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DE JOSEPH VAN IN & C=, rue Droite, 48. / f i>0 LA CYTODIÉRÈSE DE L'ŒUF ÉTUDE COMPARÉE DU NOYAU ET DU PROTOPLASME A l'État quiescent et a l'état cinétique (Seconde partie) La vésicule germinative et les globules polaires chez quelques NÉMATODES PAR LE CHANOINE J. B. CARNOY, PROFESSEUR DE BIOLOGIE CELLULAIRE, A l'Université catholique de Louvain. {Mémoire déposé le 15 octobre 1886.) 58 Il y a quelques mois, nous avons publié un travail assez détaillé et assez précis sur - La vésicule gcnniiiative et les globules polaires de F Ascaris viegalocephala. ^ Ce mémoire demandait à être complété. La nature est trop capricieuse, trop riche et trop prodigue de moyens, pour qu'un observateur puisse s'autoriser à tirer d'observations isolées des conclusions générales, sans tomber sous l'application de cette maxime : « La folie de l'enfant c'est de « vouloir être homme avant de le pouvoir ; la folie de l'homme est de porter - ses conclusions au delà de sa science ^ (i). En biologie, plus encore que dans les autres branches, a dit justement C. Robin, la science nait et vit de la comparaison. C'est pourquoi nous avons jugé utile, avant de clore nos recherches sur la cytodiérèse de l'œuf, d'étendre nos observations à quelques nématodes nouveaux. Tel est l'objet de cette seconde partie de notre travail. Nous avons fouillé un assez grand nombre de représentants de ce groupe, mais tous sont loin de se prêter également bien à l'étude des cinèses polaires C'est pourquoi nous devons nous contenter de passer en revue un certain nombre d'espèces, choisies comme types, parmi celles où il nous a été possible de suivre la série des phénomènes cinétiques. (i) Revue des questions scientifiques, octobre i886, p. 546. LA CYTODIÉRÈSE DE UŒUF CHE2 QUELQUES NÉMATODES. Spiroptera strumosa : PI. V, fig. lOl à i30. Commençons notre description par le nématode qui vit dans l'intestin de la taupe, la Spiroptera strumosa. I. Vésicule germinative — Œuf. La vésicule germinative se présente généralement, au centre de l'œuf, comme un noyau volumineux, ovale de forme ou sphérique au moment de la pénétration du spermatozoïde, fig. 102 et 103. On }' distingue une mem- brane, une portion plasmatique nettement réticulée et une grosse tache de Wagner, ou nucléole nucléinien, ni; nous y avons remarqué aussi, quoique rarement, un ou deux petits nucléoles plasmatiques, np, fig. 102. Le nucléole nucléinien se colore sensiblement par le vert de méthyle; tous les autres élé- ments restent incolores. Ce nucléole est formé de bâtonnets irrégulièrement placés, mais que l'on peut cependant compter sur certains œufs; ils sont au nombre de huit. Tantôt ils sont réunis en un corps unique, mais tantôt aussi ils sont séparés en deux masses contiguës, de quatre bâton- nets chacune, fig. 102; il est rare de les voir aussi distantes que dans cette figure. Séparés ou contigus, les groupes dont nous parlons constituent un nucléole unique, analogue à nos nucléoles-noyaux, car ils sont entourés, comme ces derniers, d'une membranule commune, fig. 101 C et 103, visible surtout après l'enlèvement de la nucléine par le carbonate potassique ou l'acide chlorhydrique. Les bâtonnets ont une tendance marquée à se grouper par quatre à l'intérieur du nucléole, au moment où la cinèse va commen- cer, FIG. 103 et 104. 6 J. B. CARNOY La genèse de la vésicule germinative n'est pas difficile à suivre dans la Spiroptera ; elle est d'ailleurs assez exactement calquée sur celle de V Ascaris megalocephala. La fig. lOl a pour but de mettre cette genèse en évidence. En A, on voit un très jeune œuf dont le noyau est muni d'anses nucléinien- nes, faciles à suivre sur une certaine étendue et apparemment reliées entre elles d'une manière continue. Les cinq figures B montrent la scission gra- duelle des anses en huit tronçons n\ et l'accumulation de ces derniers au centre du noyau, pour y constituer le nucléole n" , ou les deux masses séparées que nous y avons signalées n'" . Dans les deux jeunes œufs, C, la vési- cule a acquis sa constitution définitive; on y distingue en efi'et tous les élé- ments que nous venons d'y décrire, et en particulier le nucléole ni. Il serait superflu d'entrer dans de plus amples détails à ce sujet. Quant aux œufs, ils ne présentent rien de spécial. On remarquera facilement la présence d'une membrane primaire, m\ sur les œufs B et C, à l'endroit ou les réactifs en ont séparé le cytoplasme. Les granulations de cette membrane sont l'indice du réticulum délicat que nous avons représenté en m' de la fig. 102. Les œufs sont dépourvus de plaques vitellines volumineuses. II. Premier globule polaire. Les œufs ont été traités par les diverses méthodes indiquées dans le mémoire précédent (i); nous n'y reviendrons pas. Nous y avons ajouté seu- lement un nouveau procédé qui nous a paru surtout favorable à la coloration subséquente de l'élément nucléinien de la vésicule par le vert de méthyle. Il consiste à fixer les œufs dans l'alcool absolu additionné d'acide acétique glacial, dans la proportion de i partie d'acide pour 3 parties d'alcool. On opère comme avec l'alcool sulfureux. 1"^ La figure caryociuétique. Nous insisterons seulement sur les particularités que nous avons remar- quées chez la Spiroptera strumosa (2). On ne saisit aucun indice de figure avant la pénétration du spermatozoïde dans l'œuf; une fois formée, la vési- (i) La vésicule germinative, etc.. che^ l'Ascaris megalocephala, p. 17 et sqq. (2) Nous ne reviendrons pas sur les phénomènes généraux de la division : formation du fuseau et des asters, modifications du réticulum cytoplasmatique, disparition de la figure, etc.; ils ont été traités avec assez de détails dans nos deux mémoires précédents sur la Cytodiérese. LA CYTODIERIÎSE DE LŒUF 7 culc gcnninative reste au repos, et son élément nucléinien ne subit guère de changement. Les fig. 102, 103, 104, 106 montrent qu'elle se maintient dans son intégrité morphologique juscju'à l'approche du spermatozoïde iis, et le début de la cinèse; elle ne subit donc, normalement, ni ratatinement, ni déformation. Les initiales de la cinèse sont marquées sur les fig. 104 et 106. Il se fait dans le noyau un travail qui a pour premier effet de modifier les trabé- cules du réticulum plastinien et de les ordonner grossièrement suivant l'axe organique du noj-au; la membrane demeure intacte. Sur la fig. 104, le nucléole, ni, est encore à peu près stationnaire. Mais d'autres fois les bâtonnets se séparent et se répandent irrégulièrement dans le caryoplasma, ainsi que l'indique la fig. 106. Il est alors aisé de les compter; ils sont inva- riablement au nombre de huit. Avant d'aller plus loin, il importe de noter une particularité dont il sera plusieurs fois question dans ce mémoire. Déjà à ce premier début, du moins sur certains œufs, les bâtonnets nucléiniens portent en leur milieu un espace clair, comme s'ils allaient entrer en division longitudinale. La fig. 103 semble même indiquer que ce détail peut se rencontrer dans la vésicule, avant la cinèse; peut-être même y existe-t-il depuis longtemps (ij, mais les bâtonnets sont trop entassés généralement pour qu'on puisse en juger. Quoi qu'il en soit, dès le début de la cinèse, il est nettement visible, et, à partir de ce moment, il le restera jusqu'à la formation du second globule. Nous dirons, plus tard, ce qui se passe ensuite dans les bâtonnets. L'étape suivante de la cinèse est indiquée dans la fig. 105; la membrane nucléaire entre en résolution et le fuseau se dessine plus nettement dans le caryoplasma. On remarque souvent que la membrane disparait d'abord à un pôle, au pôle inférieur sur la figure précitée ; tandis qu'elle persiste à l'autre, mn de la même figure. Le fuseau et les asters suivent la même marche; la fig. 105 le montre également. En effet, à sa partie inférieure, l'aster a et le fuseau sont parfaitement constitués, mais à sa partie supérieure les réticulums nucléaire et cytoplasmatique a' n'ont encore subi qu'une trans- formation incomplète. Nous avons rencontré mainte fois la fig. 105. Nous avons signalé des phénomènes semblables chez V Ascaris megalocephala et chez les arthropodes. Bientôt cependant la membrane s'évanouit, les asters et le fuseau ac- quièrent leur plein épanouissement. (i) Mémoire précédent, fig. 3, p. ii, — ainsi que les fig. 131 et 133, Pl. V du présent travail. 8 J B. CARNOY Pendant que s'opère la résolution de la membrane, le caryoplasma de- meure beaucoup plus distinct du cytoplasme que chez l'ascaride du cheval. On ne constate pas cette fusion intime des deux plasmas que nous avons décrite et figurée dans notre travail précédent (i). Sans doute, le caiyoplasma est en libre communication avec l'enchylème cytoplasmatique, mais son réticulum reste indépendant, et l'on voit nettement que le fuseau en déiive, à peu près comme dans la caryocinèse intérieure. Le fuseau s'élabore dans le noj^au tout entier, aussi bien dans les por- tions latérales dépourvues de bâtonnets, que dans la portion centrale où gisent ces derniers; la fig. 105 est on ne peut plus démonstrative à cet égard. Ce fait incontestable prouve une fois de plus que les filaments du fuseau sont totalement indépendants des éléments nucléiniens, opinion que nous avons cherché à établir dans nos travaux antérieurs. Vu en coupe équatoriale, le fuseau est plus sphéricjue que celui de l'as- caride du cheval ; il est cependant assez souvent un peu lenticulaire. Il est droit et régulier, ou concavo-convexe fig. 112. Son diamètre équatorial, dans les figures bien développées, est assez considérable; vu à plat ou de profil, comme dans les fig. 107 à 113, le fuseau a sensiblement la forme d'un lo- sange, à cause de sa grande ouverture à l'équatcur. Avec le temps, si pas originairement, le fuseau est formé de deux moitiés symétriques, fig. 108 à 111; mais il reste toujours incomparablement moins ouvert que celui de YAscaris megalocephala. Chacune de ses moitiés porte toujours quatre bâtonnets. Cependant l'élément nucléinien est loin de se comporter durant la cinèse comme celui de l'ascaride du cheval. Chez ce dernier, les deux taches de Wagner restent entièrement stationnaires; elles ne se défont pas, elles se trouvent, dès le début, et telles qu'elles étaient auparavant, à l'équa- teur du fuseau. Il n'en est pas ainsi chez la Spiroptera stvumosa. Le nucléole se disloque et les huit bâtonnets se répandent dans le caryoplasma, comme cela se voit, dans la cinèse ordinaire, après la scission de la forme pelotonnée. Mais il y a des degrés dans leur dissociation. Tantôt ils s'éloignent peu de leur emplacement primitif, et l'on reconnaît générale- ment encore les deux groupes de quatre bâtonnets, fig. 105; cette figure est assez fréquente. Mais la fig. 106 ne l'est pas moins. Ici les huits bâton- nets sont éparpillés sans ordre apparent dans tout le noyau. Nous disons (i) Voir les fig. 10 à 15, 23 à 25, Pl. I, et p. 21 du texte. LA CVTODIERESE DE LŒUF sans ordre apparent, car, le plus souvent, tout indice de groupement quaternaire a disparu. Néanmoins, nous ne voudrions pas affirmer que les bâtonnets de chaque groupe primitif ne finissent pas par se rassembler sur un demi-fuseau; la fig. 106, que nous avons reproduite à dessein, semble au contraire indiquer qu'il en est ainsi, car on y distingue quatre bâtonnets dans chacune des moitiés, gauche et droite, du noyau : indice de la dualité originelle du fuseau qui commence à peine à s'élaborer. L'étape suivante est marquée par la fig. 107; le fuseau et les asters étant achevés, les bâtonnets commencent à se porter vers l'équateur ; les deux groupes qua- ternaires y sont distincts ; ils le sont beaucoup moins sur d'autres figures. Remarquons, en passant, que chaque bâtonnet est marqué d'une ligne blan- che longitudinale. Après s'être rassemblés à l'équateur, les bâtonnets s'ordonnent en cou- ronne véritable, fig. 108 et 111. Le plus souvent cette couronne est binaire, comme le fuseau lui-même. Les bâtonnets des figures précitées sont droits et parallèlement rangés; parfois ils sont irrégulièrement courbés, ou la cou- ronne manque également de régularité. Bref, il y a chez la Spiroptera strit- viosa une couronne équatoriale, et cette couronne, à part la dualité qu'elle présente, se forme exactement comme dans la cinèse ordinaire. Pendant que ces phénomènes s'exécutent, ici un peu plus tôt, là un peu plus tard, la figure se porte vers un pôle de l'œuf. En comparant un grand nombre de figures à divers stades et dans diverses positions, on arrive à cette conclusion que, généralement, la figure ne suit pas la ligne droite dans sa marche ascendante; son axe s'infléchit vers un côté de l'œuf, et elle arrive ainsi au pôle dans une position oblique, fig. 109 et 110. Là elle conserve cette position, fig. 114 et 116; ou bien elle devient sensiblement droite, FIG. 113; ou, enfin, elle continue à s'infléchir pour se placer perpendiculaire- ment à l'axe de l'œuf, fig. m et 112. On peut donc affirmer qu'elle occupe indifféremment toutes les positions par rapport à l'axe organique de l'œuf. Il est une circonstance qui permet de déterminer sûrement la position finale de la figure dans la Spiroptera : nous voulons parler de la facilité avec la- quelle on peut saisir les commencements de sa dislocation au sommet de l'œuf, car, une fois cette dislocation commencée, la position de la figure ne change plus. C'est pourquoi nous avons choisi comme exemples des figures en voie de disparition : fig. 110, 113 à 116. Nous allons revenir sur ce sujet. Après avoir persisté un certain temps, les couronnes équatoriales se défont. Les FIG. 109, llO, 113 donnent une idée de la dislocation immédiate 59 10 J. B. CARNOY de la couronne. Dans la fig. 110, l'un des groupes s'est jeté de côté en éparpillant ses éléments; l'autre est encore presque intact. Sur les deux autres figures, les bâtonnets des deux groupes se sont portés de côté et d'autre de la ligne équatoriale, en reprenant l'aspect qu'ils présentaient à l'étape an- térieure à celle de la couronne fig. 107. C'est à ces mouvements de dépla- cement que se borne le phénomène. Dans aucun cas on n'observe le retour des éléments vers les pôles de la figure ; il n'y a donc point de couronnes polaires proprement dites. La division, soit longitudinale, soit transversale des bâtonnets ne s'observe pas davantage au sein de la couronne équatoiiale. En même temps la figure toute entière s'atténue et disparaît graduel- lement. Sous beaucoup de rapports les détails de cette disparition peuvent se suivre plus aisément que sur les œufs de l'Ascaris niegalocephala, parce que le fuseau ne s'ouvre ni ne se brise; les figures restent intactes au sein du cytoplasme. C'est ce qui fait également que l'on peut déterminer leur orientation précise, ainsi que nous l'avons dit plus haut, au moment où elles retournent à l'état quiescent. Les divers types de ce retour sont marqués dans les fig. llO, lll, 113 à 116. Dans la fig. 110 les filaments s'atténuent d'abord à l'équateur du fuseau ; en même temps les granules du cytoplasme y font irruption. Dans la fig. 113, où le fuseau est parallèle à l'axe ovulaire, la figure commence à s'effacer au pôle supérieur; l'aster y a déjà totalement disparu et les granules envahissent le sommet du fuseau. La dislocation est plus avancée sur les fig. 114 et 116. Elle y a débuté également au sommet de la figure, légèrement inclinée; le fuseau y a presque entièrement disparu ; il ne reste plus que l'aster inférieur qui a conservé toute sa puissance. Enfin, dans les fig. 115 et 117, la figure est revenue à l'état de repos; tous les bâtonnets, n', sont groupés à l'un des som- mets de l'œuf, à peu près comme ils l'étaient dans la vésicule elle-même. Considérons maintenant les fig. lll et 112, qui ont un fuseau per- pendiculaire à l'axe de l'œuf. Jusqu'ici, elles sont intactes. Mais déjà, sur la FIG. 112, les granules ont envahi les asters, et ils ne tarderont pas à s'insinuer dans le fuseau; l'œuf finera bientôt par prendre l'aspect de la FIG. 115. Au contraire, dans la fig. 111, les asters, quoique modifiés dans leur forme, ont, pour ainsi dire, acquis une nouvelle puissance. Leurs rayons descendent parallèlement dans l'œuf et vont s'anastomoser avec ceux du grand aster inférieur, ap, dont nous allons parler. Dans ce cas, le fuseau seul disparaît. Les deux asters se rapprochent, à mesure, des groupes nu- cléiniens et l'image de l'œuf devient identique à celle de la fig. 117, c'est-à- LA CYTODIERESE DE LŒUF 11 dire que les bâtonnets, groupés comme ceux de la vésicule de la fig. 104, se trouvent au centre d'un immense aster. L'aspect de la fig. 117 peut, du reste, se produire d'une autre façon. Nous avons dit que, dans les fig. 113, 114 et 116, l'aster inférieur de la figure cinéticpie s'était maintenu dans toute sa force. Or cet aster, à mesure que le fuseau disparait, semble progresser vers le groupe nucléi- nien, et bientôt ce dernier se trouve au centre de rayons puissants, sem- blables à ceux de l'aster polaire inférieur, ap. On obtient donc ainsi égale- ment la FIG. 117; mais, dans ce cas, l'aster polaire supérieur dérive d'un seul des asters cinétiques, et non de la fusion des deux. Nous venons de mentionner les grands asters polaires : ap, dans nos FIG. 104, 105, 107 à 109, 111, 117, etc.; le moment est venu d'en dire quelques mots. Ces asters sont indépendants des asters ordinaires de la figure caryo- cinétique; les fig. 108 et 109, etc. le prouvent suffisamment. Ils apparaissent toujours, comme on le voit, au pôle de l'œuf, opposé à celui vers lequel se dirigera la figure avec les bâtonnets qu'elle entraîne. Ils naissent très tôt, au moment où l'œuf entre en mouvement pour la cinèse, fig. 104 et 105; mais ils s'accentuent jusqu'à la disparition delà figure. A l'aspect de la fig. 117, que l'on rencontre très fréquemment, nous avions cru un instant que ces sortes d'asters naissaient à la fois aux deux pôles de l'œuf. Cepen- dant, malgré nos recherches, nous n'avons pas trouvé d'asters bien nets au pôle supérieur, avant l'arrivée de la figure; en règle générale, ils ne s'y forment pas. Nous avons décrit plus haut la manière dont il faut concevoir leur singulière genèse. Quoi qu'il en soit, ces asters singuliers représentent les asters surnu- méraires de divers ordres, que nous avons décrits chez V Ascaris megaloce- phala. De même que chez ce dernier, ils intéressent le cytoplasme dans son ensemble, et ils se développent aux dépens de la portion de son réticulum plastinien, laissée en dehors de la figure cinétique. Seulement, dans la Spiroptera, il n'y a que deux centres de rayonnement; tandis que chez V Ascaris il y en a un très grand nombre, aussi les asters y sont-ils ténus. Ces différences tiennent sans doute à la constitution intime du réticulum lui-même, dont les caractères doivent vraisemblablement varier suivant les espèces. Il est une autre particularité qui montre combien la cinèse influe sur la cellule elle-même; ce sont les modifications qui se succèdent à l'intérieur 12 J- B. CARNOY de la masse plasmatique. Le lecteur peut se les représenter en parcourant des yeux les fig. 102, 103 et 106, d'une part, et les fig. 107 à 118 de l'autre. Les premières reproduisent l'aspect des œufs à l'état de repos, avant la cinèse; le protoplasme y est grossièrement granuleux, sans être chargé d'enclaves volumineuses, comme chez plusieurs autres nématodes; les plaques vitellines proprement dites y font en effet défaut. Au début de la cinèse, le cytoplasme s'éclaircit au centre, à l'entour de la figure cinétique, fig. 105 et lOS; il devient bientôt finement granuleux et transparent, fig. 107. Plus tard, les granules grossiers reparaissent à l'équateur de l'œuf, d'abord sous la forme d'une zone mince et linéaire FIG. 109, mais qui s'étend ensuite de chaque, côté, fig. 113, 111 et 117, pour se répandre jusqu'au voisinage des pôles, fig. 110. On peut voir en com- parant les étapes représentées par ces figures, que ce changement a lieu, tantôt plus tôt, tantôt plus tard. Alors le phénomène reprend sa marche inverse. L'œuf s'éclaircit de nouveau à l'équateur, fig. 114. La plage hyaline gagne ensuite de proche en proche jusqu'aux pôles; dans ces deux régions seule- ment on trouve encore des granules plus volumineux, en même temps que des vacuoles, fig. 115. Cette figure est très constante. C'est habituellement alors que les asters polaires s'évanouissent. Cependant ils persistent parfois beaucoup plus longtemps. Ainsi on les voit dans la fig. 117, où le premier globule va se former; ils existent encore après la sortie de ce dernier, sur la fig. 122, et même après la formation du second, sur la fig. 127; mais ce sont là des exceptions. Enfin les vacuoles polaires et les granules interposés disparaissent à leur tour et font place à de fines granulations; l'œuf présente alors l'aspact homogène et uniforme qu'il conservera, durant les étapes suivantes, jusqu'à la segmentation et la formation de l'embryon, fig. 118 et suivantes. On le voit, rien de plus curieux que ces transformations et ces mouvements incessants duréticulum et de l'enchylème ovulaircs. 2° Formation et expulsion du premier globule polaire. Nous avons vu plus haut comment les figures cinétiques disparaissaient au sommet de l'œuf, et comment le noyau et le protoplasme repassaient à l'état de repos. Après l'évanouissement du fuseau et des asters, ou de l'aster supérieur seulement, les bâtonnets demeurent directement plongés dans le cytoplasme cellulaire. Leur groupement varie. Tantôt ils forment une masse irrégulière, fig. 114 à 116; ailleurs ils sont distribués en deux groupes distincts, quoique LA CVTODIÉRÈSE DE LŒUF 13 contigus; enfin, plus fréquemment encore, ils s'ordonnent sous la forme de deux croissants, placés pointes à pointes et formant, dans leur ensemble, un cercle de huit bâtonnets; la fig. 117 se rencontre en effet très communément à ce stade. Elle reproduit, il est bon de le faire remarquer, l'aspect de la tache de Wagner, avant la cinèse. Peu à peu, le groupe des bâtonnets s'avance vers la périphérie, jusqu'à la membrane ovulaire. On constate assez souvent que les bâtonnets, toujours au nombre de huit, sont traversés dans le sens de leur longueur, par une ligne blanche, comme aux étapes antérieures, fig. 114. A ce moment ils s'ordonnent en deux groupes distincts, mais voisins l'un de l'autre. Bientôt l'œuf se bombe; le groupe extérieur suit ce mouvement, en s'éloignant de plus en plus de l'intérieur. Ils sont reliés entre eux par un faisceau de filaments, d'une grande ténuité, comme on peut le voir sur la fig. 118, et qui constitue notre fuseau de sépara- tion (i). Parfois ce fuseau reste très court. Mais souvent aussi il s'allonge considérablement, en étirant la protubérance de l'œuf; nous avons vu de ces protubérances qui étaient doubles en longueur de celle de la fig. 118. Or, il y a toujours quatre bâtonnets primitifs dans chacun des deux groupes; jamais, dans cette espèce, les bâtonnets ne subissent de division, ni transversale, ni longitudinale, malgré les indices marqués de cette dernière. Ce fait est certain. Nous avons vu à plusieurs reprises dans le futur globule polaire, quatre bâtonnets portant la ligne longitudinale claire, tant de fois mentionnée, et même plus tard encore après la séparation du globule, ainsi qu'on le voit nettement sur la fig. 125,^'. D'ailleurs il ne reste, dans tous les cas, que quatre bâtonnets dans l'œuf, fig. 118, 121 à 123; s'ils avaient subi une division quelconque, il y en aurait nécessaire- ment huit. Le mode de séparation du premier globule est indiqué sur les fig. 118 et 119. La première de ces figures est fréquente. Au milieu du fuseau de séparation, on voit se marquer, au niveau de la surface extérieure de l'œuf une ligne granuleuse, p, d'une extrême délicatesse ; cette ligne s'accentue en même temps que la portion sous-jacente devient granuleuse, comme le contenu ovulaire. Le globule s'isole et se détache par le clivage de cette plaque. La FIG. 119 est des plus instructives. Cette figure n'est pas com- mune; cependant nous l'avons rencontrée au moins une trentaine de fois. Le globule ^' renferme une masse considérable de protoplasme. (i) Voir mémoire précédent, p. 35 et suivantes. 14 J. B. CARNOY A voir la figure, on dirait que la séparation de cette cellule polaire est accompagnée d'un étranglement assez profond. Cependant il n'en est pas ainsi. Une plaque ponctuée, traverse le cytoplasme de part en part, ainsi que nous avons pu nous en assurer plusieurs fois sur d'autres œufs. L'étranglement apparent est le simple résultat du dédoublement de la plaque; ce clivage est d'ailleurs nettement marqué sur la fig. 119. La cel- lule g' sera de plus en plus refoulée contre la membrane de l'œuf, et y restera visible encore pendant bien longtemps. Si l'on n'y prenait garde, on confon- drait ces œufs avec ceux qui sont en voie de subir la segmentation inégale, à la suite de la fécondation, fig. 253 et 254, Pl. VIII. Mais les détails de l'intérieur de l'œuf : g-, n'\ ns montrent que l'on a sous les yeux la formation d'un véritable globule. De pareils faits prouvent à l'évidence que le globule polaire a la valeur d'une cellule, et qu'il naît par voie de segmentation ordinaire (i). Nous mentionnerons plus loin d'autres exemples semblables. m. Second globule polaire. La formation du second globule polaire chez la Spiroptera nous a d'abord embarrassé. Sur un grand nombre d'œufs, nous ne trouvions pas de second globule; en outre, toutes nos recherches, pour découvrir la seconde figure cinétique, étaient vaines. Voici comment les choses se passent. Après l'expulsion du premier globule, il reste dans l'œuf quatre des bâtonnets primitifs, dans l'état où ils étaient auparavant; ils ont le même aspect et le même volume, seulement il est plus facile d'y voir la ligne hyaline médiane, fig. 118, 121 à 123. Ces bâtonnets sont habituellement situés près du pôle, FIG. 118 et 123, cependant il n'est pas rare de les rencontrer assez loin dans le cytoplasme ovulaire, fig. 121 et 122. Lorsque les asters polaires persistent jusqu'à ce stade, ce qui est assez rare, avons-nous dit, on trouve parfois les quatre bâtonnets au centre de l'aster supérieur; la fig. 122 en fournit un exemple remarquable. En commençant, les éléments nucléiniens sont assez souvent rapprochés, mais il ne tardent pas à se distribuer en deux groupes binaires ; comme cela se voit sur les figures précédentes. Jamais ils ne se reconstituent, après la cinèse, en noyau nouveau, par l'adjonction d'une membrane; ils demeurent directement plongés dans le cyto- plasme : //'-, sur les fig. 118, 122 et 123. Cependant ce dernier ne tarde pas à (i) Mémoire précédent, p. 40. LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 15 s'éclaircir autour du groupe ;?■; mais, d'après nos observations, la seconde figure cinétique se forme rarement; nous avons reproduit dans la fig. 124 la seule figure réussie que nous ayons rencontrée, et cependant nous avons sacrifié un très grand nombre de spiroptères. Çà et là, nous avons vu un semblant de striation dans le cytoplasme environnant; mais rien de net. Le second globule ne serait donc pas, en règle générale, précédé d'une figure cinétique. Ce détail ne nous paraît pas d'une grande importance, car nous savons que la figure se détruit avant la formation du globule, et que les bâtonnets reviennent alors à leur état antérieur. Considérons les groupes ;?- de nos figures. L'auréole, dont ils s'en- tourent tout d'abord, gagne du terrain. Lorsque les deux groupes binaires sont rapprochés, fig. I21, cette auréole est commune. Mais le plus souvent chacun d'eux s'entoure d'une auréole propre et, alors, il arrive toujours que l'une est beaucoup plus petite que l'autre, fig. 119, 120 et 127. Chaque groupe s'entoure finalement d'une membranule, à la périphérie de l'auréole. Deux noyaux complets sont ainsi formés, ainsi que le montre les fig. 119, 120, 127 et 128. Le petit est le second globule polaire g^; le grand, le noyau définitif de l'œuf n". Ils ont chacun deux bâtonnets; mais ceux du petit noyau se colorent beaucoup plus vivement, et prennent, surtout un peu plus tard, la teinte foncée, caractéristique des globules polaires, sous l'in- fluence du vert de méthyle. Alors deux cas peuvent se présenter : le globule est expulsé, fig. 125 et 126; ou bien il reste définitivement dans l'œuf, fig. 128, 129 et 130. Ce dernier cas nous parait être le plus fréquent. Sur vingt-cinq œufs qui se trouvaient côte à côte, dans un tronçon d'ovaire, au stade des fig. 128 et 129 ou à un stade plus avancé, nous avons constaté sur dix-huit la présence du globule à l'intérieur de l'œuf. Ce corps est aisé à reconnaître : sa petitesse, sa forme sphérique, ses deux bâtonnets souvent encore visibles, et par dessus tout la coloration très intense qu'il prend avec le vert de méthyle, sont ses carac- tères constants. Il persiste très longtemps sans se détruire; nous l'avons retrouvé plusieurs fois, avec toutes ses propriétés, à côté de la figure de seg- mentation, et même dans l'une ou l'autre des jeunes cellules embryonnaires. Quant à sa position, elle est fort variable. Assez souvent il se trouve au sommet du noyau femelle, fig. 130; souvent aussi il se trouve sur le côté, entre les deux noyaux, fig. 129; enfin il n'est pas rare de le rencontrer au pôle supérieur, fig. 119, voire même au pôle opposé. Il est comme frappé d'ar- rêt au sein du protoplasme; pendant que le noyau n'' se développe et grandit l6 J. B. CARNOY à côté de lui, il reste tout à fait stationnaire. Disons seulement, pour ache- ver son histoire, que ses deux bâtonnets subissent parfois, au début, la divi- sion longitudinale dont il sera question plus loin ; on voit en effet quatre bâtonnets dans le globule g^ de la fig. 120. On pourrait se demander pourquoi le globule, tantôt sort, et tantôt ne sort pas. Il est sans doute expulsé lorsqu'il se trouve près de la surface de l'œuf et que d'ailleurs il est tout à fait indépendant de son voisin. Ces conditions étaient vraisemblablement réalisées dans la fig. 125; il semble même que le globule ^ en est sorti, comme d'habitude, avant de s'être entouré d'une membrane, car le noyau n' n'en a pas encore. Lorsqu'il naît à l'intérieur de l'œuf, ou lorsqu'il est comme collé au noyau femelle, fig. 128, on conçoit que son expulsion soit rendue très difficile. IV. Élaboration des noyaux de conjugaison. En étudiant la formation des globules polaires chez la spiroptère, nous avons constaté un phénomène qui nous a paru offrir le plus vif intérêt scientifique : les deux bâtonnets du no3-au ovulaire, //"', et les quatre bâ- tonnets du noyau spermatique, ns, subissent la division longitudinale. Ce fait nous a engagé à esquisser brièvement l'élaboration des deux noyaux au sein de l'œuf, avant leur conjugaison 1° Noyau femelle ou ovulaire. Nous savons comment ce noyau s'élabore. Des huit bâtonnets primitifs, renfermés dans la vésicule germinative, six sont expulsés : quatre avec le premier globule ; deux avec le second. Il en reste donc deux dans l'œuf. Or ces deux bâtonnets privilégiés s'entourent immédiatement d'une mem- brane en enrobant une portion du cytoplasme ovulaire, dans laquelle on retrouve ses deux éléments constituants, le réticulum plastinien et l'enchy- lème hyalin, fig. 119, 120, 126 à 128. Le caryoplasma du noyau définitif de l'œuf est donc réticulé, et il est indépendant de l'élément nucléinien, dès sa première origine. A peine le noyau est-il élaboré, que les deux bâton- nets entrent en division longitudinale. Ce fait est certain. Ils portaient depuis longtemps des indices de cette division. Nous avons en effet mentionné l'ap- parition, au milieu du bâtonnet, d'une ligne hyaline non colorable par le vert de méthyle, dès avant la première cinése, au sein même de la vésicule, fig. 103. Nous avons retrouvé cette particularité durant tous les stades ultérieurs de la formation des globules polaires : témoins les fig. 107, 114, 121 à 123; 17 jamais cependant la division ne s'est réalisée. Nous avons donc eu raison d'af- firmer (i) que de tels indices peuvent se manifester dans un noyau au repos, et qu'ils ne sont pas par eux-mêmes des signes certains de division prochaine. Voici, en effet, des bâtonnets qui consei^vent ces indices depuis la vésicule jusqu'à la formation complète du noyau de l'œuf, et ils traversent deux cinèses successives sans se diviser le moins du monde. C'est seulement au sein du noyau reformé et, par conséquent, peut-on dire, en dehors de toute cinèse, que cette division s'effectue. Nous disons en dehors de toute cinèse, dans un noyau au repos; car tout le monde admet que la cinèse est achevée lorsque les nouveaux noyaux sont pourvus de leur membrane. S'il pouvait rester quelque doute à cet égard, qu'on veuille bien se reporter à ce que nous allons dire du noyau spermatique; celui-ci n'est pas entré en cinèse au sein de l'œuf, ni même depuis la formation du spermatozoïde, et il n'y entrera pas de sitôt. Comme le noyau ovulaire, il devra en effet subir une série de transformations, et passer par la forme pelotonnée avant de subir ce phénomène (2). Quant au mécanisme de la division, il est très simple; les bâtonnets s'étranglent et se coupent suivant la ligne hyaline qu'ils portaient, fig. IIO,/?"', etc. Après leur isolement, les nouveaux bâtonnets ne tardent pas à se séparer et à se répandre dans le caiyoplasma, ainsi que cela se voit sur les fig. 120, 126 à 128, 7^. Il est difficile de constater ce qui se passe ensuite dans le noyau ovulaire. En effet, à partir de ce moment, les éléments nucléiniens se colorent beaucoup plus difficilement par le vert de méthyle; il n'est donc pas aisé de découvrir les bâtonnets â travers le cytoplasma, au sein du caiyoplasma réticulé. A cinq ou six reprises, nous avons pu constater l'existence d'une nouvelle division longitudinale, fig. 128, ;?^; il y aurait donc primitivement huit bâtonnets dans le noyau femelle. Ces bâtonnets s'allongent ensuite en se courbant et en perdant de plus en plus de leur régularité; on rencontre en effet constamment, à ce premier stade, la fig. 129,»', qui a été copiée exactement. Ces mouvements de l'élément nucléinien se conti- nuent ; les anses se multiplient et s'accentuent, et bientôt le noyau n'' présente l'aspect qu'il possède dans la fig. 130. Ce stade pi-écède immé- (1) La Cytodiérèse che:{ les arthropodes, p. 201. (2) Nous ne nions pas, loin de là, la possibilité de rencontrer la division longitudinale pendant les cinèses polaires chez d'autres animaux. Le lecteur saura tout à l'heure ce qui se passe chez certains nématodes. 60 18 J. B CARNOY diatement la conjugaison; le noyau se colore encore difficilement par le vert de méthyle; il nese colorera d'une manière sensible qu'un peu plus tard, ainsi qu'il sera dit plus loin. Il résulte de cette description que l'élément nucléinien, ou la nucléine, à aucun stade, ne se dissout ni ne se répand en granules isolés dans le caryo- plasma. Même lorsqu'il ne se colore plus par le vert de méthyle, on aperçoit aisément, à l'intérieur du noj-au, des anses ou des tronçons très réfringents. A toutes les périodes, on recueille des images identiques à celles de nos deux FiG. 129 et 130. L'élément nucléinien, qu'il soit continu ou divisé en tronçons, présente donc toujours une forme figurée, et se maintient rigou- reusement sous cette forme, après l'expulsion des globules polaires, jusqu'à la conjugaison. Le travail qui s'opère dans le noyau, après la division longitudinale de ses bâtonnets primitifs, consiste uniquement dans l'élabora- tion d'un filament, d'un réticulum chromatique si l'on veut, à l'aide des quatre ou des huit bâtonnets qui résultent de cette division, c'est-â-dire que ce travail est identique à celui qui suit toute division cinétique, et qui se fait pendant la reconstitution des noyaux nouveaux. Nous avons insisté longuement sur ce dernier point dans un travail antérieur (i). 2° Noyau mâle ou spermatique. L'évolution du noyau mâle, à l'intérieur de l'œuf, suit exactement celle du noyau femelle, après l'expulsion du second globule polaire. Chez la spiroptère, le noyau spermatique, alors qu'il est encore attaché au sperma- tozo'ide, renferme quatre bâtonnets de nucléine; ces bâtonnets sont très visibles et très distincts. Le noyau est d'abord petit, comme dans tous les nématodes, fig. 102, 108, 109, etc., ns. Mais il se développe bientôt, et grandit progressivement. Au début, la membrane quoique distincte est, pour ainsi dire, collée su-r les bâtonnets; au sein de l'œuf, il se nourrit, son caryoplasma s'enrichit, et sa membrane se dilate, fig. 104, 107, 110 et 111. Pendant ces changements les quatre bâtonnets demeurent toujours séparés; ils ne subissent d'ailleurs aucun mouvement apparent. Cependant ils se marquent, â peu près vers cette époque, d'une ligne hyaline semblable â celle des bâtonnets de la vésicule, ou de la première figure cinétique. Ce phénomène a lieu, ici un peu plus tôt, là un peu plus tard, ainsi qu'on peut en juger par les divers stades des fig. 105 à 116. Ainsi, sur les fig. 115 (i) La Cytodiérise chc^ les arthropodes, p. 35o, etc.. LA CYTODIERESE DE LŒUF I9 et 116, dans lesquelles la première cinèse est terminée, le noyau sperma- tiquc, ns, est encore peu développe et ses bâtonnets sont restés homogènes ; tandis que dans les fig. 107 et 111, qui sont beaucoup moins avancées, les bâtonnets portent déjà des indices non équivoques de division longi- tudinale. Quoi qu'il en soit, vers la fin de la première cinèse, le no3^au prend de l'extension; son caryoplasma augmente et présente une structure nettement réticulée, fig. 107, 117, 118 et 120, ns. Notons en passant que le réticulum caryoplasmatique ne peut provenir des bâtonnets, soit par étiremcnt soit autrement ; car ils sont stationnaires ; le réticulum se développe à mesure que le noyau se nourrit par osmose aux dépens du proto- plasme ovulaire. Le moment est venu pour les bâtonnets de se séparer en deux moitiés. Ce phénomène s'effectue comme dans le noyau femelle; on en a reproduit les divers stades dans les fig. 118, 120, 121, 122 et 127. Une fois divisés, les bâtonnets se répandent dans le caryoplasma, fig. 121, 122 et 127. Le noyau grandit toujours, et son réticulum plastinien s'accentue, fig. 127. A ce moment, il y a donc huit bâtonnets distincts dans le noyau spermatique. La transformation des bâtonnets en réticulum, ou en filament continu, se fait exactement de la même manière que dans le noyau femelle. Les bâtonnets s'allongent, fig. 119 et 126, ils se courbent en formant de nouvelles anses irrégulières fig, 128 et 129, et ils prennent insensiblement l'aspect du noyau mûr pour la fécondation, 7is, fig. 130. Entretemps les deux noyaux viennent se placer l'un près de l'autre au centre de l'œuf. Habituellement le noyau mâle est en bas. Les fig. 129 et 130 rendent très bien la disposition typique des noyaux dans la majorité des œufs. On remarquera que le noyau ovulaire est plus petit que le noyau spermatique; il en est souvent ainsi, même au moment de leur fusion. Les œufs de la spiroptère fournissent un moyen facile de reconaître dans beau- coup de cas le noyau femelle; en effet, nous avons dit que le globule polaire lui demeurait assez souvent attaché. 20 J- B. CARNOY II. Nématode du Scyllium canicula(i) : PI. VI. fig. 134 à 172. Nous avons trouvé ce nématode dans l'estomac du Scyllium canicula (la roussette). L'étude des phénomènes qui accompagnent la formation de ses globules polaires nous a paru assez intéressante pour nous y arrêter quelques instants. I. Vésicule germinative. — Œuf. Comme dans l'espèce précédente, les œufs très jeunes possèdent un noyau ordinaire. Le filament nucléinien y est assez puissant, il parait con- tinu, FIG. 134 A. Cet état du boyau est de courte durée; bientôt, en effet, il se ramasse au centre du noyau, fig. l34:B,ni. Nous n'avons pu voir s'il se scindait d'abord en tronçons ; nous croyons plutôt qu'il se localise par le retrait de ses anses, pour constituer un nucléole nucléinien pelotonné. Ainsi nait la tache de Wagner. Elle est toujours simple; elle se colore peu par le vert de méthyle. Après la formation du nucléole, le caryoplasma est nette- ment réticulé. Cette structure s'y accentue, à mesure que l'œuf se développe; on peut s'en convaincre par les fig. 134C et 135, rn. Nous n'avons jamais vu de nucléole plasmatique dans ces noyaux, à aucune époque de leur développement. Le protoplasme ovulaire ne présente rien de remarquable. On y voit un réticulum à mailles assez larges, irrégulières et remplies de granules plus ou moins volumineux; les plaques vitellines proprement dites y font défaut, comme chez la spiroptère, fig. 135 et 137. Notons cependant une particularité. Lorsque l'œuf a atteint une cer- taine dimension, qui n'est jamais considérable, on voit se former, dans le voisinage du noyau, une auréole claire, fig. 134 à 137. Cette auréole est traversée par des trabécules rayonnant du noyau vers le restant du protoplasme de l'œuf, et formant un réticulum grossier. Les trabécules sont d'abord en continuation directe avec celles du cytoplasme; cependant une membrane assez irrégidière, quoique d'une grande netteté, se dessine bientôt à la limite de l'auréole, qui est ainsi séparée de la portion périphé- rique de l'œuf, fig. 134 à 137. Dès ce moment, ce dernier ne subit plus de modification jusqu'à l'entrée du spermatozoïde. (i) Ce nématode est vraisemblablement celui qui est désigné sous le nom de Coroiiilla scillicola, ou robusta, par P. J. Van Beneden (Les poissons des côtes de Belgique, leurs commensaux et leurs parasites); Mém. de l'Ac, t. XXXVIII, 1870, p. 3 et 18, PL. III, fig. 2 à 7. LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 21 Quant au noyau, un changement s'y manifeste vers l'époque de la pénétration, de l'élément spermatique : la tache de Wagner disparait comme telle. Sur certaines préparations, où l'on réussit à colorer le no3'au par le vert de méthyle, on constate que l'élément nucléinien s'est distendu et a envahi tout le caiyoplasma, fig. 136, n'. Il y forme un mince filament difficile à distinguer et à suivre au milieu des trabécules du caryoplasma; la vésicule a donc, pour ainsi dire, fait retour à son état primitif, seulement le filament nucléinien y est plus irrégulier et, surtout, beaucoup moins sensible au vert de méthyle. II Premier globule polaire. On peut admettre que le changement dont il vient d'être question corres- pond à la forme pelotonnée de la cinèse ordinaire. En effet, bientôt le fila- ment se colore davantage et la nucléinc semble s'y accumuler à certains endroits, fig. 137, sous la forme de masses filamenteuses irrégulières et en apparence indépendantes. Assez nombreuses au début, elles se réunissent et se fusionnent peu à peu, jusqu'à se réduire au nombre de huit, chiffre constant. Ces tronçons verts se détachent alors nettement sur le caryoplasma réticulé, fig. 138. Ils constituent les huit bâtonnets définitifs qui vont entrer en cinèse, et qui persisteront pendant bien longtemps sans se modifier sensiblement. 1° Formation de la première figure cinétique. L'élaboration de la première figure cinétique est soumise à des varia- tions remarquables; en effet, tantôt elle se forme à la façon ordinaire, tantôt elle reste intérieure ou imparfaite, pendant un temps plus ou moins long. A parler d'une manière très générale, le premier phénomène qui se mani- feste, à part la scission en huit bâtonnets, consiste dans la résolution de la seconde membrane, c'est-â-dire de la membrane auréolaire. Elle s'efface peu à peu, FIG. 137, et les deux cytoplasmes rentrent en communication ouverte, comme à l'origine. Mais alors on constate deux particularités. Tantôt les granules extérieurs se précipitent vers le noyau; en même temps, le réticulum de l'auréole se transforme et ne forme plus qu'un tout homogène avec le réti- culum périphérique. Cette transformation progressive est indiquée par les FIG. 137 et 138; dans cette dernière figure, elle est complète, et le noyau est, comme d'habitude, plongé directement dans le cytoplasme ordinaire. 22 J- B. CARNOY Mais ailleurs, l'aspect primitif de l'auréole se maintient au centre de l'œuf, malgré l'absence de membrane, sous la forme d'une plage hyaline et réticu- lée, qui contraste avec le cytoplasme granuleux qui l'entoure, fig. 139 et 140. Assez souvent, ces plages persistent longtemps, avec tous leurs carac- tères : témoins les fig. 144 et 148 , et il n'est pas rare d'en trouver encore des traces sensibles, lors de l'expulsion du second globule, fig. 156 et 159. Lorsque la cinèse est complète, tous les phénomènes s'exécutent et se succèdent, comme chez la Spiroptera striimosa. La membrane nucléaire dis- paraît. En même temps, les bâtonnets éparpillés de la fig. 138 se portent vers le centre du noyau, où ils s'ordonnent en deux groupes latéraux, et le fuseau apparaît, fig. 14l. Celui-ci est binaire, dès l'origine; il est habituel- lement mince et de forme concavo-convexe. Les asters sont peu développés. On trouve néanmoins des fuseaux plus élargis et des asters plus étendus, comme ceux de la fig. 142, par exemple. Les bâtonnets d'abord éparpillés, fig. 141, se rangent peu à peu en série parallèle à l'équateur du fuseau, fig. 142 et 143. Ils sont souvent allongés et comme amincis dans le sens du grand diamètre du fuseau. Ces sortes de figures se forment générale- ment au centre de l'œuf; puis s'élèvent vers le pôle supérieur, où elles se placent dans le sens perpendiculaire à l'axe polaire, fig. 143; mais il y a des exceptions à cette règle. Nous avons dit que la cinèse peut être imparfaite. La figure se forme alors à l'intérieur du noyau, dont la membrane se maintient intégralement, fig. 139. Ces sortes de cinèse ne sont pas rares, surtout chez certains indi- vidus; nous en avons compté jusqu'à six dans le champ du microscope. Habituellement l'auréole persiste à l'entour de semblables noyaux, fig. 139. La membrane nucléaire peut ensuite disparaître au centre de l'œuf. Mais on rencontre assez souvent des noyaux avec des figures intérieures qui s'élèvent et se dirigent vers le pôle ovulaire; la fig. 144 en fournit un bel exemple. Parfois aussi la membrane se résout en chemin, fig. 140; on voit, en effet, sur cette figure, que la membrane du noyau entre en résolution au pôle supérieur, tandis qu'elle est encore intacte sur tout le restant du pourtour du noyau. On ne peut conserver le moindre doute sur la persistance de la membrane nucléaire dans ces figures, car cette membrane est ponctuée, épaisse et à double contour, et rien dans l'œuf n'empêche de l'observer. Ces figures intérieures sont encore intéressantes à d'autres points de vue. On remarquera d'abord qu'une portion seulement du réticulum caryo- plasmatique est employée à la formation du fuseau; le restant se voit encore LA CYTODIERÈSE DE LŒUF 23 nettement, de chaque côté, dans les fig. 139 et 140. Une autre particularité est aussi à noter : la membrane peut persister intégralement jusqu'à la disparition de la figure, après la cinèse, fig. 144; elle s'évanouit probable- ment au moment de la formation du premier globule. Nous venons de parler de la disparition de la figure cinétique. En effet, elle s'efface complètement, fig. 145 et 146. Les bâtonnets nucléiniens sont alors éparpillés, sans ordre apparent, ou, le plus souvent, en deux groupes mal définis, sur l'emplacement de l'ancienne figure, et directement plongés dans le c)'toplasme ovulaire. Inutile d'insister sur un phénomène que nous avons décrit plusieurs fois. Quant au cytoplasme, il subit beaucoup moins de variations que dans la spiroptère. Il devient plus finement granuleux et plus homogène; la plage hyaline dont nous avons parlé plus haut conserve son aspect. On peut se faire une idée de ces changements en comparant les fig. 135 à 138 d'une part, avec les fig. 139, 144 et 145 de l'autre. Les asters polaires ap, si communs chez la Spiroptera, sont plus rares dans le nématode du Scyllium ; la fig. 146 reproduit un des exemples que nous avons rencontrés. Le cytoplasme ne semble donc pas être le siège d'une aussi grande activité que chez d'autres nématodes, 2" Expulsion du premier globule. L'expulsion du premier globule se fait de la façon habituelle; nous avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons dit antérieurement sur ce sujet. Ordinairement, les bâtonnets continuent à s'ordonner en deux groupes parallèles, fig. 146 et 147. Ensuite le groupe extérieur se porte vers la périphérie de l'œuf, et l'on voit apparaître nettement un second fuseau, le fuseau de séparation, fig. 148. Alors la portion polaire de l'œuf se bombe, comme si la membrane était repoussée par le futur globule, et elle s'étire en un col parfois assez long, fig. 149. Déjà, au stade de la fig. 148, on remarque des épaississements au milieu du filament du fuseau; ils indiquent la ligne de séparation du globule, marquée m dans cette figure et les suivantes. Lorsque le fuseau se forme parallèlement à l'axe de l'œuf, ou à peu près, la protubérance ou le col, dont nous avons parlé, est coupée à sa base par la plaque qui s'avance plus ou moins latéralement dans le cytoplasme, fig. 149 à 152. Mais lorsque, ce qui a lieu assez souvent, le fuseau de séparation est tangent à la surface de l'œuf, c'est-à-dire perpen- diculaire à son axe, le phénomène se complique. Il se forme d'abord, 24 J- B. CARNOY au milieu du fuseau, une plaque de séparation parallèle à l'axe ovulaire : }ii', FiG. 153. Alors cette plaque se clive et l'œuf s'ouvre en deux à son sommet, fig. 154. Un observateur non prévenu croirait que l'œuf s'est déchiré. L'un des groupes, continuant sa marche en avant, pénètre dans une des deux protubérances, qui bientôt est coupée à sa base par une nouvelle plaque, i7i", fig. 154 et 155. Le second groupe de bâtonnets reste dans l'autre protubérance, et revient ensuite souvent vers le centre de l'œuf, où il est entraîné, sans doute, par la marche ascendante du globule. Ce processus est assurément des plus curieux, et nous ne l'avons obsei^vé nulle part ailleurs que dans le nématode du Scylliiim. Le premier globule se sépare de l'œuf par le clivage de la plaque et se porte aussitôt vers la membrane extérieure. Nous avons rencontré aussi, chez notre nématode, des globules polaires de dimensions exagérées, comme dans la spiroptère. La fig. 157 en reproduit un exemple. Ces sortes de globules ne sont pas très fréquents, cependant nous en avons remarqué un grand nombre sur un individu. La séparation de ces globules se fait à l'aide d'une plaque cellulaire. Sur la fig. 157, il serait difficile de décider si la ligne de séparation est duc à une plaque ou à un mince étranglement. Mais, en parcourant les préparations, on peut se convaincre aisément que la plaque nait seule, et que l'étranglement n'est que la conséquence de son clivage. Rappelons que de pareils exemples prouvent à l'évidence que les globules sont des cellules véritables, et qu'ils ne s'échappent pas par un trou de l'œuf fi). A ce titre, ils méritaient une mention spéciale. III. Second globule polaire. Le premier globule renferme toujours quatre des bâtonnets primitifs; les quatre autres restent dans l'œuf, fig. 149 â 155. On se rappelle que nous avons constaté, ce double fait chez V Ascaris megalocephala et chez la Spiroptera stnnnosa. Les quatre bâtonnets maintenus au sein de l'œuf sont directement plongés dans le cytoplasme; on n'y voit ni membrane ni deuthyalosome, nos figures le prouvent. La seconde figure se forme immédiatement. Elle est petite et peu apparente, mais son existence est générale. Son fuseau est généralement concavoconvexe, à convexité tournée, tantôt vers le centre de l'œuf fig. 156, mais le plus souvent vers l'extérieur fig. 157. Elle est souvent blottie contre la (i) Voir notre mémoire sur X'Ascaris megalocephala, p 40. LA CYTODIERESE DE L ŒUF 25 membrane de l'œuf, et placée perpendiculairement à l'axe principal de ce dernier. Elle est binaire; chaque moitié de fuseau porte deux bâtonnets; cela se voit sur les figures précitées. La seconde figure est éphémère; elle repasse sans tarder au protoplasme ordinaire, dans lequel les quatre bâtonnets sont directement plongés, comme avant la cinèse; elle s'évanouit donc entièrement, comme la première. Les bâtonnets se placent alors parallèlement deux à deux, s'ils ne le sont déjà, puis ils s'éloignent l'un de l'autre, en restant unis par le fuseau de séparation, FiG. 158. On voit sur cette figure que l'œuf se bombe vis-à-vis du groupe extérieur, ainsi que cela a lieu pendant la première expulsion. Enfin une cloison basilaire vient séparer le seconde globule de l'œuf, auquel cependant il continue d'adhérer. Cette cloison est surtout bien mar- quée sur la FIG. 162 m", elle est identique à la plaque de division du premier globule; nous n'avons jamais vu d'étranglement à la base du mamelon polaire. Division longitudinale. Telle est la marche assez fréquente des phénomènes qui accompagnent la séparation du second globule. Mais parfois ces phénomènes se compli- quent : les bâtonnets peuvent subir, soit tous, soit deux seulement, la division longitudinale. Ce phénomène est assez fréquent, surtout dans certaines préparations, mais il n'est pas constant. Nous avons rencontré deux indi- vidus dont un assez grand nombre d'œufs présentaient la division dont nous allons parler, tandis que d'autres ne l'offraient point. Les choses se passent de la manière suivante. Durant les stades antérieurs on remarque déjà, çà et là, des indices de division; cependant ces indices semblent se dessiner plus tard que chez la spiroptère; c'est seulement au stade de la fig. 147, c'est-à-dire après la disparition de la première figure, que nous les avons constatés avec certi- tude. Quoi qu'il en soit, les bâtonnets restent ainsi stationnaires jusqu'au stade correspondant de la seconde figure; en effet nous n'avons jamais compté plus de quatre bâtonnets avant la dislocation de cette dernière. Mais alors, et avant la formation du fuseau de séparation, la division s'exé- cute, FIG. 159 et 160. Dans la première de ces figures, les quatre bâtonnets, d'abord géminés, se sont scindés suivant leur ligne médiane, en deux demi- bâtonnets distincts. Dans la seconde, deux seulement, les deux inférieurs qui doivent rester dans l'œuf, ont subi la segmentation. Nous avons rencontré 6i 26 J B. CARNOY plusieurs images semblables; ce qui semblerait indiquer que les btitonnets destinés au second globule ont moins de tendance à se diviser que ceux qui doivent être utilisés. De prime abord, nous avions pensé que la présence des six bâtonnets était due à ce que, par exception, le premier globule n'en avait emporté que deux. Nous avons été forcé de renoncer à cette explica- tion en présence des faits : sur certains de ces œufs on constate aisément que le globule expulsé renferme quatre bâtonnets; ensuite on rencontre les bâtonnets intérieurs en voie de division, fig. 160. La formation et la séparation du second globule, après la division lon- gitudinale, totale ou partielle, se fait comme dans le cas précédent, â part le nombre des bâtonnets qui interviennent. Dans la fig. 160, les deux bâton- nets primitifs, encore intacts, vont être expulsés; dans les fig. ISg, 161 et 162, les quatre bâtonnets extérieurs, provenant de deux des bâtonnets primitifs, vont l'être également. Le fuseau de séparation est assez apparent sur les fig. 161 et 162. Enfin, en m" de la fig. 162, la plaque de segmentation est aussi bien marquée. Ainsi, lorsqu'il y a huit bâtonnets, la formation du second globule est calquée exactement sur celle du premier; pour s'en assurer le lecteur voudra bien comparer les fig. 159, 161 et 162 avec les FIG. 147, 148 et 152. Il résulte de l'exposé précédent que, dans tous les cas, deux des huit bâtonnets primitifs prennent part à la formation du second globule polaire, soit comme tels, soit après s'être segmentés. La même chose a lieu pour le noyau définitif de l'œuf, fig. 153 et 183, fig. 160 â 162. La division longi- tudinale n'a donc pas pour conséquence de faire passer la moitié de chaque bâtonnet primitif dans le globule polaire, et l'autre moitié dans l'œuf; les deux moitiés de deux bâtonnets s'en vont ensemble, et les deux moitiés des deux autres sont retenues. Ce fait est à noter. IV. Elaboration des noyaux de conjugaison. i" Noyau opu luire. Les bâtonnets restés dans l'œuf s'entourent aussitôt d'une auréole hyaline et réticulée, et d'une membrane, fig. 163, 164 et 167, n'; le •noyau est alors reformé. L'étendue de l'auréole et, par conséquent, le vo- lume initial du noyau nouveau, sont assez variables; on peut en juger par les figures précitées. Le noyau est sphérique ou ovoïde; plus rarement il est panduriformc, comme dans la fig. 167. LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 2 7 Lorsque les deux bâtonnets qu'il renferme n'ont pas subi la segmenta- tion longitudinale, ce phénomène s'y manifeste tout d'abord, kig. 167. Tous les noyaux présentent donc bientôt quatre bâtonnets. Que s'y passe-t-il en- suite? On peut admettre que les bâtonnets subissent une nouvelle division longitudinale, car nous avons remarqué trois ou quatre fois la fig. 170, n% dans laquelle cette division est en voie de s'effectuer. Cependant nous devons faire remarquer que l'on rencontre fréquemment les images des FIG. 165, 166 et 169, dans lesquelles les quatre bâtonnets primitifs semblent plutôt s'allonger pour reformer l'élément nucléinien. Quoi qu'il en soit, les bâtonnets se coudent et s'insinuent dans les mailles du réticulum plasti- nien qui, de son côté, se fortifie et s'accentue notablement, fig. 168 et 169. Peu â peu les anses se multiplient en se croisant dans tous les sens, et elles envahissent toute la cavité nucléaire pour y former le réticulum chro- matique ou le boyau nucléinien des fig. 171 et 172. Ainsi, dans ce néma- tode, aussi bien dans le précédent, l'élément nucléinien conserve sa forme figurée à tous les stades du développement du noyau ovulaire, et il se reconstitue comme dans tout noyau après la cinèse vulgaire. 2° Noyait spermatiqiie. Le noyau spermatique parcourt tous les stades du noyau ovulaire. Après la pénétration du spermatozoïde dans l'œuf, ce noyau est petit, mais on pai'vient cependant à s'assurer qu'il renferme quatre bâtonnetsnuc léiniens, FIG. 136 â 141, 143, 144. Peu â peu il se développe au sein du cytoplasme ovu- laire, fig. 156 et 159, et ses éléments deviennent plus distincts. Néanmoins ses bâtonnets sont beaucoup plus ténus que ceux du noyau spermatique de la spiroptère. C'est peut-être pour ce motif que nous n'avons pu constater la division longitudinale. Dans la fig. 167, on y voit quatre bâtonnets allongés qui pourraient bien être le résultat d'une semblable division, encore incomplète. Les bâtonnets s'allongent ensuite et s'insinuent dans les mailles du caiyoplasma, comme cela se voit dans le noyau ovulaire; témoins les FIG. 170, 171 et 172. Nous ne pourrions que nous répéter en nous étendant davantage sur ce sujet. Lorsque les deux noyaux de conjugaison sont achevés, ils sont, en apparence, tout à fait identiques, fig. 172. Habituellement, dans cette espèce, le noyau spermatique occupe le pôle inférieur de l'œuf, fig. 170 et 172; il est assez rare de le trouver, à ce stade, au pôle opposé, près du noyau femelle, comme cela se voit dans la fig. 171. A mesure qu'il se déve- loppe, le noyau ovulaire descend dans l'œuf et vient se placer en bas, près du noyau spermatique. Nous verrons plus loin la raison de cette disposition. 28 J B. CARNOY III. Filaroïdes mustelarum : PI. VI, fig. 173 à 180. On trouve fréquemment ce nématode dans les sinus frontaux de la be- lette et du putois. Les phénomènes que nous y avons remarqués sont tellement semblables à ceux que nous avons décrits jusqu'ici, que nous nous contenterons de leur consacrer quelques lignes. I. Vésicule germinative. — Œuf. Le noyau des œufs très jeunes est constitué à la façon ordinaire; on y voit un élément nucléinien dont on peut suivre les anses filamenteuses sur une grande étendue, et qui est très sensible au vert de méthyle, fig. l'ISA. Bien- tôt il se scinde en huit tronçons. Ceux-ci sont d'abord éparpillés sans ordre dans le caryoplasma réticulé, fig. 173i?, mais ils se rassemblent ensuite en deux groupes quaternaires fig. 173 C et D. Ces groupes demeurent plus ou moins éloignés l'un de l'autre; ils se rapprochent assez souvent au point de ne plus former qu'une seule masse ; ils ont fréquemment l'aspect de ceux de la fig. 174,»/. On voit en outre assez souvent dans le caryo- plasma un ou deux nucléoles plasmatiques tip. A mesure que l'œuf grandit, le noyau augmente également de volume, et son réticulum plastinien devient plus évident. Contrairement à ce qui a lieu chez les deux nématodes précédents, les œufs du Filaroïdes se chargent d'enclaves albuminoïdes très volumineuses. Elles sont à leur début dans la fig. 174; dans les fig. 176, 177 et 180, elles ont atteint leurs dimensions définitives. La membrane des œufs demeure toujours mince, fig. 175 et suivantes. II. Figures et globules polaires. La présence des enclaves rend difficile l'étude de la vésicule dans les œufs adultes ; le plus souvent on ne peut même soupçonner sa présence. C'est pourquoi nous ne sommes parvenu à voir qu'un nombre restreint de figures. Celles que nous avons vues, fig. 176, étaient nettement dimidiées et chacun des demi-fuseaux portait quatre bâtonnets parallèles. Nous avons aussi rencontré plusieurs fois la vésicule, renfermant des filaments fusoriaux et paraissant être au début de la cinèse, dans l'état où elle est représentée sur la fig. 173,5. Les bâtonnets de la tache de Wagner y étaient éparpillés dans tout LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 29 le noyau, comme dans les espèces précédentes. Ils se portent sans doute en- suite à l'équateur du fuseau. Sous ce rapport il y aurait donc une différence assez notable avec l'ascaride du cheval. La FiG. 176 semble être rompue et en voie de résorption : elle a une très grande ressemblance avec certaines images de V Ascaris luegalocephala(i). Dans cette figure, chaque moitié du fuseau, largement ouvert, porte, en son milieu, un groupe de quatre bâtonnets qui se présentent par une de leurs extrémités i^j ); on voit qu'ils sont groupés parallèlement deux à deux. Sur d'autres figures ils étaient jetés pcle-mcle, ou orientés dans le sens du fuseau (3). Arrivée au pôle de l'œuf, la figure se défait, et les deux groupes qu'elle porte se retrouvent, à une distance variable, dans le cytoplasme ordinaire, FIG. 177,//'. La formation du premier globule ne présente rien de particulier. Le fuseau de séparation existe. I^'un des deux groupes est retranché de l'œuf, FIG. 175,^-'. Le groupe restant entre aussitôt en cinèse. Sur les quatre ou cinq figures, plus ou moins distinctes, que nous avons vues, les bâtonnets étaient placés deux à deux à l'équateur de chaque branche du fuseau dimidié, FIG 178. La figure s'efface, et l'un des groupes est expulsé fig. 180,^', ou reste près de la surface de l'œuf, fig. 179,^-. Les changements qui surviennent dans le cytoplasme ovulaire sont faciles à saisir. Lorsque la première figure s'élève vers le pôle, celui-ci s'éclaircit. Les corps vitellins se retirent en effet et se portent du côté op- posé. Le plus souvent ils se massent vers le pôle inférieur, fig. 176 et 180. Parfois ils s'accumulent d'abord sur une zone médiane, comme dans la fig. 177, mais alors ils finissent également par gagner le pôle. L'œuf consei"ve l'aspect qu'il possède dans les fig. 176 et 180 jusqu'après la segmentation, III. Formation des noyaux de conjugaison. Nous n'avons jamais vu plus de deux bâtonnets dans le second globule polaire, ni dans le groupe qui reste au sein de l'œuf. Mais ceux-ci, comme dans les espèces précédentes, subissent incontinent la division longitudinale; le jeune noyau ovulaire présente donc régulièrement quatre bâtonnets distincts, fig. 179,//". (i) Voir FIG. 79, 71, 82, etc. du mémoire précédent (2) Voir les figures semblables de VAscaris megaloccphala. Pl. I, fig. 2i'i; Pl. Il, fig. 3i, 33, etc. (3) Comme dans les fig. 33, 34, 46, etc. ibid. 30 J- B. CARNOY Nous n'avons pas remarqué de nouvelle division longitudinale subsé- quente. Les bâtonnets s'allongent et se coudent exactement comme dans les FiG. 168 et 169 qui appartiennent au nématode du Scyllium; c'eût été faire double emploi que de les représenter à cette première étape. Mais, plus tard, le noyau prend un aspect|particulier; il est caractérisé par la finesse, le grand nombre et le tortillement des anses du boyau nucléinien, fig. 180. Le développement du noyau spermatique est de tous points identique. Au commencement, il est difficile de le voir, à cause des granules vitellins; nous n'avons pu déterminer exactement le nombre de bâtonnets qu'il ren- ferme primitivement; très probablement il y en a quatre. Ces bâtonnets s'allongent et se répandent en zigzag dans tout le noyau, à mesure qu'il s'accroît, et il devient bientôt impossible de le distinguer du noyau ovu- laire, fig. 180. Ces noyaux ont déjà une ressemblance marquée avec ceux que nous décrirons plus loin lors de la segmentation, Pl. VIII, fig. 244 et 245. Les noyaux achevés ont une forme elliptique. Ils se trouvent côte â côte dans la portion entièrement hyaline de l'œuf, fig. 180. Le plus souvent ils s'orientent comme nous les figurons, c'est-à-dire qu'ils sont placés bout à bout, leur grand axe étant perpendiculaire à l'axe ovulaire ; il y a cependant des exceptions. IV. Ophiostomum mucronatum : Pl. VII, fig. 181 à 199. Ce nématode vit dans l'estomac de l'oreillard [Vespertilio aiiritus). Nous n'avons pas suivi dans cette espèce, faute de matériaux, le déve- loppement de la vésicule germinative. A la maturité de l'œuf, elle présente l'aspect d'un noyau ordinaire, fig. 181. On y voit un filament nucléinien irrégulier et bosselé, à renflements nombreux. I. Premier globule polaire. Les cinèses polaires deVOphiosiointiiu nous ont offert des phénomènes singuliers,- bien difi"érents de ceux que nous avons étudiés jusqu'à présent. Nous allons d'abord exposer les faits tels que nous les avons observés; nous parlerons ensuite de leur interprétation. LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 3I Dans les espèces précédentes, l'élément nucléinien se scinde en tronçons; ce sont ces derniers qui entrent en cincse. Nous n'avons pas constaté cette scission chez notre nématode. A un moment donné, les anses du filament de la FiG. 181 semblent s'accentuer en s'épaississant , et s'orienter grossièrement dans le sens de la ligne des pôles organiques du noyau, fig. 182,/;'. En même temps, la vésicule s'allonge; bientôt on y aperçoit des traces d'un fuseau. La membrane nucléaire persiste. Les anses de la forme pelotonnée, devenues volumineuses, se séparent alors des pôles et se présentent sous la forme de tronçons parallèles. Ils sont régulièrement au nombre de six. Le fuseau est peu développé; ses filaments sont ténus et ondulés. Nous retrouvons donc, dans ce nématode, tous les phénomènes de la scission parallèle, mentionnée chez les arthropodes, au cours de notre pre- mier travail. Les tronçons se raccourcissent et se retirent de plus en plus vers l'équateur; ils demeurent cependant toujours assez longs. Là, ils s'étranglent en leur milieu, fig. 184. Ce phénomène, que nous n'avons pas rencontré jusqu'ici, est des plus aisés à constater; il saute aux yeux. Habituellement la scission transversale s'achève, comme cela se voit sur la fig. 186; plus rarement il se complète seulement avant l'expulsion du premier globule. Pendant que l'étranglement se marque, les bâtonnets bilobés, ou les demi-bâtonnets, s'éclaircissent suivant la ligne médiane, à cause de retrait de la nucléine vers la paroi de son étui. Ce détail est nettement indiqué sur la fig. 186; il annonce la division longitudinale qui doit se faire sans tarder. Peu à peu le fuseau s'efface et la vésicule, dont la paroi s'est maintenue jusqu'à présent, revient sur elle-même en reprenant sa forme sphérique. La fig. 185 la représente dans cet état, mais les bâtonnets, encore géminés, sont vus d'en haut. On voit nettement qu'ils sont au nombre de six, et rangés en cercle, comme dans un grand nombre de couronnes équatoriales dont le centre est vide de bâtonnets. Lorsqu'ils se sont divisés transversa- lement à l'équateur, leur position n'est plus aussi régulière; ils sont comme jetés péle-méle dans le caryoplasma. A cette époque, la division transver- sale s'achève toujours; du moins, en ce qui concerne le première figure; nous n'avons plus rencontré de bâtonnets étranglés aux stades que nous allons décrire. Les douze bâtonnets se rangent en deux groupes de six chacun; l'un est tourné vers l'extérieur, l'autre vers l'intérieur de l'œuf. A ce moment déjà, il n'est pas rare de voir la division longitudinale s'achever. Ainsi, dans la 32 J. B. CARNOY FiG. 187, les six bâtonnets destinés au globule polaire sont nettement seg- mentés, tandis que les six autres ne le sont pas encore. Le contraire a lieu plus souvent; c'était le cas pour la fig. 188. Mais il arrive aussi fré- quemment que les bâtonnets restent dans l'état où ils se trouvaient à l'équa- teur, FIG. 186, jusqu'après l'expulsion du premier globule. Il n'y a donc rien de fixe sous ce rapport. Les FIG. 187 et 188 sont destinées à montrer la manière dont s'exécute la division polaire. Nous avons dit que la membrane de la vésicule se main- tenait durant toute la cinèse; elle est très visible sur la fig. 185; elle l'est en- core sur la FIG. 187. Aussi, à aucune étape, les granules du protoplasme ne pénètrent-ils à l'intérieur du noyau; le caryoplasma demeure homogène, hyalin et indépendant du cytoplasme, ainsi qu'on peut le voir sur les figures précitées. Les choses se passent tout autrement, lorsque la meinbrane nu- cléaire se résout. Le cytoplasme fait alors irruption dans le noyau et se mélange intimement avec son caryoplasma; nous avons pu dire que l'élément nucléinien était plongé directement dans le protoplasme ovulaire. Après la forniation des deux groupes, fig. 187, le noyau s'allonge, et les bâtonnets extérieurs repoussent devant eux le protoplasme polaire avec la membrane de l'œuf, fig. 188. La membrane du noyau est ainsi fortement étirée, et le caryoplasma donne naissance au fuseau de séparation. Il est possible que la membrane nucléaire se déchire à l'équateur; cependant nous avons rencontré bien des fois la fig. 188, dans laquelle elle continue à en- velopper le fuseau. On voit généralement un épaississement au milieu des fils fusoriaux; c'est le premier indice de la formation de la plaque séparatrice, m', fig. 188. Cette plaque s'avance jusqu'à la membrane plas- matique de l'œuf, pour achever la division. Souvent l'œuf présente un léger bourrelet circulaire à l'entour de la protubérance polaire, et il reste peu de protoplasme entre la portion de la membrane qui enveloppe la protubérance et le fuseau lui-même; la fig. 188 montre ces détails. Parfois cependant la quantité de protoplasme renfermée dans la cellule polaire est plus considé- rable; on rencontre en effet des images analogues â celle de la fig. 198, qui appartient au second globule. Après sa formation, la plaque se dédouble et le globule polaire est mis en liberté. II. Second globule polaire. Les phénomènes de la seconde cinèse sont la reproduction exacte de ceux de la première. LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 33 Nous savons cju'il reste six bâtonnets dans la demi-vésicule interne, FiG. 188. Aussitôt ces bâtonnets subissent la division longitudinale, s'ils ne l'avaient déjà subie auparavant. Cette division, indiquée dans la figure pré- citée, est achevée dans la fig. 189,//'-; on y compte douze bâtonnets d'une grande minceur, groupés deux à deux. Ces bâtonnets se courbent et s'allon- gent; ils forment ainsi des nouvelles anses et s'unissent, selon toute appa- rence, pour reformer le filament nucléinien de la fig. 190. Le nouveau noyau est semblable à la vésicule primitive. Il est encore alors près de la surface de l'œuf. Parfois il y reste. Mais le plus souvent il retourne à l'intérieur du cytoplasme, fig. 191, et là, il entre en cinèse. Les anses du filament nucléinien s'épaississent en se parallélisant, FIG. 191, et se libèrent aux deux pôles, fig. 192 et 193. Le fuseau se dessine et le noyau, toujours muni de sa membrane, s'effile en étirant parfois les tronçons nucléiniens, fig. 192. Ceux-ci se ramassent d'ailleurs sur eux-mê- mes, et se coupent de nouveau à l'équateur par segmentation transversale, FIG. 194 et 195. Comme à la première cinèse, cette division se parfait à des époques différentes, sur les divers œufs; il arrive même qu'elle ne s'achève qu'après l'expulsion du second globule, fig. 197; mais c'est là une exception. Habituellement elle se fait à l'équateur, ou pendant le retour de la figure à l'état de repos, fig. 196. La seconde figure a toujours six bâtonnets nucléiniens parallèles, comme la première. Vue d'en haut, elle présente exactement l'aspect de la fig. 185. Après la division transversale, il y a donc aussi douze bâtonnets dans l'œuf, à la seconde cinèse. Le retour à l'état quiescent a lieu de la manière que nous connaissons. La figure revient sur elle même et reprend la forme sphérique; la membrane nucléaire y est encore visible sur la fig. 196. Alors les bâtonnets, ordonnés en deux groupes de six, ou de trois si la division transversale n'a pas encore eu lieu, fig. 197 , s'éloignent l'un de l'autre; le noyau s'étire et le fuseau de séparation s'y marque nettement, fig. 198 et 198'. En même temps l'œuf se bombe vis-à-vis du futur globule; la plaque apparaît au milieu du fuseau. Elle coupe le noyau en deux portions, ^ et n", et le protoplasme lui-même qu'elle traverse pour aller rejoindre la membrane, fig. 198. Nous avons rarement rencontré des plaques du second globule aussi nettes et aussi évidentes que chez ce nématode. On remarquera la membrane qui entoure la partie du fuseau, //- dans la fig. 188, et n^ dans les fig. 198 et 198', destinée à rester dans l'œuf, après les deux cinèses. Elle est une portion de la membrane du noyau préexistant, laquelle persiste 6a 34 J- B. CARNOY durant la division. Chez ce nématode, les figures sont donc intérieures et la segmentation se fait par sténose, seulement l'étranglement médian est suppléé par une plaque. Nous reviendrons sur ce sujet. Ainsi, les cinèses polaires de VOphiostorum mucronatuin présentent des caractères particuliers. 1° Les figui'es sont intérieures, nous venons de le dire; conséquemment la formation des globules est accompagnée de sténose. Il est assez difficile de s'assurer de la persistance de la membrane nucléaire sur les images cinéti- ques, plongées au sein de l'œuf chargé de globules vitellins. Mais lorsqu'elles ont gagné le pôle, la membrane et son contenu tranchent plus nettement sur le cytoplasme granuleux, fig. 183 à 186. Il en est de même pendant la forma- tion des globules, au moment où le noyau s'étire; on peut voir alors qu'il demeure entouré de sa membrane, surtout à la partie basale de la moitié qui reste dans l'œuf, fig. i88 et 198. Sur la coupe optique équatoriale de la FIG. 185, la membrane est aussi d'une grande netteté, au stade du retour de la figure à l'état quiescent. 2° Les cinèses sont accompagnées, chacune, de deux sortes de division. Ce fait est nouveau, croyons nous, dans l'histoire des globules polaires. La scission transversale se fait au sein de la couronne équatoriale. Elle est facile à constater avec de bons objectifs, tant à cause du volume des bâtonnets, que des nombreuses transitions que présentent les diverses figures entre le début et l'achèvement du sillon transversal. Souvent onvoit les moitiés encore reliées par un mince pédicule étiré, fig. 184. L'observateur, même prévenu contre ce genre de division, doit se rendre devant l'évidence des faits. Cette division se répète à la seconde cinèse. La division longitudinale n'est pas moins certaine. Le sillon hyalin, déjà visible sur les bâtonnets qui subissent la segmentation transversale, s'accentue de plus en plus; on peut le suivre jusqu'au moment où il se parfait, après la cinèse. Cette division s'exécute également deux fois. Elle n'a jamais lieu sur la figure proprement dite; elle s'achève seulement lorsque la figure a disparu comme telle. Que faut-il penser de la première de ces divisions, c'est-à-dire de la division équatoriale? Est-elle en réalité une division transversale, comme toutes les apparences semblent l'indiquer, ou bien n'est-elle que l'achèvement d'une division longitudinale antérieure? Telle est la question qu'il nous reste à résoudre. Au commencement de nos observations sur la seconde cinèse, la seconde hypothèse ne nous paraissait pas impossible. En voyant la division longitu- LA CYTODIERESE DE LCEUF 35 dinalc se marquer à l'équateur de la première cinèse, fig. 186, et s'accentuer pendant la formation du premier globule, fig. 187, nous pensions que, aussitôt après l'expulsion de ce dernier, les moitiés des six bâtonnets restés dans l'œuf se séparaient à une extrémité, en demeurant rattachés par l'autre, comme cela se voit dans certaines divisions équatoriales. Le fuseau se formant en même temps, les deux moitiés, encore retenues l'une à l'autre, auraient été étendues sur les filaments, sous la forme d'un tronçon unique. Telle aurait été l'origine, assez compliquée d'ailleurs, des fig. 191 et 192, et la division transversale n'eût été qu'apparente ; elle se serait réduite à la séparation définitive des deux moitiés issues d'une division longitudinale antérieure. Mais plus tard nous avons constaté que la division longitudinale s'achevait aussitôt après l'expulsion du premier globule, et, en outre, que les 1 2 bâtonnets qui en résultaient donnaient naissance à une masse de fi- laments enchevêtrés, entièrement semblable à un noyau ordinaire, fig. 188 à 190. Dans ces conditions, l'explication précédente n'est plus admissible. Pour la maintenir, il faudrait supposer que le noyau n°- de la fig. 190, avant de donner les fig. 191 et 192, se scinde en six tronçons qui subissent immé- diatement la division longitudinale ; les moitiés de ces bâtonnets se compor- teraient ensuite comme nous l'avons décrit plus haut. En soi, cette scission est possible; mais nous ne sommes jamais parvenu à la constater, pas plus à la seconde cinèse c]u'à la première. Au contraire, nous avons toujours remarqué que les noyaux //' et /;- des fig. 182 et 190 se comportent autrement. Leurs anses se parallélisent pour produire les six tronçons qui se voient sur les fig. 183, 191 et 192. Ceux-ci sont d'ailleurs homogènes sur toute leur étendue et ils s'épaississent uniformément en se ramassant à l'équateur; jamais ils ne montrent le moindre indice d'inter- ruption avant l'apparition de l'étranglement définitif des fig. 184 et 194. Nous sommes donc obligé, pour rester fidèle à l'observation, d'accepter la première hypothèse et d'admettre, à chaque cinèse, l'existence d'une division transversale au sein de la couronne équatoriale. Cette division est analogue à celle qui met fin à la forme pelotonnée. Nous verrons plus tard, Pl. VIII, fig. 266 et suivantes, que cette dernière donne naissance à douze bâtonnets dans les premières segmentations. On pourrait se demander si la division transversale, dont nous venons de parler, n'aurait pas pour but d'achever la division de l'élément nucléinien, et de porteré gaiement à douze le nombre des bâtonnets, avant la division longitudinale. Mais c'est 36 J- B. CARNOY là un rapprochement auquel il est permis de ne pas attacher une trop grande importance. La chose essentielle à noter, c'est l'existence d'une double division des bâtonnets durant chacune des deux cinèses ; il semble importer assez peu qu'elles soient toutes deux longitudinales ou qu'il y en ait une de transversale. Ces résultats sont importants, car dans toutes les espèces précédentes : a) La division équatoriale fait défaut; b) On n'y rencontre d'ailleurs qu'une seule division des bâtonnets, division qui est même souvent retardée jusqu'à la formation du noyau définitif de l'œuf, tandis qu'il s'en fait quatre chez le nématode de l'oreillard, deux à chaque cinèse. 3° Il résulte de cette double division que le nombre de bâtonnets ex- pulsés est le même dans les deux globules, et que le nombre de bâtonnets conservés définitivement dans l'œuf est identique à celui des tronçons qui prennent part aux deux figures; ces nombres sont tous représentés par le chiffre six. III. Reconstitution des noyaux de conjugaison. Les phénomènes qui accompagnent le développement de ces deux noyaux ne présentent rien de particulier. Le noyau femelle, ;;"', renferme d'abord six bâtonnets, rarement trois bâtonnets bilobés. Lorsque ce dernier cas se présente, fig. 197, ils se dédoublent de suite. Or les six bâtonnets privilégiés se divisent longitudinalement, comme après la première cinèse, on peut constater cette division sur la fig. 199, /r\ Les nouveaux filaments sont minces, granuleux et moniliformes. Ils s'allongent immédiatement et forment un peloton filamenteux, à circonvolutions nombreuses, comme chez tous les nématodes. Inutile de nous répéter davantage. Il est difficile de déterminer le nombre de tronçons nucléiniens qui existent dans le noyau mâle, au sein de l'œuf, car ils sont d'abord très ténus et placés les uns sur les autres, fig. 182, 183, ns. Plus tard, on en compte au moins quatre; ils sont courts et trapus, fig. 191, »5. Ils sont plus nom- breux sur la FIG. 198', et l'un deux semble s'être divisé. Ces détails, ainsi que la disposition géminée des bâtonnets de la fig. 199, indiquent qu'ils- subissent la division longitudinale, durant l'évolution du no5'au dans le cytoplasme ovulaire. Nous avons déjà constaté le même phénomène, chez la Spiroptera de la taupe. Les bâtonnets s'ordonnent ensuite en un filament pelotonné, comme dans ce dernier animal; la fig. 198, 7;5, montre ce peloton. LA CYTODIERESE DE LŒUF 37 Ascaris lombricoïdes : PI. VII, fig. 200 à 231. Les cinèses polaires de cet ascaride sont aussi des plus remarquables. Elles diflfèrent entièrement de celles que nous avons décrites chez l'Ascaris inegalocephala : chose singulière ! si l'on songe que ces deux espèces sont si voisines. Entrons dans quelques détails à leur sujet. I. Vésicule germinative. — Œuf. La FIG. 200 reproduit le noyau d'un œuf très jeune; il est identique à ceux que nous avons décrits antérieurement. Le filament nucléinien y est répandu dans tout le noyau. Les nucléoles plasmatiques font généralement défaut ; nous en avons cependant vus sur plusieurs œufs. A mesure que l'œuf prend la forme conique de la fig. 201, l'élément nucléinien ni se ramasse au centre du no3'au. Nous n'avons pu déterminer s'il se scinde au préalable; il est probable qu'il ne fait que s'y pelotonner. Le caryoplasma est abondant et délicatement réticulé. Lorsque l'œuf s'élargit et se raccourcit, la vésicule prend un autre aspect; le filament de nucléine s'y répand de nouveau, fig. 202. Au premier coup d'œil, il se présente sous la forme de tronçons, ou de larmes séparées, mais on aperçoit bientôt que ces masses sont reliées par des filaments incolores que l'on doit considérer, selon nous, comme des portions du boyau, vides de nucléine. Cet état de la vésicule ne changera plus jusqu'à la cinèse. Sa membrane est relativement d'une grande minceur. De bonne heure l'œuf se charge de globules vitellins abondants et volumi- neux, FIG. 201 et suivantes. Lorsque les permatozoïde y pénètre, il présente l'aspect de la fig. 203. II. Premier globule polaire. Habituellement le spermatozoïde s'avance jusque près du noyau, avant que l'œuf n'entre en mouvement. Mais alors le protoplasme s'éclaircit autour de la vésicule et, bientôt, celle-ci donne des signes de cinèse, FIG. 203. Elle s'allonge un peu, et son contenu s'étire dans le sens de cet allongement, fig. 204. On y voit des stries longitudinales, et les anses nucléi- niennes s'orientent dans le même sens. La membrane de la vésicule se maintient dans toute son intégrité, pendant ces changements internes; on peut le constater sur la même figure. En même temps, la vésicule se 38 J- B. CARNOY place. obliquement, par rapport à l'axe longitudinal de l'œuf. Dans la fig. 205, qui marque l'étape subséquente, la vésicule est perpendiculaire à l'axe ovulaire. Sa membrane persiste toujours. Alors elle s'avance vers la paroi de l'œuf, où elle vient buter par l'un de ses pôles, fig. 206. Durant cette marche, l'intérieur de la vésicule change d'aspect. Les anses nucléi- niennes se parallélisent de plus en plus et se retirent vers l'équateur, pour 3' former une bande régulière de bâtonnets, une véritable couronne équatoriale, fig. 205. Ces bâtonnets sont droits ou un peu courbés. On en compte au moins une douzaine. Le fuseau est hyalin ; ses filaments sont peu accentués, souvent ondulés. La figure se trouve ordinairement dans cet état lorsqu'elle vient s'appliquer contre la membrane ovulaire. A côté de ces fi- gures à couronne bien dessinée, on en trouve d'autres, fig. 206, dans lesquelles les bâtonnets, souvent plus allongés, sont irrégulièrement dispo- sés. Ces sortes de figures peuvent représenter l'état antérieur à la couronne mais elles peuvent aussi indiquer le passage à l'étape subséquente. En effet, après s'être inaintenue pendant un certain temps, la figure revient sur elle-même : sa longueur diminue, son diamètre transversal augmente, l'orientation des bâtonnets disparaît et la vésicule revient à l'état de repos, c'est-â-dire â l'état apparent de noyau ordinaire, fig. 207. Que se passe-t-il dans l'élément nucléinien pendant ce retour? Les bâ- tonnets restent-ils tels qu'ils sont ; se divisent-ils, ou bien ne repassent-ils pas plutôt à l'état filamenteux? Cette question est difficile à trancher. Nous n'avons jamais saisi le moindre indice d'une division, soit transversale, soit longitudinale. Mais nous avons assez souvent remarqué la fig. 206, dans laquelle les bâtonnets équatoriaux pourraient bien s'être allongés pour re- passer à l'état de la fig. 207. Dans tous les cas, on aperçoit des anses assez ténues dans le noyau définitif représenté par cette dernière. Cette figure est typique ; elle ne manque pas de se produire avant la formation du premier globule polaire. En employant le carbonate potassique, l'ammoniaque ou un acide concentré, on constate souvent que la membrane de la vésicule s'est maintenue, et entoure le noyau devenu sphérique. Alors la formation du premier globule commence à se dessiner. Le noyau s'allonge dans le sens du diamètre équatorial de l'œuf; les anses nu- cléiniennes, ou les tronçons, y deviennent plus ou moins parallèles, comme s'ils étaient soumis à un étirement, puis se séparent en deux groupes qui se retirent vers les pôles, fig. 209, sous la forme de couronnes polaires. Nous reviendrons sur cette séparation et sur les figures qu'elle occasionne, en par- LA CYTODIERESE DE L ŒUF 39 lant du second globule. Les groupes demeurent reliés par un puissant faisceau de filaments, provenant du car3-oplasma étiré ; c'est le fuseau de séparation. On peut constater encore, surtout à l'aide des dissolvants de la nucléine, que la membrane du noyau entoure le fuseau avec ses deux couronnes. Le groupe extérieur, c'est-à-dire celui qui est tourné vers la membrane de l'œuf, va devenir le globule polaire. En effet, une plaque granuleuse se dessine sans tarder au milieu du fuseau de séparation, fig. 208, 77î" et 209,;//'. La séparation du globule s'achève par le dédoublement de cette plaque, fig. 210. Ainsi, selon toute apparence, c'est par une véritable sténose du noyau revenu au repos que le premier globule se forme. Notons, en outre, qu'il se forme toujours invariablement dans la région équatoriale de l'œuf. III. Second globule polaire. S'il en est ainsi, les deux moitiés du noyau, maintenant séparées, doi- vent être entourées de leur membrane; on peut constater sa présence sur les FIG. 210 et 211. Cette membrane est moins visible dans le globule polaire, parce que les éléments nucléiniens, en s'éloignant, se blottissent contre elle. Elle est beaucoup plus apparente sur la partie qui reste dans l'œuf, et d'où doit sortir la nouvelle figure. Il est aisé de suivre les curieux phénomènes qui accompagnent la for- mation du second globule. Après la séparation du premier, les tronçons nucléiniens se répandent à l'intérieur de la portion conservée, qui prend de nouveau plus ou moins l'aspect d'un noyau au repos, de forme sphérique, FIG. 210 et 211. Après un certain temps, ce noyau reproduit toute la série des phénomènes que la vésicule germinative a traversés durant la première cinèse. Habituellement l'œuf s'éclaircit à sa périphérie, à l'endroit où se trouve la seconde figure; celle-ci est beaucoup plus apparente et plus facile à étudier. C'est pourquoi nous avons réservé jusqu'ici certains détails que nous voulions mentionner. Le no3'au 7?- de la fig. 211 s'allonge, en restant attaché par sa base à la membrane plasmatique de l'œuf, au fond de la cavité qui s'est formée lors de la séparation du premier globule. Pendant cet allongement les anses nucléiniennes s'étirent et se parallélisent insensiblement ainsi qu'on le voit sur la FIG. 212 et 217. Le noyau présente alors l'aspect de certains noyaux testiculaires des arthropodes. A mesure que le noyau s'allonge, il se dilate; 40 J. B. CARNOY le nouveau fuseau s'y forme aux dépens du caryoplasma et la plupart des anses parallèles se coupent aux extrémités, si elles ne l'étaient déjà, et restent adhérentes aux filaments fusoriaux. A ce stade succède peu à peu la phase équatoriale. Les tronçons nucléiniens se raccourcissent, et forment une bande régulière assez large à l'équateur, fig. 213. Enfin dans certains cas, qui nous ont paru fréquents d'ailleurs, peut-être toujours, les tronçons prennent la forme de bâtonnets droits ou un peu arqués; leur ensemble constitue une couronne équa- toriale identique à celle de la fig. 205. Cependant on trouve assez souvent des bâtonnets errants en dehors de la zone médiane, fig. 219. Nous n'avons pas rencontré de stade ultérieur, correspondant franche- ment à celui des couronnes polaires. Ce stade nous paraît faire défaut. Nous avons vu quelques fois les fig. 214 et 215 dans lesquelles les bâtonnets de l'équateur semblent être descendus vers les pôles. Mais ces figures sont assez rares; elles ne sont pas nettes, les bâtonnets n'étant jamais ordonnés en couronne; enfin elles peuvent s'expliquer par ce fait que, dans beaucoup de figures, les couronnes ne sont pas régulières, ainsi que nous venons de le mentionner. Nous croyons plutôt qu'il faut voir dans toutes ces images : fig. 214, 215, 219, un commencement de dislocation de la figure elle-même, pour revenir à l'état quiescent. Pendant tout ce temps la membrane nucléaire persiste, comme à la première cinèse. Alors la figure s'efface. Elle se rapetisse et revient sur elle-même. Les tronçons ou les bâtonnets se jettent de côté et d'autre, ir des fig. 221 et 222, puis se courbent et se tassent de plus en plus. Le noyau reprend ainsi sa forme sphérique primitive, et toute trace de cinèse a disparu. Voilà donc le noyau rentré une seconde fois dans le repos. Jusqu'ici nous n'avons rien dit du mouvement qu'exécute la figure; ce mouvement est excessivement curieux. La seconde figure, nous l'avons dit, se développe à l'équateur, vis-à-vis du premier globule. Elle y reste un certain temps, puis elle se met en marche. Elle chemine, la base appuyée contre la membrane de Mohl, vers le pôle supérieur de l'œuf. Les fig. 212, 213, 214 et 218 montrent les diverses étapes de cette excursion singulière. Ce phénomène est des plus constants; nous n'avons rencontré qu'un petit nombre de fois la FIG. 215, dans laquelle la nouvelle figure est venu prendre la place de la vésicule au centre de l'œuf, et la fig. 216 où elle s'avance librement LA CYTODIERESE DE L ŒUF 4I dans le cytoplasme, la pointe en avant et tlirigcc vers le pôle. Bref, la figure vient se placer au sommet de l'œul'; elle y demeure comme suspendue, FIG. 218 et 219. Nous n'avons pu décider si c'est la figure qui se met en mouvement, ou si c'est le cytoplasme tout entier qui tourne dans sa coque en emportant la figure. Quoi qu'il en soit, arrivée au pôle, elle y reste tout à fait station- naire. Si c'est le protoplasme qui se déplace, il n'exécute donc qu'un quart de tour; après quoi il cesse de se mouvoir : phénomène qui paraîtrait des plus singuliers. C'est toujours au pôle que la seconde figure disparaît et qu'elle reprend insensiblement l'aspect d'un noyau ordinaire, fig. 220. A part la position qu'il occupe, il serait souvent difficile de distinguer ce noyau de celui de la fig. 2H qui prélude à la cinèse. Pendant cette transformation, il se détache de la paroi ovulaire et rentre quelque peu dans l'œuf. A l'aide des dissolvants de la nucléine, on constate que la membrane nucléaire s'est maintenue sur la plupart des figures. Le noyau se rétrécit de plus en plus, fig. 221 et 222. Cette dernière figure rend bien son aspect habituel avant l'expulsion du second globule. Il n'est pas rare de lui trouver, surtout en commençant, des contours irréguliers; il est comme couvert de pointes, fig. 221, et rappelle le noyau des tubes de Malpighi, que nous avons décrit chez l'aphrophore (i). Ces irrégularités sont dues, sans doute, au plissement de la membrane nucléaire, pendant le rapetissement de la figure. Entre-temps, le cytoplasme ne reste pas inactif. Son réticulum se modifie et prend une direction radiale à partir du noyau. Les fig. 221 et 222 sont très fréquentes. Elles rappellent les figures semblables d'autres néma- todes, à la même étape, les fig. 117 et 122, par exemple. Le moment de la sortie du second globule est arrivé. Les choses se passent exactement comme pour le premier. Le noyau s'allonge un peu et ses éléments nucléiniens se parallélisent, fig. 223. Ensuite ces derniers sem- blent se couper à l'équateur, d'une manière irrégulière, comme s'ils étaient soumis à une traction violente, fig. 224 à 226. C'est ainsi qu'ils arrivent à se distribuer en deux groupes simulant, à s'y méprendre, les couronnes polaires de la cinèse ordinaire. L'illusion est d'autant plus frappante que le caryoplasma s'étire en un fuseau puissant qui continue à les relier. Ce fuseau est notre fuseau de séparation. A ce moment il est assez difficile de constater (i) La Cytodiéfcse che^ les arthropodes, p. 220, Pl. I, fig. 7. 63 42 J B CARNOY la persistance de la membrane. Cependant il n'est pas très rare de voir des images comme celles des fig. 225 à 227, dans lesquelles la membrane est séparée du groupe nucléinien inférieur; on dirait que le fuseau tend à s'échapper de plus en plus du noyau, pour se porter à la périphérie de l'œuf. La division qui détermine la séparation du second globule polaire se fait à l'aide d'une plaque cellulaire. Cette plaque se marque parfois très tôt- ainsi, sur la fig. 224, où les éléments nucléiniens sont à peine séparés, on la voit déjà nettement en m'. La plaque fusoriale se présente souvent sous la forme d'une bande sombre et assez large, comme dans les fig. 228 et 229. Chose assez curieuse, la plaque séparatrice définitive ne passe pas toujours au milieu de la plaque fusoriale; elle se dessine au-dessus ou au-dessous. C'est ainsi que, dans la fig. 229, la plaque sombre, reste dans l'œuf, tandis que, dans la fig. 228, c'est le contraire qui a lieu. La fig. 227 montre le clivage de la plaque; il est rare d'en rencontrer d'aussi évidents. La partie qui est ainsi séparée est plus ou moins considérable; les granules protoplasmatiques s'y liquéfient bientôt, comme s'ils étaient digérés, ainsi que cela se voit dans les fig. 228 et 230, et le globule réduit, pour ainsi dire, à l'élément nucléinien, qui est beaucoup plus résistant, n'abandonne que rarement la surface ovulaire. Le plus souvent il y demeure collé, fig. 231, peut-être à la faveur du mucilage résultant de la fusion du protoplasme qui l'entoure, mais plutôt, croyons-nous, à cause de l'absence de clivage de la plaque cellulaire. On en trouve cependant qui nagent librement entre le cytoplasme et la grosse membrane extérieure de l'œuf. On le voit, les cinèses polaires de VAscûtis lombricoïdes présentent des phénomènes tout à fait particuliers et, pour ainsi dire, étranges. Elles rappellent à beaucoup d'égards celles de VOphiostomiim. Des deux côtés, en effet, la membrane nucléaire persiste très longtemps, proba- blement toujours dans dans un grand nombre de cas; il en résulte que les figures sont intérieures et que les cinèses sont incomplètes. La persistance de la membrane est un fait important; nous avons tenu à le constater avec soin. a) Vue en coupe optique équatoriale, la figure est entourée d'un mince liséré granuleux qui représente la coupe optique de la membrane. Ce liséré est mince, parce que la membrane de la vésicule, nous l'avons dit, est de minime épaisseur. Il est surtout visible, après l'action des dissolvants de la nucléine; il arrive même alors que les figures se couvrent de plis à cause du ratatinement de la membrane. LA CYTODIÉRÈSE DE l'œUF 43 /') Sur les préparations colorées par le carmin, la safraninc, le vert de méthyle, la figure est comme enveloppée d'un voile légèrement rosé ou bleuâtre; en abaissant et en relevant successivement le tube du microscope, on s'assure que c'est la membrane qui prend cette teinte nuageuse. c) Pendant la séparation des globules elle se détache nettement à la base du groupe intérieur, ainsi que nous l'avons dit tout à l'heure, fig. 225 à 227. En outre, les figures ne sont pas dimidiées; les filaments sont répandus uniformément dans tout le noyau, peut-être faute d'espace, à cause de la persistance de le membrane. Enfin dans les premières étapes de la cinèse les éléments nuclciniens sont orientés parallèlement; c'est en se retirant peu peu, à et en s'épais- sant proportionnellement, qu'ils donnent naissance aux courts bâtonnets de la couronne et à la couronne elle-même. Il y a cependant des différences. D'abord nous n'avons jamais observé le moindre indice de segmentation transversale à l'équateur, ni le moindre indice de division longitudinale sur les bâtonnets, à aucun stade des deux cinèses. Nous sommes presque certain que la division transversale n'a pas lieu. Quant à la division longitudinale, elle poun-ait, à la rigueur, se faire sur les bâtonnets de la fig. 214 pendant qu'ils sont pressés les uns contre les autres par le retrait de la figure cinétique, fig. 221. Loin de nous d'ailleurs la pensée de nier catégoriquement l'existence de ces deux divisions, parce que nous ne les avons pas observées; une pareille conclusion, basée sur un argument purement négatif, ne serait pas logique. Mais nous devons relater les faits avec exactitude. Nous ferons une remarque semblable à propos de la seconde différence que nous voulons mentionner, et qui a trait à la manière dont se forment les groupes polaires et le fuseau de séparation. Dans VOphiostoiniun ces groupes sont marqués à l'issue de la cinèse; il sont constitués de six demi-bâtonnets, ou de trois bâtonnets encore géminés. Il en est autrement chez V Ascaris lombricoides. Il est aussi impossible d'y reconnaître deux groupes,- à l'étape des FIG. 221 et 222, que dans les noyaux ordinaires. A ne considérer que les phénomènes, il semble, avons-nous dit à dessein, que les anses ou les tronçons nucléiniens se déchirent violemment au moment même de la formation du fuseau de séparation, comme ils le feraient dans la sténose d'un noyau à filament continu, ou à tronçons allongés et enchevêtrés. Il se pourrait cependant que l'apparence ne correspondit pas à la réalité. Les 44 J- B. CARNOY bâtonnets de la couronne équatoriale sont certainement indépendants; ils peuvent rester tels pendant la dislocation de la figure et se réunir en deux groupes rapprochés et serrés, quoique distincts, dans la masse, unique en apparence, de la fig. 222. Pendant la formation du fuseau de séparation, ces groupes ne feraient que s'éloigner l'un de l'autre, comme dans toutes les autres espèces que nous avons étudiées. Au point du vue de l'analogie cette explication est très plausible et, loin de la rejeter, nous sommes porté à l'accepter. Mais, en biologie, l'analogie reposant sur un nombre de faits aussi restreint est mauvaise conseillère. On ne voit pas d'ailleurs pourquoi la formation des globules polaires ne pourrait s'accompagner de la scission des anses nucléiniennes, surtout si l'on songe qu'elle se fait à l'équateur dans YOphiostomum. Il faut attendre que l'on ait fouillé d'autres groupes pour se prononcer définitivement entre les deux interprétations susmentionnées. VI. Ascaris du chien (i) : PI. V, fig. 131 à 133. Nous avons peu de choses à dire sur cet ascaride, les matériaux nous ayant manqué pour en faire une étude approfondie; nous le regrettons vi- vement, car l'élément nucléinien de la vésicule germinative nous a off"ert des particularités intéressantes, [" La FIG. 1315 représente le noyau d'un œuf jeune; on y remarque un boyau pelotonné. Ce boyau se scinde de bonne heure en huit tronçons qui s'ordonnent en deux groupes quaternaires, comme chez V Ascaris niega- locephala, ainsi que nous l'avons représenté en A, fig. 131. On voit en outre sur cette figure que les bâtonnets, ;//, sont déjà marqués d'une ligne hyaline longitudinale. Il existe un nucléole plasmatique, np, dans ces noyaux. Les œufs ressemblent à ceux de l'ascaride du cheval; on y trouve également de nombreuses plaques vitellines. Les cinèses sont calquées sur celles que nous avons décrites dans notre mémoire précédent. La fig. 132 reproduit une portion de l'œuf avant la cinèse au moment où la mem- brane de la vésicule germinative est résolue. Le lecteur voudra bien com- (i) Cet Ascaris n'est pas le mystax, mais nous n'avons pu le déterminer. Nous ne le connaissons que par trois exemplaires qui nous ont été envoyés de l'École vétérinaire de Cureghem ; nous ne l'avons plus retrouvé depuis dans les nombreux chiens que nous avons sacrifiés. LA CYTODIERESE DE LŒUF 45 parer cette figure avec la fig 13, j, Pl. I, de V Ascaris megaloccphala; il verra que ces deux figures sont identiques. De part et d'autre, les deux groupes nucléiniens sont restes bien distincts, et ils sont directement plongés dans le cytoplasme commun, dérivant de la fusion du plasma nucléaire et du protoplasme ovulaire. Mais la constitution des bâtonnets de la fig. 132 est digne d'attention. Chacun d'eux est composé de trois ou quatre portions étranglées, séparées l'une de l'autre par un espace hyalin et vide de nucléine. Celle-ci s'est retirée dans les renflements; en outre elle s'est localisée contre la paroi de son étui, de telle sorte que les bâtonnets sont parcourus dans toute leur longueur par une large bande transparente. Les lisérés nucléiniens sont comme déchique- tés, ou formés de granules superposés, mais l'eliés par des traînées de nu- cléine. On dirait qu'ils sont en division longitudinale. Parfois aussi les renflements sont uniformément granuleux, comme on le voit sur la fig. 133, ^ et n"-. Sous un grossissement suffisant, on constate que les granules sont alors alignés en séries longitudinales. L'ensemble de ces bâtonnets présente un aspect singulier. Lorsqu'ils se croisent, et surtout lorsque les deux groupes sont rapprochés ou à demi- superposés par projection, on croirait voir un très grand nombre de minces bâtonnets, ou une masse compacte de granules. Pour saisir la réalité, il est nécessaire de parcourir les préparations pour rencontrer des groupes étalés, dans lesquels les véritables éléments soient séparés les uns des autres, comme ceux de notre fig. 132. La paroi plastinienne se voit bien sur ces volumi- neux bâtonnets, surtout aux endroits d'où la nucléine a émigré. Ces détails prouvent d'ailleurs que le boyau nucléinien peut offrir des interruptions sans cesser d'être continu ; du fait seul que la nucléine se présente en amas, ou en tronçons, apparemment séparés, on ne peut con- clure à la non-continuité du filament dans un noyau. Le noyau spermatique,7Z5, fig. 132, renferme quatre bâtonnets distincts, qui portent également les marques apparentes d'une future division. 