Dé Le ee — — ee mes ge ne University of Toronto TRAITÉ STAR E 4 | FALSIFICATION D ES MÉDICAMENTS, CR CAVE Bt (à TENTE TEA L E LA si p agir-ri rhone ir COPIE 4 | "s Eu TNT EL LE ONE x d i PAR 77 RU PAT A à | Mat À: de LA FALSIFICATION DES MÉDICAMENTS DÉVOILÉE. OUVRAGE dans lequel on enfeigne. les moyens de découvrir les tromperies mifes en ufage pour falfifier les Médicaments tant fimples que compofés, & où on établit des regles pour s’aflurer de leur bonté. Ouvrage non- fèulement utile aux Médecins, Chi- rurgiens ; pothicaires & Drog guifles , mais auffi aux Malades. Pa JL, B VANDEN SANDE, Maitre ÆApothicaire de Bruxelles. ue LA EAU E, ..chez Van Crer, Imprimeur-Libraire. Et fe trouve à Bruxezzes chez Æ. DE Bet, Imprimeur-Libraire, Marché au Bois. D Ce + Ce eee "à miD.C CG L'XX'X IV, DISCOURS PRÉLIMINAIRE. Pi les Médicamens font précieux à l’hu- manité, plus il importe que ceux qui les ven- dent ou qui les mettent en ufage n’en alrèrent pas la qualité, en fubftituant aux véritables ceux qui n’en ont que l'apparence. Les maux que peut caufer à l'humanité cette infidélité, foit de la part des marchands Épiciers ou Dro- | guiftes qui vendent des médicamens aux par ticuliers , foit de la part des Apothicaires, font d'autant plus grands qu’elle ne peut, pour la plûpart, être apperçue que de ceux qui par état font obligés de la connoître. Il éft peu de perfonnes qui fe donnent [a pèine d'acquerir cette connoïffance. Le mar- chand n'envifageant que le profit qui peut lui én revenir s'inquiete fort peu de la qualité: Le Médecin en étudie les propriétés & il en a de ODeTS COR fixe Ta quantité. Lé malade obéit à fon mé- decin & prend de la main de l’apothicaire tout ce qui lui eft préfenté; à peine connoit- il le nom du médicament dont il attend le foulagement après lequel il foupire. Plus il'eft difficile de connoître la falfifi- cation des médicaments , plus elle peut nui- re à la fociété ; il eft donc intéreffant pour l'humanité que: ceux , que’ le dérangemént de la fanté oblige à en faire ufage où ce- Jui qui les doit ordonner & celui qui les vend connoiflent ce qui peut les rendre pernicieux : ils le font toujours lorfqu'ils {ont altérés par la fophiftication. | Pour parvenir à ce but, nous avons puifé dans les auteurs les plus eftimés & dans les mémoires dés plus célèbres académies, une partie de ce quils ont traité fur la connoif- fance des médicaments & für les moyens de diftinguer ceux qui font fophiftiqués de ceux qui ne le font pas ; nous avons répété .une partie des expériences qu'ils ont faites, nous #” “9 PRÉLIMINAIRE. ïü en avons fait plufieurs nouvelles dont le ré- fultat a été de nous faire découvrir de nou- veaux moyens pour les reconnoître. Quoique nous ayons trouvé des analyfes dequelques auteurs qui étoient imparfaites, nous ne les avons pas moins rapportées ; ces défauts {e trouvent principalement dans les fimples, & il Rroit à defirer, vu les nouvelles découvertes que la chimie vient de faire, qu’on les exa minat de nouveau. Comme le falfification des remèdes n'inté- refle pas feulement le particulier mais aufli létât , il feroit à fouhaiter que chaque gouver- nement prefcrivit des reglements févères pour arrêter les tromperies & le charlatanifme qui regne dans tout ce qui regarde les drogues. On ne peut s'empêcher de frémir en voyant à quel point on trompe de toutes manieres. dans des marchandifes qui devroient être {a- “crées , & combien ceux qui en font com- merce facrifient non feulement la fanté mais &# + e DISCOURS la vie mème de leurs femblables , pour fatif faire une avidité infatiable de gagner. Une grande partie des drogues qu’on ti- re de l'étranger nous vient ou par là Hollande’ ou par Marfeille ; ces deux endroits paroiïflent fe difputer le prix de l’adrefle à les frelater. GILIBERT dans fon traité de l'anarchie médicale &c. dit que la frelatation des »: drogues éft la feule fcience dont les ,, marchands fe piquent , il y en a à Marfaille 5» qui, de pere en fils, en font leurs uniques >> occupations, toute leur fagacité fe trou- .» ve de ce côté; ils ont trouvé l'art d'al- 2 térer, mème de contrefaire les drogues > étrangères. ,, Un vaiffleau apporte-t-il des marchandi- ;, {es corrompues ; on ne les jette point à :» la mer pour cela, on les mafque, on les ;, travaille, jufqu’àa ce que l’altération ne foit -;, plus fenfible. La plüpart des drogues font > fupplées par des remèdes du pays qui LE PRELIMINATRE v leur reflémblent aflez par les qualités ex- > » térieures pour tromper les plus attentifs. 22 22 22 CE] , Je me fouviendrai toute [a vie d’une converfation que jeus avec un célèbre nésotiant de Marfilles comme je n'ai tien à vous dire que vous ne fachiez fur leurs vertus , je pañle directement à ce qui vous intérefle, & à ce que je puis vous apprendre c’eft à dire à l'étrange ma- nipulation que les marchands employent pour tous les remèdes, avant qu'ils par- viennent jufqu'à vous. J'ai fuivi cette bran- che de commerce avec ardeur. Vous fa- vez que c’eft une des plus confidérables fur nos côtes, je l'ai abandonnée depuis , frémiflant à la vue des maux qu'elle cau- fe au genre humain: mais je l'ai etudié pour en dévoiler tous les abus. Prémiere- ment , dans les pays étrangers où fe trou- vent les drogues, les marchands les falfi- fient de plufieurs manieres ; avides comme les nôtres , ils y font entrer des marieres LE) 2 > ? 2 2 22 > 2 » 2 DISCOURS étrangères pour augmenter le poids. Peu inftruits des vraies méthodes de faire la colleéte , cette opération fe fait fans art. ignorants les principes de la deffication ils fe livrent à une routine aveugle & incer- taine, par là leurs drogues, avant d’en- trer dans nos vaifleaux, font en partie al- térées , les unes fermentent , d’autres per- dent leurs aromates, d’autres fe moififient &c. l'humidité de la mer la négligence des marchands , la compreflion, les em- ballages , le mélange , tout concourt à augmenter les premieres altérations. -, Dès que les marchandifes font arrivées ,; à Marfeille , elles font remifes à des dro- guiftes plus avides encore que ceux qui font la premiere exploitation ; ceux-ci en ont raffiné l'art de les deguifer. Ils fub- ftituent des matieres étrangères ou torri- fiées à celles qui ont pris de mauvaifes qualités; les drogues les plus chères font les plus maltraitées. L'abus eft pouflé à PRELIMINAIRE. wi ,, un tel point que certains articles qua- > » druplent de mañe, en fortant de Mareil- , ; le. On vend, par exemple, cent fois plus >» de quinquina, que Amérique n'en peut >> fournir, on vend cinquante fois plus de >> manne quil nen arrive à Marfeille. Les ;; téfines. les plus précieufes, les aromates, , » les bois font prefque tous contrefaits ; pour >> Y parvenir on ajoute des bois anologues >> qui prennent un peu d’aromate par le con- ,» ta, on les peint, on les colore &c. Après ce que vient de dire GILIBERT, quelles doivent être les drogues qu’on trou- ve chez les marchands! ils achetent le plus fouvent, fans les connoître, de cel- les qui ont déjà fubi plufieurs falfifications & les vendent ou aux malades ou à un grand nombre d’apothicaires , on à des réli- gieufes qui, fans aucune connoiffance ni de la matiere médicale ni de la pharmacie , encore moins de la chimie, en font d’après leur aveu- gle routine des compofés qu'elles vendent tt ÀADISCOURS aux malades à leur grand préjudice. Trop heureux, fi dans les mains des uns ou des autres l’on ne rencherit point fur les premie- res falfifications ! Une grande partie de ceux qui vendent des drogues n’ont pas plus de connoïffance des indigènes que dts exotiques & vendent fouvent par ignorance un végétal pour lau- tre. Mais cette ignorance devient un crime Jlorfqu’il s’agit de la fanté ou de la vie des hommes. Comme nous n'avons donné que la def. ctiption & la méthode de connoiître la plu- part des drogues exotiques & le moyen de diftinguer celles qui font fophiftiquées ou dé- tériorées de celles qui ne le font pas, nous ne pouvons nous empècher de remarquer que les médicaments indigènes ne font fou- vent point exempts de reproches quoiqu'ils ne foyent ordinairement pas fi chers que les autres. On trouve des marchands de dro- gucs qui fubftituent les unes aux autres ou " PpRELIMINATRE. ÿx par ignorance ou par intèrèt. Chez d'autres on trouve les herbes , les fleurs & les racines mal choiïfies , furannées , moifies , pour- ries ou cariées, qui au lieu de guérir ne fer- vent qu'à dégoüter les malades qui en font ufage. | Heureufement pour l'humanité on trouve des apothicaires qui, nés avec des talens, & poflédants parfaitement les connoïffances réla- tives à leur profeffion , font continuellement en garde contre la fraude & mauvaife foi de ceux qui font commerce des drogues exo- tiques, & n'achetent les remèdes indigènes qu'après les avoir foigneufement examinés & renouvellés au moindre défaut qu'ils y ap- perçoivent. Uniquement infpirés par le defir d'être utiles, ils font très-exaéts dans les pré- parations tant chimiques que pharmaceutiques ; la probité leur fait une loi de ne jamais laiflér fortir de chez eux un remède qu'ils nhéfiteroient pas à prendre eux-mêmes, s'ils étoient attaqués de la maladie qui afflige le = x DISCOURS malade pour lequel il eft deftiné. Maïlheureu- fement pour lhumanité fouffrante ce por- trait n'eft pas celui de tous les apothicai- res; il s’en trouve qui fans autre connoif fance que celle de leurs intérèts végétent mé- caniquement ; l’art de préparer les médica- ments chimiques leur étant parfaitement in- connu , comme la vanité eft la fuite de l’ig- norance , ils fe gardent bien de s’adrefler à leurs confreres qui font plus inftruits qu'eux ; ils tirent leurs compofitions chimiques des marchands qui fouvent n’en ont pas plus de connoiflance qu'eux, lefquels les achetent des fabriquants fur-tout des juifs Hollandois , qui ont foin de les fophiftiquer pour pouvoir les donner à bas prix. Quant aux remèdes exo- tiques ils nen connoïffent pas les vrais carac- teres & les marchands les trompent facile- ment. L'intérèt & l’avidité des autres les por- tent au point de n’acheter que de mauvai- fes drogues qu'ils ont à bas prix: ce même intérèt fait qu'ils ne renouvellent point celles PR EL MI NATRE % qui font altérées ou gâtées ; leurs compofi- tions font faites à leur fantaifie, toutes les formules font pliées à la routine qui leur eft familiere & qu'ils fuivent toujours telle in- férieure & mauvaife quelle foit; d’autres prenent pour guide le difpenfaire dans lequel elles font le moins fraieufes. Ceux qui fabftituent , dans les compofitions, des drogues moins chères ainfi que moins bonnes à celles qui font plus chères, ne font pas moins blamables; il en eft de même\de ceux qui, pour donner leurs médicaments à très-bon compte ne mettent que Îa moitié de ce que le médecin à prefcrit. Souvent le médecinmême, pour proteger un apothicaire, après qu'on a été chercher les médicaments chez un autre, dans la recette qu’il donne n'y mettra que la moitié du médicament le plus cher, pour faire croire à l'acheteur qu’il la à meilleur marché chez celui quil favo- tife qu'ailleurs ; d’autres, fans avoir la con- Roïffance des médicaments ou par mauvai- xi DISCOURS: fe intention, taxent impunément l’apothicaire qui eft muni de la meilleure forte de n’en avoir que de mauvaife , ou de ne point avoir celle qu'ils ordonnent , foit pour favorifer ce- lui qui eft fi ignorant qu'eux & le plus fouvént pour partager le profit avec lui, Je ne dirai rien de ces charlatans qui trou- vent prefque partout ou les médicaments mauvais ou trop chers, pour qu'eux-mêmes puiflent véndre leur drogues aux malades au centuple de ce qu'ils les ont achetées ou chez Papothicaire ou chez le droguifte; ne confidé- rants pas fouvent la bonté du médicament, mais feulement le prix, car leur intérèt eft que le malade en ue beaucoup ‘& long- tems. J Dans plufieurs villes, il fuffit d'ouvrir une boutique de pharmacie pour être apothicaire ; dans d’autres, il fuffit pour cela d'entrer dans le corps d'un métier ; dans d’autrés , pour être apothicaire , il faut fubir des examens & faire des chefs - d'œuvres qui {ont certainement le PRELTIMENATR E. xi . vrai moyen pour avoir des apothicaires in- ftruits ; mais par qui & comment font ils fou- vent examinés ? Je ne crains pas de dire qu'il eft plus d’un endroit où les exafinateurs auroient très- grand befoin d’être examinés eux-mêmes. Dans certaines villes où ceux qui ont été duement admis ont feuls le droit de diftri- buer des médicaments, tout marchand mer- cier le peut faire aufli , mais feulement des fimples ; mais ce qui eft le comble de Pabus c'eft que les réligieufes mème vendent des médicaments tant fimples que compofés & qu'elles pouflent la témerité non féulement au point de fubftituer un mé- dicament à l’autre, mais aufli de Corriger les ‘ordonnances de ceux qui exercent l’art de guérir avec diftinétion : jufqu'à quand laiffe- ra-t-on fubfifier des abus fi dangereux » Les Etats qui ont pris tant de précautions &. fait cant des reglements pour fixer le titre de l'or & de l'argent, ne s’occuperont-ils jamais sv DISCOURS des moyens de rendre les remèdes d’une for- ce toujours égale pour les effets» S'ils éroient inftruits des ravages qu'occafionnent tous les jours les médicaments diverfement préparés , ils en frémiroient. Concluons donc que les malheurs fans nombre qui réfultent des {o- phiftications des médicaments font de nature à ne pouvoir êtré arrêtés que par l'autorité fouveraine : pour y. parvenir il feroit à defi- rer qu'il y eut un magafin où les apothicai- res feroient obligés de prendre les médica- * ments fimples ; que ces médicaments fuflent examinés à l'intervention d’un officier public par des commiffaires tirés du corps des apo- thicaires, conjointement avec des médecins , avant qu'ils entraflent dans ce magafin:: cha- ‘que grande ville pourroit avoir. un de ces magazins où les apothicaires des autres villes feroient obligés de venir chercher leurs mé- dicaments. I feroit neceflaire auffi quil y eut pour chaque province un difpenfaire felon lequel les PRELIMINATRE. xv apothicaires féroient obligés de travailler, qui ne contiendroit que les médicaments d'ufage dans là province , & point des formules inutiles qui font à charge aux apo- thicairés, fans néceflité ni utilité: on auroit foin d'y inférer la méthode d’effayer les mé- dicaments pour pouvoir difcerner ceux qui font fophiftiqués de ceux qui le ne font pas. | | | IL froit à fouhaiter qu'’annuellement on fit une taxe du prix auquel les apothicaires {e- roient obligés de vendre leurs médicaments ; on pourtoit pareillement en faire une pour les pauvres, principalement dans les endroits’ où, par le plus grand des abus, ils doivent payer leurs médicaments eux-mêmes : alors les recettes devroient être fignées par le cu- ré de la paroïflè, car fouvent, fous le nom des pauvres , les riches avares fe procureroient les médicaments. Tous les apothicaires devroient pafler leur examen & ceux qui les examinent ne de- xvi DISCOURS vroient pas recevoir ceux qui ne font point capables, car c'eft un abus. de recevoir des fujets incapables en les foumetant même à la condition de ne point compoñèr des re- mèdes, fans les faire examiner & approuver par les maitrès de preuves ; condition qui fera bientôt éludée nonobftant les peines ftatuées & au grand détriment du public. On ne devroit donc pas s'écarter de-fa regle de faire faire des preuves de leurs éon- noiffances à ceux qu'on autorife à. vendre des médicaments. | . Dans la plupart des villes, le nombre des apothicaires étant trop grand, la médecine étant beaucoup fimplifiée , il arrive que Fapo- thicaire, pour fubfifier, au lieu de bons médi- caments en donne de médiocres..&c. même de furannés: fi le nombre des apothicaires.étoit fixé, cela n’arriveroit. point - fi fouvent ; car pour lors ils auroient une fubfiftance honnè- té , ‘18 renouvelleroient . leurs médicaments quand ils s’appercevroient que cela devient | EAU A | 4 PRELIMINATITRE. xvi néceffaire. On s'imagine que la vifite des boutiques peut empêcher la vente des mau- vais médicaments, mais on fe trompe; car fouvent cette vifite {& fait dans un tems limi- té & fi elle fe faifoit à l'imprévu, celui qui a des médicaments. détériorés auroit. foin de les cacher pour les vendre après la vi- fie faite, & ne montrerait que ceux qui ont toutes les qualités réquifes: cette vifite ne .f& fait ordinairement que dans les villes où les apothicaires forment un corps, ou dans celles où il y a un collège de médecine } dans les autres villes il ne s’y en fait pas ; cepen- dant ces habitans font hommes comme les autres. La plûpart des marchands merciers ; connus fous le noîn de droguiftes, ne vendent pas moins de médicaments que les apothicai- res , pourquoi n'y fait on point la vifite com. me chez eux? les couvents réligieux & prin- cipalement ceux de filles qui vendent des médicaments au public & qu’on tolère de- vroient aufli être fujets à la vifite, ou il vau- b dm D ISCOUMRM droit mieux leur défendre la vente .des mé- dicaments & le public n’en courroit pas le rifque. Ces vifites devroient fe faire par des per- fonnes inftruites & non par Celles qui, pour avoir végété pendant plufieurs années dans l'emploi de vifieur, n’ont fouvent d'autre mé- rite que le poids de leur âge & une rou- tine aveugle; on en trouve même dont l'ig- norance va au point de devenir très-dange- reufe au public, fur-tout parce que non con- tents de mal compofer eux mêmes leurs mé- dicaments, au préjudice des hommes , ils exi- gent des apothicaires qu'ils Îles préparent com- me eux ; & foit par ignorance ou par une coupable condefcendance ou par la crainte d'être décriés par ces vifiteurs ignorans, ils s'y conforment. | Notre intention n’a pas été de parler d’au- cun pays, ni ville en particulier, nous par- lons de ce qui arrive dans quelques pays. Pluficurs perfonnes & celles principalement { PRELIMINATITR E. xix qui font fufpectes, trouveront très - déplacé que nous ayons mis au jour leurs fourberies. C'eft le bien de la fociété qui nous a enza- gé à le faire , & les amis de l’humanité nous en fauront gré. Il y à certainement des fophitications qui ne font pas venues à notre connoiffance ; mais en employant les moyens que nous donnons pour connoître. les unes, on décou- . vrira également les autres ; fur-tout ceux qui font inftruits dans la chimie & dans la matière médicale n’en feront point les du- pes. | Il froit à defirer qu'il n’y eut qu’un mè- me poids & méfure en médecine, mais pre£ que chaque pays a un poids & mélure diffé- rents des autres ; bien plus, dans la même ville on trouve chez les apothicaires des poids & méfures différents. D'où il arrive que le médecin a fouvent la dofé du médicament ordonné trop forte ou trop foible. > L'art pharmaceutique ef un at des plus *Xx DISCOURS utiles, au progrès ‘duquel l'humanité a linté- rèt le plus direét; en effet que peuvent les. médecins & les chirurgiens fans cette partie. eflentielle de la fcience de guérir ? N’eft ce pas du choix des rémèdes, &.de la manie- re dont ils font préparés que dependent la nullité, le danger ou l'efficacité qu’on en at- tend >? Quel eft le médecin éclairé qui, atta- ché à fa profeflion & à fes malades, pourra être tranquille lorfqu'il faura que celui chez lequel on porte fa formule n’a, fait aucune étude des regles qu'il invoque pour l’exécu- tion de fes ordonnances & qu'il ne connoit pas même la nature des fubfiances premieres qu'il va mélanger» On vient de fentir en Ruflie combien il eft important de protéger cette partie: inté- reffante de la médecine qui s'occupe du choix & de la préparation des médicaments. Un des moyens emploiés par la Ruflie, pour re- médier à une, bonne partie des abus , eft .que le Souverain s’y eft rendu maitre abfolu des PRELIMINAIRE. xx rémèdes qui & diftribuent à fes fujets & qu'il n'en confie la préparation qu'à des apothicai- fes inftruits auxquels il s'en rapporte aveuglement pour le choix & l'inftruction .de ceux qui doivent travailler fous leurs or- dres, En Allemagne où le nombre des phar- maciens eftilimité pour chaque ville, perfon- ne qu'eux ne peut compofer ni diftribuer des rémèdes ; mais dans plufieurs autres vil- lès chacun les fair & les débite ; le public qui court toujours au meilleur marché va chez celui qui trompe d'avantage. El y.a beaucoup de ces marchands de drogues qui ont fi peu de confiance dans ce qu'ils ven- dent que quand ils ont befoin de rémèdes, ils les font acheter chez des apothicaires in- ftruits. ai" Pourquoi la loi qui défend à toute perfon- ne de profeffler un art quelconque , fi ‘elle ne prouve qu'elle y eft experte, fe trouve- t-elle prefque entierement négligée pour un xxii DISCOURS des arts qui importe tant à la confervation de l'efpèce humaine, & qui par cette négli- gence coupable eft devenu pour ainfi-dire le domaine de toutle monde? Il ne fufit pas pour bien exercer la phar- macie d’avoir du zèle & même de l'intelli- gence , il faut encore une étude profonde de la phyfique & de la chimie, & une connoif- fance exacte des fubftances dont le pharma- cien doit faire choix & qu'il. doit emploier. Ce qui nuit beaucoup à la pharmacie &c à Ia médecine en général, ce font les charlatans : nous n’entendons pas par charlatan celui feu- lement qui ramañle le peuple, qui court le: pays pour vendre fes drogues; mais auffi le fourbe qui trompe le public foit en faifant parade d’une fcience qu'il ignore, foit en ne fe fervant de fes connoïffances que pour ‘abufer de la crédulité & de {a bonne foi du pu- blic, en extorquant des penfions par des pro- mefles de guerifons fans effets, ou en ven- dant des onguents ou autres rémèdes au pu- “ 4 7 À PRELILMINAUR E. xxit blic, non pour le guérir, mais pour avoir fon argent & lui donner fouvent la mort ou lui occafionner des accidents plus graves que ceux qui l’'afligecient. Si cette conduite atti- re juftement l’indignation de la fociété fur un homme quelconque, elle mérite certainement la punition la plus fvére à celui qui f _ joue de la fortune, de la fanté ; & fouvent . dela vie de fes femblables. En France on vient de donner une or- … donnance pat laquelle on défend à tous propriétaires de rémède, qu'il ne pourra point . lé faire inférer dans les journaux ou papiers publics, fi non lorfqu'il aura eu l’approba- ‘tion de la fociété royale de médecine, pour prevenir les méprifes funeftes auxquelles la cré- dulité publique donne lieu fi fouvent, & que ces marchands de drogues, non récon- nues, qui fe joindront aux farceurs ou. ba- ladins, pour les débiter aux endroits publics, feront punis d’une amende de mille livres & feront en outre pourfuivis extraordinaire- ment, xxiv DISCOURS 6 Il feroit à defirer que par-tout il exiftät de femblables ordonnances : & qu’on les ob: fervât, elles empècheroïent le public d'être volé par ces hommes à fécrét. On n’a pas d'idée de la quantité de perfonnes que les char- latans tuent tous les jours avec leurs EAUX ;, leurs onguents , leurs extraits &cc. qu'ils dif tribuent impunément. Cette audace mérite- roit certainement l'attention réfléchie du Gou- vernement,. qui perd autant de füjets par ce brigandage que par le fer de l'ennemi. irasae à té E LE DEV: Ba À du Er Se À ge à SEE RS TS ER A'ITÉ SUR “LA FALSIFICATION ( DES MÉDICAMENS. € DES TEÉCEÉTAU EVE:SHRE ACT NTE) S. É À Récrrsse. Glycyrrhiza, Liquiritia, dulcis Radix, ofiicin. Eft la racine de la plante qu’on nom- me Glycyrrhiza , radice ferpente à vuloaris germanica $ J- B. Glycyrrhiza filiquofa vel germanica, C. B. P. … Elle eft de couleur grife ou roufâtre au dehors & jaune au dedans : elle eft longue, & fa grofleur ordinaire eft d’un doigt : fon goût elt doux & agréa- ble, élle a très peu d’odeur. À U g TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION \ ” Elle donne à l’éther une couleur légère qui de. vient un peu citrine après un {jour fufhfant, L’infufion aqueufe de la réglifle eft jaunâtre pref- que fans odeur , d’une faveur douce, fa teinture fpiri- tueufe eft d’une couleur jaune foncée; elle a une faveur douce mêlée d’un peu d’acrêté. Par le moyen de l’efprit de vin, l’on obtient d’une once. de ra- cine de réglifle, un gros cinq grains d’extrait, jaune-rougeâtre, d’une faveur douce avec un peu. d’acrêté : & par le moyen de l’eau environ une demi once d'extrait d’un goût agréable & doux, d’une couleur brune foncée, tirant un peu fur le noir. ” Plus nouvellement eft cueillie & fechée la racine de réglifle , meilleure elle eft. On peut auf juger de fa qualité par fa couleur intérieure ; celle dont la couleur eft jaune, qui a une faveur douce & agréable & qui eft de la groffeur du gros doigt, eft à préférer : on doit rejetter comme mauvaife celle qui eft échauflée, vermoulue, ou moïfie. On fe fert de la racine de réglifle comme adou- cifflant & incraffant & on la met dans les apozemes pour corriger l’amertume des autres drogues. La dofe ordinaire en eft d’une once pour un pot de liquide. pEs MÉDICAMENS. > Ruusarse (la ) Rhabarbarum, Rheum, officin. Eft la racine de la plante nommée par les botaniftes Rheum palmatum foliis palmatis acuminatis, Linn. On l’apporte en morceaux de différentes formes. Elle eft légère ; fa fubftance paroit fongucufe , à l'extérieur elle eft d’une couleur jaune foncée même un peu brune, fa couleur à l’intérieur eft aufli jaune avec des taches & des rayes rougeûtres & blanchà- tres par intervalles, ce qui lui donne un air mar- bré & de la reflemblance avec la noix mufcade, fon odeur eft aromatique, mais défagréable ; fon goût eft amer & légerement acre, laifflant un peu d’af | triction. Elle ne donne à l’éther qu’une légère teinture citrine. Ce qui prouve qu’elle ne contient que très peu de parties réfineufes , c’eft que fa teinture faite par le moyen de lefprit de vin eft trés-légère, a peu d’amertume & ne devient pas laiteufe. Quand on la jette dans l’eau, on peut tirer de cette ra- cine plus de la moitié de fon poids d’extrait; elle donne à l’eau dans laquelle on la met tremper une couleur qui approche de celle du faffran; un goût amer avec aftriction, une odeur aromatis que & défagréable. 4 TRAITÉ SUR LA FALSLFICATION h l Si on diftille la rhubarbe dans une retorte, elle donne d’abord une liqueur qui a peu de faveur, mais qui en a l’odeur, puis une liqueur qui devient de plus en plus acide & enfin un peu d’huile : on peut tirer du réfidu un peu de fei alkali fixe. On nous apporte trois fortes de rhubarbe, de Îa platte, de la ronde & de la rhubarbe trouée; celle-ci eft la meilleure : on doit la préférer aux deux au- tres, fur-tout fi elle eft bien féche , friable avec une certaine dureté, épaifle & denfe à l'extérieur ; d’une. couleur jaunc foncée tirant même fur le brun ; à l’intérieur elle doit être d’un jaune rayé de rouge pale mêlé d’un peu de blanc, comme la noix mufcade, ayant le goût amer & d’une odeur aromatique mais défagréable. Elle eff fujette à fe noircir & à fe carier, & quand elle eft dans cet état, elle ne fent plus rien, non plus que celle qui a perdu fon odeur ou qui fent le moifi. Pour tromper l’acheteur, les vendeurs de vicilles rhu- barbes viciées la frottent aux endroits les plus endommagés avec de la poudre de couleur fem- blable à celle de la rhubarbe ; cette poudre entre dans les trous de la carie & paroit faire corps avee es parties faines; quand on a quelque foupçon fur la probité du vendeur, on peut: aifément découvrir DES MÉDICAMENS CE fà fraude en paflant pluficurs fois la main deflus; la poudre # détache & la tromperie fe manifefte. On vend quelque fois la racine de rapontic pour de la rhubarbe, cette fraude eft facile à reconnoitre: en coupant cette racine tranfverialement on y dif- tingue des cannelures difpofées en rayons tirés de la circonférence au centre ce qui ne fe trouve pas dans la vraie rhubarbe. | La meilleure rhubarbe nous vient des Rufles, & ce peuple qui eft à peine forti de la barbarie, fait cependant des réglemens concernant la rhubarbe qui font de la plus grande fagefle. Ceux-ci vont la cher- cher fur les confins de la Chine, & c’eft un com- miflaire & un apoticaire qui vont l’y acheter pour le compte du fouverain. Toute la rhubarbe qu’ils achetent indiftinétement eft remife à l’apoticaire de S. M. qui eft à Kiachta ; il l’examine avec la plus grande attention , fépare la bonne de la mauvaife & jette celle-ci au feu, de façon qu’il n’y a que celle qui eft bonne qui eft envoyée de Kiachta à Mofcow & à Petersbourg où elle eft remife entre les mains d’un apoticaire qui l’examine de nou- veau , fépare celle qui eft parfaitement bonne de Ja médiocre qu’il brule. Il feroit à fouhaiter qu’og donnat par-tout la même attention à la vente de 6 TRAITÉ SUR LA FALSI»ICATION ce médicament, d’autant plus précieux qu’il eft un de ceux dont le peuple fait le plus grand ufage. J'ai fçu que dans une grande ville où il y a un collège de médecine on vendoit publiquement & au plus offrant de la rhubarbe noire & vellement ver- moulue qu’on la réduifoit en poudre entre les doigts; c’eft cependant pour la claffe indigente, pour le la- boureur & pour les défenfeurs de la patrie, que de tels médicamens font le plus fouvent deftinés. Les riches n’en font pas exempts non plus , ils croicnt trouver du foulagement en prenant des mé- dicamens , mais leurs maux augmentent, deviennent plus cruels & plus opiniâtres & ils font trop heu- teux, quand ils ne les conduifent pas au tom- beau. Pourquoi ne pas fuivre par-tout la fage or- donnance de l’Impératrice de Ruflie ? #46 La rhubarbe eft un purgatif qu’on emploie très- fouvent : on fçait qu’elle laiffle après fon ufage une légère aftriction : on s’en fert avec fuccès dans les diarrhées & dans les diffenteries. On la donne auf comme amer fimple & ftomachique à petite dofe.. Sa dofe ordinaire eft depuis vingt jufqu’à foixante grains en fubftance & depuis un gros jufqu’à deux en infufion. Raponric. Raponticum, offcin. Rhabarbarum forte L] DES MÉDICAMENS. à Diofe. & antig. I. R. H. eft la racine de la plante hommée Rheum foli glabris petiolis fübfüulcatis, Linn. Raponticum folio lapathi majoris glabro , C. B. P. Elle eft oblongue, grofle d’environ deux pouces, mollafe, fpongieufe , jaune en dehors & en dedans, d’une odeur moins forte que la rhubarbe & autli d’u- ne faveur moins amère mais acre &aftringente : elle eft gluante & vifqueufe lorfqu’on la tient longtems dans la bouche. Cette racine coupée tranfverfalement laife voir des cannelures difpofées en rayons tirés de la circonférence au centre. L’éther vire de la rapontic une teinture jaune- brunâtre : fon infufñon fpiritueufe eft rouge-brune, d’une faveur aromatique , fans odeur. L’infufion aqueufe eft de même couleur que la fpiritueufe, peu amère & fans odeur fenfible. La meilleure rapontic eft la plus récemment cueil- lie, la plus-haute en couleur , la plus faine dans toutes fes parties; il faut fur-tout qu’elle foit exernp= . te de toute carie & moïfflure, elle y eft plus fu- jette que la rhubarbe, On l’ordonne rarement , elle a à peu près 1x mème vertu que Ja rhubarbe, mais il faut en eme ploier le double : elle paroïît être un peu plus af tringente que la rhubarbe, 8 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Racine D’Hermopacre. Radir Hermodaëtyli ; cffcin. Elle produit Ja plante qu’on nomme /ris co- rollis imberbis, foliis tetragonis, Linn. Hermodac- tylus folio quadrangulo , Tournef. Elle eft dure, tubereufe, triangulaire ; elle a la figure d’un cœur coupé par le milieu, applati d’un côté , relevé en bofle de l’autre, fe terminant en pointe avec un fillon creux fur le dos depuis la ba- fe jufqu’à la pointe : à l’extéricur cette racine eft de couleur jaunâtre ; elle eft blanche dans linté- rieur: elle a une faveur douceâtre, vifqueufe, mé: lée d’un peu d’acrimonie. L’éther r’a aucune action fur elle. L’eau dans la- quelle on la fait ‘infufer, eft jaune & crouble ; elle a très peu d’odeur & eft prefque fans faveur ; Ja teinture fpiritucufe qu’on en tire eft léserement jaunâtre, & elle n’a d’autre odeur ni goût que ce- Jui de lefprit de vin qu’on a employé. Les meilleures racines d’Hermodacte font ics plus grofies & les plus nouvelles. Il faut qu’elles foient feches, entieres, jaunâtres en dehors, blanches en dedans, & qu’elles fe laiffenc facilement réduire en poudre : pour peu qu’elles foient cariées , on ne doit pas en faire ufagc. pres MÉDICAMENS. 9 On les ordonne comme fudorifiques & purifian- tes dans les maladies caufées par l’impurité du fang & de la lymphe; la dofe en poudre eft depuis un demi gros jufqu’à un gros, & en décoétion depuis un Jufqu’à deux gros. Ë Jazar. Yalapa , Falapium , Güialapa, Chelapa ; Celopa , Mechoacanna nigra. offcin. La plante de la racine de Jalap fe nomme Convalvulus Americanus, “alapium di&us. Rai. Cette racine eft inégale, pefante, réfineufe, du- re, d’un gris foncé & noirâtre en dehors, d’un gris | foncé en dedans entremélé de lignes blanches ou jaunâtres, n’ayant qu'une odeur foible , un goûr * réfineux qui excite de légères naufées: réduite en poudre fa couleur eft d’un jaune-gris: on nous l’ap- porte ordinairement coupée par tranches. Douze onces de Jalap choifi & bien fec donnent trois onces de réfine & quatre onces d'extrait. Ce- pendant Boulduc n’en a tiré que deux onces de ré- fine, ce qui peut provenir de la qualité du-Jalap. Par Ja diftillation on retire de deux livres de Ja- lp neuf onces d’huile, un peu d’acide & beaucoup de phlegme de nature a kaline. L’eau dans laquelle on Ja fait infufer devient d’une couleur jaunâtre & un peu trouble; elle acquiert une faveur dou- 1 10 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION- ceâtre, & une légère odeur. L’éther de cette racinetire très peu de teinture. La teinture fpiritueufe eft de couleur d’or, fans odeur, mais d’un goût réfineux & très-acre. Dans le choix il faut préférer les plus gros mor- ceaux qui font dans l'extérieur, d’un gris noirâtre, ainfi que ceux qui font bien entiers, qui paroïf- fent les plus réfineux, & luifants intérieurement , qui ont Je goût acre, qu’on a le plus de peine à rompre avec la main, & qui fe brifent facilement par le pilon : fi la racine de Jalap s’enflamme dès qu’on l'approche du feu, c’eft une marque de fa bonté; mais il faut rejetter toutes celles qui font blanches en dedans, légères, moifics, cariées, ou vermoulues, On falfifie queique fois la racine de Jalap avec celle de Brione blanche qu’on coupe par tranches & qu’on fait fécher : cette tromperie eft aifée à appercevoir , car ja racine de Brione eft d’une couleur plus pâle, elle eft plus légère & plus caffante que ceile de Jalap. La racine de Jalap cft un purgatif dont l’ufage eft très-für; on la met ordinairement dans le nom- bre des purgatifs hydragogues. On l’ordonne pour les maladies bilieufes, pour l’hydropifie, le rhu- matifme, la cachexie & pour les maladies de la DES MÉDICAMENS. 15 peau. La dofe en poudre cft depuis dix jufqu’à foixante grains. IrécacuanrA, Mine d’or végétale ou beconquille. Ipécacuanha, Cacofanga, Beguquella, Specacuanha ; Beculo, Beloculo, Radix Brafilienfis, quorund. On diftingue trois fortes de ces racines. La premiere eft l’IrécacuanxrA Gris. Ipecacuanha cineritia vulgaris, [eu Peruviana , oficin. Bexzuquillo, & raifdeoro, hifpan; elle eft épaifle de deux à trois lig- nes , tortueufe & comme entourée de rugofités ; el- le eft dure , caffante & réfineufe ; de couleur brun clair ou cendrée ; d’un goût acre , amer , n’ayant qu’une foible odeur. On apperçoit au milieu de cette racine un petit filet quilui tient lieu de moelle. On ne fçait pas pofitivement qu’elle eft la plante de cette efpece d’Ipécacuanha : on croit que c’eft celle que Pifon nomme Zpecacuanha blanc. Et que Mo- riflon nomme , Planta Brafiliana periclymeno acce- dens floftulis congeftis elbis. La feconde efpece eft L’IrécAcUANHA BRUN , Îpe- cacuanha fufca five nigra. Radiz Brafilienfis , oficin, La plante qui en provient eftle Euphorbia, dichotoma folis integerrimis lanceolatis , pedunculis axillaribus, uni floris , folia æguantibus ; caule ere&o , Linn. 12 TRAITÉ SUR LA FALSIrICATIOK Elle eft plus tortueufe ; plus chargée de rugof- tés & plus menue que celle de la premiere efpece ; elle eft brune ou noirâtre en dehors, blanche en de. dans & d’un goût légerement amer. La troificme efnece eft L’IPÉCACUANHA BLANC, qu’on nomme aufli faux Ipécacuanha. Ipécacuanha candidior, oficin. fa plante eft nommée de même. Cette racine eft d’un blanc jaunâtre, menue, ligneufe, life & fans amertume. L’Ipécacuanha de la premiere efpece , c’eft-à-dire le gris, autrement dit du Pérou , eft le plus effimé : c’eft aufli le feul dont on devroit faire ufage dans la médecine. Les principes aétifs de cette racine réfident dans fes parties extérieures ou dans fon écorce dont on tire d’une once trois gros d'extrait, par le moyen de l’eau ; cet extrait a une couleur brune foncée * & une faveur amere , acre & un peu aftringente & de la même quantité de fon écorce on tire aufh qua- tre fcrupules d’extrait par le moyen de l’efprit de vin, d’une couleur: brurmâtre, d’un goût acre , amer & un peu aftringent, & d’une légère odeur balfami- que ; fi l’on filcre l’eau dans laquelle on Ja fait in- fufer , clle eft tranfparente, d’une couleur brune= pes MÉDICAMENS. 12 rougoûtre tirant fur le jaune, elle a un goût amer, acre , & un peu aftringent , une foible odeur “qui approche de celle de la femence de carvi. Son infufon fpiritucufe eft de couleur jaunâtre tirant un peu fur le brun & le rouge: elle a une faveur acre peu différente de celle du poivre & une odeur foible qui excite les naufées. L’éther tire peu de chofe de cette racinc, même après un long fejour. Geofroi dit avoir obtenu , par le moyen de l’eau, trois onces & demie d’extrait de huit onces d’Ipé- cacuanha gris , & par le moyen de l'efprit de vin dix gros de réfine de la même quantité d’Ipéca- cuanha. Tandis que de neuf onces d’Ipécacuanha brun, il n’a tiré par le moyen de l’eau qu’une once & trois gros d'extrait , & fix gros de réfine par le moyen de l’efprit de vin. On obtient de l'Ipécacuanha gris ou brun diftilé à fec dans une retorte, d’abord un peu de phleg- me , enfuite un peu d’efprit acide & puis un peu d'huile , mais l’Ipécacuanha brun donne un peu plus d’efprit & moins d’huile que le gris. Dans le choix de la racine d’Ipécacuanha grife où brune il faut préférer la plus grofle, la plus nourrie & la plus charnue. Enfuite qu'elle foir 14 TRAITÉ SUR LA FaLsrricATIio»x compacte , bien entiere , bien réfineufe , nettoyée : des petits filets qui naiffent autour ; fur-tout qu’el- le foit bien faine fans moififlure. S’ilfe trouve de l’Ipécacuanha blanc mêlé avec le gris & le brun, . il faut le jetter. On mêle fouvent avec les vraies racines d’Ipécacuanha des autres racines qui leurs reflemblent , entre autres une que le Chevalier Sloa- ne a découverte dont la plante cft un 4pocin ve- nimeux , cette racine eft d’un brun plus foncé que la racine d’Ipécacuanha ; on y apperçoit quelques mélanges de rouge qui ne font pas dans l’Ipéca- cuanha. La couleur de fon écorce eft à l’extérieur d’un jaune-rougeitre, les morceaux en fontaufli plus grands: on en voit qui ont jufqu’à feize pouces de long : les fentes qu’on apperçoit dans fon.écorce font plus éloignées les unes des autres que celles qui fe trou- vent fur l'écorce de l’Ipécacuanha , & les efpaces qui font entre les fentes, font aufli plus unies. Les racines qu’on mêle avec celles du véritable Ipéca- cuanha blanc, lui reflemblent beaucoup, mais elles font plus groffes, plus longues, plus droites , plus douces au toucher , fans être aufli noueufes que la vraie racine d’Ipécacuanha blanc. 7 La racine d’Ipécacuanha eft un émétique doux & un fpécifique dans la plupart des diflenteries ; DES MÉDICAMENS 15 “il y a des auteurs qui le recomandent dans certaines hémorrhagies , celles que les pertes de fang qui vien- nent des hémorrhoïdes & de la matrice. La dofe or- : dinaire eft depuis fix jufqu’à foixante grains. RACINE D'IMPÉRATOIRE, où Otruche; Benjoin fran- çois. Zmperatoria radix, officin. Aftrantia, Magiftran- tia, Oftrutium, quorund. Elle produit une plante qu’on nomme /mperatoria major ,C.B. P. Affrantia, Dodon. Elle eft oblongue, affez épaifle , ridée , genouillée, de couleur brune en dehors , blanchâtre en dedans, d’un goût très-acre, aromatique un peu amer qui pique fortement la langue & échaufie toute la bou- che ; fon odeur eft pénétrante & aromatique, L'eau dans lagvelle on la fait infufer eft un peu trouble , de couleur brune & ayant un goût amer , elle provoque les naufées & laiffe quelque tems après elle une légère acrété qui a l’odeur de la racine ; l’infufion fpiritueufe eft de couleur d’or jaunâcre , d’un goût un peu amer , mais plus acre que fon infufion aqueufe : fon odeur eft très-péné- trante. D’une livre de racine d’impératoire on tire environ huit onces d’extrait diffoluble dans l’eau , decouleur brun-noiratre, d’une odeur foible un peu balfamique, d’une faveur amère, deux à trois onces 16 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION de matiere réfineufe d’une faveur amère très-acre d'une couleur d’or foncée , & qui a l’odeur de la racine , & un demi gros d'huile; elle donne à l’é- ther une légère couleur jaunâtre. Les meilleurs racines d’Impératoire font celles qui font groffes, bien nourrics & nouvellement fechées. Leur goût & leur odeur doivent être aromatiques & piquantes. Toutes celles qui font cariées où moiïfies , font à rejctter comme étant mauvaifes. On ordonne éctte racine comme alexipharmaque : & fudorifique ; elle aide à la digeftion, elle leve les obftructions; on la recommande pour retablir les menftrues : la dofe en eft depuis un demi gros jufqu’à un gros. | Racine D’Iris DE FLorence, Radix Iris Floren- tine , ofhcin. Elle produit la plante qu’on nomme Iris alba Florentina , C. B.P. {ris flore albo , J. B. On l’apporte en morceaux de l’épaiffeur d’environ un doigt, elle eft applatie , genouillée, blanche en dehors , & parfemée de quelques pointes d’un jaunc-brunâtre. Blanche ou d’un blanc jaunâtre en dedans ; l’odeur aflez forte & approchant de celle de la violette , elle a une faveur légerement acre & amère, elle laiffe dans la bouche un peu de pâteux, on bxs MÉDICAMENS 17 èn dépouille cette racine de fon écorce: fur le lieu où on la cuéille. Elle eft d’un jaune-rouge. On en obtient d’une once environ cinq gros d'une fubftance farineufe fort. infipide. Quoique l’Iris de Florence ait une odeur fubtile & pénétrante, elle ne donne cependant par la diftillation qu'une eau impres &nce de l'odeur: de violette fur laquelle nage d’ef pace en efpace une très-légère pelicule huileufe & quelques gouttes d'huile. L'eau dans laquelle on la fait infufer a une couleur jaune-pâle, ‘une odeur de violette. & une faveur un peu amere & acre qui provoqué les naufées. Son infufon fpiritueufe cft auili de couleur jaune, fon odeur cft:la même que celle de fon infufion agüeufe; elle a une faveur un peu amere, acre, & lépcrement balfamique. L'écher n’a aucune aétion fur cette racine. Par le moyen de l'efprit de vin, on tire d’uñc once -de racine d’Iris environ deux fcrupules de fubitance huileufe & réfineufe d’un brun-jaunâtre , d’une faveur un peu amere, balfamique, très-acre & de l’odeur de violette. Lt par le moyen de l’eau , environ cinq rupules d'extrait, lequel eft d’une odeur agréable, d'une faveur douce mêlée d’un peu d’acrété & de couleur brun-fale. L'iris diftilée par la cornue , donne d’abord une B #$ TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION liqueur limpide , puis une. liqueur jaunävre légere- ment acide, en fuite une liqueur d’un rouge-bran‘ moins acide que le vinaigre, mais qui a plus d’acri- monie ; enfin une huile cmpireumatique. Les mcilleures racines d’{ris de Florence font cel- les qui font bien nourries, qui pefent le plus, les quelles font bien compactes, bien blanchesen dehors & en dedans, & d’une bonne.odeu:. Toutes celles qui font fans odeur où en ont une de müifi ou qui font cariées, font mauvaifes, & doivent être rejertées: La Racine d’Inis de Florence eft flimulante & incifive ; on s’en fort dans l’afthme humide. La: dofe eft depuis quinze jufqu à foixante grains. Racine pe Mecxoacax, où Rhubarbe blanche, Méchoacan du Perou, ou Bryone d'Amérique , ou Scamonée d'Amérique, Racix Méchoacanne. officin. R'iabarbarum album, Mecochoaca Peruviana , Sca-= monium Americanum , Brionia Americana , quorumd. La plante qu’elle produit eff nommée par les bo- taoiftes Convulculus ÆAmericanus Mechoacan diäus, Tournef. Bryonia alba Peruviana , five Mechoacana. Park. On l’apporte en tranches circulaires où oblongues. Elle eft de couleur bianche en dedans & grife en dehors : elle eft ridée, n’a prefque point d’odeur ni \ pers MÉDICAMENS. 19 de goût, à moins qu'on la mâche longtems, elle life alors fur la langue un fentiment d'acrété & de cuiflon : on la rompt facilement, elle eft moins duré que la racine de Jalap. L'éther en tire une teinture légerement jaunâtre. On obtient d’une once de cette racine trois gros d'extrait foluble dans l’eau, d’une odeur mauvaife, de couleur brun -obfcur & d’un goût acre qui pro- voque la falive, plus un demi ferupule de réfine, de couleur jaunâtre, d’un goût acre & d’une ‘odeur foible un peu nauféabonde. L’eau dans laquelle on la fair infufer, prend une couleur jaune - brun; elle eft un peu trouble & à une odeur & une faveur qui provoque les naufées. Son infufion fpiritucufe eft fort tranfparente, de couleur jaune - d’or : elle laifle fur la langue moins d’acrété que fon infufion aqueufe. On doit choifir cette racine en tranches circu- laires de couleur blanche en dedans, grife en de- hors, recente, compacte, pefante, & d’un goût prefqu’infipide, & rejetter celles qui font légeres, cariées , trop blanches & qui fe brifent aifément. La racine de Brione a de la reffemblance avec celle. de Mechoacan, c’eft ce qui fait que les mar chands les mêlent fouvent , mais il eft aifé de 20 TRAITÉ sur LA FALSIrICATION rendre-leur fraude inutile, car pour peu qu'on ÿ falfe attention, on diftinguera aifément .la racine . de Brione de celle de Mechoacan, celle-ci étant compacte & n'étant pas fongueufe comme celle-là. On les diftingue auñli par la couleur, celle de Brione eft d’un blanc rouffâtre. La racine de Mechoacan à un goût prefqu’infipide & celle-de la Brione un goût amer qui provoque les naufécs. | | On ordonne rarement cette racine, cependant l’on peut s’en fervir pour purger les perfonnes délicates & les enfants, on s’en fert auf dans l’afthme bu- moral , l’hydropifie, la goutte & les maladies de la tête. La dofe eft depuis dix jufqu’à foixante grains. Racine D'ORCANETTE. Radix Anchufæ, officin. elle eft d’une moyenne grolleur , peu longue; fon écorce eft rouge : elle eft blanchâtre en fa partie ligneufe, d’une faveur terreufe légerement aftringente. ‘Sa plante s'appelle Ænchufa Mon/peliaca, J. B. _An- chufa Minor purpurea , Park. g L'éther en tire une belle couleur rouge, cette teinture mife en diftillation au bain-marie, laille dans la cucurbite une matiere réfineufe d’un rouge brillant , indifloluble dans l’eau. Une once de cette racine donne ‘trois gros d’extrait aqueux d’une faveur terreufe, faline, légerement aftringente, de DES MÉDICAMENS . 21 couleur rouge-noirâtre & prefque fans odeur ; & quatre fcrupules & quelques grains de réline de couleur jaune-rouge un peu fauve, d’un goût un peu amer, & un peu aftringent, & inodorc. La teinture fpiritueufe de cette racine eft d'un beau rouge foncé, & la teinture aqueufe de couleur bru- nâtre fans goût ni odeur particulierc. On la doit choifir nouvelle, bien féche, fouple, d’un rouge-foncé en dehors & blanche en dedans. Ib faut qu’elle ne foit pas trop grofle, & qu’en la frotranc fur l’ongle ou fur la main, elle la colore d’une belle couleur vermeille. Toutes celles qui font moifies ou carices doivent être rejcttées. Elle pañle pour être fortifiante & aftringente : on dit auf qu’elle eft ucile pour faciliter la guérifon de la cachéxic. La dofe eft d’un ou deux gros en décoétion. RACINE DE PAarEiRA BRAvA , ou butua.' Radix Parcire brave & butue : officin. Boutoua & Membrop , Brafil. Les botaniftes nomment la plante Ciffämpelos foliis petalis, cordatis emarginatis ; Linn. Cette racine eft ligneufe, longue, tortueufe , ruce au coucher, dure; fà groffeur elt depuis celle d’un doigt jufqu'à celle d’un bras. Sa couicur en dchors ‘82 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION eft brune & en dedans jaune, tirant fur le gris, & interrompue par plufieurs fibres ligneux.. Si lon coupe cette racine tranfverfalement , on y apper- çoit plufieurs cercles concentriques traveïfés par puficurs rayons qui aboutiflent au centre , elle n’a pas d’odeur, fon goût eit un peu amer. L'éther n’a pas d’aétion fur elle. Si on la fait infufer dans l’eau, cette cau prend une couleur ‘oran- géc-pâle, fans avoir aucune odeur particuliere, mais elle a un goût amer. L'infufion fpiritueufe eft de couleur fauve foncée, fa faveur un peu acre, amere & douccâtre, n’ayant point d'autre odeur que celle de lPetprit. L’extrait aqueux a une faveur en quel- que façon douce mêlée d’un peu d’amer, tout-à- fait fans odeur & de couleur rouffâtre. L’extrait ré- fincux cft d’abord d’une faveur un peu amere & légerement aftringente; maïs dans le téms qu’on le goûte, il devient douceâtre, fans odeur particuliere & d’une couleur roufle-noirâtre. La racine de Pareira brava, pour être bonne, doit être bien feche & exempte de caries. Eile a été vantée comme un excellent lithontriptique,: mais fa réputation ne s’eft point foutenue Jongtems. Cependant on croit. qu’elle attenue les pr£s MÉDICAMENS. 2e humeurs & on l’ordonne contre les afféftions ca- chétiques & archritiques & contre les fleurs bian- ches. La dofe en poudre eft depuis un fcrupule jufqu à un gros. | Racine De Pyrerre. Il y a deux fortes de ces racines. La premicre qu’on nomme RACINE SALIVAIRE. Ra- dix Pyrethri. Oficin. eft ridée extéricurement & de couleur grifè-rougeâtre; mais celle eft blanchätre en dedans : fa longeur & fa groffeur ordinaire font celle d’un doigt, elle a quelques fibres, & ceft d’un goût très-acre & brulant, mais fans odeur. La plante quelle produit fe nomme Buphthalmum caulibus fimpliciffimis , unifloris , foliis- pinnato mulcifidis , Linn. Chamaæmelum fpeciofo fiore,. radiçe long , férvidà, Shaw. La deuxieme forte de racine de Pyretre que quelques perfonnes nomment MacaLe, cit plus me- nue que la premiere. Elle eft longue d’environ un demi pied, fa coulcur eft gris-brun en dehors, & blanchâcre en dedans, & garnie de quelques fibres: elle a à fa partie fupéricure une efpece de barbe ou de frange. Sa faveur eft moins acre & brulante que celle de la premiere efpece; elle eft auf inodore. 24 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Sa plante fe nomme Chryfanthemum fruëicofum , foliis lincaribus, dentalo trifidis, Linn. Lencanthe- mum Canarienfe, foliis Chryfanthemi, Pyrechri [a- pore, Tournet. L'eau dans laquelle ou la met infufer, prend une couleur brun - fale , elle a un goût & une faveur qui provoque les naufces; fi on en fait l’infufion &.ns l’efprit de vin, il devient jaune-rougeätre | mais n’a pas d'autre odeur que celle de lefprit de * vin. Une once de cette racine donne environ trois gros d'extrait foluble dans l’eau’d’une odeur afez mauvaife, de couleur brune & d’un goût acre & chaud, & environ un fcrupule de réfine de couleur pâle, d’un goût chaud & acre comme la racine d’ou il provient , & une odeur nauféabonde. L’éther en cire par le féjour qu’il y fait une très-lépère couleur citrine. / Les vinaigricrs pour donner de la force à leur vinaigre y font infufer de la racine de Pyretre, celle de la premiere efpece a plus de force & plus de vertu que celle de la deuxieme efpece. Il faut la choifir nouvelle, difficile à rompre, d’un goût très-acre & brulant : celle qui eft cas riée ou moifie doit être rejcttée.. pes MÉDICAMENS 25 On l’empluie principalement en mafticatoire, somme propre pour débarafer les glandes falivaires; “elle difipe auf le mal de dents caufé par l'arrêt de la férofité : on s’en ferc quelquefois en qualité d’épipaitique. Racine n'Ancézique. Radir Angelicæ , officin. Radiz Spiritts Sanë&i, C. Hoffim. Sa piante fe nomme Ængelica foliorum impari lobato, Linn. Zn- peratoria fativa, Tournef. La racine d’Angélique eft aflez groffle & longue; brune & ridée à l’extérieur & blanche dans l’in- térieur; fon odeur eft aromatique, agréable, appro- chant un peu de celle du mufc; fon goût eft acre, aromatique, un peu amer. Par l’analyfe chimique on obtient de quatre li- vres & quatorze onces de cette racine fraiche, en- viron dix onces de phlesme urineux, trois livres & fix onces de liqueur acide & une once de l’huile ou effentielle ou épaifle : du réfidu refté dans la cornue On a tiré trois gros cinquante quatre grains de fel aïkali. L’eau dans laquelle on l’a faite infufer, eft de couleur jaune , fon goût eft balfamique , - douceñtre :, elle a l’odeur de la racine, mais dans un dégré moins fort. Si elle eft infufée dans l’efprit 26 TRAITÉ SUR LA Fazstricariox de vin, ce liquide prend À une couleur. d'or pâle, 'un goût acic baliamique, un peu amer, & fon oùcur et celle de la racine dont une livre donne un gros d'huile eflentielle étant diftilléc" avec de l'eau, D'une once on tire ordinairement dcux gros de réfine d’une couleur jaune tirant fur le brun, d’une M odeur aromatique K d’une faveur acre aromatique, & trois gros u’extrait aqueux d’une odeur doibie, d’un goût aromatique & de couleur brun- foncé, Elle donne à l’éther une couleur légerement bru- nâtre. On choifit cette racine groffe , qui foit brune au de- hors &. blanche en dedans , d’une odeur approchant un peu du muft. On doit rejetter celle qui eft ca- riée , à quoi elie eft fort fujette lorfqu’on la gar- de quelque tems. “ On lui attribuoit autrefois des vertus qui font difpa- rues lorfqu’on a obfervé fes cffetsavec attention,cepen- dant cette racine eft un bon aromatique; elle eft auf diaphorctique & on la met au nombre des mafticatoires. Racines D'Arisrococues. Il y en a°de quatre cfpeces dont on fait ufage en médecine. La premiere efpece, fe nomme, RACINE D'ARISTO- LOCHE LONGUE. Radir Ariflolochiæ longe, oficin. Elle DES MÉDICAMENS. 27 nun pied de long :fà groffeur eft depuis celle du pouce juiqu'a celle d'un bras : elle eft charnuc, ronde ; Mculhnce, de couleur brune en dehors & de couleur mjaunäire en decans : fon goûc elt fort amer & lé- gerement aromatique. Les Botaniftes nomment fa plante Æriffolochia mfolüs cordatis petiolatis inteserrimis obtufiufculis cau- F le infirmo , floribus folitariis , Linn. Arifolochia cau- le infirmo, ramo/d , foliis cordatis , integerrimis , lon- gè petiolatis , floribus folitariis , Sauvag. Monfpell. La deuxieme efpece fe nomme Racine D’ARts- TOLOCHE CLIMATITE, Ou de vigne, ou farrazine. Radix ariftolochiæ climatitis , ofñcin. elle eft d’une médiocre grofleur , fibreufe , de couleur brune à l’ex- “éricur, & jaunâtre en dedans, fon goûteft amer ,elle a une odeur plus forte que les autres efpeces. On nomme fa plante Æriffolochia caule ereëto fim- pliciffimo ; foliis cordatis petiolatis ; floribus latera- libus confertis, Linn. Ærifiolochia climatitis reëta , AR 'P. La troifieme efpece de RACINE D’Arisrorocur » . . . qu'on nomme La Ronne, Radix Ariflolochie ro- tundæ, oficin. & dont la plante eft nommée Arif> tolackia foliis cordatis [ub{èfjilibus obéufis , caule in- 28 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION pti firme , floribus folitariis , Lino. Ariftolochia rotundaw Jiore expurpura nigro , C. B. P. LU SL ARR Elle eft tubercufe , charnue & épaiffe d'environ” trois pouces , arrondie , fibrée , ridée , d’une cou-M leur brune en dchors & jaunâtre en dedans ; elle ef" <. couverte d’une, écorce épaifle. Son goût eft plus a-% cre & plus amer que celui de l’Ariftoloche longue. « On nomme la quatrieme efpece RACINE DE LA! PETITE ARISTOLOCHE. Radix Ariftolochiæe renuis ; vel Piflolochie , offcin. fa couleur tire fur le jaune. EI- le eft compofée de pluficurs fibres menucs , lon- gues , attachées à un tronc commun: fon odeur eft. aromatique & fon goût amer. Toutes ces Racines donnent par l'analyfe chymi- que beaucoup de liqueur acide , une grande quanti- té d’huile, une plus médiocre quantité d’efpri: -urineux & une grande quantité de terre &- de fel fixe. Elles donnent à l’éther une légere teinture jaune. L’infufon de la racine d’Ariftoloche ronde faite dans l’eau cft jaune: elle a une odeur dif- gracieufe & un goût légerement amer avec acrété , Ja: teinture fpiricucufe a une couieur jaunâtre, une fa- | veur un peu amère , & une odeur foible. On les doit choifir nouvelles, bien feches & \ pres MÉDICAMENS. 39 bien nourries , grofies, pefantes , brunes en dehors, “jaunes en dedans , d’un goûc acre & aromatique ; & rejerter celles qui font maigres & n'ont pour dinfi.direrque la peau , & fur-tout celles qui com- mencent à avoir une odeur de moifi & à être . vermoulues. Elles ont des proprietés communes avec les amers aromatiques , on les regarde comme emménago- » gues , antivermincufes & vulneraires déterfives : c’eft Ja Jongue & la ronde qui font le plus en ufage 5 on les croic auihi peftorales , hyfteriques, céphali- ques. ,alexipharmaques & refolutives , propres pour exciter les menftrues.& capables de caufer l’avorte- ment , mais nous croyons qu’il faudroit examiner #les wertus. de ces. racines de près pour en être cer- : tin. La dofe cft depuis un fcrupule jafpu”à une dragme | & demie. : Narp Cerrique. Radirz Nardi Celice; Spice Gallice , Spice Celtice, Spice Romane , ofücin. Valc- riana Celtica, C. B. P. c’eft une pctite-racine fibreufe, “chévelue & noueufe ; fa couleur eft jaunätre, elle cit garnie de fouilles ou de petites écailles d’un verd jaumâtre ; d’une odeur forte, aromatique & un peu défagréablét; d’une faveur acre , un peu amère & aroiiatique, \ 90 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Sa plante eft nommée, Waleriana floribus triandris ,14 foliis ovato-oblongis integerrimis , Linn. Waleriana Celtica , Tournef. L'eau dans laquelle on l’a mife infufer: devient de couleur roufatre; elle a l'odeur & la faveur de Ja. racine. La teinture qu’on en ire par l'eipret de vin eft de couleur de paille ;: fun odeur, eft :aro- matique & fon goût elt un peu amer & aromati… À que. L’éther n’en tre prefque point de ceinture mé- me par le fejour. ! On apporte cette racine en petits paquets ; clle doit être choifie nouvelle, de couleur jaunâtre &r odoriférante Les marchands, pour fraucer , Ja mê- lent quelquefois avec d’autres racines qui lui. refiembient velles que le Nard batard ou'le Bou- quein. Hirculus. On reconnoit cctte, fraude parce. que ces racines n’ont ni le goût ni l'odeur aro- matique. du Nard.. Celtique. - Elle cit tonique & carminative. Les anciens en faifoient un grand ufage dans les maladies de l’efto- mac & de Ja vellie: mais on ne s'en fert gucre au- jourd’hui Racine DE Conrrayrrva. Laguelie on nomme aufi racine contre les venins , racine Bézoardi- pres MÉDICAMENS oi que & Aléxipharmaque. Radix Contrayerve ; oficin. Contrayerva Hifpanorum , five Drackenæ Radix, Cluf. On nomme la plante qui la produit Cyperus longus odoratus Peruanus , C. B. P: Dorflena dentariæ Ra- dice, fphondylii folio , placentà ovali , 'Franfaét. Phi- lofop. Seapis:radicatis , Linn. » La racine de Contraycrva eft oblonguc , mince, ridée , noueufe , écailleufe & compacte : à l’extérieur fa couleur eft jaunâtre ou fauve-rougeâtré, & in- térieurement , d’un blanc jaunâtre : elle a une odeur foible & un peu aromatique : fa faveur eft un peu aftringente mêléc d’une légère acrimonie qui n’eft pas défagréable. L'eau dans laquelle elle a infufé a une ‘odeur qui provoque les naufées , un goût foible un peu / amer & une légère acrété : infufée dans l'efpric de “vin, elle a un goût un peu amer, allez acre & pi- quant , mais elle conferve fon odeur naturelle. Si elle fjourne dans l’écher , il en tire une léoère teinture. Lorfqu’on choifit cette racine, il faut rejetter celle qui eft moifie ou cariée , à quoi elle cit fort fujette, on doit prendre la plus nouvelle , la plus péfante & qui eft exempte de ces parties fibreufes. Elle eft tonique & légerement déterfive ; elle paf RO 392 TRAITÉ SUR LA FALSsIrICATIO# fe pour diaphorcetique, aléxiterrée & fudorifique à, on l’ordonne quelquefois dans les fievres petichias les & malignes : fon goût légerement aftringent mon: tre que cette racine peut Convenir dans les fievresm accompagnées des diarrhées & autres accidents qui font craindre la colliquation. La dofe en poudre eft depuis vingt jufqu’à foixante grains, & en iniufion | depuis un jufqu’à deux gros. Racine be Cosrus poux, Radix Cofti odorati ; of5-" cin. Radicum Coflus Iridem redolens , C B.P. Elle nous eft envoyée en morceaux oblongs aflez épais ; elle: eft poreufe, mais cependant dure & friable , un peu réfincufe, ayant l’acrété aromatique du Gingembre & un peu d’amertumc : fon odeur cft agréable, elle approche de celle de l’Iris de Florence ou de la ’ Violette : fa couleur eft gris-blanchâtre. Quelques auteurs ont parlé de trois efpeces de Coftus, mais | on ne connoit dans le commerce que celle dont nous vénons de faire mention. = La plante qui la produit fe nomme Ponvo Bra- rianum Cofius Iridem redolens feu. Indicus, C. B. Paco Coatinga, Brafilienfibus, Marg. L'’éther en eft légerement coloré. Si on la fait infufer dans l’eau, elle prend une faveur amère & aromatique: elle a l'odeur de la racine; fa couleur eft pgs MÉDICAMENS. 82 …ft jaune, mais trouble ; la teinture qu’on en tire par le moyen de l’efprit de vin, eft d’une couleur jaune-foncé , fon odeur ceft un peu aromatique, mais fon goût left très-fort, ainfi qu’amer & acre. Quand on l’achète, on doit choïfir la plus nou- velle, la plus compacte, celle qui rend le plus d’odeur , dont le goûc eft aromatique & un peu amer, & exempte de carie. Elle pañfe pour incifive , acténuante & diaphorcti- que, elle fortifie l’eftomac, diflipe les vents & les flatuofités : on la recommande contre les maladies nerveufes, & dans la paralyfie; la dofe eft depuis * un demi gros jufqu’à un gros en poudre, & depuis deux gros jufqu’à une demie once én infufon. Racine DE CurcumA. Terra merita ; Safran ou Souchet des Indes. Curcuma feu Terra merita, officin. élle produit une plante nommée Curcuma foliis lanceolatis utrinque acuminatis , nervis lateralibus numerofi{Jimis » Linn. Cannacoris radice crocea, Tournef. Cette racine eft oblongue , coudée , pefan- te y celle a des. nœuds de diftance en diftance, fa couleur à l'extérieur eft jaune-pâle, à l’intérieur elle eft d’un jaune plus foncé tirant fur le Safran; C 94 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION fa faveur eft un peu acre, amere & aromatique ; fon odeur cit foible ; elle reffernble un peu à Fe du Gingembre, L'eau dans laquelle on Pa faite infufer eft de couleur “aunârre; elle prend l'odeur de Ja ra- cine &' a un goût un peu amér & bajfamique qui provoque les naufes. La teinture qu'on en obtient par l’efprit de vin cit d’un fort beau rouge; elle teint en jaune [a peau qui en sf frottée ainfi que les parois du verre; fon goûr cit acre & aromati- que & provoque les naufécs, mais l'efprit de vin conferve fon odeur. L’ether en tire une couleur jaunc-rougeâ:re. Une livre de cette racine donne 20 à 50 grains d’une huile clenuelle de couleur d’or, d’une odeur & faveur aflez forte. 2 ] On trouve deux fortes de cette racine dans le commerce, la longue & la ronde, mais c’eit ordi-" “pairement la jongue qu’on trouve daïs les bouti-" ques ; elle cft malieure que l’autre : on la doit choifir entière, pefante, compaéte, brillante quand on la cafe; elle doit étre d’une faveur acre & mordicante, de couleur jaune-fafrané. On doit rejetter les racines qui font cariées & vicilies. elles font-aifées à recon- noitre à leur couleur qui tire fur le pourpre. La RACINE DE CURCUMA RONDE, Zerrata meritaw Ne l DEs MÉDICAMENS : 34 fond. Cureuma radice rotunda, ofñcin. eft tubereufe, arondie , charnue , compacte & groffe comme le pouce, elle eft jauncau-dehors ; fi on la coupe tranfver- falement, on y voir des cercles jaunes-rouges; fon odeur & fon goût font plus foibles que ceux de la racine de Curcuma long dont nous avons parlé précédemment, La plante dont on la tire eft nommée Curcuma radice rotunda, Parad. . On ordonne ces racines comme apéritives, fondan- tes, diurétiques, toniques, anti-fcorbutiques & ftimu- lantes : on les recommande fur-tout dans la jaunifle où elles réufiffent fouvent très-bien : quelques au- teurs les ont regardées comme un fpécifique dans - lès maladies du foye, mais c’eft un préjugé tiré de leurs couleurs. La dofe ordinaire eft de 15 à 30 grains en poudre & depuis un gros jufqu’à deux en infufion. Racine DE Dorontc Romain. Radix Doronici Romani, officin. la plante qui la produit fe nomme Doronicum foliis cordatis obtufis ; radicalibus petiola- tis , caulinis amplexicaulibus, Linn. Doronicum ra- dice fcorpii, C. B. P. Elle eft tuberculeufc, genouillée & comme arti- culée , elle cit compofée de différens nœuds garnis 86 TRAITÉ SUR LA FAzstrrCATION de fibres; jaunâcre extérieurément & blanchâtre dans l'intérieur; fon goût eft douccâtre, vifqueux & un peu aftringent ; fa grofleur ordinaire eft celle d’une petite’ noijette. » Cette racine donne à l’éther une couleur lanchâtre & un peu trouble. L'eau dans laquel- le on la faite intufer eft jaunâtre, a une faveur douceâtre & n’a poinc d’odeur. On en vire par. le moyen de l’efprit de vin une teinture de couleur jaune fans odeur ni goût qui Hai foient particuliers. Il faut rejetter comme mauvaifes celles qui font platreufes, vermoulues & qui ont un goût de moifi : lon ne doit prendre que les racines entières & pré- férer celles qui font les plus grofles &:les plus charnues. . Pluñeurs auteurs regardent l’ufage de ces racines comme fufpeét; d’autres difent d’après leurs pro- pres expériences que leur ufage n’eft aucunement dan- gereux : on croit qu’elle rémédie à la foibleffle de la tête & de la matrice, & que c’eft un fpécifique contre les vertiges. Go/ner a pris deux gros de cette racine fans en être inconimodé. RacINE D'ELLEBORE. On en fait ufage en méde- - L DES MÉDICAMENS. T ‘fes cine de deux fortes, on nomme l’une Ellebore blanc, & l’autre Kllebore noir. LA RACINE D'ELLEBORE BLANC. Radix Hellebori albi, officin. dont la plante eft nommée Veratrum caule ramofo à Lino. Weratrum fiore fabviridi à Tournef. eft épaifle, oblongne,; tubereufe, garnie “de pluficurs fibres bruns à lPextérieur , fa couleur à l’intérieur eft blanchâtre ; elle eft fans odeur , a un goût acre, amer, légerement äftringent, défa- gréable & excitant des naufces. L'éther a peu d’aétion fur l’Ellebore blanc. Par . l’analyfe chimique on en cire un efprit d’un goûec très-acre, enfuite une liqueur acide corrofive, fuivie d’un fel volatil concret & d’huile : la quantité de terre qui refte équivaut à la troifieme partie du poids des racines qu’on a mis à l’analyfe. L’eau dans laqueile on la mec infufer, prend une couleur jau- nâtre; elle laiffe fur la langue un foible fentiment d'acrété; elle a unc mauvaife odeur. On en obtient par le moyen de l’efprit de vin une teinture de Couleur jaune-brun qui a une faveur amère & acre fans odeur qui lui foit particuliere. On fair à préfent très-peu d'ufage de l’Ellebore blanc, c’eft un purgatif & un émétique violent : 98 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION comme nous avons des, purgatifs &. des vomitifs qu’on peut donner fans danger, nous confeillons de ne jamais faire ufage intérieurement de cette ra- cine : M. M. Vogel la met au nombre des poifons. La Race Dp’Ezrreore Not. Radiz Hellebori nisri, Oficin. produit une plante qu’on nomme He/- leborus niger Jiore roféo, C. B. P. Helleborus fEapo fübrotundo bifloro., foliis pedatis ; Linn. Veratrum ni gTuR , of£cin. Cette racine eft compofée de pluñfeurs fibres qui partent d’une tête ou d’une efpéce de tubercule ; elle eft noire en dchors & blanchôtre en dedans: elle a une faveur acre un peu amère qui excite des. naufées, & une odeur nauféabonde. De cinq livres de racines d’Ellebore noir diftil- lées dans une cornue, on obtient huit onces d’une liqueur yerdâtre d’un gott très-acre qui ne change \ point la couleur du tournefol, ni ne trouble point la diflolution du fublimé corrofif; il coule enfuite dans, le récipient deux livres, douze onces & fix gros d’une liqueur qui, de couleur verte qu'elle toit ; prend une teinte moins foncée, & dont le goût acre fe change en acide ftyptique, cet acide” change là couleur du cournefol en une couleur rouge né CGT AT mr he DeFMEr rs DEës MÉDICAMENS 29 “de feu; les quatre onces qui viennent cnfuite pré- cipivent la difivlution du fublimé corrofif & font etierveicence avec l'acide marin : l’huile fétide qu'ont donné ces racines pefoic une once & demie; le réfidu qui à refté dans la cornue donne fix gros de fel fixe & deux onces & un gros de terre. L’éther a ctrès-peu d'action fur l'Ellebore noir; l'infufion fpiritucufe eft de couleur jaunûtre fans odeur que celui de l’efprit dans lequel il à infuié ; d'une faveur un peu amère, mêlée. d’acrété. L'in- füfion aqueufe eft de couleur jaune-pâle , d’une odeur un peu aromatique & prefque fans faveur. Une once donne environ trois gros & un fcrupule d'extrait aqueux , & un gros deux fcrupules d'extrait réfineux. Il faut choifir celui dont les filets de la racine font menus, petits, bien nétoyés, bien fecs, & les plus nouveaux & rejetter ceux qui font moifis ou cariés. Cette racine eft un purgatif violent, mais moins que l’Ellebore blanc : on s’en fert dans la cechexie, V'hydropifie & les maladies dans lefquelles on veut purger fortement. La dofe en poudre eft ordinaire- ment d’un demi, gros, & en décoction on donne jafqu’à une demie once. 40 TRAITÉ SUR LA FALSIrICATION RacINE DE GaLANGA. Il y a deux efpèces de racine de ce nom dont on fait ufage en médecine. On les diftingue par lépichète de grande & de petite. La PETITE GALANGA, ou Galanga Ge la Chine, ou Souchet de Babylone. Radir Galangæ minoris, Galangæ Sinenfis, officin. Chaulengian & Chaferu- darva ,; Avicen. produit une plante qui fe nomme Kaæmpferiana foliis ovatis feffilibus Linn. da LU Herman. Cette racine cft inégale, dure, folide, de la groffcur du petit doigt : de diftance en diftance font des genoux circulaires de couleur brun-rougeâtre en dehors & de couleur roufle-blanchâtre en dedans : fa faveur eft acre, aromatique; brulant & piquant le gofier comme le poivre & le gingembre : fon odeur cft aromatique : celui-ci eft fupérieur en vertus au grand Galanga. L’eau dans laquelle On à fait infufer la racine de petit Galanga eft de couleur brun-rougeâtre; elle a une odeur pénétrante, un goût un peu acre & aro- matique. Si elle a infufé dans une liqueur fpiritueu- fe, cette liqueur eft rouge, fon odeur eft moins force que celle de l’infufion aqueufe; mais la faveur eft plus acre & plus piquante. L’éther a très-peu g’action fur cette racine, même par le féjour : pag pes MÉprcÂMmENsS. At …|e moyen de l’eau on obtient d’une once, environ deux gros & deux fcrupules d'extrait. Par le moyen de l'efprit de vin, on en obtient deux fcrupules * environ d’une matiere rouge-brun, d’un goûr af- -tringent & aromatique, & qui laifie fur Ja langue une“faveur très-acre. Par la diftillation humide, une livre de cette racine donne environ un gros d’huile eflentielle. À L: \ La RAGINE DE GRAND GaLancAa. Radir Gz- langæ majoris , Galengæ favanenfis ; ofkcin. produit une plante qu’on nomme Banrgula & banchabe. Elle eft de la groffeur du pouce , tubereufe, noueu- Me , genouillée , tortue , repliée & recourbée, com- me par articulation , de diftance en &iftance : elle eft divifée en branches entourées de bandes circu- _Jaires , folides , dures & inégales:fa couleur à l’ex- térieur eft brun-rougcâtre & pâle ; dans l’intérieur , elle a-la faveur acre du poivre un peu amer : fon odeur eft aromatique , mais elle eft moins forte que celle de la petite Galanga. | On doit faire attention dans le choix de l’une & de Maure de ces racines qu’elles foient nouvelles , qu’elles ayent une odeur aromatique une faveur acre. Celles’ qui font vieilles ont un goût infiride, 42 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ) il faut les rejecter , ainfi que celles qui font ver- moulues. Le Galanga cft un bon aromatique, il eft ftimulant . & apéritif , ftomachique ; nervin & défobftruent. w La dofe en poudre eft depuis quinze jufqu’à trente cinq grains ; on le donne en infufion depuis une dragme jufau’à trois. Racine DE GaRrANCE. Radir Rubie tin&orum oficin. proiuit une plante nommée Rubia foliis fenis, Linn. Rubia tinétorum fativa. C. B. P. Cette racine eft oblongue, mince, ligneufe, rouge en dehors & en dedans, n’ayant pas d’odeur; fa fa-k veur eft légerement acre & amère; elle eft une des” cinq racines apéritives mineures. L'éther en tire d’abord une couleur d’or qui ‘augmente par le féjour. L'eau dans laquelle on l’a mife infufer eft de couleur rougé-noirâtre , elle à une odeur qui provoque les naufées & n’a aucun goût particulier ; fi on la fait infufer dans une liqueur fpiritueufe , cette liqueur eft d’un beau rouge foncé , elle a une faveur un peu aftringente, & un peu amère : fon odeur n’a rien de particulier. Une on- | ce de cette racine donne 2 gros d'extrait aqueux. DES, MÉ D LCAMIE Nm: 5 1 48 @ couleur rouge-noirtre , d'une faveur terreux- ÿ Min ,légerement aftringent, & quatre fcrupules & À … rougeun peu fauve , d’un goût un.peu Aftringent. & quatre grains d’excrait fpirirueux. de couleur jaune- un péu amer & fans odeur particuliere. Elie a la propriété de colorer en rouge les os des rares en ont mangé, On doit choifir cette racine le plus récemment féchée , ayant un gout légerément amér , exempté de vérmoulure & de moififfure. Elle eft apéritive & diurétique. La dofe en poudre eft depuis trente jufqu’à foixante grains, & en “décoction depuis une demie once jufqu’à une once. Racine DE GENTIANE. Radix Gentianæe , officin. “elle produit une plante nommée Gcuriena major Tntea, C. B. P. Genriana vulgaris major, Hellebori “albi folio, J. B. AS Cette racine eft longue, affez épaiffe , d’une cou- “leur brunc at dehors & d’un jaune-roufltre au de- dans : elle n’a point d'ode: ur, mais fa faveur eft très-amère, L'eau dans laquelle e elle a infufé, a une couleur rouge-obfur, une odeur foible qui excite les nau- fées & une faveur fort amère. La teinture qu’on 44 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION en tire par le moyen de lefprit de vin eft de cou- leur orangé, a une faveur très-amere, mais fans 4 autre odeur que celle de lefyrit de vin. Une once de Gentiane donne à peu près trois gros d’extrait aqueux, de couleur rougc-brun , d’un gott très- amer; par le moyen de l’efprit üe vin l’on en ob- tient deux gros & quelques, grains d’extrait d’un goût fort.amer & de couleur jaune-rougeätre : l'éther a peu d’aétion fur cette racine. La meilleure eft de moyenne groffeur, la moins garnie de petites racines, & Ja plus nouvelle. Elle doit être jaune en dedans & fort amère. On doit rcjetter comme mauvaifes celles qui font ridées, noirâtres en dedans ou cariées. Cette racine tient le premicr rang parmi les amers; elle eft ftomachique, propre à rémédier à l'inertie de la bile, on s’en ferc dans la fupprefion des regles, pour gucrir les fleurs blanches & pour détruire les vers : avant qu'on connut Je Quinquina, on s’en fervoit beaucoup, mais aujourd’hui on s’en fert très- peu contre les fievres : c’eft cependant un grand fébrifuge ; fa dofe eft depuis trente jufqu’à foixante grains en poudre. | | DaAcine DE GINGEMBRE. Radiz Zinziberts five + pEs MÉDICAMENS. 