers à pic ont bien 1500 m. de profondeur et déploient à mes regards émerveillés un spectacle qui ne sortira jamais de ma mémoire. Les flancs du gigantesque abîime sont tapissés d'Agave, de Fourcroya, d'Echinocactus, de Cereus et de multiples buissons serrés, compactes, couverts de Zllandsia usneoïdes, dont les guirlandes pendent à 10 m. de profondeur. Une rivière en miniature ser- pente au fond du précipice et se fraie péniblement un chemin à travers les débris de pierre-ponce secoués par les convulsions du volcan... Dans l'intervalle nos bêtes étaient rechargées et nous poursuivons notre ascension. En route, je trouve, suspendu aux bran- ches des arbres, le Callleya citrina et un gracieux Cereus, proche parent du C. speciosissimus, dont les hampes florales longues d’un mètre sont couvertes de centaines de grandes fleurs rouges; ces jolies plantes ne décorent pas seulement les chênes, mais encore les cimes de l’Abies religiosa, représenté ici par de gigantesques spécimens. Sur certains pieds isolés, d’une beauté et d’une vigueur remarquables, je remarque des aiguilles de 30 à 40 centim. de longueur, si puissamment développées que je m’imagine un instant avoir affaire à une espèce différente. Il ne tient qu’à moi d'emprunter aux plus robustes de ces arbres quelques-uns de leurs cônes, mais l’entreprise n’est pas aisée à effectuer, car ils atteignent souvent une hauteur de 70 m. et les bran- ches sont surchargées de Cactus au point de rendre presque vaine toute tentative de parvenir au sommet. Enfin, après bien des pour- parlers, je décide un Indien à grimper sur l’un de ces arbres, dont la cime me semble chargée de cônes murs. Peu commode est la route ouverte aux efforts du pauvre diable à demi nu : il iui faut d’abord se frayer à coups de cognée un chemin à travers les Cactus et ce n’est qu'après un temps assez long et beaucoup d'efforts qu’il arrive au sommet et atteint les cônes. Je lui ordonne de me jeter d’en haut une branche chargée de fruits et constate que c’est bien un Abies religiosa, mais que les vers en ont rongé et détruit toutes les graines. Donc rien à faire de ce côté : nous reportons notre attention sur les Orchidées représentées par de splendides exemplaires d'Odontoglossum Cervan- lesi et maculatum, de Cattleya cilrina, etc. qui me font espérer un — 100 — riche butin. Par malheur je ne suis pas équipé en vue d’une récolte abondante; je ne fais recueillir en conséquence que les spécimens dont les fleurs sont le mieux développées. Nous continuons à monter jusqu’à 3000 m. de hauteur sans rien rencontrer, à l'exception de l’élégant Odontoglossum nebulosum... Cependant nos provisions de bouche tou- chent à leur fin; nous marchons depuis deux jours sans rencontrer trace d’une source : hommes et bêtes soupirent après un peu d’eau frai- che.Cà et là nous trouvons un Bromelia auquel nous enlevons avidement l'eau condensée dans ses gaînes foliaires, mais il n’y en a pas assez pour partager avec Les compagnons de nos labeurs. Inutile de compter sur le voisinage d’une habitation : il faut bon gré malgré se décider au retour, sous peine de perdre nos montures. Nous passons encore une nuit sur la hauteur et, le lendemain matin, nous commencons la descente. Dans l'intervalle la neige est tombée en abondance et a couvert le chemin de son blanc linceul. Nos bêtes ne tardent pas à sentir le voisinage des sources ; elles doublent le pas et, trois jours plus tard, nous atteignons Colima. Là, je paie mes guides et les charge de continuer la récolte des Orchidées, en leur offrant 2 à 3 dollars (11 à 16 fr‘) pour chaque centaine de pieds vigoureux ; je leur remets comme type un spécimen de chaque espèce recueillie pendant l'expédition. Il était grand temps que je trouve un abri, car, à peine arrivé à Colima, je fus saisi de vio- lents accès de fièvre qui me tinrent huit jours entiers au lit. À peine étais-je rétabli que mes Indiens arrivaient en foule, m’apportant d’im- menses quantités de plantes recueillies à mon intention. Ce fut tout un travail de les trier, de les nettoyer, puis de les empaqueter soigneusement. D’autres Indiens, qui fournissent la ville de gibier et de charbon de bois, m’apportèrent aussi des montagnes voisines divers spécimens nouveaux, en me demandant de leur désigner ceux qui étaient à ma convenance. Je choisis les Oncidium tigrinum, Odon- toglossum Tnsleayi et leopardinum, Oncidium Cavendishianum, Laelia majalis et autumnalis, Oncidium hastatum var. Roezrli et Mormodes laxeatum, et promis 2 à 3 dollars (11 à 16 fr°) pour chaque centaine de pieds. Dès la fin de décembre j'avais recu assez d'Orchidées pour en expédier, le 15 janvier, 10,000 pieds des plus jolies espèces soigneuse- ment emballés.Je n'avais au début l’intention d'exporter en Angleterre que 2,000 pieds environ et priai en conséquence Messieurs mes four- nisseurs de cesser leurs recherches. Ce fut en vain : ils n’en conti- — 101 — nuèrent pas moins à arriver tous les jours par bandes nombreuses, me priant et me suppliant jusqu’à ce que je leur eusse acheté leur récolte. Les pauvres diables me faisaient peine; il leur fallait souvent huit jours pour faire le voyage et autant pour revenir et personne à Colima ne leur eût donné un liard de tout leur butin, de telle sorte que le fruit de leurs peines et de leur travail eût été entièrement perdu pour eux. Je possédais déjà 20,000 plantes et l’affluence des vendeurs ne diminuait pas. J'avais empli d’Orchidées tout ce qu’on pouvait trouver de caisses disponibles à Colima quand je vis arriver un beau matin un convoi indien composé de 25 bêtes de somme, chevaux et mules, surchargés de plantes. Le bruit de mes largesses avait fait le tour de la contrée et chaque Indien voulait bénéficier à son tour de cette occasion sans précédent. Cette trop grande abon- dance de biens ne me fut rien moins qu'agréable, car je n’ignorais pas que le port de ma cargaison jusqu’en Angleterre me coûterait par mètre cube au moins 300 marcks de monnaie allemande (375 fr). Les Indiens avaient un profond respect pour ma personne et me regardaient comme quelque puissant magicien. Ces bonnes gens, incapables de comprendre pourquoi j'achetais une si grande quantité de plantes, plus surpris encore de me voir indiquer exactement la station, l'altitude et la couleur de chaque espèce, étaient unanimement d'avis que je destinais les bulbes à quelque puissante préparation médicale. Naturellement j'étais censé capable de guérir toutes les maladies qui ravagent la contrée et n'ont la plupart du temps d’autre cause que la malpropreté repoussante de ses habitants. Curieux comme le sont tous les Indiens, ils m’accablaient de questions dont l’éton- nante naïveté ne laissait pas que de m’embarrasser quelquefois. C’est ainsi que l’un d'eux voulut savoir s’il existe aussi des vaches sur l’autre continent, et comme je lui disais que les vaches mexicaines ont été importées d'Espagne il y a quelque 300 ans, il me demanda, avec un sourire narquois, d’où j'étais si bien renseigné. Je lui répondis sur le ton de la plaisanterie que j'étais contemporain de l’évènement et que j'avais été moi-même témoin du fait. Le bon vieillard — c'était parmi les naturels un personnage d’importance — prit mes paroles pour de l'argent comptant et fit part aux siens de mon étonnante vieillesse. Ceux-ci ne mirent pas un instant la chose en doute : comment sans cela aurais-je eu connaissance de l'importation — 102 — du bétail par les Espagnols? Tâcher de faire comprendre à ces braves gens que je l’avais appris dans des livres eût été perdre mon temps et mes peines, car les Indiens n’ont aucune idée de la lecture. .… Tous attribuèrent ma force et ma vigueur à l’usage des simples et s'imaginèrent que je faisais servir les Orchidées à la prépara- tion de quelque puissant onguent, propre à entretenir la santé et à prolonger l’existence. Au commencement de mars, je finissais d’empaqueter et d’expé- dier 100,000 Orchidées, entre autres 22,000 spécimens d'Odontoglos- sum Cervantesi que j'avais payés tout au plus 4 marks (5 fr.) le mille. Heureusement cette Orchidée occupe si peu de place que je pus en ranger jusqu’à 3000 pieds par mètre cube. N’empêche que je dus payer, à ce que j'appris plus tard, 8000 marks (10,000 fr.) de port pour les 100,000 spécimens. — Une fois cette fastidieuse besogne terminée, je résolus de faire l’ascension du volcan Colima par le flanc sud, fermement convaincu que j'y rencontrerais une flore tout autre que sur le versant nord. | Nous nous mettons en route le 8 mars de bon matin, moi, plein d'espoir et de courage, mes compagnons remplis d’hésitation et de folles terreurs et ne se décidant à me suivre que sur la promesse de brillantes récompenses. Deux Indiens seulement ont pu être amenés à me servir de guides; les autres se sont effrayés à l’idée de périls insurmontables à leurs yeux. Cette fois nous prenons la route royale (Camino real) qui conduit à Guadalajara, la seconde ville du Mexique en importance. Le soleil nous brûle les reins; la route, comme toutes celles du pays, est mauvaise à défier toute descrip- tion. Nous gravissons lentement la pente de la montagne jusqu’à une vaste barranca (ravin) profonde de 900 m., avec des parois presque à pic. Le sentier en zigzag qui la traverse n’est pas précisément commode; des éboulements l’ont complètement détruit par places et il est si étroit que deux hommes n’y pourraient passer de front : aussi, à chaque Mexicain que nous rencontrons ve- nant d’une direction opposée, nous préparons-nous à disparaître tête la première dans l’abîime béant ouvert à nos côtés, promenade dont l’idée n'a rien d’enchanteur et suffit pour donner la chair de poule à l’explorateur le plus intrépide. Nous avons franchi une bonne moitié de cette route vertigineuse quand des voyageurs, venant en sens op- — 103 — posé, nous apprennent que des ladrones (voleurs de grand chemin) se tiennent en embuscade au fond de l’abime sur les rives du fleuve et ne laissent passer âme qui vive sans la dépouiller de tout ce dont ils peu- vent tirer parti. Une telle nouvelle n’est pas faite pour m'égayer, car je porte sur moi tout mon avoir représenté par une somme d’argent assez ronde et la perspective de la voir tomber entre les mains de ces bandits n’a rien de bien récréatif. Aussi faisons-nous halte au premier élargissement de la route pour attendre les évènements et méditer quelque moyen de nous tirer d’affaire. Le grand air et la fatigue de la marche ont aiguisé notre appétit et nous profitons de l'occasion pour faire un repas en règle. Tout à coup retentissent dans le fond des coups de fusil répercutés par les rochers du précipice et semblables aux éclats d’un tonnerre lointain. De l'endroit où nous som- mes installés nous ne pouvons rien apercevoir ni deviner la cause de tout ce bruit, jusqu’au moment où l’un de nos guides, se penchant avec précaution sur le bord de l’abîime d’où sa vue domine l’ensemble de la gorge, nous crie que les brigands sont aux prises avec une escorte, et cette bonne nouvelle dissipe quelque peu les sombres présages qui obscurcissent notre horizon. Peu d'instants après nous voyons une douzaine de cavaliers s'éloigner dans une direction opposée, en même temps que deux voyageurs gravissent péniblement le dangereux sen- tier. Ce sont deux riches Mexicains, accompagnés d’une vingtaine d'hommes, formant ce qu’on désigne dans le pays sous le nom d’escorte. C’est le gouvernement qui les choisit, mais il faut pour se les attacher leur faire les offres les plus séduisantes, sans compter le danger d’être pillé, puis abandonné par ces étranges gardes de corps. Le reste du trajet s'effectue sans incident qui mérite d’être rap- porté, et nous commencons à envisager d'un œil moins craintif les périls que nous réserve l’avenir. Nous arrivons le soir à Tonilla, misérable bourgade décorée du nom de ville, suivant l'usage mexi- cain. Tonilla est le seul point d’où l’on puisse, d’après mes observa- tions, tenter avec chance de succès l’ascension du volcan. Je m’appro- visionne des vivres nécessaires au voyage, et le lendemain matin, dès les premières lueurs du jour, nous commencons notre périlleuse esca- lade. Nous traversons d’abord, sur une vaste étendue, une superbe forêt de Pinus leiophylla, à l'ombre desquels de magnifiques pieds de Cypripedium ireopeanum déploient cà et là leurs riches panicules de — 104 — fleurs jaune d’or. La route s'élève de plus en plus. Nous rencontrons un courant de lave que nous suivons l’espace d’une demi-heure Achimenes, Echeveria, Begonia, Dahlia y croissent pêle-méle en une confusion étrange, étalant à la surface du sol, à l’époque de la floraison, un tapis aux teintes brillantes et bigarrées. Bientôt nous obliquons vers la droite : nous devons être tout proche du volcan dont nous ne parvenons cependant pas à découvrir la moindre trace. Tout-à-coup la terre se met à trembler, comme si elle voulait se dérober sous nos pas; un bruit effrayant, tel que le fracas du tonnerre, vient troubler le profond silence de ces solitudes déso- lées et jeter l’effroi dans nos esprits; les ténèbres de la nuit nous enveloppent de toutes parts; des éclairs rougeätres déchirent de temps à autre leur voile sombre et éclairent de leur teinte livide cette scène d'horreur et d’épouvante. Désormais le volcan ne peut être éloigné et je me sens transporté d’aise à cette pensée que mes labeurs et mes efforts ne demeureront pas sans récompense. Mes compagnons ne semblent guère désireux d'avancer ; ils craignent la vengeance de l’affreux démon qui, suivant leur naïve croyance, fait sa demeure du volcan, et dont le courroux ne pardonne jamais à l’être humain assez audacieux pour fouler aux pieds son ténébreux domaine. Je parviens cependant, à force de promesses, à les décider à me suivre. Nous atteignons bientôt un endroit couvert à profusion de Fourcroya Bedinghausi, particularité bien étrange quand on sait que le végétal en question ne se rencontre que sur le mont Ajusco, voisin de la capitale du Mexique. Ici, à 3000 m. d'altitude, cette plante caractéristique grandit en abondance, pleine de vigueur et de santé, bien que la température descende souvent jusqu’à 7° à 8° R. sous 0 (— 10° C.). Entre le mont Ajusco et le volcan Colima s’alignent des centaines de montagnes ; l’espace qui les sépare est d'au moins 300 milles allemands (555 kilom.) et c'est chose vraiment étonnante que de voir ce capricieux végétal faire sa demeure exclusive de deux pics aussi distants. Du reste le Fourcroya Bedinghausi est une plante extrêmement intéressante, extrêmement curieuse d'aspect et de struc- ture. Sa souche, haute de 2 mètres et large de 30 centim., porte un verticille de feuilles de 2 m. environ de diamètre, du milieu duquel s'élève une hampe florale haute de 6 m. environ. Les feuilles sont — 105 — grandes comme la main, dépourvues de piquants et de couleur verte : l’ensemble n’a pas mal l'air d’un Yucca de haute taille et de puissante structure. De la base du verticille foliaire surgissent, tout autour de la hampe principale, quantité d’axes floraux secondaires, plus petits, formant par leur réunion une pyramide large en dessous de 3 à 4 m. Le tout est couvert de milliers de fleurs blanches presque identiques à celles de nos jolies Tubéreuses. A peine cette étrange pyramide a-t-elle revêtu sa blanche parure qu'apparaissent, sur chaque hampe, d'innombrables bulbilles, de 3 à 4 centimètres de diamètre, desquelles sortiront plus tard de nouvelles plantes. Tandis que tous les autres Fourcroya sont vivaces, l'espèce que je viens de décrire est annuelle. Elle se distingue du reste par les dimensions de sa souche de toutes les espèces voisines. Enchanteur est le spectacle que déploient aux yeux du voyageur épuisé ces centaines de pyramides chargées de fleurs d’un blanc si éblouissant qu’il est bientôt forcé d’en détourner les regards. C’est à regret que nous nous séparons de ce charmant produit de la flore tropicale; il le faut bien cependant, car la devise d’un explorateur doit être : « toujours en avant. » Nous rencontrons aussi d'innombrables pieds d’'Abies religiosa : j'en profite pour faire emplir plusieurs sacs de leurs cônes mürs et bien développés. Diverses espèces d’Aunes y croïssent en abondance ; par-ci par-là se montrent quelques-uns de ces chênes toujours verts, dont le tronc noueux et tordu donne à l’ensemble de la forêt un aspect à la fois étrange et pittoresque. Sur l’un d'eux je trouve un Dahlia frutescent, inconnu jusqu'à ce jour aux cultivateurs européens. Je le baptise du nom de Dallia Maximiliana : c'est une intéressante espèce, qui ne me paraît que médiocrement appropriée aux conditions climatériques de l'Allemagne, mais réussirait sans doute mieux dans les jardins inondés de soleil de la « divine Italie » : elle atteint 2 m. de hauteur, ses fleurs se développent au sommet de jeunes pousses nées du bois des années précédentes. Je rencontre aussi en abondance le Zopezia grandiflora, à fleurs rouge-carmin semblables à celles d'un Fuchsia. C'est un vrai charme pour moi que de parcourir la forêt, de la fouiller dans tous les sens, et l'Odontoglossum Cervantesi que j'y trouve devient le point de départ d'une intéressante observation. Il m'avait semblé que, dans cet océan de fleurs parfu- mées et charmantes, pas une panicule n’était semblable aux autres en — 106 — couleur. Pour m'en assurer, je rassemble une centaine de hampes florales et constate, en effet, qu’il n’en est pas deux dont le coloris soit identique. Les unes sont d’un blanc pur, à macules grandes ou petites; les autres sont teintées de rose tendre, mais les teintes se marient de façon à répandre parmi elles une variété infinie. Au milieu des panicules récoltées, j’en trouvai une à fleurs semi-doubles; il y avait cinq de ces fleurs, dont les caractères se rapportaient assez bien à ce que les jardiniers désignent sous le nom de fleurs doubles. Il y a donc lieu d'espérer que des croisements intelligemment insti- tués et continués avec persévérance conduiront à des duplications des fleurs. N'oublions pas de mentionner aussi les superbes Tillandsia qui décorent à profusion les Conifères et les Chênes des guirlandes de leurs jolies fleurs. Ils ressemblent à des Ananas et sont représentés par diverses espèces, dont l’une porte des hampes florales longues d'un mètre, ne se ramifiant qu’au sommet, couvertes sur toute leur longueur de bractées rouges avec des fleurs violettes à leur aisselle et gracieusement penchées, tandis qu’elles sont dressées et rigides chez d’autres espèces. Peu à peu le Pinus leiophylla disparait, remplacé par son majes- tueux congénère, le P. Montezuma; par-cei par-là, de charmantes Gentianes déploient les corolles azurées de leurs fleurs portées, au nombre de 20 à 30, sur des hampes de 40 centim. de haut. Je ren- contre aussi de jolis Z’ageles en pleine floraison, trop tôt malheu- reusement pour en recueillir les semences. La nuit nous surprend à une altitude de 3400 m. Nous soignons nos mules, prenons un frugal repas, préparons notre couche et, fortifiés par une bonne rasade d'eau de vie du pays, nous nous disposons à goûter un sommeil répa- rateur.... quand tout à coup la terre s'agite comme un navire soulevé par les vagues d’une mer en furie, et les éclats d’un tonnerre souter- rain retentissent dans la profondeur du sol. En un endroit de la mon- tagne que nos pieds foulaient il y à quelques heures vient de surgir un nouveau cratère, quicrache, au milieu d’épouvantables détonations, d'immenses flots de laves brülantes. Leur torrent incandescent s’avance, s'étend, gagne ces arbres gigantesques dont la cime nous prétait naguère un abri protecteur : bientôt nous voyons ces robustes enfants de la montagne se tordre sous les étreintes du serpent de feu — 107 — qui les renverse, les détruit, les dévore de son haleine embrasée. Quelques secondes encore et la majestueuse forêt vierge tout entière est en feu, et le regard, aussi loin qu’il peut pénétrer, ne voit plus qu'un océan de flammes roulant avec fureur ses vagues incandes- centes. Cette nouvelle bouche par laquelle s’exhale l’haleine puissante du volcan vient de détruire en un instant la végétation accumulée par plusieurs siècles de lumière et de fécondité. De l’ancien cratère, éteint en apparence, s'élèvent de puissantes colonnes de fumée encore faible- ment lumineuses à leur base... .Cependant la nature,un instant épuisée par l'effort immense qu’elle à fait pour déchirer les entrailles du sol, semble avoir puisé dans ce court intervalle de repos les forces néces- saires pour se déchaîne; ensuite avec plus d'énergie et de puissance. Les secousses de tremblements de terre se succèdent si intenses, si effrayantes, que le sommet des arbres les plus élevés vient toucher par moments la surface du sol. Il fait clair autour de nous comme en plein jour, et jamais je n'oublierai le spectacle effrayant de cette nature puissante et courroucée. Vers quatre heures du matin, un sommeil irrésistible s'empare de nous et ferme invinciblement nos paupières, et nous reposons bientôt, insouciants et tranquilles, à côté du vacarme épouvantable qui continue à ébranler le sol sur lequel nous sommes étendus. Vers sept heures, l'éruption atteint son apogée et nous arrache à notre couche. Il est bien rare que l’on puisse, sans danger sérieux, observer d’aussi près semblable phénomène et il n’est probablement aucun autre volcan dans le cratère duquel on puisse plonger les regards pendant sa pleine période d’activité. Nous laissons nos bêtes à la garde des guides indiens et grimpons encore 200 m. plus haut, de facon à atteindre une altitude de 4,000 m.; quant au point culminant, formé de rochers à pic hauts de 300 m. environ, inutile d'en tenter l'escalade. Admirable est la perspective qui, de cet endroit, se déploie devant nos regards; ma plume renonce à dépeindre ce spectacle, dont la grandeur et la majesté défient toute description. Non loin, à l’ouest, l'Océan étale le vaste miroir de ses eaux bleues et tranquilles; plus près, dans la vallée, c'est la forêt vierge dans toute sa majesté : l’Aéfalea oleracea y croît en massifs serrés, peuplés d'innombrables bandes de perroquets qui en recher- chent avidement les semences etles ouvrent de leur bec aigu. A l’est se développe l'immense chaîne de montagnes de la Sierra-Madre. Des — 108 — milliers de tonnes d’or et d'argent gisent enfouies dans ses entrailles, et pourtant c’est à peine si, de distance en distance, une exploitation peu importante déchire les flancs des rochers qui en forment le sque- lette. Une forêt vierge touffue, puissante, vieille de plusieurs généra- tions, en tapisse l'étendue ; elle verra sans doute s’écouler bien des siècles encore avant que l'industrie et les sueurs humaines aient arraché aux rochers qu’elle couronne les trésors qu’ils renferment dans leur sein. Une chaîne latérale se détache de ces monts gigan- tesques : c’est la Sierra del tigre (Montagne du tigre) ; l’on y distingue par places des taches foncées : ce sont des massifs serrés de Pinus Montezuma. Aïlleurs, au milieu des forêts, se remarquent des espaces dépourvus de végétation et colorés en rouge intense : ce sont les pluies fréquentes et persistantes dans cette région qui ont enlevé du roc jusqu’à la dernière trace de terre et ont rendu la vie végétale impossible en ces endroits. À 2,600 mètres d'altitude s'étendent des forêts entièrement composées de PBrahea dulcis, superbe Palmier- éventail qui y prospère et s’y multiplie, bien que la température descende souvent en hiver à 5° R. sous zéro (— 6 1/4° C.). De la ville de Colima, nous ne pouvons discerner qu’une région peu étendue : le reste est masqué par l’un des cratères. Vers le nord s’étale, sur une immense plaine, la ville de Zopotitlan, avec ses 5 à 6000 habitants et ses vastes jardins fruitiers. Cependant notre provision de vivres est épuisée ; nous n'avons pas une goutte d’eau pour étancher la soif ardente qui nous dévore. C’est précisément quand on manque d’eau que la soif se développe de la facon la plus intense et que l’on soupire le plus vivement après cette boisson précieuse dont on ne consomme, en tout autre temps, qu’une quantité insignifiante. Nous chargeons nos deux Indiens d’aller à la recherche d’une source, afin que nous puissions du moins, à défaut d'eau potable, nous faire une tasse de café. Epuisé par cette longue course, l'esprit fatigué par la contemplation de toutes ces merveilles, je me couche à l’ombre d’un genévrier(Juniperus mexicana); j y étais depuis une longue heure quand mes Indiens reviennent avec un peu d’une eau puante, sulfureuse, dont mon neveu, M. Houda, parvient cependant à extraire un café très présentable. A côté du Juniperus précité grandissent, à cette altitude, un Leontodon à fleurs jaunes et une minuscule Gentiane. Quant aux — 109 — Pinus, plus un seul pied : ils ont complètement disparu. Nous rassem- blons du bois de genévrier mort pour en faire un foyer et rôtir un peu de viande qui, préparée de cette façon, acquiert un goût exquis; puis nous nous couchons à plat ventre et faisons honneur à notre modeste diner. Les cendres lancées par le volcan nous ont noirci le visage et nous font ressembler à autant de nègres; le vent soulève de temps à autre la poussière la plus fine en un tourbillon léger, qui ne laisse pas que de nous incommoder beaucoup... Cependant l'heure du retour a sonné; nous avons l'intention de passer la nuit à l'endroit où nous nous sommes précédemment reposés avec nos bêtes. Aucun incident ne vient interrompre notre marche, et nous arrivons à destination avant le coucher du soleil. Je profite des quelques instants qui nous restent avant la nuit pour faire une petite tournée aux alentours de notre campement. Bien que le volcan soit demeuré en état d’activité permanente et bien que d’épaisses colonnes de fumée n’aient cessé de sortir du cratère, nous nous abandonnons, tranquilles et confiants, aux charmes d'un sommeil réparateur. La volonté humaine, quelque puissante qu’elle soit, ne peut dominer le corps que jusqu’à une certaine limite; celle-ci dépassée, le sommeil survient avec une force irrésistible. C'était le cas pour nous : sans les efforts prodigieux qui avaient épuisé nos forces et engourdi nos membres, nous eussions eu peine à goûter un instant de repos. Aux premières lueurs du jour je m'éveille frais et dispos, animé d’une vigueur nouvelle, secoue mes campagnons de route et nous voilà descendant la montagne au pas accéléré. Plus d’une fois nous heurtons du pied les racines saillantes des Conifères ou les pierres nombreuses du chemin. Nous suivons encore la route par laquelle nous avons entrepris la périlleuse escalade quand nous apercevons tout à coup, roulant le long des pentes à une distance d'environ deux cents mètres, un torrent de lave incandescente. Terrible est la chaleur qu'elle développe sur son passage : aussi loin que nous pouvons la suivre des yeux, nous la voyons consumer, réduire en pyra- mides de flammes de l'effet le plus pittoresque les pieds d’Aÿies religiosa qu’elle rencontre en chemin. Pour éviter le danger d’un pareil voisinage nous prenons une autre direction et il n'est que juste temps, car déjà toute la forêt est en flammes et nous sommes obligés de faire un détour qui retarde d’un jour notre arrivée à ot Tonilla. Le lendemain matin, je charge quelques indigènes du pays de me recueillirun millier de pieds de Cypripedium irapeanum aux fleurs dorées : besogne peu commode, car ce capricieux végétal grandit sur des pentes escarpées où le pied humain a peine à se poser et la terre où s’enfoncent ses racines est une argile jaune que la séche- resse durcit au point qu’il devient presque impossible d’en extraire la plante sans l’endommager. Je fais aussi récolter et transporter à Tonilla un bon stock des Tillandsia précédemment décrits. Pendant le temps que les Indiens emploient à la récolte, je pénètre dans l’inté- rieur des terres et m'avance jusqu'à Zapotitlan, à deux jours de voyage de Tonilla. Nous traversons en route deux vastes ravins, sans rien trouver d’intéressant en fait de plantes; deux milles (3770) avant d'arriver, nous tombons sur un immense pédrégal (dépression du sol envahie par la lave) développé vers l’ouest. De telles stations sont pleines d'intérêt pour le collectionneur et de danger pour le voyageur qui les parcourt, car elles abritent quantité de recoins et de cachettes bien propres à servir d’abri aux Campadres (l). Un étroit sentier traversait notre pédrégal sur toute sa longueur et nous redoutions à chaque instant l'irruption d’une bande de brigands, sortis de quelque embuscade et désireux de s’enrichir de nos dé- pouilles. Heureusement il n'en fut rien : c'était jour de marché à Zapotitlan et la circulation sur cette mauvaise route était exception- nellement active. Des centaines d’ânes et de mulets, chargés des produits du pays, se dirigeaient vers la ville escortés de bandes nombreuses d’indigènes de la contrée. Le pédrégal que nous traversions produisait une végétation abon- dante : des Bouvardia, Begonia diversifolia, Tigridia Pavonia, divers Mamillaires et Echinocactus y déployaient leur luxuriante verdure et leurs fleurs aux teintes éclatantes. Cà et là, aux points où un peu de terre s’était accumulée dans les anfractuosités de la lave, se rencontrait un pied isolé de Bignonia lomentosa, avec ses grandes panicules de fleurs jaunes. Nous y trouvons, en fait de Fougères, de superbes spécimens de Notochlaena et d’Adiantum; puis diverses (1) Campadres signifie littéralement “« grand-père » : c’est le nom sous lequel on désigne d’ordinaire les brigands Mexicains. — 111 — Orchidées terrestres et enfin, aux endroits où la lave forme des murail- les à pic, une profusion de Tillandsia. C’est à regret que l’on aban- donne cette mer de rochers et de plantes, bien que les Cactus et les Opuntias y rendent la marche extrêmement pénible et que l’on s'attende à chaque instant à une agression de la part des bandits dont j'ai le droit de me méfier tout spécialement, car il m'est arrivé plus d’une fois d’être attaqué et complètement dévalisé par eux. Indépen- damment de la perte de son argent, on ne se tire pas de leurs mains sans nombre de horions et de rebuffades dont ils ne se montrent guère avares vis à vis du voyageur qui tombe en leur pouvoir, et l’on doit s’estimer heureux d’en être quitte pour des contusions sans gravité et le sacrifice de son bien. Zopotitlan s'étend à 1,300 m. au-dessus du niveau de la mer; c’est une grande ville habitée par une population d’environ 10,000 âmes. Chaque maison possède une ou deux cours ou jardins plantés de Pruniers, de Dattiers, d'Anona Cherimolia, de Persea gratissima, de Passiflora edulis, de Vignes et de diverses espèces de Rosiers thé. Ces derniers deviennent avec l’âge de vrais arbres, couverts à pro- fusion de fleurs qui naissent sans interruption pendant toute la durée de l’année : j'ai compté sur certains d’entre eux 10,000 fleurs com- plètement épanouies. La ville possède aussi deux jardins publics séparés, consacrés à la culture l’un des fruits, l’autre des fleurs. Ce dernier est désigné sous le nom d’Almeda; il est disposé à la mode française, tandis que les habitations qui l’avoisinent appartiennent à l'architecture espagnole. Le climat semble peu favorable au déve- loppement des Thuya, du moins j'en ai peu rencontré qui ne fus- sent chétifs et rabougris, tandis que le Cupressus pyramidalis y forme des pyramides hautes de 20 à 30 mètres. Chose étrange, il ne s’y cultive aucune plante mexicaine, à part un peuplier, le Populus canadensis, qui grandit dans le nord du pays et dont les quelques spécimens me furent signalés comme chose exceptionnel- lement rare. Les curiosités de Zopotitlan ne sont pas nombreuses à voir ; aussi eus-je bientôt fait de les passer en revue, après quoi je m’acheminai vers la montagne voisine. La forêt qui la décore se compose surtout de chênes et de pins; cependant, à 1,800 mètres de hauteur, nous trouvons tout un massif de Brahea dulcis, palmier-éventail qui atteint — 112 — 5 ou 6 mètres de hauteur sur 20 à 30 cm. de diamètre et dont je fais recueillir par mes gens les semences en pleine maturité : nous en emplissons quelques sacs. C’est un des arbres qui rendent le plus de services aux Indiens du