V-iT- iMINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale. L Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES CINQUIEME ANNEE — 1905 PREMIER SEMESTRE PARIS Augustin CHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale. MINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale. U Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES CINQUIEME ANNEE — 1905 PREMIER SEMESTRE PARIS Augustin GHALLAMEL, Editeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale. L? i fr. le droit de sortie sur les bœufs 91 Indo-Chine. Arrêté réglementant le commerce des éléphants sur divers points du Laos 4 Arrêté exonérant de tout impôt les terrains plantés en mûriers 265 Océanie. Décret j)orlant fixation de la quantité de vanilles originaiies à admettre sous le régime de faveur en 1904-1905 11? Nominations et Mutations. Personnel agricole 5, 89, 179, 266, 362 Chambre des députés. Rapport de M. L. Hrunet au sujet de la proposition de loi tendant à exempter des droits de douane les mélasses coloniales 5 Proposition de loi relative aux droits sur les tapiocas, manioc, sagou, salep et fécules exotiques .' 7 TABLE DES MATIERES ÉTUDES ET MEMOIRES Par noms d'auteurs. Production du coton dans les colonies allemandes, 171. Recherches pour développer la culture du coton aux Indes anglaises et pour améliorer la qualité actuellement récoltée, 431. Barron. — Production du cacao dans les colonies étrangères, 194. Bigle DE Cardo. — La Ramie et ses analogues aux Indes anglaises (suite), 56, 112, 223, 320, 403, 516. Blin (Henri). — La fumure du manioc, 426. D"" Delacroix. — Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds [suite), 40, 155, 234, 334. Deslandes.. — Le Rafia. Botanique, culture, utilisation, 443. DuBARD (Marcel). — Les caféiers sauvages de la Montagne d'Ambre (Mada- gascar), 92. — ET ViGuiER. — Sur l'anatomie des tubercules d'Euphorbia Intisy, 85. Dumas. — Culture du Sorgho dans la vallée du Niger et du Haut-Sénégal, 458. Fauchère. — La culture du labac dans la vallée de l'Ivoilana, 168. — Culture pratique du cacaoyer. Préparation du cacao, 267, 378, 490. Fleutiaux (E.). — Entomologie, 87. — Les Insectes, 262, 349, 438. GuYNET (William). — Le caoutchouc des herbes au Congo, 76. Lafforgue. — L'élevage à la Nouvelle-Calédonie [fin), 140. D"" Loir. — Chambres d'isolement contre les moustiques, 524. Martin (René). — Odonates de Grand-Bassam, 174. D"" Perrot (Emile). — Des produits utiles des Bombax et en particulier du Kapok, 22. Pierre et Monteil. — Le cheval au Soudan, 126. — Le bœuf au Soudan, 364. Pierrot (Edouard). — Culture pratique et rationnelle du caféier, 180, 282, 411, 466. VI TABLE DES MATIERES Prud'homme. — L.) si'nciculture à Madagascar, 11, 101, 204, 3H, 389, 481. RiNGELM.vNN (Max). — Routes et chemins (cours de génie rural appli(jué aux colonies), 302. — Hullelin de la Station dEssais de Machines, 83. Sainte-Maiue (E. de). — La culture du riz en Italie, 257. L. Simon. — L'émigration et le développement agricoles en Nouvelle-Calédo- nie, 250, 343. WiENEu. — Note sur le café vénézuélien, 68. Sujets traités. Cacao. — Production du cacao dans les colonies étrangères (Barron), 194. — Culture pratique du cacaoyer et préparation du cacao (Fauchère), 2G7, 378, 490. Café. — Note sur le café vénézuélien (Wiener), 68. — Les caféiei's sauvages de la montagne d'Ambre (Dubard), 92. — Culture pratique et rationnelle du caféier (E. Pierrot), 180, 282, 411, 466. Caoutchouc. — Le caoutchouc des herbes au Congo (Guynet), 76. Coton. — Production du coton dans les colonies allemandes, 171. — Recherches pour développer la culture du coton aux Indes anglaises et pour améliorer la qualité actuellement récoltée, 431. Élevage. — L'élevage à la Nouvelle-Calédonie (s^uile) (M. LafToi^gue), 140. — Le cheval au Soudan (Pierre et Monteil), 126. — Le bœuf au Soudan (Pierre cl Monteil), 364. Euphorhia. — Notes sur l'anatomie des tubercules d'Euphorbia Intisy (Dubard et Viguier), 85. Génie rural. — Routes et chemins aux colonies (Ringelmann), 302. Hygiène. — Chambre d'isolement contre les moustiques (D"" Loir), 524. Insectes. — Les Insectes (Fleutiaux), 87, 174, 262, 349, 438. Kapok. — Des produits utiles des Bombax et on particulier du kapok (D'' Per- rot), 22. Machines. — Bulletin de la Station d'Essais de machines agricoles, 83. Maladies. — Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds (D"" Dela- croix), 40, 155, 234, 334. Manioc. — La fumure du manioc (II. Blin), 426. Nouvelle-Calédonie. — Émigration et développement agricoles (L. Simon), 250, 3i3. TABLE DES MATIERES VU Rafla. — Botanique. Culture. Utilisation (Deslandes), 443. Rainie. — La Ramie et ses analogues aux Indes anglaises (G. Bigle de Cardo), 06, 112, 223, 326, 403, ^16. Riz. — La cultui'e du Riz en Italie, 257. Sériciculture. — La sériciculture à Madagascar (Prud'homme), H, 101, 204, 311, 389, 481. Sorijho. — Culture du Sorgho dans la vallée du Niger et du Haut-Sénégal (Dumas), 458. Tabac. — La culture du tabac dans la vallée de l'ivoilana, 168. MAÇON, PHOTAT FRERES, IMPRI.MEl'RS. 5e Année Janvier 1905 No 22 MINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale L 'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES Jardins d'essai des Colonies Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à l'Inspection générale de l'Agriculture coloniale au Ministère des Colonies PARIS Augustin CHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /e'' Janvier et du /er Juillet I*rix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr. La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. Les citations ou reproductions partielles sont autorisées ii condition de mentionner la source. PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de <*? feiiillen t/rarid iii-S" ptinifl lotis les deit.c /noix PARIS — Augustin GHALIAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONiNEMENT ANNUEL (Erance et Colonies; : 15 l'r. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de '> feuilles grand iii-S' parait tous les mois PARIS — Augustin CHALLAMEL, Éditeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PU BUG A TION TRIMES TRI ELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, plage de i/Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : I-'rance et Algérie, 10 \v . — Etranger, 12 IV Feuille de Renseignements de l'Office Colonial PUBLICATION MENSUELLE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications; Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 IV. - Colonies cl Union postale, 6 fr. 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BOTANICA' DOCUMENTS OFFICIELS QARDEN Jardin Colonial. — Nomination d'un préparateur et admission d'élèves I Afrique Occidentale française .— Admission en franchise de denrées du cru des colonies iVançaises i Décret portant oi-g-anisation du domaine 2 Indo-Chine française. — Arrêté réglementant le commerce des élé- phants sur divers points du Laos 4 Nominations et mutations dans le personnel agricole 5 Cltanibre des députés. — Rapport de M. Brunet au sujet de la propo- sition de loi tendant à exempter des droits de douane les mé- lasses coloniales 5 Proposition de loi relative aux droits sur les tapiocas, ma- nioc, sag-ou, salep et fécules exotiques 7 ÉTUDES ET MÉMOIRES La Sériciculture à Madagascar (Rapport de la Direction de l'Agri- culture 1 908; II Des produits utiles des Bomba.r et en particulier du Kapok, par le D'' Emile Perrot 22 Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds, par le D"" G. Delacroix {suite) 4o La Ramie et ses analogues aux Indes anglaises, par M. Big-le de Gardo (suite] 56 jVote sur le café vénézuélien, par M. Wiener 68 Le caoutchouc des herbes au Congo (Rapport de M. William Guynet.) 