45 Gingiberis, officin. Zinzibel , Indior..Sa plante fe nomme Amomum fcapo nudo , Spica ovata, Lin». Zinziber augufliori folio, Semina urriufque Indie alumna, Pluck. - Cette racine cf courte, tubereufe, noucufe & un peu applatie : fa fubftance eft réfincufe, un peu fi- brée, & recouverte d’une écorce grife-jaunâtre : fa chair eft brun-rouflâcre ; elle a une odeur foible, mais agréable. Sa faveur eft aromatique, très-acre & très-brulante. L’écher en tire une teinture d’une légère couleur, d'ambre. Si on la fait infufer dans l’eau, elle prend une couleur jaunâtre; fon goût eft acre & brulant & fon odeur a celle du Gingembre. La teinture qu’on en tire par le moyén de l’efprit de vin, eft couleur d’or, elle a une faveur brulante & piquante; fon odeur tire plus fur l’efprit de vin que fur celui de la racine. Par le moyen de l’eau on tire d'une once de cette racine environ deux gros d'extrait, d'un goût acre & brulant, mais fans odeur ; & un demi gros ou un fcrupule par le moyen de l’efprit de vin : cet extrait eft de couleur jaune-rouffètre, d’une faveur brulante & très-acre, a peu d’odeur. Une livre de Gingembre donne environ un gros d'huile effenuieile par la diftillation. } 46 TRAITÉ SUR LA FALStFPICATION / Il faut dans le choix qu’on fait de cette racine, * faire attention’ qu’elle foit nouvelle, bien feche , bien nourrie, difficile à rompre, d’une couleur gris-. rougeâtre en dchors & réfineufe en dedans; qu’elle ait un goûr très-acre & brulant. Celle qui eft filan-. dreufe,, molafle, blanche, vermoulue & pleine de poufliere ne vaut rien. Pour cacher fes-imperfec-# tions, on frotte fa fuperficic avec de la craye, par“ ce moyen on remplit les trous que les vers y ont faits: I y a des marchands épiciers qui faïfifient leur poivre en poudre avec de la racine de Gim- gembre pulvérifé. Le Gingembre eft mis au nombre des médica- mens ftimulants, atténuans, ftomachiques, carmi-« natifs & aphrodifiaques. La dofe ordinaire eft depuis quatre jufqu'à dix grains en poudre. RACINE DE SALSEPAREILLE. Sarfäparilla ; officin. Elle eft extraite d’une plante qu’on nomme Smilaz afpere Peruviane , five Sarfaparilla, C. B. P. Smilax caule aculeato angulato, foliis inermibus ovatis re tufo-mucronatis, Lion. Elle eft-ordinairement très-longue & flexible, cal nellée dans ‘a longucur, ridée & difficile à rompre, de l'épaifleur d’une plume; en dehors elle eft des prs MÉDICAMENS. 47 . couleur roux-cendré & blanche en dedans, molafe, “un peu farineufe, fans odeur, d'une faveur foible, légerement amère & laiffanc dans la bouche un ‘ goût un peu vifqueux. Quatre livres de cette racine diftillée à la cor- nue ont donné deux onces d’une liqueur inlipide , huic onces d’une liqueur un peu acide , quinze on- ces d’efprit acide , quatorze onces d efpric rempli de fel , doit acide foit urineux, & fix onces d’une . huile qui fe précipivoit au fond de l’eau Duréfidu , on à tiré une once deux gros & vingt-quatre grains d’un fel approchant du fel marin. “L'eau dans laquelle on l’a faite intufer eft de | couleur rougeûtre ; elle n’a pas de faveur particuliere & fon odeur provoque les naufécs. La teinture qu’on en obtient par l’efprit de vin, elt de couleur rou- geâtre. . Par le moyen de l’efprit de vin on tire d’une once de cette racine deux fcrupules d'extrait de couleur rouge-obicur , d’une faveur un peu a- mère ,acre & provoquant des naufées. Si on fe fert d’eau , on obtient deux gros d'extrait qui a une odeur naufeufe & n’a aucun goût remarquable. Quand elle féjourne dans l’éther , elle lui donne une couleur de paille qui devient plus ioncée par le féjour. | 48 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION La meilleure racine de Salfeparcille eft celle qui” cft grife en dehors & blanche en dedans avec des rayes rougcâtres fur les bords, de l’épaiffeur d’une plume à écrire : il faut qu’elle fe fende facilement & qu’elle ne fe fende pas par petits éclats en ré- pandant une efpece de farine. Celles qui font humi-. des ; remplies de fibres , extrémement menues , d’une couleur brune-obfcurc ou noirâtre, ou cariées, doivent être rejettées comme mauvaifes , ainfi qu’une efpece de Salfeparcille qui vient de Hollande en pe- tices bottes. Les extrémités des racines qui les com- pofent font coupées ; ordinairement ces bottes con-' tiennent dans ic milieu des racines très-menues & w même dont une partie tombe en poufliere quand on veut les féparer les unes des autres. La Saifeparcille eft mife au nombre.des diapho- rétiques & fudorifiques ; on s'en cft fervi mais fans ‘ fuccès pour détruire le virus Vénérien : nous doutons avec M. Cartheufer que cette racine ait la vertu diaphorétique qu’on lui attribue : il paroïit que fes principes font peu aëtifs , ni le goût , ni les différens | extraits qui en réfultent, n’y font rien appercevoir qui puille favorifer l’opinion qui la fait regarder. comme ftimulante & fudorifique. Nous croions qu’on: a quelquefois obfervé que la tranfportation , foit. fenfible pers MÉDICAMENS 40 f{enfble ou infenfible , avoit augmenté après avoir pris la décoction de cette racine ;on doit peut-être autant l’attribuer à l’eau chaude feule qui fervoit de véhicule qu’aux parties mêmes de la Salfepareille que l’eau en pouvoit avoir extrait ; car l’on fçait que les boiflons aqueufes & chaudes déterminent & facilitent fouvent la tranfpiration. La dofe en dé- coétion eft d’une demie once ou d’une once. Racine DE SERPENTAIRE DE VIRGINIE. Ou Vi- perine de Virginie, Serpentariæ Virginiane Ra- dix. Colubrina & Piflolochia Virginiana , officin. Viperina Radix, Contrayerva V irginiana, Senesrucl, quorumd. On connoit la plante qui la produit fous le nom dAriflolochia caulibus infirmis | angulofis flexzuofis , foliis cordato- oblongis ; planis floribus recurvis folitariis ; Gron. fl. Virgin. Ariftolochia, Pif- tolochia feu Serpentaria V'irginiana caule nodofa, Pluk. Cette racine eft légère, menue, fibreufe, de cou- leur brun-grifatre à l’extérieur, & blanche à l’in- térieur : fa faveur eft acre, un peu amère & cam- phréc; fon odeur eft agréable; & aromatique, un peu camphrée & tenant un peu de celle de la Zedoaire. L'eau dans laquelle elle à infufé eft de couleur D $0 TuaITÉ SUR LA FALSIFICATION brun-foncé ; elle a une faveur amère, un peu bal ! famique & camphrée; fon odeur eft auf balfamique & campbrée. Son infufon fpiritueufe eft de couleur orangée ; elle a une odeur peu balfamique, mais un _# goût acre, un peu amer & camphré. D’une once on en obtient environ deux gros d'extrait par le | moyen de l’eau, d’une faveur amère, un peu acre, % balfamique & camphrée, ayant l’odeur du rob de fureau , & environ un gros d’extrait par le moyen de Pefprit de vin : cet extrait cft de couleur jaune-brun, d’un goût amer, un peu acre, & camplaé, & d’une odeûr aromatique ; diftillée à la cornue, elle donne beaucoup d’efprit acide, une huile fubtile ou grof- ficre : du réfidu refté dans la cornue, on tire beau- coup d’alkali fixe : l’éther ne tire prefque rien de cette racine, mais quand elle y a féjourné, il de- vient légerement verdâtre. La meilleure racinc de Serpentaire de Virginie eft celle qui eft nouvelle, bien nourrie, & qui a une’ odeur très-forte; comine elle eft envoyée ordi- nairément avec les feuilles, on doit préférer celle dont les feuilles font encore vertes & rejetter celle # qui ett remplie d’ordures. Souvent les marchands, % pour frauder, mêlent avec cette racine celle qu’on norme Racine de Cabaret de Virginie, maïs cette DES MÉDICAMENS . 51 À ds fraude eft aifée à découvrir, parce que la racine de Cabaret de Virginie eft noire & que celle de Ser- pentaire n'eft que brune-grifâtre. Cette racine eft mife au nombre des cordiaux, “diaphorétiques, carminatifs , antivermifuges, & an- mihyftériques. On vante fon ufage dans les ficvres » intermittentes ainfi que dans les fievres malignes, éû l’emploie aufli dans les maladies convuifives. La dofe ordinaire en fubftance cft depuis dix jufqu’à trente grains & depuis un jufqu’à deux gros infufée dans l’eau ou dans le vin. : w a \ Racine DE Soucuer , il y en a deux-efpeces dont on fe fert en médecine, lung cft le Souchet long, l'autre eft le Souchet rond. | La Race ou Soucer LoNG , Radir Cyperi longs oflicin. produit une plante nommée par 1es bo- taniftes, Cyperus culmo triquetro foliofo, umbella fo- “liofà , fûprà decompofité ; pedunculis nudis | fpicis alrernis , Binn. Cyperus “odoratus ; radice longé , … Æu Cyperus ,officin. C. B. P, | : Cette racine eft mênue , longue , genouillée, tor- tueufe , garnie de plufieurs nœuds en forme d'olive & garnie de fibres capillairés ; élle fe rompt difficile- ment ; elle eft dc couleur noirâtre à l’extétieur & 52 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION blanchâtre dans l’intérieur: d’un goût fuave , un peu acre & aromatique: fon odeur eft agréable. L'eau dans laquelle on la met ‘änfufer ‘devient de couleur rouge-obfeur tirant même fur le noir ; elle a un goût plus amer que l’eau où l’on à in-l fufé le Souchct rond ; il eft légerement aftringent ; & celiquide n’a préfque pas d’odeur: : fon infufon fpiritucufe eft d’un jaune-rouycâtre , d’une faveur & un peu ameére & aromatique : fon odeur eft foible balfamique. Une once de cette racine ne donne. qu'environ cinq fcrupules d’extrait aqueux de cou- leur ferrugineufe, d’un goût amer & aromatique &* d’unei odeur pénétrante. On en obtient de la mé-# me auantité deux gros d’extrait fpiritueux , de q D P ) couleur jaune & rougce-brun , d’un goût amer, arro- atique. & d’une odeur approchant de celle du rob: À fureau & un peu balfamique. L’éther tire du Souchet long comme du Souchet rond une teinture Jégerement jaunâtre. . La Race pu Soucrer roND. Radix Cyperi rotuin=* d Orientalis, offcin: produit une plante que les bo-# taniftes nomment Cyperus culmo triquetro fibnudo umbellà decompofité fpicis aliernis lincaribus , Linn. | Cyperus rotundus Orientalis major ; C. B. P. Cette racine cft ftriée, raboteufe, de la grofieur” pres MÉDICAMENS. LE » d'une avéline, de couleur branâtre ou grifâtre extérieu- | rement, blanchâtre intérieurement : plufieurs racines font fouvent attachées à la même tête; elle a prefque … Ja mème odeur & le même goût que la précédente. à L'eau dans laquelle on l’a faice infufer a une f4- veur un peu amère , aromatique ; fon odeur cft. pénétrante & fa couleur d’or. Son. infufion fpiri- tucufe eft de couleur orangée ; d’un goût affezacre, Un peu amer; ayant plus l’odeur de l'efprit de vin que celui de la racine. D’unc once de cette racine on obtient, par le moyen de l’eau, deux gros & deux ferupules d’extrait, d’une odeur foible , d’un gotit amer & aromatique , de couleur ferrugincufe “fale. Par Ie moyen de l’efprit de vin,on en ob- tient aulli deux gros & deux fcrupules d'extrait de couleur brun-rougeâtre , d’un goût acre & amer & d’une odeur foible aromatique. L'une & l’autre de ces racines doivent être choi- fies fches , nouvelles, grofies , les plus fortes en odeur, exemptes de vermoulure, ne fentant ni l’en- fermé ni le moifi. | Ces deux racines paroiflent avoir la même vertu : on les croit attenuantes, incilives, apériti- ves , diurétiques , emmenagogues , fortifiantes, 84 TRAITÉ sur LA FaALsrFrICATION Ne 4 toniques & vulncraires : on les emploie rarement | 1 feules , mais elle entrent dans plufeurs compoñtions. Raciwe De SQUINE. Il y en a de deux fortes; l’une eft LA RacINË DE SQUINE ORIENTALE. Chinæ Ra- dix , Chinna ,'Cina , Cinna, ofhcin. L'autre eft LA tACINE DE SQUINE OCCIDENTALE. China Occiden- talis, officin. China fpuria nodofa , C. B P. P/féndo- chine Radix , Cluf. La plante que celle-ci produit eft nommée par les botaniftes Smilax afpera fructu nigro , radice nodofà magné farinaccé China diëé, Hernard. La plante de la racine de Squine Orientale eft appellée par les botaniftes Smilax caule aculeato, foliis orbiculato ovatis incrmibus quinque nervis » Linn. Senkira, vulgo Quaquara: Smilax minus fpi- nofa fruë&u rubicundo , radice virtuofa , China di&a, | Kæœmpf. La racine de Squine Crientale eft affez grofle , péfante , genouillée, ligneufe ; elle a des tubercules inégales; fa couleur à l’extérieur eft de couleur brun- rougeâtre & rouge-pâle à l’intérieur : elle n’a pas d’odeur ; fon goût eft infipide, cerreux & légerement aftringent, La racine de Squine Occidentale différe peu de # l'Orientale , au point même qu'on peut aifément pes MÉDICAMENS. 85 | prendre l’une pour l’autre. La racine Occidentale eft cependant à l'extérieur d’une couleur plus roufle & à l’intérieur d’une couleur plus rougeâtre. Quel- ques perfonnes croient que l’Oricntale eft préférable à POccidentale, mais nous penfons que l’une comme l’autre peuvent produire le même effet aux mala- des qui en font ufage. L'éther n’en tire rien, mais l’eau dans laquelle on l’a faite infufer eft d’une faveur infipide ; elle a “ une odeur balfamique prefqu’infenfible qui provoque Jes-naufées : fa couleur eft rouge. L’infufon fpiri- tueufe eft tout-à-faic infipide , fans odeur & d’une couleur d’or. D'une once de ces racines, on obtient par l’eau environ cinq gros d'extrait de couleur fiuvc-rougeâtre fans odeur ni faveur, & par le moyen de l’efprit de vin , cinq fcrupules d’extrait d’une couleur jaunc-rougeûtre, d’un goût & d’une odeur très-légerement balfamique & naufeuft. On les doit choifir compactes, bien péfantes , re- fineufes, & difficiles à rompre & rcjetter celles qui fonc fpongieufes , légères ou cariées, à quoi elles font fort füjettes ; c’eft ce qui fait que pour tromper, on remplit les trous que la carie y a formés avec des terres glaifes , du bol &c. Cetce fophiftication peut 56 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION devenir très-dangereufe, car nous avons obfervé que ces trous étoient fermés aveë de la litharget On attribue à ces racines à-peu-près les mêmes vertus qu’à la falfeparcille. On peut confulter ce que nous en avons déjà dit. La dofe du Squine en poudre eft depuis trente jufqu’à foixante grains. On la don- # ne en décoétion ou infufion depuis une demie once jufqu’à une once. Race pe Turerra. Turphetum five Turbith , ofcin. Les botaniftes nomment fa plante Convol- vulus foliis cordatis angulatis , caule membrano qua- drangulari, Linn. Convolvulus Indicus alatus maxi- mus , foliis ibifeo non nihil fimilibus , angulofis , Tur- : bith. oficinis , Hort. Lud. Bat. Ordinairement cette racine fe vend dépouillée de J 1 fa moëlle , elle eft féche , ligneufe , compacte & coupée en morceaux oblongs de ia grofleur du doigt: fa couleur à l’extérieur éft réfincufe ; elle n’a pas d’o- deur ; fon goût eft un peu acre & caufe des naufées. L'éther nc tire prefque rien de cette racine, mê- me quand elle y a féjourné. L’eau dans laquelle’ elle a infufé eft roufieatre, fans odeur & prefque fans faveur ; fi elle infufe dans l’efprit de vin, cette infu- # fion cft couleur d’or , fans odeur & d’un goût lége- tement acre. st} Ê L Le Des MÉDICAMENS. 57 8 Elle doit être choifie fendue en deux & qu'on en ait Ôté le cœur , difficile à rompre & réfineufe : il faut rjetter les racines qui font cariées, blanches, légeres & faciles à rompre, ainfi que ceïles que les fophif- ticateurs ont eu foin de frotter en dchors avec quelques sommes ou réfines, pour qu’elles paroif- fent gommeufes : l’ignorance ou l'intérêt fait qu’on fubititue quelqueiois à la racine de Turbith celle de T'hapfie blanc qui n'a pas les mêmes vertus ; mais pour peu qu’on y fafle attention, il eft aifé de reconnoitre la tromperie, car Ja racine de Thapfie eft légère, de couleur gris-argenté au dehors, ayant une faveur fi acre & fi chaude qu’elle enflamme la bôuche. Cette racine eft un purgatif violent qui caufe des tranchées ; on en fait peu d’ufage , cependant elle entre dans quelques compofitions pharmaceutiques : la dofe en poudre eft depuis dix grains jufqu’à : trente. RACINE DE Zepoatre. Il y en a de deux fortes; l’une eft la longue , l’autre eft la ronde. La RACINE DE ZEDOAIRE LONGUE. Radix Zedoarie longe offcin , eft longue d’environ trois pouces ; fa grofleur ordinaire eft celle du petit doigt ; elle eft 58 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION terminée aux deux extrémités par une pointe émouf- fée afez folide: elle eft inégale, légerement tubercu-M Jeufe, ronde inegalement ; fa couleur cft gris-cendré à l'extérieur ,. & d’un jaune-roufleâtre ou grifâtre dans l’intérieur : d’une faveur aromatique, camphrée, 4 légerement amère avec un peu d’acreté : fon odeur eft aromatique & camphrée. La Racine DE ZEDoAIRE RONDE. Radix Zedoaire rotunde, oficin. nediffére de la longue que par la figure; 4 fa longueur eft d'environ un pouce : elle eft un peu ra- | boteufe & fe termine quelquefois par une pointe : elle a la même faveur & la même odeur que l’autre. Nous ‘eroyons qu’elies ont toutes deux les mêmes pro- priétés & les mêmes vertus : la ronde eft la plus rare. On croit que la plante qui produit ces racines vient dans l'Inde & que c'eift celle que les bota- niftes appellent Kæmpferia. foliis lanceolatis. petio- latis, Linn. Colchicum Zeylanicum flore viole odore & colore ephemeri , Herman. L'éther reçoit de cette racine une couleur rouge- brunâtre. Eile donne à l’eau dans laquelle on l'a faite infufer une couleur roufâtre , un goût un peu » acre , amer & camphré , & la même odeur qu'a la $ racine quand elle eft broyée. La teinture qu'on en DES MÉDICAMENS. 59 À tire , par le moyen de l’efprit de vin, eft jaune- ; rouge , elle a une odeur & un goût moins camphté 4 “que l’infufion aqueufe , mais clle eft plus amère & -plus acre. D'une livre de cette racine, on tireungros | d'huile effentielle qui va.en partie au fond de l’eau. “On la doit choifir péfante , pleine , d'une odeur agréable, mal-aifée à rompre, exempte dé carie à quoi elle eft très fujette. On met la racine de Zedoaire au nombre des alexipharmaques ; elle eft diaphorétique, carminative & chaude; cile favorife la digeftion, difipe les” fla- tuofités, appaife les douleurs de colique & eft bonne pour l’afthme. La dofe ordinaire eft depuis quatre jufqu'à vingt grains. Racine D’AcoruS vraAr Radiz Acori veri, offcin. Elle produit une plante qu’on nomme Æcorus verus, ofiicinis fa//o Calamus aromaticus, Gerard. Cette racine eft un peu applatie, genouillée & groffe comme le doigt : fa couleur à l’extérieur eft rouffâtre "& blanche dans l’intérieur; celle eft fpongicufe, d’un goût amer, acre & aromatique; fon odeur eft aufi aromatique & agréable, | Elle donne à l’éther une légère couleur de paille, & à l’eau dans laquelle on l’a faite infufer, une 1 ‘60 TRAITÉ sUR'LA FALSIFICATION couleur. d’or, un goût balfamique fort amer & une odeur pénétrante. Infufée dans l’efprit de vin, elle conferve. fon odeur & ne prend point celle de la ra- cine: clle a un gout très-acre , mélé d’un peu d'amertume. Un oncc de cette racine donne trois gros d'extrait difloluble dans l'eau, &-deux gros. de réfine. Unc livre donne depuis deux jufqu’à trois fcrupules d'huile cfentielle. Cette racine, pour être de bonne qualité, doit être nouvelle, très-odoriftrante, difiicile à rompre, « fansifilaments , fur-tout qu’elle ne foit point ver- moulue ni moifie, On l’ordonne comme fortifiant; elle produit de bons eflets dans les défauts de Papperit & de digef- tion qui. proviennent du rélachement de l’eftomac : on l’ordonne aulli dans les fievres quartes, la ca- chexic, la leucophlegmatie, les fleurs blanches & l’afthme pituiteux. On la prend ordinairement infufée dans du vin. La dofe eft un demi gros ou un gros. PTT TR LT TT ET TA L E S::1B20408 E Ois NerxreTiQue. Lionum INephriticum, officin. Lignum peregrinum aguam cæruleam reddens, C. B. DES MÉDICAMENS. 6t Pin. l'arbre qui le produit croit en Amérique; aufh Je nomme-t-on Æ4rbor Americana, Mexicanis Coalti “(ou Calti ou Coarthi) Ægueus Serpens, Herrand. Guilanodina Moringua , Linn. Il eft apporté en Europe en grands morceaux, il eft péfant ; fa fubftance extérieure eft de couleur jaune- pâle: fa fubftance intérieure & médulaireeft de couleur brunûtre, tirant fur le rouge un peu obfcur, quelque- fois noirâtre & grife : fa faveur eft amère, acre & aro- matique. Si on le ratifle, il rend une odeur lége- rement balfamique. Mis en infufon dans l’eau , il donne une couleur jaune-brunâtre , fi l’infufion ceft forte ; il a une odeur qui participe de celle du poivre & du fafran, un goût amer un peu aromatique. La teinture qu’on en tire par le moyen de l’efprit de -vin a l'odeur de la racine de Lévefche & un peu aromatique; & une faveur un peu amère, acre & légerement bal- famique : fa couleur ceft rouge-noire. Une once de ce bois donne un gros & demi d’extrait fpiritueux de couleur noire, d’une faveur foible amère, bal- famique & légerement aftringente, & d’une odeur foiblement balfamique , & deux fcrupules d'extrait aqueux de couleur brune tirant fur le noir, d’un À 62 Tra1ïTÉ sur LA FALSIFICATION goût amer, un peu aftringent, d’une odeur lége-. rement balfmatiqne. L’éther n'en tire point de cou- leur. L’infufon aqueufc de ce bois mife dans un vafe… tranfparent paroit jaunâtre , fi on la confidere en« tenant le vale entre l’œil & la lumiere ; mais l’eau ; paroit bicue fi on tourne lé dos au jour; c’eft à caufe de cette couleur bleue qu’on l’a nommé Bois 4 de Santal. bleu. Les acides jettés dans Pinfufon font, difparoitre la couleur bleue que les alkalis. fixes ou volatiles rétabliflent. On met ce bois. au, nombre des apéritifs , des laxatifs, des diurétiques & des fpécifiques lithon-M triptiques : on s’en fert auf contre l’hydropifie afcite 1 & pour chafer les vers. La dofe eft en infufion de-w puis un gros jufqu’à quatre. Bois ve Ruopes, Bois de Rofe, ou Boïs de Cy- pre. Lisnum Rhodium ; Lignum Cyprinum ; oficin. On ne connoit pas encore bien l’arbre dont on le tire. Il ÿ a des auteurs qui croïent que c’eft le bois d’un arbrifleau qui cft le vrai Cyrife de Ma- ÿ riantha Cyrifus incanus filiquis falcatis, C. B. P. ou lOleafter Rhodius. Le Bois de Rhodes, qu’on nous . apporte dela Jamaïque , ‘eft cité de l'arbre que D: prs MÉDICAMENS. 63 ue _ Sloane nomme Lauro affinis , tercbenthi folio, alta, ee” odorato, cardido flore albo. _ Levrai Bois de Rhodes a une odeur qui approche de celle de la rofe ; elle eft très-pénétrante & agréa- ble : :ileft dur, d'une couleur brune extérieurement, fauve & quelquefois jaunâtre à l’intéricur , d’un goût balfamique mélé d’une légère amertume. "L'éther en tire fur le champ une teinture très- lépère, qui n’angmentc pas par le féjour. Son infufion! aqueufe eft d’une faveur un peu amère & balfamique; elle a l’odcur du bois & eft d’une bellé couleur d’or. L'infufñon fpiritueufe eft d’un goûc un peu acre , balfamique , légerement amer, ayant l'odeur agréable de la rofe; fa couleur eft rouge- jaunâtre. D'une once de ce bois on tire par le men- ftrue aqueux environ deux gros d'extrait, de cou leur jaunc-brun, d’un goût un peu amer & balfa- mique, & d’une odeur balfamique ; & par l’efprit de vin, environ trois gros d'extrait de couleur jaune “rougcâcre-bran qui a la même faveur & odeur que Vinfufion d’où il pRpyign Par la difillation hu- mide , on obticnt d’une livre de Bois.de Rhodes, un demie, once d'huile eflentielle plus ou moins, füivant @ bonté ; elle.eft de couleur d’or quand elfe ei nouvellement faite, mais avec le tems elle rougit, 64 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Le Bois de Rhodes doit être choiïf denfe >.pÉ- 4 fant, gras, réfineux, de couleur jaune-foncé tirant far le roux; lorfqu’on le ratifle légerement avec # un couteau, il répand une odeur de rofe forte &4 agréable. On doit rejetter celui qui eft blanc & qui # a très-peu d’odeur comme eft celui qui nous eft ap- M porté de la Jamaïque. | : On met le Bois de Rhodes au nombre des rémé- Î des propres à fortifier & à donner du mouvement # aux fibres : les femmes hyfteriques & les vaporeux # font incommodés par fon odeur : on en fait peux d’ufage en médecine. Bois DE Guaïac, Bois Saint. Lienum Guaïacum ,* officin. Guaïacum five Lignum Sanctum, Park. Lis-4 num Indicur, Lisnum Vite, & Paulus Sanëlus ,* quorumd. Il eft très-compaét, très-dur , péfant 1 réfineux, de couleur verd-noirâtre intérieurement 3" de couleur jaune-pâle extérieurement ; lorfqu’on 1e frotte ou qu'on le rappe, il a une odeur balfa ni-M que qui n’eft point défagréable, & un goût aro- } matique amer qui produit un peu d’acrimonie dans le gofer , l’écorce en eft ligneufe, mince, com- pacte, luifante, un peu réfineufe au dehors, elle d eft de couleur de cendre verdâtre ou noirâtre diver-* DES MÉDICAMENS ‘ 65 fifiée par des tâches plus ou moins vertes; intérieu- rement fa couleur eft päle : elle a une faveur amere, acre & défagréable. L'arbre qui produit ce bois, fe nomme aufli Guaïac; il y en a de deux efpeces. La premiere fe nomme Guaïac à fleurs bleues dont le fruit eft arrondi. Guajacum fiore cæruleo, fruëtn fibrotundo, Plum. Pruno vel Evonymo afjinis Arbor , folio alato, buxeo fübrotundo; fiore penta- petalo, cæruleo » racemofo , fruëtu aceris” COrdat0 » cujus”,cortex luteus , corrugatus , fèmen unicum , maju/culum ; nigricans nullo ofjiculo tecum operit , Sioan. « La feconde cfece eft nommée Guaïac à fleurs bleues dentelées donnant un fruit quadrangulaire, Guajacum flore cæruleo , fimbriato , fruëtt tetraso- no. Plum. Hoazucan feu Lionum Sanëtum , Hernand: L'écher en tire une teinture qui eft infiniment moins chargée que celle qu’on en tire par l’efprit de vin. L'infafion aqucufe cft jaune - brun, d’un goëtipeu.atre, réfineux , d’une odeur foible aro- matique. Son iniufion fpiritueufc a un goût un peu are, balfamique , une odeur réfincufe & foi- ble & unc couleur rouge-brun-noi:âtre. On obtient E 66 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION d’une once environ deux gros deux fcrupules d’ex- [®) trait fpiritucux, fort tenace, de couleur brun-noi- râcre, il laifie fur la langue une faveur pure pref-: que réfineufe fans aucune acreté & ordinairément : d’une odeur de rob de furcau ; & un gros & deux L) ferupules d’extrait agueux de couleur brune tirant quelquefois fur le noir , d’un goût d’abord légere- ment aftringent qui devient peu-à-peu réfineux , puis fi acre qu’il brule le goficr comme du poivre; ila une odeur foible. Cinq livres de Bois de Guaïac noirâtre & réfi- neux , ont donné par la diftillation quatre onces & fept gros & demi de liqueur qui avoit le goût & l'odeur du Guaïac : cette liqueur contenoit de l’alkali volatil ; & cinq onces & deux gros d’une liqueur qui avoit le goût plus vif, & contenoit outre l’alkali volatil un fel acide: le refte de la li- queur diftillée étoit de dix-huit onces deux gros & demi, cile paroïfloit plus acide au goût que lau- tre & contenoit de l’alkali volatil. Il eft furci avec ces liqueurs neuf onces & fix gros & demi d'huile noire & yrafie qui alloit au fond de l’eau ; & quatre gros d'huile plus fubrile qui furnagoit ce liquide de couleur jaunâtre : du, réfidu on’a tiré un gros & foixante-deux grains de fel qui n’eft pas de l’alkali pur. 41 DES MÉDICAMENS. 67 Le célèbre Macquer ainfi que l’immortel Boer- haave ont auf donné l’analyfe de ce bois qui differe de celle que nous venons de donner & qui eft dé Geoffroy membre de l'académie royale des fciences en ce qu’ils nont point obtenu de lal- kali volatil. Plus ce bois eft recemment coupé, plus il a de vertu; pour être bon , il doit être compact, pé- fanc, de couleur verdâtre tirant fur le noir , ré- fineux & s’enflammant aifément à l’approche du feu; _fur-tout qu'il ait encore fon écorce. Le Bois de Guaïac rapé qu’on tire de la Hol- lande, eft fouvent falfifié avec la rapure d’autre bois de moindre valeur. Le Bois de Guaïac eft attenuant, ftimulant & fudorifique ; l’on dit que ce bois réuflit dans les pays chauds de l’Inde & de l’Amérique à guérir les maladies vénériennes , mais ii ne réuflit pref- que jamais en Europe : on s’en eft quelquetois fervi avec fuccès dans les maladies cutanées , dans les rhumatifmes , la goutte & l’hydropifie. La do. fe ordinaire eft une demie once ou une once en décoction. Bois pe Lenrisque. Lignum Lentifcinum , ofi- # LA TA 63 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION cin. Il eft environné d’une-écorce de couleur fer- rugineufe, le bois eft de couleur jaune & légere- ment brun -pâle, d’une odeur forte foibie, mais baifamique : d’en goût légerement aftringent. * L'arbre d’où ce bois provient eft nommé Lentif= cus vulgaris , C. B. P. C'eft de cet arbre qu’on tire le maftic. Voyez Majtic. ? L'infofion aqueufe a un goût foible balfami- que, réfineux ; une odeur balfamique comme la gomme animée & une couleur rougeâtre, tournant un peu fur le brun. L'infufion fpiritueufe eft de couleur d’or fans odeur remarquable, d’une faveur un peu balfamique & légerement acre. ‘Une once de ce bois donne environs un gros d'extrait aqueux, d’un goût balfamique, un peu acre & légerement aftringent ; d’une odeur gracieufe, & de couleur noirätre, & vingt à trente grains d'extrait fpiri- tucux de couleur. j unc- brun, d’un goût balfami- que , légerement ‘aftringent , d’une odeur foible balfamique. L’écher en tire une couleur rougeätre qui devient plus foncée, par le féjour. On doit choifir je Bois de Lentifque nouveau, péfant, dificile à rompre, exempt de vermoulure & prendre garde que ce ne foit de la coudre men- pol RE Co TE Sri DES MÉDICAMENS © tianne que l’on vend fouvent pour le vrai bois de -Lentifque, ce qui eft crès-facile à reconnoitre par ce que le bois de Lentifque eft beaucoup plus pé- fanc que la coudre mentianne. On croit ce bois propre à guérir l’afthme. dt wreux , l'apoplexie, la vertige, la melancoli hic , Fépi- lepfe & les affections édémateufes v on l’ordonne aulli dans les gonorrhées benignes & la foiblefe de l'eftomac. On le prend -ordinairement en iniufion ou dans l’eau ou dans du vin. La dofc eft depuis un jufqu à deux gros. | Bois pe Sanrar. Il y en a de trois fortes, le rouge, le cicrin, & le blanc. Le SanTAL ROUGE. Santalum rubrum , offcin. cft dur, compact & péfant.: fes fibres fonc tantôt droits, tantôt ondés : fa couleur à l'extérieur ceft rouge très - foncé tirant même fur le noir. Dans l’inté- rieur, il eft d’un rouge plus vif : il n'a pas d'odeur mais fa faveur eft légerement aftringente. On nomme l'arbre qui le produit Pantaga , * Herm. ‘ Ce bois donne à l’éther une belle couleur rou- A . f: re gc-pâle qui n’augmente point par le féiour. L'eau dans laquelle ij a infuié n’a pas d’odeur ; ni aucun 70 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION | goût particulier : fa couleur eft rouge-obfeur ainfi que l’infufion fpiritucufe. Une once de ce buis don- ne environ un gros d'extrait aqueux , d’un rouge- noirâtre fans odeur, d’un goût légerement afrin- gent, & environ deux gros d'extrait réfineux de couleur rouge-noirâtre & fans faveur. Si on enjet- te fur des charbons ardens , il ne s’en exhale au- cune odeur & il ne fe diffout pas dans) les huiles, 11 faut très-peu de cette réfine pour teindre en rouge quelques onces d’efprit de vin. ; Le meilleur Boïs de Santal rouge cft compact, péfant , & difficile à fendre ; il doit être en de- hors d’un rouge-noirâtre & en dedans d’un rou- ge foncé : s’il cft d’un rouge clair , qu’il foit lé- ger, c’eft ordinairement du bois de Corail que les marchands qui veulent tromper fubftituent au Bois _ de Santal rouge. On fe fert très-peu du Santal rouge en médecine, & on le croit légerement aftringent , maïs il paroît qu’en général il a peu de vertu: on l’ordonne en infu- fion ou en décoction dans du vin ou dans de l’eau. Le Bois DE SANTAL CITRIN. Santalum citrinum , vel flavum , ofiicin. cft dur & folide. Ses fibres font droits ; il cft de couleut citrine ou d’un jau- pes MÉDICAMENS. 71 ne-pâle: fa faveur eft aromatique ; elle laiffe dans la bouche une légère amertume:fon odeur eft balfami- que & agréable: elle tient un peu de celle de la rofe. L'arbre qui le produit fe nomme Sercanda. Par la diftillation on en obtient une huile effen- ticlle qui a une odeur pénétrante tirant un peu far celle de mufc: d’une livre on cire environ deux gros de cette huile. Avec de l’efprit de vin, on én tire un baume dont la confiftence eft un peu'fluide; fa couleur eft brune , fon odeur agréable. CC bau- me reflemble beaucoup à celui du Pérou. - Le four de ce bois dans l’éther ne lui occa- fione prefque pas de changement de couleur. L’eau dans laquelle on la fait infufer , a une faveur foi- ble, balfamique, provoquant un peu les naufées : fon odeur eft balfamique , & fa couleur jaunâtre: lorf qu’il eft infufé dans l’efprit de vin, ce liquide de- vient d’un jaune-rougeûtre:il a un goût & nine odeur -foiblement aromatique. D’une once de Santal jaune, on obtient par le moyen de l’efprit de vin quatre ferupules d'extrait , de couleur brune , d’une odeur &t faveur foiblement aromatique, & deux fcrupules d’extrait , par le moyen de l’eau, de couleur jaunàâ- tre d'un goût un peu amer & un peu aromatique. 72 TRAITÉ SUR LA FALsrrICATIOoN H faut choifir ce bois, dur, péfant, de couleur - citrinc tirant fur le jaune & ayant une odeur agtéa- î ble. On fubftitue quelquefois dans la vente le bois de Chandelle au bois de Santal citrin : ce bois eft plus péfant , plus compaét , plus réfincux que lem Santal titrin , il à aufli les fibres plus courts que ÿ le dernier & fon odeur approche de celle du citron w L'on fait peu d’ufage du Santal citrin en mé- decine , cependant on le peut mettre au nombrem d.s remedes nervins & cordiaux.. La dofe eft de” puis vingt iufqu’à foixante grains. | Le Bois DE SANTAL BLanc. Santalum album , ofäcin. Lienum odoraium candidum , Cœfalp. eft fo=" liée & pétant: fes fibres font droits; fa faveur aro=s imaätique , Un peu amére avec un peu d’acrimonie à fins être defagréable : fon odeur approche de celle“ D : du Santal citrin, mais elle eft plus foible. Le, même arbre pouroit bien produire le bois de. Santal citrin & celui de:Santal blanc, car celui-ci” n’eft que-la partie extérieure de celui-là qu'on” nomme communement aubier. À On le doit choifir blanc, péfant, ayant la plus 1 forte odeur pofible. 4 On ne fe fert de ce bois que dans quelques com- DES MÉDICAMENS 73 ….pofñitions officinales telles que ICs zablerres flomachi- ques, & l'éleéluaire du fuc de rofe &c. Boris DE SASSAFRAS , Laurier des Iroquois, Bois de Canelle ou Pavane. Saffifras , officin. Lignum Pavanum , ]. B. Il paroît être plutôc une racine lig- neufe que le bois même d’un arbre, que les boia- niltés nomment Laurus fois integris & trilobrs, Linn. Safüfras arborex Florité, ficulueo folio C. B. P. Il eft léger, fpongieux , de .couleur blanc-jaonà2 tre tirant fur le roux:.ayanc une faveur aromatie bque mêlée d'une légère acrimonie : fon odeur ef aufi aromatique, & agréable : l'écorce cft épaille, de couleur cendrée au dehors & de couleur rou- geâtre tirant fur le fer au dedans :-fon odeur eft plus péné rante que celle de la partie ligneufe, af fez approchante de l’odeur de fenouil. L’éther dans lequel il a féourné , prend une cou leur paille tirant fur l’ambre. L'eau dans laquelle h il a infufé, a une odeur forte qui approche beau- coup de celle du fafran & une faveur foible. bal- famique: fa couleur eft rougeâtre. L'infufion fi- ritueufe a la même odeur que l’iniufon aqueufe ; fon goût eft balfamique, un peu acre, & fa couleur cit d'un rouge obfcur tirant un peu far le noir: Par. » ‘74 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION le moyen ce l’eau , on obtient d’une once de Safa- fras deux gros & quelques grains d’extrait de couleur brunâtre: d’une faveur auftère & un peu amère, & prefque fans odeur , & un gros & cinquante grains d’extrait par le moyen de l’efprit de vin, il cft brun- noirâtre, d’une odeur qui approche un peu de celle du fenouil : d’une faveur un peu acre balfamique, &. légercment aftringente. Une livre donne par la dif tillation humide deux gros deux fcrupules d'huile efienticlle , qui tombe au fond de l’eau; elle eft limpi- de après la diftillation, mais elle rougit un peu par la fuite. Cinq livres de Saffafras diftillé par la cornue, cnt donné dix gros d’huile effentielle de couleur jau- pâtre odoriferante qui ont tombé au fond de l’eau: fept onces d’huile empyreumatique & rouflâtre, en- viron trente-deux onces d’efprit acide & deux onces & cinq gros d’efprit urineux : du réfidu on a tiré quarantce-deux grains de fel fixe. . Le Saffafras doit être choifi couvert de fon écor- ce, recent & fort odoriierant. Pour tromper les ache- teurs, on mêle quelquefois avec le Saffafras du Bois d' Anis, mais il eft aifé d’en faire la diftinction, parce que le bois d’anis:eft péfant, compact & ré- fineux , & qu'il a l'odeur de la graine d’anis. À me ù pes MÉDICAMENS. 75 préfent.que le Saffafras n’eft point. cher on lui fub- “fticue rarement le bois de fapin qu’on a fait bouil- …lir dans une décoction de renouil. Le Safafras eft déterfif, incifif, diaphoretique, & fudorifique : on l’ordonne utilement dans les ma- Jadies dans lefquelles la lenteur de la lymphe eft “capable de caufer des obfiruétions entretenues par la foiblefle des organes qui ont eu befoin d’être follicitées, telles fonc pluficurs maladies de ia veau, la cachexie , les fleurs blanches qui dévendent d’a- tonic. On le donne en infulion ; la dofe eit depuis une demie once jufqu’à deux onces, Bois D’Aroës. Lignum Aloës , ofMficin. Hocd. ÆAgallocum ; Agalugi, Agal igen, Agallochum, Arab. Lienum Paradifi, Lienum Aquile, Lisnum fine Crücis, quorumd. L’arbre d’où provient ce bois eff nommé par Kempier 4rbor Aquile & _Aloës diëta, cujus fragrans lignum appellatur Agallochum. On diftingue trois fortes de Bois d’Aloës: la pre- miere eft l’Ægallochum præftantiffimum, C. B. P. Ca- lambac, feu Tambac, Indorum Kenam,Conchin Chinen- fium. Suk-hiang Sinenfium, Dale. pharm. Sa faveur cft un peu amère aromatique ; il eft uni, réfineux , il:efe prefque aufi mou que la cire cedant fous l’ongle & fous 76 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION la dent & fe foncant fur les charbons ardens com-" £ = à 4 £ x / "4 me dé-la réline ; il répand une odeur très - fuave. M > & À Ceute efpece cit très-rare, comine il eft fort cher, « on le trouve rarement dans les boutiques. 4 1 : On y trouve plus communément la feconde ce pece nommée #galiochum , C. B. P! Lignum _Aloës vulgare, oficin. 7ehin-hiang. Sinenfium, Dale, pharm. à brun: d’une odeur agréable : il eft mêlé de lignes À H eft folide , compact , péfant , de ‘couleur rouge-! noirâtres percé de pertits trous comme s’il étoit ca- Ds droit rié; ces trous font remplis d’une réfine de la mê-" me couleur que le bois , où pourpré tirant fur le goir : fon odeur eft agrésble , fi l’on en met.fur less charbons ardens, il en coule une liqueur réfineufe \ qui forme des bulles & dont il fort une fumée douce È un peu acide: fa faveur a quelque chofe d’acre, d’a- 3 | mer & d’'aromatique. Infufé dans l’eau il la rend trouble , lui donne une couleur brun-faie, une odeur balfamique , un goût amer, acre & aromatique. S'il eft intufé dans « Vefprit de vin, il lui donne une couleur brun-noi- i rètre, un goût un peu amer & balfamiquel, une” odeur aufii balfamique, mais moindre que l'infufion aqueufe. Une once de bois d'Alcës, donne deux gros d’extrait aqueux de couleur brun-fale : prefque pes MÉDICAMENS. 14 fins odeur : d’un goût un peu amer & très-légere- ment aftringent ; & de la mêtne quantité, on tire trois gros de réfin>, de couleur noirâtre.. d’une Odeur balfamique, d’une faveur très-foible. L’éther en tirc.unc teinture citrine qui n’augmcente que très peu par le féjour. “ La troifieme cfpece de Bois d’Aloës. Æoullochum Silveftre, C. B. P. Calambour , vel Calambouc, ofiicin. ÆAgallochum feu Lignum Aloës Mexicanum, G. Ca- mel, n'eft employée que pour les arts; on en fait peu d'ufige en médecine. Il eft plus poreux & plus léger, & a moins de réfine que le bois de la deuxieme “cfpocc. Sa faveur cit amère, mais moins aromatique que l'autre efpece; fon odeur eft agréable .& fa cou- “leur brun-verdâtre. Les vertus médécinales de ces bois font fortifian- tes, nervines, céphaliques & cardiaques : on les croit. propres contres’ les vertiges, la foibleffe de mémoire, les atfeétions faporeufes, l’épilepfe , l’a- poplexie, la mélancolie, l’avortement &c. La dofe Ordinaire eft depuis vingt jufqu’à foixante grains en. infufñon ou dans l’eau, ou dans le vin. Borspe Coureuvre. Lienum Colubrinum, Lionum Serpentarium, offcin. Il elt tiré d'un arbre nommé 78 TRAITÉ sUR LA FALSIFICATION _Clemari tis Indice fpinofa Jolëis lutæis, C.B. P. Seryches is ovatis ; acutis , Cirris fimplicibus ; Lion. (@ On fe fert en médecine du bois du tronc ou de fa 4 racine qui cit oréinairement de la groffeur du bras ; l'écorce de cette racine a la couleur du fer , OU bru-. ne marquée de taches grifes : fous cette écorce " une fubftänce ligneufe jaunâtre, marquetée de firies blanches, dure, compacte & péfante ; ayant LH @l faveur acre & très - amère: fi on la ratifie, il s'en exhale unc foible odeur balfamique. _ L’éther n’en tire rien, maïs infufée dans l'eau ,à eile prend une couleur d’or foncé: une faveur fort amère, & balfamique; & une odeur agréable & bal-« famique qui approche de celle du bois de Rhodes. La tcinture qu’on en obtient, par le moyen de Pélprit de vin, eft de couleur d’or, elle a une” faveur fort amère & acre , mais fans odeur parti-, culiere. Par l'eferit de vin, on obtient d’une: once ;# environ deux gros d'extrait d’un goût fort amer ,M d’une odeur balfamique, & d’une couleur brun-fale," êr environ quatre fcrupules d’extrait fi l’on employem l’eau. Cet extrait eft brunâtre , d’un goût fort amer, d’une odeur un peu balfamique. On croit que ce bois cft fortifiant, ftimulant, « déterff, diaphoretique, anthémitique, diuretique, pes MÉDICAMENS 79 purgatif & légerement vomitif. nous ne confeillons point de s'en fervir, car plufieurs auteurs ent ob- fervé sque le trop grand ufage avoit occafioné le tremblement des membres , l’engourdifement & même la folie. Nous avons affez d’autres médica- mens qu'on peut lui fubftituér & qui font fans dan- ger étant adminiftrés par un médecin prudent. La dofe eft ordinairement depuis dix Jjufqu’à trente grains , infufée dans de l’eau ou du vin. LL a LL ar A ae à O2 nd or or 2 oi 2 2i 1 2 1e / AE S: É C:O'R;:C ES. core DE CANELLE. Cinnamomum acutum , five Canella vulgaris , officin. cft la feconde écorce d’un | arbre nommé Cinnamomum five Canella Zeylanica, C. B. P. Laurus foliis oblongd-ovatis trinerviis niti- dis , planis, Linn. Elle eft roulée fur elle- même & forme des efpe- ces de petits tuyaux minces de la longueur d’en- \ viron un pied & demi: leur fubftance eft ligncu- | fe, fibreufe ,” mais caffante : leur fuperficie eft unie | où ridée , de couleur jaune - rougeâtre ; ayant une odeur douce & crès -pénétrante , une faveur aro- matique, piquante, mais agréable. On en tire par le moyen de l’eau , une teinture 80 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION 1%. d’un goût doucereux légerement aromatique & af tringent : fon odeur cit ceile de la Careiles & fa couleur cf brun rougeätre. Si l’on fe procure cette … teinture par l’efprit dé vin, elle a l'odeur de la Ca nelle; une faveur aromatique douce,, légerement aftringente ; mais fa couleur eft noirât res. Par À éva=\ poration de l’eau dans laquelle on a fait infufer une! once de Canelle, on obtint environ un gros d’ ex trait d’unc faveur un peu aftringente:, & de couleutm ; brunâtre, & de fon infufion fpiritueufe un gros & demi d’extrait d'une faveur aftringente & gracieu- fe, & de couleur brun-noirâtre. On tiré, par la dif# tillation humide , d'une livre de Canelle depuis. un gros & deux fcrupules jufqu’à deux gros d’huiles effentielle qui tombe au fond de l’eau. L'’étheti ne tire d’abord prefque point de teinture de Îa Cas nellc, mais il en tire une très-légère s’il. y féjournek quelque tems. L’éther a-la propriété de précipiter Ja teinture de Canelle obtenue par l’efprit de vins fous la forme d’une poudre rouge fans qu’il en res tienne prefque point de couleur. On doit choifir cette écorce mince, roulée em EUyäaux , d'un jaune tirant fur le rouge, d’une odeur agréable & aromatique, d’un golt acre, piquants aromatique, mais agréable. On Lun à dé rite Matane prxs MÉDICAMENS 81 On mêle fouvent avec la bonne Canelle celle de laquelle on a tiré l’huile eflenticlle; on peut recon- noître ectte fraude en golitant jes morceaux qui n'ont plus la faveur fi aromatique & piquante que de celle dont on ne l’a point tirée. On nomme Canelle matte l'écorce des troncs des vieux cancliers ; clle eft plus épaifle que l’au- tre, & a l'odeur & le goût beaucoup plus foible, on la mêle fouvent avec la bonne écorce, mais ïl la faut rejetter , car elle lui eft inférieure. On débite depuis quelque tems une efbece de Ca- nelle qui croit dans les colonies de l’Amérique , quoiqu'’elle ne foit pas de la vraie canelle. Beaucoup d'apoticaires s’en fervent : elle eft à diftinguer de la vraie qui croit à Ceylan , en ce quelle eft plus grofle, plus haute en couleur , plus aro- matique mais très-acre & piquante. , Cette Kcorce tient un des premiers rangs parmi les aromates; clle eft cordiale, carminative , ito- machique & céphalique. Elle convient dans le cas d’atonie : ; on l’ordonne, jointe avec Ie fer, dans les pâles couleurs & dans les affections cachetiques; elle eft plus tempérée & moins active que les au L | 82 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION tres aromatiques. La dofe ordinaire cit depuis fix jufqu'à quinze grains, & en infufion dans du vin depuis un jufqu'à deux gros CANELLE BLANCHE. Canella alba, Cortex Win- teranus fpirius $ officin. Cortex corticofüus. Cafjia lisnea amaïcenfis , quorumd. Elle ef l’écorce.d’un arbre que les botaniftes nomment YWinterania, Linn. ÆArboï baccifera, laurifolia, aromatica, fruëlu viridi, calyculato, racemo/o, Sloan. Elle cft épaifle, d'un blanc tirant un peu fur le jaune tant en dehors qu’en dedans: mais extéricu- rement elle eft marquetée de rouge ; fa forme eft : celle d’un tuyau oblong roulé fur lui-même, d’une : odeur agréable , & d’une faveuf aromatique fort acre tenant de la canelle & du clou de girofle. On en obtient en la diftiliant avec de l’eau une huile de couleur jaune-foncé, aromatique qui la farnage. L'eau dans laquelle on l’a faite infufer, a une fa- L veur amère , l'odeur de l’écorce , & une couleur jaunâtre. La liqueur fpiritueufe dans laquelle elle a infufé, a l’odeur de l'écorce, un goût fort amer & fort aromatique : fa couleur eft d’un brun-rougeà. tre. D’une once on tire, par le moyen de l’eau, un gros & un fcrupule environ d’extrait brun, d’une prs MÉDICAMENS 83 faveur amère , & cres-peu odoriférant. Et par le moyen de l’efprit de vin, de la mêmie quantité on obtient deux gros & fix grains d’extrait de couleur brunâtre , d’un goût amer , tant foit peu aroma- tique & prefque fans odeur. L’éther en tire une cein- ture légerement jaunâtre. On choifit la Canelle blanche en tuyaux oblongs un peu roulés fur eux - mêmes en gros morceaux épais, qui ayent une odeur agréable, unc couleur blanchâtre , une faveur acre-piquante, aromatique, tenant de celle de la canelle , du clou de girofle & du gingembre. On confond fouvent cette Écorce avec une autre nommée Écurce de Winter. On peut cependant les _ diftinguer en ce que la derniere eft d’une couleur plus foncée extéricurement & de couleur roufiâtre intérieurement, & d’une faveur beaucoup plus acre, tenant du poivre. ‘ Les épicicrs frélatent avec l’une & Pautre écorce _ les fines épices. La Caneile blanche eft dans la claffe des aroma- tiques, mais un peu plus acre que la Canelle; elle eft féimulante , fondante , ftomachique , carmina= - vive, & antifcorbwique. La dofe vrcinaire ceft, 84 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATON rife en fubftance , depuis vingt jufqu’à quarante grains; fi on la donne en infufion, la dofe eft le double. | La Cascarize, où Chacril Kina Kina aromati- » ca; Cortex Peruvianus grifeus ; China China [puria; Schacarilla ; Cafcarilia ; Zagarilla, officin. Cortex Eleutarii, Jean Andr. Stifferi. China China falfa, + Dale. Eïft l'écorce d'une arbriffcau que les botaniftes M nomment Cluzia foliis lanccolatis acutis integerrimis petiolatis, Linn. Ricinoïdes Elangni folio, Catesb. Eile eft plus ou moins tournée fur elle- même, a environ la longueur de l'index, épaiffe d’une ou deux lignes; extérieurement d'une couleur blanchä- : tre & cendrée; intérieurement rouffâtre ferrugineu- fe; d’un goût amer, aromatique, & d’une odeur aromatique. L’éther ne tire prefque rien de cette écorce. L'eau dans laquelle on l’a faite infufer , a une faveur amère un peu balfamique, une odeur auf balfami- que, & une couleur jaune tirant fur le rouge. Las liqueur fpiritueufe dans laquelle elle a infufé, a unew couleur d’or foncé; un goût légerement amer; un . peu acre & l’odeur de l’écorce. D’une once on ob- . tient, par le menftrue aqueux , environ deux gros” .& deux fcrupules d'extrait, prefque fans odeur, DES MÉDICAMENS. 85 d’unigoût un peu amer, de couleur brun-foncé ; & par le moyen de l’efprit de vin, deux gros & un frupule d'extrait lequel eft fort tenace, jaune- brun; fans goût, & d’une odeur balfamique. L'huile effentielle qu’on en obtient, eft de couleur jaunâtre, elle à une odeur pénétrante; une livre donne envi ton un gros de cette huile. Certe Écorce doit être choifie en tuyaux de la grofleur & de la longueur de l’index, épaifle d’en- viron deux lignes, de couleur cendrée extérieures ment, & de couleur de rouille de fer intérieurement, d’une faveur aromatique & amère, d’une odeur aro- matique af2z agréable quand on la brule. Quoique l'écorce de Cafcarille a beaucoup de reffemblance avec Je Qinquina, elle en differe cependant par la faveur qui eft moins amère, par fon odeur agréable aro- matique qu’elle donne quand on la brule, & en ce qu’elle contient plus de matiere réfineufe que le Quinquina. La Caftarille pafle pour tonique, difcufive & lé_ gerement calmante ; on s’en fert quelquefois dans les fievres intermittentes. Sthal s’en fervoit dans les maladies de poitrine, mème dans celles qui font digues, on voit fouvent de bons effets de la Caf * çarille dans les toux cataralles, convulfives, & dans 86 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION l’efpece qu'on nomme communement quinte. On la recommande aufli dans les diarrhées & les fleurs blanches. La dofe en poudre eft depuis douze jufqu’à foixante grains , & le double en décoétion ou in- fuñon. Casse En pois. Cafjia lignea , Oxylo-Caljie, of- ficin. Elle eft l'écorce d’un arbrifeau appellé Cinna- momum feu Cariella Malabarica & “avanenfis , C. B. P. Laurus foliis lanceolatis trinervis , nervis fupre bofin unitis, Linn. Elle eft tournée fur elle-même en petits bâtons comme la Canelle; elle en differe par fon épaifieur, par fa couleur & par fon odeur : fa couleur eft plus rouge, fon goût eft moins aromatique, & fon odeur eft moins forte : elle ne laiffe point comme la Ca- pelle, après l’avoir machée pendant quelque tems, du bois dans la bouche; mais une fubftance gluti- neufe qui infenfiblement fe diffout avec la falive. On a beaucoup de peine pour extraire par l’in- fufon la. partie mucilagineufe de la Cafe en bois, parce qu’elle fe gonfle confidérablement dans l’eau & forme avec ce liquide une gêlée fi ténace qu’elle ne peut fe filtrer; on y réullit mieux par la décoc- tion. Par ce moyen on en tire d’une once, deux gros \ d - pes MÉDICAMENS. 87 & deux fcrupules d’extrait, le plus fouvent d’une couleur brune, d’un goût aromatique & qui a un peu l’odeur de l’écorce. L’eau dans laquelle elle à infufé , pale à travers un linge, eft de couleur blanchâtre; clle a une faveur infipide, & fans odeur. L'infufion fpiritucufe a une odeur aromatique, un mgoût acre & aromatique, légerement aftringent : fa couleur cft rouge-noirâtre. Une once donne un gros & demi d’extrait réfineux de couicur rouge. noirâtre, d’un goût aftringent & légerement. aro- matique , & d’une odeur peu aromatique. Elle donne à l’éther une couleur rougeñtre. Elle doit être choifie récente, haute en couleur, d’un goût aromatique, agréable, un peu piquant, la plus forte en odeur & laïflant dans la bouche une * vifcofité lorfqu’on la mâche. Cette Écorce cft fortifiante, échanfante, nervi- ne, mais moins que la Canelle. La grande quan- tité de mucilage qu’elle contient la rend incraf- fante & adoucifante, c’eft pourquoi l’on s’en fert dans les maladies qui proviennent de la difiolution & de l’acrimonie des humeurs & de l’érofion des par- ties folides ; comme, par exemple, dans l’apreté du gofier , l'ardeur de l’eftomac , la toux, la dyfen- tcrie, la ftrangurie, le cholera morbus. La dofc or. + 88 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION dinaire cft, prife en poudre, depuis fix grains juf. qu’à un fcrupule , on la prend auf en décoction dans l’eau ou en infufñon dans du vin. . Écorce DE Dictrame rranc. Cortex Di&amni albi, oficin. eft l’écorce de la racine d’une plante que les botanifies nomment DiGamnus albus vulgd five Fraxinella C. B. P. Fraxinella officin. Diam aus. On lapporte rouléc fur elle-même à peu près comme Ja canclle. Sa couleur eft blanche, fon goût un peu amer & acre: elle a une odeur un peu aro- matique. L'eau dans laquelle elle a infufé eft de couleur orange-foncé ; elle n’a pas d’odcur, mais fa faveur eft amère. La liqueur fpiritueufe dans laquelle on la 4 faite infufer, cft plus amère que l’infufion aqueu- fc. Par le moyen de l’eau, on tire d’une once de cette Écorce environ cinq gros d'extrait, & qua-u tre fcrupules par ie moyen de l’efprit de vin. L’é- Li ther n’en eft point teint même par le féjour. J1 faut la choifir récente, grofle, blanche par- tour , ayant une odeur aflez aromatique & rejet-M ter celle qui eft vicille & cariée. On la dit ffomachique, antivermifuge, & fudoe FX, » En PRE CE p£rs MÉDICAMENS. 89 ‘4 pfique. La dofe en eft depuis vingt jufqu’à foixante grains pris en poudre, & en infufon depuis un gros juiqu’à une demie once. Écorce De Grenapr. Cortex Granatorum, Ma- licorium pfèdium où fidium, ofñcin. Elle eft dure , at- fèz épaifle, coriace, ridée en dehors & de couleur rouveâtre ; elle eft jaune en dedans & d’un goû acerbe , mais elle n’a pas d’odeur. Cette Écorce eft celle d’un fruit nommé Grena- de Malum Granatorum ; offiicin. lequel eft produit par l'arbre qu’on nommc grenadier à fruit ou domef- tique Malus Punica fativa , J. B. Punica que Ma- lum Granatum fert, Cofalp. L’infuñon fpiritueufe de cette Écorce eft d’une belle couleur jaune, elle a l'odeur de l’efprit de vin & un goût amer & un peu aftringent. L’eau où elle a iniufé eft d’un brun-foncé , & fon goût eft auf tère; fi on la fait chauffer, elle a une odeur lége- rement puante. Unc once donne par le moyen de l’eau environ une demie once d’extrait brillant , de couleur brun-noirâtre, forc auftère, fans odeur, & quelques grains feulement de fubftance réfineufe. Elle donne à l’éther une couleur jaunâtre tirant fur Je brun. 90 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Pour qu’elle foit bonne, elle doit être nouvelle, bien féche, aflez haute en couleur , ayant un goût aftringent : celle qui fent le moifi ne vaut rien ainf que celles qui ont été féchécs fans que la pulpe du fruit ait été vuidée, car elles font ordinairement moifics intérieurement & ont un mauvais goût. Cette Ecorce ainfi que toutes les maticres aftrin-« gentes change en noir la couleur de la diflolution“ du vitriol martial. | ) Elle eft un aftringent aflez puiflant , rarement employé intérieurement ; on s’en fert extérieure-, ment dans les décottions , fomentations, gargarif- mics, & injections aftringentes. | QuinquixA , ou Écorce du Pérou. Comme ce font les Jéfuites qui l’onc apportée les premiers en, Europe , on l’a appellée, auf Écorce des Jéfuites,! & réduite en poudre, la Poudre des Peres. On l’a nommée encore la Poudre de la Comtefle, la Poudre“ au Cardinal de Lugo, Écorce febrifuge. Kina Ki-" na, Cortex Peruvianus | Cortex fèbrifugus ; Chinaw Chine, China Canne, Specificum vegetabile , Speci- ficum ante-febrile. officin. Cortex Ganaperide, Raï, Chinchona Lino. Palo decalenturas ; Hifp. Cortcza ou C'ufèura deloxa , Indior, | | | | pes MÉDICAMENS. ot "Le quinquina cit V'Écorce de l'arbre qui porte lemême nom, elle eft très-féche, caflante, plus où moins épaile & rude; elle eft à l'extérieur de cou- leur brune , & on y remarque des cefpeces de bri- fures. Quelquefois elle eft couverte d’une moule blanchâtre. A l'intérieur elle eft life, de couicur de rouille de fer, un peu réfineufe , ayant une odeur qui n’eft pas défagréable ; un goût amer qui dife de l’aftriction. Elle eft en morceaux plus. ou moins longs, & plus ou moins roulés fur eux-mé- mes. Les Ecorces qui ne font pas roulées, font celles qui ont été prifes fur le tronc de l'arbre. Cel- les qui font plus minces & roulées en petits tuyaux, font les écorces des petites branches. . De tous les médicamens le Quinquina eft un de ceux dont le prix & la qualité varient le plus. A Rotterdam il fe vend depuis 3 fols jufqu’à 24 f. 26 £ 48 f & même 64 f tandis qu’il fera vendu dans le même tems à Amfterdam 28 £ 30. 40 Î. 50 f 70 f. 75 £ & même 80 £ argent d'Hollan- de. Il n’y a peut-être pas de médicament qui foit plusiprécieux. à l'humanité : mais fi le bon Quin- quinaa fauvé la vie à des milliers d'hommes com- bien d'hommes auf n’ont-ils pas été la victime gu mauvais Quinquina. 92 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION . Neumann a tiré d’une livre d’écorce de Quinqui- na, environ trois onces d’un liquide acide & deux, gros d’huile , après la calcination. Le réfidu lui a donné depuis deux fcrupules jufqu’à un gros de fel alkali fixe. L'eau , dans laquelle on l’a faite infufer, a unes foible odeur provoquant les naufées : fon goût eff amer & un peu aftringent , & fa couleur d’or. Si J'infufion s’eft faite dans une liqueur fpiritueufe à cette couleur eft jaune-rougcâtre, fans odeur fen fible , d’un goût un peu amer & auftère. On en obtient plus ou moins d'extrait réfineux & agueux; felon la bonté de l'écorce , & encore felon la difs férente maniere dont on fait l’analyfe. Bokmer dit avoir tiré d’une once, environ deux gros d’ex= trait aqueux & un gros d'extrait fpiritueux. ZVeus man en a tiré de la même quantité feulement deux fcrupules & quinze grains d’extrait aqueux , & un gros & un grain d’extrait fpiritucux. Cartheu/er en | a obtenu de la même quantité trente-fept grains d'extrait aqueux & deux fcrupules & douze grains d’extrait fpiritueux. L’extrait aqueux du Quinquis na eft de couleur jaune-fauve , d’un goût amer & prefque fans odeur. L’extrait fpiritueux eft d’un goût, | ftiptique un peu amer, d’une odeur foible balfamis | que & naufeufe, & a une couleur fauve, pes MÉDICAMENS. 98 L'éther en reçoit une couleur blanchâtre qui nlaugmente point par le féjour que cette Ecorce y fait. | » Pour que le Quinquina foit bon & produife les effets qu'on en attend, il faut qu’il foit péfant; d'une fubftance compaéte, bien ferrée & bien féche, “que les écorces foient minces & réfineufes; de cou- leur rouffâtre ou rougetre, & parfemées de quelque peu de moufle blanche, que fon goût foit amer, d'une odeur comme de moifi; il faut rejetter celui done l’Écorce eft épaille, ligneufe, filandreufe quand on la rompt, vermoulue ou pénétrée d’eau, laifiant dansla bouche un goût glutineux & infipide, quand on la mâche. On flfific fouvent le Quinquina avec des écorces de bouleau, où d’autres arbres qui ont été trempés dans l’Aloës diflout dans l’eau, mais cette trou periè n'échape pas à ceux qui examinent avec un peu d’attention ces prétendües écorces de Quinqui- na, Cat clles n’ont ni la couleur ni le goût des Néritables : on vend quelquefois de l'écorce d’_Alifier mêlé avec le Quinquina, la diftinétion peut s’en faire aifément , puifque l'écorce d’4/ifier eft plus blancheren déhors, plus rouge en dedans & a un goût “plus ftiprique que l'écorce véritable du Quinquina. 04 TRAITÉ Sur LA FALSIFICATION On vend pour du bon Quinquina en poudre, Ies. fuperficies extérieures & intérieures du Quinquira. qui s’elt réduit, en partie, en poudre par de Frot. tement qu’il a éprouvé pendant le tranfport, elles fe trouvent au fond des balots, & l’on acheve de 1 2 pulvérifer. Certe poudre n’a point de vertus, elle à facile à diftinguer d’avec la poudre du bon Quine. quina, en ce qu'elle contient une grande anti de petits points noirs, qu’elle ft remplie de fibres! ligneufs qui reffemblent à des poils & par fon goût. qui eft beaucoup moins amer que le bon Quin* quina. | k On lemploie avec fuccès dans les fievres ine termittentes , il convient aufi dans pluficeurs fies vres continues , lorfqu’on y remarque un rapport “exact entre les redoublements & la remitrence des accidents qui accompagnent ces maladies; on doit, obferver, avant qu'on s'en ferve pour la guérifon) des fievres, qu’il’ faut vuider les premieres voycs foit par les purgatifs, foit par les émétiques. On s’en fert aufli comme antifpafmodique propre à ap= paifer & détruire les mouvements convulfifs, prine cipalement ceux qui fuivent des périodes régulies res; on l’emploic dans les gangrenes quelquefois avec fuccès, & il paroît qu’il réufit mieux dans la gans LA pes MÉDicawens. 95 grene féche que dans l’humide; 1e Quinquina comme tonique convient dans les maladies qui proviennent du relachement. On dit qu’il eft fpécifique pour toutes les maladies périodiques pourvu qu’elles ne foient point inflammatoires, telles font la goutte, les rhumatifimes &c. on s’en fert auili dans la coque- : lüche avec fuccès. La dofe varie felon les circon- ffances;: on lui attribue le defaut d’actaquer la poi- trine, mais c’eft un préjugé qui n’eft fondé fur- aucune obfervation. Si l’on a apperçu quelquefois des maladies de poitrine , ou autres accidens fur venir après qu’on a fait ufage du Quinquina ce n’eft pas une füite de fon effet, mais c’eft la faute de celui-qui l’a adminiftré, ou à contretemps ou fans connoïfflance. | Éconcr pe Srmarousa. Corte Simaroube, offcin. | Cette Écorce ett pliante , difhcile à rompre , de | couleur jaune-blanchâtre, d’un goût un peu amer, | mais fans odeur. Elle provient d’un arbre nommé Piffachia foliis Pinnatis decidius, folialis ovatis, Linn. Terebinthus major, Betulæ cortice, fiufu triangulari, Sloan. L'eau dans laquelle elle a infufé a une couleur jauntre, un goût amer, mais elle n’a pas d’odeur. D nn à, 06 .TRAITÉ SUR. LA FALSIFICATIOK Si on l’a faite infufer dans une liqueur fpiritueufe, elle eft de couleur jaune, a, une faveur un peu :. amère, mais fans avoir d’autre odeur que celle de l’efprit de vin. Elle donne à l’éther une couleur ï jaunâtre. Les marchands vendent quelquefois une autrem écorce pour celle de Simarouba. Cette faufle écorce! a tant de vraifemblance avec la vraie qu’il ef dif-# ficile de la difingucr. Mais la vraie écorce qu'on fait bouillir dans l’éau, rend cette eau blanche &" mufqueufe , prefque laiteufe. Quand elle eft refroidie : la décoétion cft rougeâtre, au lieu que celle de lan d n faufe Simarouba eft d’un brun-jaunâtre. È | ra ' s . à On l’ordonne avec fuccès dans les devoicmentss & dans les dyfenteries. On la prefcrit ou en fab" Pt france ou en décoétion, maïs non pas indifféremment 2} r fi on foupçonne encore de la faburre dans les. premieres voyes on la donne en décoétion, & s il n’y en a plus on l’ordonne en poudre : la dofes cft depuis douze jufqu’à vingt grains & le double en. décoction. | ÿ DES MÉDICAMENS. Yo D M AA dE THE LES HERBES ET FLEURS. } | | Te pe Dicrame De Crete , ou de Can- … dié Folia Diütamni Crecici, officin. iont celles d’une plante appellée par les botaniftes Origanum Creticum , datifolium , tomentofüm , feu Difamnus Creticus , Tournef. Origanum foliis tomentofis ; nu nutan< L' cidus , Linn. STE tn FRA "| Er ep Onvles apporte féchécs ; leur couleur eft verd- fe , … pale selles font couvertes d’un léger duvet cotoneux qui les fait! paraître prefque blanches : elles font “rondes & pointues par un petit bout; leur odeur D eft agréable & aromatique, ainfi que leur faveur’ & qui ft fort acre. Ordinairement on urouve mêlées avec ces feuilles les fleurs de là plante qui les pro- : quit. Elles font purpurines & placées au iommet de | L da tige : elles onc la mêmé odeur & la même faveur que les feuilles. F L'infufon aqueufe de ces feuilles eft d’une cou- leur jaunâtre, d’une odeur aromatique ayant le goût des feuilles; l’intufion fpiritucufe eft de couieur ver- …. dätre : l'odeur de l’efprit de vin y domine, mais on “ent vant foic peu l'odeur du Diétame; ia faveur G g8 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION eit tant foit peu aromatique. Elles ont coloré l’éther en verd, cette couleur augmente par ie féjour. Pour être bonnes , elles doivent être entieres, cotoneufes, légères & douces au toucher. Les: plus grandes & les plus nouvelles font à préférer, ayants un goût & une odeur agréable & aromatique. Il faut réjetter celles qui font vieilles, petites, ver- moulues & qui fentent le moifi. On les peut placer parmi les aromates acres, def- tinés à exciter les ofcillations des fibres, & accélerer le mouvement de la circulation devenue trop lan- guiffante. La dofc eft depuis vingt jufqu’à quarante grains, On peut l’augmenter jufqu’à deux gros en infufion. . Jonc oporANT, Schœnante. Funcus odoratus , five | aromaticus Schœnanthus, Squinanthum , officin. cft. une efpece de jaume fec, genouillé, roide, arondi, luifant, & de la longueur d’environ un pied : il eft rempli d’une moële fongueufe d’une odeur pé- M nétrante qui tient le milieu entre celle de la rofe & celle du pouliot : fon goût eft acre, amer & aro- matique : fa couleur eft jaune-pâie tirant fur le verd- pourpre; à la partie inférieure il eft de la groffeur & de la figure d’un tuyau de paille d'orge, mais. plus menu par Je haut. ——. + DES MÉDICAMENS. 