pays : ils en font des nattes qu'ils tendent entre des pieux et sous lesquelles ils s'abritent, ils en retirent les matériaux nécessaires à la confection des chapeaux d'hommes et de femmes et fabriquent, à l’aide de ses feuilles, toutes sortes de corbeil- les, de boites, voire même de liens pour le transport de leurs mar- chandises. Après quelques jours passés dans la contrée sans rien rencontrer de bien remarquable, je retourne à Tonilla où m’attendent 500 pieds de Cypripedium iropeanum, quantité de Broméliacées, plusieurs cen- taines de bulbes de Fourcroya Bedinghausi (Roezlia bulbifera) et une poignée de cônes d’Abies religiosa. Un convoi de 7 mules me fut nécessaire pour transporter le produit de ma récolte à Colima, où le tout fut emballé et expédié par la voie ordinaire, c’est-à-dire par le vapeur qui fait le trajet de San-Francisco à Panama ; de là le chemin de fer se charge du transport des marchandises à travers l’Isthme - jusqu’à Colon (Aspenville), où un vapeur anglais les prend à son bord pour les décharger à Southampton. Malheureusement l’envoi séjourna six mois entiers dans le port de Manzanilla, où plantes et bulbes périrent. Les vapeurs ont l'habitude de déposer de temps à autre leur cargaison en cet endroit, et il en résulte de sérieux dommages pour quantité de marchandises. Les propriétaires de ces bâtiments sont pour la plupart des Américains, qui recoivent du gouvernement mexicain un subside déterminé pour toucher aux ports du Mexique et y prendre marchandises et passagers. Or ces Messieurs, pour peu que leur paie soit en retard, ne se génent pas pour débarquer les mar- chandises à eux confiées jusqu'à ce que le gouvernement ait fait honneur à ses engagements. J'étais juste arrivé depuis quelques jours à Manzanillo quand un vaisseau vint jeter l’ancre à deux kilomètres du rivage. C'était le matin vers trois heures et l'obscurité ne permettait pas de distinguer si ce vapeur — c'était un steamer américain — venait de Panama ou de Californie. Dès que le consul américain à Manzanillo fut arrivé à bord du bâtiment, il fit défense expresse au capitaine de recevoir ni marchandises ni passagers mexicains. On fit exception pour moi, en — 113 — raison de ma nationalité; je fus admis comme passager, à condition de laisser à terre mes trésors botaniques, et je partis pour la Califor- nie. Heureusement que la cargaison abandonnée ne représentait pas une bien grande valeur; je la quittai à regret cependant, car elle se composait précisément des plantes et semences recueillies pendant les derniers jours de mon voyage d'exploration. Je séjournai quatre semaines à San Francisco pour y fortifier quelque peu ma santé chancelante et pour étudier plus à fond le pays et les habitants. Son ciel pur, son climat enchanteur eurent bientôt rétabli mes forces, et j'étais tout à fait remis quand je m’embarquai pour Londres. De là je traversai la Belgique pour me rendre à Cologne, et y arrivai juste à temps pour visiter l'exposition internationale d’hor- ticulture, où l’on venait de primer l’une de mes introductions — le Begonia Fraœbeli — découvert un an auparavant dans les Andes de l’'Ecuador. D HF: NOTE SUR LE DARLINGTONTA CALIFORNICA PAR CARL PLITT, ler aide jardinier à Donaueschingen, (Traduit de Deutsche Gärtner-Zeitung, ler juin 1880, p. 138). Depuis de longues années déjà, le Darlinglonia californica est cul- tivé dans les jardins importants à côté des diverses espèces de S'ar- racenia, mais peu d’horticulteurs ont réussi, jusqu’à ce jour, à obtenir des fleurs de cette intéressante plante carnivore. Depuis quatre semaines environ, le jardin de Donaueschingen en possède sous chassis tempéré quelques spécimens fleuris, remarquables par l’étrangeté autant que par l'élégance de leur allure. Le Darlinglonia californica, dénommé par John Torrey, profes- seur de botanique à New-York, appartient à la famille des Sarra- cenia, à la 13° classe 1 ordre du système de Linné. Il habite les montagnes du nord de la Californie — d'où la conclusion qu'il doit pouvoir se cultiver chez nous en pleine terre, sous abri. En fait cette hypothèse se confirme par l'expérience, car la plante, dans notre jardin, a parfaitement supporté l’hiver dernier une température de —22%R.,(—27 ‘}2 C.) en un lieu couvert par un massif de Thuya et sous un abri de branches de sapin et de feuillage. [l est vrai d’ajouter 8 — 114 — que les pieds portèrent par la suite des urnes de dimensions un peu inférieures à ceux qui hivernèrent dans des caisses en ciment chauf- fées par circulation d’eau. La plante — à en juger d’après les spécimens obtenus jusqu’à pré- sent — ne produit qu’une seule fleur, portée sur une hampe qui surgit du centre du feuillage et atteint 40 centim. de haut. Cette hampe est recourbée à 2 centim. du sommet et teintée d’une belle nuance brun-rougeâtre à reflets argentés ; elle porte 8 à 10 folioles bractéales, d'une couleur jaune verdâtre qui fait ressurtir d'avantage encore l'étrangeté de sa nuance. La fleur est penchée, campanulée ; elle se compose de cinq sépales, longs de 6 1f2et larges de 2 1/2 centim., de forme longuement lancéolée, avec un reflet brunâtre au centre ; les pétales, en même nombre et de même forme, n’ont que 4 1/2 cm. de longueur ; ils sont jaunes-brunâtre avec des veines brun-rougeâtre : leur face interne présente une nuance rouge-carminé brillant, qui contraste avantageusement avec la teinte du reste de la fleur. Les étamines sont nombreuses, de couleur jaune ; elles entourent un pistil verdâtre de structure spéciale, lagéniforme, surmonté par cinq styles. La culture du Darlinglonia ne présente pas de difficulté spéciale. On se sert comme substratum d’un mélange de tourbe limoneuse une partie, argile et sable de chaque 1/5, auquel on ajoute sphaignes hachées, poudre grossière de briques et de charbon de bois, de chaque parties égales. On dispose la plante de telle sorte qu'elle recoive les rayons du soleil le matin comme l’après-diner, et l'on maintient son degré d'humidité aussi uniforme que possible en la recouvrant de mousse et l’arrosant légèrement plusieurs fois le jour. L’on arrive ainsi à obtenir ces urnes atteignant jusque 40 centimètres de hauteur. Ces urnes, je tiens à le faire observer, représentent non pas les feuilles, comme le croient quantité de personnes, mais bien les pétioles foliaires, le limbe étant figuré par les appendices multilobés des ascidies. Il serait intéressant de savoir si la culture du Darlingionia en pleine terre a été expérimentée ailleurs et comment la plante s’est comportée l’an dernier ; si tel n’est pas le cas, il est à espérer que la connaissance de cette tentative et le succès qui l’a couronnée auront pour conséquence de provoquer en d’autres pays des essais de culture de l’intéressant végétal en question. D', He La Helg: 1ere 188. = SLR à +" - Æ A “+ de = re D LE CET ahee 1, Guy Serre chaude. ési Br tr Aer. a RES HS RACE. TA RE a DE FE Fee tr ss Zi} AE) Le Vo a SAME orne creme SR are NC ou : Es oen) F7: OS ‘las gr. nat. ed pau al QUESNELIA RUFA hort 1882, 0 . — 115 — HISTOIRE ET DESCRIPTION DU QUESNELIA RUFA, (Gaup.) DE LA GUYANE ET DU BRÉSIL, PAR M. EpouaArp MOoRREN. Planches IV-V et VI. Quesnelia. — Belg. hort., 1881, p. 82 et 350. Quesnelia rufa, GaupiCHAUD, in Atlas de la Bonite, pl. 54. — Revue horti- cole, 1873, p. 451, c. ic. col. et 1874, p. 6. Billbergia Quesneliana, AD. BRONGNIART, in Ann. des sc. nat., XV, 1841, p. 372. —J. E. PLANCHON, Plore des serres, X, 1855, p. 157, pl. 1028. — C. Kocx, Znd. sem. h. Berol., 1856 et WaLpers, Ann. bot., IV, 1861, p. 77. — Gard. Mag., 3 oct. 1874, p. 535, c. ic. xyl. — En. REGEL, Gartenfiora, 1875, p. 193, tab. 834 et 836. Quesnelia rosea, BRONGN., #ss. in Iconibus pictis Biblioth. Mus. Paris. On doit au botaniste Gaudichaud les premières notions scientifiques concernant cette belle plante. Il la récolta en 1834 dans ses herbori- sations autour de Rio Janeiro. Des échantillons provenant de ses récoltes et préparés par Gaudichaud lui-même sont conservés dans l’herbier de M. A. de Candolle et à l'Herbier Royal de Berlin : ils portent le numéro 370. La comparaison avec des spécimens provenant des cultures ne laisse aucun doute sur leur identité spécifique. Gaudichaud fit, avec son talent habituel, l’analyse détaillée des organes de la plante ; il les dessina soigneusement et les fit graver sur une des planches de l’Atlas botanique du voyage de la corvette La Bonite, en lui donnant le nom de Quesnelia rufa. Cet Atlas a paru de 1835 à 1844, mais le texte descriptif de Gaudichaud, qui devait l'accompagner, n’a jamais été publié. La planche de la Bonite est exacte, sauf en ce qui concerne les bractées florales qu’elle figure dentelées, tandis qu'en réalité elles sont à peu près entières et simple- ment ondulées. Peu d'années après la découverte que Gaudichaud avait faite au Brésil, la même plante fut envoyée vivante de la Guyane en France par M. Quesnel, consul à Cayenne. Il est probable que cette intro- duction précéda la publication de Gaudichaud et détermina ce bota- niste à dédier la plante à M. Quesnel. — 116 — Le Quesnelia fleurit au Jardin des plantes de Paris en 1841. M. Ad. Brongniart en observa la structure et en fit faire une aqua- relle par M'* Riché. Nous l’avons vue dans la collection des vélins du Muséum, sous le numéro 44, avec ces annotations de la main de Brongniart : Billbergia Quesnelii, Quesnelia rosea. Le savant botaniste du Muséum fit paraitre, dans les Annales des sciences naturelles, une courte description de la plante de M. Quesnel, sous le nom de Bülber- gia Quesneliana. Brongniart erut reconnaitre certaines affinités entre cette plante et celle qui est connue sous le nom de Pillbergia fasciala : ces affinités sont en partie réelles, mais l’une et l’autre sont mainte- nant exclues du genre Billbergia. D'ailleurs nous ne comprenons pas dans quel sens Brongniart a pu dire que son Püllbergia Quesneliana a les fleurs disposées en panicule contractée spiciforme : elles forment bien réellement un épi, étant sessiles et solitaires à l’aisselle des brac- tées sur un axe simple. Le même nom fut adopté par M. J. E. Planchon, quand il fit paraître, en 1855, dans la Flore des serres, la première figure de la plante cultivée. Dès cette époque la plante commençait à se répandre dans nos serres chaudes. M. Planchon donne en synonymie le Quesnelia rufa de Gaudichaud et vraiment il est possible que la planche de la Bonite ait paru postérieurement à la description de Brongniart dans les Annales. Quant à nous, n’adoptant pas l’opinion de Brongniart relativement au genre Billbergia, mais bien celle de Gaudichaud, nous croyons devoir donner la préférence à la nomen- clature de ce dernier. Nous avons exposé ailleurs (2. Æ., 1881, p. 82 et 300) les différences des Büllbergia et des Quesnelia. Le Quesnelia rufa est, d’après ce qui précède, indigène au Brésil et à la Guyane. Aussi doit-on le cultiver en serre chaude où il pros- père aisément. Il est d’abord acaule avec de nombreuses feuilles dis- posées en rosace et remarquables par leur rigidité : il fleurit parfois dans cet état, mais alors ses inflorescences sont chétives. Avec l’âge et dans de bonnes conditions de culture il s'élève, devient ligneux, vrai- ment arborescent et prend un port aloéforme. C'est ainsi qu'il s’est développé au Jardin botanique de l’université de Liége. Un spécimen, | représenté planche VI, s’est élevé à 2,50 de hauteur avec une fron- | descence de deux mètres environ d'envergure. Il drageonne de la base et peut former de fortes touffes qui sont vraiment ornementales. — 117 — DESCRIPTION. Plante caulescente, parfois de grandes dimensions (250 de hauteur), à tige droite, flexueuse, plus ou moins dénudée à la partie inférieure et parfois assez épaisse à la base (0"04-5 de diamètre). Feuilles très nombreuses (ici de 70-89), en rosace serrée et ample (près de 2m de diamètre), les inférieures défléchies, déjetées, parfois brisées, les autres coriaces, ascendantes, diver- sentes, raides, les plus longues (090) un peu arquées, maïs la plupart droites, toutes en forme de large courroie lancéolée, profondément canaliculées et plus ou moins brusquement lancéolées. Gaîne large et ventrue avec les bords scarieux et entiers, tandis que la lame est bordée d’épines nombreuses, rapprochées, assez fortes, aiguës, brunes ou noirâtres; le sommet des feuilles est acuminé : leur face supérieure est vert foncé et lisse ; la face inférieure est marquée de zébrures transversales blanches et rapprochées et, en outre, de nombreuses et fines stries longitudinales. Les feuilles supérieures sont succes- sivement plus courtes et environnent la base de la hampe. Hampe centrale, droite ou oblique, plus courte que les feuilles, cylindrique, couverte d’un duvet blanc, lanugineux et peu épais et entièrement vêtue de spathes disposées dans un ordre spiral, amples, nombreuses, lancéolées, acuminées, lisses sur les bords, d’abord membraneuses et rouges, bientôt scarieuses, brunes ou blanchâtres par une furfurescence blanche. Ces spathes sont nombreuses et serrées à la base de l’épi qu’elles enveloppent ainsi dans une sorte d’involucre. Inflorescence en épi strobiliforme, compacte, multisérié, ordinairementcylin- drique, allongé (0m2)), épais (0"06-7 de diamètre) et très floripare (environ 200 fleurs), parfois plus restreint (0»07 de long et moins), pyramidal, pauciflore et même capituliforme quand la plante est chétive. Rachis plus au moins chargé de duvet blanc. Bractées floripares rapprochées, imbriquées, dressées, membraneuses, relativement grandes, étant à peu près égales à la longueur des fleurs, larges, un peu linguiformes, obtuses, à sommet arrondi et faiblement mucroné, de couleur rose vif, à bords blancs, ondulés, faiblement denticulés et chargés, au moins, près de la base à la face externe, de lanuginosité duveteuse et blanche. Fleurs sessiles, tubuleuses, assez longues (0045-50). Calice supère à trois divisions membraneuses, courtes, environ 1/3 des pétales, dressées, larges, se recouvrant à gauche de l’observateur, le côté droit beaucoup plus développé que l’autre, obcordées au sommet avec un court mucron dans l'érosion, d’un beau rose vif, blanchi extérieurement par un peu de lanuginosité blanche et détersible. Pétales insérés sur le tube épigyne court et épais, dressés, cana- liculés, environ deux fois plus longs que les sépales, rubaniformes-oblongs en ce qu’ils s’élargissent un peu de l’onglet au limbe qui est dressé avec les bords légèrement infléchis; munis à leur base de deux écailles relativement amples et régulièrement pectinées. Ces pétales sont blanes, sauf le sommet et les bords du limbe qui sont d’un beau bleu de cobalt : ils noircissént et se tordent ensemble à la défloraison. Etamines, 3 libres, alternes avec les pétales — 118 — et insérées sur le tube épigyne ; 3 opposées et adhérentes à une assez grande hauteur (001) à l’onglet des pétales, toutes insertes et atteignant seulement la hauteur de la base du limbe, à filet très large, rubané-clavé, se prolongeant en un connectif linéaire : anthère dorsifixe, dressée, assez longue (0005), un peu prolongée au sommet. Style épais, portant à la hauteur des anthères un stigmate gros, capituliforme, formé de 3 branches contractées. Ovaire infère, subpolyédrique (trigone) par compression réciproque, court, couvert de poils blancs et détersibles sauf ies côtes des angles qui sont roses. Ovules nombreux, arrondis et insérés en huit rangées sur deux placentas disciformes et palmés. ÉTUDE SUR LES CONSTRUCTIONS HORTICOLES, par F.-A. FaAwxes (1), SUITE DE LEÇONS PROFESSÉES AU PALAIS DE CRISTAL DEVANT LES ÉCOLES DE JARDINAGE PAYSAGISTE ET D'HORTICULTURE PRATIQUE. Traduit du Gardener's Magazine, n° du 4 mars 1882 et suivants. Vous vous convaincrez un beau jour, si la chose n’est déjà faite, qu’il existe dans le monde des horticulteurs une grande divergence: d'opinions, quant à la construction et à l'aménagement des serres et autres édifices les plus aptes à répondre aux diverses exigences du jardinage. Ici, on vous présentera comme satisfaisant, en tous points, un système dont tel autre cultivateur dira pis que pendre. Nous nous proposons, dans ces quelques remarques, d'approfondir la question un peu plus que ces observateurs superficiels, en nous restreignant au domaine des faits et de la pratique, et d'exposer quelques-uns des principes qui doivent servir de guide dans l'érection (1) M. F. A. Fawkes (Mansion House Buildings, Queen Victoria streeé, London) a publié, cette année même, un volume élégant et richement illustré sur les principes de l’architecture horticoie. Il est intitulé HORTICULTURAL BuiLpiNGs. Their Construction, Heating, Interior Fittings, etc. ith remarks on some of the principles involved and their application. Le livre est édité à Londres, chez B. T. Batsford, 52, High Holborn (105 64) et se vend, en Belgique, chez MM. Decq et Nierstraz, libraires, rue de l’Université, 46, à Liége, et M. H. Engelcke, libraire, 24, rue de l’Université, à Gand. des constructions horticoles, ainsi que le moyen d'en tirer parti : vous acquerrez ainsi une vue claire et nette du sujet. Du reste, nous aurons soin de laisser en réserve, pour des plumes plus autorisées, tout ce qui se rapporte à la culture proprement dite et de nous en tenir exclusivement aux faits d'ordre technique et architectural : notre rôle est de parler des outils et de leur fabrication, non de la manière de s'en servir. Nous commencerons par quelques généralités indispensables à connaître pour l'intelligence de la question; puis nous passerons en revue quelques principes scientifiques, qui doivent nous servir de base; enfin nous examinerons les diverses formes de serres et analyserons rapidement quelques détails de leur construction. N'oubliez jamais que vous devez viser à la perfection. Ne vous arrêtez pas à mi chemin : ce qui mérite d'être fait mérite d’être bien fait. En commerce comme en société, rien qui réussisse mieux que de hautes aspirations. Si l’on vous consulte sur l’érection d’une serre de culture, par exemple, commencez par vous renseigner sur la qualité et la quantité des plantes que l’on se propose d’y élever et, autant que possible, sur l’argent que l’on projette de consacrer à l'installation. Ne perdez de vue aucune des conditions, contingentes : aspect, orientation, nature du sol, drainage, niveaux, dimensions les plus convenables, position du générateur de chaleur, nécessité éventuelle de constructions subséquentes, telles que hangars à outils, à empo- tage; places à serrer les fruits et les graines, etc. Vous voilà main- tenant en possession d’un groupe de faits, maîtres d’un sujet étudié à tous les points de vue et suffisamment armés pour jeter les premiers plans de la serre projetée. Mais voilà qu’une fois la conception des plans terminée, vous trouvez qu’il y a lieu de réduire la dépense. Parfait : trois voies vous sont ouvertes. D'abord vous pouvez conserver à la serre les dimen- sions projetées et retrancher sur le prix des matériaux et de la main d'œuvre : mauvais système qui conduit fatalement à de déplorables résultats. En second lieu, vous pouvez restreindre les dimensions de chacune de vos serres, sans toucher à la qualité des matériaux : sys- tème infiniment plus avantageux. Enfin il vous est loisible, sans apporter aucun changement au projet, d’en faire exécuter une On partie seulement et de laisser le reste en réserve en attendant des circonstances plus favorables : c'est de beaucoup ce qu’il y à de mieux à faire, en supposant, bien entendu, que les constructions prévues par vos plans soient toutes absolument indispensables. Ainsi, pour donner un exemple de notre manière de voir, supposons que vous trouviez nécessaire, à l'effet d'obtenir un résultat déterminé, de bâtir une rangée de cinq serres adossées, et qu'après avoir indiqué sur le papier lezrs dimensions, les matériaux de construction, etc., vous constatiez ne pas avoir à votre disposition immédiate tout l’argent nécessaire à leur érection; eh bien! laissez de côté, pour le moment, les deux plus extérieures et contentez-vous de trois serres vastes, solides et bien construites, plutôt que de courir le risque de tout gâter en faisant les bâtiments trop petits ou en lésinant sur la qua- Jité des matériaux et le prix de la main d'œuvre. C’est le principe que l’on applique fréquemment dans la construction des églises : on fait un plan d'ensemble, puis on se contente, en cas d'insuffisance momentanée de fonds, d'élever le corps de l'édifice, quitte à y ajouter plus tard une tour ou un clocher. Que votre objectif ne soit jamais de couvrir de verre la plus grande surface de terrain possible avec un minimum de dépense, sans vous inquièler de la qualilé des matériaux ou de la main d'œuvre. Les variations incessantes de la température auxquelles sont exposées les constructions horticoles nécessitent un soin tout particulier dans le choix et le travail des matériaux destinés à leur érection. Rappelez-vous enfin que la responsabilité morale du constructeur ne cesse pas avec l’achèvement de la bâtisse. Les serres, ou plutôt leur contenu, exigent des soins incessants, et plus est grande et sérieuse l'attention que l'on y consacre, plus avantageux et plus rému- nérateurs sont les résultats tangibles que l’on en obtient en fleurs et en fruits; de telle sorte qu'en édifiant une serre, il ne faut jamais perdre de vue la somme de travail susceptible d'être mise au service de son entretien consécutif. Mieux vaut ne couvrir de verre qu'un espace restreint, avec certitude de pouvoir y consacrer suffisamment de temps et de soins et d'en tirer tout le parti possible, que de bâtir deux fois davantage avec chance de devoir en négliger tout ou partie. L'habitude est d'employer le mot « serre » pour désigner toute espèce de construction horticole vitrée. Tächons d'établir tant bien — 121 — que mal, une classification de ces édifices. Nous pouvons grosso modo les diviser en deux catégories : les serres à élalage et les serres à culture. Dans cette dernière classe viennent se ranger les serres à boutures, à semis — chaudes ou tempérées, — les serres à multipli- cation, les serres à culture forcée, à concombres, à raisins hâtifs ou tardifs, à muscats, à melons, à ananas, à fruits, à légumes, à couches, etc., etc. dont la désignation indique suffisamment l'usage. Plusieurs de ces noms sont du reste synonymes ou équivalents : c'est ainsi que les serres chaudes à semis, à boutures, à melons, à concombres, à raisins hâtifs sont toutes des serres à culture forcée. Toutes ces constructions, comme nous le verrons plus tard, diffè- rent par leurs dimensions ou plutôt leurs proportions, par leurs fon- dations et leur toiture, par leur arrangement et leur adaptation intérieure. Voilà pour les généralités. Passons maintenant aux faits scientifi- ques. Sans doute, il vous sera venu plus d’une fois à l’esprit que la forme, l'orientation, les proportions, jusqu'aux dimensions des serres doivent se régler en grande partie sur le soleil. Aussi est-il de toute impor- tance que nôus possédions quelques idées bien nettes sur cet astre et son éclairage. Vous savez à coup sur que le soleil ne se lève ni ne se couche exactement au même point de l'horizon, ni n'atteint la même altitude, pendant toute la durée d’une année. En fait, le jour le plus court — 21 décembre, — il part de l’est à 50° de distance du pôle sud, s'élève à 15° au dessus de l'horizon et se couche 50° à l’ouest du pôle austral; le jour le plus long — 21 juin, — il part 50° à l'est du pôle N S Fig. 1. — Jour le plus long. Fig. 2. — Jour le plus court. Point de l'horizon où le soleil se lève et se couche. nord, s'élève à 62° sur l'horizon et se couche à l’ouest, en un point — 122 — symétrique — occupant entre les deux limites les positions indiquées par les diagrammes ci-joints (fig. 1, 2, 3, 4). Au milieu de l'été, le soleil décrit une portion de circonférence remet Fig. 3. — Jour le plus court. Fig. 4. — Jour le plus long. Anale d'altitude maxima du soleil. représentée par 260° (l'étendue de l'horizon étant censée partagée en 360°), tandis qu’au milieu de l'hiver sa trajectoire ne comprend guère qu’une centaine de degrés. Dans les deux cas, le soleil atteint son maximum d'altitude à douze heures précises ; il s'ensuit que la moitié droite de chaque diagramme représente son parcours du matin (fig. let 2) et la moitié gauche son déplacement pendant l’après-dinée. Toutes ces variations d'altitude du soleil ont une influence prépon- dérante sur la vie végétale et peuvent servir de point de départ à d'intéressantes études, relatives à la différence d'intensité des divers rayons lumineux, calorifiques et chimiques sous diverses incidences et aux propriétés de chacun d'eux; mais ce n'est pas ici le lieu de discuter cette question. Faisons seulement observer que, parmi les rayons lumineux susceptibles de frapper une surface de verre, il en: est qui ne peuvent la traverser. La proportion entre la quantité de lumière interceptée et transmise dépend de l’angle d'incidence des rayons sur le verre. Le diagramme (fig. 5) représente une pièce de verre ordinaire A B, et les divers traits des rayons de lumière frappant sa surface sous des angles différents. Les chiffres intérieurs donnent les angles d'incidence et les extérieurs la perte de lumière pour mille due à la réflexion. Vous voyez, par le simple examen de cette figure, que plus la direction des rayons s’approche de la verticale et moins le déchet lumineux est considérable. Adaptant ce principe à nos constructions vitrées, nous en déduisors que plus le soleil les frappe verticalement et plus est considérable la proportion de rayons transmis. Cette indication est celle dont nous devons surtout tenir — 123 — compte quand nous cherchons à utiliser pour nos serres le maximum de rayonnement solaire. Nous aurons l’occasion de revenir plus loin, en analysant les diverses parties d'une serre, sur les eftets produits par les rayons lumineux, suivant qu'ils frappent l’édifice sous tel ou tel angle d'incidence. Maintenant que vous avez une idée bien nette des faits fondamen- taux relatifs au soleil, à sa position sur l'horizon, aux points où il se Fig. 5. — Diagramme indiquant la fraction de chaleur solaire perdue par transmission à Fig. 6. — Serre adossée sans éclai- travers le verre. rage de face, lève et se couche, à l’altitude qu’il peut atteindre, nous allons passer rapidement en revue les diverses formes des serres de culture les plus simples et les raisons qui justifient l'emploi de chacune d'elles. La première de ces formés et la plus naturelle est la serre adossée (fig. 6, 7, 8 et 9). On lui donnera la préférence dans les cas suivants : quand il existe un mur ou une construction à laquelle on désire accoler la serre; quand on bâtit une muraille dans le but spécial d'y adosser une serre ou une ran- gée de serres tournées vers le midi, afin de les protéger ainsi contre les vents du nord ; quand les exigences des plantes en cul- ture réclament cette disposition ; Fig. 7. — Serre adossée, à éclairage de face. quand il est nécessaire de donner à la charpente un maximum de longueur ; quand on se propose d'élever des hangars, des appentis, etc. de l’autre côté du mur; ou bien, étant donné une muraille préexistante, de construire avec un minimum de frais une serre d’une surface déterminée. — 124 — Il va de soi que la meilleure orientation à donner à semblable serre est de la tourner vers le sud : c’est la position où elle bénéficiera 1 TT | mn BL Fig. 8 — Vaste serre adossée à toiture surbaissée. d’un maximum de radiation solaire. Même dans ce cas, c’est-à-dire quand la muraille se développe exactement de l'est à l’ouest, une partie du rayonnement lumineux et calorifique du matin et de la soirée est perdue pour la serre, puisque le soleil, pendant plusieurs mois de l’année, se lève au nord de l’orient et se couche au nord de l'occident. Parfois le mur auquel on se propose d’adosser la serre ne fait pas Fig. 9. — Serre adossée étroite à toiture brisée. Fig. 10. — Serre libre à éclairage latéral. exactement face au midi : souvenez-vous, dans ce cas, que plus le mur s'incline vers l’ouest et plus vous perdez du rayonnement mati- ual; plus il est incliné vers l'est, et plus est grande la déperdition de lumière pendant l'après-dinée. Un autre point qu'il ne faut pas perdre de vue c’est que, toutes choses égales, une serre adossée est plus aisée à chauffer qu'une serre libre. La serre à deux versants ou serre libre constitue la seconde forme type (fig. 10, 11, 12 et 13). On lui donnera la préférence dans les cas suivants : quand on n’a Fig. 11. — Serre libre sans éclairage Fig. 12. — Serre libre, largement éclairée latéral. par les côtés. pas à sa disposition de murailles élevées ; quand on se propose de bâtir à angle droit et en combinaison avec une rangée de serres adossées à D Fig. 13. — Vaste serre libre. AA Croisées. un mur tourné vers le midi ; quand des conditions particulières récla- ment un minimum de hauteur et d’obstruction ; quand les plantes doivent être à portée de la main et aussi près que possible des vitres et que, par suite de circonstances locales, cette disposition ne peut être réalisée dans une serre adossée ; quand il n’est pas requis d'avoir un maximum de longueur de charpente ; enfin quand la plus grande dimension de la serre doit être orientée suivant la direction nord-sud et que chaque face réclame un égal contingent d'éclairage. — 126 — La meilleure orientation d’une serre libre est, sans contredit, celle où la crête du toit va du nord au sud : de cette façon, l'intérieur de la serre reçoit une égale distribution de rayons solaires, la face orientale étant éclairée le matin et une partie de l’après-dinée, la face occiden- tale l’après-dinée et une partie de la matinée. Parfois cependant les serres sont orientées d'une facon tout opposée : nous en avons vu dont la crête se dirige de l’est à l’ouest. Dans ce cas, la face méridionale recoit naturellement bien plus derayons solaires que la face nord et l'on peut cultiver, dans le même milieu, des plantes à FAUNE toutes différentes. Une forme extrêmement populaire et répandue est représen- tée par notre figure 10 : sa largeur est d'environ 11 pieds (3"60). Ces deux formes de serres repré- sentent les deux types essentiels réalisés dans la pratique; il en Fig. 14. — Serre trois-quarts libre. existe cependant un troisième, une sorte de compromis entre les deux précédents, à savoir La serre trois- quarts libre (fig. 14 et 15), qui sera .avantageusement utilisée dans les Fig. 15. — Serre trois-quarts libre, de grandes dimensions. conditions suivantes : quand le mur d’accôtement de la serre doit être aussi peu élevé que possible, de facon à ne provoquer qu’un mini- — 127 — mum d’obstruction; quand il.est nécessaire de laisser pénétrer le jour par la face postérieure pour utiliser les rayons du matin et du soir qui seraient perdus Serre sans cette précaution ; quand le maximum de longueur de lacharpente n’est pas une condition sine quä non ; quand on désire donner à la voûte une certaine pente, sans calorifères, empotoirs, champignonniére, altérer les dimensions ou surélever une mu- raille préexistante: enfin lorsque, pour des raisons d'ordre architectural, on désire décorer la toiture d’une crête ornementale sans renoncer aux béné- fices inhérents au type adossé. A moins qu'il ne s'agisse de répondre à l’un oul’autre de ces dési- derata, les serres trois- Fig. 16. — Plan d'ensemble d’une vaste combinaison de serres. quarts libres ne sont pas recommandables. à orchidées ; H. Serre adossée chaude; I. Orangerie à deux versants; K. L. M. Serre trois-quarts libre à melons, Les divers arrange- ments, même les plus compliqués, dont les serres sont passibles, peuvent toujours se rap- porter à l’une ou l’autre A. Serre libre à fruits; B. Serre adossée à péchers; C. Id. à muscat; D. Id. à raisins tardifs; E. Serre libre à plantes ornementales; F. concombres etc. ; N. O. P. Id. à ananas; Q. R.S. Chassis et couches; T. U. V. Id. — De l’autre côté du mur: adossée à raisins hâtifs; G. Id. bureau du jardinier, ete. combinaison de ces trois y ® 4 © S uw formes types. Ce serait du temps perdu que d'entreprendre exposer toutes les dispositions réalisables dans ce sens. Chaque cas doit être mürement examiné et résolu par rapport aux conditions locales et autres. Contentons-nous de dire que les divers principes applicables aux cas les plus simples président aussi à l’arrangement des serres combinées. Quant il s’agit d’ériger plusieurs serres, faites en sorte qu’elles. soient groupées, non éparses; que les constructions destinées à des opérations successives soient, autant que faire se peut, disposées à la suite les unes des autres; qu’il n’y ait pas de serres trop vastes sans séparation ; que le ou les générateurs de chaleur soient convenable- ment disposés pour l'effet à obtenir ; que chaque construction, prise individuellement, ne souffre pas du voisinage des autres. Une excel- lente disposition est celle indiquée fig. 16. Après avoir passé rapidement en revue les diverses formes de serre, il nous reste à analyser quelques détails de leur construction; mais, avant tout il est un point intermédiaire qui réclame notre attention, à savoir l'emplacement. Commencez par vous assurer qu'il n'existe ni arbres ni constructions aptes à intercepter les rayons du soleil et à neutraliser ainsi les avantages de vos serres. Examinez ensuite si le terrain est de niveau : dans le cas contraire, unit —— # Pr Fig. 17. — Serre exhaussée. Fig. 18. — Serre exhaussée et mi enterrée. tâchez de vous rendre compte de la force et de la direction de la pente. Si le sol est sensiblement de niveau dans le sens de la longueur de vos bâtisses, tout est pour le mieux, sinon il faut niveler ne | (fig. 17, 18, 19,,20 et 21). Les figures Fig. 19. — Serre sur escaliers. 