^i_}^^ir- m 'i=^^. pêSt- ^^ ^^ r"^. ;#^- . •=¥-". '>;,-'^^e-- -=?fe* .'. 1^ .1 Y^:?^ V Si. >- ^1 ^5ilB . ;/ ■ ■-^ :^ ■ %Av^- « ^^^-^.x^:^^.. ^ ^fV >A 3^ . >â ^^^ f^t^ ^^^ -^ -v**. r/ ■i^ SW -"i-t-SS^*: V/ «Wir LA CELLULE G LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDÉ PAR J, B. CARNOY, PROFESSEUR DE HOTANIQUE ET DE BIOLOGIE CELLULAIRE, PUBLIÉ PAR G. GILSONi PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET n'EMBRVOLOClE, A l' Université catholique de Louvain TOME XIX I" FASCICULE. I. La Spermatogénèse chez les Tritons, par F. A. JANSSENS. II. Recherches sur la biologie et l'anatomie des Phasmes. par R de SINÉTY. I=»i*i3c: : SO francs. LIERRE V> LOUVAIN Typ. de JOSKPH van in & C'^ O A. UYSTPRUYST, Libraire, Grand'place, 3S. (S rue de la Monnaie. igoi ,^ \ La Spermatogénèse CHEZ LES TRITONS PAR F. A. JANSSENS PROFESSEUR DE BIOLOGIE A l'uNIVERSITÉ DE LOUVAIN (Mémoire déposé le 28 juin 1901.) I L I L^ LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS INTRODUCTION. Le lecteur qui verra le titre de notre travail sera vraisemblablement tenté de s'écrier : - Encore! ^^ Il semble, en effet, qu'il soit impossible de trouver du neuf à dire sur une question qui a été traitée si souvent et avec une si grande compétence par les maîtres de la biologie moderne. Nous étions nous-même dans ces dispositions quand, il y a bientôt cinq ans, J. B. Carnoy nous demanda de reprendre la spermatogénèse dans les ba- Iracieiis. Nous nous mimes à cette question bien plutôt pour être agréable à notre maitre regretté que pour satisfaire notre curiosité personnelle. Cependant, au fur et à mesure que nous avancions, des questions de détail captivèrent notre attention et nous pûmes nous convaincre que le dernier mot n'était pas encore dit sur la question de l'hérédité, la question de la réduction, de l'essence des divisions sexuelles, ni même sur la nature de la cinèse somatique. Nous rencontrions dans les faits indiscutables que nous avions devant les yeux des pierres d'achoppement pour des théories bien belles cependant et qui semblaient pensées avec beaucoup de force et étayées avec une grande science. 11 nous venait alors à l'esprit un proverbe populaire flamand qui dit : - dans l'art de voler le plus difficile s'est de se rasseoir -. Nous rencon- trons la même pensée dans un article critique récent de Prenant : - dans 0. les sciences dont l'objet est accessible à nos sens, le danger que court « l'idée n'est pas dans son envolée géniale, ni dans le soleil qui peut la « brûler, mais dans la descente sur terre parmi les données empiriques qui « peuvent la briser r. 8 F. A. JANSSENS Cette pensée nous a donné un nouveau courage et nous nous somnaes dit que, si le métier du briquetier ou du tailleur de pierre n'est pas aussi noble que celui de l'architecte, ce dernier serait cependant réduit à la triste nécessité de construire des châteaux en Espagne, si le concours des premiers ne lui était pas assuré. Nous ne prétendons donc pas, dans ce travail, apporter des théories à large envergure, mais nous croyons avoir préparé et achevé quelques pierres qui pourront tôt ou tard être employées par un homme plus hardi que nous. Nous savons bien que ces recherches patientes et laborieuses ne nous vau- dront pas les honneurs qu'on a coutume de décerner aux auteurs des grandes théories. - Mais les théories qui donnent du mérite à la personne sont y moins généreuses malheureusement envers la science impersonnelle; et - trop souvent, après elles, il ne reste plus qu'à dire d'elles et de leurs au- r teurs : 5/ 7707? e i>ero, e bene trovato, un reproche que le plus humble fait T bien observé n'encourt pas, et un compliment que les plus belles théories r font venir sous la plume en attendant leur vérification expérimentale (1). - Méthodes. Les recherches qui font l'objet du présent travail ont été entreprises sur des animaux fixés dans les 24 heures qui ont suivi leur capture. Nous avons observé sur des salamandres tenues en captivité pendant peu de temps des altérations considérables. C'est principalement cette considéra- tion qui nous a fait abandonner cet objet, parce que nous ne pouvions pas à toute époque de l'année nous le procurer à l'ctat suflîsammcnt frais et naturel. Fixateurs. Nous avons successivement essayé sur les testicules de tritons tous les agents fixateurs recommandés par les auteurs. Toutes ces solutions donnent des préparations où les réseaux protoplasmatiques des figures cinétiques et leurs asters sont plus ou moins bien conservés. Ces divers fixateurs donnent en somme des figures très analogues. Ce fait prouve à notre avis qu'il ne s'agit pas en général ici des - Artefacte " de Fischer, 1900, mais bien d'objets qui existent dans la nature. Nous admettons volontiers avec Fischer que certaines structures peuvent devenir plus grossières et plus évidentes à l'aide de certains fixateurs, parce que la pré- cipitation des albumines se fera sur des filaments déjà existants. Il en est (i) Prenant, igoi. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 9 ainsi, croyons-nous, du sublimé qui donne toujours des réseaux à trabé- cules plus grosses. Mais n'est ce pas là un de ses plus grands avantages? Nos solutions au sublimé renfermaient toujours des quantités telles (i) de cette substance que celle-ci ne pouvait permettre, par exemple, la formation des asters artificiels dont parle Fischer, p. 210, p. 265, etc., surtout aux bords de la préparation. Les solutions au chlorure mercurique ne nous ont satisfait que fort imparfaitement. Nous dirions volontiers qu'elles sont trop brutales pour notre objet. La solution de von Lenhossek (1898) employée dans les conditions recommandées par l'auteur, c'est-à dire à une température voisine de 40° C. pendant 24 heures, rétracte extrêmement les noyaux et détruit le proto- plasme. C'est une des solutions qui fournissent les moins bons résultats dans les urodèles. Il est possible que pour des animaux à sang chaud cette méthode puisse être recommandée. Nous ne recommandons pas beaucoup plus pour notre objet la solution de Gilson ou la solution forte de Carnoy. La solution de Gilson, additionnée d'acide osmique (60 ce. solution de Gilson, 10 ce. d'acide osmique à 1 0/0), est meilleure. Le chlorure d'iri- dium acétique, recommandé par Eisen, a été étudié avec soin. Bolles Lee, dans sa dernière édition, apprécie assez exactement, nous semble-t-il, la valeur de ce réactif, quand il dit que le chlorure d'iridium est un corps qui ne fixe toitt simplement pas du tout. Les préparations que l'on obtient à l'aide de cet agent fixateur se présentent de la manière suivante. Le protoplasme et toute la partie interne de la cellule sont séparés violem-, ment de la membrane cellulaire et n'y tient plus que par des bribes. On dirait que toutes ces parties plus molles ont subi un retrait, tandis que les membranes retenus par le tissu conjonctif environnant ont gardé leur forme primitive. Le protoplasme parait très altéré et on n'y voit qu'une structure très vague et floue. Les noj-aux ont assez bien conservé leur forme ronde. L'élément nucléinien est fort gonflé et se colore plus difficilement. En un mot, ce fixateur n'a pas, à beaucoup près, la valeur que lui attribue Eisen. Il déforme singulièrement et semble empâter les objets. Nous nous sommes trouvé le mieux des solutions de Flemming et de Hermann. Cette dernière surtout nous a donné des préparations magni- fiques. Le protoplasme reste en contact tant avec la membrane nucléaire (I) Voyez le tableau de Fischer, p. 212. 10 F. A. JANSSENS qu'avec la membrane cellulaire. Cette dernière apparaît très bien à la limite des deux cellules. Nous considérons l'ensemble de ces caractères comme ceux d'une bonne fixation. Les préparations sont d'une finesse et d'une netteté admirables. Il y a cependant un inconvénient à ces solutions osmi- quées. Comme on le sait, l'osmium réduit ou noircit considérablement les objets et ceci est plus visible encore dans les préparations à la solution d'HERMANN qu'à celle de Flemming. Nous évitons absolument les incon- vénients de ce dépôt en traitant les coupes avec l'eau oxygénée renouvelée deux fois sur porte objet pendant 15 minutes. On sait que les solutions de Flemming et de Hermann sont peu péné- trantes. Les petits testicules de tritons sont pour cette raison coupés en deux ou trois parties avant d'y être plongés. Nous enrobons à la température la plus basse possible. Nous avons expérimenté que les températures dépassant 48° contractent les objets. Méthodes optiques. - Nous nous sommes servi pour ce travail des len- tilles de Zeiss. Comme objectif d'observation courante, nous employons l'apochromatique 2 mm., ouv. num. 1,30. Pour les cas difficiles, nous recourons à l'ouv. num. 1,40, qui présente sur le premier des avantages sérieux, mais est d'un maniement plus délicat. Comme appareil d'éclairage, nous nous servons de la lampe Nelson-Darlinger construite par James Swift and Son et du condensateur achromatique à immersion homogène et ouv. num. 1,40 de R. J. Beck, Ltd. Ces instruments fournissent une lumière à la fois puissante et douce et qui ne produit jamais d'interférences quand toutes leurs parties sont bien centrées. Ce dernier résultat ne s'obtient qu'avec un peu de patience et de l'habitude. Comme filtre de lumière, nous pouvons recommander le verre au cobalt que Swift ajoute à sa lampe. Il permet de juger des diverses teintes d'une préparation. Cependant au spectroscope, cette lumière laisse passer relati- vement beaucoup de rayons rouges, quoiqu'il y ait deux bandes noires dans cette couleur. De plus, elle a une large bande estompée dans le vert et absorbe une assez forte quantité d'extrême violet. Nous nous sommes demandé s'il n'y aurait pas une substance colorante qui permettrait l'obser- vation à l'aide des couleurs les plus réfractées du spectre, ces dernières, comme on le sait, sont les plus définissantes. Nous avons essayé successi- vement les couleurs suivantes : Le vert de méthyle laisse passer beaucoup de rouge, peu de violet. Le vert malachite laisse passer à peu près les mêmes couleurs. LA SPERMATOGENÈSE CHEZ LES TRITONS I t Le bleu carmin laisse passer beaucoup de rouge, pas de jaune ni d'orange et peu de violet. Le bleu Poirier laisse passer beaucoup de rouge, peu de jaune et d'orange, mais beaucoup de violet. Le bleu solide, bleu b B, violet alcalin et violet de méthyle, violet de gentiane laissent passer uniformément tout le spectre. La thionine a une raie dans le rouge, laisse passer peu de rouge et d'orange, un peu plus de vert. Le bleu de méthylène a deux raies dans le rouge, laisse passer beau- coup de violet. Le bleu de méthylène phéniquée laisse passer plus de rouge. De toutes ces matières colorantes, c'était donc le bleu de méthylène qui se présentait le mieux. Nous avons cependant poussé nos recherches plus loin et, après avoir essayé le sulfate de cuivre et l'oxyde de cuivre ammo- niacal, nous nous sommes arrêté au carbonate de cuivre préparé d'après la formule de Ost, 1895, dans laquelle le sodium est remplacé partout par le potassium. Cette dernière solution est diluée à la moitié de sa concen- tration. Elle est très claire, laisse passer presque toute la lumière utile et n'intercepte qu'une forte partie du rouge. La netteté de l'image est au moins aussi bonne qu'avec une solution de bleu de méthylène prenant plus du double de lumière. Nous mettons cette solution dans une auge-filtre de 6 cm. de haut sur 20 cm. de large, dont les glaces vont en s'éloignant de gauche à droite. D'un côté, les glaces ne sont séparées que par une distance de 3 mm., tandis qu'à l'autre extrémité elles laissent entre elles un intervalle de 7 mm. Ce dispo- sitif permet de varier insensiblement l'intensité et la qualité de la lumière. En faisant mouvoir l'auge devant le miroir, on arrive ainsi pour chaque détail qu'on veut étudier à obtenir en même temps le maximum d'intensité lumineuse et le maximum de définition. Il nous a été possible avec ces instruments d'optique de prendre les dessins au prism.e de Nachet (Zeiss), en suivant tous les détails au crayon à des grossissements (2 mm. x ' ^ et même iSj de 1500 et 2250 diamètres. Nous ne croyons pas qu'avec les instruments actuellement existant on puisse atteindre à une définition plus grande. D'ailleurs, d"après nos me- sures, on arrive ainsi sensiblement aux limites théoriques de la visibilité (voyez Drude, p. 9!-', 1900). PREMIERE PARTIE. Cinèses somatiques dans les testicules des Tritons Chapitre I. Les spermatogonies polymorphes de premier ordre ou cellules-mères primitives. § 1. Définition de la cellule incre priniitire. Les cellules que nous allons décrire sont toujours très abondantes vers le commencement de la saison. Aux mois de décembre et de janvier, presque tout le testicule de triton est rempli de spermatozoïdes achevés. A son ex- trémité antérieure, on reconnaît à la loupe une petite plage grisâtre plus transparente. Nous pensons que cette plage correspond à cette partie du testicule de salamandre décrite par Hermann, 1889, et qu'il dit remplie par les " indifférente Keimzellen «. Cette plage se trouve à cette époque occupée principalement par des spermatogonies polymorphes (contra voM Rath, 1893). Parmi celles-ci, les plus extérieures et antérieures sont des cellules-mères primitives ou sperma- togonies en état de repos parfait. Ces cellules montrent une structure carac- téristique qu'on ne retrouve dans aucune autre cellule testiculaire. Meves, 1894-1897, semble n'avoir pas remarqué ces éléments ou du moins n'y avoir attaché aucune importance. Dans son travail sur les trans- formations de la sphère attractive, les noyaux figurés sont fixés d'une façon si violente que leur structure interne n'apparaît plus. Il est impossible dès lors de dire avec certitude quelles sortes de spermatogonies ont été étudiées par le savant de Kiel. Les figures de sa planche VII, 1 7 et 1 8 de sa planche VIII et beaucoup d'autres ne sont certainement pas prises sur des cellules- mères primitives. Quelques-unes de ces cellules sont des spermatogonies LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 13 polymorphes de second ordre et d'autres des spermatogonies à noyaux sphcriques. Cependant, dans son travail de 1895, Meves dit que la nucléine se présente dans les noyaux polymorphes sous la forme de petits granules, mais il ne distingue pas entre les deux sortes de cellules polymorphes. Cette distinction est importante à notre avis, comme on le verra dans la suite de ce travail. Rawitz, 1S95, appelle du nom de ^ ruhende Zellen r des cellules qui appartiennent non aux spermatogonies de premier ordre, mais aux sperma- togonies de second ordre, qui ne sont jamais à l'état de repos absolu. VON Lenhossek, 1898, ne parle pas davantage des spermatogonies de premier ordre. Parmi les auteurs les plus récents qui se sont occupés de la spermato- génèse des batraciens, nous trouvons Me Gregor, 1899, et Eisen, igoo. Le premier de ces auteurs ne distingue pas nettement entre les sper- matogonies de tout premier ordre et celles qui ont déjà subi des divisions, mais dont les noyaux sont encore franchement polymorphes; il parle cepen- dant de noyaux profondément divisés et qui se distinguent par leur faible coloration. Ces noyaux renferment un réseau de linine qui contient de petites masses de chromatine. Eisen introduit une distinction entre le " large polymorphous sper- matogonium - et le - polymorphous spermatogonium " tout court. Cette distinction a sa raison d'être et nous nous y rallions. Seulement, comme on le verra, nous n'interprétons pas les changements subis par ces cellules de la même façon que Eisen. Les spermatogonies polymorphes de premier ordre ou cellules- mères primitives sont très souvent complètement entourées d'une enveloppe de cellules conjonctives ou cellules folliculaires de de la Valette G' Georges, 1876. De ci de là, ces cellules, tout en restant entourées de cellules follicu- laires, ne sont pas séparées par les noyaux de celles ci. On dirait alors que deux cellules se touchent, mais il est aisé à un grossissement adapté de dissiper cette illusion. Ces cellules sont toujours bien sphériques et absolu- ment indépendantes. Jamais, nous n'avons vu deux de ces cellules accolées par une large partie de leur membrane. Ce caractère va de pair avec une structure interne qui mérite de nous arrêter plus longtemps. 2 14 F. A. JANSSENS § 2. Noyau des cellules-mères à l'état de repos. Les noyaux de ces cellules sont extrêmement polymorphes comme EiSEN le fait très bien remarquer. - Membrane. Leur membrane est toujours bien nette (Me Gregor), quoique le nombre considérable des retours et des plissements qu'elle subit rende parfois son observation difficile. La structure interne du noyau est assez malaisée à débrouiller et nous pensons qu'on n'y parviendra qu'en s'aidant des données fournies par l'étude des autres cellules testiculaires. Nucléoles. Nous trouvons tout d'abord dans ces noyaux un certain nombre de nucléoles. Ce qui frappe à première vue, ce sont les différences de taille et de coloration qu'ils présentent. On en trouve qui prennent intensément le noir de Heidenhain et parmi eux il y en a de toute taille, comme on peut le remarquer dans notre fig. 42. Quelques-uns de ces nucléoles ont un aspect vacuoleux, d'autres ont une structure complètement uniforme. Il arrive que deux de ces nucléoles sont réunis par un pont. Nous pensons que les figures de ce genre indiquent que ces organites sont capables de se diviser et qu'ils ont été fixés au moment où cette division était presque achevée. Ce qui nous porte surtout à admettre cette manière de voir, c'est qu'on observe des aspects semblables sur le vivant, dans des cellules où ces nucléoles sont très apparents, et que, sur des objets fixés, on observe, à côté de figures analogues à celle qui est représentée dans notre fig. 43, des nu- cléoles plus ou moins allongés et en forme de biscuit. Ne seraient-ce pas des nucléoles semblables que Eisen a vus dans les spermatogonies de Batra- choseps et auxquels il donne le nom de - chromoplastes -? Nous n'osons pas nous prononcer d'une façon absolue, parce que nous n'avons pas vu de coupes de cet animal. Ce qui nous porte cependant à croire que nos nu- cléoles sidérophilcs allongés représentent les mêmes corps que Eisen a appelés - chromoplastes -, c'est que ces nucléoles sont souvent vacuoleux. On y trouve alors des globules d'une réfringence toute spéciale. Nous sommes persuadé que ce sont de telles vacuoles qui sont désignées par Eisen sous le nom de » endochromatic granules ". Il se, peut que ces va- cuoles renferment une substance moins chromatophile et dans ce cas ces " granules ^ sont moins colorés que la substance fondamentale du nucléole. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 15 C'est le cas pour le - chromoplast - de la figure schématique de la p. 53 de EiSEN et c'est le cas aussi pour le nucléole de notre fig. 43. Il se peut aussi que ces vacuoles soient remplies d'une substance plus sidérophile que la substance fondamentale et, dans ce cas, on verra dans les nucléoles des granules très colorés. Nous avons souvent vu des granules analogues et cela souvent dans des nucléoles de toute forme et de toute coloration. Les figures 1 , 2 et 3 de Eisen donnent des images qui s'expliquent très bien de cette façon. Quant à sa figure 9, elle montre avec évidence, nous semble-t-il, qu'il s'agit ici de vacuoles. Il faut une attention toute particulière pour distinguer une vacuole, à réfringence par conséquent très faible, d'un gra- nule à réfringence beaucoup plus forte que celle du milieu dans lequel il est plongé. Ceci est surtout le cas quand il s'agit d'un nucléole fort coloré. Quand ces nucléoles ont une teinte moins foncée, la chose devient plus facile à observer. Quand les nucléoles ont perdu leur substance sidérophile, on trouve souvent les vacuoles plus foncées que la substance fondamentale. Les - linoplasts -^ de Eisen, fig. 1, 4 et surtout fig. 5, ne sont autre chose que des nucléoles peu, fig. 5, ou presque pas sidérophiles. Nous n'admettons donc pas du tout pour le triton la distinction entre chromoplastes et linoplastes de Eisen. Carnoy, 18S4, p. 248, a décrit dans les cellules des nucléoles plas- matiqiies (nucléoles ordinaires) et des nucléoles nucléiniens. Ces termes ne peuvent pas trouver d'application ici. Les nucléoles nucléiniens sont, en effet, des nucléoles qui, dans certaines cellules (œufs des batraciens, p.e.\ renferment tout Félémeut nucléinien véritable du noyau. Ce fait a été dé- montré par les travaux de Carnoy et Lebrun, 1897 et suivants. Il ne peut s'agir de cela ici, car l'élément nucléinien des cellules-mères primitives est très apparent et bien distinct des nucléoles. Nous le décrivons plus loin. Les nucléoles sont souvent entourés d'un espace clair. Ils nagent dans un liquide moins dense au milieu d'une vacuole du noyau. Les noyaux que nous décrivons en ce moment sont en effet souvent très vacuoleux. Parmi les nucléoles sidérophiles, quelques-uns d'entre les moins volu- mineux se pressent contre la membrane nucléaire et cela souvent dans un coin d'un repli du noyau, ;;, fig. 42. Ces nucléoles se pédiculisent de plus en plus, jusqu'à leur séparation complète du noyau, //', et constituent alors les granules noirs du protoplasme, n", analogues en tous points aux nu- cléoles sidérophiles du noyau. Il ne peut s'agir ici de replis du noyau se trouvant plus haut ou plus bas dans la coupe, car nous avons observé sou- 16 F. A. JANSSENS vent ces aspects à la périphérie du noyau aux endroits de son plus large diamètre. Pour Meves, 1895, cette sortie de s- substance chromatique " du noyau ne se ferait que dans le pli interne de celui-ci. Il est vrai que dans les fig. 39, 40 et d'autres de son travail, on trouve des granules noirs dans ce repli, mais on ne voit nullement si ou comment ils dérivent du noyau, ni s'ils proviennent de la nucléine. Outre les nucléoles sidérophiles, le noyau renferme aussi des nucléoles plûstiiiiens ordinaires. Ces derniers ne prennent pas 1 hématoxyline, mais se colorent d'une façon bien évidente à l'aide du rouge Congo. Ils ont en général des dimensions moindres que les nucléoles sidérophiles. Il y a cependant des exceptions remarquables à cette règle. Nous croyons que les nucléoles plastiniens proviennent des nucléoles sidérophiles cjui perdent- leur nucléine ou leur matière chromatophile. On trouve, en effet, dans ces noyaux un grand nombre de nucléoles de teintes intermédiaires et qui ont en général les dimensions des pelits nucléoles plastiniens en général. Il est plus difficile de poursuivre ces nucléoles incolores lors de leur sortie du noyau. Cependant, des aspects comme ceux que l'on peut observer en p, FIG. 42, se retrouvent fréquemment. De plus, les dimensions et la teinte des enclaves du protoplasme en disent long sur leur origine. Nous appelons surtout l'attention sur des granules protoplasmatiques, comme /? et p', FIG. 43, dont la couleur et les dimensions sont absolument identiques à celles des nucléoles peu sidérophiles du noyau. On peut dire qu'en général chaque diverticule ou cul-de-sac du no3'au polymorphe possède un nucléole de plus grandes dimensions. Dans cer- taines cellules, comme c'est le cas pour celles que nous avons dessinées, FIG. 42 et 43, ces grands nucléoles sont très sidérophiles. Dans d'autres, FIG. 62, A et B, ces nucléoles sont beaucoup moins colorés, quoique la coloration générale de la préparation soit absolument normale Ils prennent dans ce cas sensiblement la teinte des nucléoles peu sidérophiles des autres cellules-mères. Nous ne sommes pas parvenu à trouver de loi plus précise quant au nombre, à la position, à la teinte et aux dimensions des nucléoles des sper- matogonies. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 1? Élément nucléinien. Outre ces nucléoles, on trouve dans ces cellules-mères primitives des granules noirs et beaucoup plus petits. Ces derniers n'ont pas cette forme bien sphérique des nucléoles. Ils sont au contraire généralement anguleux et peu réguliers. Ce sont les disques ou granules de Pfitzner. Ce sont encore, nous n'en doutons pas, les chromioles de Eisen (v. sa fig. i et expli- cation des planches p. loo). On les trouve toujours disposés en files et le plus souvent reliés entre eux par un filament non chromatophile. Cet en- semble constitue Vêlement nucléinien de Carnoy, 1884, avec ses granules de nucléine et son filament ou bo3au de plastine. Nous ne voyons pas très bien en quoi l'exposé pourrait gagner en appelant ces objets d'autres noms plus récents et beaucoup moins exacts. Nous laissons donc là les dénomi- nations de chromatine, de linine et de paralinine introduites par Schwarz, 1887, et contre l'usage desquelles des microchimistes des plus distingués, Detmer, i8go, Zimmermann, 1892, ainsi que Carnoy et Lebrun, 1897, p. 194 et suiv., s'élevaient dans ces dernières années avec toute l'autorité qui s'attache à leurs noms. Les granules de nucléine des cellules-mères primitives sont souvent décomposables en un certain nombre de granules plus petits, parfois deux, parfois trois, rarement un plus grand nombre. Ce sont ces granules qui constituent les dernières parties organisées de l'élément nucléinien. Carnoy et Lebrun ont appelé dernièrement l'attention sur ces gra- nules, 1 899, p. 377. Il y a donc une distinction bien nette à établir entre les granules de Pfitzner et les granules élémentaires dont nous parlons ici. C'est à ces granules élémentaires que Eisen, 1900, a voulu attacher le nom de - chromioles - et ce nom peut être adopté. Cependant, cet auteur croit que dans les cellules dont nous parlons en ce moment, chaque granule de l'élément nucléinien n'est formé que d'un seul chromiole. Nous ne parta- geons pas sa manière de voir. Nous pensons que les granules en question ici sont encore complexes. Cela se voit très clairement à l'aide des méthodes optiques que nous avons employées. Caryoplasme. Le caryoplasme est peu abondant dans le noyau des cellules-mères primitives. Sa structure est assez lâche. Il se montre à certains endroits sous la forme d'un réseau à très larges mailles et à trabécules ou filaments très granuleux. l8 F. A. JANSSENS § 3. Protoplasme des cellules-mères primitives. Il nous reste à parler du protoplasme de ces cellules. Ce protoplasme est peu abondant. Sa structure est réticulée. Dans les mailles du réseau, comme nous le savons déjà, on trouve beaucoup d'enclaves plus ou moins colorées. Certaines de ces enclaves sont relativement volumi- neuses. Dans ce cas, elles sont toujours peu colorées et peuvent prendre des figures très différentes. Outre la forme sphérique, nous leur avons parfois vu une forme plus ou moins allongée qui, parfois, se transformait jusqu'à donner des haltères, fig. 43, e. Meves, 1895, semble avoir vu aussi ces corps dans les testicules de salamandre, fig. 23, 25, 45. Il croit que ce sont ces productions que vom Rath considère comme les sphères de ces cellules. Nous pensons, comme Meves, que les figures de vom Rath sont ici, comme ailleurs, très schématisées et nous croyons que ces corps sont des enclaves albuminoïdes sans autre importance. Sphères. Ce qui est bien plus intéressant, c'est qu'il est absolument impossible de trouver la moindre apparence de centrosome ou de sphères (idiosome) dans ces cellules. Me Gregor, 1 899, p. 67, dit qu'il lui a été impossible de trouver dans ces cellules des centrosphères. Nous sommes persuadé qu'il n'y en a pas. Qu'on nous permette de citer aussi le témoignage de Thos. H. Mont- GOMERYJr., 1900. Quoiqu'il ne s'agisse pas dans son travail de batraciens, il est intéressant de constater que cet auteur n'est pas parvenu non plus à trouver la moindre trace de centrosome ou de sphère dans les spermatogo- nies à l'état de repos (p. 288). Quant aux anneaux et aux sphères décrits par Meves, 1893, et vom Rath, 1894, nous en parlerons lorsqu'il s'agira des spermatogonies poly- morphes de second ordre. Dans certaines de ces cellules, on trouve parfois des granules géminés plus ou moins réunis par une substance plus claire. Dans ce cas, il nous a été toujours possible de trouver deux, trois ou un plus grand nombre d'au- tres groupes absolument analogues. Nous avons dessiné, fig. 62, A et B, une cellule où, en dehors des granules séparés, assez rares en somme, nous n'avons pas trouvé moins de douze de ces couples. Ce fait nous semble de la plus haute importance. Ce qui ajoute à l'intérêt de cette observation, c'est LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS IQ que chacun de ces groupes représente à s'y tromper le groupe " centroso- mique ^ qu'on trouve dans les sphères de certaines spermatogonies, poly- morphes et autres. Dans la fig.82, A, un de ces groupes géminés, c, qu'on trouve dans le protoplasme est en relation avec des granules nucléaires. Nous n'avons pas assez de données de ce genre pour oser affirmer que tous ces groupes ont une origine nucléaire; mais cette hypothèse n'est pas dé- nuée de fondement. Nous savons, en effet, que beaucoup de granules protoplasmatiques doivent leur origine au noyau. D'autre part, beaucoup d'auteurs admettent que les noyaux polymorphes en général sont le siège d'échanges actifs avec le protoplasme. Nous avons des raisons sérieuses, que nous comptons bientôt exposer au long dans un travail spécial, pour admettre que le noyau, principalement le noyau polymorphe, cède de nombreux produits liquides et solides au protoplasme cellulaire. Il ne serait donc pas étonnant du tout que les granules géminés qu'on trouve parfois très abondamment dans le protoplasme des spermatogonies de premier ordre eussent une origine nucléaire. Cette opinion concorderait avec cette remarque de Nicolas, 1S92, qui dit, dans une note de la p. 292, que près des noyaux polymorphes du testicule de la salamandre ''On observe des grains chromatiques issus manifestement du noyau i.. Nous tenons à faire remarquer que bien de ces cellules manquent absolument non seulement de sphère, mais de quoi que ce soit qui puisse porter le nom de centrosome ou centriole, soit simple, soit double. Ces observations ont d'ail- leurs été faites, nous tenons à le répéter, sur des préparations admirable- ment fixées par la liqueur d'HERMANN, et qui montrent beaucoup de sphères et de 51 centrosomes - dans d'autres cellules. § 4. Division des cellules-mères. Les cellules-mères sont-elles destinées à subir la division acinétique ou vont-elles se diviser par cinèse? Cette question se rattache à la question de savoir si ces cellules doivent être considérées comme des formes de dégénérescence ou bien, au con- traire, comme des cellules très actives. Dégénérescence. Bellonci, 1886, a le premier émis l'opinion que les spermatogonies à noyaux polymorphes des batraciens doivent être considérées comme des éléments en voie de dégénérescence. Il les appelle des cellules affamées. 20 F. A. JANSSENS Cette opinion a été combattue par Hermann, 1889. Plus tard, 1893, voM Rath s'est fait le défenseur des idées de Bellonci. Meves, 1895, a fait de ce dernier travail une critique très judicieuse. Nous pensons comme lui que les cellules polymorphes ne sont pas du tout vouées à la mort; nous admettons avec Hermann que le nom de cellules affamées ne leur convient pas du tout. Ces cellules sont au contraire dans une période de nutrition très active et d'agrandissement. Ces cellules sont, de toutes parts ou presque de toutes parts, entourées de tissu conjonctif. Les sucs nutritifs apportés par les nombreux capillaires qui traversent le testicule, surtout au niveau des spermatogonies, peuvent parvenir très facilement jusqu'à elles. Le protoplasme augmente beaucoup de volume et se charge de liquides nourriciers. Le noyau grandit. Il aug- mente sa surface d'absorption et, après s'être gorgé des liquides que le pro- toplasme peut lui céder, il restitue à celui-ci la matière sous la forme de nucléoles plastiniens ou parfois de nucléoles dont les réactions de coloration révèlent l'existence de nucléoalbumines. Nous avons vu comment ces nu- cléoles quittent le noyau pour se porter dans le protoplasme. C'est par ce procédé de nutrition très active que ces cellules se préparentaux nombreuses divisions qui vont donner naissance à toutes les cellules comprises dans un même cyste. Nous nous trouvons donc en présence de cellules qui se dis- tinguent surtout par leur grandeur et des caractères non équivoques de phénomènes de métabolisme et nous sommes en droit de dire qu'il ne peut être question ici de cellules en voie de dégénérescence. Il y a dans le testicule de triton des cellules qui subissent la dégéné- rescence complète. Hermann, 1889, en parle longuement et en donne de bonnes représentations dans ses fig. 48 à 54. Meves revient sur le même sujet et les études de ces deux savants nous dispensent d'en parler lon- guement. Ces cellules ont des noyaux sphériques qui sont très brillants et réfringents sur le vivant. Après fixation, on les voit remplis de deux sortes de granulations. Les unes sont colorées en noir. Les autres Gont rouges et sont d'ordinaire plus petites et plus nombreuses. Ce phénomène se présente d'ailleurs à toute époque de l'année et souvent des cystes entiers sont attaqués. Division. de LA "Valette S* Georges, 1875, et après lui, Ntjssbaum, 1890, vom Rath, 1893, et d'autres ont prétendu que les noyaux en forme de ^ raisins LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 2 1 OU de mûres " se divisent par division acinétique. Flemming, 1882, et après lui un grand nombre d'auteurs se sont opposés à cette manière de voir. Avec Meves, nous pensons qu'il est impossible de dire d'une façon absolue que jamais aucune cellule à noyau polymorphe ne se divise aci- nétiquement. Noyau. On voit au contraire bien souvent que divers lobes des noyaux ne se tiennent que par des pédicules extrêmement fins. Meves prétend même avoir vu des cellules multinucléées parmi les cellules polymorphes. Nous nous demandons cependant si, dans ces cas, ces pédicules très fins ne pourraient pas continuer à réunir les divers lobes des noyaux, comme cela a été signalé dans les noyaux ramifiés des glandes salivaires des in- sectes. D'ailleurs; on connaît fort mal jusqu'à présent la division acinétique et ses divers stades. Aussi pensons nous avec Hermann, 1893, et Meves, 1895, que le pro- cédé de division normal des spermatogonies polymorphes est la cinèse. A côté de cellules-mères absolument t3'piques, nous avons vu des cellules ayant le même aspect général qu'elles, ne possédant pas non plus de trace de sphère et qui étaient à un stade voisin du stade peloton. Les granules de l'élément nucléinien deviennent moins visibles, parce que la gaine de plastine se remplit complètement de substance sidérophile. Il arrive de cette manière, fig. 44, que sur une étendue assez considérable de l'élément nucléinien il existe un filament uniformément noir. Souvent, ce filament est recourbé ou bien dans le plan de la coupe, et dans ce cas il est facile de le poursuivre sur toute sa longueur, ou bien plus ou moins perpendiculairement à ce plan. Dans cette dernière position, le filament peut être coupé deux fois par le plan de vision ^lette et par conséquent se présenter à nous sous la forme de deux granules. Mais si on fait jouer la vis micrométrique, on voit parfois que ces deux granules sont réunis par un filament aussi gros qu'eux-mêmes. Ces cellules restent polymorphes à ce stade. A coté d'elles, nous trouvons d'autres cellules entourées de toutes parts de cellules folliculaires et qui sont au stade peloton, fig. 63. Le fila- ment du peloton se présente dans ces cellules avec des caractères qu'on ne retrouve pas dans les autres spermatogonies. Il est beaucoup plus grêle et très granuleux. 22 F- A. JANSSENS Ces figures sont assez rares et cela s'explique. Il n'y a, en effet, chaque année qu'un certain nombre assez limité de ces cellules qui se mettent en mouvement pour donner naissance par divisions successives à toute la masse des spermatogonies de la saison. Une fois le stade peloton passé, il n y a plus moyen de poursuivre ces cellules. L'aspect bosselé du noyau s'est perdu complètement et nous nous trouvons en présence d'un peloton ordinaire. Il n'y a pas de raisons d'ail- leurs pour croire que la figure qui se formera aura des caractères distincts de ceux de toutes les autres spermatogonies. Figure fusoriale. Il serait très intéressant cependant de pouvoir poursuivre la formation de ces figures et cela principalement pour savoir quelles seront les modifi- cations subies par le protoplasme de ces cellules. Nous avons déjà dit en effet à propos de ces cellules- mères que leur protoplasme ne renferme rien qui ressemble à ce qui a été décrit par les auteurs sous le nom de " sphère. - Nous avons vu que leurs enclaves plus ou moins nombreuses et plus ou moins développées n'ont rien de commun avec une sphère. Nous sommes en cela d'accord avec Meves, iSqô et 97, et Me Gregor, 1899. MoNTGOMERY, 1900, arrive à la même conclusion pour le Pen'patiis. Quant à Nicolas, 1892, il dit qu'il existe parfois dans les noyaux polymorphes des corpuscules dont il ne connaît pas la nature. L'auteur avoue ne pas savoir si ce sont des sphères attractives. Disons en passant que des remarques de ce genre prouvent bien que la sphère n'est pas un corps à caractères bien définis. Nous pensons, comme Meves, que ces corps ont été pris abusivement pour des sphères attractives par vqm R.a.th, 1893, et nous sommes per- suadé que EiSEN, 1899, verse dans la même erreur. Les corpuscules qui se trouvent dans ses figures 3 et .") n'ont rien de commun avec ce que l'on a décrit sous le nom de « sphère '^ dans les urodéles. Dès souvent dans les cellules-mères, il n'y a rien qui puisse faire croire à la présence d'un archoplasme, d'une sphère attractive ou d'une autre formation, par exemple d'un corpuscule entouré des rayons organiques de Heidenhain, 1S94, ou de Druner, 1895. La figure fusoriale qui va s'y produire ne peut doncpas se former sous l'influence ni aux dépens d'un centrosome quelconque. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 23 Nous cro3-ons que dans ce cas les deux asters prennent naissance libre- ment dans le protoplasme indiffèrent, par simple orientation des trabécules du protoplasme, comme cela était déjà admis par Carnoy en 1SS4 et comme cela est admis encore actuellemeut par presque tous les botanistes, au moins dans les plantes supérieures. Ou peut se demander sous quelle influence les asters peuvent se former dans ces cas. Cette question a un intérêt considérable et elle se trouve à la base de toute la question de la figure fusoriale. Dans ces derniers temps, des essais expérimentaux ont été faits par R. Hertwig, 1895 et 96, Morgan, 1896 et 99, Mead, 1898, et Wilson, 1901 , sur les œufs des cchinodermes et d'autres animaux inférieurs. Ces essais jettent une lumière inattendue sur la question centroso- mique. Les auteurs cités ont produit artificiellement des centrosomes dans les œufs en les m.ettant dans des conditions chimiques spéciales et ils ont produit de cette manière de véritables figures de division avec des centro- somes de nouvelle formation (Hertwig et Wilson). Les asters se forment dans ces cas par régularisation du réseau proloplasmatique, comme cela se voit surtout admirablement dans les figures de Morgan (1). Il est patent que les centrosomes ne sont rien autre chose ici que les points où se réunissent les rayons de l'aster. D'après le travail de Wilson, 1901, paru au commencement de cette année dans '•Science-, il se produit de cette manière des centrosomes dans des œufs non fécondés de Toxopneustes. Ceux-ci ne peuvent donc pas devoir leur origine aux spermatozoïdes. Ils servent cependant au même titre que les centrosomes ordinaires aux divisions de segmentation. Ces faits sont en contradiction avec les idées de Boveri, auxquelles les conclusions tirées trop hâtivement par Delage, 1898 et 99, 1 et 2, de ses belles expériences de mérogoiiie avaient donné un intérêt d'actualité. De plus, ces centrosomes se produisent même dans des œufs dépourvus de noyaux. Ce dernier fait achève de prouver que le centrosome peut être formé par une simple différentiation du réticulum protoplasmatique. Wilson dit que ces faits ne semblent pas laisser de doute sur la for- mation de novo de centrosomes fonctionnels et cela indépendamment du noyau. (i) Remarquons ici la ressemblance frappante qu'il y a entre les figures de cet auteur et celles des œufs d'Ascaris reproduites dans le premier mémoire de CaknjY, iS85. Wilson, 1900, appelle aussi l'attention sur celte ressemblance remarquable. 24 F. A. JANSSENS Dans les cas dont nous venons de parler, la différentiation qui donne naissance à ces figures se produit sous l'influence d'un corps chimique. Dans les conditions ordinaires, elle se produit peut être aussi sous l'influence d'une cause analogue. Carnoy et Lebrun, 1S97, ont démontré que chez VAscaris l'aster se forme autour d'un nucléole sorti du noyau. Ils consi- dèrent ce nucléole comme un centrosome et expriment lidée que c'est sous l'influence des nucléoalbumines contenues dans ce nucléole et qui se dis- solvent graduellement dans le protoplasme de l'œuf que se forment l'aster et le fuseau. Est-ce sous l'influence d'un agent de cette nature, c'est-à-dire de nature chimique, sous l'influence d'une sorte de diastase, qui se formerait dans la cellule, que la figure fusoriale prend ici naissance? Nous nous contentons de poser la question. Nous avons vu que parfois, fig. 62, A et B, on trouve dans le proto- plasme des cellules-mères un certain nombre de granules jumeaux qui, quant à leurs dimensions et leur aspect général, font songer aux - centro- somes - qu'on trouve dans la » sphère - des spermatogonies ordinaires. Ces cellules donneront-elles des figures multipolaires? Nicolas, 1892, dit en effet avoir vu de telles figures dans les spermatogonies. Mais il ne distingue en aucune façon entre les spermatogonies de tout premier ordre et les autres. De plus, nous savons ce qu'il faut penser des sphères multi- ples, auxquelles il fait allusion. Paulmier, 1S99, donne aussi une figure (sa fig. 1) pluripolaire dans une cellule semblable de l'Anasa tn'stis. Nous n'avons pas, jusqu'à présent, un seul exemple de telles figures dans les salamandres et les tritons. Il est probable, cependant, cju'il y en a de ci et de là, mais // est certain qu'elles sont très rares. D'autre part, les cellules à multiples granules géminés ne sont pas très rares, et de plus, le nombre de ces granules dépasse de beaucoup le nombre des pôles des figures multipo- laires ordinaires. Nous ne croyons donc pas que ces granules puissent être considérés comme des centrosomes de figures multipolaires à l'ciiir. Il est possible que, lors de la formation des asters, ceux-ci apparaissent de préférence autour de certains de ces granules sidérophiles; qu'au mo- ment où, pour une cause inconnue, probablement de nature chimique, un aster devra se former, la modification protoplasmatique partira de préfé- rence de ce point comme d'un point d'attache. Peut être qu'on pourra trou- ver plus tard quelque analogie entre une telle formation et la formation LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 25 artificielle d'un des asters par ^ Fremdstrahlung - décrits par Fischer, 1900. Pour le moment, nous vo3'ons de graves objections à une telle identi- fication. En effet, tant dans les asters naturels, comme nous le verrons encore au cours de ce travail, que dans les asters artificiels (Morgan, 1899), les filaments de l'aster sont en continuité avec le réseau protoplasmatique. Ce fait indique, comme nous l'avons déjà dit, que l'aster n'est pas un corps étranger au protoplasme cellulaire, un morceau de l'archoplasme, si l'on veut, mais bien du protoplasme ordinaire plus ou moins modifié par l'acti- vité cellulaire. D'ailleurs, il nous paraît qu'il est très hasardeux d'identifier, comme Fischer le fait, ce qui se passe lors de la fixation d'une cellule vivante avec ce qui se produit lors de la coagulation d'une solution d'albu- mine. Si le protoplasme n'est qu'une solution d'albumine, pourquoi la fixa- tion de tout protoplasme ne produit-elle pas toujours des asters et des fuseaux? Il y a dans les cellules suffisamment de points d'attache pour per- mettre de telles productions. Appendice. Considérations générales sur la nature des corpuscules centraux dans le testicule de triton. Nous aurons dans ce travail à revenir souvent sur la figure tusoriale dans les cinèses testiculaires. Afin d'éviter toute équivoque, nous désirons, en peu de mots, exposer quelle est notre manière de voir sur la nature des - centrosomes -^ et quels sont les arguments principaux que nous avons pour soutenir notre opinion. Le lecteur pourra voir par la suite du mémoire que cette conception ressort nettement des faits observés. - Lors des premières divisions primitives, les astei"s se forment libre- ■n ment dans le protoplasme. A l'endroit où les divers rayons des asters se K rencontrent, il se produit un entassement de matière protoplasmique et, •r si les diverses trabécules se soudent, il se forme là un nœud qui aura une T masse proportionnée au nombre des rayons de l'aster qui s'y rencontrent. ^ Ce nœud sera donc plus grand que les autres nœuds du réseau et r> aura une certaine tendance à se maintenir. A cause de cette persistance, « il n'est pas inutile de lui réserver un nom spécial. Cependant, comme le » nom de centrosome inclut l'idée d'un corps individuel et pour ainsi dire » indépendant du protoplasme, nous préférons le nom de corpuscule central r< qui indique ce qu'il est et qui ne préjuge rien quant à sa nature anato- v mique et physiologique. » 26 F. A. JANSSENS Quant à la nature anatoniique des nœuds qui se trouvent à l'entrecroi- sement des trabécules du protoplasme, en particulier du corpuscule central, nous désirons ajouter un mot. Nous ne sommes pas éloigné d'admettre qu'ils sont simplement constitués par une précipitation, nous allions dire une cristallisation, de substances albuminoïdes. Que cette précipitation puisse se faire sur le vivant, nous pouvons le croire, mais nous pensons qu'en général elle est produite par les agents fixateurs. Les raisons que nous avons pour nous prononcer dans ce sens seront exposées au cours de la description des figures fusoriales. Indiquons-les brièvement. i'^ Il est rare que le corpuscule central soit parfaitement rond. Presque toujours, lorsque l'aster est bien formé, il se présente comme une masse d'empâtement. Il est triangulaire, quadrangulaire, en forme de fer de lance, dont les pointes se prolongent entre les rayons de l'aster, en forme d'étoile à deux ou plusieurs branches, etc. Nous insisterons sur ces détails dans la description des figures. 2° Très souvent, plusieurs rayons des asters n'aboutissent pas exacte- ment au corpuscule central. D'aucuns se réunissent entre eux avant d'y arriver, d'autres vont au delà. BoLLES Lee, 1897, fait déjà la même remarque au sujet des corpus- cules centraux de Y Hélix. 3° Plus la fixation est parfaite, moins les corpuscules centraux appa- raissent. Dans les objets fixés imparfaitement par le sublimé, les corpus- cules sont relativement très grands. Dans les objets fixés aux solutions de Flemming ou de Hermann, ces mêmes corpuscules sont d'autant plus apparents que la fixation se montre moins parfaite à d'autres points de vue. Enfin, sur les préparations bien fixées (1), les corpuscules diminuent de volume au fur et à mesure qu'on se rapproche des bords de la coupe. Aux environs des bords, là où les figures sont le mieux conservées, les corpuscules apparaissent à peine et parfois même ne se voient pas du tout. Ce point nous parait d'une grande impor- tance dans l'étude de la question du corpuscule central. Si l'on ajoute à cela que, sur le vivant, on ne voit rien qui puisse faire songer à un corpuscule central, il nous semble que son origine se laisse pour ainsi dire toucher. 4° Nous ajoutons à ces considérations l'existence bien démontrée de fuseaux à plusieurs centrioles. Nous avpns eu des exemples nombreux de (i) Voyez nos remarques dans les méthodes. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 27 telles productions et nous en figurons. D'ailleurs, nous ne sommes pas le premier à les signaler : Strassburger, iSSo, et Carnoy, 1885, avaient déjà montré de tels fuseaux. Les microcentres de Heidenhain, 1894, en constituent des exemples très remarquables. Bolles Lee, 1897, insiste sur leur fréquence dans VHelix. Nous en retrouvons dans le mémoire de Eisen, 1899, fig. 46. Nous ne nous étonnons pas trop de ne pas trouver plus de reproductions de telles figures. Quand on a l'esprit préoccupé par une théorie, on attribue facilement à un défaut de fixation tout ce qui ne cadre pas avec le prétendu principe géné- ral. Nous trouvons un exemple lamentable de cette manière àe faire de la science d'observation à priori dd.ns le dernier travail de Boveri, 1901. Il s'y trouve dit à plusieurs reprises que ces figures, comme toutes celles qui montrent un grand nombre de centrosomes, doivent être considérées comme mal fixées. Boveri ne dit d'ailleurs nulle part à quoi il reconnaît qu'une cellule est bien ou mal fixée. 11 est facile d'éloigner de cette façon ce qui gène une théorie, mais nous nous demandons si c'est le moyen d'arriver à trouver la vérité dans cette question si controversée du centrosome. Quand une division est achevée, il n'est pas étonnant qu'il reste dans le protoplasme une trace plus ou moins durable de la profonde modification qu'il a subie à l'endroit de confluence de tous les rayons de l'aster ou même à d'autres endroits. Le corpuscule central ne va par conséquent pas se dégrader immédiatement. Dans les testicules, d'ailleurs, comme dans les embryons, les divisions cellulaires se suivent de si près que l'on peut dire que jamais une de leurs cellules ne rentre complètement à l'état de repos. A notre avis, l'aster ne se défait pas complètement dans les spermato- gonies en voie de multiplication rapide. Il y reste sous la forme d'un centre temporaire d'activité entouré de cette partie du protoplasme qui a joué un rôle dans la division qui vient de se terminer. Tant que cette partie de la cellule reste en mouvement, c'est-à-dire tant que les divisions se suivent sans interruption dans la cellule, les corpus- cules centraux persistent. Mais, qu'on nous comprenne bien, ils ne persis- tent, en somme, que pendant un temps relativement peu considérable. Ni dans leur origine donc, ni dans leur destinée, nous ne pouvons considérer les corpuscules centraux et le protoplasme qui les entoure im- médiatement comme un organe permanent et individuel de la cellule. C'est un élément de la figure de division qui apparaît et disparait avec elle, ou peu après elle. 28 F. A. JANSSENS Nous sommes heureux de trouver dans la littérature un auteur de mé- rite qui est arrivé à des conclusions très semblables aux nôtres. S. Watasé, 1893, pense que le centrosome, au lieu d'être un organe unique dans la cel- lule, est au contraire absolument semblable à beaucoup d'autres corps qu'on y trouve. C"est d'après lui un simple microsome analogue à ceux qui exis- tent partout dans le protoplasme, analogue à ceux qui constituent la plaque cellulaire. D'après lui, le microsome, analogue à ceux de Heidenhain, 1894, est un épaississement du filament protoplasmatique qui peut apparaître et disparaître. A l'endroit de rencontre des rayons de l'aster, il apparaît un microsome résultant de l'ensemble de tous ceux qu'y forment les divers rayons de l'aster. Il persiste et sert de centre pour la formation d'un nouvel aster. Les idées émises par Reinke, 1S94, au sujet de la nature du centro- some sont aussi très intéressantes. Cet auteur ne considère pas ces produc- tions comme des organes permanents de la cellule. Nous en parlerons à propos de la formation de la figure fusoriale dans les spermatogonies de second ordre. Chapitre II. Spermatogonies de second ordre. Définition. Ces spermatogonies se trouvent en abondance pendant toute l'année. D'ordinaire, on les rencontre au bout antérieur du testicule. Quand les cel- lules testiculaires se réduisent à une plage, ces cellules se trouvent parmi les plus extérieures et antérieures de cette plage. C'est par ce côté, d'ail- leurs, que le testicule s'accroît lors de la prolifération de cette plage cellulaire. Nous comprenons sous le nom de spermatogonies de second ordre ■ toutes les spermatogonies autres que les cellules-mères primitives dont nous venons de parler. Toutes ces spermatogonies sont en mouvement de divi- sion plus ou moins rapide. Nous ne pensons pas qu'une d'entre elles puisse être qualifiée de cellule à l'état de repos. Nous n'admettons donc pas que les cellules étudiées par Rawitz, 1S95, et qui sont des spermatogonies à noyaux sphériques, puissent être considérées comme des " cellules à l'état de repos ^. Il y a cependant des distinctions à établir entre les diverses cel- LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 29 Iules qui constituent ce grand groupe. Pour la facilité de l'exposition, nous y considérerons trois sous-divisions réunissant des cellules qui ont des ana- logies très grandes. A. Caractères distinctifs des diverses spermatogonies de second ordre. Nous trouvons d'abord les spermatogonies à noyaux polymorphes, puis les spermatogonies à noyaux enfer à cheval, et enfin les petites spermato- gonics qui ont des noyaux spheriques. Toutes ces spermatogonies ont cer- tains caractères communs. D'ailleurs, on ne peut pas établir de barrières bien nettes entre ces diverses classes de cellules. Nous dirons en premier lieu quels sont les caractères distinctifs entre ces diverses cellules, puis nous étudierons leurs caractères communs. § 1. Spermatogonies à noyau polymorphe. Les spermatogonies à noyau polymorphe se distinguent de toutes les autres spermatogonies secondaires par ce fait qu'elles sont d'ordinaire entourées presque complètement par des cellules folliculaires. Elles se trouvent le plus souvent à deux, très rarement en plus grand nombre dans un même cyste. Ce voisinage de cellules conjonctives, joint aux particula- rités de structure communes à toutes les spermatogonies de second ordre, caractérise parfaitement cette classe de cellules testiculaires. Ce qui frappe surtout dans ces cellules, c'est la forme du noyau. Celui-ci présente un certain nombre de lobes, parfois cylindriques, d'autres fois spheriques, qui sont plus indépendants que dans les cellules-mères primi- tives. Ce sont comme autant de noyaux plus petits, qui ne se tiennent que par leurs points tangents, fig. 45. Parfois, ces lobes sont assez distants l'un de l'autre. Dans ce cas, nous les voyons réunis par des pédicules parfois très fins, quelquefois relativement allongés, fig. 45, à droite. Nous n'avons constaté aucun cas de cellules nettement polynucléées. Chaque fois que dans une coupe nous avons vu une cellule paraissant contenir plusieurs noyaux, l'examen des coupes précédentes ou suivantes a ou bien enlevé tout doute ou au moins rendu improbable l'existence d'une telle structure. Nous ne voulons cependant pas dire qu'il n'y a pas de spermatogonies mul- tinucléées dans les testicules de triton, mais nous disons que nous n'en avons pas vu parmi les innombrables spermatogonies qui nous sont passées 30 F. A. JANSSENS SOUS les yeux pendant ces quatres dernières années. Il est possible qu'il se produise dans les tritons des divisions qui ont pour résultat de mettre à un certain moment un grand nombre, jusqu'à vingt même, de petits noyaux en présence dans une même cellule. Flemming, 1HS7, et Meves, 1895, ont signalé ces cas dans la salamandre. Nous n'avons pas été aussi heureux qu'eux et, dans les nombreuses préparations que cette espèce nous a four- nies, nous n'avons pas vu davantage de véritables cellules multinucléées. Remarquons ici en passant que certaines spermatogonies à noyaux sphériques de la salamandre sont de toutes parts entourées de cellules folli- culaires et correspondent par conséquent aux cellules des tritons dont il est question ici. Nous avons retrouvé, par contre, dans les tritons des exemples mul- ■ liples de noyaux annulaires. Ces noyaux ont été décrits d'une façon très complète par Meves, 1893 et 1897. Nous en trouvons des exemples dans la FiG. 62. Proloplasine. Quant au protoplasme, les cellules à noyaux polymorphes conservent pendant la première et peut être la seconde génération quelques analogies avec les cellules-mères primitives. Ces analogies se montrent surtout dans la présence et la forme des enclaves ou, si on le veut, des granules de vitel- line que l'on y rencontre. Granules du protoplasme. Considérons la fig. 45 : nous y voyons des granules qui ont absolument le même aspect que ceux qu'on trouve dans les cellules-mères, fig. 42. Nous leur attribuons la même origine. Bien souvent, en effet, on voit certains de ces granules encore à moitié engagés dans le noyau, fig. 45, n, et ayant déjà absolument l'aspect des granules du protoplasme. Au fur et à mesure que ces cellules se développent ou qu'elles subissent de nouvelles divisions, ces granules disparaissent. Ce phénomène est très intéressant à poursuivre. Il prouve, en effet, que ces granules ont bien été rejetés dans le protoplasme pour nourrir ce dernier. Considérons dans la FIG. 45 l'endroit désigné par les lettres }'p. La coloration relativement intense de cet endroit montre qu'il s'y trouve une de ces plaques de vitelline dont il est question ici. Mais si on y regarde de près, on voit que cette plaque se résoud en une infinité de petits filaments réunis en un réseau. Ce LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 31 phénomène se poursuit avec plus d'intensité encore vers le milieu de la cel- lule entre les diverticules du noyau. Si l'on porte à présent son attention sur la cellule représentée par la fig. 64, on voit à un faible grossissement un protoplasme très riche mais présentant à certains endroits des plaques plus colorées. On dirait une cellule chargée d'enclaves. Mais si l'on fait usage des meilleurs instruments d'optique (ouv. num. 1,4 et oc. is), le tableau change. On peut, en effet, résoudre alors les plaques en question en un feu- trage extrêmement délicat. Nous ne conservons donc aucun doute au sujet de l'histoire des substances de réserve déposées dans les cellulcs-mèrcs pri- mitives. Ces substances prennent leur origine dans le noyau et sont proba- blement les produits de la division par étranglement des nucléoles du noyau. Elles sortent ensuite du noyau en passant par la membrane nucléaire. Nous avons des raisons pour croire que cette sortie se fait par une sorte de bour- geonnement et de pédiculation, fig. 42, p, 11, //', u", n" . Les granules restent comme tels dans le protoplasme pendant le repos de la cellule. Une fois que la cellule commence à se diviser, les granules sont employés gra- duellement à former le protoplasme nécessaire aux diverses cellules qui proviennent d'une même cellule-mère primitive. Nous ne sommes pas le premier à avoir observé ces granulations du protoplasme. Plusieurs auteurs, entre autres vom Rath, 1893, et Meves, 1895, les ont remarquées avant nous, mais leur signification n'a pas, croyons-nous, été mise en lumière comme nous venons de le faire. Opinion des ailleurs. Il y a plus. Bien des auteurs ont méconnu complètement cette signifi- cation. Il n'y a guère que Nicolas, 1892, 'j, qui a, à propos de ces granules, cette simple phrase : - Je pense cjue cette substance constitue tout simple- ment des matériaux nutritifs de réserve qui sont employés ultérieurement -. Dans son travail de 1895, Meves dit que le noyau cède au protoplasme de nombreux granules et il représente à maintes reprises, tant sur les mem- branes des noyaux polj'morphes que sur celles des noyaux sphéricjues, des granules noirs, qu'il dit être de la chromatine (voyez ses fig. 49, 50, 51). Malgré cela, quand il s'agit de donner l'explication des fig. 24, 26, 39, 43, où ces granules se trouvent à une certaine distance du noyau, l'auteur trouve une explication toute différente. Ces granules sont le produit de la fragmentation de la sphère. 32 F. A. JANSSENS Discussion. Nous avons vu de tels anneaux et nous sommes persuadé qu'ils sont formés d'enclaves. Quand les préparations n'ont pas été soigneusement lavées à l'eau oxygénée, ces granules constituent autour du noyau un anneau de substance plus ou moins colorée. On dirait qu'il s'agit là d'un corps plus ou moins individuel, qui doit avoir son rôle à jouer dans la vie de la cellule. Comme on le voit, l'individualité de ce corps est pour le moins hypo- théticiue. Que ces anneaux prennent une coloration spéciale sous l'influence de l'acide osmiquc, il n'y a là rien qui doive nous étonner. En effet, les gra- nules de vitelline sont normalement imprégnés de lécithine ou de lécith- albumine. Ce corps gras réduit plus ou moins bien l'acide osmique qui se fixe sur lui. D'ailleurs, on trouve souvent une sphère très bien formée dans des cellules polymorphes, quoi qu'en dise Meves, 1'S95, p. 127, en même temps qu'un anneau plus ou moins complet de granules grands et petits. Nous pouvons très bien admettre avec le savant de Kiel que la sphère peut se fragmenter et se détruire complètement. Nous admettons même qu'il en est normalement ainsi pour les cellules qui restent à l'état de repos, ce qui a surtout lieu en hiver (Meves^ ; mais nous croyons que nous sommes ici en présence de formations qui n'ont rien à voir avec ces phénomènes. Essais microcliimiqucs. Dans l'intention d'élucider plus parfaitement cette question, nous avons fait sur les cellules pol3'morphes, cellules-mères primitives et spermatogo- nies de premier ordre, quelques essais de microchimie, qui ont mené à des résultats qui méritent d'être mentionnés ici. Ouand on traite des testicules ou des fragments de ceux-ci immédiate- ment sur porte-objet par les réactifs microchimiques, on ne tarde pas de s'apercevoir qu'il est impossible d'arriver par cette méthode à des résultats quelque peu sérieux. Quelque soin qu'on prenne pour enlever avec un rasoir sur le vivant les seules cellules qui peuvent intéresser, les coupes que l'on peut ainsi pratiquer entraînent toujours une quantité d'autres cellules et même des spermatozoïdes achèves. Quand on dilacère ensuite l'objet avec le plus grand soin et au microscope à dissection fgrossissement de 150 avec un prisme de Porro;, de manière à isoler les cellules qu'on veut considérer, l'observation reste toujours bien imparfaite. Dans ces cas, en effet, on a sous l'objectif une cellule entière et il est impossible de dire avec certitude LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 33 à quelle partie de cette cellule appartiennent les granules ou autres objets colorés que l'on y observe. Nous avons donc abandonné ce système pour faire des essais de coupes au microtome à congélation. Afin d'opérer sur des cellules que nul réactif ne pouvait avoir altérées, nous prenions le testicule frais et nous le portions sans autre préparation sur la platine du microtome. Après congélation et refroidissement du rasoir, nous sommes parvenu à faire des coupes et même à les transporter sur un porte objet. Mais les déceptions nous attendaient encore à la fin de l'opération. Les cellules coupées, qui seules eussent été utiles, tombaient, aussitôt réchauffées, en une marmelade, dans laquelle on ne reconnaissait plus rien. Force nous a donc été de recourir à la fixation et à l'enrobage. Il s'agissait, en somme, dans nos recherches de retrouver les graisses et la lécithine. Donc il fallait à tout prix éviter les dissolvants de ces sub- stances. L'enrobage au collodion était à rejeter à cause du mélange d'éther et d'alcool absolu qu'il exige. Il ne restait donc plus que les enrobages à la gomme ou à la gélatine. Après quelques tâtonnements, nous sommes par- venu à faire des inclusions dans la masse de Kaiser et dans celle de Bru- NOTTi (BoLLES Lee et Henneguy, 1896, p. 217). Nous recommandons vive- ment cette dernière méthode qui nous a permis, après un durcissement de six jours à l'alcool à 90°, de faire des coupes de 25 et même de 20 a. Les testicules frais ou, de préférence, leur partie cellulaire seule, sépa- rée de la masse par une section nette à l'aide d'un bon rasoir, étaient plon- gés dans la teinture d'anchusine dans l'alcool à 90'\ Ce liquide fixe assez bien le tissu et colore les graisses, ainsi que la lécithine, en rouge. xAprès sept à huit heures de coloration, les pièces sont portées rapidement dans l'alcool à 90°, puis dans l'alcool 1/3 et enfin dans l'eau. Dès qu'elles tombent au fond du vase, elles sont placées pendant une journée dans un mélange à parties égales d'eau et de gélatine de Brunotti. On les porte ensuite dans la gélatine seule et on les y laisse un jour. Enfin, on coule la gélatine dans une boite en papier quelque peu dur, dont le fond est formé par un petit cube de bois. On la laisse s'y prendre à une température voisine de 8° C, puis on porte le petit bloc dans de l'alcool à 90°. On dispose les choses de telle façon que le niveau de l'alcool n'arrive pas à la hauteur du bord du papier. Au bout de quelques jours, la gélatine a pris une bonne consistance et on peut faire des coupes sous l'alcool à 80°. Les coupes sont portées sur porte-objet et on les colore par le vert de méthyle légèrement acidifié d'acide acétique. 34 F. A. JANSSENS Si on observe de telles coupes dans une solution à parties égales d'eau et de glycérine, on y constate les faits suivants. On reconnaît très facilement les coupes qui contiennent les cellules- mères primitives et les cellules à noyaux polymorphes. Ces cellules tran- chent sur le champ du microscope par leur couleur rouge. Elles sont d'ailleurs entourées de cellules à noyaux aplatis et très verts, qui sont les cellules folliculaires. Leurs noyaux appartiennent à deux tj'pes différents. Quelques-uns d'entre eux ne renferment presque pas de substance colorée en vert. On n'y reconnaît qu'à de forts grossissements de petits granules verts à aspect irrégulier. Ce sont les granules de nucléine de ïélénieut nu- cléinien des cellules mères primitives, fig. 42, 43. On reconnaît en outre dans ces noyaux des granules très fins colorés en rouge. De plus, le noyau tout entier a une très légère teinte rougeâtre. Dans d'autres noyaux, les blocs irréguliers de nucléine sont sensiblement plus grands. Ils appar- tiennent aux spermatoyonies à noyaux polymorphes. Les nucléoles qu'on retrouve au premier coup d'œil sont de tailles et de teintes très diverses. La plupart sont incolores. Une solution d'iode leur communique une couleur jaune foncée. On ne peut donc pas douter de leur nature albuminoïde. La teinte du jaune produit par l'iode rapproche ces nucléoles des grains d'aleurone, des graines ou des plaques de vitelline des œufs. Nous sommes donc en droit d'émettre l'hypothèse qu'ils sont com- posés de nucléo ou paranucléo albumines, comme ces enclaves. D'ailleurs, les réactions de coloration de ces nucléoles nous avaient déjà amené à la même conclusion. Quelques uns parmi les plus grands nucléoles sont très légèrement teintés de rouge. Ceux de moyennes dimensions prennent plus souvent et plus intensément l'anchusine. Ce sont donc là certainement des nucléoles renfermant des substances grasses. Peut être sommes-nous ici en présence de lécithines ou de lécithalbumines. Il n'y aurait là rien d'extraordinaire, attendu c]Ue ces nucléoles renferment des albumines phosphorées qui peuvent très aisément fournir une graisse phosphorée, la lécithine. Il ne peut s"agir en effet ici de corps gras ordinaires, car dans ce cas la coloration rouge serait plus intense. On sait qu'à côté du testicule de triton on trouve souvent du tissu graisseux très dense. Nous avons observé dans une de nos préparations, des portions de ce tissu à côté d'une coupe du testicule. Les graisses y étaient colorées en rouge vif et nous pouvions par- faitement établir la comparaison entre les deux teintes en présence. Les LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 35 cellules-mères étaient plutôt rosées en comparaison des cellules graisseuses. Nulle part dans le testicule, on ne trouvait ces points rouges brillants qui révèlent l'existence des graisses proprement dites. Nous ne sommes pas parvenu à serrer le problème de .plus près (i). Meves, 1897, p. 132, parle de la présence de granules graisseux qu'on voit tant dans les cellules à sphère éparpillée que dans celles qui ont une sphère bien formée. Quelques nucléoles parmi les plus petits prennent le vert de méthyle. Ils renferment certainement une forte proportion de nucléinc. Les vacuoles du noyau ne prennent aucune teinte par aucun des réactifs essayés. Dans le protoplasme des cellules-mères, on trouve une coloration géné- rale rouge très légère. Cette coloration est un peu moins accusée d'un côté de la cellule contre la membrane cellulaire. On y voit une sorte de liquide plus réfringent. Nous pensons que dans les cellules enrobées la place qu'occupait ce liquide est représentée par un vide que l'on voit à gauche dans les fig. 42, 43 et en bas et à gauche dans la fig. 64. Ce liquide ne prend que fort peu l'anchu- sine. Il renferme certainement un corps gras, mais nous n'en savons pas davantage. Plus prés du noyau et tout autour de celui-ci, on observe la coloration rouge la plus forte. Quand on y regarde de près, on voit qu'à cet endroit la substance fondamentale de la cellule a une teinte rouge, mais que ce sont des granules plus ou Jiioins tenus qui prennent Fanchusine. Si on fait passer sur ces cellules une solution d'iode, on observe une coloration intense à cet endroit. Les granules se colorent moins que la substance qui les contient. Nous pensons que pour des raisons analogues à celles que nous avons fait valoir plus haut, nous sommes encore ici en présence de lécithines ou de lécithalbumines et non de corps gras ordinaires. On n'observe pas de granules verts dans le protoplasme. Tous les faits que nous venons de rapporter corroborent singuliè- rement ce que nous avons dit quant à la nature de l'anneau noir que Meves décrit autour des noyaux polymorphes dans la salamandre. La coloration peut provenir en effet : i" de l'osmium réduit dans les nucléoles (i) Ces pages étaient écrites, quand a paru le remarquable travail de Bang, igoi, sur les rm- cléincs. n ressort de ce travail qu'il 5' a une relation chimique très intime entre les nucléines et les lécithines. Nos conclusions s'en trouvent considérablement renforcées. 36 F. A. JANSSENS par les lécithalbumines ; quand la lécithine est dissoute dans le chloroforme, l'essence ou la paraffine, l'osmium reste dans le substratum organique du nucléole; 2° des albumines qui constituent les nucléoles et de la substance dans laquelle ils se trouvent, qui sont probablement de nature nucléo- albumineuse. Or, on le sait, ces albumines sont sidérophiles et il n'est donc pas étonnant qu'elles prennent le noir d'HEioENHAiN. § 2. Spcnnatogouies à noyau enfer à cheval et à noyau sphérique. Au fur et à mesure que les cellules subissent des divisions successives, le caractère de polymorphisme des noyaux se perd. En général, dès la troi- sième division à partir des cellules-mères primitives, nous arrivons à avoir des cellules à noyaux plus ou moins recourbés en fer à cheval. Les cystes qui renferment ces cellules n'en comptent d'ordinaire que quatre, rarement un plus grand nombre. De plus, ces cellules sont presque toujours dispo- sées aux angles d'un tétraèdre ; on les trouve donc rarement toutes dans une même coupe. La courbure des noyaux est d'ordinaire perpendiculaire à la ligne qui les réunit deux à deux. Le protoplasme ne renferme plus d'enclaves. Il en est de même dans les petites spermatogonies à noyaux sphériques. B, Caractères communs des spermatogonies de second ordre. Nous venons de voir quels sont les caractères distinctifs des diverses spermatogonies; voyons maintenant quels sont leurs caractères communs. § I. Description de la cellule au repos. 1" NOYAU. Eléni en t n uclein ien . Dans toutes les spermatogonies, depuis celles dont les noyaux sont le plus polymorphes jusqu'aux petites spermatogonies à no3'aux sphériques, on trouve un élément nucléinien à peu près identique. Dans tous ces noyaux, en effet, il existe à frais des blocs plus ou moins informes de sub- stance sidérophile se colorant en vert par le vert de méthyle. Ces blocs ont été vus par tous les auteurs qui ont touché la question de la spermato- génèse dans les batraciens. Meves, 1895, les considérait comme indépen- LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 37 dants les uns des autres. Et en effet, dans des objets fixés d'une façon trop violente par les solutions osmiquées, ils semblent complètement indépen- dants et plongés dans une substance hyaline et légèrement colorée en noir, FiG. 25. En réalité, ces blocs ne sont pas indépendants, et Meves lui-même Ta reconnu dans son mémoire de 1897. D'après lui, ces blocs sont réunis entre eux par des filaments de lininc et l'ensemble est plongé dans une substance homogène (p. 9). M. Grégor parle de ces blocs, quand il traite des spermatogonies de premier ordre. Nous croyons qu'il confond les cellules-mères avec les spermatogonies polymorphes de second ordre. Il admet du reste, comme Meves, que les blocs de chromatine sont en re- lation entre eux. D'après nos observations personnelles, on peut compléter cette descrip- tion. Dans les noyaux bien fixés, mais dont la fixation n'a cependant pas excédé certaines limites, les blocs sont presque toujours réunis par des fila- ments plus ou moins colorés. Or, le plus souvent une masse colorée n'est réunie qu'à deux autres masses analogues. Pour se rendre bien compte de ces relations, il est indispensable d'examiner une cellule déterminée dans ses divers plans et de la poursuivre même sur plusieurs coupes. Il est possible de constater cette continuité à travers un grand nombre de blocs sidérophiles. Les exemples de ce fait sont nombreux, fig. 26, 64 en a. Cependant, le cas de réunion d'un même bloc à plusieurs de ses voisins se présente aussi. Nous l'avons dûment constaté à plusieurs reprises. On doit toutefois reconnaître qu'il est plus rare. Ce qui gène singulièrement l'observation de cette structure, c'est la présence, dans certaines cellules, d'un caryoplasine relativement abondant. Ce dernier est surtout évident dans les spermatogonies polymorphes, fig. 45, 64 en c. Tant qu'il se colore en rouge par les rouges bordeaux ou congo, FIG. 45, il est facile de le distinguer des filaments nucléiniens proprement dits, mais il arrive qu'il devienne aussi sidérophile, fig. 64, c' , et dans ce cas, l'observateur se trouve parfois très embarrassé. Le cas de la fig. 64 ou des cas analogues ne le gêneront pas assurément, mais les difficultés com- mencent quand les blocs de nucléine deviennent plus abondants, c'est-à-dire au fur et à mesure que les noyaux deviennent plus sphériques et plus petits. Dans les fig. 46, 51, par exemple, il n'est pas douteux qu'un grand nombre des filaments colorés en noir ne font pas partie intégrante de l'élément nucléinien ; il serait cependant bien difficile, pour ne pas dire davantage, de spécifier où se trouve ici le caryoplasme. 38 F. A. JANSSENS Nous sommes persuadé que l'élément nucléinien subsiste dans les spermatogonies à l'état de repos et qu'il est représenté par un filament d'épaisseur très variable. A l'endroit des blocs, l'élément nucléinien est extraordinairement gros; à l'endroit des ponts d'union, il n'est constitué que par un filament de plastinc plus ou moins sidérophile. Nous verrons plus bas comment on peut interpréter le cas d'un bloc réuni à ses voisins par plus de deux ponts. Nous pouvons nous demander ici si les blocs de nucléine sont toujours appliqués contre la membrane à l'intérieur du noyau comme beaucoup d'auteurs le prétendent. Il est certain qu'un grand nombre de ces blocs tapissent l'intérieur de la membrane, mais il est absolument certain qu'on en voit au milieu du noyau et à tous les niveaux de ce dernier. Ce fait ne s'explique qu'en admettant que quelques-uns de ces blocs au moins ne forment pas corps avec la membrane. Euchylùine. Nous venons de voir que les no3'aux des spermatogonies, surtout des petites spermatogonies, sont fort sidérophilcs dans toutes leurs parties. Pour expliquer ce fait, nous recourons encore à nos préparations faites par la méthode de Brunotti, colorées par le vert de méthyle et Tanchusine alcoolique. Nous avons, en effet, noté souvent que dans ces préparations les noyaux sphériques se montraient imprégnés dune substance assez réfringente et teintée de vert. L'enchylème du no3'au des spermatogonies semble donc contenir de la nucléine à l'état diffus. Lors de la fixation, il est très possible que cette dernière se porte sur l'élément structuré du noyau et le rende sidérophile. Nucléoles. Outre l'élément nucléinien et le caryoplasme, il existe aussi dans toutes les spermatogonies un certain nombre de nucléoles, les uns très chromophiles, fig. 45, 46, 51 en ;;, et 64 en n, les autres se colorant plus difiicilement, fig. 51, en «', et parfois pas du tout. Dans ce dernier cas, ces nucléoles ne s'aperçoivent qu'avec la plus grande difficulté et il faut beaucoup d'attention pour les retrouver, fig. 64 en ;/'. Nous ne croyons pas que ces divers nucléoles doivent être distingués les uns des autres. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 39 2° PROTOPLASME. En parlant des diverses sortes de spermatogonies, nous avons dit à peu près tout ce qui intéresse la structure du protoplasme de ces cellules. A mesure que les noyaux deviennent plus petits et plus sphériques, le proto- plasme diminue de volume. Sa structure reste toujours réticulée, mais il se simplifie et il finit par ne plus être représenté que par un simple liseré formé de quelques filaments dans Tespacc très réduit qui sépare la mem- brane du noyau de celle de la cellule. 3° MEMBRANE CELLULAIRE. Disons en passant que cette dernière, quoi qu'en disent beaucoup d'au- teurs qui parlent du testicule de la salamandre, est toujours bien nette dans les urodéles. Quand la fixation est bien réussie, surtout dans les parties qui ont été fortement fixées aux solutions osmiquées, cette membrane, quoique très mince, est bien visible et en contact intime avec le protoplasme cellulaire. Toutes nos figures sont là pour attester l'existence de cet élément de la cellule. Nous tenons à affirmer qu'elles ne sont schématisées ni à ce point de vue ni à aucun autre. Chapitre III. Division cellulaire dans les spermatogonies. Nous arrivons maintenant à la description de la division cinétique des spermatogonies. Cette description comprend deux parties bien distinctes : description de la figure fusoriale et histoire des bâtonnets. Ces deux parties sont indépendantes et nous cro3'ons que nous pouvons sans inconvénients les séparer complètement. Nous tenons à déclarer que nous décrivons strictement ce que nous avons observé sur des préparations irréprochables à tous les points de vue, et cela dans les tritons et les salamandres. Nous n'avons nullement dans ce travail la prétention d'établir des conclusions générales et pour cette raison nous ne nous occuperons c;[ue des auteurs qui ont parlé des urodéles. Nous ne désirons pas étendre nos conclusions au-delà des limites de cet ordre. Cependant, comme beaucoup d'auteurs ont pris les descriptions de ce qui 40 F. A. JANSSENS se passe dans la salamandre pour les généraliser et les appliquer à l'objet de leurs propres observations, nous discuterons les descriptions faites par eux dans d'autres animaux pour voir si elles peuvent s'appliquer aux uro- dèles. Si ces faits et surtout les hypothèses qui ont été faites à propos d'eux ne s'appliquent pas à l'objet qui nous occupe, il ne s'en suivra pas néces- sairement que ce qui a été dit pour ces autres espèces soit inexact, mais il s'en suivra certainement que cela ne représente pas l'expression d'une loi générale. A. Figure fusoriale. § 1. La sphère. Considérons d'abord cette production qui se retrouve dans presque toutes les spcrmatogonies, bien que sous des formes bien différentes, et que l'on nomme la •" sphère ■'. Tous les auteurs sont gênés, quand ils sont obli- gés de présenter cette production à leurs lecteurs. Ils ne savent comment la définir. - Il est beaucoup plus facile de définir le centrosome en termes physiologiques qu'en termes anatomiques -, dit Wilson, dans la première édition de son manuel (i). Voilà au moins un aveu dénué d'artifices. Mais il nous semble que définir la sphère de cette manière, c'est résoudre la question avant qu'elle ne soit posée et, si une telle méthode peut être con- sidérée comme très bonne dans un livre didactique, nous ne pouvons l'admettre dans un travail de recherche. Nous prions donc le lecteur de vouloir bien nous suivre à travers le dédale des descriptions pour arriver à une connaissance plus parfaite de ce corps. Description. Dans les cellules à noyau polymorphe ou à noyau en fer à cheval ou en anneau, la - sphère -^ prend la forme la plus complète et la plus com- pliquée. C'est un corps qui se montre plus ou moins bien délimité et prend (i) Wilson, qui avait d'abord admis que la centrosphère entière devait être considérée comme organite de la division, qui avait ensuite modifié sa manière de voir et croyait que c'était plutôt les centrioles qui constituaient les agents actifs de la cinèse, à la suite des expériences récentes dont nous avons parlé, arrive, dans la dernière édition de son manuel, à cette conclusion que tout cela « jette des doutes très graves sur l'hypothèse de l'autonomie universelle et la continuité géné- tique du centrosome ». Ce fait, qui prouve en faveur de la loyauté et de l'indépendance d'esprit du savant américain, est de nature à faire réfléchir ceu.x qui sont, comme il le fut, des défenseurs acharnés du centrosome. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 41 plus intensément les colorants protoplasmiques. Sa section est souvent cir- culaire ou elliptique, parfois plus ou moins allongée. Telle elle se présente dans les fig. 45, 46, 47, 51, 52, 64, 66 et dans les figures de presque tous les auteurs. Étudions ces corps avec plus d'attention et, puisqu'ils sont si différents non seulement d'une classe de cellules à l'autre, mais même de cellule à cellule, attachons-nous à une cellule en particulier et étudions-y la sphère de plus près. La cellule que nous avons choisie pour cet objet est celle que nous avons reproduite dans la fig. 46. Si nous examinons cette cellule avec l'objectif 2 mm., ouv. num 1,40 et l'oculaire 8, c'est à-dire au grossissement de 1000 diamètres, nous y voyons la ^ sphère « couchée entre les deux branches du noyau. C'est sa place favorite dans ces cellules, comme cela a été vu par tous les auteurs. Nous verrons quelle est la raison de ce fait. Disons seulement ici qu'elle n'a rien de commun avec les raisons plutôt théoriques que font valoir Heidenhain, 1894, et Druner, i^9j. Elle se montre assez nettement terminée par une membrane circulaire. A 1 intérieur de cette première enveloppe, on croit reconnaître une seconde sphère qui renferme deux corpuscules arrondis. Il est évident que nous avons devant les yeux une de ces productions décrites par Meves, jNIc Gregor et Eisen et un grand nombre d'autres auteurs. Plusieurs de ces auteurs tâchent de faire cadrer leurs descriptions avec les idées théoriques de Van Beneden et Boveri. Nous pouvons dire en nous conformant à la nomenclature de Van Beneden que la - sphère attractive ^ est formée ici d'une zone corticale, d'une zone médullaire et de corpuscules centraux. Si on ouvre le dictionnaire que Eisen, 1899, a mis à la fin de son mémoire sur le Batrachoseps, on trouve que cette production est formée à l'exté- rieur d'une plasmosphère et à l'intérieur d'une granosphère. Ces deux premières sphères ne sont pas essentielles et n'appartiennent pas en propre à la - sphère -. Au centre de ces deux premières sphères ou dans l'une d'elles, on trouve l'archosome qui se compose d'ailleurs d'une sphère ex- térieure, qui est la centrosphère, et d'une autre intérieure, qui est la somosphère; enfin dans cette dernière se trouvent les centrioles. Toutes ces sphères deviennent souvent des disques, des lentilles ou des ménisques convergents. Lasomosphère peut même donner des filaments plus ou moins granuleux (Eisen, fig. 31 et explication^. Si l'on examine à présent la même préparation à l'aide des plus forts 42 F. A. JANSSENS grossissements, on voit l'image que nous avons tàclié de reproduire dans la FiG. 47 avec autant d'exactitude qu'il nous a été possible. Nous trouvons : 1" que les diverses sphères qui s'emboitent ne sont pas aussi distinctes qu'on eut pu le croire au premier examen. La sphère interne (la grano- sphère, sans doute) n'est nettement séparée de la sphère extérieure (la plàsmosphère) qu'à certains endroits. Ailleurs, il est impossible de trou- ver la moindre limite; les deux sphères se confondent plus ou moins en une même masse. La sphère extérieure elle-même, assez bien séparée à gauche et à droite du reste du protoplasme, l'est beaucoup moins bien en haut et en bas. En haut, elle semble même en continuité avec une bande plus ou moins bien différentiée dans le protoplasme et qui sort du plan de la visiofi nette en s'approchant de l'observateur, fig. 46 sur la ligne pointillée c. 2° Si nous modifions la mise au point, immédiatement le tableau change. On voit toutes les sphères et parties de sphères s'élargir du côté de l'observateur. L'objet que l'on a devant soi pourrait être comparé à plu- sieurs calottes sphériques concentriques, dont les concavités seraient tour- nées du côté de l'observateur. Les corpuscules centraux se trouvent au fond et au centre de la calotte la plus interne. Nature. En présence de ces observations qui sont absolument nettes dans la préparation que nous avons dessinée, nous nous sommes demandé si ces calottes ou prétendues sphères ne représenteraient pas tout simplement des restes de la figure fiisoriale de la dernière division. En effet, si on observait un fuseau dont la limite extérieure se serait plus ou moins con- vertie en membrane et cela en se plaçant du côté du centre du fuseau, on aurait absolument une suite d'images comme celles que nous venons de décrire. Cette hypothèse nous parut intéressante et nous nous mimes immédiatement à la contrôler. 1° Au point de vue théorique, notre hypothèse a t elle quelque proba- bilité? En d'autres mots, le reste du fuseau, s'il existe, peut-il être orienté, comme il l'est dans la préparation que nous examinons en ce moment? La réponse à cette question ne saurait être douteuse. Non seulement le reste du fuseau peut être orienté de cette manière, mais \\ doit l'être. En effet, quand une cellule à noyau en fer à cheval ou en U se divise, elle donne naissance à deux noyaux en U. Or, ces deux noyaux ont leur courbure et leurs deux branches parallèles et l'axe du fuseau passe perpendiculairement LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 43 au plan des deux U et entre leurs branches. Toutes les couronnes équato- riales que nous avons vues, les ascensions polaires et les télophases des figures attestent ce fait. 2° S'il en est ainsi, nous devons trouver des calottes pareilles vues de côté qui doivent avoir la forme d'un arc de cercle ou d'un cône à som- met plus ou moins arrondi. Il ne nous a pas été difficile de découvrir de telles figures et cela dans des cellules dont les deux branches en fera cheval du noyau avaient été coupées perpendiculairement par le rasoir. Un coup d'œil sur l'esquisse 83 donnera une idée de telles figures. D'ailleurs, de telles productions ont été parfois figurées par des auteurs consciencieux et sin- cères : Meves, 1895, fig. 51, et 1897, fig- 6; Eisen, 1900, fig. 31. Ce dernier auteur dit même, p. 11, qu'il y a des raisons pour croire que - la sphère " est toujours concave, mais qu'on ne saurait percevoir cette concavité que - quand on voit ce corps de côté -. Nous sommes persuadé qu'il ne faut pas être aussi absolu. 3° Bien souvent, en effet, la " sphère r a une forme plus ou moins sphérique. Si dans ces cas on examine deux spermatogonies-sœurs coupées suivant l'axe du fuseau de leur dernière division, on observe des figures comme la fig. 82. Au moment de sa réformation, le noyau a emprisonné entre ses deux branches ou dans sa cavité annulaire, s'il a la forme d'un anneau, les restes du fuseau de la dernière division. Le fuseau qui avait à peu près la forme sphérique, fig. 54, 75, et dont les fibres périphériques formaient par leur ensemble une surface quelque peu analogue à une mem- brane surtout aux environs du pôle, fig. 54, a, a été étranglé entre les branches de l'U ou dans l'anneau du noyau lors de sa formation. La contraction des fibres fusoriales entraine les corpuscules centraux vers la plaque fusoriale ou v Zwischenkorper -. Les autres parties différen- tiécs du protoplasme restent plus ou moins en arrière et cela à divers degrés. Cette séparation commence déjà à se manifester à la couronne équatoriale, fig. 54 et 78 en a. Elle s'accentue à mesure que la figure fu- soriale se dégrade. Dans la fig. 81, on voit en a ce qui a été primitivement la limite du protoplasme indifférent entourant le fuseau, en b la limite du fuseau lui-même et de ses filaments extérieurs, en c on trouve les restes d'une couche plus interne de filaments, enfin en d on voit les corpuscules centraux qui sont le plus intimement attachés à plusieurs de ces filaments et qui sont par conséquent entraînés le plus loin. Eu d', fig. 81, ces corpus- cules ont été entraînés à travers l'ouverture du noyau annulaire jusque tout 44 F- A. JANSSENS près de la plaque fusoriale ou ^ Zwischenkorper - et le fuseau a été tellement maltraité par ce laminage qu'il n'en reste que des précipités informes. Ces préparations et une foule d'autres ne laissent dans notre esprit aucun doute quant à la signification du corps si polymorphe qu'on a décrit sous le nom de « sphère -. Eji réalité, ce corps n\i aucune sorte d'individualité et il ne vaut pas la peine de lui donner un nom spécial. Il est vrai qu'assez souvent autour des corpuscules centraux on trouve du protoplasme arrangé plus ou moins régulièrement en deux ou un plus grand nombre de couches plus ou moins membraneuses. Nous savons ce qu'il faut penser de ces figures. Mais bien plus souvent, les corpuscules centraux sont entourés de protoplasme absolument indifférent. Si nous avons dessiné un certain nombre de fois ces corps avec leur forme la plus complexe, c'est que nous voulions montrer que nous avons très bien vu ce que les auteurs entendent par - la sphère -, mais ce n'est pas du tout parce que cela représente le cas général. Ce qui se présente plus souvent, c'est l'existence autour des corpus- cules centraux d'une zone plus claire, le ■- heller Hof ^ des Allemands, une sorte d'auréole. Ce fait a été constaté par presque tous les auteurs et on a même donné, encore cette fois, des noms plus ou moins grecs à cette particularité. Granules sidérophiles simples ou géminés. Nous remarquerons avec Bolles Lee, sans vouloir nous attarder plus longtemps à ce détail, que cette même auréole se trouve autour de tous les granules sidérophiles du protoplasme, fig. 42, 43,51. (Bolles Lee, i«97, p. 248). Ces derniers sont fréquents et, comme dans Y Hélix, ils sont sou- vent géminés dans une même vacuole, fig. 51, à gauche. Il peut même arriver, quoique ce cas ne soit pas fréquent dans les spcrmatogonies ordi- naires, que ces corpuscules sidérophdes géminés figurent absolument des corpuscules centraux ordinaires des spcrmatogonies. Ce dernier cas est particulièrement intéressant et mérite de nous oc cuper un moment. La fig. 65, A et B, représente deux coupes de deux cellules-sœui^s de spermatogonies à noyau presque sphérique et qui se trouvent dans le coin d'un cyste renfermant un certain nombre de ces cel- lules. Dans la fig. 65, A, on voit les deux cellules avec leurs membranes nucléaires et cellulaires très nettes. Leurs protoplasmes, un peu colorés, sont en contact intime avec les deux membranes. Les noyaux bien nets montrent une structure analogue à celle de la fig. 81. Ces cellules sont très LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 45 bien fixées et parfaitement colorées. Dans celle de droite, on voit en a et a' deux groupes de granules géminés ayant absolument l'aspect de ceux que l'on doit considérer comme les corpuscules polaires dans les cellules circon- voisines et cela sans bouger à la vis du microscope. Si l'on fait descendre un peu le plan de la vision distincte, c'est-à-dire si on s'approche davan- tage de la coupe B, on trouve encore en t> un troisième groupe en tout analogue aux deux autres 11 existe donc certainement dans cette cellule trois groupes de corpuscules sidérophiles géminés en tout semblables. II en est de même de la cellule de gauche. On y voit dans la coupe A, quoique à deux niveaux différents, deux groupes de granules géminés, c et b'. Le premier, c, se trouve un peu plus haut que a et a', mais appartient à la cel- lule de gauche. Les cellules situées plus haut, dans la coupe précédente, ont d'ailleurs leurs corpuscules centraux. L'autre, b', se trouve sensiblement au même niveau que b, c'est à dire, comme ce dernier, plus bas que a et a'. Enfin, dans la coupe B, on trouve encore dans cette mêine cellule de gauche un beau groupe de granules sidérophiles. Personne ne pourrait prétendre reconnaître ici les corpuscules centraux de ces cellules. Peut-on dire dans ce cas que l'un de ces groupes constitue cependant le centre physiologique de la cellule, quoique nous n'ayons aucun critère anatomique qui nous permette de le reconnaître? Ou bien faut-il dire qu'au moment où les asters se formeront, les rayons iront s'attacher à ceux de ces granules qui se trouvent dans le voisinage le plus immédiat de l'endroit où la figure va se former? Il est impossible de décider de la chose à'xxm façon certaine, mais nous pensons que c'est la dernière hypothèse qui est la plus probable. Si on admet la première de ces deux hypothèses, on dit en même temps que la forme anatomique n'a aucune importance en biologie et on introduit inutilement l'inconnaissable dans les sciences d'observation. La deuxième hypothèse n'accorde pas grande importance, ni anato- mique ni ph37siologique, à ces granules. 1° Elle dit que, s'il ii\y avait pas préexistence de ces granula, la figure se formerait et les asters prendraient naissance au milieu du protoplasme indiffèrent, quand les causes, qui influencent la cellule à ce moment et qui sont encore mal connues, commencent à agir. On se demande s'il est permis de donner encore le nom d'hypothèse à cette proposition après les travaux de Hertwig, 1895-96, Morgan, 1896-99, Mead, 1898, et Wilson, 1901. Ne constitue-t elle pas plutôt une théorie parfaitement démontrée? 46 F. A. JANSSENS 2° Elle dit encore qu'en présence de granules qui se trouvent dans le protoplasme à l' endroit oit l'aster i>a se former, les rayons de l'aster ont une tendance à s'attacher à ces granules, tout comme les asters artificiels de Fischer s'attachent de préférence à des objets solide:, qu'ils trouvent à leur portée. 3° Elle dit enfin qu'il ne faut pas exagérer l'importance de ces gra- nules, qui sont moins encore qu'une cause occasionnelle de la formation des asters. Il est un fait, c'est que quand il y a un grand nombre de ces granules, qu'ils soient géminés ou non, ces granules ont une tendance à s'orienter régulièrement dans la cellule autour des asters. Bolles Lee, 1S97, a appelé l'attention sur ce fait. L'un de ces groupes pourra donc occuper le centre de la figure et les autres s'orienteront plus ou moins régulièrement autour d'elle. On pourrait, comme nous l'avons déjà dit, prétendre que ces cellules donneront naissance à des figures pluri polaires. Nous avons dit ce que nous pensions de cette possibilité. Répétons ici que nous n'avons vu de telles figures dans les testicules ni de salamandre ni de triton. Nuus pensons que les cellules qui renferment ainsi un certain nombre de granules simples ou géminés sont des cellules qui ont été plus longtemps que les autres à l'état de repos. Nous avons déjà vu que, dans les cellules- mères primitives qui se trouvent à l'état de repos parfait au point de vue de la multiplication, on observe parfois un très grand nombre de granules simples ou géminés, fig. 62. Nous verrons que le même fait se retrouve dans les spermatocytes et que là il est presque constant. Quant à l'origine de ces granules, nous renvoyons à ce que nous en avons dit quand il s'est agi des cellules-mères primitives et à ce que nous en dirons à propos des spermatocytes. § 2. Les corpuscules centraux. D'après ce que l'on vient de lire dans le paragraphe précédent sur les " sphères « et d'après les considérations que nous avons fait valoir dans l'appendice à notre premier chapitre, on voit que nous n'admettons pas l'existence de corpuscules de division dans des cellules qui sont à l'état de repos complet. Nous pouvons nous demander maintenant ce qui se passe dans les spermatogonies de second ordre qui ne rentrent jamais au repos et dont les divisions se suivent même très rapidement. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 47 Dans presque toutes ces cellules, on trouve des corpuscules centraux et on peut en général les reconnaître à ce fait qu'ils y sont d'ordinaire en- tourés des restes plus ou moins nets des fuseaux antérieurs, qui leur consti- tuent une gaine plus ou moins complexe. Il arrive, quoique cela soit rare, qu'on ne trouve dans cette partie du protoplasme (ju'un seul granule sidérophilc. Ce corpuscule est dans ce cas une petite sphère plus ou moins régulière, fig. 81, ou un bâtonnet plus ou moins allongé. Ce cas est rare. Le plus souvent les corpuscules sont géminés, fig. 46 47, 51, 66, 81, 82, 83. Dans ce dernier cas, ils ne sont presque jamais bien sphériques. Presque toujours, ils sont bacilliformes et les granules allongés ont, l'un par rapport à l'autre, une direction perpendiculaire. L'un des deux bâtonnets est parfois divisé en deux granules, fig. 52, en bas. Parfois, au lieu de deux corpuscules, on en trouve quatre groupés deux à deux, suivant deux lignes perpendiculaires l'une à l'autre, fig. 45 et 52, en haut. Jamais, nous n'avons trouvé une union quelconque ni entre les deux granules primitifs ni entre les granules secondaires. D'ailleurs, à notre connaissance, aucun auteur n'a jamais figuré un tel rapport entre les deux corpuscules centraux des urodèles. Nous insistons sur ce fait et nous y reviendrons quand il s'agira de décrire le commencement de la figure fusoriale. Nous sommes, croyons nous, le premier à signaler la division des corpuscules centraux géminés en deux corpuscules de seconde génération à un stade aussi précoce. L'interprétation la plus simple à donner de ce fait, c'est que les divisions se succèdent dans les spermatogonies avec une telle rapidité que la toute première ébauche ultramicroscopique des asters-petits- ûls commence déjà à s'indiquer avant la formation complète des asters fils. Il semblerait donc que, quand les divisions se suivent si rapidement, les asters ont une tendance à se former à proximité l'un de l'autre dans cette partie du protoplasme qui a produit la figure de la dernière division. Nous ne croyons pas cependant que l'on soit par ce fait autorisé à considérer cette partie du protoplasme comme nettement distincte du reste et à la cjualifier de - Kinoplasme -. Comme nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises, ces corpuscul'es, quels qu'ils soient, ne sont jamais bien sphériques ni lisses. Ils sont, au contraire, toujours anguleux et irréguliers. Il est presque impossible de rendre parfaitement bien cet aspect sans l'exagérer, parce qu'il s'agit ici d'objets extrêmement ténus. 48 F. A. JANSSENS §3. Fonuatiou de la fJs^iire fiison'ale. On peut se demander et on s'est bien souvent demandé si ce sont bien les corpuscules que nous venons de décrire (jui constitueront les centres de la figure fusoriale. Nous nous sommes impose la tâche de vérifier s'il en est bien ainsi dans les spermatogonics de second ordre et, après de longues et patientes recherches, nous sommes arrivé à une conclusion affirmative. Les cellules les plus favorables pour l'étude de ce phénomène sont, sans contredit, les cellules à noyaux en fer à cheval. La -sphère-, en effet, occupe dans ces cellules par rapport au noyau une position à peu près constante. Elle se trouve entre les branches de l'U formé par le noyau, FiG. 45, 46, 48. A mesure que le noyau se modifie, la - sphère - avec les corpuscules centraux semble s'enfoncer davantage entre les deux branches du noyau, fig. 48. En réalité, il n'en est rien et c'est plutôt le noyau qui en grandissant se rapproche de la " sphère ". Dès que le protoplasme se remet en mouvement, les derniers vestiges de la dernière division disparaissent ; en d'autres mots, la sphère fond lentement, fig. 48. Ensuite, les premiers rayons des futurs asters se montrent autour des deux corpuscules centraux, FIG. 49. Dès leur apparition, on les poursuit bien au-delà de l'espace occupé primitivement par la -^ sphère -. Ce stade correspond au stade peloton déjà raccourci. Enfin, les asters prennent tout leur développement et leurs rayons vont jusqu'à la membrane cellulaire, fig. 50. Ce stade correspond au stade de la segmentation du peloton en bâtonnets ou chromosomes. Nous avons observé tous les intermédiaires entre ces divers stades et nous ne croyons pas qu'on puisse douter de l'identité entre les corpuscules polaires des asters de la fig. 50 avec les corpuscules qu'on trouve dans la - sphère r, de la fig. 48. Fuseau central. A aucun de ces stades, nu ne trouve de liaison entre les deux corpus- cules centraux. Nous ne pouvons donc pas appliquer la théorie du fuseau central de Hermann, 1891, aux spermatogonies. Nous examinerons plus tard si elle peut s'appliquer aux spermatocytes étudiés par Hermann. On se demande si, dans son travail de 1891, Flemming se pose nette- ment comme défenseur du fuseau central d'HEKMANN. Cet auteur y combat plutôt les idées de Rabl et Boveri à ce sujet. De plus, il nous semble que LA SPERMATOGENÈSE CHEZ LES TRITONS 49 les schémas 27, 29 et surtout 28, ainsi que les figures naturelles 18, 32, 33 et 34 de Flemming, ne constituent pas une preuve de l'existence d'un fuseau central. D'ailleurs, pour Flemming, 1891, le fuseau est formé par une substance dépendant du réseau chromatique. Cette opinion rapproche le savant de Carnoy qui croyait que le fuseau dérive toujours du caryoplasme. Pour notre part, nous croyons qu'il est impossible de se faire une opinion sur l'existence et la structure du fuseau central d'après des prépa- rations traitées par la triple coloration de Flemming. Cette méthode donne des colorations très élégantes sans doute et fort utiles pour l'étude des chromosomes, mais nous ne la croyons pas d'une très grande utilité pour l'étude de la figure fusoriale et surtout pour la solution du problème si délicat du fuseau central. Drûner, 1895, et Meves, 1897, ont employé des méthodes plus mo- dernes. Nous avouons que nous ne comprenons pas comment ces auteurs ont pu soutenir leur opinion. Il nous semble, en effet, que les fig. 7, 9, 10, 42, 45, et surtout 46 de Driiner et la fig. 9 de Meves sont des arguments frappants contre l'hypo- thèse du - Centralspindel -. Nous ne comprenons pas davantage comment l'étude des fig. 7, 9 et 13 du travail de Me Gregor, 1899, peut entraîner une conviction chez le lecteur. Eisen, 1900, ne donne pas de figures de division de spcrmatogonies. Jl admet le - Centralspindel -, mais sa conception est tellement différente qu'il aurait mieux valu inventer un nouveau mot pour la désigner. Il dit d'une façon générale, p. 87, que les fibres du fuseau central ne pénètrent pas à l'intérieur de la '* centrosphêre - (qui est la sphère extérieure de son archosome, ce que nous appelons l'auréole qu'on trouve autour de tous les granules sidérophiles), ils n'arrivent donc pas jusqu'aux " cen- trioles « de la " somosphère ". Il ne peut donc s'agir ici ni du - Central- spindel - de Hermann, ni du - Netrum - de Boveri. Cependant, sa fig. 31 représente un - Centralspindel - qui réunit les somosphères non auréolées. L'auteur donne le même nom, fig. 38 1/2, à des fibres qui ne réunissent pas du tout deux - archosomes ^ entourés de magnifiques - centrosphères -. Remarquons que dans la fig. 39 on trouve, en dehors d'un archosome prin- cipal, des archosomes accessoires Tqui dit qu'ils sont accessoires?) réunis par une somosphère ayant la forme d'un fil. Donc, d'après la description de l'auteur, nous avons ici un fil de - somosphère -^ qui renferme un certain 50 F. A. JANSSENS nombre d'- archosomes r. Or, d'après leur définition, ces derniers ren- ferment chacun une '- centrosphère -, une - somosphère ^ et des - cen- trioles -. Nous devons avouer que nous ne comprenons pas cette description. Le fuseau central, au sens ci"Hermann, n'e.xiste pas che- les urodèles. Voilà une conclusion très nette qui se dégage de l'examen le plus minutieux de nos coupes. Dans certains cas, comme celui que nous avons dessiné FiG. 53, 72, les filaments de l'aster partent tous des deux centrosomes plus ou moins nets qui préexistent dans la - sphère -. Dans ce cas, on ne voit pas de filaments qui vont directement d'un centrosome à l'autre. On pourrait nous dire que, quand les centrosomes sont si rapprochés, nous ne pouvons pas observer ces filaments d'union, cjuand même ils existeraient, parce que le plus souvent le commencement de la figure se trouve de toutes parts entouré par les chromosomes ou les autres parties plus ou moins importantes du noyau. Certes, si nous n'avions que de telles figures, nous n'oserions pas émettre notre thèse avec autant d'assurance. Mais nous cievons faire remarquer que, dans des cas comme ceux de la FIG. 53, la figure fusoriale est assez dégagée pour qu'on puisse parfaite- ment lobserver. Nous n'étudions donc que les cas où le noyau est relativement éloigné de l'endroit où la figure se produit. Il en serait ainsi par exemple pour la cellule de la fig. 61. Nous voulons surtout parler des fig. 53, 72, 73, 74, qui toutes ont été faites d'après des cellules très belles et très grandes. Voici, par exemple, fig. 72, le - Centralspindel -^ d'une cellule où le fuseau commence à se former. Examinons-le à l'objectif 2 mm., ouv. num. 1,4 et loculaire , b' et /'", de nouveaux asters de convergence qu'on pourrait appeler comme Carnoy, 1889, l'a fait pour l'œuf d'.-lixar/i' des asters secondaires. De plus, on trouve plus loin dans le protoplasme ordinaire des asters en c, c et c- qu'on pourrait appeler du nom d'asters tertiaires. Reinke, 1894, émet pour des divisions analogues des idées qui sont extrêmement intéressantes, mais dont la plupart ont le malheur d'être trop théoriques. Cet auteur accorde une grande importance à l'ensemble du réseau protoplasmatique et, comme nous, // n'admet pas que le centrosome soit ini organe pennaiwiit de la cellule. Il l'appelle plutôt un organoïde. Selon lui aussi, il existe dans la cellule un grand nombre de centres d'acti- vité cinétique qu'il appelle tertiaires; ceux ci peuvent se réunir à un certain nombre et constituer des centres secondaires. 11 ne tient pas les centro- somes pour de organes sui generis, mais ce sont des organes temporaires qui se produisent par la réunion d'un certain nombre de centres tertiaires. Ces derniers se trouvent partout dans le protoplasme et y jouent un rôle important dans les mouvements des chromosomes. Reinke insiste surtout sur la natui^e granuleuse de ses centres moteurs, mais ses figures les montrent comme des nœuds d'un réseau plasmatique. On le voit, nos idées se rapprochent beaucoup de celles du savant allemand. Comment se forme la figure fiisoriale. A la lumière de la description que nous avons donnée et des idées de Reinke, nous pourrons peut-être fournir une interprétation plus exacte de la formation de la figure fusoriale dans des cellules comme celle de la FIG. 73. Remarquons d'abord que les centres de la plage résiduelle, a, a' et a", etc., ont beaucoup de rayons parallèles. On dirait que pour les former on a rapproché un certain nombre de nœuds qui se trouvaient primitivement sur une ligne perpendiculaire à ces parallèles. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 53 On pourrait se demander ce qu'il adviendra d'une sphère comme celle- là et comment elle pourra jamais donner une figure bipolaire? Nous répon- dons : 1° qu'il n'est pas certain que cette figure deviendra bipolaire, dans ce sens qu'elle n'aura que deux centres uniques formant une figure unique comme celle de la fig.54. La fig.73 pourrait, en effet, donner naissance à un fuseau avec un grand nombre de centrioles, analogue à celui de la FIG. 17. 2" Que la même question se pose pour beaucoup de fuseaux dans les plantes. Très souvent, en effet, ces fuseaux commencent par être multipo- laires et deviennent en fin de compte toujours, ou presque toujours, bipolaires. 3° Enfin, il n'est pas difficile de comprendre comment ces figures peuvent se transformer de manière à former un fuseau nettement bipolaire. En effet, presque tous les filaments de cette ébauche de figure sont déjà orientés assez nettement vers deux ou un petit nombre de points, qui se trouvent en dehors de la sphère et qui eux mêmes ne sont pas encore occupés par un amas d'empâtement ou corpuscule central. Ces points sont ceux indiqués par les lettres t. Il est très possible que les centres cinétiques secondaires ne servent ici qu'à faciliter la tâche et à produire par leur action concordante les deux centres définitifs qui seront, par exemple, dans le cas présent b et b'. Les centres a lâcheront prise dès que les filaments de la toile seront assez bien orientés pour que les centres définitifs ou principaux puissent suffire à la besogne. Cette interprétation, comme on le voit, est on ne peut plus naturelle et elle a l'avantage d'expli- quer tous les cas qui se présentent. Les cas de la fig. i et 8 de Reinke, 1894, s'expliquent facilement de cette façon. Pour interpréter le cas de sa fig. 9, il faudrait admettre que l'aster de droite en bas pourra glisser le long d'un des rayons de celui du même côté en haut pour se mettre en relation avec ce dernier. Notre FIG. 74 présente un cas qu'on peut interpréter de cette manière. A notre avis, le pôle droit définitif de cette figure n'est pas encore indiqué dans le protoplasme. Il se formera à la rencontre des trabéculcs qui com- mencent à s'orienter en haut et à droite de cette sphère. A gauche, le pôle se constitue par la réunion de deux centres cinétiques secondaires. Nous nous demandons, sans vouloir trop hâtivement résoudre cette question si difficile, si ce n'est pas de cette façon que les asters s'éloignent l'un de l'autre. 54 F- A. JANSSENS L'influence d'orientation dont nous venons de parler s'exerce sur toutes les parties protoplasmatiques de la cellule, sur le cytoplasme, le caryoplasme et les filaments dérivant de la désorganisation de la mem. brane du noyau. Nous croyons que ces trois parties organisées de la cel- lule participent à la formation de la figure. Nous nous rangeons donc à 'l'avis de Flemming, qui disait déjà en 1882 que la question de savoir quelles sont les parties de la cellule qui donnent naissance à la figure achromatique est une question de valeur secondaire. Nous ne croyons cependant pas comme Flemming devoir admettre qu'une partie de l'élément nucléinien prend part à cette formation. Comme nous l'avons déjà dit, nous pensons que Flemming a tort de ne pas distin- guer entre les filaments qui réunissent les diverses parties de cet élément et en constituent une partie intégrante et le caryoplasme de Carnoy. Nous remarquons comme Flemming que les trois parties, caryoplasme, membrane du noyau et cytoplasme, qui participent à la formation de cette figure, sont en continuité. Nous sommes plus autorisé même que le savant de Kiel à admettre cette conclusion, puisque nous pensons que ces trois parties sont de même nature. Elles sont, en somme, du protoplasme plus ou moins différentié. On peut se demander à la suite de cette description, s'il y a une dis- tinction à faire entre la partie centrale du fuseau et les fibres fusoriales qui s'attachent aux chromosomes. En d'autres mots, le - Centralspindel 1 ou fuseau central existe-til, au moins quand le fuseau est complet, et faut-il le distinguer des « Mantelfibers -^ ou fibres périphériques. Nous ne croyons pas cette distinction d'une grande importance. Toutes ces fibres sont des rayons des asters et il n'existe pas de fuseau dans le véritable sens du mot. Cependant, quand la figure fusoriale est complète, il 3^ a certainement des fibres qui, vers le milieu de leur trajet, s'unissent intimement, de telle manière qu'à un examen superficiel on les croirait simples, attachées de part et d'autre aux deux pôles de la figure. Il est pos- sible qu'il y en ait un certain nombre de ce genre, mais nous sommes sûr qu'elles ne constituent pas la règle : fig. 54 et surtout 75. Dans cette dernière figure, nous voyons aussi très bien quelle est la signification des corpuscules centraux. Nous remarquons que cette cellule se trouve à deux rangées du bord d'une préparation très bien fixée. Nous n'avons pas figuré tous les rayons des asters pour ne pas compliquci' la figure outre mesure et bien faire apparaître l'irrégularité de la structure du fuseau. