PR f. f + “NE fe ‘ Le “ : SEE PES A É NETe " : L'AGRICULTURE PPARFAITE, "OU NOUVELLE DECOUVERTE; T'ouchant la Culture & la Multiplication des ARBRES, ves ARBUSTES, ET DES Lie: UK 5: Ouvrage fort Curieux, qui renferme les plus beaux fecrets de la Nature, pour aider la Végetation de toutes fortes d’Arbres & de Plantes, & pour ren- dre fertile le terroir le plus ingrat. Par, M° G, A, AGRICOLA, Doëteur en Medecine €3 en Philofophie à Ratisbonne. Traduit de l'Allemand avec des Remarques. Le tout enrichi de très-belles Figures, PREMIERE PARTIE, À AMSTÉRDAM, » Chez PIERRE pe COUP, Libraire | M DCCXX, æb roitrsiféituM si Bonraluool soute " se "aa a UA A À 254 TEA de: + nr | ba Ta . te, 5 è Et ee til : of srnrisinst ! up à RS de sud LA +: 9h noise: 6 TA obie mo su sbsb a # D “ao 8 «email sh 5 5112 ‘beshokés à Jsigai cl sl Horist si Sr 3 D AlooI10a 4 9 ‘As De mods A $ sig AS mins | Le er. . ; HE F | RE et: en Fe mas 238 yes baume ANA h Sahett RAR à Es rs |1TT ETS CONTE olfod-251 où dois auot ol | : _ 2 BAT HR 4 A LU 15 RES + * EN M A # à T: è ” a \ de ARE % EE UE 13 T'AS IL ass 4 PTS CRE MARNE a AA VE ee 75. Li PE Er pu A 10 PUS Fi Û * A] WP? ve | PREFACE. . Uand PAgriculture ne feroit point le plus. Pa. néceflaire de tous les Arts, elle ne laifle… Y 2 roit pas d’être un objet dignede Pattention — du Sage. Dieu qui en fit le chatiment du premier Homme ne pouvoit mieux lui marquer. combien il li confervoit encere de fa premiére ten- drefle , qu’en lui rendant néceflaire un travail qui. tout pénible qu’il eft, lui devient une reflourcecon- trela mifére, & une occupation conforme 2 fon état. C’eft le luxe, Ceft la vanité qui a faitcroire à fes en fans que PAgriculture étoit un metiér méprifable. & digne tour au plus de ces hommes, dont lame. paroit prefque auf materielle que leur corps, & qui. font endurcis dès enfance à des travaux que la feu le pauvreté à pu léur rendre fupporttables. : | Ce n'étoit pas l’idée qu’en avoient ces Ames yrai- ment Romaines ; ces guerriers qui revenant de com. batre les ennemis de la République, de prendre des Villes, de fubjuguer des Nations, retournoient a+, vec impatience labourer leurs champs. Hs ne dédai- gnoient point de mener eux mêmés là charrué ; toù- jours prêts à la quiter, aufli-tôr que le befoin de: PEtat les rappelloit au Cohfeil, ou la tête des ÂE=, mées. 1L’Hiftorien de la Nature dit qu’alors la » Terre témoignoit, par fafécondité, combien elle. », étoit fenfible à Phonneur d’être cultivée par,un. » Laboureur Héros, &t fenduye par un Soc chargé: >») de Lauriers, Gawdente Terra. vomere laureato € Triumphalj aratore. Plin. Hift. Nat, X VIIL 3. - Je ne propofe point ceci pour un exemple qu'il. faille imiter.” Les mœurs font trop changées & notré delicatefle eft trop éloignée de cette Aufterité male fi eftimée dans les premiers Romains. Je veux. fculement qu’on en conclue aÿec moi que l’Asri. 1EYTR À PNG EE AUS HOB TDR TES à PR:EF AC E. ) culture n’eft pas une occupation indigne des Grands Hommes. En laiffant aux Laboureurs & aux Jardi- niers de profefhion ce qu’elle a de plus pémible, ne pourroït-on pas au moins contribuer à leur travail, en faifant pour eux des reflexions fur la conduite u- niforme que la Nature tient dans la produétion de fes ouvrages & en aidant ces ouvriers à perfection- ner unart dont perfonne ne peut fe pafler ? Oui fans doute & ceux qui peuvent fournir des recherches & des obfervations, font très-louables de partager avec le Public les découvertes utiles qu’ils ont faites. Les Laboureurs & les Jardiniers, guidez par la feu. Je expérience, n’ont prefque aucune habitude de re- flechir fur les principes de leur art. La connoiflan- ce qu'ils en ont, eft toute hiftorique, & ne touche point à la caufe de ce qu’ils voient. Ils jettent du Blé dans la terre, 1ls favent tout au plus que quand elle eft épuifée, il faut qu’elle fe repofe , ou qu’on la fume. Le bled croît, fi la terre eft bonne; mais cominent croît 11? Par quels degrez fe fait cette ge- rcration? Ce feroit leur en demandertrop, & ces Ja ne les regarde plus. 1ls plantent un arbre de la méme mamiére qu’ils ont apprife; mais ne viendroit= 11 pas mieux fi Pon fuivoit une autre méthode? La Nature ne trouveroit elle pas plus de facilité dans fes operations , fi, après l’avoir étudiée, ils cherchoient à la foulager par des précautions qu'ils ne prennent pas ? Leur étude ne va point jufque là; 1ls font ce qu'ils ont vu pratiquer, & une routine heréditaire leur tient lieu de raifonnement. D’un autre coté l’expérience qu'ils ont, man- que fouvent aux Philolophes. Plufieurs d’entr'eux commencent par fe forger un Siftême en Par, fur lequel ils bâtiflent quantité de-raifonnements fpé- cieux ; mais qui n’ontrien de folide., parce qu’ils ne font point appuiez fur le fondement de la fcien- ce naturelle qui doit être experience. Ainfi 1l meft pas PREFACE. pas étonnant que plufeurs de ces Siftêmes tombent enfin dans le mépris. On pouroit les comparer à ces palais qu’un Enchanteur bâtit par fon Art magi- que. Ïls n'ont rien de réel, ils s’'évanouiflent & fe diffipent en fumée, dans l’inftant même qu’on eft le plus éblouï de leur faux éclat. Mais lors qu’il fe trouve un homme fage & labo- rieux qui joint le raïfonnement à l'expérience, 1left hors de doute que l’on doit attendre de lui quelque chofe dé plus vrai& de plus utile, que de ceux qui n’ont que lun de ces deux fecours. Le Docteur A- GRICOLA dont on donne ici P'AGRICUL.- -_TURE PARFAITE, eft un de ces Philofophes, qui ne fe bornent pas à des fpéculations frivoles fur des matiéres arides & infruétueufes. Son but eft de fupléer à ce qui manque aux Jardiniers & aux La- boureurs, du côté du raifonnement. Ses méditations font appuiées d’expériences qu’il à faites lui même, &c qu’il décrit fi au long, qu’on croit les voir exécu- ter devant foi. Son deilein quitend à rendre les ter- res fertiles, à multiplier les Arbres & les plantes, a en aider la Végétation, ne peur être que très agréa- ble au public. Son livre a été applaudi en Allema- gne. La verfion Flamande qu’on ena faite a été fort recherchée, & Monfieur de S. G. qui Pa traduit en notre langue, a cru fans doute que cet ouvrage ne feroit pas moins bien receu en François, qu'il Pa étéen Allemand & en Hollandois. Lorfque jai con- feré fon travail avec loriginal Allemand , voici le jugement j'ai cru en pouvoir faire. [Il y a deux fortes de Leéteur, les uns rendent un Traduéteur refponfable de tout ce qui ne leur plaît pas dans un écrit. [ls veulent qu’ilapplanifie ce qu’il ya de raboteux , qu’il prête même à fon Original des agréments que PAuteur n’y a pas mis ; en un mot Le” fupplée à-ce que l’ Auteur peut avoir négligé. #Æsautres, d’un goût tout différent, n’exigent d’un Tra- | MREE ACE Traducteur qu’une fidelité éxacte | & une fervitu- de d’interprete.. Ils veulent qu’un livre traduit foit comme les vins qui ont beau être tranfportez loin du Jieu de leur origine, & qui confervent toûjours un goût qui fait connoître le terroir qui les:a pro- duits. Fachez de ne pouvoir lire-un Auteur en fa langue ils font bien aifes qu’on le leur prefente dans toute fa fimplicité originale. On voir aifément que PAuteur de cette traduétion s’eft principalementap: pliqué à contenter ceux-ci, & qu’il s’eft fcrupuleu {ement attaché aux penfées & même. aux mots-de fon Original. | 49 Il y auroit de l’injuftice à prétendre qu’un Livre de cette nature foit écrit d’un ftile auffi-engageane qu'une Hiitoire, ou une Piéce d’Eloquence. Mais de même que les biens qu’une Epoufe apporte avec elle fuppléent quelquefois à ce qui lui:manque.du côté dela beauté perfonnelle; on pourroit.dire que l'utilité de ce livre peut lui tenir lieu d’un certain a- grément. Le public y perdroit trop, fi one privait de tous les livres qui ne font pas traitez avec la pré- cifion &t la délicatefle que lon admire dans les Mé- moires de lAcademie des Sciences. F ne faut pas ,au refte, quele Lecteur fe degoüte s’il voit quelquefois des exprefñions qui lui paroï- tront nouvelles, comme Ocxlation, Momie , Infition &c. celles fe trouvent expliquées dans la fuite de ce Fraité ou dans les Remarques qui font à la fin de la feconde partie. Je donnérois volontiérs à Pégard dé cet ouvrage le mêmé confeil que donnoit un céle- bre Mathematicien de notre tems à l’égard.de fon hvre; c’eft de le lire d’un bout à l’autre la premié: re fois fans trop s’arrêter aux endroits qui femblent obfcurs. La feconde Lecture en rendra lintelligen- ce aéc, & l'ufage moins embaraflant. + : Le B.L. M. Ces. Juin 1720. T À: TABLE DES CHAPITRES Premiere sniste ñ ME CTTONIL CHAPITRE HI De la vertu intérieure, motrice de Parbre dans la fe- = pence. Pag: : 1 De Pendroit où.fe trouve le fœtus de l’ Arbre dans vla femence. t + IL. Comment toutes les -parties de l'arbre fortent €? s'étendent , g comment ellés rentrent dans l'œuf. LS 4 IV. Des Jues’ qui donnent la vie €? la De Mr : LArbre, tant au dedans qu'au dehors de la femen- ss 44 V. Des accidens €3 des maladies | comme auff de la mort de l' Arbre. 6o VI. De la réfurreëtion de l Arbre mort | tant au de- dans qw’au dehors de Pœuf, €3 enfin de la vie éter- elle de tous les Arbres. 79 FNÉEVETON AL GRMAPITRE.X De la multiplication naturelle en général , de tous les Arbres ; Arbufles € Fleurs , laquelle Dieu a or- née dans la Nature. 97 JL. De l'ancien ufage € de la maniere de multiplica- tion dont Adara € les Patriarches Je font Jervis, 116 IL. Des TABLE DES CHAPITRES. III. Des diférentes voïes &3 maniéres qui Jont anjour- d'hui en ufage pour cultiver les arbres € arbufles, comme on les trouve dans quelques livres. ‘126 SECTION II. CHARITRE Des Arts en général, E$ de celui de la multiplication univer/elle en particulier. 155 IL Origine de la multiplication univerfelle, ES ce qui y a donné lieu. 166 HE. Des diférentes maniéres de multiplication artif: cielle, & de tout ce qui en dépend. 196 I. De pinfieurs expériences , ES de leur utilité ex. traordinaire dans les Sardins, des Maifons de cam- pague €5 les Bois. … 246 æ é D’AGRI- | | la racine en dchôrs, enfuite la tige s'élve,ë produit À. Pag. Li L’ AGRICULT URE PARFAITE OU NOUVELLE DECOUVERTE D BLAGUE TUR E ETDE LA MULTIPLICATION UNIVERSELLE DES ARBRES, ARBUSTES ET FLEURS, &c. éfpetsetn does ctsohactoctactactaoinciaoctorfange costa cgsej: gaie PREMIERE SECTION. DOC HA PrIAR ENT De la wertu intérieure motrice de P Arbre dans la Semence. à $. I. Re 4 ie E premier principe moteur & v getetif Ge se de l’Arbre , ou cé qui donne la vic à } n. PArbre, réfide dans la femence qui eft 17 dans le bouton, & reprefentc toute la . forme de Arbre dans fon centre. Ce “bouton a la forme d’une glande, &'eft dans la plan- te, ceque la Glande pineale de Defcartes eft dans Phomme. L’œuil peut facilement la découvrir, fans le fecours du microfcopé, & voix où-cft lextrémité de la tige, & le commencement de la räcine, Auffi-tôt qu’elle. commence à fe mouvoir, elle ppuffe d’abord lés 4 L’AGRICURTURE PARFAITE les deux premiéres petites feuilles avec la couroris ne, à laquelle font attachées les branches & autres poufles de l’Arbre. 6. 2. Tous les Philofophes-& Naturaliftes con- viendront qu’il y a un principe moteur & vivifiant dans lArbre : Car une chofe paflive & immobile doit néceflairement avoir une caufe d’où procéde fon mouvement, puifaue fuivant l’Axiome des Phi- lofophes, aucun corps ne peut fe mouvoir de foi même, mais doit être mü par un autre corps. Or dans la femence de Arbre , tout l’Arbre eft matériellement renfermé dans fon bouton , mais fans mouvement ; comme aufli fa racine, fa tige, fes branches, fes poufles , & les feuilles , les fleursêt les fruits, &en ceux-ci fe trouve tout cé qui dépend de Pultérieure multiplication ; mais cela ne fe pro- duit pas, qu’il naît été rendu fertile deflusou deflous jaterre. $. 3. On auroit droit de demander à prefent, qu’eft - ce donc que l’Etre intérièur des Arbres & Arbuftes qui meut & dirige , & en quoi confifte leur fubftance, & leur propre eflence ? Mais comme c’eft une matiére qui regarde Ja Philofophie la plus fubtile, elle n’eft par conféquent pas de notre fujet, nous Pabandonnons aux Pro- - fefleurs de cette Science, & nous nous contenterons de pofer qu’il y a dans Fa femence de chaque ar- bre, quelque grand ou petit qu’il foit, un princi- pe de vie, qui le fait vivre, quoique par fa peti- :efie ; il paroïifle fouvent imperceptible. Car les plus grands Arbres ont fouvent la plus petite fe- mence, comme les Ormes, les Aulnes, le.Bouleau, es Trembles, & fur tout les Saules, dont la fe- mence eit à peine aufi grande qu’une noix dans fa coquille, pendant que la tige lorfqu’elle a pris vie, s’éléve jufqu’aux nuës, M De PARTIE I. SECT. I. CHAP.If » . De forte qu’en fefant une meure réflexion là- deflus ; on peut dire que lorfqu’on voit des hane- tons & de petites fourmis emporter quelques grains de femience dans les Bois & dans les campagnes, ils entrainent un Arbre entier: CHAPITRE il. De Pendroit où fe trouve le fœtus de Arbre | dans la [emence: 6. 5. Ï: paroîtra peut-être étrange à quelques perfonnes - que je dife que PArbre eft dans un œuf; mais on fait que le nom Ovum ou Oeuf, dérive du mot Grec %, ce qui fignifie ici autant que Serer ou ja fémerice par qui eft engendrée & produite une certaife chofe: & même cetée génération ft aflez pareille à celle qui {e fait par le mélange de Phom- me & de la femme. | | Il fcroit ridicule de demrander à cette ocafon s’il fe trouve aufli un genre mafculin & unféminin | mt les Arbres, ÂArbuftes & autres plantes , & oi a raifon de rejeter cette demande ; car c’eft uni- quement par Les organes &t par les parties génitales que fe doit connoître la diftinétion dû Sexe mafculin & du féminin. Mais fi on vouloit reconnoître un genre parmi eux, on pourroit dire qu’ils font tous du fé- minin , puifqu’ils produifent tous les ans quantité de milliers d’enfans. | | . 2. Mon principal but eft de faire une exacte fecherche de ? Embrÿon où fœtus de Parbre, dans Peñdroit où il fe trouve. À cet cflet,je choitis une Amande que j’examinerai exactement & ana- tomiferai dans toutes fes parties. Je dis donc que lon peut avec juitice attribuer à PAmande, le À 2 nom L 4 L'AGRICULTURE PARFAITE nom d’Oeuf ,-puifqu’elle poñléde toutes les qualités qui font requifes à un: véritable Oeuf. Ear com- me-un œuf ordinaire a en dehors une coquilte-du- resen dedans deux pellicules ; enfuite le blanc & enfin le ; jaune , je trouvg pareïllement tout cela at fruit de amande : Je puis donc & dois Papeller auf un œuf à juite tître , comme on le prouvera encore mieux par la fuite. & 3: En premier lieu pour ce qui regardé là co- : quille dure extérieute, car Por raifon : je ne par- Jerai pas cette fois, de la verte qu’on jette, elle ala forme extérieure de la coquille, de la maniere fui- vante... Par le haut elle eft un peu enfoncée, com me-ort le peut.voir 7ab.1. Fig.II. de là elle faît une éfpéce dovale par les deux côtés + jufqu’au milieu, où elle prend la rondeur de l’œuf & fe ter- mine en pointe , reéffemblant aflez bien à POvale -Grométrique Z Fig: : . On voir enfuite extérieurement Fig. A quantité de creux & de petits trous , dans lefquels-les nerfs & vuines, petites elandes & iriaux rentrent en dedans, prifcipalcnne lorfque l'écorce verte: y eft encore. [La fubftance de la coquille, extérieure eft dure & inégale; car d’un côté (a) ellé eft épaf- fe, & de Pautre (b) mince , & lorfqu’on examine foigneufement le côté épais par ,en haut , on y trouve un petit trou (c) dans lequel on peut met- tre une foye de pourceau, (4), qui.attemdra Pex- trénux de la racine (e) du petit baurgens qui y eft enfermé. St Pon veut ratiffer ou enlever cette épaiffeur avec un Canif , ou qu’on.la coupe, cela doit fe faire. avec circonfpection , autrément la pro- fondear comme le démontre la Fig: III, f.f. f. {era gâiée., & l’on ne pourra plus voir ni trouver sc conduit, Cc.canal eft entreçoupé-de a » € »'" PARTIET. SECT.I CHAP.IL. de nerfs & de perits ruiaux, dans lefquels fe trouve le fuc nutritif ns la partie intérieure & infé- rieure de laracine {g) oùil ya un réfervoir dans lez quel s’amañle le fuc pour la nutrition. Ce fue cftt énfuite abforbé & tiré à foi par le cordon du nom- bril, comme la Æig. 197. le fait voir, & A fe trouve dans Ja premiére petite peau, (D & il le conduit dans le Placenta (k) qui fe prefente vif- blement en haut: mais afantreçu la préparation né- ceflaire , 1l revient en bas par les veines , que l’on découvre par tout clairement dans la petite peau, & il nourrit /'Embryon comme cette figure le repre- fente affés clairement. f. 4. Lorfque l'on Ôôte la premiére peau qui cft brune,& qu'on peutnommer le Chorion, ou envelope extérieure du fœtus, on trouve deflous une petite peau tendre & déliée qui reflemble très-bien à P #2 nion , où peau intérieure de Pœuf, qui envelope im- médiatement le Fœtus, comme le reprefente la Fig. 77. Elle eft fort mince, tendre & bien unie à la quêué du fruit, renferme en foi quelque humidité, & rend PAmande qui y eft, un peu gluante. Lorfqu’on lêve cette perité peau , la fubftince blanche paroîr rout à fait, comme le montre clairez ment la Fig. VF étant comme du ait épais} dont Pon fait ce qu’on apelle lait d'amande, & lorfau’on tire cela de fa petite peau , Île lieu de fa réfidence fe-découvre pleinement de’ là maniére fuivante , & comme le montre Ja Fo. W11. (m) ft l’écorec” Cx= térieure, (#) la petite peau intérieure, (a) la queue, (?) le baflin ou place où la racine fe garde en pars tie, & où s’abforbe le fuc nutritif qui y k Entré par le nombril. Si après avoir contemplé .éxaétement les parties extérieures, on eft curieux aufh de voir ce qui ci caché au dedans , on n’a qu’à féparer cette Amande; À 3 ce 6 L'AGRICULTURE PARFAITE ce qui fe peut faire avec peu de peine, parcequ’el- le fe fend commodément, comme le ‘démontre la Fig. VIII. Ex Ceft le livre de deux feuilles dont j'ai parlé dans mon Avis fuccinët,que je prefentai à à quelques Seigneurs Anglois, par où je fis voir en même temps comment Dieu produit des Arbres felon Pordre de la nature. Auff-tôt que cette Amande eft fendjüe , on voit clairement au bas de la pointe, le petit bourgeon qui renferme en foi toute la forme de Parbre, com- me (4) le reprefente dans la derniére figure. Dans Pautre partie au bas, on voit la petite fente (r) ê comment les deux parties ont été unies enfemble près de la racine. Ces deux parties changent leur fubftance blanche peu à peu en couleur verte, & produifent ce que j'apelle, petite femencede plante, ou les deux premiéres feuilles, d’où la racine auff- bien que latige tire fa nourriture , jufqu’à à ce qu’ci- le y at confumé tout fon fuc , après quoi elle di- minue ; féche & difparoit, car elle a confommé fon œuvre, & fait tout ce qu'elle devoit faire. Il faut encore faire voir le petit bourgeon: c’eft ce que reprefente la Fg.7 X. Lors que l’Aman- de n°eft pas fertilifée, elle ne fe fend nullement , mas fe tient fort ferrée, reprefentant la figure d’ un œuf ,comme je la propofe. d’une maniere Géometri- que. Mais lorfque le principe vegetatif commence à opérer, elle fe fend, comme on la découvreà l’æœil dans les Fig. X°êc XI qui reprefentent une flâme qui je fépare en deux par le haut, & au milieu on voit fortir de nouveau comme une petite flâme. Dans cette même partie en eft une plus courte, mais épaifle & oblongue (z) qui indique la tie ge. Au bas cft un Corps en rondeur comme la moi- tié d’un œuf qui fe termine par une rondeur en poin- te, comme le démontre (+). Dans la premiere par: ge PARTIE I. SECTI. CHAP:IL 7 tie (4) font enfermées les branches & les poufles, , tout. D’autres veulent qu’on calcine le Salpé: > (re, mais comme il perd trop de fa force par le ” feu, je crois qu’il vaut beaucoup mieux ne s’en "fre 5 3? PARTIBE SECT.E CHAP.IE 13 3; fervir à cèt ufage.que de la maniére ordinaire. ; 4 Lorfque la leffive eft préparée avec cetté imixtion & à demie fefroidie , on y mét un boif- ,» fau de beau blé, nouveau & bien nertoié, & la lef: » five doit furnager, Sabbbit, mel - #5. Il y doit tremper huit heures. Enfuite on 359 Jlaifle écouler la.leflive par.le trou du tampor »-au fond du vaifleau , féchés, le enfuite dans uñ grenier bien aéré, où le Soléil ne donne guére, & lorfque ie temps eft favorable. Réemettés lé enfuite dans le-refte: de la précédente lefive, » & 7. ou 8. heures après retirez le ; féchés le SYMBPÈL EE 1 ar ARE » 6. Lorfque le champ eft préparé on le féme » en un endrox, convenable ; car il commencé 5 d’abord à poufer., S'il penétre allez promp: 5 ment en terre, le blé fe léve aflés haut dans crois » jours, finon 1] faut y regarder & labourer un peus » afin qu'il ne fe;gâte pas. Voici les avantages qui en reviennent. 5 ‘1. Qu'on peut prendre pour cela le plus mau- » vaistérroir & tout-a-fait fabloneux.. Il ne laifle »s pas de croître auf dans une bonne terre , mais 5:11 faut alors le femer fort clair. Mais cette in- »> Vention met proprement que pour les mai- x fons de campagne qui. ont fouvent de fi mauvais ; terroir , qu’on n’en peut prefque faire aucun » ufage. | | 5 2 Qwon n’a pas befoin de fumier, étant auf » fi-avantageux pour ces terres où l’on. na ‘pas » beaucoup de bétail, ou quine peuvent faire de » fumier. Car ici la femence cftfuméc, & cèt y» Engraiflement qui dès le commencement s’unit à » la vic de lafemence, lui eft beaucoup plus avan. dé ta _ #4 L'AGRICULTURE PARFAITE ; tageux que le fumier, dont les fels font bieñtot ; diffipez ce chaleur du Soleil ;& confumés par ; la terre brulante. | | ; » 3. Il ne faut femer que la moitié de l'ordinaie re, à au lieu de deux ou de trois boifieaux dont on a befoin, on n’emploïe ici qu’un boifleau, car ce » blé pouffe beaucoup, en forte que fouvent dix, douze & davantage de tuïaux croiflent d’un petit 5» STain. 29 EL] EXPERIENCE. =, J'en vis duränt l’Automne de lannéé 171$. , Une experience qui me réjouit beaucoup. Car un boifleau de blé femé & préparé mé rendit fans exagerer , 300 & davariage de gerbes de blé; lefquels produifirent huit boifleaux & trois quarts de boifleau de blé, mefure de Breflau, ce qui certainement eft ane abondafite moiflon d’un boifleau de blé dans une méchanteterre. Dieu en foit loué. Did | | » Savoir file blé qui a été déja une fois préparé & recueilli, & que j’ai femé Pannée pañlée 1715. fans une nouvelle préparation, croitra bien; c’eft ce que la moiïflon prochaine fera voir s1l plait à Dieu, quoiqu’ellepromette merveilles fuivant les aparences. gParmi les avantages, on compte ;, auffi que la farine de ce blé ainfi préparé ne fe , Moifit pas. Jen ai prefentement au moulin, dont Je ferai inceflamment lépreuve. Mais quoique ces deux maniéres n’aporteñt que + d'avantage à la femence, par raport à la croi ance , puifqu’elles ne confiftent que dans le fel de Salpêtre qui eft connu , cela n’entre neanmoins nul- fement en comparaïfon avec le précieux {el J’egeal, que Sendivogius exalte fi fort. ## Lucern. phil. p. _. ah cd we 3 PARTIE I. SECT.I. CHAP.IT. rg Car il favoitun fecret qui étoitaffurément un rermé- de univer{el pour toutes les plantes & fruits, par le moïen duquel il fe{oit non feulement revivre d’une maniére furprenante les arbres à denti morts, mais ih les fefoit aufñ croître avant le temps, de ma- niére que la vigne produifoit {on fruit dès le mois de Mai : Bacon dé Verulam. en parle in Sylo. file Cent. 6. JE publierai en fon lieu après en avoir fair une fufñifante épreuve & exaéte recher- che, ce que je puis faire feul à prefent dans la pro- duétion extraordinaire & fubite de toutes les plan- tes , par le moïen de mon /e} Mercurial, qui eft compolé de laliqueur que ÿappelle Z d'folvant me- tallique univerfel , dont la découverte m’eft dûe. Car perfonne neme verra plus faire ce que j'ai été obligé de faire pour cette fois d’une maniére fatale. Cependant je puis dès à prefent raporter un de fes effêts, qui eft qu'après Pavoir fait difloudre à pro- pos en Pair, qu’on en verfe feulement quelques goutes dans la moëlle de arbre (car ileft fans goût & n’eft nullement corrofif, ) il produit une croiflance extraordinaire en douze heures de temps: ou davantage. Mais en voila affés à prefent pour cette matiére. DT ASP EL) E. Qui fait voir comment PEmbrion ou jeune Aman- dier fe prefente dans fon féjour naturel, dans Pœuf ou la femence , avec toutes fes parties ex- cérieures & interieures. Fig. 1. Æf une Figure ovale femblable à la ornèe de da coquille dure dune Amande, ainfi qu’on le poërroié démontrer par la Géometrie. Fig. IL Reprefénte une coquille d Amande ovale en- € gs 6 L'AGRICULTURE PARPAITE core. fermée, € (A) fait voir [a partie dure & ; épaifle ; dans laquelle [e trouve. un conduit fecret... (B) La fubfance délice de la coquille. (C ) Le, creux ES une efpéce de Joye mince. ( D ) De quel. _de, maniére elle.va en bas jufqu'au fond par le che smm8decret (eÏ roi 200017 ani 14 SR Fig. IL (FREf.), Le. conduit, Jecret ou chemin du, vert, daus lequel. fe trouve,un petit failceau de veines nerfs, €S.vales lymphatiques lefquels fe. terminent au point.inférieur (GS ) À ar rose: NW sottessse KI Fee 0 at . PARTIP IL. SECT I. CHAP.IIL 43 peuvent avoir une union fort étroite avec les vafes lymphatiques. Fig. III. Er s'aprochant encore plus de la moüelle, on aperçoit ce qui fuit, ainfi que N°.5. le confirme. Te ne favois prefque moi-même quel nom donner aux grandes taches qui fe prefentoient en particulier dans cette Figure. Mais comme l’on fait bien qw’il [e trou- ve dans un corps de groffes glandes, auffibien que de petites, je pris celles-ci pour les plus groffes. Lerefe me paroiffoit des racines €3 des mufcles ; & lespetits points comme s’ils provenoient de toute fortes de vafes COUPÉS DAT MOTCCAUX. Fig. IV. Repréfente les veines qui amennent & ren- voient les [ucs,lorfqu'on en fait la Jéparation artifie- ment. Celles qui amennent de larges qu’elles font ( f) vont en fe retreciffant, € celles qui renvoient les fucs (ce) vont en s’élargiffant. Les premieres remontent les fucs, Eÿ les autres les font defcendre. Fig. V. Après avoir coupé pareillement ceci , à pro- portion qu'on aprochoit de la moüelle , cela Je dé- couvroit à l'œil par le microfcope : ainfi que N°. 6: le démontre. e pris cela en partie pour des vafes lymphatiques coupés par morceaux , lefquels avoient leurs valvules en dedans : comme auffi pour des glan- des € mufcles, de même que la fubftance ligneufe for- tement comprimée, laquelle rempliffoit les interfriges de la mouelle. - Fig. VI. Zrdique l'union de la tige avec les branches, €? toutes les veines, mufcles, Ec. courant ça © là, ainfi que (c) le fait voir clairement. CHA: 44 L'AGRICULTURE PARFAITE. COR APITRES Des fucs qui donnent la vie & la nourriture à l Ar- bre, tant au dedans qu'au debors de la [e- mence, $. #. er une chofe connue que la femence de l’arbre n'étant pas renduë féconde , demeure dans lin- action & ne poufle pas; néanmoins puiique que le fœtus de Parbre a été nourri & entretenu jufqu’à ce temps-là , 1left facile aufü de conclure qu’il aura cependant befoin de fuc nourricier. Ilen à bien de foi-même, & peut fc pafler quelque temps d’un fe- cours étranger, jufqu’à ce qu'il foit rendu fécond ; mais fi cela dure trop longtemps, & que le fuc fe confume & fe déféche, le bourgeon fe gâte, & n’eft plus propre à être fertilifé. Mais aufñtôt que le bour… geon eft mis en mouvement par le principe moteur, d’abord commence auffi la nourriture & la croiflan- ce. Cette opération interne & cachée n’eft autre cho- fe qu’une réception du fuc nourricier , laquelle fe fait proprement par la force & la direction de fon mouvement intérieur, tant par la digeftion que par Ja fermentation, par où toutes les parties de ce fuc, ainfi fixé , reçoivent leur conformation, & s’ileft permis de parler ainfi , une uniformité de com- pofition, que l’on peut appeiler 1ic1 leur propor- tion. 6.2. La nourriture ou la croiflance confifte dans une réception réguliére & uniforme du fuc nourri- cier. La racine qui eft orifice de Parbre, tire de la terre ce fuc , & le porte à la tige, où 1l entre dans les cavités ou dans Efophage de l'arbre. Lorfqu’il eft fuffifamment digeré & confumé, 1l fe diftribue ps PARTIE I. SECT.I. CHAP.IV. 4 par les diférentes veines , dans toutes les parties de Varbre : Et de ce fuc les glandes & canaux lym- phatiques, comme auff les nerfs attirent à eux les parties qui leur font proportionnées: Le refte du fuc s’en retourne par des veines qui le raportentaux parties fufmentionnées. Or comme la matiére la plus pure & la plus fubtile eft dans les nerfs, & qu’elle eft auf la plus propre pour la nourriture, toutes les parties font ajuftées & renduës d’une grandeur proportionnée à celle-ci, ce qu’on pour- roit démontrer à fonds, fi l’on ne s’étoit pas propo- fé de s’attacher à la briéveté. 6. 3. Il eft facile à prefent de comprendre ce que c’eft proprement que la fubftance du fuc nourricier de Parbre, & en quoi il confifte. La Chimie nous Pa fuffifamment découvert. A favoir, que comme fuc hétérogéne:1l eft compofé de diverfeschofes com- me de parties aqueufes, falines, fulfureufes, aromati- . ques & terreftres. q Or ces particules font proportionnées & mélées entre elles de diférentes manieres , & combinées fi diverfement , qu’il n’eft pas poflible de le décrire. Quoique tous les arbres aient quelque chofe en foi de ce qu’on vient de raporter,néanmoins à caufe de la nature particuliére & de la modification des corps, Pun a befoin de plus, l’autre de moins, de ceci ou de cela, de forte qu’en général on trouve beaucoup de mixtions. Car un arbre quieft d’un temperament aqueux, demande un terroir de même, d’oùil puif- fe tirer beaucoup d’humidité. Autrement il necroi- tra pas bien. Si un autre d’une nature féche, plein de parties fulfureufes, oleagineufes & balfamiques, eft dans une terre, où il y a abondance de ces par- ties,ilen tire non feulementunegrande quantité à foi pour fa nourriture, mais il poufle mieux & s’éléve d'autant plus haut. Si au contraire un arbrea plus de par- 46 L'AGRICULTURE PARFAITE parties falines & a befoin de particules volatiles & falées , 1l faut qu’il les tire de la terre, fi l’on veut qu’il croifle & profite. On ne peut nier à la verité que les pluies fécondes n’aportent quantité de ces chofes, de maniére que ce que la terre n’a pas, elle Pacquiert par ce moien. L'Art y contribuë auf besucoup, & lon peut fubvenir aux befoins de la terre, par l’eau, le fumier , la fiente de pigeon , s P : ; Pig ; comme auffi le fel, le fouffre, la chaux & pareil: les chofes qui lui manquent, pourvû qu’on veuil- le faire attention à ces befoins, & qu’on prenne à cœur de l’améliorer. -.. 4. Il eft impofññible de connoitre par les fens, & beaucoup moins encore d'exprimer par des paro- les, la maniére dont fe fait proprement la nourritu- re, la digeftion & Paflemblage de toutes les parties, parce que cela s’exécute par un mouvement inté- rieur, fecret & perpétuel. Tout ce qu’on en peut dire néanmoins, c’eft que cette opération fe fait par un arrangement du fuc nourricier qui fe va depo- fer dans les parties folides en fe coulant dans leurs pores & par les interftices qui font entr’elles, de forte qu’une partie fe place au deflus, & une partie au deflous. Le Soleil, la Lune & les Etoiles y con- tribuent beaucoup, de même que Pair & la chaleur foûterraine , comme cela a été déja amplement dé- montré par d’autres. Car par ce moïen les parties falèes, fulfureufes & aqueufes font rareñées, & dif- pofées à la fermentation, la féparation des fucs fe fait par certains organes deftinez à cet effet. Je ne puis dé- terminer fi lon doit faire une diftinétion particuhé- re entre la nutrition & la croiflance. Peut-être ce- la confifte t-il en ce que lorfqu’il s’agit que PArbre croifle & grofifle , le fuc eft diftribué & porté plus abondamment que lorsqu’il n’eft queftion que dele nourrir & Pentretenir dans le même état, & alors les - PARTIE I. SECT.I. CHAP.IV. 47 les filets fe dilatent & s’étendent davantage, le fuc fuperflu de la nutrition eft mis & porté entre deux, jufqu’à ce que Parbre ait aquis fon étendue conve- nable, tant pour la longueur que pour Pépaifieur. Car dès la création Dieu a prefcrit de certaine bor- nes à l’efprit vegetatif, & à marqué jufqu’à quel point pourroit arriver {a hauteur, fa largeur & fon épaifleur, & 1l ne fçauroit aller au delà de ces bor- nes. Cat fi un arbre croifloit tous les ans de la mêé- me force, qu’il profite au commencement, il devien- droit en cent ans plus haut que la Tour de Babel, & fi fon épaifleur augmentoit aufli tous les ans, autant que du commencement , on pourroit avec le temps bâtir des châteaux & des maifons fur fes branches, & de cette maniére il réfulteroit d’une hauteur & d’une épaifleur fi exorbitantes, une difformité &c un des- ordre, qu’il eft plus aifé de s’imaginer que de lex- primer. C?eft pourquoi Dieu fuivant fa fageñe inf- me, & fa Toute Puiflance incompréhenfible, a éta- bliune exaête fymetrie entre tous les Etres qu'il a créez, & a afligné à chaque arbre fa jufte proportion qu’il ne peut excéder. | $. ÿ. Quoiqu'il foit certain qu’un arbre auffi longtemps qu’il vit, doit être toùjours nourri&en- tretenu , 1l n’a pourtant pas befoin de croître toû- jours, & de devenir plus grand & plus épais. La nature même s’y oppole: Car lorfqu’un arbre a été longtemps en terre, les filets qui au commencement étoient fort tendres & déliés, s’étendoient facile- ment, deviennent par fucceflion de temps durs & épais, & ne peuvent plus fe dilater. L’écorce qui dabord eft mince & tendre, devient peu à peu fi dure & fi compate, qu’il eft impofhble que les tendres filets intérieurs puiflent la forcer de fe dila. ter & de s’agrandir : Et telle eft la difpoñition des parties externes &c des internes. Mais la raifon Fa | L 48 L'AGRICULTURE PARFAITE laquelle unarbre ou une plarite croît plutôtque lPau- tre, comme on le peut voir aux faules & aux pê- chers, comme auffi aux vignes qui croïflent & pro- fitent prefqu’à vuë d’oœil ; au lieu que les fapins, les chênes, les neffliers, & autres croiflent beaucoup plus lentement : Cette raifon, dis-je, ne provient pas de quelque vice intérieur, ou faute de fuc nutritif, que la terre ne fourniffc pas en aflez grande quan. uté non plus que de fa fuperfluité , mais bien plütôt d’une certaine modification ou difpoñtion des pores & de leur ftruéture, ou d’un certain ar- rangement, & d’une certaine proportion naturelle des parties jointes enfemble. Car les parties qui ont des fibres longues, larges & à grands trous , fe dé- tachent non feulement plus facilement Pune de l’au- tre, mais comme il entre plus de fuc nourricier dans leurs cavités, elles fe nourriflent & s’émeu- vent aufli plus facilement. Au contraire, cela va beaucoup plus lentement dans celles qui ont des f- bres & des pores compaétes, parce que le fucnour- ricier ny peut pas pénétrer fi promptement, & que fe trouvant trop preflé dans l’un & dans l’autre de ces trous, 1l sy embarafle de plus en plus, &alors la circulation s’en fait beaucoup plus lentement que dans les premiers qui font moins fermés. Outre cela le fuc nourricier n°y eft pas porté en fi grande abon- dance. C’eft pourquoi ces tiges font beaucoup plus fujettes à la corruption, que les autres. $. 6. Comme l’on 2 parlé ici de la naiflance , on pourroit demander en même temps, pourquoi les arbres plantez en pleine campagne, croiflent mieux que ceux qui font fur les hauteurs & les montagnes. On répond à cela: Premiérement, parce que la ter- re dans les bas fonds, eft comme une éponge , la- quelle non feulement tire à foi quantité d’humidité, Iais la garde auffi aflés longtemps. caufe de fa pr efle PARTIE.I. SECT.I. CHAP.IV. 49 lefle, à par ce qu’elle eft porcufe. En fecond lieu, parce que les arbres qu’ontrouve dans les plaines,font d'eux mêmes par leur nature &ftruéture, beaucoup plus mous, flexibles, & tendres, & leurs pores étant plus ouverts que ceux qui font fur les hauteurs, ils ont par conféquent beloin de beaucoup plus de fuc nourricier. Or comme ils l’y trouvent & le reçoivent plus abondamment, ils croiflent aufi plus promptement & mieux en plaine, que ne fe- foit un arbre de la même efpèce fi on l’avoit planté fur les montagnes. Car il eff facile de ju- ger qu’on ne trouve pas tant d’eau nt d’humi- dité fur les montagnes &t entre les pierres, que dans des terres plattes. Er quand même il tom- beroit de l’eau en abondance fur les montagnes , elle s’écoule bien vite vers le fonds. Outre cela ’humidi- té ne peut penétrer aufh bien entre les pierres, que dans les terres molles : Et c’eft pourquoi ils ne croitront pas fi tot ni fi bien fur les montagnes &c fur les hauteurs. On remarque au contraire aux arbres qui croifient fur les montagnes & fur les rochers , que leur fruits font beaucoup plus fer- mes, plus durables , plus aromatiques & de meil- leur yoût que ceux qui croiflent en pleine cami- pagne. À cela contribue beaucoup l'Efprit Mise ral, fubul & volatile, avec fes particules méralli= ques , lefquelles en s’évaporant s’élvent en haut, s’'infinuent dans les arbres par l’humidité & le fuc nutriuf, & leur communiquent leur vertu. De même on trouvera facilement Ja raifon pour- quoi les arbres fauvages & ceux qui font en pleine campagne, comme aufh ceux qui fe trouvent dans les Bois font beaucoup plus vifs, plus frais, plus plus fains & plus durables, fleuriflent plus abon- damment & produifent plus de fruits, que ceux qu’on plante & cultive dans. les Jardins ; LS qu’ so L'AGRICULTURE PARFAITE qu'ileftaifé decomprendre que ces derniers font d’un tiflu fort délicat & fort tendre, & cela parce qu'ils attirenttrop d’humidité par le fuc nourricier. Car on fait aflés que le maître d’un verger aime beaucoup à faire du bien à fes plantes. Pour cet effet, il fait pref- que tous les ans mettre du fumier à fes arbres, & n'oublie aucun artifice pour les faire croître. Il parvient en partie à fon but par là; maïs par cette molle éducation 1l eft en même temps la caufè, que lorfque le temps eft froid & inconftant, ils s’en reflentent d’abord par leur délicatefle, ce qui les retarde dans leur croiflance, ou bien les fait Janguir , & deflécher à demi , jufqu’à ce que mourant peu-a-peu ils periflent à la fin tout-à- faut. Car les arbres reflemblent en cela aux enfans qui dans leur jeunefle aïant été dorlotés & élevés trop délicatement, ne peuvent dans la fuite fupor- ter n1 le chaud ni le froid, ce qui les expofe à quan- tité d’accidens ; ils demeurent toüjours foibles & mfrmes, & deviennent fujets à un grand nombre d’incommodités. On voit auffi avec furprife com- bien font tendres les fleurs & les fruits de ces pe- tits arbres de Jardin : Car s’il pleut un peu trop, les fleurs tombent , & sl pañle feulement un ver- mifleau fur le fruit , d’abord la petite peau tendre en eftoitée: Au lieu que les arbres fauvages font d’u- ñe tout autre conftitution : Car quoi qu’ils ne ti- rent que peu de nourriture du fem de la terre, leurs fibres néanmoins deviennent beaucoup plus dures & épaifles & plus durables. Ils jettent auffi leur racine plus avant en terre, & en urent plus abondamment de ce fuc nourricier , qui les rend non feulement plus gros & plus beaux, mais ils efluient auffi fans rifque le froid & le chaud , les vents âpres & piquans: Ils fuportent tout, pro- ftent beaucoup plus , leurs fleurs font | plus PARTIE TI. SECT. I. CHAP.IV. $x plus de durée , & ils produifent des fruits incom. parablement plus fermes * & plus fains & en plus grande abondance que ceux qu’on cultive fi foi- neufement dans les Jardins. On le voit aux ar- Pres des pare qui les traitent tout de même que leur enfans, qu’ils élévent avec une nouritu- re qui fairoit fouvent bondir le cœur à des perfon- nes acoutumées à une bonne table, & ils ne leur donnent à manger que des chofestres groflieres &c. Ils les laiflent courir à demi nuds à la pluie & au vent, auffi bien en Hiver qu’en Eté, & cependant ils font fouvent beaucoup plus beaux &c plus fains que les enfans qu’on éleve dans les villes. Il y auroit beaucoup à dire pour examiner quelle peut être la conftitution de diverfes fleurs dont quelques unes fouvent en s’ouvrant de rep Ma tin font belles & agreables, & le foir font toutes pañlées & fe fanent enfin tout-à-fait, au lieu qu’u- ne autre belle fleur peut fouvent refter frai- che & faine huit jours & au delà, comme auffi pourquoi beaucoup d'arbres ne vivent que deux ou trois ans , pendant que d’autres dureront plus de cent. Mais on remettra cette matiére à la feconde partie, ce qui apparemment s’exécutera avec beau- coup plus d’exaétitude que dans celle-ci, parce qu’on y emploiera plus de temps qu’on ne la pu faire cette fois. $. 7. Avant que de renfermer l’abondance de mes penfées dans ce Chapitre, je propoferai encore cette queftion: Pour quelle railon la plépart des ar. bres perdent leurs feuilles l Hiver , Édine croiffent pas ce temps-là , ainfi que dans PEté, quoi que les feuilles foient comme les cheveux des arbres | €3 leur orne D 2 4/1 * L'Auteur parle de ces qualitez par raport aux fruits | mêmes ÊS non poiss par raport an goñt 5 à la nouritare de l'homree. $sz L'AGRICULTURE PARFAITE ment , comme la laine left aux moutons, qui en ce temps-là en ont auf grand beloin, à caufe du froid, que les hommes de leurs habits ; le proverbe vulgaire fe trouvant ordinairement vrai, que ce qui eff bo pour le chaud , eff bon auf pour le froid? Mais c’eft une chofe connue qu’il fe trouve. peu d'arbres qui aient une fuperfluité de fuc refineux & aromati- que. Le nitre qui dans l’Hiver prédomine en Pair, ne peut faire beaucoup de dommage à ceux qui participent beaucoup au premier. Il ne les peut pas concentrer davantage, par ce qu'ils confftent déja en un fuc auquel d’autres ont concouru. Mais lefprit nitreux opérera beaucoup mieux fur ceux qui font compolés d’autres parties , car 1lre- ftreint leurs pores & leurs fibres , ce qui oblige le fuc à retourner d’où il eft venu & à fe concentrer. Et comme larbre diftribue le plus dans fes feuilles la fuperfluité de fon fuc, pour lors les fucs rebrouf- fent ch:min & fe tiennent l’un près de Pautre, dans es boutons ou rejetons fermés , dans les grofies branches, & fur tout dans la racine. Or les feuilles n’ajant plus de fuc par cette difpofition tombent d’el- les mêmes & fe pouriflent. Mais ceux qui font d’opinion que l’Hiver il n’y a ni fuc nt circulation de fuc dans les boutons, les poufles & les grofles branches de l'arbre, fe trom- pent fort Je dirois plûtôt qu’il y a beaucoup plus de fucs & en plus grande abondance dans ces par- uies, & que la circulation fe fait alors bien plus promprement qu’en Eté: Ceft ce que j'ai reconnu à mon Noïer. Lorfque dans le dernier Hiver qui dura fi long-temps, jen eûs coupé une branche, 1l en fortit quantité d’eau, ce qui m'arrive pas de mé- me PEté. La raifon le dit même fans beaucoup d'expérience, fur tout lorfque nous examinons la conftitufon de notre corps enHiver, chacun trou- vera PART. I. SECT. I. CHAP. IV. LÉ: vera qu'il fe porte beaucoup mieux & eft plus a- gile alors qu'en Eté: On vera aufii que lap- petit eft meilleur , & que leftomac digére mieux les viandes : Le fang circule mieux, les efprits vitaux font beaucoup plus volatiles, & lon eft plus difpos. La raifon en eft fans doute parce que le froid reflerre & condenfe mieux les pores que la! chaleur , & que les humeurs, de même que les efprits vitaux fe trouvent alors enfemble en plus grande abondance. Il en eft pro- bablement de même à égard de la conftitution des arbres pendant Hiver, car les pores font plus ref. © rrés par le froid, & les fibres s’emboitent plus é- troitement l’une dans l’autre. Or comme cela doit provenir du froid , il eft aifé de juger que le mou- vement intérieur ou la fermentation inteftine doit être d’autant plus forte. Car fi ce mouvement in- terne ne produifoit pas une chaleur qui fût capable de réfifter au froid extérieur, celui-ci prendoit bientôt le deflus , & empêcheroit le mouvement intérieur. À cet empêchement fuccéde fort fubi- trement une ceflation, qui eft fuivie d’un defléche- ment , d’où réfulte à la fin une extinction totale, ainfi que quantité de perfonnes qui âiment le Jar- dinage l’ont éprouvé à leur grand déplaifir dans ce long &t rude Hiver. Cela arrive fur tout lorfque les parties intérieures ne font pas en état de s’opo-. fer à la force extérieure, $. 8, Je communiquerai encore ma penfée fur ce qu’il nous paroît fort furprenant & comme quel- que chofe de particulier , lors qu’on dit que l’eau remonte, & s’éléve pour ainfi dire contre - mont. Ce n’eft pas à la verité une petite chofe , & elle mérite bien d’être recherchée & expliquée claire- ment, afin de favoir comment l’aliment & le fuc nutritif monte de foi même vers la cime de l’Ar. ! de Ci bre, éd f4 L'AGRICULTURE PARFAITE bre, fans qu’il ait befoin de vehicule pour cèf effet. Il faudroit un trop long difcours pour exami- ner fi la caufe provient feulement de la fermenta- tion & du mouvement continuel, ou de la force é/af- tique & de la preffion de Pair, ou fi cela dépend par- ticuhiérement des veines & autres parties: Je dirai feulement en peu de mots , que tout cela fe fait de Ja maniére que nous dirons dans la fuite. On a fait voir dans le premier Chapitre qu’il réfide un certain principe Moteur dans les arbres, que nous pourrions appeller Æ/prit Architeilonique ; parce qu’efcétivement il fait l’office d’Archircéte. Le troifiéme Chapitre a fait voir la configura- tion des parties intérieures de l’Arbre, & combien merveilleufe eft fa ftruéture. Dans ce Chapitre on a donné Pexplication des fucs vitaux, non feule- ment eh quoi ils confiftent, mais aufli comment ils font portés jufqu’à une hauteur extraordinaire, & reconduits enfuite en bas. Il faut que je dé- montre cela par des principes de Phyfique ;ainfi ileft à propos que finfere ici un petit Siftême du Ciel & de l'Air. | $. o. Il faut favoir avant toutes chofes en quoi confifte proprement la diférence entre leCiel & Air. Je réponds à cela qu’ils ne différent Pun de Pautre que d’une mamiére accidentelle; car le Ciel com- prend tout en foi, & tout en eft entouré. Com- me 1l s’exhale auffi continuellement de la terre & de Peau une quantité ancroiable de diférentes va- peurs qui font attirées en haut, & font compofées de particules qui différent infiniment l’une de l’au- tre, un certain efpace du Ciel fe remplit de ces particules hétérogénes. C’eft ce qu’on remarque dans Athmofphére qui eft une étendue autour de la terre, dans kquelle fe crouvent quantité d’a- tomes PARTIE I. SECT.I. CHAP.IV, #5s tomes ou de petits corpufcules. S’ii ne fe fefoit pas une telle exhalaïfon , 1l n’y auroit point d’air, . car Pair feroit alors le Ciel même, aïant fans cela fa durée commune avec le Frrmament. Quoique Ja matiére æfherée foit dans l’air, ou ne doit néan- moins la confidérer que comme une efpéce d’accis dent , car elle eft comme abforbée par le melange de tant d’exhalaifons forties de la terre. L’Air eft donc une fubftance legére , invifible , diaphane, fluide , fort mobile , & comprimée en elle même, étant tantôt legére, tantôt pefante. Tantot elle peut s’infinuer dans les. parties poreufes, & tantôt elle eft obligée de s’en départir. Elle fert à la croiflance de l’Arbre, comme de toutes lesautres chofes vivantes, & lui eft fort néceflaire, comme il paroïîtra dans la fuite. $. 10. Or comme cela n’eft pas connu d’un chacun ou que tout le monde ne le comprend pas : d'abord, on croiroit peut-être qu’on ne fait ici que battre la campagne, fans pouvoir verifier cela fuf- famment. Car qui croiroit que notre Athmofphere oucet Air que nous refpirons confifte au parties a- queufes, terreftres, falées, fulfureufes, legéres, ignées, putrides, &c. Je n’en appellerai pasici à quantité d’expérien- ces: cela tombe même fous nos fens. Car quant à la vûüe, nous ne pouvons pas à la verité voir lAur, mais lorfque le foleil perce vivement par une vi- tre dans une chambre, on découvre fufñfam- ment à Pœil les petits corpufcules qu’agite la Lu- miére du Soleil, & de quelle furprenante maniére ils fe meuvent entre eux. Outre cela on aperçoit fouvent fort diftinétement comment le Soleil attire les parties aqueufes qui pourroient être mêlées à d’autres matiéres, d’où {e forment enfuite les nues, les éclairs, la pluie, le brouillard, &c. defquelles D 4 cho- + 56* L'AGRICULTURE PARFAITE chofes vifibles on peut faire auf un argument con- cluant pour les invifibles. | H ne s'enfuit pourtant pas que la vûe feule doï- ve décider de toutes chofes : Carnous pouvons auffi découvrir bien des chofes cachées par nosautres fens, & il eft certain que l’attouchement eft aufñ un bon Maître. Car par exemple , lorfqu’on frape d’une main dans l’autre , chacun fentira bien quelque: chofe d’humide entre deux. Ou lorfqu’on ouvreëc ferme fubitement la porte d’une chambre, ce mou- vement envoie un air qu’on remarque plus fenfi- blement que celui que le beau Sexe agite de fon éventail. | | | A Pégard de louïce, elle peut juger auffi fufñ- famment de Pair : Car plus il eft fortement ébran- lé, plus elle en reçoit d’impreflion. Soit que ce mouvement foit caufé en tirant ,&c. Il fufht que le tambour de l’oreille & les autres parties qui en dépendent, le reflentent , en forte qu’on eft fou- vent'obligé de dire, je ne [aurais Juporter à meso- reilles ce violent mouvement de l'air. Mais fi Pon vouloit recourir à quelques expériences pour prou- ver comment on peut fentir l’air ; pour n’en ra- porter ici que quelques unes, on n’a qu’à confidé- rer une chandelle où le feu, & pourquoi il brule. On na qu’à faire aufñ attention à ce qui arrive lorfqu’on tire l'air d’un vafe par la machine preu- matique : Car aufh-tôt qu’on Py laifle rentrer, on entend l'éclat & le grand bruit qu’l fait. Qu'on examine aufli les fontaines & les inftrumens hy- drauliques. On n’a qu’à pomper dans une pareille machine hydraulique pius d’air qu’elle n’en peut contenir, ou qu’elle en a befoin, 1l en refortira d’a- bord avec impétuofité & remontera. Pendant que je fuis fur cette matiére, 44 | jou- PARTIET. SECT.I CHAP. IV. 7 fouviens de la belle expérience que jai vû faire en Hollande. … Voici en quoi elle confiftoit.. On arrétoit à-vis fur la machine pneumatique, fuivant l’ufage, une cloche ou bouteille dont le tiers étoit rempli d’eau. Enfuite l’on en tiroit Pair peu-à-peu. JL’eau qui étoit dedans, commençoit tellement à bouillonner, à. monter & à s’échauffer par ce moïen , qu’on auroit cru qu’elle étoit fur un grand feu, & fi Pon n’eût eeflé à en pomper l'air , le Récipient fe feroit caf- {é en mille piéces. On fit une pareille expérience avec une veflie de cochon. Dans ce même Récipient on mit une veflie hiée & comprimée. Lors qu’on en tira l'air, la vefie fe gonfla d’elle même aufi fortement que fi. on Peüt foufflée avec la bouche, ce qui prouve fufifamment la raréfaétion & l’extention de Pair. Quant à ce qui regarde de plus la preflion & la température de l’air , cela peut fe connoître aux Barometres , où fe trouve le Mercure & autres li- queurs. Mais ceux qui voudront en être mieux informés , n’ont qu’à confulter SeNGUrRD Phil. Nat. PReTOWING de Rarefaëtione Aéris in aë. erudit. Lip{. 40.86. Srurmi1 Colles. cu- riof. &c, $. 11. Outre cela on ne peut contefter que le Ciel & Pair ne remplflent &meuvent toutes chofes dans toutes les fubftances corporelles , foit qu’elles foient fur la terre ou, deflous : & elles ont une parfaite af -finité entr’elles. KElles font fur tout fort actives à l'égard des objets qui ont befoin d’un mouve- ment continuel, de fermentation, de conferva- tion, de nutrition & de génération , comme font par exemple les Végétables & autres chofes vi- vantes. savoir d’où Pair qui eft compofé de tant de par- | | MT ticules \ 58 L'AGRICULTURE PARFAIÎTE. ticules hérérogénes ,a fon mouvement fubit & con- tinuel, c’eft cequi dépend proprement de l’Ætbher, de la matiére fubtile , ætheréc & celefte ; de la- quelle les chofes corporelles qui fonten Pair, tirent leur force & leur mouvement. De plus une matiére meut l’autre par l’air, & comme il eftconnu , plus les corps font petits ,plus fubiteft leur mouvement: Cela fe fait fans intermiflion dans l’air, quoi que nous ne puiflions pas l’apercevoir. ELorfque ces 62 manations feraflemblent, elles compofent un Corps vifible qui ne laïfie pas d’être mobile, comme on le peut voir aux nuées. Outre cela Pair a aufh cette propriété en foi qu’il peut être promtement com- primé & dilaté , il fe fépare aufli bien qu’il fe réunit , & fe comprime dans le plus petit corps. Mais à la premiére occafon de fe dilater , 1lne manque pas de le faire. C’eft ce qu’on apelle la preffion de l’air, d’où réfulte l’extenfon & la raré- faétion, comme auffi la compreffion de Pair; com- me on le peut voir par l’expérience mentionnée. Par ce moïen ou peut expliquer une infinité de phéno- ménes , fur tout pourquoi l’eau s’éléve en haut, car autrement il faudroit recourir aux qualités o- culres. $. 12. Outre cela, comme l’on peut bien fupo- fer que les émanations qui font dans Pair, font fort legéres & fubriles, aufh s’acommodent-elles par tout & font place aux pius grofles. Elles font méme attirées vers le Ciel par leur légereté. Et quoique ces particules foient fort légeres, elles ne xiflent pas d’avoir leur pefanteur fuivant leur proportion & dans leur degré de legéreré. Je n’ex- pliquerai pas pour cette fois, comment l’on peut rechercher & faire voir la pefanteur & la legéreté, comme auf l’humidité & la fécherefle, mais je fe- rai voir feulement comment par le fecours de Pair, PARTIE I. SECT.I. CHAP. IV! 59 Pair, les humeurs ou fucs vitaux des arbres, peu- _ vent être pouflées en haut jufqu’à l'extrémité de la cime, lors que les organes de Parbre font bien dif- Dfés. Enfin l’on peut conclurre de tout ce qui a été dit, que lÆfher fe trouve dans toutes les liqueurs & chofes aqueules par où Pair peut pénétrer dans Îles parties fpongieufes & porculfes , & s’y compri- mer fort facilement , & qu’il a auffi la vertu de fe dilater. Suppofé qu'il y eut un arbre beaucoup plus grand que la Tour de la Maïfon de ville de Ratishonne, & qu’il fût pourvû de fes pctitstuïaux & conduits, véficules & valvules, comme cette Tour left de fon efcalier , & comme on l’a prou- vé par ce qui a été dit ci-deflus, il attireroit à foi par une efpéce de détroit, vû la quantité de {es ra- cines fpongieufes, le fuc nutritif de la terre, com- me aufli ’Ærher qui eft pareillement fous terre: A laquelle operation la preflion de PArhmofphere doit beaucoup contribuer , car c’eft un chofe connue que les filets de racine vont en groffflant plus on remonte vers le tronc, comme ceux de la tige vont en retreciflant. Par là l’air comprimé en- tre dans un plus grand efpace : C’eft pourquoi il s’efforce de {e dilater ; mais les corps réfiftent à l’air, qui fon tour leur fait réfiftance, & de cette ation & réaction réfulte le mouvement intérieur: Et com- me la tige n’eft auf autre chofe qu’un canal & des tuiaux, les fucs font rechaflés par ces mouvemens du large vers la hauteur , & mis à Pétroit par la préffion extérieure del’Athmofphére Or afin que Je fuc pouflé en haut ne puifle retomber vers le bas, 1ly a pour cer effet dans les tuïaux qui re- montent , plufeurs valvules qui lempéchent de s’en retourner. Lorfqu’il a atteint fa hauteur par fes canaux ou tuïaux, il retourne de l’étroic dans | Je 69 L'AGRICULTURE PARFAITE le large , & rebroufle chemin par ces tuïaux. Er c’eft là véritablement un mouvement perpétuel qui furpañle tous les autres. Si j’avois envie de cher- cher à prefent le mouvement perpétuel, je tirerois de là mon principe, parce qu’il eft fondé {ur la pature , mais ce n°cft pas là mon étude: Cepen- dant on aura par là prouvé en quelque façon com. ment les humeurs aqueufes peuvent monter & def- cendre dans les-arbres. Or comme leur vie confifte dans le mouvement, & que c’eft la fixation des hu- meurs, qui caufe leurs maladies & leur mort, je traterai dans le Chapitre fuivant de la maladie & de la mort des arbres, CH A BRIT R E:Y Des accidens ES maladies | comme aulfi de la mort de l’arbre, 8 à PTS avoir amplement traité ci-deflus de la nutrition , augmentation & multiplication d'une fubftance croiffante, & montré en partie que cet ouvrage de l’accroiflement dépend pour la plüpart d’une aétion interne, laquelle confifte en un mouvement continuel & en une harmonie ré- pee de toutes les parties , l’expérience journa- jére nous fait voir que toutes chofes vivantes qui font mues & augmentées pendant long-temps, commencent à s’affoiblir peu-à-peu , à déchoir, & à lafin fe corrompent & s’anéantiflent entiérement, après quoi elles rentrent dans leurs premiers prin-. cipes, d’où elles étoient provenues. Cette vicif- fitude eft apelée la mort & la corruption. | Quoique toutes chofes foient fujettes à la cor- TUP= PARTIE I. SECT.I CHAP V. 61 ruption où au changement , on voit néanmoins dans Ha nature, qu’une fubftance vivante fe main- tient & conferve fa perfection plus long-temps qu'une autre. Et il eft étonnant qu’une chofe fans vie puifle fe conferver plus long-temps que celle qui a un efprit vivant en foi. Qu’on fafle feule- ment attention à un arbre, 1l eft imconteftable que _ Je bois d’un Arbre abattu, qu’une poutre placée com- me il faut dans une mur, peut durer quelques cen- taines d’années avant qu’ellepourifie, au lieu qu’un arbre vivant, pourra à peine atteindre l’âge de cént ans. Ce n’eft donc pas une queftion peu curieufe & inutile, lorfqu’on demande pourquoi un arbre ne pourroit pas vivre éternellement, puifque cela paroit poflible? Car premiérement , :l eft toûjours en un même lieu: Deplusil attire à foi réglement toute l’année, fuivant la coutume, un fuc nourrif- fant. Outre cela il eft acoutumé depuis longues années aux viciffitudes des faifons, favoir l'Eté, PAutomne ,PHiver & le Printemps, & partant il ne fe reflent plus de cette vicifhtude de temps & d’air. Qu'il faffe froid ou chaud, humide ou fec, l'arbre fouffre tout cela par une longue habitude. Outre cela 11 n’eft pas aufh fujet à être incommodé par quelque chofe de violent, & dans cette difpoftion 1l y auroit licu de croire qu’il pourroit être aufis du- rable que le Soleil, mais l’expérience fait voir le contraire. On pourroit raporter beaucoup de caufes de cette inconftance & de tous ces changemens, mais probablement la principale eft que les arbres auf bien que les hommes font compolés de divers princi- pes qui quoiqu’ils foient pendant quelque temps dans une parfaite harmonie température & mélange, l’un tâche neanmoins de prévaloir fur l’autre, & leur dif- corde eft funefte à ce végetable. Car il en réfulte une inégalité de mouvement à l’ocafion de tant de par- 6 L'AGRICULTURE PARFAITE particules hétérogénes , qui derange à la fin Ia proportion & harmonie : Et s’il arrivequeles che- fes reviennent dans l’ordre où elles étoient aupara- vant, detoute néceffité 1l fe fait un dérangement, fur tout dans les fucs vitaux, d’où réfulte une 944- gnation où fixation, qui produit la corruption, & de làenfin une exftinétion totale & une altération de tout l’être. Néanmoins de cette corruption fe produit quelque chofe tout diférent de ce qu’il y a- voit au commencement. Ainfi 1l eft toüjours vrai que la corruption d’une chofe eft la génération de Jautre. Et de cette maniére, une chofe fe chan- ge en une autre fubftance : Neanmoins elle n’eft pas pour cela entiérement anéantie. Car celui qui peut réduire quelque chofe à rien, peut créer auf de rien quelque chofe. Mais Pun & Pautre eft en Ja Toute Puiffance de Dieu & eft incerdit à l’hom- me: Îl ne nous convient pas auf de rechercher de pareilles chofes. Or beaucoup de gens pourroïent -S’imaginer qu'on réduit quelque chofe à rien, lorfque par exemple, on hache une piéce d’arbre en quan- tité de morceaux, & qu’on les met dans une retorte. Car lorfqu’on allume un feu lent deflous, & que cela commence à diftiler, 1l en fort auffi bien de Peau que de Pefprit, de huile, un fel volatil &c fixe, & enfin il n’y refte rien que la terre. Lorf- qu’on traite encore ces diférentes parties de la mé- me maniére, on en tire quelque autre chofe, juf- qu’à ce qu’à la fin tout fe perd fous la main. On pourroit donc dire, cet arbre eft changé & réduit à rien. Mais il faut porter fa penfée du vifble à Pinvifible, & alors on reconnoîtra que la fubftan- ce de larbre n’a pas encore été anéantie, mais qu’il faut un autre Artfte pour porter la chofe juf- ques là. $. z. Comme la Sagefle éternelle a déterminé cet PARTIEI. SECT.L CHAP.V. 63 cet ordre naturel , que tout ce qui a un efprit vi- vant en foi, fera fujet à la corruption & à la def- truction , il ne peut y avoir, pour l’exécuter, de moïen plus propre & plus convenable que la mar Jadie. Car de la provient tout changement, même - Ja mort & une totale corruption. Après cette fu- poftion on pourroit demander fi les maladies font quelque chofe de fubftantiel ou une eflence fubfftant par elle même: Mais auf peu que la fanté eft quel- que chofe d’eflentiel, auffi peu le font les maladies, quoique étre fain & être malade foient deux diféren- tes chofes & opofées l’une à l’autre, Car commela vie & la fanté confiftent en une état réglé, natx- rel, &enune jufte difpofirion ,lorfque tout le corps eft dans une parfaite harmonie ; & que tout s’y exé. cute uivant les loix que Dieu & la Nature lui ont prefcrites, en forte que tout fe trouve dans un parfait mouvement , en quoi confifte principale- ment la perfection d’un Etre : Au contraire auffi Jorfqu’une chofe naturelle eft changée, alrerée & déreglée, de maniére que les parties fluides ou folides en fouffrent, ou font traveriées dans leurs fonétions, cet Etre accidentel eft apellé maladie. Si cet état prend le deflus, & que tout s'arrête, il en réfulte un anéantiflement total &une extinétion de tout l’Etre, qu’on apelle la mort. Or comme les créatures vivantes font les plus fujettes à ce changement , on ne peut dire autre chofe , finon que les arbres qui ont pareillement une vie parti- culiére doivent être auf fujets aux maladies. Et ceft ce qu’on obferve efletivement , tant dans leurs parties externes que dans les internes. Quand elles prennent le deflus, Parbre meurt, & ces accidens peuvent arriver à une arbre, lors même qu’il eftere core dans fa femence. Malz- 64 L'AGRICULTURE PARFAITE Maladies de arbre dans la femence. Qu’on garde, par exemple, tel grain de femence. que l'on voudra dans un lieu trop froid, alors Je bourgeon fera condenfé par le froid & gélera; ou bien une trop grande chaleur le defléchera, s’il m’eft dans le fein de fa mere, ou bien il fe moifi- ra, ou la racine fera écornée par le bas, ou rongée, ou les filaments s’en trouveront déchirés , en un mot il lui arrivera quelque accident pareil, & en ce cas on peut dire qu’ila été malade & qu’il eft mort dès fa naïflance. S'il entre donc enterre, il ne poufle pas, mais il fe pourrit d’abord, d'autant que par une pareille bleflure à la tête, l’ame s’eft déja féparée du corps. F Maladies de Parbre hors de la femence. Au contraire, lorfqu’on garde bien la femence, & qu’on la plante comme :1l faut, elle croît bien, : elle eft fraiche & faine, & parvient à une croiflan- ce parfaite. Mais à mefure qu’elle croit, en mé- me tems commencent aufli fes incommodités & fes maladies. Cependant il y a en cela des arbres plus heureux les uns que les autres. Car Pun ne fera at- taqué que d’une incommodité , & l’autre de plu- fieurs à la fois, Quelquefois 1l furvient des accidents qui n’attaquent qu’une partie de larbre, mais fou- vent il en furvient aufh qui infectent tout l'arbre. Quelquefois une maladie maligne n’attaque que 14 partie extérieure de l’arbre , & aufüi-tot après elle gagne la partie intérieure : Et quoi qu'il foit enco= re jeune, fes différentes maladies ne laiflent pas de Pacabler. S'il vieillit il eft encore fujet à diféren- tes maladies. Tantôt les parties aqueules, tantôt les falécs, PARTIE I. SECTI. CHAP. V. 65 falées, & tantôt les bitumineufes prennent le def- fus. Quelquefois 1l lui furvient une maladie com- me un Etre eflentiel, mais fouvent aufli ce n°’eft qu’une maladie accidentelle. Souvent il aura hérité d’un fuc vicieux, & il y aura quelque vice caché dans fa femence, & fouvent une violence étrangé- re fait quelque chofe qui luieft contratre. Les fai: fons qui fe fuivent lui caufent de facheux accidens ; comme une fécherefle trop grande & une chaleur exceffive dans l'Eté, trop d'humidité dans lAu- tomne, un froid extraordinaire dans l’Hiver, un brouillard épais & une rofée dommageable au Prin- tems &c. 1l régne aufli parmi les arbres des ma- Hdies épidémiques. Qui pourroit compter toutes leurs maladies & accidens avec leurs fymptômes? Nous allons feulement en raporter ici quelques unes. Î. Maladie, la Rofte buileufe. De ce nombre eft la. Ro/ée huileufe que les latins äppellent Rubigo , qui régne fouvent parmi les arbres & c’eft comme une Maladie Epidémique: Elle les endommage le plus au Printemps, lorfque la terre s'ouvre, & que les vapeurs renfermées commencent à s’exhaler. Cen’cft autre chofe qu’u- ue rofée fort mordicante & corrofive, provenant des vapeurs que la terre à exhalées. [Lorfqu’étant ttrirée en haut, elle retombe enfuite, & fe pofe fur les petits bourgeons nouvellement éclos ; elle les infecte par fon acrimonie, & empêche, dans les petits tuiaux traverfans ça & là,: la circulation du fuc nutriuf qui s’y doit faire, fur quoi les feuilles commencent à fe flétrir , ce qureft préjudiciable tant aux fleurs qu'aux fruits. E à. Ma- 66 L'AGRICULTURE PARFAITE 2. Maladie canfée ph* une efpéce de brouillara. | Une vapeur épaifle ou une rofée trop abondante peut caufer le même imconvénient aux arbres, cet- té maladie étant prefque femblable à la précedente. Poute la différence eft que celle-ci n’a pas une fi grande acrimomie, & qu’elle confifté plurôrentrop d'humidité. Mais s’il en refte trop loñg-temps une grande abondance fur les feuilles, les petites fibres fônt par ltrop dilarces & élargies, & fi alors le Soleil réfléchit trop deflus, 1] les reflerre de mamiére que Jé fuc nourricier ne peut plus agir comme il faut, & les feuilles commencent à fe fétrir, au grand dommage de Parbre. 3. Maladie, Feu ow Ardeur des Arbres. En troifiéme lteu on reconnoit une maladieaux ar- Bres , qu’on apelle en latin Uredo ou le fes des arbres. yen a de deuxfortes. Premiérement 11 feforme, Jlorfqu’une pluie ou rofée fubtile tombe & fe pofe fur les femilles, &que les raïons du Soleil dardent entre deux , cé qui ouvre & dilate les pores & les fibres que la chaleur du Soleil reflerre fur le champ. ! €?eft ce qui brüle les feuilles, après quoi elles de- vicngent brunes & noires, & rombent à la fn. Ardenrs dans la Moëlle. de Sécondement on trouve un pareil feu dans les parties internes de’ arbre, favoir dans l1 moëlle:. Mais cet inconvenient ne provient pas du dehors comme celui.des feuilles. Il y en a qui croient que cette maladie eft caufée par Ia tranfplantation des arbres, favoir lorfqu’on ne rend pas à un arbre fon scies | lieu PARTIEL. SECT.I CHAP.V: 6» lieu ordinaire, en forte que le côté Oriental de l’ar- bre eft tourné vers POccident, par où le côté Sep= tentrional fe trouve expofé au Sud. Et comme Îa partie Septentrionale n’eft pas acontumée au Soleil du midi, 1ls s’imaginent que c’eft ce qui caufe ce feu : Mais Ceft ce que je ne puis comprendre, Car à Pégard de la prétendue obfervation des can- tons ou de Pendroit, cela me paroît une chofe vaine. S1il’arbre eft fain, 1l a une circulation & une nutrition uniforme , un coté eft auffi bien nourri que Pautre, & ils reçoivent une égale force & grof- feur. Et lorique la chaleur du Soleil attaque l’ar- bre, je m’étonnerois que l’écorce ne fe reflen- tit pas plûtôt de lardeur, que la moëlle. Fa aufh examiné plufieurs fois l’écorce des arbres fort foigneulement, mais je n’ai pu trouver de différen- ce entre le côté Septentrional & POccidental, PO- rienital étant de même que le Méridional. Et je me trouverois avec plaifir fur les lieux, pour voir comment s’égareroient dans les bois épais, ceux qui prétendent être aflurés, qu’ils diftinguent uni- quement à l’écorce des gros arbres dans une Forêt, le côté Meridional d’avec le Septentrional. Un bon guide me feroit beaucoup plus agréable qu’une mar que fi incertaine. * Ardeur interne, [a cau[e. La veritable raifon pourquoi tranfplantant un ar- bre, le feu rend la moëlleardente, peut bien être par- ce que la coutumedu commun de Fardiniers eft qu’en tranfplantant un arbre, ïls taillent'd’ordinaire la ra- cine, ignorant le grand dommage que cela porte à l’ar- bre pour fa croifiance. Carils enléventles plus petits filamens &'les racines quiattirent le fuc de la terre.Ïls talent auf les grofles racines , fans couvrir la taille E 2 avec 68 L'AGRICULTURE PARFAITE avec de la cire d’arbre ou quelque chofe de pareil, & ils prétendent qu’en taillant ain , le fuc eft at- tiré dans les arbres , ce qui néanmoins eft abfolu- ment faux ,& l’on en dira la raifon en un autre lieu. Or comme par là la racine & la moëlle fe trouvant ouvertes & libres, l’humidité y entre &t gâte Ja moëlle, ce qui commence à communiquer une.ef- pêce d’ardeur à la racine, laquelle pénétre enftnte tout l’arbre. Cette ardeur furvient bien auf lorf- que Parbre vieillit , & que fes racines commen- cent à fe pourrir par où ce feu blefle non feulement KR moëlle, mais pañle aufii jufqu’à écorce. On trouve aflés dans les livres des Jardiniers habiles comment on peut guérir & prévenir cette INnCOmM= modité, 4. Maladie , la Confomption des Bourgeons. En quaitriéme lieu ; Parbre eft fort incommodé par la con/omption ou brulement des bourgeons. Car quand leau tombe en grande abondance {ur les feuilles & les fruits, s’il furvient un grand froid, Phumidité fe condenfe, & à les voir extérieurement on diroit qu’ils font revétus de glace ou de fu- cre. Par là les pores font trop reflerrés & com- primés , & les fucs vitaux font fuffoqués. Lors donc le Soleit vient enfuite à donner tout à coup deflus, ils jauniflent tout-à-fait , 1l leur vient des taches rondes, ignées , qui eroifieriten dehors, d’où proviennent fouvent des tumeurs qui reflemblens à des poreaux , dans lefquels fe trouvent de petits vers, lorfqu’ils commencent à pourrir. 5. Maladie, le Fer. En cinquiéme lieu , les arbres font fujets auf à | une PARTIE L SECT.I. CHAP.V. Go use maladie qu’on apelle le Ver. On nentend pas juftement par là ces petits animaux , qui à la véri.. té peuvent endommager beaucoup les arbres, comme font les hanetons, les hmaçons, les vers de terre , les fourmis, les perç-orcilles, les puce- rens & autres femblables infeétes, mais on en- tend ces vers qui proviennent de la fubftance pourrie des feuilles, de Pécorce, de la moëlle, des racines , des fruits, & des fleurs: Tout cela caufe dewrands maux aux arbres. 6. Maladie, la Chûte des Feuilles. En fixiéme lieu , les arbres font fujets à l’in- commodité de ne pouvoir conferver leurs feuilles êt les perdent en des tems extraordinaires. On apelle cela la chéte des fexilles , ce qui arrive fou- vent lorfqu’ils pouflent troptôt, & font furpris fore fubitement d’un grand froid, ou d’une chaleur ex- ceflive, ou lorfque le fuc s’élance tout à la fois, ce qui fait que dans la fuite il ne fe trouve plus de fuc nourricier : pour ne point parler ici du tout d’autres pareilles caufes qui les font tomber nécef. fairement avant le temps ordinaire, 7. Maladie, la Confomption. Eñ feptiéme lieu , les arbres font aufi quelque- fois attaqués de la Can/omption ,ce qui provient pref- que toûüjours du manque d’aliment & de fucs nour- riciers. Quand ils ne remontent pas en abon- dances, les parties font contraintes de fe reftreindre Pune dans l’autre & fe defléchent. Cela peut auf provenir de l’obftruction des veines & des racines, ou de la mauyaile coétion & fecrétion des humeurs, E 3 KG. jo L'AGRICULTURE PARFAITE &c. ce mal eft fort dommagéable aux ph & comme un avantcoureur de la mort, 8. Maladie, la Sterilité. En huitiéme lieu on fe plaint beaucoup de la Sze- #ilité des arbres, ce qu’on peut compter auff par- tm leurs maladies. Car on voit fouvent avec beau coup de chagrin qu’un arbre qui à cela près femble frais , fain, "& bien difpofé extérieurement, lorf- qu il commence à fleurir, ne porte prefque point de fleurs, ou qu'elles tombent & ne produifent rien : Ou même qu’après avoir eu les fleurs nouées, 1 laiffe tomber les fruits, fans qu’ils meuriflent. Beaucoup de perfonnes fe font fort attachées à re- chercher la raïfon de cette fterilité, Quelques uns en attribuent la faute aux Entes mal appropriées, de ce qu’on taille de trop bonne heure, pour avoir promptementde hautes & longues tiges, parceque par cette opération elles ne produifent que des fleurs & point de fruits. C?eft la raifon qu’en donne Mr. El/shsltz dans fon livre du Jardinage , laquelle n’eft nullement à méprifer. Mais il me femble que cela doit être principalement attribué au fonds & à la terre qui eft fouvent trop fablonneufe. Un arbre peut avoir aufli de bonne terre par deflus, & le fonds mêlé de gravier , Ce qui fait que les racines en y entrant ne trouvent pas aflés de fuc nourri- cier, à faute dequoi il ne leur vient point de fleurs, ou sl en vient, elles ne produifent point de fruits : Eïles ne fe fixent pas, ou laiffent tomber le fruit avant le temps., La ftérilité d’unarbre peut provenir auffi de fa fituation, parce qu’il eft trop à Pombre, ê& que le Soleil ne peut l’échaufler fufhfamment, ou qu’ileft dans un endroit trop marécageux & trop humide. Le mcilleur moïen eft de recher cher tou- tes PARTIEL. SECT.I CHAP.V. #1 tes chofes exatemenr, & lorfqu’on a découvert la véritable caufe, 1l fera aifé de rémédier bientôt à ce défaut. o. Maladie, la TFaunifle. Neuviémement, les arbres font attaqués auffi de la Fauniffe \ qui eit unc incommodité qui n’empé- che pas qu’ils ne paroiflent bons & fains à leur ti- ge, mais lorfqu’ils bourgeonnent, les feüilles font d’un verd blancheître, & lorfqu’elles croiflent un peu , elles deviennent jaunes. Ils meritent alors à - quelque chofe près la même compañfion qu’ona pour les perfonnes du Sexe, quiontla jaunifié;leur couleur blefle les yeux de ceux qui les regardent, quelque aimables qu’elles foient d’ailleurs , & on voudrait de bon cœur les pouvoir foulager. Cette incom- modité peut bien provenir de caufes externes, com- me de la Rofée huileufc dont on a déja parlé, mais elle vient principalement d’un défaut interne dont 1l faut chercher la fource fur tout dans 1la racine, peut-être parce qu’elle eft dans unterrain pierreux, mêlé de chaux, fort falé, ou acide. Les fucs vi- taux âpres dont la digeftion ou concoétion ne fe fait pas bien dans les entrailes des arbres, y peuvent aufh contribuer beaucoup. Dès qu’on apercoit cela, on peut encorc fecourir les arbres. à temps, aytrement 1ls fe defléchent êt meurent. 