2° Nous avons découvert un certain nombre de figures du premier globule polaire; elles sont identiques à celles de V Ascaris megalocephala. Nous avons remarqué en particulier les fig 15, 33 et 35, de nos Pl. I et IL Le fuseau est dimidié, et les deux groupes quaternaires de bâtonnets se trouvent à l'équateur dès l'origine de la figure. Nous avons observé égale- ment les fig. 42 et 45 qui marquent la rupture de la figure et son retour à l'état de protoplasme ordinaire. 46 J- B. CARNOY La FiG 133 indique la formation du premier globule polaire. A voir les signes si palpables de division longitudinale portés par les bâtonnets, on aurait pu croire que cette division se serait réalisée à la fin de la pre- mière cinèse. Il n'en est rien; l'un des groupes quaternaires est expulsé, l'autre est conservé, et l'aspect des bâtonnets n'a nullement changé. Nos observations sur le second globule sont insuffisantes. Nous dirons seulement que, sur les cinq ou six figures que nous avons rencontrées, les bâtonnets binaires étaient toujours stationnaires. Il y a donc lieu de penser que leur division ne s'effectue que dans le noyau définitif de l'œuf; malheu- reusement nous n'avons pu pousser plus loin nos recherches. Nous l'avons d'autant plus regretté que nous étions plus désireux de contrôler nos observations, concernant la reconstitution des noyaux de con- jugaison chez l'Ascaris megalocephala, sur une espèce dont les phénomènes cinétiques présentaient une si grande analogie avec les siens. VII. Ascaris megalocephala. Pour terminer ce chapitre, nous dirons un mot du développement des noyaux sexuels chez Y Ascaris megalocephala, phénomène que nous ne pou- vions aborder avant d'avoir terminé les descriptions précédentes, et que nous avons dû passer sous silence dans notre premier travail. Reconstitution des noyaux de conjugaison : PI. V, fig. I, II, III, IV et V. 1° Noyau oi'ulaire. Nous connaissons sa constitution à son premier début (i); rappelons seulement cju'il renferme .deux bâtonnets nucléiniens volumineux. Dans les espèces précédentes qui ont un noyau semblable, les bâtonnets se divisent longitudinalement. Il n'en est peut-être pas ainsi chez l'ascaride du cheval; en effet, nous n'y avons jamais observé clairement ce mode de "division sur les deux bâtonnets primitifs. Nous avons rarement remarqué que l'un d'eux (i) Mémoire précédent, p. 5i à 5?. — Nous avons rappelé à cet endroit l'opinion de E. Van Beneden sur la constitution originelle du noyau femelle, et nous en avons fait une critique suffisante. La description qui va suivre du développement des noyaux sexuels, chez Y Ascaris megalocephala, diffère totalement de celle qu'en a tracée notre collègue de Liège, 1. c, p. 5ii à 524. E. Van Beneden parle de membrane nucléaire chromatique et achromatique, d'imbibition de la membrane achromatique par la substance chro- matique; pour lui la membrane achromatique fair partie de la charpente chromatique, etc. Nous ne pouvons nous attarder à réfuter de semblables assertions. Voir notre Mcmoire précédent, p. 4, p. 12; — La Cyto- diérèse che\ les arthropodes, p. 207, note(i); — ■ ha Biologie cellulaire, p. 242, 25i et passim. LA CYTODIERESE DE L ŒUF 47 portait une ligne hyaline continue, fig. I, /;"', ou était remplacé par deux bâtonnets plus minces et de même longueur que le second, qui était encore intact. Le plus souvent on rencontre des images analogues à celles de notre FIG. II, Pl. V. En A, on aperçoit un jeune noyau renfermant deux groupes binaires d'éléments nucléiniens, cjui représentent évidemment les deux bâtonnets originels. Dans le groupe inférieur les deux parties constituantes se tiennent encore par un mince pédicule étiré ; dans le groupe supérieur elles sont isolées; en outre elles sont traversées par une ligne blanche longitudinale. Le jeune noyau B de la même figure présente à peu près la même consti- tution, seulement deux des moitiés ne sont plus retenues par un pédi- cule; elles sont libres toutes quatre, et aucune n'est marquée d'une ligne hyaline. Sur d'autres œufs on trouve que la nucléine s'est portée surtout vers les extrémités des deux bâtonnets ; leur partie centrale devient plus claire, elle s'amincit et semble s'étrangler. On constate ça et là les mêmes phénomènes sur les éléments du second globule polaire, g^, fig. IL Ils in- diquent assez clairement, nous semble-t-il, que les deux bâtonnets subissent d'abord la division transversale. Le noyau n'' de la fig. II est plus avancé. Il renferme quatre groupes binaires ; deux ont leurs bâtonnets parallèles; les deux autres les ont croisés. Enfin, sur la fig. III, 72', on aperçoit huit bâtonnets, séparés pour la plupart, et répandus dans tout le noyau. En comparant les trois noyaux A et ;2\ fig. II, et n'% fig. III, on acquiert la conviction que les bâtonnets issus de la division transversale subissent une nouvelle division. Cette division est longi- tudinale; en effet, sur la première de ces figures, la ligne hyaline se marque dans le sens de la longueur du bâtonnet originel. Mais nous ne voulons pas faire de la chose une question de mots. Les bâtonnets se segmentent et se multiplient, c'est la chose essentielle que nous voulions noter. La seconde division se constate plus difficilement que la première, parce que, le plus souvent, les jeunes bâtonnets ne se séparent pas les uns des autres; ils de- meurent groupés, et, comme en outre ils peuvent se croiser, n' fig. II, il est souvent difficile de les distinguer et surtout de les compter. Mais les images comme celles de la fig. III, ??' nous paraissent lever tout doute con- cernant la réalité de la seconde segmentation. Nous ne pourrions dire si les bâtonnets subissent encore une division, avant de se reconstituer en filament. A l'étape suivante, nous avons fréquem- ment rencontré, sur les préparations faites â l'aide de matériaux maintenus pendant deux jours dans l'alcool acétique, la fig. IV 72'% ou des figures tout à fait semblables. Le noyau ir n'a pas atteint plus de la moitié de son 48 J. B. CARNOY volume définitif, et cependant on y voit un peloton nucléinien des plus reconnaissables ; il tranche, sur le caryoplasma hyalin, par la coloration verte assez intense que lui communique le vert de méthyle. Ces faits prou- vent que le développement du noyau ovulaire de l'Ascaris megalocephala se fait exactement comme dans les espèces précédentes, à part la division transversale initiale des deux bâtonnets. 2° Noyau spermatique. Nous devons dire la même chose dn noyau spermatique. Au moment de la pénétration du spermatozoïde dans l'œuf, il serait difficile de dire si son noyau renferme quatre bâtonnets, ou deux seulement. Plus tard, on en compte sûrement quatre sur certains d'entre eux, fig. I, A et B, mais ils sont souvent groupés et difficiles à distinguer. Les bâtonnets subissent ensuite la division, fig. I, C et D. On ne peut constater ce phénomène avec autant de certitude sur les bâtonnets qui ne sont pas aussi séparés que ceux de ces deux figures; cependant son existance est générale. En effet, au stade subséquent, chacun des groupes nucléiniens est remplacé par quelques bâtonnets placés en zigzag, ou par un mince filament tortillé, fig. III, ns; les images de ce genre sont communes. Du moment que la division a été constatée sur d'autres noyaux, il est naturel d'admettre que les petits bâtonnets ou les tortillons de ces figures sont le résultat d'une semblable division, rendue indistincte par le rapprochement des bâtonnets primitifs et, peut-être aussi, par l'allonge- ment sur place des éléments qui en sont issus. Dans la fig. II, ns, les nouveaux bâtonnets se répandent dans le noyau et se soudent, sans doute, pour reconstituer le filament de la fig. IV, ns. Ces deux noyaux ns ont été copiés exactement à la chambre claire. On trouve d'ailleurs toutes les transitions entre le noyau ns de la fig. III et le noyau ns de la fig. IV; les bâtonnets ou les tronçons tortillés des trois groupes du premier se sépareraient peu à peu, pour donner ensuite naissance à l'élément filamenteux du second. Cette interprétation nous paraît plausible. Les phénomènes précédents se passent assez tôt; ils sont achevés déjà alors que le noyau n'a pas atteint, loin de là, ses dimensions définitives, fig. IV. Les noyaux de cette figure ne feront plus que grandir en déve- loppant leurs anses nucléiniennes. Au moment de la conjugaison, celles-ci sont assez nombreuses et d'une grande minceur. Le développement du noyau mâle, chez l'ascaride du cheval, est donc aussi calqué sur celui des autres nématodes. LA CYTODIERHSE DE LŒUF 49 RÉSUMÉ. - CONCLUSIONS. I. Constitution de l'œuf et de la vésicule germinative. Au point de vue de son organisation, l'œuf est une cellule ordinaire; on y distingue en effet tous les cléments d'une cellule typique : la membrane, le protoplasme et le noyau. 1'^^' La membrane. Les œufs jeunes ont une membrane. Les réactifs coagulants la mettent parfois en évidence avec une grande netteté, en déterminant la rétraction du protoplasme, ainsi que cela se voit en m\ fig. 101, B et C. D'abord mince et d'une extrême délicatesse, elle s'affermit et s'épaissit peu à peu; cependant elle reste apparemment simple; nous ne sommes pas parvenu à la dédoubler. Cette membrane m' est la membrane primaire; elle correspond en effet à celle qui porte ce nom chez les végétaux. Elle est réticulée, comme les autres membranes, fig. 102 et 275; mais le plus souvent son réseau présente des caractères qui la distinguent des enveloppes sous-jacentes, FIG. 275,;»'. La membrane de l'œuf de certains nématodes nous semble être con- stituée exclusivement par cette première couche; il en est ainsi, croyons-nous, chez le Filaroides miistelarum, fig. 175 à 180, fig. 236 à 245, et chez VOphiostomiim miicronatiim, fig. 182 à 199; du moins les couches secon- daires n'y sont pas visibles. Mais sur d'autres œufs il se dépose une série de nouvelles couches concentriques dont l'ensemble forme ce que nous appellerons la membrane second aire [i), pour nous conformer au langage cytologique : m", fig. 102, 233, 273 à 275. A première vue, cet ensemble est homogène, et c'est ainsi que nos devanciers l'ont généralement considéré (2). Mais les réactifs en dévoi- lent la structure. Il n'est pas l'are de rencontrer, dans les préparations à l'acide nitrique, etc., la fig. 18, Pl. I, qui provient de V Ascaris megaloce- phala. On y voit, en coupe optique, en dedans de la membrane extérieure ou primaire, plusieurs couches secondaires exfoliées et indépendantes les unes des autres; la membrane de l'œuf est encore cependant bien mince à cette époque. Sur la fig. ÏÔ2, Pl. V, représentant un œuf de Spiroptera strumosa, après la pénétration du spermatozoïde, la membrane gonflée,- m", offre la même constitution. (i) La première couche ou membrane périvitelline des zoologistes. (2) Voir E. Van- Beneden, 1. c, p. 455, etc. Cet auteur admet aussi que les jeunes œufs sont absolument dépourvus de toute membrane, p. 3i5 et 3i6. 64 50 J B. CARNOY Non seulement la paroi secondaire est formée de couches concentriques mais elle est aussi striée radialement, comme beaucoup d'autres membranes animales et végétales. La fig. 274. que nous avons parfois rencontrée en abondance dans certaines préparations , chez V Ascaris megalocephala, fournit la preuve de cette assertion. Ces stries sont vraisemblablement occasionnées par les trabécules radiales des diverses couches concentriques, qui se correspondent assez exactement de l'une à l'autre. Ces couches sont en effet réticulées, comme la membrane primaire; nous avons tenu à reproduire quelques exemples de cette structure dans les FIG. 273 et 275, tirées des Ascaris niystax et megalocephala. Les minces feuillets m" de ces figures représentent de jeunes membranes, probablement encore en voie de formation. Enfin il peut se former une troisième membrane, la membrane ter- tiaire{\), la dernière de la série. Cette membrane est aussi réticulée, et se plisse aisément; elle se voit en dedans de la membrane secondaire sur nos FIG. 87 à 93, Pl. IV, provenant de l'ascaride du cheval, et sur la fig. 233, m'", appartenant à l'ascaride du chien. En coupe optique, cette membrane est mince et bosselée; on l'a représentée vue en surface pour montrer les mailles délicates formées par ses trabécules. La membrane tertiaire manque assez souvent, même lorsque la pré- cédente acquiert une grande puissance; elle fait défaut sur toutes nos figures des nématodes de la taupe et de la roussette. Comme dans beaucoup de couches cellulaires épaisses, la structure réticulée des membranes primaire, secondaire et tertiaire peut présenter des caractères différents. Toutes ces membranes sont l'œuvre du c3'toplasme. Elles en dérivent en effet successivement, et conservent l'empreinte de sa structure réticulée, malgré les changements physiques et chimiques qui y surviennent pendant leur différentiation (2). Nous ne pouvons entrer dans de plus amples détails, sans sortir du sujet de ce mémoire (3j. Nous avons seulement tenu à montrer que, con- trairement aux assertions des auteurs, les membranes des œufs des nématodes possèdent la structure typique des membranes cellulaires ordinaires, animales et végétales. (r) La seconde couche périvitelline. (2) On peut voir à ce sujet : La biologie cclluLiirc, p. ign et sqq. Nous parlerons d'ailleurs plus loin de la formation des membranes, à propos de la segmentation embr5'onnaire. (3J Nous aurons bientôt l'occasion de mettre ces faits en lumière dans le second fascicule de notre Biologie. LA CYTODIÉRHSE DE l'œUF 51 2° Le protoplasme. Le protoplasme des œufs de nématodes ne présente non plus rien de particulier. Comme dans toute cellule, il se compose d'un réticulum plasti- nien, que les digestions artificielles et les dissolvants des albuminoïdes ordi- naires mettent surtout en évidence, et d'un ench3-lème finement granuleux. En outre, on peut }' rencontrer des enclaves : les vacuoles et les plaques vitellines. f i). Nous avons dit que les œufs des nématodes de la taupe et de la roussette sont dépourvus de ces corps, à part quelques vacuoles qui y surgissent, surtout pendant les cinèses. Cette absence se conçoit : les encla- ves ne font nullement partie constituante et essentielle du protoplasme; ce sont des productions accidentelles, alors même qu'elles sont norm'ales (2). Les enclaves, quand elles acquièrent un certain volume, modifient la structure du protoplasme. Elles refoulent de tous côtés les mailles du ré- ticulum originel et le transforment en cordons plasmatiques. C'est à tort que certains auteurs confondent ces cordons avec le réticulum lui-même. Les trabécules de ce dei-nier sont toujours simples; les cordons au contraire sont formés d'un nombre plus ou moins considérable de couches de mailles repoussées et ratatinées. Nous avons déjà eu l'occasion de faire cette dis- tinction, d'ailleurs élémentaire(3). Ces quelques mots suffisent à montrer pourquoi nous n'avons pas décrit longuement les œufs des diverses espèces que nous avons étudiées; c'eût été perdre notre temps et ennuyer le lecteur. Nous avons préféré donner toute notre attention au troisième élément de la cellule ovulaire, c'est-à-dire à son noyau. 3° Noyau ou ve'sicule germinative. C'était nécessaire. On était loin en effet d'être fixé sur la constitution et la nature de ses diverses parties (4); En résumé, la vésicule germinative est un noyau ordinaire, dans lequel l'élément nucléinien a 5eii donne lieu à la formation d'un sillon circulaire transversal y et, un peu - plus loin, il ajoute : ~ La division s'accomplit donc par un double pro- u cessus : un phénomène d'étranglement progressif qui n'atteint que la partie - corticale du vitellus, et un processus de différenciation dans l'épaisseur w de la masse d'origine nucléaire - D'après nos observations, cet étranglement progressif n'est pas réel; il résulte du dédoublement pur et simple de la plaque. D'ailleurs la descrip- tion et les figures de E. Van Beneden(i) ne donnent qu'une idée vague et bien imparfaite du phénomène de la segmentation. En effet la ligne de séparation des deux plaques, dont il parle, c'est la plaque elle-même ; les deux larges plaques, situées de part et d'autre de cette ligne, ce ne sont pas des plaques, ce sont les lisérés hyalins du protoplasme ovulaire qui bordent la plaque elle-même, et qui sont légèrement indiqués sur nos FiG. 232 à 235 et 269. E. Van Beneden n'a donc pas vu la plaque véritable. Les deux plaques adjacentes qu'il mentionne ne répondent pas d'ailleurs dans leur ensemble, comme il l'affirme, à la plaque cellulaire de Strasburger. La plaque de Strasburger correspond exactement à celle que nous avons décrite; elle est toujours simple à l'origine, elle est double seulement après son clivage. Des observations qui précèdent nous pouvons conclure avec certitude que la segmentation s'opère, chez les nématodes que nous avons observés, comme dans les tissus des végétaux, c'est-à-dire par l'intervention exclusive d'une plaque cellulaire. Le clivage de cette plaque peut occasionner un étranglement apparent, à cause, sans doute, de la tendance des cellules à prendre la forme sphérique, qui semble commandée par les forces inté- rieures; cette tendance se manifeste d'ailleurs également dans les plantes. (1) e. Van Beneden ; 1. c, p. 563 et 564, Pl. XIX'", fig. 10 à i3. 84 J- B. CARNOY RÉSUMÉ GÉNÉRAL. Nous sommes arrivé au terme de nos études sur la diérèse des cellules animales. I. Dans la Première Partie, nous avons fouillé un embranchement tout entier, celui des arthropodes. Les phénomènes caryocinétiques y étaient inconnus, ou avaient à peine été effleurés chez un très petit nombre d'animaux (i). Aucun auteur ne s'était non plus occupé sérieusement de leur plasmodiérêse; personne n'y avait signalé l'existence d'une plaque cellulaire (2). I. En parcourant les divers tissus fixes et adultes des arthropodes nous y avons découvert la. sténose (3). A cette occasion nous avons montré pour la première fois que ce mode de division peut s'effectuer à l'aide d'une plaque cellulaire, à l'instar de ce qui se voit dans certains tissus végétaux (4). IL Parmi les tissus en activité nous avons surtout étudié le contenu testiculaire, et nous sommes arrivé aux résultats généraux suivants : 1° La division cinétique existe dans tous les groupes d'arthropodes, mais elle présente, dans les cellules testiculaires, des allures particulières et des variations importantes qui l'éloignent, à plusieurs égards, du schéma général de Flemming, quelle que soit d'ailleurs l'interprétation ou la signi- fication que l'avenir réserve aux faits que nous avons fait connaître. 2° C'est dans les cellules testiculaires qne nous avons découvert les figures ouvertes ou dimidiées. Nous en avons donné l'explication, et nous avons montré que les couronnes polaires s'y forment dans une direction diamétralement opposée à l'axe principal du fuseau primitif (5). Ces premières données ont été étendues dans une large mesure, et complétées par nos recherches sur les figures cinétiques de l'œuf des nématodes (6). Nous avons pu signaler alors un autre phénomène non moins singulier, celui de la rupture variée de ces figures ouvertes. (1) Voir rhistorique tracé dans La Cytodiércsc che^ les arthropodes, p. 245 à 2S0. (2) Ibidem, p. 374. (3) L'état de la science concernant Texistence de la division directe du protoplasme ou plasmosténose a été indiqué aux p. 226 et 227 de La Cytodiérese che^ les arthropodes. (4) Ibidem, p. 238 à 244. (5) La Cytodiérese chej les arthropodes, p. 25g et 260, PI. II, fig. 3g à 44. (6) Voir surtout notre Mémoire sur l'Ascaris megalocephala, p. 22 à 27, 45 à 49, et les nombreuses figures qui y sont indiquées. — Voir aussi plus haut, p. 8, 22, 28, 45, etc. SEGMENTATION DE l'œUF 83 Cette étude nous paraît constituer un chapitre important et l'un des plus intéressants de l'histoire si curieuse de la diérèse cinétique; on ne pourra se dispenser d'en tenir compte dans une théorie générale de la cinèse. 30 La sténose y existe également, du moins chez les crustacés : a) dans le testicule au i^epos, et avant que la cinèse n'envahisse les cellules testi- culaires; b) dans des éléments particuliers, par exemple dans le plasmodium pariétal où la cinèse n'apparaît pas (i). c) Enfin, chez certains animaux, et peut-être sous l'influence de certaines circonstances, la cinèse, avons-nous dit, subit des dégradations qui la rapprochent insensiblement de la sténose. C'est donc avec raison, que nous avons tiré de cette étude la conclusion que la sténose existe normalement chez les arthropodes, et que : " dans le •^ testicule, la division directe peut s'exercer concurremment, ou successive- - ment, et alterner avec la division indirecte (2). » 4" Entre la cinèse totale et la sténose nous avons établi une catégorie intermédiaire de divisions, celle des cinèses imparfaites ou intérieures (3). L'existence normale de ces figures chez certains nématodes apporte un nouvel appui à cette manière de voir (4). in. La plasmodiérèse des cellules testiculaires a été de notre part l'objet d'une attention particulière. Nous avons montré qu'elle se fait de trois manières : a) A l'aide d'une plaque cellulaire; b) Au moyen d'un étranglement; c) Par les deux modes à la fois (5), A cette occasion, nous avons fait une étude approfondie de la plaque cellulaire, surtout de la plaque fusoriale; nous avons insisté sur les diverses destinées de cette dernière et sur le rôle qu'elle joue dans la division (6). II. Dans la Seconde Partie nous avons consigné les résultats de nos recher- ches sur un autre groupe d'animaux, celui des nématodes. Depuis long- (1) Voir Gii^ON : Étude comparée de la spennatogénese che^ les arthropodes ; La Cellule, t. II, fasc, pp. 90, io5, 110 et i3o. Ses résultats sont conformes aux nôtres. (2) La Cytodicrese che^ les arthropodes, p 244. (3) La Cytodiérese che^ les arthropodes, p. 410. (4) Voir plus haut, p 3o à 44. (5) La Cytodiérese che^ les arthropodes, p. SgS. (6) Ibidem, p. 375 à 3q5. 86 J- B. CARNOY temps (i), ce groupe nous avait en effet paru favorable à l'étude d'un dernier genre de cellules, que nous devions rencontrer en parcourant le cycle de la diérèse chez les animaux : nous voulons parler des œufs et des cellules em- bryonnaires; les cinèses polaires et la segmentation de l'œuf constituent en effet un chapitre important de la division cellulaire. Or, cette étude nous a conduit à des conclusions différentes de celles qui ont été formulées par M. Nussbaum et E. Van Beneden, à la suite de leurs observations sur V Ascaris inegalocephala et à des résultats différents également de ceux qui ont été obtenus par les savants chez d'autres animaux. En voici le résumé, déjà connu du lecteur (2). 1° Les deux cinèses polaires, variables d'une espèce à l'autre, sont constantes et identiques pour chacune d'elles; elles sont totales ou inté- rieures. 2" En général, les figures sont dimidiées ; il n'y a pas de couronnes polaires véritables. Les figures disparaissent toujours avant la formation des globules. 3° La division équatoriale a lieu parfois, mais elle fait le plus souvent défaut. 4° Nous avons découvert l'existence de la division longitudinale dans presque toutes les espèces. Cette division ne se fait jamais dans la figure cinétique. Tantôt il y en a deux, une à la fin de chaque cinèse; tantôt il y en a une seulement. Celle-ci a lieu avant la formation du second globule, ou, le plus sou- vent, après l'expulsion de ce dernier, au sein même du noyau femelle déjà reformé. 5° Les cinèses polaires sont variables ; mais leurs variations rentrent dans le cadre des variations de la cinèse ordinaire, surtout de la cinèse des cellules testiculaires. 6° En général, les trois quarts des éléments nucléiniens primitifs de la vésicule sont expulsés avec les deux globules, tels qu'ils étaient aupara- vant (3) et sans subir de modification. Aucune division des bâtonnets n'intervient dans l'acte même de leur expulsion, si ce n'est peut-être chez V Ascaris lombricoïdes. 7° Le fuseau de séparation, dont nous avons d'abord signalé la pré- sence chez V Ascaris inegalocephala, existe chez tous les nématodes. (1) Trospectus de la Biologie, S avril, i8S3. (2) Voir plus haut les conclusions générales, p. 52 à 62. (3) Voir plus haut, p. 55. LA SEGMENTATION DE l'œUF 87 Chez tous, l'œuf subit pendant la formation du globule, une plasmo- diérèse inégale, à l'aide d'une plaque cellulaire établie dans ce fuseau. Les globules sont donc des cellules. 8° Nous avons constaté, pour la première fois, la division longitudi- nale des bâtonnets du noyau mâle, au sein de l'œuf, et en dehors de toute cinèse. 9° L'élément nucléinien se reconstitue à l'aide des nouveaux bâtonnets dans les deux noyaux de conjugaison. 10° La première figure de segmentation (i) est une figure cinétique ordi- naire, seulement elle résulte de la fusion de deux noyaux. Chacun des noyaux fournit à la figure le même nombre de bâtonnets , mais on ne peut se fonder exclusivement sur cette dualité pour établir une théorie de la fécondation. 11° Il n'y a pas de correspondance obligée entre le nombre des bâtonnets de cette figure et celui des bâtonnets de la vésicule ou des figures polaires. 12° Les figures subséquentes (2) sont identiques à la première, cepen- dant on trouve çâ et là des variations importantes, surtout en ce qui concerne la division longitudinale. 13° La plasmodiérèse de l'œuf et des cellules embryonnaires s'exécute toujours, chez les nématodes, à l'aide d'une plaque cellulaire; l'étranglement, qui s'y fait éventuellement, résulte du dédoublement de la plaque (3). Ces observations sont de nature, croyons-nous, à jeter quelque jour sur les cinèses de l'œuf, sur la formation et la signification des globules polaires; les différentes phases de leur histoire n'avaient peut-être pas encore été considérées avec l'attention qu'elles méritent. Nos recherches nous ont permis de signaler les principaux points sur lesquels l'attention des savants devra surtout se porter à l'avenir. Enfin l'étude attentive que nous avons faite des divisions polaires et de la segmentation chez les nématodes, achèvera, nous osons l'espérer, de T Faire tomber la dernière barrière qui se dressait encore entre la cellule ani- r maie et la cellule végétale, en démontrant que la plasmodiérèse est iden- " tique dans les deux règnes (4). Ce résultat est fondamental en cytologie (5). (i) Voir plus haut, p. 67 à 76. (2) Voir plus haut, p. 76 à 78. (3) Voir plus haut, p. 79 à 83. (4) Conclusion générale de la première partie. La Cytodiérese chei les arthropodes, p. 411. (n) On peut voir aux p. 372 à 375 de La Cytodiérese cliej les arthropodes, à quel point en était la question de la plasmodiérèse cinétique des cellules animales lorsque nous l'avons reprise. 88 J, B. CARNOY III. Le titre et le caractère de nos mémoires indiquent suffisamment que nos observations ne se sont pas bornées à l'étude des phénomènes de la division; nos regards ont été constamment tournés en même temps vers l'organisation cellulaire. 1° Le noyau. a) Après avoir recherché expérimentalement quels sont les moyens d'investigation qu'il est nécessaire d'employer pour faire l'étude fructueuse du noyau (i), b) Nous avons essayé de débrouiller l'histoire, jusque là inextricable des nucléoles, en déterminant, par des expériences et des obsei^vations nombreuses et précises, la nature multiple de ces corps (2), c) Et celle non moins compliquée et non moins discutée de la vésicule germinative ou du noyau de l'œuf; nous croyons avoir réussi à fixer la nature de ses divers éléments, et à dévoiler l'origine et le caractère des taches de Wagner(3), d) Nos observations sur l'élément nucléinien nous ont conduit aux résultats suivants : Il se présente sous la forme de filament ou de boyau, suivant notre dé- nomination, soit continu et pelotonné, soit divisé en tronçons de diverse grandeur (4), (1) Voir La vésicule germinative etc. de l'Ascaris megalocephala, p 3 et suivantes. (2) La Cytodiérese che^ les arthropodes, p. 2o3 et 207. — La vésicule germinative etc. de l'As- caris megalocephala, p. 7. Dans son travail sur le nucléole, Zacharias a confirmé les principaux résultats de nos recher /'J^'"'^'''- -'^^ ' iwSft-'. *,■./:'■:';. -i'S "-*; / /i:""'-''"'' ■;,"■■■■/■ ■> .'■*w \%^'*'<^'iii^iLi-iaI''" ■ -.-■ / \J%^;fi£(ïtiiJ*'*^ ^/ ti4 "^P J^.ûzriwy ei A:Meuniero^ na.t cUl /„,.p: J^lit'iorti. L.VaivAkea. saùp. Pkmche VI . Sj^/ia/rr/rJ. JB:CaraoyitA:Muuvier ad nat del. liih/.'P'^^oiit, 180 I:-lJULA^-r Fhineho MI. I ^^5^;^^ / r k/w 7(9'? wo ^ - ^ ..# / \. ^ s-\ x:. 'iflc i> s*»'' \ 'i;V* :'/.;. \ \^.2i6 \ /// l- ?fVy= \ \ 218. 2W ;o7 ""-;—?!; P\ /( 'l^X:^ ">\ U^^. \ m' 758. ;;^li\%^^^ *^-/ ■ ' M . ^/ V l^b ?^4 V'y>t' y"^, -^.. ' .v^. -^-x T ^^^^:\ \l\ M^'^ ?27 loi- 0i-*>^ j(i') -<:ivV- i?tf? X^ \ •X>^ fh ■206. 230. 2J1 .•??l'??^i.-. '•v'^. '47ii MJJ •f'IQ '"^ > . N - ^^".T-r^\ '^- ^ ". ^sK \ J£ Cai-rwy eU A/eunùr, ocd nid ilÀ. Pfanche XIE. 0^^/(l /fv/r. .i A Meunier ad n u l , ,% llthAnvanl AJOC! :: ÉTUDE SUR LA CONSTITUTION CELLULAIRE DE LA FIBRE NERVEUSE PAR L. GEDOELST DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES. {Mémoire déposé le 30 décembre 1886.) 7» A NOTRE SAVANT ET VENERE MAITRE Monsieur le Chaçoine J, B, CARNOY PROFESSEUR DE CYTOLOGIE GÉNÉRALE A l'université CATHOLIQUE Puissent ces quelques observations contribuer pour une faible part à confirmer les nombreuses et intéressantes recherches que vous avez faites sur la constitution générale de la cellule dans les deux règnes, et justifier pleinement les aperçus nouveaux que vous nous avez exposés depuis long- temps sur la signification de la fibre nerveuse. VOTRE ELEVE RECONNAISSANT L. GEDOELST. PRÉLIMINAIRES I. BIBLIOGRAPHIE. Notes avons adopté l'ordre chronologique dans le groupement des mémoires. En outre, pour la facilité des recherches, nous avons reparti les différents travaux en trois groupes, suivant qu'ils s'occupent de la fibre nerveuse, de la cellule en général ou de la chimie physiologique. 1° Bibliographie de la fibre nerveuse. 1 Leeutpenhoek : Opéra omnia s. arcana naturœ détecta; Lugduni Batavorum, 1687. 2 G. Délia Torre : Nuove osservazioni microscopiche; Napoli, 1776. 3 G. Prochaska : De structura nervorum tractatus anatomicus, tabulis aeneis illustratus; Vindobonas, 1779- 4 F. Fontana : Traité sur le venin de la vipère; Florence, 1781. 5 ^4. Barba : Osservazioni microscopiche sul cervello e sul parti ad- jacenti; Napoli, 1807. 6 G. R.etL.Ch.Treviranus: Verniischte Schriften; Gôttingen, 1816. 7 Prévost et Dumas : Mémoire sur les phénomènes qui accompagnent la con- traction de la fibre musculaire; Journal de physiologie expérimentale de Magendie, t. III, 1823. 8 H. Milne-Edipards : Mémoire sur la structure élémentaire des principaux tissus organiques des animaux; Paris, 1823. — Journal des sciences naturelles, 1826. 9 Gerber : Handbuch der allgemeinen Anatomie des Menschen und der Haussâugethiere; Bern, i83o. 10 Ehrenberg : Nothwendigkeit einer feineren mecanischen Zerlegung des Gehirns und der Nerven von der chemischen dar- gestellt aus Beobachtungen von Ehrenberg; Annalen der Physik und Chemie von Poggendorff, Bd. XXVIII, i833. 11 J. Millier ; Jahresbericht iiber die Fortschritte der anat. physiol. Wiss. im Jahre i833; Archiv f. Anat., Phys. u. wiss. Med. von J. Millier, 1S34. 12 Lauth : Recherches microscopiques sur la structure intime des tissus chez l'homme; L'Institut, L'VII, LXX, LXXIII, 1834. i3 Valentin : Ueber die Dicke der varicôsen Faden in dem Gehirne und dem Kiickenmarke des Menschen; MûUer's Archiv, 1834. 14 Treriramis : Beitrâge ziir Aufklârung der Erscheinungen und Gewebe des organischen Lebens; Bremen, i835. ii8 i5 Ehrenberg 16 Valentin 17 Emmert 18 Volkmann 19 Langenbeck 20 Remak 21 26 27 28 29 3o 3i 32 33 Gottsche 22 Valentin 23 H. Dutrochet 24 Burdach 25 J. Millier Remak Pitrkinje Maj^er Volkmann Ehrenberg Remak Harting Rosenthal L. GEDOELST : Beschieibung einer auffallenden und bisher unerkannten Structur des Seelenorganes; Berlin, i836. : Ueber den Verlauf und die Enden der Nerven; Bonn, i835. : Ueber die Endigungsweise der Nerven in den Muskeln; Bern, i836. : Neue Beitrâge zur Physiologie des Gesichtssinnes; Leip- zick, i836. : De retina observationes anatomico-pathologicse; Gôttingen, i835. : Vorlâufige Mittheilungen microscopischer Beobachtun- gen liber den inneren Bau der Cerebrospinalnerven und iiber die Entwicklung ihrer Formelemente; Mûl- 1ers Archiv, i835. : Ueber die Nervenausbreitung in der Retina; PfafF, Mittheil. aus d. Gebiet d. Med., Chirurgie u. Phar- macie, N. F., Altona, i836. ; Ueber den Verlauf und die letzten Enden der Nerven; Acad. Cass. Leop. Nova Acta, XVIII, i836. : Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et phy- siologique des végétaux et des animaux; Paris, 1837. : Beitrag zur mikroskopischen Anatomie der Nerven; Kônigsberg, 1837. — Expérience, t. 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XII — • XIII, 1768 — 69. ■ — Ueber die Bildung des Darnika- nals; Halle, 1812. 193 Brisseau-Mirbel : Histoire naturelle générale et particulière des plantes ou traité d'anatomie et de physiologie végétales, servant d'introduction à l'histoire des plantes; Paris, 1800 et 1802. — Exposition de la théorie de l'organisation végétale, 1809. 194 Dutrochet : Recherches sur la structure intime des animaux et des végétaux; Paris, 1S24. 195 Tiirpin : Organographie microscopique, élémentaire et comparée des végétaux; Paris, 1826. (Tiré à part des Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, t. X"VIII.) 196 Brisseaii-Mirbel : Recherches sur les Marchantia, i83i — 32. 197 Robert Brown : On the organs and mode of fécondation in Orchideae and Asclepiadeae; Read nov. i and i5, i83i. From the Transact. of the linnean Soc. of London, vol. XVI, i833. 128 199 De Qiiatrefages Dumortier Turpin 201 M. J. Schleiden 202 Brisseau -Mirbel 203 Raspail 204 Hugo von Molli 205 Leydig 206 C. Frommann 207 J. Heit^mann 208 Kupffer 209 W. Flemming 210 R. Hertwig 21 1 R. Hertiuig 212 W. Flemming 2l3 E. Klein 214 J. Arnold 2l5 W. Flemming 2l5 R. Hertwig 217 F. Schmiti 218 Ed. Strasburger 219 E. G. Balbiani 220 Kollmann L. GEDOELST : Mémoire sur l'embryogénie des Planorbes et des Lym- nées; Ann. des Se. nat., 2= sér., t. II, 1834. : Mémoire sur l'embryogénie des mollusques gastéropodes; Ann. des Se. nat., 2^ sér., t. VIII, iSSy. : Observations sur l'organisation tissulaire des sécrétions produites aux surfaces des membranes muqueuses ani- males comparées aux sécrétions muqueuses productrices et réparatrices des végétaux; Ann. des Se. nat., 2<= sér., t. VIII, 1837. : Beitrâge zur Phytogenesis; MûUer's Archiv, i838. : Nouvelles notes sur le Cambium, 1839. : Nouveau S3-stème de chimie organique; Paris, 1839. : Vermischte Schriften botanischen Inhalts; Tùbingen, 1, 1 845 : Vom Bau des thierischen Kôrpers; Tùbingen, 1864. : Centrlbl. f. med. Wiss., i865. — Untersuchungen liber die normale und pathologische Anat. des Rùckenmarks; Jena, 1867. : Untersuchungen ùber das Protoplasma. — ■ Das Ver- hâltniss zwischen Protoplasma und Grundsubstanz im Thierkôrper; Sitzgsb. d. k. Akad. Wien, 1873. : Ueber Differenzirung des Protoplasmas; Schriften d. natur. Vereins f. Schleswig-Holstein, Bd. I, 1875. : Beobachtungen ùber die Beschaffenheit des Zellkerns; Archiv f. mikr. Anat., Bd. XIII, 1877. : Beitrâge zu einer einh. Auffassung d. versch. Kern- formen; Morph. Jahrb., Bd. II, 1876. : Zur Histologie der Radiolarien; Leipz., 1876. : Zur KenntnissdesZellkerns; Centrlbl. f.d. med. Wiss., 1877. : Observ. on the structure of cells and nuelei; Quart. Journ. of mier. Se., 1878. : Ueber feinere Structur der Zellen unter normalen und pa- thologischenBedingungen;Virchow 's Archiv, 1879, Bd. 77. : Beitrâge zur Kenntniss der Zelle; Arch. f. mikr. Anat., 1879—80—81. : Der Organismus der Radiolarien; Jena, 1879. : Untersuchungen ùber die Structur des Protoplasmas und des Zellkerns bei Pflanzenzellen; Sitzgsb. d. niederrhein. Gesellsch., Bonn, 1880. : Zellbildung und Zelltheilung, 3' Aufl.; Jena, 1880. : Sur la structure du noyau des cellules salivaires chez les larves de Chironomus; Zool. Anz., 1881. : Ueberthierisches Protoplasma; Biolog. Centrlbl., 18S2-83. BIBLIOGRAPHIE 129 222 233 234 235 Strasbiirger E. Klein 223 W. Flemming 224 A . Rauber 225 Strasbiirger 226 Tangl 227 Gardiner 228 Russoiu 22g Gardiner 23o /. B. Carnoy 23 I Berthuld 232 Terlet:{ki Tangl Fisch J . B. Carnqy : Ueber dcn Tlieilungsvoig. d. Zellkern, u. d. Verhâlt. d. Kerntli. zur Zelltheilung; Bonn, 1SS2. — Aich. f. mikr. Anat., Bd. XXI, 1882. : On Ihe lymph. System and the structure of tlie salivary glands and pancréas; Quart. Journ. of micr. Se, 1882. : Zellsubstanz, Kern und Zelltheilung; Leipzig, 1882. : Neue Grundlegungen zur Kenntniss d. Zelle; Morphol. Jahrb., Bd. VIII, 1882. : Ueber den Bau und das Wachsthum der Zellhaute; Jena, 18S2. : Ueber offene Communication zwischen Zellen des En- dosperms, etc.; Pringsheim's Jahrb., Bd. XII, i88r. : Open communication between the cells in the Pulvinus of mimosa pudica; Quart. Journ. of micr. Se, 1882. : Ueber Perforation der Zellwand, etc.; Sitzgsb. Dorp. naturf. Gesellsch., i883. : On the continuity of the protoplasm throught the walls of cells; Phil. transact. royal Soc, vol. III, i883. — Arbeit des bot. Instit. in Wûrzburg, Bd. III. ; La Biologie cellulaire. Etude comparée de la cellule dans les deux règnes; Lierre — Louvain, 1884. : Ueber das Vorkommen von Protoplasma in Intercellu- larrâumen; Ber. d. deutsch. bot. Gesellsch., Bd. II, 1884. : Ueber den Zusammenhang des Protoplasmas benach- barter Zellen und uber Vorkommen von Protoplasma inZwischenzellràumen; Ber. d. bot. Gesellsch., Bd. II, 1884. : Zur Lehre von der Kontinuitât des Protoplasmas im Pflanzengewebe; Sitzgsb. d. Akad. Wiss. Wien, 1884. : Die neueren botanischen Forschungen ûber Protoplasma- verbindungen benachbarter Zellen; Biolog. Centrlbl., Bd. IV, 1884. La Cytodiérèse chez les arthropodes; la Cellule, t. I, i885. 3° Bibliographie concernant rhistochimie et la chimie physiologique. 236 237 238 M II l der F. C. Donders Virchow Physiologische Chemie; Braunschweig, 1844 — 1852. De vorm, de zamenstelling en de functie der élémen- taire deelen, in verband met hunnen oorsprong; Ne- derlandsch Lancet, I, i85i — 1852. — Zeitschr. f. wiss. ZooL, III, i85i. Ueber das ausgebreitete Vorkommen einer dem Ner- venmark analogen Substanz in den thierischen Geweben; Arch. f. path. Anat. u. Phys., Bd. VI, 1854. 74 130 L GEDOELST 23g 240 Diaconoiv 241 Diacoiiow 242 von Wittich 243 Hoppe-Sej'ler 244 A . Gautier 245 En 'ald et Kithne 246 A . Bùkay 247 Hammarsten 248 Hoppe-Seyler 249 Reinke et Rodeivald 25o A . Cahn 25 I Kossel 252 Landyvehr 253 Landtyehr 254 J. Horbacieii'ski 255 Hammarsten 256 E. Zacharias 257 Giacosa W. Millier : Beitràge zur Kenntniss der Molecularstiuctur thieiischer Gewebe; Zeitschr. f. rat. Med., 3<^ Reihe, Bd. 10, Hft. 2, 1860. : Ueber die chemische Constitution des Lecilhin; Centrlbl. f. d. med. Wiss., 1868, n" i. : Das Lecithin im Gehirn; Centilbl. f. d. med. Wiss , 1868, n° 7. : Ueber eine neue Méthode zur Darstellung kûnstlicher Verdauungsflûssigkeiten;Arch.f. d.ges.Phys.,Bd.II, i86g. : Med. chem. Untersuchungenj Hft. 4, 1870. : Chimie appHquée à la physiologie, ù la pathologie et à l'hygiène; Paris, 1S74. : Die Verdauung als histologische Méthode; Verhandl. d. natur. histor. med. Vereins zu Heidelberg, 1877. : Ueber die Verdaulichkeit des Nucleins und Lecithins; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. I, 1877 — 1878. : Maly's Jahresbericht f. 1880. : Physiologische Chemie; Berlin, 1877 — i88r. : Studien ùber das Protoplasma : I. Die chemische Zu- sammensetzung des Protoplasma von Aethalium septicum; Unters. aus d. botan. Labor. d. Universitât Gôltin- gen, 1881. : Zur physiol. u. pathol. Chemie des Auges; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. V, Hft. IV, 1881. : Untersuchungen ûber die Nuclein und ihre Spaltungspro- ducte; Strasburg, 1881. : Untersuchungen ûber das Mucin der Galle und das der Submaxillardrûse ; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. V, 1881. : Untersuchungen ûber das Mucin von Hélix pomatia und ein neues Kohlenhydrat (Achrooglycogen) in der Weinbergschnecke; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. VI, Hft. 3, 1882. : Ueber das Verhalten des Elastins bei der Pepsinver- dauung; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. VI, 1882. : Metalbumin und Paralbumin. Ein Beitrag zur Chemie der Kystomfliissigkeiten; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. VI, Hft. 3, 1882. : Ueber Eiweiss, Nuclein und Plastin; Bot. Zeit., i883. : Études sur la composition chimique de l'œuf et de ses enveloppes chez la grenouille commune : I. Sur l'enveloppe muqueuse de l'œuf; Zeitschr. f. physiol. Chemie, t. VII, 1882— 1883. BIBLIOGRAriIIE 13 1 25S K. Bikfalvi : Veigleichend-mikroskopische Untersuchungen ûber die Verdaulichkeit der Gewebe im Magensaft imd Bauch- speichel; Orvosi Hertilap, i883. — Orvostermészettudo- mânyi 'Ertesito, i883, Physiol. Instit. Klausenburg. Réf. in Hofmann u. Schwalbe's Jahresber., Bd. XII, Abth. 2, i885. 25g J. Reinke : Studien iiber das Protoplasma. Zweite Folge : I. Ein BeitragzurpliysiologischenChem. von Aethaliumsepticum; Unters. aus d. bot. Labor. d. Universitât Gôttingen, i883. 260 K. Bikfalvi : Welche Nahrungstoffe veidaut der Magen am leichtesten? Orvostermészettudomànyi 'Ertesito, 1884. Réf. in Jah- resber. V. Virchow u. Hirsch f. i885. 261 Drechsel : Chemie der Secrète und Gewebe; Hermann's Handbuch der Physiologie, Bd. V, Th. i, i883. 262 C. Krukenberg : Grundzûge einer vergleichenden Phj'siologie der thie- rischen Gerûstsubstanzen ; Vergleichend-physiologische Vortrâge, IV, Heidelberg, i885. 263 C. Krukenberg : Ueber die chemische Beschaffenheit der sog, Hornfâden von Mustelus und liber die Zusammensetzung der kerati- nôsen Hiillen um den Eiern von Scyllium stellare; Mitth. a. d. zool. Station zu Neapel, Bd. VI, i885. 264 Steinbriigge : Untersuchungen uber das Vorkommen von Keratin in der Sâugethierschnecke;Zeitschr.f. Biologie, Bd.XXI, i885. 255 O. Hammarsten : Studien liber Mucin und mucinâhnliche Substanzen; Pfliiger's Archiv, Bd. 35, i883. 255 Lobisch : Ueber Mucin aus der Sehne des Rindes; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. X, i885. 267 Krukenberg : Untersuchungen ûber den chemischen Bau der Eiweiss- stoffe; Sitzgsber. d. Jenaischen Gesellsch. f. Med. u. Naturw., i885, Hft. i. 268 J . Chevalier : Chemische Untersuchungen der Nervensubstanz; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd. X, Hft. 2, 1886. 259 K. Raske : Zur chemischen Kenntniss des Embryo : II. Ueber die chemische Zusammensetzung des embryonalen Gehirns; Zeitschr. f. physiol. Chemie, Bd X, Hft. 4, i885. HISTORIQUE. L'historique de nos connaissances sur la filtre nerveuse comprend trois périodes. La première commence à Leeuwenhoek qui, dans sa curiosité de dé- butant, s'ingénia à observer tous les objets qui étaient susceptibles d'un examen microscopique. Elle s'étend pendant l'espace d'un siècle et demi jusqu'à ScHWANN et peut être considérée comme une période d'élaboration. La deuxième débute avec la publication des célèbres recherches de ScHWANN et va jusqu'à Ranvier. Cette période est tout entière consacrée à l'analyse et au contrôle des observations antérieures. Aucune découverte importante ne vient modifier sensiblement la conception de la fibre nerveuse, telle que Schwann l'avait esquissée. Ce n'est qu'avec la troisième période que nos connaissances se complè- tent grâce aux intéressantes observations de L. Ranvier. A partir de ce moment et à la suite des nombreuses acquisitions que la science a faites dans le domaine de la cytologie générale, les histologistes parviennent à établir sérieusement la nature cellulaire de la fibre nerveuse. C'est cette évolution de nos idées qui caractérise la troisième période qui se continue jusqu'à nos jours. La première partie de notre historique sera consacrée à un exposé rapide de ces trois périodes. Nous réserverons une seconde partie, dans la- quelle nous rappellerons avec plus de détails les observations qui ont été faites au sujet d'un élément réticulé ou fibrillaire dans la fibre nerveuse. I, HISTORIQUE DE LA FIBRE NERVEUSE EN GÉNÉRAL A. Première période. De Leeuwenhoek à Schwann (1687—1839). Leeuwenhoek (1) fut le premier qui, appliquant le microscope à l'étude des éléments organiques, décrivit la structure des nerfs. Sa description de la fibre nerveuse se distingue par une exactitude re- marquable : la fibre est constituée par un tube aux contours très nets, qui renferme un liquide spécial transparent. Tout incomplète que soit cette description, elle offre un intérêt parti- culier, parce qu'elle reconnaît implicitement l'existence d'une membrane d'enveloppe. Certes, Leeuwenhoek n'a reconnu, ni décrit la membrane de la fibre nerveuse, mais l'assimilation qu'il fait de celle-ci à un tube, à un vais- seau, suppose naturellement une paroi. Pour Leeuwenhoek et tous les physiologistes qui l'ont immédiatement suivi, il existe un fluide nerveux, analogue au sang, qui est distribué comme celui-ci à toutes les parties du corps par l'intermédiaire des nerfs. Prochaska (3) renversa bientôt cette hypothèse et, sans apporter des contributions nouvelles aux connaissances acquises sur la structure de la fibre nei-veuse, il démontra qu'il n'y avait aucune circulation de la moelle nerveuse. Ce ne fut qu'un siècle après Leeuwenhoek que nos connaissances se complétèrent et se modifièrent, grâce aux observations de Fontana(4). D'après ce physiologiste, le nerf est constitué par un grand nombre de cylindres transparents, homogènes, uniformes et très simples. ^ Ces cylin- » dres paraissent formés d'une paroi ou tunique très subtile, uniforme, rem- r plie, autant que l'œil peut en juger, d'une humeur transparente, gélati- r- neuse, insoluble dans l'eau. Chacun de ces cylindres reçoit une enveloppe y en forme de gaine extérieure, laquelle est composée d'un nombre immense r, de fils tortueux (').« (') FoMTANA : Traité sur le venin de la vipère, p. 207. 136 L. GEDOELST En dissociant un nerf à l'aide des aiguilles, Fontana parvint à observer sur une partie de son trajet un de ces cylindres, isolé de son enveloppe externe. -^ Je soupçonnai alors, dit-il, que le cylindre nerveux primitif était r> formé d'un cylindre transparent plus petit, plus uniforme et couvert d'une « autre substance, peut-être de nature cellulaire y^). >• Il avait ainsi observé le premier le cylindre-axe, dont l'existence ne fut définitivement acceptée qu'un demi-siècle plus tard, grâce aux observations concluantes de Remak(26, 3 0, appuyées par celles que publièrent peu après PURKINJE (27) et ROSENTHAL (33). Enfin Fontana décrivit également la membrane externe qu'il consi- déra comme formée de petits tubes ou fibres courant le long du nerf. Ainsi il était parvenu à distinguer l'existence des trois éléments consti- tutifs de la fibre nerveuse : la membrane d'enveloppe, la couche médullaire et le cylindre-axe. Si sa description laisse parfois à désirer, il n'est guère permis de nier que Fontana ait reconnu le premier la véritable structure de la fibre nerveuse. La plupart des auteurs qui lui succédèrent admirent en partie les faits exposés par Fontana, et se plurent à reproduire ses descriptions. Barba (5) interpréta cependant d'une manière un peu différente le résul- tat de ses observations. Il examina les nerfs dans l'eau, comme l'avaient fait tous ses prédécesseurs; aussi la description qu'il en a donnée, n'est pas celle de la fibi'e normale, mais celle de la fibre modifiée par le milieu artificiel dans lequel il l'a placée. C'est ainsi qu'il décrivit la membrane externe conjonctive pénétrant à l'intérieur de la fibre et s'y repliant un certain nombre de fois jusqu'à ce qu'elle atteigne le centre, où elle se continue avec une membrane entière- ment différente de la membrane d'enveloppe. Cette membrane interne est très probablement le cylindre-axe déjà si- gnalé par Fontana. L'espace laissé libre entre les différents replis de la membrane est oc- cupé par la moelle nerveuse qui, sur une coupe, décrit une espèce de ligne spiralée. Cet aspect est certainement dû à l'action de l'eau, de même que la formation des globules, ou l'existence des fibres ou des tubes déjà signalés par Della Torre (2), Prochaska, Fontana, etc. Après les belles observations de Fontana nos connaissances sur la struc- (') Fontana : loc. cit., p. 2o5. LA FIBRE NERVEUSE 137 turc intime de la fibre nerveuse subissent un véritable temps d'arrêt, jusqu'à ce que Rejiak fit connaitre le résultat de ses nombreuses et intéressantes recherches. Durant ce long intervalle qui comprend la fin du XVIII^ siècle et le com- mencement du XIX"-', les quelques auteurs qui s'occupèrent de cette question, se bornèrent à contrôler les observations de leurs prédécesseurs. TREVIR.ANUS (6), Prévost et Dumas (7), Milne-Edwards (8) signalèrent un élément cylindre-axile. Treviranus décrivit aussi des fibres dans la membrane d'enveloppe; mais il fit remarquer que ces fibres ne s'anastomosent pas et descendent le long du tube nerveux, le plus souvent au nombre de deux, une de chaque côté. Treviranus fut ainsi le premier à signaler les doubles contours de la fibre nerveuse. Prévost et Dumas ont interprété un peu différemment ces doubles contours. Pour eux, les tubes nerveux sont formés par quatre filaments accolés, dont les deux externes sont plus réfringents et formés de globules, tandis que les internes ne se voient pas toujours. Dutrochet (23) fut impuissant, même avec l'aide de Prévost, à obser- ver ces quatre fibres élémentaires, et Prévost lui-même dut convenir que la fibre nerveuse ne possédait pas l'organisation qu'il lui avait supposée. Ehrenberg (10) attribua toute l'épaisseur des doubles contours à la membrane d'enveloppe de la fibre nerveuse, opinion que Krause (35) adopta quelque temps après. Valentin (22) et Emmert (17) reconnurent l'existence d'une membrane sur les fibres cérébrales et périphériques. Le dernier de ces auteurs en trai- tant les nerfs de la grenouille au moyen de l'acide chlorhydrique, décrivit des étranglements qu'il attribua à la présence de fibres circulaires qui se contractent. Enfin une observation d'EnRENBERG (15) devint bientôt le sujet des controverses les plus vives. Ce savant avait annoncé l'existence de fibres variqueuses dans la sub- stance corticale du cerveau; ces fibres étaient privées de contenu et ne possé- daient que des parois tubulaires. Ce fait fut successivement confirmé par J. Muller (11), Lauth (12), Volkmann 08), Langenbeck fLQ) et Remak (20). Plusieurs de ces auteurs rencontrèrent les mêmes fibres variqueuses dans les nerfs périphériques. Remak (20) les considéra comme une phase du développement des fibres cylindriques. Valentin (13) ne tarda pas à soupçonner que cette variété de 75 138 L GEDOELST fibres était des éléments anormaux, ce que Treviranus (14) fut le premier à soutenir positivement en prétendant que ces varicosités étaient dues à l'action de l'eau. GoTTSCHE (21), BuRDACH (24), M AVER (2 8j, Harting (32j sc rangèrent bientôt à l'opinion de Treviranus et attribuèrent l'apparence variqueuse des fibres nerveuses soit à l'action des réactifs, soit à la viscosité du contenu; mais tous furent unanimes à reconnaître que les fibres nerveuses, à l'état frais, constituent des cylindres réguliers sans apparence de varicosité. J. MliLLER (25), Volkmann (29) et Remak (26) renoncèrent eux-mêmes à leur première manière de voir et adoptèrent entièrement l'opinion de Tre- viranus. Seul, Ehrenberg (30) maintint ses observations en y apportant toutefois de légères restrictions. Tel était l'état de nos connaissances sur la structure de la fibre ner- veuse, lorsque Remak (26, 31) publia le résultat de ses recherches. Comme Fontana l'avait fait un demi-siècle avant lui, Remak reconnut l'existence des trois éléments constitutifs de la fibre nerveuse. Il décrit une enveloppe extérieure, dans laquelle s'enchevêtrent des fibres conjonctives non anastomosées entre elles, comme Treviranus l'a- vait déjà observé. Le contenu de la fibre nerveuse se compose de deux éléments diffé- rents : la moelle nerveuse, à laquelle il dénie la constitution globuleuse, et le cylindre-axe, séparés peut-être par une membrane. Le cylindre-axe qu'il nomme Primitivband, constitue un ruban aplati, mais il ne peut décider si ce cylindre est un élément plein ou creux. Le principal mérite de Remak a été de confirmer d'une manière in- contestable les observations de Fontana, observations qu'un grand nombre d'auteurs avaient mises en doute. En effet Remak démontra, par des arguments décisifs, que ces trois éléments constitutifs existent normalement dans toutes les fibres nerveuses, et ne sont pas des produits artificiels dus à l'action des réactifs, ni le résultat d'illusions d'optique. Les travaux de Remak ne tardèrent pas du reste à être confirmés par ceux de Purkinje (27) et de Rosenthal (33), qui tous deux décrivirent le cordon central qu'ils nommèrent Cylinder-axis, nom qu'on lui a définiti- vement conservé. Avec ces derniers auteurs se termine une première période, que nous appellerons période de préparation, période d'élaboration. LA FIBRE NERVEUSE 139 Elle se distingue par le grand nombre des faits, la somme considérable des matériaux qui sont recueillis sur la structure intime de la fibre nerveuse. Si nous jetons un coup d'œil d'ensemble sur les différents travaux qui ont été publiés sur cette question depuis Leeuwenhoek jusqu'en l'année 1839, nous remarquons que la plupart des détails de structure de la fibre nerveuse ont été observés. Nous pouvons résumer de la manière suivante nos connaissances sur cette question. La fibre nei^veuse est un élément C)dindrique qui présente une mem- brane d'enveloppe et un contenu. Le contenu comprend un ruban central, le cylindre-axe, et un manchon homogène, transparent, formé par la moelle nerveuse qui apparaît sous la forme d'un double contour fortement réfringent. Enfin le tout est entouré par une membrane d'enveloppe tubulaire dont la structure intime n'est pas encore parfaitement connue. B. Deuxième période. De Schwann à Ranvier (iSSg — 1871). Ce fut Schwann (34) qui le premier assembla ces matériaux et les uti- lisa en faveur de sa conception grandiose de la théorie cellulaire, qu'il exposa dans son célèbre mémoire Mikroskopische Untersuchuugeu iiber die Ueber- einstimmungin der Structiiv iiud dem Wachsthiiin der Thiere iiiid Pflauien. Par la publication de ses recherches, Schwann inaugura une ère nou- velle pour les études histologiques. Jusque là on s'était borné à analyser; à Schwann revient le grand mérite d'avoir su interpréter, d'avoir su con- denser les données éparses que l'on possédait, et de les avoir réunies dans un exposé doctrinal. Mais avant d'aborder les recherches de Schwann sur la fibre nerveuse, il nous faut dire quelques mots des observations microscopiques faites par les botanistes dans le domaine cytologique. Les travaux des Brisseau-Mirbel (193, 196, 202), des Turpin (195, 200), des Hugo von Mohl (204), des Schleiden (201) et de tant d'autres, avaient démontré que les plantes sont constituées par des agrégats de cellules, jouissant chacune d'une vie individuelle. Ces cellules, dont les différents éléments constitutifs avaient été succes- sivement découverts, bien que quelquefois faussement interprétés, par Mal- piGHi(i9i ), Leeuwenhoek, FoNTANA,BROWN(i97),etc., étaient alors définies : 140 L. GEDOELST V une vésicule close par une membrane solide, renfermant un liquide V dans lequel nage un noyau pourvu d'un nucléole et où peuvent se rencon- V trer divers corps figurés {'). ^ Les travaux des botanistes eurent la plus heureuse influence sur les recherches de Schwann, et ce savant fut le premier à reconnaître la part qui revient aux observations de Schleiden dans sa conception de la théorie cellulaire. Il utilisa très heureusement leurs découvertes, reconnut l'identité de structure des cellules de la corde dorsale et des cellules vé- gétales, et il soupçonna immédiatement que les animaux, de même que les plantes, étaient exclusivement formés de cellules. Certes Schwann ne fut pas le premier à découvrir chez les animaux des éléments utriculaires, analogues aux cellules observées dans les plantes. Bien avant lui, Wolff (192) avait signalé les vésicules qui constituent les feuillets primitifs de l'embryon, aux dépens desquels se forment tous les organes de l'animal. Raspail (203) et Dutrochet (194) avaient déjà émis ridée que les animaux présentaient une constitution utriculaire semblable à celle des plantes. - La nature, écrit Dutrochet, possède un plan uniforme pour la structure intime des êtres organisés animaux et végétaux. -^ De Quatrfages (198) et Dumortier (199) avaient fait sur les œufs des mollusques des observations identiques à celles de Wolff. Enfin, J. Mûller, Valentin, Turpin (300), Henle, etc., avaient attiré l'attention des savants sur des éléments trouvés dans certains tissus animaux, et qui présentaient une structure analogue à celle des tissus végétaux. Telles étaient les cellules de la corde dorsale, les cellules épidermiques, les cellules du cartilage, etc. Le grand mérite de Schwann a été, non pas d'avoir découvert ou décrit la cellule animale, mais d'avoir démontré que tous les tissus animaux, quel- que variés qu'ils soient dans leur texture ou dans leurs différentiations, sont formés de cellules ou de produits de cellules. C'est dans le cours de ses recherches qu'il a été amené à étudier la structure de la fibre nerveuse, et qu'il en a donné une description si remar- quable au point de vue de la théorie dont il était le promoteur. Il reconnut l'existence de la membrane d'enveloppe, imparfaitement ob- servée par ses prédécesseurs. Il la décrivit comme il suit : - eine structurlose (') Cette définition, ainsi que les données concernant Thistoire de la cellule en général, sont empruntées au magistral exposé historique que J. B. Carnoy a tracé dans sa Biologie cellulaire. LA FIBRE NERVEUSE l+l - fcin granuliit aussehende cigenthiimliche Haut, die als ein schmaler, - heller Saum erscheint, welcher sich deutlich von dcn dunkleren Contouren - der weissen Substanz unterscheidet ('). ^ Cette membrane a conservé le nom de celui (]ui l'a si admirablement observée et décrite (-). A l'intérieur de cette membrane se trouve la couche de substance blan- che graisseuse qui constitue une formation secondaire, eine sekundàre AbLigerinig. C'est à la présence de cette substance réfringente que les fibres nerveuses doivent leurs doubles contours si nets et leur apparence tubulaire. Schwann signala et figura également des interruptions dans la couche de substance gi'asse, mais n'en proposa aucune interprétation. Il reconnut en outre la présence des noyaux, immédiatement en dessous de la membrane d'enveloppe, entre celle-ci et le manchon de substance blanche. Ces noyaux sont d'autant plus nombreux que la fibre nerveuse est moins avancée dans son évolution, et que la substance blanche est moins abondante. Cette observation fut aussitôt confirmée par Rosenthal (33). Enfin le reste du contenu du tube nerveux serait formé par le cordon primitif de Remak. Ce cordon est constitué par une substance solide. Tou- tefois Schwann a soin d'ajouter que pour démontrer l'exactitude de cette interprétation, il faudrait instituer de nouvelles recherches; car, dit-il, pour arriver à une certitude sur un point aussi important, il faut absolument pou- voir s'appuyer sur des observations plus nombreuses et plus concluantes. Enfin, à la suite de ses études sur l'histogenèse des nerfs, il attribua la constitution cellulaire à la fibre nerveuse : -^ Jede Nervenfaser, écrit-il, » in ihrem ganzen Verlaufe ist eine sekundàre Zelle, enstanden durch Ver- 5j schmelzung primarer, mit einem Kern versehener Zellen ('). ~ Schwann fut ainsi le premier à assimiler la fibre nerveuse à une cellule ordinaire, telle qu'on la concevait à son époque. Cette conclusion fut d'au- tant plus importante que, à partir de Schwann, elle domina tous les travaux qui furent exécutés sur les nerfs. (') Schwann : loc. cit., p. 174. ('-) Krahse (182) a tout récemment mis en doute le fait que Schwann aurait observé la mem- brane qui porte son nom. Les appareils optiques dont il pouvait disposer à l'époque où il fit ses obser\ations, étaient insuffisants pour reconnaître cette membrane; il est plus que probable, d'après lui, que c'est la membrane de Henle que Schwann a reconnue. (') Schwann : loc. cit., p. 1-5. 142 L. GEDOELST Les auteurs qui le suivirent se bornèrent à discuter sur la nature exacte et la structure intime des éléments constitutifs de la fibre nerveuse. Nous exposerons rapidement les diverses opinions, en insistant plus particulièrement sur les observations qui peuvent intéresser la constitution cellulaire de la fibre nerveuse. Nos idées sur la cellule en général ayant subi certaines modifications depuis l'époque de Schwann, nous aurons soin de démontrer que les recherches faites dans ce domaine s'accordent toutes à conserver à la fibre nerveuse la constitution cellulaire que Schwann lui avait reconnue. Sa description ne fut pas unanimement adoptée. Un des points les plus contestés fut l'existence même du cylindre-axe. Cet élément ne s'observant bien qu'après la mort de la fibre, après l'action de réactifs spéciaux, certains auteurs, comme Henle (36) et Valentin (37), en attribuèrent l'apparition à la coagulation du contenu du tube nerveux; d'autres, avec J. Muller et Hannover (41), nièrent résolument son existence. Valentin (39) proposa bientôt une explication un peu différente : il supposa que la partie centrale possédait une tendance particulière à subir un processus de consolidation, opinion qui fut adoptée par Wagner (48, 57), Henle (43, 51), s'appuyant sur des observations nouvelles, nia aussi la préexistence du cylindre-axe, en tant qu'élément distinct ; Gunther (44), Klein (49), Bidder et Volkmann (40, 50), Mulder (235), Donders et M0LESCHOTT, Gerlach (64) se rangèrent à l'opinion de Henle. Cependant, en 1850, Kolliker(55J démontra de la façon la plus évidente l'existence du cylindre-axe dans les fibres de tout diamètre, sur les nerfs morts, sans addition de réactif, comme sur les fibres fraîches et à l'aide de réactifs convenables, et il lui attribua une composition protéique différente de la substance propre de la fibre. KôLLiKER n'entraina pas la conviction de Henle (56); celui-ci, recourant à des injections de graisse dans les vaisseaux capillaires, s'ingénia à obtenir des images analogues à celles que fournissent les fibres nerveuses. Remak (59) publia bientôt le résultat de nouvelles recherches et décrivit son Primitii'band comme un tube. Il lui reconnut positivement une mem- brane qui jusqu'alors n'avait été que soupçonnée. Il lui donna le nom de Axenschlaiich. Cette membrane présente une striation longitudinale très régulière. Cette opinion gagna tous les jours plus d'adhérents et Bidder lui-même, dans une série de dissertations de ses élèves [OwsjANNiKOw(6r), Kupffer(6o), LA FIBRE NERVEUSE I43 Schilling (58), Metzler (68)), modifia sa première manière de voir et recon- nut que le cylindre-axe est la partie principale de la fibre nerveuse. En 1857, il(7i)alla mcmc jusqu'à prétendre que c'est la seule partie essentielle de la fibre. Après Henle, Funke (65), Krause (84) et Leydig (72) furent les seuls à se tenir dans l'opposition. Gerlach (79) lui-même, qui avait primitivement cru que le cylindre-axe consistait en une substance chimiquement difterente de la composition élémentaire des parties périphériques de la fibre nerveuse, admit, à la suite de nouvelles observations, que VAxencylinder n'est pas une portion de la moelle nerveuse, mais un élément morphologiquement indépendant et caractéristique. La préexistence du cylindre-axe, en tant qu'élément constitutif essentiel de la fibre nerveuse, fut ainsi généralement adoptée par les histologistes. Mais sa structure intime donna lieu à de vives contestations. Trois explica- tions principales furent proposées par les savants. Les uns admirent l'homogénéité du cylindre-axe; tels furent Waldeyer (83), Henle (') et Merkel (89), Beale(ioi), etc. D'autres lui attribuèrent une structure fibrillaire. Ce fut Max Schultze(8i) qui reconnut le premier l'existence de fibrilles dans le cylindre-axe. Il émit cette opinion à la suite de ses belles recherches sur la muqueuse olfactive. Plus tard(90i, il se basa sur les observations de Frommann (85) pour démontrer l'existence réelle de ces fibrilles.il les appella fibrilles primitives. Schmidt considère ces fibrilles comme formées de granules disposés en séries et les assimile aux sarcous éléments de Bowmann ; il les nomme nervous éléments. Ces granules sont disposés à égale hauteur sur les différentes fibrilles et déterminent une striation transversale. Arndt (i49j considère ces granules comme des Elementarrôlirchen qui, éparpillés en tous sens dans le cylindre-axe, ne s'ordonnent qu'ultérieure- ment. Les fibrilles des auteurs ne sont pour Arndt qu'une substance fonda- mentale homogène. Enfin, suivant une troisième opinion, le cylindre-axe serait formé par une membrane d'enveloppe avec un contenu homogène, d'après Remak (26, 31), Hannover C41), ]\Iauthner(78, 82); ou un contenu fibrillaire, selon Frommann (85), Schultze (90), Grandry (91, 93) et Schmidt (103). Pour compléter l'exposé des diverses théories qui concernent le cylindre- axe, citons encore quelques opinions un peu divergentes. Mulder (235), (■) Henle renonce à l'opposition qu'il a faite à la préexistence du cylindre-axe. 144 L GEDOELST DoNDERS et MoLESCHOTT (52) considérèrent le cylindre-axe comme constitué par de la graisse; Fleischl(io9) le décrivit comme étant un liquide, à cause des différences considérables de volume qu'il y observait sous l'action des réactifs; enfin Roudanowsky (94) crut que le cylindre-axe est formé d'une membrane possédant des noyaux et d'un contenu liquide. La présence des noyaux sous la membrane de Schwann fut immédiate- ment confirmée par Rosenthal. Cependant certains histologistes : Henle, GuNTHER('44), Kôlliker(46) émirent des doutes au sujet de la réalité de cette disposition. Reissner (8o), tout en constatant leur existence, déclara qu'ils ne pouvaient se trouver à l'intérieur de la membrane de Schwann, parce qu'on pouvait facilement les en séparer sans rompre sa continuité. La couche médullaire donna naissanceà moins de controverses . M AUTHNER constata, sur des préparations traitées par l'acide chromique, une disposition de la myéline en zones concentriques, zones qui toutefois ne constituent pas des cercles complets. Cette disposition, qui rappelle l'aspect décrit par Barba, fut reconnue également par Lister et Turner (74) et par Reissner. Au sujet des rapports de contiguïté de cette couche avec le cylindre-axe, les avis furent partagés. Remak (26, 31) et Wagner (48) soupçonnèrent entre ces deux éléments la présence d'une couche albuminoïde claire, intimement unie au cylindre-axe : probablement la membrane que Mauthner a décrite et qui a conservé son nom. Klebs (S6j crut à l'existence d'un liquide périaxial, entre le cylindre-axe et la couche médullaire. Signalons encore une particularité de la couche médullaire, déjà ancien- nement observée par Remak, Stilling (69), Lockhart Clarke (76), Henle et Merkel, mais que ces auteurs avaient mal interprétée. La couche médullaire ne constitue pas un manchon homogène, continu. Elle est formée d'une série de segments, rangés les uns à la suite des autres, et séparés par des lignes claires, obliquement dirigées de la membrane de Schw^ann vers le cylindre-axe. ^ Ces segments, dit Ranvier, se recouvrent y comme les tuiles d'un toit et se terminent par des angles très aigus à la « face interne de la gaine de Schwann d'une part, de l'autre à la surface du » cylindre-axe où ils forment sur une certaine longueur une gaîne très mince. « Cette disposition a pour la première fois été bien observée et décrite par Zawerthal (104) et par Schmidt. Les segments ainsi formés ont été nommés iiidentations ov fissures par Lockhart Clarke, nom que Schmidt leur a conservé. Remak (20) les avait dessinés avec une grande exactitude en 1836. LA FIBRE NERVEUSE 145 La membrane d'enveloppe est peut-être le seul élément constitutif de la fibre nerveuse dont l'existence, au sens de Schwann, n'ait pas été con- testée. - La gaine cellulaire d'une libre nerveuse, dit Hannover, doit être - mise en parallèle à la membrane cellulaire d'une cellule (').'• Seule, sa structure a fait l'objet de quelques observations. Un grand nombre d'histologistes y ont décrit une apparence fibrillaire : Remak, Henle, Wagnkk; une striation longitudinale : Purkinje, Rosenthal, Bruns (38); un double S3'stème de fibres se croisant autour du tube nerveux : Valentin (22); des fils ou des canaux tortueux : Fontana, Treviranus. \"alentin et Remak crurent que les fibrilles cju'ils observaient dans la membrane de Schwann étaient de nature conjonctive. Hannover, Volkmann (42), Todd et Bowmann (43), Schaffnek (47) reconnurent l'exactitude de la description de Schwann, mais ce fut surtout KoLLiKER (53j qui démontra que les apparences signalées par les auteurs étaient dues à des plis de la membrane de Schwann et à la coagulation de la moelle nei-veuse sous Faction des réactifs. Nous savons à quelle fausse interprétation a donné naissance la manière de se comporter de la couche médullaire vis-à-vis des réactifs. Déjà Leeuwenhoek avait signalé la coagulation de la moelle nerveuse. Ses suc- cesseurs attribuèrent une constitution globulaire au contenu de la fibre qu'ils obsen^aient après l'action de l'eau. Ehrenberg (i5j fut le premier qui donna une bonne description des figures de la moelle coagulée. ?> Das Mark, dit-il, ist eine aus kleinen rund- - lichen, jedoch wenig regelmassigen Partikelnbestehende, zuweilen netzfôr- - mig oder sti-eifig zertheilte Masse. - Treviranus (14) décrivit également des Elementarcylindern dans la couche médullaire. Enfin c'est à une semblable transformation de la moelle qu'est due l'apparence particulière que Gerber (9) et Valentin ont consi- dérée comme étant déterminée par un épithélium vibratile à l'intérieur de la fibre nei-veuse. Henle contribua beaucoup, dans son Anatomie générale et dans son Compte rendu annuel pour 1844, à établir la théorie de la coagulation de la couche médullaire sous l'influence des réactifs. Mais Hannover nia positive- ment cette coagulation. ■5 Quant à la dénomination coagulation de la moelle, - dit-il, bien qu'elle soit admise généralement, elle est cependant plutôt une (') Hannover : Recherches microscopiques, etc., p. 29, note. 76 146 L- GEDOELST V séparation et accumulation d'un iîuide huileux qu'un figement (comme T par exemple, celui du blanc d'œuf) ('). - Pour MuLDER, la moelle nerveuse est un mélange de graisse, d'albu- mine et d'eau, mélange homogène pendant la vie, mais dont les éléments se séparent après la mort. Les modifications cadavériques que subit la couche médullaire ne sont donc pas dues à un processus de coagulation. Bidder et Stilling se rangèrent aussi à cette manière de voir. Cependant la théorie de la coagulation de la moelle est encore aujour- d'hui généralement admise dans les traités classiques, pour expliquer les formes particulières que cette couche prend sous l'action des réactifs aqueux : Frey, Kôlliker, Krause, Gerlach (79), Schwalbe, etc. Pour Gerlach, la composition de la moelle consiste non en une graisse, mais en une substance albuminoïde; celle-ci, d'après Lehmann, serait très analogue à la myosine, sans toutefois lui être identique. ViRCHOW (236) donna à la substance grasse de la fibre nerveuse le nom de myéline. En ce qui concerne la structure intime de la couche médullaire, nous ne pouvons guère citer que les travaux de Stilling. Nous nous réservons de les analyser plus loin en détail. En résumé, Schwann a donné de la structure intime de la fibre nerveuse une description si exacte et si complète que, malgi'é les nombreuses contestations qui se sont produites, la deuxième période se termine par une confirmation éclatante de ses observations. Si nous voulions résumer nos connaissances sur la fibre nerveuse à la fin de la deuxième période, nous pourrions reproduire la description de Schwann, à laquelle nous n'aurions que bien peu de chose à ajouter. Il nous suffirait de signaler la fibrillation du cylindre-axe, l'existence de la membrane de Mauthner et des incisures obliques de Schmidt, détails de structure qui ne modifient en rien la conception cellulaire de la fibre nerveuse esquis- sée par Schwann. Seule une observation de Deiters (87), sur la signification morpholo- gique du cylindre-axe, vint modifier la conception de Schwann. Deiters décrivit, dans les cellules ganglionnaires des centres nerveux, deux ordres de prolongements, dont l'un, toujours unique pour chaque cellule, se distingue des autres en ce qu'il reste indivis sur tout son parcours et se continue avec le cylindre-axe d'une fibre nerveuse. Deiters le nomme pro- (') Hannover ; Loc. cit., p. 3o. LA FIBRE NERVEUSE 147 longement cylindre-axile, Axencylinderfortsati, de la cellule nerveuse. BiDDERet KuPFFER(7i) avaient également déjà supposé que le cylindre-axe se développait sous la forme d'un prolongement d'une cellule nerveuse ganglionnaire. D'après cela, la fibre nerveuse serait constituée de deux éléments dis- tincts, indépendants l'un de l'autre, tant au point de vue morphologique qu'histogénique, et le cylindre-axe ne ferait plus partie intégrante de la cellule- fibre nerveuse, comme Schwann l'avait supposé. Nous verrons bientôt, en analysant les travaux de L. Ranvier, quel parti cet auteur a tiré de cette observation de Deiters, pour établir sa nouvelle conception de la constitution cellulaire de la fibre nerveuse. Troisième période. De Ranvier (1871) jusqu'à nos jours. En dissociant un nerf et en le soumettant à l'action du picrocarminate d'ammoniaque, du nitrate d'argent ou de l'acide osmique, L. Ranvier (95-96) observa que la membrane de Schwann présentait à des intervalles réguliers des points rétrécis, au niveau desquels la couche médullaire était complète- ment interrompue. Ces rétrécissements, auxquels il donna le nom d'étrangle- ments annulaires, sont déterminés par des replis de la membrane de Schwann à l'intérieur du tube nerveux. Ces replis s'arrêtent contre le cylindre-axe, de sorte que celui-ci se poursuit sans interruption dans toute la longueur de la fibre. Au niveau de l'étranglement annulaire, il existe un r^ renflement biconique - que traverse le C3dindre-axe et qui -^ correspond à un ciment intercellulaire ('). « La portion du tube nerveux comprise entre deux étranglements annu- laires, porte le nom de segment interannulaire. Ces segments, chez un même animal et sur des tubes nerveux d'égal diamètre, ont à peu près la même longueur. Ranvier fit en outre cette observation intéressante que chaque segment interannulaire possédait un seul noyau de la membrane de Schwann, placé presque à égale distance des deux étranglements annulaires. Enfin une masse de protoplasme entoure ce noyau et se prolonge en une couche mince qui double la membrane de Schwann dans toute son (') Ranvier : Traité technique, p. 72g. 148 L- GEDOELST étendue. Au niveau des étranglements, elle se replie pour se continuer avec la membrane protoplasmique de Mauthner, qui constitue une enve- loppe distincte autour du cylindre-axe. 1 II résulte de ces faits que le segment interannulaii'e des tubes ner- « veux représente une cellule. Celle-ci est comparable à la cellule adipeuse... » La membrane de Schwann correspond à la membrane de la cellule adi- r, pense ; le noyau et le protoplasme du segment interannulaire sont sem- " blables au noyau et au protoplasme qui doublent la membrane de la cellule » adipeuse ; enfin la myéline est l'analogue de la graisse ('). - Quant au cylindre-axe, ce serait un prolongement d'une cellule des centres nerveux, comme l'avait annoncé Deiters. Les segments interan- nulaires lui constitueraient une enveloppe protectrice et isolante, dans laquelle il serait '- simplement contenu à la manière d'un organe, dans un sac séreux, r comme le sont, par exemple, les vaisseaux et les nerfs qui traversent le V sac l3"mphatique dorsal de la grenouille. - 7^ Les incisures obliques paraissent dépendi'e des cloisons incomplètes V qui s'étendent entre ce qu'on pouiTait appeler les feuillets viscéral et pa- ^ riétal de la lame protoplasmique du segment interannulaire En nous y plaçant seulement au point de vue de la morphologie, nous sommes con- » duit à penser qu'elles sont de simples dépendances du protoplasme des n segments(-). - Axel Key et Retzius (99), ainsi que Sigmund Mayer (102) confirmèrent immédiatement les observations de Ranvier, et décrivirent à leur tour les étranglements annulaires de la membrane de Schwann. Cette disposition avait d'ailleurs été vue et figurée par les auteurs qui ont précédé Ranvier : Henle, Eickhorst (107J, Ecker (62), Neumann (92); mais aucun d'eux n'en avait compris la signification, et même la plupart avaient omis de les décrire. Quelques-uns avaient attribué ces interruptions de la couche médullaire à des déformations artificielles (Neumann, Eickhorst), ou à des retraits dus à la coagulation sous l'action des réactifs. C'est ainsi que Czermak (54), qui les a le mieux observées et figurées, les signala comme des échancrures, Einschiiiiniiigeii , ou des rétrécissements, Vereiigenmgen, déterminés par le sublimé corrosif dont il s'était servi dans ses recherches sur les nerfs de la peau des grenouilles. (') Ranvier : Leçons, etc., pp. 140-141. (2) Ranvier : Traité technique, pp. 774-775. LA FIBRE NERVEUSE 149 C'est donc à Ranvier que revient le grand mérite d'en avoir compris le premier la véritable signification et d'en avoir proposé une interprétation scientilique. Malgré les confirmations de Axel Key et Retzius et de Mayer, les observations si intéressantes de Ranvier ne furent pas unanimement adop- tées par les histologistes. C'est ainsi que Lanterman (122), Toel (110), Boguslawski (116) Axel Key et Retzius (124, 125) signalèrent bientôt la présence de plusieurs noyaux dans un même segment interannulaire chez certains animaux et principalement chez les poissons osseux. Lanterman alla même jusqu'à considérer comme une disposition générale la présence d'un noyau pour chaque segment cylindro-conique. T. l\Ian sieht nlimlich dieselben (die Kerne) an manchen Praparaten derart r> disponirt, dass auf jedes Faser je ein Kern kommt.... Ich constatirte ^ dasselbe aber so oft, dass ich nicht zweifle, die Kerne seien meist so r' angeordnet, und jedes Faserglied entspreche einer Kernabtheilung der - markhaltigen Nerven faser ('). « Enfin Adamkiewicz (179, 180J admet également l'existence de plusieurs noyaux dans le segment interannulaire. Il distingue le noyau de la gaine de Schwann et les noyaux des «corpuscules nerveux^. Ces noyaux-ci n'ont aucun rapport avec la gaine de Schwann, tandis que le premier fait partie intégrante de cette membrane et ne peut en être séparé qu'aux dépens de de son intégrité. Cette dernière assertion, que Key et Retzius avaient déjà avancée, est erronnée. Nous discuterons plus loin la signification des corpus- cules nerveux décrits par Adamkiewicz. Les histologistes ne se sont pas encore mis d'accord sur la véritable structure du cylindre-axe. Les uns, adoptant la manière de voirdeScHULTZE, reconnaissent la présence de fibrilles dans le cylindre-axe [v. Tôrôck (100), HansSchultze(132), Tizzoni(i33, 134), Lavdowski(i39), Engelmann(i5o), Frey(13o, 186), etc.]; d'autres croient qu'il est formé de granules ou de fibrilles disposées en séries linéaires dans une substance fondamentale ho- mogène [Tamamschef (98), Todaro (g?), x\xel Key et Retzius, etc.]. La substance interfibrillaire est granuleuse, d'après Hans Schultze. Mais jACOBif 1 89) prétend que cet aspect granuleux est déterminé par l'action des réactifs ; pour lui cette substance fondamentale est complètement homogène. (') Lanterman : Archiv f. mikr. Anat., Bd. XIII, p. 3. 150 L. GEDOELST KuPFFER (162), Maley(i63), Boveri (176, 177") déclarent qu'un cylindre- axe solide est un produit artificiel, que les fibrilles flottent librement dans un liquide albuminoïde coagulable, auquel Kupffer a donné le nom de Neyvensentm. Enfin certains auteurs nient absolument la structure fibrillaire et décla- rent que le cylindre-axe est un cordon homogène, tels sont : Boll (126, 127), KûHNE et Steiner (140). Pour Kuhne le cylindre-axe est - eine homogène, " fast weiche, ziemlich elastische, bald fein, bald grob granulirte Masse. « L'apparence fibrillaire est due à des plis de la membrane du cylindre-axe, opinion que Rumpf partagea, mais que Hesse combattit. Boll adopte la manière de voir de Fleischl : pour lui, le cylindre-axe est un liquide qui ne contient aucun élément fibrillaire. Mais tout récemment Kolliker (181) s'est élevé contre cette assertion et a déclaré que - die Achsencylinder kein n flilssiger, sondern ein fester Bestandtheil der Nervenfasern sind. Meinen r> neueren Erfahrungen zufolge, dit-il, bestehen die Achsencylinder aus -> Fibrillen und einer Kittsubstanz, dagegen ist mir die Existenz einer n Scheide derselben bis anhin noch zweifelhaft geblieben, und einen peri- " axialen Raum leugne ich bestimmt ('). - Pour ce qui concerne les fibrilles, il partage l'opinion de Max Schultze : ce sont des éléments normaux du cylindre-axe. Enfin, d'après Jacobi, le cylindre-axe est un élément de consistance molle. Les fibrilles ne flottent pas dans un sérum, mais sont réunies par une substance intermédiaire homogène, qui possède une consistance à peu près égale à celle des fibrilles. L'existence d'une gaîne d'enveloppe est généralement admise autour du cylindre-axe [Tamamschef, Todaro (97), Kuhnt (117, 118), Boll, Axel Key et Retzius, Rumpf (135), Kuhne et Steiner, etc.]. Tamamschef la considère comme de nature conjonctive. '^ Das Nervenrohr, dit-il, besteht " aus einer ausseren als Neurilem bezeichneten, und einer inneren dem « Achsencylinder angehôrigen, Hiille bindegewebiger Natur.« Et plus loin il ajoute : ^ Was den Achsencylinder anlangt, so ist derselbe von einer " Huile umgeben, weiche ausserordentlich zart und diinn ist und elastiche " Eigenschaften besitztf)." De même Lavdowski (174) prétend que la membrane d'enveloppe du (') KôLLiKER : Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd. 43, pp. 27-28. (2) Tamamschef : Centralb. f. d. med. Wiss., 1872, n» 32, p. 594. LA FIBRE NERVEUSE I5I cylindre-axc, ainsi que la membrane de Schwann, est constituée chez tous les vertébrés par un tissu élastique, fort épais, sans structure et parfaite- ment homogène. Axel Key et Retzius, ainsi que Rumpf, attribuent à la présence d'une gaine d'enveloppe, la striation et les croix de Ranvier déterminées par le nitrate d'argent. De même Lavdowski (l'-iS) explique les stries de From- >L\NN par des plis de la membrane de Mauthner; pour lui, le cylindre-axe est - eine rohrenartige Bildung, eine hohle Bildung welche die bekannten - feinsten Fâden (Primitivfibrillen) in sich enthâlt (').'• Hans Schultze admet aussi l'existence de V Axencylinderscheide et l'identifie avec Vinnere Honischeide de Ewald et Kuhne, opinion dont KiiHNE (140J lui-même a démontré la fausseté. KiiHNE et Steiner décrivent une membrane d'enveloppe spéciale, à laquelle ils donnent le nom d'AxoleiuDi et qu'ils distinguent de la membrane généralement admise par les auteurs. Elle correspond peut-être à celle que KuHNT a signalée; Boveri en conteste l'existence. D'après Jacobi, la membrane du cylindre-axe est formée de segments interannulaires qui, probablement, sont tout-à-fait indépendants les uns des autres. KôLLiKER, dans son dernier mémoire, conclut comme suit au sujet de la membrane d'enveloppe du cylindre-axe : „ Immerhin ist so viel sicher, V dass die grosse Mehrzahl der in der verschiedensten Weise dargestellten r> Achsencylinder keine Spur einer Umhiillungsmembran zeigt(^). « Jacobi (189), comme Boveri, croit que la membrane qu'il aperçoit au niveau de l'étranglement annulaire, est identique à ce que les auteurs ont tour à tour nommé Axencylinderscheide, Axolenim, innere Hornscheide, etc., mais il déclare n'avoir jamais pu reconnaître l'existence d'une couche protoplasmique entre le manchon de myéline et le cylindre-axe, couche qui, d'après Ranvier, constituerait la membrane de Mauthner. Maley a émis une semblable opinion. Engelmann (1 19}, à la suite de ses recherches sur la dégénération des fibres nerveuses, a signalé une disposition du cylindre-axe, qui est en com- plète opposition avec les observations de Ranvier. Pour lui, le cylindre-axe est interrompu au niveau de chacun des étranglements annulaires. Boll a (!) Lavdowski : Archiv f. mikr. Anat., Bd. XIII, p. 524. n KôLLiKER : Zeitschr. {. wiss. Zool., Bd. 43, p. 3o. 152 L. GEDOELST décrit également une discontinuité du cylindre-axe, due à une autre dispo- sition. Chez les jeunes torpilles, il a observé que le noyau était situé au centre de la fibre nerveuse et interrompait ainsi le cylindre-axe dans sa con- tinuité, les fibrilles de celui-ci s'arrétant aux deux côtés du noyau. Le cylindre-axe ne devient un élément continu que lorsque le noyau s'est porté à la périphérie de la fibre. KôLLiKER signale aussi des interruptions du cylindre-axe, non seule- ment au niveau de l'étranglement annulaire, mais encore dans l'espace compris entre deux étranglements, aux environs des incisures de Schmidt- Lanterman. Il se présente même des cas, dit-il, où à chaque incisure correspond une interruption du cylindi^e-axe. Ne les ayant observées que sur des nerfs qui ont subi une certaine manipulation et jamais sur des fibres fraîches, ni sur des cylindres-axes isolés, il conclut en déclarant que ce sont des produits artificiels, opinion que Jacobi a tout récemment adoptée. Lavdowski (174) conteste de même la discontinuité du cylindre-axe au niveau des étranglements annulaires. Arndt(149) et Adamkiewicz (179) ont également décrit des noyaux contenus dans le cylindre-axe sur des nerfs normaux et pathologiques. Mais KôLLiKER déclare que le seul exemple de cette disposition qu'il ait observé, est loin d'avoir entraîné sa conviction et il conclut : -^ Sicher y ist auf jeden Fall so viel, dass die Achsencylinder typisch keine Kerne » fiihren ('). « Jacobi prétend que les noyaux signalés par Adamkiewicz sont dus à l'action de la solution de Muller. Le cylindre-axe se rétracte souvent irré- gulièrement sous l'action de l'acide chromique et de ses sels, et ce sont ces points plus rétractés qui ont été pris pour des noyaux. Quoi qu'il en soit, le cylindre-axe, dont la préexistence a été contestée pendant de longues années, est considéré aujourd'hui comme l'élément prin- cipal de la fibre nerveuse. Sa structure et sa signification morphologique peuvent seules encore fournir matière à discussion. L'existence des incisures a aussi fait l'objet de controverses : plusieurs auteurs les considèrent comme des produits artificiels, non préformés, dé- terminés par la décomposition de la moelle nerveuse sous l'action des réac- tifs ou à la suite d'un accident de préparation [Axel Key et Retzius, Hesse, Hennig(128), Rawitz(i4i), Frommann (167, i68j, Cossy et Dejerine(i 14), (1) KÔLLIKER ; Zeitschr. f. wiss. Zool , Bd. 43, p. 3i. LA FIBRE NERVEUSE 153 etc.J. BoLL a émis un avis oppose. Ce fut Stilling (69) le premier qui les observa, sans toutefois y attacher aucune importance. Zawerthal (104), qui les décrivit ensuite en détail, en proposa une interprétation inexacte. Il crut que ces segments cylindro-coniques constituaient des cellules conjonctives aplaties qui, placées les unes à côté des autres, en se recouvrant comme les tuiles d'un toit, formaient par leur ensemble la meifibrane de Schwann. Pour ScHMiDT, au contraire, cette segmentation était due à la production de plis dans la couche médullaire. Lanterman considère les incisures obliques comme des formes spécia- les des étranglements annulaires, et le segment cylindro-co nique comme l'élément fondamental constitutif de la fibre nerveuse. Enfin Lanterman, Kuhne, Koch (142), Lavdowski, Schou (170), observant cette disposition sur des fibres vivantes, sans addition de réactif, ont mis hors de doute leur existence à l'état normal. Hennig et Kôlliker déclarent au contraire n'avoir pu constater la présence des incisures de Schmidt-Lanterman sur des fibres fraîches et, conséquemment, ne les consi- dèrent pas comme des éléments normaux. Toutefois, à raison de leur régu- larité, KoLLiKER leur reconnaît une certaine importance pour la structure et le mode de décomposition de la couche médullaire. Jacobi émet une opinion analogue : bien que les incisures de Lanterman ne se voient pas sur des fibres vivantes non lésées, il les considère pourtant comme préformées, parce qu'il a pu constater les Zjvischenmarkscheide de Kuhnt sur quelques coupes longitudinales de fibres nerveuses. Ces Zivi- schenmarkscheide sont des formations très délicates, qui n'opposent qu'une résistance fort faible à l'écoulement de la myéline sous l'action de l'eau. B1KFALV1 (172) regarde au contraire les incisures comme dues à des modifications delà moelle nerveuse après la mort (coagulation de la myéline). Cette disposition est due, suivant Kuhnt, à la présence de membranes intermédullaires {Zwischenmarkscheide), tendues sous la forme d'entonnoirs entre le cylindre-axe et la membrane de Schwann : opinion qu'a confirmée tout dernièrement Boveri. Mais Frey (186) conteste absolument que le névrilème pénètre dans les intervalles des segments cylindro-coniques. D'après Schou, les incisures obliques sont remplies par une substance sans structure, telle que de la lymphe , ou un produit de décomposition de la myéline. L. Gerlach(136) et Koch admettent l'existence d'une substance unissante {Kittsubstani) entre les segments cylindro-coniques. Pour Rumpf, les Zxpischenmarkscheide ne sont pas des membranes, mais des travées de 77 154 L. GEDOELST nature cornée, disposées entre les deux Hornscheiden de Ewald et Kuhne. Lavdowski est porté à les considérer comme des travées protoplasmiques. La discontinuité de la couche médullaire au niveau des étranglements annulaires, que Ranvier a décrite comme une disposition générale, a été niée par Axel Key et Retzius, par Rouget (ii i), Kuhnt, Hennig, qui ont signalé des iim'ollstàudige Einschnuniugeii, à travers lesquels le cylindre- axe passe accompagné d'une mince couche médullaire. Toutefois Ranvier a démontré que ces étranglements incomplets doivent être attribués à des préparations imparfaites, et il a décrit les conditions dans lesquelles on peut les l'eproduire. Enfin MoROCHOWETZ (137) rappelle l'opinion de Klebs sur l'existence d'un espace périaxial, seulement il la modifie en ce sens qu'il n'admet pas un espace continu, mais une série de canaux placés les uns au-dessus des autres, comme des anneaux autour du cylindre-axe. Axel Key et Retzius au contraire sont portés à admettre l'espace tel que Klebs l'a décrit, mais ils avouent ne pouvoir en démontrer l'existence d'une manière évidente. Kolliker en nie l'existence. Une question sur laquelle les auteurs ne semblent pas encore s'être mis d'accord, est celle des modifications subies par la myéline après la mort, ou sous l'action des réactifs. Malgré les observations de Ranvier, les histologistes sont encore portés à reconnaître que ces modifications sont dues à une coa- gulation de la couche médullaire (Schwalbe, Frey, etc.). Ainsi Frey main- tient, dans ses dernières éditions, la théorie de la coagulation. Kolliker a prétendu récemment que les altérations cadavériques de la myéline ne sont pas le résultat d'une coagulation, mais dépendent de la séparation de ses divers éléments chimiques. La membrane de Schwann a suscité moins de divergences d'opinions. Ranvier admet la discontinuité de cette membrane, mais il croit que, au niveau de chaque étranglement annulaire, elle se replie pour aller se termi- ner par un bord libre contre le cylindre-axe. -^ Il y a, dit il, au niveau de î! chaque étranglement une soudure qui la divise en autant de portions que y le tube nerveux contient de segments interannulaires ('). -■ BoLL, Rawitz et Jacobi, au contraire, prétendent que la membrane de Schwann passe sans interruption au niveau des étranglements. Pour Adam- KiEWicz, la membrane de Schwann serait composée de deux lamelles, une (1) Ranvier : Leçons, etc , p. m. LA FIBRE NERVEUSE 155 externe qui se continuerait sans s'infléchir au niveau des étranglements an- nulaires, et une interne qui se replierait pour former le renflement biconique. C'est entre ces deux lamelles qu'ADAMxiEwiczplace les noyaux de la membrane de ScHWANN ; ils représentent, d'après-lui, des éléments constitutifs de celle-ci et on ne peut les en séparer qu'aux dépens de sa continuité. ^ Sie - liegcn, dit-il, in dieser Membran selbst und zwar in einer sehr feinen ?> ausseren Lamelle derselben, die gewôhnlich nicht zu sehen ist, die man - aber in einer RANviER'schen Einschntirung leicht erkennen kann (') " Dans un travail tout récent, Boveri émet une autre idée sur la con- stitution de la membrane de Schwann. Pour lui, chaque segment inter- annulaire possède une membrane propre. Celle-ci se replie au niveau de l'étranglement pour se continuer le long du cylindre-axe qu'elle recouvre dans toute son étendue sous forme d'une mince membrane. Le segment interannulaire doit donc être considéré comme une cellule de revêtement, Scheidenielle. KoLLiKER nie cette disposition. Lavdowski (123, 139) a proposé une hypothèse nouvelle sur la signifi- cotion du ^ renflement biconique « de Ranvier. y Dièse Schnurn'ngscheibe, r Avelche von Axencylinderstrang durchbohrt wird, liège sie im Schnurring - oder nicht, stellt nun eine besondere Verdickung der Axencylinderscheide y dar. Ich finde also die Schniirringscheibe der Autoren als eine Adnexe y der dem Axencylinder gehôrigen Membran f). « D'après Hesse, le manchon de myéline n'est interrompu, au niveau de l'étranglement annulaire, que par une simple couche de protoplasme qui ne présente guère de résistance à l'écoulement de la myéline; tandis que Rawitz prétend que l'étranglement est formé par un anneau de substance claire qui entoure le cylindre-axe, et interrompt la continuité de la couche médullaire. A ce niveau, la membrane de Schwann présente un épaississe- ment annulaire qui rétrécit la lumière de la fibre. KôLLiKER au contraire ne considère pas ce renflement comme une formation typique. Pour lui, il est formé d'une substance qui entoure im- médiatement le cylindre-axe, et qui joue probablement un certain rôle dans les échanges organiques qui se produisent au niveau des étranglements. De même Tizzoni et Mondino nient que ce renflement soit une production normale. (') Adamkiewicz : Sitzungsber. d. k. Akad., Wien, Bd. 91, pp. 278-279. (-) Lavdowski : Centralbl. f. d. med. Wiss., 1879, p. 867. 156 L- GEDOELST On voit par ce court exposé des différentes opinions qui ont été émises sur la structure ou la disposition des éléments de la fibre nerveuse, que l'mterprétation de Ranvier sur le segment interannulaire est loin d'avoir été unaniment acceptée par les histologistes. L'assimilation du segment interannulaire à une cellule adipeuse perforée et traversée par le cylindre- axe rencontra peu d'adhérents. Plusieurs autres interprétations furent proposées. Axel Key et Retzius considérèrent comme faisant partie du segment interannulaire la membrane de Schwann avec son noyau et sa mince couche protoplasmique. Cet ensemble constituerait une cellule analogue à une cel- lule endothéliale. Cette manière de voir a été adoptée dans la plupart des traités classiques d'histologie. Pour Engelmann, cependant, toute la partie comprise entre deux étranglements : membrane de Schwann, couche médullaire et cylindre-axe, appartiendrait à une cellule. Cet auteur a été amené à une semblable con- conception à la suite de ses recherches sur la discontinuité du cylindre-axe ; mais cette opinion ne fut guère acceptée. Enfin Boveri a proposé une théorie qui se rapproche davantage de celle de Ranvier. Au lieu de supposer, comme ce dernier, que le cylindre- axe traverse, en le trouant, le segment interannulaire, il considère celui-ci comme étant une cellule tubulaire, eine rôhrenfôrmige Zelle, recouverte partout par la membrane de Schwann tant à sa face externe qu'à sa face interne. Les faits exposés par Ranvier sont donc susceptibles de plus d'une explication. Cadiat (148), après avoir rapporté les travaux de cet auteur, termine comme suit sa description de la fibre nerveuse : y> Les tubes , •» d'après cette théorie- (théorie de RanvierJ, seraient donc formés de cel- y Iules placées bout à bout, et chaque cellule aurait comme parties con- w stituantes, la gaine de Schwann représentant la paroi; le noyau de cette 5! gaîne représentant le noyau de la cellule. Enfin le cylindre-axe et la r> myéline seraient des formations intra-cellulaires('). - Cette théorie que Cadiat semble attribuer à Ranvier, certainement à tort, se rapproche de la théorie de Schwann qui, lui aussi, croyait que le cylindre-axe faisait partie intégrante des cellules du tube nerveux. (') Cadiat : Traité d'anatomie générale, etc., p. i83. LA FIBRE NERVEUSE 157 Quelque diflférentes que soient ces diverses conceptions, elles s'accor- dent toutes à reconnaître, dans le segment interannulaire, les trois éléments fondamentaux qui font partie d'une cellule-type : une membrane d'enve- loppe, un protoplasme avec ou sans enclaves et un noyau. Nous avons vu que déjà Schwann avait démontré l'existence de ces trois éléments. Mais, depuis cette époque, nos connaissances sur l'organisation et la structure intime du protoplasme et du noyau ont fait des progrès consi- sidérables. Le protoplasme n'est plus une substance hyaline, homogène et sans structure, comme on l'admettait unaniment il y a quelques années et comme le définissent encore certains auteurs [Kollmann (220), Strasburger (221), etc.]