99 La plante eft defignée par les botaniftes par le nom de Yuncus rotundu$ aromaticus , C. B. Lagu= rus paniculæ fpiculis conjugatis ovatis, Linn. Le Jonc odorant infufé dans l’eau, donne à ce liquide l'odeur & la faveur qui lui eft propre & une couleur jaunâtre. S’il a infufé dans l’efprit de vin , ce liquide a une couleur légerement jaune, un | goût légerement aromatique, & ne lui a point com muniqué d’odeur. Il donne à l'éther une légère tein- te de jaune. , On apporte le Jonc odorant en petites bottes; il faut choifir le plus nouveau, propre, léger, d’une odeur aromatique & piquante, & réjetter celui qui eft fans odeur, ainfi que celui qui eft fans faveur & qui fe trouvé mêlé avec des maticres étrangeres. On le dit propre contre les obftructions des vifceres , dans les vomiflements, le hoquet, pour la difficulté d’uriner & pour provoquer les men- ftrues. Cette plante eft dans la claflé des aromati- ques, elle entre dans la thériaque. La dofe eit de- puis vingt jufqu’à foixante grains en poudre, & depuis un demi gros jufqu’à deux gros en infufion ou décoélion. Le Narp Inpren , Spica Nard. ZVardus Indica A so TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION vel Spica INardi, Spica Indica, officin. On a cru longtems. qu’il étoit une, racine ; ce n’eft dans le vrai que les filamens nerveux de feuilles fannées , dctlechées & ramaflées dont on forme de petits pa- quets de la grofieur & de la longueur d’un doigt : les feuilles font d’un brun-rougeñtre ou couleur dé rouille de fer : elles ont une odeur aromatique & agréable, une faveur aromatique , amère mêlée d’un peu d’acreté. Parmi ces filamens on rencontre quel- quefois des feuilles blanches enticres & de petites tiges creufes & canellées. La plante eft nommée par Breyn , Gramen Cype- Toïdes aromaticum Indicum. L'eau dans laquelle elles ont infufé, n’a prefque pas de faveur ; elle a l’odeur aromatique du Nard, & fa couleur eft très-légére, tirant fur le jaune. Si elles ont infufé dans lefprit de vin, ce liquide en eft teint de couleur jaunâtre , & a une faveur lége- rement aromatique fans autre odeur que celle de lef- prit de vin même. L'éther n’en tire prefque rien. Il faut choifir le Nard Indien récent , haut en couleur , avec une longue chevelure & entier ; & ré- jetter celui qui tombe en poulliere ou qui eft moifi. On attribue au Nard Indien la vertu alexitere, FEES TS dr. tn Dre 5 TER EE pe , ! p£s MÉDICAMENS. ‘joi “céphalique, ftomachique , anthelmitique, emmenago- à ei antinephretique , defobftruante & diuretique. Mais on l’emploic rarement en fubitance & il entre dans quelques compofitions pharmaceutiques telies que la mitridate, la cheriaque &c. SArrAnN , Crocus , oficin. On nomme la plante » qui le produit , Crocus verus fativus autumnalis, Park. Crocus floribus fruëtui impofitis, tubo longi[fimo, Linn. On donne le nom de Safran aux étamines de la fleur qui porte le même nom, elles font applaties ; de cou- leur rouge-foncé tirant fur ic pourpre dans la par- tie fupérieure, & blanchâtres dans la partie inférieure: “elles ont une faveur légerement acre & fubtile qui laifle fur la langue une impreflion qui leur eft par- ticuliere : l’odéur en eft très- pénétrante & aromati- que, elle porte à la tête & caufe même l’ivreffe. : N $ Les menftrues aqueux & fpirirucux agiflent éga- lement far le Safran. Ure once de bon Safran don- ne environ jix gros & demi d’une matiere égale- “ment foluble tant dans l’eau que dans l’efprit de vin, ainfi que dans l'huile; de couleur rouge, d’un goût amer, aromatique très-pénétrant & qui a beau- coup d'odeur. L’éther n’en tire qu’une légère cou- leur d’ambre, mais le Safran eft beaucoup altéré dans fa pare par ce liquide, & il précipite fous 102 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Ja forme a’une matiere gommeufe liquide la tein- ture de Safran faite par l’efprit de vin, & l’éther n’en retient qu’une légère couleur ambrée. Ces filaments donnent par l’analyfe étant diftilés dans une cornue, d’abord un efprit fubtil , très- volatil & acre ,; mais en petite quantité ; enfuite une liqueur un peu acide : ils donnent très-peu d'huile & d’alkali urineux ; du réfidu on obtient un peu d’aikali fixe. | Pour que le Safran foit bon, il faut qu’il foit gras, flexible, large & long , & facile à rompre; qu’il colore les mains d’une belle couleur rouge- foncé lorfau’on les frotte & qu’il rende une odeur : très-forte. On doit rejetter celui qui eft trop hu- … mide & qui n’a qu’une foible odeur & faveur, & celui qui eft d’une couleur blanchâtre, jaunâtre ou tirant fur le noir, grêlé ou aride, fe rompant difi- cilement, & prendre garde qu’il ne foit pas mêlé ou avec du Safran fauvage ou avec des balauftes. On l’a mis au nombre des rémèdes calmans, carminaufs , antifpafmodiques', ftomachiques , cor- diaux & emmenagogues. On l’ordonne dans la fu- preffion des regles, dans les pâles couleurs, dans les maladies hyfiériques & hypoconäriaques. On le nEs MÉDICAMENS. 103 “donne aufli comme fudorifique dans la goutte & le thumatifme. La dofe ordinaire en fubftance eft de- puis deux jufqu’à vingt grains; on peut augmentér la dofe quand on le prend en infufon. Il faut ob- fervér qu’on ne doit jamais l’ordonner en trop grande dofe car il porte fon impreflion fur la tête, il la rend péfante & il peut occafionner d’autres accidents ; à l'extérieur on l’emploie comme difeufiif & refolutif. Feurzzes pe SENÉ, Feuilles d'Orient. Folia Sennæ & Sena Orientale, officin. Elles font étroites, afez petices , fermes, finiflants en poirite à peu-près CON me le fer d’une lance : elles font douces au tou- cher, ont une odeur qui n’eit pas défagréable, une faveur vifqueute , légerement amère, provoquant les naufées ; leur -couleur eft d’un verd un peu jaunâtre. Les botaniftes nomment l’arbriffleau qui produit ces feuilles Caffia foliis tripennibus quadripinnibuf- que fübovatis , Linn. Senna Alexandrina foliis acu- sis °C:B: P. Par la diftillation dans une cornue, on obtient de quatre livres & quatre onces de feuilles de Sené, quinze onces de liqueur alkaline urincufe , neuf #%04 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION onces environ de liqueur acide, de l’huile épaifle fix onces un gros & douze grains, & un gros de ft 1 volatil urineux. Du réfidu on obuent une once & cinquante fix grains de {cl alkali. On tire d’une once environ deux gros d'extrait par le moyen de l’eau, & environ ‘un gros d’extrait ‘réfineux par le moyen de l’efprit de vin. La tein- ture ob'enue par l’efprit de vin, eft de couleur . jaune tirant fur le verd ; d’une légère faveur de Sené, fans odeur que celle de l’efprit de vin L’infufion aqueufe eft de couleur jaune-brunâtre & a l’odeur & la faveur des Feuilles de Sené. L’éther en vire une couleur verdâtre. } I! faut choifir les Feuilles de Sené d'Alexandrie récentes, odoriférantes, le moins brifées qu’il eft poflible > qu’elles ne foïent ni mortes ni tâchées, & n’ayants que le moins qu’il fe peut de buchet- tes ou de queues. En médecine on ne devroit fe fervir que de celles d'Alexandrie & rejetter célles qui viennent de Tripoli qui font plus grandes que les autres; elles’ font obtues à leur extrémité, ru- des au coucher, très-vertes; ayants’ une odeur plus Me foible que celles d'Alexandrie qui font aufli préfé- rables à celles de Moka qui ont les feuilles larges, grandes & arrondies à leur extrémité. Dans la vente ù pres MÉDICAMENS. 105 les marchands qui veulent tromper, mêlent aux …Fouilles de Sené, dont nous venuns de parkr, des 5 feuilles de Sené d’italie , Senna Iéalica foliis ob- ” eufis, C. B. P.; mais il cft aifé de les diftinguer de celles d'Alexandrie, tant par la largeur que par la Î figure ronde de leurs feuilles qui font auil plus min- | É: ces & plus fragiles. … Les Feuilles de Sené font un purgatif qu’on em. ploye très-fouvent en médecine , on les regarde comme un purgatif des plus für que la médecine ppolédes il eft vrai qu’il donne quelquefois des tran- Menées, mais cet accident n’eft pas aufli fréquént qu on le dit, & nous croyons qu’il dépend autant fe la difpofition du malade que du Sené même. La dofe en infufion eft depuis un gros jufqu'à quatre & en poudre depuis un demi jufqu’à deux gros. …. Forucuzes DE SENÉ. Folliculi Sennæ , officin. Ce fi font des goufles aflez larges, recourbées à leur ex- _ trémité; elles font compofées de deux membranes mlifes, d’un verd-pâle & roufâtre, mais noirâtres | dans quelques parties. Elles renferment une femence plate flez femblable à des pepins de raifin ; elles à font produites par le même arbrifleau que les ieuilles 4 por nous venons de parler. Les Fôllicules de Sené infufées dans l’eau, don- 106 TRAITÉ sur LA FALSrFICATION nent à ce liquide une couleur brunâtre, qui-a une odeur particuliere & la faveur du Sené & naufeufe Si elles ont infufé dans une liqueur fpiritueufe, fa couleur cft jaune & d’une faveur légerement amère ; elle n’a pas d’autre odeur que celle ‘de Pcfprit de. vin. L’éther en reçoit une couleur jaune tirant fur le 5run. Elle doivent être choïfies grandes, épaifles, de couleur verdâtre. I1 faut que la femence qu’elles“ contiennent foit groffe & bien nourrie. On doit rejetter celles qui font noirätres, dechirées & dont les femences font féches ou moifes. Elles ont les mêmes propriétés que les feuilles, mais il faut les ordonner en plus grande dofe. \ FLEURS DE STÆCIHAS ARABIQUE. Flores Stæcadis Arabice , & Flores Sthæcados, officin. Les botaniftes! nomment Ja plante qui les produit Lavendula fo- liis lanceolata linearibus ; Spicé comofà ; Linn. Spica Jiorida, Stechas Arabica vulod di&ta, J.B. Ces fleurs reffemblent à des épis ou petites têtes oblongues, écaiileufes : elles font de couleur tirant fur le pourpre ; leur odeur eft aromatique, allez agréable & pénétrante; elles ont une faveur amère, & un peu acrc. Il eft rare de trouver de ces fleurs. pES MÉDICAMENS: 107 qui fient fraiches parce qu’on en fait peu d’ufage en médecine, celles qu’on crouve le plus fouvent “dans les boutiques font de couleur roufâcre; elles font brifées, fans goût & fans odeur. Elles donnent à l’eau dans laquelle on les a fait infufer leur goût & leur odeur naturelle , & une couleur jaune cirant un peu fur le pourpre. Infufées “dans l’efprit de vin, elles ne lui communiquent point d’odeur fenfible, mais elles lui donnent une couleur légerement jaune, une faveur amère & bai- famique. Elles donnent à l’écher une couleur iége- rement jaune. Les fleurs dont nous nous fommes _fervis étoient vicilles de deux ans, & elles avoient _ été gardées dans une bouteille. Pour qu’elles foient bonnes & qu’on puifle en faire. ufage, il faut qu’elles foient fraîches, de cou- leur purpurine, d’une odeur aromatique & péné- trante & qu'elles aient une faveur un peu acre & amère. Elles font aromatiques, toniques, & antifpafmo- diques. On en fait ufage dans les maladics des .neris , mais elles font très-rarement employées, ex- cepté dans quelques compofitions pharmaceuti- ques, 108 TRAITÉ SUR LA FALSIRICATION RS LES EF: ROUES Anis Æinacardium , offcin. BONE Se rap. eft un Cite ou noyau qui a la figure d’ un cœur, de la longueur d’un pouce & qui fe termine, en pointe émouflée, il eft. couvert d’une efpece, d’écorce noirâtre, brillante & contenant fous une, double enveloppe une amende blanche & agréable :* entre la duplicature de cette écorce on trouve un! fuc mielleux, acre & brülant. < FL botaniftes nomment l’atbré qui produit ces fruit ÆAnacardium Orientale , Jonft. Ærbor Indica W fiu&u Conoïde , cortice pulvinato , nuleum unicumk nullo ofjiculo teäum claudente, Raïii. | F1 L’infufon aqueufe des Anacardes eft de couleur. “rouflâtre, d’une odeur provoquant les naufées, d’une” faveur un peu acre. L’infufion fpiritueufe eft de. couleur jaunâtre , n’ayant point d’odeur que celle de l’efprit de vin: mais un goût tant foit peu acre. L'é-" ther en eft teint d’une couleur brunâtre. À On doit les choïfir nouvelles, péfantes, de cou" leur noire, leur noyau doit être blanc , “contenir beaucoup de liquide. FA \V1 DES MÉDICAMENS. 109 4 On croit ces fruits propres pour fortifier la mémoi- fe, autrefois ou vantoit beaucoup une confection dans laquelle ces fruits entroient ; on l’a décorée du “nom de confection des fages, mais C. Hofiman la “nomme avec raifon la confection des fous parce que fon ufage trop fréquent a fait perdre la mémoire à plufeurs perfonnes, & les a même rendues furicufes on dit ces fruits propres pour guérir la paralyfie. 7% Cacao. Cacao, officin. Amigdalus (imilis Guari- “malenfis, C. B. P. Cacao Americe, feu Avellane | J. B. Cacahualo vulgd Cacao, Pifon. eft un fruit ou une amende produite par l’arbre qu’on nomme Cocohier où Cacaotier, Ærbor Cacarifera ; Hernand. Theobroma foliis integerrimis , Linn. … Ce fruit eft de la groffeur d’une olive; fa forme eft oblongue, arrondie, couverte d’une écorce brune, facile à caler ; fous cette écorce eft une amende Solide, qui eft un peu grofe, de couleur grife mêlée de rouge ou de fauve, d’un goût un peu amer, & Jégerement acerbe fans cependant être défagréable, * Deux livres de Cacao , dépouillé de fa coque & diftillé dans la cornue, ont donne fix onces de li- Maueur acide & acrc, & quatorze onces d’une huile tranfparente lorfqu’elle eft chaude, elle prend en fe 110 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION refroidiffant la confiftance du beurre; fa ‘couleur eft . rouffâtre, fon odeur eft fubtile & fa faveur acre & piquante. Du réfidu on obtient quatre gros de fel fixe falé. Une livre de Cacao pilé & chauffé rend par ex- prefon deux onces d'huile & fi lon fait bouillir let marc dans l’eau, on en obtient trois onces deux, gros & demi d'huile épaifle. J L’infufion aqueufe eft de couleur jaune tirant fur le brun, d’une faveur un peu amère mais point défagréable, à peu-près comme le fruit du Cacao. L'infufion fpiritueufe eft de couleur grifâtre, ayant tant foit peu le goût de la fêve & une légère odeur du Cacao, mais l’efprit de vin y domine. L'éther en tire une légère couleur de paille. On doit choifir le Cacao récent, gros & entier, & rejctter celui qui eft carié ou moïfi. Celui qu’on nomme Gros Caraque eft le plus eftimé. On l’ordonne dans la phtifie & hectifie, il fortifie l’eftomac & adoucit l’acrimonie des humeurs. Le principal ufage qu’on en fait eft dans une pate ferme & onctueufe connue fous le nom de Chocolat avec lez quel on compofe une boiflon fort agréable & très-nours, riflante, mais Qui ne convient ch à tous les cftomues. ——————————— pes MÉDICAMENS 112 "Casse soLUTIVE, Cafe en bâton. Cufjia jiflula, Cajjia folutiva, Cafjia nigra, Siliqua Ægyptiaca, ofhcin. eft le fruit filiqueux d'un arbre nommé par les botaniftes Cafjia foliolis quinque pinnis, ovatis, acuminatis , glabris ; petiolatis, Linn. Cafjia Fiftule Alezandrina , C. B P. Ce fruit eft d’une forme cylindrique, long d’en- viron un pied & demi, d’un pouce d’épailieur & dont la fubftance eft ligneufe, mince, d’une cou- “jeur brun-foncé à l'extérieur & jaune dans l’inté- “rieur: on voit à fes faces extérieures deux futures dont l’une paroit compofée de plufeurs lignes rele- vées : en l’ouvrant, on. voit la face intérieure par- tagée par plufieurs cloifons membraneufes formées -par des lames minces, ligneufes, orbiculaires & pa- rallèles, enduites d'une fubftance pulpeufe de couleur noire, d’une faveur douceâtre, d’une odeur fade & dont la confiftance approche de celle du miel : cette pulpe renferme un grain de forme ovale, folide, dur, & de couleur jaune un peu foncé. La pulpe de Cafe paroit prefque toute gommeufe ou mucilagineufe , cependant l’efprit de vin en tire une légère teinture. Celle qui a fjourné dans Véther, lui donne une légère €ouleur de paille. 112 TRAITÉ SUR,LA FALSIFICATION Deux livres cinq onces & quatre gros de-pulpe de Cafe «’ Alexandrie, diftillée au bain marie, ont produit fix. onces cinq gros & douze grains de li queur limpide : elle étoit infipide, avoit une foible odeur de Café : elle a changé ‘en rouge la couleur de tournefol; & une once fept gros & demi d’une liqueur infipide & fans odeur. Le réfidu reftant À W mis & difillé dans une cornue, a donné un efprit | acide de couletr rouflâtre péfant dix onces & quatre gros; neufgros d’efprit acide & urineux , & quatre U { \& eros foixante grains d’efprit feulement ürineux ,M après lefquels oh a obtenu quatre gros quarante fept grains d'huile épaifle empyreumatique. Du réliduw on a tiré fix gros douze grains d’alkali fixe. Il faut choifir la Calle en bâtons Le gros ; ne" tiers, péfants; bien remplie d’une pulpesnoire de” bonne confiftance, ni trop humide ni trop féche,* fe féparant aifément de fon écorce & la laiffant \ | nette. On doit rejetter celle qui refonne quand on Î ja fecoue ,” car Le fon qu’elle rend eit une preuve que la pulpe eft deffechée, ou qu’elle eft aigrie, ceù à quoi la Cafe eft fort fujette comme les autres” corps doux, par un léger mouvement de fermentation Quand, la pulpe de Cafe eft defféchée, ce qu'on 2 L apperçoit DES MÉDICAMENS. 112 apperçoit à la legeretc du bâton qui la content, on elt dans l’ufage de la tremper dans l’eau, ou bien on la met dans une cave humide afin de lui donner fa premiere hunndité : on peur aifément re- connuitre cette iraude ; en la cailant on trouvera fa pulpe pour ia plus grande parue ou aigre ou moifie. On fubititue quelquefois à la Cafe du Levant “qui eit la meilleure , la Cafle Occidentale: on la peut reconnoitre à l’écorce de ceile-ci qui eft plus rude, plus épaule & plus ridée, & à la pulpe qui a une faveur plus acre que ceile du Levant. On dif- tingue la Cafe du Bréfil des autres Cafles par les bà= tons qui iont beaucoup p us gros, applatis & plusuurs, & à ja pulpe qui a une faveur aère & défagréable. La pulpe de Calle lâche doucement le ventre, ap- paile l’acrimonie de la bile, l’ardeur de la fievre, & é.anche la foif; elle purge doucement fans éch:u Ter: Ma dofe ordinaire eft depuis un gros jufqu’à une once, On en fait auih ufage dans les lavements laxacifs, Pomme De CocoquinTe. Colocynthis, Fruëtus Co- locynthidos , ofhcin. Cucurbita cat iartica, quorumd, C'eit le fruit d’une plante que les botumtes nom- I ment Cucumis foliis multifitis, pomofis globolis sla- bris, Lann. Colocynthis ;ruêcu rotunao minor , C. B. P. | H it4 TRAÏTÉ SUR LA FALSIrICATION Elle eft de la grolieur d’une orange médiocre, ron- de, bla:che, fongueufe, légere, ayant une faveur très-acre & une amertume tres-défagréable, provo- quant les naufécs: elle contient des petites fémen- ces folides, applatiés , de couleur légerement rouf- fâtre & d’un goût moins acre que celui du fruit. Deux livres & fept onces de Coloquinte dépouil- M lée de fa graine , ont donné par l’analyie chymi-"« que neuf onces fept gros & demi de liqueur lim- ide qui contenoit un peu d’alkali urineux , trois” onces deux gros & demi de liqueur empyreuma- tique de couleur rouflâtre, foic acide, foit urineufe, une once fix gros & demi de liqueur laquelle conte-" noit l’alkali urineux , & trois onces douze grains d’huile fétide, amère & acre: du réfidu on obtient crois” gros & foixante grains d’alkali pur & cauftique. Huit onces de ces pommes ont donné trois on- ces d’extrait aqueux & une demie once d'extrait réfineux. Elles colorent peu l’évher. L’infufion aqueu- fe de la coloquinte eft de couleur blanc- troubles ‘fans odeur, d’un goût trèsamer. La teinture fpis ‘ritueufe eft de couleur jaune - pâle, d’une faveur amère, ne fentant que l’efprit de vin. ou On choifit les pommes de Coloquinte, nouvelles, blanches, entières, bien féches & bien légeres. pres MÉprcamexs. 1i% Ce fruit eft un violent pargauf hydragogue : on en doit ufer avec prudence car fouvent ‘il occafion- ne des tranchées, des coliques, des fuperpurgations, même des hemorragies ; on l’employe très-rarement feul , mais on l’ajoute à petite dofe, comme de trois ou quatre grains à des purgatiis doux. On s’en fert dans l’hydropifie , la leucophlematie, on le recom- mande aufli dans les maladies caufées par l’abondan- ce des humeurs , principalement dans ceiles de la tête & de la matrice. Fêve pe Sr. Ienace. Kaba San&i Ionatii, Faba fébrifaga , ofhcin. 1gafur feu Nux vomica legitima Serap. G. Cameil. , eft un noyau arrondi, inégal, à demi tranfparent, d'une fubitance comme de la cor- ne, femblable à l’hermodacte. Sa couleur eft d’un blanc-verdâtre à l’extérieur ; bianche intérieurement qui brunit à méfure que la fêve vicillit : elle a la fa veur des graines de citron, mais plus amère. Les botaniftes appellent la plante qui la produit Catalougay & Cantara , G. Cameil. Cucurbirifera mi- labatiri füliis, fcandens , Catalougay & Cantara PAi- lippinis Orientalibus diéta , cujus nuclei Pepitas de bi- fayas, aut Cacbologan Faba Sanëi Ionatii ab Hifpa- nis Igafur & Mananaog Zn/ulanis nuncupati, Pluck. L’éther ne cire aucune couleur de cette Fève, 416 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION même par le féjour. L’efprit de vin en eft teint légerement , il conferve fon odeur & en a obtenu une faveur légerement amère qui n’eft point défa- gréable. L’infufion aqueufe eft de couleur blanchä tre, a une odeur un peu aromatique , une faveur plus amère que l’infufion fpiritueufe. Les meilleures Fêves de St. Ignace font celles qui font entières, l’on doit rejetter celles qui font brifées, comme moins bonnes. On dit que cette Fêve convient dans l’apoplexie, la paralytie, les affections commateufes, la léthar- gie, la ftupeur, l’afthme, dans les fievres intermit- tentes , dans la fuprellion des regles, dans la diar- rhée, les obftruétions des vifcères, contre Les vers lombricaux &c. mais on en fait rarement ufage. La dofe en poudre eft de dix à douze grains pour ex- citer le vomiflement : une dofe moins forte procure fouvent une fueur très-abondante. Czous De Girorce. Caryophylli aromatici, offcin. arunfel, Serapion. Ce font des fruits qui refflemblent un peu à des clous : ils font quadrangulaires , de couleur brun-noirâtre en dehors & moins bruns en dedans : à leur fommet on voit un petit corps glo- bulcux qu’on nomme fuft & qui cft entouré de qua- prs MÉDICAMENS. 117 tre petites feuilles terminées en pointé, ce corps qui forme une efpèce de tête y manque fouvent : leur faveur , quoiqu’agréable, eit en même tems acre; ils laiffent dans la bouche une imprefllon de chaleur aflez vive: leur odeur eft pénétrante & agréable. L'arbre qui les produit eft nommé par les bota- piftes Giroflier des Molucques , Caryophyllus aro- maticus , fruëu clavato monopyreno , Pluck. Caryo- phyllus aromaticus fruëtu oblongo , C. B. P. Les Clous de Girofle diftillés par la cornue don- nent une huile eflentielle , limpide & jaunâtre; en- fuite une couleur rouffâtre, après une liqueur acide, & puis une huile empyreumatique épaifle : du réfi- du, on obtient un peu de fel fixe falé. Ils donnent par la diftillation aqueufe une gran- de quantité d’huile eflentielle dont la plus grande partie fe précipite au.fond de l'eau, la plus petite partie furnage fur ce liquide. On en peut aufli ob- tenir de l’huile par expreflion : l’eau dans laquelle ils ont infufés en a l’odeur ; fon goût eft un jeu acre & aromatique & fa couleur eft rouge - fauve. La couleur de la liqueur fpiritueufe dans laquelle ils ont infufés cft aufli rouge-fauve moins foncé , mais fa faveur eft plus acre , plus aromatique , plus qi8 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION brûlante que celle ge linfufion aqueufe , & a l’o- deur de ces fruits. L’éther n’a point d’aétion fur elles. D’une once on en tire, par le menftrue fpi- æitueux , environ trois gros d'extrait odoriférant , d'un goût fort acre, aromatique & un peu aftrin-. gent & de couleur rouge - fauve. Par le moyen de l’eau, l’extrait qu’on en obtient eft en plus prane de quantité que celui qu’on a obtenu par l’efprit de vin ; il eft de couleur fauve-noirâtre, d’une fa- veur tant foit peu acre & un peu aromatique & d’uné odeur légerement aromatique. Les meilleurs Clous de Girofle font ceux qui font bien nourris, qu’on rompt facilement, qui font en- tiers, piquants les doigts quand on les touche, & qui ont une humidité luifante dont on s’apperçoit en les preflant. Ils doivent être de couleur brune, avoir beaucoup d’odeur & une faveur très-piquän- te & très aromatique. Tous ceux qui font maigres, de couleur noirâtre , & molafles , prefque fans goût & fans odeur, font à rejetter. Les marchands mêlent avec les Clous de Girofle dé b nne qualité ceux dont on a tiré l’huile Il:eft di: cile de s’en aprercevoir , on le peut cependant parce que ceux qui ont fourni ieur huile, n’ont pas C4 DES MÉDICAMENS 119 de faveur , ne font ni fi acres ni fi aromatiques que les autres. Quelquefois il arrive que des marchands épicicrs vendent, pour de la véritable Poudre de Clous de Girofle, une compoñition faite avec trois parties de fémence d'amomum & une partie de Clous de Gi- . rofle de la plus médiocre qualité. Il eft aifé, quand on y fait attention, de diftingucr cette poudre fac- tice de la véritable, car celle - ci a une odeur , un goût & une force que l’autre n’a pas. | Les Clous de Girofle font très-ftimulants ; ils font ‘du nombre des aromates les plus chauds ; ils font aufü fortifiants , on les recommande, en cette qua- lité , pour fortifier l’eftomac, mais il en faut ufer avec précaution. La dofe en infufion dans du vin eft depuis dix jufqu’à vingt grains. Juyuses. ujube , & Zizyphe , officin. Harab, Avicenn. Liunen & ÆZufaifes , Scrap. font des fruits qu'on a fait fécher au foleil avant que de nous les apporter. Ils font oblongs & ridés; au deflous de leur écorce qui eft allez dure, de couleur jaune-rouge, il y a une pulpe blanchôtre qui recouvre un noyau qui a beaucoup de reflembance avec le noyau d'o- live. Il eft pointu aux deux bouts, ja couleur eft 120 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION rouge , il renferme deux amandes de couleur rou- gcûtre en dehors & bisnchatre en dedans, ayants un goût infipide: la faveur de ce fruit eit douce, fucrée & aflez agréable. L'arbre qui le porte fe nomme ju'ubier. Zizi- pha Jativa J. B. Rhemnus aculeis geminatis rec- tis floribus dig ynis , foliis ovato-cblongis , Lann. De quatre livres & trois onces de pulpe de Juiu- bes féparée des noyaux & ditillée par la cornue , on obtient vingt-huit onces & fix gros de li- queur limpide fans odeur, mais un peu acide ; qua- tre onces & cinq gros de liqueur rouflätre, d’un goût acide très-vif, deux onces de liqueur rouf- fâtre empyreumatique contenant de l’acide & de- l’alkali urineux ; puis trois gros d'huile qui à une confiftance épaifle. De ce qui refte dans la cor- nue , on retire quatre gros & cinquante grains de fl alkali. L’infufion aqueufe de ces fruits eft de couleur jaunâtre, d’une odeur un peu vineufe & a une faveur douceâtre, L’efprit de vin en eft coloré d’u- ne couleur légerement ‘aunâire , & l’infufion r’a d'autre odeur que celle de l’efprit de vin qu’on a employé, & la faveur des Jujubes. L’Ccher n’en tire - fien même par le {ciour. DES MÉDICAMENS. 12F » Quelque bons que foient les Jujubes ; ils ne fe gardent pas plus de deux ans. Ils doivent être choi- fis, nouveaux, gros, bien nourris, d’un jaunc ti- rant fur le rouge. Ceux qui font noirâtres , fcntant Je moifi où qui font vermoulus, vieux ou pourris, doivent être rejettés. Ils font émollians & adouciffans; on les emploie dans les maladie, des reins, de la véthic & dans cel- les de la poitrine ; on les fait entrer dans les dé- coctions , fur trois à quatre livres d’eau on en met depuis dix jufqu’à vingt. 2 Bayes de Laurier. Bacce Lauri, officin. Elles ont oblongues ou quelquefois rondes ; de couleur noire à l’extérieur : elles contiennent ure double graine d’une couleur un peu fauve; elle cft renfer- mée dans une feule enveloppe : cette graine a une odeur aromatique, un goût huileux aromatique, acre & amer. L'arbre qui les produit fé nomme Laurier franc, Laurus vulgaris ; C. B. P. Laurus foliis. lanceola- tis, venofis, perennantibus ; floribus quadrifidis di- pifis, Lion. On en tire de l’huile par la diftillation, la dé- "coction ; & l’expreilion. L’eau dans laquelle on les 122% TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION a faites infufer eft de couleur jaunâtre un peu trou- ble, ayant peu de l’oacur des Bayes & un goût aro- matique avec un peu d’acrcté. Iniufées dans l’efprit de vin, elles donnent à ce liquide une faveur légere- | ment aromatique & amere, un° odeur aromatique . mais l’efprit de vin y domine & une couleur jaunâtre. Ces Bayces coiorent l'éther en jaune un peu foncé. Quand on les choifit, il faut préférer les plus“ nouvelles, les pius entières, celles qui font bien fé- ches, qui ne-{ont pas atiaquées de carie & féparées! de leur é écorce. 11 faut qu’elles aient une odeur aro- matique & foient de couleur noirâtre. Elles fone difcufives , carminatives ; toniques, emmenagogucs propres à réfoudre & à forcifier ; la dofe ordinaire en pouure ch depuis . juiqu* à vingt grains. Norx Muscane. Vux Mo/chata ; ofcin. Nucif= ta, Nux myriflica ; Mofchocaryon ; Mofchocaryäion, INuzx unguer itaria ; ÎNuzx aromatica , ‘quorumd. Gian- ziban , Avic. Feuzbave vel Fusbaque , Scrap. Elle ‘eft le fruit ou plutôt le noyau du fruit d’un arbre qu'on nomme mufcadier , dont il y‘a deux efpe- ces. L’un donne la Noix Mufcade femelle ou ordinaire, J'autre Ja Noix Mufcade mâle ou fauvage. Les: bota= nifies nomment l'arbre .qui porte la Noix Muica- \ | 5 DES MÉDICAMENS. 129 dè femelle Mur Mofchata , fru&u rotundo , C. B. P. Myriflice Linn. Pala, Pifon, & l’arbre qui produit la Mufcade mâle ou fauvage NVux Mofchata fruä oblongo , C. B. P. La Muscape FEMELLE a à peu près [a figure d’u- ne olive ; elle eft cependant plus ronde & moins pointue ; elle eft compacte, dure ; un peu ridée à l'extérieur, grafle au toucher, d’un goût très-aro- matique; elle eft huileufe, a une odeur aromatique agréable : fa couleur eft cendrée extérieurement. À. l'intérieur fa couleur eft jaune - pâle : on y voit des veines ondulées, d’un rouge-brun & d’un jaune- blanchâtre. On obtient, par le moyen de l’eau , d’une once de Noix Mufcade , environ deux gros & un fcru- pule d’extrait qui n’a qu’une odeur foible & une faveur baifamique un peu amère, mais fi foible qu'on ne fauroit reconnoître le fimple d’où on l’a tiré. L’extrait fpiritueux eft d’un goût peu amer, aromatique & légerement aftringent , aïant l’odeur de Mufcade. Une livre diftillée avec de l’eau don- ne environ une once & demie d’huile eñen- - telle: par expreflion on en obtient depuis quatre jufqu’à fix onces d'huile. L'eau dans laquelle eile a iniufé , a unc couleur blanchätre, l'odeur & le. 124 TRAITÉ sur LA FALSIFICATIeN goût de la Noix, mais légerement. Si elle a infofé dans l’efprit de vin, cette infufion eft d’un beau jaune, elle a une odeur aromatique, une faveur acre & aromatique ; elle teint l’éther en jaune-pâle. La Mufcade femelle la plus nouvelle eft la meil- lcure ; il faut aufli, pour qu’elle ait cette qualité, « qu’elle foit péfante , grafle, & fi on la pique avec une aiguille, qu’il en forte un jus huileux. Celles qui font vieilles ou cariées doivent être rejettées. La Noix MuscaDE MALE, que les anciens nom- ment Æzerbes ; Cf plus grofe que la Noix Muf- cade femelle. Elle eft oblongue, paroît à l’intérieur co“ime fi elle étoit cariée & panachée de veines noirâtres, fon goût eft défagréable : elle n’a pref- jue pas d’odeur. Les vers s'y mettent facilement, & l’on dit que, fi on la mêle avec la Mufcade fe- melle., elle la corrompt. © Macis. Macis. officin. eft nommée improprement Fleur de Mufcade: elle eft la feconde enveloppe du fruit que donhe le mufcadier. Cette enveloppe eft divifée en pluficurs lanières, d’une fubftance vif. . queufe , même huileufe & cartilagineufe , d’une cou- leur rougeâtre & jaunâtre , d’une faveur acre, bal- famique , fort aromatique , très-agréable , & fort odoriférante. | DES MÉDICAMENS 128 L'éther ne tire rien d’abord du Macis & très-peu de chofe par le iéjour. L’infufion aqueufe eft blan- châtre, a le goûc & l’odeur du Macis , mais lége- rement. L'efprit de vin dans lequel elle a infufé eft de couleur jaunâcre , & en a le goût & l’odeur. i PEN \ pe ; . Pour que le Macis foit de bonne qualité, il faut qu’il foit flexible, huileux , ayant la couleur ap- prochant du fairan , que fon odeur foit très - forte & crès-aromatique. Il a à peu près la même vertu que la noix muf- cade. L’un & l’autre fonc un aromatique actif & chaud , ils font fortifiant, {tomachique, cordial, car- minatif , & céphalique. La dofe en poudre eft or- dinairement depuis fix grains jufqu’à trente. Les Mirogsozans font des fruits deflechés qu’on apporte des Indes Orientales où ils font nommés Fruits de Parel : on en diftingue de cinq efpèces différentes. MyxroBocans CiTRINS. Myrobalani citrinæe, officin. Mirobalani teretes citrini bilem purgantes, C. B. P. Helilegi Azafur, Arab. Ont la forme d’une petite poire donc les deux excrémités font applaties, aiants environ quinze lignes de longueur & neuf lignes de largeur; d’un bout à l’autre on voit cing grandes #26 TRAITÉ sur LA FALsSIFICATION côtes ou cannelures, entre léfquelles il y en a cinq petites ; leur couleur eit citrine où d’un jäune-rou- | gcâtre, leur écorce exiéricure a une demie ligne d’épafleur ; elle eft un peu glutineufe, d’une faveur acerbe un peu acre, en dedans elle a un noyau oblong anguleux, de couleur moins foncée que le-, corce, qui renferme une amande blanchâtre , rccou=M verte d’une membrane jaune crès-mince. Perfonne n’a encore, donné la defcription de l’ar-" bre qui porte ces fruits. Joniton ie nomme Z4rb6r Mirobolanifera , [orbifoliis. L’infufion aqueufe de ces fruits eft de couleur jaune-rougeitre, d’une odeur légerement aromatique, fans faveur marquée. Sa teinture fpiricueufe eft d’un rouge-brun, elle a l’odeur de l’efprit de vin & “aifle dans la bouche une légere aftriction. L’éther en cft coloré en rouge-brun.. On doit choifir ceux qui font nouveaux, péfans, gommeux, dificiles à cafler & de couleur jaune= rougeâtre. | Myrogozans Cnégues. Myrobolani Chebulæ ;, officin. Myrobalani maxime, oblongaæ angulofe ; pituitam purgantes, C. B. P. Myrobalani Chebulæ citrini fimiles , nigrantes , J. B. Myrobalani quibus, ‘ pes MÉDICAMENS 127 éuorumd. Helikei, Kebuli, Arab. Is reflemblent aux cicrins, mais iont plus granus & ont encors plus la forme d’une poire : leur couleur eft brunâtre éxtérieurement , & d’un roux noirâtre in‘érieure- ment; ils font égacnunt felcvés de cinq côtés comme les Myrobolans citrins ; ils en ont le même goût ; mais leur chair eit plus épaille ; le noyau qu'ils renferment eft anguleux, creux & contient une amande oblongue : on caîle ce noyau dificilement. L'arbre d’ou font tirés ces fruits eft nommé par Jonfton, Ærbor Myrcbalanifera Perficæ folio. L’infufion aqueufe eft d’une couleur jaune-rou- geâtre prefque fans odeur. Ellé laiffe de l’aftriétiom dans la bouche, mais légerement. Son infufion fpi- ritueufe eft jaune-brunètre, a l’odeur de l’efprit de vin & laïfle une légère aftriction dans la bouche. L’éther en reçoit une couleur jaune-brunâtre. Ils doivent être choifis gros, durs, d’une couleur brune. Le dedans étant caié, il doit paroître réfineux, avoir un goût aftringent, tirant fur l’amer. Les MyroBorAns INDIENS, ou noirs, Myroba- lani Indie feu nigre feu damafone , oflicin. Myro- balani Indiæ nigræ fine nuckeis, |. B Myrobalani aigræ oûangulares, C. B. P. Helileoi afuad, Arab. 128 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoW# font oblongs, plus petits que ceux des écux autres efpèces , plutôt rides que Canneies, émouflés aux deux bouts; inirieurenient noirs & luitans comme de ja poix; noirs extéricurement : fulides & creufés d’un filon, 1ls fonc tans amande : quand on les mâ- che ils s’atrachent aux dents & font cracher. [is ont une faveur acerbe, un peu amère & acide avec une légere acrêté. Ein Jonfton nomme l’arbre qui porte ces fruits, .4r+ bor Myrobalanifera faiicis jouo. Leu: infufion aqueufe eit prefqué fans odeur, laiffe dans la bouche de l’ultriétion, & eit de couieur rouge-brun. L’intuliun ipiritaeuic eft prefque de la même cou'eur que ceile de l’infuñion aqueufe & a « l’odeur de l’efprit de vin d'un goût un peu aftringent, L'’éther en reçoit une couleur rouge-brun. On doit choifir ceux qui font les plus nouveaux, de couleur noire, péfants & dont la chair foit épaifle & compacte. Les M\roBoLANS Br1LIRICS, ou belliriques. My- robalani belliricæ, ofhcin. Myrobaiani rotundæ beilis rice , C. B. P. Myrobalani bellegu, bellilcoi, qorumd. font des fruits arrondis, un peu anguicux, de la figure & de la couleur de la noix mulcade, mais tirants DES MÉDICAMENS, :T 3:29 -tirants plus fur le jaune : ils -ontenviron un: pou- ce de longueur & prefque dix lignes de largeur, terminés, comme la figue, par une -pédicule eout- te & épaifle : leur écorce a une ligne d'épaifkur , elle eft un peu molle , d’une faveur auftère.amè- re & aftringente : elle contient;un noyau grifâtte qui renferme une amande arrondie & pointue fem- blable à une aveline. | b ont‘ L'arbre qui les produit eft nommé par Jon{ton' #r- bor que Myrobalanus lauri folio füubcinericeo. [ Frs y Leur infufion aqueufe eft de couleur jaunc:rou- geûtre, prefque fans odeur, laiffant une légeré Iaf- triétion dans la bouche ; la teinture fpiritueufe eft de couleur jaune-brunâtre, a l’odeur: de: Pefprit:de vin & une faveur légerement: aftringente.’ Ce fruit teint lécher de couleur jaune-brunâtre. On les choifit nouveaux, aiants l'écorce compacte & la chair moins folide que celle des Myrobolans chébules ou citrins. MxROBOLANS ENBLICS, ou embliques. Myrobalant emblicæ , officin.: Myrobalani emblicæ in fègmenris nucleum habentes, -angulo/e,"J.:B: Myrobalani em- belgi, embleoi, diafèni, amlegi, quorumd. Ce font des fruits prefque fphériques, ‘diftingués enfix am L 150 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION gles: oùverts; d'un'demi pouce de diamètre. Ils ont une couleur grife-noirâtre , contiennent un noyau léger, poli, añguicux, blanchâtre, de la grofeur d’une aveline qui eft ouverte en trois parties. Ra- rement on reçoit en Europe cés fruits entiers, & le plus fouvent ce font les fegmens de la chair ou de Ha pulpe deffechée qu'on envoye. Ils font noirâtres, d’une faveur auftère, aigreletté, & ün peu acre. : — L'arbre qui produit les Myrobolans emblics, fui- vant Jonfton, fe. nomme Æ4rbor Myrobalanifera , foliis. minutim incifis. L’infufion aqueufe de ces fruits eft de couleur brun-foncé, d’une odeur légerement balfamique & d’une faveur un peu aftringente. L’iniufion fpiri- tucufe eft de couleur rouge-brunâtre , d’un goût difgracieux, ayant l'odeur feulement de lefprit de vin. L’érher en reçoit une couleur brun-foncé. On doit choifir les fegmens, car on les trouve rarement entiers dans les boutiques , qu’ils foientw nouveaux , charnus, péfants & noirâtres, & réjetter ceux. qui font remplis de noyaux & d’ordures. Les Myrobolans font légerement purgatifs, & laifent après leurs ufages une légère aftriction, c’eit pour cette raifon qu’on les emploie quelquefois pour DES MÉDICAMENS : 195 purger dans les diarrhées : leur dofe en décoction eft depuis une demie once jufqu’à une ônce & de- mie , & en poudre depuis dix jufqu’à foixante grains, { Noix DE Gare. Galle, officin. C’eft une coque végétale qui vient fur les chênes quand ils ont été piqués par un infecte qui y dépofe fes œufs. Elles difiérent entre elles tant par leur grofleur, leur poid, leur figure, leur couleur, que par leur fur- face polie, raboteufe ou rude : elles ont un trou rond par où l’infecte s’eit envolé : elles font ordinairement rondes & grolles comme des noix ou comme des avelines ; raboteufes ou Cpineufcs, d’une couleur blanchâtre, ou verdâtre, où noirâtre, ou rougeâtre 3 réfineufes en dedans, d’un goût aftringent & acerbe. L’éther tire une couleur jaunâtre de la Noix de Galle par le féjour qu’elle y fait. L'infufon fpiri- tucufe eft de couleur rougeître , d’un goût tant foit peu aftringent. N’aiant d’autre odeur que celle de l’efprit de vin; leur infufion aqueufe eft de cou- leur brunâtre , fans odeur rémarquable , mais d’une faveur aftringente. | Elles donnent à la diffolution du vitriol martial, une couleur violette ou noire : elles font comme la pierre de touche pour s’aflurer de la qualité martiale des caux minérales. 192 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ï IF faut les choifir épineufes ; noires , péfantes & dures, «& réjetter comme moins bonnes, les blan- ches; les-légères , les peu Gures & les rougeñtres. Elles ont une vertu aftringente & aufière, on les ofdonne intérieurement pour guérir Jes fievres interitténtes, on s’en. fert extérieurément en épie if théme contre la chute de la matrice &' de linteftin ” A1 \ ” reétume .. Norx vomique, Œil de Corbeau. Nux. vomica , officin. eft une petite amande platte, ronde ou or- biculaire , veloutée ou lanugineufe , d’une fubftance dure comme de la corne, d’une couleur grife en déhors & de diverfes couleurs en dedans, telles que la jaune, Ja blanche ou la brune ; rémarquable par une efpèce de nombril qui eft au centre. = Elles fe trouvent au nombre de quinze dans un. fruit rond qui croit fur un arbre nommé Strychnos foliis ovatis, caule inermi, Linn. Malus Malabarica, fruëto corticofo amaricante, fémine plano compreffo F D. Lyen. & Raï. Hit. L’infufion aqueufe en eft blanchâtre & n’a point | d’odeur ; elle eft d’un goût acre & amer. L’efprit de vin, ainfi que l’éther n’en font point colorés $ pes MÉDICAMENS. 1 195 cependant elle donne à l’efprit de vin une faveur, amère & un peu acre, mais point d’odeur. On a longtems regardé la Noix vomique comme un poifon pour les quadrupèdes & les oifeaux, & . non pour l’homme; & une partie de ceux même ss p.. qui profeflent aujourd’hui la médecine, Ou la phar- macie la regardent encore comme telle. On en voit tous les jours vendre au premier venu,’ ou entiere ou en-poudre , laquelle on mêle avec dela farine ou de Ja graifle, & on la laifle expofée fouvent à lPavidité des enfans principalement chez le peuple. Hoffman rapporte qu’une fille de dix ans en eft morte. J'ai vü mourir un enfant d’environ trois ans pour avoir pris de la Noix vomique mêlée avec de la farine : il eut des vomiflements cruels & des con- vulfons. Combien d’enfans ne voit on pas très- forts, très-bien portants tomber en convulfion. La Noix vomique dont on fe fert fi négligemment & fi imprudemment ne pourroit-elle pas y contribuer pour quelque chofe? c’eft aux magiftrats à empé- cher que rien de ce qui peut nuire ne fe débite in- confidérement, & à conftituer des perfonnes capables & qui connoiflent les vertus des médicamens pout en inftruire les autres. Elle doit être profcrite de la médecine & être 134 Tratré SUR LA FALSIFICATION regardée comme un poifon, ainfi que les compo- fitions dans léfquelles elle entre, telle que lélec- tuaire nommé de l’œut. Pisracues. Vuces Piffaciæ, officin. font des fruits ou des petits noyaux de la grofeur des avelines, ob- longues , pointues , plusf élevées d’un côté, & ap- platies de l’autre, de couleur verdâtre , d’une faveur w mieleufe, douce & agréable, cnvironnées d’une pe- tite peau, laquelle eft ou d’un jaune-pâle eu d’an pourpre-obicur. Elles font recouvertes de deux écor- ces, l’extérieure eft de couleur roufle, membrancu- fe, aride, mince & fragile : l’intéricure cit de cou- leur blanche , ligneufe & caffante : on les trouve ordinairement débarafilces de leurs enveloppes, & on vend les noyaux feuls nuds. L'arbre qui les porte eft nommé piftachier. Pif= tacia foliis impari pinnatis , foliolis retrorfam fubfal- catis, Linn. Zerebinthus Indice, Thcop. Elles donnent d’abord une couleur verdâtre à J’éther laquelle augmente par le féjour. Elles colo- rent l’efprit de vin de couleur jaunâtre, & ne lui communiquent point d’odeur, mais une faveur lége- rement de _Piftache. L’eau dans laquelle elles ont infufées eft de couleur blanchâtre , fans odeur & en a le goût. DES MÉDICAMENS. [ sr Elles doivent être choifies péfantes, nouvelles, d’unc faveur gracieufc; étant caflées elles ne doivent fentir ni l'huile, ni le moifi, ni le rance. L On s’en fert dans la phtifie , la fievre heclique, la ftrangurie , l’impuiffance, les catharres acres, & la dyfcrafie fcorbutique des humeurs. On les man- ge ordinairement ; on les fait aufh entrer dans Îles éleétuaires & les machicatoires, & on en fait des émulfions lefquelles ont une couleur verdâtre. Tamarins. Zumarindi , oxiphænice. officin. Ce fonc des fruits qui fe débitent fous une fubftance pulpeufe ou médullaire, comme grafle, vifqueufe & gluante ; réduite en maffle molle , d’une faveur aci- de & vineufe, d’une couleur roufle-noirâtre, mê- lée de filamens cartilagineux, des graines dures, Juifantes , plus grandes que celles de la cafe foluti- ve, prefque quadrangulaires & applaties ; de cou- leur rouge-brun. L'arbre qui les produit eft connu fous le nom de tamarinier. Siliqua Arabica que Tamarindus, Raïi Elft. Palem pulli feu Maderam pulli, Hort. Malab. L'infufion aqueufe des fruits de Tamarin eft lé- gerement brunâtre , d’une faveur aigre & ayant l’o- deur du Tamarin. Sa teinture fpiritueufe eft de cou- leur légerement brunâtre, de l'odeur de l’efprit de 156 TRAITÉ' SUR LA FALSIFICATION vigl & a une faveur! acide ; mais le goût de Pefprit de vin y domine. L’écher en tire une couleur jaunâtre. T' nait a tiré de fix livres de Tamarins déliés dans huit pintes d’eau, fix gros d’un fel effentiel qui Jui a paru femblable à celui du tartre de vin. 132%) : Il feroit à défirer qu’on ne feroit ufage que des Tamärirs en filiques;/ mais On ne les trouve que ra- rement dans le conimerce. Ainfi l’on doit choi- fir ceux-qui viennent en pulpe, nouveaux, gras, d’une faveur acide agréable, & réjetter ceux qui fençent le moifi, & qui ont été mis dans la cave, ce qu’on reconnoit à leur grande humidité & à leurs noyaux qui font gonflés. On les faififie aufli avec de la mé laffe & du vinaigre ; on s’en apperçoit au goût qui eft plus piquant & moins agréable. * On doit beaucoup fe méfier de cette fubftance pul- peufe , car elle eft fort fujette à contenir du cuivre en diflolution que l’on peut appercevoir en y trem- pant unc lame de couteau bien propre ; en moins d’une iofiant fi les Tamarins en contiennent , on trou- vera cetié lame couverte de ce métal : on en trouve auili où cette matière pernicicufe fe manifefte d’elle- méme parune cflorefcence verdâtre fur la furface de la pulpe de Tamarin. Des MénicamEens 137 Elle eft laxative, légerement purgative & rafrai- iflante; on en fait grand ufase dans les ficvres Vardentes & putrides , de même que dans Pardeur d'urine. La dofe de cette pulpe, mondée de fes fé- Pmences & parties membraneufes, cft depuis deux x gros jufqu’à une once, & en décoction depuis une # “once jufqu'à trois. Vanizce. Vanilla, Vainiglia, Bainilla, Aracus aromaticus, oficin. Elle cit unc filique longue d’en- 4 viron fix pouces, un peu applatic, un peu molafe, lridée, de couleur rouge-foncé en déhors ; en dedans elle renferme une fubltance pulpeufe , graflc , de Rouler roufâtre , d’une faveur & odeur aromati- que & agréable. On trouve dans fa pulpe des peti- “ics fémences noires & luifantes. Cétte filique eft produite par unc plante nom- mécpar les botaniftes Vanilla flore viridi & albo, … fruëlu nigrefcenre , Plum. Volubilis filiquofa Mezxi- cana foliis plantaginis, Raï Hift On.diftingue trois fortes de Vanilie; la premiè- te eft nommée Vanille de Ley ou du Les; c’eft -la meilleure & la foule dont on devroit fairc ufa- ge : fa filique eft mince & longue, La fconde , dont la goufe eft plus groffe & plus 138 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION courte, ft nommée par les Efpagnols Bovo où Pom- pare, c’eft-à-dire enfiée ou boufñe : elle a l'odeur trop forte pour être agréable, Sa pulpe eft plus fluide: que celle de la précédente, & fes grains font auf plus gros. La troifième où la filique eft la plus petite en" tout fens, fe nomme Simarona , où batarde: c'eft. celle qui contient le moins de liqueur & de grai- ne ; elle a aufli le moins d’odeur. On voit quelquefois des filiques de Vanille mon-" ftrueufes par leur groffeur ; eïles ont lodeur des prunes & font courtes. On les appelle Vanille de l’Indoftan. L’infufion aqueufe de la Vanille eft de couleur jeune-brunâtre, clle a une agréable odeur & une fa- veur aromatique. La teinture fpiritueufe a aufi une -odeur aromatique, mais lefprit de vin y domines. elle eft d’une faveur aromatique , mais moins forte que celle de la Vanille, & d’une couleur jaune, L’écher en eft teint d'une couleur jaune. On doit la choifir nouvelle, un peu molle, hui- leufe , graffe , cafante, de couleur rongeûtre : fa pulpe doit être huilcufe, de couleur rouffâtre , rene. plie de petits grains noirs & luifants, ayant une odeur agréable. pes MÉDICAMENS. 129 J1 faut prendre garde que la gouffe naait pas été vuidée de fa pulpe aromatique & qu’on n’y ait pas fubftitué des paillettes ou d’autres corps étran- vers, en bouchant l'ouverture avec un peu de colle, après les y'avoir introduits pour les entremêler avec la bonne Vanille. On mêle quelquefois la premiere force de Vanille avec les deux autres cfpèces que nous avons décrices ; il eft très-prudent d’ouvrir les bortes , car fouvent on les falfific aufli en mettant dedans de la vicille qui a perdu fa qualité & qu’on a rajeunie en la faifant tremper dans de l’huile d'a- mande/ douce mêlée avec du ftorax & du baume du Pérou. On trouve quelquefois ces filiques recou- vertes d’une fleur faline & brillante qui n’eft que le fel effentiel qui a tranfudé en déhcrs quand on l’ap- porte dans un temps trop chaud. On fait peu d’ufage en médecine de la Vanille, elle eft fudorifique, cordiale, & ftomachique, on l’ordonne contre les affections mélancoliques. Prife en fubftance , la dofe eft depuis douze grains jufqu’à trente. En infufon ou décottion, foit dans du vin, ou de l’eau, la dofe eft depuis un demi gros jufqu’à un gros. On employe la Vanille dans une compofi- tion qu’on nomme chocolat pour lui communiquer un goût agréable & le rendre moins péfant fur l’eftomac, 7 RE 140 TRAITÉ sur LA Fazsirigariow Les Cuzxses , ou Quabebes, Poivre à: queue, Cubebæ vulgares, oficin. font des graines de la grof- feur des graines de poivre, de couleur grifâtre, ti-w dées, garnies d’une petite queue : d’une odeur pé-" nétrante, d’un goût fort acre aromatique qui attire! beaucoup de falive. Cn trouve dans l’intérieur une petite graine brune, extéricurement blanche, inté= rieurement ronde, polie & compacte, d’une faveur très-acre., On n’eft pas encore bien certain de la plante qui les produit; elle eft nommée Curane, par Fermann. | Elles donnent par la difillarion humide un peu . d'huile eflentielle plus péfante que l’eau. F4 v Ky A % À “ % f ra LE LA * À F. 1 + L’éther en eft teint d’une légère couleur jaune- verdôtre. L’infufon aqueufe eft de la faveur deu cette Graine, d’une odeur tirant, tant foit peu, fur la lavande, & de couleur brunâtre. Sa teinture “piritucufe eft légerement jaunûtre, d’un goût amer, acre & aromatique; & d’une odeur légerement bal- famique , mais l’efprit de vin y domine : on obtient d’une once de Cubebes, par la menftrue aqueufesm environ trois gros d'extrait qui a la faveur aroma- tique & acre, & une odeur pénétrante mais moin- dre que les Cubebes. Par la menftrue fpiritueufe on obtient environ deux gros & demi d'extrait dus + Li r DhhoivipEs MÉDrCAMENS | 41 doi acré aromatique , & un peu amer, & qui a odeur dé Cubebes. ° ” Elles doivent être choifies récentes, srofles, un peu péfantes, les moins ridées qu’il eft poflble, &'aromatiques ; il faut réjetter celles qui font légè- res & ridées & dont le noyau eft petit ou flafque, car elles ont été cucilliés avant leur maturité. CA \ On les dit fpecifiques contre les vertiges, & lim « bécilité de la mémoire; elles font actives & ftimu- … lantes » MOins cependant que le poivre; on les met ‘au nombre des principaux pectoraux, anticatarrheux ‘& ftomachiques. La dofe ordinaire en poudre eft - depuis fix jufqu': à vingt grains & depuis un fcrupule jufqu'è à un gros infufées dans au vin. Poivre. Il y a trois fortes de poivre dont on fe fert qui font le Porvre BLanc, le Poivre nor & le PolvRE LONG. Le Poivre norr.. Pipe nisrum , Oficin.s Piper rotundum niorum; C. B. P. cft une fémence ronde, féche, ridée , petite , grofle comme un pois de "moyenne. grofleur. Sous une écorce noirâtre , fe … trouve lune fubftance affkez dure & compacte, de … couleur verd-jaune cxtérieurement , & de couleur blanche) intérieurement. Son odeur eft léserement _ 142 TRAITÉ SUR LA Fazsiricavion aromatique; fa faveur eft très-acre. Elle .excite dans la bouche & dans le goficr une fenfation brûlante. La plante ligneufe qui le produit, eft connue fous le nom de Poivrier Lada aliis Molanga, five Piper aromaticum , Pifon. Piper foliis ovatis , petiolis fim- pliciffimis, Linn. Six livres de Poivre noir, diftillé dans une cor-w nue, ont donné huit onces trois gros & demi de liqueur qui contenoit un peu de fel urineux qui avoit la faveur & l’odeur du Poivre; quatorze on- ces & huit grains de liqueur rouflätre cmpyreuma- tique, acre, un peu acide qui donnoit des fignes d’un fel foit acide, foit urineux, deux onces cinq gros & vingt quatre grains d’efprit urineux, un gros d’alkali volatil concret, un demi gros d’huile effenuielle & huit onces d’huile épaife. Du réfidu _on obtient une once trois gros & douze grains de fel alkali fixe. | L'éther dans lequel le Poivre noir a infufé cft &’unc couleur jaunâtre, tirant un peu fur le verd. Le Poivre noir pour être bon doit être bien nourri, péfant,ile moins ridé pofible, très-acre au goût & qu’il ne foit pas rempli de poulüierc. . Le Poivre sLanc. Piper Album ; Leucopipers pes MÉDICAMENS. t43 oflicin. Piper rotundum album, ©. B. P., eft une graine unic, polie, de couleur blanchâtre, groffé comme un pois de moyenne grofeur, ayant la fi- gure extérieure d’un grain de coriandre, d’une fa- veur moins acre & moins piquante que le Poivre noir. L’éther en tire une teinture laiteufe laquelle de- vient un peu citrine par la fuite. Le Poivre blanc naturel eft extrêmement rare & on n'en trouve guère que dans le! cabinet des curieux. Celui qu'on trouve dans le commerce eft du Poivre noir auquel on a Ôté fon écorce exté- rieure. Les Holiandois fe font emparés de ce travail qui cependant n’altère point les bonnes qualités du Poivre. Il n’en eft pas de même d’un autre moyen que des perfonnes employent pour blanchir ie Poi- vre, & pour augmenter fon poid par des matières péfantes & fouvent venimeufes. A cette fin ils met- tent le Poivre noir dañs des tonneaux avec une fuf- fifante quantité d’eau pour l’humeéter, on l’y laif- fe jufqu’à ce que l'écorce quitte facilement la grai- ne , enfuite ce Poivre clt mis dans un baflin de. cuivre percé de trous, dans lequel ils le, plongent, en le fufpendant dans un baquet rempli d'eau; avec un balai ufé ils frottent le Poivre pour faire tom- | 144 TRAITÉ sUR LA FALSIFICATION ber , autant qu'il eft. pofiible ;r fon écorce moire;« après ils couvrent cette graïîne d’une couche de pà= te compoiée de la collec d’amidon avec une ‘plus ou moins ÿrande quantité de blanc de cérufe:'ils re. muent & agitent le Poivre dans cette pâte tant qu'il eft fufifamment chargé , ils mettent enfuite cette. graine fécher ; 5 après qu’elle eft féche.. äls: la re= muent Pour arrondir la pâte qui a refté appliquée autour des grains. À _: 1} :5:On peut RE cette frañde dangereufe, cn. aifant tremper le Poivre dans! dé’ l’eau ; l'eau, en. diflolvant la colle, laiffg précipiter la cérufe qu'on. peut reduire en plomb par le phlogiftique , fi c’eft de la craie dont on s'eft fervi en place de cérufe ;, on.la trouve aufli aû fond de l’eau. Le Poivre LonG , Piper longum, Macropiper » oficin. Piper longum Orientele, C. B. P. eft un fruit. defiéché avant fa maturité , de couleur grifâre s obl long , cylindrique, gros comme une-plume, } ong d'environ un pouce & demi, afez femblable au cha= ton de bouleau, cannelé, ou garni de tubercules à. unis fort étroitement & placés en forme de TOU= Jcaux , divifés intérieurement en petites cellules membraneufes rangées fur une méme ligne en rayons, | | dans # 1e ! pes Mépicamens ! 45! | dans chacune defquelles eft contenue une petite grai- ne arrondie de couleur noirätre extérieurement , “blanche en dedans , d’un goût plus acre, & plus | brülant que le Poivre noir & ayant une odeur aro= ‘matique. La plante qui produit ce fruit eft nommée Piper ‘longum five Pimpilim Pifon. Piper folis cordatis ÿ picolaris fèffélibufque ; Linn.. L L'éther tire d’abord du Poivre long une teinture laiteufe qui devient verte & peu chargée par-le fé- jour. L'eau dans laquelle ces trois fortes de Poivre font'infufé, n’a que peu d’acrcté; aù lieu que l’in- fufñon & l'extrait faits par L'efprit de vin brüient la langue & le palais. On tire par la diftillation d’une livre de Poivre, environ un gros ou quatre fcru : -pules d'huile cflentielle laquelle nage fur l’eau, elle -a l'odeur & la faveur du Poivre, mais n’en a point J’acreté., Une once de l’un ou de l’autre Poivre “ournit environ une demie once d'extrait aqueux “& un gros & quelques grains d'extrait fpriritueux. Il doit être choifi nouveau, bien nourri, compact, péfant, difficile à rompre & non carié à quoi il eff fort fujet. / = Ces trois efpèces de Poivre font des aromates très- K 446 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION actifs & ftimulans, on doit être très-circonfpeét daris J'ufage qu’on en fait, car ils agiflent en picottant vivement les folides, & en atténuant fortement les humeurs. Ils ne conviennent point aux perfonnes d’un tempérament fec ou pléthorique. On s’en fert dans les fievres quartes opiniatres, dans la cachexie, l’&éeme, les fleurs blanches invétérées & habituelles. ‘La dofe en fubitance cit dcpuis fix jufqu'à vingt grains, & en infufion depuis dix jufqu’à crente. ‘Le Poivre long a beaucoup plus d’acreté que le noir & le bianc. La 4 a AC er A Enr d'a à or À nr 2 2e 2 0e La) LES SÉMENCES. Ô fsrrvcz D’Ammi. Il y en a de deux efpèces, Ja premicre eit nommée Amm1ICoOMMUNE , Æmmi vule -gare,.Oflicin. On nomme la plante d’où elle pro= vient Sifon foliolis fubcapillaribus | Linn. Ammk vulgare majus, foliis latioribus fémine minus odo- rato , J. B. Elle eft petite, canelée , d’une couleur cen- drée, jaunâtre, d’un goût amer, acre & crès-pé= nétrante , d'une odeur aromatique, La 2e. efpèce cft L’Ammi DE CRÊTE, à ODEUR pres MÉDICAMENS. 149 »’OnrcAN, Cumin d’Ethiopie, Æmmi odore Origani, Cretici veri, officin. Sa plante eft nommée par les botaniltes Fœniculum Ammium Origani odore, Tout- nef. Zmmi parvum foliis fœniculis, C. B. P. Elle ne différe point beaucoup de la précédente “quant à la forme extérieure , mais par fon odeur plus pénétrante & par fa faveur aromatique appro- chant de celle de l’Origan ; fa couleur eft d’un | rouge-brun & quelquefois un peu verdâtre. On ne {C ftrt ordinairement en médecine que de l’Ammi de Crête. L Une cace a donné quatre fcrupules & douze grains d'extrait fpiritucux, de couleur jaunâtre, d’un goût aromatique très-acre , & d’une odeur balfamique très-douce, & autant d’extrait aqueux d’une odeur foible balfamique, d’un goût un peu amer, légcre- ment acre, aromatique , & de couleur fauve - noir : linfufion aqueufe eft de couleur jaune-rougeûtre, fayant l'odeur de la fémence, d’une faveur pi- -quante & aromatique. L’infufion fpiritueufe eft de “couleur jaunâtre, d’une odeur de la Sémence , mais PEfprit dont on s’eft fervi y domine, elle a un “goût légerement aromatique. L’éther en tire une légère couleur de paille par le féjour. On s'en fert comme fortifianc | échauffant, 448 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIONw carminatif & fiomachique, c’eit une des quatre. fémences qu’on à nommées , fémences chaudes mi- neures. La dofe en poudre cft depuis cinq jufqu’à fix grains, & infufce dans du vin depuis dix jufqu’à trente grains. L’anis DE LA Cine, ou de Sibérie, l’Anis étoilé, l’Anis des ifles Philippines, la Sémence de s Badiane, Anifum Indicum ftellatum , Badiane die- Ë tum, oficin. Cardamomum Siberienfe , Paul Amman. { ZAnifum perégrinum, C. B. P. Zingi fruëlus flella- À æus, five Anifum Indicum , J. B. Anifum Philip- pinarum infüularum , Cluf. -Anifum, Chinenfe , Sem. î Badian, F. Rhed. croit fur un arbre qu’on nomme Evonymo afinis Philippinarum. infularum , Anifum aSpirans , nuculas in capfulis f'elliformiter con st proferens » Pluck Badianifera , Lion. .: 11 reffemble pour, la figure à celle ds étoille! compoféc de fept, huit ou plus grand nombre der capfules triangulaires réunies à un centre commun en maniere de rayons; elles ont de longueur depuis cing jufqu’à dix lignes &. de largeur depuis trois jufqu’à cinq lignes étant un peu applaties, & unies. enfemble par leur bafe. Ces capfules ont deux écor- | ces l’une extérieure, dure, raboteufe , jaunâtret, .ou de couleur de rouille de fer ;, l’autre intérieure eft L ds | À # - DES MÉDICAMENS 149 “life , luifante & prefque offcufe: celles qui font fé: ches & vieilles, s'ouvrent en deux panneaux par le dos & laiflenc chacune fortir une fémence ren- fermée dans une coque mince, fragile, life, lui- fante, de la couleur de la graine de lin, appla- tie, de deux ou trois lignes de longueur & d’une “de largeur; en les ouvrant, on apperçoit une amande blanchôtre, grafle, douce & agréable au “goût & d’une faveur aromatique, qui tient le mi- “lieu entre l’Anis & le Fenouil, mais plus vive, “& d'une odeur agréable. | Une once des capfules a donné environ une demie once d’extraic aqueux, d’un goût légere- ment aromatique, d’une foible odeur, & d’une couleur rouge - brun, & deux gros d’excrait fpiri- tueux d’une faveur & odeur plus aromatiques que l’aqueux. L'eau dans laquelle elles ont infufé, eft de couleur jaune; elle en a l'odeur ainfi que le goût. La liqueur fpiritueufe dans laquelle elles ont infufé, a à peu-près le même goût, l’odeur & la couleur de l’infufion aqueufe L’éther en re- -çoit une couleur d’or - foncé. On les doit choifir entières, qu’elles foient net- tes & exemptes de poufliere. L'’Anis de la Chine cit carminatif & on l’em- so TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ploie dans les cas où les rémèdes chauds de cette efpèce peuvent convenir. On l’ordonne auf pour fortifier l’eftomac, pour difiper les vents, & pour faciliter l’expeétoration. La dofe en poudre ef or- dinairement depuis quatre jufqu’à dix grains & in= fufée dans du vin depuis dix jufqu’à vingt grains SÉmence DE Carpamomr. Il y a trois efpècesu différentes, mais celle qu’on emploie le plus fou- vent en médecine eft la Perrre Carpamomer, 7 < Cardamomum minus. ofäcin. Cardemomum Simpoli=\ citer in ofncinis diéum , C. B. P. Elle nous eft apportée renfermée dans une gouf- fe Membraneufe, triangulaire & rayéc ou canellée, attachée à de petites queues, de couleur -cendrée , tirant fur le blanc. Cette goufle eft partagée en trois loges dans lefquelies font deux rangs de petites grai- nes, à l’extérieur de couleur jaune-foncé & noirà ‘tre dans quelques endroits ; blanche en dedans, d’un _ goût fort aromatique & acre, tenant un peu de celui du camphre, & d’une odeur agréable. L’éther en reçoit une foible couleur jaune. L’in- fufion aqueufe cft de couleur légerement jaunâtre, d’une odeur aromatique. L’infufion fpiritueufe eft de -couleur jaunâtre, d’une faveur agréable & aromati- que : elle a l’odeur du Cardamome. D'une livre on! obtient environ fx gros d’huile eflentielle. pes MÉDICAMENS 181 e Une once donne un gros & quelques grains d’ex- trait fpiritueux de couleur pâle-fauve, d’un goût acre, brûlant & un peu aromatique , & de l’odeur de la Sémence. On en obtient une plus grande quan- tité d'extrait aqueux lequel eft prefque fans odeur & fans faveur. Le On ne devroit faire ufage en médecine que de Ia Sémence de petite Cardamome , comme étant la meilleure & ayant le plus d’odeur. La GRANDE CARDAMOME, qu’on nomme aufl Graine de Paradis , ou Maniguette. Cardamomum majus fémine piperato, Granum Paradifi, Malaguetta, Milleguetta, oficin. Sa plante n’eft guère connue & la defcription qu’en donne le pere Labat, & Flacouré dans fon hiftoire de Madagafcar ne la font pas mieux connoitre. Elle eft apportée en goufles ou coques de la fi- gure & de la grofieur d’une petite figue laquelle contient un grand nombre de Sémences triangulai- res, d'une couleur rougeâtre en déhors , blanche en dedans, d’une faveur acre & mordicante comme celle d’un mélange de camphre, de poivre, de la- vande & de thym. D'une once on obtient environ un gros & quel. ve. L: À î f52 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION ques grains d'extrait aqueux d’une couleur fauve obfcur, d'un goût acre & brûlant, & un gros & un fcrupule & demi d’extrait fpiritueux ayant un goût brûlant & très-acre. ! La GRAINE pu CARDAMOME Moyen. Cardamomum medius, officin. eft anguleufe , de couleur rouge- violet, d’une faveur fort acre , elle. eft contenue dans une goufle longue , triangulaire.& courbée ; R plus petite que la précédente. 11 faut choifir de l’une ou de l’autre de ces Carda- momes les plus nouvelles, les plus péfantes & dont les goufles font entières & point carices ou perforées : 31 ne faut point les ouvrir avant que de s’en fer- vir, car les graines fe confervent mieux étant enveloppées de leur goufe. On les a mifes au nombre des ftomachiques, cépha- liques, carminatifs & cardiaques les plus chauds. On leur attribue la vertu de fortifier la mémoire, Ja vue & l’ouie. La dofe en fubftance eft depuis dix jufqu’à vingt grains, & en infufion depuis un gros juiqu’à deux ou trois. SEMENCES DE Daucus. On s’en fert de deux for- tes en médecine; la premiere eft nommée Daucus . ve Crête. Semen Dauci Cretici, oficin. Elle fait Des MÉDICAMENS 159 partie des quatre petites Sémences chaudes, elle “eft'oblôngue, canclée, velue, convexe d’un côté’, “applatie de l’autre, d’un blanc un peu jaunâtre, d’une faveur un peu acre, qui n’eft pas défagréable d’une odeur foiblement aromatique. … La plante qui la produit eft nommée 4ramanta foliolis linearibus planis hirfutis, Seminibus oblongis # L 4 ; . . M hirfutis, Lion. Myrrhis annua, Semine firiato villo/o, “incana , Tournef. On en obtient d’une once, environ trois gros d'extrait aqueux , de çouleur brun-noirâtre, d’une fivéur foible d'abord & nc donne que quelque tems après de très-légérs veftiges d’acreté ; & par l’efprit de vin environ un gros d'extrait réfineux d’une odeur du miel , d’une faveur acre légerement amère & aromatique, de couleur d’or-foncé. L’infufion aqueufe de cette Sémence eft de couleur légerement jaunâtre, d’une odeur un peu aromatique, & a le goûr de la Sémence. L’infufion fpiritueufe eft de couleur jaune-verdâtre, d’une faveur aromatique “amère & d’une odeur légerement aromatique. L’é- ther en eft teint d’une couleur verdâtre laquelle augmente par le féjour. La feconde efpèce cft nommée Daucus vULGAIRE, 154 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Chirouis, Carotte fauvage, Semen Dauci vulgaris, oficin. Ces Sémences font oblongues, canelées, garnies de poils, de couleur grifâtre, d’une odeur, & faveur plus foibles que celle de la Sémence de Daucus de Candice. La plante qu’elle produit eft appellée Paflinaca fylveftris, five Staphilinus ; J. B. Paflinaca tenui \ folia [ylveftris , Diofcorid. vel Daucus , officin: GB. P. Il faut les choifir nouvelles, bien nourries & odo- riférantes. | El'es font atténuantes, incifives, apéritives, car- minatives, emmenagogues & diurétiques. La dofe ordinaire en poudre eft depuis huit juiqu'à vingt grains. » ET cis, oficin. Elle eft oblongue, canelée, verdâtre ou d’un pâle-jaunâtre , d’une faveur douce un peu acre, d’une odeur agréable & aromatique. La plante qui produit cette Graine eft appellée Fœniculum five Maratrum vulgatius dulce, Lobel. Fœniculum dulce majore & albo Semine, J. B. L’eau dans laquelle elle a infufé , a une faveur douceâtre & un peu acre: fon odeur eft faible & ÉMENCE DE FENouIL poux. Semen Foœniculi dul-. RE Ed pes MÉDICAMENS. 