10. Maladie , la Gal. : Dixiémement, on trouve quelquefois aufli aux arbres, une efpéce de gale, &c. qui eft une mala- die à laquelle l’écorce de Parbre eft Ja plus fujette. La caufe en peut être de ceque les potes de la peau je dilatent trop, & aie attirent trop d’humidi- | ie 72 L?AGRICULTURE PARFAITE té par une tranfpiration infenfible , laquelle par Îe fecours de Pair fe coagule & s’endurcit. Alors Pécorce fe brife , & paroît couverte d’une efpéce de lèpre. Elle caufe auffi beaucoup de dommage à Parbre même, parce que PEté les arbres n’ont pas Jeur tranfpiration libre au travers d’une f épaifle fubftance : elle peut auffi être accidentelle, parce que par ces cavités inégales & raboteufes, la ver- mine trouve jour à fe cacher, às’y loger PHiver &c à la ronger, ce qui gâte autant Pécorce que Parbre même, & lui caufe un très-grand dommage. On fait comment on peut remedier à cela | 11. Maladie, la Moufe. Onziémement ,: la Mouffe eft auf fort préjudi- ciable aux arbres, car on verra rarement de Îa Moufle à un jeune arbre frais & fan. Un tel ar- bre eft déja infecté d’un fuc nutritüif pourri, ou bien il commencera bientôt à s’éteindre. Car comme on l'adit ci-deflus, la moufle a fes racines, 1l faut néceflairement qu’elle tire fa nourriture d’un fuc à demi pourri. Or comme cela s’y trouve déja, on doit bien prendre garde à larbre , fi Pon veut qu’il ne reçoive point de dommage &t ne meure pas. | 12. Maladie caufée par un excès de Froid ou RÉEL Le" > Douziémement : On connoit affés les effets de la Chaleur exceffive du Soleil, comme aufñ du Froid trop vif & trop pénetrant, car tout froid n’eft pas préjudiciable aux arbres, ce n’eft que quand il eft trop âpre; alors il caufe du dommage, ainfi que Jes Curieux du Jardinage ne le voient que trop fou- yént. On connoit auffi fufñfamment le mal que wtE PARTIEIT. SECT.I. CHAP.V. 73 peuvent caufer les orages, le vent , la pluie, la grêle, ‘autres chofes pareilles. Mais qui ofe en murmu- rer contre le Cicl? I] faut fuporter cela patiem- ment. 13. Maladie, les Bleffures. Enfin il faut dire encore un mot de la b/eff#re des arbres. Les grandes & profondes plaies font mor- telles & incurables, principalement lorfqu’elles pé- nétrent jufques dans la moëlle, & qu’elles ont été faites par de gros Inftrumens, comme des coups de ‘hache, [d'épée , de fabre, &c. Mais il n’eft pas vrai que toute bleflure & plaïe prive l’arbre de la vie; car nous voions bien cela, lorfqu’on ente en écuflon, qu’on greffe, & autres pareilles chofes. On peut couper en quantité de morceaux des bran- ches entiéres, & la racine même, & pourvu qu’on les traite comme 1l faut , avec des emplâtres & des onguens, ou dela Momie , cela ne leur nuira point. Mais ileit fort furprenant que par la maniére de couper en piéces, les branches puiflent devenir des racines, & les racines des branches d’arbres, comme on le fera voir amplement dans la III. Seétion. Quant aux fraétures , bleflures, tumeurs & enflu- res des arbres , on les peut guérir avec dés emplà- tres, des onguens; des bandages; quantité de li- vres ne traitent que de cela. Pour conclufion, on pourra demander encore, - pourquoi une tige fauvage, plus elle eft bleflée, coupée & entée de nouveau, plus les fruits qu’elle produit font delicieux ? C?eft peut-être en premier heu, parce que la greffe qui aura été entée deflus, aura été de meilleure nature que la tige fauvage, &t comme pour la feconde fois on y aura enté de nouveau une autre ente, aparemment d’une nature E 5 en L 74 L'AGRICULTURE PARFAITE encore mailleure , ce fuc quoi qu'il ne puifie-péné- trer immédiatement dans la greffe , ne laifle pas de fe ramafler dans une nouvelle matiére par le moïen du fuc étranger , & de faire une fubftance apro- chante du calus , ce qui eft proprement le fejour fecret où le fuc fubtil fe peut divifer. Comme 3l fe fubulife fort & devient fpiritueux , de là :1l s’enfuit néceflarement que ce fuc étant fi épuré, Jlesfruits en doivent être beaucoup plus tendres -& bien meilleurs. $. 4. Comme l’on a traité amplement ci-deflus des accidens & des maladies des arbres, il feroit jufte que nous inferaflions ici une Méthode pour aprendre à les guérir dans les regles & fuivant Arr. Je devrois dire aufli quelque chofe de la mamiére dont on doit les traiter, puifque les uns fe plaifent dans un terrain enfoncé, d’autres en veulent un plus élevé, d’autres un fonds maigre, où un gras; an endroit ombragé, ou bien atré, afin de profiter & de croître d’autant mieux. On devroit auff raporter ici les rafons & la maniére dont on doit traiter un arbre (qui eft pour ainfi dire né en un lieu & acoûtumé à ce terroir) lorfqu’on le tranf- plante, & qu’il ne veut pas croître. Comme auf comment l’on peut garantir les plantes du grand froid & du grand chaud , de l’humidné & de la 16- chereffe : Pareillement de quelle mamiére on doit tranfplanter les diférentes plantes , & les porter dun païs à l’autre, & autres chofes pareilles , &c. Mais comme l’on trouve par tout des Jardi- niers qui favent ces premiers élémens de leur pro- feffion , & qu’une infinité d’Auteurs ont écrit fur des chofes fi communes , jai trouvé plus à propos de me taire la-deflus, & d’y renvoiïer les Cu- TiEUux. | Comme il y a prefentement tant de maladies ” L € PARTIEI. SECT.IL CHAP.V. 75 fe multiplient encore prefque tous les jours, il fe- roit néceflaire que, pour le bien des Jardiniers, on établit des Académies, afin qu’ils y fuffent bien in- ftruits dans la fcience du Jardinage & puflent connoi. » gre par ce moïen toutes chofes à fonds. Car beaucoup de Curieux éprouvent à leur grand dommage, qu’on rencontre fouvent des ignorans qui ne favent rien des fondemens, & n’ont pour tout favoir qu’u- ne connotflance confufe. Pendant qu’ils s’imagi- nent qu’un Jardinier fera valoir leur Jardin & l’aug- mentera ; 1ls trouvent en cffét, qu’il ne fait que âter & détruire tout. Mais celui qui veut pañler pour bon & habile Jardinier, doit effleétivement favoir quelque chofe de fondamental. Car s’il veut ordonner des Jardins à la maniére de France, dI- talie & de Hollande, il faut qu’il y ait été, parce qu’il eff prefque impoffble de d’écrire tout ce qu’on voit dans de fi beaux & magnifiques Jardins. Lorf- que je fonge au feul Werfuilles | & à ce que jy ai vü, J'avoue que je ne croïois autre chofe, finon que javois Pavant - goût du Paradis. Tous mes fens en furent frapés, & quoique j’üfe le tout en tailles douces, ce n’éroit qu’une ombre en com- paraifon de ce qui fe prefentoit en nature. C’eft pourquoi 1} eft abfolument néceflaire d’envoïer les Jardiniers dans les païs étrangers. Un Jardimier intelligent devroit auf entendre PHvydraulique. Outre cela 1l doit fe connoître à tous les ornemens de fculpture , entendre les Parcs , les Compartiments des Parterres, & au- tres chofes pareilles, les Grotes, les grands & pe- tits Cabinets de verdure couvert à lItalienne, à la Françoife & à la Hollandoife; favoir faire les Galeries, &t menager des places propres à y placer des Pyramides, des Obelifques, & desStatues ,com- me auf ordonner des Allées couvertes, des Ber- |. geaux, 36 L'AGRICULTURE PARFAITE ceaux , du Treillage pour yilierdes arbres. Il doit entendre auf quelque chofe de Architecture & de la Peinture, pour pouvoir deffiner &tracer un plan, comme auf pour pouvoir faire toute forte de mo- delles de Jardins, Cabinets vitrés, & Serres d’Hi- . ver. I] doit prendre aufi à cœur de pouvoir paf. fer pour Naturalifte, afin de raifonner pertinem- ment de Ja bonté des divers terroirs & connoître bien leur diflérence. 11 doit étudier la nature & le tempérament des Plantes, afin qu’il fache celles qu’il doit garnir de terre chaude, feche ou grafle, De plus, 1l doit obferver auffi la diférence de la fe- mence, fi elle eft bonne ou mauvaife, comment il doit s’y prendre pour la bien planter , la retirer à propos & à temps, & comment on la peut bien’ conferver. Il faut qu’en cela 1l obferve bien le temps & les Mois &c. Outre cela il doit favoir auf à fonds, comment on ordonnera un Jardin à fleurs, un Potager ,ou un Jardin pour la Botanique, comme auf les Vergers d’arbres fruitiers & autres, & ce qu’on doit planter réguliérement dans les uns & dans les autres, afin qu’il ne place pas dans le Jardin potager, ce qui doit être dans le Jardin à fleurs, & qu'il ne plante pas non plus dans ce der- nier, ce qui doit être placé dans le Verger, &cc. Il doit fur tout avoir une connoiïffance parfaite des Orangers, des Citronniers & autres; comment on doit en avoir foin & les porter dans des caves, O. rangeries ou Serres: Comment on les doit traiter &c faire en forte qu’ils n’aient ni trop de-froid ni trop de chaleur , car l’un & Pautre leur cft préjudicia, ble,&c. Qutre cela il doit être bien verfé dans tout ce qui regarde le Jardinage: Il doit fur tout bien entendre la culture de larbre, comme à enter dans Je noïau ou dans Ja coupe, entre l’écorce & le bois, éxc. enter cn écuflon, greffer, mettre en terre, TC= PARTIE I. SECT.I CHAP.V. 7 réjoindre, & autres pareilles fciences qui apartien- nent autant à amélioration qu’à la multiplication. Lorfqu’il peut bien s’aquiter de toutes ces opéras tions, qu’il a quelque bonheur, il doit encore f1- voir de quelle maniére ces nouveaux arbres doivent étretraités, quand &t comment il les doit tranfplan- ter, êt enfin comment il doit les fumer, les ar- rofer & les garantir de toute vérmine. * Chaque Jardinier devroit même avoir aflés de connoiflance, pour favoir comment on doit traiter les arbres trop chargés de fruits , afin de les garantir non feule- ment de toute violence qui leur peut être nuifi- ble, maïs aufli pour fuporter leur grande char- ge, & les foulager: Et à la fin lorfque l’arbre à porté fon fruit à terme, 1l doit avoiraufñli lapruden- ce de le lui ôter, fans lui faire de dommage, & non comme c’eft la coutume, de fecouër tellement lar- bre & les fruits, que larbre en eft maltraité & les fruits meurtris. Ceux quien ufentainfi ne font pas reflexion, que par là ces fruits font battus & mis en piéces. Il faudroit aufhi\ qu’un Jardinier intelligent püt en quelque façon faire le perfonnage de Méde- cin, afin de pouvoir juger fainement des maladies, tant internes qu’externes, & les traiter tout-à-fait {elon PArt. $. . Enfin comme il eft inconteftable que tout ce quia vie doit mourir, & que j’ai fufffamment prouvé que les arbres ont aufli corps & ame, com- me 1ls ne peuvent pas refter éternellement, mais qu'ils doivent périr à la fin : cette {éparation fe fa par le moien de la maladie dont on a parlé » laquelle eft fuivie de la mort qu’un Païen apelle, horribilium horribilifimum.. Et comme la- me de Parbre lorfqw’elle s’eft féparée, foit qu’elle monte ou defcende, abandonne le corps qui eft fans VIE « 78 L'AGRICULTURE PARFAITE vie, & qui refte où 1left tombé, il fera demondes woir qué je lui rende auffi le dernier honneur ; & prefcrive une certaine manicre pour bien inhumer, ce corps Ligneux. Pour cet effet je fuivrai-la ma- niére d’enterrer dont fe fervoient autrefois les Grecs, les Romains, les anciens Gaulois, les Allemans,& qui eft encore aujourd’hui en ufage chés les Japo- nois, les habitans du Perou, du Mexique, les Tar= tartares , les Siamois ; &t des fujers du Grand Mo- gol, ainfi que cela paroïît par divers Auteurs, Perr. Bertius, Chrifioph. à Coffa, Gafp Barleus, & autres. Car leur coûtume étoit de brüler leurs Rois & les Grands après leur mort, fur un Bucher com- pofé de bois précieux & de toute forte d’aromates: Cela fe fefoit en marque de reconnoiflance, &ainfi fe terminoit leur pompe & leur magmificence Roïa- le. Lie mieux fera donc de faire les mêmes funérail- les aux arbres morts & coupés. Qu’on les af femble en ordre, qu’on les entafle Pun {ur lautre, & qu’on les brüle , afin d'en avoir une bon- ne chaleur. Et comme les Siamois après avoir brulé & réduit leurs morts ‘entiérement en cendre , la pafloient par un tamis, & la foufoient au vent, il fera aufli à propos qu’à l’honneur des arbres , après qu’ils auront été entiérement confumés ; nous en jetions les cendres, non pas juftement en Pair, mais dans des champs fténiles, afin que par le refte des parties falines qu’ils ont encore intérieurement, ils puiflent leur communiquer ce qu’ils ont encore de bon. Mais fi nos fervantes veulent les pafler dili- gemment par le tamis, afin d’en faire une bonne live, & s’en fervir tous les jours à blanchir, on lPaprouve , & cela tendra auf à lhonneur des arbres. Comme la mort fera fuivie d’une #é- furreétion, je vais voir fi l’on peut efpérer la même :chofe des arbres : C’eft de quoi bg | C PARTIE I. SECT.IL CHAP.VL #5 Je Chapitre fuivant qui eft le dernier de cette Sec“ tion. CHAPITRE WI. De Îa PÉlarreelièn de l'Arbre mort, tant au dedans © qu'au dehors de lœnf, ES enfin de la vie éterne de tous les Arbres. | MtAG AE À Près que l’Arbre a été réduit én cendres avec toutes fes parties , 1] refte encore cette quef- tion curicufe à faire: S% on le peut reffufciter de fes cendres , € fi l'ame V'egetative peut efpérer daller trouver les arbres qui fonr en Paradis? On pourroit à jufte titre prendrecette demande pour quelque chofe d’hétérodoxe: Et fi elle m’atire des reproches de 1a part de divers Théologiens , cela ne mefera nulle pes ne, & je ne m’en embaraflerai pas beaucoup : Mais ÿa- vouerai franchement ce qu: n’a fait entrer cette pen. fée dans Pefprit. C’eft même un T'héologien, 13. voir le vénérable Year Chriffian Nekringer Pafteur à Morl, qui a mis au jour un Traité de la réfur: reétion artificielle des plantes, des hommes & des animaux , de leurs cendres, ce qui m’a donné lieu d'entrer dans cette matiére. Savoir fi ce Théolo- gien adopte cèt Arc, c’eft ce que je ne fais point. fl y a néanmoins lieu de conjeéturer que cétte matié- re lui a fait beaucoup de plaifir , car autrement il n'auroit pas emploié tant de temps , ni pris tant de foin & de peine pour la traduire & la communi- quer au Monde favant comme quelque chofe d’2- gréable & de nouveau. S’il a donc été permis à-un Ecclefaftique de s'occuper de ces penfées, à plus forte raïfon me conviendra t-il beaucoup mieux en. tan 8o L'AGRICULTURE PARFAÏÎTE, tant que Naturalhfte, d’examiner cette affaire de plus près. J’expliquerai aufli mon fentiment fui- vant mon hypothefe, fauf néanmoins le jugement des autres, car ce nt {ônt pas des chofes à en faire un Article de Foi. 4. 2: On doit pofer ici avant toute chofe une Queftion capitale : favoir f Pos peut trouver dans la Nature un tel Art sou la Science de re[fufciter de leurs cendres tous les Arbres, Arbujtes & Fleurs, de manié- re qu’ils fe faffent voir an certain temps, €S difpa= roiffent enfuite? Ceux qui n’en conviendront pas, n’ont qu’à s’attendre qu’il leur tombera fur les bras une multitude d’Auteurs graves qui affirment lé fait. On verra du moins avec étonnement ; ce qu’une foule d'écrivains difent dans la Palingeneña Francica pag. 25, 26, 27. lefquels combattent tous pour Îa verité. Mais je fuis bien aife aufli d’en rencontrer quelques uns parmi eux qui fe moquent de cet Art & le rejettent : Je me rangerai de leur Parti, ne doutant pas que je ne trouve un beaucoup plus grand nombre d’opofans ; que d’acceptants: Mais je devrois être un peu plus circonfpeét & ne pas é- crire fi librement ni fi naivement , puifqu’on a à la main def témoins dignes de foi & des expériences fuffifantes. On n’a qu’à refléchir fur cette rare Hif- toire que raporte Quercetanus avec tant de particu- larités, 27 hermet. difcipli. contra Anonimum , traë. I. Cap.23. laquelle eft raportée aufi avec beau- coup d’autres dans ledit Traité p4g.26. Voici les paroles raportées. | H LT OQ LE » Ilya26.ans que certain Médecin à Crakovieen » Pologne favoit l’Art de préparer tellement lescen: , dres de toutes les parties de chaque plante, qu’il 55 52 CU PART. I. SECT. L CHAP. VI. 8r éh pouvoit réflufciter les plantes. Il préparoit fi doétement & naturellement les cendres de tou- tes les parties de chaque plante , même avec les couleurs & les linéamens, & favoit entretenir: leur efprit fi artificiellement , comme étant la caufe de toutes ces vertus , qu'il avoir plus de trente de ces plantes préparées ainfi de leurs cen- dres, & toutes diftinguées dans leurs petits ver- res, fcellées Æermetiquement, avec le nom de chaque plante & fes proprierés écrites deflus: De maniére que lorfque quelqu'un le prioit de fai- re voir une rofe & une fleur de fouct ou quelque autre chofe ; par exemple ; des pavots rouges, blancs ou bigarés, ilen prenoit feulement les cen- dres , lorfqu’il vouloir en faire Pépreuve. Si Pon vouloit voir une rofe, il prenoit le vafe où était écrit le nom de la Rofe, du fond duquel lorf- qu’on en aprochoit une lampe brulante, cette , cendre fi déliée & impérceptible auffitôt qu’el- le s’échaufloit un peu, prenoit la forme d’une ro- fe ouverte, laquelle on découvroit vifiblement : On apercevoit même qu’elle croifloit petit à pe. tit & feprefentoit tout-à-fait la forme, ombre & la ftruéture de la queue & des feiities d’une rofe fleuriflante , tant qu’enfin elle produïfoit une rofe touc-à-fait épanouïe, de forte qu’il ny a- vox rien de plus certam ni de plus agréable que de reconnoître vifiblement dans la rofe qui paroïfloit comme une ombre , une rofe en- uiérement ouverte, parfaite & reguliére en toutes fes parties ; jufques là qu’on auroit juré que c’é- toit une veritable rofe, quoi qu’on ne la vit que > dans üne forme artificielle; mais véritablement 5 douée d’un Etre fpirituel; à quoi il ne man- > quoit autre chofe, finon qu’elle fût plantée dans 3; Une terre convenable, afin qu’elle püt fe revêtir, F it 8% L'AGRICULTURE PARFAITE ; dur corps durable. Mais cette forme qui paroif- A LÉ comme une ombre, retomba en cendres, & e” lorfqu’on 6 Ota le vafe du feu, elle diminua peu- 5» à-peu & rentra dans fon Chaos. Pour faire une analyfe de cette Hiftoire, 1} faut favoir néceflairement, que la Palingenefe où réfur- rcétion des Arbres. Arbuftes & Fleurs , éftune Science furprenante, de reproduire de fes cendresun arbre, une fleur, ou pareille chofe enfermée dans: une bouteille fcélée her métiquement, en forte que de. ces cendres croît un arbre avec toutes {es couleurs, branches & poufles, & fe prefente à Poeil . Mais, lorfque la chaleur diminue, l'arbre difparoit auffi, & retourne peu à peu dans fon Chaos. Mais où s’eft trouvé quelqu’un qui ait fait voir pareille cho- fe? Querccranus dit qu’il s’en eft tr ouvé un à Cra- kovie en Pologne. Qui étoit ce proprement? Un Médecin. Ett-ce allés? Comment s y prenoit- 51? Le Texte dir qu’il favoit tirer d’une maniére Philofophique fort proprement les cendres de rou- tes les parties de chaque plante, & la reprefenter a- vec toutes fes couleurs & linéamens, &c. Il faut donc que ce Médecin aît été auffi grand Philofophe pq es x Car 1l n’a pas brulé les ingrédiens de Ja mamiére commune, comme les fervantes brulent le bois dans la cheminée , s’il avoit agf de la mamiére commune (comme l’on eft acoutumé de calciner on de bruler les herbes, d’au- tant que la Calcination de la matiére eft une opera- Hon commune par laquelle le feu convertit bien-tôt les corps en cendres ) il n’auroit pas eu befoin. de fe fervir de tant de complimens. Mais loin. ici cette opérationi commune, il faut traiter Paf- faire Philofophiquement. Comme eft-il pofble, & qui eft-ce qui à jamais oui cire que lorfqu’on calcine une chofc, elle ne lale pas de 4 ET- PARTIE. SECT.I. CHAP.VI 87 ferver fes couleur & fes linéamens de même qu’au paravant. Mais il y a un grand'tfiyftére caché 132 deflous, & je le devinerai peut-être: I] laura dif foute par une calcination Philofophique, ceft-3: dire, par une certaine cau attraétivé où Menfirue, Car cette operation diflout les corps fans feu, & fépare toute la fubftance dans les plus petites parti- cules. La couleur de la rofe avoit déja pénétré dans la liqueur ; voila quelque chofe de merveil. leux ! Mais comment toutes les parties ont elles néanmoins pü conferver leur lignes après avoir été partagées jufques dans les plus petites particules, c’eft ce qui eft trop relevé pour moi, & cequeje ne puis concevoir. Cependant mon fentiment là def: fus eft, que dès que la diflolution eft faite dans cet- te eau attractive il s’en fera fait abftraétion, pen- dant que la matiére du Chaos fe fera fixée fur le fond comme une cendre, d’où une rofe fubtile fera pro- venue promptement. | Après avoir fué fang & eau pour perfeétionrier cette mauére par fa Philofophie, cèt Alchimifte in- telligent favoit fort bien qu'aucune matiére ne pou- voit fubfifter fans efprit : C’eft pourquoi il favoit par fon Art incompréhenfible intercepter les efprits fi adroitement & les entretenir, qu’à fon comman- dement ils ont pû raflembler la matiére diffipée , difloute , & coaigulée de nouveau , & Py rerfer- mer. Les paroles du Texte font, qu’il favoit a- droitement entretenir les efprits, comme étant la caufe de toutes ces vertus. Quel malheur eft ce que Ja fage nait pas mamifefté fon art & la maniére dont on peut intercepter dans de petits vafes bien nets, les cfprits détachés & les ames des arbres & des. fleurs, à peu près comme les Æfprits Familiers, & les feller Hermetiquement ! Ces efprits Ft F 2 ere 84 L'AGRICULTURE PARFAITE ferviroient fouvent alors de pafle-temps à d’autres Curieux & à moi. J'examinerai avec attention & plus exaéte- ment fa maniére d'opérer. Le Récit contient de plus: Que lorfque quelqu'un le prioit de lui faire naître une rofe ou une fleur de fouci de fes cendres, il prenoiila cendre impercepuble de cette plan- te, & la mettoit avec toute la circonfpection ima- ginable dans fa petite bouteille qu’il ielloit herme- tiquement. On fefoit enfuite un feu de lampe def- fous. Voici les paroles : ,, Lorfque quelqu’un je » prioit de lui montrer diftinétement une rofe ou … fleur de fouci, &c. & qu’il en vouloit faire l’é- » preuve, il prenoit feulement un feu de lampe, lorfque cette cendre incompréhenfible étoit mife » deflous, &un peu échauftée, alors fe fefoit aper- » cevoir la forme d’une rofe ouverte , laquelle on reconnoifloit diftinétement , & elle croif- ; oit petit à petit, &c. Il faut raifonner un peu là-deflus, principalement fur la cendre imper- cepuble. Car ce qui eft corporel, comme la cen- dre , eft aifé à prendre d’une maniére fubule comme chacun fut. Mais on doit prendre ce ter- me où mañiére de parler, comme la Corne de Cerf Philofophique chés un Apoticaire , c’eft-a-dire, qu’il faut la pulvifer fi finement, qu’on puiffe à peine la fentir fous les doigts. On fe fert en- fuite du feu ordinaire de lampe fous cette ma- tiére pulvérifée. Mais que devient le feu Philo- fophique ? Il n’y a rien à en dire pour cette tois; mais enfin comme il ne favoit rien de mieux, le feu de lampe ordinaire étoit aflés bon pour cela. Quelles merveilles cela a-t-il prefentement operé? C’eft ce qu’on doit entendre avec étonnement. * Auff-t6t que la cendre s’échaufloit, la forme d’une rofe fe fefoit apercevoir , laquelle on voïoit croître à ’ l'œil. PARTIE I. SECT. I. CHAP. VI. 8s Pœil. Faites y bien attention, vous quiavés les yeux éclairés! Jai toûjours été perfuadé qu’aucuns yeux corporels, non pas même ceux d’un Linx , ne pou- roient voir croitre quelque chofe ; mais comme PHiftoire l’affrme , en peut s’aflurer qu'avec le: temps on entendra aufli toufler les puces, Où en étoit-on proprement à l’égard de la croif- fance? Non corporellement, mais fpirituellement : Car la matiére qui étoit de la fubftance de Ja rofe ne devenoit pas une rofe, puifque d’elle il ne fut pro- duit qu'un Etre en efprit &en ombre. Cela eft direétement opofé à l’ordre & à la confti- tution d’une véritable réfurreétion. Car quand on veut contrefaire une chofe , on doit néanmoins obférver quelque régularité, d’autant que Pefprit ne doit pas reparoître feul, mais le Corpsavec lui, afin qu’il y puiffe habiter &agir de nouveau. Mais dans cette réfurreétion, le Corps refte là, & la. me Végetable ne fe prefente que feule , & même comme une ombre: Voici les propres paroles. » Cette forme qui paroifloit comme une ombre » Pendant qu’on auroit juré que c’étoit une rofe : éffeétive , quoiqu’on ne la vit que dans unefor- » Me fpirituelle, mais douée véritablement d’une fubftance fpirituelle , retourna dans fa cendre, » lorfquw’on ôta la bouteille de deflus le feu: Elle > difparut petit à petit, & rentra dans fon Chaos, FL &c. Pentends ce que ce grand Philofophe veut dire par fa fubftance fpirituelle : Car il prétend que la forme des Végétables, ou forme des Arbres, Arbuf- tes, & Fleurs , foit un Etre immateriel , & peut- être qu’il aura découvert en quelque facon dans Sperling, Infi. Phyf. prac. IV. qu’on doit fure dif. tinétion entre la raifon matérielle d’une eflence, & fa raifon d’une exiftence même. Mais cela a été F3 ré- 86 L'AGRICULTURE PARFAITE réfuté 1l y a long-temps, quoiqu’on nepuifle nier, comme il paroit même par l’idée que j’en ai, qu’on peut fort bien établir un principe intrinféque ou forme, ou autres parcils noms, fur tout dans les chofcs qui fe nourriflent & fe multiplient. Eten aprofondifant la chofe , on trouve que les formes font de deux fortes. L'une eft immatérielle, & un Etre de durée éternelle & immortelle, qui n’a rien de corporel en foi , étant pareil à la nature des An- ges, & comme l’ame fpirituelle de Phomme. Il a auf une forme qui eft matérielle, laquelle a bien quelque chofe de corporel par raport à fon être, ce n’elt pourtant pas une matiére commune, mais élémentaire, & une fubftance , fubrile, legere & mobile, qui dans la premiére Création 1 reçu la Joi fuivant laquelle elle doit fe mouvoir, & de quel- Je maniére étant dans un corps organifé , elle doit exercer les vertus & les qualités qui lui ont été ymprimées. Mais lorfque le Corps eft diflous, & qu'il ne fe trouve plus dans fa ftruéture réguliére, elle n’y peut plus agir, beaucoup moins {e prefen- ter nife faire voir commeune forme fans corps. C’cft pourquoi je ferois fort curieux de favoir comment cet Adepte a pû forcer fon efprit de Rofe par fon feu ordinaire , à fe produire fans corps, & uni- quement comme un Etre Spirituel, & une ombre avec toutes les couleurs , de maniére qu’il fe fit voir dans fa forme Spirituelle. Après s’être laiflé examiner avec afiés d’éronnement, 1left rentré dans fon Chaos, comme un Ours fe traine dans fon an- tre, lorfqu’il pleut, ainfi que dit le proverbe Alle- mand. Pour moi je fuis d'opinion qu’ileneft de om- bre qui paroit avec les plus belles couleurs, com- me des lanternes magiques. Car par le moïen de €es derniéres, on peut reprefenter contre la murai- Je, des rofes, des arbres & des plantes, avec les | PR ff plus PARTIE I. SECT.I. CHAP. VI. 87 plus vives couleurs , quoi que ce ne foit autre chofe qu’une ombre: Et lorfqu’on retire prompte- ment l’objet, l’ombre & les rofes difparoiflent en même temps. On fait aufh que par le même moïen on peut reprefenter une figure tantôt grande, tan- tôt petite , en forte qu’on croiroit que les rofes & les arbres croiflent à vûüe d’œil. Je ne ferois pas é- loigné de croire que ce Philofophe fe fera fervi d’u- ne pareille lanterne magique, & qu’il aura fait voir quelque chefe de beau a fes fpeétateurs touchant la vifibilité & Pinvifñibilité, ou plûtot comment on fe peut rendre vifible & invifible. Mizaldus Lemnius, & Porta ont aparemment beaucoup contribué à cette pofibilité. Or 1l eft clair que cèt Art impie répugne à toutes les Loix de la Nature, felon les quelles un Corps étendu , coloré & illuminé, qui a fes parties matérielles réguhiérement difpofées, & reçoit fes couleurs par Pillumination, ne peut jamais être rendu invifible & encore moins difpa- roître à nos yeux. Savoir ce que la fuperftition & à Pimpofture, comme aufli les enchantement, tours de pañle-pafle & Arts diaboliques peuvent effe. étuer, c’eft unc autre queition, Je ne prétends pas donner atteinte à l’hon- neur & à la réputation de ce Médecin, ni por- ter un jugement defavantageux de lui à Pocañon de fon Art de la réfurreétion des arbres. C’eft à ceux qui plaident fa caufe & portent par tout la parole pour lui, à fe prefenter à la brèche pour fauver fon Hypothefe, d’autant plus que fa manié- re d’opérer ne m’eft pas connue , &ç que je ne l’y trouve pas marquée. Cependant je communique- rai aux Connoiffleurs deux Relations tirées de la Salle de merveilles Thée/ophique du promoteur des Chevaliers d'Orophetra pag. 53. Les voici de mot à mot. 88 Le sw * o L'AGRICULTURE PARFAITE Premiére Expérience. Prenés en un beau jour , de la femence d’her. bes ou de fleurs bien meure, 2. ou 2.livres, ou autant qu’on en voudra, & pilés la bien menue dans un mortier de fer ou de verre. Enfermés la enfuite fort foigneufement dans une retorte bien nette, afin que rien ne puifle s’évaporer. A= près cela, le tems étant au beau , & le Ciel clair & ferain , ouvrez proprement le verre après le coucher du Soleil : Tirés-en Ja femence, & la mettés fur un carreau de vitre bien net, qu’on doit mettre dans un plat , 1l doit être mis dans un Jardin pendant la nuit, afin que la rofée y puiffe tomber abondamment mais de mamére qu’il ny puiffe entrer de vermine. Dès l’aube du jour, -lorfque le Soleil commence à darder fes raions fur la terre, on doit remettre la femence empregnée dans la retorte de verre, & la bien fer- rer, pour empêcher toute évaporation. On doit recevoir encore quantité de rofée dans un morceau de linge fin, bien net, jufqu’à la concurrence de 10. où 12 pots, & la diftiler de la maniére fui- vante. On met enfuite cette rofée dans une re. torte qui eft dans le Sable. Diftilés y la rofée comme if faut , & réitérez la diftilation jufqu’à ce que la rofée ne laifie plus de fédiment. I faut fur tout donner toute fonattention pour ce que larofée en diftilant & après ia diftilation, foit bien gar- dée, afin qu'il ne s’en évapore rien. On renfer- mé les fediments raflemblés après les avoir calci- nés, & bien lavés avec la rofée diftilée ou eau de pluie, afin que tout le fel qui y réfide, en foit attiré : on peut le Cryfañfer par l’évapora- tion, ou même len tirer tout-a-fait à fec. Mais : ” 5 CA PARTIEI. SECT.I CHAP. VI So » en fefant ce dernier, il faut bien prendre garde à ob- s, ferver le vraitemps: C’eft pourquoi je confeille » beaucoup plûtôt la Crifaliation. Le fel bien lavé » Le réunit enfuite avec fa rofée diftilée , & il s’en fait » Une folution. On en jette après cela autant fur la fe- » mence qu’on a gardée dans laretorte, qu’elle fur- » nage de la hauteur d’un doigt : Enfuite on felle » la retorte Hermétiquement , ceft-à-dire , on la » bouche avec du verre pilé & du Borax fondu, » & on la met ainfi dans un Etuve ou dans du fu- » mier de cheval, pour y faire digérer cette mafle > Pendant un mois, fuivant les Loix de la nature. » Le mois expiré, on en retire doucement la retor- » te; & en Pexaminant , on verra la mafle féparée >, En trois parties ; au-deflus une petite peau déliée » de diférentes couleurs: (c’eft-là le foufle de vie » Corporifié ) au fonds une terre glutineufe reflem- » blant à de la gelée: ( c’eft-là le TES & au » Milieu une rofée furvenue quieft l’Elément. On » doit enfuite pofer doucement le Vafe fellé ou le » pendreen un lieu où le Soleil donne de jour, & » de nuit les étoiles. Il eft à remarquer que tems » étant obfcur & pluvieux, il faut ôter la retorte, »» & la garder en un lieu fec, jufqu’à ce que le » Ciel foit redevenu ferein: Alors il faut la remet- » treau même endroit , afin qu’elle puiffe partici- » per à la lumuére du Soleil, de la Lune & des é- » toiles. Cela fe continue de même jufqu’à ceque » la mañle foit couvertie dans le Vafe en une cen- 5» dre bleue tirant fur le pâle, d’où provient enfui- » te unc queue , de la verdure & des fleurs, fui. » Vant l’empreinte de fa femence, ce qui arrive » Auf fouvent que l’on échaufle le Vafe douce- » Ment, parce que le Vafe venant à fe refroidir, >» tout difparoit de nouveau. Une pareille pro- f: | >, duétion go L'AGRICULTURE PARFAITE ,, duétion & extinétion dure auf long-tems que » le Vafe demeure fellé. Il eft à remarquer outre » Cela, Que par la fplendeur du Soleil animante & réflêchifiantre dans le Vafe il en réfulte des éva- porations fubtiles (C’eft là le Phlegme fpiritueux ou la nuée de Element ) lefquelles tantôt mon- tent , & tantôt defcendent , fuivant que la lu- miére du Soleil pénétre fortement ou foiblement le Vale. Seconde Expérience. » Ceux que voudront voir le corps clarifié de la plante tiré de la cendre bleuñâtre de la mañle, n’ont qu’à ouvrir le Vafe avec un fer chaud; qu’ils jettent fur la mafle de la rofée diftilée o4 de Peau de pluie, & qu'ils en agifient de même que ci-dévant quant à la digefhion & à la leffive, ê& cela jufqu’à ce que l’eau qui en revient foit douce & fans goût, comme elle étoit en Ja mettant deflus. On lufle évaporer la leflive ra- maflée jufqu’à ce qu'il n’y refte plus qu’une peau, & on laifle Criffallifer le fel en un lieu froid. On laifle repofer cette êvaporation jufqu’à ce qu’il ny vienne plus de peau , ou que les Crifawx ne pouflent plus. On prend une portion de ce fel Crifrallifé & deux portions de {el terreftre qui a été bien épuré en fortant d’une terre grafle &c fertile, broïés les bien pendant quelques heures Pan dans l’autre avec une pierre à broïer fur u- ne table de verre ou de marbre: Mettés le en- fuite dans une retorte de verre qui ait le col lar- Se, & la placés en tems ferein après le coucher », du Soleil, dans un Jardin pendant une nuit, ou » dans un champ, afin que la rofée puifle tomber » déflus. Lorfque cela eft fait, fermés le Vafe | [ x Par EL 29 ? w PARTIEI. SECT.I. CHAP.VI 91 parfufion & l’expofés trois mois au grand air, Enfuite ouvrés le Vafe, & lavés bien de nou- veau la mafle avec de la rofée diftilée où de Peau de pluie: Alors la rofée s’exhale encore & fe Cryffalife comme ci-devant. On ramafñle enfui- te les Criffaux & on les mêle avec autant pe- fant de bonfel de terre d’un pré ou champ, met- tes tout cela enfemble dans une retorte de verre, fellés-la, remettés la de même dans un Bain de ‘vapeur, & laifles Py digérer , jufqu’à ce que la mafle foit convertie en eau , & qu’il ne refte plus qu'un peu de fédiment au fonds. On met en- fuite le Vafe dans un Bain fec jufqu’à ce que » l’eau fe coagule de nouueau, & paroifie tout-à-fit 2 k. 92 LE) 3 + o vw w fecher & d’une couleur permanente. Etant re- froidi, on en retire le Vafe , on l’ouvre avec un fer chaud, & lon trouvera alors la mafle com- me un tas de petite poufhére de Soleil , qui fe diffipe par le moindre vent. C?eft pourquoi il faut d’abord fouffler deflus & bien épurer ce qui refte après. Alors on trouvera un Crffal rond & en mêmetems molafle & angleux, dans lequel lorfqu’on le tent au jour, on verra toute forte de reprefcntarions de plantes avec leurs racines, herbes & fleurs avec quantité d’étranges & agréa- bles couleurs. Ce qu’il y a d’éconnant, c’eft que ce Criffal a & conferve le goût de fa plante dans un degré beaucoup plus haut que la plante elle même l’avoit ci-devant. Voici une confide- ration à faire. Ce doit être néanmoins une re- gle pour PArufte, qu’il faut foigneufement pré- venir l’évaporation pendant tout letravail. Pref. que tout le monde fait comment dans Hiver, toute forte de figures font reprefentées aux car- reaux de vître des fenêtres & perfonne prefque , n'ignore, non feulement que Phaleine de l’hom- 5 ME 92 L'AGRICULTURE PARFAITE , me & les exhalaifons chaudes d’un four fe font » fentir dans un lieu où les Corps Z’égétables & » Animaux font confumés, mais aufli comment le », verre eft compofé de fable blanc &c tranfparent, » & que c’eft une compofirion de ia cendre & du » {el de plufieurs chofes V’égétables : Ilne fautici » que du filence ; écoutés attentivement Pzmphile. 11 fera facile à chacun de juger à quoi il s’en doit proprement tenir de ces deux expériences fuivant . mon hypothefc. Je n’en ai pas fait Pépreuve, &c je mai pas envie d’y emploier inutilement mon tems, mes peines & mon argent. Mais fi je vou- lois tenter une réfurreétion avec la femence, je ne prendrois uniquement pour cela que les petits bou- tons , car Ceft dans eux qu’eft déja toute la forme de larbre, & l’on trouveroit bien encore à la fin un Mercure Philofophique | qui pûtaturer & com- primer un peu la matiére la plus fubule: Mais ja- bandonne entiérement ce divertiflement aux cu- rieux qui fe plaifent à une refurreétion de papier & d'ombre , & j’efpére qu’ils reflufciteront aufli en même tems mes arbres morts ; Je ferai fort recon- noiffant de leurs peines. | Quant à ces expériences raportées au long dans le dit Traité, la bêtife, l’ignorance & l’idée chi- mérique d’une telle refurreétion artificielle fe font fentir par tout. Car ils fe font aparemment imagi- nés , que dans leur cendre glacée, leur huile de noix ; leur vinhire teint en verd , dans les petites vefñes à feringucr, même dans le fumer & dans DR Ron les plus belles fleurs, &. les plus” beaux arbres. Il eft bien vrai que par le mien du falpêtre & des parties falées , ils ont vu quelquechofe, mais non des arbres reflufci- tés. Pour les fortifier d’avantage dans leur opinion, êt dans les idées qu’ils fe fant déja formées, je leur en PARTIEL. SECT.I CHAP.VL 2 enfeignerai encore un meilleur chemin pour fe re- préfenter en Hiver & en Eté fans fe donner tant de mouvemens, des Chofes qui après avoir eu quelque aparence,difparoifientenfuire. L’Eté ils dont qu’à contempler attentivement les nuées du Ciel, ils si- magineront aifément qu'ils y découvrent des prés, des Bois, des arbres, & toute forte de plantes, Sur tout l'Hiver , ils n’ont qu’à jeter les yeux/fur les fenêtres glacées, 1ls croiront y voir mille chofes furprenantes: S'ils veulent par là fe reflbuvenir de Ja réfurrection , c’eft fort bienfait. Afin que je puifle pañler aufhi chez le favans pour un grand Ar- tifte, qui n’a pas moins que le Médecin de Crako- ie ; le fecret de reprefenter des arbres, des ani- maux & des hommes dans des Vafes, je ferai voir certainement aux yeux d’un chacun, trois fortes d'expériences en diférens Vafes, & je fuisafluréque mes expériences feront mieux reçues de la Pofteri- té, que celles de ce Médecin. On peut voir diftinétement dans mes Vafes, pre- miérement un arbre, enfuite un animal, & enfin un homme. Ils ne font proprement rien quant à Jeur Etre, mais ils font pourtant corporels, & on ne les peut toucher à caufe de la délicateffe de leur corps. Îls paroiflent noirs comme l’ombre aux yeux dun chacun, mais néanmoins ils font corporels. Ils n’ont aétuellement que la couleur qui eft née avec eux, mais quand on le veut , ils prennent toute forte de couleurs, quelque étranges qu’ils nous pa- roiflent. Et lorfqu’on veut les voir, ce ne doit pas être dans Pobfcurité, mais plus le Soleil & la lumiére luifent, mieux on peut voir & examiner la forme de leur tendre corps: Et ce qui eft le plus étonnant, leur corps tranfparent a tiré fon principe &t fa fource d’une ame intelligente qui habitoit dans un corps fain. Cependant la naiflance n’eft ps in- 94 L'AGRICULTURE PARFAITE telligent , mais elle a reçu un Etre immobile &t mort. Et quoiqu’ils ne fe puiflent mouvoir , ils ne laifleront pas de pañler par tout le monde, par eau ou par terre, à pié & à cheval. Ils ne donnent int d’argent, mais on en païc beaucoup pour eux à la pofte. Ils coutent beaucoup d'argent, mais quand on a du bonheur, un honnête homme en peut bien retirer quelques louis. d’or. . Lorf- qu’on les touche au commencement, ils font fort humides & délicats comme des enfans de papier, &ils nous peuvent falir facilement, mais lorfqwon y prend bien garde, 1ls deviennent beaucoup plus forts & d’un meilleur ufage. Leur vie quant à eux eft d’une fort longue durée, & poufle bien jufqu'à plufeurs fiécles, pourvu qu’on ne les déchire pas, ouqu’ils ne foient pas gâtés par les fouris ou autre- ment. On pourroit en dire bien davantage de cet ouvrage d’ombres, mais c’eft poufler trop loin cette badineric. Irefte encore enfin cette Queftion curieufe, mais inutile, favoir £ lame Végétative d'autant que com- me créature clle a beaucoup travaillé € efluié de con- tre temps en ce monde, ne peut pas e[pérer d'avoir pla- ce-quelque jour parmi les arbres du Paradis célefie. je réponds; telle eft la vie, telle eft la mort: Tel. le eft la mort, telle eft la réfurreétion, telle eft ke Ciel & la vie éternelle. | Je finis ici ces plaifantes fpéculations, & pañle à quelque chofe de meilleur, dont les Curieux du | PES retireront plus de fatisfaction & d’uti- lité. | IV. TA- PARITIEI. SECT.L CHAP,V: os IV. Expzicarion DE LA Prancur. Qui reprefente trois. diférens Vafes, dans lefquels fe trouvent trois objets reflufcirésartifiüiellement, qui paroifient quelque chofe , mais. ne fonc néanmoins rien, Fig. L. EF an Sapin artificiel qui étuit autrefois fi - grand, qu'il fembloit menacer des Cieux. Mais à prefent.il eft fort petit, étantreffulcité de fesicen- dres avec toutes fes parties, € 1l.fe prefente.camme une ombre [ur le papier : Mais fi lon veut qwil fe prefente lavec de belles couleurs, 5] les peut d'abord prendre par artifice, fans dilparoîitre. Fig. H. Dans ce Vale eff enfermé une efpéce fingulie- ve de petite écréviffe. ‘ai moi même pris cette rare petite bête , à Ehcbetten , petit village environ à trois quarts d'heure de Ratisbon- ne, 0% je fefois mon opération [ur des arbres dans le Bois , où on les trouve en quantité. Hors delà elles font rares E inconnues : Elles paroiffent fort . farouches € timides ,€S lorfqu'elles aperçoivent quele que chofe de loin, elles Je mettent en fuite. Cepe- tit animal ef} de la longueur € groffeur du doigt, de couleur brune, ES un peu jaunâtre au ventre, aïant longue gueule à deux pointes. C’eft pourquoi beau- coup de gens l'apellent une écreviffe terreffre : I] à de gros yeux à fleur de tête, prés du cou il a cow- ne une efpéce de barnois , ES [es deux pattes de de. vant {ont corne couvertes d'armes. Par devant el. les font comme des pattes d'éléfant. Sur le dos, 11 a deux ailes, &S par derriére sl a un long aiguillon, EP Les deux côtés deux autres courts fort aigus. ‘e m'étois d'abord propojé de le bréler ES de le couver- éir en cendres, &9 de le reffufciter d'une pepe ar= tifucielle, 96 L'AGRICULTURE PARFAITE tificielle. Mais comme je favois bien qu’il ne me res paroftroit pas fi parfait dans cette forme ; je Pai mis dans ce Vafe, où il fera plus permanent, &S où on le pourra contempler plus à Toifir.. Fig. III. /ndique comment un petit bomme tout nud peut fe produire dans un Vafe avec Jon corps en- tier. Son corps délicat ne permet pas un rude attouchement , mais fi on coule doucement la main par deffus, ow lui trouvera la peau fort unie: Il eff permanent dans [a forme, € ne difparoît ja- mais : Et cela peut fervir d'un Ornement récréatif dans un Fardin. CHA: + ” DRE 20: : 4 ne. 4 arr = 9 fe à AA FOR - } « / < : : : : &- vince. ar < = TL Se > cp MALI + —— ; — 2 . AEx . * 4 SR. {= Mae À SRE | : * 2 - ip pra + mp . LS … F PARTIEL. SECT.IE CHAP. I. 97 D -S"B.CT-10 N CHAPITRE EL De la multiplication naturelle en général, de tous les Arbres, Arbuftes, ES Fleurs, laquelle Dieu & ordonnée dans la Nature. 6: E Ous favons graces à Dieu non feulement par l’Ecriture Sainte , mais auff par 1 lumié- re naturelle, que le Tout Puiflant & Sage Créateur a créé toutes chofes au Ciel & er laterre, & qu’il les entretient continuellement. C?eft pour- quoi St. Paul s'emporte fi fort contre les Paiens, comme on le peut voir dans fon Epitre aux Ro- mains Chap. I., de ce qu’en un œuvre de Dieu auf vifible qu’eft la Création , ils n’ont pas reconnu fon Etre invifible, fa force éternelle & 12 Divinité, comme auf} un Seigneur Tout Puif- fant qui à ordonné toute chofe fi fagement & in- compréhenfiblement, & de ce qu'ils ne Pont pas remcreié d’un ouvrage fi excellent, loué, nt glori- _ fié & encore moins adoré & fervi: Cependant ils mauront aucune excufe à alléguer là-deflus, & ne pourront fe difculper d’avoir à fa place adopté de fictions ridicules qui les ont rendus fi fous, que de changer l’excellence de Dieu impériflable ; très-Saint & très-olorieux , en de malheurcufes repréfentations d’hommes mortels, & de fervir la créature plütôt que le Créateur,qui néanmoins a créé _ Phomme, afin que tous les jours & même à toute heyre, ïl le gloriñie & le louë de fa bouche en tant | G que 98 L'AGRICULTURE PARFAITE que Dieu Tout Puiflant. Plufeurs Païens & Phi- Jofophes éclairés, ont bien reconnu en quelque fa- Gon par la lumiére de la Nature , qu’ils voïoient paroitre de tous côtés l’Ouvrier infini de ces mer- veilleufes créatures , fi belles ; fi propres, incom- menfurables & d’une vafte étenduë : Ils Pen ont loué & ils ont appelk à caufe de cela le Monde ,en Latin , d’un mot qui veut dire une merveilleufe beauté *x & propreté. Mais comme ils n’avoient pas une idée diftinéte du vrai Dieu vivant & de fon Etre, ils font retombés dans plufeurs folles er- reurs.. Par exemple Ariftote lorfqu’il examina la ftructure merveilleufe de tout PÜnivers, comme il tenoit toutes chofes permanentes & incorrupubles, 1 simagina que Univers devoit avoir été de tou- te éternité, qu’il dureroit éternellement , & que partant le monde étoit fans commencement!& fans fn; mais on lui peut pardonner cela pour s’être en- gagé trop avant dans des fpéculations ‘abftraites. Un favant Philofopñe de notre fiécle en expliquant fon opinion touchant le monde, fe feroit volon- tiers fervi du mot fini, s’il n’eût pas cru que par Fi 1l portoit quelque atteinte à la Divinité. Ainfi au heu de ceterme, 1l s’eft fervi du rerme Zxéefini , pour faire voir que ce'Syftême du monde qui eft grand & rempli de myftéres, ne peut jamais être fufh- famment compris. D’autres ont penfé qu’il y avoit peut-être plus d’une terre & plus d’un monde. (4) Peu s’être faut que quelques Philoféphes Chrétiens w’aïent fourenu la même opinion, puifqu’ils s’imaginoient que la Lu- ne & lcs autres Plänétes ne devoient être confidé- récs autrement qué comme un Globe terreftre, dans * Mundus à Munditie. | (4) Elle a été veritablement foutenue & qui plus eft prouvée Ear Meflieurs de Fontenelle & Huygens de l'Academie des Sciences. | - | PARTIET. SECTE. CHAP.L 99 dans lequel fe trouvoient dés hommes, des animaux, des prés & des bois. Mais comme le Livre de la Genèfe ne nous dit rien de femblable , & que cela ne peut-être prouvé par la nature, ce n'eit tout au plus qu’une fpéculauion Philofophique. $. 2. On a vû paroître aufli quantité d’habiles Philofophes trop fubtils, qui avouoient bien que Dieu avoit créé le monde & rout ce qu’il renferme, mais outre cela 1ls vouloient rechercher d’où ,com- ment, & en quel tems Dieu a créé le monde ? Il eft étonnant que tant de gens d’efpritaïent eu la mé- me opinion que les Päiens, qui eft rout-à-fait cri- minelle, favoir : Que Dieu a créé premiérement un Chaos où une mafie informe & confufe, laquel- le lefprit qui fe mouvoitfur leseaux à fertilifée, & à laquelle 1la donnéla vie, au lieu que * Z4 Création eff une altion | par laquelle quelque chofe fe produit de rien y ce qui cftune verité conftante | quoiqu’on ne lapuifle pas comprendre, Quelques uns ont vou- Ju rechercher auffi fi Dieu a créé le monde, rond, quarré ,; ou ovale, ce qui paroît aufli une quef- tion impénétrable & inutile. On fait aflés com- ment fe défendent ceux qui foutiennent qu’il eft quarré. , Mais la plüpart des Mathématiciens font d’opinion , qu’il eft de forme Sphérique. Il en don- nent de bonnes raïfons qu’on ne peut prefque pas réfuter. D’autres croient qu’il cit ovale, & ils ap- puient ce fentiment par des argumens qui ontbeau- coup de poids. Ceux qui confidérent le Monde comme un œuf , prennent le Ciel pour la coquille qni tient Îe tout renfermé, Peau & la mer pour le blanc de Pœuf, la terre pour le jaune, & préten- G 2 dent * Qui empêche que cette action de tirer toutes chofes de rien fe foïit faite par degrez , & que la ‘matiére ait été créée d'a- bord comme un cahos ? Que l’Auteur relife le premier Cha- Pitre de la Genéfe, ce fentiment lui paroûra moins étrange. 100 L'AGRICULTURE PARFAITE dent qne l’homme eft le petit peint mouvant , en faveur de qui le Ciel & la Terre on été créés. Mais ce ne font là encore que de vaines imagina- tions. C’eft pourquoi Gaflendi à fort loué la mo- deftie d’ÆEpicure, de ne s’être pas expliqué fi l- brement au fujet de la forme du monde , fachant bien que cela étoit impénétrable. : On‘n’en eft pas demeuré là, il s’eft trouvé d’autres plaifans efprits, qui vouloient favoir quand & en quel tems Dieu a créé le Ciel & la Terrc. Ceux qui font dopi- nion que cet ouvrage s’eft fait au Printemps, tirent leur preuve de lExod. XIL. ‘où 1l eft dit que Dieu ordonna aux [fraélites de commencer l’année avec le mois Nifan , c’eft-à-dire, en Avril, & qu'il ya dans la Gex. , que /4 terre pouffa [on jett, herbe portant femence, €S arbres fruitiers. Or'ileft vrai que cette ouverture de la terre fe fait au mois d°4- vril. Al faut par conféquent que la Création du monde foit arrivée au Printemps. Mas voici fur quoi fe fondent ceux qui choïfiflent le mois Æ£/47 où Septembre, c’eft que les fruits du Paradis étoient Punique aliment de l’homme , & qu’ dem dès qu’il fut créé, fut obligé de chercher auf desali- mens. Or le mois de Septembre produit, comme Pon fait, les merlleurs fruits, ainfi que le témoigne Xe Vers fuivant. Poma dat & gratos September ab arbore fruêtus. Ïls concluent delà , que comme tous les arbres étoient pleins de fruits, il faut que la Création du monde fe {oit faite en Automne. Mais un véritable Chrêtien ne devroit pas s’abandonner trop à de pa- reilles fpeculations ,: d’autant que la Création-de toutes cholesett ie chef-d’œuvre d’une Toute-Puif- fance inexprimable & infinie, on peut dire même | une PARTIE]. SECT.IIL CHAP.T.: xor une perfection qui furpafle tout entendement. Car enfin tout à été produit de rien & le néant n’a befoin ni de temps ni de faifon, & Dicu à créé de rien le Ciel & la terre, & à produit le mobile auf bien que l’immobile. . Savoir fi par le Mobile , on doit entendre: PEf- prit de Dieu qui fe mouvoit fur les eaux ; dont il eft fait mention dans le Lavre de la Genèfe, c’eft ce qu’on ne peut acorder que fort difcilement, quoique ORTELIUS ;» Epilogo É recapitulatione in novum lumen Chymicum Sendivogii, prérende com- me on le peut voir #7 Theatro Chymiro vol. 6.p.m. 432. que ceux là jugeoient fauflement qui par Pef- prit de Dieu qui fe mouvoit fur les eaux, enten- doient le St. Efprit, à caufe que ce Spiritus Elobim étoit émané des trois Perfonnes de la Divinité. Mais le favant D. Daunhauer réfute cela par- faitement dans fon Hagiologium Feffale p. 1028. où il explique ainfi cette maniére de parler, L’Ef prit de Dieu qui f mouvoit fur les eaux , n’étort pas vraiement un Efprit créé , ni Archange FU beaucoup moins un Vent, comme ailleurs un gros vent ef bien nommé un Vent de Dieu dans PÉcri- ture Ste: mais c’étoit /'e/prit de la bouche du Scig- neur, Pf.XXXIIL. 6. Celui-ci ne fe mouvoit pas inutilement & fans fruit |; mais avec une ver- tu vivifante & agiflante au dehors comme un oi- | fau fait éclôre fes œufs, fuivant la belle compa- raïfon qui eft cachée là- dcfus Dans cet œuf du monde , l’Efprit de Dieu éternel & prefent par tout, le St. Efprit a placé, vivifié, müû, formé, figuré & fertilfé toutes chofes, comme dans une mere commune la terre & Peau, d’où 1l fe produit quantité de milliers de Créatures vivantes , à favoir autant qu’il y en a fur la terre, de forte que toutes: ont été créées de rien dans le terme de fix jours. G 3 Mais 102 L'AGRICULTURE PARFAITE Mais on laifle cela aux T'héologiens , car autre- ment on s’imagineroit qu’au lieu d’arbrès, je vou- drois multiplier les difputes Théologiques. La rai fon pour laquelle je rouche à cette matiére , c’eft quelle fervrra de fondement à la 2. & 3. partie de cet Ouvrage. Cependant on avertit un chacun, fur tout les curieux du Jardinage, de ne point former d’Arti- cles de Foi des chofes que je leur ai communi- quées. Car ce neit que dans la vüe de divertir que Pécris, afin que fe promenant dans un Jardin, mon hvre à la main, 1l leur donne lieu de faire toute forte de raifonnemens. Mais je n’aurai jamais de peine à défendre ce que javance ici. Car mes Ecrits imprimés ne contiennent rien que de vrai, ou du moins de vraifemblable. Je ne dirai ni n’écrirai jamais rien de propos délibéré contre ma confcience , & qui foit inexcufable, loin que je veuille en char- ger ma confcience. Je n’ai aufh nullement en vüe de préjudicier à qui que ce foit, car cela ne me fer- viroit de rien, Continuons plütôt la recherche de notre Element aétif ou premier principe que jai commencé à traiter. __ 6. 3: Comme il me falloit choifir un Moteur umverfel, jai pris pour cet effet la lumiére que Dieu a créée d’abord. Il y à eu de vives difpures, favoir fi c’éroit un Etre fubftantiel ou accidentel, La plüpart fe font rangés du premier parti: Car les accidens font aufli des chofes créées: Or fi ce n’avoit pas été une fubitance, elle n’auroit pu füb- fifter jufqu’au troifiéme jour. Je ne comprends pas aufh pourquoi il y en a qui veulent que Dieu : ait créé la lumiére. d’une maniére extraordinaire comme un accident , & qu’il Pait entretenu fi long- temps. Je m’imagine du moins qu’il ne répugne pas à Pentendemenrt, & que ce n’eft pas parler ba - [à PARTIEI. SECT.II. CHAP.I. 103 la Nature lorfque je dis : Que Dieu a créé la pre- miére lumiére, comme un Etre fubftanciel , au- quel on compare même fouvent la Majefté Divine, & qui dans fa nature eft continuellement en mou- vement & en action comme un Etre fubfiftant par _ foi même. C’eft ce qu’il y a lieu de croire, puif- qu’on y trouve toutes les affeétions & proprietés que requiert un Etre fubftantiel. Mais les Philo- fophes ont jufqu’à prefent de fortes difputes entre eux, favoir fi la lumiére eft unc crésture qui foit diftinéte du Ciel. Defcartes n’y reconnoit abfolu- ment aucune diftinétion , & fes raifons paroifient avoir aflés de poids, comme on le peut voir dans fes Oeuvres: Mais j’ai aufli des raïfons importantes our né pas embrafler fon opinion, & je fuivrai celle de ces Philofophes qui confidérent la lumiére du Ciel comme un Etre diftingué ; fur tout pour une raifon, que dans le livre dela Genëfe, la lu- miére eft nommée expreflément comme une créa- ture fpéciale. Car la iumiére étoit avant Phom- me, & la lumiére n’a pas été faite premiérement dans fes yeux dans le temps même de fa création, comme le veut cette Philofophie , mais elle tombe de l'extérieur dans l’intérieur. Car lorfqu’il y a un Corps illuminé , œil aperçoit le premier cette lumiére. Mais chacun jugera aifément que la lu- miére créée en premier lieu, doit être diftinguée de la lumiére ordinaire & de celle du feu. Car la pre- miére eft à jufte titre rélative aux Elemens, com- me étant l’Etre le plus pur & degagé de toutes les parties hétérogénes. Mais le feu qui depuis long- temps ne peut plus pafler pour un Elément, & ne confifte qu’en parties fulfurées, falées & acides, à caufe de celaa befoin d’aliment; mais non pas la lu: miére. Le feu ne fauroit brûler lorfqu’il n’a pas Vair libre: Alorsil s'éteint, & Ja lumiére au con:! G 4 tralre 164 L'AGRICULTURE PARFAITE traise s'étend des milliers de lieues en Pair. La 1u- miére élémentaire eft plus froide que chaude, mais le feu commun , ou la lumiére ordinaireeft brûlante. Les chofes étant ainf difpofées, qui ne conviendra pas que la premiére lumiére qui fubfifte encore à prefent eft quelque chofe de fubftantiel ? Qu’un autre prouve la contraire, pour moi Je ne m’y opo- fe pas. | $. 4. Il y a encore une Queftion épineufe à fai- rc: Savoir fi cette lumiére eft lefprit univerfel & le Moteur de toute chofe, auquel Dieu a donné toures les Loix qu’il doit obferver dans la Nature, &t de concert avec la Nature. Je dis qu’oui: Par- ce que je ne fais rien de meilleur. Mais fi quel- qu’un conçoit mieux la chofe, 1l peut le déclarer : Auff bien tout fe réduira à ceci, que l’un peut- être auf favant fur ces matiéres que lautre : J’ai expliqué fufifammenc mon opinion ailleurs , que toute matiére même la plus fubtile, a befoin d’un Etre moteur : Si je repéte ici , que ce qui meut eft immatériel, on me regardera de travers. Car la réponfe eft toute prête : Donc elle eft immatériel- le ; fi je dis elle eff matérielle, comme je ne Pafhr- me pas autrement, fur tout puifque je lui attribue des aétions & des proprietés fi furprenantes, on fe moquera de moi, parce que Je fais quelque chofe de meilleur que ce que écris. Mais je choifirai un-milieu, & dirai que la lumiére confifte en un Etre Spirituel & Elémentaire en mêmeremps. Mais cela me fera auf difficile à prouver, qu'il le fera à quelqu’un de me faire comprendre ce que c’eft que lame intelligente & comment elle eft unie au Corps en tant qu’Etre matériel ? Comme auffi de quellé maniére à caufe de fon commerce intime, elle exerce fes fonétions ? Quoique je ne le fache pas moi même , je ne laifle pas de mettre ma k ; 4 Thc- PARTIE I. SECT.II. CHAP.I. iof Théfe à couvert, en établiflant cette Supofition. … @. 5. La lumiére créée eft une fubftance & eft étendue au Ciel & au deflus du Ciel, comme auffi au deflus & au deflous de la terre. Car la lumié- re étroit avant l’herbe, les plantes & tous les arbres. Or on lit dans le livre de la Genèfe Chap. I IT. que Dieu command à la terre, qu’elle (favoir la terre) Üt à poufler. Sur quoi il eft à remarquer qu’il n’eft pas dit: Le Seigneur Dieu fit poufier; mais Dieu dit, que ia terre pouffe [on jèt, des herbes portant [emence, 3 des arbres Fruitiers portant fruit , Juivant leur nature, dont la femence [oit [ur la ter- re, E il fut ainfi. Ef laterre, (ce qu’il faut bien remarquer) pouffa fon jèt, des herbes portant [emen- ce, fuivant leur nature, € des arbres fruitiers dont la Jemence étoir dedans , [uivant leur nature. Par ces paroles on voit aflés clairement que Dieu n’a pas fait croître l'herbe, les plantes, & les arbres, & qu’il Pa feulement ordonné à celui qui devoit exécutcr en un inftant l’ordre du Tout Puifant. Car cette terre, certe matiére ainfi difpofée, entant que matiére ne pouvoit pas fe mouvoir d’elle mê- me, d'autant qu’elle eft & demeure un Etre pafif depuis la Création, jufqu’à la fin du monde. Ainfi ce Moteur dans la Loi & l’ordre qui lui avoit été donné pour faire tout ce qui s’exécute prefen- tement dans la nature, étoit dés lors en terre. Car Moïfe fc fert d’une mamiére de parler toute difé- rente , lorfqu’il raporte que Dieu avoit planté un Jardin en Eden vers POrient, & qu’il y avoit placé Phomme qu'il avoit formé. Et ce Jardin n’a pas été créé par Dieu ( car planté défigne un ouvrage des mains) mais il a été fait. Et le Seigneur avoir fait poufler hors de terre, toute forte d’arbres a. gréables à la vüc & portant des fruits bons à man- ger. Il ne commanda plus à laterre comme aupa- G 5 ra. 104 L'AGRICULTURE PARFAITE ravant: Car tout étoit déja forti de terre. Mais 1 vouloit faire voir à l’homme une prompte croifian- ce pour rejouir fa vûe; Dieu aïänt, pour ainfi dire, fait croître fubitement à fes yeux, l’arbre de vie au milieu du Jardin, & Parbre dela connoiflance du . bien & du mal, en forte qu’il fe prefentät en une parfaite croiflance en toutes fes parties & avec fes fruits. On peut donc bien fupofer que dans Vé- tat d’innocence de Phomme & dans le Paradis, les arbres auroiïent atteint plus fubitement leur grofleur & leur croiflance , que depuis la chute de l’hom- me, la terre & routes chofes font maudites, & que tout poufie & croit fort lentement quoique l’hom- me foit encore pofledé de ce defir, de voir croître à l’œil fubitement & en hâte un grand arbre de pe- tit qu’il étoit. Beaucoup de gens fe font nnaginé & cfpéroient que je ferois croitre aufh d’abord à leurs yeux un grand arbre d’un petit rejcton , c’eft ce- pendant ce que jen’ai jamais eu dans ia penfee, lorf- que jai parlé de Paugmentation : Je ne fus pas eu mortifié, lorfque je lus dans certain petit livre pr ce qui fe dit de cette matiére : En voici Ja traduction. >, De toutes les découvertes qui ont été faites dans les Sciences depuis centans, on n’en trouve 5, Point dont le monde puifie retirer plus d’avanta- » Se, que celle dont il eft traité dans certaine let- » tre qu’un favant Allemand me fit lhonneur de »# m'écrire le 2. Février, El Ex: PARTIE I. SECT. Il. CHAP.L 107 Extrait de cette Lettre. MONSIEUR, E me flafte que vous ne prendrés pas en mauvais Je part que je vous donne avis de certaine decou- verte qui el d'un effet [urprenant. Le monde, & Jurtout les Princes, €S Seigneurs vous auront obliga- tion fi vous les en informés , en inferant cela dans vo- tre Journal qui ef? connu par toute P Europe gt. Certain Médecin à Ratisbonne, en même temps Naturalifie confommé , a fait imprimer quelques feuil- les où il donne avis d'un [ecret d'Agriculture, que l’Au- teur appelle Mumiam végetabilem. Z7 /e fait fort de pouvoir produire d'un [eul arbre, [oit ordinaire ou étranger | de quelque endroit même du munde qw’il Joit , autant d’autres de la même forte, qwil a de branches | de poules &5 de bourgeons : Comme auf que chacun de ces nouveaux arbres aura des racines dans le temps d’une heure, 3 qu’il pouflera aulfi des branches ES des feuilles lefquells croftront comme à ve d'œuil, de maniére que la même année ils fleuri- ront ËS produiront des fruits. Par ce merveilleux [ecret | il fait pouffer à chaque tige ou marcoïte de Citronniers, Orangers, Grenadiers € autres arbres ; de groffes branches qu’ils pouffent même en hauteur d’une maniére étonnante. Il s’en Jert auf avec le méme [uccès pour les fleurs €3 arbufies dont les jardins de plaifir font ornés. Ce [e- cret Wel pas uniquement fondé [nr [on imagination, d'autant que Plnventeur fit le 4. Decembre 1715. à Ratisbonne, ez prefence de Mr. le Comte de W ratif- law € de plufieurs autres Seigneurs | une épreuve d'un effet furprenant. Te marquerai feulement ici ce que des per[onnes dignes de foi en écrivent ; ce qu’on FT 0H -308 L'AGRICULTURE PARFAITE érouve plus au long dans les avis imprimés de ce Médecin. 1. De douze petits Citronniers, 1l fit autant de grands arbres de la même forte, dont chacun avoit. fes racines, branches &S feuilles , chacun [uivant [a gran- deur. | 2. Îl fit en[uite une autre épreuve avec fix arbres de diférente forte , comme pommiers, péchers, abri- cotiers, qui n'avotent que quatre ou cinq piés de hau- teur. Il leur donna d’abord la forme de grands ar- bres , qui étoient parfaitement garnis de racines , bran. ches > feuilles ,E3 les miten tel état, qu'ils fleuriront € porteront des fruits cette année 1716. | 2. Îl fit [a troifiéme épreuve avec quinze marcot- tes deillets dont il fit autant de groffes plantes qu'on voioit croître tous les jours avec autant d’étonnement gue de fatisfaition, [ur tout lor{qw’on confidére que ce Médecin n'emploia qu'une heure de temps à faire tou des ces trois épreuves. | . Enfuite cet habile Naïturalifle montra à Mr. le Comte de Wratiflaw /eize tiges d'arbres de forêt, comme Pins, Chênes , Heftres, &3 Boulaux de fept ju/qu'à neuf piés de hauteur , dont il fit en fix heu- res de temps de grands arbres qui avoient une pleine croiffance en toutes parts , 5 pouvoient paffer pour des arbres confiderables dans un Bois. Cet Inventeur raporte amplement dans [es Ecrits imprimés, Putilité qu’on peut tirer de [a rare Mu- mie per laguelle on peut en peu de temps multiplier toute [orte de plantes. | Suivant [on calcul il fait voir qu’en vingt-quafr heures de temps € avec peu de peine on peut faire fept cent quatre vint douze arbres, 9 en dix huit jours de temps, ne travaillant que [ept heures par jour avec des ouvriers dilizgens on peut produire un Buis de vingt fix mille quatre cent [oixante tiges de gros arbres. D (4 PART. I. SECT.IL CHAP.L 1c Ce Médecin offre fon fecret à tous les Princes € Seigneurs qui lui donneront des marques de leur li- beralité pour ane fi belle invention. Mais 5! déclare qwil eff content qu’on mette la récompenfe en dépét, quiqu'à ce quil ait fait voir par des preuves indubi. tables, que tout ce qu’il a promis ÈS qu'il execute par le feu, comme étant ce qui prête continuellement la main à fa Mumie Végerable, fe peut faire aifément & parfaitement. F'ai honneur d'être, Éoc. | Si cette Invention pouvoit dédommager de la perte qu'on a effuiée durant le rude Hiver dans les Vergers fertiles, ES qu'on phi auffi par ce moien fournir des Fo- rêts à la Champagne € aux autres Provinces qui Jont dénuées de bois | ES fubvenir à leurs befoins, ce fecres feroit d'autant de valeur que la Pierre Philo- fophale que les Chimifles cherchent inutilement depuis tant de fiécles.- Ilen fera ce qu'on voudra , l'offre de ce Médecin eff toñjours fort railonnable | puifqu'il ne demande pas la moindre chofe dans la main &3 qwix nedefire qu'un nantiffement , ou une efpéce de billet pour Jureté la récompenfe qu'il aura méritée à fi jujte titre, s’il énfeigne à multiplier fi [ubitement toute forte de plantes, dont il promet de faire les épreuves à [es propres dépens. Tout [e réduit à ceci, [avoir fi ces plantes dont la premiére aëtion eft produite par la cha- leur d'un feu temperé , pourroient Je maintenir en état par le fecours de la nature; ou par une machine appre- priée dont on auroit toñjours beloin pour cet effet ? Car au dernier cas , ce feroit une chofe plus pour la - curiofité que pour l'utilité. eri À) } Je déclare ici de la maniére la plus folem- nelle , & protefte hautement contre cela & en ap- -pelle à ma confcience que je m’ai jamais penfé à une fi fubite croiflance, &t que je n’ai eu pour but que Ja multiplication uniterfelle laquelle jai non feule- ment démontrée; mais j’ai tâché auf de Pamener | peu t10 L'AGRICULTURE PARFAITE peu-à-peu au plus haut point de perfection. Car -chacun fait que tout ce qui croît fubitement , m’é- tant pouflé que par art & au deflus de la nature, fe âte aufli promptement , & n’eft pas de durée. Mais comme l’on me ramenne cette penfée , & qu’on exige cela de moi , j’ai dit dès la premiére Section , que s’il plait à Dieu , j’en ferai une épreuve dans la fuite avec le fel Aercurial & je ne manquerai pas d’en fairepartaufi. Il fufñit donc de dire encoreune fois pourtoutes, que je ne parle ni n°ai parlé d’autre chofe que d’unemultiplication univerfelle , laquelle fe fait reglément dans la Nature& par la Nature, & non contre la Nature. De forte que je laifie à celui qui a écrit cela , & n’a pas bien lu ou bien com- pris la chofe, à s’expliquer & à enrépondre. Com- me je parle à cette heure fi frequemment de la na- ture, je marquerai fa diférence , afin qu’on ne s’en forme pas de faufles idées. Car je me tiens pour difculpé en cas que quelqu’un voulüt m’attribuer un autre fens de mon Ecrit, une autre intention & penfée que je n’ai pas. | 6. 6. Le mot de Nature eft pris non feulement dans mon petit ouvrage, mais aufh dans les écrits des favans , de quantité de maniéres diféren- tes. Sur tout par la Nature, on entend Dieu com- me Créateur de toute chofe. Ileft Narura natu- rans : Car tout eft de lui, & en luieft tout , & toutes chofes agiflent fuivant fa volonté & fon commandement :. Il entretient & gouverne auf toutechofe. Ainf lorfqu’on dit; on netrouve point -dans la Nature de manque des chofes néceflaires, Ceft autant que fi l’on difoit , que Dieu clément & miféricordieux ne permet pas qu’il nous man- que aucune des chofés néceflaires dont nous avons befoin pour notre fubfftance. C’eft ainfi que par la Nature on entend Dieu, : | 7 De PARTIEI. SECT.IL CHAP.L #15 De plus, on prend la nature pour tout ce qui fe trouve dans PUnivers, tant au deflus qu’au deflous du Ciel , au deflus & au deflous de la terre , dans la mer & en l’air, même dans tous les Elémens. Et lo fqu’on dit la Nature né peut vieillir, on donne par là à connoître : Que le. monde ne tend pas à fa ruïne d’uge maniére naturelle. Le So. leil, la Lune, les Etoiles ou les Elemens , la Terre ou là Mer ne vieilhifient mi ne fe corrom- pent pas dans la Nature, mais font toûjours perma- nentes, & quoi qu’elles fe foient un peu changées. Cela n°eft pas néanmoins incorruptible. Outre cela on prend la Nature pour le tempéra- ment tant de l’homme que d’une autre chofe, & Pon entend par là les qualités ê&t les vertus que Dieu y a placées. Ainfi Pon dit : C’eft-là la nature de homme ou de l’Arbre , ce qui eft autant que fi Pon difoit: Ceci eft né avec Phomme ou avec l’ar- bre, il ne peut faire autrement n1 produire autre chofe que fuivant fon tempérament chaud, humi- de, aqueux, ou fec. | On prend auffi la Nature pour la forme ou pour PEtre intérieur, tant par raport à l’homme qu’aux autres chofes, dans lefquelles ou reconnoïît un Etre vivant & mobile: Comme, la Nature ne fait point de Saut. C’eft-à-dire, la forme ou l’ame intérieure ne produit pas d’abord toute chofe en même tem pour parvenir à la plus haute perfection, mais elle procéde de l’imparfait au parfait. Il faut attendre qu’une chofe croifle petit à petit : Car 1 ne pro- viendra pas d’abord un gros arbre d’un petit bou- ton ou d’une petite branche, ou d’un morceau de racine, où d’une petite femence d’unarbre. L?hom- me n’eft pas forti aufli du corps de fa mére com- me un/géant. Enfin le met Nature fe prend auff pour la far- me 112 L'AGRICULTURE PARFAITE me & la matiére en même temps. Par exemple on on dit la Nature furpafle PArt: C'eft-à-dire, lorf- que j'examine l’Etre intérieur aufli bien que l’inté- rieur d’une chofe, je trouve que la nature opérera quelque chofe de meilleur & de plus excellent que ne le fera Art. Voila ce que j'ai jugé à propos de mettre ici & d'expliquer pour beaucoup de rai- {ons importantes. , comme fabuleux, ou du moins comme un pa- >, radoxe: Afavoir qu’une feuille après avoir pou{- » {6 une petite tige de la hauteur de quelques >, Pouces, a produit enfuite une fleur & enfuite » du fruit qu’elle à confervé. » L'année pañlée je mis en terre une feuille de 5 Limon à Rivo, qui Eté jeta racine , mais ne » poufla rien au dehors. Lorfqu’au Printemps » dernier je tirai de terre d’un petit pot , divers » arbrifileaux qui avoient pris racine, les uns pour » €n faire prefent, & les autres pour les transe » Planter, je tirai aufli cette feuille du même pot ») & lorfque j’eus reconnu .qu’elle avoit jeté de » bonnes racines , je la replantai d’abord parmi #» d'autres arbrifleaux , à ce que je crois dans le >, Même pot, mais c’eft ce que je ne fais pastrop ;, bien. ‘Je la plantai de maniére que la racine , feule étoit dans la terre, dont elle étoit couverte » © la feuille repofoit fur laterre. Cet Etéilen 3 Cf forti-une petite tige, mais non pas fort bau- te, i44 L'AGRICULTURE PARFAÏITE te, parce que peu après 1l s’eft découvert au deflus un bouton à fleurs qui empêchoit qu’el- le ne pouflät d’avantage. Je ne touchaïi pas à cette fleur par curiofité toute pure , fans avoir la moinére penfée qu’il en proviendroit du fruit & qu’il fe conferveroit. Lorfqu’avec le 3 temps cette fleur auginenta & s’ouvrit à la fin, le jeune fruit étoit déja dedans ; fe conferva contre toute attente & groffit jufqu’à la gran- deur qui eft marquée dans la figure c1 jointe. : Sur la demande de Mr. J’olkamer ; je lui ai en: voié cet Automne le petir arbre avec fon fruit, lequel après Pavoir. fait defliner ,.1l la à ma » recommandation fait traniplanter , & je ;, l'ai prié d’en avoir grand foin, pour voir fi. le ;, fruit y refteroit & continueroit ou non àcroitre 3; avec Parbre. : R | 6: 5. Mais d'autant que la plûpart des curieux regardoient comme üné curiofté Pouvrage de la multiplication par les feuilles ; ils ont tourné leurs penfées: fur une autre maniére,, &,eflaié fi par les petites branches d’en haut, vieille d’un an, & qu’il eft facile de difcerner tant à leur tendreté qu’a Jeur couleur , ils pouÿoient efléctuer quelque mul- tiplication.. Pour cet efler: ils ont pris des jêts d’une année ,de diverfes plantes & arbres, comme par exemple, de Saules, de Peupliers, de Meu- riers, de Groifeliers , Rofimarins ,, &c. & les ont coupés fous le nœud, de maniére qu’il y refte en- core un peu de l’autre bois. Enfuite ils ont creu- fé une fofie d’un pié de profondeur dans une ter- re fertile & y ont mis du fumier de Vache ou de Brcbis, enfuite remis la terre deflus ; qu’ils ont comprimée fortement. Et lon appelle cette ma: hiére la multiplication par la taille. Il faut que Mr. Laurenberg , Vait beaucoup aimée &c ae ’au< 32 PARTIEE SECT.IL CHAP. IL 145 autant qu’il aflüre qu’on peut mulu plier prefque toutes les plantes par la taille ; ce qu’on doit cera fainement aprouver auf. Jé traiterai plus au Jong cette opinion dans le dernier Chapitre, & je la confirmerai par de bonnes raifons & de belles expériences. et L Je fuis étonné que pour ce. qui regarde le Jar- dinage, on nait pas choifi avec plus d’empref. ement cette voic fi avantageufe , &c qu’on mait pas fait aufli des épreuves avec d’autres arbres &c des branches de deux ; de trois; de quatre ans nées, & au dela. Mais il femble que cela arrive fouvent ain, afin qu’il refte aufi quelque chofe à dire & à écrire pour les autres. Il fufñt que par cette invention on aît pu aller fi loin, dont on doit avoir de la reconnoifiance. | . Depuis que cette maniére a été connue dans le monde, on ne peut difconvemir ; qu’elle n’aît donné lieu à quantité d'expériences fur ce fujer. Mais comme plufeurs perfonnesont reconnu fou- vent de la pouriture à leurs tailles ; ils ontfaitune nouvelle découverre; & ont râché de garantir leurs entes de pareils inconvéniens, de la ma- mére fuivantc. À lentrée du Printemps ils abar- toient ume grofle branche d’un faule, & le tran{pérçoient de trous éloignésde fixpouces Pun de lautre : dans. ces trous 1ls mettoient plufieurs tailles d'arbres fruitiers fertiles ,de maniére qu’elles les rempliffoient juftement , & pafloient feulement un peu par enbas: Mais avant que d’y mettre les _ tailles; 1ls avoient auparavant coupé avec un petit couteau la peau extericure dé l’écorce vers le gros bout environ autant qu’ils falloitpour y pafler par enbas. Après cela ils enfcvehfloient la branche de faule avec Ics branches fruitiéres, dans une terre grafle. Le Printemps fuivant onen retiroit la ken K che 146 L'AGRICULTURE PARFAITE che avec les tailles qui avoient pris racine par le bas. Enfuite on coupoit par morceaux la branche de faule éntre les branches qui y avoient été four- rées, & chaque taille qui avoit pris racine , étoit de nouveau plantée féparément en terre. Onappelle cet ouvrage /4 Perce. Lorfque jéprouvai auff cette maniére 1l a quelques années, je trouvaid’a- bordune grande dificulté en perçant. Car il au- roit éténéceflaire ( d’autant qu’il falloit que cela quadrât fi juftement Pun à l’autre) que j’üfle eu “un Villebrequin creux exprès pour chaque bran- che & ente. C’eit pourquoi jai corrigé cela. J’ai ‘fendu en longueur la branche de faule ; J’ensiauffi coupé deux autres de maniére , qu’elles quadroient juftement Pune à Pautre , dans celles-ci je fis des deux côtés plufeurs entailles de la grandeur que le demandoit la groffeur des entes , lefquellesje mis dans les entailles. ‘Enfuite je les lrai | & garmis les ouvertures en haut & en bas avec de la cire préparée, & les mis en terre, &c. Mais je re- “connus pourquoi la chofe ne réuflifloit pas toû- jours, dont on peut donner beaucoup deraifons. Quelquefois il furvenoit une putrefaction au bois “où ctoient fichées les entes, laquelle les gagnoit auf. Quelquefois on apercevoit deflus & entre le bois quantité de petits vers blancs, ce qui étoit -caufé par le putrefaétion du bois. ‘Une autrefois paperçus qu’au bas où les tailles avoientl’ouvertu- re,il simbiboit beaucoup d'humidité, laquelle échauffoit la moëile dans les tailles, ce qui les fc- foit mourir. C’eft pourquoi je garnis les tailles par le bas avec dela cire préparée &par là je prévins ectincouvenient, &1l{e ramafla une matiére apro- chante du calus, d’où provint la racine. ‘Par çe moïen,quoique cette invention ne raporte pas beau- cosp d'uulité , jai eu néanmoins ocafion de fai- "14 | re PARTIE I. SECT.II. CHAP.IT. 147 re toute forte de decouvertes , lefquelles m’ont été fort avanrageufes pour mon ouvrage. Ainfi quelque peu confidérable que foit une invention, quand même fouvent elle ne réufliroit pas, elle ne laifle pas d’éclairer & de donner de meilleu- res penfées. … ÆŒt qui fait fi Mr. Lignor, qui en qualité - d’Arborifte Roïal à la Cour de France, s’eft ren- du célébre par fon voïage à la Guadaloupe aux ‘Andes Occidentales , n’a pas été mfpirépar cet aquftement des tailles de faire la découverte de fa bouteille de verre pleine d’eau : Car ilprenoït des plantes les plus rares, ‘es branches les plus déliées, auffi groffes qu’un tuïau de plume qu’il rompoit vers la pointe , &al lesmettoit dans unc bouteille remplie d’eau , enfuite il s’expo- {oit au Soleil de Midi, & la renouveloit d’eam fräiche trois ou quatre fois chaque femaine & a- “près avoir fatcela fix femaines confécutives , il Feconnut enfin qu’à lextrémité des branches qui étoient dans l’eau 1 paroïfloit de petites pointes blanches à l’extrémité des branches qui “étoient dans Peau, de Ja longueur d'environ deux hgnes & grofles comme une épingle, qui étoient de petites racines fort déliées , comme cela cft décnt plus amplement par l’Abbé de Vallemont dans fes Curiofités de la Nature, pag. 220. Cet. teoperations’appelle Multiplication par la Bouteil- le d’eau, Savoir à quoi il s’en faut tenir fur cet Ar- cle Ceft ,ce que-pourront micux témoigner ceux quien ‘feront l’épreuve. À $. 