. Déjà en 1844 Remak ('), en 1859 Stilling (75) et en 1864 Leydig (198) avaient observé une structure fibrillaii'e dans les cellules ganglionnaires, ainsi que dans les cellules de l'intestin du cloporte. Bientôt de 1865 à 1867, Frommann (206) considéra la structure fibrillaire comme une propriété générale de la matière vivante. Ces observations furent bientôt confirmées, et en partie rectifiées par Arnold (214), Klein (213, 222), Kupffer (20S), FlEMMING (209, 212, 215, 223), RaUBER (224), SCHMITZ (2 1 7), etc. Nos connaissances sur la structure du noyau ont progressé dans la même mesure. Stilling (1859) fut le premier qui signala des filaments à l'intérieur du noyau; Frommann, Heitzmann, Hertwig (210, 211, 216), Flemming, Balbiani (2i9)(i88o), Strasburger (225) (1882), Rauber (1882), observèrent également des corps figurés filamenteux dans la substance nucléaire. Mais c'est surtout à J. B. Carnoy que revient l'honneur d'avoir déter- miné, par des expériences précises, la natui'e véritable de ces corps figurés, en montrant que les uns appartiennent à l'élément nucléinien, les autres au caryoplasma nucléaire, et d'avoir fixé d'une manière définitive la constitution si controversée des nucléoles et de la vésicule germinative (-). Nous résumerons nos connaissances actuelles sur l'organisation de la cellule en reproduisant la description que J. B. Carnoy (230) en donne dans sa Biologie cellulaire. (') Remak : Neurologische Erlâuterungen; Mûller's Archiv, p. 46g, taf. XII, fig. g, 1844. (-) J. B. Carnoy : La Biologie cellulaire, pp. 2o5-258. — La cytodiérèse chez les arthropodes, pp. i97-2og. — La vésicule germin. etc. de \ Ascaris megalocephala, pp. 3-i5. 158 L- GEDOELST - On rencontre dans le protoplasme un réseau fibrillaire, continu, que .-' nous désignerons, faute de meilleure expression, sous le nom de réticiiluin. y> Les mailles de ce réticulum sont occupés par un liquide plastique granu- r leux, formant notre enchylema ('). " La membrane cellulaire n'est que la portion périphérique condensée et différenciée du protoplasme cellulaire; elle présente par conséquent comme celui-ci un réticulum et un enchylème. Quant au noyau, c'est - un corps sui generis, une manière de cellule en ^ miniature, jouissant d'une certaine autonomie, mais ne pouvant vivre qu'à •> l'intérieur du protoplasme, et doué d'une structure particulière. On peut en j' effet distinguer dans le noyau trois parties également organisées : une y membrane, une portion protoplasmique et un élément niicléinien (-). « Cette organisation étant reconnue générale pour toutes les cellules, tant animales que végétales, comme notre savant maitre J. B. Carnoy a été le premier à le démontrer, il importait de rechercher si le segment interannulaire possède une pareille structure. C'est la tâche que nous nous sommes imposée. Mais, avant de faire connaître le résultat de nos propres recherches, nous croyons utile d'exami- ner les quelques données que nous fournit la littérature scientifique sur cette question intéressante. (') Carnoy : loc. cit., p. igii. (-) J. B. Carnoy : loc. cit., p. 202. — Charles S. Minot, dont le nom fait autorité dans la science, vient de rendre un hommage mérité aux travau.x de l'illustre biologiste de Louvain. Sa Biologie cellulaire, dit-il, est l'ouvrage le plus remarquable qui ait été publié sur l'organisation de la cellule. Voici ses paroles : « I refer to Carnoy 's « Biologie cellulaire » which I venture to think the best gênerai work yet published « on the structure of cells (Science, 6 août, 1886, p. i25). » II. EXPOSÉ HISTORIQUE DES DISPOSITIONS RÉTICULÉES OU FIBRILLAIRES OBSERVÉES DANS LA FIBRE NERVEUSE. Stilling (66) fut le premier à décrire en détail une structure fibrillaire de la fibre nerveuse, et à considérer cette structure comme normale. Pour lui, - chaque fibre nerveuse primitive se trouve entièrement constituée ^ dans sa texture par un réseau très serré de tubes excessivement déliés, - s'anastomosant sans cesse les uns avec les autres et établissant des com- r munications multipliées entre la partie centrale de la fibre et sa partie » périphérique. ri De plus, ces tubes déliés vont d'une fibre primitive à l'autre, de » manière que le réseau d'une fibre primitive nerveuse communique avec » le réseau d'une autre fibre nerveuse voisine. r Les tubes très déliés qui composent chaque fibre nerveuse primitive, 5> contiennent le liquide nerveux d'apparence huileuse, qu'on croyait être » libre dans l'espace qui sépare l'enveloppe d'avec le cylindre-axe ('). " Ces apparences, sur lesquelles Stilling établit sa théorie des Elemen- tarrohrcheu , avaient déjà été observées et décrites par un grand nombre d'auteurs, et doivent être attribuées aux modifications subies par la myéline sous l'action de l'eau ou des réactifs aqueux. C'est ainsi qu'il faut entendre également les diverses striations signalées successivement par Purkinje, Rosenthal, Bruns; les fibres ou fibrilles élémentaires entrevues par Remak, Valentin, Henle, Wagner, etc.; et les fils ou canaux tortueux de Fontana et Treviranus. Dans son grand mémoire sur la structure de la moelle épinière (1859), Stilling a exposé toute la littérature concernant sa théorie des Elementarrôhrchen . Nous croyons inutile de la reproduire ici en détail. Cette théorie fut vivement attaquée, et le réseau de Stilling fut consi- déré comme une disposition artificielle déterminée par la coagulation de (') Stilling : Comptes-rendus, t. 41, pp. 828-829. l6o L. GEDOELST l'albumine : Schroder van der Kolk (63); par des plis, des cristaux de graisse, des phénomènes d'interférence et une coagulation due à l'action de l'acide chromique : Henle (67), Turner (77), Clarke, Van Deen, etc. Henle (73) déclara que les Elementarrohrchen ne peuvent être des fibres, parce qu'il est impossible de les obtenir à l'état d'isolement. En 1874, ScHMiDT (io6) fit de nouvelles observations sur l'existence d'un réseau, mais il en proposa une interprétation un peu différente de celle de Stilling. Il signala r the appearance of certain irregular network of fine r, tubular éléments, as Stilling once described them; but by a doser exa- •^ mination with an oblique illumination, they will be found to represent in r^ reality a great number of fine fibrils, which in their usual wavy or tortuous T course frequently cross each other, either singly or in the form of bundles, « and thus give rise to the resemblance to a network ('). - Ce réseau apparaît après l'action de l'eau, et les figures que Schmidt en donne, ne correspondent absolument pas à sa description; elles représentent, non pas un réseau, mais tout simplement les modifications que subit la myéline sous l'action de l'eau. Schmidt reconnaît deux couches dans le contenu de la fibre nerveuse, une externe réticulée, fibrillaire, et une interne amorphe, finement granuleuse et semi-liquide, entourant immédiatement le cylindre-axe; il ajoute : y> Although I doubt but little the préexistence of the two layers of the y> nerve-medulla. I do not venture to défend this view as the only true one, - but certain it is, that they manifest themselves shortly after death on the y addition of ivater (-). « Cette dernière assertion de Schmidt nous fait connaître quel sont les apparences qu'il a obsei"vées. Aussi Lanterman (105, 1 22), peu après, déclara n'avoir pu reconnaître la couche fibrillaire de Schmidt; mais il signala une structure particulière de la couche médullaire : '■^ Die von Schmidt « beschriebene Faserschicht unterhalb des Neurilems habe ich nicht gesehen; " dagegen erhielt ich Bilder ahnlich den von Stilling beschriebenen, als sei » das Mark aus kleinen Rôhrchen (Stilling) zusammengesetzt. Darf man r> den Osmiumprâparaten trauen, so môchte ich annehmen, dass sich das « Mark aus kleinen stabchenfôrmigen Elementen aufbaue, welche in schra- " ger Richtung, aber sammtlich parallel, vom Axencylinder zum Neurilem » verlaufen, ahnlich den Stâbchen welchen von Heidenhain u. A. jiingst {') Schmidt : Monthly micr. Journ , vol. XI, p. 204. (^) Loc. cit., p 207. LA FIBRE NERVEUSE l6l r in manchen Epithelzellen beschiicben worden sind. Ob diesc Stabchen - hohl seicn, vermag ich zur Zeit nicht zu cntscheiden. - Cette assimilation de ses stàbchcnfiinnige Eleincnten avec les Eknucn- tarrohrchen de Stilling n'est pas exacte. Lanterman le reconnaît dans un nouveau travail (1876), et excuse son erreur par son ignorance des mémoires originaux de Stilling : il les avait cités d'après les analyses. Enfin il appelle l'attention sur une apparence réticulée qui se montre avec une très grande régularité sur des préparations à l'acide osmique. Il en donne un dessin très exact, mais il en ignore la signification. ^ Was dieselbe - bedeute, vermag ich zur Zeit nicht anzugeben ('). ^ ]\Ic. Carthy (112) confirma les premières observations de Lanterman, mais il attira l'attention sur les différences qui existent entre la disposition que celui-ci avait reconnue et les Elementarrôhrchen de Stilling. Me. Car- thy considéra cette disposition comme normale et en donna comme preuve la régularité de cette structure, la ressemblance qu'elle possède avec les figures observées par Heidenhain avec le même réactif, inonochromate d'ainiuoniaqiie, dans les cellules épithéliales des canalicules du rein et enfin la structure finement fibrillaire du protoplasme des cellules ganglionnaires. KuHNT et Boll considérèrent la structure de Lanterman- Me. Carthy comme un produit artificiel. Pertik qui a figuré imparfaitement une sem- blable disposition, attribua cette apparence à des formations myéliques fixées par l'acide osmique. BovERi a représenté plus fidèlement une structure analogue sur une coupe longitudinale de fibre nerveuse et en a proposé une explication qui se rapproche de celle de Pertik, en supposant qu'avec l'emploi d'une solution très diluée d'acide osmique, les fibres nerveuses ne sont pas instantanément fixées, surtout celles qui sont situées au centre du faisceau nerveux. Là, en effet, cette disposition s'observe le plus souvent et, là aussi, le réactif a pu agir avec moins d'intensité. Klein (178), dans son petit traité d'histologie (1885), cite également cette disposition en bâtonnets qui, dit-il, - sont unis en une sorte de réseau. Le " réseau lui-même est très probablement la neurokératine d'EwALD et » KiiHNE. - Ces deux auteurs (129), à la suite de leur recherches sur la digestibilité des différents tissus par le ferment pancréatique, en étaient arrivés à soup- (I) Loc. cit., p. 8. 78 ,62 L GEDOELST çonner l'existence dans le tissu nerveux, et particulièrement dans les fibres nerveuses, d'un élément qui montrait une résistance particulière à la digestion et laissait un résidu considérable. Voulant observer sous quelle forme se trouvait cette substance, à laquelle ils avaient reconnu toutes les propriétés de la substance cornée et à laquelle ils donnèrent le nom de névrokératine, ils débarrassèrent les fibres nerveuses de la myéline au moyen de l'alcool, l'alcool bouillant et l'éther. Par ce traitement ils observèrent -^ ein knorriges Geriist von starker n Lichtbrechung, mit uberall doppelten Contouren, das einerseits in einer T ausseren, faltigen, ein Rohr bildenden Haut, andererseits in einem axial » gelegenen runzeligen Strange wurzelt. Man ist geneigt dies ftir den in » Alkohol unlôslich gewordenen, eivv'eissartigen Bestandtheil des Markes, » den axialen Strang ftir den coagulirten Axencylinder zu halten, was auch » richtig ist, aber durchaus nicht den gai lie n Sachverhalt trifft.« Et plus loin ils ajoutent : ^ Auf Querschnitten peripherer Nerven und « der weissen Substanz des Riickenmarkes, die von Alkoholpraparaten n anzufertigen sind, erkennt man nach Beseitigung des Markes und die » Eiweissstoffe, dass die Faser aus zwei ineinander gesteckten, leeren Rôhren » besteht, aus der ausseren und der inneren Hornscheide, zwischen welchen n die mehr oder minder starken, z. Th. verâstelten Briicken des Hornge- » riistes ausgespannt sind(').« EwALD et KtlHNE déclarèrent que cette charpente nerveuse est préfor- mée et ne résulte pas de la coagulation de substances albuminoïdes. Ils le démontrèrent par l'action de la trypsine. En effet des nerfs digérés par le ferment pancréatique, traités ensuite par l'alcool, l'alcool bouillant et l'éther, montrent également ce réseau nerveux. En outre, on peut le développer sans faire intervenir de réactif coagulant, par exemple par l'action prolongée du glychocolate de soude qui enlève la myéline et laisse après la digestion pancréatique un semblable réseau. KoLLiKER avait déjà décrit une disposition analogue après l'action de l'éther; il avait décrit des r» wie zur zierlichen Netzen verbundene Krtimel." De même Henle et Merkel (89) avaient appelé l'attention sur les for- mations qui apparaissent dans la myéline sous l'action de l'alcool, et avaient insisté sur les différences d'aspects que ce réactif détermine dans les fibres ner- veuses, suivant qu'on les examinait à l'état frais ou après avoir été abandonnées à elles-mêmes après la mort pendant un laps de temps plus ou moins long. (1) EwALD et KûHNE : Verhandl.; Heidelberg, 1877, pp. 459-460. LA FIBRE NERVEUSE 163 C'est ainsi qu'ils avaient signalé une apparence granuleuse, « eine ganz gleichmassig fein granulirte Oberflache -, des feuillets, » Blattern «, et des écailles, r Schiippchen >•; mais leurs observations passèrent inaperçues. Leur figure XX d'une fibre nerveuse de lapin, après l'action de l'alcool, représente, à n'en pouvoir douter, le réseau de névrokératine décrit plusieurs années après par Ewald et Kuhne. Il suffit pour s'en convaincre de comparer cette figure avec celles que Tizzoni, Waldstein et Weber donnent comme carac- téristiques du réseau corné chez ce même animal. Nous nous plaisons du reste à reproduire la description que Henle et Merkel en ont faite : - Die Blatter stellen schmale oder breite, mehr oder mindcr vollstan- y dige Ringe dàr, die an die unregelmâssigen Knorpelringe der Brancliial- r< aste erinnern. Sie liegen bald senkrecht zur Axe der Nervenfaser, bald » schrag, folgen einander nicht selten in regelmassigen Zwischenrâumen und " stehen durch schmale Brucken mit einander in Verbindung. Hâufig machen ■r sie den Eindruck als seien sie bestimmt, die Zwischenraume lânglicher, n rosenkranzfôrmig aneinandergereihter Tropfen auszufiillen ('). « De même, l'aspect granuleux que Henle et Merkel avaient signalé doit être rapproché des slàbchenfôrmigen Elemente de Lanterman- Me. Carthy, et leurs Schuppchen des segments cylindroconique séparés par les incisures de SCHMIDT. Néanmoins les observations de Henle et Merkel n'eurent aucun re- tentissement, et il fut réservé à leurs successeurs d'attirer l'attention des savants sur les diverses dispositions qui s'observent dans la couche médullaire des fibres nerveuses, principalement sur le réseau de névrokératine. RuMPF (143) et Tizzoni (133, 134, 144) confirmèrent immédiatement les observations de Ewald et Kuhne; Rumpf se prononça catégorique- ment en faveur de la préexistence de cette charpente cornée. La plupart des auteurs la considèrent pourtant actuellement comme un produit artificiel (Engelmann), résultant de l'action des réactifs coagulants : [Hesse(145), Retzius (155), Pertik, L. Gerlach, Waldstein et Weber (i57>, WiTKOwsKi (161), Frommann, Lavdowski (174), Frey (i86j]; tandis que ScHWALBE (151) reste seul pour affirmer sa préexistence. Hesse conclut en disant : r^ Die Erfahrungen, die ich durch die Ent- - markung mit Wasser gewonnen habe, scheinen mir vielmehr dafiir zu " sprechen, dass in der frischen Faser die Hornsubstanz keinen geformten Cj Henle et Merkel ; Zeitschr. f. rat. Med., 1868. pp. 68-69. 164 L. GEDOELST r> Bestandtheil des Markes ausmacht, sondern dass sie eine gleichmassige r> Beimengung desselben darstellt, die aber nach Entfernung der Fette als r, Balkchenwerk zuriickbleibt ('). ~ Pertik termine ses recherches en déclarant que ^ die Ewald-Kuhne- r, 'schen Hornscheiden nur das specifische Résultat der Alkohol-âtherextrac- r> tion darstellen(-), « conclusion qu'adoptent sans réserve Waldstein et Weber, ainsi que Witkowski. RuMPF et ScHULTZE (138) étudièrent le sort du réseau nerveux dans les cas pathologiques et principalement dans les nerfs en voie de dégénération à la suite de la section. Ils reconnurent qu'il disparaît là où la myéline com- mence à disparaître, ce que Ewald et Kuhne avaient déjà observé. Ce fait fut confirmé par les recherches ultérieures de Tizzoni, Pertik, Waldstein et Weber et Hudendorf (159). Tizzoni observa même la réap- parition de la charpente cornée, dans les nerfs en voie de régénération. Unger (146) en a étudié le développement dans les centres nerveux des embryons et en a constaté la présence antérieurement à l'apparition de la myéline. Witkowski (161), au contraire, prétend que l'apparition de la névrokératine est intimement liée au développement de la moelle nerveuse, et que le cerveau de l'embryon ne contient pas de névrokératine. ScHWALBE, dans sa névrologie (1880), s'est prononcé ouvertement en faveur de la préexistence du réseau corné. Il a décrit le contenu du tube nerveux comme formé par une charpente, Hornspongiosa, dans les mailles de laquelle se trouve la myéline. Cette charpente est formée, comme Ewald et KiiHNE l'ont décrite, par deux gaines réticulées, unies par des travées transversales. Ellenberger (175) a adopté cette description : » die Markscheide, écrit- y il, besteht aus einem' knorrigen Geriist aus Neurokeratin (Korbgeriist) r> und einer eiweissartigen, halbflussigen, fettig und gUinzend erscheinenden » gerinnbaren, die Maschen der Hornspongiosa anfullenden Massef) « RuMPF, Waldstein et Weber en ont donné des descriptions analogues. Cependant il importe de remarquer que Rumpf, tout en partageant les vues d'EwALD et Kuhne sur Viiinere Hornscheide , dont il prétend reconnaître l'existence à l'aide de méthodes spéciales, déclare ne pouvoir la mettre en (') Hesse : Arch. f. Anat. u. Phys., 1879, p. 36i. (■') Pertik : Archiv f. mikr. Anat., 1881, p. 231. (3) Ellenbekger : Handbuch der vergl. Histol., 1884, p. 202 LA FIBRE NERVEUSE 165 évidence après l'action de l'alcool et l'éther : ^ Eine den Axencylinder um- r hiillende Scheide ist bei dieser Behandlung nicht zu unterscheiden(').« Pertik contesta absolument l'existence de Vinnere Hornschcide : - In- n nerhalb der Schwann'schen Scheide zeigt sich nâmlich an Stelle der r< Maikscheide ein einziger, ans stark lichtbrechendem, uberall doppelt r> contourirtem Balkenwerk bestehender Hohlcylinder und darin anstatt r> eines knorrigen Centralstranges der gleichmâssig geschrumpfte, gestreckt r verlaufende und vollkommen glatte Axencylinder (-). « Boveri a proposé une interprétation nouvelle par laquelle il semble porté à admettre la préexistence du réseau corné formé par une double gaîne réticulée. Pour lui - die beiden Hornscheiden sind nichts anderes als r das aussere und innere Neurilemm {'"). ^ Mais Kolliker en conteste for- mellement l'existence et l'interprète comme un produit artificiel, ainsi que BiKFALvi, qui appuie sa manière de voir sur de nombreuses et intéressantes observations faites à l'aide de la lumière polarisée. TizzoNi (133) avait aussi décrit un réticulum de substance cornée formé par de petits bâtonnets fort réfringents. Ce réseau est interrompu au niveau des étranglements de Ranvier, mais ne montre aucune trace des incisures de Schmidt-Lanterman. Il s'attache d'une part au cylindre-axe, de l'autre il se termine à l'intérieur de la gaîne de Schwann, avec laquelle il n'a d'autres rapports que des rapports de contiguïté. En 1880, GoLGi (156) appela l'attention sur une nouvelle disposition du contenu des tubes nerveux. Il observa en effet l'existence de fils spirales qui partant du cylindre-axe, s'enroulaient autour de lui en formant des cercles de plus en plus étendus jusqu'à atteindre la membrane de Schwann, où ils se terminaient. Ces fibres spirales qui dessinent ainsi des entonnoirs se voient au niveau de l'extrémité des segments médullaires. L'ouverture large de ces entonnoirs se trouve à la périphérie contre la membrane de Schwann, tandis que l'ouverture étroite enserre le cylindre-axe. Quand on observe plusieurs entonnoirs qui se suivent, on reconnaît qu'ils s'emboîtent les uns dans les autres; il n'est pourtant pas rare d'en rencontrer qui se regardent soit par leur extrémité étroite (au niveau du noyau de la membrane de Schwann), soit par leur ouverture élargie. En outre, Golgi attribua à la (') RuMPF : Verhandl. d. natur. histor. med. Vereins zu Heidelberg, N. F, Bd. Il, 1880, p. SSy. (2) Pertik : Loc. cit., p. 226. 6 Boveri : Abhandl. d. k. bayer. Akad. d. Wiss., II Cl., XV Bd., II Abth., p. 440. 166 L- GEDOELST déformation de ces entonnoirs-spirales le réseau que Tizzoni avait décrit quelque temps auparavant. Rezzonico (147) avait déjà observé ces entonnoirs dans les fibres ner- veuses de la substance blanche de la moelle épinière. Il avait cru qu'ils formaient une charpente de nature cornée remplaçant la membrane de ScHWANN et servant de soutien au contenu du tube nerveux. Ceci (152) et Mondino (166, 171) confirmèrent entièrement les observa- tions de ces deux auteurs. Pour Mondino, les deux couches protoplasmiques qui entourent le manchon de myéline, la couche périmyélique et la couche périaxiale, sont des éléments de même nature que les fibres spirales. Elles appartiennent au réseau corné, dont les fibres spirales ne représentent que des trabécules unissant ces deux gaines. La membrane interne périaxiale se continue d'un segment à l'autre sans interruptions, tandis que la mem- brane externe périmyélinique s'interrompt au niveau des étranglements annulaires où elle vient s'insérer sur la première. Cattani (167, 182) est arrivé aux mêmes résultats que Mondino. Pertik mit en doute l'existence des entonnoirs et les considéra comme des produits artificiels dus à l'acide osmique. Erreur, car Golgi les avait signalés sur des nerfs qui n'avaient pas subi l'action de ce réactif. Boveri a adopté la manière de voir de Pertik sur cette question. Cette disposition en entonnoirs, aperçue par Rezzonico et Golgi, avait déjà été observée bien avant ces auteui's. C'est ainsi que Henle (37) parle de - eine Form in einandergesteckter Trichter oder in einandergesteckter r> Blumenkronen mit vielfach gezackten Randern. " De même Jacubowitsch (70), en 1856, écrit : ri von dem Axencylinder » fângt eine feine Spirale an, welche mehrere Maie um den Axencylinder T herumgeht (Nervenmàrk und Hlille), der Raum zwischen den Spiral- K contouren ist mit einer feinkôrnigen Masse ausgefiillt; endlich wird die » Spirale dichter und bildet eine scharf contourirte Peripherie - Cet auteur affirme en outre la continuité du fil spiral d'une fibre nerveuse avec celui d'une fibre voisine. Enfin Cattani (182, 187) vient de décrire un appareil fort compliqué, qui existe normalement dans la fibre nerveuse et qui servirait de soutien à la myéline. Cet appareil se composerait de trois éléments : 1° Les deux gaines de Ewald et Kuhne, dont l'externe est interrompue au niveau des étranglements de Ranvier, tandis que l'interne se continue dans toute la longueur de la fibre, en s'attachant à l'anneau de la gaine de LA FIBRE NERVEUSE lÔ? ScHWANN au niveau des étranglements; 2° les entonnoirs spirales qui sont situés au niveau des incisures obliques; et 3° le réticulum de Tizzoni formé de fils délicats, s'entrecroisant dans tous les sens entre la gaîne périmyé- lique et la gaîne périaxiale. Ce réticulum existe dans toute la longeur de la fibre nerveuse, n'étant interrompu qu'au niveau des interruptions normales de la gaine médullaire, c'est-à-dire aux étranglements de Ranvier et aux incisures obliques. Ce réseau constitue une espèce d'épongé imbibée par la myéline. Tout récemment Adamkiewicz (179) a signalé un nouvel élément mor- phologique de la fibre nerveuse, auquel il a donné le nom de corpuscule nerveux, Nervenkorperchen . r- Les corpuscules nerveux ont la forme d'une - feuille ovale dont le grand axe serait incurvé; par leur cavité ils se mou- - lent sur le manchon de myéline Chaque corpuscule nerveux renferme n en son milieu un noyau elliptique; c'est donc une véritable cellule Le r, corpuscule nerveux n'a aucun rapport avec la gaine de Schmtann et est - un élément de la gaîne de myéline, particulier et isolable('). « Vignal(i84), qui a répété fidèlement les observations de cet auteur, déclare " qu'il faut rejeter le corpuscule nerveux de M. Adamkiewici, qui " n'est peut être bien que la masse protoplasmique et le noyau du segment ji interannulaire, dont cet auteur n'a pas reconnu la nature — ou bien j> ce n'est qu'un produit de l'altération de la myéline par le liquide de « MULLER (^). « C'est probablement aussi à une semblable erreur qu'on doit attribuer les cellules endothéliales que Gruenhagen (173) a signalées sur la fibre nerveuse. Du reste toute la morphologie et l'histogénie du tube nerveux à myéline sont en complet désaccord avec la description de ces auteurs. Les travaux de Rouget (108, m), Leboucq (120), Kôlliker(46), Calberla (113) et Vignal(i64, 165) ont démontré en effet que les seules cellules qui prennent part à la formation des fibres nerveuses sont des cellules conjonctives qui se transforment en segments interannulaires. La myéline se développe dans le protoplasme de ses éléments cellulaires comme la graisse dans une cellule adipeuse {'). (') Adamkiewicz : Comptes-rendus Soc, Biol, iS85, p. 622. (^) ViGNAL : Comptes-rendus Soc. Biol., iS85, p 112. (') Prus (i85) a également entretenu la société médicale de Cracovie des corpuscules nerveux. Sa communication nous est malheureuement restée inconnue. l68 L. GEDOELST Telles sont les diverses dispositions qui ont été décrites et qui tendent à faire admettre l'existence d'un élément réticulé dans le tube nerveux. Mais toutes indistinctement ont été considérées comme des produits artifi- ciels et ont été attribuées à la formation de figures myéliques. Cependant si nous remarquons qu'une apparence réticulée s'observe en traitant les nerfs par des réactifs différents par leur action, tant chimique que physique sur la myéline, nous nous croyons en droit de demander si ce n'est pas à la légère que l'on a unanimement nié l'existence d'un réseau. Bien des dispositions, lorsqu'elles ont été signalées pour la première fois, ont été attribuées à l'action des réactifs et, cependant, on s'est vu dans la suite obligé d'en reconnaître l'existence normale. C'est ainsi que dans le domaine seul de la fibre nerveuse, nous pouvons successivement citer l'existence et la structure fibrillaire du cylindre-axe, les étranglements annulaires, les incisures obliques, etc. N'en serait-il pas de même de la couche protoplasmique réticulée du segment interannulaire? On ne saurait assez s'élever contre la tendance qu'ont certains auteurs à expliquer par l'action des réactifs toutes les dispositions nouvelles décrites par d'autres observateurs. Les diverses apparences signalées tour à tour par Stilling, Schmidt, Lanterman, Me. Carthy, Ewald et Kuhne, Rezzonico et Golgi, nous sem- blent devoir être regardées comme l'indication d'une disposition générale uniforme, la présence d'une couche protoplasmique structurée, comme elle existe dans toutes les cellules. Certes les réactifs en ont pu modifier l'aspect, mais malgré ces modifi- cations on peut reconnaître une disposition préexistant à l'action des réactifs, qui n'ont pu par eux-mêmes développer un réseau, là où une pareille forma- tion n'existait pas. C'est ce que nous avons cherché à élucider par les quelques recherches que nous avons faites sur la structure intime de la fibre nerveuse. Quelqu'in- complètes qu'elles soient, nous croyons utile de faire connaître les résultats auxquels nous sommes arrivé concernant la structure cellulaire du segment interannulaire. Il nous reste pour terminer notre historique à citer les recherches encore inédites de notre ami, le D"" J, Fr. Heymans, sur la structure du noyau des cellules nerveuses ganglionnaires et des segments interannulaires. A la suite de ses études sur les nerfs embryonnaires et adultes, tant des vertébrés que des invertébrés, il est parvenu à reconnaître que la nucléine se trouve ^^ LA FIBRE NERVEUSE 109 SOUS une forme réticulée ou filamenteuse dans les cellules nerveuses primi- tives ijui se dififérentient en cellules ganglionnaires et en segments interan- nulaires. Il en est de même dans les fibres adultes des vertébrés, mais ici la nucléine se réunit parfois tout entière dans le nucléole. Les résultats auxquels Heymans est an^ivésont d'autant plus intéressants pour nous, qu'ils confirment nos idées sur la constitution cellulaire du segment interannulaire. Avant d'exposer nos recherches personnelles, nous tenons à rendre un public hommage à notre maitre, le professeur J. B. Carnoy, qui n'a cessé de nous encourager dans nos études par ses précieux conseils. Qu'il reçoive ici l'expression de notre profonde reconnaissance. 79 OBSERVATIONS. Nos recherches ont porté principalement sur le nerf sciatique de la grenouille rousse, de la grenouille verte, du crapaud ordinaire et du rat d'eau. Nous les avons étendues au chat, au lapin, au cobaye, au cheval, au pigeon, à la poule, au moineau et au pinson d'Ardennes. Ces derniers ani- maux nous ont tous fourni des résultats identiques et nous ont servi à contrôler nos premières observations. Nous insisterons plus particulièrement sur nos études sur les grenouilles, le crapaudet le rat, nous réservant de signaler les différences que nous aurions pu observer chez les autres animaux. Nous avons étudié successivement le réseau de névrokératine de EwALD et KtiHNE et le réseau de Lanterman. I. LE RÉSEAU DE NÉVROKÉRATINE Pour mettre ce réseau en évidence, nous avons suivi la méthode proposée par EwALD et Kùhne, avec toutes les précautions indiquées par Waldstein et Weber. Les nerfs fixés en extension physiologique, comme Ranvier le recommande, sont traités directement par l'alcool absolu, dans lequel ils sont maintenus pendant 24 heures. Ensuite ils sont repris par l'alcool bouil- lant pendant 2 heures et soumis enfin à l'action de l'éther pendant 24 heures. Nous avons tenu à suivre pas à pas la marche adoptée par Waldstein et Weber, afin de pouvoir comparer nos résultats avec ceux de ces savants. Si l'on examine, après dissociation, des nerfs traités comme nous venons de le décrire, on remarque que les fibres ont perdu les doubles contours qui les caractérisent, la myéline ayant été complètement enlevée. Le tube nerveux se trouve réduit à la membrane de Schwann avec son noyau, et au cylindre-axe coagulé et rétracté qui n'occupe plus qu'une portion restreinte de l'espace vide délimité par la membrane d'enveloppe. Si l'on étudie à l'aide d'un grossissement suffisant la membrane de Schwann, on remarque qu'à sa face interne elle est doublée d'un réseau fort apparent. Les travées de ce réseau possèdent un double contour très net, réfringent et montrant aux points nodaux des épaississements apprécia- bles, FIG. 2. 172 L. GEDOELST Les trabécules délimitent tantôt des mailles assez larges, formant un réseau plus ou moins lâche, fig. l, 2; tantôt des mailles plus étroites et plus serrées, au point que la membrane de Schwann parait doublée d'une couche granuleuse qui ne se résout en un réticulum qu'à l'aide d'un grossissement plus puissant, fig. 5. Dans ce cas, si l'on observe une fibre nerveuse en coupe optique sur un de ses bords, on aperçoit immé- diatement en dessous de la membrane d'enveloppe une couche de petits bâtonnets, tous égaux entre eux, fortement réfringents, disposés en un alignement parfait, et plus ou moins perpendiculaires à cette membrane. Vus de champ, ces mêmes bâtonnets se présentent par leur tranche et constituent dans leur ensemble une couche régulièrement granulée, ainsi que le montre la FIG. 5. Ces granulations correspondent aux épaississements nodaux du réticu- lum, comme on peut s'en convaincre en employant un objectif plus puissant. Cette couche de bâtonnets rappelle à s'y méprendre les dispositions décrites et figurées par Me. Carthy et Klein. Ce fait est d'une importance capitale : nous y reviendrons, lorsque nous chercherons à interpréter ces diverses dispositions. Entre le réseau à mailles larges et la couche de bâtonnets existent tous les intermédiaires, fig. 3, 4, 7. Ces différences dans la grandeur des mailles s'observent non seulement sur les différentes fibres d'un même nerf, mais aussi sur les différents segments d'une même fibre. Nous avons reproduit cette disposition dans la fig. 3, qui représente deux tronçons de fibres, pris à une petite distance l'un de l'autre sur un même tube nerveux du sciatique du crapaud. Chez ce même animal, nous avons eu l'occasion d'observer une disposi- tion spéciale des trabécules du réticulum. Nous l'avons reproduite dans la FIG. 6. Certaines travées s'orientent de telle façon qu'elles constituent un cercle transversal complet. Sur la fibre que nous avons figurée, cette dispo- .sition se trouvait répétée régulièrement à de très courts intervalles. Corres- pond-t-elle à une structure particulière de la fibre nerveuse? Nous n'oserions l'affirmer à cause du petit nombre de fibres qui présentent cette disposition. Nous croyons plutôt devoir attribuer ces images à l'étirement des mailles du réseau sous l'action des réactifs. Le réseau se continue dans toute la longueur du segment interannulaire. Il n'est interrompu qu'au niveau de l'étranglement de Ranvier, comme nous avons pu nous en convaincre de la manière la plus évidente. Les assertions de TizzoNi et de Cattani sont donc parfaitement exactes. Entre les deux LA FIBRE NERVEUSE 173 portions du réseau qui délimitent l'étranglement annulaire, on ne distingue qu'un espace vide que traverse seulement le C3lindre-axe, fig. 7. Il nous a été impossible d'y reconnaître les moindres traces d'une membrane transver- sale ou du renflement biconique de Ranvier. Mais nous ne pouvons décider si ces dispositions n'existent réellement pas, ou si la méthode que nous avons employée n'a pas altéré la structure normale de l'étranglement annulaire. La couche réticulée qui tapisse immédiatement la membrane deScHWANN est Vdiisscrc Honischcide de Ewald et Kuhne. Ces auteurs, et après eux RuMPF, ainsi que Waldstein et Weber, ont décrit une deuxième gaine réticulée, Vimiere Hornscheidc, qui entoure immédiatement le cylindre-axe et qui est unie à la gaine externe par des ti-avées transversales rayonnées. Il nous a été impossible de constater l'existence de cette gaine interne. Sur nos préparations, le cylindre-axe s'est toujours montré sous la forme d'un cordon c)'lindrique, parfaitement régulier, sans indication aucune de la présence d'une gaine réticulée qui l'entourerait. Nous n'avons non plus jamais réussi à observer des travées transversales qui relieraient Vdussere Honischeide au cylindre-axe qui se trouve tantôt isolé au milieu du tube nerveux, tantôt rejeté à la périphérie. Il n'est pas rare de trouver dans une préparation obtenue par dissocia- tion, des cylindres-axes isolés, débarrassés de la membrane de Schwann. On reconnaît alors admirablement que le cylindre-axe n'est en aucune ma- nière entouré par une gaine réticulée; il apparaît au contraire sous la forme d'un cordon nu, d'une régularité parfaite, sans trace d'un élément étranger à sa périphérie. En outre, nous avons réussi dans de semblables prépara- tions à observer des débris de la membrane de Schwann, étalés à plat dans le champ du microscope; nous n'y avons pu reconnaître qu'un réseau unique qui lui est immédiatement appliqué. Ces deux faits suffisent déjà à eux seuls à mettre sérieusement en doute l'existence d'une double gaine réticulée. Une dernière observation vient démontrer à toute évidence la non-exis- tence de l'/zz/ze^x' iiTo/v/sc/ze/iie. Si l'on soumet des fibres nerveuses, traitées par la méthode de Ewald et KUhne, à la digestion pancréatique, on con- state que la membrane de Schwann et le cylindre-axe ont été dissouts, tan- dis que le réseau corné a parfaitement résisté, fig. 18, 19. On se trouve donc ainsi dans les meilleures conditions pour observer la double gaîne réticulée, tout élément étranger ayant disparu. Or, dans ces conditions, on 174 L. GEDOELST ne voit jamais qu'une seule gaine, la gaîne externe qui double immédia- tement la membrane de Schwann. EwALD et KiiHNE, qui ont tout d'abord signalé l'existence du réseau de névro kératine et qui ont décrit Vinnere Honischeide, n'ont pas figuré les dispositions qu'ils prétendent avoir observées. Rumpf n'a pas davantage jugé à propos d'accompagner son mémoire de figures explicatives. Il nous est donc bien difficile de deviner quelles sont les apparences auxquelles ces auteurs ont fait allusion. TizzoNi, qui répéta leurs observations et qui représenta le premier le réseau de névrokératine, conteste catégoriquement l'existence de Vinnere Hornscheide chez le lapin, et ne figure que Vaussere. Peu après Pertik reprit la question et étudia le réseau chez la grenouille. Il nie également l'existence de la gaine interne, et ne reproduit que l'externe dans ses figures. Waldstein et Weber ont néanmoins adopté la description de Ewald et KiiHNE et ont confirmé l'existence de la gaîne réticulée interne, bien que leurs figures ne montrent pas cette gaîne. Ces auteurs, en reproduisant la description d'EwALD et Kîîhne, avouent - qu'il faut une observation attentive » pour voir les fines travées rayonnantes qui le rattachent (le réseau " périphérique) à la partie de la charpente noueuse qui environne immédia- » tement le cylindre axe ('). - Comme ils ne l'ont pas figuré, nous sommes porté à croire qu'ils n'ont pas mis au service de leurs observations, lors de la confection de leurs gra- vures, cet examen attentif qu'ils déclarent nécessaire. Nous le regrettons vivement. Nous avons eu recours à des coupes transversales de nerfs traités par la méthode de l'alcool etde l'éther, et nous avons pu confirmer l'assertion de Pertik qui nie positivement l'existence de Vinnere Hornscheide. Tou- tefois les figures que nous avons obtenues, diffèrent légèrement de celles de Pertik. Cet auteur décrit et reproduit à la place de la couche médullaire y einen ein^igen, etwas eingeschnimpjten, durchaits an knorrigem Ger liste r> gebildeten Ring (-). « Nos coupes ne nous ont jamais montré ce cercle continu, mais bien une série de points correspondants aux trabécules que la coupe intéresse. i') Waldstein et Weber : Études histochimiques; Arch. d. phys. norm. et path., T. X, 1SS3, p. i3. (■■) Pertik : Unters. ûb Nervenf.; Arch. f. mikr. Anat., Bd. XIX, 1S81, p. 227. LA FIBRE NERVEUSE 175 l'espace entre ces points représentant les ouvertures des mailles du réseau, FIG. 20. Quant au C3lindre-axe, Pertik y signale après l'action prolongée du carmin, une partie centrale colorée, entourée par un bord incolore, étroit et sans structure, qu'il assimile à V Axencyliiidevscheide des auteurs (gaine de Mauthner). Nous n'avons pu observer ces différences de coloration sur nos coupes. Avec l'éosine, que nous avons emplo)-ée comme réactif colorant, le cylindre-axe se colore uniformément. Le réseau de névrokératine présente, chez les batraciens, les oiseaux et les mammifères, des différences qui sont dignes d'intérêt. C'est pourquoi nous croyons devoir décrire successivement la variété et la richesse des formes qu'il affecte chez le crapaud, la grenouille, le lapin, le cobaye, le rat, le chat, le cheval, le pigeon, la poule, etc. Le Crapaud. — Le réseau de névrokératine s'y monti'e avec une variété de formes, une régularité et une netteté qu'il est difficile de rencontrer chez d'autres espèces animales. Aussi le crapaud constitue-t-il un des meilleurs objets d'études. Nos fig. 1 à 7 sont empruntées à cet animal; nous avons tenu à reproduire les dispositions typiques que le réseau y affecte. Tantôt les mailles sont relativement larges, le plus souvent hexagonales, quelquefois pentagonales, mais toujours de dimensions sensiblement égales, comme le montre surtout la fig. 2. Les trabécules cylindriques sont droites, à bords réguliers et réfringents; elles s'anastomosent le plus souvent par trois, rarement par quatre, et forment aux points nodaux des épaississements facilement appréciables. Tantôt les trabécules sont plus courtes, les épais sissements nodaux plus rapprochés et les mailles, bien que typiquement hexagonales, sont plus serrées et affectent une forme plus ou moins arrondie, comme on peut le reconnaître sur la fig. 4. Enfin, une troisième forme du réseau, des plus intéressantes, est représentée par la fig. 5. C'est celle que nous avons rapprochée de la disposition en bâtonnets de Lanterman-Mc. Carthy. Comme nous l'avons dit, ces bâtonnets sont unis en un réseau qui ne diffère de la charpente cornée, décrite précédemment, que par l'extrême étroitesse des mailles. L'emploi d'un grossissement plus puissant le démontre, et l'existence de tous les intermédiaires entre le réseau à mailles larges et la disposition de Me. Carthy vient également confirmer cette identité. Nous avons reproduit quelques-uns de ces intermédiaires dans les fig. 1, 3 et 7. 176 L- GEDOELST Aucun auteur, à notre connaissance ('), n'a étudié jusqu'ici la charpente cornée chez le crapaud. Les premières préparations que nous en avons examinées, avaient été empruntées aux précieuses collections que notre savant maître, le professeur J. B. Carnoy, met à la disposition de ses élèves en son laboratoire de cytologie. Ces préparations avaient été obtenues par la mé- thode classique, soit sur des fibres fraîches, soit sur des fibres préalablement traitées par les sels chromiques. C'est l'étude que nous en avons faite qui nous a décidé à choisir le crapaud comme principal objet de nos recherches. La grenouille. — C'est sur cet animal que Pertik, Waldstein et Weber ont fait leurs observations. Nous croyons intéressant d'exposer les résultats que ces auteurs ont obtenus. y Innerhald der Schwann'schen Scheide, écrit Pertik, zeigt sich nam- r^ lich an Stelle der Markscheide ein einziger, aus stark lichtbrechendem, r> liberall doppelt contourirtem Balkenwerk bestehender Hohlcylinder und r, darin anstatt eines knorrigen Centralstranges der gleichmassig ge- y schrumpfte, gestreckt verlaufende und vollkommen glatte Axencylin- T der (■). " Quant à Viniiere Hovnscheide de Ewald et Kuhne, Pertik en conteste l'existence. Waldstein et Weber ont donné une description fort différente, y La n membrane de Schwann paraît doublée d'un réseau de forme tubulaire « dont les mailles petites et régulières sont limitées par des travées cylin- T driques qui sont à peine renflées aux points nodaux. Il faut une observa- y tion attentive pour voir les fines travées rayonnées qui le rattachent à la « partie de la charpente noueuse qui environne immédiatement le cylindre- « axe Cj. " Ces auteurs admettent donc l'existence de la gaîne interne, bien qu'ils ne l'aient pas figurée. Nos propres observations, qui ont été faites sur la grenouille rousse et sur la grenouille verte, ne peuvent que confirmer les assertions de Pertik, et infirmer celles de Waldstein et Weber. Nos préparations nous ont fourni les mêmes images que celles que Pertik a reproduites. Nous avons omis de figurer le réseau de névrokératine chez la grenouille, préférant renvoyer au travail du savant histologiste alle- (1) Malgré toutes nos démarches, il nous a été impossible de nous procurer le mémoire de L. Gerlach, Zur Kenntniss der markhaltigen Nervenfaser; Tageblatt der 5i. Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte in Cassel, 1878. Nous ignorons donc sur quels animaux le savant professeur d'Erlangen a fait ses observations. (2) Pertik : Loc. cit., p. 226. (3) Waldstein et Weber : Loc. cit., p. i3. LA FIBRE NERVEUSE 177 inand. Notre fig. 14 appartient seule à la grenouille. Elle montre la dispo- sition qu'affecte la charpente cornée, après l'action de l'eau distillée pendant 24 heures. Cette figure démontre ainsi l'erreur des auteurs qui ont prétendu qu'il était impossible de faire apparaître le réseau noueux après l'action de l'eau. Le lapin. — Tizzoni, répétant les observations de Ewald et KUhne, figura le premier le réseau de névrokératine. C'est le lapin qui lui servit d'objet d'études. Voici la description qu'il en donne : » On voit un réseau ex- - cessivement délicat qui par sa forte réfringence et sa netteté, apparaît au r> milieu des autres éléments colorés. Ce réticulum est formé, fig. \b, d'un - lacis de petits bâtonnets qui se réunissent en différents points, formant r> des mailles irrégulières polygonales à angles très ouverts ou arrondis, n mais jamais nettement ronds. XviX points d'union de ces mailles, ils ont r, quelquefois de légers épaississements ou points nodaux, knorriges Gerilst, r généralement peu accentués ('). - Tizzoni conteste l'existence de la gaîne cornée interne. Waldstein et Weber ont également étudié la charpente noueuse chez le lapin, r La charpente, disent-ils, n'a d'ordinaire pas, à proprement par- - 1er, la forme d'un réseau. D'une enveloppe qui entoure le cylindre-axe » d'une façon discontinue on voit se dégager des travées rayonnées épaisses, y qui vont s'anastomoser avec d'auti'es travées doublant la gaîne de Schwann J^ au-dessous de laquelle elles limitent incomplètement de grandes mailles j) quadrangulaires plus ou moins arrondies. Les anastomoses de ces travées » qui sont loin d'avoir partout la même épaisseur, sont marquées par des r> nœuds ou des renfîements notables {^). « On voit par cette description que si Waldstein et Weber s'accordent avec Tizzoni sur la forme des mailles du réseau chez le lapin, ils sont en complète opposition avec le professeur italien au sujet de la gaîne interne dont ils admettent l'existence autour du cylindre-axe. Toutefois nous croyons devoir faire remarquer que la figure qu'ils donnent, ne répond pas sous ce rapport à leur description. Du reste, par nos propres observations, nous ne pouvons que confirmer la description de Tizzoni. Le cobaye. — Tizzoni a observé le réseau de névrokératine chez le cochon d'Inde, ainsi que chez les autres mammifères, où il l'a recherché. (') Tizzoni : SuUa patologia del tessuto nervoso; Archivio per le scienze mediche, vol. III, 1878, p. 9. (2) Waldstein et Weber : Loc. cit., p. i3. 80 178 L. GEDOELST et chez l'homme; mais il n'y insiste pas davantage, il se borne à décrire en détail la disposition qu'affecte ce réseau chez le lapin. Chez le cobaye cependant la charpente cornée se montre fort différente de celle du lapin. Les mailles ne présentent plus cette forme quadrangulaire que tous les auteurs ont signalée chez ce dernier animal; elles sont au con- traire fort irrégulières, tant dans leurs formes que dans leurs dimensions, FiG. 13. De petits mailles se voient à côté de mailles plus grandes, sans que l'on puisse reconnaître de règle à leur répartition réciproque. Quant à leurs formes, elles sont d'une variété et d'une irrégularité qui défient toute des- cription. Les trabécules ne possèdent plus cette forme nettement cylindrique qui caractérise à un si haut degré les travées chez le crapaud; elles sont au contraire tantôt renflées, tantôt amincies. Aux points nodaux, on voit de même des épaississements fort variés; ici ils sont à peine appréciables, là ils constituent des accumulations de substance cornée fort considéra- bles. En un mot, autant le réseau chez le crapaud se caractérise par sa parfaite régularité, autant chez le cobaye il se caractérise par sa complète irrégularité. Nous n'y avons pas reconnu de trace de la gaine interne chez cette espèce. Le Rat. — Nous avons étudié le réseau de névrokératine chez deux individus de cette espèce : un rat adulte et un rat jeune. Le réseau s'est montré avec de3 caractères différents sur chacun d'eux. Chez le rat adulte, il affecte une délicatesse, une ténuité vraiment re- marquable. Les mailles constituent des quadrilatères allongés dans le sens de la longueur du tube nerveux, fig. 8, Les trabécules longitudinales ren- contrent presque à angle droit les travées transversales. Ces quadrilatères tapissent immédiatement la membrane de Schvi^ann, et placés à une même hauteur, au nombre de deux ou trois, ils font tout le tour du tube nerveux, de manière que leurs trabécules transversales forment des cercles complets espacés à des distances sensiblement égales dans la longueur de la fibre. Par ci par là, on remarque également quelques mailles de dimensions moin- dres et de formes moins allongées. Aux points nodaux existent de très faibles épaississements. Il n'existe pas de trace de Vinnere Hornscheide. Chez le rat jeune, le réseau présente une disposition complètement dif- férente. Les mailles ne possèdent pas cette forme quadrangulaire de l'adulte, mais plutôt une forme pentagonale fort régulière, fig. 9. En outre, leurs LA FIBRE NERVEUSE 179 dimensions sont notablement inférieures que chez l'adulte; les fibres elles- mêmes, durestc, sontplus étroites. Les trabécules sont relativement plusépais- ses, plus réfringentes et plus régulièrement cylindriques. Aux points nodaux existent des renflements fort appréciables. Ce réseau affecte une régularité qui n'est pas sans analogie avec celle que nous avons signalée chez le cra- paud : il suffira du reste de rapprocher les fig. 2 et 9 pour s'en convaincre. On i-emarquera toutefois que chez le rat les mailles sont relativement plus larges que chez le crapaud : chez celui-là, en effet, leur plus grand diamètre égale à peu près le diamètre transversal de la fibre nerveuse, tandis que chez celui-ci il en atteint à peine la moitié ou le tiers. Il nous a été impos- sible de reconnaître la présence d'une gaine cornée interne. Le Chat. — Nos observations ont été faites sur un chat nouveau-né. Le réseau corné, fig. 10, il, 12, présente la même disposition que chez le rat jeune, aussi ne pouvons-nous que renvoyer pour sa description à celle que nous avons donnée de ce dernier animal. La seule distinction que nous puissions faire, c'est que les trabécules chez le chat se dessinent avec plus de netteté encore que chez le rat, et sont légèrement plus épaisses. Cette identité de forme des réseaux chez deux animaux si différents, qui n'ont pour caractère commun que leur jeune âge, tandis qu'il est complète- ment modifié chez l'adulte, comme nous avons pu le vérifier chez le rat, n'est peut-être pas sans avoir de signification sur les différences que peut affecter le réseau chez un même animal. Les loisirs nous ont fait défaut pour poursuivre nos observations à ce sujet. Le Cheval. — Nos recherches ont été faites sur une racine spinale, en- levée à un cheval mort depuis deux ou trois jours. Le réseau que nous y avons observé, s'est montré identique à celui qui se voit chez la grenouille dans les mêmes conditions, c'est-à-dire après la décomposition de la couche médullaire, soit par l'action de l'eau, soit par l'altération cadavérique. Cette observation nous autorise à croire que le reseau de névrokératine existe également chez cet animal et qu'il suffirait de le rechercher sur des nerfs frais pour l'observer dans toute sa régularité. Le Pigeoiî. — Les tubes nerveux apparaissent plus ou moins déformés par le traitement qu'ils ont subi, fig. 15. Le réseau de névrokératine est net- tement accusé; les mailles en sont de grandeur moyenne, toutes sensiblement égales entre elles, de formes irrégulièrement polygonales ; les trabécules l8o L. GEDOELST sont délicates, étroites et cylindriques. Les renflements nodaux sont faible- ment accusés. Le réseau chez le pigeon offre de nombreuses analogies avec celui de la grenouille. Nous n'y avons pu découvrir des traces d'une gaine interne autour du cylindre-axe. La. Poule. — Chez cet animal, le réseau de nevrokératine ne possède pas, à proprement parler, une disposition réticulée. On voit, à des distances sensiblement égales, des trabécules présentant la forme d'un M dont l'extré- mité aurait été tronquée par une ligne transversale, fig. 16. Toutes présen- tent l'ouverture angulaire dirigée dans le même sens. Quelquefois on recon- naît que les extrémités libres des travées se recourbent en dedans pour aller s'unir à la portion inférieure transversale de la travée immédiatement supé- rieure; on voit alors une figure polygonale allongée, irrégulièrement hexa- gonale, à côtés légèrement arrondis, qui rappellent certaines formes de mailles chez le lapin. Les trabécules possèdent des épaisseurs variables : plus grosses au point où elles se recourbent vers le haut, elles s'amincissent insensiblement suivant leurs prolongemements latéraux. Ces apparences dénotent une altération considérable dans la forme du réseau, qui par cer- tains caractères se rapprochent de ceux que nous avons observés chez le lapin et le rat adulte. Des recherches nouvelles permettraient peut-être de reconnaître la forme normale du réseau chez cet oiseau. Nous croyons devoir terminer cette revue des animaux qui ont permis de reconnaître la charpente cornée en citant le chioi sur lequel Me. Carthy a observé la structure en bâtonnets, qui, à notre avis, n'est qu'une disposi- tion spéciale du réseau d'F2wALD et Kûhne; ainsi que le veau chez lequel Pertik a décrit, après l'action de la liqueur de Muller, une apparence réticulée qui ne peut être rapportée qu'à la charpente cornée ; et en rappe- lant que TizzoNi a observé un réseau analogue chez les mammifères qu'il a étudiés. Ces exemples suffisamment nombreux nous autorisent à admettre l'exis- tence de ce réseau chez tous les animaux qui possèdent des fibres nerveuses à myéline. Aussi ne doutons-nous pas de son existence chez les reptiles et les poissons, où nous nous proposons de le rechercher et de l'étudier dès que nous en aurons le loisir. La charpente nerveuse semble appartenir en propre aux fibres myéli- niques, comme tend à le démontrer une observation de Ewald et Kuhne qui ont reconnu sa présence dans les fibres nerveuses du homard. Identique LA FIBRE NERVEUSE l8l par ses propriétés chez tous les animaux, le réseau de névrokératine ne diffère que par la multiplicité des dispositions et la richesse des formes qu'il affecte chez les diverses espèces. La plupart des auteurs ont argué de cette diversité d'aspects, que ce réticulum n'existe pas à l'état normal dans la fibre nerveuse et qu'il n'est que le résultat du traitement de l'alcool et de l'éther. Nous sommes au contraire porté à conclure de ce fait à la préexistence du réticulum, et à considérer ces différences comme correspondant à des dispositions spéciales caractéristiques de chaque espèce. Si nous nous rap- pelons que chez un même animal, sur un même nerf, sur une même fibre, le réseau de névrokératine peut, comme nous l'avons démontré plus haut, présenter les formes les plus diverses, que ces différences chez un même animal peuvent être plus considérables que celles qui s'observent chez des animaux fort distants l'un de l'autre dans l'échelle zoologique, on compren- dra aisément que cette multiplicité d'aspects ne constitue en aucune façon un argument sérieux contre la préexistence du réseau noueux. Il nous semble du reste difficile d'admettre qu'un même réactif, agissant dans des conditions identiques sur un élément partout et toujours le même, la myéline, déve- lopperait des images si différentes. A l'appui de leur manière de voir, les auteurs qui nient la préexistence de la charpente noueuse, ont insisté sur ce fait qu'il leur a toujours été im- possible de l'observer sur des fibres fraîches, ou après l'action de certains réactifs. En ce qui concerne nos propres observations sur les nerfs frais, sans l'addition de réactif, nous en exposerons les résultats dans la seconde partie de notre mémoire à propos du réseau de Lanterman. Si l'on cherche à reconnaître l'existence du réseau corné en traitant les nerfs par la méthode classique après l'action préalable de l'eau, il est im- possible, prétend-t-on, de faire apparaître un réticulum. Nous nous sommes plu à contrôler cette assertion. A cet effet nous avons plongé un nerf sciatique de grenouille, fixé en extension physiologique, pendant 24 heures dans l'eau distillée; après quoi nous l'avons soumis au traitement de l'alcool et de l'éther. Sur des fibres obtenues par dissociation, on reconnaît parfaitement, à l'aide d'un grossisse- ment suffisant, un réseau à mailles étroites et serrées; les trabécules sont relativement plus épaisses et beaucoup moins réfringentes. La FiG. 14 qui représente une pareille fibre, a été choisie dans nos préparations, parce qu'elle possédait un réseau à mailles plus larges que les 182 L. GEDOELST autres fibres. Nous avons tenu à la reproduire de préférence au type le plus communément répandu dans la préparation, parce qu'elle démontre à toute évidence l'existence du réseau de névrokératine. Sur la plupart des autres fibres le réticulum est plus serré, les mailles sont plus étroites. Observé à l'aide d'un objectif plus faible, le contenu des fibres nerveu- ses paraît régulièrement granuleux. C'est probablement à l'emploi d'un ob- jectif trop faible qu'on doit en grande partie attribuer l'erreur de Waldstein et Weber qui décrivent l'aspect granuleux des fibres ayant subi préalablement l'action de l'eau. Ces granulations, comme nous l'avons déjà dit plus haut, correspondent aux points nodaux du réticulum. Il est aisé de s'en convaincre. Néanmoins ces auteurs se sont cru autorisés à conclure de cette observation que le réseau n'est pas préformé et r> se forme dans l'intérieur du nerf par la dis- » sociation de la myéline sous l'influence des réactifs en deux substances, y une substance grasse dissoute par l'éther, une autre substance sur la na- » ture de laquelle ils n'insistent pas et qui prendrait dans l'intérieur du tube » nerveux des formes variées ('). " Il importe de remarquer ici que Waldstein et Weber nous semblent se contredire, lorsque quelques lignes plus loin ils déclarent, d'accord en cela avec Hesse et Pertik, que les bouchons myéliques qui se développent sous l'action de l'eau, laissent apparaître un réticulum corné après le traite- ment de l'alcool et de l'éther. Il nous paraît difficile de comprendre comment ce réseau apparaîtrait après l'action de l'eau dans des bouchons de myéline, alors qu'il ne se formerait plus à l'intérieur de la fibre nerveuse elle-même. Nous sommes plutôt porté à croire que la présence du réseau à l'intérieur des tubes nerveux a échappé à ces savants, à cause des différences qu'il présente avec le réticulum normal. Certes nous reconnaissons volontiers que, après l'action de l'eau, la char- pente nerveuse se montre quelquefois altérée au point qu'on puisse en méconnaître l'existence. Mais ce fait n'admet-il pas une interprétation diffé- rente de celle que Waldstein et Weber ont émise? On connaît l'action de l'eau sur la myéline. Ce composé subit des mo- difications notables; il se gonfle, paraît devenir plus fluide et repousse les obstacles qui s'opposent à son écoulement. Aussi serait-il téméraire d'émettre des conclusions catégoriques à l'examen des dispositions que présentent les ;') Waldstein et Weber : Loc. cit., p. 17. LA FIBRE NERVEUSE l83 nerfs après un tel traitement. Si, comme nous avons tout lieu de le croire, la myéline occupe les mailles du réseau nerveux, il est évident qu'après l'action de l'eau ce réticulum a dû être plus ou moins modifié par le gonfle- ment de la myéline, et après la disparition de celle-ci par l'alcool et l'éther, on conçoit facilement qu'on ait de la peine à retrouver, dans le contenu du tube nerveux, le réseau auquel on a été habitué de reconnaître une régularité parfaite et une réfringence caractéi-istique. J . F. Heymans a observé que le gonflement que subit la myéline au contact de l'eau et la production des figures myéliques rappellent, à s'y méprendre, le phénomène qui se passe lorsqu'on met une solution d'albumine au contact d'une solution de tannin. La précipitation de l'albumine en une couche périphérique coagulée donne naissance à une véritable membrane osmotique, qui grandit peu à peu, grâce à l'apposition de nouvelles molécules d'albumine précipitée et au courant endosmotique continu de la solution de tannin. Si l'on étudie sous le microscope ces phénomènes à l'aide d'une goutte de chacune de ces solutions, on est frappé de la similitude d'aspect que pré- sente la préparation avec l'apparition des figures myéliques, quand on sou- met des nerfs à l'action de l'eau. Ces observations inédites, que Heymans nous a autorisé à reproduire, apportent un sérieux appui à notre manière de voir ('). Une remarque de Waldstein et Weber tend encore à justifier notre interprétation. En effet ils ont examiné des nerfs de lapin recueillis 44 heures après la mort de l'animal dépouillé de ses intestins et maintenu à une tem- pérature de 10° à 12°. Sur ces nerfs plongés en extension physiologique dans l'alcool absolu pendant 24 heures, ces auteurs ont reconnu une substance granuleuse sans indication d'un réticulum. Si l'on songe qu'après la mort la myéline donne naturellement naissance à des formations myéliques, on pouvait prévoir que les modifications, qui devaient affecter le réseau, l'auraient rendu méconnaissable à des observateurs non prévenus. Si du reste l'interprétation de Waldstein et Weber était exacte, com- ment pourraient-ils expliquer l'impossibilité pour l'alcool de déterminer. ('; Elles rendent en outre parfaitement compte de certaines altérations du cylindre-axe après la dé- composition de la couche médullaire. Ranvier a décrit avec détails l'aspect déchiqueté que présente le cylindre-axe après l'action de l'eau. La myéline qui occupe les mailles du réseau, constitue une série de globules qui en se gonflant, vient comprimer le cylindre-axe et lui donner cet aspect irrégulier que RouDANOwsKi (88) avait déjà décrit comme normal. Il avait même signalé des anastomoses entre les cylindres- axes de fibres voisines. l84 L. GEDOELST après l'action de l'eau, l'apparition du réseau de névrokératine? L'eau exerce- t-elle une action chimique sur la myéline? D'après ce que nous savons sur les propriétés de la myéline, l'action de l'eau sur celle-ci est de nature pure- ment physique, et, par conséquent, avant comme après cette action, l'extrac- tion des corps gras (lécithine, cérébrine, etc.) par l'alcool devrait amener l'apparition de la partie insoluble de la myéline, c'est-à-dire du réseau de névro kératine. Un fait que ces auteurs ne cherchent pas davantage à expliquer, ce sont les causes qui font que la portion de la myéline insoluble dans l'alcool et l'éther apparaît sous la forme d'un réticulum après l'extraction de la partie soluble. Si, comme ils le prétendent, la myéline est un mélange uniforme d'un corps gras et d'une autre substance dans laquelle leurs expériences de digestion artificielle tendent à faire admettre l'existence de deux composés, qui se différencieraient l'un de l'autre par leur digestibilité vis-à-vis de la pan- créatine, nous ne comprenons pas à la suite de quels phénomènes cette sub- stance, simple ou double, uniformément répartie dans le mélange myélinique, se déposerait, par pure action physique, sous forme de réseau, plutôt que sous forme de précipité granuleux sans sti^ucture particulière. Nous ne pou- vons comprendre la chose que pour autant que cette substance possède déjà, avant l'action des réactifs, une disposition réticulée que l'alcool et l'éther se bornent à mettre en évidence, en lui faisant subir peut-être de légères mo- difications. Nous sommes donc porté à croire à la préexistence du réseau. Léo Gerlach a signalé le premier les modifications que présente le réseau de névrokératine suivant le degré de concentration de l'alcool dont on se sert pour enlever la myéline. Ce fait trouve son explication dans ce que nous venons de dire et n'autorise en aucune façon à conclure à la non- préexistence de ce réseau. En effet, suivant le degré de concentration de l'alcool, on évitera plus ou moins le développement des formes myéliniques et on augmentera dans des proportions variables la rétraction du réticulum par la coagulation et la déshydratation brusques. Pertik, Waldstein et Weber, qui ont confirmé sur ce point les assertions de L. Gerlach, y trou- vent également un argument en faveur de la non-préexistence du réseau corné. Il nous est impossible de partager leur manière de voir; car les dif- férences qu'on observe dans la forme du réseau suivant le degré de concen- tration de l'alcool, sont moins grandes que celles que l'on observe sur une même préparation, traitée par l'alcool absolu, et qui résultent de structures propres à chaque fibre, comme nous l'avons dit plus haut. LA FIBRE NERVEUSE I85 Après l'action digestive des ferments, on ne pourrait non plus développer la disposition de Ewald et Kuhne. Nos propres observations sur ce fait sont loin de confirmer cette assertion de Pertik et de Waldstein et Weber. Nous y reviendrons en exposant nos recherches sur les digestions pepsini- ques et pancréatiques des fibres nerveuses. Les différences, que le Horngeriist présente suivant les réactifs, dépen- dent uniquement de l'action de ces derniers, soit sur la m3'éline comme fixateurs, soit sur le réticulum comme déshydratants et coagulants, et non d'une action chimique dissolvante plus ou moins complète qu'ils exerceraient sur la myéline. Quelle qu'ait été la méthode employée pour dissoudre la myéline : que nous ayons eu recours à l'alcool, au chlo- roforme, à l'éther, que nous nous so3'ons servi de ces dissolvants isolés ou combinés, nous avons toujours mis en évidence un réseau d'apparence variable, il est vrai, mais dont il est difficile de méconnaître la véritable signification. Nous avons également vérifié l'action de l'alcool absolu saturé d'anhy- dride sulfureux, dont Gilson vient de recommander l'emploi. Soumises à ce réactif, les fibres nerveuses offrent une disposition des plus intéressantes. Le réseau corné apparaît avec une netteté admirable, mais les trabécules affectent une disposition spéciale. La plupart possèdent une direction oblique par rapport au cylindre-axe, direction qui rappelle, à n'en pouvoir douter, l'existence des incisures obliques. On voit même de distance en distance des travées plus épaisses, d'ordinaire au nombre de deux de chaque côté du cylindre-axe, qui, par leur disposition et leurs rapports relatifs, ne peuvent correspondre qu'aux incisures de Schmidt-Lanterman. Connaissant le pouvoir fixateur de l'alcool sulfureux, on ne peut mettre en doute que cette disposition du réseau corné ne soit primitive. D'après ses propriétés physiques et chimiques, Ewald et Kuhne ont rapproché la substance du réseau nerveux de la kératine des tissus épider- miques et l'ont appelée Névrokératme. Ils lui ont attribué une provenance épithéliale, supposition qui semble trouver sa confirmation dans l'histogenèse des tissus nerveux. Ils ont été amenés à établir cette assimilation en se basant sur la résistance que cette substance présente à se laisser attaquer par les ferments digestifs, sur sa teneur en soufre et sur ses produits de dé- composition. Cette assimilation est-elle ainsi suffisamment justifiée? La kératine est-elle seule à posséder la propriété de résister à l'action des ferments digestifs? La névrokératine de Ewald et Kuhne ne serait-elle 81 186 L- GEDOELST pas un composé albuminoïde analogue à la plastine que l'on rencontre dans toutes les cellules tant animales que végétales ? Elle appartient évidemment à ce groupe de substances que J. B. Carnoy désigne sous le nom de substances protéiques réfractaires pour les distinguer des albuminoïdes typiques : vitelline, myosine, albumine, etc. - Ces corps B écrit-il, sont, à n'en pouvoir douter, des dérivés plus ou moins immédiats n des albuminoïdes véritables. A ne considérer que les arthropodes — et n même à parler d'une manière générale — on peut les classer en trois y> groupes, suivant leur degré de résistance vis-à-vis des réactifs : a) les K plastines; b) les élastines qui comprennent la kératine (identique à part un r> mélange de S avec l'élastine, d'après Hoppe-Seyler, Physiol. Chemie), K la névrokératine de KiiHNE et Ewald (Ueber ein neue Bestandtheil d. « Nervensyst.; Verhandl. d. nat. med. Vereins zu Heidelberg, 1876, tome I, » P- 457); c) la chitine. Il importe peu au cytologiste de savoir si ces corps » représentent autant d'espèces chimiques — du reste les chimistes eux-mêmes r, l'ignorent — ou s'ils ne sont pas des mélanges. Il est probable que ce ne y sont que des mélanges de substances analogues. Nous ne voudrions pas » même affirmer que les plastines diffèrent chimiquement des élastines. On » peut très bien admettre que la moindre résistance des éléments qui en sont » formés : réticulum plasmatique, membranes très jeunes, etc., provient de y> ce qu'ils ne renferment que très peu d'élastine. La même particularité se y présente pour la membrane cellulaire. Les choses se passent comme si » l'élastine y augmentait avec l'âge aux dépens des albuminoïdes qui y se- y> raient encore contenus à l'origine. Dans bien des cas, chez les arthropodes, B les composés des deux premiers groupes se transforment en chitine, la y> plus solide et la plus difficilement attaquable de toutes les substances r> qui entrent dans la composition de leurs membranes. En résumé, plus » ils s'éloignent de leur souche primitive, plus ces dérivés deviennent ré- » fractaires (')• " Les élastines, les kératines, etc., sont des substances albuminoïdes que Krukenberg (260) distingue nettement des albumines véritables auxquelles nous réserverons plus spécialement la dénomination de protéine. Ces di- vers albuminoïdes paraissent se différencier aux dépens d'une même pro- téine à la suite de modifications spéciales, x^ussi une relation très étroite existe entre les élastines et les kératines, entre celles-ci et les mucines, etc. (') Carnoy : La Cytodiérèse; la Cellule, t. I, p. 197, note. LA FIBRE NERVEUSE I87 Nos connaissances sur ces différents composés sont encore fort impar- faites et nous ignorons complètement si aux expressions élastine, kératine, correspondent des types cliimiques, nettement caractérisés par leui's pro- priétés, ou des mélanges indéfinis de substances encore indéterminées, mélanges dont la composition varierait d'après le stade de différcntiation histochimique. C'est cette dernière hypothèse qui nous parait la plus vraisemblable. En effet on ne possède pas d'analyse centésimale correspondant à toutes les élastines ou à toutes les kératines ('); bien plus, une même espèce d'élastine ou de kératine présente des différences considérables dans ses propriétés chimiques suivant son âge : une élastine ou une kératine âgée n'est pas un produit semblable à ces mêmes substances nouvellement formées. Krukenberg (261) en étudiant la kératine de la coque des œufs des séla- ciens, a assisté au phénomène de kératinisation de ces membranes. Pendant leur séjour intra-utérin, ces membranes sont facilement digérées par la pepsine et donnent comme produits de décomposition une forte proportion de leucine avec quelques traces de tyrosine, elles se comportent par consé- quent comme l'élastine; tandis que, après la ponte des œufs, ces mêmes mem- branes sont devenues réfractaires aux enzymes protéolytiques et, traitées par l'acide sulfurique étendu, fournissent beaucoup de tyrosine et une faible quantité de leucine : elles se comportent ainsi en véritable kératine. Or, si l'on songe que, d'après les auteurs, la portion glandulaire de l'oviducte du Scylliuin catiiliis est formée de glandes tubulaires à cellules caliciformes mucipares, on sera tenté d'admettre que, dans la formation de la coque, on a assisté à la transformation chimique de la mucine en une élastine et en une kératine, ce qui démontrerait le rapport intime qui existe entre ces diverses substances. On objectera peut-être contre cette proposition la forte proportion de S qui caractérise les kéra- tines. Mais il importe de remarquer â ce propos que non seulement il n'est pas démontré que la mucine et l'élastine sont absolument exemptes (') La difficulté d'obtenir une analyse exacte de ces composés résulte de la difficulté de les ob- teDÎr à l'état pur et de l'impossibilité de pouvoir apprécier leur degré de pureté. On ne saurait même dire si les nombreuses manipulations par lesquelles on fait passer les tissus élastiques et kératiques pour purifier ces composés, n'ont pas pour résultat de déterminer certaines décompositions ou tout au moins certaines modifications dans leur constitution moléculaire. Si l'on songe, par exemple, à la facilité avec laquelle une partie du S se détache de la molécule de la kératine, cette supposition paraîtra fort vraisemblable. 188 L. GEDOELST de 5('), mais que la proportion de 5 des kératines est fort variable. Les nombreuses analyses qui ont été faites des diverses kératines ne concordent en aucune manière entre elles, du moins pour ce qui concerne la teneur en S. Cette teneur peut varier de 0,40 à 5 et même 7 et 8 "/j, et certaines kératines peuvent ainsi ne contenir pas plus de 5 qu'un grand nombre d'albumines véritables. Si à cela on ajoute qu'une portion du 5 est très faiblement unie dans la kératine et peut en être facilement enlevée, on re- connaîtra avec Hoppe-Seyler (246) que les kératines sont des mélanges en proportions variables d'un albuminoïde probablement voisin des élastines avec un composé riche en S. Une relation non moins étroite existe probablement entre les kératines et les mucines comme nous l'apprennent les travaux sur la soi-disant kéra- tine de la coquille des œufs d'oiseau, que l'on peut considérer avec autant de raison comme une substance mucinoïde durcie que comme une kératine. Enfin l'existence de l'élastoïdine, que Krukenberg(_26i) vient d'étudier, rapproche également l'élastine de la kératine. L'élastoïdine se rattache à l'élastine par ses propriétés de solubilité, tandis que par ses produits de décomposition (tyrosine) elle se comporte comme la kératine. De cet ensemble de faits on peut conclure que les mucines, les élastines et les kératines sont des substances congénères, unies entre elles par une souche commune, une protéine dont elles représentent probablement des degrés différents de différentiation chimique suivant une ou plusieurs voies. Une relation moins bien établie est celle qui existe entre ces substances et la plastine de Reinke. Cette plastine est un mélange plus complexe d'un albuminoïde avec un composé riche en phosphore, peut-être le fragment (') Les deruières analyses qui ont été faites de la mucine tendent toutes à y faire reconnaître la présence du 5. Landwehr (25o) a trouvé o,5o5 à 0,86 % de S dans la mucine submaxillaire, 0,45 à 0,58 f'/o dans la mucine biliaire de l'homme, 1,1 % dans la mucine biliaire du veau, 0,4 % dans la mucine de l'Hélix pomatia (25i). Hammarsten (245) a également trouvé 1,04 % de S dans la mucine du cordon ombilical. Dans la métalbumine qu'il a identifiée avec la mucine, il (253) a décelé une proportion de i,25 "/(, de 5. Giacosa (255) a signalé une teneur de 1,32 % dans la mucine de l'enveloppe des œufs de batraciens. Hammarsten (263), poursuivant ses études sur les mu- cines, a trouvé une proportion de 1,71 % de S dans la mucine du manteau de l'Hélix, 1,79 dans la substance mucinogène et 1,60 dans la mucine du pied, Enfin, d'après Lôeisch (264), la mucine du tendon d'Achille du bœuf contient o,Si '% de S. Nous avons tenu à reproduire ces analyses en détail, parce que les traités classiques de Gorup-Besanez , Hoppe-Seyler et Wurtz signalent toujours la mucine comme dépourvue de 5. Pour ce qui concerne l'élastine, W. Mûller (238) a trouvé dans ses analyses du ligament cer- vical du bœuf une proportion de 0,08 % de S. LA FIBRE NERVEUSE 1 89 phosphore d'une nucléine. Quelle est la nature de l'élément albuminoïde de la plastine? Nos connaissances sur la composition chimique de ce composé sont trop incomplètes pour que nous puissions résoudre cette question. Mais, à ne considérer que les propriétés de la plastine, nous sommes tenté de la rapprocher de l'élastine, comme J. B. Carnoy l'a déjà proposé ('j. Aussi adoptons-nous sans réserve sa classification des substances protéiques réfractaires dans laquelle il range les plastines à côté des élastines et des kératines. Mais à la suite de quels processus ces substances réfractaires prennent- elles naissance dans la cellule? Les phénomènes chimiques qui se passent dans l'intimité de la cellule nous sont fort incomplètement connus. Pour pouvoir interpréter ces diverses réactions, il faudrait connaître la structure moléculaire des protéines et des albuminoïdes qui en dérivent par voie de dédoublement. Mais malgré les intéressantes observations de Schut- ZENBERGER sur la constitution de ces composés, il nous est encore fort dif- ficile de soupçonner les relations des albuminoïdes avec les albumines typi- ques et les réactions qui leur donnent naissance aux dépens de ces dernières. Une observation de Krukenberg (265) est peut-être destinée à jeter quelque lumière sur cette question. D'après cet auteur les protéines (albu- mines véritables) constitueraient des combinaisons de groupements molécu- laires complexes appartenant à deux groupes différents qui auraient pour t)'pes l'hémialbumose et l'antialbumose. Ces deux groupes seraient unis dans la molécule des albumines. Les albuminoïdes et les squelettines au contraire auraient une composition beaucoup plus simple et devraient être rattachés en un groupe aux composés de la série anti. Les albuminoïdes se formeraient donc aux dépens des albumines typiques par la dissociation de celles-ci en leurs deux composants. Cette dissociation que l'on peut réaliser facilement par les acides dilués ou les alcalis, l'eau surchauffée ou les enzymes, est due par conséquent à une simple hydratation. (') Cette assimilation se justifie encore par les considérations suivantes. Si nous adoptons pour la plastine et la nucléine les formules de Reinke et Miescher, et si de la molécule de la plastine nous soustrayons au moins deux molécules de nucléine, le reste correspond à un corps dont la com- position centésimale serait C 55,64, H 7,45, N i5,3o, O 21,22, S o,3q, composition voisine si pas identique de celle que MiiLLER attribue à l'élastine C 55,46, H 7,41, N 16,19, O 20,89, ^ o.°8- Du reste Miescher lui-même a signalé une certaine analogie entre la variété insoluble de la nucléine et les substances élastiques. 190 L- GEDOELST De ces divers procédés, il n'en est guère qu'un que la cellule puisse mettre en oeuvre, c'est l'hydratation par les ferments, car nous savons qu'il n'y a pas de protoplasme sans enzyme protéolytique. La cellule décompose ainsi ses albumines et fabrique à leurs dépens ses albuminoïdes. Ceux-ci ne sont plus directement attaquables par les enzymes, du moins plus à la façon des albumines qui leur ont donné naissance ('). Quelle que soit la valeur de cette théorie, elle acquiert un intérêt tout particulier si nous la rapprochons de nos connaissances sur l'évolution et la différentiation cytochimiques. Les cellules jeunes embryonnaires et les cellules en voie de prolifération active se font remarquer par leur richesse en albumines véritables (globulines, vitelline, myosine, etc.) et par leur faible proportion en albuminoïdes (plastine, élastine, etc.). Par la digestion, de pareils éléments cellulaires se dissolvent sans laisser pour ainsi dire de résidu. A un stade ultérieur, on reconnaît une forte quantité de mucine que nous avons vu devoir être une des premières phases de la transformation des albumines. Cette mucine se rencontre dans tous les tissus embryonnaires, dans le tissu du cordon ombilical, dans le tissu conjonctif du type embryon- naire et dans les tissus d'un grand nombre d'animaux inférieurs (mollusques, échinodermes, etc.). En même temps que la cellule se développe et se fixe, son réticulum acquiert plus de puissance et la cellule tout entière s'entoure d'une membrane d'enveloppe. On y reconnaît alors à toute évidence des substances nouvelles réfractaires à l'action des ferments, de véritables albu- minoïdes : la plastine ou même peut-être l'élastine. En effet, l'élastine est abondamment répandue dans toutes les cellules et constitue le principal élément des membranes, comme Donders le proclamait déjà en 1851. A mesure que la cellule avance en âge, sa richesse en albuminoïdes augmente; en même temps la proportion des albumines diminue au point de disparaître totalement. C'est ainsi que Reinke (247), dans le protoplasme de V Aethaliiim septiciiin, n'a trouvé que 9 "/o de vitelline et de myosine (y compris la pepsine), pour 27,4 "/o de plastine. De même, il (257) a traité des Vaucheria par les meilleurs réactifs des albumines, sans être parvenu à en déceler des traces dans le protoplasme vivant. Enfin, dans les cellules qui ont acquis leur com- (') Cette formation d'albuminoïde par action euz)'matique est d'autant plus probable que c'est à un processus analogue que Carnoy attribue la production de la plastine aux dépens de la nucléine dans les cellules en voie de division. En outre, l'hémialbumose que l'on peut mettre en évidence dans la plupart des Iranssudats de l'organisme, vient par sa présence témoigner de la réalité de la dissociation des albumines en albuminoïdes ou anticomposés et en hémiproduits. LA FIBRE NERVEUSE IQl plet développement et qui sont arrivées à la fin de leur évolution, une nou- velle modification chimique se produit dans certaines circonstances, c'est la kératinisation. Le contenu de la cellule tout entière se transforme en kéra- tine et la cellule meurt. La kératine se forme, d'après Krukenberg, aux dépens des substances de la cellule par simple élimination d'eau ('), élimination qui ne peut être comparée à une dessiccation, car la kératinisation se produit dans des tissus qui ne cessent pas un instant d'être humectés, par exemple dans l'épiderme de mammifères aquatiques, chez le fœtus, etc. Nos connaissances sur la névrokératine nous permettent-elles de ranger cette substance à côté des albuminoïdes dont nous venons d'exposer l'histoire? Comme celles-ci, la névi"okératine n'apparaît dans les fibres nerveuses que lorsqu'elles ont atteint un stade plus ou moins avancé de leur évolution. En eftet, d'après les recherches de Unger et de Witkowski, le cerveau de l'embryon ne contient pas de névrokératine, cette substance n'apparaît que plus tard, lorsque la dififérentiation tissulaire est suffisamment avancée et que les cellules se chargent de myéline. Obtenue par la méthode de Ewald et Kuhne, la névrokératine est inso- luble dans l'acide sulfurique et la potasse caustique à froid. Traitée par la potasse bouillante, elle se montre plus réfractaire que la kératine. Elle est également plus difficilement attaquée par l'acide acétique glacial à 150° que cette dernière substance. Soumise à l'ébullition pendant cinq heures dans l'acide sulfurique dilué, elle abandonne un résidu, tandis que la corne se dissout entièrement dans les mêmes conditions. Par l'ensemble de ses pro- priétés elle paraît donc être d'une nature beaucoup plus réfractaire que la kératine elle-même (-;. Nous avons également essayé sur la névrokératine les principales réac- (') Nous croyons toutefois qu'une simple élimination d'eau est insuffisante pour expliquer les modifications chimiques qui caractérisent la transformation des albumines en kératines. Nous préférons admettre, avec Dreschel {259) que dans le processus de la kératinisation il se produit en outre le remplacement d'un O par un S, ainsi que la transformation du groupement leucique en un grou- pement tyrosique. (■) Ewald et Kûhxe sont les seuls auteurs qui aient étudié les caractères chimiques de la névrokératine. Personne n'a reproduit leurs observations. Les quelques réactions que nous avons tentées sur la névrokératine des nerfs sciatiques nous ont fourni des résultats un peu différents de ceux des savants allemands. Les loisirs nous ont fait défaut pour poursuivre nos recherches. Aussi verrions- nous avec plaisir qu'un autre observateur reprit cette question ; nous sommes persuadé qu'il ne per- drait pas son temps Une remarque analogue s'applique à la plastine dont personne ne s'est occupé après Reixke. 192 L. GEDOELST tions des albuminoïdes. Elle montre la réaction de Millon et la réaction xanthoprotéique, tandis qu'elle ne se colore pas par le réactif de Frôhde, caractère qui la différencie des kératines proprement dites. Si la névrokératine semble se distinguer des kératines, il n'en est pas moins vrai qu'elle doit être rangée au nombre des albuminoïdes, comme le démontrent la plupart de ses propriétés chimiques. Elle possède évidemment la même signification que les autres albuminoïdes qu'on rencontre dans toutes les cellules indistinctement. Si l'on songe maintenant que, d'après les recherches de Reinke, il existe un grand nombre de plastines, que chaque espèce de cellules possède, pour ainsi dire, sa plastine spéciale; qu'en outre la plastine est un élément nécessaire à l'existence du protoplasme vivant; on admettra comme légitime l'assimilation que nous croyons devoir faire du réseau de névrokératine de la fibre nerveuse avec le réticulum de plastine qu'on rencontre dans les cellules animales et végétales. Cette assimilation trouve aussi sa justification dans une remarque de Lahousse (188). Cet auteur a observé que, dans les cellules ganglionnaires, « le corps cellulaire est composé d'un réticulum dont les mailles s'élargissent » à mesure qu'elles s'éloignent du noyau, réticulum qui communique à l'aide « de fins prolongements, sans interruption, avec les filaments de névrokéra- r> tine de la capsule ('). " Nous croyons inutile d'insister sur la signification du réticulum de la cellule ganglionnaire; il nous suffira de rappeler que c'est un des premiers éléments sur lesquels on ait reconnu la structure réticulée du protoplasme. L'union intime de ce réticulum avec le réseau de névrokératine constitue un argument sérieux en faveur de notre thèse. Les propriétés du réseau de Evi^ALD et KUhne ne constituent donc pas un critérium suffisant pour en faire une substance spéciale, qui ne se ren- contrerait que dans les tissus nerveux et serait assimilable aux substances kératoïdes de l'épiderme. Du reste l'histogenèse est loin d'avoir élucidé à la satisfaction générale les rapports des tissus nerveux avec l'épiderme, du moins pour ce qui concerne les tissus nerveux périphériques. Il importe d'ailleurs de reinarquer que la kératine n'est pas un produit dont la présence démontre l'origine ectodermique des tissus dans lesquels on la rencontre. Ainsi la coquille des œufs des oiseaux et la coque des œufs des sélaciens contiennent une forte proportion de kératine, et ces productions n'ont aucun lien génétique avec le feuillet épiblastique. D'un autre côté, le limaçon des vertébrés supérieurs, qui dérive du feuillet épidermique, ne contient, au dire de SxEiNBRiiGGE (262), aucune trace de kératine. (') Lahousse : La cellule nerveuse et la névroglie; Anatom. Anz., n» 5, iS86, p. 1 15. LA FIBRE NERVEUSE 193 En outre, les conditions dans lesquelles on essaie le pouvoir digestif de la pepsine ou de la pancréatine sur le réseau de névrokératine favorisent encore la résistance naturelle de celui-ci. On connaît en effet la difficulté que présentent les ferments à digérer certaines albumines coagulées. Or le réseau corné est soumis à la digestion, après avoir été traité par l'alcool ab- solu et bouillant qui doit transformer les albuminoïdes du tube nerveux en un composé fortement réfractaire. Une observation de Pertik vient à l'appui de notre manière de voir. Il a reconnu en effet que la résistance, opposée par le réseau de névrokératine à la digestion, est d'autant plus considérable que la concentration de l'alcool employé pour le développer a été plus forte. Rumpf avait déjà observé que le réseau n'était pas absolument réfractaire à l'action de la pancréatine et que les travées sont en grande paitie dissoutes par la digestion. Il en conclut, (sans motifs suffisants toutefois), qu'elles doivent être constituées par un axe de nature cornée et un revêtement albuminoïde attaquable par les ferments digestifs. C'est pourquoi il lui donna le nom de horufillirende Scheide. HoRBACZEWSKi (252) a démontré que l'élastine, quand elle se trouve divisée en particules fort ténues, se dissout assez rapidement ('). r> Ich war » bemiiht, zu zeigen, conclut-il, dass das Elastin, wenn es nur fein genug y> vertheilt ist, in ziemlich kurzer Zeit verdaut, respective gelôst werden r kann. In diesem Zustande ist es zweifelsohne resorptionsfahig (-).« La résistance que certains albuminoïdes opposent à se laisser attaquer par les ferments digestifs dépend non seulement des modifications chimiques qu'ils ont subies, mais aussi quelquefois des conditions dans lesquelles l'action digestive s'opère. C'est ainsi que Pertik, tout en confirmant l'obser- vation de Rumpf, prétend que l'insolubilité du réseau par la digestion résulte de l'action des réactifs, comme il a pu du reste le constater en traitant des globules sanguins par l'alcool bouillant et l'éther. Ces éléments laissaient alors un résidu notable. Ce dernier fait prouve à toute évidence l'influence des coagulants sur la digestibilité des albuminoïdes ("). Pertik, se basant en outre sur des réactions microchimiques, est amené à se prononcer contre la nature cornée du réseau de Ewald et Kuhne, et à lui attribuer une origine myélinogène. ^ Das homogène Nervenmark, (') HORBACZEWSKI: Ueber d. Verhalten d. Elastins bei d. Pepsinverdauung; Zeitsch. f. physiol. Chemie, Ed. VI, 1882, p. 344. (-) Ewald et Kûhne avaient déjà signalé le même fait. (') Retzius a également signalé cette influence de l'alcool sur la digestibilité de certains organes (rétine). 83 194 L. GEDOELST " dit-il, wurde also durch Alkoholextraction in zwei Theile geschieden : y in die extrahirte und in die, in netzformiger Anordnung zuriickbleibende 5» Substanz, von welchen letztere minder ausgesprochene myelinogene jî Eigenschaften besitzt als erstere ('). " En résumé, ces observations nous amènent à conclure que la substance qui constitue le réseau de névrokératine appartient à un groupe de matières azotées, congénères des albuminoïdes. Ce groupe comprend les plastines, les élastines, les kératines, etc., substances qui se trouvent répandues en proportions diverses dans tous les tissus et dans toutes les cellules en général, et qui paraissent résulter d'une différentiation chimique des albumines de la cellule. Il n'y a donc pas lieu à notre avis d'adopter en biologie le terme de névrokératine, pour désigner la substance du réseau de Ewald et Kuhne. Cette substance étant analogue, sinon identique, à la plastine de Reinke existant dans toutes les cellules, et le réseau lui-même représentant celui des cellules ordinaires, il convient de désigner le réticulum nei"veux sous le nom de réticulum de plastine, en assignant au terme de plastine une significa- tion générale, applicable à toutes les substances réfractaires qui entrent dans la constitution du réticulum plasmatique de J. B. Carnoy. Nous ne préten- dons pas par là résoudre le problème de la véritable composition chimique de ce réticulum, ni lui attribuer une nature plastinienne plutôt que kéra- tinienne. Nous laissons au chimiste le soin de différencier toutes ces sub- stances les unes des autres. Dans le choix de cette dénomination, nous avons d'ailleurs été guidé par les mêmes motifs qui l'on fait proposer par Reinke. Cet auteur a voulu seulement rappeler le rôle de cet élément dans la constitution du protoplasme, sans insister sur sa composition chimique. CONCLUSIONS. Nous terminons ici nos observations sur le réseau de Ewald et Kuhne, et nous croyons pouvoir en tirer les conclusions suivantes : 1" Uinnere Hovnscheide de Ewald et Kuhne n'existe pas; 2° Le réseau que ces auteurs ont nommé r, réseau de névrokératine « est préformé et ne résulte pas de l'action des réactifs sur la myéline ; 3° Obtenu par la méthode classique de l'alcool et de l'éther, ce réseau diffère d'aspect non seulement suivant les animaux où on l'étudié, mais en- (I) Pertik : loc. cit., p. 233. LA FIBRE NERVEUSE 195 core chez un même animal et sur un même nerf, suivant les fibres nerveuses que l'on examine; 4'^ Ce réseau se continue dans toute la longueur d'un même segment interannulaire; il n'est interrompu qu'au niveau des étranglements de Ranvier; 5° Il est formé d'une substance spéciale congénère de la plastine de Reinke, et représente, dans le segment intcrannulaire de la fibre nerveuse, le réticulum plastinien qu'on rencontre dans toutes les cellules. II. LE RÉSEAU DE LANTERMAN. Lanterman, en traitant les nerfs par l'acide osmique en solution très diluée (1 : looo), a observé dans la couche médullaire un réseau d'une ré- gularité parfaite, qu'il a figuré très fidèlement, mais dont il a négligé de donner une description détaillée. Il s'est borné à signaler - eine zierliche y netzfôrmige Zeichnung, welche an den Osmiumpraparaten oft in sehr » grosser Regelmâssigkeit hervortritt. Was dieselbe bedeute, ajoute-t-il, n vermag ich zur Zeit nicht anzugeben ('). « L'observation de Lanterman n'obtint aucun retentissement. Personne ne s'est appliqué depuis à rechercher la signification de ce réseau. Le pre- mier qui revit cette, disposition fut Koch. ^ Die von Lanterman erwâhnte y netzfôrmige Zeichnung an den Marksegmenten hatte ich ebenfalls mehr- » fach zu beobachten Gelegenheit, jedoch nur an Fasern, welche nach » vorangehender Entwasserung durch Alkohol in Canadabalsam einge- 5> schlossen waren (-). '^ Cet auteur n'ajoute rien pour expliquer cet aspect. Pertik, dans le cours de ses études sur l'action de l'acide osmique sur les fibres nerveuse à myéline, a reconnu également l'existence de la disposition signalée par Lanterman. Il en a l'eproduit une figure fort imparfaite, et l'a attribuée à l'action du réactif dont la concentration n'a pas été suffisante pour fixer uniformément le moelle nerveuse, qui a subi un commencement de décomposition myélique. BovERi figure plus fidèlement le réseau de Lanterman sur une coupe longitudinale de fibre nerveuse : il attribue également cette disposition à l'action des réactifs. Contrairement à l'opinion de Pertik, Boveri admet la fixation directe de la myéline par l'acide osmique et interprète le réseau de (') Lanterman :Ueb.d. fein, Bau d markhaltig. Nervenfasern; Arch. f. mikr. Anat., Bd. XII 1, 1877, p. (-) Koch : Ueb. d. Marksegmente, etc., p. 11. ig6 L. GEDOELST Lanterman en supposant que lorsque la moelle nerveuse commence à se décomposer, les formations myéliques appai-aissent sous forme de goutte- lettes plus ou moins considérables qui se séparent du reste de la moelle. Dans les figures obtenues, la portion réticulée colorée en gris représenterait la moelle qui n'a pas encore subi de modifications, et le réseau de Lanter- man serait dû à l'apparition dans la couche médullaire de gouttelettes myéliques, produit de décomposition de la moelle nerveuse. En présence du peu de données concordantes que nous possédons sur cette question, il nous a paru intéressant de reprendre cette étude et de re- chercher la véritable signification du réseau de Lanterman. Pour le mettre en évidence, nous avons suivi la méthode suivante qui, de toutes celles que nous avons essayées, nous a donné les meilleurs résul- tats. Nous nous sommes servi du nerf sciatique fixé en extension physiolo- gique. Nous le plongeons le plus rapidement possible dans un mélange de dix parties de bichromate de potassium à 2 p.c. et de deux parties d'acide osmique à 1 p.c., mélange dans lequel nous maintenons le nerf pendant environ deux heures; après quoi nous en achevons le durcissement en le laissant séjourner pendant vingt-quatre heures dans une solution de bichro- mate de potassium à 2 p. c. Après un lavage à l'eau distillée, le nerf est dis- socié au moyen des aiguilles, et monté en préparation permanente dans la résine Dammar, après éclaircissement préalable dans l'essence de térében- thine. On peut également colorer les fibres à l'aide de l'une ou l'autre matière d'aniline; nous avons employé de préférence l'éosine en solution alcoolique concentrée. Sur des préparations bien réussies, les fibres se font remarquer par des détails de structure qui ressortent avec évidence : on y distingue la présence des incisures de Schmidt et l'existence d'un réseau d'une netteté admirable. La disposition des incisures obliques est trop connue pour que nous nous y arrêtions. La couche médullaire ne forme pas une couche homogène, sans struc- ture, régulièrement colorée, comme la plupart des auteurs la décrivent après l'action de l'acide osmique; mais elle présente un réseau d'une régularité par- faite dont les travées, colorées en gris de fer uniforme, délimitent des mailles plus ou moins arrondies et d'égale grandeur, fig. 24. Quelquefois on en re- marque cependant qui sont plus considérables, surtout vers le milieu du segment cylindro-conique. La coloration que le réseau prend sous l'action de l'acide osmique varie aussi avec les différentes fibres nerveuses qu'on examine; elle varie du noir au jaune sale, en passant par le gris de fer. LA FIBRE NERVEUSE 197 Le contenu des mailles reste incolore; l'impression qui résulte de l'exa- men de cette disposition est celle que produirait un corps percé de trous, comme une éponge. Si l'on examine une libre nerveuse ainsi préparée en coupe optique, ou si l'on étudie une coupe longitudinale de nerf faite au mi- crotome, on remarque que les bords colorés par l'acide osmique ne se présen- tent pas sous la forme d'une ligne régulière, uniformément colorée en noir, mais sous la forme d'un rebord non seulement interrompu par les incisures obliques, mais encore percé de trous régulièrement disposés les uns à côté des autres en une rangée longitudinale. Le même aspect s'observe encore sur des coupes transversales de fibres nerveuses. Chaque fibre se montre délimitée par une semblable couche périphérique. Au niveau des incisures obliques, sur la partie effilée du segment cylin- dro-conique, ce réseau devient plus serré et se poursuit jusqu'à la terminaison contre la membrane de Schwann où il s'interrompt brusquement, ou contre le cylindre-axe avec lequel il semble se continuer en se transformant en une disposition fibrillaire longitudinale. Au niveau des étranglements annulaires, les extrémités des deux segments voisins se continuent de même avec le cylindre-axe, qui existe seul en cet endroit. De même que le réseau de névro kératine, le réseau de Lanterman pré- sente des différences notables suivant les fibres d'un même nerf, ou suivant les segments interannulaires d'une même fibre. Tantôt en effet les mailles de ce réseau sont relativement grandes, principalement vers le milieu du segment cylindro-conique, et forment un réticulum plus ou moins lâche, FiG. 23, 24; tantôt elles sont petites, affectent toutes des dimensions égales et paraissent parfois constituer une couche granuleuse, qu'on ne parvient à résoudre en un réticulum qu'à l'aide d'un grossissement plus fort. C'est sur- tout sur ces dernières fibres qu'on observe le mieux la Stdbchenstructur de Lanterman-Mc. Carthy. Toutes ces différences dans la disposition du réseau de Lanterman s'observent également sur des coupes transversales de fibres nerveuses. La FIG. 21 représente la plupart des formes qui se rencontrent dans une coupe du sciatique, et nous évite ainsi d'insister davantage sur la description de chacune d'elles en particulier. Nous nous bornerons à attirer l'attention sur celles de ces fibres où la couche périphérique non interrompue, qui se présente à l'aide des méthodes ordinaires, est remplacée par une couche de bâtonnets indépendants vis-à-vis les uns des autres, et correspondant à cette forme de réseau que Lanterman et Me. Carthy ont décrite. 