76 NOTES Bulletin de la station d'essai de machines 83 Sur Vanatomie des tubercules cl Euphorbia Intisy, par MM. Dubard et N'ig-uier 85 Entomologie, par M. E. Fleutiaux 87 CHEMINS DE FER DE L'OUEST PARIS A LONDRES vid Rouen, Dieppe, cl NeAvhaven, par la gave. Saini-Lazure. Services rapides de jour et de nuit tout les jouis (y e()in[)i'is les diiiiaïuiics et fêtes). Graude économie. — Trajet de jour en 9 heures, 1'" et 2c classes. Billets simples valables 7 jours. l'-e classe : 43 fr. 25. — 2^ classe : 32 fr. — .3" classe : 23 IV. 25. Billets d'aller et retour, valables un mois. 1" clas.se : 72 Ir 75. — ^e classe : 52 IV. 75. — :V classe : 41 IV. 50. Départs de Paris [Sdint- Lazare , 10 h. 20 matin et 9 h. soir Arrivées à Londres (London-Bridgeï, 7 h. soir et 7 li. 40 matin. Arrivées à Londres i Victoria), 7 h. soir et 7 h. 50 matin. Départ de Londres (hindou liridge), 10 h matin et 9 li. soir. Dépaits de Londres ( Victoria), 10 h. matin et 8 h. 50 soir. Arrivées à 'Psiris[Saint- Lazare], 6 h. 40 soir et 7 h. 15 matin. Voitures à couloir dans les trains de marée de jour entre Paris et Dieppe. Des cabines particulières sur les l)ateau.x sont réservées sur demande préalable. La Compagnie de l'Ouest envoie franco, sur demande aftVaiichie, des petits guides indicateurs du service de Paris à Londres. CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLÉANS UHIVER A ARGACHON, BIARRITZ, DAX, PAU, etc. Billets d'aller et retour individuels et de famille de toutes classes. Il est délivré toute Tannée par les gares et stations du réseau d'Orléans pour Arcachon, Biarritz, Dax, Pau et les autres stations hivernales du midi de la France : l» Des billets d'aller et retour individuels de toutes classes avec réduction de 25 0/0 en Ire classe et 20 0/0 en 2e et 3c classes; 2' Des billets d'aller et retour de famille de toutes classes comportant des réduc- tions variant de 20 0/0 pour une famille de 2 personnes ;t iO 0/0 |)Our une famille de 6 personnes ou plus; ces réductions sont calculées sur les |)ri.\ du tarif général d après la distance parcourue avec minimum de 300 kilomètres aller et retour compris. La famille comprend : père. mère, mari, femme, enfant, grand père, grand'inère, beau père, belle-mère, gendre, belle-fille, frère, sœur, beau-frère, belle-sœur, oncle, tante, neveu et nièce, ainsi que les serviteurs attachés h la famille. Ces billets sont valables 33 jours, non compris les jours de départ et d'arri- vée. Cette durée de validité peut être prolongée deu.x fois de .30 jours, moyennant un supplément de lOO/Odupri.\ piimitif du billet pour chaque prolongation. CHEMINS DE FER DE PARIS-LYON-MEDITERRANEE VOYAGES CIRCULAIRES A ITINERAIRES FIXES La C.oiupagiiic délivie toute raiinée, à la gare de Paris Lyon, ainsi que dans les principales gares situées sur les itinéraires, des billets de voyages circulaires à itinéraires fixes, extrêmement variés, permettant de visiter en l''^ et 2" classes, à des prix très réduits, les contrées les plus intéressantes de la France, ainsi que l'Algérie, la Tunisie, l'Italie et l'Espagne. Les renseignements les plus complets sur les voyages circulaires et d'excursion (prix, conditions, cartes et itinéraires) ainsi que sur les billets simples et d'aller et retour cartes d'abonnement relations internationales, horaires, etc., sont ren- fermés dans le Livret-Guide-Iloraire P.-L.-M. venduau prixdeOfr. 50 dans toutes les gares du réseau. 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Depuis son origine (juillet 1901) (( L'Agriculture pratique des Pays chauds » (bulletin du jardin colonial) a publié, outre les Documents officiels, près de 250 Articles (monographies , études et notes diverses) formant 2.500 pages et comprenant plus de 350 figures (dessins, photographies, cartes, ou planches hors texte). La collection jusqu'à ce jour comprend 4 volumes : l'J Juillet igoi à Juin 1902 i volume in-8" 20 fr. 2° Juillet 1902 à Juin 1903 i — — 20 » 3° Juillet igo3 à Juin 1904 i — — 20 )> 40 Juillet 1904 a Décembre 1905 i — — 10 1) {Envoi franco conti'e mandat-poste.) A partir de ce numéro le périodique devenu mensuel [chaque numéro 80 pages au moins) formera chaque année Deux volumes in-8" de 500 pages environ chacun. PRIX DE L ABONNEMENT ANNUEL (^France, Union postale) 20 fr. Adresser demandes d'abomiements et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, 17. rue Jacob. Paris (VF). LIBRAIRIE — PAPETERIE COMMERCIALE J. 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Batut, Buchet, Gandon, Pichon, diplômés de l'Institut agrono- mique ; Berges, Cadudal, Costes, Grangeon, Lognos, Manquené, diplô- més des Écoles nationales d'Agriculture; Berteau, Bret, Miihlberg, diplômés de l'Ecole nationale d'Horti- culture ; Caplain, Clermont, Lacroix, diplômés de l'Ecole d'Agriculture coloniale de Tunis ; Ont été admis en qualité d'élèves libres: MM. CoUange, Couret, Romain, Chartier. Nicolas. AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE Ailnussion en franchise de denrées du cru des Colonies françaises . DÉCRET Le Président de la République française. Sur le rapport du Ministre des Colonies et du Ministre des Finances ; Vu les lois du 11 janvier 1892, article 3 ; du "24 février 1900, article 2, et du 17 juillet 1900, article 2, relatives au tarif des douanes. Vu les décrets des 30 juin 1892 et du 25 août 1900 accordant des détaxes à certains produits originaires des Colonies, piillelin ihi Jiirdin colonùil. l 2 DOCUMENTS OFFICIELS DÉCRÈTE : Article I''^ — Est fixée à 60.000 kilogrammes la qnanlilù de café ori- ginaire de la Côte d'Ivoire, qui pourra être admise en France, pendant l'année 1904, dans les conditions prévues par les décrets susvisés des 30 juin 1892 et 25 août 1900. Art. 2. — Le Ministre des Colonies et le Ministre des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de lexécution du présent décret. Fait à Paris, le 12 octobre 1904. iMilile Loubet. décr1':t Le Président de la République française, Sur le rapport du Ministre des Colonies et du Ministre des Finances; Vu les lois du 11 janvier 1892, article 3; du 24 février 1900, article 2, et du l"^"^ juillet 1900 article 2, relatives au tarif des douanes; Vu les décrets des 30 juin 1892, 22 août 1896, 25 août 1900 accordant des exemptions ou détaxes à certains produits originaires des Colonies, Décrète : Article 1"''. — Sont fixées ainsi qu'il suit les quantités de produits ori- ginaires de la Guinée F'rançaise qui pourront être admises en France, du l^"" juillet 1904 au 30 juin 1905, dans les conditions fixées par les décrets susvisés du 30 juin 1892, 22 août 1896 et 25 août 1900 : Café, 25.000 kilogrammes; Bananes, 2.500.000 kilogrammes. Art. 2. — Le Ministre des Colonies et le Ministre des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 12 octobre 1904. Fniile Loubet. DÉCRET portant organisation du domaine en Afrique Occidentale française. Le Président de la République française, Décrète : titre premier Du domaine publie. TITRE II Des terres domaniales. Art. 10. — Les terres vacantes et sans maître, dans les colonies et territoires de l'Afrique Occidentale française^ appartiennent à l'État. DÉCRET 3 Les terres formant la propriété collective des indigènes ou (jue les chefs indi<;ènes détiennent comme représentant de collectivités indigènes ne peuvent être cédées à des particuliers par voie de vente ou de location qu'après approbation par arrêté du I^ieutenant-Gouverneur, en Conseil d'Administration. L'occupation de la partie de ces terres qui serait nécessaire pour la création de centres urbains, pour des constructions ou travaux d'utilité publique, est prononcée par le Lieutenant-Gouverneur, en Conseil d'Administration, qui statue sur les compensations que peut comporter cette occupation. Art, 11. — L'aliénation des terres domaniales est soumise aux règles suivantes : 1" Les lots de terrains urbains compris dans un plan de lotissement arrêté par le Lieutenant- Gouverneur en Conseil d'Administration et les concessions de moins de 200 hectares sont accordées par le Lieutenant- Gouverneur, en Conseil d'Administration, aux conditions déterminées dans chaque cas par l'acte de concession lui-même, suivant le lieu, la nature du sol et de l'exploitation à entreprendre ; 2° Les concessions portant sur une étendue comprise entre 200 et 2.000 hectares sont accordées par le Gouverneur général, sur la proposi- tion du Lieutenant-Gouverneur, après avis du Conseil d'Administration ; 3" Les concessions portant sur une étendue supérieure à 2.000 hectares sont accordées par décret rendu sur le rapport du Ministre des Colonies, sur la proposition du Gouverneur général, et après avis de la Commission des concessions coloniales. Dans ces deux derniers cas, les conditions de la concession sont stipu- lées dans un cahier des charges annexé à l'acte de concession, qui fixe également le taux des redevances. Art. 12. — L'octroi de toute concession devra être précédé d'une publi- cité suffisante pour que tous les intérêts en cause puissent se produire et être examinés utilement avant l'établissement de l'acte de concession. L'acte de concession devra faire mention des conditions de cette publi- cité et être inséré au Journal officiel de la colonie. Art. 13. — Sont abrogées toutes dispositions antérieures et contraires au présent décret. Art. 14. — Le Ministre des Colonies est chargé de l'exécution du pré- sent décret qui sera inséré au Journal officiel de la République française, au Bulletin des lois et au Bulletin officiel des Colonies. Fait à Paris, le 23 octobre 1904. Le Président de la République française, Emile Loubet. 