6. Mais comme-ces maméres:ne réüflifloient pastoüjours bien, quelques uns frrent certaines mci- fions aux arbres, furtout au Printemps, avant que les bourgeons fuflent-éclos : Ts choifirent pour ect'cfiet une branche qui avoit bien poufié. Ils y Ç 2 firent 148 L'AGRICULTURE PARFAITE firent une fente, ou ilscoupérent un peu la branche, quelquefois ils firent uneentaille à la branche, & Ja | mirent ainfi en terre. Enfuite ils prirent un petit pot * fait exprès qui étoit ouvert par le côté::Hs y pañlerent la branche coupée , de mamiére que. de bout mince de la branche fortoit dehors par en haut. Enfuite 1ls remplifloient lé petit pot de bon- pe terre, munifloient bien l’ouverture par le co- té, afin que la branche ne püt pas tomber dehors. après quoi ils lioient le petit pot à une groffe bran- che de. larbre , ou à un pieu {éparé, ou bien à la branche. même , afin que lagitation du vent ny pût pas faire de dommage. Un an ou deux après , 1ls fcioient la brapéhe fous le petit pot, d'ou ilstiroicnt le nouvel arbre, & le plantoient jen quelque endroit. , On apelle cela Îla multiphcation par le Por. , A dire le wrai, cette opération de multiplication cft une dés plus curieufes & des plus & {cures ,-:&.. eft -fou- vent pratiquée par les Jardi niers , fut tout.aux-ar- bres étrangers , mais ils s’en Fi rarement aux arbres Fruiuers. Si c'eit par monchalance ou par ennui de ce qu’il faut attendre fi long- temps juf- qu’à ce qu’il y vienne racine , ou iis ne s’en fer- vent pas à caufe de l'inconvénient qu’il y a d’avoir befoin de trop grands pots, pour les y pendre, ou quelie raifon ils ont d’en agir anf , ceft ce qu'ils favent mieux que pe rfonne. Quelques uns au lieu de pois de terre ont inventé des acroches de fer blanc ; en;quoi 1ls font bien, car elles emboitent micux.l’une dans Pautre, & peuvent être liéesaufli coinmodement, comme il paroit par la figure. De ces penfées on en eit venu à de meil- leures : Et comme les inventeurs reconnurent non feulement qu’en fefans de telles incifons, :l fe trou- | voit * Voyez les remarques. : PARTIE I. SECT. IL. CHAP.IIL. 149 voit une certaine matiére, qui réprefentoit la fub. ftance premiére d’où proviennent enfuite les raci- - nes, ils virent aufli en même temps, que la bran. che ne pouvoit pas poufler plus loin à moins qu’on ne lui donnût de bonne terre, pour parvenir à une ‘meilleure croiflance. De là ils ont fort judicieu- fement conciu qu’ils aimoient mieux faire l’épreu- ve de la maniére fuivante, en prenant une branche qui étoit encore attachée à l’arbre ou à la plante, &. après l’incifion faute, ils la courboient vers la terre. & la mettoient dedans , afin qu’elle pût recévoir une meilleure nourriture, tant pour les parties . enterrées, que pour celles qui étoient expofées à Pair. On nomme cette operation la multiplication en plongeant. La plüpart des expériences en ont été faites avec des rofers & des ceps de vigne, & cela. de la maniére fuivante. Ils choififloient pour cet effet une branche fléxible qui étoit fort près de terre. Proche de ïà ils creufoient une fofle d’une profondeur rafonnable, & y pofoient dou- cement la branche, de maniére qu’un bourgeon ou bouton étoit abondamment couvert de terre 4:00 que le bout d’en haut de la branche fortoit de terre. Quelquefois 1ls fefoient une incifion au bouton 2- vec le couteau, & le mettoient en terre. De cet- te maniére la branche prenoit petit-à-petit racine fous terre. Six mois ou un an après, ils coupoient Ja branche de la vigne ou du rofer ; & replantoient la branche qui avoit pris racine, en un autre lieu convenable. Cette maniére de multiplication fort bonne & fort utile a été bientôt connue par tout, & on exerce afidüment, fur tout dans les vignobles où elle eft de la plus grande utilité. Mais : d’autres amateurs du Jardinage n er font pas demeurés là, & ils ont aufli eflaié fur des arbres; cette mahyre Me mettre en terre. 1 AI 156 L'AGRICULTURE PARFAITE H yaentre autres dans les Curiofités de l’ Auteur allegué ci-deflus qui font entre les mains de tout I monde, que Mr. de Leewenhoek à fait cette opé- rauon fur un Tilleul qu’il a enfouï en terre avec fa cime & fes branches , & qu’elles s’y font étendues. Pour l’arrêter 1l fefoit fire des cro- chets de bois qu’on enfoncoit fortement en ter- Fe, de maniére que la tige fortoit de terre de la lar- geur de la main, & que Ja racine étoit auffi à découvert. L’année fuivante il trouva que les bran- ches avoient pris racines. 11 les coupa toutes à déux doigts en terre, & choifit pour cet effet uñ liéu où il voulut les planter à fa fantaifie. Cet- té mamére de mettre en terre, eft une des metlléu- res de toutes les multiplications par des incifions ar- tificielles. Mais la plus grande dificulté eft de met- tre en terre. Car rarement un pere de famille a un Jardin aufi long que le demande Parbre qu’il voudroit bien multiplier , & sil a de la placé pour cela, & qu'il veuille mettre cét arti- fice en pratique , 1l gâte fon Jardin par la pro- fonde fofle qu’il eft obligé de creufer tant devant que derriére, comme on le voit dans la figu- re ci-jointe. Maïs cette belle expérience que jai fouvent pratiquée , m’a infpiré plufeurs penfées finguliéres , dont je ferai en temps & lieu un détail utile. 2: . 7. Parmi la foule de penfées & de reflexions qui fe font fur la multiplication des arbres, 1l s’en éft prefenté une a Pefpnit des curiéux qui leur a fait apercevoir qu’au bas des tiges , 1l bourgeonnoïit des rejetons de la racine. Ils ont détaché ces der- niers de la mére, mais yont laiflé néanmoins toüjours . guelque chofe de l’ancienne racine : Ils les ont tranfplantées au Printémpsou en Automne, &t les ont un peu retaillées & gardées. Par là ils ont cul- | | | | | | # PARTIEI. SECT.II. CHAP.I. 15x cultivé de fort beaux arbrifleaux qui avoient bien t0t leur parfaite craiflance. Cette maniére eft la plus feure. Si l’on éprouvoit feulement par la nature que tous les arbres ont de rejetons , il ne froit pas néceflaire de s’apliquer à aucune autre muluplication. | Enfin quelques uns ont commencé à faire la multiplication par la racine, d’autant que leur ef- prit leur diétoit que tout ce qui a déja racine, en croît d’autant plus facilement & plus promptement & ils ont commencé à muluplier les ognons, & toutes les autres plantes, fur tout celles qui ont des racines grofles & épaifles. Celles-ci font reftées en leur entier, ou ont été coupées par morceaux, fur - cout les Rofers, Groifeliers, Aunée, l’Iris,&c. Mais ils en font demeurés là, & n’ont fait aucun eflai d'arbres étrangers, fauvages, ni d’autres ; j’expli- querai dans la Section fuivante ce que jai fait de plus avec la racine, & ce que j'ai expérimenté & trouvé bon. | Prefentement mes ennemis font fort réjouis d’a- voir trouvé ocafon de me donner fur les doigts. Car ils ont donné à connoître fans déguifement, qu’ils veulent critiquer ce livre. Mais ils n’ont qu’à fe prefenter; Ils trouveront affurément leur homme qui les recevra & traitera comme il faut. Jaurois à prefent la meilleure ocafion du monde de nommer hautement & comme il le mérite, le malin calomniateur qui eft bien connu , &t de lui donner _ Ja récompenfe qu’il a méritée, afin qu’il fente tout de bon ce qu’il a à prouver, lui quia difperfé fe- crettement tant ici que dans toutes les gargottes, fon Ecrit puérile, malicieux & diffamant, pendant que je ne lui ai fait que du bien & toute forte de bon accueil, l’aiant eu plufeurs jours chés moi . Gratis, fans lui avoir donné le moindre fujet d’en K 4 ufer 12 L'AGRICULTURE PARFAITE ufer de la forte, quoique je ne fifie pas moi même grands cas de cet avanturier, & que beaucoup moins encore je ne Jui aurois pas fait tant d’honneur dans ma maifon , s’il ne m’avoit été fort recommandé par certaines perfonnes de diftinétion , à qui je n’en fais pas trop bon gré. Il eft caufe par fa malicieu- fe conduite que je ne me ferois plus fi facilement à de pareils inconnus. Mais je ne veux pas faire mal pour mal. Jefers Dieu & mon prochain de mon mieux: Ultra poffe nemo obligatur. On ne peut exi- ger davantage de perfonne. Si un autre fait quel- que chofe de meilleur, 1! peut le faire voir, & on Jui fera obligé ; en mon partieulier, j'en ferai fort content. Il y a long-temps que fes montagnes doi- vent enfanter , & ilen fortira à Ja fin quelque cho- fe qui rejouira & furprendra tout le monde. Je n’emploiérai point de venin, ni n’exercerai point de vengeance fur ce fujet, comme certain Jardinier à fait, lequel quoique mes affaires ne le regardaf- fent en aucune maniére , croïoit néanmoins qu’il crevcroit comme les fuperbes grenouilles, s’il nou- vroit aufi la bouche & ne fefoit éclater fon é- fronterie hors de faifon, difant de moi : Qu'il montoit aux nues & que Tout fe remuoit dans fon corps, quand il Enter oil prononcer le mot de zæal- tiplication univer) lle: Mais on lui répondit, 6 f#- ple, croïés vous que je me foucie que votre malice vous rende paralitique, E? vous caufe autres infirmités. Il ne m'importe nullement, € j'eflime toutes menaces \ É? tous vos emportemens aufli peu que la piqueure d’une mouche, car une colére dénuée de forces ef} vaine. Re- tournés à votre fumier , 9 mc Jaiffés en repos. Ce- Ja ne me fait pas la moindre peine, & j’aurai encore moins de peur des mauvaifes langues. Maisau con- traire je per fcétionnerai avec l’aide de Dieu Pouvrage que j’ar commencé, & donnerai au Publicmes difé- réntes fortes des raultiplications. PLAN- PRE on — — : LE * [LA #7 LA Hp EE M 7 “sm » out « b eo 5 | 4 1 ‘ PARTIE I: SECT.IL CHAP.IIL. #53 PE SHC E V Qui repréfenre une rare expérience qu’on a faite avec une feuille de Limon. (a.a.a.) Feuille de Limon à Rivo, laguelle a pris … racine chez Mr.Muncshaufen de Swober. (b.b.) La queue qui a pouffé hors du petit bouton, s'eft élevée en hauteur avec la fleur parfaite, Ü @ formé le fruit. | c.) Le fruit même parfait lequela été produit par la feuille, 3 eft parvenu à la grandeur telle qu’on la peut apparcevoir. (d.) Petit Citronier qui a pouffé fort haut d’un pe- fit bouton, 9 comment la feuille qui eff la mere, S’arrête pendant quelques années £S voit croitre cete Le petite plante. {c.) Reprefente une feuille de Citron [ans œuil ou bou- ton \ ÈS comment on la plante en terre d’une ma- niére artificielle, [ur quoi elle prend racine. (£.) La même feuille; Comment il s’y forme par le bas une efpéce de Calus, d’où il lui vient une ra- cine : De plus ,comment peu à peu la fubffance de la la feuille fe confume, en forte quil ne refle plus que l'arrête du silieu avec les petites branches. (g.) Comment cette queue de la feuille pouffe de nou- veau au Printemps C@ 11 lui vient par ci par là de petits boutons. OR À NGC: EVE Diverfes opérations qui ont été faites par divers inventeurs. A. Du Thym, qu'on dit être provenr uniquement en femant la fleur; comme. il eff expliqué dans le $.A. J K 5 A. Ré: 53534 L'AGRICULTURE PARFAITE a. Réfine avec laquelle un curieux croioit avoir operé quelque multiplication, votez . 4. b. Comment de la cendre d’ablynthe eff provenu, à ce a dit,une grande quantité d’ab/ÿnthe , voiez . 4. c. Feuille de Figuier des Indes , ÈS comment elle eff de- venue un arbre, ce qui a fait naitre les prémieres penlées de la multiplication par les fueilles | voyez L (. ci-def} Us. d. De quelle maniére on a entrepris une multiplication _ tion en perçant , voiez À. 5. c. Maniére dont Seft faite une multiplication par des branches coupées , uniquement en coupant des entes qui ont étéplantées dans une terre fertile, après quoi Pon a jeté de la terre deffus , laquelle a été somprimée, Voiez . ÿ. | f. De quelle maniére onentre prendra une mulfiplication gniver/elle avec une bouteille d'eau, votez (.f. g. Multiplication par la coupe , laquelle Je peut fai- re par de petits pots pour les entes, ou des acro- ches de fer-blanc, vuiez (. 6. b. Belle Ê? curieufe multiplication , laquelle à été fai- te fur un gros arbre, en le metant en terre. i. Comment les branches [ont pliées vers le bas ,E attachées en terre avec des piquets de bois. k. Branche ou fige de l'arbre qui à été mis emter- re. Comment elle à pris racine par le bas, G peut érre enfuite tranfplantée. 1. Piquet ou fourchette qui arrête la branche & empé- che qu'elle ne puifle Je relever. A. comment de petites tiges repouffent dele Racine , votez . 6. m. Comment la multiplication fe peut faire par les rejetons. À. 7. 7 p. Comment la multiplication [e peut faire aujf; par le détachement de la racine, voiez $. 7. LE PARTIEI. SECT-. IT. CHAP.I. iss ME SECTION CHAPITRE PREMIER. Uoïiqu’après une meure réflexion, on nait pas fujet de reprendre quelqu'un qui diroit que depuis plufieursfiécles les Artslibéraux, ê les Sciences utiles , font parvenues au plus haut point de perfection, en forte qu’il nous femble que par la les Arts aient voulu égaier la nature, & mé- me la furpañler en beaucoup de chofes ; non-ob- ftant cela dis-je , les Amateurs confommés dans la recherche des chofes naturelles, ne fe rebutent point encore & s’apliquent de plus en plus par toute forte de voies & de maniéres , à amener à la der- niére perfection ce qu’ils voient & reconnoiflent a- voir été commencé par la Nature, mais où elle arrête fon opération , en quoi ils n’épargnent ni foins, n1 peine, ni Art. Aïnfi le Proverbe des Philofophes fubfifte encore , Uli definit Natura, ibi incipit Ars. Oùla Nature s'arrête , là commen- ce PArt. &t ce que la Nature a commencéeit per - feétionné par l'Art. Or quoiqu'il y ait beaucoup d'Arts & de Sciences au monde, on ne doit pas néanmoins s’abandonner témérairement à toutes , mais 1} faut les examiner auparavant : Caron trou- ve auf de fes fciences qui ne conviennent pas un vrai Chrêtien ,\ & dont fon cœur doit avoir 2- verfion. Car il faut favoir qu’il régne auf. des Arts Diaboliques dans le monde, une pareil- le Magie aïant été en ufage à la Cour du Roi Pharaon ; par laquelle les magiciens chan- géoient d’abord leurs verges en ferpens , auffi bien que Moïfe. Avec quelle promptitude la Phitho- nifle à Exdor ne fut-elle pas auf par RE à Aire 15% JI?’AGRICULTURE PARFAITE faire paroître le Prophete Samuel par ordre du Roi Saul?Je ne dirai rien du fameux Docteur Faufle ,* qui faifoit croître fur lechamp & entouttemps, fui- vant le défir d’un chacun, les plus beaux arbres avec Îles plus agréables fruits du monde; Mais perfonne n’avoit la liberté d’y toucher , beaucoup moins d’en cuciilir un fruit,car fi quelqu’un lefefoit à la fourdine, il fe tiroit toûjours le nés jufqu’au fang : On raconte beaucoup d’autres badineries de Jui. Parmi ces Arts impies on doit mettre celui . de prédire l’avenir, ce qui eft défendu , laquelle fcience ces artifans diaboliques aprennent par le fe- cours de Jeur Maïtre &c. On comprend auffi par- mi eux, ceux qui par le moïen des miroirs, du feu ë& de la fumée, &c. prétendent prédire aux gens Je bonheur ou le malheur, les richeflesou la pau- vreté, la mort & lavie. On doit mettre fur tout dans certe compaglie diabolique , ceux qui dé- terrent les trefors ,lescofjureurs d’Efprits, &cceux qui fe vantent de pouvoir fe rendre eux & les au- tres, vifibles & invifibles, & outre cela veulent faire acroire au monde que tout cela fe fait natu- rellement, difant qu’on trouve une pierre en Ecof. fe qui rend celui qui la porte fur foi, invifible & infenfible , comme aufli que ceux qui favent bien fe fervir d’unc téte dechat noir , pourroient faire la même opération. Or ce font des chofes natu» rellés : Mais Be/zebuth faura bien en fon tçmps trouver de tels ouvriers d’iniquité. | $. 2. Quant àla Magie Naturelle, qui pro- duit fouvent auffi des chofes merveilleufes & même étonnantes, les fimples la prennent fouvent par ignorance pour quelque chofe de furnaturel. Mais iôrfque Pon contemplede près toutes chofes,on trou- ve qu’elles font apuïées {ur une baze naturelle, & qu’on les peut démontrer par des principes phy- * Voïez les Remarques. ù _ fiques PARTIEL. SECT.IL CHAP.E 157 _fiques & naturels. Car quelles chofes étonnantes ne produifent pas la Simpathie & l’Antipharie! Quélles belles découvertes ne fait-non pas par les Mathematiq ues & Aftroriomie ? Quelles chofes ra- res & cachées ne voit-on pas fe manifefter par Ja * Phyfonomie? Quelles merveilles ne prédit pasun Médecin intelligent par le moïen de {on Art. A quels rares effets & prefque incompréhenfibles ne parvient-on pas par la Chimie & la Phyfique ex- _périmentale, par Îe moïen dé laquelle on produit aux yeux de chacun, le tonnerre, lés éclairs, la _nége, la glace, le vent & autres pareils Méteores! Qu'on examine, un peu PAlchimie, quels Phé-- homencs miraculeux ne renferme telle pas? Et lorf- qu’on examine feulement Îles livres des Auteurs ui en traitent, on e€ft furpris des figures & repre- gite Dur qu’on y démontre. Si je vais plus loin que ÿexamine les Arts Magi- ‘ques permis, quelles terribles & affreufes repré- fentations & bouleverfement finguliérs ne nous fait pas voirla Magie ( a ) Anamorphatique ? Quel- * les chofes rares ne reprefente pas auf la(#) Pa- | ralatique ? Et qui ne feroit tout en extafe, lors qu’on aprend par la (c) Caroptrologique à fe parler & à s’écrire l’an à l’autre quoi qu abens, par des Mi- roirs? Comme aufli comment on peut guérir les maladies par toute forte de tons & de voix ,comme Penfeigne la Phonoftatique X] y auroitauff béaucoup . à dire des chofes furprenantes & inouies qui {e font voir par ( d ) l’ Hydroteclinie P Ærotechnie, la Pyro- technie, & pareils Arts Magiques &c Naturels par! le moien de l'Eau de VAir, & du Feu. Il .. {a )C'eft à dire qui forme de diferentes figures, (2)C'eft à dire qui reprefente. _(c) L'’Auteur eût bien fait de dire pourquoi cette fortede Ma- ge eft plus naturelle & plus permife que les autres. . {4) Ce font desfciences qui enfeignent à faire des chofes fur- . prérantes par le moïen de l'Eau, deYAir, ou du Feu,com- * me font les Jets d'eau, les Feux d'Artifice &C, 158 L'AGRICULTURE PARFAITE Il y a encore d’autre Arts. qui font aflurement fort eftimables, dont tout le monde favant eft bien informé , mais la découverte n’en eft pas encore parfaire, & ils ne feront que très-difficilement ren- dus publics, quoique beaucoup de favans & de cu- rieux s’y apliquent tous les jours, & y mettent beaucoup de temps & d'argent. Telle eft fur tout % Piere Philofophale, ou Teinture univerfelle, comme le Don de Dieu le plus précieux. Com- ‘bien n’y en a-t-1l pas encore aujourd’hui qui font ecrettement dans quelque coin , & font la recher- che de ces chiméres philofophiques! (4) Je neveux pas nier, abfolument qu’il puiffe yavoir dans la na- ture quelque chofe de pareil, mais qui peut fevan- ter d’être dans le chemin-qu’il faut fuivre pour y arriver? C?cften céla que confifte la difhculté, &:1l n’y.aque Dieu qui le‘fache. Cependant desper- fonnes de diftinétion & du commun cherchent cette Pierre Philofophale : Mais Pévénement fait voir d'ordinaire comment ils $’en trouvent. La plûüpart deviennent un objet de rifée & font réduits à da men- (a) Tant d'habiles gens ont démontré que la tranfmutation des metaux n’eft pas entierement impofüble ; qu'on peut bien accorder qu'ils ont raifon ; mais le grand nombre de gens qui fe ruinenta cette recherche doit faire peur à tout homme de bon fens. La phüpart des Adeptes font des fripunsde proteflion , dont “Lemmeri dans fon excéllent Cours de Chimie à trop bien mar- qué les artifices ordinaires; pour qu’on s'y laïffe furprendre. Que Ja Pierre Philophale foit un-être poflible , à la bonne heu- 4e; c'eft tout ee qu’on peut accorder jufqu'à ce qu'on ait des «preuves folides , qui on démontrent la réalité. D'ailleurs il ‘n'eff pas vrai qu'une matiére capable de tranfmuer les Me- taux, s'il yen avoit une , fût auffi capable de guérir tou tes les maladies , de rajeunir , &-enfin d'opérer toutes les -merveilles qu’on lui attribue Le plus für eft de s'en tenir à cette excellente définition de l'Alchimie. C'eft un art dont ‘Je commencement ef! de mentir , le milieu de travailler , & a fin de mendier. Priacisium mentiri , waédium laborare ; finis #rendicare. " PARTIE 1. SECT.II. CHAP.T. #59 mendicité, & je me fuis fouvent étonné comment il étoit poffible que ces gens-là oferit abufer jufqw°à ce point de la bonté dés grands Seigneurs, & que ces derniers fe laifient fi fouvent tromper par des a- vanturiers qui leur en 1mpofent. ‘Car s’ilsenten. doient parfaitement l’Art qu’ils fe vantentdc connoi- tre, ils n’auroient pas béfoin de ‘la fiveur:d’autres perfonnes, mais au lieu d’être -#deptes ou Maîtres- pañlés ce {ont de vrais #veptes ou gâte-métiers. Je connois même un pareil Philofophe vagäbond ‘qui fait empaumer les gens, & quand mêmeils auroient enfeveli leur argent mille toifesen-terre , il feroit néanmoins capable de leur perfuader:de Pen retirer pour le lui confiér. ‘Entre autres chofes:ila coupé Fe pattes à une poule vivante qu'il a calcinée. En ‘faite il y a mêlé de Por bartu & publié qu’il avoit ‘trouvé PArt que favoit Moïfe, favoir de convertir Por en cendres. Quel admirable Chéf-d’œuvre d’un figrand Philofophe! L’autre tour étoit enco- re plus beau. Il réduifoit du plomb en cendres, avec lefquelles 11 prétendoit donner à toutes les Per- les leur maturité en une minute ; maisà peine-avoit- on misdes perles blanches dans cetteteinture , qu’él- les en refortoient noires. ‘Après en avoir gâté quél- ques unes de cetre maniére , il dit que &étoient des perles de Mofcovie. On a vû'il n°y.a quepeu d’années en la perfonne de Caetani à Beïlin, quél- Je’eft la fin ordinaire de ces féfeurs d'or, car on lui ‘donna pour recompenfe de fes découvertes un (a) -P. a la Grecque. On doit mettre aufhi parmi ces'Arts miftérieux, P'A/kahac. ‘Yavoué qu’il y à quelques armées que je mapliquaï tout de‘ bon à en‘faire la découverte, ‘maïs (a) Les Grecs font leur I1 de cetteiforte «17 ; :ce qui-ref- }femble à un gibet , comme en egèt le-fripon dont l'Auteur £arle ici, fut pendu. .i6o L'AGRICULTURE PARFAITE -mais voïant l’impofbilité dy réüfür ; j’abandonnai cette étude penible. Cependant j'ai trouvé par là un diflolvant univerfel pour tous les métaux, par lequel je diflous en même temps dans une phiole, tous métaux & minéraux, comme auffi toutes les pierres précieufes & contrefaites & la plüpart des parties folides des animaux & des végétaux, ce qui h’empêche pas qu'elle ne conferve fa tranfparence. -Qu’on y jette toutes les matiéres qu’on voudra; of n’y verra pas pour cela aucune précipitation. A: près la diflolution elle teint les métaux , & enfuite il fe forme une pierre telle qu’on veut, comme d'or, d'argent, de fer, de cuivre, de vif argent ou un diamant, n’aïant point d’acrimonie, mais feu- lement un peu d’amertume. Enfuite je la puis con- vertir en huile ouenEau. Je puis fi je veux pouf- {er au deflus de l’Alambic, la pierre d’or ou d’ar- gent ;. fans perdre la moindre chofe. Jai fait par là beaucoup d’expériences curieues , & fi ma bourfe peut fubvenir encore à quelques nouvel- les recherches, jy travaillera avec la derniére apli- cation ; quoique je m’attache plus à la Médecine _qu’à la feience des métaux. Cet dequoi je parle- rai plus amplement en un autre lieu. Parmi ces Arts on peut compter avec Juftice les fuivants : A favoir, pour rendre le verre fi duétile & malléa- ble , qu’on en puifle former & forger ce qu’on veur: Comme aufi pour trouver la lumiére perpétuel- le, l'Hyperbole dans un miroir ardent: De plus, les Longitudes, & la Quadrature du Cercle: * de même que le mouvement perpétuel , à quoi tañt “d’habiles gens ont travaillée & porte les chofes fort Join. Entre autres, le mouvement perpétuel du P.Saltfckius celui d'André Noulzner, & celui de Hartman font aflés connus. Je fouhaiterois fur tout avoir te bonheur de voir le mouvement per- # Voïez les Remaïquéé. - pétuel PARTIEI. SECT HI. CHAP.I. 161 pétuel & mobile par foi dans la nature , qu’a dé” couvert for: heureufement le favant Mathématr cien Mr. Orffyreus. Jé voudrois pouvoir meriter à Pégard de ma Multiplication univerfelle les mêmes Jouanges qu’il merite par fes découvertes, dans ce u’il a entrepris de trouver. Mais on fe contentera d dire de moi pour cette fois : Uf defint vires, ta- men el laudanda voluntas. Quefi les forces me manquent, on ne doit pas laifler de louer ma bone ne volonté. $. 4. Il ñe manque plus que de faire quelque mention des Ârts dommagéables & infenfés. A Pégard des premiers, on ne peut trouver d'Art plus infernal, que l'invention de la poudre & des arti- fices. Car 1l n’eft que trop connu combien de vil« les & de châteaux ont étéruinés par là, & com- bien de milliers d’hommes en ont été tués & blef fés. Ce quieit de plus déplorable, c’eft que cèt Art {e perfeétionne encore tous les jours , jufque- là qu’il paroît aujourd’hui en Hollande & ailleurs des Seringues à feu , remplies de compoftions ardentes avec lefquelles on répand des torrens brulans à une diftance éloignée,par où l’on caufeun dommage terrible & irréparable. On devroit en- voiïer fur le champ de telles gens aux Furies qui les oùt infpirés. On peut mettre avec cette compagnie defolante, ceux qui dévorent le feu | des cloux & du fer, quoiqu’ils fe fafent plus de mal qu’aux au« tres. On peut bien dire que ce font des Arts infénfés. Eh que peut-on inventer de plus ridi-- cule, que de vouloir voler, naviger & nager en Pair? On trouve néanmoins dans des Obfervations , qu'ils s’efttrouvé quelqu'un quelque part qui l’a mis en pratique. On parle fur tout beaucoup d’un certain Haut{ch à Nuremberg homme affés connu, qui avoit invente une machine avec lagucile il a voulu voler ex 162 L'AGRICULTURE PARFAITÉ en Pair. Cependant il vaudroit mieux que ces vols n’aboutifient qu’à un menfonge, & c’eft un bon- beur que céla wait pas réufi. Car comment pour- roit on attraper les maïfaicteurs ? Ils s’envoleroïent par deffus les muraïlles de la ville, comme l#pef- Æ Vocales qu'on raconte s’être fauvé de Nuremberg, en fautant par deflus les murailles , & dont on dit que les veitiges fe voïent encore dans la ville, & qu’on les montre aux étrangers: le croïe qui vou- dra. Cependant divers Auteurs foutiennent qu’un certain cordonnier à Æwesbourg Va fait, & qu'ila tournoié en Pair avec fa forme. Il y en a quiaflurent aufñ, qu’il v'aeu un homme à Ja Haye, qui par le moïen de fes ailes artificielles , s’élançoir en lair d’une maniére téméraire. D’autres à qui le vol pa- roifloit trop ennuieux , ou trop pénible, ont in- venté pour le même effet des batteaux de paille & des machines de paille & d’écorce & ont vou- Ja naviger dans les airs. (z) D’autres ont été aflés fous pour préparer des vaiffleaux avec des pom- pes? des voiles rendues & ces rames, par le moïen défaquélles ris vouloient voger dans air. On peut mettre avec cette compagnie agile & volante, Îles danfetirs de corde. On voit par l’avanture du fa- meux Operateur ÆËrabem à quor aboutit à la fin leur Art mal-entendu: Et avoit attaché ici, (à ÆRa- _#bone) fur la bruïere, une corde at clocher de la Croix d’or, & 1l avoit promis de defcendre en bas avec du feu & du fouffre, mais il fir en faux fond, car à peine voulut il voler, qu’il fe rompit Je cou. | | $. 5. Quant aux Arts utiles, nous avons fujet 7, EL 1 (a) Un favant Jefuite Allemand à donné un eflaide cet arr, où il éemontre qu'on peut faire un vaiffeau qui vole en l'air , & s'eftoffeit d'en faire conftruire ur pareil , fi quelque Prince: en youloit faire la dépenfe. a \ PARTIEI. SECT.IIL. CHAP. I. 163 de remercier Dieu tous les jours del’abondancequ’il Jui a plus nous en donner. Mais fi je commençois fur cette matiére, ou en trouverois je la fn? Il faffit que chacun le fache. Il ny a qu'à voir un peu les Artifans, Pon fera furpris de leur travail ingénieux : Et quoiqu’ils ne fachent pas fouvent pi les fondemens ni les raifons peurquoi une chofe ou lautre fe fait de telle ou telle maniére, lPouvra- e ne laifle pas de s’exécuter avec art. Mais sl Hoit déduire les Arts, par les principes fondamen- taux , & les démontrer, par exemple, la icience dun Horlogeur, jufqu’où cela ne meneroit il pas Si Pon confidére l’Aftrologie ou l’Imprimerre, qu’elles profondes médirations, quelle attention ne faut-1l pas? Si l’on fonge à la Graveure des tailles douces, quelle merveilleufe utilité n’en a-t-on pas retirée ? Mais laifiant là tous les autres Arts, tant utiles que néceflaires, je me bornerai uniquement à l'examen de l’Art du Jardinage & de l’Agricultu- re, fi ancien, fi utile & fi récréatif. Cet Art a été en peu de temps fort embelli , an plifié & amélioré par des curieux de toute forte de condition : Il paroît même tous les jours que des Amateurs du Jardinage n’épargnent ni argent, nf foins pour faire un Paradis de leurs Jardins, je voudrois de tout mon cœur, contribuer aufh quel: que chofe d’utile à ce divertiflement. C’eft pour- quoi j’ai dreflé un Projet pour la multiplication u- niverfelle de tous Arbres, Arbuftes & Fleurs, & jai fondé mes penfées fur des raifons naturelles & fohdes. Mais je ne puis affirmer jufqu’à cette heure fi tout réüflira juftement de même dans la prari- que. Car Ja nature & beaucoup d’autres circon- ftances empêchent fouvent ure choice de réüfhr, quoique fon exécution foit pofhble. Et quand il ÿ en auroit cent à qui cela n’auroit pas réuffi d’a- L 2 bord, 164 L'AGRICULTURE PARFAITE bord, il fe trouve néanmoins fouvent que cé n’eff pas un defaut dans PArt même, mais 1l peut y a- voir d’autres obftacles qui empêchent le fuccès, & auxquelson n’avoit pas fongé auparavant-Car les curieux qui receurent ma premiére ouverture de la Mulplication univerlelle, ne réuffñrent pas toù- jours comme ils defiroient, lorfqu’ilsen firent Pé- preuve, quoiqu’ilseuflent compofé & préparé tou- tes chofes {uivant ma méthode préfente. Néanmoins cela a reufhi à quelques uns, & je confefle d’avoir apris beaucoup de ce qu’il a plu aux Connoifleurs de me communiquer, d’autant que je leur aï don- ne quantité de chofes pour en faire Pépreuve.C’étoit à deflein que je commençois par leur propofer & communiquer la maniére la plus difhcile: Car je favois bien quelle étoit fondée en nature & fur le bon fens & que fi la nature ne Pabandonnoit pas , elle fcroit la plus belle qui fe pût jamais trouver. Comme j'étois obligé de quiter cet ouvrage; parceque ma profeffion ne le permet- toit pas, prefque j’étois obligé de refter plus de temps devant le lit des malades, que devant un parterre de fleurs, je ne pus pas en fi peu. detemps examiner tout par moi même & en faire l’épreu- ve, vü que cela fut rendu public contre mon at- tente, & que le rude hiver furvint immédiatement après. f’efpere néanmoins que la Nature facilitera. beaucoup plus cette méthode améliorée, fur tout pour le Printemps prochain, comme étant lafaifon la meilleure & la plus defirable, principalement fi Pon exécute la chofe fuivant mes diverfes épreu- ves & recherches. D'ailleurs 1l n’eft pas néceflai- re,lorfque l’on veut faire Pépreuve de quelque cho- fe, de la tenter en une fi grande quantité à la fois, enforce qu’il nous enrevienne du dommage, car elle PART. I. SECT. IN. CHXL.L 16 fe peut faire aufli bien avec peu jufqu’à ce qu’on {oit aflüré d’un heureux fuccés. Pour conclufion, je m’expliquerai ckirement ici éncore une fois, comment j’entends proprement cette maniére de parler, Uwiver/elle. Je ne fuis pas de cette opinion qu’on doit fe fervir de la même maniére pour tout les arbres, ni qu’elle réufifie également bien à toutes les plantes, mais je fais en ceci comme les Médecins font acoûtumés de faire en‘examinant une maladie pour lui donner ie vrai nom , pour cet effet ils raflemblent auparavant tous les fignes. Lorfqu’ils les ont tous raflemblés, ils en font à la fin un /£gre Parognomonique, & alors il en font aflürés. Je comprends auffi qu’il faut en- tendre par là toutes les diférentes maniéres d’opé- ration qui fe trouvent dans cet ouvrage colleéti- vement, & ainfi la multiplication univerfelle trou- vera lieu par tout, & pourra paflérpourtelle. Car fi l’on parcourt les diférentes maniéres qui font dans cet Ouvrage, on y trouvera l’une ou Pautre par laquelle on pourra multiplier ce qui n’a pü Pêtre jufqu’à cette heure. Mais avant que je pañle à cette matiére, je dirai quelque chofe de la four ce,"dont jai fait mention dans mon Avis /uccinit, añn qu’on fiche comment ces penfées me font ve- nucs dans Pefprit, & comment j'ai pu me perfua- der qu’on trouve même dans la nature une multi- phcation univerfelle, & qu’elle y eft fondée. C’eft de quoi je traiterai dans IG Chapitre fuivant. L 3 : CHA» 166 L'AGRICULTURE PARFAITE CHAPITRE IL Origine de la multiplication Univer/[elle ,€9 ce qui. k a donné lu, ; 6. I. Ans ce Chapitre 1l faut que je me dife à moi- 27 même la bonne avanture, & que je rende pu- blic ce que j'ai tenu fecret jufqu’a cette heure; d’au- tant que mon naturel a été toùüjours fort porté au Jardinage , mais à caufe des laborieufes &:conu- nuelles occupations de ma profeflion, je nai voulu jamais ie déclarer, & jai encore moins ofé my exercer autant que je le fouhaitois , parceque d’a- bord on auroit dit de moi par la Ville:- Ce-Doc- teur s’ocupe plus de fon Jardin que de fes malades: C’eft pourquoi je fefois mon ouvrage en fecret :& à ma commodité, & lorfque jétois fatigué de cou: rir, Comme je lai éprouvé plus de quinze ans, je fefois quelquefois Ja derniere {fortie vers mon Jar- din, & dans ma lafhtude j'y allois chercher mon plus doux repos, d’aurant que j’examinois toute forte de chofes dans mon petit lieu de campagne: Mais je changea fouvent de.goüt, D’abord ma plus grande pafñon fut pour les oignons & les. fleurs, & jen fs acheter pour une bonre fommeen Hollande. Apres m’être fatisfat là-deflus ,&cavoir reconnu, qu’elles s’abatardifloient trop, je n’y pris plus de plair. Enfuite l'envie me prit de faire ve- nir de Paris toute forte de femences étrangéres & rares. Elles étoient aflürement fort rares. Après qu’elles meurent fervi auf de pañle-temps pendant plufieurs années, cetteenvie pañla pareillement. Il me vintenfuite une nouvycllepafion très-forte pour des PARTIE I. SECT.II.CHAP.IT. 167. les œuillets, & jene negligeai rien pour avoir de ceux d’uné couleur & de ceux de deux, tant des communs que des rares; je fis venir toute forte de Picotes & deBiffardes,& m’appliquai quelques an- nées à lescultiver. Jem’en ennutai pourtant à la fin, & difcontinuant cetteattache, je fis reflexion qu’elle mavoit rien de folide & qu’elle mwaboutifloit qu’à donner une legére fatisfaétion à la vûe & Podorat, Je crus que je pouvoisdonner mes foins à quelque éhofe qui me produiroit des plaïfirs plus fenfibles, que je pourrois partager avéc monépoufe. L’af. feétion & l'attachement qu’elle avoit temoigné pour moi durant le tems de contagion, m’excité- rent à cultiver un Jardin dont les fruits pufient par leur beauté & leur bon goût la dédomager un peu des mauvais tems qu’elle avoit eus pendant les ca- Jamitez publiques. : Je changeai alors mes inclina- tions, & mon Jardin à fleurs devint bientôt un Ver- ger. Jetrouvai tant d’ignorance & même de trom- perie dansquelques Jardiniers à qui je m’adreflai; pour avoir d’eux de jeunes arbres. greftez des meil- leurs fruits; que je fus obligé de metrre moi mé- me la main à l’œuvre. Je commencai donc à greffer moi même mes ar- bres & à les multiplier par l’ufage ordinaire , je crus commeles autres que c'était le véritable Art qui rend lanature nbeïflante & la force à nous don- ner ée que nous lui demandons. Pexamina de plus près cet, art merveilleux qui change Îles qualitez que la natureavoit données aux arbfes &aux fruits, &cet examen me conduifit à une recherche aflez conforme à mon humeur. Je penfai qui pouvait être le premier homme qui s’étoitavifé d’effaier , fi une greffe entée fur un autre arbre conferveroit les qualirez de celui dont elle avait été détachée. Cett curiofité quoi qu’inutile en elle même m’aïant part La a{s 16 IL’AGRICULTURE PARFAITE aflez raifonnable, pour la fuivre, jy fut confirmé par ce que je lus dans ?Æifoire des Plantes de THEOPHRASTE: qu’un jour un Oifeau n’aïant û digerer un grain de femence qu’il avoit avalée, & l’aïant rendue fans qu’elle eût été altérée , elle tomba par hazard dans la fente d’une branche qui s’étoit éclatée depuis peu; de maniére qu’elle y de- meura cachée ; qu’elle y leva d’ellc même, fa fub- ftance s'étant mêlée & comme incorporée à celle de larbre , elle crût, & qu’enfin ce fut ce hazard qui fit naître l’envie d’eflaïer de greffer, Si nous en croïons PLINE, (a) l’Hiftorien de la Nature, un bon Laboureur voulant entourer fa cabane d’u- ne haïe s’avifa de garnir de lierre le pié des Perches qu’il emploïa à cette clôture, à fin que ces Perches étant garanties par le lierre fuflent moins fujettes à fe pourrir. Les Perches qui étoient apparamment de bois verd fraîchement abbatu sincorporérent fi bien avec le lierre qu’elles en tirérent une nouvelle vie,& qu’on eût dit que c’étoient des arbres plantez avec leurs racines. f?y ajouterai un conte (2) que jai oui faire fur le même fujct. | On fait que c’eft un ancienne coutume établie parmi beaucoup de peuples qu’au premier jour de Mai les galands vont planter un arbre verd devant la porte de leurs maïîtrefles. Un homme déja vieux s’avifa de faire cette galanterie à fa ménagere quié- toit à peu près de fon âge ; mais comme 1l n’étoit plus d’une force à aller lui même couper un arbre dans la forêt, 1l fe contenta de prendre une bran: che qu'il ajufta à un vieux arbre qui étoit de: vant les fenêtres de fa femme, il ft une fente à lar- bre & y inféra cette branche afin-qu’elle parût en être fortie. Le mois de Mai fepañla, & fuivant la | J 1118 cou- (a) H.N. livre XVII. chap. 14. f:) Voïez les semarqnes. a Se PARTIEI. SECT.IIL. CHAP.IL 169 coutume on Ôta les Mais, qui avoient perdu la beauté de leurs feuillages.Celui du bon-homme étoit au contraire devenu plus beau , 1l s’étoit tellement uni avec l’arbre qu'il-en tira dequoi fe nourrir & de quoi croître, on ne parla bientôt plus aux envi- rons que du Mai au bon-homme , on eut peine à * croire que la chofe fût véritable; on accourut pour la voir & quand enfin on eut remarqué que le fait n’étoit pasfeulement vrai; mais encore qu’il SJ avoit rien que de naturel, on Pimita & on perfectionna un arc que le hazard avoit fait trouver. Le Lecteur me fera la juftice de croire que je ne lui donne ce peut conte que pour le diverur , 1l eft certain que PArt de gréfer eft fort ancien. _Je fais bien que Pon met de la différence entre enter &grefler; mais il nya point de danger, ce me femble, des’en fervir dans cet ouvrage comme de termes fynonimes. $. 2. L?Art d’enter en fente, confifte à prendre une greffe bien faine & à la mettre adroitement dans une branche ou dans un jeune tronc que l’on a fendu. Cette maniére eft très commune & tout le monde Ja fait. 11 ne laifle pas d’y avoir bien des Jardiniers qui n’y réüfäifient point & qui de vingt greffes qu’ils eflaieront en manqueront dix huit.On dit que c’eft qu’ils mont pas :la main heureufe ; : il faudroit dire qu’ils Pont mal adroite, j’en ai fait Ja trifte expérience. J’en trouvai un enfuite qui fut plus habile & qui n’en manquoit prefque pas une. Il étêre le fauvageon fort court, c’eft-à-dire, fort près de terre, 1l prend pour cela celui qui a bien - poufié cette année , 1] a foin que le tronc qu’il veut greffer {oit coupé bien uni & bien poli, enfuite a- vec un couteau deftiné particulierement à tailller dans les Jardins & dont on donne ici la figure , 1l fait une fente du Nord au Sud, il prend enfuite Ja greffe, fi c’eft une branche d’un an, il la coupe L 5 jufte x7o L’AGRICULTURE PARFAITE jufte à la jointure, fi elle eft de deux ou trois ans, “ou que ce foit un long rejeton de l’année, alors'ille “partage en plufieurs parties | & fait lentaille de chaque côté près du bourgeon, le meilleur eft de “couper la greffe des deux cotés comme on taille une plume, un peu cambrée: Îl fur avoir grand foin de ne blefler ka moëlle en aucune façon ;'il faut bien auffi fe garder de faire la fente trop avant car moins elle eft profonde moins la bleflure de “Parbre cft dificile à guérir. Il eft furprenanit que ‘quelques uns faflent inutilement de grandes plaïes “à unarbre; mais l’eflet montre bien qu’ils font mal, On a foin de plus qu’en plaçant la greffe dans la fente du fauvageon , Pécorce de l’une réponde exac- tement à l'écorce de l’autre il vaut même beau “mieux que Pécorce du fauvageon déborde un peu, car de cette maniére fa feve monte mieux dans la ‘orcffe, cela fait on garnit bien le tout avec-de la ‘ctcàgréffer. On fait comment fe fait cettecire ‘avec laquelle on couvre & garnit la cime , &Pon en trouve par tout diverfes mixtions. On prend pour cela une demi-livre de poix commune, un quartéron de cire, & demi-onced’httile d’amaride, quelquetois auff un peu de térbentine, On met fon- derout cela énfemble fur le feu, & lorfque lacom- pofition eft mêlée Pune avec Pattre, on en fait de tongs rouleaux que l’on garde pour fon ufage. Mais lorfque c’éit en Automne ou au Printemps qu’on fait la cire à enter, on y mêlér un peu de térbéntine, en médiocre quantité. Après en avoir enduit la fente, cet homme mettoit un papier “double fur la cime , ou bien un morceau de linge ’& le lioit avec de Pécorce, ou avec de minces branches d’ofier fendues , mais il ne les lioit pas trop fort, fur tout les fruits à noïau. Et pour em- “cher d’autant mieux la compreffon, 1l me en haut PARTIEI. SECT.I. CHAP.IL 1:71 haut fur la cime des deux côtés de la fente, un filet étroit de l'écorce de ce qui avoir été fcié. Les Jar- diniers de la campagne & les païfans fe fervent, comme lon fait , au lieu de cire àenter , feulement d’atoile , fur laquelle ils étendent un morceau de linge, & afin que la terre ne fe crevañle pas trop par l’ardeur du Soleil, & qu’elle foit toüjours hu: mide, ils mettent la moufle deflus , & la lient en croix avec l’écorce. 16, 3. Lorfquejeus vû la maniére ordinaireden- ter, & que je l’eus mife en pratique, j’effaiai auffñ à «enter deux ou trois fois, laquelle maniére eft très- bonne, & on lapelle Enté réitérée ou linfition double ou triple. Cette opération fe fait ant. On ente en prémier lieu une greffe bonne & faine fur une bonne fouche fauvage. Enfuite on coupe cet- te greffe jufqu’à la moitié & au tiers, & Pon y ‘met unautre greffe qui. foit meilleure. Lorfqu’on Pa encore coupée, on ente deflus une nouvelle greffe. Car plus fouvent un arbreeftenté, plus les fruits qu’il produit font gros & beaux. De cette ma- mére jai cultivé d’aflés grofes poires mufcates dé fort bon goût. Je prenois auparavant de ma pépi- niére une tige cultivée de poires de livre : j’entois deflus un Bon Chrétien d'Eté, Lorfque cettebran- che avoit pouflé en hauteur , je la coupois enco- re &entois deflus une branche de Bergamotte, & lorfque javois coupé auffi cette derniére , j’entois deflus une greffe de poire mufcate , ce qui me donna beaucoup de fatisfaétion. | Je m’exerçois outre cela à enter'es coche ou en entaille, ce qui fe pratique le mieux aux gros arbres, fauvages & ftériles qui ont une fouche d’un pié ou deux de diamêtre. Cette opération fe fait en abat- tant toute la Couronne de Parbre , & on laifle la tige feulement à demi hauteur d'homme fur lara- | qine 172 L'AGRICULTURE PARFAITE cine, enfuite on polit bien la coupeavec un cou- teau & après cela on partage la tigeen plufeurs parties, c’eft-à-dire en autant d’Entes qu’on y'en veut mettre, foit 6,7. ou davantage. Lorfqu’omwa marqué cela, on prend un bon couteau & lon frape avec un marteau fur la place marquée à tra: vers. Pecorce, en forte que cela pénétre en mê- me teinps jufques dans le bois : Enfuite on en retire le couteau & l’on fait. tout près une 1n2 cifion à l’encontre & de l’autre côté de même; de maniére que l’un reflemble à un coin, puis on prend une ente de Pépaiffeur d’un pouce, qu’on taille auf en forme d’angle par en-bas, des deux côtés, à l’opofite l’un de l’autre. Lorfque celaeft fait, on la fourre dans la grofle fouche, en forte que le bois quadre avec le bois | &:Pécorce avec Pécorce lun fur l’autre. On peut bien faire une entaille au-deflus , afin que cela tienne d’autant mieux , comme la figure le rend plus fenfble- Lorfque cela eft fini on en fait de même desautres’ entes. Enfin l’on a foin aufi de la cime entre & avec les entes, on la cimente & lalie commeil faut avec de l’écorce. C’eft un ouvrage divertiflant, mais pénible, Cependant quand toures les gref. fes prennent, on.eft bien paié de fon travail com: me 1} paroît par la Figure. $- 4. Outre cette maniére d’enter, on entrouve: encore une dans les livres de Jardinage qu’on apel- le enter des branches. C’eftencore une opération fort feure & fort utile, laquelle fe peut le mieux: pratiquer aux gros arbres qui ont bien profité, fouvent même aux plusvieux , & cela avec beau=° coup de contentement. Cette opération fe faitainfi. On ne commence pas par dépouiller larbre tout d’un coup de toutes {es branches, mais on en abat la moitié, ce qui fufhit en prémier lieu. Car fi quel- qu’un PARTIE I. SECT- III. CHAP.IL 173 qu’un hazarde le tout, 1l reconnoîtra que le {uc volatil qui circule avec impétuofité vers le haut, fuffoquera l’arbre par fa furabondance. Or fi les branches font bien préparées pour cet effet, com- me on l’a déja dit en parlant de lamaniére commu- ne d’enter, {ur tout lorfqu’on fe ferc pour cela de grefles, de trois ou quatre ans , & qu’on les con- noît bien, &c qu’outre cela on fait fe fervir de certe fcience de qu’on pofe près de là des pieux pour les garantir du vent & d’autres inconvéniens, cela reuffit fort bien, fi on fe conduit prudemment, ona encore la même année, ou du moins certai- nement la feconde ou latroifiéme, une fi grande quantité de fruits, que de jeunesarbres & des plus fains en pourroient à peine raporter ou produire autant. | Lorfque j’eusfufifammentexaminé cette maniére, la curiofité me. prit aufli d’éprouver à enter fous la cheminée ou dans une Etuve. “Pour cet cflet je fis tirer de terre au mois de Février, plufeurs tiges fauvages, qui étoient fraiches & faines, &c a- près les avoir érêtées ; je les entai fort près de la fouche, fuivant la maniére ordinaire. Enfuite je les mis en terre dans la cave, en partie dansdes pots de fable, & jen eus foin comme il falloit. Ils commencérent alors à reprendre vigueur peu-à- peu , & à croître enfemble, comme aufh à bour- geonner doucement. Au mois d'Avril je les mis peu-à-peu à lair: Ils commencérent alors à fleurir a force, & au mois de Mai mes petits arbres en- tés étoient en pleinefleur. C’eft un agréable paf- fe-temps, mais non d’aucune utilité pour Pufage. Cette mantére m’a fait prendre le change quant 2 mes idées, & je ne lai reconnu qu'après coup. Ne pouvant pas encore me borner là, & vou- Jant en favoir d'avantage, je cherchai dans Pret | ivres 174 L'AGRICULTURE PARFAITE livres de Jardinage quels moïens feroient encore plus propres pour l’amélioration des arbres, & ; trouvai entre autres une maniére que les habiles gens appellent enter écorce. C?eft une opération, par laquelle on ne fend pas la fouche fur laquelle on veut enter & y mettre lente, comme l’on fait én entant à l’ordinare. Mais ici on fourre feule: ment l’Ente entre le bois & l'écorce. On fe fert bien de cette maniére à Pégard des arbres qui ont des fruits à noïau, mais c’eit principalement pour ceux qui n’ont que pet je m’y prends de la ma- niére fuivante. On choifit une greffe faine d’un an, de deuxoudetrois, & au bas près d’un bour- geon on fait une incifion avec un Couteau à enter, mais pas fi profonde qu’elle touche la moëlle? Car il faut toûjours la ménager avecfoin ,fi Pon veut que ouvrage réüfifle. On coupe le refte du bois en pointe vers le bas la longueur d’un nœud, mais feulement d’un côté. Enfuite on pelle net- tement & promtement de l’autre côté, l’écorce extérieure brune ou grife, de maniére que la verte intérieure ne foit point blefiée. Savoir fi Pon fera Pouverture du côté du POrientou du Nord, avec un couteau d'ivoire à enter , entre le bois & l’écor- ce où elle eft la plus tendre, afin qu’elle ne crevaf- fe pas, Ceft à quoi je ne répondrai pas à pré- fent. Cependant jai trouvé cette voie aflez bon- ne, & ai fait une incifñion en haut dans l'écorce près de la cime auffi longue que le demandoit la greffe. Enfuite jai ouvert Pincifion avec un petit couteau d'ivoire bientranchant jy ai fourré la grefle préparée ,de maniére que la coupeétroit en dedans, & le place où lécorce avoit été enlevée de l’en- te, étoit tournée en dedans & aprochoit de l’écorce. I] faut enfüite garnircctte place de cire à enter &tle lier letout avec de l’écorce. Néanmoins on doit met- tre PARTIÉI SECT.IIL CHAP.IL. 174 tre eñtrelaligature des deux côtés, un petit morceau d’écorce délhée afin qu’elle fe referme d’autanit mieux. Car fi on nca prefle pas fortement l’une contre l’autre, il y furvient une efpéce de calus difforme ou des excroiflances , qui enlaidifient non {eulement Parbre , mais lui portent aufi préjudice dans la croiffance. Quoique cette maniére de trai- ter me plôt bien, 1l me falloit encore quelque cho- fe de plus, c’eft-à-dire , que ces inventions d’amé- hiorations ne me farisfefoient point encore : Et je tâchai de découvrir encore quelque chofe de meil- leur. Pour cet effet j’allai de temps en temps voir les belles maifons de campagne, & fi réguliére- ment ordonnées , à Kumpfmubl , peut village qui weft qu’à un quart d’heure de Ratisbonne, où l’on trouve fouvent d’habiles fardiniers. Entre autres Jen trouva un fort occoupé à un Citronier qu’il vouloit faire fuccer, & cette opération fe fit de la maniére fuivante.Il avoit planté dans un potou Ci- tromer fauvage qu’il plaça près du Citronier fertile, & le pancha un peu. Enfuite il choifi une branche faine de Parbre fertile, & la pencha vers le fauvageon qu’ii avoit deflein d’améliorer, pour . voir fielle quadreroit bien deflus quant à la hauteur & à Pépaifleur. Aïant trouvé cela bien ,il fcia la tige de Parbre fauvage en biaifant tout près fous la cou- ronne, & la polit bien avec un couteau à incifer : Enfuire il fendit la tige, comme lon 4 coutume de fare lorfqu’on ente à Pordinaire, & il mit la bran- che courbée feulement à Pentrée de la fente , de maniére que l’écorce s’emboitoit parfaitement l’une {ur Pautre, & que le fommet de la branche £e trou- voit tout-à-fait debout. Cependant il avoit aupa- ravant coupé un peu des deux côtés de la branche, à Pendroit où fe fefoit linfertion, depuis Pécorce jufqu’au bois: Enfuite il lia Pendroit fuccé, com: | me 176 L'AGRICULTURE PARFAITE me l’on fait aux Entes ordinaires : Îl mit une ba guette près de là, & lattacha à la tige avec quel: que écorce, afin qu’elle ne fût pas endommagée du vent. Lorfque la branche commenca à poufier de nouveaux jèts,ce quiarrive d’ordinaire en moins. de fix femaines, & qu’il reconnut que l’incifion s’étoit fait un bon rebord , il coupa la branche def fous, & arracha pour ainfi dire, l'enfant de la mam- melle de fa mére, afin de le faire croître ainf de foi même. De cette maniére fe fuccent aufi de grofles branches des arbres fruitiers , lorfque l’an- née précédente on a planté autour diverfes tiges rofles & fauvages. Cette voie eft certainement très-belle, & l’on ne peut y rien shit & elle eft. inmancable, d'autant que la tige fauvage auff bien que lParbre fertile contribuent de concert à une a- bondante nutrition. Quelques femmesquife promenoient dans le Jar- din donnérent occafion au Jardinier de me parler d’une autre maniére de multiplier en careflant; voi- ci comment il s’y prit. Îl mit un Oranger fauva- ge, auprès d'un arbre fertile: Enfuite il choïfit de chacun de ces arbres, une branche fraiche & faine, & coupa tant du fauvage que du fertile, Pépaifleur de deux ou trois poufies en longueur, un peu de Pécorce & du bois à lPendroit où fe devoir faire proprement ce qu’il apelloit Carefler; mais pour- tant pas jufqu’à la moëlle, de forte qu’elles s'umif- foient fort étroitement l’une fur l’autre. Cependant chacune refta à fon arbre : enfuite 1l les garnit de cire à enter & les ia. De cetre maniére Re à crurent lPune dans l’autre. ÆLorfqu'il vit après ce- la qu’elles étoient parfaitement réunies , 1l coupa Ja branche de l’arbre fertile, de mamére qu’elle refta attachée au fauvage , lequel par ce moïen fut amélioré. On doit avertir aufli que pendant cette union PARTIE.I. SECT.HEL CHAP.I 177 union; on doit mettre près de là un peut pieu & y attacher les branches, afin qu’elles ne foient pas a- gitées du vent. La même chofe peut fe faire aux arbres fruitiers, lorfqu’ils font près Pun de l'autre. … L’opération qu’on appelle :embraflement en aproche fort. Voici en quoi elle confifte. On po les branches en croix l’une fur Pautrc, enfui- . teon fait une incifion dans chaque branche, à pro: portion de l’épaifieur des branches : On les en- duit de cire à enter, on les lie & les garnit comme il a été dit ci-deflus.. Quoique ces deux différen- tes maniéres ne fe faflent pas à tous les arbres, par- €c qu'ils font fouvent trop éloignés les uns des au- res, ce qui fait qu’on ne peut pas approcher leurs branches ; ce font néanmoins des UE qui ne font-pas à mépriler: . : 1 . | Jé dermandai encore à ce Jardinier ce que c’étoit Que greffer en dedans, greffer en écuflon, & enter avec la petite pelure ? 11 répondit que c’étoir une Même opération, qui furpañloit prefque toutes les autres, ne confiftant néanmoins en autre chofe, fi- fon qu’on lève un petit bouton d’une branche qu’on attache fuivant l'art dans Pécorce d’une au- tre branche. Cela fe fait ainfi de la maniére ordi: faire. On coupe d’un arbre fertile une branche droite pleine de fuc ; principalement de celles qui font tournées vers POrient ou le midi, à laquelle font quatre ,. cinq ou davantage de boutons fains quiont poufié la même année. Lorfque Ponen veut levÿer.un petit bouton , on prend pour cet effet le meilleur, principalement qui foit d’un rouge ver- meil ; & dure belle feuille: Faites au coté den haut, une incifion de travers dans la branche, &en- fuite à côté deux incifions de côté fe terminant en pointe, ce qui repréfente une efpéceide triangle au- tour du bouton. FRERE les.incifions font difés À | Ç rens- nm 138 L'AGRICULTURE PARFAITE rentes. Quelques uns font la petite peau pointue tant par le bas que par le haut , & large par le mi- lieu, repréfentant la figure d’un Quarré en lo- fange. D’autres le font quarré & apellent cela grefier, mais c’eft une opération toute particuliére | dont je parlerai dans la fuite. Lorfque lincifion à éte fuite près du bouton, on lébranle un peu avec Ja pointe de la ferpette , mais 1l vaut inieux qu’on fe ferve pour cela d'un petit couteau d'ivoire, par: ce que Je fac faifit d’abord le fer ; & cela fe com- munique inceflamment plus loin, la rouille de fer étant fort dommageablé aux arbres. Outre cela on prend le petit bourgeon entre deux doigts, & on le branle un peu de part & d’autre, où le cour- be vers un côté, & ainfion l’éloigne de fa place. S'il y a au dedans du bouton une petite foflé, alors fl ne vaut rien, car le cœur du bouton (dans lequel tout l’arbre croît & eft renfermé avec fa racine, fa tige, les branches, les fleurs & lés fruits, come dans le bourgeon d’une amande, }) eft refté attaché à la branche. Ainfñ il faut couper un autre bour- geon qui ne foit pas bleñé. | : Lorfqu’on a bien reuffi à le détacher, on prend Ja feiulle du pet bourgeon, mais non pas la peau même, & on la tient entre les lévres, jufqu’à €e qu’on ait fait Pincifion dans la branche, où doit é- tre mife la petite pelure. Enfuite on fait fort prom- tement à la maniére ordinaire ; une double fente dans h branche, Pune entravers ,& l’autre le long du bois, dela même maniére que la Éettre T fe pre- fente, auffi longue & auffi grande que la petite pe- Jure le requiert: Etil faut que cela fe fafle promp- tement, parce que l’Air caufe d’abord quelque chan- sement au bourgeon qui a été détaché L’ou- verture & le détachement de Pécorce fe fait encore .micux avec le petit couteau d'ivoire à enter.Lorf- que PARTIEI. SECT.III. CHAP. I. 19 que cette ouverture de l'écorce jufques fur le bois eft faite, on poufle d’en haut la petite pelure des dans, de maniére que le bout pommtu vienne def: fous , & le large en haut, & on le recouvre avec les deux petites ailes. Enfuite on peut le lier foit avec des liens de cotons ou feulement avec de Pé- corce, ni trop fort nitrop lâche, parce que lun & Pâutre peut faire manquer loperation. Quelques uns veulent qu'il n’eft nullement néceflaire de _ lier , fur tout lorfque la coupeentravers fe faitvers le bas ; & la droite vers le haut, commeun renverfé. Voila comment à fait PInventeur connu: du Plantage à rebours, qui a été ci-devant Confeil. ler du Commerce à Berkm, & enfuite Penfionnaire de Meflieurs de Nuremberg qui lui donneront une Atteftation de fon bon comportement. Je lui par- lai il y a fix ans à Nuremberg avant qu’il eût eu ce malheur: Mais comme il ne pouvoit pas oublier une perte qu’il avoit faite, 1l étoit fort emporté, & Pon avoit peine à en tirer une bonne parole. C’eft pourquoi je le laïflai là, & me rendis au Jardin des Juifs | dont le Jardinier fut fi honnête que dé me küfler voir fes arbres gâtés , & en même temps la maniére de greffer en écuflon à rebours. Comme il sy prenoit trop violemment à bacher & à cou- per desarbres ; & qu’outre cela 1l wobfervoit pas la faifon propre, il étoit fort malheureux dans fes en- treprifes, -1]_ faut pourtant convenir qu’il a bien merité de la Pofterité, parce qu’il a été le premier quia inventé cette maniére de greffer en écuflon à: rebours. On ne doit pas méprifer non plus fon cie feau à greffer. Pour moi , ÿén fais beaucoup de cas, je m'en fers encore a grefler & au licu d’une cfpéce de levier de cuivre, j'en ai fait fairé un d’i- voire, commeje le marquerai en fon lieu. Je fuis: afluré au que Mr. Frederic Kaffner Miniftre: à tfo L'AGRICULTURE PARFAÎTE Lichtenbers dans le païs de Brandebourg-Bareutf} n’auroit paseu ces penfées, commie on le voit dans fon bel Ouvrage dé la nouvelle découverte. con: cernant les arbres ; s’il n'avoir eu ce prédécefleur: Je ne fn’arrêterai pas juftement à lui: Cependant # me paroît qu’ilaura vu la 6. Fir: de fon Ouvrage commencé, car elle n’eft pas faite fuivant la. natu> re ; corne l'arbre eft placé dans fon Jardin:::Je fais auffi quelle eit là figure de ces arbres & coms ment ils croifient, & j’en «1 greffé en écuflon & en- té plufieurs, tant fuivañt la premiére maniéré; qué fuivant la mienne corrigée , dont je dirarquelque'cho: fe àcetteocafion, & pour en donner plus de lumiére Pen commuiquerai aufh quelque deflemms commeils feprefentent à moi. F'avoue même que fi je n’avois tien fu du Plantage à rebours , je n’en feroïs certamies ment pas venu àla multiplication umverfelle de tous Arbres &:Arbuites; comme il paroîtra par la fuite. = 6. fr Pajoûterai ici prefentement quelque chofé du Plantage à rebours fuivarit mort idée Lorfque jeus fait quelque progrès dañis certe mnañiére;s y pris beaucoup de plaifir, fur tout à enter. : Car jé mar jamais eu de doute à l’égard dé hr: poffibilitétdé cette opération, quoiqu’elle paroîfle combattreslé cours de la circulation ordinaire des: hitmeürs comme je favois la connexion êc que la matiére dut calus, où fe milieu, par lequel le fuc doit fe filtrer, doit faire en cela office de la racine ; je fus d'au: tant plus émpreflé à en faire l'épreuve fur mesiars bres. :: C’étoir ur plaïfir de voir comment yabattis leurs couronnes : Je fes hachai & coupaï en dix; vingr& davantage dé piéces: Je plaçn aufli gené- ralement deux greftes de travers dañs h fente ,jeles acômmodai & les liar eñfuite comme il faut. Pen: fai jufqu’à foixante: Entes fur une fouche épaifie & ',1)14, à haute. : Mais a peine un Mois fut-il écoulé, que . | | | PARTIE I. SECT. IL CHAP.II. :87: tout mon travail fut inutile: Îl fe trouva pourtant par ci par là encore un Ente qui repoufloit. Je vis par laque j’avois emploiïé trop de force fans rai fon : C’eft paurquoi je fongeai à traiter mon arbre un peu plus doucement. Car une petite bleflure qui n’a pas encore pénétré trop avant, peut fe gué ir plus promptement qu’une grande qui entre plus profondément. Ainf je commença à farre mes difpoñitions de la maniére fuivante. | - Quant à ce qu’on apelle enter en écuflon , je choi, fis pour cet effet un jeune Prumier , beau, droit, um, & haut, fur lequel je greffai de la maniere de travers, dans le milieu du moisd’Août: Je n’en abattis pas tonte l3 Couronne mais feulement quel. ques branches : Je ne voiois aucune raifon pour mal-traiter mon arbre, & il m'étoit aifé de conce. voir , que par là je fcrois aux boutons plus de mal que de bien. Car le fuc qui monte en hauten grande abondance, fur toutencetemps-là, devoit. néceflairement fuffoquer les boutons: Mais lorfque: le fucnourricier fe répand dans les branches jufqu’à ce que les boutons foient réunis avec la tige, on n'apas alors à craindre ce danger. Voici commens Je raifonnois : Supofé que les boutans ne pouflaf.; fent pas, je confervois néanmoins larbre qui étoit: bon pour une autre opération, car j'étois devenu plus fage à mesdépens. Je fongeai qu’au contraire, f les: boutons poufloient au Printemps & avoient be. foin de plus de fuc nourricier, j'auroislieu de prens dre mon arbre, &t de lui mettre la tête en bas. Cependant je gardai le même ordre que la natu- re prelerit pour mettre les boutons en terre & je ne fuivis pas lxmaniére du Miniftre Awffner qui place toûjours deux boutons à lopofite lun de Pautre : Gela réuffit quelquefois , mais il s’y trouve aufi fouventde Ja dificulté, à caufe delamariére-du cas: gi M 2 lus 182 L'AGRICULTURE PARFAITE lus qui poufle en dehors avec beaucoup de forces comme cela fe-voit au N°. VI. Au contraire je plaçai mes petits boutons environ la longeur de la: mam un de l’autre, en ferpentant | l’un dun côté , & l’autre de lautre | & je con unuai de même depuis le bas jufqu’au haut. Je fis au bouton une incifion perpendiculaire au bas de laquelle j'en fis une autre horifontale jufques fur lc bois. Enfuiteavec Cifeau à greffer en écuf- fon C’cft-ä-dire, avec la partie qui eft d'ivoire ; je le- vai Pécorce un peu en haut, & tins le Cifeau de mamére, que le côté creux joignoit le bois paren bas. Enfuire je pouffai de la maniére de travers, le peut bouton tourné vers le bas, avec la petite pelu- le fur laquelle il repofoit, de travers dans Pincifion levée de l'écorce, c'eft-à-dire , que la pointe dé la peutc pelure étoit tournée vers le haut, & l'extré- mté large vers le bas, d’autant que je coupois toù- jours la peiure en forme de Triangle ,dont les deux tailles de côté n’étoient qu’un peu plus longues que Ja taille large ou en travers. On à déja indiqué la maniére la plus facile pour lever la petite pelure. Mais f l'on n°y réüfit pas bien , on peut fe fervir pouricela de Pautre côté du Cifeau à grefécr, qui reflemble bien à un vilebrequin & lorfque l’incifion citfate, il faut lever le petit bourgeon, de maniére qu’on le prenne en bas par la pointe & qu’on le poule ainfi en haut & le tailler. Mais fi par hazard on:a coupé en même temps quelquechofe du bois, on peutle nettoïer avec le petit couteau à grefler en écufion, &cette maniérceft plusexpéditive. L?In- venteur dans le peu de feuilles qu’il a mifes au jour, donne a raifon pourquoi proprement cetre taïlie en formeide y, renverfé eft meilleure que la come mune : Cet que lorfque la tuile fe fait ainf;, slfe fait comme un ipetittoit, quiempéche que la pluie ne PARTIE I. SECT.IHI. CHAP.IL 183 | ne puifle pénétrer dans la taille ,: comme il arrive bien fouvent par la mantére commune. Lorfque le bourgeon fut mis de travers dans la tige, je Pendui-. fis & bouchai avec la cire à enter les lévres de l’é. corce qui couvroient le petit bouton , & je les liai par en bas, avec un peu d’écorce mince, ou avec unpetit cordon, & de cette maniére je n’ai perdu aucun bourgeon. Tous ont poufié au Printemps à mon grand contentement , & par la courbure ils s’élevérent en haut d’une maniére fort finguliére, Enfuite j’en abattis la couronne . 81 je voulois que Jatige fût plus haute, je lui enlevois toutes fes bran- ches, mais j'épargnois la tige même; Si je ne vou- lois pas que Parbre fut fi grand , je Pabattois juf- qu’au près de la couronne, & j'acommodois bien fa cime avec de la cire à enter ? Qu’arriva-t-il de tout cela ? Deux ans après je vis que les bouton d'en haut devenoient plus forts & plus épais en croiflant , que ceux d'en bas, au lieu que je m°£- tois imaginé que Certainement cœux qui étoient le plus près de la racine, croîtroient le mieux & le plus promptement, parce que le fuc nourricier en çit plus près, que de ceux qui font plus: éloi- gnés de la racine. Pour couper court, les gref, fes en écuflon que j’avois faites , fe prefentoient comme une piramide renverfée, ce qui choquoit la vüe: Après avoir examiné cette affure de plus près , je reconnus enfin mon erreur qui ne venoit pas de la nature, mais uniquement par ma propre faute: Elle confiftoit principalement en ce que j'a- vois levé les boutons le long de la branche, com- me je la tenois alors dans ma main, favoir le plus gros bout vérs ke haut , & le mince vers le bas, Ë parce que j'avois levé premiérement les bourgeons qui nétoient pas encore fi parfaits, ayant ceux du bas, &t que je les avois mis en bas. Au contraire j’avois : | M 4 rn1g 184 L'AGRICULTURE PARFAITE mis vers le haut les plus gros & ceux qui éroient les plus avancés. Comme ils étoient parfaits, & en bon état, & qu’il eft fufifamment connu que le fuc nourricier volatile & fubtil monte plus prompte- ment en haut, c'eft la raifon pour laquelle les bran- ches fupérieures croifloient mieux, & devenoient plus épaifles & plus fortes. Les chofes étant ainfi difpofées, je renverfai aufli fur le champ mes bran- ches, & plaçai en bas les boutons d’en haut êtiles plus parfaits, & je mis en haut les moins parfaits, qui étoient ceux du plus gros bout de la branche: De cette mamére jaquis une Piramide régulié- re & belle, parce que les derniers ne pouvoient pas croître auffi bien que les premiers. Or comme il arrivoit fouvent que je ne trouvois à un Ente que trois ou tout au plus, quatre boutons parfaits, au lieu que jen avois pourtant befoin d’une bonne quantité pour pouvoir atteindre jufqu'au haut; je fis en forte de me pourvoir d’une bonne quantité de parailles Entes, & ÿen pris les boutans les plus parfaits. Ccpendant je mis les greffes dans l’eau, jufqu’à ce que Peûfie auf befoin des moindres. Et de cette mahiére comme je Pai déja dit, 1l me ving une fort belle Piramide, & comme elle eft d’un très- bel afpeét, jai fac faire deffous un beau piédeftal partagé en deux parties , comme on peut le voir dans la figure. + SAUTER RON ( Lorfque je me vis en bon chemin quant aux bou tons qui étoient au premier jet & n’avoient qu’une feuille, il me tomba dans lefprit de detacher auffi des boutons qui avorent quantité de feuilles, &c é- _toient d’un an, de deux, de trois, & davantage & de les placer de travers , d'autant que je me tenois af- furé, parce qu’ils étoient déja plus vieux que les premiers, que ma Piramide deviendroit par là d’au- tant plütot en état de porter. Lorfque pour cet e et SE PARTIEI SECT. III. CHAP.IL 18% fet j'eus coupé de ces boutons, & les eus courbés tant foit peu avec le doigt pour les en détacher, ce fut inutilement, parce que le bouton étoit déjatrop attaché. Je pris donc mon Cifeau à greffer, je le mis dans la taille par le cûté creux, &c en fis fauter la petite pelure & le bouton. S'il y reftoit trop de bois, je le coupois avec circonfpeétion me fervant du Cifeau à grefier, & je fis la même chofe de plu- fieurs autres , mais jétois fur touc fort attentif à leur âge , & je prenois garde que ceux de quatre ans fuflent placés en bas, & ceux de trois, de deux & d’un an, vers le haut: De cette maniére tous ces boutons commencérent à poufler, en même temps quelquefois en trois, ou quatre ou en cinq endroits , ce qui étoit fort réjouiflant, c’eft pourquoi je les ai fait auf deffiner. Aer: | $. 6. Après que je fus devenu plus fage par lin. fition traverjale des boutons , & que j’eus décou- vert la même faute à mes arbres entés, je corrigeai cela de la maniére fuivante. Premiérement j’apris à connoitre l’âge d’une branche, & lorfque mes yeux furent ouverts, jen trouvai quelquefois, , Qui avoient neuf, dix, douze, & même jufqu’à fei- zeans. Je connoiflois cela aux branches, aux quel- les on découvroit comme de petits cercles, mais lorfque les branches veillifloient au de là, on avoit plus de peine à le connoître. Cependant il ne laif- foit pas d’y avoir une marque pour le connoître, toais 11 faut une très - grande attention, fi l’on veut ne s’y pas tromper. Par cette contemplation il m’é- toit facile de favair l’âge de tout l’arbre, en don- nant quelques années de plus à la tige principale. Je lai experimenté devant d’habiles Connoifleurs, _& leur ai dit l’âge de leurs arbres, & cela ma ra- rement manqué de deux ans chés ceux qui favoient Pâge de leurs arbres. Cette couverte curieufe me for fi utile, qu’il m’en vint une agréable Pira- mide. Je pris quantité de longues branches, & raflemblai les annécs , tant des plus grofles bran- ches, que de celles de coté , * lefquelles font toû- | jours d’une an plus jeunes, car la fille ne peut pas être plus vieille que la mere, &c de cette mamiére ÿeus des entes âgées de cinq, de quatre, detrois, | de deux & d’un an dont je me fervis à la méthode | | 1$6 L'AGRICULTURE PARFAITE | | à rebours, mais de deux diférentes mamiéres. fen: tai quelques unes dans l’écorce, & quelques autres dans Pécorce & la moëlle en même temps. A la premiére maniére qui réuflit, & par laquelle prelque | toutes les gréffes viennent a bien, je fis premiérement | dans Pécorce de latige, une longue incifion de haut en bas, enfuire uncincifion entravers, cam- me dans + l’Oculation, fefant en même temps par Je bas une entaille un peu large, afin que la greffe y fût bien emboitée. | | Je coupai les Greffes , fur tout celles qui étoient tournées vers le bas, d’une telle longueur , qu’il s’y trouvoit quatre où cinq boutons. Je me fervis enfuite de la maniére d’enter entre Pécorce, & fs une incifion dans l’Ente, large d’un coté, & pointue vers le bas. Au côté rond je levai douce. ment Ja peau brune, enfuite je levai Pécorce de l’ar- bre un peu vers le haut avec la partie de mon Ci. feau à enter qui eft d'ivoire, & mit deflous mes En- tes à rebours. Et pour empêcher qu’il n’en fortit une matiére de calus très-diflorme comme il arrive d'ordinaire, je mis entre deux des deux côtés deux petits morceaux d’écorce double pliée, après avoir auparavant enduit la place avec de la cire préparée &c fait enfuite la ligature. J’entai de la même ma. niére auff vers le haut dans l’écorce , mais je tour- -# "Voyez les remarques. + Voyez les remarques. PARTIE TL. SECT.IIL CHAP.IT. 187 naï lincifion, & fis deflus l’incifion transverfale, avec une entaille & enfuite la perpendiculaire en Jong: J’y entai depuis dix jufqu’à quinze greffes, & lorfque la tige étoit haute & épaifle , du moins trente & quarante qui fe trouvérent placées vers le haut, quoique toûjours éloignées d’un empan l’une de l’autre, & comme je les avois placées en ferpen- tant, en greffant en écuflon, jen.fis de même en entant à rebours. Au haut je plaçai de jeunes en- tes tendres , d’un An, ou de deux, qui n’avoient qu’un ou deux boutons : Enfuité je pris des bran- ches plus vieilles qui avoient davantage de boutons, ê à la fin de grofles entes de trois de quatre ou de cinq boutons, & de cette maniére 1] me vint les _plus belles piramides du monde qui portoient bien leurs branches en haut & en bas. Ce qui fuit {ervira d’inftruction à ceux qui veu. * Jent enter 2 rebours dans le bois & dans l’écorce en même temps. On fait de travers dans l’écorce où Von veut greffér, une incifion en travers, enfuite on fait une entaille de la largeur du doigt , & un peu plus profonde dans le bois, en forte qu’à pro- portion de la tige, cela n’aille qu’à environ Ja lar- geur de deux do: de couteau. Enfuite je mets le couteau à enter dans cette incifion, defcendant en en-bas, je poufie le couteau vers le haut à coups de marteau, & fais a proportion de PEnte & de fa longueur & épaifleur , une fente convenable, Or afin qu’elle refte ouverte, or fourre entre deux un petit couteau d'ivoire ou quelque autre petit bois, afin qu’elle ne fe referme pas. Enfuite je ghfle ma branche ou Ente, par la partie large anenuifée, dans cette fente d’où je retire le cou- teau ou le petit morceau bois , & afin qu’il y foit . Encore mieux ajufté, je fais au deflus de lente en- core ue petite entaille , par laquelle Pincifion fu- | La de périeure 188 L'AGRICULTURE PARFAITE périeure de Parbre puifle y quadrer. :, Après cela: ÿacommode Pincifon avec de la cire à enter & je la lie. 11 eft libre à ceux qui le voudront, de mettre deux greffes dans une pareille incifion.: Mais j’ai déja dix plufieurs fois pourquoi je n’en -mettois qu'une dans chaque fente. f’aurais encore beau- coupde chofes à dire de ce Plantage à rebours, pars çceque je m’y fuis fort occupé: Mais commejetraite à prefent de ls multiplication & non de l’améliora-, tion, ÿabandonne cela entiérement.