20 et 21 représentent des nivellements incorrects. Dans tous les cas, ayez soin de placer autant que possible le géné- Fig. 20. — Serre non nivelée incorrecte. Fig. 21. — Serre non nivelée défectueuse. rateur de chaleur dans la partie la plus basse de l'édifice : vous réus- sirez ainsi fréquemment à éviter des travaux d'excavation fastidieux et onéreux. En supposant même le terrain parfaitement horizontal, il y a lieu — 129 —- d'examiner le nivellement du sol de la serre. Vous observerez, dans tous nos diagrammes, que le niveau des sentiers intérieurs coïncide avec le niveau du sol à l'extérieur. Dans le cas de difficulté de drainage ou d'impossibilité d'enfouir le fourneau aussi profondément que néces- saire, il est souvent utile d'élever quelque peu le niveau du plancher. D'autres fois, au contraire, il est indispensable d’abaisser le plancher de la serre pour n'occasionner qu'un minimum d’obstruction. Dans ce cas il faut apporter un soin particulier au drainage, sinon vos serres sont menacées d’inondations perpétuelles. C'était la mode autrefois d'enfoncer les serres, pour retenir plus aisément la chaleur : cette pratique est devenue inutile aujourd'hui, depuis les perfection- nements apportés à l’art du chauffage. En tous cas, il coûte plus cher d’édificr une serre en contrebas du sol que de l’ériger de niveau avec le terrain circumjacent. Nos observations concernant les nivellements s'appliquent égale- ment aux serres isolées ou construites en combinaison. Les serres disposées en une rangée auront, autant que possible, leur plancher au même niveau : des degrés d’une serre à l’autre doivent être évités avec autant de soin qu'entre un salon et un vestibule. Mais des rangées distinctes, parallèles et non reliées de serres peuvent se développer, le cas échéant, à des niveaux différents. La question de l'emplacement est une des plus épineuses à résoudre. Il vous arrivera souvent de croire avoir fait choix du terrain le plus convenable au point de vue du coup d'œil et de vous apercevoir tout à coup qu'il faut y renoncer et transporter vos plans ailleurs, par suite de quelque difficulté imprévue relative au drainage, au chauffage, à la cheminée, à d’autres constructions, à l’obstruction d’une per- spective particulière, ou à tout autre obstacle auquel vous n’aviez point songé. L'élément le plus essentiel à considérer dans l'édification d’une serre est la pente à donner à la toiture. Comme nous l’avons démon- tré par la fig. 5, une feuille de verre oppose d'autant moins de résis- tance à la transmission des rayons solaires que ceux-ci viennent la frapper plus verticalement.Comme le fait voir le diagramme,une dévia- tion de 30° de l’un ou de l’autre côté de la verticale n’exerce pas sur 9 — 130 — Q Q ? L4 la transmission une influence considérable. Or on a trouvé que pour qu’une toiture vitrée reçoive les rayons solaires verticalement ou sous 60 nn Fig. 22 — Diagramme indiquant les diverses pentes d’une toiture. une inclinaison qui ne soit pas inférieure à 80°, à 12 heures précises, pendant les huit semaines qui précèdent ou qui suivent le jour le plus long, il faut lui donner, aux environs de Londres, une pente de 87° au — 131 — dessus de l’horizon et ajouter ou retrancher 1° de pente pour chaque degré en plus de latitude nord ou sud (fig. 22). On arrive ainsi aux chiffres suivants : Latitude 500 Land’s End: pente de la toiture 36 degrés » 51 Londres : ” ” 37 » n 52 Buckingham : » » 38 ” » 53 Nottingham : » » 39 » n SA York: » »” 40 n » 55 Newcastle : ” ” 41 ” ” 56 Glasgow : ” ” 42 n » 51 Aberdeen : ” ” 43 ” » 98 Suterlandshire: » ” 44 ” Des pentes aussi considérables n’ont de raison d’être que dans les cas où il s’agit d'utiliser une fraction maxima de chaleur et de lumière solaires. La plupart du temps, surtout quand plantes et fleurs récla- ment d'être placées dans le voisinage immédiat du vitrage, une pente moins forte répond suffisamment aux besoins de la culture et économise à la fois de la place et de la chaleur artificielle. En sem- blable cas, une pente de 26° à 30° est la plus convenable. Pour rendre la détermination pratique de l’inclinaison plus facile, nous dirons qu'une pente de : 6 pouces (015) par pied (030) correspond à 26° d’inclinaison 7 n (0175) ” ) ” 30 ” 8 ” (0m20) ” » ” 33 1/9 7) 9 » (0225) ” ” ” 36 1/9 ” 10 D (0025) ” » » 40 » 11 » _(0m2%5) » » ” 43 ” 12 ” (0w30) » » » 45 » Il résulte de cet exposé sommaire que là où il s'agira de faire mürir des fruits le long des solives, c'est-à-dire d'emprunter au soleil la plus grande somme possible de lumière et de chaleur, la pente la plus convenable variera de 36° à 44° suivant la latitude. Pour la culture ordinaire, surtout dans les conditions qui requièrent des serres basses, une inclinaison de 26° à 30° sera suffisante; pour la culture des fruits en espalier, qui réclame au contraire une serre haute et étroite, la pente de toiture pourra, sans inconvénient, atteindre 60 ou même 70 degrés. À propos de cette question, il n’est peut-être pas inutile de faire CRD observer qu’à dimensions et inclinaison de toiture égales, une serre libre, une serre adossée et une serre trois-quarts libre présentent toutes trois exactement la même surface. Puisque nous sommes à parler toitures, finissons-en tout d’un coup des détails relatifs à leur construction. Il est trois points que vous ne devez jamais perdre de vue dans la solution du problème, à savoir : 1° Réduire à un minimum la déperdition de chaleur et de lumière; 2° Donner à la toiture une solidité suffisante; 3° Éviter la poussée ou écartement des murailles. La charpente doit étre assez résistante pour supporter la toiture, pas assez épaisse cependant pour opposer un obstacle matériel à la transmission des rayons solaires, surtout quand ils viennent la frapper obliquement. Trois tasseaux de fer ou une barre métallique empêche- ront la poussée latérale (écartement) des murailles. Voici un moyen facile, économique et pratique d'’édifier la toiture d’une serre de modestes dimensions : Une simple travée, formée de tirants alignés en longueur et d’un poincon de comble en travers, supportera une charpente légère qui ne sera, si l'on veut, qu’un simple treillis. Cette disposition conviendra aux serres mesurant jusqu'à 13 pieds (3"90) de largeur. Au delà il faudra deux séries de tirants, l’une pour s'opposer à l’'écartement des murailles, l’autre pour empêcher la charpente de céder et de s’inflé- chir. Inutile de faire observer que ce système, convenablement exé- cuté, donne à la toiture une rigidité remarquable. On peut aussi soutenir la toiture par des piliers intérieurs : disposition absolument inutile dans les cas ordinaires et qui n’a de raison d’être que dans les serres tres vastes ou les jardins d’hiver. Chaque fois que vous vous trouvez en présence d’une serre libre de 12 à 14 pieds (3°60 à 420) de largeur dans laquelle des piliers soutiennent la toiture, soyez bien certains qu'il existe chez elle quelque défaut de construction, car des colonnes verticales dans une serre sont chose superflue autant que fastidieuse. Les tirants consisteront en baguettes de fer forgé, de 3/8 à 1/2 pouce (1 à L'1,: cent.) de diamètre, pour les constructions ordinaires : ils porteront des œillets pour permettre de les visser aux poinçons de comble et aux tasseaux ; ceux-ci à leur tour seront rattachés aux — 133 — meneaux et aux chevrons. En appliquant ce système, on peut donner aux chevrons de 3 1/2 à 6 pouces (8 5/4 à 15 cent.) d'épaisseur suivant les dimensions de l'édifice; nous avons même vu, dans de petites serres à bon marché, de simples treillis soutenus par des tirants remplacer avantageusement les chevrons. Considérons maintenant l’espace intermédiaire, à commencer par la toiture. On peut le remplir par des châssis dormants reposant chacun Fig. 25 — Section de toiture avec châssis et chevrons. sur la moitié d’un chevron (fig. 23) ou se servir d’un simple treillis (fig. 24). Dans ce dernier cas, pour empêcher le système de céder et de s’affaisser, on interpose sur sa longueur une ou plusieurs ventrières, Fig. 24 — Section de toiture treillissée. consistant en pièces de bois emmortaisées dans les chevrons ou en fers en forme de T. Ce dernier système mérite la préférence : il est fort, léger, et n’affaiblit pas autant les chevrons parce qu’il n’exige pas d’aussi profondes entailles. Châssis et treillis auront deux pouces (5 cent.) environ d'épaisseur. L'espace entre les meneaux est d'ordi- naire occupé par des fenêtres à châssis épaisses de 2 pouces (5 centim.) articulées supérieurement et servant de ventilateurs. Nous y reviendrons en traitant la question de l’aérage des serres. Dans certaines serres, non seulement les faces latérales et les toi- tures, mais encore les bouts et les cloisons sont en châssis. L’avantage est que semblable installation peut être démontée, déplacée et réédifiée sans qu'il faille en enlever le vitrage. Cependant, pour les cultures ordinaires, les constructions en châssis perdent tous les jours de la faveur dont elles jouissaient autrefois et cèdent la place aux serres treillissées, qui sont plus simples, plus économiques, appor- tent moins d’entraves à la transmission de la lumière et donnent — 134 — moins de prise aux insectes rongeurs et destructeurs. Nous avons vu de nos propres yeux des serres, faites des matériaux les plus com- pactes dans le but d'assurer leur solidité et leur durée, tromper singulièrement l'attente des constructeurs : non-seulement la char- pente ne tarda pas à céder en raison de son poids énorme, mais les fentes et les crevasses s’y multiplièrent, ouvrant un large accès à l'humidité, et les serres devinrent promptement la proie d’une ruine prématurée. Ceci nous conduit à examiner d’une facon générale la question des matériaux à faire intervenir dans la construction de nos serres. Que faut-il préférer, du bois ou du fer? Vous avez pu remarquer que nous avons insisté précédemment sur l'obligation de n’employer qu’un minimum de matériaux, tout en assurant la solidité et la durée de la bâtisse, afin de n’apporter à la transmission des rayons lumineux que l'obstacle strictement inévitable. Or, le fer s'adapte mieux qu'aucune autre substance à la réalisation de cette condition fondamentale, de sorte qu’à ce point ‘de vue déjà il mérite la préférence pour les constructions horticoles. Ajoutons qu’il est plus durable que le bois, du moment où l’on a soin de le maintenir recouvert d’une couche de couleur suffisamment épaisse : sans quoi il ne tarde pas à se rouiller, endommage les plantes et s'use promptement. D'autre part, le fer est plus coûteux que le bois; il laisse perdre plus rapi- dement la chaleur intérieure et expose le verre à se fêler, à moins que celui-ci ne soit enchâssé avec le plus grand soin. Telles sont sans doute les raisons pour lesquelles le bois est employé plus fréquemment que le fer dans l'édification des serres. Il va sans dire qu’en parlant de constructions en fer, nous faisons allusion au treillis de la toiture, aux châssis des fenêtres, etc.: quant aux tirants, aux ventrières, etc. on les fera en métal dans tous les cas. Certaines serres ont leur toiture reposant sur un treillis en fil de cuivre — métal bien préférable au fer, mais plus coûteux. Il ne faut jamais oublier de spécifier dans le contrat de bâtisse que le bois employé doit être con- venablement séché et dépourvu de nœuds ou de gerçures et qu’il ne sera pas fait usage d’aubier : autant de conditions essentielles dans l'érection d’une construction horticole. Les circonstances particulière- ment défavorables — écarts considérables de température entre — 135 — l'intérieur et l’extérieur, exposition aux influences atmosphériques, changements incessants dans les conditions climatériques — dans lesquelles ces édifices sont placés, font une loi de n‘employer à leur construction que le bois le plus sain. Faute de se servir de matériaux convenablement desséchés, ceux-ci, peu de temps après leur mise en activité et leur exposition à l'air, travaillent, se rétractent : des crevasses s’y forment en abondance, dans lesquelles vient se conden- ser l’humidité provenant de l’évaporation interne; des insectes destructeurs viennent s’y nicher : c'en est fait de l'édifice : Le sapin rouge convenablement choisi et desséché constitue un des meilleurs matériaux de construction. Les platines et les seuils, plus exposés à condenser l’humidité ascendante ou descendante, se font souvent en chêne : précaution parfaitement inutile du reste dans les cas ordinaires. En définitive, nous recommandons, comme méritant à tous égards la préférence, un compromis entre les deux systèmes, une combinaison adroite de bois et de fer. En faisant les seuils, les meneaux, les platines, en un mot tout le squelette en bois, les châssis et le treillis intermédiaire en fer — combinaison peu usitée du reste, — vous arriverez à avoir une serre légère, solide, utile, apte à bénéficier de la façon la plus avantageuse de la chaleur et de la lumière du soleil. Dans ce qui précède, nous avons examiné quelques-uns des phénomènes astronomiques qui régissent la construction des serres, passé rapidement en revue leurs formes principales, analysé certains modes de nivelage,. justifié la raison d’être des diverses pentes de leur toiture, établi le mode d’édification de cette dernière et exposé diffé- rents détails relatifs à l’érection de leur charpente. | Le premier point sur lequel nous allons à présent attirer votre attention concerne le vitrage et la manière de l’encastrer. Pour les besoins ordinaires de l’horticulture, le plus recomman- dable est le verre anglais pesant 21 onces (595 gr.) au pied carré (0092). Nous savons qu’on à l'habitude d'employer des feuilles plus minces, pesant 15 à 16 onces (425 à 453 1/2 gr.): mais ce verre résiste moins bien à la grêle et les plantes qu'il abrite sont plus exposées à être brûlées par le soleil. On se sert parfois de verre belge ; il est meilleur marché que l’anglais, mais plus moucheté, plus — 136 — ondulé, plus apte par conséquent à roussir les plantes, par suite de la concentration des rayons solaires due aux irrégularités de sa surface. Chaque fois qu’il est nécessaire d’intercepter les rayons lumineux par un verre demi-opaque, le meilleur à employer est le verre laminé de Hartley, de 1/8 à 1/4 de pouce (0003 à 0"006) d'épaisseur : l’obs- curcissement qu’il provoque est dû aux corrugations que présente l’une de ses faces. L'on a aussi essayé, dans certains cas, des verres colorés de diverses teintes, dans l'intention d’arrêter au passage les rayons les plus chauds tout en transmettant assez de rayons lumi- neux et chimiques pour les besoins de la culture ; nous laissons ce système de côté, parce qu’il ne semble pas jusqu’à présent être entré dans le domaine de la pratique. S’iln’y a pas grand embarras à se décider sur le choix du verre à faire intervenir dans la construction d’une serre, il est en revanche extrêmement difficile de trouver un moyen commode de le fixer. Comme vous le savez, les procédés ne manquent pas : pour commencer par le système au mastic, disons qu’il est loin d’être parfait. Le mastic est sujet à s'écailler et à se crevasser : l'humidité se loge dans les fissures et provoque la pourriture de la charpente; puis l'installation du vitrage et son remplacement, le cas échéant, entraînent de longs et fastidieux travaux. Le vitrage au mastic est incontestablement un procédé grossier et primitif et un système quelconque, apte à le rem- placer avantageusement, serait le bienvenu auprès des horticulteurs. Malheureusement, jusqu’à ce jour, aucune méthode n’a pu entrer en concurrence sérieuse avec ce procédé suranné et incommode : nous nous sommes nous-même donné beaucoup de mal pour nous rendre exactement compte des avantages et des inconvénients des différents systèmes de vitrage mécanique, et nous allons, en passant rapide- ment chacun d’eux en revue, tâcher de vous faire comprendre pour- quoi il nous est impossible de vous recommander en conscience l'un ou l'autre d'entre eux pour les constructions horticoles. La plupart du temps, le vitrage est maintenu par des agrafes ou par des barres métalliques compressibles, ou encore fixé entre des bandes de vulcanite ou d’autre substance élastique maintenues elles- mêmes par des écrous et des vis de bois ou de métal; d’autres fois, le verre se loge dans des rainures ménagées pour le recevoir : en un mot le vitrage se trouve en contact avec une substance métallique ou — 137 — élastique. N’omettez jamais, dans le premier cas, de laisser un certain « jeu » au verre, sans quoi il se brisera à coup sûr ; dans le second cas, l'humidité et les divers agents atmosphériques né tarderont pas à provoquer la décomposition du tissu élastique, dont le remplacement vous coûtera plus de frais et d’'embarras que pour remastiquer toute la serre. Il va de soi que si vous laissez du jeu entre le verre et ses agrafes, vous créez autant d'issues par lesquelles l’air chaud ne manque pas de s'échapper ; semblable serre ne se prête pas à des fumi- gations convenables ; les innombrables crevasses qui en parsèment la toiture abritent quantité d'insectes nuisibles et retiennent l’eau par un phénomène d’attraction capillaire : qu’une gelée survienne en ce moment et c'en est fait de votre vitrage. Inutile de faire ressortir combien ces inconvénients sont graves et justifient la préférence donnée, en dépit de tous leurs défauts, aux toitures mastiquées — pour les constructions horticoles, s'entend, car le vitrage mécanique peut être avantageusement employé dans d’autres circonstances. Puisqu’il faut, bon gré mal gré, en revenir au mastic, autant tâcher d'en tirer le meilleur parti possible. S'il se fendille, c’est qu'il devient trop dur ; pour l’éviter, ajoutez y un peu de suif. En mélangeant neuf parties de bonne huile de lin avec une de suif et assez de blanc d'Espagne pour avoir läa consistance voulue, vous obtiendrez un mastic assez dur pour les divers usages auxquels vous le destinez, et beaucoup moins apte à s’écailler et à se crevasser. L’on recommande d'habitude de ne mastiquer que le bord interne du vitrage et d’en maintenir le bord externe par des embrasses en cuivre. Cette disposition obvie naturellement aux ennuis qui résultent de l'écaillement du mastic extérieur et ne présente pas d’inconvénient pratique, sauf peut-être de nuire au coup d’œil de la toiture. En tous cas, si l’on n’adopte pas ce système, il faut avoir soin que le mastic ne recouvre jamais que l'étendue de verre strictement nécessaire et que la pente en soit suffisante pour permettre l’écoulement facile des eaux. | Les vitres seront taillées de telle sorte que les recouvrements ne dépassent pas 1/4 de pouce (6 millimètres): au delà, ils retiendraient l'eau par attraction capillaire et exposeraient à la rupture du vitrage; puis la poussière, la boue, etc. s’y amasseraient en quantité suffisante pour donner à la toiture un aspect malpropre et intercepter les rayons — 138 — du soleil. Ne mastiquez jamais les recouvrements. Les treillis seront distants de 10 à 12 pouces (25 à 30 centim.) dans la toiture d’une serre ordinaire, et les vitres auront de 2 pieds à 2 pieds 6 pouces (060 à 075) de longueur. On leur donnera une forme rectangulaire et l’on aura bien soin, contrairement à une pratique trop souvent suivie, de ne jamais tailler circulairement leur extrémité inférieure : l’irrégularité de l'attraction capillaire provoquée par cette disposition a pour conséquence infaillible la rupture du vitrage. Il est deux systèmes de toiture dont nous n'avons pas fait mention jusqu’à présent, à savoir : la éoiture curvilinéaire et la toiture sillonnée. Ni l’une ni l’autre n’est à recommander dans les serres ordinaires, pour les raisons suivantes : Dans le système curvilinéaire, le travail d’édification est plus long et plus coûteux, l’écartement latéral des murailles est plus difficile à éviter, l'installation des fils tuteurs et des ventilateurs est plus dispen- dieuse que dans la toiture plane. Mais l’objection capitale consiste en ce que le verre courbé, dont on fait d'ordinaire usage dans ce cas, est plus sujet à se briser sous l'influence des variations de température ; quant aux vitres planes, si l’on veut s’en servir, il faudra les prendre courtes et les disposer suivant divers plans pour qu’elles s'adaptent à la courbe de la toiture : d’où résulte un ensemble disgracieux et une facilité plus grande pour la chaleur de s'échapper et pour la pluie de s’infiltrer entre les diverses fissures. Par toiture sillonnée, nous entendons une toiture composée d’un grand nombre de compartiments mesurant chacun au minimum 5 pieds (1"50) de largeur. L'inconvénient capital d’un pareil système consiste dans la présence de nombreuses dépressions faisant fonction de chenaux et difficiles à tenir étanches; tous ces sillons, y compris la charpente nécessaire à leur soutien, deviennent le point de départ d'obstacles inutilement apportés à la transmission lumineuse : nous ne prévoyons aucune circonstance qui puisse rendre nécessaire ou avantageuse l’adaptation de semblable toiture à n'importe quelle serre ordinaire. Tous ces renseignements que nous venons de donner, relatifs à la construction et aux dispositions des toitures dans les serres libres, sont naturellement applicables aux serres adossées et trois-quaris Lbres. — 139 — Dans l'examen des détails relatifs aux constructions horticoles, il ne faut pas oublier la question des étagères ou tablettes. Leur but est d'élever les plantes de façon à les approcher du vitrage, à les placer à portée de la main pour qu'il soit aisé de les soigner, à les mettre à l’abri des émanations directes des générateurs de cha- leur, etc. ; enfin à provoquer aisé- << ment le départ de l'humidité LÀ excédante. Pour les usages habi- DLLD LLILU = < LLZLI ue 2 2 TTL tuels, un treillage ordinaire est CU, tout ce qu'il faut; on le fait de À lattes de sapin, de 3 pouces sur | i un, (7 1/2 sur 2 1/2 cent.), espacées de 3/4 de pouce (2 centim.), soute- nues de distance en distance par des supports reposant eux-mêmes sur des appuis de briques (fig. 25). Parfois quand on veut donner à l’étagère une solidité exception- 1 nelle, on la fait en pierre, en dal- les, en béton ou plus souvent en 7 NN ardoise. Semblables supports, mu- nis d’un rebord saillant et percés Fig, 25. — Etagère en bois treillissé. de distance en distance d'orifices de drainage, sont surtout utiles 7 Z quand on désire avoir des boîtes ou caisses de peu de profondeur; quand les plantes ou les pots doivent reposer sur un lit humide de sable, de mousse, etc., ainsi que dans une serre requérant beaucoup de chaleur et où le bois des étagères ordinaires ne tarderait pas à pourrir. Les supports d’ardoise sont du reste plus coûteux que ceux en bois. Un support à la fois solide et bon marché s’obtient en prenant une étagère treillissée ordinaire, telle que celle représentée fig. 25, fixant un filet sur sa longueur de facon à obtenir un rebord saillant, puis appliquant à l'intérieur une feuille de zinc dans laquelle on a soin de ménager des trous de drainage : l’on a ainsi une sorte de caisse peu profonde et complètement étanche. Des étagères de fer sont rarement employées dans les serres à culture ; nous parlerons plus loin de leur usage dans les serres à étalage : elles consistent en panneaux de fonte — 140 — ouvragée et ornementée, supportés horizontalement soit par une charpente et des pieds en fer, soit par des briques ou tout autre support. Dans vos plans d'étagères pour serres à culture, visez à la fois à la commodité et à l’économie de terrain; des supports intelligemment conçus font souvent la réussite d’une serre. N'y ménagez pas deux passages là où un seul peut suffire, et veillez cependant à ce que l'accès des plantes ne soit jamais incommode ou difficile. Tenez soigneu- sement compte de la distance entre vos supports et le vitrage; appropriez-la à la hauteur et aux dimensions des plantes que vous vous proposez d’y installer. Des étagères convenablement construites couvrent une étendue maxima de terrain, sont accessibles de toutes parts, ont une apparence propre et uniforme et s'adaptent exactement aux sujets auxquels elles sont destinées. La hauteur d'une étagère plane ordinaire sera d'environ 2 pieds 6 pouces (0275): plus basse, elle force à se pencher pour soigner les plantes; plus haute, elle est difficile à atteindre et d'aspect disgracieux. La fig. 26 représente la forme d’étagère la plus convenable pour une serre libre étroite, mesurant 12 à 13 pieds (3"60 à 3"90) de largeur; le passage figuré dans les divers diagrammes est large de 2 pieds 9 pouces (0"825); déduisant 4 1/2 pouces (0w11) de chaque côté pour Fig. 26. — Plan d’étagères pour Fig. 27. — Plan d’étagères pour vastes serres libres étroites. serres libres. la charpente, restent, pour une serre de 13 pieds (3"90), 4 pieds 9 pouces (1425) de largeur d'étagère de chaque côté du passage. Les jardiniers de profession préfèrent, en règle générale, des serres larges de 11 pieds (3"30) seulement : les étagères occupent ainsi de chaque côté 3 pieds 9 pouces (112) de largeur ; elles donnent toute facilité pour atteindre aux plantes et, le cas échéant, au ventilateur. Au delà de 13 pieds (390) de largeur, la disposition des étagères doit être conforme au plan indiqué fig. 27. — 141 — Quand deux serres sont placées à la suite l’une de l’autre ou qu’une cloison partage par le milieu une vaste serre libre, mieux vaut prolon- ger les deux sentiers en ligne droite d’une moitié à l’autre, comme l'indique la ligne pointillée du diagramme, que de les faire converger au centre de la séparation : c’est le meilleur mode d'économiser du terrain. Vous profiterez ainsi, pour le jeu vertical des portes, de la hauteur du toit au-dessus des sentiers. C’est cette même hauteur D — Fig. 28. — Plan d'étagères pour serres Fig. 29. — Plan d’étagères pour adossées. serres adossécs courtes. du toit qui doit aussi régler la largeur de vos étagères. Si, une fois ceux-ci dessinés, vous la trouvez insuffisante et que vous ne vous souciez pas d’exhausser votre serre, vous pouvez y remédier en élargissant les étagères latérales ou en surélevant les pieds-droits. Le support cen- tral sera uni ou étagé,suivant les dimensions des plantes à y cultiver et l’écartement vertical de la toiture. Dans une serre adossée ou trois-quarts libre de dimensions moyennes, la meilleure disposition d’étagères est celle représentée fig. 28. Quand la serre n’est pas assez longue pour ï ,,, Fig. 30. — Plan d'étagères pour admettre cet arrangement, on laissera de côté serres à étalages. les bouts en retour, comme dans la fig. 29. Une bonne disposition d’étagères pour serres est figurée fig. 30. Les opinions sont extrêmement partagées quant à la largeur que doit avoir chaque degré dans les étagères à gradins. Sans imposer aucune règle absolue sur une question dont la solution dépend surtout des plantes en culture, nous ferons observer en thèse générale, qu’un grand nombre de marches étroites réalise une disposition moins économique qu’un petit nombre de degrés larges (fig. 31 et 32). Par exemple, un gradin central de 4 pieds 9 pouces (1"42) de largeur pourra se composer de deux degrés superposés larges de 9 pouces (022) et d’une tablette centrale large de 21 (052): une — 142 — étagère de 3 pieds 9 pouces (1"12) comprendra un degré extérieur de 12 pouces (0"30) et une tablette centrale de 21 (052). = Mais en voilà assez sur les supports : abordons maintenant la question des ventilateurs. Avant d'en parler, il est tout à fait indispensable d'exposer d’abord en peu de mots les principes généraux de la ventilation, bien rapide- ment du reste, car nous ne disposons pas du temps nécessaire pour traiter in-extenso le point de vue théorique de cette question qui comporterait plusieurs causeries longues et intéressantes. La ventilation consiste dans le renouvellement de l’air : réalisée > nn | RE ) Fig. 51. — Degrés étroits. Fig. 52. — Degrés larges. Sections d’étagères à gradins. d'une facon naturelle, elle est basée sur ce fait que l’air occupe un volume d’autant plus grand que sa température est plus élevée ; c’'est- à-dire que l'air contenu dans un espace déterminé pèse moins qu’un égal volume d’air plus froid et plus qu’un égal volume d'air plus chaud; autrement dit : plus froid est l’air, plus grande est sa densité, plus il est chaud et plus sa pesanteur spécifique s’abaisse. Donc l'air chaud s'élève, l’air froid descend, tout simplement parce que ce dernier plus lourd déplace le premier plus léger. D'où production de courants ascendants et descendants, horizontaux et verticaux. Vous comprenez donc sans peine qu'un simple appareil de chauffage, sans adjonction d’un système mécanique quelconque, suffit pour aérer les serres, et qu’une disposition convenable des orifices d'arrivée et de départ de l'air chauffé permet, jusqu’à un certain point, de produire le renou- vellement de l'atmosphère autour des végétaux que l’on y cultive. Tâchons maintenant d'appliquer ces principes à la ventilation de nos serres, et rappelons-nous bien qu'il s’agit de renouveler l'air au voisinage des plantes, et que cet air doit, autant que possible, être chauffé avant de venir en contact avec elles. Comme les gaz chauds tendent à s'élever, nous placerons aussi bas dr ur — 143 — que possible et les bouches de prise d’air et le système destiné à élever sa température; puis nous ferons en sorte que le courant d’air chauffé prenne la direction suivant laquelle le besoin s’en fait sentir et sorte à Fig. 33. Fig. 34. Section verticale de serres libres et adossées, indiquant la circulation de l’air. — A. Tuyaux à eau chaude. — B. Prises d’air. — C. Bouches d’aérage. — D. Tuyaux supplémentaires. un niveau aussi élevé que le permet la construction. Ces dispositions sont réalisées, grosso modo, dans les figures 33 et 34. Ainsi les bouches de prise d’air doivent être placées vers le bas et dans une position telle que l'air, en y entrant, vienne se mettre en contact avec les tuyaux de chaleur; les orifices de sortie seront aussi élevés que possible. Mais l’air est un fluide capricieux et mobile; un vent violent peut neutraliser les effets de l’échauffement et forcer l’air à entrer par le haut et à sortir par le bas : circonstance éminemment préjudiciable à la santé des plantes et qu’un bon jardinier peut éviter en surveillant le vent et faisant varier, suivant les cas, les dimensions respectives des orifices de sortie et d'entrée. En thèse générale, la sur- face totale des premiers doit être inférieure à celle des seconds. Les uns et