198 L. GEDOELST Sur une coupe optique, la membrane de Schwann paraît doublée d'une couche formée de petits bâtonnets disposés en série perpendiculairement à l'axe de la fibre. Vus de champ, ces bâtonnets se montrent sous forme de points correspondant aux points nodaux du réticulum. Si Me. Carthy n'a pas reconnu cette disposition réticulée de la couche de bâtonnets, la cause en est certainement due au peu de puissance des objectifs qu'il a employés. Nous avons également observé la Stdbchenstruciiir sur des fibres ner- veuses traitées par l'alcool et l'éther, et d'où la myéline avait complètement disparu. La couche de bâtonnets était formée par le réseau de névrokératine, ce qui nous porte â croire que ce réseau correspond au réseau de Lanter- MAN. Un autre fait confirme cette manière de voir : le réseau de Lanterman et la Stàbchenstructiir persistent comme tels, lorsqu'on enlève la myéline par l'alcool et l'éther sur des fibres traitées par l'acide osmique. Bien plus, ces dispositions l'éticulées acquièrent alors une évidence plus frappante, en conservant la coloration que le réactif leur a communiquée. L'alcool et l'éther ne développent plus ici, comme sur des fibres fraîches, l'apparition d'un réseau de névrokératine, mais ils donnent au réseau de Lanterman une netteté et une réfringence qu'il ne possédait pas auparavant. Dans tous les cas, cette observation démontre clairement que la Stubchenstructur n'est pas due à une structure spéciale de la myéline, ni à une action particulière de l'acide osmique ; Me. Carthy a d'ailleurs décelé l'existence de ces bâtonnets en traitant les nerfs par le monochromate d'ammoniaque. Ces petits bâtonnets existent au sein de la myéline, ils y forment un réseau qu'on peut mettre en évidence, soit en en faisant disparaître la myé- line, soit en le colorant par l'acide osmique. Ces faits tendraient â faire supposer que, dans la couche médullaire, ce n'est pas la myéline qui se colore en noir par l'acide osmique, mais une substance spéciale qui imprégnerait le réticulum. Une observation de Rawitz vient confirmer cette manière de voir. - In der Faser, dit-il, bleibt nach y dem Kochen, eine eigenthiimliche, wirr aussehende Masse zurtick, die r> sich mit Osmium gelb fârbt. Dieselbe scheint eine Stutzsubstanz fur das » Mark zu sein und ist wahrscheinlich mit den von Kuhne und Ewald be- » schriebenen Hornscheiden identisch('). - Il constate donc ainsi également que l'acide osmique colore le réseau, et non la myéline. Nous signalerons (') Rawitz : Die Ranvier'scheu Einschnûriingen, etc.; Archiv f. Anat. u. Phys., 1879, p. 73. LA FIBRE NERVEUSE 199 plus loin, en exposant nos recherches sur les caractères microchimiques de la m3'élinc, des expériences qui nous paraissent démontrer ce fait d'une façon incontestable. Quelle est la signification de ce réseau? Répond-t-il à une disposition normale du contenu de la fibre m3-élinique, ou bien est-il un produit artifi- ciel, déterminé par l'action du réactif sur le contenu du tube nerveux? Lanterman ne s'est pas prononcé sur cette question et a négligé d'in- terpréter la disposition qu'il avait découverte. Pertik et Boveri sont d'ac- cord pour le considérer comme un produit artificiel et en attribuer l'appari- tion à l'action de l'acide osmique. Les arguments qu'ils font valoir, en faveur de leur manière de voir, ne nous semblent pourtant pas suffisants pour écarter tout doute au sujet de l'existence réelle de cette structure réticulée. Pertik, comme nous l'avons vu, l'attribue à la production des figures myéliques. L'aspect général de la fibre nerveuse autorise-t-il une pareille interprétation? Nous ne le croyons pas, car, si le réactif n'était pas suffisam- ment concentré pour fixer instantanément la myéline, le gonflement de celle-ci au contact de l'eau du réactif, aurait pour premier effet de détruire les incisures obliques, comme on peut le reconnaître en traitant des fibres nerveuses par l'eau. Or les fibres qui nous ont montré les incisures obliques sont trop régulières, trop nettes, pour que nous puissions supposer un seul instant que la myéline a subi la moindre modification physique. Cette sim- ple observation met de même à néant l'interprétation de Boveri qui recourt aussi à la formation de figures mj'éliques pour expliquer l'apparition du réseau de Lanterman. Boveri base son hypothèse sur un fait que nous pouvons pleinement confirmer, mais qui admet une toute autre explication que la sienne. Il dé- clare en effet que ce réticulum ne s'observe bien que sur les fibres situées au centre du faisceau nerveux, là où par conséquent le réactif ne pénètre que difficilement; l'acide osmique agit d'abord sur les tubes nerveux péri- phériques, et son action se trouve fort affaiblie lorsqu'il parvient au centre du faisceau nerveux. Il en résulte que les fibres centrales subissent un com- mencement de décomposition de la myéline, avant que celle-ci soit définiti- vement fixée par le réactif. Boveri reconnaît ainsi, sur une coupe longitudinale d'un nerf, tous les intermédiaires entre la fibre nerveuse instantanément fixée, et présentant un bord noir continu sans indication d'incisures obliques; la fibre nerveuse montrant nettement les segments cylindro-coniques uniformément colorés 200 L- GEDOELST par l'acide osmique; et enfin la fibre dont la myéline montre le réseau de Lanterman. Ces différences d'aspect, Boveki les attribue aux différences de concentration du réactif et aux différences de rapidité dans son action. Nos observations personnelles ne nous permettent pas d'accepter l'ex- plication de BovERi. En effet si, tout en suivant la méthode que nous avons décrite plus haut, nous soumettons un nerf à l'action de l'acide osmique pendant vingt-quatre heures, au lieu de deux heures, et que nous le débitons ensuite en coupes transversales, pour apprécier la distribution topographique des fibres à réticulum, nous constatons l'absence absolue de pareilles fibres, tant au centre qu'à la périphérie du faisceau nerveux. Toutes possè- dent l'aspect des fibres périphériques des coupes de Boveri. Voulant nous convaincre que ce résultat ne dépendait pas de circon- stances dont nous n'avions pu soupçonner l'influence, nous avons agi par voie détournée. Après avoir fixé un nerf sciatique de grenouille en extension physiologique, nous l'avons plongé pendant deux heures dans le mélange osmico-bichromique. Ensuite nous avons partagé le nerf en deux portiojis dont l'une a été maintenue dans ce même mélange pendant vingt-quatre heures, tandis que l'autre a été immédiatement montée en préparations permanentes, après dissociation ou débit en coupes transversales et longitu- dinales. Cette dernière portion nous a toujours montré des fibres à réticulum, alors que celle dont le séjour dans le réactif a été prolongé pendant vingt- quatre heures n'en montre plus aucune. Enfin, nous avons tenté une der- nièz'e expérience. Au lieu de maintenir le nerf pendant deux heures dans le réactif, nous l'en avons retiré au bout de quelques minutes, avant même que le réactif n'eût pénétré jusqu'au centre du faisceau, et nous avons alors toujours vu sur les fibres périphériques le réseau de Lanterman. De même, Jacobi, après avoir étudié l'action de l'acide osmique sur la myéline, critique l'opinion de Boveri et émet une interprétation analogue à la nôtre. Voici en quels termes il s'exprime à ce sujet : ^ Bezùglich der Con- s centration der Erhartungsfliissigkeit kann ich Boveri nicht ganz beistim- » men, wenn er sagt, dass eine Osmiumsâurelôsung von 'j^—i,o % nôthig » sei, um die Markscheide unverandert zu conserviren; ich habe theilweise !» mit noch diinneren Lôsungen von 0,05 — 0,1 °/o gearbeitet und dièse ent- » sprechend langer einwirken lassen, habe aber immer gefunden, dass in den " aussersten Lagen des Nervenstâmmchens die Markscheide ein vollstândig " homogènes Aussehen darbot und an feinsten Langsschnitten bei Untersu- " chung mit starkster Immersion nicht von feinen schwarzen Kôrnchen, LA FIBRE NERVEUSE 201 - die nach Pertik dcr Rcst cincr durchgemachtcn Myelinformation scia ?! sollcn, zu bemcrken war ('). -^ Nous pouvons donc conclure, avec Jacobi, que l'acide osmique, n'im- porte son degré de concentration ou sa durée d'action, fixe instantanément la myéline : elle colore plus particulièrement une substance qui se trouve répartie dans la couche médullaire en un réticulum fort régulier. Sous l'action peu prolongée de l'acide dilué, on obtiendra toujours le réseau de Lanterman, quelles que soient les autres conditions dans lesquelles le réac- tif agit. Si au contraire l'action de celui-ci persiste trop longtemps, ou si l'on emploie une solution trop concentrée, non seulement les travées du réseau noircissent, mais bientôt le contenu des mailles prend lui-même une égale coloration, et l'apparence réticulée disparait entièrement pour faire place à une couche uniformément colorée, telle que tous les auteurs la décrivent. N'étant pas un produit artificiel, déterminé par le réactif, le réseau de Lanterman répondrait-il à une structure générale du segment inter- annulaire? L'observation directe de la fibrevivante, ou de fibres enlevées fraîchement à un animal et dissociées sans addition de réactif, pouvait seule élucider cette question. A cet effet nous avons examiné un nerf sciatique de rat dissocié sur le porte-objet, en l'exposant seulement à l'humidité de l'haleine, pour éviter l'évaporation qui eût pu altérer les fibres. Immédiatement portées sous le microscope, les fibres nerveuses possè- dent encore leurs doubles contours, et les incisures obliques se dessinent avec une grande netteté. En examinant alors, avec un grossissement de 500 à 600 diamètres, la portion d'un segment cylindro-conique délimité par un bord encore parfaitement régulier, il ne nous a pas été difficile d'observer l'existence d'un carrelage analogue à celui que l'acide osmique met en évi- dence, moins apparent toutefois, à cause de la réfringence considérable de la myéline qui empêche parfois de distinguer nettement les trabécules du réticulum. Quoi qu'il en soit, ce réseau est suffisamment apparent pour con- vaincre tout observateur de la réalité de son existence. Nous avons confirmé cette obsen^ation sur les fibres nerveuses de la grenouille. On peut également constater l'existence de ce réseau à l'aide de la solution physiologique de sel marin (0,75 7o'- (') Jacobi : Zum fein. Bau d. peripheren markhaltigen Nervenfaser; Verhandl. d. physik. med. Gesellsch. zu Wûrzburg, N. F.. Bd. XX, n" 3, 1S8G, p. !3, 14. 83 202 L. GEDOELST La dessiccation lente sur le porte-objet d'une pareille préparation ne détruit pas le réseau; il paraît, il est vrai, un peu plus irrégulier, plus tiraillé, mais il n'en est pas moins évident. Nous avons tenu à figurer l'aspect que présentent des fibres nerveuses du sciatique du rat, dissociées à frais sur le porte-objet, sans addition de réactif, et soumises à la dessiccation lente à l'air libre, fig. 17. Cette figure écarte tout doute sur la réalité de la disposition que nous venons de décrire. Nous pouvons donc conclure que le réseau de Lanterman existe à l'état normal. Sa régularité et son analogie avec le réticulum que l'on observe dans toute cellule, sont autant d'arguments en faveur de notre thèse. Quelquefc-uns des arguments que nous avons fait valoir pour démontrer la préexistence du réseau de Ewald et KiiHNE, s'appliquent parfaitement au réseau de Lanter- man. Ces deux dispositions présentent des analogies si nombreuses que nous n'hésitons pas à leur attribuer une même signification, et à reconnaître qu'elles sont toutes deux l'indice d'une seule et même structure du contenu du segment interannulaire. Cette similitude des deux réseaux ressort clairement de nos figures. Leur forme est la même : la disposition de Lanterman ne diffère de celle de Ewald et KUhne que par l'existence dans la première des incisures obli- ques. Nous ne sommes guère parvenu à reconnaître d'une façon certaine sur le réseau de névrokératine des interruptions correspondant aux incisures de ScHMiDT. Cependant nous ci"oyons pouvoir déclarer que cette question est loin d'être complètement élucidée pour nous. Sur plus d'une préparation, nous avons remarqué des irrégularités dans le réticulum, qui semblaient, par leur distribution et leur forme, pouvoir être considérées comme l'indication *de ces incisures. En outre, une méthode spéciale, l'emploi de l'alcool absolu chargé d'anhydride sulfureux, nous a permis de reconnaître une dispo- sition particulière des trabécules du réseau de névrokératine, disposition qui ne peut être rapportée qu'à l'existence des incisures de Schmidt- Lanterman. L'effacement des incisures peut l'ésulter de la rétraction brusque que subissent les extrémités des segments cylindro-coniques sous l'action de l'alcool absolu et bouillant. On comprend parfaitement que, dans ces condi- tions, les extrémités de deux segments voisins, en se rétractant, se mettent en contact immédiat l'une avec l'autre, de manière à faire disparaître l'incisure, et s'accolent si intimement qu'il devient impossible de reconnaître, en cet endroit du réseau, l'existence de deux feuillets appliqués l'un contre l'autre. LA FIBRE NERVEUSE 203 Une observation de Waldstein et Weber tend également à faire ad- mettre la persistance dans la charpente cornée d'interruptions régulières correspondant aux incisures de Schmidt. Ces auteurs ont remarqué que r. les tubes nerveux de la grenouille, lorsqu'ils ont été soumis à la digestion r^ après traitement par l'alcool absolu, se montrent cassés en tronçons de rr longueur variée La longueur des fragments dans lesquels se décom- » posent les tubes nerveux de la grenouille correspond à peu près à celle r des segments cylindro-coniques compris entre les incisures de Schmidt, n ce qui semble indiquer que le réseau noueux est interrompu au niveau r> des incisures ('). - Nous croyons donc pouvoir conclure que le réseau de Ewald et KiiHNE est identique au réseau de Lanterman ; que ces deux réticulums correspon- dent à une disposition normale de la couche médullaire de la libre nerveuse, et ne sont pas des produits artificiels dus à l'action des réactifs. Leur régu- larité, leurs formes semblables, leur apparition sur des fibres fraîches et après l'action de réactifs différents tant au point de vue chimique que phy- sique, l'existence d'un réticulum dans toutes les cellules en général, sont autant d'arguments que nous croyons pouvoir invoquer en faveur de notre thèse. Il existe dans la couche médullaire de la fibre nerveuse un réseau pro- toplasmique analogue à celui qui existe dans toutes les cellules, tant animales que végétales. A ce point de vue, le segment interannulaire possède donc la constitution d'une cellule typique complète. Ce réseau est probablement composé d'une substance analogue à la plastine de Reinke et délimite des mailles très régulières occupées par la myéline. Klein est le seul, à notre connaissance, qui ait émis une opinion ana- logue à la nôtre dans son petit traité d'histologie : » Le cylindre médullaire » de chaque segment interannulaire, écrit-il, est composé d'un certain nom- " bre de petits cônes imbriqués à leurs extrémités (Schmidt, Lanterman); T chacun de ces segments de cône renferme un certain nombre de petits » corps sous la forme de bâtonnets placés verticalement sur le cylindre-axe. " Ces bâtonnets sont unis en une sorte de réseau. Le réseau lui-même est n très probablement la névrokératine de Ewald et Kuhne, tandis que la " substance interstitielle du réseau n'est probablement que la substance » graisseuse se détachant de la fibre nerveuse sous forme de gouttelettes, (') Waldstein et Weber : loc. cit. 204 L. GEDOELST r> lorsque celle-ci, à l'état frais, est soumise à la pression ou à l'action des » réactifs ('). « Ceci nous amène à dire quelques mots de la composition chimique de la myéline. Nous ne possédons malheureusement que peu d'analyses directes, et de recherches microchimiques concernant cette substance. Nos quelques connaissances se bornent à des analyses faites sur le cerveau in toto, dont les résultats sont fort peu concordants et ne nous apprennent rien de bien précis sur la nature de la myéline elle-même. Gautier (237) considère la myéline comme » de la cérébrine ou du protagon en partie décomposés » et en parties gonflés et dissous dans les savons de névrine qui résultent de » cette décomposition. N'ayant pas de caractères bien définis, ajoute-t-il, » elle n'offre aucun intérêt particulier ("). « Hoppe-Seyler (243) et Diaconow (240, 241) prétendent que le protagon de LiEBREiCH serait un mélange de cérébrine et de lécithine. Mais, d'après Hoppe-Seyler (248J, ce mélange ne serait pas simple, r, Das hypothetische r> Protagon kônnte aber nicht eine einfache Verbindung von Lecithin und y Cerebrin sein, da eine solche jedenfalls mehr Kohlenstoff enthalten y> miisste als das Cerebrin, weil das Lecithin etwas reicher daran ist ('). ^ Chevalier (26s), dans un travail tout récent, a exposé les résultats obtenus par ses analyses de nerfs sciatiques. Ses observations sur le scia- tique du bœuf, du veau et de l'homme démontrent que, dans la substance médullaire, la lécithine existe à l'état libre à côté de la cérébrine. Quant à la graisse, dont les analyses décèlent la présence, elle n'appartiendrait pas aux fibres nerveuses, mais au tissu adipeux qui entoure celles-ci. Mais l'au- teur ajoute que seule l'analyse de la substance blanche du cerveau est à même d'élucider complètement cette question ('). Comme on le voit, nos connaissances sur la constitution chimique de la myéline sont encore fort incomplètes. Nous pouvons les résumer en ces (') Klein et Variot : Nouveaux éléments d'histologie, p. 1S7 — 188. (-) Gautier : Chimie appliquée à la physiologie, etc., t. 11, p. 209. P) Hoppe-Seyler ; Physiol. Chemie, p. 680. (*) Quelqu'extraordinaire que paraisse cette dernière assertion, elle reproduit, croyons nous, exac- tement la pensée de l'auteur. En effet, résumant le résultat des analyses de ses divers extraits, Chevalier s'exprime comme suit : « Ferner enthiilt lAa eine bedeutende Quantitât Fett, vorzugs- « weise Olein, welches man nicht den Nervenfasern, sonder dem Fettgewebe zwischen denselben « zuzuschreiben hat, und welches daher bei Aufstellung der procentigen Zusammensetzung der Ner- K venfaser in Abzug zu bringen ist Es ist ferner évident, dass IB nur Fett enthàlt, welches nicht « auf die Nervenfaser zu beziehen ist. » LA FIBRE NERVEUSE 205 deux propositions : la m}-éline existe spécialement dans l'enveloppe du cy- lindre-axe; elle est un mélange mal défini de lécithine et de cérébrine. Nous avons cherché à obtenir quelques indications à l'aide de réactions microchimiques. Nous avons eu recours à des digestions artificielles et, bien que les résultats obtenus soient loin d'être complets, nous croyons intéres- sant de les exposer. Nous en profiterons pour faire connaître l'action de la pepsine et de la pancréatine, non seulement sur la myéline, mais encore sur les autres cléments constitutifs de la fibre nerveuse. DIGESTIONS. Nous avons préparé nous-méme les liquides digestifs artificiels. Le liquide pepsinique a été obtenu à l'aide d'une caillette de veau dont la mu- queuse glandulaire a été mise à macérer pendant vingt-quatre heures dans l'eau distillée. L'extrait, soigneusement filtré, a été mélangé à trois volumes d'acide chlorhydrique à 2 pour 1000, suivant la formule de von Wittich(2-1.2). Pour obtenir le liquide pancréatique, nous avons suivi la méthode adoptée par Waldstein etWEBER. Des pancréas de porc, préalablement débarrassés du tissu adipeux qui les entoure, ont été hachés menu et broyés dans un mortier avec du sable soigneusement lavé. La pâte ainsi obtenue a été étendue en une couche mince sur un plat de faience, et placée dans une atmosphère sèche et modérément chaude, pour en activer la dessiccation. Le produit pulvérisé a été épuisé par l'éther, et traité simplement par l'eau distillée. Cette préparation est celle qui a fourni les meilleurs résultats et qui s'est montrée la plus active, comme Waldstein et Weber l'ont reconnu. Les digestions ont été faites dans une étuve à 40°. Les résultats que nous avons obtenus avec la pepsine et la pancréatine sont fort différents. Nous les exposerons successivement. Digestion pepsinique. — Nous nous servons de petits ballons d'une capacité de 20 à 25 ce. que nous remplissons du liquide digestif. Nous y plongeons un nerf sciatique de grenouille ou de lapin, fixé en extension phy- siologique. Après quatre à six heures, nous le retirons et le fixons dans le mélange d'acide osmique et de bichromate de potassium dont nous avons donné la formule plus haut, et nous l'y laissons séjourner comme il a été dit à propos du réseau de Lanterman. Un fait remarquable, c'est que, au sortir du mélange osmique, le nerf ne possède pas cette coloration franchement noire que l'on observe toujours sur 206 L. GEDOELST un nerf frais soumis pendant quelques instants à l'action de l'acide osmique. Il présente une coloration brunâtre due au sel chromique. Cette première observation nous portait à croire que la pepsine avait attaqué, ou même fait disparaître la myéline. Aussi était-il intéressant d'observer les fibres ner- veuses au microscope. A cet effet, nous les avons dissociées dans l'eau et soumises à un examen attentif. A notre grand étonnement, les fibres ne paraissent guère avoir subi de modifications sérieuses. Elles sont devenues pour la plupart variqueuses surtout chez le lapin; la myéline, qui existe encore d'une manière incontesta- ble, a donné naissance à des figures myéliques; la membrane de Schwann et le cylindre-axe persistent inaltérés. Ce résultat inattendu nous a paru d'abord inexplicable. En effet, à quoi attribuer l'absence de coloration par l'acide osmique, alors que nous constatons la persistance de la myéline? La myéline ne se colore-t-elle donc pas par ce réactif? Les auteurs sont pourtant unanimes à lui reconnaître la propriété de noiixir sous son action. Il y a donc là une contradiction que nous avions de la peine à expliquer. Mais si l'on considère ce fait, qui est confirmé par les assertions de Rawitz et de Klein, que l'acide osmique communique au réseau de Lan- TERMAN une coloration plus ou moins intense, sans agir sur le contenu des mailles, tandis qu'il n'a plus aucune action sur le réseau de Ewald et Kîihne, on sera tenté d'admettre que l'acide osmique colore une substance qui im- prègne le réseau de Lanterman, que l'alcool et l'éther dissolvent cette sub stance, tandis que le reste de la myéline occupe les mailles de ce réticulum et demeure incolore. Nos expériences sur la digestion pepsinique des fibres nerveuses nous amènent donc à conclure, que la myéline se compose au moins de deux sub- stances différentes : l'une d'elles soluble dans l'alcool, se colore par l'acide osmique, est attaqué par le ferment pepsinique et imprègne le réticulum de la cellule myélique, dans lequel elle se trouve en proportion variable suivant les fibres qu'on examine. Ces différences de quantité correspondent peut- être aux différents degrés de l'évolution des tubes nerveuxi'j. La seconde de (') L'existence de cette substance réductrice de l'acide osmique en quantité variable dans les fibres ner- veuses est un fait d'observation. Wolff (i58) a même décrit dans les nerts cornéens le passage direct d'une moelle nerveuse véritable à une moelle moins réfringente et ne se colorant pas par l'osmium. Il lui donna le nom de moelle cornéenne, Corneamark. De pareils faits s'observent également dans de nombreuses terminaisons nerveuses. Ils sont probablement dûs à la disparition graduelle du composé réducteur de l'acide osmique: la seconde de ces substances, dont nos digestions artificielles ont décelé la présence dans les tubes nerveux, resterait seule. LA FIBRE NERVEUSE 207 ces substances, également soluble dans l'alcool, ne réduit pas l'acide os- mique, occupe les mailles du réseau, se gonfle au contact de l'eau en donnant naissance à des figures myéliques. Si l'on examine avec attention la couche médullaire, on y observe des trabécules irrégulièrement réparties et souvent anastomosées entre elles (fig. 22). Nous ne pouvons que les rappoiter à la présence d'un réticulum analogue à celui qu'on observe dans toute cellule. En effet la plastine qui le compose, est réfractaire au ferment pepsinique, que l'on emploie même pour le mettre en évidence. L'altération, que le réseau paraît avoir subie ici dans la fibre nerveuse, est due à l'action de l'eau, comme nous l'avons exposé plus haut. Nous avons également expérimenté l'action des ferments digestifs sur des fibres nerveuses, préalablement fixées par l'acide osmique et le bichromate de potassium. Les modifications qu'elles subissent sont presque nulles ('). En effet, les albuminoïdes coagulés par le bichromate et la myéline fixée par l'acide osmique restent inaltérés, comme nous pouvions le prévoir. x\ussi nous ne songerions pas à exposer des résultats si peu caractéristiques, si nous n'avions l'occasion de signaler un fait très intéressant. Après l'action de la pepsine prolongée pendant six heures, les fibres nerveuses montrent le réseau de Lanterman avec une netteté admirable, et les incisures obliques apparaissent comme des trous absolument vides entre les segments cylindro-coniques. Cette observation nous permet de réfuter d'une manière catégorique les opinions de Ranvier, Lavdowsky, Kuhnt, BovERi, etc., qui voient dans les incisures de Schmidt, soit des travées protoplasmiques, soit des membranes diaphragmatiques, Zipischeumark- scheide (Kuhnt;, tendues entre la membrane de Schwann et la membrane de Mauthner et séparant les segments cylindro-coniques, Hohlcylinder de Kuhnt. Si ces éléments existaient en réalité, la pepsine ne les aurait pas dissous, puisqu'elle laisse inaltérées des productions de même nature, telles que la membrane de Schwann, le réseau de Lanterman, etc. Nous croyons plutôt pouvoir adopter l'opinion de Schou, qui admet dans les incisures obliques laprésenced'un e substance amorphe, par exemple, de la lymphe ou d'un pro- (') Retzius a depuis longtemps démontré ce fait pour la rétine. « Die in Ueberosmiumsàure erharlete « Retina wurde durch Tripsin nicht verandert. » (Retzius, i55, p. io3,>. 2o8 L. GEDOELST duit de décomposition de la myéline. Nous considérons les incisures obliques comme constituant des vacuoles remplies par un liquide plasmatique. Cette interprétation trouve encore sa confirmation dans certains faits que l'on peut observer lorsqu'on dissocie des fibres nerveuses dans une goutte d'eau. x\vant l'action de ce liquide, les incisures de Schmidt sont peu appa- rentes; il faut une observation très attentive pour en reconnaître l'existence. Mais, dès que le courant endosmotique s'est établi, elles apparaissent d'une manière très évidente ; elles s'élargissent, écartent les extrémités des seg- ments cylindro-coniques et donnent ainsi souvent à la fibre nerveuse une apparence variqueuse. Nous ne pouvons comprendre cette disposition que pour autant qu'il soit admis que l'osmose se produit principalement au niveau des incisures obliques ('), et que l'eau pénètre en cet endroit dans des vacuoles dont elle augmente considérablement le volume. Digestion pancréatique. — La digestion pancréatique nous a fourni aussi quelques résultats intéressants. Nous avons opéré dans les mêmes conditions que pour les digestions pepsiniques, mais nous avons prolongé l'action de la pancréatine jusque pendant seize heures. Alors un nerf de grenouille, fixé en extension physiologique, soumis à l'action de l'acide osmique se colore intensément en noir par ce réactif. Ce premier fait dénote déjà une différence considérable dans l'action de ce fer- ment d'avec celle de la pepsine. Observées au microscope, les fibres ner- veuses apparaissent gravement altérées. Autant elles nous avaient paru peu modifiées après l'action de la pepsine, autant elles se montrent altérées par la pancréatine (-). (') Les observations de Koch démontrent Texistence de phénomènes osmostiques au niveau des incisures obliques, contrairement à l'opinion de Ranvier. (•) Ce fait concorde avec les observations de Bikfalvi (258, 260) qui a institué des recherches comparatives sur l'action de ces deux ferments sur les tissus animaux. Il a reconnu que la pepsine n'attaque guère les cellules et les noyaux, tandis qu'elle dissout le tissu conjonctif, les fibres élas- tiques, les substances fondamentales, etc., ce qui en fait, ajoute-t-il, un excellent réactif dissociateur des éléments (Faivre a depuis longtemps proposé la pepsine comme réactif dissociateur. Recherches sur le système nerveux de la sangsue; Paris, i85S). La pancréatine. au contraire, s'attaque tout d'abord aux cellules et aux noj'aux, tandis que toutes les substances conjonctives persistent inaltérées, même après une action digestive prolongée pendant plusieurs jours. C'est probablement à cause de cette action destructive de la pancréatine sur le contenu des cellules que la plupart des auteurs qui ont étudié la fibre nerveuse, n'ont pu parvenir à découvrir le réseau de névrokératine qu'ils recherchaient, tandis que s'ils s'étaient servis de la pepsine, ils auraient sans doute constaté son existence, comme nous avons pu le faire sans difficulté. LA FIBRE NERVEUSE 209 Le premier fait qui saute aux yeux, c'est la disparition de la membrane de ScHWANN. Nous sommes heureux de confirmer sur ce point les observa- tions de EwALD et Kuhne et de Pertik, bien que Waldstein et Weber les aient contredites. En effet, ces derniers auteurs prétendent que v même - après une digestion prolongée pendant deux jours entiers, la gaîne de - ScHWANN n'est pas dissoute ('). - Nous croyons que ces savants ont été victimes d'une erreur d'observa- tion, d'autant plus qu'ils semblent se contredire eux-mêmes lorsqu'ils décla- rent plus loin que •' les tubes nerveux de la grenouille, lorsqu'ils ont été - soumis à la digestion après traitement par l'alcool absolu, se montrent - cassés en tronçons de longueur variée. Ces tronçons, fig. 8, parfaitement - cylindriques, ne possèdent plus de membrane de Schwann et sont consti- - tués uniquement parla charpente noueuse ou plutôt par la partie tubulairc; - dans quelques-uns d'entre eux, on aperçoit encore les fragments du - cylindre-axe (-). « Cette contradiction est d'autant plus évidente que nous savons qu'après l'action de l'alcool absolu, les albuminoïdes présentent une résistance bien plus considérable à se laisser attaquer par les ferments digestifs ('). Il est évident que si, après cette action, la membrane de Schwann est dissoute par la pancréatine, elle doit à plus forte raison l'être sur les fibres fraîches. La m)-éline se présente sous la forme de granulations colorées en noir par l'acide osmique, et constitue des cylindres irréguliers et granuleux. Ces granulations fortement réfringentes, rappellent par leur aspect des globules de nature graisseuse. Un grand nombre d'entre elles nagent librement dans le liquide de la préparation. Le cylindre-axe persiste et semble servir de soutien au manchon granuleux. Si nous rapprochons maintenant les résultats fournis par nos expériences de digestion pancréatique de ceux que nous a donnés la digestion pepsinique, nous pouvons émettre les conclusions suivantes au sujet de la composition chimique de la myéline. 1° La myéline est un composé mal défini, complexe, qui contient au moins deux substances différentes par leurs propriétés physiques et chimiques; (') Waldstein et Weber : loc. cit., p lo. (^) Waldstein et Weber : loc. cit., p. 16. P) Retzius (i55) a signalé également l'influence de l'alcool sur la digestibilité de certains or- ganes (rétine). — A. Van Gehuchten a aussi insisté sur ce point dans ses belles recherches sur la diges- tibilté de l'enchylème musculaire; La Cellule, t. II, fasc. 2, p. 33i. «4 210 L GEDOELST 2° Ces deux substances sont toutes deux solubles dans l'alcool bouil- lant et l'éther; 3° La première noircit intensément sous l'action de l'acide osmique, se laisse attaquer par la pepsine, n'est pas détruite par la pancréatine; elle imprègne le réseau du segment interannulaire ; 4° La seconde est inattaquable par la pepsine et la pancréatine; elle ne réduit pas l'acide osmique, gonfle intensément sous l'action de l'eau et donne naissance à des figures myéliques ; elle occupe les mailles du réseau de Lanterman. Les recherches de Chevalier nous permettent d'identifier ces deux corps à la lécithine et à la cérébrine, si tant est que ces deux composés for- ment à eux seuls toute la masse de la myéline, ce dont nous nous permet- tons de douter. Il est plus probable qu'il existe en outre une substance grasse mélangée à la cérébrine et dont le pouvoir réducteur vis-à-vis de l'acide osmique est plus faible que celui de la lécithine. Ce serait à cette circonstance qu'il serait donné de pouvoir démontrer le réseau de Lanterman par une action faible du réactif, une action forte ou prolongée noircissant le contenu de la fibre nerveuse tout entier. Il nous est encore fort difficile de pouvoir distinguer la lécithine de la cérébrine, car jusqu'ici nous ne pos- sédons aucun réactif microchimique qui les différencie. La seule réaction que nous ayons pu utiliser, c'est leur inégale solubilité dans l'alcool froid, mais il est difficile d'affirmer l'insolubilité absolue de la cérébrine vis-à-vis d'une grande quantité d'alcool. Quoiqu'il en soit, nous avons épuisé un nerf dans de l'alcool froid et l'avons soumis ensuite à l'action de l'acide osmique à i %. Le nerf ne prend pas la coloration noire. La cérébrine existe-t-elle encore dans la fibre nerveuse ainsi traitée ? Nous n'oserions l'affirmer. Optiquement nous n'avons pu en reconnaître la présence et nous n'avons pu la déceler microchimiquement. Nous pou- vons seulement déclarer, que la fibre nerveuse ne paraît pas vide, comme après l'action de l'alcool bouillant et de l'éther. En admettant donc que le contenu tout entier n'ait pas été enlevé par l'alcool, nous devrions identifier notre première substance avec la lécithine et notre seconde avec la cérébrine mélangée dans des proportions variables avec des corps gras. L'observation de BôKAY (246) viendrait du reste confirmer cette conclusion. En effet, cet auteur, en étudiant la digestibilité de la lécithine par la pancréatine, a trouvé cette digestion fort difficile, la lécithine ne se décomposant qu'à la longue en acide phospho-glycérique, en choline et en acides gras. LA FIBRE NERVEUSE 211 Ces assimilations, quelque hasardées qu'elles paraissent, acquièrent un caractère de probabilité plus grande, si nous les rapprochons des observations de Cahn (250). Cet auteur a reconnu que la lécithine du vitellus des œufs, comme celle de la rétine, se colore fort rapidement par l'acide osmique en solution de '/j '^/o, tandis que la cholestérine pure et la cérébrine ne prennent aucune coloration sous l'action de ce mcme réactif. D'après Cahn, ce seraient les acides gras de la lécithine qui joueraient le rôle de corps réducteur vis-à- vis de l'acide osmique. Enfin, d'après Cath. Schipiloff et A. Danilewsky('), la lécithine serait un élément normal du réticulum plasmatique de la cellule musculaire et nous venons de démontrer nous-même qu'elle imprègne abondamment le réseau du segment interannulaire. Quant à la cérébrine et aux autres com- posés de nature graisseuse qui remplissent les mailles de ce réseau, ils repré- sentent probablement l'enchylème de la cellule, enchylème qui s'est chargé de substance m3'élinique à la suite d'une différentiation chimique qu'il a subie dans le cours de son évolution, comme le prouvent les hitéressantes observations de RASKE(26g). Cet auteur a reconnu en effet que la cérébrine manque complètement dans les organes nerveux centraux des embryons et qu'elle ne se dépose dans les fibres nerveuses que dans la suite de leur développement. CONCLUSIONS GÉNÉRALES. Nous terminons ici l'exposé de nos observations; elles ont porte uni- quement sur la gaîne de myéline des fibres nerveuses. Nous en avons étudié la structure intime. 1'^ Il y existe un réticulum qui a été entrevu et décrit successivement par Ewald et Kuhne et par Lanterman ; 2" Les dispositions observées par ces auteurs répondent à une struc- ture unique de la gaîne médullaire : le réseau de névrokératine est identique au réseau de Lanterman; 3" Ce réseau est préformé et ne résulte pas de l'action des réactifs sur la myéline; (') Cath. Schipiloff et A. Danilewsky : Ueber die Natiir der anisotropen Substanzeu des querge streiften Muskels und ihre râumliche Vertheilung im Muskelbiindel; Zeitschr. f physiol. Chemie, Bd. V, p i?.\ et 355, 18S1. — Voir la note (2) de la p. 371 du travail de A. Van Geiiuchten : Etude sur la structure intime de la cellule musculaire striée; La Cellule, t. II, fasc. 2. 212 L. GEDOELST 4'^ Ce réticulum représente dans le segment interannulaire de la fibre nerveuse le réticulum plastinien qu'on rencontre dans toutes les cellules : il est formé d'une substance congénère de la plastine de Reinke; 5" La myéline est un mélange complexe, dont la composition n'est pas encore parfaitement définie. Elle se compose au moins de deux sub- stances : la lécithine et la cérébrine. La lécithine imprègne les travées du réseau, tandis que la cérébrine en occupe les mailles; 6" Le segment interannulaire de la fibre nerveuse possède donc l'organisation caractéristique de toutes les cellules, tant animales que végé- tales. Nos observations ont pleinement confirmé sur ce point les prévisions de notre savant maitre, J. B. Carnoy. EXPLICATION DES FIGURES Toutes nos figures ont été dessinées à la chambre claire avec l objectif F et l'oculaire 4 de Zeiss, à l'exception de la fig. 22 qui a été reproduite à l'aide de l'oculaire 3. Les Jîg 1-16 et 18-20 représentent des fibres nerveuses traitées par l'alcool absolu pendant 24 heures, l'alcool bouillant pendant deux heures et l'éther pendant 24 heures. Les fg. I, 3, 6, S et 20 appartiennent à des préparations conservées dans la résine Dammar; les fg. 2, 4, 5, 7, 10 12, 14, iS et 19 à des préparations conservées dans la glycérine; enfin les fig. 9, i3, i5 t'M6 à des préparations conservées dans la liqueur de Gilson . Tous nos dessins représentent des fibres empruntées au nerf sciatique. FIG. 1. Fibre du crapaud ordinaire. Coloration à leosine. FIG. 2 et 4. Fibres du crapaud ordinaire, montrant diverses formes du réseau. FIG. 3. a et b représentent deux tronçons peu distants d'une même fibre du crapaud ordinaire, dessinés dans la même préparation que la fig. 1 et montrant les difïérences d'aspect qu'offre le réseau suivant les segments d'une môme fibre. FIG. 5. Fibre du crapaud ordinaire. Elle montre la couche de bâtonnets de Me. Carthy-Lanterman . FIG. 6. Fibre du crapaud ordinaire. On y remarque certaines travées du réseau qui se sont orientées de manière à constituer des cercles transversaux. Coloration par l'éosine. FIG. 7. Fibre du crapaud ordinaire présentant un étranglement annulaire. On y reconnaît nettement que le réseau est interrompu à ce niveau. Mais il n'existe aucune trace du renflement biconique ni d'une membrane transversale. FIG. 8. Fibre du rat d'eau (adulte). Coloration à l'éosine. FIG. 9. Fibre du rat d'eau (jeune). FIG. 10, 11, 12. Fibres du chat domestique (nouveau-né). Sur la fig. 12, on voit un noj'au n du segment interannulaire, ainsi qu'un deuxième noyau n' appartenant à la gaine de Henle. FIG. 13. Fibre du cobaye. FIG. 14. Fibre de la grenouile verte (R. esculenta) plongée préalablement pen- dant 24 heures en extension physiologique dans l'eau distillée, et traitée ensuite par l'al- cool et l'éther comme il a été dit. Coloration par l'éosine. 214 L. GEDOELST FIG. 15. Fibre du pigeon. FIG. 16. Fibre de la poule. FIG. 17. Fibre du rat d'eau dissociée à frais sur le porte-objet, sans addition de réactif, soumise à la dessiccation lente et conservée à sec. FIG. 18, 19. Fibres de la grenouille verte épuisées par l'alcool absolu et l'éther, et soumises ensuite à la digestion pancréatique. FIG. 20. Coupe transversale microtomique du nerf sciatique de la grenouille. Les fibres qui ont été dessinées appartiennent au centre du faisceau nerveux. FIG. 21. Coupe transversale microtomique du nerf sciatique de la grenouille, traité pendant 2 heures par un mélange d'acide osmique à i p. c, 2 parties, et de bi- chromate de potassium à 5 p. c, 10 parties, et maintenu ensuite pendant 24 heures dans une solution de bichromate de potassium à 5 p. c. Cette figure est légèrement schématique, en ce sens qu'on y a réuni les diverses apparences que l'on peut observer dans le faisceau nerveux. FIG. 22. Fibre du lapin soumise à la digestion pepsinique et fixée ensuite par le mélange osmico-bichromique. FIG. 23, 24. Fibres de la grenouille traitées comme il est dit pour la figure 21 et soumises ensuite pendant 6 heures à l'action de la pepsine. FIG. 25. Figure schématique destinée à reproduire les divers éléments qui con- stituent la fibre nerveuse dans leurs rapports respectifs, telle que nous la concevons. TABLE ALPHABÉTIOUE DES NOMS D'AUTEURS Adamkiewicz {179, iSo 149, i52, 154, 167 Arndt (149) 143, l52 Arnold (214) ,57 Balbiani (219) '5? Barba ^5) i35 Beale (101) 14? Bidder !40, 5o. 71) 142, 146, 147 Bikfalvi(i72, 258, 260) i53, 165 Boguslawski ,116) 149 Bôkay (246) 210 BoU (ii5, 126. 127) i5o, i5r, i53. i54. 161 Boveri (17Ô, 177) i5o, i5i, i53, i55, i5ij, 161, 1(35, 166 Bowmann (4$) 145 Brisseau-Mirbel (193, 1 96, 202) i39 Brown (197) ■39 . Bruns (38) m5 Burdach (24) i3S Cadiat (i48) i56 Cahn (25o) 211 Calberla (ii3) ir,7 Carnoy (23o, 235) 157, i58, 1S6, 189, 190 Carthy (Me.) (112) iiji Cattani (167, 182, 187, 90) iGfj Ceci (i52) 166 Chevalier (268) 204 Clarke (Lockhart) (7G) 144, 160 Cos3y(ii4) l52 Czermak (54) 148 Deiters (87) 146 Dejerine (114) l52 Diaconow (240, 241) 204 Donders (52, 237) 142, 144, 190 Drechsel (261) 191 Dumas 17) 137 Dumortier (109) 140 Dutrochet (23, 194) 137, 140 Ecker (62) 148 Ehrenberg (10, i5, 3o) 137, i38, 145 Eichhorst 1107) 148 EUenberg-er (175) 164 Emmert '17) i37 Engelmann (iig, i5o) 14g, i5i, i5G, i63 Ewald (129, 245) 1C2, 164 216 L. GEDOELST Fleischl (109) 144 Flemming (209, 212 2l5 223) 157 Fontana (4) i35, i36, 139, 145 Frey (i3o, 1S6) 146, 149, i53, i54, 163 Frommann (85, 16S i6g 206, 143, i52, 157, i63 Funke !65) 143 Gautier (244) 204 Gerber (9) ■45 Gerlach, J. (Ô4, 79) 142, 143, 146 Gerlach, L. (i36) i53, i63 Giacosa {257) 188 Golgi (i56) 165, 1G6 Gottsche (21) i38 Grandry {91. ijS) 143 Gruenhagen (i73j 167 Gùnther (44) 142. 144 Hammarsten (247, 2 55,2 65) 188 Hannover (41) 143, 143, 145 Harting (32) i38 Heitzmann (207) 107 Henle (36, 43, 5i, 56. 67 73, 89! 140, 142, 143, 144, 145, 148, 160, 162, i63, 166 Hennig (128) i52, i53, i54 Hertwig (210, 211, 2 16) 157 Hesse(i45) i5o, i52, 1^5, i63 Hoppe-Seyler ;243, : 48) 18S, 204 Horbaczewski ',254) ,93 Hudendorf (i5q) 164 Jacobi (189^ 149, i5o, 1 5i , i52. i53, 154 Jacubowitsch (70) 166 Key (Axel) fgg, 124) 748, 149, i5o, i5i, i52, 154, i56 Klebs (S6) 144 Klein, E. fi53, 178, 2i3, 222) 137, 161 Klein, J. A. (49) " 142 Koch (142) i53 KôUiker ('46, 53, 55, 181) 142, 144, 145, 146, i5o, i5i, i52, i53, 154, i55, 162, i65, 167 Kollmann (220) i57 Krause (35, 84, i83) 137, 141, 143, 146 Krukenberg (262, 263, 267) 186, 187, i88, 189, igi Kûhne(i29, 140, 245) i5o, i5i, i53, 1C2, 164 Kuhnt ("117, 118, 121) i5o, i5i, i53, 154, 161 Kupffer i6o, 71, 162, 176, 208) 142, 147, i5o, 157 Lahousse (188) 1G2 Landwehr (252, 253) 188 Langenbeck (19) 137 Lanterman (io5, 122) 149, i53, 160, 161 Lauth (12) 137 Lavdowski (i23, 09, 174) 149, i5o, i5i, i52, i53, 154, i55, i03 TABLE ALPHABETIQUE DES NOMS D AUTEURS 217 Leboucq ;i2o) Leeuwenhoek (i) Lehmann Leydig (72, 2o5) Lister (74I Lôbisch (266) Maley (i63) Malpighi (191) Mauthner (78, 82) Mayer (28) Mayer. Sigmund (I02) Merkel (89; Metzler (68) Milne-Edwards (8) Mohl, V. (204) Moleschott (52) Mondino (166, 171) Morochowetz (i37) Mulder (236) Mùller, J. (11, 25) Mùller, W. (239) Neumann (92) Owsjannikow (61) Pertik (154) Prévost (7) Prochaska (3) Prus (i85) Purkinje (27) Quatrefages, de (198) Ranvier (95, 96, i3i, 160) Raske (269) Raspail (2o3) Rauber (224) Rawitz ("141) Reinke (24g, 269) Reissner ,80; Remak ("20, 26, 3 1 , 69) Retzius (99, 124, 125, i55) Rezzonico (147) Rosenthal (33) Roudanowski (88, 94) Rouget (108, m) Rumpf (135, i38, 143) Schaffner (47) Schilling (58) Schleiden (201) 167 i35, :39, 145 146 143, .57 144 188 i5o, i5i iSg 143, 144 i38 148 ■43, '44. 162, i63 143 137 l39 142, 144 i55, 166 134 ■42. 143, 146 .37, i38, 140. 142 188 148 142 i63. .64. i65, 166 i37 i35, i36 167 138, 145 140 147, 14S, iDi, "4 211 140 157 i52, 154, i55 191 144 137, i38, 142, 143, 144, 145, 157 148, 149, i5o. i5i, i52, 154, i56, i63 166 i38, 141, 144. '45 144 i54, 167 i5o, i5i Ô3, i63, 164 145 143 139 85 L GEDOELST Schmidt (io3, io6) 143, 144, iho Schmitz (217) 157 Schou (170) i53 Schrôder van der Kolk (63) 160 Schultze, Hans (i32) 149. i5i Schuitze. Max (Si, 90) 143 Schwalbe fiSi) 146, 154, 164 Schwann (34) iSg, 140, 141 Steinbrûgge (264) 192 Steiner (140) i5o, i5i Stilling 64, 69, 7.3) 144. 146. i33, i57, 159 Strasburger (21 S, 221, 2 125) '57 ■ Tamamschef (98) 149, i3o Tizzoni fi33, i34, 144) 149, i55, i63, 1C4, i65 Todaro {97) 149, i5o Todd (45) .45 Toel (iio) '49 Tôrôk, V. (100) 149 Torre (délia) (2) i3(5 Treviranus (6, 14) 137, i38, .45 Turner (74, 77) 144, 160 Turpin (igS, 200) iSg, 140 Unger (146J 164, igi Valentin (i3, 16, 22, 37, 39) 137. 140. 142. 145 Vignal (164, 163, 184) .67 Virchow (238) 146 Volkmann (18, 2g, 40, 42) '37, '38, 142, .45 Wagner (48, 57) 142, 144, 145 Waldeyer (83) 143 Waldstein (iS?) IÔ3, 164 Weber (157J i63, .64 Witkowski (161) '63, 164, igi Wittich, V. (242) 205 Wolff (192) 140 Wolff, W. (i58) 206 Zawerthal (104) 144, i53 TABLE DES MATIÈRES PRELIMINAIRES Bibliographie. 1° Bibliographie de la fibre nerveuse . . . . 2° Bibliographie de la cellule en général . . . . 3" Bibliographie concernant l'histochimie et la chimie physiologique Historique. Division ........ I. Historique de la fibre nerveuse en général. A. Première période. De Leeuwenhoek à Schwann (1687 — iSSg) Description de la fibre nerveuse par Leeuwenhoek Prochaska conteste la circulation de la moelle nerveuse Observations de Fontana : il découvre le cj'lindre-axe Observations de Barba .... Confirmation de l'existence du cylindre-axe Treviranus reconnaît l'existence des doubles contours . Interprétations de cette disposition . Généralisation de la présence d'une membrane d'enveloppe Découverte des fibres variqueuses par Ehrenberg Confirmations de ce fait .... Interprétations diverses et explication de cette forme variqueuse Exposé des observations de Remak . Confirmation de ses recherches par Purkinje et Rosenthal Considérations générales sur cette première période B. Deuxième période. De Schwann à Ranvier (iSSg— 1871). Importance des travaux de Schwann Résultat des travaux des botanistes dans le domaine cytologique Découverte de la cellule ..... Influence des travaux des botanistes sur les recherches de Schwann Découverte d'éléments utriculaires chez les animaux . Obser\'ations de Schwann sur la fibre nerveuse Découverte des noyaux dans la fibre nerveuse Interprétation des faits ..... La préexistence du cylindre-axe est contestée ; opinions diverses Kôlliker démontre l'existence de cet élément . Discussion entre cet auteur et Henle 117 127 12g i33 i35 i35 i35 i36 137 137 137 137 i37 .37 ■37 i38 i38 i38 iSg i3g 140 140 140 141 141 142 142 142 II TABLE DES MATIERES Remak contribue puissamment à mettre hors de doute la préexistence du cylindre-axe Opinions diverses émises sur la structure intime du cylindre-axe Le cylindre-axe possède une membrane d'enveloppe . Opinions divergentes de quelques auteurs .... La disposition des noyaux sous la membrane de Schwann est mise en doute La couche médullaire est formée de zones concentriques Il existe une couche spéciale entre la gaine médullaire et le cylindre-axe La gaine médullaire est formée de segments distincts . Opinion de Hannover sur la membrane de Schwann . Opinions diverses sur la structure de cette membrane Interprétation de Kolliker ...... Théorie de la coagulation de la moelle nerveuse : opinions diverses Le phénomène de la coagulation est contesté par certains observateurs, tandis que les auteurs classiques continuent à l'admettre . État des connaissances sur la composition chimique de la moelle nerveuse laquelle 'Virchow donne le nom de myéline Résumé de nos connaissances sur la fibre nerveuse à la fin de la deuxième pé- riode : confirmation des observations de Schwann . Observation de Deiters : signification du cylindre-axe. PAGES '43 143 143 '44 144 144 '44 145 >-|5 145 145 146 146 146 146 C. Troisième période. De Ranvier (1871) jusqu'à nos jours Exposé des observations et théorie de Ranvier . . . . 147 Les étranglements annulaires avaient été entrevus avant Ranvier; cette disposition est confirmée . . . . . . . 148 Existence de plusieurs noyaux dans le segment interannulaire . . 14g Opinions de Lanterman et de Adamkiewicz ..... 149 Désaccord sur la structure du cylindre-axe : cet élément est constitué par des fi- brilles (opinions diverses). ...... 149 Le cylindre-axe est homogène (interprétations différentes^ . . . i5o Le cylindre-axe possède une membrane d'enveloppe . . . . i5o Discontinuité du cylindre-axe . . . . . . i5i Le cylindre-axe contient des noyaux : explication .... i52 Significations diverses attribuées aux incisures obliques : désaccord au sujet de leur préexistence. . . . . • • . '52 Discontinuité de la couche médullaire au niveau des étranglements annulaires : discussion ........ i54 Espace périaxial : opinions diverses. . . • . . 154 Coagulation de la myéline. . . . . '. . i54 Manière d'être de la membrane de Schwann. . . . . 154 Opinions diverses sur le renflement biconique .... i55 Théorie de la fibre nerveuse par Axel Key et Retzius . . . i56 » » » » Engelmann . . . . • i56 » » » » Boveri . . . . . i56 Réflexions ........ i56 Exposé des progrès que la science a accomplis dans le domaine cytologique : travaux de J. B. Carnoy. ...... iSy TABLE DES MATIERES III II. Exposé historique des dispositions réticulées ou fibrillaires observées dans la fibre nerveuse. Théorie des Elément anulirchen de Stilling . Observations antérieures à celles de Stilling . La théorie de Stilling est vivement attaquée . , Observations de Schmidt et interprétations des faits qu'il décr Travaux de Lanterman et Me. Carthy Leurs images sont le résultat de la décomposition de la myél Recherches de Ewald et Kuhne : le réseau de névrokératine Observations antérieures de KùUiker et de Henle et Merkel Opinions des auteurs sur le réseau de névrokératine . Travaux de Golgi : entonnoirs spirales Interprétations de cette disposition . Description de Jacubowistch Corpuscules nerveux de Adamkiewicz et critique de cette structure par Réflexions générales ..... Travaux de J. Fr. Heymans sur les noyaux des cellules nerveuses Vignal Division du travail OBSERVATIONS. I. Le réseau de névrokératine Méthode ...... Examen au microscope .... Description du réticulum : aspects divers Uinnere Hornscheide n'existe pas ; opinions des auteurs Description du réseau de névrokératine chez le crapaud » » » la grenouillé » » » le lapin . » » » le cobaye » n » le rat » » » le chat . » » » le cheval. » » » le pigeon. » » » la poule . Le réseau de névrokératine est préformé : critique des opinions des auteurs Examen du réseau après l'action de l'eau Action de l'eau sur la myéline : observations de Heymans Critique de la manière de voir de Waldstein et Weber et de L. Gerlach Méthodes diverses pour démontrer le réseau de névrokératine Nature chimique de ce réseau Classification des albuminoides par J. B. Carnoy Relation étroite qui existe entre les divers albuminoides Histoire des albuminoides .... Constitution des protéines et phénomènes qui donnent naissance aux albuminoides dans la cellule ..... Différentiation chimique des cellules. Propriétés de la névrokératine Assimilation du réseau de névrokératine au réseau de plastine des cellules en général PAGES .59 .59 uSg i5o lOo 161 iGi 162 i63 i65 166 iGf) 167 168 168 171 171 171 171 .73 175 176 177 177 178 179 179 179 180 181 181 182 184 i85 iS5 186 186 187 189 190 191 192 IV TABLE DES MATIERES Opinions diverses sur la nature chimique du réseau de névrokératine Le terme de névrokératine ne peut être adopté en biologie Conclusions ...... II. Le réseau de Lanterman. Historique, descriptions et interprétations des auteurs Méthode ..... Description .... Signification de ce réseau : opinions des auteurs Action de l'acide osmique sur la fibre nerveuse Examen de fibres fraîches sans addition de réactif Le réseau de Lanterman n'est pas un produit artificiel Similitude des réseaux de Ewald et Kûhne et de Lanterman Signification du réseau de la fibre nerveuse . Exposé de nos connaissances sur la composition chimique de la myéline 1>igestions. Préparation des liquides digestifs et conditions dans lesquelles les digestions ont été faites Digestions pepsiniques : mode opératoire et traitement des nerfs digérés Les nerfs ne se colorent plus par l'acide osmique Examen au microscope Interprétation des résultats obtenus . Existence d'un réticulum dans la fibre nerveuse Action de la pepsine sur des nerfs préalablement fixés et durcis Signification des incisures obliques . Phénomènes osmotiques au niveau des incisures Digestions pancréatiques : mode opératoire Les nerfs se colorent par l'acide osmique Examen au microscope Disparition de la membrane de Schwann Manière d'être de la gaine médullaire Comparaison des résultats obtenus par les deux digestions : conclusions Nature des substances qui entrent dans la composition de la myéline Appui apporté à nos conclusions par nos connaissances sur la cytochimie Conclusions générales . - Explication des figures Table alphabétique des auteurs PAGES .93 '94 194 ig5 196 196 '99 200 201 202 202 20 3 204 205 205 205 206 206 207 207 207 208 208 20S 208 20g 209 209 210 21 I 211 2l3 2l5 groupes latéraux qui s'éloignent dans le plan équatorial, emportant la moitié du fuseau et donnant aipsi naissance à une figure losangée et largement ouverte. Bientôt les quatre arcs fusoriaux se séparent des pôles et sont ramenés au centre de la cellule en un fuseau unique croisant le fuseau primitif à angle droit. La plaque cellulaire, qui s'y établit sans tarder, divise le protoplasme en deux moitiés latérales. Vous remarquerez que le plan de la plasmodiérèse est ici parallèle à l'axe du premier fuseau, tandis qu'il lui est perpendiculaire dans la cinèse typique. Détail important, car il prouve à l'évidence que ce mode particulier de division, s'il se rencontre dans certaines cinèses polaires, ne leur est nullement caractéristique. Nous avons retrouvé presque aussitôt ces figures dimidiées, avec des différences toutefois, dans les œufs d'un ver nématode, VAscaris megaloce- phala, où elles constituent les figures normales et typiques des deux cinèses polaires. Nos premières recherches sur l'ascaride du cheval datent de iS8i. Ceux d'entre vous qui ont suivi nos cours, à partir de cette époque, se rappellent sans doute que les œufs de ce nématode servaient d'objets d'étude au labo- ratoire de cytologie durant nos leçons sur la fécondation. En avril 1883 parut le Prospectus de la Biologie cellulaire. Ces feuilles renferment une dizaine de figures reproduisant des œufs à diverses étapes. Déjà nous avions reconnu alors l'origine et la multiplicité des taches de Wagner, la structure réticulée du spermatozoïde, ainsi que la persistance de la vésicule germinative dans sa forme et son intégrité jusqu'au moment delà cinèse. En outre la fig. 216 du prospectus représente une image cinétique ouverte, la voici ; cette figure est, croyons-nous, la première qui ait été publiée de cet objet. Ces détails sont à noter. Nous avons rectifié nous-même plus tard les inexactitudes d'interprétation qui s'étaient glissées dans cette ébauche, La première idée qui nous vint en anatysant les figures dimidiées des sauterelles fut de reprendre nos études sur V Ascaris megalocephala, tant nous paraissait grande leur similitude avec celle que nous venions d'insérer dans le Prospectus, sans en comprendre entièrement la signification Nous continuions ces recherches lorsque parurent les travaux de M. Nussbaum et de E. Van Beneden, au commencement de l'année 1884. Le premier de ces auteurs figure, comme nous l'avions fait, plusieurs taches de Wagner; il décrit la résolution de la membrane nucléaire au moment de la cinèse. Pour lui, les taches geminatives se résolvent alors en quatre bâtonnets qui viennent se placer à l'équateur d'une figure ordinaire, et y subissent la division longitudinale. Les moitiés se retirent CONFÉRENCE 233 vers les pôles, et les nouveaux no3-aux se reconstituent ; l'un d'eux est ensuite expulsé avec ses quatre bâtonnets. Les mêmes phénomènes se répètent sur le no3-au intérieur; la seconde figure est donc identique à la première, et le second globule renferme également quatre nouvelles moitiés des bâtonnets équatoriaux; les autres se retrouvent au sein du noyau femelle. En résumé, les cinèses polaires se- raient des cinèses t3-piques. E.Van Beneden a observé des faits tout différents. Vous les connaissez; il les a exposés lui-même devant cette société, le 5 février. Il me suffira de rappeller les points principaux. Il n'y a qu'une seule tache de Wagner, ou corpuscule germinatif. Elle est formée de deux disques adjacents, composés eux-mêmes de quatre globules chromatiques, et elle est plongée dans un corps particulier, le prothyalo- some, lequel se maintient durant les cinèses et entre dans la constitution des globules polaires et du pronucléus femelle. La première figure cinétique a une forme particulière, celle d'un Y ou d'un bilboquet, on y distingue quatre parties : le pied, la coupe, la boule et le couvercle du bilboquet. Le corpuscule germinatif en occupe l'équateur, entouré de son proth3-alosome. Arrivée à la surface de l'œuf, elle se place perpendiculairement â sa position première, et disparaît en partie. Le pro- thyalosome et les deux disques chromatiques se divisent alors transversale- ment; la moitié extérieure s'échappe par un orifice de l'œuf, le premier globule est ainsi formé. Cette division a pour note caractéristique de se faire parallèlement à l'axe du fuseau primitif. La moitié réservée donne naissance à la seconde figure qui est toute différente de la première et qui varie également suivant les réactifs employés. D'abord simple, elle peut s'ouvrir ensuite par la division longitudinale du deuth3'alosome et de ses deux disques. Cette figure subit le même sort que la première, et le second globule se forme également par la division trans- versale des deux éléments précités. Leur moitié intérieure constitue le pro- nucléus femelle. Pendant la division transversale des disques chromatiques, chacun des huit globules subit une double épuration dans le but de dégager l'élément femelle. Les globules polaires sortent par un trou ; ce sont certainement des noyaux, et non des cellules. Vous le voyez. Messieurs, les résultats formulés par ces deux obser- vateurs sont loin d'être concordants. 87 234 J- S- CARNOY Ceux auxquels nous étions arrivés en poursuivant nos études étaient encore plus divergents; c'est pourquoi nous avons jugé utile de les publier en mai 1886; du choc des contradictions jaillira la lumière. C'est dans ce travail que nous avons décrit longuement les figures di- midiées dont nous allons parler. Je serai bref; je me bornerai à expliquer les préparations originales qui sont aux divers microscopes de cette table. Il nous a semblé que, dans un sujet aussi délicat et aussi controversé, les membres d'une société scientifique comme la vôtre étaient en droit de réclamer du conférencier des pièces authentiques à l'appui de ses assertions. Mon plus vif désir sera satisfait, si vous voulez bien les parcourir attenti- vement à l'issue de la conférence. Les œufs qui sont au point ont été dessinés en grand sur ce tableau, pour faciliter l'intelligence de mon exposé. La FiG. 1 représente un œuf jeune, quoique déjà très allongé; son noyau est un noyau ordinaire; les anses du filament nucléinien sont répandues dans le noyau tout entier. Vous pourrez voir à la fois plus de vingt œufs semblables dans le champ du microscope. Bientôt le boyau se scinde en huit tronçons, qui s'ordonnent en deux groupes distincts, de quatre bâtonnets chacun, ainsi que l'indique la fig. 2. Cette figure montre en effet une vésicule germinative extraite accidentelle- ment de l'œuf par l'aiguille; les deux groupes nucléiniensysont très éloignés. Dans le groupe de gauche, les bâtonnets sont croisés deux à deux; dans celui de droite deux sont vus à plat, mais un peu obliquement, tandis que les deux autres sont vus par une extrémité et se présentent par conséquent sous la forme de globules, ou de têtes. Vous ne rencontrerez pas un seul œuf sur cette préparation, où les deux groupes précités ne-soient visibles, et formés de bâtonnets allongés et distincts, colorés dans toute leur étendue par le vert de méthyle. D'un autre côté vous ne saisirez aucune trace de proth5'alosome, lorsque la mise au point sera exacte; les groupes nucléiniens sont directement plongés dans le caryoplasme granuleux, comme vous le voyez sur cette figure. Ainsi, il y a toujours deux taches de Wagner, formées chacune de quatre bâtonnets allongés et homogènes; il ne peut donc être question ni de disques ni de globules chromatiques ni de prothyalosome. En outre la vésicule ger- minative conserve sa régularité jusqu'à la cinèse; témoins les œufs qui sont au point au second instrument, à côté de la vésicule isolée. On a installé au microscope suivant cinq ou six œufs en cinèse, et qui CONFÉRENCE 235 VOUS donneront une excellente idée des ligures de VAscuris mcgaloccphala. LaFiG. 3 reproduit celle qui se trouve au milieu du champ; elle est nettement dimidice et largement ouverte; chacun des demi-fuseaux porte à l'équateur une tache germinative dont les quatre bâtonnets sont étalés parallèlement et sépares les uns des autres ; nous retrouvons donc ici les huit bâtonnets primitifs et les deux taches de Wagner. Cette figure et toutes celles qui l'avoisinent sont des plus démonstratives à cet égard. Les asters y sont d'ailleurs très développés; leurs filaments, partis des deux plateaux qui terminent le fuseau, viennent se croiser à l'équateur et y former les deux moustaches que voilà. Vous reconnaîtrez dans ces figures la figure ouverte des sauterelles, que j'ai décrite en commençant. Or ces figures sont normales(i). Elles se montrent partout sur les œufs extraits des animaux vivants, quels que soient le mode de traitement et les réactifs employés. C'est assez dire que nous ne pouvons admettre la figure en bilboquet. Cette figure n'existe pas; elle repose sur des illusions. Je cache de la main la moitié de la fig. 3; vous n'apercevez plus qu'une figure ypsiliforme. Or, il peut arriver qu'une portion des figures se dérobe aux yeux de l'observateur au milieu des granules vitellins. Regardez maintenant cette même fig. 3 en vous plaçant, comme moi, au bord du tableau; vous la verrez de profil : les deux arcs du fuseau et les deux groupes nucléiniens qui y sont attachés, se projetant l'un sur l'autre, paraissent n'en former plus qu'un seul; nouvelle manière de produire la figure en bilboquet. Je n'insiste pas davantage. Car, pour dissiper cette illusion, il suffit de déplacer légèrement les œufs en touchant le verre-à- couvrir avec la pointe d'une aiguille. Les figures, jusque-là vues de profil, se présenteront aussitôt de face et, au lieu de figures en bilboquet, vous aurez devant vous les plus belles figures dimidiées qu'il soit possible de rêver. Les différentes parties que Van Beneden distingue dans sa figure n'ont d'ailleurs aucune valeur, aucune signification particulière : le couver- cle et le pied de son bilboquet sont des filaments astériens qui passent en avant et en arrière de la figure; la boule et la coupe représentent, la première le plasma hyalin, dans lequel toute figure cinétique est plongée, et qui se voit surtout entre les branches du fuseau dans les figures dimidiées, la seconde, le fuseau lui-même, souvent arqué. La figure s'achemine alors vers la surface de l'œuf et se défait entièrement. C'est à ce moment que l'on observe les figures rupturées que nous avons (0 Voir plus loin V Appendice. 236 J- B. CARNOY décrites pour la première fois. En voici une très belle : vous pourrez l'exa- miner à loisir au quatrième microscope. Le fuseau s'est rompu à l'équateur; les moitiés supérieures, portant les deux groupes de quatre bâtonnets paral- lèles, se sont écartées plus encore l'une de l'autre, en repliant le plateau supérieur qui simule maintenant une plaque cellulaire. La rupture des figures ne se fait pas toujours de la même manière; ici les deux moitiés de la figure se séparent par l'ouverture de l'un ou des deux plateaux à la fois; ailleurs, surtout dans les figures du second globule, le fuseau se scinde en trois ou sept faisceaux et plus, dont deux portent les taches germinatives demeurées intactes ; rien de plus varié donc que cette dislocation violente de la figure. Cependant ce phénomène singulier n'est pas général; souvent en effet la figure disparaît sans se rompre. Les filaments des asters et du fuseau perdent de leur régularité; on les voit souvent jetés péle-méle, les granules du protoplasme s'y précipitent et bientôt ces deux groupes nucléiniens sont replongés dans un cytoplasme d'apparence ordinaire, identique à celui qui les entourait après la résolution de la membrane de la vésicule germinative, au premier début de la cinèse. C'est ce que montre bien la fig. 5. Voici les deux taches de Wagner, au sein du protoplasme ovulaire, colorées vivement par le carmin d'indigo. L'une montre ses quatre bâtonnets couchés, et placés côte à côte; sur l'autre, on aperçoit seulement les quatre têtes supérieures des bâtonnets dressés. Vous constaterez vous-mêmes l'absence de prothyalosome. Nous voici arrivés au moment de l'expulsion du premier globule. Après s'être rapprochées, parfois au point de devenir contiguës, les deux taches s'écartent l'une de l'autre, et l'on voit apparaître entre elles un nouveau fuseau non dimidié, que nous avons appelé fuseau de séparation ou de division. L'une des taches fait hernie à la surface de l'œuf, avec une portion plus ou moins considérable de cytoplasme qui est bientôt séparée de l'œuf par une plaque cellulaire véritable, et la division est achevée. Une des taches de Wagner est donc éliminée, l'autre reste dans l'œuf, sans avoir ni l'une ni l'autre subi de changement, ni fragmentation ni division d'aucune sorte. Nous avons tenu à vous montrer clairement ces divers phénomènes aux cinq microscopes suivants, d'où sont tirées les fig. 6 à 10. Sur la fig. 9 les deux groupes primitifs de quatre bâtonnets parallèles et distincts commencent â s'éloigner; le nouveau fuseau y est nettement marqué, mais la plaque n'y existe pas encore. Celle-ci se dessine sur la fig. 6, où elle coupe une portion notable du protoplasme ovulaire; elle est achevée et CONFERENCE 237 très accentuée sur la fig. 7. Dans ces deux figures les huit bâtonnets sont comme rangés en bataille, quatre par quatre, comme dans la figure précé- dente. Mais dans la fig. 6 ils sont dressés et vus par leurs extrémités ; ils forment donc deux séries parallèles de quatre tètes disposées avec une régu- larité étonnante. Il suffit de toucher la préparation avec la pointe d'une aiguille pour faire prendre à la fig. 6 l'aspect de la fig. 7, et vice versa. Les fig. 8 et 10 achèveront notre démonstration. Sur la première la plaque est en voie de dédoublement ; sur la seconde le globule est libéré. Vous remarquerez, Messieurs, les dimensions exceptionnelles de ces deux globules polaires; ils ont emporté une portion notable du protoplasme de l'œuf, et leur formation rappelle, à s'y méprendre, la segmentation inégale des œufs fécondés des nématodes de la roussette et de la taupe, sur lesquels je vous ferai voir tantôt des plaques cellulaires identiques à celles dont nous venons de parler. Il est aisé de compter sur toutes ces figures les quatre bâtonnets des globules polaires et les quatre qui restent dans l'œuf. Ceux de la fig. 10, qui ont été traités par le carmin boracique, sont aussi évidents que ceux qui ont été colorés par le vert de méthyle, et ne se distinguent en rien de ces derniers. Ainsi, d'après nos préparations, les corps chromatiques ne subissent aucune division pendant la formation du globule polaire. L'expulsion de ce dernier se fait à l'aide d'une plaque cellulaire, et non par un trou; il a donc la valeur d'une véritable cellule, comme toute portion qui se sépare de n'im- porte quelle cellule à l'aide d'une plaque semblable. Nous ne dirons qu'un mot des phénomènes qui accompagnent la for- mation du second globule, car ils sont la reproduction fidèle de ceux du premier. Quel que soit le réactif employé dans le traitement des matériaux frais, les figures cinétiques sont les mêmes quant à leurs traits généraux, et elles sont en tout cas identiques à celles de la première cinèse. C'est assez dire qu'elles sont ouvertes et dimidiées, dès l'origine, et qu'elles peuvent se rupturer. Un seul caractère les distingue : la présence de deux bâtonnets, au lieu de quatre, â l'équateur de chacun des demi-fuseaux. La fig. 11 du ta- bleau suffit pour prouver ces assertions : elle n'est que la copie de la fig. 3 que nous connaissons. Vous y remarquerez les nombreux asters accessoires dont l'œuf tout entier est constellé, ainsi que les deux bâtonnets parallèles placés en travers de chaque branche fusoriale. Après la disparition de la figure, les deux groupes de deux bâtonnets, toujours distincts, subissent le sort des premiers : ils s'éloignent en restant 238 J. B. CARNOY unis par un nouveau fuseau de séparation, et l'un d'eux, l'extérieur, est éli- miné à l'aide d'une plaque cellulaire. Cette plaque vous frappera lorsque vous placerez l'œil au dernier microscope. Vous y distinguerez cette figure-ci, la FiG. 12, qui forme pour ainsi dire la synthèse de notre description. On y voit nettement les huit bâtonnets primitifs, tels qu'ils étaient au début. En voici quatre dans le premier globule, et deux dans le second. En dessous de la plaque cellulaire, qui a séparé ce dernier et qui est si fortement marquée, se détache avec une admirable netteté le noyau femelle, volumineux, déjà muni de sa membrane et renfermant les deux derniers bâtonnets nucléiniens qui n'ont encore subi aucun changement. Ces huit bâtonnets sont égaux et iden- tiques à ceux de la vésicule germinative de la fig. 2 et à ceux des étapes subséquentes. Récapitulons brièvement les faits qui ressortent de l'examen des douze préparations que nous venons de parcourir. Le noyau primitif de l'œuf est un noyau ordinaire. L'élément nucléinien se divise en huit tronçons qui se groupent quatre par quatre en deux taches de Wagner; il y a donc toujours deux corpuscules germinatifs chez VAscan's megolocephala; on n'y trouve ni globules, ni dis- ques chromatiques, ni prothyalosome. Les figures cinétiques typiques sont dimidiées, la figure ypsiliforme n'existe pas comme telle; elle est due à une simple apparence, à une vue de profil de la figure véritable. Morphologiquement parlant, la figure dispa- raît totalement, et les deux taches germinatives se retrouvent dans le cyto- plasme ordinaire de l'œuf. Il se forme un nouveau fuseau de séparation; l'une des taches est re- tranchée, l'autre reste intégralement dans l'œuf. Les globules, les disques chromatiques et le prothyalosome ne peuvent se diviser ni subir d'épuration, puisqu'ils n'existent pas. La seconde figure est dimidiée et de tous points semblable à la pre- mière; on n'y voit ni globules ni disques ni deuthyalosome; chaque demi- fuseau porte à son équateur deux des bâtonnets primitifs. L'un des groupes s'isole avec le second globule, l'autre reste dans l'œuf; les deux derniers bâtonnets se retrouvent donc dans le noyau définitif de l'œuf. Il n'y a pas plus de division, soit longitudinale soit transversale, ni de fragmentation, ni d'épuration des éléments chromatiques, au second globule qu'au premier. En aucun cas les globules ne sortent par un trou; ils empruntent leur formation à une plasmodiérèse véritable, se faisant à l'aide d'une plaque cellulaire. CONFÉRENCE 239 Ils sont donc de vraies cellules, et non des noyaux. Nous avons beaucoup regretté d'être obligé de nous mettre en désaccord formel sur presque tous les points avec nos prédécesseurs, en particulier avec E. Van Beneden, notre honorable collègue et ami de Liège; mais la vérité s'impose. Tout-à-l'heure, vous serez vous-mêmes juges du débat. II. Variations des cinèses polaires. Le second point dont je dois vous parler ce sont les variations des cinèses polaires chez les nématodes. J'ai dit au début de cette conférence que les sciences biologiques naissent et vivent de la comparaison. On n'aurait en effet qu'une idée bien imparfaite, erronée même sur la formation des globules polaires chez les nématodes, si l'on bornait ses observations à une espèce, à YAscaris megalocephala par exemple. C'est pourquoi nous nous sommes empressé, après la publication de notre premier travail, de fouiller un assez grand nombre d'autres vers : le nématode de la taupe et de la roussette, un nématode inconnu du chien, le filaroïde des sinus frontaux du putois et de la belette, l'ascaride lombricoïde de l'enfant, celui du porc, l'ophiostome de l'oreillard, enfin, tout récemment, un petit nématode vivant dans l'intestin des poissons gadoïdes, V Ascaris clavata. Nos recherches ont été couronnées de succès; nous avons rencontré trois types de cinèse chez ces helminthes. 1" Le type de V Ascaris megalocephala. 2° Celui de VOphiostomum et de V Ascaris clapata. 3° Enfin celui de YAscaris lombricoïdes. V Type. Le type de l'ascaride du cheval se rencontre dans la spiroptère de la taupe, la coronille de la roussette, etc., mais surtout dans l'ascaride inconnu du chien. Dans ces espèces, les figures cinétiques sont dimidiées et on en rencontre parfois de rupturées. Il y a huit bâtonnets nucléiniens, du moins au moment de la cinèse ; quatre de ces bâtonnets sont expulsés avec le premier globule et deux avec le second; il en reste donc deux pour constituer le noyau définitif de l'œuf. Certes, les cinèses polaires présentent dans ces diverses espèces des variations plus ou moins étendues et des particularités intéressantes, mais nous ne pouvons y insister dans une revue aussi rapide. 240 J. B. CARNOY Nous avons jugé inutile de vous faire voir des préparations de ces né- matodes; elles feraient double emploi avec celles de V Ascaris niegalocephala. Le deuxième et le troisième type présentent des caractères particuliers qui les éloignent totalement du premier; on pourrait presque dire qu'ils n'ont rien de commun avec lui. Vous allez en juger vous-mêmes par les quel- ques préparations qui sont installées aux microscopes de la seconde table, et que je vais décrire brièvement. 2^ Type. Le second type est représenté surtout par le petit ascaride des poissons gadoïdes; c'est lui que nous choisissons comme exemple (i). La vésicule germinative des œufs de V Ascaris clavata offre assez souvent les caractères d'un noyau ordinaire, ceux de la fig. 1 par exemple. Au mo- ment de la cinèse, les anses ou les tronçons de l'élément nucléinien filamen- teux sont remplacés par 24 tronçons allongés et parallèles, couchés sur les filaments du fuseau qui se dessine. Ces tronçons se raccourcissent, en s'épaississant proportionnellement, pour former la couronne équatoriale que vous pourrez voir au microscope qui se trouve devant moi. Au lieu d'être rangés sur un cercle périphérique, les 24 bâtonnets occupent toute l'épaisseur du fuseau; la couronne est donc pleine. Le fuseau est toujours simple ; jamais on ne rencontre de figures ouvertes ou dimidiées. Vous le voyez, la figure cinétique est ici une figure ordinaire, une de ces figures que nous avons décrites chez les arthropodes les plus divers. Entre temps la figure se dirige vers la surface de l'œuf, et subit des phénomènes extrêmement remarquables : tous les bâtonnets de la couronne équatoriale se divisent, et leurs moitiés se retirent plus ou moins vers les pôles, â la façon habituelle; — j'omets les particularités que ce retour peut présenter. — Ensuite l'une des couronnes polaires, c'est-à-dire l'un des groupes de vingt-quatre moitiés, est retranchée â l'aide d'une plaque cellu- laire, l'autre est maintenue dans l'œuf. Les préparations qui sont installées à ces deux instruments ont pour but de vous faire voir la division de la couronne, ici chez V Ascaris clavata, là chez VOphiostomum miicronatum où il y a seulement six bâtonnets, au lieu de vingt-quatre. En parcourant la première de ces préparations, vous rencontrerez aisément tous les stades de la cinèse que je viens d'esquisser. (i) Voir plus loin la Planche et la description qui ont trait à cette espèce. CONFERENCE 24I La figure du second globule est calquée sur la premiàre. La division équatoriale s'y fait également ; vingt-quatre des nouvelles moitiés sont em- portées avec le second globule, les vingt-quatre restantes entrent dans la constitution du noyau de conjugaison. Est-il besoin, Messieurs, d'appeler votre attention sur ces faits? Leur importance ne peut échapper à personne. D'abord ils renversent tout ce que l'étude des cinèses polaires de V As- caris megaloccphcila venait de nous apprendre. Les figures y sont simples et pleines. Chacun des bâtonnets subit deux divisions successives au sein de la couronne équatoriale ; aucun n'est expulsé en totalité, aucun n'est conservé dans son intégrité, mais un quart de tous est réservé dans l'œuf. Les deux figures, les deux globules et le noyau final possèdent donc le même nombre d'éléments nucléiniens. Nous pourrions ajouter que, dans certains cas, le fuseau originel sert à la formation de la plaque, et par conséquent à la division polaire, avant que la figure n'ait eu le temps de disparaître; le fuseau de séparation devient dès lors inutile. Il serait difficile de trouver des diffé- rences plus tranchées que celles qui séparent ces deux types. Ensuite ils nous paraissent avoir une valeur très considérable au point de vue des théories actuellement en vigueur sur la fécondation, de celle de MiNOT en particulier. Vous connaissez cette théorie. D'après le savant de Boston, les cellules ordinaires ou somatiques seraient à la fois mâles et femelles de par leur noyau ou — en spécifiant davantage comme on le fait parfois aujourd'hui — de par leur élément nucléinien, et les cinèses auraient pour but d'expulser de la vésicule germinative la portion mâle et de rendre ainsi le noyau de l'œuf exclusivement femelle. Si l'on admet avec le savant professeur de Liège que les éléments chro- matiques, mâles et femelles, sont indépendants dans les noyaux ordinaires et, par conséquent, dans la vésicule germinative, et durant les cinèses, comme ils le sont dans la première figure de segmentation, cette théorie est insou- tenable, car elle est en contradiction manifeste avec les faits. En effet nous venons de voir chez les nématodes du second type, que tous les bâtonnets indistinctement se divisent deux fois et qu'après l'expulsion des trois-quarts de chacun d'eux avec les deux globules, le dernier quart reste dans le noyau définitif de l'œuf. Celui-ci persiste donc à être à la fois mâle et femelle, c'est-à-dire hermaphrodite, comme auparavant. Il en résulte nécessairement que les cinèses polaires ici ne peuvent avoir pour but d'éliminer les éléments mâles afin de rendre le noyau femelle. Cet argument est péremptoire; il 242 J- B. CARNOY condamne sans appel la théorie de la sexualité basée sur la soi-disant indépendance permanente des éléments mâle et femelle dans le noyau ovulaire. La signification des globules polaires chez les animaux demeure tou- jours une énigme, tout aussi bien que celle de la ce;] aie de canal et de la cellule ventrale des végétaux archégoniates, qui sont évidemment leurs homologues; car elles se forment successivement de la même manière, par segmentation inégale de l'oosphère primitive de l'archégone, pour disparaî- tre ensuite également sans retour. 3'= Type. Le troisième type, celui de V Ascaris lombricoides présente à peu près les mêmes caractères que le précédent. Les figures cinétiques sont simples et la couronne équatoriale est pleine. En outre, tôt ou tard, les bâtonnets nucléiniens se scindent aux deux cinèses; les trois-quarts de chacun d'eux sont expulsés, le dernier quart se retrouve dans le noyau de conjugaison(i). Mais le nématode de l'enfant, ou du porc, présente , dans ses divisions polaires, deux particularités que nous n'avons rencontrées chez aucun autre de ces congénères. a) Les globules se séparent régulièrement de l'œuf à une distance an- gulaire de 90°. En effet le premier se forme dans la région équatoriale, le second dans la région polaire; les plans des deux segmentations sont donc croisés à angle droit, comme cela se voit généralement sur les cellules or- dinaires qui suivent la loi de Sachs. b) Ensuite la seconde figure, qui commence à se former à l'équateur, suit une marche singulière pour arriver à destination. Elle reste souvent pour ainsi dire collée à la membrane plasmatique de l'œuf, ou membrane de MoHL, par l'un de ses pôles, et s'achemine ainsi jusqu'au sommet de l'œuf, où elle reste comme suspendue, en attendant l'expulsion du second globule. La conclusion qui se dégage des faits que nous venons d'exposer est la suivante : rien de plus variable que les cinèses polaires des nématodes. Tantôt il y deux taches de Wagner dans la vésicule, tantôt il n'y en a qu'une, tantôt l'élément nucléinien s'y présente sous la forme qu'il possède dans les noyaux vulgaires. Ici les figures sont dimidiées, là elles sont simples et leurs couronnes sont pleines, comme dans certaines cellules testiculaires des arthropodes; Chez plusieurs nématodes on trouve 8 bâtonnets; ailleurs il y en a 20 ou 24; parfois enfin il y en a 6 seulement. (1) Voir à VApyciidicc nos nouvelles recherches sur cet ascaride. CONFÉRENCE 243 Dans les espèces du premier tj-pe les bâtonnets ne subissent aucune division, du moins au sein de la couronne, dans les autres la division équatoriale se manifeste à chaque cinèse. Chez VAscaris megalocephala et ses semblables, six des bâtonnets primitifs sont expulsés, deux restent dans l'œuf, sans avoir subi de modifications; chez les autres, un quart de chaque bâtonnet est maintenu. Tantôt les bâtonnets restent en per- manence à l'équateur du fuseau, tantôt ils se retirent vers les pôles â la façon typique. Le plus souvent il apparaît un second fuseau de séparation; cependant il arrive que la plaque se forme dans le premier fuseau. Une seule chose est constante, la séparation des globules à l'aide d'une plaque cellu- laire et le rejet des trois-quarts de l'élément nucléinien primitif delà vésicule germinative de l'œuf. Ces variations dans les cinèses polaires sont d'autant plus remarquables que les espèces que nous avons choisies comme exemples de nos trois types appartiennent au même genre Ascaris ! Pourrait-on trouver des faits plus frappants à alléguer à l'appui de cette vérité que les études comparées sont absolument indispensables en biologie pour saisir la marche des phéno- mènes, les analyser et en dégager ce qu'ils ont d'essentiel? La variation des cinèses est d'ailleurs en elle-même un fait important. Il y a quelque temps, lorsque Strasburger eut accepté l'existence de la division longitudinale à l'équateur des figures de l'endosperme, Flemming déclarait dans le -Botanische Zeitung- que la question de la caryocinèse pouvait être considérée comme terminée. Nous n'en sommes malheureuse- ment pas encore là! Plus que jamais la caryocinèse se montre variable et sujette aux difficultés et aux contestations; les phénomènes qui accompagnent les cinèses polaires des nématodes prouvent assez qu'aucun fait biologique ne réclame davantage de nouvelles et sérieuses études (i). On pouvait croire d'ailleurs qu'il ne suffirait pas de s'adresser à certains tissus de quelques batraciens pour l'élucider entièrement; c'est seulement après avoir fouillé le règne animal tout entier et les divers genres des cellules qui s'y rencontrent que l'on parviendra à en saisir le mécanisme général et les procédés intimes. Quoi qu'il en soit, les phénomènes de la division dans les deux derniers types prouvent à l'évidence que les cinèses polaires sont des cinèses ordinaires, et que la plasmodiérèse s'y exécute, comme d'habitude, dans un plan perpendiculaire à l'axe du fuseau primordial. Nous avons donc été bien inspiré en cherchant à faire rentrer celles de VAscaris megalocephala, malgré leurs différences et leur étrangeté, dans la catégorie des divisions typiques. (i) Voir à l'Appendice notre étude sur VAscaris clavata. 244 J- B CARNOY III. Plaque cellulaire. Un mot seulement sur ce troisième point, car l'heure s'avance rapide- ment. La plaque cellulaire est connue depuis longtemps chez les végétaux, mais son existence chez les animaux a été contestée jusqu'aujourd'hui; les auteurs les plus autorisés ont même cru trouver dans son absence le caractère distinc- tif de la diérèse des cellules animales : les cellules végétales se diviseraient à l'aide d'une plaque, les cellules animales à l'aide d'un étranglement. On peut voir dans les traités bien connus de Strasburger et de Flemming, ainsi que dans notre travail sur les Arthropodes, où en était cette question lorsque nous avons commencé nos recherches sur la Cytodièrèse des animaux. Nous avons formulé les résultats de nos études de la manière suivante. Chez les animaux la plasmodiérèse s'exécute : Par étranglement, à l'aide d'une plaque cellulaire, ou par les deux pro- cédés à la fois, ainsi que je le dessine à la planche. L'existence d'une plaque cellulaire est générale; nous l'avons rencontrée dans tous les genres de cellules : cellules des tissus ordinaires, cellules tes- ticulaires, œufs en cinèse polaire ou en segmentation; nous avons même constaté sa présence dans les cellules qui se divisent par sténose. Généralement la plaque débute dans le fuseau, lorsqu'il existe, et delà s'étend vers la membrane cellulaire. Mais parfois aussi elle s'établit contre la paroi et s'avance progressivement jusqu'au fuseau qu'elle finit par envahir également, ainsi que cela se voit chez les Spirogyra et d'autres végétaux de la famille des algues. J'ai déjà parlé des plaques des globules polaires; vous allez voir celles de V Ascaris megalocephala à quatre microscopes différents; j'ose espérer que vous ne conserverez pas le moindre doute sur leur existence. Au dernier instrument de cette table j'ai fait installer des œufs du nématode du Scyl- liiiin en voie de segmentation après la fécondation. Vous y remarquerez une quantité de plaques; en outre il vous sera aisé de suivre toutes les étapes de la formation de la lame séparatrice, depuis ses premiers rudiments contre la paroi de l'œuf jusqu'à son achèveinent complet à travers le fuseau qui relie les couronnes polaires. Vous ne constaterez d'étranglement sur aucun œuf. En effet la division s'y exécute à l'aide de la plaque seule; l'étranglement qui se marque assez souvent sur les œufs des nématodes est consécutif et tardif; il résulte du dédoublement de la plaque elle-même CONFERENCE 245 La division cellulaire se fait donc à l'aide d'une plaque chez les animaux aussi bien que chez les végétaux, et la plaque s'y établit suivant les mêmes ]-)rocédcs. - Ainsi tombe la dernière barrière qui se dressait encoi^e entre la - cellule animale et la cellule végétale : la plasmodiérèse est identique dans - les deux règnes (i). « J'ai fini; il ne me reste plus qu'à vous remercier de l'attention soutenue que vous avez bien voulu me prêter, et à vous prier de me faire le plaisir d'examiner les préparations qui sont au point sur ces tables. Ces Messieurs qui ont eu la gracieusité de m'accompagner vous donneront toutes les expli- cations et tous les éclaircissements désirables. Les paroles' que je citais en commençant résument fidèlement le carac- tère de cet entretien : - La cytologie est une de ces grandes personnes - revêche, ardue et quinteusc, qui veut être gagnée par beaucoup de soins, » d'attention et de persévérance. - La main de Dieu a répandu tant de secrètes merveilles dans ces atomes vivants, appelés cellules, que des générations entières s'useront encore au dur labeur de l'observation avant de les épuiser, et surtout avant de les comprendre. Nous nous décorons du titre pompeux de savants, et nous ne faisons toujours que balbutier : il faut travailler!.... (i) La Cytodiérese che\ les arthropodes, p. 41 APPENDICE. LES GLOBULES POLAIRES DE L'ASCARIS CLAVATAc). Nous n'avions plus l'intention de nous occuper de la diérèse des cellules animales, notre travail sur ce sujet ayant été clos par la publication, en novembre et décembre 1886, de nos deux derniers mémoires sur les glo- bules polaires et la segmentation des nématodes(2). Cependant les faits que nous avons observés depuis sur l'Ascaris clapota nous ont paru assez inté- ressants pour en parler dans cette conférence et pour les faire connaître. Ils sont en effet de nature à jeter du jour sur les cinèses polaires, et sur certains points demeurés obscurs ou douteux pour nous chez Vascavide lombricoide et Vophiostome de l'oreillard. (0 M' VON LiNSTOw, le savant helminthologiste de Hameln, a bien voulu nous déterminer cette espèce, qu'il nous permette de lui adresser nos remerciements les plus sincères pour son extrême obligeance. (2; 1. La vésicule gcnnniative et les globules polaires cliej divers iicmatodes. — II. La segmentation che:{ les nématodes. Extrait de la Revue « La Cellule » t. III, i"^ fasc, p. i ; Louvain, i5 décembre 1886. En présence des travaux qui surgissent de tous côtés sur les cinèses polaires et la cinèse en général, nous jugeons utile, pour régler les situations et prévenir toute discusion et toute contestation stérile, d'insérer la note suivante avant de donner le bon à tirer de cette feuille (S mai 1S87). Les recherches consignées dans les deux mémoires susmentionnés ont été exécutées pendant l'été iSSG, rédigées pendant les vacances de septembre, et livrées à l'impression le i5 octobre Le premier a été communi- qué à plusieurs collègues dans la première semaine de novembre. A la mi-décembre nous avons commencé l'envoi des tirages à part des deux mémoires réunis et, le 3o, ceux-ci ont été déposés au Ministère qui a les sciences dans ses attributions, avec notre ouvrage général sur « La Cj-todiérèse chej les animaux » dont ils forment la dernière partie. C'est dans le premier de ces mémoires que nous avons parlé des cinèses de X'ascaride lombricoide et de Vopiiiostome. Notre publication est donc antérieure même à la communication préliminaire de BovERi ; Ueber die 'Bedeutung der Richtungskorper , faite à la « Société de morphologie et de physiologie de Munich « le 16 nov. iSSiJ, et publiée dans le 3" fasc. du t. II des Bulletins de la Société, qui porte la date de 1887. Nous ne recevons pas à Louvain les Bulletins de cette société particulière, d'ailleurs de date toute 248 J- B. CARNOY . I. Exposons d'abord les faits. Ascaris clavata. Nous décrirons brièvement trois préparations ; elles proviennent de trois individus différents, mais se trouvant côte à côte dans l'intestin d'un cabil- laud frais, et pleins de vie au moment où ils ont été sacrifiés; comme la corouille de la roussette, ces petits vers vivent d'ailleurs assez longtemps, au moins deux ou trois jours, lorsqu'on les maintient dans leur milieu naturel, le liquide intestinal. La partie inférieure et renflée de l'ovaire dans laquelle se trouvent les œufs en cinèse, au nombre de 200 ou 300, a été dissociée avec soin sur le porte-objets; les œufs ont ensuite été traités par l'alcool acétique, additionné de chloroforme (1), ou par l'alcool sulfureux (2). Ces deux réactifs, lorsqu'on les fait passer et repasser sur le porte-objets, tuent les œufs en peu de temps. On colore ensuite par le vert de méthyle, et l'on ajoute une goutte de gl3'cérine benzoatée(3). Chaque préparation renfermait des figures des deux globules. Les FiG. 14 à 22, 24 à 40, 44 à 53, de la Planche ci-jointe proviennent de la première préparation, celle qui fut exhibée à la conférence; les fig. 1 à 12 de la seconde et les fig. 54 à 57 de la troisième. récente; on ne les reçoit pas davantage à la Bibliothèque roj'ale de Bruxelles dont la salle des Périodiques a cependant été établie pour permettre aux savants belges de prendre connaissance sans tarder des Revues étrangères. C'est seulement par la mention qui en est faite dans le travail de G. et R Hertwig (Jenai. Zeit- schrift, B. XX, 2" u 3* Heft, p. 486), qui a paru le 23 mars 1887, c'est-à dire à une date postérieure même à celle de notre conférence, que nous avons connu l'existence de la note de Boveri. Quant au récent travail de Flemming : Xeiie Beitrage ^ur Kcniiliiiss derZellc, dont l'auteur a bien voulu nous faire hommage (vers le 20 ou le 21 avril), il voit le jour plusieurs mois après les nôtres. Il est signé du 7 janvier 1S87; il a doue été envoyé aux « Archiv f. mik. Anatomie >> à une date où nos mémoires étaient déjà pu- bliés. Flemming dit que l'impression en a été retardée par des circonstances indépendantes de sa volonté, mais qu'il en avait fait une courte communication au congrès des naturalistes à Berlin (fin septembre 188G). Nous n'assistions pas à cette réunion de savants, et nous n'avons pas reçu de l'auteur cette note préliminaire. Dans les comptes-rendus du congrès qui furent d'abord à notre disposition (Biol. Centralblatt ; n''^ de nov. à Mars), nous n'avons même pas rencontré le nom de Flemming. Du reste, à cette époque, nos observations étaient terminées et notre travail rédigé C'est assez dire que no» recherches sont tout à fait indépendantes de celles du savant professeur de Kiel, elles ont d'ailleurs porté sur des objets entièrement différents. La présente conférence elle-même était imprimée dans notre Revue et envoyée à M'' RicHET, lorsque nous avons reçu son article. Pour en parler, chose à laquelle nous tenions beaucoup, nous avons du ajouter un paragraphe final (IV) à cet Appendice. (1) Voir La vésicule germinative, etc. c/ie^ quelques nématodes, p. 6. — Voir plus loin (III). (2) La vésicule germinative, etc. clic^ l'.Ascaris megaloccphala; «La Cellulei), t. II, p. 17. (3j G. Gilson : La Cellule, t. II, if fasc, p. 87. APPENDICE 249 Les observations ont été faites à l'aide des nouveaux objectifs apo- cliromatiques de Zeiss, et les dessins ont été levés à la chambre claire Abbc avec l'objectif à immersion homogène (2,0) et l'oculaire 8 ou 12. jre Préparation . Au moment de la pénétration du spermatozoïde, la vésicule germinative présente généralement l'aspect de la fig. 14; l'élément nucléinien filamen- teux, irrégulier et bosselé y est scindé en tronçons de dimension variable, mais dont plusieurs sont encore très allongés, et est répandu dans toute la cavité nucléaire ; sur deux œufs seulement cet élément était localisé au centre en un volumineux nucléole; sur deux autres œufs enfin la vésicule re- produisait exactement celle de l'Ascaris lombricdides, pl. VII, fig. 203 : la nucléine s'y voyait par places, sous la forme de larmes reliées par des fila- ments incolores. Dans tous les cas, la membrane nucléaire est d'une grande minceur et finement granuleuse; le caiyoplasme est brillant et presque ho- mogène, quoique finement réticulé. Première figure. Au début de la cinèse, fig. 15 et 16, on trouve dans la vésicule 24 tron- çons, tantôt bilobés, tantôt ondulés portant deux à quatre renflements, et prenant peu à peu une disposition paralèlle. Dans la fig. 15, les tron- çons sont vus un peu obliquement et d'en haut. La fig. 16 est plus avancée, le fuseau est formé; les 24 bâtonnets, vus de profil, sont un peu moins longs et plus gros que les précédents. En continuant à se raccourcir les bâtonnets prennent la forme qu'ils ont dans la la couronne équatoriale, fig. 17; ils sont maintenant tous bilobés, ou rétrécis en leur milieu. A côté de la fig. 17, se trouvaient au moins 10 figures semblables aux fig. 18 et 20. L'étranglement médian s'y marque davantage et les bâton- nets semblent se diviser transversalement. La fig. 19 représente les fig. 17, 18 et 20, vues d'en haut; on y compte constamment 24 bâtonnets; on voit par cette image que la couronne est pleine, ses éléments occupant toute la section du fuseau. Les étapes subséquentes sont indiquées par les fig. 21 et suivantes. Selon toute apparence, chacune des moitiés des bâtonnets se divise en deux, longitudinalement, mais d'une manière incomplète, les deux moitiés se tenant encore d'un côté; on dirait que le bâtonnet s'ouvre par une extrémité seulement. Cependant en x et y des fig. 21 et 24, la division paraît complète. Nous verrons plus loin s'il est possible de donner à ces apparences une inter- prétation rationnelle. 89 250 J- B. CARNOY Les bâtonnets se retirent ensuite, moitiés par moitiés, vers les deux pôles du fuseau; témoins les fig. 25, 26 et 27. Sur toutes ces ligures les bâtonnets sont assez allongés et généralement bilobés, comme ceux de la couronne équatoriale fig. 17. Il n'en est pas toujours ainsi pourtant. Sur les FIG. 28 et 29 les bâtonnets sont trapus et de diamètre uniforme ; ils ap- pellent à l'esprit l'idée de l'absence de division longitudinale dans les moitiés de la couronne équatoriale. Le retour vers les pôles se fait générale- ment d'une manière assez régulière; toutefois sur la fig. 25 on voit encore des' bâtonnets à l'équateur, alors que les autres sont déjà arrivés aux pôles. En- suite les bâtonnets s'ordonnent en couronne, fig. 30 et 31 ; ces figures mon- trent que plusieurs couronnes polaires de cette préparation ne le cédaient en rien aux plus belles couronnes des cinèses ordinaires. Il y a régulièrement 24 bâtonnets plus ou moins bilobés dans chacune des couronnes. Nous nous réservons de parler de la fig. 27, à propos de la fig. 52; il y avait 2 figures semblables dans la préparation. Avant d'aller plus loin, signalons quelques autres particularités. Les asters sont nuls, ou très peu développés sur les figures de cette préparation; on en trouve, çà et là, des rudiments, rarement aussi marqués que sur les fig. 25 et 27. Les choses se passent dans les œufs que nous étudions comme si la membrane nucléaire ne se résolvait pas, du moins jusqu'à l'étape où nous sommes arrivé. On constate sur la plupart des figures la présence d'un mince liséré protoplasmatique limitant la figure, et tout à fait analogue d'aspect à la mince membrane de la vésicule germinative; aussi n'avons-nous pas constaté cette fusion du caryoplasme avec le cytoplasme comme chez V Ascaris megalocephala, etc., ou, sans aller si loin, comme dans la pré- paration suivante. Le caryoplasme reste toujours hyalin et la figure paraît indépendante du protoplasme cellulaire, en un mot, elle semble être intérieure, ainsi que cela se voit également chez l'ascaride lombricoïde et l'ophiostome. On remarquera sur nos dessins que toutes les figures, arrivées à la surface de l'œuf, ont une position radiale, et non tangentielle ; nous avons insisté sur ce fait et sur ses conséquences dans un mémoire antérieur à pro- pos de l'ascaride lombricoïde. La phase équatoriale, le retour vers les pôles, la présence des couronnes polaires rendent aisée la détermination de l'axe de la figure par rapport à celui de l'œuf. Dans la préparation, quatre ou cinq figures seulement étaient un peu obliques. APPENDICE 251 Après les premières étapes delacinèsc, la figure diminue de volume; elle se contracte et revient sur elle-même. Pour s'en convaincre il suffit de jeter un coup d'œil comparatif sur les fig. 15 et 16 et les figures suivantes, parmi lesquelles la fig. 27 a seule conservé jusqu'ici sa forme et ses dimensions. En outre la figure s'aplatit plus ou moins au sommet de l'œuf, l'axe longitudinal du fuseau diminuant de longueur; en revanche, il arrive alors que sa largeur augmente, fig. 20, 28. Les phénomènes qui se passent après la formation des couronnes po- laires, lorsqu'elles existent, sont variables. Nous avons trouvé une fois seulement la fig. 31. On peut admettre que les couronnes polaires et le fuseau originel y sont encore reconnaissables, malgré le rétrécissement de la figure. Mais le fuseau est traversé par une bande plus sombre, analogue à celle que nous avons signalée chez l'ascaride lombricoïde, et qui représente soit la plaque cellulaire, soit un commence- ment de résolution des filaments. Dans la fig. 32 l'image cinétique s'est fortement réduite, et les couron- nes polaires se sont notablement rapprochées ; la figure est encore hyaline et entourée d'un liséré distinct. La fig. 33 a est assez commune. Ici les deux couronnes polaires sont plongées dans du c}'toplasme ordinaire et granuleux; on ne retrouve plus aucune trace de la figure. Dans la fig. 34 il s'est formé une plaque entre les deux amas de bât-pn- nets nucléiniens, presque confondus et ressemblant à un noyau ordinaire; le globule polaire ff' est formé. Enfin, sur la fig. 35, les deux amas sont éloignés et unis par un fuseau, notre fuseau de séparation ; la plaque p va isoler le globule polaire ff\ Nous avons insinué tout à l'heure que les couronnes polaires ne se for- maient pas nécessairement. En effet il n'est pas rare de trouver des couron- nes équatoriales divisées transversalement, qui restent en place pendant que la figure se rétrécit et que le fuseau se dissout. La fig. 20 montre le com- mencement de cette résolution : les filaments cessent d'être distincts aux pôles et le fuseau a diminué de hauteur. Les étapes suivantes sont marquées par la fig. 45 du second globule et les figures semblables à la fig. 13.Z."