à Mr. Xuffner qui y a été fort heureux, & qui a déja commencé à communiquer au Public {es belles découvertes fur ce fujet. 2% Il y auroit bien encore quelque chofe à dire de la multiplication par la * flte, mais cette -opération: n’eft autre chofe, finon qu’on détaghe en rond d’u- pe jeune branche, en même temps, deux, trois ou quatre boutons, & au de là & qu’on les aquite & aplique à une autre branche ou petite tige. Cette opération fe fait de la maniére fuivante, &t.peut. fe. faire tant au Printemps que l’Eté, lorfque les arbres. ont poufié, & que l'écorce s’en fépare.commodé:, ment. On cherche fur un arbre une branche droite, de lamême année, & onla coupe près de l’exrémité où elle a pouflé : Enfuite ou choifit deux boutons. ou davantage qui foient propres pour k flûte, êç: Pon fait au plus gros bout une taille tout autour. jufques fur le bois. . On fait fauter lé morceau. du bout. Enfuite l’on tourne certe partie. de côté, &: d’autre, on l'ébranle & l’on fait fi bien que Pondé. tache l’écorce d’avecle bois. Quand cela ne réuffe pas de cette maniére, il y en a qui frapent de côté, & d’autre, ce qu'ils réiterent jufqu’à ce qu’ils la dé &achent. Lorlqu’on en eft veau à bout après beau - coup, -# On l'appelle ainfi parce que l'écorce décachée dela max aiére que l'Auteur décrit ici reffemble à une flûte, | PARTIET. SECT NT. CHAP.II. 185 toupde travail, on cherche fur un autre arbreune pareille branche; on y fait la même chofe, de la mê: me longueur qu’a la.premiére & on met à la place Pautre écorce avec les petits boutons qui doivent tous-y relter (comme lon a dit pour la greffe en 6: tuflon) après quoi on l’énduit de cire &t on fa lie fans la ferrer. Mais on reconnoïtra bien lorfqu’on éñfera Pépreuve , que c’eft une opération biert en: huieufe & bien incertaine: Car en premier lieu ou neftpas afluré de pouvoir détacher tou les bou- tons : S’il y en a deux de bons; peut-être que le troifiémé ne vaudra rien, & s’il y refte quelque ca- vité alors toutela flûte rie vaut rien. D'ailleurs on endommage l'écorce en: preflant & en frapant ; ‘on comprime les.petits ruraux & les nerfs ; de mamiére que rarement la flûte pourra réufhr. Je pafle fous filence le temps qu’il faut; avant qu’ontrouve une branche fur un'autre arbre, laquelle quadre jufte- mens avec Pautre. Cette maniére d’opérer m’a fort ennuié, jufqu’à ce qu’enfin jartrouvé lexpédient que voici. ‘J'ai choifi une branché avec quatre ou cing bouronsqui fe fuivoient Pun Pautre: Enfuite j'ai fair depuis le premier jufqu’au dernter une, tongue mcifion le long de H branche; & Pai ouverte avec moncouteau & detaché foigneufement les boutons. Enfuite jar cherché {ur une autte arbre une bran- che un peu plus groffe, j'af mis la fûre deflüs, & compaflé une longueur juftementadaptée à la flôtei: Penai levé l'écorce, mais er laiffant néanmoins tant foit peu de l’écorce afin que la flûte quadre jat. temient de part & d’autre avec ce. petit morceau d’é- corcé Je l’àr acommodé enfuite comme :il faut. Mäis Auteur mentionné ici-deffus en marque plus de circonftances. Enfin il ÿ a‘encore quelque cho. fe à dire ici de la greffe en écuflon. Cette opération comffte uniquement en ceci ; que l’on coupe .uà . à trlaR< 599 L'AGRICULTURE PARFAITE triangle ou un quarré de Pécorce d’un arbre, & qu’on met à la place une petite écorce triangulaire ou quarrée avec un bourgeon, qui y quadre jufte- ment de tous côtés, ce qu’on acommode enfuite4- vec la cire préparée, & on le lie un peu. Cette ma niére d’opérer eft feure & infalhble: Elle fe fair promptement, & je fuis furpris que jufqu’à pre- fent on en ait fi peu écrit. Mais je crois que Mr, Kuffner traitera cela plus amplement. jun . 7. Pour conclufion, 1l faut que je communi- que à mon Leéteur , comment ce Plantage à res hours que j'aimois &t exerçois beaucoup | ma in: fpiré la penfée d’une multiplicationumiverfelle, E:> tant un jour ocupé à mon ouvrage , je reçus une vifite inopinée de plufeurs amis, : & commese fefois toûjours mes affaires en fécret ; jeslaiflai là mon ouvrage & allaï les recevoir. : Comme la con: verfation dura jufques à lanuit; je:ne:pus retourner à ma premiére ocupation, &tles greffes que j’avois fourrées à rebours, n’étoient M enduites n1 liées. Ce: pendant on vint m’apeller pour aller'voir des ma- lades à la campagne, de forte qu’il fe pafla quelques jours avant que je retournafle à mon Jardin & les greffes moururent dans ces entrefates.. C?eft-pour- quoi je les retirai,les jetai & acommodai lestaillesavec de la cire à enter. Cependant il parut fur une-de ces branches coupées , une matiére-comme un:calus; fur laquelle on apercevoit les premiéres fibres des racines: Lorfqu’on eut mis cette racine en terre, il en fortit peu après des racines parfaites. Cela me réjouit beaucoup, & je fongeai que fi cela réuffis- foit à toutes les feuilles , jets, poufles , & bran: ches , on pourroit par là tout multiplier ; &t c’eft _ de là qu’eft venu en premier lieu le fyftéme, de l& multiplication univerfelle: Lorfque je continuai à faire cette expérience, par tout où je fefois Rai” | n. PARTIET. SECT.IIL CHAP.IL ro: fe convenable ; & l’acommodois comme il faut, il en fortoit une pareille matuére dure, qui marquoit non feulement que c’étoit un débordement des fues,, mais on voïoit aufhi que c’étoit la fubftance même des racines. Qui plus eft, 11 paroifloit qu’il: y 4- _woit autant de points qu’il en provenoit de fibres & de petites racines, comme on le démontrera ample- ment dañs peu. Dans cette difpoñition je penfai qu’il étoit à propos de favoir ce qu’en diroient les autres curieux: Et comme je n’en connoiflois pref- que point alors , je tâchai de le faire favoir par le Mmoïen de mes lettres invitatoires. Comme elles écoient difperfées de tous côtés , il en parvintune heureufement à Vienne qui tomba entre les mains de Sa Majefté l’Impératrice Æwalie , Qui étant gran- de amatrice du Jardinage , témoigna de la bone volonté pour mes découvertes. | Cette ocafñon donna lieu à l’Impératrice de fonger encore à cette multiplication univerfelle ::: Pour cèt effet Elle chargea le Prince de Loewenffein, Plenipotentiaire de PEmpéreur à la Diére de Raris- bonne, de rechercher ce que c’étoit que la multipli- cation univerfelle, comme cela fe trouve plus ans. plement dans mon Avis fuccinéts : : Dans cet efpace de tems, 1l me vint de meilleu. tes penfées fur la maniére dont on pourroit exécu- ter la multiplication usiverfelle, lefquelles furent communiquées à Mr. le Comte de #ratiflau, En: voïé à la Diéteen cette ville , lequel eftun Amateur du Jardinage fort intelligent & l’ondifputa beaucoup à deflus , pour & contre ; comme on le peut voir amplement dans le même Avis. À fin que ce Syftême tant pour la multiplicaion naturelle que pour larti- ficielle, fût connu des autres Amateurs du Jardina- ge ; Je pris la réfolution de le mettre fur le papier & de le faire imprimer, mais mon peu de bien ne fuffi- | _ fant is L'AGRICULTURE PARFAITÉ fent pas pour exécuter un ouvrage de fi longue has + leine, je demandai à quelques Amateurs du Jardi- nage, le fecours dont j'avois befoin, & ils me ’en- | voierent ; ainfi cet ouvrage a été comrencé par leur bonté... Voila en abregé le recit de Porigine de la : Multiplication Univerfeile,. qui va être fuiviidu ! fondement fur lequel repofe tout POuvrage avec | diverfes maniéres d’operation, tant pour les arbreé ! | s PT qüe pour les fleurs. 6 4 PLANCHE VIL sd Hripriof de diférentes maniéres d'Amélioration | | tirée de divers Auteurs: | | a. Réprefente comment fe [ait Popération de greffer en fente par le moïen du couteau aproprié pour les\en= | tes; È qui s'exécute prés de la moëlle ; mais non pas \ dedans: b. Maniére d'enter doblerient ; £ même triplement. c. Comment l’on ente dans la fente, Îi faut endaire l& : fente avec de la Momie au lieu de cire à enter. d. Ce petit nombrè d'Entes fait, voir comment lon sy prend à enter [ur les bränches d'arbres gpar : vâ quo | sacourciffe toutes lés branches ; ainfi qu’on l'explique | - dans le Texte, ou doit en attendre certainement de | effèts fort ütiles déni pe d'années. | e. Repréfente une maniére d’entèr qu'on nommé enter | entré Pécorce; laquelle furpaffè même en certaines | “parties la mianiéré Jimple d'enter s parce que celle dont on perle réuffit mieux ES plus fromptement que telle qui fe fait dans la fenté; comme il paroit pr la delcription: La tige eff repréfentée ici plus | grade quil ne faut; mais cela n'a été fait que pour La montrer plus clairement. f. Sani Popération très-utile 3 certaine go apÆ= D ru, A ) Hunt 1100) \ \ À ) % Î j ER LS 7 x < 4 PARTIE I. SECT.IIIL. CHAP.IL.. 103 | apelle Sucer. S5 elle ne choguoit pas la vée en quel- { que façon dans les Jardins, (ce qui ne confifle néan- | moins que dans l'imagination) , puifque l’on doit | poler les pots l’un près de Pautre, je [uis perfuadé | que cette opération [e pratiqueroit davantage , celui qui l'a inventée aiant eu afurément de belles pen- fées. 3, Comment [e fait l'opération d’enter par ce que l'on apelle Carefler 04 réunir, Cela ne réujlit pas toéjours aux grands arbres , mais bien aux é- trangers qu’on peut placer les uns près des autres. Quwon refiéchiffe un peu plus [ur cette chofe, car elle renferme quantité de mifieres de l'Art. h. Comment Pon opére ce qu'on apelle embraf- fer. Cette maniére ne peut non plus que rarement + fe pratiquer [ur les gros arbres , € la plépart du … temps ce doit être [ur ceux qui font près Pun de Pau- tre. On fera voir en fon lien utilité qw’on en . peut retirer pour les arbres étrangers. 1: Belle opération qw’on apelle greffer en écuflon. Tous les livres de ‘fardiniers enfeignent bien la maniére commune”, ais on ITOuVera une manière à rebours . dans cette Figure laquelle ef relative à la Figure … fuivante. Voiés Chap. 12. 6.5. k. Maniére d’'enter avec la flûte, dont il eff parlé amplement au Chap.1x. $.6. è N PLAN: ‘of L'AGRICULTURE PARFAITE PLANCHE VIII ! Nouvelle maniére de traiter les Arbres, que J'ai améliorée , tant pour écuflonner ; que pour enter. io, L. Üné figé haute qui à bien pouffé laguellé & au) | deffus encore une petite couronne ; où Pon ébau | che en quelque façon la maniére d'opérer à rebours. . a. Une incifion perpendicalaire dans l'écorce. D. L’incion tranfver[ale ES Pentaille. + €. Comment l'ôn doit lévèr avec le Coin où Cifeaÿ à en: \ ter , principalement avèc cèite partie qui eff d'ià | voire. ra 2Ëe | d. Eff la pofition renvér(ée du petit bouton. | €. Comment vn acommode avec dé la cire préparée; | … € comment on faïf la hgaturé. | £. Comment quelque temps après, le petit bouton com« | mence à pouffer, [e préfenté en cercle, ES pouffé dé L nouvean en baufear : en quoi confifié tout lou: . Trage. | Fio. IL. Corment les boufons d’une annéé ; de déux € au de là | font attachés à un drbre, © leurs feuilles un peu émondées , afin que le vent n’aff pas trop de prile deffus, comme auffi pour reconnoître fi elles ont pris ou non Fig. IT. La faute que P Auteur avoit commile en tes nant une Ente. Voiez Planche VIL a 1, Chap. 1r. $. 2. Dans ceïte Fig. g. reprefente le gros bout où les boutons ne [ont pas encore fi parfaits qu'au me- nu, ÈS comment la petite peau ef} taillée de maniére que la pointe vient en haut, € le bout large en-bas. b. ej? un redrefflement de la faute ; le boat même de l& branche aïant été lié en haut , les boutons de + deffus détachés, © mis ensbas | Eÿ la petite peau | a Fes PARTIE IL. SECT.IIL.CHAP.IT. 195 retournée , le bout large vers le haut , €? la pointe en bas, ce qui produit une Piramide reguliére. Fig. IV. Comment on peut voir à une branche quel 4. ge elle a: Il eff néceffaire de favoir abfolument cela lorfqu’on veut [e ferviride la maniére d'écufonner € denter à rebours | 9 c'eff en quoi confife le princi- _ pal fondement. Fig. V. Nouvelle EX récreative opération à rebours, pour enter dans l’écorce, ÈS de quelle maniére elle Je peut faire aufli dans le bois. Dans cette Figure on doit auffi obferver la Symétrie pour voir com- ment on placera les greffes d'une maniére conve- nable. 1. Eft une greffe d’une année. k. De deux. }. De trois, ES ainfi du refte. Cela produit une Piramide agréable &9 réguliere. De cette maniére on peut parvenir à des decouvertes beaucoup plus _curieufes. Fie. VI. Cowsment la couronne en a été abatue , €? comment la tige Je difpofe à pouffèr avec une greffe. Fig. VIL. Reprefente un Pommier d'une maniére de rebours , lequel à très-bien pouffé dans mon Fardin pendant plufieurs années | y a fleuri ES porté des fruits. Quantité de perfonnes de la premiére quali- té le Jont venus voir. | \ Ni 1 10 2 RAR 196 L'AGRICULTURE PARFAITE CHAPITRE IIL De différentes maniéres de multiplication artificielle, | É7 de tout ce qui en dépend. | 6. £ GI y jamais eu Philofoplie qui ait faiffé quelque chofe de profond & d’ingénieux à la Poftérité, ç’a été certainement HERMES TRISMEGISTE, qu'on pourroit avec juftice appeler le Prince de la fagefle Philofophique & plus chachée ; & lancién Pére de tous les Philofophes, puifqu’on dit qu’il a vêçu avant le temps de Moz/é. Ceft lui qui a ouvert la porte des fecrets de la Nature & a déve- lopé à fes Difciples & feétareurs fes fecrets inefti- niables. C'’eft pourquoi on lapelle auffs (4er m4 ximus) Xe trois fois trés-grand , d’autarit qu’il poñé- doit non feulement ce grand fecret zermaire des fe- crêts, maïs a aufh laïflé 4 la Pofterité, une efpèce de Teftament écrit fur une table d’émeraudes, qu'on dit avoir été trouvé dans fon tombeau, par la teneur duquel chacun pourra voir qwil doit avéir été un génie fupérieur : Cet Abregé cft conçu en ces termes. » JIleft véritable, certain , & mêénie très-véri- » ble, que ce qui eft er haut, eft tout de même #» que ce qui cft en-bas pour exécuter les merveil- > les dela chofeunique. Car comme par la recher- » Che de l'unique , toutes chofes font d’un, pa- » retllement en cecr tout eff fait par un , par la » Conjonttion où union enfemble. Son pere eft le »-S8oleil ou POr, & la msre la Lune ou P'Argent. » Le vent la porté dans fon fein, fa nourrice eft » la terre qui cft une mere de la perfcétion 2 Fr | PARTIE I. SECT. NI. CHAP.INI. 107 » force cft parfiite lorfqu’elle eft couvertie en ter- re. Partant féparés la terre du feu, le fin d’avec le gros, avec une connoiflance toute particulié- re, & un jugement bien meur , alors cela mon- te de la terre vers le Ciel, & defcend enfuite du Ciel vers la terre, où il attire à foi la force des chofes fupérieures & desinférieures, & de cet- te maniére vous acquierrés la gloire de tout PUnivers, & chaflerés toute obfcurité de devant vous, d'autant que c’eft ici la plus grande force au deflus de toutes les forces, pouvant auffi pé- nétrer par tout ce qui eft fubtil, par tout ce s, quieft épais, comme aufhi par tout ce qui ef£ 3 dur & fe laflujettir: D’une telle maniére eft », fait le monde, & de là réfultent fes merveil- , leufes comenéiions & unions ,; comme auffi » leurs opérations furprenantes. Et comme c’eft >, ici le chemin par lequel s’effeétuent des chefes fi >, étonnantes, c’eft par là que j’ai été nommé Æer- », mes Trifmegifle , c’eft-à-dire, trois fois très- grand, parce que je pofléde trois parties de la fa- gefle mondaine*, & la recherche de la Nature » de tout Univers, avec quoi je finis mon difcours » de ouvrage du Soleil ou de l’Or. Quoiqu’on ne puifle pas contefter que ces mots regardent uniquement la Teinture univerfelle , je puis néanmoins les apliquer fort heureufement à la muluplicarion univerfelle de tous arbres & fruits. Pour cet effet je ’expliquerai, non d’une maniére 39 | abftraite & metaphifique ; mais phifiquement & clai- | rement, afin que chacun puifle s'exercer heureufe. | ment à cet Ouvrage. $. 2. Dans le Difcours précédent on a fait voir | clairement & fort au long, qu’il y a un Etre vivant dans les arbres , comme auf dans toutes les autres | plantes. Lorfqu’il fort de fon centre , il acupe ab N 3 {olu . *+ Voicz les remarques 198 L'AGRICULTURE PARFAITE folument toutes les parties de l’arbre, qu’elles foient fur Ja terre ou deflus, par où cette fenrenceeft réla. tiveici ; que le tout eft renfermé dans une partie, & la partie aufli dans le tout: Et de cette maniére, toute cette ame V’égetative peut-être dans tout Par- bre ; & en même temps aufi fubftantiellement dans la plus petite partie. Et cela eft d’autantplus atfé à comprendre, que lon a accorder que l’ame végetative eft matérielle , .& qu’elle peut-être di- nike dans une quantité innombrable de parties, de maniére qu’elle peut habiter dans la plus petite partie avec fa fubftance entiére, & faire peu-a-peu fes fonétions |, comme on le peut prouver par les effets. Cependant 5l faut que les organes foient rendus propres à cela par artifice, car s’ils font en- uiérement détruits, alors l’ame eft pareillement perz due. Cela paroîten quelque façon au deflus de l’en- tendement, mais l’effet rend témoignage aux cau: fes. Quelqu'un pourroitm’acorder que tant que la- me vegétative eft dans l’état ou elle doit être c’éft-à. dire, dans un arbre non bleflé, elle peut exercer fes fonétions ; mais que lorfque la Couronne eft fépa- rée delatige, & la tige de la racine, il ne feroit pas pofüble alors qu’il s’y pût trouver une ame vivan- te À vegétative qui pourroit comme auparavant 4= air & faire fes fonétions, mais que la uge& les ra- cines ne feroient alors qu’un Etre mort. Mais l’ex- périence fait voir le contraire tous les jours, & tous ceux qui voudront y faire attention , trouveront que Dieu a prefcrit aux ames vegéfatives, d’autres Loix qu’aux ames des animaux. Car ces dermié- res abandonnent d’abord leurs corps , dès que leurs principales parties font bleflées, & retournent à leur centre d’où elles étoient forties. Mais les ames vegétatives peuvent fe maintenir long temps dans leurs corps fubftantiellement, quoique se | | eurs mnt - PARTIE I. SECT.IIT. CHAP.NII. 199 leurs parties, tant fupérieures qu’inférieures foient toutes coupées on partagées en quantité de piéces: Er fi ou les fecourt par art , ce qui ne fe peut dire des ames animales, elles reftent auffi bien dans les parties fupérieures que dans les inférieures, & y exercent les mêmes fonétions qu’elles fefoient dans tout Parbre ,lorfqu’elle y étoient encore fans partage. Et c’eft fur ce grand principe que je puisme fervir d’autant plus à propos de Fadmirable fentence uni- verfelle d’Æermes , & l’apliquer à la muluplica- tion unjverfelle : Car il dit: ©wuod efi fuperius eff ficut id quod eff inferius | € quod eff inferius eff fi- ‘cut id quod eff fuperius : C’eft-à-dire, les branches Jont comme les racines, E les racines [ont comme les &ranches. Ce qui eftautant quis’il difoit: Le deflus eft compolfé des mêmes parties que le deflous & le deflous eft aufñ tout de même que le deflus. Ou en- core plus clairement: Les branches font des arbres, & prennent racine, & les racines font des bran- ches & deviennent arbres. Afin de m’exprimer de la maniére la plus claire & la plus intelligible je me fervirai des deux figures ci-jointes. Je dis donc qu’on peut faire des arbres de routes les branches parfaites qui font dans la couronne, car il ne leur manque que des racines, & les racines peuvent de- venir des arbres, car 1l ne leur manque que la fou- che. C’eft ce que l’expérience montre, Car par tant d'opérations que jai propofées tant gour [a multiplication que pour Pamélioration , 1l paroît déja clairement par telles & telles incifions qui ontété _ faites aux feuilles, aux jets ou aux branches, pour- yû que la chofe fe fafle comme il faut, que les feuil- les, jets, & branches prennent racine. Or fi les racines n’y étoient pas renfermées matériellement , comment pourroient elles en fortir? Caroù il nya _Hieniln'en peut rien venir. Mais comme elles poufe- | | N 4 TR 200 L’AGRICULTURE PARFAITE ront tout-à-fait en toutes places , il s’enfuit nécef- fairement que les racines Les dans les tiges, com- me cela fe montre aufñ à l'œil, & mes recherches le témoigneront encore mieux. Il eft donc vrai qu’il y a en haut fur un arbre, d’aufli bonnes raci- nes, qu’en bas àlatige. Et qui eft-ce qui n’aura pas compris fufhfamment par les recherches men- tionnées ci-deflus (fur tout lorfqu’on confidere Penféveliflement d’un grand arbre, comme auffñ les rejetons } qu’il provient de la race une quantité de tiges & d’arbres ? Ce que mon expérience pour- ra encore mieux confirmer.. Car lorfque je partage uneracine en cent parties, comme il faut, & que je les metsenterre, il me vient de chaque piece , non pas une, mais quatre, cinq, fix tiges & au de là, lefquelles fe garniflent de branches. Or fi elles n’étoient pas dans les racines, elles ne pourroient pas auffi en poufler dehors. Il eft donc encore vrai que je hauteft tout de même que le bas. Et Poncom- prendra cela d’autant plus aifément, lorfque je re- mettrai en mémoire ce que j'ai propofé contempla- tivement , favoir que la partie inférieure de l’ar- bre, à de même que la fapérieure , toutes les par- ties eflentielles, quelques noms qu’on leur puifle donner. Car la diférence entre la tige & la racine confifte uniquement en ce que les pores & les f- bres des parties folides de la racine , font en plus grand nombre, plus longues, plus épaiffes & plus grandes, que dans les branches , afin qu’elles atti- ent d'autant plus d'humidité à foi, & pour cet ef- fet elles deviennent larges d’étroitesqu’elies étoient. Mais la ftruéture de Parbre & des branches a beau- coup plus de pores & les fibres plus compactes, lef- quelles font beaucoup plus reflerrées par l’aïr, Jacha- leur, le froid & d’autres changemens. Or afin que les fucs nourriciers puiflent être portés plus facile- DE ee :: ment PARTIEI. SECT.IN. CHAP.IIH. 32or ment en haut, la tige conduit du large à l’étroit: Et lorfque l’Hiver on tire de la terre, en creufant, un arbre avec fes racines , & qu’il eft couché en fon entier fur terre ayec fa tige , fes branches & raci- nes, ou ne pourra prefque pas déterminer quelle eft la parte fuperieure ou inférieure de l’arbre. Mais yoici une queftion qui fe prefente : Comment on prouvera que les racines font d’aufli bonnes bran- ches & jets fous terre, que les branches & jets qui paroiflent en haut: Car qu’on creufe en terre tant _qu’on voudra, ou ne trouvera ni branches ni jets, & rien que des racines. Cela eff certain. Comment puis- je donc dire que le deffous eft tout de même quedef- fus? Je réponds à cela que fi les racines avoient l’air auf libre que les branches, ilen proviendroit auffi quantité de milliers de branches avec leurs jets & feuilles, mais comme elles entrentavant en terre, &: qu’elles n’ont point d'ouverture d’air, ni n’ont point de raïons de Soleil, il faut que les branches reftent en repos, jufqu’à ce qu’on fecoure la nature, quoi- que les arbres y foient déja enfermés effcétivement. Cependant on ne laifle pas de reconnoître aux raci- nes des marques vifñbles des endroits d'ou les bran- ches doivent poufler efféétivement :; Et lorique les racines trouvent une ocafion convenable , ou lorfqu’on les aflifte par art, alors elles croiflent à force & en quantité vers le haut, comme cela pa- roît fort clairement à ces racines qui commencent à poufler un peu hors de terre : Car elles font d’a- bor@ des rejettons , qui fortent des racines & non pas de la tige. On ne peut prefque point donner dautre raifon pourquoi ces rejettons pouflent d’or- dinaire près de la tige, & non auffi des autres par- ties de la racine, que parce qu’elles favent lemieux fe prévaloir de l’air & de la chalcur. Car fi l’on fe- couroit de même les autres racines, & qu’elles fuf é NS fenc 22 L'AGRICULTURE PARFAITE fent conduites & placées à portée de pouvoir jouïr pareillement de Pair & de la chaleur, elles produi- roient pareillement une grande quantité d’arbres. Cela fera prouvé clairement par les recherches que jai faites , par où 1l paroîtra que ce que je dis aveç Hermes eft vrai, que l’inférieur eft tout de même que le fupérieur, & que le fupérieur eft auffi de même que l’inférieur. | © Enexaminant encore de plus près ma Figure, je trouve de l’autre côté : Que ce qui eft en bas, eft tout de même que ce qui eft en haut. Or qu’y-à- 1} proprement en bas aux arbres ? On répondra, des racines. Comment donc peut-on dire avec ve- nté, que les branches, jets, & feuilles, ont auff des racines par le haut & qu’eft-ce qui a vu croître en haut des racines en plein air? Je réponds à cela qu’il eft néanmoins véritable, & que les arbres ont beaucoup de racines par le haut, Ouïil eft certain que fi quelqu'un veut feulement ouvrir les yeux & faire attention , 1l découvrira véritablement qu’on voit quantité de millions de petites raci- pes avec leurs fibres déliée aux branches & jets en tout temps. On verra diftinétement qu'à leur écorce , il fe trouve de petits points blancs &t des marques de racines, à quoi peut-être perfonne n’a fait attention jufqu’à cette heure. Mais ils ne peu- vent pas poufler à moins quäls ne foient misen terre; caralors tous ces'petits points s’ouvrent, & à peine met-on une petite branche en terre, fuivant Part, qu’elle prend racine, l’on voit avec beaucoup d’étonnement & de plaifir, combien de racines il Jui vient par cette opération. ailleurs tous les amateurs du Jardinage favent aflés, comment par aplicarion, incifion, fucement, & enfeveliflement des branches, jets & tiges, on les peut tout de mê- me amener au point d’aquérir des racines qui AS AUN A TARR . pen- PARTIEL. SECT.IIL. CHAP.IIT, 2e3 pendent vers le bas aux yeux d’un chacun. Par conféquent il s’enfuit delà, qu’il faut que néceflai- rement dans ces branches & jèts, foit renfermée une quantité de matiére propre à engendrer la raci- ne, parce que par tout fortent de pareilles racines, Jorfqu’elles trouvent la moindre ocafion de s’enra- ciner. C’eft ce qu’on démontrera & traitera plus au long en fon lieu, ve Comme fuivant mon opinion, le principal fon- dement de la multiplication univerfelle confifte en ce que j'ai allégué ;. puifqu’on trouve à toutes les branches & jets de tous arbres, arbuftes & fleurs la matiére , ou les points & marques des racines qu’il faut fecourir par art ; comme auf qu’il y a de pareils veftiges à toutes les racines, d'ou les petites tiges doivent poufler avec leurs bran- ches , je propoferai fur ce fondement toutes les expériences que j'ai faites, pour convertir en difé- rentes maniéres des feuilles , jets & branches en racines & en arbres les racines coupées par mor- ceaux ; & les y contraindre par le moïen dy feu & de ma Momie. PREMIERE PROPOSITION. Comment en coupant en pieces des racines, on peut produire une multiplication univerfelle. LE lecteur fe fouviendra bien encorc de ce que LA jai démontré au long dans ma Théorie, favoir que parmi les plantes, rien ne peut croître à moins qu’il n'ait racine, ou du moins quelque chofe qui puifle lui fervir de racine. D’ailleurs on a prouvé par quantité d’expériences que les racines produi- fent des rejetons : D’où il fuit néceflairement que les racines , lorfqu’on fait bien les ménager NS du dt At - 204 L'AGRICULTURE PARFAITE PArt, doivent produire en tous lieux de pareils rejetons ou arbrifieaux ; & c’eft ce que je tâcherai de prouver 1ci. | Jai fait déterrer dans mon Jardin diverfes raci- nes de toute forte d’arbres, comme de poriers , de pommiers, de pêchers , d’apricôtiers, de noïers ,de vignes , de fureau blanc, &c. Comme auff de Ci- tronniers, de Grenadiers, de Lauriers & autresars bres , & j'ai coupé ces racines par morceaux , de toute forte de maniéres. Je prenois en premier lieu une fort grofie branche de racine, & a l’extrémité fupérieure ou au gros bout , comme auf à l’en- doit où étoient les racines de caûté & les petits fibres ou ouvertures, je la poliflois & l’égalois: Enfuite Penduifois cette cime émondée avec ma Momie où cire préparée, & accommodois tous lesendroits où 3] y avoit quelque ouverture: Enfuite je la mettois enterre de la largeur d’une main, & pour que les pe- tites parties de la racinene pouflaflent trop profon: dément, je la laiflois étendue toute droite avec la ra- cine, de maniére que le tout fe trouvoit couvert de terre horizontalement. Enfuite je la fis couvrir de bonne terre comprimée aflés ferme. En peu de temps la racine s’ouvroir de tous côtés ,& elle pa» roifloit comme fi elle avoit été tailladée de perites coupes, qui fe prefentoient prefque comme de pe- tites œueules de poiflon ouvertes. De ces ouver- tures fortoient une infnité d’arbrifleaux tant grands que petits, entremêlés l’un dans Pautre, & ils pouf. foient fi fort , qu’en un mois de temps 1ls étoient plus d’un pié au deflus de terre. De nouvelles ra- cines pouflérent auffi hors de la grande racine. Je Ja tirai de terre avec beaucoup de contentement, & en fs graver le deflein pour l’expofer d’autant pius clairement aux yeux du public, comme la figure gi-jointe le reprefente. | | Outre » | | | | PARTIET. SECT.IIL. CHAP. III. s6$ Outre cela je pris un morceau de racine d’un pé: cher: Je le coupai en quantité de morceaux, cha- cun de la longueur du doigt, ou un peu pluslong: Je polis les bouts en haut & en bas, & les acom- daiavec ma Mômie ou cire préparée. Enfuite je les plantai en terre, de maniére qu’ils entroïent en ter- te perpendiculairement, la partie Menue vers le bas, & la grofle vers le haut, en forte que la païtie fu- périeure fortoit dé terre d’une demi jointure dedoigr. Je fis cette épreuve au mois de Jüin & dans celui de Juillet ils poufloient , quoique de différemtes maniéres. Lun fortoit par le haut ; & l’autre par le bas en ligne circulaire. Il en étoit de même des petites racines nouvelles, qui bourgeonnoient des vicilles, dont quelques unes bourgeonnoient au def- fous, & quelques unes au deflus de ces nouveaux arbrifleaux ; comme cela paroît fufifamment par la figure fuivante. Pen ufai de la même maniére à Pégard des raci- nes de vignes & de coins, comme aufi des petits Citronmers & Grenadiers, qui tous pouflérent, je les ai fait deffiner au naturel comme je les ai trou- vés. Mais avant que de quiter cette matiére , il fe pre- fente encore une importante queftion à faire : Si cette mamiére d’opérer peut fe pratiquer aufh {ur toutes les racines fauvages d’arbres & d’arbuftes, par. exemple d’Aulnes , Hêtres blancs , Tilleuls , Saules aquatiques , Frênes, Bouleaux , Chênes, Pins, Pruniers fauvages & Genevriers. Je réponds quoui. Car jai fait Pépreuve de la plüpart, &c elle ma réuffi : Chaque petit morceau de racine a pouflé, mais je n’ai peu faire les épreuves de tous, trop d’autres ocupations r’enaïant dérourné. Com- me Automne eft la faifon la plus propre pour ces ouvrages , quoique cela fe puifle bien faire auffi au Prin- 206 L'AGRICULTURE PARFAITE Printemps & même Eté ; je prendrai à cœur de faire d’autres recherches dans ce temps-là , dont _ j'informerai le Public dans la feconde Partie de cet. Ouvrage; comme aufli de ce que je pourrai enco- te découvrir dans ces entrefaites pour le fervice des curieux : Si lon met foi même la main à l’œus vre ; lopinion en fera d’autant mieux confirmée: Mais je décrirai plus diftinétement l'affaire des raä cines & comment on en peut faire des arbres avec peu de peine, ( quelque facine que ce foit, lorf: qu’elle eft coupée par petits morceaux. ) Unafbre peut fort commodément fe pafler de deux ou trois grofles racines, fans que cela Pendommage, pourvû que la racine du cœur ou du milieu ne foit pas bleflée, & qu’on acommode la taille avec de la Momie , {ur tout dans un Bois où l’on coupe des arbres , on peut en creufant tirer de terre aus tant de racines que lon veut. Lorfqu’on a détaché des gros arbres plufieurs racines longues & épaif: fes, alors on les coupe & icie par morceaux, d’en viron un pié ou un pié & demi. . On peut prendre à la main les morceaux légers, & les égaler deflus & deflous avec le couteau ; mrais 1l faut mettre les gros & épais fur le banc à racines nouvellement in- venté, & les égaler, commie cela éft feprefenté dans la figure ci-jointe. Ce batic à raciniès eff fort commode pour cet ouvrage : Il eft long d’envis ron quatre piés, & d’un pié & demi de haut. Au devant s’éléve une grofle planche debout, d’envi< ron un pié de haut, dans laquelle on a taillé u- ne cavité en dehors, afin qu’une autre petite plan- che puife y être adaptée, laquelle eft attachée à l'an, tre avec des pentures, étant toutes deux taillées un peu en créux afin qu'on puifle attacher les racines par ce moïen. Ceux qui voudront le faire oem de drap en dedans, afin que les racines ne re og roif- PARTIE I. SECT.IIT. CHAP.IIL 207 froiflées, feront fort bien. Des deux côtés on per- ée deux trous, par leiquels pañle une corde jufques fous l4 marche, où il doit ÿ avoir aufli deux trous ; pour y arrêter la corde, afin que quand on marche deflus, & que la racine eft dedans, les deux plan- ches fe ferment lune contre l’autre & arrêtent la facine : Mais lorfqu’on lâche le pié par en bas , la plüs courte planche fe retire d’elle même & fe rou- vre de nouveau par le moïen de deux reflorts d’x cier , qui foht entre deux , ce qui abrége fort cet Ouvrage. Lorfqu’on à égalé aux bouts d’enbaut & d’enbas ; avec un couteau, les racines détachées; & coupées en quantité de morceaux, on les acom- mode avec de la cire propre à enter, laquelle fe fait de la maniére fuivante, Maniére dé préparer là cire à enter, €? [on afage. En premier lieu on prend quatre livres de poix noire commune , & une livre de terbentine com- mune: On met cela enfemble dans une terrine, puis on y met le feu en plein air. Mais il faut avoir quelque chofe à la main pour pouvoir jeter par def fus, afin de Péteindre à temps. On couvre ainf plufieurs fois le pot, & on le rallume, de meme, afin que les parties nitrées, volatiles, fe puiffent évaporer. On continue ce manége , jufqu’à ce u’on croïe que cela fufht. L'épreuve eft lorfqu’on ifle couler, un peu de cette maniére fur une af- fietre d’érain ou deterre, qu’elle fige promtement ; alors elle eft comme :l faut. Verfés enfuite cette poix fondue dans une terrine: Ajoutés y'un peu de cirecommune, mêlés le tout enfemble, & le gar= dés peur votre ufage. Lorfqu'on veut acommoder quelques racines avec cette Cire, on mêt le pot fur du charbon allumé , & on la fais fondre : Etant fon- 568 L'AGRICULTURE PARFAITE fondue, on l’ôte du feu , & on la laifle un peu re froidir. Ernfuite on y met les morceaux de racine par les bout d’eñ haut & d’en bas; mais non trop profondément : Erifuite on les met dans l’eau, & après cela eñ terre paf le bout mince ; de maniére que le gros bout paroît un peu hors de terre & jouit de Pair. On referme & l’on comprime laterre, afin qu'il y eñtre point d’humidité , parce qu’ils: pourriroient fans cela. Je me fers d’un maillet de bois ävec lequel jaffermis la terre; & j’en ufe de cette mamiére à l’égard de toutes les racines dar bres fauvages ou autres d'arbres étrangers ; arbuftes & fleurs. Mais fi l’on veut avoir une meilleure ci- reà enter, pour les arbres étrangers , on peut fe fervir de celle qui fuit, que j’apelle la nobie Cire à enter. | De quelle maniére on doit compofer la Noble Cire à enter, € Pufege qu'on en doit faire: Prenés une livre de la poix la plus puré qu’ort pelle ef ce païs ( Ratishonne ) poix virginale om défouffrée : Ajoutés y un quarteron de bonne terbentine , metés y aufli le feu , afin que le volas til de la terbentine s’évapore, laquelle fans cel eft fouvent dommageable aux branches & aux-ra- cines. Lorfque l'épreuve s’en eft trouvée bonne ; comme on l’a dit à l’ocafion de la Ctre à emter, as joutés-y un quarteron de cire viérge, & un quart d’once de Myrrhe & d’Aloës pilée. Lorfque cela eft méléenfemble, on en fait de petits rouleaux longs; ou bien une forte d’emplâtre ; Aflavoir lorfqu’on Pa fondue dans uñ baflin on y pañle un petit mor- ceau de linge, qu’on laifle refroidir enfaite. Ou bien on peut la verfer dans un petit pot qui a de hautes pattes ; dans lequel on peut la conferver . . pour PART. I. SECT. HI. CHAP.IH: 209 pour fon ufage. Oa peut le faire toute l’année com- me ila déja été dit ; Et quoique les mois de Sep- tembre, d’'Oétobre & de Novembre foient le meil. leur tems, ou n’en exclut pas pour cela les autres, La différence confifte feulementen ceci, quece quife plante en Automne, ne pouffe qu’au mois d’ Avril; Mais ce qu’on met en terre au Printemps, poufle dès le mois de Juin ou de Juillet. Enfin 1l ne refte plus qu’à demander fi l’on peut tirer un aufli grand avantage du partage des racines ? C’eft dequoi l’on traitera dans le dernier Chapitre. SECONDE PROPOSITION. Contenant la multiplication unsverfelle ; laquelle Je peut faire par de petits morceaux découpés ÊS mois en terre avec Le fecours d'une chaleur artificielle de la. cire préparée, à toutes feuilles, poules , jets €? &ranches. . I. je ferait à propos de répéter ici ce que nous a- * vons pofé pour baze touchant ia partie fupérieure de Parbre, qu’on appelle la Couronne ; mais pour nêtre pas prolixe , nous dirons feulement qu’il y a une infinité de racines cachées dans les feuilles, les poufles & les branchés : L’expérience Pa fait voir fufhfamment, & l’on a découvert même à l’œ:1l qu’elles pendent aux arbres vers le bas. Pour peu qu’on ait de curiofiré, on n’a, comme il a été déja dit, qu’à contempler exaétement les branches & ti- ges desarbres, & l’on découvrira certainement tou- tes les marques despremiers points de racine. Lorf- que les parties de l’arbre dont on a parlé ci-deflus ont Été coupées artiftement , qu’on les garde ee _ IOIR Ds 210 L'AGRICULTURE PARFAITE foin, qu’on les lie bien & qu’on les acommode comme il faut, on éprouve ce que dit Mr. Lau- renberg : Qu'il s’engageoit de multiplier toute for- te de plantes par fa coupe; mais comme ii a feule- ment commencé cet ouvrage’, je tâcherai de conti- nucr , laiffant aux autres le foin de Pamener à fa perfection. des LUI A RS J'ai fair pour cer effet quelques expériences fur cet ouvrage , quoique jeufle fort peu de temps de reftc. Lorfque je voulus avoir le plaïfir de conver- tir en arbres, des feuilles fans boutons par la cou- pe, ou en les mettant en terre, fur tout les feuilles de Citronmiers, & de Lauriers, comme aufide Pom- miers, Poiriers, Noiers, Oliviers, Chataigniers, de Saules ; Chénes & Tilleuls, &c. je m°y pris de la maniére fuivante. fe choifis une belle feuille faine fans rache ni defaut, mais fans bouton. Je la ren- dis égale & polie en bas. Enfuite je fis allumer une chandelle & pris ma woble Cire dont javois fait des rouleaux comme les Apoticaires font les empla- tres, & comme fe fait d’ordinaire la cireà cacheter : Je Pamollis un peu à la chandelle, & en acommo; dai la taille afin qu'aucune humidité ne pût y en- trer nien fortir. Îe fs enfuite creufer en terre un trou aflés large & profond, & y plantai la feuil- le ayec la queuë bien acommodee , fi profondé- ment, qu’on n’en vit fortir qu’un tiers hors de terre. Lä-deflus on rafermit bien avec le pié la terre au- tour de la feuille, on larrofa avec un-peu d'eau, & on la garantit pendant quelques jours de Par- deur du Soleil. À da fin on voit peu-i-peu dif- paroiître la fubftance de l'arbre , ‘en forte qu’il ne refte plus que la queuë du milieu , laquelle aquiert par deflous une matiére de calus, ou jet de racine par le côté, &un'an après lle aquiert de nou- velles petites branches, Mais qu'on réfléchifie ur | peu PARTIE L SECT.HI. CHAP IE 2i7 fur la beauté de cette invention. A quoi fert-. celle? Supolé qu’on cultivät cette petite tige, celus qui l'a plantée ne vivra pas aflés long-temps pour voir fi ‘elle deviendra un arbre fécond ou ftérile. Ge ne feront que les Defcendans.qui en pourrons juger. Cependant c’eft une chofe finguliére qu’au. cun Auteur n’en ait fait mention , jai peine à croire qu'il puifle provenir rien de bon d’une feuille. fans bouton; mais je laiflerai là cette affure, fans Pafhrmer, n1la nier. à 12 bis On fera cependant beaucoup plus prudemment de choifir une feuille avec un bouton , car par là ileft certain qu’on ne travaillera pas inutilement, Je m'y prens de deux différentes maniéres, Premié- rement. je coupe d’une branche trois ou quatre bou- tons avec leurs feuilles , j'acommode avec de la cire ce morceau coupé , enfuite j'ôte deux feuilles, & en. laiffe une ou deux dans le milieu. FPacommode encore la taille avec de la cire, com-: me aufh la tulle des feuilles. Après cela je rhêts lafeuille avec les boutons en longueur enterre, pas trop profondément ; comme la F7. /. reprelente cette opération. Ii faut que je marque aufh à cette ocafon ; pourquoi, j'apelle fi fouvent Momie ma cire à enter,ou la poix compofée, ce qu’on m’ademandé bien des fois... Sachés donc que j’ai nommé ma ci- re pour les entes du nom de Afoimie, nan pas qu’elle foit conforme en tout à ancienne Afumie d'Egip- te, mais feulement parce que ma Momie aruñcielie à la mêmg vertu & qualité; qui eft que comme cel- le d’'Epipte , elle garantit une chofe d’humidité & de pouriture, Mais je n° fuis pas d'opinion qu’el- : le puifie contribuer quelque chofe pour une croif- fance fubite.. C’eft à quoi.je n’ai jamais penfé, el- le fert feulement à préferver la tige du trop d’hu- midité, & en écAR:oripe dela chaleur du Sahel | afin 212 L'AGRICULTURE PARFAITE afin qu’elle ne foit pas mangée de vermine. Car Ceft pour la même raifon que les barteliers & tonneliers poiflent leurs bâteaux & leurs ton- neaux , afin de les garantir de pourriture. Ce- pendant jai encore quelque chofe à dire des feuilles à longues queuëés : C’eft que lorfque prenois des feuilles qui avoient de longues queues , je les metrois en terre , la queuë courbée, afin que lextrémité de la queuë qui étoit enduite de cire, fortit d’un côté un peu deterre, & la feui- Je de Pautre coté. De cette maniére elle prit raci- ne par bas. Secondément je traitai de même les feuilles qui avoient des boutons, & qui étant de deux ou de trois ans, avoient plufeurs feuilles. A- près avoir acommodé toutes les tailles, je mis la pe- tite branche entravers, & j’étendis les feuilles com- meunecouronne. Par là il arrivoit quelquefois que les feuilles avec leurs bourgeons devenoient des ar- brifleaux. T'roifiémement j’en ufai de même à Pé- gard des petites branches où il y avoit des bou- tons. Je pris quatre boutonsayec leurs feuilles, jen fis fauter trois avec le couteau , & j'acommodai toutes les tailles avec du feu & dela cire. Enfuire je les mis enfemble en terre, de maniére qu'l n’en fortoit qu’une feuille avec un bouton. Quelquefois je le retournois & Jaifois au plus gros boutun bouton avec une feuille ; & je metois les autres en droite Jigne à rebours en terre. Par oùla Nature produifit delle même un Partage à rebours, &poufla de jolies branches. HIBSS STORES ES Quant à ce qui concerne de plus les poufles ou branches , je m'y pris de la maniére fuivanté. Je pris une longue branche comme la F5. 71. le re- prélente, & la partageai en quantité de parties, mais de maniére qu: la branche demeure attachée fur Pan- ciepne tige, comme #2 le démontre. . GS A2, Mais PARTIE.I. SECT. HI. CHAP. IL: 213 .. Mais fi la branche avoit beaucoup d’années, je Ja taillois & coupois comme le montre c. 4. Etde cette maniére j'ai fait quantité d’arbres d’une bran- che. Je polifois enfuite les parties coupées, devant & dérriére ; & les endutfois de cire. Quelquefois je tefois au haut plufieurs entailles ou petites incifions qu’on ne laifloit pas d’enduire avec la Cire, molie ou liquide de laquelle ouverture fortoit une matié- re de calus & de Pécorce poufloient des racines. Mais fi je voulois être encore plus heureux dans monouvrage, je fefois une férieufe attention à l’âge des pouffes , & lorfque j'en pouvois trouver de deux ans, je les preférois; quand même je devrois faire fauter quelques branches avec le couteau, lef- quelles je pouvois néanmoins emploïer d’une au- tre maniére; pour parvenir à mon but. Et lorf. que j'en trouvois de telles, je les rendois évales & zcommodois foigneufement toutes les tailles avec de la Cire , afin que Phumidité naturelle ne püc pas s’évaporer , ni qu’une humeur étrangére n°y püt pas entrer. Après cela je metois deux fourches près de la tige, tant pour Paffermir, qu’à fin qu’el- le pût être d’autant plus droite, & après lavoir liée, je la plantois de toute fa longueur en terre, & la comprimois bien, comme le fait voir la Fig. III. Ex lorfque la branche fé trouvoit debout, j'émondois fes feuilles fuivant 2 Fig. IF. Quelques jours après les feuilles en fautérent, ce qui étroit un bon figne; &c enfin il paroifloit tout nud comme /2 Fig. W. Ie fait voir. Quelques mois après les boutons repouflérent fuivant Z2 Fig. PI. & il lui crut de nouveau dés feuilles fuivant /z Fig. VII. qui le montre diftinétement. De cette maniére je fis des arbrifleaux de toutes mes tiges partagées , lefquelles pouflérent par en bas une mulucude de racines, fur tout cellesqui avoientun 9 3 jet #14 L'AGRICULTURE PARFAÏTE jet ou deux. Es bourgconnérerit plus promtement en cé lieu là ; comme Fig. III. le reprefente par e. & f. Outre cela j'avois fait aufli une petite dé- couverte. Ÿe coupai une branche des deux jets où de deux années, & laiflai au deffus une petite tige: Facommodai le tout comme on l’a dit fouvent , & plantai la branche à rebours & en ligne droïte. El- Je poufla en haut à rebours, & par en bas elle pouf fa fes racines. L Avant que de finir cette propofition, il refte en- core à demander quelle fafon de Pannée eft la plus propre pour cette opération. Je tiens que c’eft PAutomne ou le Printemps. Mais on peut la faire auf au mois de Juillet ; principalement pour les arbres étrangers; mais pas trop bien pour les bran- chcs qu’on ne met que fimples en terre, &c qu’on fe peut garantir de la chaleur du Soleil. On peur exécuter cela utilement, ñon feulement aux petits arbres, mais aufñ aux gros dans une Forét, comme on le fera voir plus at long dans le dermer Chapitre. TROISIÈME PROPOSITION. Concernant Tr multiplication univerfellé que [e faif par le Poincon à racines de nouvelle invention : 3 s par laquelle les racines de toutes les feuilles, jets € branches fe voient materiellement aux arbres, € peuvent croitre fout-à-fait vers le bas, À on le ju- ge & propos. | D je fuis obligé de rétourner continuelle- ment au fondement que jai pofé , fi je veux prouver quelque chofe de vrai, :l eft feurque les tiges ont toûjours en foi un fuc d’où peuvent provenir des racines ; & les Amateurs intelligens ne PARTIE I. SECT.HI CHAP.HIL 215 he coñteftent pas la vérité de ce principe ; parce 1 qu'ils Pont trouvé ainfi par leur propre expérience. : Mais comme jai recherché encore plus cette cho fe, & que ces penfées me font venues fortuite- ent, comme il a été dit dans le fecond Chapitre , je Pexpliquerai ici plus diftinétement. | Ceft déja un fait fondé fur la fcience du .Jardinas ge, que {1 on fait une incifion à une branche ou aunc vieille tige de fleurs qui a enduré l’'Hiver, & qu’on la mette en terre, qu'on la couvre un peu tout à Pentour & que l’on prefle la terre ; on re- connoîtra qu’il fe découvre peu-à-peu une matié- fe compolée. Et lorfque véritable faifon eft paf- fée , on voit que de la même fubftance font prôvenues des racines. Ou bien elles ont détaché un peu lécorce extérieure , & ont difpofé un paf. fage, par où le fuc a percé, & a enfin jeté racine. Lorfque j’eus découvert cela, & y eus bien fait attention, Je conclus de la, que dans les humeurs des arbres 1l devoit y avoir un fuc répandu difpofé de maniére que ia nature en pouvoit produire des racimes. Car je pouvois comprendre facilement que le fuc viral de Parbre doit être un liquide hété= -rogéne , comme dans lPhomme la mafie du fang . weft pas un homogéne, punque tous les autres fucs s’en féparent. Dans les encrailles le chyle fe fépare du fuc Nouricier & fe convertit en fang. Delà vient le lait aux mammelles. Les vaiffzaux hm- phatiques en tirent leurs parties aqueufes : Le foïe & la vefficule du fiel reçowent de cetre mañle, cette hiqueur amere qu’on apelle fet. Les roignons avec la veflie en tirent Parine, &les vaifleaux fper- matiques Ex liqueur deftinée à la propagation de Pefpece. Dans le cerveau fe fait la féparation da fuc Nourriciér d’avec le fang qui à été poufié en haut; dans l& bouche la falive ; dans les yeux Les lar- O 4 Mes À i16 L'AGRICULTURE PARFAÎTE mes; dans les oreilles la cire qui s’y forme, & ait fi du rèfte : Pareillement ,; comme il y a auf di- férentes parties à un arbre qui ont befoin de divers fucs, il s'en fépare à a premiére ocafñon qui font deftinés pour lune ou pour l’autre partie. Et de cette maniére fe manifcite aufli le fuc deftiné pour Ja racine. | … Lorfque je fus affuré de ma théorie ,j’en vins à la pratique fuivante. Je fis aux feuilles avec le petit couteau à racine, quieft long & courbé, ( favoir au dos de la feuille près du bouton) ; une imcifiort legere en travers , mais non pas profonde, parce qu’autrement le vent Pauroit rompue. Je mis en:- tre deux quelque chofe qui ne pouvoit'fe pourrir, & ne preffoit pas fort, foit un fil délié enduit d’un peu de cire préparée ou une écorce dure; foit uni peu de coton, & enfuxe japhiquai deflus un peu de cette cire préparée, & l’opération fe trouva faite. Enfuite je fis aux boutons dont je voulois faire des racines, une pareille incifon avee une entaille, toûjours fur le fecond ou'e trofiéme bouton ; :car il me falloit affés d’efpace entre deux , afin d'en pou: voir auf donner une partie à la terre, j’en acommo. dai lincifion qu’il faut bien prendre garde de ne faire ni trop profonde ni trop large. Fout dépend delà, car l’inctlion étant faite trop large, les boutons fé def: feichent & meurent : Et lorfqu’elie eft trop petite fl n’eu peut fortir aflés de matiére pour devenir des racines, Elle ne doit pas être aufh trop profonde ear il ne faut choifir qu’environ le trers d’une pa- reille branche pour Pincifion. Ée refte s’aprendra mieux par la pratique, car lon peut devenir plus habile, même en fe trompant dans fon travail. Pour les plus grofles tiges, 1l faut au lieu du couteau fe frvirducifeau à enter nouvellement inventé, lequel reflemble à un Vilbrequin creux, ainfi qu’on le voit dans la figure. | Mais PARTIE SECT. HI. CHAP. IH. $17 Mais comme par une incifion de racine, la tige, branche ; ou jet ne ue pas fubfifter, j'ai enté deffus à proportion de la grofieur delatige, depuis .3. jufqu’a 20. racines & au delà, afin qu’il en pro: vint par tout une pareiilé matiére de Calus, comme il eft auf arrivé. Voici comment on s’y prend. Je tiens le poinçona racines ( ilen faut avoir plufieurs, des grands & des petits), contre le côté, je le fais eñtrer à coups de marteau au travers de l’écorce. juf- ques fur le bois, & le léve avec un peu dé bois, mais pas trop haut. Alors j’en retire le poinçon & Ja partie du devant de l’écorce détachée ; avec un petit couteau j'en Ôte un peu la pointe, & lélargis, comme on le voit dans la figure. Enfuite je léve un peu ce qui a été taillé, & glifle deflous un peu de coton avec un betit bois, ou couteau d'ivoire, Enfuite je prends de la Cire préparée où Momie li- quide. qui eft applatie en façon d’emplâtre, & j'en couvre toutes les incfions, quoi qu’il vaille mieux couvrir chaque taille à part d’un morceau eñ parti: culier,. parce que la Nature s’en peut mieux dé: barafler lorfqu’l en eff temps. Quand tout cela eft bien exécuté , on voit de mois en mois comment les racines pouflent de la taille. Dans deux ou trois mois, quelquefois feulement dans quatre, cette callofiié atteint fa perfeétion , car telle eff [4 natu- re d’un arbre , telle eft fon opération, tantôt promte, tantôt lente. Et lorfqu’on examine bien le calus, on y voit les pointes des racines, par où _Pon peut s’affurer que le calus a fa perfection, & qu’en même temps la racine eft parfaite à l’arbre. Jai bien tâché d’aider la Nature avec un petit en. plâtre nourricier, mais jy trouvé plus de domma- ge que de profit: Ainfi 1l vaut mieux laifler agir la Nature d’elle même, car elle fait le mieux fe tirer d’aflaire. Lorfqu’on munit feulement l’inci- O5 _ fon, 218 L'AGRICULTURE PARFAITE fon, contre l'air, lPhumidité, la pluïe & la gré: le, elle opére toûüjours fort heureufement. Or d’autant que les racines qui ont été portées _en l’air & amenées à leur pleine croïffance, ne peu- _vent pas aller plus loin, parce qu’elles n’y rencon- trent pas l’aliment néceflaire pour croître davantage, il faut à caufe de cela qu’elles foient portées & plan- tées dans le fein de leur mére quieft laterre. Ou fi Pon veut quelles fe faffent voir parfaitement fur Parbre , il faut porter de la terre auprès. Si Por veut avoir le plaifir de voir la racine entiérémient à Parbre ; & comment élle pend en bas, on prend pour cet effet, lorfque lé calus aila croifflance entié- fe ,un fac de toile cirée proportionné comme il faûf ; ou bien uuë acroche de fer blanc remplie de terré, laquelle on ÿ attache comme la figure le reprefen< te : Alors la racine poufiera dans peu de temps: Enfuite on coupe la tige, on lPacommode par le bas avec de la Momie & on la foutient des deux cô- tés avec de petits pieux : Et de cette maniére on les met enterrée, foit que les tiges où branches foient grandes on petites, après quoi elles devien- nent des arbres parfaits , jar déja expliqué dans Mori A vis fuccinét ce que j’entends par le terme de parfait: Je n’entends pas par là la groffeur de Par- bre comme s’il étoit devenu parfait par cette opé- ration, & amené à une croifiance fubite , comme beaucoup fe le font figuré, en quoi ils fe font lour- dement trompés dans leur opinion. Il y a long- temps auffi qu’on leur a expliqué aflés clairement, ue lorfque les branches, jets &c poufles ont aquis toutes leurs parties eflentielles , elles font parfaites. Car une tige ou branche fans raciñe n’eft pas par- faite, par conféquent ce n’eft nt un arbre ni un ar- briffeau: Mais lorfqu’il a tout ce qui eft eflentiel à Parbre sil eft un arbre ou arbrificau parfait. Pareïl- lement PARTIE L. SECT.UIL. CHAP.IIL. $59 fement une racine n’eft pas aufli parfaite, maislorf qu’on ÿ ente ufie tige comme nous lallofs voir; on peut l’apeller aufi un arbre parfait | parce que Ja racine & la tige par leur concours de croiflance ; Jui communiquent la perfeétion. Je dois dire encore ici quie j'ai obfervé à de pa- reilles tiges, auxquelles fe itrouvoient beaucoup de racines calleufes, que lorfqu’on les tranfplantoit, le bas de la petite tige où il n’y avoit point eu de ca- lus; s’étoit defleiché, ou avoit été échaufé, & que cette ardeur s’étoit communiquée à ia matiére mê- me. Àinfi jy ai fait encore une racine par une in- cifion générale, du même arbre oud’un autre, En- fuite je lai acommodée avec k4 Momie liquide & Païant foutenue par des fourches , j’en ai abandon- ñé le foin à la terre. ;: Mais comme je trouvai auñi de la dificulté er cela , d’autant que la racine ;lorfqu’elle étoit plantée trop avant en terre, heurtoit dans l’entre-deux de l2 fente & caufoit du dommage, quoique cela réuf- fit bien à beaucoup de gens, je me fervis de ce re. méde & enduifis avec la Momie, feulement le ca- lus, & la mis ainfi en terre. . La tige pouflà fort bien, & les racines bourgeonnérent de tous cô- tés. | If ne refte plus qu’à rmarquer le temps auquel on doit entreprendre d’enter les racinés. La meïl- leure fafon eft en Juin, Juilletou Août. Cequ’on exécute cn Septembre ou en Otobre,ne poufie qu'au Printemps. Ex cette maniére d'opérer peut fe pra- tiquer auf bien aux arbres étrangers, qu’aux aw- tres & aux fauvages, commfe aufli aux Arbuftes &c Fleurs, à favoir ceux qui reftent après l’Hiver. Of fera mention en fon lieu de Pavantage qui peut revenir de cela. QUA- 320 L'AGRICULTURE PARFAITE QUATRIEME PROPOSITION. «De la multiplication uriiver/elle par la racine | entée. CE: maxime eft certainement vraie: Qu’on ne peut rien dire qui n'ait déja été dit. On croi: fa peut-être que comme 1l n’a été fait aucune men: tion de PEnte de la racine dans les livres de Jardi: hages du mors de ma conhoiflance ; 1l faut que cet Ouvrage renferme quelque chofe de nouveau ou d’impraticable : Maïs on a fait vor dès la premiére Section , que cette maniére d'opérer a été connue & mife en pratique il y a plus de mileans, ainfi que je Pai fait voir par la fimilitude de PApotre St, Paul. Mais comme cette maniére d’enter des ar: bres eft aujourd’hui hors d’ufage, quoique cela ait été beaucoup pratiqué & ait bien réuffi dans les Siécles précédens, jai retabli l’añcien ufage, &en ai produit quelque chofe de nouveau. Car tout le cours des affaires de ce monde confifte en cecr, que Je vieux doit devenir nouveau |; & le nouveau de: vient vieux. Comme je ne pouvois pas recher- cher cette chofe comme il faut, à câaufe de la vañfte étendue de ma profeflion | je priai les curieux de mettre la main à l’œùuvreen même temps que moi, & qu’ils priflent tous les fois imagimables pour ramener à fa premiére perfection cette ma- niére d’enter par la râcine, parce qw’ellé eft fondée fur la nature & par confequent fur la raifon : Car confidérant comment la Nature forme les arbres ; je reconnus qu’elle exécute fon Art parinfition * ; 8c entela tige fur la racine, comme cela a été ample- ment traîté dans la prècédente Section. La raifori doit aufliaprouver cela , lorfqu’on ente avec juge: ment * Voyez les remarques. PARTIE I. SECT.NI. CHAP.NIL 22 ment‘les branches & les tiges fur le principe de vie fuivant la nature dune maniére naturelle, par art d’une maniére artificielle. Car la racine eft la fon- taine & la fource dans laquelle & hors laquelle le fuc nourricier s'écoule , & fe répand dans routes les, parties qui tirent de là uniquement leur nouriture. Un enfant peut comprendre cela. Avant que j'entreprifle d’enter la racine, & le communicafle à d’autres, je fis la deflus les obferva- tions fuivantes. ef LI À - 1. Que la nature avoit mis toutes les tiges fur les racines, & que rien ne pouvoit croître fans racines. 2. Jobfervai que les racines avoient toutes les par- _ tes communes avec la tige & que la feule différence _ confiftoit dans l’étendue, des conduits & des pores : Laquelle ftruéture de la racine eft fort utile, d’au- _ fant que par là les parties aqueufes peuvent être abon- | damment communiquées aux tiges & branches com- me unfuc nourricier. 3. fai reconnu par la nature de la racine, qu’elle étoit remplie d’une matiére calleufe, & que d’une racine fendue, étoit prove- nue une paréille fubftance , par où la tige & la ra cine étoient comme conglutinées & unies enfemble, de maniére que deux piéces n’en fefoient plus qu’u- ñe. 4. Jétois pareillement afluré que lorfque je partageois un morceau de racineen quantité de par tes, chacune pouvoit bourgeonner , & jeter de nouvelles racines , par où elles reçoivent le fuc nourricier hors de laterre, ê&c le diftribuent à ces parties qui en ont befoin. Ces réflexions m’engagé- ront à exécuter mon projet qui étoit de voir fi de toutes lés groffes tiges, branches & poufles, je pourrois faire des arbres & les amener à leur per fection par une aplication convenable de racines : Car je me tenois afluré d’un bon fuccès, d’autant qu’unc grofle branche à delle même & en foi une WE : | grande 222 L'AGRICULTURE PARFAITE. grande abondance de fuc nourricier.' Or s’il'entre immédiatement dedans, deflus, ou entre la racine; la tige qui ne confifte qu’en petites fibres , pores, &c. reçoit d’abord par la communication intime, + fucnourroier , que la racine, lorfqu’elle entre en terre , attire fort {ubitement à foi , & le diftribue enfuite aux autres parties. Cependant il provient aufh bien de la tige que de la racine , une matiére calleufe, laquelle entoure ia branche ,& sunit de tel. le forte l’une à Pautre , que deux parties n’en fon plus qu’une. Lorque je voulois faire des ‘arbres de la longueur de 12, & 15 piés & aude là, je me fervois de la maniére fuivante., Après m’être pourvu de racines de la mémecfpèce que les arbres, (quoique faute des premiérs on puifle fe iervir de ra cines qui aient du raport ayec eux, comme je ledé- clarerai) je les coupois en morceaux d’un pié ou, deux de long à propertion de la tige ou branche, prenantles plus ébeilfes pour lesgrofies, & les min- ces pour les tiges & les branches les plus minces. Mais afin de ne pas travailler en vain vaut mieux commencer par mettre en terre les morceaux de raz. cine coupés, après les avoit bien acommodés def. fous, afin de faire de nouvelles racines, Cela peut fe pratiquer lorfqu’onplante les racines aux Mois de Mars ou d? Avril: Alorsou les peut retireraux mois de Septembre & d'Oéobre , & enter defius: Ou bien PAutomne on met les racines en terre, & alors-on peut s’en fervir utilement le Printemps fuivanc. Lorfqu’on a un pareil morceau de racine bien conditionnée , 1l faut prendre garde qu’l foit toû-. joursun peu plus gros que Ja branche, afin que. le calus puiflé d'autant plus aifément fe déborder deffius. Il fort quelquefois aufli des racines de la branche qui a été entée deflus , & fou- vent celles font routes deux un concours de ne Di UC£ PARTIE I. SECT. IT. CHAP.TIL 223 fuces en uniflant enfemble, fur tout lorfque la tige & la racine ne font pas d’un même arbre & font un calus, comme le prouvent les expériences qui en ont été faites. Lorfqu’on a donc à la main des bran- ches & des racines difpofées de cette maniére, on fait choix pour cét effet d’une incifion dont il y en a plufeurs, comme il paroît pas la table, par exem- ple la taile Impériale, des Comtes, & des No- bles: Toutes font bonnes pour Pexécution : Mais on doit emploïer l’une à cette opération, & l’autre àun autre : C’eft ce que expérience montrera mieux. Pour les grofles tiges, je me fuis fervi, de Ja taille Impériale, des Comtes , & des Nobles. Mais j'ai fait principalement ufage de la derniére. La Figure ci-jointe explique clairement de quelle mamiére elle fe doit faire: Mais aux petits boutons on peut fe fervir de la commune ow petite taille. La commune fe fait comme lorfqu’on ente à l’ordi- maire , mais de maniére que la fente dans la racine ne foit ni trop large ni trop profonde: Enfuite on fait une cho à la tige, des deux côtés, d’où Pon forme comme une cfpèce de bouchon large qui néanmoins ne doit être quecourt. Car s'il eft trop Jong ; 1l faut que la fente dans la racine foit pareil- lement longue & profonde, ce qui rend la bleflure plus grande, & par conféquent 1l faut d’autant plus de temps pour la guérir. Pour cette opération aux rofles tiges , on a befoin d’un compas ou bois de méfure. Par cet effet j’en ai fait faire un de nou- velle invention, dont on fe peut fervir en toutes ocafions ; comme on le démontrera lorfqu’on per- lera de Pufage des inftrumens. Mais lorfqu’on veut enter degrofles fouches avec la taille noble qui y eft Ja merlleure, on met la tige ou racine fur le banc à incifion garnien dedans, & d’un côté on fait une Jonguc incifion avec le couteau tout de même 94e 224 IL’AGRICULTURE PARFAITE que lorfqu'on fait la premiére taille à une plu: me , laquelle peut bien être un peu longue. En- foite 1] faur faire aufi une pareille incifion au def. fus. de la racine , & de cette maniére on fait une - contretaille,. Enfuite on les met l’une fur lautre. Gependant on doit prendre garde qu’une taille ne foit pas plus longue que Pautre, ceque Pon peut me- farer commodément par la mefure qui eft marquée au compas de Foreftier. Lorfque ces deux pièces qua- drent juftement Pune à Pautre, on-envelape le mi- Jeu d’une bande, afin qu’elles ne fe defemboitent as. Après cela on chaufe la Momie , & l’on en enduit les tailles. Mais comme beaucoup de gens: ne favent pas bien fe fervir du feu, &, qu'ils bru- lent prefque toûjours.les tiges, ce qui fait fou vent manquer leur travail, j'ai inventé la Momie liquide dont ona parlé ci-devant: Jen ai coupé de peues bandes en long de la grandeur que le deman, de la taille, & aïant été un peu chaufées au feu, je les aplique des deux côtés de la taille. Enfuite je les lie avec de l'écorce, & afin que le vent ni au cune autre violence ne puifle ébranler la ligature, ÿyattache deux pieux, & les mets ainfi enterre, … mais de maniére que les tailles, foient toûjours ho- rizontales à la terre. Enfuite je fais fauler la terre fortement tout à l’entour ; 11 s’en eft enfuivi l’u- njon de ces branches l’une avec Pautre. J'ai traité les pexites branches.tout de même que les grafles & les riges, & les ai toûjours foutenues à proportion de la branche ou tige avec deux petits pieux ou four chesgrofles par en haut, & pointues par le bas , com: me cela paroîtra mieux par la figureique par une def. cription. On a déja marqué de quelle manié re on doit compofer la Marie feche, de même que la lie quide & l’on pourra voir par la figure comment, la ddomie {eçhe {e peut mettre en petits rouleaux. PARTIE I. SECT.II. CHAP.IIL 225 Il y a encore à obferver quel tempseft le meilleur pour cette opération. Je trouve qu’il n’y a point de meilleure faifon pour grefler les Brosés | ‘branches & les tiges, que les mois de Septembre, Oëtobre & Novembre : Et quand l’'Hiver n’a point été rude, on peut bien le faire auf au Printemps, aux mois de Février, Mars & Avril, maisil y a alors quelques incommodités à à effuier. Ceux qui pendant PEté veulent Sapliquer à des minuties de cette nature, doivent munir leur ouvrage contre Pardeur du So. leil : Mais quand même les branches perdroient la plûpart de leurs feuilles , il importe peu , parce qu’elles doivent poufler de nouveau quelques fe- maines aprés. Que faire s’il arrivoit qu’on ne püt plus avoir de racines de Parbre dont on a lesbranches? Je réponds à cela qu’il faut fe fervir alors des racines des autres qui conviennent le mieux avec la nature de ces ar- bres dont on a les branches. Ceci donne lieu àune demande: Si la tranfmutation à lieu entre les vége- tables, arbres & arbuftes; c’eft-à-dire, s'ils peu- vent être changés de l’un en l’autre. Cette deman- de paroît abfurde à beaucoup de gens , & ils tien- nent ce changement impoffñble : Sur tout ceux ‘qui attribuent aux arbres une forme oculte, & plus que fur-élémentaire, on un Etre immatér riel. Mais comme Je préfupole un, Etre matériel dans les ar- bres, cela me fera fort facile a prouver: Pour cou- pet court Je ne nvarrêterai pas long-témps a cetre mauiére, & Je dirai feulement ques 1. Lame des arbres eft matérielle, donc elle cft auih fufceptible de changement. | . 2. Ainf Pame végérative eft commune à tous ar- bres & arbuftes, & la différence ne confifte pas dans Peflence de ame même, mais feulement dans P | une 216 L'AGRICULTURE PARFAITE une certaine ftruéture qui fait la diférence de l’un à Pautre. 3. Le Corps ou la fubftance de la tige & racine, ne font pas diférens lun de Pautre par raport à leur eflence | mais la différence confifte feulement dans des accidens & c’eft en cela que l’un différe de l’au- tre. Je pourrois raportér d’étranges tranfmutations;, mais cela fe fera en fon temps. J’en apelle feule- ment à Pexpérience journaliére & à celles qu’on à faites: Car on fait fuffifamment ce qu’enfeignent Pal- ladius Lib.3. Cap. x7.& Conffantinus IF. dans le ro: Livre de fon Agriculture Chap. 38. à favoir com- ment on: peut enter des figuiers fur des Amandiers & des Erables, dés Meuriers fur des Chatagniers . ê&t des Hêtres, des Poiriers fur des Amendiers & des Grenadiers; des Citronniers & Lauriers fur des Pommiers, Pruniers, Noïers & Aubefpines ; des Grenadiers , des Pêchers , fur des Saules ; des A- mandiers, Pruniers & des Lauriers fur des Hêtres; des Citronniers fur des Palmiers ou de petits Cy- près, es branches d'Olivier fur des feps de Vigne; des Pêchers fur la Vigne; &c. Des gens d’efprit ont entrepris depuis Jong-remps ces métamorphofes finguliéres, dont la Pofterité leur eft fort redeva- ble, parce que par leur curiofité , ils ont fraïé ce chemin aux autres. re Si cela réuffir bien aux tiges fuivant mon hypothéfe, à plus forte raifon en fera-t-il des méme de racines. Ainf 1i ne faut prendre pour cela que telles racines qui conviennent l’une avec l’autre, & les enter aux tiges par le moïen du feu & de la Momie. Ce- Ja produira les eñèts les plus curieux. Jai ramaflé des Bois de plus de quatre-vint fortes de racines d'arbres & arbuftes dont j'ai examiné la ftruéture, & ai déja découvertcelles qu’on peut heureufement allier & marier enfemble. Je n’en dirai rien ici; PARTIE I. SECT. II. CHAP.II. 227 & je renvoie cela à la feconde partie de cet Ouvrage, où j'examincrai de plus près cette matiére ; aïant rélolu de mettre moi même la main à l’œuvre en toutes ocafions, d’autant qu’en cette premiére par- tie je n’ai pû propofer mon Projet que théorétique. ment, afin que dans la fuite venant à la pratique, je pûñfle m'expliquer plus clairement, d'autant plus : que cette chofe’ étant déja fufhfamment connue, je n'ai plus befoin de la traiter en fecret comme ci- devant. C’eft pourquoi je metrai des gens à l’œu. vre fous mon infpeétion, & j’informerai de bonne foi le Public du fuccès de mes expériences. Avant que de finir cette Propoftion je dirai encore un mot des inftrumens. Je les ai divifés en généraux & en inftrumens de forêt & de Jardins. Les généraux font connus, &il nya rien à en dire, &enles peut voir à fouhait dans la figure. Je donne à quelques uns le nom d’inftrumens de forêt, parce qu’on on a _ principalement befoin pour les tiges & racines dans les Bois: Ils confiftent en un fabre de forêt , un banc à tailler garni ,un compas de forêtier ,une mé- fure de quelques pieds , un banc à racines, &c. Parmi les outils des Jardimers doivent être comp. tés le Cifeau à racine ou à enter, toutes fortes de couteaux à tailler , des Cifeaux à enter, un villé- brequin creux, un couteau à tendre, &c. Pavois réfolu de faire graver aufli dans ma gi- beciére à enter qui eft fort propre; mais le temps ne l’a pas permis. Cependant les Meflieurs qui y ont intérétipeuvent s’aflurer que je ne les en pri- veral pas , lerfque j’aprendrat que ce commence- ment d’ouvrage leur elt agréable, & que mes An- gotaniftes me laifleront un peu en repos. H ena pa- ru un nouveau nommé Mr. Rathel Surimtendant à Nieuffad [ur PAyfch , lequel d’une maniére peu Chrétienne fait violence à tout mon fvftéme, ( ce P 3 qui 328 L'AGRICULTURE PARFAITE qui eft 4paremment fa coutume ; parce qu’il chan ge fon propre nom )} & il me foutient que j'ai écrit d’une multiplication de ‘wenffrue ou eau attraétive à quoi néanmoins je n’ai nullement penfé. Mais 1l fe vante d’avoir inventé une eau de pois attractive, par le moïen de laquelle il prétend avec la bénédic- tion de Dieu, amener dans peu les arbres à leur pleine croiflance : Mais le temps découvrira bien- tôt le bruit qu’il fera dans le monde avec fes pois, principalementlorfqu’il les mettra dans une vefle. * Cependant ceux qui y ont intérêt, peuvent s’af- furer de nouveau que ma feconde partie päroîtra cer: tainement, s’il plait à Dieu. Ma Gibeciére à enter contient les outils fuivans: … Premiérement la gibeciére ou l’étui dans lequel font les inftrumens, reflembleentiérement à unétui de Chirurgien, dans lequel il garde fes inftrumens. Îl s’y trouve ce qui fuit. 1. Un Aïmanach perpétuel d'ivoire. D’un côté 1l y a toüjoursun mois degravé, mais l’autre co- té eft en blanc pouvoir y écrire quelque chole, … Une petite plume à écrire faite d’une mamiére toute particuliére. | Un poinçon à racines de nouvelle invention. . Un poinçon à écufflonner tout particuliér pour les entes. | Un couteau aécuflonner exprès pour les entes: . Plufieurs couteaux pour tailler & incifer. . Un villebrequin creux. . Un couteau exprès pour les fentes. . Un Cifeau à enter. to. Un petit marteau. 11. Des cifeaux. | | 12. Un fufcau d'ivoire, fur lequel font ue (Si td: \O OO Qi! RU * Voïez les Remarques. PARTIEI. SECT.IIT. CHAP.IIT. 229 de petites bandes déliées, dont on peut fe fer- vif à la place d'écorce. 23. Encore une autre fur laquelle cft a Momie li- que 14. Un petit couteau d'ivoire. | 1ÿ. Un petit coureau de verre fort fingulier pour écuflonner. 