les autres seront disposés sur toute la longueur de la serre, sauf dans le cas de ventilateurs ouvrant dans la toiture des serres libres ou trois-quarts libres, qui pourront être répartis alternativement de chaque côté de la crête du toit : disposition qui permet de laisser constamment ouverts ceux opposés à la direction d’où vient le vent. La forme de ventilateur la plus usitée est celle d’une fenêtre à châssis, articulé au sommet et s’ouvrant vers l’extérieur. Les vitrages à glissières sont complètement démodés, si ce n’est pour les châssis à boutures, les couches et les serres dont la toiture doit être enlevée périodiquement. Ils ont en effet pour inconvénients d'exiger une charpente de soutien d’un poids énorme, d’entraver sérieusement la transmission lumineuse et de ne se déplacer qu’au prix d’un effort et d'un frottement considérables. Même objection pour les fenêtres à — 144 — coulisse verticale, peu employées d’ailleurs. On se sert aussi parfois de ventilateurs pivotant sur un axe central; mais ils ne sont dans la pratique ni aussi simples, ni aussi efficaces. Des fenêtres ordinaires, ménagées dans le vitrage latéral, peuvent être utilisées comme venti- lateurs dans les serres à étalage, mais, dans les serres à culture, rien ne vaut les lucarnes articulées dans la toiture. Les dimensions des ventilateurs dépendent des sujets mis en cul- ture; cependant, dans la grande majorité des cas, l’on donnera aux ventilateurs inférieurs, servant de prise d'air, 2 pieds 6 pouces (075) environ de hauteur, aux supérieurs 2 pieds (060); leur lar- geur correspondra naturellement à la distance entre les chevrons — 5 pieds (1"50) dans les toitures treillissées, 4 (1"20) dans les toitures à châssis. L’on pourra, du reste, adopter de plus grandes dimensions dans certaines serres à vignes et à fruits. Des ventilateurs à bascule trouveront parfois leur raison d’être dans des murailles en maçonnerie immédiatement en face de tuyaux à circulation d’eau chaude; ils peuvent être en rapport avec des fenêtres de la toiture et laisser entrer l’air froid, ou bien au contraire avoir pour but d'envoyer l'air chaud dans des couches ou des serres à culture forcée. À quelque système qu’ils appartiennent, les ventilateurs doivent fermer bien exactement et s'adapter convenablement à leur cadre, de facon non seulement à empêcher la pénétration de l’eau du ciel dans la serre, mais encore à permettre d'y faire, le cas échéant, les fumigations qu’elles réclament parfois. Un mot maintenant sur le mode d'ouverture des ventilateurs. Nous venons de voir que, dans une serre, toutes les prises d'air extérieur et une suite ininterrompue de bouches de sortie doivent demeurer constamment ouvertes, de facon à provoquer une ventilation continue. Or, étant donnée une série de lucarnes, on peut faire en sorte qu'elles s'ouvrent simultanément ou s'arranger de manière à rendre indépen- dantes l'ouverture et l’occlusion de chacune d’elles. Ce dernier sys- tème, sauf le cas de fenêtres extrêmement nombreuses, mérite la préférence : il peut arriver fréquemment, en effet, que la même sur- face d’aérage ne soit pas requise dans toute l’étendue de la serre, que certaines plantes réclament une ventilation plus puissante et plus continue. Pour ouvrir séparément les lucarnes inférieures, le meilleur système est la crémaillère ordinaire, formée d’une barre en métal — 145 — munie de trous ou de crans et susceptible d'être maintenue à volonté dans telle ou telle position par une cheville fixée au cadre du ventila- teur. Pour les fenêtres supérieures, on peut faire usage d’une barre courbe terminée par un œillet, auquel est attachée une corde qui s'enroule sur une poulie dépendant de la ventrière (fig. 35). Un Fig. 55. — Appareil à ouvrir sépa- Fig. 56. — Levier ei à l'ouverture simul- rèment la lucarne de la toiture. _ tanée des lucarnes. contre-poids ou un crochet fixé au mur voisin servira à maintenir, le cas échéant, la lucarne ouverte. Quand on veut ouvrir simultanément un certain nombre de venti- lateurs, soit pour gagner du temps, soit à cause de la difficulté d’en approcher, — par exemple dans le cas où une large tablette ou une bordure de vigne s'étale devant eux et en obstrue l’accès — l'on fera usage d’une barre métallique mobile sur deux tourillons, à laquelle viennent se rattacher deux leviers articulés partant de chaque venti- lateur. Nous donnons, fig. 86, un de ces leviers ainsi que la section de la barre et d’une des fenêtres qui y correspondent. La rotation partielle de la barre redresse le levier articulé et ouvre la lucarne. Une poignée attachée à la barre et mobile sur un arc de cercle servira à la mouvoir, même à distance. Le même appareil peut s’adapter aux lucarnes de la toiture. Il faut seulement bien faire attention que les divers bras de levier soient solidement articulés sur la barre principale, sans quoi les châssis auront une tendance à se tordre et, parmi les fenêtres, il en est qui se fermeront alors que d’autres demeureront encore ouvertes. On fait parfois usage, pour l'ouverture simultanée des fenêtres, de quadrants dentelés, mais les leviers articulés que nous venons de décrire sont bien préférables : vous remarquez en effet aisément qu'ouverts comme fermés ils n’obstruent pas la serre ni ne gênent les plantes, tandis 10 — 146 — que la crémaillère ordinaire ou le quadrant dentelé font saillie à l'intérieur pendant l'occlusion des lucarnes, au grand détriment de l’'arrangement des pots, des plantes, etc. Les serres à raisins, à concombres etc. doivent être disposées de telle sorte que les plantes grimpent le long du vitrage. De même, il arrive fréquemment que des arbres ou autres végétaux s'appliquent contre le mur du fond de la serre. Les fils nécessaires à cet effet sont tendus tantôt horizontalement, tantôt verticalement, suivant les vues personnelles du jardinier; cependant, en thèse générale, l'usage, au moins pour la toiture, est de les placer dans une direction verticale, c'est-à-dire parallèlement aux chevrons et au treillis. Ainsi disposés, ils servent à supporter et à renforcer la toiture et rendent les travaux de réparation et de peinture moins incommodes à effectuer que dans une position inverse, c'est-à-dire perpendiculaire aux chevrons. Une bonne méthode de fixer ces fils est la suivante : Supposons que nous ayons affaire à une serre adossée : nous prenons deux barres de fer aplaties, les placons de champ et les suspendons, l’une parallèlement à la façade en la boulonnant entre les menaux, l’autre le long du mur de fond en la soutenant par des crampons disposés de distance en distance; puis, aux intervalles nécessaires, nous étendons des fils métalliques de l’une à l’autre au moyen de raidisseurs. Les fils peu- vent ainsi être disposés à intervalles rapprochés, éloignés ou inégaux ; ils peuvent, en tout temps et aussi souvent qu'on le désire, être dérangés, puis replacés en quelques secondes. Ce système, vous le voyez sans peine, est bien préférable à celui qui consiste à fixer les fils d’une facon séparée et permanente. L'épaisseur de fil qui convient le mieux à cet usage correspond au n° 12 B. W.G; le fil sera sus- pendu 10 à 12 pouces (025 à 030) plus bas que la toiture. Si la serre à arranger est une serre libre, les barres métalliques seront fixées de chaque côté aux meneaux et les fils tendus entre elles passeront par les œillets de boulons vissés à la platine qui part de la crête du toit ou, ce qui vaut mieux encore, seront soutenus par un barreau de fer suspendu à une distance convenable du milieu de la toiture. Contre un mur vertical, la meilleure disposition à donner aux fils est l'horizontale. On laisse entre eux 10 à 12 pouces (0"25-030) de — 147 — distance : on les fixe à une gâche par un bout, à un raidisseur par l’autre, en les faisant passer par des œillets tuteurs distants d’une dizaine de pieds (3 m.). La longueur de fil que l’on peut tendre de cette façon dépend de la solidité des crampons qui le soutiennent ; en tous cas, 100 à 150 pieds (30 à 45 m.) de fil n'ont rien d’exagéré ni d'incommode. Il existe d’autres systèmes pour fixer les fils, moins avantageux à coup sûr que le précédent. Il y a le système dit « à trois fils », puis un autre dans lequel les fils sont tendus sur des baguettes maintenues entre des supports rigides indépendants de la toiture. On se sert aussi de bois treillisé, appliqué contre les murs de la serre pour soutenir les plantes grimpantes, ou sur la devanture des supports pour masquer le générateur de chaleur. Dans l’un et l’autre cas, il faut fixer le treillis sur panneau ou du moins sur pièce qui puisse être facilement enlevée pour les besoins du nettoyage, de la peinture, etc. Ce mot de peinture nous remet en mémoire une des parties les plus importantes de la construction d’une serre. Il faut, tout d'abord, que la charpente soit bien desséchée avant d'y appliquer aucune couche de couleur. Toute boiserie non préparée sur place doit être bien imprégnée avant de quitter le chantier. Elle ne sera mise en place qu'après que les diverses parties qui doivent venir en contact avec la maçonnerie et seront inaccessibles par la suite — partie inférieure des racinals, face postérieure des sablières, etc. — auront été recouvertes de bonne couleur à l’huile. Une fois la charpente installée, on lui fera subir la même opération, en ayant soin d’y appliquer au minimum quatre couches de couleur. Les meilleures nuances de revêtement pour constructions horticoles sont le blanc et l’ardoise. Les teintes voyantes ne seront jamais employées pour serres à culture ou à étalage : elles ne manqueraient pas de nuire à l'effet des plantes et des fleurs; et nous ne devons jamais oublier que c'est au brillant des fleurs et de la verdure et non à l'éclat des peintures et des décors qu'une serre doit emprunter son élégance et sa beauté. Les constructions horticoles ont à lutter contre un ensemble de circonstances climatériques éminemment défavorables : aussi le renou- vellement périodique du peinturage est-il de toute première nécessité. Supposons une serre convenablement peinte lors de son érection; il faudra lui rendre une couche en dehors l’année suivante, puis deux US -couches à l’intérieur et à l’extérieur tous les trois ans. Chaque fois que l'on remplace quelque pièce du vitrage, la partie de la charpente mise à découvert doit être peinte à nouveau. Dans aucun des diagrammes figurés jusqu’à présent, nous n’avons indiqué d'installation apte à planter les arbres fruitiers, les vignes, etc. en bordure intérieure aussi bien qu’extérieure. Comme une serre ainsi disposée présente des caractères spéciaux et tout à fait. distinc- tifs, nous allons donner quelques renseignements au sujet de son érection. Bien que certaines autorités préconisent une bordure exclu- sivement intérieure, on trouve généralement avantageux de la faire AN KR —— M Fig. 57. — Mur de facade voüté pour serre à raisins. à la fois en dehors et en dedans, soit en bâtissant le mur de face de la serre sur voûte (fig. 37) — la clef de celle-ci venant juste à fleur de 77 Ep NX NT — Fig. 58. — Facade à piliers d’une serre à raisins. sol — soit en soutenant la façade par de courts piliers en fer (fig. 38) et remplissant l'espace intermédiaire, depuis la charpente et le vitrage ee ME = jusqu'un peu en dessous du niveau du sol, par des dalles d’ardoise. Les racines de vos vignes n’auront d'autre nourriture que le sub- stratum préparé pour elles: aussi le drainage du sol devra-t-il être puissant et actif. Si le terrain, de sa nature, est trop disposé à retenir l'humidité et qu’il n’y ait aucun autre moyen de vous tirer d'affaire, vous préparerez le sol de votre couche conformément à la fig. 39. D'abord une couche de béton, puis une couche de blocaille avec quelques tuyaux étroits de drainage disposés transversalement, puis du gazon pour empêcher le compost de remplir les interstices des blocailles ; enfin le sol de la bordure par dessus. Dans certains cas, un fond de blocailles suffira au drainage tout en limitant l'extension des racines et la couche de béton deviendra dès lors inutile : notre but, en mentionnant cette dernière, est de faire ressortir la nécessité d’un drainage énergique. Trois pieds (090) d'épaisseur suffisent largement pour la bordure ; quant à la largeur; elle égalera celle de la serre. La couche de blocaille aura six à douze Fig. 39. — Section des bordures d’une serre à vignes. A) bordure externe; A/) id interne; BB). drains ; C) blocaille ; D) béton ; E) murs de facade sur voûte ; F) passage supporté à intervalles par des piliers. pouces (015 à 030) d'épaisseur, suivant le plus ou moins de difficulté du drainage. L'on trouvera parfois avantageux de prolonger: la bordure jusqu’au mur postérieur, surtout quand ce dernier est tapissé d'arbres. S'il est absolument nécessaire, au point de vue de la culture, que les racines soient soustraites à l'influence de l'air froid du dehors, vous pouvez, comme nous l’avons indiqué précédemment, ou supprimer la bordure extérieure ou, ce qui vaut mieux, la protéger contre la gelée et la pluie par des nattes ou d’autres substances — 150 — mauvaises conductrices ou même par un simple vitrage. L'on con- seille parfois de conduire des tuyaux à circulation d’eau chaude sous les bordures : semblable pratique nous paraît rarement nécessaire. Dans le plan de votre serre, vous ferez en sorte qu'une partie au moins de la bordure s'élève au-dessus du niveau du sol. — Les mêmes remarques s'appliquent aux serres libres qui, du reste, sont peu pra- tiques pour cet usage, étant donné le peu de longueur de la charpente et l'étroitesse de la bordure intérieure. Après la serre à raisins, la plus fréquemment en usage est la serre à culture forcée proprement dite, c’est-à-dire celle où la température du sol doit être exagérée au voisinage immédiat des racines. La fig. 40 représente la forme habituelle de semblable construction. Les matériaux constituant le substratum y sont chauffés au degré voulu par des tuyaux à circulation d’eau chaude passant soit en des- sous du sol, soit à travers le sol même, dont ils ne sont séparés que par un lit de blocaille. La première disposition mérite peut-être la préférence : elle permet d'adapter aux tuyaux des auges à vapeur et de les remplir d’eau au fur et à mesure du besoin, au lieu de verser Fig. 40. — Section d'une serre à eulture directement celle-ci sur la couche : seul oué procédé applicable quand les tuyaux sont peu ou point accessibles. Les bouches de prise d'air froid s'adaptent plus aisément au mur extérieur et les orifices de sortie de l'air chaud au mur de soutènement intérieur, quand on a soin d’entou- rer les tuyaux d’un manchon d'air semblable à celui figuré dans le diagramme. Ilest de ces serres où les mêmes tuyaux, installés dans la profondeur, servent à la fois à chauffer l'air ambiant et le sol; à notre avis il sera toujours préférable d’avoir des tuyaux séparés et distincts pour élever la température de l’un et l’autre milieu. Les sentiers, dans les constructions horticoles, seront faits en pierre, en ardoise, en briques, en dalles, en ciment ou en bois. Le meilleur et le plus résistant de ces matériaux est la dalle ordinaire rouge et brune de Staffordshire, de 6 à 9 pouces (15 à 22 1/2 centim.), — 151 — diagonalement disposée et soigneusement encastrée dans du mortier : elle fournit à bon compte un sentier propre, durable, facile à entre- tenir et de bonne apparence. S'il n’est pas adossé à un mur de soubas- sement, il faudra l’entourer d’une bordure de pierres ou de dalles, dont il existe quantité de modeles spécialement affectés à cet usage. A défaut d’un pareil sentier, ainsi qu'aux endroits — bordure de vignes intérieure — où il n'est pas possible d'installer un passage permanent, l’on construira un sentier treillisé solide et très convenable en voli- ges de 4 1/2 sur 1 1/8 pouces (11 1/4 sur 2 5/4 cent.), disposées en travers sur poutrelles séparées de 5/4 de pouce (2 centim.) avec un nez bien propre sur chaque arête. Une largeur de 2 pieds 9 pouces (0825) — 3 pieds (0790) même quand la chose est possible — est celle qui convient le mieux aux sentiers d’une serre. Vous descendrez jusqu’à 2 pieds 6 pouces (075) en cas de pénurie de terrain, jamais en dessous. Dans des massifs de constructions de vaste étendue, les sentiers pourront avoir jusqu'à 3 pieds 6 pouces (1"05) de largeur ; leurs dimensions varieront du reste suivant qu'ils sont libres et découverts comme dans une serre à raisins ou circonscrits de part et d'autre par une étagère d'environ 2 pieds ou 2 pieds 6 pouces (0"60 à 0"75) de haut. | La semaine prochaine, nous examinerons un sujet plus intéressant encore, celui de la décoration des serres à étalage. Jusqu'à cette heure, nous nous sommes exclusivement occupés des serres à culture, c’est-à-dire des serres employées à la culture naturelle ou forcée des plantes à feuillage, à fleurs ou à fruits. Nous allons aujourd’hui consacrer quelques instants à l'examen des serres à étalage, c'est-à-dire de celles où s’exposent les produits élevés dans les serres de culture. Dans cette étude, nous prendrons comme points de départ les principes suivants : 1° Une serre à étalage doit être regardée comme une des salles de réception de l'habitation à laquelle elle est annexée. 2° Son architecture, intérieure et extérieure, doit être en rapport avec celle du corps de bâtiment. 3° Cela posé, nous devons considérer la culture et l’étalage des — 152 — plantes comme choses tout à fait séparées et distinctes. — Rien à. faire, si l’on ne tient compte de ces divers points. | Dans une serre à culture, le vitrage demande à être abaissé aussi près que possible des plantes ; dans une serre à étalage, des pieds-droits élevés sont souvent chose utile ou nécessaire : on leur donne fréquem- ment dans ces dernières jusqu’à 10 pieds (3 m.) de haut, tandis que leur élévation, dans les premières, ne dépasse jamais 5 pieds (1250). Dans le cas de serre à culture, nous avons d'ordinaire le choix de l'orientation et de l'emplacement : une serre à étalage doit souvent être installée à l’abri des rayons du soleil. La première pourra, dans le but d'obtenir une exposition convenable, se dresser en plein air; l'emplacement de la seconde devra être tel qu’il y ait communication directe et immédiate entre elle et les appartements. Une serre à culture ne portera qu’une charpente légère, opposant aussi peu d’obstacle que possible à la transmission des rayons solaires ; une serre à étalage sera construite plus solidement, avec moins de précautions prises pour assurer le passage de la lumière et de la chaleur. Nous n’ignorons sans doute pas que nombre de personnes ne peuvent se payer le luxe d’une serre séparée pour chacun des buts à attein- dre : le mieux à faire en ce cas, c’est un compromis intelligent et judi- cieux, adapté aux circonstances spéciales à chaque installation. Maintenant qu'il est bien entendu qu’aux deux catégories de serres correspondent des fonctions entièrement séparées et distinctes, nous en concluons que les serres à étalage laissent bien plus de champ et de latitude au côté artistique et architectural de la bâtisse. Nous avons vu des horticulteurs condamner d'emblée certains plans de serres à étalage sous prétexte qu’ils ne répondaient pas aux exigences de la culture des plantes. C'était la toiture trop élevée, ou quelques unes des fenêtres découpées en losanges étroits, ou la charpente construite de façon à intercepter une trop forte proportion de rayons lumineux, ou encore un vitrage teinté et plombé, ou un pignon faisant saillie et arrétant au passage la lumière du soleil, etc., etc. Qu'un pareil système soit inapplicable à une serre à culture, rien de plus exact; mais il n'est pas nécessairement vrai qu'il soit défectueux pour une serre à étalage. Une fois que nous possédons une idée bien juste et bien nette des fonctions d’une serre à étalage, bon nombre des difficultés attachées à ES 2 son érection disparaissent. Sans vouloir établir ici de principes invariables et immuables à ce sujet, qu’il nous soit permis d'indiquer en peu de mots les règles générales auxquelles nous devons nous conformer dans l'installation de semblables serres. Occupons-nous d’abord de l’architecture, c’est-à-dire de l’extérieur de ces édifices. Autant que possible, faites en sorte qu'étant dans le jardin vous deviez lever les yeux pour regarder la serre, autrement dit que son plancher soit légèrement élevé au dessus du niveau du sol. Cette position du plancher est plus spécialement déterminée du reste par une autre condition tout-à-fait de rigueur : celle de se trouver au même niveau avec le plancher de l'habitation à laquelle la serre com- munique ; autrement dit, la pente de la serre, tout en étant suffisante pour y installer une pelouse gazonnante et empêcher l’eau de refluer vers le corps de logis, ne doit pas dépasser deux pouces (5 centim.). L'existence entre l'habitation et la serre d’une ou de deux marches descendantes constitue un vice de construction aussi repréhensible qu'une différence appréciable de niveau entre un vestibule et une salle à manger. Evitez autant que possible d’adosser un chenal au corps de logis; en tous cas, faites-le assez large pour qu’un homme puisse y marcher et balayer les feuilles, les ordures, etc. qui ne manquent pas de s’y accu- muler. Tâchez de faire en sorte que la toiture de votre serre ren- contre la maçonnerie de l'habitation y attenante à angle droit ou sous une pente ascensionnelle, jamais sous une inclinaison descendante. Autant que possible ayez un corridor — quelque court qu'il soit — entre la serre et ie corps de bâtiment, de telle sorte que deux portes bien exactement closes empêchent l’entrée de l’air humide dans l’habitation. Dans le cas contraire, tâchez que la porte de communica- tion ferme aussi juste que faire se peut. Evitez, pour toutes les raisons précédemment indiquées, une toiture courbe ou compliquée : un pignon ordinaire peut être traité d’une facon extrêmement élégante et décorative. Inutile de recourir à des ornements empruntés, à des enjolivures de mauvais goût : les lignes simples et larges de la serre seront suffisam- ment décoratives par elles-mêmes sans qu'il y ait besoin de semblable surcharge. N'oubliez jamais qu’il faut décorer la construction et non construire pour décorer. Fuyez toute ornementation forcée, maniérée — 154 — ou prétentieuse : un style architectural doit être naturel, jamais affecté nitiré aux cheveux; il doit reposer l'œil, non l’agacer. Le monde finira par devenir sage et par comprendre que l’art véritable réside dans la simplicité et la grandeur des détails, non dans l’entassement confus d’ornements empruntés à toute espèce de style. Si, par exemple, vous construisez une serre adossée avec pignon, laissez celui-ci faire saillie, ne fût-ce que de quelques pouces : vous donnez ainsi à votre construction un caractère plus décoratif. Faites mieux encore : élevez le pignon au-dessus des larmiers; mettez des tasseaux à ses encoignures pour attirer vers lui les regards. Semblable pignon aura surtout sa raison d’être quand vous désirez avoir une porte d'entrée et que vous ne disposez pas d'une hauteur suffisante jusqu'aux larmiers, ou encore pour introduire un peu de variété dans une longue rangée de serres à culture à toiture plane et simple. Une toiture semi-octogonale, émergeant de tout autre toiture, produira souvent une excellente apparence, à condition qu'il s'agisse | d’un semi-octogone vrai, sans quoi l'effet réalisé estplatet défectueux. Dans le cas de toit à lanterne, si l'extrémité de la toiture est octo- gonale, la partie correspondante de la lanterne devra présenter la même forme. Si l’on veut adosser une serre N à une habitation, comme dans la NN Ne TR TEE SERIE PEN NT A LEE PEN ETS ————— A RE - La La AAA tageusement du plan représenté figure 42. Poincons et arbalétriers figure 41, l’on se servira avan- Fig. 41. — Serre à étalage adossée à un corps de bâtiment; modéle simple. seront distants de quelque cinq pieds (1 m. 1/2) : s’il en existe un certain nombre, la construction leur empruntera un aspect charmant. À propos d’aspect, n'oublions pas de faire remarquer que pour un angle de toiture de 30 degrés, trois tasseaux égaux forment un demi cercle parfait et servent à lier et à soutenir la charpente du toit. Une toiture de 30 degrés de pente représente une portion d'hexagone. Une succession de ces diverses formes produira l'effet le plus agréable. Dans une serre à étalage, la distance des arbalétriers dépendra des — 155 — dimensions et des proportions de l’édifice : une largeur de cinq pieds (1 m. 1/2) est celle qui semble convenir le mieux pour l’intervalle entre les meneaux. Semblables intervalles pourront, dans des serres de dimensions ordinaires, être occupés par des traversines, avec vitrage en haut et en dessous des châssis, mobiles à la facon des croisées ordi- naires, à l’aide de crémaillères — tout comme les lanternaux — et présentant cet avantage de pouvoir toujours s'ouvrir contre le vent. N | . 74 2 ON 2 A IPS PTT ANTON MTS SA TES SC ; RAI W & N SN Fig. 42. — Serre à étalage adossée à un corps de log's ; modèie ornemental. Ces fenêtres, jointes aux ventilateurs à charnière de la toiture, suffisent largement à l’aérage de semblable serre. Le jour des traver- sines pourra, dans un but décoratif, être occupé par des vitraux d'église plombés et teintés (fig. 48), ou par d’étroits losanges à châssis disposés en un dessin plus ou moins élégant, ou encore par une vitre recouverte d'ornements légers en fer ouvragé. Les fenêtres à châssis seront formées d’une pièce de verre; dans le cas où la fenêtre aurait trop de hauteur pour qu’on puisse la remplir à l’aide — 156 — d’une seule vitre et où l’on ne veut cependant pas faire usage de glace, alors on disposera de petits losanges de verre soit au haut soit à la fois au haut et au bas du vitrage. Ni dans l’un ni dans l’autre cas, le rayon visuel qui passe par le centre de la fenêtre ne sera intercepté par les barres transversales de la croisée. Si la hauteur jusqu'aux larmiers atteint, par exemple, 10 pieds (3 mètres) — 2 pieds (060) de muraille, 6 (1"80) de croisées et 2 (0"60) de traversine, y compris platines et racinals — avec largeur de croisées de 2 pieds 6 pouces (075), vous traiterez la partie supé- rieure des portes en guise de fenêtres, en leur donnant les mêmes dimensions et en arrêtant leur couronnement au niveau de la traver- sine. Si les larmiers n’ont que 8 pieds (240) de haut — 2 pieds (0"60) de muraille, 4 pieds 6 pouces (135) de croisée et 1 pied 6 pouces (0w45) de traversine, — les portes dépasseront cette dernière et mon- teront jusqu'aux larmiers. Divers systèmes sont en usage pour décorer les têtes des châssis. E CL TE ET 4 ANS ) W VW \\ | NES Z 1 = ‘ = = 7 = = Lo ==; CAD = LA = Z2Z = A ZZ —* = = = = , ill ANR TL LE = Wen INT NE = | SN ( de bois aux encoignures ; ailleurs on les recouvre d’ornements en fer ouvragé, etc., etc. Chaque fois que l’on à recours aux cimiers, il faut les faire en fonte, jamais en zinc, sous peine de donner à la décoration un aspect piteux et mesquin. Quant à nous, nous ne sommes partisans du cimier que sur la crête de la toiture, jamais aux larmiers, sur les chenaux ni aux encoignures ou sur les côtés du toit. Les lignes de faîte doivent être bien définies, sans avoir une ten- dance à trop se développer,surtout au voisinage du sommet. Il ne faut pas les faire trop courtes, défaut dans lequel on verse trop souvent. — 157 — Leur base doit être disposée de telle sorte que l’œil soit naturellement conduit à suivre leur direction. Les espaces occupés par les pignons en saillie, par les travées, les portails, etc. doivent être autant que possible agencés et répartis d’une facon uniforme, géométrique, etil est souvent avantageux, au double point de vue de l’ornementation et de l’économie, de les dis- poser de telle sorte que le même dessin y soit reproduit un certain nombre de fois. La forme des serres à étalage et les détails de leur construction peuvent varier à l'infini; les remarques qui précèdent ne doivent être regardées que comme des principes généraux, renseignant le but que vous devez plus spécialement avoir en vue dans le dessin des plans relatifs à semblables bâtisses. (Le professeur illustrait ses enseignements au fur et à mesure par des diagrammes et des esquisses exécutées à la planche). Quant aux dispositions intérieures d’une serre à étalage, elles s’in- spireront entièrement du principe que nous avons énoncé au commen- cement de cet article, à savoir que semblable serre doit être regardée comme une des salles de réception de l'habitation. Évitez donc de la remplir d’étagères ; qu’il s’y trouve des parterres, des bordures, mais que l’on n’y voie, si possible, aucun meuble destiné à l’étalage des sujets. Qu'il s’y trouve un large espace libre — non pas un simple sen- tier, mais une place suffisante pour y installer une table ainsi qu'une ou deux chaises. Faites de votre serre un lieu de flânerie et de repos plutôt qu'un simple but de promenade circulaire. L'espace libre sera pavé d’une mosaïque en marbre (fig. 44), de dalles céramiques ou même, plus économiquement, de dalles ordinaires. Pour autant que les dimensions et la nature de la serre le permettent, vous y installerez une grotte, une fontaine ou même quelques statuettes. Des corbeilles de plantes à feuillage retombant font bon effet ; les murailles nues seront garnies de végétaux grimpants ; dans le cas où des étagères s'alignent le long des murs ou sur les tuyaux à circulation d’eau chaude, on dissimulera soigneusement leurs supports à l’aide d’un treillage diagonal en bois, d’ornements en fonte ou de tuiles perforées. Sila muraille de l’habitation voisine constitue l’un des côtés d'une vaste serre et qu'aucune circonstance particulière ne s’y oppose, l’on y adaptera avantageusement un foyer ouvert. Une ou deux pelouses — 158 — gazonnantes, jetées ça et là, et un perroquet sur son perchoir contri- bueront à la décoration de l'édifice. Il se trouve parfois, dans la RTE ET RI Î] ! PEL L LUI T1 £ 4 Se x S 2) çS S SES T: ee DOTE A GO tree). ! 