\ qui n'étaient pas très rares. Dans ces dernières le fuseau avait complètement disparu et le liséré périphérique était venu s'appliquer contre la couronne équatoriale, encore nettement reconnaissable parcequ'elle est demeurée stationnaire. Au lieu que ce soient les demi-bâtonnets qui montent vers les 252 J. B. CARNOY pôles, ce sont ceux-ci qui viennent à eux. Il y avait environ 12 figures de cette sorte dans notre préparation. Sur les fig. 20, 28 et 29, les éléments de la couronne ne présentent encore aucun indice de division longitudinale. Seconde figure. Sur les FIG. 36 et 37, le groupe nucléinien ;?% resté dans l'œuf et formé de 24 bâtonnets bilobés, s'entoure d'une auréole hj'aline limitée par une membrane nucléaire, ou liséré périphérique, si l'on veut : tel est le premier début de la seconde figure. Les bâtonnets nucléiniens sont rangés parallèle- ment dans la fig. 36, tandis qu'ils sont désordonnés dans la figure suivante; cela dépend, croyons-nous, de l'état dans lequel ils se trouvaient lors de la formation du premier globule, ou de l'état de conservation des couronnes polaii'es. Les figures suivantes sont tellement identiques à celles du premier globule qu'il est inutile d'y insister. La fig. 38 correspond à la fig. 17, seulement la couronne est dessinée obliquement pour montrer que les 24 bâtonnets occupent toutes les profondeurs du fuseau. Ces bâtonnets sont également bilobés. Les fig. 39 et 40 reproduisent les fig. 18 et 20, et la FIG. 44 la FIG. 22. La FIG. 46 indique l'étape qui suit celle de la fig. 44 : les 48 moitiés, un peu irrégulières de forme et assez allongées, se mettent en marche vers les pôles. La même figure est vue d'en haut sur la fig. 47, cette figure a été dessinée en déplaçant très légèrement le foyer du microscope, afin de pouvoir y inscrire la section de tous les bâtonnets. Les FIG. 48 et 49 sont identiques â la fig. 26, la fig. 50 à la fig. 30. Sur la FIG. 45 on voit le rapetissement de la figure, â l'étape de la couronne équatoriale, sans qu'il y ait eu déplacement vers les pôles; elle représente un état de réduction plus avancé que celui de la fig. 20 du premier globule. Les fig. 51 et 53 montrent des couronnes polaires dans des figures réduites, mais encore hyalines. Ces couronnes sont vues de profil sur la première de ces figures : les bâtonnets, placés parallèlement, oc- cupent tout le fuseau ; vues d'un haut, elles donnent l'image de la fig, 19; elles reproduisent donc exactement la couronne équatoriale de la fig. 17 ou 38. Dans la fig. 53, l'une des couronnes polaires, ;?', est vue très oblique- ment, à peu près à plat; l'autre, g"-, se présente de profil, mais les bâtonnets y sont moins bien ordonnés que dans la fig. 51. APPENDICE 253 Les deux ligures précédentes ont encore leur aspect hyalin et leur liséré périphérique. Mais on trouvait également les étapes suivantes, celles de la FiG. 33 b et c; les deux amas nucléiniens, de plus en plus rapprochés par le retrait de la membrane périphérique, sont vus de profil en b, et de face en c; dans ce dernier cas ils se projettent l'un sur l'autre et rappellent un no)-au ordinaire. Enfin dans la fig. 33 a, la figure cinétique a totalement disparu et les deux couronnes, à bâtonnets serrés et plus ou moins désor- donnés, sont librement plongées dans le cytoplasme ovulaire, ainsi qu'il a été dit plus haut. Il n'y avait dans la préparation qu'une seule image de la séparation du second globule; elle était semblable à la fig. 34 que nous connaissons. Parmi les secondes figures nous n'en avons trouvé qu'une qui rappelât la FIG. 27, c'était la fig. 52. Ces deux figures sont au même stade, celui de l'ascension polaire. Elles sont caractérisées par la multitude et la ténuité excessive de leurs bâtonnets; nous en avons compté plus de 80, mais on peut admettre que leur nombre était vraisemblablement double de celui des figures typiques, qui est de 48. On remarque cependant une différence entre elles. Dans la fig. 52 les bâtonnets sont droits et homogènes, tandis que dans la fig. 27 ils sont un peu bilobés et arqués. Nous reviendrons plus tard sur ces figures intéressantes. 2^ Préparation : fig. 1 à 12. Le plupart des noyaux ovulaires du second ascaride présentaient une grande ressemblance avec ceux du premier fig. 14. Cependant on trouvait des transitions entre cette figure et la fig. 1, dans laquelle nous avons compté 24 bâtonnets plus courts, repliés ou géminés, ou simplement ondulés; nous nous occuperons plus loin de cette figure. Les premières étapes de la cinèse ne présentent rien de particulier, mais les figures arrivées â leur plein développement méritent de fixer un moment notre attention. Elle se faisaient remarquer par leur grandeur et la puissance de leurs asters rappelant les grands asters primaires de V Ascaris megalocephala, fig. 2 à 8. La limite si nette dont nous avons signalé l'existence entre les figures précédentes et le cytoplasme n'existe plus; la membrane nucléaire s'est résolue, et le fuseau est plongé dans le protoplasme ovulaire, tout en con- servant, comme dans toutes les figures cinétiques du reste, un aspect plus hyalin. Les figures sont pleines. Le fuseau y est très développé et terminé par deux plateaux granuleux, identiques à ceux que nous avons décrits chez 254 J B. CARNOY l'ascaride du cheval. De ces plateaux partent dans tous les sens de nombreux filaments astériens, droits ou ondulés, très longs et qui descendent sur les côtés de la figure en recouvrant partiellement le fuseau, pour se croiser à l'équateur ; le réticulum plastinien de l'œuf a donc subi une modification étendue. Sur l'une de ces figures, nous avons remarqué deux beaux asters latéraux; une autre était identique à la ne. 38, pl. II de l'ascaride du cheval, à part la dimidiation. Les tronçons nucléiniens sont au nombre de 24. Ils s'ordonnent à l'équateur pour y former une couronne à bàtonnete droits et bilobés, comme dans les fig. 17 et 38. Tous les phénomènes de division, signalés précédemment, s'exécutent au sein de cette couronne : la fig. 2, avec sa division transversale apparente, est identique aux fig. 18 et 40; les fig. 22 et 44, dans lesquelles les bâtonnets se marquent d'un espace hyalin central, y étaient communes. La fig. 3 indique l'étape subséquente; elle correspond exactement à la fig. 46, et les bâtonnets qui se mettent en marche vers les pôles y ont la même forme ; les fig. 4 et 5 représentent les stades ultérieurs de ce retour et la formation des couronnes polaires. Tous les phénomènes s'exécutent donc ici également comme dans la cinèse typique; c'est en vain qu'on y chercherait une différence. Cette ressemblance est plus frappante encore dans les trois images suivantes, fig. 7, 8 et 9, qui sont des plus remarquables. Elles démontrent en effet que la plaque cellulaire j? s'établit dans le fuseau originel, et y découpe les énormes globules polaires g\ véritables cellules s'il en fût, où l'on reconnaît encore les rayons des asters et les filaments du fuseau. La plaque et l'isolation des globules à l'aide de son dédoublement y sautent aux yeux. Cependant les phénomènes sont loin de se passer toujours de cette façon; nous n'avons rencontré que 10 à iz œufs semblables dans notre pré- paration. Sur la plupart, la figure se défaisait entièrement; les fig. 10, 10' et 11 le prouvent suffisamment. Ces images étaient communes. On y voit le fuseau s'évanouir et la figure cinétique revenir sur elle-même, en même temps que les rayons astériens s'effacent graduellement. Rarement les filaments du fuseau restent visibles et comme tendus entre les deux couronnes. Il semblerait alors que c'est grâce à la contraction des filaments fusoriaux que les couronnes se rapprochent et que la figure se rapetisse. Nous croyons cependant qu'il n'en est pas ainsi. Car, généralement, on voit les filaments du fuseau s'onduler et se résoudre dans leur région équatoriale fig. 6; la figure est alors rupturée comme chez V Ascaris megalocephala ; seulement chacune des moitiés porte une couronne polaire et, au lieu de s'éloigner l'une APPENDICE - 255 de l'autre, elles ne tardent pas au contraire à se rapprocher à mesure que progresse la dissolution du fuseau. Les rayons des asters se maintiennent plus longtemps; on les voit encore nettement sur une foule d'œufs à l'étape de la FiG. 10', ou à une étape encore plus avancée; ce sont eux — et consé- quemment le cytoplasme — qui ramènent les deux moitiés polaires au centre de la figure dont le fuseau a disparu. A la fin, ils s'évanouissent eux-mêmes, et la figure prend l'aspect de la fig. 33^, ou bien; ce qui arrive également lorsque les couronnes polaires se rapprochent au point de se toucher, elle prend l'aspect d'un noyau ordinaire au milieu de sa cellule, FIG. 11 et FIG. 33^ et c. Nous avions déjà constaté ce dernier phénomène sur \ Ascaris lombricoïdes. Enfin survient la séparation du premier globule. Elle se fait exactement comme dans les cas semblables de la première préparation. On trouve en effet fréquemment la fig 12 et des images identiques de tous points à la FIG. 35. Dans la première, la séparation se fait à l'aide de la plaque j), avant que les groupes nucléiniens ne s'éloignent à nouveau; le fuseau de sépara- tion demeure rudimentaire. Dans la seconde, ce dernier s'accentue, et la séparation se fait à la façon que nous avons décrite et figurée tant de fois dans nos travaux précédents. Les secondes figures, dans cette préparation, étaient identiques aux premières; il serait superflu d'en parler. Disons seulement que nous n'avons pu constater avec certitude que sur un seul œuf la séparation du second globule dans le fuseau primitif, c'est-à-dire à la façon indiquée par les FIG. 7 et 8. 3^ Préparation : fig. 54 à 57. Nous ne dirons qu'un mot du troisième ascaride. Nous voulons seule- ment mentionner l'aspect et la petitesse de ses figures cinétiques. Au moment de la cinèse, un seul phénomène se manifeste : l'élément nucléinien déjà ramassé sous la forme de nucléole, fig. 54, s'accumule à l'équateur du noyau, pour y former une bande assez haute, mais relativement peu large. On peut constater que les filaments plus ou moins parallèles dont il est composé sont d'une ténuité extrême, et qu'ils paraissent coupés aux extrémités. En diminuant de hauteur cette bande constitue la couronne équatoriale, fig. 55. A cette phase, et déjà même un peu auparavant, le caryoplasme se transforme en fuseau grossier à l'intérieur du noyau qui demeure entouré de sa mem- brane, comme avant la cinése, et conserve toujours son volume et sa forme 256 J B. CARNOY primitive. Nous n'avons jamais vu trace d'asters. Ensuite la couronne, ou la lame équatoriale, se divise en deux lames parallèles de moitié moins hautes que la première, et s'éloignent peu à peu l'une de l'autre fig. 56. Entre temps, la figure vient se placer radialement au sommet de l'œuf et revient sur elle-même, à la façon déjà décrite; elle présente alors généralement l'aspect de la FIG. 57; c'est-à-dire qu'elle simule un corps nucléaire; ce n'est qu'en faisant mouvoir les œufs, pour observer ce corps sous toutes ses faces, que l'on parvient parfois à y découvrir une bande transversale hyaline, dernier indice visible de la séparation des deux amas nucléiniens. L'élimination du premier globule se faisait comme dans les fig. 34 et 35. Les figures du second globule étaient pour la plupart semblables aux premières. Nous devons signaler cependant la présence de cinq ou six figures équatoriales plus grandes et à bâtonnets plus épais, copiant dans leur ensem- ble la fig. 17 de la première préparation, et formant comme la transition naturelle avec les figures de cette dernière. Ascaris lombricoïdes : FIG. 13.1,' et L-, FIG. 23.1, FIG. 41.1, 42. L et 43. L. La ressemblance des cinèses de V Ascaris clavata avec celles de V Ascaris lombricoïdes, que nous avions esquissées brièvement quelque temps au- paravant, ne pouvait nous échapper. En étudiant l'ascaride des gadoïdes nous retrouvions à chaque pas les figures de l'ascaride du porc, mais avec une netteté beaucoup plus grande et qui nous frappait d'autant plus que nous avions du laisser plusieurs questions indécises dans notre premiermémoire(i). Nos doutes portaient principalement sur trois points : la division équatoriale, l'ascension polaire et la séparation des globules. Nous écrivions en effet à propos de ces divers points. „ Nous n'avons jamais observé le moindre indice de segmentation » transversale à l'équateur, ni le moindre indice de division longitudinale « sur les bâtonnets... Loin de nous d'ailleurs la pensée de nier catégorique- T ment l'existence de ces deux divisions, parce que nous ne les avons pas n observées ; une pareille conclusion, basée sur un argument purement y> négatif, ne serait pas logique (p. 43) Bien que nous ne les ayons pas » observées, il est possible que les mêmes divisions (celles de l'ophiostome) » se fassent aussi chez V Ascaris lombricoïdes (p. 54)- « (') J. B. Carnoy : La vésicule germinative et les globules polaires c/ie^ quelques nématodes ; La cellule, t. III, !>• fasc. — Ascaris lombricoïdes, p. 37 à 44. APPENDICE 257 - A côté de ces figures à couronne (équatoriale) bien dessinée, on en - trouve d'autres, fig. 206, dans lesquelles les bâtonnets, souvent plus al- - longés, sont irrégulièrement dispersés. Ces sortes de figures peuvent repré- - senter l'état antérieur à la couronne, elles peuvent aussi indiquer l'étape r subséquente, p. 38^. Plus loin, p. 40, nous ajoutions : Nous n'avons pas - rencontré de stade ultérieur correspondant à celui des couronnes polaires... - Nous avons vu quelquefois les fig. 214 et 215 dans lesquelles les bâtonnets - de 1 equateur semblent être descendus vers les pôles. Mais ces figures sont - assez rares; elles ne sont pas nettes... Nous croyons plutôt qu'il faut voir r dans ces images un commencement de dislocation de la figure elle-même... « A ne considérer que les phénomènes, il semble, avons-nous dit à des- - sein, que les anses ou les tronçons nucléiniens se déchirent violemment au r moment même de la formation du fuseau de séparation... 11 se pourrait - cependant que l'apparence ne correspondit pas à la réalité. Les bâtonnets r de la couronne équatoriale sont certainement indépendants ; ils peuvent - rester tels pendant la dislocation de la figure et se réunir en deux groupes - rapprochés et serrés, quoique distincts, dans la masse unique en appa- ru rence de la fig. 222. Pendant la formation du fuseau de séparation ces r groupes ne feraient que s'éloigner l'un de l'autre, comme dans toutes les n autres espèces que nous avons étudiées. Au point de vue de l'analogie cette y explication est très plausible et, loin de la rejeter, nous sommes porté à - l'accepter. 11 faut attendre que l'on ait fouillé d'autres groupes pour se pro- « noncer définitivement entre les deux interprétations susmentionnées. « Les nouvelles recherches que nous avons faites sur l'ascaride lombri- coïde lui-même ont heureusement levé ces incertitudes. Pour rester autant que possible dans les conditions normales (1), nous avons choisi un lot d'individus extraits d'un porc sain tué pour la consomma- tion à l'abattoir de Louvain, et transmis sans aucun retard à notre labora- toire; c'est assez dire qu'ils étaient pleins de vie. Ils ont été utilisés trois ou quatre heures après la mort du porc. Afin de tuer rapidement les œufs éparpillés sur le porte-objets, nous les avons soumis à l'action de l'acide sulfureux, de l'alcool presque saturé de cet acide (300 fois son volume), ou enfin de l'alcool acétique. En les traitant ensuite par le vert de méthyle, il est aisé de distinguer ceux qui vivraient encore, car ils conservent leur aspect brillant et ne prennent pas le réactif colorant. En général les œufs qui sont arrivés à la seconde cinèse résistent davantage, comme dans la plupart des (i) Voir plus loin le paragraphe III. 90 258 J- B. CARNOY autres espèces du reste ; il est nécessaire de les maintenir plus longtemps dans le réactif. Lorsque l'élément nucléinien est coloré par le vert de mé- thyle, ce qui exige un certain temps, la préparation est lavée, et examinée dans la glycérine benzoatée. Nous avons traité de la sorte une trentaine de préparations, prises aux endroits convenables dans quatre individus différents. Deux d'entre eux étaient de taille moyenne; les deux autres étaient très petits et possédaient à peine les dimensions des individus mâles. Parmi les faits observés, nous noterons uniquement ceux qui complètent nos premières observations. Nous avons pu comparer les figures du premier globule dans les quatre ascarides, mais celles du second n'étaient bien visibles que sur une prépara- tion tirée d'un petit individu. Un examen attentif nous a révélé sur ces figures toutes les particularités observées chez VAscaris clavata. 1° Sur les préparations appartenant aux deux petits individus les figures étaient plus amples, munies de filaments astériens assez nombreux et venant se croiser à l'équateur. A l'étape équatoriale elles étaient tellement identiques à celle de la 2^ préparation de VAscaris clavata, qu'il eut été im- possible de les en distinguer; le lecteur peut s'en assurer en comparant la FiG. 2 avec la fig. 23. Z. Vues d'en haut elles présentent l'aspect de la fig. 19, et l'on y compte 20, 22 ou 24 bâtonnets; il y en a probablement toujours 24. Les figures des deux grands individus étaient plus réduites, limitées par un liséré périphérique et rarement munies d'asters peu développés, en un mot semblables à celle de la i''^ préparation de Y Ascaris clavata. Ce sont surtout ces figures que nous avons décrites antérieurement. On compte égale- ment 20 à 24 bâtonnets dans leur couronne équatoriale, d'ailleurs identique à la précédente. 2° La division équatoriale et l'ascension vers les pôles sont réelles. Nous avons rencontré sur tous les individus les images des fig. 23. L, 42. L, 43. L; ainsi que des images analogues à celle de la fig. 13. Z' qui correspond à la fig. 22. Mais ces dernières images sont toujours moins nettes que celles de VAscaris clavata, l'ouverture des bâtonnets n'y est indi- quée que par un espace hyalin. Quant à l'ascension des bâtonnets vers les pôles, elle présente toutes les particularités mentionnées chez l'ascaride des gadoïdes : elle se fait, ou elle ne se fait pas et, lorsqu'elle existe, elle s'exécute également de deux façons APPENDICE 259 différentes. Les fig. 41. Z., 42. Z,, 43. Z,, 13. Z,' et L- démontrent ces asser- tions. Sur les FIG. 42. Z, et 43. L les éléments de la couronne sont en marche vers les pôles du fuseau encore intact. La première correspond à la fig. 28 : les btUonnets se sont mis en mouvement après la scission transversale; leur marche est très irrégulière. Dans la seconde, les bâtonnets sont plus allongés, bilobés et comme formés de deux moitiés encore retenues par une extré- mité; cette figure est identique aux fig. 48 et 26, et doit être interprétée de la même manière. Nous avons tenu à reproduire les images des fig. 41. Z,, 13. Z' et Z'\ car elles marquent les diverses étapes du rétrécissement et de la disparition graduelle de la figure et du fuseau, avant que la couronne n'ait subi la moindre dislocation; l'ascension polaire y fait donc complètement défaut, comme dans les images semblables de V Ascaris, clavata, fig. 20 et 45. Sur la FIG. 13. Z-, les bâtonnets sont traversés par un espace longitudinal hyalin qui manque sur les autres figures. On le voit, les phénomènes qui suivent l'étape de la couronne équato- riale sont identiques dans les deux ascarides. Nous ferons seulement obser- ver que les images reproduites par la fig. 42. Z, c'est-à-dire celles à bâtonnets allongées et bilobés, étaient plus rares dans nos préparations de V Ascaris loinbricoides; en outre les couronnes polaires y étaient généralement moins régulières que celles des fig. 29, 30 et 50. Ces nouvelles observations nous permettent d'attribuer à nos anciennes fig. 206, 214, 215 et 219, dont il a été fait mention plus haut, p. 257, une signification plus précise; elles représentent bien, ainsi que nous l'avions soupçonné d'abord, diverses étapes de l'ascension des éléments de la couronne vers les pôles, après la division équatoriale. 3° Restait un doute à éclaircir : celui qui concerne la formation des globules eux-mêmes. Nous l'avions déjà dit dans notre première communication, les figures qui sont en ascension polaire sont généralement peu nettes ; les bâtonnets y sont comme jetés pêle-mêle et sans ordre. Même sur nos nouvelles pré- parations, nous avons trouvé peu de figures où les bâtonnets descendant vers les pôles fussent distribués en deux séries régulières et parallèles. Lorsque la figure se défait, ou se rétrécit, ce qui ne tarde pas à arriver, les amas polaires en désordre s'enchevêtrent et se confondent apparemment, dans beaucoup de cas du moins; leur ensemble simule alors un noyau quiescent; nous avons assez insisté sur ce point dans notre publication précédente. C'est 26o J. B. CARNOY cette circonstance avant tout qui rend difficile l'étude des phénomènes inti- rnes qui se passent dans l'élément nucléinien, lors de la séparation des glo- bules. Néanmoins on peut affirmer que les choses s'y passent comme chez l'Ascaris clavaia. Voici nos raisons. a) Il convient de parler d'abord de la préparation du petit ascaride, qui concerne le second globule, et qui a été mentionnée plus haut. Les figures de cette préparation, bien visibles au bord de l'œuf, étaient munies d'asters, surtout à leur pôle inférieur. Or, sur deux d'entre elles, nous avons pu con- stater avec certitude la séparation du globule au milieu du fuseau originel; ces figures copiaient exactement les fig. 7 et 8 de V Ascaris clavata, à cela près que les futurs globules polaires étaient moins volumineux. Sur l'un de ces derniers, on voyait également les rayons des asters. Ces images ressem- blaient aussi beaucoup à celles de nos fig. 228 et 229, PI. VII, dans les- quelles les éléments nucléiniens sont ordonnés en couronne régulière. Nous serions assez porté à admettre que ces dernières représentaient également des figures cinétiques en voie de division ordinaire, plutôt que des fuseaux de séparation; mais nous verrons plus loin qu'il est difficile de se prononcer sur la signification de pareilles figures, lorsqu'elles sont dépourvues d'asters. Dans tous les autres œufs de la même préparation, le fuseau avait en- tièrement disparu ; les deux couronnes devenues contiguës, ou à peu près, étaient directement entourées par le cytoplasme de l'œuf. On y voyait les FIG. 32, 33, 34 et 12 de V Ascaris clavata, ainsi que les fig. 221 et 222 de la PL. VII, et, au moment de la formation du second globule, les fig. 223 à 226, sur lesquelles nous reviendrons tout à l'heure. b) Une chose nous a étonné en scrutant les préparations du premier globule, surtout celles à figures amples et munies d'asters étendus : nous n'y avons pas rencontré une seule image indubitable de la séparation de la cellule polaire au sein du fuseau cinétique. Tous les phénomènes de la disparition des figures s'exécutaient comme dans les fig. 10 et 11 de la Planche ci-jointe, ou à la façon décrite dans notre premier mémoire. Mais, cette fois, nous avons rencontré un certain nombre d'œufs montrant les fig. 32 et 33, 34, 35 et 12; il est évident, d'après ces figures, que les cou- ronnes polaires, dans certains cas, demeurent indépendantes, et que le globule s'isole à la façon indiquée dans les fig. 12, 34 et 35. c) Mais souvent aussi les deux amas nucléiniens se confondent en un corps unique, où toute dualité disparaît. Les bâtonnets y sont d'autant plus APPENDICE 261 enchevêtrés que leur distribution est plus irrcgulière pendant leur descente vers les pôles. En se dégageant au moment de la formation du globule les deux couronnes doivent simuler, par leur irrégularité même, une dislocation violente, comme dans nos fig. 223 à 226, pl. VII, que nous avons revues plusieurs fois dans nos nouvelles préparations. On ne saurait prouver, il est vrai, que les tronçons nucléiniens ne sont pas ruptures par l'étirement qu'ils subissent, mais l'analogie peut faire admettre une simple séparation des deux masses polaires, comme dans le cas précédent {b). d) Quant aux images analogues à celle de la fig. 13. Z.-, nous n'avons pu déterminer leur sort ultérieur avec certitude. Nous en avons seulement vu deux qui pouvaient faire supposer que les deux séries de bâtonnets étaient séparées par la plaque sans avoir subi de changement, c'est-à-dire avant que la division longitudinale incomplète ne s'y exécutât. Nous cro3'ons que, grâce à leur retrait toujours croissant, ces sortes de figures se trans- forment plutôt en amas de bâtonnets semblables â ceux de la fig. 33, en passant par la fig. 51, où la division longitudinale a eu lieu; nous revien- drons sur ce détail dans la discussion (1). (I) Note. (Voir la note (2), p. 247) Les observations de BovERi : Ucber die Bcdcutung dci Richstungskorper ; Sitzb. d. Gesell. f. Morph. u. Physiol. in Mûnchen, II B., p. 101, sont assez concordantes avec les nôtres. Il admet comme nous que la 1" figure est pleine et possède 24 bâtonnets — il dit 24 ou 25; nous ne connaissons pas de figures avec un nombre impair d'éléments — et qu'elle vient se placer radialement à la surface de l'œuf, mais il ne dit pas dans quelle région. Les bâtonnets de la couronne se divisent transversalement. Cette division était déjà indiquée avant la cinèse : chaque bâtonnet y était formé de deux moitiés chromatiques, réunies par une partie achro- matique — nous n'avons pas observé ce détail. — Ensuite a lieu le retour vers les pôles avec une régularité telle que les bâtonnets de chaque groupe restent toujours dans un même plan; enfin la division a lieu dans le fuseau originel par weine bis zur Oberflàche des Eis durchschneidende zarte Grenze, welche die àussere « Spindelhâfte mit einem Theil der Zellsubstanz als ersten Richtungskôrper vom Ei trennt. » Boveri veut évidemment désigner par « :{artc Grenue » notre plaque cellulaire dont il n'a pas reconnu la nature; il admet donc aussi avec nous que le globule polaire renferme du protoplasme et est une cellule véritable — et non un noyau sortant par un trou, comme le veut Van Beneden. La moitié restée dans l'œuf se reconstitue en noyau. Le second globule se sépare à 90" de distance du premier, ainsi que nous l'avions déjà constaté dans notre premier travail. Boveri se tait sur la seconde figure, et déclare n'avoir pu déterminer le nombre des éléments du 2'= globule, lequel serait d'ailleurs plus petit que le premier. Il conclut, d'accord avec nous et en opposition avec Van Beneden, que la division polaire est une cinèse ordinaire, alors même qu'il faudrait admettre les variations que nous avons signalées chez l'Ascaris mcgalocephala. Nos recherches, plus étendties que celles de Boveri, les complètent heureusement, et nous permettent d'y apporter quelques modifications. 1° Nous avons dévoilé la marche et les caractères de la seconde figure. Elle se rend de l'équateur vers un pôle en suivant, le plus souvent, la membrane plasmatique de l'œuf. Quant à sa constitution, cette figure est identique à la première. On y trouve 24 bâtonnets, représentant 24 des moitiés de la i" figure, qui subissent les mêmes phénomènes de division à l'équateur ; le retour polaire et la formation du second globule présentent également toutes les mêmes particularités. Enfin, le second globule renferme, comme le premier, 24 éléments nucléiniens. 262 J. B. CARNOY IL Discussion et interprétation des faits. Parlons d'abord des phénomènes cinétiques; nous réserverons pour le paragraphe suivant la question de la normalité des figures. 1° Au moment où la vésicule germinative entre en mouvement ciné- tique, on y compte 24 bâtonnets; cela n'est pas douteux, fig. 1, fig. 15. Mais comment ces bâtonnets ont-ils pris naissance? Il n'est pas facile de répondre à cette question. A ne considérer que les fig. 14, 15 et 16, on dirait que les 24 bâtonnets parallèles des deux dernières figures dérivent de la segmenta- tion pure et simple de l'élément filoïde de la fig. 14, déjà partagé en tron- çons de diverse longueur. Dans cette hypothèse la fig. 1 représenterait l'é- tape intermédiaire entre la fig. 14 et les fig. 15 et 16 ; la scission de la forme pelotonnée y serait achevée. Les premiers phénomènes se dérouleraient donc comme dans les cinèses ordinaires. Ensuite les tronçons allongés et plus ou moins bosselés des fig. 15 et 16, en se ramassant sur leurs filaments, donne- raient naissance à la couronne équatoriale de la fig. 17. Cette explication est simple et naturelle. Mais d'autre part si l'on songe à la présence dans la préparation de noyaux semblables à ceux de nos fig. 202 et 203, pl. VII, et aux phénomènes qui se passent dans la couronne équatoriale, et qui seront discutés tout à l'heure, on peut se demander avec fondement si les tronçons irréguliers et 2o A Téquateur, Boveri n'a mentionné que la division transversale; il ne parle pas de l'espace hyalin qui traverse les bâtonnets et qui, d'après nous, est l'indice d'une seconde division longitudinale incomplète (voir la discussion qui suit.) 3° D'après Boveri le retour vers les pôles serait d'une régularité mathématique, sans doute comme dans nos fig. 2g, 3o et 5o. Pour nous, c-e n'est là qu'un cas particulier, et qui nous a paru assez rare, de l'ascension polaire Deux autres cas peuvent en effet se présenter : a) l'ascension est souvent irrégulière et désordonnée, fig. 42. L, ; *) elle peut faire défaut, fig i3.L^, parce que la figure revient sur elle-même, et finit par enserrer la couronne équatoriale demeurée immobile 4° Tous les phénomènes de la dislocation ou de la résolution de la figure cinétique ont échappé au savant de Munich. Quoique nous ne l'ayons pas observée, nous sommes loin de nier l'e.xistence de la séparation éventuelle du i"' globule polaire dans le fuseau originel, à la façon indiquée par nos fig. 7 et 8; nous en avons nous-même signalé deux exemples pour le second globule. Mais, d'après nos observations réitérées sur les Ascaris lombricoidcs et clavata, ainsi que suf les autres nématodes, la figure cinétique disparaît morphologi- quement, dans un très grand nombre de cas, avant la formation du globule lui-même Boveri est-il bien sûr qu'il n'a pas pris le fuseau de séparation pour le fuseau originel ? On peut en effet confondre aisément ces deux fuseaux. La question de la séparation des globules a été traitée avec détail dans nos divers mémoires, et sera encore discutée plus loin. 5" Quant au volume du second globule, il est très variable; on en trouve fréquemment qui sont même plus volumineux que le premier, fig. 224 à 23o, Pl. VII, par exemple. Ce volume varie avec les œufs et, peut- être aussi, avec les individus. APPENDICE 263 en forme de larmes de ces noyaux, ajirès s'être isoles l'un de l'autre, ne s'ouvriraient pas à une extrémité pour donner naissance aux bâtonnets de la FiG. 1; ceux-ci sont en effet vaguement bilobés ou en forme de V et comme repliés sur eux-mêmes. Entre les étapes des fig. 14 et 1, il faudrait donc placer celles des fig. 202 et 203. Cette seconde hypothèse rend également bien compte des faits; seulement on est forcé d'admettre que, lors delà for- mation du fuseau, les bâtonnets bilobés, issus d'une division incomplète, peuvent s'étirer en un filament bosselé, mais continu et où toute trace de division antérieure a disparu, fig. 15 et 16. En outre, elle présente un avan- tage sur la précédente : celui d'identifier complètement la première cinèse avec ia seconde, comme on le verra plus loin. Pour décider quelle est celle de ces deux explications qui correspond à la réalité, il faudrait connaitre exactement ce qui se passe dans le noyau de la fig. 1. On voit dans ce no3-au, reproduit à dessein, quelques éléments nucléiniens qui semblent s'ouvrir à une extrémité; mais on pourrait dire aussi bien qu'ils représentent un filament recourbé dont les deux branches sont appliquées l'une contre l'autre. L'observation ne permet donc pas de se prononcer. 20 Les phénomènes qui se passent au sein de la couronne équatoriale sont difficiles à observer et plus difficiles encore à expliquer avec certitude. Nous avons décrit les apparences : les bâtonnets bilobés se divisent trans- versalement, fig. 18 et 40; un espace hyalin se marque sur les moitiés, fig. 13, Z,' et L-; puis celles-ci semblent, tantôt s'ouvrir par une extrémité seulement fig. 22 et 44, tantôt se couper suivant toute leur longueur en deux sous-moitiés distinctes fig. 21 et 24, xety. On pourrait recourir à deux hypothèses pour rattacher ces phénomènes, savoir : a) à l'existence de deux divisions successives ou simultanées, une transversale et une lon- gitudinale complète ou incomplète; ou bien, b) à la présence d'une division longitudinale unique. L'idée de la coexistence des deux modes de division au sein de la cou- ronne équatoriale n'est pas neuve dans notre esprit. En 1885, nous écrivions ce qui suit : » Sans doute on croirait volontiers que les deux modes de di- » vision (longitudinale et transversale) ne peuvent exister à la fois dans la » même couronne. Cependant la chose est-elle impossible? Jetons un regard y sur les fig. 292 à 296. 132, 159, 160 et 229. A la rigueur on pourrait y voir " une double division. La nucléine qui remplissait d'abord le bâtonnet, se 264 J- S CARNOY » scinderait longitudinalement en deux lames latérales, lesquelles en s'ache- T minant vers les deux extrémités du bâtonnet y formeraient une bande » arquée ; un étranglement transversal viendrait ensuite séparer ces deux » bandes qui se présenteraient alors comme deux fers à cheval indépendants T et opposés par leur concavité (i). - Plus tard nous avons admis cette double division pour expliquer les phénomènes qui se passent dans les couronnes de l'ophiostome. - La division longitudinale, avons-nous dit, ^ se marque déjà à l'équateur avant que la séparation transversale ne soit r achevée. Deux divisions peuvent donc être en voie de s'effectuer en même r> temps (2). - Les faits que nous allons discuter semblent justifier pleinement cette manière de voir. a) Ce qui se remarque en premier lieu dans la couronne, c'est la sépa- ration des deux lobes des bâtonnets par une bande hyaline transversale qui coupe la couronne en deux moitiés symétriques et parallèles, fig. 18 et 40, FiG. 23. L et 41. Z,. Ce phénomène s'explique tout naturellement dans le sens d'une segmentation transversale. Mais dans l'hypothèse d'une division longitudinale, il paraît plus difficile à concevoir. Il faut admettre alors que la nucléine se retire vers les bouts des bâtonnets, soit naturellement, soit sous l'influence des réactifs les plus divers et les plus bénins, car ce retrait est d'une existence générale, en laissant libre et incolore la partie étranglée. Ce serait là, semble-t-il, un fait assez singulier. Cependant nous avons déjà fait remarquer à plusieurs reprises dans nos publications, en particulier à propos des figures cinétiques de l'ascaride du chien (3), que la nucléine peut se localiser à divers endroits ou sur les bords de son étui, et lui donner l'aspect d'un bâtonnet en voie de division transversale ou longitudinale. Tous les éléments de la couronne étant égaux et placés au même niveau, le retrait pourrait s'y faire d'une manière uniforme ; de là la régularité de la bande hyaline centrale. Il serait difficile d'ailleurs de s'assurer si le cordon hyalin qui relie les moitiés appartient uniquement au fuseau, ou s'il ne repré- sente pas également les parois de l'étui revenues sur elles-mêmes. La plupart des phénomènes subséquents s'expliquent aisément à l'aide d'une division longitudinale. Dans les fig. 22 et 44 la division longitudinale est commencée, pour s'achever dans les fig. 21 et 24, .vet j'. Ensuite les demi- bâtonnets, d'abord juxtaposés suivant leur longueur, se séparent et se met- (i) La Cj-todiérèse che^ les arthropodes, p. 335 (2) La vésicule, etc., c/ie^ divers nématodes, p. 54. (3) La vésicule germinative etc., che^ divers nêmModes, p 45. I APPENDICE 265 tent en mouvement de part et d'autre de la ligne équatoriale, pendant que la nucléine, soit à cause de la contraction fig. 43. L, 48, soit à cause de l'étire- ment du bâtonnet fig. 46, vient combler l'espace hyalin qui reliait les deux lobes. Les fig. 3, 4, 26, 43. Z,, 46, 48 et 49, qui marquent la dislocation de la couronne et l'ascension vers les pôles, s'expliqueraient ainsi avec facilité. Si l'on ne rencontrait pas d'autres figures cette interprétation pourrait suflîr. Mais il en existe de deux autres catégories, ce sont : d'une part les FIG. 28 et 29, et de l'autre les fig. 27 et 52. Ces figures se concilient difficile- ment avec cette hypothèse; elles sont plutôt de nature à faire admettre la coexistence des deux modes de division au sein de la couronne. b) Les fig. 28 et 29 ne sont pas rares, surtout chez V Ascaris clavata. Sur la FIG. 29, on voit encore, en i, deux bâtonnets géminés qui ont conservé leur position équatoriale, comme dans les fig. 18, 20, 23. L, etc., tandis que les moitiés des autres bâtonnets se sont avancées vers les pôles. Aucun d'eux ne porte encore d'ailleurs la moindre trace de division longitudinale; il en est de même de ceux de la fig. 28, qui représente à peu près le stade des cou- ronnes polaires. Ces sortes d'images plaident en faveur d'une division trans- versale. Dans l'hypothèse d'une division longitudinale, on devrait supposer que chacune des moitiés parallèles de j' fig. 24, par exemple, se replie sur elle-même, de façon à ce que ses deux extrémités nucléiniennes soient exacte- ment juxtaposées et tellement serrées qu'elles paraissent confondues en un seul bâtonnet; en outre, que ces nouveaux éléments viennent se placer mathématiquement l'un au-dessus de l'autre, de part et d'autre de la ligne équatoriale, pour produire une image identique à la fig. 18, 41. L, etc., sans que jamais l'un d'eux ne trahisse sa dualité jusqu'au sein de la couronne polaire, et cela dans toutes les figures semblables ! Ce sont là, il faut l'avouer, des choses bien compliquées, et difficiles à admettre. Les fig. 27 et 52 ne sont pas moins instructives. Ces figures, avons-nous dit, renferment le double en nombre des bâtonnets contenus dans les figures ordinaires; ilyadonceuune double division complète à l'équateur. Or, si nous rapprochons ces images des fig. 21 et 24, nous acquerrons la conviction que cette division a été à la fois transversale et longitudinale. On voit en effet sur la première de ces figures, en x, que chaque moitié, située de part et d'autre de la bande hyaline transversale, s'est divisée longitudinalement en deux bâ- tonnets bien distincts, un peu allongés et bilobés comme ceux de la fig. 27. Il en est de même en y de la fig. 24, seulement les bâtonnets jumeaux sont restés droits et homogènes, identiques â ceux de la fig. 52. Nul doute, 91 266 J. B. CARNOY semble-il, que les fig. 27 et 52 ne dérivent des premières par la séparation des deux paires de demi-bâtonnets jumeaux. Ainsi, d'après cette explication, chacun des éléments de la couronne équatoriale de la fig. 17 donnerait naissance à quatre bâtonnets par deux divisions croisées : une transversale d'abord, une longitudinale ensuite. Pour interpréter les figures précédentes, les partisans d'une division longitudinale unique seraient forcés, semble-t-il, à admettre également deux divisions : après la division longitudinale, il faudrait faire intervenir une division transversale pour isoler les deux lobes des bâtonnets jumeaux dans leur partie hyaline fi). La première interprétation est beaucoup plus simple et plus conforme à la marche des faits. c) Cette interprétation rend compte d'ailleurs, avec la plus grande facilité, de toutes les autres images équatoriales. Dans les fig. 22 et 44 la division longitudinale est encore incomplète. Les bâtonnets s'ouvrent en deux moitiés qui restent unies d'un côté, au lieu de se séparer entièrement comme dans les fig. 21 et 24, x et j-, que nous venons d'analyser. Lorsque l'ascension polaire doit s'effectuer, tous les élé- ments de la couronne prennent la forme de bâtonnets droits ou arqués, placés dans toutes les directions, la plupart obliquement par rapport à l'axe du fu- seau. Mais à mesure qu'ils se détendent, grâce à l'écartement toujours crois- sant de leurs moitiés, ils s'infléchissent de plus en plus vers l'axe du fuseau et deviennent parallèles à cet axe. D'où il résulte que les deux demi-bâtonnets trapus, issus par division transversale d'un bâtonnet primitif de la couronne FIG. 18, jusque là superposés fig. 22 et 44, deviennent latéraux et paral- lèles, en même temps qu'ils prennent la forme de bâtonnets allongés et le plus souvent bilobés fig. 46, 48, 43. L. On voit encore sur plusieurs de ces figures des bâtonnets qui ne sont pas entièrement ouverts, ou amenés au parallélisme complet. '*^ L'explication de la fig. 25 est maintenant facile. Trois groupes de bâ- tonnets sont restés en retard à l'équateur, lors de l'ascension polaire. Dans celui du milieu, y, les deux demi-bâtonnets ne se sont pas encore rectifiés; tandis que, dans les groupes de droite et de gauche, ce phénomène a eu lieu : les bâtonnets superposés àe y se sont détendus en glissant l'un sur l'autre, pour ainsi dire, et sont venus se placer côte à côte. Sans avoir suivi la marche des phénomènes, on croirait avoir affaire dans cette figure à une simple division longitudinale. (i) A peu près à la façon décrite dans le passage reproduit plus haut, p. 2G3. APPENDICE 267 Ainsi, dans les exemples précédents, il y a également deux divisions au sein de la couronne ; mais l'une d'elles, la division longitudinale, demeure incomplète, les deux moitiés qui en résultent restant unies pour former un seul bâtonnet uniforme ou bilobé. d) Les phénomènes que nous venons de décrire en dernier lieu nous ont paru fréquents chez V Ascaris clapota; ils le sont moins chez V Ascaris lom- bricoidcs, fig. 43. Z.. Mais ils peuvent faire défaut, en partie du moins, chez l'une et l'autre espèce. Nous avons dit en effet, en expliquant les fig. 20 et 45, 13. Z,' et L', que les images cinétiques disparaissaient parfois avant la dislocation de la couronne; celle-ci se maintient alors dans l'état où elle se trouve sur la fig. 13. L-; on la voit environnée de toutes parts par le cytoplasme. Assez souvent les couronnes ainsi enveloppées présentent l'aspect des fig. 45, 41.Z, 20, 18, — en supposant naturellement que ces hgures soient arrivées à l'étape de la fig. 13. Z", ou plus resserrées encore, — c'est- à-dire que la division transversale y est seule nettement indiquée. Mais on rencontre aussi fréquemment des figures semblablement rétractées dont les bâtonnets sont marqués d'un espace hyalin fig 13. Z,' et L'-, ou déjà ouverts comme dans les fig. 22 et 44, ou 24 et 21. A mesure que le retrait de la figure s'accentue, tous les éléments se déplacent et se pressent, et il devient impos- sible de dire ce qu'ils deviennent au sein de l'espèce de noyau qui en résulte. Nous croyons cependant que la division longitudinale incomplète s'y effectue, et cela pour deux raisons : a) parce que nous avons rencontré plusieurs fois des figures analogues à la fig. 51, mais dont les rangées de bâtonnets étaient encore beaucoup plus rapprochées : on peut les interpréter en disant que les éléments de la fig. 13. L° se sont ouverts et changés en bâtonnets bilobés. b) A part les deux exceptions mentionnées à la p. 261 , nous n'avons pas remarqué, au moment de la formation des globules polaires, d'autres figures que les fig. 11 et 12 ou 33 à 35, dans lesquelles les bâtonnets minces et plus ou moins bilobés sont reconnaissables. Les phénomènes de la dis- location de ces couronnes enserrées seraient donc identiques à ceux des autres couronnes, â part cette circonstance que le mouvement de leurs éléments et l'ascension vers les pôles sont nécessairement supprimés. De l'exposition et de la discussion des faits qui se présentent dans la couronne équatoriale de nos ascarides, principalement de l'ascaride des gadoïdes, nous pouvons tirer les conclusions suivantes : Il y a généralement deux divisions qui interviennent à l'équatcur. La première est transversale; elle s'achève probablement toujours, soit avant, soit plus rarement après la résolution de la figure cinétique. 268 J- B. CARNOY La seconde est longitudinale. Habituellement elle s'indique sur la figure et s')' exécute d'une manière incomplète ; elle s'y achève par exception ; par- fois enfin elle est retardée jusqu'au moment de l'expulsion du globule. L'ascension polaire existe, mais elle peut faire aussi défaut. On. trouve à la fois chez le même individu toutes les variations que nous venons de mentionner. Ces résultats concordent dans leur ensemble avec ceux que nous ont of- ferts les cinèses del'ophiostome; ils en diffèrent cependant en quelques points. Chez l'ophiostome nous n'avons pas observé d'ascension vers les pôles; les globules peuvent se former, quoique rarement, avant l'achèvement de la division transversale; la division longitudinale s'indique à l'équateur, mais elle ne s'exécute que plus tard, assez souvent après l'expulsion du globule polaire. 3° Arrivons aux faits qui concernent l'élimination des globules polaires. A la formation des globules se rattache intimement la disparition ou la ré- traction de la figure cinétique; nous ne séparerons pas ces deux phénomènes. a) On se rappelle les fig. 7, 8 et 9. Elles prouvent à l'évidence que la plaque cellulaire s'établit dans le fuseau cinétique et que, par conséquent, la division polaire est une division ordinaire et typique. Car la présence des grands asters au sommet des couronnes et jusque dans le globule polaire lui-même rend tout doute impossible sur la signification de ces figures; c'est là un point de la plus haute importance. b) Malheureusement ces figures sont loin d'être communes; dans nos préparations elles constituaient au contraire une rare exception, aussi bien à la première cinèse qu'à la seconde; nous avons pris soin de le faire remarquer dans notre exposition eii soulignant les cas observés. N'oublions pas d'ail- leurs que dans la fig. 7 le fuseau est déjà en dislocation. Sur tous les autres œufs, où l'ascension polaire avait eu lieu à la suite de la division longitudi- nale, les choses se passaient autrement. La figure entre d'abord en réso- lution. Habituellement les filaments du fuseau s'effacent à l'équateur, fig. 6, et la figure se scinde en deux; puis les deux couronnes se rapprochent et finissent le plus souvent par se juxtaposer, fig. 10 et lO'. Peu à peu les asters eux mêmes disparaissent, et les masses nucléiniennes se retrouvent à nu dans le cytoplasme ovulaire, ainsi qu'on le voit sur les fig. 12 et 33 a. Enfin la plaque cellulaire qui s'établit dans le fuseau de séparation, souvent très réduit, vient isoler une des deux couronnes avec le globule polaire, fig. 12, 34 et 35. Notons cependant que sur plusieurs figures de la première préparation et APPENDICE '-^ÔQ sur toutes celles de la troisième, l'iG. 54 à 57, le liséré périphérique, cpie l'on peut identifier avec la membrane de la vésicule germinative, persiste durant la cinèsc. lùi se contractant à mesure que la figure disparaît, fig. 32, il rapproche les couronnes, au point jiarfois d'en faire un corps unique et com- parable à un noyau, fig 33^ et c. Ce corps subit le même sort que les cou- ronnes libres, lors de la formation du globule; seulement le liséré membra- noïde entoure encore souvent le fuseau de séparation, ainsi que la portion qui reste dans l'œuf. Ces phénomènes ont été décrits longuement dans un travail antérieur à propos de l'ascaride du porc et de l'ophiostome de l'oreillard. c) Mais, nous le savons, le retour vers les pôles n'est pas constant. Le plus souvent alors la résolution du fuseau commence aux deux pôles, FIG. 20 et 45, et marche vers l'équateur; en même temps la figure diminue de volume jusqu'à ne plus présenter que les dimensions des masses nucléi- niennes, ainsi qu'il a été dit plus haut, p. 267, d). Dans ce cas également, le fuseau de séparation est assez souvent entouré d'une membranule; cependant celle-ci peut se dissoudre comme le reste de la figure, avant la formation du fuseau de séparation, fig. 33, a. d) Nous avons souvent mentionné l'existence de ce dernier fuseau; il se rencontre en effet chez tous les nématodes que nous avons étudiés, cela n'est point douteux pour nous. Mais il s'y développe à divers degrés et y est plus ou moins reconnaissable. Chez l'ascaride des gadoïdes et celui du porc, dans lesquels nous venons de constater la formation des globules au milieu du premier fuseau, ou fuseau cinétique, on pourrait se demander si notre fuseau de séparation ne doit pas être identifié avec ce dernier. La distinction de ces deux fuseaux n'est en effet pas toujours des plus faciles. Pour les discerner, il faut tenir compte de tous les caractères ou phénomènes présentés par les diverses figures qui se rencontrent dans un animal. Quelques exemples feront comprendre notre pensée. Considérons d'abord les images de la seconde préparation. En compa- rant les fig. 2 à 9, il est aisé de se convaincre que la division polaire se fait au sein du fuseau primitif, tant la ressemblance entre toutes ces images est parfaite; la présence des asters achèverait au besoin la démonstration. Mais à côté de ces images, il existait pour les deux globules une longue série de figures beaucoup plus nombreuses, représentées par les fig. 10 à 12, 32 à 35, et reliées par une foule d'intermédiaires. Ces images prouvent sans conteste que la figure cinétique elle-même s'altère, à commencer par le fuseau, jusqu'à disparaître totalement; elles prouvent en outre que les couronnes 270 J. B. CARNOY libérées et rapprochées peuvent s'éloigner en restant unies par un nouveau et mince fuseau, d'autant plus accentué que l'œuf se bombe et lui permet de se développer davantage (i ). L'étude des images de la première et de la troisième préparation con- duit à la même conclusion. En général le fuseau cinétique s'efface à mesure que la figure se contracte; avant que le retrait ne soit complet, on n'en décou- vre déjà plus de traces sur beaucoup d'œufs. Mais lorsque la figure s'est ré- trécie au point de simuler un noyau par l'entassement de ses bâtonnets, ainsi que nous l'avons dit tant de fois, où serait le fuseau? Les éléments nucléi- niens sont alors plongés dans un caryoplasma ordinaire; morphologiquement parlant, le fuseau cinétique a disparu. Il en résulte que le fuseau qui relie les deux amas nucléiniens, lors de la division polaire, est de nouvelle formation et remplace l'ancien. Or, du moment que l'existence de ce fuseau doit être admise, même chez les espèces où la sépai"ation polaii'e se marque sur certains œufs dans le fuseau originel, aussi bien que chez les autres, et cela en même temps et dans le même animal, il est évident que l'on ne pourra se prononcer sur la nature d'un fuseau polaire que l'on aurait sous les yeux, avant d'avoir fait l'examen attentif des préparations, afin de saisir les caractères des figures et des asters, constater leur résolution ouïes changements qui s'y produisent, etc. Cet examen n'est pas même suffisant pour pouvoir se prononcer clans tous les cas. Car, alors même que l'on a constaté l'existence de la division équatoriale et de l'ascension polaire sur beaucoup d'œufs de la préparation, FiG. 28 à 30 par exemple, le doute est encore permis. En effet a) ces phéno- mènes, surtout le dernier, peuvent faire défaut sur d'autres œufs, b) le fuseau de filaments connectifs qui relie les couronnes, même lorsqu'il est puissant, FIG. 3 à 8, peut s'évanouir très tôt et rapidement. La FIG. 31 est une de ces figures douteuses. Certes, elle a une très grande ressemblance avec ses voisines, fig. 29 et 30, par son ampleur, son fuseau et ses couronnes ; de ce chef on pourrait dire que la bande sombre qui la traverse représente la plaque cellulaire et que, par conséquent, la division va se faire dans le fuseau primitif. Mais d'un autre côté si nous rapprochons cette figure des fig. 45, iSlJ et 51, nous arrivons avec autant (i) BovERi : 1. c, nous Tavons déjà fait remarquer, ne paraît pas avoir eu connaissance de la disparition des figures chez Tascaride lombricoïde, ni par conséquent des faits qui ont donné lieu à cette discution. Sa conclusion générale : que la division polaire se feraiit toujours dans le fuseau de la figure cinétique, est donc dépourvue de valeur probante. APPENDICE 271 de probabilité à une conclusion tout opposée. Après la disparition totale de la figure cinétique, les bâtonnets de la fig. 13. Z.-; venant à s'ouvrir, donneront naissance à deux rangées de bâtonnets bilobés, presque contiguës, lesquelles en seloignant au moment de la séparation du globule, prendront l'as- pect de la FIG. 51, et finalement celui de la fig. 31. Dans cette hypothèse, le fuseau de cette dernière serait de récente formation. Ces deux interpré- tations s"appuient également sur des faits observés chez le même individu. L'existence simultanée dans une même préparation — conséquemment dans un même ovaire à un instant donné — de la division au milieu du fuseau cinétique et de la disparition des figures avant toute trace de division com- plique singulièrement les phénomènes, et rend difficile l'interprétation de certaines figures. En résumé, la séparation des globules polaires se fait de diverses ma- nières, chez nos deux Ascaris : Dans le fuseau cinétique, avant la disparition de la figure; les exem- ples de cette division étaient rares. Dans un second fuseau, le fuseau de séparation, plus ou moins dé- veloppé, parfois indistinct, entouré ou non de la membrane nucléaire, ou membrane limitante de la figure. Ces divers modes se rencontraient à la fois dans la même préparation, c'est-à-dire chez le même individu. 4° L'interprétation que nous avons donnée des figures du premier globule s'applique de tous points à celles du second ; nous les avons du reste comprises dans la discussion précédente. Arrêtons-nous seulement un instant au premier stade de leur formation. a) Après l'expulsion du globule, il reste dans l'œuf 24 moitiés des 24 bâtonnets de la première figure, ouvertes en forme de bâtonnets allongés et généralement bilobés. Ces bâtonnets le plus souvent sont jetés sans ordre apparent; cependant chez l'Ascaris clavata on trouve des couronnes polaires assez bien conservées à l'intérieur de l'œuf : témoin la fig. 36,;/-, dans laquelle les bâtonnets, vus de profil, sont disposés parallèlement les uns aux autres. Quelle que soit leur distribution, ils sont plongés dans un plasma hyalin qu'un liséré membranoïde sépare du cytoplasme granuleux, fig. 9, 36 et 37. L'origine de cette membrane est diverse. Considérons d'abord la fig. 9; elle fait suite â la fig. 7. La couronne restée dans l'œuf, iv, s'est reconstituée en noyau véritable muni d'une mem- brane, ainsi que cela a lieu à l'issue de la cinèse typique. Il est possible 272 J- B. CARNOY que le même phénomène se soit présenté sur les deux autres figures : FiG. 36 et 37. Mais il se peut aussi que ces noyaux apparents aient pris naissance à la laçon qui a été décrite antérieurement chez l'ascaride lom- bricoïde et l'ophiostome (i). Nous avons vu en effet que dans les fig. 11 et 33 ^ et c, par exemple, la membrane de la vésicule, ou la membrane limitante de la première figure cinétique, persiste autour des couronnes rap- prochées, et est coupée par la plaque cellulaire pendant la division polaire; la moite intérieure de l'ancienne membrane continue donc à entourer l'amas de bâtonnets qui est maintenu dans l'œuf, et qui sert de point de départ à la seconde figure. Cette origine, dans certains cas, n'est pas douteuse, sur- tout chez l'ascaride lombricoïde (2). Que l'on veuille bien d'ailleurs ne pas se méprendre sur notre pensée. A propos de cette couche limitante, nous dirons ce que Mohl disait à ScHLEiDEN, en parlant de sa membrane primordiale : ne faisons pas de la chose une question de mots. Que le liséré qui se voit à la périphérie de certaines figures, ou des groupes nucléiniens restés dans l'œuf, ait appartenu en propre à la vésicule germinative, ou bien qu'il soit une simple dépendance du cyto- plasme, il n'en existe pas moins. Dans bien des cas, il constitue une mcm- branule aussi tranchée, parfois plus épaisse que la membrane nucléaire primitive, et sépare nettement la figure du reste de l'œuf; c'est là surtout ce que nous voulons affirmer. b) Quoi qu'il en soit, les 24 bâtonnets eux-mêmes demeurent tout à fait indépendants chez l'Ascaris clavata. Nous avons constaté plusieurs fois ce détail avec certitude, fig. 36 et 37. Nous n'avons pas été aussi heureux pour V Ascaris loinbricoïdes, mais on pourrait admettre par analogie qu'ils restent aussi séparés. Pendant que la figure se forme et se développe les bâtonnets viennent se ranger à l'équateur; ils sont souvent plus minces, plus allongés et comme étirés sur les filaments du fuseau, à peu près comme dans la fig. 16; finale- ment ils reprennent la forme bilobée dans les couronnes équatoriales des FIG. 38 et 39. Alors survient la division transversale, ainsi que tous les autres phénomènes qui ont été suffisamment discutés plus haut. (i) L c, PL. VII, FIG 188, 198, 208, 209, 224 à 228, etc. (2) BovERi, 1. c , affirme que le noyau se reconstitue. Cela peut avoir lieu lorsque la division se fait dans le fuseau originel; mais dans les autres cas, qui sont les plus fréquents, d'après nos observations, nous croyons plutôt que la membrane nucléaire dérive de la membrane antérieure qui enveloppait la figure, et n'est pas de récente formation. APPENDICE 273 5° Il nous reste une seule question à élucider. Comment convient-il d'envisager la division équatoriale transversale? Nous nous sommes déjà posé cette question en cherchant à interpréter les phénomènes qui se marquent dans la couronne équatoriale de l'ophio- stome, et qui sont, en beaucoup de points, semblables à ceux de l'Ascaris clavata. Nous nous sommes demandé alors: r, Est-elle en réalité une division t, transversale, comme toutes les apparences semblent l'indiquer, ou bien - n'est-elle que l'achèvement d'une division longitudinale antérieure? i. Cette question nous avait été suggérée par l'observation des faits. - En voyant, disions-nous, la division longitudinale se marquer à l'équateur - de la première cinèse, fig. 186, et s'accentuer pendant la formation du - premier globule, fig. 187, nous pensions que, aussitôt après l'expulsion - de ce dernier, les moitiés des six bâtonnets restés dans l'œuf se séparaient - à une extrémité, en demeurant rattachés pa? l'autre, comme cela se voit - dans certaines divisions équatoriales. Le fuseau se formant en même - temps , les deux moitiés , encore retenues l'une à l'autre, auraient été - étendues sur les filaments, sous la forme d'un tronçon unique. Telle - aurait été l'origine, assez compliquée d'ailleurs, des fig. 191 et 192, et - la division transversale n'eût été qu'apparente; elle se serait réduite à la - séparation définitive des deux moitiés issues d'une division longitudinale r> antérieure (1). « Un seul fait nous a d'ailleurs empêché d'accepter cette explication : l'achèvement de la division longitudinale, que nous avons cru remarquer chez l'ophiostome avant la formation de la seconde figure (2). Mais, nous le savons, cette division ne s'achève pas chez V Ascaris cla- vata; on peut admettre par analogie qu'il en est ainsi également chez V Ascaris lonibricdides . Les moitiés des 24 bâtonnets ouverts des fig. 36 et 37 ne se séparent pas â l'étape if\ elles restent unies jusqu'à la phase équatoriale, et c'est alors seulement que leur scission transversale se produit. Si nous avons bien interprété les faits qui se manifestent au sein de la couronne, on peut donc considérer la segmentation transversale comme le complément d'une division longitudinale antérieure. On se souvient que nous avons admis également la possibilité de cette interprétation pour la première figure cinétique (3). (1) L. c, p. 34 et 35. {2) Nous nous permettons de renvoyer à notre mémoire le lecteur désireux d'avoir de plus amples détails sur ce point. (3) Voir plus haut, p. 203. 274 J- B. CARNOY III. Normalité des figures. On conçoit que la singularité et la mobilité des figures cinétiques chez les nématodes nous aient vivement intrigué. Déjà dans le cours de nos re- cherches sur V Ascaris megalocephala, nous nous étions demandé bien des fois si les faits que nous constations étaient normaux. Pour nous en assurer, nous avons traité les œufs par les méthodes les plus diverses, et nous avons pris soin de nous servir de matériaux vivants et aussi frais que possible. /. Méthodes. Tantôt les œufs ont été exposés à l'action du gaz sulfureux, aux vapeurs d'acide osmique, de brome, voire même d'acide fluorhydrique ; tantôt ils ont été traités par l'acide nitrique dilué et l'alcool, l'alcool seul, l'alcool renfer- mant près de 200 fois son volume d'anhydride sulfureux, différentes liqueurs au sublimé corrosif, etc., enfin ils ont été soumis à l'action de l'eau bouillante, de l'alcool chaud et dilué à divers degrés. Ces méthodes ont été appliquées sur les œufs du porte-objets, ou sur l'ovaire lui-même, extrait de l'animal vivant. a) Les résultats généraux de ces essais sur l'ascaride du cheval furent les suivants : 1° On obtient sensiblement les mêmes figures avec tous ces réactifs, lorsqu'ils sont appliqués sur les œufs d'un même animal; 2° Avec des ascarides différents, on peut obtenir des figures différentes : les unes sont petites et rétrécies(i), les autres sont amples et largement ouvertes; ici le fuseau est concavo-convexe, là il est droit et ressemble à un fuseau ordinaire; tantôt les figures restent entières, tantôt la plupart d'entre elles se rupturent ou se brisent. Ces faits se constatent sur des ascarides provenant du même hôte, aussi bien que sur ceux qui sont hébergés par des animaux différents, et ayant vécu dans diverses localités. 3° Les œufs, du moins ceux qui sont à l'étape du premier globule, sont tués en peu de temps par plusieurs des méthodes précitées : traitement par l'acide fluorhydrique ou le brome, par le gaz sulfureux et l'alcool, l'acé- tone ou l'alcool sulfureux, enfin l'eau ou l'alcool bouillant. (i) Ces figures ont été décrites dans notre mémoire sur Y Ascaris megaloccpliala, p. 27. APPENDICE 275 4^ Les premières de ces méthodes conservent bien les œufs et les figures; la dernière, au contraire, c'est-à-dire l'ébullition même modérée dans l'eau ou l'alcool, les altère sensiblement. Les œufs, lorsqu'ils ne crèvent pas, se remplissent alors de masses volumineuses assez opaques, provenant de la fusion et de la coagulation des plaques vitellines; les figures et les asters se ratatinent, ou du moins se déforment. Quant à l'élément nucléinien, il subit lui-même des changements notables. Assez souvent la nucléine se scinde en masses isolées à l'intérieur des bâtonnets, mais elle s'accumule surtout à leurs extrémités; les éléments simulent alors deux bâtonnets distincts et sé- parés par un espace hyalin (1). Néanmoins, on trouve dans les préparations des figures qui sont mieux respectées et, en les rapprochant l'une de l'autre, on acquiert la conviction qu'elles étaient identiques à celles que fournissent les autres méthodes. Ainsi, par exemple, à côté de globules polaires renfer- mant des masses nucléiniennes plus petites et plus nombreuses, on en trou- vera d'autres avec quatre bâtonnets homogènes et bien distincts; on rencon- trera également des figures ouvertes à divers degrés, dont l'un ou l'autre groupe nucléinien présente des bâtonnets homogènes, au milieu d'autres qui paraissent coupés transversalement, ou dont les têtes sont rattachées par des traînées irrégulières de nucléine, etc., etc. Par cette méthode les œufs sont sûrement tués; elle peut donc servir de contrôle, et nous l'avons employée à diverses reprises dans ce but, avant la publication de notre mémoire sur l'Ascaris megalocephala. A la même époque , Gilson a bien voulu nous faire quelques séries de préparations à l'acide fluorhydrique et au brome. Ces réactifs nous ont paru momifier instantanément les œufs et les durcir fortement. C'est sur une de ces préparations, colorées au carmin, que nous avons distingué pour la pre- mière fois les figures rupturées. Les figures ouvertes encores intactes y étaient également bien conservées, et les bâtonnets nucléiniens uniformément colorés et d'une grande netteté. Ces deux traitements, d'une application désagréable et qui n'est pas sans danger, nous ont servi également de con- trôle, pour apprécier la fidélité des images obtenues par l'alcool sulfureux et, plus tard, par l'alcool acétique. b) Tous les autres nématodes nous ont fourni des résultats analogues. Il y en a du reste parmi eux dont les œufs sont tués avec la plus grande (i) Voir plus haut, p. iCii,. — Ces phénomènes s'observent aussi çà et là avec d'autres réactifs, sur le porte-objets. Nous avons remarqué souvent le retrait de la nucléine lorsque les ovaires sont plongés en entier dans l'alcool ou dans l'alcool sulfureux; dans le cas où les huit bâtonnets des figures sont placés côte à côte, et les deux groupes peu éloignés, on croirait avoir affaire à une division équatoriale transversale. 276 J B. CARNOY facilité : tels sont le filaroïde du putois et l'ophiostome de l'oreillard ; la membrane ovulaire y reste en effet toujours mince, même à l'époque de la sortie du second globule et de la segmentation. D'autres, comme la spirop- tère et la coronille, ont des œufs dépourvus d'enclaves volumineuses, et beau- coup plus transparents ; on réussit à en faire de bonnes préparations en les exposant aux vapeurs d'acide osmique qui les tue, sans les noircir outre mesure, et permet aux réactifs colorants d'y pénétrer presqu'immédiatement. Les figures que l'on obtient de la sorte sur la spiroptère sont légèrement dimidiées, et tellement identiques à celles que fournissent les autres procédés, que nous n'avons jamais pu y saisir le moindre caractère différentiel. Les grands asters surnuméraires, — ap de nos figures, pl. V — , en particulier, y étaient parfaitement développés. c) Notre attention fut de nouveau appelée sur la normalité des figures par la publication de la première partie du travail des frères Hertwig, sur le développement des œufs de l'oursin dans l'eau additionnée d'une minime quantité de substances nocives : hydrate de chloral, quinine, etc. (i). En par- courant les planches de ce mémoire, on est frappé de la ressemblance de certaines figures avec celles que nous avions publiées de V Ascaris inega- tocephala, surtout en ce qui concerne les asters surnuméraires (2). C'est pourquoi nous avons cru utile de faire quelques nouvelles séries de prépa- rations en vue de la présente conférence. Deux lots d'ascarides, provenant l'un d'un cheval, l'autre d'un bœuf, ont été utilisés environ 4 à 6 heures après la mort de leur hôte. On a surtout pris soin de faire passer et repasser l'alcool sulfureux, l'acétone renfermant jusqu'à 400 fois son volume du même gaz, et l'alcool acétique (3) sur les œufs du porte-objets, jusqu'à ce qu'ils soient tués, et colorés, séance tenante, par le vert de méthyle, etc. La description qu'on a lue plus haut (4) des 12 préparations, qui ont été exhibées devant la société belge de Microscopie, montre à quels résultats nous sommes arrivé : les nouvelles images étaient fondamentalement identiques à celles que nous avions obtenues antérieurement. Nous devons dire toutefois que la plupart des figures, quoique nettement dimidiées, étaient moins ouvertes, et pauvres en petits asters surnuméraires; mais ce sont là des différences d'ordre tout à fait secondaire, et qu'il faut plutôt considérer, ainsi que nous (i) G. u. R Hertwig : Ueber d. Bcfruchtungs- und Thcilungsvorgaiig d. tier. Eies iiiitcr d. Einfiiiss âusserer Agentien; Jenai. Zeitsch , B. XX, 8 janvier 1887, p, 120. (2) Voir plus haut, p 23o. (3) Alcool =:= (J vol.; acide acétique =r i vol.; chloroforme = 3 vol. Nous avons remarqué que l'addition du chloroforme rend l'action du réactif beaucoup plus rapide. (4) Ci-devant, p. 234 à 238. APPENDICE 277 l'avons déjà fait remarquer dans notre premier mémoire, comme des diffé- rences individuelles; il serait difficile en effet de trouver deux ascarides qui ont absolument les mêmes figures quant aux détails accessoires. Sur deux individus provenant du bœuf, nous avons observé une particu- larité que nous n'avions pas encore constatée. Les deux tubes ovariques de chacun d'eux avaient des figures fort différentes. Dans l'un, tous les œufs en première cinèse, sur lo à 12 porte-objets, portaient des figures très petites et fort rétrécies; dans l'autre, on ne trouvait que d'amples figures, munies de grands asters primaires et tertiaires. Nous relevons ce fait, car il prouve que les variations sont inhérentes aux œufs pendant leur séjour dans l'ovaire : toutes les préparations, au nombre de plus de 40, ayant été faites en même temps, et traitées exactement de la même manière et avec les mêmes soins, à l'aide d'un même réactif, l'alcool acétique. Telle est d'ailleurs la conclusion générale qui se dégage des essais et des observations mentionnées dans ce paragraphe. d) C'est également dans le but de nous éclairer sur la nature et le caractère des figures cinétiques que nous avons entrepris nos nouvelles re- cherches sur l'ascaride du porc et celui des gadoïdes, dans les conditions particulières qui ont été détaillées plus haut, p. 248 et 257. Plusieurs nématodes bien vivants, extraits ensemble du même animal ont été sacrifiés en même temps; leurs œufs, rapidement dissociés dans leur liquide naturel ont été traités absolument de la même manière par les mêmes réactifs. Chez l'Ascaris clavata, pour qu'aucune figure n'échappât à l'observation dans les trois individus mis en expérience, on a dissocié sur un seul porte-objets, toute la portion ovarique de chacun, contenant les œufs en cinèse. Nous avons cru nous placer ainsi dans les meilleures conditions pour atteindre notre but. Le lecteur connaît les résultats qui ont été obtenus. 1° Chez l'ascaride du porc, les deux individus jeunes avaient de gran- des figures, libres dans le cytoplasme et munies d'amples asters primaires ou même tertiaires; dans les deux autres, plus âgés, les figures, moins dé- veloppées, étaient pour la plupart dépourvues d'asters et entourées d'un liséré membranoïde. Il eut été intéressant de s'assurer si ces différences se présentaient uni- formément sur tous les ascarides jeunes, et sur tous ceux de taille moyenne. Malheureusement le loisir nous a manqué pour les sacrifier en même temps que les premiers. Nous devons donc nous contenter de signaler le fait observé. Il peut n'être qu'accidentel, mais il pourrait aussi faire soupçonner une certaine influence exercée par l'âge sur les figures des œufs. Ce qu'il importe 278 J- B. CARNOY de noter dès â présent, c'est ceci : des individus placés dans des conditions de vie identiques présentent des divergences assez notables dans les détails cinétiques. 2° Dans l'ascaride du cabillaud, les mêmes différences sont plus nette- ment accusées encore, sur les trois préparations; la dernière ne montre plus que des figures ébauchées, pour ainsi dire, à l'intérieur de la vésicule ger- minative. Quant aux autres nématodes qui se trouvaient en même temps dans le cabillaud d'où provenaient les trois premières préparations, ils présen- taient les mêmes variations; deux étaient à petites figures, cinq ou six à figures très amples, semblables à celle de la deuxième préparation; mais, chez la plupart, les figures de la première préparation étaient de loin les plus communes. Ainsi, dans les deux séries d'expériences, on rencontre des variations qu'il est impossible de rattacher à l'action des réactifs, c'est-à-dire des variations individuelles, principalement en ce qui concerne le développement des figures, la présence et l'étendue des asters, etc. 3° Ce n'est point tout. Nous avons signalé, dans le cours de nos des- criptions, d'autres variations dans l'aspect et la facture générale des figures, d'individu à individu. En effet, dans chacune des préparations provenant du même ascaride, on trouve de grandes différences dans la marche des phéno- mènes cinétiques eux-mêmes, surtout à partir de la phase équatoriale. A chacune des cinèses, sur certaines figures les deux divisions s'achèvent à l'équateur, le retour vers les pôles s'effectue à l'habitude et les couronnes polaires, bien ordonnées et distancées sont reliées, par un fuseau connectif puissant. Sur d'autres, la couronne est stationnaire, du moins jusqu'à l'effa- cement complet de la figure. Ces deux termes extrêmes sont reliés par des intermédiaires. La division polaire a lieu, tantôt dans la figure primitive, tantôt après la résolution de cette dernière ou sa rétraction sous forme de noyau, etc., etc. Tous ces détails ont été suffisamment indiqués et discutés dans les pages qui précèdent. La conclusion qui en découle est évidente : ces variations sont inhérentes aux œufs qui les présentent. Car elles se voient côte à côte dans le même ovaire, vidé en entier sur un porte-objets, et dont tous les œufs, conséquemment, ont été traités à la fois et de la même manière par les réactifs fixateurs et colorants. Il y a donc des variations individuelles, dont les causes nous demeurent encore inconnues. Ne pourrait-on pas admettre que le liquide ovarique, dans lequel vivent les œufs, varie d'une quantité, aussi minime que l'on voudra, APPENDICE 279 dans sa composition chimique, d'un animal à l'autre, et même d'un tube ou d'un endroit à l'autre, surtout au point de vue des principes de désassimila- tion qui peuvent s'y trouver. Ensuite la composition chimique des œufs est-elle invariable? Chaque œuf vivant pour son propre compte, on peut croire que non. Or, les expériences de O. et R. Hertwig prouvent suffisamment que de minimes quantités d'alcaloïdes et d'autres principes chimiques exer- cent une influence considérable sur les phénomènes cinétiques. N'en serait-il pas de même dans les tissus et les plasmas naturels ? e) D'ailleurs on aurait peut-être tort d'exagérer la nécessité de la mort instantanée des œufs sur le porte-objets, pour pouvoir conclure à la normalité des figures cinétiques. Nous ne nierons pas que les œufs en figure du second globule, capables de vivre apparemment pendant longtemps dans l'alcool, même additionné de vert de méthyle, puisqu'ils y conservent leur aspect hyalin et n'absor- bent pas de matière colorante, nous ne nierons pas, disons-nous, que ces œufs ne puissent subir, comme ceux de l'oursin dans les expériences de R. et O. Hertwig, certaines modifications anormales dans leurs figures : par exemple, dans l'extension ou la multiplication des petits asters, le degré d'ouverture ou la rupture du fuseau en 6 ou 7 branches, etc. (1). Mais la réalité de ces modifications ne nous est point démontrée. Nous trouvons dans nos notes anciennes les deux observations suivantes. L'œuf de la fig. 72, PL. III, a été suivi sur le porte-objets pendant plus d'un jour; la figure n'avait nullement changé, et aucun aster ne s'était produit dans le cytoplasme transparent, en dehors des asters primaires. Nous avons constaté la même immobilité sur trois images semblables aux fig. 73 et 75, placées côte à côte dans le champ du microscope; lorsque, après 14 heures, le vert de méthyle y pénétra, leurs énormes fuseaux étaient encore entiers, et les figures ne s'étaient nullement altérées ou résolues. Sans vouloir attacher une trop grande impor- tance à ces observations isolées, il semblerait admissible que, dans ces con- ditions, les œufs, quoique vivants en apparence, sont cependant immobilisés. En tout cas, elles ne sont pas favorables à l'hypothèse d'une altération pathologique profonde sur le porte-objets, même des parties accessoires des figures cinétiques. La partie essentielle des figures, tout le monde en convient, est l'élément nucléinien. (1) Comme dans nos fig. 8q à 92, PI. IV, par e.xemple. 28o J- B. CARNOY Or, une chose nous a vivement frappé pendant nos essais comparatifs à l'aide des réactifs précités, c'est l'immuabilité de cet élément. Ce fait est surtout frappant chez VAscaris megalocephala. Dans cette espèce, nous l'avons répété à satiété, on trouve constamment deux groupes de quatre bâtonnets, plus ou moins séparés et distincts, dans la vésicule germi- native des œufs mûrs ou non mûrs et dans la première figure, deux groupes de deux bâtonnets dans la seconde figure, quatre bâtonnets dans le premier globule, deux seulement dans le second, ainsi que dans le no3'au définitif de l'œuf. Le lecteur voudra bien se rappeler la description de la 1 2^^ préparation de notre conférence, p. 238, qui forme pour ainsi dire la synthèse de cinèses polaires de cet ascaride. Ainsi, depuis la scission du boyau pelotonné dans les œufs très jeunes jusqu'à la formation du noyau de conjugaison, les diver- ses manières d'être de l'élément nucléinien forment comme les anneaux d'une chaîne continue. Supprimer un de ces anneaux, ce serait arrêter ou changer la marche des phénomènes durant les cinèses polaires, car chacune de leurs étapes est une conséquence de l'étape antérieure. Pour soutenir que nos figures sont pathologiques, il faut soutenir qu'elles le sont toutes. Mais comment admettre que cette longue série de phénomènes : la maturation de l'œuf, la formation successive des deux figures, l'élimination des deux globules, la reconstitution du nouveau noyau se soient exécutés d'une manière anormale dans le liquide du porte-objets en un temps si court? Car, sans aucun doute, avec les méthodes que nous employons les œufs sont tués et colorés en moins d'une heure, soit deux heures au maximum. Ensuite examinons une préparation tirée d'un endroit déterminé de l'ovaire d'un animal vivant. On trouvera toujours que les figures y sont telles qu'elles doivent être d'après la place qu'elles occupent dans notre série. Les phénomènes antérieurs qui, par hypothèse, ont dû s'exécuter normalement dans le corps de Vanimal, s'y sont donc déroulés comme sur le porte-objets. Faisons, par exemple, une préparation à l'endroit où les œufs sont en seconde cinèse. Qu'y trouvons-nous invariablement? des figures ouvertes avec deux groupes de deux bâtonnets identiques aux bâtonnets de la vésicule germinati- ve. Quatre de ceux-ci ont donc dû disparaître avec le premier globule ; on les y retrouve, du reste, au sommet des œufs. Il n'y a donc pas eu de division, soit transversale soit longitudinale, ni â l'équateur, ni aux pôles, ni pendant l'élimination du premier globule. Car si ce phénomène avait eu lieu, il y aurait nécessairement huit demi-bâtonnets dans la seconde figure. Cette di- • ArPENDICE 281 vision ne s'exécute donc pas davantage à l'état normal, ou sui l'animal vivant, qu'au sein des préparations. Cet exemple suffirait à lui seul pour démontrer que les figures cinétiques ne sont nullement modifiées dans leur clément essentiel, pendant la vie éventuelle des œufs au milieu des liquides fixateurs du porte-objets. Pendant que nous mettons la dernière main à la rédaction de ce cha- pitre, nous recevons la seconde partie du travail de O. et R. Hertwig(i). Nous avons lu avec intérêt les quelques lignes qu'ils ont bien voulu con- sacrer à nos figures de V Ascaris inegalocephala. Ils ne parlent que des asters extra-fusoriaux, que nous avons été le premier à signaler dans le cytoplasme, et ils les regardent comme des phénomènes pathologiques. Ils appuient leur assertionuniquement sur la singularité de nos figures, leur ressemblance avec certaines des leurs, et enfin sur les observations de Boveri, d'après lesquelles les cinèses subiraient des modifications dans le liquide de la préparation. Ces arguments sont-ils bien convaincants? Le lecteur en jugera par les pages qui précèdent. Il appréciera les mé- thodes que nous avons employées pour tuer les œufs à très bref délai, et les résultats qu'elles nous ont fournis. On conçoit que des œufs puissent se dé- velopper dans leur milieu naturel, l'eau de mer, additionnée seulement de petites quantités de substances nocives : hydrate de chloral, str5-chnine, etc., et cela d'une manière plus ou moins anormale, nous le voulons bien; mais on admettrait plus difficilement qu'il en soit de même dans l'acétone ou l'alcool sulfureux, l'alcool acétique additionné de chloroforme, l'acide fluorhydrique, le brom.e, etc. ; il 5^ a un abime entre ces deux sortes de milieux. Pour songer à assimiler leur influence, il faudrait au moins pouvoir s'appuyer sur des expériences positives. Or, l'expérience parle dans un sens opposé, car nos milieux tuent les œufs, sans leur laisser le temps suffisant pour poursuivre leur développement (2). Qu'on nous permette de le dire, nous (1) o. et R. Hertwig; Jenais. Zeitsch , B XX, 2' et 3° Heft, 23 mars, 1887, p. 485. (2) On lira peut être avec intérêt les résultats de quelques essais que nous avons tentés ave: divers réactifs sur des lar^-es d'asticot, afin d'amener leur mort. Ces larves, comme on le sait, ont une cuticule très résistante vis-à-vis des agents extérieurs, et peuvent être sous ce rapport comparées, sinon identifiées, aux œufs des nématodes. Solution très forte d'acide chromique : i5 à 20 heures. Alcool absolu pur : 3 heures. Alcool saturé de sublimé : 2'/, à 3 heures. Acide osmique à 2''/i3 ; 2 heures. Sérum fortement iodé : 10 minutes. Alcool sulfureux : (loo à i5o vol. de SO,) : 3 minutes. Acétone : 3 à 10 minutes. 93 282 J- B. CARNOY ne pouvons nous empêcher de regretter de semblables applications, faites à un objet inconnu, d'après de simples apparences de similitude. Ensuite, ce qui est pathologique chez l'oursin peut être normal chez les nématodes. La grande utilité que présente l'étude des phénomènes pathologiques réside précisément en ceci : qu'ils jettent de la lumière Gur les phénomènes normaux. N'est-on pas trop enclin généralement, surtout lorsqu'on se trouve en présence d'un fait nouveau, ou gênant pour une ihéorie, de le déclarer anormal, sans autre forme de procès? L'histoire des cinèses nous offre de curieux exemples de cette précipitation. Ainsi, il y a quelques années, Flemming n'hésitait pas à reléguer dans le domaine de la pathologie les couronnes multiples, ou les figures multipolaires observées dans les cel- lules cancéreuses, etc. (0. Mais voici que J. Denys, notre savant collègue, démontre à toute évidence (2) que ces couronnes, au nombre parfois de 20 à 40 dans un seul noyau, sont typiques dans les cellules géantes de la moelle! Quant à Boveri il aurait, au dire des Hertwig, traité les œufs par une méthode à l'abri de toute objection, c'est-à-dire une méthode qui tue les œufs instantanément, et il aurait ainsi obtenu des figures cinétiques ordi- naires et typiques. Malheureusement les Hertwig n'indiquent pas cette méthode, et nous n'avons pas encore reçu la note de Boveri; nous ne pou- vons donc en parler davantage (3). Acétone sulfureuse : 3 minutes. Acide acétique glacial ; 8 minutes. Alcool acétique avec chloroforme : 45 secondes. Chloroforme : 12 secondes. Eau de brome : i3 secondes. Eau de brome (i vol.) avec chloroforme (3 vol j liquide : 3 secondes Item, en vapeur : G à 7 secondes. Acide fluorhydrique très faible : 4 minutes. (1) Martin : Zur Kenntniss der indirecteii Kerntheilung ; Virch. Arch., B. 86, 1881 ; et J. Arnold : Ueber Kcnithcilioig und vielkernige Zellen; Virch. Arch., B. 98, 1884. (2) J. Denys : La Cytodierese des cellules géantes, etc ; La Cellule, t. II, 2° fasc, p. 240. (3) Nous sommes aujourd'hui en possession de cette note. Boveri traite les œufs par l'alcool bouillant additionné de 1 \ d'acide acétique; il prétend avoir ainsi constaté l'existence de la division équatoriale et de l'ascension polaire, à la façon habituelle. Nous n'avons pu nous procurer à' Ascaris megalocepliala depuis que nous connaissons cette méthode; nous n'avons donc pu l'appliquer, ni la contrôler. Mais nous sommes assez porté à croire que, malgré la présence de l'acide acétique, on abouiit par elle aux mêmes résultats qu'avec l'ébullition dans l'alcool seul à divers degrés, du moins en ce qui concerne Télément nucléinien ; voir plus haut, p. 275. Cette méthode est violente et doit altérer des figures aussi délicates. En effet, elle détermine aisément, plus aisément encore que les autres méthodes, le retrait de la nucléine vers les extrémités des bâtonnets, et produit ainsi l'illusion d'une division transversale. D'ailleurs, Boveri n'ayant pas observé la résolution si fréquente des figures avant la formation des globules n'a pu recueillir les données nécessaires pour éviter la confusion entre le fu5:eai.i originel et le second fuseau. APPENDICE 283 //. Matcriaitx. Nous avons pris soin de nous servir pour nos recherches de matériaux vivants et aussi frais que possible. Nous supposions en effet que les œufs auraient pu subir des altérations dans les animaux morts depuis peu de temps, ou même dans les animaux encore vivants, mais extraits de leur hôte, ou séjournant dans ce dernier après qu'il a été sacrifié. Il s'écoule en effet ha- bituellement un certain temps avant qu'on puisse utiliser sur le porte-objets les matériaux que l'on a recueillis. Lorsque l'hôte est un animal à sang froid, un poisson par exemple, sa mort ne peut changer immédiatement les conditions d'existence de ses parasites intestinaux. Il n'en est pas de même si l'hôte est un animal à sang chaud : l'abaissement de température que subit bientôt le parasite pourrait à lui seul exercer une influence fâcheuse sur sa vitalité et snr les phénomènes qui en dépendent. Pour écarter cette objection, nous nous sommes servi : a) de nématodes vivants, et b) aussi frais que possible, c'est-à-dire que nous les avons utilisés dans le plus bref délai après la mort de leur hôte, surtout lorsque ce dernier est un animal à sang chaud. Nous avons mentionné plus haut, p. 249 et 257, la manière dont nos observations sur V Ascaris clavata. et nos nouvelles recherches sur V Ascaris lombricoïdes ont été conduites. La plupart de nos observations sur l'ascaride du cheval ont été faites dans les mém.es condi- tions ; les divers lots de ces animaux qui nous ont été fournis furent utilisés environ 4 à 6 heures après leur extraction de l'animal où ils vivaient. Malgré tous nos efforts, nous ne sommes malheureusement jamais parvenu à pouvoir tenter nos expériences sur des animaux pris à l'abattoir même, au moment où le cheval était sacrifié ; les plus frais que nous ayons reçus avaient été extraits quatre heures après la mort. Nous avons été plus heureux avec la O et R. Hartwig vont peut être un peu vite en besogne en affirmant de confiance que Boveri a démontré que ces cinèses sont typiques, et que, par conséquent, nos figures sont en partie entachées d'anomalie. Nous n'avons observé aucun des phénomènes signalés par Boveri, sur les Ascaris megalocephala qui ont passé par nos mains. Les animau.\ que nous avons sacrifiés sont si nombreux, et de provenance belge si diverse, nos méthodes de préparation ont été si variées que nous nous croyons autorisé à maintenir nos asser- tions Du reste, Boveri dit que ces observations ne sont pas terminées, et son travail, que nous sachions, n'a pas encore paru. En considérant les variations si nombreuses qui existent chez d'autres espèces, on se demanderait volontiers si elles ne pourraient pas se rencontrer également chez l'ascaride du cheval, surtout sur les individus provenant d'autres pays; le milieu où vieent ces animaux doit en effet varier, suivant la nourriture, etc, et rien ne permet d'affirmer que les phénomènes biologiques des oeufs n'en sont pas influencés, lorsqu'on voit de si minimes quan- tités d'u ncorps chimique rendre les cinèses de Voenf d'oursin méconnaissables. 284 J- B. CARNOY spiroptère ; nous avons pu en retirer nous-même d'une taupe que nous venions de saisir, et les soumettre immédiatement à l'observation. Or, en opérant sur l'Ascaris megalocephala, 4 heures, 6, 8 ou 12 heures même après la mort du cheval, nous avons toujours observé les mêmes figures, quant à leurs caractères essentiels, et cela sur toutes les préparations. Seulement il nous a semblé que, après la mort des ascarides eux-mêmes, les figures s'effaçaient et entraient en résolution beaucoup plus facilement, même celles qui se trouvaient seulement aux premiers stades de la cinèse. Mais aussi longtemps que les nématodes sont en vie, les figures qu'on y trouve ne diffèrent pas de celles que nous avons décrites, en tenant compte des différences qui se manifestent d'individu à individu. Quant aux figures de la spiroptère, elles étaient aussi les mêmes sur les vers extraits de la taupe vivante, et sur ceux qui nous arrivaient 6 ou 8 heures seulement après la capture de leur hôte. Nous noterons en particulier la présence des grands asters plasmatiques, sur les premiers aussi bien que sur les seconds. La conclusion qui découle de nos observations est la suivante : aussi longtemps que les nématodes sont en vie, leurs figures cinétiques sont normales. Nous dirons toute à l'heure le doute qui peut subsister encore à ce sujet. Cette conclusion s'imposait déjà à la suite de nos observations sur les figures dimidiées des sauterelles, avec une rigueur presque mathématique. Les cellules testiculaires ont des parois minces et d'une extrême délicatesse; aussi sont-elles instantanément tuées et fixées par l'acide osmique , etc. L'animal d'où on les extrait en deux secondes est plein de vie : on l'a saisi dans les sables ou sur une berge quelques minutes auparavant, sans lui imprimer la moindre lésion. Enfin ces figures se rencontrent à toutes les étapes de la dimidiationau milieu d'une infinité d'autres figures ordinaires, sur la même préparation. On peut même les distinguer à frais, sans le secours d'aucun réactif, sur le porte-objets où l'on a dissocié les cellules dans le liquide testiculaire. C'est ainsi que nous les avons retrouvées chez un autre acridien, V Acridiiim lineola, à Porte d'Anzio et à Pompei; une simple goutte de vert de méth3de nous fit voir que nous ne nous étions pas trompé. Le doute n'est donc pas possible : les figures dimidiées des sautei'elles, qui sont aussi largement ouvertes que les plus amples de Y Ascaris megalo- cephala, sont normales, c'est-à-dire qu'elles existent comme telles, et avec tous leurs caractères, au sein de l'animal vivant en pleine liberté. Pourquoi n'en serait-il pas de même chez d'autres animaux, chez les nématodes en particulier ? APPENDICE 285 Concluons. Les figures ne s'altèrent pas notablement dans le liquide du porte-objets : elles sont donc normales, c'est-à-dire qu'elles existent comme telles dans l'animal, au moment de Pexpe'rience. Il y a des variations individuelles, non seulement d'un animal à l'autre, mais d'un tube ovarique à l'autre, et d'un œuf à l'autre dans le même ovaire et à un moment donné. Ces conclusions nous paraissent rigoureuses l'orsqu'il s'agit de némato- des vivants, extraits d'un animal à sang froid. Elles le sont moins pour ceux qui proviennent d'animaux à sang chaud. Pour achever notre démonstration il aurait fallu pouvoir opérer sur des Ascaris Innibricoides et inegalocephala, au moment où leur hôte est sacrifié. Nous avons déjà dit que nous n'}' étions pas pai~v'enu; il est difficile de faire comprendre l'importance de ces menus détails au personnel des abattoirs. Nous le regrettons, car nous ne pouvons dire ce qui se passe chez ces nématodes pendant les 5 ou 6 heures qui précédent l'observation microscopique. Cependant il serait difficile d'admet- tre que ce temps est suffisant pour changer entièrement la marche des phé- nomènes sur tous les œufs de l'ovaire, depuis la scission de la forme pelo- tonnée jusqu'à l'expulsion du second globule; nous avons vu en effet, p. 2S0, que tous ces phénomènes forment une série ininterrompue, dont chaque étape dépend de l'étape antérieure. Il y a donc lieu de croire que les phé- nomènes observés sont normaux, à part peut-être certains détails accessoires que nous avons déjà mentionnés. IV. Variations des cinèses; Terminologie concernant la division; — Réponse à Flemming {i). Nous remercions sincèrement Flemming d'avoir bien voulu s'occuper de nous, en consacrant le lo^ chapitre de son travail à notre r Cytodierèse cliei les arthropodes. - Nous lui sommes d'autant plus reconnaissant qu'il a dû dédaigner le conseil qui lui a été donné au congrès de Berlin, l'an passé, par un de nos compatriotes que l'on n'accusera pas de chauvinisme : - m'est avis, disait ce charitable collègue, qu'un homme de la valeur de - Flemming ne devrait pas perdre son temps à contrôler et à réfuter des 1) W. Flemming : Seue Beitràge ^ur Kenntniss dcr Zellc: Archiv f. mik. Anat.. B. XXIX, p. 449. 286 J. B. CARNOY y publications comme celles de Carnoy (i)! - La conduite du savant de Kiel lui fait honneur, car elle prouve qu'il est un ami sincère et dévoué de la science, ayant à cœur de se montrer libre et indépendant vis-à-vis des coteries, ainsi qu'il est seyant à tout homme honnête. Flemming ne s'occupe pour le moment que d'un chapitre assez restreint de notre ouvrage : de la dislocation de la couronne équatoriale, et, à cette occasion, des variations que nous avons signalées dans les phénomènes ca- ryocinétiques des cellules testiculaires. Il termine par quelques remarques critiques sur notre terminologie de la cinèse. I. Variations cinétiques. Parcourons d'abord les faits, en faisant abstraction pour un moment de l'interprétation dont ils sont susceptibles. A. En commençant nos recherches sur les arthropodes, en 1882, nous pensions que le schéma bien connu de Flemming, — exigeant que la divi- sion longitudinale des bâtonnets se fasse dans la couronne équatoriale elle- même, — devait recevoir une application générale. Cette conviction ne fut pas de longue durée. /. Cellules testiculaires. a) Bientôt en effet nous décrouvi'îmes dans les cellules testiculaires des sauterelles un fait qui nous parut important, que nous avons tenu à consta- ter rigoureusement (2) et sur lequel nous avons insisté d'une manière particulière, à savoir : la dislocation de la couronne sans division, soit longitudinale, soit transversale, des bâtonnets; en d'autres termes, l'absence de toute dii'isiou au sein de la couronne. Plus tard, nous avons constaté le même phénomène dans plusieurs autres groupes d'arthropodes. PYemming vient de montrer à son tour que les choses se passent exacte- ment de la même manière dans son honiœotypische Form, chez la salamandi'e. (1) « Herr Van Bkneden meint dasz ein Mann von Flemmin'g's Bedeutung nicht seine Zeit damit « verlieren sollte, Publicationen wie diejenen von Carnoy zu prùfen unJ zu widerlegen. » — Tous les savants sérieux apprécieront comme il doit l'être ce langage méprisable. (2) Voir p. 33o à 332 de la Cytodiércse. i APPENDICE 287 t) Cette particularité ne fut pas la seule qui s'offrit à nos observations. Parmi les couronnes cjui subissaient la division équatoriale, nous en avons rencontré un certain nombre dont les bâtonnets, au lieu de présenter le cli- vage longitudinal, prétendument typique, subissaient la scission transversale. Flemming a également constaté cette scission chez la salamandre dans le mode de division qui constitue son heterotypische Form. c) A côté de ces deux modes particuliers de dislocation de la couronne, nous avons trouvé le mode ordinaire, avec clivage longitudinal suivant le schéma typique. Flemming n'a pas observé la ^ geipohiiliche Mitose - dans le testicule de son batracien; c'est du moins ce qu'il faut conclure de son exposé. 11 a constaté que la division longitudinale y avait lieu dès la forme pelotonnée. d) Nous avons signalé une quatrième variation, non moins curieuse que les précédentes : la présence de la division longitudinale au sein des couronnes polaires. Flemming avait déjà remarqué autrefois ce détail chez la salamandre, mais il le regardait comme pathologique; revenant aujourd'hui sur cette opinion, il le considère comme normal dans son heterotypische Form. é) Quant à la facture générale des figures, nous y avons distingué deux formes principales : celles à bâtonnets ou anses parallèles, dès le début; celles à bâtonnets dispersés ou éparpillés après la scission du peloton, comme dans la cinèse ordinaire. Des deux formes de Flemming, l'hétérotypique rappelle surtout notre forme parallèle par la ^ Tonnenform " qui termine la ^ Metakinese. " /) Autre détail important. Nous n'avons jamais rencontré nos deux types précités de figures dans un même cyste; s'ils se présentent dans un cyste, avons-nous dit, p. 326, ce ne peut être qu'à des cinèses ou à des géné- rations différentes. Flemming affirme également que ses deux formes homœo- et hetero- typische se rencontrent dans des cystes ou à des génératious différentes ; il a seulement trouvé par exception deux cystes où ses formes étaient mélangées ( 1 ) . g) Enfin, chezles arthropodes, la cinèse subit des variations secondaires, des modifications ou des dégradations plus ou moins considérables et de diverses sortes, qui vont parfois jusqu'à la rapprocher insensiblement de la sténose. (i) Voir son tableau-résumé, p. 401. 288 J. B. CARNOY Flemming a reconnu également chez la salamandre un certain nombre de variations et de figures particulières, (ses Varianteii), qu'il décrit dans son 8^ chapitre (i). En résumé, les observations de Flemming soit la confirmation éclatante des nôtres; tous les principaux faits que nous avons découverts chez les ar- thropodes, le professeur de Kiel les a retrouvés dans la salamandre. Il y aurait donc, malgré tout, quelques bonnes bribes à glaner dans des publica- tions comme celles de CarnOy!! Outre ces faits, nous en avons signalé d'autres dont Flemming ne parle pas, et qu'il n'a sans doute pas observés chez la salamandre. h) Rappelons d'abord les figures dimidiées des sauterelles, dont il a été question au début de cette conférence, p. 231. L'ascension polaire n'y existe pas; les couronnes se forment latéralement, grâce à l'ouverture de la figure, et la plasmodiérèse s'y effectue dans une direction diamétralement opposée à celle des cinèses ordinaires. Ce fait est important; Flemming pourrait y trouver une nouvelle typische Form de sa r Mitose. « i) Parmi les couronnes, les unes sont à bâtonnets droits, les autres à bâtonnets recourbés. Chacun de nos types peut donner naissance à ces deux sortes de couronnes, aussi bien la forme parallèle (2) que la forme ordinaire. En outre, à une cinèse donnée, » toutes les couronnes d'un cyste sont identi- ques; elles sont toutes ou bien à bâtonnets droits, ou bien â bâtonnets incurvés, p. 329. « j) La distribution des bâtonnets dans la couronne est variable. A ce point de vue, il y a lieu de distinguer les couronnes pleines et les couronnes creuses. Dans les premières les bâtonnets occupent toute la section du fuseau, tandis que dans les secondes ils sont ordonnés à la périphérie en un cercle régulier. Les cellules testiculaires d'un même animal peuvent offrir ces deux variétés dans le cours de leur évolution (3). k] S'il est vrai que, au moment de la cinèse, la membrane nucléaire dis- paraît dans un très grand nombre de cas, il est vrai également qu'elle sub- siste parfois jusqu'à l'étape des couronnes polaires, et même jusqu'à la reconstitution des noyaux. Il y a donc des cinèses intérieures, ainsi que nous les avons appelées. (1) Flemming p. 443 : Anomale Abweichungen der Mitose bei den Spermatocyten, und Entartungs- formen von Kernen. — Voir sur sa pl. XXV les « Varianten ». (2) La Cytodiérese che^ les arthropodes, p. 329. (3) Voir ce que nous avons dit à ce sujet, surtout à propos de VAstacus; 1. c, p. 327. APPENDICE 289 Lorsque les asters existent, leur développement est des plus variables : ici, ils intéressent le cytoplasme tout entier, là, ils sont ti-ès restreints. Nous pouvons nous borner à ce résumé succinct. //. Cellules oviilaires. Pour faciliter l'intelligence de la présente discussion, il convient de tracer également un aperçu des faits que nous avons observés sur les œufs des animaux. Flemming les passe sous silence dans sa critique; il ne fait même pas mention de notre travail sur V Ascaris megalocephala, publié une année auparavant. Nous devons réparer cette omission, car nos divers mé- moires sur les nématodes constituent une partie notable de notre Cytodiérèse chei les animaux; en faire abstraction serait tronquer et mutiler notre travail. Dans les œufs, les variations cinétiques ne sont ni moins frappantes, ni moins étendues que dans les cellules testiculaires ; la preuve en est fournie par les cinèses polaires des nématodes, les seules que nous ayons étudiées d'une manière spéciale. a) Chez V Ascaris inegalocephala et quelques autres, il n'existe, d'après nos observations, aucune sorte de division, ni avant, ni pendant, ni après la phase équatoriale, soit de la première, soit de la seconde cinèse. La divi- sion longitudinale peut s'annoncer, il est vrai, par des indices sur les bâton- nets, mais elle n'a lieu qu'après la résolution de la seconde figure, ou même, le plus souvent, après l'expulsion du second globule, et la reformation du noyau définitif de l'œuf. Cette absence de toute division durant deux cinèses consécutives est des plus remarquables, et mériterait à coup sûr d'être élevée au rang de type par Flemming. b) Au contraire, chez V Ascaris clavata et ceux de son type, une double division interviendrait au sein de la couronne équatoriale : une transversale et une longitudinale. Mais, même dans ces espèces, il y aurait bien des variations à noter. Habituellement la première de ces divisions se complète dans la couronne; parfois cependant elle est différée jusqu'après la résolution de la figure et même, sur certains œufs de l'ophiostome, jusqu'après l'expulsion du globule lui-même. La division longitudinale peut s'exécuter à l'équateur de la figure; quoique indiquée, elle n'a lieu assez souvent que plus tard, après la dispa- rition du fuseau et le retrait de la figure, ou même après la division polaire chez l'ophiostome. 