16. Une petite fcie de Jardinier. Nous donnerons ci-après une briéve explication des inftrumens dont on a parlé. CINQUIEME PROPOSITION, Concernant la multiplication univerfelle laquelle pen fe pratiquer aux gros arbres | en greffant la racine. Eee une chofe connue qwil y eu beaucoup d’a- mateurs intelligens du Jardinage qui ont nié ab- folument qu’il fe püût faire une parfaite union entre une racine & une branche: Mais ils ne difent pas pourquoi cela ne fe pourroit pas exécuter par arti- fice, ni en quoi confifte proprement limpofhbili- té: Pefpère néanmoins qu’ils s’exphiqueront quel- que jour. Je ne trouve point de raïfon pourquoi la nature ne pérmettroit pas cette exécution, puif- qu’on la trouve dans la nature: Chacun fait que la tige eft placée fur la racine, & il eft évident auffi qu’elles font intérieurement umies enfemble El eft conftant encore que lorfque cette union fe fait par artifice , la matiére calleufe ne manque pas de paroi- tre, il eft inconteftable que Part fait joindre la _tige avec la racine. H eft certain aufli que ces deux parties , favoir les poufles & les branches ont leur croiflance, mais de favoir ce qui.proviendroit d’u- né racine entée fur une racine, C’eft ce que-j1- 2 gnore. 230 L'AGRICULTURE PARFAITE gnore encore. Je ne laiflerai pas de faire une pro- pofition concernant mon «art de grefler la raci- ne, & je ne doute pas qué l’experience ne la vé- rifie. On peut exécuter cela de la maniére fuivante. On dégarnit la racine d’un arbre , -par exemple d’un pommier, & on la met horizontalement fur terre, comme l’on peut voir en la Æig. Z. Cela é- tant fait , on coupe de divers pommiers quelques grofles & petites branches , & lorfqu'on les a à la main, il faut les greffer par art fur ia racine. Pour exécuter cela commodément , jai inventé diverfes incifions ; tant à la racine qu’a la branche , parce qu’on ne le peut pas faire toüjours d’une feule ma- niére ; je parcourrai ceci en peu de mots. L'une fe peut faire fimplement en perçant la ra- cine. On prend pour cet effet un couteau pointu à deux tranchans, on en perce la râcine ; mais non droit au centre, & alors on peut augmenter la tail- le autant que lon veut, Mais lorfque l’on veut fai: re cela à une grofle racine, 1l faut emploïer pour cet effet un plus gros inftrument; foit un Cifeau à enter ou autre pareil, comme Æ. le fait voir. Lerfqu’on y veut donc grefier une branche, on y fait une incifion , comme lorfqu?on ente commu nément & qu’il eft démontré par 4. On en enléve des deux côtés l’écorce extérieure, & à l'endroit où la tige fe trouve fur la racine, on coupe un peu de l’écorce, afin que cela quadre d’autant mieux fur la racine, & puiffe {e joindre à elle, comme 2. le fait voir. | Mais comme l’on ne peut pas fe fervir de cette incifion en toute ocafion, je fis un jour épreuve : fuivante. Je fis une taille quarrée jufques fur un tiers dans la racine, .comme le montre Z. Enfute je pris ma branche 2, & la coupai large d’un cô« te, PARTIE I. SECT.NT. CHAP.IN. 227. té, mais pas tout-à-fait jufqu’au cœur, & pPôrai tant foit peu de l'écorce au haut de la racine où Ja branchedevoit être placée, & je la mis dedans com me ©. le fait voir. Mais cette taille ne réuffifiant pas à fouhait, jen vins à la troifiéme indiquée par F1. quieft certainement fort bonne & bien praticabie: Voici comment je m’y pris. Je fis une incifion droite dans la racine, & après cela une petite en- taille que je coupai en droite ligne autant qu’il fal- Joit. Là-deflus je pris ma branche, & la coupai en pointe des deux côtés, comme Pon fait lorfqu’on ente communément, mais de maniére que la par- tie intérieure fe terminoit en diminuant, & l’exté- rièure en groffiffant: Et après avoir Gté Pécor- ce mince extérieure, je la mis {ur la racine, com- me À. l'indique. Cependant je ne pus pas me fer- vir de cette incifion en toutes rencontres : Ceit pourquoi je me {ervis de lincifion d’entaille, com- me G. la fait voir, laquelle s’exécute ainfi. Je fais une incifion droite dans la racine, & enfuite des deux côtés une entaille aufli large qu’eft la bran- che, ainfi que le reprefente la figure. A Ja bran- che je fais d’un côté une incifion d’entaille, comme D. le démontre, & je joins ainfi la branche à 14 racinc, comme /. le reprefente. Enfin lorfque je voulus greficr auffi au plus gros bout de la racine, aucune de ces incifions, ne me reuflit : C’eft pourquoi je pris pour cet effet un villebrequin creux , & perçai un trou en rond dans la racine, fuivant FÆ. Je fis de la branche un bouchon rond de 14 même mamére, & la fourrai dans la racine, comme Z. lefait voir. L'incifion étant faite , je fis la ligature avec la, Momie liquide dont on a parlé ci-devant, que j’é- tendis comme un emplaftre & le mis en croix l’un fur Pautre , ainf que le reprefente Z. Et afin que P 4 18 232 L'AGRICULTURE PARFAITE le vent ni autres accidens n’y caufaflent point de dommage , on mit des pieux auprès fuivant M. Lorfque les grofles & petites branches furentacom= modées lune parmi Pautre comme ci devant, la racine fut étendue en long de maniére qu’elle nen- | troit en terre ce un peu plus que la largeur de la main. On remplit tout Pefpace de bonne terre, & Païant bien comprimée , on l’abandonna enfuite à. la nature. Lorfque dans la fuite les tiges fe font u- nes avec la racine, on les peut féparer l’une de autre a propos & chaque bout de la racine doit, être garni des deux côtés , de cire préparée » À a- Jors on lès peut tranfplanter en tel endroit qu’on veut, & en attendre une heureufe iflue. De là mé- me maniére qu’on acommode les groffes racines on peut traiter auff les petites & celles des arbres é- trangers. Par exemple, lorfqu’on veut greffer des branches fur les racines de petits Citronniers qui: fontdans des Caiflés, on dégarnitla racine, dont on Choifit un rejeton, & l’on y ÿ fait une taille: Enfui- t on y met la branche felon PArt; on l’acommode: avec Ja très noble cire préparée: Elle coute à la ve- rité beaucoup, mais elle fait mervaille, & l’on fe dédommage abondamment du prix ren une on réunion. ‘ | On fait la #rès-moble cire pour les entes de la ma- niéré fuivante. Prenés une once de Gomme Co- pal, & la pulverifés bien. Prenés enfuite un quar- . teron de terbentine de Venife, :& laïflés fondre:ces deux matiéres enfemble. Lorfque la Gomme Copal y eft fondue , ajoutés y une once & demie de cire commune : Étant fondue auffi, laiflés les évaporer. enfemble près du feu. Jufqu’à ce que la plûpart des efprits de la terbentine foientidiffipés. Alorson en peut faire de petits rouleaux, pourss’en fervar: d'une autre maniére comme dun emplâtre: Lorf- é qu’on PARTIE I. SECT.NIL CHAP.IN. 223 qu'on y veut mêler de PAloës, du Maftic & AU< tres pareilles drogues , elle n'en fera que meilleure. Comme lon à fouvent parlé d’un Baume V. êge- table, je fuis dans l'obligation de marquer ici fa compofition & fon ufage. Sachés donc qu’on prend pour cet effet un quar- teron d’huile d'amande, où l’on fair feulement fon. dre demi once de terbentinecuite, laquelle fe trou- vechez tous les Apoticaires. Ce Baume eft merveil- leufement bon, fur tout pour les groffes tiges, prin- cipalement .lorfau’elles reftent quelquefois trop long-temps expolécs au grand air, parce qu’on ne peut pas les acommoder aufh promptement qu’il le faudroit. On frotte alors mais fort legerement avec ce baume, les parties fciées des tiges, pour les garan- tir. de Pair. | … Jaurois bien pu marquer ‘encore ces quatre au- tres maniéres de traiter, qui font aufli extraordinai- res, parmi lefquelles il ÿ en a une fort finguliére laqueile empêche certainement que les branches, poufles & tiges ne meurent, en les garniflant uni- quement de cire préparée fuivant l’art. Mais com- ine je me hâte de finir, je communiquerai aux A- mateurs dans la /éconde Partie , ce qui à été omis de cet Article. Car jai encore quelque chofe de particulier à dire des vignes, à quoi m’a incité le commandement de Sa Majeité la Reine de Pologne & Electrice de Saxe. Elle ordonna le 13. Décem- bre 3712. à tous les propriétaires des vignobles dans les terres de Saxe , de s’attacher à les amélio- rer & à les multiplier. ai aufi quelque chofe à dire fur Part de faire groflir des fruits autant que la nature le peut permettre. Il eft ridicule de s’imagi- ner que les péches puiflent devenir auf grofies que des bombes.: Mais il ne feroit pas impoffible da. mener unepèche quieft déja de lagrofcur du poing, , ja . , P ve . > " - \> e | ] & pi 234 L'AGRICULTURE PARFAITE 3 célle d’unetête de petitenfant.On rourroit diréaufl que les poires de mufcat peuvetit être poufñlées juf: qu’à la groffeur de ceiles de l’avant faifon : Parei- kenent aufli comment l’on peut exécuter quelque chofe par le mélange de terres contraires l’uné à Pau: tre: El éfl'certain auffi que par la connoiflänce des couleurss on peur produire dés œilléts noirs, des jaunes , & d’un bleu célefte. C’elft de quoi lon trai- téra amplement : Je communiquerai feulement duelque chofé de mes penfées, come une épreu- ve. On prend des noix de gale qu’on mêle parmi quelque chofe compolé de parties de vitriol, il-en proviendra un œillét noir. On prend du bois de chéne à quoi Pon ajoute quelque chôfe d’une terre de vitrol, voiés ce qu'il en arrivera. Mais tout'ce- la fera traité plus amplement dans la partie qu’on à promife. Aïnfi pour conclufon, j’éxkaminerai de plus près dans le dernier Chapitre, les expériences qué j'ai facts, & leur utilité. | ERA 2 PLANCHE IX. LEA véritable bazé fur laquelle la multiplication univérfelle de tous Végetables eft | fondée. 4: b.ÆAxionie du ttlébre Philofophe Hermes Trif. mébilté: Quodeft fuperius; eft ficutid quodeft _anfenus: &c:.// cf confiant, certain © véritable “que ve qui cften haut eft tout de même , que ce qui den Das. | | c: d: Les paroles du même, mais renverfées fuivant Je Jage maxie : Quod eft inferius , eft ficut 1d —eftfuperius. Jef conffant ; vertaintS véritable que ce qui bn ef? en bas eff le même que ce qui cft en haut. On À Pon veut fans avoir recours à um Jens milt- 1 A 7, L U n \l JA > 14 ee 7 si Rs re ES 4 Los | IL PARTIEI. SECT II. CHAP.IIL. 235 que ; on peut apliquer ceci, fur tout aux arbres, C’efl comme fi l’on difbit. Les branches aquiérent des racines, {3 devien- . sent des arbres. Comme auffi: Les tiges deviennent des racines, ÊS des racines aguiérent de nouvelles branches. e. Eff un morceau coupé d'une branche &S couvert en haut € en bas de cire préparée > qui à pris racine par le bas, € a pouffé vers le haut. f. Sont les racines lefquelles fe trouvent principalement près d'une branche , €3 Je produilent prefque plus proméement, que celles dont on àperfoit les commen cemens fur Pécorce. . g. Comment l’on doit acommoder le bout délié du- ne branche, ES le bien enduiré de cire préparée pour les entes. h. Morceau d’une racine coupée, laquelle étant garnie deffus E deffous de cire préparée, a recommencé à poufler racine &3 a produit les plus belles branches du monde. | i. Comment on doit fe fervir avec circon/pebtion du feu ES. de la Momie. | | k. Gros morceau de racine dun pommier de la lon- _ gueur d'un pié &S demi, lequel en trois mois a aquis une racine, qui s’eft bien élevé en hauteur de la lon- gueurlune aune, ÈS qui outre cela a poulfé quantité de branches de côté. 1. La groffe tige qui s'eff élevée en hauteur. m. Les branches de côté lefquelles ont pouffé de la groffe tige. | | n, Comment on Je Jert de la vire préparée. PLAN: 236 L'AGRICULTURE PARFAÎTE Fr. PLANCHE X. Comment 1l fe produit une imfhité d’arbres, tant des grofles racines coupées que du plus ane morceau d’une racine. avava. Une ei É9. groffè racine coupée d'un pei- rier, des pores de laquelle ont provenues une infini- #6 de petites tiges € d'arbriffèaux de toute forte de grandeurs. b. b. Un morceau de racine de pêcher, laquelle a jeté de nouvelles racines en terre, E 4 pouÎfé une gro/- fe fige. | ce: ©. Ea racine d'un Coignaffer, qui à jeté. auf de nouvelles racines, & a poulé en debors quantité «.debranches de côfé. d: di d. Æff la racine d’un [ep. de vigne | laquelle faivant l'Art a été acomimodée avec de la Momie, laquelle à de nouveau pris racine, & outre cela a + poiffé encore merveilleufement bien. | e: e. Sont des racines de Citronnier bien aconmodées par deffus & par deffous avec la meilleure Momie, el-. les ont.jeté de: nouvelle racines en différents endroits “comme auf toute lorte de pouffes.. Quelques unes ont patffépar le haut: D'autres étant refiées long-temps en arriére, poufférent enfuite vers le bas, de manié- * re que les. réjetoris aguirent auff une racine. f::f: Petits morceaux. de Grenadier , lefquels ont pas: reillement produit des racines € des branches. g: g: ©. Coigivent Fenemploielé Momie feches | k. ÊR la Momie feche pour les Bois : Comment on la fond [ur un réchaud, après cela comment on s’en Jert avec une chaleur tempérée, 5 l'on remedie à. ce qui a été blef[é. 413 @ Les pores ouvers doù bourgeounent les pouffes. R K.. Banc 74 @ W/// @ # 7/ 0 out re PARTIE I. SECT.IIIL. CHAP.IIL 235 k. Banc fingulier pour les racines. > 1. La planche élevée au milieu, laquelle ef} creufée en dedans, comme l'on peut voir en (m). n. Auire petite planche qui tient avec une penture à là … premiére | €S en même temps les entailles qw'on y doit faire : Comme auffi les refforts du dedans pour … pouvoir s'ouvrir d'elle même. R ©. Marche-pié auquel la corde de deffus eff attachée, laquelle coule par les deux planches depuis le haut … jufques là. Lorfqu'on marche deffus , la machine … Je ferme en haut; mais lorfqu'on léve le pié de deffus le marchepié, elle Souvre par les refforts d'acier qui font en dedans. P:L. A N.C:H Ë. XI Comment par le moïen du feu & de la Momie, on peut faire de feuilles, rameaux , poufles & branches , des arbrifleaux & des arbres en les mettant en terre. Fig. L Ceci à du report à la multiplication par les feuilles ; dont quelques unes ont des boutons par deffous, ES d’autres n’en ont point. Etant acomimno: dées avec de la Momie ÈS miles en terre de la ma- miére qu’on le voit ici, quelques unes perdent leur Jubltance ; € d’autres tombent d'elles mêmes, & les boutons bourgeonnent, dont on a déja fait men- tion en parlant de la rare expérience avec la feuille de Limon. | Fig.Il. Ef une longue branche de Poirier laquelle à été partagée en quantité de parties s comme 1] paroit par la figure. | a: b. Kf une partie qui eff acommodée des deux câtés avec la cire préparée pour les Bois. On trouve deffus une plus jeune branche | laquelle fi Pon veut s'en M veut 438 L'AGRICULTURE PARFAITE : veut fervir pour la muliiplication , peut-être cou: pée en morceaux fuivant Art, comme le montrent c: d. k: k. Uñe entaille dans un morceau de branche , fous lequel on à mis du coton, qui avoit auparavant été un peu détrempé de cire préparée, 9 couvert en[uite de Momie , d’où provient une efhèce de calus, €S une racine. L Comment l'on couvre avec de la Momie. Fig. INT. Une longue 7 haute branche ; laquelle ef attachée à un morceau de branche | qui à deux par- ties, e ÈS Ê qui étant acommodée avec de la Mo- mie, prend racine près des nœuds, Et comment Je font la lisiture 5 les appuis. | Fig. IV. Comment à la méme groffe branche , les feuilles fonfipar tout coupées à demi : Et comme elles em fortoient delles mêmes, c'étoit une marque cer- taine qu’elles vouloient prendre racine, Fig. V. La mêne branche, qui peu après a laiffé tors- ber entiérement toutes fes feuilles , ÈS paroiffoit mou- rir. Fig. VI. Encore la même branche , laquelle quelques femaines après & recommencé à pouffèr de tous cotés. Fig. VIL. Cowment la méme branche quelques mois a près a reparu en pleine vigueur, 5 en auffi bon état qu'au commencement. æ h: 1. Les chofes néceffaires | comme la Momie [e- che préparée pour de longues piéces, avec les butils, Pécorce € autres pareilles chofes. Fig. VIIL. De quelle mariére fefait la multiplication, en enterrant les branches qui ont un, deux, on trois nœuds ; fur tout lor{qu'elles font tellement difpolées enterre , que l'extrémité de la tige , qui ef acom. enodée avec de la Momie, fort un peu hors de terre. PLAN- out re “ . tiré: linda éru Sr L er +4 —— CE : é. be LL - ÈS . Las > : 1 « à à n* F L AR TT : -4 de \ CS : S ‘ 25 : Pa LL. L 4 LS 2e " L FE ga | S : Free. é 2 e s + : ? * + s + , + ñ PA …— - ” L « LS ”. . s : : : ee. e Le - s LI * : | LA Le 2 - 7 < » >» rar : & + 14 Vars "US “#érs à n ; ’ ES > e d À : - = : 7. é \ + F der : - L ER 2 = : . 1 ù be : D = ee cu] ere - ds “ + sm le à a ce pe D = HSE. , + Se a} , e ba 77 »] RÉ NS < + Pres =. : Led - 4 L et É > L ee A À 5 Ê a | 3e "5 ré ee. N = “7 _ ” dur é Ç ra ns LC ee à , » < S < - pe 0 or à £: } LA : | | pire HSE: - DE ES 2 de =” dde dt & - n - PARTIEL. SECT. II. CHAP.IIL 239 PLANCHE. XEL De là multiplication Univerfelle qui fe fair avee le Cifeau à enter. Fig. Î. Comment lon doit fe fervir du Ciftau à enter. a. Comment lon apole le Cileau. b. L’on doit fraper deffus pour le faire pénétrer dans Pécorce jujques [ur le bois. Ç c. De quelle maniére on doif racourcir #n peu avec la ferpette l'écorce détachée, auff} bien que le bois, a- fin que le calus fé produife mieux. say : d. Couteau rond à racine, aver lequel Je fait lin- fion. | c. Comment Ton doit mettre du coton ou quelque au- tre chofe [ous l'écorce détachée, ajin de ne pas pre[- fer Pécorce. % f. Comment l’on doit couvrir l'incifion avec de la cire | prépare. g. Comment la couverture s'écarte peu-à-peu , € on voit paroître [ur la smafiére les commencemens de la racine. h. Comment enfin la racine qu'on defiroit, provient vi- fiblement de cette premiére matiére, foit [ur l'arbre même, ou fous terre. Fig IL Speëtacle agréable d'un Oranger que faisvoir Ja fleur, les fruits, les racines cachées, & enfin les racines parfaites [ur Parbre: Comment par le moien - de facs de toile cirée | ou des acroches de fer blanc, on peut en peu de temps faire pouffer la racine , de maniére quelle pende au bas de Parbre, comme k le démontre. 1.1. Toute forte de branches qui font provenue de di. férentes fortes d'arbres, dont quelques unes avoient reçu la matiére caleuie ex deux ou trois ouvertwres de 20 L'AGRICULTURE PARFAITE de racine ,ÈS ne devoient Jeter racine qu'en terre ; Mais d'autres avbient déja pris racine Jar les arbres, CR 11 ne falloit plus que les planter en terre. m: m. Corment les eailles qui ont aquis la matié- re de calus par le moien du Cifeau à enter, peuvent être amenées à une pleine cr cifance par ‘Partifice dont on à parlé. h: n: n. Comment la racine fe fait jour par cette mas tiére câleufc. ©: o: o. Comment il fe prefente fouvent en bas en ter" re quelque pourriture aux feuilles coupées, €9 au branches 5 ge'ainf en attendant | il eff bon dy aph- quer artificiellement une autre racine par le moôtien de la cire préparée, afin que la tige puifle tof jours recevoir [a nourriture, jufqu’à ce que la matière ca- leufe /oi parvenue à [a perfeütion. p: q:r: fi t. Chofes requifes abfolument pour cetie opération. PLANCHE XIil Maniére d’enter la racine , par laquelle on ente de grofles branches dans les Jardins & dans les Bois, pourvu que cela fe fafle d’une maniére convena- ble, & qu’on acommode bien le tout avec du feu & de la Momie ce qui les fait croitre, fleurir, & aquerir une parfaite croifiance. A, À. L’incilion générale, laquelle néanmoins n’eft pas praticable fur les gros arbres ,car le premier À. montre lincifion, € Pautre À. comment on place la branche deffus € dedans. . B. Une jorte d’incifion nouvellement découverte, on Jai a donné le nom d’incifion de l'Empereur parce | gwétant traitée avec circon/peëtion , elle peut [e pra- tiquer le mieux [ur de groffes branches dans les À € Je 4 Kb SRE EETNREEr ' " x à | | PARTIEI SECT.III. CHAPIT. 241 Bois, €? fe fait promptement. Une lettre B. indi- que l'incifion, €9 Pautre B. comment on place la _branihe defiis. . C. Reprefente Vincifion des Comtes gui a été in- inventée par un Seigneur de grande difhintlion ; € peut [e faire [ur de groffes tiges, pourvu que cela Je faffe prudeminent. Outre cela on peus ? voir auffi de quelle maniére il [e fait ici une jufle réunion. D. D. Ef Pincifion des nobles gui a été pareille- ment inventée par un Gentilhoimme Amateur du ‘far - dinage. Elle ef} fimple, mais néanmoins très-bon- ne, fur tout pour les groffès branches qu'on trouve dans les bois €3 dans les Fardins. E. E: L’incifiôn d’entaille, Zaguelle fe peut fairè [ur de petits arbres, comime auffi fur de groffes tiges: Mais on doit faire attention à la propofition, € obferver que la racine doit être toäjours plus groffè que da tige qwon y joint. F. Comment on lie ces deux parties une [ur Pautre, ce qui fe peut faire de deux maniéres diférentes, foit qu'on lie premiérement la bleffure avec de Pécorce ow quelque autre chofe, avant qu'on mette la Momie deflus, Joit qu'on lacommode premièrement avec de la Momie, & qgwon la lie enfuite. G. Comment on avoit mis deffus Premiér ement la Momie | ES fait enfuite la ligature, après quoi 0m l'a fèrre avec un bâton, jufqw’à ce que les Joutiens ou piquets y foient joints. - H. Repréfente la Momie par le moïen de laquelle on joint enfemble la tige © la racine , © enfin com- ment on les re. I. Le lien, C9 les petits piquets qui y [ont attachés, ET comme des arbres parfaits, on les plante en terre avec la racine ES la tige. K. Repréfente comment on fait par Art de petits rou- leaux de la Momie féche , ce qui demande beaucoup de circon/pettion. | Q L Le 242 L'AGRICULTURE PARFAITE L..Le Banc garni por travailler | dont on parkræ … dans la [uite. s M. Toute [ürte d'outils de Forêts €3. de fardins , lef2 quels feront expliqués dans la fuite dans une Figure plus ample. PLANCHE XIV. Qui explique les outils des Bois & autres qui font néceflaires pour les diverfes opérations. a: a: à. Plufieurs Coins ou infirumens propres à gref- fer la racine. R b: b. Plufieurs grandes & petites [erpettes qui font rondes par devant. . | c: c. De grands & de petits couteaux dont on a be- foin tant dans les Bois que dans les ‘fardins. d: d: d. Divers grands Couteaux avec des fers lar- ges ES minces dont on a befoin pour toute furte d'eu- TrAges. e: ce. Degros couteaux de Forêts pour fendre &S couper | - parmi le{quels il y en a un de cuivre avec une longue - pointe, propre pour toute forte d'opérations. -f, EF un marteau dont le plat eff large par le bout, ES par le bas, sais un des bouts à un peu moins de rondeur que Pautre : On en a grand befoin pour toute forte d'ufages. g. Reprefente une meule pour y aiguifer les outils © «es avoir tranchans, car [ans cela on ne peut faire rien de bien. Il faut auffi toñjours bien effuñer les outils, ES les tenir nêts ES propres, parce gwautre- ment 1ls gâtent les tiges. h. Le Compas de fer de Forétier nouvellement inven- té, ES de quelle maniére on le monte. is is à Le méme Compas , lorfqwon le démonte © qu'om.le partage : Il ef} compojé de trois pieces, fa- | Loir és ” CRE RE D a md ent LOS MS AR ET Éd ne en PARTIEI. SECT. III. CHAP.IIL 243 voir deux longues | fur lune defquelles eff marqué un un bois\de mefure, €S de l'autre eff la pointe ; avec laquelle on doit faire la marque , tant aux groffes = branches qu'aux arbres, foit avec la pointe de fer » foit avec cette partie où Pon peut mettre un craïoi … ou quelque autre chofe. k. La premiére invention du Compas de forêt, de la maniére qu’il paroît lorfqwil el démonté. 1: Le reprefente monté, & (p), fait voir fon u[age avec fa pointe, dans la circonférence, comme auf] le lieu pour y mettre du craion on quelque autre chofe. m. Æff le feu par lequel on entend une chandelle auf bien que des charbons , lorfque l’on veut faire fon- la Momie. n. Æf} l’écorce dont on a befoin à tout ufage. o. o. Reprefente la Momie féche, ÊS comment 0n en fait de petits rouleaux d'une maniére finguliére. . q. Toute forte de [cies à la main , dont il y en a une qui eff faite de maniére , qu'on s'en peut fervir comme d'un couteau à fendre ou à couper. r. r. Plufieurs Coins de fer avec des manches longs € courts, comme aulffi avec des tranchans larges & étroits. [. Reprefente de quelle maniére un met une longue bran- che d'arbre [ur le banc de travail, afin de la tailler comme 1l faut. t. Reprefente la garniture du banc. u. Æffune viz attachée au Banc: On auroit pu in- -venter plufieurs autres fortes de Bancs à travailler, - mais on n'en a point découvert de meilleur : Car plus il cf fimple, meilleur il ef. Q2 PLAN- ee 244 L'AGRICULTURE PARFAITÉ PLANCHE. XV. de expofe à la vue comment on greffe fur les ra- cines, qui tiennent encore aux arbres, & y reftent jufqu’à ce qu’elles aient aquis leur pleine croiflance. Fig.Il. Gros arbre, dont une racine ef} dégernie, fur laquelle fe font voir plufeurs incifions dont on peut choifir une à [on gré: On y peut voir auf comment {e prefentent les Entes qui font greffées deffus. À. Gfoffe branche laquelle eff amenuilée aux bouts ax vec un couteau, comme Por fait d'ordinaire lor(qu’on ente fimplement. La principale chofe à laquelle on doit faire attention en ceci ; eff que de la branche : coupée, 1l faut enlever un peu de Pécorce extérieure ; afin quelle puiffe s'unir d'autant plus facilement a- vec la fente. K. ludique la fente dans la racine, laquelle à été tail- lée prefque dans le milieu , &5 dans laquelle la tige ef} entée ainfi que P. le demontre. | B. Ef? une autre incifion qu’on fair en large à la fige. On fait alors une taille en quarré dans la racine , à proportion de la branche ainf que le réprefente LE on l’y atiache de la maniére qwon le voit à ©. ie: Rprefente auf une incifion de la tige que Pon * y fait des deux côtés : D'un côté elle Je termine un -peuen pointe en Jorte qu’il faut enlever l'écorce toui- . &-fait, mais de Vautre côté on ôte feulement la pe- tite peau , €9 on Pinfere ainfi dans Pincifion faite fur la rarine H. comme le montre N. D. Ef une incifion d’entaille | ainfi qu'on la fait d'un côté de la tige quoi qu'avec doubles tailles : Ef G. reprefente comment doit être la contre-taille dans la PARTIET. SECT.IIL CHAP.INH. 24$ “la racine : On peut voir à M, comment on 3 doit _ faire entrer la tige. | E. Eff une branche qui a une ronde taille en dedans, à proportion de la racine ÊS fuivant la rondeur gr F. Oz voit [a véritable Figure, en L. L. Montre auf comment on lie la tige, laquelle à été liée en croix ÊS acommodée avec de la Mosmie Ji guide. M. Zndique comime Pon y attache les piquêts, afin que Zes tiges foient plus fermes en terre, €3 plus à l'arbri des vens ÊS autres inconvéniens. 15. [[, Ur grand Citronnier qui S’eft étendu en terre, Jur lequel on peut à [on gré enter par toute forte d'incifions, des branches , pouffes €? feuilles, comme le reprefente R. La même chofe fe peut pratiquer fur des arbres étrangers, dans desicaiffes, [uivant Ja Fig.S. Et ceux qui en veulent prendre la peine, pou vent faire la même chofe dans les Bois comme le re+ prelente. T.. | Q. Les outils, comme le vilebrequin creux, la [erpete 4e le marteau, le Coin ou Cifeau, &3 la Momie lis guide; dont on a befoin pour les opérations, | Q 3 QU'A 246 L'AGRICULTURE PARFAITE QUATRIÈME ET DERNIER CHAPITRE. De plufieurs expériences, E3 de leur utilité extraor- Ginaire dans les ÿardins ». les maifons de campagne, €ÿ les Bois. 6. I. TT qu’ÆAyppocrate dit Lib. I. Apb.I. Expe- rientia fallax, lexpérience eff trompeufe ; Ex- périmentum fallax, ce qu’on éprouve eft trompeur. Cependant fur la demande qui fur faite a La/us: * Quid-nam effet fopientiffimum ,; ce qu’il y avoit de plus fage, il répondit ; ÆExperientia | l'expérience. Comment dont a pü parler un homme fi fage de cette matére, puifque Pexpérience journalére lui aprenoit , que cette même expérience étoit trom- peufe, incertaine & dangereufe, & quon ne s’en peut pas toûjours raporter à elle ? Mais peut-être veut-1l donner par là à connoître , que Pexpericn- ce pour être füre & certaine, doit être fondée fur le jugement & l’entendement. Il eft capable de difcer- ner le faux d’avec le vrai, & de faire voir que Pex- périence eft véritable & nonfaufle, & alors la cho- je peut étre avérée & confirmée par de vraies expéz riences. * Mais comme l’expérience fe trouve auf fouvent trompeufe , & que fur ce fujet on flote quelquefois entre le certain & Pincertain , quoique le jugement fe foit mis de la partie autant qu'il a été pofüble, elle n’eft néanmoins pas ea à certains égards de demêéler le vrai d’avec le faux, à moins que le Maître parfait, à favoir Ufus € exercitatio, PUfage & lexercice s’en mêle. Nam ufus eff efh- caciffimus rerui oenium magilter : Quia talibus expe- rien CS * Voyez les Remarques. PARTIE! SECT.III. CHAP.IV. 247 vimentis, inquit Plinius, optime creditur. Car l'Uja- ge eff le Maître le plus efficace de toutes chofes, € c’eft lui qwon en doit croire le plus dans de pareilles 2 expériences. Pline & Ciceron S’en expliquent ainfi : Ufus omnium Magifirorum præcepta fuperat: L'Ufa- ge furpalfe les préceptes de tous les Maîtres, Manilius en convient auf : Per varios [us artem experientia fecif, x Exemplo monfirante viam. _ L’Expérience a produit D Art par divers ufages, © l'exemple a fraïé le chemin. Enfin lorfqu’on veut favoir quel eft le véritable Maître & qui ne trompe point, par lequel on peut s’aflurer que telle ou telle chofe eft véritable, cer- taine & non faufle, c’eft Ætas, le Temps. Un Poëte dit : Seris venit [us ab annis. * Ceff par Jucceflion de temps qwon a trouvé l'ufage de la chicorée blanche. | Et Soon. Ai mad Adteniuns , Afidue malta addifcens ; à fenium propero. En aprenant quelque chofe [ans difcontinier!, j'a vance à grands pas vers la vicilleffe. $. 1. On voit aufi clairement que toutes nos ac- tions & tentatives en ce monde ne font que pieces | | | & Q 4 248 L'AGRICULTURE PARFAITE êt morceaux , & qu’on ne peut rien produire de parfait tout dun coup, puifqu’outre Pexpérience & les eflais, lentendement, Pactivité, le travail, la peine & Pexercice ne font rien en comparaifon du teraps qui feul met toute chofe dans fon vrai jour : Mas il n°eft pas au pouvoir de l’homme: Il décou- vre bientoutes chofes, fi elles font vraiesou faufles, mais pendant que nous croïons cela, nous nous trompons le plus grofliérement au temps, qui en- fuite nous fait APErCeyoir nos erreurs. Car il arri- ve fouvent qu’on exécute une chofe avec entende- ment & conformement à la nature, d’une telle maniére qu’elle le propofc elle même ; & 1l paroît fouvent qu’elle veut répondre en toute chofe à la volonté de PArtifte : mais c’eft alors qu’elle fe mo- que de fon imagination, même avant qu’on s’en aperçoive. Mais lorfqu’on lui veut faire violence, elle fuit fes propres loix & le but qui lui a été pref crit & fair ce qu’elle veut en dépit du Maître. Lorfque Pon fait attention là-defius, on trouveque cela n’a pas été commencé dans le vrai temps , ce qui nous fait penfer que le defaut eft dans la natu- re: Mais fi nous voulons dire vrai nous avoürons que nous avons erré : Car / eff naturel à l'homme de Je tromper , & ce n’eft pas une honte, mais on ne doit pas s’obftiner dans fon erreur. .. $: 3: Comme prefque tout le monde fait que Jai entrepris d'exécuter une multiplication univer- feile de tous arbres & arbuftes par les racines &.les branches, & qu'outre cela aflure qu elle eft fon- dée fur le bon fens & qu’elle a été approuvée par des Jardiniers intelligens & bien expérimentés dans la nature, 1] s’eft fait en conféquence de mon projet, quantité dexpériences par des Amateurs du Jardi- page fort éclairés lefquels ont reconnu que le fuc- cès a répondu à Pattente qu’on avoit de ces expés périences, PARTIEL. SECT.III. CHAP.IV. 249 xiences, & il leur en a fait voir la poffibilité. Et comme l’on en veut avoir des témoignages, quoi qu’il me feroit pius agréable que chacun miît lui même la main à l’œuvre, & fit fes affaires avec pru- -dence, ce qui m’épargneroit beaucoup de paroles, Je me contenterai pour être court, de publier ici _quelque chofe que je puis toûjours verifier par des lettres que je garde. …. Le 22.Mai 1716. je reçus une lettre d’un grand Prince écrite de fa propre main: En voici la tra. duction, MONSIEUR, C’eff pour vous donner avis des épreuves qui ont été faites [ur vos méthodes propolées ,‘ Ê9 du fuccès qu’elles onteu.. Le 20. Mars 1716. le temps étant froid € fort à la neige, ce qui dura plufieurs jours de fuite, Jefis enter deux Pommiers , [avoir d'Eté de Boif- dorp, & d'une groffe Pomme de Bak, deux Poiriers de Bergamottes d'Eté &5 de poires de Roi, avec deux Abricotiers, Pun [ur une vigne € Pautre [ur une racine de Prunier. Un Pécher à péches rouges [ur une racine de coigraffier ,une autre auffs rouge [ur une racine de vigne. Tout cela fut mis en méme temps dans de bonne terre. Le 27. le temps froid 9 neigeux étant mis un peu au beau, on planta le 27. dito de nouveau dans de bonne terre un Pommier rouge de Buttighein, avec un gros Pommier de Bor/dorp , de la hauteur de dix -piés : De plus un gros. Poirier Mufcat : Le 31. dito #x# Porimier d'Orange | E9 ua de Pommes de Vin : Un petit arbre de Poires nominées glas: Le 1. Avril deux Ziges de pommes de Bak,, un pommier blanc de Battig- heim, £S un d'Orange, une Bergamotte d'Hiver, un degroffes Poires fucrées : Et le 6. Avril une tige de pom- que de Canille, & une branche de cerile de cœur [ur la Q ÿ t4 »fo L'AGRICULTURE PARFAITÉ racine d’une cerifier brun , comme auf un nofiier [ur une pareille racine de cerifier. Tout cela fut mis d'a- bord dans de bonne terre comime les précédens | avet ce que je vous ai envoié pour épreuve qui æ êté confervé dans un pot juiqu'à ce temps-là. ‘fe vous dirai que tout eft encore tout-à-fait frais , comme auffi que les poires de Pavant-{xi{on € le gros Pommier de la bau- teur de dix piés, commencent à bourgeonner fortement. On vous fera [avoir comment il continue à croître. “Te dois ajouter à ceci, que ces jours palfés le temps S’ef remis au froid : Îl a fait auffi une petite gelée blan- che, 7 il a beaucoup neigé. La neige et reftée deux jours fur la terre, il a gelé. Le temps s'étant remis enfuite au beau nous avons vifité plufieurs fois les ar- res, ES les avons trouvez tous verds. Le dernier jour qui précédoit notre départ étant le 4. Mai, nous vimes paroître les fleurs au Cerïlier, comme auffl aux poires de Pavant-failon &$ aux cerifes de cœur ,9c. Vers PAutomne S'il plait à Dieu, on plantera un Bois a- gréable , principalement [uivant votre nouvelle ma- niére laquelle me plait beaucoup ,Ec. Te languis fort que le tout foit imprimé. Cependant je [uis faché de vous avoir arrété fi long-temps : Fe [uis Votre bon ami & bien aRe@ionné F: AE Ze WE Une feconde lettre confirma ce qu’on vient de dire : Il femble que jeraporte plufieurs témoignages pour donner par là plus de poids aux expériences que jai faites, & que je ne m’attache qu’à exalter beaucoup ce que je fais, en fefant valoir la faveur des grands Seigneurs, aulieu que c’eft une chofe connue, que cette difhcile exécution qui fe fait par le moïen du feu & de la cire à enter , ne réufht que | rarc- PARTIE I. SÉCT. III. CHAP.IV. 22 faremeñt ou point , & par conféquent donne le moins de fatisfaétion. left vrai & je ne puis le contefter que jai été fouvent convaincu que peu de gens s’entendoient bien à ménager cela. C’eft pour- Quoi j’ai donné des aflurances que Jechangerois non feulement cette maniére, mais que Je propoferois aufhi des moïens detraiter plus commodes, par où Pon pourroit avancer cette multiplication univer- felle, comme il paroît par cet Ouvrage commencé. Cependant comme cette maniére m’a bien réufi & à béaucoup d’autres, je n’ai pas héfité un moment à rendre témoignage de la vérité, & à le coucher ici par écrit. Car fi c’étoit une faufleté, je n’aurois pas reçu de pareilles lettres. C’eft pourquoi je prendrai la liberté de donner place à ce qui fuit. MONSIEUR, Te puis me glorifier juftement d'avoir refuté les Cri- tiques ES Antagoniftes de P Art de multiplier les Arbres, € Fe dois dire, Vive Mr. Agricola comme Maître dans cet Art. %e puis dire que tous les arbres que j'ai fait traiter [uivant les preceptes de P Auteur € les regles qu’il en a données, [ont non [enlement beaux © frais, mais auffi que la plépart fleuriffent abondam- ment, dont on ef} fort fatisfait: Et qui plus ef}, j'ai enté fur la racine d’un [ep de vigne, une branche de de meurier qui commence à prefent à fleurir à mer- veille, Éc. Ces arbres promettoient beaucoup au commen- cemént, ainfi que je lai reconnu dans la fuite, mais de temps en temps on en a vu mourir quelqu'un. Je n’en fais pas la raifon, mais fuivant ma meilleu- re connoiflance, plufeurs font parvenus à une Lo | | aile 252 L'AGRICULTURE PARFAITE faite croiflance, & ils fubfftent encore. Cependant je vais communiquer mes propres expériences que ai faites , lefquelles font véritables & fures, telles que je les ai reconnues dans la nature, excepté qu’elles ont été deffinées un peu plusen petit. Le 19. Mai 1716.0n les prefenta publiquement à Ho- tel de Ville dans l’Aflemblée de Mrs. les Miniftres, êc enfuite on envoja ces defieins dans une place d’im- portance. On a déja vu par lAvis fuccin& dont il a été par- lé plufieurs fois, que les premiéres tentatives & é- preuves d’enter avec la racine, fe firent le 4. Decem- bre 1715. comme étant la faifon la plus propre pour: cetouvrage. Jecommençai d’abord par les branches des arbres étrangers, tant Citronniers que Lauriers, &c. que jentai {ur la racine par le feu & la cire préparée. On n’en enta prefque point {ur leurs propres racines , mais fur des étrangéres, & com- me cela me venoit dans Pefprit. Outre cela par le trop de précipitation je n’avois pas toüjours fait aflés de reflexion fur la chaleur convenable du feu, Ïe ne prenais pas même aflés garde fi elles étoient aflés avant en terre ou non. Lorfqu’elles y eurent été quelque temps, on ne s’apperçut d’abord d'aucun changement : Elles pouflérent un peu, mas après une exacte infpection, on trouva que cela étoit arrivé, non par le fecours de la racine, mais par la chaleur de Ja cave. Mais dès le mois de Février, 1lcommençaien mourir quelqu’une par ci par là : Ces arbres devenoient noirs par le bas prèsde la racine, mais d’autres étoiententrès-bon état. Pour bien, pénétrer la raifon de ce changement , je tirai de terre plufieurs arbrifleaux Punaprès l’autre, &je, recontius qu’ quelques uns 1l y avoit une putrefac- tion entre la taille, laquelle avoit attaqué les petites tiges & la racine. J’artribuai cela à la trop grande | quan- PARTIE TI. SECT.IIL CHAP.IV. 254 quantité de cire préparée & le trop d’attention qu’on avoit eu à boucher les ouvertures, ce qui empécha le paflage des fucs. À un autre petit arbre que jexaminai de près, Pincifon fe trouvabonne, & la branche faine, mais la racine étoit morte. Et lorf- que j'examinai cela foigneufement , je me tins afluré que comme je n’avois pas acommodé la racine par le bas avec la cire préparée, 1l y étoit entré trop d'humidité, laquelle avoit corrompu la fubffance de la racine, ce qui avoit empêché la tige de pouf- fer. En examinant un autre arbre qui étoit mort, je reconnus que la racine étoit fraiche par le bas, & la branche de deflus faine, aïant un rebord fuf- fifant de calus : Mais au deffus de terre ; la branche étoit enflamée, & commencoit à mourir : Elle é- toit auf un peu moifie. J’attribuai cet inconve- nient à la trop grande quantité de liqueur , prove- nant aufli bien de Parrofement que de humidité de la cave même. . Pour couper court, je trouvai par tout des cau- fes naturelles pourquoi cela s’étoit fait, & je fus a- lors pleinement convaincu |, que comme la lon- gueur extraordinaire de l’Hiver qui dura jufques dans le mois d’Æuri/ empêcha qu’on ne püt tirer les pots de lacave, & les porter à Pair, ils avoient par là été enflamés & commençoient à moifir. Beau. coup néanmoins furent préfervés , fur tout les bran- ches de Citronnier, & de Laurier. Lorfque j'en tirai quelquesuns de terre par curiofté, je vis avec beaucoup de fatisfaétion qu’ils avoient pris racine, mais en diférentes maniéres, d’aurant que la matié- re de calus fe prefentoit avec les racines, aux uns au bas, & aux autres au deflus de l’Ente, comme on le peut voir par la Pzanche XVI. Fig. III. IF. &:F. | Elles repréfentent degrofies & de petites riges de | Lau- 254 L'AGRICULTURE PARFAITE Laurier lefquelles étoient entées non fur la racine de la même plante, mais fi je ne me trompe furdes racines de prumiers, & cela par le feu & la cire préparée. On voioit fur cette racine plus de dix grofles autres jaunes & longues qui étoient crûes du calus (k, k, k) &'entre la Cire préparée on voïoit de nouvelles petites racines jeunes & jolies, ainfi que (I. 1. 1.) le repréfentent. Par là il me fut facile de juger qu’elles ne provenoient pas de Parbre étranger, car les racines étoient tout autres & diférentes : C’eft pourquoi je détachai d’un d’eux la cire préparée, & vifitai Pincifion , par où il me parut que la racine avoit fait un rebord de calus autour de la fente du Laurier, & de liétoient forties les nouvelles racines. faperçus en même temps, que la jonétion intérieure $’étoit faite l'une avec l’autre. Toutes les racines fur lefquelles elles étoient entées , fe trouvérent faines& fraiches, & il étoit déja venu de petites feuilles par ci par là à quelques unes. La racine même avoit de tous cô- tés produit de nouvelles racines. Cette infpeétion me fufifoit pour contempler abondamment par là la pofhbilité qui eft fondee fur la nature. ; Aïant choifi un beau jour du mois d'Avril, qu’il étoit facile de fouïr en terre, jen fis tirer les ra- cines de Pommiers, Poiriers & Abricotiers. Je les ” partageai en plufieurs parties, je plaçai deflus, de grofies & de petites tiges & branches, & les acom- modai avec de la cire préparée, comme les Æg. Z. €? 11. les font voir clairement. Là-deflus je le mis enterre. Je prisauff une fort longue racine d’A- _bricotier, & entai deflus par l’incifion d’entaille, de grofles & de petites tailles : Je les acommodai avec de la Morie liquide, parce que je regardois la fèche comme trop périlleufe, je les liai en croix, & mis la racine en terre étendue en long, mais pas plus PARTIET. SECT.IIT. CHAP.IV. 255 plus avant que d’une largeur de main, comme la Fjg. FI. le fait voir. Au mois de Mi la branche de pom- mier commença à bourgeonner ,commela Fe. Z. le reprefente ; mais cela alloit fort lentement, comme (az) le fait voir. Âu contraire les rejetons com. mencérent à paroître à force au bas de la imatiére de Calus, ainfi que ( c ) le fait voir, comme auf quantité de petites racines nouvelles de côté fuivant ( d.) Sur le calus poufloient auf de plus grof- fes racines , lefquelles pendoient au débordement de cette matiére fuivant (4. 4.) La grofie racine pouffa aufh à force, & il lui vint par ci par là de petites feuilles, comme (f f:) le montrent claire- ment. Comme les rejetons poufloient en quantité, le fuc nourricier ne pouvoit pas monter en fuffifante Quantité dans la branche laquelle étoit entée fur la racine , & jattribuai à cela la principale raifon pour laquelle elle ne croifloit pas aufi bien que les autres. Au contraire il y avoit d’autre branches qui étoient en bien meilleur état, lefquelles pour _ petites qu’elles fuflent, étoient- néanmoins dans leur fleur parfaite, comme (g}) l’indique dans la IT. Fig. Ces fleurs étoient aufli parfaites qu’on en avoit jamais vues à une grofie branche. Le ca. lus s’étoir aufli bien ferré , & de là croifloient les racincs, comme (2) le montre, lefquelles on pou- voit néanmoins fort bien difcerner de la racine en. tée deflus, Ctant néanmoins aflés grofles. Cepen- dant ce morceau de racine étoit pareillement fain & frais, & s’efforçoit auffi de poufler , ainfi que le demontre (:). A Pégard de la grofe racine que l’on voit dans ja VI. Fig. elle commença à la fin du mois de : Mai, à fe border de calus non feulement aux deux extrémités {a o } mais il en fortit aufi de nouvel- les racines comme (7) le fait voir. De Ja racine tant € 256 L'AGRICULTURE PARFAITE tant devant que derriére & au milieu, pouflérent des rejetons ou jeunes arbres , qui étoient fort a- gréables à voir,comme (pp ) le reprefente. Près du lieu on voïoit bourgeonner de nouvelles raci- nes qui reprefentoient Punion conjugale, parce que ces deux m’étoient plus qu’une feule , comme on le voit aux lettres (gg g) Les grofles & les petites branches qui étoient entées defius firent voir que tout étoit en effet comme on l’avoitobfervé, d’au- tant qu’elles avoient bourgeonné de tous côtés, de forte que par cette infpeétion on découvrit pleine- ment en quoi confiftoit le parfait fondement d’enter fur la racine; à la favoir que les racines lorfau’elles font divifées en petites ou en grofies parties demeu- rent non feulement en vie , mais pouflent auf à fouhait, & jettent aufñ de nouvelles racines : Com: me aufh que la tige tient à la racine , & queces deux s’uniflent l’une à Pautre : Et enfin qu’elles bourgeonnent, & fleuriflent, ce qu’il falloir prou- ver. Mais avant que de faire mention de Putilité de ces opérations , quelques curieux demanderont . peut-être qu’elle a été la deftinée des fix tiges capi- tales de pommiers , pêchers & abricotuers , lef: quels étoient de la hauteur de4.ou de 5. piés, & qui au mois de Décembre de l’année pañlée, devinrent des arbres parfaits par ce merveilleux Art : Car on étoit pleinement perfuadé qu’ils fleuriroient & produiroient des fruits au Printemps : Je réponds qu'ils moururent par la gelée de l’Hiver qui fut fi rude & fi long : Mais les racines ont repouf- fé | & quelques uns ont atteint environ la hauteur d’une aune. Il y en avoit quelques uns qui paraif- foient encore en vie au mois de Ÿ#i# | mais elles n’avoient pas de force fufhfante pour cet effet : Car le rude froid avoit trop comprimé les petites fibres, | | de 0 PARTIET. SECT. III. CHAP.TV. y de mamére que lé fc nourricier ny pouvoit plus pénétrer. Je trouvai peu de plafir à cette fpécu- lation , mais qui ofera murmurer contre le Ciel ? On demandera peut - être encore ce que font deve- nues les plantes d'œillets? Je réponds que la plü- part ont été perdues. Cependant quelques unes font reftées | dont deux ont porté cette année de très-grofles fleurs, 11 fufñit que par cette recherche on ait fait voir la poffibilité de la chofe, Enfin nous ne devons pas oublier auffi les feife oflés branches & riges , lefquelles par le moïen du feu & de la Momie vegetable ou Cire préparée font devenues des arbres parfaits dans le Bois. Ils parurent merveilleufement beaux jufques au mois d'Avril, de forte que perfonne ne doutoit qu’ils ne paruffent au mois de Mai avec leurs feuilles dans une entiére perfection : Mais à la fin d’Ævril il furvint une fi furieufe tempête , que quoi qu’ils fuflent liés à des bâtons , ils furent néanmoins rifés & renverfés par la violence des vents. Cela me donna lieu d'inventer des fourches dans la fuite, lefquelles peuverit garantir les arbres de la violence la plus extraordinaire. Dans ce malheur j’eus néanmoins la fatisfaétion de voir en premier lieu , qu’il étoit provenu une bonne partie de matiére de calus tant de la racine, que de la tige & de la branche: de forte que je fuis afluré que fi ce malheur ne leur fût pas arrivé , ils auroient tous été parfaitement guéris cette année, quelque grande qu’eut été la plaie. Enfin jai re- connu aux tiges & aux branches qu’elles s’étoient un peu ouvertes, & qu’elles tâchoient de poufler Mais le temps & l’expérience découvriront le tout plus clairement dans la fuite, $. 4. Pour conclufon il ne refte plus qu’à dire un mot dé Pavantage inexprimable qu’on pcut e X:; ; 158 L’AGRICULTURE PARFAITE de toutes les mamiéres raportées ci-deflus, tant d’a=" mélioration que de multiplication ; foit dans les Jardins, foit dans des maifons de campagne, ot dans les Bois. J'en ai parlé amplement dans mon 4 vis fuccinét , & il eft facile a chacun de fe figurer ect avantage , lorfqu’il confidére qu’on peut fai re des arbrifleaux & des arbres de toutes les feuilles, de tous bourgeons, de tous jets, de tou tes branches & de routes racines, dont il fe trou" ve une quantité prodigieufe, tant aux arbres étran- gers, qu’aux ordinaires &t aux fauvages. Il i’a qu’à faireattention {ur la multiplication inexprimable qui" fepeutaquerir par la femence. Parexemple, qu’on ait feulement un gros pommier qui raporte cinq cor beilles de pommes: Qu'on comptequ’il ren puiflen tenir que 400 dans chaque corbeille, voila 2000 pommes. On trouve d’ordinaire dix petites femen- ce ; dans chacune. Mais je compterai feulement qu’il n’y en a que la moitié de bonnes , voila déjan dix mille petits arbres. N’eft-ce pas là une abondan# te multiplication? Simon calcul s’étendoit aufi fur les feuilies & boutons , à combiende mille de milliers" n’en monteroit pas le nombre? Mais je laïflerai tou£m cela aux Amateurs du Jardinage , qui y trouveront" mieux leur compte eux mêmes ; combien ils au: ront pu profiter en un an par leur affiduité & leur &rravail. Plaife au Tour-Puiflant qui donne fin largement & fi bénignement touteabondance, bé-M my le tout par fa grace, fin que fa bonté infinie foir louée, & glorifiée par tour PUnivers, & qu'iln en foit beni éternellement. : J': D sh FEAT, * B./ nié à. 2" ct. À | ee ci À TAN r ” L mont fe nt les ce fre À A . « à s + : F : à ‘ 4 FA - - pm] r* nid 28. DETENTE : . -diétue) les A4 ST CORRE | — Le pe F 4 L v <- CRAN ue Pr, el LE - PA. DE | ten PARTIEL SECT.I. CHAP.IV. 159 PLANCHE XVEL Quirepréfenteune véritable defcription des épreuves fuivantes, deflinées d’après nature , & comment les branches fe font unies avec les racines lefquel- … les ont fleuri, & ont pouflé par le haut & par le bas . en même temps. Lefquelles ont été montrées . dans leur naturel le 19. Mai 1716. en public à PHôtel de Ville de Ratisbonne | à quantité d - curieux habiles & de diftinction. | Fig.T. Æff un pommier lequel fut préparé le 17. Dé- _ cembre 1715. dans l'Etuve par le moien du feu &ÿ de la Momie, € qui a commencé à pouffer au Prin- temps | mais fort lentement , comme le démontre 1'(a.2.) D. Eff la Momie qui eff reftéc en fon entier pendant touf PHiver, € dont il n’eft fauté que quelques morceaux parciparlà. Il eff forti ça ES là de petites racines, … Zefquelles croiffoient hors du calus, ES Je débordoient * fur la tige. c. Repréfente les branches qui pouffotent hors de la ra- cine: Er comme on les avoit laiffé trop long-temps deffus , elles ont attiré à [oi le fuc nutritif | © en ont privé les branches [upérieures. d. Sont de nouveaux rejetons de la vieille racine, lef- … quelles avoient produit de petites feuilles. Me. Effunelongue petite racine d'une autre couleur que les autres, d’où l’on infére qu’elle doit étre provenue de la tige. Ff.f. Roeprélente la piéce de racine coupée, fur laquelle » Ja tige eff entée, lagnclle avoit pris racines € poullé en même temps de petits feuilles. KR 2 € PL Sy 160 JL’AGRICULTURE PARFAITE Fig. IL. Repréfente une branche de pommier qui a PouÎé, laquelle au mois de Décembre avoit été en- tée fuivant P Art, [ur des racines coupées par mor- ceaux x ÈS fleuriffoit fort bien au mois de Mai, com. ne le reprefente (g ). à. Eff la Momie par laguelle ont pouffé de nouveau des racines, quon peut connvître à la couleur. On dé- couvroit [ur la racine près du calus, de petites fenil- les qui pouf/oient. Au bas fortoit la racine par une petite branche. Hors de là elle avoit pris racine de touts cofez. | Fig. IT. Repré/ente comment par le même moïen des la Momie € du feu | une branche de Laurier & été entée [ur une racine de premier coupée par MOT a, ceaux, laquelle avoit pris racine pendant P Hiver der la maniére juivante : Comme elle w’étoit pas de mé ne forte, il [ortit de la Momie noire , huit ou neufi racines courtes, CS jaunes, lefquelles croiffoient per pendiculairement hors de la tige du Laurier, comme Je demmontre (K.) Îl avoit pouffé aujf d’entre le ca= lus, de petites racines € des feuilles ; mais elles ne {e reffembloient point : Comme auffi une petite feuille ainfi que le montre 1. La racine étoit parerllement pourvue de petites racines ES Pon voioit par ci pat là, comment elle produifoit de petite feuilles. Fig. IV. & V. Reprélente pareillement des tiges da Laurier /e/quelles étoit entées [ur des morceaux de . racine coupée de pomimiers € de poiriers , par le mote du feu £S de la Momie , le[quels avoient aufft pou leur racine par baut ; € par bas ; La racine jettoi d’auires racines, comme le montrent, Kk.].m. Fig. IV. Eroit une longue racine d’un Abricotiers {ur laquelle au commencement du mois d'Avril, 0 avoit enté quatre groffes branches du même arbre par Pinfition dentaille , avec de la Momie [eche. ue | e > PARTIEI. SECT. I. CHAP.IV. 26r les commencerent à pouffer comme n. n. le font voir | ET produifirent une nouvelle racine au tra= vers de la Momie & du lien, Juivant (q.q.a. ) Cependant de jeunes branches d Abricotiers pouffé- rent de tous côtés avec quelques feuilles, ainfi que (o.o.o.) Ze montrent clairement. A lextrémi- té de la racine il étoit Jorti une matiére épaiffe de calus , d'où pouffoient vifiblement de nouvelles r'aCines. Fin de la Premiére Partie. 4 Dm mms nimes à s , 4 2 “he ur POS L or 53 F7 _s Lu EN M à L# Ass Rd tous sr Vo Ki me 5 | sh Dia: do aida FR v es re re À - ‘AGRICULTURE PARFAITE, OU NOUVELLE DECOUVERTE, Touchant la Culture & la Multiplication des RBRES, pes ARBUSTES, ETES OT EURE; uvrage fort Curizux, qui renferme les plus beaux fecrets de la Nature, pour aider la Végetation de toutes fortes d’ Arbres & de Plantes, & pour ren- dre fertile le terroir-le plus ingrat. NME: À AGCGRICGOEA. Dolteur en Medecine & en P hilofophie à Ratisbonne, Traduit de l'Allemand avec des Remarques. Le tout enrichi de très-belles Figures, LEGO .N DEP A RATE; A AMSTERDAM, Chez PIERRE pe COUP, Libraire, MDCCX X. - 140 di à y Lei noise! dla: & Sonslo Os Fer ê U&AA 84 É Ne CECAUS Le 2 TA HiTtr. ne ME Frost eule ssl scans pm ik . 'esbraonerso alasbts inoy , SUR 0197 #0 F «2305 Tsb -nd18 Be agit aulq al Louar 8 AJOOIK 9 À .A. DA DUR NA à hdd otté & us ii os F myrnss La vous ati LM a b ; A à - sg esd-2503 sb Le FA Mn PR Lo 1 = ; | ' } D =: : ‘0 + : : ? < re RL a3 2 Ra. + mé - Mes ETS cu À LE SE + L 3 + . ) Ë : N MA A tt A fe NE : # NA JOD sa 4 % | a * 9.9: TABLE DES CHAPITRES SCEG\ ON DE PART T'ES SE CTTON E &lx À ÊxT R 2 À: Récopitulation des principes établis dams la premiére _ Partie, €3 où lon examine s'il s’y avit d’une mul- tiplication univerfelle , ou de plufieurs multiplica- tions particuliéres. | Pag. x IT. Contenant une Propofition que l'on peut regarder comme la meilleure, la plus feure € 1a plus coinmo- de de toutes pour la multiplication univer/elle de prefque tous végciaux. | 52 LIL. Comment par cette nouvelle inanire toutes plantes étrangéres peuvent être. multipliées abondamment, de mauiére quelles croiffent peu-à-peu ; fleuriffeut € raportent des Fruits. 6; IV. Qui enfèigne comment par la derniére Propofi- Bon on multiplie plus de fois qw'on ne le peut di- re , les arbres Fruitiers fertiles du païs, € on les plante dans les Fardins, les Prés & les Bois. 85 V. Nouvelle maniére praticable pour planter des ti- ges, des branches € des pouffes dans les Boïs & bat- tus (3 dans les efpaces vuides, lefqueiles deviannent enluite des arbres, © font un Bois agréable. 07 VI. Comment par la coupe des nœuds on plantera de nouveaux vignobles , de maniére qu'ils poufferont la même année , ES porteront du raifin abondam- ment la [econde année. 1O VIL D'une nouvelle union finguliére de plufieurs _ branches, par le moïen de Part que f’apelle dEm- braflement, par où l'on peut faire croître différens fruits à an ardre. 120 VILL Nouvelle Propoñitio 3 pour faire des arbres ps» AAÎRS 0 TABLE DES CHAPITRES.; Haïns de petites branches qui ont à peine la anus du doigt, C'ont néenmüuins ,, sr. fept € depuis dix 70 à dix buif ans... 127 SECTION IT. CHAPITRE ÆE où enfeigne comment par des branches cotipées” Ep par Ja flexion des nœuds , comme auf} par les liens , en accommodant avec. de la Momie, & par le plants. e a rebours, 0H peut culirver des arbres monfirueux E Gnguliers. . ke e | que 298 _134 x Second & Dernici Chapiue. Creme) une réponfe à la demande comibien de temps «PF Anteir doit avoir pour mettre en état de perfec- tion tout ce qu’il promis) (@ ee en lé part au É s DTA 13 L'AGRI- Pag. 1 L'AGRICULTURE PARFAITE (O0) NOUVELLE DECOUVERTE DE..LA.CUL'TEMR:E ET DE LA MULTIPLICATION UNIVERSELLE | DES ARBRES , ARBUSTES ET FLEURS, &c. SECONDE PARTIE. caca czo oo c$a 0% fa ctacfa0fa0fa oo ca cfa 0ia0%o cfa DÉo 0 efaoia cfa 0$o 08 PREMIERE SECTION. CHAPITRE À Récapitulation des principes établis dans la premiére Partie & où on examine s’il s'y agit d’une multipli- cation umverfelle, ox de plufieurs multiplications particulieres. | $. E. 4 Omme l’on a déja dit la raifon pour- N quoi cette feconde Partie doit être À ] traitée briévement , je repéterat feu- PE, lement ici quelque chofe de la pre- ZE miére par raport à fa connexion, & j’examinerai fi parmi les propoli-, tions qui ont été faites , il s’en trouve une qui puif- Seconde Partie. A 1e Z L'AGRICULTURE PARFAITE fe être apliquée à Ja multiplication univerfelle à. ou fi elles font uniquement propres pour des mul-" tiplications particuhéres, & lon fera voir enmême temps diftinétement, comment & où lon s’en peut fervir avec avantage. Pa : Dans la Premiére Partie, Section I. on a prouvé! évidemment: 1. Que dans tous les arbres &t arbuf- tes 1l fe trouveun Etre moteur qui s’étend danstou- tes les parties, tant au deflous qu’au deflus de la terre & s’y mulriplie d’une maniere merveilleufe: 2. Que cet être eft fur-Elementaire: 3. Qu'il eft divifible, & refte néanmoins quoique d’une maniére incom- préhenfible tout-à-fait en for entier dans fon efflen- ce divifée, ce qui confirme PAxiôme des Philofo- phes qui difent ,. que le tout eft dans une partie & qu’une partie fe trouve par toute leflence. De plus on a fufifimment démontré dans la L. Section aux Chap. HN}. & IV. que Jes Afbres & Arbuftes confftent aufli en un corps organifé ou modifié de diférentes maniérés, dans lequel les fucs vitaux font dans une circulation & un mouvement" continuel ; tant que le principe moteur eft dedans &umà eux: Et lorfqu’il eft tellement troublé par divers accidens, qui font énoncés au Chap. V. en jorte qu’il ne puifie plus faire l’office qu’il a reçu. dans la premiére création ,. alors il cft contraint de quiter fa demeure. Par où les Corps Végetables meurent, & font fujets à uneentiére corruption. Or comme à rtf an POuvrage repole fur cé fondement, que’ce qui à actuellement un Etre vivant en foi, peut être porté par art à croître, lorf=. que lés parties fur lefquelles 11 doit agir fe trouvent fainés ÿ on a fur ce principe fondamental entrepris toute PARTIE IL SECT.I. CHAP.I. 3 toute forte de recherches, comme le fondement iné- branlable en eft clairement expofé dans la ZX. Plan. che dela Premiére Partie, à favoir que l’Etre vivant répand non feulement fa force par tout l’Arbre, mais qu’il s’unit aufli intérieurement avec les fucs vitaux , & que les organes de l'arbre dans les parties inférieures & fupérieures {ont très-étroitement unis les uns aux autres: Comme aufli que ce qui eft en bas eft conforme en tout à ce qui eft en haut; à fa- voir que les branches & les poufles par le fecours de Etre intérieur, & laffiftance qu’on leur donne extérieurement, deviennent des ‘racines, & qu’au contraire les racines deviennent des arbres en les traitant d’une maniére convenable par le moïen de PEtre intérieur. Quoique quelques uns aïent été d'opinion que je voulois emploïer ceci feulement comme un Cercle Philofophique *, afin de me fauver par là, d’habiles amateurs Pont néanmoins déja é- prouvé dans leur opération depuis quantité d’années comme il paroit clairement par Îes recherches qu’ils ont faites, lefqueiles jai reprefentées de fuite dans la E. Partie, Seion IT. Planche VI. Mais je ne fais pas pourquoi ils ne fe font pas exercés fur un plus grand nombre d’arbres & d’arbultes. Car s’ils euf- {ent inventé Art de la multiplication univerfelle &c fubite de prefque toutes les plantes, J’aurois été débarafté de beaucoup de peine? Maisil paroît que cette Théorie leur a paru trop difhcile, puifqu’il eft certain que tous les commencemens font difñciles: Mais comme le fort eft tombé fur moi pour pofer un fondement pour la multiplication univerielle, je fuis dans Partente de voir qui voudra Île renver- fer. Cependant jaflure ceux qui voudront conti- nuer à le fuivre | & à examiner la chofe de plus près, qu’ils y trouveront quantité de belles décou- AE" vér= - * Voyez les Remarques. x 4 L'AGRICULTURE PARFAITE vertes, & qu’ils reconnoîtront que mes principes font bien fondés. | Ceci pofé , la Se fe fait fur le. principe de vie, à favoir fur la racine, comme étant cette partie qui feule peut donner la vie, à l’arbre, à la tige & aux branches, & les entretenir. Car . C’eft là le premier rejeton qui attire de la terre à {oi le fuc nourricier, comm: cela eft reprefenté claire ment dans la I. Partie, Seétion L. Chap.Il. De plus on y à fax voir au long qu’il wy a rien qui, puifle vivre n1 être permanent fans racine , ainfi qu’on le peut voir fufhfamment à la I. Sec. Chap. HIT. de ie dite Partie. La prémiére maniére de multiplication confiftoit dans le partage des racines. Du partage des racines. Après une meure confidération on raifon- noit de la forte : Si par un partage artificiel on peut de toutes les racines d’arbres & d’arbulites, faire provenir des rejetons ou des arbrifieaux, 1l s’enfuit néceflairement que par là aufhi fe peut commencer une multiplication univerfelle. Car lorfqu’on confidére la grande quantité de racines qu’il y a à un arbre, on trouvera que leur nom- bre & étendue fous terre égalera la couronne avect les feuilles , jets , poufes & branches ; & qui plus eft, que la couronne fous terre fera pareille à celle de deflus qui eft fur la tige : Mais après avoir fait beaucoup de recherches, je vis néanmoins que cette maniére n’étoit pas propre pour la multiplica- uon unmiverfelle. Car la racine n°2 pas été Gonnée pour cela à l’arbre, afin que fon efpéce füt néceflai- rementmultiphée, quoique les anciens M . Ci- PARTIE.IL SECT.IL CHAP.L 5 cuflent pour Proverbe : Par la femence on la raci- ne, toutes chofes peuvent être multipliées ou cultivées - Car ils ne favoient pas d’autre maniére. Quant à la multiplication univerfelle par ia femence, on la peut faire parfaitement par ce moïen , & cela été traité au long dans la ZZ. Seéf. aux Chap. I. & IT. Mais à l'égard de la multiplication par les racines, on pourroit conclurre de lajSte. Ecriture qu’il faut que cet exercice ait été fort en ufage dans les pre- miers Siécles: Mais je fuis d’opinion que le mépris que tant de gens témoignent pour ces deux maniéres, procéde uniquement de leur pareffe : Car ilsaime- roient mieux que tout provint de foi même, parce qu’ils voient fouvent que des Bois entiers fe pro- duifent fans qu’on y travaille, quoi qu'ils ne fà- chent pas de quelle maniére: C’eft pourquoi ils s’i- maginent que d’autres arbres fruitiers doivent fe cultiver & poufler pareillement : Mais 1l va bien de la différence. On doit traiter les arbres fauva- ges{i Pon veut les multiplier, de la même maniére que les autres. On publie que cela ne vaut pas Ja peine de fe fatiguer à fouir & à tirer de terre les racines des arbres abattus, de les couper en mor- ceaux , de les acommoder & de les planter de nou- veau : Mais de fages propriétaires de maifons de _ campagne & de bois , devroient confidérer pour- quoi donc les racines reftent en vie fous terre l’ef- pace de vint, & de trente années, & même au delà: Car fielles n’avoient pas de vie, elles feroient pour- ries depuis long -temps, & le propriétaire auroit bier pu faire cultiver avec utilité cetefpace de terre où 1l y avoit ci-devant des arbres, où s’en fervir à quelque autre ufage avec avantage, puifque que la racine leur crie du fonds de la terre : Ouvrés ne- tre prion, que nous puiffions jouir de l'air {3 du So- A 3 leik 6 L’AGRICULTURE PARFAITE leil, vos foins ES os travaux feront largement ré compenfés. . 6. Quoique je creufle d’abord avoir trouvé une ee Ma univerfelle par le partage des raci-. ; Je vis néanmoins en mettant la main à l’œu- M qu’il y avoit divers inconveniens qui m’em- pécherent de fourenir ma baze fondamentale. En premier lieu fur tout, parce qu’il y a beaucoup d’arbres & d’arbuftes qui ont très-peu de racines. Secondement, parce que beaucoup d’Amateurs ne pourroient fe ‘réfoudre à priver leurs Citronniers, Abricotiers & autres arbres fruitiers de leurs grofies . racines, de crainte que leurs arbres ne mouruflent dès la même année, quoique ceci foit-fans fonde- ment : Car l'expérience a déja fait voir à notre contentement , que lorfqu’on talle la racme a pro- pos à certains arbres:; .& qu’on acommode bien les incifions , la partie fupérieure ure par là plus de nourriture, & n’en croit que mieux: Car on doit favoir que les-racines fe multiphent auf bien que les branches, ainfi 1l fauc conféquemment qu’elles foient déchar gées de leur-bois fuperflu aufh bien que les branches , afin de pouvoir communiquer d'autant plus de fuc à la tige. C’eft aufi quelque _Chofe de fingulier que f Pon abat la tige jufques prés de la racine; la vie refte réanmoins dans la raci- né,.&-qu'elle fe nourrit & augmente, quoique per fonne ne fache Pourquoi cela fe fait. Or comme fai reconnu après-uné e&acte perquifition que cet- te manicre neft pas propre pour la:multiplication univerfcile , quelqu'un pourroît demander pour- quoi donc je la propofe; 8 pourquor même Je Pai éclaircie par des figures ; afin de la mieux ns 0 Jeréponds à cela Q que quoique par là on ne puifief opérer une multiplication umiverfelle, cela cit néan- moins | PARTIE H. SECT.I. CHAP.I.. 7 moins abfolument néceflaire pour des multiplica- tions particuliéres. Mais je propoferai premiérement dans les arbres étrangers, l’utihté du partage des racines. On fait que les Amateurs du Jardinage qui ont quantité de Citronmers,: Limonniers, Orangers, Grenadiers, Lauriers & Cyprès,-&c. les- font tranfplanter tous les trois ou quatre ans, & décharger de leurs raci- nes fuperflues. : Cela étant fait à leur maniére, ils font acoutumés: de jeter les racines-coupées , ne ongeant pas que par là ils détruifent quantiré de. centaines de Citronniers & d’'Orangers, parce que cette fcience leur a été inconnue jufqu’à cette heu- re, mais àtprefent qu'ils le favent , ils n’épargne. ront pas cértainement un peu de peine & de fraix,, pour tirer avantage de ce que je vais propofer, d’autant que, je leur indiquera ici au long , tant. utilité que-la maniére de traiter. Lorfqu’un Ci- tronnier ou Laurier qui n’a pas été tranfplanté de- puis plufieurs années, eft tiré de fa caifle, & qu’on trouve que Jes racines font crues fort près l’une dans Pautre, on doit le décharger tout à lentour. avec une hache ,: des petits racines fuperflues : Etlorfqu’ontrouve au haut près de la tige quanti- té de groffes racines; ‘on peut librement fans héfi- ter. en retrancher 'quélques unes, &cacommoder les-tailles avec de, Ta Momie par où Pon tera beau- coup de bien à Parbre, pour les raifons qui ont été dités. , «pourvu qu'on épargne feulement la racine principale. Après avoir donc aflemblé quelques racines, on retranche à celles qu’on veutemploïer, un amas confus de petits filamens fuperflus dont on:ne peut faire aucun ufage , & enfuite on parta- ge les racines émondées , , en morceaux de la lon gueur du petit doigt, &. quelquefois un peu plus must À 4 longs, 8 L'AGRICULTURE PARFAITE longs, après quoi lon polit les deux bouts, & on” les commode avec la Momie fuivante. Prenez u=" ne demie livre de peix virginale & un demi quar- teron de cire blanche que vous fondrés enfemble dans un petit pot profond, fur unréchaut, & après être refroidi, en forte qu’il n’en exhale plus ni fu-"” mée ni vapeur , comme 1l paroît par la Planche XVIT, alors on y trempe tant foit peu k bout d’enhaur & celui d’en bas, & ce dernier un peu plus avant que lPautre: Enfuite on le laifle un peu égou- ter ,- & l’on met la racine dans de Peau froide! comme l’on peut voir par la figure. Lorfqu’on a! aflemblé une bonne quantité de racines acommo-? dées , on les plante, foit dans des caifles , cuves, pôts , ou même dans des couches. On les peut! mettre tout-à-fait de bout en terre ; de maniére’ qu’une extrémité de la racine forte un peu de ter! re. Enfuite on prefle fortement la terre tout au- tour de la racine , & l’on peut pour plus grande fureté y attacher de petits appuis , afin qu’ils de-! meurent d’autant plus fortement en terre. Si quel: qu’un trouve à propos de planter les racines en lon- gueur , cela fe peut faire aufli: Mais alors il ne pas” les faut mettre plus avant que de la largeur du doigt ;! autrement elles fuffoqueroient : On y doit mettre alors auprès un petit baton en terre pour fervir de marque. Cela étant fait, on doit les garantir pendant quélques jours de la chaïeur du Soleil, & les arro fer dans un lieu ombragé : Mais ce qui eft planté dans des couches , peut être couvert de planches! pour quelque temps. se J'ai éprouvé moi même cette maniere fur quan té d'arbres étrangers, comme Citronniers &t au tres, & je m’en fuis bien trouvé : J’en ai non feu" lement envoïé à des perfonnes de ee plus. eurs - - PART. II. SECT.I CHAP.L o fieursracinesquiavoient pouflé, mais je puisenfaire voirencore à quiconque voudra venir dans mon Jar- din. Outre cela quantité d’ Amateurs m’ontimité, & ils en ont éprouvé aufh Pheureux fuccès. Ce qu’il y avoit à obferver dans cette exécution eft, que je re- connus par lexpérience que les grofles racines for tirent les premiéres, les moïennes enfuite, & les petites l’année fuivante , mais toutes font demeu- rées fraiches & bonnes. Savoir fi cela eft arrivé parce que ces derniéres n’avoient pas encore aflés de fucs ni de force pour poufler, ou s’il y a quelque autre raifon qui nous eft cachée, c’eft ce que le temps manifeftera. Enfin l’on pourroit demander fi les ré- jetons qui proviennent de racines , deviennent des arbres fauvages ou des arbres fins? Je n’oferois ré- pondre à cela n1 oui ninon ; Je penfe que lorf- qu’on les cultive de Citronmiers entés, ils ne feront ni Pan ni Pautre , mais qu'ils prennent une nature moïenne, C’eft-a-dire, qu’ils produiront des fruits paflablement bons : Car une bonne Ente qui a été beaucoup d'années fur une tige fauvage , & seit unie intérieurement à elle, ne manque pas de com- muniquer auf {es bons fucs à la racine , en confé- quence de leur circulation: Et au contraire le fuc qui fe trouve dans la racine monte aufi vers le haut ; d’où l’on peut conclure que cette tempéra- ture & mixtion de fucs doit néceflairement produi- te quelque chofe de meilleur que çe qui eft fau- vage. | | 9: Je vais à prefent examiner en peu de mots l’uti- lité de cet Ouvrage lorfqu’on l’exécute fur de bons arbres Fruitiers. Nous avons déja dit combien de peine divers Propriétaires ont à fe réfoudre de dé- garnir leurs arbres , & leur ôter leurs grofles ra- cincs: Or fi Pon ne peut ôter quelques racines aux AF= ss L'AGRICULTURE PARFAITE arbres, cette maniére de multiplication tombe d’elle même, d’ailleurs on expérimente que la plûpart de nos arbres Fruitiers font entés. De là réfulte ce doute, fi lorfqu’on ôte une’ grofle racine à un poi- rier de livre, qui eft enté fur unetige fauvage, on peur être afluré que de ces racmes au lieu debon> « pes poires , il n’en proviendra que de fruits fauvas ges. - Je ne puis encore prononcer là-defius , :&ul faut que j’attende patiemment ce que je pourrarexe périmenter fur mes propres ‘arbres. Car qjufqu’à certe heure perfonne n’a rien mis aujour furcette matiére. Il éft néanmoins certain qu’en travaillant ainft, on peut jouirencore de cet avantage : Eorf- que par exemple un arbre meurt par le:haut ; que Ja gelée le fait mourir, ou qu’il devient fi-vieux qu’on ne le veut plus foufirir dans fon Jardin com- me il arrive fouvént, & qu’on Pabbat, on peuten faire tirer de terre la racine, & l’acommoder ivec de la Momie, ce qui rend tout à couprunefi gran- de quantité de racines, qu’on en a fufifamment . pour plufeurs années : Si elles ne portent :pas d’a- greables fruits ; on les peut néanmoins améliorer les greffant en écuflon , ou d’une autre mamiéres: $. 10. 1e Cette méthode nous fournit la même dificulté pour la muläplication des vignes. Car perfonne n'aime à dégarnir fes ceps de Icurs racines : Ce- pendant il y a du profit à le fure.: Lorfqu’on les met en piéces & qu’on Îles acommode avec dela Momie de forêt, c’eit-a-dire, avec de la poix com- mune, & qu’on les plante en terre, elles repoufle- ront fortement. Outre cela cette mamiére peut vé- mir à point lorfque quantité de vignes ont été ge- es par un rude froid. Car alors on peut dérerrer les raçinés commeon le fait, les partager , lesacom- moder avec de la Afomie | & les planter, & parc moicn … PARTIE II. SECT. I CHAP-T x moïen l’on aura des vignobles à bon marche, fans être obligé à perfonne, | Gs 2 tire 127 Cette maniére de couper Ja racine pourroît en core être mife le mieux en pratique dans les bois, car-on pouroit les replanter de cette maniére dans les grahds efpaces où les bois ont.été abattus, aprèsen avoir fait extirper lesronces & les bouts de racine, qui aufh bien doivent pourrir, naïant pas été 2- commodés :' Car lexpérience 4 fait voir que les . pluies ; la neige, le vent, &c. peuvent facilement pénétrer par la moëlle d’un arbre abattu, par où la racine qui eft fous terre ; eft pareillement attaquée & enflamée ; ce qui l’empêche de continuer à poufler. 6. 12. we - Je crois que fi auf - tôt que les tiges font a- battues, on rendoit le tronc de l’arbre uni par le haut avec un couteau, .qu’on lacommodat avec de la poix préparée, afin qu'aucune humidité ne püût pénétrer dans la moëlle & gâter le bois, ces troncs repoufleroiént. en quantité par le bas , principale- ment les Chênes, le Bouleau, le Frefne,, les Hé- tres, les: Pommiers & les Poiriers fauvages , & qu’en peu de temps ils fourniroient de nouveau une jeune forêt. J’aurois un très-grand defir qu’il fe prefentàt un foreftier qui en fit Pépreuve pourvoir fi cette opinion n’eft qu’une pure fpecu: lation, ou fi-elle cft fondée fur la nature même. 6. 