4 DOCLMK.NTS OFFICIELS INDO -CHINE FRANÇAISE ARRÊTÉ Le Gouverneur j^énéral de l'Indo-Chine, officier de la Légion dhon- neur, \'u le décret du "21 avril 1891 ; \'u les arrêtés des "29 et 31 janvier 1896, réglementant le commerce et la chasse au piège des éléphants sur divers points du Laos ; Sur la proposition du Résident supérieur au Laos, et Lavis conforme du Secrétaire général de Tlndo-Chine ; ." La Commission permanente du Conseil supérieur de l' Indo-Chine, entendue, Arrête : ARTicr.E l'"^ — Les arrêtés des 29 et 31 janvier 1896 réglementant le commerce et la chasse au piège des éléphants sur divers points du Bas et du Haut Laos sont rapportés à compter du l*"'' janvier 1905. Art. 2. — A partir de cette date, le commerce et la capture des élé- phants sont libres sur tout le territoire du Laos, saut' dans les provinces dVUtopeu et de Stung-Treng, où ils ne pourront être exercés que par les habitants. Conformément aux coutumes du pays, TAdministration, après entente avec les chasseurs, prélèvera chaque année, pour ses transports, un cer- tain nombre de bêtes capturées. Art. 3. — Les propriétaires d'éléphants sont tenus de faire immatri- culer tous leurs animaux au commissariat de leur province respective. Art. i. — Les éléphants capturés au Laos seront immatriculés au Commissai'iat de la province dans laquelle ils aui'ont été pris. Les éléphants venant de l'extérieur devront être immatriculés au com- missariat de la province dans laquelle ils auront été introduits. Art. 5. — Les mutations de province à province et la sortie du terri- toire du Laos feront l'objet d'une déclaration des propriétaires et seront inscrites sur le registre d'immatriculation. Art. (). — 11 sera remis pour chaque éléphant une carte d'immatricula- tion sur laquelle figurera le signalement de l'animal. La remise de cette carte donnera lieu à la perception dun droit d'im- matriculation, fixé à dix piastres par éléphant. Il sera, en outre, perçu une taxe annuelle de capitation fixée à cinq piastres, exigible à la date du L'' janvier de chaque année. Cette taxe sera acquittée au commissariat de la province dans laquelle réside le propriétaire de l'éléphant. ARRÊTÉ 5 La carte d'immatriculation mentionnera les mutations de province à province, ainsi que le versement de la taxe annuelle de capitation. Elle sera retirée, en cas de vente des animaux, à l'extérieur du Laos. Art. 7. — Toute infraction, relative à limmatriculation et au paiement de la taxe annuelle de capitation des éléphants, sera passible d'une amende de dix à cinquante piastres. Art. 8. — La vente des éléphants à l'intérieur, de province à province ou à l'extérieur, pourra, s'il y a lieu, être momentanément interdite, par un arrêté du Résident supérieur. Art. 9. — Le Résident supérieur au Laos est chargé de l'exécution du présent arrêté. Hanoï, le 13 octobre 1904. Beau. NOMINATIONS ET MUTATIONS DANS LE PERSONNEL AGRICOLE Par arrêté du Gouverneur général de Tlndo-Chine, en date du 20 octobre 1904, Est nommé, à compter du f'' septembre 1904, dans le cadre du Service local d'Agriculture de FAnnam, à l'emploi de sous-inspecteur d'Agricul- ture M. Barbier (Augustin-Louis). Par décision du Gouverneur général p. i. de l'Afrique Occidentale, en date du 24 octobre 1904, M. Blondel, élève jardinier au Jardin colonial de Nogent-sur-Marne, est nommé agent auxiliaire de culture et affecté au Service des Jardins (Gorée-Dakar). CHAMBRE DES DÉPUTÉS RAPPORT de AI. Louis Brunet, député, au sujet de la proposition de loi ayant pour objet d'exempter les mélasses coloniales des droits de douane. Messieurs, La Chambre des députés a renvoyé à la Commission des Douanes une proposition de loi de notre collègue M. Gérault-Richard, ainsi conçue : « A partir de la promulgation de la présente loi sont supprimés tous droits de douane sur les mélasses de sucrerie des Colonies françaises. Les dispositions de l'article 5 de la loi du 7 avril 1897 et de l'article 2 de la 6 DOCUMENTS OFFICIELS loi du 29 janvier 19():î ne s'appliqueront à lavenir qu'aux mélasses irori- gine étrangère. » La loi du 29 janvier 190!i, que vise M. tiérault-Richard, avait main- tenu, en effet, l'article 5 de la loi du 7 avril 1897 qui contient les disposi- tions suivantes : « Sont en outre modifiés comme suit les droits de douane des dérivés du sucre énumérés ci-après : « Mélasses autres que pour la distillation, ayant en richesse saccharine 50 °/o au moins. (( Tarif général, 24 l'r. 75 pour 100 kilos ; « Tarif minimum, 20 l'r. 75 — « Mélasses autres que pour la distillation, ayant en richesse saccharine plus de 50 »/o. o Tarif général, 52 fr. 50 pour 100 kilos ; « Tarif minimum, 42 fr. 90 — v. Notre honorable collègue expose que ces dispositions s'appliquent aussi bien aux mélasses de nos Colonies qu'aux mélasses des pays étrangers et que les taux des tarifs étant prohibitifs, une importation en France de ce produit autrement que pour la distillerie, n'est pas possible. Il est évi- dent, selon lui, que le législateur, en votant l'article 5 de la loi du 7 avril 1897 et plus tard l'article 2 de la loi du 29 janvier 1903, n'a pensé qu'aux mélasses étrangères. « Il n'y a, en effet, dit l'auteur de la proposition, aucune raison pour que les mélasses coloniales, contrairement aux principes qui régissent les relations de la mère patrie avec ses Colonies et contrairement à la plus élémentaire équité, soient traitées à leur importation en France comme un produit d'origine étrangère et autrement que les mélasses provenant de nos sucreries indigènes. » Ce qui, croyons-nous, avec l'auteur de la proposition, explique l'ano- malie des dispositions des deux lois, c'est que lors de leur discussion il n'y avait aucun intérêt à l'importation en France des mélasses coloniales ni pour les Colonies, ni pour la métropole. On sait que, jusqu'ici, les mélasses des Colonies se présentaient peu sur nos marchés, parce qu'on les employait aux lieux de production, pour la fabrication du rhum, du tafia, etc., etc. « Aujourd'hui, par suite de la mévente des tafias, constate notre col- lègue, la situation est totalement changée, et il y a actuellement nécessité pour les Colonies d'exporter une certaine quantité des mélasses qui se trouvent inemployées et dont l'utilisation contribuerait au relèvement économique de plusieurs Colonies qui ont, littéralement, comme la Gua- deloupe, la famine à leurs portes. « Le marché métropolitain est de beaucoup le plus rémunérateur pour RAPPORT l ces produits, surtout depuis les dispositions lég'islatives admettant les mélasses pour les usages agricoles, exemptes de droit de consommation. » Au point de vue de l'intérêt agricole, de l'intérêt métropolitain, « il est notoire que la mélasse de sucre de canne est, par sa plus grande richesse en sucre et sa moindre teneur en sels, préférable comme nourriture du bétail à tout autre. // /j'y a d'ailleurs aucune concurrence possible entre ces produits, les exigences de la consommation dépassant de beaucoup les possibilités mêmes de la production nationale. » La sucrerie coloniale, conclut M. Gérault-Richard, demande donc la possibilité d'introduire ses mélasses en France, et, à cet elTet, d'être placée sur le même pied que la sucrerie indigène. « Dans ce but, il y a lieu de supprimer totalement le droit de douane stipulé par les lois de 1897 et 1903. « Au point de vue de l'intérêt du Trésor, celte mesure n'aura aucune répercussion, puisqu'il n'arrive actuellement en France aucune quantité des mélasses qu'il s'agit d'exempter. » Votre Commission a trouvé fondées les considérations