94 290 J. B. CARNOY Enfin, rarement cette division est complète, le plus souvent les éléments s'ouvrent par une extrémité seulement ; ils restent unis par leur base et se présentent sous la forme d'un bâtonnet ordinaire. c) L'ascension polaire a lieu sur un certain nombre de figures. Mais ailleurs elle fait défaut, la figure disparaissant avant la dislocation de la cou- ronne ; ce cas se présente chez tous les ascarides du second type, principa- lement chez l'ophiostome. d) Nous avons insisté sur les différences qui existent enti-e les deux figures et les deux globules polaires, entre la vésicule germinative et le noyau définitif de l'œuf, au point de vue du nombre des éléments nucléiniens qu'ils renferment, suivant que la division équatoriale se fait ou ne se fait pas. Dans le premier cas, ce nombre reste partout constant : il est de 24 chez VAscaris clavata, par exemple; tandis qu'il est variable si la division n'a pas lieu : ainsi, il est de 8, 4 ou 2 chez VAscaris megalocephala. e) Nous ne ferons que rappeler les divers modes de formation des globules eux-mêmes: ici dans le fuseau cinétique; là dans un second fuseau, qui d'ailleurs ne se marque pas toujours sensiblement. Les détails que nous venons de donner à propos VAscaris clavata, p. 26S, etc., complètent ceux qui ont été décrits chez VAscaris megalocephala et ses semblables. f) Les cinèses polaires sont totales ou intérieures; parfois chez certains individus ces dernières existent seules, p. 255. g) Durant la segmentation de l'ophiostome, nous avons signalé cer- tains cas de division longitudinale au sein du noyau, au moment de la scis- sion de la forme pelotonnée et, conséquemment, avant la formation de la figure cinétique. B. Avant d'ahordev Viiiterpre'taiion des faits, il est nécessaire de faire quel- ques remarques pour écarter les malentendus, et ramener au jour un sujet qui paraît s'embrouiller. On se ferait une idée assez inexacte de nos vues sur la cinèse, si l'on s'en tenait au résumé tracé par Flemming. D'après ce qu'il dit à la p. 450 et 452, notre forme ou type parallèle, qu'il rapproche de ses ^^Tonnenfigiiren- de la salamandre, serait synonyme de nos -^ couronnes à bâtonnets droits «; et dans cette forme seulement aurait lieu la division transversale, signalée par nous au sein de la couronne équa- toriale. Ce sont là deux assertions fautives. APPENDICE 291 Nous venons de rappeler que la scission parallèle peut donner naissance indifféremment aux deux sortes de couronnes : celles à bâtonnets droits et celles à bâtonnets recourbés. En effet, à la p. 329, on peut lire les deux passages suivants : - On comprend très bien d'ailleurs que la scission en r anses parallèles et droites donne lieu à ces sortes de couronnes (à bâtonnets - en U); il suffit d'admettre que les bâtonnets qui en résultent s'incurvent à - leur partie médiane, chose toute naturelle puisqu'ils s'incurvent si souvent T durant les étapes précédentes dans l'autre mode de division. « Et un peu plus loin, en parlant des couronnes à bâtonnets érigés, nous ajoutons : r Lors de la scission parallèle, on voit les tronçons allongés se raccourcir - de plus en plus pour former directement les bâtonnets courts et trapus - de la couronne sans subir d'inflexion, fig. 258, 261 et 262. On peut suivre r- aisément ce phénomène dans certaines colonies où les cellules sont à r diverses phases de la première étape de la caryocinèse. " Dans la description particulière des cinèses des divers groupes nous avons insisté vingt fois sur ces deux sortes de couronnes de la forme parallèle. En ce qui concerne la division transversale, nous n'avons pas été moins explicite. A la p. 334 et 335, après avoir parlé de l'existence de ce mode de division, nous concluons en ces termes, y^ En résumé, dans trois V groupes différents (écrevisse, scolopendre, forficule), nous croyons avoir ^ constaté l'existence de la division transversale à l'équateur et, dans tous « les arthropodes, on trouve fréquemment des images qui peuvent s'y r rapporter. « Or, â la p. 303 et 319, on peut voir que nous n'avons pas observé le mode parallèle chez l'écrevisse ni la scolopendre; on n'y rencontre que le mode de scission ordinaire, c'est-à-dire en bâtonnets éparpillés! La scission équatoriale transversale n'est donc pas liée, d'après nous, à la forme parallèle. Flemming a dû être bien distrait, ou s'être contenté d'une lecture par trop cursive. Ce n'est point tout encore. Dans la note (86) de la p. 455, à propos du travail de Platner sur les lépidoptères, il dit que cet auteur nous combat catégoriquement en soute- nant que, sur les objets qu'il a étudiés, la division équatoriale est toujours longitudinale. Cela s'appelle enfoncer une porte ouverte à deux battants. En effet, à la p. 278, après avoir affirmé que nous n'avions jamais observé chez les lépidoptères la dislocation de la couronne sans division, nous ajoutons : - Sans avoir rencontré dans les chenilles des images aussi démon- " stratives que chez les coléoptères, nous croyons cependant pouvoir y " admettre également la division longitudinale ^ et, en développant nos 292 J- B. CARNOY preuves à l'appui de cette assertion, nous critiquons l'opinion de Mayzel qui avait cru reconnaitre la division transversale chez les Liparisl Sans avoir nié l'existence éventuelle de cette division — chose dont nous nous garderions encore aujourd'hui, malgré le travail de Platner — nous n'avons pas un mot, ni une figure pour ce mode de dislocation, tant il était resté douteux pour nous dans ce groupe. La méprise de Flemming prouve une fois de plus la nécessité de recourir aux sources. A prendre à la lettre certaines expressions et certaines assertions de notre collègue, p. 452-455, il semblerait que nous n'avons jamais remarqué de traces de division longitudinale pendant le Knàuelstadium. Nous en avons cepen- dant ^ observé plus d'une fois sur divers objets, en particulier sur les cellules j> testiculaires des cloportes, des forficules, des agrions.... etc. '^ au reposfi). Seulement, nous avons pris soin d'ajouter qu'elles ne sont pas ^ un indice » certain d'une division longitudinale à son début, ^ et qu'il est nécessaire » de recourir à des indications plus précises pour prouver l'existence de cette y division. " Cette réserve nous paraissait commandée par la rigueur scienti- fique, et les faits que nous avons découverts chez l'ascaride du cheval, la spi- roptère, etc., en sont la justification. Déjà, au moment de la scission du boyau dans les œufs jeunes de l'ascaride du cheval, la nucléine ^ s'accumule surtout » à la périphérie du bâtonnet; ce qui lui donne l'aspect d'un élément entrant 55 en division longitudinale, division qui cependant n'aura jamais lieu, même n aux deux cinéses subséquentes (2). >- Ce phénomène est encore plus frap- pant chez la spiroptère (3). ^ A peine le noyau (de conjugaison) est-il élaboi^é, » que les deux bâtonnets entrent en division longitudinale.... Ils portaient n depuis longtemps des indices de cette division. Nous avons en effet men- r> tionné l'apparition, au milieu du bâtonnet, d'une ligne hyaline non colorable j) par le vert de méthyle, dès avant la première cinèse, au sein même de la » vésicule, fIg. 103. Nous avons retrouvé cette particularité dans tous les r> stades ultérieurs de la formation des globules polaires : témoins les fig. r 107, 114, 121 à 123; jamais cependant la division ne s'est réalisée. Nous V avons donc eu raison d'affirmer(4) que de tels indices peuvent se manifester » dans un noyau au repos, et qu'ils ne sont pas par eux-mêmes des indices V certains de dii'ision prochaine. ^ (1) La Cytodiérise cliej les arthropodes, p. 201. (2) La vésicule germinative etc., c/ie{ l'Ascaris megalocephala, p. 11. (3) La vésicule germinative etc., clie^ divers nématodes, p. 16. (4) La Cytodiérése che^ les arthropodes, p. 201. APPENDICE 293 Ces paroles prouvent clairement que notre attention était déjà attirée, avant 1885, sur les phénomènes de division qui pourraient se passer dans la forme pelotonnée, voire même dans le noyau au repos, et qu'elle n'a cessé de l'être depuis lors. On se rappelle peut-être que nous avons signalé récemment (Il l'existence de la division longitudinale dans le noyau sperma- tique au repos et encore en voie d'élaboration, longtemps, par conséquent, avant sa conjugaison avec le noyau femelle et son entrée en cinèse. Nous avions déjà étudié autrefois, à ce point de vue, la forficule et la demoiselle (Calopteryx virgo). Sur aucune préparation nous n'avons pu voir leur volumineux peloton, ou les tronçons trapus qui en résultent (2), formés de deux moitiés parallèles et séparées, comme Flemming le figure dans la salamandre. Mais c'est surtout le no3'au entrant en cinèse des grandes cellules-mères de l'écrevisse et de la scolopendre qui a été de notre part l'objet d'observa- tions suivies, précisément parce que, si nous ne nous trompons, nous avions constaté sur ces espèces la division équatoriale transversale. Le lecteur peut apprécier en parcourant les pages 303, 3i8, etc., le soin que nous avons mis à décrire le noyau au repos, la scission de l'élément nucléinien, la formation progressive des bâtonnets et leur aspect pendant la première phase de la cinèse. Rien dans cette description ne rappelle la division lon- gitudinale, ni les phénomènes observés par Flemming; nous n'avons jamais, en effet, constaté la présence de bâtonnets jumeaux et distincts, ni rencontré sa - Tonneufonn^, ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, p. 291. En présence de ces données négatives, trop peu nombreuses assurément pour nous permettre de rejeter l'existence de la division que nous cherchions, nous nous sommes contenté de relater les faits qui se passent dans la cou- ronne équatoriale, sans aller au-delà. Nous avons constamment parlé, Flem- ming le premier aurait dû le remarquer : de division équatoriale, soit longi- tudinale, soit transversale; de dislocation de la couronne, avec ou sans division, ou encore, accompagnée ou non de division; de retour direct et immédiat vers les pôles, ou de retour avec division préalable; de phénomènes qui se passent ou s'exécutent au sein de la couronne, ou à la phase équatoriale; de phénomènes équatoriaux, etc., etc. etc. Ce langage, toujours le même, et répété à satiété, loin d'impliquer la négation de la division longitudinale aux stades antérieurs, prouve au contraire que nous avons voulu expressément réserver cette question. A notre connaissance, elle n'avait encore été posée (i) Les globules polaires, etc. chej divers nématodes, p. 16 à 19, etc. (2) Semblables à ceuxde la PL. II, fig. 49 à 5i, PL. III, fig, 76 à 80 de La Cytodiérese c/iej tes arthropodes. 294 J- B. CARNOY par personne à cette époque, et nous nous proposions de l'étudier d'une manière plus approfondie, et peut-être avec plus de succès, sur d'autres objets, avant de faire part au public de nos idées sur la cause présumée des varia- tions équatoriales. On verra plus loin si nous avons réussi (i). Les faits que nous avions découverts, c'est-à-dire les trois modes de dislocation de la couronne, suffisaient amplement pour nier avec certitude la réalisation générale du schéma de Flemming, ainsi que l'existence obligée d'une division longitudinale à Véquateiir. Nous n'avons pas voulu dire et nous n'avons pas dit autre chose. Lorsque Flemming écrit, p, 450, en parlant de notre forme parallèle, qu'il n'a d'ailleurs pas bien comprise : « der Knâuel segmentirt sich, die Segmente, ohne das eine Liingsspaltiing stattgefunden liât, strecken sich parallel der Axe zu langen Staben, etc. y les mots qu'ils souligne viennent exclusivement de sa plume, et sont répudiés par notre texte tout entier. Il fait preuve d'une confusion plus grande encore à la page suivante, n° 3 : « Hiernach, dit-il, erkennt Carnoy naturlich der » Langsspaltung gar keine fundamentale Bedeutung bei der Mitose zu. Sie » kann ganz fehlen, und durch eine Querhalbirung der Segmente ersetzt " werden; und endlich kônnen beide fehlen. « Sans le savoir, sans doute, Flemming travestit notre langage autant que notre pensée. Il s'agit dans notre Cytodiérèse de dislocation de la couronne, et non de Mitose, c'est-à- dire de Cinèse. Cela est d'autant plus étonnant que, dix lignes plus loin, en résumant nos idées, et cette fois justement, il emploie les termes dont nous nous sommes toujours servi nous-méme : « die Dislocirung der /Equatorial- y> kronen geschieht ohne Theilung, mit Theilung, und zwar entweder « a) mit Langsspaltung, oder b) mit Quertrennung. y Voici, textuellement, les conclusions générales déduites de nos obser- vations sur la manière d'être de l'élément nucléinien dans les figures cinétiques (2). 1° « La dislocation de la couronne n'est pas essentiellement liée à la » àWision équatoriale ; ni, à plus forte raison, à la division longitudinale » des bâtonnets, ainsi que semblent l'admettre Heuser et plusieurs autres » observateurs, p. 332. - On le voit, nous écrivons toujours : dislocation de la couronne, division équatoriale, et non Cinèse\ Ce qui est tout différent; car la dislocation de la (1) Voir, p. 296, les faits que nous avons constatés sur certains noyaux, pendant les premières seg- mentations de Tœuf de rophiostome. (2) La Cytodiérèse che^ les arthropodes ; Conclusions; § I, p. 325 à 33c). APPENDICE 295 couronne et, en général, les phcnomcnes qui se passent à l'équateur ne sont qu'une des multiples phases de la cinèse. 2° - On pourrait dès maintenant formuler divers schémas, s'éloignant » de plus en plus de celui de Flemming qui n'est applicable qu'aux exemples y les plus complets de la caryocinèse totale. - Le point de mire de cette conclusion est encore la division longitudinale equatoriale, qui caractérise avant tout le schéma typique de notre collègue. La critique de Flemming, concernant ce que nous avons dit de la divi- sion longitudinale qui intervient parfois dans les couronnes polaires, ne nous paraît pas non plus entièrement justifiée. Nous avons affirmé, il est vrai, p. 336, que, dans certains cas, la division longitudinale était différée jusqu'à cette étape. Mais encore une fois, nous avons parlé uniquement de division equatoriale; chaque mot de la même p. 336 le prouve. Au même endroit, nous rejetons l'opinion de Van Beneden, dans son application aux cellules des arthropodes, en ce sens qu'une seconde division se ferait dans les couronnes polaires, - une première ayant déjà eu lieu à l'équateur, y toujours d'après le schéma de Flemming. Nous n'avons donc nullement mis en regard la division dans les couronnes polaires avec la division éventuelle dans la forme pelotonnée. Après ces remarques critiques, ou plutôt ces rectifications, il nous sera aisé d'aborder V interprétation des figures. On vient de le voir, nous avons constaté et catalogué les faits qui se passent dans la couronne equatoriale. Pour en trouver l'explication, nous avons étudié les phases antérieures à la couronne et les phases subséquentes. Dans le noyau et les premières phases de la cinèse, nous avons constaté çà et là des indices de division longitudinale, mais nous n'avons jamais vu celle-ci s'effectuer en réalité, soit d'une manière complète, soit d'une manière incomplète dans les cellules testiculaires des arthropodes. C'est pourquoi, voulant rései'ver ce point délicat, nous avons rédigé notre mémoire en conséquence, et rapporté toutes nos assertions et toutes nos descriptions aux phénomènes de la dislocation de la couronne equatoriale. Plus tard seule- ment, nous avons découvert la division longitudinale sur la forme pelotonnée de l'ophiostome; nous allons revenir sur ce point. Dans les phases subséquentes nous avons constaté l'existence de la division longitudinale aux sein des couronnes polaires. Nous avons appliqué 296 J- B. CARNOY ce fait à l'explication des phénomènes de la couronne éqiiatoriale ; nous avons admis que la division équatoriale pouvait être retardée, c'est-à-dire qu'elle pouvait se faire, ou s'achever seulement au stade polaire. Flemming, dans ses observations sur la salamandre, a été plus heureux que nous pendant nos recherches sur les arthropodes ; il a vu la division longitudinale s'exécuter dans le noyau au premier stade de la division, et il a profité de cette découverte pour interpréter les phénomènes de la couronne. D'après lui, tantôt les bâtonnets jumeaux, issus de la division longitu- dinale, restent séparés et viennent se placer plus ou moins régulièrement à l'équateur; il y a ensuite dislocation pure et simple, sans division. Telle est son ^ homœotypische Form. « Tantôt les bâtonnets se ressoudent par leurs bouts pour former des anneaux fermés et plus ou moins aplatis. Ces anneaux s'ordonnent paral- lèlement, de façon à ce que les extrémités soudées se trouvent dans le plan équatorial et la courbure des anses vers les pôles : ainsi naît la Tonnenforni, terminant la r> Metakinese. « Finalement, les extrémités se libèrent à l'équa- teur, c'est-à-dire que les anses parallèles semblent se scinder transversale- ment en leur milieu; mais, en réalité, cette scission n'est que l'achèvement de la division longitudinale initiale. Entre temps, une nouvelle division se marque sur les anses séparées; la division que l'on observe dans les couronnes polaires est donc une seconde division, la première ayant eu lieu dans la forme pelotonnée (i). Ce second mode est appelé ■' heterotipische Form » par Flemming. Nous n'avons aucune raison pour révoquer en doute les observations de notre savant collègue — nous n'avons d'ailleurs jamais étudié les cinèses testiculaires de la salamandre — , et nous acceptons volontiers les explications qu'il en donne, à part la remarque qui sera faite plus loin au sujet de la scission transversale. Mais il y aurait quelques observations à présenter sur l'application qu'il en fait aux cinèses des arthropodes. Flemming est en effet porté à croire que, chez ces derniers, comme chez la salamandre, notre dislocation de la couronne sans division, et celle qui est accompagnée de division transversale sont l'un et l'autre précédées d'une division longitudinale dans la forme pelotonnée. La division longitudinale des couronnes polaires, dont nous avons fait mention, serait également, d'après lui, une seconde division. (i) Nous devons nous borner à ces quelques mots qui nous suffisent, et renvoyer le lecteur au travail de Flemming pour tous les détails. APPENDICE 297 Flemming avoue ne pas avoir étudié les phénomènes cinétiques chez les arthropodes, depuis plus d'une année que notre ouvrage est publié. Il appuie ses présomptions : a) sur la similitude de certaines de ses figures avec les nôtres ; b) sur l'analogie. Mais ce sont là des bases très incertaines. Il y a chou et chou, disait Lafontaine; il y a tonnelet et tonnelet. Ensuite la logique n'autorise guère le raisonnement par analogie, basé sur un fait unique, car Flemming jusqu'ici n'a étudié que la salamandre. 1° Depuis que nous avons nous-méme découvert, pendant la segmen- tation de l'œuf de l'ophiostome, l'achèvement de la division longitudinale au premier début de la cinèse, comme Flemming l'a constaté de son côté dans les cellules testiculaires, nous sommes assez porté à admettre que la dislo- cation de la couronne sans division, se réalise parfois à la suite d'une division longitudinale antérieure : voici ce que nous avons écrit à ce sujet dans notre dernier mémoire sur les nématodes (1). ry Les FiG. 271 et 272 marquent une autre particularité beaucoup plus » curieuse. Dans la première, on aperçoit un noyau ordinaire, encore muni V de sa membrane, dans lequel non seulement la scission de la forme pelo- n tonnée s'est faite, mais la division longitudinale elle-même s'est achevée. ^ Nous avons rencontré une dizaine de noyaux semblables chez VOphiosto- r mum mucronatum. Ce fait ne nous a pas trop étonné, car, à l'inverse de r» ce qui a lieu chez le Filaroïdes mustelanim, la forme pelotonnée est r, épaisse et se scinde de bonne heure en douze tronçons trapus, sur les- j> quels on aperçoit immédiatement des signes de division; on conçoit donc ■K que celle-ci s'achève çà et là avant la formation de la figure. Le fait est y qu'il en est ainsi dans la figure précitée. La cinèse survenant, les bâtonnets, » d'abord répandus dans tout le noyau, s'acheminent vers l'équateur, comme « d'habitude, pour y former une couronne de vingt-quatre bâtonnets. Nous « croyons avoir vu deux de ces couronnes. Qu'arrive-t-il ensuite? Les bâton- r, nets subissent-ils une nouvelle division longitudinale, avant de retourner y> vers les pôles? Nous ne le pensons pas, pour cette unique raison que, n malgré nos recherches, nous n'avons pu trouver une seule figure où il y s eût plus de douze bâtonnets en retour de chaque côté vers les pôles, ou r> une couronne polaire assez fournie pour que l'on put songer à la présence " de vingt-quatre bâtonnets. Nous croyons donc qu'aucune division ne sur- n vient alors à l'équateur, et que la moitié des bâtonnets de la couronne se » retire simplement vers chacun des pôles. Ne trouverait-on pas dans ce (1) La segmentation de l'œuf che^ les nématodes, p. 77 (publié 4 mois avant le travail de Flemming). 95 298 J- B. CARNOY r: fait l'explication de ces cas de dislocation des couronnes équatoriales sans T division préalable, que nous avons signalés à plusieurs reprises dans les " cellules testiculaires des arthropodes, et dont la réalité, pour nous, n'est r> pas douteuse? Nous le croirions volontiers, mais il faudrait s'en assurer T par l'observation directe. r: Quoi qu'il en soit, l'existence de cette division longitudinale avant r toute trace de figure est certaine; elle montre, une fois de plus, que la » science n'en a pas fini avec les variations que la cinèse peut présenter, r^ Nous sommes on ne peut plus heureux de trouver dans les observations de Flemming la confirmation de nos propres observations sur l'ophiostome; sa forme homœotypique est, pour ainsi dire, calquée sur la description que l'on vient de lire. En présence de cette double série de faits, on peut soup- çonner que, dans certains cas, la division longitudinale précède la dislocation directe de la couronne, mais on ne serait nullement autorisé à conclure qu'il en est ainsi partout où elle se présente. Une pareille conclusion sei'ait d'ailleurs démentie par les faits. Ainsi, chez V Ascaris niegalocephala, etc., nous l'avons dit plus haut, p. 289, bien qu'il n'y ait aucune division à l'équateur, ni même durant les deux cinèses polaires, il n'y a cependant jamais non plus de divi- sion longitudinale antérieure dans la vésicule germinative; les 8 bâtonnets restent immobiles après la scission du boyau dans les œufs encore très jeunes. L'application que voudrait faire Flemming des phénomènes qui se passent chez la salamandre est donc beaucoup trop générale et, par conséquent, fautive. 2° Quant à la forme parallèle que notre collègue, sur de simples apparences , voudrait identifier avec sa - Tonnenform « terminant la n Metakinese, ^ nous devons faire plus de réserves encore. Nous avons déjà traité assez longuement la question des figures en tonnelet, à propos des nouvelles formes parallèles que nous avons rencon- trées récemment chez le filaroïde du putois. Pour faire connaître nos idées sur ce sujet, nous ne pourrions mieux faire que de mettre sous les yeux du lecteur le passage qui s'y rapporte; ce passage est un peu long, il est vrai, mais il est de nature à le convaincre que de la similitude des figures on ne peut conclure à leur identité. » La FiG. 246 représente le mode particulier de formation des figures y que nous avons désigné sous le nom de scission parallèle. Ces sortes de n figures ne sont pas communes chez les nématodes ; nous les avons remar- r> quées seulement sur cinq ou six jeunes embryons de Filaroïdes miistelarum. y> La première étape de ce mode est reproduite en a. Le noyau, encore ^ muni de sa membrane, montre que toutes les anses de la forme pelotonnée APPENDICE 299 " sont parallèles et dirigées dans le sens de Taxe organique du noyau, indi- r que par les deux asters qui commencent à poindre à ses extrémités. La ^ plupart de ces anses sont périphériques ; on en compte huit environ sur n l'hémisphère supérieur, au total seize : chiffre normal des bâtonnets dans " cette espèce. Dans les étapes suivantes, les anses restent orientées ; elles » ne font que s'épaissir en se raccourcissant vers l'équateur, pour former la - couronne équatoriale de la cellule b. On voit que cette couronne a un faciès r spécial, entièrement différent de celui des couronnes ordinaires, lors- « qu'elles sont vues également de profil. La couronne subit ensuite la divi- " sion longitudinale; cette division s'indique en Z». Enfin, les demi-bâtonnets « se séparent et retournent vers les pôles, c. Cette figure a aussi un aspect ^ particulier. Tels sont les faits que nous avons observés. y Si l'on ne rencontrait que la fig. a, on pourrait croire que l'on a devant ^ soi le tonnelet figuré par E.Van Beneden(i) : ce tonnelet serait formé par r le retour vers les pôles des éléments de la couronne, qui restent attachés ^ par leurs bouts à l'équateur. Nous sommes loin de contester qu'il en soit " ainsi chez l'ascaride du cheval. Mais les filaments d'un pareil tonneau, au r lieu de se détacher des pôles et de revenir à l'équateur pour fournir une r^ couronne équatoriale, vont au contraire se scinder à l'équateur et se retirer r vers les pôles en formant les deux couronnes habituelles. Loin d'être iden- r' tiques, notre figure et celle de E. VanBeneden sont donc diamétralement « opposées : la nôtre marque les initiales de la cinèse, la sienne une des ses r^ dernières étapes. D'ailleurs, il ne manque pas de noyaux au repos qui n présentent exactement la même figure. Celle-ci pourrait être produite n aussi au début de la cinèse. Il suffirait de supposer, par exemple, que les ^ moitiés des douze bâtonnets de la fig. 271 se séparent par leur milieu en B restant unies par leurs extrémités, et que le soulèvement des anses jumelles r- a lieu régulièrement vers les deux pôles organiques du noyau, ou du fuseau. r> Mais cette supposition ne serait pas normalement applicable à notre fi- y gure Cl. Car, chez le filaroïde, les tronçons résultant de la forme pelotonnée » sont longs et minces, et ils s'acheminent dans cet état vers l'équateur pour r s'y épaissir; jamais ils ne portent le moindre indice de division avant l'étape r de la couronne équatoriale. Ce n'est que par l'ensemble des circonstances r qui entourent ces figures douteuses que l'on peut en déterminer la nature, " il ne serait permis en aucun cas de conclure de leur similitude à leur " identité. « (i) E. Van Beneden ; 1. c, PI. XIX<", fig. i5. 300 J. B. CARNOY Nous ne savons si, parmi nos formes parallèles, il n'en est pas qui soient identiques à la « Tonnenform ^ de Flemming; nous avons nous-même soupçonné, on vient de le lire, que cette forme pourrait se produire directe- ment au début de la cinèse par le soulèvement médian des bâtonnets jumeaux rattachés par leurs extrémités. Mais il nous parait certain que la plupart d'entre elles sont différentes. En effet, dans les figures de Flemming, — - comme dans celle de Van Beneden mentionnée dans le passage précédent, — les anses sont continues; lorsque les bouts sont détachés à l'équateur elles forment des U qui s'éloignent vers les pôles, la courbure en avant, à la façon ordinaire. Dans nos formes parallèles, les bâtonnets, coupés aux extrémités, se retirent vers l'équateur, où ils subissent généralement la division, et c'est seulement alors que les nouvelles moitiés entrent en ascension po- laire. Pour admettre l'identité de ces formes avec celle de Flemming, il faudrait admettre en même temps que les anses de sa figure se scindent à leur courbure, près des pôles, avant que la « Metakinese v ne soit achevée, et reviennent ensuite vers l'équateur pour y subir tous les phénomènes subséquents de la cinèse ordinaire. En définitive donc la première cinèse ne s'achèverait pas; elle cesserait à la dislocation de la couronne, et une nouvelle cinèse recommencerait immédiatement sur le même fuseau. Si les choses se passaient de la sorte, les variations n'en seraient, certes, ni moins grandes, ni moins singulières ! On serait, en outre, obligé de recon- naître l'existence d'une division transversale véritable, au sommet de toutes les courbures des anses; ce qui serait en opposition manifeste avec les idées et la théorie de Flemming. Sans vouloir nier la possibilité d'un pareil processus, nous croyons ce- pendant que le mode de formation des figures parallèles chez les arthropodes est beaucoup plus simple. On peut admettre que ce mode est double. a) Dans certains cas, nombreux selon nous, elles naissent à la façon tant de fois décrite dans notre Cytodiérèse, et rappelée dans le passage que nous venons de reproduire sur la forme en tonnelet du Filaroïdes mustelarutn . Le lecteur qui voudrait jeter un coup d'œil sur les pl. III, fig. 78 à 80, PL. IV, FIG. 113 à 118, FIG. 134 à 140, et sur la fig. 246 du filaroïde, en saisirait immédiatement toutes les étapes, depuis le noyau au repos et la scission parallèle du boyau jusqu'à la formation de la couronne équatoriale. Nous n'insisterons pas davantage, ce mode ayant été suffisamment décrit antérieurement, par exemple chez les coléoptères, p. 270 et 271. b) Les mêmes figures pourraient avoir une autre origine. APPENDICE 301 Ou'on se rappelle l'explication donnée plus haut des images de V Ascaris chii'cita, FiG. 14 et 1; fig. 15, 16 et 17; fig. 36, 39 et 38. On peut penser, avons-nous dit p. 262, à propos de la première figure, que les tronçons issus de la forme pelotonnée subissent d'abord la division incomplète, c'est-à-dire qu'ils s'ouvrent par une extrémité et se transforment en un bâtonnet plus ou moins long et irrcgulier. Que ces bâtonnets viennent à s'étendre sur les filaments du fuseau naissant, et l'on aura une forme parallèle, ou en tonne- let, plus ou moins parfaite, suivant la longueur et l'extension des éléments nucléiniens, ou du fuseau lui-même. A partir de ce moment, elle ne pourrait plus être distinguée des formes parallèles du premier mode,^). Nous admettrions volontiers que ce nouveau mode de formation des formes parallèles existe aussi chez les arthropodes; malheureusement nous n'avons pu jusqu'ici en recueillir que des indices peu nets, en revoyant nos anciennes préparations. Inutile de rappeler que la division équatoriale transversale, lorsqu'elle se marque sur ces sortes de figures, peut être considérée! 1 ), au même titre que celle des ^ Toiinenfîgiiren - de Flemming, comme l'achèvement d'une divi- sion longitudinale antérieure(2). Seulement la séparation s'y fait à un endroit unique, au milieu d'un bâtonnet véritable, et non en deux points, à l'équa- teur d'un anneau ellipsoïdal allongé; les deux extrémités du bâtonnet étaient en effet libérées avant la formation de la figure. C'est d'ailleurs cette dernière circonstance qui fait que les diverses images cinétiques de ce mode sont toutes différentes decelles de V heterotypische Form de la salamandre. Les partisans de termes techniques trouveraient sans doute que l'on peut dénommer ce nouveau type avec autant de raison que Flemming a baptisé les siens. Nous venons de voir que, dans certains cas, la scission équatoriale transversale peut être envisagée comme le complément d'une division longi- tudinale antérieure. Cette interprétation peut-elle être généralisée? Nous ne le pensons pas. Jusqu'à preuve du contraire, nous admettrons, par exemple, que la division longitudinale ne se manifeste pas chez l'écrevisse et la sco- lopendre dans la forme pelotonnée. Dans les cas semblables, qui sont peut- être plus nombreux qu'on ne le pense, la scission équatoriale doit être con- sidérée comme une division transversale autonome. (i) Nous l'avons déjà fait observer dans notre mémoire sur rophiostome, p. 14 et 35. (2) Cette question a été traitée ci-devant, p. 372 et 373. 302 J. B. CARNOY S'il est vrai que la scission équatoriale de la seconde cinèse polaire, chez les Ascaris clavata et lombricoïcies, complète la division longitudinale commencée dans la figure précédente, le caractère de cette scission dans la première cinèse demeure incertain ; jusqu'ici l'analogie seule permet de l'assimiler à celle de la seconde. On a vu que Boveri considère la division équatoriale chez l'Ascaris lombncotdes comme une véritable division trans- versale, qui se marque déjà dans la vésicule avant la formation de la figure. D'ailleurs nous nous sommes demandé bien souvent, en étudiant V Ascaris clavata, s'il y avait une différence si marquée entre une scission qui achève une division antérieure et une scission transversale proprement dite. Les bâtonnets s'ouvrent à un bout; les deux lobes se séparent et se rectifient en prenant la forme d'un bâtonnet plus mince et plus long, sem- blable aux tronçons simples ordinaires, et qui se conduira comme ceux-ci jusqu'à la scission transversale à l'équateur de la figure suivante. D'abord, est-il bien certain qu'un processus semblable doive être identifié à une division longitudinale? On pourrait dire, peut-être avec autant de raison, qu'il a pour but de produire un seul bâtonnet mince et allongé, qui subira plus aisément la division transversale. Ensuite quelle différence y a-t-il, quant à la scission elle-même, entre un bâtonnet simple et un bâtonnet formé de deux moitiés qui se confondent et qui n'ont jamais été séparées? Aucune. Aussi, le lecteur aura remarqué que nous nous sommes contenté de dire, p. 273, que la segmentation transversale /JOi/t'a// être considérée chez cet ascaride comme le complément d'une division longitudinale antérieure. Dans l'-heterotypische Form - de Flemming les choses se passent autrement; néanmoins on pourrait aussi élever des doutes sur le caractère de la scission transversale dans cette forme. D'après Flemming la division longitudinale des " Knauelstadien " est d'abord complète, aussi complète que dans l'autre forme (1). Mais les bâ- tonnets jumeaux se soudent ensuite bout à bout, pour former des sortes d'anneaux irréguliers, ondulés, etc., mais fermes. Plus tard, à la fin de la " Metakinèse, - les anneaux se brisent à l'équateur, et Flemming considère cette nouvelle séparation comme l'achèvement de la première division qui a été complète en son temps. On pourrait contester la justesse de cette interprétation. (1) Flemming : Voir son tableau schématique, pl. XXVI, B. i, 2, 3, 4. APPENDICE 303 Que l'on suppose deux fers à cheval, soudes par leurs talons en anneau complet, et que l'on isole de nouveau en brisant les soudures; viendra- t-il à l'esprit d'affirmer que cette cassure est l'achèvement de leur sépa- ration antérieure? La rupture transversale est une opération nouvelle, déterminée par la soudure qui est intervenue. Il en est de même dans la r Tonnenform - de Flemming. On pourrait très bien considérer la rup- ture équatoriale des anneaux comme une division transversale véritable : phénomène secondaire, indépendant de la division antérieure et devenu nécessaire par un autre phénomène secondaire, la soudure des bâtonnets jumeaux après leur division. On pourrait comparer cette soudure à celle qui a lieu entre les bâtonnets , lors de la reconstitution de l'élément nucléinien dans les noyaux nouveaux; et la scission transversale des an- neaux, à la scission du boyau pelotonnée au début de la cinèse suivante, scission qui a pour but d'isoler de nouveau les tronçons et de ramener le noyau à l'état où il se trouvait à l'issue de la division antérieure. Ensuite nous ne pouvons trouver, ni sur les figures, ni dans la descrip- tion de Flemming, la preuve jusqu'à suffisance de ce fait : que la scission équatoriale aurait toujours lieu dans les soudures. Les anneaux sont d'abord tout à fait homogènes; plus tard seulement apparaissent les nœuds ou r Knoten, - et cela aux endroits soudés, d'après Flemming. Or, en exécutant leurs mouvements, avant, pendant et après la forme « Aster, - les anses des anneaux homogènes pourraient, sans qu'on puisse s'en apercevoir, se soulever par leur partie soudée, aussi bien que par leur partie médiane. Dès lors, leur position serait renversée; les soudures regarderaient les pôles dans la r, Tonnenform, « et les nœuds équatoriaux se trouveraient au milieu des anses primitives, et marqueraient simplement l'endroit ou la division va se faire. S'il en était ainsi, — et Flemming ne nous paraît pas avoir établi le contraire, — la scission équatoriale serait une division transversale véritable. Flemming appuie son interprétation de la « Tonnenform - sur l'appari- tion de figures semblables pendant la dislocation de la couronne. Cette similititude n'est qu'apparente. Dans la couronne, les bâtonnets jumeaux se soulèvent par leur milieu, et se détachent insensiblement jusqu'aux extrémités qui sont les dernières à s'isoler. Mais une fois que ces extrémités sont sé- parées, elles ne se i-essoudent plus, les anses se retirent sous la forme de couronnes polaires. Il n'y a donc point parité entre ces figures et l'-hétero- typische Form^ de Flemming. Car dans celle-ci les bâtonnets, après s'être unis de nouveau, devront se porter à l'équateur pour former l'-Asterw; 304 J B. CARNOY puis s'ordonner parallèlement les uns aux autres pour donner naissance à la V Tonnenform. « Alors seulement les extrémités soudées se détachent. Ces phénomènes sont donc totalement différents de ceux de la dislocation de la couronne par le soulèvement progressif des anses jumelles vers les pôles, à l'aide duquel la division longitudinale se réalise pour la première fois. En résumé, on peut très bien admettre que la scission équatoriale des >» Tonnen- figuren " est bien plutôt une segmentation transversale consécutive à une division longitudinale qui s'était complétée depuis longtemps, mais dont les effets avaient été neutralisés parla réunion subséquente des bâtonnets jumeaux. La question de la division transversale est encore des plus obscures et, à notre avis, elle est loin d'être définitivement tranchée par les observations et les considérations de Flemming. Plus nous étudions les phénomènes qui se passent au sein des noyaux et de la couronne, — en variant nos méthodes et nos objets, et en employant les meilleurs objectifs apochromatiques de Zeiss, — plus nous nous mettons en garde contre les applications qui ne sont pas appuyées sur l'observation, et contre les généralisations prématurées. Notre conviction est loin d'être établie concernant l'existence et la nature de ce mode de division. 3° Nous n'avons plus que quelques mots à ajouter sur la division longitudinale des couronnes polaires. Flemming pense que, chez les arthro- podes comme chez la salamandre, elle est une seconde division, et non une première division retardée, comme nous l'avons cru. Nous avons dit à la p. 2Q5 dans quel sens nous avons parlé. Nous avons admis : premièrement, que la division équatoriale pouvait être différée jusqu'au stade polaire et, secondement, qu'une première division ayant eu lieu à ïéqiiateiir, comme c'était le cas dans l'exemple allégué par E. Van Beneden, il n'y en avait pas une seconde aux pôles chez les arthropodes. Nous ne voyons jusqu'ici aucune raison pour revenir sur ces deux assertions. a) Chez la salamandre, la première division se fait dans la forme pe- lotonnée, et non dans la couronne équatoriale; ce n'est pas du tout la même chose. Nous venons de dire aussi que l'on pourrait admettre entre cette première division et la suivante une segmentation transversale à l'équa- teur de la r Tonnenform. " Ce cas est donc tout différent de ceux dont nous avons parlé, en particulier de celui de la Clubiona, rappelé par Flem- ming, et où les figures en tonnelet faisaient d'ailleurs complètement défaut. Mais, d'après notre honorable contradicteur, notre fig. 191, Pl. V, de la Clubiona représenterait un stade antérieur à la couronne, et non un stade APPENDICE 305 subséquent, c'est-à-dire le retour vers les pôles; en effet, dit-il, on trouve assez souvent des bâtonnets qui sont en retard dans leur marche vers l'équateur, et alors les figures simulent celles qui manjucnt l'ascension polaire. Nous le savions, comme tous ceux qui se sont occupes de caryocinèse. On pourrait en trouver plusieurs exemples figurés sur nos planches, en particulier fig. 209, 305, etc., et nous croyons avoir nous-méme attiré l'attention sur ce point à plus d'un endroit de notre cytodiérèse. Mais comment déterminer la nature de ces figures douteuses? Par l'ensemble des circonstances : degré de développement des figures et surtout du fuseau; groupement des bâtonnets, leur aspect aux étapes antérieures, etc., en un mot, par la comparaison avec les figures des autres étapes. Que Flemming veuille bien nous dire s'il connaît un autre critérium; il n'en a lui-même jamais employé d'autre. Or, outre la longueur et l'étroitesse du fiiseau de notre fig. 191, il est une circonstance que nous avons eu soin de mentionner à cause de sa valeur spéciale : l'absence de tout indice de division longitudinale dans les étapes antérieures à celles de la couronne. Ce détail aura échappé à Flemming, mais nous avons affirmé expressément, p. 292, que, parmi les arachnides, nous avons trouvé chez les Tegenaria seulement, 3 ou 4 exemples de semblables indices. Si Flemming avait vu les cystes dont nous avons parlé, et d'où la fig. 191 a été extraite, il aurait sans doute été convaincu, comme nous, que cette dernière n'était susceptible d'aucune autre interprétation. En effet, d'après nos préparations, les bâtonnets, avant d'arriver au stade équatorial, ne sont jamais marqués d'un espace hyalin chez les Clubiona. Or, sur notre fig. 191, la division est en voie de s'achever; nous nous trouvons donc bien en présence d'un stade postérieur à la couronne. Mais passons sur un point dont l'interprétation dépend de circonstances que l'observateur peut seul apprécier. On se rappelle sans doute ce qui se passe dans les œufs de V Ascaris megalocephala, delà. Spiroptera strumosa, delà Cornilla robiista, etc. Dans ces espèces, la division longitudinale est certainement retardée, en règle générale, jusqu'après la seconde cinèse. Or, on ne peut y constater de division longitudinale dans la vésicule, avant la formation de la première figure. Il ne peut donc y être question d'une seconde division; c'est bien la première qui se fait après la résolution de la seconde figure, à une étape voisine de celle des couronnes polaires, mais encore plus reculée. Nous avons vu également que, chez les ascarides du second type, la division équatoriale est aussi parfois remise jusqu'à la fin de la cinèse et la disparition des figures. On ne voit pas pourquoi il n'en serait pas de même chez d'autres objets. 96 3o6 J. B. CARNOY Ces exemples sont d'ailleurs suffisants pour montrer qu'il n'est pas nécessaire que chacune des moitiés de chaque bâtonnet se rende à un pôle différent, comme dans les cinèses ordinaires. La cinèse peut s'effectuer sans qu'aucune division se manifeste, et les noyaux ne s'en reforment pas moins dans ces circoiistances. Nous n'avons que trop insisté sur ce point en parlant des cinèses polaires de V Ascaris megalocephala et de ses congénères. Dans ces espèces, ce n'est le plus souvent qu'au sein du noyau reconstitué et rede- venu quiescent que la division s'effectue. Les faits parlent plus haut que les théories, et en sont la condamnation. Flemming a beau trouver singulier, contraire à un » Principe (?) « que les deux moitiés des bâtonnets se retrou- vent dans le même noyau, il ne changera rien à la réalité (i j. Dans l'état actuel de la science, poser en r, Principe « que chacune des moitiés de chaque bâtonnet primitif est destinée à un noyau différent, n'est- ce pas commettre - une pétition de principe ^-l Car il s'agit précisément de savoir s'il y a là une loi générale et nécessaire ; il s'agit surtout de le prouver. Flemming lui-même oserait-il affirmer que cette loi est réalisée dans son y homœotypische Form <^1 Tous les demi-bâtonnets y sont tellement brouil- lés à l'équateur qu'il nous paraîtrait bien difficile, pour ne pas dire impossi- ble, de constater avec certitude la manière dont se fait leur partage. On sup- poserait volontiers que c'est surtout en s'appuyant sur l'analogie que Flem- ming a tranché cette question; une preuve rigoureuse eût été désirable. Cette preuve serait bien plus difficile encore â fournir pour les figures dimidiées des sauterelles, en admettant même que la division longitudinale s'est effectuée, soit à l'équateur, soit dans la forme pelotonnée. Ces figures parlent plutôt dans un sens opposé. En effet la couronne s'ouvre suivant l'axe du fuseau, et chaque moitié latérale est dès lors destinée à un noyau. Pour que le prétendu « Principe " fût ici applicable, il faudrait nécessairement supposer que toutes les moitiés correspondantes des bâtonnets sont venues, comme par enchantement, se placer ensemble â droite, et toutes les autres à gauche de la couronne, avant son ouverture. Oserait-on admettre une pareille supposition, aussi gratuite que souverainement improbable? Dans ces figures, les bâtonnets primitifs, divisés ou non, sont simplement partagés en deux lots bruts, destinés chacun à un noyau nouveau. D'après nous, partout où se trouve une portion saine de l'élément nucléinien, il peut se former un noyau et, par suite, une cellule (2), et, jusqu'à présent, rien ne prouve que de pareils (1) Flemming : L c, p. 45i. (2) La Cytodiérese che^ les arthropodes, p. 35; APPENDICE 307 éléments seraient différents des autres, ou ne pourraient accomplir norma lenient leurs fonctions. b) Chez les arthropodes nous n'avons pas constaté l'existence d'une nouvelle division dans les couronnes polaires, lorsque la division longitudi- nale s'était effectuée à l'équateur. Flemming est-il bien sur que les indices d'une semblable division, signalés par E. Van Beneden chez VAscan's :.:cgalocephala, sont réels? Quant à nous, nous ne le croyons pas. r. Nous n'avons jamais observé le moindre indice d'une nouvelle division longitu- dinale dans les couronnes polaires des nématodes que nous avons étudiés fi). Nous n'avons pas été plus heureux dans les recherches récentes que nous avons faites sur l'ascaride du cheval. D'abord, nous avons trouvé un certain nombre de couronnes équatoriales à 8 bâtonnets, au lieu de 4 ; il y a alors également S moitiés en forme d'U au lieu de 4 dans les couronnes polaires, et l'on pourrait penser qu'une division y est intervenue. En outre, lorsque les couronnes équatoriales ne possèdent que 4 bâtonnets, les moitiés étant très longues, se plissent assez souvent aux pôles sous la forme d'anses, dont on peut aisément prendre les branches très rapprochées pour les moitiés contiguës d'un bâtonnet en division longitudinale. Mais ce ne sont là que des apparences. D'après nos observations, il n'y a pas plus de division lon- gitudinale dans les couronnes polaires de V Ascaris megalocephala que dans celles des autres nématodes, durant la segmentation. Nous ne connaissons jusqu'ici aucun exemple de ce phénomène, lorsque la division longitudinale s'est déjà effectuée à l'équateur, d'après le schéma primitif de Flemming. D. A la suite de nos recherches sur les cinèses testiculaires nous avons formulé en ces termes notre conclusion générale (2). y Les phénomènes caractéristiques de la caryocinèse sont variables ; r> aucun d'eux n'est essentiel. - Cette assertion n'est que la conséquence logique des conclusions que y nous avons formulées, p. 325 à 352, à la suite de nos observations. ^ — On se rappelle le résumé qui en a été donné plus haut, p. 2S6-28S. — -^ On '■ trouverait en effet difficilement une phase, un détail de la caryocinèse qui " soit fixe et immuable. Non seulement la plupart des phénomènes s'exé- (1) La segmentation de l'œuf che^ les nématodes, p. 73. (2) La Cytndiérese che^ les arthropodes; p. 396. 3o8 J. B. CARNOY « cutent suivant des modes différents, et à des moments différents, mais T chacun d'eux en particulier peut faire défaut. Depuis la scission de la n forme pelotonnée jusqu'à la reconstitution du boyau nucléinien, et celle " du boyau lui-même, il n'est aucune phase qui ne puisse être sautée im- r> punément. r> Cela est tellement vrai que celui qui voudrait déterminer les caractères " essentiels de la caryocinèse pour en donner une définition exacte, entre- n prendrait une lourde tâche. - Nos observations sur les œufs des nématodes, loin d'infirmer cette con- clusion, en fournissent une confirmation aussi éclatante qu'embarrassante pour les adversaires des variations cinétiques. Le lecteur en conviendra s'il veut parcourir l'aperçu succinct qui a été tracé de ces variations quelques pages plus haut, p. 288 et 289. Il se demandera sans doute aussi quel est le phénomène qui ne soit sujet aux changements, qui ne puisse se faire suivant des modes différents et à des moments différents, ou manquer à l'appel. Aucun d'eux — la division longitudinale ou transversale des bâtonnets ne fait pas exception — aucun d'eux n'est donc essentiel, soit en lui-même, soit dans l'ordre suivant lequel il devrait se présenter d'après le schéma de Flemming. " Cependant, tout en répudiant ce schéma, nous nous sommes bien gardé d'en inéconnaître la portée. N'avons-nous pas affirmé qu'il est l'expression de la cinèse la plus complète, de la cinèse ordinaire dans divers tissus ? N'avons-nous pas signalé sa réalisation dans les cellules testiculaires elles- mêmes, chez les arthropodes (1)? Mais il n'est pas d'une application générale; il n'est donc pas la formule définitive et dernière de la cinèse. •' On pourrait dès' maintenant, disions- V nous, formuler divers schémas s'éloignant de plus en plus de celui de T Flemmimg Plus on interrogera la nature, plus on trouvera, nous en n avons la ferme conviction, que la caryocinèse n'a rien d'immuable (2). « r, C'est seulement après avoir fouillé le règne animal tout entier et les V divers genres de cellules qui s'y rencontrent que l'on parviendra à en (de r, la cinèse) saisir le mécanisme général et les procédés intimes (3). ~ Telle était la portée de nos conclusions d'autrefois; telle est celle de nos conclusions d'aujourd'hui. (i) La Çytodiérise che^ les arthropodes. — Voir le résumé de nos observations à ce sujet, p. 333. (2) Ibidem, p. 33o. (3) Voir plus haut, p. 243. APPENDICE 309 Flemming les accepte en grande partie, du moins implicitement ; il les accepte plus peut-être qu'on ne se l'imaginerait à une première lecture de son travail. D'abord son schéma primitif (1) n'est plus, à ses propres yeux, le type général, unique de la cinése; il prend maintenant dans son nouveau tableau schématique (2) le rang plus modeste de " govôhnliche Mitose. « Première concession. — Nous l'avions désigné sous le même nom à chaque page de nos publications : cinèse ordinaire, cinèse habituelle, cinèse vulgaire! Il admet ensuite deux nouveaux schémas, et cela pour une seule sorte cellules, les cellules testiculaires : Vheterotypische Form et Y homœotypische Form. Deuxième concession. — Nous avions dit : les phénomènes cinétiques s'exécutent suivant des modes différents. Autrefois la division longitudinale s'effectuait typiquement dans la cou- ronne équatoriale {Aster de son tableau); aujourd'hui elle peut s'effectuer beaucoup plus tôt (5/; /rem du tableau). Troisième concession. — Nous avions écrit: les phénomènes cinétiques peuvent avoir lieu à des moments différents. Nous avions osé dire à Flemming : cherchez et vous trouverez; sortez de vos cellules épithéliales, etc., et vous rencontrerez toutes sortes de variations. Notre collègue l'a fait et, après avoir étudié un premier objet, il admet d'ores et déjà trois types de cinèses! Il a donc découvert des variations. Bien plus, ces variations sont assez importantes à ses yeux : « Ailes dies ist gewiss ^ sonderbar genug, p. 449, - pour mériter l'élévation au rang de types. — Avons-nous eu tort d'affirmer que - l'on pourrait dès maintenant formuler divers schémas de la cinèse? « Mais, ajoute Flemming, ces variations ne constituent pas des différences fondamentales. — Nous n'avions pas craint d'avancer : aucun phénomène (à plus forte raison aucune variation de ces phénomènes) n'est essentiel. — En effet, dit notre contradicteur, les deux nouveaux types se ramènent aisément à l'ancien, il suffit d'admettre que la division longitudinale yest plus précoce, qu'elle se fait aux premiers stades de la cinèse. Parfait! mais alors Flemming admet avec nous que » la dislocation de la couronne n'est pas " essentiellement liée à la division longitudinale, " et que la division équatoriale rentre dans le cadre des phénomènes éventuels : c'est-à-dire, encore une fois, que le schéma typique primitf n'est plus applicable à la totalité des cinèses ; — nous l'avons répété sur tous les tons. Coïncidence (1) Flemming • Zelhiibs. Kern. ii. Zellth., 1S82, p. ig5, et passim. (2) Id. : 1. c, PL. XXVI. 310 J. B. CARNOY bizarre ! d'après les propres observations de son auteur, ce type n'est pas même applicable à une seule cinèse testiculaire de la salamandre. Nous ne nous attendions pas à une confirmation aussi piquante de l'une de nos prin- cipales conclusions. Notre savant collègue, il est vrai, semble chercher à atténuer la portée de nos déductions en faisant remarquer que les variations signalées dans la Cytodiérèse ne portent, en dernière analyse, que sur les cellules testiculaires -— nous pouvons ajouter : et sur les cellules ovulaires. — Admettons qu'il en soit ainsi. Nous pourrions demander à notre contradicteur si un schéma gé- néral de la caryocinèse ne doit s'appliquer aussi rigoureusement aux cellules reproductrices qu'aux autres cellules. A-t-on fait jusqu'ici une distinction entre les cellules embryonnaires, les cellules épithéliales, musculaires, glan- dulaires, ganglionnaires, conjonctives, les globules blancs du sang, etc. etc.? Personne n'y a songé, Flemming moins que tout autre. Car il a été le pre- mier à les mettre toutes sur la même ligne, et à vouloir les emprisonner dans sa formule typique. Pourquoi donc réserver, les cellules sexuelles qui, au point de vue général de la cinèse, sont des cellules comme les autres? Nous avouons ne pas saisir la raison de cette distinction un peu tardive, et qui semble introduite pour les besoins de la cause. Bref, la division longitudinale équatoriale, considérée comme caractère de la cinèse en général, a fait son temps. Flemming le comprend. Aussi s'accroche-t-il exclusivement à l'existence de cette division : qu'elle se fasse à l'équateur ou avant la formation de la figure, elle existe toujours. Flemming est en effet obligé de se réfugier dans ce dernier retranche- ment, et c'est de là qu'il nous adresse le dilemme suivant, qui lui sert en même temps de résumé. " Donc, je résume- encore une fois ici en peu de mots dans les « termes suivants les doutes que j'exprimais plus haut. Si Carnoy veut dé- y montrer les propositions qu'il avance, il doit, selon moi, démontrer d'abord " que, dans tous les cas où il suppose ses formes de la mitose qui s'écarte- T raient tout à fait du type, il ne se trouvait chez ses objets aucune division » longitudinale dans les ^ Knauelstadien, " comme j'en ai indiqué chez les n miens. S'il peut démontrer cela, je reconnaîtrai volontiers que nous nous » sommes tous trompés, que » fous les phénomènes de la caryocinèse sont y variables et qu'aucun d'eux ne parait essentiel. - Mais s'il ne peut le dé- " montrer, ses conclusions en deviennent caduques et ne peuvent plus être APPENDICE 311 - yn'scs cil considération ( 1 ); car si cette division longitudinale se produit, ses r tj-pes de la tli\ision du noyau, en apparence déviés, se ramènent sans " aucune difficulté, par le fait, dans les classes générales de la karyomitose, - comme ceux que j'ai ici décrits! 2). - Cet argument n'est que spécieux; il pèche par tous les côtés à la fois. 1° Il faudrait conclure de ces paroles de Flemming que tout, hormis Vcxistence de la division longitudinale, peut être variable, sans que les cinèses le soient en réalité; en effet, d'après lui, du moment que cette division existerait, nos conclusions ne pourraient plus être prises en considération. Mais n'y a-t-il donc que cette division qui compte dans la cinèse ? S'il en est ainsi, pourquoi parler de Spirem, d'Aster, de Metakinese, de Dyaster, de Dispirem; pourquoi donner toutes ces étapes comme des phases régulières qui doivent être parcourues dans toute cinèse? Pourquoi aussi créer deux nouveaux types de cinèses, puisque la division longitudinale, seule chose essentielle, y existe comme dans l'ancien? Cet argument n'en imposera à personne. Nous avons envisagé la cinèse, comme elle doit l'être, dans Vensenible de ses phénomènes et, en nous appuyant sur une longue suite d'observations, nous avons conclu à la variabilité de chacun d'eux. Si nous avions prouvé seulement que tous ces phénomènes, sauf un , Vexistence de la division longitudinale, sont variables, et par conséquent n'ont rien d'essentiel, nous aurions déjà prouvé la majeure partie de notre thèse. Plus qu'il n'en fallait, apparemment, pour renverser le schéma typique et forcer son auteur à en créer deux nouveaux; — sans compter ceux qui viendront par la suite! — plus qu'il n'en fallait, par conséquent, pour que nos conclusions dussent être prises en sérieuse considération, comme elles l'ont d'ailleurs été par Flem- ming lui-même. 3° D'après notre contradicteur, c'est à nous de prouver qu'il n'y a pas chez les arthropodes de division longitudinale dans les « Knauelstadien; « sans cela nous n'avons rien prouvé. Ce raisonnement est illogique. De deux choses l'une. Ou bien la division longitudinale est essentielle à toute cinèse; ou bien elle ne l'est pas. Si elle ne l'est pas, elle pourra varicrou faire défaut comme tous les autres phénomènes de la cinèse, et, dans ce cas, nous n'avons plus rien à prouver. (\) Nous soulignons ces mots à dessein. (2) Flemming : L. c, p. 455 et 456. 312 J- B. CARNOY Si elle est essentielle, elle ne pourra jamais faire défaut. Dès lors, il nous suffira de produire un seul cas où cette division n'a pas lieu pour mettre à néant l'argumentation de Flemming, pour l'obliger à - reconnaître r> que lui et ses partisans se sont trompés, - et que notre thèse est vraie dans toute son étendue. Nous ne devons donc pas -^ démontrer d'abord T que dans tous les cas où nous avons constaté des variations s'éloignant y de son type, il n'y avait eu aucune division dans les -^ Knauelstadien, - pour que - nos conclusions puissent être prises en considération. " Reprenons. Le premier membre de ce dilemme reproduit notre thèse, à savoir que la division longitudinale est variable comme les autres phénomènes cinétiques. a) Elle est variable quant au mode, et quant au moment où elle se fait. Flemming en convient avec nous, pour certains cas du moins. Tantôt les deux moitiés se séparent de suite et entièrement; tantôt elles restent unies par les extrémités plus ou moins longtemps en produisant la forme en tonnelet; tantôt, après s'être séparées, elles se ressoudent bout à bout. Enfin, d'après nous, cette division est parfois incomplète : les bâton- nets primitifs de la couronne, et peut-êti-e du noyau lui-même, peuvent s'ouvrir par une extrémité seulement en donnant naissance à un bâtonnet allongé et simple en apparence; ce n'est généralement que plus tard, et assez souvent dans la figure subséquente que les deux moitiés seront désunies par une scission transversale. Ici la division se fait intégralement dans la couronne équatoriale; ail- leurs elle s'y achève seulement; elle peut même s'effectuer en totalité dans le stade pelotonné. Nous avons montré, en outre, que cette division est parfois retardée : elle sefait alors à l'étape des couronnes polaires, ou après la résolution de la figure, ou même après l'achèvement du nouveau noyau dans les cinèses des œufs. Lorsque la division a lieu au premier stade de la cinèse, comme chez la salamandre, une seconde division peut intervenir également dans les couronnes polaires de la même figure. On rencontre aussi des figures sur lesquelles deux divisions sont en voie de s'exécuter en même temps, soit dans la couronne équatoriale, soit, plus rarement, après la disparition de la figure. L'étendue et l'importance de ces variations ne sauraient être méconnues; elles accusent une mobilité aussi grande dans la division longitudinale que dans les autres phénomènes cinétiques. APPENDICE 313 b) Mais il y a plus : la division longitudinale peut aussi/a/ré" dcfaitt. Flemming nous demande de prouver que, dans les cellules testiculaires des arthropodes, la division longitudinale n'a pas lieu dans la - Knâuelform.r) Nous avons relaté plus haut, p. 293, les observations positives qui ont été faites à ce sujet chez la forficule et l'agrion, mais surtout chez l'écrevisse et la scolopendre : nous n'}' avons pas remarqué cette division. Nous avons conclu de nos études sur ces deux dernières espèces, que la division trans- versale qui se manifeste dans la couronne ne doit pas être considérée comme l'achèvement d'une division longitudinale antérieure. Celle-ci ferait donc défaut chez ces animaux dans les cas, assez nombreux du reste, qui ont été soumis à notre observation. On se rappelle ce que nous avons dit plus haut, p. 302 et 303, concernant les incertitudes qui régnent encore sur la nature et l'existence de la division transversale, et les doutes que l'on pourrait soulever au sujet de l'interprétation de la - Tonnenform - de Flemming. Mais c'est surtout chez V Ascaris viegalocephala, la Spiroptera et leurs congénères, que l'absence de toute division est frappante. Dès la scission de la forme pelotonnée on constate la présence de 8 bâtonnets; ce nombre restera fixe jusqu'après la seconde cinèse. C'est pourquoi nous n'avons pas craint d'affirmer que jamais la division longitudinale ne s'effectue, malgré les indices fréquents qui s'en présentent, ni dans la vésicule germinative avant la formation de la première figure, ni dans la couronne équatoriale, ni à une autre étape des deux cinèses subséquentes. C'est seulement après la résolution de la seconde figure, et, le plus souvent, après la reconstitution du noyau définitif de l'œuf qu'elle se manifeste. - Nous n'avons jamais ob- r> serve la division longitudinale dans la figure elle-même; elle a toujours » lieu après l'effacement de cette dernière et son retour à l'état quiescent. r On pourrait donc affirmer qu'elle n'a rien à faire avec la cinèse proprement « dite (1) «. Ainsi, dans ce groupe, les deux cinèses polaires se déroulent sans la moindre division longitudinale; celle-ci n'est donc pas essentielle à la cinèse. Par là s'écroule l'argumentation de Flemming. Nous sommes donc autorisé à maintenir notre conclusion générale dans son intégrité : » Tous les phe'no- » mènes caryocinétiques sont pariables; aucun d'eux ne parait essentiel. - Sans aucun doute, nous pouvons nous tromper, mais nous avons apporté à l'appui de nos assertions des observations soigneuses et positives; (i) La vésicule germinative et les globules polaires che^ divers nématodes ; p. 33. 97 314 J- B. CARNOY c'est à Flemming qu'il incombe de les réfuter par des observations aussi sérieuses, plutôt que par des applications analogiques, ou des points d'interrogation. A chacune de ses nouvelles recherches, notre collègue bat en retraite, et corrige ses schémas. Cela prouve en sa faveur, mais en même temps cela nous donne l'espoir qu'il n'en est pas encore arrivé à son dernier mot. Nous nous sommes permis de signaler à son attention, dans les pages qui précèdent, un certain nombre de types nouveaux et dignes d'intérêt; lui-même avoue d'ailleurs qu'il ne peut faire rentrer dans les siens certaines figures qu'il a découvertes chez la salamandre. Aussi avons-nous la ferme conviction que sa formule actuelle ne restera pas plus que l'ancienne. Il dit aujourd'hui : La division longitudinale est essentielle à la cinèse, seulement elle peut se faire dans la forme pelotonnée aussi bien que dans la couronne. En laissant même de côté la question de la nécessité de cette division, il est certain pour nous que cette formule est déjà insuffisante et fautive. Il faudrait dire, dès maintenant : a) La division longitudinale peut s'effectuer à n'importe qu'elle étape de la cinèse : dans les couronnes polaires, après la résolution de la figure ou au sein du noyau reformé (i), aussi bien qu'à l'équateur ou au stade pelotonné ; b) L'achèvement de cette division peut être retardé jusqu'après la ci- nèse, et même jusque dans la cinèse suivante; c) Enfin, — si nos observations sur l'élaboration du noyau sperma- tique au sein des œufs sont exactes, — la division longitudinale peut s'effec- tuer dans un noyau qui est au repos depuis longtemps; la présence de ce mode de division ne serait donc même pas caractéristique des phénomènes cinétiques proprement dits (2). (i) « C'est seulement au sein du noyau reformé et, par conséquent, peut-on dire, en dehors de « toute cinèse, que cette division s'effectue. Nous disons en dehors de toute cinèse, dans un noyau au « repos; car tout le monde admet que la cinèse est achevée lorsque les nouveaux noyaux sont pourvus « de leur membrane. S'il pouvait rester quelque doute à cet égard, qu'on veuille bien se reporter à « ce que nous allons dire du noyau spermatique; celui ci n'est pas entré en cinèse au sein de l'œuf, « ni même depuis la formation du spermatozoïde, et il n'y entrera pas de sitôt. Comme le noyau « ovulaire, il devra en effet subir une série de transformations, et passer par la forme pelotonnée « avant de subir ce phénomène. » — La vésicule germ. et les glob. pol. che^ quelques nématodes, p. 17. (2) « Le travail qui s'opère dans le noyau (spermatique), après la division longitudinale de ses « bâtonnets primitifs, consiste uniquement dans l'élaboration d'un filament, d'un réticulum chromatique « si l'on veut, à l'aide des quatre ou des huit bâtonnets qui résultent de cette division, c'est à-dire que « ce travail est identique à celui qui suit toute division cinétique, et qui se fait pendant la reconstitution « des noyaux nouveaux. » — Ibidem, p. 18. APPENDICE 3 1 5 Ciiiiscs des variations. Pourquoi s'étonner de ces variations? Leur absence devrait surprendre davantage, car tous les phénomènes biologiques sont soumis aux fluctuations et aux changements. S'il est vrai que l'on ne saurait trouver deux cellules identiques, il est vrai à plus forte raison que les phénomènes biologiques ne se ressemblent jamais au point de se copier servilement. C'est pourquoi la comparaison est le procédé fondamental de l'observation cytologique (ij. On doit chercher la raison de cette mobilité dans la complexité même de l'organisme cellulaire, tant au point de vue physique et chimique qu'au point de vue organique. Plus cette complication est grande, plus est grande aussi l'instabilité des éléments, et par conséquent leur sensibiUté vis-à-vis des milieux et des agents extérieurs. L'influence des milieux sur les phéno- mènes biologiques se conçoit d'autant mieux, et est d'autant plus prononcée que la cellule doit y puiser constamment de nouveaux matériaux pour ré- parer ses pertes, et y déverser ses produits de rebut, issus de la désassimi- liation. Il y a entre la cellule et le milieu un double échange osmotique continuel, grâce auquel seulement son organisation et sa vitalité peuvent se soutenir. On conçoit donc que les moindres variations dans le milieu rejaillissent sur les phénomènes cellulaires. Or rien de plus sujet aux changements que les plasmas qui baignent les cellules d'un animal complexe, car leur composition dépend à chaque instant, non seulement de la nutrition en général, mais de mille circonstan- ces particulières : qualité et quantité variables des principes absorbés, ou des principes rejetés; réaction de ces derniers sur les autres substances, etc. On peut dire que dans un même tissu chez un animal donné, on trouverait difiîcilement deux cellules dont les conditions de vie sont identiques. Il en est de même, à plus forte raison, d'un tissu à l'autre et d'un animal à l'autre (2). Il est donc tout naturel d'admettre que les cinèses, aussi bien que les autres phénomènes biologiques subissent des modifications plus ou moins profon- des, non seulement d'individu à individu, mais de cellule à cellule. Les expériences des frères Hertwig, que nous avons déjà rappellées plus d'une fois (3), fournissent d'ailleurs la preuve expérimentale des variations cinéti- (1) Voir plus haut. p. 23o et 23i. (2) Voir ce que nous avons dit plus haut au sujet des variations individuelles, p 278 et 279, en par- lant de la normalité des figures. (3i Voir plus haut. p. 270. 3i6 J. B. CARNOY ques sous l'influence des milieux. On objectera peut-être que les phénomènes présentés par les œufs d'oursin sont des phénomènes pathologiques; en effet les œufs ont été placés dans des milieux anormaux. Sans doute. Mais ces expériences n'en démontrent pas moins que les plus légères modifications introduites dans la composition du milieu reten- tissent immédiatement sur tous les phénomènes cinétiques et y déterminent les modifications les plus considérables. Théorie générale de la cinèse. Du reste on ne peut se désintéresser des phénomènes pathologiques dans une étude générale des cinèses, car les anomalies ou les cas pathologi- ques ne peuvent être essentiellement différents des cas normaux. On doit en effet envisager les déviations de la cinèse comme on envisage aujourd'hui les maladies, c'est-à-dire comme de simples modifications du type normal. " Les maladies, dit Samuel après Virchow, ne sont autre chose que des T modifications des processus physiologiques normaux, et ces modifications " ne peuvent s'étendre que jusqu'à une certaine limite. Les déviations du y type normal ne sont conséquemment jamais assez accentuées ni assez w complètes pour former un nouveau type Le nombre des modifications r> possibles est en somme restreint, il n'existe donc nulle part un type nou- « veau et indépendant (i). '• Quelques lignes plus haut, le même savant avait pris soin de définir nettement ces modifications, y Le trouble, disait-il, se » produit la plupart du temps de la façon suivante : des changements, des » phénomènes, des processus qui, à l'état normal, s'accomplissent à une » place, à un endroit déterminé, se manifestent à une autre place, à un autre y moment, ou avec une intensité anormale, « c'est-à-dire restant en deçà ou allant au-delà de l'intensité ordinaire, en d'autres termes, par défaut ou par excès. Or, nous avons vu que les phénomènes cinétiques sont soumis à de nombreuses variations; qu'ils s'excutent suivant de modes différents, à des moments différents, et qu'ils peuvent faire défaut. D'abord, qui nous dira quand ces variations cessent d'être normales pour devenir anormales ou pathologiques? Personne n'oserait entreprendre une pareille tâche. Ensuite ce qui est normal pour un animal ou pour un tissu peut être anormal pour un autre animal ou pour un autre tissu, et vice- (i) s. Samuel : Handbuch der allgeineinen Pathologie, 1879, p. 5. APPENDICE 317 versa (i). Ainsi, d'après nos observations, les cinèses polaires typiques des Ascaris lombricoïdcs et clavata seraient anormales chez V Ascaris nicgalocc- phala. Flemming considère comme pathologiques les figures multipolaires; cela peut être vrai pour la salamandre, en ce sens que dans la gi'ande majo- rité des cas les cinèses testiculaires s'y présentent avec d'autres figures. Mais ailleurs les figures multipolaires sont tout à fait normales; c'est le cas, par exemple, pour les cellules géantes de la moelle des mammifères (2). En outre, étant données les modifications, souvent bien minimes, qui détermi- nent l'apparition d'un tissu pathologique, ce qui était anormal auparavant y devient normal; J. Denys, notre savant collègue, nous a montré récem- ment des préparations d'une métastase dans le foie d'un cancroïde de l'œsophage, dans lesquelles les figures multipolaires, identiques à celles de la moelle, étaient tellement nombreuses qu'elles y formaient la règle. Il serait parfois difficile d'ailleurs de déterminer avec certitude quelle est la forme normale dans un tissu. Quelle est cette forme dans les cellules testi- culaires de la salamandre? Est-ce 1' - homœotypische ^ ou 1' - heterotypische r.? Est ce l'une et l'autre? On pourrait soutenir aussi que ce n'est ni l'une ni l'autre ; la forme typique faisant défaut, on n'y trouverait que des formes anormales ou déviées. Mais alors où s'arrêter? Il résulte de ces considérations que l'on ne peut séparer les formes anomales, anormales ou pathologiques — le nom importe peu — de celles qui sont regardées comme normales et typiques. La question de la norma- lité des figures, qui a été traitée précédemment (3), n'a donc pas, dans une étude scientifique et comparée de la cinèse, l'importance exclusive qu'on est trop tenté de lui attribuer. Une théorie générale de la cinèse doit pouvoir s'adapter à toutes les formes, normales ou anormales, et en fournir l'explication. La science est loin d'être arrivée à ce point désirable; elle en est encore à la période d'éla- boration. Le devoir du savant est tout tracé : recueillir et analyser. L'heure de la synthèse n'est pas encore venue. II. Terminologie. Flemming en vient ensuite à notre terminologie, p. 457 à 460 de son travail. (1) Voir plus haut, p. 282, nos observations sur le même sujet. {2) Voir plus haut. p. 2S2. (3) Voir plus haut, p. 274 à 285. 3i8 J- B. CARNOY En apparence, dit-il à plusieurs reprises, elle est plus simple que la sienne; il va même jusqu'à nous accorder que nos dénominations : couronnes équatoriales, couronnes polaires, sont élégantes : y dass die Ausdriicke sehr hiibsch klingen und sehr einfach verwendbar erscheinen um die Bezeichnung abzukiirzen ^ : c'est déjà quelque chose. Seulement il trouve que sa termino- logie va plus au fond des choses et exprime mieux la nature des phénomènes, et qu'à force de raccourcir les expressions on en vient à nuire à l'intelligence des diverses étapes de la cnièse, n aber es wird damit die Abkiirzung soweit getrieben dass das Verstandniss der Formcn darunter leidet. - Nous nous garderons bien de chercher querelle à notre savant collègue. Qu'il nous permette seulement de mettre notre terminologie en regard de la science, en laissant au lecteur le soin de les apprécier. A) En ce qui concerne la division en général, nous nous servons des termes suivants : Division ; Division cellulaire; Division nucléaire, division plasmatique ; Division cinétique et division acinétique. Ou bien, avons-nous ajouté, p. 40S et 409, si l'on juge utile de se servir de termes techniques : Diérèse ; Cytodiérèse ; Caryodiérèse, plasmodiérèse ; Cinèse, sténose; Caryocinèse, caryosténose ; Plasmocinèse et plasmosténose. Cette terminologie est logique et forme un ensemble coordonné; elle est simple et compréhensible. Les radicaux cyto et caryo se trouvent dans tous les livres; tout le monde connaît la cinétique, branche delà mécanique qui traite du mouvement, et le mot sténose est employé depuis longtemps en médecine pour signifier un étranglement. Il suffit donc de savoir que diérèse est synonyme de division pour s'orienter immédiatement et sans peine dans notre phraséologie. Mais répétons-le, pour que personne, ni Flemming, n'en ignore plus, nous ne jugeons pas ces termes techniques né- cessaires; Ils nous paraissent convenables, leur sens est obvie; on peut donc s'en servir commodément pour varier l'expression et éviter les longueurs dans les descriptions. APPENDICE 319 A ce propos, notre collègue allemand voudra bien nous permettre de relever une de ses phrases. En parlant du mot cytodiérèse, accepté par nous, il écrit : - Carno)-'s wort fur Zelltheilung - Cytodiérèse « (urspriinglich, wenn ich recht crinnerc, von Henneguy eingefuhrt). ^ A la lecture de ces mots, certains esprits, moins bien disposés que Flemming, pourraient s'imaginer que nous avons fait nôtre le bien d'autrui. Il n'en est rien cependant. Les premières lignes de notre paragraphe sur le mot cytodiérèse, p. 408, sont ainsi conçues : - Si l'on juge utile d'employer un mot particulier pour dési- - gner la division en général, le mot cytodiérèse, proposé par Henneguy, - (Note sur la division cellulaire; Congrès de la Rochelle, 1882, tiré à part, - p. 6), nous parait heureusement choisi. -^ Comment Flemming a-t-il pu conserver ses doutes, en lisant ce passage? La terminologie de Flemming est la suivante : Theilung; Zelltheilung; Kerntheilung (il pourrait ajouter : Plasmatheilung); Mitose (il faudrait aussi Amitose); Mitotische Theilung, amitotische Theilung ; Karyomitose (il faudrait également Plasmamitose) ; Enfin, pour achever sa série, Flemming devrait dire encore : Karyo- amitose et Plasma-amitose. La nomenclature de Flemming, telle qu'il la donne, est donc tout à fait incomplète et, pour la compléter, en restant conséquent, il devrait employer des termes dont le moindre défaut serait de manquer d'élégance, et qui ris- queraient peut-être d'être rejetés par les savants. Mais passsons. Notre honorable contradicteur tient surtout à son mot - Mitose « qui serait, d'après lui, bien préférable au mot - cinèse »; il tient autant aux expressions : division mitotique et division amitotique, car ce sont surtout là, paraît-il, les mots privilégiés qui en disent long sur l'essence des choses : « weil sie mehr iiber das Wesen der Sache aussagen :^ !... N'en déplaise à Flemming, nous ne pouvons trouver dans ses termes cette valeur cachée qu'il y découvre. Ils manquent de clarté et ont besoin d'être définis. La dé- finition elle-même qu'en donne leur auteur correspond-elle à leur étymologie? On pourrait le contester. Le mot "j-'-o; signifie fil ou trame; le mot iaitio;',-, action de réduire en fil. Or c'est précisément pendant la cinèse, ou mitose, que Vêlement fondamental du noyau, et par conséquent des figures cinéti- ques, le boyau nucléinien, perd sa qualité de filament; il se scinde en 320 J B. CARNOY tronçons, souvent très courts, et c'est seulement après la cinèse qu'il reprend son aspect filoïde! Plus on va au fond des choses, plus on trouve que le mot mitose est mal appliqué. Il faut vraiment savoir que Flemming désigne par là l'ensemble des figures cinétiques de la - Kernsubstanz '^ (i) pour en saisir la signification. On trouvera peut-être comme nous que le mot « cinèse ^, créé par Schleicher et qui a le droit de priorité sur le mot mitose, est beaucoup plus topique, et exprime mieux l'essence des phéno- mènes, c'est-à-dire l'état dynamique du noyau; conséquemment, que les expressions : division cinétique et division acinétique sont plus significatives et plus justes que celles de division mitotique et amitotique. Mais, répond Flemming, le terme division acinétique est impropre, car ce mode de division n'est pas dépourvu de mouvements. C'est pousser le scrupule un peu loin. Certes dans toute division acinétique il y a mou- vement. Qui a jamais songé à le nier? Ce n'est point nous assurément, qui avons inscrit la thèse suivante dans notre Cytodierèse, p. 339 : » On découvre dans les noyaux en voie de division acinétique divers changements ou mouvements, qui rappelle ceux de la caryocinèse. - N'y eùt-il que le simple étranglement que subissent le noyau et la cellule, il y aurait déjà mouvement. En plaçant la division acinétique en regard de la division cinétique on veut dire simplement qu'elle est dénuée de cette série de mouvements qui amènent la formation régulière des figures, voilà tout. Personne ne s'y trompera. N'est-ce pas ainsi d'ailleurs que Flemming lui- même distingue sa division amitotique de l'autre? Il en est de la division comme de tout autre phénomène biologique : les diverses étapes en sont reliées par des transitions insensibles. Mais, au témoignage même de Flemming, ce n'est pas une raison suffisante pour négliger de dénommer les étapes principales. C'est ce que nous avons fait. Et si notre honorable contradicteur veut bien nous permettre de lui emprun- ter une comparaison tirée des phases lunaires et qu'il semble affectionner, nous dirons : la cinèse, c'est la lune en son plein, avec sa figure éclairée, la ste'nose c'est la lune nouvelle avec son visage sombre et effacé. Mais ces deux phases sont rattachées par une multitude de figui^es intermédiaires, toujours changeantes, dont il est permis de ne pas tenir compte, étant donné le but proposé : celui de distinguer les deux termes extrêmes d'un phénomène aussi complexe. (1) Flemming, 1. c, p. 458: « Ich nenne die Kerntheilung, so weit sie mit Bildung regelmâssiger Faden- « figuren der Kernsubstanz verlàuft, kurz Mitose. » 1 APPENDICE 321 Ce n'est point tout. B) Il est nécessaire aujourd'hui de nommer les différentes étapes de la cinèse, ou de la mitose. Fidèle à notre principe de bannir les termes techniques inutiles, nous disons : Scission du boyau, ou du peloton; Couronne équatoriale ; Ascension polaire ; Couronnes polaires; Reconstitution du noyau. Flemming se sert des termes suivants : Spirem ; Aster ; Metakinese ; Dyaster ; Dispirem. Nous parlons notre langue, pour être compris sans difliculté de tout le monde; le professeur de Kiel se sert de mots techniques. Affaire de goût. Chose curieuse cependant ! il répudie le terme de cytodiérèse parcequ'il est superflu : pour nous, dit-il, nous avons notre » Zelltheilung. <- Fort bien; mais alors soyons conséquents, et n'allons pas à tout propos et inutilement fouiller le dictionnaire grec! Les allemands, dont la langue est si riche, n'ont- ils donc dans leur vocabulaire de mots convenables pour désigner les diverses étapes de la cinèse? Il y a là contradiction. Nous avouons d'ailleurs ingénument qu'il nous est impossible de com- prendre en quoi et comment les termes proposés par notre collègue expriment mieux la nature des phénomènes : comment, parexemple, ^ Metakinese -(ij est plus significatif que « dislocation de la couronne ", ou ^ ascension po- laire ^ ; comment « Aster et Dyaster ^ disent plus et mieux que ^ couronne équatoriale r et « couronnes polaires r . Le choix de ces derniers termes de Flemming nous paraît d'ailleurs malheureux, car ils sont appliqués depuis longtemps aux rayons étoiles qui naissent dans le cytoplasme, et couronnent les pôles de la figure cinétique proprement dite; on ne peut les détourner de cette signification, généralement acceptée aujourd'hui, sans introduire la confusion dans la science. (i) Flemming rejette le mot cinèse, et cependant il s'en sert pour former ce mot composé : il devrait dire « metamitose», semble-t-il. Ce ne serait ni plus clair, ni plus élégant. 98 322 J B. CARNOY Une chose est certaine, c'est que ces termes grecs, appliqués à la cinèse, sont loin d'être clairs; ils ont besoin d'une définition pour devenir intelli- gibles. Flemming lui-même déplore que nons n'ayons, pas plus du reste que plusieurs de nos prédécesseurs, saisi le sens voilé de ses termes. Fran- chement si sa terminologie est si difficile à comprendre, on ferait peut-être bien d'y renoncer et de chercher mieux. Elle est en tout cas très inutile. Nous sommes d'autant moins disposé à abandonner nos expressions vulgaires et à accepter la terminologie de Flemming, que notre savant col- lègue vient d'introduire encore deux nouveaux termes techniques, dont l'utilité ne nous est nullement démontrée. A-côté de son schéma primitif, ou type ordinaire de la cinèse, nous en aurons maintenant deux autres : Vhomœoty- pische Fonn et Yheterotypische Fonn . A notre avis, c'est embrouiller les choses les plus simples par de longs mots malsonants qui, pris en eux-mêmes, c'est-à- dire abstraction faite du sens qu'on veut bien leur attribuer, n'apportent au- cune idée à l'esprit, en ce qui concerne les phénomènes cinétiques. Nous ne trouvons rien à retrancher à ce que nous avons écrit à ce sujet en 1885(1). « La caryodiérèse est complexe et variable dans ses allures. Convient-il de » donner un nom aux diverses modifications qu'elle présente? Il semble que ^ non. Car où s'arrêter si l'on entre dans cette voie? Et puis, à quoi bon » cette multiplicité de termes techniques qui, ne s'appliquant généralement r qu'au cas particulier étudié par leur inventeur, tombent aussitôt en désu- y> étude? Ils ne font qu'encombrer la littérature scientifique. Le langage " ordinaire suffit pour désigner toutes les nuances qui seront remarquées. » Nous ne pouvons accepter davantage les expressions de Prophase, Metaphase et Anaphase, créées par Strasburger. <^ En français elles ne « sont ni nécessaires ni utiles. On dirait tout aussi bien, et mieux peut-être, » première phase, seconde phase, troisième phase (2) y^. Ou encore : phase initiale, phase équatoriale, phase polaire ; expressions qui marquent d'une manière plus explicite la nature de ces diverses étapes, et qui sont immé- diatement comprises. Ensuite, telles qu'elles sont définies par leur auteur, ces diverses phases ne nous paraissent pas correspondre à la marche natu- relle des phénomènes (3). (1) La Cytodiérese che^ les Arthropodes, p. 408. (2) L. c, p. 25i. (3) L c, p. 230 APPENDICE 323 Quoi qu'en dise Flemming, l'analyse attentive des mouvements cinéti- ques conduit à y distinguer seulement deux phases principales : la première s'étend jusqu'à la formation de la couronne équatoriale; la seconde va depuis la dislocation de la couronne jusqu'à la reconstitution des noyaux. Cette division est indiquée par la nature môme de la cinèse. La cinèse a pour but le partage de l'élément nucléinien en deux portions égales, afin d'assurer l'égalité des noyaux nouveaux (1). Or, tous les mouvements qui s'exécutent d'abord ont pour but de prépaver ce partage, en amenant un nombre pair de tronçoiTS égaux à l'équateur du fuseau, d'où ils pourront ensuite descendre, moitiés par moitiés, vers les deux pôles : la première phase est donc une phase préparatoire. Dans la seconde, le partage s'effectue à l'aide d'une seconde série de mouvements : — dislocation de la couronne, avec ou sans division, retour des éléments, formation des couronnes polaires — que l'on pourrait résumer sous le vocable d' ascension polaire, et à la suite de laquelle les noyaux se reforment et s'achèvent. Cette seconde phase est plus complexe que la première ; on y reconnaît sans peine deux catégories de mouvements. Les uns sont des mouvements de translation ; ils se continuent jusqu'à l'achèvement des couronnes polaires : de même que la couronne équatoriale termine les mouvements de la pre- mière série, de même les couronnes polaires terminent ceux de la deuxième; aussi les deux sortes de couronnes sont-elles suivies d'un moment d'arrêt. Les autres sont plutôt des mouvements instestins qui s'exécutent au sein des couronnes polaires et dans le cytoplasme environnant. Ils ont pour but, non plus le partage de l'élément nucléinien, car ce partage est terminé, mais la reformation des nouveaux noyaux; ils constituent une phase qu'on pourrait appeler consécutive. Si l'on veut scinder la seconde phase principale en deux étapes secondaires, c'est bien la distinction de ces deux sortes de mouvements qu'il faut pi-endre pour guide, sous peine de méconnaître la marche naturelle des phénomènes. Mais il est inutille de nous appesantir davantage sur un point qui a été suffisamment élucidé dans notre ouvrage, p. 250 et 251 ; nous y renvoyons le lecteur. En résumé, nos grandes divisions des phénomènes cinétiques, qu'on nous permette de le dire, nous paraissent beaucoup plus naturelles que celles de Strasburger et surtout que celles de Flemming. En outre, notre terminologie est plus simple, plus logique, plus facilement intelligible. (1) Ce point a été traité avec détails daus la Cytodiércse, p. 403. 324 J- B. CARNOY peut-être plus élégante et moins baroque que celle du professeur de Kiel. Nous aimons à croire que ses termes techniques, inutiles d'ailleurs pour la plupart, auront de la peine à passer dans notre langage scientifique. A en juger par l'accueil que leur lait Minot, il semble qu'ils ont moins de chance encore d'être agréés par les savants anglais. Voici en effet comment le professeur de Boston, dont personne ne contestera l'autorité, s'exprimait récemment, avec une franchise tout américaine, au sujet de la terminologie de Flemming (i). r^ Pendant la division des cellules, dit il, des changements très remar- " quables se produisent le plus souvent dans la disposition de la chroma- - tine; ils aboutissent au développement de ces phénomènes frappants, « connus sous le nom de figures caryocinétiques, ou bien, comme Flemming " voudrait les faire appeler, mitoses. Il est difficile de s'empêcher de cri- " tiquer le terme nouvellement forgé : la multiplication systématique de r> termes dont le professeur Flemming a sans nécessité chargé la science « depuis quelque temps ne peut être que condamnée. II est curieux de ^ rencontrer un tel pédantisme chez un histologiste aussi ingénieux et aussi » délicat " Telles sont les observations que nous voulions présenter, une fois pour toutes, en réponse à celles de notre savant collègue de Kiel, dont nous sommes le premier à admirer les travaux. Et maintenant : Paulo majora canamiis !... (i) Charles Sedgwick Minot : The physical tasis of hcredity; Science, 6 Aug. 1886, vol. VIII, n° 183, p. 125. M During ihe division of cells, in the great majority of cases, very remarkable changes occur in the « arrangement of ihe chromatine, leading to the développement of those striking appearances known as « karyokinetic figures, or. as Flemming would like to hâve them called, mitoses. It is difficult to refrain from « styling the latter term new-fangled ; for the systematic duplication of terms with which Professor Flemming « has unnecessarily burdened science of late can only be condemned. It is curions to encounter such pedantry « in so industrious and sensible a histologist, because to overvalue terminology is the mark of mental poverty. » TABLE DES MATIÈRES CONFERENCE. Difficultés de l'observation cytologique. .... jo Figures diinidiées. Figures dimidiées des siuterelles ..... Mêmes figures chez Y Ascaris megalocephala; historique des cinèses polaires de ce nématode ....... Description de Nussbaum et de E. Van Beneden Description de nos 12 préparations, montrant les diverses étapes et les figures des deux cinèses, ainsi que les deux globules et leur séparation à l'aide d'une plaque ....... Conclusions ....... 2" Variations des cinèses polaires. Type de l'Ascaris megalocephala ..... Type de VAscaris clavata ...... Type de V.isearis lombricoïdes ..... Importance de ces variations au point de vue des théories sur la fécondation et de la cinèse en général. ..... 3" Plaque cellulaire. Existence de cette plaque; sa formation ; préparations de \' Ascaris mega- locephala et de la Coronilla robusta .... PAGES 229 23l 232 233 234 à 237 238 239 240 242 241 à 243 244 APPENDICE. I. Les globules polaires chez l'Ascaris clavata. Description de la première préparation. Première figure ..... Seconde figure ..... Description de la deuxième préparation Description de la troisième préparation II. Nouvelles recherches sur l'Ascaris lombrico'i'des. Conditions de nos observations sur quatre individus différents La division équatoriale et l'ascension polaire existent Formation et expulsion des globules . Discussion de la note de Boveri III. Interprétation des faits. Nature de la division équatoriale transversale sur la première figure Discussion sur les deux divisions de la couronne 252 253 et 254 255 257 258 259 à 261 261 ligure 262 263 à 265 n TABLE DES MATIERES La division longitudinale est incomplète , . . . Elle peut être retardée jusqu'après la disparition de la figure L'ascension polaire fait parfois défaut .... Séparation du globule polaire dans la figure cinétique elle-même; la cinèse polaire est alors une cinèse ordinaire ..... Disparition ou rétraction de la figure .... Fuseau de séparation : difficulté de le distinguer du fuseau cinétique . Divers modes de séparation du globule dans la même préparation Formation de la seconde figure ..... Comment doit être envisagée la division équatoriale transversale PAGES 266 266 266 et 267 268 268 269 271 271 et 272 273 NORMALITE DES FIGURES. Méthodes employées ..... Résultats obtenus. ..... Nouvelles préparations sur VAscm-is mcgalocephaLx . Nouvelles prépaiations sur les Ascaris lombricoidcs et clavata Variations individuelles des cinèses .... Les figures varient peu quant à leur élément essentiel Application à \' Ascaris megalocephala Observations au sujet de la critique des frères Hertvvig Critique de la méthode de Boveri. Nécessité d'employer des matériaux vivants et fraîchement extraits de leur hôte Conclusions ....... 274 274 à 276 276 277 278 279 280 281 282 283 284 et 285 VARIATIONS DES CINESES; TERMINOLOGIE RÉPONSE A FLEMMING. 1° Variations. Faits observés par nous dans les cellules testiculaires des arthropodes et par Flemming dans celles de la Salamandre; les observations de Flemming con- firment les nôtres. ...... Autres variations chez les arthropodes .... Nombreuses variations dans- les cellules ovulaires des nématodes Rectification à apporter aux critiques de Flemming . Interprétation des faits ...... Explication de Flemming ...... Nos observations sur la division longitudinale dans la forme pelotonnée La «Tonnenform» de Flemming et nos formes parallèles Divers modes de formation de ces dernières. Nature de la division équatoriale transversale; elle n'est pas toujours l'achèvemen d'une division longitudinale antérieure .... Critique de l'interprétation que donne Flemming de la division transversale dans son ciheterotypische Form» . . . . • Il n'y a pas parité entre cette forme et les figures semblables qui naissent pen dant la dislocation de la couronne .... La nature de la division transversale reste toujours obscure . La division équatoriale peut être différée jusque dans les couronnes polaires et au-delà ....-.• 286 288 289 290 à 294 2g5 296 297 298 299 3oi 302 3o3 3o3 304 TABLE DES MATIERES III Fausseté au prétendu u Principe» suivant ; les moitiés de chaque bâtonnet sont pages destinées à un noyau différent ...... 3o6 Il n'y a pas de division longitudinale dans les couronnes polaires, lorsqu'elle a eu lieu à l'équateur ....... 007 Conclusion générale : les phénomènes de la cinèse sont variables ; aucun d'eux n'est essentiel . ....... Soy Cette conclusion est appuyée par les faits; diverses concessions de Flemming; son schéma primitif n'est pas d'une explication générale . . . ?o8 Un schéma général doit s'appliquer aux cellules reproductrices . . 3 10 Dilemme de Flemmimg ; sa réfutation. Notre dilemme . . !iio à 314 La division longitudinale n'est pas essentielle à la cinèse; elle est variable comme les autres phénomènes cinétiques. . . . . 3i2 La formule actuelle de Flemming est insuffisante et fautive . . . 314 Causes des variations cinétiques . . . . . . 3i5 Une théorie générale de la cinèse doit s'adapter aux cas anormaux ou pathologiques, aussi bien qu'aux cas normaux . . . . . . 3 16 et 317 2" Terminologie. Notre terminologie de la division en général .... 3i8 Celle de Flemming ....... 3ig Remarques critiques. — Le mot cinèse est préférable au mot mitose . . 3 19 Justification de l'expression division acinétique .... 32o Comparaison entre notre terminologie concernant les étapes de la cinèse et celle de Flemmlsg et de Strasburger ..... 32i La cinèse n'a que deux phases principales ; la seconde phase comprend deux étapes secondaires ....... 322 Multiplication exagérée des termes techniques .... 323 et 324 N. B. Les figures de la Planche ci-jointe ayant été décrites en détail, p. 248 à 260, nous jugeons superflu d'en donner ici une nouvelle explication. .S^.- '-c€r^'^c-i) /' /a/^y^z^iz/ ^: Carn^y a^L jiat. cUiui lù/l-.-^UJJi^m^ -^ " l'a '.; A iv: ■; ..";■ LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE PUBLIE PAR J. B. CARNOY, PROFESSEUR DE BIOLOGIE CELLULAIRE, G. GILSON, PROFESSEUR d'emBRYOLOGIE, J. DKNYS, PROFESSEUR d'aNATOMIE PATHOLOGIQUE, A l'Université catholique de Louvain. AVEC LA COLLABORATION DE LEURS ÉLÈVES ET DES SAVANTS ÉTRANGERS. TOME III 3= FASCICULE. I. Le Nucléole des Spirogyra par A. MEUNIER. II. Observations cytologiques sur les éléments séminaux de la Scolopendra morsitans et du Lithobius forficatus par A. PRENANT. III. Etudes sur la coagulation du sang dans un cas de Purpura par J. DENYS. LOUVAIN J GAND AuG. PEETERS, Libraire, Y H. ENGELCKE, Libraire, rue de Namur, ii. rue de l'Université, 24. LIERRE Typ. de JOSEPH VAN IN & D», rue Droite, 48. LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA PAR M. ALPH. MEUNIER DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES ANCIEN ÉLÈVE DE L'UNIVERSITÉ DE LOUVAIN. INTRODUCTION La divergence des opinions émises récemment sur la nature du nucléole des Spirogj'ra nous a paru un motif suffisant pour en reprendre l'étude. Cette question ne manque ni d'opportunité, ni d'importance intrinsèque. Son opportunité résulte du fait même des solutions contradictoires qu'elle a reçues précisément à une époque où de savantes recherches ont fixé l'attention générale des cytologistes sur les nucléoles, en dissipant la confusion qui régnait dans leur nomenclature, en inaugurant de nouveaux procédés d'analyse et en préparant la voie à de nouvelles investigations par l'exposé de vues originales sur leur constitution. Son importance est également indiscutable. A titre d'élément consti- tutif de la plupart des noyaux, les nucléoles tiennent une place dans l'édifice cellulaire, et la valeur du rôle qu'on leur reconnaît déjà dans les phénomènes cytologiques ne fera sans doute que grandir à mesure qu'on creusera davantage leur nature intime. L'étude que nous nous proposons n'est donc pas oiseuse, et, s'il faut convenir que le sujet en est en lui-même fort restreint, il ne faut pas moins admettre qu'elle peut conduire à des conclusions d'une portée beaucoup plus grande que le petit groupe de plantes qui en auraient fourni les prémisses. La question pourrait se formuler en ces termes : Le nucléole des Spirogyra est-il exclusivement plasmatique ; est-il exclu- sivement nucléinien; est-il à la fois plasmatique et nucleinien? Dans chacune de ces trois hypothèses est-il homogène ou structuré? Ce problème résolu, la constitution du noyau de ces intéressants végé- taux s'en dégagerait comme un corollaire naturel. 