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 55 Les fibres qui s'attachent aux bâtonnets semblent plus continues ici que les autres. Comme nous l'avons déjà dit, ces fibres sont formées de l'as- sociation d'un certain nombre de fibrilles élémentaires. Quand les bâtonnets sont en ascension polaire, comme c'est le cas dans la fig. 75, les fibres qui les attachent à leurs pôles respectifs sont cependant plus grosses et plus complexes que celles qui les attachent cntr'cux. Cette figure est encore intéressante à un autre point de vue. Au pôle de droite, l'aster est visiblement double. Le plus interne des deux asters qui se voient à ce pôle se trouve d'ailleurs dans un autre plan que celui qui est le plus à droite. On voit très nettement ici que ces asters sont formés d'un certain nombre de rayons qui se rencontrent et que leur centrosome n'est rien autre chose qu'un nœud ou un empâtement. Nous ne doutons pas qu'il faille donner la même interprétation aux fig. 76 et 77, qui repré- sentent des couronnes plus avancées et plus rapprochées du stade des cou- ronnes polaires (amphiaster). B. Figure nucléinienne des spermatogonies, Pour l'interprétation de la formation des chromosomes des spermato- gonies, nous sommes arrivé à des résultats très intéressants, qui jettent un nouveau jour sur la question de la forme, sous laquelle l'élément nucléinien se trouve dans le noyau à l'état de repos. § 1. Résolution des blocs de iiiiclciiie. Nous avons d'abord observé l'aspect particulier que prennent à certains moments les blocs de nucléine qu'on rencontre dans ces cellules, surtout dans les noyaux sphériques. La fig. 27, a, montre un de ces noyaux à l'objectif 2 mm., ouv. num. 1,30 et l'ocul. 4. On y reconnaît encore les blocs, mais quand on examine le même noyau à un grossissement plus fort, comme par exemple à l'oculaire 12 et surtout 18, on obtient la fig 27, b. Chacun des blocs est en résolution et donne naissance à un filament pelo- tonné. Dès l'abord, nous fûmes frappé par cet aspect et par la ressem- blance évidente avec la résolution des nucléoles telle qu'elle a été décrite par Carnoy et Lebrun, 1898, dans l'œuf des urodèles (salamandre, fig. 52 et 54). Leurs fig. 37, T, 40, A, et surtout 41, ^, ressemblent vraiment beaucoup aux images que nous avions devant les yeux. La salamandre 56 ^- A. JANSSENS offre dans ses œufs des résolutions de nucléoles, qui sont peut-être encore plus remarquables à ce point de vue (comparez Carnoy et Lebrun, 1897, fig. 53 et 55). On voit déjà la première apparition de cette transformation dans des blocs bien noirs encore, mais là ces indications ne peuvent frapper que celui qui a déjà vu les stades reproduits dans la fig. 27, /'. Il nous restait un dernier doute sur l'interprétation à donner à ces figures, quand un jour nous eûmes dans une de nos meilleures préparations la chance d'avoir sous les yeux trois cellules, qui appartenaient au même cyste et qui montraient trois étapes différentes de la formation du stade peloton. La représentation, fig. 67, aussi fidèle que possible, de ces étapes est bien pâle à côté de la réalité, qui est d'une beauté remarquable. On voit, pour ainsi dire, la transformation se produire sous les yeux. Dans le noyau A, les blocs sont encore intacts. Cependant, on les trouve déjà mieux reliés que dans des noyaux comme ceux des fig. 28 et surtout 25. Peut-on admettre que ces blocs aient jamais été complètement séparés? Nous ne le pensons pas. Nous devons cependant ajouter que nous n'en avons aucune preuve directe. Souvent même, on a des préparations qui semblent indiquer le contraire, surtout dans les cellules des bords des pré- parations où la fixation a été si rapide que les granules n'ont pas eu le temps de se déposer sur les filaments existants. Dans ces cas, quelques-uns au moins d'entre ces blocs paraissent complètement indépendants. Nous disons paraissent, car on observe des aspects absolument pareils dans des cas où il n'est pas possible d'admettre l'indépendance de ces blocs; tel est le cas dans les télophases de la division des spermatogonies et des sperma- tocytes. Nous nous attarderons à l'explication de ces figures quand il s'agira de ces stades. La parité entre ces figures et celles que nous avons devant nous, FIG. 25, nous porte à croire qu'ici aussi les blocs sont en réalité en continuité, quoique celle-ci n'apparaisse en aucune façon. Quoi qu'il en soit ici, on peut déjà beaucoup mieux poursuivre ces re- lations, FIG. 67, A. Elles se voient dans cette figure sous la forme de fila- ments granuleux suivant une ligne capricieuse. Ces filaments relient les blocs entre eux de telle manière qu'une même masse n'est d'ordinaire en relation qu'avec deux de ses voisines. Il arrive cependant, et c'est le cas pour les blocs plus volumineux, comme celui qui est désigné par la lettre a, qu'on trouve un plus grand nombre de filaments aboutissant à une même masse. Ils sont alors le plus souvent au nombre de quatre, rarement plus. S il y en a plus, on voit assez nettement que quelques-uns d'entre eux ne sont LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 57 pas de même nature que les autres et ne peuvent pas avoir la même valeur. Cependant, nous avouons volontiers que ces distinctions sont difficiles à faire. La FiG. 67, B, nous montre évidemment une étape intermédiaire entre le stade de repos relatif du noyau A et le stade peloton du noyau C. Nous voyons les masses informes s'organiser et un filament apparaît dans leur substance. ■ Ici une question se pose naturellement à l'esprit. Ces filaments sont-ils de nouvelle formation ou préexistent-ils dans les blocs? Carnoy et Lebrun, 1897, après l'étude approfondie et détaillée de l'histoire des nucléoles dans les œufs de la salamandre et du pleurodèle, disent ce qui suit (p. 376) : - Certes, il est impossible assez souvent de rien ■^ voir dans un nucléole au repos, surtout lorsqu'il est jeune; il parait ho- « mogène. Ce n'est là qu'une apparence. Car en réalité il n'est jamais ho- « mogène; il renferme toujours un appareil filamenteux, plongé dans un » plasma et logé dans une coque mince «. Nous nous trouvons ici en présence d'un cas absolument analogue. Asse^ souvent, il est impossible de rien distinguer dans les masses unifor- mément teintées de noir qui constituent les blocs, mais d'autres fois, et ce cas n'est pas rare, surtout quand la préparation est bien fixée et bien colo- rée, on voit que la masse noire est structurée. On y remarque des parties filamenteuses tranchant en noir sur le fond sombre du bloc, fig. 26. Il est évident que ce sont ces détails qui apparaissent d'une façon plus claire lors de la résolution qui précède immédiatement la formation du peloton. Une autre question qui ne manque pas d'intérêt est celle de savoir si chaque bloc ne renferme qu'un seul filament. Nous pensons qu'f/7 général r appareil filamenteux de chaque bloc est unique, comme c'est le cas pour les nucléoles des œufs, mais il y a certainement des exceptions à cette règle. Ces exceptions ne gênent nullement notre interprétation. Elles cor- respondent aux cas, dont il a déjà été question, où les blocs ont quatre ou un plus grand nombre de filaments d'union avec leurs voisins. ■ § 2. Description des télophascs. Pour pouvoir interpréter complètement ces cas nous devons quelque peu intervertir l'ordre des faits et décrire avant tout les télophases de la division dans les spermatogonies. Le stade des couronnes polaires est suivi 58 F. A. JANSSENS par le stade de double peloton. Cependant, on peut se demander si le peloton se reforme à ce moment et comment il se reforme. Cette question n'a, à notre connaissance, jamais été nettement tranchée. Beaucoup d'au- teurs ont émis l'opinion que les chromosomes se resoudent à leurs bouts libres. MoGRE, 1893, entre autres, donne dans sa fig. 24 un diagramme de la reconstruction du filament nucléinien. Il ne dit presque rien de cette figure et nous la croyons cependant importante, parce qu'elle représente assez bien ce qui se fait en réalité. A priori, une telle interprétation devait d'ailleurs sembler probable, parce que les bouts libres des chromosomes sont presque en contact. Nous avons été assez heureux pour trouver certains cas où cette soudure était patente, fig. 80. Les deux extrémités libres des chromosomes aboutissent à la membrane de nouvelle formation et on voit entr'eux un filament très fin les réunissant, fig. 80, d et ci''. Parfois, les bouts libres de deux 'V se recourbent quelque peu comme cela se voit dans la fig. 80, d" . On voit que la soudure peut se faire alors sur une plus grande longueur. On conçoit aisément que deux de ces couples peuvent se trouver accidentelle- ment à des endroits très rapprochés, de manière qu'ils se soudent par leurs bouts. Nous avons vu de ces cas dans des noyaux cjui se présentaient obli- quement et que l'on voyait du côté de la plaque cellulaire ou ^ Zvvischen- kôrper -. Ces figures sont alors très compliquées et nous avons dû renoncer à en faire un dessin quelque peu naturel On comprend maintenant quelle est l'origine des blocs à quatre fila- ments réunissants. Ils proviennent de la soudure en une seule masse de deux de ces couples. Lors de la résolution, il apparaîtra dans ces blocs deux filaments indépendants, comme on devait s'y attendre. C'est aussi aux tclophases que l'on voit ap;)araitre la première indica- tion de la structure filamenteuse des futurs blocs nucléiniens. Reinke, 1'S94, a, croyons-nous, observé ces figures, mais ne les a pas interprétées comme nous. Dans la fig. 1 1, il croit avoir devant les yeux la première indication de la division longitudinale des chromosomes. Celle-ci se poursuivrait ensuite à travers toute l'évolution du noyau pour enfin s'achever à l'équateur de la cinèse suivante. Nous ne pouvons nous ranger à l'avis de Reinke. 1" A cause de la similitude si grande qui existe entre les filaments que l'on voit se former dans les chromosomes aux télophases et ceux qui se forment dans les blocs avant la formation du peloton, fig. 80, 67. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 59 2° Parce que la division longitudinale n'apparaît pour la première fois que quand les chromosomes sont en pleine métaphase, fig. 78. On n"en voit rien dans un stade immédiatement antérieur, fig. 70, 71. A la couronne équatoriale, nous avons vu quelquefois les granules de Pfitzner encore indivis, fig. 68. 3° Parce que la figure de ces filaments démontre qu'il ne peut s'agir ici d'une division longitudinale. Le filament qui apparaît dans le chromosome est appliqué contre la partie interne de la membrane du boyau nucléinien, fig. 80, a. Il y décrit des spirales tantôt droites, tantôt gauches, et parfois il suit une ligne paral- lèle à la direction du chromosome. On le voit aller de côté et d'autre, il prend la forme de L, de Z et de S, toutes choses qui sont incompatibles avec l'hypothèse d'une division longitudinale. Il se produit dans les tclophases un fait qui est de nature à nous don- ner la clef de bien des phénomènes qu'on observe dans l'élément nucléinien. Les V des couronnes polaires semblent interrompus à certains endroits, p. e. en b, fig. 80. Il est cependant évident que les deux blocs b' et b" ap- partiennent à un même chromosome. En a, l'interruption existe, mais n'est pas aussi complète. On y voit encore, quoique très faiblement, la mem- brane très mince qui constitue la gaine de plastine du boyau nucléinien. Pour nous rendre compte de tels phénomènes, nous devons nous dire qu'il y a certainement dans les cellules des détails qui n'apparaissent pas et qui cependant existent. Pour qu'un élément cellulaire apparaisse, il faut i" qu'il ait des dimensions qui ne descendent pas en dessous de la limite de la visi- bilité; 2° s'il a des dimensions convenables, il devra être constitué ou bien par une substance qui prend les matières colorantec que la technique ac- tuelle met à notre disposition, ou bien avoir un indice de réfraction sensi- blement différent du milieu dans lequel il se trouve. Supposons que la gaine du boyau nucléinien ne remplisse pas ces conditions, nous ne la ver- rons que quand elle renfermera une substance chromatophile et seulement aux endroits où cette substance sera présente. Nous sommes persuadé qu'à des endroits comme b et c, fig. 80, l'une de ces conditions ne se trouve pas remplie et nous ne serions pas étonné si c'était la première. Cette membrane doit en effet être d'une finesse extrême. Les fig. 70 et 71, qui montrent des chromosomes à la couronne équatoriale, s'interpréteraient très simplement, si on supposait que les interruptions des chromosomes ne sont qu'apparentes et que leur gaine existe, mais est invisible. 6o F- A. JANSSENS Aux endroits où le boyau nucléinien est vide, il a une tendance à s'affaisser sur lui-même. Mais dès ce moment, sa membrane devient plus grosse et dès lors aussi elle devient visible. Ce fait se présente à des télo- phases plus avancées et il explique des images comme celle de la fig. 81, où cette gaîne affaissée apparaît en y et y', tandis qu'en -, où évidemment elle existe, on n'en voit pas de traces. § 3. Origine du peloton. Reprenons maintenant l'étude de la formation du peloton dans les spermatogonies. Des blocs comme a, fig. 67, B, pourraient faire croire à une division longitudinale ou à une réapparition d'une telle division qui, d'après les idées de Reinke, se serait déjà montrée aux télophases de la division précédente. Mais quand on voit des commencements de résolutions comme celles de c et Z' de la même figure et qu'on les compare aux endroits désignés par les mêmes lettres dans la cellule C de la même figure, cette interprétation ne peut plus se soutenir. Comme nous le verrons d'ailleurs, la véritable divi- sion longitudinale est très tardive ici. Un seul bloc donne naissance, comme on le voit, à un filament beau- coup plus long que la partie du double peloton dont il dérive. En comparant même la fig. 80 à la fig. 67, on est forcé d'admettre que le filament qui apparaît déjà aux télophases est sensiblement plus court que celui qui sort du bloc aux stades précurseurs du peloton. Le filament nucléinien s'est nourri pendant tout le stade qui sépare les couronnes polaires d'une division et le stade peloton de la division suivante et on peut affirmer qu'il a pour le moins doublé sa masse. Cette conclusion se dégageait déjà à priori des descriptions des divisions somatiques. Nous en trouvons ici une démonstration très convaincante àla fois et très élégante. Dans la fig. 67, C, on poursuit si loin un même filament que nous osons dire, sans crainte de nous tromper, qu'il est unique et continu. Cette conclusion est admise par Montgommerv, 1900, et beaucoup d'autres, sur des préparations bien moins démonstratives. Ce fait tend encore une fois à faire admettre qu'à l'état de repos, fig. 25 26, 64, 81, 68, A, les unions entre les blocs représentent des parties de l'élément nucléinien et que dans cet état cet élément est aussi continu et unique. Il est en effet bien difficile de comprendre comment ce filament unique pourrait apparaître LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 6l tout à coup s'il ne préexistait pas, comment, en d'autres mots, les bouts des filaments résultant de la résolution des blocs de la fig. 27 pourraient se mettre bout à bout pour constituer la fig. 67, C. La partie de l'élément nucléinien qui n'apparaît pas est très probable- ment, comme nous l'avons déjà dit, la gaine du boyau aux endroits où celui-ci ne renferme pas de nucléine, fig. 80, a, b et c. Dans la fig. 67, B, on voit de ci et de là apparaître entre les blocs des filaments d'abord très peu colorés. Ces filaments décrivent des zig-zag analogues à ceux qui apparaissent dans les blocs. Nous ne pouvons expliquer ce fait qu'en disant que le filament de nouvelle formation prend naissance aux télo- phases tout le long de l'élém.ent nucléinien, mais qu'il n'apparaît d'une façon visible que là où il renferme de la nucléine ou au moins une sub- stance sidérophile, fig. 81, c. En tous cas, à un certain stade de la résolution des blocs précédant la formation du peloton lâche, réU-'iucut nucléinicu de Li dernière division reparait. A certains endroits, il est presque continu, fig. 67, B, .v, ^, y, puis il disparaît pour toujours. § 4. Fonuatioii des cliromosoines. Le filament, fig. 67, C, ne garde pas longtemps les dimensions qu'il possède à ce moment. Il se raccourcit, cela ne souffre pas de doute. En même temps, les enroulements et les plissements en zigzag se perdent gra- duellement, fig. 48. A certains endroits cependant, ces enroulements per- sistent plus longtemps. Le filament nucléinien y forme une double boucle, fig. 48, a, 49, a. Si nous étudions ces endroits avec soin, surtout si nous les poursuivons à travers tous les changements que subit l'élément nucléinien pendant ce stade préparatoire à la formation des bâtonnets, nous vo3^ons que c'est à ces endroits que les chromosomes futurs se termineront. Avec quelque peu d'habitude d'ailleurs, on peut retrouver ces figures à un stade antérieur, FIG. 67, c, a et c. Dans la cellule représentée par la fig. 49, nous trouvons divers stades intermédiaires qui précèdent immédiatement l'individualisation des chro- mosomes. En <7, la double boucle est encore bien nette; en/', on voit un filament d'union déjà plus pâle associer deux bouts plus ou moins renflés de l'élément nucléinien. En c et c , l'union des mêmes tronçons est encore à peine visible. 62 F. A, JANSSENS Si nous considérons à présent un stade plus avancé encore, fig. 50, nous retrouvons dans cette cellule, quoique avec peine, les filaments d'union des chromosomes. En a, il est encore bien évident. En b, on le soupçonne encore. En c, les bouts des chromosomes sont rapprochés comme en a et /', mais on ne voit plus trace d'union. La fig. 69 nous montre deux bouts de chromosomes aux mêmes stades. MoNTGOMERY, iQoo, a insisté beaucoup sur des filaments d'union ana- logues, p. 290. Il les poursuit à des stades plus avancés cjue nous ne sommes parvenu à le faire (sa fig. 14) et même jusqu'à la couronne équatoriale (stade monaster), fig. 21. Cet auteur base sur ces observations une théorie très intéressante et très captivante tendant à faire admettre que l'élément nucléinien entier persiste à travers toutes les divisions somatiques. Voici d'ailleurs une phrase de l'auteur qui résume très bien sa pensée. « Le tout, r, le spirème de linine, avec la chromatinc arrangée sur son filament ou à r< son intérieur, doit être considéré comme un élément du no3-au unique v et distinct Il faut lui donner le nom de - nuclear élément - (i). r' C'est là une individualité de premier ordre. Les chromosomes doivent « être considérés comme des individualités de second ordre, d'un ordre n moins élevé «. Cette idée nous paraît très féconde et elle rentre absolument dans notre manière d'expliquer la permanence de l'élément nucléinien. Malheureuse- ment, nous ne pouvons pas fournir de faits positifs à son appui. En effet, il nous est impossible, une fois le stade de la fig. 50 passé, de retrouver les filaments d'union dont parle Montgomery. Il arrive même qu'à la couronne équatoriale certains bâtonnets ont leurs extrémités si éloignées de tout autre chromosome qu'on se figure diffi- cilement comment et où pourrait bien se trouver un semblable filament. D'autres fois, au contraire, les extrémités des chromosomes sont assez rapprochées et on pourrait assez facilement se figurer un filament qui établi- rait une continuité entre les divers bâtonnets. Les lignes pointillées de la fig. 78 représentent cette reconstruction (1) Nous sommes heureux de constater que le nom choisi par Montgomery est cehii que Carnoy employait depuis 18S4. Pour lui aussi, l'élément nucléinien était un élément qui garde son autonomie. Il a soutenu cette manière de voir contre Flemming qui admet la formation d'un réseau chromatique dans le noj-au. Nous nous étonnons que Montgomery, qui a si bien compris l'indi- vidualité de l'élément nucléinien et qui l'a même menée plus loin que Carnoy, admette encore maigre cela la formation d'un réseau de chromatine II y a là quelque chose qui choque dans l'ensemble de sa théorie. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 63 idéale sur une couronne équatoriale avancée. Nous disons expressément que nous n'avons jamais ru des filaments d'union à ces stades et cela mal- gré les recherches les plus minutieuses. Ce qui donne certainement de la probabilité à l'interprétation de MoNTGOMERY, c'cst l'apparitiou des filaments d'union aux télophases avan- cées, FiG. 80, ci, d' et d". Ces filaments tout en existant réellement n'appa- raissentils pas pour des raisons sur lesquelles nous avons déjà souvent insisté, quoiqu'ils existent en réalité? Nous posons la question, mais nous ne prétendons pas la résoudre. § 5. Ascensions polaires et derniers stades de la division. La dii'ision longitudinale des bâtonnets est très tardive dans les sper- matogonies des tritons. Les bâtonnets sont déjà très bien individualisés alors qu'on n'y voit pas encore la moindre trace de division, fig. 54, 70, 71, 73, 74. Les chromosomes se trouvent déjà bien régulièrement à la couronne équa- toriale, FIG. 54, alors qu'il n'existe pas la moindre trace de division longitudi- nale. A un stade voisin de celui de la fig. 54, il nous a même été donné de voir encore les disques de nucléine de Carnoy ou granules de Pfitzner, avec leurs chromioles, parfaitement indivis, fig. 68. On croirait parfois avoir affaire à une division transversale. Il arrive que cette dernière est très évidente, fig. 70, 71. S'agit-il là d'un éloignement un peu exagéré de deux disques qui se suivent? Tel parait bien être le cas dans les fig. 2-i, 'j6, de Atkinson, 1899, prises dans les cinèses de réduction du Trillium grandijlorum. Nous ne croyons pas qu'il faille faire grand cas de tels aspects. Nous n'avons qu'à renvoyer aux figures des auteurs et aux nôtres pour compléter le cycle de la division depuis la couronne équatoriale avancée, fig. 54, par l'ascension polaire, fig. 75, jusqu'aux couronnes polaires, fig. 76, pour aboutir enfin aux télophases avancées des fig. 79, 80, dont nous avons déjà parlé. Une dernière question se pose maintenant : c'est celle de la perma- nence des chromosomes. Déjà Rabl et après lui Boveri ont émis l'opinion cjue les chromosomes se maintiennent individuels à travers toutes les divisions. S'il s'agit là d'une individualité absolue, nous ne croyons pas qu'on puisse admettre cette théorie. Nous sommes en effet persuadé de l'existence 64 F- A. JANSSENS d'un stade peloton à filament unique. Mais s'il s'agit d'admettre, avec MoNTGOMERY lui-méme, une permanence telle que les chromosomes s'individualisent toujours aux mêmes endroits, nous sommes porté à l'admettre. En effet, dans les spermatogonies à noyaux ronds ou peu bosselés, on retrouve souvent les V des couronnes polaires, fig. 25, 81, 82. La cellule, FIG.25, et d'autres analogues nous avaient fait croire un moment que chaque bloc représentait un des chromosomes. Il n'en peut être ainsi cependant, puisque ces blocs sont parfois en nombre dépassant de beaucoup 24 et pou- vant aller jusqu'à 38 et plus. La dernière division des spermatogonies est en tout semblable aux autres. Nous ne pouvons pas admettre avec Montgomery que ce serait aux anaphases de cette division que se ferait la réduction en nombre. Nous ne pouvons donc souscrire à son explication de ce phénomène. DEUXIEME PARTIE. Les cinèses sexuelles. Terminologie. Immédiatement après la dernière division des spermatogonies, les cel- lules rentrent à l'état de repos. Pendant ce temps, il se produit dans le noyau et le protoplasme de ces cellules des changements remarquables et qui n'ont pas été, nous semblet-il, suffisamment étudiés. Ces cellules aug- mentent en volume pendant ce temps et c'est pour cette raison que Bolles Lee, 1897, leur a donné le nom d'auxocytes. Nous trouvons ce nom bien choisi et nous nous en servirons. Ces cellules subiront ensuite deux divisions, qui se suivent rapidement. Ces cinèses sont caractéristiques des cellules sexuelles mâles et femelles dans les deux règnes. C'est pour cette raison que nous préférons les appeler divisions sexuelles. Ces deux divisions, qui se suivent si rapidement que tous les phéno- mènes cinétiques s'y compénètrent, ont été dénommées d'appellations très diverses. Carnoy et Lebrun, 1899 (p. 375), ont proposé le nom de - cinèses sexuelles - ou - cinèses quaternes -. Nous trouvons, avec ces auteurs, que les noms donnés par Meves, 1897, à ces divisions (hétérotypiques et homœo- typiques) prêtent à confusion, parce qu'ils ont été d'abord employés par Flemming, 1887, pour désigner de simples variantes de la division soma- tique. MooRE, 1895, a de plus donné le nom d'hétérotypie aux deux cinèses sexuelles. Il vaut donc mieux abandonner une dénomination, dont le sens n'a jamais été bien précis et qui a été appliquée à des objets si différents. 66 F- A. JANSSENS Les auxocytes s'appellent aussi spermatocytes de premier ordre. Après la première cinèse sexuelle, les cellules prennent le nom de spermatocytes de deuxième ordre. Ces noms sont maintenant employés par tout le monde et nous trou- vons qu'il n'y a pas de raison pour les abandonner. Nous dirons donc auxocytes ou spermatocytes de premier ordre et sper- matocytes de second ordre. Chapitre I. Auxocytes ou spermatocytes de premier ordre. Après les télophases de la dernière cinèse des spermatogonies, il s'ouvre pour les éléments sexuels une période de vie nouvelle. Ces cellules ont à peine repris leur stade repos (qui ne diffère du reste que fort peu du stade repos d'une spermatogonie ordinaire), fig. 1, qu'une série de nouveaux phé- nomènes commence à se dérouler. § 1 . Stade du syiiapsis. Peu de temps après la reconstitution du no3'au, celui-ci est envahi par une substance sidérophile diffuse et qui est, peut-on dire, en solution dans l'enchylème du caryoplasme. Cette substance masque considérablement la structure du no3'au. Aussi, ce voile noir cachet-il, en partie du moins, les phénomènes qui s'y passent à ce moment. Nous représentons, fig. 2, une cellule arrivée à ce stade. Elle a été fixée à la liqueur de Gilson et colorée très soigneusement à la laque de Heidenhain. Nous sommes ici, à n'en pas douter, en présence de cellules qui entrent dans le stade si discuté du synapsis. Comme on le voit, toute la substance nucléaire s'est coagulée en une masse noire rejetée d'un côté du noyau ; de cette masse sortent quelques filaments qui vont se mettre en rapport avec la membrane du noyau. Moore a vu ce stade dans les élas- mobranches. Ses figures sont très analogues à celles que nous voyons ici. Il constate qu'après l'action de l'acide osmique la contraction est moins forte. Miss Sargant, i8q7, dit qu'elle l'a observé sur le vivant dans les lis. Beaucoup d'auteurs, d'ailleurs, parlent de ce stade tant dans les végétaux que dans les animaux. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 67 Ni Flemming, ni Hermann, ni vom Rath, ni Meves, ni Druener, ni Reinke, ni EiSEN, ne représentent ce stade dans les batraciens, ni n'en parlent dans leurs mémoires. Réduction en nombre. Nous croyons cependant qu'il a une importance capitale et que toute contribution consciencieuse à l'étude des laits qui s'y passent est digne de l'attention du biologiste. En effet, c'est certainement à ce moment que se produit dans les auxocytes ce phénomène, jusqu'à présent inexpliqué, de la réduction du nombre des chromosomes. C'est même ce fait que Mogre a qualifié de synapsis. Toutes les théories qu'on a émises pour expliquer ce phénomène ren- contrent dans nos préparations des objections si graves que nous pouvons dire que nous ignorons jusqu'à présent la cause de la réduction du nombre des chromosomes. L'idée ihéorique qui se heurte le moins aux faits est celle qui dit que les chromosomes des auxocytes représeiitent deux chromosomes des sperma- togonies réunis bout à bout, non pas cependant de manière à se séparer lors de la deuxième cinèse sexuelle, comme le prétendaient déjà vom Rath, Haecker et RuECKERT, mais d'une manièix' pennanoite. Les deux cinèses sexuelles seront ensuite des cinèses ordinaires, dont les divers stades se compénètrent, parce qu'elles se suivent très rapidement. Nous ne croyons pas qu'on en sache davantage et tout ce que l'on a dit pour expliquer autrement les choses est au moins hasardé comme expli- cation particulière et incontestablement faux comme interprétation générale des cinèse sexuelles. Nous avons éprouvé comme Moore que les solutions osmiquées con- servent le mieux la structure très délicate du noyau au stade synapsis. Quand on observe les objets qui ont été fixés aux solutions de Flemming et surtout de Hermann, on constate que plus on s'approche des bords de la prépara- tion, moins la masse nucléaire est séparée de la membrane du noyau. En mènie temps, la structure interne du no3'au devient d'autant plus évidente que la membrane est en contact plus intime avec son contenu. Il paraît donc évident qu'on doit s'adresser à ces cellules qui sont bien conservées à ce point de vue pour chercher la clef des phénomènes qui s'y passent. Il parait aussi démontré par cette observation, qu'où moins pour les urodèles, on ne peut pas admettre que la rétraction et le refoulement du contenu du 68 F- A. JANSSENS noyau soit un phénomène naturel. Nous croyons d'autre part qu'à ce stade les noyaux sont très sensibles aux réactifs et que ce phénomène de rétrac- tion, qui se produit jusqu'à un certain point dans tout noyau dont la fixation n'est pas parfaite, se produit ici beaucoup plus facilement. Peut-être cette contraction peut-elle se produire sur le vivant, sous l'influence de certaines causes extérieures. Nous nous demandons si on ne doit pas attribuer cette rétraction si facile à la présence de la nucléine ou de la substance sidéro- phile diffuse, qui remplit l'enchylème du caryoplasme des auxocytes jeunes. La fixation, surtout par les réactifs à base de sublimé et d'alcool, étant une sorte de coagulation, doit aller de pair avec une rétraction de toute la masse interne du noyau. Fidèle au principe que nous avons énoncé dans nos méthodes, nous ne décrirons donc les phénomènes que d'après des cellules où les membranes cellulaires et nucléaires apparaissent bien nettement et où toutes les parties cellulaires sont en contact intime entre elles et avec les cellules voisines. Nous admettons volontiers que de telles préparations sont rares, mais elles existent et sont extrêmement instructives. La première transformation qu'on observe dans les auxocytes est ana- logue à celle qui annonce le commencement de la division dans les sper- matogonies. Elle est antérieure à l'étape de la fig. 2 et consiste en une résolution des blocs de nucléine. Nous n'avons pas figuré de tels noyaux en vue d'ensemble. Cette réso- lution est plus difficile à voir ici à cause du voile noir dont nous avons parlé. Cependant, quand les coupes sont suffisamment fines, elle est, à cer- tains endroits, aussi claire que dans le cas des spermatogonies, fig. 28. Mais cette résolution est plus complexe, fig. 29. Sur le fond toujours plus ou moins coloré de la préparation, il est difficile de retrouver la limite des blocs primitifs. L'impression qu'on subit en examinant ces préparations est que la nucléine est entrée en partie en solution dans toute la masse nucléaire et qu'il s'élabore un nouvel élément nucléinien. Nous ne pouvons pas admettre que ce nouvel élément n'est pas en relation d'origine avec l'ancien par l'intermédiaire des blocs, mais nous devons avouer que nous ne pouvons imaginer quel est le rapport qui les unit. Ce qui est certain, c'est que dans la fig. 31 qui sort de ce chaos, on commence déjà à entrevoir un stade peloton dont certaines parties sont évi- dentes. Cette figure correspond au stade de la fig. 2, quon retrouve à ce niveau plus profondément dans le tissu. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 69 Déjà à ce stade si peu avancé, certains filaments montrent une division longitudinale, fig. 31, a. On peut retrouver le filament du peloton dans les synapsis moins bien fixés, FIG. 2. Remarquons surtout ici un détail, qui a été signalé depuis longtemps dans les cellules-mères des grains de pollen, les homologues des auxocytes quant aux phénomènes cinétiques. Quelques filaments sortent du magma, vont s'attacher à la membrane nucléaire, reviennent sur eux-mêmes et rentrent dans la masse. Dixon, 1895-1896, avait tiré de ce fait l'argument fondamental en faveur de sa théorie sur les cinèses polliniques dans les liliacées. D'après lui, chaque chromosome qui se dégage du stade peloton est composé d'un filament replié sur lui même et dont les deux parties sont enroulées Tune autour de l'autre. La division longitudinale apparente d'un chromosome n'est donc qu'une illusion. Les deux moitiés sont, en effet, deux parties différentes du peloton; les granules de ces filaments appartiennent en somme à des chromosomes différents. Les vues de Dixon ont été reprises en partie dans un travail récent de von Winiwarter, 1900. Cette manière d'interpréter la première partie du phénomène conduit dans ce dernier travail à une explication très obvie de la réduction du nombre des bâtonnets et de la compénétration des deux divisions sexuelles. Ce serait cependant, nous semble-t-il, manquer de logique que de dire avec von Winiwarter, 1900, " que la formation du grumeau des noyaux V synaptènes est inutile, s'il s'agit, d'une simple division longitudinale des » filaments chromatiques. 1 Cette concentration, si tant est qu elle soit naturelle, peut avoir d'autres raisons d'être, que 7?oî/s entrevoyons dans un remaniement complet de l'élé- ment nucléinien ou au moins de sa nucléine, qui semble se dissoudre, et dans la formation d'un filament nouveau, au moins dans sa structure intime. Nous croyons d'ailleurs que la théorie de Dixon ne peut s'accorder avec les faits que nous avons observés et que nous allons décrire. Dans la fig. 2, on voit, il est vrai, certains filaments, a, qui sortent de la masse nucléaire et y rentrent en suivant une ligne très rapprochée et sensiblement parallèle à la ligne de sortie; mais on voit d'autres filaments qui rentrent dans la masse à un endroit très distant de celui où ils en sont sortis. Il nous parait absolument inadmissible que de tels filaments s'accol- leraient dans la suite. Dans des noyaux où la contraction a été moins violente, ces filaments 70 F. A. JANSSENS décrivent d'ailleurs une ligne courbe, comme cela est déjà le cas pour le filament b de la fig. 2. Ces filaments ont l'air d'autant plus tendus que la masse centrale a subi une contraction plus forte. D'après nous, ce sont là des filaments du peloton de la fig. 31 qui, au moment de la fixation, étaient soudés en un point à la membrane nucléaire. Au moment de la contraction, toute la masse qui n'était pas en contact avec la membrane du no3'au s'est contractée. Les seuls filaments soudés à cette membrane sont restés en arrière et ont donc été violemment retirés du peloton très dense du noyau. De plus, comme nous l'avons déjà dit, le filament du peloton montre déjà à ce stade une division longitudinale évidente à certains endroits, a, FIG. 31. Nous verrons dans la suite que c'est bien cette division que l'on peut poursuivre à travers toutes les transformations que subiront les auxo- cytes et qui s'achève à leur couronne équatoriale. Dans les urodèles, cette soudure du filament nucléinien à la membrane du noyau ne se produit jamais qu'à un point de cette dernière. Dans les mammifères, le filament s'attache, dirait-on, sur une plus grande longueur, comme cela est visible dans la fig. 27 (surtout en haut et à gauche) du travail de von Winiwarter. Quand la figure est un peu plus avancée, on peut suivre le filament sur un trajet relativement long et on a devant les yeux un stade peloton extrê- mement complexe et à filaments très granuleux. Ce stade ne se trouve pas figuré dans notre travail. Il est quelque peu postérieur à celui qui a donné la FIG, 2. Jusqu'à ce moment donc, les traits les plus caractéristiques des auxo- cytes peuvent se résumer comme il suit : 1" L'enchylème du caryoplasmese remplit d'unesubstancesidérophile. 2° Les blocs de nucléine se résolvent et donnent naissance à un pelo- ton très dense. 3° La masse interne du noyau a une tendance à se ramasser au milieu du noyau sous une forme qui rappelle le synapsis de Moore. 4° On voit dans les filaments du peloton la première indication d'une division longitudinale. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 71 § 2. Stade du bouquet. Ce nom a été donné par Eisen, 1900, à une étape de l'évolution des auxocytes. qu'il a rencontrée dans le Datracoscps. On verra que notre inter- prétation de cette étape diffère complètement de celle donnée par le savant américain. Malgré cela, nous désirons conserver le nom, et cela pour deux raisons. D'abord, nous désirons le moins possible encombrer le dictionnaire scientifique de néologismes et ensuite le nom fait image et représente assez bien le stade qu'il désigne et dont nous abordons maintenant la description. A. DÉVELOPPEMENT DE CE STADE. Dès que le peloton apparaît d'une façon quelque peu évidente, il subit dans les auxocytes une modification caractéristique qui ressemble à une sorte de peignage. On dirait qu'une force, dont il nous a été im- possible de découvrir la cause matérielle, attire successivement vers un pôle du noyau un certain nombre d'anses du peloton. Ce phénomène commence déjà à se manifester dans la cellule de la fig. 31. Trois anses sont déjà nettement ramenées contre la membrane nucléaire. Ce peignage se produit toujours vers le coté de la cellule où le proto- plasme est le plus abondant. Parfois, on trouve dans ce protoplasme un certain nombre de granules. Ils sont parfois au nombre de deux et sont géminés. D'autres fois, ils sont en plus grand nombre et très souvent il n'y en a pas du tout, fig. 30. Il arrive que ces granules se trouvent à peu près au pôle du noyau, comme cela est le cas dans la fig. 31. D'autres fois, ils se trouvent assez loin de ce pôle. Nous ferons valoir p'us tard avec plus de détails les raisons que nous avons pour affirmer qu'il ne peut s'agir ici, au moins eu général, des corpuscules centraux. L'étrillement du peloton se poursuit lentement, tandis que le noyau et toute la cellule gagnent en volume. Nous en arrivons ainsi à des cellules analogues à celle de la fig. 30. On y voit des anses en nombre beaucoup plus considérable ramenées vers le pôle du noyau. On observe déjà beau- coup mieux dans cette cellule la division longitudinale du filament nucléi- nien. On voit très bien sur cette figure comment les anses sont ramenées de la profondeur du noyau vers le pôle, à gauche de la figure. A mesure que ce phénomène progresse, le pôle du noyau s'éclaircit, le côté opposé au pôle restant toujours beaucoup plus sombre. On en arrive ainsi graduellement au stade du bouquet bien développé qui est représenté dans la fig. 32. Déjà à ce stade, on pourrait croire que les 72 F. A. JANSSENS anses sont coupées au pôle. 11 n'en est rien cependant. Un examen minu- tieux fait découvrir dans tous les cas qu'il y a encore continuité du filament total. La FiG. 35, qui représente un détail d'une telle image, montre l'ex- trémité de quelques anses aux environs du pôle du noyau. Une anse, plus courte que les autres, y est entièrement visible. Nous appelons en passant l'attention du lecteur sur la différence énorme qui existe entre les anses à ce stade. Celle qui est représentée en entier dans la FIG. 35 est extraordinairement réduite. D'autres prennent tout le pour- tour du noyau et souvent même s'incurvent latéralement pour pouvoir se loger dans des limites trop étroites pour elles. Nous retrouverons cette différence remarquable entre les bâtonnets dans toute la suite du développe- ment. Nous avons remarqué le même fait dans les spermatogonies, fig. 53. Pendant tout le stade du bouquet, les anses restent en continuité par leurs extrémités et même après, au stade du peloton lâche, la division en chromosomes n'a pas encore eu lieu. Plus on avance dans l'élaboration du stade du bouquet, plus le noyau se dégage. En même temps, les anses grossissent. Il s'agit-là, pensons-nous, d'un phénomène de nutrition et de remaniement de la nuclcine du noyau. Enfin, nous arrivons au stade du bouquet parfait (]ui est représenté dans la fig. 55. On y poursuit les anses sur toute leur longueur depuis leur départ du pôle, par leur incurvation, jusqu'au retour au même pôle. Ces anses sont libres sur toute leur longueur et indépendantes les unes des autres, sauf au pôle du noyau où elles se tiennent par leurs bouts. Il arrive même qu'à un grossissement faible on les croirait complète- ment sectionnées, fig. 34. A un grossissement plus fort, on reconnaît toujours cependant que le peloton est resté continu. Ce qui distingue le plus à ce stade du développement les auxocytes des spermatogonies, c'est ce fait que dans les spermatogonies les anses tournent la courbure de leur U du côté du pôle du noyau, fig. 30, tandis que dans les auxocytes c'est par leurs bouts ouverts que les U regardent le pôle, FIG. 55. MoNTGOMERY, 1 Qoo (p. 333), a constaté le même fait dans le Peripatus. Le développement complet de ce stade doit certainement prendre un temps considérable. Nous avons en ce moment devant les yeux une coupe de { mm. sur 2 mm. de surface, où on ne trouve que des auxocytes à divers stades du bouquet. A une extrémité de la coupe, on trouve quelques cystes avec des cinèses de spermatocytes de premier et de second ordre. Presque tout le testicule qui a donné cette coupe montrait la même structure. LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ LES TRITONS 73 B. DIVISION LONGITUDINALE. La division longitudinale du filament nucléinien apparaît de très bonne heure, comme nous l'avons vu dans le paragraphe précédent. Dès qu'un filament bien net sort du magma du stade synapsis, il peut déjà se montrer divisé. Cette division commence par le clivage des granules de Pfitzner qui, à ce moment, sont extrêmement petits et semblent presque toujours simples, c'est-à-dire non composés d'éléments plus réduits ou chromioles. Cette division initiale se maintient à travers tout le développement du stade du bouquet. Quelques granules plus gros restent en retard. C'est ainsi que dans la petite anse de la fig. 35 on remarque un granule qui n'a pas encore subi de division. Les granules de Pfitzner sont très différents de volume dans tous les urodèles que nous avons eus sous les 3'eux. Certains d'entre eux sont des chromioles de Eisen. D'autres sont composés d'un certain nombre très variable de chromioles, parfois il y en a quatre, parfois six. D'autres enfin sont beaucoup plus grands et il est impossible de les résoudre, même sur les meilleures préparations et avec les meilleurs instruments d'optique. Il 3' a plus. Il s'en faut que la division d'un granule soit toujours régu- lière. Généralement, quand on trouve une petite masse de nucléine d'un côté du filament, il en existe une autre de forme symétrique de l'autre côté. Parfois cependant, cette symétrie, par rapport à une ligne idéale qui pas- serait au milieu de l'élément nucléinien, n'est pas aussi parfaite que la théorie le voudrait. Il arrive qu'on trouve une masse assez développée d'un côté et que de l'autre côté on trouve deux masses plus petites. Ces irrégu- larités tiennent le plus souvent à la courbure du filament nucléinien. La division s'accentue à mesure que la figure se développe. Le bo3-au qui contient les plaques de nucléine est d'abord lui-même très sidérophile. A mesure cependant que le noyau s'éclaircit et que les granules grossissent, le filament lui-même devient plus clair, jusqu'à ce que, à un stade très avancé, au stade du bouquet parfait, il se clive totalement sur la majeure partie de sa longueur, fig. 4, à droite et en bas. Certains granules, parmi les plus gros, ne se divisent que fort tardive- ment. A ces endroits donc, le filament nucléinien reste longtemps indivis, fig. 4, même place. Cette remarque a son importance, comme nous le ver- rons quand il s'agira du stade du peloton lâche. 74 F- A. JANSSENS ' C. NOMBRE DES ANSES. Il se présente maintenant une question qui a une grande importance pour l'intelligence des phénomènes préparatoires de la formation des chro- mosomes, c'est la question du nombre des anses qui constituent le stade du bouquet parfait. Il est presque impossible de se faire une idée de ce nombre par l'exa- men latéral du bouquet, tel qu'il se présente dans les fig. 4, 32, 55. Les filaments, très rapprochés et parallèles, se projettent l'un sur l'autre et on ne peut les compter avec certitude. De plus, ils n'aboutissent pas tous exactement au pôle, comme on le voit très bien dans la fig. 55. Il vaut mieux s'adresser pour cette numération à des cellules qui tournent leur pôle vers l'observateur. Dans ce cas, en installant le plan de la vue nette à l'endroit d'un grand cercle du noyau, on obtient une image comme celle de la fig. 33. Les anses sont coupées transversalement. Chacune de ces coupes est clairement divisée en deux. Nous retrouvons donc dans une telle coupe la section des deux filaments résultant de la division longitudinale du filament primitif. Ces deux filaments sont géné- ralement inclus encore dans le substratum de plastine du boj'au nuclcinien. Dans un grand nombre de numérations, nous relevons surtout les chiffres uS, 22, 24 et 25. Le chiffre 18 est fréquent. Les chiffres dépassant 22 sont rares. Nous trouvons parfois très nettement 24. Parfois aussi, quoique rarement, nous avons le chiffre 25, fig. 33. Dans ce dernier cas, deux de ces filaments ne sont pas divisés en deux et sont très rapprochés; en faisant jouer la vis micrométrique, on les voit se réunir en un filament unique. Dans les cas où on ne trouve que iS petits groupes en même temps dans un no3au, il suffit de faire jouer la vis de manière à s'éloigner du pôle du no3-au pour voir apparaître d'autre filaments. Le plus souvent cependant à ce moment, plusieurs des groupes qui se voyaient d'abord se sont déjà réunis par des filaments traversant le noyau. Dans le cas où 24 filaments doubles sont nettement visibles, le plan de la vision distincte coupe toutes les anses du noyau. Or, comme celles-ci ont deux branches, nous pouvons affirmer sans crainte de nous tromper qiiily a doii^e anses dans les auxocytes au stade du bouquet parfait. Comme nous l'avons dit, ce cas est rare et cette rareté s'explique par ces deux raisons : i" qu'il y a des anses très petites, fig. 35, et 2° que tous les bouts des anses n'aboutissent pas à un plan, mais s'arrêtent à la membrane du noyau à des niveaux très différents, fig. 55. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 75 Il résulte de la description que nous avons faite du stade du bouquet que le filament nucléinien, incurvé en douze anses, ne viendra toucher la membrane du noyau du cùté de son pùle qu'en douze points différents. Dans les noyaux qui sont au stade de la fig. 30, on peut parfois, quoique difficilement, compter les anses de cette manière. Quand ces mêmes noj'aux ont été moins bien respectés lors de la fixation, cette numération est parfois moins difficile, fig. 3. Ce ne sont cependant que les aspects comme ceux de la FIG. 33, qui nous ont pleinement satisfait et ont entraîné notre conviction. Ce n'est pas seulement au pôle que les anses prennent contact et adhé- rence avec la membrane du noyau. Presque toutes sont intimement unies à cette membrane par une de leurs branches au moins, l'autre se trouvant dans la profondeur même du noyau. Ouel(]ues anses sont en contact avec la membrane du noyau sur toute leur longueur. Cest le cas pour quelques- unes des anses de la fig. 55. Discussion de la description de Eisen, 1900. Parmi les auteurs qui ont parlé de la spermatogénèse dans les uro- dèles, il n'y a guère que Eisen qui ait fait allusion au stade que nous venons de décrire. Hermann l'a figuré en 1889, mais ne semble pas avoir attaché d'importance à ce stade. Meves, 1897, n'a qu'une figure du bouquet et il n'en dit presque rien. La description que Eisen, 1900, donne du stade du bouquet est si différente de ce que nous trouvons dans le triton et dans la salamandre, que nous sommes tenté de croire que l'animal que cet auteur a étudié consti- tue un être, auquel il faudrait donner une place toute spéciale dans la classification. Nucléoles. Nous ne trouvons dans tout le développement du stade du bouquet rien qui réponde parfaitement à ce que Eisen appelle les chromoplastes. On trouve des nucléoles plus ou moins intensément colorés. Parfois, ils ne prennent nullement le noir de Heidenhain, fig. 55; d'autres fois, ils se colorent aussi intensément que la nucléine elle-même, fig. 35, en /; ; et on trouve toutes les étapes intermédiaires entre ces deux extrêmes. Nous renvoyons à ce propos aux pages que nous avons écrites concernant les nucléoles dans les cellules-mères primitives. Il y a cependant ici une particularité sur laquelle nous désirons appeler 76 F- A. JANSSENS l'attention du lecteur, parce qu'elle nous fournira peut-être quelques données explicatives sur les figures d'EisEN. On trouve en ii, fig. 31, un nucléole bien noir qui se trouve aux environs immédiats de deux segments du pelo- ton. Il touche à chacun de ces deux segments. La fig. 35 nous montre aussi en 11 deux anses en contact, plus intime cette fois, avec un nucléole sidé- rophile. Dans la fig. 30, en ;/, le contact est devenu si intime que le nu- cléole s'en trouve déformé et presque divisé en deux. Jamais cependant, un tel nucléole ne fait vraiment corps avec les filaments, auxquels il se trouve temporairement réuni. — Nous nous demandons s'il ne s'agit pas de corps semblables dans les fig. lo, 19, 21, 22, 26, etc., de Eisen et que cet auteur considère comme des formations toutes spéciales, qu'il appelle chro- moplastes. Il est possible que ces nucléoles jouent un rùle dans l'arrangement du filament nucléinien, mais nous n'en savons rien. Quant aux « endochromatic granules -, nous pensons que ce sont ou bien des vacuoles de ces nucléoles ou bien, ce qui nous parait plus probable, qu'ils sont le résultat d'une déshydratation imparfaite des préparations. Ce qui nous fait surtout admettre cette dernière manière de voir, c'est la réfrin- gence extraordinaire de la partie centrale de certains nucléoles. Chaque fois que nous avons observé une telle réfringence, nous sommes parvenu à la faire disparaître en soumettant à nouveau la préparation à une déshydrata- tion énergique. Or, Eisen insiste sur la réfringence de ses - endochromatic granules ". Mais on ne peut pas donner à tous les chromoplastes de Eisen une telle interprétation. Aussi croyons-nous que cet auteur a rangé sous une même dénomination des choses très diverses. Qu'on nous permette de dire toute notre pensée. Le chroinoplaste de sa fig. 1 2 est, à notre avis, un magma comme on en trouve souvent dans les tritons au stade du bouquet imparfait, fig. 30 et 32, du côté opposé au pôle du noyau, donc à un endroit où le noyau est encore très chargé de matière sidérophile et où par conséquent toutes les parties organisées du noyau, élément nucléinien, caryoplasme et nucléoles, sont chargées de cette substance. Si le lecteur veut bien se rappeler ce que nous avons dit du chlorure d'iridium comme agent fixateur, ce que nous disons ne lui paraitra pas trop sévère. Les V chromoplastes '- de la fig. 13 de Eisen sont, à notre avis, certains granules de Pfitzner plus épais que les autres. On remarquera que LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 77 plusieurs des chromosomes de cette figure ne montrent pas de trace de ces prétendues formations particulières; d'autres, celui de gauche par exemple, n'ont qu'un chromoplaste; d'autres enfin en ont trois, fig. 15, en bas, à droite. Remarquons en passant qu'aucun des cas que nous signalons ne répond à la théorie de Eisen (voyez les schémas, fig. 121 et 122). La fig. 13 de Eisen répond asse:{ bien au stade du bouquet parfait tel que nous le concevons, mais nous ne la considérons pas comme complète, ni quant au nombre des chromosomes, ni quant à l'avancement de la divi- sion longitudinale. Elle ressemble d'ailleurs à notre fig. 4 qui, elle aussi, est incomplète. Il arrive, quoique ce ne soit pas là un cas général, que vers le milieu des anses on trouve quelques granules de Pfitzner plus grands que les autres, fig. 35. Nous nous sommes parfois demandé si cette partie du chromosome des auxocytes ne représenterait pas l'endroit où se serait faite la soudure de deux chromosomes des spermatogonies. Dans d'autres ani- maux, cette particularité est plus visible. Nous l'avons observée pour notre part dans le testicule de VAslacus Jhiviatilis. Il est possible que dans le Batracoseps, étudié par Eisen, il en soit ainsi, et que Eisen ait nommé du nom de chromoplaste cette partie plus épaisse et plus colorée d'une anse nucléinienne. Dans ce cas, ses - chromoplastes ^ ne se trouveront pas au bout d'un bâtonnet, comme le veut l'auteur américain (p. 68 et explication des figures 25), mais au milieu d'une anse. Il y a enfin une partie de la description de Eisen, à laquelle nous ne pouvons pas souscrire. D'après lui, en eff'et, p. 58, chaque - leader - ou chromosome n'est guère plus long que le diamètre du noyau et il est attaché par un de ses bouts à un ^ chromoplaste -, p. 27, tandis que par l'autre bout il vient se terminer librement du côté du pôle du noyau. Il n'y a donc que douze j' leaders - ou chromosomes, qui viennent du iond du noyau vers son pôle, où ils se terminent librement (figure schématique de la p. 32, fig. 13, 14, 15). Sans oser affirmer que cette conception est fautive, puisque nous n'avons pas eu de testicule de Batracoseps à notre disposition, nous devons affirmer que les choses se passent tout autrement dans les salamandrides. Nous avons vu, en effet, qu'il y a 24 filaments divisés, qui descendent du fond du noyau vers son pôle. Seulement, nous avons fait remarquer que sur une vue latérale il est très difficile de se faire une idée exacte de ce nombre, parce que les bouts libres des anses en U sont encore réunis au 10 78 F. A. JANSSENS pôle. Si ces anses sont parallèles sur une certaine partie de leur trajet, on sera tenté de croire qu'il n'y a que 13 filaments qui arrivent au pôle du noyau. Il serait bien étonnant que dans le même sousordre des salaman- drines, dans deux familles voisines, on trouverait un écart si grand dans une partie importante du phénomène, quand pour tout le reste la ressem- blance est frappante. Pour toutes ces raisons, nous inclinons à croire que l'interprétation de Eisen est fautive. Quant aux figures 25, nous verrons qu'elles s'interprètent facilement. § 3. Stade de la segmentation du peloton en chromosomes. Les phénomènes que nous avons encore à décrire se passent très rapi- dement, surtout en comparaison de ceux qui se produisent durant la période du bouquet. Au stade du bouquet, comme nous l'avons vu, les anses sont réunies entre elles par leurs bouts polaires. Elles y entrent en contact intime avec la membrane. D'autre part, les anses sont sur une partie de leur longueur en relation avec la membrane. Elles montent, en règle générale, par la mem- brane jusqu'au fond du noyau et reviennent au pôle par l'i)itérieur du noyau. Cette disposition facilite, comme nous le verrons plus loin, la frag- mentation du filament nucléinien. La FiG. 36, a, nous montre un noyau à ce stade, observé du côté op- posé au pôle. Les anses sont déjà franchement divisées. Les deux parties d'une même anse s'enroulent l'une autour de l'autre. Cet enroulement s'ex- plique facilement, quand on pense quel était primitivement, fig. 30, 32, le degré de pelotonnement d'un de ces filaments. Par son raccourcissement, le filament en est venu à suivre une ligne presque droite au lieu d'une ligne tortueuse qu'il suivait primitivement. Il serait vraiment étonnant que les granules de Pfitzner se fussent divisés le long du filament primitif, de telle manière que quand celui-ci se trouverait redressé, les groupes de deux granules formassent deux lignes bien parallèles. Cet enroulement se voit aussi très bien dans les fig. 5, 6, 7. Le même phénomène s'observe dans les liliacées, comme on peut le voir dans les travaux de Strassburger, 1888, GUIGNARD, iSyl, MOTTIER, SaRGANT, iSQj, GuiGNARD et GREGOIRE. D'ailleurs, Bretland ?"armer et Moore ont déjà signalé cette ressemblance entre les phénomènes qui se passent dans les liliacées et dans les tritons, 1895, p. 78. LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 79 Nous attirons Tattention du lecteur sur l'arrangement de ces anses au fond du noyau. Arrivés à cet endroit, un certain nombre de filaments doubles quittent la membrane et s'en retournent par l'intérieur du noyau jusqu'au pôle. Il arrive souvent qu'en une plage peu étendue, fig. 36, a, un certain nombre d'anses se rencontrent. Dans le cas présent, nous en trouvons sept. Il est évident, pour quiconque a étudié des sujets aussi déli- cats, que si la fixation n'est pas parfaite, il se formera à cet endroit un empâtement, dans lequel il n'y aura pas moyen de reconnaître quoi que ce soit. D'ailleurs, sur des testicules fixés à la solution de Gilson ou de Eisen, il n'y a pas moyen de débrouiller le magma informe qu'on trouve à ce stade au fond du noyau. Nous sommes absolument persuadé que la fig. 24 de P2isEN, 1900, représente assez fidèlement une telle figure complètement dégradée. D'après nous, le y> chromoplaste - que Eisen décrit dans cette figure n'est rien autre chose que cette masse d'empâtement. On sait depuis longtemps que le filament du peloton a une tendance au raccourcissement. Dès que le filament est formé, à un stade même antérieur au bouquet, fig. 2, ce raccourcissement commence à se produire. Mais c'est surtout après le stade du bouquet parfait que les effets de cette rétraction deviennent tangibles. Les filaments attachés du côté interne à la membrane nucléaire et rattachés entre eux à l'intérieur du noyau par les brides caryoplasmatiques se tendent de plus en plus par le fait de leur rac- courcissement. La membrane du noyau obéit jusqu'à une certaine mesure à cette traction. Mais la turgescence du noyau assigne une limite à sa déformation. Nous avons reproduit dans la fig. 36, b, un noyau d'un auxocyte à ce stade. La figure montre un plan médian du noyau passant par son pôle. Les lignes estompées représentent des filaments qui sortent de ce plan. On voit que tout est tendu dans ce noyau. On songe â un ballon enveloppé dans son filet. La comparaison n'est pas parfaite cependant, principalement parce que, ici, les filaments qui retiennent les parois sont fixés â l'intérieur et qu'un grand nombre d'entre eux abandonnent la paroi pour se réunir â l'intérieur de la cavité du noyau en quelques faisceaux, qui se dirigent vers le pôle où ils entrent à nouveau en relations avec la paroi. A cette période du développement, il est difficile de retrouver la division longitudinale que nous avons vue se produire au stade du bouquet. Cepen- dant, sur certains filaments moins serrés, fig. 36, b, et dans certains noyaux où le phénomène n'est pas encore arrivé aussi loin, fig. 5, on voit que cette 8o F- A. JANSSENS division a fait de grands progrès. La fig. 5 est très démonstrative à ce point de vue. Elle montre avec la plus entière évidence que c'est bien la division des fig. 31, 30, 32. 4, qui se poursuit. Les figures comme 36, b, où la tension dont nous parlions plus haut se manifeste d'une manière évidente, ne sont pas rares. On trouve d'ailleurs tous les intermédiaires entre cette figure et le bouquet parfait. Il n'est pas commun cependant de rencontrer un noyau qui est assez parfaitement orienté pour pouvoir l'observer aussi bien que nous avons pu le faire pour la FIG. 36, b. Les anses continuent à se raccourcir; la tension augmente et le peloton doit finir par céder. Il cédera aux endroits où il est le moins résistant. Or, il est bien évident que ces endroits sont ceux où les anses se reunissent au pôle. Le filament nucléinien est parfois si ténu à ces endroits qu'il faut toute l'attention de l'observateur pour trouver la connexion. La segmenta- tion ne tarde donc plus à se produire. Elle est suivie d'une détente qui donne temporairement au noyau un aspect fané caractéristique. Nous avons tâché de reproduire cet aspect dans notre fig. 36, c. Les anses ont cédé en plusieurs endroits et sont déjà beaucoup revenues sur elles-mêmes. Cer- taines d'entre elles semblent cependant encore bien tendues. Après peu de temps toutefois, la détente est complète et les chromosomes sont libres. Les particularités que nous venons de décrire dans les deux para- graphes précédents n'ont pas, à notre connaissance, été signalées jusqu'à présent. Leur description comble heureusement une lacune très importante dans l'histoire de l'évolution des auxocytes. § 4. Formation des groupes quatenies. Notre tâche se simplifie beaucoup maintenant. En effet, tous les au- teurs, qui ont discuté les phénomènes qui se passent dans les chromosomes des auxocytes chez les urodèles depuis le stade de la segmentation jusqu'à la fin de la cinèse des spermatocytes de second ordre, sont unanimes pour dire qu'il se produit ici deux divisions longitudinales. C'est à AIeves, i897, que revient l'honneur d'avoir mis ce fait en pleine lumière dans son beau travail sur les testicules de la salamandre. Depuis, les auteurs qui ont écrit sur les salamandres ou d'autres urodèles n'ont fait que confirmer les don- nées du savant de Kiel. Déjà, Flemming en 18S7 avait décrit les deux cinèses que nous appelons maintenant cinèses sexuelles. Il n'avait pas à cette époque indiqué exactement l'ordre suivant lequel les phénomènes se LA SPERMATOGENESE CHEZ LES TRITONS 8l déroulent, mais sa description et ses dessins sont absolument remarquables et on peut dire que c'est lui qui le premier a donné la clef des cinèses sexuelles. Ces travaux des deux savants de Kiel ont éclairai pleinement la question de la réduction dans la salamandre et ce que disait Meves à la fin de son travail de 1897 reste toujours vrai : il n'y a pas place ici pour une division réductionnelle au sens weismannien. C'est Strassburger, 1S95, qui, abandonnant son opinion de 1888 et se rapprochant de celle de Farmer, 1895, formula le premier une explication analogue pour les liliacées. Cette explication peut être considérée maintenant comme définitive, surtout depuis que, dans le courant de la même année, en 1899, Guignard, Grégoire et Strassburger lui-même sont arrivés à des résultats complets et concordants sur des objets très variés. Qu'il nous soit permis cependant d'appeler l'attention du lecteur sur certaines particularités qui n'ont pas été signalées jusqu'à présent dans les auxocytes et qui rapprochent davantage encore les cinèses polliniques et les cinèses des spermatocytes. Quelques-unes de ces particularités ont déjà été signalées par nous, 1900, dans une note préliminaire. A. deuxième division longitudinale. Au stade de la segmentation des chromosomes ou immédiatement avant que celle-ci se produise, le clivage longitudinal des bâtonnets est bien évi- dent. Les granules qui résultent de la séparation des granules primitifs se correspondent nettement, fig. 4 et 7, dans deux filaments jumeaux. A peine les chromosomes sont-ils bien individualisés qu'on peut obser- ver un deuxième clivage, fig. 8, /', c. Ce stade correspond à ce qui a été signalé par Sargant, Guignard et Grégoire dans les liliacées. Le stade dont nous parlons correspond à la fig. 18 du travail de Guignard, 1899, sur le N'ûjas, à la fig. 10 de Grégoire sur le Liliiun et aux fig. 173, 174, 175 de Strassburger sur VOsmunda. Dans les plantes, cette apparition est généralement fugitive, parce que les chromosomes deviennent rapidement homogènes. Dans les tritons, il nous a été donné de la poursuivre plus loin que dans les plantes. La fig. 9, surtout dans les chromosomes a et r, montre la double rangée de granules bien évidente. C'est à un stade analogue que cette particularité fut d'abord signalée par Sargant, 1896, fig. 19, #K\ ;.;r % ;: '^ 3 '- "* { 7. y i /^ " '• r Jâ'p'j-.z-e ns àr! nat o'e/irt '/'fi De7o//eii'ierc //'■ J-.j^rc^eUdV.. Pfciachr //. .p p '^S 'f r /ùm-sens: c'id ririt doliri ô ij-e- 1.-Cl.u\^' i.l(*i • FBinsemans- S'culp^ PAmr^e ///. ./cinS-S'en.s- ad Ttûfofp^cn. LifkJJeThllejiaere Irâres- &-uy J^ffèes-i'motns- S'cmp Recherches sur la Biologie et l'Anatomie des Phasmes Parthénogenèse. Mues. — Tubes de Malpighi. -- Prétendus GANGLIONS SYMPATHIQUES DE LA 1 '"'-■ PAIRE. MeMBRANES TRACHÉOLAIRES. — Appareil génital (Spermatogénèse spécialement, d"après les princi- pales FAMILLES d'Orthoptères). PAR R. de SINÉTY Thèse présentée a la Faculté des ^ciences de j^aris POUR obtenir le grade de poCTEUR ES-SCIENCES NATURELLES {Mémoire déposé le 28 septembre 1901.) RECHERCHES SUR LA Biologie et l'Anatomie des Phasmes. INTRODUCTION. Dans une notice publiée en 1856 sur un Pliyllium gardé vivant au jardin botanique d'Edimbourg et qui jouissait auprès des visiteurs d'une extraordinaire popularité, Andrew Murray croyait pouvoir prédire que dans peu d'années l'élevage des phasmes deviendrait très général et que l'on pourrait bientôt les trouver dans les serres aussi communément ^ as the canary bird of our dwelling r^ . Si la prédiction s'était entièrement réalisée, les anatomistes qui se sont occupés d'insectes en général et d'orthoptères en particulier auraient eu à leur disposition un matériel que beaucoup expriment le regret de n'avoir pu explorer. La famille des phasmidées n'étant représentée en Europe que par un très petit nombre d'espèces pauvres en individus et relativement localisées, les insectes de ce groupe interviennent rarement et toujours incidemment dans les travaux d'anatomie comparée. Quant à des recherches portant directement sur eux, à part l'ancien mémoire de J. Mueller sur P h asm a féru la (25) et une courte note de Joly sur la mouche-feuille des Seychelles (71), la littérature anatomique ne nous présentait guère, au mo- ment où nous nous sommes mis au travail, que les pages, d'ailleurs pleines de faits, récemment consacrées par Heymons (97) à l'organisation de Bacil- lus rossii. 120 R. DE SINETY Pourtant l'élevage des phasmes a été repris depuis quelques années de divers côtés, principalement en vue d'observations biologiques ; citons : celui d'un Phylliiun à Paris par Brongniart, de Cyphocrania herciileana à Batavia par von Wuelfing, de Bacillus gallicits à Nantes par Dominique et les frères Piel de Churcheville, de Bacillus rossii à Tubingue, à Berlin, à Leipzig, respectivement par Krauss, Stadelmann, Godelmann. Deux espèces de la péninsule ibérique, Leptynia attenuata et Leptynia hispanica, déjà élevées à Uclés, étaient tout acclimatées au laboratoire privé de Vais, quand le P. Pantel nous engagea à les prendre pour sujet d'étude. C'est pour nous une grande satisfaction de remercier cordialement le maître et l'ami qui a bien voulu nous guider et nous assister pendant toute l'exé- cution de notre travail. Successivement, ce premier fonds s'est complété, grâce à l'extrême com- plaisance de quelques correspondants qui nous ont fait de nombreux envois d'œufs et d'animaux vivants pour les espèces européennes, d'œufs et d'ani- maux fixés pour quelques espèces exotiques (*), Ce dernier appoint était très appréciable. Quand on réfléchit au fait que la famille des phasmes comprend plus de deux mille espèces connues, de types très divei's, et que nos espèces européennes se rattachent toutes à deux genres très voisins, pourrait-on se flatter de saisir sur ces types seuls les véritables traits d'une disposition anatomique? Évidemment, toute appréhension de ce côté ne saurait être écartée par l'exploration d'un petit nombre de types étrangers, nécessairement pris au hasard dans cette immense famille. Cependant, nous nous estimons heureux d'avoir pu ajoutera nos observations biologiques sur les espèces européennes, quelques données complémentaires empruntées à ces types, et nous espérons que nos descriptions anatomiques auront bénéficié aussi dans une certaine mesure de ce premier essai d'étude comparée. L'ensemble du matériel étudié comprend les espèces suivantes : \*) Nous devons un remercimcnt tout spécial aux PP. Tavakes et Alves, professeurs au col- lège de San Fiel en Portugal, qui, depuis le commencement de nos recherches, nous ont abondam- ment fourni notre meilleur matériel, Leptynia attenuata et Bacillus gallicus. Les espèces exotiques nous ont été envoyées de Kurseong, dans l'Himalaya et de Shembaganur (présidence de Madras), par un groupe de missionnaires et de pi'ofesseurs : les PP. Décoly, Mallat et DuBREUiL, qui n'ont pas hésité à s'imposer, au profit de notre travail, les ennuis de rélevage et même de quelques fixations. Enfin, des entomologistes bien connus, MM. Bolivar, Az.wi, Dûiiixioue, ont eu la complaisance de nous procurer des phasmes de leur région. Nous prions tous ces correspondants de vouloir bien agréer l'expression de notre gratitude. RECHERCHES SUR LES PHASMES 1^1 1° ■ Espèces européennes. Leptynia atteniiaia Pant. , de Portugal (*) : mâle et femelle élevés en nombre. » hispanica Bol., d'Espagne et du Midi de la France : femelle seule élevée. Bacillus gallicus Charp., de diverses localités françaises et de Portugal : femelle seule élevée. Bacillus rossii Fab., du Nord de l'Espagne : exemplaires médiocrement fixés, utilisés pour de simples comparaisons de grosse anatomie. 2° Espèces exotiques. Mcnexentts ohtusespinosits Br. (in litt.\ de Kurseong (Himalaya) : màlc et femelle élevés. CUtiimnus patellifer B.^T., même provenance : femelle seule élevée. Dixippus morosus Br. (in litt.), de Shembaganur (Pulney Hills, Indes orientales) : mâle et femelle élevés, la dernière en nombre. Cuniculina arrogans et quelques autres espèces de Kurseong et de Shembaganur, reçues fixées. La plupart de nos espèces exotiques sont inédites; leur description paraîtra dans la grande monographie que M. Brunner de Wattenwyl pré- pare depuis de longues années. Nous rennercions vivement l'illustre orthop- tériste d'avoir bien voulu accepter de déterminer ce petit lot d'insectes étrangers. Nous ne nous étendrons pas sur les conditions d'élevage; cependant, nous croyons utile de signaler quelques particularités sur lesquelles nous n'aurons pas l'occasion de revenir. Les œufs ont été le plus souvent aban- donnés à eux-mêmes à la température de notre chambre de travail. Ceux de Leptynia s'accommodent parfaitement de ces conditions; les éclosions sont nombreuses en mars-avril et les larves se dégagent parfaitement de la co- quille. Ceux de Bacillus reçus de Portugal et de Menexeniis reçus de l'Inde éclosent aussi par centaines, mais les larves se dégagent mal ; on n'en sauve qu'une minime proportion. On a essayé de hâter l'incubation en chauffant. Une température mo- dérée et constante parait être très favorable à une évolution régulière et rapide : un lot de 150 œufs de Dixippus morosus pondus en janvier, mis à l'étuve à 20° en février, sont éclos en avril et les larves se sont très réguliè- rement libérées (**). Par contre, une température un peu élevée peut être (*) Nous indiquons ici la provenance de nos exemplaires, sans prétendre fixer raire d'habitat. (•••■•■9 Cette espèce est très vigoureuse; les éclosions à la température du laboratoire réussissen. aussi pour presque tous les œufs. 122 R. DE SINÉTY fatale : nous avons tué des œufs de Leptynia, de Bacillits, en les chauffant en plein soleil ou en les mettant dans une étuve réglée à 38° (*). La direction générale de nos recherches sera suffisamment indiquée par l'inspection de la table analytique. Au moment où nous avons entrepris notre travail, nous nous proposions avant tout l'étude des faits biologiques et l'anatomie des organes génitaux, deux questions à peu près neuves alors et qui sont restées des principales. Mais notre but était aussi de recueillir au passage les données relatives à une partie quelconque de l'anatomie de nos espèces qui se présenterait à nous avec un caractère assez marqué de netteté et d'intérêt scientifique. Il résulte de là que les diverses parties du travail que nous publions sont inégalement développées. Nous avons cru que cet inconvénient serait en partie compensé par l'avantage de les présenter en un tout coordonné. Les conclusions de notre chapitre VIII sont conformes aux vues de MM. les professeurs Grégoire et Janssens, de l'Université de Louvain; nous avons largement mis à profit les précieuses indications qu'ils nous ont données à ce sujet. Nous prions M. le professeur Giard, qui a bien voulu nous aider de ses savants conseils et nous encourager à la publication de ce travail, d'agréer nos plus vifs remercîments. Nous tenons également à remercier M. le professeur Cuénot à qui nous sommes redevable de diverses com- munications très obligeantes. Vais, près Le Puy, S septembre 1901. (*) La résistance au froid parait être plus grande : des œufs de Dixifpus exposés toute une nuit à un froid sec de 5-6 degrés au-dessous de zéro sont éclos quelques mois plus tard et les larves se sont bien libérées. TABLE ANALYTIQUE. Introduction 119 PREMIÈRE PARTIE. Q,XJESTIOnsrS BIOLOa-IGiXJES. Parthénogenèse. Détermination du sexe. Historique et état de la question ......•• Le spermatozoïde est nécessaire pour déterminer l'œuf comme mâle. L'œuf fécondé est-il nécessairement déterminé comme mâle ? . Conséquences secondaires de l'absence de fécondation chez les femelles de phasmes Mues. Stades larvaires. Nombre des mues ...... Influence de la température sur la durée des stades larvaires Autotomie et régénération. 1. Autotomie ........ 2. Régénération des pattes et des antennes .... Sur la livrée générale et les ciiangements de coloration. Modifications normales ...... Influence de la lumière, — mélanisme expérimental 127 128 i3o l3o i32 134 134 I35 l36 i38 DEUXIEME PARTIE. Chapitre I. — Questions relatives au tégument et à l'hypoderme. a) Structure typique de l'hypo.derme . . . . . • ■ i^g b) Modifications tenant aux insertions musculaires ..... 140 c) Terminaisons sensorielles. ........ 141 d) Membrane hémostatique . . . . . • . • • 142 e) Glande thoracique. ....-•••• 14^ Chapitre II. — Questions relatives à l'appareil digestif. § r. Jabot. Critique des expériences de Petrunkewitsch sur les blattes . . . 143 § 2. Valvule œsophagienne. Comparaison avec la disposition typique chez les autres insectes . . 145 124 R. DE SINETY § 3. Intestin moyen. a) Plateau cilié de l'intestin moyen . . . . . . . 147 b) Inclusions protéiques dans le noyau des cellules cpithéliales du médiintestin . 14S c) Appendices de l'intestin moyen. ....... 149 § 4. Tubes de Malpighi. a) Distinction de deux espèces de tubes ....... i5o b) Facteurs anatomiques généraux. . . . . . . . i53 c) Cellules de Sirodot . . . . . . . . . i54 d) Contenu des tubes de Malpighi ....... i55 Chapitre III. — Appareil circulatoire. § I. Partie abdominale et tlioracique du vaisseau dorsal. al Disposition générale, ostioles, muscles aliforraes ..... iSy bi Structure; nature de l'intima ..... ... 'i58 § 2. Partie cépJialique. a) Terminaison du vaisseau dorsal. ....... i6l b; L'appareil de soutien, relations avec le système nerveux viscéral, (prétendus ganglions de la première paire.) ....... 162 Historique . . . . . . . . . . i63 Comparaison avec les centres nerveux. . . . . . i65 Signification probable ........ 16S Chapitre IV. — Appareil respiratoire. J; I. Muscles respiratoires . . . . . . . • • - 17° § 2. Trachées ............ i/O § 3. Système trachéolaire . . . . ■ ■ ■ . . ■ 171 Nature des membranes trachéolaires (membranes conjonctives, Peritoncalhitllen des auteurs) .......... 172 Chapitre V. — Formations hémostéatiques. Sang. — Cellules péricardiales. — Œnocytes ..... 176 Cellules adipeuses. ......... i77 Chapitre VI. — Appareil génital femelle. § 1. Anatomie macroscopique. ai Disposition générale de l'ovaire . . . . . ■ ■ 178 b) Organes anne.xes de l'appareil génital. ...... 182 c) Développement des organes génitaux externes ..... i83 d) Comparaison avec les autres types ....... 184 § 2. Anatomie microscopique. a) Les gaines gvigères. 1. Cordon juxtacardial et ligaments suspenseurs. . . . . i85 2. Chambre terminale. ......■• 187 3. Gaine proprement dite. Épithélium .....•••■• ^^7 Quelques remarques sur le chorion ...... 19° Modifications en relation avec le collage des œufs .... 190 RECHERCHES SUR LES PHASMES 125 b) Trompe et oviducte commun . c) Organes annexes 192 192 Chapitre VII. — Appareil génital mâle. § I. Aiiatomie macroscopique. a) Historique ...... b) Le testicule d'après l'adulte c) Organes complémentaires. d) Développement des organes génitaux externes e) Comparaison avec les autres types § 2. Anaiomie microscopique. a) Constitution histologique du testicule . Cellules d'enveloppe Conduit d'évacuation b) Canal déférent c) Glandes annexes . d) Opercule sous-génital Appendice. Homologation du testicule et de l'ovaire 194 195 195 196 197 197 igg 20 1 203 204 205 205 Chapitre VIII. Questions spermatogénétiques d'après les principales familles d'orthoptères. § I. Cinèses spennatogoniales . ........ § 2. Cinèses sexuelles. A. Observations personnelles. a) Spermatocytes de premier ordre ...... Synapsis ...••••• Première division longitudinale. ..... Condensation des chromosomes et seconde division longitudinale Mise au fuseau ....... Évolution ultérieure des groupes quaternes b) Spermatocytes de deuxième ordre . .... B. Discussion critique des résultats. a) Constitution et évolution des groupes quaternes Interprétation du quaterne en croix .... Critique de l'opinion de Me Clung .... Les tétrades .....••• b) Le chromosome spécial .....•• Résumé synthétique des observations personnelles Aperçu critique ...•■•• Conclusions ........••■ Notes additionnelles .......•• Liste des auteurs cités .......-• Explication des planches .....•••• 207 211 2i3 214 2l5 219 219 228 23o 23 1 234 237 237 237 238 239 252 255 261 127 PREMIÈRE PARTIE. Questions biologiques. A. Parthénogenèse. Détermination du sexe. Historique et état de la question. L'aptitude des phasmes à la reproduction parthénogénétique acciden- telle a été constatée dans ces dernières années par divers observateurs et chez diverses espèces. Les premières publications sur ce sujet, dues à M. l'abbé Dominique, se rapportent au Dacillus gallicus. D'après une note récente (99), où le même naturaliste fait la mise au point de la question en tenant compte à la fois des publications proprement dites et des communi- cations privées venues à sa connaissance, les résultats acquis jusqu'en 1899 seraient les suivants : 1° Des pontes parthénogénétiques ont été constatées chez tous les phasmes dont l'élevage a pu être mené à bien : Bacillus gallicus Charp. (Observ. : Dominique et ses élèves, les frères H. et Th. Piel de Churcheville à Nantes) (*); Bacillus gallicus var. occidentalis Bol. (Observ. : Chavès aux Açores) ; Bacillus rossii Fabr. (Observ. : Krauss à Tiibingen) ; Leptynia hispanica Bol. (Observ. : Pantel à Uclés, Espagne) ; Cyphocrania (Eurycnema) herculeana Charp. (Observ. : Wolf von Wuelfing à Batavia). 2° Dans tous les cas où le sort définitif des œufs a pu être suivi, la parthénogenèse s'est montrée accompagnée de thélytokie : Bacillus gallicus (Dominique, H. et Th. Piel de Churcheville); Ci') On peut voir dans une note ultérieure — Addilions et annotjtions mi catalogue des ortho- ptères de la Loire-Infcrieiire (Bull. Soc. se. nat. Ouest, t. X, igoo, p. 74), — que les résultats publiés par Dominique sur la parthénogenèse et la thélytokie sont le fruit de ses observations personnelles et de celles faites en commun avec ses élèves en entomologie. C'est à cette collaboration qu'il faut rattacher une note de François (Bull. Soc. cntom. Fr., 99, p. SgS) et une autre des frères Piel (MisccUanea entomologica, vol. VIII, 1900). 16 1^8 R- DE SINÉTY Bacillns vossii (Heymons?) (*); Cyphocraiiia herculeana (v. Wuelfing). Ces résultats sont très catégoriques en eux-mêmes et au premier abord ils semblent établir que la thélytokie est bien liée à l'absence de fécondation chez les phasmes. Pourtant, en tenant compte du caractère particulier des espèces énumérées, il nous a paru que cette conclusion ne découlait pas nécessairement des faits. Bacillns gallicus est une espèce assez commune dans certaines localités; malgré cela on n'en connaît pas le mâle, si bien qu'il est douteux pour les orfhoptéristes qu'il existe; de ce que des femelles de cette espèce, séquestrées à l'état de larve et élevées jusqu'à la ponte, ne procréent que des femelles, on ne peut pas conclure qu'elles se comportent autrement que les femelles libres; la thélytokie peut être liée à l'absence de fécondation, mais on n'en a pas la preuve. La même remarque s'applique à l'espèce malaise, dont le mâle est introuvable. Pour Bacillns rossii, il existe des mâles, il est vrai, mais en petit nombre, et d'ailleurs il est douteux que les observations relatives à cette espèce, rappelées dans l'historique, se rapportent à des pontes par- thénogénétiques. En somme, les observations que nous venons de passer en revue ne tranchent pas la question de savoir si le spermatozo'ïde intervient dans la détermination du sexe chez les phasmes. Notre matériel nous a paru de nature à fournir une solution plus rigoureuse. Le spcrmatoidide est nécessaire pour déterminer F œuf comme mâle. Bien que nous ayons obtenu des pontes parthénogénétiques de toutes les espèces élevées : Leptynia atteniiata et liispanica, Bacillns gallicus, Menexenus obtusespinosns, Dixippns morosns, Clitumnns patellifer, nous nous appuierons uniquement sur la première, les résultats fournis par les autres étant passibles des mêmes critiques que ceux de nos devanciers, ou étant jusqu'ici trop incomplets. Le Leptynia attenuata est en observation depuis 1S98. Tous les ans, depuis cette date, des pontes parthénogénétiques ont été recueillies et (*) D'après Dominique, Heymons aurait observé chez BacUlus rossii une moyenne de i mâle pour 20 femelles, ce qui irait à rencontre de la thélytokie ; mais nous avons déjà fait remarquer dans une communication préliminaire (1900) que Heymons ne dit pas s'il a établi sa moyenne sur des pontes de femelles libres ou de femelles séquestrées; en réalité, cet auteur ne semble pas s'être occupé de la parthénogenèse. RECHERCHES SUR LES PHASMES 129 isolées avec soin. Le tableau suivant en fait connaître le sort jusqu'en mai 1901 : Noml;re approximatif des œufs mis en observation Année de la ponte Éclosions en 1839 Éclosions en 1900 Éclosions on 1901 95 i5o i5o 1898 1899 igoo 0 I femelle 9 femelles 0 2 femelles I femelle Le premier résultat qu'il convient de souligner, c'est que toutes les larves écloscs d'œufs parthénogénétiques sont des femelles. Or, si nous avions affaire à des éclosions de pontes libres, nos statistiques nous ont montré qu'au lieu de ioo o/o de femelles, il y en aurait seulement 35 0/0 environ. Notre journal d'observations contient jour par jour le chiffre total des éclosions pendant près d'un mois et le résultat de leur diagnostic sexuel; ce chiffre varie de 1 à 15 et quelquefois il est fourni exclusivement par des mâles, jamais exclusivement par des femelles. Voici d'ailleurs, à titre d'exemple, les résultats des premiers jours : 23 avril 1900 éclosions 14 mâles 9 femelles 5 24 )) » » i5 » 8 » 7 25 )) )) » 5 )) 2 » 3 25 }} » » H 1) 8 » 6 On peut donc conclure, malgré le nombre restreint des éclosions observées, que la parthénogenèse des phasmes est thélytoque, ou que le spermatozo'i'de est nécessaire pour déterminer l'œuf à évoluer en mâle (*). (*) Les lignes précédentes ne sont guère que la reproduction d'une communication préliminaire à la Société entomologique de France (g mai igoo). A cette date, nous ne soupçonnions pas que des observations dans le même sens étaient poursuivies par Thurau sur le Bacillus rossii. C'est seulement au moment de livrer notre manuscrit, que nous avons pu prendre connaissance de la communication de cet observateur, publiée sans titre dans le « Berliner entomologische Zeitschrift » (98, Sitz. Cet.), qui contient, sommairement énoncée, la preuve de la thélytokie. Nous reproduisons intégralement cette note, à la fois pour reconnaître la priorité de l'auteur et pour justifier le maintien intégral de notre rédaction : « .... berichtet Herr Thukau iiber partheno- genetische Fortpflanzung einer aus Bulgarien bezogenen Stabheuschrecke, Phasma rossica (sic). Bei den ersten Versuch waren Drohnen vorhanden, und die Zucht ergab beide Gesclilcchtc. Nachdem dann die Drohnen ausgeschaltct wurden, erjrab die Zucht nur Weibchen ». 1 30 R. DE SINETY Vœuf fécondé est il nécessairement déterminé comme mâle? Par ce qui précède, le cas des phasmes s'annonce comme inverse de celui des abeilles. Peut-on serrer davantage le rapprochement et dire que les femelles procréées par des mères libres sont en réalité parthénogéné- tiques, soit que la mère n'ait pas eu de rapports avec un mâle, soit que le réceptacle du sperme ne se soit pas ouvert au-dessus de l'œuf, au moment de la ponte? Cela est très vraisemblable, vu surtout l'extrême rareté des mâles dans un grand nombre d'espèces. A défaut d'expériences parallèles à celles qui ont été réalisées chez les abeilles (Dzierzon, Berlepsch, Siebold, cités par Cuénot, 1900, p. 469) et qui seules pourraient fournir une preuve pcrcmptoire, on pourrait peut-être appuyer cette conjecture sur une particularité assez singulière, empruntée à l'histoire biologique de Leptynia hispanica. Au rapport du P. Pantel, à qui cette espèce a été très familière pendant son long séjour en Espagne, il arrive qu'après n'avoir trouvé que des femelles pendant plusieurs années, on rencontre un beau jour 10-20 mâles à l'état de larve, sur un même buisson. Évidemment, ces mâles pro- viennent d'une mère unique, dont les pontes se sont effectuées à peu près au même endroit, et dès lors on incline à supposer que si cette mère a pro- créé des mâles, au lieu de procréer des femelles, comme l'immense majorité des autres, c'est que seule elle avait été fécondée et qu'elle a pu laisser couler le sperme sur toute ou presque toute sa ponte. Conséquences secondaires de l'absence de fécondation che^ les femelles de phasmes. Outre le fait de la thélytokie, il faut relever dans le tableau que nous avons donné ci-dessus la faible proportion — à peine plus de 3 0/0 — et le retard des éclosions parthénogénétiques. Cette dernière circonstance perd beaucoup de son intérêt, si l'on re- marque qu'elle peut exister aussi pour les œufs quelconques. Les pontes annuelles que nous avons surveillées jusqu'ici se sont partagées en plusieurs lots : un premier lot — généralement le plus important — qui éclot au bout d'un an, un second qui éclot au bout de deux ou même de trois ans (ou plus?), un troisième qui se dessèche. L'abaissement du taux des éclosions, du seul fait de la non-féconda- tion, nous paraît plus digne de remarque. Il ne semble pas se produire chez les espèces telles que Bacillus gallicus que l'absence ou la rareté des RECHERCHES SUR LES PHASMES 131 mâles condamne à la parthénogenèse normale ou quasi normale. Chez Lep- tynia attemiata, au contraire, il est très marqué. A cela, il faut joindre une réduction de la ponte globale pour les femelles parthénogénétiques de cette même espèce, comme en témoigne le tableau ci-joint : Moyenne de la ponte Chiffres extrêmes Lepiynia attenuata séquestrées .... » » élevées avec un msie 17 œufs 48 » 1-45 40 - 63 Les moyennes ont été établies d'après 15 pondeuses pour les femelles parthénogénétiques, d'après 6 pour les femelles fécondées. Les conditions de température et d'alimentation ont été identiques. A l'autopsie des femelles parthénogénétiques, on trouve un assez grand nombre d'œufs mûrs descendus dans les trompes ou même dans l'utérus, quelquefois pressés les uns contre les autres et distendant l'organe, comme si leur évacuation avait manqué d'un excitant, ou avait présenté des diffi- cultés spéciales. Dans les mêmes conditions, les femelles fécondées ne ren- ferment qu'un très petit nombre d'œufs mûrs dans les gaines et dans les trompes ou exceptionnellement dans l'utérus. Nous nous bornons à exposer ces faits, sans en discuter la signification, estimant qu'il convient avant tout de les soumettre au contrôle du temps. Déjà nos élevages nous ont laissé voir une telle variabilité dans les circon- stances de tout ordre, que cette réserve nous est imposée. B. Mues. Stades îarvaires. En général, on reconnaît qu'une mue se prépare à l'état de distension et à l'éclat de la cuticule : les formes s'arrondissent, les plis latéraux de l'abdomen s'effacent et la peau prend une matité particulière (peau vieille). Un à trois jours avant le phénomène, l'insecte cesse de manger et se vide. Immédiatement après, il est brillant, svclte, mal rempli et toujours sensi- blement plus grand dans toutes ses parties (*). (*) Notre intention n'est pas de nous arrê:er au phénomène de la mue, étudié si souvent chez les phasmes et dont s'occupe encore un des derniers travaux parus sur ces insectes (Godelm.vnn, 132 R. DE SINETY Grâce à ces diverses circonstances, il est possible de surveiller les mues successives avec assez de précision et de les compter. Voici les chiffres relatifs aux espèces que nous avons suivies à cet égard : Espèces observées S 0 3 £ 3 •a et. Q. .a 0 S 3 a « 2: 0 ■a •03 •a = > > > (D a> 03 a> B Rt ci: CA co « CO Leptynia hispanica .... )) attenuata .... Bacillus gallicus .... Menexenus oUusespiiwsus n" i » I) 11° 2 DixippHS morosiis n° i I) » n" 2 Clitnmmis paiellifer . 4 85('i 32 22 16 i5 4 79 32 16 i5 16 4 94 36 28 17 i3 4 lOI 27 18 23 33 5 106 29 20 18 14 25 5 87 20 II 12 20 24 6 ii5 20 25 14 20 iS 18 7 i36 20 i5 12 i5 18 23 32 Ces chiffres ne sont pas des moyennes, nous jugeons inutile d'en don- ner ; ce sont des notes prises au hasard dans le journal d'observations, desti- nées à donner une simple approximation. La durée du développement global et de ses stades successifs est trop variable avec les conditions de milieu, pour qu'on puisse attribuer aux relevés de ce genre une autre signi- fication. Quelques remarques néanmoins se dégagent de ce tableau. Le nombre des mues varie avec les espèces, probablement dans une assez large mesure. Murray (56) parle de 3 mues seulement pour les Pliyl- igoi). Nous sigfnalerons seulement quelques particularités qui ne semblent pas avoir attiré l'atten- tion des observateurs. a) Le clivage qui isole la cuticule à exuvier semble devoir se rattacher à une sécrétion due exclusivement, au moins chez les diptères, aux cellules hypodermiques banales (Pantel, 98, p. 190). Nous avons eu l'occasion de constater chez les phasmes rexistence d'une semblable sécrétion qui soulève la vieille cuticule et détermine son changement de teinte. Lorsqu'on fixe un animal saisi dans l'acte de cette sécrétion, le liquide endolymphatique se retrouve entre les deux feuillets, sous la forme d'un coagulum granuleux assez abondant. b) On sait que les pattes de l'insecte, soit au moment de sortir de l'œuf, à réclusion, soit quand elles se dégagent de la vieille cuticule, dans une mue. sont souples et déformables. Chez les phasmes, la fixation dans la forme définitive doit être rapportée pour une très grande part à des efforts de traction que l'animal exerce suivant l'a.xe du membre, après avoir pris un solide point d'appui au moyen des crochets du tarse. Plusieurs circonstances de détail montrent que cet acte est l'analogue du défroncement des ailes chez un papillon ou une mouche, et de même que celui-ci, il peut être différé et précédé d'une période d'agitation ou de déplacements, jusqu'à ce que l'animal ait trouvé un support à son gré. {*) Les durées du développement global et des divers stades sont exprimées en jours. RECHERCHES SUR LES PHASMES 133 lium et nous obtenons nous-mcme quatre chiffres différents sur six espèces observées. Il ne serait donc pas exact de dire que les phasmes ont en géné- ral 8 mues (*) (Frédéricq, Rev. gén. des Se, 99, p. 163, d'après les travaux de Bordage). Le nombre des mues est-il fixe pour une même espèce? Nous n'avons jusqu'ici aucune raison d'en douter pour Leptyiiia attenuata, l'espèce euro- péenne que nous avons suivie avec le plus de soin. Le nombre d'observations que nous avons sur Bacilltis galliciis ne nous permet aucune affirmation catégorique. Quant aux espèces asiatiques, nous devons en signaler deux qui nous ont fourni chacune deux chiffres différents : 4 et 5 (Menexenus obtnsespinosus), 5 et 6 {Dixippus morosiis). Il nous paraît difficile d'expli- quer la différence des chiffres par l'existence d'une mue non remarquée, à cause de circonstances particulières qui resteraient alors inexpliquées. Chez Menexenus, par exemple, les deux individus qui n'ont présenté que 4 mues, deux mâles, ont eu un développement dont la durée globale a été normale aussi bien que celle des premiers stades; par contre, les deux derniers stades, surtout le dernier, se sont prolongés sensiblement, comme il ressort du tableau ci-dessus où les chiffres relatifs à l'un de ces insectes — Menexenus n° 1 — sont rapprochés de ceux relatifs à un autre mâle, né le môme jour, gardé dans les mêmes conditions et ayant eu 5 mues. Il faut ajouter que dès le stade IV ces mâles à mues réduites se sont montrés en avance sur les témoins par une apparition plus précoce des formes définitives : lobes cerciformes du X"'"^ segment plus saillants, plaque sous-génitale plus convexe, dimensions générales plus grandes. Le stade I est toujours plus prolongé que les intermédiaires, lesquels sont sensiblement de même durée; le dernier peut être de même durée que les précédents ou plus long. Chez Menexenus obtnsespinosus, nous venons de voir ce dernier stade se prolonger très sensiblement dans les cas de mues réduites; dans un autre individu de la même espèce, de mues non réduites, qui a été saisi au stade instar par les froids de l'arrière-saison, ce même stade s'est prolongé durant deux mois et il est probable que le retard aurait été encore plus marqué, si l'insecte n'avait pas été transporté dans un local plus chaud. (*) C'est très justement que Godelmann (igoi, p. 267) rejette comme général le nombre huit. Antérieurement à sa publication, nous avions nous-méme publié une notice préliminaire dans la- quelle nous fixions à 4 le nombre des mues de Lepiynia attemtata (igoo). 134 R. DE SINETY La rapidité du développement est en effet dans une dépendance très étroite vis-à-vis de la température, comme d'ailleurs l'activité et la vivacité générale de l'insecte. Les individus élevés à l'étuve sont plus remuants et se développent incomparablement plus vite que ceux abandonnés à la température du laboratoire. Voici des chiffres comparatifs (durées en jours) concernant des insectes de même âge. à. - = ^ 2 S > 1, SU » a •a m •o s ■o s m 63 27 5 5 79 32 i6 i5 Leptynia attcnuata (femelles écloses le 2 mai iSgg) n" I, à l'étuve à 30° n" 2, témoin . 25 i5 Dans cette expérience, l'accélération n'a point porté également sur tous les stades : tandis que le i*^' a été peu abrégé, les deux intermédiaires l'ont été beaucoup et le dernier a été par contre prolongé. Cette circonstance serait intéressante, mais elle demanderait à être confirmée. C. Autotomie et régénération. 1. Autotomie. L'autotomie des pattes a été étudiée chez les phasmes successivement par BoRDAGE (98) et par Godelmann (1901). Nous avons eu nous-méme de fréquentes occasions de constater des cas d'autotomie, soit évasive, soit exu- viale, spontanés ou provoques. Nous remarquerons en passant que toutes les espèces sont loin de se comporter de la même manière. Tandis que chez le plus grand nombre le réflexe autotomique est déterminé avec une ex- trême facilité par les excitants les plus variés, il en est d'autres, telles que Dixippits morosus, chez lesquelles on ne le provoque que plus difficile- ment. Il est à noter que cette espèce, d'une grande rusticité, emprunte sa principale protection à d'autres moyens. Sans parler des changements de couleur, sur lesquels nous reviendrons plus loin, elle se dissimule aisément et prend l'aspect d'une brindille morte en étendant les pattes et les collant contre le corps, de telle sorte que les pattes antérieures et moyennes soient dirigées en avant, les postérieures en arrière. Cette attitude persiste des heures, l'aniinal gisant à terre, ou étant suspendu, soit verticalement par les crochets antérieurs, soit horizontalement, comme un hamac, par les cro- chets antérieurs et postérieurs. RECHERCHES SUR LES PHASMES 135 Les observateurs qui se sont occupés du phénomène de l'autotomie ont remarqué depuis longtemps qu'il n'entraine pas d'hémorragie. L'ex- plication de cette circonstance a été donnée pour les crustacés par Frenzel (85) et WiREN (96), qui ont décrit à la partie distale du basipodite une membrane obturatrice. Ayant nous-méme rencontré dans nos coupes des images fort semblables à celles de Wiren, nous avions cru pouvoir admettre chez les phasmes l'existence d'une formation analogue. Nos dessins relatifs à cette disposition anatomique étaient déjà gravés, lorsque nous avons pu nous rendre compte que Godelmann, sans s'inspirer du rapprochement qui qui nous a servi de point de départ, était arrivé à la même conclusion. 2 . Régénération . Les particularités de la régénération des membres chez les phasmides ont été observées avec détail par les auteurs qui se sont occupés de l'auto- tomie chez ces insectes. Nous n'avons pas d'observations bien nouvelles à présenter sur ce sujet. Notons cependant que le moignon de régénération est de forme très variable : hélicoïdal chez Clitiiinnus comme chez les espèces étudiées par Bordage, renversé en manière d'hélice plate chez Menexenus, ou simplement rectiligne chez Bacillus, Leptynia. L'hypotypie est la loi générale pour les tarses régénérés. Nous avons pourtant, comme Godelmann, observé des cas de tarses pentamères. Nos observations sur les pattes regardent uniquement la régénération consécutive à l'autotomie. Nous avons étudié également la régénération des autres appendices après résection expérimentale. Si l'on coupe l'extrémité d'une antenne à une larve, à la mue suivante l'appendice entier sera ordinairement sacrifié par autotomie exuviale; seul l'article basilaire demeure. Après une nouvelle mue, on verra apparaître une petite antenne formée de deux ou trois articles, dont l'ensemble ne dépas- sera pas la longueur d'un palpe labial. Il est remarquable que les propor- tions de l'article basilaire sont modifiées; il devient beaucoup plus court. 'Voici le relevé de quelques expériences. 1. L'antenne gauche d'un Leptynia màlc, au stade III, est complètement amputée. Après la quatrième mue, on observe une petite antenne de quatre articles; l'article basilaire est moitié plus court que dans l'antenne normale, tandis que le deuxième est deux fois plus long que son correspondant. 2. L'antenne gauche d'un Lcplyiiia femelle est excisée dès la sortie de l'œuf, au- dessus de l'article basilaire. Il y a autotomie des deux antennes à la première mue. 17 ,36 I^- DE SINÉTY A la deuxième mue, la régénération commence. Après la dernière, les deux appen- dices se sont montrés inégalement conformés : le gauche était plus irrégulier, de quatre articles; le droit plus régulier, mais de trois articles. 3. Les deux antennes sont amputées dès la sortie de l'œuf à une larve de Leptynia ait. mâle. A la troisième mue, les moignons régénérés ont la longueur d'un palpe maxillaire. A la dernière, les deux antennes régénérées se montrent dissemblables, bien qu'elles aient subi le même traitement : l'une est plus forte et formée de trois articles; l'autre, un peu plus grêle, n'en a que deux. D. Sur la livrée générale et les changements de coloration. La couleur générale du tégument est extrêmement variable chez les phasmides, comme d'ailleurs chez la plupart des orthoptères qui vivent sur des végétaux. Pour ne parler que des espèces que nous avons eu l'occasion d'observer nous-méme, ou que nous avons reçues en nombre pour nos recherches, on peut énoncer comme un fait très général que chez Leptyjiia altenuata et Leptynia hispanica, comine chez Bacilliis galliciis, la plupart des individus capturés en pleine campagne sont verts, quelques-uns gris- cendré, d'autres ferrugineux et d'autres jaune paille. De plus, quelques femelles de Lcplynia attcuuata offrent une large bande dorsale d'un rouge chair plus ou moins vif (*). Autant la coloration de l'imago se montre variable, autant celle de la jeune larve nous a paru constante : vert pomme chez Bacillns galliciis, Leptynia hispanica, jaune brun, clair ou verdàtre chez Leptynia attenitala, brun jaunâtre chez Clitinnniis patellifer, brun très sombre saupoudré de taches claires chez Menexemis obtiisespinusus, fuligineux presque uniforme chez Dixipptts morosus. Le simple rapprochement de ces faits oblige à admettre que des modifications surviennent au cours du développement larvaire ou même au stade imago. Quelques-unes de ces modifications sont normales; c'est ainsi que tous les Leptynia attenuata, jaunes à la naissance, passent graduellement à la teinte verte pendant le premier stade; d'autres se présentent avec les carac- tères d'un phénomène exceptionnel, comme lorsque, parm.i les exemplaires devenus verts, quelques-uns prennent plus tard une teinte différente. (•'■) Il faut encore mentionner les deux bandes étroites, blanc de lait, qui longent les flancs dans la plupart des femelles, et des différences secondaires de teinte qui distinguent toujours les mâles, au moins aux derniers stades. RECHERCHES SUR LES PHASMES 137 Nous avons cherché à préciser quelques-unes des conditions de ces changements, de manière à définir les parts respectives des influences exté- rieures et de l'hérédité. Les actions extérieures interviennent à coup sur, comme le démontrent les circonstances de capture. Aux environs d'Uclés, où abonde le Leptyiiia hispauica, c'est sur les plantes vertes que l'on trouve les individus verts (très généralement "1, tandis que les individus cendrés se rencontreront sur un arbuste desséché et les jaunes sur les graminées mortes. Mais ces influences du milieu ne sont pas inéluctablement efficaces. Sur un lot d'individus de même âge, de même couleur au début, nourris sur les mêmes rameaux, on voit tôt ou tard des différences se produire, le plus grand nombre demeurant verts, tandis que quelques-uns prennent d'autres teintes. Ces remarques faites, nous relaterons nos principales expériences sur ce sujet, en y ajoutant les conclusions qui s'en dégagent. Expérience I. Le 24 avril igoo, un lot de cinq Leptynia atteuuaia, nts du jour, est installé sur des rameaux de genêt très verts et on aura soin de ne leur don- ner jusqu'à la fin que des rameaux semblables, exempts de brindilles sèches. 3o juin : trois survivent et sont bien verts, un mâle et deux femelles. 14 juillet : le mâle tourne au brun. 21 juillet : les trois viennent de faire la dernière mue; le mâle est brun, les femelles sont vertes. 25 juillet : une des femelles devient rose pâle, l'autre prend une fascie dorsale couleur chair. Les changements sont en général graduels. Il y en a aussi de brusques, qui s'observent soit au moment même d'une mue, soit à une époque quel- conque et sans raison assignable du côté du milieu. C'est ainsi que nous avons vu deux vieilles femelles de Leptynia atteitiiata passer en moins de trois jours de la teinte vert pomme à la teinte paille. Parmi les influences de milieu, nous avons cherché à étudier celle de la lumière. La plupart des espèces y paraissent peu sensibles. Expérience II. Un lot de Leptynia attcnuata est installé dès la sortie de l'œuf dans une boite à parois opaques et on s'astreint à ne leur laisser voir le jour que deux ou trois fois la semaine, le temps de renouveler les branches de genêt; l'expérience est poursuivie jusqu'à la dernière mue; toutes choses se succèdent comme pour les individus qui vivent à la pleine lumière : même virage initial du jaune au vert bleuâtre et même modification ultérieure pour les mâles du vert tendre au vert olive. Il n'y a pas eu d'individus gris. 138 R- DE SINÉTY Expérience III. Un autre lot est mis dès la naissance et gardé jusqu'à la fin sous verre rouge. Il n'y a eu aucune différence appréciable par rapport aux indi- vidus témoins. Si l'obscurité ou les radiations rouges sont inefficaces pour provoquer l'apparition d'une teinte sombre chez des Leptyiiia verts, l'action de la pleine lumière combinée avec la vie sur des rameaux verts ne l'est pas davantage pour ramener au vert une teinte sombre. Nous avons vu plusieurs fois des individus bruns rester tels dans ces conditions. 'Voici maintenant des faits relatifs au Dixippiis morosus , qui s'est montré sensible à l'action de la lumière. Expiviencc IV. Un lot d'une douzaine de larves prises le jour de l'éclosion est élevé à l'obscurité — comme expérience II — ; au voisinage de la troisième mue, la moitié environ des exemplaires prend une teinte plus sombre, successivement brun clair, brun chocolat, qui aboutit finalement au noir franc. La valeur démonstrative de l'observation ressort du fait que ces teintes sombres ne se sont jamais montrées dans les cages où nous élevions en même temps à la pleine lumière des centaines de Dixippus. Un lot conteinporain élevé sous verre rouge a fourni exactement les mêmes résultats que celui qui a été élevé à l'obscurité. Nous nous proposons d'étudier plus tard l'influence des autres radiations, spécialement de celles de faible longueur d'onde, comme aussi l'état des cellules pigmcntaires qui peut correspondre aux variations de teinte. Expérience V. Un individu noir du lot précédent est mis dans une cage éclairée. Après cinq ou six jours, il montre déjà des indices manifestes d'un retour à la teinte ordinaire et tout fait supposer qu'il pâlira complètement. D'autres observations qu'il nous reste à signaler sur Dixippus semble- raient indiquer que ces changements peuvent être rapides et périodiques. Expérience VI. Deux individus étaient élevés dans une boîte entièrement en bois, mais fermant mal. Presque toutes les fois qu'ils ont été visités vers le milieu du jour, leur teinte générale était le jaune clair ; à la tombée de la nuit, elle faisait place au brun chocolat et cette couleur se maintenait vraisemblablement toute la nuit, car nous l'avons souvent retrouvée aux premières heures du jour. Les expériences jusqu'ici exposées permettent d'apprécier les actions de milieu ; nous avons cherché à préciser également la part qui peut revenir à l'hérédité. Expérience VII. Une femelle de Leptynia atienuata ayant une large bande dorsale couleur chair avait été associée en 189g avec un mâle brun : à l'éclosion (avril 1900), RECHERCHES SUR LES PHASMES 139 les jeunes larves provenant de ce couple ont offert la coloration ordinaire ; finalement, il n'a survécu que deux mâles qui sont devenus bruns et une femelle verte qui a pris la bande rosée maternelle. Expérience VIII. En juillet igoo, une femelle de Leptynia aUcnuata de couleur cendrée a été associée dès sa quatrième mue à un mâle giis ; puis celui-ci étant mort, on l'a remplacé par un mâle olive ; la ponte globale a été de 44 œufs, dont 21 sont éclos en avril 1901 (14 mâles et 7 femelles) : toutes les jeunes larves ont montré la coloration ordinaire à l'éclosion et au moment où nous écrivons ces lignes, 5 septembre 1901, les deux femelles survivantes, depuis longtemps adultes, sont vert clair. D'après l'expérience VII, ce sont des caractères paternels ou maternels accessoires qui peuvent être transmis; d'après l'expérienceVIII, c'est plutôt un fond général que l'on pourrait appeler t3'pique. Dans ce dernier cas, ce sera par l'influence du milieu ou par l'atavisme que s'expliqueront les va- riations éventuelles (*). DEUXIEME PARTIE. Anatomie. Chapitre Premier. Questions relatives au tégument et à l'hypoderme. a) Structure typique de l'hypoderme. L'hypoderme est constitué, chez les phasmes comme chez les autres orthoptères, par deux sortes de cellules : les unes, cellules hypodermiques proprement dites, forment la matrice chitinogène de la cuticule et ren- ferment les granules pigmentaires qui contribuent à donner sa couleur à la peau de l'insecte; les autres sont les œnocytes, cellules spéciales à fonction probablement excrétrice et sur lesquelles nous reviendrons en parlant des formations hcmatostéatiques. 0 La coloration fondamentale des larves de Biicillus rossii et ses variations ultérieures ont été signalées par Napoléon Kheil (igoo). Le même observateur, qui donne plusieurs détails intéressants sur la biologie de cette espèce, s'est occupé notamment de la numération des mues et il est ar- rivé au même chiffre (5) que Godelmann. 