13. | Mais pour revenir à l'ouvrage de nos racines, beaucoup de perfonnes font acoutumées , fur tout lorfqu’elles ne font pourvues que de peu de bois, d’épargner leurs gros arbres en faveur de leurs def- cendans ,: parce qu'ils font periuadés que lorfque Les arbres font dégarmis de quantité de racines , ils | | Cou 12 JT’AGRICULTURE PARFAITE courent rifque de mourir , ce qui leur feroit perdre le profit qu'ils en retirent, & c’eft en quoi ils n’ont pas fi mauvaife raifon: Car on fait affés que beau- coup de païfans grofliers acoutumés à travailler dans les Bois , & qui n’ontaucune connoïfiance pour bien extirper les racines, fur tout lorfqu’ils n”’acom- modent pas avec de la Momie celles qu’ils ont abat- tues, leur peuvent par là faire beaucoup de mal, & qu’on n’eft pas long-temps fans s’en repentir. À Pégard de ceux là , on leur confeille de s’abfte- nir de telles recherches , ou de ne s’y attacher que lorfqu’ils ont quelquefois dans leurs Bois , des ar- bres qui font pourris par le haut, defléchés, ou ge- és, & qu’ils font obligés d’extirper pour d’autres raifons , que la brieveté ne permet pas d’inférer ici: Car alors ils peuvent laïfler retirer leurs raci- nes de terre, les traiter de la maniére propofée ci- deflus, & les planter de nouveau. 6. 14. Enfin pour m’expliquer où cette coupe de raci- ne fe peut le mieux exécuter , je dirai qu’il me pa- roît que ceux qui font abattre @e grandes étendues de bois , retireront le meilleur avantage , puifque fans balancer un moment ils peuvent faire fouir & retirer leurs racines. Les fraix & le travail qu’on fe donne pour cet ouvrage ne font pas aufli fi grands qu’on fe l’imagine. On le conclut de là, parce qu’il n’eft pas néceflaire de creufer fort avant, les arbres ne jetant pas des racines trop profondes dans les Bois, & d’ordinaire ils s’étendent le plus en largeur, ce qui eft caufe que des tourbillons de vent les arrachent quelquefois & les renverfent touts entiers avec la racine. Mais pofé qu'il fallût faire quelques fraix & prendre un peu de peine pour .»cela, le profit qui enrefultera, dédommageràa lar- gemenr, Ceux qui auront envie de mettre cette in- ‘. 4h03 vention PARTIE. SECT.NI. CHAP.IV. 3 vention en pratique , peuvent à mon avis s’y pren- dre de la maniére fuivante. 1. On creufc une foffe profonde ou lieu de dé- pôt dans le Bois, qu’on peut couvrir de planches & acommoder en fon temps. 2. On peut y porter les racines abattues, même celles qui font déja acommodées avec de la Momie, & les garder jufqu’à ce qu’on ait Pocafion de les planter en terre quand il en fera temps. 3. L’Automne & le Printemps, comme auf vers la St. Jean , font les faifons les plus propres pour cela. Hors de là, en les peut toutes tenir en- fermées dans cette fofe. 4. Il faut être bien informé de la maniére de traiter dont il a été parlé fufnfamment dans la Pre- muére Partie, Se. III. Comme auffi de la manié- re dont on fe fert du banc à racine nouvellement inventé, dont l’ufage eft reprefenté dans la P/ax- che XV. ci-jointe. $. On a décrit aufli amplement la maniére d'a- commoder avec de la Momie. Chacun peur fare cela fuivant fon bon plaifir , mais fi j’avois à l’en- creprendre, j'emploierois pour cet effet un chaude- ron de cuivreen long, avec une anfe : Ïl faut le mettre fur un trepié, & l’aiantrempli d’un tiers de poix noire commune , l’y laifler fondre fur un feu de charbon ou de bois : Enfuite on ôte le chaude- ron , & on le laifle un peu refroidir. Alors on y peut tremper les morceaux de racine, qui doivent après cela être mis dans de l’eau froide lorfqu’il fait chaud, mais s’il fait un tems moderé, :l n°’eft pas néceflaire de les mettre dans Peau , & on peut les pofer fur deux bâtons, afin qu’ils refroidiflent un eu- 6. Il refte encore à dire comment l’on plantera les racines en terre. Cela fe peut exécuter de deux ma- 14 L'AGRICULTURE PARFAITE maniéres diférentes. Premiérement on peut met: tre la racine toute droite enterre, pour cet efféton doit creufer les fofles aflés profondément à propor- tion des racines. On doit faire en forte aufñi que la partie fupérieure qui eft acommodéeavec de la Momie forte un peu de terre, & il faut bien la comprimer & fouler tout autour avec un fouloir. [autre ma- niére eft qu’on met les racines en terre en travers ou en longueur. Ceux qui choififient le dermier parti n’ont qu’à creufer des foflesen ovale, &met- tre les racines dedans , mais pas trop profondé- ment, & il faut les couvrir enfuite avec un peu de terre. | À l'égard de ce qu’il faut faire pour que les raci- ! nes lorfqu’elles pouflent, ne foient pas d’abord fou- lées par les bêtes fauvages & autre bétail, on laif- fe ce foin là à chaque propriétaire. Nous finirons ici la premiére maniére de multiplication. EE Je pañie à la feconde Propoftion dont il traité dans la Z. Partie : Planche XI. La Coupe des branches € comment il les faut mettre en ferre. ; En la pratiquant cela il fe prefente une deman- de à faire, favoir fi cette maniére cit pareïllement univerfelle. Je répondrois bien, qu’oui, fi je ny avois trouvé de grandes difhicultés: Car 1. Tous les arbres & arbuftes ont leurs branches grandes & petites , poufles & jets. Or aucune poufle ne peut fubfifter fi elle ne repofe fur un jet; nul jet s’il ne repofe fur une petite branche, point de petite branche qu’elle ne tienne à une plus gran- de, & point de grande branche qui ne foit attachée à la tige. Cela eft général. | | 2.On PARTIEIT SECTE CHAP. TL #$ 2. On peut tailler de maniére les branches & poufles, que l’une refte toûjours attachée à l’autre: Lorfque par exemple Pon a unelonguebranche, & qu’on la veut multiplier,on commence par une petite branche, & onla détache par le travers avec un cou teau , de maniére qu’elle repofe fur ce morceau d’une grofle branche , comme on le verra mieux par la Troifiéme Section, Planche XT. ‘Fig. ZI. c:d. qu’on ne peut l’exprimer ici par quantité de paroles. Et Jorfqu’on à une poufie ,on la coupe de mamiére ,qu’il y refte par en bas un peu d’une grofle branche{uivant a: b. dans ladite figure, & lorfqu’on veut retrancher une poufle, elle doic tenir à une branche , comme cela eft reprefenté dans la même Planche Fe. ZIT. e: f. 2. On a décrit au long dans La Premiére Partie cette manmiére de traiter, favoir comment il les faut acommoder avec de la Momie & des appuis, & les mettre en terre, afin qu’elles prennent racine par le bas, & puifient bourgeonner. $ r6. La raifon pourquoi l’on ne peut prendre cette dé- couverte pour une multiplication univerfelle, ©eft parce que jai reconnu après des recherches & des expériences reitérées, que le pctit morceau par lcbas eft un jour porté à fe muliplier, & à avoir plus de foin de foi même que de la branche qui eft pla- cée deffus. Car il poufle bien en dehors quelque matiére Calleufe d’où proviennent les racines , & lorfqu’il à reçu aflés de fuc nourricier, les petits pores s’ouvrent d’où proviennent les rejetons, pen- dant que la branche qui eft deflus , n’en tire point d’aliment ,; & par confequent meurt peu-à-peu, Jai rémédié à ce mal en quelque facon en fefant une incifion tant à la branche qu’au petit morceau qui eft au bas, en y mettant quelque chofe au def: fus, &en Pacommodant enfuire avec de la Momie, par 16 L'AGRICULTURE PARFAITE par où le bas auffi bien que le haut a pris racine en même temps. Enfuite j’ai coupé les rejetons du pe- tit morceau d’enbas, ce qui a fait que la branche qui étoit la premiére deflus, a commencé de poufler. 6. 17. dr Quant à ce qui regarde Putilité de cette propo- firion, on la peut pratiquer tant aux arbres étran- ers qu'aux fertiles & aux fauvages, &c aux vignes. Éc qu’il y a feulement de plus ennuieux, c’eft que ouvrage eft un peu pénible, & que quand Pon ne prend pas bien garde à toutes chofes, beaucoup de tiges meurent. Pour cette raïfon je n’ai peu apli- quer cette Propoftion à une opération univer- felle. 6. 18. | On a fait auffi quelque mention dans la mêm planche de la mamére de mettre en terre. Île certain qu’elleeft extrêment avantageufe, & fi l’on pouvoit plierauff facilementles vieilles & les groffes tiges que les branches menues, Je ne demanderois pas de meilleure mamére que celle-ci. Car alors je la pourrois rendre bien-tôt univerfelle. Mais com- me cela viendra plus à propos dans la derniére & meilleure Propoñtion , je n’en dirai rien jufqu’à ce temps-là. Enfin, comme il y a eu beaucoup de perfonnes qui fe font moquées de la recherche des feuilles que jai coupées près des petits boutons com- me on le peut voir à la Planche XI. Fig. I. & qu'ils ont rejeté cela comme une chofe vaine , fur tout fi après beaucoup de travail on en vouloit remplir un grand efpace , je confefle très- volontiers que comme l’on fait à prefent quelque chofe de meil- leur, on peut fe pafler commodément de pareilles découvertes : Cependant il y a encore bien des cu- reux qui voient avec plaifir qu’un arbre eft pro- venu dune feuille: Car en fait de Jardinage com- me PARTIE TITI. SECT. I. CHAP.L 17 me en toute autre chofe il eft vrai ce que dit le Proverbe Farietas deleëtat, la Varieté rejouit. Et je fais afluré que beaucoup de Curieux prennent fouvent plus de plaifir à voir un petit arbre qu’ils ont planté, & qu’ils y font plus d’attention, qu’à leurs plus gros arbres. Je finis par la cette Propor. tion qui n’eft pas non plus univerfelle , & je pañle à celle qui fuit. + 19. De la troifième Propofñtion qu’on apelle, Greffer la racine. Ce fut cette maniére qui me donna la premiére penfée de la multiplication univerfelle, m’engagea dans de grandes fpéculations, & m’aflujettit à des millions de jugemens diférens. Lorfque je rendis publique ma lettre invitatoire pour la premiére fois, qui fut le 15. envier 1715. je n’avois d’au- tre but que d’aprendre uniquement ce que des cu- rieux habiles en jugeroient, & comme cette lettre eft devenue rare & ne fe trouve plus que difiicile- ment , je l’ai inferée ici: En voici la teneur. On donne avis à tous ceux qui ont des maifons de cam pagne ou des ‘Fardins, ou qui aiment les arbres . Fruitiers, les Arbulfles fertiles Ê9 les plantes : x Qu’on 2 découvert par la verité de la nature » ui ne peut tromper, un chemin merveilleux & » univerfel pour multiplier plus de cent mille fois, » non feulementtous les arbres étrangers ,mais auf » Ceux du pais & les fauvages, par laquelle metho- » de on peut en tous lieux & climats de tout l’U- » Nivers , faire avec peu de fraix & de peine, de » tous les boutons, jêts, pouffes & branches, dont Seconde Partie. B SU 18 L'AGRICULTURE PARFAITE » il fe trouve quantité de centaines de mille à tous » arbres & arbuftes, dans deuxou trois mois ,-.ow » quelques unsau plus tard dans quatre mois, autant, , de miliers d'arbres & d’arbuftes, en tout temps » jufques bien avant dans PAutomne; en forté que » de chaque bourgeon, & branche, les racinés pens … dént d’elles mêmes de l’arbre vers en bas, , fans » qu’il foit befoin de fe fervir pour cela de petits ,, pots de culture ; ou de quelque autre chofe de » pareille nature. » L'utilité d’une telle multiplication univerfel: le confifte en ceci: Premiérement dans les Jardins de plaifir. » Quiconque a feulement quelques arbres où » Arbrifleaux étrangers ,. comme Orangers ;, Ci= » tronniers, Limoniers, Grenadiers, &c. Com: , meaufli, Cedres, Cyprès, Lauriers, Myrrhes >, Ohviers, Tamariic, T'ercbinthes, Palmiers, &ca » de la pervenche, &c. en peut couper quantité » de milliers de bourgeons, de branches & de ras , meaux fuivant le même Art, en forte que la mê= » me annéeils pouficront bien , & la feconde oula », troifiéme, fuivant le climat où l’on fait cette opé- » ration, ils fleuriront & raporteront des fruits: Secondement dans les maifons de campagne. … Que fi quelqu'un à feulement dix ou vingt at ,-bres Fruitiers ; & outre cela une bonne éten= » due de terres, 1l peut en moins d’un an couvrit par ce moïen des champs & des près entiers, des, \ montagnes & des valées, de Vergers pleins d’ar- , bres Fruitiers, & trois ans après en retirer une » très-grande quantité de Fruits, n., Troie PARTIE IL SECT.L CHAP.L 9 ‘j Troifiémement dans ls Bois. . 1, Par cer Art on pourroit fupléer en tous , lieux au défaut de bois, & où il n’y a qu’un pe- » tit Bofquet, en faire dans un an ou deux au plus » tard, deux ou trois Bois, qui dans le terme de » Quatre ou cinq ans furpañleront le meilleur Bois. * ,, Tousceux qui auront envie d’aprendre cette #n Science fi utile & fi avantageufe | peuvent aller » trouver celui qui a confirmé cette prefente par » fa propre fignature & fon cachet, & l’on trouve- »3 ra Chés lui toutes les inftruétions néceflairés ain- À fi qu’on le defire. + Chacun verra par là que je mai eu nullement in- tention de communiquer à quelqu'un mes penfées pour de argent, car je n’en ai rien demandé, & Jétois feulement curieux d’aprendre quel jugement “on porteroit de cette découverte. Il ne fe paña pas auf beaucoup de temps , fans qu’on en raifonnât dune étrange maniére. La plüpart des gens ne re- gardoient cela que-comme des chiméres & des badi- neries, car ils difoient: Que] bien fe pourrofi on pro- mettre d'une chofe où il ne paroft aucune atilité? Er que feront ces branches avec les racines en Pair ? Certai- nement elles y trouveront peu d’aliiment ,€9 elles [e diffe- cheront , fe gâteront € imourront bien plitôt par la cha- leur, le froid, Phumidité, €3c. Mais lorfque cette Lettre tomba par hazard entre les mains d’une des plus puiffantes Princefles du monde , Elle fongea en Elle même, que cela ne devoit pas être pris anf à la lettre : Pour cereffet Elle eut la bonté d'ordonner qu’on m’entendit là deflus | & de de- mander mon explication dont-1l a été parlé ample- ment tant dans mon Avis fuccinét qu'ailleurs. Cette petite éuncelle alluma d’abord un fi grand feu, 5 B 2 qu'on 20 L'AGRICULTURE PARFAITE qu'on ne pût prefque plus Péteindre. La-deflus je m’expliquar, & fis comprendre que cette culture de racines devoit feulement être obfervée & contem- plée fur les bois , matériellement &c virtuellement, mais non formellement & actuellement : C'et-à dire, que par Pexécution qu’on a faite , les racines paroifient parfaitement delles mêmes aux arbres, de maniére qu’on peut découvrir tous leurs pre- miers commencemens de racine fur le calus, & les compter ;. mais alors il faut couper les branches ; &. les planter en terre avec les racines. La Planche, XII. demontre clairement & au long de quelle ma-7 iére fe doit faire cette opération, comment on doit. pofer le Cifeau à enter ,; & de quelle maniere on doit va sie les branches avec de la Momie, Les couper &c les replanter. $. 20. | A l'égard de cette maniére de greffer la ra* cine, la queftion eft de favoir , puifque cela fe pratique en tous lieux, fi Pon ne peut pas la regar= der comme la maniére univerfelle. Dans le fonds. on pourroit la réputer pour telle, fi elle nétuit ac= compagnée dune circonitance, qui eft qu'on: sennuie de trop attendre : Car quelques arbres: étrangers & plufeurs communs, comme les Sapins, & les Pins, ne produifent fouvent pas leur matié- _re de calus en neuf mois , & quelquefois pas en: uneannée , de forte qu’ils fe pañle fouvent deux ans avant qu’ils viennent à leur perfection. C?eft: pourquoi je ne confidére par non plus ceci pour une Propofition univerfelle , mais bien pour une particuliére & fort utile dont les curieux fe peuvent: fervir avec avantage. Quoique Pouvrage aille lente- ment, on y trouve néanmoins cet avantage ; Premié-=! rement, que la taille, lorfqu’elle eft couverte de: Momie ne demande pas beaucoup defoin: De plus, que PARTIEN SECT.I CHAP.L 2r que la Tige ou branche avant qu’elle vienne 2 jeter pleinement racine, fleurit & raporte des fruits dans ces entrefaites , ceci cit fur tout fort uti- le pour la derniére épreuve, & peut être mis en pratique fur des grofles branches & tiges , aux quelles on ne peut plus découvrir de nœuds , ainfi qu’on en parlera en fon lieu. Et afin que les cu- rieux puiflent encore mieux comprendre toute cho- fe, j’ai expofé de nouveau dans la X#77. Planche pour leur faire plaifir, PE maniérc d’opérer. REX 2 Lorfqu’on veut faire cette opération à une grof- {e branche, on fai faire de larges & de gros cifeaux * ou Burins a racines fuivant la Planche XIW. 4: a: à, Apliqués-en un fur un endroit convenable, & frapés deflus avec le marteau , de maniére qu’il pé- nétre dans l'écorce jufques fur le bois, dont vous enleverés aufli quelque chofe, mais pas trop. On mêt enfuite deflous un peu d’étoupe ou de fila- ce, un petit bâton ou quelque chofc de pareil. A- près cela on enkéve avec un couteau le bout ai- gu de ce quia été levé, & on l’acommode avec de la Momie, comme cela eft expliqué clairement dans la Presmiére Partie, Seët. IT. Planche XII. Quand la matiére ca/leufe ou les nœuds de racine fe produifent, on trouve les pointes de racines au def. fus, comme 4, 4. le démontre dans la Figure ci- jointe. Alors on coupe la tige fous les nœuds, & enfuite on l’acommode avec de la Momie, comme b: b: b. le démontrent. Ceux qui n'épargnent pas leurs peines & les menus fraix, peuvent faire faire des piquêts ou foutiens pour cet effet, detoute for- te de maniéres, fuivant c:c:c. La matiére callenfe pouffera alors plus abondamment par le bas, écar- tera de tous câtés la Momie, & produira les raci- pes de routes parts, ce qui fera un vrai plaifr, fuis ® Voiez les Remarques. B 3 var 2 E’AGRICULTURE PARFAITE vant d: d: d: Je puis aflurer aufi que tous ceux” qui en feront l’expérience , reconnoîtront Putilité qu’on peut tirer de cette nouvelle méthode : Car on peut-par là préparer inceflament toutes les feuil- les, les poules &les jets, de maniére qu’eiles n’ont qu’à entrer en terre pour prendre racine : Sioutre cela on les coupe encore dans leurs jointures , & qu’on les acommode avec de la Momie , il nyau point lieu de douter que chofe ne réuffifie à fou: hait. $..22. Enfin je ne faurois me difpenfer de remarquer | qu'il y en a eu quelques uns qu ont raillé de cé qu’au bas des arbres pleins de calus & de nœuds dé racine, jai enté encore d’autres racines, mêrné d’unsautre forte d'arbres; mais la-néceffité my a obligé: Car je m’aperçus qu’il furvenoit quélqué pourriture à la plüpart: Et Ceft pour yobvier qüé jen vins là :. Mais à prefent que je fuis afluré qué ce que j’accommode avec de la Momie cit pré= fervé de pouriture , & que les nœuds de la raciné demeurent frais & fains fous la Afomie, qu’ils pouf fent à la fin , & que la racine s’étend enfuite ef terre lorfqu’elle a écarté la Momie , on n’a plus be: foin de ce grand détour. On ne laifie pas de voir par là combien de fpéculations caufe une nouvelle découverte, & je puis aflurer que cette mañiéré eit pas tout-a-fait à rejeter, & j'ai fouvent vü qué ces deux parties fe font unies intimement l’une avec Pautre ; mais je ne fais pas encore fi Parbre tiré pa Jà plus de nouriture. C’eft ce que la diligence dé l'entrepreneur lui decouvrira bien-tot. 6.23: . Quätriéme Propoftion qu’on nomme, . Entèr PARTIE II. SECT.I. CHAP. I. 23 À Enter la racine. . La queftion capitale fe prefente de nouveau, fa- voir fi l’on doit prendre ceci pour une methode uni- verfelle ou non. Je réponds fans héfiter que non. Quelqu'un pourroit demander encore, pourquoi je Pai tant exalté & afluré tout le monde que c’étoit là la meilleure maniére pour produire la cent milliéme multiplication : Et que ficelle venoit à manquer, on n’en pourroit pas trouver d'autre, au lieu qu’à refent je {uis contraint d’avancer publiquement, qu’elle n’eft nullement propre pour la multiplica- tion univerfelle, par où je fefois voir mon peu d’ex- périence, & m’atirois la rifée de la Pofterité & de tous les Amateurs du Jardinage, dont j’aurois peine à merelever. . Mais qui ne fait dans quel entoufiafme eft l’ef- prit de celui qui a fait quelque nouvelle découverte Là laquelle nos prédécefleurs n’ont jamais penfé. Il eft certain que la joie fait qu’il a peine à fe conte- nir: Je lai éprouvé moi même en fcfant cette Pro- potion: Car lorfqw’elle me fut entrée par hazard dans Pefprit, comme je lai dit dans mon Ævis fur- ciné, jen reflentis en moi une fatisfaction 1inex- pu Peus même une Joie indicible,de ce que jeu me fefoittant de graces,que de pouvoir commu- niquer quelque chofe decurieux au Public en géneral & à tant d’Amateurs du Jardinageen particuher.Dans cette confufion de penfées , & aïant Pimagination échauffée |, mon entendement céda à la raïfon, quoique ce nait jamais été mon deflein de rien mettre au jour de tout ceci, avant que jufle tout expérimenté par moi même. Mais comme je Pat déja dit plufeurs fois, un feul quart d'heure que je paflai à un certain difcours , dans léquel je ne | | B 4 j pus : | 24 I’AGRICULTURE PARFATITE pus me contenir plus long-temps de joie ,& me fentis agité par un defir intérieur, tout cela me rendit mal- heureux : Car je dis fans biaifer,que j’avois lacervelle & l’imagination remplies de l’envie de commencer une multiplication detous les arbres ,allant au centu- ple de mille, lefquels par la nouvelle vie qu’on leur donne par le moïen du feu & de la Momie, de- viendroient des arbres parfaits, qui enfuitefleu- riroient & raporteroient des fruits. Ce raifon- nement étant parvenu à la connoiflance d’un Sei- gneur de diftinétion , 1l me fit tant d’inftances, qu’à la fin je lui découvris tout le fecret , & il fut convaincu de la verité du fait. Cela ne fut pas ca- ché long-temps : Dans peu, des Cours d’impor- tance & des curieux habiles en eurent connoïflance , & ils ne mépriférent pas mon Ouvrage comme on le peut voir dans ce que jen a1 dit. Mais comme quelques Connoifleurs croioient que j’appellois la Chimie à mon fecours dans cet Ouvrage , au lieu que fuivant mon opinion il eft uniquement fondé fur le fimple & folide fondement du Jardinage : L’on prouva le contraire à ces Connoifleurs. Du nombre de ceux qui en témoignérent une fatis- faétion extraordinaire , fe trouva Son Excellence feu Monfr.le Comte Maximilien Breuner, qui étoit alors Confeailler du Confeil Privé de Sa Majefté . Impériale, & il fut des premiers & des plus em- preffés à me mettre en train de faire de nouvelles découvertes d’incifions & autres chofes pareilles, & c'eft de la que l’incifion du Comte a pris fon nom. Voici ce qu’il m’écrivit entre autres fur ce fujet dans une de fes lettres. » J'ai reçu votre fecrer, à ma trés-granide fatis- # faétion: Ec1l eft prefque incompréhenfible que » durant tant de milliers d’années , il ne fe foit » (TOUVÉ perfonne parmi tant de mullions d’ames, PARTIE IT. SECT.I. CHAP.ÏI. 25 » qui ait fongé à cette culture , quoi qu’elle foit » tellement naturelle , qu’elle auroit dû venir » dans l’idée de tout homme d’efprit, &c. Quantité d’ Amateurs du Jardinage m’envoïérent de temps à autre de pareils jugemens, de forte que moi qui d’ailleurs étois afluré de mon affaire, je fus tellement confirmé dans mon opinion, que je crus très-certainement que lPEnte fur la racine eft la meilleure maniére de la multiplication univerfelle. Mais reconnoiffant que je netrouverois pastoüjours aflés de racines, & que des gens peu habiles en les Ôtant à d’autres arbres, les endommageoient extré- mement, je pris la liberté de prier les Amateurs, de garder cela comme un fecret pour eux & de s’abftenir fur tout de le faireimprimer, les affurant dailleurs , que fi la Nature ne s’acommodoit pas en tous lieux de cette maniére, je trouverois cer- tainement une autre voie plus feure, fuivant le fondement de la ZX. Planche, & que je la leur com- muniquerois d’abord. Mais mes priéres ne furent pas écoutées en tous lieux. Ce fecret fut bien-tôrt imprimé &, publié à Francfort & à Leipfic. Mais comme lexemplaire n’étoit pas complet, certain Jardinier fort éclairé & bien expérimenté, com- me 11 fe lPimagine fit réimprimer vers la Sr, Mi- chel dernier comme uneCopie, ce que j’avois com- muniqué: [l y ajoûta une Préface dans laquelle cet homme fi éclairé aflure un chacun qu’il avoit non feulerent reçu de moi ces préceptes, mais auf qu'il avoit lui même mis la main à l’œuvre, & avoit trouvé bonne Pépreuvede tout : Il ajoûta encore pius d’une fois qu’il étoit bien éloigné du vouloir en im- pofer au public par quelque impofture;' d'autant qu’il fe croïoitobligé d’aimer fon prochain comme foi mé- me : Et quipluseft, qu'ilcherchoit en cela l’interée de fon prochain, qu’il est en ce cas plus que le $ fien 26 L'AGRICULTURE PARFAITE fien propre : Enfin 1l recommande cette invention au Lecteur difant : Z/és eulement ces lignes avec attention , fervés vous des inffruëtions qu’elles renfer- ment, 3 vous me aurés bon gré de le part queje vous en fais. 6. 24. Comme cet habile Jardinier avoué publiquement dans fon Imprimé qu’il a éprouvé tant de fois avec fuccès , l’art d’enter les racines ; que d'ailleurs on peut croire fur fa bonne foi que cette mamiére de muluplication univerfelle à bien réuff en toutes fes parties, je ne m’étendrai pas à prefent en confidé- rations {ur ce fujet, mais je ferai moi même impri- mer ce fecret fur l’éloge qu’il en fair. Outre cela je remercie cet habile & diligent Jardinier d’avoir amené à ce degré de perfection avec tant de peine & de circonfpection, cet Art que jai prefcrit , de maniére que chacun peut s’y fer , ce que moi même, à direia verité, je n’aurois oféafhrmer. De forte qu’en ce cas le difciple a la gloire de furpañer fon maître. æ” $. 25. Voici de mot-à-mot ce que j’aicommuniqué , aine fi que je l’a envoié aux Amateurs fuivant leur de- mande. Le titre étoit en ces termes. Découverte inoute concernant la multiplication uni- verfelle , de tous Arbres € Arbultes nouvellement in- ventée, (5 découverte par George André Agricola Doëteur en Philo{ophie &5 en Médecine, € Méde- cin orcinaire à Ratisbonne. Lez. Avril 1716. ’ AVeT + PARTIE II. SECT.I. CHAP.I. 27 Avertifflement. MESSIEURS, » On a déja fuffifamment fat voir, aux Cours tant Impériale , qu'Electorales &t autres, que cette Science de la multiplication univerfelle dé tous Arbres & Arbuftes tire fa fource non de la Chimie ou Alchimie, mais de PArt du Jardina- geengénéral. Quoique les principes & les fonde: mens de cette Science du Jardinage paroiflent fim- ples, étant prisen gros, ils ne laïflent pas d’avoir un butcertain, vrai permanent, Qu’on confi- dére feulement quelles penfées a pû avoir celui qui le premier a fendu une branche fauvage, y a inferé enfuire une branche fertile, l’a entée deffus, & a fait une ligature pour être convaincu que par cette fimple union de ces deux tiges, il en provicndroit dans peu de temps un gros arbre qui auroit {a pleine croiflance : Quelle admira- tion finguliére n’aura pas caufé aux yeux d’un chacun le plaifir de reconnoître que d’un fim- ple petit bouton qu’on inferoit feulement dans une petite fente de écorce, il en provenoit en deux ans un gros arbre de parfaite croiflan- ce, qui fleurifoit & portoit des fruits ? Quelle fPéculation extraordinaire ne doit on pas caufer aux curieux , lorfquw’on les aflure que par une fente ou incifion dans une branche entre laquel- e on mec quelque chofe, par le moïen d’un pot plein de terre qu’on y acroche ; après lavoir été coupée & mife en terre, ilen doit croître un gros arbre? Enfin pour couper court, qu’on examine feulement toutes les opérations qu’on in« vente tant pour. Paméliorarion que pour la mul. tiplication , on avoüra que routés n’ont qu’un foible fondement , pendant qu’elles font feures » & 28 L'AGRICULTURE PARFAITE 5) » CE » LL 52 2? FU 22 Je & véritables dans la pratique , comme cela eft fufffamment connu de tout le monde. Or com- me ma Methode de ia multiplication univerfelle de tous Arbres, Arbuftes, &plantes, nouvelle- ment découverte, tire fon origine de ces vrais principes de l'Art du Jardinage , il s'enfuit né- ceflairement ,que cet Art n’eft pas trompeur com- me lexpérience le démontrera fufffamment. » Cependant il eft étonnant qu’on ait entrepris & éprouvé tant de chofes dans le Jardinage, fans que néanmoins perfonne ait rien écrit de ceci, du moins que je fache. Il faut donc que ce foit quelque chofe de nouveau, & une découverte inouie. La plus forte preuve qu’on en puifle donner eft que j'ai ouï raifonner plufieurs perfon- nes là-deflus, dont aucune n’a eu la moindre de ces penfées : Au contraire, tous en étoient auf éloignés que Rarisbonne l'cft de Rome. » Pour conclufon, je vous prie très-humble- ment, de relire fouvent ce feuillet avec beau- coup d’attention , afin de bien comprendre ma penfée. Mais en-cas qu’il s’y trouvait quelque chofe qui paroiffe obfcur, je vous prie de m’en donner librement avis, & jen donnerai aufi-10t Péclaircifiement. | » Qu'il plaife au Tout-Puiflant Auteur de cette noble fcience, de benir par cet Ouvrage quantité d'expériences, afin qu’elle puific être portée à fa perfection, & produire de dignes fruits! Ce. pendant je me recommande à vous & fuis; MESSIEURS À Katisbonne ‘9. Mars Votre très-humble, &c. 1716. GEORG.ANDRE'AGRICOLA. Ses. PARTIE II. SECT.I. CHAP.I. 29 | Secret manifefié, concernant la multiplication uni- verfelle de tous Arbres ÉS Arbuftes. 5 pyAun que lintention de lInventeur eft + d’expofer fuccinétement cette découverte >, dont PUnivers n’a jamais rien oui ni veu ,on pro- » pofe ici ce fecret en un très petit nombre de pa. » roles *; favoir. | Entés des racines coupées frachement [ur des tiges, ÆAccommodés les avec de la Momie, Îlen croîtra des Arbres parfaits. » Et c’eft-là la voie naturelle, véritable & in- » telligible, pour la multiplication univerfelle dans » tout Univers , partout où l’on peut trouver » quelque efpèce d’Arbres & d’Arbuftes: Eten cas » que la Nature, contre toute attente, ne favorife » Pascette nouvelle Invention , on n’en pourra ja- » Mais trouver aucune autre pour cette multiplica- , tion univerfelle. Raifons Phifiques, Par lefquelles on démontre que cette Science de le multiplication de tous les Arbres, eft certaine, vraie 3 permanente ÊS peut être pratiquée par tout Pais. w EN premier lieu tous les Philofophes éclairés & sn tous les Naturaliftes conviendront que la ra- , Cine confifte en une tout autre fubftance que le 3 tige #* Voïez les Remarques, : 37 3? 37 39 FL) 39 3, 39 29 23 7 L'AG RICULTURE PARFAITE tige qui eft au deflus de la racine , d’autant que “ la tige n’eft pas une continuation dé la raci- ne, comme le croient la plüpart , mais elle eft dans la nature ( fur tout dans fon petit bou- ton, ou réjeton , comme cela fera démontré en fon temps par quantité de recherches) un E- tre différent, lequel néanmoins par une liaifon étroit de la nature s’unit tellement, qu’il nepa- roît pas autrement finon que la racine & la tige ne font qu’une piece. . , 2. Ileft vrai aufi que les racines, grandes ou petites attirent à clles de la terre le fuc nourri- cier, & lorfqu’elles Pont fufifamment digéré, alors elles communiquent ce fuc à ce quieftau : deflus de la racine. ; 3. C’eft une verité inconteftable que les peti- tes racines font compofées des mêmes parties que les grandes , & font la mêmefonétion & ofñce, raportant le même avantage , qui eft d'attirer à. foi les fucs, à proportion dé leur grandeur. , 4. On fait que la tige qui eft fur la racine, confifte en petites fibres, glandes ; vafcs Iym- . phatiques & conduits d’eau , par où elle recoit le fuc des racines, & l’envoie enfuite aux autres parties. . 5. L'expérience fait voir pareïilement que la racine produit un calus, & lorfqu’elle eft blef- fée, elle fe guérit & répare auffi bien qu’une au- tre partie de Parbre. , 6. On convient volontiers que depuis PAu- tomne jufqu’au mois de Mars, la piüpart du fuc {e trouve dans la racine, & qu’il y en a fufñfam- ment dans les branches. Aufh-tôt que Parbre commence à poufler , la force n’eft plus fi gran- de dans la racine & la tige ; mais elle eft alors plus forte dans les feuilles , les fleurs & ‘les | y) Fruits , s» 29 2 3 PARTIE IT SECT.I. CHAP.TI. 35 fruits: Er autres parcilles raifons qu’on pourroît encore alléguer. , De ces Propofitions il s’enfuir cette véritable conclufon : Quiconque felon l’art ente des ra- cines fraiches & pleines de fuc fous les tiges, bran< ches, foit grofles {oit petites, boutons , poufles & feuilles ; & qui de plus acommode bien cette union avec de la Momie , en forte que les tiges foient préfcrvées de pourriture fous terre, gué- rit promptement la bleflure, & fait que la ma uiére du calus fe produit bien-tôt. Il ne peut s’en fuivre autre chofe de ceci, finon que le fuc nourriCier , lequel eft attiré de terre par la ra- cinc, doit d’abord remettre fa fuperflu:té à la «i- ge, comime étant en même temps dedans & de fus la racine, & celle-ci le communique aux au- tres parties de larbre ; d’où il senfuit encore néceflairement, que la tige doit bourgeonner fur la racine , fleurir & porter des fruits : C’eft ce qu’il faloit démontrer. : De la Pratique. » Comme Pon ne peut faire d'opération manuelle fans inftrumens, il faut pareillement des outils or- dinaires & d’autres particuliers pour cet ouvrage. Les ordinaires confiftent en des pêles & hoïaux, de petites fcies , dé grandes & depetites ferpes de Jardinier, un marteau, des cifeaux, de grands couteaux & de petits, des coins de diverfes for- tes, propres pour les arbres dans une Forêt: De plus une vis apropriée pour le tiges de gros ar- bres fruitiers | & propre auffi pour les Bois: Outre cela un compas d’une invention finguñé- re; des bâtons ronds pour attacher & tirer à {oi; du feu &c de la lumiére, & la Momie P'égerable.* ; 4 I. Z- 32 L'AGRICULTURE PARFAITE LÉ Înffruëtion fuivant laquelle on doit pratiquer le multiplication de tous les arbres, © arbultes étrangers. À maxime capitale touchant toutes les plantes étrangéres confifte en ceci, qu’on nedoit faire aucune opération qu’au Printemps, à la fin d’4- vril, ou au mois de Mai, de la maniére fuivan- te. Cependant on n’en exclut pas les mois fui- vans pourvu qu’on puifle les traiter comme il faut. Par exemple, fi auelqu’un vouloit faire des arbres parfaits, de feuilles, de poufles, de jets & de branches d’Orangers, de Citronniers ,de Lau- riers, des Greradiers,&c. & qu’il y veuille ha- farder tout Parbre, 1l doit s’y prendre de la ma- mére fuivante. » Prémiérement il coupe toute la tige près de Ja racine, & émonde enfuite la racine de toutes les ordures. Cela étant fait, on coupe la racine en divers morceaux. On emploie les plus gros pour les plus grofes branches, les moïens pour les rameaux qui ont bien pouflé , les petits pour les poufles, & les plus petits pour les feuilles. IL eft à remarquer encore que lorfqu’une racine eft fort longue, on la coupe en trois morceaux, en quatre, ou en un plus grand nombre, de la ma- mére qu’il convient le mieux à leur nature. Mais Pincifion doit être toûjours bien acommodée par bas avec de la Mosnie. » 2. Lorfqu’on a fait ces préparatifs pour les racines, on prend la tige ou branche que Pon veut cultiver, & on la taille en dedans : Enfuite on fait une incifion à la racine, & on y ente Ja branche , & afin qu’il ne tombe rien de la raci- e fs | » NC; PARTIE IL SECT:.I. CHAP.IL. 33 3% ne, onla lie fortement à la branche avec de l’é- » Corce. Enfuite on chaufe un peu la Momie à une chandelle, & l’on en enduit la branche & Ja x racine autant que s'étendent l’incifion &:la » ligature, De cette maniére la tige a fa racine, &c 35 On la plante en terre’, & par là la racine tire > à foi le fuc nourricier : Eile commence à fe gue- »s Tir &C à poufler, & parvient à la fin à fa perfec- >» LION. Obfervations néceffaires. » Premiérement, lorfqu’on a amañlé quantité de » racines, & qu’on ne les peut pas travailler commo- » dément & enterenun jour, ondoït les mettre dans » des fofles en terre, & les bien préferver de Pair. » Lorfque Parbre a pris une racine Artificielle, & » qu’il ne peut être encore tranfplanté dans le , lieu de. fa deftination ; il doit être d’abord mis » Cnterre , afin que l’air ne lui porte aucun dom- » image, foit par le froid , foit par la chaleur. » 2. On doit fe fervir de la Momie avec circon- » fpeétion , & ne la pas apliquer trop chaude à la > tige ou à la racine, car elle devient d’abord ar- » Sileufe, on ja peut tirer comme unfil, & le , mieux eft de ne la chaufer qu’un peu. La pra- » tique enfcignera mieux comment on s’en doit fer vir. | | » 3. Lorfqu’on aplanit la tige par le bas , on *, doit prendre garde de ne pas trop endommager » le dedans, parce que cela arrivant, ilréfulre de là » une putrefaétion ou ardeur dans Parbre. La plus » Petite partie quientre dans la racine, doit être paf- 5 fablement mince , afin que Punion des deux en- » femble. fe puifle faire d’autant plücor: . >» 4. Le point capital auquel on doit:s’attacher, | Seconde Partie. Ç ’ cf 24 JL’AGRICULTURE PARFAITE » Cftque la racine fur laquelle on ente la brancheou la » tige, y quadre fort jufte, afinque le fuc qui remon= > te de la racine, puifle fe répandre dans l'arbre, & 5 qUé ce qui coule de Parbre vers le bas,puife rentrer » de nouveau dans la racine : Et par cette conne- Xion intime larbre atteindra bien-tôt fon en- >, tiérecroiflance, » 5. On doit auf avoir foin de tenir bien nêts >, & en bon ordre les inftrumens , ceux qui font », requis pour tant couper , que pour hacher & » fcier : 1l faut empêcher qu’ils ne rouillent , car , la rouille de fer pénétre & fait beaucoup de NE. 5, Mage. 1 QUESTION. Ce quil faut faire lorfque quelqu'un ne vent ee bazar der l'arbre entier. 5 der peut alors couper autant de grofes & de pctites. branches qu’on le voudra, & dont ? Parbre pourra fe pañler : On le dégarnira. auffi , d'autant de racines qu’il fera pofhible , mais on ke netouchera pas à la racine capitale; parce qu’au- , trement tout Parbre courroit rifque d’être gâté » & de mourir. II. QUESTION. Ce qu'il faut il faires dorfqu'un Citronnier ou Oranges Pa abfolument aucunes racines , ÈS quon n’en peut avoir de la même forte, fait Jauvages Joit cultivés. “ N doit choifir alors les arbres qui s’y con- %. forment analogiquement , du nombre 3 « els à La PARTIE II SECT.L CHAP.L 3; » quels on peut prendre fur tout le Laurier, &c. » qu’on trouve par tout. On en prend la racine, » & on Pente avec le Citronnier. Mais en cas que , quelqu'un n’en eût pas; 1l peut fe fervir de co- » gnaflier, comme auff de racines de pruniers & de » cerifiers , & les enter fur les tiges : Cela réuffira », non feulement très-bien , mais elles durent auf » plus long-temps, & les fruits acquierent par là » un goût admirable & delicieux. La pratique » Clle même infpirera des penfées utiles aux Cu- » lieux, & je n’endirai rien en pour le prefent afin » den’être pas prolixe. Il fuffit d’avoir à cette heure >, un bon & folide fondement, fur lequel on peut 5 {ufhfamment bâtir, De quelle manière on prépare la noble Momie pour les arbres étrangers. » Prenés un quarteron de livre de Gomme Co. # pale , (la diflolution de laquelle a été regardée juf- » qu’à cette heure comme un fecret ) broïés la le » Plus fin qu’il fera poflible, & pañlés la par un » tamis bien net: De plus, une livre & demie de » terebenthine de Venife, & fondés là fur un petit » feu dans unpot de terre bienfort. La terebenthi- #» ne étant fondue & liquide, jetés y la gomme paf- » fée par le tamis , remués la continuellement avec » Un petit bâton & en augmentant le feu peu-à- » peu, elle fe difloudra infenfiblement. » Laiflés enfuite bien évaporer la terebenthine , » Clles’épaifüra alors, & quand elle fera aflés endur- Cie, onen pourra faire de petits rouleaux ,comme » de la Cire à cacheter, &la garder pour le befoin. Es 205 -b4 Obe > 26 L'AGRICULTURE PARFAITE Oëfervations néceffaires pour faire cette Momie. », 1. Lorfqu’on fait la Momie , il faut fur tout ;, bien prendre garde au feu, afin qu’il n’en arrive ;,- point de malheur dans la maifon : C’eft pourquoi il vaut mieux la faire en pleine campagne. : , 2. Il faut avoir un couvercle à la main, afin de pouvoir couvrir la terebenthine fur le champ .; lorfqu’elle prend feu , par où lon peut éteindre ,, d’abord cette flâme. J’y aimis moi même le feu , plüfieurs fois à deflein & l’ai remué jufqu’à ce que ; la flâme n’y eût prefque plus de prife ; & c’eft par là que je l’ai épaifhie d’autant plütôt : Mais ,, cela la rendoit noire , ce qui ne fait néanmoins rien à la chote , & elle m'a été plus utile en-cer- taines ocafons, que fï elle étox tranfparente. , L’utilité merveilleufe de cette Momie & fa vertu confiftent principalement en ceci: Premié- rement, ceftunexcellent vulnéraire , parce qu’el- le n’eit fujette à aucune corruption, comme ., les autres chofes gommeufes , & elleempêche ; qu'il ne furvienne de à pourriture entre la tige » & laracine: Ée calus croît promptement par ce ; moier, &.fe déborde fur toutes les parties : De , cette maniére la tige aquiert une connexion inti- , me avec la racine. : En fecond lieu elle donne. _# de la vigueur & de la force à larbre , & enfaci- >, lite la croïflance: Hi E. Touchant les arbres Fruifiers. 3, ES premier lieu, quant à ce qui concerne l’o- à pération ou lincifion, elle fe fait comme il » ® Été dit ci-devant des Orangers. PARTIE.N. SECT.I. CHAP.I. 37 5 2. On peut faire encore le lien & lPunion tant + AUX petits tiges qu’aux moïennes : Mais lorfque. »" les tiges ou racines font trop épaifles , en forte ÿiqu’on ne les puifie pas {errer aflés avec l’écorce,. » on prend de la paille treflée Pune dans lPautre, »-Oou des branches d’ofier , on les ferre comme :il 5 faut, & on les lie enfuite avec un peu d’écorce. » 3: On acommode Pincifion avec de la Momie » Quoique préparée d’une autre maniére, & on la » Met ainfi en terre. De quelle maniére on doit compofer la Momie de ar- din 9 de forêt, laquelle eff fort utile pour les arbres Fruitiers ordinaires , comme auff pour les autres ar- _.bres 3 tiges dans les Bois. E 4 | » Prenés une livre & demie de terebenthine com. mune, & deux livres de poix. commune : Et ;» Jorfque la terebenthine eft fondue dans un pot fur lefeu, comme l’on dir de la noble Morie, on y jette la poix pulvérifée finement, & lorfque » la chaleur a bien mêlé le toutenfemble, & que. » Ja compofition eft raifonnablement épaiffie, on n’a qu’à la garder pour s’en fervir. ' 4» Notez ceci ; que lon peut faire de petits bâ- ss tons de cette compoftion , comme la cire à ca- > Cheter , pours’en fervir à acommoder de petits » arbres: Qu bienon peut la garder dañs un potou » dans un plat, & lorfqu'on en aura befoin, il n°y à 5 qu’à la faire fondre fur un peu de feu, &àen enduire le lieu avec une petit pinceau, comme on y» la déja dit cisdevant. LD L Obfervations Diver/es. # Premiérement , il faut faire beaucoup d'atten. | CG 3 tion ! 38 23 2 LE] » +2 5, s9 5 L'AGRICULTURE PARFAITE tionau temps ; lorfqu’il s'agit d’arbres Fruitiers , fur tout aux pe branches & aux arbuftés : Le meilleure opére le plusenterre. Cela eft encore bon aux mois de Février, de Mars, & d'Avril mais le fuc- cès en eft un plus incertain à caufe de la chaleur & que les fucs remontent. ;, 2. Lorfqu’on delire avoir quantité de Poin- miers & de Poiriers, & qu’on n’a pas aflés de ra- cines d’arbres greffez, on peut bien y emploïer dés racines de pommiers & de poiriers fauvagés tirés des Bois, comme aufli de Coignaffiers, qui produifent de très-bons fruits. En cas de nécef- fité on prend des arbres communs des Bois, com- me l’Erable, le Frefne, & Sapin. De plus, lorf qu’on wa pas aflés de racines de Pêchers, d’A- bricotiers , &tc. on peut prendre pour cet effet, celles de Pumers, de Cerifiers, ou de Sorbiers ; & y enter les tiges. | | , On entera mieux des tiges de chataigniers, , fur les racines de Chêne & de Sapin; les meu- riers fur les racines de gros noiers, les pom- miers fur les épines, & les noifctiers fur les ra- cines de gros noïers. : Pour couper court, cha- que Amateur intelligent faura bien s'aider foi même, pourvu qu’il y trouve du plaifir. » 3- l’aitrouvé a propos de deffiner, les inftru- mens, & {ur tout les viz, pour traiter commo- dément les grofies tiges, mais chacun en peut faire faire felon fa fantaifie : On doit feulement prendre garde qu’il faut avoir foin furtout, que Pécorce de la tige ne foit pas bleflée, lorfqu’on la met dans la vizs pour cet effet on la peut en- veloper d’un linge. Depuis quelque temps je me fais fervi pour cela de viz de menuiler ; &.je m'en fuis bien trouvé. JIT. aux mois d’Oéfobre , Novembre ,& * Decembre, parce qu’en ce temps-là, la nature » PARTIL. SECTIL. CHAP.I.! 39 III. | Dans les Bois: r & édite ceux qui ont envie de faire un Bois %, Æ doivent dumoins avoir un Bofquet pour "cet éffet. : On abbat des tiges de quelques arbres #que ce foit , les plus grofles branches , & cela *dans l’Autoinne lorfque les arbresfont dénuésde ” feuilles ; & on les enferme en quelque endroit, ? où elles font à couvert du grand froid , de la # pluie & de Pardeur du Soleil. Enfuite on dé- ? terre avec les racines; quelques arbres dont ? on. abat les plus grofles racines, & on les parta- ? ge à proportion , afin que chaque racine s’ac- * commode & s’ajufte avec l’arbre qui doit repo- ? fer deflus. On peut aufli fans héfiter un mo-. ” ment, abattre des arbres les grofiles & longues ® racines fôrtant de terre :: Car pourvu que lon # épargne feulement la principale racine, cela ne ? peut préjudicier à l’arbre.. Au mois de Février, ? de Murs &id’ Avril, cela réufhira bien , ny ” aïant que la chaleur du Soleil qui fafle de la pei- ? ne: Mais la pratique en enfeignera davantage. ? Lorfqu’on a quantité de ces racines toutes ? prêtes, & qu’on ne les peut pas emploïer d’a- ? bord , on les met en terre, afin qu’elles fe con- * fervent fraiches. ‘On peut même emploïer à ce- ? Ja les racines d'arbres qui sont été abattus depuis ? Jong-temps ; pourvu qu’ils ne foient.pas def- ? feichés. | Opération. ”®% L'incifion dans la racine & Îa formation de la ? branche & de latige, fe fait comme l’on a dit C4 P ci- 4. L'AGRICULTURE PARFAITE | | # çi-devant à Pégard des Citronniers & Poiriers, ? Quant à la maniére de lier , outre l’écorce & la ficelle ; ou fe peutfervir auffi de cordons de paille treflée, on de branches d’ofier entortillées l’une dans Pautre comme de la corde, afintqué les: tiges reftent bien fermes , mais le bâtoridemeu-" re à latige , & on lattache avec-de l’écorce.orr * : avec quelque chofé de pareil.-' Outre cela :on° | prend la Momie des arbres, Früitiers ;.:&" fi l’on veut épargner, on achettede la poix la plus com-* mune , & la plus vile terebenthine ;& lon accom=" mode avec cela la jonétion ou lunion.:* Mais il® faut bien prendrégarde que la Momie ne foit pas* trop chaude, car fi on Py aphque inf, elle en- dommage la racine, la tige & fes fucs; & l'arbre! ne croitra pas. Il vaut mieux s’en fervair lorf-: qu’elle eft bien refroidie ;. & le plus feur:eft* de porter la matiére de la racine versen haut, &* en attendant la:chaleur fe modére un-peu. ?. A lP’égard des inftrumens, les grands couteaux! de Jardin font pour cet. effet les plus ordinaires* & les plus propres , .de même que les grands Coins. Ceux qui voudront mettré Ja main à! Pœuvre trouveront par la le mieux la maniére* de les pofer ou de les mettre dans la viz,, afin de s’en fervir commodement lorfqu’on travaillerat - aux arbres. Et comme l’on fait déja,le fonde: 7. ment, 1l fera facile de travailler là-deflus à un ?. grand Bois, . On peut fe fervir aufli de mon Im? 7: primé, fur tout pour ce qui regarde Jes: Bois: # ? fai feulement encoreun mot à dire d’unCom=#* ” pas on Cercle de nouvelle invention. Comme. ? j'a donné fouvent à connoître que la principales ? Science confiite en ce que le tout quadre &c“ .?'s'ajufte parfaitèement l’un fur l’autre, comme > aufh que ce qui a été coupé foit net &t uns: Ees que À i PARTIE I. SECT.I. CHAP.I. 4 » que le tout foit bien lié , & qu’enfin la Morie n’y foit pas apliquée trop chaude : Or comme _Pon s'aperçoit à regret que tout reft pas égale ment baut de tous côtés ainfi qu’on le croioit, fur tour aux groffestiges, on pourra alors fe fer- vir utilement pour cet effet de ce compas nou- .vellement inventé ; Voici comment, On frape fortement fur ce compas qu’on fait entrer bien avant dans le milieu de la tige, & fuivantqu’on veut faire l’entaille grande ou petite, on la tra- ce tout autour de la tige avec le fer pointu at- tiché à l’autre pointe & lon fait enfuite fon tra- vail {ur cette marque. | | % Notez qu’en fefant la Mowie de forêt , 11 faut bien prendre garde à l’évaporation de la tereben- thine comme lon a dit ci-devant. \ Second Secret. De quelle maniére on peut de tontes feuilles ; bou. tons, pouffes , € branches ; dont 1l y a quantité de millions aux arbres € aux arbulies, faire au. tant de milliers d'arbres , en deux ou trois moïs, €? quelques uns au plus tard en quatre mois , de maniére que les racines pendent d'elles mêmes aux arbres vers le bas &5 bourgeonnent. 3 ÉrES l'opération la plus facile qu’on ait jamais NS. inventée. Voici comment on s’y prend. On # fait une incifion en travers dans la queuë de la # feuille, mais il ne faut pas qu’elle foit trop gran- 7 de ni trop profonde , autrement on travaille en ” vain: Enfuite on met un peu de coton dans la ? fente, & on la couvre avec un peu de cire pré- ” parée pour les arbres. On traite ainfi toutes les ” tiges & branches. Mais il faut bien prendre gar- | Fée Cf | 7 de 4 L'AGRICULTURE PARFAITE # de de ne ke tailler trop avant dans les tiges, » autrement le vent les cafle. : Aux grofies tiges 7 on peut faire vingt incifions , & davantage, com- >» mé je l’ai décrit dans mon Imprimé. La faifon > propre pour cela eft dans les mois de Murs, d”44 » wril,&c. Mais lorfqu’il y a de la feve, ou queles # fucs montent pleinement dans les tiges, on diféon- # tinue. Le meilleur temps eft aux mois de #5# 5 & de Fuillet: Alors on verra des mcrveilés. " # Lorfqu’il en fort une matiére calleu/e qui écar- » té Ja cire préparée, elle augmente de plus en plus # jufqu’à ce que l’on voïe paroître la pointe de la 7 racine. » Et afin que cela fe fafle d’autant plütot, ou » enduit fouvent les parties avec Ponguent nutritif * dont on va parler : On verra alors la racine ma- 7 tériellement, laquelle acheve de fe former quand ” on l’a mife en térre. ” Prenés pour cet effet: #% Deux onces de terebenthine de Venife, # "Trois jaunes d’œufs, | * Un quart d’once de Maftic, #” Un quart once de Myrrhe, # Un quart d’once d’Encens, » Faites un onguent de cela, je Papelle l'onguent ” nutritif. -# Lorfque la tige la branche, le bouton, ou la » feuille à fon Calus entier, alors on la détache & Ja coupe fe ferme avec de la Momie : Alors le ca- # Jus qu’or acommode aufi un peu avec la Momie > poufle en dehors les racines qu’il contenoit, lef- ” quelles y étoient jufqu’alors renfermées maté- 7 riéllement, après quoi elles pouflent formelle- # ment en terre, & fe produifént à notre grande 7 farisfaction. # Mais comme €ela procédé fouvent fort lente- ? ment PARTIE I. SECT.I. CHAP.I. 43 » mént en l’une & en l’autre , le chemin le plus » feur eft de prendre de ces racines qui ont déja » quelque calus au bas : Entés dans l’incifion de » Ja maniére fufmentionnée, quelques racines que ». vous lierés comme il faut : Alors elles ne man- » queront pas de poufñler, de fleurir, &t de porter » des fruits. ww M fra Voila les premiéres penfées de la multiplication univerlelle, que je fus obligé de communiquer à ceux qui les demandoient avec empreflement , en _ forte que je n’eus pas le temps de les laifler meu- tir ni d'examiner la chofe de plus près. J’afu- rai néanmoins les Amateurs , que fi cette affai- re ne réuflifloit pas également bien en tous lieux, je ferois de mon mieux pour aprofondir la matiére Jufqu’à ce que jeufle trouvé dequoi les conten- ter par raport à l’argent qu'ils m'ont confié: Et comme j'ai déclaré pofitivement dans mon Avant- Propos, que fi contre monattente, je m’étois éga- ré,jc m’apliquerois, dès que j'en aurciseuavis, à le notifier, & a me redrefier: Et comme pour désrai- fons alléguées ci-deflus, jai été pareillement afluré dans Ja fuite , que Part d’enter la racine ne devoit être réputé que pour une multiplication particu- hére, & non pour une univerfelle, je m’en tien- drai là, & ferai à prefent mes confidérations fur la derniére Propofition que j’apelle : Le Greffe de la racine, Cette maniére de traiter fe prefénte à la verité rarement ; mais ceux qui veulent l’entreprendre füivant la XV. Planche, où l’on en a parlé ample- ment & en faire l’épreuve, peuvent choifir pour Fi | CHict L'AGRICULTURE PARFAITE effet la taille 47: & enter huit ou neuf tiges & au delà fur une racime, de la maniére que jai décrite, : & l’on:ne manquera pas d’y trouver du plaifir. Je finisicides épreuves particuliéres de la multi-: plication univerfelle & je vais décrire ma derniére: Propolthtine toutes fes circonftances. P L À N s HE XVII De Rs maniére on peut cultiver & maple . tous Jes Arbres & Arbuftes étrangers, en cou- pant. des racines S:pAr Morceaux. #14 A. Un Echafandage avec plufieu eurs_arbres étrangers’ , Xejufqwà \.) lefquels ont été tirés de caife. | B. Gros Oranger qui na pas été tranfplanté de plu- Jieurs années. Le Ÿardinier le taille au Printemps, - € comme il a trop de racines , on en abbat quelques -groffes, € on les garde enfemble pour en faire en. - fuite le partage , afin de s'en fervir & les cultiver par : le moien de la Mornie. C. Les racines qui ont été coupées des ar bres étran= _gers, dont chaque forte eff mile à part, quoi qu'on - puifle biensmettre enfemble les racines de Citronniers : -Ê9 d'Orangers : Car quoi qu’elles [vient coupées &9 - plantées Pune parmi Pautre, cela ne peut uéanmoins nuire emgucune facon. D. Ef un panier dans lequel [ont mifes à à part les ras cines de lune &Z l'autre forte des arbres érrangers. E. Racines de Citronniers € d'Orangers coupées par morceaux lefquelles font coupées à proportion, à peu : près de la longueur du doigt, ES: unies par les deux Bouts. F..Le Réchaud avec la noble Momie. Ci-devant je: . 17e € fr Vois pour cela de la Gomme Copale, Mais: CO» DU 7 Up Ê É A Ë " PARTIEIT SECT.I. CHAP.T 4 comme elle eff fort chére à prefent, on peut fe fervir à la place, de la meilleure poix virginale, € d'un peu de cire blanche. Si Pon y veut mêler un peu d'Aloës parmi, cela [era d'autant mieux, €3 on 4u- ra un prélérvatif contre les vers. G. Le Sfardinier qui trempe le haut €S le bas des ra- cines daus la Momie, ÈS les acommode par ce moïen. Et afin que Pair ne les deffèiche pas , avant qu'on les plante en terre, on les mêt pendant cet intervale dans de l’eau nette. H. Petite cuve avec de Peau fraiche, dans laquelle om met les racines ; qui [ont acommodées avec de a Momie | tant afin qu'elles refroidiffent promtement , É que le peu de chaleur quelles ont acquis par la Mornie ne leur [oit pas nuifible, qu’afin que la Mo- mie puiffe durcir d'autant plétôr. I. Les pots 3 caiffes de ardin dans lelquels on plan- te les racines | de maniére qu’il forte hors de terre un peu delaracine, CS quelque chofe de la Momie. K. Couches de ardin bien préparées, dans le[quelles on & planté des racines de plufieurs de ces arbres étrangers dont on vient de parler | le[quels [ont ac- commodés comme il faut avec de la Momie. Z. Couches de ardin qu'on peut couvrir pour garaz- tir les racines du trop de chaleur ou d'humidité. M. M. Les caiffes ou étoient les arbres étrangers, lef- quels y font replantés 5 accominodés avec de bon- ne terre ,après avoir été dégarnis de leurs racines [u- perflues, enfuite dequoi on les met dans le lieu où 38 doivent relter l'Eté. 2 | PLAN. 45 L'AGRICULTURE PARFAITE PLANCHE XVIL Qui repreféñte comment lon replantera & garnira de nouveau des Bois & des Forêts vuides, par le = moïeh de racines extirpées par art & accommo. dées cômme il faut avec de la Momie, de mamié- “requ’on pourra cultiver des Bois agréables. À, Une place où les arbres ont été abattus, ES où l'on me trouve que des troncs avec des racines fraiches lefquellés doivent être extirpées Comme Ceft une éhofe affés connue que les racines dans les Bois wen- trent pas fort profondément en terre , mais S'éten- dent beaucoup davantage en largeur ,; € que pour cette coupe de racines, les plus propres pour cela font celles qui ont été le plus près de la tige (car plus on creufe autour de la racine, plus elle ef? mince, ES moins on en trouve) on na, en cas qu'on ne puifle tirer de terre la principale racine, qu’à l'accommoder avec de la Momie | €9 à Je contenter des autres racines qu'on peut tirer commodément | par ce Moïien on ne _daiffèra pas d'en avcir une quantité [ufifante pour cultiver de nouveau des Forêts dont les arbres ont été abattus, B. Une longue ,épaiffe , € forte racine hachée , laquelle on cie en plufieurs morceaux longs ES minces , avant qu'on la mette [ur le banc à racine. | C. Reprefente l'ufage du Banc à racine nouvellement inventé. On a dit en [on lieu dans premiére Par- tie, cowment 1l doit être conftruit pour s'ouvrir € fe fermer commodèment. | D. Comment on place dans Pouverture du Banc à ra- cines un morceau de racine coupé , que le ‘valet de la Forêt coupe bien uniment avec la ferpettes tant en baut qu'en bas. Mais il faut bien prendre g4T- PARTIE. SECT.I. CHAP.L 4 garde en Jciant qu'en uniffant , on ne bleffé pas trop l'écorce près des racines ;' car fi elle eff froif- fée, ES qu'on laccommode auffi avec de la Mo- mie, pour prévenir la pourriture ; cela empécheroit néanmoins d’aboré les rejetons de veñir en cet en- droit là, parce qu’il faut que la Momie gueriffe au- paravant la bleffure | ES fafle un rebord de calui. * Les racines atant été polies, ou doit les accommoder avec de la Momie. ; E. Le Chauderon de cuivre où la Momie à été fondue € rendue liquide. Onn°y trempe point les racines, tant qu’il en fort la moindre fumée. | F. Les racines accommodées avec de la Mémie gwon n'a pas bejoin de mettre dans l’eau lorfque le temps eft au frais, en forte que la Momie puifle refroidir promptement, Mais lorfque cela Je fait dans un temps chaud | on peut avoir un baflin d'eau à la main, 69 les mettre dedans pour refroidir. G. Les foffes creufées , dans le[quelles on peut mettre les plus groffes racines. H. Les groffes racines accommodées de Momie | de quelle maviére on les plante Ë5 comment elles for- tent un pen de terre. L. Æf un efpace de terre defliné à faire une Forét, dans lequel on a planté une grande quantité de ra- cines préparées par Art. Elles commencent déja à poufler , ES font apercevoir le commencement d’un Bois agréable, | PLAN- 48 L'AGRICULTURE PARFAITE f% … PLANCHE XIX. Comment on prépare avec le Cifeau à enter les plusgrofles branches, dont on ne peut plus dif- cernér l’âge , de maniére qu’elles faflent voir les commencemens de la racine fur les arbres , afin qu'étant coupées & accommodées avec de la Mo= mieelles puiflent prendre racine, fleurir & fru- étifier. Quoique dans la XII. Planche 0# ait repréfen- télé tout clairement € amplement , de quelle “matiére on travaillera à la multiplication des arbres avec le Cileau à enter, 1l y en a eu néan- moins qui n’ont pu Je tirer d'affaire | parce que le tout wétoit reprélenté qu'en petit. C’eff pourquoi j'ai jugé à propos de le repréfenter ici plus ample- : ment €S plus difiinilement. | | Fig. E On 4 reprélenté a cette branche ou fige ,quau- tité deneuds calleux qui y ont été faits avec le Ci- eau à enter ; le[quels pouffent enjuite, ainfi que A. le démontre. : Fig. IL. Lo tige ou branche qui a les nœuds ou pointes de racine: Mais ils [ont couvers de Momie de Forêt, comme B, le montre. | Fig. UE Comment l'on aftachera un [outien C. à la grande branche ou tige ; afin gwelle foit d'autant plus ferme en terre, &9 ne puilfe être fi facilement ébranlée par une violence extérieure. Mais perfon- nen'eft obligé de S'en tenir à cette maniére de [ou- tiens, € lon peut auff les faire faire larges, ainfi que D. € F. le reprefentent. On peur les lier auffi, foit avec de Pécorce ,de la paille, de la ficelle, ou des branches dofier , fuivant qu’on le juge à 2ropes. : Fig. IV. out Ce PARTIE II. SECT.I. CHAP. IL, 49 Fig IV. Groffe branche on racine qui à poufé , © laquelle par la vertu intérieure de l'arbre |, a é- _ carté la Momie qui étoit fixée fur la matiére cal- …— ‘Jeufe , d'ok font provenues les racines ; ‘ainfi que rc: E. le montrent diffinétement. On trouve ici divers infirumens , fur tout le gros Cifèan à racine ou à enter , auff bien que le cs part" É que G. Pindique. - La lettre H. repréfente un Bois HOUVEAU qui à été ordonné ES fait de ceite maniére, € paroit fort * beau. On verra auffi avec besucouÿ de contentement > » Jor[qu' une de ces groffes branches ou tiges commence à pouffer , avec quelle rapidité elle croit | fux tout lor(que ce font des branches d'arbres qui éroile {ent promptement delles mêmes. _. Seconde Partie. D “PEAN: ÿ5 L'AGRICULTURE PARFAITE »s «PIE ANCHE XX 1 Qui reprefente encore comment l’on-ente fur la ra- cine, & Pon greffe en écuflon, &que cette 'opé- ation fe peut faire, quelque impoflible qu’elle pa- Toile à plufieurs perfonnes, d’autant.quej’ai vu que ce qui eft reprefenté ici, a bien cœrû. À. A. Deux branchesépaiffes € hantes ,defquelles font attachées aux racines B.B. par des incihions*. La Première quireprefente la noble incifion ,\commeiil pa- toit par la Plan. XL. croff la premiére 3 lemieux; de . Jurteque cette incifioneft fort utile£S mémenéceffaire Pour. cetie opération. Quoique l'incifion wrdinaire Procéde plus promtement ; ily.a néanmoins beaucoup de difficultés à furmonter, avant qw’elle S'uniffe avec la branche, aïant bef[oin d’une très-grande quantité dematiére glutineu[e , jufqu'à ce que tous les deux : puiffent par là [e réunir intérieurement. Outre cela. 4) Je paffe auf beaucoup de temps | pendant lequel la branche court de grands rifques , ce qu’on n’a pas à craindre à l'incifion noble. . €. C’eff accommoder uniquement avec la Momie liqui- de, laquelle on enduit deffus, afin que par occafion, la liqueur [urabondante ait un peu d'air, €$ que le tige ne [e [uffoque pas an dedans ni autour de la racine. D. Repréfente d'après nature une grande €S longue branche, qui a fait un rebord comme on le voit, € a cru conjontement avec la racine , ainfi que la Fi- gure le repréfente. Car du bas de Pincifion , Je pro duit la matiére de calus en rond € en boffe ; com- me le montre E. On la voit fe faire auffi en bauf _rpar da réunion. Elles [e font enfin jointes lune à _ Pautre, € ont rempli tout-à-fait la cavité de Vin- cifion , de maniére qu'on na plus pu voir Pincifion ss dl * Voiïez les Remarques, | LRÈNS-- 2 t Le PARTIEII. SECT.I. CHAP.H ‘4r de la branche laquelle y étoit fournie de cette matié- re calleufe. D’erhaut font provenues auffi de petites racines fuivant K. je ne faurois pourtant affés métonner qu'un certain Fardinier impudent ait dit : Que cet ouvrage navoit anffi peu réuni} qu'aux au- ares, pendant que je puis témoiguer tout le contrai. re , de moi €9 des autres , À9 qu’on en peut faire voir quelque chole fi on le defire, comme lon a déja fait ,€9 que la Planche XVI. Ze démontre. Et lorf- que dans la l'uite ,onaura emploiéun peu plus de temps à cet ouvrage qu'on Wa fait jufqwà prefent , on : ccommuniquera volontiers à un chacun ce qu’on aura découvert. G. Cette Figure repréfente la meilleure maniére d'ex- ter la racine ou de greffer en écuffon, dont il a été “parlé dans la XV. Planche à FH. ce qu’on re- préfente encore ici plus difiinétement : Cela veut -: dire que cette racine à déja été détachée de la racine * principale. \. De quelle maniére on accommode Pou- wrage avec des-liens € des foutiens. K. démontre Punion des deux parties. Ceux qui véulent opérer de cette manière, ES enter fur le champ [ur une branche , la racine coupée en fa longueur | l'accomoder comme il faut, ES la met- tre en terre font bien auffi € les branches croftront parfaitement bien. CHA- D wo! 2 L'AGRICULTURE PARFAITE | CHAPITRE H. Consenant une Propoftion que l'on peut regarder com. ‘me la meilleure » la plus [eure £5 la plus. commode de toutes pour la multiplication univer[elle de pref- que tous végétaux. - . I. | Omme j'ai donné à ma multipheation le nom y d’univer[elle , 31, eft bon d’avertir.que.cela doit s’entendre dans deux fens.différens : Premiérement,. dans un fens collectif, parce qu’on ne peut pas entreprendre par une fimple mamiére une multiplication univerfelle de tous arbres &.ar- buftes; & enfuite diftributivement ,& danscedernier fens ou veut dire que cette feule mamiére de multi- plier cent mille fois . peut être pratiquée fans dif- tinction à tous arbres & arbuftes ,, quoique je w1- gnore pas que cela paroïfie incroïable à beaucoup de gens, & que dans une Aflemblée on.propofa la Queftion, 44 detur modus artificialis univer[alis mul- tiplicandi, arbores. &S. frutices difiributivè . fumtos ? AS’il y.a une maniére artificielle de multiphcation umiverfelle des arbres & arbuftes pris difiributive- . ment? Quelqu’un répondit fur le champ qu’il fal- loit mettre cela parmi les 0n-entia & que c’étoit une chimére pareille à la chimére de Bellerophon. Pef- pére néanmoins porter les chofes à ce point par mes foins & par mon activité, que ces incredules pour ront être convaincus, non par des paroles, mais par des expériences mêmes. Pour gagner les efprits encore plus facilement, je leur propoferai feulement les quatre maximes fuivantes , & je les apliquerai à Îa mu if e ——- 0. PARTIE IT. SECT.I. CHAP.II. 53 de:tous les arbres & arbuftes, perfuadé fermement que pérfonne alors ne rejetera ma nouvelle manié- re arnficielle de multiplication univerfelle. 10) _* Premiére Regie. Ce qu'on trouve dans un, on letrouve dans tous. M0 20:07 07 Seconde Règle. 1 sl Ce qu'on dit d’un , on le dit auffi de tous. à Regle. De la maniére qu’on en traite un, tous doivent être eme TT ie traités, % “Quatriéme Regke. Tel que fetrouvel’effet en un, tel doit être auf Peffet en tous. Si ces propolñitions univerfelles peuvent s’apli- quer à ma verité univerfelle , j’epére effectuer par là ce que tant d’Amateurs ont fouhaité paflionné- ment. ce np " $. 2, | L . En répétant ces maximes générales, je les apli= | ai fuccinétementaux arbres &arbuftes, Premiére Regle. Ce qu’onctrouve en un ; on letrouve pareille. ment en tôus. On dit de chagte arbre qu'il vit, doù l’on con- | D 3 clug _. f4 L'AGRICULTURE PARFAIÎTE clut néceflairement qu'il s’y trouve quelque cho: fe d’eflentiel par où 11 peut vivre: Et. la preuve au contraire, c'eftla mort : Car, quand.on dit de l'arbre, il eft defléché ou mort , il faut que le pre- mier foit néceflairement certain, & véritable. Or comme l’on dit d’un arbre, qu’il a vie, c’eft une fuite néceflare qu’on, peut. dire-de tous.qu'ils ont un Etre vivant en eux. kr Secondement chaque arbre 4 un corps organifé qui eft modifié de telle où telle maniére , dans le- quel opére l’ame vegerative : Eniceci , quant à la forme extérieure, lun eft bien différent de Pautre, mais pour ce qui regarde l’Etreintrefeque, unar- bre eft compofeé de parties aqueufes , terreftres, falées, : birumineufes &balfamiques. Or ainfiqu’un arbre eft compofé de ces parties... pareïllement tous les arbres font compofés de ces Elémens, & on les trouve dans tous les arbres & arbuftes: Mais un Elément régne plus dans un arbre que dans Pautre , comme on l’a demontré ci-dévant parles Principes de la Chimie. | Seconde Regle. Ce, qu'on dit d’un, on le ditanff de tous. Je foutiens que perfonne ne peut nommer ni fai- revoir un Arbre ou Ârbuîite, qui nat quertrois, uatre . ou cina.ans … je me dispas:neuf, quinze, q « iQ als » ». vingt & davantage, auquel on ne reconnoifie de pe- tits nœuds , des poufics ou marques de viailleffe. Quoique quelques uns publient qu’on netrouve pas de parcilsnœuds mideces marquesaux Palmiers, aux Cedres, au Pourdillon, ni à quelques autres, ileft: néanmoins vrai , & l’on n’a qu’à jeter un coup d'œil fur la Chambre. des Raretés de-la Nature &r de PArt de en LUS De” CN 1 COR don" PT RE LT SO en 2 CT, D) TO C0 PARTIE IL SECT.I. CHAP.IL. 55. 4PArt du. D. Palentin,, dans laquelle. les belles figu- {res feront d’abord voir le conttaire, Et quand mé- : me on ne pouroit pas le prouver par là ; l’enten- ” dement & la raifon en convaincront clairement chacun: Car la branche d’un arbre qui poufé P'Eté un,jet, doit s’arrèter PHiver : Ainf à endroit où 1l a pouflé pendant un an , 1l fe ferme, com- me on peut le voir aifément tant aux arbres qu'aux arbuftes. La feconde année, lorfque le jet, pouflé de nouveau plus loin, 1l laiffe enco- ” re une marque , & cela d’année en année , com- | me on le peut obferver à tous arbres & arbuftes.' Or lorfqu’on peut voir à un arbre tous les nœuds par an, je puis dire la même chofe de tous les arbres , ce qui eft inconteftable jufqu’à ce que quelqu'un zit prouvé le contraire. Mais on opofe à cela: Que PÆo6s, la Fucca glorio[a & autres plan- tes croiflent tous les jours fans avoir de nœuds. Je réponds à cela : Que jufqu’à prefent on n’a pas parié de ces plantes qui n’ont que des feuilles, mais de celles qui ont des tiges , des branches, des poufles, &c. Mais fi quelqu’un vouloit prendre une feuille d’.//08, & la couper felon PArt , pour en faire une marcote, je ne doute pas qu’étant bien: accommodée avec de la Momie, elle ne prit racine, aufli bien qu’une feuille d’Opuntia. Onen excepte toutes les plantes qui meurent & renaflent de nouveau tous les ans , fans demeurer peérmanen- tes pendant PHiver, | Troifiéme Regle, Ainfi que l’on en traite un , de la même manié- re tous doivent être traités, ; . Ona fait voir. ci-devant que tous les arbres font Da poure 36 L’AGRICULTURE PARFAITE È pourvus d’un millions de nœuds, dans lefquels tef> ? de le principe de vie. On peut prendre une branché d’arbre qui a deux ou trois nœuds, & couper lébois ! d’en bas, alors on aura Coupé deux où trois nœuds qu’on accommode comme il faut & on les met en terre. Or commeil y a à chaque branche plus de cinquante, ou foixante nœuds , & même davanta: ge, qu’on peut tous traiter de cette maniére , ainfi: que la planche fuivante le démontre , on peut par conféquent exécuter cette maniére de traiter fut | tous les arbres &arbuftes, quand mêmeils auroient un million de nœuds. CES 2 2 Œuatriéme Reghe. ; Ainf que Peffeteft en un, ainfi doit il être entous. Il paroït par quantité d’expériences qu’un jet, nœud ou poufle de l’année renferme en même témps en foi des racines & des branches | & que fuivant là difpofition des chofes , ou félon qu’il eff traité, il produit promtement à la place d’une racine; une poufle. , ou à la place de celle-ci uñe racine, Pour expliquer ceci clairement ; je choifirai un exemple qui eft connu de tous les païfans & vignerons. Ils prennent ün long cep de vigne qui 4 quantité de nœuds : Ils lé pliént fous terre & il bourgeonne des raciñes dé ce fep en quantité &de' toutes parts. S’ils n’avoient pas plié ée cepenterre; 3l feroit forti de fes nœuds d’autres branches ou nouveaux ceps , Ce qu’on ne peut pas contefter, Or comme des racines peuvent croître à une pouf- fe ou branche , il en pourra poufler plufeurs de toutes, lorfqu’on les fait préparer felon PArt pour « cet effet ; comme l'expérience Pa montré , & que « de nouvelles recherches le coffirmeront encore té. rs MIEUX 5 PARTIEL. SECT.I. CHAP.IL. 57 mieux, de forte que ce qu’on a dit d’un jet, fe vé- rifiera en effet à HORS tous. 3 Avant que je démontre clairement la coupe des jets ou rœuds d’une branche , je détermine fai premiérement ce qu’on doit proprement en tendre par un jet ou nœud d’un aïbre ou ar- bufte, ce qu’on peut déterminer à peu prés de Ja maniére fuivante favoir , qu’un jet ou nœud eft une certaine portion de l’arbre, à laquelle la nature a travaillé tout une année jufqu’à ce qu’elle ait at- teint fa pleine croiflance, & l’on trouve au dedans les parties les plus eflentielles de tout arbre. Comme un jet ou nœud eft appellé une partie de Parbre, quelques uns pourroient prendre pour cela une branche entiére, mais j'entends feulement par là l'efpace qu’il y a entre les deux féparations , an- nées ou cercles qu’on reconnoît à une branche, ainfi que tout eft plus clairement démontré dans la Planche füivante, On à dit de plus , que la Nature travaille pen» dant une année entiére avant qu’une telle branche ait fa pleine croiflance. Il y en a qui difent, que la Nature fait fouvent poufler deux jets en un an à un arbre ; ce que je ne contredis pas tout-a+ fait; mais cela n'arrive pas tous les ans, & ce n’eft d'ordinaire que lorfque les années font mauvaifes, & que peut être l4 vermine a rongé les premiers jets où nœuds des branches menues & alors la nature fait un fecond effort , de maniére qu’on voit crot- tre de nouveau ces branches vers la S4. Fear , & poufler bien avant dans Automne. Alors elles s’arrêtent jufqu’au Printemps qu’elles recommen: cent à bourgeonner, & à poufier de nouveaux jets qui fe féparent encore par un nouveau petit cercle, &c.' On a dit auf que les parties eflentielles fe ie S trou- f8. L'AGRICULTURE PARFAITE trouvent là, ce qui étant une verité, commeil'a. été prouvé fuffifamment, je mecontenterai.de m?en, raporter à ce qui a été dit ci-deflus. + 4: | Si quelqu’un defire de favoir comment la-pens. fée de couper ,. des jets ou nœuds , comme auffi de les accommoder avec de la Momie im’eft tombée dans lefprit, il faura, s’il lus plaît, que lorfqueje mattachai il y a quelques années à faire un plantage. d'arbres à rebours | ainfi que le montre la-Z1IZ, Planche Premiére Partie | je fs de mon mieux pour enter fur une longue tige qui étoit crue fort droite ,; quantité de branches fuivant la mamiére à rebours, letquelles-devoient toutes fleurir la même année ou la fuivante : Or 1l m’étoit facile de con: cevoir que le premierjet ne produiroit pas des bou- tons d’où proviendroient des fruits , puifque fuis yaot la maniére ordinaire dont fe fervent les Jardi- niers pour enter ; lorfqu’on ne prénd que les pre= miers jets ou ceux d’un an , & qu’on les ente {ur une tige fauvage , on voit fouvent que de trois, cinq, huit , & même de dix annés à peine.a-t-on quelques fleurs à attendre, beaucoup moins aucun fruit. Cela fut caufe que j’examinai l’arbre enco- re une fois fort attentivement , pour voir en quel endroit on trouveroit le mieux les branches por- tant fruit ; ce qui me donna lieu de rechercher & de fupputer quelquefois l’ige. dés branches jufqu’?