4 A\ 1, f CS Fig. 44, — Pavé mosaïque en marbre dessiné par MM. Burke et Cie. : À fn “ maçonnerie un recoin disgracieux : faites en uue volière, — 159 — Si votre serre réclame de l’ombre, tendez devant les châssis verti- caux des rideaux d’herbes sud-africaines : l'aspect en est élégant et décoratif et l’humidité ni le soleil n’ont sur eux aucune prise. En un mot, la combinaison intelligente de l’art et de la nature rehaussera les jouissances de semblables serres et la beauté des plantes et des fleurs ne fera que bénéficier de l'introduction des accessoires artistiques dont nous venons de parler. Abordons maintenant un sujet non moins important : celui du chauffage des serres. Il existe nombre de moyens de chauffer les constructions horticoles : substances en fermentation, tuyaux, poëles à air chaud ou à gaz, lampes, circulation d'eau chaude à haute pres- sion, de vapeur ou d’eau chaude à basse pression. Les matières en fermentation à elles seules constituent un système de chauffage inefficace et insuffisant. Les tuyaux de cheminée sont aptes à produire une température excessive et à provoquer la concentration de la chaleur ; ils laissent aisément arriver jusqu'aux plantes les produits de la combustion et ne peuvent être manipulés sans difficultés sérieuses. Même objection pour les poëles : ceux à gaz, à côté d’autres défauts, présentent celui d’un prix de revient très élevé. Les lampes doivent être mises hors cause, sauf dans des serres tout-à-fait exiguës et primitives. L'eau chaude à haute pression et la vapeur sont incom- modes à employer et aptes à concentrer la chaleur. Reste l’eau chaude à basse pression, le meilleur procédé connu jusqu’à ce jour et le plus efficace pour élever la température des constructions horticoles. Désireux de vous donner, en aussi peu de mots que possible, une idée claire et nette du sujet, nous supposons, pour un moment, que vous ne sachiez rien, ni en application ni en théorie, du chauffage par circulation d’eau. Le principe de la méthode réside en ce fait que l’eau chaude monte tandis que l’eau froide descend, tout bonne- ment parce que la seconde est plus lourde que la première ; donc, quand l’une et l’autre se trouvent en contact dans le même vase, l’une des deux en descendant fait monter l’autre à la surface. C’est qu’en effet, au-delà de 4°1 C., l’eau se dilate, c’est-à-dire augmente de volume, au fur et à mesure de l'accroissement de température. Prenez un vase rempli d’eau — peu importe lequel, une théière ou une casserole, — emplissez-le d'eau froide et mettez-le au feu. Que va- — 160 — t-il se passer? La couche liquide voisine de la source de chaleur se dilate, à cause de l'élévation de température. Un volume donné de l'eau ainsi chauffée pesant moins qu’une quantité correspondante d’eau froide, tend à s'élever vers la surface ; c’est maintenant le tour de [a couche la plus voisine, qui s'échauffe, monte à son tour, et ainsi de suite jusqu’à ce que toute la masse de l’eau ait atteint une tempéra- ture uniforme. En fait, il existe deux colonnes liquides, l’une qui monte, l’autre qui descend, de la même facon que dans une balance, l’un des plateaux s'élève tandis que l’autre s’abaisse sous l’action de poids inégaux. Seulement, dans une théière ou une casserole, les deux colonnes liquides sont quelque peu confondues. Tâchons de les séparer. Pour cela, il suffira de faire en sorte que la colonne ascen- dante, au fur et à mesure de son élévation, soit conduite à l’endroit que l’on désire chauffer, s’y débarrasse de son calorique et revienne à la source de chaleur d'où elle est partie. C’est la disposition que réalisent les appareils de chauffage par circulation d’eau à basse pression. Nous le voyons donc, rien n’est plus simple que de han nos serres en y faisant passer des tuyaux, les emplissant d’eau chaude et renouvelant automatiquement celle-ci : conception qui doit vous être à présent aisée à comprendre, grâce aux détails théoriques dans lesquels nous venons d'entrer. Dans la pratique, la première question qui se pose et la plus importante est la suivante : Comment produire dans nos serres l'élévation de température, quelle qu’elle soit, requise par les végétaux qui y grandissent ? Car du moment où l’eau, dans les appareils à basse pression, communique avec l'atmosphère, sa tempé- rature ne peut jamais dépasser le point d’ébullition, soit 100° C., et ne s'élève guère en réalité au dessus de 93° C. dans les tuyaux — encore faut-il, pour éviter la concentration de chaleur et une perte de vapeur exagérée, maintenir le liquide au dessous de ce degré. La température maxima réalisée dans une serre doit dépendre entièrement et exclusivement de la surface des tuyaux de chauffage. Ni la proximité du générateur ni le degré de chaleur auquel il est porté ne doivent influencer la température réclamée PA les exigences de la culture. Nous pourrions établir par des calculs plus ou moins abstraïts la surface de chauffe correspondant aux diverses températures à obtenir, — ]61 — mais semblables opérations sont trop compliquées pour la pratique journalière. Nous préférons vous donner un tableau dont les chiffres déduits du calcul et contrôlés par l'expérience, renseignent immédia- tement la surface de chauffe exigée. Pour faire usage de cette table, il suffit de connaître en pieds cubes (0%°.028) l'étendue de la serre. Nous partons de ce fait que les tuyaux à radiation en fonte, em- ployés d'ordinaire pour chauffer les constructions horticoles, ont 4 pouces (10 cent.) environ de diamètre. Serre adossée et abritée; aire de | Serre libre exposée; aire de refroidissement peu étendu. refroidissement très étendu. Température intérieure à réaliser. Nombre de pieds (0m30) de tuyaux | Nombre de pieds (0m30) de de 4 pouces (10 e.) de diamètre tuyaux de # pouces (10 c.) de par chaque 1000 pieds cubes diamètre par chaque 1000 pieds (28mc) d’air à chaufter. cubes (28mc) d’air à chauffer. Serres àétalage et serres tempérées à maintenir à l’abri de la gelée . . | 30 à 35 pieds (9 à 10 1/,m) |35 à 40 pieds (10 !/, à 12») Serres à raisins, etc., ESaISec Lou. . | 40 à 50 » (128 15m). 45 à 59 » (13 !i, à 16 1/9) Serres chaudes, 15 1/, à Re 00) 004160 »,, (15:à,18n). 09 à 65 » (16 1/, à 19 1/2») Serres à culture forcée 18à27%c.. . . . | 55à 65» (15 /, à 19 {/,m) |60 à 70» (18 à 21m) Toutes choses égales d’ailleurs, il faudra tenir compte de l'exposition de la serre qui peut être libre ou adossée, étre on non abritée au nord, être ou ne pas être accolée à une habitation, joindre ou ne pas joindre à d’autres serres chauffées. La table précédente, comme vous voyez, tient compte de la plupart de ces conditions accidentelles. L’on nous à souvent reproché d'y renseigner une surface de chauffe supérieure à celle strictement nécessaire; erreur pour erreur, nous préférons la nôtre au défaut contraire, et ne sommes nullement disposé à nous amender, car le grand avantage du système à basse pression réside précisément dans ce fait que jamais la surface de rayonnement ne peut atteindre une bien haute température ; celle de 93° C., limite extrême à laquelle l’eau peut s’élever en pratique dans les tuyaux, est même en réalité trop haute pour un appareil bien réglé : vous ne risquez donc rien à affirmer qu’une grande étendue de tuyaux à rayonnement limité est préférable à une surface de chauffe moindre, avec rayonnement maximum. Non seulemeni la vie végétale 11 — 162 —. bénéficie de cet état de choses, mais le générateur fonctionne bien plus économiquement que lorsque l’on s’efforce d’en obtenir un maximum d'effet, pour porter l’eau dans les tuyaux au degré le plus élevé qu’elle soit susceptible d'atteindre. Dans le tableau précité, nous avons supposé avoir affaire à des tuyaux librement exposés. S'ils circulent dans des tranchées couver- tes d’un grillage, n'oubliez pas qu’il faudra, pour obtenir un effetiden- tique, en employer 30 °/, en plus environ. Pour les tuyaux passant à travers des couches et fournissant la chaleur de fond — dans la culture des concombres, ete. — vous adop- terez les chiffres suivants : Pour une couche : de 1 pied 6 pouces (045) de large, 2 rangs de tuyaux de 2 pouces (02075) »n 2 pieds (0260) » 2 ” SD (0m05) 23 » (090) n 2 ” 4 » (010) » 4 » (1m20) » 3 » 4 » (Om10) n D (1m50) ” 4 ” 4 (0m10) Mais en voilà assez sur l'étendue et les dimensions des tuyaux; occupons-nous maintenant de leur disposition. Vous partirez de cette règle générale que l’air demande à être chauffé dès son entrée dans la serre, de telle sorte que l’air froid du dehors ne vienne pas en contact avec les sujets qu’elle abrite; en conséquence, les tuyaux seront placés à proximité des murs extérieurs, c’est-à-dire de la surface de refroidissement, et, autant que possible, immédiatement en dessous ou en avant des ventilateurs d'entrée. Vous ne perdrez pas de vue, d’autre part, que la surface de chauffe doit être distribuée de façon à éviter toute concentration de chaleur, de telle sorte qu’en règle géné- rale vous aurez soin de prolonger les tuyaux sur toute la longueur de la bâtisse ainsi qu’en travers, lorsque la serre présente une certaine largeur. | Jusqu'à présent, nous n'avons eu en vue qu’une seule série de tuyaux, c’est-à-dire un générateur de chaleur et l'appareil destiné à chauffer une seule serre. Or, il est parfois nécessaire de chaufïer plusieurs serres ou plusieurs compartiments de la même serre ; autre- ment dit d’avoir plusieurs séries de tuyaux à radiation. Ceux-ci pour- ront parfaitement être alimentés par un seul bouilleur tout en fonc- tionnant séparément les uns des autres, moyennant l'emploi d’une — 163 — conduite maitresse supplémentaire d'apport et de retour utilisée de la façon figurée ci-dessous. Nous supposons une rangée de quatre serres : serre chaude, serre à concombres, serre tempérée et serre à légumes, séparées par autant de portes. Nous devons disposer notre chauffage de telle facon que chaque serre ait son contingent de chaleur ; que chacune puisse être chauffée séparément et indépendamment des voisines ; que les tuyaux ne pré- sentent pas, au niveau des portes, de ces inflexions brusques qui correspondent à des arrêts de circulation ; enfin que l’apport de chaleur puisse être modéré, modifié, supprimé dans une serre sans que les autres en patissent. Voyons comment ces dispositions sont réalisées dans le diagramme représenté fig. 45. Les diverses serres y sont chauffées par une seule conduite Fig. 45. — Plan ou disposition de générateur et de conduites d’eau chaude. A) Serre chaude à culture. — B) Serre à concombres et à melons. — C) Serre tempérée. — D) Serre à légumes. — X) Générateur (que l’on pourra au besoin placer en Z.) maîtresse et un seul bouilleur ; cependant, plutôt que d'introduire dans les appareils une complication exagérée, il vaudra mieux diviser la besogne et installer plusieurs conduites et même plusieurs bouilleurs. Vous comprendrez aisément que plus les tuyaux à rayonnement sont exposés à l'air, plus ils agissent activement pour élever la tempé- rature de l'atmosphère ; aussi est-il utile de les laisser à découvert, tandis que les conduites maïtresses, qui ne servent qu’à transmettre la chaleur jusqu'aux tuyaux, seront avantageusement protégées de facon à perdre par radiation un minimum de calorique. Lors donc que de semblables conduites passent à travers un espace découvert, une cave par exemple, on les enveloppera de feutre, d'amiante ou d’autres substances mauvaises conductrices ; quand elles traversent le sous- sol, le meilleur moyen d'empêcher la déperdition de calorique par leur surface consiste à les disposer dans une tranchée en briques — 164 — couverte par le haut : elles seront ainsi entourées d'une enveloppe d’air immobile, l’une des substances les plus mauvaises conductrices que l’on puisse imaginer. Vous voyez donc que, dans des limites raisonnables bien entendu, le bouilleur peut être établi à une distance quelconque des serres à chauffer. En pratique, quelque bien installées que soient les conduites, elles rayonnent quand même de la chaleur : aussi plus le bouilleur est rapproché des tuyaux à radiation et mieux cela vaut. Il n’en est pas moins utile de savoir que, pour tirer parti d’une cheminée préexistante ou éviter la nécessité d'en construire une là où elle ferait mauvais effet, le générateur peut être écarté à une distance raisonnable de la construction qu’il dessert. Les conduites de transmission de chaleur, quand elles ne sont pas trop longues, se font en tuyaux de 2 pouces (5 centim.) de diamètre, jamais moins. Pour peu que leur longueur augmente, on donnera aux tuyaux 3 ou même 4 pouces (7 1/2 à 10 centim.) afin d’amoindrir le frottement provoqué par la circulation de l'eau. Les conduites ainsi que es tuyaux à radiation horizontaux auront une pente ascendante d'au moins 1/2 pouce (1 1/4 centim.) par chaque 9 pieds (2"70), afin d’activer le transport de la chaleur. Des contractions et des courbes un peu marquées exagèrent le frottement et doivent être évitées avec soin. Le générateur doit être à un niveau inférieur à ses dépendances, sauf dans des appareils de très petites dimensions ; il doit y avoir une pente appréciable entre les orifices d'entrée et de sortie du bouilleur et les tuyaux de chauffage auxquels ils sont reliés. Plus la pente est forte et plus sont élevées les deux colonnes de liquide en circulation, plus est grande la différence de leur poids et plus la colonne d’eau froide est apte à provoquer l'ascension de la colonne d’eau chaude : autrement dit, plus la circulation est aisée et efficace. Vous ne pouvez assez tenir compte de ce principe. Les soupapes employées d'ordinaire dans ce système de chauffage sont des soupapes à gorge. Certains constructeurs ne se servent, pour modifier ou intercepter la circulation, que de soupapes installées sur le tuyau d’apport; nous préférons en garnir également le tuyau de retour. Ne perdez jamais de vue que de telles soupapes ne font qu'in- tercepter le cours de l’eau sans neutraliser la pression. Personnelle- ment, nous préférons les soupapes d’arrêt à haute pression : d’abord 5e elles sont de beaucoup plus efficaces, ensuite, en cas d’accident, elles excluent complètement l’eau et vous épargnent beaucoup d’embarras et de perte de temps. Si vous en faites usage, ayez soin qu'une fois ouvertes elles livrent à l’eau un passage droit, large, exempt d’ob- stacle, sans quoi la circulation serait sérieusement entravée. L'eau chauffée de 4°,1 à 100° se äilate de -- de son volume; il faut donc, dans un appareil à circulation d’eau chaude, pourvoir à cette expansion du liquide, ce à quoi l’on arrive très aisément à l’aide d’une citerne ou réservoir disposé au-dessus du générateur. Comme la tem- pérature de l’eau, avant son introduction dans l'appareil, est presque toujours supérieure à 4°,1 et n’atteint jamais ou du moins ne doit jamais atteindre 100°, il est inutile, dans la pratique, de prévoir une expansion dépassant -= du volume primitif. Pour calculer le diamètre de ces déversoirs, il suffit de tenir compte des chiffres suivants : 100 pieds (302) de tuyaux : de 2 pouces (5 cent.) ont une capacité d’à peu près 13 '/, gallons (61 litres) HN ni, cent.) ; 9 301/ » . (137 litres) de 4 » (10 cent.) ” ” ” 541}, 1 (245 Litres) Bien que l'eau ne doive jamais entrer en ébullition dans les tuyaux, il ne s’en produit pas moins une évaporation assez active et par con- séquent une déperdition de liquide; la citerne devra donc être reliée au fond du bouilleur ou à un tuyau de retour voisin de celui-ci, et servira de réservoir d’approvisionnement. L'on fera usage d’eau aussi douce que possible, afin d'éviter ou de limiter les incrustations. L'air, quand il ne peut s'échapper des tuyaux, entrave sérieusement la circulation : il faudra donc, dans chaque série de tuyaux, ménager un orifice de départ d'air, soit au point culminant du système, soit aux endroits où la hauteur est le plus considérable, s’il en existe plusieurs avec des enfoncements ou des dépressions entre deux. L’orifice de départ aura la forme d’un tube étroit, saillant de 8 à 9 pieds (2"40 à 270) au-dessus de l'appareil, ou même d’un simple robinet : le premier système est automatique et mérite la préférence; le robinet n'agit que pour autant qu'on le tourne et exige que l’on s'en occupe au moins deux fois le jour. Les tuyaux auxquels il faut avoir recours pour le chauffage par circulation d’eau sont ceux à douille et à fausset. On les relie à l’aide — 166 — de ciment, de rouge ou de blanc de plomb, de limure de fer ou de joints annulaires en caoutchouc : pour l’usage des serres, ce dernier système est le plus pratique et le plus avantageux (fig. 46). L'on se sert aussi, mais rarement, de tuyaux à rebord. Vous pouvez être appelé plus d’une fois à décider de la préférence à : donner à tel ou tel générateur de chaleur et vous aurez à cœur tout naturellement de faire un choix heureux et intelligent. IL existe Fig. 46, — Section d’un joint a SrUNLe , DAY E PSone en rat aujourd'hui sur le marché tant de bons gene- A) Joint : t. — B) Joint ô aprés jonation des tuyaux. TAteurs.... et surtout tant de mauvais, que nous croyons utile de vous indiquer quelques-uns des principes qui doivent vous guider dans l’appréciation des qualités et des dimensions utiles de semblable appareil. Tout d’abord, l’efficacité d’un bouilleur dépend de l’étendue, de la forme et de la position de la surface de chauffe. Celle-ci n’est regardée comme produisant son maximum d'effet que si elle est plane, horizontale et chauffée par dessous. Toute surface verticale est censée rendre D0 ‘},; les surfaces horizontales infé- rieures à la flamme ne sont pas comptées (fig.47). | En second lieu, vous devez faire en sorte que ur games de os la flamme lèche directement la surface de de chauffe effective. chauffe, sans quoi, si la chaudière, par exemple, n’est en contact qu'avec l’air chaud, comme dans certains sys- tèmes, il ne faut compter comme active que 1/3 de sa surface. Une fois la surface de chauffe effective de votre chaudière évaluée, vous pouvez fixer à 40 ou 50 pieds (12 à 15 m.) de tuyaux de 4 pouces (10 centim.), 55 à 66 pieds(16 1/2 à 20 m.) de tuyaux de 3 pouces (7 1/2 centim.), 80 à 100 pieds (24 à 30 m.) de tuyaux de 2 pouces (5 centim.) l'étendue de tuyaux que chaque pied carré (0"09) suffit à chauffer. La plupart des constructeurs de chaudières renseignent sur leur liste la longueur des conduites appropriée à chaque système ; ayez soin, par esprit d'économie bien entendue, de réduire de 40 bons pour cent les assertions de semblables catalogues. Si vous lisez, par exemple, que tel ou tel générateur peut chauffer 300 pieds (90) de tuyaux de 4 pouces (10 centim.), n’en mettez que 200 (60); réciproquement, si vous avez à chauffer 400 pieds (120%). — 1607 — de semblables conduites, prenez un système garanti pour 600 pieds (180%). Cette règle est applicable à n'importe quelle chaudière. Ne perdez jamais de vue le principe que nous indiquions il n’y a qu’un instant, à savoir que, toutes choses égales, un générateur est d'autant plus efficace qu’il présente une plus large surface exposée à l’action du feu. Les chaudières en fonte sont préférables aux bouil- leurs en fer forgé : elles donnent moins de prise aux incrustations. — On divise les chaudières en chaudières « en selle >» et chaudières tubulaires. Pour résumer les avantages des divers systèmes, nous dirons : que ceux en fonte valent mieux que ceux en fer forgé, les tubulaires que ceux en selle, ceux à tube horizontal que ceux à tube vertical, car les bouilleurs doivent avoir une étendue maxima de surface directe de chauffe. Il faut qu’ils puissent arracher au combustible son maximum de rendement calorifique, qu’ils soient faciles à allumer et à nettoyer, qu'ils s'adaptent au combustible le plus aisé à se procurer et le plus abondant au voisinage, qu'ils opposent, toutes choses égales, un minimum d'obstruction au courant d’eau ascendant, que les tuyaux de départ s'insèrent à leur partie supérieure, les tuyaux de retour vers le bas. Comme conclusion, nous dirons, ce qui saute pour le moment aux yeux de la plupart d’entre vous, que l’art d’ériger et de disposer les constructions horticoles embrasse et nécessite la connais- sance détaillée d’une foule de professions distinctes : terrassier, maçon, briquetier, charpentier, forgeron, ingénieur, poëlier, peintre, vitrier, etc. Nous avons, d'une façon rapide et imparfaite, déroulé devant vos yeux une faible partie de ce tableau : à vous de poursuivre, dans le cours de votre carrière professionnelle, l’étude de ce sujet intéressant et d’y apporter le fruit de vos expériences et de vos labeurs. Comme dit lord Brougham, s’il est indispensable, pour votre réussite dans la vie, que vous ayez une teinture de toutes choses, il est presque aussi nécessaire que vous possédiez à fond la connaissance d’un sujet spécial. Do HE — 168 — DESCRIPTION PHYTARRHIZA MONADELPHA, s. nov. PAR M. En MoRREN. Planche VII. Phytarrhiza. — Cfr. Belg. hort., 1869, p. 321; 1870, p. 97 et 225; 1871, p. 289 : 1879, ». 368. Ph. monadelpha, foliis numerosis, herbaceis, vagina lata, viridi, limbo arcuato, lanceolato, acuto, utrinqaue purpureo. Scapo longiore, erecto, vestito. Spica simplex, laxa, rachidi distiche pulvinato, elongato, lucido, viridi. Flores (sub 20) remotiusculi bractea conduplicata nitida, calyce aequali fulti, subses- siles. Calix triangularis, sepalis conduplicatis, herbaceïs. Petala longiora, spatulata, ungui nudo, limbo patente, ovato, candido. Stamina brevia, basi monadelpha. Pistillum minimum, lageniforme, stylo crassiusceulo, stigmate trilobato. Ovula numerosa, mutica. Capsula longissima (bractea ter quaterve superans), seminibus hilo comatis. Explication des jiqures analytiques. . Bractée florale. . Une fleur. . Un pétale. . L’androcée dans sa forme naturelle. Le tube monadelphe fendu et ouvert. . Le pistil. . Coupe transversale de l’ovaire. . Un ovule. © © 1 © À BB À On — . Une capsule au moment de la déhiscence et de la dissémination des graines. 10. Une graine montrant ie mécanisme dela dissémination : elle est renversée et son funicule se réduit en filaments pileux encore cohérents à chaque extrémité. 11. La même suspendue au funicule transformé en parachute. La plante que nous décrivons et publions ici sous le nom de Phytarrhiza monadelpha présente un véritable intérêt scientifique dans la famille des Broméliacées, tribu des Tillandsiées. Elle diffère des Zllandsia par les étamines et le pistil inclus dans la corolle, des de. Guyane Serre chau LPHA E A , Z ——) = < . _ ee a < En = em A: — 169 — Vriesea par l'absence d’écaille sur les pétales : elle a quelques ressem- blances avec les Catopsis, mais principalement avec les Phytlarrhiza dont elle a le port, l’inflorescence, la forme de la corolle, le fruit et les graines. La ressemblance serait complète, n’était l’androcée. En effet, dans notre plante, les six étamines de chaque fleur sont réellement monadelphes, leurs filets étant soudés ensemble sur la moitié environ de leur longueur. Ce caractère pourra acquérir une certaine importance s’il se retrouve chez d’autres espèces du même groupe. La longueur relative des capsules mérite aussi d'être remarquée. La plante à été introduite en Europe par M. Linden, nous ignorons de quelle partie de l'Amérique du Sud ; elle a fleuri pour la première fois en juin 1874. Elle paraït être d’une constitution assez délicate et d’ailleurs très rare dans les collections. Nous ne connaissons rien en culture qui ressemble étroitement à notre Phytarrhiza monadelpha, mais celui-ci semble avoir de réelles affinités avec le Tilandsia narthecioïdes de Presl, qui, au dire de M. J. Baker (Gard. Chr., 5 janvier 1878, p. 8), aurait été importé en Europe, en 1877, par M. W. Bull, à Londres, chez qui il a fleuri. Ce T. narthecioides à été récolté à la Guyane, à Guyaquil et au Para. Il ressemble lui-même aux 7landsia loliacea Mart., triglochinoides Presl. et acorifolia Gris. DESCRIPTION. Plante de petites dimensions : (0"38 de diamètre et 0"35 de hauteur jusqu’au sommet de l’inflorescence). Feuilles nombreuses (une soixan- taine), disposées en rosace radicale courte et dégagée : chacune présente une gaîne large (0023), assez longue (0m05), vert pâle, lancéolée, passant à la lame qui est arquée, canaliculée, doucement lancéolée, assez longue (jusqu’à Om17), étroite (0007 en moyenne), aiguë, un peu pelliculeuse et, actuellement, sur les deux faces d’un beau rouge brun rappelant la nuance des feuilles des Hêtres bronzés. L’inflorescence s'élève au centre de la rosace foliaire qu’elle dépasse beaucoup. Hampe dressée, cylindrique, haute (018), mince (0m003), vêtue de bractées qui sont disposées dans un ordre spiral, engaînantes, les inférieures prolongées en une lame courte (0n05-0m015) étalée et lancéolée, les suivantes réduites à la gaîne lisse et d’un vert un peu glauque. Epi simple, assez long, (0m12-13) lâche, distique, à fleurs quelque peu espacées sur un rachis dont les mérithalles sont d’une certaine longueur (0005), pulvinés, lisses, luisants et verts. Bractée condupliquée, atteignant le sommet du calice (longue de O"018), — 170 — verte et lisse. Pédoncule très court. Calice à trois sépales lancéolés, condupli- qués, assez longs (0015), verts et lisses, disposés en un tube triangulaire. Pétales plus longs (0"022), spathulés, à onglet étroit, nu, inclus dans le calice, à limbe plus large, ovale, étalé, relevé sur les bords, blanc et bientôt flétri. Etamines hypogynes, très courtes (0007), à filets cohérents en un tube autour de l'ovaire, puis libres, plans, verts, subulés : anthères basifixes, dressées, courtes (0m0015), bacillaires. Pistil lagéniforme : style court (0003), épais : stigmate en capitule trilobé et papilleux : ovaire obconique. Ovules très nombreux à chalaze mutique. La capsule est très longue (0045-68) et dépasse deux ou trois fois la bractée- et le calice : elle donne quantité de graines dressées, à funicule très allongé, transformé en chevelure soyeuse et pappiforme. La dissémination des graines est bien intéressante à observer. La capsule s'ouvre parle dédoublement des cloisons (déhiscence septicide), en trois valves qui se séparent d’abord par le milieu et, quelques instants plus tard, depuis le sommet jusque près de la base. Les graines sont nombreuses et serrées dans chaque carpelle : elles sont petites, un peu allongées, brunes, fort légères et pourvues chacune d’un appareil remarquable. C’est leur funicule qui s’est considérable- ment allongé pendant la maturation et qui, au moment de la déhis- cence, se réduit en une quantité de filaments soyeux et piliformes. Ces filaments sont unis entre eux à leurs deux bouts et, tendus comme des ressorts ; ils déterminent la sortie des graines. Celles-ci, venues au jour, se renversent en obéissant à la pesanteur, tandis que leur funi- cule se transforme lui-même en une sorte de parachute ressemblant au pappe des Composées. Ces phases de la dissémination sont représen- tées par les figures 9, 10 et 11. — 17] — NOTE SUR LA MOSAICULTURE PAR M. DITTRICH, Traduit du Wiener Illustrirte Garten Zeitung, avril 1882, p. 138 et suivantes. Les progrès du goût, en matière horticole, s’affirment tous les jours par l'introduction de plus en plus fréquente, au sein de nos parterres, des plantes dites à mosaïque, qui remplacent par une heu- reuse variété l’uniformité d’aspect et de couleur de nos cultures d'autrefois. Les fleurs qui se marient le plus agréablement aux plantes à mosaïque et sont le plus usitées à cet effet se recrutent surtout parmi les Pelargonium à feuilles panachées, les variétés à floraison abon- dante de Pelargonium zonale, les espèces décoratives de Begonia tubé- reux, les Aster annuels, les Werbena hyb., Lobelia fulgens multif. et L. Erinus var. \ndépendamment des fleurs l’on s'adresse également, pour obtenir une diversité de teinte et d'aspect propre à charmer la vue, aux plantes solitaires ou à feuillage, telles que Canna indica var. (spécialement iridifiora), Musa Ænsete, Dracaena australis, D. indivisia et D. nutans angustifolia, Yucca pendula, Tritoma uva- ria, Gymnotrix latifolia, Gynerium argenteum, Penisetum longistylum (graminée extrêémement décorative), ainsi qu'à diverses Solanées, telles que Solanum robustum, S. argenteum, etc. et, pour les endroits abrités et ombragés, aux Aralia, aux Lataniers et aux Chamaerops. Enfin, en dehors des plantes à fleurs et à feuillage et toujours au point de vue de la variété à obtenir dans les parterres, on fait éga- lement intervenir les plantes grasses, telles que Zcheveria metallica, metallica glauca et imbricata, Kleinia repens couleur bleu d'acier, Sedum carneum et dasyphyllum, Sempervioum californicum et glau- cum, Echeveria secunda et glauca : les trois premières surtout comme plantes isolées. Viennent enfin les T'axus et le Buis à cause de leur aptitude à revêtir, par la taille, toutes les formes imaginables; puis le Lierre, la Bryone, la Vigne vierge et la Plante-télégraphe (Pilogyne SUavis). — 172 — Les plantes à mosaïque, c’est-à-dire celles que leur croissance limitée 4 et leur nuance approprient surtout à l'installation de parterres- mosaïques, sont spécialement les suivantes : Espèces gris-blanchâtre ou blanc-argenté. Antennaria tomentosa. Artemisia stelleriana. Centaurea candidissima, C. gymnocarpa. Cerastium tomentosum, C. Biebersteini. Cineraria maritima. Festuca glauca. Gnaphalium lanatum, G. lanatum fol. variegatis, G. helianthemifolium (Dyotis). Koniga variegata. Leuccphyta Browni. Thymus serpyllum, citriodorus fol. arg. variegatis. Santolina incana (chamæciparoides). \ B'spèces à nuances rouges. Alternanthera amabilis. _ amabilis latifolia. — amoena. — amoœæna sessilis. à — atropurpurea. — ferox (Amarantus). — paronychioïdes. — versicolor. — versicolor grandis. Coleus Verschaffelti. Iresine Lindeni. Espèces à nuances foncées. Aërva sanguinolenta. Achyrantes acuminata. | — Verschaffelti. À Coleus scutellaroides. ; Iresine brillantissima. Oxalis fol. atropurpureis. Perilla nankinensis. — 173 — Espèces à teinte jaune ow jaunâtre. Alternanthera paronychioides aur. major. Lonicera brachypoda fol. aur. reticulatis. Pyrethrum parthenifolium aureum. Thyœus citriodorus fol. aur. var. Espèces à leinte verte. Leptinella squarosa. Mentha Pulegium gibraltaricum. Espèces multicolores. Achyrantes Verschaffelti fol. aur. reticulat. Mentha crispa fol. variegat. Salvia officinalis tricolor. Mais les plantes à mosaïque ci-dessus renseignées, et auxquelles on a le plus souvent recours dans la pratique, ne produisent pas toutes l’impression voulue, parce que toutes ne possèdent pas une coloration assez intense, parce que les nuances se fondent plus ou moins les unes dans les autres et affaiblissent l’effet de contraste recherché. Certaines d’entr'elles, à cause des nombreux rejets qu’elles poussent dans tous les sens, sont difficiles à maintenir dans les limites assignées ; d’autres encore supportent mal des tailles fréquentes ou ne se remettent que lentement de l'influence fâcheuse de cette opération : il n’est donc pas sans utilité de faire un triage parmi les sujets précités, et de ren- seigner, en une liste séparée, ceux qui unissent en eux toutes les qualités requises pour constituer comme qui dirait les plantes à mosaïque par excellence. Nous considérons comme tels les suivants : Espèces gris-blanchätre ou blanc-argenté. Antennaria tomentosa. Artemisia stelleriana. Centaurea candidissima. Cerastium tomentosum. Cineraria maritima. pare Espèces à nuances rouges. Alternanthera amabilis. — amœæna. — ferox. — versicolor. Coleus Verschaffelti. Espèce à nuance foncée. Iresine Lindeni. Espèces à teinte jaune. Alternanthera paronychioides aur. major. Pyrethrum parthenifolium aureum. Espèce à teinte verte. Mentha Pulegium gibraltaricum. Pour les parterres élégants et de peu d’étendue, il faut naturelle- ment faire choix de plantes décoratives minuscules, parmi lesquelles nous recommandons surtout : Espèces gris-blanchâtre ou blanc-argenté. Antennaria tomentosa. Cerastium tomentosum. Festuca glauca. Gnaphalium helianthemifolium (Dyotis maritima). Leucophyta Browni. Thymus Serpyllum citriodorus fol. arg. var. A L'spèces à nuances rouges. Alternanthera amoena. — ferox (Amaranthus ferox). Espèces à teinte jaune. Alternanthera paronychioides aur. major. Lonicera brachypoda fol. aur. reticulat. Thymus serpyllum fol. aur. var. Espèces à teinte verte. Leptinella squarosa. Mentha Pulegium gibraltaricum. — 175 — Quelques mots maintenant sur la multiplication des plantes à mosaique. Elle se fait le mieux au printemps, en couche de fumier chaud, et exige que l'on fasse passer l'hiver à un nombre plus ou moins consi- dérable de plantes-mères bien enracinées et préparées à cet effet des le cours de l'été précédent. Ces plantes-mères doivent hiverner en lieu fortement éclairé, aussi près que possible du vitrage; les plantes à mosaïque de serre chaude s’accommodent d’une température assez élevée et supportent bien une atmosphère très humide. Cette dernière condition est même strictement requise par certaines d’entre elles, les Alternanthères, p. ex., qui jouent le rôle le plus important- dans la mosaïculture : sous un air sec, elles produisent une abondance de fleurs peu apparentes qui affaiblissent et épuisené Le sujet; les feuilles tombent, les tiges se lignifient et la croissance s'arrête au printemps : accidents qui ne se produisent pas en lieu tiède et humide. Lorsque la saison ne laisse pas prévoir de froids intenses et per- sistants et que l’on a installé les couches à culture, on laisse se dissi- per leur excès de chaleur; puis on dépote les pieds que l’on veut bouturer et on les plante dans les couches, tout contre le vitrage. En cas de condensation d'humidité, l’on a soin de ventiler nuit et jour, même en temps de gelée, pour prévenir la formation de moisissures et empêcher toute pourriture. L'on a soin de tenir prêtes d’autres couches chaudes pour y planter les boutures que l’on pourra, 3 ou 4 semaines plus tard, prélever sur les plantes-mères, lesquelles ont grandi et poussé sous l'influence de la chaleur du sol. Les boutures doivent être installées à distances égales et aussi proche du vitrage que les plantes mères: elles ne tardent pas à s’en- raciner et peuvent être recoupées peu de temps après pour la propa- gation de l'espèce, opération que l’on continue jusqu’à rendement suffisant. (La suite prochainement). De HAN — 176 — ÉTABLISSEMENT ET ENTRETIEN DES CRESSONNIÈRES. La longueur des fossés ne devra pas excéder 50 mètres et leur lar- geur sera de 3 mètres au moins. Si la pente est trop forte, il faudra faire plusieurs arrêts avec des planches mobiles, à égale distance, si faire se peut. Cette longueur ne sera dépassée que lorsqu'il y aura beaucoup d’eau courante. La longueur à donner aux fossés n’est pas indifférente. S'ils sont trop larges, on voit souvent se produire sur leurs côtés ou sur quelque point de leur partie inférieure, des courants que l’eau parcourt de préférence, laissant en quelque sorte le reste du fossé à l'état de marécage par le non renouvellement de l’eau. Une épaisseur suffisante et régulière de la plantation du cresson s'oppose toutefois en certaines limites, à l'établissement des courants ; mais, quoiqu’on puisse faire, le cours de l’eau est toujours ralenti en raison de l'élargissement des fossés, effet qui a pour résultats secondaires d’affaiblir la vigueur de la plante et de donner une sorte de cresson noirâtre et de mare au lieu du cresson de fontaine ou d’eau vive avec une belle couleur verte qu’on recherche. La profondeur des fossés est nécessairement subordonnée au niveau des sources ou des cours d’eau; trop superficiels, les fossés ne permet- traient pas l'inondation du cresson, parfois nécessaire pour le garantir des gelées; trop profonds, ils diminueraient l’insolation, seraient une cause de perte de temps et d'un surcroit de fatigue dans le travail d'exploitation, surtout dans l’opération de la coupe. En calculant qu'il faut donner aux fossés 10 à 15 centim. d'eau au- dessus desquels le cresson pourra s'élever de 15 à 20 centim. et qu’il est utile que la digue de séparation serve d’abri, on arrive à admettre que la profondeur la plus convenable est celle de 50 à 60 centim. L'entrée des fossés en amont (du côté du cours d’eau) est souvent barrée par une planche trouée en différents endroits avec une tarière d’un pouce de largeur pour donner passage à l’eau qui y est néces- saire. Si l’eau est trop abondante, on bouche avec des chevilles du côté de ce cours d’eau un ou plusieurs trous; si, au contraire, elle est insuffisante, on augmente le nombre des trous. 