99 334 A. MEUNIER État actuel de la question. Il ne faut pas fouiller beaucoup la littérature scientifique pour recueillir et coordonner les opinions des auteurs qui ont agité cette question. Le cadre du reste fort restreint de cette communication peut même s'accomoder très bien de leur citation /// extenso. En 1882 Strasburger (1), après avoir repris l'étude du noyau de la Spirogyra majuscula à l'aide de la safranine, arrive à modifier quelque peu ses idées antérieures (2j sur ce sujet, et les résume comme suit : nVor allem istfestzustellen, dass der ruhende Zellkern ausser dem einen r^ oder mehreren Kernkôrperchcn, ein feines Geriistwerk von Faden furht. » Dièse kommen vornehmlich zur Ansicht, wenn der flache scheibenfôrmige » Zellkern, aus seiner normalen Lage gebracht, in Flachenansicht vorliegt. y> Die feinen Faden bestehen aus Hyaloplasma und ftihren relativ wenig j> zahlreiche Mikrosomen. Auffallend ist hier die relativ geringe Tinctionsfâ- r> higkeit dieser Mikrosomen im Verhâltniss zu der Tinctionsfahigkeit der y> Kernkôrperchcn . Das Fadengeriist des Zellkerns erscheint nicht viel » dunkler aïs dasjenige des umgebenden Cytoplasma gcfarbt. Die Dichte r> des Fadengei'ustesist je nach den Praparaten etwas verschieden. In Kernen B mit relativ lockerem Gertist glaube ich mich mit Sicherheit von den Conti- » nuitât des Fadens ûberzeugt zu haben. Freilich ist hier nur relative Sicher- y> heit zu erlangen. Der aussere Contour des Kernes zeigt oft etwas versprin- » gende Ecken, welche den Ansatzstellen der Aufhangefâden entsprechen. » Dièse Faden gehen unmittelbar in die Kernwandung iiber, von der anzu- » nehmen ist, dass sie auch hier eine Hautschicht des Cytoplasma sei. « Un peu plus loin, se faisant l'écho des assertions deJ.M.MACFARLANE(3), formulées une année auparavant, il ajoute : y J. M. Macfarlane glaubt, dass die Faden, auf denen der Zellkern « von Spirogyra nitida suspendirt ist, in das Innere desselben eindringen » und sich daselbst in feine Fasern fortsetzen. Ausserdem giebt er an, dass » man mit wasserentziehenden Mitteln z. B. alkoholischer Eosinlôsung eine « Trennung der Kernwand von der inneren Kernsubstanz zu Stande bringen r, kann, eine Angabe, die nur nicht uninterressant ist, weil gerade hier die « Kernwand leicht den Eindruck hervorruft, als wenn sie integrirender Be- (1) Ueber den TlieilungsvorgangdevZellkerne; Archivfurmikroskopische Anatomie, Bd XXI, 1 882, p. 524. (2) Zellb. II. Zelt/i. 3 Aufl,, 1S80. (3) Transact. Botan. Soc. of Edimburg, vol. XIV, 1881, p. 202. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 335 - standthcil dcr Kcrnsubstanz ware. Der Nucleolus ist, nach Macfarlane, - aut fcinen Faserchen, aus welchem die Kcrnsubstanz besteht, aufgehangt. - Dieser Nucleolus soll cine Membran besitzen und cincn Nucleolonucleus - cnthalten -... Dans le courant de la même année 1882, Flemming (1) arrivant à parler de la substance des nucléoles, et voulant établir que ceux-ci ne doivent pas être considérés simplement comme des portions condensées de la substance chromatique, qui se trouve dans le réticulum nucléaire, argumente de la différence des réactions que les éléments présentent et en particulier de leur inégale aptitude à conserver la coloration artificielle qu'ils ont acquise. Il en trouve un exemple frappant dans le noyau des Spirogyra. - Besonders aufâllig ist dies Verhalten der Nucleolus auch bei den " Spirogj'rakernen. Der schr grosse, runde Nucleolus — manchmal statt - dessen bis drei verschieden grosse — bleibt nach Safraninti notion, noch - lange leuchtend ziegelroth, wenn das feine Gerust, das nach kiirzer Alko- - hohvirkung ganz ebenso aussah, vôllig erblasst ist. " Plus loin (2 1, c'est encore aux Spirogyra qu'il a recours quand il veut signaler un cas de membrane nucléaire ou couche limitante achromatique du noyau parfaitement visible, grâce à la pauvreté en chromatine de celui-ci. •^ Leicht erkennbar ist sie ferner, auch selbst bei grosser Diinne, an - solchen Kernen deren Netzvv'erk arm an Chromatin ist. Ich empfehle dazu - u. A. die plattkernigen Spirogyren «... Ailleurs (3) il revient encore sur ce dernier caractère. •> Das Fadenwerk enthalt Chromatin, aber weinig im Vergleich zu dem - grossen Nucleolus -. La conséquence la plus importante, à notre point de vue, de toutes ces données partielles, c'est que ces auteurs n'ont pas mis en doute la présence d'une certaine quantité de chromatine, dans le noyau de Spirogyra, en dehors du nucléole. Pour J. B. Carnoy (4), le noyau de ces algues filamenteuses est suscep- tible d'une tout autre interprétation. Voici ce qu'il dit à ce sujet, en faisant l'exposé de ses vues sur la topographie du boyau nucléinien. ..." Il arrive que l'élément nucléinien se localise et la position qu'il prend (1) Zellssubst., Kern u. Zelltheil., 1882, p. iSg. (1) Loc cit., p. 1Ô7 (3) Loc. cit., p. 216. (4) La Biologie Cellulaire, 1884, p. 236, 336 A. MEUNIER y présente un intérêt tout particulier. Le bo3'au se ramasse en pelote serrée y au centre du noyau, laissant libre et inoccupée toute la partie protoplas- r matique extérieure, qui se présente alors avec tous les caractères du pro- " toplasme cellulaire. Ce phénomène s'observe çà et là, et pour ainsi dire !- à l'état sporadique, sur divers éléments, dans des circonstances indéter- T minées. Il est rare d'observer dans ce cas une limite tranchée entre la 7> sphérule centrale et la partie restante du noyau. Mais cette aberration y> dans la topographie du filament devient normale dans certaines cellules; r> et alors la pelote nucléinienne s'entoure souvent d'une mince membrane ^ qui en fait un nouveau noyau au milieu de l'ancien. Cette particularité in- » téressante se rencontre chez plusieurs protoorganismes ; on la constate ^ dans les grégarines, certains radiolaires et rhizopodes, quelques algues, " les Spirogyra, par exemple, les thèques de champignons, etc. •<... On sait du reste comment le biologiste de Louvain, frappé de la pro- fonde diversité de nature des nucléoles, en établit une classification (i) com- mandée par cette diversité même, et consacre celle-ci par une terminologie précise, excluant toute équivoque. Il faut, selon lui, ramener les nucléoles à trois groupes, dont la distinction repose sur des caractères essentiels. Ce sont les nucléoles plasmatiques, les nucléoles nucléiniens, parmi lesquels il dis- tingue les nucléoles-noyaux, dont les Spirogyra entre autres fourniraient un exemple, et enfin les nucléoles mixtes. Cette dernière assertion fait l'objet d'une critique de la part de Zacha- RIAS (2). j' Nach Carnoy, dit-il, sollen die Kerne von Spirogyra und der Asci r> von Pilzen Nucleolen mit den Eigenschaften der Nucléoles noyaux be- " sitzen. Das ist meinen Untersuchungen zu Folge nicht der Fall. Die " Nucleolen von Spirogyra unterscheiden sich in ihrem Verhalten gegen y> verdiinnte Salzsaure, Magensaft, Carminlôsungen keineswegs von den r> Nucleolen bei Galanthus nivalis. Lâsstman Salzsaure von 0,2 pro cent auf y Spirogyra (Alkoholmaterial) einwirken, so quillt der Nucleolus zu einem y Hâuserst blassen Kôrperauf, in welchem sich keine Spur von Nucleinkôr- r> pern nachweisen lasst. Hingegen erkennt man in der den Nucleolus um- y gebenden Kernmasse ein sehr feines glânzendes Geriist. DieUntersuchung y der Kerne in den Ascis von Peziza cinerea und vesiculosa ergab keine y Anhalspunkte fiir die Annahme der Existenz von Nucléoles noyaux im " Sinne Carnoy's in diesen Kernen «. (1) Loc. cit., p. 248. (2) E. Zacharias : Uebcr den Nucleolus, 188G, p. 5. (Tirage à part extrait du Bot, Zeitung, i8S5, p. 374.) LE NUCLÉOLE DES SPIROGVRA 337 Ces diverses assertions ne manquent ni de clarté respective, ni d'op- position réciproque. Elles constituent trois solutions aussi inconciliables que nettement formulées. I. D'après Strasburger et Flemming, dont les vues se rapprochent beaucoup, le noyau renferme de la nucléine comme le nucléole, bien qu'en moindre quantité. II. J. B. Carnoy soutient la localisation exclusive de la nucléine dans le nucléole et il accorde à celui-ci la valeur d'un nucléole-noyau. III. Pour Zacharlas le nucléole est au contraire exclusivement plas- matique. L'objet de la controverse ainsi défini est évidemment une question de fait, qui ressort uniquement de l'expérience et qu'il serait conséquemment puéril de discuter à priori. Aussi, sans nous préoccuper des assertions contra- dictoires, nous avons pratiqué une série de recherches dont nous allons faire rapidement l'exposé; et nous attendrons, pour prendre position dans le dé- bat, qu'une conclusion se soit dégagée d'elle-même de l'observation attentive des faits et de leur discussion impartiale. Division adoptée dans ce travail. Pour être complète, l'étude du nucléole des Spirog)^ra doit être faite au double point de vue statique et cinétique. Il y aura donc lieu de scruter d'abord la nature intime du nucléole à l'état quiescent, par l'emploi de réactifs appropriés : ce sera l'objet du pre- mier article. Il faudra suivre ensuite ses évolutions pendant la série des phénomènes caryocinétiques : ce sera la matière d'un second article. Nous grouperons enfin la discussion et la critique dans un troisième article. ARTICLE I, LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA A L'ÉTAT QUIESCENT. Préliminaire. Avant l'essai d'aucun réactif, il est indispensable de prendre connais- sance de l'objet à l'état frais. On ne peut perdre de vue en effet que le résultat le plus immédiat de l'action des réactifs sur la matière vivante est généralement d'en provoquer la mort. C'est donc ordinairement sur des cadavres, plus ou moins profondé- ment défigurés, que portent les observations du micrographe. Par l'emploi rationnel des réactifs, il vise un système de mutilations mé- thodiques, dont il suit le progrès et compare les résultats. C'est un procédé d'analyse délicat, qui, par une destruction raisonnée de la matière organi- sée, permet d'en étudier séparément les éléments et d'en saisir ainsi plus facilement les rapports. Sa valeur dépend donc avant tout de la saine appréciation des modifications obtenues à la suite des manipulations. Voilà pourquoi on ne peut, sous aucun prétexte, se désintéresser de l'état normal de l'organisme. C'est par lui qu'on doit commencer, et c'est à lui qu'il faut ramener les résultats de toutes les recherches. I. EXAMEN SUR LE FRAIS. A. Etat normal. L"examen d'un nombre assez considérable d'espèces de Spirogyra, une quinzaine au moins, nous a laissé la conviction qu'elles ne présentent pas de différences essentielles au point de vue qui nous occupe. On pourrait donc borner ses recherches à une seule espèce. Cependant, pour ne priver nos conclusions d'aucun caractère de géné- ralité même apparent, et pour ne pas nous refuser le bénéfice des avantages 340 A. MEUNIER que certaines espèces offrent à l'étude dans des cas spéciaux, nous en avons choisi plusieurs que leurs caractères morphologiques recommandaient paral- lèlement au même examen. Nous en figurons quelques-unes Pl. I, fig. 1, 2, 3, 4, 5 6, 7, 8, des- sinées sous un même grossissement (D — 2 de Zeiss), pour les rendre com- parables. Nous les désignerons toujours dorénavant par le chiffre romain qui leur est attribué sur nos Planches. Quel est donc l'aspect normal des cellules de Spirogyra, et plus spécia- lement de leur noyau et de leur nucléole ? Limitées par une membrane cylindrique et relativement peu épaisse, de cellulose plus ou moins pure et plus ou moins modifiée, ces cellules ren- ferment un suc cellulaire abondant et très aqueux. Le protoplasme y est relativement réduit. Il forme à la périphérie une couche mince, le sac protoplasmatique des auteurs, qui revêt intérieurement la membrane cellulosique. C'est dans cette pai'tie que sont exclusivement localisés les corps chlorophylliens. Ceux-ci y affectent la forme de rubans pariétaux spirales et diversement ouvragés, dont le nombre varie suivant les espèces, mais est plus ou moins constant dans chacune d'elles. Ils sont le siège d'une formation parfois assez consi- sidérable de fécule, en petits grains groupés autour des pyrénoïdes, et d'une certaine quantité d'huile. La quantité de ces réserves est du reste fort varia- ble, même dans les conditions normales de végétation ; accumulées le jour sous l'influence de l'élaboration, elles s'épuisent la nuit, en fournissant les matériaux nécessaires à l'accroissement des cellules et à leur multiplication. Au centre des cellules on rencontre un noyau de forme plus ou moins irré- gulière,'muni d'un nucléole (^i) sphérique ou légèrement lenticulaire, et entouré d'une couche généralement fort mince de protoplasme, que relient à la pé- riphérie de minces cordons de même nature, simples ou ramifiés. Leur nombre, réduit à deux, trois ou quatre dans certaines petites espèces, est souvent plus considérable dans d'autres plus grandes. Quoi qu'il en soit, il est à remarquer que ces cordons toujours fortement tendus dans des di- rections variées, ne se rattachent jamais au protoplasme périphérique en dehors des rubans chlorophylliens pariétaux, comme si ceux-ci seuls leur (i) Nous n'ignorons pas le fait de la coexistence accidentelle chez quelques espèces de deu.x ou même de trois nucléoles dans un même noyau ; mais le cas nous a paru trop rare, même chez ces espèces, pour mériter une mention expresse dans une description générale et très succincte de la cellule des Spirogyra, LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 34 1 offraient un point d'appui sullisant. Ils sont, dans certaines espèces, le siège d'une cristallisation assez curieuse, probablement d'oxalate de chaux, en petites macles d'inégale grandeur, en forme de croix généralement. Nous ne pourrions, sans nous éloigner de notre sujet, nous livrer à une analyse précise et détaillée de tous les éléments de la cellule. Il a dû nous suffir d'en relever brièvement les grands traits, pour pouvoir nous y orienter au besoin. Seul, le noyau doit faire l'objet d'une étude attentive. Le rapprochement excessif des rubans chlorophylliens, l'abondance exagérée du pigment et des produits d'élaboration emmagasinés dans leur sein sont souvent un obstacle sérieux à l'étude du noyau, qui, dans ces circonstances, peut être presqu'entièrement soustrait à l'observation. Heureusement, on arrive aisément à corriger ce défaut, en cultivant les espèces qui le présentent dans une demi-lumière, et en général dans des con- ditions peu propres à leur prospérité. Grâce à l'influence débilitante de ce mode de culture, la chlorophylle se raréfie, la production de la fécule se réduit considérablement, les cellules s'allongent en espaçant beaucoup les tours de spire des chloroleucites, par le fait même de la rareté des divisions qu'elles présentent. Nos figures reproduisent généralement des cellules ainsi modifiées. On se trouve alors dans les meilleures conditions possibles d'observa- tion. Vers le milieu de la cellule, on remarque une masse de protoplasme très irrégulière dans sa forme, mais aussi très nettement limitée dans toutes ses parties, et solidement retenue en place dans le suc cellulaire par les cor- dons protoplasmatiques qui la relie avec la zone périphérique. C'est ce que nous pouvons appeler dès maintenant' noyau, sauf à préciser plus tard. La forme de la masse centrale dépend avant tout du nombre et de l'orientation des cordons qui la rattachent à la périphérie. Ceux-ci se trouvent-ils tous sensiblement rapprochés d'un même plan perpendiculaire à la longueur de la cellule, de manière à avoir tous leur in- sertion sur une zone très étroite de la membrane cellulaire, la masse cen- trale se développe presque exclusivement dans ce plan et tend à prendre, en gros, la forme d'une lentille placée en travers de la cellule. C'est le noyau plat des auteurs, fig. 6, 7 et 8. Il en est autrement si les cordons se détachent indifféremment de n'im- porte quel point de la masse centrale, pour diverger dans tous les sens; la masse centrale devient alors sensiblement isodiamétrale. C'est le noyau rond des auteurs, fig. 1, 2, 3, 4, 5. 342 A. MEUNIER Dans ce cas, les cordons peuvent être nombreux et assez régulièrement distribués, comme il arrive dans les espèces où les bandes chlorophyliennes sont multiples. La masse centrale devient alors grossièrement sphérique. Celle-ci n'est-elle au contraire assujettie qu'à quatre ou cinq cordons plus importants, elle peut affecter la forme d'un tétraèdre, ou de toute autre figure géométrique n'offrant qu'un petit nombre de facettes. Ce cas est normal dans les espèces qui ne présentent qu'un seul, ou exceptionnellement deux rubans spirales. Il n'est pas rare même de voir dans ces espèces les cordons, réduits au nombre de deux, donner à la masse centrale la forme d'un petit fuseau, par suite de l'étirement auquel ils la soumettent en en déterminant l'orien- tation, FIG. 5. Indépendamment de ces différences spécifiques, il est une série de modifications placées sous l'influence de l'âge; elles sont corrélatives de l'accroissement. Le noyau jeune, généralement lenticulaire au début, même dans les es- pèces à noyau rond, tend à présenter en coupe optique la forme d'une ellipse, dont le grand diamètre serait placé en travers de la cellule. Plus tard, il de- vient plus sensiblement isodiamétral; il finit même par perdre cette forme grossièrement sphérique pour prendre, particulièrement dans les espèces à noyau rond, celle d'un cylindre ou d'un fuseau orienté suivant la longueur de la cellule. Cette dernière forme prélude à la division nucléaire, dont nous nous réservons de parler plus loin. En dehors de ces caractères, tout à fait externes, et qui par cela même ne nous intéressent que médiocrement, on rencontrerait bien peu de détails de structure à noter, si l'on se bornait à un examen, même minutieux, sur l'objet vivant. Le noyau est apparemment une petite masse de protoplasme homogène et brillant, dont l'uniformité n'est brisée que par la présence d'une sphérule relativement assez grosse, qui en occupe le centre et dont la réfringence, plus considérable encore que celle du cytoplasme ambiant, la met fortement en relief. A première vue, l'idée viendrait assez naturellement de prendre ce pro- toplasme nucléaire pour une portion du cytoplasme, et de ne reconnaître pour noyau que la spéhrule réfringente qu'il héberge. Mais si l'on examine attentivement ses contours, fig. 9 et 10, uin, on s'aperçoit, non sans peine cependant, qu'il est limité par un liséré plus dense LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 343 constituant une membrane, également perceptible sur les cordons, aussi loin du moins qu'ils restent assez larges pour permettre la distinction de cette membrane sur les deux côtés de leur coupe optique. Cette observation met à même d'interpréter la nature de ce que, pour ne rien préjuger, nous avons appelé jusqu'ici masse protoplasmatique centrale. C'est évidemment le noyau cellulaire, que la souplesse de sa membrane et l'extrême réduction de la couche cytoplasmatique ambiante, laissent à la merci des tractions combinées, exercées par les cordons cytoplasmatiques. Le noyau prend donc la forme irrégulière que ces cordons commandent, et la membrane, subissant la première leur influence, s'y invagine plus ou moins profondément, en formant des doigts de gant inégalement développés. Certains cas particuliers s'éloignent un peu de cette forme générale du no3'au et sont aptes, cro3-ons-nous, à fournir une confirmation éclatante de l'interprétation dont elle nous a paru susceptible. Il arrive en effet que le cytoplasme forme autour du noyau une auréole relativement considérable, fig. H, cy. Dans ces conditions, les efforts exer- cés par les cordons suspenseurs s'épuisent dans cette couche protectrice, et la membrane du noyau, mise ainsi à l'abri des déformations, conserve ses contours régulièrement arrondis. Ici, moins encore que partout ailleurs, la présence d'un noyau limité par une membrane propre ne peut faire l'objet d'un doute, même pendant la vie des cellules. La sphérule qu'il renferme n'a donc, selon toute apparence, que la va- leur d'un nucléole. Aussi longtemps que la cellule reste dans des conditions normales de végétation, il serait bien difficile, pour ne. pas dire impossible, de découvrir, aussi bien dans le noyau que dans le nucléole, une trace quelconque d'orga- nisation. Mais pour peu que des conditions désavantageuses, auxquelles la culture artificielle expose souvent, se fassent sentir, on voit généralement se dessiner dans leur masse des plages diversement réfringentes : premier indice de structure, qui met en garde contre une conclusion prématurée d'homogénité réelle. Les apparences de cette nature n'autorisent d'ailleurs jamais une con- clusion. Ne connait-on pas beaucoup de cas d'une organisation complexe, absolument dissimulée à l'œil de l'observateur par une identité de réfrin- gence dans ses diverses parties? 344 A. MEUNIER Il y a longtemps d'ailleurs que l'on a fait justice de l'opinion de ceux qui affectaient de ne voir dans beaucoup de détails, du reste tout à fait réels, de la structure cellulaire, que des effets plus ou moins curieux de l'emploi des réactifs. Certes ceux-ci modifient l'aspect de la cellule; mais il y a loin de là à proclamer que les réactifs soient les seuls facteurs des modifications qu'ils provoquent. Il y a un juste milieu à tenir, pour reconnaître à l'action des agents physiques et chimiques, sur la matière vivante, la valeur qu'elle comporte, sans nier aux objets une structure préexistante que les réactifs peuvent modifier et révéler, mais qu'ils sont impuissants à créer. Pour résumer ce qui précède, sans empiéter sur ce qui va suivre, disons : Le noyau des Spirogyva est limité par une membrane. Sa forme, souvent irrégulière, est commandée par les cordons cytoplasmatiques qui l'enchaînent au centre de la cellule, et dépend dans une certaine mesure de la quantité de cytoplasme qui le baigne immédiatement. Son contenu est une masse claire et apparemment homogène, dans la- quelle se trouve enclavée une sphérule plus réfringente encore, parfaitement limitée, mais sans stracture visible. Le seul aspect de ces éléments ne suffit pas à en relever sûrement la nature et l'organisation dans leur état normal. B. État pathologique. Les modifications les moins px-ofondes, celles qui commencent à se manifester sous l'influence de causes très faibles, sont aussi celles qui mé- ritent les premières l'attention, parce qu'elles constituent une transition naturelle aux altérations plus radicales dont elles sont le prélude. Le premier symptôme révélateur de cet état morbide est généralement un gonflement des éléments constitutifs de la cellule, particulièrement du noyau. La cause en est probablement dans l'introduction d'une certaine quantité d'eau qui dépasse la normale, et qui produit l'effet d'un alcali très dilué. Peu à peu la détente des cordons, fig. 12, remet le noyau en posses- sion de sa forme idéale, mu, par la réduction ou la disparition complète des proéminences qui hérissaient sa surface. La membrane revenue sur elle- même présente alors des contours régulièrement arrondis. Elle n'en est que plus nettement apparente, et peut être reconnue avec toute la certitude désirable. Ces mouvements ne modifient pas d'abord sensiblement l'aspect du contenu nucléaire ca. Malgré l'envahissement de l'eau qui le rend moins LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 345 rcfiiiigcnt, il reste homogène et ne présente encore aucune trace déstructure. Le nucléole, //', se gonfle un peu, et se laisse aussi manifestement pé- nétrer par l'eau; nous ne pouvons attribuer cju'à la présence de ce lic[uide l'apparition de petites vacuoles sphériques très claires, que l'on voit généra- lement se produire dans ces circonstances, quand elles n'existent pas déjà à l'état normal. Mais bientôt, l'altération continuant son cours, fig. 13, l'équilibre de réfringence des éléments est brisé, et il se dessine dans, la masse du no)'au un réticulum, iir, qui s'accuse de plus en plus, mais dont les mailles toutefois restent occupées par un liquide plus ou moins visqueux. C'en est assez pour que, guidé par l'analogie, on se demande si l'on n'est pas ici en présence d'un réticulum plastinien, rempli d'un enchylème dont rien n'a encore provoqué la coagulation des albuminoïdes, la solution de ces substances a)'ant au contraire dû être diluée davantage par l'intro- duction d'un excès d'eau. L'usage des réactifs permettra de se faire une opinion à cet égard. Pour le moment ce qu'il importe de noter, c'est qu'on ne voit pas encore apparaître dans la masse du noyau, en dehors du nucléole, aucun corps figuré : filaments, bâtonnets, sphérules plus réfringentes suggérant, même vaguement, l'idée d'un élément nucléinien. Cette remarque ne paraîtra pas dépourvue de valeur si l'on considère que, dans une foule d'objets, l'élément nucléinien se traduit déjà visiblement dans des circonstances identiques, et souvent même d'une manière assez évidente pour permettre à l'observateur quelque peu exercé d'en reconnaître, d'une manière certaine, non seulement la nature mais encore la disposition intérieure. Quant au nucléole n', il ne fournit pas même, dans les conditions pré- sentes, les faibles indices de structure que le reste du noyau accuse. A part les vacuoles j>, qui peuvent s'y être formées, il reste homogène et se gon- fle d'une manière appréciable, sans perdre toutefois sa réfringence. Cette circonstance s'expliquerait très bien dans l'hypothèse qu'il fût en- tièrement ou partiellement formé de nucléine. On sait en effet que cette substance se gonfle dans l'eau, et que cette propriété est loin de faciliter la recherche de l'élément nucléinien dont les parties se rapprochent souvent jusqu'à se fusionner, au moins pour l'œil de l'observateur. La mort de la cellule ne tarde pas à survenir, la membrane de Mohl se détache de la paroi cellulosique, et se ratatine en refoulant vers le centre 346 A. MEUNIER tout ce qui est sous sa dépendance. Les cordons protoplasmatiques perdent de leur netteté et se fusionnent, les rubans chlorophylliens se défigurent et la désorganisation générale, que seule une fixation énergique pourrait encore enrayer, poursuit son cours. Il n'est pas inutile de faire remarquer que le nucléole est loin de dispa- raître le premier dans cet effondrement général. Il persiste au contraire longtemps, et on peut souvent le retrouver encore dans des cellules dont tout le contenu n'est plus qu'un magma informe. Les lésions mécaniques produisent certains résultats fort analogues. La pression violente du verre-à-couvrir, par exemple, en écrasant la cel- lule cylindrique et exagérant ainsi ses dimensions dans le sens latéral, pro- voque la rupture des cordons protoplasmatiques suspenseurs du noyau, ou même projette celui-ci en dehors de la cellule. Dans ces conditions encore, le noyau affranchi des étirements qui le déformaient, reprend des contours réguliers. De plus les lambeaux de cordons, restés adhérents au noyau, sont violemment ramenés sur ce dernier par leur élasticité, et ils s'épatent à sa surface de manière à lui former une auréole cytoplasmatique. D'autre part, si l'on a affaire à des noyaux plats, c'est-à-dire de forme lenticulaire, et pla- cés en travers de la cellule, fig. 14, la pression leur fait aisément exécuter une révolution de 90°, de manière à les présenter de face, fig. 15. Mais il ne faut pas oublier que ce changement d'orientation n'a pu se faire sans une dislocation des cordons suspenseurs et, si le noyau présente toujours, dans ces conditions, une membrane régulièrement arrondie, cette régularité n'est généralement que consécutive au traitement et, conséquemment, ne doit pas être considérée comme normale. D'ailleurs ces lésions ont, le plus souvent, trop profondément troublé l'économie interne de la cellule, pour que celle-ci conserve sa vitalité, et l'on ne tarde pas à voir se dérouler en elle la série des phénomènes morbides que nous avons brièvement rappelés plus haut. Les choses se passent un peu différemment sous l'influence d'une pri- vation d'eau ou d'une dessication lente. Le réticulum que nous avons déjà vu se manifester faiblement dans le caryoplasme, ne tarde pas à s'accuser franchement dans ces nouvelles con- ditions, mais le contenu des mailles, loin de devenir plus aqueux comme précédemment, semble plutôt devenir le siège d'une précipitation légère de substances, qui se fixeraient sur les trabécules du réseau pour les grossir, FIG. 16, ca. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 347 Le nucléole n' à sou tour commence à laisser voir certains détails de structure, que la petitesse de l'objet permettrait difficilement de préciser dès maintenant. La masse parait à première vue se fendiller irrégulièrement et, si on l'examine sous un fort grossissement, on peut se convaincre que cet effet est produit par l'apparition de petits corps allongés et tortueux, que leur grande réfringence fait aisément distinguer des petits interstices beau- coup plus clairs et non réfringents qui les séparent. Ces petits corps, appa- remment de nature très plastique, semblent produire entre eux des super- positions, des anastomoses obliques et transversales, des accolements qui donnent à l'ensemble un aspect spongieux, mais rendent singulièrement difficile la connaissance précise de leur forme; on ne pourrait, d'après ces indications confuses, établir sûrement leur disposition véritable dans l'organe. En somme, le résultat obtenu, à un moment donné, est assez semblable à l'effet produit par l'alcool de concentration moyenne, ou par certains acides contracteurs faibles, comme nous le verrons plus loin. Enfin l'écrasement modéré du nucléole dans la cellule ou après son ex- pulsion de celle-ci, ou mieux encore du noyau lui-même fig. 17, conduit à des observations analogues ou plus intéressantes encore. Dès que la pression a cessé, le nucléole reprend de l'eau au milieu am- biant, et fait alors souvent l'effet d'une petite masse plastique spongieuse, à moins qu'une trop grande invasion d'eau n'y détermine la formation d'une ou de plusieurs vacuoles p, relativement grandes, qui refoulent les petits cordons de matière plastique et les agglutinent en masses apparemment homogènes. Mais il est encore un autre phénomène qui se produit parfois accidentellement durant ces manipulations, et qui doit être soigneusement noté, parce qu'il nous fait faire un pas de plus dans la connaissance de la structure du nucléole. C'est la manifestation tangible d'une membrane pro- pre à ce petit organe, fig. 18, nin . Elle nous avait échappé jusqu'ici, sans doute parce qu'elle est appliquée intimement sur son contenu et n'en est pas visiblement distincte. Mais que la substances qu'elle renferme vienne à s'en échapper sous l'effet d'une pression convenable, à l'instant elle apparaît com- me une petite vésicule limitée par une membranule mince, peu réfringente et présentant quelque part une éraillui"e par laquelle est sortie, ou est encore en train de s'échapper, la matière réfringente qui y était primitivement logée. Celle-ci présente alors souvent l'aspect d'une petite éponge, dont la structure réticulée est d'autant plus nettement accusée et d'autant plus facilement 348 A. MEUNIER reconnaissable que les mailles communiquent librement avec l'extérieur. Parfois cependant son aspect suggérerait plutôt l'idée d'un filament pelo- tonné et formé d'une substance ductile, comme permettent de le constater les effets très divers produits sur lui par les mouvements imprimés au cou- vre-objets. De toutes ces observations nous ne voulons retenir que ceci : Malgré les apparences parfois contraires sur le frais, l'existence d'une membrane continue et limitant le noyau de toutes parts ne peut faire l'objet d'un doute. Il est certain que le nucléole possède aussi une membrane propre analogue. Le nucléole et le noyau sont également structurés, mais le sont diver- sement. Cette structure, dans certaines conditions spéciales, peut être cons- tatée, même à l'exclusion de tout réactif étranger, sans qu'il soit possible cependant de la préciser exactement. IL TRAITEMENTS SPÉCIAUX. A. L'alcool. L'emploi fréquent de l'alcool dans les manipulations micrographiques, l'habitude que l'on a de conserver ses provisions de matériaux dans ce liquide et la nécessité où l'on est souvent de borner ses observations à des matériaux traités de cette façon, tout cela concourt à donner à ce réactif un intérêt particulier. Il hydrate ou déshydrate, suivant qu'il est dilué ou concentré. Dans les deux cas, il modifie suffisamment l'aspect du noyau des Spivogyra pour mériter un moment d'examen. Employé en solution très diluée, il tarde à s'introduire dans la cellule vivante; mais son entrée est bientôt suivie d'une certaine rémission dans la tension des cordons suspenseurs du noyau, et ce dernier prend à l'instant des contours arrondis. Puis, à la suite d'une poussée d'eau sous la membrane nucléaire, on voit celle-ci se distendre, fig. 19, mn, briser ses adhérences avec le caryoplasme ca, dont les dimensions se réduisent plutôt qu'elles ne s'amplifient, et s'en éloigner à une distance souvent considérable. Pen- dant ce mouvement d'extension, elle demeure attachée aux cordons cytoplas- matiques cy, restés continus et reliés encore au protoplasme périphérique de la cellule, fig, 20. LE NUCLEOLE DES STIROGYRA 349 Plus tard, lorsque la limite de son extensibilité est dépassée, la mem- brane crève et se rabat brusquement sur le caryoplasme, en se plissant d'une manière très irrégulière, fig. 21. En même temps, l'alcool arrivant directe- ment au contact du contenu nucléaire le coagule légèrement et progressi- vement de la périphérie vers le centre, et le réduit bientôt à l'état de grumeau informe. Le soulèvement total ou partiel de la membrane nucléaire peut aussi se produire dans des circonstances analogues, sous l'influence d'une foule de réactifs, ou même en l'absence de tout réactif, comme on l'observe souvent dans les cultures vieillies dont le milieu restreint est devenu tout à fait impropre à la végétation. Macfarlane l'a déjà signalé dans le traitement par l'éosine alcoolique. Ce fait, d'ailleurs peu important pour nous, pourrait cependant dissiper les derniers doutes sur la continuité de la membrane nucléaire. Si l'on examine le nucléole, fig. 21,;/', avant que le ratatinement de cette membrane n'ait rendu l'observation presque impossible, on constate encore une fois qu'il a perdu son homogénéité et présente l'aspect vacuoleux ou vaguement réticulé que nous lui avons reconnu précédemment. Mais les détails qu'il offre ne se prêtent guère mieux à l'analyse, et nous ne nous y arrêterions même pas pour les signaler, s'ils ne trahissaient à leur façon une structure que nous verrons s'accuser mieux plus loin, et ne s'harmonisaient parfaitement avec ce qui fera ultérieurement l'objet d'observations plus précises. L'alcool concentré agit très différemment. Son action est immédiate et presque simultanée dans toute la cellule. Aussi, assez souvent, tous les élé- ments sont-ils fixés sur place par la coagulation rapide des albuminoïdes FIG. 22 a. Le noyau lui-même conserve sa forme primitive, comme les autres parties de la cellule. Dans d'autres cas, les cordons suspenseurs sont violemment brisés, et les tronçons qui restent attachés au noyau subitement arrondi s'épatent sur sa surface en y formant une auréole sensible fig. 22 b. Les figures ainsi obtenues sont identiques à celles qui résultent des lésions mécaniques pro- voquant la rupture des cordons; à la différence près de la coagulation pro- duite dans le cas présent par le réactif. Quant au caryoplasme ca, il présente un réticulum très net, dont la grosseur remarquable des trabécules s'expliquerait très bien par la coagu- lation sur les filaments plastiniens, constituant la trame du réseau, des al- 350 A. MEUNIER buminoïdes primitivement dissous dans l'enchylème. C'est là une hypo- thèse que nous espérons pouvoir prouver plus loin. Le nucléole ;/' présente aussi les caractères d'une fixation énergique par déshydratation. Il offre encore l'aspect réticulé ou spongieux; seulement les détails y sont beaucoup mieux accusés par le fait même de la contraction due au réactif. Les interstices, existant entre les trabécules apparentes de l'espèce de réticulum réfringent dont il produit Tillusion, sont ici quelque peu agrandis et paraissent occupés par un liquide non réfringent, qui pour- rait bien n'être autre chose que celui du milieu ambiant; si le nucléole présente dans son ensemble une grande réfringence, celle-ci ne semble causée cependant que par les trabécules du prétendu réticulum. Mais quelle est la disposition réelle affectée par cette substance à l'inté- rieur du nucléole? Constitue-t-elle une masse spongieuse, un réticulum, un filament pelotonné, une aggrégation plus ou moins dense de corpuscules ou de bâtonnets distincts? Ce serait tout cela, que l'effet produit sur l'or- gane visuel serait sensiblement le même, vu la difficulté qu'il y a, dans le cas présent, de distinguer, d'une manière nette, une partie bien déterminée dans l'ensemble. Cela tient évidemment au rapprochement exagéré de ses parties. Cela tient aussi, dans une large mesure, à la présence d'une mem- brane relativement épaisse, qui circonscrit étroitement et recouvre les ouvertures de la masse interne aussi bien que les parties solides. Il en résulte une espèce de fusion, un manque de netteté préjudiciable à l'observation. Les modifications physiques que nous venons d'attribuer à l'alcool ne sont ni les seules ni les plus im.portantes que ce réactif provoque. Il produit en outre une série de modifications chimiques qui, pour être insaisissables à l'œil, n'en sont pas moins réelles, et confèrent des pro- priétés nouvelles aux substances organiques qui entrent dans la composition de l'édifice cellulaire. Il y aura donc lieu de nous en souvenir chaque fois que nos recherches ultérieures porteront sur des matériaux préalablement traités par l'alcool. Nous aurons ainsi l'occasion de les signaler. Les faits rapportés à l'action de l'alcool ne nous permettent donc guère d'étendre les conclusions que nous avons formulées déjà, mais ils en sont la confirmation. Nous ne pouvons qu'afiirmer de nouveau que le noyau et le nu- cléole ont chacun une membrane propre et une structure particulière, que s'ils paraissent homogènes tous deux sur le vivant, c'est qu'il existe normale- LE NUCLÉOLE DES SPIROGVRA lî')! ment entre leurs éléments constitutifs un é(iuilil)rc de rérringcnce (ju'une soustraction d'eau suffit à rompre ; qu'enfin la plus grande réfringence du nucléole doit lui faire attribuer une nature différente de celle du noyau. Nous n'avons encore aucune donnée exacte sur la localisation de la nu- cléinc, ni sur la forme de l'élément nucléinien. Par ces termes nous enten- dons designer la substance propre au noyau et la disposition qu'elle y affecte. La recherche de cette substance requiert encore à présent une série d'essais révélant chacun un de ces caractères particuliers. Les réactifs servant à ces essais sont particulièrement des matières colorantes, des acides, des bases, des sels, des liquides digestifs. Nous étudierons successivement leur action sur les Spirogyra dans le but de rechercher l'élément nucléinien,' mais sans nous désintéresser des renseignements que leur usage pourra nous fournir sur les autres éléments du noyau. Ces réactifs sont en effet précisément ceux dont l'usage rationnel jette le plus de lumière sur la nature et la constitution de toute matière organique. B. Les matières colorantes. Les matières colorantes sont de tous les réactifs de la nucléine ceux dont les effets se traduisent le plus clairement et, dans bien des cas, le plus rapidement. Ce sont aussi ceux dont les indications risquent le moins d'éti'e faussées par le traitement de l'alcool, auquel les objets auraient pu préala- blement être soumis. A ce double titre, leur usage est très précieux. Mais bien qu'on en ait déjà préconisé un nombre considérable, il n'en est aucun dont les indications puissent être acceptées sans réserves; dans certains cas du moins, on ne peut se passer d'une contre-épreuve. J. B. Carnoy (1), dans un récent travail sur l'œuf de V Ascaris viegalo- cephala, a fait ressortir cette vérité avec trop d'autorité pour qu'il soit utile de s'y arrêter encore. Aussi, après avoir examiné l'action des matières colorantes sur le noyau des Spirogyra , nous attacherons-nous à l'étude des dissolvants de la nu- cléine et des liquides digestifs. La Cellule : Recueil de cytologie et d'histologie générale, T. 11., p. ? et seq. 352 A. MEUNIER Le vert de méthyle. Jusqu'à présent le vert de méthyle est le réactif le plus spécifique de l'élé- ment nucléinien. Grâce à la faible quantité d'acide qui l'aiguise, pour ainsi dire, ce réactif ne tarde pas à s'introduire dans les cellules vivantes des Spirogyra, et il y produit deux séries de modifications correspondant aux deux activités qu'il réunit. En tant qu'acide faible, il pénètre, bien qu'avec certaines difficultés, dans la cellule, pousse de l'eau dans les cordons cytoplasmatiques, où il pro- voque l'apparition des vacuoles; il détache souvent, au moins d'une manière partielle, la membrane nucléaire de son contenu, comme le fait plus com- plètement l'alcool faible, brise ensuite l'équilibre de réfringence des éléments du caryoplasme, sans toutefois précipiter de suite les albuminoïdes de l'en- chylème sur les trabécules du réticulum plastinien et enfin, arrivant au nu- cléole, lui fait perdre son homogénéité. Comme tel, il ne pourrait altérer l'élément nucléinien, si ce n'est qu'il le rendrait plus saisissable dans sa forme, en modifiant la réfringence des substances qui le baignent. En tant que matière colorante, le réactif s'introduisant partout et imbi- bant indifféremment toutes les substances organiques semble colorer indis- tinctement toutes les parties de la cellule, en leur communiquant des teintes variables du bleu au vert. Mais un lavage suffisamment prolongé prouve ai- sément que, dans le noyau, il a limité son action efficace au nucléole et que, même dans celui-ci, tout n'a pas été indistinctement coloré. Malgré la peti- tesse de l'objet, les instruments puissants permettent de s'assurer que la coloration verte caractéristique s'est exclusivement limitée à un corps figuré, dont nous nous contenterons de rendre l'aspect en coupe optique, à défaut de données actuelles suffisantes pour interpréter sa forme réelle. Cet aspect, FiG. 23, est identique, à part la coloration, à celui que nous avons déjà constaté sur des nucléoles frais, expulsés des noyaux par une pression brusque, et que nous avons décrit plus haut. Le doute s'impose d'autant plus sur sa disposition que, le plus souvent, l'influence de l'acide acétique très dilué, qui accompagne le vert de méthyle, a déterminé l'introduction dans le nucléole d'une quantité plus ou moins considérable d'eau sous la forme de vacuoles. Celles-ci n'ont pu se développer dans ce petit organe limité par une membrane sans refouler et comprimer les parties chromatiques, qui deviennent ainsi moins distinc- LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 353 tes, parfois même méconnaissables, et semblent souvent ne plus former qu'une seule petite masse plastique colorée. Cet inconvénient ne se produit pas quand on a été assez heureux pour déchirer la membrane du nucléole et en exprimer le contenu par la pres- sion. La petite masse plastique spongieuse ou réticulée ainsi obtenue n'est plus sujette à être déformée par des vacuoles; elle conserve parfaitement sa structure dans le liquide de la préparation, et se montre de suite admira- blement colorée, à l'exclusion du contenu des mailles que les petites tra- bécules réfringentes circonscrivent. Appliqué à des matériaux préablement fixés par l'alcool, le vert de mé- thyle conserve aux noyaux l'aspect qu'ils ont acquis antérieurement, mais les colore im'ariablcment en vert dans leur partie figurée. Nous disons que le vert de méthyle colore exclusivement le corps nu- cléolaire. On ne saurait en effet considérer comme significative la faible teinte verdàtre, à peine distincte de celle du champ du microscope, que le caryo- plasme conserve parfois. Ce n'est souvent qu'un indice de l'imperfection du lavage, ou l'effet d'une réflexion ou d'une transmission de la couleur des corps qui l'entourent; car, dans plusieurs espèces, la membrane cellulaire est suffisamment imprégnée de substances organiques incrustantes pour fixer aussi le vert de méthyle, à la façon des éléments scléreux du bois. Nous devons dire la même chose de la légère coloration analogue qui se remarque, en dehors d'un lavage complet, sur les espaces laissés inoccupés dans le nucléole par le corps chromatique. Quand la préparation a été bien lavée, la faible coloration apparente présentée souvent par ces interstices n'est évi- demment qu'un effet d'optique provoqué par les parties chromatiques supé- rieures ou sous-jacentes II n'est pas inutile de s'en assurer. Car dans une question comme celle qui nous occupe, il importe beaucoup de faire soigneu- sement la part de ce qui est réel et de ce qui n'est qu'apparent. Or, si l'on arrive par la compression à isoler un nucléole du noyau, sans cependant le désagréger entièrement, il devient facile de s'assurer que, non seulement la partie réfringente est seule colorée, mais est encore la seule partie du nucléole qui soit actuellement saisissable. 2° Les carmins. Les diverses solutions de carmin peuvent être neutres de réaction, acides ou alcalines. Dans ce dernier cas, on ne doit pas oublier qu'elles peu- 354 A. MEUNIER vent tout au moins gonfler la nucléine et, par conséquent, défigurer plus ou moins profondément l'élément nucléinien. A part cette réserve, les renseignements que donne le carmin comme matière colorante sont identiques à ceux que le vert de méthyle nous a déjà fournis. a. LES CARMINS NEUTRES ET ACIDES. Appliqué sur des matériaux vivants, le picrocarmin est impuissant d'abord à s'y introduire par lui-même. Mais que l'influence des conditions détestables auxquelles les cellules sont soumises sous le verre-à-couvrir en amoindrisse la vitalité, immédiatement le picrocarmin y entre, en quantité trop faible, il est vrai, pour faire l'objet d'une constatation directe, mais s'y manifeste aussitôt par la riche coloration rouge qu'il communique au nu- cléole seul, sans lui enlever ni son homogénéité, ni sa réfringence. Ce fait nous semble très intéressant, car il prouve mieux qu'aucune autre observation, la grande avidité pour le carmin de ce qui constitue la partie principale du nucléole. L'aptitude de celui-ci à la coloration est telle en effet que, malgré la défaveur de sa position au centre du noyau, il accapare à son profit les premières traces de carmin introduites dans la cellule. Ce n'est donc pas simplement une aptitude plus grande de retenir une colora- tion partagée d'abord par tout ce qui l'entoure. C'est bien plutôt l'indice d'une élection déterminée, qui doit faire reconnaître à certaine substance du nucléole une nature chimique tout à fait particulière. Contrairement à ce qui arrive sous l'empire du vert de méthyle acidulé, le nucléole nous a souvent semblé se gonfler légèrement dans le cas présent, et ne se montrer guère moins homogène d'abord que sur le frais. Plus tard cependant cette homogénéité fait place insensiblement à un aspect réticulé, où les trabécules semblent plus foncées en couleurs que le contenu des mailles, et on est naturellement amené à identifier ce réticulum apparent avec le stroma plastinien qui, plusieurs fois déjà, a fait l'objet de nos obser- vations. C'est du reste ce que l'on peut constater directement, bien que d'une manière moins précise qu'avec le vert de méthyle, sur des nucléoles dont on a exprimé le contenu dans le liquide de la préparation. Sans être aussi saisissante l'action du picrocarmin sur des matériaux fixés par l'alcool n'est pas différente, si l'on fait usage d'une solution très diluée du réactif; car, dans ces conditions, malgré l'entrée libre du carmin dans la cellule, le nucléole se l'assimile intégralement au point d'empêcher d'abord toute coloration en dehors de lui. Mais encore une fois, et nous insistons sur LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 355 ce point parce qu'il est essentiel, la coloration reste l'apanage exclusif de la substance réfringente qui forme les trabccules du réseau que l'alcool a fait apparaître. Fourni en plus grande quantité ou en solution concentrée, le réactif imbibe naturellement tous les cléments cellulaires, mais le moindre lavage suffit à l'expulser, sauf de la partie brillante du nucléole. Il résulte des mêmes observations qu'aucune trace de la substance qui fait le fond du nucléole ne se retrouve en dehors de lui. Dans les préparations soignées, en effet, on chercherait en vain dans le caryoplasme une trace quelconque de coloration, trahissant la présence d'une substance douée de la même propriété. Ajoutons que l'alun carminé produit les mêmes résultats, en ce sens qu'il ne communique aussi de coloration significative qu'au nucléole. Il en est de même du carmin acétique, seulement la coloration qu'il provoque dans le nucléole est encore plus vive. B. LE CARMIN ALCALIN. L'usage du carmin de réaction légèrement alcaline sur des matériaux frais conduit à des résultats un peu différents, mais susceptibles d'une inter- prétation qui, en les rattachant aux autres, en fait une brillante confirmation. Sous cette forme le carmin réunit deux activités différentes, celle de matière colorante et celle d'alcali dilué. Son action est presque immédiatement suivie d'une coloration assez vive de tout le noyau, aussi bien du caryoplasme que du nucléole. Celui-ci reste néanmoins toujours plus intensément coloré. Cette différence de résultats doit avoir sa cause dans la seconde énergie du réactif, si l'on veut admettre en effet pour un moment, ce qui sera dé- montré plus loin, que l'ammoniaque gonfle et dissout la nucléine. On ad- mettra que, dans l'expérience présente, cette substance doit abandonner partiellement le nucléole et s'épancher successivement dans le caryoplasme. Il est alors tout naturel que le carmin la signale partout où elle s'est répan- due, en lui communiquant sur place sa coloration caractéristique. Mais que l'on fasse alors passer un peu d'ammoniaque sur la préparation, et l'on verra la coloration disparaître de toutes les parties du noyau en même temps que la substance qui en était l'objet. Mais n'anticipons pas sur l'action des alcalis, qui trouvera sa place plus loin. 356 A. MEUNIER Lorsqu'on applique le même carmin alcalin sur des matériaux conservés dans l'alcool, le nucléole seul se colore, comme avec le carmin neutre ou acide. Seulement on constate qu'il se gonfle légèrement, et que les mailles du réticulum sont moins dépourvues de coloration. Un excès d'ammoniaque libre diminue beaucoup la coloration, et si, après un lavage peu prolongé, on fait revenir le carmin sur la préparation, le noyau se colore médiocrement dans toute son étendue. Après une action plus prolongée de l'ammoniaque libre et un lavage plus complet, la colora- tion devient impossible. Qu'est-ce à dire, sinon que la substance chromatique du nucléole, rendue moins soluble en elle-même, ou plus fortement retenue en place par la fixation des substances au sein desquelles elle se trouve à la suite du traitement alcoolique, finit cependant par céder à l'influence dissolvante de l'ammoniaque et disparait enfin, emportée par le lavage, après s'être épan- chée dans le caryoplasme. La coloration momentanée du caryoplasme dans ces diverses cir- constances n'est donc jamais qu'accidentelle, et liée à l'action du réactif, qui tient de son alcalinité une seconde énergie, dont il importe du reste beaucoup de déterminer soigneusement les effets. Le carmin aussi bien que le vert de méthyle ne colore donc, à propre- ment parler, que le nucléole, et celui-ci doit cette coloration stable à un élément brillant et figuré. 3° Lhémaioxyline et les anilines diverses. Ne pouvant que redire ce qui a fait l'objet de l'exposé antérieur, il nous semblerait superflu d'entrer dans des développements au sujet de l'action colorante de l'hématoxyline. De quelque manière que le réactif arrive au contact du nucléole, il le colore en violet brunâtre à l'exclusion du reste du noyau. C'est donc une nouvelle confirmation des essais précédents. Quant à la safranine, l'éosine, le rouge d'aniline, le violet d'aniline et autres, nous ne saurions leur reconnaître aucune importance dans notre étu- de. Colorant de prime abord toutes les substances cellulaires indistinctement, ces réactifs sont peu propres à les différencier. Cependant si l'on suit les pro- grès de la décoloration provoquée par des lavages appropriés, on doit reconnaître, comme le fait remarquer Flemming (i), que le nucléole conserve (i) W. Flemming : Zdbsubst., Kern ii. Zellth , 1882, p. 159 LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 357 longtemps une coloration beaucoup plus vive que le reste. Ce fait, si bien en harmonie avec les autres observations, contribue comme elles à faire ad- mettre l'existence dans le nucléole d'une substance douée de propriétés spéciales. Ainsi, en résumé, dans les conditions les plus rigoureuses de l'expé- rience, on constate que les matières colorantes, réputées spécifiques de la nucléine, limitent uniquement leur action efficace et significative au corps réfringent et apparemment réticulé du nucléole. C. Les acides Notre but n'était évidemment pas de rechercher toutes les modifications que les acides, de force variée et de concentration différente, peuvent amener dans les cellules des Spirogyra, mais bien plutôt d'y scruter l'élément nu- cléinien. Nous nous bornerons dans cet exposé de nos recherches aux réac- tions dont un long usage général a démontré l'excellence. 1° Acide nitrique. Cet acide résume assez complètement les propriétés générales des acides minéraux forts; on peut le prendre comme type de cette catégorie. D'autre part, son usage déjà fort répandu comme fixateur a fait suffi- samment connaître son action sur la matière vivante, pour que les résultats obtenus dans ce cas particulier puissent être rattachés à des faits plus uni- versellement constatés, et devenir susceptibles d'une explication immédiate et certaine, a. ACIDE NITRIQUE DILUÉ A 2 — 4 o/o. Appliqué sous cette forme sur les cellules vivantes des Spirogyra, il en provoque instantanément la mort, et en fixe simultanément sur place tous les éléments figurés, sans altérer leurs rapports. Les cordons protoplasmatiques suspenseurs du noyau, le noyau lui- même, le nucléole, à part une légère contraction, ne soufifrentaucune atteinte dans leur forme. C'est une momification qui présente même peut-être sur celle qu'opère l'alcool l'avantage d'être plus rapide, et d'amener moins fré- quemment la rupture de certains éléments par une contraction trop éner- gique, FIG. 24. L'homogénéité primitive du caryoplasme, ca, fait place à une structure 103 358 A. MEUNIER réticulée presque identique à celle que provoque l'alcool concentré, et qui ne peut recevoir une explication différente. Elle est due, comme des diges- tions appropriées achèveront de le prouver, à la coagulation d'une partie au moins des albuminoïdes préalablement dissous dans l'enchylème, et à leur précipitation sur les trabécules d'abord invisibles du réticulum plastinien. Le nucléole de même présente à l'instant une structure vaguement réticulée dont les grosses trabécules paraissent entièrement formées d'une substance très brillante, précisément celle que nous avons reconnue plus haut sensible à l'action des réactifs colorants. Cette substance ne se dissout donc pas dans les conditions présentes. Un lavage soigné, suivi de l'usage du vert de méthyle ou du picrocarmin, la montre aussitôt colorée et confinée exclusivement dans la masse spongieuse du nucléole. Nous ne voudrions pas soutenir cependant que l'action de cet acide, même à ce degré de dilution, pourrait être prolongée impunément pendant un temps très considérable. Les substances organiques finissent par s'y user, pensons-nous, et subissent une espèce de digestion lente à laquelle la substance chromatique ne semble pas échapper elle-même. Une préparation conservée pendant plus d'un mois dans ce véhicule ne nous en a plus guère montré que des traces, difficilement appréciables, dans quelques noyaux, après lavage et coloration par le vert de méthyle. Sur des matériaux fixés longtemps par l'alcool ce réactif ne nous a semblé produire aucune modification. Il doit du reste en être ainsi, puisque les changements qu'il est capable de déterminer sont déjà réalisés, car au fond son action principale, qui est la fixation, est fort analogue à celle de l'alcool. Il n'y aurait même pour ainsi dire plus rien à craindre, dans ces conditions, d'une action beaucoup plus prolongée de l'acide. B. ACIDE NITRIQUE FORT. Par acide nitrique fort, nous n'entendons pas seulement cet acide pur, mais même dilué jusqu'à 10-12 0/0. Il provoque la dissolution rapide et presque subite, sur les matériaux frais, de la substance brillante chromatique pi'opre au nucléole, fig. 25. Celui-ci se vide presque entièrement et ne conserve qu'un stroma très clair, non réfringent, dont la présence après cette réaction nous a paru tout à fait constante dans cet organe, quelle que soit l'espèce de Spivogyra sur laquelle on pratique les manipulations. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 359 Ce stroma, beaucoup plus réduit eu densité que la trame réticulée et réfringente qui préexistait, continue à présenter vaguement l'aspect d'un réticulum dont il serait extrêmement difficile d'apprécier la forme des mail- les, si l'on ne recevait d'autre part des renseignements plus circonstanciés qui en permettent l'interprétation. Ce serait en vain que, dorénavant, on essaierait de ramener les choses à leur état primitif en neutralisant l'acide, en lavant la préparation de ma- nière à en chasser toute trace du réactif, ou même en y faisant passer des fixateurs, tels que l'alcool, capables de faire réapparaître, en la contractant, une substance qui n'aurait été que gonflée ou aurait changé d'indice de ré- fraction. Après tous ces essais infructueux, il faut convenir qu'on est bien en présence d'une véritable dissolution. En dehors même de toute tentative de coloration, la seule disparition de la réfringence, si caractéristique d'abord du nucléole, fournirait déjà un indice sérieux de la dissolution de la substance qui la causait. Nous verrons plus loin, lorsque nous aurons dévoilé l'organisation véri- table de l'élément nucléinien, quelle est la nature du stroma amoindri, non réfringent et non chromatique, qui s'observe encore dans le nucléole après ces manipulations. Disons seulement maintenant que ce stroma, ou résidu nucléolaire, pré- sente une densité variable, suivant les espèces; la transparence de l'ensemble résulte bien plus de la transparence des trabécules qui circonscrivent les mailles que de leur minceur. Ces trabécules sont toujours relativement larges et ne paraissent jamais moniliformes. Si les trabécules du réticulum caryoplasmatique paraissent souvent moins épaisses après l'action du même acide plus faible , il ne faut pas s'en étonner, car il peut très bien se faire qu'une partie des albuminoïdes, coagulés dans le premier cas, se soient actuellement dissous. Mais on doit se garder d'identifier les parties dissoutes avec celles également dissoutes du nucléole, car les différences de réaction qu'elles nous ont présentées sous l'influence des réactifs colorants ont largement suffi à les diversifier. On est en même temps amené à reconnaître à nouveau la membrane propre mn' dont le nucléole est doué. Cette membrane apparaît nettement; elle est du reste plus ou moins parfaitement conservée, suivant le plus ou moins de violence de l'action dis- solvante du réactif. Elle ne présente pas la même épaisseur, ni la même 36o A MEUNIER résistance dans toutes les espèces de Spirogyra; mais il nous a été permis de la remarquer assez de fois dans toutes celles que nous avons soumises à l'examen, pour pouvoir affirmer que sa présence est commune à toutes, et constante pendant que le noyau est au repos. Si on ne peut la remarquer facilement sur le frais, cela tient évidem- ment à ce qu'elle est toujours étroitement appliquée contre son contenu. Elle ne semble pas moins faire corps avec le caryoplasme environnant, car celui-ci la suit fidèlement dans tous ses mouvements de distension et de con- traction provoqués par les diverses réactions, et lui reste assez invariable- ment fixé. Pour l'en détacher, il faut exercer une action mécanique violente, sur des matériaux frais, en provoquant l'écartèlement du no3^au et la mise en liberté plus ou moins complète du nucléole. Ce détail a son impor- tance. Nous le rappellerons dans nos conclusions générales. Sur des matériaux conservés depuis longtemps dans l'alcool, l'acide nitrique n'agit plus immédiatement que s'il est suffisamment concentré. Dans ces conditions, il ne gonfle guère le nucléole, mais lui enlève encore assez rapidement sa partie chromatique réfringente. Après cet enlèvement complet, les trabécules du réticulum nucléolaire paraissent toujours sensiblement plus grosses et plus denses que dans les matériaux frais qui ont subi le même traitement. Cela doit tenir à l'action de l'alcool, qui ne peut réduire notablement les dimensions du nucléole, comme il le fait, sans le rendre plus dense dans toutes ses parties, et plus complètement ou même tout à fait inattaquable par l'acide dans sa partie plasmatique. C'est du reste ce que l'on observe dans le caryoplasme lui-même. 2° L'acide chlorhydrique. Nous examinerons successivement l'action de l'acide chlorhydrique fort et celle du même acide très dilué. A. ACIDE CHLORHYDRIQUE FORT. Le résultat définitif de l'acide chlorhydrique fort, ou même de concen- tration moyenne, sur le nucléole frais des Spirogyra, fig. 26, est toujours d'en faire disparaître, en même temps que le brillant qui le caractérisait, son aptitude à la coloration. Seulement cette action est beaucoup moins rapide qu'elle pourrait le paraître. Si l'on enlève le réactif après quelques minutes et si l'on fait agir alors le vert de méthyle , on voit revenir la colora- LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 301 tion dans le nucléole, seulement elle est plus faible et clic intéresse le nucléole dans toute son étendue. Elle n'est donc plus la propriété exclusive du stroma réticule brillant qui préexistait, et que l'on trouve d'autant plus réduit que l'acide employé était plus fort et que son action a été prolongée plus longtemps. Cette coloration affaiblie du nucléole s'étend même souvent au caryo- plasme. Nous ne doutons pas qu'il ne s'agisse encore ici d'une diffusion de la substance chromatique soluble, qui passe successivement du stroma nu- cléolaire dans les mailles interposées et de là dans le caryoplasme lui-même. Quoi qu'il en soit, après un temps variable, mais qui n'est jamais consi- dérable, la dissolution de la nucléine est complète; le nucléole ne conserve plus qu'un stroma d'apparence réticulée, qui n'est plus colorable et qui est fort analogue au résidu laissé après l'action de l'acide nitrique fort. Grâce au durcissement consécutif de l'action déshydratante qu'ils ont subie, les matériaux conservés dans l'alcool se montrent plus réfractaires au traitement ; néanmoins l'expulsion de la nucléine n'est toujours qu'une affaire de temps. Il est avantageux pour obtenir des résultats très nets d'opérer en dehors du porte-objets, et de laisser séjourner quelque temps les matériaux dans une quantité plus considérable du réactif. B. ACIDE CHLORHYDRIQUE DILUÉ A 2—4 o/oO. L'action digérante que cet acide, porté à un degré de dilution considé- rable, exerce à la longue sur la matière vivante est universellement recon- nue. Nous nous en occuperons d'autant plus volontiers, que son usage nous a donné l'occasion de saisir un des côtés les plus intéressants de la solution que nous cherchons. C'est en effet sur des préparations de matériaux frais, conservées pendant plus d'un mois dans l'acide chlorhydrique à 2 — 3 0/00, lavées ensuite avec précaution et colorées finalement par le vert de méthyle, que nous avons recueilli les premières indications nettes et précises sur la structure réelle du corps figuré qui est à l'intérieur du nucléole. Ce corps figuré est seul conservé, fig. 27, 28, 29; la membrane qui l'enveloppait étroitement a disparu ; les mailles de ce corps plastique s'étant dégagées et agrandies, on peut dorénavant scruter suffisamment la distribu- tion des éléments qui subsistent, pour que leur étude attentive, sous un grossissement suffisant, conduise inévitablement à l'hypothèse d'un boyau continu et pelotonné, bn. Les diverses portions de ce corps, visibles dans une coupe optique, se 362 A. MEUNIER colorent intensément sous l'action du vert de méth3de, et se présentent, avec une netteté saisissante, comme les anses multiples d'un filament continu, mais diversement contourné, dont il est possible de suivre plus ou moins complètement le parcours par des mouvements variés de la vis micrométrique. Et qu'on n'objecte pas que ce n'est là que le résultat fortuit d'une dispo- sition accidentelle; le fait est tout à fait constant. Dans une préparation qui contenait des centaines de cellules, dont un tiers au moins présentaient suffisamment bien leur noyau et son contenu, pour que l'étude en fût possible, nous n'avons pas trouvé un seul nucléole qui ne révélât cette structure. Les espèces les plus diverses, soumises à ce traitement, nous ont donné les mêmes renseignements, sans autres différences que la grosseur relative du filament, sa longueur, le nombre et la disposition variable de ses anses et de ses circonvolutions. La constance de ce fait ne s'est pas non plus trouvée amoindrie par l'examen de nucléoles d'âges différents. Que ce soit pendant le repos du noyau, que ce soit pendant la préparation des phéno- mènes caryocinétiques, ou immédiatement après la révolution complète de ceux-ci, la présence d'un filament chromatique dans le nucléole nous a paru ne pas souffrir d'exception normale. Quant à la structure de ce corps pendant la durée des phénomènes de la division nucléaire, l'ordre adopté dans cet exposé nous en a fait rejeter l'étude dans un second article. L'examen du reste du noyau n'est pas moins fécond en renseignements précieux. On n'observe plus qu'un réticulum très délicat , rp , dont les trabécules sont extrêmement minces et dont les mailles ne renferment plus que quelques rares granulations; celles-ci, du reste, se montrent tout â fait réfractaires à l'action colorante du vert de méthyle. Nous croyons être ici en présence du réticulum plastinien dont la na- ture chimique a permis la conservation plus ou moins intégrale, pendant la digestion presque complète des albuminoïdes de l'enchylème. La membrane nucléaire n'est plus, dans bien des cas, que partielle- ment conservée ; elle est partout fortement entamée et offre générale- ment un aspect granuleux, circonstance qui s'observe particulièrement bien dans les noyaux où elle a été soulevée sous l'influence du réactif, de manière à former autour du caryoplasme des poches vésiculeuses. Tous ces faits prouvent qu'il s'est évidemment produit ici une diges- LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 363 tion dans toute l'acccptiou du terme. Or, de toutes les parties conservées, le filament propre au nucléole est la seule qui, avant comme après le traite- ment, se montre sensible à l'action des matières colorantes caractéristiques de la nucléine. D'autre part, nous avons vu cette substance se dissoudre dans les acides nitrique et chlorhydrique forts, et nous constaterons plus loin sa disparition complète sous l'influence des alcalis. C'est là une partie des prémisses d'une conclusion que nous voulons retarder jusqu'après la démonstration du dernier fait allégué. Sur des matériaux longuement fixés par l'alcool, l'acide chlorhydrique, porté a ce degré extrême de dilution, est presque complètement réduit à l'impuissance. En tous cas, il ne modifie guère le nucléole, il ne lui enlève ni son brillant, ni son aptitude à la coloration. C'est bien ce à quoi il fallait s'attendre, puisque la substance à laquelle il doit cette double propriété a même été respectée sur des matériaux frais soumis au même traitement. Nous notons cependant le fait, bien qu'il soit ici beaucoup moins significatif. On pourrait en effet objecter, avec une apparence de raison, que si cette substance ne se dissout pas dans ces nouvelles circonstances, cela tient moins à son insolubilité naturelle dans ce véhicule, qu'à la perte de cette propriété consécutivement au traitement alcoolique. On pourrait citer à l'appui de cette allégation l'égale indissolubilité de la membrane nucléo- laire, du caryoplasme circonvoisin et de l'ensemble du contenu cellulaire; ce dernier semble à peine dans ces circonstances perdre un peu de sa densité primitive, même après plusieurs jours, et s'altère d'autant moins que la durée de la fixation alcoolique a été plus grande. Heureusement la contre- épreuve sur des matériaux frais détruit cette objection. Nous dirons donc tout simplement que si cette expérience, sur des matériaux préalablement durcis, ne prouve rien, elle n'infirme également rien; et nous nous permettons de faire remarquer que Zacharias(ij, en s'appuyant en partie sur le fait signalé pour établir ses vues sur l'objet qui nous occupe, met, de ce chef du moins, le néant à la base de son argumentation. Nous ne tirerons des faits rapportés à l'action des acides que deux con- séquences qui se sont présentées à notre attention pendant cette étude, constamment et sous toutes les formes possibles. La première, c'est que les acides minéraux forts, reconnus aujourd'hui comme des dissolvants de la nucléine, enlèvent entièrement la matière chromatique, exclusivement confinée dans le nucléole chez les Spirogyra. (I) Veber den Nticleoliis, p. 5. 364 A MEUNIER La seconde, c'est que l'acide chlorhydiique très dilué qui, de l'aveu général, dissout à la longue les albuminoïdes digestibles, épargne cette même substance chromatique, dont la présence, avant comme après la digestion, ne s'observe que dans le nucléole. D. Liqueur digestive artificielle ou suc gastrique. Les faits que nous avons relatés tantôt, à propos de l'action de l'acide chlorhydrique dilué, suggèrent naturellement l'idée d'un contrôle par le suc gastrique. Ce contrôle en fournit une complète et brillante confirmation par l'invariabilité et la netteté des résultats qu'il donne, pourvu qu'on ait soin de prendre des matériaux frais pour objet de ses recherches. C'est là d'ailleurs une condition tout élémentaire, exigée par la nature même de l'expérience. Pour s'en départir il faudrait éclaircir au préalable une série très complexe de questions relatives aux modifications chimiques et physi- ques, introduites dans les substances organiques par les fixateurs en général, ou tout au moins par celui qui aurait servi au traitement des matériaux. Il n'est pas douteux que cette étude conduirait à constater une perturbation dans les rapports de digestibilité relative, universellement observés sur des matériaux frais. Il deviendrait évident par le fait même que les résultats obtenus sur des matériaux ainsi modifiés ne restent pas comparables avec les données généralement acquises sur cet important sujet. Au reste, si nous avons tenu à traiter parallèlement les matériaux frais et les matériaux fixés, ce n'a été que pour nous donner le luxe d'un contrôle peu concluant de sa nature, mais fournissant cependant des résultats suscep- tibles d'une interprétation qui en fixe la valeur réelle et qui, par cela même, les élève au rang de véritables conti'e-épreuves des expériences normales. Le fait capital, au point de vue qui nous occupe, de l'action du suc gastrique sur le noyau des Spirog)n'a, fig. 30, c'est la persistance, même après un temps considérable, du corps figuré chromatique et réfringent du nucléole, bji, et l'impossibilité de découvrir, en dehors de cet organe, des traces quelconques d'une substance que des propriétés semblables feraient reconnaître identiques à celle qu'il contient. Parmi les autres restes du noyau épargnés par la digestion, rien ne se montre sensible à l'action des matières colorantes précitées ; l'absence de cette propriété, même en dehors de toute autre observation, est une preuve LE NUCLÉOLE DES SriROGYRA 365 suffisante qu'aucune substance ne partage la nature du filament chromatique du nucléole. Par filament chromatique nous entendons parler de la substance qui fait le fond de cet élément. Car des essais appropriés établissent que ce corps filamenteux n'est pas aussi simple qu'il le paraît, mais est constitué d'un étui membraneux, insoluble dans les acides forts et les alcalis, et d'une substance, solubledans les mêmes réactifs, qui l'emplit plus ou moins com- plètement. Celle-ci seule est réfringente et chromatique. Après sa dissolu- tion, dont on peut suivre les progrès plus ou moins lents sous le microscope, on ne trouve plus qu'un boyau vide qui conserve sa forme et se présente nettement comme tel. Mais cet étui n'est plus susceptible d'aucune trace de coloration, si ce n'est d'une teinte passagère sous l'influence de matières colorantes qui, comme la safranine et d'autres anilines, exercent une action égale sur beaucoup de substances cellulaires. Ces essais permettent en outre de dissiper les derniers doutes sur la nature des menues granulations que l'on rencontre souvent disséminées dans la trame finement réticulée du caryoplasme, et dont la propriété de se colorer plus ou moins par le vert de méthyle et le carmin pourrait parfois sembler discutable. Ces granulations résistent également bien aux deux sortes d'agents qui dissolvent la nucléine; la constatation de ce fait tranche la question en rendant impossible leur identification avec cette substance. Ce ne sont sans doute que des corpuscules de substances albuminoïdes, plus réfractaires au suc gastrique que le reste de l'enchylème, et qui, participant dans une cer- taine mesure de la nature du réticulum plastinien, bénéficient avec lui du privilège de l'indigestibilité. Pratiquée sur des matériaux conservés dans l'alcool, la digestion laisse dans le noyau un résidu beaucoup plus considérable; ce qui est tout à fait conforme à ce qu'on pouvait prévoir, vu l'indigestibilité relative des albu- minoïdes fixés par les réactifs. A plus forte raison le nucléole persiste-t-il aussi. Il est même si peu modifié que sa structure n'en est pas rendue plus facilement appréciable, à cause surtout de la conservation plus ou moins complète de sa membrane. Celle-ci continue généralement à y adhérer étroitement et empêche, par le fait même de sa présence, qu'on se rende exactement compte de son contenu. Le résultat de l'expérience dans ces conditions est donc presque nul en lui-même. Nous ne nous y serions pas même arrêté, si Zacharl\s ne s'était servi io3 366 A. MEUNIER de ce fait purement négatif pour justifier l'hypothèse de la nature purement plasmatique du nucléole des Spirogyn-a. Rappelons, sous forme de conclusion, les deux faits principaux révélés par cette étude. Le filament chromatique du nucléole ne se digère pas dans la liqueur digestive artificielle. La substance chromatique est localisée dans un étui de plastine, et celui-ci devient visible comme tel après l'enlèvement de celle-là par les dissolvants de la nucléine. E. Les alcalis et les sels alcalins. A ce propos encore, il y a lieu de distinguer soigneusement les maté- riaux frais de ceux que l'alcool a en quelque sorte momifiés par une longue et vigoureuse fixation. Non pas que les résultats obtenus par l'usage des deux sortes de matériaux soit finalement différents, mais parce qu'on a souvent l'occasion d'observer, pendant les manipulations, des particularités accidentelles qui ne tiennent qu'à la nature des objets d'étude, et qui doivent être expliqués par elle. A. MATÉRIAUX DURCIS PAR l'aLCOOL. 1° V ammoniaque . Ce réactif même concentré semble d'abord peu actif sur des noyaux de Spirogyra fortement fixés par un long séjour dans l'alcool. Il est même difficile, en opérant sur le porte-objets, et conséquemment avec des quantités modiques du réactif et pendant un temps fort limité, de se faire une conviction sur la solubilité d'une partie quelconque du noyau sous son influence. Mais l'examen des matériaux immergés pendant un temps plus considérable dans cet alcali ne laisse aucun doute sur la dispa- rition qu'il provoque d'une portion notable du nucléole. De réfringent qu'il était, il est devenu transparent, et laisse voir à l'in- térieur de sa membrane, parfaitement bien conservée et rendue actuellement bien visible, ce système de filaments d'aspect semblable à celui dont l'usage des acides forts a déjà provoqué l'apparition dans les conditions analogues. De plus, il a perdu toute aptitude à la coloration, si ce n'est, encore une fois, vis-à-vis des matières colorantes qui, comme la safranine, ne manifestent aucune préférence marquée pour la nucléine. LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 3^7 Ceci nous amène donc à constater de nouveau l' enlèvement complet de la substance réfringente et chromatique du nucléole par un réactif que l'on sait apte à dissoudre la nucléine, et les présomptions, suscitées déjà plus haut, renaissent ici avec une plus forte dose de probabilité. Cette dissolution est d'autant plus significative qu'elle est plus exclusive : circonstance éminemment bien réalisée dans cette expérience, car on chercherait vaine- ment une modification quelconque survenue dans le caryoplasme. En effet celui-ci consei^ve absolument et la forme et la densité et le faciès général qui lui ont été donnés d'une manière durable par le traitement alcoolique. L'aspect du nucléole ne s'est guère modifié lui-même. Il ne s'est pas gonflé, ni déformé; n'étaient la perte de sa réfringence et son inap- titude actuelle à se colorer, on pourrait croire qu'il est sorti indemme de son immersion dans l'ammoniaque. Il ne nous semble pas douteux cependant que le stroma non chromatique qu'il renferme encore ne soit l'étui de plastine, que l'usage des alcalis sur les nucléoles digérés nous a déjà conduit à reconnaître. Bien que cet étui se soit vidé, il reste en place en conservant sa forme primitive, grâce au durcissement qu'il a subi, et il concourt, comme par le passé, avec la membrane qui est également bien con- servée, à former la charpente de l'organe. Il n'est pas étonnant dès lors que celui-ci conserve à peu de chose près son faciès général. 2° La potasse. La potasse conduit identiquement aux mêmes résultats, fig. 31; pourvu toutefois que l'on prenne soin de la diluer suffisamment pour modérer son action, et d'y prolonger quelque temps l'immersion des objets, FIG. 32. La potasse trop concentrée, détruisant tout l'édifice cellulaire par la dissolution successive de ses éléments, ne laisserait aucune signification à la disparition de la substance chromatique du nucléole. D'autre part, si elle est très diluée, il faut que la durée de son action compense l'atténuation de son énergie. Dans ces dernières conditions, on obtient des résultats qui ne se traduisent pas moins nettement que ceux auxquels conduit l'usage de l'ammoniaque. C'est du reste un fait indéniable que la nucléine est rendue beaucoup moins attaquable par suite de l'action prolongée des fixateurs, et que, parfois même, elle est mise à l'abri de ses dissolvants ordinaires, si ce n'est peut-être des plus énergiques, comme l'acide chlorhydrique, par exemple. 368 A. MEUNIER D'ailleurs la difficulté de dissoudre la nucléine par les alcalis peut encore tenir au durcissement, et à l'imperméabilité relative qui s'en suit, des éléments dans lesquels elle est engagée; et il faut tenir compte de ces mul- tiples réactions secondaires, pour ne pas s'étonner de retrouver dans le nu- cléole des traces plus ou moins considérables de cette substance, après un séjour trop limité de l'objet dans le véhicule. On sait du reste que, même sur le frais, la dissolution de la nucléine n'est jamais instantanée sous l'influence des réactifs. 3° Les sels alcalins. C'est encore, croyons-nous, à une circonstance que nous venons de rap- peler qu'il faut attribuer l'inefficacité relative du traitement des nucléoles par le carbonate de potassium. Sur bien des espèces de Spirogyn'a, nous n'avons pu constater que l'enlèvement partiel de la substance chroma- tique du nucléole, même après un contact de plusieurs jours de ce réactif. Les nucléoles d'autres espèces se montrent cependant moins revéches, et le résultat définitif de ce traitement est encore la disparition, ou tout au moins l'atténuation considérable de la réfringence et de la teneur en chromatine de cet élément. Nous pourrions dire la même chose du cyanure de potassium, du phos- phate sodique et des sels ammoniacaux, reconnus actifs sur la nucléine. On n'observe à leur égard que des différences de détails, inhérentes à leur éner- gie respective et à leurs propriétés secondaires. Le fait essentiel est tout à fait constant; nous voulons dire la dissolution complète ou partielle de la substance à laquelle le nucléole doit sa réfringence primitive et son aptitude à la coloration. B. MATÉRIAUX FRAIS. Si, d'un côté, l'usage des matériaux longtemps fixés par l'alcool peut dans beaucoup de cas laisser subsister des doutes sur l'action des réactifs dans le nucléole, d'un autre côté, leur application sur des matériaux vivants en- traîne des difficultés d'un autre genre. L'action des réactifs, faibles ou concentrés, sur les cellules est assez difficile à modérer, à cause des désordres considérables qu'ils provoquent dans leur économie générale. Le gonflement exagéré des corps chlorophyl- liens, qui en résulte, est un grand obstacle à l'examen d'un corps qui se trouve immédiatement englobé dans le magma coloré qu'ils forment, et est ainsi souvent soustrait presque entièrement à l'observation. LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 309 De plus, la pénétration du réactif jusqu'au nucléole est rendue très laborieuse et très lente. Cependant on trouve toujours, par ci par là dans la préparation, un noyau qui se présente mieux que les autres à l'observa- tion, et on peut suivre suffisamment l'action du réactif sur lui pour s'en faire une idée exacte. On obvie du reste à cet inconvénient en fixant très modérément les cel- lules au moment de s'en servir, soit par l'alcool sulfureux, soit par l'acide nitri- que dilué ou par tout autre moyen propre à fixer rapidement en place les éléments cellulaires. Les résultats obtenus dans ces nouvelles conditions sont tout à fait concluants, et tous les essais prouvent, chacun à sa façon, la solubilité de la substance chromatique du nucléole dans tous ces dissolvants même peu énergiques de la nucléine. Seulement on ne doit pas perdre de vue que cette dissolution est lente de sa nature, et il faudrait se garder de conclure trop tôt à l'inefficacité du réactif, si on ne lui avait pas laissé le temps d'exercer son action d'une manière complète. On peut également diriger ses observations sur des noyaux que l'on expulse des cellules vivantes par une pression brusque exercée sur le verre- à-couvrir. Les meilleures conditions d'étude sont alors réalisées. Dans ce cas, pourvu que l'on emploie le réactif à l'état très dilué, s'il est énergique, pour empêcher une action trop brusque et trop violente qui, pour n'être pas différente, est cependant, par le fait même de sa rapidité, beaucoup moins favorable à l'étude et moins instructive; il devient très aisé de se convaincre que le nucléole est tout particulièrement sensible à son action. On le voit, en effet, se gonfler beaucoup, égaler en volume le caryo- plasme circonvoisin et offiir bientôt l'aspect d'une vésicule homogène mais d'autant moins réfringente que ses dimensions deviennent plus consi- dérables. Plus tard, le gonflement s'exagérant encore, il arrive fréquemment que cette vésicule crève et que son contenu s'épanche, au moins partielle- ■ ment, dans le liquide de la préparation. Il serait alors fort laborieux d'en poursuivre l'analyse sous le microscope, car les réactifs dont on ferait usage pourraient en entraîner des parties dont il serait difficile de déceler la nature et la valeur. La membrane qui persiste donnerait lieu cependant encore à une con- statation qu'il nest pas inutile de refaire; bien qu'il nous ait déjà été permis de l'observer et sur le frais et après l'usage des acides forts. On ne saurait 370 A. MEUNIER en effet faire renaître, dans trop de circonstances variées, un même détail litigieux : sa réapparition constante, à la suite des manipulations les plus diverses, est la meilleure garantie de sa réalité. Il va de soi que cette membrane ainsi vidée, n'est plus sujette à colora- tion par le vert de méthyle, ni par le carmin. Mais en est-il de même de son contenu? Celui-ci peut encore faire l'objet d'observations précises, sur des nucléoles dont le gonflement n'a pas été porté à un degré préjudiciable à leur intégrité. Nous nous y arrêterons même un moment; car, en dehors de l'étude de l'action principale des réactifs alcalins, dont les résultats nous sont déjà suf- fisamment acquis, ils peuvent donner lieu à des observations du plus haut intérêt. Nous aurions borné notre exposé à ce qui va suivre, que la certitude de nos conclusions n'en aurait été nullement amoindrie. Néanmoins nous n'avons pas voulu nous départir du plan que nous avons adopté, pour avoir l'occasion de rencontrer, au cours de l'exposé mé- thodique de l'action des réactifs différents les plus avantageux pour cette étude, les principaux faits dont on s'est servi, en les interprétant diverse- ment, et souvent d'une manière erronée ou incomplète, pour établir les opi- nions si diverses que nous avons relatées au début. Ces observations réunies ainsi en faisceau fourniront du reste la matière de la partie critique qui ter- mine ce travail. Manifestation de l'e'le'ment nncléinien. Dans le but de mettre en pleine lumière l'élément nucléinien, nous dé- posons les matériaux frais sur le porte-objets, dans une goutte de carmin légèrement alcalin, et, après avoir déposé le verre-à-couvrir, nous écrasons brusquement la préparation sous le front de l'objectif, dans le but de léser les cellules et d'amener ainsi de suite le contact du réactif, aussi bien avec les nucléoles restés en place, qu'avec ceux qui ont été projetés en dehors et disséminés dans la liqueur de la préparation. Après quelques minutes, ceux-ci ont pris l'aspect de petites vésicules assez hyalines, apparemment homogènes et uniformément teintées de rouge. Leurs contours s'élargissent insensiblement. Nous leur laissons prendre un diamètre double ou triple de ce qu'il était d'abord, puis nous faisons arriver doucement une goutte d'alcool médiocrement dilué, ou de tout autre contracteur, comme l'acide acétique, l'iode, l'acide picrique, l'acide chro- mique, etc. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 371 Quelques instants après, les nucléoles ainsi traités se prêtent à la plus intéressante des observations qu'on puisse faire sur ce difficile objet d'étude. On voit se dessiner, d'une manière saisissante, à l'intérieur de la membrane nucléolaire restée distendue, un superbe boyau continu, magnifi- quement coloré, en rouge vif, par le carmin. Fig. 33, 34, 35 et 36, bn. Le doute n'est pas possible, on se trouve en présence d'un élément nu- cléinien affectant la disposition qu'on lui connaît aujourd'hui, dans un grand nombre de cellules. Ce qui fait l'intérêt de cette observation, c'est que cette structure, si difficile à saisir dans la plupart des cas, s'impose ici avec une évidence qui exclut toute hésitation. Malgrélapetitessedel'objet, les anses du boyau sont si nettement distinc- tes les unes des autres, on en suit si aisément les circonvolutions multiples, sa continuité dans tout l'espace qu'il occupe est si manifeste que nous trou- verions difficillement à citer un exemple plus démonstratif de cette curieuse disposition. Nous n'hésitons pas à le comparer avec le boyau classique des larves de Chironomus. Celui-ci ne se présente guère avec plus d'évidence, en effet, sous l'objectif D de Zeiss, que celui des Spirogyra, obtenu comme il vient d'être dit, sous un objectif à immersion homogène. A part son extrême petitesse, celui-ci a du reste beaucoup de ressemblance avec celui-là. Ses anses sont également bien arrondies, ses circonvolutions, presque aussi peu nombreuses, sont suffisamment espacées entre elles pour ne pas faire naître l'idée de soudures réciproques, et permettre de les suivre dans tout leur parcours; l'étui plastinien n'y est pas moins saisissable, et la nucléine y est distribuée d'une façon qui, pour être différente, peut faire également l'objet d'une étude relativement facile. Disposée en disques ou en anneaux échelonnés de distance en distance, dans le Chironomus, cette substance revêt ici le plus souvent la paroi interne de l'étui, FIG. 37, d'une couche également ou inégalement épaisse, continue ou fragmentée, granuleuse ou même ordonnée en petits disques ou en an- neaux empilés, comme il nous a été permis de le reconnaître plus d'une fois, à la suite de divers traitements. Cette disposition de la nucléine s'observe sans trop de peine sur des coupes optiques longitudinales et transversales du boyau, et il est très intéressant de retrouver dans cet infime organisme les phénomènes observés dans les objets qui se sont le mieux prêtés à l'étude. Nous ne voudrions du reste pas reconnaître à ces divers aspects affectés par la nucléine à l'intérieur du boyau plastinien, une importance que la ma- 372 A. MEUNIER nière accidentelle et variable dont ils se produisent ne semble pas justifier. Mais ils concourent admirablement à la mise en lumière du boyau ou étui non chromatique, rendu directement saisissable comme tel, là surtout où la sub- stance chromatique présente des solutions de continuité. D'ailleurs cette substance ne s'y présente pas à l'état solide; mais bien plutôt à l'état liquide, visqueux ou semi-fluide : témoins les mouvements qui s'y produisent insensiblement, quand la fixation n'a pas été faite à point. La nucléine se retire alors peu à peudecertains endroits du boyau, bn, pour s'accumulerdansd'autreset provoquer des bosselures locales, nu, qui altèrent la régularité primitive de l'étui, fig. 38. Ces renflements peuvent devenir ainsi d'autant plus considérables qu'ils sont moins nombreux, et faire naître l'illusion de la substitution d'un certain nombre de nucléoles nucléiniens secondaires splendidement colorés, FIG. 39, 40, en lieu et place du boyau primitif. Mais ce n'est là, disons-nous, cju'une illusion; car, que ce nucléole secondaire apparent soit unique et très gros ou qu'il s'en soit formé un nombre considérable, dix, quinze, vingt ou même plus, et alors très petits, il est toujours extrêmement facile de constater qu'ils occupent chacun une partie déterminée du boyau plastinien devenu incolore dans les portions qui, en se vidant, se sont con- tractées, mais ne cessent pas d'être parfaitement reconnaissables. L'action prolongée d'un excès d'ammoniaque sur tous ces boyaux di- versement modifiés conduit toujours à un résultat identique : la dissolution intégrale de la substance visqueuse, chromatique et réfringente, dont nous venons d'étudier le mouvement à l'intérieur d'un étui de plastine. Les acides nitrique et chlorhydrique forts. la dissolvent aussi; l'acide chlorhydriqueà2 o/oo la respecte; même après un contact de plusieurs jours, le suc gastrique la laisse intacte, au milieu de la désorganisation du protoplasme circonvoisin et même des membranes nucléaires et nucléolaires; le chlorure de sodium la gonfle sans la dissoudre. En faut-il plus pour établir d'une manière péremptoire, que cette substance ne peut-être que de la nucléine, dont la nature se traduit sous mille formes, par les réactions les plus propres à la caractériser? L'étui membraneux qui la renferme, au contraire, se retrouve intact après toutes ces manipulations pratiquées sous les yeux mêmes de l'observa- teur. Insoluble dans l'ammoniaque, les sels alcalins, la potasse diluée, l'acide nitrique fort, réfractaire à l'action de l'acide chlorhydrique à 2 — 4 o/oo, inattaquable par le suc gastrique, et persistant d'une manière stable LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 373 au milieu de toutes les réactions les plus propres à désorganiser, digérer et dissoudre la matière vivante ; de quoi peut-il être formé si ce n'est de plastine? Faisons maintenant un retour sur les observations antérieures. Nous sommes en mesure d'ailirmer que le stroma, en apparence réticulé, que nous avons invariablement retrouvé dans le nucléole, après l'usage des dissolvants de la nucléine, n'est autre chose que cet étui plastinien, que son aspect rata- tiné dans des circonstances propres à le réduire autant que possible rendait alors difficile à analyser. C'est encore lui que nous avons vu, dans tous les cas de digestion observés, continuer à maintenir la nucléine sous la forme filamenteuse normale. C'est lui enfin, seul ou accompagné d'un peu de plas- tine étrangère à lui-même, que nous avons vu persister comme dernier témoin du nucléole, après l'enlèvement de la nucléine par ses dissolvants, sur des préparations digérées. Cette structure de l'élément nucléinien, dans les noyaux au repos des Spirog)'ra, nous a paru présenter les caractères d'une constance absolue, dans toutes les espèces que nous avons soumises à l'observation. Elle se repré- sente, au cours des manipulations, dans des conditions si diverses et d'ail- leurs si bien en harmonie, cju'elle ne laisse aucune place au doute. Lorsque le carmin ammoniacal employé est trop faiblement alcalin, rela- tivement à la résistance plusgrandede certaines espèces, la membrane nuclé- olaire seule se distend et le bo3'au pelotonné, seul coloré, reste au centre de la vésicule hyaline ainsi produite, en conservant sa densité et ses dimensions normales. Mais, même dans ce cas, sa structure peut être reconnue; car il a suffi, pour en faire apercevoir distinctement les anses périphériques diver- sement contournées, d'en détacher la membrane relativement très grosse qui, dans les conditions ordinaires, en diminue singulièrement l'évidence, par le fait même cju'elle les comprime de manière à en faire une pelote tellement dense qu'elle paraîtrait homogène. Il suffit alors d'ajouter une trace d'ammoniaque libre, pour voir cette petite pelote s'élargir, distendre, dérouler ses circonvolutions et se pré- senter comme un boyau continu, avec la même évidence que lorsque celui-ci a suivi, dès le début de l'opération, le mouvement d'expansion de la mem- brane nucléolaire, pour se rammasser ensuite quelque peu sur lui-même sous l'influence d'un léger contracteur. Enfin les choses sont peut-être plus démonstratives encore, si c'est pos- sible, lorsque la pression subite exercée sur le verre-à-couvrir a non seule- ment amené la sortie du nucléole en dehors du caryoplasme, mais même a 104 374 A, MEUNIER provoqué l'expulsion de son contenu en dehors de la membrane nucléolaire; ce qui se produit même assez souvent indépendamment de la volonté de l'opérateur. 'Le boyau nucléinien, ainsi projeté dans le liquide de la préparation et tout à fait dégagé d'entraves, s'y colore à merveille, se gonfle, se déroule et peut subir, sous la seule influence des mouvements divers imprimés au couvre-objets, des étirements, des déformations de toutes sortes, qui font mieux apprécier sa structure intime. C'est alors aussi particulièrement que l'on peut s'assurer que si le nu- cléole, outre son boyau nucléinien, renferme aussi du protoplasme, celui-ci doit être réduit à des proportions infimes; car les essais les plus variés n'ont pu nous en révéler même l'existence d'une manière certaine. La masse de l'élément nucléinien est du reste si considérable que des traces de proto- plasme pourraient à peine trouver place avec lui dans le nucléole. D'autre part le traitement par les alcalis est peu propre à le dévoiler, s'il existe. Nous nous trouverons peut-être plus loin dans de meilleures conditions pour nous faire une opinion à cet égard. CONCLUSIONS. La manifestation tangible de l'élément nucléinien exclusivement loca- lisé dans le nucléole, son identification par les multiples essais chimiques auxquels il donne lieu, nous mettent en possession de la solution pleine et entière du problème. Le doute n'est plus possible; le fait s'impose avec tous les carac- tères de l'évidence; il doit faire tomber toutes les préventions, quelle que soit l'autorité des savants qui ne l'ont pas constaté. A défaut de cette observation fondamentale, toutes les autres devaient rester infructueuses, ou conduire à des conclusions qui sont en contradiction flagrante avec une foule d'autres observations partiellement exactes. Malgré toutes les assertions contraires, nous ne craignons pas d'affirmer que le nucléole des Spirogyra reproduit fidèlement, dans ses traits essen- tiels, la structure des noyaux les plus parfaits. Il a une membrane propre, pi'obablement une partie protoplasmati- que, quoique fort réduite; il renferme toute la nucléine du noyau, et celle-ci est exclusivement confinée dans un étui de plastine, qu'elle remplit plus ou moins complètement. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 375 Que lui manque-t-il pour ctrc un véritable noyau? Absolument rien! C'est tellement un noyau que si nous n'avions cru devoir reconnaître anté- rieurement que la mince couche continue et trèsdensc, que l'on voit surtout bien apparaître dans certaines conditions spéciales, autour de la masse proto- plasmatique centrale des cellules ou à une certaine profondeur dans son sein, fût une véritable membrane et par suite une membrane nucléaire, nous affirmerions que le prétendu nucléole est en réalité lui-même le vrai noyau des Spirogyra. La présence d'une membrane circonscrivant une certaine zone de pro- toplasme autour de lui, ne lui laisse plus que la valeur d'un nucléole, si l'on tient plus compte de sa position que de sa nature. Quoi qu'il en soit, nucléole par position, noj-au par nature, on ne peut lui refuser le nom de nucléole-noyau, dans le sens attaché à ce mot par J. B. Carnoy. L'absence absolue, constatée maintes fois, de toute substance chroma- tique ou, plus exactement, de toute nucléine en dehors du nucléole; la pré- sence d'une membrane propre à celui-ci, traduite dans les circonstances les plus diverses et même sur le frais; le chromatisme exclusif du contenu nu- cléolaire; la solubilité d'une partie de ce contenu dans les dissolvants alca- lins et acides de la nucléine, et la perte, consécutive à cette dissolution, de toute aptitude à la coloration par le vert de méthyle; sa persistance intégrale dans les digestions, l'aspect difficile à analyser du stroma non chromatique qui persiste après les réactions propres à amener la dissolution de la nucléine, sans entamer la plastine, tout cela trouve son explication natu- relle dans l'observation finale de la structure et de l'organisation réelles de ce petit organe, se traduisant avec une netteté parfaite jusque dans ses plus infimes détails. C'est la synthèse après l'analyse. ARTICLE II, LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA PENDANT LA DIVISION CELLULAIRE. Notre thèse est déjà suffisamment établie. On peut encore cependant lui trouver de nouveaux appuis, et nous ne pourrions la priver de la confir- mation qu'elle attend de l'exposé fidèle et de l'interprétation naturelle des phénomènes caryocinétiques, dont il nous reste à parler. Les résultats concluants obtenus dans l'étude précédente nous permet- tront d'être bref dans le développement de cet article. Après avoir fixé l'état actuel de la question, et déterminé la méthode que nous avons cru devoir suivre dans cette nouvelle étude, nous ferons l'ex- posé sommaire de nos propres recherches, en les rattachant à la démonstra- tion de trois propositions qui résument fidèlement toute la question. I. ÉTAT ACTUEL DE LA QUESTION. Les opinions, sur ce côté particulier de la question, sont aussi diverses que celles qui concernent la nature du nucléole pendant le repos de la cel- lule. Celles-là ont, du reste, été manifestement inspirées par celles-ci, elles en sont en quelque sorte la conséquence logique. Chaque auteur ayant sa conviction faite d'après l'étude du nucléole quiescent, il se borne à chercher, pour les mouvements qui s'y manifestent au moment de la division cellulaire, une interprétation qui n'aille pas à rencontre de ce qu'il croit préalablement établi. C'est bien plutôt pour tous, le développement d'autant de systèmes préconçus, appliqués à priori aux phénomènes caryocinétiques observés, que la recherche dans ces mêmes phénomènes de nouvelles données propres àéclaircir la question. Nous aurons même plus tard l'occasion de citer à ce sujet quelques inconséquences, dont il nous serait possible de tirer grand parti dans la par- tie critique de ce travail. Rappelons brièvement les idées de ceux qui se sont occupés d'une ma- nière plus spéciale de la division chez les Spivogyra : Strasburger, Flem- MixG, Tangl, E. Zacharias, Macfarlane. 