140 R. DE SINETY Ces deux sortes de cellules se distinguent déjà dans la coupe d'ensemble dessinée fig. î, mais le détail, fig. 2, exécuté à un plus fort grossissement, montre mieux leurs relations respectives. Les granules pigmentaires renfermés dans les cellules h3'podermiqucs sont localisés du côté de la membrane basale et remontent en traînées grêles vers la cuticule. Dans la très jeune larve, une disposition inverse de ces granules est à signaler; ils sont logés immédiatement au-dessous de la couche chitineuse. Sans nous attarder à une description de la cuticule qui n'offre rien de bien particulier et sans entrer dans plus de détails au sujet des caractères généraux de l'hypoderme, nous réunirons ici quelques données relatives à des modifications locales de structure qui résultent, soit de l'adjonction de nouveaux facteurs anatomiques, soit d'une modification des facteurs ordi- naires. b) Modifications tenant aux insertions musculaires. Contrairement aux idées de 'Weismann et deViALLANES, d'après lesquels les muscles du corps seraient insérés sur les cellules hypodermiques chez les diptères, divers auteurs, entre autres Pantel (g8) et Hecht (99), pour ne citer que .les plus récents, ont montré qu'il peut y avoir insertion cuticulaire, les fibrilles contractiles se fra3'ant un passage entre les cellules hypodermiques pour aller prendre attache sur la cuticule, par une partie modifiée en tendon. C'est cette dernière disposition que nous avons rencontrée chez les phasmes. La fig. 3 en montre un cas bien net; on suit sans interruption les fibrilles musculaires jusqu'à leur arrivée à la cuticule et elles prennent d'ail- leurs dans les colorations une teinte toute différente de celle des cellules hypodermiques. Il ne faudrait pourtant pas généraliser d'une manière trop absolue ce mode d'insertion. Nous avons trouvé dans des coupes de jeunes Peripla- neta australasicv des aspects qui s'interprètent au contraire dans l'hypo- thèse de Weismann. Mais - - et c'est ce qui explique le développement accordé par nous à cette digression — ces insertions hypodermiques se sont présentées avec certaines particularités non signalées par les auteurs et qui méritent quelque attention. La fig. 4 peut nous permettre d'en juger. Les muscles, dans lesquels une fibrillation longitudinale a succédé à la striation transversale, s'arrêtent pour ainsi dire assez brusquement à la RECHERCHES SUR LES PHASMES 141 hauteur de la membrane basale hypodermique et l'on ne trouve plus au- dessus pour leur faire suite que des cellules allongées, nucléées, écartées les unes des autres, prenant dans les colorations une teinte bien différente de celle des muscles et qui ne sont autres que les cellules hypodermiques. Bien que leur identification comme éléments de l'hypoderme soit indubitable, ces cellules sont assez profondément modifiées. Outre qu'elles sont allongées et qu'elles se disjoignent facilement sous l'effort de traction exercé par les muscles durant la fixation, on 3' voit un réticulum vigoureux à mailles longitudinales, que l'on pourrait presque aussi bien envisager comme une fibrillation. La mise en rapport est très intime avec l'élément musculaire d'un côté et de l'autre avec la cuticule, qui est rugueuse à leur niveau, tandis qu'elle est lisse là où elle recouvre des cellules hypodermiques ordinaires. Toutes ces particularités ne peuvent guère s'interpréter, croyons-nous, qu'en admettant une modification structurale analogue à celle que subit le cytoplasme partout où il est soumis à des efforts de traction dans un sens déterminé, seulement ces modifications seraient plus profondes ici et retentiraient jusqu'à la cuticule; elles iraient jusqu'à transformer la cel- lule en un véritable tendon. Il y aurait, il est vrai, une autre interprétation possible, à savoir que les fibrilles musculaires perforent la membrane basale pour pénétrer dans la cellule hypodermique et aller par cette voie intracellulaire prendre inser- tion sur la cuticule. Cette dernière hypothèse ne serait pas plus inadmissible cytologiquement que celle de la percurrence de fibres nerveuses à travers des cellules étrangères, telle qu'on l'admet dans toute une école de neuro- logie. Mais les faits que nous possédons ne permettent pas de l'appuyer sérieusement; malgré la soudure très intime qui se remarque entre la cel- lule musculaire et la cellule hypodermique, on est loin de constater une correspondance exacte entre les trabécules de celle-ci et les fibrilles de celle-là, c'est même plutôt une discordance que nous avons cru remarquer. c) Tenninaisoiis sensorielles. Les terminaisons sensorielles n'ont pas été de notre part l'objet d'une étude spéciale, celles qui se sont rencontrées dans nos coupes nous ayant paru d'un type souvent décrit. Nous signalerons seulement l'existence, sur le trochanter et le fémur de toutes les pattes, de plages ou ccussons sensoriels nettement distincts. 142 R. DE SINETY portant un groupe de petites aréoles à contour plus foncé que le fond général et en nombre relativement constant — cinq ou six aréoles par écusson. La face antérieure de la hanche, fig. 5, A, est munie d'une paire de semblables écussons. Sur la face postérieure de la môme pièce, il y a un seul écusson porifère, mais un second se voit sur le fémur, fig. 5, B. L'aspect des aréoles est absolument celui des Porcncanàlcu que Graber (.S2) et vom Rath (95 ^) considèrent comme les terminaisons caractéristiques des organes chordo- tonaux. Les coupes ne nous ont rien donné qui soit contraire à cette hypo- thèse ; il est même très vraisemblable que nous avons rencontré ces organes, mais l'étude de matériaux frais devra être reprise, car les détails des termi- naisons scolopales ne peuvent que bien exceptionnellement apparaître dans des coupes. d) Membrane hémostatique. Cette formation faisant l'objet principal du mémoire de Godelmann, (1901), nous n'avons plus de raison d'insister sur des images qui rappellent celles de cet auteur (rapprocher nos fig. 6 et 7 de ses figures 3 et 5). Un seul détail complémentaire nous arrêtera quelques instants. L'observateur de Leipzig ne s'explique pas sur la nature des éléments constitutifs du diaphragme obturateur. Nous croyons pouvoir les considé- rer comme des cellules hypodermiques modifiées, allongées radialement et dont quelques-unes ont perdu toute relation avec la cuticule pour se mettre en rapport avec la trachée axiale. Cette interprétation nous parait d'ail- leurs implicitement indiquée dans les figures citées, qui rendent encore mieux que les nôtres l'aspect que nous avons eu sous les yeux. Elle ne sup- pose, dans les éléments de l'hypoderme, que leur aptitude bien connue à s'allonger et à s'écarter les uns des autres (voir par exemple Pavlova, 95, fig. 38). Elle s'impose d'ailleurs par exclusion, vu qu'à ce niveau les cel- lules hypodermiques banales manquent complètement. Graber (74) semble avoir rencontré une formation analogue qu'il a décrite comme tissu fibrillo'ide suspenseur des trachées. La figure qu'il en donne rappelle beaucoup celles de Godelmann et les nôtres. Son interpré- tation ne saurait être maintenue — la trachée ne demandant pas plus à être soutenue à ce niveau qu'à tout autre — et il est à croire qu'elle n'aurait pas été proposée, si l'attention de l'auteur s'était portée sur les phénomènes d'autotomie. RECHERCHES SUR LES PHASMES 143 e) Glande tlioracique. Parmi les dépendances du tégument, il convient de compter les glandes thoraciques. Ces deux invaginations hypodermiques, situées latéralement à la partie antérieure du protergum, signalées par Heymons chez Bacilliis rossii, se sont présentées chez tous les phasmes que nous avons disséqués. Nous donnons, fig. 8, une coupe longitudinale de l'une d'elles d'après Lcp- tyiiia attcmiata. On remarquera la forte musculature qui recouvre la poche. Cette disposition est donc dififérente de celle des Sliuckdriiseii des forficu- lides (VossELER, 90), chez lesquels la compression de la poche est produite par des muscles extrinsèques à la glande. On considère ces organes comme des glandes répugnatoires chez les phasmes. Nous n'avons pas pu constater chez nos espèces le rôle d'organes défensifs, mais il est possible que chez d'autres ce caractère soit plus ac- centué (Scudder). Chapitre II. Questions relatives à l'appareil digestif. L'appareil digestif des phasmes a déjà fait l'objet de plusieurs travaux. Sans parler de celui de Mueller (25), d'ailleurs bien fait pour l'époque, de celui de Bordas (98) (*), qui se rapporte aussi à la grosse anatomie, il y a surtout à signaler la description rapide qu'en donne Heymons dans la note déjà citée. Nous n'en parlerons nousméme que pour ajouter çà et là quelques détails. § 1. Jabot. Le jabot, qui précède immédiatement chez les phasmes l'intestin moyen — ventricule chylifique de quelques auteurs, — a sa paroi formée de cellules polygonales régulières, fig. 10, recouvertes à l'extérieur par une muscula- ture assez robuste et garnies à l'intérieur d'une cuticule armée de petites dents, FIG. 9. Cette structure ne semble pas annoncer que l'organe soit (*) Dans un précédent mémoire (gfi), le même auteur a signalé chez des phasmes exotiques deux réservoirs salivaires piriformes. Nous n'avons rien trouvé de semblable dans nos espèces; à une première observation, les glandes thoraciques arrachées et perdues au milieu des glandes salivaires peuvent induire en erreur, mais nous ne voulons pas dire que ce soit le cas de Bûkdas. 18 144 ï^- DE SINETY destiné à absorber les produits de la digestion. Nous ne ferions même aucune allusion à la possibilité de cette aptitude, si des expériences récentes n'avaient amené Petrunkewitsch à considérer le jabot chez certains ortho- ptères comme l'organe principal de l'absorption (99, p. 179). Avant d'entreprendre des expériences comparatives sur les phasmes, nous avons cherché à reproduire celles de l'auteur sur les blattes et nous avons été conduit par là à des résultats si différents, que nous croyons devoir les consigner ici en rapprochant les deux séries d'expériences. Voici la marche suivie par Petrunkewitsch : Une blatte est isolée et laissée à jeun 24 heures, après quoi on lui fait ingérer de la graisse. L'animal est ouvert peu de temps après et l'on trouve à l'autopsie que les cellules épithéliales du jabot contiennent de la graisse. Petrunkewitsch en conclut que cette substance a été absorbée. Nous avons procédé d'une manière un peu différente. Les blattes que nous avions à notre disposition étaient des Periplaneta ûitstralasitv prises en parfaite santé dans les serres du Muséum de Paris. Après quelque temps de séjour au laboratoire, où elles avaient été fort négligées, un examen préalable ayant permis de reconnaître que les cellules du jabot contenaient de la graisse, il nous parut difficile d'admettre que ce fut là un résultat d'absorption digestive. Deux individus furent alors isolés et soumis à un jeune prolongé. Après douze jours, un des deux fut sacrifié : les cellules épithéliales du jabot ne contenaient absolument plus de graisse. Nous étions en droit de conclure que le second individu devait être dans le même état. A partir de ce mo- ment, ce dernier fut nourri exclusivement avec de la fécule. Après six jours de ce régime, la graisse reparaissait dans le jabot sous la forme de petites boules qu'il nous a été possible de brunir par l'oxyde osmique et de dissoudre dans le chloroforme, fig. 11. Cette graisse ne pouvait provenir de l'alimen- tation qui était exclusivement hydrocarbonce. Il faut conclure qu'elle se trouvait dans les cellules à titre de réserve. L'épithéHum du jabot dans ce cas est donc comparable fonctionncllemcnt au corps adipeux et capable comme lui d'élaborer de la graisse aux dépens de matériaux empruntés au sang. Que faut-il donc penser des expériences de Petrunkewitsch? Que sa blatte, n'a3-ant jeûné que durant 24 heures, n'avait pas eu le temps d'épuiser ses réserves. Nous avons d'ailleurs fait une autre expérience confirmative. Une RECHERCHES SUR LES PHASMES 145 blatte, ayant jeûné pendant douze jours, fait un repas dans lequel entre de la graisse et est sacrifiée peu de temps après. Dans ce cas, les cellules épithéliales du jabot ne contiennent pas de graisse. C'est que les réserves n'ont pas eu le temps de se constituer. Nous devons ajouter qu'un détail de l'expérience de Petrunkewitsch reste encore pour nous inexpliqué ; l'auteur dit que, si l'on tarde trop à ouvrir la blatte après l'ingestion, on ne trouve plus qu'une faible quantité de graisse dans les cellules épithéliales du jabot. On ne voit pas, si la graisse est une réserve, comment un repas de plus a pu la faire diminuer. Le sujet avait il été bien alimenté auparavant? Concluons que la voie expérimentale, quoi qu'en dise Petrunkewitsch, donne raison aux prévisions de Cuénot qui écrivait en 1895 : « Il parait impossible qu'il puisse y avoir la moindre absorption dans le jabot r. § 2. Valvule oesophagienne. J. MuELLER (2f!, p. 1 7) fait remarquer quc la paroi dorsale de l'œso- phage, chez Phasmaferula, se continue dans l'intestin moyen par un pro- longement assez long qui pend librement dans la cavité intestinale. Heymons (97, p. 368J retrouve la même particularité chez Bacillns rossii et pour cet auteur, le rôle de cette lame ne peut être que celui d'une val- vule d'occlusion (Verschlussklappe). Dans les dissections et dans les coupes, nous avons pu constater à notre tour la généralité de cette disposition chez les phasmides. En réalité, cette valvule n'est pas autre chose qu'une invagination de la paroi intestinale, comme l'indique le schéma 13, A. Entre les deux feuillets, id, parfaitement distincts, pénètrent des trachées et, accidentellement du moins, des glo- bules sanguins; nous avons trouvé quelquefois cette dépendance du cœlome bourrée d'amibocytes. Une coupe suivant la ligne ponctuée, représentée en B', montre la valvule comme un anneau aplati, dont les deux parois sont le plus souvent adossées. Nous ne pensons pas que cette formation doive être regardée comme exclusivement propre aux phasmes. Elle n'est que le développement asymé- trique, unilatéral, de l'invagination annulaire qui constitue précisément la valvule œsophagienne [Riissel des auteurs allemands) chez la plupart des insectes. Pour justifier le rapprochement, nous donnons, fig. 12, A, un sché- 146 R- DE SINÉTY ma d'après Schneider (go), qui représente la disposition du Riissel chez Chironomiis. Le jabot, J, s'avance dans l'intestin moyen par sa partie inférieure, ce qui détermine la production d'une invagination annulaire cœlomique qui descend dans le médiintestin. En coupe transversale, B, on rencontre cette poche sous la forme de deux anneaux concentriques. Une lame tabulaire (la membrane péritrophique) fait suite chez les diptères à la valvule œsophagienne. Cette membrane existe aussi, croyons- nous, chez les phasmes, mais jusqu'ici nous ne l'avons pas soumise à une étude spéciale. Comme il est facile de s'en rendre compte en comparant nos deux schémas 12 et 13, il n'y a, pour passer de la disposition typique des diptères à celle des phasmes, qu'à exagérer la pénétration d'un côté et à la diminuer de l'autre. Les appendices tubulaires, ou cœcums gastriques, qui naissent du bour- relet ba, chez la majorité des insectes, demeurent rudimentaires chez les phasmes et font entièrement défaut du côté dorsal. L'examen à frais de la valvule asymétrique montre que la cuticule chitineuse qui la recouvre porte de petites aspérités assez semblables à celles de la cuticule œsophagienne. Par endroits, et spécialement sur les bords, on voit des proéminences sur la signification desquelles nous ne sommes pas fixé. Nous reproduisons, fig. 14, l'aspect dentelé qu'elles donnent à l'ensemble. Au point de vue physiologique, nos recherches n'ont rien donné de définitif, mais il nous semble que cet appendice se prêterait assez mal au rôle que lui attribue Heymons, d'empêcher le reflux des ingesta vers l'œso- phage. Il serait entraîné et simplement renversé si un courant s'établis- sait de bas en haut. De plus, la forte musculature circulaire qui entoure l'intestin à ce niveau, semble efficace pour arrêter par elle seule tout retour vers l'œsophage. § 3. Intestin moyen. Nous ne croyons pas devoir nous attarder à une description de l'intes- tin moyen, sa structure, très conforme au type ordinaire, ayant été suffi- samment indiquée par Heymons d'après Bacilhis rossii. On y rencontre assez fréquemment des cellules vieillies, détachées et RECHERCHES SUR LES PHASMES 147 rejetées dans la lumière intestinale, conformément à ce qui a été décrit chez les grillons par Léger et Duboscq (99 c). a) Plateau cilié du viédiintestin. Plus fréquemment encore, on rencontre dans certaines régions des boules de sécrétion surprises et figées dans l'acte même de leur expulsion par les cellules, entre les filaments du plateau (Vignon n'admet pas cette interprétation, 1900 c). Ce dernier est constitué par des cils robustes, bien apparents, (juel que soit le procédé de préparation. Lorsqu'on dilacère à frais un fragment de paroi intestinale, on obtient aisément des cellules isolées qui se présentent avec les aspects dessinés FiG. 15 et 16, l'un ou l'autre suivant qu'elles sont vues de champ ou de face. De telles images témoignent de l'état de compression dans lequel se trou- vait la région distale de la cellule, sans doute par suite de l'accumulation des ferments digestifs, et de la détente qui s'y produit dès qu'elle se trouve dégagée. Dans ces conditions, une cellule, vue par sa face libre, prend une apparence d'oursin ; les cils rendus très divergents se détachent avec la plus grande netteté, surtout ceux de la région équatoriale qui se projettent libre- ment sur le champ visuel. Est-il besoin d'ajouter qu'ils sont absolument immobiles, même en milieu indifférent? Et ce n'est certainement pas le traumatisme qui les empêcherait de vibrer, comme il n'empêche pas ceux des cellules palléales d'une anodonte préparées de la même manière. Du reste, si la nature de notre objet se prête mal à l'observation sur le vivant, nous nous sommes efforcé d'en examiner d'autres, par ex. de jeunes larves de diptères, chez lesquels les plateaux de l'intestin et des tubes de Malpighi peuvent être observés sans léser l'animal. Or, nous avons bien vu les cils s'incliner passivement dans les déformations de la paroi qui résultent des contractions vermiculaires, ou au moment du passage des matières con- tenues dans le canal, puis se relever en vertu de leur élasticité; mais on ne' peut évidemment pas rapprocher ces mouvements des oscillations pendu- laires qui caractérisent le mouvement vibratile partout où il existe. Tous ces résultats, nous avons hâte de le reconnaître, sont anciens et il n'y a pas jusqu'à nos fig. 15 et 16 sur lesquelles nous venons de raisonner qui n'en rappellent d'autres, p. ex. les fig. 1 i et 20 de Frenzel (85). Nous avons cru néanmoins devoir nous y arrêter, parce que, à la suite de divers ,48 R. DE SINÉTY travaux de Vignon récemment parus (1900 a, b, c), l'attention a été rame- née sur la réduction problématique des plateaux ciliés des arthropodes aux plateaux vibratiles. Il nous semble à propos d'ajouter une remarque au sujet de deux autres notes parues au cours de la même année 1899, l'une de Léger et Hagenmueller sur les cils des cellules malpighiennes, l'autre de Lécaillon sur ceux des cellules intestinales des insectes. Ces auteurs ont décrit leurs résultats sans faire l'historique complet de la question, ainsi qu'il arrive souvent dans les communications préliminaires. En fait, les garnitures qu'ils ont étudiées appartiennent à ces intima si répandues qui furent envisagées comme des cuticules à « Porenkanalchen y et dont la structure ciliforme a été définitivement établie par Frenzel. Postérieurement, tous les auteurs qui ont eu affaire aux cellules de l'intestin moyen ou des tubes de Malpight, parlent de leur bordure sous des dénominations différentes : plateau strié ou cilié, plateau à filaments libres ou à bâtonnets, bordure en brosse (Har- chensaum de B'renzel), mais sans qu'il puisse exister le moindre doute sur l'idée qu'ils s'en font. C'est ainsi par exemple qu'un des plus qualifiés en anatomie d'insectes, M. Cuénot, dans son beau travail : Études physiolo- giques sur les orthoptères (95), parle du plateau de bâtonnets qui recouvre les cellules malpighiennes et du plateau strié de l'intestin moyen, alors que sa fig 6 montre des filaments absolument libres et divergents par place. b) Inclusions protéiques dans le noyau des cellules épitheliales du médiintestin. Dans les coupes de l'intestin moyen traitées par la méthode de Cajal(*) et fortement décolorées, il subsiste dans le noyau, â côté du boyau nucléinien et du nucléole, à peine teintés, un corpuscule de forme et de dimension très variables (pouvant dépasser de beaucoup celles du nucléole) et qui retient très énergiquement le magenta. Les contours irréguliers, la forte réfrin- gence de ce corps, fig. 19, z, ne permettent pas de le considérer comme un nucléole spécial; il est bien plutôt l'analogue des cristalldides découverts par LÉGER et Duboscq dans les noyaux de cette même région chez les grillons (99b). Ces auteurs font remarquer la grande affinité de ces inclu- sions pour la safranine dans la méthode de Flemming. (*) Les renseignements sur la technique seront donnés plus loin à propos de la spermatogénèse. RECHERCHES SUR LES PHASMES 149 c) Appendices de l intestin moyeu. Heymons (97) ajustement insisté sur une autre particularité de l'intes- tin des phasmides, signalée mais mal interprétée par ses devanciers. Nous voulons parler des organes tubulaii'es qui débouchent dans l'intestin moyen sur une assez grande étendue au-dessus du niveau d'insertion des tubes de Malpighi. C'est par une dilatation piriforme que chacun de ces appendices (dont le calibre est bien inférieur à celui des tubes de Malpighi) aborde l'intestin. Nous en avons compté 31 chez un Lcptynia atlenuata. Nous donnons, fig. 17, une coupe longitudinale de l'intestin intéressant l'origine d'un de ces organes. Heymons a 'montré cju'au point de vue embryogénique et morpholo- gique ces diverticules sont assimilables aux tubes de Malpighi ; mais il pense qu'ils en diffèrent au point de vue physiologique. Nos recherches sur ce point sont encore bien incomplètes. Les deux sortes d'organes se com- portent différemment visa vis des injections physiologiques de matières colorantes ; les appendices se montrent en général peu sensibles, cepen- dant il nous ont paru éliminer le bleu Ehrlich presque aussi activement que les tubes de Malpighi. Il se pourrait qu'ils aient à remplir un rôle excréteur, mais moins général que celui des organes dépurateurs propre- ment dits. En finissant, nous dirons quelques mots sur les rapports de ces appendices avec les muscles longitudinaux (*). Ceux-ci sont très robustes (*) La musculature intestinale est assez remarquable dans les espèces que nous avons étudiées; sans en donner ici une description détaillée, puisque nous nous sommes proposé de passer rapide- ment sur l'étude histologique de l'intestin, nous croyons devoir en indiquer les traits essentiels. L'ensemble des fibres contractiles se décompose comme toujours en un système transversal et un système longitudinal. Le premier s'étend sur toute la longueur de l'intestin, bien qu'il soit très inégalement développé au.x divers niveaux. Sur l'œsophage, outre les fibres annulaires, on remarque, suivant certaines bandes, des fibres obliques, croisées et assez courtes, destinées manifestement à remplacer les fibres longi- tudinales, mais qui se rattachent morphologiquement aux transversales. Sur le tronçon antérieur du médiintestin, ces dernières sont robustes et espacées ; de là, les sillons semi-annulaires assez profonds signalés par divers auteurs. Plus bas, elles deviennent plus conformes aux types communs. C'est le système longitudinal qui présente les particularités les plus originales. Sur toute l'éten- due du médiintestin, le tronçon antérieur e.xcepté, les fibres se présentent sous la forme de cordons très espacés, mais équidistants, où on distingue des files de noyaux serrés; de part et d'autre s'en détachent des branches qui tantôt s'anastomosent avec celles d'un cordon voisin, tantôt s'épuisent en minces rubans interposés aux cordons d'origine. Nous ne voudrions pas décider s'il existe ou non un autre système longitudinal. Quoi qu'il en soit, celui-ci subit aux deux e.xtrémités des mo- difications tout à fait remarquables tendant à assurer le maintien en place de tout le tube digestif. Une première modification est à noter sur le tronçon antérieur du médiintestin, où les cordons 150 R- BE SINETY et équidistants sur toute la région comprise entre les insertions malpi- ghiennes et les boursouflures transversales du tronçon antérieur. Il est à remarquer que, lorsqu'un appendice naît au voisinage d'une de ces fibres, celle-ci lui fournit une branche, fig. 20, m, que Ton suit quelque temps à la surface de la dilatation piriforme. Si l'appendice naît à égale distance de deux fibres, chacune d'elles lui envoie un semblable rameau. Ces circon- stances peuvent avoir une signification morphologique assez importante. On remarque, en disséquant l'insecte en milieu indifférent, que les appen- dices du médiintestin sont animés des mêmes mouvements en serpenteaux que les tubes de Malpighi. Guidé par ce parallélisme, nous avons pu re- connaître que dans les deux cas ces mouvements sont commandés par des rubans musculaires analogues. Il est vraisemblable que ces fibres hélicoïdales ne sont qu'un prolongement ou une dérivation des branches d'origine signa- lées plus haut. Au point de vue de la structure, les appendices du médiintestin rap- pellent tout à fait les tubes de Malpighi. Les cellules, au moins dans la partie proximale, sont plurinucléées. Celles de la dilatation piriforme, FIG. 20™^, comptent jusqu'à cinq ou six noyaux. Il existe sur la face libre interne une bordure en brosse. § 4. Tubes de Malpighi. a) Distinction de deux espèces de tubes. Chez la jeune larve de Leptynia attenuata, à la sortie de l'œuf, le nombre des tubes de Malpighi est voisin de i8. Insérés à la limite de s'accumulent en grand nombre suivant les lignes médio-dorsale et médio-ventrale ; au-delà, en re- montant, la plus grande partie de ces cordons, ceux qui viennent de la région dorsale et des flancs, s'isolent de Tintestin et se réunissent, d'abord en trois, puis en un seul ruban, qui parcourt tout le thorax pour aller s'insérer au tiers antérieur du pronotum, en arrière de l'orifice excréteur de la glande thoracique droite. Ceux qui viennent de la région ventrale confluent presqu'immédiatement en une seule fibre un peu plus grêle qui prend son insertion au point symétrique. Sur l'intestin postérieur, il y a aussi des confluences qui réduisent le système à un petit nom- bre de cordons longitudinaux toujours appliqués; ceux-ci, dans la région distale, fournissent des branches obliques qui vont à la peau. Au-dessous de ce niveau, il y a d'autres fibres intestino- cutanées, indépendantes du système précédent. La double mise en rapport, antérieure et postérieure, avec le tégument révèle dans la mus- culature longitudinale continue une destination mécanique qui ne semble pas avoir été sufiisamment mise en relief jusqu'ici. Elle peut jeter aussi quelque jour sur sa signification morphologique, en montrant sa réduction probable à deux unités anatomiques primordiales. MuELLER avait parfaitement observé ces gros cordons nacrés remontant le long du thorax, mais il n'a pas tiré de son observation les conclusions qu'elle aurait pu lui suggérer; de plus, c'est à tort qu'il place Tinsertion de ces fibres dans la tête (25, p. i8). RECHERCHES SUR LES PHASMES I5I l'intestin moyen et de l'intestin terminal, suivant une couronne annulaire, ils remontent tous d'abord le long de l'intestin moyen, puis se recourbent et redescendent. A divers niveaux, ils reçoivent un assez grand nombre de branches trachéennes qui les abordent, les unes de haut en bas, les autres de bas en haut, celles-là donnant un rameau ascendant, celles-ci donnant un rameau descendant, de manière à desservir l'organe sur un assez long parcours, en aval et en amont du point d'arrivée (*). L'extrémité est libre et en doigt de gant. Si nous ouvrons une femelle adulte appartenant à la même espèce, nous serons frappé par le nombre beaucoup plus grand, à peu près triple, de tubes de Malpighi. Un examen un peu attentif permettra de les distin- guer en deux groupes : supérieurs ou ascendants, inférieurs ou descendants. Les tubes supérieurs présentent les mêmes caractères que les tubes de la jeune larve, à la longueur près. L'enchevêtrement des branches tra- chéennes qui les accostent rend très difficile leur préparation; mais si l'on arrive à les suivre jusqu'à leur extrémité, on trouve celle-ci encore libre, FIG. 25. En plus des précédents, qui ne sont que les tubes du stade I dévelop- pés, il y en a de nouveaux qui semblent s'insérer deux par deux au-dessous des points d'insertion des premiers, chaque paire pouvant être considérée comme les branches de bifurcation d'un tronc commun très court, parfois réduit à une saillie de la paroi intestinale; ils descendent directement sans se boucler. Une trachée unique, appliquée sur le tronc commun, se bifurque en branches d'égale importance qui se jettent respectivement sur chaque tube et l'accompagnent à peu près jusqu'à son extrémité, en décrivant à sa surface une spirale très lâche et fournissant de distance en distance de courtes branches latérales qui s'épuisent presque immédiatement en trachéoles. Cette manière d'être vis-à-vis des trachées facilite beaucoup la dissec- tion ; lorsque l'on veut suivre isolément un de ces tubes, on le trouve libre d'attaches aux organes voisins sur toute sa longueur. L'extrémité distale, au contraire, au lieu d'être libre comme dans les tubes de la première espèce, est en rapport avec des trachéoles ou des tra- chées dépendant de la charpente de soutien du corps adipeux, fig. 24; lors- qu'on la prépare par extirpation ou même en respectant le plus possible ses (*) Les trachées qui fournissent aux tubes supérieurs viennent des stigmates des segments V, VI, VIL Les branches homologues qui partent des stigmates abdominaux précédents se distribuent à l'intestin. 19 152 R- DE SINÉTY connexions, on la voit toujours entourée de cellules saillantes, d'aspect vésiculeux, es, pareilles à celles qui ont été décrites et figurées par Sirodot chez les grillons (58). Les tubes inférieurs se distinguent encore des tubes supérieurs, chez la femelle, par leur aspect latescent, surtout dans des parties renflées, véritables poches d'accumulation, de la partie distale. L'étude chimique des concrétions contenues dans ces régions nous montrera que le carbo- nate calcaire y prédomine, quand au contraire il fait défaut dans les tubes supérieurs. Chez le mâle, les tubes inférieurs se développent relativement peu et à aucune époque nous n"avons pu y constater la présence de calcaire. Ces caractères généraux se sont montrés constants dans les diverses espèces que nous avons pu examiner. Les différences observées portent sur le nombre des tubes de Malpighi, soit sur le nombre initial, soit sur le nombre final. Chez Bacillus galliciis, nous trouvons 23 tubes chez une jeune larve et chez l'adulte deux ou trois tubes inférieurs pour un supérieur; chez Meuexenus obtiisespinosus, on compte une quinzaine de tubes seulement à l'éclosion ; à chacun d'eux correspond, dans l'imago, un groupe de trois ou quatre tubes descendants. Chez Cliliimnus patellifer, la disposition et la proportion des tubes inférieurs par rapport aux supérieurs sont les mêmes, mais nous n'avons pas fait de numération exacte. Il faut signaler dans cette espèce l'absence de carbonates dans les tubes inférieurs, au moins dans les deux individus femelles que nous avons pu disséquer. Nous n'avons pas suivi le développement des tubes inférieurs dans toutes les espèces qui viennent d'être citées, mais seulement chez Bacillus galliciis et Leptynia atteniiata. Chez ce dernier, c'est au début du stade II qu'apparaissent les premiers rudiments des tubes descendants. Ils naissent tellement près du point d'insertion des tubes ascendants que l'on pourrait tout aussi bien les considérer comme des dépendances directes de la paroi intestinale, que comme des dépendances du tube préexistant, fig. 21 (*). Le phénomène de la croissance présente quelques particularités dignes d'intérêt. Le premier rudiment de l'appendice est un bourgeon massif, au moins à son extrémité, et celle-ci demeure telle jusqu a la fin du développe- (*) Chez certains orthoptères sauteurs, les tubes de Malpighi naissent également par des troncs communs et une coupe longitudinale qui intéresse ces origines peut offrir quelque ressemblance d'allure avec celle que nous proposons (v. Visart, S4, fig. 3i, TM). RECHERCHES SUR LES PHASMES l53 ment, la lumière y apparaissant par suite d'une espèce de clivage axial. La multiplication cellulaire est lente au début, mais à un moment donné (à la fin du stade III pour Bacillits gallicus et pour les premiers tubes qui se développent) {*), il se déclare une crise caryocinétique intense de peu de durée, qui amène l'organe à son état à peu près définitif. Les figures de division, introuvables avant comme après, sont très nombreuses pendant cette période fugitive, fig. 26; les cellules jeunes sont surbaissées et sériées en longueur, comme dans un méristème radiculaire ; puis elles s'accroissent progressivement dans tous les sens, tandis que la période de division indi- recte semble faire place à une période de division directe. Il nous paraît, en effet, que toutes nos observations conduisent à rattacher à un processus amitosique l'état plurinucléé définitif. Le fait que dans le cours du développement le nombre des tubes de Malpighi augmente n'est pas nouveau chez les insectes. Korschelt et Heider (92) l'énoncent pour Gryllotalpa en se référant à un mémoire de Rathke (44), où les tubes larvaires, en très petit nombre efi'ectivement par rapport au système de l'adulte, sont représentés dans deux figures. Mais là s'arrêtent les ressemblances entre les phasmides et ce gryllide. On pourrait, au premier abord, être tenté de comparer les tubes blancs de Gryllotalpa aux tubes inférieurs des phasmes et ses tubes jaunes aux tubes supérieurs. Mais le contenu des tubes blancs de Gryllotalpa est exclusive- ment formé de grosses concrétions d'acide urique mêlées d'urates, représen- tées FIG. 22, et l'on n'y trouve pas de carbonates. De plus, il existe des tubes blancs chez la jeune larve, tandis que les tubes inférieurs sont tous déve- loppés tardivement chez les phasmes. b) Facteurs anatoniiques généraux. Les caractères anatomiques des deux sortes de tubes sont les mêmes et nous n'y insisterons pas, car ils sont bien connus d'après les travaux faits sur les autres insectes. Remarquons seulement que les cellules sécrétrices sont binucléées, fig. 18, et il est probable que l'origine des deux noyaux se rattache au processus de division directe signalé à propos du dévelop- pement; on en trouve çà et là d'étranglés en forme de biscuit. Plusieurs fois, ces noyaux se sont montrés bourrés d'inclusions ayant l'apparence de cristalloïdes. (*) Nous ne sommes pas sûr que tous les tubes inférieurs se développent en même temps; nous serions au contraire porté à admettre plutôt un développement successif. 154 R. DE SINETY Sur leur face interne, les cellules sont munies d'un plateau cilié ou bordure en brosse, qui peut atteindre de grandes dimensions. Nous sommes incapable de dire si les tubes de Malpighi sont recou- verts par une couche conjonctive, comme l'admettent les auteurs; mais il y existe une musculature formée de longues fibres enroulées en spirale lâche, du même type que celle qui a été décrite par Léger et Duboscq chez les grillons (99 a). Toutefois, tandis que ces auteurs admettent que Tenroulement des trachées se fait en sens mverse de celui des fibres musculaires, nous trouvons qu'il se fait dans le même sens chez les phasmes, fig. 23. Grâce à une malformation accompagnée de hernie transparente, il nous a été possible de constater que les contorsions, si faciles à observer dans les dissections, se produisent sur le vivant et dans le milieu naturel avec les mêmes caractères. Pour ne pas insister davantage sur cette musculature, ajoutons que, dans quelques cas plus favorables d'observation à frais, on peut voir direc- tement les fibres se contracter et cette modification s'accompagner d'une déformation des tubes. c) Cellules de Sirodot. Nous avons déjà signalé l'existence de cellules spéciales localisées à l'extrémité des tubes inférieurs et emprisonnées entre les mailles du réseau trachéolaire ou trachéen, qui enlace le tube pour le rattacher à un lobe adi- peux. Ces cellules sont analogues à celles que Sirodot (58) a décrites chez les grillons. Nous n'avons pas la prétention de définir d'une manière rigou- reuse le rôle de ces éléments. Toutefois, il nous semble qu'ils pourraient être considérés comme des cellules malpighiennes modifiées. Dans les espèces qui nous occupent, la modification aurait pour but de pourvoir l'extrémité de l'organe de véritables excroissances qui pénètrent dans les fins interstices et lui permettent d'aller pour ainsi dire au-devant des trachées. Celles-ci se jettent effectivement sur l'extrémité du tube, l'enlacent d'un réseau trachéolaire et lui fournissent même un ou plusieurs rameaux qui s'enroulent en hélice sur un certain parcours. Par là se complète la fixation et l'aération de cette catégorie de tubes. Car il ne faut pas perdre de vue que l'époque tardive de leur développement ne permet plus leur desserte par des trachées venant directement des stigmates. RECHERCHES SUR LES PHASMES 155 d) Contenu des tubes de Malpighi. Les concrétions que l'on rencontre clans les tubes de Malpighi sont de forme et de nature très diverses : il y a des urates, de l'acide uriquc, des carbonates, des oxalates, de la leucine. Carbonates. Ils sont localisés — du moins chez Leptynia attenuata, — dans la partie moyenne des tubes inférieurs, où ils sont accumulés en grande quantité sous la forme de petites sphérules très inégales. Ils présentent au point de vue optique les mêmes caractères que chez le Tlvixiou, où ils ont été décrits par Pantel. Entre les niçois croisés, les sphérules s'illuminent visiblement, mais ne donnent pas le phénomène de la croix. Il est probable qu'il existe une striation concentrique et une stria- tion radiale. Leur nature calcaire ne fait aucun doute. Un paquet de tubes est placé dans une cellule. A côté, on met une goutte d'HCl à 30 0/0. On recouvre d'une lamelle chargée en dessous d'une goutte d'eau de baryte, fraîchement préparée et limpide. En dehors, une goutte semblable est disposée à l'air libre et sert de témoin. On incline la cellule de manière à mettre en contact HCl avec les tubes. Il se produit une effervescence et aussitôt il y a opalescence de l'eau de baryte, tandis que la goutte extérieure reste limpide. Au microscope, le précipité formé présente des ramifications en buisson et a identiquement le même aspect que lorsqu'on reproduit l'expérience avec CO'K^ à 50 0/0 et HCl. L'acide acétique peut remplacer l'acide chlor- hydrique. Il est assez remarquable de trouver ces carbonates localisés exclusive- ment chez les femelles. Ce fait n'est peut-être pas sans relation avec la for- mation du chorion de l'œuf. Urates. Abondants chez les gryllides (Gryllus, Gryllotalpa), Cuénot fait remarquer qu'ils manquent chez les autres orthoptères qu'il a pu étudier: sauteurs, blattes, mantes et forficules. Nous trouvons que les phasmcs en sont abondamment pourvus. Un faisceau de tubes de Malpighi soigneusement débarrassé de tissu adipeux est traité sur porte-objet par une goutte d'acide acétique à froid. On voit apparaître des formes cristallines de l'acide urique autres que les formes préexistantes et parfaitement reconnaissables, p. ex. de grands cris- tallites en forme de pierre à aiguiser, groupés ou isolés, s'illuminant et s'irisant d'une façon caractéristique entre les niçois. 156 R. DE SINÉTY Acide uriqite. Il constitue un des principaux produits d'excrétion des tubes de Malpighi. Il y est sous la forme de cristaux isolés ou de mâcles, celles ci pouvant être formées d'acide urique seul ou associé à un urate. La forme et les dimensions des cristaux sont extrêmement variées. On peut signaler comme plus fréquents de petits prismes bacillaires tout à fait comparables à des bactéries et des tables losangiques de toutes dimensions; des formes en tonneau, très caractéristiques, se rencontrent aussi, mais plus rarement. Quelles que soient les formes et leur groupement, nous ne con- naissons pas de meilleur moyen de faire instantanément le triage des cor- puscules uriques que d'observer la préparation à la lumière polarisée : l'acide urique a une manière de s'illuminer qui ne permet pas de le con- fondre avec d'autres corps. D'ailleurs, il est facile d'ajouter à ce diagnostic le contrôle des réactions, principalement de la dissolution par une trace de potasse, avec mise en liberté subséquente de l'acide urique par une trace d'acide chlorhydrique. Parmi les mâcles complexes, il faut citer des sphères qui s'illuminent brillamment entre les niçois croisés à la manière de l'acide urique, mais en donnant lieu en plus au phénomène de la croix. Elles sont solubles en par- tie dans l'acide acétique, en partie aussi dans la potasse, ce qui indique un mélange d'urate et d'acide urique (*). Oxalatt's. Ils se présentent sous la forme d'octaèdres quadratiques d'une parfaite régularité et d'une belle teinte vert pâle; ils rappellent tout à fait les classiques cristaux de Bégonia. Leiiciiie {?). Après l'action des dissolvants de l'acide urique et des urates, il reste encore de grosses boules jaunâtres sur la nature desquelles nous ne sommes pas bien fixé. Elles ont bien l'aspect et les caractères microchimiques de la leucine. (*) La même chose a lieu pour les grosses concrétions blanches de Gryllotalpa, fig. 23, ainsi que CuÉNOT l'a fait remarquer. Observées directement, ces masses sont en général très opaques ; mais par suite de phénomènes de diffraction, elles prennent un éclat nacré qui en laisse voir les contours mamelonnés, a ; si l'on ajoute une goutte de KOH, on peut observer une corrosion graduelle, tenant au départ de l'acide urique, b ; après raction à refus, il reste une gangue zonce qui donne entre les niçois le phénomène de la croix, b'. RECHERCHES SUR LES PHASMES 157 Chapitre III. Appareil circulatoire. § 1. Partie abdominale et thoracique du vaisseau dorsal. a) Disposition générale, ostioles, muscles aliformes. La constitution du vaisseau dorsal, pour la partie abdominale et tho- racique, rappelle dans ses traits généraux celle qu'il affecte chez les autres orthoptères. Les ostioles sont situés dans la partie postérieure des segments; leur structure et leur situation sont analogues à celles que Graber(73) a vues chez M elolonl lui. Outre ces fentes qui sont situées sur les côtés, Kowalewsky (94, p. 286) en a signalé de ventrales chez les orthoptères (acridiens et locus- tiens), ce qui conduit pour chaque segment à un système complexe d'orifices ventriculaires. Chez Caloptemis, par exemple, cet auteur a trouvé que " — les chambres du cœur dans les segments abdominaux ont chacune quatre ouvertures : deux par lesquelles elles reçoivent le sang de la région péricar- diale et deux autres à l'aide desquelles elles reçoivent le sang de la région périintestinale ". Nous avons inutilement cherché à retrouver chez les phasmes les deux ouvertures supplémentaires ou ventrales et nous croyons, après avoir examiné des coupes en série sans perte, qu'il n'y en a point. Au rapport de Graber (72, p. 143), Mueller n'aurait reconnu chez Phasma cornutnm qu'une seule paire d' ostioles (*); pour nous, toutes les fois que nous avons débité en coupes horizontales un tronçon d'abdomen, pris au hasard, nous y avons toujours trouvé une paire d'ostioles par seg- ment et dans des dissections faites après injection préalable de magenta, qui se localise aisément dans la région des valvules, nous avons pu recon- naître la suite très régulière de ces appareils d'occlusion dans quatre à cinq segments consécutifs. Nous n'avons pas d'observation précise sur l'extrémité anale. Le système de valvules le plus antérieur que nous ayons remarqué correspond au segment médiaire. Il fait la séparation entre la partie abdo- minale du vaisseau dorsal ou cœur proprement dit et la partie thoracique ou aorte. (*) Nous avons bien pu vérifier que Mueller a admis l'existence d'une seule paire de muscles aliformes; cependant, il nous a été impossible de nous assurer s'il affirme également celle d'une paire unique d'ostioles. ir,8 R- DE SINÉTY Malgré les lacunes que nous venons de signaler dans nos observations, les faits déjà constatés montrent que chez les phasmes le nombre des orifices d'introduction du sang est très comparable à celui des autres insectes. Quant aux muscles aliformes, Mueller n'est pas le seul observateur qui en ait attribué aux phasmjcs un nombre réduit. Vosseler (91, p. iS8) en signale deux paires thoraciques chez Bacillus rossii : une dans le méso-, une dans le métathorax; mais dans la région abdominale, il n'en trouve que de faibles indications et semble ne pas s'éloigner de l'opinion de Bur- MEiSTER qui n'y admettait qu'une paire d'ailes (32, p. i67). H en existe certainement plusieurs et la dissection d'une espèce exotique de grande taille {Clitiuniins patcllifer) nous a permis de les mettre en évidence dans les cinq premiers segments abdominaux, où une paire de muscles corres- pond exactement à un système d'ostioles. Il est donc probable, pour ne rien dire de plus, que partout où il y a des ostioles, on trouvera des muscles aliformes. Le fonctionnement des valvules est trop étroitement relationné aux contractions des ailes pour qu'il en soit autrement. Nos observations, en effet, nous amènent à adopter plei- nement avec Vosseler (91, p. n?) et Pantel (98, p. 164), contrairement aux vues de Graber, l'intervention des muscles aliformes dans les mouve- ments de diastole. Les coupes transversales confirment pleinement cette manière de voir. En général, elles ne laissent reconnaître aucune lame allant obliquement du plancher cardiaque à l'hypoderme, que l'on puisse identifier avec le septum péricardial des acridiens. C'est qu'en effet un pareil septum n'existe pas chez les phasmes, ainsi que Vosseler en a déjà fait la remarque (loc. cit. p. 92). De distance en distance pourtant, on voit apparaître des tractus plus ou moins prolongés, fig. 1, sp, et fig. 27, spc, mais d'après leurs caractères, ces bandes ne peuvent être que les muscles aliformes (*). b) Structure. L'étude histologiquc de la paroi cardiaque donne lieu à quelques re- marques. L'aspect annelé que plusieurs auteurs lui ont reconnu (Graber, 72, p. 135) se montre aussi chez les phasmes. Cet aspect, comme l'a déjà (*) On y observe, en effet, une striation transversale très nette, qui n'a pas été rendue par le graveur, spécialement fig. 27 ; ce détail a été masqué par des lignes longitudinales trop vigou- reuses et trop raides. RECHERCHES SUR LES PHASMES 159 reconnu Vosseler (91, p. 54), fournit le moyen de rattacher la structure complexe du vaisseau dorsal, tel qu'il se présente chez l'imago, à celle plus simple que nous avons observée chez la larve, et par là à la structure typique que l'on a décrite chez les larves d'insectes à métamorphoses complètes. On sait que, chez celles-ci, l'organe propulseur est constitué par une série d'anneaux formés chacun par deux cellules musculaires uninucléées, courbées l'une vers l'autre et soudées suivant les lignes ventrale et dorsale. Or, chez les très jeunes larves de phasmes, le même organe se montre en coupe transversale sous la forme d'un anneau musculaire ayant aux deux extrémités de son diamètre transversal un noyau qui proémine dans la lumière, fig. 28. Cet aspect, ne différant pas de celui que fournissent les larves de diptères, ne peut que comporter la même interprétation. 11 s'agit dans les deux cas de deux cellules musculaires réunies suivant les extré- mités du diamètre vertical par des soudures non visibles. L'individualité des divers anneaux successifs se voit fort bien soit sur les coupes tangentielles, soit dans l'examen à frais de l'organe tout entier. Ultérieurement, les cellules cardiaques, comme les autres cellules musculaires de l'organisme, subissent une multiplication nucléaire qui ren- drait impossible l'interprétation des images fournies par l'adulte, si l'on né- gligeait de suivre le développement de l'organe. Si la nature des anneaux m.usculaires qui constituent la " tunique moyenne ■^ des auteurs est assez bien connue, la plus grande divergence de vues règne lorsqu'il s'agit de préciser ce que l'on entend par intima et ad- ventitia du vaisseau dorsal. "Vosseler, après avoir rappelé quelques-unes de ces opinions au sujet de Viiitima, conclut en invitant les travailleurs à éclaircir la question (*). Pour ce qui regarde l'interprétation de l'intima, rappelons que Leydig la considère comme une membrane non structurée, ce qui ne définit rien, tandis que Viallanes y voit des fibres longitudinales. Sans pouvoir affir- mer que sa structure cliez les autres insectes soit la même que chez les phasmes, nous sommes incliné à croire que dans beaucoup de cas on a pris pour une membrane spéciale le sarcolemme interne de la fibre musculaire en anneau. C'est du moins ce qui ressort de l'examen de coupes telles que celle qui est dessinée fig. 29; on voit en /, à l'intérieur du vaisseau dorsal (*) Es wâre eine dankbare aber muhsainc Aufgabe die Gcwebe inncrhalb des Ringsmuscularis des Herzens einer spcciellen Untersuchung zii unterziehcn, iind feststellen was eigentlich als Intima 2u betrachten ist. (Loc. cit., p. io8.j 20 l6o R. DE SINETY comme une pellicule festonnée, appliquée contre la cellule musculaire; un examen attentif, portant sur les endroits de la coupe les plus favorables, permet de reconnaître que chaque angle rentrant compris entre deux fes- tons correspond à une bande mince de la substance striée et qu'à l'extérieur il existe d'autres festons semblablement disposés; c'est précisément la ma- nière d'être du sarcolemme en général, lequel n'étant rattaché qu'au niveau des lignes de Krause tend à se bomber entre deux lignes consécutives. Le soulèvement est à peine perceptible dans les éléments où ces lignes sont très rapprochées, comme dans la plupart des muscles striés, mail il devient très sensible, et tout à fait comparable à celui que nous rencontrons ici, dans un grand nombre de muscles viscéraux des insectes. Rien donc n'em- pêche de voir le feuillet sarcolemmatique interne dans cette pellicule anhiste, qui est l'intima des auteurs. Le feuillet externe, d'allure très comparable, a reçu quelquefois le nom à'adventitia, mais par abus. La formation à laquelle exclusivement convient ce nom est une membraiie fibrillaire appliquée d'une façon plus ou moins lâche sur le vaisseau dorsal. Graber la considère comme de nature con- jonctive ; VossELER admet que les fibrilles qui la constituent sont con- tractiles; pour nous, nous sommes plutôt incliné à admettre que la plus grande partie de ces fibrilles ne sont pas autre chose qu'un tissu réticulé formé par des cellules trachéolaires; mais nous ne nous arrêterons pas ici à exposer les motifs qui justifient à nos yeux cette manière de voir, car la discussion de cette question viendra plus naturellement quand nous étudierons l'appareil respiratoire. Une autre particularité de structure nous paraît digne d'attention. En plus des fibrilles musculaires provenant de la digitation des muscles aliformes et qui prennent attache sur le cœur, on rencontre des sortes de bras partant du vaisseau dorsal et allant s'attacher à rhypoderme,FiG. 29, Z'/n. Comme il nous a été impossible de découvrir des noyaux sur le parcours de ces petits cordons, on ne saurait les considérer comme des éléments musculaires autonomes et la seule interprétation qui se présente, à nous avec un peu de vraisemblance, c'est d'y voir des bras envoyés à la peau par la cellule musculaire qui forme à ce niveau la paroi du vaisseau. De la même manière s'expliquerait la fixation intime du vaisseau dorsal au tégument telle qu'elle se présente en particulier au passage d'un segment à un autre, comme l'a remarqué 'Vosseler (91, p. 133) et comme nous l'avons vérifié. RECHERCHES SUR LES PHASMES l6l L'examen des fibrilles constitutives de ces cordons d'attache montre d'ailleurs qu'elles sont la simple continuation de celles du vaisseau. Ces branches fournies par des éléments musculaires sont peut-être plus répandues chez les insectes qu'on ne l'admet d'ordinaire. Elles suffisent à expliquer beaucoup de ces tractus qui unissent les organes entre eux et qui sont regardés le plus souvent comme de nature conjonctive. § 2. Partie céphalique. a) Terminaison du l'aisseau dorsal. On suit difficilement le vaisseau dorsal jusqu'à sa terminaison dans la tête. Aussi ne semble-t-il pas que, malgré des travaux assez nombreux sur ce sujet, on soit pleinement renseigné sur la manière dont cet organe prend fin. MiALL et Denny, qui ont étudié Periplaiieta orieiitalis, trouvent que dans ce type le vaisseau dorsal se termine en face du collier œsophagien par un orifice évasé, " Suddenly ends, immediately in front of the œsopha- geal ring in a trumpet-shaped orifice " (86, p. 141). M. Pavlova (95, c), dans un très beau travail sur le vaisseau dorsal, adopte cette manière de voir. Le vaisseau dorsal finit, pour cet auteur, au niveau des ganglions pharyngiens antérieurs (95 b, p. 1 3). Seulement, Pavlova fait remarquer que la paroi dorsale du vaisseau se continue avec une bande musculaire plate formant coupole, qui prend attache par côté sur l'œsophage et va se fusionner en avant avec un tractus musculaire transversal et arqué, fixé latéralement aux parois de la tête. Notre manière de voir ne diffère de celle de cet auteur que pour l'interprétation de cette paroi en forme de voûte. Pour nous, ce n'est pas une formation distincte, mais la simple con- tinuation du vaisseau dorsal. Nous admettons que l'organe se poursuit au- delà des ganglions pharyngiens, d'abord dans son intégrité sous forme de tube fermé, puis seulement par sa face dorsale et ses faces latérales en se transformant en une gouttière renversée qui sert d'appareil de distribution pour l'ondée sanguine. Le nerf récurrent, issu du ganglion frontal, s'engage d'abord sous cette gouttière, puis dans le canal même du vaisseau dorsal, dont il perfore un peu plus bas la paroi ventrale pour la suivre jusqu'au niveau où il se renfle en un petit ganglion — le ganglion œsophagien — . Contrairement à ce que dit Janet (99, p. 300), d'après Brandt (35), les phasmes ont un ganglion œsophagien situé dans la tête et non rejeté dans le thorax. l62 R. DE SINÉTY Pour plus de clarté, nous exprimons dans le diagramme, fig. 30, l'en- semble de ces dispositions tel qu'il résulte de la synthétisation des coupes. L'appareil est supposé vu par la face ventrale. Le vaisseau dorsal est sou- tenu en avant par l'arc musculaire am, qui s'attache à la paroi irontaAe pf; il est largement ouvert jusqu'en o, où commence le trajet intracardiaque du récurrent. Les lignes transversales ponctuées indiquent les niveaux des coupes FIG. 33-36. Les raisons, pour lesquelles nous n'admettons pas que l'appareil de distribution soit autre chose que la paroi dorsale du vaisseau prolongée sont les suivantes. Les coupes transversales qui passent en avant des ganglions pharyn- giens antérieurs montrent encore le vaisseau dorsal dans son intégrité, c'est-à-dire ayant encore la forme tubulaire. Il est donc certain qu'il se continue comme tel au-delà des ganglions pharyngiens antérieurs. Or, pour Pavlova, la bande musculaire formant toit commencerait déjà au niveau des ganglions pharyngiens antérieurs, ce qui prouve, qu'au moins sur une partie de sa longueur, cette bande musculaire se confond avec la paroi dorsale du vaisseau. Il n'y a aucune raison de supposer qu'il en est autrement pour la totalité. D'ailleurs, les coupes sagittales qui intéressent sur toute sa longueur l'appareil de distribution le montrent constitué comme le reste du vaisseau dorsal. Enfin, une raison tirée de l'homologie de cette formation avec celle qui termine le vaisseau dorsal des diptères confirme cette manière de voir. Pantel(98), en étudiant l'appareil circulatoire du Thrixion, a montré qu'au- delà du collier suspenseur, le vaisseau dorsal est fendu verticalement et se continue par une gouttière renversée, dont les bords sont soudés aux disques imaginaux de la région. Certaines coupes montrent, en effet, que la même fibrille contractile peut appartenir pour partie au vaisseau encore fermé et à l'appareil de distribution, ce qui empêche de voir dans ce dernier quelque chose de distinct du vaisseau dorsal lui-même (op. cit. p. 175). b) L'appareil de soutien, relations avec le système nen>eux viscéral. Au cours des recherches entreprises pour élucider la question du pas- sage du vaisseau dorsal dans le collier œsophagien, nous avons été souvent frappé par les relations intimes que l'organe contracte avec une formation particulière, située sous les ganglions cérébroïdes ou un peu en arrière et se RECHERCHES SUR LES PHASMES 163 présentant dans les coupes comme constituée par deux masses ovoïdes plus ou moins soudées l'une à l'autre et intimement accolées à l'aorte. Or, d'une part la forme générale, la position de ces deux masses nous montraient qu'il s'agissait de la première paire de ganglions sympathiques des auteurs; d'autre part, leur aspect s'éloignait beaucoup de celui des ganglions nerveux ordinaires. Peu à peu, notre conviction s'est faite qu'il fallait chercher une autre interprétation et nous verrons plus loin comment nous avons été amené à considérer ces corps comme formant un appareil de suspension et d'innervation pour le vaisseau dorsal, appareil que nous appellerons pour plus de brièveté appareil aortique. Mais comme la discussion de cette question ne peut pas se faire sans parler du système nerveux viscéral dans son ensemble, nous commencerons par rappeler quelles idées on s'est géné- ralement faites jusqu'ici de ce système chez les insectes. Historique. C'est J. Mueller (28) qui en a le premier signalé l'exis- tence chez Periplaneta. Brandt (35,) le retrouve chez les phasmes [Phasma ferula) et le décrit avec plus de détail; puis. Newton reprend l'étude de la blatte et confirme les descriptions de Brandt; il indique, bien que d'une manière incomplète, les relations des deux paires de ganglions viscéraux avec le cerveau. Kôstler (83), croit devoir s'écarter en plusieurs points de ses devanciers. Mais Hofer (86), revenant sur des recherches relatives à la blatte, donne d'une manière tellement nette les relations des ganglions sympathiques entre eux et avec le cerveau, que depuis, tous les traités clas- siques (Lang, par exemple, 9S, p. 544) et même des monographies (Miall and Denny, 86, p. 93) se contentent de reproduire les figures un peu bien schématiques et subjectives, comme nous le verrons, données par cet auteur. En 1895, un progrès très réel est réalisé dans la connaissance des véri- tables rapports des parties du système. Pavlova, dans le mémoire cité plus haut (95, c), l'étudié chez un grand nombre d'insectes et il est remarquable que, dans ses figures, les ganglions de la première paire, au lieu d'être dessinés très écartés l'un de l'autre comme dans celles de Hofer et des auteurs, sont très souvent soudés l'un à l'autre et toujours accolés au vais- seau dorsal (PI. I, fig. 3; PI. V, fig. 85, iio, 106, 83). Cette circonstance est une garantie que l'auteur a obtenu d'excellentes préparations et les a dessinées avec exactitude. Pourtant, rien n'est changé jusqu'ici dans la manière d'envisager le système nerveux viscéral. Les idées sur ce point sont toujours celles qui ont été précisées, surtout par Hofer (86), et qui peuvent se résumer de la manière suivante. 164 ^- ^^ SINÉTY En plus du système sympathique impair, formé par le nerf récurrent issu du ganglion frontal et présentant sur son parcours d'abord un ganglion œsophagien assez petit, puis un ganglion stomacal ou deux, si la partie distale du récurrent est bifurquée, il existe (op. cit. p. 367) un système viscéral pair formé, pour chaque côté, de deux ganglions placés l'un der- rière l'autre; ces ganglions sont situés symétriquement de part et d'autre du nerf récurrent. La paire antérieure est unie avec ce nerf par un large pont; la paire postérieure ne lui est rattachée qu'indirectement par deux longues bandes longitudinales. Les ganglions antérieurs se continuent en avant par un nerf qui vient du cerveau. Avec les études de Heymons (97, 99), l'histoire des ganglions posté- rieurs ou de la deuxième paire entre dans une phase nouvelle. Ce savant démontre péremptoirement que les corps ainsi désignés ne sont pas de nature nerveuse, mais représentent des formations très spéciales auxquelles il donne le nom de cor/^ori^j/Zi^/rt pour rappeler leur mode de développement. La structure histologique qu'il assigne à ces organes chez Dacilliis rossii se retrouve fondamentalement chez les phasmes que nous avons eu l'occasion d'étudier à ce point de vue. Nos fig. 31, ca, et 37 montrent qu'il s'agit d'organes formés par une seule assise de cellules. Il ne nous est pas évident que la membrane interne de ces cellules soit de nature chitineuse chez les insectes que nous avons étudiés. La méthode de triple coloration fuchsi-indigo-picrique, qui est d'une très grande fidélité pour déceler la chitine, ne nous a pas donné de résultat, quand nous l'avons appliquée pour retrouver les très curieuses couches de chitine signalées dans Ba- cilliis rossii. Les ganglions de la première paire ont conservé dans les mémoires de Heymons leur signification traditionnelle. C'est peu après la publication du dernier que fut faite notre commu- nication (99) proposant une interprétation nouvelle. Dans un travail posté- rieur, quoique paru la même année, Ch. Janet (99) émet sur la signification des corpora allata des vues que nous sommes incapable de discuter sur le terrain des faits; mais en nous bornant au seul point de vue qui nous inté- resse ici, nous remarquons que pour cet auteur, comme pour les précédents, il existe toujours une paire de ganglions sympathiques antérieurs. La fig. 1 de sa PI. V les représente soudés et nous notons comme très significative la remarque suivante : " Dans aucune de mes préparations, dit l'auteur (op. cit. p. 307), je n'ai pu parvenir à voir nettement les prolongements de RECHERCHES SUR LES PHASMES 165 ces ganglions sympathiques deutocérébraux. Parfois, cependant, ils m'ont semblé innerver la partie céphalique de l'aorte. - On a le droit d'être surpris que des mémoires plus récents semblent revenir en arrière et, ignorant ou ne discutant pas les travaux précédents, ramènent la question où elle en était à l'époque de Hofer [Bordas ('1900) [*), PlERANTONI ( 1 900) (**;]. Comparaison avec les centres nerveux. 'Venons en à l'exposé des mo- tifs qui nous inclinent à maintenir l'interprétation que nous avons proposée dans notre communication préliminaire. Ils se réduisent à des différences d'ordres très divers que l'on peut remarquer entre les centres nerveux bien caractérisés comme tels et les prétendus ganglions sympathiques. Différences histologiques. Tandis que les ganglions du système sympathique impair ont dans les coupes un aspect absolument identique à celui des ganglions de la chaîne ventrale, les formations qui nous occupent ne sauraient être rapprochées d'une masse ganglionnaire quelconque sans que l'œil demeure frappé de la différence des structures. Celle-ci se rat- tache principalement à l'état de l'enveloppe générale et au caractère des noyaux. Autour des véritables ganglions nerveux, il existe toujours une mem- brane névrilemmatique qui en arrête les contours d'une manière très nette. Chez les espèces même les moins douées à cet égard, elle porte des noyaux caractéristiques plats, petits, nombreux, que l'on voit le mieux sur les por- tions d'enveloppe isolées dans les coupes tangentielles de l'organe. Chez d'autres, telles que Menexenus oblusespinosus, c'est moins d'un névrilemme que d'une capsule qu'il faudrait parler. Dans tous les cas, il s'agit d'une (*) Nous transcrivons de ce mémoire la note que nous lisons p. 461 : « Notre travail date de 1895. Depuis cette époque, quelques auteurs se sont indirectement |sic) occupés du sujet qui nous occupe et ont considéré le système pharyngien comme de nature non ganglionnaire. » Suit l'indi- cation des travaux de Pavlova, Heymons, de Sinéty. Sans nous attarder sur ce procédé par trop rapide de mise au point, nous ferons simplement remarquer que Pavlova a publié en iSgS et que son travail ne pouvait être qu'opposé aux deux autres, puisque le système pharyngien y conserve sa signification ganglionnaire. Cette inexactitude n'a pas été relevée dans l'analyse récemment consacrée par Adelung au mémoire de Bordas (Zool. Centralblatt, 10 sept. igoi). (**) La marche de notre travail ne comporte pas une critique directe de ce mémoire ; toute- fois, même en nous bornant à l'interprétation des figures, nous devons faire observer que nos propres dissections d'acridiens ne nous ont rien fourni qui nous permette d'en comprendre certains détails, tels que la disposition attribuée au vaisseau dorsal dans la fig. 5. l66 R- DE SINETY membrane adhérente, mais de caractères spéciaux aisément reconnaissables. Autour des ganglions pharyngiens, au contraire, il n'y a pas d'enveloppe. Pour ce qui est des noyaux, on peut d'abord en signaler une catégorie qui ne fait jamais défaut dans les véritables centres nerveux : nous voulons parler de ces noyaux volumineux que l'on retrouve jusque dans le petit ganglion œsophagien et que tous les réactifs fixateurs contractent plus ou moins, souvent jusqu'à faire apparaître autour de la nucléine une large auréole. Jamais cet aspect ne se retrouve dans les noyaux des prétendus ganglions pairs, quel qu'ait été le mode de fixation. Par contre, on y remarque souvent des formes nucléaires que l'on ne voit jamais dans les cellules nerveuses, des formes allongées, irrégulières, qui rappellent bien plutôt des noyaux musculaires ou conjonctifs, fig. 31, 32. Ces différences histologiques ont dû impressionner avant nous les auteurs qui ont eu sous les yeux les deux sortes de formations. Hofer ne dessine pas les ganglions antérieurs avec le même aspect que les ganglions cérébro'ides et, dans son texte (p. 372), il rapproche leurs cellules des petites cellules nerveuses, rapprochement d'ailleurs forcé, car les éléments dont il s'agit diffèrent également des grandes et des petites cellules ganglionnaires. Pavlova, d'autre part, a bien tenu compte dans d'excellents dessins des différences que nous avons signalées, soit dans l'allure de l'enveloppe géné- rale, soit dans celle des noyaux. Ainsi, dans sa fig. 100, le ganglion œso- phagien est entouré d'un névrilemme bien arrêté, qui fait défaut autour des ganglions antérieurs, gh, et dans sa fig. 99, b<^, la différence est très nette- ment marquée entre les noyaux des deux sortes d'organes. Différences dans l'électivité histochimique. Si l'appareil aortique se sépare nettement des centres nerveux par les caractères histologiques de sa zone limitante et par ceux de ses noyaux, nous ne devons pas perdre de vue qu'il y existe dans les parties profondes une région fibrillaire pauvre de noyaux ou même sans noyaux, qui rappelle au premier aspect le tissu central d'un ganglion, fig. 32, a. Nous ne croyons pas que la ressemblance résiste à un examen comparatif; cependant, il s'agit là de détails qui se traduisent mal dans la description ; aussi avons-nous préféré ne pas en parler dans le paragraphe précédent. Mais quoi qu'il en soit de la structure, on aurait encore pour distinguer ces régions fibrillaires dans les deux sortes de formations leur aptitude com- parative à attirer et retenir certaines substances. On sait qu'après les fixations par les liquides mercuriques un lavage RECHERCHES SUR LES PHASMES 167 insuffisant laisse facilement un granulé de mercure dans la trame des masses nerveuses ; nous avons des préparations où tous les ganglions sont chargés de ces petites granulations; mais à côté d'eux, la partie fibrillairc de l'appa- reil aortique n'en a pas. Celle ci, par contre, manifeste une plus grande avidité pour les matières colorantes. Quelle que soit la méthode de coloration, il est rare qu'elle ne prenne pas un ton différent de celui des ganglions. Dans les vulgaires colo- rations en masse par la cochenille aluno-picrique, par exemple, ce sont deux rouges qu'il est impossible de confondre. Le contraste s'accuse beau- coup plus dans l'emploi de colorants complexes aptes à donner des élec- tions variées. Citons seulement le mélange fuchsi-indigo-picrique de Cajal, avec lecjuel il nous est arrivé d'obtenir l'appareil aortique rouge, tandis que les centres nerveux étaient de couleur indigo pâle. Cette manière de se comporter vis-à-vis des réactifs post mortem s'accompagne d'une différence très saillante dans la manière d'agir sur cer- tains colorants injectés dans le corps de l'animal vivant. Le bleu d'EuRLicn et très spécialement le rouge magenta se fixent énergiquement sur l'appa- reil aortique sans jamais colorer le moins du monde les ganglions nerveux. Le contraste est tellement criard, que nous nous sommes fréquemment servi de cette méthode des injections ph3'siologiques pour faciliter dans les dissections la recherche de l'appareil aortique chez divers t3-pes d'insectes. Différences dans les rapports. Les ganglions vrais ont une manière propre et très constante de se mettre en relation avec les nerfs qui y abou- tissent ou qui en partent ; la continuité s'établit par une partie graduelle- ment effilée, de telle sorte cjue le nerf n'est qu'un simple prolongement du ganglion et qu'il serait impossible de dire où commence celui-ci et où finit celui-là. C'est ce qui se réalise pour les centres viscéraux comme pour les centres ordinaires, pour le ganglion œsophagien, par exemple, vis-à-vis des deux segments du nerf récurrent auquel il est interposé, comme pour un ganglion de la chaine ventrale vis-à-vis des cordons longitudinaux ou des branches latérales. C'est aussi ce qui aurait lieu pour le ganglion antérieur par rapport au nerf pharyngien d'après la fig. i6 de Hofer et, si cette figure exprimait le véritable état des choses, il y aurait lieu d'être surpris qu'une masse a3fant de telles relations avec un nert fut autre chose qu'un ganglion nerveux. IMais en fait, la manière dont les nerfs pharyngiens abordent les pré- tendus ganglions de même nom est tout autre et très spéciale. 21 l68 R. DE SINETY Notre FiG. 32 {Leptynia hispanica) montre que, le ganglion aa étant effilé en avant et accolé au vaisseau dorsal vd, le nerf correspondant nph longe tout d'abord cette pointe, en lui demeurant parallèle, pour l'accoster finalement par la face ventrale. Une coupe sagittale un peu oblique peut d'ailleurs très bien expliquer l'image obtenue par Hofer. Il faut avoir des coupes horizontales pour se rendre compte de la divergence du nerf pha- ryngien par rapport à la pointe du ganglion. Rien ne vaut pour se convaincre de la nature de cette relation l'observation directe dans une bonne dissection. On suit nettement les nerfs pharyngiens jusqu'à la face ventrale de l'appareil aortique. Sur les coupes transversales, fig. 35, on retrouve ces nerfs nph enrobés dans la profondeur de la formation massive, mais conservant long- temps leur individualité, qu'ils soient demeurés simples ou qu'ils se soient bifurques avant de pénétrer, comme cela arrive souvent. Une telle mise en rapport d'un ganglion avec le principal tronc nerveux qui vient y aboutir serait unique. Hofer, d'ailleurs, avait été frappé de cette allure toute particulière des fibres du nerf pharyngien au moment de leur pénétration. Signification probable. La signification ganglionnaire étant écartée, quelle idée peut-on se faire de l'appareil aortique? A défaut d'une interprétation complète et suivie dans tous les détails, nous croyons pouvoir le considérer en général comme un appai\il de sou- tien pour le vaisseau dorsal et de réception pour les nerfs qui lui sont destinés. L'intimité des relations contractées avec l'organe propulseur s'expli- querait mal, pensons-nous, en dehors de cette hypothèse. Les deux moitiés, gauche et droite, de l'appareil enlacent l'aorte en se fermant plus ou moins en dessous et en dessus, de manière à constituer un manchon, et les deux organes se soudent si intimement par leur surface de contact que, sur les coupes, il est impossible de distinguer la part qui revient au cœur, fig. 35, 36. Ce n'est pas là la manière de faire d'un ganglion, même d'un ganglion viscéral, par rapport aux organes qu'il dessert : le ganglion stomacal, par exemple, qui doit innerver l'intestin, repose bien sur ce viscère, mais sans se souder avec lui. Notons en passant que l'on n'affaiblirait pas la force de cette raison en alléguant que l'aorte n'existerait déjà plus à ce niveau, puisque nous la retrouvons à un niveau supérieur, fig. 33. L'étude de tout l'ensemble montre d'autre part qu'il est fortement atta- RECHERCHES SUR LES PHASMES I69 ché et suspendu au système trachéen et nous voyons dans cette circonstance un indice de sa principale signification. Outre son rôle fondamental qui est d'ordre chimique, le système tra- chéen en remplit un autre, essentiellement mécanique, qu'il tient de son origine cutanée. Tandis que les formations chitineuses développées par l'hypoderme extérieur constituent l'exosquelette, l'armature cuticulaire pro- duite par l'hypoderme trachéen constitue une extension vers l'intérieur du système squelettique, qui forme un réseau continu souple, en même temps que résistant, admirablement adapté au soutien des organes llottants. On reconnaîtra anatomiquement que dans un cas donné il y a prédo- minance de l'un ou de l'autre des deux rôles, suivant que l'on verra les trachées fournir des arborisations fines superficielles, ou pénétrer dans la profondeur sous la forme de troncs robustes et courts, sans proportion avec le système trachéolaire que l'organe peut comporter. Ce dernier cas est précisément celui de l'appareil aortique ; on est frappé du nombre et de l'importance des trachées qui l'enlacent et le tra- versent de part en part, fig. 31, /r, et qui de fait l'immobilisent au sein de la cavité générale. Du même coup, l'aorte, dont la paroi délicate peut bien recevoir de fines trachées servant aux échanges respiratoires, mais n'aurait pu, sans compromettre sa contractilité fonctionnelle, se souder sur une grande lon- gueur, se trouve soutenue à un niveau fixe. Le même appareil fonctionne enfin comme une sorte d'intermédiaire destiné à recevoir directement les nerfs puissants (nerfs pharyngiens) c]ui viennent du cerveau et à leur permettre de subir, dans sa masse même, les modifications de structure qui permettent à leurs éléments d'influencer les fibres contractiles de l'organe propulseur. Reconnaissons tout de suite que nos recherches ne nous ont pas laissé voir en quoi consistent ces modifications, ni comment se fait la mise en rapport des éléments nerveux avec les éléments musculaires, soit au niveau même de l'appareil aortique, soit aux niveaux inférieurs. Il est vraisem- blable que tant qu'on n'aura pas appliqué à tout cet ensemble un système d'investigation fondé sur les réductions métalliques, tel que la méthode de GoLGi, Cajal, on ne se fera pas une idée de la nature des fibres qui consti- tuent les nerfs pharyngiens, non plus que de leurs relations avec le deuto- cérébron d'une part et avec l'appareil aortique et l'aorte de l'autre. Mais en tout cas, il ne saurait être question de relations comparables à celles d'un 170 R. DE SINÉTY ganglion vrai avec les troncs nerveux. Il est possible que la masse cen- trale, d'aspect fibreux, dont nous avons parlé plus haut, soit partiellement constituée par l'entrelacement de prolongements nerveux, mais la masse principale englobante est d'une autre nature. Chapitre IV. Appareil respiratoire. 1. Muscles respiratoires. Conformément à une remarque très générale de Miall et Denny (86, p, 160), il n'y a pas de relation étroite entre le type morphologique d'un insecte et le mécanisme de ses mouvements respiratoires. On ne saurait donc s'étonner de constater que chez les phasmcs la disposition des muscles qui président à ces mouvements se rapproche de celle des locustiens plus que de celle des acridiens. Tandis que chez ces derniers la contraction de ces muscles, insérés sur des apodèmes, amène la dilatation de la cavité périintcstinale, chez les phasmes, où ils vont directement du tergite au ventrite, elle en amène la diminution. C'est ce qui ressort très nettement de tous les systèmes de coupes de l'abdomen. Sur les transversales, on voit de chaque côté deux ou trois fibres, FiG. 1, lur, qui isolent en dehors, sous forme de pli, la partie flexible du tégument. Sur les longitudinales, paiallèles au plan sagittal, on trouve ces mêmes fibres disposées en échelons serrés, se succédant sans interruption d'un bout à l'autre de chaque segment abdominal, 2. Trachées. Les trachées n'ont pas été de notre part l'objet d'une étude spéciale. Nous signalerons seulement un Leptyuia atteniiala femelle au stade instar, dont le système trachéen s'est montré coloré en rose. C'était la spirale chiti- neuse qui était pigmentée et, dans les endroits où l'on piouvait distinguer dans l'axe des trachées de nouvelle formation l'armature non encore résor- bée du stade précédent, celle-ci seule était colorée. Le fait doit être rare dans les genres européens, à en juger par les dissections faites jusqu'ici. Peut-être est-il constant ou au moins fréquent dans certains genres exotiques. Les deux exemplaires de Phasmaferula RECHERCHES SUR LES PHASMES 17 1 disséqués par J. Mueller avaient le système trachéen couleur pourpre (25, p. 2 7). 3. Système trachéolaire. Un brusque changement d'aspect marque la transition du système tra- chéen au système trachéolaire qui lui fait suite. La striation caractéristique des trachées cesse et à un canal spirale de section relativement considéra- ble, qui s'atténue d'ordinaire assez brusquement, succède comme un pin- ceau ou une arborisation de canalicules beaucoup plus grêles, conservant une section uniforme sur un très long parcour3 et creusés dans le proto- plasme de cellules trachdolaires. Quand il s'agit de distribuer l'air à la surface d'un organe (intestin, glandes génitales, tubes de Malpighi...\ les canaux trachéolaires issus d'une même trachée s'étalent sur cet organe en se mettant en rapport entre eux et avec ceux qui dépendent d'autres rameaux trachéens. Ainsi se con- stitue un système aérifère complexe qui a fait l'objet de plusieurs travaux, mais dans lequel pourtant plusieurs points demeurent douteux. Nous avons cherché tout d'abord à vérifier s'il y a des capillaires tra- chéolaires au sens de Wistinghausen (90) et Holmgren (96\ c'est-à-dire des canalicules entourés d'une gaine de cellules à petits noyaux, faisant suite aux canaux intracellulaires qui sont les origines des trachéoles. Nous n'en avons trouvé ni chez les phasmes ni dans divers autres insectes, où nous les avons recherchés. Toujours, nous avons vu les trachéoles issues d'un rameau trachéen se propager sans changer d'aspect jusqu'à leur mise en rapport immédiate avec celles issues d'un autre rameau, ou exceptionnel- lement avec une trachée. La fig.41 traduit bien à cet égard les images que nous avons toujours rencontrées; on ne saurait y reconnaître aucun indice d'un système de petits noyaux adjacents aux canalicules. La fig. 42 est tirée d'une préparation de la gaine ovigère de Orphania denticauda étalée à frais sur porte-objet et colorée à refus par l'hématoxyline. On ne com- prendrait pas que ce mode de préparation n'eût pas révélé les noyaux des capillaires, s'il en existait. Une seconde question, plus difficile à résoudre que la précédente, est celle de savoir quelle est la véritable manière d'être des trachéoles : s' agit-il de canaux à parois minces, simplement accolés à l'organe qui les soutient, ou de canaux creuses dans des expansions cellulaires en forme de lames. 172 R. DE SINETY dont l'ensemble simulerait une véritable membrane? Au lieu de chercher à décider directement d'après les préparations empruntées aux orthoptères, il semble utile de se faire tout d'abord une idée des allures générales de la cellule trachéolaire typique, telle qu'on la trouve dans les larves et tout spécialement dans les larves de diptères. La cellule se rencontre dans deux états limites bien différents d'aspect. Parfois, comme sur la tunique musculaire de l'intestin des larves de Tacliina, fig. 38, le protoplasme est, pour ainsi parler, réduit aux parois des canaux trachéolaires. La cellule a son noyau près de l'extrémité du rameau trachéen correspondant, îict, et ses branches sont indépendantes les unes des autres, comme celles d'un buisson. On ne voit, à proprement parler, qu'un système de tubes ramifiés, sauf çà et là aux bifurcations où l'on retrouve quelques deltas de protoplasme, fig. 38 et 40, dpr^ indices précieux d'ailleurs, car ils fournissent la preuve que, dans les autres endroits, le corps cellulaire ne s'étend pas au-delà des parois de la trachéole. Si nous supposons plusieurs cellules de ce type anastomosées entre elles, l'ensemble constituera un filet à grandes mailles, non une membrane proprement dite. D'autres cellules trachéolaires des mêmes larves, par exemple certaines cellules flottantes qui vont des trachées profondes à la paroi musculo- cutanée, montrent des caractères tout différents, fig. 39. Le corps proto- plasmique est laminaire, bien que divisé plus ou moins profondément par des incisures anguleuses ou des golfes arrondis; les trachéoles s'y présentent manifestement comme des canaux qui courent en se ramifiant dans l'épais- seur de la lame. Un ensemble de cellules pareilles, qui s'uniraient par leurs parties saillantes et dans lesquelles les trachéoles courraient de cellule à cellule, constituerait une membrane perforée, à lacunes anguleuses ou ar- rondies, qui tendrait à prendre l'aspect d'un filet à proportion que les ex- pansions protoplasmiques se réduiraient en largeur. C'est précisément sous la forme d'une membrane fenétrée répondant assez exactement à ces caractères que se montre à nous l'enveloppe lâche, riche en canaux aérifères, que tous les auteurs décrivent autour des gaines ovigères sous le nom de membrane pcritoncale. Nous reproduisons, fig. 41 et 42, les aspects les plus caractéristiques sous lesquels elle se présente chez les phasmes et les locustiens. La fig. 41 est empruntée à une préparation obtenue en étalant sur porte objet un lambeau de la membrane péritonéale d'une gaine de Lcplyuia RECHERCHES SUR LES PHASMES 173 hispauica. Aux faibles grossissements, cette préparation ne montre guère qu'un réseau irrégulier de filaments allant de trachée à trachée. Mais avec un bon objectif, on peut reconnaître que ces filaments, pris tantôt pour des fibres conjonctives, tantôt pour des muscles, sont des rubans plus ou moins étroits de protoplasme logeant une ou plusieurs trachéoles que l'on peut suivre dans les cas favorables jusqu'à leur origine. Il est à remarquer que ces canalicules ne se terminent pas librement, comme c'est souvent le cas chez d'autres insectes, dans les larves de mus- cides par exemple; dans la règle, ils se mettent en relation anastomotique avec d'autres canaux de manière à circonscrii-e des mailles fermées. Les noyaux siègent de préférence dans une lame élargie de protoplasme près de la trachée d'origine, /?„ 77,, 77,. Chez les locustiens, et probablement chez beaucoup d'autres insectes, l'aspect de la membrane péritonéale est un peu différent dans les détails, identique quant au fond, fig. 42 (Ovphania deulicauda). La membrane, toujours en continuité avec les ramifications terminales des trachées, est percée de fenêtres à contour arrondi. Sa structure paraît fibrillaire au pre- mier aspect; mais l'examen à un plus fort grossissement montre qu'ici encore l'apparence de fibrilles est trompeuse et due à des trachéoles. Chez d'autres espèces, les fenêtres pourront être plus petites ou plus rares et la membrane tendra de plus en plus à devenir continue. Quelle est maintenant la véritable nature de cette membrane? Pour la généralité des auteurs, c'est une formation complexe compre- nant un substratum conjonctif sous forme de couche continue et un réseau de canaux aérifères. Quant à nous, nous ne pouvons lui attribuer que la constitution hypothétique à laquelle nous avons été conduit par l'étude individuelle de la cellule trachéolaire. Nous la considérons comme un sys- tème de cellules de cette sorte, soudées protoplasme à protoplasme, tra- chéole à trachéole, sans limites de séparation perceptibles {*;. Un coup d'œil comparatif sur les figures que nous venons de parcourir permet tout d'abord de reconnaître que l'hypothèse proposée est suffisante pour rendre compte de ces images. Les fig. 39 et 42 correspondraient à de larges cellules à corps protoplasmique peu découpé, à bras lobiformes, cir- l*) L'idée d'une soudure de tronçons de trachéoles appartenant à des cellules différentes en un tube d'apparence continue n'a rien que de conforme aux caractères généraux des canaux intra- cellulaires. C'est ainsi, par exemple, que les choses se passent chez les néphridies des hirudinées, si bien étudiées au point de vue cytologique par BoLSius (Sg). 174 R. DE SINETY conscrivant par leurs unions latérales des mailles relativement étroites. Les FiG. 38 et 41 représenteraient des cellules à bras protoplasmiques rétrécis, libres ou s'anastomosant de manière à délimiter de grandes lacunes an- guleuses. Il y a plus, la comparaison attentive des noyaux, dans ces diverses images, montre qu'ils sont absolument pareils et, comme il faut nécessaire- ment que quelques uns d'entre eux aient la signification de noyaux des cel- lules trachéolaires, il faut étendre à tous cette signification. Leur mode de distribution fournit d'ailleurs un appui sérieux à cette manière de voir. Si l'on examine les préparations de phasmes à un faible grossissement, de manière à avoir dans le champ du microscope une grande étendue de membrane et à pouvoir comparer région à région, on est frappé de voir une grande accumulation de noyaux aux origines des buissons trachéolaires, indiquant qu'il y a là un groupe de cellules trachéolaires d'origine, lesquelles ne diffèrent des cellules trachéolaires intermédiaires (correspondant aux capillaires de Wistinghausen) que par la situation proximale de leur noyau. Cette circonstance nous parait inexplicable en dehors de rh3-pothèse proposée. Après l'exposé qui précède, il est naturel de se demander si beaucoup de membranes de nature m.al déterminée comme celles que l'on désigne sous le nom (ïaJventitia, de membranes conjonctives, ne sont pas de sim- ples systèmes de cellules trachéolaires plus ou moins fusionnées. On pour- rait appuyer cette manière de voir sur beaucoup de dessins des anciens auteurs, d'ailleurs très bons. Qu'il suffise d'en signaler un de Leydig (55, fig. 53}, qui ne comporte pas d'autre interprétation. En attendant que de nouvelle recherches viennent éclaircir la question des trachéoles ainsi généralisée, il ne semble pas trop téméraire d'admettre que le septum péricardial lui-même pourrait bien n'avoir pas une autre signification. Les dessins de Grabek, dans son mémoire sur le vaisseau dorsal (72), sont très conformes à cette hypothèse. La fig. 1 1 en particulier rappelle trop bien l'aspect d'une membrane trachéolaire la mieux caracté- risée, pour que nous croyions nécessaire d'insister sur le rapprochement. Bon nombre de remarques faites par l'auteur, au cours du même mé- moire, sont bien de nature à confirmer cette interprétation ; par aucun moyen, on ne réussit à isoler des fibrilles en dissociant ce tissu (p. 165); il a une très grande résistance aux acides, aux alcalis, ce qui fait penser à des épaississements chitineux (p. 170). La paroi trachéolaire, en effet, sans être RECHERCHES SUR LES PHASMES 175 renforcée comme la paroi trachéenne par un filament spiral, est néanmoins modifiée en une couche cuticulaire et participe aux réactions de la chitine. Pour distinguer les fibrilles conjonctives des terminaisons trachéennes, Graber invoque leur continuité avec celles qui forment Widvculitia du vaisseau dorsal. Mais cette adventitia pouvant n'être elle-même qu'une membrane trachéolaire, il n'}' aurait dans ces relations de continuité qu'une indication de plus tendant à faire considérer les deux formations comme des systèmes de cellules trachéolaires. Encore un fait assez significatif, nous semble-til. D'après 'Vosseler, nous l'avons déjà fait remarquer, il n'y a pas de septum péricardial propre- ment dit chez Bccillits rossii. D'où vient cette absence, sinon de ce fait que, chez les phasmes, les cellules trachéolaires ne forment pas de larges bandes et qu'au lieu de constituer des membranes fenétrées comme chez beaucoup d'autres insectes, elles se soudent en un réseau à mailles si larges et à bras si grêles, que personne ne s'aviserait de considérer comme une membrane le système qui résulte de cette soudure? Nous ne pouvons abandonner ce sujet sans rapprocher les vues que nous venons d'exposer, relativement aux inenibraues conjouctii'es des in- sectes, de celles que Lowne a adoptées dans sa monographie de la mouche à viande. Cet auteur (90, p. 273) parle d'un réseau cœlomique qu'il rapproche du tissu adéno'ide des vertébrés, formé de cellules étoilées et de lames endo- théliales dans lesquelles seraient creusés les plus fins capillaires trachéens. Notre manière d'envisager les membranes péritonéales et analogues co'incide presque avec cette idée, sauf pour ce qui concerne le rapproche- ment avec le tissu adéno'ide. Nous différons pourtant du savant professeur anglais, en ce qu'il ne considère la présence des trachéoles dans les éléments de son réseau cœlo- mique que comme un phénomène secondaire, tandis que ces éléments ne sont pour nous primitivement que des cellules à trachéoles. Enfin, il faut encore rappeler que, suivant le même auteur, le réseau adéno'ide fournirait une enveloppe aux trachées elles-mêmes. Nous n'avons pas pu vérifier ce fait. Aurait-il été énoncé sous l'influence d'un rapproche- ment involontaire avec les vasa vasontin des animaux supérieurs? 22 176 R- DE SINETY Chapitre V. Formations hémostéatiques. Sang. Le plasma est d'un beau vert dans toutes les espèces où nous l'avons examiné. Cette circonstance, rapprochée du fait que les téguments de même teinte étudiés chez d'autres phasmes {Phrilium) par Becquerel et Brongniart (go) ont montré un spectre d'absorption que ces observa- teurs ont cru pouvoir identifier avec celui de la chlorophylle, nous a suggéré l'idée de rechercher s'il en serait de même du pigment sanguin; à plusieurs reprises, du sang très frais a été soumis à l'examen microspectroscopique parla méthode de la goutte suspendue, sans que nous ayons pu obtenir des bandes d'absorption un peu caractérisées. D'ailleurs, nous devons ajouter que nous n'avons également obtenu que des résultats négatifs, quand nous avons remplacé la goutte de sang par un fragment de tégument vert. Les amibocytes se reproduisent par voie indirecte dans la masse circu- lante; les figures de division que nous avons pu observer ne se présentent pas avec des caractèi'es exceptionnels; une numération très approximative permet toutefois de se rendre compte que le nombre des chromosomes n'excède pas beaucoup 30. Cellules péricardiales. A la dissection, les cellules péricardiales se montrent toujours teintées en vert foncé tournant vers le bleu. Elles se sont comportées dans les injections physiologiques comme elles ont coutume de le faire chez les autres orthoptères. Les injections d'encre de Chine pour la recherche des organes phagocytaires ne nous ont pas montré que ceux-ci soient localisés comme chez les acridiens, par exemple; il est probable que les amibocytes sont seuls chargés de la fonction phagocytaire. Œnocytes. Nous avons signalé, en parlant de l'hypoderme, la présence des œnocytes; ils constituent comme une couche sous-hypodermique en plusieurs endroits; en réalité, ils sont entourés de cellules hypodermiques banales, fig. 2. Leur protoplasme est granuleux et renferme de nombreuses vacuoles. Dans le noyau très volumineux, on voit un nucléole vacuoleux. Nous ne pouvons rien dire sur le fonctionnement et le rôle de ces cellules chez les phasmes. Il n'y a pas d'œnocytes ailleurs que dans l'hypoderme; ils manquent par exemple totalement dans le corps adipeux. RECHERCHES SUR LES PHASMES 177 Cellules adipeuses. On sait que, chez les orthoptères, on peut rencon- trer dans le corps adipeux, sans parler des œnocytes, trois sortes de cellules : a) cellules adipeuses proprement dites, b) cellules à urates, c) cellules à bactéroïdes. Ces dernières, d'un aspect très caractéristique chez la blatte, par exemple, manquent totalement chez les phasmes que nous avons étudiés. Les cellules à urates y sont abondamment représentées. Leurs concré- tions se dessinent en arborisations élégantes sur les lobes adipeux; mais nous ne sommes pas arrivé à nous convaincre que ces arborisations corres- pondent à des prolongements cellulaires, tels que les admet Cuénot (95, p. 299). Certains aspects de nos coupes seraient même peu favorables à cette manière de voir. Les cellules adipeuses sont des éléments géants; celle que nous repro- duisons, FIG.45, à gauche, mesure 54 |j- dans son plus grand diamètre. Leur aspect varie beaucoup suivant l'âge et l'état physiologique, le cytoplasme pouvant être à peu près homogène ou entièrement encombré de boules graisseuses. On pourrait signaler comme détail, d'ailleurs très ordinaire dans cette catégorie de cellules, la présence de condensations ergasto- plasmiques. Le noyau au repos se présente sous la forme d'une vésicule volumi- neuse relativement claire, mais où la nucléine est très morcelée. Ces sortes d'éléments sont susceptibles de se diviser par cinèse (*) et nous devons nous arrêter sur quelques particularités du processus. 1 . La division se produit sans qu'il y ait retour à l'état embryonnaire; aussi, comme on peut le voir dans les fig. 43-45, le mouvement cinétique se localise autour du noyau, la partie périphérique du cytoplasme conser- vant son état vacuoleux, comme cela est fréquent chez les cellules végétales. 2. A la prophase, les tronçons du boyau nucléinien se montrent creu- sés suivant leur axe d'une cavité tubulaire. Cette disposition de la nucléine pourrait bien indiquer un commencement de division longitudinale des chromosomes. Il suffirait de concevoir que le clivage, d'abord axial, se (*) Le premier exemplaire sur lequel nous avons trouvé des figures de division était une fe- melle adulte très épuisée par le parasitisme, — elle hébergeait plusieurs larves de Thrixion — . Les figures étaient tellement abondantes, que nous croyions pouvoir attribuer cette pullulation à une réaction provoquée par le parasitisme. De fait, il ne nous est jamais arrivé depuis de ren- contrer les mêmes figures chez des adultes; par contre, elles sont très nombreuses chez les larves normales. 178 R. DE SINETY complète progressivement suivant un plan privilégié. Nous n'avons sur ce point aucune observation décisive; ce qui se voit bien clairement, c'est la section annulaire des chromosomes et l'on ne conserve aucun doute sur la réalité de la cavité tubulaire. Il convient de rappeler ici qu'une structure nucléaire très analogue a été signalée par Carnoy dans des noyaux de cloporte (85, p. 232, fig. a, /'). Sans le dire explicitement, l'auteur semble bien supposer qu'il décrit un noj^au quiescent, mais tous les caractères de l'image : la robusticité du boyau, sa distinction, tous les détails de structure, — nous inclinent à sup- poser que le savant maître a eu affaire à une prophase. 3. A la métaphase des cellules adipeuses, le nombre des chromosomes chez Leptynia atteniiata dépasse 100, fig. 45-48 et phot. 164, alors qu'il oscille autour de 36 dans les divisions somatiqucs ordinaires et qu'il tombe à 18 dans les cinèses sexuelles. Nous avons là une exception nette à la règle très générale de la con- stance du nombre des chromosomes dans les cellules somatiques. On sait que chez les végétaux, toutes les fois que ce nombre est élevé, il est fréquent de le voir varier entre des limites plus ou moins écartées. Chez les animaux, on connaît aussi quelques exemples de variabilité : chez l'homme, par exemple, Flemming (88) a trouvé un nombre compris entre 22 et 2 S dans les cellules de la cornée, alors que les spermatocytes de premier ordre ont 8 chromosomes. Nous avons dessiné, fig. 44, une de ces métaphases vue de profil. La forme très surbaissée du fuseau est à remarquer; on devine aussi le grand nombre des chromosomes, mais on ne peut faire une bonne numération que sur des couronnes vues de face. Chapitre "VI. Appareil génital femelle. § 1. Anatomie macroscopique. a) Disposition générale. Les gaines ovigèrcs ne sont ni massées, ni entourées d'une enveloppe commune comme dans la plupart des orthoptères, mais espacées et libres sur tout leur trajet moyen. Ce caractère est évidemment en rapport avec RECHERCHES SUR LES PHASMES 179 la forme en bâtonnet de l'insecte; la fig. 47, qui représente les ovaires de Leptynia attenuata, va nous servir pour étudier l'allure générale de ces organes. Par leur extrémité inférieure, les gaines s'insèrent les unes derrière les autres sur la face interne de la trompe correspondante. Chez Leptynia altcmtata, la première insertion se fait au niveau du troisième segment abdominal et la dernière au niveau du sixième environ. Les espaces qui séparent les points d'insertion sont sensiblement égaux. De même que chez les autres orthoptères, les gaines ne s'insèrent pas directement sur la paroi même de la trompe; mais celle-ci envoie à la rencontre de chaque gaine un bras creux assez court, le calycule, qui se met en rapport avec la base du tube ovarien et lui sert de support de réception. La FiG. 50, empruntée à une coupe passant par l'insertion d'une gaîne, /r, montre cette mise en rapport, et l'étude histologique prouve clairement que les calyculcs ont la même structure que la trompe, structure d'ailleurs très différente de celle de la gaine. Le nombre des gaines varie avec les genres et les espèces; tandis que chez Leptynia nous en trouvons 7 ou 8 de chaque côté, on en compte 17 à 19 dans le genre Bacilhis et jusqu'à 50 dans certains genres exotiques exa- minés (Carchanis). On remarque une certaine variabilité d'individu à indi- vidu et même de côté à côté dans un même individu. Chaque gaîne se continue en avant par un ligament suspenseur d'aspect fibrillaire, fig. 50, es, ordinairement très long, qu'il n'est pas toujours aisé de suivre jusqu'à sa terminaison. Les espèces de grande taille sont les plus favorables à l'étude de ce détail. J. Mueller a sans doute bénéficié de cette circonstance, ayant soumis à la dissection le plus gros phasme qui ait pu être étudié jusqu'ici, si nous exceptons Carchanis inaxinuis, dont nous avons reçu récemment quelques exemplaires cjui mesuraient jusqu'à 23 centi- mètres. Aussi n'y a-t-il que de la justice à constater que cet observateur a fort bien vu comment se terminent les cordons d'attache des gaines. Notre FIG. 52 est la reproduction de la fig. 21 de sa PI. LI; on y voit en a, b, l'extrémité des ligaments aboutir à une formation d'aspect fibrillaire, ce, transversale ou oblique par rapport à leur direction, longitudinale par rap- port à l'animal, avec laquelle ils se mettent en continuité en s' élargissant sensiblement. C'est ce mode de terminaison que nous trouvons dans nos espèces et dont nous donnons un exemple, fig. 51, es. l8o R. DE SINÉTY MuELLER a été moins heureux en prenant pour le vaisseau dorsal le cordon désigné par ce dans sa fig. 2 1 et par cl dans notre fig. 51 (*). Ce cordon court en réalité à côté du vaisseau dorsal; sa structure est semblable à celle des ligaments suspenseurs qui viennent s'y insérer ; il se prolonge en haut comme en bas de ces insertions pour se fusionner finale- ment avec le septum péricardial. Dans nos descriptions, il sera désigné sous le nom de cordon jiixtacardial. La fig. 51 résume ce qu'il y a de plus essentiel dans sa manière d'être et dans ses rapports. Ce cordon cl est net- tement séparé du vaisseau dorsal vd; après avoir reçu successivement les terminaisons des filaments suspenseurs, dont la dernière seule est i^epré- sentce sur la figure, es, il s'atténue en- une partie mince, ai, laquelle va se perdre au milieu du tissu complexe qui sert de support aux cellules péri- cardiales. Chacun des ovaires se présente par suite comme une sorte d'échelle, dont les montants seraient représentés par la trompe et le cordon juxta- cardial, les échelons très obliques, par les gaines ovigères. Cette disposition en échelle, déjà saisissable chez les Leptynia, est en- core plus manifeste dans les genres où les gaines sont plus nombreuses, par exemple dans le genre Bacillus. La fig. 48 en donne une idée. Dans la dissection, la trompe a été tirée sur le côté et vers le haut pour diminuer l'obliquité des ligaments et rendre leurs insertions plus distinctes. Les différences que l'on observe d'un type à l'autre tiennent à ce que les insertions des ligaments peuvent commencer à des niveaux différents et se distribuer sur une longueur plus ou moins considérable. A ce point de vue, le cas de Leptynia serait typique comme forme de transition entre deux cas extrêmes : celui où les insertions se font sensible- ment à un même niveau (la plupart des insectes), et celui où elles s'étagent sur une grande étendue, suivant une ligne parallèle au vaisseau dorsal et aux trompes (Bacillus, parmi les phasmes européens, et les genres exotiques dont il est question dans ce travail). Notons cependant que, pour reproduire dans tous ses traits le type commun, les insertions dans Leptynia devraient non seulement se concen- trer davantage, mais surtout se réunir en un suspenseur commun. Ces remarques, en même temps qu'elles traduisent les dispositions que nous voulions faire connaître, nous permettent de comprendre comment les (*) Bien que l'opinion de Mueller sur la communication des gaines avec le vaisseau dorsal et sur l'irrigation directe des œufs qui en serait la conséquence ait été réfutée à plusieurs reprises, il ne semble pas que personne ait rendu compte de sa méprise. RECHERCHES SUR LES PHASMES loi observateurs qui ont disséqué des phasmes ont pu être diversement im- pressionnés suivant le type qu'ils ont eu à leur disposition. J. MuELLER a disséqué un insecte où les insertions se distribuent sur une grande longueur; il a bien vu leur distinction, mais il s"est mépris sur la nature de la formation longitudinale qui en réunit les insertions. DuFOUR et Laboulbène, qui ont étudié le Bacilliis gallicits, ont trouvé que les gaines s'attachent à un ligament commun. Nous ne verrions pas d'invraisemblance à ce que leur idée leur fut venue à la suite d'un accident de préparation, qui aurait rompu l'attache inférieure du cordon juxta-cardial. Cependant, le rapprochement fait par ces auteurs avec le mode de suspension réalisé chez les mantiens, où l'on observe un cordon unique très net, parait à peine compatible avec une interprétation indulgente. Les auteurs postérieurs reproduisent généralement les données de MuELLER ou de DuFOUR, sans les appuyer sur des recherches personnelles, — jusqu'à Heymons qui, récemment (97J, a attribué aux ovaires de Bacillus rossii une disposition conforme à celle décrite par Mueller, sans s'expli- quer sur les détails de cette disposition. Presqu'à la même époque, Pantel (98, p. 64) s'est occupé incidemment de l'appareil génital femelle des phasmes, qu'il a étudié chez le Leplynia hispanica. Le cordon longitudinal d'attache est très malaisé à mettre en évidence dans cette espèce. L'auteur s'est principalement attaché à écarter l'idée d'un suspenseur commun en affirmant l'existence d'une insertion propre à chaque gaine ovigère, corrigeant en cela des erreurs qui se trans- mettaient dans les ouvrages. Sa description, exacte sur ce point, est inex- acte en ce qu'elle présente le ligament comme tubulaire, et incomplète pour ce qui regarde l'autonomie du cordon juxtacardial. Signalons enfin un détail remarquable tout à fait typique chez les phas- mes, qui semble avoir échappé aux observateurs précédents et sur lequel le même auteur a justement appuyé (op. cit. p. 65''. Chacune des trompes se prolonge, en avant de l'insertion de la dernière gaine, en une partie effilée qui abandonne la région dorsale de l'animal pour venir s'insérer ven- tralement dans la région supérieure du deuxième segment abdominal (*). (*) Cette disposition anatomique s'était montrée constante dans toutes les espèces jusqu'ici étudiées. Tout récemment, pendant l'impression de notre travail, nous avons eu l'occasion de disséquer quelques exemplaires de Carcharus maximus femelles, dans lesquels il nous a été impossible de la retrouver, bien que les organes fussent très suffisamment conservés. Dans cette espèce, les gaines s'insèrent sur des calices qui, vers Textrémité antérieure de la trompe, s'allongent de plus en plus; la trompe elle- même nous a paru se terminer par un de ces calices. l82 R- DE SINETY Cette particularité, quelle qu'en soit la signification morphologique, inter- vient certainement dans la torsion qui se produit dans les trompes au cours du développement des œufs et qui a longtemps servi de base à l'opinion erronée de l'insertion externe des gaines. Le mode d'attache de ce prolongement ventral est assez variable suivant les espèces. L'insertion peut être strictement hypodermique ou même cuti- culaire à la manière d'un muscle [Menexeniis) ; d'autres fois, un corps inter- médiaire semble s'interposer. Nous donnons, fig. 49, une insertion de ce dernier mode empruntée au Leptyiiia attenuata. Le prolongement, pn>, se perd dans un lobe adipeux, la, de forme triangulaire, qui tient d'une part à une forte trachée, //•, de l'autre à un nerf issu du premier ganglion abdo- minal, gn, et qui va à la rencontre de la trompe : on dirait que dans ce cas l'attache, au lieu de se faire sur l'exosquelette, se fait simplement sur la charpente trachéenne qui en est une extension. b) Organes annexes de r appareil génital. Sur la face dorsale de l'utérus, fig. 61-63, u, est couché un vaste ré- cessus à parois minces : la poche copulatrice, pc. Elle adhère à l'oviducte et se termine en avant par une partie atténuée, parfois légèrement bilobée, à peu près au niveau où les deux trompes se réunissent pour former l'ovi- ducte commun. A l'extrémité (*) de la poche copulatrice sont fixés deux muscles d'allure assez spéciale, qui vont prendre attache sur la cuticule au milieu du VI I^ ventrite abdominal. L'orifice de la poche copulatrice est situé au même niveau que celui de l'oviducte. Ce dernier ne porte, à pro- prement parler, aucun appendice et nous n'avons pu trouver de glandes débouchant sur sa face dorsale analogues à celles qu'a décrites Mueller chez Phasmaferula. La poche copulatrice, au contraire, est en relation avec divers appen- dices, que nous décrirons d'abord tels qu'ils se présentent dans les genres européens Leptynia et Bacilliis, puis dans quelques genres exotiques. Chez Leptynia, fig. 61, existent deux cœcums latéraux pédicules, dé- bouchant sur la face ventrale de la poche copulatrice et fonctionnant comme réceptacles du sperme, pi; on les trouve aplatis et vides chez les femelles non fécondées. Ces poches latérales sont en général pourvues d'un petit prolongement lobiforme, une sorte d'éperon. Dans le même genre, on trouve encore un petit cœcum médian débouchant sur la face dorsale de la poche copulatrice, tout contre l'orifice d'imprégnation. (*) Sur la face ventrale et assez en arrière chez Ccircharus. RECHERCHES SUR LES PHASMES I83 Dans le genre Bacilliis, fig. 62, les cœcums latéraux sont très réduits. Au contraire, le cœcum médian dorsal est bien développé et a tous les ca- ractères d'une spermathèque. Nous l'avons toujours trouvé vide, il est vrai, mais cela n'a pas lieu de surprendre, si l'on se rappelle que le mâle de cette espèce est introuvable. Les cœcums latéraux existent, mais sont fort peu développés. La forme et le développement de ces appendices, tout en restant fidèles au type fondamental, affectent chez les espèces exotiques des modalités très diverses. Nous n'avons pas trouvé deux espèces exactement semblables à cet égard et tout fait présumer qu'il faudrait explorer des représentants des tribus les plus éloignées, dans cette immense famille des phasmes, pour acquérir une idée un peu complète de ces variations. Nous donnons, à titre d'exemple, les résultats fournis par quelques espèces. Chez Afeiiexeniis obtusespinosiis, la spermathèque est double, fig. 63, sp; les appendices latéraux,- jt;/, ont un aspect franchement glandulaire; ce sont pour chaque côté deux tubes très longs, flexueux, ramassés en un peloton serré (développé sur le schéma), qui débouchent par un tronc com- mun sur la face latérale de la poche copulatrice. Tout porte à croire que les glandes décrites par Mueller (op. cit. 25, Tab. LI, fig. 1, J') ne sont pas des formations différentes; s'il les fait déboucher dans l'oviducte, c'est sans doute qu'il n'est pas parvenu à bien isoler la poche copulatrice. Chez Clitiimtius patellifer, les cœcums latéraux, d'aspect glandulaire, se retrouvent, mais les deux médians, au lieu d'être piriformes comme chez Aleiiexemis, sont assez allongés. Enfin chez Dixippus inorosiis, les poches latérales, toujours glandu- laires, pelotonnées et issues d'un tronc commun, sont ramifiées un plus grand nombre de fois. La spermathèque est unique et rappelle de très près celle de Bacillus. c) Développement des organes génitaux externes. Avant de reprendre l'étude de détail de l'appareil génital au point de vue histologiquc, nous ajouterons, à ces données sur la grosse anatomie, quelques indications sur le développement des valvules de l'oviscapte et de la plaque sous-génitale. Heymons (97) a déjà signalé les premiers rudiments de ces parties sur les segments VIII et IX de la jeune larve à la sortie de l'œuf. Notre but, en mettant sous les yeux du lecteur les fig. 65 à G9, est de lui permettre d'en suivre pas à pas l'évolution chez Leptynia atteniiata. 23 l84 R. DE SINÉTY Les valvules inférieures se développent aux dépens du VI 11'= segment, les valvules supérieures et supéro-internes aux dépens du IX"-', conformé- ment à la loi générale énoncée par Brunner dans son excellent mémoire : Die morphologische Bedeutung der Segmente... (76). Tout en restant conforme à ce type, le développement des valvules de l'oviscapte et de l'opercule sous-génital présente chez les diverses espèces des particularités d'ordre secondaire. A l'éclosion, la forme des parties peut être très arrêtée (Bacillus galliciis) ou vaguement indiquée (Dixippiis morosus). Détail plus imprévu : dans cette dernière espèce, le modelage des valvules inférieures se fait à découvert (stades II et III), au lieu d'être dissimulé sous la plaque sous-génitale, dont le développement est plus tardif. De plus, si l'on suit comparativement les divers individus de même âge, on ne tarde pas à constater qu'ils se partagent en deux lots à peu près équivalents : dans l'un, le développement est symétrique, — ce sont des femelles normales ■ — ; dans l'autre, il est plus ou moins dissymétrique, — ce sont des femelles malformées par suite d'une tendance plus ou moins marquée à l'hermaphrodisme — . Il s'agit là d'une particularité qui, en raison de sa fréquence, prend un intérêt spécial; nous nous contentons, pour le moment, de la signaler, nous réservant d'en reprendre l'étude détaillée. dj Comparaison avec les autres types. L'appareil génital femelle des phasmides se distingue de celui des autres orthoptères par plusieurs particularités signalées au cours de la description que nous en avons faite : absence d'une membrane d'enveloppe commune, insertions des gaines sur la trompe très espacées, insertions des ligaments suspenseurs à des niveaux différents sur un cordon juxta-cardial , attache ventrale de l'extrémité de la trompe. C'est peut-être chez les thys- anoures qu'il faudrait chercher des dispositions comparables. Il est impos- sible, en effet, de ne pas être saisi par la ressemblance générale des ovaires d'un jeune Japyx (fig. de Grassi, 88) avec ceux d'une larve de phasmide. Il y a en plus la régularité de la métamérisation, et en moins, autant cjue nous pouvons en juger sur une figure, le cordon juxta-cardial et surtout le prolongement supérieur de la trompe, laquelle parait se terminer chez Japyx par une gaine ordinaire (*). (*) Le Carchanis maximu-;, dont les trompes paraissent être dépourvues de prolongement, aurait ce trait de ressemblance de plus avec les thysanoures. RECHERCHES SUR LES PHASMES 185 A l'intérieur de l'ordre des orthoptères proprement dits, ce sont les acridiens qui, pour plusieurs raisons anatomiques et de l'aveu de tous les systématistes, se rapprochent le plus des phasmes. La trompe, dans cette famille, se prolonge en un tube glandulaire qui peut être considéré comme correspondant à la partie terminale du même organe chez les phasmes, mais ce prolongement suit, chez les acridiens, la même direction que les ligaments suspenseurs et l'insertion ventrale de la trompe reste une particularité remarquable, jusqu'ici propre aux phasmides. A l'égard des annexes, c'est encore avec une tribu d'acridiens que nous trouvons les analogies les plus étroites. Le manque de matériel ne nous a pas permis de faire nous-méme la comparaison d'après les objets; mais si nous partons de la description et de la figure de Fénard (96, p. 108 ; PI. 28, fig. 10), il est indubitable que la poche copulatrice et la spermathèque des phasmes se retrouvent chez les tettigidés. On relèverait des différences de forme et de développement, mais les rapports des parties sont les mêmes. § 2. Anatomie microscopique. a) Les gaines ov igèves. Les gaines appartiennent au type le plus simple, comme c'est la règle ordinaire chez les orthoptères ; la représentation schématique d'une gaine de phasmide ne s'éloignerait pas du tout de la fig. 1 deKoRSCHELT (86, p. 539), qui représente celle d'un locustien (Deciiciis bicolor) {*). Les chambres ovu- laires se succèdent sans interposition de chambres vitellines. Adoptant la marche suivie dans le mémoire précité, nous étudierons successivement : 1) le ligament suspenseur, et à cette étude se joint naturellement celle du cordon juxta-cardial; 2) la chambre terminale; 3) la gaine proprement dite, c'est-à-dire la partie comprenant les chambres ovulaires. 