155 point agréable. Infufée dans l'efprit de vin, cette; | liqueur eft de couleur jaunâtre, a une odeur forte de Fenouil, un goût aromatique, acre mêlé de doux. L'éther dans lequel elle a infufé, en cit teint de couleur verdâtre : elle donne beaucoup d’huile effen- tielle par la diftillation aqueufe, cette huile fe coa- gule au froid & devient fi blanche qu’elle reffembie plutôt à la graifle qu’à l'huile. | Les Sémences du Fenouil doux doivent être choi- fies nouvelles, bien nourries, d’un goût doux & agréable. Il faut réjetter les vieilles, les petites & celles qui ont perdu leur faveur. Ces Sémences font carminatives, ftomachiques &c légerement diurétiques. SÉMENCE DE ZEDOAIRE , Sementine , Barbotine, Santoline , Semen contra, Sémence à vers; Semen Ze- doariæ, Semen contra vermes, Semen fanétonicum, Semen fanëtum, Lumbricorum Semen, Semen Cine, officin. eft une petite graine oblongue , d’une couleur verdâtre, d’une odeur balfamique un peu défagréable : légere-' ment acre au goût , amère & balfamique. Les auteurs ne font point d’accord fur quelle plante vient cette Sémence ; les uns la regardent comme une efpèce d’abrotanum. & les autres la met ‘166 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION tent au nombre des cfpèces d’abfynthe & la nom- ment avec C. Bauhin, 4bfinthium fantonicum Alexan- drinum. L’éther en tire une légère couleur ambrée. L'eau où elle a iniufé, eft de couleur brun-rougetre; a un goût très-amer, un peu balfamique , une odeur afez forte, parcille à celle qu’a la Sémence même. Si on en fait infufer dans l’efprit de vin, ce liquide devient de coucur jaune-brun , mais il conferve fon odeur naturelle. Cette iniufion fpritucufe eft moins amère & plus balfamique que l’infufion aqueufe. D'une once de cette Sémence, on obtient envi- ron trois gros & quelques grains d’extrait aqueux , de couleur roufle tirant un peu fur le noir, d’un goût amer balfamique & d’une .odeur foible. Par l’efprit de vin on tire environ deux gros & demi d'extrait d’une faveur amère balfamique, d’une odeur difgracieufe & de couleur roux-noirâtre. On doit choifir celle qui eft verdâtre, qui a une odeur forte , qui n’a pas de petites feuilles, de grains de fable & autres ordures qu’on y trouve fouvent; on doit prendre garde que ce ne foit pas la Sémence d’_Auronne laquelle on lui fubftitue fouvent. On peut aifémenc. reconnoitre cette fraude , car EE Roivic:DES MÉDICAMENS: : ! (EST “a Sémence d’Auronne eft jaunâtre , légère, refflem blant plutôt à de la paille qu’à de Ja Sémence. Celle de Zedoaire.eft plus groffe, longue &. de couleur verdäcre % elle eft auili plus amère & plus aromatique _qu celle del Auronne. | On l’ordonne comme difeufif, ftomachique , car- Mminatif & antivermineux , c’eft fur-tour en cette dérnicre qualité qu’on l’ordonne Je -plus fréquem- ment en°y joignant quelques purgatiis tels que da “ rhubatbe, & le mercure doux. La dofe cft dupuis "douze #jufqu'à foixante grains. | POS O DOS DO SD DS OS DS Ep DA PPS SR CR 0 DAC Agaricus ; Oficin. Boletus abieti ts diie Linn. 2Agaricus five Fungus laricis €. B. P. _eft une excroiflance fongueufe, blanchâtre, molle, _friable, légère, excitant fur la langue d’abord une faveur douce & qui cft enfuite amère avec acreté, Elle fe forme fur le Larir ou Mélèze. | L'éther en reçoit promptement une couleur ci- trine. , On n’en tire, fuivant Boulduc > Avec l’eau feule du un mucilage épais, & point d’extrait; mais, pour en avoir la partie extractive, il faut employer _Jes alkalis fixes diflous dans l’eau. jee de vin + ‘r58 TraïTÉ SUR LA FALSIFICATION -en tire unc teinture laquelle eft plus foncée quand elle provient de l'écorce de l’Agaric que de la par- tie fongueufe ; cette teinture étant concentiée ft “d’une odeur & faveur fi difpracieufes qu’une feule goutte fur la langue peut faire vomir & caufer pen- dant Jongtems des naufes ; pour, peu qu’on foit -#enfible. Une demie once d’Agaric donne environ deux gros d'extrait fpiritueux, fon écorce en don- ne une plus grande quantité. La même quantité -d’Agaric donne environ quatre {crupules d’extrait aqueux , & fon infufion aqueufe eft de couleur blanc- jaunâtre. I doit être choifi fouple & qu’il fe laife aifément dépêcer avec les doigts, il faut réjetter celui qui cft noirâtre, péfant, peu friable, fibreux,! , peu friable, ‘ligneux & carié. Avant de l’acheter, on doit le cou= per car le bon comme le mauvais eft frotté avec de la craie pour cacher fes défauts & le faire pa- “roitre plus blanc. Autrefois on faifoit plus d’ufage de l’Agaric qu’on _p'en fait à préfent : il lâche & purge doucement le ventre & chaffe les vers. On le croit fpécifique dans les maux de tête, les affections faporeufes, l’apo= plexie pituicufe, les affeétions hifiériques & la gout- te invéterée. La dofe ordinaire eft depuis vingt juf- pes MÉDICAMENS. 150 «à foixante grains en poudre. Mais il vaut micux a prendre infufce dans du vin depuis un gros jure qu’à deux. SE DC DIE EG EE PEER PE EE EGP PEET er LES BAUME S. Ban DE Coranu, où Copau , ou du Bréfil, Ba!jamum Copaive , Balfamum Brafilienfe ; Bal/amum gamelo , Balfamum vel Oleum Cp iba vel Copau. of- ficin. :Capivus Dale. C’eft une réfine liquide qui fe tire par l’incifion qu’on fait à l'écorce d’un arbre allez élevé qui vient dans l'Amérique Méridionale & principalement au Bréfil. On en trouve aulli dans les Antilles. Pifon & Marcgrave nomment cet ar- bre Copaiba , arbor Bal/amifera Brafilienfis , fru&u mono/permo. Il y a deux fortes de Baume de Copahu ; celui qu’on tire par l’incifion eft d’une couleur. jaune- pâle, d’une faveur un peu amère, d’une odeur aro- matique aflez agréable , d’une confiftence plus ou moins épaifc , felon qu’il eft plus ou moins vieux. On croit que l’autre cft extrait des rameaux & de l'écorce du même arbre par décoftion; il’a la confiftence du miel, une odeur pénétrante appro- chant de celle de la térébenthine , d’un goût plus 460 TRAITÉ SUR LA FALSIFPICATIow amer, que le précédent & aflez défagréable 51 ilef" chargé d’un peu de liqueur trouble. Onia vendu le Baume de Copahu extrait par la décoction fousle pom de Baume de Malpeyer . ou Malpaire qui étoit à le nom d’un épicier de Paris qui : en faifoit un gros débit. | Il fe diflout très-promptement par SITES diflolution eft tranfparente de: même que celle faite. 1 par l’efprit de vin. Li Gr) He. : Le vieux Baume de Copahu étant verfé fur l’eau, tombe fubitement au fond ; le! nouveau , ‘aù - con-" traire, furnage fur la furface de l’eau fous la for-" me- d’une pellicule. On tire quelquefois d’une livre , par la diftilla- M tion aqueufe, depuis cinq jufqu'à fix onces d’hui-M le effentielle, laquelle devient après quelque tems. “de couleur jaune-pâle ; elle ft d’une odeur forte, aromatique & ingrate , d’une faveur légerement ; ‘amère, acre & pénétrante. Ce Baume, diftillé par la cornue, a donné de l'huile étherée, de la liqueur acide, & une huile épaifle empyréumatique qui étoit d’abord de cou- ‘leur rouge, enfuite de couleur brune; du réfidu qui a refté dans la cornue , l’on n’a obtenu aucun fel. Il DES MÉDICAMENS. 161 “1! faut choifir le Baume de Copahu d’un jaune- pâle, clair, d’une odeur aromacique allez agréable, d'une faveur un peu amère, d'une confiltence ap- prochante de celle de la cérébenthine fe diffolvanc entièrement dans quatre parues d’efprit de vin. On s’en fert dans les ulcères du poumon, dans ceux des reins & de la veliie & fur la fin de la DO norrhée. La dofe eit depuis trois juiqu’a douze gouttes. BAUME pe Jupée, de la Mecque, d'Egypte, de “Conftanuinople, du Grand-Caire, de Gilea ou Bau- me vrai ou blanc. Bal//a: um Yudaïcum , Balfame “lzon ; Opobal/amum | Balfamum Gileadenfe, Bat{a- mum è Meccé, Balfamum Syriacum, Balfamum Con- ffantinopolitanum album , oficin H fe tire d’un arbrifleau nommé Bal/amum verum , J. B. Bal- famum Syriacum ; rutæ folio ; C. B. P. Balfëmum lentifei folio, Ægyptiacum , Bellon. Il y a trois efpèces de ce Baume , la prémière eft celle qui découle de l’incilion faite à l’écorce du baumier ; c’éft le plus précieux & le plus èftimé “des Baumes. Il et crès-rare parce qu’il cft réfervé en entier pour le Grind-Scigneur. La fconde efpèce eft celle que l’on retire à la L 162 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION prémière ébullition des branches & des feuillestdu baumier qu’on fait bouillir dans l’eau. Ce Baume, fous la forme d’une huile lympide & fubrile, vient nager à fa furface. Cette efpece eft encore rare par- ce que les femmes Turques la recherchent & en font un grand ufage. | x _ La croifième efpèce provient de la continuation de l’ébuilition qu’on fait fubir aux mêmes branches À & feuilles du baumier. Il eft plus épais & moins odorant que le précédent , auf eft-il le moins recherché. Le Baume de Judée eft une réfine d’un blanc jaunâtre, d’une odeur trés aromatique aflez fembla- ble à celle de l'écorce de citron. Son goùût eft acre & pénétrant, mais fon acreté n’eft point défagréa= ble, elle laiffe dans la bouche un goût aromatique qui dure très-longtems. Plus. il eft nouveau, plus il eft liquide &, blanc; en. vieilliffanc il s’épafit beaucoup , fa couleur devient d’un jaune-doré; ik perd de fon odeur & devient réfine folide & friableg d’un goût acre, mais il faut beaucoup de tems pou“ qu’il fe durcifie ainfi. | Il fe diffout très-promptement dans l'éther, ainfi que dans l’efprit de vin; mais cette diflolutionseft Des MÉDIcAMENS ‘ 163 un peu Joûche; il fe forme un très-léger AT blan shatre par le féjour qu’il y fait. \ Pour diftinguer le Baume de la Mecque nouveau & qui eft le meilleur, on en verfe dans l’eau; s’il eft nouveau, quoique verfé de très-haut , il furnagé & formé à la furface de ce liquide une pellicule, laquelle fe coagule & fe laifle retirer de l’eau en entier , elle eft très-blanche. Celui qui eft vieux étant verfé fur l’eau, tombe tout de fuite au fond. : * Comme il eft précieux, on le falfifie fouvent en y mettant de la térébenchine fine, ou du baume de Canada & de l'huile eflentielle du citron ou autres drogues. L’odeur & le goût de ce mélange peuvent faire découvrir aifément cette tromperie. On à indiqué, comme certains, plufieurs fignes auxquels où pouvoit reconnoitre le vrai Baume de Judée; mais tous ces fignes ne font pas auffi fûrs qu'on voudroit le faire croire & ne font qu’ima- ginaires. Entre autres ceux de coaguler le lait, d’exciter le faignement du nez en refpirant l’o- deur, de .s'échaper entièrement par les pores fon “en. tient dans la main & de ne point tâcher le linge. Le Baume de la Mecque eft très-citimé, & l’on 164 TRAITÉ-SUR LA FALSIFICATION ne.fçauroit. s'empêcher de convenir qu’il poñiède dans un degré éminent toutes les qualités propres aux fubftances ba! ifamiques. Cependant les autres baumes, els que ceux du Pérou, de Copahu &e. peuvent crès-bien le remplacer , & ils ont à peu" près la même vertu de celui de la: Mecque. Lam dofe eft depuis quatre jufqu’à quinze gouttes. Baume pu Pérou. Il y a trois cfpèces de Baume ne) de Pérou, : l’une: blanche liquide, l’autre brune ou noire & liquide & la troifième de couleur jaune d'or & folide. Le Baume BLANC pu Pérou. Bal/amwm Peru- vianum, album feu Sriraz alba, oflicin. "eft celui qui découle naturellement ou par incifion de l’écorce, fur-tout dans un tems pluvieux , d’un arbre qui croît dans l'Amérique Méridionale que les botaniftess nomment Balfamum ex peru , ]. B. Koirziloxite feu \ “ ” * %: fu: DES MÉDICAMENS. : 17É, Elle fe tire par incifion d’un arbre nommé Mé- ère, Abies foliis fafticulatis obéufis, Linn. Larëx folio deciduo , Conifèra, J. B. De deux livres de cette Térébenthine on a obte- ou par l’analyfe chimique, étant diftillée au bain marie , un gros & demi de liqueur un peu acide; dix onces fix gros & demi de l’huile très-tenue & très-lympide. La mafle qui étoit reftée, ayant été diftillée dans une cornue, a donné deux onces deux gros de liqueur acide, un peu de liqueur urineufe; douze onces deux gros & cinquante quatre grains d'huile de couleur jaunâtre, un peu plus épaifle que celle qui étoit fortie à la premiere diftillation & dix-fept onces quatre gros d’huile rouie & épaïlle; le réfidu n’a point donné de fel. Dans l’analyfe que les célèbres Boerhaave & Mac- quer en ont faite, ils n’ont point obtenu, comme Geoffroy, de liqueur urineufe. s Elle doit être choifie nouvelle , fluide , la plus . blanche & la plus tranfparente poñlible. Ses gouttes, lorfqu’on les fait tomber fur l’ongle du doigt, doi- vent s’y attacher ; il faut prendre garde qu’elle ne foit mêlée d’ordures. La TÉRÉBENTHINE COMMUNE. Zérebinthina com- 172 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION munis, Refina pinea, officin. découle d'elle-même ou par incifion de trois efpèces particulières de pins qui fe trouvent en grande quantité dans les forets de l'Europe & qui font nommés par les botaniftes, . 1. Pinus foliis geminis primordialibus folitariis glabris, Linn. Pinis [ylvcflris vulgaris Genuenfis JB. | here 2.6 Abies foliis folitariis apice acuminatis , Linn. dbies rubra, Trag: | 9. Abies foliis folitariis, apice emarginatis, Linn. Abies, Matth. clle eft ténace, vifqueufe, peu tranf parente; d’une faveur & odeur acre & défagréable. * On ne devroit pas faire ufage en médecine de la Térébenthine commune, fi nous en avons fait” mention, c’eft feulement pour la faire connoître afin “ qu’on nc l’achétat point pour de la Térébenthine, de Vénife. Les trois autres Térébenthines dont nous venons « de parler, différent peu entre-elles , quoique: cellem de Chio foit ordinairement la plus eftimée. La Térébenthine qui découle fans incifion des Mélèzes pendant la grande chaleur & laquelle ef. nomméc Bijon, eft très-rarc; elle a la confiftence pESs MÉDICAMENS. 173 & la couleur du Baume blanc de Pérou On s’en fert ordinairement pour falfifier, ce Baume. On mêle fouvent à la Térébenthine commune de l'huile de Térébénchine & tant foit peu de verd-de-gris , ce qui lui donne un œil verdâtre , laquelle on vend après pour de la l'érébenthine de Strasbourg ou de Vé- nife. Cette fourberie pernicicufe cftaiféc à connoître, car ces Térébenchines n’ont point de Coëleur verdâtre; da couleur qu’elles ont-eft jaune-blanchâtre, ou fent aufi l'huile de Térébenthine qu'on y a mife. On obtient de l’une & de l’autre Térébenthine beaucoup d'huile écherée par la diftillation, laquelle on nomme iMPrOPr emeut e efpfie L'écher diffout entièrement la Térébohchine, & Ja couleur qu'il en reçoit eft jaunâtre : elle fe dif “out aufli entièrement dans l’efprit de vin & lui donne l’odeur & la faveur de la Térebenchine; il eft prefque fans couleur. On s’en fert intérieurement comme vulneraire, ddiurétique, propre à -dérerger & confolider les ul- cères internes, à redonner du ton aux parties; on l’ordonne dans les maladies de la veilie & des con- duits urinaires, ainfi que dans la gonorrhée & dans Jes fleurs. blanches. La dofe cf depuis un gros iuf 174 TRAITÉ SUR “LA: F'ALSIFICATION qu’à un gros & demi, extérieurement on l’employe comme digeftive , maturative & vulneraire. PU Te LES RÉSINES, GOMMES, ET SUCS ÉPAISSES. M Asric, Maftiche. Maflix. & Ref na lencifét k oficin. eft une Réfine qui-découle ou naturellement où par incifion que l’on fait dans les mois de Sep- tembre à une arbre nommé Lentifque > Lentiftus” vulgaris; €. B: P. \ Elle eft fous la forme de larmes ou graines. plus ou moins petites, fragiles, féchcs, luifantes, tranf-. parentes. Lorfqu’on la mâche un peu longtems, elle s’amollit fous’les dents : fa couleur eft d’un jauné de citron très-pâle, d’une faveur foible & balfami- -que avec une légère aftriétion, d’une odeur douce” & légerement aromatique ; elle s’enflamme au feu & répand une. odeur. agréable. Deux: livres de Mañftic ont donné, étant diftil= Jées par la cornue, une once fept gros & cinquante quatre grains d’une liqueur Jympide odoriférante & | acide; deux onces un gros! & douze grains de li- queur couleur brune plus acide que la: précédente | pes MÉDpicamEens. 175 & un peu amère; un gros quarante-deux grains de liqueur lympide de couleur roufle, un peu alkaline & un peu acide, un gros d'huile lympide jaunâtre, deux gros d'huile un peu roufle, deux onces um gros & dix grains de l'huile brune lympide & vingt- deux onces d'huile brune prefque de la confiftence “du miel : le relidu à fourni quatre grains de fl falé. Cette Réfine ne communique à l’eau qu’une lé- gère odeur balfamique. Sa diflolution , faite pat l'ef- “prit de vin, a une couleur dorée, pâle, d’un goûg acre un peu amer & balfamique, d’une odeur agréa- ble. L’écher la diflout crès-promptement & entiè- _rement. Elle doit être choïfie en grofles larmes, d'u jaune de citron très-pâle, tranfparente étant un peu - mâchée-, elle devient comme de la cire blanche. I1 faut réjetter celle dont la couleur eft foncée, livide ou remplie d’ordures. Le Maftic eft confolidant , tonique , légerement aftringent, on l’employe dans les crachements de fang, & pour rafermir les gencives. La dofe eft de. puis dix jufqu’à vingt grains. L'Oursaw, Encens mâle. Olibanum, Thus, & T'hus 176 TRAITÉ suR LA FALSIFICATIOoN mafculum , oficin., eft une fubftance réfineux-gom- meux , d’une’ couleur jaune ,légérement blanchâtre , à peine demi tranfparente; én larmés affez grofies, - arrondies & oblongues, quelquefois jointes énfemibie, farineufe en déhors , brillante en dedans, féche M fragile, d’un goût balfamique, un peu acrc-amer , d’une odeur allez douce & réfineufe ; eile s’enflamme. facilement & cxhâle une vapeur forte & pénétrante À & très-aromatique. On dit que cette Réfine eft tirée par incifñonm d’un petit arbre, avec des cérémonies faperftitieu- | fes, nommé par Tournefort Cedrus Hifpanica pro= cerior, fruëlu maximo nigro & par Roy Lugd. ÿu- niperus foliis quadrifariam imbricatis acutis. Deux livres d’Oliban ont donné, étant diftillées dans une cornuc, fept onces fept gros &. vingt-u quatre grains de liqueur de couleur rouffâtre .odori-1 férante , acide & un peu auftère : une once deux gros & foixante-fix grains de liqueur de couleur M roufle, foit acide foit urineufe; une once deux gros & vingt-quatre grains d’huilé de couleur jaunûtre, odoriférante & lympide ; cinq onces trois gros d’huilen brune & épaifle ; & fix onces cinq gros & trenté grains d’hüilc de la confiftence du miel : le réfidu” qui | PT CS RG - MT - 2! RE prs MÉDICAMzNS. 17 qui eft refté dans la cornue, a donné vingt-deux grains de fel aikaii fixe. Son infufion fpiricueufe eft tranfoarente, de cou- leur jaunâtre , d’une faveur acre balfamique & ainè- re, d’une odeur balfamique. L’infufion aqueule eft trouble, laiceufe , un peu jaune- pâle, d’une fa- veur un peu amère balfamique. L’écher n’en reçoit -prefque pas de couleur. On trouve quelquefois deux larmes de l’Oliban joinces enfemble, elles reflemblent à des tefticules ou des Mammelles : c’eft d’où font venues les dif- tinctions ridicules d’Encens mâle & d'Encens fe- melle. . On donne le nom d’Encens de Mola à des pcti- tes larmes ou males remplies d’ordures, d’un goût tant foit peu amer, d’une couleur rougeàtre; On le trouve rarement dans le commerce ; on le fal- . fiñe quelquefois avec le Bdellium. On nomme Manne d’ Encens de petits grains clairs & tranfparens qui font formés par le trottement des morceaux. Le Suie d’Encens eft de l’Oliban brûlé de la ma niere qu'on brule l’Ærcançon ou la poix pour fai re du noir de fumée, M % 178 TRAITÉ SUX LA FALSrFICATIOo® . On doit choifir l’Oliban, pour l’ufage de la mé< decine, en belles larmes, féches, de couleur blan- che tirant fur le jaune, fe callants facilement & : exemptes d’ordures. On regarde l’Encens comme vulneraire & déter…. fif tant extérieurement qu’intérieurement, il n’a pas tant d'activité que les matières réfineufes, on lemploye aulli en fumigation dans quelques ma- ladies tellés que les rhumes, les catharres, les douleurs, rhumatifmales. La dofe ordinaire prile in- térieurement eft depuis vingt jufqu’à foixante grains. SANDARAQUE. Gomme ou Réfine de pgénévrier , Vernes, Sandaraca; Wernixz; Gummi juniperinum ,« oficin. eft une Réfine féche en larmes ou rondes” ou oblongues, de couleur jaune -pâle; brillante & _tranfparente , d’une odeur agréable & baliamiques & d’une faveur réfineufe. Elle coule d’elle-même ou par incifion du grand” génévrier Juniperus vulgaris arbor. C. B. Par l’analyfe chimique, deux livres de Sandara= que ont produit, étant dilüillées par la cornue, deux onces trois gros & dix-huit grains de liqueur ayant l'odeur du génévre, acide & lympide: fept gros - ———— DES MÉDICAMENS. 179 foïxante grains de liqueur lympide de couleur rouf- fâcre, foit acide foit urineufe; feize onces deux . gros & ioxante-dix grains de l’huilc tranfparente liquide, de couicur rouflätre, & fix onces {vpt gros & deux grains d’huile de la confiftance du miel. Le réfiäu a donné quatre gros de fel alkali falé. L’eau n’a aucune action fur le Sandaraque. L’ef- prit de vin & l’écher le diflolvent entièrement. Il faut choifir le Sandaraque en belles larmes net tes & claires, exemptes d’ordures. On en fait rarement ufage intérieurement; il eft tonique, réfolutif & antiputride à l'extérieur, SANG DraGon. Sanguis Draconis, Draconthema, officin. eft une Réfince féche, dure, friable, de cou- léur extérieurement rouge-foncé prefque brun; in- térieurement d’un rouge de fang, fe fondant aifé- ment au feu. Il n’a ni faveur, ni odeur fenfible , excepté lorfqu’on le brûle; il repand alors une odeur légérement balfamique & fa fumée paroit acide comme celle du benjoin. Il y a quatre fortes d’ar- * bres qui le produifent. Le 1.° eft nommé Palma prunifera foliis yuccæ fruëlu racemofd ceraci formi, oficulo duro cinereo 180 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIONW pifi.magnitudine, lacrymam Sansuiñis Draconis fun dens , Beaumont. Palma. prunifèra foliis yuccæ en" quê Sanguis Draconis, officin. Commel. | 2.0. Palma Amboïnenfis Sanguinem Draconis fun-« dens altera , foliis & candice undique ‘fpinis longiss acutif]imis nigris armata, D. Herard. Palma pinus five Conifera, J. B. : 9. Ezqua-huile feu Sanguinis ÆArbor, Hernard. 4° Pterocarpus, Linn. Draco Arbor Indica fili= qguofa, populi folio , Angfana vel Angfava Java nenfibus , Commel. Il eft indifloluble dans l’eau , mais il fe diflout entièrement dans l’efprit de vin ; il donne une couleur rouge d’abord à l’éther , mais la diffolution: n’eft pas complette. Le meilleur eft celui en petites larmes claires, tranfparentes, très-rouge. Cette forte eft très-rare & on ne la trouve point communément dans le ‘commerce. L'autre forte dont on fe fert, doit être! choifie pure, friable, inflammable , d’un rouge= foncé ; étant pillée, la poudre doit avoir la couleur dû fang. On l’apporte ordinairement enveloppée de” rofeaux. : On éprouve le Sang-Dragon en faifant des rayes: Ü ù DES MÉDICAMENS. 18: avec Ja pointe fur du papier, fur une pierre à rafoir mouillée ou fur du ier chaud & on prend celui qui laile des rayes d’un beau rouge comme étant le meilleur. ” On le contrefait fouvent avec des Réfines de moindre valeur qu’on teint avec du bol rouge ou du minium. Il eft dangereux de fe fervir de rel Sang-Dragon intérieurement , mais la fraude eft ilée à reconnoître, par le moyen de l’efprit de vin, car ce liquide n'ayant point d'action ni fur le minium ni fur le bol rouge, en les didlolvanc la ma tière rélineufe les laiflera tomber au fond du vafe. On peut aufli reconnoitre par le même procédé le Sang-Urason auquel on a mêlé du bol d’Armenie ou du miniom pour augmenter fon poids, On nous envoye principalement de la Hollande le Sang-Dragon.en petits pains plas, cafants, d’un rouge crès-foncé , -luifants extéricurement, :& inté- rieurement.; d’un beau rouge étant écrafés : on doit les réjetcer ce n’eft qu’une compofition des diférentes gommes mêlécs avec du Sang: Dragon. On reconnoit cetre fophifticarion en la faifänt brû- ler, car elle a la même odeur que la cire d'Ef pagne qu'on brüle. s- Jl y a encore une autre forte de Sang-Dragon 182 TRAITÉ sur LA FALSÿrICATION qui fe fabrique en Hollande. Ce font des Gommes. d'Arabie ou du Sénégal teintes avec le bois de Bréfil ou de Fernambouc. Ce faux Sang-Dragon fe diffout dans l'eau au lieu que le vrai Sang-Dragon eft indifioiuble dans ce liquide. On l'ordonne comme aftringent dans la gonor- rhée, l’hémoptyfie & autres hémorragies, mais fon” indiflolubilité dans les liqueurs aqueufes montre qu’il ne doit pas être d’une grande utilité dans pluticurs circonftances dans lefquelles on l'employe à l'in- térieur. La dofe ordinaire eft depuis fix grains juf- qu’à vingt, extérieurement on l’employe comme deflicauif & aftringent. TacamAnACA ou Tacamaque. Tacamahaca , Ta- camaca, ofäcin. Elle eft une fubftance réfineufe,, fria- ble, divifée en morceaux de difiérentes groffleurs, demi-tranfparente , aflez brillante, de couleur jau< nâtre ou verdâtre, d’une faveur réfineufe & un peu acre, d’une odeur pénétrante, agréable, fur-tout Jorfqu’on la brûle, approchant un peu de celle de la lavande. Elle découle naturellement ou par incifon d’un grand & bel arbre nommé par les botaniftes Baumier, Tacamaque , ou Horamc. Tacamahaca foliis crenatis DES MÉDICAMENS. | 183 lignum ad ephippia conficienda aptum ; Pluck. rbor populo fimilis refinofa altera , C. B. P. De deux livres de Tacamahaca on obtient, par l’analyfe chimique, trois onces & cinq gros de li- queur qui , au commencement, eft d’une odeur agréa= ble & d’une faveur un peu acide , & devient enfuite moins odoriférante & d’un goût acide & piquant ; deux onces cinq gros & cinquante-quatre grains d'huile tranfparente de couleur rouffàtre, douze on- ces un gros & trente-fix grains d'huile brune ayant la confiftence du miel, & fept onces deux gros & cinquante-quatre grains d’huile de la confiftence du beurre. Le réfidu reftant dans la cornue, ne contient pas de fel. L’infufñion aqueufe a une faveur forte & défa- gréable , mais une odeur foible. Sa teinture fpiri- tueufe a une odeur balfamique douce, un goût un peu acre , réfineux & une couleur d’or-foncé. L’éther diflout entièrement cette Réfine, mais fa teinture eft au commencement trouble & de couleur citrine. On la doit choifir à demi-tranfparente d’une cou- Jeur jaunäcre ou verdâtre, d’une odeur pénétrante & agréable. On trouve , mais très-rarement dans les boutiques, : / 284 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION de cette Réfine en coque qu’on nomme 7acama- haca en coque où en conis où fublime. On la préfére. à celle qui vient en morceaux, On apporte du Tacamahaca des ifles de Bourbon & de Madagafcar, de couleur verdâtre & quelquefois en rufeaux. Cette Réfne fe liquifie au deflus du vingrieme dégré de chaleur & devient concrerte & callante comme une réfine féche , au-deflous :'elle ef tout à fait différente du vrai Tacamahaca & a beau- coup de rapport avec Ja caragne On la nomme Baüme verd où Baume de Calaba. On trouve äufi dans le commerce une compofition faite avec diffé- tentes matières & la colophane qu'on vend pour du vrai Tacamahaca. On reconnoît cette falfification en la jettant fur les charbôns allumés, car on fent to t de fuite l'odeur ce colophane qui y domine. : La Tacamahaca a la vertu tonique des autres fub- ftances de cette efpèce, on en fait rarement ufage pour l’intérieur : extérieurement elle appaife les dou- leurs, elle eft ré'olutive & tonique. On en fait des emplâtres pour fortifier l’eftomac, pour appaier la fuflocation de la matrice, & le mal de ‘dents. Résine Anrmt. On diftingue deux fortes de cet- te Réfine qu’on nomme improprement Gomme & Punce en Orientale, & l’autre en Occidentale. DES MÉDICAMENS. 185 ‘On trouve rarement dans les boutiques l’ANIMÉ ORIENTALE , où d'Exhiopie Gummi Animi, Ami- 14, Vel Aminna Üriencalis, vihcin. Eile ft tranf- parenté, en gros morceaux, de duficrentes couleurs , ou blanc où brun ou rouffätre, femblable en quel- que façon à la myrrhe, quand on là brüle eile répand une odeur agreable, “L'Añimé D’OcciDEnT, qu’on nomme aufli Ré- fine de Courbaril. Gummi Anime Occidentalis , of- ficin. Joricacica, & ‘fctaïcica ,; Brafilienfibus, dé- coulé d’un arbre nommé Arbor filiquofa ex Vir- ginid. Lobofu/co, Scabro, C. B. P. Courbaril bifo- lia- flore pyramidato ; Plum. Elle eft une Réfine blanche tirant un peu für la couleur de l’encens, où d’un blanc citrin, tranfs parente, d’une odeur fuave & agréable, fe confu- mant facilement fur les charbons ardents. Deux livres de Rfine Animé, difillé ées dans une eornue , ont donné deux onces deux gros & douze grains d’une liqueur acide ayant l’oceur du géné- vre & vingt-fix onces & un gros tant d'huile lym- pide jJaunâtre que d’huile épaiffe de couleur roufle. De ce qui eft refté dans Ja cornue, on en a tiré fept grains de fel fa, 186. TRAITÉ SUR LA Fazsi#1caTion L'infufion aqueufe fe de couleur pâle, jaun- tre & a l’odeur de la Réfine. Elle eft difloute en tièrement par la menftrue fpiritueufe à laquelle elle donne une couleur jaune, une odeur balfami. que , douce, un goût légerement amer, balfamique mêlé d’acre. L’écher la diflout entièrement. À On la doit choifir tranfparente, d’une odeur agréable, fe Giflolvant entièrement dans l’éther ou dans l’efprit de vin. Ce que ne fait point une com" poñtion faite avec la Réfine Copal & celle d’Ani- mé fondues enfemble, laquelle on vend pour la vraie Réfine d’Animé. On ne s’en fert prefque jamais pour l'intérieur 3. extéricurement: on l’employe comme fortifiante , nervine , céphalique & vulneraire, on s’en fervoit autrefois en fumigation contre la ftérilité, les fleurs blanches & la fuppreflion des regles. Benjoix. Benzoinum , ofücin. Benivi, Garc. Ben- zoum, Benzoi, ÆAfadulcis, Cord. Belzoë vel Bcls zoim vel Belzuinum vulgo, Lug. Benivivum Linfcot, Benzudaum, Ruellio. Il eft tiré par les incifions qu’on fait à une efpèce de Laurier qui croît dans l'Ile de Sumatra & dans quelques autres endroits de l’Inde auquel cs botaniftes ont donné le n0% pes MÉDICAMENS. 187 de Laurus foliis enervibus, abverfè ovatis, utrin- ‘ L “ .. . LU que acuris, éntegris annuis, Lion. Arbor Beuzoini Polo ctri, J. B. Le Benioin eft une Réfine féche, dure, fragi- le, inflammable, de couleut rougeâtre, parfémée de beaucoup de tâches & de grains; blanche com- me des amandes callées, d’un goût réfineux avec un peu d'acreté , d’une odeur agréable & pénétran- te fur-tout fi on la brûle. _ L'efprit de vin la diffout entièrement ; cette difolution eft d'une couleur jaune-rougeitre, d’un goût un peu acre, douceâtre & légerement balfa- mique. Elle fe diffout crès-vite dans l’écher & ce li- quide n’en eft prefque point coloré. . Une livre de cette Réfine a donné, par la fu- blimation , environ deux onces de fel voiatil tres- blanc , connu fous le nom de fleurs de Bentoin ; par la décoétion dans l’eau, on a obtenu environ une once du même fel. D’une livre de Benjoin, on a tiré par la diftillation neuf gros d’huile dont une partie étoit eflentielle & l’autre partie empy- reumatique : on en a tiré aufh beaucoup d acide. Il doit être choifi de couleur rougcâtre, rempli de tâches ou graines comme des amandes cafiées 188 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoN d'ou lui eft venu le nom de Benjoin amigdaloides, & reetter celui qui eft noirâtre, brun -rouflâtre , qui ne contient prefque point'des molécules blan- ches & qui eit rempli d’ordures. On lemploye comme incifif, ftimulant, nervin & antiputride. La dofe en poudre eit depuis dix juf-u qu’à trente grains. Campure. Camphora & Caphura , officin. eft une fubftance qui a beaucoup de rapport avec les ma- tières réfineufes; il eft légerement onétueux , un peu, flexible fous les dents, de couleur blanché tranfpa- rente, légère, luifante; d’un goût acre, un peu amer aromatique” qui enflamme toute la bouche, mais qui caufe cependant un certain fentiment de froid, il a l’oûeur pénétrante & aromatique, aprochant de celle du romarin mais plus forte. ‘ . * On obtient cette fubftance végétale concrete en faifant bouillir dans l’eau les branches & les raci- « nes du Camphrier. Cet arbre cit du genre des lau- riers & cft appellé par les! botaniftes Laurus foliis ovatis utrinque acuminatis , trinerviis , nitidis , pe= tiolis laxis Linn. Arbor Camphorifera aponica, foliis laurinis, fru&u parvo, globofd calyce brevif= fimo, Bryn. DES MÉDICAMENS 189 On tire aufli, quoiqu’en moindre quantité, du Camphre de plufieurs plantes, racines, écorces &c. tant exotiques qu’indigènes , telles que /e Marjo- laine, la Menthe du Ceylan, la Mille-feuille, la Schœnante , la Sauge des jardins, les racines frai- ches de Zedoaire, de Galanga, du Gingembre , de Pécorce de Canclle, du CafJia lignea , du Cardamo- mum. &c. « Le Camphre eff très-inflammable & brûle même fur l’eau, fe diflout entièrement dans l’efprit de vin & dans l’éther. Il fe fublime en entier fans éprouver de décompofition & fans laifler de réfidu dans les vaifleaux clos. Les alkalis cauftiques n’ont aucune prife fur lui; il eft diflout mais fans efler- vefcence , fans chaleur & fans lui caufer aucune altération fenfible par l'acide vitriolique & ni- treux, même lorfqu'ils font concentrés, Sa diflolution par l’acide nitreux eft claire & lympide; on a donné . improprement le nom de Huile de Camphre à cette difolution ; en la mélant avec une grande quantité : d’eau ; auflitôt le mélange devient laiteux, & le Cam- phre fe précipite fous la forme des flocons blancs & vient après nâger à la furface du liquide; fi on le lave bien, qu’on le fafle fécher, on trouve qu'il eft- en tout femblable à ce qu'il étoit avant fa 190 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIoN difülution & précipitation. Il fuit de ce que nous venons de dire des propriétés du Camphre , qué cet- te fubitance végétale concrete, quoiqu'ayant les pro- prictés cffenticlles des réfines & des huiles, n’eft exaétement point compärable à aucune de celles qui font connues & qu’elle cft dans une clafle à part. Il faut choïifir le Camphre blanc, tranfparent ,* léger, d’un gotit acre un peu amer, aromatique, & ré'etter celui qui eft rouflâtre ou grifâtre & rem- ph d’ordures. Il eft un rémède d’une vertu très - cflicace, le- quel il doit à fa fubrilité & fa pénétrabilité, ils cft propre pour difloudre les engorgements inflam- matoires des humeurs, il cft d’une très- grande utilité dans les fievres malignes & cxanthémati-« ques, dans les délires & la rentrée des éruptions. On s’en fert dans toute efpèce de cachexie, dans les affections fpafmodiques , dans les hémorrhagies caufécs par le fpafme, on le vante comme fpécifi-« que dans la manic, il a aufli guéri la mélancolie hiftérique ; on le place au nombre des anodins , & on l’ordonne dans la fyncope, on lui attribue là. vertu d'empêcher les cffets du mercure fur les glands falivaircs fans cependant lui over celui de pes MÉDicamens. ‘or détruire le virus vénérien : la dofe ordinaire eft depuis deux grains jufqu’à dix. Résine Copaz, que l’on appelle improprement Gomme Copal. Gummi Copal, ofücin. découle ou paturelement ou par incifion d’un arbre nommé Copalli quahuilt, Copallifèra prima > Hcrand. Rhus elatior ; foliis imparipinnatis , petiolis membranaccis articulatis , Gronov. Cette Réfince eft dure, luifante, tranfparente, de couleur citrine & odorante. Elle n'eft point difloluble dans Ll’efprit de vin, & c’eft en quoi el- le diffère des autres matières réfineufes. Elle blanchit l’éther d’abord légerement; elle s'y renfle prodigieufement & y eft divifée comme par Lambeaux gélatineux fans qu’il paroiffe qu'il y a une diflolution bien marquée. On obtient par l’analyfe, de deux livres de Ré- fine Copal, trois onces quatre gros & trente grains d’une liqueur acide rouffâtre & d’une odeur empy- reumatique , & vingt - une once quatre gros tant d’une huile fubtile, lympide, que d’une huile épaif. fe & d'une huile butireufe. De ce qui refte dans la cornuëè où tire fept grains de fel falé. On la doit choifir en beaux morceaux blancs, & 197 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION légerement jaunâtre, friable, tranfparente , fe li- quifiant facilement au feu & y donnant une odeur: approchante de celle de l’Oliban. On mêle fouvent avec elle la Gomme de Séné gal avec laquelle elle a beaucoup de reffemblance pour l'extérieur; on reconnoit cette fraude parce que la gomme de Sénégal fe fond très- bien dans l'eau & que la Réfine Copal eft indiffoluble dans Le ce liquide. Le plus grand ufige qu’on fait de cette réfine eft pour les vernis. On lui accorde la même vertus qu’à lOliban & à la Réfine Animé; on la mêle dans les parfums préparés pour les affections froi- des & catarrhales. Résine ELtmr. il y a deux fortes de cette Ré- fine qu'on nomme improprement Gomme elémis -Gummi Elemi, officin. — La rcre. forte & qui eft la Vrare RÉSINE Eré=# m1, ou d'Ethiopie, eft jaunâtre ou d’un blanc quis tire tant foit peu fur le verd, folide en’ déhors quoiqu’elle ne foit pas entierement feche; molle, charnue en dedans , d'une odeur forte quis n’eft pas défagréable & qui. approche de celle du fenouil: Cette Kéfine eft ordinairement enve= loppée ——————————————— DES MÉDICAMENS. 199 loppée de grandes feuilles de rofcau ou de palmier. 0 Certe efpèce fe trouve rarement dans les boutiques. On croit que l’arbre d’où elle découle, eit une efpèce d’olivier fauvage. La 2e. forte eft celle qu’on nomme ÉLÉMI DE L'AMÉRIQUE, & on la trouve ordinairement dans les boutiques où on la fubftitue à la prémière ; elle eft virée par l’incifion qu’on fait à l'écorce d’un arbre nommé #rbor Brafilienfis, Gummi Elemi fi- mile fündens, foliis pinnatis , flftulis verticillatis fruëtu oliva figuré & magnetudine, Raï. Terebinthus major betulæ cortice , fruêtu triangulari, Sloan. Elle eft blanche, jaunâtre, tranfparente, reflem- | blante à la réfine du pin, d’uné confiftence ordinai- rement molle, graffle & gluante, ayant une odeur réfineufe défagréable : elle devient avec le tems friable: - Deux livres de cette Réfine , diftillée à la cor- nue, ont produit deux onces trois gros & foixante- fix grains de liqueur qui d’abord avoit le goût & odeur de cette Réfine, & enfuite acide; fix on- ces fix gros & trente-fix grains d'huile lympide roufâtre, vingt - neuf onces fix gros & trente - fix grains d'huile groflière & brune. Le réfidu qui ref- voit dans la cornue, a donné dix-huit grains de fel fixe falé. N 194 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoN L'’intufion aqueufe a un goût ballamique & amer, l’odeur de la Réfine , une couleur légerement jau2 ne. L’infufion fhiritueufe a une odeur agréabie, un peu amère , une faveur acre, balfamique & une cou- leur jaune-doré. Elle fe diffout entierement & en peu dé téms dans l’éther. Une livre donne environ une” once d'huile eflentielle par la diftillation aqueufe. Elle doit être choifie féche en déhors, molafe en dedans, odoriférante , tranfparente , de couleur blanc-jaunâtre ou verdâtre. Il faut réjetter celle qui eft remplie d’ordures, ainfi que celle qui eft blan=M che , ayant l’odeur approchante de celle de la té- rébenchine, car ce n'eft ordinairement que du ga- lipot lavé dans de lhuile d’afpic moyenne; il faut« auih réjetter ceile qui eft d’un gris cendré cirant fur le brun, car celle-la a pañé au feu. On s’en fert rarement intérieurement, mais ex- “téricurement on l’emploie comme fortifiant, cépha-" lique , nervin, anticatarrhale & vulneraire. Cepen- dant il y a des praticiens qui l’ordonnent dans les gonnorhées anciennes & les fleurs blanches, à la dofe de dix jufqu’à vingt grains. R£sINE DE Gayac. Refina Guajaci, officin. Elle découle, ou naturellemenr ou par incifion, de l’ar- 4 | DES MÉDICAMENS. 195 bre du même nom : on la nomme improprement Gommede Gayac. | Cette Réfine cit luifante, tranfparente , brune: extérieurement blanchâtré , intéricurement tantôt verdätre , tantôt roufâtre ; friable, d’une faveur un peu acre , d’une odeur agréable quand -on la brûle & qui approche de celle du bois de Gayac. “” ue On tire aulli une Réfine du bois de Gayac par léfprit de vin qui eft toute femblable à celle que mous venons de décrire. Une livre de bois donne environ quatre onces de cette Réfine laquelle eft difolublé dans l’efprit de vin, ainfi que: dans lécher. Il faut la choifir luifante » tranfparente , de couleur brune, friable , d’une odeur agréable fi on la brûle. Il faut réjecter celle qui eft remplie d’or- dures ou falfifiée avec la colophane, laquelle fal- fification on peut reconnoître, en la faifäht bre ler ; car celle qui cft pure, aura une odeur agréa- ble, & l’autre fentira plus ou moins la térében- shine. Elle eft atténuante, incifive & refolutive. La dofe et depuis quatre jufqu’à dix grains. RÉSsINE DE Lappanum, Labdanum, feu Lada- 196 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION num, -oficin. eft une Réfine qui contient quelques parties gommeufes dont on trouve deux efpèces dans les boutiques. L’efpèce la plus eftimée & la plus rare eft mol- le, gluante, en grande mafle, inflammable , d’une couieur qui tire fur le noirâtre, d’une faveur acre, balfamique, d’une odeur agréable, pénétrante : fi on en met fur le feu, il en fort une odeur afiez agréable. L'autre efpèce qu’on nomme LABDANUM IN TOR- mis, & qui eft le plus commun, eft fec, dur, fra- gile, s’amoliffant cependant à la chaleur du feu : il eft en pains entortillés , d’une couleur noire, d’une faveur & odeur plus foibles que celui de la prémière efpèce, il eft ordinairement mêlé d’un fable ferrugineux très-fin dont il faut le purifier avant de s’en fervir. On le tire d’un arbriffleau nommé Ladanum Cre-. ticum ,.P. Alp. Ciflus Ladanifera Grprisi fiore pur- pureo , rofaceo , Tournef. Deux livres de Labdanum en pains, diftillé à la cornue, ont donné deux onces, deux gros & qua- rante-huit grains d’un liqueur rouffâtre, d’une odeur agréable & d’une faveur aigre; trois gros & demi US M = 2 — | | | pes MÉDICAMENS.: 197 de liqueut brune qui faifoit etlervefcence avec les acides ; quatre gros & vingt-quatre grains d’huile oduriférante, claire & roullätre, & une once crois gros. d'huile épaille & un peu émpyreumatique. Ce qui a reité dans la cornue étant calciné, eft deveny rougeitre & ne paroifoit étre autre chofe qu’un fa- ble infipide du quel on ne tire prefque point de fel fixe. L’éther en obtient une couleur jaune-pâle. L’infu- fion aqueufe eft d’une couleur pâle de boue & trouble, d’une odeur difgracieufe tirant fur la nicotiane, d’un gout foible & un peu amer. L’infufion fpiricueufe eft de couleur d’or, d’une faveur mélée d’un peu d’acreté, légerement balfamique & un peu amère, & une odeur baifamique peu agréable. On obtient, par le menftrue aqueux, d’une once de Labdanum environ un ge d'extrait, & par l’efprit de vin on en tire cinq à fix gros de réfine. Il faut le choifir pur, le moins chargé d’ordures, d’une odeur forte mais douce, inflammable, qui s’a- mollit aifément par la chaleur. On trouve fouvent le Labdanum in vortis mélé avec d’autres gommes ou réfines de moindre valeur qu’on a fait fondre enfemble. Quoique cette fraude foit difiicile à con- poitre, nous avons obervé que la teinture faire 108 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION avec le.vrai Labdanum. par l’efprit de vin étoit.de PET R couleur d’or & que celle, faite avec celui: qui évoit fafifié, étroit rougeätre. On fe fert quoique rarément du Labdanunt inté- rieurement comme aftringent , fortifiant & calmants extéricurement on l'emploie comme actenuant, ré folutif & tonique. . -GommME GuTTE., Gummi Gutta; Gummi Gitta j« Gummi de Goa; Gummi de Gamandra; Gummi Peru ; Gummi Peruanum; Gummi laxativum ; Gutta Ga- mu; Catta Gemu ; Gutta ad podagram ; Scamoniumé Orientale ; Chryfopum ; Cambodium ; officin. Cembo- gium; Coddempulli, H.Malab. Elle eft un fuc concret, ë 1 d’une couleur jaune un peu rouge , inodore; en la mettant dans la bouche, elle paroît d’abord n’a- -voir que peu de faveur, mais bientôt cette faveur devient acre & caufe beaucoup de fécherefe. On la tire par de fortes incifions qu’on fait aus tronc de deux arbres Aont l’un eft nommé Carca-* pulli, Acoft. Coddempulh , Hort. Malabar. Choraca Cingalenfibus diéla , Herm. & l’autre fe, nomme Kanna-Ghoraka, id eft, Ghoraka dulcis fingulenfi- bus ; Herm. réfineux-gommeux , demi inflammable , fec & folide ,# En, TER. p£s MÉDICAMENS. 109 © Par l'analyfe chimique, de deux livres de Gom- me Gurte, on obtient deux onces deux gros de liqueur un peu trouble qni a le goût & l'odeur des amandes amères, un peu acides & aufteres, trois onces un gros & dix-huit grains de liqueur de couleur roufâtre, acide, auftère & qui pique la langue; deux onces trois gros & fix grains de liqueur brune foit urineufe, fuit acide; quatre on- ces, deux gros & foixante grains d’huile de cou- leur brune & tranfparente & une once & ‘quatre gros d’huile épaifle plus péfante que l’eau. On ti- re du réfidu qui refte dans la retorte , vingt- quatre grains de fel falc. Elle fe diffout mieux dans l’efprit de vin que dans l’eau; elle fe gonfle fans fe difloudre dans Pécher, mais elle donne à cette liqueur une cou- leur d’or. On doit choifir celle qui eft féche, dure, caf. fante , haute en couleur & fans odeur: & réjetter celle qui eft mêlée de fables, dont les morceaux étant cafés font gravelcux & remplis d’ordures. Elle eft un purgatif & un émétique draftique dont fouvent les effets font dangereux. On ne la doït emploïer que rarement & avec précaution, ce- pendant on voit des charlatans, fans connoiflance | 200 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ni des maladies ni des médicamens , s’en fervir pour purger impunement toutes fortes de perfonnes. I y a pourtant des cas où l’on peut s’en fervir, teis font ceux dans lefquels toute irritabilité pa- roît dévruite & où on eft forcé d’avoir recours à des rémèdes violents, feuls capables d’exciter en- core quelques contractions dans: le canal intefti- nal, & de procurer une évacuation qui au moins peut prolonger les jours du malade, fi elle ne. fçauroit le guérir. La dofe ordinaire eft depuis un jufqu'à huit grains. L'Orruw. Opium Thebaïcum , Meconium , officin. eft une fubftance réfineufe-commeufe, dure, com- pate, d’un rouge-brun tirant fur le noir, d’un goût amer ,acre & chaud, d’une odeur fœtide por- tant à la tête, caufant l’affoupiflement & excitant des naufées , s’amoliffant entre les doigts; on nous l’apporte formée en gâteaux arrondis, applatis, gros comine le poing; enveloppée dans des feuilles de pavot. ‘ | | On tire l’Opium ov par incifion ou par décoétion ou par expreflion de la tête d’une plante nommée Pavot blanc, Papaver hortenfè fèmine albo fativum dio/coridi album C. B. P. Papaver album , oficin. De deux livres d’Opium, diftillé dans une rétor pES MÉDICAMENS. 201 t, on a obtenu douze onces deux gros de liqueur foir acide foit urineufe, deux onces trois gros d'huile groflière. Du réfidu on a tiré quatre gros & quarante-cinq grains de fel alkali fixe. IL diffout dans l’eau en grande partie, & il eft difficile d'avoir fà partie séfineufe pure, par le moyen de l’efprit de vin. … Mr. Beaumé en a obtenu, par une longue di- geftion, une fubftance gommeufe, une matière ré- fineufe , du fel effenticl & une huile eflentielle épaifle ,.d’une confiltence à peu près femblable à celle du beurre à demi figé. INeuman a obfervé, après les expériences très- exactes qu'il a faites fur la quancité de matière réfineufe & gommeufe que l’Opium contient, que la prémière étoit en plus grande quantité que la feconde. Il donne à l’éther d’abord une teinture blanchä- tre laquelle devient par le féjour très - peu colorée en comparaifon de la teinture qu’on en tire avec lefprit de vin. L'infufion aqueufe eft de couleur jaune tirant fur le rouge, de l'odeur de lOpium & d’un goût amer & acre, fa teinture fpiritueufe gift de couleur rouge-jaunâtre, d’un goût amer & | 202 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOwW acre, ayant l'odeur de l’Opium, mais encore plus celle de l’efprit de vin. ce 4 Il eft fujet à être falfifié comme toute autre matière, on.y mêle quelquefois des gommes jauz nâtres reflemblantes un peu à la Gomme Arabique, lefquelles on peut diftinguer aifément de l’Opium, n'étant point mélées avec lui, mais feulement in- terpofées dans les morceaux; celui qui eft falfifié avec le fuif peut être connu tant à l’odeur qu'à la faveur qui tiennent toujours de la matière qu'on” y a mile pour le falfifier. Il doit être choifi net, compact, d’une couleur, noire tirant fur le brun, pliant, s’amoliffant entres les doigts, d’une odeur défegréable, d’une faveur : L amère & provoquant les naufées. Il faut réjetter celui qui eft trop fec, mêlé de terre ou d’autres ordures où qui paroît brülé. On fe fert fouvent de l’Opium en médecine: mais ce rémède demande beaucoup de prudence dans fon adminiftration : il provoque le fommeil , calme les douleurs , favorife fouvent une tranfpira= tion utile dans plufieurs maladies, arrête ou mo= dère quelquefois les évacuations trop abondantes” Le calme qu’il produit n’eft fouvent que momens tané & trompeur, car en diminuant quelque ac= ? . De se MÉDICAMENS:: 1: 203 cident de la maladie. il en augmente, fouvent la caufe. C’eft ce qu’on remarque fur-tout dans les ma- ladies aigus. Son ufage immoderé .occafionne , la ftupeur , les tremblements, & donne une efpèce d 'ivreffe continuecile ; quand on en prend une trop grande quantité on eft d’abord ivre, il furvient des vertiges, les extrémités fe refroidiffent, le fom- meil s'émpâre de celui qui l’a pris, puis viennent Es défaillances &" Ja morts d autres perlon- nes , au lieu de dormir , font Loujours ‘dans Un délire furieux ds elles ont un feu dévorant dans T'efümät , il leur furvient des naufées, des” vo- sifféments & des convulfions & fi on n'y porte ré- mède à propos, la mort. T n'eft point facile de déterminer la dofe de l’Opium, on fçait qu’on “doit commencer par la plus petite dofe laquelle eft d’un demi grain jufqu’à trois & au-de-là &ans certains cas & pour certains fujets. | La ScamonÉe. Scamonium | & Scammonia, oficin. Diagrydium, Cxl Aurelian. , eft un fuc COnCret » réfineux - gommeux, fec, friable, d’une couleur légerement cendrée & un peu jaunâtre en déhots, de couleur gris-noirâtre en dcdatis; d’une odeur défagréable , excitant des naufées ainfi que fa fa- Veur Qui eft acre. Lorfqu’on la manie ou qu’on 204 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoN la frotte, elle fe ta en une PoRRES blanche gtifâcre. 1 La plante d’où on la tire eft nommée Convolvu- lus “Syriacus & Scammonia Aer Moriff. Con- volvulus’ folits Jas ittatis pojtice sa peaucu- lis, ramofis bifloris, Roi. (1913 LA EE l On trouve deux efpèces de, Scamonée dans _les boutiques , |? une fous le nom de Scamonée. d’ Alcp & l'autre fous celui de Smyrne, c’eft de la Scamo= née d’Alcp feule dont on devroit faire ufage en médecine ; elle eft légère & friable , quand on la brife elle eft d’un gris-brunâtre & brillant. Celle de Smyrne cft noirâtre, plus compacte & plus pé- fante, moins réfincufe, que l’autre, elle fe rompt dificilement. D'une once de Scamonée choïfie on obtient, par le menftrue aqueux, environ trois gros. d’ex- trait gommeux & environ une demie once de ré- fine par l’efprit de vin. L’éther en reçoit une cou- leur laiteufe laquelle devient ambrée par le féjour, Son infufion aqueufe eft blanchâtre & trouble, avec très-peu de faveur & fans odeur. La, teintu- re fpiritucufe eft de couleur jaunâtre, d’un, goût téfineux, acre, ayant feulement l’odeur de lé prit de vin. | Re — ture DES MÉDICAMENS. os “lle doit être choifie brillante intérieurement, | ficile àcalier & vrès-aifée à être réduite en pou- dre, rélineufe, & qui étant arrofée d’un peu de falive ou de quelqu’autre liqueur aqueuie de- vienne Jaiteufe. On la falfifie fouvent avec des matières étrange- res, celles que des charbons. Pour s’en aflurer, ül fuñit de rompre le morceau. Il faut auf réjetter celui qui eft noir, brûlé ou dans lequel on crouve “du gravier ou du fable. | Plus les médicaments font chers, plus les mar- chanüs fraudeurs cherchent à les fophiftiquer. On voit tous les iours les plus mauvais effets de tels médicamens. On débite une Scamonée de couleur gite, légère, tendre & friable, laquelle eft une compolition de poix réfine mêlée avec des fucs de plantes lauceufes, acres, telle que celle de tithimale _&c. en y mélant du jalap, des cendres &c. pour la faire changer de couleur, & par ce moyen la faire reflembler à la vraie Scamonée. Les médecins & les apoticaires in{truits diftingueront ce vrai poifon de la véritable Scamonée. Mais combien d’hommes ne font pas la victime de l’ignorance de ceux qui, n'ayants aucune connoiflance des médicamens, fe mêlent de les ordonner ou ue jes débiter? » 206 TRArITÉ' SUR LA FALSIFICATION .-Œlle eft du nombre des purgatifs violents, & Be convient point. dans les fujers dont les fibres font naturellement tendres & ürritables. La dofe eft -depuis fix jufqu’à vingt grains. Le Srorax, ou Styrax Calamite, ou en larmes, Styraxz Calamita, oflicin. a reçu le nom de Cala= mite , parce qu'on l’apportoit autretois renfermé. dans des rofeaux qu’on nommoit EU Calami.\ C’eft un fuc réfineux - gommeux, affez folides ne: d’une couleur rouflâtre, parfemé de tâches, blanchâtres ; femblable à des amandes cafiées ; dus ne faveur balfamique, un peu acre fans être dcfas gréable ; d’une odeur balfamique, agréable , pénés trante, ayant quelque chofe de celle du baume dt Pérou, & un peu de celle du Benjoin; il s'amolss lit fous les dents & dans la main; il fe fond promp= - tement fur le feu & s’enflamme quand on l’appro che d’une ‘bougie allumée, & forme une lueur A 4 : tres - claire. d Ileft tiré par incifion d’un arbre. nommé par les botaniftes Sriraz folio malicotenei, C. B. P. On en trouve en larmes & en mafñle ,| celui en mafle a coulé par des incifions plus gran des qu’on à faites au même arbre , & ne s'eft 4 pts MÉDICAMENS. 207 épaifi qu'après un tems confidérable. Il eft mo ns folite que celui en larmes. Il eft gluant & miel- lux , d’une couleur rougeâtre cirant fur le brun, patfemé de parties blanchâtres; ayant l'odeur & le goût femblables à celui en larmes. . Deux livres de Storax, diftillées dans une cornue, ont donné deux onces fept gros & quarante-huit grains de liqucur qui avoit l’odeur du Storax, de couleur rouflâtre & acide, une once cing gros & trente-fix grains de l’huile eflenticlle de couleur rouflètre. Deux onces & deux gros d’huile épaifle comme du miel mêlée avec du fel effentiel, pareille à celle qu’on obtient du benjoin & qu’on nomme fleurs ; & trois onces crois gros d’huile fluide de couleur roule un peu empyreumatique. L'huile qui eft forcie avec Je fel effentiel volatil, s’eft liquifiée quelques jours après. Le réfidu a donné fept grains de fel falé. L’extrait qu'on en obtient par l’eau eft de cou- leur jaune-brun , d’un goût amer, de l’odeur à peu près du Storax, & une once en donne environ deux gros. Celui qu’on obtient par l’efprit de vin eft jaune rougeâtre, d’un goût un peu acre & amer & de l'odeur quoique foible du Storax. On en cbtient 208 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIow environ fix gros d’une once, L’infufon aqueufe , eft de couleur d’or-foncé, d’un goût amer, balfa= mique, excitant des naufées, de l’odeur du Storax. Sa teinture fpiritueufe eft d’une faveur acre, aro- matique, un peu amère, d’une odeur du Storaxs. mais moindre que l’infufion aqueufe, & de couleur jäune-rougeâtre. On tire environ deux onces de fel volatil d’une livre de Storax , lequel on nomme auf fleurs. Il donne à l’éther une couleur d’or-foncé. Le Storax en larmes eft le feul dont on doit fe fervir en médecine ; il doit être choifi en belles larmes , fec, le moins adhérant pofible au doigt, de couleur rouffâtre, d’une odeur pénétrante & agréable , exempt d’ordures. On vend pour du Sto- rax une compofition faite avec des fciures d’un bois rougeâtre dans lequel on trouve aufh des grains ou autres ordures mêlées avec un peu de Storax li- “quide & de celui en mafle. Quoique cette compo- fition foit crès-aifée à diftinguer du vrai Storax, les fophiftiqueurs' des médicamens ne laiflent pas de s’en fervir en place du vrai. On s’en fert comme tonique, nervin, fortifiant,. | incifif, & propre à réfoudre. La dofe eft depuis quatre jufqu’à quinze grains. Le Srorax LIQUIDE. Styrax liquida, officin. a la confiftence —— DES MÉDICAMENS 209 | éonfiftence d’un baume épais. Il eft ténace & vif- queux, d’une odeur forte & pénétrante, peu agréa- ble, quoiqu’approchant un peu du Scorax folide, d’une faveur acre , aromatique & d’une couleur grifâcre. On ne connoit pas bien la nature du Storax li- quide. Il y a des auteurs qui difent que c’eft une compofition faite avec le Storax, le galipot & de Phuile , & d’autres que c'eft l'extrait fait par dé- coction des parties de l’arbre du Liquid Ambar. J: Petiver, habile naturalifte & apoticaire de Lon- dres , rapporte que c’eit le fuc d’un certain arbre nommé Ro/a mallos. On pile fon écorce & on la . fait bouillir dans dé l’eau de la mer, jufqu’à la con fiftence de glue. On ramafñle la fubftance réfineufe qui furnage, on la pale & on l’enferme dans des tonneaux. L'eau n’a aucune action fur le Storax liquide, L'’efprit de vin qui cn eft teint, eft de couleur jaune-pâle , a l’odeur du Storax & d’une faveur acre aromatique. Son infufion, faite avec l'éther, ef d’un jaune-pâle & trouble. Il y furnage une efpèce d'huile de même couleur & il refte au fond une matière qui ne peut fe difloudre dans ce liquide. On le doit choifir ayant l’odeur du Storax, d’une _ PS 210 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoN confiftence un peu plus épaifle que la térébinthine, de couleur grifàtre, exempt d'humidité & d’ordures. On en fait rarement ufage intérieurement; exté=" rieurement on s'en fert comme tonique & antipu-1 tride, on en fait beaucoup d’ufage en cette derniere qualité dans la gangrene. af | ÿ Gomme DE Lierre. Gummi Haedere , offcin. ft. un fuc réfineux-gommeux, épaifi, dont on ne con=\ noit pas encore bien l’origine. On croit qu’il pros vient par infufion d’un arbre qu’on nomme Lierre. ; Cette fubftance eft dure, compaéte, en déhors des couleur rougeâtre, obfcure ou d’un brun-noirâtre 3 d’un jaune ou d’un rouge-brun & brillant en dedans, d’une faveur réfineufe , légerement aftringente & très-peu aromatique. Elle n’a point d’odeur fi non quand on la brûle; alors elle répand une odeur ap- prochante de celle de l’encens. On obtient, par l’analyfe chimique , de deux li- vres de cette fubitance réfineufe-gommeufe , trois” onces fix gros & fix grains de liqueur de coulcur rouflâtre & acide, deux gros cinquante-quatre grains. de liqueur alkaline ; deux onces fix gros & fcize grains d'huile de couleur jaunâtre & fept onces & vingt-quatre grains d'huile de couleur rouffâtre qui - DES MÉDICAMENS. . dif paroit contenir un peu d’acide. Du réfidu on obtient huic grains de fel alkali fixe. ” L'éther n’en tire prefque rièn d'abord, mais par le (jour il acquiert une couleur roufltre : fon in- füfon aqueufe eft de couleur d’or-pâle, d’une odeur foible, balfamique; fon infufion fpiritueufe a une odeur rélincufe, balfamique, un goût un peu amer & un peu acre, & une couleur rougeätre. D’une once on obtient à peine un gros d'extrait aqueux de couleur jaune brun, d’un goût balfamique, foi- ble & provoquant des naufées & prefque fans odeurs & environ cinq gros d'extrait fpiritueux de couleur rouge-brun & un peu noirâtre, d’une odeur réfi- eufe & d’un goût un peu amer & un peu acre. Oa la doit choifr féche, tranfparente, & prendre garde qu’elle ne foit remplie d’ordures. On la dit balfamique déterfive, confolidante! & réfolutive C. Hoffmann & Simon Pauli difent que l'ufage interne n'’eft pas fans danger. L'Evrnorse. ÆEuphorbium , officin. eft une Gomme-Réfine qu'on tire par incifion d’une plante nommée Luphorbia aculcata nuda multangularis , aculeis geminatis , Linn. Tithymalus Maritanicus , Aphyllos ; angulofus, fpinofüus ex quo Exphorbium , oïcin. Herman. 212 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIow Les larmes de l’Euphorbe font branchues, caver- peufes, friables, de couleur jaune plus ou moins foncée, d’une faveur très-acre, cauftique, caufant des naufées. Il fufit d’en toucher la langue pour avoir la bouche cnflammée; mais elle eft fans odeur. De deux livres, par l’analyfe chimique >; On à obtenu trois onces & deux gros de liqueur d’un: goût acre, d’une odeur défagréable , ne donnant aucun figne ni d’acide ni d’alkali; trois onces fept gros & cinquante-quatre grains de liqueur de cou- leur rouffâtre , acide ; d’une faveur & odeur em- pyreumatiques; une once trois gros & douze grains, d’une liqueur roufle , laquelle a donné des fignes d’acide & d’alkali urineux très-fort, & onze onces deux gros & dix-huit grains d’huile tant fluide” qu’épaifle de couleur brune. Le réfidu a donné deux _gros cinquante-huit grains de fel alkali fixe. L’infufion aqueufe eft ou jaunâtre ou ‘brune-rou- geâtre, felon le plus ou le moins de pureté de cette” Gomme-Réfine ; d’une odeur balfamique & d’un goût amer mêlé d’acreté. Son infuñon fpiritueufe eft d’une acreté fi brûlante que fi on en met feulement un peu fur la langue, elle la brûle très-vivement &" elle eft de couleur jaunâtre. L’éther en tire une DES MÉDICAMENS. 213 teinture laiteufe , laquelle n’augmente pas par le féjour. Il la faut choifir en larmes nettes, friables , fé- ches , de couleur jaunâtre , & réjetter celles qui ne font pas féches , qui font remplies de fable & de couleur noirâtre. aq l eft le plus acre & le plus vif de tous les hy- dragogues; on ne devroit jamais l’employer inté- rieurement car c’eft un véritable poifon. Il purge avec violence, il caufe fouvent des ulcères dans les inteltins, la défaillance, une fueur froide & même la mort. Il y a des auteurs qui confeillent de fou- fler de l’Euphorbe en poudre dans les nez, dans les affections foporeufes : cet ufage eft dangereux car la membrane pituitaire peut s’enflammer, ou il peut s'en fuivre une grande hémorrhagie. Il eft du nombre des épipaftiques & des réfolucifs acres & actifs. | Gazsanum. Galbanum, officin. eft un réfineux- gommeux qui découle de lui-même ou par incifion d’une plante que les botaniftes nomment Bubon fo- liis rhombeis ferratis glabris , umbellis paucis , Linn. ÆAnifim Africanum frufteftens, folio & caule colore cæruleo tindis, Pluck. 214 TRrAITÉ sur LA FArstrtcATIoN fl y en a deux fortes dans les boutiques; l'une eft en larmes ou en grumeaux d’une couleur blan- châtre, ou d’un roux aunâtre un peu tranfparent, ténace & duétile comme de la poix, d’une faveur réfineufe, amère, acre & défagréable & d’une odeuf forte & fœtide ; c’eft la meilleure ; l’autie cft em pains vifqueux, d’une confiftence de cire impure À de couleur ou blanchâtre ou jaunätre, brune ow ferrugineufe , tirant fur le noir, ayant la mêmé odeur & faveur que celle en larmes. Elle blanchi la falive; elle eft demi-inflammable. C’eft cette fortes qu’on trouve le plus fouvent dans les boutiques. .… L’écher en reçoit d’abord une couleur blanchâtre, Jaauelle devient citrine par le repos fans qu'il y ait une diffolution complette. Son infufon aqueufe eft de couleur blanchâtre , tirant tant foit peu fur le jaunâtre; elle eft trouble, d’une faveur gracieufe, -balfamique & d’une odeur femblable. L’infufion fpi- ricueufe eft d’une odeur balfamique moindre que l’aqueufe, d’un goût balfamique gracieux & un peu acte, d’une couleur d’or-foncé. Il fe diffout auffi. dans le vinaigre. D’une demie once de Gaibanum on retire environ quatre fcrupules d'extrait aqueux” d’une faveur réfineufe , d’une odeur foible & de couleur jaune-brunâtre; & de la même quantité on DES MÉDICAMENS. 215 tire environ crois gros d'extrait réfineux par l'ef- prit de vin qui a une couleur brunâtre, une fa- veur réfineufe balfamique mais foible, & crès-peu d'odeur. Une livre donne, par la diftrilation hu- mide, environ fix gros d'huile eflenticlle. Diftilée dans une retorte , elle donne une huile bleuâtre ou tirant fur le violet, laquelle ne conferve pas long- tems cette couleur, mais elle en prend une purpu- rine, principalement quand la bouteille qui la con- tient eft mal bouchée. | «ol »” De deux livres de Galbanum,, diftillées dans une cornue, on obtient trois onces & deux gros de li- queur odoriférante, un peu acide & de couleur rouf- fätre; trois onces cing gros & trente-quatre grains de liqueur de couleur brune empyreumatique, en partie alkaline & en partie acide, une once ‘fept gros & trente grains d'huile de couleur brune, fluide; cinq onces cinq gros d’huile de couleur verd- brun, épaille, & huit onces d’huile de la confiftence du miel. Du réfidu, on obtient treize grains de fel fixe. Le Galbanum en larmes doit être choifi en belles larmes , de couleur jaune, féches , le plus tränfpa- rentes & brillantes potlibles ; d’une odeur forte, & d'un goût amer. Celui en mafñe doit étre choifi 216 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoN propre, fec , de couleur jaunâtre, d’une forte. odeur , & le plus rempli de larmes qu’il eft pofli- ble. On doit réjerter celui qui eft rempli de fa. bles, de terre ou autres matières étrangères, qui a! peu d’odeur & qui eft de couleur brune, obfcure & noirâtre. Myrrue. Myrrha, officin. eft une Gomme-Réfine « qu'on vend en morceaux de différentes grofieurs, fragile , grafle au toucher, un peu tranfparente, de couleur d’un rouge-brun, ou d’un brun-rougeâtre & jaunâtre ,. émaillée en dedans de petites parcelles ou de ftries blanchâtres, demi circulaires ou d’une : figure irréguliere. Son odeur eft aromatique, mais fade & peu agréable. Cependant lorfqu’on la brule, elle exhâle une odeur affez agréable : fa faveur eft un peu balfamique, amère & a une acreté défa- gréable qui excite même quelques naufées, Elle eft — inflammable. On ne dit rien de certain de l’arbre ou de la plante d’où elle découle. On a obtenu de deux livres de Myÿrrhe, diftillées par la cornue, trois onces de liqueur, laquelle avoit le goût & l’odeur de la Myrrhe &étoit de couleur rouflâtre ; "quatre onces fept gros & trente-quatre grains de liqueur acide & auftère, cinq gros de lis pes MÉDICAMENS 217 queur foit acide foit urineufe , une once fept gros & crente-deux grains d’huile odoriférante, tranfpa- rence & de couleur roule ; & trois onces fix gros &vrence-lix grains d'huile de couleur brune, épaiffe comme du firop & empyreumatique. On a retiré du réfidu environ dix-huit grains de fel fixe falé. L'éther, fans la diffoudre , n’en tire qu’une lé- gère couleur citrine par le féjour qu’elle y fait. L'infufion aqueufe eft de couleur jaunâtre-obfcur, un peu trouble; d’une odeur & d’un goût fort de Myrrhe. Sa teinture fpiritueufe eft de couleur jaune-. rouge, d’une odeur balfamique & fpécifique de la Myrrhe, d'un goût fort amer. Une once donne en- viron fept gros d’extrait aqueux de couleur jaune- brunâtre, ayant l’odeur & la faveur de la Myrrhe, & environ deux fcrupules d’extrait réfineux de cou- leur obfcure, d’un goût amer & défagréable. | F. Hoffmann donne un procédé par lequel il dit avoir viré deux gros d’huüile efflencielle d’une livre de Myrrhe. Nous avons repeté ce procedé & nous en avons obtenu une plus grande quantité, ce qui peut provenir de la qualité ou de Ja vérufté de Ia Myrrhe. Cette huile étoit d’une faveur & d’unç gdeur très-pénétrantes, 015 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIoN Elle doit être choifie en belles larmes tranfpa- rentes, récentes, d’une couleur jaune - doré où, rougeâtre, légère, acre, ayant en dedans de peti- tes inarques blanches femblables à des coups d’on-. gles, lefquels lui ont fait donner le nom de Myr-« rhe onglée, & forte en odeur; on doit réjetter celle qui eft péfante, brune, ou noire comme de. la poix. Elle eft aufli fujette à être mêlée avec | es fubftances étrangères telles que dés ‘écorces. d'arbre, de la terre, de la gomme Aräbique & autres gommes. On la peut aïfément diftinguer de ces gommes par le goût & par l'odeur. | Elle tient un des premiers rangs parmi les dif cufifs, & les réfolutifs fortifiants: Elle eft mife au rang des ftomachiques, des emmenagogues, des vulneraires peétoreaux & des antiputrides 3. la do- fe eft depuis dix jufqu’à foixante grains. Opopanax, Opopanar , Opopanacum , Gummi-pa- nacis , officin. eft une Gomme-Réfine en larmes de difiérentes grofleurs, grafle, cependant friable ; de couleur rouflätre extérieurement, intérieurement blanchâtre, d’une faveur amère, acre & excitant” les naufées, d’une odeur forte & défagréable. Elle fe tire par incifion d’une plante nommée. | A ————————— DES MÉDICAMENS. 