378 A. MEUNIER I. Strasburger reconnaissant de la chromatine et dans le nucléole et et dans le caryoplasme circonvoisin, attribue à ces deux éléments une part commune, bien qu'inégale, dans la formation de la plaque nucléaire. En i8So fi) il écrivait à ce sujet : ■o Das Kernkôrperchen bleibt zunachst in seine Gestalt erhalten, doch y alsbald, und zwar etwas friiher oder spater, sieht man es in einige unre- » gelmassige gestaltete Kôrner zerfallen. Dièse Korner haben die Neigung » sich in der Aequatorialebene des Zellkerns anzuordnen « " Die Veranderungen, wèlche das Kernkôrperchen erfahrt, sind nur mit V Hilfe von Reagentien festzustellen, im frischen Zustande wird das Kern- V korperchen alsbald undeutlicher und scheint dann zu schwinden. ^ Revenant deux ans plus tard (2) sur la même question, il précisait ses vues en ces termes, dont la concision ne diminue pas la clarté : rin lebenden Objecten scheint jetzt das Kernkôrperchen zu schwinden; j> inWierklichkeit geht es in den Bau des Kernfadens ein, der sich in zahl- •" reiche Windungen legt, die annahernd parallel zu einander und scnkrecht r^ zu den Endflâchen der Kernhôhle verlaufen. " II. Flemming adopte complètement l'opinion de Strasburger, et pour la même raison. Cela résulte bien plus du contexte que des quelques lignes que nous allons citer; les seules que l'auteur consacre à cet important sujet. Voici ses termes : (3) " Der Nucleolus deconstituirt sich jetz, wobei er bel der plattkernigen r> Art blassere Seitenlappen zeigt. Es folgen Stadien in denen die chroma- v tische Figur bei der Winzigkeit der Verhâltnisse einem Kornerhaufen rr gleicht, der aber wohl ein feinfadiger Knauel sein kann. « III. Tangl (4) arrive à cette conclusion que la formation de la plaque nucléaire est le résultat d'un processus de différentiation de la substance du nucléole qu'il reconnaît n'être pas homogène; mais dont il ne détermine aucunement la nature chimique, ni ne précise la structure. IV. E. Zacharias (5) enfin, ne voulant reconnaître au nucléole qu'une nature exclusivement plasmatique, doit lui refuser toute participation à la (1) Zellb. iind Zelth., 1880, p. 174. (2) Ueber deiiTheilinigsvorg'ayig der Zellkeivie; Archiv îaT mikroskophche An3.tom\e, 1S82, p. 524. (3) Zellsubs., Kern und Zellth., 18S2, p. 3i6. (4) Ucber die Tkeilung der Kerne in Spirogyra^cUcn ; Sitzuiigsber. d, Wiener Akademie 3o Màrz, 1884. (5) Ueber den Nucleolus, 1886, p. 8. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 379 formation de la placjuc nucléaire. Il lui accorde tout au jilus un rôle secon- daire dans la formation des filaments plasmatiques du fuseau. n So ist die wahrscheinlichere Annahme die, dass dièse letzteren r> (ausserhalb des Nucleolus im ruhenden Kern Substanzeu mit Nuclein- r reaction) das Matcrial zur Bildung des Kernplatte liefern, wahrend die y^ Substanz des Nucleolus vielleicht bci der Bildung der Spindelfascrn sich y betheiligt. ji \'. Macfarlane (i) se tait sur la nature du nucléole des Spirogyra. Il ne lui reconnaît aucune participation dans la formation de la plaque nu- cléaire, qu'il dit expressément ne pas se produire dans la caryocinèse de ces plantes. On le voit, ces assertions sont inconciliables. II. MÉTHODE. C'est à l'observation qu'il faut recourir pour obtenir les éléments d'une solution. Déplus, puisqu'il s'agit ici avant tout d'analyser les stades successifs d'une évolution progressive, où tous les phénomènes particuliers s'enchaînent dans une subordination rigoureuse, et fournissent eux-mêmes leur explication réciproque, il est de la plus stricte nécessité d'en faire une étude sur les objets vivants, et de suivre de visu, sous le microscope, la marche graduelle des mouvements et des transformations. Sans doute il est plus commode de soumettre à l'investigation des ma- tériaux recueillis une fois pour toutes, et conservés dans l'alcool ou tout autre fixateur d'où l'on n'a qu'à puiser, suivant les besoins; mais on est réduit, dans ces conditions, à relever plus ou moins fidèlement une série d'étapes, qui ne sont qu'autant de points d'arrêt du phénomène et qui ne portent pas en eux-mêmes la preuve inéluctable de leur succession. C'est là ce qui a donné lieu à cette critique de E. Zacharias (2) à l'égard des assertions de Strasburger et de Tangl : » Die citirten Angaben von y Strasburger und Tangl beruhen auf dem Studium geharteten Materials, n An der lebenden Zelle beobachtet man das Verschwinden des Nucleolus y und darauf das Auftreten der Kernplatte. « Mais ce même savant ne nous semble pas se montrer plus rationnel lui-même quand, immédiatement après, il substitue une simple hypothèse à des faits, alors même que ceux-ci ne réuniraient pas tous les caractères d'une (1) Transact. Dotan. Soc. of Eiiiiibiirg/i. VoL XIV, iSSi, p. 202. ( 2) Loc. cit., p. 8. 38o A. MEUNIER constatation absolument rigoureuse. Nous avons rappelé ses paroles plus haut, lorsque nous avons résumé sa manière de voir dans la question présente. Du reste, il avance à ce propos des assertions qui nous paraissent contraires à l'évidence des laits. « Beriicksichtigt man nun vi^eiter, dass dcr Nucleolus nicht, wohl abcr die » Kernplattc auf Nuclein reagirt, dass ferner ausserhalb des Nucleolus sich r^ im ruhenden Kern Substanzen mit Nucleinreaction vorfinden « Il va sans dire que nous ne proscrivons pas l'usage des réactifs. Nous proclamons, au contraire, que leur concours est absolument indispensable. La lumière ne peut jaillir que de l'étude parallèle des matériaux frais et de ceux qui ont été diversement traités. Les résultats obtenus dans les deux cas se prêtent un contrôle mutuel nécessaire. IIL OBSERVATIONS. Notre intention n'est évidemment pas de faire une étude complète de la division cellulaire chez les Spirogyra. Il doit nous suffire de suivre le nucléole, si c'est possible, à travers tous les mouvements caryocinétiques, sans nous occuper autrement des éléments qui l'entourent, que pour en tirer des renseignements propres à nous éclairer sur sa véritable nature. Disons-le de suite : I. Il est possible de suivre pas à pas le nucléole pendant toute la durée du phénomène, parce que jamais il ne disparaît réellement. Cela est vrai, car, à aucun moment, le nucléole ne cesse d'être directe- ment visible, sinon sur le frais, du moins à la suite de réactions toujours faciles à produire. Il ne cesse d'être ce qu'il est, au moins dans ses caractères essentiels. Jamais donc il ne se dissout. A côté de cette proposition générale, nous en formulerons deux autres, corrélatives en quelque sorte, et qui fixent les traits essentiels du rôle du nucléole dans la caryocinèse. IL Le nucléole-mère fournit à lui seul toute la nucléine de la plaque nucléaire {Kernplatte), au début des mouvements caryocinétiques. III. Les nucléoles-filles accaparent toute la nucléine des couronnes polaires, après l'évolution complète de ces mouvements. Ces trois propositions résument les points principaux qu'il s'agit d'éclair- cir. Leur démonstration résultera, croyons-nous, de l'exposé consciencieux de nos recherches, qui sera bien plutôt une synthèse des faits communs à toutes les espèces soumises à l'examen, qu'une analyse détaillée d'un seul LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 38 l cas particulier. Nous viserons cependant d'une manière plus spéciale les espèces à noyaux ronds, dont l'étude est plus facile et conséquemment plus avantageuse. PREMIÈRE PROPOSITION. // est possible de suivre pas à pas le nucléole pendant toute la durée des phénomènes caryocinétiques, parce que Jamais il ne disparait réellement. Nous prenons le noyau au moment où il est à l'apogée de son dévelop- pement et commence à manifester, par l'allongement qu'il présente, dans le sens de l'axe longitudinal de la cellule, une disposition bien marquée à la division, fig. 41. Le nucléole est encore à l'état de repos. Il serait superflu de démontrer à nouveau qu'il se colore d'une manière tout à tait caractéristique par le carmin et le vert de méthyle, et que ce dernier le colore seul à l'exclusion de tous les éléments du noyau soit sur les cellules vivantes, soit sur les cellules. fixées, pourvu cependant qu'elles n'aient pas subi l'action prolongée d'un dissolvant de la nucléine. Cela a été prouvé déjà, et nous l'affirmons encore malgré l'assertion contraire de Zacharias rappelée plus haut. Le nucléole a encore sa membrane, et, pour peu qu'on parvienne d'une manière quelconque à briser l'équilibre de réfringence existant entre ses éléments, on n'a pas de peine à y reconnaître les anses du boyau qui en constituent la masse principale. Nous nous sommes d'ailleurs assuré directement de l'existence du boyau nucléinien à l'intérieur de la membrane nucléolaire par l'action successive du carmin ammoniacal et de l'alcool, ainsi que nous l'avons détaillé précé- demment. Le fait est incontestable. Bientôt les mouvements avant-coureurs de la division du noyau s'accen- tuent. Le cytoplasme se porte abondamment aux deux pôles de cet organe et s'y accumule en quantité considérable, tout en fortifiant dans une large mesure les cordons qui le rattachent à la périphérie, fig. 42 et 43, cyp. Nous n'avons pas à nous appesantir sur ce phénomène, qui a d'ailleurs été longuement décrit par Strasburger particulièrement. Plus tard on voit le cytoplasme descendre en partie de ces extrémités sur tout le pourtour du noyau et y former une couche d'épaisseur variable, mais toujours mince relativement aux deux masses polaires. Le noyau conserve encore sa membrane, mjt. Celle-ci devient même beaucoup plus évidente et, mise à l'abri par le protoplasme polaire des tirail- 382 A. MEUNIER lements qu'elle subissait d'abord, aux deux extrémités du grand diamètre de l'organe, de la part des cordons suspenseurs, elle reprend des contours beau- coup plus sensiblement sphériques, au moins dans les espèces à noyau rond, que nous envisageons plus spécialement. La striation longitudinale que l'on voit bientôt se produire d'une ma- nière très accusée dans les deux masses cytoplasmatiques en forme de cônes, appliqués par leur base sur les pôles du noyau ainsi transformé, fig. 44 et 61, précède généralement toute modification analogue dans ce dernier. Le caryoplasme ne semble pas encore retravaillé; il conserve toujours son homogénéité normale. Mais bientôt l'action des fixateurs permet de con- stater, FIG. 45, que le caryoplasme commence à être l'objet d'un remanie- ment graduel dont le résultat définitif sera la transformation de sa trame réticulée, et radialement distribuée dans le principe autour du nucléole, en un faisceau de filaments très marqués, ca, dont le parallélisme s'accentue progressivement, et qui ne tarderont pas à se constituer en continuité par- faite avec ceux des masses polaires, pour former le corps du fuseau, dont les extrémités et la partie périphérique se sont déjà façonnées antérieurement dans le cytoplasme ambiant. En même temps la membrane nucléaire, mn, entre en résolution, par- ticulièrement sous les pôles du fuseau, fig. 46, où elle montre déjà des so- lutions de continuité, alors qu'elle est encore tout à fait intacte à l'équateur. Cette résolution est progressive et lente ; elle ne devient complète que plus tard. D'après nos observations, il nous a semblé que, dans la grande majorité des cas, le nucléole ne subissait aucune modification profonde avant l'évo- lution plus ou moins complète de ce remaniement du caryoplasme; si ce n'est peut-être qu'il augmente un peu de volume, accuse des contours moins régulièrement sphériques, parait même souvent se mamelonner légèrement et devient plus hyalin en perdant un peu de sa réfringence primitive. Mais il ne cesse pas encore d'être ce qu'il était antérieurement. Il est toujours ce petit corps sans structure apparente sur le frais, éminemment apte à se colorer par le vert de méthyle et trahissant, à la suite de l'action des fixateurs, un aspect parfaitement en harmonie avec l'idée qu'on a dû se faire antérieurement de son organisation. On peut cependant observer générale- ment à ce moment que le boyau nucléinien est moins ramassé sur lui-même, que les anses en sont plus espacées et que la membrane nucléolaire, déjà très amincie, subit sans résistance la poussée qu'elles exercent de l'intérieur; LE NITCLÉOLE DES SPIROGYRA 383 en effet, cette membrane forme en beaucoup d'endroits de sa surface des doigts de gant peu saillants, dans lesquels restent momentanément invaginées les anses qui en ont provoqué la formation. C'est à cela, cro5-ons-nous, (ju'il faut rapporter les bosselures, les prolongements, les espèces de pseudopodes que le nucléole présente alors sur les matériaux vivants, et que Flemming a déjà signalés : ps, Fio. 47 et 61. Ce n'est souvent que lorsque la membrane nucléaire a presque entière- ment disparu, que la membrane nucléolaire commence à se résoudre à son tour. Et si le nucléole, devenant alors plus hyalin encore et moins réfringent, a pu donner lieu à l'hypothèse d'une dissolution de sa substance au sein du caryoplasmc, cette dissolution n'en est pas plus réelle cependant; car, lorsque les conditions qui en suggèrent l'idée sont le plus complètement réalisées, il suffit de faire usage d'un fixateur, pour le voir réapparaître intégralement sur place. Ce n'est donc encore qu'une illusion de plus à mettre sur le compte des effets optiques produits par la variabilité de réfringence des éléments orga- niques. L'égalité de réfringence, qui n'existait d'abord qu'entre les éléments constitutifs du nucléole et lui donnait un aspect homogène, tout en le ren- dant très distinct du caryoplasme circonvoisin, s'est maintenant étendue également à ce dernier, et il peut se faire que, à un moment donné, toute distinction appréciable à l'œil entre ces deux organes disparaisse sur des matériaux vivants. Mais, outre que l'usage d'un fixateur prouve la permanence du nucléole, en le manifestant comme tel, à sa place normale, il permet encore de se rendre compte des modifications qu'il a subies, et qui sans cela seraient passées inaperçues sous le couvert d'une homogénéité trompeuse. C'est en vain qu'on rechercherait sa membrane. Celle-ci s'est entière- ment résolue, fig. 48, et sa disparition est d'autant plus facile à constater, que le boyau nucléinien s'est déroulé et souvent même déjà fragmenté, pour autant qu'on peut l'observer sûrement sur un objet de dimensions aussi réduites. A ce sujet, nous croyons devoir faire remarquer que nous ne l'avons jamais trouvé divisé en une infinité de granulations infimes, comme Flem- ming le figure. Les tronçons ou bâtonnets, toujours beaucoup moins nom- breux, nous ont paru conserver beaucoup plus d'analogie avec le boyau nucléinien primitif, dont nous ne doutons pas qu'ils dérivent. Or celui-ci ne 384 A. MEUNIER se distingue, dans le nucléole au repos, ni par une extrême ténuité, ni par une longueur démesurée; il est plutôt court et relativement gros. Cette remarque doit s'appliquer également aux figures que donne le môme auteur des stades ultérieurs de la division, jusqu'à la formation des couronnes polaires. Il n'est donc pas douteux que, malgré les apparences parfois contraires sur le frais, on se trouve constamment en présence du même corps, toujours également sensible à l'action des mêmes réactifs, du vert de méthyle en pai"- ticulier. Cette dernière propriété, invariablement maintenue, suffirait, à elle seule, à établir son identité. Il ne peut donc pas non plus être question d'une fonte du nucléole se produisant au début des phénomènes caryocinétiqaes, et suivie de la recon- stitution de toutes pièces, en son lieu et place, d'une plaque nucléaire formée d'éléments nouveaux ou étrangers, au moins dans leur partie essen- tielle, la nucléine, à la substance même du nucléole. Notre première proposition aura son complément de démonstration dans le développement des deux autres. Celles-ci ne font en effet que pré- ciser les deux phases de la division du nucléole-noyau : la bipartition du nucléole-noyau-mère, la reconstitution des deux nucléoles-noyaux-filles. DEUXIÈME PROPOSITION. Le nucléole-mère fournit à lui seul toute la nucléine de la plaque nu- cléaire dans la figure caryocinétique. Formé essentiellement de nucléine et jouissant, en quelque sorte, du monopole de celle-ci, le nucléole seul fournit cette substance à la plaque nucléaire, car lui seul peut la fournir, fig. 49, 62. Il ne nous semble pas douteux que cette plaque ne résulte tout simplement de la disposition en couronne équatoriale des bâtonnets produits par la fragmentation du boyau nucléinien primitif. Cela est si vrai que, à part Zacharias, qui d'ailleurs ne dit pas avoir étudié expressément les Spirogyra au point de vue de leur division cellu- laire, tous les savants, qui s'en sont occupés, ont une façon de s'exprimer à ce sujet qui ferait croire que, malgré des préjugés contraires, ils ne peuvent révoquer en doute le fait que nous venons de signaler. Ou bien ils semblent abandonner momentanément leurs idées sur la constitution des noyaux au repos, comme Flemming ; ou bien encore ils glissent rapidement sur un point qu'il devenait embarrassant d'approfondir, comme Strasburger; ou LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 385 bien enfin ils se servent, comme Tangl, de termes qui nous semblent peu précis, mais qui ne sont cependant au fond que l'expression générale du fait que nous cro)^ons devoir établir. Quand nous disons que la plaque nucléaire n'est que le résultat d'une distribution nouvelle des fragments du boyau nucléinien continu (jui préexistait dans le nucléole au repos, nous ne voulons pas nier (juc ces fragments puissent emprunter au caryoplasme les éléments d'une certaine régénération, pendant leur immersion au sein du bain plasmatique, où ils sont disséminés et où ils sont soumis à des mouvements variés, qui les amènent finalement au parallélisme dans la couronne équatoriale. Mais il est difficile de recueillir à cet égard des renseignements précis. On en trouverait peut-être un indice dans la légère augmentation de volume de la plaque nucléaire, à laquelle le nucléole a donné naissance en lui fournissant du moins l'élément essentiel, la nucléine. Cependant il nous paraît indispensable d'ajouter que si l'on constatait une véritable augmenta- tion de cette substance, elle serait due à l'élaboration actuelle, sur place, et ne pourrait être attribuée à l'apport d'une dose quelconque de nucléine préalablement contenue dans le caryoplasme proprement dit, puisque les réactifs n'y en trahissent jamais la présence. Certains cas anormaux, qui ne nous ont cependant pas paru extrême- ment rares, en fourniraient, au besoin, une preuve éclatante. Il arrive, en effet, que la plaque nucléaire se forme à l'intérieur de la membrane nucléo- laire, avant par conséquent que celle-ci ne se soit résorbée, et que sa résorp- tion n'ait rendu possible la réunion des prétendus éléments nucléiniens du caryoplasme à ceux du nucléole. Le fait de la provenance exclusivement nucléolaire des éléments nucléi- niens de la couronne équatoriale nous semble donc inattaquable, et il en est de même par conséquent de celui de la permanence constante du nucléole; ce dernier ne fait que subir les modifications que les circonstances de sa division nécessitent. A aucun moment il ne se fusionne, ni ne disparaît pour faire place à une formation nouvelle. Il évolue tout simplement, et c'est lui- même qui se retrouve, au moins quant à ses éléments essentiels, dans la plaque nucléaire et dans la couronne équatoriale, cq. Les phénomènes ultérieurs de la division, fig. 50, .51, 52 et 53, se rattachent principalement à la bipartition de la couronne et aux mouvements de ses deux moitiés, fig. 63, 64, 65, 66, 67 et 71. Il nous semble inutile de 386 A. MEUNIER poursuivre l'identification des deux masses de nucléine, qui constituent ces moitiés cq^, avec la substance chromatique du nucléole. Zacharias est du reste le seul qui ait révoqué en doute cette identité, en se basant sur des faits, dont nous avons déjà controuvé l'exactitude. Nous aurons plus loin l'occasion de rechercher la cause de ce que nous croyons être une erreur d'observation. Strasburger et Flemming admettent, au moins partiellement, cette identité, et confirment dans une certaine mesure notre manière de voir. Le désaccord partiel résulte uniquement de ce que ces savants, croyant trouver une certaine quantité de chromatine en dehors du nucléole au repos, veulent la réunir à celle de ce dernier, au moment de la formation de la plaque nucléaire. Il a du nous suffire de démontrer, dans la première partie de ce travail, que la nucléine constitue l'apanage exclusif du nucléole. Enfin, notre manière de voir peut s'accommoder très bien des idées de Tangl, qui ne sont au fond que l'expression confuse de ce que nous avançons. Quant à Macfarlane, l'abstention de toute l'echerche chimique sur le noyau des Spirogyra lui a fait envisager leur caryocinèse de telle façon, que toute tentative de conciliation nous semblerait oiseuse. TROISIÈME PROPOSITION. Les nucléoles-filles accaparent toute la nucléine des couronnes polaires à la fin de la cinèse. La même question se présente sous une autre forme, lorsque, vers la fin des mouvements caryocinétiques, les noyaux se reconstituent et, avec eux, les nucléoles. Il s'en faut de beaucoup que l'objet d'étude se prête mieux à la recherche de la solution de ce dernier problème. L'abondance du protoplasme accumulé au-dessus des deux couronnes polaires est peu propre à en faciliter l'observation, et cette circonstance désavantageuse est encore aggravée par le rapprochement fréquent, à ce niveau, des bandes chlorophylliennes, à la suite des tractions énergiques qu'elles subissent de la part des puissants cordons protoplasmatiques aux- quels elles servent de point d'attache. Une chose d'abord qui nous a paru constante, c'est que, avant même que le fuseau ne commence à se disloquer clans sa partie centrale, les bâ- tonnets de la couronne polaire, cp, fig. 53, 66 et 71, d'abord à peu près LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 387 parallèles, manifestent des mouvements divers, {^ui ont pour but de rap- procher leurs extrémités et de reconstituer ainsi tout au moins des tronçons plus longs, sinon de les réunir tous immédiatement pour reformer un fila- ment ou boyau continu, mais diversement contourné, fig. 67 et 72. Peu de temps après, le fuseau subit un dérangement considérable qui le rend apte à concourir d'une manière tout à fait spéciale à la formation de la plaque cellulaire centripète, et lui fait jouer en quelque sorte le premier rôle dans la division cellulaire proprement dite. Strasburger a soigneuse- ment décrit ce rôle ; et, ne l'eut-il pas fait, nous devrions encore nous en désintéresser, parce que son étude ne peut nous apporter aucune lumière pour la question que nous traitons. Nous voulons seulement dire que vers le début de ces phénomènes cytodiérétiques on voit apparaître, autour du boyau plus ou moins complè- tement reconstitué de la couronne polaire, une membrane particulièrement accusée et bien définie du côté qui regarde l'équateur du fuseau transformé. Il en résulte une petite vésicule très claire, fig. 54 et 68, ps, appliquée d'un côté contre la masse cytoplasmatique polaire, et parfaitement libre ou tout au moins très nettement circonscrite du côté opposé, où elle tranche sur l'aspect fibrillaire parfois conservé dans ce qui reste du fuseau. Nous ne sentons aucunement le besoin de modifier la description qu'en donne Strasburger; ce savant nous semble l'avoir bien observée et ses fi- gures, pour avoir été puisées dans un cas particulier, nous paraissent cepen- dant résumer assez fidèlement le fait général, c'est-à-dire, la présence, sous la masse protoplasmatique des pôles, cyp, d'une petite vésicule transparente, limitée par une membrane très nette et embrassant toute la chromatine des figures polaires. Cette chromatine y affecte manifestement la forme d'un filament dont les circonvolutions, assez peu nombreuses, sont toutes, ou presque toutes, appliquées contre la paroi interne de la vésicule et y accu- sent un certain parallélisme. La forme générale de la vésicule, ses dimensions relatives, la quantité de chromatine qu'elle renferme, le nombre des circonvolutions du filament, tout cela est sujet à des variations notables, non seulement dans des espèces différentes, mais encore dans une même espèce. Ce qui est constant, c'est la membrane vésiculaire — nous lui donnons ce nom pour ne pas pré- juger sa nature - - et, à l'intérieur de celle-ci, l'inclusion de la nucléine, de toute la nucléine du futur noyau-fille. Nous disons la nucléine; car la reprise, dans ces nouvelles conditions, 388 A. MEUNIER des essais pratiqués antérieurement sur le nucléole au repos, conduit ici aussi à reconnaître cette nature à la substance chromatique réfringente qui constitue, ou, plus exactement, qui entre dans la constitution du filament plus ou moins complètement i-eformé de la vésicule. Jusque là, rien que de très facile à constater par l'observation. La difficulté survient avec les premières phases de l'évolution ultérieure du noyau-fille, et elle réside tout entière dans la détermination précise de la destinée réservée à la membrane vésiculaire déjà existante. Elle ne se dissout pas, le fait n'est pas douteux; mais quelle est sa valeur? Est-ce la membrane nucléaire? Est-ce la membrane nucléolaire? Dans la première hypothèse, il ne lui resterait plus qu'à élargir ses contours, pendant que le caryoplasme se développerait à son intérieur. La formation ultérieure, de toutes pièces, d'une membrane nucléolaire serait alors nécessaire. Dans la seconde hypothèse, la membrane vésiculaire devrait se con- tracter, se ramasser un peu sur elle-même, puisque le nucléole jeune parait un peu plus petit que la vésicule primitive. C'est alors la membrane nucléaire qui serait l'objet d'une formation nouvelle. Il est plus facile de poser la question que de la résoudre. Car, s'il est vrai que l'on constate très tôt l'apparition d'une seconde membrane concen- trique à la première et très peu distante de celle-ci, fig. 57, 58 et 73, il est extrèmeiTient difficile, à raison même de ce grand rapprochement, de s'assurer si c'est l'intérieure ou l'extérieure qui est de formation plus récente. Les matériaux vivants se prêtent très peu non seulement à l'étude de la formation de la seconde membrane, mais même à l'observation des deux membranes déjà existantes. D'auti^e part, lorsqu'on use des procédés propres à les mettre en évidence, elles présentent sensiblement les mêmes caractères. Une chose est toujours manifeste cependant, c'est que la plus interne embrasse tout l'élément nucléinien, et cette constatation pourrait nous dis- penser de toute recherche au sujet de la priorité de l'une ou de l'autre membrane ; car, quelle que soit la première formée, le résultat est identique au point de vue de la constitution du nucléole^ D'après Strasburger, si nous le comprenons bien, la membrane vésicu- laire serait déjà la membrane nucléaire. Cet auteur ne semble pas, du reste, s'occuper de la membrane nucléolaire, qu'il ne paraît pas avoir observée lui-même, et dont il ne parle que sur la foi de Macfarlane(ij. Mais il (i) Ueber deii Theiliingsvorg oig der Zellkerne; Avchiv {. mikrosk. A-nat., 1SS2, p. 527. LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA 389 établit tout au moins, d'après ses figures, la reconstitution du nucléole aux dépens de toute la substance chromatique réfringente, qui s'observait au début dans la vésicule et qui s'y est ramassée au centi-e, un peu plus tard, eu une pelote plus dense. De plus, il ne dit rien dans son texte qui détruise ce qui ressort mani- festement de ses figures, et l'on pourrait se demander pourquoi , après avoir fait cette observation, il ne revient pas sur ses idées antérieures, relatives à la présence d'une certaine quantité de nucléine ou chromatine en dehors du nucléole. Sans vouloir contester l'exactitude des observations de cet auteur, rapportées du reste au cas particulier d'une espèce à noyau plat, plus diffi- cile conséquemment à observer; mais aussi sans renoncer à l'idée de la possibilité d'une autre interprétation, même pour ce cas particulier, nous croyons avoir remarqué que le processus général de la reconstitution est différent. Nos observations plusieurs fois répétées sur des espèces variées, mais plus particulièrement sur celles à noyaux ronds, nous ont plutôt conduit à admettre que la membrane vésiculaire primitive représente la membrane nucléolaire, qui n'aurait ainsi qu'à se contracter quelque peu, en refoulant son contenu vers le centre, pour reconstituer immédiatement le nucléole dans son aspect normal. Une seconde membrane, formée presque en même temps dans le cyto- plasme externe, d'abord réduit d'un côté de la vésicule à une couche très mince et presque inperceptible, fig. 55, 56 et 69, deviendrait la membrane nucléaire qui ne cesserait de distendre ses contours, pendant que le caryo- plasme interne se nourrit et s'amplifie, jusqu'à ce que le noyau-fille ait reconquis les dimensions normales, fig. 59, 60 et 74. La reconstitution du noyau des Spirogjra rappellerait donc celle du noyau des Lithobiiis(i). Ce qui nous fait adopter cette manière de voir, c'est que, presque immédiatement après l'apparition de la membrane vésiculaire, on voit le protoplasme polaire descendre sur tout son pourtour et y former bientôt une auréole cj-toplasmatique, encore dépourvue de membrane. Plus tard on observe deux membranes concentriques peu distinctes l'une de l'autre et, entre les deux, une zone naturellement étroite de protoplasme très ana- logue au caryoplasme externe du noyau adulte. fi) J. B. Carnoy : La Cytodiérese che^ les arthropodes, p. 3o2. 106 390 A. MEUNIER Nous sommes par là amené à admettre que la seconde membrane se forme dans le cytoplasme, dont elle circonscrit une partie qui devient par le fait même caryoplasmatique, mais qui n'est pas au fond difféi'ente du cytoplasme extérieur. Selon toute apparence, c'est à cette membrane externe et au dévelop- pement du protoplasme qu'elle circonscrit, qu'il faudrait rapporter les figures de Strasburger, dont nous avons fait mention plus haut. La première, l'interne, l'aurait d'autant moins frappé qu'il ne la recherchait sans doute pas, et qu'elle devient bientôt plus insaisissable sur le frais à mesure que le nucléole, qu'elle étreint de plus en plus, reprend l'homogénéité qui le ca- ractérise surtout lorsqu'il est entré en repos. Nous pensons donc que ce qui se reconstitue en premier lieu dans sa forme définitive, c'est le nucléole, et qu'en outre celui-ci se reconstitue avec tous les éléments d'un véritable noyau : une membrane, un élément nucléi- nien et même une partie plasmatique. Celle-ci doit être fort réduite, puis- qu'elle ne peut guère faire l'objet d'une constatation certaine dans le nucléole au repos; néanmoins le mode de reconstitution de cet organe implique sa présence. C'est donc en quelque sorte le nucléole qni est le vrai noyau des Spirogyra. CONCLUSION. Le nucléole des Spirogyra est un noyau en miniature. A raison de sa situation particulière au sein d'une masse plasmatique cii-conscrite par une membrane particulière comme dans les noyaux ordi- naires, on ne peut lui refuser le nom de nucléole-noyau qu'il légitime et nécessite. C'est là la conclusion qui se dégage naturellement de cette seconde partie de notre étude. Bien que nous y soyons arrivé par un chemin abso- lument différent, elle est cependant identique à celle qui s'était imposée à l'issue de nos recherches sur cet organe à l'état quiescent. ARTICLE m, DISCUSSION ET CRITIQUE. L'étude du nucléole des Spirogjn-a, au double point de vue quiescent et cinétique, nous a conduit deux fois à une conclusion identique. Indépendantes l'une de l'autre, de par la nature des observations qui les ont amenées, mais comportant néanmoins l'une et l'autre la solution complète de la question, ces deux conclusions se servent mutuellement d'appui et de contrôle. Elles constituent une double garantie de la thèse que nous adoptons. Il n'est pas permis de réunir, sous une même dénomination commune, les nucléoles des Spirogyra avec d'autres corps intra-nucléaires auxquels on donne également ce nom. C'est un véritable noyau, ou niicléole-noyaii, et il faut lui accorder ce nom que légitime complètement sa structure analogue à celle des organes de cette nature du type le plus parfait. En effet, il a une membrane propre; il possède un élément nucléi- nien récepteur exclusif de toute la nucléine figurée de la cellule; il renferme en outre une certaine quantité de caryoplasme. 1'^ La membrane, invisible comme telle sur le frais, difficilement rc- connaissable après l'action des fixateurs, se manifeste clairement à la suite de certaines lésions mécaniques qui l'isolent, dans une foule de traitements par des réactifs propres à enlever une partie plus ou moins considérable de son contenu, comme aussi sous l'influence de l'emploi successif d'un alcali qui la distend, et d'un fixateur qui contracte tout ce qui lui est inclu. Enfin on peut assister à sa formation, lors de la reconstitution du corps dont elle fait partie intégrante, à l'issue des phénomènes caryocinétiques. 2° L'élément nucléinien, invisible aussi comme tel sur le frais, difficile à analyser d'une manière précise à la suite des lésions mécaniques ou de l'action des seuls agents fixateurs, se révèle cependant toujours au moins confusément dans ces circonstances, et se traduit d'une manière palpable, avec son organisation propre, après l'action successive d'une solution alcaline de carmin et d'un réactif contracteur. Dans ces conditions il se montre sous la forme d'un filament pelotonné, constitué lui-même de deux parties essentielles. 392 A. MEUNIER a. Un étui de plastine non chromatique, indigestible, inattaquable pai- les bases et les acides, dans les conditions ordinaires de l'expérience. b. Une substance amorphe, visqueuse, très réfringente, éminemment chromatique, soluble dans les acides minéraux forts et les alcalis, insoluble dans les acides faibles, indigestible. Cette substance entièrement réléguée dans le boyau de plastine, l'emplit plus ou moins complètement. Pendant la caryocynèse, c'est lui qui joue le rôle principal ; tout ce qui gravite autour de lui n'a qu'un rôle subordonné à sa bipartition. Il se seg- mente, évolue diversement sans jamais se dissoudre, fournit l'élément es- sentiel des figures caryocinétiques équatoriale et polaire, et se reconstitue enfin de sa propre substance, au moins pour la plus grande part. 3° La partie plasmatique, certainement très réduite, se soustrait par cela même presque nécessairement à l'observation directe; mais le mode de reconstitution du nucléole semble impliquer sa présence, en quantité si mi- nime qu'on le veuille bien. Tous ces éléments, à part peut-être le dernier, tombent directement sous l'observation. Le fait de leur existence ne résulte pas simplement de déductions basées sur des observations plus ou moins étrangères ; il s'impose de lui-même à la suite de la constatation visuelle de ces mêmes éléments. Qu'ils ne se manifestent pas sur des matériaux vivants, cela tient tout simplement à un phénomène optique qui n'est pas plus particulier au cas présent qu'à une infinité d'autres. Après la mort, les lésions organiques, ou l'action des réactifs, l'équilibre de réfringence si souvent réalisé entre les substances organiques les plus di- verses fait généralement place à des différences d'aspect très considérables, qui permettent l'observation de détails insaisissables sur le vivant. Mis à même, par nos observations, de prendre part au débat que des appréciations diverses ont fait surgir entre les auteurs qui se sont occupés du nucléole des Spirogyra, nous ne pouvons que nous rallier entièrement aux idées exprimées par J. B. Carnoy, qui voit dans le nucléole des Spiro- gyra un nucléole-noyau, et dans le noyau lui-même un noyau en tout semblable à celui du Lithobius forficatiis . Tangl ne nous paraît pas s'être occupé de rechercher la nature chimique du nucléole. Il est très sobre de détails à ce sujet. Tout au plus fait-il remarquer sa coloration facile. Il n'est guère plus explicite vis-à-vis de la structure du même organe. Ce dernier n'est pas réellement homogène, affirme-t-il, et il ajoute qu'une préparation lui a fourni les indices d'une trame réticulée dans le nucléole, au début des phénomènes caryocinétiques. LE NUCLÉOLE DES SPIROGYRA . 393 De plus, dit-il, la plaque nucléaire dérive de la substance nuclcolairc, par un processus de difierentiation. Ne pouvons-nous pas voir dans tout cela l'expression générale de ce que nous avançons nous-mème? Sans doute, ces données sont insuffisantes, et ce serait outrepasser les droits de la critique que de donner à ces expressions générales une portée que l'auteur n'a pas précisée lui-même. Mais il faut convenir que notre manière de voir s'accommoderait fort bien de cette for- mule générale, si dans l'idée de l'auteur, elle ne se refusait elle-même à certaine détermination qui, selon nous, devrait en fixer le sens précis. Ainsi, nous ne pouvons admettre que l'aspect réticulé du nucléole soit l'impression optique d'un véritable réticulum ; nous y voyons, au contraire, la projection des anses multiples d'un boyau continu. Il faudrait faire également des réserves au sujet de la différentiation dont le nucléole serait l'objet au moment de la division. Il ne peut être question d'un changement substantiel de l'élément nucléinien, mais seule- ment de modifications, toutes accessoires, subordonnées à la dissolution de la membrane et aux mouvements du boyau, qui se déroule et se fragmente sans perdre aucunement sa nature. Macfarlane reconnaît, comme Tangl aussi du reste, une membrane au nucléole. Ce fait est exact, et seul il suffirait à différencier ce nucléole de beaucoup d'autres. D'autre part, son prétendu nucléolule (i) (Nuclcolo-niic/eiis) ne s'est jamais révélé à nous. Nous avons maintes fois constaté dans le nucléole une ou plusieurs vacuoles, même sur le frais, un nucléolule solide jamais; et nous sommes obligé par le fait même de contester tout ce que cet auteur dit au sujet du rôle de ce petit corps dans la division nucléaire. " Der Nucleolonucleus soll sich theilen und hierauf erst auch der Kern " sichtbare Veranderungen erfahren. Ein theil dieser Substanz soll durch y die Membran hindurch an den Polen heraustreten und sich dort anhaufen; r' dann wird die Membran unter den polaren Anhaufungen aufgelost. Der » Nucleolus bleibt an seiner Stelle und ist durch zarte Fasern mit den r> polaren Substanzansammlungen verbunden. Der Nucleolus soll sich « hierauf theilen und seine Hâlften auseinanderriicken, die polaren Ansamm- y> lungen vor sich schiebend; dann in sie eindringen und mit ihnen zusammen (i) C'est à dessein que nous traduisons par nucléolule le terme niiclcolo-iiuclcus de rauteur. Le contexte nous y oblige. Nous croyons utile de faire cette remarque, pour éviter toute équivoque avec l'expression nucléole-noyau de J. B. Carnoy, qui désigne tout autre chose. 394 A MEUNIER » von einer Membran umgeben werden. So soUcn die Kenie der Tochter- r, zellen entstehen. (i)- Sans vouloir nous imposer la tâche d'en rechercher une explication plausible, nous croyons qu'il n'est pas improbable que Macfarlane fasse ici tout simplement allusion aux manières de pseudopodes visibles à la péri- phérie du nucléole, au début de la caryocinèse. Flemming les a signalés et nous-même nous les avons rappelés en leur donnant l'interprétation dont nous les avons crus susceptibles. Nous remarquerons par contre qu'il n'admet pas plus que nous la dis- parition, la dissolution du nucléole dans le caryoplasme, au moment de la caryocinèse. C'est lui-même, qui en se divisant, fournit les masses chroma- tiques des figures. Nous pourrions nous désintéresser entièrement, comme d'une chose assez accessoire, de ce qu'il dit de la pénétration des cordons suspenseurs du noyau à l'intérieur de celui ci, et des filaments qui fixeraient le nucléole au sein du caryoplasme, sans être cependant d'une autre nature que les filaments du réseau nucléaire. Cette idée n'aurait un semblant de fondement que dans les noyaux étirés par les cordons c3'toplasmatiques suspenseurs, ce qui du reste est le cas le plus fréquemment réalisé pendant la vie de la plante. Mais ce n'est là, pensons-nous, qu'une apparence produite par l'étirement du réticulum plastinien à l'intérieur même des doigts de gant de la membrane nucléaire, qui se forment sous l'influence de la traction des cordons cytoplasmatiques suspenseurs. Sous cette influence il est tout naturel que le réseau plastinien se déforme, aligne ses trabécules dans le sens de la traction en allon- geant ses mailles dans ce même sens, au détriment des autres, et fasse naître ainsi l'illusion de filaments distincts tendus depuis le nucléole jus- qu'au sommet des doigts de gant de la membrane et, même au delà de celle-ci, jusque dans les cordons cytoplasmatiques. Mais cet aspect disparaît avec la cause qui le produit; lorsque le noyau, soustrait par un moyen quel- conque à ces déformations, reprend sa forme arrondie idéale, le réseau de plastine reprend alors aussi sa régularité et présente dans toute son étendue des mailles sensiblement égales. Lorsque sous l'influence des réactifs hydratants qui poussent de l'eau sous la membrane nucléaire, celle ci se détache partiellement de son contenu. (i) D'après Strasburger, Archiv f, mikr. Anat., 18S2, p. 527. — Ces quelques lignes nous paraissent exposer exactement les idées de Macfarlane; c'est pourquoi nous avons jugé inutile de les résumer nous-méme à nouveau. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 395 et forme autour du caryoplasmc des poches vésiculcuscs plus ou moins distendues, ces poches, il est vrai, ne se produisent d'abord qu'entre les cordons suspenseurs et non pas sous leur point d'insertion. Ce fait serait de nature à faire admettre en ces endroits une soudure plus intime et plus résistante entre la membrane et son contenu, rien de plus; mais cette circonstance s'explique suffisamment par les conditions spéciales qui s'y trouvent réalisées. Les idées de Strasburger et de Flemming sont trop semblables, au dire même de ce dernier, pour que nous songions à en faire l'examen séparément. Dans le nucléole au repos, tous deux admettent la présence de beau- coup de chromatine; ce point nous est acquis. Mais ils prétendent aussi qu'il s'en trouve dans le caryoplasme externe, partant sans doute de l'idée qu'ils avaient affaire à un noyau ordinaire et que, par conséquent, l'élément nucléinien devait se rencontrer dans le noyau tout entier. Cette assertion est inexacte. Sans compter, en effet, qu'elle repose uniquement sur l'action de la safranine, réactif certainement peu propre à éclaircir les cas obscurs, leurs figures semblent souvent la démentir et témoigner d'un certain embarras. Les figures qu'ils donnent du noyau n'en reproduisent généralement que le réticulum plasmatique, ou, moins encore, le seul aspect homogène qu'il présente pendant la vie, ce qui est conforme aux données de l'observation. Mais parfois aussi ils y représentent des granulations indiquant l'élément chromatique, dont les idées théoriques semblent exiger la présence. Ceci est très discutable et Flemming paraît même en convenir implicitement, car il ti'ouve opportun de faire remarquer que les quelques granulations colorées, qui se rencontrent dans le caryoplasme après le traitement de la safranine, ne se montrent cependant pas en cela différentes d'autres granulations ana- logues disséminées dans le cytoplasme lui-même. De plus ces deux savants saisissent toutes les occasions pour appuyer sur la pauvreté en nucléine du noyau. Tout cela nous paraît significatif. Si l'idée leur était venue que le noyau des Spirogyra pouvait n'être pas un noyau ordinaire, et le nucléole encore moins un nucléole ordinaire, ils n'auraient attaché aucune valeur à des indi- ces si fugaces de coloration. Peut-être aussi se sont-ils trop fiés à un réactif infidèle entre tous. En se livrant à des expériences de contrôle, par l'emploi des véritables réactifs de la nucléine, ils eussent constaté, comme nous, l'absence dans le caryoplasme de toute substance chromatique pré- sentant les multiples caractères de la nucléine. 396 A. MEUNIER La manière dont parle Flemming de la formation de la plaque nuclé- aire est plus frappante encore. Conduit par l'évidence des faits, il fait dériver cette plaque du nucléole exclusivement, et ne dit mot de la prétendue nucléine du noyau ; si celle-ci existait, elle devrait cependant contribuer à la formation de la couronne équatoriale. Quoi qu'il en soit, il est certain que ces éminents observateurs ont reconnu que le nucléole renferme beaucoup de chromatine, qu'il ne se dis- sout pas au moment de la division nucléaire, qu'il concourt dans une très large mesure, à la formation de la plaque initiale et enfin que la substance chromatique des deux couronnes polaires rentre intégralement dans les nucléoles-filles. En cela leurs observations confirment les résultats que nous avons obtenus nous même et nous pouvons nous prévaloir de leur autorité. Il n'est pas moins certain, d'autre part, que le fait sur lequel ils s'ap- puient, pour affirmer la présence d'une certaine quantité de chromatine dans le caryoplasme, n'a aucune valeur probante, si, comme il nous paraît certain, leur chromatine doit être identifiée avec la nucléine. Par là, ils n'infirment aucunement nos conclusions contraires. Nous ajouterons enfin que la struc- ture réelle du nucléole, son organisation complexe, leur est restée inconnue. Cette organisation véritablement nucléaire du nucléole des Spirogyra n'a pas moins complètement échappé aux recherches de E. Zacharias. Il y a plus, le professeur de Strasbourg formule à ce sujet des conclusions qui, non seulement diffèrent partiellement des nôtres, comme les précédentes, mais en sont littéralement le contre-pied. Nous pourrions d'autant moins nous dispenser d'en faire la critique que ce savant a plus spécialement visé la thèse que nous avons adoptée, et pourrait ainsi plus facilement paraître l'avoir jugée en pleine connaissance de cause et condamnée en dernier ressort. Notre démonstration serait donc incomplète, ou risquerait tout au moins de n'être acceptée qu'avec réserve, si nous laissions subsister cette opinion contradictoire, incompatible avec notre manière de voir. Sans vouloir amoindrir aucunement le mérite de notre savant collègue auquel nous nous plaisons au contraire à rendre hommage, nous devons à la vérité de maintenir intactes nos conclusions malgré l'opposition des siennes, et la nécessité s'impose de scruter les causes de ce conflit d'opinions. La tâche nous est d'ailleurs rendue facile par la manière dont il précise les raisons sur lesquelles il fonde sa conviction. LE NUCLEOLE DES SPIROGVKA 397 Nous croyons pouvoir ramener son erreur à deux causes : 1'' La première, c'est qu'il n'a pas connu le bo3'au chromatique ren- ferme dans le nucléole des Spirogyra; c'est pourquoi il a manqué de guide dans ses essais chimiques. 2<^ La seconde, c'est qu'il a appliqué à deux objets profondément dif- férents une seule et même méthode d'analyse, qui pouvait en révéler certaines propriétés communes, mais était tout à fait impropre à en traduire les caractères différentiels les plus évidents. Que Zacharlvs n'ait pas découvert l'élément nucléinien des Spirogyra cela n'est guère étonnant, puisqu'il ne dit pas avoir fait, ne fût-ce qu'un essai propre à le mettre sûrement en lumière. Les détails de structure de ce petit organe sont loin de se présenter clairement d'eux-mêmes à l'observation, dans les conditions ordinaires. Leur manifestation nécessite des manipulations spéciales, dont on ne peut se dispenser, sans renoncer, par le fait même, à y découvrir autre chose que des indications énigmatiques. Ce qui est plus étonnant, c'est qu'ayant eu sous la main la Biologie cellulaire de J. B. Carnoy, qui en renfermait les indications précises, il ne se soit pas livré à des recherches spécialement propres à en contrôler l'exac- titude, ou à en démontrer directement l'erreur; cela surprend d'autant plus qu'il a été le premier à suivre le professeur de Louvain, dans l'application des dissolvants propres de la nucléine à l'étude du noyau. Mais nous pouvons aller plus loin, car en se désintéressant de ces observations, Zacharias s'est privé d'une connaissance qui lui aurait démontré l'insuffisance de sa méthode générale d'analyse microchimique des nucléoles et des corps similaires. Il aurait constaté en particulier combien le carmin est peu propre à débrouiller les mystères du noyau, et aurait tout au moins cherché dans d'autres matières colorantes un contrôle efficace. Pour en venir plus spécialement à la question qui nous occupe, voici le fond de l'argumentation sur laquelle se base son opinion. Le nucléole des Spirogyra ne se comporte pas autrement que celui du Galanthiis nivalis, sous l'action de l'acide chlorhydrique à 2 0/00, du suc gas- trique et des solutions de carmin. Or, le nucléole du Galanthiis nivalis est exclusivement plasmatique, c'est-à-dire formé de substances albuminoïdes solubles et de plastine, à l'ex- clusion de toute trace de nucléine. Donc le nucléole des Spirogyra a une composition identique à celui du Galanthiis nivalis; il est, comme celui-ci, exclusivement plasmatique. 107 398 A. MEUNIER C'est aller vite en besogne. En supposant que la majeure de ce syllo- gisme soit légitime, il serait toujours vrai de dire que la conclusion dépasse les prémisses. On pourrait en effet toujours supposera priori que, alors même que le nucléole des Spirogyra présenterait réellement des propriétés com- munes avec celui du Galanthus nivalis et semblerait par là devoir lui être assimilé, il pourrait en présenter d'autres tout à fait différentes qui devraient l'en faire distinguer soigneusement. Ce n'est pas là, du reste, une vaine supposition ; elle trouve son application dans le cas présent, et nous n'aurons pas de peine à rappeler plus loin, s'il est encore nécessaire, bon nombre de propriétés du nucléole des Spirogyra qui ne sont nullement partagées par celui du Galanthus nivalis, iv, fig. 75 et 76, et qui nécessitent la distinction radicale de ces deux corps. Mais il y a plus. Les faits eux-mêmes, qui sont allégués dans la majeure, sont inexacts; celle-ci doit donc être contestée et, avec elle, la conclusion qui doit nécessairement suivre sa destinée. Il sera même intéressant, après avoir rétabli l'exactitude des faits, de nous servir des principes généraux de Zacharias (i), pour établir notre thèse en ruinant la sienne. Après avoir exposé ses observations sur le noyau du Galanthus nivalis, ce savant affirme, un peu plus loin, que celui des Spirogyra ne se comporte pas autrement dans plusieurs réactions, et conclut à leur similitude en gé- néral et à l'identité de nature de leur nucléole en particulier. Pour mieux faire saisir le peu de fondement de cette identification, nous mettrons en regard de ses observations sur le Galanthus nivalis, nos propres ob- servations sur les Spirogyn-a, en nous servant autant que possible, dans ce parallèle, des mêmes termes que lui, pour en faciliter le rapprochement. ESSAI PAR LES CARMINS DIVERS. Galanthus nivalis. Spirogyra. Une solution alcaline de carmin Une solution alcaline de carmin agit sur des matériaux conservés dans agit sur des matériaux conservés dans l'alcool de telle façon que les nuclé- l'alcool de telle façon que les nuclé- oles se colorent très rapidement et oies se colorent assez rapidement, très intensément. maïs peu intensément, c'est-à-dire en rose et non en rouge vif. (1) E. Zacharias, loc. cit., p. 4. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 399 La coloration des autres parties du noyau ne survient que plus tard et n'est de loin pas si intense. Le nucléole est en même temps nettement limité, tandis que les corps nucléiniens n'apparaissent que va- guement. Si, au contraire, on emploie une solution de carmin fortement aci- dulée par l'acide acétique, alors les corps nucléiniens sont colorés inten- sément et apparaissent avec netteté; tandis que le nucléole ne se colore presque pas et présente un aspect pâle et un peu gonflé. Plus tard il prend un peu de matière colorante mais reste toujours plus clair que les autres parties du noyau. La coloration des autres parties du noyau ou bien ne se manifeste jamais, dans les conditions normales de l'expérience, ou bien se réduit à une teinte rosée extrêmement faible, qui nous semble n'être que le résultat accessoire d'un lavage insuffisant. Dans les matériaux non préala- blement fixés par l'alcool, le contenu des mailles du réticulum plastinien, resté incolore, accuse réellement une faible teinte rosée. Le nucléole se gonfle un peu en même temps. Il se gonfle surtout dans ses parties réfringentes, et paraît par là beaucoup plus homogène. On ne découvre du reste en de- hors de lui aucun corps figuré, qui puisse suggérer, même vaguement, l'idée d'un élément nucléinien. Si, au contraire, on emploie une solution de carmin fortement aci- dulée par l'acide acétique, il n'ap- paraît encore dans le caryoplasme qu'une faible coloration, qui est du reste partagée par tout le cytoplas" ma circonvoisin, au moins momen- tanément, et on n'y découvre pas plus d'élément nucléinien qu'auparavant; tandis que le nucléole se colore beau- coup plus intensément, en rouge vif, cette fois, se contracte légèrement et conserve toujours une coloration très vive qui contraste singulièrement avec la teinte rosée de tout le reste du contenu cellulaire. 400 A. MEUNIER Si 'on introduit des matériaux digérés et soigneusement lavés dans une solution neutre de carmin, il ne survient aucune coloration après quelques instants» les corps nucléi- niens se gonflent au point de devenir complètement méconnaissables; tan- dis que le petit reste du nucléole devient très distinct pour gonfler ensuite. Ajoute-t-on de l'acide acétique, le gonflement diminue et disparaît, la partie granuleuse du noyau se co- lore intensément, le reste du nucléole moins. Par conséquent, la propriété de se colorer rapidement et intensément sous l'action d'une solution neutre de carmin revient à ces parties du nu- cléole (digestibles et solubles dans le chlorure de sodium à lo °/o) qui pré- sentent la manière d'être des corps album inoïdes. Au contraire les solutions acides de carmin colorent principalement les parties du noyau qui renferment de la nucléine. De l'ensemble de ces réactions il résulte : que les nucléoles du Galan- thus sont composés en grande partie de substances albuminoïdes, qu'ils renferment de la plastine, mais pas de nucléine. Si l'on introduit des matériaux digérés et soigneusement lavés dans une solution neutre de carmin, il ne survient d'abord aucune coloration sensible, mais les parties conservées du nucléole se gonflent beaucoup; tandis que le réticulum plastinien du caryoplasme dégagé de son enchylème ne manifeste aucune modification sensible. Ajoute-t-on de l'acide acétique, le nucléole se contracte un peu et se colore plus intensément, tandis que le reste du noyau demeure incolore et toujours sensiblement le même. Par conséquent il n'est rien ou presque rien dans le nucléole des Spi- rogyra qui accuse la propriété propre aux substances albuminoïdes, de se colorer rapidement et intensément sous l'action d'une solution neutre ou alcaline de carmin. Par contre, ce nucléole se colore très intensément en rouge vif dans les solutions acides de carmin, après comme avant la digestion, et se mon- tre ainsi principalement formé de nucléine. De l'ensemble de ces réactions il résulte : que les nucléoles des Spiro- gyra sont composés en très grande partie de nucléine, qu'ils renferment de la plastine, puisque les dissolvants de la nucléine laissent sur les maté- riaux conservés un étui ou boyau ia- digestible; qu'enfin ils ne présentent pas de traces appréciables d'albumi- noïdes digestibles. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 40 1 Malgré l'intérêt qu'il y aurait à continuer ce parallèle, et à l'ctendrc à toute l'étude de Zacharlvs sur les réactions chimiques du nucléole du Galanthus, nous cro3-ons devoir nous borner à ce que nous venons de rap- peler, concernant l'usage particulier des diverses solutions de carmin. Nous avons choisi ce point de préférence à tout autre, non parce qu'il est plus favorable à notre thèse, mais au contraire parce que c'est lui préci- sément qui s'en accommode le moins, vu que le réactif employé est de sa nature incontestablement peu propre à différencier les diverses substances cellulaires. Cependant nous croyons avoir suffisamment démontré que, même dans ces conditions désavantageuses, les deux sortes de nucléoles mises en présence traduisent des propriétés tout à fait inconciliables, et accusent par conséquent une nature radicalement différente. Ceci résulte du reste infiniment mieux de la comparaison des résultats obtenus par l'usage des acides minéraux forts, de l'acide chlorhydrique dilué à 2-4 0/00, du suc gastrique, du chlorure de sodium à lo o/o, des matières colorantes en général, etc.; mais nous ne devrions répéter rien moins que toute la première partie de notre travail, si nous voulions renouveler ici toute la démonstration. Nous contentant donc de renvoyer pour les détails aux pages qui pré- cèdent, nous formulerons brièvement les principaux traits différentiels, que notre honorable contradicteur a positivement niés. Le suc gastrique, avons-nous vu, conserve du nucléole des Spirogyra un stroma très considérable, très réfringent, très chromatique, particulière- ment sensible aux solutions acides des matières colorantes et susceptible de se dédoubler par l'analyse en deux substances. L'une, soluble dans les dissol- vants de la nucléine et douée de toutes ses propriétés : donc de la nucléine; l'autre réfractaire à ces dissolvants, non chromatique : donc de la plastine. L'action suffisamment prolongée de l'acide chlorhydrique très dilué conduit aux mêmes résultats; il respecte seulement la partie réfringente et chromatique du nucléole, pourvu que l'on ait soin d'opérer sur des matériaux frais; car, s'il y avait fixation préalable par l'alcool, la membrane nucléo- laire des Spirogyra ne semble plus pouvoir se dissoudre dans ce réactif, et les renseignements acquis sont, par le fait même, beaucoup moins significa- tifs. On peut remarquer à ce propos que Zacharias, en ne tentant l'expé- rience que sur des matériaux conservés dans l'alcool, s'est mis dans l'im- possibilité de recueillir des données précises, et d'en tirer des conclusions légitimes. 402 A MEUNIER Enfin, d'après ce savant, il ne reste plus du nucléole du Galanthiis, après un séjour très long dans le chlorure de sodium dilué à lo o/o, qu'un léger stroma spongieux de plastine, non chromatique conséquemment. Nous avons dit au contraire antérieurement, que le nucléole des Spivogyra soumis au même traitement ne fait que se gonfler et devenir homogène, sans perdre ni de sa substance, ni de son aptitude à la coloration par les réactifs appropriés. Est-ce tout? Non, car il suffit de sortir du terrain restreint sur lequel Zacharias s'est placé, pour voir surgir de tous côtés entre les deux sortes de nucléoles des différences dont beaucoup suffiraient, à elles seules, pour accuser la diversité de leur nature, et dont l'ensemble constitue une surabondance de preuves en faveur de notre thèse. Faut-il rappeler, par exemple, l'action particulièrement caractéristique du vert de méthyle qui colore si fidèlement l'élément nucléinien, là où il le trouve, sans en altérer ni la forme, ni l'aspect? Dans le noyau du Galanthus, ce réactif signale l'élément nucléinien, FiG. 75 et 76, bn, en dehors du nucléole, /;', qui n'a rien de commun avec lui, puisqu'il reste incolore et est purement plasmatique. Dans le noyau des Spirogyra, il en manifeste la présence au sein du nucléole seulement, en lui communiquant une riche coloration; parce que c'est cet organe qui en a le privilège exclusif. Le moindre essai, si facile à réaliser avec ce précieux réactif aurait jeté plus de lumière sur la question que la pratique d'une foule d'autres manipu- lations considérablement plus laborieuses, réalisées en dehors de toute connaissance préalable des indications précises qu'il fournit. Enfin, abstraction faite même de tout caractère chimique, la structure tout à fait nucléaire du nucléole des Spirogyra établit une barrière infran- chissable entre cet organe et les nucléoles plasmatiques du genre de celui du Galanthus nipalis. Ceux-ci ont-ils généralement une membrane propre? Renferment-ils surtout un boyau nucléinicni comparable aux éléments du même genre les mieux définis? Poser la question, c'est lui donner une solution négative. De tout cela il nous semble résulter manifestement que Zacharias n'a pas jugé en connaissance de cause la nature du nucléole de Spirogyra^ mais qu'il l'a préjugée à la suite de quelques observations superficielles. Dominé plus tard par cette erreur que le nucléole des Spirogyra est exclusivement plasmatique, il n'hésite pas, lorsqu'il envisage le rôle du LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 403 nucléole pendant la cinèsc, à trouver vraisemblable sa dissolution dans le caryoplasme ambiant; non pour l'avoir observée, mais en se basant sur la prétendue nécessité d'une semblable dissolution. Les observations précédentes nous dispensent de toute nouvelle discus- sion à cet égard. Jamais, nous le savons, le nucléole ne se dissout ni ne disparaît (1), loin de là; c'est lui d'ailleurs qui fournit tous les éléments nu- cléiniens de la figure cinétique. Nous nous croyons donc autorisé à main- tenir entièrement nos conclusions relatives à l'organisation nucléaire du nucléole des Spirogyra. Ces petites algues ne sont du reste pas seules à présenter l'exemple de nucléoles-noyaux. Bien loin de devoir réduire la liste, d'ailleurs incomplète déjà, que donne J. B. Carnoy des organismes ou des cellules qui présentent cette particularité, nous sommes convaincu que les recherches ultérieures ne feront que l'enrichir. (1) Voir plus haut, p. 383 à 385. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 405 EXPLICATION DES PLANCHES. Grossissements : Fig. 1 à 8 : obj. D de Zeiss, oc. 2. FiG. 9 à 76 : obj. i 12 de Leitz, oc. 2. PLANCHE I. FIG. 1 à 8. Aspect normal des quelques espèces de Spirogyra, I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, les plus spécialement soumises à l'étude. Fig. 1 à 5 : espèces à noyaux ronds. FiG. 6 à 8 : espèces à noyaux plats. FIG. 9. Noyau rond plus grossi de l'espèce I, à l'état frais : mu, membrane nu- cléaire; m', nucléole; cy, cytoplasme en cordons. FIG. 10. Noyau plat plus grossi de l'espèce VIII, à l'état frais : mn, membrane nucléaire; n' , nucléole; cy, cytoplasme. FIG. 11. Noyau plat plus grossi de l'espèce VI, à l'état frais : ;;, noyau len- ticulaire vu de champ; mn , membrane nucléaire; »', nucléole; cy, couche cytoplas- matique très développée autour du noyau. FIG. 12. Modification pathologique légère d'un noyau de l'espèce II : ;/, le nucléole dans lequel se sont développées des vacuoles; ca, caryoplasme encore ap- paremment homogène; mn, membrane nucléaire rendue plus régulière et en même temps plus facilement saisissable. FIG. 13. Altération plus profonde dans un noyau de la même espèce : n' , nu- cléole; V, vacuoles; nr, réticulum nucléaire qui commence à s'accuser dans le caryoplasme. FIG, 14. Fragment d'une cellule vivante de l'espèce VIII, montrant la dispo- sition normale du noyau plat. FIG 15. Fragment d'une cellule semblable à la précédente à la suite d'une lésion mécanique qui a brisé les cordons protoplasmatiques suspenseurs et a fait subir au noyau une révolution de go", de manière à le présenter de face. L'alté- ration consécutive du caryoplasme y a fait apparaître le réticulum plastinien. FIG. 16. Résultat d'une déshydratation lente d'un noyau de l'espèce II : ca, ca- ryoplasme avec réticulum plastinien rendu très évident; «', nucléole visiblement structuré. FIG. 17rt. Nucléole, «', expulsé du noyau par pression; mn, membrane nu- cléaire brisée. FIG. 17J. Autres aspects du nucléole, n', expulsé dans les mêmes circonstances; V, vacuoles. FIG. 18. Résultat d'une pression plus énergique sur le noyau : mn, membrane nucléaire déchirée; mn' , membrane nucléolaire également déchirée : x, son contenu projeté au dehors. 108 4o6 A. MEUNIER FIG. 19. Action de l'alcool dilué sur un noyau de l'espèce II : inn, membrane nucléaire distendue et incomplètement détachée du caryoplasme, ca; n', nucléole. FIG. 20. Item. La membrane nucléaire, mu, est entièrement détachée de son contenu, ca; n\ nucléole; cy, cytoplasme. FIG. 21. Aspect d'un noyau semblable au précédent après que la membrane nucléaire, mn, brisée par excès de distention, s'est affaissée sur son contenu, en se plissant irrégulièrement; cy, cytoplasme; n' , nucléole visiblement structuré. FIG. 22a. Action de l'alcool concentré sur un noyau de l'espèce III. Tous les éléments ont été fixés sur place. FIG. 22h. Noyau semblable au précédent, dont les cordons suspenseurs se sont brisés pendant le même traitement. FIG. 23. Coupe optique de deux nucléoles de l'espèce I montrant l'aspect du corps chromatique figuré qui leur est inclus, après l'action d'une solution acidulée de vert de méthyle. FIG. 24. Noyau de l'espèce I traité par l'acide nitrique dilué à 2-4 0/0. cy, cytoplasme; ca, caryoplasme réticulé; h', nucléole avec le corps réfringent et chromatique qu'il renferme. FIG. 25». Noyau de l'espèce I traité par l'acide nitrique fort; x, stroma d'ap- parence réticulée persistant après l'enlèvement total de la substance chromatique. FIG. 25i. Item, dans un noyau de l'espèce IV. FIG. 26. Noyau de l'espèce I, après l'action de l'acide chlorhydrique fort; X, stroma non chromatique qui persiste dans le nucléole. FIG. 27. Fragment de cellule de l'espèce I après un long séjour dans l'acide chlorhydrique dilué à 2—4 0/00. rp, réticulum plastinicn; lui, anses visibles en coupe op- tique du boyau pelotonné propre au nucléole. FIG. 28. Item, espèce II. FIG. 29 Item, espèce III. FIG. 30. Action du suc gastrique sur une cellule de l'espèce III : hn, fila- ment chromatique et réfringent conservé sur l'emplacement du nucléole, après la digestion. FIG. 31. Action incomplète de la potasse très diluée sur un noyau de l'espèce II. Il reste dans le nucléole des traces de la substance chromatique. FIG. 32. Dissolution totale de la substance réfringente du nucléole; x, léger stroma non réfringent qui persiste après cette dissolution. FIG. 33, 34, 35 et 36. Différents aspects du boyau nucléinien, bn, mis en évidence par l'action successive d'une solution très légèrement alcaline de carmin et d'un réactif contracteur; mn' , membrane nucléolaire. FIG. 37. Aspect présenté fréquemment par la nucléine à l'intérieur de l'étui plastinien, quelque temps après ce traitement. FIG. 38, 39 et 40. Concentration progressive de la nucléine en certains endroits de l'étui plastinien ; hp, nucléoles nucléiniens secondaires qui en résultent. LE NUCLEOLE DES SPIROGYRA 407 PLANCHE II. FIG. 41 à 60. Etaiies successives de la division nucléaire dans l'espèce II. FIG. 61 A 69. Etapes successives de la division nucléaire dans l'espèce III. FIG. 70 à 74. Quelques étapes de la cinèse dans l'espèce I : cy, cytoplasme; cjf, masses cytoplasmatiques polaires; /, fuseau; nm, membrane nucléaire; ca caryo- plasme; «', nucléole; ps, protubérances pseudopodiformes présentées souvent par le nucléole, avant la formation de la plaque nucléaire; pu, plaque nucléaire; cq, cou- ronne équatoriale; cq'^, moitiés de la couronne équatoriale; cp, couronne polaire; vs, vésicule formée au début de la reconstitution du nucléole-fille; mv, membrane vésiculaire. FIG. 75 Cellule épidermique des écailles du bulbe de Galanthus nivalis : n, noyau; b}i, éléments nucléiniens; n', nucléole plasmatique. FIG. 76- Cellule parenchymateuse des mêmes écailles : mêmes lettres. TABLE DES MATIÈRES. INTRODUCTION Etat actuel de la question Division adoptée dans le travail PAGES 334 337 ARTICLE I Le nucléole des Spirogyra à l'état quiescent. Préliminaires. I. EXAMEN SUR LE FRAIS. A. État normal B. État pathologique . IL TRAITEMENTS SPÉCIAUX. A. L'alcool . B. Les matières colorantes 1° Le vert de méthyle 2" Les carmins . a) Carmin neutre et acide b) Carmin alcalin 3° L'hématoxyline et les anilines d C. Les acides, i" Acide nitrique. a) ." Acide nitrique dilué à 2—4 % b) Acide nitrique fort . 2" Acide chlorhydrique a) Acide chlorhydrique fort b) » » dilué à 2 — 4 "/( D. Le suc gastrique . 339 339 344 348 35i 352 353 354 355 356 357 357 357 358 36o 36o 36 1 364 II TABLE DES MATIERES E. Les alcalis et les sels alcalins a) Matériaux durcis par l'alcool 1° L'ammoniaque 2° La potasse. 3° Les sels alcalins *) Matériaux frais. Manifestation de l'élément nucléinien Conclusions .... 366 366 366 367 368 368 370 374 ARTICLE II. Le nucléole des spirogyra pendant la division cellulaire. Préliminaires. ....... 377 I. ÉTAT ACTUEL DE LA QUESTION. .... 377 II. MÉTHODE. ....... 37g III. OBSERVATIONS ....... 38o PREMIÈRE PROPOSITION. Il est possible de suivre pas à pas le nucléole des Sfirogyra pendant toute la durée des phénomènes caryocinétiques, parce que jamais il ne disparaît réellement . . . . . . . 38 1 DEUXIÈME rROPOsiTiON. Le nucléole-mère fournit à lui seul toute la nucléine de la plaque nucléaire dans la figure caryocinétique .... 384 TROISIÈME PROPOSITION. Les nucléoles-filles accaparent toute la nucléine des cou- ronnes polaires à la fin de la cinèse. ..... 386 Conclusions ........ 390 ARTICLE III. Discussion et critique. [_ Résumé général 391 I. J. B. CARNOY , 392 II. TANGL 392 III. _ MACFARLANE 393 IV. ; STRASBURGER _et FLEMMING 395 V. ZACHARIAS 396 Explication des planches 4o5 Table des matières 409 PLJ. Xith..l>um0,j^^ liunk^--: Siriuv. I PLU AMeuider mi nai.cUt. Idh. Du-mirX. l_ Vmi A\^ir. jxt:!t. OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ELEMENTS SÉMINAUX de la Scolopendre {Scolopendra morsitans, Gerp.) et de la Lithobie (Lithobius forficatus) PAR LE D-^ A. PRENANT CHEF DES TRAVAUX HISTOLOGIQUES A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE Nancy. 109 OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ELEMENTS SEMINAUX de la Scolopendre [Scolopendra morsitans, Gerv.) et de la Lithobie (Lithobius forficatus) Les myriapodes, et plus particulièrement les scolopendres (Scolopendra dalmçitica) ont été, au point de vue de la spermatogénèse, d'une part, et sous celui de la cytodiérèse des cellules séminales, d'autre part, l'objet d'études approfondies de la part de Gilson (i) et de Carnoy (2). Curieux de connaître, s'il m'est possible, l'origine et la signification des formations si spéciales, telles que Nebenkern, Spitzenknopf, Kopf kappe, etc., qui distinguent à divers moments de leur évolution les cellules sémi- nales, j'ai entrepris quelques recherches dans ce sens chez divers animaux. Quiconque connaît les remarquables cellules des testicules de scolopendre et de lithobie comprendra que j'aie été vivement tenté de chercher en elles l'un de mes matériaux d'étude, et que j'aie pensé qu'après Carnoy et Gilson il y avait encore à glaner sur un terrain aussi fécond. Je prie M. le professeur Carnoy de vouloir bien accepter l'expression de ma vive reconnaissance pour l'hospitalité distinguée qu'il a donné à mon travail dans un recueil consacré exclusivement à la cytologie et à l'histologie générale. (i) Gilson : Étude comparée de la spennatogéiicse chc^ les e^rthropodcs; La Cellule, t. 1, f. i, 1884. (2) Carnoy : La cvtodiérese cbe^ les Q/lrthropodes; La Cellule, t. I, f. 2, i8S5. NoT3. Les Scolopendres qui ont servi à ce travail proviennent du laboratoire que dirige à Banyuls s. mer M. le professeur H. de Lacaze-Duthiers; c'est de là que les recevait notre ami M. le D' Saint-Remy qui nous à permis de les employer pour ces recherches; nous l'en remercions vivement. 416 A. PRENANT Les méthodes de recherche que j'ai employées sont les suivantes : 1° Dissociations — à l'aide de l'acide osmique à i/ioo dont je laisse l'action se prolonger i , 2 et 3 jours s'il est nécessaire, — avec le liquide de RiPART et Petit, additionné d'acide osmique suivant la formule de Carnoy et GiLSON — avec l'acide nitrique à 3/100. Les éléments dissociés étaient examinés sans coloration, ou colorés à l'aide du vert de méthyle acétique. 2° Coupes. — Les objets destinés à être coupés ont été traités par le liquide de Flemming (ancienne solution), par l'acide nitrique à 3/100, par le liquide de Ripart osmique. Après un séjour d'une heure environ dans ces réactifs, ils étaient lavés, et coupés après montage dans la paraffine. Les coupes ont été colorées de diverses façons. Les testicules traités par l'acide nitrique étaient colorés à la safranine (solution de Pfitzner). J'ai employé, pour ceux traités par le liquide de Ripart, l'hématoxyline Delafield. Ceux enfin durcis par le liquide de FlemmiNg ont été colorés par le bleu d'EHRLiCH ou la safranine, dont la matière colorante était fixée par le procédé Bizzozero. Les scolopendres qui ont servi aux présentes recherches ont été sacri- fiées aux mois de juillet et d'août. Dans ses études sur la s'permatogénèse des arthropodes, Gilson ne distin- gue chez la scolopendre et la lithobie que deux types de cellules séminales : 1° La métrocyte (cellule-mère, spermatogonie de la Valette S'- George, et aussi spermatocyte du même auteur); 2° La cellule spermatique (spermatide, et spermatozoïde ou spermato- some de la Valette S*-George). La métrocyte est pour Gilson une cellule qui se divisera encore. La cellule spermatique est une cellule qui ne se divisera plus, et qui se transformera directement en spermatozoïde. Cette définition iinposée par GilSon aux cellules-mères ou métrocytes d'une part, aux cellules spermatiques d'autre part, paraît leur convenir par- faitement et les caractériser le mieux possible. La classification des cellules séminales en deux groupes, fondée sur ces définitions, et qui en est la con- séquence, a par suite une grande valeur. Si l'on subdivise chacun de ces deux groupes, on obtient la classification de la Valette S'-George, et de Platner, dans laquelle les cellules-mères sont divisées en spermatogonies et spermatocytes, et les cellules spermatiques en spermatides et spermato- somes. La distinction des cellules-mères de la scolopendre en spermatogo- nies et spermatocytes me parait difficile à faire, et en tout cas absolument OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ELEMENTS SEMINAUX 417 superflue. Il n'en est évidemment pas de même de la subdivision des cel- lules spermatiques en spermatides et spermatosomes. 11 nous reste ainsi trois types de cellules séminales : les spermatogonies ou métrocytes, les spermatides et les spermatosomes. Malheureusement, au point de vue pratique, à voir une cellule sémi- nale donnée, il est souvent difficile de dire si cette cellule se divisera en- core ou non, si elle est par conséquent une métrocyte ou une cellule spei- matique jeune. La démarcation entre les types cellulaires n'est pas nette. Et si l'on veut pouvoir dire en toute sécurité que c'est bien une cellule spermatique que l'on a devant les yeux, il faut se contenter de qualifier ainsi les cellules en qui la différenciation nucléaire et tous les phénomènes qui conduisent à la formation d'un spermatozoïde, se sont déjà révélés. Néanmoins, il me semble que la distinction en question, pour ne pas se vérifier facilement dans le champ du microscope, n'en doit pas moins être maintenue théoriquement, et que, fondée sur les définitions de Gilson, elle est d'une grande valeur. I. CARACTÈRES CYTOLOGIQUES DES MÉTROCYTES AU REPOS. Les métrocytes, de taille très variable, mais le plus souvent énorme, sont de forme régulière, ou bien très irrégulière au contraire, et présentant des prolongements en tous sens. Elles sont fréquemment disposées par paires, les cellules jumelles étant accolées par une large face plane. Leur protoplasme est constitué par un réticulum plastinien, à nœuds très puissants. Sur les objets traités par les liqueurs de Ripart, de Flem- MiNG, l'acide nitrique à 3/ico, le réticulum est très net et très développé, FiG. 4 et 5. Après l'action de l'acide osmique, le protoplasma parait simple- ment granuleux, le réticulum est peu distinct, contracté qu'il est par le réactif, et n'est visible qu'en ses points nodaux représentés par les granules cytoplasmiques fig. 2. Le protoplasma présente çà et là des formations remarquables, que GiLSON et Carnoy ont passées sous silence, et qu'ils n'ont pas représentées, au moins chez les myriapodes. Il s'agit d'un agencement du réticulum cyto- plasmique en cordons formés de grains soudés bout à bout. Ces cordons paraissent s'être constitués de la façon suivante. Que dans le réticulum cy- toplasmique on renforce toute une série continue de travées, que cet ac- croissement de puissance et de netteté se fasse suivant une ligne sinueuse. 418 A. PRENANT et qu'aux deux extrémités de cette ligne la puissance des travées ainsi modifiées aille en s'atténuant, on aura une idée de la façon dont il semble que ces formations se constituent fig. 6. Le cordon sinueux ainsi produit se continue par ses deux extrémités avec des travées ordinaires, non modi- fiées du cytoplasme. Le cordon a d'ailleurs des formes variables en ?, en 5, en n. A un état plus accentué de cette formation, les deux extrémités de ce cordon se sont rejointes, ou pour parler plus exactement, la difïérentiation des trabécules du réticulum s'est faite sur les travées non transformées jusqu'alors qui reliaient par exemple les deux branches d'une formation en n . Il en résulte un corps parfaitement limité, dans l'intérieur duquel sont emprisonnées un certain nombre de travées du réticulum cytoplasmique, FIG. 2 et 3. Dans les métrocytes de la scolopendre, le nombre, la situation de ces formations sont des plus variables. Dans les plus grandes métrocytes, qui sont aussi les plus anciennement formées, ces corps manquent, ou ne sont qu'ébauchés, alors très nombreux et répandus dans toute l'étendue du pro- toplasma. Mais le plus souvent ces formations sont limitées à la portion de cytoplasme qui avoisine le noyau, et alors tantôt elles sont réparties sur toute la périphérie du noyau, tantôt elles constituent seulement sur une de ses faces une sorte de croissant. Dans les métrocytes les plus récemment for- mées, celles qui appartiennent aux plus jeunes générations, ces formations atteignent leur plus grande limitation, et leur plus grande individualité. Dans des métrocytes jumelles, telles qu'en représentent les fig. 3, 9, on voit dans chaque cellule un corps de forme parfaitement délimitée, et dont la situation n'est pas moins définie; chaque corps occupe une position sy- métrique par rapport au plan de séparation, ou de division des deux cel- lules. Enfin dans des métrocytes également jumelles, j'ai vu assez nettement le cordon de chacune. des deux cellules partir du noyau cellulaire corres- pondant, pour aller se pelotonner dans la cellule. Ailleurs encore il semble que ces cordons passent de l'une des cellules à sa sœur, établissant ainsi un lien entre les deux, fig. 10. Il est certain que les fig. 2, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 11 représentent autant de stades divers du développement de ces formations. Dans une cellule au repos absolu, on trouve ces corps spéciaux disséminés dans toute l'étendue du cytoplasme, fig. 6. Dans d'autres cellules, le proto- plasma différentié forme un croissant sur l'un des côtés du noyau. Dans une cellule à deux noyaux, fig. 7, les filaments cytoplasmiques spéciaux consti- tuent une traînée qui, partant de l'un des noyaux qu'elle entoure à demi, OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ÉLÉMENTS SÉMINAUX 419 gagne l'autre noyau par un trajet un peu incurvé. Ces filaments sont évi- demment en marche vers chacun des deux noyaux. C'est un état où ils sont parvenus à destination qui est représenté par la fig. 2. Que ces fila- ments, au lieu de s'amasser sur les faces opposées des deux noyaux, le fassent sur les côtés qui se regardent, et les aspects des fig. 3 et 9 seront constitués; dans la fig. 9, les formations spéciales se sont accentuées et individualisées davantage, en paraissant subir une modification qui rend leur substance homogène. Dans les cas représentés par les fIg. 2 3, 8, il n'est rien resté de la partie moyenne de la traînée filamenteuse que repré- sente la FIG. 7. En la fig. 10, un pont de protoplasma granuleux spécial unit les deux cellules-filles. En la fig. 8, on sent que la formation de chacune des cellules a dû être rattachée à sa congénère, peut-être par l'épais filament qui les relie encore. Enfin la fig. 11 montre une formation de configuration toute spéciale commune aux deux cellules-sœurs, encore contiguës. Je ne prétends pas que les stades se succèdent dans l'ordre que j'in- dique. J'affirme seulement que ces différents aspects se relient et s'enchaî- nent étroitement. J'ai constaté l'existence de ces formations diverses après l'action de divers réactifs, et principalement de l'acide osmique qui les met en évidence, surtout lorsque son action a été prolongée. Le liquide de Ripart osmiqué, suivant la formule de Gilson, les présente également très bien, à condition que son action ait été prolongée ; dans des objets traités par ce liquide, examinés au bout d'un ou de deux jours, ces corps ont acquis toute leur netteté. Ces résultats sont sans doute dûs à l'acide osmique contenu dans le liquide. Un examen immédiat dans le liquide de Ripart ne montre rien de ces for- mations. Les coupes faites après l'action du liquide de Flemming font également voir de ces corps; il y sont colorés en rose pur par l'éosine. Ce sont là sans doute les formations que Leydig (i) a considérées comme des nœuds du réticulum cytoplasmique, et dans lesquelles Gilson ne voit que des enclaves albuminoïdes, situées dans les mailles du ré- ticulum. Du reste, dit-il, « ces enclaves sont loin d'exister dans toutes les cellules ; on doit les considérer comme des réserves passagères " . Ces corps rappellent, surtout lorsqu'ils sont bien individuaUsés, et ne paraissent plus de simples arrangements du réticulum cytoplasmique, les r Nebenkern « que présentent les cellules séminales de beaucoup d'animaux étudiés à ce point de vue jusqu'à ce jour. On connaît sur ces Nebenkern les faits de (0 Leydig : Untersuchungen zur Anat., etc., i8S3. — Zelle und Gewebe, i885. 420 A. PRENANT BiiTSCHLi (i), de la Valette S'-George (2), et surtout de Platner (3). Dans certaines métrocytes, fig. 3, 9, les corps dont il est ici question se sont montrés sous un aspect identique à celui des corps que figure Platner, et qu'il appelle Nebenkern, dans les spermatocytes d'Hélix et d'Arioii, ou encore aux figures que la Valette-S" George donne dans ses études sur la spermatogénèse chez la Blatta et la Forjïcula. Je les regarde donc comme des :' Nebenkern -. Seulement ce qui distingue ces formations dans les métrocytes de la Scolopeiidra morsitans, c'est qu'elles se présentent sou- vent à l'état d'ébauches, et sans situation précise. Carnoy et GiLSON nient dans les métrocytes des arthropodes l'existence du Nebenkern dans le sens des auteurs, et veulent y voir, ainsi que je l'ai dit déjà, de simples enclaves albuminoïdes. Carnoy représente de ces en- claves dans des noyaux en division du Crangon cataphractus (fig. 247, 248, 250, 251); il les figure en des situations qu'il reconnaît constantes. Il ne cherche pas d'ailleurs à donner d'explication plus précise de ces faits, et se contente de dire que ces enclaves sont passives dans leurs déplacements, qu'elles sont amenées peu à peu vers les pôles par les mouvements dont le cytoplasme est animé pendant la caryocinèse. Considérant pour le moment les métrocytes à l'état statique, nous ne rechercherons pas l'origine réelle de ces corps. Mais nous ferons remarquer que la situation que nous leur avons reconnue, et leur mode de production par agencement spécial du cytoplasme, s'accordent très bien avec les don- nées de la Valette S'-George et de Platner. On sait que la Valette S'-George fait dériver ces corps d'un arrangement particulier de certains cytomicrosomes, et que si l'on remonte alors plus haut, cherchant l'origine de ces cytomicrosomes spéciaux à leur tour, on la trouve dans des restes du fuseau achromatique. Jusqu'ici nous n'avons acquis pour la scolopendre que le premier point, exposé déjà par la Valette S'-George dans un premier (1) G. BiiTSCHLi : Vorlaufige Mittheilung einiger Resultate von Studien ûber die Coujugation der In- fusioren und die Zelltheilung (Zeitschrift {ûr wiss. Zoologie, iSyS); et : Studien ûber die ersten Entwicke- lungsvorgànge der Eizelle, die Zelltheilung und die Conjugation der Infusorien (Ibid. 1S76). (2) LA Valette S'-George : Spermatologische Beitràge (Arch. f, mikr. Anat., Bd. XXVII, H. 2). Zelltheilung und Samenbildung bei Foi-fificulu auriculaiia (Kùlliker's Festschrift, 18S7). (3) Platner : Ueber die Spermatogénèse bei den Pulmonaten 'Arch. f mikr. Anat., Bd. XXV, H. 4). — Ueber die Entstehung des Nebenkerns und seine Beziehung zur Kerntheilung (Arch. f. mikr. Anat., Bd XXVI, H. 3). — Zur Bildung der Geschlechtsprodukte bei den Pulmonaten (Arch. f. mikr. Anat., Bd. XXVI, H. 4). — Ueber die Befruchtung bei Arion einpiriconim (Arch. f. mikr. .-Vnat., Bd. XXVII, H. 1). — Die Karyokinese bei den Lepidopteren als Grundlage fur eine Théorie der Zelltheilung (Intern. Monatsschrift, Bd. III, 1S86). OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ÉLÉMENTS SÉMINAUX 42 1 travail {i), puis dans ses mémoires sur la spcrmatogénèse clc la blatte (Jj et de la forficule(3). Nous verrons plus loin, à propos des cellules en division, s'il y a lieu d'admettre l'origine de ces cytomicrosomes, formateurs du Ne- benkern, aux dépens des restes du fuseau (la Valette), ou de faire dériver directement le Nebenkern du fuseau nucléaire (Platner). Pour en finir avec les caractères du cytoplasme des métrocytes, disons qu'il peut renfermer des vacuoles. Dans des préparations à l'aide de l'acide nitrique, nous avons vu dans une métrocyte à deux noyaux, une vacuole correspondant à chaque noyau, et dans une position déterminée. Sur des métrocytes à un seul noyau, on peut aussi touver une seule grosse vacuole. Dans des métrocytes-sœurs, fixées par l'acide nitrique, et aussi dans des métrocytes binucléées, traitées par le même réactif, la situation de ces va- cuoles était absolument celle que les Nebenkern occupent dans la fig. 3. Il est donc fort probable que ces vacuoles sont le résultat de la transforma- tion des Nebenkern, sous l'influence de l'acide nitrique. Car, ainsi que la Valette S'George, dans son travail sur la spcrmatogénèse de la blatte p. 9), le fait remarquer, les acides dilués, par exemple l'acide acétique au 1 loo, transforment le Nebenkern en une vacuole. Le noyau des métrocytes est très grand; il est souvent relativement plus petit dans les plus grosses métrocytes. Sur les objets traités par l'acide osmique, il se montre nettement délimité par un contour fin. Sur les pré- parations au liquide de Ripart et Petit, ou à l'acide nitrique à 3/100, sa limite est formée par une succession de grains, semblables à ceux qui for- ment les points nodaux du réticulum soit cytoplasmique, soit caryoplasmi que, FIG. 4 et 5. Il semble que les travées du réticulum nucléaire se sont disposées circulairement le long de ses confins extrêmes pour limiter le noyau et le séparer du protoplasme. Entre les grains de cette membrane nucléaire, on aperçoit des parties plus minces et les reliant directement, de telle sorte que la membrane serait fortement réticulée, avec un réseau en relief et une substance remplissant les mailles du réseau et beaucoup plus mince. Peut-être même ces mailles seraient-elles perforées en certains endroits. En dehors de cette membrane, qui appartient évidemment au noyau, se trouve un liséré clair, mince et amorphe, que l'éosine colore en rose. Peut-être est-ce là la véritable membrane? I (i) LA Valette S'-George : Ueber die Genèse der Samenkorper, III. Mittheilung; Arch. f. mik. Anat. Bd. X, 1874. (2) Id. : Loc. cit.. (3) Id : Loc. cit.. 422 A. PRENANT Le contenu du noyau présente un aspect bien variable, suivant que l'on s'adresse à des objets fixés par l'acide osmique, ou par d'autres réactifs. Après action de l'acide osmique, on trouve 2, 3 et 4 nucléoles qui, dans les plus grosses métrocytes, paraissent eux-mêmes constitués de grains; ces nu- cléoles semblent ainsi n'être souvent qu'un amas de corps nucléolaires plus petits, FiG. 1. Les nucléoles de la Scolopendra dalmatica ne sont pas, disent Gilson et Carnoy des nucléoles chromatiques, ou des nucléoles-noyaux, comme ils les nomment. Ceux du Lithobiiis sont des nucléoles-noyaux au contraire. Dans la scolopendre, le noyau renferme des corps nucléiniens de forme variable, et un nucléole plasmatique (Gilson, fig. 779; Carnoy, fig. 300), c'est-à-dire un nucléole sans nucléine, un nucléole qui ne se colore pas. Voici ce que nous avons vu. Sur des testicules de lithobie traitées par le liquide de Flemming, le nucléole de la métrocyte est énorme, très avide de matière colorante; c'est un véritable nucléole-noyau; on y découvre un réticulum plus coloré et qui a pris par le bleu d'EHRLiCH une teinte bleue, tandis que le fond du nucléole est coloré en rose par l'éosine. Dans certains nucléoles la coloration est bleue uniforme, à cause sans doute du tassement du réseau chromatique. Chez la Scolopendra morsitans, le liquide de Flemming ou l'acide nitrique montrent dans le noyau, un, deux ou trois nucléoles, tout aussi chromatophiles que le nucléole unique du Lithobius; ce sont donc aussi, sinon des r, nucléoles-noyaux, « tout au moins des « nucléoles nucléiniens " de Carnoy. Il s'y trouve également des nucléoles achroma- tiques, que Carnoy nomme plasmatiques; l'éosine seule les colore; il peut y en avoir deux ou trois dans un même noyau. Ces nucléoles paraissent des nucléoles chromatiques d'où la chromatine a émigré pour prendre part à la constitution du réseau chromatique du caryoplasme. Enfin il y a des noyaux qui ne montrent plus de nucléoles du tout. Ces deux derniers cas appar- tiennent peut-être bien à des débuts de caryocinèse. Le caryoplasme se compose d'un réticulum plastinien puissant, souvent assez irrégulier, qui prend extérieurement attache sur la membrane nuclé- aire fig. 1, 4 et 5. Aux points nodaux de ce réseau se trouvent des grains chromatiques. Nous n'avons pas vu, même sur les préparations traitées par la liqueur de Ripart suivant la méthode de Gilson, des corps nucléiniens volumineux comme cet auteur en représente, dans sa fig. 779, chez la Scolopendra dalmatica. OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ÉLÉMENTS SÉMINAUX 423 II. OBSERVATIONS SUR LA DIVISION DES MÉTROCYTES. Relativement à la caryocinèse, et à la plasmodiérèsc des métrocytcs de la Scolopendra morsitans, nous avons quelques observations à com- muniquer. Après que le ou les nucléoles ont disparu, en donnant naissance par fragmentation de leur masse, à un certain nombre de grains de chromatine, après que ceux-ci se sont agglomérés en un certain nombre de corps, qui se dissocieront à leur tour de nouveau, ou non, la membrane nucléaire dispa- rait, ou tout au moins le noyau cesse d'être nettement délimité. On peut alors voir comme les travées de son réticulum se continuent par celles du réseau cytoplasmique, continuité qui parait devoir persister pendant toute la durée de la division nucléaire. Mais avant que la membrane nucléaire ait disparu, alors que la cavité du noyau est fermée de toutes parts, on observe que le réseau plastinien du noyau présente un arrangement bipolaire très net de ses travées, les mailles du réseau commençant à s'allonger dans un sens qui sera plus tard celui de l'axe du fuseau achromatique. Dans les cellules de la fig. 12, la membrane nucléaire existe encore. Sur l'une des cellules, a, on ne voit pas d'arrange- ment spécial des travées plastiniennes. Mais sur l'autre, b, les mailles du réseau sont allongées dans le sens de l'allongement du noyau même. La chromatine s'y montre répartie : i° aux deux pôles du noyau; 2° suivant deux plans parallèles au plan équatorial de la figure. De chacun de ces deux plans, et de chaque groupe de grains chromatiques qui forment ces plans, partent des fils parallèles à l'axe de la figure. Il est clair qu'il s'agit, dans cette disposition spéciale des filaments plastiniens, d'un début de fuseau. Je pense donc que cette figure parle en faveur de l'origine nucléaire du fuseau admise par Carnoy (i), Pfitzner (2), Flemming (3 et a*"'^), Plat- NER (4 et 5), Heuser (6), et que pour cette raison elle mérite d'être repré- (1) Carnoy : Loc. cit.; — et dans un travail récent : La vésicule gcnninative et les globules polaires che^ quelques nêmatodes; La Cellule, t. III ; pi. VI, fig. iSg, 140, 144. (2j Pfitzner. — Arch. f. mikr. Anat., t. XXII, p. 655. (3) Flemming. — Zellsubstanz, Kern und Zelltheilung, p. 341. (3bis) Flemming. — Neue Beitràge zur Kenntniss der Zelle; Arch. fur mikr. Anat , Bd XXIX, H. 3. (4) Platner. — Zur Bildung der Geschlechtsprodukte bei den Pulmonaten; Arch. fur mikr. Anat., Bd XXVI, H. 4, p. 600. (5; Platner. — Die Karj'okinese bei den Lepidopteren , etc.; Intern. Monat., Bd. III, 188G. (6) Heuser. — Beobachtungen ûber Zellkerntheilung; Bot. Centralblatt, iS8ô, n<" 1 —3. 424 A. PRENANT sentée. La figure que donne Platner pour appuyer son opinion me semble peu probante, prise qu'elle est en un stade trop avancé. De toutes les figures que Carnoy invoque de son côté (p. 34.0 de son travail sur la cyto- diérèse des Arthropodes), pour montrer que le fuseau est une production nucléaire, je ne trouve de concluantes que les fig. 114, 115, 125, 135, 213a, 244^7. Pour que le i-éticulum caryoplasmique puisse devenir directement un fuseau, il faut évidemment que les travées dirigées à peu près dans le sens bipolaire deviennent prépondérantes, en absorbant peu à peu les travées transversales ou obliques par rapport à l'axe du fuseau, et qui finissent par disparaître. Il m'a semblé que cet état de la charpente achromatique du noyau, où l'on trouve déjà un arrangement bipolaire, mais où cependant les travées longitudinales ne sont pas les seules, et sont seulement plus importantes que les trabécules obliques ou transversales qui les relient, pouvait durer très longtemps. Non seulement je l'ai vu au début de la caryocinèse, mais encore sur des noyaux, où la plaque équatoriale était déjà formée, et même au stade de dispirem fig. 14, à moins qu'il ne s'agisse ici d'une nouvelle formation de filaments bipolaires, en d'autres termes de filaments connectifs, ce que je ne pense pas. On peut dire dans ces cas que la caryocinèse s'est effectuée tout entière sans le concours d'un parfait fuseau. Carnoy a repré- senté chez la Scolopendra dalmatica, en un stade qui précède celui de la plaque équatoriale, un remarquable fuseau réticulé, fig. 304. Platner (lépidoptères) a donné (fig. 30) une image analogue. Alors même que l'on ne voit pas les filaments transversaux ni obliques du fuseau réticulé, ils sont indiqués par la situation transversale ou oblique de certains bâtonnets chro- matiques qui, le long de ces anastomoses, cheminent jusqu'aux filaments longitudinaux par lesquels ils gagnent les pôles. Mais si des figures de ce genre montrent que le fuseau dérive de la charpente achromatique du no3'au, simplifiée et orientée d'une certaine façon, il n'en faudrait pas conclure que toute la charpente plastinienne est dans tous les cas employée à l'édification d'un fuseau nucléaire. Je crois que les FIG. 13, 15 soiit de nature à montrer que cette transformation peut n'être que partielle. La fig. 13 présente un fuseau central grêle, autour du- quel se trouve, dans un espace clair, qui n'est certes pas le cytoplasme, un réticulum avec des points nodaux puissants. La formation fuselée ne s'est pas faite à la périphérie, où le réticulum nucléinien a persisté, et la OBSERVATIONS CYTOLOGIQUES SUR LES ÉLÉMENTS SÉMINAUX 425 chromatine s'est portée sur le fuseau axile, pour gagner par sou intermé- diaire les pôles de la figure.' On peut aussi observer un fuseau périphérique avec persistance, au centre de la figure, du réticulum plastinien. Tout au moins peut-on affirmer, d'api'ès l'examen des coupes sériées de noyaux a, b, c de la FiG.,15, que la formation filamenteuse n'a été qu'unilatérale, et que de l'autre côté les filaments du fuseau se dessinent à peine sur le réticulum nucléaire; il est remarquable que dans ce cas la chromatine s'était portée exclusivement du côté où les filaments étaient bien constitués. Le fuseau, lorsqu'il est axile, et n'occupe pas toute l'étendue des limites de l'ancien no3-au, est très grêle et souvent de forme élégante. Ce qui reste du territoire nucléaire peut se montrer, comme dans la fig. 13, occupé par un réticulum; ou bien, comme sur la fig. 32, on voit à côté du fuseau une partie plus sombre, colorée en rose par l'éosine, et qui appartient certaine- ment au noyau. Un autre fait que j'ai observé peut trouver sa place ici. Souvent le fuseau se montre continu ; les filaments courent sans interruption d'un pôle à l'autre, fig. 36; c'est ce que font bien voir les noyaux de scolopendre dont la partie fusoriale est assez bien développée, au lieu que la chromatine, n'y étant pas très abondante, ne forme pas à l'équateur une masse suffisamment compacte pour empêcher de distinguer à ce niveau les filaments achromati- ques. Mais souvent aussi les filaments du fuseau ne vont pas jusqu'à l'équa- teur. A une certaine distance de lui, ils s'arrêtent; et l'espace équatorial se montre occupé par une substance grenue ou même réticulée, fig. 33. Sommes-nous en présence d'un retour du fuseau à l'état réticulé primitif, régression qui marcherait de l'équateur vers les pôles, ou bien du début de la partie équatoriale du fuseau, qui se constituerait ainsi d'une façon centri- fuge? La première hypothèse n'est guère admisible; car à une période de la caryocinèse plus avancée, les filaments du fuseau persistent dans la région équatoriale surtout, là où dans une période antérieure ces filaments auraient disparu. Il s'agit donc du début du fuseau, dans sa portion équatoriale. D'où vient cette substance grenue et même réticulée qui occupe l'équa- teur du fuseau? Des partisans à outrance de l'origine exclusivement nucléaire du fuseau pourraient la faire dériver de la portion du réticulum plastinien nucléaire. Mais à cette époque de la caryocinèse, où le noyau n'a plus de limite précise, la membrane nucléaire ayant disparu, où suc nucléaire et suc cellulaire se confondent, où le noyau paraît comme éclaté en son ventre dans l'intérieur de la cellule, on ne peut plus défendre l'origine nucléaire de 426 A. PRENANT ce qui doit encore se constituer. On peut alors penser tout aussi bien que du cytoplasme pénètre dans le territoire nucléaii"e, non pas par les pôles avant la complète destruction de la membrane, comme l'avance Strasburger(i), mais par l'équateur, que ce qui se mélange à la substance du noyau, ce n'est pas, comme le veut le même auteur, le réticulum plasti- nien du cytoplasme, mais plutôt, comme le dit Carnoy, du suc nucléaire, de l'enchylème. (Comp. Flemming, Zellsubstani, etc., p. 340, 341, 342, et p. 226 et suiv.). Une question qui se rattache directement à celle-ci est celle de savoir sous quel aspect se présentent les couronnes équatoriales sur les coupes de noyaux perpendiculaires à l'axe du fuseau, et comment la partie achro- matique se comporte à cet égard. En consultant les figures données par les auteurs, on trouve que, si la disposition des bâtonnets chromatiques a été représentée maintes fois, celle de la partie achromatique a été beaucoup plus négligée. Si les filaments fusoriaux se continuent au niveau de la plaque équatoriale, on doit voir leur coupe transversale. Si à cet endroit il existe quelque autre disposition de la portion achromatique du noyau, il importe de fixer quelle elle est. Platner figure une plaque équatoriale dans laquelle les espaces interchromatiques sont occupés par une substance foncée. Carnoy représente dans ses fig. 171, 1 78 rf, des vues équatoriales avec coupes de fila- ments du fuseau; mais il ne dit pas si ces vues équatoriales sont celles de la région équatoriale même. La fig. 246 * t^# -i •^' *5 r *! >v» r » .'"' I^^r "^'^-^ #ot*^'