7 — 177 — Le cresson se plante d'août à novembre après nivellement, béchage et un apport de terre végétale où d'engrais (tels que fumier de vache consommé ou terreau), à intervalles de 8 à 10%, à la main ou avec une longue fourche; on le tasse avec une planche épaisse trouée en différentes places et emmanchée obliquement à l'extrémité d’une longue perche, puis on le couvre, après 3 ou 4 jours, d'environ 5 cent. d’eau pendant 8 jours. On élève ensuite le niveau d'eau au fur et à mesure de la croissance du cresson, sans dépasser 15 c‘, au moyen de barrage à la sortie en aval, et au besoin avec des planches en travers des fossés. Une cressonnière bien cultivée ne doit pas avoir de vides; il faut les replanter aussitôt qu’il en existe, et faire en sorte que la cresson- nière soit bien propre et remplie d’eau courante. À l'approche des gelées, il faut que le cresson reste sous l’eau jus- qu'au dégel, en lui donnant toutefois de l'air quand le soleil luit. Outre la surélévation de l’eau, il conviendra de tasser ou de rouler le cresson auparavant. À défaut on peut le couvrir de planches percées de trous nombreux. On sarclera de temps en temps pour extirper les herbes et autres mauvaises plantes aquatiques qui pourraient se produire dans les cres- sonnières. Certaines herbes ressemblent un peu au cresson qu’elles étouffent : elles ne sont pas sans danger pour la santé. On détruit les altises en les noyant par la submersion momentanée du cresson; les insectes morts sont ensuite enlevés par les râteaux, filets ou par une planche que l’on promène à la surface, Les lentilles et autres parasites peuvent être enlevés de la même manière ou avec un long balai. Une cressonnière est en plein rapport dès la deuxième année de la plantation. Il faut fumer avec de courts engrais et terreauter après la première et la deuxième coupe, puis rouler ou tasser le cresson plusieurs fois avec la planche dont nous avons parlé plus haut, car le cresson trop exposé à l’air durcit et devient rouge. (La Cullure). 12 — 178 — NOTE SUR UN MOYEN DE DESTRUCTION DES INSECTES DANS LES SERRES PAR M. ÉTIENNE BolzARp, jardinier-chef chez Mnc la baronne James de Rothschild. Cette note a été présentée à la Société nationale d’horticulture de . France dans la séance du 23 février 1882. On a montré des rameaux d’arbustes de serre qui avaient été envahis par divers insectes et qui en ont été délivrés par M. Boizard, jardinier-chef chez M°° la baronne James de Rothschild, grâce à un procédé imaginé par lui et qu'il fait connaître dans une note qu'il a rédigée et dont il est donné lecture. M. le Président du comité fait observer que les feuilles de ces rameaux portent encore les insectes que le procédé de M. Boizard a fait périr. On y voit, dit-il, des Kermès, des 7T'hrips qui causent la maladie désignée par les jardiniers sous le nom de La Grise, nom qui est donné aussi aux altérations causées par des Acarus. Seulement la grise causée par les Thrips se montre cantonnée par places, tandis que celle qui est due à des Acarus s'étend uniformément à toute la surface des feuilles attaquées. Voici la note de M. Boizard, telle qu’elle est insérée au journal de la Société de Paris (1882, p. 110) : Le procédé que je recommande à mes collègues, horticulteurs et amateurs, consiste dans l’emploi de la vapeur du jus de tabac qui, se déposant sur les plantes à l’état de buée, détruit infailliblement les insectes, tels que : Acarides, Thrips, Coccus ou Cochenilles, Kermès, Pucerons, etc. Voici les résultats que j'ai obtenus, au bout de trois années d’expé- rience, dans une serre dont la capacité est de 60 à 65 mètres cubes. Ayant acheté 2 litres de jus de tabac à la manufacture des tabacs, je les ai fait bouillir à petit feu sur un fourneau placé dans la serre. Une heure et demie ou deux heures après, par suite de la vaporisation, la masse réduite au tiers était dans un état visqueux, presque solide; après l'avoir délayée dans un litre ou un litre et demi d’eau, j'ai fait bouillir d’une facon plus énergique, jusqu’à ce que le tout se fût con- verti en vapeur et se fût fixé sous forme de buée sur toutes les parties des plantes. — 179 — Je n’ai remarqué aucune altération, même parmi les plantes les plus tendres, telles que les À diantum, les jeunes Plechnum brasiliense, les Coleus, etce.; seules quelques jeunes pousses d’Adiantum ont un peu souffert, mais il faut dire qu’elles étaient sur des tablettes. À la rigueur, si l’on craint pour certaines plantes que l’on veut cependant débarrasser des insectes, on les protègera contre une action trop violente en les bassinant dans le cours de l'opération. Si au contraire, elles n'ont pas d'insectes, il suffira de les bassiner avant l'opération ou de les sortir. Il en sera de même pour quelques fleurs sur lesquelles l'action du jus de tabac pourrait être trop énergique, les fleurs d'Orchidées par exemple. Il suffira de les mettre, suivant leur forme, dans un cornet ou dans un sac de papier qu'on retirera quelques heures après l'opération. Il en sera de même pour les fruits d'Ananas sur le point d'arriver à leur maturité. On peut rester dans la serre pendant l'opération sans étre incom- modé. J'ai pu juger de l'efficacité du procédé que je recommande, en voyant la rapidité et la violence de l’action exercée sur les insectes que l’on voit se débattre. Seuls, les Kermès conservent leur immo- bilité ; mais l’action qui se produit sur eux n’en est pas moins éner- gique, car leur carapace change un peu de couleur et diminue de volume. Une certaine quantité des insectes tombent sur le sol. Il n’y a pas à s'inquiéter de ceux qui restent sur la plante, car ils sont morts. Les plantes ainsi privées d'insectes sont à l’abri de leurs attaques pendant six mois, au moins pour les Kermès et les Coccus. Les puce- rons, Acarides et 7’hrips reviennent plus tôt sur les plantes ; contre eux il faut renouveler l'opération ur peu plus souvent, mais il ne sera pas nécessaire qu'elle soit aussi énergique : il suffira d’un litre de jus de tabac et d’un litre d’eau. Il est essentiel dans les serres chaudes que la température soit aussi basse que possible, afin de ne pas compromettre la santé des plantes. Je prie les personnes qui emploieront ce procédé de vouloir bien tenir compte de toutes les observations contenues dans cette note et de faire connaitre le résultat de leurs expériences. Je n’ai pas eu occasion de faire des expériences en plein air; mais — 180 — je suis convaincu de leur réussite et je ne puis qu’engager à les essayer. Il suffirait pour cela d’avoir un appareil simple et portatif pour faire bouillir le jus de tabac et de distribuer la vapeur au moyen d’un tuyau. Les expériences devront être faites le matin, par un temps calme et sec, car l'humidité qui recouvre les végétaux empécherait le contact entre eux et la buée de jus de tabac. Le jardin de Max Leichtlin à Baden-Baden, EXTRAIT DES NOTES DE VOYAGE DE E. REGEL, traduit de « Gartenfiora Deutschlands, Russlands und der Schweiz » 1880, p. 369 et suivantes. Revenant par Lausanne, Berne et Zurich, je poussai jusqu’à Schaff- hausen et de là, par la Forêt-Noire, jusqu’à Baden-Baden. La ligne de la Forêt-Noire est l’une des plus grandioses et des plus pittoresques de l’Europe; à partir de Friberg, avant comme après le passage des 49 tunnels qu’elle franchit, ce ne sont que montagnes majestueuses, perspectives enchanteresses et constamment changeantes. La voie ferrée est conduite de telle facon que l’on puisse y admirer, dans toute leur splendeur, les beautés dont la nature s'est montrée prodigue envers cette région, et c’est à regret que l’œil s’écarte des sites char- mants qu’elle lui présente de toutes parts. À Baden-Baden, je fus recu de la façon la plus cordiale par l'ami Leichtlin, et eus l’occasion d'admirer la riche collection de plantes nouvelles réunies par lui dans son jardin botanique, exclusivement consacré à semblable culture. Leichtlin recoit de tous côtés les espèces nouvellement introduites, recherche leur valeur horticole, apprécie si elles doivent être traitées en plantes de serre ou de pleine terre ou si elles conviennent comme fleurs estivales et répand ensuite celles qui, dans sa conviction, méritent d'être cultivées. Parmi les espèces rustiques sous le climat tempéré de l'Allemagne occidentale, nous signalerons le Glycine chinensis à fleurs doubles et le Catalpa speciosa, plante américaine d’une rare beauté, que l’on dit plus résistante que le C. bignonifolia et par suite susceptible de s'adapter aux conditions climatériques du centre de l’Allemagne : — 181 — l’une et l’autre espèce réussiraient sans aucun doute en Crimée, au Caucase, en Suisse, dans la Russie sud-occidentale et les principau- tés autrichiennes. Vient ensuite le Yycca angustifolia Pursx., repré- senté par de magnifiques spécimens, entièrement rustique à Baden- Baden, ressemblant à un Dasylirion par ses feuilles vert-bleuâtre, étroites, pendantes dans toutes les directions et garnies, sur les bords, d'innombrables filaments penchés. D’après une note récemment com- muniquée par M. Leichtlin, il a parfaitement supporté l'hiver dernier une température de — 20° R. (— 25° C.), pendant que ses congénères, les Y. albospica et Ellacombei, ou périrent ou au moins furent grave- ment endommagés. L’AHibiscus syriacus coelestis, forme à floraison abondante même chez de minuscules spécimens, est une plante buissonneuse décorative, à jolies fleurs entièrement bleues, recommandable pour les régions tempérées. Le Damnocalamus (Arundinaria) spathifiorus est un sujet ornemental suffrutescent, qui à bien résisté aux précédents hivers. L’Incarvillea Olgae Rex. de Kokand a fait l’objet d’une courte notice précédemment parue dans ce journal; nous sommes heureux de pouvoir ajouter ici qu’il à parfaitement supporté, en pleine terre, les rigueurs de l'hiver écoulé. Plus d’une fois déjà, nous avons fait mention du ÆXniphofa aloïdes Moencx. (Trüoma Uvaria GaAwz., Bot. Mag. tab., 758. — Weliheimia Uvaria Wir. — VW. speciosa RotTH. — Aletris Uvaria L. — Aloë Uvaria L. — Aloë longifolia Lam.) du sud de l’Afrique, comme de l’une des plus jolies plantes de pleine terre, susceptible d’être cultivée, sous léger abri, en Angleterre et dans l’Europe occidentale depuis la Hollande jusqu'aux régions tem- pérées du nord de la Suisse, puis dans toute l’Europe méridionale. Ses fleurs tubuleuses, de couleur orangée, longues de {2 pouce, disposées en épis serrés de 1 à 2 pieds de long, rappellent les diverses espèces d’Aloès frutescentes ; mais la hampe florale et les feuilles étroites, coriaces, longues de plusieurs pieds, portent des racines adventives. Plantée isolément au milieu du gazon, cette espèce, quand elle est en pleine floraison vers la fin de l’été et en automne, produit un effet enchanteur; aussi la trouve-t-on dans les jardins anglais, cultivée isolément, aussi fréquemment que les Yucca. Mais au centre de l'Allemagne et en Russie, les Kniphoña ne — 182 — peuvent vivre qu’en pot; ils y fleurissent de septembre en décembre en serre tempérée. Malheureusement ces plantes n’ont pu résister aux rigueurs de l’hiver écoulé et M. Leichtlin a vu périr ses plus jolies formes de pleine terre, notamment les Æ. aloïdes magnijica et nobilis : ce dernier avec des épis longs de 1'/> pied, chargés à profusion de fleurs rouge-orangé et écarlate-foncé. Au contraire le Æ. Mac Orwani BaxeR, plante originaire du Brochberggebirge, dans l'Afrique méri- dionale, à 4 ou 5000 pieds au dessus du niveau de la mer et sem- blable à la présente espèce, à part ses fleurs moins grandes et son épi plus court, n’a que médiocrement souffert du froid. Quant au degré de rusticité du Æ, Quartiniana, précédemment décrit par nous (Grifl. 1877, p. 196, pl. 907), du Æ. foliosa d'Abyssinie, et d’une autre espèce indéterminée que nous avons vue en culture dans ces jardins, M. Leichtlin ne nous a rien communiqué à ce sujet. C'est aussi d’Abyssinie que nous vient une très jolie et très singu- lière plante de la famille des Lobéliacées, le Rkynchopetalum monta- num, FRÉSÉNIUS. Sa souche simple, épaisse, haute de 1 pied ou au delà, est couronnée par une touffe de feuilles divergentes, d'un pied de long, qui lui donnent assez bien le facies d’un Dracaena à ample feuillage. Son nom spécifique lui vient de ce que sa corolle gamopé- tale entière est fendue supérieurement et simule un pétale unique rostriforme. Cette plante, originaire des montagnes d’Abyssinie où elle croit de 11,000 à 12,000’ d'altitude, résisterait sans doute en pleine terre, mais aucun renseignement ne nous est parvenu sur sa rusticité. Le Dolomiaea macrocephala DC. (Composées) est une espèce vivace des montagnes du Népaul, à feuilles découpées, plumeuses, proche parente du genre Saussurea, représenté dans l’Asie centrale par une quantité de formes spécifiquement distinctes. De Candolle a dédié ce genre à son ami Déodat de Dolomieu, dont le cercle d’activité et les travaux scientifiques se rapprochent de ceux du géologue de Saussure. Nous avons également observé à Baden-Baden et plus tard à Potsdam le Populus alba pyramidalis, du Turkestan, si verbeusement décrit par Lauche sous le nom de P. Bolleanu. I] s'y maintient en pleine terre depuis nombre d’années ; sa teinte argentée et sa forme pyramidée élégante semblent devoir en faire d'ici peu un des ornements de nos jardins. Sa description figure déjà dans les Reliquiae Lehmannianae de — 183 — A. V. Bunge (1851), où il est mentionné sous le nom de P. alba pyra- midalis. Notre nomenclature botanique risque de s’allonger d’une facon aussi fastidieuse qu'insensée, si nous nous appliquons à désigner sous des dénominations spécifiques distinctes les innombrables formes pyramidées des arbres de nos forêts. —- Nous avons, en 1876 (Grtf., p. 259, pl. 877), décrit et figuré l’Arnebia echioïdes À. DC. C’est une des plus jolies espèces vivaces du Caucase, ressemblant à une Pulmonaire, mais avec de grandes fleurs jaune d’or marquées de cinq taches pourpres. Nous n'avons pas encore réussi à l’acclimater à St-Pétersbourg comme plante rustique, mais M. Leichtlin à été plus heureux : il la cultive depuis nombre d’années en pleine terre, sans qu'elle ait souffert des rigueurs de l'hiver dernier. — L’Æypericum repens est une minuscule plante buissonneuse de l’orient et du sud de l'Europe, à rameaux rampants, à feuilles linéaires-lancéolées parfois un peu élargies, complètement rustique à Baden-Baden. Ses branches couchées et ses fleurs d’un jaune brillant en font une espèce admi- rablement appropriée à la décoration des rochers et des grottes de nos jardins. Nous avons plus d’une fois, dans cette publication, mentionné le Lapageria rosea KR. et P., charmante plante volubile du Japon appar- tenant à la petite famille des Philésiées, dans l’embranchement des Monocotylédones. On la cultive en Allemagne et chez nous en serre tempérée, à Baden-Baden dans une terre argileuse friable, sous châssis, mais sans l’exposer complétement aux rayons du soleil; quand elle est devenue plus vigoureuse, on la transporte de préférence dans de vastes caisses. Les pieds cultivés sous châssis développent à l’aisselle de chacune de leurs feuilles ovales-lancéolées une grande fleur campanulée, longue de 3 pouces, d’une belle nuance rouge- rosé, formée de six folioles dressées et susceptible d’une très longue durée. M. Leichtlin l'élève contre un mur en plein air, en la couvrant légèrement pendant la mauvaise saison. Outre la forme habituelle, nous avons observé la variété à fleurs blanches (l) (Z. rosea alba) ainsi qu'une autre forme à fleurs d’un rouge vif (Z. (1) Actuellement — 15 novembre — en fleurs, en serre tempérée, dans le jardin botanique de St-Pétersbourg. — 184 — rosea superba). Peut-être M. Leichtlin nous fera-t-il parvenir dans la suite quelques renseignements sur la culture de cet inté- ressant végétal. — Mentionnons encore, comme plantes vivaces à tenir à l’abri de la gelée, les Centaurea argentea 1. et ragusina L., tous deux originaires de la Crête, remarquables par leur feuillage argenté et employés souvent à la confection des mosaïques végétales. M. Leichtlin cultive deux espèces très analogues, qui ne sont peut- être que de simples variétés, sous les noms de C. Fridrici-Augusti et leucophaeu. Le Coreopsis rosea NuTT. nous vient des marais de la Géorgie; il a des feuilles linéaires à bords entiers, et une hampe surbaïissée que couronne un petit nombre de capitules à fleurons ligulés rouge-rosé. C’est une plante vivace résistante, mais peu décorative. Le Senecio pulcher a été, dans nos jardins de St-Pétersbourg, l'objet de plusieurs tentatives de culture en terre libre, toujours infruc- tueuses. M. Leitchtlin en avait obtenu des pieds en pleine floraison, mais qui ont gelé pendant l’hiver dernier. Cette petite espèce ne con- vient donc pas chez nous comme plante vivace de parterre. — Sous le nom d’Erythraea diffusa, Woops, nous avons admiré une charmante plante toute mignonne, à tiges rampantes couvertes à profusion de fleurs rouge-rosé, qui, d’après ce qu’a constaté M. Leichtlin, a bien supporté les rigueurs de l'hiver dernier. Mais le vrai Z. diffusa est une plante annuelle des Acores et l’espèce de M. Leichtlin ne nous paraît être que l’Æ.ramosissima Pers. G pulchella Fries (Chironia puilchella DC.; Ch. nana BAST.), qui croit à l’état spontané aux Canaries, dans le centre et le midi de l’Europe et jusqu’en Sibérie, La plante est actuel- lement en possession de MM. Haage et Schmidt. — Le Bomaria oligan- tha BAKER est une espèce nouvelle, grimpante, originaire du Chili, dont les tubercules hivernent à Baden-Baden sous l’abri d’une muraille et ont supporté sans dommage sérieux les rigueurs de la saison écoulée. Il ressemble aux autres espèces précédemment décrites. — L’Abies lasiocarpa Hook. est un des plus beaux Sapins de l'Amérique nord-occidentale ; nous en avons vu un superbe exemplaire, couvert d’aiguilles longues de 1 à 1 !/2 pouce et de couleur uniforme sur les deux faces ; malheureusement les atteintes d’un hiver rigoureux l'ont sérieusement endommagé, aussi bien que l'Abies Nordmanniana, SPACH, du Caucase et le Picea (Abies) polita, Ses. et Zucc., du Japon. — 185 — Le Bambusa viridi-glaucescens Horr., cultivé en pot, nous avait paru jusqu’à présent une espèce de peu d'effet; nous en avons admiré à Baden-Baden des buissons hauts de plusieurs pieds, au port grêle et élancé, couverts de feuilles les uues vertes et les autres vert-jaunâtre élégamment panachées, qui vivent depuis plusieurs années en pleine terre sans abri, mais ont sensiblement souffert des atteintes de l’hiver passé. Dans le midi de la France, ce bambou, originaire du Japon, atteint 8 à 12 pieds de haut, et forme un lacis de rejets souter- rains qui atteignent en un an une longueur de 12 pieds : aussi la Revue horticole indique-t-elle l'espèce en question comme éminem- ment propre à fixer les terres des pentes et des talus. Chez nous, les Polygonum cuspidatum et Sacchalinense se recommandent pour le même usage. — Le (Clematis Pitcheri Torr. et GRAY est une liane du Missisippi extrémement rustique; elle ne nous parait qu'une variété du Clematis fusca Turcz. de la région de l’Amur : peut-être la forme à fleurs violacées. Le Cl. fusca résiste bien à St-Pétersbourg, sans abri. Plus décoratif encore est le Clematis Viorna L. var. coccinea Asa GRAY (CI. coccinea Hort.), très semblable au précédent mais à fleurs rouge-écarlate. C’est une plante entièrement rustique et une brillante acquisition pour nos régions septentrionales. Depuis nombre d’années déjà, M. Leichtlin cultive en pleine terre une collection d’Opuntia, tous originaires du bassin du Missouri et de la Nouvelle-Angleterre et décrits par notre célèbre compatriote, le D' Engelmann, de St-Louis. Parmi eux les O. Rafinesquiana, humilis, brachyantha et Missouriensis ont supporté sans dommage sérieux la température extrêmement rigoureuse de l’hiver écoulé (—22 R. — —?27 1/+ C.); en revanche les O. arborescens et Engelmanni ont été tués par la gelée ; quant à l'O. comanchica, je n’en ai pas eu de nou- velles. — Nous avions, quelques années auparavant, communiqué à M. Leichtlin divers spécimens du Veratrum Maaki RGr.., originaire du bassin de l’Ussuri, qui supporte sans difficulté le climat hivernal de St-Pétersbourg ; je retrouvai la plante plus vigoureuse et plus florissante de beaucoup que les exemplaires cultivés sous ma direc- tion; elle avait du reste conservé dans toute son intégrité le caractère d’'étroitesse de ses feuilles qui la distingue spécifiquement du VW. nigrum. Elle a fleuri l'été passé dans nos parterres avec un facies bien caractéristique et essentiellement distinct de sa con- — 186 — génère. Une autre espèce d'allure étrange est l'Aciphylla squarrosa Forsr., une Ombellifère de la Nouvelle-Zélande, voisine des Ligusticum auxquels Sprengel la rattache, tandis que Linné fils en fait un Laser- pitium. Son feuillage est groupé en forme d’éventail multilobé et lui donne le port d’un Palmier ; les derniers lobules des feuilles sont li- néaires et rigides. J’ai vu tout à côté, sous le nom de Æhodostachys litioralis Puaicrppr, une Broméliacée du Chili au port de Greigia qui donne, à ce qu’il parait, des fruits d’une saveur exquise. Il serait trop long d'indiquer en détail toutes les introductions nouvelles de M. Leichtlin, d'autant plus que ce dernier fait sans doute paraïtre de temps à autre quelque notice à ce sujet. Mention- nons seulement une nouvelle race de Gladieul obtenue par lui; c’est une forme hybride intermédiaire entre le Gladiolus Saundersi et le Gl. gandavensis, née de la fécondation du premier par le pollen du second; les fleurs en sont grandes, largement ouvertes en avant, de couleur rose-écarlate ou carmin teinté de blanc: nous considérons cette acquisition comme une excellente addition au groupe gracieux et élégant des Gladiolus cultivés. Citons enfin, pour terminer, quelques autres plantes de la collection Max. Leichtlin, au point de vue de leur aptitude à résister à une température de —22° R. (—27 1j C.) telle que la renseignent les notes communiquées avec tant de bienveillance par notre savant ami. Plantes complètement gelées. Vignes, Roses-remontantes, Roses-thé, Cedrus Deodara, Rubus phünicelasius, Phlomis cashmiriana, Pentsiemon Cobaea, Ulex euro- paeus. Ce dernier se rencontre surtout à l’état spontané sur le Harz, puis dans les districts sableux du Holstein, du Mecklenbourg, du Hanovre, du Palatinat, etc. Ou bien c’est la nature du sol qui a modifié le degré de résistance de la plante, ou bien les sujets tués par le froid appartenaient à l'espèce provincialis, qui croît dans le midi de la France. Plantes fortement endommagées. Poiriers en pyramide, Arundinaria falcata, Wellingtonia gigantea, Neillia thyrsiflora, variétés naines à feuilles panachées d'Evonymus japonica, Agave virginica, Veronica Traversi, Hydrangea et hybrides — 187 — de Rhododendron ont beaucoup souffert, même sous abri. En Belgique, les Rhododendron ont succombé par milliers aux atteintes rigoureuses de l'hiver. Aussi les horticulteurs ne feront-ils pas mal de se servir dorénavant des Æhododendron caucasicum et chrysanthum, entièrement rustiques à S' Pétersbourg, comme plantes à féconder par des pollens hybrides. Nous mêmes, en opérant de cette facon, nous avons obtenu dans nos pépinières des formes de l’espèce extrémement résistantes. En fait de sous-arbrisseaux endommagés, M. Leichtlin mentionne les Aubriétiées, le Gypsophila cerastioides et l'Omphalodes verna. D'après nos expériences personnelles, une couverture en branches de sapin les eût efficacement protégés. En dehors de St-Pétersbourg, l’'Omphalodes verna semble également rustique au centre de l’Allemagne et nous nous rappelons l’avoir cultivé et multiplié de nos propres mains, il y à plus de cinquante ans, comme plante de bordure, dans le jardin de nos parents à Gotha. ? Parmi les espèces signalées par M. Leichtlin comme entièrement rustiques, mentionnons surtout Xanthoceras sorbifolia, Larix Kaemp- feri, Pinus Jefreyi, Abies nobilis, A. Veilchi, “Primula rosea, *Saxifraga purpurascens, S. Stracheyi, Verbascum olympicum, V.bom- byciferum, *Delphinium cardinale. Celles marquées d’une astérisque sont également rustiques à St-Pétersbourg. Enfin tous les oignons ont supporté sans aucun dommage les rigueurs de l’hiver. Nous espérons, par cette courte notice, engager M. Leichtlin à nous faire parvenir de nouvelles communications relatives à ses nombreuses recherches expérimentales dans le domaine de la culture horticole. | DA EE — 188 — CULTURE DES VANDA CAFRUL£EA ET TERES, PAR JOHN NUNNS, traduit du Journal of Horticulture and Cottage Gardener, 8 juillet 1880 p. 28. Le Vanda cacrulea, avec ses fleurs lilas pâle qui naissent en octobre et durent, en plein épanouissement, de quatre à cing semaines, est l’une des plus jolies Orchidées cultivées. On la traite généralement en plante de serre tempérée. J’ai tâché de l’élever dans ces conditions et n’y ai pas réussi; je l’ai ensuite transportée dans une serre réservée aux plantes des Indes orientales où elle commenca à grandir, poussa d’abondantes racines et ne tarda pas à emplir la corbeille de chêne où je la cultivais dans un compost formé d’un tiers de tessons et deux tiers de sphaignes desséchées, finement hachées et soigneusement débarrassées de toute poussière. La corbeille était suspendue tout proche du vitrage, sous l’un des ventilateurs de la toiture. Quand la plante a poussé ses racines parmi les sphaignes et est en train d’accomplir sa croissance, elle réclame un arrosage fréquent, de l’air en abondance et une atmosphère humide; une fois sa croissance terminée, elle ne demande, pendant les mois d'hiver, qu'une très faible quantité d’eau. Il ne faut pas laisser le substratum devenir trop sec, sans quoi la plante se ratatine et perd ses feuilles inférieures. Il y à quelques années, j'ai failli perdre ce Vanda; or, juste au moment où il était au plus mal, j'étais en train de lire l’ÆZimalayan Journal de sir Joseph Hooker, où l’auteur dit avoir rencontré le Vanda cacrulea croissant en abondance sur un arbre couché en travers d’un cours d’eau. La plante y était dans toute sa splendeur native, bien que les fleurs fussent couvertes de givre, et sir Hooker ajoute en guise de commentaire : «ceux qui exposent l’'Orchidée en question à Chiswick, s'ils la voyaient fleurir dans ses stations naturelles, se garderaient bien de la tenir à l’étuve. » Je profitai de l’enseignement contenu dans ces quelques lignes. Dès le lendemain, mon Vanda était suspendu sous le ventilateur où il est demeuré depuis lors; il reprit sa croissance dès le printemps suivant et me donna de nouveau d'abondantes fleurs. 