219 ue Berce ou Panacée Panax M ie C. B. P. Panar Heracleum , Morif. FU l’écher ne la diffout pas entierement , il en tire cependant une très- belle couleur citrine d’a- bord, qui devient ambre par le féjour. L’infution aqueufe eft de couleur jaune, d’un goût amer & acre, de odeur de l’'Opopanax. Sa téinture fpiritueufe eft de couleur rougeâtre , d’une légère odeur de POpopanax, d’un Lis amer & un peu aromas Higüe: , Deux livres d’Opopanax, diftillées par la cornue, ont donné quatre onces & quatre. gros de liqueur odoriférante & un peu acide; quatre onces cinq gros & douze grains de liqueur acide cmpyreuma- tique, de couleur rouflàtre, & une once fix gros de liqueur foit acide foit urineufe ; une once ün grôë & douze grains d’huile de couleur rouffâtre tranf parente & légère, & quatre onces un gros & douze grains d'huile épaifle de couleur brune, plus péfante que l’eau, du réfidu on a tiré déux gros quarante-deux grains d’alkali fixe. Elle doit être choifie nouvelle, en larmes, d’u- ne couleur rouflâtre en déhors, blanche en de- dans, graff, aflez fragile ; d’une odeur très -forte 220 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATrow & défagréable. Il faut réjetter celle qui eft en maf- fe, remplie de corps étrangers & d’un roux noi- râtre. Cette Gomme - Réfine, en vicilliffant, devient d'un rouge aflez foncé & perd beaucoup de fon odeur. On lui attribue la vertu échauffante, réfolutive | & incifive, on l’emploie contre les obftruétions, ! dans les maladies de la poitrine, les douleurs de l’eftomac , les douleurs de tête opiniatres, les ver- tiges; on l’emploie aufli comme carminatif > Vet- mifuge, diurétique & emmenagogue. La dofe or- dinaire cft depuis dix jufqu’à trente grains. SAGAPENUM , ou Gomme Séraphique. Sagapenum , Serapinum , & Sacoponium , officin. eft une Gom- me- Réfine en larmes ou en grofle mafñle, d’une couleur rouflâtre extérieurement , & intérieurement terne & blanchâtre, d’une faveur acre, amère & défagréable, d’une odeur forte & fœtide ; lorfqu’on en. jette fur les charbons ardens, cette odeur ap- proche de celle de l'ail, La plante d’où il découle n’eft point encore connue. On a obtenu de deux livres de Sagapenum, dif bESs MÉDICAMENS. 291 tillé par la cornue, fix onces trois gros & dix- “huit grains de liqueur acide de l’odeur du por- eau, d’une faveur réfineufe qui approche du gé- névre & de couleur rouflâtre ; trois onces deux Woros & trente-fix grains de liqueur acide, brune “ou de couleur de fafran, une once & un gros de liqueur alkali-urineufe, une once fix gros & qua- rante-deux grains d’huile de couleur verte ; & trois onces trois gros & douze grains d’huile épaifle de couleur brun-rouflâtre. Du réfidu on a reuré un gros & douze grains de fel fixe falé. Une demie once a donné deux gros & environ deux fcrupules d’excraic aqueux de couleur jaune- “pâle, d'une faveur légèrement balfamique & d'u- ne odeur foible; & un gros & trente - fix grains d’extrait fpiritueux de couleur jaunâtre, d’un goût amer un peu acre & de l’odeur du Sagapenum. L’in- fufion aqueufe eft trouble, d’une odeur foible, bal- “famique & de la même faveur mêlée avec quelque chofe d’amer. Sa teinture fpiritueufe n’a prefque point d’odeur, elle eft d’une couleur jaune - pâle, d’un goût légèrement balfamique. Il ne donne par le féjour qu’une légère teinture couleur de paille à l’éther fans que fa diflolution foit parfaite. Il doit être choifi clair & tranfparent, autant 222 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION. qu'il foit poiüble, d’un jaune-päie fentant un peu l'afia-fœtida & le gälbanum. Il doit plier fous les doigts lorfqu’on le manie. Il faut réjetter celui qui eft en morceaux gras, d'une couleur obfcure mêlé des matières hétérogènes. Le Oh: Pembpléie comme tonique apéritif, fondant 74 emmenagogue & antihiftérique. La dofe, pris inté- rieurement , cft depuis dix jufqu’à quarante grains, extéricurement il eft maturatif, atténuant & réfo- lutif. La Sarcocozre, ou Collechair Sarcocolla ; offi- " cin. eft une Gomme - Réfine en larmes où petites À males fpongicufes, friables, qui s’égrainent aifé- u ment, de couleur blanc-jaunâtre ou rougeätre, dont . quelques-unes font d’un blanc aflez éclatant. Leur faveur eft douce, fade, mélée d’une amertume & d’une acreté défagréables. Elles n ’ont prefque point d’odeur & font queiquefois unies enfemble par un duvet filandreux. Cette Gomme découle par incifñion ou par «elle-" même d’un arbre nommé Penœa foliis ovatis pla- nis, Linn. Zithymali myrfinitis fpecie arbufcule Æthiopica , folio penè celato bafi in acutifjimum mucroncm fubito definente , capitulis origani, Pluck. DES MÉDICAMENS. 223 Deux livres de Sarcocolle, diftillées dans une “cornue, ont donné deux onces fix gros de liqueur, de couleur -jaunâtre, d’une faveur un peu faiée, “fade, & donnent des fignes légers d’un alkali uri- neux , cinq onces un gros & trente-fix grains de liqueur acide, de couleur roufâtre, deux onces trois gros & trente-fix grains de liqueur foit acide foit urineufe ; trois onces fix gros de l’huile de | couleur brune & fluide & quatre onces trente-fix _ grains d’huile épaifle. Du réfidu on a tiré un gros …& douze grains de fel fixe falé. … L'infufion fpiricueufe a une couleur jaunâtre, “fans autre odeur que celle de l’efprit de vin, ayant un goût légeremenc amer. L’infufion aqueufe eft blanchätre , d’une faveur amère & fans odeur. L’é- ther n’a point d’action fur cette Gomme. On la doit choiïfir en petites larmes, fe diffolvant dans l’eau, bouillonnant d’abord à la flamme d’u- ne bougie, fautant enfuite avec éclat. Mife fous la dent , elle eft très-fragile, donne beaucoup de vif- cofité & glutinofité. On doit réjetter celle qui eff en malle ou en petits grains; brune & remplie d'ordures, à quoi celle cft fort fujette. On Ja dit avoir la propriété de faire tomber les cheveux : on lemploie pour la réunion des 594 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIOoN plaies, on en fait ufage dans les collyres confoli- dantes & ficcatives. Gomme AmMonrAC, Gummi Ammoniacum , off. cin. Gutta Hammoniaca, Galen. eft une Gomme- Réfine, d’une odeur balfamique, défagréable, d’u- ne faveur réfineufe un peu acre & un peu amère; d’une couleur jaunâtre en déhors , blanchâtre en dedans, Elle s'étend facilement fous les doigts fans « fe brifer & elle y devient plus blanche; jettée fur les charbons ardens, elle s'enflamme à caufe de la. partie réfineufe qu’elle contient. On dit qu’elle découle des incifions que l’on fait à une efpèce de férule qui eft nommée Ferula Am-. monifera. Une demie once a donné trois gros & vingt- trois grains d’extrait aqueux fans odeur & d’une fa- -veur réfineufe, mais foible & de couleur jaune-bru- pâcre. L’efprit de vin en a tiré trois gros d’extrait d’une même quantité , d’une couleur jaune & rou- geâtre-brunâtre, d’un goût ingrat un peu amer & acre, ayant très-peu d’odeur. Son infufion aqueufe eft trouble, de couleur blanchâtre, tirant un peu fur le jaune , d’une odeur foibie, d’un goût un peu amer. Sa teinture fpiritueufe eft tranfparente | jaune- DES MÉDICAMENS. 228 jaune-rougeâtre, d’un goût ingrat, acre & amer, plus fort que fon infulion aqueufe. L’éther ne la diflout point ; elle en reçoit une couleur laiceufe } peu chargée. Deux livres de cette Gomme-Réfine ont don- né, par l’analyfe chymique, dix onces un gros & wingt-quatre grains d’une liqueur odoriférante, de couleur rouflècre & un peu acide; une once {fix gros de liqueur urineufe ; deux onces-cinq gros quaran- «æ-huit grains d’huile lympide odoriférante & de couleur jaunâtre , & fept onces deux gros d’huile épaille rouffâtre & brune. Le réfidu a donné foixan- te & un grain de fei alkali fixe. / "On la doit choifir en belles larmes, féclies, caf: fantes , blanches ; s’amolliffant au feu, d’un goût légerement réfineux avec un peu d’amertume, d’u- ne odeur aflz pénétrante & défagréable, fe rédui- fant facilement en poudre. On doit réjetter celle qui eft en malle, remplie de fémences, de fable ou d'autres corps étrangers. Elle eft réfolutive, difcufive , propre à lever les . obftructions , on s’en fert dans la cachexie icteri- que, dans l’afthme, dans les fievres intermittentes, Phydropifie, & les fleurs blanches ; on s’en Îert com- P 226 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION je fpéciñique dans les obftruétions du foie & de Ia ratie, du méfentère, de la matrice, des reins & de la vellie. La dofe eft depuis dix jufqu’à foixante grains. On sen fert extérieurement pour amollir & réfoudre les tumeurs. Asia FaæœrTipa ,; Merde ou Diable des Euro-… péens ;. Manger des Dieux, des Afiatiques. {fa Foœtida, oficin. Stercus Diaboli; nonnull. Lafer & Laférpitium ; Plin. C’eft une plante ombelifere qui donne cette Gom- me-Réfine, elle eft nommée Hingi/ch Perfis , Um- bellifèra leviftico afinis, foliis inflar pæonie ramo- fis, caule pleno maximo, fémine foliaceo, nudo, folitario , brancæ-urfine vel paflinace fimili, radi- ce affäm .fœtidam fundente, Kemp. Feruia foliis alternatim finuatis obrufis , Linn. C’eft de la ra- cine de cette plante, par le moyen des incifions, . qu’on l’obtient. . Elle eft compofée de différens grumeaux dont les uns font blanchätres & les autres rouflâtres, plus ou moins foncés, tirants quelquefois fur le vio- let ; il y a de morceaux qui paroïffent rougeâtres. Son odeur eft très-défagréable, pénétrante, forte, femblable à celle de l'ail Son goût eft acre & DES MÉDICAMENS, 207 “amer, elle s’amollit dans les mains par la cha- leur. . Deux livres d’Afa Fœtida, diftillées à la cor- mue, ont donné cinq onces trois gros de liqueur laiteufe, ayant l'odeur de l’ail, & acide; une on ce de liqueur roufâtre, foit acide foit urineufe: deux onces deux gros & trente- fix grains d’huile lympide , fœtide, de couleur jaunâtre; & onze on ces cinq gros vingt-quatre grains d’huile roufle & épaile. On a tiré du réfidu douze grains de fel fixe falé. On retire d’une demie once quatre fcrupules & quelques grains de réfine par le moyen de l’efprit de vin, de couleur jaunc-brun , d’une faveur naufeu- fe , réfineufe & un peu amère & de l’odeur de l’A£ fa Fœtida ; & par l’eau, la même quantité d’Af- fa Fœtida donne deux gros deux fcrupules moins quelques grains d’extrait d’une faveur balfamique, un peu amère, provoquant des naufées, d’une odeur de l’ail, & de couleur jaune-fale tirant fur le brun. Son iniufion aqueufe eft trouble & de couleur jaune-pâle, d’une odeur d’ail & d’une faveur bal- famique provoquant les naufées. Son infuñon fpi- ritueufe eft jaune un peu trouble, ayant l’odeur du poreau & le goût d’oignon , défagréable & L 28 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION acre. L’éther en reçoit une {teinture jaune - rou- geâtre. | Ïl le faut choifir en mafle, propre, fec, de : couleur jaunâtre, contenant le plus qu’il eft pof- fible des larmes blanchâtres ; & réjetter celui qui : eft gras, noirâtre, fale & mêlé des matières étran- gères telles que le jonc, le fable &e. On s’en fert comme fondant, ro aEE carmi- & natif, difcutif, déterfif & antifpafmodique. La dofe ! eft depuis quatre jufqu’à trente grains. Le Borezztum. Bdellium Gummi, oflicin. eft une Gomme - Réfine qui vient d'Arabie & des' Indes, dont on ne connoit point «encore l’arbre d’où on la tire. Cependant Samuel Dale préfume que c’eft un arbre femblable à celui qui fe nomme Arbor laëteftens aculeata foliis quernis /Americana. On nous l’apporte ordinairement en morceaux & larmes de différentes grofleurs & figures: il s’a- mollit dans la bouche & s'attache aux dents. Il a une couleur jaune-doré un peu rouge, plus brillant . dans l’intérieur qrau déhors, d’un goût un peu amer; fon odeur n'eft pas défagréable; fi on en. met fut le feu, il s’enflamme & brûle en pétillant & faifanc forcir de petits grains de côté & d’au- tre. DES MÉDICAMENS a29 n Il fe difout en entier dans l’efprit de vin tar- tarife , dans les liqueurs alkalincs, dans le vin & le vinaigre. L’éther en reçoit d’abord une légere cou- © eur citrine , laquelle n’augmente guère par le fé- jour, fa diffolucion n’eft point complette. L'infu- fion agueufe eit trouble, de couleur de boue, ou d ün blanc-brunâtre, d’une odeur foible , défagréa- _bk, baifamique, fon goût cit dégottant & amer, n L'efprit de vin dans lequel eft diffoute fa partie réfi= meule, eit d’une couleur orangée , d'une odeur plus forte & plus agréable que l’aqueufe, d’un goût réfineux, balfamique un peu amer. Une once de Büelliom donne trois gros & quelques grains d'extrait aqueux de couleur pâle qui tire fur la boue , d’une odeur balfamique mais foible, & d’une faveur un peu aromatique & amère; & deux gros : d'extrait fpiritueux d’une faveur forte, réfineufe, balfamique un peu acre & légerement amère & de couleur jaune-rougeûtre. On mêle quelquefois le Bdellium avec la gom- me de Sénégal : il eft aifé de le reconnoître, car: certe derniere eft plus pâle, fe diflout entièrement = dans l’eau; l’éther n’a aucune action fur elle, & elle ne brûle point comme le Bdellium ; on le mêle aulh avec la myrrhe, 230 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION On le met au nombre des attenuants & toni- ques. On le recommande dans les ulcères du pou- mon, dans le flux immodéré des regles & des he- morrhoïdes, on le dit fpécifique dans l’aithme, les fleurs blanches, la fuppreflion des regles, la ftériu lité, l’épilepfie hiftérique, le calcul, lulcère des” reins & de la vellie. La dofe ordinaire eft depuis” huit jufqu'à vingt-quatre grains. Extérieurement | elle eft difcuflive & légerement maturative. Gomme DE CAREGNE , ou de Caragne. Caranna five Caragna , officin. Elle éft un réfineux-gom- meux qu’on tire par incifion d’un arbre nommé arbre de la folie, 4rbor infanie , Caranna nuncupata, Hernand. | Ce réfincux-gommeux nous eft envoié dans des feuilles de ionc ; il eft tenace lorfqu’il eft nouveau; il a la ductilité du pois; quand il eft vieux il eftu dur , friable, de couleur grifâtre , tirant fur le verd; d’un goût vifqueux-réfineux , amer & légerement balfamique ; d’une odeur pénétrante , aromatique, principalement lorfqu’on en jette fur les charbons ardens. L'éther en eft coloré d’abord en noir & life précipiter une matière qui n’eft point difloluble dans ce liquide. L’infufion aqueufe eft d'une odeur bal- DES MÉDICAMENS 931 fimique-réfineufe ; d’un goût défagréable, amer , lé gerement balfamique & de couleur d'or. Son infufion fpiricueufe ett d’une faveur un peu amère, balfami- - que & acre, d’une odeur agréable & fort réfineufe; balfamique , & de couleur d’or-foncé. On obtient d’une once environ trois gros d’extrait aqueux d'une “couleur jaune tirant ur peu fur le brun, d’une fa- “veur amère, légerement balfamique & d'une odeur rélineufe balfamique. L’extrait fpiricueux qu’on en tire eft en plus grande quantité que l’excrait aqueux : il ft d’une couleur jaune brunâtre , tenace & d’une faveur réfineufe. L'huile efflentielle qu’il produit eft d'une couleur jaune , d’un goûc acre & amer & d’une odeur aromatique. On y mêle quelquefois pour le fophiftiquer de la colophane ou de la térébinchine mème. On vend une compofition faite avec la térebenthine, la co- lophane & autres matières pour la Caragne. On connoît ces fourberies en en jetrant fur les charbons ardens, fi elle en eft mélée avec, ou que c’eft dé faufe Caragne, on fent tour de fuite l’odeur de la térébenthine, mais fi c’eft de la Caragne pure, odeur qui en exhale fera agréable & réfincufe. On fait rarement ufage de la Caragne in 232 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION térieurement elle entre dans les empiâtres traumati- ” ques, nervins, antifpafmodiques & réfolucifs. Aroës. 11 y en a de trois fortes fçavoir : l’Aloës Soccotrin , l’Aloës Hépatique, & l’Aloës Cabalin. L’Aroës SoccoTrin. Aloës Succotrina , vel lu- w cida, ofiçin. eft une Gomme Réfine, claire & tranf- dl parente , de couleur rougcâtre, friable & légère, ë d’un goût fort amer, d’une odeur légerement aro- | matique, Étant écrafée, la poudre eft d’un beau jaune. L’Aloës Soccotrin échauffé dans les mains devient flexible. C’eft le feul dont on devroit fe _ fervir en médecine. LS La plante d'où on le tire eft nommée par les botaniftes Æloë Indice Orientales ferrata, five Soc- cotrina vera, floribus phœnicis, Hort. Beaum. 4loë foccotrina augufli folia ; fpinofa ; flore purpureo, Breyn. | Il la faut choiïfir claire & tranfparente, de la cou- leur d’un beau verre d’antimoine ; d’un goût fort amer & d’une odeur légerement aromatique. L'Aroës H£PaTique. Aloës Hepatica , officin. eft compact, fec, opaque, reflemblant à la couleur du foie ; c’eft pourquoi on lui a donné le nom d’hépa- DES MÉDICAMENS 33 tique: il eft d’une faveur plus amère & aftringente & d’une odeur plus forte que lAloës précédent. La plante d’où il provient cft nommée par les “botaniftes Æ/oë vulgaris five Semper Vivum mari- num, Ger. Aloë vere vulgaris, Munt. On le doit choifir d’une couleur approchante du foie des animaux, ayant le moins d’odeur & faveur défagréable polfble. Il faut réjetter ceini qui eft d'une couleur tannée, & d’une odeur fœtide. 4 “ Une once d’Aloës foccotrin donne environ cinq gros de matière excractive, difloluble dans l’eau & près de trois gros de matière réfineufe. Boulduc, de l’académie royale des fciences, a ob- fervé que l’Aloës hépatique contient beaucoup plus de matière réfineufe que l’Aloës foccotrin, cette “différence eft prefque de la moitié. L’éther en tire d’abord une couleur très-légère | qui, par le féjour , devient jaune comme une teinture d'or. Son infufion fpiritueufe eft d’un brun-noirà- te, d'un goût très-amer & d’une odeur balfamique mais l'efprit de vin y domine. La teinture aqueufe “eft de couleur brunâtre, a le goût & l'odeur de J'Aloës 4 Deux livres d'Aloës Hépatique , diftillées dans 234 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION une cornue, ont produit quatre gros & trente-fix grains de liqueur claire fans goût ni. odeur, cinq. gros & vingt-fix grains de liqueur lympide, un peu aftriogente qui donne des marques d’un alkali vo latil; dix onces quatre gros & dix huit grains de liqueur foit acide, foit urineufe, lympide d’abord d’une odeur bitumineufe, enfuite rouffâtre & a pyreumatique, & une once fept gros & quarante=, fix grains d'huile épaifle, plus péfante que l’eau ” d’une faveur acre & piquante. Le réfidu qui a reftés dans la cornue, a donné trois gros & trente-trois. grains de fel fixe falé. î La 2e. efpèce d’Aloës nommée Cl eft comme. les feces ramaflécs au fond du vafe & fourni par le füc dépofé de l’Aloës foccotrin & hépatique. Il cf ordinairement plein d’ordures, d’une odeur dés plus” mauvaifes & d’un goût défagréable. On ne devroit pas en faire ufage, même pour les chevaux. Il eft purgatif, antifeprique ; attente & divife les humeurs, il fortifie l’eftomac & les vifceres, tue les vers, excite les regles, les hemorrhoïdes & les lochies. On l’ordonne dans la cachexie, l’ictere CrO- nique, les fleurs blanches, & les obftructions des, vaifleaux uterins. La dofe ordinaire eft depuis cinq jufqu’à trente grains, à l’extéricur il peut arrêter pEs MÉDICAMENS. 295 -Æ empêcher la pourriture , la Gangrène & la carie. …. La Gomme ADracanTu, ou Tragacant. Traga- canthum Gummi & Tragacanthium , officin. découle d'elle-même ou par l’'incifion que l’on fait au tronc & aux branches d’une plante ou plutôt d’un arbrifleau nommé barbe de renard ou épine de bout. “Aftragalus caudice arborefcente , petiolis fpinefcenti- bus, Linn. Zragacantha Cretica incana flore parvo dincis purpuriis ftriato J. R. H. Elle eft demi tranfparente, blanche, en filets longs ou cylindriques, ou tortillés de différentes manières, fans aucune odeur , d’un goût inerte & vifqueux. Elle s’enfle beaucoup quand on la fait macerer dans l’eau & fe change en ün mucus den- fe & épais qui a beaucoup de difiiculté à fe diflou- dre quelque grande quantité d’eau qu’on y verfe. L’éther n’en reçoit aucune couleur même par le jour. Elle eft indiffoluble dans l’efprit de vin & dans les huiles, propriété qu’elle a commune avec les autres gommes. On a obtenu de deux livres de cette Gomme, diftillées par la cornue, trois onces & fept gros de liqueur fans faveur & fans odeur ; dix onces & qua- Fante-huit grains de liqueur de couleur rouflâtre, 236 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION d’un goût un peu acide & amer comme des noyeaux de pêche; une once deux. gros & foixante grains. de liqueur foit acide, foit alkaline urineufe , de” couleur légerement roufâtre , & une once deux. gros & cinquante-fix grains d’huile tant fubrile qu'épaille de couleur rouffâtre. Ce qui eft refté, dans la retorte a donné deux gros & cinquantc-fix, 14 grains de fel alkali fixe. On la doit choifir féche , en vermiffleaux,, blan— che, demi- trinfparente , fans aucune odeur, & ré e di . ( A 5h f' jetter celle qui et de couleur rouflâtre, noirâtres & qui fent le moifi ou qui eft humide. | à Elle eft adoucifante, émoiliante, propre pour épaifir la lymphe & diminuer fon acrimonie, on, l'employe dans l’enrouement, la toux, la itrangu- rie, l’acrimonie & l’ardeur d'urine. La dofe ordi- . - paire eft depuis dix grains jufqu’à foixante. | Gomme ARABIQUE, Gomme de Sénégal, Gom-. me Thébaïque ou de Babilone ou Achantine. Gum- ! mi Arabicum , Saracenicum ; Senegal, Senica, Ba- Bilonicum , T'hebaïcum ; Achantinum officin. C’eft une» fubitance féche, dure, fragile, qui eft en larmes de différentes grofleurs: leur figure varie beaucoup. \ Les unes font prefque rondes mais avec quelques ‘. angles, les autres font repliées fur elles-mêmes, « pes MÉDICAMENS. 297 rdboteufes & comme ridées excérieuremént ; polies , intérieurement, brillantes & tranfparentes ; d’une eou- Jéür où blanchâtre ou d’un jaune - pâle où roulà- tre, inodore , d'une faveur vifqueufe infpide. ‘lle déconle d’un arbre de l’efpèce d’Acacia nommé Acacia du Sénégal. Mimofa fpinis ternis , interme= Û reflexo , foliis bipinnatis, foribus fpicacis , Linn. racia, EP P: “Elle fe difouc entièrement dans l’eau. Ni l’é- ter, ni l’efprit de vin, ni l'huile n’ont d’action fur elle. Lorfqu’on en fait diftiller dans une cor- pue, de deux livres on obtient trois onces cinq gros de liqueur fans odeur & fans goût : dix on- ces & crois gros: & cinquante- quatre grains de ji- queur acide de couleur roufâtre: une once fix gros & trente - fix grains de liqueur alkaline: & une once cinq gros d'huile tant tenue qu'épaifle. Du réfidu ou retire crois gros & crente-fix grains de fel alkali fixe. Elle doit être choifia tranfparente, de couleur. blanche, ou d’un jaunâtre-pâle, fans odeur & d’u- ne faveur jinfñpide , il faut réjctter celle qui cft rouflâtre , fale & molle. On nomme Gornme vermi- laire celle dont les morceaux font cylindriques & recourbés, elle ne diffère de l’autre que par la 238 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION forme & a les mêmes vertus. I] paroïit que la Goms me des cérifiers, des pommiers &c. de nos vergers a la même vertu que la Gomme Arabique; las quelle on ordonne dans les maladies où la Gomes me Adragante cit indiquée. | î Mawne. Manna, Ros Calabrinus , ofiicin. eft E. fuc concret, végétai, de formes différentes , un peu onétueux, d’un blanc- rouffâtre , d’une odeur de rant fur celle du miel, mais elle a quelque cholls de défagréable : d’un goût fucré, mais qui laitfe Elle eft du nombre des corps qui font fufceptis bles de la fermentation fpiritueufe, tels que le, une légère acreté dans la bouche. fucre & ie miel. f On trouve dans les boutiques plufieurs fortes de! Manne. La plus eftimée eft celle qu’on nomme Manne EN Larmes où MAnNE EN GRAINS , par ce que la prémière cft en grumeaux, d’un blane jaunâtre, d’une faveur douce & affez féche; la fe+ conde eft en grains, & eft de la même efpèce. Pour les contrefaire, on fait fondre dc la, Manne grafle dans l’eau, on pañle cette difiolution & on l’évapore jufqu'à ce qu’elle ait à peu près la con= fiftence du miel. On verfe ce fyrop épais dans une terrine dans laquelle on a arrangé pluñeurs DES MÉDICAMENS. 239 bâtons qui fe croifent. Le fuc s’y condenfe & s’y forme en larmes ou en grumeaux de différentes groffeurs. Quoique cette fraude ne foit point tout- à-fait nuifible, cependant on a obfervé qu’elle ne purge pas fi bien que celle qui découle naturelle- ment de l'arbre. Cette fraude eft aflez difficile à connuître ,, mais nous avons obfervé qu’elle cft d'un blanc matte, moins féche & plus compaëte que l’autre. L'autre forte qu’on, nomme MannE EN SORTE eft en morceaux irréguliers, un peu gros, d'un roux affez foncé , ayant la même odeur & la même faveur que la prémière. Il y en a encore une autre forte qu’on nomme Manxe Grasse & qui eft prefque fyrupeufe, onc- tueufe, d’un roux tirant fur le noir, mélée de pailles. & d’ordures. On ne doit jamais fe fervir de cette derniere forte, car on y mêle fouvent du fucre, du miel, de la fcamonée , du jalap &e. d'où il arrive qu’elle eft plus purgative que les autres fortes. “On trouve de la Manne en larmes d’une belle couleur blanche qui cft contrefaite, ce n’eft que du facre cuit avec de la Manne. On peut s'apper- cevoir de la fraude, parce qu’elle a un goût dif 240 TRAITÉ SUR LA" FALSIrICATION férent de ceile qui n’a point été alterée & qu’el+ Le eft plus compaéte & pius péfance, & d’un blane opaque. ADF QE ; Ta La Mäbné découle pendant l’été ou d'elle-même ou par l’incifion qu’on fait a deux efpèces de fret nes nommés frazinus humilior , five dltera Theo phralli minore & tenuiore folio', C. B. P. Frafinuss fioribus completis, Linn. On en trouve auil for le Pin, le Mélèze, le Sapin ; le Chêne, le Géné vrier, l’Erable, le Figuier, l’Oliviér & fur plus fieurs autres arbres. ÿ x On retire au bain-mäfie de deux livres de Man ne choifie deux onces fix gros & quarante - huit. grains de liqueur, fans odeur, & fans goût, qui rougit un peu la teinture de tournefol : la maffe qui a refté, ayant été diftillée dans une cornue } a donné une once & un gros de liqueur acide | neuf onces &' cinq gros de liqueur rouflâtre ; empyreu= matique, non - feulement acide. mais aufli un peu» urineufe, deux onces d’huile fubtile, de couleur rouflètre, & deux onces quatre gros d’une huile groficre, Du réfidu on obrient deux gros de feL alkali fixe. | Elle s’enflamme aifément lorfqu’elle eft bien fé- “ + che. Elle fe difiouc entierement dans l’eau, à la= 24,2 NON RES ” DES MÉDICAMENS. 241 “quelle elle donne une faveur douceätre, fade & qui excite des naufées. L’écher n’a aucune action fur elle. « On doit choïfir l’une & l’autre forte de Manne en larmes grandes ou petites, légères , féches ; pu- res, de couleur blanche, virant tant foit peu fur le roux dont les larmes ont intérieurement , étant caf- fées, une efpèce de fyrop d’un goût doux. ” Elle eft un purgatif doux qui convient à prefjue toutes les conftitutions, elle convient principale- ment pour évacuer les poitrinaires ; c’eft aufli le purgatif qu’on ordonne aux hypocondres & aux mélancoliques, on s’en fert aufli dans la petite vé- rôle confluente : la dofe ordinaire, difloute dans de Veau , eft depuis une once jufqu’à trois. Suc n’Acacra. Succus Acacie , officin. eft le fuc exprimé & épaili des filiques qui ne font pas en- “core mures d’un grand arbre épineux qui fournit “auf la Gomme Arabique. On le nomme Acacia folio féorpioides leguminofe , C. B. P. La couleur de ce fuc épaifi eft noirâtre en dé- hors, rougeätre ou rouflätre en dedans, fans odeur : il a une faveur d’abord douceâtre & enfuite auftère & aftringente, il eft formé en petites mañles arron- dies, enveloppées de veflies minces. Q 842 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ::L’éther n’en reçoit point de couleur même par le féjour. L’efprit de vin n’enleve que quelques” particules colorantes, | | :-On le’ doit choïfir, fe diflolvant facilement dans! Peau étant calé, net & luifant intérieurement à, d’üne faveur d’abord douccâtre eñfuite aufières" fans laifer aucune impreflion défagréable au goût, ne fentant point le brûlé. Il faut prendre garde qu'il.ne foit mêlé de fable ou autres ordures. -: On trouve quélquefois dans les boutiques un au tre: fuc nommé Acacia d'Allemagne. Acacia nof= tras & ‘Acacia Germanica , ofñcin. Lequel on met dans des: veflies comme le vrai Acacia duquel ïül diffère cependant par fon goût acide & par fa couleur qui eft prefque noire conime le fuc de la réglifle. Ce fuc épaili eft viré d’un arbré nommé Prunier fauvage. Prunus fylveftris, C. B. P. : On s’en fert comme inctaffant & aftringent , on employe pour ‘la’ foibleffle dé l’eftomac, le vo- miflement & le flux de ventre. La dofe ordinaire eft depuis dix jufqu’à vingt grains. Cacnou. Catechu , Terra aponica , officin. cft de Suc exprimé & épaifli du fruit d’une efpèce de Palmier nommé Palna cujus fruëus fefjilis Faufel : DES MÉDICAMENS. 248 “dicitur , C. B. P. Areca frondibus pinnatis, foliis æppofitis , lanceolatis , plicatis , Linn. s Ce Suc gommeux-réfineux eft d’une confiftence folide & féche, d'une couleur rouge-noirâcre, plus marqué à l’extérieur qu'à l’intérieur, fans odeur , d’un goût aftringent & un peu amer laquelle ame= tume n’eft puint défagréable. 11 fe difout entièrement dans l’eau; & dans Vefpric de vin il s’en diffout une grande quantité; la couleur de la diflolution aqueule eft d’un brun obfcur tirant fur le noir. Sa teinture faite par l’ef- prit de vin eft de couleur rouge-noirâtre. L’éther n’en recoit qu’une légère couleur citrine qui n’auge mentce guère par le féjour. ” Il faut le choifir fec , d’une couleur rouge-noirâtre, & prendre garde qu’il ne fe trouve pas mêlé avec du faible ou autres impuretés, auxquelles il eft fujet , alors il Je faut réjetter , ainfi que celui qui fent le brûlé. . Le Cachou eft un tonique aftringent , on s’en fert quand il cft néceflaire de rafermir le ton de Peftomac & des inteftins, on le donne fur la fin de diarrhées féreufes, après qu’on à fait précéder les évacuations convenables : on l’ordonne auili comme vermifuge , on l’emploie dans le crache- 244 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ment de fang, les fleurs blanches, les hemorrhoï des trop abondantes & dans les vieilles gonorrhées. La dofe ordinaire cft depuis dix jufqu’à vingt grains pris en fubftance , & en décoétion depuis un gros jufqu’à un gros & demi. On s’en fert extérieures ment pour ratfermir les gencives dans les ue fcorbutiques. Suc pe RÉGzrisse. Succus Liquiritiæ , five Suc? cus Glyzyrrhizaæ , ofiicin. Celui qu’on trouve dang le commerce eft fait avec la décoction des racines de Réglille auquel on a ajouté un peu de Gomme Arabique & qu’on a évaporé enfuité jufqu’à con2 fiftence convenable. Il eft ordinairement impur, rempli de parties cuivreufes, de parties de feuilles de paille, de grains fablonneux &ec. dont la quan- tité va quelquefois jufqu’à deux onces par livre. On croit communement que le Sue de Réglfle “qu’on a dépuré par difiolution & filtration eft purs mais nous avons obfervé que celui qu’on vend fous ce nom contient le plus fouvent des parcelles de cuivre fort divifées lefquelles on peut cependant appercevoir en en diflolvant dans l’eau & en éten- dant cette diflolution fur une glace, on y verra briller les parcelles de cuivre qu’elle contient. Ce Suc eft très- nuifible par FPE aux 5 rm ei ce métal qui lui font unies. DES MÉDICAMENS. 245 “Il féroit néceffaire que les apoticaires préparaf- fent eux-mêmes le Suc de Réglifle comme ils pré- parent les autres extraits; il eft vrai qu’ils ne pourroient point le vendre au même prix que ce- lui qu'on tire fabriqué en grand de chez J'étran- gen. Celui fait avec foin eft d’une couleur brune, d'un goût agréable, fucré & piquant, mais qui ne preud point à la gorge & fans aucune acreté, fe diflolvant entierement dans l’eau. Celui qu’on trou- ve dans le commerce eft de couleur noire, en le difolvant' dans l'eau il y dépofe un fediment, fi on le coupe en tranches on y apperçoit fouvent des raclures de cuivre rouge. L’écher en tire une couleur jaunâtre. L’efprit de vin en eft teint. d’une couleur jaune tirant tant-foit-peu fur le rouge, cette teinture eft d’un “goût douceâtre & n’a point d’autre odeur que cel- lé de l’efprit de vin. Son infufon aqueufe eft de couleur brun - jaunâtre, d’une faveur douce & a l'odeur de la Réglifle : mêlé avec l'acide vitrioli- que, il devient d’une couleur orangée, & il ex- \ . hale une odeur légère mais fenfible d’acide marin. \ HN communique à l’eau forte une belle couleur Jouge; mêlé par la trituration avec l’alkali végé. 246 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION tal il laiffe échaper une odeur d’alkali volatil. De celui qui eft dans le commerce l’acide vitriolique ne dégage point l’acide marin , ni l’alkali végétal de l'alkali volatil ; mais l’une & l’autre de ces matiès res en développe une odeur d’empyreume. On ordonne le Suc de Réglife dans les maladies de la poitrine, dans celles des reins & des la vef fie, comme adouciffant & légèrement déterfif. On le donne feul en fubftance où bien on le fait fon dre dans de l’eau & on le prend en boifon. RON MO H OO CE HONMOMMOMEOME DES ANIMAUX ET DE LEURS PARTIES, | H 4 E Bzanc DE BALEINE. Spermaceti, officin. qu’on à fi improprement nommé & qu’on nomme encore Nature de Baleine, eft la cervelle de ia petite Ba _ Jeine ou Cachalot. Cetus , offiicin. Cete dentatus, Charlet. Il eft de couleur blanche, doux au toucher; par fà forme & confiftence, il eft fort femblable au fuif ordinaire , cependant point fi onétucux mais plus friable, fon goût eft modérement gras & vif queux, d’une odeur adipeufe laquelle n’eft point défagréable. | l pes MÉDICAMENS. ”. Mar … L'alkali cauftique diflout le Blanc de Baleine & - forme avec lui un favon qui acquiert tant de fo lité jufqu’à devenir friable : il s’unit au foufre comme les huiles gralles ; l'acide vitriolique con centré le difflout , cette diflolution eft précipitée par l'eau comme l’huile de camphre : les acides nitreux marins n’ont point d'action fur lui ; il fe diffout . dans les huiles grafles & eflentielles ; il n’eft point diffout par l’efprit de vin, mais ce liquide en ex- trait par la digeftion un peu d’huile fubrile laquelle fait environ la huitieme partie de fon poid; étant diftillée dans une cornue , il pafle entièrement dans Je récipient fous la forme d’une huile claire d’une nature butireufe fans laiffer de refidu. . Il faut choiñr le Blanc de Baleine en belles écailles blanches, légerement tranfparentes, tendres, douces, graffes au toucher, fe fondant facilement dans l’huile, ayant très-peu d’odeur , d’un goût fade, vifqueux, gras, très-peu agréable; il faut ré- jeter celui qui eft jaunâtre & rance, ainfi que celui qui eft mêlé avec de la cire, lequel on peut reconnoître, tant par fon odeur que parce qu’il eft alors extrêmement menu & d’un blanc mat , ou encore par l’éther dans lequel il fe diffout en grande partie , enfuite fi on le laiffe tranquille il fe dépofe L 249 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION . fous la forme d’une criftallifation ; au contraire lé. ther ne fait que délayer peu-à-peu la cire, & la dif. folution qui s’en eft faite eft trouble femblable à LA du lait. Il faut avoir foin de garder le Blanc de Baleine dans une bouteille bien fermée , car autrement, | quoique bien choifi, il devient jaunâtre & contracte un goût rance, ce que lui donne auf l’âge. Il a une vertu adouciflante , antifpafmodique, anodinc, émolliente & tempérante. La dofe eft de- puis dix grains jufqu'à foixante, Brzoarps , ou Calculs Animal. Ce font des fub- ftances folides qu’on trouve dans plufieurs parties incernes de ditlérentes cfpèces d’animaux ; il diflé- rent par la forme & le volume, on en trouve qui ont Ja figure d’une fêve, des ronds, des oblongs, des ovoides; il y en a des lifes , des raboteux, on en trouve qui ont la groffeur depuis un pois, juf- qu’à celle de la tête d’un adulte, on remarque très-fouvent au centre de ces pierres quelques corps : tels que du poil, des noyaux, des grains, du bois, des pailles &c. il y a trois fortes de Bezoards : dont anciennement on faifoit grand ufage. Le premier eft le Bezoarn OrienraL. Bezoar Dp£Es MÉDICAMENS. 249 Orientalis , officin. il fe trouve dans le quatrieme “eltomac de la gazelle des Indes, laquelle elt nom- mée des naturaliltes Gazclla Indica , cornibus rec- tis longiffimis » Aigris , prope caput tantim annu= latis , Raïi Sinop. Anim. Capricerva Beznaraica , quo- rumd. Cet animal qui eft à peu près de la grandeur de nos chévres ordinaires , fc trouve dans pluficurs en- _ droits des Indes , & en Perfe. C'’eft ordinairement dans la wieillefle de ces animaux que le Bezoard fe forme. Il eft peu dur , compofé de pluficurs couches ou la- mes appliquées concentriquement les unes contre les autres , n'ayant de lui-même prefque aucune odeur , ni faveur particulière, d’une couleur bleue ou verdâcre , ou compofée de ces deux couleurs, ti- fanc légerement fur le noir; il y en a auf des roux , des jaunes & de plufieurs couleurs mêlées enfemble , mais ils font le moins etimés, on en trouve de différente forme , telle qu’ovale, ronde, cylindrique, quelquefois d’une figure tout - à - fait irréguliere, d’une groffeur d’un œuf de poule ou “de pigeon Ç ce font les plus rares ) : d’autres & ceft le plus grand nombre, font beaucoup plus petits & ne péfent quelquefois pas plus d’un fcru- pule. On trouve rarement de vrai Bezoard Oriental ; 3 250 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION la plus grande partie eft faétice, principalement ceux qui ont une certaine groffeur, Les véritables font diflolubles entièrement par l’acide nitreux & par l’acide marin, ces diflolutions ont une couleur. rouge : ces pierres étant mifes & laiflées dans l’eau pendant quelque tems ne troublent point la lime pidité de ce liquide, & en étant retirées, n’ont ni augmenté ni diminué de poids: il faut qu'elles impriment une trace d’une couleur olivâtre ou d’un jaune verdâtre fur un morceau de papier qu’on a frotté avec de la cérufe, ou de la craie, car jufqu’à préfent on n’a pu donner cette pro priété au Bezoard factice , il faut auf qu’ils lai£ fent pañler une aiguille rougie au travers. ‘4 La feconde efpèce eft connue fous le nom de Bezoarp OccipENTAL. Bezoar Occidentalis. officin On le trouve au Pérou & au Bréfil dans l’eftomae - d’une efpèce d’animal qui tient du cerf & de la chevre nommé Capricerva Occidentalis » Cuguacu , rubi Capra, Donon Capra cornibus ereélis wncinatis, - Lin». | Celui-ci eft beaucoup moins eftimé que l'Oriene tal auquel on le fubftitue très - fouvent, cepen= dant on cn peut connoître la diflérence en ce qu’il eft d’une’texture plus lâche & plus fragiles | DES MÉDICAMENS. 051 “es larmes qui font plus! épailles & plus rudes fe fébarenc plus aifément: & elles font parfemées de beaucoup de petites aiguilles yleur couleur eft d’un gris cendré ou blanchâtre; celles font plus grolfes que les Orientales, mais elles ne font point fi lif- fes ni fi luifantes que ces dernieres, & on y trou- ve aufli plus fouvenc des poils ou autres matières . au centre. | La troifieme efpèce eft la Prerre DE Porc. Be- zoar Porci, five Lapis Porcinus. oficin. C’eft le, plus rare de tous les Bezoards on le trouve de dif- férentes grofleurs ; d’une couleur verdâtre ou jau- - nâtre, on en trouve aufli des rougcâtres, ou noi- râvres. Il a l’œil gras & favoneux ainfi que le tou cher. On trouve cette pierre dans la veflie ou le véficule du fiel de quelques fangliers des Indes, & dans le porc - épic. On a donné beaucoup des proprictés imaginaires aux Bezoards , telles que de préferver, étant portés en amulette, des contagions, d’être un très-grand préfervatif contres les venins, cependant toutes leurs vertus confiftent d’être abforbants. CanTHaripes. Mouches d’Efpagne , Mouches Cantharides , Cantharides , officin. Muftæe Hifpani- cæ, monpullor. Cantharis cæruleo virides thorace 252 TRAITÉ SUR LA FALSrFICATIoN# téretiufculo. Linn. Elles font des infectes du genre des fcarabées ; d’une couleur verte, luifante, azu- 4 rée mêlée de couleur d’or, leur odeur eft défa- gréable, leur faveur paroît d’abord lésère, mais bientôt elle devient acre & cauftique, | L'éther vire ‘très-peu de couleur d’abord de ces infectes; par le féjour il fe teint d'une très légère couleur verte. Suivant Monf. Thouvenel , on obtient d’une once de Cantharides 1°. Une demi- once d’une pa- renchyme dont il n’a pas déterminé la nature. 2°. Trois gros d’une matière extractive jaune - rougeà- tre, d’un goût fort amer, laquelle donne de l’a- cide étant diftillée. 3°. Douze grains d’une matière jaune, cireufe. 4°. Soixante grains d’une matière verte, huileufe, analogue à la cire, d’une faveur acre; on obtient, par la diftillation de cette ma- tière un acide très-piquant & une huile concrête comme la cire. L’extrait & l’huile jaune font dif- fouts par l’eau laquelle a aufli un peu d’action fur l'huile verte, mais l’éther n'’attaque que ce der- nicr. En diftillant les Cantharides dans une retorte on en obtient de l’alkali volatil tant liquide que folide & une huile empyreumatique très-puante. pes MÉËDiICAMENS 253" On doit préférer celles qui n’ont que huit ou neuf lignes de longeur , encieres & nouvelles, & féjecter celles qui commencent à fe reduire en poudre. On emploie les Cantharides: feulement en véfi- caroire, on doit s’abitenir de les donner incérieu- rement , car fouvenc elles donnent Ja mort ou OC galionnent des accidens très-graves. - : CASTOREUM. Caftoreum ; Caftorium , falfo Cafto- ris tefliculi, oficin. eft le nom qu’on donne à des Vélicules membraneufes plus ou moins grofés ‘qu'on trouve dans les aines d’un quadrupede am- phibie, nommé Caftor fiber, Raïi Canis Ponticus, feu fluviatalis, quorumd. Caftor cauda ovata plana , Lion. +0 On trouve dans l’intérieur de ces véficules mem- braneufes une matière qui rellemble à un mélange de cire & de miel, de la couleur de la. canelle mais plus foncée, ordinairement entremêlée de pe- tites membranes fines, d’une odeur très-forte, pé- nétrante & défagréable, d’un goût acre un peu amer & dégoürant. . Le Caftoreum fe diffout en partie dans l’eau, lécher en tire. une couleur rouge, d'abord, la- \ 254 TraAïTé sur LA FALSIFICATION queile devient plus foncée par le féjour, mais la téiniuré que SEEN de vin en ture eit plus fon cée. Mr. Model , membre de plufieurs académies, 4. obtenu du Caftoreum , diftillé dans une cornue , au” deyré de l’eau bouillante, une liqueur fœtide de ; l'odeur d’une graifle rance fur laquelle nageoit une fubftance grafle, blanche & tranfparente; laquelle” étoit foluble dans lefprit de vin ; après une huile tenue , rougcâtre, ayant l'odeur bitumineufe, & en. méme-tems il s’eft attaché au col, de la cornue & du récipient un fel blanc criftallifable , volatil, en-, fuite il eft venu une vapeur blanche épaille Jaquel le. avoir l'odeur acide , fuivie d’une huilé de couleur noire, de l'odeur de la poix minérale, & un peu plus d’une once d’une huile noire épaifle qui avoit l'oûcur d'huile animal empyreumatique , le réfidu “caiciné 4 -donné des fignes d’une verre calcaire calcince. Le mcillcur Caftoreum eft celui qui vient de Ia: Rufic, de la Pologne & dé la Prufle; 1l faut ré- jetter celui qui vient du Canada ayant l'odeur foi.” ble & peu onctueufe, aufh on le vend autant la li- vre que l’autre coûte l’once. I faut le choifir gros, péfant, de couleur bruné. . p£s MÉDICAMENS. 25s extérieurement , rémpli d’une matière dure, fria- blé; de couleur brune ou jaunâtre, entrelafñié de mémbranes forc déliées, d’une odeur forte, péné- tante & défagréable, d’un goût un peu amer, acre & dégottant. La chereté du Caftoreum fait qu’on le falfifie fouvent en y mêlant différéntes macières, cepén- pendant on peut reconnoitre cette falfification, em lecoupant en deux on y trouvera les plombs qu’on y aura mis pour augmenter fon poids Celui qui fera contrefait avec du Caftoreum en poudre mêlé avec des gommes, telles que la gomme ammomiac - Le fagapenum., le galbanum , &cc. lefqu’elles on em- ferme enfuite dans les membranes qui ont ferviesd’en- veloppe aux tefticules des chevraux & des agneaux ; on s’en appercevra a l'odeur qui eft plus foible & en examinant l’intérieur de ces véficules dans lef quelles on ne trouvera point des membranes qui font toujours melées avec le vrai Caftorcum. On re- connoît celui qui elt falfifié avec du miel & autres matières qu’on y a mêlé, en ce qu’il eft uni, lui- fant, bourfouflé &que quand on le preffe il en fort un miel puant, il faut aufli réjecter le Caftoreum qui eft vieux noir & gâté. Il a été regardé par plufieurs médecins pour un ÉRe n 21 08 A 256 TRAITÉ sur LA FAzLstrrcariow fpécifique dans toutes les maladies fpafmodiques + hyftériques & convulfives; on le vante aufli, comme nervin, calmant & emmé: agogue, plufieurs méde- cins doutent de ces vertus, cependant on a obfervé, qu'il a quelquefois produit du foulagement ; c’efts aux médecins inftruits de voir dans quel cas ils lew doivent employer. La dofe eft depuis quatre juiqu’à à trente-fix grains. (200 : La Cire. Cera, officin. eft une matière que less abeilles tirent des végétaux & qu’elles élaborent 3 il y en a de la jaune & de la blanche dans le“ ” / COMIMEICE. / La Cire JAUNE. Cera citrina feu ‘flava , officin doit être choifie haute cn couleur, facile à cafler, d’üne bonne odeur, infipide au goût, elle ne doit point ädhérer aux dents, étant mâchée, on doit réjetter celle dans laquelle il y a ou de l’eiu, ou de 14 “terre, ou des picrres ; ainfi que celle qui eft falfifiée avec de la réfine, poix grafle ou galipot, laquelle falfification on peut reconnoître au goût, car celle- ci a la faveur de ces matières, & l’autre a un goût infipide, &, par l’efprit de vin qui difloudra. ces matières réfineufes , on trouvera le poid de la Cire. diminué. La Cire BLANCHE. Cera alba, officin. n’eft cn ire e ‘nes MÉDICAMENS. 257 Cire à laquelle on à ôté la couleur jaune : on l’ap- pelle improprement Cire vierge, car la véritable Cire vierge cit le Propolis. Elle doit être blanche, claire, dure , caflante, fans odeur & fans goût, étant mâ- chée elle ne doit point tenir aux dents. On la falfñfñe fouvent avec du fuif, on recon- noit cetre fraude , en ce qu’elle eft plus molle, moins Ellante & de mauvaife odeur. “ La Cire, diftillée dans une cornue, a produit une liqueur acide, laquelle étoit fuivie d’une liqueur qui avoit d’abord l'apparence d’une huile, mais qui fe fiscoit auilitôc dans le récipient, & avoit la confif- tence du beurre. En réciftillant plufeurs fois cette huile figée, elle devient liquide comme de l’huile, & châque fois on obtient de la liqueur acide. L’eau ne la diflout point, non plus que l’efprit de vin, cependant ce dernier enleve à la Cire jaune toute fa couleur , & la blanchit entièrement. L’éther ne fait que peu-à-peu délayer la Cire blanche, & forme avec elle une diffolution trouble qui refem- ble au lait; ce même liquide femble agir plus vite far la Cire jaune, fa diflolution eft trouble comme la précédente » & il en retient une lésère cou- Jeur citrine. | R 558 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION La cire; principalement celle qui eft jaune, eft lége= tement émolliente, âdouciffante & un peu réfolutive ;' elle n’eft d’ufage qu’extérieurement. + l Cocxenicre. Coccinella, Cochinilla, Cocciniglia x officin. Cochinilla five Fici Indici Grana, C. B. PA c’eft une progalle infeéte qu’on trouve fur une cf À pèce de figuier, nommé Opuntia maxima , foliow oblongo rotundo , majore ; Jpinulis obtufis ; mollibus s G innocentibus obfito ; fiore [ris rubriis variegata, Sloan. Laquelle étant féche reflemble à des grainesw irrégulieres, convexcs d’un coté & concaves de l’au- À tre ; marquée de ftriés ou rides traverfales, inté=u tieurement de couleur pourpre, extérieurement d’un roux noirâtre, n'ayant prefque point d’odeur, mais: ‘ quelquefois elle en a une légère de moifi, d'une faveur aigrelette , un peu amère & légerement aftringente.n L'infufion aqueufe eft d’une faveur un peu amère & très-médiocrement aftringente, d’une belle cou- leur rouge, mais fans odeur. L’infufon fpiritucufe eft” aufi d’un beau rouge foncé tirant fur le pourpre d’un goût un peu acre, un peu amer & balfamique, & n’a que l'odeur de Pefbrit de vin. On obtient, ‘d’une demie once de ces infectes, par le moyen des l'efprit de vin , environ deux gros & cinquante : DES MÉDICAMENS. 259 grains d'extrait , d’une faveur amère, balfamique un peu aftringente ; d’une odeur balfamique, mais dif £racieufe , & d’une couleur rouge-fanguin; environ trois gros d'extrait aqueux, d'une faveur mucilagis neufe un peu amère, d’une odeur femblable au rob de fureau, & de couleur pourpre-noirâtre. » Elle ne communique, même par le féjour, au: eune ceinture à l’écher , mais il précipite, fous la forme d’une pôudre rougeâtre, la teinture de Co: chenille faite par l’efprit de vin, & l’écher en re- tient une très-légère couleur vineufe. » La méilleure Cochenille eft celle qu’on nomme Mefleque ; elle doit être choifie grofle , bien, nour- ie , féche, de couleur argenté , brillante en-deffus, donnant , quand elle eft écrafée , une couleur rouge “foncé; il faut réjerter celle qui eft noirâtre. On a longtems cru qu’elle étoit cordiale , fudori= fique, propre. à, fortifier Peftomac & la tête; mais les médecins inftruits la regardent feulement comme légerement.ftimulante, & ne l’emploient que rare- ment, La dofe en poudre ef depuis.trois:grains jufqu'à trente , & depuis trente grains ani foixante cn infufion dans du vin, TA REIN PrERRES D'ÉCREVISSE, ou Yeux d’Écrevife Ocr« 260 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION lorum Cancrorum ; Lapides Cancrorum , feu potius, Lapilli Aflacorum fluviatilium , ofüicin. font des pe- tites pierres orbiculaires, convexes d’un côte & é concaves de l’autre, elles paroiflent. formées par” des lames ou des couches appliquées les unes fur les autres; elles font dures , lifies | de la groficurm d’un pois coupé en deux, blanchâtres ; & brunâtres,” -quand on les trouve dans l’eftomac, au moment. que l’Écrevifle eft prife. | Elles font compofées d’une partie purement ter reufe & d’une partic gélatineufe , c’eft la partie térreufé qui eft la plus abondante , car dans une once on trouve fix er0s & cinquante-fix grains de cette terre qui a les propriétés de terres abforbantes , & feulement un gros & quatre grains de matière gé- latineufe : elles font eflervefcence & fe diffolvent dans “les acides. I faut les choifir grofles, entières, & prendre garde qu’elles ne foient contrefaites avec des ma- tières abforbantes de moinüre valeur & de la gomme adregante ; on peut reconnoître cette fraude en les faiz fant tremper dans de i’eau chaude, car les vraies. Pier= res d’Écrevile y reftent entières, & celles qui font con: srcfaites ÿ tombent en poudre. On les concrefair DES MÉDICAMENS. 267 aufli avec de la terre argilleufe blanche, on les re- _connoit en ce qu’elles ne fonc point d’effervelcence “avec les acides comme les véritables. Les Yeux d'Écrevifle font des abforbants ter- ureux : la dofe eft depuis vingt Jjufqu’à foixante grains. Kermès, graine de Kermès, ou d’Écarlatte. Ker- mes five Chermes, Granum Kermes, Granum Tinc- torum , Coccum Baphicum, Coccum inferiorum f[tar- latum , Coccus infeëtoria, oficin. Coccus querci-ilicis, “ Linn. On a regardé longtems le Kermès comme des graines qui croiffent fur une. efpèce de chêne vert, nommé par les botaniftes L'ex Coccigera , J.B. _Ilex acculeata Coccivlandifera , C. B. Mais des ob- fervations plus exactes ont appris, que les graines qu’on recueilloit fur ces arbrifeaux n’étoient qu’un infecte de la famille, nommée par de Reaumur, Gal- linfecte. On nous les envoye ‘ordinairement de Montpellier. Ils font ronds, membraneux , de la groffeur d’un pois , hifles, d’une couleur rouge-brun, remplis de petits œufs rouges, & même d’animacules qui lorf- qu'ils font récents, en les comprimants, répandent une couleur rouge, mais lorfqu’ils fonc fecs, on-n° be ? q 262 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION “trouve qu’une fubftance qui fe réduit en pouâre, d’une faveur qui a une légère acreté mêlée d’amer- tume , & qui laiffe fur la langue un peu d’aftric- tion, & d’une odeur foible qui n’eft point défagréablesn Par l’analyfe chymique, d’une livre de Kermès. récent, on obtient beaucoup de liqueur fans odeur ni faveur , enfuite une empyreumatique ; fix gros de _fel concret volatil, un peu d’huile de couleur ci trine, & une grande portion d’huile épaifle ajant | Ja confiftence du beurre , de couleur roufâtre, & se d’une odeur empyreumatique. L'éther en tire d’abord une très-légère couleur de rofe , laquelle devient un peu ambrée par le féjour. L'infufion aqueufe eft d’une odeur naufeufe & bal- famique, d’une faveur un peu amère & un peu aftrin- gente fur la fin, d’une couleur d’un beau rouge- - foncé. Sa teinture fbiritueufe eft d’un beau rouge, d’une odeur naufeufe, d’un goût balfamique un peu amer & légerement auftère. Une once donne envi- ron deux gros & deux fcrupules d'extrait agueux de couleur rouge-noirâtre, d’une faveur amère & aftringente, mais fans odeur; & environ deux gros ê demi d'extrait, par le moyen de l’efprit de vin, Jequel cft de. couleur rot ge-foncé , d'une faveur balfa- pEs MÉDICAMENS. 263 :mique, amère & très-aftringente ; mais d’une odeur gracieufe balfamique. On les doit choifir nouveaux, entiers, les plus remplis, les plus péfants , & les plus gros, d’une couleur vive, & réjetter ceux qui font maigres, fecs & noirâtres. On les croit légerement ftiptiques ; mais plufieurs auteurs en doutent; on les recommande comme lé. _ gerement ftimulants & difcufifs, & ils pañlent aufli … pour cordiaux : on doit regarder comme un préjugé M. puérile l’ufage que quelques femmes en font pour prévenir l’avortement. La dofe de ces infectes def- fechés eft depuis douze jufqu’à trente grains. On fe fert en médecine d’un fyrop fait avec ces infectes ; lequel doit être choifi d’un rouge-brun ti- rant fur le pourpre , aiant la confiftence à peu près de la térébinthine , exempt de grumeaux , d’une odeur douce qui n’eft point défagréable; & réjetter celui qui fent l’aigre, Ce fyrop a les mêmes vertus que l’infecte d’où il provient. La dofe eft depuis deux jufqu’à huit gros. Lacque, ou Laque. Lacce Gummi, officin. La- chetta , Cajulacca , Cermes Arabum ; quorumd. C'eft improprement qu'on a donné à cette fubftance le 264 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION nom de gomme : elle eft l’ouvrage de certains in- fectes qui reffemblent beaucoup aux fourmis. On trouve trois fortes de Lacque dans les boutiques. La prémière eft nommée LACQUE EN BâTons… Gummi Laccæ in baculis, ofñcin. parce qu’elle cit encore attachée aux petites branches fur lefquelles elle a été formée : elle eft fous la forme de petits M corps oblongs, ridés, terminés d’un côté par une. pointe & de l’autre par deux, d’une couleur rouge- cbfcur & noirâtre, n'ayant d'odeur que quard on » la brüie, laquelle eft alors aflez agréable , d’une faveur réfineufe, avec une légère aftriétion. La feconde forte cft la LACQUE EN GRAINES. Gummi Lacce in granis, officin. Elle eft tirée des bâtons, & eft par petites graines ifoiées ; fa couleur eft plus claire & plus rouge que la précédente, & elle a le même goût & odeur étant brülée. La troifieme cfpèce cft la LACQUE PLATTE, Ou en tablettes. Gummi Laccæ in tabulis, oficin. Elle eft tirée des bâtons, dont on l’a fondue, & enfuite jettée en feuilles plattes; elle eft de couleur rouge, plus ou moins transparente, ayant Ja même faveur, & donnant Ja même odeur étant brillée que les précé- : Qentes. | DES MÉDICAMENS. 265 …. La teinture fpiritucufe eft de couleur jaune-rou- gcâtre & tranfparente, cette diflolution a plus Po- “deur de l'efprit de vin, que de la Laque & une fa- veur acre & amère. Elle ne fe diflout point dans Phuile d'olive quoique chaufées enfemble. L'huile eflentielle de térébenthine en cire une couleur rouge, & il refte une partie de Lacque qui cft inäifloluble dans cette huile. L'éther en tire unc légère teinture cicrine, elle s’y gonfl: fans fe difioudre, l’eau a très-peu d'action fur elle. On en retire par la diftilla- tion une cfpèce de matière bitureufe, femblable au beurre de cire. C'eft de la Lacque en feuilles qu’on fait le plus d’u- fage; on la doit choilir , claire, un peu tranfparente, haute en couleur , fe fondant aifément fur le feu, qui étant jettée fur des charbons ardens répand une odeur agréable, quand on la mache qui teint la falive çn rouge , & quand on la fait bouillir dans l’eau mêlée à quelque acide donne une teinture d’un beau rouge. Il faut réjetter celle qui eïft remplie d’ordures & de couleur noirâtre. On ne s’en fert ordinairement qu’extérieurement ; elle eft tonique & propre à rafermir les parties : on fe fert de fa teinture fpiritucufe pour déterger & rafermir les gencives, & les dents des fcorbutiques. 266 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Le Musc. Mofchus , officin. cft une matière grumuleufe , féche, mais qui paroît onctueufe au toucher , femblable en queique façon à du fang defleché & rompue en petits morceaux ; d'une cou Jeur tannée ou brune, d’une odeur très - forte! & très -pénétrante, d’une faveur un peu acre ayec une légère amertume. à L'animal qui produit le Mufc eft encore peu connu. Quelques auteurs croient que c’eft une efpèce de Ga zelle. D'autres que l'animal avec qui il a le plus de rap- port, eft le Chevrotain, duquel il diffère, en ce que le Porte-Mufè, eft beaucoup plus grand , & parces dents! molaires qui fonc au nombre de fix de chäque côté, le chevrotain n’en ayant que quatre, lefquelles font auf d’une forme diflérente ; & ils diflérent encorc par Ja couleur de leur poil. L’infufion aqueufe eft de couleur brupètre, a l'odeur & la faveur de cette fubftance. Sa teinture fpiritueufe eft de couleur légerement jaune-rougeñ tre, d’une .odeur du Mufe ainfi que le goùc. L'é ther en tire une couleur jaune. Un gros dons ne environ vingt-quatre grains d'extrait rgueux ; & un fcrupule d’extrait fpiritueux. | . On l'apporte & cn le vend ou en veflies ou hoïs des vefles; on doit choïfir le Mufc en veflies, fees onctueux , odorant , que la peau de la velie fo DES MÉDICAMENS. 267 _ , “mince, très-peu garnie de poils; lefquels doivent être de couleur brune, qui cft la marque du Mu/t de Tonquin qu'on eftime le plus. Le Mu/c de Bengale Ji J qui eft de moindre valeur, a la veilic garnie de “poils blancs, on en apporte aufli de Ruflie, mais celui-la n’eft point eftimé. ” Le bon Mufc fans enveloppe doit être gras mais fee ; pur, d’une odeur très - forte & infuppot- able ; d’une couleur tannée, fe confumant entiè- rement fur le feu. Plus les matières font chères, plus elles font fu- jettes à Ja fophifticaion, aufi on fophiftique le Mufc par différens moyens, même en Afie, mal- gré la deffenfe des Princes de ces contrées, ou avec du plomb qu’on a foin de broyer très-fin, ou avec de la terre, avec du fang, ou de la chair hachée des tefticules, ou autres parties de la même nature des animaux coupées menues. Celui fophiftiqué avec le plomb cft facile à connoître en en faifant brûler, cat s’il en contient, on trou- vera le métal en mafñle. On s’apperçoit des au- tres fraudes, en ce que celui qui eft pur s’enflamme, ‘& jeuté ‘fur une pèle rougie fe confume en entier, celui ‘qui eft fophitiqué y laiffe un charbon, & 8 dela peine à prendre feu, 268 TRAYTÉ SUR LA FALSIFICATION Les Indiens ont trois méthodes pour recon- noître celui en vellies fafifié. La ere. cft au poius à la main, car expérience leur a fait connoître combien doit péfer une veflie non al terée. La oc. au goût, ils tirent quelques graing hors des vellies qu’iis mettent dans la bouche. Law ame. confifte à tremper un fil dans du fuc d'ail, &: de le tirer à travers la vellie avec une aiguille; f J’odeur d’ail fe perd, le Mufc eft bon, fi le fl garde l’odeur d'ail il eft falfifié. De Quoique pluficurs auteurs confeillent de Je gar- der dans des boëtes de plomb, nous condamnons - certe méthode, car nous avons obfervé qu'il a de l’action fur le plomb , il vaut mieux conferver, celui qui eft hors des veflies dans des verres bien fermés, pour qu’ilne fe deffèche point & qu’il con- férve fes parties les plus volatiles. Pluficurs médecins regardent le Mufc comme un antifpafmodique très-efhcace, & l’ordonnent quelque- fois avec fuccès dans les maladies convuifives. Ce- pendant Ja même fubftance par fon odeur eft fort! fujette à porter à la tête, & à caufer des vapeurs, des fpafmes & même des mouvements convul-" fifs Les femmes hiftériques font celles qui en ref * DES MÉDICAMENS. ‘r 269 féntent le plus vivement les effets. La dofe eft de- Mpuis deux jufqu’à quinze grains. Les Perces. Maroaritæ , Perle , Uniones , ofi- cin. Unio vulgo Calculi animalium concharum , Linn. font: des concretions ou loupes pierreufes, folides , dures, rondes ou prefque rondes, ordinairement “dun blanc argentin, poli, luifant; on en trouve aulh de jaunâres, de couleur plombée, de verdà- trés & de noiracres. On les trouve dahs plufieurs coquilles bivalives de mer, de riviere & de lac, telles que l’Hirondelle , le Marteau , la Pintade grife , les Huir'es commu- nes, les Moules du Nord &c. celle dans laquelle on trouve les plus belles & en grande quantité porte le nom, de Mere de Perles, ANacre de Perles, ou )Huitre à écaille nacrée. Mater Perlarum feu Concha Margaricifera ; ofhcin. Cette coquilie eft une huitre à écailles nacrées, qui varie en grandeur & péfanceur, peu creufe, ridéé & apre , mais non canneilée ; griie en déhors, unie & luifante en dedans, de couleur blanc-argenté , d’une fubftänce plus dure & folide que les Perles méimes qu’elle contient. Les Perles ainfi que les coquilles d’où elle pro- vient font des fubitances pierreufes & calcaires, elles font clfervefcence avec les acides & s’y diffulvent, 270 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION "On a donné anciennement de grandes’ vertus aux Perles; & même des perfonnes de l’art , jufqu’à ce jour , y ajoutent foi ; heureufement pour l’hom- me que le plus grand mal qu’elles font. eft à la bourfe de celui qui les prend. Laiflons les pour ki parure du beau fexe & plaignons les hom= fes qui fe laiflent tromper par ces fourbes -qui achétent du Nacre de Perle ou des huitres en pou= dre chez l’apoticaire, & les vendent pour des vraies Perles en poudre au poid de l'or. Les médecins in- ftruits & de bonne foi conviennent que les Perles ne font que des abforbans rerreux. & n’ont pas plus de vertu que-les huitres les plus communes. | Coraïz. Corallium, oficin. On ne fe fert que de deux forces des Coraux en médecine du blanc & du rouge. Coraiz BLANC. Corallium album oculatum, officin. Madrepora fimplex ramofa, ramis teretibus lævibus ta- bulofis lamellis inteoris , Linn. Les rameaux de cette efpèce de Madrepore font d’un blanc de lait, arrondis, tortueux, lifles & entrelafés les uns dans les autres, parfemés de grands trous. ou pores afîlez éloignés lcs uns des autres , débordants un peu la füperficie, étoilés & cannelés en dedans. | #, | - Coral rouGs. Corallium rubrum , officin. Mille- | \ DES MÉDICAMENS. 271 RE: : Di pie eft d’uné fubftance a mallive, légerement ftriée , & de couleur rouge : il a - branchu comme elles, mais fans feuille : il eft Mormé dans la mer par des BAyHÉSSs à ainfi que le WI jorail blanc. k. Les Coraux fe laiffent diffoudre par tous les aci-: à des ; l’efprit de vin tire du Corail rouge une tein- “ture; lécher n’altère aucunement ce Corail. | Le Corail blanc doit être choifi très-blanc, com- …pact & poli ; & le Corail rouge, haut en couleur, uni, . poli & luifant. y en a qui faififient la poudre de l’un ou de l’autre Corail avec d’autres matières abforbantes de 4 “moindre valeur; la fraude cft difficile à connoitre, —…heureufement elle ef de peu de conféquence, car ces matières ont la même vertu que le Corail qui n'agit que comme abforbant. À … Nôus avons obfervé que le Corail, après avoir “à été pilé dans un mortier de cuivre, contenoit de Li ce métal ; On peut s’en convaincre en cn faifant ce “® 272 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION difloudre dans de l’acide nitreux, car, en ajoutant de l’alkali volatil à la diflolution, elle fe colore en bleu, ce qui n’arrive point à celle qui eft exempte de ce métal. | à | ‘ Miez. Mel, oficin. C’eft une fubftance épaifles onétueufe , fermentefcible, d’une couieur ou blan=« che ou jaune-päle ou jaune-foncé ; d’une odeur! agréable , & d’un goût très-doux. | Ce font des infectes nommés Abeilles, dont il y en a de domeftiques, & de fauvages qui le cueil= lent du nectar des fleurs aromatiques; telles que des rofes, de la fauge , du romarin, de la lavande, du thim, du trefle, du lys, de l’origan &c. Deux livres de Miel ont donné, par l’analyfe chi- mique, fix onces d’eau claire qui en a l’odeur, & contient un peu d’acide, après quatre onces d’eau! tranfparente, de couleur jaune , d’une odeur de Miel. fort agréable ; d’un goût acide, acre, fentant un peu le feu; puis trois onces de liqueur rouge fen- tant le brüié, mais agréable ; d’une faveur acide, fort acre, pénétrante & brûlant un peu la bouche; fuivie de deux onces de liqueur de la même odeur, que la précédente, de couleur orangé; d’un goût acide, &acre, mais moindre que la précédente, &" | _fept C7 ; pES MÉDICAMENS. 273% pt onces de liquide rouge-brun, d’une faveur acide, “acre & piquante , d’une odeur forte de brûlé, fans qu'elle foi beaucoup défagréable, & deux gros d’huile épaifle, d’un goût acre , & noire comme la poix. On préfére celui de Narbonne aux autres Micelsi on le doit choifir grainu , d’un blanc égal, gra- “cieux au goût, d’une odeut douce, & qu’il fe fon- (le facilement dans la bouche. On mêle fouvent aux { autres Miels des herbes aromatiques pour leur don- . ner le goût de celui de Narbonne, mais ces for« tes de Micls ne font jamais fi blancs que le vrai … Mic! de Naïbonne , on y trouve aufñli fouvent des … feuilles des herbes qu’on y avoit mis. On les fal- É fific aufli avec des farines, ou avec de l’amidon : “cette fraude eft aifée à connoître , car il eft glai- roux & filandreux , & n'eft pas également blané À par-tout , en le faifant fondre dans l’eau on s’ap- perçoit aufi de cette fraude. = … Le Miel jaune doit être choifi nouveau , d’une — bonne confiftence , le plus grainu & le moins char- mpé de cire polible, de couleur jaune-doré, & prens dre garde qu’il ne foit mêlé avec des farines. ” I'eft laxatif & déterfif ; on l’ordonne commé Apéritif, adoucifflant, émollient & pectoral;on eñ $ 974 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ufe fréquemment dans les lavements laxatifs & pur- gauifs; la dofe pris intérieurement eft dépuis deux jufqu’à crois onces: on s’en fert extérieurement pour mürir les abcès, réfoudre les inflammations & adou-” cir les douleurs. FRPÉEESE TÉLÉ DEEE EE DE LÉ EE DES MATIÈRES MINÉRALES ET DES PRÉPARATIONS CHIMIQUES. / \ M3RE cris. ÆAmbarum cineraceum , feu grifeum, ambra grifea, officin. {mbar five Ampar, Aëtii. On a été longtems indécis pour favoir de quelle mature étoit cette fubftance ; mais à préfent quel- ques chimiftes & naturaliftes, après lanalyfe qu’ils en ont fait , l’ont mife au nombre de bitumes, plutôt à caufe des principes qu’il fournit lorf= qu’on le diftille que par une connoiffance certaine de fon origine, On trouve quelquefois dans-ce bitume des corps étrangers ; il eft opaque, léger, gris-cendré, mar- bré, un peu gras au toucher ; d’une odeur agréas ble, volatil, fe liquéfiant facilement au feu, prefs que tout inflammable, & s’amollifant comme la cire dans la main échaufféc. 4 / À / pES MÉDiIcamEexs. 275 … Il eft diffoluble en partie dans l’efprit de vin ‘ _ auquel il communique une foible odeur & faveur balfamique, mais il eft indifloluble dans l’eau. L’é2 ; “ther en tire promptement une teinture citrine, & “en cft diflouc prefque entièrement par le féjour. “ Suivant. /Veuman , un gros d'Ambre gris mis en » difillation a, donné deux fcrupules & demi d’hui- É le, cinq grains d’eau, deux grains de fel volatil Wacidule, & un grain de matière terreufe. £ LOn choifit l’Ambre gris, grifâtre, tanné à lin- …rérieur , fe caffant inégalement, paroiflant écailleux, “raboteux, marbré en dedans de tâches jaunâtres: & f noires, peu péfant , fuave , inflammable, :entière= ; ment liquéfiable fur les charbons, & s’y confumant “cotalement, fans donner beaucoup de fumée, mais à repandant une odeur agréable ; on le falfifie fou- “vent en y mêlant différentes matières, fur-tout à “celui qui eft frais & un peu mou: on compofe acfi “äu faux Ambre gris avec-de la poix, de la réfine, de la cire, avec du ftorax & du mufc &c. lequel “cit fouvent acheté de ceux qui ne le connoïflent “pas pour du vrai Ambre gris. On peut reconnoitre celui qui eft falfifié du véritable, en le piquant avec üne éguille chaude , il en doit fortir un fuc gras & odorant ; en le faifant fondre à à la flamme d’une 276 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION bougie dans une cuiller d’argent , il doit entrer en parfaite fufion ; fans qu’il s’y forme des bulles ! &' prendre alors ; fuivant fa teinte ; Où une cou leur dorée ou brune , & devenir maniable comme de ia cire ; on le peut encore mettre fur une la= me de couteau rougie au feu &, par l'odeur de la fu" mée qui en exhaleräa, on appercevra de la fraudes il nage fur l’eau, & laiffe beaucoup moins de ter-" re après fon uftion que celui qui eft factice. On doit auli réjetter celui qui eft noir ou blanc. On le regarde comme cordial & nervin, il peut” convenir pour relever les forces abattues & redon- per du mouvement aux fébriles nerveules, mais on s’en ferc crès-peu .en médecine. La dofe eft depuis ünjufqu’à fix grains. | © Bird ps Junée, Afphalte, Karabe de Sodome. Bitumen Judaïcum , oficin. A/phaltum , Diofcor. Bi- tumen Babilonicum , Karabe Arabum, Karabe Sodo- me , & Gummi funerum , Serapion Mumia, quorumd. | Cette fubftance eft folide, caffante , d’une cou- leur brillante & prefque noire ; d’une odeur forte & bitumineufe. | | jé 4 On en diftingue deux fortes, l’une qui eft la plus commune eft tirée des eaux de la mer, l’autre qui eft plus rare eft follile & cit tirée des mines. ; pes MÉDICAMENS. 277 On lui a donné le nom de Gomme de funérailles de de momie à caufe que le commun peuple d'Egyp- NT s'en fervoit pour embaumer les morts. 