à feize & dix-huit années. Dans la fuite aïant exa- miné entre autres dans mon Jardin un petit arbre frais qui avoit bien poufié , âgé de treize ans, je reconnus , qu’on trouvoit à la longue tige princi- pale; fept nœuds ou {éparations , comme-des cer cles autour de la tige ; mais on n’en comptoit que fix; aux plus grofies branches. En addition- nant cesannées:, je me remis en Mémoire que j'a- | vois PARTIE II. SECT.I. CHAP.IL 59 vois enté cet arbre à peu près dans ce temps-là. Cette découverte qui m’aprenoit à conoître l’âge de Parbre, me réjouit beaucoup. Quelquetemps après dans un Monaftere près de cette ville me promenant avec ABLE | dans fon beau Verger plein d’arbres fruitiers, & les jointu- res où féparations qui dénotent la marque des an- nées, fe prefentant fort diftinétement à mes yeux, je l’aflurai que je m’engagcois de pouvoir dire l’âge de chaque arbre. La-deflus il me conduifit à un arbre qu’il avoit fait planter la même année qu’il entra en poflefon de cette dignité , mais je men favois rien. Comme je voulois commencer par là mon Chef d'œuvre , je vifitai fort attentive ment la plus longue branche , & y aïant décou- vert quinze marques d’années , jy ajoûtai fix an- nées pour la tige capitale, & dis que cet arbre é- toit de vingt & un ans. Il répondit que j’avois de- viné un de moins. Je répliquai qu’un n’étoit rien. Voila donc la fource d’une chofe , à laquelle per- fonne jufqu’à cette heure n’avoit fait une attention f1 férieufe. | | he a Après bien des peines , ce qui a été raporté ci- deflus , m’a confirmé dans ma découverte , parce que jé pouvois compter par de bons fondemens, qu’en coupant les jets , rien n’empéchoit de trou- ver PArt de multiplier cent mille fois tous les Ar- bres & Arbuftes. Je vais donc expliquer la chofe plus clairement ; comme étant une vraie propoli- tion. 6 Pour m'expliquer le plus précifément qu’il fera poffble , je tâcherai de repréfenter la chofe claire. ment par la Planche XXI. Je fis un jour abattre une fort longue & épaiflé branche d’un pommier, fui- | vant 6e I?AGRICULTURE PARFAITE vantla Fe. L..& je pris plaifir à la traiter de la mas mére fuivante. /. B. étoit la longueur de la bran- che à laquelle je compta douze nœuds ou fépara: tions. La plus-longue branche.après la premiére, €. D. avoit onze nœuds dans fa longueur, & dix- neuf branches de coté. La branche £. avoit:vingt cinq nœuds, & à la branche G. Æ. il y avoit on- ze nœuds ou cercles. … Îl y avoitencere outre cela de plus petites branches , favoir une à laquelle on ne comptoit que trois petits nœuds. ‘& aux autres: dix nœuds ou cercles ,. de forte qu’il fe trouvoit.en: tout quatre-vingt dix-ncuf nœuds à cette branches: Lorfqu’on affemble vingt de ces branches , ona: donc 1920. nœuds , d’où par conféquent 1l peut: provenir autant d'arbres. «a On pourroit obiecter à cela que chaque jet ou nœud ne poufle qu’un bourgeon,.& que par.con- féquent il faudroit attendre long -temps jufqu’a ce: qu’il en provienne un arbre , & qu’ainfi cette de couverte ne feroit pas meilleure que fi lon culti- voit quelque chofe par la femence, ou fi Ponen- toit un petit bourgeon. Je réponds à cela que qui: conque le voudra, pourra couper fes tiges ou bran- ches en moins de morceaux : Il peut par exemple piendre toute Ja branche 4. B. quieft de douze äns, & oter d’enhaur avec le couteau, la premiére, & feconde année , -comme auffi toutes les autres branches de côté. . On peut abattre auffi la bran- che €. D. de même que les premiéres années, .& 11 rêfte encore âgé de neuf ans. Or c’eft aflurément aflés de gagné lorfqu’en une année de temps on. fait d’une branche un arbre , qui eft d’abord âgé de neuf ans & a. fa. grandeur & force convenable : Et de cette mamiére chacun peut faire de gros & de. petits arbres, commeäil lui plaira, ainfi que Pexpé-, rience le fera fufifamment voir tant aux branches fauvages qu'aux fertiles. | 6.7. ef «PARTIEL SECT.T CHAP. II. :6: -: À. Poccafondela fpéculation de ces petits nœuds, on-pourroit demander, sl arrive juftement à tous -Jes: arbres & arbuftes, qu’une branche qui eft dans unefpace, laquelle eft de dix années plus ou moins, doive marquer précifément autant de nœuds & d'années ?. Par exemple, dans Pefpace 10. 11. dans la Z. Fig. çe qui dénote autant d’années , eft une branche âgée d’onze ans : Cecs quadre t-1l toüjours jufte enfemble ici & par tout ailleurs ? On ne peut Pafirmer : Car on trouve bien dans un efpace d’on- .Ze ans, une branche qui n’a que quatre jointures, êtc. En généralon peut bien dire que fur une bran- -che qui fert de baze , il ne # trouve point d’autres branches. que la baze même. Par exemple, 1l eft -impoñble que dans lefpace d’une branche d’onze ans, foit placée une branche qui en auroit quinze -ou vingt: Mais les années peuvent être égales, ce qui fe rencontre fouvent, mais jamais au dela. Une tige âgée de douze ans ne peut pas non plus porter de branche qui foit âgée de quinze ou vingt ans, ou fi la premiére a trois ans, la branche qui eft def- fus n’en peut pas avoir fept : Mais il eft fort natu- rel de trouver à une branche ou rige de neuf ans, une branche qui n’a qu’une, deux, ou trois années. Cela vient de ce que la nature qui veut agir librement felon fon plaifir, fans fe laifier aflujerur, produit des branches ça & là ; tantôt en un temps & tantôt en un autre. Mais à fuivre le cours ordinaire, ontrouve que c’efe comme je lai écrit. Il cit remarquable auf qu’aux groffes branches, onen trouve fouvent de petites qui n’ont que la longueur du doigt , -& ont, néanmoins le même âge que ia -grofle branche dont on peut commodément diftin- _guer les années par le moïen des Cercles. Ceux qui _£n doutent., n’ont qu’à fendre une de cés peutes ‘#4 bte bran- € L'AGRICULTURE PARFAITE branches , dans laquelle ils trouveront autant de points que la branche a d’années. Cela m°a donné la meilleure occafion du monde pour examiner les ar- bres nains , dont on traitera en particulier dans le Chapitre VIIL. D’autant qu’à cette branche Z. B. dans la Z. Fr. on a repréfenté les petites branches toutes coupées, j'expliquerai un peu mieux leur fignification. Cha- que taille reprefente un nœud ou année: Mais afin qu’on m’entende bién & qu’on comprenne comment on fera bien les tailles d’une ou de plufieurs an- nées , 1l faut prendre garde à ce qui fuit. Par exemple lon prendlabranche Z. M. quieft âgée de dix ans, fi lon en veutcouper unnœud, 1l doitétre taillé de maniére que la partie féparée refte fermée deflous & deflus, ce qui eft néceflaire fur tout, & chaque jointure étant coupée de maniére qu’elle foit par tout couverte de fon année, il n’en mourra au- cune. C’eft pourquoi je les traitai de la mamiére {uivante. À l’endroit marqué A6. ro. j’enléve avec Je couteau le petit morceau NV. & où eft Me. o. au deflus de cette jointure , j’enléve aufli avec la couteau la partie O. & je conferve O. N. comme une jointure parfaite & bien coupée. Si d’ailleurs je veux couper une branche de cinq jointures ou de cinq années, je la coupe d’abord près de Ne. 8.en- levant le petit morceau avec le couteau, fuivant la taille P. & jufqu’au deflus près de Ve. 3. où jela coupe par le travers près de ©, & de cette mamiére on a bien obfervé toutes chofes, commcon le peut voir aufli par les autres figures lefquelles ont été placées ici pour cet effet , depuis un nœud jufqu’à la longueur de dix. Je finirai ici ce Chapitre de la coupe des jointures ounœuds fuivant les années, a- vec aflurance , que comme elle fe fat à une g. € che ; ra cd a NN PARTIEIL SECT.I. CHAP.IL. #3 “che, elle peut fe faire pareillement à toutes branches » & à chacune en particulier , foit d'arbres ordinai- * res, étrangers ou fauvages. 3% PLANCHE XXI. . Maniére générale de la multiplication, qu’on apelle couper les jointures ou les poufles, ce qui peut ‘s’opérer fur tous les Arbres & Arbuftes dans tous les climats. | . Fig. I. Une grande € longue branche d'un Pommier fort branchu, à laquelle Pon [upute exa£tement, €3 Pon reconnoft les jointures ou les années. A. B. La longueur de la Branche, à laquelle on trou- ve 12. cercles ou féparations qui indiquent les an- nées | comme cela fe peut voir diffinétement par les Chiffres. Ces morceaux de la tige principale fervent de piédeftal , auquel les autres branches font atta- chées, €9 fur lequel elles repofent fuivant No. 10. € 11. On confidére fouvent de même cette fepara- tion dans le Texte, puilque la branche C. D. re- pole deffus , laquelle a onze années , € il faut que fon bourgeon foit cru d’abord dans la premiére an- née, en Même temps que la premiére pouffe ce qui ar- rive rarement ,parce qu’on voit la pläpart du temps » que la branche à un an de moins que la grande bran- che à laquelle eff attachée. Cependant cela n’elt pas général non plus, car la nature fe‘joue en cela fui- vant Jon bon plaifr, ainf qu'on Va déja dit d'au- res fois. | E On à trouvé les nœuds fuivans cette branche A. B. La tige principale étroit de donze nus 01 années : Celle de C. D. donze , les branches de côté, de dix neuf , la branche E.F, de vingt quatre, à 69,37 y avoit en tout à labranche, 97. nœuds. Qui- congque 64 L'AGRICULTURE PARFAITE conque à prefent voudra cultiver un petit arbre de chacun de.ces nœuds , aura par ce moien autant-de petits arbres. Mais ceux qui en veulent de plus gros, en auront d'autant moins ,mais ils en feront d'autant plus avancés. Par exemple ‘il peut prendre pour cet effet la groffe tige A.B. € en coupant les branches de côté, il a d'abord'un arbre âgé de douze ans. Qu bien il peut prendre la branche C, D. € en Gtant les branches de côté , 1l 4 un arbre d’onze ans , ce ” qui eff un grand avantage. | Fig. Il. ÆExplique la chofe encore plus difiinétement, puilqwelle repréfente toute forte de branches qui in- diquent leurs années ; larfque les branches de côté en font ôtées. Ceux qui de cette mantére voudront tailler un petit arbre d’un an, doivent le couper [ui- vant Z. de deux ans , ainfi que YŸ, de trois ans, comme X. de quatre ans, f[uivant W, Ë ainfi du reffe. Lorfqwon les plante enterre, il faut qu'ilen- tre du moins fous terre la hauteur d'unan ; mais fi Pon y en peut mettre deux ou trois, ce fera beaucoup À I1EUX. L. M. reprefente encore plus. clairement comment lon doit bien ajufier une branche , [avoir cha- que morceau ou partie doit être fermé deffus 3 de[- fous: Par exemple, fi lon veut tailler en jointure parfaite, l'efpace qui fe trouve à la branche L. M. Fig. IL 07 coupe en bas près de 10, € Pon enlé- ve fuivant N. le petit bout :. N. M. € pareil- lement près de 9: fuivant Q. Alors cette piéce ef ane pouffe ou jointure parfaite. Qn enléve enfuite la partie ©. P. ES depuis 8. jufqu'à Q. font cinq jointures parfaites-bien taillées [ur une largeur den- tre deux. Pour abreger , linfpeëtion de la Figure éclaircira mieux toute choe que quantité de paroles. 7: CHA: PART: IL SECT.I. CHAP.IIL 65 CELA PETRE LÉ Comment par cette nouvelle manière toutes plantes étrangéres peuvent être mulripliées abondamment s de maniére quelles croiffent peu à peu, fieuriffent & raportent de fruits. 6. L. Omme l’on à fouvent fait mention des ar- bres étrangers tant dans la Premiére Partie que dans cette Seconde, il eft à propos de fa- voir quels arbres & quelles plantes doivent être de ce nombre. La premiére place de ceux-là apartient aux Citronniers, Limoniers, Citron-Limoniers & Pommes d'Adam : Enfüite viennent fuivant leur rang, lAoës, la Pucca gloriofa, le Laurier , le Lau rier-ceri[e, les Grenadiers, le Myrthe, le Mattic, le Cyprès, le Figuier, le Cédre, le Cardamon, POlivier, le Bois de Judas, les Jujubes, les Capres, lOpuntia privée & fauvage, le Buis doré, l’Agnus caftus, l’Alcea arboreftens, le Gelfomin, \eG enefier , fe Romain: le Rofes de Jericho, &c. Pour couper cout; Où pourroit drefler un Catalogue entier de plantes rares étrangéres, principalement parce que leur nombre augmente de jour en jour dans les maifons de campagne des perlonnes de diftinétion. Si je voulois étre probixe ; jaurois ICI UN beau champ pour décrire les proprictés des plantes C- trangéres , fur tout de quelle maniére elles ont été mulripliées jufqu’à cette heure, tant naturellement qu’artificiellement , fur tout la’ culture des Dan gers & des Citronniers: Mais comme tant d’excel- lens. Auteurs en ont écrit amplement , je pañlcraf fur tout cela, & dirai feulement quelque chofe d’an Seconde Partie, 3 ce 66 L'AGRICULTURE PARFAITÉ célebre Italien nommé Æuguflin Mandirola, Fran- Cifcain & Doëteur en Theologie , lequel a exercé tren< te ans Je Jardinage, & a enfin compofé un livre en Italien fur cette mauére de fes propres expé- riénces. La troifiéme Partie de fon Ouvrage traite de la maniére dont on peut muülnplier & cultiver les Citronniers & les Orangers : Il propofe entre autres, les moïens de cultiver les Citronniers en pre- nant leuts branches. Joici dit-il, 2 maniére des Ita liens. ;; Au mois dAwril quand l’air commence à » être doux & agréable, ils ont accoutütmé de ne- » toïer leurs Orangeries (par là il faut entendre les 5 Citronniers, les "Limonicrs, & les Orangers avec toutes leurs ‘fortes. Alors des tiges qui ont bien » pouffé ils coupent quantité de branches droites’ ;; & polies, qui n’ont à peu près que la longueur >; dun pié : Îls en rauflent environ deux ou >, trois pouces vers le bas fous écorce : Ils cou- x pent aufh les extrémités d’enhaut & les plantent > ainf dans de la terre bien préparée de la profon- > deur de que Pons; à tin pié où deux lun de ,, l’autre. S'il s’ÿ trouve quelques boutons fim- 55 ples, ils les arrachent auffñi & en ont grand foin, 5 Qu'à- CE . ils aient pris terre & jeté Tacine , ce , Qui arrive ; fice n’eft pas à tous, du moinsa* > quelques uns. À ceux qui ont pris racine & » Commréricenr à poufier , ils remuent fouÿent & > ébranlent la terre qui cit deffus ;, & filon man- 5 que de pluie, ils les arrofent affidüment. De , cette manfére les Citronfiers’ & autres arbres de ; méme efpéce porteront d’ordinaire des fruits .; dans la troifiéme année, mais les Limonniers ë& autres fortes d'arbres, dans la cinquiéme année. | Ces fruits font excelléns eux mêmes, & 1l n’eft pas néceflaire de les greffer en écuffon : Mais à » lPégard des Orangers, ce Pere dit qu’ils font ex- cep- PARTIE IL. SECT.L. CHAP. HE. 6? 5 5 ceptés de cette Regles comme ils ont le bois 3 très-dur, il arrive raremerit qu’ils prennent » terre. De forte qu'il eft néceflarc de les culti- ver foit par les pepins, ou pour gagner du » temps., de les greffer en écuflon fur les tiges des y pommes d’Æda : Ceci fetrouve plusau long dans le cat déc Fardinage de Mr.Elsholtz » Pa 240. $.2 Monf. de Héchhée nl és ca giques curieufes ; at 6. Livre, Chap. 36. p. 615. de la Noble vie champêtre | décrit ainf A même maniére. Au » Printemps lorfque le froid eft pañlé , qu’on .né-. sytoie d’ordinaire les arbres, &c qu’on les décharge » de leurs humeurs fuperflues, on coupe aux Citron- #niers & aux Limoniers, de petites branches droi- 3, tes &t unies qui font au- -deflas de la tige, d'environ js , la longueur d’un pié: On enléve Pécorce de cha- > CUNC avec un couteau, la largeur d’environ deux 5 OU ETOIS doigts, & on Îles met dans de bonne terre + fertile jufquà à. la largeur d'environ deux doigts des # extrêmités denhaut qui doivent poufler, .& l’on. prend pour cela le déclin de la Lune : Ou bien lon. A ratifle feulement Pécorce par deflous, on en enleve 3 la largeur de deux ou trois doigts sn uncouteau, ” onen coupe les petites bouts, Îcs boutons & bour- »geons, & on les plante ain bien faines , dans de » bonne terre, de la profondeur de quatre doigrs, &c. environ à deux piés l’une de l’autre. Aufh-tot » qu’elle commencent à bourgeonner, ce quiett une ÿ Marque qu? elle ont prisracine , il faut remuer la > terre, tout doucement deflus, larrofer tous les soirs, arracher toute lés mauv aifes herbes ce qui. s les fera croître beaucoup plus promtement que par. » la femence.. Le mieux eft de les mettre dans une nfofle. Il n’eft pas toûjours néceffaire de les tranf-. s; le & quelquefois elles croi front mieux lor{- E > qu’on 63 L'AGRICULTURE PARF AIFE >, qu’on les laifle en un même endroit. Il fautur , temps calme & beau pour tout le travail qu’on y fait, maiscela, dit-il, neréuffit nullement auxO- 5 TANDETS & il cf 8 rare que ces derniers pouf- x: fent: Mais il faut que tous ces arbres foient culti- >, vés par les pepins, ou entés fur des pommes d’4- >, dam. Nonobftant cela 1l ajoüte qu’on peut culti< PA tiverauffi le Myrthe, le Laurier, l’ Olivier, le Gre= » nadier & autres femblabies, en détachant de ces ar- 3, Dres au Printemps , de petites branches de la lon- ; gueur dudoigt: Onen coupe les extrémités ; on >, les plante par longues rangécs en des Caifles , dans :, de bonfetérré, & on les place à ombre : Alors ; elles prendront racines finon toutes, du moins la , plusgrande partie. L’Hiver on les net dans PO- 5 rangerie, ou dans la'ferre, &C. 6. 3. 11 paroïît de tôut cela , que d’autres Amateurs du Jardinage ont déja obfervé que les branches mé mes, quoiqu’ellcs ne forent plus attachées à la tige, font néanmoins difpoté ées de maniére qu elles ont la force de prendre racine d’elles mêmes. & qu’elles s'efforcent de fe multiplier. 6. A prefent je pfendrai la liberté d’examiner un’ peu plus attentivement la maniére de multiplication . du Pere Mandirola qu’il à entreprife feuleient avec une brariche de Citronnier & de Limonier, & que Monfr. de Hothberg a fuivie. Il dit comme on la déja marqué, qu’il a choifi pour cet effetau mois d'Avril, des branchés droites, unies & bien pouf- fées de Citronniers & de Limoniers, à lexclufion des branches d’Orangers, & cela parce que ces der- mers ont le bois trop dur: Mais je doute que ce foit” Jà la veritable raifon pourquoi les branches d’Oran- gcrs ne prennent pas raCINnE,. Car j'ai accommodé Li t | PARTIE.IT. SECT.TI CHAP.IIHL. 69 du bois beaucoup plus dur à ma maniére avec de 12 Momie, qui n’a pas laifié de prendre racine. C’eft pourquoi je fuis d'opinion que fi le P. Mandirola eùüt préfervé fes branches d'Oranger par le bas, de maniére que pendant ce temps-la jufqu’à ce que les racines vinflent , 1l n’y fût point entré d’humeur vicieufe qui y caufàt quelque pourriture, les bran- ches d’Orangers auroient bien pris aufh racine, principalement lorfqu’on Îles auroit coupé dans là jointure: Et je puis témoigner auffi avec vérité que cela na réufli, & chaque curieux le mettant cn pratique ' Péprouvera aufli bien que moi. Jai de plus recherché pourquoi le P. Mirandola qui eft fi expérimenté a dégarni fes tiges par le bas, & qu’il en ratifloit Pécorce , de Ja krgeur de deux ou trois pouces , pendant que V expérience journa- Hére fait voir que le bois qui n’a point d’écorce, cft atcaqué d’autant plus promtement par l’humidité & par d’autres accidens : Qu'il s’'échaufle bien-t6r ou commence à pourrir, fur tout lorfque la moël- le en eft infe&ce, d'autant que les meilleurs fucs nutritifs réfident dans Pécorce. + Mon fenriment là -Geflus étoit que comme :il fe propofe de détacher par le bas, une certaine lon- ‘gueur d’écorce de la tige , il tefoit peut être cela, afin que par Pincifion faite dans l'écorce & ce qu’on en enlevoit , on püt déterminer une place pour la racine. . Car cé Pere qui eft ff habile , favoit fort bien que nue racine ne peut croître du fimple bois dénué abfolument d’écorce , & qu’il n’en peut découler qu’un fuc de rofée lequel devoit fe fixer autour de l’endroit où Pécorce avoit été coupée, & d'où après cela pouvoient provenir lés racines. Mais fuppofé que la racine pouflät efkétivement ainfi en, cetendroit , les deux doigt où l’écorce ET - a été 79 L'AGRICULTURE PARFAITE a ic enlevée, font néanmoins perdus, ainfi ce tra- vail eft fait en vain. On pourroit même dire que Je bois cauferoit plus de préjudice que d’avan- tage à la branche, parce que venant.à fe pour rir, Pécorce fe gâte auf, comme on l’a déja dit ci- devant. Mais je laifièrai chacun dans fon fenti- ment , & je tâcherai feulement de défendre le mien. CEE CE 4 d 4 6. Les chofes étant ainfi difpofées, je commencerai par les feuilles des plantes étrangéres : Er comme j'ai remarqué que les feuilles de certaines plantes é- trangéres peuvent fervir fort commodément de nœuds ou de jets, je m°y attacherai préfentemient, & ferai voir en effet comment les feuilles prennene racine. C’eft une chofe bien connue que la curiof- té pour la culture des Végétables a été pouffée loin , qu’on à cherché depuis beaucoup dan- nées, à faire d’une feuille une ärbre, comme le P. Mandirola Va tenté par une feuille de Limon. Vois: ci fes paroles fur ce fujet , tirées de fes Ecrits. : *: » Jai fait Pépreuve d’un Chef d'œuvre, favoir », dc planter des feuilles de Citronniers, de Limo- » Dicrs & autres pareilles , & cela de la maniéré » fuvante. Jai choifi pour cet effet certain petit » pot à fleurs rempli de la meilleure terre pañlée “) AU tamis: J°y ar mis les feuilles d’arbres de cette >, Cfpéce avec leurs queuës, fi avant en‘terre, que » lé tiers en éroit couvert avec de la terre. Au » deffus de ce pot jai attaché une petite cruché >») remplie d’eau, de maniére que les gouttes tom- » boient droit dans le milieu de ce petit pot, & le » Vuide qüe fefoient les gouttes par lenlévement >» de laterre, je le rempliflois continuellement de » nouvelle terre. De cette mamiére ils m'ont Couté >» fort peu de peine, & ont tous bien PRES MR A PARTIE, SECT.I. CHAP.IL. #4. Jai imité cela avec la plus grande patience du monde, & jai reconnu en même témps que par un écoulement d’eau trop frequent , la feuille a com- mencé à pourir, & fe coniumait elle même peu-à- peu, jufque la qu’il ne reftoi plus que la tige, comme lon a veu à la . Planche , dans la Pre. miére Partie. Mais commc l’on a veu depuis que de la matiére caleufe qui s’eft fixée par le bas, il eft provenu audi bien des racines que des tiges, on peut pour le prefent amener à ce point, de la ma- mére fuivante , toutes Îles branches étrangéres en tout temps , de forte qu’elles deviendront des ar bres. Pour cette opération je choifis les mois de Juillet , d’'Août & de Novembre. Mais ceux qui | ont des Etuves & des Cabinets vitrés , pouvent Fentreprendre même en Hiver, & alors elles pouf- fent d'autant mieux au Printemps. Ceux qui ont envie de le faire au Printemps , réufliront en quel- que mamiére: Mais cela n’eft pas fi feur, ce qu’on doit attribuer principalement au temps variable de cette {aifon. had de rie Je montreraià prefent ma maniére, comment par le moïen de la Momie dont jaccommode chaque feuille étrangére , il bourgeonnera de côté hors de terre ,; un nouvel arbrifleau , de maniére que Ja feuille s'arrête, & que la petite tige bourgeon- nant devient peu-à-peu un grand arbre. Je m?y prends de Ja maniére fuivante. Je prends une feuille d'Oranger, de Citronnier, de Laurier, ou d'unautrearbre, laquelle n’a point de bouton, ainfi que la Planche fuivante l'indique par Æ Je légale par deflous la petite feuille du cœur B. Alors je Ja pionge d’un tiers dans la Noble Momie qui a été chauffée fuivant C. D. & je l’enfonce enfuite dans de la terre bien préparée, ceft-à-dire, route la SALES € dom 71 L'AGRICULTURE PARFAITE longueur qui eft accommodée avec de la Momie, Lorfqu’elle y a été quelque temps, la Momie s’é- carte delle même peu-à-peu, & il fe produit une matiére caleufe de laquelle bourgeonnent de petites | racines tune petite tige en même temps fuivant E.F. Ellecroît deplusen plusen hauteur, jufqu’à ce qu’en finelle deviennent un grandarbre,comme cet- te Figure eft repréfentée dans la V. Planche, à la feconde Setion. Ge Chef d’œuvré réuflit bien 1 non feulément aux feuilles d'Orangers & de-Citron: niers, comme il paroit par G: 1: qui-eft.un bou: « ton de feuille de Laurier, laquelle a-pris racine par lebas ; par le moïen de la Momie dont:elle a été accommodée, & elle a aquis aufli un commence: ment de tige: Comme aufh une feuille preparée-de acca gloriofa I. laquelle a pris aufhi racine par lé bas , mais qui n’a pas poufié plus haut jufqu’à cet: te heure. Le temps nous montrera ce que Ja na- ture fera de plus. Jai encore entrepris quelque cho- fe avec de petites feuilles de Romarin; & par plai- fir je les ai accommodé avec de la Murmie &t les ai planté enfuite: J’y ai découvert aufli de petites ra- cines, comme À. L: le font voit... J?ai fait une pareille recherche avec de grandes & de petites feuilles de Myrthe & avec de petites feuilles de Pal- mier; en quoi jai réuff en quelque façon. En- fin la curiofité m’apoufé à éprouver aufli avec des feuilles d’œuillets. Lorfque je. les ai-traité de la RE A même maniére ,. jy ai découvert auf des racines # comme À. N. le repréfentent. Savoir s’rl en pro+ viendra des plantes d’œilléts parfaites, c’eft ce que je fuis curieux:de voira-:: 4 aigle pol, dla à nor SI Comme je ne puis encore abandonner le plaifir de la multiplication des feuilles étrangéres, jecom- muniquerai mes penfées là-deflus,. & de quelle-ma- RES | RH, | " nina. amants PARTIEL SECT.I CHAP.IIL. 73 mére on doit couper les feuilles qui ont un bou: ton , & font encore attachées à leurs branches. Pour bien faire, on prend par exemple une bran- che d’Oranger, quia beaucoup de boutons, avec une petite feuille ou deux: Otés une feuille de- vant. & une derriére , ‘& laïflés celle du, milieu comme ©. le fait voir. Enfuite ‘on la taillé de maniére ; par raport aux boutons, qu’il en refte toujours deux à la branche, mais fans feuilles, A- près cela on Paccommodé avec de la noble Momie, & alors 11 proviendra des -racines des boutons qui font fans racine , comme P. R: le font voir clai: rement. On peut faire la même chofe avec d’autres tiges étrangéres fuivant ©. Enfin jy ai voulu ajou- ter une plante d’œillet détachée, laquelle étant ac: commodée avec de la Momie & plantée en rérre, a pris racine ça & là à la jointure. Mais j’en parlerai plus amplement en fon lieu. + - À Comme je ne puis pas trouver mauvais qué chacun s’efforcé toûjours d’amener le plus promptement qu'il peut fes plantes à une par- faite croiflance ., je ferai part aufhi en ce lieu de ina maniére de couper les petits nœuds, à favoir comment avec de grofles branches d’Orangers, on peut faire des arbres parfaits , afin qu’il euriflent -promtement &c portent des fruits, ainf que la PJ4x- che XITI. ci-jointe le montrera plus clairement. Pour cet effet je prends une longue branche d°O- rangers de Citronmier ou de Limonierfuivañt Z. 2. Plus elle eft longue; plus larbfe devient grand, & je la coupe felon fes jointures ou années. Lorf qu'on peut rencontrer le premier nœud qui eft fort prés de la tige, on gagné beaucoup à ia longueur de la branche , mais fi cela n’arrive pas, on doit chercher le nœud fuivant. :Enfuite on coupe tou: RUN ORET ONMe SO tv tes 734 L'AGRICULTURE PARFAITE tes les petites branches de côté de deux & detrois années & au delà, qu’on enléve, mais en les gardant & en les accommaodant fuivant leurs années, on a- quiert de petits Orangers. À Pégard des rameaux qui font fort minces, & qu’on enlêve de nouveau avec le couteau, on les peut encore couper avec des feuilles ou fans feuilles , comme l’on a dit ci-de- vant , & les accommoder avec de la noble Momie. De cette maniére on ne perd pas la moindre petite feuille, & toutes peuvent devenir des arbres & des arbrifleaux , ce qui aflurément eft un Art fingu- lier & récréatif, que perfonne n’a mis jufqu’à cet. ge heure en pratique. ne. . 10. Lorfqu’il y a à la longue branche Z. B. des boutons qui n’ont qu’une feuille , on la peut laifler commodément fuivant C. D. Mais lorfqu’u- ne branche eft déchargée des petites branches qui ont quelques années, alors on ies plie par deflous en un demi Cercle fuivant la Fg. Z. & ÎT. en cette Planche. Enfuite on peut prendre une petite partie d’une branche quieft coupée par morceaux, & Pa- pliquer à la finuofité B. ainfi que l’indique £. On lie bien le tout d'une fifcelle, & de Pautre côté F. on met un petit bois & on lie autour la fifcelle: Enfuite on la pale encore fur G. & l’on met de nouveau ?7. Z. là-deflous, ce qui fe fait afin que lPécorce où la tige ne foit pas endommagée par cette fifcelle, laquelle pourroit y faire quelque meurtrif- fure. Enfuite on trempe cela dans la noble Mosmie, a- près avoir été un peu refroidie , & on Pabandonne ainf à laterre. °° _ Sin "He. S.?#T. Lorfqu’une branche accommodée de cette forte a été quelque temps en terre , elle commence à prendre racine , tant par les nœuds que par le pe- “ut | de OPEN + NERRS tits PARTIE IL. SECT.I. CHAP.IIL. 75 tits pores de l'écorce, après avoir écarté la A- sie, aïnfi qu’il paroît dans la Fig. ZZ. X. Et ceft Ja la véritable coupe de Jointures ou flexion des ar- bres étrangers ou plétôc desbranches,ce qui procu- rera beaucoup de plaifir à un Amateur, en cas qu’il obferve bien toute chofe. Il fe prefeñte une autre queftion, favoir comment il fauttraiter les longues branchés qui mont point de nœuds. Je reponds à cela qu’elles poufléront mieux lorfau’on les coupe avec les boutons, ‘qu’on les accommode avec de la Momie, & qu” ün les plante enfuite. Ona encore aflés de peine à réuflir , & il en refte beaucoup en arriere, d'autant qu elles font fi tendres ; mais Jor{qu? ïl y refte un nœud ou une année, elles man- querorit rarement pour les raifons qu’on a dites ci- deflus. 1 eft remarquable auffi que ces branches qui ont été courbées fur leurs pouffes , profitent plus que celles qui ont été coupées fuivant leurs années, & font mifes droites en terre. On en donne entre autres pour raifon , que par la premiére ma- niére, les fibres font mieux comprimées près de la jointu re, lefquellés par ce moïen fe dilatent mieux par le bas y Ce qui fait que Île fuc nutritif fe fixe d'autant mieux au bas, & par fon abondance , la matiére des racines fe produit plürot , & fait bout fer les racines plus parfaitement. De la même ma- iére qu'on traite une branche é étrangére : on peut traiter pareillement toutes les autres. TE Avant que de finir ce Chapitre , Je dois ajouter ici ma manïiére de planter à rebours une branche d'Oranger. Au mois d’4o#f je pris une branche d'Oranger qui étoit aftés grofie, comme il pa- roit dans Planche XXTII. Fig. LIT. L. M. Sui- vant ma coutume, jen avois Ôté toutes les bran- ches de côté : mais 1 non pas les boutons & je l’a- vois 56 L'AGRICULTURE PARFAITE vois coupée précifement dans la jointure : Après Pavoir bien accommodée deflus & deflous avec de Ja Momie & bien munie par le bas avec de petits foutiens & de bons liens faivant N. O. Je la mis à rebours en terre, de maniére que la partie mince fe trouvoit en bas, & la groffe en haut, d’où s’en- fuivit néceflairement que les bottines ayec Jeurs feuilles pendoient en bas. Lor (que ja racine com: menca à fe produire par le bas en écartant la A0- nie ; \es boutons commencérent auf à poufler & dé- vinr ent de jolies petites branches fuivant P.P. P. Je puis aflurer que les Amateurs découvriront d’a= gré éables chofes par cette invention. Mais ceux qui font fort occupés à la multiplication & au plantage arebours, doiventayoir une bonseSerre, une Etu- veou Cabinet vitré, fur tout pour les arbres étran- Sers: Pour cet cffe je donnerai ici un Plan de mon Ca abinet vitré , que.Jje fs conftruire en grande hâte l'Hiver dernier au milieu de Décembre, afin de pouvoir mieux pratiquer mes recherches. | 10 D 7 1% Perfonne ne doit s’imaginer que je le pro- pofe ici pour modelle de tous les autres : : Je le fais feulement en faveur de ceux qui.ont peu d’ cfpacé, _ dans leurs Jardins ; añn de pouvoir fe fervir.d’uné pareille commodité avec peu de fraix. Ceux qui en voudront faire faire de même , l’ameliorer ou le changer, le peuvent. à leur gré, ‘Mon Etuve a f&i- Ze piés de one fur douze de large, fuivant 4. B. & A, C. La hauteur des parois eft de huit piés für I derrière, & de douze fur ledevant , fuivant EDG ZT D. La charpente des côtés confifte en parois qui font pourvues en dedans de bois de tra- vers, & enduité d’argile de part & d’autré , dans AE on a pétri de a paille hâchée menu: Le out eg “de de Planches en dedans êc en dehors: È Au, _, PARTIEN. SECT.I CHAPAIL 67 Au haut il y a un double plancher, quieft fair de la même maniére , afin que la chaleur s’y puifle conferver. En déhors fur les vitres il y a des volèts de bois avec des anneaux, afin de les y pouvoir mettre & Oter : Ectafin que perfonné ne cafle imprudemment quelques carreaux de vitre, ÿy ai fait mettre des verger de fer, fur lefquelles repofent Jes volêts. Quant aux carreaux des fené- tres, Je les ai fait faire ronds pour Certaines faifons, & non du verre ordinaire : Mais comme le temps eft trop court pour expliquer fi les carreaux ronds ou les ovales font meilleurs, je me réferve d’en par- ler à une autre occafion. Au bas des grandés fené- tres 1] y en a encore une petite qu’on peut ouvrir quand on le voudra, afin d’y laifler entrer l’air frais lorfqu’il eft néceflaire, pt Ra Gun tan . Quant au dedans de l'Etuve ; ou trouve imme- diatement après la vitre, une Cuve à fumier bien préparée. [L’occafion fe prefentéroit ici d'en par- ler au long , &t de faire voir à mon Antagonmifte qu’il n'eft pas le feul qui fache ordonner de bonnes Cuves à fumier, & qu’on fait auffi bien que lui comment il'les fiut fairé. On'en parlera dans cet- te Partie qui doit traiter de la croiffance fubite de toutes les plantes. Tout près de là on a conftruit un échafaut par degrés fur léfquels 65 a mis les pots à fleurs’ou’pots de Jardin, dans lefquels on a plan- té les petites branches & feuilles qui font accom- modées avec de la Momie. Outre cela il y a dans Pétuve un fourneau qui va en ferpentant, dont lé tuiau traverfe toute la chambre en quarré , & la tient dans une chaleur égale : fe n'’étois bien pro- pofé d’ajouter ici une invention toute différente qui auroit demandé moins d’efpace ; & laquelle étant chaufé avec moins de bois, ne laificroit pas de com- + 7 L'AGRICULTURE PARFAITE communiquer à PEtuve une pareille chaleur tem- perée : Mais comme à mon grand regret ; il faut que toutes mes affaires fe faffent à la hâte, les meil- leures penfées reftent fouvent en arriére, mais je ne laificrai pas de les communiquer en tems & lieu. Le fourneau dont je viens de parler eft en bas fous terre, maison l’allume par dehors. Sur la platine du fourneau | j'ai fait mettre une Coupole afin que. Ja famée y puifle pañler plus librement , - mais le raveur l’a oubliée. fl ÿ a au deflus un Coude de Êr forgé pourvu en dedans d’un clapet pour rete- nir Ja chaléür. Il ÿ tient des tuiaux amples &t lar- ges , & peu-à-peu de plus petits qui s'emboitent l'un dans l’autre ;& font bien enduits d'argile, afin qu’il n’en forte point de fumée. Is parcourent PE- tuve de tous cûtes > & fe terminent après cela en haut comme une cheminée. Au deflus on met une piéce de fer avec un tuiau en travers & deux trous, afin que le vent rempêche pas la fumée de remonter : Le toût paroîtra plus clairement däns la figure ci-jointe. PLANCHE XXIL Repréfente toute forte de feuilles étrangéres , Îef quelles avec un bouton, & même fans bouton; nt jeté racine étant accommodées avec de la Momic. A. Reprélente une feuille d'Orenger Lens bouton, ae quelle a encore aux bas [a pétite feuille de cœur B. C. D. La même feuille | dont le tiers à été enduit de noble Momie. £ É. Comment cette même feuille & reçu par le bas en [on temps une efpère de calus 3 jeté de peti-. fes ” frais, F 84 L'AGRICULTURE PARFAITE À E.. Da bois à bruler. EF. :Les fenêtres. de PEtuve ouvertes pour. pouvoir © Voir Pintérieur. G. Une plus grande fenêtre à donner de l'air, qu on ouvre quelquefois, lor{qu’on ne trouve pas «encore à propos d'ouvrir les grandes fenêtres. H. La porte par laquelle on entre dans l'Etuve. E. L’'Echaffaut [ur lequel font les plantes ÉHTGNLÉTrES » avec d'autres branches plantées,E c.qu’on pole deffus. K. La Cuve à fumier dans laquelle on à planté toute forte d’Entes qui font garnies de Momie. Fig. I. La découverte que j'ai faite en plaçant ma Cuve à fumier dans l'Etuve , de maniére qw’on y *. puiffe toñjours remettre du fimier frais fans beaucoup de peine, € en tirer celui qui wa plus de force: L. Une grille de bois [ur laquel on po[eun pannier carré. M. Un pannier fait.en long , carré &3 fort ferré az «vec de la terre grafje &5 bien pie au tamis, dans laquelle on plante les branches qwon a accommodées avec de la Momie +, 08 place ce pannier [ur la grille de bois L. N. Le creux où lon met de fumier. O. L’ouverture du dehors par laquelle de fumier entre ET /ôrt. P. Le fumier frais qu'on met continuellement fous le pannier , € lor/que BL Sel volaule d'urine ef y4ff- famment évaporé, on peut y en vmetire de nouvear à la. place. R, Le degré le long duquel on va an fumier. S... Le volet de. bois qui ferme fur la fofe à re. tant afin de ne la pas tant voir, qu’afin que les par- ties volatiles 9 les plus Jubtiles ne s'évaporent pas fi vite ES ne Je difip. ipent pas mal à propos. TT. De petits paniers ou corbeilles dont.on fe fert * d'une autre mauiére : On en parlera plus amplement dans cette partie qui doit traiter de la promte croi[- k ince de toutes plantes, CHA- PARTIE IL SECT.I. CHAP.IV. $% CH A PA T-RE TV. Qui. enfeigne comment par la derniére Propoñtion 0 multiplie , plus de fois qu’on ne le peut dire, les arbres Fruitiers fertiles du pais, € on les plante dans les Fardins , les Près, €9 les Bois. | 6. L Omme 1il fe trouve peu de perfonnes qui meftiment beaucoup un arbre Fruitier qui fe trouvera chargé abondamment de fruits , & qui n’y prennent un vrai plaifir, il ya eu aufh de tout temps des Curieux qui ont toûjours tâché de multiplier un tel Arbre & en ont pris la culture à cœur. Dans cette vüe la Na- ture a enfeigné aux hommes, que cette culture ne pouroit fe pratiquer en aucune maniére plus abon- damment , plus commodément & avec moins de peine , que par la femence , comme il en a déja été parlé amplement dans la Secosde Settion de la Pre- miére Partie. Cette maniére a été en ufage ainf. que le témoigne Mr. de ÆHochberg dans la /econde Partie de fa Noble vie Champétre , au Chapitre VIII. » On a certainement juite fujet d’admirer la fa- , gefle Divine & la Toute-Puiilance de Dieu , de. ce qu'entre autres vegetables 1l poufle d’une f€- ve pañlablement grande , une petite tige de la hauteur d'une aune ou d’une aune & demie qu’un enfant de deux ans peut porter : Et que d’un beaucoup plus petit pepin de pomme ou de poï- re il croit un arbre fi gros ; qu’on le peut à peine charger fur quinze ou vingt charetrés &c d'avantage : & dont la tige eft quelquefois fi épaif- fe, que trois ou quatrc hommes peuvent à peine F3 Pem. 86 L’AGRICULTURE PARFAÎTE » Pembrafler: Si haute, qu’il poufle quelquefois >, plus de vingt braffes en hauteur : Si large, que :, Vingt hommes & au delà peuvent fe repofer fous », fon ombré, & porte tant de fruits, qu’on char- », Sera fouvent deux ou trais charèttes , & même » davantage d’un feul arbre. D’ailleurs il eft fur- » prenant dé fonger que d’un feul Pommier où Poi- » ner,filonenemploïoit tous les pepins, on pour Toit facilement en planter un Bois qui occuperoit , lefpace de plus de mille pas en quarré. s'ei Maïs quoiqu'il fe trouve encore aujourd’hui quelques Amateurs qui culrivent des arbres fruitiers - par des pepins, 1ls fe contentent fimplement de s’en fervir pour greffer en écuflon ou enter : Car tous font prévenus que tout ce qui eft provenu de la femence de poires & de pommes, que Îa qualité en foit fi bonne qu’on voudra, eft à moitié fauvage, & ne produit que de mauvais fruits. Mais Monfr. de Rantzau Gouverneur du Roi dans le Holftein, eft d’une toute autre opin‘on comme le fufdit Au- teur le témoigne lorfqu’l dit: ., Je füis d'avis qu'il ,, ne feroit pas néceflaire d’enter les fruits cultivés »,; par des pepins, qui font d’une bonne forte : Il füfñra feulement de les tranfplanter plus fou- …, veût,ceft-a-dire, trois ou quatre fois, alors leurs fruits feront auffi délicats & d’aufli bon goût que » Pétoir le fruit même dont on a pris le pepin. Monfr. Jean Royer confirme la même chofe, ajoûtant que chés lui de pareils petits arbres cului- vés par des pepins ont fleuri & porté de fi beaux fruits qu’il s’en étonnoit lui même , & cela d’uñe nature étrangere & toute autre que ceux qu’il avoit _pamais eus : Telétoit le changement arrivé à ces dérniers par les pepins , &c. Je verrai avec laide de Dieu ce qui en réfultera, d'autant qu'il y à rois ans PARTIE IT. SECT.I. CHAP.IV. 87 ans que je plantai plus de cent pepins des meilleurs fruits , lefquels ont pouflé prefque tous. Je les ai tranfplanté auff la premiére année ; la feconde jen ai coupé les petites branches , & même la branche capitale à la réferve d’un bouton & j'ai accommodé les incifions avec de la Momie. La troifiéme année je les ai tranfplanté encore dans lafafon, & à cette heure jeles couperai encore à la referve de deux ou trois boutons. Je connois dejà qu’ils produifent continuellément des tiges plus droites & moins de pointes d’épine. Si cette mamiére peut fecourir la Nature, c’eft ce que le temps nous aprendra. Mais comme 1l eft naturel à Pefprit de Phomme, fur tout de ceux qui fe mêlent du Jardinage, de de- firer ardemment une promte croiflance , il ne faut pas s’étonner s'ils languiflent de voir dans fon état de perfection ce qu’ils ont planté & femé, s’imagi- nant qu’il eft impofhble d’attendre que lanature ait achevé fon ceurs ; au lieu qu’on devroit confidérer qu’il s’eft écoulé tant d'années depuis notre bas âge jufqu’à uneentiére craiflance , & que par conféquent on ne doit pas forcer la Nature, & qu’il faut Jui jaifler faire fon cours {uivant le Proverbe ; MNafura non facit [eltum. La Nature ne fait point de [aut, D'ailleurs nous fommes hommes, non des Maîtres, mais de fimples ferviteurs de la Nature. Mais com- me Dieu nous donne pleine liberté d’accommoder les plantes fuivant notre bon plaifir , on a inventé pour cet effet quantité de mamiéres qui tendent auf- fi bien à amélioration qu’à la multiplication & elles fe multiplient encore tous les jours. Pour moi je me propofe d’apliquer ma maniére de mulriplica, tion niverfelle auffi bien aux arbres & arbuftes du pris, qu'aux étrangers : Elle confiite dans la cou: pe des Jointures, à plier les branches, à enduire de F 4 Mer 88 L'AGRICULTURE PARFAITE Momie, & à planter. C’eft une vraie badinerie de décréditer cette propoltion & les autres qui ontété faites , de les faire pañler pour fabuleufes dans le monde , & de méprifer la chofe au fouverain de- gré: On n’a qu’à jeter l’œil fur quelque Auteur qui ait écrit fur la matiére des Vergers d’arbres fruitiers, & l’on trouvera que tous ont commencé à prati- quer en partie les mêmes recherches. L’Auteur fus mentionné eft fi eftimé que chacun Pa prefque: entre les mains. Voici ce qu’il dit au Chapitre X VIII. *” Quelques arbres font de telle nature, que » lorfqu’on coupe les extrémités du haut & du bas » de leurs branches droites, fraiches & qui pouf- » fent bien, & qu’on les met ainfien terre , de » Mmaniére que la partie inférieure repofe fur une » terre d'argile fraiche , humide & mêlée de fu- » mMier de vache , qu’on féme tout autour de l’or- n ge & de l’avoine, qu’on remplit enfuite la fofle, » & comprime la terre fortement , &c qu’on met + deflus un petit gazon argileux renverfé, verd & bumide , ces branches prennent alors racine & » pouffent par le haut. De cette maniére on peut » cultiver les Figuiers, les Rofiers, les Pommiers, » lesPoiriers, les Neffliers, les Cerifiers , ies Meu- > riers, & fur tout, les arbres qui ont de grofes amandes. Je n’examinerai pas pour cette fois fi lPavoine & l’orge pouvent contribuer beaucoup à la poufle des racines, & fi l’on n’a qu’à planter fur du fumier de vache les tiges qui ne font pas accom- modées : Il fuffit que chacun puifie voir par là que les racines coupées & partagées en beaucoup de morceaux peuvent repoufler aufli bien que les : branches & tiges qui font coupées peuvent pren- dre racine. Si cela a eu tout le fuccès qu’on pou- voit fouhaiter , lorfqu’on ne donnoit pas la moin- re attention à la coupe des jointures , & à les en- duire PARTIE IT. SECT.I. CHAP.IV. 89 duire de Momie , en quoiconfifte néanmoins le finde Part, à bien plus forte raifon le fuccès en fera-t-il heureux, à prefent qu’on a égard à tout ce que la Nature exige de ER Je vais répeter cette maniére en peu de mots. Lorfqu’on veut en premier lieu planter des arbres dans de grands Jardins,dans des prés & fur des monta- gnes, 1] faut prendre foin Pavoir à la mainunegran- de quantité de branches longues, épaifles & droites de toute forte d'arbres | comme par exemple de bons Pommiérs, Potriers, Amandiers, Chataigniers, Noîïers, Abricotiers , Pêchers, Meuriers, Ceri- fiers, Merifiers, Griottes & autres arbres. Quand même quelqu'un auroit un grand Verger , il peut fe pourvoir de tout par lui même fans être à charge à perfonne. 11 peut même fe fervir des bran- ches fuperflues dont on décharge les arbres au Prin- temps , d’autant qu’on a befoin d’une très- gran- de quantité de branches pour planter un grand Verger. | | Autant que je lai pu remarquer dans le peu de temps que jy ai été occupé, la meilleure faifon pour faire cette opération eft dans l’Automne. Auff ai-je avant & après la Touflaint derniére cou- pé quantité de milliers de tiges dans leurs nœuds que jai accommodés avec de la Momie. Yen ai planté quantité en plein air , fur tout des longues tiges qui étoient pliées en rond, & que j’avois néan- moins accommodées avec de la paille, mais jai por- té dans mon lieu de depôt dont j’ai parlé les moïen- nes , les perites &t les plus petites, comme il paroît par la Plazche XXY. ci-jointe, ainf que tout y eft amplement décrit. Jai fait faire dans mon Jardin deux lieux de dépôt, l’unen pleinair, & Pautre qui eft couvert. Le dernier eft plus fec, & l’autre plus M : hu. éo L’AGRICULTURE PARFATTE humide. C’eft pourauoi jy ai gardé les grofles & longues tiges & branches, & je verrai à prefent le- quél des deux me réüflira Je mieux. 6. 5. La raifon pour laquelle je ne plante pas d’abord en plein air les petites branches & poufñles, eft uni- quement pour garantir du froid & des injures de Pair les tendres & petites tiges. On ne les y expo- fe pas non plus avant le milieu ou la fin du mois DAyril Cependant elles ont fix mois durant fous terre, l’occafon propre pour prendreracine. Après cela lorfque la faifon Bal/amique * aproche , & qu’on les expofe à Pair, elles commencent à bour- eonner tant par le haut que par le bas , & c’eft la “ raifon pour laquelle jaime mieux PAuromne & PHiver pour ce fujet, que le Printemps. Car ceux qui ne coupent leurs branches fur lesarbres qu'aux mois de Mars & d’ Avril, s'ils les gardent comme il faut , & les plantent , 1ls les verront bien pouf- fer, maiselles peuvent manquer plus facilement, parce que la feve remonte en plus grande abondan- ce, & que les grandes chaleurs, qu’on a d’ordinai- re plus fouvent aux mois de Mars & d’ Avril qu’au Printemps , le defleichent d’autant plus aifémenr. Mais il faut tenter ; on le hazarde bien avec d’au- tres arbres qui ont déja des racines, fans qu’il pa- roifle étrange à qui que foit lorfqu’ils meurent. = De quelle maniére on doit couper les nœuds , 5 les accomimoder avec de la Momie. 6. I, 7 9i comment on s’y prend. Lorfqu’on a af- Ÿ_femblé de grofles tiges & de longues branches, on choifit les meilleures & les plus droites , & on les * Voïez les Remarques, RE - PARTIE I. SECT.I. CHAP IV. os Îes Coupe par en bas près du nœud , comme on la déja dit amplement. Erfuite on en retranche tou- tés les grofies branches de côté : Si l’on y trouve quelques petites branches qui m’aïent qu’un an ou deux , on les peut laifler à la grofle tige ou branche, puifqu’elle a aflés de forcé & de fuc pour entretenir ë& nourir ces boutons. Aux longues branches qui ont beaucoup de nœuds , on péut couper commo. dément la premiére année, ou bien la feconde, fui. vant que les chofes font difpofées, & accommoder enfuite l’incifion avec de la cire préparée ou de la Momie : Car à caufc de leur délicatefie elles mou- font facilement Hiver, les autres nœuds n’en font fouvent pas épargnés, & quelquefois des branches meurent de même. 6. 2. A près qu’on aura coupé comme il faut une gran- de branche avec quantité de nœuds ou d’années, on éprouve fi elle fe laifle bien plier auffi par en bas. Si on la peut courber en cercle , ceft d’autant mieux ; Car toutes les branches , tiges , tant étran- géres que du païs, ou fauvages, pouffent d’autant pius feurement par ce moïen : Mais la XX VI. Plan- che indiquera plus amplement de quelle maniére fe doit faire proprement la flexion, & mettre au def. fous de petits bois , ou des piquets à leur place: Comme auf coniment on doit accommoder la fi- nuofité avec de l'écorce, de la ficelle ou de la cor- de, de la paille treffée , des branches d’ofier, & au- tres pareilles chofes. On en a parlé auffi fufifam- ment, en faifant mention de la flexion des branches étrangéres. Je ferai dont feulement reflouvenir: ici, que la flexion d’une grande branche fe fait tout de même que celle d'une petite : Mais en cas que la branche foit fi épaiffe qu’on ne la puifie plus plier en rond , on fe contente de la éouper fimplement dans 92 L'AGRICULTURE PARFAITE dans la jointure. On accommode lincifion avec de la Momie; & l’on y lie quelques piquets , afin que les tiges ou les branches foient d’autant plus fermes en terre. ‘Lorfquelestiges ou les branches font bien coupées dans leurs jointures, bienunies par le bas, & ploiées comme 1l faut , on les peut accommoder avec de la Momie | & les enduire avec de la poix commune fondue ou de la refine, afin que l'humidité ne cau- fe point de dommage à la branche ou à la tige , a- vant que lesracines ou les rejetons pouflent, & qu’el- le ne nuife pas à leur croiflance. Je fais bien que beaucoup de gens s’en moquent , mais c’eft par ignorance, & je fuis perfuadé qu’ils en auront une idée plus avantageufe, lorfqu'ils auront fait atten- tion aux cfiets de la refine & de la poix , à qui jofe donner le nom honorable de Momie Vegetable. Pour préparer cette Momie | on prend un grand chaudron , & un grand pot de terre qui foit fort: On leremplit, environ le tiers, de poix noire com- mune, ou fi Pon y veut faire un peu plus de fraix, on y ajoute un peu de refine fine ou de poix fou- frée, & un peu de cire jaune : On fait fondre cela en plein air fur des charbons ardens. Quand lacom- pofition eft liquide , on Oôte le feu , & on la laifle repofer jufqu’à ce qu’il n’en exhale plus de fumée. Etant refroidie, on peut avec un groffe brofle faite exprès , en enduire les branches longues & cour- bées, les poufles & les petites branches, & bien ac- commoder toutes les incifions comme la Planche c1- jointe le montre encore mieux. Je dirai à prefent en peu de mots quand & com- ment on doit planter les branches & tiges. A lé- gard du temps, on a déja dit que P Automne & le com- . À PARTIE IT SECT.I. CHAP.IV. 03 commencement de l’Hiver font la faifon la plus pro- pre , quoique l’on n’en doive pas exclure entiére- ment le Printemps. Pour ce qui eft de planter, cela doit fe faire fui- vant que la tige eft droite ou courbée, car on creu- {e la fofle fuivant cela. Les courbées doivent être plantées de maniére, que ce qui eft coupé d’un c6- té, foit horizontal à la terre. Pour moi jaime mieux la laifier fortir un peu de terre pour beau- coup de raifons, dont je n’ai pas le tems d’expliquer la preuve. Mais on plante les autres en terre toutes droites de la profondeur d’un pié, & l’on remplit toûjours la fofle de bonne terre. Après cela on y attache un bâton, & le premier Hiver on les gar- nit de paille , & alors elles prendront racine par le bas, & 1l leur viendra des branches par le haut. Par cette invention on peut planter abondam- ment des branches & des tiges dans les Jardins , dans les près &t fur les montagnes , & en peu detempselles deviendront des arbres parfaits. | Gare &: Me Pour conclufion, jajoûterai ici qu’on peut plan- ter de Ja même maniére des haies vives de Meu- riers, d’Epine fauvage, de Pruniers fauvages, d’Au- bépine , de Houx, &c. Et dans les Jardins , des efpaliers de Noilettiers, de coins, de Groifeliers, de * Rofiers, de Framboifiers, & pareilles autres plan- tes : fur tout lorfqu’on les planteau mois d'O&tobre, & que Hiver on les couvre avec de la paille & du fumier, & alors ils poufferont bien, | PLAN- 94 L'AGRICULTURE PARFAITE. lo -GHHE NN 0 Où eft féproloté un Cabinet de verdure & un lieu de depôt , dans lequel j'ai mis quelques centai- nes de tiges. accommodées avec de la Mens qu'on y mes pendant PHiver. A.A.A.A. La Prgueur €? 4 largeur de: mom » Cabiut dans le Fardin. B.B. Lieu de depôt [ous terre dont le siiocher: de def. fas eji bien pourvu de poutres ÈS de planches. C. L'ouverture ou Pentrée du lieu) de dépôt qu'on fer: . Mmeparune trappe; © qu’on peut pi és éd comme on le 1496 à propos. | D. Lentrée par une échelle. | E. Le fumier dont le dieu de dépôt eft couvert ; SN que le froid ne puiffe pas pénétrer par les fentes du plan cher &S defcendre en bas. Pour plus de [ureté, Par auparavant fait couvrir les planches de terre, © fait mettre du fumier defJus. F.F. Le Jouterrain du Heu de dépôt , que j'ai à fait craufer de la profondeur de 8. ow 9. Piés. Au fond il y à en premier lieu quelques piés de: fumier de vache € de cheval ; après cela environ trois pics de banteur de terre feicbe ES bien préparée. : Tout -cela eff difpofé comme de petites couches. | G:G.G. Diverfes fortes de couches ; dans lefaneilés on a planté toute forte de petites tiges, tant droites _que courbées en rond. H.H.H. Les Jentiers qui ont été ménasez entre! 7 couches , afin qu’on puiffe marcher entre deux, pour Les pourvoir de neige lorfqu’elles font trop feiches , ËS pour examiner s’il y en a quelques unes qui moi/i[- Jent , ÉTc. TL Effune couche fur laquelle il y a des bourgeons enduits de LLL2 LL LI] ALL LLLLL LL LL 1 SSABESIS ETF) (ai Helen] m1 QC TTTENENNTUNT LE à ii : LL 5 \e a li LL DHL ENTRE TAN EN] ur er 1 sa s ee SRE LRESSRSSS me ee s > EE = ESS à em en qu que em D PARTIE II. SECT.I. CHAP.IV. os de Momie : Comme auffi quelques tiges qui ont été coupées à une année, à deux € à trois ans, $ ac- comodées avec de la Momie. K. Une autre couche fur laquelle font quelques tiges — courbées de Pommiers, de Poiriers ,‘d Abricotiers, de Pêchers, de NoiersS de Meuriers , Ce tefquelles ont été enduites de Mormie ÈS plantées de cette m1- mére. L. Encore une couche préparée dans laquelle on avoit auparavant fiché des pieux &5 cloué des lattes de[- [us , lefquelles font une efpéce de bas appui [nivant M.M. Les longues branches € tisesque lon wa pu ploier, doivent être en premier lieu miles bien avant enterre, auffi loin qu'elles font enduites de Momie, €? enfuite en les met en travers [ur les laites , afin quelles ne foient pas endominagées. É, Paurois pu faire deffiner auf Pautre lieu dépôt que j'ai en plein air : Mais chacun comprendra facilement par ceci comment il doit être. PLANCHE XXVI. Qui reprefente de quelle nsaniére on peut accom- der avec de la Momie, de grofles tiges, des bran- ches , tant grofles que petites & les poufles de bons arbres fruitiers, & les planter dans des Jar- dins, dans les près & fur les montagnes. A. À. Repréfente le pere de famille tenant à la mais une branche de Pommier longue & courbée, laquel- le eff bien liée Ë5 enduite de Momie: Ceci fert d'a. vertiffement aux Jardiniers € aux vignerons de bien prendre garde à la chaleur de la Momie, afin qu’ils ne lapliquent pas trop chaude deffus ; car. cela eff d'une extréme conféquence. | mme B. B. Quelques branches fort groffès, qui ont bien été cou 96 L'AGRICULTURE PARFAITE coupées ; mais au lieu de mettre de petits bois def- fous , on les a fiché en terre avec des piquêts , afin gwelles s’y tiennent plus fortement | [ur tout celles qu'on plante dans les champs ES [ur les montagnes. C. Branche groffe & droite qui eff pareillement garnie de piquets. | D. Comment une groffe branche prend racine par la jointure, de maniére qu’elle commence à croître com- . me une fige. | E. Une groffe branche à laquelle on ne peut plus difcer- ner de jointures | ÈS qui a été Jeulement coupée [ui- vant les branches. F. Un réchaud avec du feu, [ur lequel on met un pot de fer , un chaudron de cuivre , ou un pot de terre pour y fondre la Momie. G. Le chaudron même , dans lequel on fond la poix ordinaire que j’apelle Momie. H. La broffe avec laquelle on enduit les arbres, mais elle doit être faite d’une maniére toute particuliére , on ne doit pas prendre les [oyes de pourceau dans tou- te leur longueur | mais de moitié , &3 on les doit lier par le milieu : On replie enfuite les bouts Pun près de Pautre £S on les relie: Autrement elles [e déta- chent , € les Joyes furnagent par tout [ur la poix. 1 Comment on enduira de Momie les groffes branches avec la Broffe , € comment l’on met enfuite dans Peau , Les petites branches auffi bien que les groffès pour leur redonner vigueur. K. Cuve pleine d’eau dans laquelle on met les petits arbres pour des rafraïchir. L.L. Zndique de fort longues branches de Poiriers, Pormmiers, Noters, Noifetiers ,plantées lune parmi l'autre dans un pré ou un champ , qui reffemblent à un petit Bois. M. M. De quelle maniére on plantera les branches COUT = PART: II. SECT.I. CHAP. V.. 07 courtes bien accommodées | ES comment elles bour- geonnent une année ou deux après. | NN. Sont auffi de pareilles branches courtes € épaif- fes de toute forte d'arbres fruitiers , lefquelles ont été plantées dans des lieux élevés &3 [ur des monta= gnes , où elles bourgeonnent peu-ä-peu ; ES devien- nent enfin de gros arbres. CHAPITRE V. Nouvelle maniére praticable | pour planter des tiges, des branches € des pouffes dans des Bois abattus € dans les efpaces vuides, lejquelles deviennent eufuite des arbres, © font un Bois agréable, LE Orfqu’on feuillette quelques Auteurs qui ont marqué comment on doit ordonner & cul- uiver des Bois , ils difent tous unanime. ment qu’on peut le faire par le moïen de la femence des arbres de ce Bois. On peut examiner fus tout ce qu’en dit certain Noble Membre de la loua- ble Societé fertile en fruits dont on a fait mention ci-devant dans la Premiére Partie, Il.Seétion, ce qui doit être approuvé de chacun: Mais comme il faut ayouer que cette culture & croifflance des ar- bres va fort lentement , & que notre vie au con- traire eft courte, les hommes s’efforcent continuel- ment de découvrir quelque chofe par Art, en for- te qu’on puifie promprement exécuter ce qu’on feroit obligé d’attendre long-temps fuivant le cours de la nature, & cela furtout pour faire aquerir d’abord aux arbres& aux arbuftes leur pleine croif- fance. Certain Comte s’en eft plaint entre autres, difant qu’il étroit étonnant que jufqwà cette heure Seconde Partie, G il 98 L'AGRICULTURE PARFAITE il ne fe foit trouvé perfonne qui ait inventé quel- que autre chofe pour faire des Bois , & remplir d’atbres les places vuides, qu’en fe fervant de la fe- mence. _ Cela m'a aufli encouragé à rechercher la Natu- re, & à trouver un autre moïen de faire un Bois, & ce qu’il faut faire pour le mettre plus prompte- ment en état : Et comme mes penfées rouloient alors fur l’art d’enter des racines , je crus d’abord avoir trouvé ce moïen dont il eft parlé plus ample- nient dans la Premiére Partie : Mais aïant mis moi même la main à l’œuvre , jy trouvai quantité de difficultez: Et quoi que cela puifle s’exécuter, & qu’il foit très conforme à la nature , que la tige & fa racine s’uniflent Pune à Pautre , 1l a paru néan- moins dans la fuite , que ce moïen n’étoit pas pro- pre pour la muluplication univer{elle. 11 me vint alors dans lefprit que le partage des racines feroit peut-être beaucoup plus propre à la multiplication umiverfelle. Occupé de ces penfées, traverfant un jour une forêt de Sapins, je m’aperçus que leurs ra- cines n’entroient. pas fort avant en terre : Chemin fefant je rencontrai un vieux païfan à qui je demanda entre autres, s’il avoit jamais oui dire que lorf- qu’on hachoit en quantité de morceaux les racines de Pins, de Sapins, &autres arbres, ils repoufleroient &.produiroient des arbres. Le païfan après avoir un peu rêvé répondit à la fin, Monfieur; ? Je me fouviens encore d’avoir oui dire à mon pere que le Seigneur du Lieu lui donna en certain temps une étendue d’un Bois abattu, à fin d’en faire un bon champ pourlegrain: Ilen prit touslestroncs mais il laboura les petites racines fous terre. , La terre aïant été enfemencée enfuite, l'année . d’après lorfqu’elle étoit en Jâchére * , clle pro- : ». duifit 32 * Voïez les remagquües PARTIE I. SECT.I. CHAP.V: ‘95 » duifit quantité de Sapins & de Pins qui firent un » petit Bois. Ce récit me plut extrêmement & é- tant entré dans Pauberge du premier village, je ra- contai mon Hiftoire à l’Hôte : Quelques païfans qui étoient prefens dirent qu’ils n’avoient jamais oui pareille chofe: Mais je fais bien, dit un de la troupe, que dans ma jeunefle javois un vieux voi- fin qui abattoit de grofles tiges & des branches, & les replantoir, & qu’elles commencérent à pouffer, dont chacun fut fort éconné. Je lui demandai là-deflus de quels arbres ces branches avoient été prifes? Mas il répondic qu’il n’en favoit rien. Cela aug- menta encore ma Joie. Etant revenu au logis, je feuilletai certain vieux Auteur Grec qui a été Dif- ciple d’Ariffote, où je trouvai le peu de paroles fui- vantes lefquelles comprennent briévement tout le miftere & l’ Arc de la multiplication. Je raporterai ici ces paroles * pour cette fois dans leur propre langue fans les interpréter. AË vies ray dErdear x CÀWG rar Qurdr ; À duréuurer + dre voteudl@, 9 d'amà pièns » à dard meparrad@ , à mTè Mupénor@, à d'où mAarëc, num duré 5 StAiGus tir, à ré Té Eu'As nalaxoThT@ 5 purge, EC, Elles feront expliquées clairement dans la partie fuivante qui traitéra de la certitude & verité de la Propolition qui a été faite , cependant je verrai fi ; G 2 ceci * En attendant qu’il plaife à l’Auteur Allemand de nous donner la trojfiéme partie dans laquelle il promet d'expliquer ce paffage Grec, en voici la traduétion. _: La production des Arbres ?5 generalement celle de #°4- tes les plantes fe fait | on de foi mêne, on par la femeuce, é4 par la raciree on par une branche déiachée , vx par a fo , 04 par le bout d'une branche, ou par le tronc méme, 7 quand un coupe le bois en petites parties, &c. 100 L'AGRICULTURE PARFAITE ceci doit être mis auf au rang des folies favantes, ainf que certain mauvais plaifant le publie. 6. 2. | D’autant que jai traité fort au long de ma Pro- pofñtion, comment on pourra faire un Bois de ra- çines extirpées , tant dans ma premiére que dans la feconde Partie: Et aufi comment l’on pourra cul- tiver un Bois , par les rejetons , & en poliffant les troncs, j’apliquerai prefentement auffi ma derniére Propofition à un Bois , & je ferai voir comment par la coupe des jointures, & partageant les grof- fes. branches & les longues tiges, on pourraen peu de temps faire un Bois bien épais. Ii faut fur tout qu’un Propriétaire ou un fo- reftier connoifle bien fes terres, & qu’il confidére { la place qui a été extirpée étoit remplie ci-devant de Chénes, de Sapins, ou de Bouleaux, S'il en eft bien afluré, il doit y replanter parcille forte det-! ges & de branches: Mais fi la Nature avoit coutu- me d’y produire toute forte d’arbres Pun parmi Pautre, on peut Pimiter en cela |; & y planter de nouveau toute forte de branches & detiges pêle méle , ne doutant pas que comme ces arbres ont ci devant tiré de terre leur. aliment naturel , ces dermers qui y ont été plantés par Art, ne tirent auf pareillement leur nourriture de la terre , & qu’ils ne prennent racine & ne pouflent. Jai fouvent dit que Élthenpe eft la faifon la plus propre pour cette coupe des nœuds: Etcom- me il furvient bien auf quelquefois du mauvais temps dans cette faifon , en forte qu’il n°y auroit pas lieu de pouvoir travailler commodément dans les Bois, je fuis d’avis qu’on devroit bâtir une loge legére dans le Bois avec un toit de planches pour PARTIE IL. SECT.I CHAP.V. tort y porter les branches & les tiges qui ont été coupées, afin qu’elles y demeurent féches & à labri du mauvais temps. On pourroit enfuite faire creufer en terre divers lieux de dépôt ou magañins, & les couvrir aufli de planches, & on y garderoit celles qui ont été accommodées avec de la Momie | juf- qu à ce qu’on eût du beau temps , & alors on les en tireroit & on les pourroit tranfplanter dans l’en- droit qui leur eft deftiné. Mais s’il arrivoit pour quelques raifons , qu’on ne les voulût point du tout planter en terre , on les peut laifler tout l’'Hi- ver dans le lieu de dépot , où il Les faut accommo- der, & les planter en terre au Printemps. Mais la place fur tout où l’on duit faire le nouveau Bois doit bien être nétoiée des troncs & des racines fu- * perdues. Ceux qui veulent planter des racines, des uges & des branchés lune parmi Pautre , peuvene le faire. Outre cela, le terrain devroit être difpo- fé de mamiére , qu’on y püt creufer des foflés pro- fondes avec peu de peine , dans lefquelles on pour- roit planter les branches & les tiges. Quant à la coupe des jointures, & la flexion des arbres fauvages , cela fe fait de 1 même maniére qu’on Pa dit des arbres étrangers, & des arbres frui- tiers: On prend une longue branche, dont on cou- pe toutes les branches de côté. On retranche de nouveau de ces petites branches de côté coupées, les petites branches de côté , & l’on en fait de petits arbres qu’on peut planter çà & là comme cela eft déja connu par la Planche fondamentale de la cou- pe dans les jointures. Lorfqu’on a fait cela comme il faut , on la plie fi cela fe peut convenablement : Mais fi elle eft trop épaifle , on la laifie telle qu’el- lceft , & on l’aiccommode ainfi qu’on le peur voir dans la Z21, Planche. Si en mettant quelque chofe G 3 defs 102 L'AGRICULTURE PARFAITE deffous , & fefant le lien comme il faut fuivant 4.4.& B. & qu’elle aquiert fa rondeur ; on l’en< duit enfuite avec de la: Momie comme il à été dit plufieurs fois. Ceux qui n’épargnent point les fraix pour faire le lien , peuvent prendre des branches d’ofer ou de la paille treffée enfemble, à la place de cordes. ; 6. j Mais comme ces branches hautes pourroient être endommagées par des vens violens ou par de rudes tempétes, on pebt: planter tout près deux bons ap- puis, comme on le peut voir dans la 7. & la 7, Fig. Ceux qui voudront faire planter des pieux en terre pour les y lier ; auront le plaifir de cultiver” par ce moïen de beaux arbres bien droîts , lefquels avec le temps feront propres pour le bois de char- pente, Mais chacun peut faire ces chofes fuivant fon plaifir. De cette maniére on peut planter quan- tité de milliers de branches, cant droites que pliées, en bon ordre dans des cfpaces vuides , de mamiére qu’en peu d’années on aura un Bois agréable & bien orconné. Il refte encore quelque chofe à dire des plus grof- fes branches & des tiges , auxquelles on ne recon- noit plus de jointures. Il eft certain que fi je n’a- vois pas de fi bonnes raifons phyfiques , qui me per- fuadent qu’une grofie piéce de bois épaifle & cou-: pée> peut bourgeonner : S’il ny avoit pas eu plus de cent ans avant moi des perfonnes defprit qui ont cru cela praicable, aurois cru moi même que mes idées étoient chimeriques. Mais comme ceci eft fondé fur Ja Nature & fur la raïfon | je marquerai comment je croi qu’il faut préparer les longues tiges, foit.de Sapins , foitde Bouleaux, de Chênes &t d’au- tres arbres , pour les faire croitre , quand même + C= à / PARTIE.IL. SECT.I. CHAP. V: #03 feroient de la moitié auf gros qu’un homme. On prend une de ces branches à laquelle on ne recon- noît plus de jointures ou marque des années 3 il la faut {cier à cinq ou fix piés de longueur , la polir deflus & defious, & la rendre unie avec le couteau. On doit alors accommoder chaque bout ou extrez mité avec de la Momie préparée pour les Bois , & à l’extrêmité qui entre enterre , on doit bien l’en- duire de la longueur d’un pié: Enfuite il faut Jar: rêter avec des foutiens, foit en longueur ou en lar- eur. On peut fe fervir de foutiens larges lorfque A terre eft fort dure , & qu’on ne peut pas creufer trop profondément, & des longs quand la terre c{t molle. On ne peut pas bien déterminer jufqu’à quelle profondeur on doit mettre ces tiges en terre, mais deux piés ou deux piés & demi fufñfent. II y 2 encore quelque chofe à dire, fur la manié. re dont on doit couper les grofles branches. On les coupe pour la plüpart prés des petites branches de Côté fuivant #. &. &. dans la Fig. Z. & 17. parce qu’on n’a rien de certain à l’égard de leurs nœuds. Car on peut voir aux branches que la plüpart des petites branches bourgeonnent immédiatement au deflus des petites jointures : Ainfi il peut arriver qu’on rencontre le nœud fans y penfer. | PLANCHE, Qui repréfente de quelle maniére on enduira de Momie les grofles tiges & branches, auxquelles on ne peut plus difcerner de jointures : Com- ment on les peut garder lHiver dans le lieu de dépôt, & les planter quand:il en eft temps. À, Reprélente le lieu de dépôt dans le Bois , [ans toit par deffus, quoique pour beaucoup de raifons il veu- _X droÿ 104 L'AGRICULTURE PARFAITE droit beancoup mieux qu'on le couvrit. On y peut garder durant PHiver , quantité de tiges & de gro[- fes branches-préparées , bien coupées € enduites de Momie, 3 l'on doit les retirer de là lor[qw’il en eff temps, € les planter comme il faut en terre. B. Repréfente quelques tiges € branches pourvues de piquêts, de forte gwelles font propres ES prêtes à « être plantées. C. Repréfente un laboureur dans un champ defiiné à en faire un Bois: pour cette fin on fait les foffes né- ceffaires ES autres difpoitions. D. Sont les tiges que l’on plante réguliérement | & qu'on accommode enfuite avec de la terre. E. Repréfente comment l’on fait cemprimer fortement da terre avec un pilon de bois pour la conferver | à quoi l’on emploie un homme qui travaille en journée. LT ait F. Zndique comment l'on peut faire auf cette opéra-w tion [ur les montagnes, ES y planter toute forte de tiges €S de branches d'arbres fruitiers : Mais de « quelle maniére les tiges doivent être proprement difpo- fées | € comment on doit les courber en rond , C’eft ce que montre la Planche fuivante. | ; + | , ” Ca L F° CAES 48e PARTIE NI. SECT.L CHAP.VE of PLANCHE XXVII. Qui donne efpérance aux Foreftiers , de faire dans eu de temps un Bois entier par le moiïen de FES branches coupées , qui ont été taillées dans les jointures , courbées comme il faut , & accommodées avec de Ja Momie : Comme auffi de tiges de l’épaifleur de la moitié dun corps d’homme , lefquelles aïant été fciées à la lon- gueur de quelques piés | font accommodées de Momie & foutenues par des piquêts. Fig. I. Repréfente une fort groffè tige ou une bran- che à laguelle on ne pouvoit plus difcerner de join - tures, €S qui par confequent fut coupée [uivant Jes branches K. K. Enuite on laccommode avec de la Momie par deffus 3 par deffous | comme auffi en tous les endroits où elle étoit taillée , ainfi que I. l'indique à laquelle [uivant G. GE H. on a attaché des piquêts, 9 cela par le travers , parce que la terre étoit fort dure. Fig. IL. Repréfente auffi une fort groffe branche cou- pée , fans jointures | €S pareillement comme ci-de[- Jus coupée fuivant les branches | comme l'indi- quent K. K. ES pourvue enfuite de longs piquëts Juivant F. laquelle à été enduite de Momie deffus ES deffous, [uivant T,. Fig. IL. Zndique une longue branche , droite & qui a bien pouffé dans un Bois , à laquelle on peut dif- cerner encore [es jointures | Mais COMME 0 Ne pou- voit plus la courber , on Pa enduite de Momie | &5 arrêtée par de lonzs piquêts, afin de pouvoir refilier à la violence des vents. Mais lor[que le terrain eff f dur qu’on ne peut pénétrer en terre, on ÿ attache des piquêts.en travers , [uivant la Fig. T, G5 Fig.IV. 106 L'AGRICULTURE PARFAÎITE Fig. IV. Repréfente une longue branche ; dont tou. tes les branches de côté font coupées | de laquelle on peut cultiver du bois de charpente. On la cour- be tout-à-fait parce qu'elle eff encore jeune : Maïs aux deux côtés on y attache des piquéts droits , après quoi on l'accommode encore avec de 1x Momie com- me il faut. On peut voir ici auffi comment elle a pris racine dans des jointures, ainfi que D. le re- éfente. Fig. V. Ef une longue branche dont Juivant À. X. toutes celles de côté ont été coupées. On en peut fort bien difcerner les joïntures Juivant C. C. C. €? A. B. indiquent le lieu ÉS comment l'on met deffous les petits bois | comme auf de quelle manté- re on l'accommode avec de la Momie. De la mé- me manicre gWon traite les grolfes tiges 5 bran- ches | on en pent ufer pareillemcent à Pégard des morennes €9 des petites. s Voila mes penfées [ur la culture des Bois, CHA: PARTIE II. SECT.I. CHAP. VI. 107 CHAPITRE VI. Comment par la coupe des nœuds on plantera de nou- veaux vignobles | de maniére qu’ils poufferont l même année , € porteront du raifin abondamment la Jeconde année. 6. I. À vigne à caufe de fon utilité & de fes agré- , mens, & le vin par fon admirable vertu qui réjouit le cœur de Phomme, méritent bien qu’on en parle un peu amplement. Comme chacun éft convaincu de cette verité, cela doit engager d’au- tant plus à redoubler nos efforts pour la bien culti- ver & multiplier autant qu'ileft poffible. Ceft Ja raifon pour laquelle 1l s’eft trouvé de tout temps des perfonnes d’efprit qui fe font apliquées à cher- cher route fortede moïens, pour ameliorer & multi- plier les vignes, & l’on peutdire à leurgloire, quela Pofterité à profité de leurs recherches & eft entrée dans Putilité de leurs idées. Afin qu’on ne néglige pas les nouvelles découvertes tendantes à la multi- plication, Sa Majefté le Roï de Pologne & Elec- teur de Saxe donna ordre le 13. Décembre 1712.