émises par M. Gérault-Richard à l'appui de sa proposition. En conséquence, elle a l'honneur de vous soumettre la proposition de loi suivante : PROPOSITION DE LOI Article unique A partir de la promulgation de la présente loi, sont supprimés tous droits de douane sur les mélasses de sucrerie des Colonies françaises. Les dispositions de l'article 5 de la loi du 7 avril 1897 et de l'article 2 de la loi du 29 janvier 1903 ne s'appliqueront à l'avenir qu'aux mélasses d'ori- gine étrangère. CHAMBRE DES DEPUTES Proposition de loi tendant à modifier le tarif général des douanes pour les tapiocas et à assimiler le manioc sec aux sagou, salep et fécules exotiques, présentée par MM. de Mahy et Louis Brunet, députés. EXPOSÉ DES MOTIFS Messieurs, Nous avons, à la date du 18 novembre 1901, déposé une proposition de loi ainsi conçue : 8 DOCUMENTS OFFICIELS « Article rxiQri;. — Les tarifs des fécules prévus sous le n"^ 7 de la 2* section du tableau A, annexé à la loi du 11 janvier 1892, sont portés à 25 (vingt-cinq) francs pour le tarif maximum, et à 23 (vingt-trois) francs pour le tarif minimum. » Cette proposition a fait l'objet d'un rapport, déposé le 5 février 1903, par M. Noël, au nom de la Commission des douanes. Nous en rappelons le passage suivant : « Le manioc, qui sert à la fabrication du tapioca et des fécules exo- tiques, est une plante d'assolement pour les terres destinées à la culture de la canne à sucre. Par suite de la crise qui pèse si lourdement sur notre production coloniale et notamment sur nos colonies sucrières, on a cher- ché à développer les cultures capables d'apporter un élément nouveau, nous ne disons pas de richesse, mais de vie, dans nos vieilles colonies. La Réunion prit, il y a une dizaine d'années, l'initiative de développer la culture du manioc; d'importantes usines y furent fondées pour le trans- former en fécules et en tapiocas, mais malheureusement les planteurs des Indes et du Brésil, favorisés par un change élevé, par le bas prix de la main-d'œuvre, ont amené sur le marché une baisse considérable qui a entravé l'industrie naissante de notre colonie. De 70 francs, les tapiocas sont tombés à 25 ou 30 fr. le quintal, coût, fret et assurance ; ce sont des prix excessivement bas, impraticables pour un pays qui ne peut, comme le Brésil ou les Indes, profiter des avantages qu'offre pour l'exportation un change élevé ou la dépréciation de l'argent. « Il semble donc à votre Commission des douanes qu'il y a lieu déle- ver légèrement la barrière douanière qui défend notre production colo- niale, de manière à lui donner la sécurité en l'avenir et les moyens de développer sa production, hélas ! trop faible par rapporta l'importance du marché français. » A la suite du cyclone des 21-22 mars, qui a diminué dans une propor- tion considérable toutes les récoltes et amoindri encore la situation, déjà précaire, des agriculteurs de la Réunion, la Commission spéciale instituée par M. le gouverneur Samary a émis à l'unanimité, sur l'initiative de M. Hugot, conseiller général et membre de la chambre d'Agriculture, le vœu que la proposition de loi déposée par nous le 18 novembre 1901, « fût reprise dans le plus bref délai possible, en vue d'assurer définitive- ment l'avenir de l'industrie des fécules et tapiocas, mise en péril par le bas prix de la main-d'œuvre et l'élévation du change dans les pays con- currents et par le récent cyclone des 21-22 mars ». Toutefois, pour ne pas atteindre brusquement les intérêts d'une cer- taine branche de l'industrie indigène, dont les fécules constituent actuel- lement un des aliments, nous vous proposons de différer l'élévation de la taxe sur les sagou, salep et fécules exotiques, nous réservant de demander PROPOSITION DE LOI 9 en temps opportun une protection plus importante pour ces produits d'origine coloniale française. Reprenant, dautre part, les termes du rapport de M. Noël, nous avons, avec votre Commission, « pensé qu'il était utile d'établir une distinction entre la fécule exotique et son produit final, le tapioca; qu'entre la matière première et le produit fabriqué, il était utile de main- tenir un écart d'une certaine valeur ». Nous estimons donc qu'il serait nécessaire, pour atteindre ce but, de scinder le n" 78 du tarif général des douanes comprenant actuellement les sagou, salep, fécules exotiques et leurs dérivés, de manière à placer les tapiocas et dérivés des fécules exotiques sous un numéro spécial qui serait le 78 his, afin de permettre l'application d'un droit de douane supé- rieur sur ces derniers produits. Enfin, pour compléter sur ce point le tarif général des douanes et sup- primer une lacune, nous pensons qu'il faudrait ajouter « le manioc sec » à la nomenclature du n" 78, qui comprendrait alors les manioc sec, sagou, salep et fécules exotiques. M. le Ministre des Colonies, saisi par nous de cette importante ques- tion, a écrit à l'un de nous, à la date du 23 septembre dernier, une lettre qui se termine ainsi : « J'aborde enfin la dernière question dont vous avez bien voulu m'entretenir, celle des droits sur la fécule du manioc et les tapiocas. Il est entièrement exact que mon Département, à plusieurs reprises, a sollicité le renforcement de la protection dont jouissent les fécules et tapiocas des Colonies à leur entrée en France. Mais l'initiative d un projet de loi en ce sens appartient au Ministère du Commerce : celui-ci s'est toujours refusé à la prendre, arguant que le Gouvernement avait déjà sollicité le relèvement de tarifs décidés pour ces articles par la loi du 31 mars 1896, et ne pouvait provoquer une nouvelle modification des droits qu'il avait lui-même proposés. M. Delombre, puis M. Mille- rand, firent observer à cette occasion qu'il était préférable de laisser à l'initiative parlementaire le soin de provoquer un nouvel examen du régime des tapiocas exotiques. C'est alors que, d'accord avec M. de Mahy, vous déposâtes, le 18 novembre 1901, une proposition de loi en ce sens. » Il est donc indispensable, dans les circonstances actuelles, de reprendre une question qui intéresse à un très haut point non seulement la prospé- rité, mais la vitalité même de quelques-unes de nos colonies. Nous ajouterons que nos grandes possessions d'Afrique, et surtout Madagascar, qui cherche encore sa voie, et où le sol convient presque par- tout à la culture du manioc, sont aussi intéressées que nos anciennes colonies, à voir assurer d'une protection efficace une production qui sera pour elles un élément très sérieux de prospérité. En conséquence, nous avons l'honneur de soumettre à la Chambre la proposition de loi suivante : 10 DOCUMENTS OFFICIELS PROPOSITION DE LOI Article unique Le numéro 78 du tarif général des Douanes sera, désormais, ainsi libellé et complété : en O es 7^ 78 ;8 hh MATIERES VKGETAI.KS Manioc sec, sagou, salep, fécules exotiques Tapiocas et dérivés des fécules exotiques TAlîIt^ GENERAL S Produit d'oi'ij: européenne -i 2-2 xri fi) o 3 o cr 1^ t/j w OJ tri îJ "<•* 3 «ji m o -OJ .«^ • ^4 O C a Ul kilog. 100 N 100 N DROITS (décimes et 4 "/o compris' francs 11 20 g .„ ta :^ ce ^ a l'raiK!; il 20 Produits d'orig' cxtracurop. % «a. •o; T3 -o o a i- Iranc? Il 20 a. "• 2 f/J -_^ 2 S S ? francs II 23 O c u ce 15 ETUDES ET MEMOIRES DIRECTION DE L'AGRICULTURE DE ^MADAGASCAR LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR RAPPORT DE 1903 GÉNÉRALITÉS Il ne semble pas nécessaire d'insister, ici, sur l'importance du commerce des cocons, des soies et des soieries dans le monde entier. Cependant peut-être n'est-il pas inutile de rappeler que si la sérici- culture française a manifesté, au milieu du siècle dernier, une dimi- nution de rendement qu'elle paraît ne pas avoir rattrapé, malgré les remarquables travaux de Pasteur, dont les étrangers ont si lar- gement profité, elle a su, du moins, avec une production annuelle de 400 à 500 millions de francs, se maintenir à la tête de l'indus- trie des soieries et laisser bien loin en arrière, sous ce rapport, toutes les autres nations européennes. Le prodigieux développement de la production des soieries fran- çaises fait de notre pays un des principaux consommateurs de soie du monde entier, et assure, pour les éleveut-s, un débouché dont les étrangers paraissent seuls avoir su tirer parti. La sériciculture française après avoir produit 26.000 tonnes de cocons en 1853 et seulement 2.500.000 kilos en 1876, fournit actuel- lement, à la consommation, environ 10.000 tonnes de cocons, dont on tire 800.060 kilos de soie grège. Cette production est inférieure à celles de nos filatures qui absorbent, en outre, une quantité suffisante de cocons étrangers pour porter leur production totale à 850 ou 860.000 kilos de grège. Mais ces importations de cocons sont encore bien minimes, si on les compare à ce que la France importe sous forme de soie dévidée, de soies ouvrées, de soies sauvages et de déchets pour alimenter 12 ÉTUDES ET MÉMOIRES l'industrie de la schappe. — Au total, on estime, en ce moment, que l'industrie des soieries françaises nécessite chaque année envi- ron 4.500. 