1 fe diffout très-bien dans l’efprit de vin, dans “Jéther & dans l’huile. L’eau n’a point d'action fur Élu ir il fe liquéfic aifément au feu. ES LT Lg + —. On vend quelquefois pour du Bitume de Judée M: . L . . de Ja poix cuite & mife en morceaux, mais on' peut “aifément diftinguer cette fraude, car en brûlant le itume , il a une odeur bitumineufe, ce que n’a _pas la poix ; de plus fa flamme:n’eft pas fi belle ni fi blanche que celie du Bitume de Judée & laifle “beaucoup de réfidu. On le confond quelquefois avec da pierre noire des charpentiers ; mais cette pierre n'étant point inflammable , il eft facile de diftin- |guer l’un de l’autre, : Ji le faut choifir folide, caffant , léger, d’une “couleur brillante tirant fur le noir; qui étant caf- ME , & préfentant les morceaux vis-à-vis une lumiè- ‘re paroïflent d’une couleur qui tire tant foit peu fur le rouge , d’une odeur forte bitumineufe , laquelle odeur s'augmente & devient plus pénétrante & | plus défagréable quand il s’enflamme; en brülant qui donne une belle flamme blanche, & laifie très peu de réfidu après qu’il eft brûlé, * 278 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Les anciens lui ont attribué beaucoup de ver- tus , mais à préfent on en fait très-peu ufage en médecine , il entre dans quelques préparations phar= maccutiques, telle que dans la thériaque. On pou- toit s’en fervir en fumigation pour les maladies” hyftériques & hypocondriaques & dans les rhuma- tifmes. Les Bozs. Boli, officin. font des terres argilleu=. fes extrêmement fines & douces au toucher. Elles ont une faveur légerement favoneufe , ciles font plus poreufes que l’argille commune, quoique folides el= les font fragiles, laiffants après qu’on les a frottées une tâche légerement luifante. Elles fe divifent fas cilement dans la bouche, en empâtant la langue; elles tâchent les mains, s’imbibent aifément des fluides & fe divifent prefque dans l’eau. il y en à de différentes couleurs , telles que de blancs, de rouges, de gris, de jaunes, de couleur de chair, de verds & de noirs. On ne fe fert en médecine que de trois fortes des Bols , du blanc , du rouge & de couleur de chair. LE Boz gLanc. Bolus alba , officin. 4rgilla ore liquefcens albe, Linn. doit être choifi très- blanc, exempt de matières micacées, pyriteufes, sales fes & calcaires. D DES MÉDICAMENS. 279 \ S 14 [ … Bors ROUGES. Boli rubre. oficin. Il y en a deux “fortes cont on fait ufage en médecine. £ / « La prémière eft nommée Boz D’ArmËnie. Bo- “lus Armena, Bolus Orientalis, othicin. Bolus füb- ï 08 pinguis colore rubro, Wolfterd. Rubrica Lem- _nia aut adffringens. Elle doit être d’un rouge fafra- | né , compacte , péfante , s’attachant fortement à la “langue en l’empâtant , luifante , graîle & très-poreufe. “ L’éther n’en tire aucune couleur. Le Born rouGe commun. Bolus rubra noftras, officin. cit ordinairement d’un jaune tirant fur le mrouge-pâle ; ce Bol fe trouve fouvent mêlé avec des matières étrangères , on les doit féparer avant de s’en fervir. Il faut le choifir jaune tirant un peu fur le rou- ge, d’un goût ftiptique ,; fondant dans la bouche en y laiflant très-peu de fable, s'attachant forte- ment à Ja langue & qu’il. tâche les mains. Le Bor coureur DE cuair , Terre figillée, ou Ferre de Lemnos. Terra Lemnia, Terra Melitæa, di Terra Turcica, Terra fi figillata , officin. Bolus Orien- talis, Bolus colore carneo , Wall, eft cette Terre autrefois fi fameufe en médecine. Elle eft très- douce & très-fine au toucher, ne différant du Bof 280 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION des anciens qu’en ce qu’elle eft plus ou moins co- lorée, d’une manière uniforme, & différemment em- preinte: on nous l’envoie en pañtilles ou en pains convexes d’un côté, & applatis de l’autre, par l’im- preflion d’un cachet. Souvent on lui fubftitue de la terre à pipe qu’on colorc avec une teinture végétale , & fur laquelle on met la même empreinte que fur le vrai: On recon- noît cette faifification en lavant ces faux Bols f- gillés avec de l’eau dans laquelle ils fe décolorent. Les hommes de tout tems ont aimé d’être éblouis par le merveilleux. Les prêtres des payens qui trou- vent leur profit dans la crédulité des hommes en ont abufé. Jufqu’aux Terres Bolaires ont été tirées de la terre avec des cérémonies fuperftitieufes. C’é- toient anciennement les prêtres de Vénus qui met. toient le cachet de Diane fous la forme d’une ché- vre fur cette terre. Comme tout change fuivant les circonftances, aufli la cérémonie pour tirer la Ter- re Bolaire a changé , & aux cérémonies fuperftitieu. fes des payens, les prètres Grecs ont fubititué une liturgie & des prieres. On penfe bien que ces céré- monies ont beaucoup acrédité la vertu de cette Ter- #e dans l’efprit des hommes crédules , mais nous = CA DES MÉDICAMENS. 281 groyons que tout leur effet ne confifte, pris inté- rieurement, qu’à fatiguer l’eftomac. CrRAïTE BLANCHE, ou Terre de Crête. Creta alba, “officin. Creta cohærens fèlida, Wall. C’cft une ter- re calcaire, friable , farincufe , fans odeur , ni fa veur, s’attachant à la langue, un peu compacte, blanche, calcinable, fe diflolvant dans tous les aci- des , s'étendant confidérablement dans l’eau. Il iy a plufeurs fubftances entre lefquelles il y en a de très-nuifibles & qu’on prendroit au premier coup d’œil pour de la Craie , telle entre autres eft la cérufe : on la peut cependant diftinguer à la péfan- teur qui eft plus forte que celle de la Craie, & en verfant deflus du vinaigre, lequel occafionnera tout de fuite une effervefcence avec la Craie & point avec la cérufe : comme on trouve fouvent que la cérufe eft falfifiée avec des matières abforbentes qui ont aufli la propriété d’effervefcer avec les acides; fi on avoit du doute d’une telle Craie, il en faudroit effaier la réduétion par le phlogiftique. Le bol blanc peut aufli être confondu avec la Craie blanche; com- me le premier ne fait point d’effervefcence avec les acides il fera aifé de le diftinguer de la Craie. Il eft un abforbent terreux, on l’ordonne contre Jes aigreurs, 082 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Des Pierres PRÉCIEUSES. Autrefois on croyoit qu’elles poffedoient de grandes vertus, aujourd’hui toute perfonne inftruite dans la matière médicale & la éhimic fait qu’elles n’ont pas plus de vertu que le verre, & que, loin de foulager les maux auxquels! le genre humain eft füujet, elles ne font que l’aug- menter, & qu’étant prifes à une certaine quantité elles deviennent de vrais poifons méchaniques. Les . plus renommées de ces Pierres en médecine étoient L'Émeraude , le Grenct , lHyacinthe , le Saphir & la Sardoine. Elles font connues dans la pharmacie fous le nom de cinq fragmens précieux. La Pierre INcphritique qui eft une efpèce de Pierre fcintillan- te & qu’on à tant vanté n’a pas plus de vertu que les cailloux ; & du même nombre eft la Pierre d’4- zur. On trouve encore des compofitions pharmaceu- tiques dans lefquelles ces Pierres entrent , telles font la conféëion d'Hyacinthe , la confeëtion Alkermes ê&c. lefquelles on ordonne encore que trôp-fouvent, & que l’on devroit bannir hors de la médecine. ARSENIC BLANC. Ar/enicum , officin. Il eft la fleur ou chaux du régule d’Arfenic. Cette matière, quoi- que terre métallique, eft aufli fubftance faline; elle a du commun avec les chaux métalliques en ce qu’el- le eft capable de fe combiner avec le phlogiftique pes MÉDICAMENS. 283 & devient pair ce moyen un véritable demi - mé- “tal. Cependant elle diffère des chaux métalliques par fa diffolubilité dans l’eau en ce qu’elle eft conftam- . ment volatile, au lieu que tous les autres métaux & demi-métaux étant privés de leurs phlogiftiques font très-fixes ; par fon odeur qu’elle conferve toujours d'ail lorfqu’on la chauffe. Elle fe diffout dans les aci- des ; elle excite , étant mife fur la langue, une im- preflion d’acreté & de chaleur ; elle s’unit facilement avec tous les métaux , mais elle les rend fragiles & caffants; elle s’unit aufli aux demi-métaux, elle eft très- fufble , toutes propriétés dont les autres chaux mé- talliques font privées ; elle volatilife , fcorifie & vitri- fie tous les corps folides , excepté l’or, la platine & l’argent. L’Arfenic a la propriété de décompofer le nitre, en dégageant fon acide, dont il prend la place au- .près de l’alkali, avec lequel il forme le Se/ neutre Arfènical. Il fe diflout dans l’eau & verdit la couleur bleue des végétaux. ‘On s’en fert pour plufieurs compofitions , telles que le cuivre blanc, ou tombac blanc; on s’en fert auih pour faire avec le cuivre & l’étain des compo- 284 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATIONW fés métalliques pour faire des miroirs de métal, Il eft auf employé par les teinturiers dans plu- fieurs de leurs opérations, mais les effets qu’il y produit ne font pas encore bien connus. On le fait entrer quelquefois dans la compofition de pluficurs verres & criftaux pour leurs donner de la netteté & de la blancheur, mais il a le défaut, y étant mis en trop grande quantité, de faire ternir plus. promptement ces criftaux par l’action de l’air. On trouve quelquefois l’Arfenic pur & dégagé de rou- te fubftance terreufe , mais le plus fouvent mêlé avec d’autres matières minérales dont on le déga- ge par la fublimation. Il eft un poifon des plus violent dont on ne doit jamais fe fervir pour l’intérieur , même pour l'extérieur ; fon ufage n’eft pas fans inconvénients. On l’a prôné comme un médicament certain pour guérir le cancer : même des ignorants, ne craig- nants point la fuite des accidens qu’il produit, font affez téméraires de l’ordonner pour guérir la fievre tierce & la fievre quarte. On dit qu’il y a des braffeurs , dans une ville cé- lèbre par fon univerfité , qui mettent de l’Arfenie dans leur bierre. Il feroit à défirer que cette unit. ; DES MÉDICAMENS. 285 verfité fit de récherches pour découvrir la vérité, ne fut-ce que pour décruire le préjugé. ml faut le choifir blanc, péfant, luifant en dé- hors & en dedans, en morceaux , & réjetrer celui qui eft en poudre, car le plus fouvent celui-la eft mêlé ou avec de la craie ou du gypfe en poudre: on reconnoic cette fraude en mettant de l’Arfenic ainfi falhifñié dans une cuiller de fer ou dans ur creufet, on le fair chauffer doucement , lArfenic fe diflipe & la terre qu’on y avoit mêlé y refte. SEL NEUTRE ARSENICAL. Sal neutrum Ar/énicale, officin. C’eft une combinaifon de l’Arfenic avec l'alkali ou végétal ou minéral. Les criftaux de ce Sel font des prifmes quadrangulaires rectangles, ter- mines à chaque bout par une pyramide de même efpèce. Iis ne changent point la couleur bleue des végétaux , fe difloivent en plus grande quantité dans l'eau que l’Arfenic ; ils ne font point d’effervefcen- ce ni, avec les acides, ni avec les alkalis, ils fe fondent , étant poullés au feu dans les vaiflcaux clos, fans fe décompofer ; mais étant mis au feu dans un creufet, ils fe décompofent , & l’Arfenic s’en- “Ole en vapeur blanche, & l’alkali refte feul. On empleye ce Sel dans quelques manufactures. 286 TRAITÉ sur LA FALSIFICATIOoN Quoiqu'il ne foit point un poifon fi violent ni fi actif que l’Arfenic pur, il eft cependant fort dan- gereux. Mrs. De Morvean , Maret & Durande en ayant fait prendre à un chien, il en eft mort un mois après. 11 froit à fouhaiter que quelques fociétés favantes fiflent des récherches pour trouver une antidote contre ce poifon. On ne fauroit affez prendre de précautions pour la vente des poifons. Le magiftrat de Ia ville de Bruxelles, qui tend toujours pour le bonheur de fes citoyens, a fait émaner une ordonnance il y a cinq ans, par laquelle il défend à toute perfonne, ex- cepté les apoticaires & les droguiftes, comme étant fuppofés avoir des connoiflances des matières nui- fibles, de vendre de l’Arfenic ou autres poifons fous peine de mille florins d'amende pour la prémière contravention, & d’être pourfuivis arbitrairement en cas de récidive: par la même ordonnance, il eft or- donné aux, apoticaires & droguiftes de garder fous la clef l’Arfenic ou toute autre matiere nuifible(* }, © © © —© ——————————© ————————— ——————_"—— —"——— —————— ( * ) Il feroit à défirèr que fur un objet f important il y cut dans l'ordonnance une défignation fpécifique des dro- gues que la prudence exige de tenir fous la clef, puifqu’il fe- toit aifé de tomber en faute fans le vouloir ; une grande par- pes MÉDICAMENS 257 de ne le vendre qu’à des perfonnes connues; d’é- crire fur un régitre le nom, la qualité de la per- fonne ; & la quantité qu’ils lui auront vendue; mais ils pourront en donner fur l’ordonnance d’un mé- - decin ou d’un chirurgien, laquelle devra être fig- née d’eux & être gardée par l’apoticaire ou le dro- guifte, fous peine de trois cent florins d'amende &, en cas de récidive, d’être punis arbitrairement, Il feroit à défirer que dans toutes les villes on fc- foit de pareilles ordonnances , & qu’elles fuflent ob- “fervées ; & que tout marchand mercier lequel, dans piufieurs villes, peut aufli vendre des drogues & qui le plus fouvent ne ies connoit pas, ne pourroit point être droguilte qu'après avoir fubi un examen, fur la qualité des fimples, & fur la diftinction de ceux qui font nuifibles d’avec ceux qui ne le font pas. Turuie. Tuthia, oficin. Cadmi fournacum , Agri- col. C’eft une efpèce de fuie métallique de couleur gris-cendré concave d’un côté & convexe de l’au- tre, qui s’éleve pendant la fufñon & fabrication du cuivre jaunc, lequel eft compofé avec la pierre ca- tie des drogues qui fe vendent chez les apoticaires , droguif- tes, marchands de couleurs & autres, étants de leur nature nuifbles en petite dofe ou le deviennent à une plus forte dofe quoiqu'on vend les unes & les autres au premier venu. 288 TRAITÉ sur LA FALSsIFICATIO# laminaire qui eft une efpèce de mine de zinc & de cuivre rouge fondus enfemble: le zinc étant ur demi-métal volatil & calcinable, pendant la fufon, il fe réduit en partie en fleurs , lefquelles entrainent avec elles un peu de cuivre & forment enfemble la Tuthie: On la contrefait avec de l’argille blanche à la- quelle on a mêlé un peu de cuivre réduit en li maille, lequel mélange on a fait fécher fur des ver- ges de fer rondes, pour donner à cette compofñitiont l'apparence de la Tuthie; cette fraude eft à recon- noître en ce que la faufle Tuchie eft plus friablé que la vraie, qu’elle fe délaie dans l’eau, en ex- halant une odeur d’argille, ce que ne fait point la véritable. Des fophifticateurs plus adroits, pour don- ner plus de reflémblance, font légerement calciner Ja faufle Tuthie pour lui donner plus de confiften- : quoique cette fraude foit plus difficile à con< Te cependant on appérçoit dahs cette derniè- ré des points brillants provenants de Ia limaille de cuivre qu’on a mêlé avec l’argilles; la vraie Tuthie en eft exempte & on la trouve égale par-tout. On ne s’en fert qu’extérieurement ; fon ufage iris térieur eft dangereux. Elle eft cicatrifante, deflica= tive, Des MÉDICAMENS, 239 “tive, aftringente, corroborative & ophthalmique, Freurs DE Ziné. Flores Zinci, officin. On don he ce nom à la terre métallique de ce demi-métal privé de prefque tout fon phlogiftique, & laquelle pendant la déflagration du Zinc a été enlevée en for« me de flocons légers. Elles fe diflolvent dans les acides à peu près com: - me le demi-métal d’où on les a obtenues ; elles font Mtrès-difficiles à reprendre leur état demi-métallique. Les anciennes font ceffervefcence avec les acides, mais cellès qui font nouvellement fublimées exci= tent à peine un mouvement fenfible: en expofant les anciennes au feu; en perdant l’air fixe qu’elles avoient reçu de l’atmofphère , elles perdent aufli [a propriété de faire effervefcence ; elles font très-fixes au feu, & fe fondent plutôt que de fe fublimer. Elles doivent être choïfies pour la médecine léz gères & crès- blanches ; il faut réjetter celles qui font de couleur grifâtre, laquelle couleur eft due à une partie de phlogiftique qu’elles contiennent encore. \ sus 14 On s'en fert extérieurement comme defficativeé:. Il y a des auteurs qui propofent les Fleurs de Zinc tomme fudorifiques, & difent qu’elles purgent quel: Æ 906 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION quefois par haut & par bas. La dofe eft depuis crois jufqu’à douze grains. ANTIMOINE. ZAntimonium , Stibium , oficin. C'eft une fubftance folide , d’une couleur fombre, plom- bée, aifée à rompre : on y voit des filets ou des efpèces d’aiguilles brillantes qui ont une apparence métallique : ce minéral'eft compofé de foufre tout- à-fair femblable au foufre commun & d’une partie” . régulhine métallique, laquelle a beaucoup des pro-* priétés communes aux métaux ; mais elle en diflèm re én ce qu’elle fe volatilife au feu, qu’elle eft ss 2 caffante & non maliéable ; elle a aufli la propriétés s nie d'attaquer tous les métaux excepté l'or. On a don-« , : Ne : : | ne piulicurs noms à l’Antimoine tels que le Plomb des Sages, le Bain du Soleil, le Loup dévorant, ou Saturne qui dévore fes enfants &xc. . On diftingue l’Antimoine en Antimoine natu- rel & Antimoine fondu. Le premier dont il y a plufieurs efpèces eft comme on le tire de la mine, il eft mêlé avec différentes fortes de pierres & de’ terres, on n’en fait point ufage en médecine; on" en voit des morceaux très-beaux dans les cabinets des amateurs de l'Hiftoire Naturelle. L’Antimoine fondu eft celui dont on fe fert en > b£s MÉDICAMENS. ot médecine : il fauc le choifir en aiguilles, exemptes de’cerre & de pierres: On le regarde comme un ftimulant doux , un bon apéritif & fondant ; on s’en fert comme ftomachi- que ; on l'ordonne dans les rhumatifmes, dans les ficvres lentes, hectiques , & le marafme. La dofe Ordinaire eft depuis dix jufqu’à trente grains. ANTIMOINE DIAPHORÉTIQUE, Diaphorétique mi- néral , & Chaux blanche d’Antimoinc. Æntimonium diaphoreticum » Stibium diaphorceticum , officin. On donne ce nom à l’Antimoine privé de fon phlogi- ftique par le nitre, & bien lavé pour en Ôter cous lès fels: Cette Chaux eft crès-blanche, n’eft point difloluble par les acides, Mr. Rouclle a obfervé qu’el- le a la propriété de fe diffoudre dans l’eau, mais en très-petite quantité. Elle a de commun, avec le autres Chaux d’Antimoine, de fe fondre en verre, mais il faut un feu violent. On la falfifie très-fouvent, ainfi que l’Antimoine diaphorétique martial, avec de la craie. Cette frau- de cft reconnoiffable en ce que ces deux Chaux ne font point eflervefcence avec les acides comme [a craie ; on la falfifie aufli avec la cérufe, laquelle eft-très-nuifible , & peut même occafionner la mort, étant prie intérieurement : on peut reconnoitre 202 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION cette fraude en faifant digerer l’Antimoine diaphoré- tique qu’on fufpecte dans du vinaigre, qui a la propriété de difloudre la cérufe, du quel on le peut précipiter avec un alkali, & le réduire en plomb en y. ajoutant du phlogiftique , ou bien en y mettant quelques gouttes de foie de foufre arfenical liquide ; s’il y a de la cérufe cn difiolution , il prendram une couleur noire. Plufieurs médecins regardent l’Antimoine diapho- rétique comme entièrement inutile & fans effet, ce- pendant d’autres l’ordonnent comme diaphorétique à la dofe depuis douze jufqu’à trente grains. B£rzoaRD MINÉRAL. Bezoardicum minerale , officin. eft une chaux d’antimoine bianche, qui a les mêmes qualités que l’antimoine diaphorétique ; aufii on la falfñifie comme ce dernier, & on peut reconnoître cette falfification par les mêmes moyens. On les mêle quelquefois enfemble, & on lui fubftitue quelquefois l’antimoine diaphorétique. Cette fraude n’eft pas nuifible car fi elles ont quelque vertu, cile doit être éga'e. For£ D’ANTIMOINE. ÜMepar ÆAntimonii , officin. C’eft une fubftance à demi vitrifiée , d’un rouge- foncé , péfante , compacte , caffante ; elle fe met facilement en poudre, + DES MÉDICAMENS. 298 Il faut l'acheter en entier , car celui qu’on vend en poudre eft ordinairement mêlé avec des briques . pulveriléss ; ; les médecins inftruits ne l’ordonnent jamais , mais les maréchaux s’en fervent." Kermès minéraz, Poudre des Chartreux. Ken. mes mineralis, Pulvis Carthufi&norum , officin. Il eft, Comme l’antimoine, une combinaifon du”ioufre ê& dû régule, mais la partie réguline fe trouve dans Un autre état que dans l'ancimoine crud, & ül ) contient aufi plus de foutre que lui. Il doit être choiïfi d’un rouge-orangé , très-fin, doux, uni au toucher, & comme vélouté. On vend quelquefois le foufre doré d’antimoine pour du Kermès ; on reconnoit ce premier en ce qu'il eft d’une couleur plus claire tirant fur l’orange. Celui qui eit fophiftiqué avec de la terre d’om- “bre, ou autre matière non difloluble dans l’eau, peut être reconnu en le mettant dans l’aikali fixe en li-. queur , car celui qui en eft exempt fe diflout en- rtièrement dans ce liquide, & s’il Contient de ces ._marières on les trouve au fond. Celui qui cit falfi- : fié avec des matières diflolubles dans l’eau, eft à re- -connoitre en, ce que ces matières , en fe diflolvants dans ce liquide , diminuent le poid du Kermes ; 204 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION celui qui contient du fel alkali fixe, & par confé- quent qui n’a pas été bien lavé , eft à reconnoître en le mélant avec le fel armoniac, s’il en contient, on fentira l'odeur de l’alkali volatil que l’aikali fixe en aura dégagé. On en fait aufli par la fonte, c’eft celui qu’on trouve le plus communement dans le commerce & qu’on vend à bon marché : celui ainfi préparé eft plus émétique, fes parties font beaucoup moins dou- ces au toucher que celui fait par l’ébullition.: ilu arrive alors que d’un rémède dont on n'attend que ‘des effets affez doux , on en voit arriver de con- traires, que Îles médecins attribuent fouvent à tou- te autre caufe qu’à la mauvaife préparation du Ker-, mes. Ïl y a peu de médicamens dont un médecin ha- bile puifle tirer d’aufli grands avantages que du Ker- mès : ce médicament réunit la vertu évacuanté & excitente des préparations émétiques de l’antimoine, avec les propriétés apéritives, fondantes, divifan- tes & toniques du foie de foufre : il eft, entre les mains d’un habile médecin, purgatif, émétique, diurétique, expectorant, fudorifique , fuivant les, cas. La dofe ordinaire eft depuis un demi grain jufqu’à cinq. > à vod DES MÉDICAMENS. .'' 295 … TARTRE ANTIMONIÉ, Ou Einétique, ou Stibié. “Turtarus emeticus , vel flibiatus, oth:in. eft la come binaifon de la partie réguline de l’aatimoine à de- mi dépouillé de fon principe inilainmable ave l'acide tartareux. On trouve prefque dans chaque difpenfaire une méthode différente pour faire le Tartre émétique 3 l'importance de ce rémède a fac défirer aux mé decins éclairés qu’on put exécuter par tout cette préparation d’une manière uniforme ; loin que ces yœux que l’humanité ne celle. de répéter foient exaucés ; la maniere de préparer ce Sel varie non feulement dans chaque ville, mais chez chaque apoticaire, & quelquefois dans la même boutique; que d’inconvéniens fans nombre ne réfulte t'il pas de cette diverfité ? le médecin toujours incertain fur la dofe qu’il doit employer s’expofe journelle- ment à fe voir trompé dans les cflets qu'il en attend :, il feroit néceflaire., pour faire cefler. les inconvéniens que produit ce grand rémède mal préparé , que des artiftes habiles fiflent le Tartre émérique en commun, & en public: on pratique bien cet ufage, pour la thériaque, dont l’impor- tance cft bien petite fi on la compare à celle du Tartre antimonié. 206 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION La meilleure méthode de le faire cft de com- biner l’acide Tartareux avec la poudre d”’ Algaroth ou Mercure-de-vie, on eft certain d’avoir toujours le même produit par cette méthode, & que le Sel qui en provient a le même effer. Les cryftaux du Tartre émétique font figurés en pyramide triangulaire, de couleur blanc-opa- que étant fecs, mais tranfparens tant qu’ils font humides, ils décrépitent au feu du chalumeau, ils laiflent exhaler en brülant une fumée d’anti- moine , & dépofent des grains métalliques fur les charbons ; l’eau difiillée à une chaleur de quinze dégrès , en diflout la } partie de fon poid, à pet- ne cette diflolution rougit le firop de violettes’, les alkalis fixes & volatils décompofent ce Sel; l'acide vitriolique occafionne dans la diflolution un précipité blanc, mais qui difparoît par la feule agitation ; le foie de foufre alkalin produit du foufre doré d’antimoine, fi on le mêle avec une diflolution du Tartre émétique. On trouve dans les boutiques une poudre gri- fâtre, laquelle s’humeéte aifément à l’air, qu’on vend pour du bon Tartre émétique ; cependant ce n’eft que fon eau mère incryftalifable que des fophiftis queurs ont mélée à une quantitè, feion leurs ca- RL DES MÉDICAMENS. 297 prices, de crême de tartre, & qu’ils ont faite en- femble évaporer jufqu’à ficcité : ce faux Tartre émé- rique reflemble aflez à celui que prefcrivent quel- “ques pharmacopées ; lequel eft fait avec de la Crêr “me de tartre, du verre d’antimoine, & du Crocus Metallorum en poudre qu’ils font bouillir avec de “ j'eau jufqu’à extinction. On ne doit jamais l'acheter qu’en cryftaux, fec, & abfolument réjetter celui qui eft en poudre ou humide. On fait le plus fouvent prendre le Tartre émé- tique dans l’eau; ce Sel a la propriété d’être dé- compofé par ce liquide, principalement quand il eft chaud & en grande quantité ; pour prévenir cette décompofition, on ajoute à l’eau dans laquelle on Pa fait diffoudre autant de crême de tartre qu’ on y a mis du Tartre émétique. IL eft, par rapport à fa forme faline, plus propre qu'aucun autre médicament de ce genre pour rem- plir les vues qu’on fe propofe , lorfqu’on a indi- cation d’exciter le vomiffement. La dofe de celui fait avec la poudre d’Algaroth ou Mercure-de-vie cft de trois grains ; & plufeurs habiles praticiens ont obfervé qu C ne fatigue point l’eftomac, ni les 298 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION _inteftins comme fait le plus fouvent ce Sel prépa ré d’une autre façon. Vin ÉMETIQUE. Vinum emeticum , officin. Il diffé- re, fuivant les difpenfaires que l’on fait, tant par la quantité que par la qualité du foie d’antimoine qu’on ajoute au vin, ainfi que par la Qualité du vin même, lequel étant plus ou moins acide, peut conte- nir plus ou moins de foie d’antimoine en diffolution , ce qui le rend toujours d’un fuccès incertain. Il vaudroit mieux, lorfqu’on veut avoir du Vin émé- tique, le préparer -en diflolvant du tarcre éméti- que ou dans du vin blanc ou dans du vin d’Eipag- ne, & on feroit alors certain de fon effec. | “On le donne depuis deux jufqu'à huit gros en lavement dans l’apoplexie, la paralyfie & autres maladies où il y a ftupeur ou engourdifflement, + BEURRE D’ANTIMOINE, qu’on nomme aufli Cauf- tique Antimonial, Huile glaciale d’Antimoine. Bu- tyrum Antimoni , Oleum glaciale Antimonii ; Cauf- ‘ticum Antimoniale , officin. C’eft un fel à bafe mé- tallique compofé du régule d’antimoine & de l’a- cide marin: c’eft improprement qu’on le nomme Beurre & Huile d’Antimoine, car ce fel n’a aucune des propriétés de ces fubftances, fi non la confif- tence, & la facilité qu'il a à fe fondre, à une L LU DES MÉDICAMENS. 209 chaleur très - douce comme le beurre. Il a la pro- priété d’atcirer l'humidité de l’air & de fe réfou- dre en liqueur. Il eft fufceptible de cryftallifation, & forme de gros cryftaux en quarrés allongés ou en parallipipedes. Il a la propriété de s’envoler étant échauffé iufuq'à un certain point: les alkalis fixes & volatils, & les verres abforbantes décom- = pofént le Beurre d’Antimoine: l’acide nitreux Île diflout , &'cecte diflolution fe fait avec une gran- de activité : l’eau décompofe ce fel métallique & la poudre qui en précipite, après avoir été édul- çorée avec de l’eau porte le nom de Poudre d’ 4 garoth ou Mercure - de - vie. On doit le choifir, d’une confiftence folide; & ré jetter celui qui eft liquide ou roux, comme moins bon: on lui peut enlever fa couleur roule en le rédiftillant; on doit avoir foin de garder ce fel métallique dans une bouteille bien bouchée. On fait très-peu d’ufage du Beurre d’Antimoi- ÿ \ L2 L1 ne , cependant on l’emploie quelquefois extériceure- ne, Cep P quelq ment comme cauftique , mais on lui préfere le cauftique lunaire; pris intérieurement il agit com- me les poifons corrofifs. - SOUFRE DORÉ D’ANTIMOINE , ou Soufre d’Anti- moine précipité. Sulphur auratum _Antimonii , Sul- 300 TRAITÉ sur LA FALstricATIow Phur Antimoni pracipitatum, offiéin. eft une com. binaifon du régule d’antimoine avec le foufre ; le- quel on obtient par la diflolucion des fcories du régule d’antimoine fimple , en les précipitants par un acide. Le Soufre doré étant compofé du régule d’anti- moine & du Soufre , comme l’antimoine crud Len diffère cependant tant par la couleur qui eft oran- gée , que par fa vertu émétique très-forte. Ces diffé. rences proviennent de ce que la partie, réguline eft liée intimement avec le Soufre dans l’antimoi- se crud, & en quelque forte mélée avec le Sou- fre, dans le Soufre doré d’Antimoine, ; Quoiqu'il ait quelque reflemblance avec le ker- . mès minéral, il en diffère par fa couleur qui eft jaune-orangé , celui du kermès minéral étant Tou- ge-orangé , & par la proportion du Soufre, qui eft moindre dans le Soufre doré d’Antimoine que dans le kermèés minéral. \ Les proportions du api d’antimoine & au Sou- fre peuvent varier beaucoup dans ce précipité : . fi au lieu de précipiter tout à la fois on le précipi- te par partie, on obtiendra du Soufre doré qui deviendra de moins en moins émétique, & on re- “marque que la couleur diminue châque fois, telle. ment que les derniers précipités n’ont qu’une lé- pes MÉDICAMENS. 201 gère couleur jaune, les premiers étant rouges , & ils ne contiennent preique point de régule d’anti- _ moine. Le Soufre doré eft difloluble dans l’alkali fixe en liqueur, on reconnoit celui qui eft falfifié avec. des matieres indilolubles dans ce liquide en ce qu’elles ne s’y difolvent point. Celui qui eft mêlé à des matières falines , eft à réconnoître par ce que ces matières fe diflolvent dans l’eau, ce que ne fait point le Soufre doré d’Antimoine. Il évacue par haut & par bas, ïl porté aufi par les voies de la tranfpiration & des urines, mais on nes’en fert guère en médecine vû qu’on a très- peu de certitude de fon effet, car dans châque boutique on le trouve différemment compofé, tant par rapport à la manière de le précipiter , que de la nature de lacide dont on fe fert pour le précipiter. La dofe eft ordinairement depuis un juiqu’à fix grains, laquelle on peut augmenter ou diminuer felon la quantité de parties régulines que le Soufre doré d’Antimoinc contient. Le Mercure , Vif Argent. ÆAroentum vivum , Hydrargyrum , officin. Mercurius, chimic. Qu'il foit confideré ou comme métal ou comme demi-métal, il eft de toutes les fubitances métalliques, le feul 302 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION qui foit fluide ; il eft d’un blanc brillant & écla- tant , abfolument femblable à celui de Pargent, il eft, après l’or & la platine, le plus péfant tant des métaux que des demi-métaux: Un pied cube de ce métal péfe neuf cent foixante & dix-fept livres: il perd dans l’eau, étant péfé à la balance hydrof- tatique , environ un treizieme de fon poid, l’eau pi l'air n’ont aucune action fenfible fur cette ma- tière : il n’eft point fufceptible de rouille comme plufieurs métaux, il eft de tous les liquides le plus froid à l'air & avfli celui qui au feu devient le plus chaud; étant chauffé jufqu’à un certain point il fe volatilife , mais il eft indeftruétible par le même élément ; mis dans une tube & agité dans les té- nèbres il paroît phofphorique ; il a la propriété de s’amalsamer plus ou moins facilement avec les mé- taux , ces amalgames mis au feu dans un vaifleau clos lui font reprendre fon état fluide & argentin : il fe diffout dans l'acide nitreux ; l'acide vitriolique étant très-concentré le diffout auf, & le réduit en une mafle faline de couleur blanche ; l’acide marin en liqueur n’a point d’action fenfble, quoique bouil- lant , fur lui ; il faut que cet acide pour qu’il ait action defflus foit très-concentré, & réduit en va- peurs, & que ce métal foit aufli en vapeurs. Les # DES MÉDICAMENS 302 . acides végétaux n'onc point d’action fur le Vif Ar- “gcur en sale ,; mais ils le diflolvent quand ils le 14 trouvent dans un dégré de divifion convenable. On le falfie foit avec le plomb, le bifmuth ou Pétain; fi ces métaux, ou enfembie ou féparés, font en grande quantité on peut s’en appercevoir en faifant palier le Mercure au travers d’une peau de cha- mois, on trouvera une partie des particules métalli- ques dans la peau. On le reconnoit auf” en ce qu'il a moins de péfanteur fpécifique que celui qui ne l’eft pas , en le faifant couler doucement fur une afliette de fayence ou de verre, il laifle après lui une légère poultière métallique qui lui fait faire la queue, ce que ne fait point celui qui eft pur. En mettant ce Mercure dans un creufet au feu il s’envolera & laiffera le métal auquel il étoit amalgamé dans le creufet. On le peut purifier de ces métaux par la diftillation. Si le Mercure contient des matières hétérogenes qui ne lui adhérent que très-foiblement on les Ôte en les fai- fant pañler à travers une toile neuve & ferrée. Il eft un des plus grands remedes qu’on connoît, il eft un fondant très-eflicace qui convient dans la plüpart des obftructions invêterées des glandes Jymphatiques ; on en fait quelquefois ufage dans 804 TRAITÉE SUR LA FALsSIFICATIO# cette affreufe colique connue fous le nom de Mife- rère. Il a la vertu anthelminthique, c’eft le véritable antidote pour détruire le virus vénérien. On s’en fert aufli dans quelques maiadies de la peau avec fuccès. Cinnazre. Il y a deux fortes de Cinnabre, l’un eft le naturel & l’autre eft l’artificiel. Cinnabaris nativa, & Cinnabaris faëitia, oficin. L’un & l’au- tre font compofés du mercure & du foufre. Il eft en aiguilles brillantes appliquées'les unes fur les autres dans leur longueur; péfant & fragile; d’un rouge- très-foncé quand il eft en mafñle ; étant mis dans des vaifleaux clos au feu, il fe fublime fans éprouver de décompofition ; les acides n’ont point d'action fur cette matière , mais l’alkali fixe en liqueur la décompofe. Il doit étre acheté en entier, car celui qui eft em poudre, qu’on vend fous le nom de vermillon, eft le plus fouvent falfifié par le minium : om peut reconnoître cette fraude en en mettant dans un petit creufet ou fur une fpatule de fer, en le mettant au feu, le Cinnabre qui ceft volatil fe dïflipera , & laïflera le minium fur la fpatule ou dans le creu- fet ; cette fraude eft aufi à reconnoître en faïfant digérer le Cinnabre mêlé avec du minium dans du vinaigre LA . % # DES MÉDICAMENS 7 Sos pd “vinaigre lequel a la propriété de le difloudre le der- . nier; fi on jette dans certe diflolution du foie de Dore arfenical calcaire liquide, elle prendra une . couleur noirâtre ; on peut aufli en précipiter le mi- . nium avec un alkali & réduire ce précipité en | plomb avec le phlogiftique. “ On le falfifie aufli avec le réalgar, ou orpiment “rouge : on découvre cette fophiftication en expo= - fant le Cinnabre fur des charbons ardens... car s’il #% ef fophiftiqué avec le réalgar ou fent une odeur d'ail. On ne devroit faire ufage en médecine que du Cinnabre factice , car le Cinnabre naturel n’eft prefque jamais pur ; il eft fouvent mêlé avec des matières arfenicales, c’eft apparemment faute d’en être inftruit que plufieurs médecins le prefcrivent “dans leurs formules. Autrefois on l’a vanté comme apéritif, calmant fondant , antifpafmodique , & comme fpécifique dans “es convulfions, dans l’épilepfie , la paralyfie, les Wapeurs hyfériques & hypocondriaques, mais ce témede fi vanté a-t-il tant des vertus? nous efti- mons qu'il ne produit aucun effet & qu’il fort hors du corps comme on l’a pris. On s’en fert en fumi- V 906 TRAITÉ:SUR LA FALSIFICATION . y ‘ ” L:. 1 gation «dans les maladies vénériennes quelquetois \ avec fuccès. | , PrÉCIPITÉ ROUGE. Preæcipatus ruber , officin. C’eft* improprement qu’on le nomme ainf, car ce que ler Mercure diflout dans l'acide nitreux cft réduit à4 ficcité par l’évaporation & après calcination jufqu’à | ce qu’il devienne rouge. + Le Précipiré rouge cft plus fixe au feu que lew Mercüre:; il a Ja propriété, fi on le poufle au feu, dans des vaifleaux qui ne font point parfaite- ment clos, de fe fublimer , ce fublimé eff de cou- Jeur rouge & a la même qualité que.le Précipité 5 il fe diffout 'avec'chaleur , mais fans effervefcence dans l’acide mitreux, de même dans acide vitrio= lique; l’acide marin le rend d’un beau blanc. On le fophiftique avec du bel rouge, mais “plus fouvent avec le minium ; comme le Précipité. rouge le diflipe au feu, on reconnoît celui qui ef mêlé avec l’une ou l’autre de ces matières en em mettant fur une fpatule, ou dans un creufet fur le feu , la matière avec laquelle il fera mêlé n'étant point volatile reftera deflus & le Précipité fera dif” fipé | Le Précipité rouge pris à une certaine quantité ? [4 k 4 1 + DES MÉDrcaAmMENs. 207 eft très-nuifible aux hommes & même mortel; on en voit cependant vendre tous les jours au premier “venu & depuis quelque tems il elt devenu d’un rufage dans quelques villes prefque univeriel pour : détruire la vermine ; il eft vrai que ce n’et pas . pour le rendre moins périlleux qu’on à foin d’y mêler beaucoup de minium, mais c’eft pour en tirer plus de profit, car chez la plüpart des apoti- … caires & droguiftes on en vend pour deux liards au premier venu : il y a des ufages établis qu’on a bien de la peine à détruire; tels font entre autres celui de vendre au public certaines marchandifes qu’il à coujours eu à fa prémière demande quoique nuifbles , & certainement celui qui s’aviferoit de les lui refufer trouveroit bientôt fa boutique dé- garnie de chalands. Ce n’eft que par de nouvelles ordonnances dans les endroits où il #y en a point , ou pour faire “exécuter celles dans les endroits où il en fubfite, qu’on peut détruire ces abus. On emploie le Précipité rouge extérieurement comme cauftique rongeant , & déterfif & en quelque façon mondicatif, on en foupoudre légerement les ulcères pour détruire des callofites & des chairs ba- veufes : plus le Précipité rouge eft haut en couleur 308 TRAITÉSUR LA FALSIFICATION moins il eft corrofif. On l'ordonne intérieurétnéisr pour détruire le virus vénérien ; mais il doit être à adminiftré par un médecin prudent, car il eft très" cauftique & rongeant. Nous condamnons ceux qui à le donnent comme vomitif, nous avons affez d’au- ï tres médicaments pour faire vomir fans péril. La dofe eft depuis un demi grain jufqu’à un grain. Turgirx MINÉRAL, où Mercure émétique jaune, ou Précipité jaune. Turpetum minerale, Mercuriusm emeticus flavus , officin. eft une chaux mercurielle ‘ péfante, & d’un très-beau jaune, provenant de law diflolution de ce métal dans l’acide vitriolique, le.* quel en eft précipité par l’eau, & lavé parle même | liquide ; quand il a été bien lavé, il ne donne plus ‘aucun figne d’acide. \ On le fophiftique avec le maflicot ; on reconnoît ‘cette fraude en mettant celui ainfi fophiftiqué dans un creufet au feu avec du flux noir; le Mercure “fe diffipe, & on trouve une régule de plomb dans le creufet. | Il eft un vomitif affez fort, il y a des perfonnes qu’il purge plutôt que de les faire vomir, mais c’efts toujours avec violence ; on prétend qu’il excite I tranfpiration & la fueur. La dofe en eft depuis un, jufqu’à fix grains: on l’ordonne auf en fractions" DES MÉDICAMENS. |: 409 de grains comme altérant. Sydenham faifoit grand cas du Turbich minéral dans les maladies vénérien- nes, principalement dans le traitement des gonorr- “ hées rébelles. . Ê # À MOn prétend que le Turbith minéral eft un fpé- cifique contre la rage , en donnant en même tems des friétions avec de l'onguent mercuriel. … Le Mercure Précrré 8Lanc. Mercurius Pre- » cipitatus albus , officin. eft une combinaifon du Mer- - Cure avec lacide marin , lequel y eft en moindre “quantité que dans le fublimé corrofil. Il a Ia pro- Mpriété étant mis au feu de fe fublimer dans les “vaiflcaux clos, fans fe décompofer. ; On doit choifir ce Précipité très-blanc, & réjetter * celui qui eft jaunâtre, ou de couleur orange. On le falfifie très-fouvént:avec la cérufe, & quelquefois | avec la craie, ou avec l’amidon ; ceite fraude eft à reconnoître en en mettant fur une fpatule an feu, s'il eft exempt de ces maticres il s’envolera fans y rien laifler : pour reconnoître celui qui contient de la cérufe on le met dans un creufet avec du flux noir, en le pouflant au feu on obtiendra du régule de plomb. Le Précipité blanc auquel on a mêlé de la craie eft à reconnoître en verfant deflus du vi- 310 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION naigre, s’il en contient on appercevra une effer- vefcence. On s’en fert extérieurement étant mêlé avec des graifles pour guérir la galle & autres éruptions de cette efpèce. On l’ordonne aufli intérieurement avec fuccès pour détruire le virus vénérien, mais, comme il eft légerement corrofif, il faut qu’on le prenne avec précaution. La dofe eit depuis trois grains « juiqu’à douze. LE Sugzimé corrostr. Mercurius fublimatus cor- rofivus , offcin. eft un Sel métallique compofé de Mer- cure uni par la fublimation avec la plus grande quan- ticé d'acide marin poflible; ce Sel eft un poifon très- | violent, blanc, très- péfant & volatil, fe fubli- mant à une chaleur moderée; il n’eft point déli- quefcent ; il fe diflout dans l’eau, & une once de | ce, liquide diftillée en diflout trente grains, à Îa chaleur du cinquantieme dégré du thermomêtre de de Farenheit : il fe cryftallife, ou par la métho- de ufitée pour les fels, ou pour la fublimation, & dans l’un ou l’autre cas ces cryftaux ont le même brillant , (& font figurés en lames minces & pointues : M il fe aile décompofer par l’eau de chaux, par les al- kalis fixes , &. volatils, & par les terres abforban-# tes; il a la propriété de verdir le fyrop de vio= X DES MÉDICAMENS : ‘| 4 lettes, & de rougir la teinture de tournefol : 3 re . menftrues fpiritueux diflolvent ‘une plus von fout près de crois gros, &: une demic once d’éther quantité de Sublimé corrofif que les imenftrues _aqueux; une once d’efpric de vin rectifié en dif “en diflout un gros & dix-huit grains avec un très “léger mouvement d’efleryefcence. On trouve fouvent dans le commerce du Subli- = mé corrofif fophiftiqué par l’arfenic, cette fophif- “ cication eft à reconnoître «en le; jettant fur des -charbons ardens , s’il en contient on fent tout de fuite - une odeur d'ail; il fauc être très-prudent.& ne point s’expofer à la fumée; on découvre aufli cetre falfifica- tion, enen faifant difloudre dans leaudiftillée & en y mettant de l’alkali volatil, s’il contient de l’arfe- nic cette diflolution deviendra noirâtre. Le Sublimé corrofif eft un des plus violents poifons qu'on connoit : il caufe des douleurs les plus vives à ceux qui ont le malheur d’en prendre, des con- vulfions , des fpafmes, l’inflammation, le vomif- fement, l’érofion des parties, la gangrêne & la mort. On l’ordonne cependant avec fuccès pour dé- truire le virus vénérien; pour cette fin on en fait difoudre dans l’eau diftillée , ou dans l’efprit de froment ; on prend ordinairement douze grains \ 312 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION {ur äeux hvres de l’un ou de l’autre liquide, on en fait prendre au malade environ une cuillier dans une Jivre de décoétion d'orge, foir & ma- tin, laquelle dofe on peut augmenter; mais il eft prudent de n’en point faire ufage fans le confeil d’un médecin. Il eft à obferver qu’il faut faire la diflolution du Sublimé corrofif dans un mortier de verre; nous avons vu qu’il y avoit des perfonnes qui la faifoient dans un mortier de marbre, d’autres qui la fai- foient dans un mortier de cuivre; le marbre & le cuivre ayants plus d’afinité avec l’acide marin que le M:rcure, il arrive que les médecins, au lieu d’avoir un médicament fur lequel ils comptent, n’ont qu’une difiolution calcaire , ou une diflolution de cuivre, aont la prémière eit fans effet , & Ja feconde, au lieu de guérir le malade , lui occafionne des nou- veaux accidents ; lefquels on attribue äu Sublimé corrofif, mais qui proviennent de lignorance de celui qui a préparé le rémede. L'Ermiors MINÉRAL. ÆErhiops mineralis, officin. eft la combinaifon du foufre avec le mercure : la couleur de ce compofé cft noire; on le fait par la fonte, & par la trituration. On prend partie égale de foufre & de mercure pour celui fait par la fufion; 24 DES MÉDICAMENS. 313 “mais pour celui fait par la crituration, on prend “deux parties du mercure & crois parties du foufre. Comme le mercure eft beaucoup plus cher que le foufre on le met fouvent en moindre quantité, on “s'apperçoit de cette fraude en diftillant l’Ethiops minéral comme on diftille le cinnabre pour en ob- | tenir le mercure , s’il eft fait fidèlement , on trou- vera dans le récipient. la quantité de mercure lindiquée. Il y a des médecins qui le regardent comme un “ grand antivénérien , un fondant de la Iymphe, qui convient dans toutes les obftructions lymphatiques, & les humeurs fquirrheufes ; d’autres difent n’avoir trouvé aucune de ces vertus dans l’Ethiops minéral; on l’ordonne aufli comme vermifuge. La dofe eft depuis fix grains jufqu’à un gros. Mercure poux. Mercurius dulcis, ÆAquila alba , officin. eft un fel neutre métallique , compofé du Mercure parfaitement faturé avec l’acide marin; lequel on a fait fublimer trois fois; il fe diflout en très-petite quantité dans l’eau, il faut quatre onces de ce liquide bouillant pour diffoudre un grain ; il change en verd-bleu le fyrop de violettes, les al- kalis tant fixes que volatils le troublent mais fans … cffervefcence fenfible. 314 TRAITÉ suR LA: FAzLsIFICATION On nomme Calomelas ; le Mercure doux füublimé 1 trois fois ; & Panacée Mercurielle, le Mercure doux | fublimé jufqu’à neuf fois, & lequel a. été, mis en | digeftion avec lefprit de vin redtifié. Monfieur Beaumé croit avec raifon que le Mercure doux , & la Panacée Mercurielle ainfi que ce Calo- melas , ne font & ne peuvent être, que la même chofe après qu’on les a lavés avec fufifante quan- : tité d’eau, pour emporter le fublimé corrofif excé- dent qu’il pourroit contenir, à Le Mercure doux étant un médicament d’un très-grand ufage en médecine, il eft trèsimportant : que la combinaifon de l’acide avec le Mercure foit très-parfaite , il ne doit point faire impreflion fur la langue : on le doit choïfir en mafñle blanche, folide, péfante, demi tranfparente , & réjetter celui qui eft rarefié. Pour s’aflurer qu’il eft exempt de fublimé corrofif on le concafle groflièrement , & on le laïfle : quelque tems dans l'eau chaude ; puis on le fait fé- cher à une douce chaleur ; s’il en contient il aura beaucoup diminué de fon poid, même il eft très-prudent de le réduire en poudre, & de.le laver dans l’eau, pour lui ôter le fublimé corrofif qu'il pouroit contenir, avant de s’en fervir; on peut auf reconnoître fuivanc Di&erus celui qui en cons" | DES MÉDICAMENS. 315. “tient en le frottant contre de l’or, fi ce métal “blanchit c’eft un figne que le Mercure doux con- tient du fublimé corrofif, s’il devient feulement: “pile, c’eft un figne qu’il en eft exempt.” Celui qui a été fait avec du fublimé corrofif fophiftiqué avec l’arfenic, eft à reconnoître en mêlant de la fleur de foufre avec lui, lequel mé- lange on met dans un creufet, qu’on couvre avec “un autre renverfé ,; on le met au feu pour faire fublimer le foufre, s’il eft fophiftiqué par Parfenic ; on fent une odeur d’ail, odeur carracté- : riftique de l’arfenic ; fi on ne fent pas cette odeur, c'eft figne qu’il eft exempt de ce poifon. Beaucoup de praticiens fe plaignent que fouvent le Mercure doux donne des coliques, & même des felles fanguinolentes, nous croions que cela peut provenir ou de la furabondance du. fublimé corrofif que cette mafle faline contient, ou de Varfenic qu’on y a ajouté, car celui, exempt de = J’une & de l’autre matière, ne produit point de tels accidents. On fe fert du Mercure doux avec fuccès pour détruire le virus vénérien ; furtout dans les gonorr- hées. IL eft un très - bon fondant dans les ob- ftructions de la lymphe ; on l’ordonne aufi comme 316 TRAITÉ SUR LA FALSsIFrICATION diurétique, diaphorétique & vermifuge : il eft auf | un bon purgatif, mais on le mêle le plus fouvent À avec d’autres, tels que le jalape, la rhubarbe, le ” diagrede & l’aloës. La dofe ordinaire eft depuis un l jufqu’à dix-huit grains. | Le PLoms , Saturne. Plumbum , officin. Saturnus , Chimic. eft un métal imparfait , de couleur blanche * tirant fur le bleu, d’une odeur & faveur qui lui. font particulières, le plus mou des métaux, pref- | que fans élafticité ; mais il.a beaucoup de dudili- té ; ileft aufli le métal qui a le moins de ténacité : un fil d’un dixieme de pouce de diamêtre ne peut _ porter qu’un poid de vingt - neuf livres & un quart , avant de fe rompre, Il eft après l’or, le mercure & la platine, le plus péfant des métaux, le pied cube péfe huit cent vingt - huit livres. | Il fe laifle diffoudre tant par les acides miné-. raux, végétaux, qu’animaux ; les huiles & autres matières grafles ont de l’action fur lui: c’eft le métal qui entre le plus promptement en fufion au : feu, & il fe calcine très-aifément, il s’amalgame très - bien avec le mercure, & il s’allie avec tous les métaux excepté le fer. Étant coupé par un inftrument tranchant, DES MÉDICAMENS. 317 . tranche paroit très-lifle, très-compacte & très-ref- —… plendiflante : l’air le ternit proprement par une pe- ÿ ite rouille grife fort légère qui fe forme à la fur- face , Péau a auf de l’action fur lui. L On ‘ne devroit jamais fe fervir pour l’intérieur, “des compofitions faites avec le Plomb : on doit re- Ë … garder ce métal comme Pennemi le plus cruel de Ÿ da fanté des hommes ; c’eft avec ce perfide métal _qw on fophiftique non feulement les vins, mais mê. _ me qu'on Ôte la rancidité aux huiles & au beurre. MrCE à quoi on ne fait pas affez d'attention …c'eft à l’étamage. La plûüpart des ouvriers, ou par » cupidité ou par ignorance, ne connoiflants point le danger , mêlent pour étamer , du Plomb à l’étain, ce n’eft pas la perte de l'argent qu’on a … donné à ce mauvais étamage, qu’on doit regret- ter , mais c’eft la fanté qui fe détruit infenfible- ment par l’ufage des aliments qui ont été prépa- rés dans des vaifleaux étamés par ce mêlange ; car une grande partie a de l’action fur le Plomb, Il y a des endroits où il y a des ordonnances, ou édits par lefquels eft fixée la quantité de Plomb qu’on peut mettre dans l’étamage, mais ces or- donnances ne tendent qu’à empêcher la fraude, & 318 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION W malheureufement combien peu d’attention y fait-on, & comment ceux qui font ces ordonnances pour- roient-ils s’aflurer & juger fi on a mis plus ou moins du Plomb dans l’étamage ? il faudroit une ordonnance qui défendroit dé ne | point du tout mêler du Plomb avec l’étain pour étamer, & la= quelle fut rigoureufement obfervée. | Il eft très - imprudent de laiffer féjourner dans des vafes de terre , dont l’émail eff fait avec du Plomb, des alimens, tels que le lait, le bouil-” lon, le vin, les graifles, le vin aïigre ou autres acides; même le tabac qu’on garde fi fouvent, dans des boites de Plomb le corrode & devient nuifible. On peut reconnoître les matières devenues nui- fibles par le Plomb, ou par fraude, ou par né- gligence; fi c’eft, par exemple, une matière li- quide telle que les vins, les huiles &c. en verfant dedans quelques gouttes de foie de foufre arfeni- cal calcaire liquide auflitôt la liqueur devient ob- feure, fe brunit, & devient noire; fi c’eft du beurre, ou de la graifle qu’on préfume contenir du Plomb ; on les fait liquéfier & on verfe quelques gouttes de foie de foufre arfenical calcaire liquide dedans, on remue le mélange avec une fpatule ou ; pes MÉDICAMENS. 219 4 de verre ou de bois, fi ce mélange en contient ÿ il deviendra noir. " {4 “La Céruse. Cœruffà, officin. eft une efpèce de roue de plomb blanche, péfante, qui a été cor- À rodée & à demi difloute par l’acide du vinaigre “réduit en vapeur , auquel on a mêlé depuis par- rie égale jufqu’à un quart de la craye. La Cérufe Ë broyée qu’on trouve dans le commerce , contient “ordinairement plus de craie , que celle qui eft en pain. Elle doit être choifie péfante fous la main, …féche , car les marchands mal-honnêtes la tiennent ‘humide pour lui donner du poid ; bien blanche ; Ë s'écrafant & en poudre peu liée & point pâteufe, ayant dans la caffure une efpèce de ton velouté. En la broyant on doit prendre la précaution de n’en pas avaler, car elle eft, comme toutes les prébarations du plomb, très-nuifible & occafionne entre autres accidents la cruelle maladie connue fous le nom de la colique des peintres. On l’em- ploie extérieurement comme deflicatif, mondificatif & adouciflant. Minium. Minium , officin. C’eft une chaux de plomb d’une belle couleur rouge, laquelle on falfi- fie avec du bol rouge ; on peut reconnoitre cette falffication en ce qu’il a moins d'éclat que celui 920 TRAITÉE SUR LA FALSIFICATION qui eft pur, & en le réduifanc fous la forme mé- tallique ; car cinq parties de Minium réduit étant pur donnent quatre parties de plomb , & ce qu’on. en trouve de moins, eft la matière avec laquelle on l’a falfifié. Il doit être choifi, étant en poudre, d’un rou-! ge un peu velouté, fans ;grumeaux , jaunâtre lorf- qu’on l’écrafe , & fingulierement péfant. On l’emploie extérieurement comme déterff, mondificatif, cicatrifant & adouciffant. : SEL DE SATURNE, Sucre de Saturne, ou Sel ace- teux de plomb. Sal Saturni, Saccharum Saturni , officin. C’eft un Sel neutre à bafe métallique, compofé de l’acide du vinaigre, combiné jufqu’au point de faturation avec le plomb. Il eft blanc, cryftallifé en parallipipedes obliquan-. gles, d’une faveur douceâtre, en quelque forte défa- gréable avec aftriction. Il eft décompofé par les alkalis fixes & vola- tils, ainfi que par les terres abforbantes ; il ne change point la couleur du fyrop de violettes. Il a la propriété de décompofer les Sels neutres provenants de l'acide vitriolique avec les alkalis végétaux & minéraux, ainfi que ceux provenants du pes MÉDICAMENS. 221 du même acide avec les matières terreufes & mé- - talliques. Il doit être choifi blanc & fec , On doit réjettet - celui qui eft gris-jaunâtre, & rempli d’ordures Il eft peu en ufage en médecine; on ne devroit = jamais l’emploier intérieurement à caufe de la quas “lité malfaifante & pernicieufe du plomb qui lui mferr de bafe: cependant on trouve des praticien qui s’en fervent , mais non fans péril pour lé “malade ; car le Sel de Saturne doit être regardé comme un vrai poifon. On s’en fert extérieurement, étant diflout dané l'eau ; pour balliner les ulcères qu'on veut ci< Catrifer & fécher ; on s’en fert aufli comme ophthal- mique & adouciffant, ainfi que contre jes dartres fongeantes du vifage , & pour diffoudre les tumeurs “inflammatoires du fcrotum & des tefticules. On nes’en fert que trop fouvent mêlé à quel= ques autres matières pour corriger les vins qui fon£ troubles , ou qui font aigres; nous avons rapporté à l'article plomb le. moyen de réconnoître ceux ainfi fophiftiqués. EXTRAIT DE SATURNE. Lzrtraëlum Saturni ; of gin. C’eft la diflolution de Ja lytharge, laquelle eft U 922 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION LI ’ une chaux provenant du plomb, faite par le vinai- gre ; laquelle on fait évaporer juiqu’à une confif- tence de firop très- clair. ni +554 Celui qu’on trouve dans les boutiques , n’eft M très-fouvent que la fimple diffolution qu’on ne s’eft pas donné la peine d’évaporer : quoique la vue futit pour diftinguer Pun de l’autre, nous avons obfervé que celui qui a la confiftence d’un firop liquide à péié, dans une bouteille qui con- tient une once d’eau, douze gros & huit grains s | le thermomêtre de Reaymur ayant cinq dégrès au- deflus de glace. : En mélant l’Extrait de Saturne , avec de l’ef- prit de vin & de l’eau, on fait l’eau végéto-miné- rale, connue aufli fous le nom' de l’eau de Goulard: elle doit être claire & tranfparente , mais dans quelques pays on a introduit l’ufage de lavoir blanche ‘& trouble , pour s'épargñer la peines de chercher dé l’eau pure & exempte de feléni- te, ou de fe fervir de l’eau difiillée ; ceux qui la vantent ainfi ignorent fans doute que le fel acéteux de plomb eft décompofé par le felénite que con- tient fouvent l’eau des puits & des fontaines : nous | avons voulu introduire l’ufage' de cette eau faite avec de l’eau diftillée, mais prefque toujours ca Des MÉDICAMENS 923 Au ep 7ù . . . nous la renvoioit, le médecin ou chirurgien ayant dit, que ce m'étoit point de l’eau végéto-minérale … qui avoit toutes les qualités, ou qui ne valois l] ( y fl Ai _ rien. Cette eau a les mêmes vertus que le fel de fas turne diflout dans le même liquide. L’Érain , qu'on nomme aufli Jupiter. Srannum ofhcin. Plumbum album, Plumbum candidum , Pliniis Diabolum Metallorum, ‘Jupiter, chim. eft après “le plomb, le plus mou de tous les métaux, d’une coulcur blanche approchante celle de l’argent, mais plus fombre ; il a, comme tous les métaux impars faits , de l'odeur & de la faveur : en le pliant en différents fens, il fait entendre un petit bruit comme s’il fe déchiroit, on nomme ce bruit les cris de l'Étain; il eft le plus léger de tous les métaux , & perd dans l’eau, étant péfé à la balan- “ce hydroftatique, environ le fepticme de fon poid: ° £ P 9 il eft plus malléable que le fer & le plomb , mais Poilieft peu ténace ; il l’eft cependant plus que le plomb, .& un fil d’un dixieme de pouce foutient, mavant de rompre, un poid de quarante-neuf livres: il entre facilement en fufion & répand à caufe de Parfenic qu'il contient des vapeurs dangereufes : M'lorfqu'il eft réduit en limaille , & jetté dans la 824 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION flamme d’une chandelle il lui donne une couleur bleue , & on appercoit auflitôt une odeur moins ful- phureufe qu’arfenicale ; il s’amalgame facilement avec le mercure : tous les acides tant minéraux que végétaux ont de l’action fur ce métal. \ Il fe rouille moins facilement, par l’aétion com- binée de l'air & de l’eau, que le fer & le cuivre; la furface de ce métal , lorfau’elle eft nette & brillan- ! te, perd fon éclat, & fe ternit très-promptement, | étant expofée à l’air; mais l’efpèce de rouille légè- re qui s’y forme alors, refte mince & fuperf- | cielle, & ne fait point le même progrès que cel- le du fer & du cuivre; c’eft pourquoi on fe fert avec! avantage de l’Étain pour recouvrir leur fur- face: Les vaifleaux d'Étain qu’on trouve dans le commerce, ne font pour la plüpart que de l’Étain mêlé avec quelque autre métal, foit du plomb, du cuivre, de l’antimoine, du bifmuth ou du zinc ; d’où il provient qu’ils font plus ou moins ; nuifibles, felon la qualité, ou la quantité du mé-# tal qu'on y a joint. À Les arts chimiques n'étant point fi perfection- nés comme ils le font aujourd’hui; les anciens , x ty oh à L] …— DES M£ÉDICAMENS. 225 maÿants point autant de connoïiflances, ils ont vanté de préférance les vailleaux d’Étain aux au- tres pour la confervation des médicaments ; on en trouve encore aujourd’hui dans plufieurs apothi- caireries. Cependant nous ne conféillons à perfonne de Jaifler féjourner dans des vafes d’Étain , prétendu fin, bien moins encore dans ceux faits d’Étain mêlé avec d’autres métaux, des médicaments deftinés pour être pris intérieurement , ou quelques fubftances … deftinées à fervir d’aliment telles que du lait, des œufs, &c. moins encore les vins ou toute autre boiflon acidule; car ils corrodent ces vaifleaux , & il en peut réfulter des effets plus ou moins dan- gereux , J'Etain n'étant point touiours exempt d’arfenic. Nous révoquons en doute la vertu pectorale adoucifflante , hyftérique ,; fondante &c. qu’on a attribuée à l'Étain, mais fa vertu fermifuge cft connue, & on la regarde comme un fpécifique contre le ver folitaire. La dofe en eft, en pou- dre, depuis dix grains jufqu’à deux gros. L'ANTIHECTIQUE DE LA PoTErRIE, ou Diaphoré- tique Jovial. Antihe&icum Poterii, oficin. eft une chaux métallique bleuâtre qu'on obtient en faifant \ 326 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION détonner avec le nitre, l’étain & le régule d’an- timoine martial qui ont été fondus enfemble, Elle eft indifloluble dans'les liquides. On la falfifie avec de la craie, on reconnoîit celle ainfi falfifiée , en verfant deflus quelque acide qui excitera une effervefcence, ce qui n’arrivera point fi elle en eft exempte. La Poterie l’a ordonné; & après lui plufeurs médecins ont vanté ce, rémède, pour la ‘plüpart des maladies qui viennent d’obftruétion, pour les fcorbuts , les écrouelles, & fur-tout pour l’echifie : mais un médecin fage & inteiligent fçait bien qu’une chaux métallique telle que lAntihectique de la Poterie, n’eft pas capable de produire les ef- fers pour lefquels on l’a vantée. La dofe eft de- s puis quatre jufqu’à cinquante grains. Cuivre. Cuprum, officin. Wenus, chimic. C’eft un métal imparfait, d’une couleur rougeâcre, bril- lante, & éclatante dans fa fracture; il eft le plus malléable & le plus ductile de métaux imparfaits : étant frotté entre les mains, il exhâle une odeur défagréable , il a auffi une faveur métallique défa-« gréable, il perd dans l'eau, étant péfé à la balan-" ce hydroftatique, entre un huitieme & un neu- de LR. 3 L 4 ‘N Ar "} 4 DES MÉDICAMENS 827 vieme de fon poid; un fil d’un dixieme de pouce de diamêtre foutient un poid de deux cent qua- RE tre-vingc dix-neuf livres & quatre onces, avant de fe rompre ;'il faut un feu très-violent pour le faire entrer en fufion : il eft le feul des métaux qui foic coloré en jaune par le zinc. Tous les acides, les alkalis, les huiles, les graif- 2 2 2 Le) fes, en général tous les liquides, ont de l’action plus ou moins forte fur lui : il fe décompofe auf à l'air, & produit une rouille verte. On fait beaucoup d’ufage des vaifleaux de Cui- vre, cependant de tout tems on a reconnu que cet ufage étoir dangereux ; pour prévenir les dan- gers, On à pris Île parti d’étamer ces vaifileaux, mais j'ai fait voir l'inconvénient de cet écama- ge, en ce que les ouvriers mêlent avec l’étain plus Ou moins du plomb ; l’étain lui-même n'’eft point toujours exempt de danger, & Mr. Maroraf a fait voir que cvlui qui eft le plus fin & le plus pur contient prefque toujours de l’arfénic. En outre cet étamage n’eft pas toujours fufifont pour Dale | rantir ces Vailleaux de la rouille, & empêcher de former du verdet, lequel étant pris intérieurement eft un véritable piofon, à JL'eft vrai qu'on peut fans aucun danger faire 928 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION cuire des aliments dans des vaifleaux de Cuivre, tels que de la viande, du poiflon, &c. pourvu qu’ils foient propres, bien purs, & fans vérdet ; même je donnerai la préférence à ces vailleaux, for ceux qui font mal étamés; mais il ne faut point laïiffer féjourner aucune matière dedans, çar ils contractcront des qualités très - nuifibles. Il faudroit condamner tous les robinets de Cuivre dont on fe fert tant pour tirer de la bierre, du vin, que du vinaigre, Car nous avons obfervé qu’il y en avoit qui étoient incruftés de verdet. Nous ne pouvons point pañer fous filence l’in- convénient qu’il y a de triturer dans des mortiers de Cuivre, des matières huileufes, ou falines; in- convénient auquel plufeurs perfonnes de l’art de- vroient faire plus d’attention: car ces matières en agiffants fur le Cuivre, forment d’un médicament falutaire, un d'autant plus nuifible qu’il contient une plus grande quantité de ce métal en diflolu- tion. Les marchands de fel ne devroient point fe fervir des méfures de bois avec des cercles de Cuivre pour méfurer le fel : il feroit néceflaire aufli de défendre les méfures de Cuivre, tant pour méfurer de l'huile, LL pres MÉDICAMENTS. 329 “que du lait; en un mot on ne devroit jamais fe Mrvir d'aucun vaifleau de Cuivre, car par la moin- idre inattention ou par le plus léger oubli, encore qu'il ne froit point dangereux par lui-même, il L. devient. On peut reconnoître Îles matières qui en contiennent en diflolution , en y mêlant de “Jalkali volatil liquide qui leurs donne une couleur bleue. On doit bannir hors la médecine, pour l’in- “réricur, toute préparation dans laquelle ce métal . cnire. { i ”_ Le Fer. Ferrum, oficin. Mars, chimic. Quoi- que le plus commun des métaux , eft cependant le plus utile , il eft de couleur gris-obfcur , ti- “rant un peu fur le noir, mais brillant, & argen- “tin dans fa fraéture où l’on difingue des grains rhomboïides : il eft très-compacte , très-tenace , fo- ide, le plus dur, & le plus éiaftique des mé- Maux ; il eft peu malléable: un fil d’un dixieme de pouce foutient , fans fe rompre, un poid de qua- tre-cent cinquante livres ; après étain, il eft le plus léger de tous les métaux, un picd cube de Fer forgé - péfe cing-cents quatre-vingt livres ; il perd dans l’eau entre un feptieme, & un huitieme de fon poid. Ce métal cit la feuie fubftance connue dans la 950 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION “mature, qui foit atterable par. l’aimant, & qui’ puille devenir elle-même un aimant capable d’at- tirer d’autres Fers. Il lui faut un feu très-violent pour le fondte. Tous les acides le difiolvent ; l’ac-. tion combinée de l'air & de l’eau le convertiflent en une rouille ou chaux jaunâtre, privée de-prefques tout fon phlogiftique ; l’eau même fans le fecours" de l’air agic fur ce métal , le divife ; & l’at tenue confidérablement. On fait un grand ufage du Fer en médecine , on" doit prendre garde que celui qu’on achete en lime maille, ne contienne des parcelles de cuivre, nà des foudures, defquelles on le peut fparer par l’aimant. - On peut reconnoître fi le Fer eft diffout dans quelque liquide , par l’alkali faturé de la matière colorante du bleu de Prufle, qu’il en précipite fous une couleur bleue. Le Fer fournit à la médecine des médicamens très-cficaces ; il eft en quelque forte le feul métal qui n'a rien de virulent; il faut qu'il foit bien! divifé , ou uni avec quelque acide fous forme fali= ne, quand on le fait prendre intérieurement : on l'or” donne comme tonique, ftimulant , apéritif. & fon- dant. Il produit de bons effets dans les maladies’ Es MÉDICAMENS. :: 331 “qui ont pour caufe l’inertie, & la laxité des orga- nes qui fervent à la digeftion. On lordonne aulli “dans plufeurs affections hyfériques , hypocondriaz ques & mélancoliques , dans les pâles couleurs, la à fupreflion des regles, certaines Jaunifles , & autres maladies du même genre. Vririoz DE Mars , Vitriol verd, Coupcrofe verte, & Vitriol de fer. Wicriolum Martis, Vitrio- lum viride, Vitriolum aglicanum , ofiicin. C’eft un Mc] neutre métallique provenant du fer & de l’a- cide vicriolique : les cryftaux réguliers du Vitriol - Martial font des cubes obliquangles, ou dont les fix faces repréfentent des rhombes égaux , de cou- leur verte, d’une faveur aftringente, métallique, & très-ftiptique, la furface de ces cryftaux fe ter- nit aifément , & fe couvre d’une rouille cou- leur orangé. Les alkalis fixes, & volatils, ainfi que les terres abforbentes ont la propriété de décompo- fer ce fel, & d’en précipiter le métal. Il faut, pour en diffloudre unc livre, deux livres d’eau froide , mais il fe difout en plus grande quantité dans l’eau chaude. Il y a du Vitriol de Mars dans le commerce qui contient du cuivre, on le peut reconnoitre en Île faïfnt diffoudre dans l’eau, & en y mêlant quelques 9932 TRAITÉ sur LA FALSIFICATION gouttes d’alkali volatil liquide. La diflolution de- vient bleuâtre, ce qui n’arrive point à celui qui en eit exempt. On l’ordonne dans les obftruétions provenantes du rélachement, dans l’hydropifie , l’ædeme , la cachexie , & les pâles couleurs. La dofe eft depuis dix jufqu’à vingt grains. L'ARGENT. Argentum , officin. Luna, chimic. eft un métal parfait, & le plus duétil des métaux après l’or; d’une couleur blanche, brillante, com- . paéte ; fonnant, réfiftant ainfi que l’or aux im- prefions du feu, fans fe détruire. Le pied cube de ce métal pèfe ordinairement onze mille cing- cent vingt- trois onces : un fil d’un dixieme de pouce foutient fans le rompre un poid de deux- cent foixante & dix livres : il faut un dégrè de feu crès-violent pour le faire entrer en fuñon. L’acide nitreux eft le feul acide qui diflout faci- lement l’Argent en mañle ; les autres acides font auf capables de diffoudre ce métal; mais avec plus de difficulté. L'action de l’eau & de Pair combinée ne l’attaquent point, & n’y occafionnent aucune rouille. On ne fe fert en médecine que de l’Argent pan : + DES MÉDICAMENS. 