1) Cordon Juxta-cardial et ligaments suspenseurs. Le cordon juxta-cardial et les ligaments suspenseurs des gaines ont la même structure histologique, structure souvent décrite pour ces derniers. Nos propres recherches ajoutent peu de choses à ce qui en a été dit par ^*/ Platycleis bicolor de la syslcmatique actuelle. l86 R- DE SINETY KoRSCHELT (S6, p. 559). Nous rctrouvons l'aspect fibrillaire signalé par cet auteur; le fond du tissu semble formé de protoplasme, au sein duquel se trouveraient plongés des noyaux de forme ovale disposes assez régulière- ment. Il est impossible de découvrir autour d'eux des territoires indivi- dualisés par des membranes cellulaires. Dans un cas particulier, le territoire propre d'une cellule peut toutefois devenir distinct. Le remaniement qui se fait dans le protoplasme, au cours des phénomènes cinétiques, peut effacer la structure fibrillaire dans la cel- lule qui en est le siège et cette circonstance, jointe à la taille toujours plus grande des éléments en division, est très favorable à la révélation des con- tours cellulaires. Nous donnons, fig. 53, nm, un exemple d'une cellule ainsi individualisée; les chromosomes sont réunis au milieu d'une masse proto- plasmique granuleuse à contour losangique, allongée dans le sens de la longueur du cordon. Il est permis de supposer d'après cette image que les cellules quies- centes sont elles-mêmes fusiformes, mais sans doute proportionnellement très allongées. L'état fibrillaire de l'ensemble dépend, vraisemblablement, à la fois de la structure propre des corps cellulaires et des membranes cel- lulaires elles-mêmes, qui ont pu prendre un aspect de trabécules flexueuses, un peu comme il arrive dans un faisceau de cellules musculaires lisses chez les vertébrés. Nous avons remarqué qu'il n'y a pas lieu d'attacher une grande impor- tance à la forme plus ou moins allongée que présentent, suivant les cas, les noyaux du ligament suspenseur. Au lieu de répondre à des caractères spé- cifiques, ces changements de forme sont une suite de l'état de distension plus ou moins prononcée du ligament. Cet état n'influe pas seulement sur les noyaux, mais aussi sur le cytoplasme : c'est un fait bien connu qu'une cellule étirée physiologiquement ou mécaniquement prend un aspect fi- brillaire. Il existe entre le commencement du ligament suspenseur proprement dit et la chambre terminale une région de transition, dans laquelle les noyaux, au lieu d'être allongés dans le sens de la longueur du cordon, le sont dans le sens transversal, fig. 53, n. Ces éléments diffèrent-ils essen- tiellement de ceux des cordons? Nous ne le pensons pas; mais nous croyons retrouver dans cette couche d'aspect un peu spécial l'homologue des cellules qui séparent, d'après Gross (1900), le ligament et la chambre terminale chez les hémiptères. Nous ne nous écarterons des vues de cet auteur que RECHERCHES SUR LES PHASMES 18? sur un point. D'après Gross, la membrane basale de la gaîne formerait au sommet de la chambre terminale une calotte complète, de telle sorte que dans une coupe axiale on la rencontrerait sous la forme d'une ligne nette séparant le ligament suspenseur du haut de la gaine. Nous croyons plutôt à la continuité entre la membrane basale de la gaîne et celle du ligament suspenseur. Il est vrai que, dans certaines coupes et surtout dans l'examen à frais de gaines extirpées, on voit comme une ligne de séparation assez franche entre le bas du ligament et le haut de la chambre terminale; mais il ne faut pas perdre de vue que la gaine se rétrécit subitement à ce niveau; dès lors, une coupe optique non axiale peut bien donner lieu à cette apparence. 2) Chambre terminale. Dans la chambre terminale, qui s'étend depuis la région où apparaissent les jeunes œufs jusqu'à la première chambre ovulaire, on peut distinguer deux parties. Dans la première située immédiatement au-dessous de la région de transition, on ne voit pas les limites cellulaires, mais il n'est pas douteux qu'elles n'existent. On distingue nettement à leur taille les noyaux des cellules sexuelles, fig. 53, A^, ; à ce stade de leur développement, la nuclé- ine y est disposée sous la forme d'un boyau grossièrement strié. Les cellules épithéliales semblent localisées à la périphérie et ne pénètrent pas entre les œufs pour les séparer. C'est seulement dans la deuxième partie de la chambre terminale que l'on voit nettement entre les œufs, dont le protoplasme s'est notablement accru, des limites formées par des cellules d'enveloppe. Il est probable qu'une même cellule peut contribuer à former la paroi générale de la gaîne et envoyer dans la profondeur des expansions destinées à séparer les œufs. 3) Gaine proprement dite. Épithélium. Son aspect varie beaucoup suivant les diverses cham- bres ovulaires que l'on examine. Dans celles qui contiennent des œufs très jeunes, les cellules épithéliales sont très plates. A mesure que l'on descend, on voit les cellules gagner en hauteur, les noyaux se montrant beaucoup plus rapprochés et de forme ronde. Les limites cellulaires sont très difficiles à voir dans les premières chambres, des cellules épithéliales plates montrant difficilement leurs 188 R- DE SINETY cloisons moyennes dans des coupes normales à leur surface large. Plus bas, elles deviennent visibles, car les cellules augmentent de hauteur à' mesure que l'on se rapproche de la dernière chambre {d, c, fig. 53). La fig. 55, dessinée à un fort grossissement, montre ces limites cellulaires parfaite- ment nettes à un niveau correspondant aux chambres c,d de la fig. 50. Ces changements supposent une active multiplication cellulaire, car à mesure que l'œuf grossit, il a besoin d'une enveloppe plus grande et les cel- lules épithéliales, au lieu de s'étaler, deviennent au contraire plus hautes; il faut donc que leur nombre augmente considérablement. On est étonné de voir que Brandt (78, p. 35) se reconnaisse impuissant à rien dire sur cette multiplication cellulaire et que Korschelt signale le fait sans donner aucun détail. Il n'y a pas certainement chez les phasmes — mis à part le testicule — d'organe qui se prête mieux à l'étude des cinèses. Une seule coupe en montre parfois plus de vingt dans une seule chambre. Il en est ainsi chez les autres orthoptères et dès 1876 Balbiani a attiré l'attention sur les figures cinétiques que l'on rencontre dans les follicules ovigères. Nous aurions peu de chose à ajouter à la description donnée par ce savant. Signalons seulement l'intérêt que présentent pour nous les cou- ronnes équatoriales vues du pôle, telles que /?,, fig. 57; les chromosomes bacilliformcs y sont assez distincts pour que l'on puisse aisément en faire la numération. Le nombre trouvé oscille autour de 36 qui, nous le verrons plus loin, est le nombre spécifique dans les cellules somatiques de Leptyuia attenuata. N'ayant jamais trouvé d'œufs en division, nous n'avons pas pu sou- mettre à une étude directe la question de la réduction numérique dans la cellule femelle. L'épithélium de la dernière chambre ovulaire prend, au moment de la maturation de l'œuf qu'il entoure, un aspect très caractéristique. En coupe, il se présente comme une membrane assez mince, fig. 58, dans laquelle, par places, les noyaux sont stratifiés. Un examen un peu attentif montre (]ue plusieurs d'entre eux sont étranglés en biscuit, forme caractéristique des divisions directes, n. Le fait de la division acinétique a été établi d'ailleurs pour les cel- lules folliculaires chez d'autres insectes, notamment par Gross (1900), et nous nous contentons de le signaler chez les phasmes. Chez ces derniers, il semble bien que ce mode de division corresponde à une dernière période d'activité précédant la dégénérescence. RECHERCHES SUR LES PHASMES I89 A ces remarques sur l'épithélium des gaines, il convient d'ajouter quel- ques mots sur les séparations qui existent entre les diverses chambres ovulaires. Comme Korschelï le fait remarquer (87, p. 363), pour que le chorion de l'œuf se forme aux deux pôles aussi bien que sur les côtés, il est néces- saire qu'une couche cellulaire sépare deux œufs consécutifs. Mais les auteurs n'ont peut-être pas indiqué assez clairement comment se constitue cette paroi de séparation. Dans les figures qu'ils ont données et qui sont demeu- rées classiques sur la question, chaque œuf est logé dans une poche épithé- liale complète, de mêmes caractères histologiques dans toutes ses parties, en sorte que la cloison séparatrice comprend deux couches convexes adossées, plus une mince lame transversale interposée; rien n'indique que les éléments des couches convexes soient en relation avec la propria de la gaine. Telle est, en effet, l'image que fournissent les coupes longitudinales, lorsqu'elles ne sont pas exactement axiales, fig. 54. Dans les coupes plus profondes et passant par l'axe de la gaine, on voit, fig. 55, que ce sont les cellules épithéliales ordinaires qui, sans perdre leur point d'attache avec la propria, se redressant ou s'incurvant suivant qu'elles doivent être en contact avec le bas de l'œuf supérieur ou avec le haut de l'œuf inférieur, constituent la paroi de séparation. Quelques cellules plus aplaties se glissent dans la partie moyenne; leurs noyaux se voient en cp. Il est possible que celles-ci se soudent les unes aux autres, de manière à constituer une mince paroi, mais elles seraient destinées en tout cas à se désunir plus tard. La cloison qui sépare la dernière chambre ovulaire du calycule pré- sente une structure comparable. Dans des circonstances favorables, il est même possible de voir que la constriction qui amène en contact les côtés opposés de l'épithélium réserve suivant l'axe une lumière virtuelle. Tel était l'aspect de la coupe dessinée fig. 56. Il n'y aurait pas là à proprement parler de paroi complète. Cette disposition permettrait d'interpréter plus aisément le passage de l'œuf au moment de sa descente dans le calycule. La manière dont elle s'opère a été bien étudiée par Korschelt (87). L'épithélium de la dernière chambre dégénère et la continuité entre le calycule et la gaine n'est maintenue que grâce à la persistance de la mem- brane basale, qui peu à peu se plisse en un bourrelet annulaire, tandis que la deuxième chambre ovulaire vient en contact avec le calycule. 190 R- DE SINÉTY Quelques remarques sur le chorion. La coque de l'œuf se présente chez les phasmes avec des particularités de forme et de structure, qui ont depuis longtemps attiré l'attention des observateurs. L'opercule en forme de couvercle, l'appareil micropylaire si constant dans son type fondamental, malgré d'innombrables diversifications de détail, ont été l'objet de plusieurs travaux sans que l'on soit parvenu à rendre compte de leur genèse. Nos observations personnelles sur cette question sont loin d'être décisives; elles suffisent néanmoins pour écarter une opinion récemment proposée par Sharp (98) et pour fixer la direction dans laquelle devront se poursuivre les recherches. L'œuf des phasmes, d'après Sharp, serait un complexe représentant le contenu d'au moins deux chambres o-\-ulaires, l'une ayant formé l'œuf pro- prement dit, l'autre l'opercule et, quand ce dernier est surmonté d'une émi- nence médiane qu'il appelle capitule, cet accessoire serait encore dû à une troisième chambre ovulaire. Nous ne nous arrêterons pas à discuter ces vues manifestement aprioristiques; il suffit d'examiner une gaine ovigère pour se convaincre que toutes les chambres sont identiques entre elles à toutes les époques et ne sauraient avoir des sorts différents. D'ailleurs, ce n'est pas en dehors de l'œuf qu'il faut chercher la raison de l'opercule, pas plus que celle du micropyle. Tout indique, en effet, que la gaine folliculaire est semblable à elle-même sur tout le pourtour de l'œuf; on ne saurait assigner dans aucune de ses régions une particularité de structure ou autre, qui puisse déterminer une modification du chorion, à l'édification duquel elle contribue. La raison de ces modifications ne peut être demandée qu'à la tendance spécifique de l'œuf. C'est lui qui construit ces appareils externes, comme nombre d'autres cellules élaborent des orga- nites internes; l'unique différence entre les deux cas, c'est que dans le pre- mier les matériaux sont empruntés aux cellules épithéliales et utilisés par voie d'apposition, tandis que dans le second ils sont introduits par voie nutritive. Modification locale en relation avec le collage des œufs. Les œufs de Leplynia aitenuata sont toujours collés par la face opposée au mi- cropyle (*). Le mucus qui les fait adhérer n'est pas uniformément répandu I (*) On lit communément dans les traités généraux que les femelles des phasmes laissent tom- ber leurs œufs un à un, sans prendre aucune précaution que l'on puisse rattacher à un instinct maternel. C'est en effet ce qui se passe dans la règle; pourtant, la femelle de Leptynia attemiata, parmi les espèces que nous avons élevées, se comporte tout autrement. Au lieu d'abandonner ses RECHERCHES SUR LES PHASMES 19 1 sur toute leur surface, mais constitue un dépôt unilatéral que l'on retrouve, sur l'œuf pondu depuis longtemps, sous la forme d'une couche furfurescente, et, sur l'œuf frais, sous celle d'une glue hyaline. Nous avons cru pendant longtemps que cette matière pouvait être rapportée à quelque sécrétion coUétéiique due à une glande accessoire ou peut-être aux parois de l'utérus; mais nous avons dû renoncer à cette idée, nous étant fendu compte qu'elle s'observe sur les œufs jusque dans les gaines. En effet, en examinant avec un objectif faible, en liqueur physiologique, un ovaire extirpé, et portant son attention sur les œufs qui reposent sur le flanc, on trouve, du côté con- cave seul, un ourlet hyalin, interposé entre l'œuf et la paroi folliculaire, qui envahit plus ou moins les extrémités, mais pas le côté du micropyle.-Il suffit d'éloigner l'épithélium avec des aiguilles, pour constater que cette apparence était due au mucus adhésif. L'origine de cette substance est certainement folliculaire. Est-ce un produit de sécrétion? Cette hypothèse nous parait extrêmement peu pro- bable, les cellules des gaines s'étant toujours montrées semblables entre elles sur tout le pourtour de l'œuf. Nous croyons plutôt qu'il s'agit d'une modification locale portant sur la région interne des cellules. Nous sup- œufs un peu partout, elle les introduit sous un abri, dans une fente..., et les colle, soit isolément, soit par petits groupes réguliers. Par e.\ception, les œufs sont simplement collés à un support quelconque. Parmi les espèces élevées à notre intention à Shembaganur. il y en a une, un Paraclitumnus probablement, qui se comporte comme la précédente. Il n'est pas sans intérêt de remarquer que le genre Lcptynia pourrait à la rigueur être rattaché au.x Clitumnidés; toutefois, nous devons éviter de donner à entendre par là que noiis considérons le collage des œufs comme un caractère étho- logique propre au groupe ; bien loin de là, nous voyons le Leptynia Inspanica, espèce très voisine de attcmiata, se comporter dans la ponte comme les Bacilhis. D'autres espèces encore, peut-être en assez grand nombre, protègent leurs œufs en les collant. Nous devons à l'obligeance de M. R. du Buysson, attaché au laboratoire d'Entomologie du Muséum de Paris, d'avoir pu examiner un certain nombre d'œufs de phasmes ainsi fixés, et parmi eux, ceux d'une espèce mauricienne non déterminée plus particulièrement remarquable au point de vue qui nous occupe. L'œuf dont il s'agit est assez gros et de forme obconique. Au lieu d'être collé à plat comme dans les autres cas, il est porté en l'air sur une sorte de pédicelle de mucus, qui part du milieu de l'opercule et s'étale ensuite sur le support — feuille ou rameau — en une traînée diffluente sur les bords, mais au milieu de laquelle on remarque une nervure en zig-zag, qui témoigne des mouvements particuliers de l'abdomen au moment de la ponte. A l'éclosion, la coquille tombe avec la larve, tandis que l'opercule reste fixé sur le support Une circonstance très intrigante est à signaler dans cette même espèce : c'est le pôle conve.xe, opposé à l'opercule, qui sort le premier dans toutes les espèces que nous avons observées et qui, dans l'attitude ordinaire des pondeuses, vient le premier en contact avec le support; et c'est ici le pôle operculé qui est seul fi.xé. 11 faut donc admettre que la mère, par un mécanisme que nous ne savons pas nous imaginer, imprime à l'œuf une rotation de iSo". 24 192 R. DE SINÉTY poserions que le travail chorionigène, au lieu de se poursuivre jusqu'au bout, subit à une certaine époque une déviation conduisant à cette sorte de mucilage. b) Trompe et ovidiicte commun. La structure histologique des trompes et de l'oviducte diffère totalement de celle des gaines. La coupe transversale que nous donnons d'une trompe de Leptynia, fig. 60, laisse apercevoir, en dehors de la couche épithéliale, des noyaux saillants qui appartiennent à des cellules musculaires. Sur des préparations obtenues par balayage de l'épithélium, fig. 59, on peut se rendre compte qu'il s'agit d'une double couche d'éléments longitudinaux et transversaux disposés à peu près comme dans l'intestin. Les fibres longitu- dinales sont mieux individualisées et à striation plus marquée; quant aux éléments transversaux, ils rappellent beaucoup par tous leurs caractères de détail ces cellules laminaires à protoplasme incomplètement spécialisé en bandelettes fibrillaires et anastomotiques que Viallanes a étudiées chez les larves de muscides. La paroi de l'oviducte commun est beaucoup plus épaisse que celle des trompes et renforcée par une puissante musculature. Dans les dissections en liqueur physiologique, on y remarque des mouvements très persistants. c) Organes annexes. Ce n'est pas une étude de détail que nous nous proposons d'en faire. L'exploration histologique de ces organes n'a été dans notre pensée qu'un moyen de contrôler nos observations anatomiques; c'est tout au plus si, avec les données qui vont à ce but, nous indiquerons au passage quelques autres points qui nous ont paru intéressants en eux-mêmes. Poche copulatrice. Il n'est pas inutile de remarquer qu'à l'état de vacuité l'organe est affaissé sur lui-même et que les parties latérales se relèvent en se plissant plus ou moins, si bien qu'on peut distinguer une paroi dorsale et une paroi ventrale toujours plus planes et des parois laté- rales à sections très irrégulières. La paroi dorsale se distingue des autres par ses cellules épithéliales plus allongées; on y trouve en plus grand nombre des éléments sécréteurs à canaux intracellulaires, ceux-ci ayant leur origine dans des vésicules collectrices et se terminant à la cuticule par un pore aréole. RECHERCHES SUR LES PHASMES 193 Pour saisir les caractères de la mise en rapport de la poche copulatrice avec l'oviducte commun, il est utile de suivre la série des coupes descen- dantes. On voit d'abord apparaître deux plis, l'un sur la paroi ventrale de la poche, l'autre sur la paroi dorsale de l'oviducte, qui viennent à la ren- contre l'un de l'autre, et un peu plus bas on trouve la communication large- ment établie suivant une fente verticale, fig. 64, g. Ce qui frappe surtout dans l'étude de ces coupes, c'est une différence très marquée entre les cel- lules ordinaires et celles qui constituent soit le fond des gouttières précitées, soit, plus bas, les parois latérales de la fente. Il y a là une modification très nette dénature, semble-t-il, à empêcher la gouttière de s'effacer malgré les déformations des parties adjacentes. C'est un indice de l'importance phy- siologique de ce canal manifestement destiné à faciliter l'arrivée du sperme sur l'œuf, en le distribuant sur une plus grande longueur. Spermathèque. Tandis que la poche copulatrice se présente par tous ses caractères comme la partie fondamentale et la plus fixe des annexes génitales, la spermathèque nous a m.ontré au contraire la plus grande varia- bilité au point de vue histologique et au point de vue anatomique. Lorsqu'elle est le mieux développée, elle rappelle dans sa structure la spermathèque des acridiens : cuticule épaisse, hérissée de piquants chitini- sés, cellules épithéliales mêlées de glandes unicellulaires à grandes vési- cules collectrices, dont les canaux viennent s'ouvrir entre les épines (Dixip- pus morosus). Souvent, les épines disparaissent (Bacilliis galliciis) et parfois même les glandes (Leptynia attenuata). Dans ce dernier cas, il semble que ce réservoir soit inapte à fonctionner; il est extrêmement réduit et, chez les femelles fécondées, il ne contient jamais de sperme. Ces caractères sont, à les rapprocher des précédents, ceux d'un organe rudimentaire. Cœcums latéraux. Ils sont également très variables. Leur structure, comme leur fonction, semble osciller entre celle d'une glande proprement dite (Dixippus) et celle d'un réservoir qui suppléerait la spermathèque (Leptynia). Des états intermédiaires se rencontrent même dans le petit nombre d'espèces que nous avons étudiées {Bacilliis galliciis). Dans le cas où prédomine le type glandulaire, les éléments sécréteurs sont remarquables avant tout par la présence d'un grand nombre de canaux filiformes, très difficiles à voir sur les coupes, mais que des digestions mé- nagées rendent très apparents; ces canalicules ont une direction normale par rapport à la lumière générale et sont distribués uniformément sur toute l'étendue de la glande. 194 R- DE SINETY Dans le cas où les appendices fonctionnent nettement comme réservoirs spermatiques de suppléance, quand la spermathèque est rudimentaire (Lep- tynia allenuata), nous n'avons pas pu nous assurer s'il y existe des glandes. Ces dernières ne font pas défaut chez Bacilliis, espèce intermédiaire au point de vue qui nous occupe, mais elles y sont rares et les canaux fili- formes y sont groupés en petits pinceaux isolés les uns des autres. Chapitre VII. Appareil génital mâle. § 1. Anatomie macroscopique. a) Historique. Il ne semble pas que jusqu'ici on ait donné une description exacte de l'appareil génital d'un phasme mâle adulte. GuiLDiNG, cité par Mueller (25, p. 13), place les testicules de Phasina coniiittini dans un prolongement en forme de crochet porté par le IX'= seg- ment abdominal (le vomer?). Mueller rejette avec raison cette assertion surprenante, mais lui-même n'a jamais réalisé son projet de donner l'ana- tomie d'un phasme mâle. De SiEBOLD et Stannius (49, p. 638), s'appuyant sur une description de SucKOW (18), attribuent au testicule des phasmides la même structure qu'à celui des libellulides, perlides et éphémérides. Cet organe serait constitué par une multitude de follicules arrondis disposés en grappes de raisin autour d'une portion dilatée des deux canaux déférents. Le conduit éjaculateur serait dépourvu de toute espèce d'appendices glandulaires. Fischer (53, p. 3 1 et 1 38) reproduit la même description (*). Heymons (97, p. 372) n'a eu en fait de mâles que des larves jeunes de Bacilliis rossii. Il décrit le testicule comme constitué par deux cordons arrondis formés de cellules sexuelles et de cellules épithéliales qui se conti- nuent en arrière par les l'asa deferentia. Ces indications sommaires réa- lisent un progrès sur les légendes traditionnelles et on ne peut guère aller plus loin d'après les dissections des larves jeunes. (■■■j Testiculi racemosi e funiculis multis globosis consistant, siipeiiori vasoriiin deferentium bre- vium extremitati infixis; ductus ejaculatorius appendicibus glandularibus nusquam instructus. RECHERCHES SUR LES PHASMES 195 b) Le testicule d'après l'adulte. Nous l'avons décrit sommairement dans une note préliminaire (99). Dans chaque moitié du corps, il longe le vai.sseau dorsal sous la forme d'une glande massive très allongée et parallèle, /, fig. 70. Il occupe la longueur de quatre segments abdominaux, du III<^ au VI'= inclusivement. La glande est méplate; sa section, grossièrement elliptique, le grand axe étant dirigé un peu obliquement de manière à former avec son symétrique un angle à sommet dorsal, fig. 27, /. Lorsque l'on ouvre l'insecte ven- tralement et que l'on rabat la paroi du corps sur le fond de la cuvette, les testicules tournent autour de leur ligne dorsale et se mettent à plat, comme le montre la fig. 70 empruntée à Leptyiiia attenuata. Le côté dorsal du testicule se distingue par un aspect particulier dû principalement à son contour plus ou moins bosselé. Le côté ventral a un contour plus raide; il se continue en bas par le canal déférent et en haut par un prolongement, pr, qui abandonne la région dorsale de l'animal pour aller s'insérer ventralemcnt dans le bas du deuxième segment de l'abdomen (insertion nun représentée sur la figure). Terminal et assez long chez Lep- tynia, nous avons trouvé ce prolongement subterminal et très court chez Alenexemis, où il se recourbe brusquement, fig. 71. Quoi qu'il en soit de ces différences de détail, il s'agit d'un cordon qui se comporte, ni plus ni moins, comme la partie supérieure de la trompe. Par là s'annonce entre les organes génitaux mâle et femelle une étroite homologie que l'étude ultérieure mettra plus complètement en lumière. On a signalé chez divers insectes des changements de couleur du testicule en rapport avec le développement de l'organe. Paulmier, entre autres (99), les a suivis et décrits chez un hémiptère, Anasa tristis. La couleur, chez Leplynia attenuata, passe également par des teintes succes- sives : blanc dans les jeunes larves, l'organe jaunit ensuite de plus en plus et prend dans l'adulte une teinte safranée, distincte de celle du corps adipeux, même quand ce dernier est jaune. c) Organes complémentaires. Vésicule séminale. Sur une boucle sinueuse du canal déférent, au ni- veau du IX'"'^ somite, existe une longue vésicule séminale en cœcum, insérée de telle sorte que les spermatozo'ïdes doivent nécessairement s'y emmagasi- ner pour être expulsés par intermittences. Glandes annexes. Contrairement à ce qu'en ont dit les auteurs, l'ap- 196 R. DE SINETY pareil génital mâle des phasmides n'est pas dépourvu de glandes accessoires, il en est même très richement muni. Dans une position ventrale par rapport aux canaux déférents se trouve un système de glandes tubulaires, dont plusieurs atteignent presque la lon- gueur des véhicules séminales (soit à peu près celle de deux segments abdo- minaux). Elles se distinguent de ces vésicules déjà par leur couleur; l'exa- men de leur contenu n'y révèle jamais la présence de spermatozo'idcs, mais seulement celle d'une matière granuleuse, facilement coagulable, qui est destinée sans doute à faciliter leurs mouvements en même temps qu'à les conserver. Chez Lcptyiiia attenuala, fig. 153, on trouve pour chaque côté trois cœcums confluant successivement en un tronc unique, lequel aborde le canal déférent par sa face ventrale, un peu au-dessous de l'insertion de la vésicule séminale. Il est très ordinaire que quelques-uns de ces tubes soient recourbés de haut en bas, mais il n'y a rien de fixe à cet égard. Sur la coupe transversale fig. 154, deux de ces appendices sont intéressés deux fois, ce qui fournit huit sections pour six tubes. Dans la même figure, les vé- sicules séminales sont coupées suivant vs et les canaux déférents suivant cd. Ces derniers sont toujours externes par rapport à l'ensemble des appendices. Dans les espèces exotiques que nous avons examinées, ce type de glandes annexes se retrouve dans ses traits fondamentaux. Chez Menexe- nus obtusespinosiis, les cœcums sont en plus grand nombre et nous devrions peut-être y distinguer des catégories différentes. L'insuffisance de matériaux ne nous permet pas d'être plus explicite sur ce point. La couleur des glandes annexes, comme celle des vésicules séminales, est variable avec les espèces et semble être à peu près la même que celle du testicule : jaune chez Leptynia, blanche chez Dixippiis, par exemple. Canal djaculateur. Il est très court. Presqu'immédiatement au-dessous du débouché des glandes accessoires, les canaux déférents se l'éunissent en un conduit impair entouré d'une forte musculature sphinctérienne, qui en rend la dissection malaisée. Finalement, il s'ouvre au côté interne d'une armature péniale fortement chitinisée à la base. Les parties molles adja- centes sont susceptibles de s'évaginer en appendices digitiformes, auxquels des rides transversales donnent un aspect articulé. d) Dcveloppeiiieut des organes génitaux externes. En étudiant l'appareil génital femelle, nous avons signalé la forme spéciale que prennent aux différents stades les organes génitaux externes; RECHERCHES SUR LES PHASMES 197 conformément à cette marche, nous terminons la description macrosco- pique de l'appareil mâle par quelques renseignements sur le développement de ses parties cutanées. Au stade I, fig. 163, le VIII'' segment est simple et c'est précisément à cette particularité qu'il convient de recourir pour distinguer les deux sexes dès l'éclosion; mais le IX.^ offre en arrière une éminence bilobée, qui rappelle un peu le double tubercule déjà mentionné chez la femelle de même âge : c'est la première indication de l'opercule sous-génital. Ces acci- dents s'accusent un peu à la première mue, sans se modifier notablement quant à l'aspect extérieur; mais une invagination transversale apparaît en dessous et en arrière de l'éminencc tuberculée et l'opercule sous-génital est en réalité constitué. Au stade III, on est surpris de voir apparaître une éminence digiti- formc qui semble appartenir au IX" segment et sortir de dessous la plaque sous-génitale, mais qui part en réalité de la base du X'^ sternite : c'est le rudiment du voiner. Ce curieux appendice, qui prend chez l'adulte la forme d'un crochet chitineux occupant presque toute la longueur du X= segment, ne semble pas mobile et sa signification est énigmatique. c) Comparaison avec les autres types. Comme pour l'organe femelle, c'est avec les thysanoures qu'un essai d'homologation semble avoir le plus de chances de succès. La ressemblance extérieure plaiderait pour un rapprochement des deux groupes. Toute la question serait de savoir si l'anatomie l'appuierait, ce qui ne ferait pas de doute, si la masse testiculaire était parcourue chez les thysanoures par un canal longitudinal qui est, comme nous le verrons bientôt, un des traits caractéristiques de celui des phasmes. L'existence d'un tel canal chez les collemboles pourrait être affirmée d'après une figure de Prowazek (1900, fig. 54), si dans la coupe qu'elle représente, les Tochter^ellcn sont bien les cellules sexuelles. § 2. Anatomie microscopique. a) Constitution histologique du testicule. Nous n'avons utilisé jusqu'ici que les données fournies par les dissec- tions; les coupes vont nous permettre de nous rendre compte de la consti- tution histologique du testicule. 198 R- DE SINÉTY Les plus instructives pour prendre une idée générale de l'organe sont les coupes transversales, telles que celle qui est dessinée dans la fig. 72. Nous remarquons d'abord du côté ventral un espace libre, c, entre la paroi du testicule et les colonies de spermatozoïdes. Cette cavité, à section ronde ou elliptique, se rencontre dans toutes les coupes à quelque niveau que celles-ci soient faites, sauf pourtant tout à fait à l'extrémité supérieure, lors- quclle se prolonge en éperon comme fig. 71. Il y a donc là un conduit faisant suite au canal déférent et se conti- nuant en haut par le prolongement à attache ventrale. Tout le reste de la coupe, quand elle est empruntée à un adulte ou à une larve un peu avancée, se montre comme décomposé en zones ou compartiments à direction trans- versale plus ou moins réguliers, qui ne sont autres que des colonies de cellules sexuelles à divers stades : des spermatozo'ïdes murs tout contre le canal c, puis, à mesure que l'on remonte vers le côté dorsal, des éléments de plus en plus jeunes. Quelle que soit l'espèce étudiée, les colonies se montrent individuali- sées et soutenues par de minces enveloppes, qui semblent être de même nature que la paroi générale du testicule; nous reviendrons plus loin sur leur constitution. Les renseignements fournis par les coupes transversales sont pleine- ment confirmés par les coupes longitudinales pour ce qui est de la continuité du canal ce et de l'ordre de succession des colonies. Ajoutons qu'il n'est pas rare de voir des trachées pénétrer dans la profondeur de la glande et s'y épuiser en trachéoles entre les cystes, ainsi que cela a été signalé dès KS87 par VON La Valette S* George pour Forficula. Toute cette structure s'éloigne notablement de celle attribuée par quel- ques auteurs au testicule des phasmes et que nous avons rappelée dans l'historique de la question. Au lieu de cœcums ou d'acini multiples débou- chant dans un canal déférent unique, les genres que nous avons étudiés ne nous ont montré que des amas irréguliers de cellules sexuelles d'âge diffé- rent formant une masse unique. Toutefois, un accident de préparation nous a peut-être mis sur la voie d'une erreur, qui a pu être commise par nos devanciers. Lorsqu'on dissèque un testicule à colonies très allongées dans le sens transversal et plus régulières, comme celui de Dixippns, si l'on vient à déchirer d'un côté les membranes d'enveloppe, les colonies sont rendues libres de ce côté et l'aspect général est tellement conforme aux anciennes descriptions, que nous aurions été tout prêt à admettre l'interprétation RECHERCHES SUR LES PHASMES 199 qu'elles traduisent, si l'étude des coupes transversales ne nous avait forcé de l'abandonner. En rigueur, nous devrions placer ici l'étude détaillée des cellules sexuelles, mais en raison de l'importance du sujet et du développement que nous avons été amené à lui donner dans notre travail, nous devons la ren- voyer à un chapitre spécial. Nous nous bornerons pour le moment aux renseignements relatifs aux autres facteurs anatomiques, ce qui revient à examiner la constitution des parois d'enveloppe et celle du canal d'évacuation. Les cellules d'enveloppe. Sous ce nom, nous comprenons à la fois les cellules qui forment le revêtement général du testicule et celles qui consti- tuent les parois des cystes, car pour nous ces cellules sont de même nature. Déjà en 1898, Tichomirow étudiant le testicule du Bombyx mort et MoNTGOMERY cclui de Penlatoma ont nettement affirmé cette identité. Une telle conception s'accorderait d'ailleurs très bien avec les données embryogé- niques : la glande sexuelle est formée de gonades et de cellules mésoder- miques; les cellules mésodermiques se transforment en cellules conjonc- tives qui s'étalent à l'extérieur pour former le revêtement général de l'organe ou s'insinuent entre les cellules sexuelles et, à mesure que celles-ci se multi- plient par division, constituent les enveloppes qui les isolent en colonies. Nous aurions énoncé simplement cette manière de voir sans y insister si, dans un travail récent, Sutton (1900) n'avait pas émis sur l'origine des spermatocystes des idées toutes différentes, avec lesquelles nous avons dû confronter i.os résultats. Voici d'abord comment s'exprime l'auteur américain (op. cit. p. 143) : « In the early stages there is between and among the primary spermato- gonia a membranous intercellular substance with which they are in intimate relation, as shown by the fact that they never shrink away from it. As development proceeds, however, the close relation between cells and inter- cellular substance is lost, and in the metaphasewe sometimcs find the cell- membrane separated in places from its capsule. It now only remains for the séparation to become complète. When the two-cell stage is reached, the spermatogonia and the cyst which contains them are independent structures. As the number of cells within the C3^st increases by division, the cyst-membrane obviously becomes more and more extended, the material for this increase being furnished by those primary spermatogonia which still remain in the resting condition, one or more being always found in relations with each cyst, either in the axis of the follitle or between the cyst and the follicle wall ». 25 200 R- DE SINETY Si nous comprenons bien la pensée de l'auteur, il se dégage de son exposé les conclusions suivantes : 1. Les noyaux que l'on trouve entre les spermatocystes n'appar- tiennent pas à des cellules conjonctives, mais à des spermatogonies. 2. La substance intercellulaire qui se trouve entre les spermatogonies primaires donne naissance, par une simple addition, à la paroi des cystes et ce sont les spermatogonies situées entre les cystes qui sécrètent cette matière (p. 141 : « to secrète matter for the extension of the cysts-walls «). 3. Cette manière de voir, l'auteur le reconnaît lui-même, entraîne comme conséquence l'indépendance des cystes vis-à-vis de l'enveloppe gé- nérale du testicule. Sur ces trois points, nous arrivons à des conclusions exactement oppo- sées à celles de Sutton. 1 . Les noyaux que l'on trouve entre les cystes ressemblent non à ceux des spermatogonies, mais à ceux de l'enveloppe générale. 2. Le tissu intercystique, quand il existe, est constitué d'éléments analogues à ceux qui forment la paroi extérieure de l'organe. 3. Il existe d'étroites relations de continuité entre les parois des cystes et celles du testicule. Pour ce qui est de l'identification des cellules d'enveloppe avec des spermatogonies, nous avouons ne pas pouvoir la faire cadrer avec les carac- tères comparatifs des éléments. Nous ne nous attarderons pas à faire res- sortir les différences de forme et de structure fine dans les deux catégories de cellules, — Sutton lui-même semble les reconnaître au moins aux stades avancés de leur développement; — mais nous devons ajouter qu'aucune image ne nous permet de rattacher ces formes définitives à des formes de départ plus semblables. La seconde assertion de Sutton comporte de sérieuses difficultés d'or- dre cytologique : outre qu'elle fait retour à d'anciennes théories dans les- quelles on attribuait aisément à des sécrétions des substances intercellu- laires, qui sont produites en réalité par des modifications des membranes ou même des corps cellulaires, elle ne tient pas suffisamment compte, dans l'espèce, des rapports de la substance intercalaire avec les noyaux que l'on y rencontre souvent. Ils sont si bien les rapports d'un corps cellulaire avec son noyau, qu'on ne saurait voir dans le complexe autre chose qu'une cel- lule aplatie envoyant des expansions laminaires qui s'insinuent entre les colonies et vont se mettre en rapport, sans limites discernables d'ailleurs, avec des expansions semblables appartenant à d'autres cellules. RECHERCHES SUR LES PHASMES 201 Signalons enfin, en opposition avec la troisième conclusion qui se dé- gage de la citation faite ci-dessus, les rapports de continuité qui existent entre la paroi générale du testicule et les parois des cystes. Dans la coupe d'ensemble fig. 72, nous voyons ces dernières se rattacher à l'enveloppe générale par des dilatations triangulaires, dans lesquelles sont souvent logés des noyaux. Il est difficile de décider si ceux-ci appartiennent aux cystes ou à la paroi extérieure, tant les deux formations sont semblables histologique- ment. Le fragment de coupe dessiné à un plus fort grossissement, fig. 150, laisse voir une cellule à plusieurs expansions membraniformes contribuant à la formation de la paroi générale (côté supérieur de la figure) et envoyant vers l'intérieur deux cloisons séparatrices des cystes. Conduit dévacuation. Nous avons vu que la région ventrale du testi- cule était modifiée de manière à constituer un conduit en forme de gouttière destiné à recevoir aux différents niveaux les produits sexuels arrivés à ma- turité. Dans le bas, ce conduit est en continuité avec le canal déférent et l'on peut s'assurer au moyen des coupes que sa lumière se poursuit d'autre part dans le prolongement supérieur. Comme son calibre, aussi bien que les caractères histologiques des parois qui le circonscrivent, varie avec le développement de l'organe, il y a lieu de l'étudier aux divers stades de la vie larvaire. Dans les très jeunes larves (stade I), les coupes transversales montrent déjà du côté ventral un certain nombre de cellules à noyaux aplatis, à limites indistinctes, d'un autre aspect que les cellules sexuelles et les cellules d'enveloppe banales; le plus souvent, ces éléments sont massés sans in- terposition de vide; mais quelquefois, on distingue entre eux une petite lumière centrale, qui n'existe pas nécessairement en même temps sur toute la longueur du testicule. Dès que cette cavité est bien formée, on peut constater qu'elle sépare les cellules en deux couches ou parois du canal, l'une dorsale, l'autre ventrale. Toujours en petit nombre sur les coupes transversales, les cellules de la paroi dorsale sont souvent réduites à deux, comme dans le cas de la FIG. 151. Elles sont destinées à s'étirer en lames de plus en plus minces à mesure que la glande se développe et que le canal s'élargit. Aussi peut-on dire qu'elles abandonnent progressivement leurs caractères primitifs pour prendre ceux des cellules d'enveloppe. La membrane mince ainsi constituée doit forcément s'ouvrir pour per- mettre le passage des spermatozoïdes dans le conduit et, puisqu'elle a les 202 R. DE SINÉTY caractères histologiques d'une paroi de cyste, nul doute qu'un même méca- nisme ne gouverne la déhiscence de toutes ces cloisons. Est-ce une simple désunion mécanique déterminée par une distension exagérée ou une désunion précédée de dégénérescence ? Nous n'avons pas d'observations assez décisives pour nous prononcer entre ces deux causes, bien que la dernière paraisse parfaitement plausible et qu'elle puisse être appuyée sur l'aspect des noyaux dans quelques cas. Toujours cst-il que le fait même de la séparation des cellules distendues laisse parfois des traces reconnaissables. Sur les coupes des testicules adultes, il n'est pas très rare d'observer des loques rétractées, nucléées ou non, suivant les ha- sards de l'orientation, qui pendent des parois latérales dans la cavité. La rupture de la paroi dorsale du conduit évacuateur entraîne quelques conséquences dont il faut tenir compte pour s'expliquer la descente des spermatozoïdes. Une fois réalisée la déhiscence dans la paroi dorsale du conduit et dans l'enveloppe de la colonie adjacente, ce qui a lieu de la même manière et à peu près en même temps à toutes les hauteurs du testi- cule, le canal se trouve transformé en une gouttière qui s'ouvre directement dans l'intérieur des cystes mûrs ; cela revient à dire que sa cavité s'accroît de toutes les cavités des cystes, tels que XVI, XV, XIV, fig. 72, qui lui étaient contigus et que sa paroi dorsale se trouve virtuellement transportée sur l'enveloppe des colonies suivantes et ainsi progressivement au fur et à mesure de la maturation et de la déhiscence des colonies de plus en plus jeunes. Il faut, en effet, remarquer que la maturation progresse du côté ventral au côté dorsal; les colonies toutefois demeurent en place, ainsi que SuTTON l'a très justement fait ressortir d'après les acridiens; si bien, qu'à parler rigoureusement, c'est le canal évacuateur qui va au-devant des pro- duits mûrs, ce ne sont pas les produits qui viennent au canal. Dans une des espèces étudiées [Dixippus morosus), la paroi dorsale, au lieu d'être mince et formée d'une seule assise de cellules, se montre assez épaisse et d'une structure complexe : elle donne place dans son épaisseur à des éléments particuliers, sur la signification desquels nous ne sommes pas entièrement fixé. Ce sont des cellules arrondies, à contour nettement arrêté, claires, à noyau vésiculeux beaucoup plus petit que ceux des cellules pro- pres de la paroi; dans le cytoplasme, on remarque une cavité circonscrite par des épaississements d'apparence cuticulaire, qui se colorent par I'Hei- DENHAIN, FIG. 160, CX. Venons maintenant à l'étude de la paroi ventrale. Ses éléments consti- tutifs ont toujours une hauteur relativement considérable et offrent les RECHERCHES SUR LES PHASMES 203 caractères soit d'un épithélium banal, soit d'un épithélium glandulaire. La FiG. 160, empruntée à Dixippus, est relative à ce dernier cas. Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'existence, du côté interne de la pai oi pe, d'une sorte de frange formée de parties en pinceaux saillants et de golfes arrondis plus ou moins correctement arrêtés par une membranule. On songerait volontiers à une bordure en brosse irrégulière et discontinue, mais la discussion détail- lée de toutes les apparences amène à conclure qu'il s'agit de cellules glan- dulaires décapitées et comme effilochées. Nous donnerons à propos des glandes annexes la justification de cette hypothèse. Pour le moment, nous n'examinons pas la part qui peut revenir dans cet aspect aux altérations produites par les traitements. Ces éléments d'allure épithéliale ou glandulaire ne sont pas l'unique facteur anatomique de la paroi ventrale. On y trouve, en outre, sur la face externe, une musculature délicate formée d'éléments striés anastomosés qui rappellent ceux de la trompe. La principale différence réside en ce que dans ce dernier organe le réseau contractile est un manchon formé de deux sortes de fibres, longitudinales et annulaires, tandis que dans le testicule c'est un système ouvert de fibres longitudinales, qui de soi ne devrait déter- miner que des raccourcissements; mais des branches à insertions latérales lui permettent de déterminer aussi des constrictions, comme dans le cas d'un sphincter. Pour se rendre compte de la disposition de cette muscula- ture si spéciale, il faut recourir à des pièces étalées à frais et débarrassées par un balayage au pinceau de tous les éléments opaques. On est frappé de voir, fig. 152, les bandes du filet musculaire comme déchiquetées en minces chefs d'insertion s'attacher latéralement sur la basale presque suivant une même ligne. b) Canal déférent. Il n'est, peut-on dire, que la gouttière ventrale devenue indépendante et fermée sur elle-même. La couche cellulaire s'y présente comme un épithé- lium à trabécules plus ou moins renforcées dans le sens radial, fig. 155 et 158, comme cela est fréquent dans les glandes tubuleuses; pourtant, nous n'y avons pas trouvé les apparences d'effilochage dont il est question plus haut; il est bien possible que, dans cette région du conduit, la fonction vectrice purement mécanique prédomine sur la fonction sécrétrice, puisque les sper- matozo'ïdes ne sont pas appelés à y séjourner. La musculature est renforcée et munie de fibres annulaires, comme en témoignent les figures citées; nous 204 ï^- ^^ SINÉTY ne l'avons pas préparée isolément, ce qu'il aurait fallu faire pour se rendre compte de l'allure des fibres longitudinales. c) Glandes annexes. Il n'y a pas lieu d'insister sur la structure générale de ces organes, qui sont construits suivant le même type que chez les autres orthoptères. Nous devons seulement signaler quelques particularités qui se rattachent à leur nature glandulaire et à leur physiologie. Si l'on examine un système de ces glandes coupé transversalement tel que celui dessiné fig. 154, on est frappé des dissemblances de détail que présentent les divers cœcums. A ne prendre que les états extrêmes, on a ou l'image fig. 159, ou l'image fig. 157. La première nous reporte même à la fig. 160, à cette différence près que les filaments protoplasmiques sont distribués beaucoup plus uniformé- ment; par place, ils simulent un véritable plateau strié ou bordure en brosse. Le détail représenté fig. 161 permet de mieux juger de leur aspect et de leurs relations avec le réticulum de la profondeur. Des vacuoles de sécrétion se voient dans cette même région. La FIG. 157 fournit, croyons-nous, l'interprétation de cet aspect bizarre, interprétation qne nous avons déjà indiquée au sujet de la gouttière. On a ici une coupe pleine, dont la lumière est bourrée de formations globuleuses; les cellules sont très allongées radialcment et l'on y distingue deux parties : une basale plus dense logeant le noyau, une apicale plus claire terminée en dôme arrondi. Pour passer de cette forme à celle de la fig. 159, il n'y a qu'à supposer le départ de la partie claire par excision avec effilochage consé- cutif des trabécules protoplasmiques, la partie excisée devenant une des formations globuleuses qui encombrent la lumière. Évidemment, il s'agit ici d'un phénomène identique à celui qui se passe dans les ectadenies de l'hydrophile d'après Blatter (97, p. 403). De semblables processus viennent d'être étudiés récemment par Pettit (igoi ) dans les cellules de revêtement des plexus des ventricules latéraux chez les mammifères. Nous ne prétendons pas rapprocher trait pour trait les deux cas, mais le fond du phénomène semble être le même. Nous n'avons pas fait d'étude comparative à frais et sur les coupes, mais d'après l'auteur que nous citons, cette excision de la partie plus vulnérable des cel- lules serait due à l'action des réactifs. Quoi qu'il en soit, les apparences ne sont pas toujours les mêmes ; les extrémités semblent conserver quelquefois RECHERCHES SUR LES PHASMES 205 leur individualité, comme dans le cas de la fig. 157, où elles se pressent contre les dômes encore intacts; dans d'autres cas, l'ensemble se fusionne en un contenu uniformément granuleux isolé par rétraction au centre du canal, fig. 159. d) Opercule sous-gcnital. On pourra être surpris de trouver cette pièce associée aux annexes deTap- pareil mâle; nous avons été conduit à faire ce rapprochement par la présence imprévue de glandes monocellulaires sur la face interne de cet appendice. La FIG. 162 donne une idée de l'épithélium dans cette région : sous la cuticule, des noyaux de petites dimensions appartenant aux cellules hypo- dermiques, dont les contours sont indistincts, et en arrière de grosses panses cellulaires logeant un noyau volumineux et une vésicule collectrice plus ou moins globuleuse et structurée. De cette vésicule part un canal excréteur contourné, qui débouche par une partie chitineuse, c, à la face externe de la cuticule. La sécrétion de ces glandes est forcément en relation avec le fonction- nement des organes génitaux. Appendice. Homologation du testicule et de l'ovaire. Les homologies du testicule et de l'ovaire paraissent mieux exprimées chez les phasmes que dans la plupart des autres groupes d'insectes (*). Les deux glandes génitales sont en effet construites sur un plan très uni- forme. Un tube épithélial, dont la situation est morphologiquement ven- trale, comme l'indiquent son attache supérieure et son orifice inférieur, est adossé à un massif de cellules sexuelles, dont la région germinale conserve des relations de voisinage et d'attache avec le tissu péricardial, tandis que les produits sexuels parvenus à maturité tombent dans le tube ouvert latéralement. Ce tube a sa paroi propre, essentiellement épithéliale, doublée d'une basale et d'éléments musculaires. Toute la différence entre les deux sortes de glandes se ramène à ce que dans l'une le massif des cellules sexuelles demeure indivis dans toute sa (*) Nous ne faisons Thomologatiou que pour les espèces où nous avons pu établir la compa- raison entre les organes mâles et femelles. Cette comparaison n'ayant pu être faite pour Carcharus, cette espèce, dont l'ovaire est si particulièrement intéressant, demeure en dehors. 206 R. DE SINETY longueur {testicule), cette circonstance entraînant comme conséquence que le tube épithélial s'ouvre en gouttière sur toute la longueur correspondante, tandis que dans l'autre (ovaire) l'ensemble des cellules sexuelles est morcelé en colonies transversales, les gaines ovigères, qui débouchent individuelle- ment dans le tube à des hauteurs différentes. Dans ce dernier cas d'ailleurs, les parois du canal épithélial se développent autour des orifices latéraux et constituent les calycules sur lesquels sont insérées les gaines. Chapitre VIII. Questions spermatogénétiques d'après les principales familles d'orthoptères. La marche naturelle de notre travail nous aurait amené à traiter ici la spermatogénèse chez les phasmes. Cette famille d'orthoptères n'a jamais été étudiée à ce point de vue (*), alors que d'autres à côté d'elle ont été exploitées avec fruit dans un assez grand nombre de travaux récents dont nous aurons à parler plus loin. Il convenait de rechercher jusqu'à quel point les généra- lisations basées sur ces travaux s'appliquaient à un type d'insecte, auquel tant de particularités anatomiques et morphologiques font une place à part. Telle fut l'idée qui nous guida dans une première exploration du sujet. Nous pensions alors posséder, notamment dans les travaux relatifs aux acridiens, une base de comparaison assez bien établie; mais les conclusions principales de ces travaux sont loin d'être concordantes, bien qu'elles visent à construire un schéma assez général de la spermatogénèse. Dans l'impos- sibilité où nous étions de choisir d'après les phasmes seuls entre les écoles en présence, il nous parut nécessaire de reprendre partiellement l'étude des acridiens en cherchant à l'éclairer dans ses parties obscures par des em- prunts faits à d'autres familles. 1 (*) Au cours de ses mémorables recherches sur la cytodiérèse chez les arthropodes, Carnoy eut l'occasion d'en étudier de beaux exemples sur les spermatocytes de Bacillus rossli (i); bien qu'à cette époque (84) l'attention ne fut pas attirée comme elle l'est aujourd'hui sur les groupes quaternes, le regretté savant les a vus sous un de leurs aspects les plus caractéristiques et, si l'interprétation qu'il en a donnée doit être modifiée, il n'est que juste de reconnaître l'exactitude de son observation. I (i) Baciiiiis Uncaris de rauteur. Il n'existe pas de phasinc portant ce nom, même en synonymie; un renseignemen obligeamment communiqué par M. le Prof. Gilson nous apprend que le pUasme traité par Carnoy provenait des environs de Naples et avait 6të nommé, peut-être un peu Icgilrcmcnt, par un des membres de la station zoologique; la provenance suffit pour indiquer qu'il s'agit du Daciilus rossii. RECHERCHES SUR LES PHASMES 20? Disons-le tout de suite, les faits qui se sont dégagés de cette étude comparée nous conduisent à une manière de voir tout opposée à ce que l'on a admis jusqu'ici pour les insectes. Nous nous rallions pleinement à l'école des zoologistes qui reconnaissent, comme processus primordial, dans la con- stitution des groupes quaternes, une double dhnsion longitudinale. C'est, comme on le sait, la doctrine qui, en botanique, après plusieurs oscillations en sens inverse de la part de savants spécialement qualifiés dans cette question, peut être actuellement considérée comme très solidement établie. Cet accord entre des phénomènes parallèles dans les deux régnes ne dis- pense pas de contrôler rigoureusement les faits; mais à cela près, on con- viendra qu'il doit inspirer une sérieuse confiance. Il aurait été constaté plus tôt sans nul doute, si des influences philosophiques bien connues n'avaient retenu les chercheurs sur la trace toujours fuyante d'une division réduc- tionnelle. § 1. Cinèses spermatogoniales. Les larves d'insectes à métamorphoses incomplètes se prêtent mal généralement à l'étude des spermatogonies primaires : chez les phasmes, même atix premiers stades, le testicule est abondamment envahi par des cystes de spermatogonies secondaires; les primaires sont reléguées du côté dorsal, où elles sont de plus en plus rares à mesure que l'insecte vieillit. Dans une coupe dessinée fig. 72 et empruntée à un imago de Lcplynia, elles sont encore reconnaissables en a, mais en petit nombre. Nous n'avons pas suivi toute la série des phénomènes de la division cinétique dans ces éléments; nous devons néanmoins nous arrêter un peu, à titre d'exemple et à cause des données qu'elle fournit, à la belle couronne équatoriale dessinée fig. 73 et reproduite phot. 185 {Leptynia). Cette figure est parfaitement plane, tout entière contenue dans la coupe. Sont à remar- quer avant tout la forme et la disposition des chromosomes, la plupart bacillaires, orientés radiairement à la périphérie, où ils sont normaux par rapport aux filaments du fuseau, et nombreux, disposés sans ordre et plus rares à l'intérieur; leurs dimensions respectives sont très différentes de l'un à l'autre; quelques-uns, en petit nombre, se présentent comme des U, sans qu'on se rende compte tout d'abord si c'est là leur véritable forme ou le résultat d'une association fortuite. Ce dernier point fait une difficulté, la seule d'ailleurs dans le cas de cette belle et grande figure, lorsqu'on cherche 208 R. DE SINÉTY à préciser le nombre des chromosomes; elle sera levée par l'étude des sper- matogonies secondaires. Celles-ci proviennent, comme on l'admet, des précédentes par une di- vision dite de transformation, qui survient après un certain nombre de divi- sions ordinaires et dans laquelle chaque spermatogonie primaire est amenée à donner deux spermatogonies secondaires contenues dans un même cyste. Des divisions ultérieures augmentent ensuite, souvent beaucoup, le nombre de celles d'une même lignée logées dans une seule enveloppe. Le stade de cyste bicellulaire ne s'est pas présenté à nous très clairement. Peut-être pourrait-on le reconnaître en cj-, fig. 73, où le cyste serait très arqué, se trouvant repoussé de dehors en dedans par la grande spermatogonie pri- maire en métaphase, dont nous nous som.mes occupé plus haut. Par contre, des cystes multicellulaires se trouvent en grand nombre dans le testicule de l'adulte (I, II, III, IV, etc., fig. 72). Au repos, le noyau des spermatogonies secondaires est vésiculeux, assez pauvre en nucléine, celle-ci occupant surtout la périphérie. Un des stades caractéristiques de la prophase est celui où le filament nucléinien, après l'état de peloton, se montre scindé en segments assez trapus, contournés et disséminés dans tout le corps du noyau. La métaphase se présente très sensiblement avec les mêmes caractères que dans les spermatogonies primaires. Il est facile de compter les chromo- somes dans les couronnes vues du pôle, fig. 75; et le nombre trouvé à plu- sieurs reprises est 36. Inutile de rappeler que cette phase des mouvements cinétiques se montre comme les autres à peu près synchroniquement pour tous les élé- ments d'un cyste, fig. 72, IV; de plus, comme on l'a observé chez d'autres types, il 3' a une tendance des figures à s'orienter à l'intérieur du cyste, de telle sorte que l'axe des fuseaux soit normal à la paroi. Au début de l'anaphase, les chromosomes-frères sont assez régulière- ment superposés sur leur filament de soutien ; mais deux groupes voisins peuvent parfois se juxtaposer de manière à donner l'illusion d'une tétrade, fig. 74. L'anaphase nous met en présence d'un organite cellulaire, qui a spé- cialement attiré l'attention dans ces dernières années et qui prend dans la littérature scientifique une importance croissante Nous voulons parler du cJiroinosoine accessoire, fig. 76, es. La figure que nous avons sous les yeux permet de le distinguer principalement par sa longueur et le retard parti- culier qu'il présente dans son ascension aux pôles. Nous nous occuperons RECHERCHES SUR LES PHASMES 209 directement de lui dans un paragraphe spécial, nous contentant jusque là de recueillir à son sujet les donnés qui se présenteront. Les quelques traits qui viennent d'être indiqués dans les spermatogo- nies de Leptyiiia : nombre spécifique des chromosomes, manières d'être respectives des chromosomes ordinaires et du chromosome spécial, se rat- tachent à des points importants de la spermatogénèse ; pour les mieux apprécier, tâchons de les définir dans quelques types empruntés à d'autres familles d'orthoptères. Si nous cherchons avant tout une numération facile en même temps que rigoureuse et un contraste bien accusé entre les deux sortes de chromo- somes, c'est un locustien de grande taille, Orphania denticaiida, que nous avons trouvé le plus favorable. Les cellules sont d'une grandeur et d'une beauté remarquables, fig.98 à 101; les chromosomes ordinaires sont trapus, très semblables entre eux pour la forme et les dimensions, ce qui n'était pas le cas chez Leptynia, FiG. 7.3. La plaque équatoriale vue du pôle est absolument plane; les chromosomes forment un anneau extérieur presque régulier, comme on le voit bien sur le phot. 172; à l'intérieur de ce premier anneau, on peut en distinguer un second, en général moins régulier, qui enferme le reste des chromosomes dispersés sans ordre, mais toujours bien isolés entre eux. Cette circonstance permet de déterminer leur nombre avec beaucoup de précision; nous l'avons trouvé fixe et égal à 30. Leur forme, à un premier coup d'ceil et dans une couronne vue du pôle, est celle d'une masse à peine allongée à contours arrondis; mais si on l'étudié sur les couronnes vues de profil, FIG. 99, on peut se convaincre qu'ils sont constitués en réalité par des U très raccourcis orientés suivant des méridiens; pour ceux qui sont sensiblement sur le méridien perpendiculaire au champ visuel, les diverses mises au point présentent successivement en descendant deux gros points superposés, — la coupe des branches de l'U, — puis une sorte de figure en haltère, — coupe profonde intéressant déjà le coude — et enfin un cercle, plus ou moins estompé, avant que le chromosome se dérobe totalement à la vision distincte. La plupart de ces aspects sont représentés sur la FIG. 99. Une fois renseigné par l'étude des couronnes vues de profil, on inter- prête mieux quelques particularités des couronnes vues de face : formes simples, tenant à la superposition des deux branches très rapprochées, dimensions générales un peu plus grandes, orientation dans le sens radial et enfin petitschangemcntsdc forme observés en faisant varier la mise au point. 2IO R. DE SINETY L'anaphase et la télophase de ces spermatogonies sont respectivement représentées fig. 100 et lOl, Le rapprochement des figures 99 et 100 montre clairement que la division des chromosomes se fait ici suivant le processus bien connu : la simple séparation des branches. Nous avons négligé jusqu'à présent un trente-et-unième chromosome, que tous ses caractères mettent à part : le chromosome spécial, es. Il est d'une taille gigantesque; à la plaque équatoriale vue du pôle, il se présente comme une grande barre orientée radialement, son extrémité interne se trouvant au même niveau que les chromosomes périphériques, l'externe proéminant beaucoup en dehors de la figure générale. Comme les autres, ce chromosome se décompose en deux branches superposées, déjà indépendantes au stade représenté fig. 99. Avons-nous affaire à une anse nucléinienne unique, à un U à branches très rapprochées, actuellement scindé au coude, ou bien à deux anses-sœurs provenant du clivage d"un bâtonnet droit? Nous croyons devoir admettre cette dernière hypothèse. Quant aux chromosomes ordinaires, remarquons-le en passant, s'ils se présentent temporairement en forme d'U, cela peut très bien tenir à ce qu'ils sont constitués d'une masse unique incomplètement divisée. Les deux chromosomes spéciaux frères sont des bâtonnets pleins; durant le retour au pôle, leurs extrémités périphériques sont encore en contact, FIG. 100 et phot. 173; de là, dans bien des cas, un retard plus apparent que réel. Un peu plus tard, tout le chromosome est allongé sur le fuseau, FIG. 101. Remarquons, pour ne pas revenir sur cette figure, que la division du corps cellulaire se fait en partie par étranglement et en partie par plaque cellulaire; nous aurions pu en dire autant à propos des télophases de Leplynia. On est surpris qu'un processus si fréquent et si facile à obser- ver chez les arthropodes soit présenté dans quelques traités généraux comme exclusivement propre aux cellules végétales. Des chromosomes très ramassés, mais probablement assez semblables de forme aux précédents, s'observent chez Forficiila aiiviciilaria. Les cou- ronnes vues du pôle, fig. 139, montrent un amas assez irrégulier de sphc- rules semblables entre elles. On en compte 24; jamais, il ne nous a été possible d'en distinguer une de caractères spéciaux. Par contre, nous retrouvons le chromosome spécial avec des particu- larités remarquables chez Grylliis donicslicits, fig. 133 à 135. Il s'y présente RECHERCHES SUR LES PHASMES 211 comme un filament très long bouclé en U et divisé longitudinalement, FiG. 133, es. Le plan de l'U coïncide avec celui de l'équateur, de sorte qu'en vue polaire le clivage longitudinal est dissimulé, fig. 134. Lors du retour, ce chromosome se met en retard sur les autres et pro- gresse le coude en avant. Quant aux chromosomes ordinaires, ils sont beaucoup plus poly- morphes que dans les espèces précédentes, relativement plus grêles et plus longs. Les couronnes vues de face, fig. 134, les montrent disséminés à peu près sans ordre et il nous a été impossible d'en fixer le nombre avec quel- que précision. § 2. Cinèses sexuelles. Nous ne pensons pas qu'un historique complet de la spermatogénèse soit le préambule obligé de toute contribution à l'étude de cette question fondamentale. Ce travail a3'ant cté si souvent refait, ce serait un pur double emploi. D'autre part, il y aurait un inconvénient sérieux à ne pas tenir grand compte de la littérature dans un sujet où les moindres détails sou- lèvent aujourd'hui des controverses sans fin. Pour éviter autant que possible ce double inconvénient, nous allégerons notre exposé de toute incursion dans la bibliographie, nous bornant à décrire les phénomènes et à les rattacher par un lien logique et nous renverrons à un paragraphe spécial la discussion critique de nos résultats. A. Observations personnelles (*J. a) Spermatocytes de premier ordre. Issus d'une dernière division des spermatogonies secondaires, les sper- matocytes de premier ordre s'accroissent rapidement, ce qui leur a fait donner le nom dauxocytes. Chez les phasmes, ils se rencontrent déjà en (*) Dans les chapitres précédents, où il était surtout question d'anatomic, nous n'avons pas cru devoir arrêter l'attention du lecteur sur des procédés de technique, qui n'ont pas là plus d'impor- tance que partout ailleurs. Maintenant que la question se joue sur des détails dont l'appréciation peut être influencée en rens opposés par les procédés matériels de l'étude, nous devons dire un mot de nos méthodes. Les insectes ont- été ouverts à sec et un fragment de testicule directement prélevé a été plongé aussi vite que possible dans la liqueur fi.\atricc. souvent même l'animal a été ouvert dans le Flemming. C'est ce réactif, employé abondamment, qui nous a paru donner les meilleurs résultats pour ces sortes d'objets. Les liquides d'IlEEU.\NN et de Lindsay ne se sont pas montrés supérieurs, pour ne rien 212 R. DE SINETY assez grand nombre dans le testicule de la larve au stade instar et, dans celui de l'adulte, ils envahissent presque toute la moitié dorsale de la glande. dire de plus. Quant aux mélang-es mercuriques, après avoir constaté qu'ils sont peu favorables pour ce genre de matériel, nous nous sommes imposé de bonne heure la régie de les exclure. Il va sans dire que Tcnsemble des manipulations doit être mené lestement et que l'on doit éviter en particulier un séjour trop prolongé dans une paraffine à point de fusion un peu élevé. Deux méthodes de coloration, parmi celles que nous avons employées, nous ont donné les meil- leurs résultats : i) Triple coluration fiichsi-indigo-picriqiie de Cjjal. Voici, avec la formule du mélange telle que nous l'avons empruntée au remarquable Traité d'histologie de cet auteur (C.\j.\l, 97), la manière dont nous Tavons appliquée : 1° Surcoloration des coupes dans une solution saturée de magenta ; 2° Rinçage dans une grande quantité d'eau, tant que les coupes cèdent du colorant ; 30 Immersion dans une solution de : eau saturée d'acide picrique 100, carmin d'indigo o,25; cinq minutes environ; 4° Immersion momentanée dans de l'eau aiguisée d'acide acétique (peut souvent être omise sans préjudice pour le résultat); 5° Décoloration ménagée par l'alcool absolu ; on doit s'arrêter quand les coupes prennent une teinte gris d'acier par réflexion, rose par transparence; 6" Déshydratation rapide par Talcool absolu et une essence, telle que la bergamote, que l'on élimine avec avantage par le xylène avant le montage au baume, Nous dirions volontiers de cette méthode appliquée à des objets extrêmement variés ce que l'au- teur en dit en se limitant aux tissus conjonctifs et épithéliaux, savoir que : « es este sin disputa el metodo mas bello que se conoce para tenir todos los organos que contienen epitelios y trama conectiva n Impossible de décrire toutes les teintes que Ton obtient sur une coupe un peu hétérogène. Pour ce qui est de notre objet, les parties acidophiles (nucléoles et nucléine en mouvement) sont colorées en rouge feu, les parties basophiles prenant une teinte variant du gris au bleu de ciel. 2) Double coloration par' IHeidenhain et le crystallviolett. Nous avons employé, avec les résul- tats ordinaires, la méthode classique d'HciDENHAiN. Mais s'il s'agit spécialement de faire ressortir des détails protoplasmiques, ou les figures délicates de la prophase, nous avons trouvé beaucoup d'avantage à modifier cette méthode d'après une communication verbale de RI. le professeur Henneguv : 1° Mener les coupes jusqu'à la décoloration inclusivement suivant le procédé ordinaire; les traiter alors à chaud jusqu'à faible dégagement de vapeur par une solution de crystallviolett dans l'eau anilinée et l'alcool très légèrement acidulé par une trace d'HCI; 2° Rincer à l'eau ; 3" Décolorer par Talcool absolu (nous avons préféré Taloool à 96°, qui extrait plus rapidement le colorant) ; 40 Compléter la déshydratation par Talcool absolu, puis par un mélange à parties égales de xylène et d'aniline, qui tolère un peu d'eau et éclaircit parfaitement; 5° Éliminer ce mélange par le xylène et monter au baume. Notons que le mélange xylène-aniline peut être employé avec beaucoup d'avantage après le Cajal, comme après I'Heidenhain simple. On se trouve bien d'employer un mélange ayant servi à plusieurs déshydratations, car il laisse alors dans les coupes une teinte discrète qui dépend de sa teneur en matière colorante que lui ont cédée, les préparations antérieures. Il est bien entendu que les coupes ne peuvent être explorées avec fruit que dans de très bonnes conditions optiques, — objectif apochromatique i,3o et parfait éclairage; — nous nous trouvons très bien de l'emploi d'un bec à acétylène. RECHERCHES SUR LES PHASMES 213 ne laissant que peu de place aux spermatogonies, fig. 72, V à XI. Ces éléments sont de beaucoup les plus remarquables et ceux dont l'histoire est la plus compliquée. La prophase de leur cihèseest prolongée, marquée par des changements profonds et variés de la nucléine, qui sont en rapport avec l'élaboration et les déplacements des groupes quaternes. La division spermatogoniale qui a pour terme les spermatocytes semble se distinguer de celles qui donnent d'autres spermatogonies par quelques particularités de la télophase : au lieu de se presser en un amas peu volu- mineux, les anses nucléiniennes s'allongeraient en se contournant et s'épar- pilleraient, si bien qu'après la constitution de la membrane nucléaire, la cellule offrirait toutes les apparences d'une prophase ordinaire. Les mouve- ments de reconstitution continuant, il se forme aux dépens de ces tronçons resoudés un filament très grêle, qui occupe tout le corps du noyau sous la forme d'un peloton assez homogène, fig. 77. L'appartenance de ce stade est discutable; on pourrait tout aussi bien le rattacher à la télophase de la spermatogonie qu'à la prophase du sper- matocyte. Néanmoins, il faut bien assigner un état qui marque le début du mouvement de remaniement nucléinien; nous ne saurions guère en pro- poser un autre d'après nos préparations et voilà pourquoi nous sommes plus porté à rattacher ces figures à la prophase sexuelle. Synapsis. Quoi qu'il en soit de cette question, un autre état se montre bientôt, où la nucléine est nettement en mouvement : le stade Synapsis, dans lequel le boyau nucléinien assez grossièrement moniliforme se trouve condensé à l'un des pôles de la figure, fig. 78, 79, 102. Entre le stade peloton, fig. 77, et le stade synapsis, fig. 78, nous n'en avons pas rencontré d'autre qui fut caractérisé par la disparition du boyau ou sa résolution en masses discontinues. Des fixations imparfaites peuvent bien amener l'apparition d'empâtements confus, mais nous croyons que dans les cellules mieux traitées le filament garde son individualité. Dans ces noyauxà nucléine polarisée, on remarque un nucléole de forme très variable, souvent en continuité avec le boyau nucléinien et s' allongeant parfois de manière à simuler une anse de ce boj'au, c]ui serait modifiée chimiquement plutôt que physiquement, fig. 79, es; il n'est pas rare de le trouver appliqué contre la membrane, fig. 78; c'est, suivant toute proba- bilité, le cliroinosoine spécial. Au stade synaptique en succède un autre, que nous n'avons observé avec netteté que chez les phasmes : le boyau nucléinien y est répandu à peu 214 R. DE SINÉTY près régulièrement dans le noyau et apparaît nettement strié transversale- ment ou comme constitué de petits disques aplatis, assez inégaux, alternant avec des espaces non colorables. Le chromosome spécial tend à se raccourcir et montre des particularités que nous décrirons plus loin. Première division longitudinale. Le boyau ne tarde, pas à s'élargir en se transformant en un ruban par suite de l'allongement transversal des disques de nucléine, puis il subit une très nette division longitudinale. La division dont nous parlons est d'une observation délicate chez les phasmcs; on peut dire qu'il s'agit là de détails qui sont à la limite du pouvoir définis- sant des meilleures lentilles, fig. 80. Chez d'autres orthoptères, où les noyaux sont beaucoup plus volumineux, les anses moins serrées et plus robustes, ce phénomène est beaucoup plus facile à voir, fig. 103, 101, 121. A cette même époque se place la segmentation du peloton. Elle se voit plus difficilement chez les phasmes, mais elle est très nette chez les acri- diens et les locustiens, FIG. 104, 121. Il serait pourtant malaisé, même dans ces cas favorables, de compter les anses, à cause de leur longueur et de leur état flexueux. Chez les phasmes, les granules sont très petits, à contours arrondis ; mais un caractère peut-être plus général, très visible chez Orphania, fig. io4, Sienobuthrus, fig. 121, c'est qu'ils sont comme hérissés d'expansions irré- îres. La division ne se produit pas sur toute la longueur absolument au même moment et il n'est pas rare d'avoir sous les yeux un ruban encore simple sur une partie de son parcours, divisé sur une autre. De plus, les granules-frères, grâce à des caractères individuels de grandeur, d'allonge- ment, sont reconnaissables dans bien des cas. Pour -toutes ces raisons, le phénomène fondamental de la première division longitudinale doit être considéré comme hors de conteste. A ce stade, le chromosome spécial se présente sous la forme d'un corps plus ou moins volumineux, de contour très quelconque, en relation de con- tinuité avec le boyau, la continuité s'établissant par un seul point ou par plusieurs, mais le premier cas étant néanmoins le plus fréquent. Il n'est pas rare que cette continuité s'accompagne de certaines particularités qui ont une grande valeur pour appuyer la signification que nous lui attribuons. Tantôt, en effet, c'est comme un étirement qu'il laisse voir à son point d'attache, tantôt une même résistance à la décoloration qui se remarque en même temps dans toute sa masse et sur une petite étendue du boyau nucléi- RECHERCHES SUR LES PHASMES 215 nien attenant, fig. 80, es; nous avons observé cette résistance à la décolo- ration, soit vis-à-vis de l'hématoxyline dans la méthode de Heidenhain, soit vis-à-vis du magenta dans la triple coloration de Cajal. Une observation attentive y révèle la présence d'une ou plusieurs sphérules d'une réfringence particulière, qui s'y observent jusqu'à un stade plus avancé, fig. 82, es. En vue superficielle, le corps du nucléole forme un fond plus coloré, sur lequel se détachent un ou plusieurs points arrondis très sombres et à ceux-ci se sub- stituent, lorsqu'on abaisse la vis micrométrique, autant de points brillants cerclés d'un anneau sombre, à contour correct. L'idée qui se présente tout d'abord est qu'il s'agit d'un nucléole vacuoleux; dans le cas d'une vésicule creuse, en effet, une mise au point du pôle supérieur peut montrer un point sombre sur un fond plus vague et plus pâle, et une mise au point plus pro- fonde, la cavité claire. Mais cette interprétation comporte ici des diflicultés : le diamètre de la région claire de la vue profonde n'est pas sensiblement supérieur à celui de la région sombre de la vue superficielle; en outre, l'appa- rition de l'anneau sombre semble bien supposer l'existence d'une zone péri- phérique plus colorable. Quelle signification convient-il d'attribuer aux sphérules ainsi constituées? Nous verrons, en faisant la critique compara- tive de nos résultats, qu'il est difficile de se faire à cet égard une opinion bien arrêtée. Condensation des ehromosomes et seconde diuision longitudinale. Après le clivage longitudinal que nous avons décrit, les anses jumelles étaient mo- niliformes et hérissées; peu à peu, ces inégalités de structure disparaissent, les filaments deviennent plus homogènes et se raccourcissent. Cette modi- fication va de pair avec un écartement des deux anses jumelles, qui appa- raissent tordues l'une sur l'autre. Cette torsion, très caractéristique, devait exister dans le boyau primitif et dans le ruban scindé en deux séries de granules, mais on peut difficilement la remarquer avant l'écartement. Ces changements sont faciles à suivre chez Orpliania, fig. 105 à droite, FIG. 105, c, d, chez Stenobotliriis, fig. 122, chez Œdipoda, fig. 129. Les aspects sont très variés suivant les différentes formes des anses primitives; il serait inutile de s'attarder à les décrire tous. Une forme sur laquelle nous devons attirer l'attention est celle des anses telles que c, fig. 129, que l'on dirait à première vue formée par un filament recourbé sur lui-même; en réalité, ce sont deux anses jumelles restées unies à l'extrémité du tronçon primitif par suite d'un clivage incomplet. Survient le phénomène exceptionnellement important de la seconde 27 2l6 R. DE SINETY division longitudinale; nous regardons comme un point capital dans notre travail d'en mettre l'existence hors de. doute et pour cela nous désirons ne faire appel qu'à des images extrêmement claires. Nous considérons comme telles les fig. 129 et 130 rapprochées l'une de l'autre (*). Il est de toute évidence que le chromosome a, fig. 130, n'est que le chromosome de même désignation, fig. 129, dont les deux anses jumelles se sont clivées. De même, le chromosome en forme de boucle, c, fig. 129, dont les deux branches représentent, comme nous l'avons fait remar- quer, deux anses jumelles, se retrouve avec un clivage très évident en d, fig. 123. On pourrait faire les mêmes rapprochements entre b, fig. 105, et a, fig. 107; ici, le clivage est moins avancé, mais les granules sont nettement divisés. Une variété importante est la forme en anneau parfois très régulier, b, FIG. 123; on la dérive aisément des deux autres formes c et b, fig. 130, empruntées comme elle à un acridien : en c, on voit les deux anses jumelles de la première division, restées soudées par leurs extrémités, tendre à se séparer en décrivant des arcs convexes en dehors; en b, l'anneau est con- stitué, mais les soudures sont très visibles; il n'y aurait qu'à les supposer estompées pour retomber sur la fig. 123, b. Dès ce moment, les groupes quaternes sont constitués, et c'est même, peut-on dire, sous cette forme qu'ils apparaissent le mieux comme des chromosomes tétrapartites; car à partir de ce stade jusqu'à l'anaphase, ils subissent des condensations et des déformations, qui masquent quelquefois totalement leur constitution complexe. Chez les locustiens et les acridiens, la condensation et le raccourcis- sement se poursuivent graduellement sans qu'on rencontre aucune image difficile à interpréter, fig. 106-108; les chromosomes, tout en conservant des traits de conformité qui les rattachent aux form.es précédentes, grossissent beaucoup et tendent vers les formes définitives. Quelques mots seulement sur un certain nombre d'images plus remar- quables ou moins faciles. L'anneau c, fig. 106, dérive d'un chromosome tel que b, fig. 105, dont les deux anses jumelles ne se seraient pas séparées à leurs extrémités, tout en s'écartant l'une de l'autre. On interprète encore plus aisément le fer à cheval des fig. 107, 108 : les deux anses ne sont (*) Les éléments de ces figures sont des anses nucléiniennes réelles dessinées à la chambre claire, mais leur groupement dans un même noyau est synthétique ; la même remarque s'applique à plusieurs autres cas, qui seront mentionnés dans l'explication des planches. RECHERCHES SUR LES PHASMES 21-7 soudées ici qu'à une de leurs extrémités. Le chromosome b, fig. 108, résulte du simple croisement des branches du fer à cheval; c'est une forme simpli- fiée du chromosome c, fig. 105. Si les formes précédentes s'interprètent en admettant la persistance temporaire de soudures, la libération complète des anses-sœurs accom- pagnée de déplacements donne la clef d'un certain nombre d'autres très communes : la forme en X, fig. 106, a, résulte du simple accostement de deux anses arquées; la croix c, fig. 103, de leur croisement. Des figures en torsade, comme b, fig. 106, sont dues à la condensation d'anses lâches de même configuration, telles que ci, fig. 105. Les systèmes de deux anses, quelles que soient les figures qu'ils for- ment dans l'espace, peuvent être coupés transversalement par le rasoir : on a alors des groupes binaires plus ou moins coalescents, tels que ceux que nous avons représentés dans les fig. 106 à 108. La forme d, fig. 108, est une indication précoce d'un stade plus avancé, dont nous donnerons l'explication plus loin. Il est intéressant de retrouver, dans un groupe d'orthoptères assez éloigné et dont les cellules sont beaucoup plus petites, des formes de chro- mosomes au même stade, dont nous n'aurions pas pu établir directement la dérivation, mais tellement semblables aux précédents, qu'il est impossible de ne pas leur assigner une même évolution. Il s'agit des fïg. 14:0 (Forjicitla auricularia), 144, t4B {Labidura ripavia). Dans les forficulides, les anneaux déjà condensés et épaissis par accroissement, tels que ceux de la fig. 145, sont très fréquents et fort remarquables. Les phasmes nous ont fait une difficulté spéciale : après le stade où la division longitudinale est nette, il s'en place d'autres auxquels les groupes quaternes, vraisemblablement nombreux et contournés, se groupent en un fouillis qui ne nous a pas permis de les individualiser, fig. 83 (les deux cellules internes); on y devine quelques anses à rapprocher des figures fournies à ce stade par les insectes des autres familles. Dans les cystes qui correspondent à ce stade, fig. 72, X, on voit un assez grand nombre de cellules qui présentent un noyau à nucléine conden- sée, FIG. 83 à gauche; cette condensation doit manifestement être mise sur le compte du traitement; mais comme elle n'affecte qu'un certain nombre de cellules dans un même cyste, on ne peut guère s'empêcher d'admettre une altérabilité spéciale des éléments pendant un stade plus ou moins fugitif. Le cytoplasme de ces cellules renferme une sphérule sidérophile, 2l8 R. DE SINETY FiG. 83, X, quelquefois deux, mais jamais davantage. Ces corpuscules ont tous les caractères optiques et microchimiques des inclusions que nous avons eu l'occasion de décrire plus haut dans le nucléole : même aspect ré- fringent, même colorabilité par I'Heidenhain et le Cajal; le phot. 167 en montre deux au milieu; avec un peu d'attention, on peut même voir que la coupe optique photographiée passe par leur milieu, car ils sont éclairés au centre. L'origine nucléolaire de cette inclusion cytoplasmique nous paraît très probable, quoique nous n'ayons pas vu sa migration ; sa signification demeure pour nous très douteuse. Les figures qui précèdent ont été empruntées à Leptynia attenuata; deux autres phasmes très sommairement explorés, Alenexenus obtiiscspi- nosits et Dixippiis morosus, nous ont fourni des images très intrigantes, FIG. 81, 82, qui tendraient à faire admettre comme un arrêt momentané dans le développement des groupes quaternes. Le protoplasme, dans ces cellules, est relativement abondant, la membrane nucléaire très nette ; le noyau vésiculeux ferait plutôt l'impression d'un noyau au repos. Par ailleurs, la situation constante des cystes qui présentent ces caractères nous oblige à les placer à cette période de la prophase. Le nucléole chromatophile est multiple chez Dixippits, fig. 81, unique et contenant une ou plusieurs sphé- rules réfringentes chez Menexenus, fig. 82. — De nouvelles recherches sont nécessaires pour préciser la signification de ces images. Si nous revenons à Leptynia attenuata, fig. 83, nous trouvons dans les mêmes cystes d'autres cellules plus avancées, où les chromosomes nettement individualisés permettent un rapprochement avec les fig. i06 à 108 précé- demment interprétées, telle la cellule de droite, fig. 83. On y rencontre une de ces figures si discutées sous le nom de tétrades, que nous rattachons soit à la forme a, fig. io6, soit à la forme c, fig. i08. Des accumulations termi- nales peuvent faire apparaître une tête à l'extrémité d""une anse, comme on en rencontre de fréquents exemples, fig. 108, c; si le phénomène va jusqu'à transporter pour ainsi dire toute ou presque toute la nucléine en ces points, il deviendra difficile de voir les ponts incolores qui unissent les sphérules terminales et on aura l'impression de quatre masses indépendantes. D'ailleurs, il importe de remarquer que ces figures en tétrades perdent beaucoup de leur importance du fait que le plus grand nombre des autres chromosomes ont des formes irréductibles à celle-là; on voit, en effet, dans la même cellule des V, des U, des doubles traits, sans compter les formes indéfinissables. RECHERCHES SUR LES PHASMES 219 Mise au fuseau. Tant que la membrane nucléaire demeure visible, les chromosomes sont épars; celle-ci disparue, les premiers filaments du fuseau se dessinent et les chromosomes montrent une tendance de plus en plus marquée vers les formes définitives de la métaphase (*). Cette évolution est subordonnée en même temps à la forme originelle qu'ils ont prise en se con- stituant et aux relations qu'ils contractent avec le filament porteur. Nous avons vu combien est variable la première; ce qu'on peut dire de plus général au sujet de la mise au fuseau, c'est que le chromosome tend toujours à se placer perpendiculairement à un filament, mais en lui présentant son extré- mité, son milieu ou un point quelconque. Telle est l'idée à laquelle on est conduit soit par l'observation directe des insertions, soit par la discussion rationnelle des formes définitives. Évolution ultérieure des groupes quaternes. C'est un fait très remar- quable que la métaphase de la première cinèse sexuelle se distingue de celle de toute autre cinèse par la diversité des chromosomes tant au point de vue de la forme qu'à celui de la grandeur. Toutefois, ces formes, si variées soient-elles, peuvent se ramener à un petit nombre de types généraux : bâtonnets simples, bâtonnets portant une proéminence médiane externe, croix, crochets, [, figures en E, anneaux de forme variée. Nous laissons pour le moment de côté la forme du chromosome spécial, quand il est reconnaissable. Si nous avions à retracer la marche même de nos recherches, nous devrions examiner individuellement et discuter toutes les images; nous croyons que notre exposé gagnera en rapidité et en clarté, si nous donnons tout de suite, sous la forme de diagrammes, les conclusions auxquelles nous avons été conduit. Ces schémas sous les yeux, il nous sera plus facile d'in- terpréter les différentes formes de groupe quaterne que nous avons rencon- trées. Du même coup, nous l'espérons, ces schémas se trouveront indirec- tement justifiés. (*) C'est avec regret que, lorsqu'il s'agit de la première cinèse sexuelle, nous nous voyons entraîné à parler de 7nétapliase. Ce terme se rapporte, dans les autres cinèses, à un stade caracté- risé à la fois par une structure particulière des chromosomes et par un repos complet de toutes leurs parties. 11 ne peut plus s'appliquer avec le même sens aux spermatocytes de premier ordre. La raison en est que le mouvement vers les pôles qui déterminera la séparation complète des dy- ades, au début de ranaphase, est déjà intervenu pour donner au groupe quaterne la forme qu'il présente à la couronne équatoriale. A parler rigoureusement, la métaphase n'existe pas dans cette catégorie de cellules. 220 R. DE SINETY La forme la plus simple d'un groupe quaterne est celle d'un bâtonnet, dans lequel la première division seule tout au plus est discernable à la métaphase; nous l'avons exagérée dans A, B, C, fig. 148, en dessinant un double bâtonnet ; en tout cas, nous ne devons pas perdre de vue que chacun d'eux représente une dyade. L'insertion d'un tel système peut être : 1) terminale; le bâtonnet reste droit, série A. Au début, les deux anses jumelles de la première division sont superposées dans le méridien du fila- ment et normales à ce dernier. Leur écartement par le bout central et leur allongement sur le filament directeur donnent lieu à l'apparition successive d'une forme en H (non représentée) et à des formes A,, A^; puis, la réappa- rition de la deuxième division, masquée jusque-là, amène la forme A,, où les deux chromosomes simples, qui constituent chaque dyade, sont distingués dans le dessin. 2) siibtenniiiale, série B. Le bâtonnet s'incurve en dehors de part et d'autre du point d'insertion, ce qui donne un p-' à branches inégales, tangent au fuseau et parallèle au plan de l'équateur. Dans le schéma B, il est sup- posé encore droit; s'il était déjà coudé et vu de profil, il se présenterait comme en B^. L'ascension consiste dans la séparation des deux dyades superposées dans le plan équatorial, séparation qui débute par le coude et donne successivement B, et B,. A l'anaphase avancée, la dyade peut se présenter sous un aspect un peu spécial : la petite branche du / pouvant être indivise quand la grande est clivée, l'ensemble du chromosome prend l'aspect d'un 'Y, dont la branche impaire serait incurvée sur le plan des deux autres {V à queue de Grégoire). 3) viediauc, série C. Alors, le bâtonnet s'incurve en un V à branches égales. Le schéma le représente non encore coudé et vu de face; coudé et de profil, il se présenterait comme en Q. Le dédoublement donne successi- vement Ci et C^. Dans le cas des séparations inachevées aux extrémités, on a des anneaux allongés couchés sur le fuseau. On pourrait suivre parallèlement l'évolution progressive des autres formes de groupes quaternes; mais celles-ci n'étant que des complications de la forme en bâtonnet, il y aurait peu d'utilité à en donner le détail. A titre d'exemple, nous indiquons fig. 149 en A", A",, ce que deviennent les images A, A^, en supposant un chromosome formé de deux dyades tordues l'une sur l'autre. Nous devons pourtant attirer l'attention sur un cas particulier qui se RECHERCHES SUR LES PHASMES 221 voit au mieux chez les acridiens, où il est très fréquent. Nous l'avons traduit dans la série A', fig. 149. Un groupe quatcrne en forme d'anneau rompu est orienté dans le plan de l'équatcur et s'applique sur le filament par les extrémités libres. C'est donc encore une variété du type A, avec cette parti- cularité remarquable que les dyades, au lieu d'être superposées, sont juxta- posées. Dans l'ascension polaire, les branches commencent par se croiser en passant l'une sur l'autre et se redressent perpendiculairement au plan de la boucle, qui demeure toujours parallèle à l'équateur, mais en se resser- rant de plus en plus jusqu'à ne plus former qu"un nœud compact, A,. Pour ce qui regarde leur séparation, il se peut qu'elle ne survienne qu'après qu'elles se sont rectifiées et on retombe sur l'image A,; il se peut aussi qu'elle précède la rectification complète et alors, grâce à un léger mouve- ment de rotation, on peut avoir des états tels que A',. Les circonstances de forme et de position que nous venons de préciser et l'allure qu'elles impriment à l'évolution du groupe quaterne nous sem- blent suffisantes pour interpréter les images que nous avons rencontrées. Pour plus de rapidité et au risque de nous condamner à une énumération un peu sèche, nous réduisons cette interprétation à la simple mise en regard des schémas des fig. 148, 149, et des images qui leur correspondent dans les figures réelles. Signalons d'abord, en b, fig. 131, et dans le phot. 178, à droite, un exemple typique de A (insertion terminale), avec cette circonstance que le chromosome a commencé à glisser, ce qui marque le début de la figure en H ; la même se voit au mieux dans la cellule 118, à droite. En c, fig. 109, autre chromosome de même type, mais dont les deux dyades font un angle à sommet interne, tandis qu'en b, fig. 84, on a l'inverse. yl, ou sa variété A'\ se trouvent réalisés dans les formes en chevron, fig. 125, c, et 126, à gauche; on peut rattacher au même stade les bâtonnets à proéminence externe qui se voient dans un grand nombre de cellules, fig. 85, 87, 89, 109, 110, 112. Suivant que les anses jumelles en glissant s'infléchissent seulement en arc de cercle ou se coudent brusquement à angle droit, on a des figures de l'un ou de l'autre type. Le stade suivant, A.„ se reconnaît dans les fig. 87, 88, 110, 112, 126, 131, 136. Ai correspond à la réapparition de la seconde division longitudinale; il se présente dans la fig. 89 (4= chromosome à partir de la gauche), avec des particularités qui donnent lieu à quelques remarques. Les anses ju- 222 R. DE SINETY melles du chromosome se distinguent de celles du schéma par ce fait qu'elles sont fortement étranglées près de leur extrémité polaire (bout cen- tral de la forme originelle); par suite de cette modification, l'ensemble pa- raît divisé en quatre groupes binaires. Comme on le voit sur la figure et mieux sur l'objet, ce cjue nous venons d'appeler étranglement est en réalité l'effet d'une accumulation de la nu- cléine à une des extrémités de la dyade. Nous avons déjà fait appel à cette tendance de la nucléine pour interpréter diverses figures de la prophase et nous rencontrerons encore des aspects qui lui sont imputables. Le renfle- ment, remarquons-le aussi, n'est pas toujours accompagné de l'apparition d'un col et il peut se faire aussi bien à des extrémités en contact qu'à des ex- trémités libres. Si maintenant on se rappelle que le milieu d'un bâtonnet droit et couché en long à la métaphase représente les bouts primitivement périphé- riques de deux dyades, on n'a pas de difficulté à interpréter les figures en forme de croix. Elles ne diffèrent des bâtonnets simples que par les renfle- ments des extrémités qui sont en contact à l'équateur. Le montant de la croix sera échancré aux deux bouts, quand la seconde division commencera à réapparaître, ou clivé sur toute sa longueur si le processus est plus avancé, FiG. 88, a. La série des formes correspondant à l'insertion subterminale est moins riche dans nos figures que la précédente. Il n'y en a pas qui corresponde exactement à B, mais on peut y rattacher la forme a, fig. 125. Pour la dé- rivation de celle-ci, il faut concevoir un groupe originel tel que A", dans lequel les deux bouts libres de chaque extrémité seraient soudés secondai- rement et supposer en plus l'insertion subterminale. L'étirement d'une semblable boucle fermée et tordue doit manifestement donner la figure en question. Un détail reste à signaler. C'est qu'il existe à la soudure interne des deux dyades un de ces renflements dont nous avons parlé ci-dessus. Les formes en crochet d'imprimerie, [, c'est-à-dire fî, avant que la sépara- tion à l'équateur soit effectuée, sont nombreuses : fig. 88, b, 136, à droite; à gauche, dans la même figure, le cas correspondant exactement à B._. On remarquera que les branches transversales sont à angle droit. Avec ces formes, il n'est pas rare d'en trouver d'autres qui en diffèrent par une petite barre transversale médiane, de véritables E; leur dérivation nous a paru jusqu'ici assez difficile (*). *) Nous y reviendrons dans la discussion des résultats. RECHERCHES SUR LES PHASMES 2 23 La forme schématisée en B^ est d'une observation plus délicate, mais se résout très bien toutes les fois quelle est suffisamment isolée. Elle est encore constituée par deux V à branches inégales qui se clivent. Si la division se voyait toujours dans les deux branches, on aurait des figures correspondant exactement au schéma, mais il en est rarement ainsi : des superpositions ou des retards dans le clivage donnent lieu à des figures telles que b, fig. 126, où les grandes branches paraissent simples et les petites divisées. Dans la même cellule, le second chromosome, à partir de la gauche, présente le cas inverse, lequel est d'ailleurs le plus fréquent. La troisième série de nos schémas de dérivation n'est représentée dans les planches que par quelques chromosomes. Si l'étirement qui tend à produire la figure Q ne va pas jusqu'à faire apparaître une lumière entre les dyades-sœurs, on peut avoir une croix ; il est possible que telle soit l'origine du chromosome c, fig. 124. A un stade plus avancé que C,, mais moins avancé que C, on a un anneau losangique couché sur l'c fuseau, formé de deux V opposés, Ç) , dont les extrémités sont en contact et peuvent être renflées; c'est le cas de la FIG. 125. Reste à examiner le cas particulier auquel se rapporte la série A'. Nous avons dit qu'il se rencontre chez les acridiens et correspond à des conditions assez spéciales. Il s'agit d'un chromosome dans lequel originel- lement les deux dyades sœurs sont en demi-anneaux plus ou moins régu- liers, tels que b, fig. 130. Cette figure et celles dont il va être question sont empruntées à Œdipoda niiniata. L'accroissement et la condensation qui l'accompagne transforment le chromosome en un anneau robuste, où les soudures peuvent se dissimuler partiellement ou complètement (comparer les deux anneaux extrêmes de la FIG. 132; voir aussi le phot. 176, où un étranglement, bien visible sur- tout du côté interne, en haut à gauche, correspond à l'une des deux sou- dures). A ne regarder que la forme et la genèse de cet anneau, il n'y a rien qui le distingue de celui de la fig. 106, c; pourtant leur sort ultérieur est différent : au lieu de se mettre au fuseau suivant un plan méridien, celui qui nous occupe maintenant se place dans un plan parallèle à l'équateur. La forme de ce chromosome au début de son mouvement ascension- nel, A\, se voit de face en a, fig. 132, et de trois quarts en c, fig. 131 ; le même vu de champ s'aperçoit en d, fig. 131 ; il a l'apparence d'une croix; la partie sombre est au premier plan et correspond à l'anneau vu en projec- 28 224 ^- DE SINÉTY tion ; les deux bouts plus pâles, déjà en mouvement, se voient respectivement au-dessus et au-dessous. Nous avons sommairement indiqué, en exposant le schéma, comment se fait l'ascension : les deux branches, en même temps qu'elles glissent le long du fuseau, s'alignent l'une derrière l'autre et tirent pour ainsi dire sur le reste de la figure, sans que cette traction en modifie l'orientation. Tout se passe comme si la partie non encore appliquée sur le fuseau, constituant une boucle annulaire parallèle à l'équateur, s'épuisait successivement à mesure que la nucléine glisse le long du fuseau; pendant toute cette phase, l'ensemble forme une croix dont le montant augmente progressivement aux dépens des bras qui finissent par disparaître totalement, pour faire place à un étranglement lors de la séparation des dyades. C'est ainsi que les chro- mosomes c ou d, FiG. 131, peuvent conduire au système de deux bâtonnets superposés le long du fuseau qui se voit à droite dans la même cellule. Il est à remarquer qu'avant la rectification complète on peut passer par un stade intermédiaire schématisé en A\ et auquel correspond le PHOT. 177. Dans l'observation directe de la préparation, on ne conserve aucun doute à cet égard grâce à la possibilité d'explorer l'objet en profon- deur; la photographie, quoique irréprochable en tant que coupe optique, ne justifie cette interprétation que d'une manière incomplète. C'est peut être une dérivation analogue qui donne naissance à des figures telles que a, FIG. 85 {Leplynia). En dehors de cette interprétation, celle qui se présente le plus naturellement pour rendre compte de cet aspect asymétrique serait d'admettre une mise au fuseau par des extrémités opposées pour les deux dyades-sœurs, de telle sorte que le filament directeur passe par la diagonale du rectangle idéal déterminé par les deux bâtonnets. Ce qui nous empêche d'appuyer davantage sur cette dernière hypothèse, c'est seulement le fait qu'un tel mode de mise au fuseau irait à l'encontre de tout ce que l'on a vu jusqu'à présent. Pour achever l'étude des spermatocytes de premier ordre, il ne nous reste plus qu'à indiquer quelques formes moins importantes, qui se laissent d'ailleurs ramener aux types examinés, et à ajouter quelques renseignements relatifs à la numération des groupes quaternes et au chromosome accessoire. I. Les espèces chez lesquelles les chromosomes sont petits, les forfi- cules, par exemple, se prêtent mal à l'étude des détails, surtout aux stades voisins des métaphases; pourtant, on peut encore reconnaître quelques-uns des caractères que nous avons anal3'sés d'après les espèces plus favorables. RECHERCHES SUR LES PHASMES 225 I.abidura riparia nous a fourni la fig. 146; la plupart des chromosomes sont déjà en anaphase, alors qu'à gauche du fuseau on en voit un en forme d'U très ramassé et trapu orienté dans le plan du méridien, donc encore insertion terminale comme pour a et e, fig. 169. Nous avons eu l'occasion de remarquer déjà que, chez les forficules, les chromosomes sont très régu- liers au début de l'anaphase et que leur ascension est sensiblement syn- chrone, FIG. 142. Dans cette figure, la partie fusoriale est assez incomplète; on trouve quelquefois à ce stade deux très beaux asters développés autour de centrosomes correctement délimités. Nous ne ferons que signaler l'allure assez spéciale des groupes qua- ternes chez les phasmes exotiques que nous avons superficiellement étudiés à ce point de vue, Menexcnus obtiisespinosiis, fig. 90 et 91, et Dixippiis morosiis, fig. 92. Tandis que, chez Leptynia, les formes des chromosomes sont relativement ramassées, bien définies, chez ces espèces, elles sont grêles, allongées, flexueuses, et se prêtent mal à une étude détaillée. 2. La numération est un point important de l'étude des groupes quaternes. Non seulement le nombre des chromosomes est un des termes à connaître pour établir qu'il y a réduction numérique, ce qui à nos yeux n'est qu'une question de second ordre, le fait capital étant la réduction quantitative, mais il prend actuellement une importance nouvelle dans l'histoire du chromosome spécial. Aussi nous sommes-nous attaché à la numération dont il s'agit toutes les fois que les images nous l'ont permis. Chez Leptynia, elle se fait rigoureusement sur la plaque équatoriale observée en vue polaire. Nous avons eu un très grand nombre de ces cou- ronnes sous les yeux; elles sont pleines, irrégulières, quelquefois isodiamé- trales, fig. 86, d'autres fois allongées, phot. 169. Toujours, le nombre des groupes quaternes a été trouvé de i8. C'est, si l'on s'en souvient, la moitié du nombre des chromosomes des spermatogonies, aussi bien que de la plupart des cellules somatiques. La FIG. 111 montre avec quelle distinction se présentent les chromo- somes chez Orphania dcnticauda. On en compte 15; c'est la moitié du nombre des chromosomes ordinaires dans les spermatogonies, fig. 98. Le même rapprochement peut être fait pour Forficiila aiiricularia entre les FIG. 141 (spermatocyte) et 130 (spermatogonie), où l'on trouve respecti- vement 12 et 24 chromosomes très raccourcis. La couronne dessinée fig. 147 {Labidiira riparia) est tellement pauvre en masses nucléiniennes qu'on serait tenté de la croire incomplète; mais en 2 26 R. DE SINÉTY réalité dans cette espèce, il n'y a que 6 groupes quaternes. Il est re- marquable que l'un d'entre eux est beaucoup plus petit que les autres. Nous n'avons pas établi de comparaison avec les spermatogonics dans cette espèce. 3. Le chromosome spécial n'est pas reconnaissable chez toutes nos espèces; chez celles où nous avons pu l'identifier, il se présente avec des allures très diverses. Soit d'abord Orphania. Après avoir décrit dans les spermatogonies quelques traits de son histoire et constaté sa présence aux premiers stades de la prophase du spermatoc^-te, nous l'avons négligé à dessein à partir du stade de la condensation nucléinienne. On le distingue pourtant dans les fig. 105 et 107 relatives à ce stade, grâce à sa taille et à son homogénéité qui contraste avec l'état granuleux des autres chromosomes. Tantôt il demeure en bâtonnet, fig. 106, es, tantôt il se met sous la fornie d'une boucle, fig. 107, es, sans qu'on puisse dire si ce dernier état est dû à un recourbement de la forme précédente ou à un clivage incomplet suivi de croisement. A la métaphase et â l'ana- phase, FIG. 110 et 112, on le trouve placé excentriquement, le plus souvent accolé au fuseau, mais quelquefois aussi en plein cytoplasme indifférent. Nous ne voulons pas dire que dans ce cas il n'y a pas eu déplacement par le rasoir; mais nous ne saurions douter de la réalité de cette allure toute particulière, on la constate quelquefois sur toutes les cellules d'un même cyste. La forme en U à branches allongées et très rapprochées est très ma- nifeste à ce stade. Le chromosome spécial se retrouve avec des caractères compara- bles, mais plus petit, chez un autre locustien, Platyeleis grisea, fig. 118, et chez deux grylloniens, Gryllus domesticus et JSemobius sylvestris, fig. 136 et 137. Sa situation dans ces espèces indique clairement qu'il passera tout entier dans l'un des noyaux-fils et de fait l'étude des spermatocytes de IP ordre nous montrera que tel en est le sort. Chez les phasmes, le chromosome spécial prend des allures très parti- culières et fort intéressantes. On trouve d'abord des espèces qui s'éloignent peu, â ce point de vue, des précédentes : par exemple, Menexenus obtiise- spinosus, où le chromosome en question est quelquefois placé excentrique- ment et isolé comme chez les gryllides, fig. 90, es, tandis que, d'autres fois, il semble formé d'une masse indivise qui tend à se mettre en relation par une partie atténuée avec un des chromosomes de la couronne, fig. 91, es. RECHERCHES SUR LES PHASMES 22? Ces rapports, à peine indiqués ici par ce prolongement filiforme, deviennent très étroits chez Leptynia atleniiata, où le chromosome spécial se présente sous la forme d'une barre courte et robuste accolée transversalement à l'extrémité d'un groupe quaterne également en forme de barre. L'ensemble prend ainsi la forme d'un L, que nous appellerons indifféremment chromo- some spécial ou chromosome eu L, es, fig. 87, 88, 89. Nous devons bien faire remarquer qu'il ne s'agit pas d'une disposition fortuite ou variable, mais de quelque chose de constant, qui s'observe dans toutes les cellules qui se présentent convenablement. Dans le phot. 170, on voit ce chromo- some dans les trois cellules de droite, au mieux dans la cellule inférieure et dans la cellule supérieure. II est intéressant de constater qu'à l'anaphase les deux parties de ce complexe ont un sort bien différent. La barre longitudinale de l'L, c'est à- dire le chromosome ordinaire, se partage comme les autres; le chromosome spécial proprement dit (la barre transversale) demeure indivis et monte au pôle sans quitter la dyade à laquelle il est fixé. La fig. 93, cs(*), montre clairement cette manière de faire, avec cette particularité que les dyades se sont déjà en partie clivées; plus tard, aux couronnes polaires, on retrouve des figures en équerre qui reconnaissent la même origine, fig. 94, es. Quelle peut être la genèse de cette association? Nous avions remarqué à la prophase que le nucléole chromatophile était en continuité avec le boyau nucléinien, fig. 80, es. On peut supposer que ces relations de con- tinuité se maintiennent pendant et après le tronçonnement, sans qu'elles empêchent les deux divisions longitudinales de s'effectuer à l'ordinaire et il doit se constituer ainsi un groupe quaterne porteur du chromosome spécial. Que la mise au fuseau ait lieu par le point d'union, le schéma représentatif de ce cas sera le double bâtonnet A de la fig. 148, complété par l'adjonction, à droite, d'une tète homogène qui serait le nucléole chromatophile; on peut concevoir que, lors de l'ascension polaire, cette tête, n'étant pas appelée à se diviser, suive l'une des deux dyades et aban- donne l'autre. La forme subséquente que prendra le quaterne, une fois les dyades alignées, est celle que l'on aurait en supposant l'insertion terminale pour une de ces dyades et subtcrminale pour l'autre : au lieu d'un bâtonnet droit ou d'un double crochet, on aura une forme intermédiaire, soit une L. (*) Cf. PHOT 171 en haut à gauche. 228 R. DE SINÉTY Pourquoi le nucléole reste t il adhérent plutôt à une des dyades qu'à l'autre? Nous ne pouvons, dans l'état actuel de nos recherches, en donner aucune raison satisfaisante. On ne saurait trop se garder d'attribuer au chromosome spécial une manière d'être uniforme chez les phasmes. Outre les deux formes que nous venons de voir, propres à Mèuexenus obtusespiuosiis et à Lepiynia atteiuiata, nous en avons rencontré une troisième toute différente chez Dixippus luorosiis. Dans cette espèce, le chromosome spécial, déjà morcelé à la prophase, fig. 81, le demeure à la métaphase, fig. 92, où il est sous la forme d'un amas de granules fortuitement disposés en spirale dans la cellule dessinée. Il nous a été impossible de déterminer si dans l'anaphase ces frag- ments sont tous au même pôle. b) Spennatocytes de deuxième ordre. Immédiatement après la formation des couronnes polaires dans les spermatocytes de premier ordre, et dès que les cellules-filles sont indivi- dualisées, sans stade de repos, la couronne équatoriale des spermatocytes de deuxième ordre se constitue. L'important, à ce stade, c'est de démêler l'évolution particulière des diverses formes de dyades que nous avons appris à connaître dans les schémas, fig. 148. Comme nous Tavons fait pour les quaternes eux-mêmes, nous allons donner sur ce point notre pensée en nous aidant de figures schématiques. 1. Dyade provenant d'un quaternc à insertion terminale, A^, A,. Elle est droite et se met dans le plan de l'équateur, de telle sorte que ses éléments, les chromosomes simples, soient superposés dans un méridien. L'ascension aux pôles se fait comme en A^ et l'on passe au stade A-,. Cette dernière figure se distingue de A, par la gracilité de ses éléments. 2. Dyade provenant d'un quaterne à insertion subterminale B^, B,. Les dyades-sœuis ayant la forme d'un V à branches inégales se mettent au fu- seau de telle sorte que leurs éléments se trouvent séparés par le plan de l'équateur, B^. L'ascension aux pôles a lieu le coude en avant, B=,. 