000 kilos de matières premières, alors ((ue la production locale ne dépasse pas 800 tonnes. Tout le reste doit être acheté à l'étranger et vient principalement d'Italie et du continent asiatique, contrée d'origine du mûrier et du remarquable bombyx qu'il nourrit, c'est-à-dire du pays récoltant le plus de soies et de cocons dans le monde entier. La France n'est pas la seule nation important de la soie. L'Europe ne produit guère plus de la moitié de ce qui lui est nécessaire et reste, par conséquent, tributaire de l'Asie, qui exporte en Amérique et en Europe environ le tiers de sa production totale annuelle, c'est-à-dire 5 à 6.000 tonnes de matières premières soyeuses. La production des soies européennes semble rester, depuis quelque temps, à peu près stationnaire ; mais la consommation augmentant sans cesse, le débouché oiîert aux autres pays séricicoles est en voie d'accroissement. Ces quelques chiffres ne se rapportent pas seulement aux pro- duits du Sericaria mori ; ils comprennent aussi les soies sauvages et les déchets soyeux de toutes sortes dont l'industrie de la schappe a su tirer un si merveilleux parti. La sériciculture coloniale com- porte donc deux branches bien distinctes méritant toutes deux d'être encouragées et développées ; Tune est la production des soies sauvages, l'autre celle de la soie de Chine produite par le " Bom- bvx du mûrier », le landikelv des Malsraches. Il est curieux de constater que sauf l'Indo-Chine, où la séricicul- ture est en honneur depuis près de 2.000 ans, aucune colonie fran- çaise n'envoie à la métropole une quantité appréciable de soie ou de cocons. En ce qui concerne le ver du mûrier, ce fait ne doit pas trop étonner, car c'est une tâche beaucoup plus difficile qu'on le croit que d'introduire dans un pa^'s une culture ou une industrie entièrement nouvelle, pour laquelle il faut lutter d'abord conti-e les obstacles naturels (acclimatement, maladies, qualité des terres, etc.), qui nécessitent de longues et patientes expériences, puis contre la mauvaise volonté ou l'apathie de la population indi- gène. Mais en ce qui concerne les soies sauvages si abondantes dans la plupart des forêts tropicales et constituant, par conséquent, une sorte de produit naturel, cette abstention est moins compréhen- sible. A Madagascar, nous n'avons heureusement pas à vaincre, du LA SÉRICICULTURE A JJADAtiASCAR 13 moins pour débuter, des ditïicullés aussi grandes puisque le mûrier existe depuis long-temps dans le pays, et que les indigènes con- naissent déjà, le landikely ; d'autre part on trouve en abondance dans certaines forêts de la grande île des soies sauvages, des Lan- dibés comme on les appelle ici, dont on ne pourra manquer de tirer un bon parti en Europe lorsqu'on les connaîtra mieux. Cela veut-il dire que Madagascar deviendra un centre séricicole très important? La rusticité du mûrier, la facilité avec laquelle s'élève le Sericaria mori, et la vig-ueur des végétaux dont se nour- rissent les landibés permettent de le croire et même d'assurer (|ue la colonie arrivera à tirer de sérieux bénéfices de l'industrie sérici- cole avec le Landikely, non seulement dans le centre de l'île, mais peut-être même aussi sur certains points de la zone intermédiaire et du littoral. En tout cas, quel que soit le résultat qu'on est en droit d'espérer maintenant de la sériciculture malgache, il est certain, étant donné le débouché oll'ert par le marché français, que l'Administration actuelle avait pour devoir de mettre cette question sérieusement à l'étude et d'essayer de la faire aboutir. Qu'a-t-on fait dans ce but, à quels résultats est-on arrivé? C'est ce que nous allons examiner maintenant. Ce travail comprend trois parties consacrées : la première à l'étude de l'org^anisation et du fonctionnement du Service de Sériciculture, la deuxième aux recherches sur le mûrier et les vég-étaux dont se nourrissent les landibés, et la troisième aux vers à soie Landikely [Sericaria niori) et Landibé [Borocera Mada(/ascaricnsis). PREMIERE PARTIE ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU SERVICE DE SÉRICICULTURE 1° Considérations générales. — Le rôle et le but du service de sériciculture ont été indiqués olïiciellement par l'arrêté du 7 mai 1901, créant une magnanerie modèle, des champs d'expériences pour la culture du mûrier et des mûraies. Le but poursuivi est le développement de toutes les branches de la sériciculture, et comprend par suite l'élevage du ver à soie de Chine ainsi que la production des soies sauvag-es, désignées à 14 ÉTUDKS KT .MKMOlRIvS Madag-ascar sous les noms de « Soie Landibe », « Soie Betsileo >>, « Soie Malgaciie »>. Nous avons vu que les demandes toujours croissantes de l'indus- trie des soieries françaises met notre pays dans l'obligation d'ache- ter à l'extérieur une grande partie des matières premières néces- saires à nos filatures et à nos fabriques de tissus. C'est dans le but de disputer aux éleveurs étrangers la livraison d'une partie des soies consommées par la Métropole que le gouver- nement général de Madagascar n'a jamais cessé d'encourager et de soutenir toutes les tentatives séricicoles, et a décidé en mai 1901 de tracer en détail la voie à suivre pour rendre plus efficaces les efforts et les sacrifices de la colonie, en confiant à la direction de l'Agriculture et à l'Ecole professionnelle de Tananarive le soin de rechercher pratiquement les meilleures méthodes de culture, d'éle- vage et de dévidage à mettre en œuvre dans la colonie, et les moyens de les vulgariser chez les colons européens et chez les indi- gènes, en comptant, pour réaliser cette importante partie du pro- gramme, sur la collaboration des chefs de provinces, de districts et du Service de l'Enseignement, dont le concours devient ainsi pour l'avenir de la sériciculture au moins aussi important et aussi indis- pensable que celui de l'Ecole professionnelle de la Station séricicole de Nanisana, chargée, en quel(|ue sorte, de guider les efforts et de mettre entre les mains de tous les fonctionnaires appelés à s'occu- per de cette question les moyens d'atteindre rapidement et sûre- ment le but désiré. C'est seulement au prix de cette collaboration, qu'il importe de rendre de plus en plus étroite et plus continue, qu'on arrivera à trouver la meilleure voie à suivre et qu'on activera la vulgarisation et le développement de l'industrie séricicole mal- gache. Jusqu'à ce jour on s'occupe de sériciculture presque exclusivement sur les hauts plateaux, mais rien ne prouve, h priori, l'impossibilité de l'implanter au moins sur certains points de la zone côtière ; c'est pourquoi la Direction de l'Agriculture a pris l'initiative de faire commencer sur une petite échelle, dans ces régions, quelc|ues essais d'élevage du ver à soie de Ctiine qui, jusqu'à ce jour, sont en bonne voie à la Station de l'Ivoloina et à celle de Fort-Dauphin. Les mêmes tentatives seront faites dans le Nord-Ouest, aux envi- rons de Majunga, lorsque la Station de Marovoay, dont la création vient d'être décidée, sera suffisamment organisée pour s'occuper de cette question. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 15 Atin crarriver le plus promptement possible à un résultat vrai- ment pratique, le Service de l'Agriculture s'occupe, à la Station de Nanisana, des recherches purement techniques, et prépare la vul- garisation des méthodes reconnues les meilleures : 1° Par la publication de notes, comptes rendus et rapports tech- niques ; Boutures de mûrier âgées de 7 mois à la Station d'essai de l'Ivoloina, près Tamatave. 