223 en feuilles dans quelques poudres , dans lefquelles, mous le croyons fort inutile. On s’en fert auf | pour argenter les pillules, il faudroit pour que ces “feuilles ne fuflent point nuifibles, qu’elles fuffent privées abfolument du cuivre auquel l’Argent de “commerce eft allié ; on peut reconnoître celui-ci, men le faifant difloudre dans l'acide nitreux très- pur, en y ajoutant de l’alkali volatil liquide ; fi la diffolution ne bleuit pas, c’eft figne que l’Ar- gent en eft exempt. On ne doit point laiffer féjourner des aliments dans des vafes d'Argent , car celui qui eft dans le commerce, & avec lequel ils font faits, contient plus ou moins de cuivre, fur lequel la plüpart des matières ont de laétion, ce qui rend ces aliments très-nuifibles. Quelques auteurs attribuent à l’Argent beaucoup de vertus , telles que d’être défobftruant, toni- que, céphalique , aftringent , &c. nous croyons qu’il fort du corps comme il y cftentré, & qu’il ne pañle nullement dans les humeurs. Les Crysraux D'ARGENT, où de Lune, ou Nitre Lunaire. Cryflalli Lune vel Hydrasooum Lu- nare, Ofhcin. font un fel neutre métallique formé de Pargent & de l’acide nitreux. Ils font blancs, minces , tranfparents & feuilletés ; Iles fcuilles 934 TRAITÉ SUR LA Farsir1CATIo qui les compofent font quelquefois hexagones & quelquefois triangalaires ; on les obtient aufli, prin-! cipalement quand on les fait en grand, en lames quarrées ou en parallélogrames rectangles. Il les faut garder, fi on Îles veut tenir blancs,” dans une bouteille bien fermée; car ils font fujets « ’ à fe cernir à l'air. On nomme quoique improprement le AVirre Lu naire, V'itriol Lunaire. Ce Sel ne contient aucun atôme d’acide vitriolique, & ce nom ne doit être donné qu’au fel formé par l’union de Pargent avec l’acide vitriolique. | Pour que ce Sel foit pur, il faut qu’étant diflout dans l’eau diftillée & quand on y ajoute de l’al- kali volatil liquide que cette difflolution ne bleuifle point, car fi elle bleuit, c’eft un figne qu’il con- : tient du cuivre. H y a des médecins qui l'ordonnent com- me évacuant, hydragogue & apéritif , à la*dofe de fix à fept grains. Mais tout médecin prudent s’ab- ftient de l’ordonner ayant afez d’autres évacuants & apéritifs, lefquels il peut ordonner fans danger ; car le Nitre Lunaire eft très-cauftique; pris inté- rieurcment il donne des tranchées, des douleurs 1 pes MÉDICAMENS. 325 des reflerements d’eltomac , il excite l’inflamma- ion & donne la mort , étant pris en trop grande _ quantité. 7 La PIERRE INTERNALE. Lapis Infernalis, officin. “Les cryltaux d'argent faits par l’acide-nitreux font “elléncicliement la même chofe, & elle n’en diffère ‘que parce qu’elle eft privée de fon eau de cryftal- “lifation par la fufion. “ Elle’a une couleur grife, plus ou moins brune; on Ja trouve ordinairement en cylindre plus ou moins gros, fi on la rompt en morceaux, on ob- ferve que l’intérieur eft figuré en aiguilles, ou “rayons qui vont de la circonférence au centre. Pour quelle foit bonne , il faut qu’elle foit fai- te avec argent de coupelle, où avec de l’argent reflufcité de la lune cornée, car celui de vaiflelle contient toujours du cuivre lequel rend la Picrre Infernale moins cauftique, & lui donne l’inconvé- mient de s’humeëter beaucoup à l’air; ce que ne fait point celle faite avec l’argent exempt de ce “métal. On peut reconnoître celle faite avec l’ar- gent qui en contient, en ce qu'elle eft ordinaire- “ment d’une couleur verte, qu’elle attire l’humidité à de l'air, qu'elle n’eft point folide & fe brife faci- ti $ 926 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION lement ; ce qui rend fon ufage peu für & même accompagné de quelque dangers & qau’étant dif-n foute dans de l’eau diftillée, fi on y ajoute dem lalkali volatil liquide la diflolution prend une cou- | leur bleuâtre. 14 Ty { On s'en fert pour confommer les chairs baveu-W fes & molafles des ulcères. Pour avancer leurs ci- catrices ; elle raffermit les chairs, & ne s’oppofe | point à la régénération des bonnes; elle détruit À très-bien les callofités: on s’en fert auf pour ou- vrir les abcès; & pour guérir les fiftules à l’anus. Son ufage intérieur eft encore plus violent que les cryfiaux d’argent. L’Or, quieft aufli nommé le Roi des Métaux. #- rum , Officin. Sol , chimic. eft un métal parfait, &4 le plus ductile de tous les métaux; d’une couleur jaunc, brillante, & éclatante; d’une médiocre du- reté , Je plus péfant de tous les métaux; il:n’a ni odeur, ni faveur : il perd, péfé à la balance hydrof- tatique, entre un dix-ncuvieme & un vingtieme de fon poid ; il eft de tous les métaux, celui dont les parties font les plus tenaces ; un fil d’un dixieme dc pouce de diamètre, avant de fe rompre, foutient un poid de cinq-cent livres : il faut un feu aflez | violent prs MÉDICAMENS . 987 wiolent pour faire entrer ce métal en fufion; il ne | foutre aucune altération ni diminution de poid au feu; iln éprouve au aucune altération de la part de Pair & de l’eau, foit feul ou combiné ; il rés Mifte aux plus forts diflolvants fimples de la chimie, - tant que fon agrégation n'eft pas rompue; mais il “fe diflouc très-bien dans l’eau régale, On fait ufage en médecine de l’Or battu en feuil- des pour les mêler avec quelques poudres ou opiats, dans lefquels il ne fait point de mal, s’il eft exempt “d'une certaine quantité du cuivre avec lequel il eft fouvent allié ; on dore aufli les pillules avec ce métal en feuilles. On doit faire attention qu’au lieu “de l’Or ce ne foit du cuivre jaune battu en feuil- les, lefquelles font à reconnoître en ce qu’elles fe diflolvent dans l’acide nitreux, & l’Or ne s’y dif Miout pas. Quoique l’Or ne fe laiffe point attaquet pat les acides fimples, les matières prafles &c., il feroit très-imprudent de laiffer féjourner dans des vafes faits de ce métal, des aliments qui ont de l’ac- tion fur le cuivre; car l’Or du commerce en cft toujours mêlé avec une certaine quantité. On à cru que l’Or étoit céphalique, tonique ; W = 338. TRAITÉ SUR LA FALSstIFICATION cordial, propre pour mettre les humeurs en mou-* vement, & pour difiper les chägrins ; nous fomimnes du Sentiment que l’Or, pris intérieurement, n’a pas plus de vertu que l'argent , cependant ‘nous croions que l’un & l’autre de ces métaux font ca- pables de diffiper ic chagrin, principalement à ceux qui en manquent & qui en ont’ befoin.. L’ALUN. ÆAlumen , ofMcin. eft un fl neutre, blanc, tranfparent, compoft de l’acide vitriolique uni à une terre argilieufe , aiant un goût acerbe, | douceâtre & aftringent, lequel lui vient par ce qu’il eft avec excès d’acide, ‘La figure des fes cryftaux eft fujette à beaucoup” de variétés, fuivant les circonftances qui concour- rent à la cryftallifation ; on en trouve cependant le plus grand nombre figurés en piramidés trian- gulaires dont les quatre angies folides font coupés. Il contient environ la moîïtié de fon poid d’eau de cryftallifation : il rougit un peu la couleur bleue des végétaux. Ce Sel fe difluut en grande quantité dans l'eau; mais moins dans l’eau froide que dans l’eau chaude. Étant mis dans un creufet au feu, L entre en liquéfaétion à méfure que fon eau de cryftallifation s’évapore, cette liquéfaction diminue p£s MÉDICAMENS "329 quand elle, eff entièrement évaporée ; on trouve alors l’Alun fous une forme féche, rarifñé , bour- fouñé & rrès-friable, c’eft l’un calciné; tous les : alkalis le décompofent, ainfi que les terres calcaires & quelques fubitances métalliques, telles que le fer & le zinc. On eftime, & c’eft auffi le plus pur, l’Alun de Rome , c’elt celui qui eft exempt des matières métalliques; il eft un peu rougeâtre en déhors, L & en dedans clair & tranfparent. L’autre forte eft nommée Alun d'Angleterre, on le doit choiïfir fec, clair, & prefque aufli tranfparent que le cryftal, celui qui vient du pays de Liège & de Mézieres, eft plus gras & moins pur; on doit réjetter celui qui a l’œil rouge, comme #tant le plus impur, & qui contient du vitriol martial. On peut aufli re- connoître celui qui en contient , foit par l’alkali faturé de la matière colorante du bleu de Berlin qui en précipite le marc en couleur bleue, ou par la teinture de noix de galle qui le précipite en noir, Il y a des médecins qui regardent l’Alun comme un ftiptique für, qui convient dans les maladies où les principales indications font de fortifier & de reflèrrer , comme dans les fleurs blanches , les flux immodérés des regles, les hémorrhagies , les diar= 340 Trairé sur LA FALSIFICATION thées, les vomiffements de fang ; dans certaines hémopthyfies & dans les gonorrhées : il faut obfer- ver au fujet de ce rémede qu’il faut qu’il foit pref- crit par un médecin éclairé, & qui foit capable de diftinguer fi les maladies dont nous venons de par- ler, ne font point occafñonnées ou accompagrées par l’engorgement , où inflammation : il y à d’au- tres médecins qui confeilent de n'en jamais faire ufage intérieurement à caufe qu'il. eft fort aftringent , & qu'il a un peu de cauficité. La dofe ordinaire eft depuis trois jufqu’à vingt grains. On emploie J’Alon à l'extérieur pour reflerrer & fortifier les parties fur lefquelles on l’applique ; ce Sel eft un répercufif très-efficace, &:fic detrès- bons effets dans les gargarifmes & collyres adftrin- gents : on s’en fert auf calciné, pour foupoudrer les chairs molles ê& fongueuies qui s'oppofent à la cicatrifation des ulcères. LE Borax, Colle d'Or. Boracium, five Cryfo- colla, oflicin. Tinchar ; Auri Colla, Gluten Auri, quorumd. eft une matiere faline , compoiée de partie égale d’alkali minéral & d’un fel particulier qu’on nomme fel fédarif : la figure ordinaire des cryftaux du Borax cft un prifme hexaëdre comprimé, aiant 2 4 4 {: … = _ Le S 4 (l : DES MÉDICAMENS :. et “deux faces oppofées , plus larges que Jes autres, terminé par deux fommets; on en trouve aüfli qui eft en cryftaux prifmatiques, hexagones, tronqués, un peu irréguliers, & femblables aux cryftaux de nitre, ou formés dé prifmes oétogones, trièdres, placés en fens contraire. Ces cryftaux font blancs, “tranfparents, ont un goût afez doux d’abord mais … qui devient bientôt acre & laifie un goût urincux. On a jufqu’à ce tems ignoré fi le Borax étoit un corps naturel, où un produit de l’art sil paroît > d’après les découvertes qu’a faites Mr. foëfer apo- ticaire du grand Duc de Tofcane, que les eaux de plufieurs Lacs de ce pays , comme celles de Caffel- nuovo & de Monterotondo tiennent du fel fédatif en difflolution, lequel mêlé avec l'alkali marin, forme le Borax ; que ce fel cft un produit de la nature; cependant , d’après ce que Mir. Beaumé en rapporte, on peut.auili obtenir ce fel par l’art. Le Borax -expofé au feu il s’y liquéfie; d’abord il s’y caicine en fe gonflant & s’ y rarèfie, il entre après en fufion , & forme une efpèce de verre très- tendre. Il faut vingt-cinq parties d’eau pour diffou- dre une partie de Borax, les acides le décompo- … ent, & s’uniflent avec fa matiere alkaliné qui lui & {rt de bafe, & forme avec elle des fels neutres, 942 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION qui font les mêmes que ceux qui réfultent de l’u- nion de ces mêmes acides avec l’alkali marin. Il ne fe décompofe pas au feu : une livre de ce fel donne étant mis en diftillation , fepc onces de liquide, ce qui prouve qu’il contient à peu près la moitié de fon poid d’eau de cryftallifation : ce qui refte dans la cornue eft le fel privé feulement de fon eau de cryftallifation. Sa diffolution verdit la couleur bleue des végétaux, & jaunit la diflolu- tion du fublimé corrofif. 4 On falfifie ie Borax en le mélangeant avec l’alun, ou le fel gemme : on peut reconnoître l’alun qui eft mélangé en le faifant diffoudre dans l’eau; &. en jettant deflus de l’alkali, la terre de lalun fe précipitera : on Je peut aufli diftinguer de l’alun, en ce qu’il ne fe calcine point au feu comme cette fubftance : on reconnoît la préfence dû fel gemme, en jettant deffus de l'acide vitriolique qui dégagera . l'acide marin lequel cft aifé à reconnoître à fon Gdeur qui tire fur celle de fafran y &en. ce qu'il pe décrépite point fur le feu comme elle. Le Borax pañfe pour apéritif, emmenagogue, diu- rétique , & fondant ; on le recommande pour facili- ter l’accouchement , & l’extraction du placenta ; on ls p v DES MÉDICAMENS. 543 \ » ignore pas que les rémèdes qui font trop irritants TT S CES » fonc communement dangereux dans ces derniers sx 2? cas; & que les fecours méchaniques qu'on tire, de — la main feule d’un bon accoucheur font. à préférer, La dofe eft depuis dix\jufqu’à trente grains. On s’en fer extérieurement pour rafermir les …chairs des vieux ulcères, pour deffecher les dèftres, & les galles. SEL sébaTir. Sa/ lédativum ,'oficin. C’eft une fub- ftance faline concrète & cryftallfée ; laquelle on obtient du borax, par le moyen des acides foit: mis néraux, foit végétaux, ou par la cryfalliätion, ou par la fablimation : on en trouve acli du naturel dans les lacs de Caftelnuovo &. de Monterotondo, dans le duché de Tofcanc. Il a la propriété de dé gager les acides tent du fel de nitre, que du fl marin, en s’emparant de leur bafe; il a une faveur foiblement acide; il rougit. fur le champ la teinture »de tournefol, & altère , quoique lentement, le firop de violettes; il e& du nombre des fels qui fe aif- folvent dans l’efprit de vin, & a la propriété de communiquer une belle couleur verte à fa flamme. Ce Sel réfifté à tous les agens les plus puiffants qu’on puiffé employer pour décompofer les fubftances fa- lines ; il demande beaucoup d’eau pour être diffout; 544 TuaiTé sur LA FALsrricaATIow & il fe diflout en plus grande quantité dans l’eau | £haude, que dans l’eau froide. . Il ne fe fublime qu’à la faveur de l’eau de fà cryftallifation qu’il contient, car lorfqu’il en eft privé, le feu le plus fort n'eft pas capable de Je fu- biimer, il y refte fixe, & fe vitrifie; ce Sel'ainf vitrifé conferve entièrement fon caraétere falin ; & en le faifant diffoudre dans l’eau, on peut en- fuite le cryftallifer, & le fublimer de nouveau. Il faut choifir le Sel fédatif, fait par la cryfal- lifation, cryftallifé en lames femblables à des écail- les de poifons, ou à du mica; de couleur blanc argentin, doux au coucher, & lorfqu’on le froifé entre les doigts faifanc un petit craquement; & ré- jetter celui qui eft jaünâtre, ainfi que celui dont les cryftaux font taillés en pointe de diamant, ou en écailles fort épailles ; car ils font compofés du Sel fédatif , & du fel de glauber qui fe font eryf- -tallifés enfemble. On mêle & on vend fouvent.le Sel fédatif cryf. tallifé, pour du Sel fédatir fublimé ; ;. cette fraude eft à reconnoître en ce que le Sel fédatif fublimé, Jequel eft le plus cher, eft très-léger, en flocons formés de petices lames, très-blanc, ayant. trèss pes MÉDICAMENS. 245 moins blanc & plus péfant. k tb Homberg , inventeur de ce Sel, l’a vanté comme bras: y nervin, calmant, lequel convient dans tou- tes Les fievres ardentes , dans les affections des nerfs, M \dans les épilepfies, les convulfions, “les délires, dans les vapeurs hypocondriaques, & hyftériques, cepen- dant depuis qu’on. en a faic ufage, il ne paroît pas . que la vertu fédative en ait été. bien conftatée; 1 …plufieurs, médecins aflurent même qu’il le faut | prendre à une dofe de trente, ou foixante grains, pe lieu de celle de quelques grains pour en voir des cffets , laquelle dofe on peut même augmenter, ) SEL D'Érsowr , Sel cathartique d'Angleterre. Sal Ebshamenfe vel Ep/omence , Sal Anglicanum catha- raicum amarum, ofhicin. C'’eft un Sel neutre, com- LIU A ; pofé de lacide vitriolique uni à une matière ter- “ reufe, connue fous le nom de magnéfie. Il eft blanc “& tranfparent , cryftallifé en figure prifmatique & “quad rangulaire ; il à une faveur peu piquante, afez | fraiche, fuivie d’une amertume beaucoup plus grande que celle du fel de glauber. Il s’humeéte un peu lorfqu'il eft expofé pendant quelque tems à un air qui n'eft pas très-fec ; il fe diflout en très-grande quantité dans l'eau bouillante, & fe cryftallife par 346 TRAITÉ SUR LA FALSsIFICATIOoN refroidiffement ; fes cryftaux retiennent beaucoup d’eau de cryftalhfation, à la faveur de laquelle ils fe liquéfient , lorfqu’on les chauffe promptement , & fortement ; il perd en fondant la moitié de fon _poid d’eau, & a la propriété d’exalter un peu la couleur bleue du firop de violettes ; mais il ne fe diflout point dans l’efprit de vin rectifé,. On fubftitue & on trouve dans le commerce , Fous le nom de Sel d’Epfom, un fel de glauber mal cryftallifé ; on peut reconnoître cette fraude, en diffolvant ce Sel dans l’eau, & en y mélant de lal- kali; fi c’eft du fel de glauber il n’y aura point de précipité , mais fi c’eft du Sel d’Epfom la liqueur fe croublera & il s’y formera un précipité blanc. Il cft fondant , apéritif, légerement fimulant & purgatif , étant pris à la dofe d’une once, ou une once. & demie; on l’ordonne. quelquefois à la dofe d’un gros ou deux pour: procurer. légerement la liberté du ventre , & à cette dofe il agit fou- vent par les urines, & comme apéritif. Le Sel de Sedlitz ne diffère en rien du Sel d’Epfom, & c’eft àce sel que l’eau de Sedlitz ainfi que plufieurs autres: eaux minérales amères doivent leur vertu purgative ou laxative. ;: DpEs MÉDICAMENS. 347 0 La Macnése pu Sec p’Ersom. Magnefia Ep/o- pence, oficin. çft une terre alkaline très-fine, lé- More, infipide , d’une blancheur éclatante ; formant : une pâte avec l’eau, mais qui n’a prefque point de liant : laquelle a été précipitée du Sel d’Epfom par | yn alkali. mm Avec l'acide vicriolique, elle forme le Sel d’Ep- om, dont nous venons de parler, & qu’on pouroit “nommer vitriol de Magnéfie ; avec l’acide nitreux, elle forme un Sel cryftallifable, dont les cryftaux font prifmatiques quadranguiaires , fpathiques fans pyramides ; d’un faveur acre très-amère, qui s’hu- mectent un peu à un air humide. L’acide marin la diffour auf, mais cette diflolution ne peut point être réduite en cryftaux qu’en l’expofant fubitement à un grand froid ,; après lavoir concentrée par l’é- Lyaporation ; ces cryfaux qui font petits atcirent très-vite l'humidité de latmofphère , & ont un goût très-amer. Le Sel marin de Magnéfie, ainfi que le Sel de nitre de Magnéfie ont la propriété de fe difioudre dans l’efprit de vin. La Magnéfie difloute par le vinaigre diftillé ne donne point de cryftaux ; mais une mafle faline , laquelle étant chaude refèm- ble à de la colle forte, tanc par la couleur, que par 348 TRAITÉ SUR LA FAXSIFICATION fa confiftence, en réfroidiffant elle devient folide &. cafflante : l’efprit de vin dillout ce Sel acéreux. Elle n’eft point une terre argilleufe. Quoiqu’elle a différentes propriétés communes avec les terres calcaires, elle en diffère efentiellement. Lorfqu’elle « a été précipitée par un alkali non cauftique , elle fait effervefcence avec les acides; propriété qu’elle a commune avec les terres calcaires : le gas qui s’en dégage pendant fon effervefcence avec les acides, eft de même nature que celui qui fe dégage des terres calcaires : on le peut aufli obtenir tant de la Magnéfie que des terres calcaires par la feule action du feu, La Magnéfie & les terres calcaires calcinées fe diffolvent dans les acides fans faire d’eflervef- cence : mais la différence qui fe trouve entre ces deux terres confifte 1.° que la Magnéfie- calcinée n’a nila caufticité, ni la‘diflolubilité dans l’eau, ni aücune des propriétés de la chaux vive. 2.° La Ma- gnéfie ayant tout fon gas a la propriété de préci- piter les terres calcaires unies aux acides, en terre calcaire effervefcente , & après qu’elle a été calci-. née , elle n’occafñonne plus cette précipitation. 3. La Magnéfic non calcinée a aufli la propriété de précipiter la terre calcaire hors de l’eau de:chaux , en terre calcaire cfferyefcente , lequel effet elle ne D£Ss MÉDICAMENS. 949 produit plus étant calcinée. Ces différences, réunies “avec la diffèrence des fels formés par l’union de “ces deux terres avec les acides tant minéraux que “végétaux, ne permettent aucunement de les con- fondre. “On vend fouvent pour de la Magnéfie d’Epfom , cclle qu'on a obtenue en faifant précipiter par un alkali la terre contenue dans les caux mères du fel de nitre & du fel marin, celle-ci diffère abfolument de l’autre & n’eft qu'une terre calcaire, laquelle on peut diftinguer de l’autre par ce que nous ve- nons de dire. On trouve aufli une matière qu’on vend pour de la Magnéfie, laquelle n’eft que de la felénite provenant des eaux mères du nitre ou de fel marin auxquelles on a ajouté de l’acide vitrio- lique : on reconnoît cette prétendue Magnéfie en ce qu’elle fe diffout entièrement dans l’eau. On mêle quelquefois avec la Magnéfie d’Epfom des terres calcaires pour augmenter fon poid : on réconnoît cette fraude en faifant difloudre celle ainf falfifiée dans l’acide nitreux , car l’eau de chaux ala propriété de décompoferle nitre de Magnéfie & on peut-par fon moyen reconnoître la fraude, & la fépa- rer de la terre calcaire avec laquelle elle étroit mêlée. On ordonne la Magnéfie comme abforbant, pro- 950 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION pre à détruire les aigreurs: étant donnée en gran- de dofe, comme d’une once, elle devient purgative, Nous avons quelquefois obfervé que les’malades qui faïfoient ufage des abforbants fe plaignoient des gonflements, des vents & des mêmes douleurs | que produit l’action des aigreurs: libres dans les prémières voies ; lefquelles nous croions provenir du dégagement du gas que contiennent ces abforbants, lequel fe dégage quand elles s'uniffenc aux acides 34 car ceux qui font ufage contre les aigreurs de la Magnéfie d'Angleterre privée de fon gas par la calcination, ne fe plaignent point de ces accidens. Le SEz DE GLAUBER, qu’on nomme auf Sels admirable de Glauber. Sa/ catharticus ; vel Sal ad- mirabilis Glauberi , oficin. eft un Sel neutre com- pofé de l’acide vitriolique uni à lalkali marin. Ces’ cryftaux font très-tranfparents, blancs, ré- préfentants des.folides allengés, ou des efpèces de colonnes dont la furface eft ftriée dans le fens de leur longeur: il eft d’une faveur falée, défagréable & amère. Les cryftaux du fel de Giauber perdent. très-promptement leurs eaux de cryftallifation, étant : expofés à un air fec, & fe réduifent en une pouf- fiere faline d’un blanc mat : ils contiennent pref. ‘que la moitié de leur poid d’eau de cryftallifation : pxs MÉDicamrxs. 251 J'eau chaude en diffout environ fon poid égal, mais il faut environ fix parties d’eau froide pour “en difloudre une partie parfaitement, & au point “de faire pañler la diflolution par le filtre de papier: étants expolés au feu ils entrent aifèment en li- quéfaétion aqueufe, à caufe de leur grande quan- tité d’eau de cryftallifation qu’ils contiennent. Ce Sel eft décompofé par le phlogiftique ; l’aci- de nitreux le décompofe de même, & forme avec lui le nitre quadrangulaire; l’acide marin n’a,au- cune action fur lui: ce Sel deffeché, ne fe diflout point fenfiblement dans l’efprit de vin rectiñé, cependant la flamme en prend une couleur rouge _ affez vive: ce Sel ne change point la couleur bleue | des végétaux. On doit choifir le Sel de Glauber en beaux cryf- taux blancs ; & réjetrer ceux qui font roux, ain- fi que ceux qui font en poudre. Ce Sel mal cryftallifé a quelque reffemblance avec le nitre, mais on peut réconnoître ce der- * nier en ce qu’il détonne étant jetté fur les char- bons ardens, ce que re fait point le Sel de Glau- her. On l’emploie comme un apéritif, & un purgatif 952 TRAITÉE SUR LA FALSIFICATION fort doux ; il agit quelquefois par les urines: La 0 dofe eft depuis deux gros jufqu’à une once. Tarrre virkioLé, Nitre vitriolé, Sel de deux, . double Arcane, Sei polychreft. Tartarum vitriola= fm, ÎNitrum vitriolatum , Sal de duobus ; Arca- num duplicatum , Sal polychrefium , officin. C’eft un Sel neutre compofé de l’acide vitriolique & de l’al- kali végétal: il a peu de faveur, mais cette fa- veur a quelque chofe de défagréable ; fans avoir rien d’acre ni rien de piquant ; äl eft en petits cryftaux , lefquels font de polyhèdres à un nombre de faces plus ou moins grandes, car la cryftalli- fation de ce Sel diffère beaucoup à cet égard, c’eft même un de ceux dont la figure des cryftaux eft la moins conftante ; il paroît que leur forme la plus. parfaite eft un prifme hexaèdre, terminé à l’une & l’autre extrêmité par une pyramide auf. hexaèdre : il décrépite lorfqu’on l’échauñle forte- ment & brufquement ; il exige beaucoup d’eau pour fe difloudre, & fe diflout en plus grande quantiré dans l’eau chaude que dans l'eau froide : il ne change point la couleur bleue de végétaux : Pacide nitreux le décompofe , ainfi que le phlogiftique ; les acides végétaux tels que le tartre, le vinaigre &c. ont aufli Ja propriété de le décompofer ; mais l'acide Des MÉDICAMENS 353 acide marin n’a aucune action fur lui: ce Sel ne contient qu'une petite quantité d’eau de cryltalli- _faion ; il m'eft poinc fufceptible de liquéfaction à la faveur de cette eau, & il lui faut un dégré de chaleur très-fort pour fe vitrificr. | y L 4 On doit choifir ce Sel en cryftaux blancs; & Mréjecrer ceux qui font roux. Il y en a qui compos Mfent des médisaments & qui font évaporer la difa “olution de ce Sel jufqu’à ficcité, au licu ‘de le fai L cryftallifer, & le vendent ainfi en poudre; il ne Mfauc point faire ufige de cettre poudre, car nous | ‘avons obfervé que fouvent elle contient ou trop | “dalkali, ou trop d’acide ; puifu clle verdifloit ou rougifoit la couleur bleue des végétaux. Plufieurs perfonnes de l’art ont cru ; & croient “encore qu’il y a de la différence entre le Se de “deux ; Le Tartre vitriolé , le Sel polychreft &c.. cepen< dant, tant par l’analyfe chimique que. par les effets que ces Sels produifent ; on voit que ces nomé “doivent être pris pour des fynonimes. On s’en fert en médecine comme apéritif, étant “donné en petite dofe, comme d’un gros ; & laxa- tif à la dofe depuis fix gros jufqu’à une on2 ce: le Tarcre vitriolé, fous le nom de Sc/ de duox ‘4 X 354 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION bus, a eu üne grande vogue pour les épanchemens du jait,, on l’a regardé jufqu’à ces derniers tems, & il y a des praticiens qui le regardent encore, comme le méilleur fondant, & évacuant qu’on puifle emploier dans cette maladie, Sez DE NiTRE, ou Salpêtre. Sal Nitrum , oficin. C’eft un Sel neutre, compofé de l’acide nitreux uni à l’alkali végétal. Les cryftaux de ce Sel font tranf- parents , ils paroiflent être des prifmes hexaëdres terminés par deux pyramides hexaëdres très-cour- # tes rélativement à la longueur du prifme; il eft | ES ST tie CT PUR RON SEE AE E à rare qu’on les trouve fi réguliers, la plupart n’ont ! qu’une pointe bien terminée, l’autre eft raboteu- | fe & paroit comme fi elle eut été rompue : il a un goût falé, un peu frais, fuivi d’un arrière, goût qui n’eft point agréable: quoiqu'il fe diflout facilement dans l’eau froide; cependant. il fe dif=u fout en plus grande quantité dans l’eau chaude :M il n’eft point déliquefcenc à un air humide, mais C’eft un des Sels neutres qui fe fond le plus aifé-u ment au feu. Il eft décompofé par le phlogiftique ;u il fe laiffe aufli décompofer par l'acide vitriolique , 4 Je Sel fédatif, l’arfenic, & l’acide phofphorique; d il n’altère point la couleur bleue des végétaux. On doit choifir le Nitre, pour la médecine, eu, se“ DES MÉDICAMENS : ss cryftaux blancs & tranfparents ; il faut réjetter ceux qui font rouflâtres , & prendre garde qu'ils ne foient. mêlés avec du Sel de glauber , car ces cryftaux fe reflemblent en quelque façon, mais il eft aifé de les reconnoître ; car le Nitre étant ‘jetté fur les charbons ardens y détonne, ce que ne fait point le Sel de glauber. * On donne le Nitre comme rafraichiffant, anti: fpafmodique, diurétique, diaphorétique, & antipuz tride. La dofe eft depuis fix jufqu’à foixante grains s lorfqu’on le prend à la dofe d’une demie once il devient purgatif Sez pe SAIGNETTE, Sel polychreft de la Rochellé: Sal Saignettæ , Sal polychreftum de Saignerte, officin: C’eft un Sel neutre compofé de l'acide tartareux combiné avec l’alkali minéral Il eft en cryftaux blancs, tranfparens; & lorfqu’ils font réguliers, ce font des prifmes hexaëdres tronqués aux deux bouts 3 ils contiennent beaucoup d’eau dans leurs cryftal< lifations : il fe diffout en plus grande quantité dans l’eau chaude, que dans l’eau froide : il a une faveur fâlée, médiocrement forte & défagréable; il devient farineux à l'air fec ; il n’aluère point la cou- leur bleue des végétaux. On doit choifir ce Sei en c:y taux blancs & tranf: 9356 TRAITÉ SURILA FALSIFICATION parents; & réjetter ceux qui font rouffâtres: ainft ! que celui qui a été évaporé à ficciié. Nous avons vu du fei de glauber qu’on vendoit dans le com- merce pour du Sel de Saignette , qui avoit l’exté- rieur de ce fel mal cryfiallifé; cette fraude eft à reconnoitre en mettant fur les charbons ardens du Sel, de Saignette, il-en exhäle une odeur ‘de vartre, laquelle n’eit point produite par le fel de glauber. On ordonne le Sel de Saignetre comme altérant, « apéritifs cla dofe eft d’unevou de deux dragmes; il eft un bon purgatif minoratif à la dofe d’une once ou d’une once & demie. { SEL VÉGÉTAL, Tartre tartarifé, Tartre foluble. Sal vegetabile, Tartarum vegetabile, Tartarum tar- tarifatum , Térterum folubile ; offcin. C’eft un Sel neutre compofé de j’acide tartareux & ‘de l’alkali fixe végétal: fes cryftaux font. des'carrés longs ter- minés par deux biféaux, d'une faveur amère ; ils. fe difoiveat dans quatre’ parties d’eau diftillée, les - acides minéraux les décompofent, aïnfi que-la plû- part des difolutions métalliques :ils ne changent point la couleur bleue des végétaux. * On doit choifir ce Sel en cryftaux blancs; on!s trouve fouvent cn poudre, parce qu’on le fait éva- # : … porér jufqu’à fitcité au lieu-de le cryftallifer. Nous Des MÉDICAMENS 11 957 LLIAS æn' avons vu qui u’étoit que de ‘la crème dertar- “tre en poudre-mélée avec de l’alkali végétal aulit en » poudre : on reconnoit cette fraude en ce que ce mê- | lange .verdit cout de faite la couleur bleue des vé2 ê gétaux, & que ie Sel végéral n’y occafionne aucün à {1 paroîc que le Sel végétal a les mêmes vortus … que le fel de faignette, ce dernier a cepenëant pris changement. Hs … une grande fupériorité fur le‘ prémier. MÉA TERRE FOLJÉE DE TARTRE , l'artre régénété Sel diurétique , Magiftère fecret de Tartre, Magif- “ tère purgatif de Tarcre, Sel effentiel du vin, Arcane du Tartre, Huile de Tartre de Sennert., Sel effen- tiel de Tartre. Terra foliaie Tartari, Tartarum re- gencratum ; Sal diureticum ; Mag'fterium Turtari ar- canum, Magifterium purgans Tartari, Oleum Tartari … Sennerti, Sal efféntiale Vini; officin. eft un Sel neu- “re déliqueftent, compofé :de l'acide acéteux & de - Palkali végéral:: c’eft improprement qu'ona donné le | nom de Terre à ce Sel, c’eft fans doute à caufe de fonrapparence terreufe qu’on l’a ainfi nominé. il eftblanc, d’un goût légerement piquant , fans qu’on - y'déméle rien d'acre, favonneux & doux au tou- cher; étant parfaitement neutre, il ne rougit ni ne 858 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION verdit point la teinture: bleue des végétaux ; il fe ” diffout entiérement dans l’efprit de vin ; il attire | très-vite l'humidité de j’air, la feule-action du feu 4 décompofe facilement ce Sel neutre ; il: eft auf dé- \ compofé par les acides minéraux. La Terre foliée de Tartre doit être choifie blan- # che, ne changeant point la couleur bleue des vé- gctaux; il faut réietter celle qui eft noirâtre, cou- ‘4 leur qui lui provient fouvent. pour l'avoir faite deffécher dans des vaifleaux de fer; on l’a falfifie | en y mêlant du fel végétal ; on peut découvrir certe fraude en ce que la Terre foliée de Tartre fe diffouc \ aifément dans l’efpric de vin & ce liquide n’a pref- que point d’action fur le fel végétal. Elle eft un des asériuifs le plus für, non feule- ment dans l’engorgement des glandes conglomeréess mais auf dans celles qu’on nomme conglobées ;.elle eft aufli très-efficace dans les engorgements,. & dé- pôts qui fe font de’la matière laiteufe, qui n’a pu s'évacuer après l’accouchement:; on peut aufl l'emploier pour réfoudre les cumeurs fcrophuleufes, & fouvent elle a reufli où d’autres fondants avoient manqués; elle eft.un purgatif très-doux, on peut s’en fervit avec fuccès pour purger: les hypocon- driaques & quelques femmes hyftériques ; eu égard DES MÉDICAMENS. 359 ë fa grande pénétrabilité elle eft préférable dans plu- » ficurs circonftances au favon blanc, quoique ce | dernier eft auf un très-grand fondant; la ché reté peut être la caufe qu'on s’en fert fi peu. tenir de 2 CLS » La dofe eft depuis un fcrupule jufqu’à deux gros; &c pour s’en fervir comme purgatif, la dofe eft de- puis deux jufqu’à fix gros, fclon la conftitution du malade. SEL AMMonNtAC , Sal ÆAmmonicanum, Sal. Arme- niacum, Sal Cyrenaicum, officin. 11 eft compofé de l’acide marin uni à l’alkali volatil jufqu’au point de facturation. Il eft demi-volatil, & fe fublime, dans les vaifleaux clos lorfqu’il éprouve une cha. leur affez forte, en une mafñle affez compacte , dans | Jaquelle on remarque des filets appliqués dans leur … longueur parallc lement les uns aux autres: il eft très- blanc, dem- cranfpaient ; d’une faveur beau- \ ? coup plus vive & plus piquante que les fels neu- tres à bafe d'alkali végétal, ou minéral: il eft fufceptible de fe cryftallifer en forme de barbe de plume ; il fe difflout facilement dans l’eau, & eft un des Sels qui produit le plus de froid par fa diflolution dans ce liquide ; il fe diffout aufi dans Vefprit de vin , il en faut trente-deux pafties pour en dilloudre une partie; lorfqu’il eft expofé un 860 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION certain tems à l'air humide il.fe. refout en: li- queur. L’acide-vitriolique , & l'acide nitreux le décome pofent, en dégagent fon acide *& fe combinent avec fa bafe; on nomme les fels qui en provien- nent Sel Ammoniac vitriolique & Sel Armmoniac ni- treux, Le Sel Ammoniac eft auffi décompofé tant par l’alkali végétal, que minéral : fon ‘acide { combi. pe, dans cette décompofition, avec l’alkali qu’on yaajouté, & fon alkali volaiil en eft féparé fous , forme concrète. Les\terres calcaires le décompofent aufi, mais il faut l'acide du feu pour faire cette décompofñ- ‘tion & l’alkali volatil qu’on en obtient eft fous. forme concrète. Le’ Sel Ammoniac mêlé & diftil- lé avec de la chaux , fe décompofe encore plus faci- Jement qu'avec les terres calcaires & on en obtient Valkali volatil fous forme liquide : plufieurs fubftan- ces métalliques ont auili la propriété de le décom- pofer. à té Ce Sel,ne change point la couleur bleue des vé- gétaux, & communique, étant mis. au feu à la : : “, : x flamme du charbon, une. belle couleur verte. "FT a férse ER RSR ce DE RES ES Des ri DES-MÉDICAMENS. 361 «4 Mo te qi de Jl doit être choifi fec, très- blanc :& demi- tranfparent , &,on doit réjetter celui ai eft humi- : de, noirâtre & fale. L' Onvordonne le Sel Ammoniac comme apéritif, À “fondant, difcutif, & ftimulant, La dofe eft depuis dix jufqu': à foixante grains, | | T 1 se # L'EsRtr voLaris pu Sec AMONIAC, où Ale & Mali volatil cauftique, ou Alkali volatil fluor. Spi- à rüus Salis LAmmoniaci volatilis urinofüus."oficin. ft une liqueur faline, blanche, lyimpide, des plus L volatiles , & des plus légères qu’on connoifle, tranf- ÿ parente...d’une odeur très-piquante, qui frappe le “nez avec force : elle cft compofée de l’eau & de … J’Alkali volatil devenus cauftiques par la chaux. , ; "Elle ne fait point cffervefcence avec les acides ; elle ne peut être réduite fous forme concrête de quelle manière qu'on s’y prenne, & refte toujours en liqueur , elle ne peut être féparée de l'eau fans Mintermède : cette liqueur verdit la couleur bleue des végétaux & ne décompofe point les fels neutres à bafe de terre calcaire, comme fait l’Alkali vola- “til non cauftique, On vend quelquefois l’efprit de fel ammoniac fait avec la craie, ou avec des alkalis, pour de J'Alkali volatil fluor; cette fraude eft à reconnoi. \ 962 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION tre en ce que le premier fait effervefcence avec les acides, & non le dernier, & qu’il ne décom- pofe: point les fels neutres à bafe de terre calcaire comme le premier. On le mêle avec de l’eau pour augmenter fon poid , on reconnoit cette friponnc-. rie en péfant l’Alkali volatil fluor/dans une bou- teille qui contient une once d’eau; célui qui eft bon doit péfer dans cette même bouteille feize à" dix-fept grains moins que l’eau. Le thermomètre de Reaumur ayant dix dégrés au - deffus de la. glace. po | dé L’Aïlkali volatil fluor eft un rémede très-efficace dans les afphyxies, on s’en fert aufli dans la rage, la morfure des vipères, & la brülure, ainfi que dans lapoplexie, & le fyncope : on s’en .fert enco- re pour guérir les piqueures des fourmis, des gué- pes, des coufins & d’autres finfectes. Quand on donne l’Alkali volatil fluor intérieurement. il faut avoir foin de le mêler avec de l’eau ;. fi par mé- garde on en auroit pris fans eau, il faudroit faire boire tout de fuite de la limonade, ou de l’eau avec du vinaigre, pour empêcher la corrofñom qu’il occafionne. Le Sec voraris pe Sucoin. Sal volatile Succinis : ofcin. eft une fubftance falinc qu’on retire par fu Hlimation du Succin. Il eft un Sel effentiel concret “de nature acide, demi - volatil & huïileux, qui à à l'odeur d'huile de Succin rectifié ; il fe cryftallife À on aiguilles brillantes: il eft difloluble dans l’efprit “de vin, ainfi que dans l’eau, étant diflout dans ce liquide il rougit faiblement mais fenfiblement le Dore ioletres ainfñi que le papier blanc. LA: brs MÉDICAMENS. 363 Ce Sel doit être choifi blanc & brillant, il faut prendre garde qu'il ne foit falfilié ou par le fel . ammoniac , Ou par la crême de tartre; on recon- “ noît cette fraude, fi c’eft par le fel ammoniac, en le ctriturant avec le fl alkali fixe, on fent une odeur d’alkali volatil: comme ce Sel eft de- mi-volatil, en en jettant deflus un fer prefque rouge, il s’envôle , fi c’eft avec la crême de car- tre dont il étoit mêlé, clle reftera fur le fer en forme dé poudre noire. Le Sel de Succin a une vertu balfamique & Ié- gerement ftimulante, on le recommande comme diurétique dans les maladies hypocondriaques. &/ hyftériques , fur- tout lorfque les tuyaux urinaires fe trouvent attaqués des fpafmes. La dofe eft de- puis deux jufqu’à quinze grains. Freurs De Benjoin. Flores Benzoës. officin. Sont un fl cflentiel concret, huileux, d’une couleur 364 TRAITÉ SUR LA-.FALSIFICATION blanche, argentine , -Juifante & volatile, ayant la _ forme des peuites aiguilles fines Elles -ont une. odeur balfamique affez agréable & piquante: elles fonc inflammables ; elles fe diflolvent ‘dans l’eau , * mais il faut que l’eau foit très-chaudez lefprir de yin rectifié. les diflout wrès-bien, même fans cha- leur. On tire ces Fleurs par la fublimation: de la ! réfine du Benjoin, on en peut auf obtenir en | ur de RER ÉTUEE Gé traitant le Benjoin avec l’eau, & par la-cryftalli- 4 Btion, | FUN $ On les doit choïfir très - blanches & brillantes ; # & rejetter celles qui font jaunâtres ou remplies , d’ordures.. WA) 2e On les ordonne comme incifives & refolutives; li ténuité & volatilité de ces Fleurs les rend pé- nétrantes, & leur donne de l’activité : on, les fait à prendre dans les affections des organes pülmonai- res, on les regarde comme un bechique incifif & fimulant qui convient dans l’afthme humide, & \dans la toux fi commune aux vieillards. La dofe eft ti deux jufqu’à dix grains. SEL FU VOLATIL. Sal Alkali volatile. oficin. C’eft une fubftance faline, qu'on obtient par la décompofition des fubftances animales, de quelques 4 Des MÉDICAMENS. 263 fubftances végétales & de toutes les matières fu- 4 » à) | LÉ : \ jectes à ia putrétaction. / Pr a un goût acre, cauftique & brûlant, une odeur forte, rès-pénétrante , êx fi piquante qu'elle “tire des larmes des yeux; i] excite la toux, & eft capable de faire perdre connoillancA, & même de Æüffoquer : il a la propriété de verdir la couleur Dieu des Végétaux , de fe difiper en entier à un “dégré de feu inférieur à celui de l’eau bouillante; il fait éffervefcence, & fe combine avec les acides “jufqu'au point de facturation, & forme avec eux des f&ls neutres la plüpart fufceptibles de cryftalli- Marion : il précipite les matières métalliques & ter- -reufès qui. font unies aux acides. Les Alkalis volatils de quelle matière qu’ils foient Moirés , étant exempts .des matières qui leurs font Mfurabondantes & étrangères, font de même nature, ; I doit être choifi blanc, & il faut réjetter celui qui cit brun ou jaunätre comme moins bon ; on reconnoît celui qui eft faififé en en mettant fur une fpatule de fer qu’on fait chauffer ; s’il eft pur, LAikali volatil s'envole, fimon, la matière avec mp laquelle il a été falfifié refte:fur la fpatule. On l’emploie en médecine comme un grand fti- / 966 TRAITÉ SUR LA MALSIFICATION mulant & excitant ; en faifant refpirer les vapeurs en cette qualité , on s’en fert dans les afphyxies, les fyncopes , les évanouiflements , l’apoplexie & dans toutes les maladies foporeufes dans lefquelles il y a atonie , & engourdifflement des parties nerveufes : on en fait auf prendre intérieurement.dans les mê- mes cas , principalement dans l’apoplexie & dans les maladies foporeufes, mais à petites dofes. On le donne aufli comme fudorifique ; on le recommande | . dans les rhumatifmes croniques. C’eft un fpécifique contre la morfure de la vipère. La dofe, donnée dans quelque liquide, eft depuis fix jufqu’à trente grains , mais étant donnée en bol elle n’eft que de- puis un jufqu’à huit grains. Esprit pe Corne DE Cerr. Spiritus Cornu Cervi, oficin. C’eft le nom qu’on donne ; quoiqu’impro- prement, à la liqueur qui fort au commencement. de la diftillation de la Corne de Cerf, laquelle en cft la partie aqueufe mélée avec du fel volatil & des parties huileufes qui font mélées avec le fl, ‘lefquelles quoïque furabondantes à fa mixtion faline, ÿ font cependant fi adhérentes qu’il eft difficile de les en féparer, ce qui fait que ce liquide a un goût « & une odeur défagréable & nauféabonde. : Il faut le choifir blanc & tranfparent , d'une odeur DES MÉDICAMENS. 367 forte & très-pénétrante; il eft très-fujet à fe jaunir, L ." { . . mais en le rectifiant il redevient blanc. On trouve très-fouvent dans le commerce de ce 1... : ° à A 1 “liquide qui eft crès-aqueux & puant, même dont x vrout l’alkali volatil en eft difipé. Nous avons obz s fervé que celui qui étoit bien fait, a péfé dans une _—. hbouteille qui contenoit une once d’eau, une once quarante grains. Le thermomètre de Reaumur ayant dix-neuf dégrés au-defflus de la glace. Ce liquide a les mêmes propriétés médicales que Je fel alkali volatil; ou le peut donner en plus grande dofe. La Liqueur De Corne DE CERF succiné. Liquor Cornu Cervi füccinatus , officin. eft un fel neutre : provenant du fel de fuccin avec l’alkali volatil de » Corne de Cerf diflout dans de l’eau. On donne plu- fieurs procédés pour le faire, celui que nous fuivons, eft celui de la pharmacopée de Paris. On doit choïfir cette Liqueur tranfparente, de couleur jaunâtre, ne changeant point la couleur du firop de violettes; laquelle péfe dans une bouteille qui contient une once d’eau, une once & quatre- vingt grains. Le thermomètre de Reaumur ayant dix dégrés au-deflus de la glace. Il faut réjetter celle à . A; 368 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION qui eft trouble, puante, fur laquelie nâge de l'huile, & qui verdit le firop de violettes: Fr, ‘e eo À 4 "M = \ L On vend quelquefois pour la vraie Liqueur de « Corne de Cerf fucciné, une diffolution de fel ‘ammo- d. niic , dans laquelle on a mêlé quelques gouttes d’huile de fuccin & d’huile de Corne de Cerf pour donner l’odeur du vrai; on connoit cette fraude en faifant évaporer & cryftallifer cette Liqueur; fi elle cft contrefaice avec le fel ammoniac on s’en apper- cevéra aux cryftaux qui feront ceux de ce fel. Si elle eft faite avec le fel de fuccin & l’alkalivolatil, on obtient des cryftaux plats, en lames & en quelque façon foyeux, dont quelques-uns font branchus re- préfentants la Corne de Cerf, ce Sel eft d’un brun fale, l'odeur eft prefque la même que celle de la Liqueur ; mis fur la langue il a aufli un goût qui approche de celui de la Liqueur , mais il laïife un fentiment de fraicheur & fa faveur eft plus piquante. On s’en fert en médecine comme un antifpafmo- dique très-eñicace dans les maladies convulfives & nerveufes, principalement dans celle qui attaque fi fouvent les enfants; on la donne comme diurétique, 31 A j à [ei L Y & diaphorétique; on l’ordonne aufli comme apéritive & difcufiive. La dofe eft depuis une goutte jufqu’à trois gouttes pour les enfants en bas âge; pour les = + / | adultes | DES MÉDICAMENS. 269 aduites on l’ordonne depuis vingt jufqu’à trente gouttes , lefquelles on peut même furpañler. On la fait prendre ou dans du vin, ou dans quelque eau; où infufion aromatique. La Liqueur pe Mivpererus. Spiritus Mindereri ofücin, Spiritus falfus , Boerhaave, eft un fel acéteux ammoniacal diflout dans de l’eau, provenant de la combinaifon du vinaigre diftillé avec l’alkali volatil Pour qu’elle foit bonne, elle doit être tranfpas fente & blanche; elle ne doit point changer la cou eur bleue des végétaux ; péfée dans une bouteille | laquelle contient une once d’eau, elle doit péfer une once & quatre grains. Le thefmomèêtre de Reau= mur aiant cinq dégrès au-deflus de la glace. On donne la Liqueur de Mindererus pour excitef la fueur & les urines : la dofe eft, lorfqu’on veut exciter la fueur, d’une demi-once dans de l’eau de gruau , laquelle on répète toutes les heures, le ma- lade étant au lit jufqu’à ce qu’on a obtenu l'efñlet “ défiré. On l’applique aufli extérieurement fur les meurtriflures, les foulurés, les entorfes &c. L’Hurze ANIMALE DE Diprer. Oleum animale Dippelli, officin. eft claire, blanche, tranfparente & volatile. C’eft après l'éther le liquide le plus tenu | Y 970 TRA1ITÉ SUR LA FALSIrICATIOow qu’on connoît ; elle fe tire par la diftillation des cor- M nes ou du fang de cerf. Elle a la propriété de verdir la couleur bleue des végétaux ; mêlée avec une diflolution mercurielle faturée, elle forme un coagulum blanc, qui jaunit enfuite , & enfin devient d’un brun-noir. L’acide vitriolique mêlé avec elle donne une odeur de pu- L naife & ia colore en jaune; l’acide fulphureux vo-' latil lui donne d’abord une couleur jaune , laguelle w pale enfuite à une couleur verte très-belle : l'acide. nitreux la colore en une belle couleur rouge : l’acide marin verdit cette Huile; l’eau régale lui donne la même couleur, mais le verd n’eft pas fi beau; le vinaigre radical verfé en petite quantité fur elle la diffout, & le mélange refte quelque tems rougeâtre ; l'acide du nitre famant mêlé avec l’acide vitriolique l’enflamme avec les mêmes phénoménes que les au- tres Huiles écherées végétales. L’Huile animale de Dippel, péfée dans une bouteille qui contient une demi-once & fix grains d’éther vitriolique rectifié , a péfé une demi-once & quinze grains. | Elle fe diflout très-bien dans l’efprit de vin, & y conferve toute fon odeur ; aulli c’eft avec ce li- quide qu'on la falfifie; on reconnoîr cette falfifica-m tion en mélant à ce mélange autant d’eau, auflitôt! il pouffe par les M urines, & convient dans les cas où les acides végé- taux font emploiés; on le fait entfer dans les ti- fanes, dans Iles apofèmes, dans ‘les potions &c.: on en fait aufli des paftilles avec du fucte, Jefquelles 4 on aromatife avec l’effence d’orange où de citron.m La dofe ordinaire eft depuis dix jufqu'à foixante grains, Des MÉDICAMENS. lT ‘rs L’Acrpe VimriouiQUuE , lequel on nomme quoique improprement, Efprit de vicriol. Spiritus Wivrioli , oflicin. & lorfqu'il eft concentré, Huile de Vitriol, Oleum Vitrioli. officin. eft le plus fimple des aci- des, fuivant Beccher & Sthal, & par conféquent le plus fimple d’entre les fubftances falines : lorfqu’il eft très-concentré , il a moins de fluidité que l’eau; il file prefque comme de l’huile, & en ec» prenant une goutte entre les doigts il paroît gras comme elle ; lorfqu'il eft pur, il eft fans odeur & fans couleur ; fa faveur cft violemment aigre & acide; il change en couleur rouge la couleur bleue des végétaux ; étant concentré & mêlé avec l’eau, ‘il produit une chaleur qui furpañle celle de l’eau bouil- lante; il attire l’humidité de l’air. En fe combi- pant avec les principes inflammables , il forme deux compofés diflérens; le premier qui naît d’u- ne union intime de cet acide, privé de toute eau furabondante à fon effence faline, avec le phlogif- tique pur, fe nomme foufre. Le fecond, qui eft le réfultat d’uné combinaifon de cet acide aqueux avec le principe inflammable, fe nomme acide ful- phureux volatil, Les fubftances terreufes fe laiflent difloudre avec plus ou moins de facilité par cet acide, füivant 376 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Jeur nature, & forment avec lui différens fels: il fe combine aufli jufqu’au point de faturation avec les alkalis, tant végétaux, minéraux que volatils , & forme avec eux différents fels: l’Acide Vitrio- lique décompofe le fel de nitre & le fel marin: ül a en général de l’action fur toutes les fubftances métalliques, & forme avec ces matières des fels neutres à bafe métallique. Lorfqu’il eft concentré, il agit aufli avec beaucoup de force fur toutes les huiles, & les fubftances huileufes concrêtes , il les décompofe en partie, les noircit & les brüle en quelque forte, Étant concentré il préfente différens phénomênes avec l’efprit de vin, fuivant les proportions de ces deux fubftances, & fuivant les manipulations que l’on emploie. Il doit être, choifi blanc , . tranfparent , fans odeur , le plus péfant qu’on peut ‘trouver. Celui qu’on trouve dans le commerce eft très - fouvent blanchi par du nitre qu’on y a ajouté : pour les opérations ordinaires ce peu de tartre vitriolé qui s’eft formé par la combinaifon de l’Acide Vitrio- Jique & de l’alkali qui a fervi de bafe au nitre, ne peut point nuire; mais il y a des opérations, où pes MÉDICAMENS. 277 “il faut cet acide pur; pour lavoir tel il le faut diftiller , & on trouvera le tarire vitriolé au fonde Cet Acide tiré du Vicriol bleu contient du cui- vre en diffolution , lequel on y peut découvrir par Valkali volatil lequel rend fa couleur bleuâtre. L’Acide Vitriolique concentré cft un des corro- ff le plus violent , mais lors qu'il cit étendu dans de l'eau il devient un médicament trés-utile dans plufieurs efpèces. de fievres, & dans le cas où on craint les eflets d’ uné humeur ‘putride , ou qui commence à le devenir. On a coutume de fai re entrer l'Efpric de Vitriol, qui eft l’'Acide Nas triolique affloibli avec de l’eau, dans les potions, les tifanes , & les gargarifmes , comme on le trouve plus ou moins aqueux dans les boutiques ; * l’ufage ordinaire eft de le prefcrire jufqu’à une agréable acidité : il feroit à défirer qu’on fixat le dégré d’acidité qu’il devroit avoir: le nôtre eft compofé d’une partie d’Acide Vicriolique qui péle quinze gros dans une bouteille qui contient ‘une once d’eau, lequel après avoir été mêlé à fix par- ties d’eau diftillée a péfé dans la même bouteille une once quarante-huit g crains. Le thermomètre de Reaumur aiant vingt-trois dégrés s demi ay- def- fus de la glace. _ 978 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION Les limonadiers, & les fabriquants de punch fe fervent fouvent de cet Acide au lieu de füc de citron : cette fraude eft à reconnoître, en faifanc évaporer le liquide dans lequel on le fufpeéte juf- qu’à un certain point, & après y avoir mêlé de lalkali fixe végétal, on le fait évaporer jufqu’à ficcité , on fait calciner Ja mafle qui elt reftée, &, par la lexivation & cryftaallifation, on obtient # du tartré vitriolé s’il y a eu de l’Acide Vitrioli- que dedans. , L’Acrne Nrrreux. Spiritus Nitri, oficin. à moins de péfanteur fpécifique, & eft plus volatil ! que l’acide vitriolique, fa couleur eft d’un jaune- rouge & ardent, & il s’en exhâle continuellement des vapeurs de la même couleur; cet Acide con- centré, étant mêlé avec l’eau, y produit de la chaleur, & un bouillonnement confidérable, & la liqueur prend une belle couleur bleue, ou verd foncé , cependant les vapeurs qui continuent à. s’en exhâler confervent leur couleur jaune -rouge : il a une odeur, & faveur qui lui font particulice- res, il attire l’humidité de l’air. Étant concentré , # une bouteille qui contient une once d’eau, étant remplie de cet Acide le plus concentré qu’on puif- | fe avoir par le moyen ordinaire, péfe une once &g) | demic & deux fcrupules, ASE] Le Vies DES.MÉDIÇAMENS. 379 L'Acide Nitreux diflout avec beaucoup de facili- té les terres calcaires & ,abforbantes & forme avec elles des fels neutres la pléparr déliquefcens. Mêlé avec l'alkali végétal il forme un fel neutre connu fous Le, nom de nitre ou falpetre: il forme avec | l'alkali marin le nitre cubique ; avec l’alkali vola- Jatil, il compofe un fel neutre fafceptible de cryf _tallifation., & qui a la propriété de détonner feul & fans addition du phlogiftique étant mis fur le feu, connu fous le nom de nitre amoniacal. 1l difout & attaqué en général rourés les fob- fances métalliques, excepté la platine, & l'or ; lorfqu’il eft très-concentré , il brûle, & enflammé la plüpart des huiles. | WA 1° décompofe l'efprit de. vin, & en transforme une partie en éther. Il a la propriété de rougir la . Couleur bleue des végétaux. L’Acide Nitreux ; qu'on nomme aufli Eau forte dans le commerce, cft Ja plüpart très foi- ble, & le plus fouvent altérée ou avec de l’acide vitriolique, on avec de l'acide marin, ou avec ces deux acides enfemble: on feconnotc celui qui en ft mêlé en ce qu’il devient trouble & opaque, quand on verfe dedans de la diffolution d'argent faite par l'Acide Nitreux & ‘celui qui en cft exempt 380 TRAITÉ SUR LA FALstriCATIoN . tefte tranfparent : fi on continue à en verfer dans celui qui eontient l’acide vitriolique ou marin juf- qu’à ce qu’il ne fe wouble plus, & qu’on le laif- fe repofer jufqu'à ce qu’il foit éclairci, on aura. un Acide Nitreux pur auquel on donne le nom d'eau de depart où de féparation, mais qui con- tient de l'argent en diflolution ; duquel métal on le peut priver par la diftillation, & alors cet aci- de eft très-pur. _-H eft un violent corroff: pris intérieurement dans une certaine quantité il donne Ja mort, fi par des adouciflans mucillagineux on ne fe hâte d’appaifer les défordres qu'il accafonne ; quelques grains d’alkali fixe diffouts dans l’eau peuvent auf fi être utiles, principalement dans le commence- ment. On emploie quelquefois cet Acide pour dé- truire les excroiffances calleufes, & fort dures, connues fous Je nom de verrues , mais ‘il faut qu’il foit affoibli avec de l’eau. | L’AcrbE MARIN, ou Acide du Sel commun. Æci- dum marinum , officin. eft d’une couleur blanche ou jaune : il exhâle des vapeurs blanches ; lefquelles ne font vifbles qu’à l’air libre; il a une odeur qui tire far celui du fafran , & une faveur violemment RS ; DES MÉDICAMENS. 38t aigre, fans arrière-goût ; à caufe de fa plus grande volatilité, il n’eft point fufceptible d’un avi grand dégré de concentration que l'acide vitriolique & l'acide nitreux : quoiqu'il diffout les terres calcai- res & abforbantes , & forme avec elles différents fels neutres, il a cependant moins d’aflinités avec ces verres que l'acide vicriolique & l’acide ni- treux : il fe combine jufqu’au point de faturation, & forme avec l’alkali végétal un fel neutre con- nu fous le nom de Sel Febrifuge de Silvius: avec l’alkali minéral, il forme le: Sel commun: c’eft avec l’alkali volatil qu’il forme un fl neutre de- mi volatil qu’on nomme fel ammoniac. Il diffouc en général plus difficilement les fub- ftances métalliques que l’acide vitriolique, & l’a- cide nitreux ; mais il a la propriété d'enlever dans la fubiimation , ou dans la diftillation, en cout ou en partie les métaux auxquels il eft uni: il a la - propriété de former des fels métalliques beaucoup plus corrofifs que l’acide vitriolique & que l’acide nitreux : il attire l'humidité de l’air, mais moins fortement que ces deux autres acides minéraux. Il a la propriété commune aux autres. acides de rougir la- couleur bleuc des végétaux. ; L'Acide marin fe combine moins intimement 482 TRAITÉ SUR LA Farsiricatio# avec l'efprit dé vin que les deux autres acides minéraux, cependant on parvient à décompofer en partie l’efprit de vin par'cct acide , en faifant rencontrer ces deux liqueurs em vapeurs dans un même vaificau, ou en le combinant avec une ma- tière métallique , & le diftillant après avec Fl’efprit de vin; ces combinaifons produifent l’éther ma- : tin. . Il faut pour les opétations chimiques que PAci- de marin foit très-pur & exempt d’autres acides : celui qu’on trouve ordinairement dans le commer- ce eft fait avec peu de foin, & contient fouvent des matières hétérogènes, on l’en purifie en le ré- diftilant far du'fel marin ; l’Acide marin le plus concentré, péfé dans une bouteille qui contient deux onces d’eau, péfe dix-neuf gros. Cet Acide pris en trop grande dofe occafonne des accidents facheux, & peut même donner la mort. On peut cependant l’emploier intérieurement , délié dans de l’eau, dans de la tifane &c. jufqu’à une agréable acidité, & s'en fervir comme rafrai- chiffanc & diurétique dans la dyfarie, & lifchu- rie qui font produires par la phlogofe des orga- nes excrétoires de l’urine: on l’emploie aufli com- me déterfif &:vonique , dans Îes gargarifmes, = D PE Lars oo pe he tt FÉRT # pe { $- l 1 1, pes MÉDpicaAMmMEns. 352 lorfqu’on a intention de diminuer les phlogofes des amygdales, de la luette &c. on s'en ferc encore comme lotions pour nétoier les gencives des {cor- butiques , & on l’emploie dans le cas ou les autres acides minéraux font indiqués, \ L'Eau ou Essence DE Ragez. Agua Rabellia … na, Officin. eit l’acide vitriolique dulcifié par l’ef- prit de vin: celle a une odeur fuave' comme celle de l’écher , elle eft d’une couleur qui rire un peu fur l'or, d’une faveur forc acide » laquelle cepen- dant ne va pas jufqu’à la corrofion. On trouve dans les auteurs pluficeurs formules pour faire l'Eau de Rabel, les uns fe fervent de _ deux parties, les autres de trois, quatre & même de cinq partics d’efprit de vin contre une partie d’acide vitriolique : ces différences proviennent du plus ou moins de concentration de l’acide vitrioli- que & du plus ou moins de déphlegmation de l’ef- prit de vin: car plus l’acide vitriolique eft concen- tré plus on y doit ajouter d’efprit de vin pour le dulcifier. Nous nous fervons, pour faire l'Eau de Rabel, . d’une partie d'acide vitriolique qui péfe le dou- ble de l’eau, & de cinq parties d’efprit de vin | 984 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION rectifié lequel péie, dans une bouteille qui con- tient une once d’eau, fix gros quarante-huit grains ; cette Eau de Rabel péfe, dans une bouteille qui contient une once d’eau, une once quarante - huit grains ; le thermomètre de Reaumur aïant vingt: trois dégrés & demi au-deflus de la glace. On en trouve dans le commerce de couleur rouge; on la doit réjetter, car c’eft une Eau de Rabel mal fai- te qu’on a teint avec des fleurs de pavot rouge. On s’en fert intérieurement , comme un cordial aftringent, & antiputride ; on l’emploie dans les hémorragies , telles que celles de la matrice , de la veflie , & des inteftins ; on s’en fert au dans le hoquet convuifif, & pour rémè- dier aux vomifiements violents, & aux naufées oc- cafionnées par les émétiques antimoniaux donnés dans une dofe trop forte, ou à des fujets d’une conftitution facile à irriter; on s’en fert encore & avec grand fuccès dans la maladie connue depuis Hypocrâte fous le nom de la maladie noire. On ordonne quelquefois l'Eau de Rabel dans les fleurs blanches & dans la gonnorrhée. La dofe eft depuis fix jufqu’à douze gouttes dans quelque liquide, fe- lon les indications qui fe -préfentent. LA LIQUEUR MINÉRALE ANODINE D'Horrmaw Liquor STE PS eue us ASE DE non GE DES Mépicamen& Tr ‘48 Liquor mineralis anodinis Hoffmanni , officin. eft . un mélange de l’efprit de vin aromatique qui fort le premier, quand on, fait lécher, de l’huile douce provenante de la décompolition de l’efprit de. vin & de lécher. On trouve plufieurs procédés däns les auteurs pour faire cette Liqueur, même il” paroît, par plufieurs endroits des ouvrages de Hoffinan , qu’elle n’a pas toujours été la même ; nous fuivons le pro cédé pour la faire qui eft indiqué dans la pharma copée de Paris. LA, Elle doit être tranfparente , d’une odeur forte de l’éther, ne rougiffant point le firop de violet- tes { étant mêlée avec l’eau, elle donne à ce fluide _ ün œil, louche, elle fe confume étant enflammée À fans lailler ducun liquide : elle péfe dans üne bouteille qui contient une ONCE d’eau , fix gros quatre grains, Je thermomètre de Reaümur aïant dix dégrés aus deffus de la glace. Celle qu’on trouve le plus fouvent dans les bou tiques, .n’eft que de l’efprit de vin dans lequel on mêle de l’huile douce de vitriol; ou un méê- Jange de trois parties d’efprit de vin, & d’une partie d'acide vicriolique, lequel *on diftille juf= Z 986 TRAITÉ SURILA FALESIFICATION qu’à rce qu'on apperçoit que l’efprit fulphureux commence «à: monter, On la doit réjettér, ainfi que celle: qui a l’édeur fulphureufe & celle qui eft mélangéeavét de l’eau pour augmenter la quantité. Elle feft un calmant très - efficace, & n’a point les inconvénients de la plûpart -des fubftan- ces. auxquelles on donne ce nom; elle fait, prefque fur le champ ceffer les mouvements, convulfifs de l’eftomac., fréquents dans les affections hyftéri- ques & hypocondriaques , ainfi que les flatuofités fi fréquentes & fi incommodes dans ces. mêmes cas. La dofe eft depuis dix jufqu’à foixante gout- tes dans quelque liquide. L’Esrrir De Nitre puccrré. Spiritus Nüitri dulcis , officin. a une faveur légerement acide, & une odeur forte & agréable tirant fur celle de lécher; il eft d’une couleur blanche & tranfparen- te comme de l’eau. On trouve plufieurs méthodes : différentes dans les livres pharmaceutiques & chimiques, tant par rapport à la quantité de l'acide nitreux , & da l’efprit de vin, que pour la manipulation ; cepen- dant tous conviennent que l'acide Nitreux doit Be ñ L être très-concentré, & l’efprit de vin très-rectifié ; il y à des auteurs qui prefcrivent dix parties," pers MÉDICAMENÉ 387 d’autres huit, quatre, trois, même que deux par: ties d’efprit de vin, contre une partie d’acide Ni- treux ; les uns ‘veulent qu’on fe contente de Ia fimple digeltion, les autres veulent qu’on le dif- _tille jufqu’à ficcité, d’autres n’en tirent qu’une partie de la liqueur, enfin il y en a qui le coho- bent fepe à huit fois, aufli il y a peu de prépara- tions fur lefquelles on trouve plus de variation dans les auteurs: Nous faivons le procédé décrit dans la pharmd- copée royale de Londres traduite de l’anglois fuf la feconde édition. Cet Efprit de Nitre doux rou« git le firop de violettes, ne fait point d’effervef- cence avec l’alkali . végétal , il eft d’une odeuf âgréable, fentant lécher ; il péfe dans une bou: teille qui contient üne once d’eau, fix gros cinquan= te-fix grains, le thermomètre de Reaumur aiant dix-neuf dégrés au -deflus de la glace: Celui qu’on trouve otditiaitement dans le comi< merce eft fait avec de l'acide nitreux foible , auf fi il n’a point cette odeur agréable qu’a le bon ef: prit de Nitre doux, & a un goût cauftique; on en trouve aufi qui eft aqueux, & d’une acidité in= fupportable ; mais celui qu’on trouve le plus fou= vent n’eft pour ainfi dire ques de l’efprit de vin; 388 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION lequel étant mis & allumé. dans une cuüillier s'y | confume entièrement : preuve dont fe fervent quel- ques-uns de ceux qui font conftitués pour : vifiter les boutiques des apoticaires , & qui croient bon- -nement que celui qui a cette propriété elt de l’ex- cellent Efprit de Nitre doux. Ils ignorent fans , doute qu’il n’a pas plus de vertu que l’efprit de 4 evin; mas, cette ignorance €eft d’autant plus crimi- nelle qu’ils ont le pouvoir de faifir les médicaments qui ne font point faits felon leur fantaifie, & obligent fouvent les apoticaires, foit par crainte d’être amendés, ou d’être décriés d’eux ou par ig- norance, de fuivre leurs procédés meurtriers. Car quel eft le médecin inftruit qui dans les maladies où il a befoin des acides dulcifiés ordonnera l’efprit de vin? On l’emploie en qualité de diurétique &d’apé- ritif, particulierement pour ceux qui font fujets à Ja gravelle : on s’en fert auli dans les fievres bi- lieufes, & pour s’oppofer aux accidens qui accom- pagnent fouvent la fievre fécondaire dans la petite vérole. En en donnant un demi gros ou plus à une perfonne yvre, il l'endort & lui fait pañer Pyvrefle. La dofe eft ordinairement depuis trois jufqu’à douze gouttes dans un verre de bouillon, de tifanc, ou d’autre liquide. _ DES MÉDICAMENS. ! 969 | L'Esprit pe SEL DULCIFIÉ. Spiritus Salis\ dulcis', officin. eft l'acide marin combiné avec l’efprit de vin. On trouve autant de diverfité dans les auteurs, pour la dulcificacion de cer acide, tant pour les do- fes que pour la manipulation, que pour celui de l’acide nicreux. Il eft à obferver que l’acide marin aiant moins de difpofitions que l’acide nitreux & vitriolique à s'unir à l’efprit de vin, ne fe dulcifie pas fi bien que les deux autres acides; c’eft avec raifon qu’on s’en fert très-peu en médecine : car de telle ma- bière qu’on s’y prenne, il eft coujours mal dulcifié, & refte crud, & fes vertus ne diffèrent point efien- ticllement de celles de l’efprit de nicre doux, lequel eft de beaucoup plus dulcifié. Comme on l’ordonne quelquefois, nous croions devoir rapporter le pro- cédé pour le faire, lequel nous a paru être le meil- leur, & le moins embarraffant; c’eft de mêler en- femble trois parties d’efprit de vin très-recufié avec une partie d’acide marin fumant dans un matras, fur lequel on en adapte un autre; on laifle digèrer ce mélange fur le bain de fable pendant dix à douze Jours ; ect acide ainf dulcifé eft d’une odeur agréa- - le, & d’une faveur qui 'n’eft point corrofive, il péf , ‘dans une bouteille qui contient une once 890. TRAITÉ sur LA FALSIFICATION d’eau, fept gros quatre grains, le thermomêtre de Reaumur aïant dix-neuf dégrés au-deffus de la glace. JL rougit les couleurs bleues des végétaux , & fair effervefcence avec les alkalis. On en trouve dans le commerce qui a les mé- encs defauts que l’efprit de nitre dulcific. L'Érer viTrioziQue. Ætker vitriolicum, officin, gft le produit de la décompofition de l’efprit de vin, par le moyen de l’acide vitriolique; il paroit être une fubftance qui tient exactement le milieu entre l'efprit ardent & l'huile : cette Liqueur eft blanchg tranfparente, très-pénétrante & d’une odeur qui lui eft particulière ; il furnage l’eau, cependant ce liquide a la propriété d’en difloudre environ la dixieme par-. tie; l’Éther étant mis dans des vaifleaux à difiller, & expofé au feu, pafle en entier dans la difillation fans fe décompofer , ni laiffer aucun réfidu; il cft plus volatil, & plus inflammable que l'efprit de vin rectifié, fa flamme cft plus grande , plus blan- che & plus lumineufe que celle de l’efprit de vin ; mais elle eft accompagnée d’une légère fuliginofité dont eft privée celle de l’efprit de vin : il eft fen- fiblement froid ; fi on en laiffe comber fur la main, 41 la rafraîchir de même qu’un petit flocon dé neige; pres MéÉpicaAMEnts'1 1 got en plongeant dans PÉcher un thermomètre il def- cend de quelques dégrés. | Pour quil foit bon, il doit fe difliper entièrement fans läiffer aucun liquide furnaÿer l’eau, & être exempt d’odeur bitumineufe , à laquelle eft füujet celui qu’on fait en grand en Angleterre. Il fe com- bine très-bien avec l’efprit de vin, auf on le fal- fifie avec ce liquide : pour reconnoître cette fraude, on prend une phiole longue , comme celle dans 1a- quelle on débite les caux d’odeur , on.:la remplit d’eau jufqu’aux deux tiers de fa hauteur, on y colle une petite bande de papier, & on remplit le refte de la bouteille avec de l’Écher, on la fecoüe après qu’on l’a bouchée, puis on la laiffe repofer; fi l'É- ther a été mêlé avec de l’efprit de vin; on voit que la limbe furmonte le morteau-de papier qu’on y a collé, & que le volume de Ja liqueur furna- geante eft diminué , laquelle eft plus où moins grande fuivant la quantité d'éforic de vin qu’on y a ajouté. La portion de l'Éther qui fort la prémière en Île rectifiant , eft beaucoup plus pure que celle qui monte la derniere, & n’eft point chargée d’huile de vin.: on le peut reconnoître à fon odeur qui elt “beaucoup plus fuave ; le dernier , au contraire, eft 892 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION plus gras , plus huileux , fon odeur eft moïns fua- ve, & fi on s’en frotte les mains il Jaifle une odeur d’huile de vin ; il fe fépare auf un peu plus dif- ficilement que le prémier de l’eau , fi one life . évaporer fur l’eau, après fon évaporation on y voif furpager une quantité afez fenfible d'huile, & le prémier ne laïfle rien fur ce liquide. ‘ L 2 Ii eft un puiflant antifpafmodique, il'eft cordial, & calmant; il eft un des meilleurs rémèdes contre l’empoifonnement occafionné par Le champignons. Er Re og ce TE ra DES PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES. as. DE - Vie DE France. Aqua vite Gallice , oficin. eft le nom qu’on donne à une liqueur volatile, fpiritueufe , tranfparente, de couleur blanche , d’u- ne odeur agréable, contenant environ la moitié de fon poid d’eau, laquelle on obrient par la dif tillation du vin; plus elle eft fpiritueufe, plus el- le donne de dégrés à l’aréomètre , & plus elle eft bonne. Celle qu’on trouve dans ie commerce a or- dinairement une couleur jaunätre laquelle ne lui git pas propre, mais provient des tonneaux . dans lefq uels elle a fcjourné, ou des matières coloran- ER ‘ps MéDICAMENS. 1. 