2° 190; — Le Vanda Teres porte des feuilles semblables à celles d’un jonc vigoureux et de grandes fleurs rouges et jaunes, qui naissent en juin et juillet et durent un mois entier. Il en existe deux variétés : l’une qui fleurit médiocrement et ne mérite pas d’être cultivée, l’autre qui produit une profusion de superbes fleurs. La culture en est des plus simples ; elle ne réclame que peu de soins et convient mieux qu’au- cune autre pour former la main à l’amateur novice. Je l’élève avec plein succès sur une pièce de liége aplatie, à laquelle elle est fixée par du fil de cuivre fin. Les racines ne tardent pas à prendre posses- sion de leur support et donnent, au bout de 4 ou 5 ans, une plante buissonneuse de l’aspect le plus élégant, pourvu que l'on ait soin de recouper les tiges quand elles s’allongent trop et de fixer les fragments enlevés à la base du support. Après quelques années de séjour dans une serre indo-orientale, je transporte mes pieds dans une serre tem- pérée dont la température ne descend pas en dessous de 10° C. en hiver et de 7° par les froids les plus rigoureux; la plante y grandit et y fleurit à profusion. Pendant sa croissance, il faut l’arroser deux fois le jour et tenir l'atmosphère humide. En hiver, la seule précaution à prendre est de la seringuer légèrement quand luit le soleil. DH "Fr NOTE SUR LE SERINGAGE DES PHALAENOPSIS PAR M. J. O’BRIEN, Traduit du Garden, 11 décembre 1880, p. 592. Peut-être ne sera-t-il pas inutile d'attirer l'attention des amateurs sur les conditions d’hivernage les plus favorables aux Phalaenopsis ; sans doute, au moment où paraîtront ces lignes, les mesures aux- quelles elles font allusion auront du être prises depuis longtemps déjà : n’empêche qu’elles pourront avoir encore une certaine utilité pour ceux qui ne se sont pas suffisamment préoccupés de la question qu’elles soulèvent. Une opinion accréditée, répandue depuis peu, attribue au seringage une influence favorable sur la santé et le développement des Pha- — 190 — laenopsis. J'ai tâché de me renseigner à ce sujet auprès de divers amateurs; leur appréciation et mon expérience personnelle me conduisent à cette conclusion que le seringage est une des opérations les plus dangereuses et les plus meurtrières auxquelles ces plantes puissent être soumises : il n’en découle pas fatalement pour elles un dommage immédiat, quand l’arrosage se fait en été et dans une serre bien ventilée ; mais, vienne l’aérage à étre insuffisant ou le soleil à luire sur les plantes, et le dommage effectué ne tarde pas à appa- raître. Si la même pratique est continuée en hiver, il en résulte infailliblement des fleurs chétives, misérables, des feuilles tachetées, des racines faibles et maladives. Il est vrai qu’en commençant le seringage dès le printemps ou les premiers jours de l’été, la plante semble en bénéficier au début de façon à encourager les partisans de la méthode. Mais ces apparences de santé n’ont guère de durée; le sujet s'affaisse brusquement et sa ruine est complète. Je n'entame jamais de discussion à ce propos sans me rappeler l’histoire d'un amateur intelligent et distingué qui possédait il y a peu de temps, aux environs de Londres, une superbe collection de Phalae- nopsis. Je ne sais trop comment il se mit un beau jour en tête qu'il serait bon de les seringuer fréquemment ; son jardinier mieux inspiré cùt beau dire et beau faire, il fallut les installer dans la serre à arro- sage et les seringuer plusieurs fois le jour. C'est dans cet état que je les vis à la fin de l’été et ils avaient incontestablement fort bonne mine ; leurs feuilles étaient un peu trop pulpeuses à mon avis, mais il eût fallu y regarder de bien près pour rencontrer matière à critique. L’année d'après, je revins au même endroit et ne voyant plus que quelques malheureux pieds de Phalaenopsis, chétifs d'aspect et de santé déla- brée, je demandai ce que le reste était devenu ; à quoi Le jardinier me répondit que le traitement auquel son maître les avait soumis les avait tous tués ou gravement endommagés. Dès l'apparition des mauvais jours, les tissus sursaturés d’eau cédèrent et les feuilles se couvrirent de taches aqueuses noirâtres d’abord, auxquelles succédèrent par la suite des macules noires, séches, irrégulières ; le cœur des plantes était surtout affecté, de telle sorte qu’en peu de temps, des pieds les plus sains et les plus vigoureux, il ne demeura que quelques souches brunies et desséchées et des feuilles toutes parsemées d'innombrables taches. Depuis lors j'ai eu plus d’une fois — 191 — l’occasion d'observer les mêmes phénomènes sur une moindre échelle et Je n'hésite pas à déclarer qu’à mes yeux ce mode de traitement, joint à des conditions défectueuses de température et de ventilation, est la cause presque exclusive des {aches ou maladie de la plante. Une fois atteinte, il est extrêmement difficile de la rétablir. J'y suis parvenu cependant et ai réussi à faire disparaître toute trace d’indis- position; mais bien qu’une seule saison suffise pour faire naître l’af- fection, il faut plusieurs années d’un traitement rationnel pour en débarrasser entièrement les sujets atteints et, même en cas de succès, les plantes sont passibles de rechute à la moindre indisposition. Du 15 octobre au 15 mai, le Phalaenopsis doit être tenu en serre bien aérée, plutôt sèche qu'humide, dont la température ne descende jamais au-dessous de 600 F. (15 ‘J+ C.) la nuit, sans dépasser 70° F. (21° C.) le jour, à part le peu de chaleur emprunté aux rayons solaires, et où l’on établit, quand le temps est au beau, une ventila- tion modérée, dès que le thermomètre monte à 65° F. (18°). La plante doit étre tenue constamment humide, mais sans exagéra- tion, en laissant se dissiper jusqu'à un certain point l'effet du précédent arrosage avant de le renouveler. Dans ces conditions de température et de traitement, la plante conservera sans difficulté pendant l’hiver force, vigueur et santé et produira pendant plusieurs mois des fleurs à profusion. Je tiens à ajouter du reste que le Pha- laenopsis est susceptible d’hiverner sous température de beaucoup inférieure. L’une des plus belles collections de ces végétaux que je connaisse, appartenant à M. Philbrick, a passé l’hiver dernier, sous une atmos- phère de brumes et de brouillards, dans des conditions de température de 4 à 5 1/2° inférieures à celles que j’indique et n’a pas semblé s’en ressentir , mais je sais de source positive que leur entretien a coûté des précautions et des soins tels que ne voudraient pas s’en imposer la majeure partie des amateurs. Loin de les seringuer, le jardinier veil- lait tout spécialement à ce que la moitié inférieure des corbeilles où se cultivait la plante plongeât seule dans l’eau, crainte de mouiller le feuillage. De mars à octobre, les Phalaenopsis sont én pleine crois- sance; leur température doit être élevée pendant la première partie de cette période, abaissée pendant le dernier mois, pour les préparer aux conditions climatériques de l'hiver. Pendant leur croissance, il — 192 — faut les tenir en serre humide sous température variant entre 65° et 70° F' (18 à 21° C) pendant la nuit, entre 75° et 85° F (24° à 29°C) pen- dant le jour — un recoin ombragé de la serre à Dendrobium répond admirablement à ces exigences — et les fournir abondamment d’eau de pluie par arrosage ou par immersion, en prenant bien soin que l'eau ne touche pas le feuillage. Le meilleur moyen d'assurer leur santé et leur vigueur est de tenir l'atmosphère ambiante constamment humide. Sans doute ces plantes, dans leurs stations naturelles, recoi- vent de fréquentes et d’abondantes ondées, mais il n’y a pas là une raison suffisante pour imiter ces conditions d’existence dans les serres où on les élève artificiellement. D''ÉCr. REMARQUES SUR LES NOUVEAUX NEPENTHES, PAR F. W. BURBIDGE. Nous extrayons du Gardeners’ Chronicle, 14 janvier 1882 p. 56, divers passages d’une lettre adressée à ce journal par M. Burbidge et relative aux Nepenthes les plus récemment découverts : « Votre figure du NEPENTHES NoRTHIANA est excellente. Cependant le dessin de Miss North, si mes souvenirs sont exacts, présentait un fond rouge-cramoisi intense parsemé de taches plus foncées. C'est une charmante plante, que je regarde comme un hybride entre les N. sanguinea et Veichi. La direction oblique de l’orifice des urnes fait involontairement songer au NV. Kajah, auquel on attribue- rait volontiers la parenté de l'espèce si Sa Grandeur tenait sa cour ailleurs que sur le Kina Balu, 400 kilomètres plus au nord, à une altitude qui n’est jamais inférieure à 1350 mètres et peut atteindre à 3000. Peut-être a-t-il jadis habité les plaines : en tous cas il est impossible de placer les unes à côté des autres les urnes des N. Northiana, Veilchi et sanguinea sans être frappé de leur ressemblance. D'autre part, un coup d'œil jeté sur votre dessin du N. Northiana rappelle, par l'obliquité de l'orifice et le rebord ondulé de l’urne, une forme à ascidie allongée du V. Rajak. Les urnes caulinaires de cette dernière plante n’ont jamais été figurées. — J’accompagnais M. Harry Veïtch — 193 — quand Miss North nous montra son dessin du MW. Northiana, et sa vue fut une révélation pour tous deux. J'avais noté sur mon porte- feuille la latitude et la longitude de sa station, quand je partis de Chelsea pour explorer l'ile de Bornéo ; malheureusement je n’eus jamais la chance d'atteindre Sarawak : ma destinée me retint sur la côte nord-ouest parmi les chefs pirates, ses sauvages habitants, dont, grâce à Dieu, je n’eus pas trop à me plaindre ! Un mot maintenant du V. Weitchi. C’est un vrai épiphyte : je ne l’ai jamais rencontré nulle part sur le sol, tandis qu’il croît en abon- dance sur les troncs d’arbres à une hauteur variant de 6 à 30 mètres. Toute spéciale est la disposition distique de ses feuilles, dont quelques- unes embrassent le tronc comme un homme le ferait dans les mêmes circonstances. Aucune autre espèce de Nepenthes, je pense, ne pré- sente cette particularité. Le N. sanguinea est originaire de Bornéo, bien que Lobb l'ait découvert tout d’abord sur le mont Ophir, à Malacca. Il présente deux formes : l’une à urnes vertes, l’autre à urnes rouges, comme le N. Zeylanica, dont la variété rouge est parfois dénommée NW. rubra. Je n’ai jamais douté que le NW. Jookeri ne fût une forme du N. Rafle- siana. À Johore, j'ai vu le N. Rafllesiana type, grimpant au sommet des arbres jusqu’à 15 m. de hauteur. Dans l’île de Labuan, le N. Raffesiana var. nivea est la forme la plus commune : sa tige pré- sente un éclat satiné, dû à une toison de poils soyeux et argentés. Dans la jungle humide, sur un terrain de tourbe sableuse, on en voit des spécimens grimper le long des buissons comme les pois dans notre pays : je n'ai jamais vu cette forme représentée par des pieds dépassant 3 m. de hauteur. Les urnes inférieures, hautes de 38 centim., sont d'ordinaire au nombre de trente à cinquante : elles sont couvertes de feuilles, de mousses et d’autres débris humides, et d’une belle couleur cramoisie; les urnes caulinaires, exposées au soleil, sont d’un jaune-crémeux tendre avec des ma- cules rouge-cramoisi. Le fait de se parer à l’ombre des teintes les plus riches et les plus brillantes est un caractère exclusif aux Nepenthes. Tous ceux que j'ai observés dans mes voyages produi- saient contre le sol même, sous des mousses, des feuilles et autres débris forestiers, leurs urnes les plus développées et les plus richement colorées. Je savais que les fleurs et les fruits peuvent 15 — 194 — se colorer dans l'obscurité, ainsi que les tubercules cramoisi-rosé intense de l'Ullucus tuberosa, qui servirent jadis, dit-on, de nourri- ture aux Incas péruviens ; mais je n'avais pas d’idée qu’une feuille pût se parer de nuances aussi brillantes dans des circonstances sem- blables. Pour revenir au V. Hookeri, je lis dans une lettre de M. Taomas Log, écrite en juillet 1877, que le vrai N. Hookeri n’était pas encore à cette époque importé de Sarawak ! Le N. bicalcarata existe dans cette localité (voir le spécimen de Beccari dans l’'Herb. Kew), et je crois, depuis mon voyage à Bornéo, que Log a vu cette espèce et l’a prise pour le vrai ÆV. Hookeri, d'autant plus qu'il lui attribue des urnes arrondies de couleur rouge-cramoisi. Le Nepenthes Burbidgeae, Hoox. f. Mss., est une charmante plante non encore importée : les ascidies sont d’un blanc pur, translucides comme des écailles d'œuf, d'aspect porcelainé, avec des macules cra- moisi ou couleur sang; l’opercule est tacheté de cramoisi-pourpré. C’est une espèce bien distincte, à tiges triangulaires longues de 15 mètres, avec des feuilles à bords décurrents. Le N. Boschiana var. Lomwi croit en sa compagnie : il a des urnes cylindriques longues de 30 à 45 centim., de couleur verte avec des macules pourpres. Tous deux, ainsi que le V. Zomi à urnes lagéniformes, le N. Fdwardsiana à ascidies rouges et le vrai NV. villosa, gracieuse plante proche parente de la précédente espèce, mais avec des urnes du genre du W. ÆHookeri, ont le bord de l’orifice élégamment frangé. Ces cinq jolies espèces, ainsi que le brillant NV. {entaculala, forme épigée à urnes de couleur cramoisi-pourpré, habitent toujours le Kina Balu et attendent les collectionneurs de l’avenir, après avoir défié les efforts des travail- leurs du passé. Le singulier N. echinosthoma de Beccari (voir Herb. Kew) est une plante bien étrange, non encore introduite, que Beccari seul semble avoir rencontrée jusqu’à présent. L’orifice des urnes rappelle les dents réfléchies de quelque mousse gigantesque du groupe Hypnoïde. M. P. Veitch et moi, nous avons trouvé les N. Rajah, Lowi, villosa et Edmwardsiana réunis sur la pointe méridionale inondée de soleil, mais dans l'ordre suivant: de 1200 à 1800 m., le V. Zowi ; de 1800 à 2400, le N. Rajak ; à 2700, le N. F'dwardsiana; de 2700 à 3000 m., le NV. villosa — dont l’urne n’est que la reproduction légèrement con- — 195 — tractée et arrondie de l'espèce précédente, mais qui s’en distingue par son caractère épigé, alors que le N. Edivardsiana est toujours épiphyte sur les Casuarina, les Dacrydium, les Rhododendron, etc. En dehors de ces espèces, j'en ai trouvé une intermédiaire entre les NN. villosa et Edwardsiana, et épiphyte comme cette dernière sur les Casuarina. Je ne crois pas qu’elle ait déjà été baptisée ; je voudrais qu'on l’appelât N. Harryana. Si l’on examine une ascidie desséchée de N. Fdvardsiana, on trouve qu’elle est membraneuse sur les 4/5 de sa hauteur; tandis que la région inférieure est dure et coriace. Dans le NN. villosa, \’urne tout entière est coriace, sauf l’épaisseur d’un centi- mètre en dessous du rebord durci de l’orifice; enfin dans le NV. Har- ryana, 1/5 environ est coriace, les deux tiers supérieurs sont tendres ou membraneux. Dans ces trois espèces le rebord des urnes, comme le font voir mes dessins, est tout différent des autres plantes de la famille. J’ai vu une fois à Kew le NV. Hookerue, qui m’a fait penser de suite aux semis de l'Américain Taplin achetés par M.Williams. Sir Joseph Hooker, dans les Zinn. Trans., vol. XXIT, suggère que les N. villosa et Edwardsiana pourraient bien n'être que des formes de la même espèce. Cette assertion n'est pas exacte : leur station naturelle, leur allure, leur couleur sont essentiellement distinctes. Puis l'existence d'un hybride, N. Harryana, entre ces deux plantes prouve leur différences pécifique. Parmi mes spécimens de V. gracilis — tous ou presque tous recueillis à Labuan — existent plusieurs formes plus ou moins distinctes et qui diffèrent aussi par l'épaisseur relative de la région mince et de la région épaisse de leurs urnes. Le N. Raflesiana est une espèce extrémement variable, depuis la forme xivea à tiges soyeuses, haute seulement de quelques centimètres, jusqu’à la variété glaberrima, haute de 12 m., à urnes énormes. J'en ai trouvé tout près de la mer, sur la côte de Lumbédan, en face de l’île de Labuan et à 16 m. de distance, une variété à nervure médiane prolongée en aile, c’est-à-dire dont l’espace entre la base de l’urne et la pointe de la feuille était ailé. Le N. dyak de M. Le Marchant Moore n’est que l’urne caulinaire du NV. bicalcarata. Enfin le NV. Zeylanica des jardins est proche parent du . pAyl- lamphora, autant que le N. Æookeri du N. Rafiesiana. 11 ne peut être — 196 — en aucune façon rapporté au NV. kirsuta de Bornéo, à moins que je ne me sois trompé sur la détermination de cette espèce que j'ai trouvée au sommet de toutes les collines sèches de Lermas etque j'ai soigneu- sement comparée à la description du Prodrôme. D'Er NOTE SUR LES SERRES DU JARDIN BOTANIQUE DE COPENHAGUE, par M. Cu. Jozy. (Extrait du Journal de la Société centrale d'Horticulture de France, 3° «série, t. II, 1880, p. 56-61). Toutes les villes du monde civilisé élèvent à l’envi des palais aux sciences et aux arts. L'horticulture aura peut-être un jour son tour chez nous, lorsque la ville de Paris déplacera les serres de la Muette, ou lorsqu'on en construira de nouvelles au Jardin des Plantes. Kew montre avec orgueil sa splendide serre aux Palmiers; Gand a le jardin d'hiver de M. de Kerchove; Laeken, la magnifique serre du roi Léopold; Pétersbourg, les serres du jardin botanique. La ville de Copenhague a voulu aussi élever un palais à l’horticulture et faire construire des serres monumentales dans le nouveau jardin botanique de l'Université. La figure 1 donne l’ensemble et la disposition générale des jardins : derrière les serres et en avant des murs d’espaliers se trouvent le jardin d'essai, les châssis de couches et l’aquarium, à gauche les carrés destinés aux plantes médicinales, annuelles, etc., et le musée; enfin, à droite, en bas, l'observatoire astronomique. La figure 2 représente, en élévation, les serres principales. Ces figures sont réduites et tirées de la Description officielle, publiée à Copenhague, à l'occasion du 4° centenaire de l'Université, en juin dernier, par MM. J.-C. Jacobsen et Tyge Rothe. La contenance des jardins est de 9 hect. 76 : ils ont été disposés sur les anciennes fortifications qui offraient des surfaces très irrégu- lières, propres aux différentes plantations que demande un jardin d’études. Lorsque la configuration du sol, au lieu d'être horizontale, est — 197 — accidentée, outre qu’elle a un aspect général plus pittoresque, elle permet de disposer des emplacements ouverts ou abrités, secs ou humides, et de satisfaire aux conditions de culture et d'exposition les plus diverses. Le nouveau jardin botanique de Gênes offre en ce genre une disposition des plus remarquables où, sur un espace relativement AZ 7 À SSSSS NS SES | & ke ss KK 727 LLC, fl qe w élus | if] F] = Ut i | \ îl hi de et Sa \ il | R LU ti : En 1) Al is / Ù K\1PÈ SR lies TTTENT ul jt | STE te = ST “| D. Fig. |. — Plan du Jardin botanique de Copenhague. restreint, on peut voir, dans des sols et des expositions les plus oppo- sés, des plantes de latitudes très différentes. TON A Copenhague, les allées des jardins sont larges et bien disposées ; l’eau y est partout à profusion: les visiteurs sérieux y abondent ainsi qu’à Kew, à Kew, qui bien que situé à plusieurs milles de Londres, a compté, en 1878, jusqu’à 57,121 visiteurs en un jour! Les serres qui sont l'objet de cette note ont un intérêt spécial en raison des précautions particulières qu'exige le climat du Danemark. On les à établies sur un plateau protégé au nord par des constructions et des plantations appropriées. Leur superficie est de 2400 mètres carrés : elles sont divisées en deux rangées parallèles, placées à un niveau différent, comme l’indique la fig. 2. Cette disposition procure un excellent abri aux serres basses, facilite le travail et la surveil- lance, permet de chauffer l’ensemble avec les mêmes foyers; enfin, la terrasse qui les sépare sert d’abri et de magasins indispensables pour un grand établissement. Dans la serre monumentale de Kew, comme dans les autres con- tructions analogues, les toitures sont curvilignes et ont par consé- quent une forme plus gracieuse : mais cette forme rend fort difficile et fort coûteux l'établissement et l'entretien des doubles vitrages si nécessaires dans le nord. Pour obtenir une forme moins raide, on à élevé, au milieu et aux deux extrémités, des constructions circulaires dont les toits sont divisés en triangles. Les grandes serres, placées à l'étage supérieur, ont une longueur de 94 mètres sur une hauteur de 19 mètres. L’étage inférieur, consacré aux petites plantes, se compose de deux serres séparées par un escalier monumental qui relie l’ensem- ble des constructions; elles ont chacune 30 mètres de long sur A mètres 40 de haut. Pour la facilité du travail, les deux étages communiquent en outre par des escaliers intérieurs. Comme dans la serre de M. le comte de Kerchove, à Gand, on n’a employé la fonte et le fer que pour les colonnes et les montants prin- cipaux : les barres métalliques nécessaires pour les châssis ont été renfermées dans des gaînes en bois, pour les soustraire au contact de l’air et éviter la buée. Toutes les serres ont un double vitrage et, pour empêcher les accidents provenant de l'accumulation des neiges en hiver, on a pris une mesure des plus intelligentes : en premier lieu, le bord des toits est muni d’une ornementation en fonte qui empêche le glissement des neiges des coupoles sur les parties inférieures et par conséquent les bris des verres; 2° on a fait passer des tuyaux de 199 — ‘on8equodo) ep enbiue;oq UIPIEf NP SAIS SOPULIS S9P O[RIQUIS ONA — 2 ‘SLT ee NS SSSR = 1900 = vapeur dans la partie inférieure de la double capacité vitrée, d'abord pour empécher le refroidissement des châssis intérieurs et la forma- tion de la buée, puis, pour fondre les neiges au fur et à mesure qu'elles tombent sur les verres extérieurs. Le surcroît de dépense du chauffage est bien inférieur aux frais qu’occasionnerait l’enlèvement des neiges à main d’homme par des galeries extérieures. Les souterrains des serres principales renferment les chaudières, les magasins à charbon, les plantes d’orangerie, les outils, etc. Le mode de chauffage adopté est la vapeur : on sait que ce mode a été usité chez nous avant le chauffage à l’eau et que nous l’avons proscrit parce qu’il exige la présence continuelle d’un homme spécial et expéri- menté : il demande des soins particuliers d'installation, pour éviter les inconvénients de la condensation dans les appareils; il donne un air trop chaud pour les plantes placées dans le voisinage des tuyaux; enfin, à moins de dispositions particulières qu'on ne peut prendre que dans les grands établissements, il n'offre pas la sécurité, la régularité ni la durée du chauffage à l’eau. On connaît, par contre, ses avantages principaux, qui sont d’employer des tuyaux moins gros, parce qu'ils sont à une température plus élevée ; puis, la vapeur, sous pression, peut plus facilement porter la chaleur au loin ; enfin, en cas de besoin, on peut plus rapidement élever la température des appareils de circulation. On a employé environ 1,100 mètres de tuyaux de 010; 400 mètres de tuyaux de 005, enfin 300 mètres de tuyaux de 0"04 de diamètre. La ventilation générale de la grande serre en hiver et l'égalité de la température en haut et en bas, dans les grandes rotondes, sont obtenues par l’appel en contre-bas vers des orifices ouverts dans le sol et des canaux chauffés au contact des tuyaux de fumée des chaudières. De là, l’air se rend dans la double enveloppe qui entoure le tuyau de fumée placé dans la cheminée principale : cette dernière remplit ainsi une double fonction. Quant à l’air neuf, il arrive par le dessous des terrasses et passe dans des capacités ménagées au-dessus des chaudières, puis sous les tuyaux de vapeur dans la serre : voilà pour la ventilation d'hiver. En été, on l’obtient naturellement par l'ouverture des lanternes des dômes, puis par de larges orifices ména- gés dans les murs des soubassements extérieurs. J'arrive à la question capitale dans des constructions semblables : ÿ La Belg. hort. à Z ur KERCHOVEA FLORIBUNDA. — 201 — celle de la dépense. D’après les comptes officiels que m'a obligeamment fournis M. Tyge Rothe, voici les chiffres : Le terrain actuel a été obtenu par voie d'échange; les installations ont coûté : Serres, bâches et couches . . . . . 509,718 48 fr. Maison d'habitation . . . . . . . 99,823 03 » Clotures et espaliers . . . . , . . 34,063 25 » Terrassements, eaux, égouts . . . . 215,545 96 » Bläntations et divers 4.1. , 1 45,427 28 » Musée, bibliothèque et herbier . . . . 165,000 00 » 1,070,078 00 fr. CR On voit que la dépense est relativement très modérée et que le nou- veau jardin botanique, mis à la hauteur de la science moderne, fait honneur à la fois au gouvernement qui en a voté les fonds et aux hom- mes distingués qui ont fait les plans et surveillé l'exécution de ces importants travaux. NOTE SUR LE KERCHOVEA FLORIBUNDA FAMILLE DES CANNACÉES. TRIBU DES MARANTÉES. Planche VIII. CHARACTER. GENER. Caulis trichotomus vel quadrichotomus, cymas ferens; staminodiis numero duobus; auricula staminodii eucullati erecta; anthera staminis fertilis libera; ovario uniovulato. Kerchovea floribunda : Subfruteæ, 5 ped. altitudine, 3-4 ped. latitudine, caulibus e rhizomate subterraneo surgentibus, erectis, disparibus, nunc parvis, nunc 3-4 pedes adaequantibus, vaginatis a basi, trichotomis aut quadrichotomis, cylindricis, imo semidigitalibus diametro, pube tenui et cinerea indutis, viri- dibus, purpureo fusco in longitudinem lineatis; ramis seu terminalibus seu lateralibus, primum rectis et fasciculatis, deinde divaricantibus, foliosis, nodosis ; Folis petiolatis, oppositis; pwlvino duro, hemispherico; petiolo vaginante, alato, 10-12 centimetr. longo, villoso, ciliato, struma cylindrica terminato, papillosa ad internam faciem, 5-6 millimetr. longa; Zimbo 10-15 centim. longo, 14 — 202 — 6 centimetr. lato, patente, elliptico, inaequilaterali, cuneato, breviter acumi- nato (mucrone rigido, acuto, nigro), coriaceo, laevi, undulato, glabro, ciliato, supra viridi et enervi, glauco subtus et nervis prominentibus percurso) ; Cyma terminali, ramusculis primariis dichotomis, secundariis distichis, tertiariis unilateralibus, singulis bracteatis, gracilibus, roseis ; bracteis lanceo- latis, plus minusve tenuibus coloratisque, imbricatis ; Floribus geminatis, pedunculatis, 6-7 millimetr. longis, 4-5 millimetr. latis, subglobosis ; Periantho calycino supero, breviore quam corollinae partes, laciniis 3, ovato- lanceolatis, glabris, breviter acuminatis, purpureis, imbricatis praefloratione; P. corollino semi-patente, 3 laciniis basi adnatis, ovatis, obtusis, calycina segmenta 2 millimetr. superantibus, glabris, purpureis violaceis, contortis praefloratione ; Staminodio calloso, cuidam parti corollae opposito, subtriangulari, lato, albo, glabro, callum ferente lunatum, eminentissimum, superne apertum; Staminodio cucullato, alteri parti corollae opposito, rotundo, glabro, albescente, tenui, auricula simplice, obtusa, plana, erecta; Stamine fertili bifido, tertiae parti corollae opposito, filamento detaitide fere ad antheram; anthera libera, uniloculari, flava, dehiscente longitudina- liter ; appendice petaloidea, antheram superante et circumdante, obtusa, alba; Stylo simplice, albo, renitente, staminodiis ad basim adnato, capite curvato, pulvinato; stigmale irregulari, infundibuliformi, foveato, albo; Ovario infero globoso, pubescente, albo, uniovulato, septis glandulosis; ovulo camptotropo in imo loculo inserto; loculis vacuis duobus, linearibus, minimis; Fructu ignoto. Planta brasiliana, clarissimo comiti C. Kerchove de Denterghem, nuper defuncto, viro egregio, scientiarium naturalium ac politicarum perito dedicata est. La plante que nous présentons ici est nouvelle pour la science et pour la culture ; elle provient des serres de MM. Jacob-Makoy où elle a été introduite fortuitement du Brésil avec des Broméliacées en- voyées par M. Pedro Binot. Elle ressemble à ces Maranta sveltes et élégants que Roscoe a si bien figurés et rappelle tout particulière- ment, par sa ramure et son feuillage, le Maranta arundinacea. La fleur, au contraire, est large, courte, globuleuse, comme dans les Stromanthe décrits jusqu’aujourd'hui. Mais si cette double ressemblance parait donner raison à ceux qui fusionnent les genres Maranta et Stromanthe, on ne peut nier que notre plante a un cachet propre. Dès que nous l’avons vue, nous avons soupçonné un genre nouveau pour la science et, à l'inspiration de M. le professeur Morren, nous le dédions à la mémoire du comte Charles de Kerchove de Denterghem qui fut un des grands promoteurs de la botanique horticole en Belgique. — 203 — DESCRIPTION. — Ce sous-arbrisseau émet d’un rhizome souterrain un grand nombre de tiges dressées dont l’ensemble forme une touffe de 1] mètre 50 de haut sur 1 mètre de large: les tiges ont une longueur variable, atteignant parfois un mètre et plus avant de se diviser; elles sont engaînées déjà sous le sol, tricho- tomes à leur point de division ou quadrichotomes, cylindriques, épaisses d’un centimètre à la base, s’atténuant insensiblement vers le haut, couvertes d’un duvet fin et blanc-grisâtre, vertes, avec quelques lignes pourpre-foncé dans le sens longitudinal; les ramifications, d’abord serrées en ligne directe contre l'axe terminal, s’écartent après un certain temps et celui-ci lui-même forme alors un coude marqué avec l’axe sous-jacent: elles sont noueuses et feuillées à leurs extrémités seulement; les inflorescences ne sont portées que sur la troisième ou la quatrième série d’axes. Les feuilles sont pétiolées, opposées, et naissent d’un coussinet dur et hémisphérique; leur pétiole, mesurant 10 à 12 centimètres, est muni, dans toute sa longueur, d’une gaîne velue et ciliée qui enveloppe la tige et se termine par un séruma ou bourrelet cylindrique de 5 à 6 millimètres de long, couvert de petites papilles à sa face interne; le limbe est de forme asymétrique; il dessine une ellipse à deux moitiés inégales, l’une assez régulière, l’autre échancrée vers le sommet ; il est un peu cunéiforme à la base, et se termine brusquement, au sommet, par une petite pointe dure et noire; il est généralement étalé, un peu onduleux, à peine coudé sur le pétiole; sa consistance est celle d’un mince parchemin, sa surface est lisse, glabre; il est vert et sans nervure à la face supérieure, glauque et parcouru de nervures plus ou moins marquées à l’autre face; ses bords sont garnis de cils. L’inflo- rescence forme une cyme terminale dont les ramifications primaires sont dicho- tomes, celles quiles surmontent sont distiques, les troisièmes sont unilatérales; toutes sont grêles, de couleur rose ou carmin; les bractées des axes primaires, secondaires et tertiaires, de grandeur à peu près égale, atteignent un à deux centimètres, sont lancéolées, les unes plus dures, plus épaisses, les autres plus minces, suivant leur situation, toutes carminées ou rosées; les bractées des épillets sont laucéolées, minces, pâles, translucides, s’enveloppant de la plus grande à la plus petite comme une série de demi-cornets, du même côté de Paxe et le dos tourné à l’axe principal. Les fleurs sont géminées, pédonculées, longues de 6-7 millimètres, larges de 4-5, à peu près globuleuses. Le périanthe se divise en six segments; les trois extérieurs, formant le calice, sont supères, pétaloïdes, plus courts que les trois autres, ovales-lancéolés, brusquement terminés en pointe, glabres, carminés, à préfloraison imbri- quée. Les segments de la corolle sont soudés à la base entre eux et avec les organes internes, ovales, obtus, glabres, à demi étalés, pourpre- violacé, à préfloraison contournée; ils dépassent le calice de 2 millimètres environ. Il n'existe que deux staminodes; le staminode calleux, opposé à l’une des parties de la corolle, presque triangulaire, large, blanc, glabre, portant à sa face interne un appendice très saillant en forme de poche ouverte vers le ciel, appendice situé sur l’une des moitiés du staminode voisin — 204 — de l’étamine fertile, mais s’élargissant à son insertion inférieure et gagnant l’autre moitié; le staminode en capuchon, également opposé à un pétale, médio- crement large, arrondi, glabre, mince, blanchâtre, à oreillette simple, obtuse, plane et redressée ; il n’y a pas d’échancrure indurée sous l’oreillette. L’étamine fertile est opposée au troisième pétale; elle élargit son filet de part et d’autre presque jusqu’à l’anthère, puis se divise en deux parties, l’une portant lan- thère, libre d'adhérences, uniloculaire, jaune, à déhiscence longitudinale; l’autre en forme d’appendice pétaloïde, dépassant l’anthère et l’enveloppant, obtuse, blanc de neige. Le style est simple, blanc, élastique, courbé au sommet, soudé aux staminodes au tiers de sa hauteur, enveloppé par le staminode en capuchon jusqu’à l'épanouissement, puis réfléchi dans la poche du staminode calleux ; le stigmate, bosselé, en entonnoir, naît au genou du style ; l’ovaire est infère, globuleux, pubescent à la partie supérieure, blanc, uniovulé; il comprend encore deux loges stériles, étroites, linéaires; les cloisons contiennent chacune une glande simple, en forme de flacon, dont le conduit s’ouvre au fond du tube floral; l’ovule camptotrope est inséré à la base de la loge et présente plusieurs bosselures à sa face antérieure. Le fruit ne m’est pas connu. Cette plante est évidemment une Marantée ; elle offre un caractère très rare dans les plantes de cette tribu : en dehors des staminodes calleux et capuchonné, elle ne contient pas d’étamines transformées en pétales, c'est-à-dire de staminodes extérieurs, comme les a appelés abusivement Kæœrnicke, suivant en cela l'opinion de Lestiboudois: ces staminodes enveloppent les autres dans la généralité des cas, mais sont insérés sur une même ligne avec eux : l'organogénie le démontre à suffisance. Ces staminodes sont au nombre de deux dans les WMaranta, les Stromanthe et les Phrynium ; il n’y en a qu’un dans les T’halia, les Zschnosiphon et les Calathea ; seul le genre Monostiche, créé par Kœrnicke aux dépens du Phrynium coloralum de Hooker, présente un verticille simple comme le Æerchovea. Le type de cette tribu est donc bien : trois sépales, trois pétales alternes avec les premiers, trois étamines opposées à ceux-ci, un ovaire triloculaire ; dans les genres voisins, 1l y a dédoublement de certaines étamines. Le genre Monosliche représente, dans la division des Marantées triovulées, le Æerchovea qui appartient à l’autre division, celle des uniovulées. On sait que cette classification appartient à Kærnicke (l); (1) Voir Belg. horticole, 1860, un article traduit du Gartenflora (mars 1858, p. 66). — 205 — elle a résisté jusqu'ici et nous la croyons excellente ; il nous reste cependant à connaître quelques PArynium sur lesquels on a émis des doutes. Si cette différence ne suffisait pas pour distinguer le Monosliche du Kerchovea, il resterait à signaler une série de caractères différents : le port de la plante, la forme des feuilles, celle de la fleur (analogue au Calathea dans le Monostiche, globuleuse dans le Kerchovea), l’'étamine libre ici, adhérente là, l'oreillette dirigée vers le bas dans le Monostiche, vers le haut dans l’autre genre, l’absence d’échancrure calleuse sous cette oreillette dans le Æerchovea, alors que toutes les Marantées triovulées présentent ce caractère, y compris le Monos- tiche ; enfin le staminode calleux dont les larges dimensions dépassent celles, déjà si