2*^ Par la distribution gratuite de graines de Sericaria mori, soi- gneusement sélectionnées et exemptes de maladies ; 3" En dressant pratiquement des ouvriers et ouvrières séricicul- teurs qui, pendant leur temps d'apprentissage, sont exercés à tous les travaux intéressant la culture du mûrier, l'éducation des vers et le dévidage de la soie ; 4° Par l'organisation de conférences pratiques réservées les unes aux Européens, fonctionnaires ou colons s'intéressant à la séricicul- ture soit par goût, soit par devoir ; les autres aux indigènes et prin- 16 KTUDliS I<:T MÈMOIllKS cipalemenl aux l'onctionuaires de tous grades (gouverneui's, olFi- ciers, adjoints, instituteurs, miadidv, etc.), qu'on ne peut song'er à astreindre à un apprentissage rég-ulier. Ces mesures sont complétées, comme l'indique Tarrèté du 7 mai 11)01, par la création de mùraies et de magnaneries de villages, installées, sous la direction de l'Ad- ministration, par les habitants de chaque contrée où l'industrie séricicole présente des chances sérieuses de développement. Des primes accordées chaque année aux mûraies les mieux entre- tenues sont, en outre, destinées à encourager les indigènes jusqu'au moment où les éducations de vers à soie commenceront à leur rap- porter des bénéfices. Enfin, dans le but d'éviter les dilTicultés que les premiers éleveurs ne manqueraient sans doute pas de rencon- trer pour le placement de leurs produits avant la création d'une filature bien outillée ou d'un courant d'exportation bien établi, le Gouvernement général a décidé d'autoriser l'Ecole professionnelle à acheter, jusqu'à nouvel ordre, tous les cocons produits, suivant un tarif publié périodiquement dans les journaux de la colonie. Ces cocons une fois dévidés doivent être vendus par les soins de l'Ad- ministration, soit sur place soit en France. Extérieurement, la Direction de l'Agriculture exerce dès à présent, son action : 1" Par l'organisation de tournées séricicoles annuelles, pendant lesquelles le délégué du directeur de l'Agriculture inspecte les mûraies déjà créées par les corps de village, voit les nouveaux ter- rains proposés, examine les magnaneries, visite les plantations par- ticulières et étudie l'opportunité d'accorder des pi^imes aux mûraies les mieux soignées ; 2" Par l'installation d'expositions et concours séricicoles ; 3** Par l'envoi en France d'échantillons convenablement choisis, permettant de faire connaître les progrès réalisés et de se renseigner exactement sur la valeur commerciale attribuée aux soies et cocons de la grande île. Cette organisation étant ainsi exposée succinctement dans son ensemble, nous étudierons à présent en détail chacun des rouages du Service de Sériciculture tel qu'il existe depuis 1 90 1 . 2° Personnel. — Le personnel du Service de sériciculture ({ui s'occupe, jusqu'à maintenant, exclusivement du centre de l'île, se confond en grande partie avec celui de la Station d'essais, dont ce LA SÉUIGICULTURE A MADAGASCAR 17 service n'est, en définitive, que le rouage le plus important tendant à prendre de jour en jour plus d'extension. Ce personnel se compose : l** D'un sous-inspecteur chef de la circonscription, directeur de la Station d'essais et de l'Ecole agricole et séricicole de Nanisana. Ce fonctioimaire, en dehors de la direction effective de ces deux éta- blissements, doit faire, chaque année, une grande tournée séricicole, conformément aux dispositions de l'arrêté du 7 mai 1901. 2° D'un agent de culture chargé de remplacer le chef de circon- scription pendant ses absences â la tête de la Station et de l'Ecole. Cet agent s'occupe, en outre, spécialement de la conduite des cul- tures, de tous les travaux de construction ou de réparation et du dressage des apprentis de la deuxième section '. 3° D'un ménage sériciculteur chargé : a) De l'apprentissage des élèves sériciculteurs (ces élèves seront, dans un an, au nombre de 40) ; h) De la conduite et de la surveillance des éducations qui, à par-^ tir de 1905, comprendront environ 500 mètres carrés de claies ; c) Du grainage pour faire face aux demandes de cession de cel- lules préparées selon la méthode de Pasteur ; d) De l'atelier de dévidage et de l'apprentissage des ouvrières dévideuses. Il est certain que ce personnel dont on exige constamment un très gros effort ne tardera pas à devenir insuffisant si les demandes de cellules continuent k suivre une progression aussi rapide que dans les premiers temps. Il faut, dès à présent, songer à adjoindre un indigène intelligent à M. Agniel, pour faciliter l'examen micros- copique des papillons de chaque cellule. Il est à peu près certain que quelques mois d'apprentissage suffiront pour bien dresser un jeune hova à ce travail. 3« Distribution de mûriers et autres végétaux dont se nour- rissent les vers à soie. — La Station d'essais de Nanisana, dont la création remonte à la fin de 1897, s'est préoccupée, dès le début, du mûrier. On lui doit l'introduction de plusieurs espèces et variétés nou- velles (mûrier multicaule, mûrier des Philippines, etc.), et la dis- I. La deuxième section se compose des apprentis, jurdinicrs. Ballet in du Jurdin coloiiiiil. 2 18 ÉTUDES KT MÉMOIRES tributîon d'une «grande quantité de graines, de plants et de boutures des dillerentes espèces de végétaux utilisées par les boml)yx sérici- gènes étrangers ou indigènes. Ces végétaux sont le mûrier pour le Serlcaria mori, puis pour le Landibé : le Tsitoavina (Dodonea Madagascariensis), le Ta})ia (Chry- sopia species), l'Anibrevade (Cajanus indicus) et enfin T Afiafy ; mais on ne peut, comme m le verra à la fin de ce rapport, songer à introduire cette dernière essence dans le centre de File. Elle n'a donc fait l'objet d'aucune cession de la part de la Station de Nani- sana. Les premières livraisons remontent au 29 janvier 1901. Depuis cette époque les demandes ont été sans cesse en augmentant comme le montre le tableau suivant. Les mûriers sont cédés aux particuliers à raison de 0 fr. Oo ou 0 fr. 10 le plant enraciné. Mûrier indigène 0 fr. 05 Mûrier multicaule 0 fr. 05 Mûrier des Philippines. . . 0 fr. 10 Mûrier blanc 0 fr. 1 0 A l'heure actuelle, la Station de Nanisana ne peut encore fournir que de jeunes plants de mûriers, mais dès que cela sera possible, c'est-à-dire quand ses ressources le lui permettront, elle préparera, pour mettre en distribution, des sujets plus âgés ayant atteint deux ou trois ans, afin de permettre aux nouveaux sériciculteurs de réduire le plus possible la période d'attente précédant les premières récoltes. Des expériences récentes exécutées dans le courant de 1903 ont en elîet permis de se rendre compte qu'en Emyrne comme en Europe il est possible, au moment du repos de la végétation, de procéder sans difïiculté à la transphmtation de mûriers convena- blement préparés ayant déjà passé deux ou trois ans en pépinières d'attente. 4" Création de mûraies, expériences sur les cultures de plantes servant à la nourriture des bombyx séricigènes. — Lorscjue l'or- ganisation de la Station d'essais de Nanisana a été sullisamment avancée et lorsque son budget le lui a permis, cet établissement LA SiiUICICLLTLlŒ A MADAUASCAU 19 tu a z < f- z < > ce K t« r/3 a; Cd u K ITl -W < ç£ -3 Q fr. Z ^H rr B W es H O ■a! ■< r- r/1 e u rr, (35 h— 1 «3 ce tJ P hj S H « U Q •^ o; OJ Cl •/T. --< O ce tn •*- r 1 t; Li ta o; Q CO b tJ H h9 H -s: u -a se ■^ o os SOUlBJr) — ■ O O o o S-1 o o o co Cl o ■M CO 'à .fî e-i Tl 1^ o lO co l^ o o SlUBld Cl co ■^ 'û €. ^ X — ^" ^H < sa.ininog o o o o ï-1 / ~ô o o .o o lO S3UIB.IQ 77^ Ç^l ■n t^ M r^ _J o _^ O CO' tO _ o "œ vc 1^ ^ in ÎS Cl î-1 o o r Ï-) o Tl X o xd '■C c- co K SlUBId n co 'a 'â C .