3. Dyade provenant d'un quaterne inséré par le milieu, Ç,, Q. Les choses se passent comme dans le cas précédent; les figures ne diffèrent que par la symétrie des V ou des U. Les deux dei^nières formes ont, nous le verrons, plus loin, une impor- tance particulière pour faire la preuve de la double division longitudinale; nous allons d'abord attirer l'attention sur leur présence dans quelques cellules. RECHERCHES SUR LES PHASMES 2 29 La FiG. 127 représente une couronne équatoriale de spermatocytes de deuxième ordre chez Steiiobothnis ; on y voit en b un double V absolument théorique (Q). En a, un autre double V, à branches inégales (5^), donne lieu à cette remarque que les deux branches courtes sont demeurées unies; cet état correspond à un V à queue du spermatocyte de premier ordre. A gauche de b, il faut noter dans la même figure un doube bâtonnet corres- pondant à A^. Dans la figure suivante, fig. 128, se voient deux groupes de V-frères à branches inégales ; c'est la dislocation des figures précédentes. La forme en double V, Ç, ne se trouve pas dans cette série, mais il y en a une dans la fig. 97, relative à Leptyuia aitemiata. Les images correspondant aux schémas A^ sont fréquentes. De même que pour A^, on peut, au lieu de deux bâtonnets allongés, parallèles, avoir des U trapus orientés dans un plan méridien, tel est le cas pour les sperma- tocytes de IP ordre dans Orphania, fig. 114 et il 6. Ces deux figures, complètes l'une et l'autre et appartenant bien au même stade, nous fournissent l'occasion d'une remarque importante au sujet du chromosome spécial : il existe dans l'une et point dans l'autre. Et ce n'est pas là un cas isolé : dans un même cyste à ce stade, la moitié, exac- tement, des cellules contient un chromosome spécial, l'autre pas; résultat qui était d'ailleurs à prévoir, dès lors que nous avions vu le chromosome en question, à l'anaphase précédente, passer indivis dans un des noyaux-fils. Les FIG. 113 et 115 correspondent à ces deux catégories de cellales- sœurs deux à deux. Dans la première, on compte 15 chromosomes et dans la seconde 16. La FIG. 117 est empruntée à la même espèce et montre que le chromo- some spécial se partage entre les deux cellules-filles (spermatides) issues d'un spermatocyte de deuxième ordre. Par conséquent, sur les quatre spermatides issues d'un même spermatocyte de L"" ordre, deux seulement recevront un chromosome spécial. Il en est de même chez Platvcleis, FIG. 119. Nous n'avons pas pu nous assurer si chez les phasmes il y a également division du chromosome spécial à l'anaphase des spermatocytes de deuxième ordre; la fig. 96 qui montre une couronne équatoriale dans une de ces cel- lules permet de compter 18 chromosomes, dont deux en V. L'un de ces der- niers peut correspondre à la branche coudée du chromosome spécial. L'autre doit être rapproché de b, fig. 127, et nous fournit un moyen de rattacher le double V, 0, qui se voit dans la fig. 97 à la série Q de notre schéma 148. 230 R- DE SINÉTY B. Discussion critique de nos résultats. C'est à dessein que, dans les pages précédentes, il a été fait abstraction de toute comparaison de nos résultats avec ceux de nos devanciers; il con- vient de faire maintenant cette confrontation et de rechercher jusqu'à quel point les vues que nous venons d'exposer sont en accord ou en désaccord avec celles des auteurs récents qui se sont occupés de la même question. Les quelques remarques que nous avons à faire peuvent se grouper sous deux chefs : groupe quaterne, chromosome spécial. a) Constitution et ei'olution du groupe quaterne. Les auteurs qui mettent à la base de la constitution du groupe qua- terne une double division longitudinale sont nombreux déjà et ils s'appuient sur des recherches dont on ne peut méconnaître la valeur. Indiqué dès 1887 parBovERi dans l'ovocyte de V Ascaris megalocephala, ce phénomène fondamental a été retrouvé en 1893 par Brauer dans le sper- matocyte de la même espèce et un peu plus tard par Moore (95) dans celui des sélaciens. La spermatogénèse des batraciens étudiée successivement d'abord par Meves (salamandre, 95) et tout récemment par Eisen (batrachoseps, 1900), Janssens (tritons, 1900, 1901) conduit à la même conclusion. Dans leurs recherches si remarquablement précises sur l'ovogénèse du même groupe de vertébrés, Carnoy et Lebrun (99) admettent aussi une double division longitudinale, bien qu'ils l'entendent d'une manière un peu spéciale. Quant à l'intervention de la double division longitudinale dans la spermatogénèse végétale, il suffit de rappeler que c'est le fait principal établi dans les mémorables travaux presque simultanés de Guignard (99), Gré- goire (99), Strasburger (1900). Malgré les progrès indéniables dont témoignent tant de publications concordantes, cette manière de concevoir la formation des groupes quaternes est loin de régner sans conteste; elle n'a même jamais été proposée pour les arthropodes. Bien que l'attention des chercheurs se soit portée de pré- férence peut-être sur ce groupe d'animaux, principalement dans ces der- nières années, tous leurs mémoires, sans exception, concluent à un processus réductionnel au sens de Weismann. Tels sont, pour ne citer que les plus récents, ceux de Me Clung (99) sur les acridiens, de Paulmier (99), de MoNTGOMERY (99 et 1900) sur les hémiptères et Peripatus. RECHERCHES SUR LES PHASMES 23 1 Des botanistes ne manquent pas qui défendent la théorie réduction- nelle chez les végétaux. Dixon (iqgi), entre autres, cherche à la relever du coup porté par les travaux que nous avons mentionnés ci-dessus. Ces divergences de vues sont d'autant plus surprenantes que les images sur lesquelles on cherche à s'appuyer sont plus semblables. C'est un fait reconnu par tout le monde que les mêmes formes de groupes quaternes, formes d'ailleurs spéciales à ce genre de chromosomes, se retrouvent d'un bout à l'autre de la série animale aussi bien que chez les végétaux les plus divers, cryptogames et phanérogames(*). Les principales, àlamétaphase et à l'anaphase, sont précisément celles que nous avons eu à décrire dans le paragraphe précédent; on peut citer comme plus répandus, d'après les travaux que nous avons parcourus : le bâtonnet droit ou bossu, Y anneau, la croix; nous mettons à part les tétrades sur lesquelles nous aurons à revenir. La croix est de toutes ces figures celle dont la genèse peut le plus faci- lement donner lieu à des interprétations en sens contraire. — C'est précisé- ment pour cette raison que nous croyons devoir l'étudier spécialement au point de vue critique, persuadé que, cette figure une fois rattachée à une théorie, les autres doivent en suivre le sort. Pour mieux préciser l'objet de notre discussion, éliminons tout d'abord une catégorie de croix constituées par deux dyades en v opposés, 0; nous parlons uniquement des croix ouvertes, formées par deux V rompus au coude. Nous n'avons pas besoin d'insister pour faire remarquer que dans la réalité les lignes droites de nos schémas sont plus ou moins arquées et généralement juxtaposées sur une grande partie de leur longueur. Il en résulte qu'au lieu de la forme en losange, 0. on a plutôt :^^, c'est-à-dire une croix évidée, qui, grâce à la soudure des quatre tronçons, donne une croix pleine. Les interprétations proposées pour la figure ainsi comprise peuvent se réduire à quatre, qui sont patronnées respectivement par Me Clung (99), Paulmier (99), Dixon (1901) et les botanistes partisans de la double divi- sion longitudinale. (*) Cf. Haecker (gg, p. lyS); Wilson (igoo, p. 271). 89 R. DE SÎNETY Résumé des opinions. Me Clung (99) Paulmier (9g) Pixon (1901) Guignard (gg) Grégoire (gg) Slrasburger{igoo) I. Matériaux de construction du quaterne II. \'"^ division longitudinale III. 2"''= division longitudinale IV. Première cinèse sexuelle (anaphase) a - h a'- 1 a! réelle absente al \ / V équationnelle Deuxième cinèse sexuelle ( léductionnelle 7, n} /,' ,' j' réelle u absente réductionnelle équationnelle apparente apparente (en réalité !■■«) réelle réelle b'\/a' équationnelle a"\/ a" équationnelle réductionnelle équationnelle Les matériaux de construction du groupe quaterne (série I) sont, pour Me Clung et Montgomery, une anse représentant deux chromo- somes aboutés, aetb; pour Dixon, deux anses distinctes, û,b; pour les autres botanistes, une anse unique (qu'elle représente ou non deux chromo- somes aboutés). 1) Pour Me Clung, il y a d'abord une division longitudinale qui est réelle, divisant l'anse en deux filaments -7-7-, : suit une condensation; la mise RECHERCHES SUR LES PHASMES 233 au fuseau se fait toujours par le milieu (point de soudure des tronçons cons- titutifs); les mouvements de l'anaphase isolent sous la forme de V opposés, 0, les deux anses jumelles résultant de la division longitudinale; puis, les éléments de ces anses se libèrent par rupture au coude. a' b' La première division est donc équationnelle, séparant — — ; la seconde sera réductionnelle, séparant t;, m- 2) MoNTGOMERY est d'accord avec Me Clung jusqu'à la mise au fuseau, mais, d'après lui, le quaterne est saisi parle filament directeur dans le sens de sa longueur au lieu de se placer en travers. L'ascension au pôle est précédée d'une scission suivant l'équateur, qui est réductionnelle, i-yi; la seconde cinèse sexuelle est équationnelle, -;, —.. a b 3) DixoN n'admet, lui aussi, qu'une seule division longitudinale; mais comme elle porte sur deux anses accolées (celles de la série II), elle donne l'illusion d'une double division longitudinale (série III). L'insertion est ter- minale; à l'ascension, au lieu d'un départ de deux anses de même nom, de chaque côté de l'équateur, il se fait une association d'anses non sœurs; la première division sera donc équationnelle, - -r,, la suivante réductionnelle, a! a' b" V 4) D'après le dernier groupe d'auteurs, deux divisions longitudinales réelles conduisent à quatre anses, sœurs deux à deux, d\ qui s'insèrent ter- minalement dans le cas où les figures conduisent à une croix ouverte. Le passage à la forme définitive se fait d'après le schéma que nous avons pro- posé rrous-même, fig. 148, A^, A-^, schéma établi dans l'hypothèse d'une (]oublc division longitudinale. DISCUSSION. DixoN s'appuie principalement sur les phénomènes de prophase corres- pondant au moment où le boyau abandonne sa forme de filament grêle (stade dolichonema de l'auteur) pour apparaître sous la forme d'anses doubles enroulées {slrepsinema) et, pour lui, ces torsades proviennent de l'accole- ment de deux anses étrangères l'une à l'autre. Personne ne peut méconnaître que les objections de Dixon ne soient ingénieuses et ne reposent sur de fines analyses. 234 R. DE SINÉTY Les principales sont assurément celles qui s'appuient sur la manière d'être des filaments tordus; or, il est bien possible que chez les végétaux ces figures fassent quelques difficultés, difficultés qui nous semblent avoir été résolues d'ailleurs par le précédent travail de Grégoire; mais ce qu'il nous appartient de remarquer, c'est que ces mêmes figures se retrouvent chez les acridiens et avec des caractères qui ne laissent subsister aucun doute sur la réalité de la division longitudinale. Il suffit d'observer que les filaments moniliformes, envisagés par nous comme des filaments jumeaux dans les torsades, ont commencé à se montrer dans un même filament originel sous la forme de deux séries de granules, fig. 80. C'est aussi à un simple accolement que Wilcox fait appel pour inter- préter les aspects de division longitudinale chez les acridiens. Mais le phé- nomène est si clair chez ces animaux que Me Clung n'a pas eu de peine à réfuter cette manière de voir. Cet observateur, en effet, ayant travaillé sur un acridien, a eu sous les yeux des figures on ne peut plus semblables à celles qui nous ont été four- nies par nos propres objets. Aussi ne faisons-nous aucune difficulté de reconnaître la réalité de tous les aspects sur lesquels il s'appuie. Si nous nous séparons de lui, c'est quand il affirme que toutes les insertions sont médianes. Le lecteur se rappelle que nous avons pu en citer de subterminales et de terminales; au surplus, dans le cas des insertions médianes, la figure consécutive est un double V opposé, non destiné à se scinder au coude. En deux mots, nous ne nions pas la réalité d'images telles que celles que nous avons schématisées en A;,, fig. 148, nous nions qu'elles viennent de bâtonnets pris par le milieu, C Me Clung fait grand fond, pour appuyer son interprétation, -sur une forme spéciale, la forme en anneau, qui pour lui dérive du bâtonnet —n-,> supposé placé transversalement sur le fuseau, inséré par son milieu et incurvé en dehors jusqu'à rapprochement et soudure de ses extrémités. Le chromosome en anneau est en effet très fréquent chez les acridiens; mais il nous a été possible d'en reconstituer l'histoire, grâce à des détails qui ne semblent pas s'être rencontrés dans les figures de Me Clung. On se souvient que nous avons établi les deux points suivants en complet désac- cord avec la théorie de l'auteur américain : RECHERCHES SUR LES PHASMES 235 1 . Les deux moitiés de l'anneau proviennent de la première division longitudinale; 2. L'insertion est terminale. Remarquons, avant d'abandonner le chromosome en anneau, que nous admettons comme plus général le mode d'ascension schématisé en A', A\, FiG. 149. Cependant, nous avons rencontré quelques images qui, au premier abord, seraient plus favorables à l'hypothèse de Me Clung; il s'agit de chromosomes tels que b, fig. 123, dans lesquels chacune des couronnes-filles irait à un pôle différent. Mais pour que de pareilles figures démontrent la réalité d'une division transversale, il faudrait que l'anneau fût dû au re- courbement d'une forme originelle simple et nous avons démontré qu'il est dû à un clivage. A l'opinion de Me Clung, on peut rattacher celle que Montgomery a adoptée dans son récent travail sur Peripatus (1900). L'interprétation fon- damentale de la croix est la même, avec cette particularité que l'auteur admet une continuité des groupes quaternes. Ce dernier point échappe à la discussion telle que nous avons voulu la restreindre; ajoutons toutefois que le système des figures symétriques et homogènes, auquel conduit cette con- tinuité, implique une mise au fuseau uniquement médiane ; de ce chef, elle est en désaccord avec les faits que nous avons exposés. Ce même fait de la diversité des mises au fuseau, sur lequel nous avons insisté, nous permet d'écarter également l'opinion soutenue par Paulmier et Montgomery dans leurs travaux sur les hémiptères. Dans le cas précédent, l'insertion devait être transversale, mais toujours médiane; dans celui-ci, elle est supposée toujours longitudinale. Cette élimination faite, nous avons à peine besoin de faire ressortir la concordance du quatrième schéma avec nos propres interprétations. Pour- tant, puisque nous sommes amené à rapprocher nos images de celles qui ont été publiées par des botanistes, il nous paraît intéressant de serrer d'un peu plus près le parallélisme. Nous pourrions dresser un long catalogue de concordance, contentons-nous d'un tableau très incomplet, où prennent place pourtant les principaux stades. 236 R. DE SINETY Figures Figures de Strasburger (1900) de Grégoire (99) Nos figures Première division I 2 80, io3, 121 longitudinale 6, 7, 8 8 io5, h, c, d Deuxième division 175 10 123, d, c, i3o, a, b, c longitudinale 18,/ 109, b 35 19, b 126, a Formes définitives 28 19. a 125, a Mise au fuseau 3i 19, c 126, b 25 a 20 et 21 125, b et anaphase 116 '77 (première cinèse) m i32, b, et 176 29 137 122 1 10, a, 87, a Deuxième cinèse 95 35 127 I 1 Parmi les formes rapprochées dans ce tableau, nous désirons appeler spécialement l'attention sur le chromosome en E, fig. 29, de Strasburger. Comme nous l'avons vu, cette forme se retrouve dans nos objets (fig. 137J et son interprétation nous avait paru difficile. Celle que suggère Stras- burger (p. 22) semble naturelle et parfaitement applicable aux images que nous avons eues sous les yeux. Il peut se faire qu'un quaterne elliptique ou annulaire, constitué par deux V opposés et encore unis par les extrémités des branches, se brise d'un côté par suite de la traction unilatérale des fila- ments fusoriaux et l'ouverture en dehors des éléments rendus libres peut expliquer la forme en question. Avant d'abandonner cette comparaison avec les végétaux, remarquons que nos figures, aussi bien que celles des botanistes, tombent sous la critique spéciale adressée par Hacker (99, p. 173) aux partisans de la double divi- sion longitudinale. Sans nier les apparences d'une seconde division, cet auteur n'y voit que le retour atavique d'un processus qui a déjà disparu dans plusieurs types et qui ne se montre temporairement dans d'autres qu'à RECHERCHES SUR LES PHASMES 237 titre de témoin. Contrairement à cette manière ingénieuse, mais toute théo- rique, d'envisager les apparences, nous croyons avoir montré sur les faits que cette disposition intervient réellement dans la séparation des chromo- somes définitifs. Chromosomes en tétrades. On a fréquemment décrit chez les arthro- podes [par ex. voii Rath (92, 95), Rueckert (94), Hacker (95)], et chez les végétaux [OsTERHOUT (97), Calkins (97), Atkinson (99)] des groupes qua- ternes constitués de quatre masses nucléiniennes groupées en tétrades. Ce sont précisément ces formes que l'on a surtout fait valoir pour appuyer la division réductionnelle. voM Rath, qui a le plus insisté dans ce sens à propos des insectes (Gryl- lotalpa), admet que la tétrade se constitue par la condensation des 4 segments d'une forme originelle en anneau et se place à la métaphase de manière à avoir deux boules de chaque côté de l'équateur. Par là, l'auteur retombait sur un schéma que nous rapprocherions aujourd'hui de celui de Me Clung. L'intérêt que nous trouvons personnellement à cette forme, c'est qu'elle n'est point rare chez les phasmes, fig. 83, a; mais, disons-le tout de suite, ni sa genèse, ni sa mise à la plaque équatoriale ne sont favorables aux vues de voM Rath et par suite à la division réductionnelle. Nous' avons déjà vu comment une tétrade peut n'être qu'une forme limite d'une condensation susceptible de présenter tous les degrés. D'autre part, elle ne se présente jamais que comme une croix dont le bras trans- versal coïnciderait avec le plan de l'équateur, ce qui exigerait, si elle réalisait l'idée de vom Rath, une rotation de 45*^, dont il n'existe aucune trace. h) Chromosome spécial. Résumé synthétique des observations personnelles. Les données que nous avons pu recueillir sur le chromosome spécial ayant été proposées sans suite au cours de nos descriptions, nous croyons devoir les grouper maintenant dans leur ordre logique. Nous commençons à distinguer ce chromosome dans les spermatogonies en division. Chez Orphania, fig. 98 à lOl, es, il est immédiatement recon- naissable à ses dimensions disproportionnées et aux circonstances de son retour au pôle. Ce sont précisément ses dimensions ainsi que sa forme al- longée qui permettent de l'identifier avec le gros et long nucléole des sper- matocytes en prophase, fig. 102 à 107. Cette identification, qui semble ici imposée surtout par des caractères morphologiques, s'appuie, pour les phas- 238 R. DE SINÉTY mes, sur une autre base : l'oscillation entre les caractères d'une anse nu- cléinienne typique, fig. 79, es, et ceux d'un nucléole ordinaire simple ou morcelé, fig. 81, 82, es, avec interposition de nombreux intermédiaires. Le sort ultérieur chez Orpliania est des plus intéressants. Le chro- mosome passe tout entier dans un des spermatocytes de second ordre et s'y divise comme un chromosome ordinaire, fig. 116-117; le résultat définitif sera que, dans la lignée d'un même spermatocyte de premier ordre, deux cellules petites-filles seront privilégiées par rapport aux deux autres. Ce partage inégal existe aussi chez les phasmes, mais il s'obtient par une voie inattendue. z\u lieu de garder son autonomie comme chez Orplia- nia, le chromosome spécial, lors de la constitution des groupes quaternes, s'adjoint à un chromosome ordinaire pour former ce que nous avons appelé le quaterne en L. A la première anaphase sexuelle, la branche coudée re- présentant le complexe formé par une dyade et le ehromosome spéeial passe tout entière à l'un des pôles, fig. 93, 94. Jusqu'ici, l'analogie se maintient avec Orphania. — Nos observations pour les phasmes ne vont pas au-delà. Aperçu critique. L'historique du chromosome accessoire est très com- plet dans le traité de cytologie de Wilson jusqu'en 1900. Sont à men- tionner depuis les travaux de Wallace sur une araignée (1900) et surtout celui de Montgomery(i901) sur de nombreuses espèces d'hémiptères. Disons en quelques mots en quoi nos résultats coïncident avec ceux des auteurs qui se sont occupés de cet organite ou s'en éloignent. Le premier orthoptère chez lequel on ait signalé le chromosome spé- cial (*) est un locustien du genre Xiphidium ; Me Clung, à qui est due cette découverte, a trouvé qu'il se divise aux deux cinèses sexuelles et fournit un quart de sa substance à chaque spermatide; l'auteur lui attribue un rôle important dans la formation de la tête du spermatozo'ïde. Un autre locustien du genre Orphania nous a montré un partage in- égal et ce point de l'histoire du chromosome spécial rappelle ce qui a été décrit dans des travaux sur les hémiptères par Henking (90), puis succes- sivement par Paulmier (99) et Montgomery (1901). {*) Il a reçu successivement les noms de « accessory chromosome » (Me Clung), « small chro- mosome » (Paulmier), « chromatin nucleoUis » (?), « chromosome x » (Montgomery). Nous avons pré- féré éviter ces appellations, qui semblent toutes supposer une signification qui n'a jamais été définie ou s'appuyer sur des caractères plus ou moins secondaires, pour adopter un nom indifi'érent, celui de « chromosome spécial », nous conformant à l'idée de 'Wilson, pour qui c'est un « extra-chromosome ». RECHERCHES SUR LES PHASMES 239 A propos de ce dernier travail, quelques remarques nous paraissent né- cessaires. L'auteur décrit dans Protenor belfragci un chromosome particu- lier, qui se di\ise dans les spcrmatocytes de premier ordre, mais pas dans ceux de second ordre, qui se comporte par conséquent comme le chromo- some spécial chez Anasa. Pour nous, ce chromosome s'identifierait avec le nucléole transformé; pour Montgomery, ce sont les " chromatin nucleoli ^, qui dérivent des nucléoles; il est donc amené à considérer ce chromosome particulier comme quelque chose de distinct et l'appelle chromosome x. Par ailleurs, tous les traits de l'histoire des ^ chroitiatin nucleoli r. tendent à les faire confondre dans d'autres espèces avec notre chromosome spécial; aussi ne pouvons-nous admettre l'existence de deux espèces de chromosomes particuliers. Du reste, Montgomery s'est rendu compte de la difficulté et a cherché à la résoudre par des considérations théoriques que nous devons brièvement rappeler. Pour lui, le chromosome spécial jouerait un rôle dans la variation du nombre des chromosomes dans les espèces, grâce à l'inégalité qu'il intro- duit dans les cellules-sœurs; les '^chromatin nucleoli- ne seraient que d'an- ciens chromosomes ordinaires ayant passé par le stade de chromosome x. Nous nous laisserions entraîner, en suivant l'auteur sur ce terrain, à des discussions dépourvues de tout caractère positif, qui n'entrent pas dans notre cadre. Nous ne pouvons cependant nous empêcher, pour dire toute notre pensée, de rappeler que le nombre de chromosomes reçu par l'œut ou le spermatozoïde importe assez peu, vu que la cellule possède dans son type spécifique la faculté de le rétablir ou de le maintenir; c'est au moins ce qui ressort jusqu'à présent des expériences de Delage (99) sur la mérogonie. A l'étude du chromosome spécial se rattacherait naturellement celle des corpuscules chromatophiles, dont nous avons signalé la présence soit à l'intérieur de cet organite soit dans le cytoplasme. S'il s'agit des sphérules intérieures au chromosome, elles doivent sans aucun doute être identifiées avec les ^ endochromatic granules " de Eisen (1900), que Janssens considère comme le résultat d'une déshydratation im- parfaite (*). Les extérieures reproduisent si exactement les précédentes dans tous leurs détails, que l'on est naturellement amené à y voir des sphé- rules nucléolaires émigrées. Le fait en lui-même ne serait qu'un exemple de plus du morcellement du nucléole en fragments, qui se dispersent soit dans (■) M. le Professeur Hekneguy a émis devant nous la même opinion. 30 240 R. DE SINETY le noyau soit dans le corps cellulaire. La question importante serait de pouvoir préciser leur sort ultérieur. Leur nombre variable de i à 2, jamais supérieur, et l'origine sûrement nucléolaire du centrosome dans d'autres cellules inclinent à en faire des corpuscules centraux; mais leur taille rela- tivement considérable et la circonstance plus grave qu'on les voit parfois aune place très quelconque, à la métaphase, sont peu favorables à cette interprétation; il est bien possible qu'elles représentent simplement le cor- puscule de Benda, qui n'aurait probablement lui-même que la valeur d'un fragment nucléolaire émigré. CONCLUSIONS. Première partie. — Observations biologiques. A. Parthénogenèse. — Détermination du sexe. La parthénogenèse accidentelle est très générale chez les phasmes; nous l'avons constatée pour tous ceux dont l'élevage a pu être mené à bien (résultat confirmatif et extensif de ce qui a été obtenu déjà par plusieurs observateurs); il est probable qu'à l'état de liberté bon nombre d'espèces dont les mâles sont très rares ou introuvables se propagent parthénogéné- tiquement. Contrairement à ce qui a lieu chez les abeilles, le spermatozo'ide est le déterminant du sexe mâle; sur une espèce où les mâles sont normalement plus nombreux que les femelles, nous avons trouvé que la parthénogenèse est thélytoque, ce qui d'ailleurs avait été annoncé par Thurau pour Bacillus rossii {*). Chez les espèces à mâles très rares {Bacillus gallicus), les pontes des femelles séquestrées ne se distinguent pas de celles des femelles libres ; mais lorsqu'il s'agit d'une espèce où les mâles sont normalement en nombre égal ou même supérieur à celui des femelles {Leptynia atlenuata), la non-fécon- dation nous a paru entraîner deux conséquences secondaires : 1. Une réduction sensible de la ponte globale; 2. Un abaissement du taux des cclosions. (*) Nous laissons de côté lés observations intéressantes à d'autres points de vue qui n'ont pas porté comparativement sur les pontes parthénogénétiques et sur les pontes après fécondation. RECHERCHES SUR LES PHASMES 24 1 B. Mues. — Stades larvaires. Le nombre des mues est 4 dans le genre européen Lcptynia, où nous n'avons pas observé de variation. Dans les espèces asiatiques, nous en avons constaté tantôt un nombre fixe, — peut-être faute d'un nombre suffisant d'expériences — : 7 chez Clitumuus paiellifer; tantôt un nombre variable : 5 et 4 {Alenexenus obtusespinosus), 6 et 5 {Di.xippiis morosiis). La réduction du nombre des mues peut s'accompagner de deux circon- stances : avance marquée du développement général au stade où se placerait la mue supprimée et prolongation de ce stade. L'évolution larvaire est dans une dépendance étroite vis-à-vis de la température. C. Autotomie. — Régénération. L'autotomie et la régénération s'observent non seulement dans les membres, mais aussi dans les antennes; une lésion ou une amputation faite sur une antenne peut provoquer l'autotomie exuviale des deux à la mue sui- vante ; dans les cas de régénération, la nouvelle antenne est très incomplète. Dans les pattes en voie de régénération, la forme du moignon, au stade qui précède l'apparition de la forme définitive de l'appendice, varie beau- coup avec les espèces : il est droit ou presque droit dans les espèces euro- péennes, bouclé chez Mencxeims obtusespinosus, en hélice chez Clituninus paiellifer. D. Sur la livrée générale. Autant la coloration des imagos se montre variable, autant celle de la jeune larve nous a paru fixe pour une même espèce, bien que différente d'une espèce à l'autre; les jeunes larves de Leptynia attenuata issues d'un couple gris-cendré ont à l'éclosion la mêm.e livrée que celles issues d'un couple vert. Les changements qui surviennent dans la suite ne sont pas exclusive- ment adaptatifs. Tandis que la coloration est peu ou point influencée par la lumière chez certaines espèces, nous en avons rencontré une, Dixippus niorosus, qui est photoesthésique à un degré très marqué ; les faits qui se rattachent à cette sensibilité sont d'ailleurs de deux ordres : 242 R. DE SINÉTY 1. L'obscurité complète ou les radiations de grande longueur d'onde provoquent chez certains individus, non l'albinisme, comme on aurait pu le supposer d'après la couleur ordinaire des animaux cavernicoles, mais un mélanisme prononcé; 2. La couleur brun-clair, très fréquente dans cette espèce, parait sujette à de véritables oscillations diurnes. Deuxième partie. — Anatomie. A. Questions relatives à la structure du tégument. Chez les phasmes comme chez beaucoup d'orthoptères, l'hypodernie est formé de deux sortes de cellules : cellules hypodermiques proprement dites et œnocytes. Dans les régions des insertions musculaires, les cellules hypodermiques ne se modifient pas, mais elles s'écartent simplement pour livrer passage aux fibrilles terminales des muscles qui vont prendre attache sur la cuticule. Cette manière d'être de l'hypoderme par rapport aux terminaisons musculaires n'est pas absolument générale; on trouve chez les blattes {Periplaneta australasiœ) des muscles du corps qui s'arrêtent à la cellule hy- podermique et dans ce cas celle-ci se modifie dans sa structure, de manière à servir de cordon d'attache pour le muscle. Aux régions marquées d'avance pour la rupture du tégument dans l'autotomie des appendices, les cellules hypodermiques se modifient de manière à constituer la membrane hémostatique. Sur la cuticule extérieure, nous avons relevé les positions d'écussons ou plaques porifères correspondant probablement à des organes chordo- tonaux. La glande défensive thoracique existe chez les espèces que nous avons étudiées, mais nous ne pouvons rien dire de son fonctionnement. B. Questions relatives à l'appareil digestif et à ses annexes. a) Jabot et prorentriciile. Conformément à un type très répandu, l'épithélium du jabot porte in- térieurement une cuticule épaisse et spinuleuse, propre à faciliter la pro- gression des matières alimentaires et à s'opposer à leur retour, mais impro- pre à l'absorption. Pourtant, des expériences récemment publiées, tendant RECHERCHES SUR LES PHASMES 243 à démontrer que ce tronçon du tube digestif serait apte à absorber les graisses chez la blatte, où il a d'ailleurs la même structure que chez les phasmes, nous avons dû reprendre ces expériences sur la blatte elle-même en les complétant; notre conclusion est que les boules de graisse trouvées dans les cellules épithéliales de cette région sont formées par de la graisse de réserve, point du tout par de la graisse absorbée. Le proventricule a une symétrie bilatérale chez les phasmes (symétrie par rapport au plan sagittal), au lieu d'avoir comme à l'ordinaire une symé- trie rayonnée; l'invagination de l'intestin antérieur dans l'intestin moyen est très accentuée du côté dorsal, où elle donne naissance à une lame pen- dante à double paroi [Verschlitssklappe de Heymons). De ce même côté, la lèvre extérieure est totalement dépourvue de cœcums, tandis que du côté ventral elle en porte de rudimentaires. b) Mëdiintestin. Sur l'intestin moyen et postérieur, il existe un système de très fortes fibres longitudinales, incomplètement décrites par Mueller, qui ne sont que des digitations de deux fibres robustes, insérées en deux points symé- triques au tiers antérieur du pronotum. En tenant compte à la fois de cette circonstance et des caractères histologiques, on peut considérer tout le système comme réductible à deux unités anatomiques primordiales. Les appendices du médiintestin rappellent par leur structure les tubes de Malpighi ; les cellules de la région proximale, qui est dilatée en poire, comptent un grand nombre de noyaux; il existe un plateau cilié à l'intérieur, et à l'extérieur une musculature en spirale, qui rend compte des mouvements en serpenteaux, dont ces organes sont le siège en milieu indifférent; les élé- ments musculaires dont il s'agit ne sont que des rameaux envoyés par les fibres longitudinales dont nous avons parlé; tout porte à croire qu'il en est de même de la musculature des tubes de Malpighi. c) Tubes de Malpighi. Les phasmes possèdent deux sortes de tubes de Malpighi, qui se dis- tinguent par leur époque d'apparition, leurs rapports avec le système tra- chéen et la nature de leurs concrétions. 1 . Les tubes supérieurs sont seuls développés à la naissance ; ils se dirigent d'abord vers le haut pour redescendre bientôt en se bouclant ; à diverses hauteurs, ils reçoivent des trachées qui les abordent en se bifur- 244 ^- I>E SINÉTY quant, chaque branche de bifurcation s'enroulant ensuite en hélice sur l'or- gane ; l'extrémité distale est libre et en doigt de gant ; il n'}' a pas de calcaire parmi les concrétions. 2. Les tubes inférieurs se développent au cours de la vie larvaire par groupes de deux {Leptynia) ou. plus de deux (genres exotiques), qui naissent de l'aisselle inférieure des tubes de première espèce. Ils descendent direc- tement, accompagnés par une seule trachée en spirale lâche; leur extrémité porte chez l'adulte un groupe de cellules de Sirodot (pour nous, cellules mal- pighiennes modifiées principalement en vue de la fixation) et est enlacée par des attaches trachéolaires et trachéennes, qui la fixent sur un lobe adipeux ; ils sont moins développés chez les mâles que chez les femelles et c/?e{ celles- ci seules (au moins dans certaines espèces) ils sont bourrés de concrétions calcaires. Parmi les autres concrétions, nous trouvons en abondance des urates, dont la présence chez les orthoptères n'a été constatée que pour les gryllides. C. Appareil circulatoire. a) Partie abdominale et partie thoracique du vaisseau dorsal. Contrairement à ce qui a été admis jusqu'ici, la disposition des ostioles, des valvules correspondantes et des muscles aliformes, est la même chez les phasmes que chez les autres orthoptères. Les cellules constitutives de la paroi cardiaque portent intérieurement une membrane hyaline, festonnée, Vintima des auteurs, qui montre dans certaines conditions tous les caractères d'un sarcolemme soulevé entre les lignes de Krause successives; par places, ces cellules musculaires envoient au tégument des bras d'attache de structure fibrillaire. b) Partie céphalique. — Relations avec le système nerveux sympathique . L'organe propulseur se termine en avant du cerveau par une partie élargie, ouverte ventralement {lame musculaire de Pavlova), qui prend at- tache sur les côtés de la tête par l'intermédiaire d'un arc musculaire trans- versal. Le nerf récurrent s'engage d'abord dans la lumière du vaisseau dorsal, en sort un peu plus loin en perforant la paroi ventrale et continue sa course en dessous jusqu'au niveau où il se renfle en un petit ganglion [g. œso- phagien). RECHERCHES SUR LES PHASMES 245 Les formations massives paires connues sous le nom de ganglions pha- ryngieJis antérieurs ne semblent pas être des ganglions nerveux, différant des centres nerveux ordinaires aussi bien que des centres sympathiques par leurs caractères histologiques et leurs réactions histochimiques, en même temps que par leurs rapports avec les gros cordons nerveux qui les abor- dent; leur manière d'être vis-à-vis de ces nerfs {n. pharyngiens) du vaisseau dorsal et du S3'stème trachéen nous amène à les considérer comme con- stituant im appareil de soutien et un intermédiaire d'innervation pour l'aorte (appareil aortique). D. Questions relatives à l'appareil respiratoire. Les trachéoles sont des bras protoplasmiques creux dépendant de grandes cellules à noyau relativement volumineux; jamais nous n'avons rencontré les petits noyaux des capillaires décrits par certains auteurs dans d'autres objets. L'étude comparée de la cellule trachéolaire isolée (larves de muscides) et des cellules trachéolaires associées en une membrane mince sans limites cellulaires et avec une distribution souvent très irrégulière des noyaux, permet d'inteipreier comme membranes trachéolaires beaucoup de lames continues ou fenêtrées ordinairement considérées comme conjonctives (entre autres la membrane péritonéale des gaines ovigères). E. Formations hémostéatiques. Le plasma sanguin est d'un beau vert dans toutes les espèces étudiées; il nous a été impossible en l'observant au spectroscope d'obtenir des bandes d'absorption. Les amibocytes se divisent cinétiquement dans la masse circulante. Les cellules adipeuses se multiplient de même par cinèse, soit dans les individus normaux, soit dans les individus épuisés par des parasites (larves de Thrixion); dans une femelle de Leptynia hispanica abondamment para- sitée, les figures de division se sont montrées particulièrement nombreuses. Les cinèses des cellules adipeuses se présentent avec des caractères exceptionnels : I . Le phénomène se reproduit sans qu'il y ait retour à l'état embryon- naire, le mouvement se localisant dans la région centrale, tandis que la zone périphérique conserve son aspect. 246 R- DE SINÉTY 2. A la prophase, les tronçons du boyau nucléinien se montrent creusés suivant leur axe d'une cavité tubulaire. 3. Le nombre de chromosomes che^ Leptynîa attenuata dépasse loo, alors qu'il oscille autour de 36 dans les divisions somatiques ordinaires et qu'il tombe à 18 dans les divisions sexuelles. F. Appareil génital femelle. a) Anatomie macroscopique. L'appareil génital femelle des phasmides se distingue de celui des autres orthoptères par plusieurs particularités : a) absence d'une membrane d'enveloppe commune; b) insertions des gaines très espacées sur la trompe; c) insertions des ligaments suspenseurs échelonnées sur un cordon hixta-cardial; d) attache ventrale de l'extrémité supérieure de la trompe. Cette dernière disposition, que nous ne connaissons d'ailleurs que chez les phasmes, n'est pas réalisée chez Carcharus maxinius; il est dès lors pro- bable qu'elle fait défaut dans d'autres espèces. Chaque ovaire se présente en gros comme une échelle très irrégulière, dont les montants seraient représentés par la trompe et le cordon juxta-cardial, les échelons très obli- ques, par les gaines. Au-dessus de l'orifice de sortie des œufs et sensiblement au même ni- veau, on trouve l'orifice de la poche copulatrice, vaste réservoir couché sur la face dorsale de l'oviducte. Deux sortes d'appendices débouchent dans la poche copulatrice : 1) dorsalement, une spermathèque parfois très réduite {Leptynia), simple (Bacillus, Leptynia, Dixippus), ou double {Menexen us, Clitumnus)); 2) latéralement, deux cœcums ayant quelquefois la forme de poches pé- diculées, qui fonctionnent comme spermathèques de suppléance {Leptynia), et le plus souvent celle de tubes glandulaires simples {Bacillus) ou ramifiés et convolutés {Menexenus, Dixippus, Clitumnus). h) Anatomie microscopique. Les gaines sont du type le plus simple; les chambres ovulaires s'y suc- cèdent sans interposition de chambres vitellines. La chambre terminale est assez réduite. RECHERCHES SUR LES PHASMES 247 Les cloisons qui séparent deux chambres ovulaires successives sont formées de cellules folliculaires allongées qui, par leur pied, demeurent toujours en relation avec la membrane basale de la gaine. Les cellules folliculaires se multiplient très rapidement par cinèse, du- rant la période de plus grand accroissement de l'œuf; les chromosomes sont en bâtonnet; leur nombre oscille autour de 36; une période de division directe succède à la précédente, un peu avant la dégénérescence de ces élé- ments, quand l'œuf est près de tomber dans le calycule. Nous ne saurions admettre avec Sharp que l'œuf des phasmes soit une association complexe représentant le contenu d'au moins deux et souvent de trois chambres ovulaires; toutes les chambres sont identiques entre elles à toutes les époques et leur contenu ne saurait avoir un sort différent. Chez deux espèces qui collent leurs œufs, le mucus adhésif existe déjà autour de l'œuf dans la gaîne et ne s'observe que sur la surface destinée à être appliquée. Son origine, sûrement folliculaire, ne peut cire due qu'à une modif cation spéciale et localisée des cellules épithéliales. La structure de la spermathèque rappelle de très près ce que l'on a décrit chez les autres orthoptères; les piquants chitineux font quelquefois défaut; il existe parmi les cellules épithéliales des glandes unicellulaires à grandes vésicules collectrices. La structure comme le rôle des cœcums latéraux oscillent entre ceux d'une glande proprement dite et ceux d'un simple réservoir sperraatique; dans le cas où prédomine le type glandulaire, les éléments sécréteurs sont creusés d'un grand nombre de canaux filiformes sensiblement parallèles, O. Appareil génital mâle. a) Anatomie macroscopique. Dans chaque moitié du corps, le testicule longe le vaisseau dorsal sous la forme d'une glande massive, occupant la longueur de quatre segments abdominaux, du III""^ au VI""^ inclusivement. Il existe sur le côté ventral de la glande un tube épithélial, qui en par- court toute la longueur, en continuité en bas avec le canal déférent, en haut avec un prolongement tubuleux; celui-ci, comme la partie supérieure de la trompe dans l'organe femelle, va prendre attache dans la région ventrale. Le tube n'est pas détaché de la glande, mais adossé à l'ensemble très massif des colonies, lesquelles sont formées de cellules sexuelles d'autant plus jeunes qu'elles siègent plus près du bord dorsal. 31 248 R. DE SINÉTY Chaque canal déférent porte, à la hauteur du neuvième segment, une vésicule séminale tubuleuse. Dans une situation ventrale par rapport aux canaux déférents, il existe un système de glandes annexes formées de cœcums plus ou moins nombreux, confluant pour chaque côté en un tronc unique, par lequel ils débouchent dans le conduit vecteur. Ce dernier se réunit presqu'immédiate- ment après à son symétrique pour constituer un très court canal éjaculateur. b) Anatomie microscopique. Contrairement aux idées émises par Sutton, nous trouvons que Veii- i^eloppe générale du testicule et les cloisons intercystiques sont formées par une même sorte de cellules. La substance interposée aux spermatogonies appartient à des corps cellulaires et ne saurait être considérée comme un produit de sécrétion. Le canal épithélial destiné à l'évacuation des spermatozoïdes est formé de cellules, qui prennent des caractères différents sur la paroi ventrale et sur la paroi dorsale; sur celle-ci, elles sont peu nombreuses et s'étalent en lames minces destinées à se rompre comme les cellules d'enveloppe pour permettre le passage des spermatozoïdes; sur la paroi ventrale, elles sont nombreuses, relativement hautes, plus semblables d'ordinaire à des cellules sécrétrices qu'à de simples cellules épithéliales. La paroi ventrale est doublée extérieurement d'un système de fibres musculaires longitudinales striées, anastomosées, dont les marginales se ramifient en fournissant des branches obliques, qui s'insèrent par des digitations divergentes sur la basale épithé- liale. Grâce à ces branches obliques, la musculature dont il s'agit équivaut physiologiquement au double système longitudinal et transversal qui existe sur la trompe. Le caractère sécrétoire, déjà apparent dans les cellules qui forment la paroi ventrale du canal testiculaire, s'accentue tout en demeurant du même type dans les glandes annexes. Dans les pièces fixées par le Flemming, on trouve souvent que la tête de la cellule a été excisée avec effilochage consé- cutif du protoplasme, effilochage tellement régulier qu'il donnerait l'illusion d'un plateau strié. Sur la face interne de l'opercule sous-génital, on trouve des glandes monocellulaires, qui se rapprochent beaucoup de celles des annexes géni- tales femelles. RECHERCHES SUR LES PHASMES 249 c) Homologation dit testicule et de l'opûire. — Comparaison avec les autres types. Les deux glandes génitales sont construites sur un plan uniforme : un tube épiihélial — trompe on conduit d'évacuation — morphologiquement ventral est adossé à un massif dorsal de cellules sexuelles; celui-ci demeure indivis dans le testicule, ce qui entraîne l'ouverture en gouttière du canal ad- jacent, tandis qu'il se morcelle dans l'ovaire pour donner les gaines, qui dé- bouchent individuellement dans les trompes. Le tube épithélial est ventral non seulement par sa situation par rap- port aux cellules germinales, mais encore par ses relations avec le tégument; l'extrémité postérieure y aboutit toujours et l'antérieure y est fixée dans toutes les espèces que nous avons étudiées, sauf dans la femelle dcCarcharus. Par ce dernier type, l'organe génital des phasmes se rapproche de plus près encore que par les autres de celui de Japyx. H. Spermatogénèse. a) Cinèses spermatogoniales. Les cinèses spermatogoniales dans nos objets permettent de faire la numération exacte des chromosomes et par là d'établir une des données nécessaires pour faire la preuve de la réduction. On en compte 36 chez Leptynia attenuata, 31 chez Orphania denticauda, 24 chez Forjicu la auri- cularia. Les chromosomes sont bacilliformes chez les phasmes, massifs et trapus chez les locustiens ; chez les forficules, ils sont très petits, mais bien distincts. b) Première cinèse sexuelle. Le stade synapsis est caractérisé dans nos préparations par la con- densation du filament nucléinien à l'un des pôles de la cellule; quelques figures semblent correspondre au stade " bouquet » de Eisen; de plus, jamais il n'y a disparition complète du filament. La première division longitudinale est on ne peut plus nette chez les phasmes, chez les locustiens et les acridiens; elle s'annonce par l'apparition d'une double série de granules-frères, qu'un clivage sépare bientôt en deux filaments quelquefois parallèles, quelquefois enroulés l'un sur l'autre. Le tronçonnement accompagne la première division; les anses sont difficiles à compter. 250 R. DE SINETY Une seconde division longitudinale ne tarde pas à se montrer, évidente surtout chez les acridiens {Stenobothrus, Œdipoda), où elle se manifeste non seulement par l'apparition d'une double série de granules, mais par un second clivage effectif. A ce moment, les groupes quaternes apparaissent nettement comme des chromosomes tétrapartis. Les espèces, chez lesquelles les anses sont plus petites et plus nom- breuses, se prêtent mal à l'étude de ce stade; il intervient même à ce mo- ment chez les phasmes des modifications particulières, dont nous n'avons pas pu élucider la signification. Les groupes quaternes se condensent en se raccourcissant et en aug- mentant d'épaisseur; le second clivage cesse d'être visible; les formes de ces chromosomes condensés sont celles de doubles bâtonnets parallèles, en X ou en croix, renflés ou non aux extrémités, — la condensation peut aller jusqu'à donner des apparences de tétrades —, de boucles, d'anneaux, de torsades. La membrane du no3-au jusqu'alors visible est résorbée; les premiers filaments du fuseau apparaissent; l'insertion des chromosomes sur leur cor- don directeur commence; elle peut être : 1) Terminale. — Par suite de l'entrée en jeu du mouvement qui ne fera que s'accentuer à l'anaphase, les deux dyades constitutives glissent en s'allongeant le long du fuseau, donnant d'abord une forme en h, puis successivement un bâtonnet bossu, un bâtonnet droit, enfin deux bâtonnets alignés l'un derrière l'autre. 2) Subterminale. — L'insertion est tangentielle; la figure, parallèle au plan de l'équateur, a la forme d'un V à branches inégales, ouvert en dehors. Le mouvement ascensionnel commence par le coude et sépare les deux dyades sous la forme de deux V opposés, dont les longues branches sont souvent soudées, d'où la forme de double crochet [. 3) Médiane. — Tout se passe comme dans le cas précédent, mais les figures sont symétriques et l'on arrive à deux V opposés (). A un stade plus avancé de l'anaphase, la seconde division longitu- dinale reparaît, et l'on a, dans le cas de l'insertion terminale, deux dyades divisées en bâtonnets droits; dans les autres, des doubles V superposés à branches inégales ou égales, souvent encore soudées sur une partie de leur étendue. Ces processus sont de tout point comparables à ceux que Guignard, Grégoire et Strasburger ont décrits clie{ les liliacées. RECHERCHES SUR LES PHASMES 251 L'évolution des divers groupes quaternes se suit au mieux chez les locustiens et chez les acridiens; les acridiens surtout sont favorables pour les mouvements de l'anaphase. Dans les autres groupes, on trouve des for- mes définitives identiques à celles qui se laissent analyser dans ces familles et tout porte à croire qu'une même interprétation leur est applicable. Un quaterne très caractéristique chez les acridiens est un anneau parallèle à l'équateur, constitué de deux djades-sœurs arquées en sens in- verse. Nous avons démontré que l'anaphase sépare les deux dyades et que par suite cette forme n'est qu'une variété du type à insertion terminale. Ce résultat est en opposition avec les vues de Me Clung qui, ayant rencontré des images semblables, les a considérées comme dérivant de bâtonnets insérés par le milieu et recourbés jusqu'à juxtaposition des extrémités. L'auteur suppose en outre que le retour au pôle se fait de manière à amener une division réductionnelle. La division réductionnelle, d'après les schémas de vom Rath, repose sur l'existence de chromosomes en tétrades. Les tétrades ne sont pas rares chez les phasmes; mais d'une part, // a été montré au elles ne sont pas for- mées de masses indépendantes, et d'autre part, leur mise au fuseau est telle, que leur ascension, pour être conforme à la théorie, exigerait une ro- tation de 45° dont on n'a aucun vestige. Nous avons constaté la réduction numérique (chromosome spécial mis à part) dans toutes les espèces chez lesquelles nous avons pu compter les chromosomes à la fois dans les spermatogonies et dans les spermatocytes : Orphania denticauda, Leptynia attenuata, Forficula auricularia. c) Deuxième cinèse sexuelle. Elle suit la première sans stade de repos intermédiaire, et sépare les chromosomes simples qui s'étaient déjà montrés individualisés par une division longitudinale, dans la cinèse précédente. // n'r a donc pas dans nos objets de division réductionnelle au sens de Weismann. d) Chromosome spécial. Le « chromosome accessoire », découvert par Me Clung chez Xiphi- dium fasciatum, se retrouve chez les locustiens que nous avons étudiés. Chez Orphania, il se divise dans les spermatogonies en deux masses volu- mineuses et allongées que l'on reconnaît dans les nucléoles, également 252 R. DE SINETY volumineux et allongés, des spermatocytes de premier ordre en prophase. A la métaphase de la première cinèse, on le trouve situé excentriquement et plus près de l'un des pôles; il va tout entier à l'une des cellules-filles. Dans celle-ci, il se divise comme un chromosome ordinaire, d'où il suit que sur quatre spermatides formant la descendance d'un spermatocyte, deux se trouvent privilégiées. Par ce partage inégal, non réalisé dans Xiphidium fasciatum, d'après Me Clung, le chromosome spécial d'Orphania rappelle celui des hémiptères. Chez les phasmes, le chromosome spécial prend un ensemble de carac- tères intermédiaires à ceux d'un nucléole vrai et d'une anse nucléinienne typique. Son passage intégral dans un des spermatocytes de second ordre se réalise chez Leptynia attenuata par une tout autre voie que chez Or- phania. Comme dans cette espèce, il reste indivis dans les spermatocytes de premier ordre, mais au lieu d'être autonome, // demeure fixé sur une des dyades constitutive d'un quaterne ordinaire et forme la petite branche d'un chromosome, toujours présent dans ces cellules, que nous avons appelé le chromosome en L. A l'anaphase, la dyade, à laquelle il est fixé, l'entraîne au pôle. Le passage de cette forme à celle d'Orphania peut se faire par un autre phasme, Menexenus obtusespinosus, chez lequel le chromosome spécial, ordinairement libre, se rattache quelquefois à un quaterne par une traînée nucléinienne, NOTES ADDITIONNELLES. L A la liste des publications sur la parthénogenèse que nous avons donnée d'après Dominique, il faut ajouter, en plus de la communication déjà citée de Thurau, une notice de Stadelmann, parue en 1898 dans les " Sitzungsberichte -^ de l'Académie de Berlin : « Ueber ein Fall von Par- thénogenèse bei Bacillus Rossius " (sic). L'auteur pose nettement le problème et fait ressortir la nécessité d'observer comparativement le résultat de pontes parthénogénétiques et de pontes après fécondation. II. Pendant l'impression de ce mémoire, nous avons pu prendre con- naissance de la récente dissertation inaugurale de Oyen : ^^Der chordotonale Sinnesapparat der Bacillus Rossi y; Leipzig, 1901. Il y est question d'un organe chordotonal situé à la base du tibia, - subgenual ", lequel est com- posé d'un ensemble de scolopophores en relation avec un cordon nerveux, RECHERCHES SUR LES PHASMES 253 « le nerf acoustique r. Il correspond à une région surélevée, vaguement délimitée, de la cuticule, où l'on ne distingue aucun accident de structure particulier. Si les écussons porifères, que nous avons décrits sur le trochan- ter et sur le fémur, correspondent à des terminaisons scolopales, comme nous l'avons insinué, les pattes des phasmes porteraient deux sortes d'or- ganes chordotonaux. III. Dans l'examen des annexes génitales femelles, nous avions sou- vent été frappé par l'existence d'une sorte de récessus très surbaissé, situé un peu en arrière du débouché de la poche copulatrice et bien distinct par suite de la spermathèque. Dans l'impossibilité où nous étions, avec le matériel à notre disposition, de décider s'il y avait là autre chose qu'un pli accidentel, nous nous étions abstenu d'en parler. La dissection de la grande espèce, " Carcharus inaxiniiis r, nous.a enlevé tout doute au sujet de l'existence à cet endroit d'une véritable poche à orifice externe; ses parois sont plissées et glandulaires; l'orifice se trouve entre les valvules inférieures de l'oviscapte. IV. Dans un tout récent mémoire sur la spermatogénèse d'un insecte coléoptère, Oryctes nasicoriiis, Prowazek (1901) conclut à l'existence d'une division réductionnelle. Les figures qu'il donne sont très semblables à celles que l'on rencontre chez les orthoptères; mais cette uniformité d'aspect étant un des traits caractéristiques des groupes quaternes, ne saurait par elle- même entraîner la conviction dans un sens déterminé. L'auteur remarque, dans son objet, un chromosome x qu'il rapproche avec raison de celui dé- crit par Henking chez Pyrrhocoris, qui demeure indivis à la deuxième cinèse spermatocytique. C'est là un document de plus pour l'histoire du chromosome spécial. V. Au cours de la discussion par laquelle nous terminons notre cha- pitre VIII, nous avons été amené à citer les expériences de Delage sur la mérogonie. Les remarques critiques de Boveri sur ces expériences {Anat. Aii{., 1901, p. 157), sans ébranler notre conviction au sujet du type spéci- fique, ne nous permettent pas de prendre parti pour ou contre l'opinion que nous avons rappelée. LISTE DES OUVRAGES CITÉS. Les ouvrages qui ne nous ont pas été accessibles sont marqués d'un astérisque. Athinson, 99 Balhiani, y 6 Blatter, 97 Bolsius, 8g Bordage, 98 Bordas, 96 » 98 » 1900 '■' Boveri, 87 Brandt,J., 35 Brandt, /^.. 78 Brauer, 93 Brongniart et Becquerel, 94 Brunner von Wattenwyl, 76 Burmeister, 32 * Calhins, 97 : Studies on Réduction in Plants ; Bot. Gaz. : Sur les phénomènes de la division du noyau cellulaire ; C. R. Ac. Se, t. LXXXIII, p. 83i. : Étude sur la structure histologique des glandes annexes de l'appareil mâle de l'hydrophile; Arch. Anat. micr., t. I, p. 384. : Recherches sur la structure des organes segmentaires des hirudinées; La Cellule, t. V. : Phénomènes d'autotomie observés chez les nymphes de Mo- nandroptera innncans Serv. et de Rhaphiderus scahrosus Serv. ; C. R. Ac. Se, t. CXXIV, p. 210; — Ibidem, p. 378; — Sur la régénération tétramérique du tarse des Phasmida; Ibidem, p. i536. : Considérations générales sur l'appareil digestif des Phasmi- da; Bull. Mus. Paris. ; L'appareil digestif des orthoptères; Ann. Se. nat., t. V. : Contribution à l'étude du système nerveux sympathique sus- intestinal ou stomatogastrique des orthoptères; Bull. se. du N. de la Fr. et de la Belgique. : Zellenstudien, I ; Jena. Zeitschr., B. XXI. : Bemerkungen ûber die Mundmagennerven oder Eingewrei- denerven der Evertebraten ; Mém. Ac. St-Petersbourg, t. i. : Ueber das Ei und seine Bildungsstâtte ; Leipzig. : Zur Kenntniss der Spermatogenese von Ascaris megalocephala; Arch. mikr. Anat., B. XLII. : La matière verte chez les Phyllies; C. R. Ac. Se, t. CXVIII. : Die morphologische Bedeutung der Segmente speciell des Hinterleibes bei den Orthopteren; Festschrift d. K. K. zool.- bot. Ges. VVien. ; Handbuch der Entomologie. : Chromatin-reduction and Tetrad-formation in Pteridophytes ; Bot. Gaz. 32 256 R. DE SINETY Carno}', 84 » 85 Carnoy et Lchnm, 99 Cucnot, 95 » 99 Delage, 99 Dnon, 190 î Dominique, 99 Fciiai'd, 96 Fischer, 53 Flcmming, 88 Frenzel, 85 Godclmann, 1901 Graher, 72 I) 74 1) 82 * Grassi, 88 Grégoire, gg G)ws, 1900 * Gnilding, 23 Guignard, 99 Hacker, g 5 » gS » 99 : La biologie cellulaire ; Lierre. : La cytodiérèse chez les arthropodes; La Cellule, t. L : La cytodiérèse de l'œuf. — La vésicule germinative et les globules polaires chez les batraciens; La Cellule, t. XVL : Etudes physiologiques sur les orthoptères; Arch. de Biolo- gie, t. XIV. : Sur la détermination du sexe chez les animaux; Bull. se. France Belgique, t. XXXIL : Sur la fécondation mérogonique et ses résultats; C. R. Ac. Se, t. 12g, p. 645. : On the first Mitosis of the Spore-mother-cells of Lilium; Notes fr. the botanical School of Trinity Collège, Dublin. : Parthénogenèse et thélytokie chez les phasmides; Bull. Soc- Se. nat. Ouest, t. IX. : Recherches sur les organes complémentaires internes de l'appareil génital des orthoptères; Bull. se. France Belg. : Orthoptera Europœa. Lipsiœ. : Ueber die Chromosomenzahl beim Menschen; Anat. Anz., Bd. XIV. : Einiges ùber den Mitteldarm der Insekten sowie iiber Epi- thelregeneration ; Arch. mikr. Anat., B. XXVI. : Beitrage zur Kenntniss von Bacilliis Rossii; Arch. f. Entvv.- Mech., B. XII. : Ueber den propulsatorischen Apparat der Insekten; Arch. mikr. Anat., B. IX. : Ueber eine Art fibrilloïden Bindegewebes der Insektenhaut und seine locale Bedeutung als Tracheensuspensorium ; Arch. mikr. Anat., B. X. : Die chordotonalen Sinnesorgane und das Gehôr der Insek- ten; Arch. mikr. Anat., B. XX. : I progenitori degli insetti e dei myriapodi ; Atti Ac. Lincei. : Les cinèses polliniques chez les liliacées ; La Cellule, t. XVI, 2d fasc. : Untersuchungen ùber das Ovarium der Hemipteren zugleich ein Beitrag zur Amitosenfrage ; Z. f. w. Zool., B. 69. : Description of the Phasma cornutum; Tr. Linn. Soc. Lon- don, V. XIV. : Le développement du pollen et la réduction chromatique dans le Naias major; Arch. Anat. micr., t. II. : Die Vorstadien der Eireifung; Arch. mikr. Anat., B. XLV. : Ueber vorbereitende Theilungsvorgânge bei Thieren und Pflanzen; Verh. deutschen zool. Ges. : Praxis und Théorie der Zellen- und Befruchtungslehre ; Jena. RECHERCHES SUR LES PHASMES 257 Hecht, 99 H ey nions, 97 " 99 Hofer, 86 Holmgren, 96 Janet. 99 Janssens, igoo » 1 90 1 Joly, 7, À7;£!7, 1900 Korschelt, 86 » 87 : Korschelt und Heider, 90 ; Kôsthr, 83 : Kowalevshy, 94 : LflJJg-, 98 : Ln Valette Si George {von), 87 : Lécaillon, 99 : Leg-Éf et Duboscq, 9g ^ » 99 b: ■ » 1900 Léger et HagemniUler, 99 Leydig, 55 : Notes biologiques et histologiques sur la larve d'un diptère (Microdon nmtabilis); Arch. Zool. exp. Ueber die Organisation und Entwickelung von Bacillus vossii Fabr. ; S. B. Ak. Berlin. Ueber blaschenfôrmige Organe bei den Gespenstheuschrcc- ken. Ein Beitrag zur Kenntniss des Eingeweidenerven- systems bei den Insekten ; S. B. Ak. Berlin. Untersuchungen iiber den Bau der Speicheldriisen und des dazu gehôrenden Nervenapparat von Blatta ; Nova Acta d. K. Leop. Carol. Ak. der Naturforscher, B. LI. Ueber das respiratorische Epithel der Trachéen von Rau- pen; Festschrift Wilhelm Lilljeborg, Upsal. Sur les nerfs céphaliques, les corpora allata et le tentorium de la fourmi; Mém. Soc. zool. France. Rapprochements entre les cinèses poUiniques et les cinèses sexuelles dans le testicule des tritons; Anat. Anz., B. XVII. La spermatogénèse chez les tritons; La Cellule, t. XIX. Contribution à l'histoire naturelle et à l'anatomie de la mouche-feuille des îles Seychelles; Mém. Ac. Toulouse, v. 3. Biologisches iiber Bacillus rossii ; Ent. Zeitschr., n^s 16-17, Ueber die Entstehung und Bedeutung der verschiedenen Zellenelemente des Insektenovarium; Zeitschr. f. w. Zool., B. XXXIV. Ueber einige intéressante Vorgânge bei der Bildung der In- sekteneiern; Zeitschr. f. w. Zool., B. XLV. Lehrbuch der vergleichenden Entwickelungsgeschichte der wirbellosen Thiere ; Jena. Ueber das Eingeweidenervensystem von Periplaneta orientalis ; Zeitschr. f. w. Zool., B. XXXIX. Études sur le cœur de quelques orthoptères; Arch. Zool. exp., t. II. Traité d'anatomie comparée et de zoologie ; trad. Curtel. Zelltheilung und Samenbildung bei Forficula aimcularia ; Festschrift Kôlliker. Sur les prolongements ciliformes de certaines cellules du cousin adulte; Bull. Soc. ent. France. Sur les tubes de Malpighi des grillons; C. R. Soc. Biol. Notes biologiques sur les grillons. II. Cristalloïdes intra- nucléaires ; Arch. Zool. exp., 3« série, t. VII. IV. Sécrétions intestinales; Arch. Z. exp., 3^ sér., t. VIII. Sur la structure des tubes de Malpighi de quelques coléo- ptères ténébrionides; Bull. Soc. ent. France. Zum feineren Bau der Arthropoden ; Mueller's Arch. 258 R. DE SINETY Lowne, go-g5 : Me Clung, 99 : » 1900 : Miall and Denny, 86 : Montgomery, 98 : » 99 : » igoo : » 1901 : * Moore, g5 : Millier, 25 : » 28 : Murray, 56 : Newton, 7g : Osterhout, 97 : Oyen, 1901 : Packard, 98 : Panlel, 98 : Paulmier, gg^: " ggb: Pavlova, gSa! » g5\,: » gSci The blow-fly; London. A peculiar nucleâr Elément in thc maie reproductive Cells of Insekt; Zoôl. Bull., v. II. The Spermatocyte Divisions of the Acridida; Kansas Quart. The Structure and Life-history of the Cockroach; London. The Spermatogenesis in Pentatoma up to the Formation of the Spermatid ; Zool. Jahrb., Anat., XII. Chromatin Réduction in the Hemiptera : a Correction ; Zool. Anz., XXII. The Spermatogenesis of Peripatus (Peripaiopsis) halfoiiri up to the Formation of the Spermatid; Zool. Jahrb., Anat., XIV. A Study of the Chromosomes of the Germ Cells of Metazoa ; Tr. Amer. phil. Soc, v. XX. On the structural Changes in the reproductive Cells during the Spermatogenesis of Elasmobranchs ; Quart. 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Morph., v. XV. Zum Bau des Eingeweidenervensystem der Insekten ; Zool. Anz., XVIII. Ueber ampullenartige Blutcirculationsorgane im Kopfe ver- schiedener Orthopteren ; Zool. Anz., XVIII. Sur la structure de l'appareil circulatoire et du système ner- veux sympathique des insectes et en particulier des ortho- ptères ; (en russe) Trav. du lab. de zool. de l'univ. de Varsovie. RECHERCHES SUR LES PHASMES 259 Petrunkewitsch, 99 Peitit et Girard, 1901 Piel de Chircheville, igoo Pierantoni, 1900 Prowazek, 1900 M 1 90 1 Raniôn y Cajal, 97 : vom Rath, 92 » Sgai )) 95b: Rathke, 44 Riickeri, 94 : Schindler, 78 Schneider, go : Scudder, 75 ; Sharp, gS : rfe Siebold et Stannius, 4g : (/« Sinéty, gg : I) igoOj 1) igoOb 1) I goOc ; )) igood: Sirodot, 58 : Stadelmann, 98 : Strashurger , 1900 ; Die Verdauungsorgane von Periplaneta orientalis und Blatta germanica ; Zool. Jahrb., Anat., B. XIII. Processus sécrétoires dans les cellules de revêtement des plexus choroïdes des ventricules latéraux, consécutifs à l'ad- ministration de muscarine et d'éther ; C. R. Soc. Biol. Sur le Bacillus gallicits Charp.; Mise, entom., v. VII. Contribuzione allô studio del sistema nervoso stomato- gastrico degli ortotteri saltatori ; Atti Ac. Napoli. Bau und Entwickelung der Collembolen ; Wien. Spermatologische Studien. II. Spermatogenese vom Nas- hornkafer [Orydes nasicornis L.); Arb. a. d. zool. Inst., Wien, B. XIII. Elementos de histologia normal ; Madrid. Zur Kenntniss der Spermatogenese von Gryllotalpa vulg. ; Arch. mikr. Anat., B. XL. Neue Beitrage zur Frage der Chromatinreduction in der Samen und Eireife; Arch. mikr. Anat., B. XLVI. Ueber die Hautsinnesorgane der Insekten ; Zeitschr. f. wiss. Zool , B. XLVI. Zur Entwicklungsgescliichte der Maulwurfsgrille; Muel- ler's Archiv. Zur Eireifung bei Copepoden ; An. Hefte. Beitrage zur Kenntniss der malpighischen Gefasse der In- sekten ; Zeitschr. f. w. Zool., B. XXX. Ueber den Darmkanal der Arthropoden; Zool. Beitr., B. II. Odoriferous Glands in Phasmida; Psyché, v. I. Account of the Phasmida, with Notes on the Eggs; Cambridge. Anatomie comparée; trad. Spring et Lacordaire, Paris. Remarques sur le système nerveux viscéral, le vaisseau dor- sal et les organes génitaux des phasmides ; Bull. Soc. ent. France. Sur la parthénogenèse des phasmes ; Ibidem, p. 194. La mue chez les phasmes du genre Leptyiiia; Ibidem, p. 228. Les tubes de Malpighi chez les phasmes; Ibidem, p. 333. Homologation du testicule chez les phasmes ; Ibidem, p. 35o. Recherches sur les sécrétions chez les insectes; Ann. Se. nat., Zool., t. X. Ueber ein Fall von Parthénogenèse bei Bacillus rossii; S. B. d. Ges. nat. Fr. Berlin. Ueber Reduktionstheilung, Spindelbildung, Centrosomen und Cilienbildner im Pflanzenreich ; Histologische Bei- trage, VI, Jena, 260 R- DE SINÉTY * Suckow, i8 : Anatomisch-physiologische Untersuchungen der Insekten und Krustenthiere. Sufton, 1900 : The spermatogonial Divisions in Bmchystola magna; Kansas Quart. Tichomirom, 98 : Zur Anatomie des Insektenhodens; Zool. Anz., B. XXI. Thurau, 98 : In Berlin, ent. Zeitschr. Viallanes, 83 : Recherches sur l'histologie des insectes et sur les phéno. mènes histologiques qui accompagnent le développement post-embryonnaire de ces animaux; Ann. Se. nat. Vignon, igoo^: Différenciations cytoplasmiques. Cils vibratiles et cuticule; Arch. Zool. exp. » 1900b: Les cils vibratiles; Causeries scientifiques de la Soc. zoolo- gique de France, i) igoOc'. Critique de la théorie vésiculaire de la sécrétion; Arch. Zool. exp. Vossdev, ^o : Die Stinkdrûsen der Forficuliden; Arch. mikr. Anat., B. 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Gr. : 5o (*). /i, hypoderme; on y distingue deux sortes de cellules : cellules hypodermiques, ch, et œnocytes, oe; vir, muscles respiratoires; vd, vaisseau dorsal; sp, septum péricardial ; cp, cellules péricardiales ; i, testicule; ca, corps adipeux, avec granulations d"urates ; c'a', cordon de cellules adipeuses isolé par les muscles respiratoires; ei, épithélium intestinal (intestin moyen) à plateau cilié, doublé extérieurement par la musculature; cv, chaîne ventrale. FIG. 2. Idem, stade II. Coupe de l'hypoderme. Flemming; mélange fuchsi-indigo- picrique. Gr. : apochr. 2 mm., i,3oX4 (5oo). c, cuticule; ch, cellule hypodermique; oe, œnocyte à protoplasme granuleux, logé entre les cellules hypodermiques. FIG. 3. Idem.- Coupe de l'hypoderme passant par une insertion musculaire. Même traitement, même grossissement. c, cuticule; ch, cellules hypodermiques; à gauche, les chefs d'insertion ou fais- ceaux fibrillaires terminaux des muscles, ff, s'insinuent entre les cellules; à droite, toute la couche est déprise de la cuticule. FIG. 4. Periplaneta ausimlasia, larve. Coupe de l'hypoderme passant par une insertion musculaire. Sublimé neutre; hématoxyline, congo. Gr. : apochr. 3 mm. 0,95X4 (33o). c, cuticule ; ch, cellules hypodermiques d'aspect fibrillaire, interposées aux fibres musculaires et à la cuticule, sur laquelle elles s'insèrent suivant une ligne denticulée; elles sont rétractées par l'effet des réactifs. FIG. 5. Leptynia attennata. Articulation coxo-fémorale, faiblement grossie. A , face antérieure ; B, face postérieure ; ep, écussons porifères. (*) Nous ne donnons les renseignements sur la technique employée et le système optique adopté que pour des préparations où des détails cytologiques se rencontrent. Partout ailleurs, nous donnons simplement le grossissement. 262 R- DE SINETY FIG. 6. Idem. Coupe axiale de la même région. Faible grossissement. t, trachée principale; vih, membrane hémostatique; ss', surface de séparation correspondant à l'articulation trochantéro-fémorale et suivant laquelle se fait la rup- ture, dans l'autotomie. FIG. 7. Idem. La membrane hémostatique d'après une coupe moins profonde. Gr. : 265. La membrane, d'aspect fibrillaire, formée d'éléments allongés, insinués les uns entre les autres, est tendue sans discontinuité d'une cuticule à l'autre. FIG. 8. Lepiynia attenuata. Coupe axiale de la glande thoracique. Gr. : 145. t, tégument; cg, couche glandulaire; cm, couche musculaire; 0, orifice excréteur. FIG. 9. Bacillus gallicus adulte. Fragment étalé de l'armature spinuleuse du jabot. Gr. : 420. FIG. 10 Idem. Cellules épithéliales de la même région. Gross. : apochr. 3 mm. o,q5 X 4- (33o). Ces cellules sont entièrement dépourvues de réserves graisseuses. FIG. 11. Periplaneia ausiyalasia. Individu soumis, après un jeûne prolongé, à un régime d'où la graisse était exclue. Cellules épithéliales du jabot, étalées et fixées au Flemming. Gr. : apochr. 3 mm. o,g5 X 4 (33o). Cellules bourrées de globules de graisse noircis par l'acide osmique. FIG. 12 et 13. Figures schématiques destinées à montrer la disposition du filtre œsophagien comparativement chez la généralité des insectes (12) et chez les phasmes (13). A, A', coupes longitudinales; B, B', coupes transversales correspondant aux lignes ponctuées ; J, extrémité inférieure du jabot, s'atténuant pour constituer le filtre œsophagien, lequel descend par invagination dans le médiintestin ; ba, bourrelet an- nulaire déterminé par l'invagination; d'ordinaire, il donne insertion à des appendices, les cœcums gastriques; fœ, filtre œsophagien, invagination annulaire symétrique de la paroi intestinale; bJ, bourrelet dissymétrique ventral chez les phasmes; il porte cinq diverticules représentant les cœcums gastriques ; id, invagination dissymétrique dorsale constituant un filtre incomplet; pm, paroi du médiintestin; pe, paroi externe du filtre; pi, paroi interne du filtre; rc, récessus cœlomique. FIG. 14. L'invagination dissymétrique étalée, faiblement grossie. t, trachées dans le récessus cœlomique; p, proéminences chargées d'accidents chitineux. FIG. 15 et IG. Cellules épithéliales du médiintestin isolées dans une dissection, l'une vue de profil (16), l'autre de face (15). Gr. : 420. Les éléments du plateau strié ou bordure en brosse sont libres. FIG. 17. Lepiynia aitenuaU. Coupe axiale par l'insertion d'un appendice de l'in testin moyen. Gr. ; 145. dp, dilatation piriforme de l'appendice; p, paroi intestinale. RECHERCHES SUR LES PHASMES 263 FIG. 18. Menexenus oUusespinosus. Tube de Malpighi en vue superficielle, montrant un carrelage de cellules binucléées. Gr. : 420. FIG. 19. Lepiynia attenuata. Épithélium du médiintestin. Gr. : 420. Dans le noyau, à côté du nucléole n , on voit une inclusion, i, qui retient for- tement les colorants acides. FIG. 20. Dixippus morosus, larve. Insertion d'un des appendices piriformes vue de face ; l'intestin a été ouvert, étalé sur le porte-objet et débarrassé des cellules épithéliales. cl, cordon musculaire longitudinal ; y?, fibrille longitudinale musculaire ; m, branche musculaire envoyée par un des cordons à l'appendice; p, poire basale de l'appendice. FIG. 20*^'^. Idem. Deux cellules plurinucléées de la partie proximale de l'ap- pendice. Gr. : 420. FIG. 21. Leptynia attenuata adulte. Coupe axiale passant par l'insertion d'un système de tubes de Malpighi, supérieur et inférieur. Gr. : 255. ts, tube supérieur ; ti, tube inférieur ; les deux débouchent par un orifice unique allongé; im, intestin moyen; ip, intestin postérieur. FIG. 22. Concrétions des tubes blancs de Gryllotalpa. Gr. : 420. a, forme typique observée sans intervention d'aucun réactif; b, concrétion allongée, irréguliére, corrodée par la potasse faible; dans la partie attaquée, il reste un sque- lette zone, qui donne la croix noire entre les niçois, b' . FIG. 23. Tronçon d'un tube de Malpighi supérieur, d'après Menexenus, montrant l'allure d'une des trachées, t, et l'enroulement de ses deux branches de bifurcation dans le même sens que les fibres musculaires. Gr. : 100. FIG. 24. Terminaison d'un tube de Malpighi inférieur chez Bacilhis gallicus. Gr. : 420. t, trachée isolée par dissection d'un lobe adipeux; em, extrémité massive du tube de Malpighi, dont la cavité de clivage se montre un peu plus loin; tr, tissu trachéo- laire. englobant, avec l'extrémité du tube, des cellules à noyau volumineux, vésiculeux (cellules de Sirodot), es. FIG. 25. Extrémité en doigt de gant, libre, d'un tube supérieur. Gr. : 420. FIG. 26. Extrémité d'un tube inférieur en voie de développement. Gr. : 420, Une calotte mamelonnée annonce le développement des cellules de Sirodot; les cinèses sont nombreuses. FIG. 27. Leptynia attenuata, mâle, stade II. Portion d'une coupe transversale montrant les rapports du vaisseau dorsal. Gr. : 60. vd, vaisseau dorsal; on y voit vers le haut deux bras musculaires allant au tégument et en bas la coupe du septum péricardial, spc, auquel il est soudé; la coupe passe par un muscle aliforme, mal rendu dans la gravure ; cp, cellules péri- cardiales; ca, corps adipeux; t, testicule. 33 204 R- DE SINÉTY FIG. 28. Coupe transversale dans une jeune larve de Lepfynia, Gr. : 420. Sur les côtés, dans une saillie protoplasmique, les noyaux des deux cellules musculaires soudées suivant la ligne idéale AB. FIG. 29. Portion d'une cellule musculaire de la région abdominale du vais- seau dorsal, envoyant un bras d'attache au tégument. Flemming; coloration fuchsi- indigo-picrique. Gr. : apochr. 2 mm. i,3o X 4- m, corps de la cellule; i, intima (sarcolemme festonné; il présente le même aspect du côté externe); bm, bras musculaire. FIG. 30. Diagramme d'après Bacillus gallicus, montrant en vue ventrale la termi- naison du vaisseau dorsal et ses relations avec le système nerveux sympathique. gfr, ganglion frontal; ny, nerf récurrent, s'engageant d'abord dans le lumen du vaisseau dorsal pour en ressortir un peu plus loin avant de se renfler en ganglion (g. œsophagien, gcc) ; nph, nerf pharyngien ; il pénètre dans la formation connue sous le nom de ganglion antérieur {appareil aoriique, aa) ; ca, ganglion de la deu- xième paire [corpus allatum) ; vd, vaisseau dorsal ; sa paroi ventrale (hachures obliques) s'arrête au niveau 0; la paroi dorsale, continuant en forme de voûte, va s'atta- cher, au moyen d'un arc musculaire am, à deux points symétriques de la paroi frontale pf. Les lignes AA\ BB', CC, DD', marquent les niveaux des coupes 33, 34, 35, 36. FIG. 31. Leptynia hispanica. Portion d'une coupe horizontale de la tête passant par les corpora allata et l'appareil aortique. Contours à un grossissement de 80 ; quel- ques détails un peu plus amplifiés. vd, vaisseau dorsal; cp, cellules péricardiales; ca, corpus allatum; l, lame cellu- laire de signification douteuse allant s'attacher sur la capsule névrilemmatique du cerveau; aa, appareil aortique; on y voit un noyau en cinèse et, en ir, une forte trachée dans la profondeur de la formation ; c, cerveau. FIG. 32. Idem. Les relations d'un nerf pharyngien avec l'appareil aortique, d'après une autre série de coupes horizontales. Gr. : 140. nph, un des nerfs pharyngiens; il aborde la formation aortique aa, après l'avoir longée sur un trajet considérable; vd, lumière du vaisseau dorsal ; la flèche indique le sens du courant sanguin; a, région fibrillaire de l'appareil aortique. FIG. 33, 34, 35, 36. Bacillus gallicus. Coupes transversales du vaisseau dor- sal et de ses appartenances, aux niveaux indiqués sur le diagramme fig. 30. Légende commume : aa, appareil aortique; nph, nerf pharyngien; nr, nerf ré- current; gœ, ganglion œsophagien; vd, lumière du vaisseau dorsal. Coupe 33 (niveau AA') : le nerf récurrent est intérieur au vaisseau dorsal; les nerfs pharyngiens accostent latéralement l'appareil aortique; en haut se voit la section de la proéminence postérieure des ganglions cérébroïdes. Coupe 34 (niveau BS) : le nerf récurrent, en voie de perforer la paroi ven- trale pour devenir libre, est engagé dans l'épaisseur même du plancher résultant RECHERCHES SUR LES PHASMES 265 de la soudure des deux moitiés de l'appareil aortique ; les nerfs pharyngiens ont pénétré dans la formation sans perdre leur individualité, comme on le reconnaît à la présence du névrilemme. Coupe 35 (niveau CC) : le nerf récurrent est libre. Le reste comme au niveau précédent. Dans le bas, la formation contracte avec la musculature œsophagienne des rapports qui ont été négligés. Coupe 36 (niveau DD') : le ganglion œsophagien gœ est intéressé. FIG. 37. Coupe horizontale d'un corpus allatum de Leptynia hispanka. Sublimé acide de Gilson. Gr. : 420. La disposition des éléments en forme d'épithélium et la cavité centrale se voient nettement. En divers points, la membrane interne (cuticule?) semble un peu chitinisée. PLANCHE II. Appareil respiratoire. — Corps adipeux. — Appareil génital femelle. Appareil 7-espiratoire. FIG. 38. Cellule trachéolaire intestinale empruntée à une larve de tachinaire. Les cellules épithéliales ont été balayées au pinceau après macération ménagée dans le sérum iodé. Préparation colorée à refus à l'hématoxyline. Dessin exécuté avec l'apochr. 3 mm. o,g5 et réduit à un grossissement de 2 5o. T, terminaison du rameau trachéen ; iici, noyau de la cellule trachéolaire, dans un delta de protoplasme, au point d'irradiation des trachéoles t; dpr, delta proto- plasmique aux points de bifurcation des principales trachéoles; partout ailleurs, le corps cellulaire est réduit à la paroi des canalicules aérifères. FIG. 39. Cellule trachéolaire observée sur le vivant chez une larve de tachi- naire jeune. Gr. : 210. Même légende. En plus, des noyaux matriciels sur le rameau trachéen; la trachéole se bifurque au-delà du noyau et les branches se terminent à courte dis- tance sur l'hypoderme indiqué par la ligne ce. Le corps de la cellule est sous la forme d'une lame protoplasmique hyaline, ici très simple de contour, furquée une seule fois. FIG. 40. Détail d'une cellule analogue à celle qui est dessinée fig. 38. Gr. : 210. dpr, delta protoplasmique ; t, trachéole trifurquée. FIG. 41. Leptynia hispanica. Fragment de la tunique péritonéale des gaines ovi- gères, étalé après fixation au sublimé acide; coloration à refus par l'hématoxyline 266 R- DE SINETY pour la recherche des petits noyaux de Wistinghausen et Holmgren. Dessin exé- cuté avec l'apochr. 3 mm. 0,95 et réduit à un grossissement de 25o. T, trachée avec noyaux matriciels, nm ; t, canaux trachéolaires creusés dans des cellules laminaires, dont les noyaux, «i , », , «,-, , sont visibles, mais dont les limites sont indistinctes; /, grandes lacunes entre les trachéoles. Il n'y a pas de petits noyaux. FIG. 42. Fragment de la tunique péritonéale des gaines ovigères de Orphania denticauda. Même traitement, même grossissement et même légende que fig. 41. Les lacunes sont beaucoup plus réduites par suite du développement en surface des lames protoplasmiques. L'ensemble constitue une membrane fenètrée. Corps adipeux. FIG. 43-46. Cellules adipeuses empruntées au Lcptynia attenuata. Flemming, Heidenhain. Images étudiées avec l'apochr. 2™™i,3o X ^^2, photographiées avec le même système et réduites d'après le photogramme. Grossissement définitif : 8o3 pour les trois premières, 1200 pour la dernière. FIG. 43. Cellule en prophase. Il est remarquable que tout le mouvement ci- nétique est localisé dans la région centrale. La plus grande partie du corps cellu- laire demeure creusée de grandes vacuoles arrondies, occupées par des boules grais- seuses. Les tronçons nucléiniens paraissent creusés d'une lumière axiale, si bien que leur coupe transversale se présente comme un anneau. FIG. 44. Groupe de cellules, dont une en métaphase ; la couronne est vue de profil ; le fuseau est très surbaissé. A droite et à gauche de la cellule en cinèse, des noyaux quiescents, à nucléine irrégulièrement granuleuse. FIG. 45. Groupe de deux cellules, dont une en métaphase; la coui'onne est vue de face; elle est formée d'un très grand nombre (plus de 100) chromosomes trapus, rayonnants à la périphérie, dispersés sans ordre à l'intérieur, mais presque tous bien individualisés, comme le montre la fig. 46, relative au même noyau. A droite, un noyau quiescent. En haut, une trachée superficielle avec un noyau matriciel allongé. Appareil génital femelle. FIG. 47. Leptynia attenuata, imago venant de muer. D'après une dissection. Faible grossissement. Les niveaux marqués M, Sm, II, etc., correspondent respectivement au bord postérieur du mesonotum, du segment médiaire et des autres segments de l'abdomen. vd, vaisseau dorsal; cl, cordon longitudinal juxta-cardial recevant les insertions des cordons supérieurs; g^, première gaine; tr, trompe prolongée en avant par un prolongement, prv, qui s'insère ventralement ; n, utérus. FIG. 48. Bacillus gallicus, imago. Partie supérieure de l'un des ovaires avec ses attaches. Faible grossissement. Même légende. RECHERCHES SUR LES PHASMES 267 Les insertions sur le cordon juxta-cardial, qui sont massées dans le métanotum chez Lepiynia, sont échelonnées ici sur une plus grande longueur. FIG 49. Un des ovaires de Leptynia avec l'attache ventrale de la trompe. Léo-ende pour les lettres non employées dans les deux figures précédentes : la lobe adipeux soutenu par une trachée, t, dans lequel se perd le prolonge- ment ventral, prv; gn, ganglion du segment médiaire envoyant un filet nerveux dans la direction de la trompe. FIG. 50. Coupe axiale d'une gaine et de son insertion sur la trompe (synthé- tique) d'après un imago jeune. Gr. : 20 environ. es cordon suspenseur ; ci, chambre terminale; a, h, c, d, e, chambres ovulaires successives; ca, calycule; tr, trompe. FIG 51. Terminaison inférieure du cordon juxta-cardial chez Bacillus galUcus, modérément grossie. cl cordon longitudinal; ai, son attache inférieure au septum, dans lequel ses fibrilles se perdent parmi les cellules péricardiales; es, cordon suspenseur de la der- nière gaine; vd, vaisseau dorsal. FIG. 52. Détail reproduit d'une planche de Mueller (25, pl. 41, fig. 20), représentant l'attache des ligaments suspenseurs chez Pliasma ferula. ec, vaisseau dorsal (notre cordon juxta-cardial) ; a, b, ligaments suspenseurs. FIG. 53. Région supérieure d'une gaine d'après Lepiynia attenuata. — Flemming, Cajal. Gr. : apochrom. 2 mm. i,3oX4 (5oo). En descendant, on rencontre successivement le ligament suspenseur, une région de séparation, la chambre terminale et la première chambre ovulaire incomplètement dessinée. /, région d'aspect fibrillaire dans le ligament suspenseur; n, noyau des cellules constitutives; nm, un de ces noyaux en cinèse; grâce au remaniement dû a cet état, le contour de la cellule est visible; «i, noyau de la région de séparation entre le cordon et la chambre terminale; les cellules y sont allongées transversalement; «2, noyau de cellule intercalaire ou d'enveloppe; N,, N^, N i, N^, noyau de l'œuf jeune à divers degrés de développement dans la chambre terminale et dans la pre- mière chambre ovulaire; — en N ^, boyau strié; — en N,, nucléine réduite en fragments, qui se laissent aisément concentrer par les réactifs en une masse centrale. FIG. 54. Cloison intermédiaire à deux chambres ovulaires, d'après une coupe longitudinale peu profonde. Gr. : 420. ne, noyau des cellules d'enveloppe; les cellules folliculaires disposées en mem- brane épithéliale semblent former autour de l'œuf une poche complète. FIG. 55- Idem, d'après une coupe plus profonde (axiale). Les cellules d'enve- loppe sont beaucoup plus hautes et moins larges. Aucune, à proprement parler, n'est indépendante de la basale externe; elles se recourbent seulement vers le haut ou 268 R- DE SINETY vers le bas pour demeurer en rapport avec les extrémités des deux œufs consécutifs. Entre les cellules arquées, on en voit quelques autres, aplaties et allongées, qui peuvent donner l'illusion d'une cloison transversale, cp. FIG. 56. Idem. Coupe passant par l'insertion d'une gaine sur son calycule. Gr. : 90. a, œuf (déformé) ; pf, paroi folliculaire rétrécie vers le bas, mais laissant voir suivant l'axe une lumière virtuelle; c, paroi du calycule (diverticule de la trompe). FIG. 57. Groupe de cellules folliculaires de Leptynia attenuata correspondant à peu près à la chambre c de la fig. 50. D'après une coupe tangentielle. Flemming, Cajal. Gr. : apochr. 2 mm., i,3o X 4 (5oo). Les noyaux «i, «,, sont en métaphase. En «j, couronne vue du pôle; 36 chro- mosomes, si on compte comme simples ceux qui sont en v ; en n^, couronne vue par la tranche, fuseau très surbaissé, corpuscule polaire visible d'un côté, début de l'anaphase. Le noyau «3 est au stade des couronnes polaires. FIG. 58. Fragment du follicule d'un œuf presque mûr (Leptynia). D'après une- coupe transversale. Gr. : 420. Période de divisions directes mettant fin à la multiplication des éléments folli culaires. Quelques noyaux sont étranglés en biscuit [n^], d'autres séparés en deux noyaux-fils (n^); quelques-uns ne montrent encore aucun indice de division; mb, membrane basale. FIG. 59. Musculature de la trompe préparée par balayage de l'épithélium après action ménagée du sérum iodé. On distingue un double système de fibres longitu- dinales et transversales; la striation est plus nette dans les fibres longitudinales. FIG. 60. Coupe transversale de la trompe, région inférieure, de Leptynia atte- nuata. Gr. : 210. e, couche épithéliale ; m, couche musculaire ; c, cavité de la trompe. FIG. 61-63. Figures demi-schématiques des organes complémentaires de l'appa- reil génital, d'après les genres: Leptynia (61), Bacillus [62), M enexemis (63); vue dorsale. u, utérus; /c, poche copulatrice; pi, poches ou glandes latérales; sp, spermathèque. FIG. 64. Coupe transversale de l'utérus et de la poche copulatrice de Bacillus gallicus, intéressant la gouttière qui les met en communication. Faible grossissement. pc, poche copulatrice; sa paroi dorsale, pd, est plus épaisse que sa paroi ven- trale, pv, et de nature glandulaire; g, gouttière, dont les parois sont formées de cellules très allongées ; u, section de l'utérus. FIG. 65-69. État de développement des organes génitaux externes (opercule sous-génital et oviscapte) aux stades successifs, chez Leptynia attenuata. Faible gross. 65, stade I; 66, stade II; 67, stade III; 68, instar; 69, imago. Les segments sont désignés par des chiffres romains. osg, opercule sous-génital ; og, invagination correspondant à l'orifice génital. RECHERCHES SUR LES PHASMES 209 PLANCHES III et IV. Appareil génital mâle et spermatogénèse chez les phasmes. — 5permatogénèse chez les autres orthoptères. Anatomie du testicule chei les phasmes FIG. 70. Leptynia attenuata. Ensemble de l'appareil vu par la face ventrale — (pour éviter la confusion, on a négligé les glandes annexes). Gross. : 4. t, testicule longeant le vaisseau dorsal; pr, son prolongement supérieur à inser- tion ventrale. Les chiffres romains indiquent les segments de l'abdomen. FIG. 71. Meuexenus ohtusespinosus. Partie supérieure du testicule, montrant le pro- longement à origine latérale. Gross. : 11. FIG. 72. Leptynia attenuata. Imago, un ou deu.x jours après la mue, coupe transversale du testicule. Flemming, triple coloration Cajal. Gross. : 240 pour les contours; les cellules ont été intentionnellement amplifiées. rt, spermatogonies primaires; I à IV, spermatogonies secondaires; V à IX, sper- matocytes de premier ordre en prophase; X, derniers stades de la prophase; XI, les groupes quaternes sont à la plaque équatoriale (métaphase); XII-XIII, spermatides; XIV-XVI, spermatozoïdes; c, canal d'évacuation; pi, sa paroi interne (dorsale); pe, sa paroi e.xterne (ventrale). Cellules sexuelles che^ les phasmes. Toutes les figures relatives à la spermatogénèse sont prises de préparations fixées au Flemming, colorées au Cajal ou à I'Heidenhain et dessinées avec l'apochromatique 2 mm. i,3o et l'oculaire 12 (Gr. : i5oo), sauf la fig. 73 qui est réduite d'après le pliotogramme correspondant, 165, au grossissement 1200. Un certain nombre de figures, celles qui sont marquées d'un *, sont synthétiques, dans ce sens que les chromosomes qui s'y trouvent sont réels et relevés à la chambre claire, mais qu'ils ont été réunis, pour éviter une multiplication exagérée des dessins, dans une même cellule. Les idées qui nous ont dirigé dans les interprétations sont résumées dans les schémas fig. 148 et 149. Pour éviter des longueurs et des redites, nous nous abstiendrons de donner l'explication des lettres qui n'ont de raison d'être que pour la lecture du texte. Les FIG. 73 à 97 se rapportent à Leptynia attenuata, sauf indication contraire. FIG. 73. Extrémité dorsale d'une coupe transversale de testicule correspondant à la région a de la figure précédente. La cellule en métaphase est une spermatogonie primaire; la couronne, d'une grandeur et d'une beauté exceptionnelles, est vue de face. cy, cyste bicellulaire; nce, noyau de cellule d'enveloppe. 270 R. DE SINÉTY FIG. 74 à 76. Spermatogonies secondaires. FIG. 74. Début de l'anaphase; tendance de quelques groupes binaires à se rapprocher en fausses tétrades. FIG. 75. Métaphase vue du pôle : on compte 36 chromosomes, quelques-uns sont en forme de V. FIG. 76. Télophase ; le chromosome spécial est en retard sur les autres. FIG. 77 à 94. Spermatocytes de premier ordre. FIG. 77. Prophase, stade de peloton à filament très grêle. FIG. 78. Synapsis; chromosome spécial accolé à la membrane du noyau. FIG. 79. Synapsis chez Menexenus ohtusespinosus ; on voit en haut une anse ayant' déjà subi une division longitudinale ; le chromosome spécial a la forme d'une anse nucléinienne. FIG. 80. Première division longitudinale. FIG. 81. Stade spécial d'apparence quiescente interposé dans la prophase, jus- qu'ici propre aux phasmes, d'après Dixippns morosus ; morcellement du chromaiin niideolus. FIG. 82. Même stade chez Menexenus ohtusespinosus. Dans le nucléole, on voit une sphérule réfringente, et dans le protoplasme, en A', un corpuscule d'aspect absolument semblable à l'inclusion nucléolaire. FIG. 83. Groupe de cellules empruntées à Leptynia, sensiblement au stade correspondant ; dans la cellule inférieure, la nucléine est rétractée et séparée de la membrane par une auréole claire, phénomène très fréquent à ce stade ; en haut à droite, une cellule plus avancée, où les groupes quaternes sont bien individualisés. a, forme en tétrade, pouvant résulter d'une condensation aux extrémités d'une croix; h, c, formes en V, en X, provenant de la première division longitudinale; X, corpuscule de Benda? FIG. 84. Mise au fuseau. a, forme en bâtonnet bossu, la proéminence étant due à la partie du qualerne non encore étendue sur le fuseau ; b, forme en V, à insertion terminale. FIG. 85. Transport des groupes quaternes à la plaque équatoriale. a, forme spéciale imitant une croix, constituée en réalité par deux dyades juxta- posées, non croisées; b, forme en croix avec une partie transversale homogène. FIG. 86. Couronne vue du pôle; on compte aisément i8 groupes quaternes; il se trouve que, dans cette figure, ces éléments sont presque tous de même gros- seur, ce qui est assez exceptionnel. FIG. 87 à 89. Métaphases vues de profil; le chromosome en L, es, se voit dans toutes ces figures; la grande branche représente un quaterne ordinaire . et la petite le chromosome spécial qui y demeure fixé. RECHERCHES SUR LES PHASMES 27 1 FIG. 90 et 91. Métaphases chez Menexemis; le chromosome spécial peut être libre, 90, ou attaché à un quaterne par une traînée nucléinienne, 91. FIG. 92. Même stade chez Dixippus; le chromosome spécial est probablement représenté par les granules nucléiniens qui se voient de part et d'autre de la plaque. FIG. 93. Anaphase; séparation des deux dyades dans le chromosome en L; le chromosome spécial suit le sort de la dyade à laquelle il est fixé. FIG. 94. Télophase; on retrouve au pôle inférieur la dyade porteuse du chro- mosome spécial; on reconnaît ce complexe à sa forme en équerre. FIG. 95 à 97. Sperraatocytes de deuxième ordre. FIG. 95. Métaphase vue de profil. FIG. 96. La même vue du pôle; on compte i8 chromosomes, dont 2 en V; si l'on suppose que l'un d'eux représente la dyade spéciale, ce qui est très plausible, l'autre doit être dû à un V de l'anaphase précédente. FIG. 97. Anaphase; au milieu se remarque un double V, qui n'est que le dé- doublement d'un des V de la couronne précédente. Cellules sexuelles che^ les locusdens. Les FIG. 98 à 117 sont empruntées à Orphania denticaiida Charp. FIG. 98 à 101. Spermatogonies secondaires. FIG. 98. Couronne équatoriale vue du pôle; on compte, en plus du grand chromosome spécial, 3o chromosomes ordinaires. FIG. 99. Métaphase vue de profil; le chromosome spécial est divisé; en réa- lité, les autres chromosomes sont en forme d'il très raccourcis présentant leurs bran- ches en dehors. FIG. 100. Anaphase. FIG. 101. Télophase; le chromosome spécial, en retard sur les autres, est couché sur le fuseau; la division du cytoplasme a lieu partie par étranglement, partie par plaque cellulaire. FIG. 102 à 112. Spermatocytes de premier ordre. FIG. 102. Fin du synapsis [bouquet); quelques anses s'élargissent déjà en ru- ban, phénomène préparatoire à la seconde division. FIG. 103. Première division longitudinale accompagnée de la segmentation; le chromosome spécial demeure en continuité avec une anse nucléinienne; le cas n'est pas général. 34 272 R. DE SINETY FIG. 104. Même stade plus avancé ; les granules nucléiniens sont hérissés d'expansions. FIG. 105*. Écartement des anses jumelles de manière à donner des formes en torsades, en boucles, en croix, en doubles bâtonnets parallèles ou divergents. FIG. 106* à 108*. Principaux types de groupes quaternes en voie de con- densation. FIG. 109*. Mise au fuseau; a. h, c, formes d'insertion terminale. FIG. 110. Métaphase; le fuseau est bien régulier et aboutit à deux centro- somes, c, très correctement délimités, qui se colorent non seulement par I'Heiden- HAIN, mais aussi par le Cajal. Parmi les groupes quaternes, une forme en croix, a, très caractéristique; le chromosome spécial, divisé longitudinalement ou en forme d'il, ne se met pas au fuseau avec les autres; il semble quelquefois perdu dans le protoplasme indifférent; mais plus ordinairement, il est visiblement en rapport avec la figure fusoriale et se rend tout entier à l'un des pôles. FIG. 111. Métaphase, coupe équatoriale; elle n'intéresse pas le chromosome spécial, aussi n'y compte-t-on que i5 chromosomes (réduction numérique). FIG. 112. Début de l'anaphase. FIG. 113 à 117. Spermatocytes de second ordre. FIG. 113 et 114. Cellules dans lesquelles manque le chromosome spécial. Couronne équatoriale vue respectivement de face et de profil. FIG. 115 à 117. Cellules dans lesquelles a passé le chromosome spécial; il s'y divise comme les chromosomes ordinaires. Couronne vue de face, 115; de profil, 116; télophase, 117. FIG. 118 et 119. Platycleis grisea Fab. 118, sperraatocyte de premier ordre, métaphase; 119, spermatocyte de second ordre, télophase. Cellules sexuelles che^ les acridiens FIG. 120 à 124, 127 et 128, de Stcnobothrus parallclus Zett.; 125 et 126, de St. vagans FiEB. Les deux espèces nous ont d'ailleurs fourni des images très semblables. FIG. 120 à 126. Spermatocyte de premier ordre. FIG. 120. Stade du bouquet. FIG. 121. Première division longitudinale; la régularité et l'uniformité des anses ont été exagérées dans la gravure. FIG. 122*. Stade correspondant à celui de la fIg. 105. On retrouve des formes en torsade, a, dues à des divisions longitudinales; n, Nebenkern. RECHERCHES SUR LES PHASMES 273 FIG. 123*. Seconde division longitudinale; le chromosome a, par exemple, n'est qu'un chromosome tel que c, fig. 105, dont les deux anses sont clivées; le chromosome en anneau est formé de deux dyades-sœurs originellement en bâtonnets parallèles, qui se sont éloignées en se courbant en sens inverse, tout en demeurant soudées en b et en son symétrique. FIG. 124*. Mise au fuseau; en b, on reconnaît la forme a de la figure pré- cédente, où la seconde division a disparu ; l'insertion est tangentielle. FIG. 125*. Début d'anaphase. a, étirement d'une forme telle que b, fig. 124, dont les deux extrémités se- raient soudées et dont l'insertion au fuseau serait subterminale ; b, double V pou- vant provenir d'une insertion médiane ; c, commencement d'une séparation des dyades d'un quaterne tel que d, fig. 123, inséré terminalement; entre c et b, deux dyades entièrement séparées, mais beaucoup plus petites. FIG. 126*. Anaphase. a, deux doubles V opposés représentant chacun une dyade dédoublée, et prove- nant d'une insertion sensiblement médiane ; à gauche, deux autres provenant d'une insertion subterminale, dans lesquels le clivage ne se voit que dans les longues branches ; b, deux dyades semblables, mais où le dédoublement porte sur les bran- ches courtes. FIG. 127. Spermatocyte de second ordre; couronne équatoriale vue du pôle; V dédoublés, en b complètement indépendants et très parallèles, en a vus un peu obliquement et soudés par l'extrémité des courtes branches; môme interprétation pour le chromosome supérieur. FIG. 128. Anaphase d'un spermatocyte de second ordre. Les chromosomes des bords latéraux sont des V opposés progressant le coude en avant ; au milieu, des chromosomes relativement très petits, comme il en existe souvent à ce stade, pouvant représenter des bâtonnets raccourcis. FIG. 129 à 132. Œdijpoda miniata P.\ll. Spermatocytes de premier ordre. Les cellules sont tellement grandes dans cette espèce, que l'on a dû se borner à en dessiner le noyau ou la partie centrale. Les détails du caryoplasme ont été en g-énèral négligés dans les figures de prophase; ils sont souvent très insignifiants, les chromosomes se détachant sur un fond clair. FIG. 129*. Fin de la prophase : anses jumelles résultant du premier clivage. FIG. 130*. Idem, deuxième clivage. a est le chromosome de même désignation dans la figure précédente, dont les anses jumelles ont subi un nouveau clivage; b, anneau formé par deux anses ju- melles originellement parallèles, mais qui se sont écartées en demeurant soudées par leurs extrémités, maintenant clivées; c, stade moins avancé de l'écartement, dans un cas semblable. 274 ^- "E SINETY FIG. 131. Début de l'anaphase, sauf pour le chromosome b, qui est à la métaphase. a, forme en croix; b, quaterne en double bâtonnet parallèle, inséré terminale- ment et commençant à glisser sur le fuseau; c, anneau situé dans un plan paral- lèle au plan équatorial et rompu au point d'insertion, les deux dyades constitutives cheminant en sens inverse ; d, chromosome semblable vu par la tranche de la boucle ; les extrémités des dyades rectifiées l'une derrière l'autre forment le montant plus pâle d'une croix. FIG. 132. Métaphase proprement dite. Tous les chromosomes de grande taille sont en forme d'anneau parallèle au plan de l'équateur et insérés par une des sou- dures; on voit sur les deux internes le croisement des bouts libres, survenu après la rupture, et pour b les deux soudures sont visibles. Cellules sexuelles chei les grilloniens. FIG. 133 à 136. Gryllus domesticus L. FIG. 133 à 135. Spermatogonies secondaires. — 133, métaphase; le chromosome spécial sous forme d'il dédoublé, dans le plan de l'équateur; les chromosomes or- dinaires petits, assez réguliers. — 134, couronne semblable vue du pôle. • — 135, télophase ; le chromosome spécial sous forme d'U à branches grêles et très longues. FIG. 136. Spermatocyte de premier ordre; chromosome spécial comparable à celui des locusticns, mais plus petit ; parmi les ordinaires, des formes en double crochet, dont l'une à dyades déjà séparées. FIG. 137 et 138. Xemobius syhestris Fae. Spermatocytes de premier ordre. FIG. 137. Métaphase; croix pleine et évidée, formes en bâtonnet et en E. FIG. 138. Anaphase. Deux V à queue opposés et clivés, le clivage portant sur les longues branches; le deuxième chromosome à gauche donnera une figure ana- logue où le clivage sera plus avancé sur les courtes branches. Cellules sexuelles che^ les forficulides. FIG. 139 à 143. Forficula awicularia L. FIG. 139. Spermatogonie secondaire. Couronne cquatoriale vue du pôle; on compte 24 chromosomes semblables entre eux. FIG. 140. Spermatocyte de premier ordre. Fin de la prophase; formes en anse, en boucle, réductibles à celles que nous avons rencontrées dans les espèces précédentes. FIG. 141. Spermatocyte de premier ordre. Couronne équatoriale vue du pôle; 12 chromosomes. FIG. 142. Début de l'anaphase dans les mêmes cellules. RECHERCHES SUR LES PHASMES 275 FIG. 143. Spermatocyte de deuxième ordre. Les chromosomes ne diffèrent de ceux de la fig. 141 que par leur taille deux fois plus petite. FIG. 140 à 147. Litbiditra riparia Pall. Spermatocytes de premier ordre. FIG. 144. Figure correspondant à la fig. 140. FIG. 145. Condensation des chromosomes; les formes en anneau sont parti- culièrement abondantes dans cette espèce. FIG. 146. Début de l'anaphase, sauf pour le chromosome de gauche, qui cor- respond à une mise au fuseau. FIG. 147. Couronne équatoriale vue du pôle; 6 chromosomes, dont i très petit. FIG. 148. Schéma général de l'évolution des quaternes. La forme originelle est toujours un double bâtonnet résultant d'un clivage longitudinal. A, forme originelle à insertion terminale (mise au fuseau); A i, les deux dyades sont presque complètement alignées par glissement sur le filament (début de Fana- phase); A 2, elles sont séparées (anaphase); A3, le second clivage isole les chro- mosomes simples (anaphase plus avancée); A ^, les deux chromosomes simples super- posés (mise au fuseau dans le spermatocyte de deuxième oidre); .^4 5, séparation des deux chromosomes simples (anaphase du spermatocyte de second ordre) ; B, forme originelle à insertion tangentielle subterminale; C, forme originelle à insertion tan- gentielle médiane. Les stades B^ Bn , C^ C^ , correspondent à ceux de même indice dans la série A . FIG. 149. Série A', schéma applicable à une forme particulière aux acridiens, A', l'anneau formé de deux anses jumelles écartées par le milieu, mais restant unies par les extrémités, inséré au fuseau par une des soudures; il est dans le plan équatorial ; A\, deux phases successives de l'ascension au pôle; les deux dyades, après rupture au point d'insertion, glissent l'une dessus, l'autre dessous, tandis que l'anneau se resserre ; ce dernier passera par l'état de simple renflement et finira par disparaître. Les anses complètement séparées se présentent quelquefois comme en A'2, sans doute à la suite d'une véritable torsion ou d'une ascension hélicoïdale. Série A", A''i, type d'insertion terminale d'une forme en torsade à bouts libres, à rapprocher de A,Aj. Suite des figures anatomiques relatives à l'appareil génital maie des phasmes. FIG. 150. Leptynia attcmiata, imago. Rapports des cloisons cystiques avec l'enve- loppe générale du testicule. Flemming, Cajal. Gr. : apochr. 2 mm. i,3o X 4 (5oo). Une même cellule émet des expansions lamellaires, dont deux plus robustes con- tribuent à la constitution de l'enveloppe générale, et deux plus minces s'insinuent entre les cellules sexuelles pour faire partie des parois cystiques. 276 R- DE SINETY FIG. 151. Idem. II^ stade. Kégion ventrale du testicule en coupe transver- sale. Même traitement et même grossissement. ce, lumière du canal d'évacuation ; pc, sa paroi exteine faisant suite à l'enveloppe générale du testicule ; pi, sa paroi interne, constituée ici par deux cellules cunéi- formes laminaires, destinées à s'étendre de plus en plus à mesure que l'organe se développera. Cette paroi est adossée à la première colonie de cellules se.xuelles. FIG. 152. Idem. Tronçon de la musculature appliquée extérieurement sur la basale du canal d'évacuation ; préparation par balayage de l'épithélium après fixation légère et séjour dans le sérum iodé. Gr. : 400 environ. Les fibrilles longitudinales sont réunies par des îlots de protoplasme non mo- difié et logeant le noyau; sur les bords, les cordons contractiles s'effilochent en di- gitations divergentes. FIG. 153. Idem. Annexes de l'appareil génital mâle; vue dorsale d'une dis- section ; la préparation a été étalée et, pour avoir les véritables rapports dans l'es- pace, il faut relever les deux moitiés gauche et droite de la figure l'une vers l'autre. cd, canal déférent; vs, vésicule séminale insérée ventralement ; ga, glande acces- soire à insertion également ventrale ; un peu en arrière du débouché des glandes annexes, les canaux déférents confluent en un canal éjaculateur très court. En réa- lité, les ccecums sont moins renflés qu'ils ne le sont sur le dessin et ils sont sou- vent coudés. FIG. 154. Idem. Section transversale à travers le système précédent. Grossis- sement faible. cd, canaux déférents; vs, vésicules séminales, où l'on voit des spermatozoïdes; ga, six sections correspondant aux glandes annexes droites ou à la partie proximale de ces glandes recourbées ; ga' , section de la partie récurrente d'une glande coudée ; on en voit une autre pareille à droite. FIG. 155. Section transversale du canal déférent. Gr. : 210. FIG. 156. Idem. Épithélium d'une glande annexe; à l'extérieur, on voit un élément de la musculature. FIG. 157. Dixippus morosus. Section transversale d'une glande annexe; les têtes des cellules proéminent dans la cavité et forment des dômes qui se pressent les uns contre les autres. Gr. : 80. FIG. 158. Idem. Section du canal déférent. Gr. : 100. FIG. 159. Idem. Section d'une glande annexe ; l'état physiologique est autre que pour la glande représentée fig. 157. Sous l'action du réactif fixateur (?), les cellules sont décapitées et le protoplasme effiloché donne l'illusion d'un plateau strié. Gr. : 80. FIG. 160. Idem. Partie ventrale d'une section transversale du testicule. Gr. : 100. pe, paroi externe du canal d'évacuation ; le protoplasme est effiloché du côté RECHERCHES SUR LES PHASMES 277 interne; ce, canal d'évacuation; pi, paroi interne; ex, cellules spéciales incluses dans la paroi interne. FIG. 161. Idem. Détail de la fig. 159 dessiné à un plus fort grossissement. Gr. : apochr. 2 mm. i,3o X 4 (Soo). On peut se rendre compte que les filaments libres ne sont pas autre chose que la continuation des trabécules protoplasmiques profondes. FIG. 162. Leptynia attenuata. Coupe à travers l'opercule sous-génital. Flemming, Cajal. Gr. : apochr. 2 mm. i,3o X 4 (5oo). Contre la cuticule, on remarque de petits noyaux qui doivent appartenir à des cellules hypodermiques à contours indistincts. — «, noyau d'une cellule glandulaire. — Dans le protoplasme des grosses cellules vacuoleuses, on remarque une vésicule collectrice en relation avec un canal intracellulaire qui aboutit à la cuticule par une partie plus chitinisée, c. FIG. 163. Idem. Les derniers segments abdominaux chez la jeune larve au stade I. Sur le neuvième segment, un renflement bilobé, c, marque l'origine de l'oper- cule sous-génital. PLANCHE V. Photogrammes de quelques détails cytologiques. Les négatifs ont été obtenus avec l'apochromatique Zeiss 2 mm. i,3oX'2, les images étant projetées à une hauteur de 12 centimètres dans la chambre micro-photographique de Leitz. Gr. : 1200. — Quelques-unes des figures auxquelles nous renvoyons sont faites d'après les pho- togrammes. PHOT. 164. Leptynia atienmia Couronne équatoriale d'une cellule adipeuse en cinèse. Voir fig. 46. On compte une centaine de chromosomes. PHOT. 165. Idem. Couronne équatoriale de sperm.atogonie primaire. Voir fig. 73. PHOT. 166. Idem. Trois spermatogonies en métaphase ; la seule qui soit dis- tincte est vue de profil. Voir fig. 74. PHOT. 167. Menexenus obiusespinosus. Spermatocyte de premier ordre au stade représenté fig. 82 ; avec un peu d'attention, on peut voir que les deux corpuscules en regard vers le milieu du champ sont éclairés au centre. PHOT. 168. Leptynia attenuata. Stade correspondant à celui représenté fig. 85. PHOT. 169. Idem. Spermatocyte de premier ordre. Plaque équatoriale vue du pôle; on compte 18 chromosomes. 278 R- DE SINÉTY PHOT. 170. Idem. Dans trois des spermatocytes de premier ordre en méta- phase, on voit le chromosome en L; au mieux, dans celle du bas et celle du haut. PHOT. 171. Idem. Anaphase dans un spermatocyte de premier ordre; à gauche, on voit la division du quaterne porteur du chromosome spécial. Voir fig 93. PHOT. 172. Orphania denticauda. Spermatogonie secondaire. Couronne équato- riale vue du pôle; on compte 3i chromosomes, le grand chromosome spécial compris. PHOT. 173. Idem. Anaphase dans une spermatogonie secondaire. A droite, on voit nettement les deux chromosomes spéciaux frères, arqués en V. Voir fig. 100. PHOT. 174. Idem. Spermatocyte de premier ordre. Métaphase ; à gauche, en haut, se remarque le chromosome spécial. Voir fig. 110. PHOT. 175. Œdipoda miniata. Anses jumelles provenant de la première division longitudinale, déjà écartées et un peu condensées. Voir fig. 129. PHOT. 176, Idem. Chromosome en anneau placé dans le plan équatorial; en haut, à gauche, une des soudures est marquée par un étranglement. Voir fig. 132. PHOT. 177. Idem. Groupe quaterne en forme de croix, formé par deux par- ties non croisées, mais juxtaposées. Voir fig. 149, A'2. PHOT. 178. Idem. Mise au fuseau et anaphase de quelques chromosomes. Voir FIG. 131. A droite, le chromosome à insertion terminale; les deux dyades ont commencé à glisser sur le fuseau. — La photographie ne donnant rigoureusement qu'un seul plan, le dessin en diffère en ce qu'il y a été tenu compte de plusieurs mises au point successives. f/anf^e / de 'S'inéfy â "Biesfmona 6 cul p. Plmchrh[ T .Ui#' \-^. AV ya^ -^ ^^' . f /?3 à^^5>' a 't /'■:' % IS i^i?^ « /?î \ JSi JSS ■^' i es syîS^v ■^m. y^ rs /30 ;•<;'. )i.| yjj J3i J3S^>'^ '//■ r, 4ï \iV»J/>'/f JSS J.V .^•sçsîx /W • • "- • • • Jtt .£?.:'«_, « ® ,a,# à- llit y#7 A A,\ 'pt- fc^ ?)? A A ^ A, a: A' I 4"^ «C'a- /ja ■l:..jrs 1 U }SS . J.15 _ ...x^;.^ '" ^'^ '"■ rf« Sinéli/ jJnatde/in. LifÂ.D^ToHenai're Frères Bnvx FBiesemîns Scuip PiANcm: \' DL Sim'-1\ pllOt. LA CELLULE LA CELLULE RECUEIL DE CYTOLOGIE ET D'HISTOLOGIE GÉNÉRALE FONDE PAR J. r>. OAlvNOY, PROFKSSEl'R HE llOTANIQl'E El DE RIOr.OOIE CEI-LliLAIRE, PUBLIE PAR (jr. (jlL-oOPs, PRorEî^sEiR DE ZOOLOGIE ET d'hmurvoeogie. A l' Université catholique de Louvain TOME XIX 2J FASCICULE. I. Sur les nucléines du thymus (seconde communication), par Fernand MALENGREAU. II. La vésicule germinative et les globules polaires chez les anoures, par Hector LEBRUN. III. L'éclairage et l'emploi du condensateur dans la micrographie histologique, par Arthur BOLLES LEE. IV. Rapports du cytoplasme et du noyau dans l'œuf de la Cytherea chione L., par R. DUMEZ. r*i*ix: : 20 fr"a,iics. LIERRE ?^ LOUVAIN Typ. de JOSEPH VAN IN & C^', A. UYSTPRUYST, Libraire, Grand'place, 38. ( ; rue de la Monnaie. 1902 Sur les Nucléines du Thymus SECONDE COMMUNICATION PAR Fernand MALENGREAU Travail du laboratoire de chimie biologique de l'Institut Carnoy (Mémoire déposé le 16 novetiibve 1901.) 