considérables, qu'on remarque chez les Maranta et les Thalia, c'est-à-dire les Marantées à ovaire uniovulé. Impossible cependant de confondre notre genre avec les Maranta, les Stromanthe et les Thalia qui constituent cette dernière division : l’absence des staminodes dits extérieurs, l'oreillette ascendante, simple, arrondie, la disposition de l’inflorescence, la trichotomie des tiges suflisent pour le distinguer ; mais il est intéressant de remarquer les analogies avec ce groupe, afin de montrer qu’il n’est pas artificiel : le tube corollaire est large, l’anthère est libre, le staminode calleux offre une poche dilatée et complète, le staminode en capuchon n’est pas échancré sous l'oreillette; ces caractères sont communs aux Marantées uniovulées. ‘ Nous pensons en avoir dit assez pour convaincre ceux qui sont le moins favorables à la multiplication des genres. À moins de réunir toutes les Marantées en un seul genre, le nôtre nous paraît établi d’une facon indiscutable. Le Æerchovea floribunda ne tardera pas, espérons-nous, à être accueilli avec succès dans le monde horticole. Il à d’ailleurs les qualités requises pour réussir. Il ne se distingue pas seulement par sa riche floraison (notre plante portait une trentaine d’inflorescences à la fois) : il forme par son feuillage un joli massif. Il est gracieux, élancé et, en même temps, assez touffu. On en jugera par la planche ci-jointe. Il est originaire du Brésil et demande la serre chaude. Cependant, à le juger sur son aspect, il paraît aussi résistant que le Sro- — 206 — manthe sanquinea et quelques Maranta qu'on a cultivés avec succès en serre tempérée et dans les salons. Fig. oO æ wo 1 EXPLICATION DES FIGURES : . Extrémité d’un rameau fleuri (l’inflorescence a été choisie dans les plus maigres malheureusement); Deux fleurs ; le pédicelle commun naît à l’aisselle d’une bractée ; . Sépale étalé ; . Pétale étaié ; . Fleur après ablation du calice : on voit l’adhérence de la corolle avec les staminodes ; . Étamine fertile avec son appendice pétaloïde (le dessinateur n’a pas assez marqué l’indépendance de l’anthère); . Staminode calleux vu par la face interne et adhérant à l’étamine fer- tile par le callus ; . Le même vu latéralement et montrant également la face dorsale du callus ; . Staminode en capuchon ; . Ovaire, style et stigmate ; IA 12° Extrémité du style et stigmate vus de front ; Coupe horizontale de l’ovaire (ovule, trois glandes septales, deux loges vides); . Coupe verticale de l’ovaire (ovule; une glande septale coupée dans sa longueur, s’ouvrant dans le fond de la fleur); . Ovule vu de trois quarts ; . Le même vu de face; . Diagramme de la fleur — ét. f., étamine fertile ; st. c., staminode en capuchon (vers le haut), staminode calleux (à droite); . Aspect général de la plante. D' JORISSENNE. ME (y LA FLORE DE L'ASIE CENTRALE. (Traduit de The Gardener’s Chronicle, 12 février 1882, p. 180.) En présence du grand nombre de végétaux qui nous arrivent aujourd’hui de l’Asie Centrale, grâce aux tentatives persévérantes des naturalistes russes, il nous à paru qu’une courte notice sur la géographie et la flore de cette région si peu connue à l’un et l’autre point de vue, empruntée au travail du D" Regel récemment paru dans les À ca horti imperialis Petropolitani, ne manquerait pas d'intérêt pour nos lecteurs. L'original allemand que nous traduisons est accompagné d’une excellente carte de la contrée. La flore de l’Asie centrale présente, à côté de nombreuses espèces indigènes, quantité de formes naturalisées. Je dis « naturalisées » car il semble que parmi les espèces vraiment originaires de l’Asie centrale, un petit nombre seulement se soient étendues jusqu’au nord et à l’ouest de l’Asie et de l'Europe, patrie probable des formes natura- lisées. L'existence de steppes salées et de déserts de sable dans les régions basses nous conduit à cette conclusion que, même au début de l’époque géologique actuelle, c’est à dire pendant la période diluvienne, l’Asie centrale n’était encore qu'une vaste mer intérieure du sein de laquelle les montagnes émergaient comme autant d'iles, jusqu’au jour où la masse des eaux trouva une issue à travers les bassins de l’Obi et de l’Amur, s’écoula entre les chaînes de montagnes, et laissa derrière elle ces solitudes de sel et de sable qui produisent en assez grande abondance les plantes caractéristiques des terrains salés marécageux et opposent actuellement de sérieuses entraves à l'immigration végé- tale. Nous en trouvons une preuve frappante dans ce fait qu'aucune espèce de Rhododendron ou de Lis ne se rencontre dans l’Asie Cen- trale, bien que l’un et l’autre genre soient représentés par de nom- breuses formes sur le Caucase, l’Altaï, le Baïkal, le Daouria, le versant nord des Alpes du Thibet et surtout l'Himalaya. L’Asie Centrale, de son côté, est la terre par excellence de diverses espèces de Tulipes, d’Allium, d'Eremurus, d'Elymus, de Salsola, etc. Si nous envisageons de plus près la distribution des végétaux dans ETES — gracilis 216, 228, 259, 264, 265, 271 — Mazeli. . . DT il) — mitis . 216, 228, 256, 259 — nigra . 228, 259, 2178 — scriptoria:. . : Us — Simoni . . {Le Re — viridilauceseens . . 185, 259 — viridis striata . . , . 9259 Banksia integrifolia. . . . 218 — Jlittoralis : 4 2 00 — marcescens . . . . . 218 — serrata .:.. nr SRE — speciosa . 6-11 PRIS Baptisia leucophaea. . . . 380 Batatas paniculata . . . . 366 RO Pages. Batemania meleagris . . . 343 Bauhinia corymbosa . . . 381 MOMIE ES NU 0 40 810: Begonia diversifolia. . . . 110 MBEOCDElE. 1 ,. . . . 113 = BGEEEAME . . . ,. ..' 916 — Socotrana. 29, 316 Benthamia fragifera . . . 211 MERE. se 0 2e 513 Berberis sinensis. . . . . 313 Betula alba . . 111200 Bifrenaria Hadweni var. bella 343 RAMADIIACCeS NN = So {7 861 Bignonia tomentosa. . . . 110 Billbergia amœna . . . . 238 — Baraquiniana . . . . 238 DONe VIE. 0, , ,. . 834 — Euphemiae . . . . . 238 A GAP se +. [16 nn JOMDOISIL, . . . . .: 93% — Lietzei 29, 334 A BUEAUS DU... , , . 200 —Obertauri. .. . . . . 994 — Quesneliana . . . . . 116 — Rhedonensis. . . . . 334 OMIS Un : .:. 991 PPAUEeS ) ©. het 910 Bolbophyllum ct SRE) — Bowringianum . . . . 339 Bolleæpallens. :. . : ,. . 942 Bomarea Caldasiana. . . . 332 sm cPMiertAN 00... L". .: ... 91 —oohéamtha. . .,. . ., 194 REPAS Le 2 à … .. 900 Bougainvillea spectabilis . . 278 Bouvardia Roezli . . . . 88 Brachychiton populneum. . 269 Brahea dulcis. 108, 111, 227 — nitida . . 222, 223 Sn OEZIS 2. =... . . : 299 Brassia caudata var. hierogly- MCD Lich ia No ROMA AN, à Ts 947 ÉRIC ES CU: 125 333 Bromelia scarlatina. . . . 333 Brugmansia suaveolens . . 263 Bryophyllum proliferum . . 370 Buddleia auriculata. . . . 366 — Madagascariensis . . . 217 Buxus sempervirens. . . . 265 Caesalpiniacées. . . . . . 381 Pages. Caladium esculentum . . . 267 Calamagrostis sylvatica . . 247 Calamintha grandiflora. . . 247 — nepetoïdes . . . . . 247 Calandrinia grandiflora . . 376 Calanthe Barberiana . . . 350 DORE NEA EN... 271) O0 — Sandhurstiana . . . . 27 Calceolaria fuchsiaefolia . . 366 — Sinclairi . . . Ve ce 900 Caliphruria Subeden tata RE à Callistemon lanceolatum . . 269 SANS AU AMENER CN 2209 — semperflorens . . . . 84 Calochortus venustus . . . 72 Calypso borealis. . . . . 344 Camassia esculenta. . . . 329 Camellia japonica . . . . 281 Campanie ceeS NERO ONG Campanula Allioni . . . . 362 ee BDICAIA MARNE A 227 — Tomasiniana. . . . 35,362 Camphora officinarum 200 COPDARUEES AN RE MEN 5718 CAO Une NE ER EEE 508 Carex punctata . . . . . 247 Carludovica Wallisi . . . 355 Caro y liées RUN EEE TE 3716 Casuarina torulosa . . . . 269 Catalpa speciosa. . . 180 Catasetum fimbriatum var. e SU RE NL RL IO4S — tabulare var. laeve . . . 343 — tigrinum . . . . 343 Cattleya Cha aida . 341 — citrina . . ee 0) — guttata var. lilacina, RE LA — hybrida picta . . . . S34l — luteola var. Roezli . . . 341 — Mendelli . . . . 341 — Mendelli var. Sen 311 — speciosissima. . . 99 Cedrus Deodara . 6, 186, 260, 216 HPID ANT EEE" 260 Celtis australis . . . . 246, 263 Centaurea argentea. . . . 184 — cyanus. . . Mie 00 — Fredreci- ce eee 1e à — loucophalean., = : .: . 164 — ragusina . . . JS DRIOE Cephalotaxus Roc Se OÙ — 390 — Pages. À Ceratonia siliqua . . . . 263 Collabium simplex . Chamaecladon rubens . . . 354 Colletia bictoniensis. ; Chamaedorea elatior . . 216,219 — ferox . >: . OU = elegans it re 2) — spinosa. :: . NN Chamaerops Birro . . . . 216 Composées . . . . . . . 360 — (Trachycarpus) excelsa 226, 256 Conifères. -. . . "RERO 258, 264, 268, 281, 284 Convallaria japonica . . 266, 274 à — Fortunei. . . .. . 226,278 Convolvulacées . OS — humilis 212, 215, 258, 269, 281 Coreopsis rosea. . . . . 184 | — — tenuifrons. . . . . 215 Corypha australis . . . 212, 215 1 = (hystrie ui AN ee — Gebanga . . . . 218 Chenopodium album . . . 210 Cotyledon macrantha var. Chevalliera Germinyana . . 29 rubro-marginata . . . 371 É = Meitehi "40 met SG Crassulacées. 1. O0 Chionanthus virginica. . . 269 Crataegus glabra. . . . . 276 Chionographis japonica . . 325 Crawfurdia luteo-viridis . 32, 364 Chironia nanas - :.. 104 Crinodendron Hookerianum . 376 — pulchellé. :, ., <:..:11"184 Crinum Balfouri. . … . 29,331 Choisya ternata . NAS — Forbesianum. . . . 29,332 Cibotium Chamissoi . . . 323 — giganteum. . . . . 332 Cienkowskia Kirki. . . . 352 — Moorei. . 1... Ce Cistus albidus.. . :. -.. . .. 246 Croton Ancitumensis . . . 311 + RIT Su Le, UUR 5< 946 — Broomfieldi + "Her — salvifolius . . . . 245, 246 — eburneus . :.: 2 NS Cirrhopetalum abbreviatum . 339 — elegantissimus . . . . 871 — trigonopus : :,:54.,:-4999 —. formosus 7. SSSR Cladrastis amurensis . . 381 — Kingianus. :. . ORNNNOUS Clarkia pulchella var. bicolor. 379 — Laingi. 4, 2 Clematis aethusaefolia var. la- — multiformis . . PSE tisecta “1.028497 — ornatus : & . CNE — cogcinen ., 4: . 4 2.185,:912 — recurvifolius . . . . . 318 = AUECA DENIS — Rodeckiana .…. . . . . 38 <- Pitcherit +: D'2e Le 007105 — Sinitzinianus. . . . . 318 — reticulata}1,. 6" 15872 — Thomsoni. . - mel — Viorna var. coccinea . . 185 — vittatus . .: OS Clerodendron trichotomum. 34, 365 Cryptanthus Beuckeri d'ULUIeSe Cloeyera japonica. . . . . . 269 Cryptomeria elegans . . . 269 Coceculus laurifolius. . . . 264 — japonica . : . 1200 0 Cocos australis . . . . 222, 258 —"'Lobbi. . CSS — Bontieti -: 1, 222223 — viridis . . 1.1. NEED dates en A ROTS Cunninghamia sinensis var. Ë — flexuosa . . 214, 215, 219, 222 glauca -. . OS ÿ — Romanzoffiana . . 219,221 Cupressus Correyana . . . 260 5 —oWveddelliana.. = 202210 — fastigiata. . : : AW 2 Cœlogyne (Pleione) Arthu- — glauca. NN riana. PE RES — himalayensis . CNE — brachyptera . . . . . 338 — horizontalis . . . . 266, 280 Cœlogyne cristata var. alba . 338 — Lambertiana. . 215 — cristata var. hololeuca 27, 338 — Lawsoniana. .. 210 Colchicum cruciflorum. . 36, 326 —Lindleyi . :. :. CNP Coleus Verschaffelti. . . . 276 — macrocarpa . . . . 84, 260 — 391 — Pages. Cupressus pyramidalis. . . 111 RÉOBMIOSaN 0, 0,77 0200 RME Sn... 7, 306 Cuscuta reflexa . . . . . 366 Cyathea medullaris . . . . 228 ARMES EE) 0 LL Tr 884 Cycas revoluta 296, 273, 285 — Diamensis . .. .'., 924 = Undulatal ‘on 82 Cyclamen Atkinsi . . . . 369 Cyclanthées. . . TN 900 Cymbidium DHoront Wil- hamsianaum: 0 070510 27 ID pnéracées NN rc 325 Cyperus laxus var. variegatus. 325 VEN ee 0 A 015.296 Cypripedium Argus . . . 241 — Bullenianum var. oculatum 350 rburrideet 0". "350 — calophyllum. . . . . 350 — calurum Rd RS AO IR 1570) —conchiferum. : . . +: 991 — gemmiferum. . . . |. Sol Se DEJAde se, Mr ne + 901 — irapeanum 103, 110, 112 — occidentale . .-‘. . : . 991 — tessellatum porphyreum 28, 351 ana rTReees LT. re "801 Dacrydium cupressinum . . 273 SPICATUL SO "200 Dahlia gracilis var. superba . 360 AMATEZI- Ne RE T "860 = Maximiiansg. "02, : 105 MARAIS 0 Se. SR 08 Damnocalamus (Arundinaria) ÉPATEMOTUS, 27... . ol Danaea serrulata. . . . . 324 Daphne Blagayana . . . . 235 Darlingtonia californica . . 113 Dasylirion gracile . . . . 223 — Hartwegianum . : . . 223 — longiflorum . . 259, 264 —_ longifolium . . . ..- 223 Baturz arborez | . . ‘. .1-: 203 Davallia elegans ie. 25, 323 — Fdiensis . . . Wie 929 — — plumosa . . . . . 25 Delphinium cardinale . . 187, 373 — corymbosum. . 39, 318 Dendrobium Ainsworthi . . 339 — amæœnum. . - . . . 339 Pages, Dendrobium Bremerianum . 339 Sr UTLIST. VON EN PONERTe 5 350 — Dalhouseanum . © ” … 340 — densifiorum var. albolu- CEUM EE NE En PEER AO) — speciosum var. Bancroftia- HU PE PNR NE NET TSAO — thyTSIHOrUM A ENT O — Treacherianum : : ' . , 340 Desmodium racemosum. 259, 266, 282 Dicksonia pubescens . . . 323 Dieffenbachia costata . . . 353 — imperator 31, 353 0 NS CN M NME eee 55 Es LIRE ANS NE MANN RES — triumphans . 31, 353 Dioon'edule} "017717 rm Be roro Dionæa muscipula . . . . 303 DOS MIACEESN I ARNO PERS Diospyros Kaki Le Ra dant LA Dipladenia carissima . . . 363 Pdelectas 0 MN NEIGE == diadema 0 PEER ENT SE — profusa . . . 364 Distiacanthus soaritus: 1339 Dodonaea triquetra. . . . 269 Dolomiaea macrocephala . . 182 Dracaena fragans var. Massan-" geana . : 1 99, 330 — indivisa. 259, 964, 213, 284, 286 — Lindeni 31, 330 —"Thomsoni. |. . ©‘: :, ‘330 Dracontium Carderi . . . 28 DPOSCRACCES EN EM EEE 0975 Drosera capensis. . . . . 31% Echium albicans. . . . . 365 Elaeagnus reflexa 251, 272, 216 ÆEngelmannia pinnatifida . . 361 Epidendrum raniferum . . 340 OtANSEaNUM. LESC) Epipremnum mirabile. 59, 62 Eranthemum Eboracense . . 367 Eremurus himalaicus 35, 330 — Olgae . 35, 330 PTACHCÉES AT TENUE EN THVESDO Erica arborea. . . . . . 246 — ferruginea Bothwelliana . 369 SN NUE 0 0e Rp n RSS 5 — Savileana var. Bothwelliana 369 — Shannoni Bothwelliana. . 369 — 392 — Pages. Erica Turnbulli superba 369 Eriobotrya japonica 256 Eryngium pandanifolium . 264 Erythraea diffusa 184 — pulchella var. diffusa . 364 — ramosissima 8 pulchella 184 Erythrochaete palmatifida 231 Erythronium giganteum . 326 — grandifiorum. 326 — revolutum 326 Escallonia fioribunda . 269 — rubra punctata . . . 34,371 Euadenia eminens . . . 29,373 Eucalyptusamygdalina 214,284, 286 — glauca. . 2 01) — globulus . 84, 266, 269, 284 — Gunni. 284 — pendula 284 Eucharidium Breweri . 319 Eugenia Ugni 269 Eulophia guineensis 344 Eurybia parvifolia 360 Euphorbiacées . 371 Euphorbia punicea . 371 Evonymus japonica. 186 Ficus australis PP it) — elastica . 216, 219 — exsculpta . 5 3956 — macrophylla . 216, 219, 229, 265 — rubiginosa 216, 219, 229 — stipulata 217, 264, 273, 277, 282 283 Fourcroya Bedinghausi . 104, 112 — cubensis var. inermis . 333 — gigantea . 265 Fougères. . 24, 320 Frenela macrocarpa. 269 Gentianacées 364 Geonoma gracilis 222 Gesnéracées . 368 Geum elatum . 380 Gilia tricolor var. violacea . 366 Gingko biloba 2173 Glaziova insignis 219 Glycine chinensis 180 Goldfussia anisophylla. 298 Gomeza (Xodriquezia) plani- folia var. crocea 344 Gongora similis . 344 Gordonia lasianthus. 269 Graminées . 325 Pages. Gratiola officinalis . .…. A1 Grevillea acanthifolia . 219 — alpestris . 219 — fiexuosa . 219 — Hilli 219 — Thelemanni . 219 Gymnogramma RAS PE .. 9321 — sulphurea. 271 — vellea . 321 — xerophila. . . 321 : Gynerium argenteum 256, 266, + 218, 280 284 Gynura aurantiaca . 361 Gypsophila cerastioides 187 Hakea eucalyptoides. . 218 — pugioniformis … 264 Hamamélidacées 370 Hamamelis arborea. 370 Hechtia Cordylinoides . 336 Hedera Helix. 271 — — maderensis der .. 4 — hibernica 21 — verbanensis . ; 212 Helianthus decapetalus 361 — multiflorus . 361 Heliconia aureo striata. 352 Helicophyllum Lehmanni. 36,352 Heteropogon Allioni 246 Hibisceus syriacus coelestis. 181 Homalonema Wallisi . 354 Hoplophytum Lindeni . 334 — calyculatum var. polysta- chyum . 334 Huntleya meleagris. 343 Hyacinthus candicans . 328 Hydrosme Hildebrandti 395 Hymenea Courbaril. . . . 92 Hymenocallis Harissiana . 332 Hypéricacées . … 51, ESRI Hypericum Coris aie] — repens. ; 183 Ilex aquifolium : 265, 280 — gigantea . 266 . — japonica . 0) Ilicium anisatum . 269, 282 — religiosum set DRE Impatiens amphorata . - 33,918 — Marianae . 32, 319 Incarvillea Eoomn 33, 367 — Olgae :.,.,,: LS Inga lucida . . . . . . 86 — 393 — Pages. Mhoriaen Léari. : . . ,< . 264 MON 7 LA, (000070 Tridacées. : RE PP D) Iris A HPÉNET ioDt ao 0 AREMeUlE A. 0. 1 à 018990 Holomahirsuta . .: . . . 968 Mob 5. ,:., 1 4 "908 Ne Le ui VS02 mn AUSEPIS = . ‘01.1 962 IC TUPATA meute 1362 — Pelgrimi . HT ADPS02 — splendida . AN RMI 000 — OS ee en Jambosa vulgaris . . . . 269 Mnipha Manihot %.,. :. . ‘87 DUSMAINIQCÉeS 4 000 Jasminum EC aun 28, 363 — grandiflorum. . . . . 291 — pubescens. . 1 0) Jubaea spectabilis 216, 220, 223, 258 263, 281 Juniperus mexicana . . . 108 dJusticiamarmorata : . _. _. 901 Mia a ifolia à, , :. 269 Kefersteinia mystacina . . 344 Kentia australis RS AE RU) — (Grisebachia) Belmoreana 212 216, 220, 227 — Forsteriana . . 212, 216 Kentiopsis divaricata . 24, 356 Kerchovea floribunda . . . 201 Eniphofia aloides . + . . 181 — — magnifica, . . . . 182 RDS D D MU), Lio cod — comosa 23321 OO eau. + | 102 NMAGONWARITS, me 00. 21182 ODA dE ie 2102 —_ Quartinians …: … - : :: 182 — Uvaria var. maxima. . . 328 Kôlreuteria be 80710 Abies Ne. , À Tr EUR LA OU Lachenalia Neïsoni . . . 328 Lactuca macrorhiza . . . 362 rebalidans x - .: 42% 96 — autumnalis 96, 100 Laelia crispa var. delicatissima 340 AIS NN nn Pere : 100 — Perrini var. irrorata . . 340 VA, MIVEd., — en. O4 Laeliopsis non-chinensensis . 92 Pages. Lagerstræœmia indica . . 263, 281 Lapageria rosea . . . ,. . 183 = = a1D47 20e ONE PCM, 183 = sUDér D" TS MOUTON ISA Marix CUTOPACA NC 260 = KAeMDICLLU EME TPS TRES" Lastrea Maximowiczi . . . 29 — Richardsi multifida. 25, 322 Latania Borbonica . 21], 215 Lathyrus splendens. . . . 380 Laurus aromatica . . . . 219 —"Benzoin MANS CES 069 = CAMDNOrA ALIAS UE MT) — carolinensis . . . . : 269 — glandulosa 256, 260, 282 Leontice Alberti. 36, 373 Lepidozamia Peroffskiana. . 285 Leptospermum lanigerum . 379 Libocedrus decurrens . . . 260 Hicualaterandise NES 0556 Ligustrum Massalongianum . 363 HO OS NE EN NENERRERET 326 Lilium canadense . . Po) à — Humboldti : 80, 81, 326 — longifiorum var. formosa- HUE UE PS O0 PARA AU, 6 ER ES 607 POLY AVR MRNENRESNSSS 7 — DOMPOMIUME NUE NES 27 = DUDETUIUMNS SRE MMENSEREMET ruberscensire. Aou MENOS — superbum. 68, 81 — Washingtonianum . . 81, 327 Lindelofia anchusoides. . . 237 ISPeCtADINIS NME ER 986 Pindentatrivalis AW MER 363 Liquidambar styracifilua . . 265 Liriodendron tulipifera . . 274 Lisianthus glaucifolius . . 364 Livistona australis 212, 215, 218 219, 227 — chinensis. 211, 215, 216 — humilis 216, 218, 219 — olivaeformis . 216, 219 — sinensis 219, 227 Lonicera Alberti. . , . . 363 Lopezia grandiflora. . . , 105 Lycaste Deppei var. punctatis- SUD MMSSRE ARONERS |: 949 LYCODOUIACÉlS AMEN ANR TS 904 Lycopodium Chamaecyparissus 247 99 Htag4 En Pages. Lycopodium dichotomum. . 324 — squarrosum ec ME MOT Lysimachia brachystachys . 34 Lysionotus serrata . 29, 367 Magnolia Campbelli. . . . 282 — fuscata . 260, 269 — grandifiora 256,26, 273, 280, 281 — praecox . . He 00 Mahonia Énletee ee DO) Mandevillea suaveolens 264, 272 Mansifera indica MN ES Maranta sanguinea. . . . 2 Masdevallia bella . 1 717536 —Chimæra Me nes = ACIA LA CN IE LEE 331 2 ANA A 0 CR D CO —INYCIerINA 4, NU 313 — rosea . . 0e DOS — Su tevorths Mi ROZ 331 = Htrochiluss MnMES — Wallisi var. A OMS — Wiini209. NN SU Maxillaria fractiflexa . . . 342 Meconopsis Wallichi . . . 313 Medinilla magnifica. . . . 285 Mélanthiacées 0", 00,2 cr 0825 Mélastomacées … On US 10 Melia Azedarach. . . . . 216 Méianthacées eee CSA Melianthus Trimenianus . . 371 Merendera Raddeana . . . 326 Metrosideros sp. . . . . 264 Microstylis chlorophrys . . 337 — metallica : =. |: 1. 0398 — ventilabrum . . . . |. 338 Millaldaxa ns. : "cn 2 40997 Milletia megasperma . . 32, 381 Miltonia Lamarcheana. . . 347 — Warscewiczi var. aetherea 347 Monstera dilacerata. . (1 — pertusa . 265, a71, 280, 285 Montbretia crocosmiaeflora . 331 SPORE LE ie ut CAEN EN ADS Montia foniana . .. «1. 1700247 AOF UCÉES EN LT, ne RS SES SE Mormodes buccinator var. theiochlorum.. 77 0824 — Cartoni var. aurantiacum . 343 — — var. stenanthum. . . 343 — laxeatum. . . .… 96, 100 — Ocanae var. bee . 343 Pages. Musacées En 352 Musa Ensete . 256, 216, 280, 285 — paradisiaca 86, 265 — Sapientum . 86, 217, 265 —— uranosCcopas . 392 Musschia aurea . 352 Myosotis elegantissima. 365 . Myrica cerifera 269 Myrsinacées. 369 Myrtacées : 319 Nardostachys Jatamansi . 360 Neillia thyrsiflora 186 Népenthacées 391 . Nepenthes (nouveaux) . 192 — angustifolia . 391 — bicalcarata 194, 195, 358 — Boschiana var. Lowi 194 — Burbidgeae 194 — compacta . 398 — Courti. 30, 358 — dyak 195 — echinostoma . A NTIOE — Edwardsiana . 194, 195 — gracilis 195 — Harryana. 195 — Henryana. 31, 358 — hirsuta 196 — Hookerae. 195 — Hookeri 193, 194, 195 — Hookeriana . 398 — Lowi . ; 194 — Madagascariensis 30, 358 — Mastersiana . 30, 358 — Northiana . 30, 192, 359 — phyllamphora 195 — Rafflesiana . 193, 195 — — var. nivea. 193 — Rajah . . 30, 194, 359 — rubra . 193 — sanguinea . 193 — superba 31, 359 — tentaculata 194 — villosa. 194, 195, 359 — Veitchii . 30, 193, 359 — Zeylanica. . 193, 195 Nephrodium antioquianum 323 — longicaule. 323 — valdepilosum. . 323 Nerine filifolia 32, 332 Nerium Oleander. 264 Neumannia nigra 29 { — 395 — Pages. Nolina Georgiana 329 Notochlaena Marantae 247 Notylia laxa . . 344 Nunnezharia tenella 24, 355 Nyctaginées. : 391 Nymphaea tuberosa. 36, 313 Nymphéacées 313 Octomeria cochlearis 331 Odontoglossum Cervantesi 99, 105 — cuspidatum xanthoglossum 345 — deltoglossum. . 345 — excellens . 26, 345 — facetum 346 — hebraicum 346 — Insleayi 100 — leopardinum . 100 — maculatum var.antennatum 346 — Marriottianum 26, 346 — nebulosum LOO — nevadense 346 — Pescatorei 346 — Phalaenopsis var.luxurians 346 — polyxanthum. 346 — Rossi . 347 — — majus . 21 — — rubescens . 2% — Sanderianum. 347 — tripudians var. do sum . 347 — éco var. rubrum 347 — — var. superbum .. ‘341 — Williamsianum. 21, 347 Oenothera albicaulis 319 Oléacées . 363 Olea capensis . 269 — europaea . 256 — fragrans . 291, 260, 281 — sinensis 216 Olearia Haasti 360 Omphalodes verna . 187 Onagrariées 3179 Oncidium Brienianum . . 344 — Cavendishianum. 96, 100 — Gardnerianum 345 — grandiflorum. 949 Oncidium hastatum var.Roezli 96,100 — Lietzei. é 345 — phylloglossum . 349 — tigrinum . 100 Ophiopogonacées 330 Ophiopogon Jaburan fol. var.. 330 — sylvestris. Pages. Opuntia arborescens 185 — brachyantha . 185 — comanchica . 185 — decumana. 264 — Engelmanni . 185 — humilis 185 — imbricata . 264 — Missouriensis 185 — Rafinesquiana 6 185 OCR NC ENTER 2550 Oreodaphne foetens. 219 ‘Osbeckia rostrata . . . 29,379 Osmunda regalis. 278 Pachystoma Thomsonianum . 341 Palmiers. 24, 284, 285, 355 Papavéracées 313 Papilionacées 380 Paradisanthus Moseni. 390 Parietaria diffusa 247 Parkinsonia aculenta . 269 Passiflora coerulea . . 264 CUS RE SN Er SEE TI Paulownia imperialis . 76 Pentstemon Cobaea. 186 Peperomia argyraea. 396 Perisperia elata. Hé ST Persea gratissima 66,1 272 Pescatorea Dormaniana . 217, 342 — Klabochorum 27, 342 Phajus Blumei 341 — tuberculosus . . . . 926,341 Phalaenopsis. 189 — equestris var. leucaspis 348 — maculata . 348 — speciosa . 318 — Stuartiana 26, 348 — Sumatrana var. sanguinea. 348 -— violacea : 348 Phaseolus Caracalla. 272 Philodendron Carderi . 392 — elegans 393 — gloriosum 389 Phlomis cashmiriana 186 Phoenix canariensis. 211, 218, 224 — — erecta . 225 — dactylifera 211 — pusilla. ‘ 215 — reclinata . 215, 218, 226 — rupicola . . 216, 223 — spinosa 215, 218, 225 218 — 396 — Pages. Phoenix sylvestris humilis. . 226 Eten 2 UN à AN LIRE OS Phormium tenax . . . . 264 Phrynium sanguineum. . . 22 = LubbDerSt eo MEME 21 = setOs UM 00 Die RS Phytarrhiza ne MEAUTOS Picea excelsa . 256, 265, 280 — War. INVELtA L. Ce NON OÛ = Perryana 4 VA che? — (Abies) polita, . .. . …. 184 Pimelea decussata . . . . 219 2 epectabilis ere eee D elg Pinanga patula 24, 356 Pinguicula Bakeriana . . . 368 LE coudata 5 ANNEE NS 08 Pinus Benthamiana . . . . 2 canariensis : Loue 20) = \Cembra Lie nn 08 AE DS A OT TP CR A ER ET — Engelmaniana . + 07 — flexilis. : M2, 16 —Grenvilleae LD Ft 02 —Jeffreyi 25, Er EE SAION — insignis : 84, 266 — Lambertiana. . 75,18, 19, 259 — leiophylla. . 103, 106 = mmaritinn. Ne A 200 — Montezumae . 106, 108, 266 —monticola. #0 Him eee — occidentale UC EMI — Data EU. 4 ,.N AN 20250 Dinar UE Art es 0200 — RuSSelANna ee Le 0209 —"SabiNtaNnA. 0.7 Peel 10 — Strobus 11209, 250, 211 ==sylvestris, . LE +140 Deo0 Pipéracées we: VHS 4900 Piptospatha:i Nr LÉ 8800 Pitcairnia bromeliaefolia . . 335 — geifolia . . . SA TRE 5 5) Pittosporum Cana fol PA LS) — Eugenoïdes . . . . . 219 — Mai. . . PE ni 1) Pittosporum ee 819 = SINONSIS. Sr) 0 MATE OMS —wndulatum:.: . 0600219 Pleïone Arthuriana . .:. : . :. - 27 Pleopeltis picta. . . . |. 322 —/Xiphias . « io 004 Pleroma macranthum . . . 319 Pages. Pleurothallis Barberiana . . 336 + Binoti. . CONS Plumbhaginées "NME Podocarpus Chilina. . . .- 260. — Totara. ONE Poinsettia pulcherrima. . . 87 — strigulosa, LV CES Polémoniacées "men Pollinia Gryllus EORRERES Polycarpa (Idesia) Maximowiczi 286 Polygala Dalnielsiana . . . 84 Polygonées. 23 VON Polygonum cuspidatum . . 185 -- sacchalinense . 185, 357 Polypodium antioquianum . 322 — Krameri . 25, 322 — sylvicolum Me RP Polystachya hypocrita . . 339 Polystichum tripterum 25, 322 PO ACCES NOR EEE —. v pÜinatd . ne OL Rhapis flabelliformis 220, 228 — Sirotski . ST 157200 Rhododendron arboreum . 265 — assamicum 369 — Boothi. 369 — caucasicum . 187 — chrysanthum. 187 — Daviesi 369 — maximum. eme 0) — ponticum, . 256, 265 Rhodora canadensis. A0) Rhodostachys littoralis 186 Rhynchopetalum montanum. 182 Rhynchospora alba 247 — fusca . 247 Ribésiacées . : 372 Ribes integrifolium . 313 Ricinus communis . 264 Roezlia bulbifera 112 Rondeletia gratissima . 362 Rosacées 380 Rosa microphylla 380 Rosanowia ornata . 368 Rubiacées 362 Rubus deliciosus. 380 — phoenicelasius . 186 Rudbeckia speciosa AU O0! Ruscus aculeatus. . 241, 266 — hypoglossum. . 266 — racemosus 213 Rumex pulcher . 247 Sabal Adansoni . 298 — dealbata , 220 Pages. Saccolabium borneense 349 — Graeffii 26, 349 Sagenia Lawrenceana 24, 323 Salisburia adiantifolia . 273 Salvia Bethelli 364 — brasiliensis var. hort 364 — Columbariae. 369 — Hoveyi 369 — Pitcheri TE 369 — splendens. 259, 264, 280 — — var. Bruanti 369 Sanchezia nobilis 367 Saponaria cœspitosa 316 Sarceanthus flexus 349 Saribus olivaeformis 216 Sarracéniacées . 373 Sarracenia Chelsoni 373 — Drummondi . 314 — Fildesi. 314 — flava 314 — — var. crispata . 314 — — var. ornata 314 — Moorei 314 — Poppei 319 — psittacina. 319 — purpurea . 319 — rubra . 3179 — Stevensi . 379 — Williamsi 319 Saxifraga Cotyledon 246 — Hirculus var grandiflora . 371 — oppositifolia. 371 — peltata. 311 — purpurascens. HISTNSU — Stracheyi. 187 Saxifragces. 371 Schistomatoglottis crispata . 353 — Lavallei 31, 393 — longispatha . 394 Schoenus nigricans. 247 Sceiadophyilum Puckleri . 213 — pulchrum. 212 Sciadopitys verticillata 285 Seilla humifusa . 329 Seilla microscypha . . 329 — puschkinioïdes . 86, 329 — subsecunda . 329 Scitlaminces . 392 Scolopendrium officinarum . 273 Scrophulariacées 366 Sedum sempervivoides . 311 — 9398 — Pages. Selaginella longissima . . . 324 Sempervivum tectorum . . 246 Senecio pulcher. . . . . 184 — stenocephala var. comosa 36, 361 Shortia galacifolia 34, 370 Silphium laciniatum . . . 360 Skimmia japonica . . . . 260 Solanacées . À 2 ISO Se oies . 257, 264 2 INWVATSCEWICZI ee AT OCR Sonerila speciosa . . . . 31% Sophora japonica . . . . 2917 Sparaxis pulcherrima . . . 331 Sparmannia africana var. flore plEno. 0 . 316 Spiraea Aruncus var. tipo des 311 = MIVOSA 0. Me A RS Oil — SOrDIfOlA UN F0 0050 Spiranthes Romanzoviana. . 350 Stadmannia australis . . . 222 Stanhopea tricornis. . . . 344 Statice callicoma 35, 399 —leptolobat es SNS = tatarica "7. 0-2 M2 0900 Stelis Bruchmülleri RO — grossilabris . . . . . 337 Stenanthium occidentale . 329 Sterculia platanifolia . 282, 284 —platanoïdes : ." 11,266 Stewartia Malachodendron . 269 Strelitzia Augusta NEA 1000 Streptocarpus bifloro-polyan: thus . PACA O0 Stromanthe amabilis . . . 23 — amabilis var. Lubbersiana. 23 — Lüubbersiana. Me 2x0 sn el —Portéeana 2 DE NNRE ms — sanguinea 22, 206 RS REÉOSAR AR LUE AN COS —SpeCtAbILIS 2. MU 0" 25 Synechanthus fibrosus. 24, 396 Syagrus Havanensis. . . . 222 najestiCar sn. 0 0,222 == PPÉCICS rh 222 SyYagrus D diet GRANDE Syrinva PersiCa 1 SET RL 055 Taccarum Warmingianum 28, 355 Tanacetum leucophyllum . . 361 Taxodium distichum . 269, 274 — sempervirens. . . . . 266 Taxus baCtata, . :) ., . "269 Pages. Tecoma grandiflorum . . . 280 — radicans °°. , COM — TOSCA . 0 ROMONNONNNSS Thalia sanguinea, . . Thea Bohea : — chinensis . . 265, 269 Thecophylaea cyanocrocus . 331 Theophrasta imperialis . . 280 Thrixspermum muriculatum. 351 Thujopsis dolabrata. . . . 260 Thunbergia coccinea . . , 367 Thuya gigantea . . . . . 260 — Menziesi . SE Tigridia Pavonia. 120000) Thliaeées NE /.=3 1 FNOSSRSES Tillandsia nee si ee 30 — Lindeni var. Pen ou 2317 — narthecioïdes. . . . . 169 — usneoïdes. : 96, 99 Torreya grandis . .: 1009" 26D — MyTiSTiCa . 2 LA CD —— nuCifera . | NN 6 Trachycarpus excelsa . . 212, 215 — Fortunei . . 212, 215 Trichocentrum He Un, V4: —- Pfavi . à . 21, 348 Trichomanes Kalbee on T0) Tricyrtis macropoda. . . . 3% Tristania laurina. . 29269 Tritoma Uvaria 50 0 STE Tsuga canadensis . 69, 266, 276 — Hookeriana . 10,011 Tulipa Gesneriana var. Strang- Waysi.! . . 2. 700 — turkestanica .: : CS Ulex europaeus . . . . . 186 Ullucus tuberosa. . . "77194 Utriculariacées. CNP Valérianucées. : . OPOPONRREIN Valisneria spiralis . . … 249 Vanda Boxalli var. Cobbiana . 348 — caerulea (Culéure) . . . 188 — Denisonae var. punctata . 348 — lamellata var. Boxalli . . 349 Vanda Teres (Culture) ; TADÈS — — var. aurorea . . . . 349 Veltheimia speciosa. . . . 181 — Uvaria. . , . 5 CSSS Veratrum Maaki . "en = MIBEUMA PRE 1 Ce En Verbénacées. : . "SO NENMIRE — 399 — Pages. Verbascum bombyciferum. . 187 — olympicum 187 Veronica carnosula . 366 — longifolia var. subsessilis . 366 — Traversi . 186 Viburnum Tinus. 296 Vigueira rigida . 361 Viola pedunculata 319 Violariées 319 Virgilia lutea. 286 Vitis striata RL 34 Vriesea brachystachys . 288 — carinata 288 — chrysostachis 339 — Glazioveana . 339 — Jonghei 382 — incurvata. 52 — Morreniana : 289 — psittacina. . 281, 288 — — var. Morreniana . 287 — tessellata . 381 — viminalis . 382 Pages. Wellingtonia gigantea. 262, 266, 271, 281, 285, 286 Wistaria chinensis . . . . 280 Xanthoceras sorbifolia. . . 187 NuUCCAAlDOSpDICA OP PEN TE "AlONONAN LC US. PO 01e — angustifolia . . . . ‘13, 181 — Ellacombei 1128 107 CIO == filera LE Ne EN 0085 = INIAZ OU NN EE /2222 ependulatPneire RE RERUN06S — Treculeana . . . . 212, 285 Zatnia BONNE RIZ = HOPPER = MexiCan a AR PRO MN ETS — prasina RS AT AUAE - —IVErEUCOS A ME Cr A O2)? VI OBA TETE NOT? Zephyranthes macrosiphon 33, 331 HPTEATIAC ET NE ER RTS SL Zomicarpella maculata. . . 352 Botanique, Physiologie végétale, Géographie des plantes, Sciences. Pages. = © OO 1 OO Où À À D 12 1Ÿ WWW Es En Hi ER. PT NS NE 6 € O0 e PAS r- a Le 5 Le à SL 7 an m un * ; z a i = p Z D 17 LIBRARIES, SMITHSONIAN | Z È - SE n e Z > FA SMITHSONIAN f SMITHSONIAN NYINOSHILIWS NVINOSHLINS N NOIINLILSNI NVINOSHLINS S31#vV44a17 INSTITU = = Z 3 AT ns es = an EL Fe #0 à a # 6 à ul " Z LS œ = NN a à : La < C WIN à (ou É Le =: SX NS (se) a à r "a cn A 0 O sa O er 2 . = 2] | FA 19 LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINLILSNI NVINOSHLINS S3I4VA Li Z Er A Fe “5 > ÿ ee e ss O PES O ) 2 E a F 7 Fe D o E pi Un: 3N NOTINLIISNI NVINOSHLINS S3T8VU8IT LIBRARIES, SMITHSONIAN 2 Æ = £ AK £ 7 Hp E ÀN = 2 7€ ZA 2 2 z Gy E É 4e E SN 2 n- ee = > 3 A = | _ tn Z tn : £Z an 4 11 LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINLILSNI S31uW _ un s 2) — un | _- Lu A us æ ui un LEE Dre sa n sx Ne cm. £Y /D = a a. œ | « %Z 7 a .< ps « : L L 6 ea. . D 2 É = _o > | il FA =) = 0 SERA ne. )N NOTINLILSNI_NVINOSHLINS _,S3 1#V#49171 LIBRARI ES, SMITHSONIMONSESS pr + Vo | Ex #4 ne en Oo (es) : =. to O LD uw PE. 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