£ c C H M s es r ' *» *w •r- 1 C Q ■ '•fi H c- î '? - < 20 ÉTLDKS ET ftlÉMUIRES a créé plusieurs mùraies occupant actuellement au total une sur- face de 3 hectares 18,28 et se décomposant comme il suit : Mûriers mi-tiges 2 hectares 01 ,12 Mûriers en haies 1 hectare 17,16 Ces mùraies, dont la plus âgée a 3 ans 1/2, sont pour la plupart irrigables et donnent des feuilles au mois de septembre, à une époque où les sujets non arrosés ne permettent pas encore de commencer à élever des vers à soie. Elles sont encore insuffisantes pour alimenter toutes les magna- neries d'élève et la grande magnanerie d'amélioration et d'étude dont la construction vient d'être entièrement achevée. Il sera donc nécessaire de continuer à étendre cette culture sur tous les ter- rains de la Station susceptibles de lui convenir. Ces plantations sont destinées à alimenter les magnaneries; mais elles permettent, en même temps, de faire sur le mûrier des expériences pratiques dont l'utilité saute aux yeux, surtout dans un pays où l'on manque, jusqu'à ce jour, de données précises, assez nombreuses pour ne pas avoir besoin d'améliorer sans cesse les méthodes de culture mises en pratique dans les Stations expéri- mentales, chez les colons et chez les indigènes. Ces expériences sont suivies mois par mois par l'agent chargé de les exécuter, au moyen de carnets spéciaux sur lesquels on doit inscrire au fur et à mesure tous les travaux exécutés dans chaque parcelle et toutes les observations recueillies sur chaque plantation. Ce système mis en vigueur dans toutes les Stations depuis un an environ a déjà donné de très bons résultats et permet de con- server dans les archives les renseignements les plus détaillés sur chaque culture ou chaque essai. Il va sans dire qu'auparavant ces indications étaient également conservées avec soin, mais elles étaient forcément moins développées et leur classification laissaient souvent à désirer, aussi l'adoption de carnets imprimés spéciaux, pour chaque parcelle cultivée, est-elle destinée à faciliter dans une très large mesure le rôle de l'agent chargé d'exécuter et de sur- veiller ces travaux. Les expériences sur le mûrier, quoique de date récente, ont déjà permis de faire certaines observations intéressantes dont on repar- lera dans la deuxième partie de ce rapport spécialement consacré à létude de cette plante. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 21 La Station d'essais a, en outre, créé l'année dernière une plan- tation de Tsitoavina de 18 ares et une autre d'Ambrevade occupant une superficie de 12 ares qui, à partir de 1905, vont permettre de commencer l'étude méthodique de l'élevage du Boroccra Madagas- cariensis. On n'a pu, jusqu'à présent, songer à l'établissement d'une plan- tation de Tapia, à cause de l'importance et de l'urgence des autres travaux à exécuter, et aussi parce qu'à cause de l'extrême lenteur avec laquelle croît cette essence, le Tapia paraît avoir peu d'avenir sous forme de plantation régulière ; mais on s'efforcera de combler cette lacune malgré ce grave inconvénient avant la fin de Tannée courante. (.4 .Ho«o/)o;e/i3ePal. deBeauv. [ B. Ceiha (L.) (B. malahariciim DC, etc.). [ c. pentan(lra[L.)Gsdrtn.{Erio- I clendron anfractuosum DC). Fig. Déhiscence du fruit du Capoquier. Quant au Cochlospermum Gossypium que Linné avait à tort rangé dans les Bombacées, il appartient au contraire à une famille assez éloignée, celle des Bis.acées, ces noms de Bomhax Gossypium L. ou B. grandiflorum Sonn. sont donc entièrement à rejeter. Une plante voisine des Bombax est susceptible aussi de fournir 28 ÉTUDES KT MÉMOIRE» une ouate végétale. C'est VOchroma Lagnpus Sw. qui appartient à la tribu de Matisiées, de cette même famille des Bomljacées, et qui a été parfois citée sous le nom inexact de Bninhax pyramidale Car. Certaines espèces appartenant au j^enre Chorisin, extrêmement voisin des Boinhax et Cciba, donneraient aussi une bourre soveuse appréciable ; produisent de même des fruits cotonneux, les Cho- r-isia crispiflora K., insignis K., speciosa A. 8*^-11. Mais en somme, si la plupart des Bombax sont susceptibles de fournir des produits industriels intéressants, il semble que l'on doive faire une sélection très nette, et que la seule espèce qui, pour un ensemble de raisons développées au cours de cette étude, mérite de retenir particulièrement notre attention est VEriodendron anfractuosum DC. Ceiha penfandra (L.) Gaertner ou Eriodrndron anfrac/uosinn DC. C'est cet arbre qui fut l'un des premiei's connus sous le nom de Capock, qui vient du malais Kapôç/, et qui, en persan, se dit tcha- poùf. Synonymies botaniques : liomhax penluiulrum L. — Eriod. Rherdii Planch. — Gossampiniis alhn Ham. — Eriophnrpns Javana Runiph. — On en avait fait deux espèces dislincles : E. nricnlale Stondr et Eriod. ou Bomhax orientale Speng-, mais ce ne sont que des formes. Noms vernaculaires' : h Java et dans les Iles voisines : Randoe, Kapok; dans les Indes anglaises, en sanscrit : St^eta-salmali, ou cotonnier blanc; en hindou : llattian, koltan, Safed-Semul, etc. — Aux Philippines •.Capoe, Doldol, Boboi. En hollandais : Kapokhoom ; en anglais : Kapok tree, Kapok /ïoss, While Coton tree, Silk] Colton tree ; en français : Fromager, Kapotquier, arbre à Kapok; en allemand : Bai'iin vollen haùm; en Cochinchine : Cây f/on; au Cambodge : Doeum Kor. ; au Laos : Ko nr/eii ; au Brésil : Pania-lirupa. De Candolle reconnaissait trois variétés : 1° var. carihœiini, des Indes Occi- dentales (Antilles et Amérique tropicale), à fleurs roses et tronc noueux et irré- gulier; 2° var. indicuni des Indes orientales dont l'intérieur des fleui's est jau- nâtre; 3'* var. africanum de l'Afrique. Ce ne sont encore que des formes régionales, cet arbre étant extrcMiiement répandu dans toutes les régions tropicales et cultivé dans des sols différents et dans des conditions biologiques loin d'être toujours identiques. 1 . Voir Dictionary ofthe Economie Products of India, p. 258, et Greshoff, Schel.ien van indische nutlige Planten, p. 183. LES PRODUITS LTILES DES BOMBAX 29 Description. — C'est un arbre pouvant atteindre de très grandes dimensions ayant en moyenne 30 mètres et au-dessus. Son tronc est droit et pourvu d'épines solides et aiguës; les rameaux sont étalés, horizontaux et contournés, donnant à l'arbre un port particulier rappelant un peu celui du cèdre'. Les feuilles sont palmatilobées à 0-8 folioles entières, lancéolées-mucronées, glauques en dessus ; les fleurs sont grandes jaunâtres ou blanc sale, beaucoup plus petites que celles des Bornhax, avec un calice à 5 lobes irréguliers et les pièces de la base unies à la base avec la colonne staminale, qui se partage à son tour en 5 masses, terminées chacune par 2 anthères, au lieu de présenter, comme chez les Bombax^ un nombre considé- rables de fdets staminaux terminés par chacun une seule anthère. Le fruit est une capsule coriace de 8 centimètres de longueur envi- ron, oblongue, à 5 loges, dont les cellules de l'endocarpe se pro- longent en longs poils qui entourent les graines libres et nom- breuses. Ce fait est intéressant et montre l'origine bien dill'érente de la bourre de Bornhax et du coton des Gossypiiun. Le coton provient de la modification des cellules épidermiques de la graine, et les poils sont, dans certaines espèces, très adhérents, tandis qu'ils ne le sont jamais dans les Capoquiers. 2° Bonibax Ceiba L. ou B. malaharicum DC. Nous avons vu que cet arbre est peut-être le plus anciennement connu de ce groupe et qu'il croît aussi sporadiquement dans les régions tropi- cales du globe. Il se plaît particulièrement au Tonkin, où il est connu par les indigènes sous le nom Cày gao, et parles Cochinchi- nois sous celui de gon rang hông du (ouatier sauvage à fleurs rouges). Description. — C'est un arbre de dimensions énormes à tronc épineux avec des feuilles composées digitées et de fleurs rouges solitaires ou en cvmes axillaires ; la colone staminale comme chez les autres Bonibax se divise en une quantité indéterminée d'éta- mines se réunissant à la base en S faisceaux. Le fruit est aussi une capsule ligneuse à 5 valves et les graines sont enfouies au milieu d'une bourre épaisse. 1. M. A. CHEVALiiîrt nous a dit en connaître deux variétés en Afrique occidentale : l'une toujours pourvue d'épines et l'autre inernie. Cette dernière serait beaucoup plu» rare. 30 ÉTUDES KT MÉMOIRES 3" Le B. buonopozenze décrit par Palisot de Beau vois est une espèce de TAfrique occidentale dont le duvet pourrait peut-être aussi se trouver susceptible d'applications, et en tout cas peut-être mêlé à celui du Fromag-er vrai. Nous passerons de même sous silence, ici, la description botanique des autres espèces de Bornbax qui n'ont guère d'intérêt de nos jours, et nous allons aborder la question des usages différents qu'on a pu faire jusqu'alors des pro- duits fournis par ces arbres. III. — Produits fournis a l'économie domestique par les Bombax 1" Bois. — Dans bon nombre de régions, le bois des Fromagers est utilisé pour sa légèreté. C'est le bois du B. ventricosum AxûA. qui sert à fabriquer l'énorme planchette ou votoque que les Indiens Guayaciirus portent à la lèvre et aux oreilles, et dont le poids est peu considérable, relativement au volume de ce singulier orne- ment. Le bois du B. tnalaharicum ou Ceiha est blanc à grain lâche, sans grande solidité et de peu de durée, dit-on; cependant on relate, dans bon nombre d'ouvrages, l'utilisation du tronc de certains Bombax ou Eriodendron pour la fabrication de canots, de radeaux et d'engins de pèche. 