34 SUR LES NUCLEINES DU THYMUS SECONDE COMMUNICATION INTRODUCTION. Plusieurs considérations nous ont engagé à publier ces quelques pages sur nos expériences en cours. D'abord, la criticjue qu'a soulevée certains passages de notre précédent travail nous faisait un devoir de chercher et d'apporter des arguments nouveaux à l'appui de nos conclusions. Ensuite, il nous paraissait également nécessaire de jeter un coup d'œil d'ensemble sur les faits acquis et de chercher à mettre fin à des controverses fâcheuses. Une rare co'ïncidence a voulu que, dans trois laboratoires simultané- ment, des recherches fussent dirigées vers un même but. A Christiania, à Louvain et à Utrecht, l'on avait repris les anciennes expériences de Lilien- FELD et poursuivi ses explorations sur la structure chimique des matières nucléiniques du thymus. Des trois côtés, les recherches, poussées avec plus de rigueur, donnèrent, malgré des méthodes différentes, des résultats en partie comparables, qui furent publiés à la fin de 1900. Il était impossible de voir régner d'emblée entre ces conclusions, sur un sujet aussi vaste, un accord parfait. Un seul résultat ressortait claire- ment des trois travaux, c'est que l'ancienne nucléohistone, telle qu'on la préparait depuis Lilienfeld, est un mélange de deux substances absolu- ment différentes dans leur structure et leurs caractères. Sans discuter les droits des observateurs qui croient découvrir une erreur chez leurs pré- décesseurs, constatons seulement qu'un des trois mémoires de 1900 fut 286 Fernand MALENGREAU le point de départ d'une polémique violente et regrettable. Loin d'éclaircir les faits, cette discussion ne fit qu'envenimer davantage le débat; et la clarté des mémoires s'en ressentit. Il nous fut parfois pénible, même à nous qui pendant plus d'un an avions remué les mêmes idées et travaillé les mêmes corps, de démêler bien des assertions hâtives et peu claires, échappées à la plume de certains auteurs dans l'ardeur d'une lutte trop vive. Aujourd'hui que la violence du premier choc s'est apaisée, que les faits apportés par les expérimentateurs impartiaux se corroborent et s'expliquent, le moment nous semble venu de faire un bilan d'ensemble des nouvelles données acquises. Sans nous attarder à d'inutiles controverses, nous croyons utile de résumer l'état de la question, de faire une étude comparative des différents travaux et d'attribuer à chaque expérimentateur la part respective qui lui revient dans le débat. Nous avons d'ailleurs à mieux établir une partie de nos conclusions, qui ont été mises en doute par Bang et Huiskamp à la fois. Nous éclaircirons de cette façon bien des données vagues pour beau- coup de nos lecteurs; nous établirons une entente qui très souvent exis- tait, mais que la violence du débat empêchait d'entrevoir, et rappelant brièvement le chemin parcouru et les progrès accomplis, nous étabUrons, pensons-nous, une base solide à de nouvelles recherches sur cet admirable édifice chimique des matières nucléiniques. HISTORIQUE. Sous le titre Zur Chemie der Leiicocytcn, parut en 1893 un travail de LiLiENFELD (2), exécuté au laboratoire de Kossel à Berlin. L'auteur y com- munique le résultat de ses analyses faites, non sur les leucocytes du sang, mais sur les cellules des ganglions lymphatiques et du thymus du veau. Histologiquement, cette similitude entre les cellules du thymus, les gan- glions lymphatiques et les globules blancs (en général) du sang, n'a pour ex- cuse que l'époque où écrivait Liuenfeld. Mais ce n'est là qu'une question de détail. Dans la suite, Lilienfeld et, après lui, tous ceux qui l'ont suivi dans ces recherches se sont servis exclusivement du thymus de veau. Un premier paragraphe de ce travail est intitulé : a) Die Eirveisskôrpcr des Cytoplasmas. Il y est dit qu'on peut, d'après Halliburton, extraire des leucocytes, par une solution de NaCl à lo o/o, un nucléoprotéide qui se reprécipite, si on dilue la solution d'extraction avec une grande quantité d"eau. Le mode d'extraction est ici secondaire; mais il est bon de constater les propriétés que Lilienfeld attribue à ce nucléoprotéide. a) Il est insoluble dans l'eau. b) Sa richesse en P est de 0,433 0/0 (une seule analyse). c) Il livre par digestion chlorhydro-pepsinique une nucléine riche en phosphore, qui se précipite. Dans un troisième paragraphe intitulé : c) Der Zellkern der Leiicocy- teii nnd das Nucleohiston, l'auteur décrit la nucléoalbumine qu'on obtient quand on met dans l'eau les leucocytes ou les glandes entières, puis qu'ul- térieurement on précipite par l'acide acétique les nucléoalbumines entrées en solution. Lilienfeld appelle ce produit niicléohistone et il en décrit un grand nombre de propriétés. C'est surtout sa composition qui fait l'objet de toute son attention. La richesse en P serait de 3 0/0. L'action de H Cl seul à 0,8 0/0 dissocie cette substance et livre de Yhistone et une uiicléiiie (leuco- nucléine). Cette leuconucléine est composée elle-même d'albumine et d'acide nucléinique. Enfin, cet acide nucléinique (P = 9,94 0/0) fournit de l'acide phosphorique, des bases xanthiniques et d'autres produits inconnus. On ne peut contester à cette partie du travail de Lilienfeld une grande valeur : il nous a soumis un objet d'étude de premier ordre, facile à 288 Fernand MALENGREAU manier; et pendant longtemps, les études faites sur l'histone et l'acide nu- cléinique de thymus ont tenu en suspens l'attention de tout le monde des biologistes. Que de chimistes de 189 j à 1900 ont répété sans aucune modi- fication les expériences de Lilienfeld pour obtenir cet intéressant acide nucléinique que Kossel et ses élèves continuaient à étudier. Il nous paraî- trait cruel d'insister sur les difficultés et les obscurités du début, alors que nous profitons si largement d'un travail de plus de 20 ans; et quand nous relisons les premières publications de Kossel sur les nucléines en 1881 et 1883, nous sommes étonné et émerveillé du pas gigantesque qu'a fait la science depuis lors. Mais la vérité est intransigeante. Comme Kossel qui a élagué et cor- rigé lui-même bien des points obscurs et très difficiles de ses premiers travaux, il nous faut aujourd'hui tenir compte des faits nouveaux et vérifier avec calme les anciennes assertions. Il est évident que Lilienfeld a considéré comme absolument distincts son nucléoprotéide contenant 0,4 0/0 de P et sa nucléohistone contenant 3 0/0. Croyant son nucléoprotéide insoluble dans l'eau, il a pensé, en trai- tant le thymus par une macération aqueuse, pouvoir séparer complètement ces deux substances, garder le nucléoprotéide sur le filtre et recueillir la nucléohistone dans le filtrat. Cette nucléohistone obtenue par cette manipu- lation a été pour lui une substance unique, propre, et son travail ne nous relate aucune tentative de sa part pour en obtenir une séparation ultérieure. Or, voilà qu'en 1900, de trois côtés différents, on reprenait la question d'un mélange possible dans la préparation de la nucléohistone, telle que Li- lienfeld l'avait indiquée. De chacun de ces côtés avait surgi une méthode nouvelle pour séparer sans conteste deux produits absolument diff"érents dans l'extrait aqueux du thymus. I. Rang (3) (travail daté du 15 juillet 1900), de Christiania, sépare les deux nucléoalbumines grâce à l'insolubilité de l'une des deux dans une solution à 0,9 0/0 de NaCl. Nous-même (5) (travail daté du 30 juillet 1900), nous les séparions à Louvain par la méthode de Hofmeister au sulfate ammonique. HuiSKAMP(6) (travail daté du 17 janvier 1901), de Utrecht, les sépare grâce à l'insolubilité de l'une des deux dans une solution de CaCL ào,i 0/0. D'abord, il est incontestable que les trois méthodes atteignent le même but et que nous nous sommes trouvés tous trois devant les deux mêmes substances. SUR LES NUCLÉINE3 DU THYMUS '^89 La méthode au NaCl à o,g o/o est la plus imparfaite; Huiskamp l'a nettement démontré, Bang (9) le reconnaît lui-même dans son nouvel article sur ce sujet; nous l'avons vérifié nousméme dès que le travail de Bang nous fut connu. Cette méthode pourrait à peine, nous semble-t-il, servir de guide dans une orientation générale. La méthode au CaCl, à 0,1 0/0, quoi- que déjà beaucoup plus précise, n'est pas à l'abri d"une certaine précipita- tion du second corps, comme Huiskamp le reconnaît lui-même (p. 149) : " Ich bemerke hier schon, dass das neben dem Nucleohiston im Thymus- extracte vorhandene Nucleoproteid von Calciumchlorid nur sehr unvoll- stiindig gefallt wird. « Nous considérons notre méthode au sulfate ammo- nique comme étant la meilleure et la plus parfaite : l'un des produits est intégralement précipité par le sulfate ammonique à demi-saturation, tandis que l'autre reste dans ces conditions en parfaite solution. Il y a entre les deux une limite de solubilité étendue, comme nous l'avons encore vérifié nombre de fois. Il est même curieux que Bang, qui signale en passant (page 509) la précipitation de son nucléoprotéide par les sels, n'ait pas fait usage de cette propriété pour la purification de l'autre produit. Il y a donc là deux substances. La première est pauvre en P (0,5 0/0 pour nous, i 0/0 pour Huiskamp); elle est précipitée par le MgSO^ à saturation ou le sulfate ammonique à demi-saturation; elle est soluble dans NaCl à 0,9 0/0 etCaCl^ào,! 0/0. Bang et Huiskamp l'appellent nucléoprotéide, parce qu'ils n'ont pu en extraire l'histone; nous l'avons nommée nucléoalbumine A. La seconde est riche en P (3,7 0/0 pour Huiskamp, 4,5 0/0 pour nous); elle est soluble dans MgSO^ à saturation et (NH^)3S0^ à demi-saturation; mais elle est insoluble dans ce dernier sel à saturation. Elle est précipitée également par NaCl à 0,9 0/0 et CaCL à 0,1 0/0. Huiskamp l'appelle nucléohistone; Bang ne l'appelle de ce nom que provisoirement, parce qu'il en conteste précisément la nature; nous l'avons appelée nucléoalbumine B pour les raisons qu'on comprendra plus loin. La première, le nucléoprotéide de Bang et Huiskamp, est-elle iden- tique au nucléoprotéide que Lilienfeld a sommairement signalé dans son premier paragraphe? Bang ne fait aucun rapprochement entre eux; Huis- kamp et nous l'avons présumé et les différentes propriétés que Lilienfeld lui attribue, ainsi que sa méthode de préparation, sont de nature à écarter tout doute à cet égard. Quant à la nucléohistone ou nucléoalbumine B, Lilienfeld l'a toujours 290 Fernand MALENGREAU obtenue mélangée à l'autre nucléoprotéide (*). Faisant subir au thynnus une macération aqueuse dont il précipite le filtrat par Tac. acétique, il est in- contestable qu'il ait obtenu un mélange de nucléoprotéide et de nucléo- histone : aussi, ses analyses de P s'en ressentent et ne donnent que 3 0/0, ou même 2,5 0/0. Voilà des points acquis. Cette séparation de deux substances absolument distinctes l'une de l'autre, nous l'avons opérée à trois presque simultané- ment. Des moyens différents nous ont conduits au même but. Chacun de nous a étudié aussi de manière différente les deux corps isolés. Il en résulta que pour certaines propriétés les résultats concordaient, pour d'autres les opinions divergeaient, et enfin chacun de nous apporta des données spé- ciales qui sont à contrôler ultérieurement. Nous résumerons à la fin de ce mémoire les données qui ne prêtèrent point à controverse. Il nous faut d'abord parler des seuls points qui, traités par chacun de nous, donnèrent lieu à des divergences d'opinion. Il y en a surtout deux : l'un concerne le nucléoprotéide et l'autre la nucléohistone. 1° Point controversé concernant le nucléoprotéide que nous avons appelé nucléoalbumine A. Nous avons consacré dans notre premier travail une part égale à l'étude des propriétés et de la composition de chacune des nucléoalbumines. Outre les propriétés physiques, la richesse en P des deux produits, la simi- litude des acides nucléiniques et des bases xanthiniques qu'on en extrait, nous avions afffrmé que notre nucléoalbumine A (le nucléoprotéide de LiLiENFELD, Bang et HuiSKAMP) sc laisse lui aussi, à l'instnr de la nucléo- histone, décomposer en une histone spéciale et un résidu albumineux phos- phore. Nous avons établi la différence entre les deux histones A et B que nous avions obtenues de nos deux nucléoalbumines, ainsi que le rapport de chacune d'elles avec la substance dont elle dérive. Or, il se fit que nous restâmes seul à affirmer l'existence d'une histone dans le nucléoalbumine A. LiLiENFELD ne fait aucune mention d'histone pouvant dériver du nu- cléoprotéide ; il s'est contenté d'extraire le nucléoprotéide et d'en donner la (*) Parlant de cette nucléohistone, il dit, p. 47g : « Durch Sâttigung mit MgSO,, ist es nicht fâllbar ». C'est le seul passage qui pourrait faire croire que Lilienfeld a obtenu des échantillons de nucléohistone plus ou moins purs. Nous y reviendrons plus loin. SUR LES NUCLEINES DU THYMUS 29I composition citée plus haut. Bang a nié indirectement l'existence d'histone dans son nucléoprotéide; Huiskamp, qui a eu le temps de vérifier nos don- nées, affirme catégoriquement qu'il a échoué dans ses essais d'extraction. Il cherche l'explication de notre prétendue erreur et en discute longuement et judicieusement les causes possibles. 2° Point controuvé concernant la nucléohistone ou uucléoalbumine B. Le point critique, soulevé par Bang surtout et qui ne parait pas encore avoir été jusqu'ici résolu par les recherches concordantes des autres expéri- mentateurs, a trait à la nature des éléments qui constituent la ^ nucléo- histone - ou " nucléoalbumineB ^, purifiée de tout mélange de nucléopro- téide ou uucléoalbumine A. LiLiENFELD le premier avait dressé le tableau de ses éléments con- stituants. Nucléohistone Histone Leuconucléine I Albumine Ac. nucléinique Il avait obtenu les premiers membres de cette dissociation par l'action prolongée de HCl à 0,8 0/0. Bang rejette cette structure chimique et pré- tend qu'il n'existe dans la prétendue nucléohistone que de l'acide nucléinique et de l'histone, et peut-être d'autres inconnues non protéiques, mais certai- nement pas de leuconucléine. Il obtient cette séparation intégrale par l'ac- tion de NaCl concentré sur sa nucléohistone. Dans son premier mémoire, il semble même convaincu que l'histone n'est pas unie primitivement à l'acide nucléinique. Huiskamp et nous, nous avons attaqué la nucléohistone, comme Li- LiENFELD, par HCl et, comme lui, nous avons obtenu, quoique notre nucléo- histone fût pure, outre l'histone, une leuconucléine, c'est-à-dire un résidu phosphore présentant toutes les réactions caractéristiques des albumines. Il est à remarquer, et cette remarque aura son importance plus tard, que notre méthode de séparation diffère de celle de Bang. Bang (9), dans son récent article, revient sur ce sujet; il maintient ses conclusions antérieures et présente une troisième méthode de séparation de 35 292 Fernand MALENGREAU la nucléohistone, l'action simultanée de l'HCl et du NaCl à lo o/o. Cette nouvelle méthode confirme, d'après lui, les résultats de sa première. Mais il semble porté à admettre désormais que l'histone serait unie et non mélan- gée à l'acide nucléinique dans les cellules. Dans un premier chapitre, nous aborderons directement la question de l'histone du nucléoprotéide, question qui nous est personnelle. Nous apporterons la justification de nos premières conclusions et nous indique- rons la cause des divergences d'opinions entre les expérimentateurs. Notre second chapitre sera consacré à l'étude de la nucléohistone et surtout de ses éléments constitutifs, tels que Lilienfeld les avait d'abord proposés et que Bang a modifiés après lui. Il nous restera enfin à établir le tableau de toutes les données nouvelles acquises et à interpréter quelques passages obscurs des autres auteurs. C'est ce que nous ferons dans un troisième chapitre. EXPERIENCES PERSONNELLES. Chapitre Premier. Existence d'une histone dans la nucléoalbumine A ou le nucléoprotéide. A. Condition indispensable de son extraction. Nous avons exposé très brièvement dans notre précédent travail les méthodes régulières qui conduisent à la séparation des deux histones de leurs deux nucléoalbumines. Nous considérions l'existence de ces deux his- tones comme définitivement admise, lorsque, dans nos expériences ulté- rieures, nous rencontrâmes un obstacle qui nous empêchait à chaque essai d'obtenir par l'HCl, non seulement l'histone A, mais aussi l'histone B. Et nous ne doutons pas que cette même cause d'erreur n'ait été, pour Bang et HuiSKAMP, la raison de leur insuccès dans l'isolement de la première histone. Il était évident qu'une modification, dont l'importance nous échappait, s'était glissée dans les méthodes de préparation. Pendant tout un temps, nos efforts furent exclusivement tournés vers cette difficulté. Nous avions cru d'abord que l'histone nous échappait grâce à une certaine insolubilité, mais toutes vérifications faites, il était bien évident que les nucléoalbumines étaient restées intactes. Il fallait donc chercher la cause qui empêchait HCl d'attaquer le protéide. Après la séparation de nos deux nucléoalbumines par la méthode au sulfate ammonique, il arrivait souvent que nos produits se montraient réfractaires à une action ultérieure de HCl. Quand au contraire nous suivions la méthode de Kossel, que nous précipitions par l'acide acétique les deux nucléoalbumines et que nous lavions, sans les séparer, nos sub- stances â l'alcool et à l'éther, la difficulté disparaissait et nous obtenions un mélange des deux histones. La conclusion se déduisait d'elle-même : l'action des sels devait seule être incriminée. Guidé par cette observation, nous avons éprouvé cette action sur nos deux nucléoalbumines séparées, et il nous fut bientôt possible d'établir avec 294 Fernand MALENGREAU certitude que la présence des sels, surlout du Am,SO^ en certaine concen- tration, empêche la séparation des histones, et surtout de la première, par l'action de /'H Cl. Pour ceux donc qui pour une raison ou une autre recherchent l'extrac- tion de ce premier produit de dissociation du nucléoprotéide, un travail préliminaire s'impose : l'écartement de tout sel des produits sur lesquels on veut réagir. B. Extraction de l'histone A. 1. Séparation des deux nucléoalbumines. Nous croyons utile, avant d'aborder directement l'action de l'HCl, de revenir un instant sur la préparation primitive de nos nucléoalbumines. Remarquons d'abord que nous commençons toujours par précipiter plusieurs fois à l'acide acétique les deux nucléoalbumines et à laver ces précipités jusqu'à ce que les filtrats ne donnent plus de réaction d'albumines. C'est seulement dans la redissolution de ces nucléoalbumines pures que nous entreprenons la séparation des deux produits. Comme nous l'avons dit dans l'historique, nous écartons comme incor- rectes les méthodes au 0,9 0/0 de NaCl et au i o/o de CaCl. Nous ne vou- lons employer dans nos recherches que la méthode au sulfate ammonique, qui peut seule, pensons-nous, précipiter nos deux produits dans un état de pureté complète. HuiSKAMP semble ne pas estimer à sa juste valeur cette méthode que nous préconisons. Il semble croire que la précipitation du nucléoprotéide par la demi-saturation entraîne avec elle une partie précipitée (eine Menge) de la nucléohistone : de là, d'après lui, des causes continuelles d'erreurs, dont les expériences subissent le contrecoup [*). (*) Voici le texte de Huiskamp, \>. 167 : « Es ist moglich, dass dièse beiden Resultale miteinander in Ziisammenhang stehen. Malen- « GREAU sagt, dass es nicht leicht sei, das Nucleoproteid vollig von Nucleohiston gereinigt zu cr- « halten; wenn aber bei der Fàllung des Nucleoproteids mittelst nahezu halber Sâttigung mit « Ammonsulfat schon eine Menge von Nucleohiston mitgefâllt wird, so wird nicht nur die Menge « des Niederschlags grosser sein, als wenn nur das Nucleoproteid gefâllt war, sondern es wird « auch mittelst i o/o-iger HCl aus dem Niederschlage Histon zu erhalten sein; das Auswaschen et des Niederschlages mit Ammonsulfatlôsung, welche Malengreau zur weiteren Reinigung anwen- « det, wird das gefâllte Nucleohiston gewiss nicht wieder lôsen. n SUR LES NUCLÉINES DU THYMUS 295 Nous rejetons comme erronée cette supposition de Huiskamp. Au moment où la demi-saturation précipite la première nucléoalbumine, la seconde se trouve encore loin de sa limite inférieure de précipitation : il ne saurait donc être question d'un commencement de précipitation de la se- conde. Il n'en reste pas moins vrai qu'il faut écarter l'eau-mère qui imbibe le précipité, ce qui n'est pas chose facile. C'est à ce moment qu'inter- viennent les lavages. Il faut y faire preuve de patience. Comme Ide et Lemaire et Leblanc l'ont démontré à ce même laboratoire, le simple lavage, quelque abondant qu'il soit, ne suffit pas : il est nécessaire de redissoudre plusieurs fois la substance à épurer et de la reprécipiter jusqu'à ce que l'eau du filtrat ne décèle plus aucune trace d'impureté. Nous avons toujours recherché rigoureusement ce résultat et la der- nière eau de lavasre de notre nucléoalbumine A ne manifestait aucune action par les réactifs ordinaires de l'albumine (le ferrocyanure + de l'ac. acétique, l'ébullition et HNOj). C'est à nous plutôt qu'il sied de nous défier de la pureté absolue des nucléoprotéides et des nucléohistones de Huis- kamp, obtenues après deux précipitations seulement par CaCL, qui n'est pas absolument spécifique pour la nucléohistonc. (Voir Huiskamp, pp. 163 et 164). Nos deux nucléoalbumines ont donc toujours été travaillées à un état de pureté incomparablement supérieur à celui des produits de Bang par NaCl, et certainement plus rigoureux que celui des produits de Huiskamp par CaCL. 2. Écarteineiit des sels. Nous ne nous occuperons dans ce paragraphe que de la nucléoalbu- mine A. Telle que nous l'avons obtenue par la méthode que nous venons d'indiquer, cette nucléoalbumine se trouve sur le filtre, imbibée d'une eau contenant environ 25 0/0 de Am,SO^. La difficulté que l'on éprouve à débarrasser de ses sels une substance albuminoïde est en grande partie vaincue pour les matières nucléiniques grâce à leur insolubilité dans une solution d'acide acétique. Nous disposons de deux méthodes pour y arriver. La première consiste à dialyser : elle est longue et imparfaite, surtout en présence de grandes masses de substances. Nous préférons la seconde d'un usage plus facile et plus rapide. On exprime le précipité et on le dilue dans beaucoup d'eau (10 fois son volume). La concentration en sels se trouve ainsi réduite à 2-3 0/0. 296 Fernand MALENGREAU Tandis que la solution concentrée aurait empêché l'acide acétique de précipiter les nucléoalbumines, cette concentration faible permet d'obtenir un précipité complet par l'acide. Le lavage doit alors se faire jusqu'à ce que le BaCl^ ne décèle plus aucune trace de sulfates dans le filtrat. On peut terminer par un lavage à l'eau distillée, qui enlève l'excédant d'acide, sans redissoudre la nucléoalbumine. Nous obtenons comme cela une substance pure, plus ou moins sèche et libre de tout sulfate. 3. Action de HCl sur la nucléoalbumine A. Jusqu'ici, nous ne connaissons encore qu'une seule méthode efficace- pour extraire l'histone A de sa nucléoalbumine; nous verrons plus loin qu'il n'en est plus de même pour la nucléohistone. Cette méthode est celle de LiLiENFELD, baséc sur l'action de l'HCl. Nous l'avons fait agir sur notre substance à une concentration de 0,2 à 0,3 0/0 (,*). Après quelques minutes déjà, la séparation commence et l'on peut recueillir des traces d'histone dans le filtrat. La réaction s'achève et peut être considérée comme terminée après 24 heures. L'histone s'est détachée et reste dissoute dans la solution acide. 4. Purification de fhistone A. Ici encore, nous rencontrons de très judicieuses objections de Huis- KAMP. « Le nucléoprotéide, dit-il, qui se dissout partiellement dans 1 à 2 0/0 de HCl, se laisse précipiter de cette solution après quelque temps par addition de N H, jusqu'à neutralisation environ. Ce précipité reste insoluble dans un excès de NHj, il ne se redissout pas dans les acides; il apparaît lors des neutralisations déjà avant que la solution primitivement acide ne soit complètement neutralisée ; enfin il ne se laisse dissoudre que difficile- ment par la potasse caustique. C'est là, conclut Huiskamp, une ressemblance qui conduit facilement à une confusion : ce qu'on prendrait pour de l'histone ne serait en réalité qu'une solution de nucléoprotéide. » (**) (*) Dans notre premier mémoire, page 345, il est dit que nous employons HCl à i 0/0. C'est une erreur d'impression, qui s'est glissée dans le texte pendant notre absence : nous n'avons jamais employé que le 0,2 à 0,3 0/0. Huiskamt engage, p. 167, toute une discussion sur ce chiffre de I 0/0. Nous regrettons fort avoir donné lieu à ce malentendu. (**) Huiskamp dit p. 166 : « Wenn das Nucleoproteid wâhrend einiger Zeit in ziemlich starker Sâure, z. B. in 5 bis 10 o/o-iger K Essigsâure oder i bis 2 o/o-iger Salzsàure gelôst auf bewahrt vvorden ist und darauf mittelst Zusetzung « von Ammoniak wieder gefàllt wird, so ereignet es sich oftmals, dass sich der Niederschlag sogar in SUR LES NUCLÉINES DU THYMUS 297 Il nous est facile de démontrer que le produit que nous appelons his- tone A existe réellement dans nos solutions. Nous n'avons pas décrit spé- cialement ce produit dans notre premier mémoire, parce que nous ne lui connaissions que les caractères ordinaires des histones et nous ne soupçon- nions pas qu'on en contesterait l'existence. Voici comment nous l'obtenons. La solution faiblement acide (HCl à o,:î o/o) est filtrée après 24 heures, de manière à écarter tout le résidu demeuré insoluble. Dans le filtrat clair, on précipite l'histone par un excès d^NH^; ce précipité est lavé soigneuse- ment, car même l'HCl à 0,3 0/0 avait dissous une légère partie de nucléo- albumine, qui reste dans le filtrat ammoniacal. Le précipité d'histone bien lavé est redissous ensuite par l'addition d'acide acétique, et nous le repré- cipitons par NHj une seconde fois. Devant les objections de Huiskamp, nous avons cru devoir vérifier l'absence de P dans ce précipité d'histone. Plus d'un gramme du produit fut incinéré en présence de Na^CO^, redissous et traité par le molybdate d'NHj en solution saturée acide de AmNOj (d'après la méthode la plus rigoureuse de Gevaerts) (*). Nous n'avons constaté aucun précipité de phosphates. A peine obtenions nous une teinte légèrement jaunâtre de notre solution. Mais cette impureté phosphorée, qui est d'ailleurs minime, se rencontre môme dans les albumines animales les plus pures de phosphates. Nous obtenons ainsi une histone sans P (moins de 0,05 0/0), soluble dans les acides, insoluble dans NH.;, entièrement soluble dans la KO H, précipitant l'albumine des sérums. Dissoute en solution légèrement acide, l'histone A, extraite du nucléoprotéide, se précipite entièrement à la demi- saturation par le Am^SO^. Notons que cette histone donne, comme le nucléoprotéide (Huiskamp, pages 164-165), la réaction de Adamkiewicz et une forte réaction de Millon : elle contient donc aussi le radical aromatique et l'hexose. Elle donne enfin une réaction sensible de soufre labile. L'existence de notre histone A est hors « Ueberschuss von Ammoniak nicht Icist; man mochte meinen, es in diesem Falle mit Histon zu thun zu « haben; dennoch ist dièse Meinung, wie ich glaube, nicht richtig; erstens ist der Niederschlag auch mit destillirtem Wasser. ^ Cette extraction, comme nous venons de le dire, nous donnera la nucléohistone et des quantités notables de nucléo- protéide. " Das Wasser wurde dann zum Ueberfluss mit Kochsalz gesiittigt und « zu meiner Ueberraschung bekam ich eine neue Fallung, die selbstver- y stândlich kein Nucleoproteid enthielt. " L'action du NaCl saturé sur le mélange des deux nucléoalbumines nous donnera un précipité et une solution. Nous reviendrons plus tard sur cette solution qui ne renferme que l'ac. nucléinique de la nucléohistone. Quant au précipité, outre l'histone B qui s'est détachée complètement de son acide, il contient tout le nucléoprotéide qui se trouvait comme impureté dans la préparation et qui en a été précipité sans modification par la satura- tion de NaCl. r> War nun das Nucleohiston in diesem neuen Niederschlag zu suchen, r> oder war es in Losung geblieben? «• « Der Niederschlag loste sich theilwcise in Wasser. Die wasserige SUR LES NUCLEINES DU THYMUS 30? « Losung gab mit Essigsilure keine Fàillung, und enthielt folglich kein y Nucleohiston. -^ Si, répétant ses expériences, nous diluons dans l'eau ce précipité d'histone B et de nucléoprotéide obtenus, une partie d'histone filtrera et il nous restera un précipité de nucléoprotéide et d'une certaine quantité d'histone B. Reprenant ce précipité, Bang (3, p. 512) le soumet à HCl 0,8 % et en retire de l'histone. Nous sommes d'accord avec Bang sur ce résultat, l'action de HCl sur le précipité en question devant dissoudre ce qui restait d'his- tone B et extraire une partie de l'histone du nucléoprotéide. Quant au premier filtrat : •> Das mit Kochsalz gesiittigte Filtrat wurde « dialysirt «, on comprendra qu'on se trouve en présence de l'ac. nucléi- nique de la nucléohistone, comme Bang le prouve à la page suivante. Un second passage, où la concision entrave souvent la clarté, a attiré plus particulièrement notre attention, page 515 : » "VVenn man nach dem r> Erschopfen der Thymusdrtise mit 0,9 o/oiger Kochsalzlôsung, die Thy- r> musdriisen mit Wasser extrahirt bekommt man eine Losung, die man » direct durch 0,9 o/oiger Kochsalzlôsung fractioniren kann. Man be- " kommt durch Zusatz von Kochsalz bis 0,9 0/0 einen Niederschlag und » eine Losung. « Ce Niederschlag contient en grande partie la nucléo- histone et une moindre quantité de nucléoprotéide, tandis que la Losung contient le nucléoprotéide qui n'a pu être enlevé par les premiers lavages au NaCl 0,9 0/0 et un peu de nucléohistone. " Den Niederschlag kann man im Wasser losen unddurch wiederholte « Losungen und Fallungen mit 0,9 0/0 Kochsalz weiter reinigen. Es lasst yy sich leicht zeigen, dass dièse Losung nur Spuren von Histon enthalt. " Dièse Losung, c'est-à-dire le précipité par NaCl à 0,90/0 redissous dans l'eau, ne contient guère d'histone libre. Mais n'oublions pas que, s'il n'y a pas d'histone libre dans cette solution, il y a beaucoup de nucléohistone non modifiée. Les traces d'histone que Bang signale ici, les a-t-il trouvées par précipitation directe à l'ammoniaque, ou indirectement après l'action de HCl ? Nous l'ignorons. La phrase suivante s'applique au produit soluble dans NaCl 0,9 0/0. " Die Losung dagegen enthalt das Histon, welches man durch Silttigung r. mit Kochsalz isolieren kann. '• Nous avons dit plus haut que cette solu- tion renfermait le nucléoprotéide mélangé à un peu de nucléohistone comme impureté. Bang a-t-il cru rencontrer ici la majeure partie de l'histone, y das Histon " ? Ce serait une erreur, car nous retrouvons la majeure partie plus loin. 3o8 Fernand MALENGREAU Bang revient alors à son premier précipité obtenu par NaCl à 0,9 0/0. « Wenn inan also den Niederschlag durch 0,9 0/0 Kochsalz gelôst hat, » bekommt man durch Sattigung mit Kochsalz eine Fallung die uns nicht » weiter interessirt. " Ce précipité sur lequel Bang fait agir le NaCl, étant en grande partie composé de nucléohistone, doit donc, sous l'action du sel saturé, se séparer en une partie soluble, l'acide nucléinique, et un précipité d'histone B mêlé à l'impureté de nucléoprotéide. Comment ce précipté si précieux ne peut-il intéresser Bang? C'est ici qu'on trouve la majeure partie de l'histonc B contenue clans le thymus. Comme on le voit, l'interprétation de ce dernier passage exige plus- d'efforts. Nons l'avons entreprise guidé par nos propres expériences. Il est souvent difficile de suivre l'auteur, nous pensons même que parfois sa pensée fut mal rendue. Le tableau par lequel Bang termine son mémoire demanderait une révision dans le sens de celle que nous avons faite pour certains passages. Nous ne voulons pas nous y arrêter, la méthode au NaCl qui sert de base, non seulement à ce tableau, mais à tout l'ensemble de l'ouvrage, est beau- coup trop imparfaite que pour servir de guide dans de nouvelles expériences. Elle doit donc être abandonnée complètement. Nous n'avons guère de passages à relever dans le travail de Huiskamp. L'exposé en est clair et nous avons répondu dans le premier chapitre aux objections que l'auteur nous adresse. Quant aux différences dans les analyses de P, sur lesquelles l'auteur semble insister, nous croyons pouvoir en rechercher la cause, non dans les observations erronées des expérimentateurs, mais dans les différences de composition des thymus. Il serait facile de s'en convaincre, pour qui aurait la patience d'entreprendre un travail comparatif rigoureux. RÉSUMÉ. 1 . Dans ce mémoire, nous confirmons l'existence de l'histone A dans le nucléoprotéide; nous répondons aux objections qui nous ont été faites par Huiskamp, et nous donnons la cause qui fréquemment empêche l'extraction de cette histone (la présence de sels). 2. Nous confirmons le fait donné par Bang concernant la nucléohis- tone : scission intégrale en histone et acide nucléinique par le NaCl saturé. 3. Enfin, nous récapitulons les propriétés diverses de tous ces pro- duits et nous tâchons d'interpréter, à l'aide des lumières acquises, certains passages relatant des expériences antérieures des observateurs. BIBLIOGRAPHIE (i) Lilienfeld : (2) Lilieufeld (3) Bang (4) Kosscl (5) MaUngreau (6) Huishamp (7) Bang (8) Kossel (9) Bang Ueber Leucocyten und Blutgerinnung et Ueber den flûssigen Zustand des Blutes und die Blutgerinnung ; Verhandlungen der physio- logischen Gesellschaft zu Berlin, 1S92. Zur Chemie der Leucocyten ; Zeitschrift fur physiologische Chemie, Bd. XVIII, i8g3. Bemerkungen iiber das Nucleohiston ; Ibidem, Bd. XXX, igoo. Bemerkungen zu der vorhergehenden Abhandlung des Herrn Bang; Ibidem, Bd. XXX, p. 52o. Deux nucléoalbumines et deux histones dans le thj'mus ; La Cellule, t. XVII, fascicule 2. Ueber die Eiweisskôrper der Thymusdrûse ; Zeitschr. f. phys. Che- mie, Bd. XXXI, igoi. Erwiderung; Ibidem, Bd. XXXI, igoi. Bemerkungen zu der Erwiderung; Ibidem, Bd. XXXI, igoi. Zur Frage des Nucleohistons; Beitrâge zur chemischen Physiologie und Pathologie, Bd. I, 1901. ^ V LA CYTODIERESE DE L'ŒUF La vésicule germinative et les globules polaires CHEZ LES ANOURES PAR Hector LEBRUN {Mémoire déposé le 20 novembre 1901 .) 38 LES ANOURES CINQUIEME MEMOIRE LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES Les Cinèses sexuelles DES ANOURES INTRODUCTION. Ainsi que nous l'avions annoncé dans notre dernier mémoire, nous avons poursuivi l'étude des globules polaires chez les anoures. Nous avons recueilli assez de faits nouveaux et intéressants pour que nous nous déci- dions à les publier maintenant, malgré les lacunes que nous n'avons pu combler. Nous avons aussi repris l'étude de la dislocation de la couronne équa- toriale à la première figure polaire chez les tritons. Il subsistait en notre esprit des doutes sur l'interprétation que nous avions été obligé de donner à ce phénomène. Nos préparations, si nombreuses, nous imposaient cette interprétation qui était en contradiction formelle avec ce que les auteurs, ayant étudié le testicule, avaient décrit auparavant. Nous n'avons pas eu à regretter le temps que nous avons consacré à ces nouvelles recherches, ainsi qu'on le verra par la suite, puisque nous sommes maintenant arrivé à une interprétation plus en harmonie avec les phénomènes décrits chez les batra- ciens dans la spermatogénèse. Nous avons pris comme objet d'étude les œufs de Rana temporaria, Bufo viilgaris et Bombiiiator igneiis. L'étude des glo- bules polaires des anoures forme l'objet principal de ce mémoire; nous y avons joint à titre accessoire quelques observations nouvelles sur Triton alpestris. 3i6 Hector LEBRUN MÉTHODES. Fixation. Nous avons continué à fixer les œufs par la liqueur de Gilson. Nous n'en connaissons pas de meilleure pour les œufs de batraciens, et particuliè- rement pour les œufs entourés de la coque d'albumine; c'est celle qui a montré la plus grande force de pénétration et qui durcit l'œuf le plus rapi- dement. Il est très important d'obtenir un durcissement rapide pour pouvoir extraire les œufs des enveloppes avec succès, sans devoir perdre parfois un matériel de travail qu'on a eu grande peine à se procurer. Il arrive en effet que la sphère ovulaire est trop molle si la fixation est trop courte et il suffit de la toucher avec une aiguille ou un scalpel pour qu'elle s'écrase. Mais si, au contraire, la sphère est suffisamment durcie par l'action prolongée du fixateur, elle résiste beaucoup mieux; de plus après i h. 1/2 à 2 heures de sé- jour, les enveloppes muqueuses externes sont plus ramollies et l'interne est presque liquéfiée ; il faut alors piquer les enveloppes avec une aiguille en faisant pénétrer celle-ci contre l'œuf et sectionner avec un scalpel bien effilé une calotte de la substance muqueuse externe. Une légère pression sur le côté opposé suffit pour faire sortir l'œuf de la cavité dans laquelle il nage, par l'ouverture pratiquée dans la capsule. Il faut aussi soigner le lavage dans une quantité d'eau suffisante. Il est aussi important de ne pas retarder l'extraction des œufs entourés de mucine. Nous avons fait à nos dépens l'expérience suivante. Ayant trouvé un jour une femelle de Bonibinatov avec les oviductes remplis d'œufs, nous trouvant loin de notre auberge et ayant oublié notre trousse d'instruments, nous remîmes à plus tard l'opération de lenlèvement des enveloppes muqueuses. Nous escomptions, après avoir placé les œufs fixés dans l'alcool, ramollir ainsi la coque muqueuse en la reportant et ex- traire les œufs. Après une excursion de plusieurs jours, les enveloppes s'étaient fortement durcies et la couche adhérente de l'œuf s'était tellement attachée à la membrane ovulaire, qu'au moment où la mucine gonfla rapi- dement dans l'eau, elle détacha entièrement de sa sphère ovulaire la couche superficielle dans laquelle se trouvaient les figures polaires. Tout le maté- riel fixé était irrémédiablement perdu. Il est donc très important d'extraire les œufs après le lavage ou bien, comme nous lavons déjà ditpour les tritons, après avoir laissé durcir légèrement les enveloppes dans l'alcool à 50°. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 31? Enrobage. Nous avons continué à enrober les œufs dans la paraffine par la méthode rapide que nous avons donnée en 1897 dans notre premier mémoire, et qui a été employée avec succès par nombre d'observateurs, Vanderstricht, Gathy, Schockaert, Gérard. Quelques-uns l'ont essayée sans succès et se plaignent d'obtenir des rétractions très fortes de la membrane du noyau. Pour réussir, il importe avant tout de prendre deux précautions : 1° ne pas déshydrater complètement au moyen de l'alcool absolu, mais laisser séjourner les œufs dans l'alcool à 96°, jusqu'à ce que l'on puisse y ajouter du chloroform-e sans obtenir en les mélangeant un trouble laiteux, qui est l'indice d'une déshydratation insuffisante. Dans ce cas, il ne faut jamais aller plus loin, il faut revenir à l'alcool à 96° et ne pas continuer avant que le mélange d'alcool et de chloroforme puisse se faire sans se troubler. Alors seulement passer au chloroforme pur, qui dissout suffisamment d'eau, pour achever la déshydratation, ce qui permettra l'imprégnation par la paraffine. 2° Il faut employer, pour couler les œufs dans le bloc à durcir, une autre paraffine que celle dans laquelle les œufs ont séjourné en sortant du mélange de chloroforme et de paraffine. Si l'on emploie cette même paraffine, on risque fort d'obtenir un bloc de consistance insuffisante, les traces de chloroforme sorti des œufs empêchant le durcissement de la paraffine. Notre méthode d'enrobage rapide a encore un autre avantage sur le- quel on ne saurait assez insister. Il permet, quand on enrobe des objets fraîchement fixés, qui n'ont pas séjourné longtemps dans l'alcool, d'obtenir des résultats très précis dans l'emploi des réactions microchimiques et des digestions, qui sont toujours d'un grand secours pour nous renseigner sur la composition chimique des éléments cellulaires. Les autres méthodes de fixation, surtout les solutions au sel de chrome, de platine, qui demandent des journées et des mois pour certains auteurs pour arriver à une consis- tance suffisante, rendent l'emploi des réactifs chimiques des matières albu- minoïdes entièrement impossible. Il en est de même de la cuisson que certains autres font subir aux objets pendant des jours entiers à des tem- pératures de 50 à 60 degrés. Nous considérons que le minimum possible de fixation, le minimum possible de séjour dans la paraffine fondue et le minimum possible de tem- pérature sont les conditions qu'il faut réaliser dans un enrobage. Toutes ces conditions sont réunies dans notre méthode. 3i8 Hector LEBRUN Coloration. En vue de rechercher les centrosomes dans les figures polaires des œufs, nous avons employé la coloration à l'hématoxyline de fer, mais nous avons été obligé de la modifier sensiblement ; car, comme chacun sait, les enclaves vitellines ont pour l'hématoxyline une affinité aussi grande que la nucléine. Nous sommes cependant parvenu à masquer cette électivité, en procédant comme il suit. Les coupes, après avoir séjourné pendant 24 heures dans l'alun ammoniacal, sont colorées pendant quelques minutes avec le rouge Bordeaux en solution de 1/2 gr. pour cent d'eau distillée, après avoir au préalable rincé légèrement à l'eau pour enlever l'excès d'alun. Ensuite, on colore pendant 24 heures dans l'hématoxyline. Il se produit une surcoloration noire, qui se fixe sur le rouge Bordeaux, mais qui ne parvient cependant pas à le déplacer, car lors de la décoloration de la coupe dans l'alun de fer la couleur noire disparaît rapidement pour laisser réapparaître la couleur Bordeaux. Celle-ci est néanmoins trop forte le plus souvent ; pour la ramener à une nuance plus favorable au contraste, il suf- fit, après avoir bien lavé à l'eau, de décolorer avec un peu d'alcool à 80° additionné de quelques gouttes d'ammoniaque. Celui-ci n'attaque pas l'hé- matoxyline; il la bleuit peut-être un peu, mais il enlève rapidement l'excès de rouge Bordeaux. On mène cette dernière opération au besoin sous le microscope et l'on obtient le résultat suivant : le protoplasme, le caryo- plasme et le fuseau perdent rapidement la coloration rouge; les enclaves vitellines sont les dernières à la retenir ; le centrosome et les chromosomes sont colorés en bleu noir. CHAPITRE I. RANA TEMPORARIA. A. OvooyU de premier ordre. § I. Phénomènes préparatoires aux cinèses. Dans l'étude que nous avons faite précédemment de la maturation de l'œuf chez i?(77;^/, nous avons constaté que la disparition de la membrane nucléaire s'accomplit le plus souvent en commençant par la face inférieure, tandis qu'elle subsiste plus longtemps à la face supérieure proche du pôle végétatif, où le pigment est spécialement abondant. Cette manière de se comporter nous avait surpris, car elle diffère profondément de la marche que suit le phénomène chez les tritons et chez le crapaud commun. Nous nous étions souvent demandé pourquoi cette différence? Pour- quoi, chez Raiiû, le plus grand nombre des nucléoles ne se résolvent-ils pas dans le noyau comme chez Bii/ol Pourquoi se fusionnent-ils, au contraire, en grosses boules, qui sont absorbées par le C3'toplasme de l'œuf et digérées avec rapidité? Pourquoi le caryoplasme prend-il chez Biifo viilgaris une orientation rayonnante de bas en haut de la vésicule germinative en ayant un point inférieur de la paroi nucléaire comme centre, tandis que chez Raua temporaria l'irradiation part plutôt d'un point situé à peu près au milieu du noyau pour rayonner principalement de haut en bas dans la direction du centre de l'œuf? Nous avons entrepris quelques recherches nouvelles pour tâcher de donner une interprétation adéquate de ces phénomènes si curieux et si dissemblables dans des espèces animales aussi voisines, et nous avons découvert plusieurs stades nouveaux qui nous aideront, si non à en comprendre la cause ultime, du moins nous donneront des indications pré- cieuses. Ces stades sont représentés par les fig. 1, 2, 3, 4. Comme nous le savons déjà, quand la période de maturation com- mence, le noyau continue son mouvement ascensionnel jusque contre la membrane ovulaire, en déplaçant sur les côtés les enclaves, le protoplasme 39 320 Hector LEBRUN et le pigment, qui le séparaient de la surface. Il arrive parfois en contact immédiat avec la membrane de l'œuf, qui s'adapte à la fovea creusée dans la face supérieure du noyau ; mais c'est là un cas exceptionnel. La surface du pôle supérieur peut très bien se creuser d'une fovea, le noyau peut suivre ce mouvement et subir aussi une dépression, sans que pour cela la mem- brane nucléaire arrive en contact immédiat avec la membrane ovulaire. Cet état est réalisé dans les fig. 1, 2, 3. Ce qui frappe tout d'abord dans ces images, c'est la distribution du pigment ; dans la fig. 2, ce dernier entoure entièrement le noyau, mais il est surtout localisé en haut, contre la membrane ovulaire, et en bas autour d'une aire protoplasmique qui embrasse la portion médiane de la face inférieure du noyau. Il se continue aussi sur les côtés, mais en beaucoup moindre quantité. Il est de toute évidence que ce pigment provient de la région polaire de l'œuf et qu'il envahit le pourtour du noyau en le contournant, au fur et à mesure que ce dernier monte vers le pôle. Dans le centre du noyau de cet œuf, les nucléoles sont rassemblés ; ils sont encore bien distincts et, sauf la distribution et la présence du pigment à la base du noyau, aucun indice ne pourrait faire supposer que l'époque de la maturation est proche. Dans la fig. l, nous retrouvons les mêmes éléments, mais ici de grands changements se sont opérés. Le noyau n'a plus sa forme ovale, sa face supé- rieure s'est creusée d'une fossette et la membrane de l'œuf, qui pourtant est séparée du noj-au par une bande assez épaisse de cytoplasme, a suivi son mouvement et s'est déprimée de la même façon. Le pigment, très abondant, n'a plus la même disposition que dans la FIG. 2. Tandis qu'habituellement il s'amasse sur la couche tout à fait super- ficielle de l'œuf, il s'est rapproché de la membrane du noyau et la couche est plus dense vers le milieu de l'espace protoplasmique qui sépare la mem- brane du noyau de celle de l'œuf. De cet endroit, la traînée contourne la périphérie de la vésicule germinative et vient se terminer à la face infé- rieure autour d'une aire cytoplasmique rayonnante de haut en bas. Les rayons prennent naissance dans un espace lenticulaire réticulé et entiè- rement exempt d'enclaves vitellines, pour s'insinuer au milieu de ces dernières. Les nucléoles ont aussi subi des changements importants. Tout d'abord leur nombre a diminué et le volume de ceux qui sont présents a beaucoup augmenté. Nous savons par nos observations antérieures qu'à l'approche de LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 32 1 l'époque de la maturation, ils s'accolent les uns aux autres et se fusionnent en nucléoles plus gros; ces masses de fusion atteignent même parfois un volume considérable et des formes excessivement variées; nous en avons représenté une dans la fig. 7. Dans la fig. l, en dehors des nucléoles, il n'était pas possible de dis- cerner la moindre trace d'élément nucléinien, ni le moindre fragment de résolution nucléolaire. La position des nucléoles est des plus insolite : ils sont ver.us se blottir dans un des coins du noyau et, fait à noter, précisé- ment du côté où le pigment est le plus abondant. Ils sont de plus vacuoleux et la plupart commencent à s'agglutiner, La répartition du pigment est tout autre dans la fig. 3. Cette figure représente un fragment d'une coupe à travers le pôle supérieur d'un œuf porteur d'une fovea au même pôle; la coupe n'est pas perpendiculaire à l'axe, mais légèrement oblique, de telle façon qu'elle passe par la fovea et qu'elle a emporté la tranche de protoplasme ovulaire supérieure au fond de la cavité, sans atteindre le fond de la dépression. Le noyau est déprimé très fortement. Entre sa membrane et celle de l'œuf, une couche protoplasmique mince renferme une grande quantité de gra- nules pigmentaires distribués en une traînée dense dans le milieu de la zone protoplasmique, comme dans la fig. l. Mais sur tout le pourtour du noyau, sauf à la face supérieure, ces granules pigmentaires se sont éparpillés sur les mailles du réseau. Ce dernier a un aspect tout particulier, il rayonne vers le centre de l'œuf en prenant insertion sur la membrane nucléaire; on penserait à première vue que tout le noyau est comme le centre d'un im- mense aster. Le rayonnement toutefois ne s'étend pas à la face supérieure du noyau creusé en fossette. Les nucléoles sont en mouvement, ceux de taille moyenne s'agglutinent les uns aux autres en groupe de deux ou trois, voire même en chaînette de cinq ou six. Une grande quantité de petits granules chromatophiles sont éparpillés dans tout le caryoplasme et l'on voit aussi quelques gros nucléoles résultant de la fusion de plusieurs autres plus petits. On a déjà signalé à plusieurs reprises cette irradiation momentanée du protoplasme autour du noyau dans les cellules sexuelles, dans des œufs non encore fécondés (Flemming), dans les cellules chez lesquelles on n'a pas trouvé de centrosomes (Korschelt, Osterhout, Guignard), chez Liliuui martagon (Mottier), dans les cellules-mères du pollen et dans le sac embryonnaire. 322 Hector LEBRUN Les images que nous venons de décrire correspondent parfaitement à celles que ces auteurs ont données du phénomène. Comme chez les végé- taux, nous n'avons jamais pu déceler de centrosome dans les œufs de ba- traciens. Les phénom.ènes d'irradiation que nous avons observés peuvent donc être considérés comme une préparation à la période de maturation et aux cinèses polaires, qui correspondent aux cinèses polliniques. Il faut seulement noter des circonstances spéciales dans l'œuf de Rana : i° l'irra- diation commence à la base du noyau pour gagner peu à peu toutes les faces, sauf la partie supérieure; 3" cette irradiation suit un mouvement de déplacement du noyau vers la surface polaire de l'œuf, et l'envahissement des granules pigmentaires sur toute sa périphérie. Mais nous avons observé un phénomène plus complexe encore, que nous avons représenté dans la fig. 4. Bornons nous pour le moment à le décrire; nous verrons plus tard l'interprétation qu'il convient de lui donner, La figure irradiante que nous avons sous les yeux est d'une ampleur telle que nous n'en avons jamais rencontré de pareille, et nous ne croyons pas qu'on en ait signalé nulle part de plus grande, à part celles que nous avons décrites auparavant chez les tritons et chez Biifo. Elle diffère pour- tant des trois précédentes en ce que, dans les fig. l, 2, 3, le centre d'irra- diation était formé par le noyau entier, ou la base du noyau, sans que pour cela ce dernier participe à l'irradiation. Le caryoplasme dans ces figures est en effet granuleux et réticulé, mais les rayons ne l'influencent en aucuije manière. Dans la fig. 4, au contraire, le centre de la figure irradiante est une zone protoplasmique réticulée, qui se trouve dans le cytoplasme en dehors de la membrane nucléaire. De cette zone, les rayons se dirigent dans tous les sens, d'abord en bas vers le centre de l'œuf, comme dans la fig. l, mais aussi vers le haut et alors les rayons passent sur les côtés du noyau pour gagner presque la périphérie de l'œuf. De plus, le caryoplasme lui- même participe à l'irradiation. Nous voyons en effet, reproduite chez Rana, la belle figure de la ma- turation que nous avons décrite précédemment chez Biifo. A travers la membrane du noyau, l'influence du centre d'irradiation s'est fait sentir; de la face inférieure, les fibrilles du caryoplasme s'élèvent en ondulant vers la face supérieure, en parcourant ainsi toute la hauteur de la vésicule germi- native, et elles s'arrêtent contre la membrane de la face supérieure. Mais la force irradiante va plus loin encore; elle se manifeste même dans la bande cytoplasmique qui sépare le noyau de la membrane ovu- LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 323 laire; cette influence est donc encore sensible à travers toute l'épaisseur du no3'au. Il est vrai que le noyau de cet œuf est relativement petit, si on le compare à ceux de Biifo, dans les fig. 47 et 48, PI. VI. La répartition des grains de pigment est aussi bien caractéristique; au centre de l'irradiation, il n'en existe pas, et leur nombre augmente au fur et à mesure qu'on se rapproche de la périphérie de l'œuf. L'élément nucléinien y est représenté par cinq nucléoles, dont quatre, plus ou moins volumineux, sont sortis du noyau, le cinquième traverse la membrane pour sortir. Ainsi que nous le savons déjà par d'autres exemples observés chez le triton et chez Biifo, le noyau expulse, sous la forme de masses volumineuses, une grande partie des nucléoles ainsi fusionnés dans le cytoplasme, pour être y digérés rapidement. Nous en avons ici un nouvel exemple. A l'intérieur du noyau, l'élément nucléinien est représenté par une grande quantité de petits granules chromatophiles, qui se trouvent . situés sur les fibrilles du réticulum. Dans le cas qui nous occupe, l'expulsion de la nucléine hors du noyau dans le cytoplasme, alors que la membrane nucléaire est encore intacte, peut paraître insolite, car nous avons vu que, chez Rana, la membrane se résorbe toujours avant que les masses de fusion soient absorbées par l'œuf. Le cas présent est identique à celui que nous avons observé chez le triton et que nous avons représenté fig. 66, 7", ^ La Cellule-, t. XVI. On peut y voir aussi une masse résultant de la fusion des nucléoles ayant traversé la membrane du noyau pour aller se perdre dans le cytoplasme. Nous retrouvons dans la fig. 5 la marche normale du phénomène. Ici, la membrane nucléaire s'est résorbée sur tout son pourtour et les nucléoles sont fusionnés en masses volumineuses; toutes sont creusées de vacuoles qui étaient remplies d'un enchylème hyalin. Nous avons voulu montrer ici un bel exemple de la manière par laquelle les boules de nucléine, en s'accolant d'abord et se fusionnant par la suite, peuvent atteindre parfois un volume vraiment étonnant. Cette figure nous révèle aussi une autre particularité. Nous avons dé- crit comme habituel le rassemblement de tous les nucléoles et fragments de bâtonnets dans une aire privilégiée, où ils se transforment en chromosomes et où le premier fuseau polaire s'organise. Dans le cas présent, les bâtonnets nucléiniens sont situés au milieu des nucléoles dans le caryoplasme, sans qu'une aire spéciale se soit délimitée autour d'eux; l'ébauche du fuseau n'est pas encore apparue. 324 Hector LEBRUN § 2. Elaboration des éléments de la figure. Dans la grande majorité des cas, le nombre des chromosomes est fixé assez tôt dans la plage fusoriale par le nombre des nucléoles qu'elle ren- ferme; nous en avons donné plusieurs exemples, fig. 9. Ce mode différait notablement de ce que nous avions décrit chez les tritons, où nous avons vu les fragments nucléolaires destinés aux chromo- somes de la première figure se fusionner en une seule masse. Nous avons retrouvé quelque chose d'analogue chez Raua et nous l'avons représenté clans les fig. 6 et 8. Au milieu d'une aire caryoplasmique non encore en- vahie par les enclaves et par le pigment, fig. 6, on voit au milieu d'une plage fusoriale cinq gros nucléoles, puis autour de ce groupe une vingtaine de nucléoles plus petits, arrondis, non vacuoleux; aucun d'eux ne s'est en- core transformé en chromosome. L'aire protoplasmique, nettement limitée cette fois par une membrane, s'est beaucoup rapetissée encore dans la fig. 8; les nucléoles y sont aussi nombreux et ronds, non encore vacuolisés; de plus, une grosse masse de nucléine entre dans ce petit noyau, après en avoir traversé la membrane. Est-ce aux dépens de tout cela que la première figure polaire s'organisera? Non, une grande partie de caryoplasme sera encore absorbée par l'œuf; on peut suivre la progression de l'envahissement des enclaves vitellines sur la plage fusoriale dans la série des fig. 9, 12, PI. IX. Dans la fig. 9, le caryoplasme distribué autour de la plage fusoriale est encore nettement délimité par le pigment et une bande d'enclaves vitellines; dans la fig. 10, le pigment et les enclaves envahissent les derniers vestiges de la vésicule germinative; ils sont entourés d'une dizaine de boules résul- tant de la fusion des nucléoles. Dans la fig. 12 et les suivantes, tout le ca- ryoplasme réticulé a été envahi par les enclaves vitellines. Il faut pourtant distinguer deux modes bien différents. D'abord celui dans lequel les nucléoles contenus dans la plage fusoriale ne se fusionnent pas, c'est le cas de la fig. 9 ou 10 ; des nucléoles se sont transformés en chro- mosomes, après s'être séparés des autres, dans un espace bien limité où les mailles du réticulum se sont ordonnées et enroulées pour former la première ébauche du fuseau. Tout autour de ce fuseau rudimentaire, une grande quantité de nucléoles se sont accumulés. Dans cette préparation colorée à LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 325 l'hématoxyline de Delafield, ces nucléoles ont pris une teinte beaucoup plus pâle que les chromosomes contenus dans la plage fusoriale; nous les croyons voués à disparaître. La FiG. 12 nous montre d'autre part une ébauche du fuseau située au milieu des enclaves et du pigment. Les chromosomes ne sont pourtant pas aussi avancés dans leur évolution que dans la figure précédente; quatre d'entre eux ont encore une forme annulaire. Le second mode se distingue en ce que les nucléoles se fusionnent en une ou plusieurs masses volumineuses, d'où les chromosomes seront élabo- rés, c'est le cas des fig. 6, 8 et il. Dans les fig. 6 et il, les masses de fusion, au nombre de cinq ou six, se sont rassemblées au milieu de l'ébauche du fu- seau. En présence de ces masses résultant de la fusion des nucléoles, nous nous demandons s'il est possible de partager l'opinion de Montgomery, Mac CLUNGetautres, qui voudraient faire des chromosomes des entités conservant leur autonomie pendant toute la vie de la cellule. Si pareille hypothèse, car c'est jusqu'ici une pure hypothèse, peut se soutenir avec un semblant de raison dans la spermatogénèse, il n'en peut être de même dans l'ovogénèse. Nous avons fait ailleurs la critique de Ruckert, de Born, qui ont voulu retrouver au cours de la vie de l'œuf une permanence de l'élément nucléi- nien filamenteux et ont même décrit des figures de résolution nucléolaire pour des divisions longitudinales de chromosomes préparatoires aux cinèses polaires. Nous n'y reviendrons donc plus. Mais si nous examinons ces masses qui se trouvent déjà dans la plage fusoriale, cette autonomie des chro- mosomes ne peut être mise en question, car les masses des fig. 6, 8, il, ont une origine indubitablement nucléolaire et il nous est impossible, avec nos moyens actuels d'investigation, qui sont cependant supérieurs à ceux que Montgomery emploie, d'y retrouver des chromosomes agglutinés. Nous allons voir d'ailleurs, en étudiant la transformation des nucléoles, divers faits qui infirment singulièrement cette hypothèse. § 3. Première figure polaire. Elément nucléinien. Examinons maintenant comment l'élément nucléinien se transforme en chromosomes. Nous avons vu tantôt qu'il y a deux cas à considérer : 326 Hector LEBRUN celui dans lequel un nucléole devient un chromosome, et celui où tous les chromosomes dérivent d'une ou de plusieurs masses provenant de la fusion des nucléoles. Dans le premier cas, le nucléole peut évoluer en bâtonnet directement par simple allongement sur un des filaments du fuseau, fig. lOet 12 ; ou bien le nucléole se creuse d'une vacuole qui grandit au point de le transformer en un anneau, fig. 12; cet anneau se brise et il en résulte un U, qui garde cette forme jusqu'au moment où le fuseau se forme définitivement. Tous les chromosomes de la fig. 9 sont donc bien formés de cette manière. Dans le second cas, les blocs de fusion laissent échapper successivement de leur masse des fragments égaux qui s'étendent tout droit sur les fila-- ments du fuseau. On peut voir dans la fig. 13 les divers stades de ce phé- nomène : un gros bloc de nucléine a poussé une protubérance qui s'étire dans deux directions sur un filament du fuseau; sa partie médiane, encore ventrue, est restée attachée à la masse volumineuse par un petit pont de substance; elle n'est pas encore complètement allongée, mais elle ne tar- dera pas à s'étendre et à se régulariser, comme les quatres autres chromo- somes qui se trouvent déjà sur le fuseau. Voilà donc les chromosomes formés; voyons maintenant comment ils se comportent depuis leur naissance jusqu'au moment de leur expulsion avec le premier globule polaire. Prenons un seul bâtonnet comme type. Il est d'abord étendu sur le fuseau, droit et lisse; on en verra des exemples fig. 13, 14, 18, à des endroits variables, plus ou moins éloignés des pôles, ou rapprochés de l'équateur de la figure, où ils doivent tous venir se fixer. Cet état est de peu de durée, car on voit bientôt apparaître, au milieu de la face externe (qui ne regarde pas vers le fuseau), une protu- bérance ou un bouton, fig. 10, 14, qui augmente petit à petit de volume. Cette protubérance fait toujours saillie en dehors de la couche corticale du fuseau; elle n'est jamais dirigée vers l'intérieur. Au fur et à mesure qu'elle augmente, les deux moitiés du bâtonnet restées adhérentes au fuseau dimi- nuent de longueur. Il suffira de comparer les divers bâtonnets de la fig. 14 pour se convaincre de ce fait. Mais bientôt la protubérance, en grossissant, se divise en deux suivant un plan qui passe par le méridien du fuseau à l'endroit où le chromosome est fixé. Elle a d'abord le calibre du bâtonnet qui la porte (voir fig. 16, le bâtonnet supérieur); mais bientôt, en augmentant de volume, elle s'élargit et LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 32? dépasse latéralement des deux côtés à la fois la largeur de la portion du chromosome restée adhérente au fuseau. Les deux bâtonnets de la fig. 16, situés perpendiculairement en dessous de celui que nous venons de men- tionner, présentent cette particularité. C'est en s" élargissant toujours dans le plan équatorial de la figure que la protubérance se divise en deux suivant le plan axial; nous trouvons cette division réalisée depuis peu de temps sur trois chromosomes de la fig. 17. Alors, les chromosomes paraissent porter en leur milieu deux renflements latéraux. Nous avons déjà parlé plus haut du raccourcissement que subissent les deux parties verticales en dessous et au-dessus de la protubérance médiane; mais maintenant qu'elles sont deux à les absorber, la marche du raccour- cissement s'accélère et bientôt les branches horizontales sont égales aux verticales, ce qui donne au chromosome l'aspect d'une croix de St André, quand les branches horizontales sont suffisamment ouvertes, fig. 17. Mais le plus souvent, les branches horizontales sont rapprochées l'une de l'autre et la forme cruciale n'est plus aussi évidente, fig. 15. Quand on se trouve placé en face d'un chromosome pareil, les extrémités des deux ailes (branches horizontales) s'aperçoivent les premières ; puis, quand on abaisse lentement la vis du microscope, on les poursuit pour les voir aboutir à la tige qui est adhérente au fuseau. L'absorption de la tige par les ailes se poursuit, mais pendant un cer- tain temps, du moins chez Rana temporaria, ce n'est plus aux dépens de la longueur des branches verticales, mais plutôt aux dépens de leur épaisseur. Cette étape est bien indiquée dans la fig. 18; sur 3 chromosomes, les ailes se sont élargies et allongées, quoique la tige sur laquelle elles sont implan- tées ait conservé la même longueur; mais elle est beaucoup plus mince. Il suffira de comparer les croix des fig. 17 et 18, pour bien saisir le changement qui est survenu. Mais bientôt, au fur et à mesure que le contenu de la tige est attiré par les ailes, les branches verticales se raccourcissent et dispa- raissent : le chromosome en U de la couronne équatoriale typique est formé. Considérons maintenant l'ensemble des bâtonnets d'une même figure. Nous distinguons de suite deux variétés de figures : dans les unes, tous les chromosomes sont à peu de chose près au même degré de leur évolu- tion ; dans les autres, on observe une grande variété d'aspect. Les fig. 14 et 15 sont remarquables par leur régularité; les chromosomes y sont distri- bués à peu près au même endroit sur le pourtour du fuseau; ils atteindront 40 328 Hector LEBRUN presque en même temps leur situation définitive à l'équateur. Cela tient vraisemblablement à leur origine, et ils proviennent de nucléoles qui ont tous évolué en même temps vers la forme droite du chromosome. La fig. 9, par exemple, peut être considérée comme un stade antérieur de la fig. 14. Les FIG. 16, 17, 18, rentrent certainement dans l'autre catégorie; il n'y a peut-être pas, dans chacune de ces figures, deux chromosomes qui sont au même moment de leur évolution. Les uns sont courts et épais, non en- core étendus sur le fuseau ; les autres droits et lisses; d'autres ont une seule protubérance indivise; d'autres en ont deux qui sont ébauchées à peine; d'autres plus longues; d'autres sont en croix; d'autres enfin ont une forme d'oiselet. Cette diversité d'aspect nous porte naturellement à penser à une diver- sité dans le moment de leur formation. Les fig. 10, 12, 13, auraient certai- nement évolué de telle manière qu'elles auraient reproduit les fig. 16. 17, 18. Nous ne sommes pas parvenu à trouver chez Ratia une seule figure au stade de la couronne équatoriale typique, ni une seule qui aurait pu nous renseigner sur la dislocation de cette couronne. Nous ne pouvons présenter au lecteur que la fig. 19, qui représente le retour des bâtonnets vers les pôles de la figure après la dislocation de la couronne équatoriale. L'œuf qui a fourni cette figure a été extrait de la por- tion inférieure de l'oviducte. Le fuseau. Nous avons, dans un mémoire antérieur (i), précisé le moment de l'ap- parition du fuseau. Nous écrivions p. 249 : ^^ au début du mouvement des nucléoles, on voit apparaître au milieu du noyau une aire de caryoplasme dense, finement granulé, dont le réticulum est comme masqué par une sub- stance fortement réfringente. Cette aire se délimite progressivement par une membrane bien nette, qui englobe parfois un grand nombre de nucléoles non fusionnés et aussi une plage réticulée en forme de fuseau, surlestrabé- cules duquel on voit des filaments chromatiques ■'. Nous pouvons aujour- d'hui continuer notre description sur les fig. 6, 8, 9. Dans la vésicule germinative, en son milieu, la plage ainsi délimitée est bien réticulée, quoique cette structure soit parfois masquée par des albu- mines très réfringentes; il suffit pour s'en convaincre de lui faire subir une (i) J. B. Carnoy et H. Lebrun : La vésicule germinative et les globules polaires, etc. ; La Cellule, t. XVII, 2e fascicule. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 329 digestion de quelques heures pour y voir apparaître les mailles du réseau. Mais bientôt, les nucléoles ou les masses qui résultent de leur fusion s'en- tourent des filaments du réseau; on dirait des chenilles qui tissent un cocon. La plage, dont le réticulum s'oriente ainsi, est ronde ou bien ovalaire, et l'élé- ment nucléinien qui y est contenu subit certainement aussi l'influence de la force qui oriente le réticulum en lignes concentriques; car le sens de la courbure des chromosomes et des boules de fusion est le même que celui des mailles du réticulum, fig. 6, 9, il. La plage fusoriale, sphérique d'abord, fig. 6, 9, ne tarde pas à modifier sa forme : elle devient ovale, fig. il, 12, puis elle s'allonge encore plus et devient fusoriale. Pendant ce travail, les fibrilles du réseau se sont centrées, elles aboutissent aux deux pôles du fuseau, dont les extrémités sont encore bien arrondies. C'est un caractère presque général du fuseau des figures polaires des batraciens que les fibrilles n'aboutissent pas toutes à un même point, à un centre marqué par un corpuscule polaire. Le pôle est aplati ou arrondi et les fibrilles, en arrivant aux pôles, s'incurvent et paraissent pour la plupart revenir sur elles-mêmes et se continuer de l'autre côté du fuseau. On serait tenté de croire que tout le fuseau est formé par un seul filament continu. Une autre particularité, c'est l'absence complète d'asters au pôle de la figure; aucun rayon ne se dirige en dehors du pôle; tout au plus peut-on voir dans la fig, 14 quelques filaments émanant des pôles venir s'entrecroiser à l'équateur Il n'y a non plus ni sphères attractives, ni centrosomes ; les recherches les plus minutieuses nous ont toujours donné des résultats négatifs sur la présence de ces éléments. Mais le fuseau, après s'être effilé dans la fig. 10, se raccourcit peu à peu et redevient ovale d'abord, en se renflant légère- ment à l'équateur de la figure, puis presque sphérique; c'est alors que le plus souvent tous les chromosomes parvenus à l'équateur sont arrivés le plus près de la couronne équatoriale. Le fuseau se maintient dans cette forme presque sphérique jusqu'au moment de la dislocation de la couronne équatoriale; dans la fig. 19, qui nous représente le retour vers les pôles, il s'est allongé de nouveau, aplati sur les côtés et aux extrémités : on dirait un quadrilatère à angles arrondis. Quelques bâtonnets sont déjà arrivés aux pôles ; les deux de gauche viennent à peine de quitter l'équateur; une autre paire commence à glisser sur les filaments du fuseau, mais ils restent encore adhérents dans le plan 330 Hector LEBRUN équatorial; enfin, deux autres en forme d'U sont encore superposés l'un à l'autre à l'équatcur, sans avoir subi le moindre déplacement. B. Ovocyte de second ordre. Nous trouvons dans la fig. 20 une couronne polaire qui contient exac- tement dix bâtonnets, ce sont les bâtonnets restant dans l'œuf après l'expul- sion du premier globule polaire. La figure a été coupée en deux par le rasoir et sur l'autre coupe se trouve un globule polaire presque détaché de l'œuf. La FIG. 21 nous montre un globule polaire expulsé de l'œuf et encore contenu dans une petite capsule; les bâtonnets s'y sont fusionnés en plu- sieurs blocs. Ceux qui sont restés dans l'œuf se sont retirés assez loin de la membrane, et après leur retrait, les enclaves ont envahi l'endroit où la pre- mière figure s'était formée; ils sont exactement au nombre de dix. L'aire protoplasmique qui les contient commence à orienter son réseau pour la formation du second fuseau. Nous trouvons celui ci achevé dans la fig. 23; les chromosomes ont conservé leur forme d'U et sont éparpillés à différents niveaux sur le fuseau, tandis que, dans la fig. 22, ils sont déjà tous arrivés à l'équateur pour la formation de la seconde figure équatoriale. Nous croyons c]ue les fig. 21 à 23 sont des figures du second globule polaire pour les raisons suivantes : 1° Elles proviennent d'œufs qui ont été extraits de l'utérus, tandis que toutes les précédentes ont été trouvées soit dans le péritoine, soit dans la portion supérieure de l'oviducte. 2° Les chromosomes sont beaucoup plus petits. 3° Les figures sont situées au fond d'une petite dépression qui s'est formée lors de l'expulsion du premier globule polaire. Celui-ci ne se trouve plus dans la cupule, il est vrai; il en aura vraisemblablement été arraché pendant les manipulations c^ui ont été nécessaires pour extraire les œufs de leur coque de mucine. 4° Enfin, notons pour terminer que les œufs trouvés dans le péritoine et dans la portion supérieure de l'oviducte contenaient presque tous, au pôle supérieur, des boules parfois volumineuses encore provenant de la fu- sion des nucléoles contenus dans le noyau au moment de la disparition de la membrane nucléaire et qui n'ont pas encore été résorbées par l'œuf; on en verra encore dans les fig. 10, 12, 15, 17. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 331 Dans les œufs qui sont arrivés dans l'utérus, au contraire, nous n'avons plus jamais rencontré ces boules; elles ont toutes été digérées par l'œuf. Ceci indique d'une manière précise la rapidité avec laquelle cette dissolu- tion se produit, car on se rappellera sans doute que le passage des œufs à travers l'oviducte dure à peine une heure. CHAPITRE II. BUFO VULGARIS Ovocyte de premier ordre. § I. Phénomènes préparatoires aux cinèses. Nous avons donné dans notre mémoire précédent la suite des phénomè- nes qui accompagnent la disparition de la vésicule germinative, et reproduit quelques figures polaires identiques, quant à la forme des chromosomes, à celles que nous avions observées et décrites tant de fois chez les tritons. Il restait cependant une lacune à combler. Nous savions qu'un nombre fixe de nucléoles échappait à la destruction générale pour donner les chromosomes de la première figure polaire. Nous nous étions cru autorisé à tirer cette conclusion en examinant les fig. 47 a 53, Pl. VI. Nous n'avions pourtant pas encore assisté à la formation du premier fuseau, les quelques préparations que nous avions de ce stade nous avaient paru insuffisantes pour conclure à l'identité du processus observé chez Biifo avec celui décrit chez Rana teinporaria. A la suite de nouvelles recherches, nous sommes à même aujourd'hui de combler cette lacune et de confirmer entièrement la description succincte que nous avions ébauchée l'année dernière. Reprenons donc notre description à la suite des fig. 53 et 54 de la Pl. VII. Dans ces figures, nous trouvons la figure irradiante en corbeille amenée au pôle supérieur par des fibrilles du réticulum fortement étirées ou ondulantes; les enclaves vitellines sont encore loin d'avoir envahi toute la figure jusqu'à l'endroit où la plage fusoriale se dessinera. Les nucléoles sont éparpillés sur les mailles du réseau loin de leur siège définitif. Au stade suivant, représenté dans la fig. 24, Pl. X, les enclaves, en s'avançant de plus en plus vers le centre d'irradiation, ont restreint la figure et masqué presque complètement les rayons. On peut encore les suivre 332 Hector LEBRUN assez loin entre les enclaves, au milieu desquelles ils vont se perdre dans le cytoplasme environnant. La plage fusoriale est presque formée, une ligne de démarcation très nette la sépare du cytoplasme à sa face inférieure. Cette ligne en forme d'arc représente la portion de la membrane nucléaire limitant la zone lenticulaire, d'où toutes les irradiations de la figure en corbeille sor- taient pour se répandre dans le cytoplasme. Le pigment s'est accumulé en grande abondance sur les côtés de la figure. Mais, comm.e la coupe représentée dans les fig. 24 et 25 est axiale, on doit dire que le pigment forme un véritable anneau autour de la plage fusoriale. Sous la ligne arquée, une aire protoplasmique, renfermant un réticulum très net, reste vide d'enclaves et de pigment; c'est à cet endroit' que nous avons vu chez Bufo se former des protubérances et la figure claviforme de Van Bambeke. C'est donc par là que se sont déversés dans le cytoplasme les produits de résolution nucléolaire en excès dans le noyau, Pl. VII, FIG. 43, 44 et 46. Les nucléoles, éparpillés auparavant, sont maintenant arrivés à desti- nation ; ils ont continué leur progression vers la plage fusoriale et sont rassemblés en son milieu. Ils sont de volume variable, la plupart sont vacuo- lisés ou en anneau, La structure de la plage fusoriale est identique à celle que nous avons dé- crite et figurée à la base des noyaux en corbeille. On y aperçoit une infinité de petits granules pâles, plongés dans une masse très réfringente, qui en masque entièrement la structure réticulée. Nous retrouvons les mêmes éléments dans la fig. 25, avec de légères modifications pourtant. Les enclaves ont envahi un peu plus encore la figure irradiante, elles sont plus nombreuses et masquent entièrement les rayons fibrillaires. C'est plutôt par l'orientation même des plaques vitellines qu'on soupçonne encore la radiation du cytoplasme; elles sont ovales et toutes sont orientées de manière à ce que leur grand diamètre soit dirigé dans la direction des radiations. Elles délimitent maintenant de tous côtés la plage fusoriale qui, sur une coupe axiale, apparait comme un haricot dont le hile regarderait vers le centre de l'œuf. Le pigment amassé sur le pourtour de la plage fusoriale envahit petit à petit les faces supérieure et inférieure et court le long de la ligne arquée. Sous cette dernière, la zone protoplasmique a aussi perdu de sa superficie, car les enclaves vitellines se rapprochent et l'envahissent. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 333 Sur une coupe perpendiculaire à l'axe, passant par un parallèle voisin du pôle supérieur de l'œuf et au travers de la plage fusoriale, cette dernière apparaît comme un ovale presque parfait, tel qu'il est figuré fig. 23 et 27. La FIG. 26, prise à un grossissement de 650 diam., nous renseigne sur la forme des nucléoles et la constitution du protoplasme. Ceux-là sont arrondis et homogènes, fig. 26 ; puis, on les voit s'allonger et émettre aux extrémités de leur grand diamètre deux protubérances, qui déterminent le sens de la direction qu'ils prendront en s'allongeant. Comme dans les deux figures précédentes, la structure réticulée du protoplasme est masquée par une substance hyaline très réfringente. La FIG. 27, prise avec un grossissement plus faible, nous donne une vue générale de la figure irradiante qui encadre la plage fusoriale. Au centre d'une coupe perpendiculaire à l'axe de l'œuf, on aperçoit la plage fuso- riale contenant les futurs chromosomes. Sur tout le pourtour, les rayons partent vers la périphérie de l'œuf : on se croirait devant un énorme centro- some entouré d'un immense aster. Le pigment est surtout abondant à la limite extrême de l'aster et sur le pourtour de la plage fusoriale. § 2. Elaboration des éléments de la figure. Formation du fuseau. Mais bientôt la substance hyaline et réfringente, qui masquait la struc- ture réticulée de la plage fusoriale, est modifiée aussi, car on aperçoit dans son intérieur les fibrilles puissantes et longues qui en réunissent les extré- mités. De circulaire qu'elle était, elle devient ovale, très allongée, en s'étirant vers deux centres d'irradiation où un grand nombre de grains de pigment se sont amassés, fig. 28. C'est la première ébauche du fuseau de la première figure polaire. La genèse du fuseau dans la plage fusoriale présente plusieurs moda- lités que nous allons décrire avec quelques détails. On peut en distinguer deux principales. Suivant la première, la plage fusoriale entière participe à sa formation, et les deux pôles du fuseau sont déterminés par les deux extrémités de la plage fusoriale devenue ellipsoïdale. Les fibrilles du réseau courent d'une extrémité à l'autre, mais leurs extrémités ne vont pas aboutir à un point 334 Hector LEBRUN unique qui serait le pôle du fuseau. Les fuseaux ne sont pas encore centrés. Arrivées à l'une de ces extrémités, ces fibrilles se recourbent et contour- nent le pôle de la figure sans s'y arrêter pour revenir sur leur face opposée vers leur point de départ. Dans cet état, la figure n'est pas, à proprement parler, un fuseau, mais elle ressemble plutôt à un écheveau de laine. C'est le cas des figures 28, 32 et 34. Elles sont beaucoup plus grandes que ne le sera le fuseau arrivé à son état définitif; elles subissent en effet une diminution progressive. Elles sont en continuité avec le réseau protoplasmique sur tout leur pourtour; les rayons de la grande figure irradiante, que nous avons montrés dans leur plein épanouissement dans la fig. 27, subsistent encore dans les fig. 28, 29- et £0. Ils étaient les fibrilles de la figure, sur lesquelles ils viennent s'insérer ouaveclesquelles ils sont en continuité pour les entraîner dans le cytoplasme environnant. Ces rapports sont surtout évidents dans la fig. 30, qui est déjà d'un volume beaucoup moindre que la fig. 28. La diminution est plus sensible encore dans la fig. 34. Dans cette dernière, la force d'irradiation qui avait son siège dans la plage fusoriale semble épuisée; il en reste quelques vestiges à la face supé- rieure, où quelques fibrilles se continuent encore avec les mailles du réseau. Sur les autres faces, le caryoplasme est revenu à son état normal, et les granules pigmentaires, qui en avaient été tenus éloignés par la force irra- diante, se sont rapprochés jusqu'à délimiter entièrement, par leur alignement régulier, tous les contours du fuseau, qui est presque achevé. Dans cette dernière figure, on ne voit aucune trace d'aster. Il n'en est pas toujours ainsi. Dans la fig. 31, dont le fuseau est ache- vé, on aperçoit deux asters puissants qui envoient leurs rayons de tous côtés, sauf toutefois vers la face inférieure de la plage fusoriale. Mais le fuseau peut n'employer qu'une partie seulement de la plage fusoriale pour se constituer; c'est le cas des fig. 29, 32, 33. Il apparaît alors avec sa forme définitive de fuseau typique. Dans la fig. 29, la portion inférieure seule de la plage fusoriale a été employée ; l'autre portion est restée pour moitié du caryoplasme sans orientation, tandis que l'autre partie, qui la surplombe comme une voûte, rayonne très élégamment vers le pôle supérieur de l'œuf. Tout autre est l'aspect de la fig. 33. Ici, la plage fusoriale a pris la forme d'un quadrilatère à angles arron- dis; en son intérieur, les fibrilles du réticulum courent très nettes sur tout LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 33:> son pourtour. On dirait presqu'un seul filament contourné, dont les circuits sont d'autant plus courts qu'ils se rapprochent du centre. C'est à 1 intérieur de cette plage que le fuseau apparaît avec sa forme typique, effilé à ses deux extrémités et parfaitemeut centré aux pôles. Tandis que la plage fusoriale avait son côté le plus grand dirigé sui- vant la circonférence de l'œuf, le fuseau, lui, a pris une direction oblique, formant presqu'un angle droit avec la direction des fibrilles de la plage fusoriale et se plaçant d'emblée sur la ligne d'un rayon de la sphère ovu- laire. Ce sera sa direction définitive pour la première figure polaire. On remarquera aux pôles de la fig. 29 une accumulation de granules pig- mentaires. Le fuseau de la fig. 32 mérite une mention spéciale. Il s'est développé à une des extrémités de la plage fusoriale, ainsi qu'en témoigne la ligne de rayons de la grande figure irradiante, qui subsistent encore et qu'on aper- çoit à gauche de la figure coiffant en quelque sorte un des pôles du fuseau. Il est très large; c'est bien cependant un fuseau en évolution, car les fibrilles commencent à se masser aux pôles; elles ne les contournent plus comme dans les fig. 28, 34; elles aboutissent toutes à un endroit bien déterminé. L'ensemble a la forme d'un biscuit, et il paraît devoir s'étran- gler en son milieu, car on y remarque deux dépressions assez marquées. Tous les fuseaux ébauchés que nous avons décrits jusqu'ici étaient encore dirigés suivant la circonférence de l'œuf; mais bientôt ils subissent une rotation de 90 degrés et ils prennent leur orientation définitive suivant le rayon de la sphère ovulaire, c'est-à-dire perpendiculaire à la surface. Nous en avons représenté plusieurs en train de faire cette version ; ce sont ceux des fig. 35, Pl. X, et 38, Pl. XI. Ces deux fuseaux sont presque complets et définitifs; le premier a encore la forme de la plage fusoriale dont il dérive, c'est-à-dire qu'il est concavo-convexe; le côté con- vexe ou supérieur s'abaisse, tandis que le côté concave, d'horizontal qu'il était, se redresse pour se rapprocher de la ligne radiale. Cette concavité ne tarde pas à disparaître, car les fibrilles se distendent et donnent bientôt la forme typique au fuseau en s'élargissant à l'équateur. Il arrive même que le fuseau a sa forme définitive avant de prendre sa situation radiale; c'est le cas de la fig. 38. Ainsi que nous venons de le voir, tous ces asters et ces fuseaux seraient donc du caryoplasme, mais d'un endroit privilégié qui se trouve à la base du noyau. Ce n'est pas la première fois que pareille constatation est faite; 41 336 Hector LEBRUN nous en avons donné plusieurs exemples chez les tritons. Gathy a signalé le même fait chez la Clepsine complanata. Asters. Centrosomcs. Les asters, eux aussi, se forme'nt aux dépens du caryoplasme, mais ils n'ont ni l'étendue, ni la force, ni la beauté de ceux que nous avons décrits et figurés chez les tritons. Ils sont fréquents, mais nous avons mentionné plusieurs cas de fuseaux typiques dans lesquels les pôles étaient exempts de toute irradiation. Quand ils existent, c'est au moment de l'élaboration du fuseau qu'ils sont le plus marqués, et encore ils n'atteignent jamais l'am- pleur de ceux des tritons. Jamais, par exemple, nous n'avons observé l'entrecroisement des rayons à l'équateur de la figure; ils atteignent tout au plus le quart de la hauteur du fuseau dans les fig. 31, 35, 38. Arrivés dans leur position définitive, ces fuseaux ne présentent plus que quelques rayons se dirigeant vers l'extérieur de la figure, et si petits et si grêles, qu'il ne vaut guère la peine de les mentionner, fig. 40. Ils ne tardent du reste pas à s'effacer complètement; et alors le fuseau est définitif. Quand ils existent, ils ne sont, en somme, que les derniers rayons de la grande figure irradiante qui a accompagné la disparition de la vésicule germina- tive et, comme elle, ils s'effacent rapidement. Nous n'avons jamais pu déceler trace de sphère attractive ni de centrosomes dans les cinèses sexuelles des batraciens. Élaboration des chromosomes. Chez les tritons et chez Raua, nous avons dû nous étendre longuement à décrire l'élaboration des chromosomes aux dépens des produits de la réso- lution des nucléoles et des masses nucléinicnncs résultant de la fusion de ces derniers, qui s'étaient amassés dans la plage fusoriale. On a aisément compris la raison d'être de tous les phénomènes curieux et nouveaux qui accompagnent la formation des chromosomes chez ces es- pèces, si l'on s'est rappelé l'état de la vésicule germinative au moment où la membrane nucléaire disparaît pour préparer les phénomènes de la matura- tion de l'œuf. Chez Rana, le nombre des nucléoles au moment de la résorption de la membrane est à peine diminué. Quand cette diminution existe, elle ne s'est pas opérée aux dépens de la masse totale de nucléine présente à cet LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 337 instant dans le noyau. Si le nombre des nucléoles est inférieur à celui qu'on observe normalement dans les œufs adultes, c'est que le volume de ceux qui subsistent encore s'est accru par la fusion des plus petits en masses volumineuses. Chez Rana, le noyau se débarrasse de l'excès de nu- cléine qu'il renferme d'une manière purement mécanique. Le cytoplasme reçoit cet excès en bloc, et le digère rapidement en absorbant les grosses boules qui tombent au milieu des enclaves vitellines. Une grande quantité de ces masses de fusion, de tout volume, subsistent encore assez de temps autour de la plage fusoriale pour être parfois absorbées par elle, et c'est à leurs dépens que les chromosomes s'élaborent en nombre suffisant pour la première figure polaire. Chez les tritons, nous avons aussi exceptionnellement observé la fusion des nucléoles en grosses masses au moment de la disparition de la mem- brane nucléaire, fig. 72 et 73, Pl. X; nous avons même représenté un cas d'expulsion d'une de ces masses au travers de la membrane nucléaire, FIG. 66, Pl. IX. Ces cas sont rares chez les tritons. Habituellement, la membrane nu- cléaire se résorbe à la fin d'une résolution nucléolaire, et une bonne portion des produits de la résolution s'est alors déjà dissoute dans l'enchylème ; aussi on observe déjà une notable diminution de la masse de nucléine, quand la résorption de la membrane se produit. Mais il reste encore, à ce moment, une quantité de nucléine beaucoup trop grande, sous forme de blocs, bâtonnets, granules, pour être employée à l'élaboration des chromosomes; aussi est-elle absorbée par l'œuf avec le caryoplasme au moment même de la résorption de la membrane nucléaire. La plage fusoriale en retient encore cependant une grande quantité sous forme de blocs, granules, bâtonnets. Ces fragments sont si nombreux et trop petits pour que chacun d'eux évolue en chromosomes; il y aurait un excédent numérique considérable, qui nécessite le plus souvent une fusion de ces frag- ments en une masse unique, qui se divise par la suite en 12 chromosomes. Chez Biifo, tous ces phénomènes préparatoires sont inutiles, et pour cause. Quand la membrane nucléaire se résorbe, il n'existe plus dans le noyau qu'un nombre bien déterminé de nucléoles. Ces derniers sont les seuls sur- vivants de la dernière résolution nucléolaire. Tous leurs autres congénères se sont résolus en granules, qui se sont dissous dans l'enchylème nucléaire, et ils n'ont plus été comme aupai'avant la souche d'une génération nouvelle. 338 Hector LEBRUN Aussi, quand arrive le moment de la disparition de la membrane, le noyau est énorme, et son enchylème extraordinairement abondant distend les mailles du réticulum et remplit le caryoplasme de vacuoles nombreuses, qui contiennent les produits liquides de la résolution nucléolaire. Tous ces produits liquides traversent la membrane par osmose et sont parfois aussi expulsés au travers de celle-ci sous la forme de masses granu- leuses. C'est pourquoi ces phénomènes préparatoires à la première cinèse polaire se déroulent avec rapidité et sont si difficiles à saisir. L'élaboration des chromosomes se résume uniquement dans la transformation des nu- cléoles en bâtonnets. Ceux-ci, pendant la disparition de la vésicule germinative, sont ronds^ vacuoleux ou en anneaux. Presque tous ces anneaux sont produits par le développement progressif d'une vacuole centrale. Mais par la suite, en grandissant, cette vacuole brise l'anneau et le nucléole est ainsi transformé en un bâtonnet qui s'étend tout droit sur un filament du réseau; ou bien l'anneau, de circulaire qu'il était, s'aplatit, devient ovalaire et les moitiés opposées s'accolent au point de former un bâtonnet d'apparence compacte et indivise. Ce n'est que plus tard que la cavité de l'anneau réapparaît. Le plus souvent, les chromosomes restent sphériques ou ellipso'ïdaux, même quand ils sont déjà sur le fuseau. Pour se transformer en bâtonnets, ils s'étendent progressivement sur les filaments. On voit alors apparaître aux extrémités de leur plus grand diamètre deux petites protubérances arrondies qui se fixent sur un filament du fuseau et orientent ainsi les nucléoles de telle façon que leur plus grand diamètre corresponde à celui du fuseau. Au fur et à mesure qu'elles s'allongent, ces deux protubérances forment ainsi une espèce de tige adhérente au filament, qui porte sur son côté la partie encore ronde des nucléoles, fig. 34, 35, 36. Dans cet état, le chromosome ressemble assez bien à un limaçon en marche et porteur de sa coquille, fig. 21, 35, PI. X. Dans cette figure, on a presque tous les stades de l'évolution représentés dans les positions les plus diverses : de face, de dos et latéralement. C'est le mode le plus fré- quent d'extension des nucléoles sur le fuseau pour aboutir à former un bâtonnet droit. On trouve cet état complètement réalisé dans les fig. 31, Pl. X, et 38, Pl. XL Mais cette transformation présente un grand nombre de variantes en rapport avec la forme des nucléoles, suivant qu'ils sont en anneaux ou en blocs quadrangulaires ou ellipsoïdaux. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 339 Toutes les transformations que nous venons de décrire s'accomplissent sur des nucléoles, alors que la plage fusoriale se métamorphose en fuseau. Ils ont encore alors un aspect qui les laisse facilement reconnaître comme des nucléoles en voie d'évolution vers la forme de chromosome ou de bâ- tonnet droit. Nous en avons représenté dans deux figures, Pl. X, fig. 31, et Pl. XI, FIG. 38. A partir de ce moment seulement, nous les considérons comme des chromosomes définitifs, qui vont évoluer vers la couronne équatoriale de la première figure polaire. Toutes les autres figures de la Pl, X ne renferment que des stades de transition entre le nucléole et le chromosome. Pourquoi, se dira-ton, cette distinction superflue, puisque chaque nucléole doit devenir un chromosome? Essentiellement elle est inutile, certes; mais dans notre esprit, elle sert à marquer une étape, un point de repère, dans la marche des phénomènes et dans la sériation des figures. De cette manière, nous pouvons distinguer les étapes suivantes : Tout d'abord une période d'élaboration du fuseau dans la plage fuso- riale, et en même temps le commencement des transformations nucléo- laires, fig. 24 à 34. Pendant ce temps, la figure est encore éloignée de la surface de l'œuf, et elle est encore entourée d'une portion notable de caryoplasme, que les enclaves vitellines n'ont pas encore envahie. Puis survient le centrage des pôles de la figure, leur orientation suivant le rayon de l'œuf co'incidant avec les transformations des nucléoles en chro- mosomes droits. Enfin, l'ascension de la figure contre la membrane de l'œuf. Pendant ce trajet s'opèrent la disparition des asters, l'envahissement continu des enclaves vitellines, et les modifications des chromosomes droits pour la formation de la couronne équatoriale. A partir de ce moment, on peut considérer les modifications qui sur- viendront dans les chromosomes comme immédiatement préparatoires à la division des chromosomes en deux parties égales. C'est ce que nous allons voir dans le chapitre suivant. 340 Hector LEBRUN § 3. Première figure polaire. Dans le paragraphe précédent, nous avons suivi les transformations de la plage fusoriale en fuseau et celles des nucléoles en chromosomes; nous sommes renseigné sur la genèse et la valeur de ces éléments; voyons maintenant comment ils se comportent dans les deux cinèses sexuelles. Nous avons vu dans la fig. 38 un fuseau typique avec asters et chro- mosomes. Nous savons aussi par ce qui précède que le fuseau change bien- tôt son orientation; celui qui nous occupe actuellement est déjà légèrement incliné et subit la rotation de go degrés qui le portera dans le rayon de la sphère ovulaire. Les chromosomes sont droits ou légèrement onduleux, appliqués de toute leur longueur sur les filaments du fuseau; les asters sont nettement dessinés et assez puissants. Dans le stade consécutif, quelles transformations observons nous? Tout d'abord, le mouvement ébauché dans la fig. 38 est réalisé dans la FIG. 39; le fuseau est radial, les asters ont disparu, et les chromosomes ne sont plus droits. Dans la fig. 38, ils sont éparpillés sur tout le fuseau : trois d'entre eux se rapprochent de l'équateur, les autres en sont encore éloignés et plus ou moins voisins des pôles par une de leurs extrémités. Dans la fig. 39, ils se sont tous placés sur le fuseau à peu près à la même hauteur; leurs extrémités sont à égale distance des pôles de la figure, et en leur milieu, c'est-à-dire à un endroit qui correspond à peu près à l'équateur, une protubérance fait saillie sur la face externe, tandis que la face interne (celle qui est tournée vers l'intérieur du fuseau) reste droite. Mais bientôt cette protubérance en forme de bouton se divise en deux portions suivant un plan axial. Nous voyons cet état réalisé dans la fig. 40, le chromosome situé à gauche et en bas porte en effet deux boutons noirs sur les côtés de la tige. Le chromosome supérieur de la fig. 41 est dans le même état, on en trouvera deux encore dans la fig. 45. Ces points sont le commencement de ce que nous avons appelé les ailes des oiselets chez les tritons. En effet, ils ne tardent pas à augmenter et à se diriger lentement en dehors du fuseau, suivant un plan parallèle à l'équateur de la figure. Quand les bâtonnets sont alors vus de face, ils ont l'aspect de croix à branches inégales. Au début, les branches verticales sont les plus grandes, LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 341 les branches horizontales plus courtes ne s'étalent pas pour se placer tangen- tiellement à la surface du fuseau; elles restent plus ou moins rapprochées l'une de l'autre en formant, avec le plan superficiel du fuseau, un angle d'environ 45 degrés. Mais il arrive un moment où les quatre branches de la croix sont égales ; les verticales se sont raccourcies et les horizontales se sont allongées d'autant. Nous trouvons cet état réalisé d'une manière presque typique dans la FiG. 42, où tous les chromosomes ont la forme d'oiselets avec des ailes plus ou moins écartées, mais toutes sensiblement égales. Les ailes de la croix continuent encore à s'accroître aux dépens des branches verticales, qui dimi- nuent de plus en plus au point qu'il ne reste plus qu'un petit bouton au- dessus et en dessous des deux branches horizontales; on peut voir deux beaux exemples de ce stade dans la fig. 45. Sur une coupe qui permettrait de voir ces bâtonnets de haut ou bien de l'un des pôles de la figure, ils apparaîtraient comme des U à concavité tour- née vers l'extérieur du fuseau. Nous avons figuré plusieurs exemples de couronne équatoriale complètement achevée chez les tritons, PI. XII, FIG. 103, 118. Les bâtonnets qui ont cette forme sont en effet toujours situés à l'équateur. Jamais, nous n'en avons rencontré qu'à cet endroit; aussi considérons- nous cette forme comme typique de l'état du chromosome au stade d'une couronne équatoriale parfaite. Tous les mouvements des diverses parties du chromosome que nous venons de décrire sont préparatoires à la forme en U, qui en est l'abou- tissant. Jusqu'ici, nous n'avons parlé que d'un chromosome et, pour la clarté de la description, nous avons supposé que tous subissaient les diverses modifications en même temps. Le fait d'une pareille régularité d'évolution ne serait d'ailleurs pas de nature à nous étonner, c'est le cas le plus fréquent de toutes les cinèses précédées d'un stade peloton, dans lesquelles la répartition de la nucléine en segments égaux se produit lors de l'individualisation des chromosomes. Chez les tritons, elle est très fréquente; aussi on peut dire que la majorité des chromosomes évoluent en même temps ou presqu'en même temps. Chez Biifo, nous pouvons considérer les fig. 38, 39 et 47 comme ty- piques ; mais il n'en est pas toujours ainsi. Chez Bitfo et chez Rana, on 342 Hector LEBRUN peut dire, au contraire, que ces cas de régularité parfaite sont les moins fré- quents, et cela est bien compréhensible. Il suffira de jeter un coup d'œil sur les fig. 24 à 42, pour voir que les nucléoles y sont extrêmement variés d'aspect et de volume ; on en verra de ronds, d'ovales, d'annulaires; à certains moments, ils sont parfois très éloignés les uns des autres dans les divers stades de leur évolution. On trouverait difficilement un plus bel exemple de cette diversité que celui de la FIG. 45; on y voit, en effet, un bâtonnet droit, un autre bâtonnet droit avec une seule protubérance en son milieu; deux présentent le dédouble- ment axial de la protubérance; deux autres, enfin, situés à l'équateur, sont presque arrivés à la forme définitive des U de la couronne équatoriale.- Cette variété se manifeste parfois beaucoup plus tôt. Dans la fig. 33, par exemple, il n'y a pas deux bâtonnets semblables; deux sont déjà droits et étendus sur les fibrilles du réticulum, l'un porte une protubérance, deux autres sont arrondis et commencent à s'étendre sur les filaments de la plage fusoriale; ils ont déjà chacun une branche comme un pseudopode dans la direction du fuseau où ils iront aboutir. Leur diversité d'aspect et de vo- lume retentit tout naturellement sur la rapidité de leur évolution. Mentionnons le cas du chromosome qui se trouve à l'équateur du fu- seau de la fig. 31, Pl.X. Il a déjà la forme presque typique d'un U destiné à la couronne équatoriale; les deux ailes sont volumineuses, les branches de la tige sont minces et ne tarderont pas à être résorbées par les deux moitiés de l'U. Il est déjà arrivé à sa place définitive, c'est-à-dire à l'équateur de la figure, tandis que les autres bâtonnets sont droits. Le fuseau est encore parallèle à la circonférence, les asters sont encore puissants ; il a donc de- vancé tous les autres éléments de la figure dans leur évolution. C'est en somme la répétition exacte de ce que nous avons observé et décrit précédemment chez Rana temporaria. Jamais, chez Biifo et chez Rana, nous ne sommes parvenu à trouver une couronne équatoriale typique, ni à observer la dislocation de cette cou- ronne. Nos recherches sur ces animaux sont insuffisantes. Chez Biifo, nous devions nous fier au hasard clans cette recherche, car tous les phénomènes de la première figure polaire s'accomplissent dans l'ovaire. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 343 CHAPITRE III. TRITON ALPESTRIS. § I. Dislocation de la couronne équatoriale. Nous avions conservé des doutes sur l'interprétation que nous avions été forcés de donner de la dislocation de la couronne chez les tritons. Nos préparations si nombreuses ne comportaient pas d'autre explication plus rigoureuse. Nous avions observé sur une seule couronne équatoriale que les deux branches des U étaient disjointes; nous pouvions donc conclure à une divi- sion longitudinale axiale des chromosomes. Nous prierons le lecteur de reprendre un instant avec nous les figures que nous en avons données chez les tritons, PI. XII, fig. 103. Nous y avons représenté une couronne équatoriale vue d'un des pôles de fuseau, elle est constituée par i i bâtonnets en U et 2 bâtonnets droits de moitié plus courts. Nous pouvions expliquer la présence de ces deux moitiés de deux manières : ou bien par une division axiale brisant le chromosome en deux au point de courbure du V ; ou bien nous pouvions supposer que le rasoir, en traversant la figure, avait opéré cette division d'une manière mécanique; et alors, dans ce dernier cas, nous aurions dû retrouver le fragment ainsi détaché dans le coupe précédente ou dans la coupe suivante. Or, après des recherches minutieuses, nous ne retrouvâmes rien. La première solution s'imposait donc, quoiqu'elle n'eut aucunement nos sympa- thies, mais le fait brutal était là. Il nous aurait sans doute été plus commode d'admettre une division longitudinale à l'équateur; nous avons représenté, dans les fig. 98 et 99a, des chromosomes où elle est manifestement indi- quée, mais jamais nous n'avions observé de chromosomes où elle fut achevée d'une manière indubitable. C'est aussi une des raisons pour laquelle nous nous étions arrêtés à la première interprétation, malgré la répugnance que nous avions à l'admettre. Cette répugnance s'accroissait encore par la nécessité où nous nous trouvions d'admettre une série de mouvements des chromosomes ainsi divisés pour reformer la couronne équatoriale avec 24 bâtonnets superposés à l'équateur de la figure représentée fig. 107,^4 . C'est pourquoi, n'ayant pu lever nos doutes en étudiant les anoures, 42 34.4 Hector LEBRUN nous en sommes revenu aux tritons, chez lesquels nous connaissions l'endroit de l'oviducte à peu piès exact où la dislocation de la couronne équatoriale se produit. Nous avons fait de nouvelles recherches sur les œufs que nous trouvons dans la portion supérieure de l'oviducte, et nous avons été bien récompensé de nos peines. Nous avons enfin trouvé ce que nous avions cherché en vain pendant si longtemps, c'est à-dire des couronnes équato- riales dont les chromosomes présentent tous les stades de la division longi- tudinale à l'équateur. Nous en avons représenté trois, ce sont les fig. 43, 44 et 46 de la PI. XI : deux sont vues de face, la dernière qui avait été coupée obliquement par le rasoir ne contient pas le nombre total des bâtonnets de la figure. Nous ne les avons pas représentés dans notre dessin, pas plus que ceux des deux autres figures qui se trouvaient sur des coupes précédentes ou suivantes. Les chromosomes qu'elle contiennent suffiront amplement à nous faire comprendre. Ces trois figures nous ont été fournies par Triton alpestris. Dans la fig. 43, la couronne équatoriale typique n'est pas encore ache- vée, un des chromosomes est presque arrivé au moment où les branches verticales seront entièrement absorbées par les ailes, qui se sont fortement élargies et allongées. Son voisin de gauche est un peu plus avancé, la branche verticale est presque entièrement abaissée et de plus le chromosome pré- sente un sillon courant sur toute sa longueur, ce qui est l'indice certain d'une division longitudinale prochaine. Le chromosome du milieu présente encore deux branches verticales, volumineuses, mais déjà notablement rac- courcies. Il est vu de face, tandis que les deux autres de gauche sont aperçus de coté. Les deux ailes peu écartées l'une de l'autre regardent donc l'obser- vateur par leurs extrémités, elles ne sont plus simples, mais dédoublées; et si Ton se bornait à un examen superficiel, on dirait que la tige des chro- mosomes porte simplement quatre blocs de nucléine sur les côtés; mais quand on examine de près et qu'on abaisse lentement la vis du microscope, on peut aisément suivre les deux ailes jusqu'à leur point de continuité avec la tige verticale. Le chromosome qui se trouve immédiatement à droite de celui que nous venons de décrire est au même stade, seulement il est vu sous un autre angle d'incidence. Les branches horizontales sont beaucoup plus éloignées l'une de l'autre, l'une présente son extrémité divisée en deux blocs, l'autre est vue de côté et porte en son milieu un sillon longitudinal, qui indique que la division est presque terminée. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 345 Enfin, disons un mot seulement du dernier chromosome, qui à un aspect tout particulier en raison de sa position. Il présente sa tige à l'observateur, mais un peu obliquement; de celle-ci se détachent quatre branches superpo- sées. La division longitudinale des ailes s'est produite, et les deux branches se sont séparées. Ce fait est bien visible à droite, les branches de gauche sont superposées. La FiG. 44 est tout aussi instructive. Ici, nous vo3"ons la division du chromosome complètement achevée sur trois bâtonnets. En réalité, il y a donc six bâtonnets superposés deux à deux : ce sont les deux groupes de gauche et celui de droite. Remarquons tout de suite qu'ils ont la forme par- faite du. Les autres bâtonnets sont tout aussi intéressants, car leurs branches horizontales, leurs ailes, sont largement déployées, et l'on peut suivre sur toute leur longueur une ligne blanche, très nette, qui les divise longitudina- lement en deux parties égales. Les deux moitiés ne sont pourtant pas encore séparées, et chacune d'elles porte en son milieu un dernier reste de la tige, qui n'a pas encore été absorbé. Il est même probable qu'il ne le sera pas, ainsi que nous le verrons quand nous parlerons du retour vers les pôles'. La FIG. 46 présente un tout autre aspect que les précédentes, parce qu'elle nous montre la moitié d'une couronne équatoriale vue de l'un des pôles. On ne voit que la moitié du nombre des chromosomes, parce que la figure est coupée en deux obliquement. C'est précisément ce qui la rend plus instructive; elle nous montre en effet des détails qu'il aurait été impossible de deviner sur des coupes axiales ou équatoriales. Constatons d'abord que tous les bâtonnets ont la forme d'U. Celui qui se trouve à l'extérieur gauche est quadripartite, il est composé de deux U presque entièrement libérés l'un de l'autre; ils sont encore réunis en un seul point, celui par lequel ils adhèrent au petit tron- çon de la tige qui est resté indivis. Si ce petit pont de substance subsiste et ne suit pas la marche de la division achevée déjà sur les ailes, si d'autre part les quatre branches ré- sultant de cette division s'écartent les unes des autres, on verra se produire l'aspect du chromosome supérieur, c'est-â-dire une croix à quatre branches égales, réunies au centre par un nœud de substance. Mais cette disposition est rare, car celle que nous représentons est la seule que nous ayons observée au cours de nos recherches. Le plus souvent, la division longitudinale s'achève jusqu'à l'angle de l'U, nous la trouvons ainsi réalisée dans la paire d'U c]ui se trouvent à droite 346 Hector LEBRUN et qui chevauchent l'un sur l'autre. Quand la partie du chromosome qui se trouve à l'angle de l'U est la dernière à se diviser, les deux chromosomes- fils n'ont pas, à vrai dire, la forme d'U typique; ils ressemblent plutôt à une fourche ou à un Y, et ils peuvent conserver cette forme même pendant le retour vers les pôles. Nous rappellerons ici la fig. 109, A, des tritons. Nous avons maintenant démontré, à n'en pouvoir douter, la division longitudinale des chromosomes avant la dislocation de la couronne équa- toriale. Retour polaire. Voyons maintenant comment s'opère le retour vers les pôles pour l'ex- pulsion du premier globule polaire. Pour l'étude de ce phénomène, nous disposons de deux figures de Ratia temporaria, 19, 20, deux de Bufo inil- g'aris, 48 et 49, une de Bombinator, 47, a et b. C'est la FIG. 19 de Roua qui est la plus démonstrative; nous l'avons déjà décrite succinctement ; ajoutons maintenant que nous y trouvons toutes les étapes du retour vers les pôles. D'abord, le groupe de deux U superposés encore adhérents Tun à l'autre, puis l'allongement des chromosomes sur le fuseau, quoique restant réunis en partie dans le plan équatorial, pais la séparation avec cheminement synchronique vers les pôles (les deux U de gauche), enfin l'arrivée aux pôles sous forme d'U dont la concavité regarde vers l'équateur. Cette figure indique donc que les bâtonnets, en faisant leur ascension vers les pôles, n'ont pas toujours la forme d'U bien régulier avec courbure bien médiane; la courbure peut se faire quand une des extrémités du chro- mosome est arrivée au pôle. Elle n'est jamais régulière dans ce cas, et alors une des branches de l'U est plus courte que l'autre, le bâtonnet est plutôt un crochet. Nous retrouvons ces formes diverses dans les fig. 47, a, et 47, /', du Bombinator. Ces deux proviennent du même œuf, le fuseau avait été coupé en deux parties égales par le rasoir et sur chaque coupe nous avons une couronne polaire orientée un peu obliquement. La fig. 47,(7, contient les chromosomes qui resteront dans l'œuf, 47, b, ceux qui seront expulsés avec le premier globule polaire; la disposition des asters vis-à-vis de la membrane ovulaire ne peut laisser le moindre doute à cet égard. Nous retrouvons en 47, a, les deux formes en V et en crochet. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 347 Premier globule polaire. Quand les bâtonnets de la couronne polaire qui doit être expulsée arrivent contre la membrane de l'œuf, celle-ci se soulève en une protubé- rance protoplasmique qui les contient tous. Est-ce une protubérance qui S';; produit en dehors de la circonférence de l'œuf? Nous croyons que non; il se produit plutôt ici autour du pôle de la figure une dépression circulaire, qui s'enfonce dans le cytoplasme environnant la figure jusqu'à environ un cinquième de la hauteur du fuseau ; puis il se produit un étranglement qui comprime toutes les fibrilles du fuseau en un faisceau dense et qui les brise le long d'une ligne qui a l'aspect d'une plaque cellulaire. La plaque se clive en commençant par la surface pour gagner petit à petit la profondeur et séparer progressivement la portion protoplasmicjue (située en dehors de la plaque cellulaire) du restant du fuseau qui restera dans l'œuf. Il se creuse ainsi, dans la couche corticale de l'œuf, une fossette, dans laquelle repose le globule polaire séparé. C'estce que représente en partie la fig. 49, qui provient de B'.ifo vitlgaris; ici, l'étranglement est presque achevé; le globule polaire presque terminé est donc vraiment une petite cellule (|ui contient les bâtonnets de la couronne polaire ramassés dans un véritable noyau, au milieu d'une masse protoplas- mique volumineuse. Le fuseau n'est pas encore entièrement distendu, quelques fibrilles on- dulantes ont encore gardé leur orientation parallèle; mais dans une bonne moitié de la figure, elles sont déjà retournées à la forme réticulée. Chez Biifo, les chromosomes restant dans l'œuf sont au nombre de huit, ainsi qu'on peut le voir avec certitude dans la fig. 48. Chez Raiia, on en compte dix, qui sont bien visibles dans la fig. 20. Ces chiffres sont d'ailleurs ceux que nous avons comptés dans la plupart des figures appartenant à ces deux espèces. Chez Bonibinaior, il y en a six, ainsi qu'on pourra s'en convaincre dans la plupart des figures de la PI. XIL Nous avons trouvé, quelquefois seulement, 7 chromosomes à la couronne équatoriale; nous les avons représentés fig. 52 et 53. Nous devons une mention spéciale aux globules polaires expulsés de Bonibiimlor, car ils ont une manière tout à fait particulière de se comporter quand ils ont été détachés de l'œuf. Notons d'abord qu'ils ont un aspect en rapport avec la direction qu'avait le rasoir vis-à-vis de l'axe de l'œuf, si la coupe a été faite superficiellement 348 Hector LEBRUN et dans un plan plus ou moins parallèle à l'équateur de l'œuf; le globule polaire apparaît alors selon son plus grand diamètre; c'est le cas des fig. 49, 58, 54. De discoïdal très aplati qu'il était au moment de sa formation, il s'ar- rondit pour devenir presque sphérique, ainsi que l'indiquent les fig. 34, 38. Il est une autre particularité intéressante qui regarde les chromosomes qui y sont contenus. Chez Triton, Rana et Biifo, de suite après l'expulsion, les chromosomes se ramassent en un groupe dense et se fusionnent en une ou plusieurs masses homogènes. Rappelons pour mémoire les fig. 48 et 49 de Biifu et 21 de Rana. Chez Bombinator, les chromosomes gardent leur individualité beau-' coup plus longtemps, ainsi qu'en témoignent les fig. 54, 55 et 58, dans lesquelles le second fuseau est complètement achevé. Mais là ne s'arrête pas leur vitalité; ils se rassemblent au milieu des globules, s'accroissent, s'éten- dent et reforment un véritable boj'au continu en se soudant bout à bout. On se croirait alors devant un véritable stade peloton ou spiréme, ainsi qu'on peut le voir réalisé dans la fig. 62. Les globules polaires des batraciens ne sont pas à proprement parler expulsés de l'œuf, la membrane ovulaire ne s'ouvre pas et n'est pas entamée par le processus d'élimination d'une particule ovulaire après la formation des couronnes polaires de la première figure. Cette membrane est trop épaisse et, chose curieuse, c'est pendant que les phénomènes de la maturation se déroulent qu'elle s'organise rapidement. Nous avons observé ce fait chez Rana et chez les tritons : aussi longtemps que l'œuf reste dans l'ovaire, la membrane ovulaire est très mince; c'est une ligne dont on a très difficile parfois de saisir le double contour, mais aussitôt que l'œuf tombe dans le péritoine, elle s'épaissit rapidement et s'organise ; on l'aperçoit avec la plus grande facilité comme une coque qui protège le vitellus; elle atteint une largeur d'un \>-, et elle augmente encore au fur et à mesure que l'œuf roule dans les oviductes. Sur des préparations fraîches, elle appa- raît nettement avec des stries radiales; mais dans des œufs ayant séjourné quelque temps seulement dans l'alcool, cette structure disparait ; elle prend alors un aspect homogène d'un blanc brillant sur des coupes non colorées. Chez Biifo, le développement de la membrane est plus hâtif, car les phénomènes de la maturation se déroulent presqu'en entier dans l'ovaire; la membrane y atteint à peu près la même épaisseur. C'est contre cette paroi que vient se fixer le pôle de la figure au stade LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 249 des couronnes polaires, et la membrane est entièrement étrangère aux cinèses polaires. On ne voit donc pas ici se produire de saillie ni de bourgeonnement en dehors de la circonférence de Fœuf, ainsi qu'il arrive dans les œufs de mollusques et d'échinodermes, qui ont une membrane ovulaire mince, et aussi chez Y Ascaris, dont la masse ovulaire s'est contractée au sein de la membrane épaisse qui la protège. Chez ce dernier, le premier globule seul est adhérent à la coque; pour le second globule qui s'expulse quand la masse s'est contractée, le bourgeonnement est encore possible, et c'est comme une petite sphérule qu'on l'aperçoit dépassant la circonférence. Chez les batraciens, le phénomène a un caractère particulier, il n'y a pas de bourgeonnement, ni de saillie en dehors de la membrane, le proto- plasme se creuse plutôt d'une cavité; le globule polaire d'abord ovalaire, presque une lentille biconvexe, se délimite dans la couche corticale de l'œuf par une membrane avec plaque cellulaire qui, se détachant d'abord à la sur- face, gagne peu à peu le fuseau en décrivant un arc de cercle qui passe vers le quart de la hauteur de la figure, fig. 112, 113, 114, T C). La figure polaire n'est donc pas expulsée par moitié, le globule contient la moitié de la nucléine et environ un quart seulement de la partie fuso- riale de la fig. 49, Pl. XI. Le globule vient buter par sa face externe sur la membrane et s'apla- tit. Il contient alors donc, une moitié de la nucléine, une petite portion du fuseau et du cytoplasme qui environnait la figure, parfois quelques en- claves vitellines et de nombreux grains de pigment. Que devient-il alors? Nous avons vu que l'élément nucléinien peut revenir à la forme typique du peloton, mais c'est une exception, car le plus souvent nous voyons les chro- mosomes se fusionner en plusieurs masses compactes, dans lesquelles il est impossible de déceler la moindre structure. Le globule polaire ne reste pas longtemps à l'endroit du pôle animal où il a été expulsé. Pendant la seconde figure, on le retrouve très souvent, presque toujours, déformé et aplati contre la membrane, ou bien globuleux et reposant au fond de la cavité qui s'est creusée dans l'œuf après sa sépara- tion ; mais il arrive aussi qu'il se déplace et qu'il glisse entre les membranes épaisses et la membrane ovulaire nouvellement formée. Nous l'avons re- trouvé très loin du pôle animal, presqu'à l'équateur de l'œuf. Que devient-il par la suite? Nous l'ignorons entièrement ; nous pouvons cependant émettre l'opinion qu'il sera de nouveau absorbé par l'œuf avec tous les éléments (*) J. B. Carnoy et H. Lebrun : loco citato, i^ mars 1S99, Planche XIL 350 Hector LEBRUN qu'il renferme, après qu'ils auront dégénéré; car les globules polaires que nous avons observés éloignés du pôle animal étaient très déformés et l'on pouvait à peine y reconnaître encore un élément nucléinien. La cavité ou fossette dans laquelle il se trouvait persiste plus longtemps, et le pigment qui est toujours très abondant en cet endroit la fait facilement discerner dans le voisinage de la seconde figure. C'est le plus sûr moyen de trouver la seconde figure polaire, que de chercher sur la circonférence de l'œuf la petite fovca qui contient encore ou a contenu le globule polaire. § 2. Le fuseau. Nous avons exposé longuement plus haut la formation du fuseau et des asters aux dépens d'une aire caryoplasmiquc spéciale; voyons maintenant ce qu'il devient pendant la première figure polaire. Remarquons tout d'abord qu'il centre ses pôles, quand il est encore dirigé suivant la circonférence de l'œuf, et qu'à ce moment des asters très manifestes sont présents, fig. 35 et 38, mais ils sont de courte durée et il y a tout lieu de penser que c'est pendant que cette version s'opère que les asters se dissipent. Nous les voyons en effet très marqués dans la fig. 38, le mouvement est à peine commencé, puis déjà beaucoup diminué de lon- gueur dans la fig. 35, où le fuseau est prescjuc situé suivant le rayon; on en perçoit encore quelques vestiges en 45, mais on n'en retrouve plus de tra- ces clans les fig. 39, 40, 41, où les fuseaux ont pris leur situation définitive. Une autre constatation importante à faire, ce sont les modifications de forme que subit le fuseau pendant la cinèse; il est devenu très effilé pendant que les deux pôles et les asters se dessinaient, il avait alors réellement la forme d'un fuseau, fig. 38; puis les angles formes par les filaments en arrivant aux pôles se sont élargis peu à peu, en même temps que l'ensemble prenait une forme ovale, fig. 40, 41, 42; enfin il est devenu presque sphérique, fig. 43, 44, 45, et les pôles se sont aplatis et élargis au fur et à mesure que l'équateur se bombait. Constatons dès maintenant que c'est précisément au moment de la dislocation de la couronne équatoriale, et au moment où les formes de l'U sont les plus longues que le fuseau a la forme presque parfaite d'une cphère. Quand vient le moment du retour des chromosomes vers les pôles de la figure, le fuseau se modifie encore; il s'allonge de nouveau, s'amincit à l'équateur et s'aplatit aux pôles, quand les bâtonnets y sont arrivés, fig. 49. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 351 Les FiG. 41 et 42 nous présentent un aspect que nous'avons déjà men- tionné chez les tritons; les filaments du fuseau y forment de véritables fais- ceaux de fibres, sur lesquels les chromosomes sont attachés; les faisceaux portent aussi une grande quantité de petits granules incolores. Faut-il voir dans cette disposition une chose analogue à celle que EiSEN a décrite chez les batraciens et nommée fibres contractiles? Il s'agit ici d'un faisceau de fibrilles, et les granules qui y sont adhé- rents sont certainement d'origine caryoplasmique. CHAPITRE IV. BOMBINATOR IGNEUS. Ovocyte de second ordre. Mise au fuseau. Couronne équatoriale. Maintenant que nous avons vu comment le premier globule se forme et est expulsé, voyons ce que deviennent les bâtonnets restés dans l'œuf. Toutes les figures que nous décrirons dès maintenant appartiennent à Bowbinator igiieiis. Elles proviennent d'œufs extraits de l'utérus d'une fe- melle accouplée qui était sur le point de pondre. Cet objet est beaucoup plus favorable à l'étude de ce stade que Rana et Bufo. Les œufs de ces deux dernières espèces sont fortement pigmentés de noir; les figures du second globule polaire y sont d'une petitesse extrême; les chromosomes sont aussi très petits et au nombre de huit et de dix. Chez Bombinator, le pigment est moins abondant; il est brun ; le nombre des chromosomes est moindre et ceux-ci sont plus volumineux. L'étude de ce stade, tout en res- tant d'une extrême difficulté, est cependant plus facile que dans les deux autres espèces. Après que le fuseau de la première figure polaire s'est dissipé, les six bâtonnets restés dans l'œuf se réunissent autour du pôle interne de la figure, de telle façon que la concavité des U soit tournée vers l'axe de la figure. C'est une forme de couronne polaire qui a été peu signalée jusqu'ici, croyons-nous; les deux extrémités libres se rapprochent jusqu'à se toucher parfois et viennent se placer autour du pôle du fuseau en formant une belle image étalée qu'on voit dans la fig. 50. 43 352 Hector LEBRUN Dans cette situation, les chromosomes ont une forme toute particulière ; ils étaient, au moment de leur retour vers le pôle, d'un calibre uniforme; ici les extrémités se sont amincies, tandis que la partie coudée est devenue ventrue. Mais cette disposition dure peu de temps, car on les voit bientôt se mettre en mouvement, fig. 51, 52, 53. ' La FIG. 51 représente un stade qui est certainement postérieur à la FIG. 50, car on n'aperçoit plus de trace du fuseau ; de plus, les chromo- somes y sont autrement orientés. Les extrémités ne sont plus accolées ; elles se sont écartées; elles chevauchent au dessus l'une de l'autre. Deux des chromosomes retirent une de leurs branches du centre de l'étoile. Le même stade est représenté dans la fig. 52, Pl. XII ; seulement ici, un des bâtonnets est droit et un autre a entièrement retourné une de ses extrémités vers l'extérieur de la figure. Ce mouvement de redressement des chromosomes est achevé sur presque tous ceux de la fig. 53; il n'en reste plus que deux qui ont leur concavité tournée vers le centre de la figure. Quand ils ont opéré ce mouvement, le second fuseau se dessine et nous les retrouvons fixés perpendiculairement à l'axe sur un des filaments du fuseau, ainsi que le montrent les fig. 55, 56, 57 Ils se retrouvent placés presque régulièrement à l'équateur du fuseau adhérant par une seule extré- mité au filament c|ui les porte. On peut aisément reconnaître leur point d'attache à une languette de nucléine qui s"étend sur le filament fusorial vers le haut et vers le bas du fuseau. Ces deux petites pointes se rectifient et les bâtonnets changent leur point d'adhérence; ils glissent sur le filament et en même temps se recourbent en U. Les deux extrémités de l'U sont maintenant dirigées vers l'extérieur, et c'est à l'endroit coudé que le filament qui les porte vient s'insérer. Ils subissent quelques mouvements d'oscillation, tout en restant dans la zone équatoriale (voir fig. 58, 59), et se fixent définitivement sur une seule ligne à l'équateur, réalisant ainsi la couronne équatoriale type qu'on peut voir représentée, aperçue de l'un des pôles dans la fig. 61 et de face dans les fig. go, 62, 63. Là, une division longitudinale s'indique et nous nous trouvons bientôt devant des groupes de deux bâtonnets en U, que nous avons représentés dans la fig. 64. Nos observations ne vont pas plus loin; nous ne connaissons rien delà dislocation de cette couronne équatoriale, ni de l'expulsion du second glo- bule polaire. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 353 Pour terminer, disons un mot de la fig. 54, car son interprétation n'est pas facile. Nous y voyons une disposition des chromosomes que nous avons rencontrée une seule fois. Ils sont distribués sur le fuseau d'une manière très différente et leur forme est très variée; deux sont en U avec les extré- mités dirigées en dehors; deux sont droits et attachés au fuseau par un seul bout; enfin, un autre ayant la forme d' U est attaché au fuseau par ses deux extrémités, la convexité de la courbure dirigée vers l'extérieur. Les deux extrémités internes sont dans le plan équatorial. On peut ex- pliquer la situation spéciale de ce dernier en supposant qu'il n'a pas accom- pli la rotation c]ue les autres ont dû subir pour se trouver sur le fuseau. Les deux chromosomes en U à convexité tournée vers l'intérieur pour- raient être considérés comme deux chromosomes résultant d'une division longitudinale précoce à l'équateur. Mais dans toutes nos préparations, nous ne connaissons aucun exemple d'un dédoublement aussi précoce. L'interprétation que nous venons de donner des divers mouvements des chromosomes pour la constitution de la seconde figure nous paraît la plus conforme à la réalité. A notre avis, c'est celle qui donne la suite et l'enchaînement le plus logique aux images que nous avons mises sous les yeux du lecteur. Nous avons hésité longtemps à lui donner la préférence sur une autre, qui nous avait été suggérée par certaines figures et par la dis- position de certains chromosomes sur le fuseau. Si nous considérons en effet le bâtonnet de droite de la fig. 56, nous remarquons qu'il est sensiblement plus large que les autres et en outre qu'il porte un léger sillon dans son milieu. Cette situation pourrait s'expliquer en supposant que ce bâtonnet n'a pas subi de changement de position par rapport au fuseau, qu'il est resté tourné avec la concavité de l'U vers l'intérieur de la figure et que l'angle de courbure était resté dirigé vers l'extérieur. Un seul changement serait sur- venu : les extrémités du chromosome, au lieu de se trouver toutes deux dans le plan équatorial comme dans les fig. 50, 51, se seraient placées l'une au-dessus de l'autre sur le même filament du fuseau suivant le même méridien ; les deux branches, en se rapprochant, se seraient soudées, ac- colées en faisant disparaître l'espace vide qui se trouvait entre elles. Ses deux extrémités amincies se seraient légèrement soudées sur le fuseau pour donner naissance aux petites languettes que l'on remarque sur certains chromosomes des fig. 56, 57, où l'on voit leur point d'insertion sur les fila- ments du fuseau. 354 Hector LEBRUN Certains chromosomes de la fig. 52 paraissent même corroborer cette interprétation, en ce sens qu'on y voit leurs extrémités croisées et superpo- sées; on pourrait croire que les bouts ainsi disposés commencent le mouve- ment de rotation, dont nous parlions tantôt, qui aboutirait à faire subir au chromosome une rotation de 90 degrés. Il existe encore une autre considération qui plaiderait en faveur de cette interprétation, c'est que la longueur des chromosomes, quand ils sont fixés au fuseau par une de leurs extrémités, est sensiblement la même que celle des U repliés, quand les deux bouts sont très rapprochés. Si l'on admet que les U s'étendent pour devenir droits avant de se fixer au fuseau, ils devraient être deux fois plus grands que l'une des branches de l'U, s'ils gardaient la même épaisseur; or il n'en est rien, ils ont à peu près la même longueur. Mais, il est vrai que, pendant leur arrangement en étoile, les chromo- somes s'épaississent et deviennent ventrus, ce qui s'obtient naturellement aux dépens de la longueur. Ils peuvent même devenir presque sphériques, ainsi qu'on peut le voir sur le chromosome pâle situé à gauche de la fig. 57. Quoi qu'il en soit de l'interprétation, l'aboutissant est le même : le chromosome se transforme en U à concavité tournée vers l'extérieur de la figure. Alors, le chromosome a sa forme typique définitive et il est impossible de deviner où se trouvent les extrémités libres de l'U. On ne peut plus aper- cevoir le moindre sillon, ni la moindre courbure; le chromosome est homo- gène, il forme un tube, un boyau qui contient la nucléine. Si nous avions observé que les chromosomes coudés, pour former les figures étoilées des fig. 50 et 51, conservaient le même calibre sur toute leur longueur, et que les parois des branches de l'U restaient intactes, nous aurions dû trouver, sur les chromosomes de la couronne équatoriale, une double paroi dans la ligne médiane du bâtonnet; et si, au stade de la cou- ronne équatoriale parfaite, le chromosome s'était brisé à l'angle de courbure de l'U, nous aurions dû conclure que la division, en apparence longitudinale, n'était en somme que l'achèvement d'une division transversale. Nous devrions alors changer la sériation de nos figures, car les par- tisans d'une division transversale interpréteront certainement les chromo- somes des fig. 56 et 57, qui portent des languettes de substance à leur point d'insertion au fuseau, comme un commencement de retour vers les pôles ; ces figures seraient donc postérieures à la couronne équatoriale typique représentée dans la fig. 61. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 355 Tel n'est pas notre avis, voici pourquoi : la couronne équatoriale est toujours en état d'équilibre parfait, les chromosomes y sont toujours orientés sur un même plan, ils 3^ sont tous à peu près égaux, ils ont tous à peu près la même forme en L', que nous trouvons réalisée dans les FlG. 60, 61, 62, 63. Les FiG. 54. 55. 56 et 57 sont antérieures à la couronne équatoriale pour des raisons contraires à celles que nous venons de donner. Les chro- mosomes sont, il est vrai, presque tous voisins de l'équateur, mais cela résulte de leur position dans la figure étoilée antérieure à la formation du fuseau; jamais, d'autre part, ils ne se trouvent sur un même plan; ils sont très irrcguliers de forme et de volume. Les fig. 55 et 57 sont très instruc- tives à ce sujet. Certains bâtonnets y ont déjà la forme typique en U, deux sont droits et attachés au fuseau par des languettes, deux sont quasi sphériques. Pour ces raisons, nous considérons ces stades comme antérieurs à la couronne équatoriale typique. Le stade d'élaboration de cette figure est toujours très long comparativement à sa dislocation qui est toujours rapide. Nous ne voyons pas, d'autre part, comment on arriverait, par l'interpréta- tion des FIG. 54, 55, 56 et 57 comme des stades de division transversale, à expliquer la genèse des figures équatoriales avec deux U superposés, telles que nous les avons représentées, fig. 64, chez Bombinator et à plusieurs reprises chez les Tritons, fig. 121 et 122. Il faudrait naturellement pour pouvoir trancher cette question d'une manière indubitable avoir observé la dislocation de la couronne équatoriale ; nous n'avons pas fait d'observation à ce sujet. Nous conclurons donc en disant que les chromosomes des figures étoi- lées 50, 51 et 52 se distendent et se redressent pour s'attacher au fuseau par une de leurs extrémités; ils sont alors droits dans le plan équatorial sans avoir subi aucune rotation sur leur axe. Ils glissent ensuite en se cour- bant en L'a concavité extérieure, et leur point d'insertion se déplace vers l'angle de courbure. Ils s'arrangent à l'équateur sur une ligne bien régulière et là subissent une division longitudinale qui donne naissance à des paires d' U superposés. 356 Hector LEBRUN CHAPITRE V. Considérations générales. Résumons maintenant d'une manière rapide la marche des phénomènes en nous servant, pour nous aider à bien la saisir, de la Pl. XIII, où nous avons tout schématisé. Nous avons revu et étudié à nouveau toutes nos anciennes préparations des tritons; les présents schémas s'y appliquent tout aussi bien qu'aux anoures que nous venons d'étudier. Nos nouvelles recherches sur les tri- tons nous ont amené à des conclusions bien différentes de celles que nous avons émises dans nos mémoires antérieurs, et mieux en concordance avec les phénomènes décrits par les nombreux auteurs qui ont étudié le testicule. Nous examinerons successivement : 1° La disparition du noyau de maturation. 2" La transformation des nucléoles en chromosomes. 3° Les transformations des chromosomes pendant les cinèses sexuelles. 4"^ La transformation du fuseau. 5° Le rôle et les déplacements du pigment. 6° La réduction. Maturation Disparition du noyau. Au moment de la maturation, la vésicule germinative des batraciens, en raison même de son volume et de la grande quantité de nucléine qu'elle renferme, se comporte d'une manière particulière que nous avons étudiée en détail. Nous avons noté des différences dans le moment de la disparition. Le cas le plus typique est celui de Rana temporaria et de Bombinator igneus ; c'est au moment même de la déhiscence de l'œuf que la membrane du noyau disparait. Quand on a le bonheur de tomber sur un ovaire en déhiscence, on y trouve tous les stades de la disparition du noyau et tous les stades de la formation du premier fuseau polaire. Chez Rana, quand la membrane nucléaire se résout, le noyau renferme encore la presque totalité de la nucléine sous la forme de boules volumineuses. Ces boules tombent dans le cytoplasme par la face inférieure du noyau, qui se résorbe la première, et sont digérées par l'œuf pendant son passage dans le péritoine. On trouve encore les plus petites restées au pôle animal de l'œuf et voisines des figures polaires, alors que l'œuf est déjà arrivé dans l'oviducte; une fois dans l'utérus, on n'en trouve plus de trace. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 357 Cette résorption s'accomplit donc en moins de deux heures, car nous savons que le passage de l'œuf de l'oviducte dans l'utérus ne dure pas plus de temps. Le premier globule polaire s'expulse pendant ce trajet. Les œufs séjournent dans l'utérus pendant iS à 24 heures, puis sont expulsés pour être fécondés. Chez les tritons, les œufs ne s'arrêtent pas aussi longtemps à la por- tion inférieure de l'oviducte; c'est pourquoi les phénomènes commencent plus tôt. La membrane de la vésicule germinative disparait alors que l'œuf est encore dans l'ovaire. Le noyau ne contient pas la masse totale des nucléoles de l'œuf adulte, quand la maturation commence; une bonne partie s'est résolue et dissoute dans l'enchylème du caryoplasmc, une autre partie s'est fusionnée en une grosse masse spongieuse et a été expulsée sous cette forme en faisant hernie hors du noyau; il en reste encore beaucoup trop dans le noyau, quand enfin la membrane nucléaire disparaît en se dissipant d'abord par la face supérieure du noyau. Le premier fuseau et les chromosomes se préparent pour la première figure et, quand l'œuf tombe dans le péritoine, la première couronne équa- toriale est presque terminée; elle s'achève pendant le passage de l'œuf dans le péritoine. Le premier globule est expulsé dans la moitié supérieure de l'oviducte; la seconde figure s'organise aussitôt. L'œuf séjourne un temps plus ou moins long dans la portion inférieure de l'oviducte, et c'est lors de l'expulsion de l'œuf pour la fécondation que le second globule polaire est rejeté par l'œuf. Chez Bufo vulgaris, les phénomènes sont encore plus hâtifs et revêtent un tout autre caractère. Lors de la dernière résolution nucléolaire, les nucléoles disparaissent tous, sauf 8, leurs produits de résolution se dissolvant dans rench3'lème nucléaire. Une partie se porte vers la base de la vésicule germinative et est expulsée au travers de la membrane, qui se reforme aussitôt. La membrane se dissipe dans la moitié supérieure du noyau, après la formation d'une magnifique figure en gerbe. Le fuseau et la première figure apparaissent dans une aire spéciale que nous avons appelée plage fusoriale. La première figure et la seconde se déroulent rapidement dans l'ovaire et, quand l'œuf tombe dans le péritoine, il est prêt à être fécondé ; il ne contient plus que les 8 chromosomes restant après l'expulsion du second globule polaire. Il est d'ailleurs expulsé immédiatement du corps de l'animal sans aucun temps d'arrêt dans l'oviducte. 358 Hector LEBRUN Après avoir rappelé les phénomènes qui s'accomplissent dans l'œuf, nous émettrons la proposition suivante : la structure et la constitution anatomique des organes annexes de l'ovaire, ainsi que leur fonctionnement physiologique, sont subordonnés à l'évolution et à la marche des phéno- mènes de la maturation de l'œuf. C'est ce que nous allons prouver. Il 3^ a une harmonie complète entre la durée des phénomènes qui s'ac- complissent dans l'œuf depuis le commencement de la maturation et pen- dant son passage dans l'oviducte et les phénomènes qui se passent dans le système glandulaire de ce dernier pour la sécrétion des enveloppes ovulaires et le moment de la ponte. Remarquons, en effet, que chez Rauaei Bombinator l'oviducte présenté dans sa portion terminale une dilatation en forme d'utérus, où les œufs sé- journent très longtemps (de 20 à 24 heures chez Rana teinporaria), pour se préparer à la fécondation. De plus, quand la colonne des œufs arrive dans cette poche, elle est entourée d'un cordon muqueux continu qui se pelote, mais ne tarde pas à se briser. Pendant le temps qu'il y séjourne, chaque œuf s'approprie son enveloppe muqueuse extérieure. L'œuf met aussi ce temps à profit pour la formation et l'expulsion du second globule polaire (*). En raison du temps que l'œuf doit séjourner dans les annexes, les phé- nomènes de la maturation de l'œuf et de la disparition du noyau commen- cent plus tard chez Raiia teinporaria et Bombinator igiiens que chez les autres batraciens. C'est au moment précis de la déhiscence de l'œuf que la maturation commence. Chez les tritons, la marche des phénomènes est à peu près la même que chez Rana; elle est seulement un peu avancée. La disparition de la vésicule germinative est un fait accompli quand l'œuf tombe dans le péri- toine, la première figure polaire est presque terminée. Chez tœniatus, qui pond des chapelets d'œufs, les enveloppes sont adhérentes entre elles, en raison du temps plus long pendant lequel les œufs séjournent dans l'extrémité de l'oviducte. Chez Triton cristaliis et a/pcsliis, les œufs sont pondus un à un et n'ont pas le temps d'adhérer les uns aux autres; aussi trouvc-t-on déjà des secondes figures polaires dans les œufs qui arrivent les premiers au bout de l'oviducte. (*; H. Lebrun : Rec/icrc/ies sur Vctypareit femelle de quelques batraciens hijigciies ; La Cellule, t. vn, p. 415. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 359 Chez taniatus, au contraire, il nous est souvent arrivé de trouver le premier globule à peine expulsé dans des œufs qui étaient déjà arrivés dans le segment inférieur de l'organe. Quand, dans ces espèces, on trouve un ou deux œufs seulement dans l'oviducte, on est certain de trouver dans l'ovaire aux premiers stades de la maturation tous les autres œufs destinés à être pondus. Chez les tritons, la durée du temps de séjour dans l'oviducte est beau- coup moindre que chez Rana et chez Bombiuator; aussi l'oviducte ne pré- sente pas, dans sa portion inférieure, de dilatation en forme d'utérus, dans laquelle les œufs séjournent pour attendre le moment de la ponte et de la fécondation. Chez Bufo inilgaris, les œufs traversent l'oviducte sans temps d'arrêt; aussi sont-ils expulsés du corps de l'animal en cordons et prêts à la fécon- dation. Tous les phénomènes préparatoires de la maturation s'accomplissent dans l'ovaire. La disparition de la membrane du no5'au s'y opère beaucoup plus tôt encore et, pour se procurer le matériel de travail nécessaire à cette étude, il est nécessaire de sacrifier des femelles accouplées longtemps avant que la ponte soit commencée. Quand celle-ci est en train, il est déjà trop tard, tous les phéiioiuàiics se sont déjà déroules. La conséquence en est que le temps de séjour des œufs dans l'oviducte est chez Bufo vulgaris plus court encore que chez les autres, ce qui s'explique aisément, l'œuf étant prêt à la fécondation. Nous pouvons donc conclure que le moment du début de la maturation des œufs chez les batraciens est en relation intime avec la durée de leur séjour dans le péritoine et dans l'oviducte; et que, en se basant sur l'étude anatomique des organes sexuels annexes, on peut déterminer d'avance le moment de la maturation de l'œuf et l'endroit du corps où les cinèses sexuelles se déroulent Tâchons maintenant depénétrer un peu plus avant dans le phénomène de la disparition de la vésicule germinative. Quand donc on voudra faire provision de matériel de travail pour étudier la maturation de l'œuf des batraciens, il faudra tout d'abord faire une étude anatomique de l'oviducte; saisir ensuite le moment précis pen- dant lequel les œufs le traversent avant la ponte; se rendre compte exac- tement de la durée des phénomènes de la déhiscence et de la durée du trajet des œufs depuis l'ovaire jusqu'à l'expulsion quand la ponte a lieu. Comme dans toutes les espèces que nous avons étudiées, les phénomènes 44 36o Hector LEBRUN de la maturation de l'œuf durent environ de 2 à 4 heures; quand on pos- sédera tous ces renseignements, on pourra avec certitude établir la suite chronologique des phénomènes et on saura en quel endroit du corps on devra en chercher les premiers débuts, dans l'ovaire ou dans le péritoine. C'est ce que nous avons fait. Pourquoi ce noyau gigantesque, très bien perceptible à l'œil nu, et qui a suivi assez loin pourtant le développement de l'œuf en volume, n'or- ganiset-il pas, pour la division sexuelle, une figure, un fuseau, des chromo- somes de taille proportionnée à sa taille? Rien ne lui manc[ue, ni nucléine, ni plastine; il contient de 1500 à 2000 nucléoles volumineux qui équivalent en poids à celui d'un chromosome de l'ovogonie; il est riche en plastine;- nous connaissons peu d'exemples de noyaux qui contiennent un réseau plastinien aussi typique et aussi abondant. 11 a tous les éléments en quan- tité et en qualité pour organiser une figure de division cinquante fois plus grande que celle qui existe en réalité; pourtant, le fuseau et les chromo- somes ne dépassent ni la grandeur ni le volume de ces éléments dans les ovogonies et dans les spermatogonies du même animal. Une infime partie de la nucléine et du caryoplasme équivalente au volume d'une ovogonie organise la première figure polaire. Le reste est absorbé par l'œuf d'une manière variable, mais très intéressante, parce qu'elle met en relief les pré- cautions que la nature a prises pour que ces éléments destinés à la repro- duction ne soient pas absorbés avec tous les autres au milieu des enclaves vitellines. On peut distinguer trois manières de procéder pour que cette absorp- tion ne soit pas générale. La première et la plus simple se présente chez Rana temporavia. Au milieu du noyau, un ilôt protoplasmique se délimite par une membrane; il renferme les nucléoles qui sont destinés à former les chro- mosomes de la première figure. Tout le reste du noyau, nucléoles, caryo- plasme, est absorbé rapidement par l'œuf; seul, l'ilùt persiste, monte au pôle supérieur, et organise le premier globule polaire. Le rayonnement du réseau a le centre de l'œuf pour direction principale. On retrouve le même procédé chez Triton alpestris, avec une variante : tandis que chez Rana, l'ilot protoplasmique se délimite au milieu du noyau, chez Triton alpestris, c'est à la base du noyau qu'il se forme, et de plus c'est dans la moitié supérieure du noyau que la membrane se résorbe d'abord; c'est sur tout la pourtour de cette moitié que le contenu de la vési- cule germinativc se déverse dans l'œuf, fig. 68, A, QQ, A, lO, A. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 36 1 Chez Triton tœniatus, les nucléoles se rassemblent dans une vacuole ou une aire protoplasmique, avec ou sans formation de membrane pour le séparer du reste du noyau. Autour de ces endroits, le réticulum plas- tinien rayonne très loin, et les rayons forment une belle figure en gerbe dans la direction du pôle supérieur, fig. 61, 63, 65, T. Le rayonnernent a pour direction principale le pôle supérieur de l'œuf. Le raj'onncment déjà très prononcé chez Triloii tœniatus est, chez Btifo, dans son plein épanouissement. Il se produit avant que la membrane nucléaire disparaisse, et au-dessous d'une aire protoplasmique non déli- mitée par une membrane. Sa direction principale est le pôle supérieur de l'œuf et la circonférence du no3'au. On ne voit aucun rayon se diriger vers le centre de l'œuf. Les nucléoles qui subsistent, au nombre de huit, vont se rassembler dans la plage fusoriale; tous les autres se résorbent et sont dissous et absorbés. Tous ces processus aboutissent, malgré leur variété, aux mômes résultats. 1" Préserver de la destruction des nucléoles destinés à devenir des chromosomes. 2° Enrichir le protoplasme de l'œuf d'une grande quantité de nucléine et de plastine et modifier ainsi la composition chimique du pôle animal de l'œuf en vue des phénomènes qui vont s'y accomplir pendant les deux divisions polaires et la segmentation. En présence de tous ces phénomènes, de leur harmonie parfaite et de leur concordance avec tout ce qui s'accomplit en même temps dans l'œuf et dans les annexes en vue de la fécondation, on cherche une raison, une ex- plication à donner, mais on ne peut en émettre que d'hypothétique; autant vaudrait se demander pourquoi l'œuf est-il mùr? Quelle est la cause de la maturation? Nous essayerons de répondre à cette question dans un mémoire pro- chain. Transformations des nucléoles en chromosomes. On peut constater que le moment de la maturation de l'œuf est arrivé, quand les nucléoles ne peuvent plus se reproduire à l'intérieur du noyau, comme ils l'ont fait pendant toute la vie de l'œuf au moyen de granules qui se rassemblent. Nous constatons cette coïncidence, sans arriver à l'expliquer. Il s'opère donc à ce moment une métamorphose, un changement radical dans l'élément nucléinien de la cellule. Des milliers de nucléoles que con- 362 Hector LEBRUN tenait la vésicule germinative, un tout petit nombre est nécessaire à la divi- sion qui se prépare pour donner le nombre typique des chromosomes à la figure polaire : 6 chez Bombiiiator, 8 chez Bufo viilgaris, lo chez Rana tcm- poraria, 12 chez les tritons. Pendant toute la vie de l'œuf, l'clément nucléinien avait la forme nuclcolaire comme forme habituelle, tout en recouvrant de temps en temps, à chaque résolution, ou la forme typique filamenteuse, ou la forme granu- leuse. En vue de la division, il doit subir quelques transformations néces- saires pour que le nombre des chromosomes soit rétabli et pour que ceux ci récupèrent leur forme filamenteuse. Dans les autres cellules qui se préparent à la division, Télémcnt nu- cléinien prend le plus souvent la forme d'un boyau continu, se divisant en autant de segments que comporte le chiffre typique des chromosomes de l'espèce animale étudiée; c'est le stade spirème ou peloton. Les œufs des batraciens ne présentent pas ce stade habituel, prépara- toire de la cinèse; tout au plus peut on retrouver un état analogue chez certains d'entr'eux. Chez les tritons, nous avons vu que les nucléoles nombreux se fusionnent en masses volumineuses qui se divisent plus tard en 12 chromosomes. Les FiG. 75, 77, 79, 80, peuvent être considérées comme des états analogues à celui du stade peloton. Ces masses ont pour but d'accumuler en un vo- lume restreint la quantité suffisante de nucléine pour la formation des bâ- tonnets; quand cette quantité est atteinte, elles se divisent seulement alors en 12 fragments. Nous avons vu que chez Rana les chromosomes se forment de plusieurs manières, qui dépendent de la quantité de nucléoles contenus dans l'ilot protoplasmique de la plage fusoriale. Quand ils sont trop nombreux, ils se fusionnent en masses qui se divisent. Nous avons observé et représenté ce même phénomène dans cette dernière espèce; la division s'opère succes- sivement, et la masse de fusion laisse s'échapper sur le fuseau la quantité de nucléine nécessaire à la formation d'un seul chromosome. Nous avons représenté ce mode de transformation, Pl. XIII, dans les schémas 11, 12. Chez Rana, le plus fréquemment ce stade, qu'on pourrait assimiler au peloton, n'existe pas; il en est de même chez Bufo. Le nombre des nucléoles restant dans l'œuf est exactement le mém.e que celui des chromosomes de la figure polaire. Dans ce cas, les nucléoles se transforment directement en chromosomes. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 303 Nous avons distingué plusieurs modalités : 1° Le nucléole se creuse d'une vacuole qui grandit au point de repous- ser la substance solide du nucléole sur une bande annulaire et forme des chromosomes en anneaux. Le chromosome prend ensuite la forme d'un U, qui s'étend plus tard droit sur le fuseau. Ce cas est fréquent chez Rana, SCHÉMA 1, 2, 3. 2" Le nucléole ovale se place sur un filament du fuseau dans le sens de la longueur; à ses deux extrémités apparaissent deux boutons de sub- stance, qui s'allongent progressivement au fur et à mesure que le nucléole diminue de volume, schéma 4, 5, 6. 3° Le nucléole s'étire d'une manière uniforme en conservant les mêmes proportions sur toute sa longueur, schéma 7, 8, 9, 10. Ces deux dernières modalités sont fréquentes chez Bvfo. Cette transformation fournit la preuve péremptoire que, dans la vésicule gcrminative des batraciens, les nucléoles sont bien l'élément nucléinien ; elle vient s'ajouter à toutes les autres preuves que nous avons données de ce fait dans nos mémoires antérieurs. Métaphase. Nous ne redirons plus dans ce chapitre ce cjue le lecteur aura facilement compris en lisant les descriptions que nous avons données des phénomènes chez les tritons, et dans le présent mémoire, chez Raiia et Biifo. Il suffira de jeter un coup d'œil sur les schémas 13 à 50 pour saisir immédiatement notre pensée sur la succession des différents stades. Nous nous proposons, dans ce chapitre, de développer les raisons que nous avons eues de donner à l'évolution des chromosomes la sériation que nous avons décrite plusieurs fois, et de répondre aux objections que l'on pourrait faire à notre manière de voir. Le point de départ de l'évolution du chromosome est la forme de bâ- tonnet droit fixé sur un filament du fuseau suivant un méridien de la figure. Pour arriver à la forme de chromosomes en U, les nucléoles, les blocs, doivent d'abord s'étendre sur le fuseau. Cette disposition et cette extension ont été observées chez les tritons, où nous avons suivi leur évolution avec des points de repère quasi mathématiques. Dans l'ovaire, nous avons vu naître le fuseau, et les blocs de nucléine dérivant de la masse de fusion se fixer à des niveaux différents sur le fuseau, FiG. 81, 84, 88 (*). Dans le péritoine, nous avons toujours trouvé les blocs (*) J. B. Carnoy et H. Lebrun : La vésicule genninative, etc., i8 364 Hector LEBRUN transformés en bâtonnets droits ou en croix; dans l'oviducte, nous avons vu les croix se modifier et les branches verticales axiales se résorber pour être incorporées dans les branches horizontales ou équatoriales. Nous avons enfin trouvé, dans les portions supérieure et moyenne de l'oviducte, les stades de la couronne équatoriale avec chromosomes simples en U, et leur division longitudinale pour former les groupes de deux chromosomes. Il ne peut exister aucun doute à cet égard sur la succession chronologique du phéno- mène. Nous en avons d'ailleurs une éclatante confirmation dans la pre- mière figure de Raiia et de Biifo. Nous avons trouvé des chromosomes droits sur des fuseaux à peine formés et dirigés suivant la circonférence de l'œuf, jamais au contraire sur des figures dirigées suivant le rayon de la sphère ovulaire. Une seconde remarque que l'on peut faire sur toutes nos figures, c'est qu'on trouve les bâtonnets droits â tous les niveaux sur le fuseau et plus ou moins écartés de l'équateur de la figure: cette remarque s'applique aux bâ- tonnets porteurs d'une ou de deux protubérances. Quand les branches axiales sont à peu près égales aux équatoriales, la distribution des chromosomes se régularise d'une manière manifeste; ils sont à peu près tous au même niveau, et les branches horizontales se rap- prochent de l'équateur de la figure. Le phénomène est surtout régulier chez les tritons. Chez les anoures, où les chromosomes d'un même fuseau sont à des stades plus variés, la remarque se vérifie néanmoins pour chacun d'eux en particulier. En effet, on ne trouve jamais qu'à l'équateur de la figure de chromosome dont les branches horizontales sont les plus volumineuses et les plus grandes, schéma 18, 19. Enfin, quand tous les chromosomes ont la forme d"U, ils sont tous situés sur un même plan équatorial, dans une position d'équilibre parfait. L'étude que nous ferons tantôt du fuseau et des asters viendra encore corroborer cette interprétation, qui est en quelque sorte entièrement dif- férente des descriptions données jusqu'à présent. Griffin, chez Thalassema et Zirphœa, a retrouvé les oiselets et les chro- mosomes en croix d'une manière très nette et il en a donné quelques figures, mais sa manière de les interpréter diffère essentiellement de la nôtre. Pour lui, le point de départ de ces formations se trouve à l'équateur de la figure et les chromosomes, au début de leur évolution, ont la forme d'un bâtonnet dirigé dans le plan équatorial. Wilson a donné dans la dernière édition de son beau livre sur la cellule une suite de schémas qui résument la manière LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 365 de voir de Griffin. La situation du chromosome au début y est représentée d'une manière diamétralement opposée à la nôtre. Pour nous, la position initiale sur le fuseau est parallèle à l'axe et perpendiculaire à l'équateur; cela ressort de nos figures de Rana et de Biifo. Nous interprétons autrement les figures 2 et 3 des schémas de Wilson; ce sont pour nous des stades antérieurs à la couronne équatoriale et les branches verticales de la croix sont en marche vers l'équateur, au lieu de se diriger vers les pôles. Griffin donne à ce sujet un nombre de figures beau- coup trop restreint pour pouvoir suivre pas à pas l'évolution des chromo- somes. Dans le noyau au repos, on aperçoit déjà les chromosomes avec la forme qu'ils aui'ont sur le fuseau, quand, selon lui, ils reviendront vers les pôles; la membrane nucléaire est encore bien entière; puis dans une figure suivante, il représente la disparition de la vésicule gei'minativc; là ces formes ont disparu. Cette forme de croix et d'oiselets n"est donc pas caractéristique de l'anaphase, puisqu'on l'aperçoit déjà dans le no3'au avant même que la membrane nucléaire disparaisse et que le fuseau se forme. Entre la figure A et C, Griffin ne figure rien sur les changements que les chromosomes ont subis pour se mettre au fuseau. A en juger par la figure 5, cette forme disparait, car on n'en aperçoit plus trace; nous avons raison de penser que les stades de la mise au fuseau lui ont échappé. Nous sommes porté à croire, au contraire, que dans la fig. D, qui porte des chromosomes en anneaux, ceux qui se trouvent à l'extérieur sont typiques, antérieurs dans leur évolu- tion à ceux de la fig. C, et plus rapprochés du moment de la mise au fuseau. Une chose certaine, c'est que le schéma de Griffin ne s'applique pas aux batraciens, dans l'ordre que lui donne le savant américain. Est-ce à dire qu'il ne peut exister chez Thalassema et Zirphœal Nullement, le point de départ est différent, l'évolution du chromosome est différente aussi. Mais nous devons cependant regretter le nombre insuffi- sant des figures qui accompagnent le mémoire; il y a des lacunes à combler particulièrement en ce qui regarde la mise au fuseau, et la dislocation de la couronne équatoriale. La plupart des auteurs qui se sont trouvés en présence d'images sem- blables aux SCHÉMAS 14 à 19 les ont interprétées dans un sens absolument inverse de celui que nous avons indiqué. Pour eux, ces stades sont des étapes de retour vers les pôles. (*) Edm. B. Wilson ; The ccll in développement and inheritance ; igoo, p. 259, fig. 128. (**) Edm. Wilson : loco citato, p. 261. 366 Hector LEBRUN A notre avis, chez les batraciens, pareille sériation est impossible pour les raisons suivantes : i° nous n'avons jamais observé sur les chromo- somes correspondant aux SCHÉMAS 16, 17, la moindre trace de division lon- gitudinale entièrement achevée avec des paires de chromosomes séparés; 2° nous n'avons jamais vu, chez les batraciens, d'images rappelant, même de loin, celle que Grégoire (98) donne du retour vers les pôles dans les liliacées, c'est-à-dire deux U séparés et accolés par leurs extrémités. Nous n'avons jamais non plus observé de vide correspondant à la con- cavité des U dans les figures cruciformes. Le chromosome est toujours bien entier à ce stade, sans solution de continuité. Nous avons, il est vrai, figuré chez les tritons, fig. 95, A, 96, T, Pl.- XI, chez Biifo, FIG. 41, Pl. XI, des chromosomes portant une indication d'une concavité analogue à celle que Griffin a représentée chez Thalasseina, mais est ce bien un indice de division longitudinale; n'est-ce pas plutôt une modification de la cavité comprise dans un nucléole évolué en anneau? Nous ne pouvons considérer cette cavité comme un commencement de division longitudinale. Cet aspect peut tenir à la constitution du chromosome et à la distribution de la nucléine dans son intérieur. Les chromosomes sont, en effet, composés d"un boyau de nature plasti- nienne renfermant la nucléine. Cette dernière peut remplir entièrement ce boyau ou bien se répartir sur toute sa paroi en une couche plus ou moins épaisse en laissant un vide au milieu du boyau. Quand on met au point la surface de pareil chromosome, il apparaît plein; quand on abaisse légère- ment la vis, on voit apparaître une ligne plus blanche qui correspond au vide laissé au centre du boyau. Il faut convenir pourtant que la nucléine est une substance qui s'agglutine avec la plus grande facilité et que deux bran- ches accolées apparaissent le plus souvent soudées, quoique complètement indépendantes. Mais cela ne peut influencer en quoi que se soit l'ordre chro- nologique de l'évolution, le chromosome se comportera de même s'il dérive d'un bloc de nucléine, ou d'un anneau ; l'aboutissant est le même. Quand voyons-nous apparaître des indices certains de division longitu- dinale? Sur des chromosomes au stade schéma 18, 19, ccst-à-dire quand les branches verticales ont déjà notablement diminué de volume, et quand elles sont proches de l'équateur de la figure. Les chromosomes sont alors bien près de leur situation définitive d'équilibre; alors seulement, la division lon- gitudinale s'annonce sur les ailes des oiselets, comme on peut le voir clai- rement sur les FIG. 98, A et 99, A, des tritons (J). (*) J. B. Carnov et H. Lebrun : La vésicule gcrminative etc ; Mémoire de J898. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 36? Nous n'avons jamais observé de division accomplie que sur des chro- mosomes ayant la forme typique d' U, ou étant bien près d'arriver à cet état, FiG. 43, 44, 46 du présent mémoire; alors seulement, nous avons vu quatre extrémités entièrement libérées de tout contact, appartenant à deux chro- mosomes sœurs en U . Or, cet état ne s'observe que sur des bâtonnets arrivés en position d'équilibre à l'équateur du fuseau. Nous avons observé au contraire les formes en croix à toutes les hau- teurs sur le fuseau jusque près des pôles; il faudrait admettre alors, si ces images représentent le retour vers les pôles, qu'une des moitiés du chromo- some est arrivée presqu'à son but, tandis que l'autre moitié devrait encore passer seule par l'équateur pour gagner le pôle opposé. Mais, dira-ton, ce chromosome doit encore aller à l'équateur pour commencer là à se scinder. Mais alors, on devra bien admettre que ce chromosome est simultanément soumis à deux forces, l'une tendant à le pousser à l'équateur, l'autre tendant à l'en éloigner! Il est encore une autre raison qui corrobore entièrement notre inter- prétation, c'est la longue durée de la préparation à la couronne équatoriale typique. Cette préparation est toujours plus longue que la dislocation et le retour vers les pôles, qui sont toujours rapides. Cette préparation, cet ache- minement est particulièrement ralenti dans les cinèses polaires de l'œuf des batraciens, en raison même de la diversité de la forme des chromosomes à leur origine. Tandis que, dans les cinèses ordinaires, la régularisation de la forme et du volume se produit dans le stade peloton ou spirème, dans l'œuf, ce stade n'existe même pas; toutes les transformations s'accomplissent sur le fusean et s'accompagnent de nombreux mouvements. On trouve la figure presqu'entièrement organisée dans l'ovaire; tous les stades consécutifs s'accomplissent dans le péritoine et l'oviducte, et c'est seulement vers le milieu de celui-ci que l'on trouve des couronnes équato- riales typiques. La dislocation de celle-ci dure peu de temps, car pour cent figures préparatoires à la couronne équatoriale, on en trouve deux au stade manifeste du retour vers les pôles. Ce retour vers les pôles s'opère presque toujours d'ailleurs avec un en- semble remarquable; si l'un ou l'autre chromosome reste un peu en retard, c'est de bien peu de chose. En serait-il amsi, si nous interprétons les schémas 19 à 16 comme des stades de retour des chromosomes-filles vers les pôles? 45 368 Hector LEBRUN Nous devrions, au contraire, conclure que le retour s'opère d'une manière très lente, et que l'arrangement à l'équateur s'exécute très rapidement; et nous trouverions des stades de dislocation en deux chromosomes dès le début de la formation du fuseau. Ce qui ne se produit jamais; nous n'avons jamais vu de chromosomes-filles cheminant de l'équateur de la figure vers les pôles, avant que tous ne soient arrivés dans le plan équatorial et n'aient pris une position d'équilibre. Ce fait se produirait au contraire certainement, si l'on considère les oiselets, dont le corps est bien étendu suivant l'axe du fuseau, comme des stades qui précèdent immédiatement la séparation en deux chromosomes-filles ; or, nous trouvons toujours ces images à tous les niveaux du fuseau, avant que la couronne équatoriale se soit bien équilibrée, et parfois dès les premières ébauches du fuseau. Les chromosomes arriveraient l'un après l'autre aux pôles du fuseau, tandis qu'ils y arrivent avec une régularité synchronique frappante, ainsi qu'en témoignent les figures que nous avons données de ce stade. On peut déduire de ce fait que ceux qui arrivent les premiers à leur forme et à leur situation définitive attendent pendant un certain temps que les autres chromosomes soient arrivés à l'équateur de la figure pour accom- plir ensemble l'ascension vers les pôles. b) Anaphase. La dislocation de la couronne équatoriale et la division longitudinale sont les phénomènes les plus difficiles à saisir, à cause de la rapidité avec laquelle ils s'accomplissent et de la variété d'aspect et de position que peuvent prendre les chromosomes-sœurs pendant cette division. Nous avons été longtemps, des années entières, sans pouvoir saisir le phé- nomène sur le fait; nos dernières recherches ont été plus heureuses et nous avons pu mettre sous les yeux du lecteur trois dessins qui ont entraîné notre conviction sur la marche des phénomènes. Faisons d'abord une remarque générale. Nous n'avons jamais observé, dans les cinèses ovulaires, la division longitudinale indiquée au stade spirème, comme Janssens et Eisen l'ont fait dans les cinèses spermatiques chez Tritoii et Batrachoseps, parce que dans l'œuf ce stade n'existe pas. Dans l'œuf des tritons, les chromosomes dérivent de blocs; dans celui des anoures, ils dérivent directement des nucléoles. Nous leur avions donné auparavant une tout autre interprétation, que l'étude de nos préparations antérieures nous montrait comme la seule lo- gique, à savoir que les chromosomes subissaient une division axiale s'ache- vant par la rupture des U à leur point de courbure. Cette interprétation LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 369 nous avait été imposée par les circonstances. Nous avons plus tard reconnu que cette rupture était imputable aux manipulations et à l'action du rasoir, qui, en divisant la couronne équatoriale un peu obliquement, avait emporté dans la coupe précédente la portion coudée des chromosomes. Nous avons depuis retrouvé plusieurs couronnes équatoriales typiques, dans lesquelles cette rupture à l'endroit coudé ne se produit certainement pas. Par le fait que nous n'avions jamais trouvé d'indice manifeste de divi- sion longitudinale sur toute la longueur du chromosome, cet accident ac- quérait une importance que nous avons exagérée. Nos dernières recherches ont heureusement tranché cette question et simplifié de beaucoup l'expli- cation que nous avons donnée de la dislocation de la couronne équatoriale. Quand les chromosomes sont disposés bien régulièrement sur le plan équatorial de la figure, et qu'ils ont la forme représentée dans les schémas 18 et 19, on aperçoit un sillon qui s'enfonce dans l'épaisseur du chromo- some, le traverse bientôt de part en part, en laissant un espace vide entre les deux moitiés qui sont alors presque séparées l'une de l'autre. Ce sillon peut comprendre tout le corps de la branche horizontale, à l'exception de l'extrémité externe et du point coudé de l'U, fig. 98, A, des tritons. Le plus souvent même, ce sillon débute aux extrémités du chromosome pour gagner de proche en proche la partie coudée qui reste très souvent la dernière indivise. Mais bientôt se brise le petit pont de substance qui réu- nissait encore à l'extrémité les deux chromosomes-sœurs, et l'on se trouve devant une figure analogue à celle du schéma 35, qui représente deux U superposés et réunis au point coudé par un petit pont de substance adhé- rent au filament du fuseau. D'autres fois, c'est à l'extrémité même du chromosome que le détache- ment des deux moitiés commence pour gagner petit à petit le coude de l'U. Chose curieuse, le stade de couronne équatoriale à deux chromosomes en U superposés à l'équateur, que nous avons vainement cherché chez Raua et Bufo, a été trouvé presque exclusivement par Helen King, tandis qu'elle n'a pas observé tous les stades antérieurs avec chromosomes en croix et en oiselets. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire que le chromosome prenne la forme d'U pour que la couronne équatoriale soit bien en équilibre; la division longi- tudinale peut se produire avant que les branches verticales aient été absor- bées par les horizontales; la fig. 16, A, de Grégoire (9g) est une de celles que nous croyons à ce stade. Il faut toutefois remarquer c^ue dans les lilia- 370 Hector LEBRUN cées la division longitudinale est indiquée longtemps auparavant et c'est à l'équateur qu'elle s'accomplit. Grégoire (99J a même observé des indices de la seconde division lon- gitudinale de l'élément nucléinien dans le stade peloton ou spirème, qui précède la première cinèse sexuelle, de Sinety vient de montrer d'une ma- nière indubitable qu'il en est ainsi dans la spermatogénèse des acridiens. C'est une différence qui n'a d'ailleurs qu'une importance relative. Dans l'œuf des batraciens, nous n'avons jamais observé d'indice de division longitudi- nale avant la mise au fuseau. Le résultat est d'ailleurs le même; c'est à l'équateur de la figure que la division est un fait accompli. Enfin, et c'est le cas le plus fréquent, le chromosome prend la forrhe typique de l'U, et une division longitudinale intervient seulement alors, SCHÉMA 32. Le SCHÉMA 33 indique un mode spécial d'insertion du chromosome; celui-ci adhère au filament par sa portion coudée, qui ne se trouve pas en son milieu, mais plutôt sur une des extrémités. De ces diverses circonstances dépend la forme que les chromosomes auront au moment de l'ascension vers les pôles, ainsi que le font aisément comprendre les schém. 38, 39, 40, 41; ils auront la forme d'U, de crochet ou d'Y. Chez les tritons, nous avons figuré ces formes; fig. 109 A, 112, T, et m, A, correspondant aux schém. 38 et 40; chez Biifo, on observe la forme du schém. 39. Le retour synchronique des anses-filles vers les pôles a été constaté chez les tritons et chez Biifo. Le contraire a été figuré une autre fois chez Triton tœniatus et chez Rana tcmporavia. Dans l'œuf, lors du retour vers les pôles, les chromosomes se comportent autrement que dans les testicules. D'après les observations de Meves(99) et de Flemming sur la salamandre, de Mac Gregor (99) chez AmpJniima, la seconde division longitudinale est déjà achevée avant d'arriver aux pôles; ce sont des paires de bâtonnets qui arrivent aux pôles de la figure. Cette division s'opère de la même manière dans les liliacées [Strasburger (1901), Grégoire (99)]; il n'en est pas ainsi dans les cinèses sexuelles de l'œuf des batraciens : cette division est retardée jusqu'à l'équateur de la seconde figure; les images que nous avons données de Bombinatov ne laisse aucun doute à cet égard. Notre description concorde beaucoup plus avec celle que Druener (94) a donnée de la cinèse des spermatocytes de la salamandre ; comme nous, LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 371 il a observé, des groupes de chromosomes entièrement distincts à l'équateur de la figure, qui s'y séparent et gagnent les pôles sans subir de division lon- gitudinale secondaire. Un dernier argument qui démontre une fois de plus que les chromo- somes en oiselets ne sont pas des stades du retour vers les pôles est celui ci. Quand on examine les figures au moment de la mise au fuseau et pendant l'évolution des chromosomes vers la couronne équatoriale, ceux-ci sont éparpillés dans toute la profondeur de la figure et forment ce que Carnoy a appelé une couronne pleine; mais au fur et à mesure que les chromo- somes se régularisent et que les branches de l'U se dessinent, ils se portent vers la périphérie du fuseau et ils finissent par se placer sur les filaments externes, de sorte que, vu de haut ou de l'un des pôles de la figure, l'ensemble a vraiment l'aspect d'une couronne creuse. Les chromosomes gardent cette situation périphérique pendant leur retour vers les pôles et, quand ils sont arrivés aux sommets de la figure, ils l'ont encore, car ils forment ce qu'on est convenu d'appeler les couronnes polaires. Nous dispo- sons en outre d'un autre critérium pour la sériation des étapes de la cinèse, c'est l'acheminement de la figure vers la superficie de l'œuf, l'envahissement progressif du caryoplasme par les enclaves vitellines, et l'orientation du fuseau suivant le rayon de la sphère ovulaire; nous renvoyons le lecteur à ce que nous en avons dit en décrivant nos figures de Biifo et de Rana. Seconde figure polaire. Quand les chromosomes arrivent aux pôles de la figure, leur coude est dirigé en avant et la concavité des U regarde l'équateur qu'ils viennent de quitter. Peu de temps après, le fuseau disparaît et les chromosomes s'or- donnent autour de l'aster intérieur, de telle façon que la concavité des U regarde vers le centre de l'aster, et ils forment ainsi une jolie figure étoilée correspondant au schéma 42. Ils conservent cette disposition un temps très court, car bientôt le second fuseau s'organise et les chromosomes se remettent en mouvement. Nous avons décrit tantôt en détails les mouvements qu'ils subissent d'abord pour se fixer au fuseau, et pour former la seconde couronne équatoriale. Nous avons représenté dans le schéma 43 les diverses phases de ces mou- vements. En ce qui concerne le mode d'insertion sur le fuseau, nous devons dis- tinguer trois cas. 372 Hector LEBRUN 1° Le mode décrit chez les tritons. Après l'expulsion du premier glo- bule polaire, les bâtonnets en U restés dans l'œuf s'agglomèrent pendant un temps très court, sans toutefois se fusionner entre eux. Le second fuseau s'organise immédiatement et nous retrouvons aussitôt les bâtonnets avec leur forme typique en U disséminés â tous les endroits du fuseau. Ils se fixent sur les filaments par leur portion coudée et s'ordonnent à l'équateur de la figure en une couronne équatoriale typique, c'est-à-dire en ayant la conca- vité des U tournée vers l'extérieur du fuseau. Quand cette position d'équilibre est atteinte, il intervient une division longitudinale, qui partage chaque U en deux. Les fig. i i6 à 121 des tritons rendent compte de ces phénomènes. Chez ces batraciens donc, la seconde figure suit la première sans stade de repos; les chromosomes gardent leur forme et subissent immédiatement une seconde division longitudinale. 20 Chez Bombinator, il existe un petit arrêt entre la première et la seconde figure. Quand celle-ci s'organise, les chromosomes s'attachent aux filaments du fuseau de plusieurs manières : soit par une seule extrémité, quand il s'est redressé entièrement et est tout droit; soit par les deux extrémités libres, quand le chromosome est resté dans la situation qu'il occupait dans l'étoile du stade de repos intermédiaire aux deux figures; alors, les deux bouts sont situés dans le même plan équatorial; soit qu'il se fixe par les deux bouts, mais superposés dans le sens vertical suivant un méridien, après que le bâtonnet a subi une rotation de 90 degrés. Quoi qu'il en soit du mode d'insertion initial, le résultat est le même, le chromo- some redevient homogène et droit. Les deux branches du chromosome coudé s'accolent. Y a-t-il fusion réelle ou apparente? Nous n'avons pu tran- cher cette question. Les chromosomes en U paraissent complètement ho- mogènes, en nous servant des meilleurs objectifs et de la meilleure lumière. Mais la portion coudée peut s'arrondir et absorber peu à peu presque toute la substance du chromosome, qui se redresse ensuite et se fixe sur le fuseau par un des bouts. Dans ce dernier cas, la division qui interviendra sera cer- tainement longitudinale; dans le premier, en admettant que la fusion n'est qu'apparente, nous aurons affaire à une division transversale. Les schémas 44, 45, 46, rendent compte de ces transformations. Ensuite, le bâtonnet, après s'être détaché de l'extrémité adhérente, glisse sur le fuseau en se recourbant en même temps en U et s'attache au fuseau par son point de courbure. La couronne équatoriale typique est de nouveau formée et une seconde division longitudinale se produit, schémas 49, 50. Les images rappellent avec beaucoup de ressemblance les fig. 99, LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 373 loo, 101, qu'EiSEN donne de la couronne équatoriale des spermatocytes de second ordre de Batrachoseps aitcmtatus. Il conclut, comme nous, à une di- vision longitudinale. Ce qui se passe à l'intérieur du bâtonnet, nous ne pouvons le savoir avec les moyens d'investigation actuels. Il n'existe d'ailleurs aucune raison, si ce n'est des raisons théoriques, pour ne pas admettre que dans la même figure des chromosomes puissent les uns subir la division longitudinale, les autres une division transversale. Que cela réponde ou non au postulat de 'Weissman sur la constitution de l'élément nucléinien, peu nous importe. Nous avons démontré que ce postulat était faux. Il ne peut y avoir de pos- tulat en sciences d'observation. Fuseau. Elément plastiuieu. Nous avons décrit chez la plupart des espèces que nous avons étudiées des phénomènes d'orientation du réticulum du noyau et de l'œuf pendant la période de maturation, qui méritent que nous nous y arrêtions pendant quelques instants. Rappelons l'irradiation constatée dans les noyaux des œufs adultes de VAlytes et des tritons. Il est certain qu'il s'opère entre le noyau et le protoplasme de l'œuf des échanges osmotiques intenses, qui ont pour conséquence d'orienter les fibrilles du réseau comme les rayons d'un immense aster. L'ilot formé au milieu du noyau par les nucléoles ramassés et en train de se résoudre en serait le centre. Les produits de cette résolu- tion, d'abord granuleux, se dissolvent dans l'enchylème nucléaire et passent dans le cytoplasme au travers de la membrane par osmose. Nous retrouvons des phénomènes analogues à l'approche de la maturation de l'œuf, dans les anoures surtout. Ils co'incident aussi avec une abondante résolution des nu- cléoles et la dissolution de leurs produits, et de plus avec une répartition spéciale du pigment autour du noyau. L'effet des échanges osmotiques se manifeste aussi d'une manière différente dans l'œuf de Raua de la fig. 3. C'est le cytoplasme qui s'irradie autour du noyau; il faut remarquer que le noyau entier est rempli de produits de la résolution antérieure et de gra- nules bien près de se dissoudre. Ce n'est plus donc seulement le centre du noyau qui est la source des échanges chimiques qui s'opèrent entre les produits dissous et le cytoplasme; dans le cas présent, c'est le noyau entier sur toute sa surface, qui influence le réticulum de l'œuf, provoque l'irra- diation et en est le centre. Cette irradiation n'est pas rare chez les végétaux; un grand nombre de botanistes l'ont signalée avant la disparition de la mem- 374 Hector LEBRUN brane. Dans la fig. 4, le centre de l'irradiation est en dehors du noyau ; c'est qu'ici les produits nucléiniens sont sortis de la vésicule germinative sous la forme de grosses boules et celles-ci se redissolvant dans le cytoplasme influencent le réticulum qui entoure la plage, d'où les produits de la résolu- tion diffusent dans l'œuf. Dans cette figure, cette force de diffusion est telle- ment forte qu'elle influence le caryoplasme à travers la membrane nucléaire et reproduit chez Rana les belles figures qui accompagnent la disparition de la vésicule germinative chez Bii/o. Dans ces belles figures qui comprennent le pôle animal de l'œuf tout entier, nous retrouvons partout le même phéno- mène accompagnant la maturation, à savoir la dissolution de l'élément nu- cléinien, sa combinaison en nucléoalbumines solubles, et l'absorption rapide de ces substances par le cytoplasme. Cette influence des nucléoalbumines formées lors de la résolution des nucléoles n'est point d'ailleurs particulière à la période de maturation; c'est en quelque sorte pendant toute la vie de l'œuf à chaque résolution nucléolaire qu'elle se manifeste. 11 nous suffira de rappeler les traînées de granules, les résolutions en goupillons, les figures en étoile observées tant de fois par nous au cours de la vie de l'œuf. Ainsi considérée, cette série ininterrompue de phénomènes d'assimilation s'accom- plissant dans les nucléoles et de désassimilation s'accompagnant de modifi- cations morphologiques des éléments constitutifs de la cellule, nucléoles, caryoplasme, réticulum, n'est après tout qu'une cinèse continuelle. Ces grandes irradiations de la période de maturation peuvent donc se ramener aux mêmes causes que celles beaucoup plus petites que nous avons décrites tant de fois déjà; elles ont ici un cachet particulier en raison de la grande quantité de substances en présence et des circonstances spéciales dans les- quelles l'œuf se trouve pendant la période de maturation. Nous en avons déjà entretenu le lecteur à propos de ladisparition de la vésicule germinative. Ces aspects si variés ne sont pas pour nous des formations nouvelles; ce sont simplement des modifications d'une structure préexistante du sque- lette cellulaire, du réticulum plastinien. La manière dont Child (98) com- prend les irradiations qu'on peut rencontrer dans le cytoplasme se rapproche beaucoup de la notre; il en sera question plus loin. C'est aussi à une action similaire que nous avons rapportée la formation des asters et du fuseau dans la première figure polaire, et dans la première segmentation de l'œuf d'Ascaris megalocephala; dans ces derniers cas, la substance nucléoalbumine agissant serait localisée dans un nucléole plas- matique. Cette manière de voir, nous la maintenons malgré les travaux de LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 375 FûRST (98) et de Boveri (1901). Nous avons dédaigné de répondre à l'at- titude outrecuidante de l'élève; nous ne pouvons laisser passer sans protes- tation le silence calculé du maître. Boveri, dans son dernier mémoire, feint d'ignorer notre travail sur l'Ascaris. C'est un procédé commode de discus- sion, celui de paraître ignorer une opinion radicalement contraire à celle qu'on soutient. Furst ne nous a pas refuté, pas plus que Boveri ; notre démonstration reste donc entière. •Pour un travail de contrôle tel que celui que Furst s'était imposé, il eut été logique, nous semble-t-il, de suivre les méthodes nouvelles que nous avons indiquées! Furst n'en a rien fait; ses méthodes de fixation sont au contraire inférieures, quant à leur force de pénétration, à celles que tous ses devanciers ont employées. Les fixateurs employés par van Beneden, Car- NOY, Nussbaum, Kostanecki, von Erlanger, sont de loin préférables ■ à ceux que Furst emploie. Ils ne nous ont pas satisfait, parce que les œufs pouvaient y vivre des jours entiers avant d'être pénétrés. Nous avons fait en 1892 le contrôle de leur pouvoir pénétrant dans le laboratoire de Nuss- baum. Nous avons enfin essayé une solution nouvelle, employée avec des précautions spéciales, qui tue les œufs en quelques m.inutes. C'est pourquoi nous sommes arrivé à des résultats si différents ; nous sommes donc en droit de retourner à Furst, l'aimable phrase qu'il nous adresse : ^ Es diirfte y^ tiberfliissig sein ein weiteres Wort dariiber zu verlieren. ^ Quelle confiance faut-il, en effet, accorder aux résultats obtenus après l'action de fixateurs dans lesquels les œufs peuvent vivre des semaines en- tières? On ne se montre pas difficile sous ce rapport à l'école de Boveri, puisque, de l'aveu de Furst, tous les fixateurs employés ont donné de bons résultats!! Il s'exprime comme il suit : y Mit Ausnahme des Pikrinosmiumge- » misches und Formol, bewahrten sich aile Conservirungsfliissigkeiten fiir n unsere Frage gut und lieferten in der Darstellung der Centrosomen » voUkommen iibereinstimmende Resultate «. Les autres fixateurs employés sont la liq. de Pereniy, le sublimé + acide acétique, l'acide nitrique à 3 0/0, l'alcool à 70 0/0. Les œufs de l'As- caris se développent dans ces milieux des journées entières avant de se laisser pénétrer. Il suffit d'ailleurs de jeter un coup d'œil sur les figures de FiiRST pour se rendre compte de la manière déplorable dont ses œufs ont été maltraités. On n'aperçoit aucun aster à l'extrémité des fuseaux des figures polaires et tout le cytoplasme est vacuolisé à l'excès. 46 376 Hector LEBRUN Les œufs étudiés par Furst et Boveri sont morts dans une lente et longue agonie. Nous attendons donc toujours qu'on nous contrôle et qu'on nous réfute. Nous avons critiqué et démontré comme étant dues à des images patho- logiques ou à des déformations résultant de l'emploi de réactifs mauvais les théories de Boveri et van Beneden sur la cinèse en général, l'origine du fuseau, l'origine du chromosome, la théorie de l'hérédité basée sur l'apport dans l'œuf par le spermatozo'ïde d'un élément nouveau, le spermocentre, qui en se divisant donneraient les centrosomes de la première segmentation. Depuis 1897, les observations qui plaident en faveur de notre manière de voir se sont multipliées d'une façon trop remarquable pour que nous ne les mentionnions pas avec une certaine satisfaction. Il s'opère parmi tous les biologistes un revirement significatif; on rend au no3'au son véritable rôle directeur dans toute la vie cellulaire, et particulièrement dans cette période importante qui est la cinèse. L'antagonisme qu'on a essayé de créer entre le noyau et le cytoplasme a entièrement disparu et l'on en vient à une compré- hension plus juste et plus générale, qui a été la nôtre : à savoir que ces deux organes concourent avec leurs éléments propres' à une action commune. Nous constaterons donc qu'on revient de plus en plus, depuis le moment de l'apparition de notre mémoire, à des idées beaucoup plus saines sur les phénomènes de la cinèse. Nous n'en sommes plus au temps où le proto- plasme, les sphères attractives, les centrosomes, etc., étaient le siège exclusif des mouvements cellulaires. Le nombre de ceux qui observent la formation du fuseau aux dépens du caryoplasme s' accroît de jour en jour. Nous citerons entr'autres Hertwig, R, (98), Gathy, Juun, Schockaert, (1901), Gérard (1901), van der Stricht (98), Montgommery(i9oi), Bolles Lee, et d'autres, et une foule de botanistes, Strasburger(i90i), Osterhout (97), Mottier(98), Juel(98), Grégoire(98). Le nombre des observateurs, qui décrivent les cinèses sans intervention de chromosomes ou de sphères, aug- mente aussi tous les jours, tant parmi les botanistes, où ils sont légion, que parmi les zoologistes; qu'il nous suffise de citer Sobotta chez la souris, Helen King(i90i) chez Biifo leutiginosiis, F. Janssens (1901), Eisen(i90o) pour les auxocytes des batraciens. Rappelons tous les beaux travaux de parthénogenèse expérimentale de Morgan (96-98), Wilson (1901), Loeb, qui tous concourent à démontrer que la théorie de la fécondation de Bo- veri ne peut tenir debout et que l'action du centrosome, quand il existe, est passagère et momentanée. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 377 Nombreux sont ceux qui, après avoir constaté un spermocentre après l'entrée du spermatozoïde dans l'œuf, le voient disparaître et ne parviennent pas à le suivre avant le stade de la première segmentation. Cependant, si la théorie de van Beneden et de Boveri était vraie, le spermocentre devrait, en se divisant, donner les deux centrosomes de la première segmentation. Nous citerons seulement pour mémoire les observations de van Name sur Planocera, de Child sur Areiiicola, de Lillie dans l'œuf d'f7/7/o. Ces auteurs croient avec Child que les centrosomes sont des formations nou- velles, n'ayant aucun rapport avec le centrosome mâle. D'autres en constatent la disparition, tels Mac Farland dans Pleiiro- phyllidia, Foot dans Allolobophora, Klinkgm^strôm dans Prosthecereus, CoE dans Cerebratiilits, Echiniis, Sphoerechiniis et Slrongylocentrotiis, mais concluent cependant, comm.e Kostanecki pour Physafontiiialis, que les centrosomes disparaissent, puis réapparaissent ! ! Carnoy et Bolles Lee ont répondu victorieusement à ces interprétations illogiques. Nous ajouterons à la liste de ceux qui croient que le centrosome dérive du noyau les noms de Gérard, iQOi, et de Schockaert, qui ont suivi son existence dans toute la vie de l'œuf jusqu'aux cinèses sexuelles. Ce fait con- corde avec nos observations sur Ascaris (1897), avec celles de Rûckert sur Cyclops streniiiis, avec celles de Julin chez Styelopsis, et de Schaudinn(99) chez Acanthocystis. Une nouvelle conception des' sphères nous vient d'Amérique avec les travaux de Edwin Conklin (1901) sur Crepidula, et de Lillie sur l'œuf d'£/7//o(i9oi). Pour ces deux auteurs, les sphères dérivent du développement progressif d'un centrosome, tout au moins pour ce qui regarde les premières divisions de segmentation. Ils sont néanmoins unanimes à leur reconnaître un caractère transitoire et à admettre une formation nouvelle après chaque division. Ce n'est donc déjà plus la théorie de Boveri ou de van Beneden. Remarquons tout d'abord que ces deux auteurs ne nous renseignent pas sur l'origine du centrosome de la première figure polaire. Conklin et Lillie constatent sa présence à côté de la vésicule germinative, sans nous parler de son origine ; nous ne savons pas s'il existe des nucléoles dans la vésicule germinative, ni ce qu'ils deviennent. Ils ont suivi, il est vrai, le sort du centrosome interne de la première division et l'ont vu se transformer pour donner le second fuseau polaire, comme van der Stricht (98), Mac Farland (96), Lillie (1901), "Vejdowsky et Mrazek (1898'. Nous n'avons pu étudier ce stade à suffisance, parce que, nous l'avons reconnu, nous 378 Hector LEBRUN n'étions pas parvenu à trouver un bon fixateur pour ce stade. Les auteurs précités comblent donc une lacune de notre mémoire. Mais Conklin est entièrement de notre avis, quand il voit disparaître le centrosome interne après la seconde division. Nos observations concordent absolument sur un autre point très im- portant. LiLLiE voit disparaître le spermocentre; Conklin constate l'absence complète d'irradiation autour du spermatozoïde et du pronucleus mâle aussi longtemps qu'il chemine vers le pronucleus femelle. Quant à l'origine des centrosomes de la première segmentation, Lillie s'exprime comme suit. ■^ I believe that they are eggproducts of new origine j) formed under the influence of the two germ nuclei. It seems to me pro- » bable that each nucleus has the power in a certain condition of maturity to r> enter into a reaction with the cytoplasme, which results in the formation » ofan aster with its centrosome, and thus initiâtes the process of karyo- r> kinesis". Avons-nousdit autre chose? Oui, nous avons dit plus. Nous avons précisé les vues un peu vagues de Lillie, en disant que c'était le nucléole plasmatiquequi était cepriimiin inorens. Néanmoins, Lillie considère notre interprétation comme une absurdité pour le cas de l' Uiiio. Nous répondons à cela, que Lillie n'a certainement pas lu notre mémoire, sinon elle aurait vu à la p. 152 ce que nous écrivions à ce propos : « Loin de nous la pensée de r> faire porter nos conclusions plus loin que nos observations elles-mêmes, c'est r> pourquoi nous écrivons : chei l'Ascaris «. Ce qui peut paraître une ab- surdité pour JJnio n'en est pas moins un fait prouvé pour Ascaris. Au surplus, nous cherchons en vain, dans les figures de Lillie, une preuve de ce qu'elle avance, à savoir que ^ in cleavage stages each chromosomal vesicle apparently forms a nucleolus ". Nous nous permettrons aussi de trouver non fondée et non prouvée son opinion au sujet du sort du centrosome in- terne de la seconde division de maturation. Entre ses fig. 32, 3^ et 34, il y a loin, et rien ne démontre la filiation qu'elle voudrait établir. Nous pour- rions dire avec autant de raison que le centrosome s'est dissous et que le cytoplasme qui entoure l'aster s'est vacuolisé sous son influence. Nos vues sur l'origine nucléaire du centrosome ont reçu d'ailleurs une belle confirma- tion dans les travaux de Gérard et de Schockaert. Conklin est plus pru- dent; il constate l'apparition des deux centrosomes de la première matura- tion contre la membrane des deux pronuclei. Il y aurait grand intérêt à connaître le sort des nucléoles dans Crepidula. Conklin nous réserve peut- être cette surprise pour l'apparition de son mémoire in extenso. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 379 De tous ces travaux, celui annoncé par Child sur Arenicola depuis 1898 est certainement celui qui se rapproche le plus de notre manière de voir. Constatons que nous sommes arrivé à des résultats analogues indé- pendamment l'un de l'autre. Son étude paraît devoir être plus complète et plus serrée. Comme nous, il ne trouve aucune trace de centrosome avant la matu- ration. Il existe un nucléole dans Toeuf (ï Arenicola, et il disparait à l'ap- proche de la cinèse. Après la disparition de la membrane, les centrosomes apparaissent l'un près de l'autre, avec des rayons très courts. Aucune indi- cation n'a été trouvée qui plaiderait en faveur de leur origine commune dérivant d'un seul centrosome. Il n'a pas observé de r^ central Spindel «. Il a vu un petit aster se former près de la tète du spermatozoïde, mais il n'a pu y découvrir de centrosome; il le trouve plus tard et le voit se diviser. Après la seconde division polaire, le ou les centrosomes femelles disparaissent de même, car peu de temps après on ne retrouve plus traces ni d'asters ni de centrosomes dans l'œuf. Enfin, quand les deux pronuclei sont rapprochés, dans leur voisinage apparaissent les asters et les centrosomes de la première segmentation. Ses conclusions sont identiques aux nôtres, à savoir que les centro- somes de clivage sont des formations nouvelles n'ayant aucune relation avec le centrosome mâle. Les rayons astériens, les fibres du fuseau sont des états temporaires du cytoplasme, qui apparaissent et disparaissent dans la cellule chaque fois que certains processus commencent ou cessent. Ils ne sont que l'expression d'une activité. Enfin, ces irradiations peuvent se produire et être le résultat de phénomènes qui n'ont aucune connexion avec la caryo- cinèse. Nous attendons avec impatience l'apparition du mémoire de Child. Citons encore, pour terminer, les observations si intéressantes de EsTHER FussEL Byrnes (99), qui ne trouve pas non plus d'archoplasme dans l'œuf, voit la centrosphère ovulaire disparaître, et ne voit pas de r> Mittelstiick " dans le spermatozoïde. Nous n'avons pas dit autre chose pour ï Ascaris. Nous avons dit ailleurs ce que nous pensions de la résurrection du qua- drille des centres par van der Stricht. Quant au mémoire de Francotte sur les polyclades, nous ne pouvons le discuter, parce que, à notre avis, les planches qui accompagnent le mémoire sont absolument insufiîsantes. Nous considérons les descriptions de Francotte comme des affirmations 38o Hector LEBRUN sans preuves. Nous laisserons ce soin à Schockaert et Gérard, qui pour- ront en faire la critique avec plus d'autorité, puisqu'ils étudient les mêmes objets. Très remarquable aussi assurément est le fait observé par Boum (1901) de la formation indépendante des asters et du fuseau chez la forficule. Nous voilà loin, semble-til, de l'archoplasme et de ses filaments pécheurs et du troisième élément permanent de la cellule!! La formation du fuseau dans l'ovocyte des batraciens, sans l'interven- tion de sphères et de centrosomes, que nous avons observée chez cinq espèces et qui vient d'être confirmée par Helen King (1901) chez Bufo lentigiiwsus, démontre une fois de plus le danger qu'il y a d'émettre trop vite des théories générales. La formation du fuseau dans les cinèses sexuelles de l'œuf des batra- ciens revêt des caractères qui n'ont pas, que nous sachions, été signalés jusqu'ici. 1° Il se forme dans une aire spéciale de la vésicule germinative, qui représente une partie minime de la masse totale du noyau (*). 2° Le réticulum caryoplasmique s'oriente en filaments décrivant des cercles concentriques chez Rana, ou bien des ovales plus ou moins allongés chez Bufo et les tritons. Ces filaments ne paraissent s'arrêter à aucun en- droit; ils semblent, au contraire, se continuera l'extrémité de la figure pour revenir sur la face opposée vers le point de départ initial; ce n'est pas au début un fuseau au sens propre du mot, mais plutôt un écheveau. 3° C'est plus tard que la figure devient bipolaire, et que le fuseau se dessine par le fait du centrage des fibrilles en deux points opposés. 4° Alors apparaissent seulement les asters aux pôles de la figure; ceux-ci rayonnent d'abord sur toute la circonférence du pôle, mais les rayons les plus puissants sont toujours dirigés vers l'équateur de la figure. Ils sont de grandeur variable suivant les espèces; peu marqués chez les anoures, ils atteignent une puissance telle chez les tritons, qu'ils s'entrecroisent à l'équa- teur de la figure. Ces rayons sont entièrement indépendants du fuseau; ils atteignent leur plus grand développement au stade de la couronne équa- toriale. 5° Mais ils ont une courte durée; au moment de l'anaphase, ils ont entièrement disparu, et quand le pôle de la figure adhère à la surface de (*) Les observations de Gardiner, sur Polychœnis, ont de grands traits de ressemblance avec es nôtres. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 38 1 l'œuf, on ne retrouve plus traces d'asters; ils ont été dissipés, et nous nous trouvons alors en présence du fuseau seul. Les asters sont donc des forma- tions éphémères dont l'action est passagère. 6° Ils se forment entièrement dans le caryoplasme, sans intervention de sphères ou de centrosome. 7° Le fuseau devient presque sphérique; au stade de la couronne équatoriale, ses pôles s'aplatissent. 8° Mais il reprend sa forme ovale au moment de l'anaphase et les pôles conservent leur aplatissement pendant l'expulsion du globule polaire. Si nous considérons l'orientation des filaments du réseau comme l'ex- pression morphologique des forces qui sont en action pendant la cinèse, nous devons reconnaître qu'il existe dans la plage fusoriale deux forces bien distinctes en présence. Tout d'abord, une force de rotation centripète aussi longtemps que le fuseau est arrondi ou ovale, au début de la cinèse; puis, nous trouvons, quand la figure se centre et prend deux pôles, d'autres forces, centrifuges celles-là, qui partent des deux pôles du fuseau pour rayonner sur tout le tour de l'aster et d'une manière plus forte vers l'équateur de la figure. Ces forces rayonnantes sont sensibles loin des pôles, puisqu'elles s'entre- croisent en quelque sorte à l'équateur et paraissent se repousser. Elles sont sensibles aussi à l'intérieur du fuseau, car elles contrarient et neutra- lisent la force rotatoire interne du fuseau. Nous trouvons l'expression de cette action dans les faits suivants : i° la régularisation de la couronne équatoriale; en effet, les chromosomes distri- bués sur toute la hauteur du fuseau aboutissent toujours à un même plan de l'équateur; 2° les chromosomes, distribués à tous les niveaux de l'épaisseur du fuseau pour former une couronne pleine au sens de Carnoy, sont peu à peu attirés vers la périphérie du fuseau pour s'y arranger suivant un cercle parfait. Mais il y a plus ; ces forces irradiantes agissent en sens contraire dans l'épaisseur du fuseau et finissent par devenir équivalentes, quand elles ont repoussé chacune de leur côté les chromosomes qui leur étaient voisins vers l'équateur de la figure. Au stade de la couronne équatoriale parfaite, elles se sont donc équilibrées sur le fuseau; c'est ce qui amène tous les chromo- somes sur un même plan. La couronne équatoriale constitue un état d'équi- libre parfait. Ces forces ne se neutralisent cependant pas; elles paraissent au contraire être de nature différente et se repousser mutuellement. On trouve l'expression de cet état dans nos fig. 100, 101, 102, A, à l'endroit où 382 Hector LEBRUN les filaments astériens viennent se croiser sur tout le pourtour de l'équateur de la figure. Ils vont tous en divergeant et paraissent vouloir entraîner les chromosomes en dehors du fuseau. Cet état est réalisé le mieux dans la fig. I du mémoire de Lillie. Nous ne voulons pas dire par là que la présence de ces asters est absolu- ment nécessaire pour que la couronne équatoriale puisse s'accomplir; nous constatons seulement qu'ils existent toujours, quand le cytoplasme est suffi- samment abondant autour de la figure. Quand les enclaves vitellines ont réservé l'espace, les asters ne peuvent plus se développer; mais les forces centrifuges existent néanmoins. Il nous suffira de rappeler la formation de la couronne équatoriale chez les infusoires, les nombreuses figures de Car- NOY (85), entr'autres les fig. 203, 204, ■20^,de Lithobiiisforjicatiis, les observa- tions de BouiN sur le même objet, pour montrer que ces forces centrifuges agissent pendant la métaphase. Ces forces donc, sans préjuger en aucune façon de leur nature, se rencontrent à l'équateur, se repoussent mutuelle- ment vers la périphérie du fuseau et entraînent tout ce qui s'y trouve; elles déterminent ainsi l'orientation des chromosomes en U, la formation des U aux dépens des chromosomes droits sur le fuseau, et leur distribution vers la périphérie de la figure dans le plan équatorial. Mais elles s'épuisent, puisque bientôt les asters disparaissent quand le fuseau s'est aplati aux pôles et en même temps arrondi. C'est alors que se produit la dislocation de la couronne équatoriale. Le fait même de la divi- sion des chromosomes, nous le considérons comme une manifestation vitale autonome de l'élément nucléinien, et nous croyons que cette dislocation s'ac- complit à l'équateur, quand le fuseau est sphérique et dans un état complet d'équilibre. Les chromosomes ne sont plus soumis aux forces centrifuges extérieures du fuseau, puisqu'elles se sont dissipées peu à peu, mais aux for- ces qui siègent dans le fuseau. Celui-ci est devenu bicentrique; au lieu d'un seul centre qu'il possédait au début de la cinèse, il en possède deux mainte- nant ; ce sont les deux pôles de la figure. Les forces centripètes contrariées pendant la métaphase reprennent maintenant le dessus et ramènent vers les pôles les deux moitiés des chromosomes, qui se sont séparés à l'équateur. Cette force centripète se manifeste par l'ascension des chromosomes vers les pôles du fuseau et par l'orientation que prennent ceux-ci, lorsqu'ils sont arrivés au sommet de la figure. A l'équateur, l'ouverture des U était dirigée vers l'extérieur; dans la couronne polaire, ils ont été complètement renversés. Nous les y retrouvons LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 383 formant une rosace et les angles de courbure tournés vers l'extérieur, alors que dans la couronne équatoriale ils étaient tournés vers le centre, fig. 52, 53, 61, de Bombinator igiieus. L'indépendance des forces qui agissent pendant la cinèse vient de rece- voir une éclatante confirmation dans les observations de Bouin sur Geophi- lus. Dans les spermatocytes de cet animal, les asters se forment contre le noyau, puis s'en éloignent à une grande distance. Leur action est passagère. L'ascension polaire s'accomplit sans leur secours. Le fuseau, au contraire, naît tout entier dans le noyau. Ces faits sont incompatibles avec les idées de Boveri et autres sur la cinèse; ils sont à ajouter aux innombrables figures de Carnoy qui, en 1885 déjà, montrait que les fibres du fuseau persistaient pendant toute la durée du retour vers le pôles, à celles de Wilson chez Toxopneustes, aux nôtres chez Y Ascaris en 1897, à celles de Hertwig en 1898, pour montrer que la théorie de la contraction des fibres fusoriales, inventée par van Beneden et Boveri, a été abandonnée avec raison par l'immense majorité des cytolo- gistes. Ceux de nos lecteurs qui voudraient plus de détails à ce sujet les trouveront dans notre mémoire sur Y Ascaris, 1897, aux pages 121 et sui- vantes. Granules pigmentaires. Nous avons, au cours de cette étude, mentionné à plusieurs reprises les mouvements et les modifications qui se manifestent dans la répartition des granules pigmentaires au pôle de l'œuf, autour du noj'au et autour des fi- gures polaires. Rappelons d'abord la démarcation très nette, perceptible à l'œil nu, des deux pôles de l'œuf dans les œufs qui ont des granules pigmentaires colorés, quand le moment de la maturation approche. Chez Rana et chez les tritons, cette distribution est des plus nettes, tandis que le jour qui précède la maturation, ces granules sont disséminés même dans le pôle inférieur, en diminuant de nombre d'une manière insen- sible; aussitôt que la maturation s'annonce, on voit un changement marqué se produire. Ils abandonnent 1 hémisphère inférieur pour se porter vers l'hémisphère supérieur, où leur nombre va en augmentant au fur et à mesure qu'on s'approche du pôle animal, où les phénomènes de la maturation vont se dérouler. A l'équateur de l'œuf, une ligne de démarcation très nette est visible. Les mouvements sont plus sensibles encore chez Biifo viilgaris. 47 384 Hector LEBRUN Cette espèce a les œufs absolument noirs et, si l'on en jugeait par l'aspect extérieur, on serait tenté de croire, en les examinant in toto, que la couche de pigment est répartie d'une manière égale et uniforme sur toute la couche externe de l'œuf. Il n'en est pourtant rien; sur les coupes axiales, la disposition que nous avons mentionnée tantôt chez Rana se retrouve; c'est au pôle animal qu'ils sont les plus nombreux. Là, ils envahissent le cytoplasme jusque dans ses couches profondes et entourent même la vésicule germinative. Dans l'hé- misphère inférieur, la couche des granulations pigmentaires est beaucoup moins épaisse, mais suffisamment forte pourtant pour lui donner un aspect noir dans l'œuf mùr. Or, qu'observe-ton? Au moment où la vésicule germi- native est sur le point de disparaître, tous les granules pigmentaires se portent vers l'hémisphère supérieur et, de même que chez Rana, une ligne très nette sépare les deux hémisphères à l'équateur; l'inférieur a pris une teinte presque blanche, tandis que le supérieur s'est foncé de couleur. Aussi- tôt que la maturation a commencé et que le contenu du noyau s'est mélangé au cytoplasme, le pigment reprend sa distribution première et l'œuf rede- vient tout noir. Nous avons signalé le même phénomène chez Triton tœniatus et alpestris et fait remarquer que cette distribution constitue un indice presque certain pour retrouver, au milieu des œufs ovariens, ceux qui sont les plus proches de la déhiscence. Ces mouvements des granules pigmentaires autour de la vésicule ger- minative ont revêtu des caractères particuliers, que nous avons représentés chez Biifo et chez Rana, et ont précédé, chez ces deux espèces, la disparition de la membrane nucléaire et une irradiation du cytoplasme à l'endroit où nous avons signalé leur présence, fig. 1, 2, 3. Dans les espèces dont les œufs sont jaune-orange, ces granules se re- trouvent avec la même abondance, mais on ne peut en suivre les mouve- ments, parce qu'ils sont à peine reconnaissables au milieu des enclaves vitellines de même volume. Ils ont sur les coupes une teinte si pâle qu'il est impossible de les distinguer sur des coupes colorées. Pour les retrouver, leur teinte peut servir d'indice, à condition d'examiner des coupes non co- lorées. On les reconnaît alors facilement sur tout le tour de l'œuf occupant u ne couche mince le long de la membrane. Les œufs de Triton cristatiis, Salamandra maciilosa, Alytes obstetricans sont dans ce cas. Dans d'autres œufs qui n'ont pas de pigment coloré, ces granules spé- LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 385 ciaux paraissent exister aussi, si nous en croyons les intéressantes observa- tions de FiscHEL sur les œufs d'oursins. Cet auteur, en essayant des colora- tions vitales sur des œufs d'oursins au moyen du Neutral Roth pendant les diverses phases de la segmentation, a mis en évidence une grande quan- tité de granules qui sont sujets à des mouvements variés pendant la cinèse. Au stade de repos, ils sont distribués dans toute la cellule d'une manière irrégulière. Quand la division s'annonce, ils environnent le noyau comme un anneau. Dans les stades postérieurs, ils suivent tous les mouvements de la figure et forment une ellipse, puis un haltère. Quand la segmentation se produit, ceux qui se trouvaient contre le manche du haltère se ramassent autour des asters. Dans les blastomères, ils forment autour du noyau, à l'équateur de la cellule, un anneau d'abord ouvert, qui se ferme ensuite. Aus- sitôt que les deux blastomères se sont formés, ils se dispersent dans toute la cellule; puis, ils diminuent progressivement de nombre au fur et à mesure que la segmentation progresse. Fischel croit qu'ils jouent dans la cellule un rôle nutritif. Il estime avec raison qu'on ne peut refuser à ces granules la qualité de matière vivante, parce qu'ils prennent pendant la vie de l'œuf des colorations vitales. S'il est un fait d'expérience que les substances mortes prennent dans la cellule les matières colorantes avec une grande affi- nité, il ne s'en suit pas pour cela que certaines substances vivantes, mais différentiées, ne puissent avoir une affinité pour les substances colorantes dans certaines conditions de vie. Le fait qu'on observe dans l'œuf des gra- nules ayant naturellement des colorations, des teintes les plus variées, plaide suffisamment en faveur de cette interprétation. Dans l'œuf des batraciens, on peut suivre une véritable gradation dans la couleur des granules pigmen- taires. Ils sont d'un jaune clair-paille chez Alytes, plus foncés dans Salaman- dra ; ils deviennent plus foncés encore chez Triton pitnctatus, puis jaune brun chez Triton alpestris, enfin noirs chez Rana et Bitfo. Ces granules ont donc une tendance à prendre les matières colorantes à l'état naturel; il n'existe aucune raison pour refuser à leurs congénères incolores une affinité pour certains colorants complètement inoffensifs et qui n'entravent pas le déve- loppement. "Van der Stricht a observé dans les œufs de Tliysano{Oon des mouvements analogues de granulations qu'il croit être de nature graisseuse. Il croit que ces mouvements prouvent en faveur de l'opinion d'après laquelle il existerait au moment de la cinèse à l'intérieur du protoplasme des cou- rants particuliers amenant des déplacements de particules dans les espaces interfibrillaires du protoplasme. 386 Hector LEBRUN Les faits que nous avons décrits dans l'œuf pendant la maturation peuvent être rapprochés avec intérêt des observations de Nussbaum sur les cellules endodermiques et mésodermiques des embryons de Rana teiupo- raria. Il a vu les granules pigmentaires s'accumuler autour de l'équateur des cellules en division sous la forme d'un anneau, qui se condensait à me- sure que la division progressait, au point de former une véritable plaque noirâtre dans le plan de la future séparation. Van Bambeke signale des faits analogues pendant la segmentation des œufs du crapaud. Il se demande si les fibrilles contractiles du cytoplasme n'interviennent pas dans la progression des granules lors de leur groupement annulaire. ^-En d'autres termes, ne sont-ce pas les fibrilles des asters qui char- rient en quelque sorte ces granules et les portent à la place qu'ils occupent?" Morgan chez Arbacia et Gardiner chez Polichœrus ont observé pareils mouvements à chaque clivage. Loeb voit des granules disséminés à la sur- face de l'œuf se porter en grand nombre dans le plan correspondant à la prochaine ligne de clivage. Conklin compare les mouvements de ces gra- nules à ceux qu'il a observés dans le cytoplasme et surtout dans la sub- stance environnant les asters de la figure, et les considère avec raison comme l'expression de l'apparition dans la cellule de substances de nature chimique diverse. Il se base sur le fait que ces mouvements coïncident avec l'accrois- sement et la disparition du noyau et du centrosome. Les échanges chimi- ques qui se produisent à ce moment entre les diverses parties de la cellule exerceraient sur ces parties protoplasmiques une sorte de chimiotropisme. Cette explication concorde très bien avec nos observations sur les œufs de batraciens et nous lui donnons la préférence sur l'interprétation de Rhum- BLER, qui prétend donner à ces phénomènes une explication purement mé- canique, par la contraction et la dilatation des alvéoles. Nous n'avons jamais pu déceler dans les œufs de batraciens une structure alvéolaire; nous ne pouvons donc admettre son interprétation. Celle de van Bambeke ne nous paraît pas non plus donner une explication suffisante des observations de Roux et des nôtres. Roux (95) a constaté que les pronuclei de Rana tempo- raria exerçaient une véritable attraction sur le pigment ovulaire, même avant leur copulation, en dehors donc de l'influence des asters. Nos observations sur les œufs de batraciens à l'époque de la maturation sont à rapprocher de celles de Roux. Alors que la vésicule germinative est encore dans sa position et dans son volume normaux et qu'on n'aper- çoit aucune irradiation dans le cytoplasme ni aucun mouvement appré- LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 38? ciable clans le réticulum plastinien; nous avons vu les granules pigmen- taires se porter en masse autour de la vésicule germinative. L'interpréta- tion de VAN Bambeke considère ces granules comme des corps inertes, ab- solument liés au sort des fibrilles, sur lesquelles ils pourraient se trouver et dont ils suivraient tous les mouvements. Nous croyons ces granules plus indépendants et capables de se mouvoir entre les fibrilles du réseau, soit en répondant aux excitations chimiotropiques du noyau, ou en suivant les courants qui se manifestent dans l'enchylème cellulaire. Le fait de leur accumulation dans certains endroits du protoplasme, à des moments qui précèdent immédiatement des modifications importantes de certains élé- ments de la cellule, plaide suffisamment en faveur de l'opinion qui leur fait jouer un rôle actif dans ces phénomènes. Il y a là, nous semble-t-il, autre chose qu'une simple coïncidence. Quoi qu'il en soit, il nous parait évident qu'il existe dans l'œuf des granules spéciaux, indépendants des enclaves vitellines, ayant la propriété particulière de fixer les matières colorantes même à l'état vivant, participant d'une manière encore inconnue aux mouvements du protoplasme et in- fluençant par leur présence les échanges chimiques qui s'accomplissent dans la cellule. Réduction. , Le lecteur aura déjà conclu de tout ce que nous avons écrit que nous abandonnons entièrement les groupes quaternes dans les cinèses sexuelles de l'œuf des batraciens. Pour nous, nous n'avons jamais admis leur exis- tence, pour la raison bien simple que, pendant toute leur évolution, les chro- mosomes ne sont jamais séparés en groupes distincts. Pendant les modifica- tions qu'ils subissent au cours de la première division polaire, nous n'avons jamais observé de solution de continuité sur les chromosomes qu'au stade de la couronne équatoriale, sur deux chromosomes superposés et entièrement libérés. Le schéma proposé pour ce stade par Wilson (*) nous satisferait avec les restrictions que nous avons faites plus haut sur le point de départ de l'évolution du chromosome, c'est-à-dire le moment de la mise au fuseau. La conception que Griffin et 'Wilson se font du chromosome est identique à la nôtre pour le cas des formes en anneau. Nous différons \*) Wilson : The cell in development , loco citato, p 25g. 388 Hector LEBRUN seulement en ceci : c'est que nous admettons qu'un chromosome compact, en bloc ou en boule, peut subir les mêmes modifications que les anneaux. Depuis le moment de la mise au fuseau jusqu'à la couronne équatoriale, le chromosome forme un tout qui peut se ramifier, mais reste indivis. De ce qu'au stade des oiselets le bâtonnet a quatre branches, il ne s'en suit nullement, selon nous, que la substance contenue dans chacune de ces qua- tre branches appartiendra à une des quatre cellules-sœurs. Nous considérons ces formes singulières comme des formations passa- gères n'ayant d'autre but que de régulariser des chromosomes de constitu- tions variées, blocs, boules, anneaux, pour leur donner une forme unique, la forme d"U à l'équateur, et assurer ainsi la division des chromosomes en deux moitiés absolument égales. Dans les cellules mâles, au moment de la mise au faseau, cette régularisation, cette unité dans la forme est presque complète; elle résulte de la rupture du peloton et de la simple courbure des segments en leur milieu pour en faire des U . La division du chromo- some en deux moitiés quantitativement égales est accomplie virtuellement à ce stade. Il en est tout autrement dans l'œuf, où nous vo3'ons des frag- ments les plus difformes s'insérer au fuseau pour devenir des chromosomes en U. Ces transformations des bâtonnets sont nécessaires pour arriver à former une couronne équatoriale régulière et assurer ainsi une répartition synchronique et égale de la nucléine dans les deux couronnes polaires. Nous refusons donc à ces formes du chromosome le moindre caractère de prédestination. Elles peuvent très bien s'expliquer, ainsi que nous l'avons vu, par le jeu des forces qui sont en action pendant la première fi- gure polaire. Si les chromosomes ne reprennent pas, lors de la seconde figure, les formes qu'ils avaient à la première figure polaire, c'est uniquement à cause du fait qu'elles ne sont plus nécessaires, que les bâtonnets ont une forme régulière et que leur position d'équilibre à l'équateur ne souffre aucune difficulté. La forme de croix peut exister à la seconde figure tout aussi bien qu'à la première, mais seulement à l'état sporadique, quand vraisemblable- ment l'un ou l'autre chromosome a besoin de se régulariser. Nous en avons figuré un chez Bombinator, fig. 55. Notre conception de la réduction chez les batraciens est donc la suivante. 1° Elle est purement quantitative. 2° Elle s'opère par deux divisions longitudinales successives. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 389 Y Vl^' 30 Ces deux divisions s'accomplissent à l'équateur des deux figures polaires. 4° La seconde division s'opère sur le chromosome à angle droit de la première. On pourrait représenter la succession des phénomènes par les dia- grammes suivants. Nous supposons une section transversale du chromosome divisée en quatre segments qualitativement semblables, ainsi que le montre la pre- mière figure ci-contre. Lors de la première division à l'équateur, nous assisterons à la séparation de deux moi- tiés, comprenant a et b d'une part et c et ^ d'autre part, voir la deuxième figure. La moitié contenant ab est expul- sée; la moitié contenant c d a. la forme d'U en retournant vers les pôles, et elle la garde pour se placer à l'équateur; seulement elle s'y place à angle droit de la position qu'elle occupait dans la première figure ; alors que les segments c et d étaient parallèles dans le plan équatorial, ils de- viennent superposés et parallèles dans le plan axial : le diagramme c d, voir la troisième figure, est devenu c d de la quatrième figure. Lors de la seconde division équato- riale s'opère la séparation de c et d, et nous avons c et d de la cinquième figure. C'est le cas typique des globules polaires des tritons et des anoures que nous avons étudiés. Il existe seulement une différence de moment entre notre interprétation et celles que donnent Flemming, Meves chez la salamandre, Mac Gregor chez Amphiii- ma, et Strasburger, Grégoire, Guignard, chez les liliacées, Janssens chez les tritons. Eisen, chez Batra- choseps, se rapproche beaucoup plus près de notre schéma. Pour lui, la première division longitudinale s'indique au stade spirème, s'accomplit à la première couronne équatoriale, ainsi que les auteurs l'admettent; mais il a trouvé, comme nous, que la seconde division longitudinale s'accomplit aussi à l'équateur de la seconde cinèse. Dans la plupart des cellules mâles, la seconde division est indiquée dès la première figure et accomplie virtuellement lors du retour vers les pôles. Elle s'effectue en réalité à l'équateur de la seconde figure, en 390 Hector LEBRUN ce sens que c'est en cet endroit que les chromosomes-filles accolés, mais bien distincts, s'y séparent les uns des autres. Dans les globules polaires des batraciens, les chromosomes de la première figure arrivent entiers aux pôles, ne se divisent pas en cet endroit, se placent indivis à l'équateur de la seconde figure et, en cet endroit seulement, subissent la division lon- gitudinale. BIBLIOGRAPHIE. (i) Baer(von), K. E., 34 : Die Métamorphose des Eies ; Mueller's Arch., 1834. (2) Bamheke (van), Ch., "jè: 'Recherches sur l'embryologie des batraciens; Bull. Acad. Belg., 1876, t. 45. » 96 : Sur un groupement de granules pigmentaires dans l'œuf en segmentation d'amphibiens; Bull. Acad. Bel- gique, t. 3i. (3) Bouin, P., 1900: Mitoses spermatogénétiques chez Lithohius forficatiis ; Étude des variations du processus mitosique; XIII<= Congrès international de médecine, Paris. 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FIG. 2. Œuf du même ovaire. Nucléoles au centre du noyau, pigment à la base du noyau sans irradiation. Gross. : AA X 6. FIG. 3. Œuf du même ovaire avec fovea au pôle supérieur, noyau défoncé à la face supérieure avec nucléoles en voie de se fusionner. Le cytoplasme rayonne tout autour du noyau. Gross. : DD X 4- FIG. 4. Œuf du même ovaire avec figure irradiante qui s'étend à travers tout le pôle supérieur même à travers le noyau. L'élément nucléinien est représenté par les nucléoles et une grosse masse de fusion. Gross. : i.3oX4. FIG. 5. Œuf du même ovaire. La membrane du noyau disparue, les nucléoles se sont fusionnés en grosses masses. Les futurs chromosomes sont libres dans le caryoplasme ; m, masses de fusion. Gross. : i.3oX4. FIG. 6. Œuf du même individu, libre dans le péritoine. Noyau presque dis- paru ; pf, plage fusoriale; n, nucléole; en, enclaves vitellines. Gross. : i.3oXi2. FIG. 7. Masse résultant de la fusion d'un grand nombre de nucléoles à côté d'un fuseau ébauché. Gross. ; i.3oX6. FIG. 8. Plage fusoriale contenant un grand nombre de nucléoles et de boules de fusion, pf, plage fusoriale. Gross. : i3o X 4- PLANCHE IX. FIG. 9. Œuf du même individu, libre dans le péritoine de l'animal. Noyau presque entièrement disparu. 11, nucléoles; pf, plage fusoriale; chr, chromosomes. Gross. : i.3o X 12. FIG. 10. Œuf du même individu, libre dans le péritoine; fuseau suivant la circonférence de l'œuf, bo, boules provenant de nucléoles fusionnés. Gross. : i.3oX 12. 3g6 Hector LEBRUN FIG. 11. Œuf libre dans le péritoine. Noj-au presque entièrement disparu, ébauche du fuseau contenant 4 ou 5 masses nucléolaires. Gross. : i.SoX's. FIG. 12. Œuf dans le péritoine. Fuseau au début. Noyau entièrement ré- sorbé, les enclaves entourent la figure. Gross, : i.3oX 12. FIG. 13. Œuf libre dans le péritoine. Fuseau bien orienté suivant la circon- férence de l'œuf. Formation des chromosomes. Gr. : i.3o X '2. FIG. 14. Œuf libre dans le péritoine. Chromosomes étendus droits sur le fu- seau, avec protubérance médiane. Gross. : i.3o X 12. FIG. 15. Œuf idem. Stade beaucoup plus avancé que le précédent; tous les chromosomes sont à lequateur. Gross. : i.3oXi2. FIG. 16. Œuf libre dans le péritoine. Stade antérieur à la couronne cqua- toriale, chromosomes avec protubérance. Gross. : i.3oXi2. FIG. 17. Œuf libre dans le péritoine. Chromosomes en forme de croix; b, boules de nucléine. Gross. : i.3oX'2. FIG. 18. Œuf dans la portion supérieure de loviducte; les chromosomes de l'équateur ont presque la forme d'U. Gross. : i.3o X 12. FIG. 19. Œuf dans l'utérus. Retour vers les pôles après dislocation de la cou- ronne équatoriale. Gross. : i.3oX 12. FIG. 20. Couronne polaire de la première figure, avec chromosomes restant dans l'œuf au nombre de 10. Gross. : i.3oXi2. FIG. 21. Œuf dans l'utérus. Globule polaire expulsé et groupe de 10 chro- mosomes pour la seconde figure; quelques enclaves se trouvent aussi dans l'ébauche du fuseau. Gross. : i.3o X 12. FIG. 22. Œuf dans l'utérus. Seconde figure; chromosomes presque tous à l'équa- teur. Gross. : i.3o X 12. FIG. 23. Œui dans l'utérus. Seconde figure; fuseau avec chromosomes épar- pillés. Gross. : i.3oXi2. PLANCHE X. Biifo vulgaris. FIG. 24. Œuf ovarien, figure en corbeille avec nucléoles vacuoleux dans la plage fusoriale. Gross. : i.3o X 4- FIG. 25. Œuf ovarien. Fin de la figure irradiante, la plage fusoriale bien dé- limitée. Nucléoles pleins. Gross. : i.3o X 4- FIG. 26. Œuf ovarien. Plage fusoriale au centre d'une grande figure irradiante avec nucléoles en voie d'allongement. Gross. : i.3o X 4- FIG. 27. La même coupe que la figure précédente, vue d'ensemble. Gross. : DD X 4- FIG. 28. Œuf ovarien. Plage fusoriale se transformant en fuseau, avec nu- cléoles de formes variées et asters. Gross. : i.3oX 12. LES CINESES SEXUELLES DES ANOURES 397 FIG. 29. Œuf ovarien. Fuseau formé sous un petit reste de la figure irradiante. Les chromosomes ont la forme de blocs. Gross. : i.3o X '2. FIG. 30. Œuf ovarien. Plage fusoriale au centre d'une figure irradiante. Nu- cléoles en anneaux. Gross. : i.3o X 6. FIG. 31. Œuf ovarien. Plage fusoriale transformée en fuseau. Chromosomes droits, un seul a la forme d'oiselet, asters très beaux. Gross. : i.3o X '2. FIG. 32. Œuf ovarien. Fuseau en tonneau, formé à l'extrémité d'une figure irra- diante. Chromosomes irréguliers et bosselés. Gross. : i.3o X 12. FIG. 33. Œuf ovarien. Plage fusoriale réticulée contenant un fuseau tj-pique. Les chromosomes sont en mouvement sur les filaments. Gross. : i.3oX 12. FIG. 34. Plage fusoriale avec fuseau arrondi aux extrémités entouré des der- niers vestiges de la figure irradiante. Chromosomes homogènes. Gross. : i.3o X 8- FIG. 35. Œuf ovarien. Fuseau bien formé, se tournant pour prendre une position radiale. Chromosomes porteurs d'une protubérance; asters très petits. Gross. : i.3o X 12. PLANCHE XI. Bufo indgavis. FIG. 36. Œuf ovarien. Fuseau au milieu des enclaves vitellines, avec chro- mosomes de forme variée. Gross. : i.3o X 12. FIG. 37. Œuf ovarien. Fuseau coupé en travers, vu d'un des pôles; chro- mosomes en boules et en biscuits. Gross. : i.3o X 12. FIG. 38. Œuf ovarien. Fuseau avec beaux asters, commençant sa version vers la position radiale. Chromosomes droits. Gross. : i.3o X 12. FIG. 39. Fuseau radial avec chromosomes portant des protubérances en leur milieu. Gross. : i.3o X 6. FIG. 40. Œuf ovarien. Fuseau radial avec chromosomes en croix et en oiselet. Gross. : 1.40 X 12. FIG. 41. Œuf ovarien. Fuseau radial élargi à l'équateur. Chromosomes en oiselet, i en anneau. Gross : i.3o X 12. FIG. 42. Œuf ovarien. Fuseau avec chromosomes en oiselets tous à l'équateur de la figure. Les ailes sont élargies. Gross. : 1.40 Apoch. X 8. Triton alpestris. FIG. 43. Œuf trouvé dans la portion supérieure de l'oviducte. Division longi- tudinale des chromosomes dans le plan équatorial. Gross : i.3o X 12. FIG. 44. Œuf trouvé dans la portion mo\'enne de l'oviducte; 3 groupes de 2 chromosomes après division longitudinale, les autres indiquant une division prochaine. Grossis. : i.3o X 12. 