903 tes qu’on. y a joint; fi elle eft colorée par Île bois du tonneau qui eft. ordinairement du bois: de chc- me, en y verfant dedans de la diffolution. du vi-- triol martial, elle fe colore en bleu ; on lui peut redonner fa couleur naturellé en la rédiftillant. Dans le pays où il n’y a point. de vignobles, & par conféquent où on doit la cirer de j’étranger, on y mêle des efprits tirés des autres matières fermencefcibles, principalement ceux tirés des grains; on reconnoît cette fraude en faifant brûler cette ÆEau-de-Vie dans une cuillier ; fi elle a été mêlée avec de l’efprit de grains, le phlegme qui eit ref- té dans la cuillier aura un goût & une odeur dé- fagréable , & très-différente du phlegme de l’Eau- de - Vie de Vin pure. On vend quelqueïois pour celle de France, de l’efprit de grains mêlé & dif tillé avec du gingembre & coloré par le bois de chêne ; le goût & lodeur feuls peuvent décou- vrir cette fraude. C'eft ou avec l'Eau-de-Vie, ou avec l'efprit de vin, qu'on fait les eaux fpiritueufes aromatiques, tant fimples que compoftes : elles doivent être choifies fortes, très-odorantes , & qu’étant mêlées avec l’eau elles la blanchiffent ; & réjetter celles qui font aqueufcs lefauelles on trouve fort fouvent cs ‘ 904 TRAITÉ SUR LA FWALSIFICATION . LE / PRE: - dans les boutiques, ainfi que. celles qui, lorfqu’on s’en frotte les mains, laiflent , après que l’efpric recteur, & l’efprit de vin font diffipés, une odeur empyfeumatique, & tenace, & qui laiflent épale- ment, après qu’on les a mêlées avec dé l’eau, &: lorfqu’on les boit, une faveur défagréable, brulante & cauftique dans la bouche. C4 PT Ta MERE Pre ni 4 Esprit De Vin, Efprit de Vin rectifié ou Alkoo- lifée , ou Alkool du Vin. Spiritus Vini, Spiritus Vini reétificati , vel Alkoolifati vel Alkool Vini, oficin. | 1 On donne ce nom à une liqueur trarifparente, volatile, d’une odeur agréable, inflammable , & qui brûle fans répandre ni fuie ni fumée, laquelle on obtient par la diftillation du Vin ou de l’eau-de-vie; : on peut aufli obtenir une liqueur femblable par la diftillation de toute matière capable dg fubir la fermentation fpiricueufe. Pour que l’Efprit de Vin foit pur, il faut qu'il « n’ait aucune odeur étrangère ; étant frotté entre. les mains, la partie fpiritueufe doit s’évaporer promp- « tement & ne point laïificr ni une odeur de l'huile ! de Vin, de phlegme, ni d’eau-de-vie : celui qui et # parfaicement rectifié doit péfer fix gros quarantç» DES MÉDICAMENS.., 393 huit grains, dans unc boutcille qui contient une once d’eau; & donner à l’aréomêtre de Mr. Beaumé trente-fix dégrés & demi, le thermomètre de Reau- mur Étant à dix dégrés au-deflus de la glace. Où indique encore d’autres moyens pour recon= ñoître la bonté de l'Efprit de Vin, entre aütres Étant brûlé dahs un vaifleau profond & plongé dans, l'eau froide de ne point laifler, étant confomimé , d'humidité au fond du vafe; de remplir une petite phiolé femblable à celles avec lefquellcs on fait des thermomêtres, & en juger de fa bonté par fà plus grande dilatabilité ; & en mettant de la poudre dans une cuillier avec de lEfprit de Vin lequel on en- flamme ; fi la poudre s’enflamme , lorfqu’il eit prêt de cefler de brûler, on croit communement qu’il eft parfait; cetce expérience cft ordinairement fau- tive, car l’inflammation de la poudre dépend de la quantité qu’on emploie; en mettant, peu de poudre avec beaucoup d'Efpric de Vin très fectifié, la pou- dre ne s’enflammera point , parce que l’humidité qu’il fouftnit pendant fon inflammation eft fufifante pour l’humeéter & l’empêcher de (s’enflammer , & il pañlera pour celui de mauvaife qualité chez ceux qui n’en font point inftruirs : celui qui eft bien rectifié n’humecte point le fel alkali bien deffeché. ‘396 TRAITÉE SUR LA FALSIFICATION Le VINAIGRE. Acetum , officin. éft un acide vé- gétal, lequel eft le produit du fecond dégré de la fermentation , laquelle on nomme pour cette rai- fon, fermentation acide ou acéteufe. On fait du Vi- maigre non feulement avec le vin, mais aufli avec la bierre, le cidre, & on peut en faire avec tou- tes les matières qui font capables de fubir la fer- mentation fpiritucufe. Quoique le Vinaigre eft moins fort que les acides minéraux, il en a toutes les propriétés, & diffout toutes les fubftances fur lefquelles les autres aci- des ont de l’action. On ne fe fert ordinairement pour les opérations chimiques que du Vinaigre diftillé , qui eft moins acide que le Vinaigre même; mais débaraflé de fa partie extractive. On falfifice ordinairement le Vinaïigre avec l’aci- de vitriolique pour augmenter fon acidité; on re- connoît cette fraude en faifant:, par exemple , évaporer un pot de Vinaigre jufqu’à ce qu'il refte environ huit à dix onces, puis on ÿ mêle du fel alkali végétal ; après que ce fel alkali y fera dif- fout, on filtre ce mélange, & on le fait évaporer & cryftallifer; fi le Vinaigre contient de l'acide vitriolique on trouvera des eryftaux de tartre vitriolé, { p£s MÉDICAMENS 307 I faut que le Vinaigre diftilé foit blanc & clair. On en trouve dans le commerce qui à été diftiilé -dans des vaifeaux de cuivre, cet acide a de l’action fur ce métal, & tient unè partie en difolution , lequel fouvent on n’apperçoit point ni au goût, ni à la couleur; mais en y verfant de- dans de l’afkali volatil en liqueur il devient bleuà- tre, celui qui eft exempt de ce métal ou de quelque autre, en y verfant de l’alkali volatil en liqueur , ne fe trouble point , & ne change pas dé couleur, | Le Vinaigre eft d’un grand ufage non feulement dans la vie ordinaire dans laquelle on en ufe pour affaifonner les aliments, mais aufli en médecine, en chimie. & dans plufieurs arts: on le regarde non feulement comme antiputride, mais aulli com- me incifif & apéritif; on lui attribue la vertu de guérir la rage, lorfqu’on en prend la quantité d’une livre par Jour en trois dofes, il feroit à défirer que cet acide végétal auroit cette propriété. Eau-pe Canercr. Aqua Cinnamomi, officin. On . trouve fouvent dans les boutiques de l’eau faite hvec ce qu'on nomme fleurs de cafle, laquelle on vend pour de la vraie Eau. de Canelle; on diftingue l’une de l’autre en ce que la vraie Eau de Canelle a un 508 TRraïTÉ SUR LA FALstrtcATION goût plus piquant, @ que lautré à un goût plus balfamique, & moins piquant. L'Eau fäire avec une efpèée de Canelle qui vient des colonics Angloifes | de l’Amérique a un goût difpracieux, lequel le fait diftinguer de la vraic Eau de Canelle. Les eaux diftiilées fimples, inodores, ou aroma- tiques, font ordinairement gardées dans les bouti- M ques dans des pots de faÿence bouchés avec un couvercle ou de bois ou d’étain; auf c’eft rarement qu’on les trouve avec toute leur vertu, car les par ties le plus volatiles fe diflipent par l'ouverture, principalèment celles’ qui font aromatiques; pour leurs conferver toutes leurs vertus , elles doivent être gardées dans des bouteilles bien bouchées. Les Ténrures , les Quinteflences, les Baumes fpititueux , & les Élixirs, dont il y a un grand nombre, malgré leuts dénominations diffèrentes, ne fonc qu’une feule & même chofe, ce font toujours äes Teintures foit des fubftances végétales, ou ani- - males, ou minérales faites par l’efprit de vin; ou par l’eau-de-vie; ciles font ou fimples où compeñées, les fimples font celles qui font compofées d’une feule fubftance , & les compofées font celles dans lefquel- les il entre plufieurs matières. Prefque toutes celles faites par l’efprit de vin, DES MÉDICAMENS-:, . : 999 blanchiflent, & deviennent laiteufes quand ondes mêle avec de l’eau ; c’eft une féparation de la ana- cière réfineufe, avec l’efprit de vin. Les Teintures fpiritueufes faites avec les fubftances réfineufes liquides , telles que le baume de la Mecque, du Pérou liquide &c. , mêlées! avec l’eau forment des | pellicules à ja furface, la.troublent lorfqn’on l'agite; * & une partie de la fubitance réfineufe s'attache aux, . parrois du vafe, tandis que, Jes autres rel&ent en grumeaux difperfés dans ce liquide. Celles faites avec, les fubftances réfineufes, féches & friables, telles que le benjoin, le tacamahaca , le fang dragon &e. jettées dans l’eau ne fe réduifent point en grumeaux , mais la fubftance réfineule fe précipite. Celles faites avec les gommes réfines , telles que le fagapenum, le galbanum , la gomme ammoniac &c. produifent les mêmes effets, étant mélées avec l’eau, que celles faites avec les réfines liquides, ainfi que celle du caftoreum. Les Teintures fpiritueufes des bois réfineux, teiies que le bois de guaiac, deviennent très-laiteufes étant mêlées avec l’eau; mais leur réfine ne fe raffemble pas en grumeaux. Celles de la plüpart des plantes, ou de leurs parties, mêlées avec l’eau la blanchif- fent beaucoup moins que les précédentes, & la fub- L LA 400 TRAITÉMSUR LA FALSIFICATIGON ftance réfineufe s’en’ précipite for 4e mettre en gruméaux: Il y a des Fefhturés fbiritueufes faites par des matières végétalcs, & animales; telles que le {cor- dium ; l’Hipérieon, 1e chardon benit, le polipode, _ fquine, là cochenille, &c: lefqueiles mélées avec Féau ne les blanchiffent point quoïqu'elles contien- _ nent de la réfince 1.235310 ) CN ft fort difficile de donRôltré ‘les Teintures bien faites ; mais elles Manquent ordinairement par la quäntité des fubfiances qu'on ÿ met: on doit, en général : choifir cellés qui font limpides, les plus hautes en couleur & étant mêlées avec de Peau qui rendent ce liquide le plus laiteux. Les AluILES ESSENTIELLES font des liqueurs in- fammabl es, qui faifoient partie des fucs des vé- gétaux dont elles ont été tirées; on les nomme cflentielles parce qu’elles retiennent toute l’odeur de la plante dont on les tire : quoique les Huiles eflentielles ont plufieurs propriétés des huiles grafles, elles en diffèrent en ce qu’elles s’ériflam- ment fans être échauflées & qu’elles fe diflolvent mieux dans l’efprit de vin & dans l’éther que les Huiles grafles ; elles en diffèrent aufñi par leur vo= Jatilité. | On d pxs MÉDICAMENS 401 On re trouve pas-l’Huile efféntielle également » diftribuéc dans coutes les parties de fa plantesucaf quelquefois c’eft dans les fleurs qu’elle réfide, comme - dans la lavande, dans le romarin , elle exifte dans les feuilles, & dans les calices des fleurs mais. a + dans les pétales : c'eft dans la racine de benoîte qu’el réfide ; dans quelque fruits, comme les oranges = les citrons , elle réfide dans leurs écorces extériciis » res, toute la plante de l'angelique en donne, mais » Jes racines & les fémences en donnent une plus grande quantité, à] ne ailne & la quantité des Huiles cffentielles . que les végétaux donnént diffère, felon que les an _ nées fon plus ou moins: pluvieufes; moïns les année$ font pluvieufes, plus on obtient de ces Huiles, & elles font un peu ss La re 29 ' “On en trouve de fluides & qui confervent céttà liquidité tant qu’el iles n° "éprouvent point d’altération, telles font celles de romarin, de marjolaine , de fauge , de thym &c. d’autres, quoique fluides, font cependant fafceptibles de fe figer par un froid de huit déÿrés au-deflus de la glace , telles font les Mails cfléentieiles qu'on tire des fémences des plan< tes ombélliferes comme lanis » Paneth, le cumin &c.s À à 402 TRA1ITÉ: SUR LAUFALSIFICATION étant-vicilles. elles perdént éette propriété; où en trouve: aufñli comme celles des rofes, de là racine d’enula campana ; de perfik &c. qui ont une con- fiftence de béürre: Les-Huiles”efléntielles des plantés indigènes ont ja propriété de furnager l’eau , celles dés ‘plantes txotiques comme dé Ja canèlle , des gitolles, au bois | dc Rhodes, de fafafras &e. fe tiennent fous l'eau, mais quelquefois une partie furnage ce liquide. Prefque toutes les ts cflentielles, qu'on tire de l'étranger font fuiettes à être fophiftiquées , il fetoit néceffaite que rous les: apoticaires lé prépa- raflent eux-mêmes; où qu'ils en achetaffent à des perfonnes qu'ils conhufent pour être “exactes ; ces Huiles, :principalément celles qui font chères, font mélangées avec celles dé moindre valeur auxquelles on à fait perdre leur odeur en les expofant à l'air où eh lés laiffant vieillir ; d’autres font mélées avec l'Huile ceflenticlle de térébenthine , : on en trouve qui fonc mélées avec des Huiles grañles & de is qui font mêlées avec de l'efprit de vin. . Celles qui ont été falfifiées par une Huile effen- ticlle de moindre valeur peuvent être reconnues par l’odeur qui eft plus foible que celles qui n'ont pas été fophiftiquées. + DES MÉDICAMENS. 40 L'Huile de canelle, de macis, des noix mufca- des , de bois de Rhodes, de faflafras &c. font celles qui font les plus fujertes à être altérées par les Hui= les grafles; on reconnoîc cette fraude en mouillant un morceau de papier blanc avec ces Huiles, on le fait chauffer légerement , l’Huile effentielle étant volatile fe diflipe en entier, & laifle le papier pénés tré de l'Huile grafle, celle qui n’en eft point fal- fifiée laifle le papier parfaitement fec, blanc & ne paroît point avoir été mouillé : on reconnoît encore celles qui en font falfifiées en en mettant quelques gouttés dans l’efprit de vin, fi elle eft falfifiée l’ef= prit de vin ne diffoudra qu’une partie & l’autre qui eft l’huile grafle y refte fans en être difloute. C’eft avec l’Huile cflentielle de térébenthine qu’on falfifie les Huiles effentielles , telles que celles de lavande, de romarin, de fauge, de thym, de mar jolaine, de cumin, d’anis, de fénouil &e. on re- connoît cette fraude en trempant dedans un linge, lequel on laiffe à l’air pendant quelques heures, l’o- deur aromatique des plantes étant plus volatile fe difipe la prémière & laife le linge impregné de l'odeur de l’Huile eflentielle de térébenthine. On fufifie encore ces huiles ainfi que celles de 404 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION citron, de cédra, d'orange, de bergamorte , &e. avec de l’efprit de vin, On reconnoit cette fraude en les mêlant avec de l’eau ; le mélange devient fur le champ blanc & laiteux. Pour reconnoitre la quan- tité d’efprit de vin qu’on ÿ a mélé on en verfe dans un tube de verre, un poid donné , on y ajoute PE dc l’eau, on agite le mélange , après qu'il eft éclairci on en fépare l’Huile ; étant péfée Qi qu’ellé péfe moins eft la quantité d’efprit de vin qu’on y avoit ajouté. On trouve auffi dans les boutiques fous le nom d'Huile eflentielle, des Huiles grafles dans lefquel- les on a fait infufer des plantes aromatiques, telles que la lavande, la marjolaine, la fauge &c. on peut - reconnoître cette fraude par les moyens dont nous avons parlé, & fi on les mêle avec l’efprit de vin, elles le troublent & fe précipitent au fénd au lieu de s’y difloudre. Les Huiles effentielles font fujettes à perdre leur odeur en vieilliflant , il y en a qui s’épaiffiffent en partie & d’autres entièrement , principalement celles ‘qu'on obtient des plantes indigènes ; celles qu’on obtient des plantes exotiques n’éprouvent point fi vite que les autres le changement dont nous venons de parier. | # DES MÉDICAMENS. 405 4 î L'Huile eflentielle de camomille romaine eft or- dinairement & principalement quand elle eft récente - de couleur bleue , cependant quoique récente elle ” n’a quelquefois qu'une couleur citrine : on la fo- * phiftique avec l'Huile de térébenthine à laquelle on a donné une couleur bleue par le moyen du cuivre; | on peut reconnoitre cette fraude fuivant ce que nous avons dit ci-deflus. Pour conferver aux Huiles effentielles toutes leurs propriétés le plus long tems poflible ; on les doit garder dans des bouteilles entièrement pleines, les boucher avec des bouchons de verre & les garder dans un lieu frais. L’'Huize D’AmanDes pouces. Oleum Amygdala- rum dulcium, oticin. eft une Huile grafle, fluide, incapable de s’enflammer étant feule & froide, elle n’eft point mifcible avec l’eau , & l’efprit de vin … ne la diffout point quand elle eft récente , mais l'éther la difflout fur le champ. Elle eft compofce de phlogiftique, d’acide, d’eau & de terre, fufcepti- ble étant chauffée, par le fecours d’une mêche, de‘brüler avec une flamme accompagnée de fumée & de fuie. On ne doit fe fervir que de celle qui eft nouvel- 406 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION lement exprimée, elle eft un peu trouble, :à raifon d’une certaine quantité de mucilage liquide qu’elle a entrainé avec elle pendant lexpreflion : elle eft d'autant plus claire qu’elle eft plus vieille ; il faut réjetter celle qui a un goût rance; celle qui eft ab- folument fans couleur eft fujette à fe rancir plutôt que celle qui eft légerement colorée. Les autres Huiles par expreflion , telles que celles des quatre fémences froides &c. doivent être choi- fes nouvellement exprimées & exempres de rancidité. On s’en fert intérieurement dans les maladies in- flammatoires de la poitrine & des vifcères du bas ventre ; elle appaife les douleurs de la colique né- phretique en faifant couler ia pierre, ou le fable ou les glaires du rein à la veflie ; on donne encore cette Huile pour appaifer les tranchées des femmes en couche, & celles des petits enfants. La dofe eft depuis deux gros jufqu’à quatre onces. Extérieurement on s’en fert auffi pour amollir & adoucir. L’'Euize DE Norx MUSCADE PAR EXPRESSION. Oleum Nucis Mofchatæ per exprefjionem , oficin. quoiqu’elle a plufieurs propriétés des Huiles grafes dent nous venons de parle, elle en diffère en ce Ses De LR ea RE COL SE pes MÉDICAMENS / #1 407 qu'elle contient aufli une ‘portion d’Huilc efen- vielle & aromatique, laquelle eft fortie pendant l'exprefion avec l'Huile grafle , avec laquelle elle s'eft mêléc. | "10 On la doit choifir odorante, d’un goût aroma= tique, aiant une confiftence femblable à celle du fuif de bœuf; on en trouve dans les boutiques à laquelle on a enlevé l’'Huile effentielle ; comme elle eft alors plus épaifle, on la mêle avec du fain-doux pour lui donner la confiftence de celle qui n’eft point altérée ; mais cette fraude eft facile à con- noître en ce qu’elle-a moins d’odeur : on en mêle quelquefois pour augmenter fon poid; on recon- noit cette falfification en ce que l’Huïle de noix Mufcade par exprefion, qui n'eft point fophifti- quée, fe diffout dans l’éther, & celle à laquelle on à joint du fain- doux rend lécher laitéux. On s’en fert comme difcufif, fortifiant , fthoma- chal, & propre à calmer légerement. La dofe ef depuis deux grains {ufqu’à quinze: Extérieurement on s’en fert cn embrocation fur la région umbili- cale, pour calmer les tranchées des enfants, on l’ap- plique far l'épigaftre pour redonner légerement du reflort à leftomac , calmer les vomiflements Na rémédier à l'atonie de ce vifcère, | 408 TRAITÉE SUR LA FALSIFICATION L'Huire Dé Laurier. Oleum Laurinum, officin, elle eft de couleur verte & odorante, on l’obtient par. l’ébullition ‘avec l'eau des baies: récentes de Laurier ; mais on trouve rarement l’Huile faite de cette façon dans les boutiques; celle qu’on y trou- ve eft faite avec les baics de Laurier & du fain- doux, on. en trouve auf qui eft faite avec Jes feuilles de Laurier, elle eft moins odorante que l’au- tre, mais c’eft celle qu’on trouve le plus fouvent dans le commerce. | ’ On vend pour de Huile de Laurier une com- poñtion faite avec de la graifle &' de la térében- thine colorée avec du verdet ou de la morelle ; celle-ci eft à reconnoître en ce qu’elle n’a point l’o- deur de la véritable Huile, mais fenc Ja térében- thinc. La bonne Huile de Laurier doit être grenue, d’une confiftence aflez folide , d’une couleur verte tirant un peu fur le jaune, & d’une odeur forte de Laurier. Celle qui cft très - verte, liquide , unie, fentant très-peu le Laurier doit. être réjertée. Elle a la propriété d’amollir, de raréfier & de fortifcr les nerfs, on en ufe extérieurement pous Ja foiblefle des nerfs, pour refoudre les tumeurs , pour la paralific, pour la goutte fciarique ; pout- ps. MÉDICAMENS. 409. “ es catharres, & pour la colique venteufe; on en * frotte chaudement les parties, on en fait aufli prendre quelques gouttes par la bouche, & on en mêle dans les lavements.. La gofe eft depuis deux juf- qu’à fix gros, ; L’Hure pe Parme. Oleum Palme , officin. eft: de couleur jaune: doré , d’une agréable odeur , aiant la confifience du beurre. | Elle eff tirée par exprefion & par décoction d’yn fruit nommé aovara. On la contrefait en mêlant avec du fuif de mou- ton & de la graiffe de porc, de la racine de cur- cuma pour la colorer, & de la racine d’iris pour lui. donner à peu près l’odeur. qu’elle a ; cette Huile factice eff à reconnoître à l’odeur qui n’eft pas la même de la vraie, & au goût du fuif qu'on y trouve : l’air décolore la véritable Huile de. Palme quand on l’y expofe, mais nc fait rien à celle qui eft: factice. Elle doit être choifie d’une odeur agréäble, haute en couleur, d’un goût doux & agréable comme du beurre frais. On Ja dit être un rémède contre les humeurs « froides, & qu’elle foulage même la goutte. .410 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION L'Hurze D'Œvurs. Oleum Ovorum , oficin eft d’u- ne odeur agréable, d’une faveur très-douce, & dc couleur jaune - doré! ‘On doit réjetter celle qui eft de couleur roufle, & de mauvaife odeur, & prendre garde qu'elle ne foit point falfifiéc avec quelque Huile graffe & colorée par le curcuma, on la reconnoît en ce qu’elle eft plus liquide que-celle qui ne l’eft pas. © On s’en fert pour les crévaffes du fein, des mains, & pour la brülure : elle eft très-adouciffante pour la peau, pfopre pour effacer les cicatrices & pour empêcher de paroître les cavités de la petite vérole, Le Beurre DE Cacao. Byturum feu Oleum à JNucleis Cacao , offcin. eft une Huile conerête, compofée des mêmes principes & qui a prefque les mêmes propriétés que l’Huile d'amandes douces. Elle fe diffout entièrement dans l’éther, excepté quelques gouttes de l’Huile qu’on voit au fond: VEfprit de vin ne la difflout point, mais elle lüi communique un peu de faveur. , On Ja doit choifir de couleur blanche tirant un peu fur le jaune , d’une odeur douce , ayant une confiftence un peu plus ferme que le fuif de mou- DES MÉDICAMENS. ‘APT ton, fe liquéfiant dans les mains plus facilément que lui: elle engraiffe à peu près aufli facilement les mains que le beurre ordinaire. Celle qui eft » rance, ou tout-à-fait blanche doit Ctre réjettée, ainfi que celle qui eft fallifiée avec le fuif de mouton ; on reconnoît cette fraude à la couleur qui en cf plus blanche , au goût, & qu’elle fe fond plus difficilement que le Beurre de Cacao qui eft pur & bien fait. On lemploie comme adoucifflant , incraflant, propre pour les maladies de la poitrine, les dou- leurs de reins, des urêtres, & dans d’autres mala- dies: dans lefquelles Îes huileux doux conviennent. La dofe ordinaire eft depuis fix jufqu’à quinze grains en bol, ou depuis un gros Jufqu’à trois dans du laic , ou dans du bouillon chaud. On s’en fert. extérieurement pour amollir & adoucir la peau. Les HuILES FAITES OU PAR INFUSION OU PAR DÉ- COCTION DES FLEURS , n’ont fouvent que la vertu de l’Huile qu’on à emploié pour les faire, & ne lui communiquent ni couleur ni odeur , telles font celles faites avec la fleur des rofes de provins , des lys, des violettes &c. 4 On croit communement que Jes rofes de provins colorent l’Huile € ; quel P t Huile en rouge ; quelques perfonnes, pour 412 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION ; tenir le public dans cette idée, colorent de l’Huile d’olive avec la racine de l’orcanette & la vendent pour de l’Huile de rofe faite par infufon. Celles faites par infufion des fleurs de jafmin, de tubereufes &c. doivent être choifies très-odorantes, ainfi que celles des autres plantes & fleurs aro- matiques , telles que les fleurs de camomiile ro- maine de menthe, de marjolaine, d’abrotanum &c. ces dernieres doivent avoir une couleur verte; celles des plantes qui ne fournifflent poinc de l’Huile ef fenticlle par la diftillation , celles que celles de cigue, de ftramonium, de jufquiame &c. & qui font faites par décoétion, doivent être choïfies exemptes de ran- cidité, & avoir une couleur verte. On prépare aufi des Huiles ou par infufion ou par décoétion avec des animaux ou leurs parties qu’on fubftitue les unes aux autres, heureufement que Ja plûpart n’ont point d’autre vertu que celle de l’Huile avec laquelle elles font faites. Srrors. On donne ce nom à des conferves liquides faites avec les parties extractives des fucs dépurés des infufions ou décoctions, lefquels on conferve par le moyen du fucre, On les diftinguce en Sirops fimples ou compofés. ‘4 pes MÉDICAMENS. 41% © Les Sirops bien faits font précieux en médecine & on en fait un ufage très-fréquent, cette branche de la pharmacie eft une des plus fujerte aux fraue des ; il y a plufieurs perfonnes qui n’ont dans leurs boutiques que crois ou quatre efpèces de Sirops, lefquels ils donnent impunément pour tous les au- tres qu'on ordonne : d’autres, au lieu de Sirops compofés, donnent des Sirops fimples faits de ja décoétion de la plante qui donne le nom au Sirop. lequel eft aromatifé avec un peu d’eau vuineräire ; quoique cette fraude eft difficile à reconnoitre, on s'en apperçoit cependant à la couleur ‘qui leur manque, au goût & à l’odeur. Ceux aui n’ont pas été aflez cuits, & dont on 9 en trouve fouvent dans les boutiques, font fujets à lä fermentation, on s'en apperçoit au commence- ment à leur odeur vineufe, & ils acquierent avec le tems un goût acide; ceux qui font trop cuits, fe candiffent , & acquierent les mêmes défectuofités que ceux qui ’ont été crop peu, ils ont pour lors perdu toute leur vertu. . Ils doivent être choifis clairs, & tranfparents, ceux-ci font moins fujets à la fermentation que ceux qui font troubles ; il y en a néammoins qui font tellement chargés de matières colorantes que Icur tranfparence n’eit point fenfible , comme ceux de 414 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION cichorée compofée, de nerprun &c. cependant, en diminuant l’intenfité de leur couleur, en les delayants dans l’eau, on voit qu’ils ont été bien préparés, Jorfque leur diflolution eft claire & tranfparente. On les garde ordinairement dans des, pots de fayence à bec & qui ont une grande ouverture, on lès nomme chevrettes; cette ouverture qui fè bouche mal donne à l’air extérieur la communication avec le Sirop, qui eft ia caufe, quoiqu'il foit bien cuit, qu’il ne peut pas fe garder longtems fans fe dété- tiorer ; il faut pour qu’ils fe confervent les garder. dans des bouteilles. Il y a deux moyens pour reconnoître fi les Sirops font bien cuits ; la prémière eft de comparer leur péfanteur fpécifique à l’eau, la feconde qui eft plus aifée , eft par le moyen d’un péfe-liqueur, celui dont nous nous fervons eft celui de Mr. Beaumé. En général les Sirops font bien cuits lorfqu’une once pèfe, dans une bouteille qui contient une once d’eau, le thermomêtre de Reaumur aïant dix déprés au-deflus de la glace, dix gros & quarante- cinq grains , ou qui donne étant chaude à l’aréo- mêtre de Mr. Beaumé trente-deux dégrés, & trente-. cinq étant froide : cependant on doit excepter les Sirops Haits avec des fucs exprimés des plantes, tels CS Û ne y: d . Pe à , | | DES MÉDICAMENS. 415 que le creflon ; le cochléaria, le beccabunga &ec. ainfi que ceux faits avec le fuc delimon, des grénades &c. ‘iefquels doivent :donner au péfe-liqueur: étant ‘chauds trente-trois dégrés, & trente-fix dégrés étant froids. Les Sirops faits avec les‘eaux difiillées comme celle de canelle, d’orange &£€. doivent donner les mêmes dégrés que les Sirops précédents. Ceux faits avec le vin, tel que celui du quinquina &c. doivent donner étant chauds vingt-cinq dégrés & demi au péfe-liqueur , & trente lorfqu” ils font froids. Le Sirop d'Orgéat doit donner au Din lotfqutiL.eft chaud, trénte dégrés, & trente-deux lorfqu’il eft froid. On vend fouvent pour du Sirop d'Orgéat un compofé du ait de vache ; d’un peu de lait : d’amandés amères pour lui -donher du goût, & de la colle de poiffon” pouf &onner de la con- fiftence, & de la mélaffé au’lieu du fucre | mais on le diftingue non feulement à la vue, mais auf au goût; en outre ce prétendu Sirop d'Orgéat ne peut fe conferver au plus que huit à dix jours, principalement lorfque les bouteilles font entamées. Le Sirop De Vioettes. Syrupus Violarum , ofi- cin. eft fait par intufñon des fleurs de Violettes. Comme ces fleurs font ordinâirement chères, on fub- : 416 TRAITÉ sur Lx F#LsirrcatTrow ftitue à la place des:ce: Sirop -un compofé d’une inlufñon de tournefolien pains & de fleurs de mauve, auquel on ajoute un: peu d’iris de: Florence pour donner l’odeur de Vüolettes ; cette fraude eft à re- connoitre en vérfant dedans de la diflolution du fu- blimé:corrofif qui rougira celui fair avec le tourne- fol, & verdira celui fait avec les fleurs de Violecres. On ne fauroit affez prendre de précautions pour Ja vente & [a préparation des médicaments ; les perfonnes les moins inftruites, & qui par état ne devroient que prier & foigner les mâälaidés:.qui leurs font confiés, font cellés .qui fouvent! fabfti- tuent impunément un médicament pour l’autre & qui, felon leurs caprices ,corrigent les recettes des médecins. Un docteur en médecine aiant ordonné du Sirop Violat, auquel il avoit fait mêler de l’a- cide vitriolique, on alla le chercher à. un. hôpital de filles où on vendides médicaments au premier venu, la réligieufe marchande donna le Sirop Vio- lat fans ajoutér l'acide vitriolique, heureufement pour le malade que le médecin l’examinat ; Voyant qu’on n’y avoit point ajouté l'acide vitriolique qui étoit le rémède principal, il envoya la fervante Hs prier la réligicufe d'y ajouter l'acide ordon- 6 , laquelle répondit au monfieur le doéteur s'é-: _ toit bss MÉDICAMENS * : 417 toit trompé, car cet acide difoit cette préfomp- tueufe gâteroit la couleur de ce Sirop. Le Sirop de Violettes eftun peu relâchant;ïileft ra fraichifflant & humecte la poitrine : on l’ordonnecomme défalterant danses fievres ardentes, & dansles rhumes. La dofe ordinaire eft depuis deux ,gros jufqu”à douze, Le Mrez pe Roses, ou Rhodomel. Mel Rofarum ; ” officin. eft l’infufion des Rofes de provins à laquelle on a ajouté du Miel & qu'on à fait cuire en con- fiftence de Sirop. Lorfqu'il eft bien préparé , il doit être clair, tranf- parent, & de couleur rouge approchante de celle des Rofes féches. On en trouve quelquefois auquel pour fuppléer à la quantité des Rofes requifes , on a ajouté de l'acide vitriolique pour lui donner la couleur qui lui man- que ; certe fraude eft difficile à reconnoître quand il eft nouvellement fait; mais après un certain tems ce Miel de Rofes devient noir. On l’emploie comme aftringent & déterfif, on s’en: fert dans les injections , & dans les gargarif. mes ; on le fait aufli entrer dans les lavements, quand il eft néceflaire de fortifier les inteftins & de reflerrer le ventre. La dofe eft depuis une once B b À 418 TRALTÉ:SUR LA FAËSIRICATION jefqu'à:quarre, #'depuis un gros asus à boit dans les gargarifmes.:® 9° 55 «10! si dir : -SLésMièls ‘tant’ fimples que compofés cuits en confiftencé de Sirop font fujets aux mêmes altéra- tions’ que ceux faits avec le fucre Pour que le MiéL'foït: bien‘ cuic,-il faut qu'une boureille qui contientsune once: d’eau remplie avèc:ce Müél péfe dix gros & vingt gtains, le-thermomètre de Reau muraiant dix dégrés au-deflus de da glace k& qu'il donne trente dégrés étant chaud aypéfe-ligueur de Mr. .Beaumé, & trenté-quatre étanc refroidi. Des Pousrés ‘Ya des marchands de drogues qui font dans l’habitude de ne vendre que les pré: mières. Poudres qu’ils. obtiennent: en puivérifant quelques fubftances; principalementicelles qui abon- dent. en principes.gonimeux & réfineux, dans lef- quels confifte. leur plus grande, vertu, tels que la racine de jalap, l'écorce du quinquina &c. quoiqu’ils n'ignorent point que cette prémière! Poudre n’eft pas fi bonne que celle qui refte; de laquelle ils fe fervent pour en faire Ja réfine,, ou l'extrait, fa- chants que la quantité qu'ils en obtiennent eft plus grande que celle que produifent les prémières. Cette fraude eft très-difficile à connoître & DES MÉDICAMENS,:1 419 ce n’eft que par la quantité de réfine ou d’extrait qu’on en obtient, qu’on la peut découvrir, Les Poudres compofées , telles que la Poudre de Diatragacanth froid, d’Iris compofé.&c. dans Jef quelles il entre des fémences huilcufes, ne devroient être. jamais préparées, que quand on s’en fert, ou les ajouter à ces Poudres au .befoin ; car l’huile de ces fémences fe rancit, leur communique. des mauvaifes ôdeurs & des mauvaifes qualités, . lef- quelles elles acquierent en peu de tems. On reconnoît celles qui. ont contraété ces défauts à leur goût & à leur odeur rance. Les Poudres dans lefquelles il entre des alkalis végétaux ne devroient être prépa- rées qu’à méfure qu’on l’ordonne , car l’alkali vé- gétal aiant la propriété d’attirer l’humidité de l'air, le leur communique & les fait gâter. Ces Pou= dres ainfi détériorées font à reconnoître en ce qu'elles font humides; on en trouve aufli qui font moifies. Les Écecruarres font compofés de Poudres, de pulpes, de fucre, ou de miel & fouvent de ces matières enfemble , la plüpart font fujets aux mêmes défauts que les conferves ; il vaudroit mieux garder les poudres qui y entrent dans des bouteil- jés qui bouchent très-bien, & n'en faire des Élec- 420 TRAITÉS SUR LA FALSIFICATION tuaires qu’à méfure qu’on s’en fert ; on feroit alors certain d’avoir un médicament qui auroit toujours les mêmes effets. On trouve encore dans quelques boutiques des Électuaires faits felon des pharmacopées dans ef quels elles font entrer des pierres vitrifiables , telles que les topales ; les éméraudes , les hyacinthes &c. ces fubftances étant indiflolubles par la voie humide dans ‘tous les menftrues foic acides foit alkalins, font abfolument dénuées des vertus médicinales, & prifes intérieurement elles n’ont pas plus de vertu -que du verre pillé. : Plusil entre de drogues différentes, dans les mé- dicaments compofés plus ils font fujets à la falfi- fication ; des marchands de mauvaife foi ne fe font aucun fcrupule de fubftituer une drogue de nature différente laquelle eft à bon marché à une autre qui eft chère; d’autres n’y ajoutent de celles qui font chères qu’autant qu’il en faut pour leur don- ner l’odeur, le goût, ou la couleur : cette fraude | eft dificile à connoître principalement dans les: Électuaires, lefquels font fujets de changer de goût, d’odeur, & de couleur avec le tems. La Gziée px GrosmLzes. Roob Ribefiorum, pes MÉDICAMENS 421 ‘officin. pour être parfaite doit être tranfparente, tremblante , avoir un goût aigrelet & ‘agréable, & être d’une couleur rouge peu foncé. Celle qui eft d’une couleur rouge-brun , qui a une faveur acre & de Roob, doit être réjettée étant moins bonne. En général les Gelées ou Roobs doivent être choi- fies d’une bonne confiftence, point trop liquides, & on ne doit faire ufage de celles qui fentent l’em- pyreume. On fe fert de la Gelée de Grofeilles en médecine comme antiputride , & légerement aftringent, pro- a! pre à atrêter les diarrhées. Les Conserves font des éleétuaires fimples, compofés d’une certaine quantité de fucre , mêlé À _ Ja pulpe, ou à la poudre de quelque fubftance. On les diftingue en Conferves molles & en folides : Les molles font des matières végétales réduites en pul- pe, ou des poudres qu’on réduit en forme de pulpe en les mouillant avec de l’eau, auxquelles on mêle du fucre. Il y a encore plufeurs apothicaires qui croient que le fucre abforbe l’humidité de ces matières & 8 la propriété de les conferver dans toute leur bonté, 422 TRAITÉ SUR LA FALSIFICATION & même que la fermentation qu’elles fubiffent après un certain tems, fert à les divifer & à unir les parties eflentielles des végétaux qui tendent à fe difiper avec le fucre. C’eft tout le contraire ; tar le fucre dans les Conferves molles entre en fermentaz tion, plus aifément qu’étant feul, laquelle fait per- dre à la plüpart toute leur vertu. On s’en apperçoit quelques jours après qu’elles font faites ; car elles perdent leur faveur, leur couleur & leur odeur, & deviennent d’abord vineufes puis aigres; elles de- viennent gonflées & remplies d’air; quelque tems après que l’humidité eft diflipée , on trouve fouvent Jeur fuperficie moifie, tandis qûe le deflous eft can- difé , lefquels effets arrivent fouvent dans l’efpace de quatre mois. Pour obvier à ces inconvéniens Mr. Beaumé à propofé de n’emploier pour faire les Conferves que les fubftances végétales féchées , & mifes en pou- dre; on les peut faire pendant toute l’année en ajant foin de les garder dans des bouteilles qui font bien fermées; cependant Mr. Beaumé fent que cette mé-w thode ne peut pas convenir à coutes les plantes, telles que le cochléaria, & les autres de cette efpèce où la vertu confifte principalement dans les parties volaciles, lefauelles fe perdroïent pendant la defli=" ‘DES MÉDICAMENS.: 11 #23 ehtion. .Ces Conferves ne doivent être préparées qu’à mefure qu’on en a befoin, car elles ne peuvent fe garder que quelques jours en bon État. :74m21"t Il eft à obférver que ‘duélques ‘perfonnes, pout donner une plus belle couleur aux Conferves de ro- fes, y ajoutent de l’acide vitriolique ; cette mé- thode eft à blâmer & celles ainfi fophiftiquées font à reconnoître à la couleur noirâtre qu’elles contraétent avec le tems. ne | Exrrarr. C’eft le nom qu’on donne aux fub- fantes qu’on a féparées des corps par un, menftrue convenable ; & qu’on a par l’évaporation. réduit fous un petit volume. On les diftingue en Extraits gommeux ou mu- cillagineux , en Extraits gommeux - réfineux , en Extraits favonneux, & en Extraits réfineux. Les Extrait gommeux ou mucillagineux font ceux qu'on retire de la gomme arabique ,; de la gomme adraganth, des fémences decoing, de lin., de là corne de cerf, de la raclure d'ivoire &t. ils -reflemblent à la colle & fe réduifent en gelée en fe refroïidiflants; on les prépare avec de Peau; ïls font fujets à fe gâcer , & on ne les doit prévarer qu’à méiure qu'on les demande, 424 TRAITÉE SUR LA FALSIFICATION On tire les Extraits gommeux-réfineux, pat le moyen de l’eau, de la plüpart des végétaux qui contiennent de la gomme & de la réfine, tels que Ja cafcarille , le quinquina, le jalap &ec. ces Extraits doivent avoir une confiftence pour pouvoir en former des pillules; leurs diflolutions aqueufes ont un coup d'œil laiteux & trouble. On en trouve fouvent qui n’ont pas plus de confiftence que du Sirop, lefquels ne font pas tort au vendeur; il faut réjetter ceux qui fentent le brûlé, ou le moif ; & prendre garde qu’on n’y ait point mélé quelques poudres pour augmenter leur poid, lefquelles on y peut apperce- voir en es faifant diffoudre dans de l’eau , on les trouvera au fond. Les Extraits favonneux font tirés, par le moyen de l’eau , des végétaux qui ne contiennent pas feulemént des parties gommeufés & réfineufes, mais aufli des fels effenciels lefquels divifent & attenuent tellement la partie réfineufe qu'il eft hors d’état de la féparer de la partie gommeufe, cels font les Extraits de creffon, de’ l’abfynthe , de cichorée fauvage, de fumeterre, de buglofle &c. il faut qu’ils aient la confiftence d’un miel épais, leur diflolution aqueufe doit être claire, & exémpte des mêmes defauts que celle des Extraits précédents. pes MÉDICAME NS. 425 On à donné le nom, quoiqu’improprement , de fels .eflentiels aux Extraits fecs faits felon la mé- thode de Mr. le comte de la Garayc. C’eft par l’efprit de vin qu’on obtient les Extraits réfineux purs, ce font les réfines proprement dites, on les peut aufii obtenir par le moyen de l’éther. La Résive pe JaLar. Refina ‘Yalapæ, officin. eft . fouvent falfifiée par la colophone; cette fraude eft à reconnoître, en en jettant fur les charbons ar- dens ; fi elle en cft mélangée, on fentira une odeur de térébenthine ; c’eft en diflolvant la Réfine de Jalap dans l’efprit de vin qu’on peut connoître celle à laquelle on a mêlé quelques poudres pour aug- menter fon poid ; fi cette Réfine en eft exempte, elle s’y diflout entièrement & fi elle en contient on les trouve au fond. Celle qui a été faite avec de l’efprit de vin aqueux contient de la matière gommeufe du Jalap, du quel on la peut priver en la lavant avec de l’eau. On peut reconnoître par les mêmes procédés les autres Réfines , telles que celle de fcamonée, de turbith &c. qui font fouvent fafifiées de la même façon. La Réfine de Jalap eft un purgatif hydragogue, 426 TRAITÉ SUR ELA FALSIFICATION irritant, il faut l’adminiftrer avec prudence & ne la point faire préndre aux perfonnes qui ont les fibres faciles à irriter. La dofé eft Ni quâtré jufqu’à douze grains. La Purre DE Casse , ou Cäïle mondée. Pulpa Caffie , officin. eft un rémède magiftral, on ñe là doit -préparer qu’à méfure qu’on la demande, car | un jour én été fuit pour la gâter, & elle ne peut fe conferver que deux ou trois jours en hyver. Ce- pendant on trouve dans quelques boutiques de cette Pulpe toujours prête, à laquelle on a mêlé du fu- cre, pour la pouvoir conferver , mais elle.n’a pas la vertu de celle qui eft faite nouvellement. La Café mondée éft fujétté à Occafonner dés flatuofités, & des coliques venteufes, für-tout pour de certains tempéraments ; céttè propriété lui pro- vient de la grande quantité d’air quellé contient laquelle fe développe dans les prémieres Los V oYez Café en batons. La Purre DE TAmatiNs. Pulpa Tamarindorum , offcin. faire avec des Tamarins qui ont féjournés où qui ont été préparés dans des Vaifleaux de cui-" vre, comme font ceux qu’on trouve très-fouvent dans le commerce, contiénnont du verd-de-gris; on pEs MÉDICAMENS 427 peut s’en convaincre eh faifant tremper dedans une lame d’acier propre, dans un inftant on la trouvera couverte de ce métal. Si on n’apperçoit pas communement de mauvais effets de l’ufage des Tamarins , on peut l’attribuer en ce que fes fruits étant purgatifs, ils portent avec eux leur contre-prifon, & fonc évacuer auffi- tôt la matière dangereufe qu’ils ont portée dans les vifcères ; mais le plus certain eft de ne point fe fervir que de ceux qui font exempts de cuivre, car on voit fouvent arriver qu’une purgation manque fon effet; elle féjourne alors dans les inteftins & Ja fübftance pérnicieufe qu’elle pourroit contenir y peut produire des effets fâcheux, dont on ne penfe pas à chercher la caufe dans le vice même du mé- dicamenñt. Voyez Fruits de Tumarins. | La Pare pe Guimauve ft compofée de la dé- coétion des racines de Guimauve, de la gomme arabique & du fucre, auquel on? ajoute des blanës d'œufs pour la blanchir, & de l’eau de fleur d’o- range pour corriger la faveur fade de la gomme arabique. On en trouve de laquelle on a fupprimé la dé- coction des racines de Guimauve par rapport à leur faveur qui déplait à bénucoup de perfonnes. 428 TRAITÉE SUR LA FALSIFICATION On la falfifie, tant pour lui donner plus de blan- cheur que pour qu’elle revienne à meilleur marché, avec de l’amidon : quoique cette fraude n’éft point nuifible comme beaucoup d’autres falffications, cela n'empêche point que l’acheteur ne foit trompé. Cette Pâte eft adoucifflante, elle empâte les humeurs acres qui tombent fur la poitrine, elle calme la toux & pourrit le rhume. On en met fondre un petit morceau dans la bouche. | OxcGuents ET EmpLaTres. La feule chofe en quoi ils diffèrent eft leur confiftence & folidité : ils font compofés les uns & les autres de matières graiffleu- fes, de gommes, de réfines, de poudres , & de différentes chaux de plomb. Des perfonnes de mauvaife foi font les Emplâtres, ainfi que les Onguents, avec les matières les plus communes, & laiffent dehors celles qui font les plus chères, ou ne les y ajoutent que pour autant qu’elles leurs peuvent donner la couleur & l'odeur: cette fraude eft d’autant plus difficile à reconnoitre qu’il entre un plus grand nombre de matière dans leurs compofitions. Ce qu’on nomme Onguent Rofat n’eft que du fain-doux qu’on a lavé avec de l’eau de Rofe ; Ex 28 p£es MÉDICAMENS. 429 d'autres pour en impofer le colorent avec la racine d’orcanette & font par ce moyen accroire à ceux qui ignorent que les Rofes rouges ne donnent point de couleur à la graifle, que cette couleur provient d'elles. L’Onguent Populeum eft fouvent fait avec les plantes les plus communes qui y entrent, & le quel on colore avec le verd-de-gris ; cette fophifti- cation eft très-pernicieufe, car on fait entrer quel- quefois cet Onguent dans les lavements adouciffants. L'Onguent Populeum eft d’une couleur vert - foible tirant tant foit peu fur le jaune , principalement quand il eft préparé dans un tems précédé de pluies abondantes , & celui qui eft coloré avec le verd-de- gris eft d’une belle couleur verte. x On vend pour l’Emplätre de Diachylon gommé, une compofition faite avec de l’huile, de la cire, & de la craie , auxquels on a ajouté un peu de gal- banutn pour lui donner l’odeur du vrai Diachylon; pour reconnoiître cette fraude on met de cet Em- plâtre dans un creufet, après que la matière graif- feufe eft brûlée, on augmente le feu; fi c’eit du Diachylon fait avec la chaux de plomb, on la trouve réduite en plomb, & fi elle eft faite avec de la craie, on y trouvera cette fubftance mêlée 430 TRAITÉ SUR'LA FALSIFICATION Etc. avec la matière charbonneufe qui provient des ma- tières graifleufes qu’on y à joint. H y a des perfonnes qui, pour que l’Empltre de Diapalme refte plus blanc, n’y ajoutent point le vi- triol blanc qui le rend un peu plus jaune; d’autres ajoutent à l’Emplâtre de minium, lequel eft de cou- leur gris-rougeàtre, du minium pour lui donner une couleur rouge. Pour que les Emplâtres foient parfaits ils ne doivent contenir aucune matière grumelée : ceux dans lefquels il entre des poudres, elles y doivent être bien uniformement diftribuées : quand dans lEmplâtre de Grenouilles où de Vigo avec le Mercure, cette matière métallique n’y eft pas bien mêlée, on peut s’en appercevoir aux globules de Mercure qu’on y voit, lefquels on en peut fairè fortir en le ramolliffant entre les mains. FE I N. , TABLE DUDES MATIÉRES. À ci (Suc d’) 236 Achantine (Gomme) 236 Acide du Selcommun 380 —— marin 380 = nitreux 370 —— vitriolique 375 Acorus vrai CRacined”) 59 Adraganth (Gomme) 235 Agaric 157 Alifier 93 Alkali volatil cauftique 361 fluor 361 . Alkool de vin 394 Aloës (Bois d°) 75 —-— Caballin 234 —-— Hépatique 292 —-— Succotrin 239 Alun ‘: 338 Alun calciné 339 Ambre gris 274 Ammi: de Erète (Se- | mence d’) 146 Ammoniac (Gomme) 224 Anacarde (Fruitsd’) 108 Angélique (Racine d’) 25 Animé (Réfine) 154 Anis de la Chine (Se- mence d*} 148 —— de Sibérie , 148 des iles Philippi- nes 148 —— étoilé ‘ibid Antihectique de la po- terie 325 Artimoine 290 à —=—— diaphoréti- que 201 T A B LE Antimoine diaphoréti- que martial 291 Apocyn venimeux (Ra- cine d’) 14 Arabique (Gomme) 236 Arcane du tartre 357 Arfenic blanc 282 Ârgent 252 Ariftoloche longue (Ra- . cine d') 26 ——-——— clématite 27 ————— petite 28 ——-——— ronde 27 Afphalte 276 Affa fœtida (Gomme d’)226 Biel: Bite ( Gomme de) 236 Badiane (Sémence de) 148 Barbotine 156 Baume d'Amérique 161 —-— bianc 165 —-— de Bréfil 159 —-— de Calaba 104 —-— de Carthagène 168 Baume de Conftantino- ple 161. —-— de Copahu 159 —-— d'Egypte 161 ——— de Gilla 161 nn Judée 161. ——— de Pérou 164 ME VA 42 brun 166 ee noir 166 —— ——— ec . 165 —-— de la Mecque 161 ——— de ol 168 mn dur, 168 —-— dugrand Caire 161 —-— fec 168 —-— verd 194 —--- vrai 161 Baumes fpiritueux 398 Bdellium (Gomme de) 228 Beconquille CRacinede) 11 Benjoin (Gomme de) 186 ——— François 1g Beurre d’antimoine 298 —--— de Cacao 410 Bézoard (Pierres de) : 24d , Bézoard DES MATIERES Bézoard minéral Bitume de Judée Blanc de Baleine Bois de Cañelle EE — de chandelle —— de Corail :—— de Cypre —— de Rofe =—— faint —— de fantal blanc __— de Safafras Bo! blanc 2 couleur de chair — d'Arménie |— rouge commun Borax * Bouquin -Bryone … (Racine de) VButua Et © C 0e (Fruit de) Cachou (Sue de) Calomelas Camphre d'Amérique 292 276 246 73 13 278 Canelle (Écorce dé) 79 ——— blanche oz Cantharides (Mouches) 2 si Caragne (Gomme) 236 Cardamome ( Sémence de la grande ) 151 ———— ( Sérnence dela moyenne }) 152 ( Sémence de la petite) 150 Cafcarille (Écorce de) ‘84 Cafe en batons 1If _— en bois(Écorce de) 86 a Caftoréum - 259 ) Cauftique antimonial 298 Cérufe | 519 Chacril 84 Chaux blanche d’änti- - moine 201 . Cinnabre 204 Cire jaune 256 Clous de girofle : 116 Cochenille 258 Collechair (Gommede) 222 —— d’or 340 Ce EAU LUE Coloquinte Pomme de ) 113 Conferves 421 ————— de Rofes 423 Contrayerva ( Racine de ) 30 Copal (Réfine) 191 Corail blanc 270 rouge NM TT Coftus doux (Racine de) 22 Coudre mentianne 68 Couleuvre (Bois de) 77 Couperofe verte 931 Craye bianche 281 Cryftaux d'argent 333 __ou de lune Cubebes 1 40 Cuivre 326 Curcuma longue ( Ra- cine de) 34 ———— ronde 34 Du 2 Das de Crète (Sémences de) 152 Daucus vulgaire 153 Diaphorétique minéral 291 Diatragacanth froid 419 Diétame blanc (Racine « " de) 88% ———— de Candie (Feuilles de) 97 } ste à de Orête. ed (Feuilles de) 97 Doronic romarin (Ra- cine de) 35 Double Arcane 3 52% [Dre de Canelle 307 —-— de départ 380! —— de rabel 3828 —— De féparation 380. —— de vie de France 392 — diftillée. 5. 3981 Eaux fpiritueufes aro- matiques 303% Écarlatte (Graine d°) 261" Écorce des Jéfuites pa —-— Febrifuge 99! —-+— du Pérou | DES MATIÈRES. Écorc de Winter 83 Écrevifle CPierre d’) 259 Électuaires 419 Élémi CRéfine) 192 “ Ellébore blanc (Rati- fe d') 97 —-—— noir 38 Emplètres 428 : Emplâtre Diachylon gommé 429. … Encens de Mola À pres mâle * Efprit de nitre dulcifié ——— de vin rectiñé mu de Diapalme 430 —-—— de grenouil-: les 430 ———— de minium 430 —-—— de vigo avec #39 177 175 286 389 394 324 ‘T5 —-— volatil de corne de cerf le mercure —— de ‘fel dulciñé —— de vin alkoolifé —— de vitriol 366 Efprit volatil du fel am- moniac 261 Efence de rabel 283 Étain: 223 Éther vitriolique 390 Éthiops minéral 312 Euphorbe (Gomme d')o1t Extrait 423 ——— de Saturne 323 F Fenocit doux ( Sé- mences de) 148 Fer 229 Fêve de S. Ignace 115 Feuilles d'Orient 103 Fleur de Benjoin 363 —— de zinc 209 Foie d’antimoine 292 Follicule de Sené 105 G Cyan ga (Racinedu grand ) AI __——— (——— du petit ) 40 ———— de la chine 40 TAB; D:E Gaïbanum (Gomme de) 213 Huile ! de. Palme Galle (Noix de) 131 * Garance (Racine de) 42 Gayac (CRéfine de). 194 Gelée de Grofeilles Génévrier (Gomme de) 178 Gentiane (Racine de) 43 Gingembre (Racine de) 74 . momille romaine 405 °—-— glaciale d’anti- moine 298 —— de Laurier 408 —— de Noix mufcade par expreflion 406 —-— d'Œufs 410 420 Huiles effentielles —--— par décoction ! | 409 —-— de tartre de fen- nert Ù 257 375 pe ATI 411 —-— de vitriol ——— par infufion I 98 : Graine de Paradis 151 Alap ( Racine de) 2 Grénade ( Écorce de) 89 Impératoire (Racine d°) 11 ï Gutte (Gomme) 198 Jonc odorant | H Ipécacuanha blanc (Ra- FH rrmodate CRa- cine d) 12 cine d’) 8 ——— brun 11 Huile d’amandes douces 415 ——— gris II ——— animale de dippel 369 Iris de Florence (Raci- —-— de camphre 139: <-ne) 45) ——— effentielle de Ca- Jujubes 117 K Arabe'de Sodome 276. Kermès (Graine de) 26r ——— minéral 202 | L D Abdanum (Gom- me de) :1 1.210 DES MATIÈRES. Lacque en bâtons (Gomme de) 264 —— engraines 2.64 —— en tablettes 264 Laurier (Baics de ) 121 des [roquois 73 Lentifque (Bois de- 67 Lierre (Gomme de) 210 Liqueur anodine miné- rale d'Hoffman 384 =——— de corne de cerf fucciné 367 —-— de mindererus 369 | M M Acis 124 Magifière purgatif de tartre 357 ——-—— fécret de Tartre L 357 | Magnéfie du fei d’ep- . fom 347 Manne 298 —-— d'encens 177 Maniguette ZI Role (Gomme) 174 Méchoacan (Racine de) 15 Mercure 301 ——— de.vie 299 —-—— doux 313 ——-— émétique jau- ne 309 —-—— précipité blanc 390 Merde-ou diable 226 Miel 272 —— de Rofes 417 Mine d’or végétale, 11 Minrum 319 Mirobolans belliries 128 Lens — chébules 126 ——"——— citfins : 125 pe emblicé + 199 ——-—-— Îndiens 127 Mouches cantharides 251 —-—-— d'Efpagne 251 Mufc 266 Muicade mâle (Noix de ) 129 —-—— femelle 199 Myrrhe (Gomme) 210 T AB. LE EN CEE ‘Pierre infernale 235 Na batard 30 Picrres précieufes 292! + —— Celtique 29 Piftaches à y30 | —— [ndien 99 Plomb | 216 Néphretique (Bois) 60 Poivre à queue 140 ® Nitre lunaire 393 —-— blanc 142 | —— vitriolé 352 —-— jong 144 À O —-— noir 141 Du de Corbeau 192 Poudre d’Algaroth 299 … Oliban (Gomme d’) 175 —--— deChartreux 293 Onguent Populeum 429 —--— de la Comtefle 90. ——— Rofat 429 —--— du Cardinal de Onguents 4239 Lugo 90. Opium 200 —--— d’Iris compofé 419 Opopanax (Gomme) 218 -—--— des Peres 90 Or 936 Poudres 418 Orcanette (Racine d”) 20 Précipité jaune 908 % Otruche (Racine d’) 153 —-—-— rouge 306 | e BP Pulpe de Cafe 426 Parce mercurielle 314 —-— de Tamarins 426 | Parcira brava (Racine Punch 3784 de ) . 21 Pyretre (Racinede) 234 Pâte de Guimauye 427 Le A8 k Perles 269 Uabebes 140! Pierre de Porc 251 Quinquina Ç Écorce de) 90 | | DES MATIÈRES. ne 298 Do aléxiphars maque 92 ——— Béronrdique 30 —— contre les ve- nins 30 ——— de Cabaret de Virginie 50 Réglifle (Racine de) 1 = (Suc de)' : 244 Réfine de Jalap 425 2— de Scamonée 425 —-— deTurbith 425 | Rhapontic (Racine de) 4 Rhodomel 417 Rhubarbe (Racine de) 3 #——— blanche (Ra- cine de) 18 S Arr 101 =2-— des Indes” - -39 Sagapénum Ç( Gomme guide ) 220 - Salfepareille {Racine de) 46 Sang Dragon 179 Sandaraque (Gomme) 178 Santal blanc (Bois de) 72 —-— citrin Ç DATA, 79 —-— rouge (———) 69 155 Sarcocolle (Gomme) 2224 Santoline Safafras 73 Saturne 216 Scamonée 203 D: nm d'Amérique 18 Schæœnante 08 -Sel acéteux du plomb 9320 — alkali volatil 364 — ammoniac 359 — cathartique d’An- glcterre 345 —: de’ deux” 354 — d’epfom 245 — de glauber : 359 — deinitre : 354 —de faignette ‘95 ==:de Saturne 329 = de tartre 37L — diurétique 357 — efentiel detartre 3357 — —-—— de vin 357 LA ST ABS LUE Sel effentiel d’Oftille 972 — fébrifuge de Silvius 381 — neutre arfénical 385 — polychreft 355 —. falpêtre 354 — fécatif 343 — fedlitz 346 — végétal 256 —. volatil de fuccin 262 Sémencés à vers 385 PAPER d’auronne 157 Sémen contra, 155 Sémentine 155 Sené (Feuilles de) 103 ——( Follicules de.) 105 Sénégal (Gomme de) 236 Séraphine (Gomme) 220 Serpentaire de Virginie - (Racine de) 49 Simarouba (corce de) 95 Sirop d’Orgéat SL415 —— de Violettes : 415 Sirops 411 Souchét (Racine de), 51 ———,de Babilone 40 ——— des Indes 33 Souchet Jong ——— rond | 52 54 ! Soufre d’antimoine pré rCipité "à, "899 —-— doré d’entimoine 299 . Spica nard 99 Squine : : Occidentale: : (Racine de) 54 | —-— Orientale: CRa- cire de) Storax 206 # —— liquide 208 . Sablimé corrofif 910 4 Sucre de:Sarurme: 320: Suie d’encens 71: 4 r Ti e | L Acamahaca(Gom- me}! }s Re LPO Tamarins (Fruits de) 135 Tartre antimonié 295 | <— émétique : 295 : —-— régéneré . 357,. ——Holuble. mirygsf ——— ftibié 295. —-— tartarifé 17, \ 357 ! —— vitriolé : 352 . _——— de Lemnos DES MATIÈRES. Teintures 398 Térébenthine commune 171 ————— de Chio 169 deCypre 170 de Mélè- 170 ee — — ee —— —— — ee — ——— de Sapins 170 ————— de Stras- bourg 170 —— de Vénife 170 33 281 os Terra merita _ Terre de Crète 279 _ ——— foliée de tartre 358 ——— figillée 279 “Thapfie blanche CRaci- ne de) 57 Thébaïque (Gomme) 236 _ Turbith (Racine de) 56 ——— minéral 308 Tuthie 207 EN Vase 137 ——— Batarde 138 ——— de Bovo 139 Vanille de Leg 197 de Ley 137 ——— de Pompara 138 ——— de Simarona 138 Vernis 178 Vif-Argent 301 Vinaigre 396 ——— diftillé 207 Vin émétique 298 Viperine de Virginie 49 Vitriol de fer 33Z —--— de magnéfie 347 ——— de mars 33€ ——— lunaire 334 ——— verd 921. Vomique (Noix) 13% Y V rx d’écrevifle 259 Z "4 Édoaire longue (Racine de) 57 ———— ronde (Rae cine de) 5 _———— ( Sémence de) 158 D 4 E R R A T A. 2 | J Æg. 4, lig. 17, elle ne fent plus rien Zi/ez élle ne vaut plus rien. ‘ Pas. 9, lig. 5, convalvulus lifez convolvulus. Paz. 11, lig. 5, quorund. /ifez quorumd. Pag. 15, lig. 7, quorund. li/ez quorumd. Pas. 16, lis. 15, radix Iris Florentine lifez radix Lridis Florentine. Pag. 18, lig. 20, convulcules lifez convolvulus. Pas. 32, lig. 1, aléxiterrée liféz aléxitère. Pas. 34, lis. 25, terrata lifez terra. as. 42, lig. 16, intea lifez lutca. Pag.:45, lig. 3, folio femina lifez folio fœmina. Pag. 50, lis. 15, l’éther n’en tire prefque rien ajoutez d’abord. Pas. 54, lis. 2 , elle lifez elles. Pag. 75, lig. 20, prafitantiflimum \ifez praæftan- tifjimum. | ï Pas. 78, lis. 8, dure, compacte & péfante lifèz dures , compactes & péfantes. Pag. 54, lig. 20 , clangni lifez elæagni. Pas. 85, lig. 15, qginquina d/ez quinquina. Pas. 85, lig. 25, cataralles lifez catarrales. Pas. 86, lig. 6, oxylo-caffia hfez xylo-cafJia. Pas. 05, lig. 21, tolialis ‘tifez foliolis. + Pag. 101, lig. 5, la mitridate /ifez le mitridate, “Pas. 112, lig. 5, café lifez cafe. Pas. 114, lig. 13, laquelle contenoit l’alkali uri- -_ neux /iféz laquelle contenoit de l’alkali urineux. Pas. 125, dig. 17, parel lifez panel. Pag. 126, lig. 22, oblongaæ lifez cblonge. : Pas. 147, lig. 4, foœriculis lifez fœniculi. ERRAT A. Pag. 150, lig. 10, fimpolifier lifez fimpliciter. Pag. 169, lig. 6, trébinthina lifez frebinthina. Pag. 169, lis. 7, trémentina lifez frementina. Pag. 169, lig. 7, térébinthina lifez férebinthina. Pag. 169, lis. 22, imparce lifez impari. Pag.: 175, lig. 14, vernes lifez vernis. Pag. 187, lie. 1, abferfé liféz obverfe. Pag. 195, lis. 3, brune : extérieurement blan- châtre Z/èz brune extérieurement, blanchâtre. Pag. 299, lig. 11, gros liféz gras. Pag. 247, lig. 7, nireux marins lifez nitreux & marins. Pag. 251, lis. 1, larmes lifez lames. Pag. 286, lis. 3 , Morvean lifez Morveau. Pas. 306, lis. 4, car ce que le lifèz car celui quele. Pag. 306, li. 6, calcination liféz calciné. Pag. 307, lig. 18, pour faire liféz en faifant. Pag. 327, lig. 24, piofon lifez poilon. Pag. 339, lig. 19, marc lifèz mais. | Pag. 359, lis. 9 , ammonicanum /;/èz ammoniacum. Pag. 370, lig. 17, avec les mêmes phénomènes que les autres huiles Zi/èz avec les mêmes phé- nomênes que les huiles. Pag. 371: lig. 20, de l’acide lifèz d’acide, Pa . ; k ‘ 24 ‘ . ‘ ri: 1.1 ’ + } è f ue 4 À " v Le Le PET EN i F2 bi re — si Fe! = fab 14 Ah, 24 Le ht Go (one DES Lu n 5 4 vi ci are La * a TN sf 4 TC "to": ASE CAL VIA V “ral ÿ, ER ue + K \ AN: F » | 413 \ x pate] Ÿs &, > AOTROEY ré : Ÿ "1 re ges / s: ae ù 2150 RE 08 À RAR ST r Vert ÉRUL a sheet LT de 123 Hit 4 Fa CE An. à) ra : ÿ z foi #1 ml [e À 1Eg gr = CM : TRE EtÉMU > à, 2 CAEN 4 aftrée 2: Ex re LE PEU à HAT C1 Q Ai n4Æ- « Psy ( 62» Sir : S 72 > ? re neue: 7 STE Æ VO 2% à A * k ' 1 de Médecine, Chirurgie, Pharmacie, Êc. qui [è vendent chez Æ. DE BEL. À ca Academiæ Electoralis Moguntinæ Scien- tiarum utilium que Erfurti eft. Érfurti 1776 & fèg. 4 vol. fig. in-4° Amufemens (Nouveaux) des Eaux de Spa , par. De Limbourg. Paris 1763 fig. in-12.° Analyfe des Eaux minérales de Marimont , par . De Villers. Louvain 2 vol. in-8.° Anatomie du Corps humain, par Diemerbroeck. Lyon 1695 2 vol. fig. in-4.° Art (L’) de conferver la Santé. Brux. 1750. in-8.e Bibliotheca Botanica, per Seguieruin. Hage-Comitum 1740 in-4.° Botanographie Belgique , par Leftiboudois. Lille é 1781 fig. in-0.° Bouquer compofé des plus belles Fleurs Chimiques , par Planis Campi. Paris 1629 fig. in-8.° Chirurgien (Le) Dentifte, ou Traité des Dents, par Fauchard. ibid. 1728 2 vol. fig. in-12.° Citriculture, oft Regeringe der uytheemfche Boomenr, door Van Sterrebeeck. Amift. fig. in-4.° Collegie der Medecynen opgerecht in de Stad Brufjel. Bruffel in-4.° Commentarii Societatis Regiæ Scientiarum Gottin- genfis. Gortinsæ 1771 & fèg. 12 vol, fig. in-4.° Contrepoifons de l’Arfenic, du Sublimé-Corrofif, du Verd-de-Gris & du Plomb, par Navier, Paris 1777 2 vol. in-12,° LIFRES Cours de Chirurgie > par Elie Col de Villars. ibid. 1759 6 vol. in-12.° #2 de Chymie, par Lemery. Brux. 1744 in-8.° Curiofités de la Nature, par Vallemont. ibid. 1734 2 vol. fig. in-8.° De Abufu Venæ Sectionis in fanandis Inflammatio- nibus, aut. Zollicofer. Gottingæ 1778 in-4.° De Dofibus Medicamentorum, per Parent. Lugduni- Batavorum 1761 in-8.° De Dyffenteria, per Degnerum. Lovanii 1751 in8 ° De ïrequenti Catarrhorum origine ex primis viis. origine ; Differtatio, aut. Willich. Gortingæ 1776 in-4.° De Hiftoria Naturali Veterum , aut. Beckmanno. Gottinge 1766 in-8.° De:Inflammationibus occultis Vifcerum Hypochon- driacorum, in Febribus biliofo- -pucridis, Diier- _tatio, aut. Wicnholdt. ibrd. 1770 in-4.° De la Nature & des caufes de la Ficvre, par Minot. Paris 1707 in-12.° Delectus Obfervationum praéticarum ex Diario Cli- nico depromtarum, opera & ftudio Vicat. Bernæ : 1780. in-8.° De l'Homme & de la Femme confidérés phyfique-. ment dans l’état du Mariage , par De à ri Lille 17763 vol. fig. in-12.° De Mineralibus, per Guidium. Francofurti à 627i in-4 De Morbis Venereis larvatis, per -Haufmann. si tingæ 1778 in-4.° Defeription des Maladies qui regnent dans les Ar- mées, par van Swicten. Bruges in-12.° Defeription nouvelle des Vallées de Glaces &:des hautes Montagnes de la Suifle, par Bourrit. Geneve 1783 2 vol. fig. in-8.° De tempeftivo Corticis Peruviani Ufu in Febribus REA EUS Dilertatio, aut. Held. Gartinge 17 75 in-4 À 4 fi DE MÉDECINE, &. Dictionnaire Hiftorique de la Médecine ancienne & moderne, par Eloy. Mons 1778 4 vol. in-4®° ————— Médicinal Brux. 1742 2 vol. in-8.° portatifde Santé. Paris 1777 3vol.in-8.° ————— raifonné univerfel d'Hiltoire Narurelle, par Valmont de Boraatés Neuchatel 1780 12 vol. in-8.° — univerfel des Drogues, par Lemery. Paris 1759 fig. in-4 Difcours du Tabac, rie Baïllard. #bid. 1668 in-8:° Elémens de Chymie théorique & pratique dirigés dans un nouvel ordre, d’après les découvertes _ modernes » Par M. De Morveau. Dijon 1777 3 pol. in-1 2.° ' —-—— de Séméiotique , ou Diélionnaire des Symptomes &. des Pronoftics: Bouillon 1777 2 vOl. in-12.° Epoques (Les) de la Nature, par Mr. De Bufon. Paris 1780 2 vol. fig. in-12. Efais philofophiques fur les Mœurs de divers Ani- maux étrangers, &c. ouvrage pour fervir de faite à l’Hiftoire Naturelle de M. De Buffon. ibid. 1793 in-12.° —— phyfique fur PŒconomie animale , pat Quef- nay. ibid. 1747 3 vol. in-12.° —— fur les Maladies des Gens du Monde, par T'if ibid. 1771 in-12.° —— fur l’'Hydropifie & fes différentes efpèces, par Monro. ibid. 1760 in-12.° Etat & Délices de la Suiffe. MNeuchatel 1778°2 vol. fis. in-4° Expériences fur la Digeftion de PHomme & de différentes: efpèces d’Animaux, par Spallanzani. Greneve 1783 in-8.° Flore de Bourgogne, ou Catalogue des Plantes « paturelles de cette Province, & de celles q: 4 v$ y cultive, par Durande. Dijon 1752 2:01. ix-89 — —— a — LIVRES Herbario novo di Caftore Durante Medico. in Ve. nétia 1612 fs. \in-folio. : PÉSAME Hiftoire des Découvertes faites par divers Savans Voyageurs dans plufeurs contrées de la Ruflie & de la Perfe, relativement à l’Hiftoire civile & baturelle, &c. Berne 1781 4 vol. fig. in-8.° Hritoire des Plantes vénéneufes de la Suifle, par Vicat. Yverdon 1776 in-12.9 ——— —- ——— ufuellés, par Chomel. Paris ‘1761 3 vol. in-120 | —-— Géographique, Phyfique & Naturelle de la Hoïlande, par de Berkley. Bouillon 1782 4 vol. fig. in-19.0 | hé ——— naturelle du Cacao & du Sucre. Æmft. 1720 fig. in-8.° Hijforie van de Couchenille ; vlacmfch en franfch. ibid. 1720 ün-8.0 Inftruction pour bien Jardiner. Brux. 1700 in-12.° Kort begryp van de Gences- en Hecl-Konft, door Pigraus. Amft. 1661 in-4.° Land en Zec-Chirurgie, door Verbrugge , met Æen- teckeningen van Schlichting. ibid. in-8.° Leçons de Phyfique expérimentale , par Nollet. Paris 1771 6 vol. fig. 12.0 Art des Expériences de la Phyfique, par le même. ibid. 1770 3 vol. . fig. in-122 Le Spectacle de la Nature, ou Entretiens fur les particularités de l’Hiftoire Naturelle. ibid. 1771 9 vol. fig. in-192., Hiftoire du Ciel. ibid. 1771 2 vol. io. in-12.0 ss Letcre fur la Sophiftication des Vins. Æmff. in-8.° —-— à Mr. Beugnies fur les Moules venimeufes, - par Mr. Vanden Sande. 4mff. in-0.° j Linnæi Syftema Plantarum fecundüm Clañles, Or- dines, Genera & Species. Francof: 1779 4 vol. in-6« —— Genera & Species Plantarum, vocabulis cha raGerifticis definita. Resiomonti 1782 in-8.9 DE MÉDECINE, &. Linoxi Supplementum Plantarum fyftemacis vege- tabilium. Brunfvigæ 1781 in-8.° | Medecÿn-Bock, door D. C. Batrum. Amft. in-folio. PRET ARCS en Chirurgie , door Ÿ. De Vigo. Dordrecht 1614 in-folio. Mélanges d’Hiftoire naturelle, par Alleon Dulac, Lyon 1765 6 vol. in-8.° Ménage univerfel de la Ville & des Champs, par M. De la Ferriere. Brux: 1733 in-5° Miroir (Le ) des Urines. Paris 1771 in-12.° Notions élémentaires de Botanique, avec l’Explica- ‘ tion d’une carte compofée. Dijon 1751 in-8.0 Nouveaux Secrets expérimentés, par Digby, la Haye 1715 2 vol. in-8° Obfervationes anatomicæ J. D. Santorini. Lugduni- Batavornm 1739 in-4.° de Tefticulorum ex abdü- mine in fcrotum defcenfu, per Wrisbergium. Goecttingæ 1779 fig. in-4.° Fe Obfervations en Médecine , par Bavay. Brux, 1753 in-0.0 | ————— fur le Caractere d'une Fievre Inflam- matoire, par Bogard. /Vancy in-4.° Œuvres de Mr. Tiflot. Laufanne 1783 11 vol.in-12.° —— d'Hiftoire naturelle & de Philofophie de line Bonnet. JVeuchatel 1779-83 18 vol. fig. in-8.9 Opera Medica & Anatomica Isbrandi De Diemer- _broeck. Ulrrajeëti 1683 fig. in-folio. —— —-— & Phyfica, per Willis. Luoduni 1676 2 vol. fig. in-4° + * & Phifiologia, per Ramazzinum. Lon- dini 1738 fig. in-4.° —— —"— Sylvii. Genevæ 1635 in-folio. Sylvii. Æmft, Elzevir 1650 in-4.° Ordonnantie op het Taxaet der Droguen en Medica- —— De LIFREÆS;:- m4 . menten rackende de Pharmacie der Aposekariffé èn der Stad Bruffèl. Bruffel 1734 in-4 Orchopedie , ou l’Art de prevenir & corriger. dans les Enfans les difformités du Corps, par Andry. Lille 1743 2 vol. fig. in-S0,.: . Ouverture de l’Ecole de Philofophie tranfimutatoire, | par Planis Campi. Paris 1633 1n-8.° Pharmacopæa Bruxellenfis. Brux. 1758. in-8.° | Pharmacopéeuniverfelle, par Lemery. Par.1754in-4° Phyfique (La) occulte ou Traité de, la Bigyerte dvipatoire, par DeVallemont. ibid. regis. in-19.0 Plantarum Hiftoria, per Dorftenium rancofurti 1540 fis. in-folio. f Plantæ Alpinæ. Carniolicæ, collegit. &, dferipfic Balt. Hacquet. Vienne 1782 fig. in- 48 Præcepta medicô-practica , per De Scorck. ibid. 1777 2 vol. in-8.9 Præleétiones in Herm. Boerhaave Inftituriones pa- rate per Ant. De Haen. ibid. 1780-82 4 vol in- | Précis de F Matière Médicale, par Lieuraud. Pa- ris 1777 3 vol. in-12, : à —-— de la Médecine pratique, par le, même. ibid. »1776.3 vol. in-192.9 | —-— de la Médecine pratique par Licutand, ibid... 1760. in-8.° ——— des Maladies chroniques & aigues, par Di- delot. Mancy 1774 2 vol. in-12.% ..n. Progrès ultérieurs de la Chirurgie. Bouillon 1777 in-8.° Ratio Medendi in Nofocomio pratico Vindobo= nenf, per M. Scoll. Vienne 1777-80 3 vol. in-8.°. Récherches intéreflantes fur les Vers à tuyau, par Mafluet. Amfl. 1733 in-8:° Recueil de divers Traités fur l’Hiftoire, naturelle. de la Terre & des folliles, par Bertrand. nie non 1766 in-4.° . DE MÉDECINE, &. Recueil (Nouveau) de Secrets & Curiofités, par d'Emery. Æmft. 3 vol. fis. in-12. Réflexions critiques fur le Traité de l’Ufage des différentes Saignées, principalement de celle du Pied, par Chevalier. Paris 1730 in-12.0 Remède anglois pour la guérifon des Fievres, par Blegny. Brux. 1683 in-12.° Réponfe à la Lettre fur la Sophiftication des Vins. LAmfi. in-8.° Sciagraphia Regni Mineralis, per Torbernum Berg- ” man. Liphiæ 1753 in-80 Secreten ( De) van Alexis Piemontois. in-19.° Silloge féleétorum Opufcuiorum argumenti medicô- practici, per Baldingerum. Gortinge 1776-82 6 vol. in-8.° Spectacle (Le) de la Nature, avec l’Hiftoire du Ciel , par Pluche. Paris 1763 11 vol. fig. in-129 Spicilegium anatomicum, per Kerckringium. 4mff. 1670 fig. in-4.° Stirpes Agri & Horti Heïdelbergenfis. Heidelbersæ 1782 in-8.9 Syltème phyfique &’ moral de la Femme , par Rouffél. Paris 1775 in-12.° Tonnsël der Campernoillien , door Van Sterreebeeck. AntW. 1719 fig. é1-4.0 Traëtaet der Keyfers - Snede, door Van Bavegem. Dendermonde 1773 fig. in-8.° Tractarus de remotis & proximis mixti principiis in ordine ad Corpus Humanum fpectaris, &ec. per Vieuffens. Lusduni 1688 in-4° ———— de Variolis & Morbillis, per Sidobre. ibid. 1699 in-12.° = vherapeuticus & pathologicus, per Aftruc. Genevæ 1753 2 vol. in-8.° Praîté ‘analytique des Eaux Minérales en général , de leurs Propriétés & de leur Ufage dans les Maladies, par Raulin. Paris 1772 2 vol. in-12.° 1 “LI V'R'ES Etc. Traité complet de Chirurgie, par De Lamotte, Paris 17712 vol. in-0®. ., | —-— de la Couleur de la Peau Humaiñe en gé- néral, de celle des Negres en particulier, par Mr. Le Cat. ÆAmft. 1705 fig. in-8.0 —— de la Phyfique, par Rohault. Paris 170$ 2 vol. fig. in-12.0 ati —-— de l’Afthme, contenant la Defcription, les Caufes & le Traitement de cette Maladie , par Floyer. ibid. 1761 in-12.° x =-— des Accouchemens, par De la Motte. Leide 1719 in-4. —— des Maladies des Femmes en couche, par Raulin. Paris 1771 in-12.0 ——— —————— les plus fréquentes, par Hel- vetius. Bruxelles 1738 in-120. x : —-—— desSens, par Le Cat. Amfl. 1744 fig. in-8.o ——— du Cafiis, contenant fes Vertus & Qualités» fa Culture, fon Ufage, & les Kffets merveilleux qu’il produit dans une ïinfinité de Maladies, tant aux Hommes, qu'aux Animaux, par De Beaumont. Brux. 1757 in-8.® 4 —— théorique & pratique des Maladies Inflam- matoires, par Carrere. Paris 1774 in-122 Trooft (den) der Armen. Bruflel ën-12.0 ('AETEA Ventilabruom medico-theologicum, per Boudewyns Antv. 1666 in-4° Voyages dans les Alpes, précédés d’un Effai fur l'Hiftoire Naturelle des environs de Généve, par Mr. De Sauflure. Neuchatel 1750 fig. in-4 Idem. 2 vol. fig. in-8.0 Voyage de Mr. Nicbuhr en Arabie & en d’autres Pays de l'Orient. En Suiffé 1780 2 vol. fig. in-5s Utile (1°) à tout le Monde, ou le parfait Ecuyer, par De Weyrother. Bruxelles 1767 2 vol. in-8.° LE est ie ee mari _