à tous les propriétaires des vignobles dans lesterres de JElectorat de Saxe , & les encouragea à prendre foin d'améliorer & de multiplier leurs vignobles le plus qu’ils pourroïent. Je m’eftimerois fort heu- reux fi comme un des moindres , je pouvois con- tribuer quelque chofe à l’exécution de ce comman- dement : Car jai eu le bonheur de féjourner pen- dant plufeurs années aux célebres Univerfités de Wittenberg & de Leipfc pour poufler mes Etudes, & lon my a fait mille plaifirs , dont je rends ici | ce 7 108 L'AGRICULTURE PARFAIÎTE ce témoignage public , fur tout à caufe que fa Ma- jefté à ma priére, abien voulu accorder un privilé- ge pour mon Ouvrage, dont je lui rends mes très- humbles aétions de graces, ne fouhaitant autre cha- fe, finon que mes foibles découvertes foient capa- bles d'aporter quelque urilité à fes fujets. : Comme il n’y a rien de plus libre que les fouhaits & les pen- fées | je communiquerai au Public mon fentiment touchant les vignes , ne doutant pas que Dieu ny donne fa bénédiétion : Je vais donc propoler une multiplication infinie de vignobles , dont on na rien fceu jufqu’à prefent , du moins de ma con- poiflance. S-.2 Mais en premier lieu, je ne paferai pas entiére- ment fous filence la maniére de multiplication pra- tiquée par les Anciens. On trouve ce qui fuit dans Columelle & Palladius. Ceux qui veulent ame- lorér des vignes n’ont qu’à percer le fep depuis le bas jufqu’à un endroit folide du haut, & y inferer par le bas d’autres farmens, de maniére que chacun remplie un trou entier : Enfuite on netoie le farment , & l’on en ôte l’écorce extérieure la plus groffiére , mais on ne doit pas la peler entiérement ni gâter les boutons: Alors on coupe le farment de la largeur de quatre doigts à extrémité d’enhaut, en y laiflant un bouton ou deux: Enduifés enfuite le trou avec de la cire ou de largile, & liés le tout doucement avec de l’écorce ou des linges , de ma- niére qu’il ny puifieentrer ni vent ni humidité: On peut aufh couper la tige auparavant , environ un pié au deffus de terre , & prendre le meilleur far- ment de la premiére vigne la plus proche , , & Py mettez pendant que les bourgeons font encore pe- tits , & delicats , mais 1l ne les faut pas couper. Laifez le ainfi deux ansavec la tige, jufqu’àce Se G O1Cnt PARTIEIT. SECT.I. CHAP. VI. 109 foient accoutumez au nouveau fuc , après quoi il le faut encore couper, &c. Mais comme il eft fur- venu plufeurs difficultés à cette nouvelle amélio- ration, les vignerons d’aujourd’hui ont commencé d’enter les farmens dans la fente , tout de même qu’il fe pratique aux arbres. Mais avec cette diffé- rence ; que les ceps de vigne étant tout-à-fait dé- garmis de terre , on les coupoit un demi pié ou un peu plus fousterre, & on les fendoitainfi, pourvu qu’on épargnat le cœur ; & l’on y entoit dedans deux farmens à la fois avec l’écorce vers la partie extérieure. On le gardoit enfuite tout doucement, & ou le lioit ainfi que les entes des arbres', de ma- mére qu’il ne fortoit de terre que deux boutons, de chaque branche entée |; & l’on remplifloit ainfi de terre les intervalles. Mais comme cette manié- re ne leur plaïfoit pas non plus , d’autres trouvé. rent l'invention fuivante. Ils creuloient -une grande fofle profonde autour du cep fur lequel ils vouloient enter ; dont ils prenoient les farmens par les extrémités qu’ils déméloient l’un d’avec Pautre, & les plioient vers le haut. Quatre doigts au-deflus de la finuofité, & la profondeur d’un pié en terre, les farmens étoient coupés tout net , an les fen- doit avec un couteau tranchant de la largeur detrois doigts, & lon talloit pour cet effet un farment en pointe des deux côtés à l’opofite l’un de l’autre, 2. fin que Pécorce de la tige & le farment fe raportaf. fent Pan à Pautre & pour cette fin il falloit en cher- cher deux d’une même groffeur, - Enfuite on lioit cela comme 1l faut, on remplifioit la fofle de terre, de mamiére qu’il ne fortoit de terreque deux bou- tons ,; ainfi que divers Auteurs le marquent plus au long. Si ceci regardoit monfujet; jy ajouterois certainement encore une maniére rare d’enter fur des ceps de vigne, mais je pañlerai cela fous mn à 110 L'AGRICULTURE PARFAITE & me tiendrai à là multiplication pour voir comment elle a été traitée jufqu’à cette heure, & ce qu’en di- fent plufieurs. | | Ceux qui ont écrit fur la maniére de planter de nouveaux vignobles , raportent que la multiplica= tion peut fe faire par des farmens ; dés racines, ou par la flexion. A l'égard de leur maniére par des farmens , elle ne difiére en rien de la mienne, finon qu’ils ne coupent pas juftement les farmens dans les jointures deflus & deflous , & les accommodent comme il faut. Et s’ils obfervoient bien feulement ces deux chofes , 1ls n’auroient pas fujet de fe plaindre qu’il leur mouroit tant de ceps. Jeremar- querai auf en cet endroit de quelle maniére on en- treprend aujourdhui la muluplication avec les ra- cines. Elle confifte en ce qu’ils achétent de tou- tes parts , ou reçoivent de leurs amis , des far: mens avec leurs racines, qu’ils plantent, & multi- plient par là leurs vignobles. Cela eft bon & ceft une multiplication feure contre laquelle on nepeut rien objeéter. Mais pour mettre en terre où pour plier en cercle, ils s’y prenoient de la maniére fui- vante. T'ous les ans ils détachoient d’un bon cep de vigne quelques farmens de ceux qui portoient le mieux : Ils ne les coupoient bas ; mais les plioïent vers le bas dans une fofle qu’ils avoient creufé au deflous en terre , & la remplifloient enfuite deter- re, en forte qu’il n’en fortoit que deux ou trois boutons: De cette maniére ils les laifloient repofer deux ans , jufqu'à ce qu’à la fin ils étoient comme fevrez de la mere , & tiroient leur aliment de la terre: Mais auffi-tot qu'ils eurent pris racine ; ils furent coupés & tranfplantés , & de cette mamiére on avoit de jeunes vignes de la meilleure forte, &c. Voila ce que j’ai trouvé écrit pour cette n € PARTIE II. SECT.I. CHAP.VIL xzr de la multiplication des vignes; je vais à prefent expofer ma maniére de . multiplication à l'infini. Pour parvenir à cette fin, la femence ou les pe- pins de raifin font certainement la mamiére la plus feure, dont l’on en peut cultiver encore une beau- coup plus grande quantité. Quelques uns regarde- ront cela comme trop ufé & trep commun : Cela eft vieux, je l’avouc, mais jufqu’à prefent perfonne ne Pa encore pratiqué que je fache, & après que le vinaété preflé, -on a jeté le refte, comme ne valant plus rien. On ne peut néanmoins nier-que Dieu nait enfeigné lui même cette voie naturelle de multiplication , & 1l ne faut nullement douter que ]Voé & tous les Patriarches n’aient multiplié leurs vignobles par la femence, ainfi que je l’ai dé- montré amplement dans le ZZ. Chapitre de la feconde Seëtion. Or comme il faut que ce qui eft vieux de- vienne nouveau à fon tour, ie recommande encore très-férieufement cette maniére. Je m’étois flaté de lefpérance de femer au mois d’Oétobre dernier tour un champ de cette femence, mais à mon grand re- gret les raifins ne meurirent pas, de forte que je fus obligé de remettre mon entyeprife jufqu’à PAu- tomne fuivant , que je la mettrai à exécution, s’il plait à Dicu. Jai expliqué clairement ma penfée dans la Premiere Partie, comment cela fe pourroit exécuter le plus convenablement , ne doutant nui- lement que f on la traite ainf, 1l en proviendra encore beaucoup plus que la quantité de jeunes ceps qu’on a déja marquée. Mais on tâchera de renver- {er ce deflein ,en difant qu’on a aflés de farmens fau- vages & inutiles , en forte qu’un pareil ouvrage n’eft que perte de temps. Mais fans me condamner avec tant de précipitation , foïés perfuadé que par- mi la femence il fe trouvera fouvent de fi excellens hs CEps, 12 L'AGRICULTURE PARFAITE ceps, que peut-être on en chercheroit ailleurs inu- tilement de pareils : Et fuppofé qu’il ne provintautre chofe de cette femence que des ceps communs, en tout cas on peut les ameliorer en peu de temps par ce qu’on apelle ewbraffer | * de maniére que les propriétaires en retireront beaucoup de plaifir & d'utilité Mettés feulement la main à l’œuvre, & en peu de temps vous trouverés une fi grande abon- dance, que vous aurés lieu de rendre graces à Dieu de cette bénédiétion. $. 5. Quoique cette multiplication par la femence ait été ordonnée de Dieu comme la plus feconde & la meilleure, on peut néanmeins par art, par fes foins, fon activité & fon travail, contribuer beaucoup à leur faire avoir une plus promte croiffance. Or comme quelques uns ont tenté entrautres la coupe des farmens ; pour parvenir à une multiplication avantageufe, je propoferai pareillement 1c1 ma ma- niére de couper les farmens dans leurs jointures. J'en ai fait l'épreuve fur ma vigne qui eft liée à des lattes: Voici de quelle maniére. À la fin du mois d'Oftobre, lorfque toutes les feuilles étoient tom- bées , je coupai les longs farmens par le bas ; juf- qu’à trois boutons près, mais j’ôtai les farmens d’en- haut , les plus foibles & les plus déliez , que les Anciens apelloient Flagella , C’eft-à-dire , Houff. nes, parce qu’ils font trop délicats & ne peuvent pas fuporter la rigueur de PHiver: Lorfque jeus aflemblé une bonne quantité de ces farmens , je fis d’une longue branche, quatre, cinq &c fix ceps, de maniére que fuivant que je le trouvois à propos, Pun avoit deux boutons & Pautre trois , & je les coupai jufte dans la jointure : De cette maniére, jenaflemblaiune grande quantité. Enfuite je chaut- * Voïez la premiere partie, page 177: PARTIEIT. SECT.I. CHAP. VL: 113 fai un peu de Momie & après Pavoir laïflé refroidir fufifamment, jen enduifois les ceps plus d’untiers au deflous & au deflus. Jeles plantois dans mon Jar- _ din le long du fentier | quelques uns fur des cou- ches préparées pour cet effet, & j’en mis quelques uns dans le lieu de dépôt, pour voir quels poufie. ront le mieux au Printems prochain : Et afin de mieux réufhr à mettreenterre , j'ai fait faire un Villebrequin de Jardin , pointu par en bas & rond en haut comme les tarrieres dont fe fervent les char pentiers , étant de la longueur de deux empans & demi, & pourvu en haut d’un gros bois en tra- vers. Er afin d’avoir quantité de Villebrequins à la main , j’en fis faire quelques uns de bois de chêne. Après m’en être fervi à faire destrous en terre, jy fichois les ceps enduits de Momie | de maniére que deux boutons fe trouvoient fous terre , & le troi- fiéme en fortoit, après quoi je rempliflois ces trous de bonne terre. Lorfque le froid aprochoit , je les fefois couvrir de paille, & de cette maniéreils peu- vent refter tout Hiver fans être endommagés, Sa | A l'égard des farmens aux vignes je fais bien qu’il eft contre toutes les regles des vignerons , de tailler les vignes à la fin du mois d’Octobre. C’eft pourquoi Pon ne peut pas avoir de pareils farmens qu’au mois de Mars lorfqu’on taille les vignes. Qu’on s’en tienne donc là & qu’on fafle avec mot Pépreuve fuivante. Au Printemps, lorfqu’on tal. le les vignes | on en aflemble une très - grande uantité : Et fi l’on n’en recueille pas aflés de fes vignobles, 1l faut tâcher d’en avoir des autres , quoi- que je fache bien qu’il n’eft pas permis à un vigne- ron ; de vendre les farmens qui font propres À faire des piés de vigne, parce que fans cela ils dé garniroient les ceps de trop de bois. Mais fi quel. Seconde Partie, E qu’un 114 L'AGRICULTURE PARFAITE qu’un veut entreprendre quelque chofe de pareil ; il fera mieux de tâcher d’avoir des branches tatllées de vignes qu’on cultive au devant des maïfons , dans dés Jardins ; ou dans les foflés fecs * des villes, parce qu’ils font d’ordinaire beaux & excellens | 6. 7. Lorfqu’on a aflembié nne grande quantité de farmens, on peut commencer atravailler f le temp eft propre, de la maniére fuivante , & felon la Planche XXV/ III. En premier heu on doit fe fervir de gens qui s’entendent 4 couper les farmens dans leurs jointures.. Ea taille ne doit pas aller auffi en travers & obliquement , muis en droite ligne en haut & en bas , & à chaque jointure en haut & en bas, on doit laïffer encore du bois de Ta largeur d’en- viron un pouce fuivant 2. B. Enfuite on doit ob- ferver fi les ceps font longs ou courts, &C s'ils ont beaucoup de vieux bois ou de jeune, fi la branchea beaucoup de boutons &:qu?on les veuille retrancher jufqu’à trois nœuds ou boutons, e’eft bien fait. Car s’il fe trouve deux bôutons fous terre où davanta- ge, C’en eft d'autant mieux. Mais s’ils font petits, où les coupe jufqu’à deux bourgeons, dont on fait éntrer l’un enterre.,& l’autre.en fort au deflus. S'il y-a beaucoup de jeune bois, ce qui eff facile à voir, _on-peut le hazarder fi elles pouficront ou non. Mais onpeut faire fonds fur le vieux & gros bois. Lorf- qu'on a ramafñle une bonne quantité de ceps , on Jés-donne au jardinier afin qu’il les enduife de Mo- mie, Ce qu’il fait de la maniére fuivante. Lorfqu’on a fait fondre lentement fur un petit feu, la Momie de forêt dans-un chaudron de cuivre ou un pot de terre, fuivant D. on l’ôte de deflus le.feu, & on lalaïfie refroidir , jufqu'à ce qu’il ne | $ # Voïez les remarques. PARTIEL. SECT.I. CHAP.VL rs s’en exhale plus de vapeürs. La Momie étant refroi- die , le vigneron y trempe les bouts d’enhaut & d’enbas fuivant Æ. Enfuite 11 mêt à terre les mor- ceaux accommodés, afin qu’ils {e refroïdifient fui- vant F. Mais lorfque le chaudron ou pot de 0- mie refroidit trop , il faut le remettre fur le trepié, le remplir de nouvelle poix & augmenter un peu le feu : De cette mamiére l’ouvrage 1ra bien. On accommode ainf avec de la Momie | tous les mor- Ceaux qui ont été préparés & bien taillés, afin qu’é- tant mis en terre , l’humidité ne leur puifle pas porter de préjudice. | . 9. Avant qu’on entreprenne d’accommoder a- vec de la Momie | 1l faut auparavant bien net- toïer avec la houe Pendroit où l’on veut planter ces ceps. On fait aflés comment cela fe fait. A fa- voir , on bêche la terre environ un pié & demi de profondeur , & la terre de deflous eft mife def- fus, afin que celle de deffus qui eft d’ordinaire Ïa mieux préparée , vienne en bas près de la racine, & Ja terre de deflous venant deffus , fnit cuite & 2- doucie par la chaleur du Soleil & de la faifon, & lon en tire toutes les pierres & autres impuretés, Lorfque cela eft fait fuivant G.G. que Pon a des ceps tout prêts , on doit les mettre horizontale- ment en terré un demi pié Pun de Pautre : Car s’ils pouflent trop fort la feconde ou 1a troifiéme année, on en peut retirer toûjours quelques uns &c les tranfplanter. Mais avant que de mettre en terre les ceps qui font accommodés de Momie ,on doit fai- re des trous en terre avec de villebrequin Z. dans lefquels on met les ceps droit en bas & non en lon- gucur, fuivant À, après quoi on referme Îles trous avec la terre, & on la comprime forrement. T2 6.19. 516 L'AGRICULTURE PARFAITE ES 2 | 6. LO. En fefant de nouveaux vignobles , il eft nécef- faire de bien faire attention au lieu , & fur tout que les ceps foient plantés dans de bonne terre fer- ile & grafle : Et fi l’on peut choifr un endroit qui ne foit pas trop expoié de toutes parts aux raïons du Soleil , il en eft d’autant mieux pour les ceps. Car il eft à craindre que lorfque le terroir eft trop argileux, & que la chaleur du Soleil defléche 4 trop fortement, le fuc des ceps ne fe tarifle avant qu’ils commencent à prendre racine par leurs join- tures , laquelle perte on attribueroit enfuite mal à propos à l’Art. S'il eft poffible, on doit placer auffi ces vignobles vers l'Orient. Mais on laifie cela au difcernement du propriétaire qui fera bien : une exacte perquifition de toute chofe , avant que d’entreprendre un ouvrage de fi grande dépenfe. Je quiterai cette mamiére , & en ajouterai en- core une autre inconnuc , à favoir par le partage des racines. Gr. La multiplication par le partage des racines peut fe faire de la maniére fuivante. On partage les grofles &t larges racines en beaucoup de mor- ceaux , foit grands foit petits ; lorfqu’ils font bien enduits de Momie & plantés comme :1l faut, il pouflera par tout des branches ou ceps , ce qui afflurément n’eft venu jufqu’à prefent dans l’ef- prit de perfonne , bien loin qu’aucun l’ait mis en prauique. Cela a été éprouvé &: je lai vû comme l’expérimentera celui qui l’entreprendra. 6. 12. Mais on fe trouve d’abord embaraflé pour favoir où & comment l’on trouvera aflés de racines pour en faire tout un vignoble fans préjudicier aux vi- gnes. Le meilleur moïen pour cet effet , eft de par- 3 + _ É els SRE né let ts à PO PT PARTIE 1. SECT.L. CHAP.VI. 119 garder les racines ébranlées qu’on abat des vignes “dans Automne , &.d’en ramafñler encore chés fes voifins autant qu’on en peut trouver. Lorfqu'on €n a donc ramaflé une aflés bonne quantité, il les faut garder dans une cave, dans une fofle, ou lieg de dépot, afin que l’air ne les defleche pas : Sur tout quand Îa fañfon neft pas propre pour les en- duire avec de la Momie & pour les planter. Mais auffi-t0t que le temps eft clair & fec , 11 faut faire fon euvrage dela mamiére fu‘vante. En premier lieu on coupe les racines de la longueur d’un peu plus d’un empan , quelquefois un peu moins; ces inci- ions doivent.être. faites droites deflus & deflous & non obliquement. On mêt alors ces racines cou- pées foigneufement les unes auprès des autres , & de telle mamiére qu’on puifie favoir quelle eft la partie inférieure ou la fupérieure, mais fi l’on s’y trompoit par hazard , on n’a pourtant qu’à les planter, car elles poufieront roûjours quoiqu’à re- bours , ainfi qu’on l’a dit auffi des ceps. Q.£121:q É Lorfqu’on à coupé par morceaux une bonne quantité de racines, on trempeles deux bouts dans de la Momie fondue & bien refroidie, mais le bas un peu plus avant que le haut : Et'aïant percé des trous en terre avec le villcbrequin à racine, on les met dedans}, en forte qu’il paroïfle un peu de le racine. On remplit les trous de bonne terre, & on la comprime fortement. 1e cette maniére ils bourgeonneront au Printems, & l’on aura par ce moïen de bons ceps. Mais comme il y en a qui différent jufqu’au Printemps 2: remuer leurs vi- gnes, on demande fi cet ouvrage peut le faire au Printems ? On répond fans héfiter que cela fe peut faire, mais la croiflance fe fait plus lentement ,: &. il en manque bien quelquefois un peu plus au’il #en men: 118 L’AGRICULTURE PARFAITE ru pat fans cela : Cependant je fuis perfuadé que fitous ne pouflent pas, du moins la plüpart réufront. L’Automne eft la meilleure fafon, car durant l’Hiver aucune racine ne gêle ni ne fe gatc. ( As < | s … Eofn il fe prefenteencore une Queftion; favoir fi Pon peut s’aflurer qu’on aura d’aufi bon raïfin des ceps & des racines de vigne, que celur qu’ont porté les vignes d’où 1ls ont été pris, & s’ils rapor- teront autant ? Je réponds à cela que je ne puis Paflurer : Je ne fais pourtant pas pour quelle rai- fon les racines ou les ceps perdroient leur bonté pour avoir été accommodés avec de la Momie, d'autant qu’une grefle, lorfqu’elle eft entée fur une autre tige, conferve fa propre nature & fa vertu; & c’eft pour cela que je ne doute pas qu’il n’en foit de même ici: Mais Pexpérience montrera bien- tot ce qui en eft. | En voila affés pour cette fois fur !a multiplica- : . tion des vignes. Je pañle à prefent aux arbres frui- tiers étrangers , & je propoferai encore fur ce fujet plufieurs maniéres extraordinaires d'opérer. PLANCHE. XXVIHI. Nouvelle maniére par le moïen de laquelle en cou- . pant les cepsde Vigne & en partageant les raci- nes, on peur planter denouveaux Vignobles, en forte qw’ils pouflent la même année &c raportent des fruits l’an fuivant. Remarquez què le partage des racines fe fait en les arrachant de térre à coups de hache, A B, Comment quelques perlonnes faillent dans la jointure , les ceps qui ont été coupés. | Ar | - . Les PARTIE H. SECT.I CHAP. VI. 119 C. Les ceps affémblés qui ont été coupés des vignes & qu'on taille dans les jointures. D. Le chaudron de cuivre, rempli de Momie, In. - quelle on fait fondre lentement : On y trempe les _ ceps qui onf été taillés dans leurs jointures , € on les accommode ainfi avec de la Momie [uivant E. F. F. Comment il faut pofer dans Pordre les ceps gui ont été bien accommodés, afin de [avoir quels font les bouts de deffus ou de deffous. G. De quelle maniére le vigneron prépare le terroir - du vignoble afin que Ponpuiffe planter fuivant l Art -| dans la terre remuée ÊT unie enfuite, les ceps ES les . racines qui ont été enduits de Moniie. | HE. Les véllebraquins pour les racines ; avec le[quels om fait des trous en terre poux planter plus promp- tement les fouches &3 racines. E E Divers vignerons qui percent en partie des trous en terre. avec le vilebrequin à racine | © y plan- tent des fouches ÈS des racines | après quoi ils les couvrent de terre. | K. Les vignobles qui ont été commencés fuivant la nouvelle invention. L. L. Les endroits de la vigne où il y a peu de So. leil, dans lefquels on à planté les ceps & racines, lefquels par Peffufion de toutes les eaux dont on je fert au château fur. la montagne, C9 qu'on jette vers ce côté-là , Sc. 9 qui coulent en bas tirent beaucoup. d'humidité ; ce qui fait qwils croient à merveille. . | ; M. Repréente l'avantage que le Progriétaire tire de Jon travail, dix fois au centuple | tant de la fe- mence [emée | que des ceps partagés , €g des racines - de Vighes coupées par morceaux. H4 CHA. 20) L'AGRICULTURE PARFAITE CHAPITRE VIL D'une nouvelle union finguliére de plufieurs bran- ches, par le moïen de Part que j’apelle d'Embraf- fement , par où lon peut faire croître différens fruits à un arbre. 4 $. t. N peut direavec juftice , qu’il en eftquelque- fois de même d’un amateur du Jardinage, que de ceux qui fe font livrés à la Chimicou Al- chimie*. Tous deux font également empreflés à découvrir les fecrets les plus cachés de lanature, & ils travaillent avec tant d’aétivité, foit par la fepa- ration, foit par lalliage, à perfeétionner leur'tra- vail , qu’on diroit qu’ils font les Maîtres de la Nature , au lieu qu’à la fin on voit bien le con- traire. : , | 6.2; | Ainfi qu’une pluie fertile humecte la terre, & Jui fait produire toute forte d’arbres ; d’herbes & de plantes , on peut dire la même chofe du don d'inventer , parce que d’une chofe on pañle à Pau- tre, Cela paroît entre autres en ce que de Ja coupe des nœuds par le moïen de ce qu’on apelle exbra/- fer ; on a découvert une fort plaifante réunion. El- Je fe peut faire de trois diférentes maniéres : Soit par des branches qui ont été feulement coupées dans la jointure , foit par des branches qui avoient aquis auparavant des racines par lart d’enter les racines, ou par lés branches qui n’ont pas été cou pées des arbres, jufqu’a ce qu’elles s’y fojent at- tachées en croiflant , ainfi qu’il paroîtra plus au long dans la fuite. PE 2 # Voïcz les remarques | PARTIE.IL SECT.I. CHAP. VIL 121 REINE Quant à ce qui concerne les branches qui u- niflent par la coupe des nœuds, par le moïen de ce qu’on apelle Esbrafler , cela a été expliqué dans la * Premiére Partie , à la Planche VIH. Section. Troifiéme : C’eft-là que je renvoie le Lecteur. Cclaérant connu , je pallerai à la cho fe mène , fans me fervir d’aucun détour. On prend dans PAutomne , ou bien au Printems, (mais dans cette derniére faifon il eft un peu moins certain qu’on réuflifle) on prend dis-je, deux bran- ches faines , droites & qui ont bien pouflé, lef- quelles font égales Pune à Pautre, tant pour la lon- gueur que la grofleur , & on les coupe dans leurs Jointures fuivant la maniére qui a été dite , on les décharge en même temps de toutes les branches de -côté fuivant la Z. Fig. de la Planche ci-jointe. Mais pour expliquer ceci encore plus clairement, jai ex- pof£ plus nettement cette conjonétion dans la /J. Fig. À favoir Z..B. dans la Z. Fio. & C. D. dans Ja /Z Fig. repréfentent des branches qui ont été coupées par le bas dans leurs jointures, & accom- modéesavec de la Momie. On coupe de ces branches cn dedans, avec un couteau , un peu de lécorce jufques fur le bois , ainfi que le montrent e. 6.e. dans les deux figures. On les met enfuite toutes deux Pune fur Pautre , comme l’on joint deux mains enfemble , & on les lie avec de l’écorce, comme le démontre F. On met enfuite des mor- ceaux de bois entre deux, tant deflus que deflous, pourempécher que les branches ne s’attachent l’une à Pautreen croiflant, afin que les tailles s’emboitent d’autant nueux Pune dans lautre fuivant (£ ). Enfuite-en enduit l’incifion avec de la Momie, on Ja Le &c on la pourvoit de foutiens fuivant (4). En- | H ÿ | fuite # Voïez la premiere partie, page 177. RUE, 322 L'AGRICULTURE PARFAFTE fuite.on les porte dans le lieu de dépôt , & au Prin- temps on les plante en terre , & ainft elles pren- dront non feulément racine aux jointures fuivant (.5.) mais par la matiére calleufe elles untront auffi Pune à Pautre. C’eftce qu’on apelle cereffér fimple- ment. Ceux qui voudront la redoubler; pourront le faire fort commodement comme ils Ie jugeront à os. prop de: E. | J'irai éncore plus loin & ferai voir par là coupe des jointures , comment par lé moïen de ce qu’on apelleewbraffer, on peut réunir deux; trois & qua- tre branches à la fois, fuivant la Fig. LIT. IEP. & cela fur des branches qui ont été pareillement coupées dans les jointures fuivant la ZZZ € IP. Fig. La 7. Fig. reprefente l’incifion | & comment on peur unir enfemble , deux, trois & même cinq branches par PEbraffement. Cela fe fait de la ma- niére fuivante. Par exemple , forfqu’on veut join- dre enfemble feulement deux branches par l’Ew- braflement | on les met en croix l’une fur Pautre, & l’on fait une marque aux deux branches , avec de la craic où quelque autre chofe: Enfuite on fait une entaille à chacune, fuivant (£. &.) dans la 27. Fig. mais non pas trop profonde , & Îe plus ordi- nairement à travers le tiers du bois. Enfuite on les lie, on les accommode avec de la Momie & on les joint ainfi enfemble. On en ufe de même lorf- qu’on veut en unit trois par PEwbraffement. Pour cet effet on prend la plus forte, & la grofle bran- che, & fuivant ZL. dans la ZZ7. Fig. on y fait une entaille par devant & par derriére , & aux autres on en fait feulement une d’un côté, comme on le peut voir par la 2. Fig. Lorfque lentaille eft faire comme il faut , ce qu’on voit le mieux par la mar- que qui a été faite ; on met les branches de telle mMma- PARTIE I. SECT.I. CHAP. VII. 123 maniére Pune fur l’autre, que la plus grofle bran- che eft droite au milieu , & les deux autres en croix par deffus : Après quoi on les enduit de Momie, on les lie, & on les munit de fou- tiens : De ceire maniére il fortira des racines de toutes les jointures des branches , fur quoi les in- cifions fe couvriront d’une matiére calez/e & fe join- dront abfolument. Ceux qui voudront joindre cinq branches enfemble , peuvent Paprendre aifément par la IP. & la. Frg. Car M. repréfente une offe branche dans laquelle on fait deux entail- es, tant devant que derriére, une vers le haut & l’autré vers le bas : Et (7.7.#.) font les au- tres branches qui font entäillées feulement d’an co- té, lefquehies font inferées dans les entailles de la grofle branche, où elles quadrent jafte: Onleshe enfuite, & on les enduit de Momie avec foin : On les munit auffi de bons foutiens fuivant (0. 0. 0.) dans la 7 Fig. Si on les met enfuite dans le lieu de dépôt pendant PHiver , & qu'on y prenne bien garde, il viendra auffi des racines aux jointures , &c cllesbourgeonneront fuivant P.P. Fr. A Pégard des branches qui font déja entées fur des racines, par où elles font devenues des arbres, elles réuffiflent bien mieux & plus feurement pour- vû qu'elles foient feulement coupées dans leurs jointures. Il eft facile d’en pénétrer la raifon. On réunit aufñ de pareilles branches coupées en deux différentes maniéres, favoir auffi bien par ce qu'on apelle Careffér que par Embraffer : La Fig. V. mon: tre ce que c’eft que Careffér. À favoir on coupe des deux branches un peu d’écorce avec le bois, afin que ces deux branches quadrént jufte Pune fur Pautre, fuivant 9, Mais il faut que la taillé puiffe £ faire au deflus de la racine, ainfi que la VZZ. Fe. 122 L'AGRICULTURE PARFAITE & R.R. le repréfentent. Lorfque cela s’eft fait avec exactitude, on hie les branches l’une à lautre, on les accommode avec de la Momie, & pour plus de feureté on leur donne auffi des foutiens. : Mais Jorfqu'on veut joindre enfemble trois où qua- tre tiges pleines de nœuds de racine , l’entaille doit fe faire fuivant la 7/11. Fig. On peut voir dans | la ZX. Fig. comment & où fe doit faire la jonction du heu, & comment on doit les garder & attachera- vec de petits bois. Tout cela étant bien exécuté, on peut s’aflurer que ces branches prendront fort promtement racine à travers leur calus .fuivant S.S.S. Elles portent même des fruits la feconde ou la troifiéme année, ce qui eft fort agréable, fur tout lorfque des branches de différentes fortes de fruits font unies enfemble. Po | $. 6. © Il refte encore à dire de quelle maniére on réu- nira les branches étrangéres de divers arbres Frui- tiers, par ce qu’on apelle Careffer & Esmbraffer, de maniére qu’elles demeurent encore attachées à leurs tiges capitales , fans qu’il foit befoin de les cou- per. Cette maniére eft aifée & bonne: A favoir on met tout près lun de l’autre des Citronniers & des Orangers, ou Limoniers, Citronniers & Li- moniers Orangers ,, ou même fi l’on veut, quatre différentes fortes |, comme Orange , Citron , I- mon, & Pommes d’/gam &c. On choifit les bran- ches grofies & faines qu’on veut marier , tant de Pun que de l'autre fruit, & l’on en retranche tou- tes les branches de côté : Croifés les enfuite Pune fur l’autre pour compafler de quelle maniére elles s’ajufteront le mieux, favoir les branches tant du Limonier que du Citronnier fur la branche d’O- ranger ,, ou les petites branches de Pommuers d”4- dass & les Orangers fur la branche de, Limonier, PARTIE II. SECT.I. CHAP. VII. 12$ {efquellès on coupe enfuite | on les accommode comme ila été dit, & on les enduit avec la noble Momie fuivant la Fig. X. Mais il faut prendre gar- de fur tout que la Momie ne foit pas trop chaude, “autrement on endommage les branches, & l’on gà. te tout l’ouvrage. | Enfin, on avertit qu’il ne faut point joindre des branches enfemble qui ne font pas d’une même nature ou mont pas de rapport enfemble. Cela réuflit aflés bien lorfqu’on unit enfemble des pé- ches avec des prunes , des cerifes avec des meri- fes & des griottes, de grofles & de petites poires, & toute forte de pommes ou de pommes & de poi- res. Mais ceux qui voudraient allier des Abricôts, des noix & des pommes enfemble , feroient un mauvaisalliage. Aurefte, ceux qui voudront avoir le plaifir de voir la jonétion du Laurier, du Gre- nadier, &c autres plantes étrangéres, comme auffi de toute forte d’œtllêts ou de rofes fur une même branche: De même tous ceux qui veulent mettre des farmens de toute forte de vignes fur un même Cep, peuvent s’y exercer, & je laifle cette re- création aux Curieux, à qui ce que jai dit ci-def- fus peut fervir pour les mettre en train. PLANCHE XXIX. Comment par une union finguliére, on peut join- dre enfemble trois ou quatre fortes de diférens arbres étrangers & communs, par ce qu’on apel- le, Careffer & Embraffer, lefquels produifent en même temps diverfes fortes de fruits. Fig.L. A.B. Deux branches taillées proprement davs la jointure, 3 accommodées avec de la Momie. C. L’#- 126 L'AGRICULTURE PARFAITE C. L'union étroite par ce qu'on apelle Career. H. H. Comment on les doit dier , ÈS accommoder ave de la Momie € des piquêrs | ES 1.1. comment dans la fuite Les racines ont pouffé dors de Ia join- fure. hs Fig. Il. C.D. Repréfente pour plus d’éclairciffement, les deux branches accommodées avec de la Momie. E. E. Leur étroite anivon. F. Qu'on doit agir prudemment à Pégard de la Mo. . mie 9 du lien. G.G. Les petits bois ronds que lon infere entre les branches , afin qu'elles demeurent écartées Pune de Pautre defjus & defjous. | Fig. AL. Trois riges ou branches qui ont été taillées dans leurs jointures, ES ont été réunies par l'Em- braflement. L. La branche du wrilien comme la plus groffe, furda- welle les deux autres font entaillées. | Fig. IV. Comment cing branches qui font taillées dans leurs jointures | peuvent étre jointes enfemble , par PEmbraflement. M. Le plus groffe tige laquelle à été cntaillée quatre fois, deux fois par devant | © deux fois par der- riére. K.K. € N.N. /ervent à repréfenter l'en- taille fimple dans les branches, € de quelle maniére on les entaille en travers, à gauche € à droite. Pig. V. Les côug branches taillées dans leurs jointu- res, réunies, accommodées avec de la Momie, liées - € pourvues de piquéts : Comme ax]}: de quelle ma- + mèère les mêmes branches après avoir cté quelque temps eu terre, out jeté racine par la pointure € à côté. Fig. VI. Comment l'on joindra ca/cmble les branches, (aufquelles le Cifeau à enter a fait des nœuds pour jeter racine) par ce qu’on apelle Carefler. Q.Q. La taille, qui doit être droite € anie. Fig. VIL. Deux branches pleines de nœuds à ravie, * A « JU ; LES PA: | { à A VUE |! F È | | ER. 2'A Ra PARTIEAT. SECT:T. CHAP.VIL. 27 * Æefqueiles ont été unies enfemble par ce qu’on apelle Carcfler . diées € accommodées avec de la Momie fuivant KR. KR. Fig, VIIL. Les incifions pour joindre esfemble quant: té de branches pleines de nœuds à racine. Fig. IX. L'arbre en [on entier , compo[£ de diverfes tiges avec des nœuds à racine, cominent 1] prend ra- cine eu pou de temps, C3 après cela comment il pro- duit toute forte de fruits. ci Fig. X. Rare réunion de quatre diférens arbres € trangers , comme Orange, T. Citron, V. Limou W. € Pommesd'Adarm X. dont les branches [ont tellement réunies par l'Embraflement, quel'on voit en oméme temps fur un Qranger, des Citrons , des Limons €S des Pommes d'Adam : Ou fur un Li- monier , on voit croître em même temps des Pormses d’Adan €? des Oranges avec des Citrons. CHAPITRE VIL Nouvelle Propofition pour faire des ambres nains de petites branches qui ont à peine la longueur du doigt, €S ont néanmoins ; fix, fept , €S depuis dix gaf- qu'à dix buit aus. 6. Æ. dent au Créateur dn ‘Ciel & de la Terre eft ve- ritable, des Arbres & les Arbufkes me {ont :af- furémentipas à beaucoup près iles moindres .objets que la Toutc-Puiflance & la Sagefle de Dieu quieft impénétrable, ofrent aux yeux des hommes , auff bien que toutes lesautres créatures. Jefuis même af- furé quequand un homme arreindroit Pâge.de Ma: thufalem, &:qu’ilauroit pañlé toute fa vae unique- ment Ç le témoignage que toutes les Créatures ren- . “38 L'AGRICULTURE PARFAITE ment en fpéculations fur les Arbres & les Arbuf tes, il ne feroit néanmoins pas capable de bien con- noître leurs Etres, leurs vertus, & leurs merveil- leufes qualités. | . Je ferai feulement ici mention d’une forte de pe- tites branches de pommiers ou poiriers | qu’un fi grand nombre de Curieux contemplent tous les jours, & perfonne néanmoins n’a découvert ce que fe propofoit la Nature par raport à ces petites bran- ches qui font ornées en dedans d’un fi grand nom- brede points: Comme auf beaucoup d’autres cho. fes que j'ai reconnues aux arbres , aufquelles per- fonne n’a jamais penfé ,; mais je les pañlerai fous filence pour raifon. Cependant je communiquerai fimplement ce que j’ai découvert à ces petites bran- ches noueufes. Un jour que je me promenois dans le beau jar- din du Monaftére de Priefling chés M. P Abbé, je fus dans une profonde méditation fur Peflence des ar- bres, & j’examinai de quelle maniére on pourroit la chercher avec fuccès : Et fefant attention à plu. fieurs chofes, ie découvris par hazard fur quantité de pommiers , de poiriers , de merifiers, ce- rifiers &c. de jolies petites branches noueu- fes, comprimées pour ainfi dire Pune dans l’autre, qui avoient plus de la longueur du doigt , &é- toient à peu près de la même grofleur. Après les avoir bien examiné, jen détachai une, & après Pavoir confiderée, je me tins afluré que c’éroit-le refervoir de l'arbre , afin qu’en cas de néceflité une telle petite branche en püt produire neuf, dix, quinze & même jufqu'à vingtautres. 2. Aïant long-temps examiné une de ces petites branches , & compté tous les petits nœuds, . je la fendis à la fin en long , & trouvai au dedans au, tant PART. IL. SECT.I CHAP. VITE 129 tant de points qu’il y avoit de nœuds au dehors. Je les pris pour autant d’années , & pour bien péné- trer ce miftére, je cherchai depareïlles branches{ur plufeurs de mes vieux pommiers & poiriers.Enaïant trouvé , je fciaï tout-à-fait une longue branche fuivant les lettres 4. B. dans la ZZ. Fig. j'en re- tranchai toutes les branches de côté fuivant (c.c.c.) en forte qu’il refta ça & là quelques petites bran- ches des années fur lefquelles ils étoient placés, & je ne trouvai au premier nœud que de fimples bour- gcons qui mavoient point d’élévation. Au {e- cond nœud ; les bourgeons étoient plus élevés, & en aïant fendu en longueur, jy trouvaiungros point qui correfpondoit avec le nœud extérieur. Et comme il y avoit encore un bouton pointu atta- ché deflus , il fut aifé de conclure qu’il entroit dans fa feconde année, Cela fut confirmé , parce qu’il y en avoit un auffi fur l’autre nœud. J’allai plus loin pour examiner le troifième nœud. Il y tenoit aufh une pareille petite branche noueufe a- vec deux autres nœuds , &. une petite pointe par deflus. Je la détachai de même & la fendis com- me les précédentes: J°y trouvai deux gros points, fefant avec les autres, trois années, comme le tri: fiéme nœud le confrma. Je cherchai auff le qua- triéme , le cinquiéme & le fixiéme , & où je rencontrois une pareille petite branche , je trou- vois toûjours. autant de nœuds en dehors qu’il y 2- voit de points au dedans, & autant d’années qu’on en pouvoit compter fur le nœud fur lequel elle é- toit placée. Cette belleconformité me confirma dans ‘mon Hypothef:, que c’eft un Ar: fingulier , de connoître en difcernant les branches longues d’avec les courtes, quel âge a la tige, quoi qu’il arrive fouvent aufli qu’on trouve de pareilles petites bran- ches noueufes & à la fixiéme à la fepriéme année. Seconde Partie. I Mais #36 L'AGRICULTURE PARFAITÉ Mais cela vient de ce que les anciennes petites bran ches ont été arrachées ,; & qu’il en a cru de nou- velles à la place. Si l’on veut donc en juger meu- rement 1} ne faut pas fe précipiter , mais bien ex2- minér les branches précédentes & les nœuds , &c ceux qui les fuivent. Cela fuffit pour parvenir à la certitude des années qu’on trouve aux petites bran- ches noueufes. es Es Lorfque j’eus achevé cette fpéculation théoréti: que, je fus curieux de favoir s’il poufferoit de peti= tes branches de tous les entre- nœuds. Pour cet effet jentai fur des tiges de pareilles petites bran- ches noueufes ; qui étoient vieilles de fépt , & de ñeuf ans & davantage, ce qui me donna heu à plu- feurs jolies idées pour cultiver de petits arbres touffus-à rebours, &c. dont on à fait mention dans fa Premiére Partie. | C | rs TA = & Etant enfuire occupé à couper des branches dans Jes jointures , 1l metomba en main fans y penfer une de ces petites branches noueufes. Je m’avifai en même temps d’éprouver fr en enduifant ces petites branches de Momie, on n’en pourroit pas cultiver des arbres nains. Je retournat donc pour cet effet chés Mr. PAbbé de Pricffiing ,; & j'obuins la per- fmiffion de détacher de ces petites branches noueu- fes, car je puis dire que je n’en at jamais trouvé en aucun feu de fi grandes que là , comme.on les a deflinées dans leur grandeur naturelle. Eàä-def- us je paflai mon temps avec beaucoup de plaïfir a les examiner en dedans & au dehors. J’en avois une entre autrés fur laquelle on pouvoit compter diftinétement par dehors neuf petits nœuds , fui- ant Ja W. Figure. Jela coupai enfuite fuivant la 1. Fig, & trouvai à chaque féparation une petite ta ÿ che» c 1 ù 0 l b ( | | PARTIE IL SECT'1. CHAP. VII: 13» che , &7là dedans un petit point. Un tel petie, nœud eft ouvrage que la-nature perfeétionne en ne annéé. » Par conféquent: dans chacun eft un mmencement de croiflance , -& c’eft par là que c-chaque petit nœud il peut provenir des racines -de petites branches ,; comme on: le dira éncore lüs amplément: :Or comme:-je parle à prefent “intérieur de:ces branches.; je ne puis me. dif. enfer de-dite qu’on a pà\voir :très- parfaitement les-points des années dans une petite branche neueu- edun Cerifier, comme lé reprefente la 77Z-Fig, Cette petite branch: qui n’étoit-päs plus grande qu’on l’a marqué ici, avoit néanmoins neuf ans, ainfi que je lai obfervé avéc beaucoup de plaïfir. - Je rendis tout-à-fait he & polie-par le bas, cet: te-petite branche noueufe avec plufeurs autres; mais je ne coupai point de nœuds par morceaux. Après cela je les trempai. ( à la-réferve de deux pe- tits nœuds ; -däns la noble Momie | & mis auprès de petits foutiens liés avec de l’écorce. Je les mis enfuite dans une couche à fumier dans mon Etuve, &pendant que cet Ouvrage roule: fous la preffe, clles commencent déja à bourgeonner, de forteque dans peu elles auront des racines, parce qu’elles ont déja beaucoup de calus par le bas. Par fucceffion de temps, j'efpére qu’elles reprefenteront une telle fi- gure que la ZZ Fig. le montre aux curieux. | 6: Je ne faurois dire .pofitivement fi l’on pourroit cultiver de pareils arbres-nains d'arbres étrangers, comme d’Orangers , Citronniers, &c. parce.que jufqu”2 cette heure je nai pas eu d’occafon de lé- prouver. Ceux qui ont.de vieux Orangers, qui font fort hauts | pourront examiner.eux mêmes fi Pon y trouve de pareilles petires. branches jointes do T2 cn _ 13% L'AGRICULTURE PARFAITE enfemble ; mais:ÿen doute fort, -& autant. qué je lai pû éprouver:en peu de temps ; on n’en trou= ve nulle part en plus grand nombre} qu’aux pom- miers, poiriers, cerifiers , chataigniers,”noïers & abricotiérs , quoi qu’on n'en trouve:pas de fi lon- gues à ces derniers.” ‘Aufli.ne fontelles pas pour: vucs de tant dé petites branches noueufes que les preniéres. ? Cependant les perfonnés ourieufesiqui trouvent du plafir à cela | pourrontl'examiner de plus près, &'jene doute pas qu’on: ne’ découvré r 2 2 — — encore beaucoup ‘de chofes plus curieufes que ce qué je probofe ici. PLANCHE XXX - Qui fait voir en une petite branche; la Toute- . : Puïflance de Diéu :: Il paroit par là que fouvent ‘une chofe de conféquence demeure cachée long- “tétnps jufqu’à ce qu’on Paît pénétrée. ‘Ceci peut ‘donner envie de cultiver dés arbres nains , lef- quels porteront des fruits dans peu de temps. | Fig.T. AB. Zongue branche d'in Pomiet:, dont tou: -#es les branches de côté ont été coupées, [nivant C.C. C. Oz y repréfente en premier lieu les jointu- Yes à la tige, comme on la déja repré[enté dans la Principale Planche de la coupe des jointures. En- fuite on fait voir fur les jointures , les boutonsiqui Je font acumulés les uns [ur les autres, & font de- Venus peu-à-pen de petites branches pleines de vieux nœuos : Comme 1,2,523;435,6. Le prenrier bou- ton nalpoint de ‘nœud ni de petits points intérieurs; parce quil eff attachéitout plat à labranche: L'au- C2re a uR petit nœud | un petit point intérieur ÿ € an bouton par deflus, © ainf il eff âgé de deux ans. Le: troifiéme a deux points intérieurs , € deux : nœuñs AP A PE ER PARTIE II. SECT:I. CHAP.IX. 133 nœuds par dehors , comme auffi un bouton par def- [us , € eff âgé detrois ans : Ainfi du relie. Fig.Il. Repréfente une petite branche en Jon entier, remplie de nœuds , laquelle eff bien pourvue de tout … ce quielf requis. Elle a jeté racine après avoir été quelque temps en terre ; € elle commence déja à pouffer entre tous les bourgeons de côté. Fig. III. Repréfente la longueur €. épaiffeur parfoi- Ze comment de pareilles petites branches vieilles € plenes de nœuds [e prefentent naturellement | © quel âge elles ont : Comime auffi comment on les ac- … commode avec de la Momie 9 des [outiens. Fig. IV. Autre petite branche, mais fort vieille, que a été fendue droit par le milieu , étant vieille de meuf ans, ainfi qu'on pouvoit le difcerner, tant aux nœuds extérieurs. qu'aux points inférieurs qui la parcouroient par fout. -, , Fig. V. Une autre petite branche pareille avec des nœuds ainfi qu'elle fe fait voir dans [a longueur _ Ë7 épaiffeur naturelle, conme elle eff venue de Par- bre: Autant qu'on y comptoit de petits œnds exté- rieurs, autant. frouvoit on au dedans de points 18-. _ térieurs. f Fig. VI. Repréfente l'expérience fort récréative que * l'on a faite avec une pareille petite branche de Ceri- fier | garnie de nœuds. Elle étoit juflement auf grande que la figure qwon en à deffinée , &.avoit néanmoins neuf ans. Lor/qwelle fut fendue par le milieu on vit diffinéfement au dedans , les neuf “points bruns dont tous ceux qui les virent; furent étonnés. 13 CHA: 534 L'AGRICULTURE PARFAITE let SAC: TNT D'vS VILA CH. A PL. RE... LB Qui enfeigne comment par des branches coupées ; 5 par . La flexion des nœuds ; comme aufft par les liens, en accommodant avec dela Momie ; ÈS par le planta- - ge.& rebours ; on peut cultiver des arbres monf= tracux 9 finguliers. : | | AN 2 $. r. JS : Omme je me fuis propofé de montrer dans ce Chapitre comment par des branches coupées "a rebours, on peut cultiver des arbres #0#- frueux, je dois dire par avance, que je ne prétends pas qu’on entende par là une eroiflance difforme, & beaucoup moins des monftres réels, comme l’on en trouve fouvent, mais feulement de tels: qu’on cultive à deffein par art & uniquement pour le plaifir, en forte qu’ils reprefentent une forme fin- guliére & étrangere, lefquels, quoi que par la on fafle violence à la Nature , ne laiflent pas néan- moins de reprendre à la fin peu à peu leur forme naturelle. Ce n’eft donc proprement qu’un jeu de mots. | 6. 2. Il ne fera pas mal à propos de demander ici, fi l'on peut faire cette opération fur toute forte de branches ; tant des arbres étrangers que de ceux du païs. Je réponds qu’il ny a pas lieu d’en douter, mais mon opinion cft que cela réufhra mieux fur les arbres fruitiers & fur les ceps de vigne. L’ex- périence laprendra dans peu : Et fi Dieu me don- ne la vie & la fanté, je ne manquerai pas de com- muniquer ce que j'aurai apris de la vérité & de la certitude des propoftions qui ont été faites. Ce- pen- ? PARTIE II. SECT.ITI. CHAP. IL: 1351 pendant j’ai déja fait quantité d'expériences fur des. branches d’arbres étrangers , tant Orangers que: Lauriers, & je m°y fuis pris de la maniére fuivante. Après avoir dégarm de branches toutes les feuil- les , je pliai les branches en quantité de maniéres, je les liar, & les accommodai avec de la noble A/9- mie: & je les mis enfuiteen terré à rebours en for- te qu’on ne voioit rien de toutes les branches que le gros bout. Voila comment je les ai gardé cet Hiver dans l’'Etuve. Le retour du mois de Ma nous fera voir fi le fuccès en {era heureux. 6. 3. Ceux quiauront envie de cultiver de pareils ar- bres monitrueux de toute forte d’arbres fruitiers, comme pommiers ; poiriers , cerifiers, péchers, abricotiers, meuriers, noïers, &tc. comme auñi d’Ar- buftes : entre autres , des rofers, groiflelliers blancs, &c. n’ont qu’à prendre des branches qui en ont beaucoup de longues de côté , ainfi que l'indique A. dans la XXX7. Fig. & à mettre la branche à rebours en terre, de maniére que Îe gros bout for- te dehors fuivant la Figure. Entaillés enfuite toutes les branches Pune autour de Pautre , plés les en fuivant le nœud , vers la groffe branche , & liés les enfemble avec de l’écorceou de la fifcelle, com- me il paroit par la Figure 2. B. Et lorfque les pe- its nœuds font pliés , accommodés les avec de la Momie, comme on l'a déja décrit. Jai exécuté cet- te opération avec la Momie en deux diférentes ma niéres : Car il y a plufieurs branches que jai en- duites avec une petite brofle feulement près du lien, & par c1 par là où il y avoit des nœuds, mais pour les autres, je les ai trempé entiérement dans la T4 Mg 536 L’AGRICULTURE PARFAITE Momie. Les branches étant ainf préparées, on les met.en terre de la maniére fuivante. On creufe une fofle fort profonde, dans laquelle on met les bran= ches à rebours, en forte que rien ne fort de ter- re que la longue partie de la branche Z. X. On couvre le refte de bonneterre, grafle, & bien paf- fée au tamis, ce qui finit toute l’opération. La- deflus les petites branches aquierrent par tout de petites racines près de leurs nœuds fuivant G. En- fuite les boutons commencent auf à bourgeon- ner , de forte qu’on voit fortir de terre, cinquan- te , foixante & davantage de branches comme A. reprefente cette agréable & monftrueufe figure. Ceux qui aurontenvie de fe fervir de ce moïen pour faire toute forte de figures de Piramide,êtc. trou- veront une maniére commode dans cette Propos fition. < PLAN- de et he 2” ie 1 ES re | à / PARTIE I. SECT.IT. CHAP.I. _à37 PLANCHE XXXLI Maniére rare & inouïe , pour cultiver des Arbres monftreux , par la flexion à rebours des jointu- res , en les liant & les aecommodant avec de la Momie. R . À. Repréfente une branche coupée d’un Pommier, qui a quantité de petites branches , longues €S flexibles. On la coupe uniment par le haut | après quoi on la … prend à rebours dans la main pour la plièr. : B.B.B.B. Toute {orte de pareilles branches, donf les petites ont été courbées en rond jufqw’à la branche du milieu ou la tige ; lefquelles on y attache avec de Pécorce | ES ainfi par ordre , les plus minces aux plus groffes, ainfi qu’il paroit par la Figure. C.C. Repréfente une telle branche repliée ; : comment elle à été trempée dans la Momie fondue | :€9"Ta queue au-deffus en a êté pareillement enduite : Com- me auf , comment il ne fauf que pafler un peu la broffe avec la Momie, [ur quelques branches. D. Cave remplie d’eau dans laguelle en jete les bran- …ches enduites de Momie , afin de les faire rafraichir. E. Grand chaudron de cuivre Jur un Trepié , dans lequel la Morie étant fondue € [ufifamment .ra- . fraichie on trempe les branches monfireu[es…. äfin …. quelles en Joient couvertes par tout. F, Repréfente le peu de préparatifs qu'il faut pour ce- la, Javorr une broffe, des cileaux | de la ficelle ou de l'écorce, 5 un peu de bois pour. faire du feu. G. Cormment il pouffe par tout des racines hors des jointures, après avoir été quelque temps en terre. H. Reprélente une telle branche monfireufe courbée, laquelle a: été tirée hors de terre : On voit par là | AT de de gwelle 128 L'AGRICULTURE PARFAITE gwelle a pris racine €5 pouffé de tous côtés, E7 qwil lui ef? venu par tout quantité dé nouvelles petites branches | ce qui fait efpérer une produition fort rare ES fort finguliére. ° us LILI. Ceci peut fervir à encourager, ceux qui aiment les bayes agréables & les verdures dont elles font garnies; on en pourra avoir de très-belles par le moïen de ces petites branches monfreufes. SECOND & DERNIER CHAPITRE Contenant une répone à la demande combien de temps PAuteur doit avoir pour mettre en état de perfec- tion tout ce qu'il promet , C9 en faire part au Public. | E naurois pas eu raïfon, je avoue, de propofer publiquement cette Queftion , puis qu’il m’é- toit libre de faire tout ceci ou de le laïfier, fuivant mon plaifir, d’autant que ce que je fais pour moi même, ne peut guére aider aux autres, & ce feroit beaucoup nueux que chacun mît la mair à l’œuvre & fît foi même les expériences : Comme auff qu’il fut bien attentif à tout , afin que quelque chofe vénant à manquer, On ne s’en prenne pas d’abord ‘à PAuteur, comme s’il n'avoit pas bien écrit, & qu’il n’eut pas donné de bonnes preuves: Car dans de pareilles opérations , 1l faut bien prendre garde à la faifon , au temps , à la terre & à la chofe mé- me. Il faut fur tout fe fervir de la Momie avec cir- gonfpection, , & prendre garde qu’elle ne foit pas trop chaude. Suppofé auffi qu’une chofe ne réuf- fifle pas bien la premiére ni la feconde fois , 1l faut Péprouver encore une troifiéme , & exami- ner d’où peut procéder le defaut de tâcher dy TÉ= PARTIE IL SECT.IL. CHAP. Dern: 135 rémédier: Alors tout réuffira à fouhait, Mais com. ‘me on m’a dit plus d’une fois que comme Au- teur je ne produis pas une mulutude de preu- ves de ce que je me fuis propofé de repréfen- tér, cela eft vrai & n’eft pas vrai. Il eft vrai qué jai vu Ja poffbilité de toutes les opérations que jai décrites , & les ai fait voir à:plufeurs amis , & les ai envoïé aufli en divers endroits, pour les mieux acréditer. Il eft vrai encore, que jufqu’à prefent je n’ai fouvent rien pu faire voir, parce que le temps ne me permettoit pas de met- tre moi même la main à l’œuvre , ni de faire comprendre cet ouvrage à d’autres. De temps à autre javois auf quelque chofe à faire voir , & quelquefois rien , d'autant que toute lafaire dépend du temps & de la faifon. Mais comme j'ai réfolu de donner cette année du repos à ma plume & de confirmer avec Paide de Dieu par quantité d'expériences , tout ce qui a été dit , je fouhaiterois bien avoir l’occafion de mettre mes projêts à exécurion dans de grands & fpacieux endroits : Mais 1l me manque une place pour un Bois , des terres pour des vergers d’arbres frui- tiers ,; & des Vignobles pour y planter des vi- gnes. Outre cela ma bourfe ne fuffiroit pas pour fubvenir aux autres dépenfes. Aflurement fi jé- tois fecondé , je pourrois marquer au jufte l’an- née & le jour qu’on doit choifir pour exécuter quantité de bonnes chofes & utiles, conformément aux Propoftions qni ont été faites. Ainf je laif- fe uniquement aux Curieux le plaifir de s’enque- rir de toute chofe , & les prie de prendre en bon. ne part ces eflais que je viens de propofer , avec aflurance que je ne négligerai rien pour prouver cfectivement ce que je n’ai propofé jufqu’à cette heu- 145 L’AGR. PARF. P.H:S5. TI. .C. Dern: heure que théorétiquement , .& comme des Syfté- mes fondés fur Ja Nature & fur la raifon. Dans Ja Troifiéme Partie qui paroîtra.en fon temps. je communiquerai fincérement au Public, comment ê& ceique la Nature a operé en toute chofe. Je crois que ceci fufñira pour cette fois, & je finis ici mon Ouvrage. F: I: N, RE- € 141 REMARQUES. | De Mr. B. EL. M. pe detems après que Monfieur de S. G. ent achevé la traduétion Françoife de cet ouvrage | on me fit Fhonneur de m’en communiquer le Manufcript. La paffion que j'ai toùjours eue pour le farines la connoiffance que j'ai de la langue dans laquelle l'original eft écrit, la fingu- arité du ftile & des idées du Doéteur Agricola, tout cela fit que je le lus avec beaucoup d’avidité, Durant cette Lecture, il me parut que le Philofophe & le Traducteur avoient quelquefois befoin d’être éclaircis. Cela donna lieu à un effai de Remarques, dont quelques unes furent même écrites à la marge du Manufcrit. Le lecteur à déja pu les vuir fous les pages auxquelles elles ontraport, Mr. deS. G.2 fouhaité que je publiaffe les autres à la fin de ce volume: je les lui ai donc abbandonnées auffi bien qu’une Préface que l’on trouve à la rêre de la I. Partie & qui peut-être fera plus au goût du Leéteur quecer Amas de Vers , d’Emblèmes , de : Lertresde confolarion, de Préfaces, d’ A vant propos & d’A- pologies dont l’Edition Allemandeeft f chargée. Je fuis per fuadé qu’il y a-des Leéteurs à qui les Remarques ne feront pas inutiles. | SUR LA PREMIERE PARTIE. Page3. I] paroîtra peut - être étrasge &c. Le Doéteur Agricola voulant donner aux Plantes qu’il a choifies pour l’objet de fes méditations , un certain air de dignité, par la comparaifon qu’il en fait avec l’homme, SL en trouver le principe de génération enfermé dans un Oeuf. I! fait allufon au Sifteme des Philofophes qui affurent que tous les animaux ;; fans en excepter homme, viennent d’un Oeuf. C’eft pour cela que les Anatomiftes apellenr Ovaire, une grappe d'œufs qui fe trouve:dans la femme , comme dans la poule , à quelque différence près. Ainf il n’eft pas étonnant qu’il applique a l’arbre les noms de Fœtus & d'Ems brion ; qu’il lui donne un Placezta, un Chorioz, un Aranion ui font des termes propres aux Auteurs qui parlent de la re du Fœrns-bumain. C'eit auffi pour rendre cette c: | Le ist 00252 F8" 137 REMARQUES: comparaifon de l’Arbre & de l'Homme plus vraifembia- ble, qu’il traite ‘de la’näiffance de l’arbre , de 4 vie, de fes maladies , & de fa mort. Mais je ne fai fi l’ Auteur ui d’ailleurs montre beaucoup de pieté: dans tout le cours e fon ouvrage , n’auroit pas mieux fait de pafer fous filen- ce certe queftion: Si on peut: reflufcirer l’arbre de fes.cen- dres, & fi l’ame végerative peut efpérer d’aller trouver les arbres, qui font en Paradis. Ces queftions n’ont rien de plaifant ni de fort Chrétien. : . a . Page 148. Ce pot cft femblable aux petits pots pour les Ocnillers , avec certe diference qu’à l’un des côtez , il y.a depuis le centre du fond jufqu’aux bords , une coupure de Ja largeur d’un doigt pour y pafñler la branche & la mettre en terre au milieu du pot, fans la détacher de fa tige. Beau- coup de Jardiniers s’en: fervent. pour les marcottes. Page 156, Le Doëteur Faufle éroit un Allemand plus favant que fon: fiecle ne permetoir. de l’êrre. Le Peuple éfraié de quelques chofes extraordinaires que ce Doéteur voit faires par le moien de la Phifique , lui donna libera- Jement le nom de Magicien, & publia que le Diable lui a- voit enfin rompu le cou ; comme de nos jours la canaille l’a dit d’un fameux Géneral François, & même dans des livres imprimez. Les Allemands , fur tout lepeuple, font enco- re perfuadez que Faufte étoit un grand Magicien , & ils en racontent une infinité de prodiges. _ILeft aifé de bâtir fur un pareil fonds. “Leurs troupes d: Comediens en ont fait une Comedie qui eft ordinairement leur piéce de reflouxce, & c’eft peut-êrre ce qui a le plus contribué à entrerenir les fäbles qu’on debire. En voici une que Drexelius à Racon- tée dans fon Azrifodina page 146. Un jour que Faufte re- galoit fes amis, ils le priérenr de leur fervir des Raïfns, ne croiant pas qu’il pût le faire au cœur de l'Hiver. ‘En un inftant parut une Vigne avec autant de Grapes qu'il y 2- voit de perfonnes à table: il défendit d’en rien detacher + à ne le commandät,. chacun auffi-rôt prend fon couteat ‘ane main & le Raïfin de l’autre, & n’arrend que l’ordre pour. couper la grappe. Tour à coup le charme ceffa”, la vigne difparut , & les conviez furent bien furpris de Fa pofture où ils fe trouvérent ; car chacun fe tenoit par Jenez & fe le feroit coupé, s’il avoit manque d’obéir au Doc- teur. Je ne doure point que ce ne foit à cette Hiflorierre quel Auteur fair allufon. Page REMARQUES: 142 :’Page 160. Monfieur de Fontenelle dans fes Dialoïges des Morts dit élezamment. ,; Toutes les Sciences ont lent >» Chimere après laquelle elles courent fans la pouvoit 3; attraper ; mais elles atrrapent en chemin d'autres con- 4, noiffances fort utiles. Si la Chimie à fa Pierre Philofo: 3; phale , la Géométrie à fa Quadrature du Cercle, l’Af 3; tronomie fes Longitudes ; les Mécaniques leur: Mouve- 3» ment Pérpetuel ; 1l'eft impoñlible de trouver tout cela, -3 mais fort utile de-le chercher. . : 4 : 11 Morale à auf 5: fa Chimere , c’eft le Defintereflement, la parfaite amitié. 35 On n’y parviendra jamais ; maïs il eft bon qu’on pré- 3; rende y parvenir. Du moins en le prétendant, on par= 3 vient à beaucoup d’autres vertus. Page 168. Le conte du Doëteur Agricola eft fingulier; mais fa coutume’ ide planter des arbres devant la porte de fa Maïrrefle ; eft plus nouvelle que les Auteurs qui ont par- lé de l'art de grefier. ” _ Page 188. L’Auteur prétend que les branches de côté font toûjours d’un an plus jeunes ; ce qui n’eft pas roûjours vrai. La raïfon qu’il en apporte n’eft point folide, car il n’eft pas néceffaire que la branche de côté, . foir La fille de l’autre, elle peut-être fa fœur , pour me fervir de la Mera- phore du Sieur Agricola. Ibid. L'Oculation eft un mor Latin, dont fe ferventles Allémands pour fignifiér loperation que lPAuteur decrir dans ce Chapitre. Elle eft fondée fur ce qu’en Allemand on apelle Awges ; c’eft-a-dire, yeux, les bourgeons qui viennent aux arbres. Je ne fais même s’il n’eft point arriz vé à Mr.de S. G. de fe fervir de ce mot d’yeux pour dire les bourgeons. Les Allemands apellent Ocxlires ; l’a&tion de détacher un bourgeon d’une branche, & de l'appliquer fur un autre arbre, en l’inferant dans l’écorce. | Page 197. Il n’eft pas certain que ce fragment foit de cet HERMES , où Mercure , on croit plürôt qu’il fur apellé TRISMEGISTE , c’eft-à-dire trois fois très- grand, par ce qu’il étoit Prêtre, Roi, & Philofophe.,Il étoit Egiptien & vivoit, dit-on, peu après Moife. Il ne nous rélte plus rien de lui , & les deux Dialogues qu’on lui attribue ; font fuppofez, | 146 REMARQUES Page 220. Zafition eft un mot purement Latin & figni- fe ici l’ars d'enfer. Les Latins n’ont point de mot pro- pre pour marquer. certe operation, & celui dont ils £e fer- vent pour dire-enter, eft-le même dont nous avons fait no- tre môt inferer. Comme en éfet on ente en inferant. Mais peut-être que le mot isférere en matiere d'Agriculture eft dans fon fens propre , & que l’autre ufage qu’on en peut faire eft au figuré, Il-eft du moins certain. que routes les langues empruntent de l’Agriculture, jun grand nombre de mots & de phrafes, comme celles-ci; cultiver fes talents , recueillir les fruits de fon travail, fe tranfplanter d’unilieu à l’autre , faire fleurir les Arts &.les Sciences, & une infini- té d’autres. Il eft bon d’avertir ic1 que le Traduéteur fe fert quelquefois du mot Este , afin de fignifier cette partie d’u- ne branche que l’on en détache pour-l’appliquer fur uneau- tre tige: il eût été ce me femble plus naturel de Pappel- ler toüjours la greffe. : Le mor Ense.eft plus propre à f- onifier la tige même qui doit être entée ; ou qui l’a été de- puis peu. Page 228. L’Auteur fait allufion à un jeu d'enfant. On prend pour les divertir une veffie dans laquelle on fait entrer elques pois , on la fouffle & on la laiffe fecher. Cebruir que font les pois dans la veflie fert à les amufer. Page 246. Lafus Poëte Grec, fils de Charbin, né dans tñe ville du Peloponefe nommée Hermione vivoit vers l’an 206. de Rome: ileft, dit-on, le premier qui ait écrit de la Mufique. Quelques uns le mettent au nombre des fepr . Sages à la placede Periandre. Il excelloit dans les Dichy- REMARQUES fur la SECONDE PARTIE: . | Page 3. Cercle Pbilofophique. C’eft ainfi qu’on apelle la maniére au’ont les Philofophes de prouver une propofñtion - ar une feconde,propofirion ; & de prouver la feconde par a premiére : par exemple, fi je dis qu’il eft jour parce que e Soleil eft levé, & que je prouve enfuite que le Soleil eft levé par ce qu’ileft jour. Le Cercle eft ordinairement re- gardé comme un défaut , parce qu’il eft rare que deux pro: poñitions aient une fi parfaite relation , qu’elles puiffent fe fervir de preuve réciproquement. gs | Page —__—_—— ne REMARQUES. 145 Page 27. Comme il s’agirici d’un inftrument nouyelle- ment inventé & dont l’Auteur desne la defcriprion dans la Planche XIV. le Fraduéteur qui n’avoit pas l’autorité de forger n:mot nouveau ou d’en faire un compofé à la ma- mére des Allemands ; païoit avoir été embaraflé fur le choix du terme dont il vouloir l’exprimer. Les cifeaux dont il eft ici parlé, doivent. s'entendre des-cifeaux de Me- muifier. - Page 29 Le Doëteur Agricôla voulant rendre on fecret plus facile à apprendre par cœur , a cru mer la mé- moire defes Lecteurs , en s’exprimant par trois lignes dont chacune eft compofée de fix mors. Le me a Cru ap, paremment qu'il feroit inutile de prenüre la mème pré. caution. | Page 50. Il faut fe fouvenir ici de ce que l’Aureur à dit dans fa premiére Partie, de la Taille des Comres , des No- bles &c. page. 22 Page 90. L’Aureur apelle Saïifon Bilfamique 1: Prin- tems, parce qu’en effet 11 femble que l’air ait alors pour les atbres les mêmes qualitez que le baume a pour les blef- fures -des animaux. Tout le monde cft affez perfuadé que le Printems produit dans tous l:s êtres vivants un renou- vellement & une vivification s'il m'eft permis de parler ainf. Lors qu'uñe perfonne danguit derant Hiver, on comptéærä&nairement fur fa convalefcence, pourvu qu’elle vive jufqu’au Printemps : Il n’en eft pas ainf de |’ Automne, la même caufe qui fair comber les feuilles des arbres, cau- fe un dérangement dans les corps 3 & la chûte des feuil. es eft cenfée dangereufe pour les perfonnes infirmes. Page 98. On apeile Tacheres les terres que l’on laiffe re- ofer après qu’elles ont porté plufeurs années de fire, Le ems des Jacheres revient plus ou moins fouvent, felon la orce desterres ; quelquefois tous ‘les nzuf ans , rous les épt ans , ou rous Îles cinq ans: ïl y a des pais où les fer- iers atant beaucoup plus de terres qu’ils n’en peuvent fu- mer, en laifient toujours repefer un tizrs ou environ. Îls n font alors des paturages , où ïls engraiflent de bêtail on y laiffe jour & nuit pendant un: grande partie de ‘année. En d’autres endroits on fecontente de ss labourer deconde Partie, k fans 46 REMARQUES. fans les femer 3 ce qui fe fait pour brifer les racines des mauvaifes gerbes , qui acheveroïent d’épuifer la terre, fans aucune utilité. NA ik Page 114. Quiconque a vu des villes fortes qui ne font: point d’une fituation a avoir quelque riviere dans leurs fof- fez , fçair qu’on ne perd point d'ordinaire l'excellent ter rain qui eft enfermé dans l'enceinte des fortifications; & qu'on y menage fouvent de très-beaux Jardins; fur tour aux villes qui ne fonc pas les plus expofées à un fiege. Page r15. Ces deux mots Chimie & Alchimie n’ont | dans leur Erymolggie qu'une même fignification , ‘8: pluñeurs pérfonnes les confondent. Cependant lPufage am voulu qu'ils fignifiaffent deux arts fort differents, Le der" nier encherit fur le premier , par la particule 4], comme f l’on difoit la Chimie par excellence. La Chimiereft l Art” de feparer les differentes fubftances des mixtes els que font lesw Animaux,les Mineraux,les Vegeraux. Son plus nobleufageeftm d’en tirer d’excellents remédes , pour rétablir ou confervers la fanté de l’homme, maïs par une bifarerie déraïfonnable ! ona donné le nom d’Alchimie à f’ Art qui court après la tranfmuration des méraux. Ainfi un Alchimifte eft un fou- leur qui pour s’entichir , confume fon argent & celui d’au- troi , & en fait du charbon, de la cendre, & de la fu- mée; mécier d'autant 'plus dangereux qu’il conduit fou: venc à la fauff monnoiïe, & fait aller l’Arrifte au gibet ; comime le dit l’Agveur à Ja page 159. de la S. Parrie, 7 LA dx ESA ”, / TABLE GENERALE DES MAT FER ES # marque la premiere Partie & # la Seconde, j À. Cadémié de Fardiniers, inflitution utile, a 7$ Accidents des arbres, a Go. & fuiv. Adam | fon bonheur avant [a châte; a 112 = /a mifere après fon peché, a 114.118 -- fon penchant pour le Fardinage, a 116 de l Age des branches, b 61 PAir, ce que c'eff E [es effets fur lesarbres, à 55. UV. Achimie eff une Chimere Philofophique, a 158 ÆAkaëff recherche inutile, a I 59 Amande comparée à un œuf fertile, a 4 -_ fon analife &3 [on raport avec les Envelopes du fœtus, a ÿ Anciens ; comment 1]s muliiplioient les vignes, b 108 Arbre, [es parties lors qu’il commence à Je déveloper dans la Jemence, a 20 -- comment il fort de la femence, a 17 —- les plus grands ont les plus petites [emences, à 2 == leurs fibres ; leurs veines, € leurs arteres, a 29 -- fi l'on peut connoftre le côté meridional ES le fep- tentrionnal d'uy arbre, | a 67 -- rai/0ns prureuo: quelques uns durent plus que les au- tres, a SI Arbres plantez en pleine campagne croient mieux TUE les autres ES pourquoi, des Arbres Fruitiers, b 26 = fon peut reffufciter | PArbre de fes cendres, le a 79 K 2 . 4u= TABLE GENERALE -- aufres experiences.à ce [ujef , a 88.99 Arbres [auvages plus [ains que ceux que lon cultive , | | | a 51 Ardeur interne maladie des arbres, a 67 Ædeur dans la moëlles des arbres, a 66 ÆAromates néceffaires pour le culte divin; a 121 Arts defendus €3 impres, a ESS B. Réeriue (/ailon), ce que c'eff, b'90 | Banc à Racines [a firuéture ES [en ufage, a 206 Bleflures des arbres ;, a 73 Bois, utilité qu’on en retire, a 129 -- ce qui eff néceffaire pour planter un Bois, b 39 Bourgeon renfermé dans l Amande , a 6 -Broutllard fanefte aux arbres, | a 66 Branches de Parbre,obfervations [ur leur conformation, + | a -- comment il faut les couper €S les mettre en terre pour la multiplication. b 14 Alus ,[e mafiere ,obfervations à ce [ujet, a 217 Canelle. Defcription de cet arbre, 18182 _.Caref{ër , maniere de greffer a 176 Cercle Philofophique, fi P Auteur s'en efl fervi, D 3 - ce que c'eft; Voiez les remarques, b 144 Champignons de diferentes fortes. a 35 Chêne, Anatomie d’un jeune Chêne, a 24.8 fuiv. -- cominent on en peut femer toute une forêt, à 134 Chimie, en quoi diferente de LAlchimie , b 146 Coche voiez euter . Confomption des bourgeons , maladie des arbres, a 68 Confomption, maladie des arbres, a 69 Corps organi/é des Arbres, b 2 Création, en quelle [aïfon elle s’eft faite. a 109 Curieux de deux fortes, a 127 DES MATIERES. D. D?” univerfel metallique de PAuteurs a 10Q E. Corce, fes Parties, a 31 Ecuffon, enter en écuffon, a 181 Embraffement, ce que c'eff, b 120,12£ Embraffement, maniére de greffer, a 177 Esmbrion de l'arbre, ce que c’efr, a 3 Enter en coche ou en entaille, a 17E Enter des branches, a 172 Enter la racine , comment [e fait cette operation: [on univerfalité, a 220 Enter en fente, ce que c’eff, a 169 Ente réiterée , ce que c’eft, a 171 Etuve, ce que c'eft, b 76 -- defcription de celle de P Auteur, b 76 Etuve , comment on ente dans une étuve, a 173 pExperience combien utile à homme, a 247 F, Aufle, Hifloire fur ce Doëteur, a 156 Fente ce que C’efi gwenter en fente, a 169 Feu ou ardeur , maladie des arbres, sc '"a 66 Feuille de Citronnier cultivée devient un àrbre, à 141 -- multiplication par les Feuilles, + Cabas Flagella , ce que fignifie ce mot. b 112 Fleurs , comment elles [e forment , a 22 Flexion des branches ce que Ceff, b 91 Flûte, forte de multiplication, a 183 Feœtus, comparaifun de l'arbre dans la femence avec Le fœtus bumain , | a 3 Fruit défendu quel ? recherches [ur cette queflion, à 114 Fruits differents [ur un même arbre, b. 1:20 KR 3 Gal. TABLE GENERALE G: Ale ; maladie des arbres, a 7É Z Germe de Parbre ce que c ef, a 5. fuiv. Glande Pineale dans Parbre, a I Glands dechenes comment il faut les cueillir € les fes L/44 ps | a 131 Grefer coment cet a art été inventé, a a H. H: Autfch Ze Nérevibbrz voloit en l'air, a 161 Herman (Leonar: #) Pafreur à à Mofgel en Silefe : E Son fecret pour rendre les grains plus féconds , a 32 Hermes Trifinegihe, b 143 << fragment de cet Atieur a 197 Hogberg (Mr. de) loué, | b67. b 8; I. - ét } Cheres pleines de Sapins., | b 98 Tardiier ce gwil doit [avoir » a 75 Faunilfe des 4rbres, a 7I impatience des p@ Joities qui plantent des arbres, b 87 Iufition tranfverfale ; ce qie cel, a 185 Éafirutens néceffuires pour les operations décrites das cet wuorage sieur A qu 7 leur ufage, ‘à 227. fuiv. À ae | L. A{us , Poëte Grec, | . b 144 Lebmas (can Chrifiian) Profefeur & Medeïin - de Leipfk loué, a 8 Lentilles marecageufes a 27 Lettre Lavitatoire de l Autenr de laquelle left fouverñt parlé.duns.cet HUNAGE , ba Les re de Mr. le Che de Breuner à P Auteur, b 24 Liai/on de la.racine. avecle fige , a 24 Lignos (Mr. ) fon inelénar ion ponr les plantes. a 147 Biriorier provenu d'una fégille, a 142. : - Ma- DES MATIÉERES. Liqueur pour bater lacroifance du bourgron, 27 Lumiere ce que Cef}, a 102.8 {uiy. + Rom des arbres, leurs caufes, à 6o.ëtfuiv. -- dans la ferreñce a 64 -- hors de la femence, ibid. Mandirola (Le RP.) Francifcain, loué, b 67 -- fes recherches [ur le Fardinage, D 67. 1b#40 Medecin de Cracovie | fon [ecret mer? veilleux pour ls refarreition des Plantes, - a 80 Moëlle de Parbre, fi elle feule nourrit l'arbre, a 28 Mornie ou cire à enter ,fa preparation, a 207 - jes effets, a 211 -- la noble cireià enter [a preparation, a 208 Momie, Noble momie pour les Arbre étrangers, [æ préparation j b 25 = obfervations pour la bien faire, b 46 -- autre Jorte de Momie ; b 8 Momie de forêt, b 10 Momie végetable, [a Compofition, b 92 Moïmie de Fardin ÊS de Forêt fa compoftion, 5 37 -— la très-noble Mornie [a compofition, a 232 Monfirueux (arbres), comment on en peutavoir, b 134 Mort des arbres, » a 75 Moufe, maladie des arbres, | #72 = comment elle croit aux arbres, a 34 Multiplication par la femence la plus ancienne € Va plus naturelle de toutes, | a 126 = par la racine, a 151 Multiplication unioerfelle des, arbres par la conpe des Racines, a 203 -— par la Pate, | a 198 -- par la taille, ce que Cef}, .a# = par la perce, ce que C’ef, a 146 Mulsiplication umiverfelle par le partage des branches, a 210 K 4 _ le TABLE GENERALE 2 par la feuille avec. le bouton, a 215 -- fi PAuteur à parlé d'une multiplication univer[el- le ou de plufieurs multiplications particulieres, + x -- fi elle eft pofible, b f2 -- à quelle ocafion P Auteur s’y ef appliqué, a 166 : L NT: | DS fignification de ce mof limitée, a 110 Noé , comment il multiplia la vigne, bb it1 © Nœuds comment il les faut couper &S preparer avec de la Mormie , b 90 ! Noïau de Péclie comment il leve €S produit un arbre, a 40 O. | Culer & oculation | a 186. Woïez les remar- ques b 143 Oeuillets , fecret pour faire des Oeuillets noirs, Egc. a 234 P. P<:: des Racines, b Patriarches, ils ont cultivé le Fardinage, à v10. & fuiv. Pbilofophes leurs vaines recherches, a 98 Plaintes de l'Auteur [ur ce que fon ffeme étoit mal expliqué, | a 107. & fuiv. Poinçon à Racines, [on ufage » a 214 Pois Hermaphrodite, 4 41 Priefling , monafiere, | | b 126 Principe moteur ÈS végétatif de Parbre, a 1 R. _* Kopsd diflinéte de la tige dans la formation de Par- 21 .» comment elle fort de l'amandke ; a 18 a--/i DES MATIERES. 2 fi elle ef néceffaire à Parbre pour croître, a 33 = comment il la faut enter; b:17:23- Racines comment elles proviennent de la imañiére qui Samafle autour d’une 1ncifion, a 215 -_ Part de les couper pour en produire des arbres, a 204 -_ Experiences à ce fut, ibid. Rebours , Plantage à Rebours ce que ef, a 170. uiv. -_ enter à Rebours dans le Bois Ê5 dans Pécorce, ” NZ Refervoir des arbres decouvert par P Auteur, b 118 la Rofée huileufe, maladie des arbres, a 65 Royer ( Jean ). | _ b 3 S. | Sr manifefté concernant la multiplication un:- verfelle de tous arbres 5 arbultes, b 29 -- raifons Phifiques de ce fecret, ibid. -- Pratique de ce fecret, b 3r _-— diverfes queftions fur ce fujet, b 34 Sel Mercurial de P Auteur, [es vertus, a 1 Semence fi tous les végetables font produits par la [e- mence , a 8.67 9. - elle peut-être confervée long-tems , mais point au de- la de 10. ans, a 10 -- celle d'un an eft la meilleure, ibid. Semence de Parbre contient tout Parbre, a 2 Semences des arbres comment on les doit planter, à 22 -- qwelles [ont enfermées virtuellement dans Parbre, a 27 Seringues à feu, a 161 Sexe, fi les Arbres ont un Sexe, a 3 Sterilité, maladie des arbres, fes caufes, a 76 K 5 Suc TAB. GENERALE DES MATIERES. F IN, L Suc-des arbres, fa circulation expliquée, : ” “a 29 : Sucs qui animent € nourriffent Parbre, a 44.& | fuiv. 1 — comment ils fe digerent, ibid. T. Ke. Ailles de diverfes fortes, ‘ .8:282 -- Imperiale, ibid. des Comtes, 1bid. des Nobles, | ibid. Tronc de Parbre ce que c'ef, a 24 V. | V2" (Mr. P Abbé de ) cité, a 147 V'afes limphatiques des Arbres, a 20 le Ver, maladie des arbres, a 68 Vignobles comment 5 faut les planter, b 1078 fuivantes. V'illebrequin de Far din [a delcription, b 113 Le Vin pourquoi donné aux bomimes, a 120 a LS 8 ed ” © \ ns 4 b NS ” D" . élite \ RE RE. ve D L Kai. NP NL