398 Hector LEBRUN Bufo viilgaris. FIG. 45. Œuf ovarien. Fuseau presque sphérique, 2 chromosomes presqu'en U. Gross. : i.3o X 12. Triton alpestris. FIG. 46. Œuf trouvé dans la portion moyenne de l'oviducte. Couronne cqua- toriale vue en coupe oblique. Dislocation à peu près achevée. Gross. : i.3o X 12. Bombinator igneus. FIG. 47, d et b. Œuf provenant de la portion inférieure de l'oviducte. 2 cou- ronnes polaires. Le fuseau avait été coupé en deux et chaque couronne se trouvait sur une seule coupe. Gross. i.3o X 12. Bufo vidgaris. FIG. 48. Œuf ovarien, globule polaire expulsé; 8 chromosomes restent dans l'œuf. Gross. : i,3o X 12. FIG. 49. Œuf ovarien. Globule polaire presque expulsé. Résorption du fuseau. Gross. : i.3o X 12. Bombinator igneus. FIG. 50. (Euf trouvé dans l'utérus. Globule polaire expulsé; 6 chromosomes restent dans l'œuf et forment une figure étoilée. Gross. : i.3o X 12. FIG. 51. Œuf provenant de l'utérus. Des chromosomes sont en mouvement pour se redresser en vue de se fixer au second fuseau. Gross. : i.3o X '2. PLANCHE XII. Bombinator igneus. FIG. 52. Œuf trouvé dans l'utérus. Figure étoilée avec 7 chromosomes en voie de redressement. Gross. : i.3o X 12. FIG. 53. Œuf trouvé dans l'utérus. Même stade que le précédent, mais un peu plus avancé. Gross. : i.3o X 12. FIG. 54. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure à un stade antérieur à la couronne équatoriale, premier globule polaire expulsé contenant 6 chromosomes. Gross. : i.?o X 12. FIG. 55. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure à un stade antérieur à la couronne équatoriale. i chromosome en croix ; globule polaire expulsé contenant six chromosomes. Gross. : i 3o X 12. LES CINÈSES SEXUELLES DES ANOURES 399 FIG. 56. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure avec chromosomes droits, tous à l'équateur. Gross. : i.3oX '2. FIG. 57. Œuf trouvé dans l'utérus. Chromosomes de formes variées, droits, en boules et en U. Gross. : i.3o X 12. FIG. 58. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure avec 6 chromosomes en U, diversement situés sur le fuseau; globule polaire avec chromosomes distincts. Gross. : i.3o X 12. FIG. 59. Œuf trouvé dans l'utérus. Même stade que le précédent. La figure s'est formée à un autre endroit que celui où se trouve le premier globule expulsé. Gross. : i.3o X 12. FIG. 60. Œuf trouvé dans l'utérus. Tous les chromosomes se trouvent à l'équa- teur sur une même ligne; ils sont tous en forme d'U. Gross. : i.3o X 12. FIG. 61. Œuf trouvé dans l'utérus. Couronne équatoriale de la seconde figure vue de haut. Gross. : i.3o X 12. FIG. 62. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure au stade de la couronne équatoriale typique; globule polaire dans lequel les chromosomes expulsés ont reformé un véritable peloton; le globule polaire est une petite cellule. Gross. : i.3o X '2. FIG. 63. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure avec couronne équatoriale encore irrégulière. Les chromosomes ont des points d'insertion différents. Gross. : i.3o X 12. FIG. 64. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure, couronne équatoriale avec groupes de 2. Divisions longitudinales. Gross. : i.3oX '2. FIG. 65. Œuf trouvé dans l'utérus. Seconde figure avec groupes de 2 chro- mosomes. Le pôle supérieur de l'œuf est occupé par un amas d'enclaves vitellines volumineuses limité sur toute sa hauteur par une traînée de pigment. Gross. : i.3o X '2. PLANCHE XIII. SCHÉM. 1, 2, 3. Transformation d'un nucléole par vacuolisation, formation d'un anneau et rupture de cet anneau. SCHÉM. 4, 5, 6. Transformation d'une boule par allongement progressif, pour donner un chromosome droit. SCHÉM. 7, 8, 9, 10. Transformation d'un bloc en chromosome droit par allon- gement. SCHÉM. 11, 12. Formation d'un chromosome aux dépens d'une masse de fusion. SCHÉM. 13 à 21. Transformation d'un bâtonnet droit en chromosome en U. 'Vue de face. SCHÉM. 22 à 29. Même transformation. Vue latérale. SCHÉM. 30. Première couronne équatoriale. 'Vue de haut. SCHÉM. 31. Première couronne équatoriale. SCHÉM. 32 à 37. Divers aspects de la dislocation des couronnes équatoriales. 400 Hector LEBRUN SCHÉM. 38 à 41. Divers aspects du retour polaire. SCHÉM. 42. Couronne polaire de la première figure. SCHÉM. 43. Rectification des chromosomes pour la seconde figure. SCHÉM. 44 à 50. Stades de la mise au fuseau de la seconde figure. SCHÉM. 51. Seconde couronne équatoriale. Vue de haut. SCHÉM. 52. Division longitudinale à l'équateur. TABLE DES MATIÈRES. Introduction Méthodes Fixation. Enrobage Coloration 3i5 3i6 3i6 3i7 3iS Chapitre I. RANA TEMPORARIA. A. Ovocyte de premier ordre. § I. Phénomènes préparatoires aux cinèses § 2. Élaboration des éléments de la figure § 3. Première figure polaire. Élément nucléinien Le fuseau .... B. Ovocyte de second ordre. 3i9 324 325 325 328 :î3o Chapitre II. BUFO VULGARIS. Ovocyte de premier ordre. % 1. Phénomènes préparatoires aux cinèses § 2. Élaboration des éléments de la figure Formation du fuseau . Asters, centrosomes Élaboration des chromosomes § 3. Première figure polaire . 33i 333 333 335 336 340 Chapitre III. TRITON ALPESTRIS. § I. Dislocation de la couronne équatoriale Retour polaire .... Première figure polaire § 2. Le Fuseau. .... 343 346 348 35o 402 Hector LEBRUN Chapitre IV. BOMBINATOR IGNEUS. Ovocyte de second ordre. Mise au fuseau Couronne équatoriale , 35i 35i Chapitre V. CONSIDERATIONS GENERALES. Maturation. Disparition du noyau . Transformation des nucléoles en chromosomes Evolution des chromosomes Métaphase Anaphase Éléments fusoriaux Granules pigmentaires. Réduction Bibliographie Explication des planches 356 36i 363 363 368 373 383 387 391 395 P/onrhcl/// «*?-?*^-' ,,3^^ïïî4«î?-*^5Snï;i^a^ - ^ jrvi-'Jï'iîWTtnrîf/i :iv/j'!'ir4;'Âa'.fiai-;r5.v'i^.--- Of ^-'- * » ^ 0 o - .w 0 - .% O" '..'■•■ *■: . ' • 3 r- /:,r!%e /f--^^^i #' :j «îii ns^.aeiin. ùth.Déjc-j/enâere /reres R'-ux. n,wvi,( /\ '^SfW^^^^MfM^WMi^i^iîn<»ii'> ;;;^/ •V 'm-^ J3 %'} ,g a 3 9 77 //-LeLrrji! ad nat.ciei'm cy'^/j// ////// ^ 9 0 a o fi'IZW^/^^:^ % '.r:'^mi m H^^ /^ t5) ## ir ' '^ ^*^Jjm ■■■* ■#■:>.■;.- " ■'^:-- f 3 20 ë i2 f^. li ;v ^ iî' '»«.'<> ■i 5; sa ..im DeToIIenaere Frèr^ Bn- rBieffemans Sca/io. c. V '/r///////r. / f'J/inr/if W.^yé.^^' ^-S'. I;.-;»' . ; ••^■^^<■■•.*^^:>S•■• •i •■•■..♦«:.* "c»!» ••:«•:-■:.•..;, -V-lfc' :-'4^V ^^ijA/v^'f : ■>; ' ^>■•^•■ ■ ■■^-.Tj. •i'- y*. '.^ '* ■ . *i -^ •/:•=,■■•■■■•■-- M ■'■f*^,-00 > ;!#^^"':'^#- ^ (î w'^ ' ■Se* a* 1 •^.' 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Lrth DeJbJIenaere rreres hiux F Btesemàuff Sculp. •^> St-ji O a 9 § 7 « 3S 11 m % % li /T H! •Z9^ eo SI i2 i3 '^ ^S ^ ?2 î.î l't iS 2ff 27 ?8 2^ a i.7 >,r, n iS 49 I M H Leùrun ad -jidt u^. ■'?}^- 'i^ffbiik DeTo//''2-ia-^''e /?- su / JJJt-:'~ïl'.v.t>^ V ■''■]- LTclairage et Femploi du Condensateur dans la Micrographie histologique PAR Arthur BOLLES LEE (Mémoire déposé le \o février 1902.) Bo L'ÉCLAIRAGE ET L'EMPLOI DU CONDENSATEUR dans la Micrographie histologique Upon the corrections and large aplanatic area presentcd by the condenser, and its care- fui and efficient employment, dépends entirely the nature of the image presented by the finest objective ever constructed ; and as the perfection of the objective, with a high amplification and a great aperture, is more nearly approached, the more dépendent are we upon perfect cor- rections in the condenser to bring out the perfect image-forming power of the objective. Dallinger, dans The Microscope de Cak- PENTER, igoi, p. XVII, Chacun reconnait que les images fournies par le microscope sont tan- tôt bonnes, tantôt mauvaises. Cependant bien peu des travailleurs qui se servent du microscope dans les laboratoires de biologie sauraient dire pour un cas donné pourquoi une image est mauvaise, et indiquer les moyens d'y remédier. J'ai donc pensé faire œuvre utile en résumant ici quelques principes, que je crois fermement établis, de micrographie histologique et cytologique. Je ne parlerai que de l'examen à la lumière transmise et axiale, qui con- stitue en tout cas la méthode principale de l'observation des tissus et des cellules, et je laisserai de côté tout ce qui regarde l'éclairage à la lumière réfléchie ou l'éclairage sur fond noir (qui sont l'un et l'autre malheureuse- ment d'un emploi trop restreint pour nos objets), de même que l'éclairage unilatéral, dit •' oblique ", qui devrait, à mon sens, être entièrement banni du laboratoire d'anatomie microscopique. 4o6 Arthur BOLLES LEE Je ne parlerai pas non plus des diverses modifications de l'éclairage dit ^ white cloud illumination *•, qui s'obtient soit en employant à la place du miroir une surface réfléchissante mate, soit en plaçant devant la source de lumière, ou sous l'objet, des écrans faits de verre dépoli, de papier huilé, etc. Ces méthodes, que j'ai longuement pratiquées, m'ont rendu dans le temps de bons services. Elles donnent des images à contours très fins, mais plates et sans relief, et peu riches en détails; et je les regarde toutes comme superflues et surannées. J'admets bien qu'elles peuvent encore rendre des services à l'occasion, mais elles sont si simples et évidentes qu'il ne me pa- rait pas nécessaire de les décrire en détail. L'image idéale s'obtient en plaçant l'objet au sommet d'un cône d'éclai- rage axial et plein, d'un angle égal à celui de Vouverliire de l'objectif employé. Voici pourquoi! Le grand cône d'éclairage a) donne le maximum d'éclairage, b) donne la plus grande finesse de contours, c) élimine aussi complètement que possible les images fausses ou apparences illusoires {r> ghosts "). Nous ne pouvons que rarement réaliser cet idéal; mais ce n'est pas là une raison pour ne pas le serrer de près autant que possible. Ainsi, nous pouvons être obligé de renoncer à l'emploi d'un cône égal à l'ouverture de l'objectif, parce que nous examinons une préparation inco- lore, et sans contraste dans les détails. Dans ces conditions, l'objet est peu visible, ou peut même devenir invisible. Mais l'emploi d'un cône plus étroit en accentue les bords et en intensifie le détail visible. Mais il ne faut pas en conclure que cette manière d'éclairer soit en conséquence bonne en soi. Au contraire, c'est toujours un compromis. Et ce qu'il faut conclure, c'est qu'il est urgent de se munir de préparations convenablement fixées et colo- rées, de façon à leur donner les éléments de contraste nécessaires pour qu'on puisse les étudier à l'éclairage qui est optiquement le meilleur. Nous sommes également obligé le plus souvent de renoncer à l'emploi d'un cône égal à celui de l'objectif, par ce motif que l'objectif ne peut pas le tolérer (i). Mais ce n'est pas là une raison pour rapetisser le cône au-delà du strict nécessaire; le cône diminué n'est pas bon en soi, et il faut se rap- peler qu'il est toujours un compromis. (i) Voir plus loin : « Réglage du cône ». L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 4O7 Et si par hasard il peut être indiqué de placer l'objet non au sommet exact du cône, mais un peu en deçà (cela peut être indiqué pour le diato- miste, pour forcer la résolution), c'est toujours un expédient dont la nature de compromis se trahit immédiatement par la détérioration de l'image. Les micrographes anglais appellent -^ critical '- l'éclairage par le som- met d'un grand cône axial, et les images qui en résultent. Pour rendre cette notion, je me servirai du mot « correct -, cjui me parait plus conforme au génie de la langue française. Je me propose donc d'expliquer les moyens de produire un cône suffi- samment grand et i plein - et strictement axial (centrage), et de placer .l'objet exactement à son sommet; ce seront là les points essentiels. Mais je commencerai par dire quelques mots de la nature de la lumière éclairante à employer; c'est un point secondaire, mais non sans importance. Les principes que je vais exposer sont parfaitement connus de tous les micrographes habiles, et je ne fais ici qu'œuvre de vulgarisateur. Cependant la pratique que je vais décrire est bien ma pratique à moi, et je ne men- tionnerai pas un détail que je ne sache par expérience être approprié aux besoins des recherches cytologiques. LA SOURCE DE LUMIÈRE. Dans les laboratoires, on fait usage surtout de la lumière du jour comme source d'éclairage, reléguant l'emploi de la lumière artificielle aux moments où le jour fait défaut. C'est là, à mon sens, une très grande erreur de pratique. Il résulte pour moi de l'expérience d'une trentaine d'années, avec une entière certitude, que la lumière artificielle, convena- blement employée, vaut toujours mieux. J'admets qu'on peut, sans incon- vénient sérieux, employer la lumière du jour pour des observations tout à fait faciles, comme par exemple pour parcourir superficiellement une série de coupes pour voir si elle contient des figures caryocinétiques du stade qu'on veut étudier. Mais même pour un cas pareil, si l'observation doit être quelque peu prolongée, je trouve que l'éclairage par la lampe vaut toujours beaucoup mieux, comme étant plus agréable et beaucoup moins fatigante pour les yeux. Pour les observations délicates, pour le travail -^ critique ", comme disent les micrographes anglais, il n'y a aucun doute possible; si l'on désire 408 Arthur BOLLES LEE avoir les meilleurs résultats possibles, 'û faut employer la lampe, car la lumière du jour ne peut pas en fournir d'aussi bons, même de loin. a) La lampe. Le meilleur éclairage qu'on ait réalisé jusqu'à présent est celui qui est fourni par une lampe à pétrole i^ mèche plaie. La lumière qu'on obtient ainsi est plus blanche que celle d'aucun autre illuminant artificiel, excepté la lumière électrique. On n'a pas encore trouvé le moyen de rendre cette dernière pratique pour les besoins du micrographe. Le gaz n'est pas bon du tout. Sa flamme contient une trop grande proportion de rayons jauqes et ne possède pas la stabilité nécessaire. Ces inconvénients sont diminués par l'emploi du bec Auer. Mais ce système a le défaut que, lorsque l'image de la flamme est exactement mise au point, le treillis du manchon se pro- jette sur l'image microscopique, ce qui est agaçant au suprême degré. Et si l'image de la flamme n'est pas au point, l'image microscopique ne saurait être correcte. La lampe doit avoir une mèche plate de 13 mm. ou plus; celle de 12 mm. suffit parfaitement. La mèche doit être taillée en pointe obtuse, comme le montre la fig. l. Ainsi taillée, elle donne une flamme pointue, qui se présente comme la fig. 2 lorsqu'elle est vue de face, et comme la FIG. 3 lorsqu'elle est vue par le bord. On l'oriente de façon à avoir le bord tourné vers le microscope, fig. 3, pour les observations délicates et pour celles qui demandent la plus grande intensité de lumière. On l'oriente de face, FIG. 2, lorsqu'on désire que son image couvre la plus grande surface possible du champ du microscope (i). La moindre lampe à pétrole à mèche plate fournit un éclairage d'une intensité suffisante pour l'emploi des objectifs les plus puissants, et d'une qualité qui permet de faire les observations les plus délicates. Mais pour la facilité du travail, il est important de posséder une lampe disposée ad hoc, une lampe à microscope. Le modèle de lampe à microscope le plus employé aujourd'hui par les micrographes sérieux est la lampe Nelson. Elle porte, au lieu d'un tube de verre, un tube en métal, muni en bas d'une fenêtre rectangulaire garnie d'une lame de verre plane (pour le plus petit modèle, c'est un porte-objet ordinaire ; (i) La flamme que j'ai dessinée est trop haute pour pouvoir être employée par le bord sans risque de briser beaucoup de verres de lampe. Dans la pratique, il convient de diminuer cette hauteur d'un tiers environ. L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 4O9 pour les modèles plus ^^rands, une lame de 76 mm. sur 3S mm.; les mo- dèles plus grands sont préférables comme fournissant une combustion plus parfaite). Le but de cette disposition est que la lame de verre, étant plane, fournit au champ du microscope une image de la flamme qui n'est pas déformée comme elle l'est par le ventre ou l'étranglement des tubes de lampe ordinaires. La lampe Nelson possède en deuxième lieu une disposition permet- tant d'employer à volonté soit le plat de la flamme, soit son bord. Ce but est atteint dans certains modèles en faisant pivoter le tube métallique au- tour de la flamme. Dans d'autres modèles (celui de Swift, par exemple, ou celui de Beck), le tube reste immobile et c'est le bec de la lampe qui pivote autour de son axe. C'est cette dernière disposition qui me parait la plus pratique. La lampe de Beck est munie de deux fenêtres, l'une vis-à-vis de l'autre. Cela me paraît être un défaut, car la deuxième fenêtre cause des réflexions qui nuisent à la netteté de l'image. J'estime au contraire que tout l'intérieur du tube doit être d'un noir aussi mat que possible. La lampe Nelson est munie d'un - bull's eye ^, soit loupe conver- gente, destinée à paralléliser les rayons lumineux. Cette loupe est montée de façon à être mobile en altitude et en azimuth. Elle est portée sur un bras qui pivote autour de la flamme comme centre, de sorte qu'on peut immédiatement amener la lentille devant la flamme, ou l'écarter à volonté. Une rainure pratiquée le long de ce bras permet de rapprocher ou d'éloi- ^gner la loupe de la flamme, et une vis d'arrêt permet de la fixer à la dis- tance désirée. Les r, bull's eyes « fournis avec ces lampes sont des ^ doublets '- selon la formule de Herschel modifiée par Nelson (il paraît qu'il s'était glissé dans les calculs de Herschel une erreur qui a été corrigée par Nelson). Je regarde comme un point de grande importance de posséder un - bull's eye ^ ayant le minimum d'aberration possible. Car vraiment, il est peu logique de se munir d'un condensateur de premier ordre, et puis d'en faus- ser les corrections en l'employant avec un " bull's eye - inférieur, plein d'aberration. Le meilleur qui ait été fabriqué jusqu'aujourd'hui est, je crois, 1'- aplanatic bull's eye ^^ le plus récent de Baker (1). Il est extrêmement important que le - bull's eye " soit attache à la (i) ^Ir C. Caker, optician, 244, High Holborn, LonJon. • — Ce « buU's eye » coûte plus que les autres, mais j'estime que la différence est de l'argent bien pilacé. 41 0 Arthur BOLLES LEE lampe, et non porté sur un support séparé. On peut obtenir des images tout aussi correctes au moyen d'un - bull's eye ^ indépendant, mais c'est au prix d'une perte de temps déplorable. Pour arriver à un résultat correct avec un - bull's eye « indépendant, il faut en moyenne un bon quart d'heure, quelquefois une heure. Tandis qu'avec le - bull's eye - attaché à la lampe on y arrive en trois quarts de minute. La lampe Dallinger ne diffère de la lampe Nelson qu'en ce qu'elle est munie de mouvements de crémaillère permettant d'ajuster la position de la flamme d'une façon très précise, soit en altitude, soit en azimuth. Ce perfectionnement n'a guère de raison d'être que quand on emploie un prisme rectangle pour réfléchir la lumière, au lieu d'un miroir, ou qu'on se serve de la lumière directe de la flamme, sans aucun réflecteur. Je crois volontiers que le prisme doit donner des résultats plus fins que le miroir, quoique je ne puisse en parler par expérience; mais en tout cas, c'est là une disposition qui demande une manipulation très délicate, et, pour ce motif, je pense que peu de cytologistes voudront s'en servir. Le tube métallique doit être éloigné de la lampe aussitôt que possible après que celle ci a été éteinte. Car si on le laisse en place, il se recouvre bientôt d'une couche de pétrole et dégage une mauvaise odeur quand on allume de nouveau. Il est bon de savoir que, pour avoir un éclairage parfait, la lampe doit être allumée au moins une demi-heure avant de commencer les observa- tions. Car ce n'est que quand toute la lampe a été bien chauffée par la flamme, qu'on obtient une combustion parfaite et une flamme aussi bril- lante et aussi blanche que possible. b) La lumière tamisée. Il est un fait dont les observateurs ne me paraissent pas se rendre suf- fisamment compte, et qu'il importe de ne pas perdre de vue, c'est que plus la lumière d'éclairage est intense, plus elle provoque des lignes de diffraction dans l'image microscopique. Or, la lumière de la lampe étant habituelle- ment trop intense, il est nécessaire de l'adoucir pour avoir de bons résul- tats. Cela se fait le plus commodément en la tamisant à travers des écrans de verre coloré. Le verre coloré qui rend le plus de services est le bleu cobalt. On emploie aussi un verre d'un bleu vert, dit -^ signal grecn -. Les opticiens fournissent avec les lampes des écrans convenables. On trouvera aussi des verres de nuances très variées chez les marchands de lunettes. Je l'éclairage et l'emploi du condensateur 411 me suis procuré ainsi un verre d'une teinte verdâtre, dite y ardoise «, qui me rend des services. Il y a quatre positions dans lesquelles on peut placer un verre coloré : a) Dans la rainure de la fenêtre du tube métallique, au lieu d'une lame de verre blanc; b) Entre la lampe et le -^ bull's eyc « ; c) Devant le ^ bull's eye «, dans une rainure fixée à la monture de celui-ci; d) Dans le porte-diaphragmes du condensateur. Il est souvent commode d'employer non un seul écran, mais deux, ou même trois, ce qui permet de réaliser plus exactement l'intensité et la nuance de lumière qu'on désire. Ainsi, au lieu d'un seul verre foncé dans l'une ou l'autre de ces positions, on peut mettre un verre bleu moyen devant le « bull's eye « et un autre semblable ou plus clair dans le porte- diaphragmes du condensateur. Mais il est à remarquer que, du moment que l'on ajoute un écran sur le trajet des rayons lumineux, on ajoute par cela même une cause d'aberra- tion tendant à rendre moins précise l'image de la flamme. Pour ce motif, il me semble qu'il serait toujours préférable de n'employer qu'un seul verre coloré, et que celui-ci fut placé dans la position a). Malheureusement, il est difficile de trouver dans le commerce des lames de verre a3^ant la pro- fondeur de teinte voulue, tout en étant suffisamment minces. Et les verres placés dans la rainure se brisent très facilement par la chaleur, surtout si elles ne sont pas assez minces. Des écrans convenablement choisis peuvent améliorer notablement la définition, surtout en supprimant des rayons jaunes. Mais la lumière qu'ils fournissent n'est pas nécessairement monochromatique, et ne doit pas l'être en général. Ils sont destinés à régler l'intensité de la lumière, tout en per- mettant de distinguer les couleurs des objets aussi bien que par la lumière du jour. C'est ce que la lumière monochromatique ne permet pas de faire. Et comme la plupart de nos observations cytologiques se font sur des pré- parations colorées, dans lesquelles il importe beaucoup que nous puissions distinguer les couleurs et en apprécier les nuances les plus délicates, c'est plutôt à la lumière simplement tamisée qu'à la lumière monochromatique qu'il convient de recourir pour le travail ordinaire. 51 412 Arthur BOLLES LEE c) La liunière monocliromalique. Si l'éclairage à la lumière monochromatique a l'inconvénient de ne pas permettre de distinguer les couleurs, il n'en est pas moins vrai qu'il a des qualités qui en font souvent un auxiliaire précieux. Car par ce moyen nous pouvons augmenter le pouvoir résolvant des objectifs et en améliorer la définition au point de faire d'un » semi-apochromat " l'égal d'un apochro- mat. C'est donc un mode d'éclairage qui peut rendre les plus grands ser- vices pour des observations dans lesquelles la distinction des couleurs n'a pas d'importance. Il y a plusieurs manières d'obtenir facilement une lumière suffisam- ment monochromatique. a) Par la dispersion au moyen d'un prisme. Un appareil à cet effet a été imaginé par Nelson et se trouve en vente chez Baker. Il est décrit dans » The Microscope « de Carpenter, viii« éd., p. 323. Cet appareil, comme les autres que je vais mentionner, s'emploie avec la lampe et donne de bons résultats. Mais il est assez compliqué à manipuler et assez coûteux (£ 4,4,0). b) Par l'écran F de Gifford (Gifford's i^-line screen). Il consiste en une solution de vert malachite dans de la glycérine ou de la gélatine gly- cérinée, montée entre deux lamelles de verre de façon à former un disque qui se met dans le porte-diaphragmes du condensateur. Il est décrit dans le Journal of the Royal Alicroscopical Society, 1894, p. 164, et se trouve chez Baker, prix 4 shillings. Cet appareil est très commode, mais n'est pas parfaitement monochromatique, car il laisse passer un peu de infra-rouge. Il a aussi le défaut d'absorber beaucoup de lumière. c) Par le nouvel écran F de Gifford (Gifford's new screen, Journal of the Royal Microscopical Society, 1895, p. 145; en vente chez Baker, prix 10 shillings six). Il consiste en la même solution de vert malachite (ou vert de méthyle) contenue dans une auge de verre, dans laquelle est immer- gée une lame de verre " signal green «. Cet écran a l'avantage d'absorber moins de lumière que l'ancien écran F. d) Par l'acétate de cuivre de Miethe. C'est une auge de verre à faces parallèles, mesurant 95 mm. x 5' X '9, contenant une solution saturée d'acétate de cuivre dans l'eau distillée. (Les auges se trouvent chez Baker, au prix de 5 shillings.) Ce dispositif me paraît bien suffisamment monochro- matique, et je pense qu'il doit pouvoir suffire à tous les besoins du cytologiste. L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 413 e) Par le carbonate de cuivre de Janssens (i). C'est une solution mi- saturée de carbonate de cuivre préparé d'après la formule de Ost, 1895, dans laquelle le sodium est remplacé partout par le potassium. Cette solu- tion, contenue dans une auge-filtre de 6 cm. de hauteur sur 20 de largeur, dont les glaces vont en s'éloignant de gauche à droite, de façon à laisser entre elles à une extrémité un intervalle de 3 mm., à l'autre un intervalle de 7 mm., laisse passer presque toute la lumière utile. LE condensateur. Les condensateurs sont essentiellement des objectifs renversés desti- nés à projeter une image de la source lumineuse dans le plan de l'objet. De même que pour les objectifs, leur fonctionnement dépend essentielle- ment de leur ouverture numérique, et on les classe selon leurs ouvertures, tout comme les objectifs. Il y a cependant cette différence que pour les condensateurs on distingue entre leur ouverture totale et leur ouverture aplanatique. L'ouverture totale indique la limite angulaire extrême à la- quelle la combinaison laisse passer des rayons lumineux quelconques. L'ou- verture aplanatique indique la limite angulaire extrême à laquelle elle laisse passer des rayons capables de se réunir en une image nette dans le plan de l'objet. Il importe beaucoup de faire cette distinction, parce que seule l'ouverture aplanatique fournit des rayons capables de donner une image microscopique correcte. Par suite de l'aberration de sphéricité inhérente à la construction des condensateurs (2), il n'y en a aucun qui soit capable de transmettre un cône aplanatique égal à son ouverture totale; il y en a même dont l'ouverture aplanatique ne mesure guère que le tiers de l'ouverture totale. Il est donc évident qu'il nous importe surtout de connaître l'ouverture aplanatique des condensateurs que nous employons. L'ouverture totale peut être mesurée à l'apertomètre. L'ouverture apla- natique ne se laisse pas mesurer ainsi; mais on peut l'estimer en la compa- rant à l'ouverture déjà connue d'un objectif. Voici comment! (3) (i) J.\NSSENS : La Cellule, XIX, igoi, p. ii. (2) Les condensateurs sont habituellement plus ou moins « under-corrected », c'est-à-dire cor- rigés par défaut. Par ce terme, on entend qu'ils possèdent une aberration telle que les rayons marginau.»; se croisent à un point plus rapproché de la lentille que les rayons intérieurs, comme le montre le schéma fig. 16. (3) Nelson : Journal of thc Roj-al Microscopical Society, 1SS9, p. 291. Ce travail mérite d'être étudié avec attention. 414 Arthur BOLLES LEE Prenez le condensateur à mesurer et mettez-le bien au point sur un objet, c'est-à-dire, arrangez-le de façon à projeter une image nette du bord de la flamme de la lampe dans le plan de l'objet, comme le montre la fig.6. Mettez au point sur l'objet également avec un objectif quelconque. Ouvrez entièrement l'iris. Si maintenant vous écartez l'objet du champ et que vous enlevez l'oculaire et regardez à œil nu dans le tube, vous verrez le fond de l'objectif (" the back ofthe objective ") éclairé par le condensateur. Il pré- sentera une figure lumineuse qui variera selon les conditions et que j'ap- pellerai \a. figure d'éclairage. Si vous avez pris un objectif d'une ouverture inférieure à l'ouverture aplanatique du condensateur, tout le fond de l'ob- jectif sera éclairé; et la figure d'éclairage sera un disque lumineux uni et plein, comme dans la fig. 7. Si vous avez pris un objectif d'une ouverture dépassant pleinement l'ouverture aplanatique du condensateur, seulement une portion du fond de l'objectif sera éclairée; et la figure d'éclairage ne se présentera plus comme un disque rond, mais comme une figure fusiforme se détachant sur le fond non éclairé de l'objectif, comme par exemple dans la FIG. 9. Vous n'avez plus maintenant qu'à chercher parmi des objectifs intermédiaires entre ceux que vous avez employés, pour en trouver un dont le fond soit rempli aussi exactement que possible par la figure d'éclairage, c'est à-dire, qui vous donne une figure d'éclairage comme la fig. 8, ou une figure remplissant encore plus exactement l'objectif. Cela trouvé, vous avez la mesure approximative de l'ouverture aplanatique du condensateur. Par exemple, si avec l'objectif C de Zeiss vous avez obtenu la figure d'éclairage fig. 7, vous savez que le condensateur a plus de 0.40 d'ouverture aplanatique. Si vous avez obtenu la fig. 9 avec l'objectif DD ou E de Zeiss, vous savez qu'il a moins de 0.85 d'ouverture. Et s'il vous a donné la fig. 8 avec l'objectif D de Zeiss, vous savez qu'il a une ouverture aplana- tique de moins de 0.65 O, N. Et si vous trouvez qu'il remplit exactement un objectif de O. N. 0.50, vous saurez que c'est là son ouverture aplanatique. Ce chiffre donnera la mesure du cône d'éclairage plein que peut trans- mettre le condensateur. Cette expression de « cône plein « demande un mot d'explication. Nous avons vu que dans les conditions représentées par les fig. 8 et 9, la figure d'éclairage n'est pas ronde, mais plus ou moins pointue ou fusi- forme. Si, au moyen de la crémaillère, vous faites alors remonter douce- ment le condensateur, la figure d'éclairage changera. Elle se dilatera, de- viendra plus ronde; mais en même temps elle se creusera de deux taches L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 4I5 noires, semi-lunaires, qui apparaîtront de chaque côté de la ligne médiane, FiG. 10. En termes techniques, le cône d'éclairage »se brise", et vous n'avez plus un cône r. plein «, mais un cône » creux «. Or, du moment que cela est arrivé, vous avez dépassé la limite de l'aplanatisme du condensateur et celui- ci ne projette plus une image capable de donner une image microscopique correcte. Le dernier moment avant l'apparition des taches noires, c'est-à-dire celui qui est représenté par la fig. 8, est celui où il donne le cône plein le plus grand et indique en même temps la limite de son ouverture aplanatique. Si vous remontez encore davantage le condensateur, les taches semi- lunaires grandiront encore, la figure d'éclairage se dilatera encore à mesure qu'elle se creuse, et présentera bientôt l'aspect d'un anneau lumineux portant un pont lumineux diamétral, fig. il. Et finalement, si vous remontez encore, ce pont se détachera de l'anneau périphérique et se condensera en une petite image droite de la flamme, située au centre de la figure, fig. 12. Dans ces conditions, l'angle d'ouverture du condensateur se trouve être sensiblement augmenté; mais il ne donne plus alors qu'un éclairage annulaire qui ne livre pas d'images correctes. On peut, il est vrai, se servir de cet éclairage dans certains cas; je l'ai trouvé utile parfois pour la résolution de diatomées. Mais c'est là une résolution /orcf'e; les images qu'on obtient ne sont certai- nement pas bonnes comme définition et peuvent, je crois, facilement être illusoires. (Si l'on désire avoir recours à un éclairage annulaire, il vaut mieux l'obtenir en supprimant le centre d'un cône plein au moyen d'un obturateur central, ou ^ stop ", comme nous le dirons plus loin.) Si, après avoir établi un cône plein, fig. 8 ou 9, on abaisse le conden- sateur au lieu de le remonter, la figure d'éclairage reste pleine au lieu de se creuser, et se condense, d'abord comme dans la fig. 13, puis comme dans la FIG. 14, en une petite image renversée de la flamme. Dans ces conditions, l'angle du cône d'éclairage est diminué de plus en plus, et l'image micros- copique souffre à mesure qu'il diminue; ses contours s'épaississent aus- sitôt et l'affaiblissement de la lumière se fait immédiatement sentir. Il va sans dire que vous perdez aussi immédiatement en résolution, comme il est facile de le constater. C'est donc avant tout l'ouverture aplanatique du condensateur qu'il im- porte de connaître, et cela se mesure sur la figure d'éclairage prise à ses plus grandes dimensions, mais encore pleine, aucunement brisée. Si la qualité la plus essentielle d'un condensateur réside dans son ou- verture, il y en a cependant une autre qui n'est pas sans importance : c'est 4i6 Arthur BOLLES LEE son pouvoir amplifiant (ou plus exactement son pouvoir diminuant). Il ne doit pas donner une image de la source lumineuse qui soit diminuée au point de n'éclairer qu'une trop petite portion du champ du microscope. Par exemple, la fig. 6 représente le champ d'un objectif de 12 mm. éclairé par un condensateur de 0.5 O. N. aplanatique et d'une longueur focale de 10 mm. Une valvule de Pleiirosigiua angiilatiiui est représentée couchée en travers de l'image de la flamme (1). On voit que seule une portion de la valvule est couverte par l'image de la flamme. Si vous amenez le « buU's eye « devant la lampe, l'image de la flamme s'agrandira environ du triple; mais elle ne couvrira encore qu'un tiers environ du champ. Or, il est évi- dent qu'il serait intolérable d'être obligé d'examiner des préparations histo- logiques avec un éclairage pareil : le condensateur en question ne saurait servir convenablement pour le travail avec un objectif de 12 millimètres. Mais si nous prenons un objectif de 3 mm. ou de 2 mm., il pourra très bien servir, car là le champ beaucoup plus restreint de ces objectifs sera suffi- samment couvert par l'image de la flamme. On voit donc que seuls les ob- jectifs à foyer court peuvent bien s'accommoder d'un condensateur de foyer court. On peut se demander pourquoi les opticiens ne fabriquent pas des condensateurs ayant en même temps un grand angle et une distance focale assez grande pour donner une image de la flamme de grandes dimensions. Ils ne le font pas, parce qu'une pareille construction entraîne une aberra- tion de sphéricité énorme. Dans l'intérêt de l'aplanatisme, il est nécessaire qu'un condensateur de grande ouverture soit de petit foyer. En conséquence, les opticiens fabriquent pour les objectifs forts des condensateurs forts, et pour les moyens et faibles des condensateurs plus faibles. Les longueurs focales courantes sont, pour les objectifs faibles et moyens, de 12 à 8 mm., et pour les objectifs forts, de 6 ou 5 mm. Bon nombre de condensateurs sont faits de telle sorte qu'en enlevant la lentille supérieure, les combinaisons d'arrière fournissent un condensateur plus faible, propre pour les objectifs faibles. Mais on n'a pas pu, je crois, réaliser cette disposition pour les condensateurs de grande ouverture et de toute première qualité. (1) Le dessin n'est pas fait à l'échelle du grossissement, mais toutes les proportions ont été gardées. La barre transversale au-dessus de la base de la flamme est le bord de la fenêtre de la lampe, et les deux cornes brillantes de chaque côté de la flamme sont les deux lèvres du bec- de la lampe. L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 417 De sorte que le cytologiste qui désire posséder ce qu'il y. a de mieux en fait d'outillage, doit nécessairement se munir de deux condensateurs : un pour ses objectifs les plus puissants, et un autre pour servir avec les grossissements moyens. Ou bien il devra se contenter d'en choisir un de qualité aussi bonne que possible parmi ceux de puissance moyenne. Il est une troisième qualité d'un condensateur qu'il importe de con- naître : c'est sa distance frontale. Pour l'histologiste ou le cytologiste, le condensateur devrait avoir une distance frontale suffisante pour permettre de l'employer avec un porte objet épais, c'est-à-dire d'une épaisseur au- dessus de la moyenne. Or, parmi les condensateurs de petit foyer, il y en a qui ne remplissent pas cette condition. 'Voici une liste de quelques condensateurs modernes donnée par Dal- LiNGER dans "The Microscope- de Carpenter, 1901. Les valeurs de l'ouverture aplanatique s'entendent pour le bord de la flamme, cône plein. CON DENSATEU RS Ouverture totale 0. N. Ouverture aplanatique 0. N. Foyer I. PowELL & Lealand, acliromatique à sec ( 1 854) • 0.99 0.8 5 mm. — — nouvelle formule (i85g) . . 0.99 0.8 5 1) 2. — — lentille frontale enlevée , — 0.5 S 1) 3. — — lentille inférieure seule . . — 0.24 i5 1) 4. Swift, achromatique (i858) 0.92 0.5 10 » 5. — — lentille frontale enlevée . — 0.22 25 » 6. Abbe, chromatique, 3 lentilles (iSyS) .... I 36 0 5 8 » 7. — — lentille frontale enlevée . . — 0.3 16 1) 8. P0WELL& Lealand, chromatique, genre Abbe(i88o) 1.3 0.7 5 1) 9. — — achromatique à l'huile (1886) 1.4 i.i 4 " 10. — — — employé à sec I.O 0.8 4 » II. — — lentille frontale enlevée . — 0.4 10 11 12. Abbe, achromatique (1SS8) 0.98 0.65 12 II i3. — — lentille frontale enlevée . — 0.28 2 5 » 14. PowELL & Lealand, achromatique faible (1889) . 0.83 0.5 16 11 i5. — — apochromatique (i8gi) . 0.95 0.9 6 1) 16. Zeiss, loupe de Steinheil — 0.32 25 II 17. Beck, achromatique à sec (i883) 1.0 0.9 6 11 iS. — — à l'huile (1900) 1.4 1.3 6 II 19. Swift, apochromatique à sec (1892) 0.95 0.92 6 11 20. — panaplanatique à sec (1897) 1.0 o.g3 6 1) 21. — _ à l'huile (1898) 1.4 i.3o 6 II 22. Watson, panachromatique à secliSgS) .... 1.0 0.95 7 » 23. — — à l'huile (1899) 1.33 1.25 6 II 24. Zeiss, achromatique à l'huile (1899) i.3o — — 25. Baker, semi-apochromatique à sec (1900) . . . 1.0 o.gS 8 11 4i8 Arthur BOLLES LEE Je n'entreprendrai point de donner des conseils concernant le choix d'un condensateur de cette liste, mais je me permettrai deux remarques qui peuvent avoir leur utilité. Je pense que le cytologiste, à moins qu'il ne se propose quelque travail d'une délicatesse hors ligne, tel qu'il ne s'en est guère fait jusqu'ici, peut négliger les condensateurs à immersion. Il peut s'en dispenser, car un bon condensateur à sec, donnant un cône aplanatique de 0.90 à 0.95 O. N., ou plus, suffit pour donner un cône aux trois quarts environ à un objectif de 1.30 O. N. et presqu'autant à un objectif de 1.40 O. N., ce qui pour la plupart des objectifs est suffisant. Et si l'immersion n'est pas nécessaire, il vaut mieux l'éviter ; car la manipulation correcte d'un condensateur à l'huile est chose fort délicate, et oblige à une perte de temps qui est intolérable pour celui qui est appelé à examiner avec une certaine rapidité un nombre considérable de préparations. Le n" 15 (Powell) (i) a été perfectionné récemment et possède main- tenant une O. N. de 0.98. Il a une distance frontale suffisante pour un porte-objet épais et des corrections superbes. Sur demande, il peut être muni d'un collier à corrections. Je crois que ce raffinement constitue un avantage sérieux. Mais je crois aussi que même sans cela il est capable de suffire à tous les besoins actuels du cytologiste. Le panachromatique de "Watson, n" 22, est également muni d'un col- lier à correction, et on le dit excellent (2). Ces lentilles ne donnant pas une image de la flamme suffisamment grande pour permettre un travail confortable avec des objectifs faibles, il convient de posséder aussi un condensateur d'un foyer un peu plus grand. Je pense que l'un ou l'autre de ceux qui ont été cités peuvent suffire. Le moins recommandable de tous doit être le chromatique d'ABBE, n° 6. Je ne doute point du tout, d'après mes observations, que Nelson (3) n'ait eu raison de dire que ce condensateur célèbre est le plus mauvais qui ait jamais été construit. Outre qu'il est chromatique, ce qui n'est pas bon, il a une (i) Chez Powell & Lealand, 170, Euston Road, London, N. W. — Le prix en a été réduit et n'est plus que de £ 4 pour la partie optique, et de £6 pour le tout avec disque de diaphragmes. On peut l'avoir monlé sur iris pour £ 5,5. Étant donnée la qualité hors ligne des lentilles, je trouve que c'est un prix extrêmement modique. (2) Avant de commander un collier à correction, il faudrait s'assurer qu'il y a assez de place sous la platine du microscope pour permettre de le manœuvrer. (3) Nelson : The siibstage condenser, its history, construction and management, and ils effect theoretically considered; dans « The Journal of the Royal Microscopical Society », 1891, p. 90; tra- vail très important. l'éclairage et l'emploi du condensateur 419 aberration de sphéricité tellement énorme que, d'après les mesures de Dallinger(i), il y a une distance de non moins de cinq huitièmes de milli- , mètre entre le foyer de ses zones marginales et celui de sa zone centrale. Évidemment, un condensateur pareil n'est pas à la hauteur de la microgra- phie moderne. Le condensateur achromatique d'ABBE, n° 12, serait au contraire ex- cellent (2), mais je ne puis en parler par expérience. Pour de plus amples renseignements concernant les condensateurs les plus importants, j'engage le lecteur à consulter ce qui a été dit à ce sujet par Nelson, dans le travail cité plus haut, et par Dallinger, dans y The Microscope " de Carpenter, viii"' édition, London, Churchill, 1901, pp. 298-316. EMPLOI DU CONDENSATEUR SANS » BULL's EYE - . a) Dispositions préliminaires. Allumez la lampe et placez-la devant le microscope (3) à une distance telle que la flamme soit éloignée de 25 cen- timètres environ du condensateur. La distance exacte n'a pas d'importance. Mais il n'est pas bon de mettre la lampe beaucoup plus loin, parce que l'image de la flamme projetée sur l'objet devient plus petite à mesure que l'on éloigne la source lumineuse. Il n'est pas bon de la rapprocher beau- coup plus, parce que les condensateurs sont habituellement corrigés pour une distance de 25 centimètres, de sorte qu'en diminuant trop cette distance on risque d'en fausser les corrections. Disposez la lampe de façon à tourner le bord de la flam,me, fig. 3, vers le microscope, et non le plat, fig. 2. (Le plat de la flamme donne une image assez bonne, mais beaucoup moins brillante que le bord : son emploi n'est indiqué que là où le bord de la flamme ne couvre pas suffisamment le champ du microscope). Munissez-la d'un écran coloré, p. 9. Orientez le miroir de façon à éclairer le condensateur. C'est le miroir plan qu'il faut prendre. Le miroir concave peut servir, et donne une image correcte, mais il rend les manipulations beaucoup plus difficiles et n'offre aucune espèce d'avantage. (i) Op. cit., p. 309. (2) Dallinger : Loc. cit. (3) Beaucoup d'observateurs placent la lampe à gauche du microscope. Je préfère la placer devant, parce que je puis ainsi contrôler plus facilement la position de la flamme. Mais ce détail n'a pas d'autre importance. 52 420 Arthur BOLLES LEE Vissez sur le tube un objectif faible, disons de 12 mm., ou moins, et munissez-le d'un oculaire. Disposez sur la platine un objet quelconque, et mettez au point. Remontez ou abaissez le condensateur jusqu'à ce que. l'image de la flamme se trouve dans le môme plan que l'objet, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'un et l'autre soient au point en même temps, fig. 6. Mettez l'image de la flamme au centre du champ en corrigeant la position du miroir, fig. 6. b) Centrage du condensateur. De ce que la flamme est centrée par rapport au champ du microscope, fig. 6, il ne s'ensuit pas du tout que le condensateur soit centré par rapport à l'axe du microscope. Pour le centrer, on peut procéder comme il suit. — Écartez l'objet du champ, enlevez l'ocu- laire, et regardez dans le tube. Ouvrez l'iris. Vous voyez devant vous la figure d'éclairage se présentant sous l'une ou l'autre des formes décrites plus haut, p. 12. Fermez lentement l'iris jusqu'à ce que l'image de ses bords dentelés vienne se projeter sur la figure d'éclairage. Si le condensateur n'est pas centré, vous aurez une image comme par exemple la fig. 5. Tournez donc les vis de centrage du ^ Substage " (ou du condensateur) jusqu'à ce que l'ouverture de l'iris devienne concentrique au rebord de la lentille supérieure de l'objectif, comme dans la fig. 4. Le centrage est alors fait pour l'objectif que vous avez employé (mais non pas nécessairement pour d'autres objectifs) (i). Je reconnais que cette méthode peut être assez difficile à exécuter. En voici une autre, indiquée par Dallinger dans » The Microscope - de Carpenter, p. 419, et couramment employée. On place sur la platine un petit objet et on le centre par rapport au champ du microscope à l'aided'unobjectif faible, l'oculaire restant en place. (L'objec- tif doit être faible, de 16 mm. environ; un objectif plus fort ne pourrait servir.) On ferme l'iris à peu près complètement et l'on fait remonter ou descendre le condensateur jusqu'à ce que l'ouverture de l'iris vienne au point, c'est-à-dire vienne au plan de l'objet. Alors, au moyen des vis de centrage, on centre l'iris par rapport à l'objet. Puis on substitue à l'objectif qui a servi pour le centrage celui dont on veut se servir pour ses observations. (i) Il peut arriver que, par suite de l'intensité de l'éclairage, ou par un autre motif, on ne réussisse pas facilement à distinguer en même temps les bords de l'iris et le cercle formé par le châssis de l'objectif, avec lequel il s'agit de les faire coïncider. On peut y remédier en tournant le miroir un peu (le côté, ou mieux encore en se servant de la lumière du jour. Pour les objectifs à grande ouverture, il sera peut-être nécessaire de se servir d'un « buU's eye » avec la lampe. On peut éga- lement s'aider en employant un « stop » central au-dessous de l'iris. L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 4 21 Cette méthode a le défaut de ne pas garantir le centrage exact du condensateur pour robjectif quon substitue à celui qui a servi à donner la position centrale à l'iris. Car c'est plutôt l'exception que la règle de trouver deux objectifs qui viennent exactement à un centre identique, même sur le même pas de vis (encore moins si l'on se sert d'un » revolver "). L'écart peut être insensible, et si l'on a constaté qu'il en est ainsi pour deux objec- tifs, un seul centrage suffira pour les deux. Mais si l'écart est considérable, il faut pour être exact centrer séparément pour chacun d'eux. Dans la pra- tique cependant, il suffira le plus souvent de centrer pour l'objectif le plus important qu'on emploie dans une recherche. Ainsi, si vous avez une série de coupes dans lesquelles il y a des asters que vous vous proposez d'étudier à l'objectif de 2 mm. O. N. 1.40, mais que vous êtes obligé de chercher avec un objectif plus faible, disons i/S de O. N. 0.85, centrez pour le 2 mm. qui doit servir à l'examen critique, et ce centrage suffira probable- ment pour vous permettre de chercher commodément les objets d'étude avec l'objectif plus faible. Quelques opticiens fournissent avec leurs condensateurs des ^ centring caps «, percés d'un petit trou central, à placer sur la lentille supérieure. Ces appareils ne méritent pas grande confiance. c) Centrage de la flamme. Lorsque par un de ces moyens vous avez centré le condensateur pour l'objectif que vous allez employer pour une observation, centrez de nouveau l'image de la flamme, qui aura été dépla- cée par l'opération du centrage du condensateur. Cela se fait tout simple- ment en orientant le miroir. d) Réglage du cône d'éclairage. Vous avez maintenant l'objet à étu- dier en place sur la platine, le condensateur centré et mis à point approxi- mativement sur l'objet, l'image de la flamme centrée, et l'objectif à point sur l'objet. Il s'agit ensuite de régler l'ouverture du condensateur de façon à transmettre à l'objectif le cône d'éclairage le plus convenable. Ce sera le plus souvent un cône aux trois quarts qu'il conviendra de lui donner. Par » cône aux trois quarts -, ou -^ cône à demi -, etc., on entend un cône dont la base occupe respectivement les trois quarts ou la moitié de l'étendue de la figure d'éclairage. Voici de quelle manière ce réglage se fait. Vous ouvrez entièrement l'iris, enlevez l'oculaire, et regardez dans le tube. Si le condensateur pos- sède une ouverture aplanatique égale ou supérieure à celle de l'objectif, la 422 Arthur BOLLES LEE figure d'éclairage se présentera comme un disque lumineux remplissant toute la surface de la lentille supérieure de l'objectif, fig. 7. Alors vous fer- mez le diaphragme jusqu'à ce que ce disque soit réduit d'un quart en éten- due, c'est-à-dire jusqu'à ce que vous voyez le bord du diaphragme empiéter d'un quart de rayon environ sur le disque, comme je l'ai représenté dans la FIG. 4. Mais si au contraire l'ouverture aplanatique du condensateur est infé- rieure à celle de l'objectif, la figure d'éclairage n'éclairera pas toute la surface de la lentille supérieure de l'objectif, mais se présentera comme par exemple la fig. 8 ou 9. Si elle se présente comme la fig. 8, vous aurez par cela même à peu près le cône voulu, et vous n'aurez qu'à laisser le diaphragme tout ouvert, ou peut-être à le fermer très légèrement, de façon à couper les pointes de la figure lumineuse fusiforme. Si vous avez la fig. 9, vous n'aurez certainement pas besoin en général de diaphragme, car le cône d'éclairage sera déjà trop petit pour un bon objectif. Il vous faudra alors aviser aux moyens d'agrandir le cône, soit en recourant au - buU's eye ^, soit en prenant un autre condensateur à ouverture plus grande. Un éclairage idéal demande que l'objectif soit éclairé par un cône axial conjugué d'un angle égal à celui de son ouverture à lui, ce qui donne la figure d'éclairage de la fig. 7. Mais malheureusement il n'y a que fort peu d'objectifs, dans les numéros forts, ou même mo3^ens, qui supportent sans se voiler un cône d'éclairage d'un angle approchant de près leur angle d'ouverture. Ne pouvant atteindre l'idéal, nous sommes le plus souvent obli- gé de nous contenter seulement du plus grand angle que l'objectif puisse admettre sans donner de brouillard. Les " brouillards i. ou ?> voiles « que montrent les images microsco- piques sont de deux sortes. L'une d'elles provient simplement d'une trop grande intensité de lumière. Elle est plutôt d'ordre physiologique qu'op- tique, un simple éblouissement. Pour y remédier, il suffit d'ajouter une lame de verre coloré entre la source lumineuse et le condensateur. A aucun prix il ne faut chercher à y arriver en rétrécissant l'ouverture du diaphragme du condensateur. Car en faisant cela, vous rétrécissez nécessairement l'ou- verture effective de votre objectif. C'est là une faute qui est commise jour- nellement, non seulement par des commençants, mais par des observateurs qui ont derrière eux des années de pratique. Mais c'est aussi l'une des fautes les plus funestes qu'on puisse commettre. L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 423 L'autre sorte de brouillard provient de l'aberration de sphéricité de l'objectif, qui fait que ses zones périphériques et ses zones centrales ne travaillent pas exactement de concert. On ne peut remédier à ce défaut qu'en supprimant l'action de l'une ou de l'autre de ces zones, d'habitude la périphérique. Cela se fait en rétrécissant l'ouverture du condensateur; car, du moment que vous supprimez l'action d'une zone quelconque du conden- sateur, vous supprimez nécessairement celle de la zone correspondante de l'objectif. Fermez donc lentement l'iris, mais arrêtez aussitôt que le brouil- lard aura disparu. Vous aurez alors le cône d'éclairage le plus grand que votre objectif peut tolérer sans perdre de la netteté des images qu'il donne. Les dimensions angulaires du cône maximum d'éclairage que peut to- lérer un objectif sans se voiler donnent donc la mesure de la correction de l'aberration de sphéricité de cet objectif, et partant de sa valeur comme instrument de recherche. D'après une série d'observations des plus précises, faites sur un très grand nombre d'objectifs des meilleurs fabricants de nos jours, il a été établi (1) que l'éclairage idéal, c'est-à-dire par un cône égal à l'ouverture totale de l'objectif, peut être réalisé par des apochromats et semi- apochromats de petite ouverture numérique, c'est-à-dire jusqu'à O. N. 0.3 et 0.4. Mais avec les objectifs les plus parfaits de nos jours de O. N. 0.5 et plus, la limite est en général un cône aux trois quarts, c'est-à-dire un cône donnant une figure d'éclairage remplissant les trois quarts de l'objectif. Quelques objectifs hors ligne dans les grandes ouvertures toléreront un cône de 7/S; mais la plupart ne vont pas au-delà de 3/4; les objectifs ordi- naires ne vont pas au-delà des 2/3, et quelques-uns ne supportent pas même un cône à 1/2. Ceux-là sont franchement mauvais et ne devraient pas être employés. Le cône maximum que puisse transmettre un condensateur à sec étant de O. N. 0.98 environ, il s'ensuit qu'avec un bon objectif de O. N. 1.30, ou mieux 1.40, on peut laisser l'iris entièrement ouvert, le cône total du condensateur étant égal aux trois quarts environ de l'ouverture de l'objectif. La doctrine du cône aux 3/4 est une généralisation résultant pour la plupart de l'étude d'objectifs employés avec des diatomées et autres •' test- objects ", c'est-à-dire d'objets non colores et agissant surtout par diffraction. (i) Dallinger, dans «The Microscope» de Carpenter, igoi, pp. 3o6, 389, 422; aussi, Nelson, op. cit. supra, p. 96. 424 Arthur BOLLES LEE J'ajoute pour ma part que pour le cas d'objectifs employés avec nos prépa- rations cytologiques courantes, c'est-à-dire avec des objets colorés et montés dans le baume, le chiffre de trois quarts me paraît plutôt trop faible. J'ai trouvé, par une longue expérience, que mes objectifs supportent, et même demandent, en général, un cône plus fort avec des tissus qu'avec des ^ test- objects ". Et cela n'a rien qui doive nous surprendre; car dans les prépara- tions montées au baume, les différences de réfraction des éléments sont en grande partie supprimées, et l'image de diffraction de ces éléments est sup- primée pour autant. Mais leurs différences de coloration subsistent et donnent lieu à une ^ image d'absorption ^ qui est pour nous un principal objet d'étude. Comme elle ne souffre pas de détérioration par un cône excessif, ou du moins qu'elle n'en souffre pas au même degré que l'image de diffraction, il en résulte que nous pouvons augmenter le cône d'éclairage en proportion de l'importance des éléments colorés dans nos préparations. Depuis longtemps j'emploie souvent des cônes égaux à l'ouverture totale de mes objectifs; et je pense qu'à mesure que nous pourrons perfectionner nos colorations plasmatiques, nous pourrons employer utilement des cônes plus grands qu'à présent. Le lecteur aura bien compris que ce que j'avance concernant le cône aux 3/4, ou un autre cône, n'est pas un dogme, mais une généralisation ap- proximative. Il faut donner à chaque objectif le cône qui lui convient pour chaque objet. Ce qu'il importe de retenir, c'est que, à mesure que vous rétrécissez le cône au-delà de ce que l'objectif peut tolérer sans brouillard, l'image se détériore. Ce n'est pas à dire non plus qu'il n'y a pas de circonstances dans les- quelles il convient d'avoir recours à un cône diminué. Il y en a. Par exemple, si des détails non colorés d'un objet manquent de contraste, on peut souvent en diminuant le cône les rendre plus visibles, en accentuer l'image; mais c'est toujours au prix de la finesse de définition. Petit cône veut dire contours épais; grand cône veut dije contours fins, e) Mise au point (focus) du condensateur. Jusqu'ici les opérations ont été conduites avec le condensateur mis au point sur l'objet à l'aide d'un objectif faible. Il est possible que la mise au point ainsi établie soit la bonne : mais il est possible aussi qu'il y ait lieu de la corriger. La mise au point la plus correcte est celle qui donne l'image la plus nette de la flamme dans le champ du microscope. Mais il peut être quelque- L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 425 fois indiqué de placer le condensateur un peu plus haut. Et cela pour l'un ou l'autre des deux motifs : pour avoir plus de résolution, ou pour avoir plus de lumière. La position qui donne l'image la plus nette de la flamme est aussi celle qui donne la plus grande intensité d'éclairage dans deux cas seulement : a) avec un condensateur parfait, ou b) avec un condensateur imparfait, à condition de n'en employer qu'une petite ouverture, c'est-à-dire de le dia- phragmer fortement. Si l'une ou l'autre de ces conditions n'est pas remplie, il faut remonter le condensateur pour avoir le maximum d'éclairage. Mais alors, le cône se creuse, comme nous l'avons expliqué au chapitre des con- densateurs, et l'éclairage qu'il fournit n'est plus de confiance. En d'autres termes — pour un condensateur parfaitement aplanatique, le sommet du cône, qui est représenté par l'image de la flamme, donne à la fois le maximum de définition, le maximum de résolution, et le maximum d'éclairage. Mais pour la plupart, même la presque totalité, des condensa- teurs, il n'en est pas ainsi. Il a déjà été expliqué, p. u, note, que les condensateurs sont habituellement corrigés de telle sorte que leurs rayons marginaux trouvent leur foyer en dessous de celui des rayons intérieurs, FiG. 16. En conséquence, si vous projetez sur l'objet le sommet du cône, qui est le foyer des rayons intérieurs, vous perdez l'apport des rayons mar- ginaux, qui sont très importants pour l'éclairage aussi bien que pour la résolution. Dans le cas donc où il importe beaucoup d'utiliser ces rayons autant que possible (c'est un cas qui se présente souvent dans l'étude des diatomées, par exemple), on peut y arriver en remontant le condensateur jusqu'à ce qu'il donne la plus grande intensité d'éclairage. Mais l'image qu'on obtient ainsi n'est plus correcte. Vous aurez la résolution, et vous aurez la lumière; mais vous aurez du brouillard aussi. De plus, d'après mes observations, un condensateur placé trop haut fabrique très facilement des images fausses, des y ghosts - ou apparences illusoires. Si c'est une erreur de placer le condensateur au-dessus du point où il donne l'image la plus nette de la flamme, c'en est une aussi de le placer au-dessous de ce point. Car en le faisant, vous diminuez l'angle du cône, et vous perdez en résolution; car vous perdez ainsi les rayons marginaux, qui sont les plus résolvants. Vous perdez aussi immédiatement en définition. La position correcte est donc celle qui donne une image nette de la flamme dans le champ du microscope, et une figure d'éclairage pleme, FIG. 7, ou 8, ou 9, et non uneflgure brisée comme la fig. 10, ou il. 426 Arthur BOLLES LEE Ces explications aideront, j'espère, à faire comprendre toute l'impor- tance qu'il y a à se munir d'un bon condensateur. Il n'est certainement pas bon de travailler avec un cône brisé pour avoir assez de lumière ou de réso- lution, comme on peut être obligé de le faire avec les condensateurs ordi- naires. L'apochromatique de Powell, que j'ai mentior.né plus haut, est si admirablement aplanatique que son point de plus grand éclairage coïncide absolument avec celui de la plus grande netteté de l'image de la flamme. C'est un grand gain. Lorsqu'on se sert de la lumière du jour, la mise au point exacte a moins d'importance et il suffira en général de projeter dans le plan de l'objet l'image d'un barreau de fenêtre. Si j'insiste, comme je le fais, sur l'importance d'employer pour les observations critiques une mise au point telle que l'objet se trouve aussi exactement que possible au sommet du cône d'éclairage, ce n'est pas à dire qu'il faille se soumettre à cette obligation pour toutes les observations sans exception. En effet, c'est dans cette position que le condensateur donne l'image la plus petite possible de la flamme. C'est là une condition tolé- rable, même favorable, pour l'examen d'un petit détail, ou d'une région très circonscrite d'une préparation, mais qui ne permet pas d'en parcourir facilement et rapidement une grand étendue. J'admets donc que pour parcourir superficiellement une préparation, pour en obtenir une vue d'ensemble, ou pour y chercher quelque détail qu'on désire étudier, on abaisse le condensateur. Cela agrandit l'image de la flamme, de sorte qu'on peut ainsi éclairer tout le champ, et donne un éclairage qui permet de faire facilement et confortablement les recherches superficielles voulues. Mais aussitôt qu'on a trouvé le détail qu'on désire soumettre à un examen critique, il faut avoir soin de remonter le conden- sateur et le mettre de nouveau à point sur l'objet. f) Réglage de l'intensité' de la lumière. Le condensateur étant au point et son cône réglé, il se trouvera peut-être que vous avez trop ou trop peu de lumière. Pour y remédier, ajoutez ou supprimez un écran coloré devant la lampe. En aucun cas ne cherchez à y arriver en changeant de diaphragme. C'est là une faute pernicieuse, dans laquelle tombent réguliè- rement les débutants; il y en a qui ont une véritable manie de mani- puler l'iris. Encore moins faut-il chercher à y arriver en haussant ou en baissant le condensateur. C'est une faute qui, pour les observations délicates, est L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 427 encore plus grave que l'autre, mais qui est commise journellement par des observateurs qui ont pourtant travaillé au microscope pendant des années. Pour l'éclairage à la lumière du jour, les verres bleus ne sont pas ce qu'il y a de mieux. On trouve facilement chez les marchands de lunetterie des verres dits ^ teinte neutre « ou j^ fumée de Londres «, qui font d'excel- lents écrans. Du reste, la lumière du jour est rarement trop intense. Ces deux fautes si communes sont très excusables en ce sens qu'elles sont très naturelles. Car en effet l'œil ne peut pas travailler de son mieux en présence d'un excès ou d'un défaut de lumière. L'observateur s'en rend bien compte, et c'est par une sorte d'instinct physiologique qu'il se jette sur un remède qui lui parait tout naturel et contre lequel ses instructeurs ne l'ont jamais mis en garde. Optiquement il a tort, mais physiologique- ment il a raison; car le réglage exact de l'intensité de la lumière est certai- nement de la plus grande importance dans les observations délicates ou prolongées. C'est pourquoi je recommande instamment à tout observateur de se munir d'un jeu suffisant de verres colorés de différentes nuances. Nous pouvons maintenant passer à l'examen de l'emploi du » bull's eye «. EMPLOI DU ^ bull's EYE " . Le n bull's eye ^ sert à deux fins. Il agrandit l'image de la flamme, et permet de réaliser ainsi un plus grand champ éclairé sans entraver la correction de l'image microscopique. Il agrandit l'ouverture du condensateur. En effet, il est facile de con- stater que, aussitôt qu'on l'a mis devant la lampe, le condensateur qui était au point sur l'objet ne l'est plus, mais demande à être remonté. Son foyer se trouvant être ainsi raccourci, il s'ensuit que son ouverture a été agrandie. Et l'on constate immédiatement qu'il en est ainsi en examinant la figure d'éclairage. a) Mise au point du « bulPs eye ^. Le » bull's eye « doit être mis au point sur la flamme. Cela veut dire qu'il doit être établi à une telle distance de la flamme que celle-ci se trouve être dans son foyer principal (foyer pour rayons parallèles). Pour trouver cette distance, on peut mettre à la place de la mèche une bande de carton blanc, tourner la lampe vers le soleil, et approcher ou éloigner le " bull's eye " jusqu'à ce qu'il donne sur le carton une image nette du soleil. Il faut alors le fixer à demeure dans cette position au moyen de sa vis d'arrêt. 53 428 Arthur BOLLES LEE Ainsi réglé, le r bull's e3-'c '^ devrait en théorie ne pas donner d'image de la flamme à une distance finie, mais fournir seulement des rayons paral- lèles, et par conséquent pas d'image. Mais il en donnera toujours une. Car la flamme ayant une profondeur considérable, il 3^ aura toujours des plans qui ne se trouveront pas au foyer principal, et qui donneront des rayons qui échapperont à la parallélisation. De sorte qu'à une distance d'un mètre ou deux on aura une image agrandie et renversée de la flamme. Tout ce qu'on peut faire, c'est de trouver un point tel que le faisceau de lumière projeté par le « bull's eye " ait sensiblement le même diamètre à sa sortie de la len- tille et à son arrivée sur le condensateur. b) Centrage du " biiirs eye «. Lorsque le » bull's eye « est bien au point sur la flamme, si l'on place l'œil dans le trajet des rayons lumineux qu'il émet, on verra qu'il donne une figure d'éclairage en tous points sem- blable à celle d'un condensateur. Ainsi, s'il est bien au point et bien centré par rapport à la flamme, il donnera la fig. 8. S'il est trop éloigné de la flamme, il ne sera pas plein de lumière, et donnera une figure d'éclairage comme la fig. 9, ou plus petite. S'il est trop près de la flamme, il donnera une figure " brisée ", comme la fig. 10 ou 11. Et si, tout en étant au point, il n'est pas bien centré, c'est-à-dire si la flamme et l'œil ne se trouvent pas exactement situés sur l'axe optique de la lentille, il donnera une figure d'éclairage comme la fig. 15. Dans cette figure, une portion seulement, en croissant ou en demi-lune, de sa surface est éclairée, avec peut-être vis-à-vis d'elle une tache en croissant plus petite. Il faut rectifier l'an ou l'autre de ces défauts avant d'aller plus loin. Car toutes ces figures fautives se répètent exactement dans la figure d'éclairage du condensateur. c) Orientation de la lampe. Ces corrections faites, on met la lampe devant le microscope et l'oriente de telle façon que ses rayons tombent bien exactement en plein sur le miroir, en donnant au » bull's eye « la position voulue en altitude au moyen du bras mobile qui le porte. C'est la lampe entière qu'il faut mouvoir pour arriver à l'éclairage en plein du miroir, et non le » bull' s eye " seul. Celui-ci doit garder autant que possible la posi- tion azimuthale que vous lui avez donnée auparavant. d) Réglage du miroir. On tourne le miroir de façon à éclairer le condensateur. L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 429 e) Mise au poiiil du condensateur. On le met au point sur l'objet comme cela a été décrit plus haut, sous e), p. 22. f ) Réglage du cône et dernières corrections. Cela se fait exactement comme pour le condensateur sans -^ buU's eye -i, et n'offre pas plus de diffi- culté, à condition que les dispositions préliminaires aient été bien prises. La cause la plus fréquente d'embarras se trouve dans un centrage inexact du r. buU's eye ^. On la reconnaît immédiatement à ce qu'une apparence semblable à la fig.15 se présente dans la figure d'éclairage; et avec un peu d'expérience, on arrive facilement à la corriger après coup. Lorsqu'on a une fois obtenu un résultat satisfaisant, il est bon de mar- quer sur la table, au moyen d'un trait de crayon passé autour du pied du microscope et du pied de la lam.pe, leurs positions respectives. Ces deux points étant connus, on aura peu de peine parla suite à arriver à l'éclairage voulu. Car il suffira, pour mettre le ^ bull's eye « en jeu, de le ramener devant la lampe. Avec le ^ bull's eye -, il est absolument nécessaire d'employer le miroir plan, et non le concave. On a dit que le ■> bull's eye ^ nuit toujours à la définition, et l'on a conseillé de ne l'employer que lorsqu'on ne peut pas obtenir autrement un champ éclairé assez grand, même en se servant du plat de la flamme. D'après mes observations, cela est exact s'il s'agit d'un mauvais » bull's eyc" ; mais avec un bon " bull's eye « de la formule de Nelson, la différence est bien minime, si petite qu'il faut souvent une grande attention pour savoir s'il en existe une. Je pense donc que le cytologiste peut et doit se servir du V bull's eye " habituellement, quitte à le supprimer lorsqu'il croit utile de le faire pour l'examen minutieux de quelque détail extraordinairement délicat. Le plat de la flamme ne peut que rarement servir pour les grossisse- ments un peu forts, vu qu'il ne fournit pas une lumière suffisamment intense. ÉCLAIRAGE ANNULAIRE. î Il n'est pas assez connu qu'au moyen de la disposition employée pour l'éclairage sur fond noir (■' black ground illumination -), on peut obtenir avec des objectifs forts un éclairage qui n'est pas sur fond noir, mais qui donne des effets qui sont parfois extrêmement utiles. Après avoir obtenu 430 Arthur BOLLES LEE une image correcte d'un objet, soit à l'aide du condensateur seul, soit avec le 1 bull's eye " si le condensateur ne suffit pas, il faut ouvrir entièrement l'iris, placer dans le porte-diaphragmes du condensateur un » stop ^ ou disque à milieu plein (le plus petit de ceux qui servent pour l'éclairage sur fond noir suffira le plus souvent), et, s"il y a lieu, faire remonter le conden- sateur jusqu'à ce qu'on obtient le maximum de lumière. La figure d'éclai- rage se présentera alors comme un anneau lumineux entourant un disque central sombre. On obtient ainsi un éclairage de l'objet par des rayons très obliques dans tous les azimuths à la fois. La résolution est à son maximum, ou à peu près. L'image montre des contours extraordinairement affinés, et en môme temps une grande richesse de détail. Les divers plans focaux sont très nettement distingués les uns des autres, de sorte que cette méthode peut rendre de grands services en permettant de séparer des éléments qui se présentent les uns au-dessus des autres dans une préparation. Personnellement je trouve cette méthode souvent très utile. Je crois que les images qu'elle donne sont très correctes, mais souvent elles sont très difficiles à interpréter. C'est une méthode qui ne réussit pas toujours, et que je ne recommanderais qu'aux observateurs très expérimentés. Mais j'ai cru utile de la décrire, parce qu'elle est certainement capable d'être à l'occasion d'un bon secours. RÉSUMÉ. Si vous désirez travailler à la lumière du jour, ce que je ne conseille pas, mettez un objet sur la platine, tournez le miroir de façon à l'éclairer, mettez au point, centrez le condensateur, s'il n'est pas déjà centré pour l'objectif à employer, orientez le miroir, réglez le diaphragme comme nous l'avons dit sous d), et mettez le condensateur au point sur un barreau de la fenêtre. Ne touchei plus ni au diaphragme ni à la crémaillère du condensateur. Si vous désirez employer la lampe sans ^ bull's eye *•, mettez-la bien à sa place marquée sur la table, tournez le bord de la flamme vers le micros- cope, mettez un écran coloré devant, tournez le miroir plan de façon à éclairer le condensateur, centrez-le s'il n'est pas déjà centré pour l'objectif à employer, orientez le miroir de façon à centrer l'image de la flamme, réglez le diaphragme comme nous l'avons dit sous d), mettez le condensateur au point comme nous l'avons dit sous e). Ne touche^ plus ni au diaphragme ni à la L ECLAIRAGE ET L EMPLOI DU CONDENSATEUR 431 crémaillère du condensateur, mais réglez l'intensité de la lumière, s'il y a lieu, à l'aide de vos écrans colorés. Si vous désirez employer le -^ bull's eye ^, ce que je regarde comme la disposition normale pour le cytologiste, procédez d'abord exactement comme ci-dessus, puis amenez le ^ buU's eye - devant la flamme. Sa dis- tance focale de la flamme et sa position azimuthale ayant été fixées une fois pour toutes au moyen des vis d'arrêt, il sera réglé aussitôt qu'il éclaire en plein le miroir, et il n'y aura au plus qu'à corriger légèrement l'orienta- tion de celui-ci pour arriver au centrage exact de l'image de la flamme, et à remettre le condensateur au point pour son nouveau foyer. Comme aupar- avant, ne toucheiphis ni au diaphragme ni à la crémaillère du condensateur, mais réglez la lumière à l'aide de vos écrans colorés. EXPLICATION DE LA PLANCHE. FIG. 1. Mèche taillée en pointe. FIG. 2. Flamme vue de face. FIG. 3. Flamme vue par le bord. FIG. 4. Figure d'éclairage, cône aux trois quarts, condensateur centré. FIG. 5. Figure d'éclairage, condensateur non centré. FIG. 6. Champ du microscope, image de la flamme projetée sur une valvule de Pleui'osigma angulalum par un condensateur de lo mm. FIG. 7. Figure d'éclairage, ouverture du condensateur supérieure à celle de l'objectif. FIG. 8. Figure d'éclairage, ouverture du condensateur un peu inférieure à celle de l'objectif, cône plein. FIG. 9. Figure d'éclairage, ouverture du condensateur inférieure de moitié environ à celle de l'objectif, cône plein. FIG. 10. Figure d'éclairage, même condensateur et même objectif, cône se creusant, condensateur trop haut. FIG. 11. Id., id., id., condensateur plus haut, cône plus creuié. FIG. 12. Id., id., id., condensateur encore plus haut, cône entièrement brisé, centre de la figure montrant une image droite de la flamme. FIG. 13. Id., id., id., condensateur plus bas que la mise au point exacte, cône plein mais diminué. FIG. 14. Id., id., id., condensateur encore plus bas, la figure d'éclairage s'est transformée en une petite image yenverséc de la flamme. FIG. 15. Figure d'éclairage d'un « buU's eye » non centré par rapport à la flamme. Ces six dernières figures d'éclairage donnent des images incorrectes. FIG. 16. Schéma de la correction par défaut, soit aberration de sphéricité des condensateurs. V A'Bolks L ee sdnat cU 'A. DeToIIenaere Iréres Brax. Rapports du Cytoplasme et du Noyau DANS LŒUF DE LA CYTHEREA CHIONE L PAR R. DUMEZ CANDIDAT EN SCIENCES NATURELLES (Mémoire déposé le 20 mai 1902.) Rapports du Noyau et du Cytoplasme DANS L'ŒUF DE LA CYTHEREA CHIONE L. Nous n'avons pas l'intention de faire ici une étude complète de la question des rapports du noyau et du cytoplasme, mais seulement de signaler un objet que nous croyons fort intéressant, parce qu'il nous parait démontrer que, si le noyau livre au cytoplasme des substances dissoutes, il peut aussi y faire passer, au travers de sa propre membrane, dés corps figurés destinés à s'y résoudre ultérieurement. Cet objet est l'œuf de la Cythcrea chione. Monsieur le professeur Janssens, qui nous a signalé ce sujet d'étude, a bien voulu aussi nous confier les matériaux recueillis et fixés par lui à la station zoologique de Roscoff. Nous le prions d'accepter ici nos vifs remerciments pour les avis qu'il a bien voulu nous donner au cours de nos recherches. Méthode. Les ovaires dont nous avons disposé ont été fixés à l'aide de la liqueur de GiLSON, enrobés à la paraffine et coupés à 3 \>-. Nous avons employé comme colorants l'hématoxyline de Heidenhain et l'hématoxyline de Delafield suivies de rouge Congo. Afin d'élucider la question de la nature des matières expulsées, nous avons essayé le vert de méthyle et les réactifs de la nucléine, mais nous n'avons pas obtenu de résultats satisfaisants, probablement parce que les objets avaient séjourné trop longtemps dans l'alcool de conservation. Nos dessins ont été exécutés à la chambre claire de Nachet. Nous avons pris soin de ne jamais dessiner que des œufs entamés par leur plus grand diamètre. Nous évitions de cette manière les erreurs d'observation, qui pourraient résulter du fait de l'obliquité de la membrane du noyau. 438 R DUMEZ Nous exposons d'abord les rcsulats, de nos observations personnelles sur la Cytherea chione; puis, dans un second chapitre, nous verrons de quelle façon on peut rapprocher ces faits des descriptions qu'on trouve dans la littérature de cet objet. Chapitre I. OBSERVATIONS PERSONNELLES. Les ovules que nous avons examinés étaient tous au stade d'accroisse- ment; nous n'avons rencontré dans nos coupes aucune figure de division ovogoniale. Description des ovocytes. Les petits ovules se présentent encore attachés à la membrane conjonc- tive. Ils ont une forme ovale, parfois ronde. La vésicule germinative est sphérique dans la plupart des cas; parfois, elle est légèrement ovale. On peut donc dire qu'elle est turgescente, fig. l à 4. On trouve déjà à l'inté- rieur de celle-ci un corps arrondi nettement délimité, le nucléole ou tache germinative, fig. l à 4. Ce nucléole est simple et très fortement coloré par l'hématoxyline; nous n'avons jamais rencontré plus d'un nucléole semblable dans les œufs jeunes. C'est le nucléole principal de Obst et de Flem- ming(i874). On trouve en outre à l'intérieur du noyau de ces ovules et appliqués contre la membrane des amas ii réguliers se colorant par l'héma- toxyline aussi intensément que le nucléole, mais qui s'en distinguent cepen- dant même à un examen superficiel par leur forme et par leurs contours moins réguliers. Enfin, dans tout le noyau, on trouve encore des filaments composés de petits granules chromatophiles; la plupart viennent s'attacher au nucléole ou aux amas dont nous venons de parler, et dans presque tous les petits ovules on peut même en trouver qui relient les amas eux-mêmes au nucléole. Nous reviendrons plus loin sur ces amas, fig. 1 à 4. La membrane nucléaire est très nette dans ces œufs. Le protoplasme est composé d'un réseau très grossier, fig. 1, dont les filaments ont un aspect hérissé comme si de petits granules s'étaient dé- posés sur eux. Dans les œufs un peu plus âgés, nous trouvons encore le même aspect, à part ceci que le nucléole secondaire commence à apparaître et que les filaments chromatophiles diminuent. RAPPORTS DU CYTOPLASME ET DU NOYAU 439 Les œufs les plus âgés montrent encore quelques particularités. Ils sont ovalaires et assez souvent prolongés en un pédoncule par lequel ils se rat- tachent à la membrane basale de la glande. Leur vésicule germinative est arrondie, fig. 5, 6, 7, il. Elle est remplie d'un caryoplasme très délicat, à mailles très serrées, et légèrement granuleux, qui se voit très bien sur les préparations colorées au rouge Congo. Nous retrouvons ici les amas de ma- tières chromatophiles intimement appliqués à la membrane. Ce sont ces amas qui constituent l'objet de cette étude. Ils sont bien plus grands que dans les œufs jeunes et sont en général plus aplatis. En outre, nous trou- vons dans le noyau des amas de granules plus ou moins gros distribués apparemment sans ordre dans toute la cavité nucléaire. Ces granules mon- trent assez souvent une disposition en ruban, comme on le voit aux endroits marqués a dans les fig. 5, 6. On croirait y reconnaître des tronçons de chromosomes en désagrégation. Le nucléole principal se montre encore dans beaucoup d'œufs, mais nous avons trouvé bon nombre de coupes où il n'existe pas; est il réellement absent, ou bien se trouve-t-il dans une autre coupe du même œuf? Nous ne voulons décider la chose. Nos observations, trop incomplètes à ce sujet, ne nous permettent pas de donner une solution définitive à cette c|uestion. En tous cas, ce nucléole principal est réduit en volume et devient vacuoleux. Mais ici se montre une formation nouvelle : le nucléole accessoire ou nucléole incolore de Flemming, fig. 5. Le plus souvent, il est unique et en connexion avec le nucléole primitif; parfois, on en trouve un second. Le contour de ce nucléole porte de petits granules sur presque toute son éten- due et à son intérieur on peut très facilement distinguer une espèce de réseau formé d'une substance plus colorée que le fond. Dans les œufs bien développés, la membrane nucléaire est nettement marcjuée et présente un double contour. Le protoplasme de l'œuf, fig. 5, montre encore la disposition réticu- laire, mais ses mailles sont remplies de gi-anules vitellins. Sur des prépara- tions colorées à l'hématoxyline de Delafield et au rouge Congo, on voit que la couche tout à fait externe du protoplasme est claire; elle ne contient pas de granules vitellins et les fibrilles du réseau y sont régulièrement dis- posées perpendiculairement à la membrane ovulaire, à laquelle elles s'in- sèrent par un petit épaississement. La membrane elle-même est très belle, à double contour. La fig. 5 rend trop grossièrement ces choses, qui ne se 440 R. DUMEZ laissent guère représenter avec toute la délicatesse de la nature. Dans le protoplasme, nous n'avons jamais trouvé de Mautehchicht de Levdig. Description des amas chromatophiles. Ce qui nous intéresse surtout ici, ce sont ces amas irréguliers appliqués contre la membrane nucléaire et que nous trouvons déjà dans les œufs qui entrent dans la phase d'accroissement. Comme nous le disions, ces amas sont destinés à passer dans le protoplasme et cela non pas par osmose après dissolution préalable, mais sous une forme figurée par une véritable expulsion. Comment se forment ces amas? A un examen superficiel, ces massés paraissent toutes homogènes, formées d'une substance fortement chromato- phile, et seulement un peu irrégulières vers le côté interne du noyau. Mais en y regardant de plus près, on peut voir que bon nombre de ces corps, homogènes dans leur partie qui s'applique à la membrane, se montrent net- tement formés de grains plus ou moins grossiers, entassés les uns sur les autres et se comprimant pour ainsi dire mutuellement pour former un tout homogène, fig. 9, 10. Cet aspect se montre très nettement du coté interne. Bien plus : dans certaines masses, qui ne sont pas encore si fortement appliquées à la membrane, on peut distinguer encore les granules qui les composent, fig. 8. D'autre part, nous trouvons, dispersés ou réunis par groupe, dans tout le noyau, des granules en tout semblables à ceux des amas; même sur bon nombre de coupes, nous trouvons de ces groupes de granules au voisinage des amas, comme cela se voit sur les fig. 8, 12, 16, 17. Il semble donc tout naturel d'admettre que les amas sont formés par l'ag- glomération et la soudure plus ou moins complète de granules chromato- philes du noyau. Nous sommes porté à leur attribuer cette origine, et nous trouvons dans les images que présentent les œufs jeunes une confirmation de cette manière de voir. En effet, nous avons vu que des filaments formés de granules chromatophiles existent dans le noyau et que plusieurs abou- tissent à des amas irréguliers appliqués contre la membrane, fig. l à 4. Ces images montrent assez nettement que les granules des amas sont iden- tiques à ces microsomes des filaments. De plus, nous avons trouvé, même dans les œufs plus grands, des restes de filaments se perdant dans ces masses, comme on peut le voir sur les fig. 5, 7. Ceci nous indique assez clairement qu'il doit exister un rapport entre les granules dispersés du noyau et les amas qu'on voit appliqués à la membrane. Nous nous croyons RAPPORTS DU CYTOPLASME ET DU NOYAU 44 1 donc en droit de conclure que les amas que nous observons dans les œufs de Cytherea se forment bien par Yaccuinnlation et la fusion des granules que nous trouvons dans le noyau soit isolés, soit réunis par groupes, soit en filaments comme dans les œufs jeunes. La genèse de ces amas rappelle celle des nucléoles secondaires des œufs de batraciens décrite par Carnoy et Lebrun (1897). Mertens (1893) a observé un fait analogue dans les jeunes ovules de pie : la vésicule germi- native contient des filaments nucléiniens qui - simulent une disposition réticulée « et -^ à un moment donné s'établit maintenant la fusion d'un certain nombre de filaments nucléiniens. C'est la première ébauche de la tache germinative «. Ces « taches germinatives -, d'après l'auteur, sont ex- pulsées plus tard sous une forme figurée. M3.\s les granules eux-mêmes que représentent-ils? Proviennent-ils de la fragmentation du nucléole principal? Nous croyons être en droit de ré- pondre négativement à cette question. En effet, nulle part nous n'avons vu d'indice de pareille fragmentation ou résolution; même dans les œufs âgés, où nous rencontrons ce nucléole, il a conservé sa forme et sa délimitation nette. D'après ce que nous avons déjà dit, nous inclinons plutôt à croire que ces granules sont en relation avec l'élément nucléinien. Le nombre des amas qu'on trouve dans un seul noyau et 13. place qu'ils occupent sur la membrane sont des circonstances variables. Nous en avons trouvé très souvent plusieurs sur une seule coupe; c'est ainsi que déjà dans les œufs jeunes représentés dans les fig. 1 à 4, on peut en voir 2 ou 3 en formation dans le même œuf. Ils restent cependant toujours en petit nombre. Ils peuvent aussi se former à des places très variables ; dans certains cas, on les trouve tout près du nucléole, même entre celui-ci et la membrane, FIG. 6, 11, 12, 13; dans d'autres cas, ils sont très éloignés de ce nucléole, FIG. 1, 3, 4, 5, etc. Le nombre et la place sont donc des facteurs qui dans ce cas n'ont qu'une importance toute secondaire. Une question qui se présente ici tout naturellement à l'esprit, c'est la nature chimique de ces amas et des granules qui les forment. Cette ques- tion nous a préoccupé dès le début, et c'est pour l'élucider que nous avons essayé la coloration au vert de méthyle et les réactifs de la nucléine, mais nous n'avons obtenu de ce côté aucun résultat pouvant résoudre la ques- tion. La coloration à l'hématoxyline de Heidenhain, précieuse pour l'étude 44^ R DUMEZ des détails fins, ne nous a fourni aucune indication sur la nature chimique de ces amas, car dans les œufs de Cytherea les granules vitellins se colorent aussi intensément en noir que les amas et le nucléole principal. Nous avons recouru alors à l'hématoxyline de Delafield et au rouge Congo. Cette co- loration nous a fourni quelques données qui, jointes à ce que nous savons déjà de la genèse de ces amas, nous permettent de conclure qu'ils sont constitués sinon de nucléine, du moins d"une substance de composition chimique très analogue. En effet, les amas, les granules et le nucléole prin- cipal sont les seules parties du noyau qui se colorent franchement par l'hé- matoxyline. D'un autre côté, dans les ovules jeunes, fig. l à 4, les amas se montrent formés par la fusion de plusieurs filaments chromatophiles qui dérivent certainement des chromosomes des ovogonies et qui représentent probablement ici les chromosomes en voie de désagrégation ; nous avons de même trouvé encore dans les ovules plus âgés des filaments sortant de ces amas blottis contre la membrane, fig. 5, 7. Il serait téméraire de conclure de ces faits à une identité de nature chimique entre les parties destinées à être éliminées du noyau et la nucléine des chromosomes ovogoniaux; mais de l'ensemble de ces faits, nous sommes autorisé à conclure que ces ma- tières chromatophiles renferment de l'acide nucléinique combiné à d'autres substances. Nous pouvons donc dire que les masses sont formées de sub- stances apparentées avec la nucléine. van Bambeke (1893, p. 35o) a. égale- ment observé, sur des œufs de Scorpœna, des éliminations de masses nu- cléaires, qui ont une ressemblance avec les amas que nous observons chez la Cytherea, et en se basant sur leur connexion avec les filaments granuleux du noyau et sur leur coloration par le carmin, il conclut que ce sont des portions de chromosomes. Élimination des amas chromatophiles. Nous arrivons au point le plus intéressant de nos observations, à sa- voir la manière dont se fait l'expulsion des masses de substance nucléaire. Jusqu'ici, nous avons parlé des masses chromatophiles blotties contre la membrane nucléaire, sans nous occuper de l'aspect que présente cette membrane aux endroits occupés par les blocs. Elle est loin cependant de présenter dans tous les ovules la même apparence, et les différents états qu'elle affecte nous font voir la manière dont les blocs passent dans le pro- toplasme ovulaire. Avant d'examiner cette question, nous devons répéter que nous l'avons étudiée sur des œufs coupés suivant leur plus grand diamètre et que l'épais- RAPPORTS DU CYTOPLASME ET DU NOYAU 443 seur des coupes ne dépassait pas 3 :->•. Nous avons pu ainsi éviter l'obliquité de la membrane nucléaire. Dans les œufs jeunes, nous l'avons vu, les blocs ne sont pas homo- gènes; ils laissent nettement distinguer dans leur masse des granules plus fortement colorés que le fond, ce qui provient certainement de l'aggloméra- tion et de la fusion de plusieurs petits granules, fig. 1, 2 3, 4. Dans les ovules plus grands, où les filaments ont presque totalement disparu et où l'on ne trouve que des granules dispersés et plus ou moins réunis par groupes, les blocs deviennent de plus en plus homogènes; cepen- dant, on peut encore voir du côté interne de ces blocs les indices de leur origine granulaire. Ils sont bosselés et leurs bords montrent parfois encore des taches plus fortement colorées, fig. 7, 9, 10. Rarement, on trouve encore fixés sur eux des fragments de filaments, fig. 5, 7, 9. Jusqu'ici, la membrane nucléaire s'est peu modifiée. Elle se distingue encore. très nettement du bloc et on peut la poursuivre sur toute l'étendue de celui-ci, fig. 5, 7, 10 ; mais bientôt, elle commence à s'affaiblir : elle paraît plus fine que sur tout le reste du pourtour du noyau et semble se défaire pour laisser passer le bloc, fig. lO. Cette disparition de la mem- brane nucléaire se voit surtout sur les points qui étaient en contact avec les bords des blocs, fig. 9, il. Nous nous trouvons donc au second stade du phénomène, c'est-à-dire à l'expulsion proprement dite : c'est à ce moment que le bloc passe dans le protoplasme. Nous pouvons nous demander comment se comporte la membrane nu- cléaire pendant cette expulsion. Nous avons vu qu'elle devient plus faible aux endroits occupés par les amas (*); elle paraît donc se résorber pour livrer passage à ceux-ci. Nous pouvons interpréter de deux manières diffé- rentes le mécanisme de l'expulsion de ces amas. En effet, d'après certaines préparations, il semblerait que la membrane nucléaire se résolve complètement aux endroits occupés par les blocs, de façon à ouvrir en face de ceux-ci un orifice; mais avant que cette résolution soit achevée, il se formerait déjà du côté interne une nouvelle membrane, par condensation du caryoplasme. Il y aurait donc à un certain moment deux membranes, entre lesquelles serait inclus le bloc chromatophile. Les (*) Le çraveiir a malheureusement rendu trop {grossièrement Vaspect présenté par la membrane nucléaire au niveau des amas chromatophiles, de sorte que les iigures sont loin de correspondre sous ce rapport à la réalité. 55 444 R- DUMEZ FiG. 9, 10, montreraient dans ce cas le commencement du mécanisme. Sur les FIG. 13, 16, 17, on verrait l'ancienne membrane externe en voie de résorp- tion ; elle ne formerait plus qu'une calotte coiffant les blocs déjà contour- nés sur le côté interne par la nouvelle membrane en formation, à laquelle Is seraient intimement appliqués. Enfin, sur la fig. 15, la membrane serait encore appliquée contre la membrane nouvellement formée. Un argument qui milite en faveur de cette manière de voir se trouve dans l'inflexion que présente la membrane nucléaire aux lèvres de l'ouverture : cette inflexion semblerait indiquer que la membrane contourne les blocs et va se refermer derrière ceux-ci. Mais nous pouvons encore expliquer les figures d'une autre manière-. Nous ne devons pas envisager la membrane nucléaire comme une couche rigide entourant le noyau d'une espèce de coque, mais plutôt comme une couche-limite de protoplasme, parfaitement plastique quoique condensée; aussi pouvons-nous la comparer à la -^ Hautschicht" des amibes, ou bien à la couche-limite des vacuoles. Dès lors, nous pouvons admettre pour la membrane nucléaire que le passage de substances figurées se fait comme chez les amibes ou dans les vacuoles : les substances solides, qui sont in- troduites ou expulsées à travers la - Hautschicht- des amibes, traversent celle-ci en la perçant et après leur passage les lèvres de l'ouverture se refer- ment sans laisser de trace du percement. Mais dans cette hypothèse com- ment peut-on expliquer cette sorte de membrane externe qui recouvre les blocs comme d'une calotte? On pourrait le faire de la façon suivante. Les amas chromatophiles, comme nous le verrons, sont voués à se liquéfier, tôt ou tard, dans le protoplasme. Cette liquéfaction peut débuter à des stades différents. Parfois, elle commence à se produire lorsque les amas sont encore contenus dans le noyau. La substance produite par cette liquéfaction pré- coce peut alors passer dans le protoplasme et y produire une vacuole, surmontant la membrane nucléaire au niveau de l'amas chromatophile, FIG. 9, 10, 11. Parfois, cette liquéfaction peut ne débuter qu'au moment où le bloc émigré dans le cytoplasme, et provoquer seulement alors la forma- tion d'une vacuole. D'après cela, nous pouvons expliquer la formation et la nature de la membrane extérieure recouvrant les amas chromatophiles. Elle ne serait autre chose que la couche limite de la vacuole, produite dans le protoplasme par le liquide expulsé de ces amas, soit avant, soit au moment de leur passage à travers la membrane nucléaire. On expliquerait très bien de RAPPORTS DU CYTOPLASME ET DU NOYAU 445 cette manière que le plus souvent l'amas chromatophile est séparé de la membrane externe par une portion liquide, comme cela se voit sur les FIG. 9, 10, 11, 13, 16, 17. Alors, une fois le bloc sorti du noyau, les lèvres de l'orifice percé dans la membrane viendraient se rejoindre, et la membrane nucléaire se refer- merait derrière lui, comme la - Hautschicht« des amibes se referme der- rière l'enclave alimentaire qui vient d'être introduite, ou derrière le grain solide qui vient d'être expulse. Ensuite, petit à petit, le liquide prove- nant de la vacuolisation des blocs diffuse dans le protoplasme, celui-ci se régularise et la calotte disparait, fig. 12, 14, 15. Dès ce moment, la masse chromatophile est entrée dans le protoplasme, où sa liquéfaction doit se poursuivre. Voilà les deux hypothèses qui permettent d'expliquer le mécanisme de l'expulsion. Nos recherches ne nous permettent pas de nous prononcer pour l'une plutôt que pour l'autre; aussi laissons-nous la question sans réponse jusqu'à ce que de nouveaux faits viennent renforcer les arguments que nous trouvons en faveur de l'une ou de l'autre. Nous devons encore ajouter un mot au sujet des fig. 18. 19, qui mon- trent des blocs engagés dans une solution de continuité de la membrane. Remarquons qu'ici la membrane se montre obliquement et au niveau des blocs nous ne pouvons pas la voir ni en dehors ni en dedans des amas. Ceci peut parfaitement résulter de la délicatesse de la membrane, qui ne se dessine plus quand elle est oblique, ce qui nous donne alors l'illusion d'un orifice bien net par où sortiraient les blocs. Nous croyons que cet orifice ne peut, dans aucune des deux manières de voir, s'observer en réalité comme tel et que ces images sont simplement dues à la délicatesse de la membrane jointe à son obliquité à ce niveau. Il nous restait à trouver dans le protoplasme les blocs de matières nucléaires. Nous les avons cherchés longtemps sans les trouver sur les coupes colorées par la méthode de Heidenhain ; en effet, ici nous trouvions le protoplasme des ovules un peu âgés rempli de granules de vitelline colorés intensément en noir et il nous fut presque impossible de ren- contrer des masses que nous eussions pu avec certitude rapporter à nos blocs chromatophiles. C'est surtout pour élucider ce point que nous avons essayé diverses colorations. Celle à l'hématoxyline de Delafield suivie de rouge Congo nous a donné les meilleurs résultats, et nous avons été assez heureux pour trouver bon nombre d'ovules montrant dans le protoplasme 55 446 B. DUMEZ des blocs d'aspect et de colorabilité identiques à ceux des amas renfermés encore dans le noyau. Les fig. 7, 20, montrent ces blocs en b et des blocs non encore expulsés en a. Pourtant, ces images sont encore assez rares, ce qui nous porte à croire que les substances expulsées ne restent pas long- temps comme telles et qu'elles changent assez vite de nature chimique. Que deviennent donc les matières expulsées? Les ovules où nous observons les phénomènes décrits se trouvent tous au stade d'accroissement, c'est-à-dire à un moment d'activité chimique très intense : l'œuf augmente énormément de volume; il élabore donc des maté- riaux de nutrition; ensuite il doit former du deutoplasme, matière nutritive de réserve, qui servira pendant les premières phases du développement embryonnaire. Nous nous croyons en droit de dire que les matières qui passent du noyau dans le protoplasme ne sont pas des matériaux de rebut, mais des substances qui, par leur transformation chimique, fourniront à l'œuf les matériaux de nutrition et le deutoplasme, du moins en partie. Quant au mode suivant lequel les blocs disparaissent, nous croyons que, par des changements chimiques, ils produisent des substances liquides qui diffusent dans tout le protoplasme. Nous n'avons, en effet, jamais observé d'indices de la fragmentation des blocs; nous n'avons jamais rencontré les amas de granules qui auraient dû provenir de cette fragmentation et qui auraient dû montrer encore les caractères des blocs. Au contraire, nous avons vu que les amas chromatophiles se vacuolisent déjà très tôt, parfois même avant leur sortie; nous avons de plus observé que la plupart des blocs qui se trouvaient déjà dans le cytoplasme à une certaine distance de la membrane portaient à leur intérieur des vacuoles, fig. 7, b. Nous pou- vons donc conclure à la liquéfaction des substances chromatophiles rejetées par le noyau. Il est certain que dans les œufs de Cylherea les masses éliminées ne servent pas à la formation d'un noyau vitellin ; nous n'y avons jamais rencontré de corps pouvant répondre à une des formations multiples qu'on désigne sous ce nom, et, d'un autre côté, la présence de ces masses dans le protoplasme est trop fugace pour que ces amas puissent être désignés sous ce nom. Nous n'avons non plus rencontré de " Mantelschicht '-. Dans ces mêmes œufs, nous trouvons le deutoplasme assez uniformément distribué par toute la cellule. RAPPORTS DU CYTOPLASME ET DU NOYAU 447 Chapitre II. OBSERVATIONS ANTÉRIEURES. Les cas dans lesquels les auteurs ont signalé des expulsions de ma- tières nucléaires, sous une forme figurée, du noyau dans le protoplasme sont très nombreux et nous ne pouvons pas dans cette note anal3'ser toutes ces observations. Nous nous bornerons donc à parcourir les principaux faits décrits dans les œufs seulement. Nous ne devons pas nous occuper des observations nombreuses relatant des expulsions de matières nucléaires sous une forme non figurée : dans ce cas, les produits se dissolvent et passent dans le protoplasme par osmose. Carnoy et Lebrun (1896, p. 254) ont prouvé que dans les ovules de batra- ciens, au stade d'accroissement, une grande quantité de nucléine se dissout et que les produits d'hydrolyse passent dans le protoplasme, d'abord pour nourrir celui ci, ensuite pour élaborer des éléments vitellins. Les faits qui établissent une expulsion sous une forme figurée peuvent être rangés en plusieurs catégories. D'abord, nous trouvons les éliminations qui se font par bourgeonne- ment de la vésicule germinative, ensuite celles où des parties chromato- philes traversent la membrane sans que celle-ci disparaisse à ce niveau, et enfin on peut ajouter l'élimination qui se fait par la résorption de la mem- brane à l'endroit où sortent les masses. Nous ne trouvons à ranger dans cette dernière classe qu'une seule observation; c'est celle de VVeismann et Ischikawa (1889). Ces auteurs ont vu dans les ovnlcs de Àloiii a pur adoxa des granules chromatophiles sortir du noyau et passer dans le protoplasme, et à cet endroit la membrane nucléaire était devenue indistincte, quoique n'étant pas déchirée : ^ Keine Zerreissung findet statt, wohl aber scheinen chemische oder moleculare Verânderungen derselben (membrane) in diesem Moment einzutreten - (1. c, p. 177). Divers auteurs ont signalé des éliminations de matières nucléaires sous la forme de bourgeons. Dans ces cas, il apparaît près de la membrane un corps chromatophile, la membrane nucléaire se soulève, se pédiculise, et enfin le bourgeon se sépare. Fol (1883) et Roule (1883) sont les premiers qui ont signalé le passage de parties nucléaires se faisant par bourgeonne- ment de la vésicule germinative. Ces constatations ont été faites sur des ovules d'ascidies. De pareilles observations ont été faites encore par Will 448 R DUMEZ (1884) sur des œufs de batraciens, par Blochmann (1 884) sur le Camponotiis ligniperda, par Lameere (1890) et par Balbiani (18S3). Ce dernier auteur a observé ce bourgeonnement sur les œufs de Geophilus carpophagns, tan- dis que sur des œufs d'espèces voisines, comme le Geophilus loiigicoruis, l'élimination ne se fait pas par bourgeons. Il compare d'ailleurs ces obser- vations avec celles de Fol et Roule. Quant à ce mode d'expulsion, il diffère totalement de ce que nous avons constaté, puisque nulle part nous n'avons vu se former un diverticule de la membrane contenant l'amas chromatophile. Le mode d'élimination le plus souvent décrit est celui où les granules ou masses nucléaires passent dans le protoplasme en traversant la membrane, sans que celle-ci montre une résorption évidente au niveau du passage. Les parties éliminées sont dans ce cas très souvent des granules plus ou moins gros, des portions de filaments chromatophiles, etc. C'est ainsi que se fait l'élimination chez le Geophilus longicornis, décrite par Balbiani (1883). Leydig(i888) signale de telles éliminations dans un grand nombre d'ani- maux ; chez les batraciens même, il voit des nucléoles traverser ainsi la membrane et passer dans le protoplasme. Ces dernières observations ont été contredites par Carnoy et Lebrun (1S97), qui n'ont jamais vu d'expul- sion sous une forme figurée sur des œufs normaux de batraciens. On trou- vera encore des éliminations de ce genre dans le travail de Henneguy (1893) sur les œufs des mammifères, de Mertens (1893) dans la Pie, de van der Stricht (1897) et de Schockaert (1901) dans le Thysauoioon. Mais la sortie d'éléments nucléaires la plus caractéristique est bien celle observée par VAN Bambeke (1893) dans les œufs de Scorpœna scrofa. Ce sont, d'après l'auteur, des portions de chromosomes qui passent par les pores de la membrane et qui se montrent terminées dans le protoplasme par un amas de matière chromatophile en forme de larme ou de flamme parfois simple, parfois conjuguée. " Une petite masse en forme de larme, de flamme ou de lame de lancette, fortement colorée par le carmin, se trouve reliée à la vési- cule germinative, ou, plus exactement, à un filament intranucléaire, par une tigelle de même nature que ce filament, tigelle de longueur variable, di^oite, infléchie ou contournée Toujours dans la forme fondamentale principale, la portion la plus large, ou ce qu'on pourrait appeler la base de la lame, correspond à l'extrémité de la tigelle, en formant angle droit avec cette extrémité " (p. 329). A côté de cette forme principale, l'auteur en dé- crit à flammes conjuguées, et d'autres qui s'éloignent davantage de la forme RAPPORTS DU CYTOPLASME ET DU NOYAU 449 fondamentale (*). Il est à remarquer que dans toutes ces observations et celles de beaucoup d'autres auteurs, il n'est jamais parlé d'une résorption de la membrane nucléaire. Quant à nos observations chez la Cytherea, si nous acceptons la pre- mière des deux hypothèses proposées pour expliquer le mécanisme de la sortie des amas, nous pouvons les ranger à côté de celles de Weissmann et IscHiKAWA, avec cette différence que dans notre sujet la membrane se refait assez tôt; si, au contraire, nous acceptons la seconde hypothèse, nous devons les ranger dans la troisième catégorie, où la sortie se fait par perce- ment de la membrane nucléaire (Schockaert, 1901). Nous dirons seulement un mot concernant la nature des parties éliminées. Plusieurs auteurs, comme Balbiani (1883), Leydig (1888), Mertens (1893J et d'autres, voient dans les parties éliminées des nucléoles ou taches germinatives ; d'autres auteurs, comme van Bambeke (1893), y voient des chromosomes, d'autres enfin des granules chromatophiles. Nous avons dit plus haut ce que nous pensons de la genèse des amas chez la Cytherea et il est évident que nous ne pouvons donner à ceux-ci ni la valeur de vrais nucléoles ni celle de chromosomes comme tels, mais nous les envisageons comme formés par la fusion en une masse de granules plus ou moins dispersés. Quant à la destinée des parties éliminées, les auteurs diffèrent notable- ment : pour Fol (1883), Roule (1883), "Will (1884), les parties éliminées deviennent des cellules folliculaires. Dans d'autres cas et ce sont les plus fréquents, ils vont former des corps d'aspect très variés, qui ont été rangés sous la dénomination de corps vitellin ou ^ Dotterkern ". Nous pouvons citer Balbiani (1883), Henneguy (1893), van Bambeke (1893), Rossi, Crety, etc. Blochmann (1884) en fait dériver le - Nebenkern ^, qui dégénère plus tard. 'Weismann et Ischikawa (1SS9) décrivent dans les daphnides la formation d'un -^ Nebenkern - spécial au moyen des granules expulsés, noyau qui s'entoure de protoplasme pour former la « Kopulationszelle •*. Enfin viennent les auteurs qui observent la formation directe des granules (*) M. le Professeur F. A. Janssens nous a fait voir, au cours de nos recherches, une pré- paration d'œuf d' Aplvsiii , ciiii montrait très nettement un filament chromatophile traversant la mem- brane nucléaire et se perdant dans le protoplasme. 450 R- DUMEZ vitellins sans passer par l'intermédiaire d'un noyau vitellin : parmi ceux-ci, nous pouvons citer Carnoy et Lebrun (1897), Scharff (1888). Nous pou- vons nous ranger à cette dernière manière de voir pour les œufs deCytherea : comme nous l'avons dit, les amas une fois dans le protoplasme disparaissent comme tels probablement par liquéfaction et les substances qui en pro- viennent servent à la formation des éléments vitellins, du moins en partie, et aussi à la nutrition du protoplasme de l'œuf. RESUME. Nous pouvons résumer en quelques lignes nos observations en disant que nous voyons se former, contre la membrane des ovules en accroissement de la Cytberea chioue, des amas qui présentent certains caractères des sub- stances nucléiniques et paraissent se former par la fusion de granules ou de filaments chromatophiles du noyau. Ces amas qui se présentent à des endroits et en nombre variables dans les œufs sont expulsés sous une forme figurée dans le protoplasme. Cette expulsion se fait par l'ouverture de la membrane nucléaire aux endroits occupés par ces masses. Arrivés dans le protoplasme, les blocs disparaissent et il est naturel d'admettre qu'ils y sont utilisés comme matériaux de nutrition ou de réserve. Mais ici nous touchons au domaine de l'inconnu et nous nous garderons de nous y aventurer au- trement qu'à la lumière de faits nouveaux. BIBLIOGRAPHIE. REMARQUE. — Nous ne donnons ici que les ouvrages cités dans cette note; pour de plus amples renseignements sur ce sujet, on pourra consulter la bibliographie dans le travail de VAN Bambeke (i8g3). i883 Balbiani : Sur l'origine du follicule et du noj'au vitellin de l'œuf chez les géophiles ; Zool. Anz. 1884 Blochnann, Fr. : Ueber die Métamorphose der Kerne in den Ovarialeiern und ûber den Beginn der Blastodermbildung bei den Ameisen; Verh. nat.-med. Ver. Heidelberg, N. F., III, p. 243. La vésicule germinative et les globules polaires chez les batraciens; La Cellule, t. XII, 2^ fasc. Contribuzione alla conoscenza dell' uovo ovarico; Rich. fatte nel lab. anat. norm. di Univ. Roma, IV. Ueber die ersten Entwicklungserscheinungen am Ei der Teichmuschel ; Arch. f. micr. Anat., X. Sur l'origine des cellules du follicule et de l'ovule chez les ascidiens ; C. R. Ac. Se, 28 mai. Le corps vitellin de Balbiani dans l'œuf des vertébrés ; Journ. de l'Anat. et de la Phys., n" i. La réduction karyogamique dans l'ovogénèse ; Bull. Acad. R. de Belgique, Z'^ sér., t. XVIII, n" 12. Recherches sur la signification du corps vitellin de Balbiani dans l'ovule des mammifères et des oiseaux ; Arch. de Biologie, t. XIII. Ohst : Untersuchungen ùber das Verhalten der Nukleolen bei der Eibildung einiger MoUusken und Arachnoïden ; Zeit- schr. f. wiss. Zool., Bd. 66. Roule : La structure de l'ovaire et la formation des œufs chez les phallusiadées ; C. R. Ac. Se, 9 avril. Scharff : On the intra-ovarian egg of some osseous fîshes; Quart. Journ. of micr. Se, vol. XXVIII, N. S. 1897 Carnoy et Lebrun 1884 (?) Crety 1874 Flemming i883 Fol 1893 Hennegny 1890 Lameere 1893 Mertens 1899 I88J 452 R. DUMEZ igoi 1893 1897 1889 1884 van Bambeke van der Siricht Weismann et Ischikawa Schochievt : L'ovogénèse chez le Thysanozoon Brocchi ; La Cellule, t. XVIII, V fasc. Contributions à l'histoire de la constitution de l'œuf, II; Bull. Acad. R. de Belg., S^ sér., t. XXV. La formation des deux globules polaires dans l'œuf de Thysanozoon Brocchi; Arch. de Biol , t. XV. Ueber die Paracopulation im Daphnidenei sowie ûber Reifung und Befruchtung desselben ; Spengel's Zool. Jahrb., Abt. f. Anat. u, Ontog., Bd. IV. Will : Ueber die Entstehung des Dotters und die Epithelzellen bei den Amphibien und Iiisekten ; Zool. Anz., Bd. VII. EXPLICATION DES FIGURES. FIG. 1 à 4. Œufs jeunes montrant en n un nucléole principal, des filaments chromatophiles et dos blocs en formation. Coloration à rhématox3'line de Delafield et Rouge Congo. Gross : obj. i/i5 de Koeitska, oc. comp. 4 pour la fig. 2: oc. comp. 6 pour les autres. FIG. 5. Œuf entier montrant la vésicule germinative avec les 2 nucléoles u et n' ; en a, des amas de granules, et des blocs contre la membrane. Le protoplasme avec enclaves vitellines, et la membrane cellulaire à double contour. Gross. : obj. 2 mm. Zeiss, oc. comp. 6. FIG. 6. Œuf âgé montrant le nucléole secondaire n', des amas de granules et un bloc en formation. Gross. : obj. 2 mm. Zeiss, oc. comp. S. FIG. 7. Œuf âgé : en a, un bloc contre la membrane; en b, un bloc montrant une vacuole dans le protoplasme. Gross. : obj. i/'i5 Koritska, oc. comp. 4. Coupe de 5 (J.. FIG. 8 et 9. Fragments d'œufs âgés montrant un bloc en formation contre la membrane. Color. Heidenhain. Gross. : obj. 2 mm. i,3o Zeiss, oc. comp. 12. Coupe de 3 [jl. FIG. 10. Fragment d'œuf avec bloc à l'intérieur de la membrane. Celle-ci com- mence à disparaître. Gross., color. et épaisseur comme fig. 8. FIG. 11 à 13. La membrane disparaît. Gross. : id., oc. 8 pour fig. 11; oc. 12 pour les autres. FIG. 14 à 17. La membrane nucléaire est presque entièrement résorbée. Gross. : comme fig. 8. FIG. 18 et 19. Fragments dœufs dont la membrane oblique paraît présenter un orifice au niveau des blocs en expulsion. Gross. : obj. i/i5 Koritska, oc. comp. 6. FIG. 20. Fragment d'œuf montrant en b un bloc expulsé. Gross. : comme FIG. 18. ,z a^ruxé JÎ.„:.-^ D& To]Lirwu2re.Jrères Bjizx ' -t' £Le.yem?-^? r^^ ■y^' , i'^^ -■'-^■j