2° Graine., huile et tourteau. — La graine de V Eriodendron anfractuosuni ou capoquier seule paraît être utilisée. Mangées crues ou cuites par les indigènes des Gélèbes, ces graines doivent, être douées de certaines propriétés alimentaires. Chaque fruit en renferme 150 à 200. On dit que les Chinois s'approvisionnent à Java des graines de Kapok pour en extraire l'huile, qui leur sert à adultérer l'huile d'Arachide. La graine de Kapok a été récemment étudiée par M. L. Philippe dont nous allons résumer le travail : Cette graine renferme 24, 2 "/^ de matières grasses. Pressée à froid, elle abandonne une huile dont la densité est de 0,9237 à 15" et qui est immédiatement limpide et de belle tenue. L'épuration dispendieuse que doit subir l'huile de coton dans ces mêmes con- ditions est inutile, et il n'y a pas lieu d'enregistrer la perte de 8 à 10 "/„ que subit ainsi cette dernière. LES PRODUITS UTILES DES BOMBAX 31 L'huile de Kapok est limpide, blond clair, d'odeur agréable, pos- sédant un g-oût de fruit assez prononcé qui rappelle celui d'Ara- chide ; elle peut être consommée sans danger : une vingtaine de personnes en ayant absorbé sans ressentir aucun malaise. Le D^' NiCLOUx a soumis pendant un mois un chien à des rations croissantes de cette huile (20-100 grammes par jour) et n'a constaté aucun elFet pernicieux. Le tourteau qui reste est blanc, d'un bel aspect, possède un goût agréable et il est comestible pour les animaux. Il est riche en matières azotées ^ (4,23 "/o d'azote). L'auteur pense que l'huile de Kapok est appelée à un réel avenir en se substituant à l'huile de coton, dans bon nombre des applica- tions de cette dernière. 3° Bourre ou ouate. — Désignée sous le nom d'édredon ou d'ouate végétale, la bourre soyeuse qui entoure les graines est aujourd'hui universellement connue sous le nom de Kapok. Le Kapok des Indes anglaises serait la bourre du B. Ceiba, et le Kapok de Java, le plus estimé de tous les produits similaires, celle de V Eriodendron anfractuosuni. L'étude de ce produit fera tout entière l'objet du chapitre suivant. 4" Propriétés médicinales. — Bien qu'il n'existe pas, à notre con- naissance, de travail sérieux sur ce sujet, nous résumerons ce qui a été dit, espérant que l'étude pharmacologique des produits signa- lés ne se fera pas attendre. La racine est émétique et s'emploie en poudre mêlée, au moment du besoin, de suc d'écorce fraîche et de sucre. En décoction, elle est utilisée contre la diarrhée, la dysenterie, dans certains cas d'ascite et danasarque : elle agit alors comme diurétique. Les jeunes feuilles réduites en pâte constituent un spécifique de la gonorrhée. On en extrait aussi une gomme rougeàtre, astringente, riche en tanin et préconisée contre la dysenterie. Les fruits se vendent dans la plupart des bazars de l'Inde, et la bourre peut remplacer avantageusement l'ouate de coton dans divers usages chirurgicaux. 1. Voir ses caractères et sa composition, in Collin et Perrot, Les Résidus indus- triels... Paris, 190 i, Joaiiin, éditeur, p. 189-193. 32 ÉÏLDES ET MÉMOIKLS IV. — Du KAPOK Actuellement, le produit le plus connu que fournissent les Bombax, est la bourre soyeuse du fruit, ou Kapok, connue aussi sous les noms : à' ouate végétale, d'édr-edon cégétal, etc., en France ; de vegétahle fïoss, cotton tree, en Ang-leterre ; de pflanzendunen, bauinirollcnhaum, en allemand, etc. Dans le commerce, on disling-ue deux sortes de Kapok : celui de Java qui est fourni par VErio- dendron anfractiiosum DG. cultivé, et celui des Indes ang-laises par le Bombax Ceiha L. {B. malaharicuni DC.) ou par le Kapok sauvage. Enfin on reçoit encore comme succédanés, le duvet d'es- pèces voisines, et même la bourre soyeuse cVOc/iroma lagopus, plus connue, à cause de sa couleur, sous le nom de Patte de lièvre. Quant aux produits désignés sous le nom de soie végétale, ils appartiennent généralement à des plantes de la famille des Asclé- piadacéeset comme les poils du cotonnier proviennent de la diffé- renciation des cellules épidermiques du tégument séminal : tels sont les poils des Calotropis procera R. Br. et C. giganfea R. Br., et aussi du Beainnontia grandiflora de la famille des Apocyma- cées. Mais ces derniers ne sauraient être comparés par leurs qualités physiques au duvet cotonneux des Bombacées et par conséquent ne peuvent être confondus avec les bourres désignées sous le nom de Kapok, qui toutes sont des produits tirés des Bombax. La même observation s'applique aux poils du Cochlospermuni GossypiinnDC.,de la famille des Bixacées, dont nous avons précé- demment parlé. Cette substance aurait été jadis confondue avec le Kapok ; les Anglais la désignent sous le nom de Simal K L'espèce de Kapok la plus appréciée étant le Kapok de Java, nous commencerons notre étude par ce dernier. KAPOK DE JAVA [Eriod. anfructuosiim DC.) Description et caractères physiques. — C'est une bourre so^^euse de couleur blanc sale, ou parfois un peu brunâtre, très légère, élas- tique, formée de poils de longueur un peu différente suivant les 1. Voir Dictionari/ nf Ihe Ecnn. Prnv. nf. India. Londres, 1890, p. 262. E. Perrot. Produits des Bombax. PI. 9. Poils de végétaux divers. — 1. Kapok de Java [Eriod. anfractuosum L.) ; 2. Kapok de l'Inde {Bombax Ceiha,: 3. Bombax heptaphyUum; i. Bomh. buono- pozenze: fi. Ochroma Lagopiis; H. Populns niijra. BtiUçHn fin Jardin colonial. . 3 34 ÉTUDES ET MÉMOIRES variétés, de 13 à 30 millimètres en moyenne. Ces poils sont enche- vêtrés les uns dans les autres, et forment une masse au milieu de laquelle, quand elle n'a pas été ég-renée, on trouve un assez grand nombre de f^i-raines, de 2") à 30 millimètres de diamètre. Celles-ci sont ovoïdes, élarg-ies à leur sommet, légèrement déprimées à la base qui porte une petite caroncule conique à l'extrémité de laquelle on observe le hile ; de couleur brun noirâtre, leur surface est glabre, lisse ou légèrement chagrinée. Nous avons décrit déjà sa structure anatomique ^. Le peu de longueur de ces poils et leur élasticité les rend impropres au filage, mais leur propriété caractéristique est l'imper- méabilité. Cette qualité physique de la bourre de Kapok est due à la struc- ture intime du poil qu'il devient nécessaire d'étudier au micro- scope. Ce duvet se présente sous forme de poils nacrés, de 15 à 20 mil- limètres de longueur, à peu près cylindi-iques sur leur plus grande longueur. La base à peine élargie et obtuse est caractérisée (fîg. 1) par la présence de ponctuations plus ou moins linéaires, de dimen- sions irrégulières, qui lui donnent un aspect réticulé bien spécial. Ces poils sont unicellulaires, à paroi mince un peu cutinisée, de 5-6 millièmes de millimètres d'épaisseur, limitant une cavité de 25- 30 millièmes de millimètres en moyenne, et remplie d'air, ce qui explique la tlottabilité. Jamais ils ne se contournent sur eux-mêmes à la façon du coton, ce qui tient évidemment à la nature chimique de leur membrane, mais souvent ces poils se replient sur eux-mêmes, et par endroits ces replis simulent l'apparition de cloisons transversales. M. le D"" Beille -, de Bordeaux, qui en même temps que nous se préoccupait de cette question du Kapok, a montré que soumis à l'au- toclave, à 130° dans une atmosphère de vapeur d'eau sous pression, le Kapok brut perdait sa faculté de flotter, l'eau pénétrant dans toute la cavité du poil. Le même phénomène se reproduit si on l'immerge dans l'eau d'un récipient au-dessus duquel on fait le vide, ou encore si on le plonge dans de l'alcool fort et qu'on le comprime dans le liquide. 1. CoLLiN et Perrot, Les Ré.sidiis iiuhislriels, loi-., cil., p. IN". 2. ConiiniinicaLion failo au (J()ii([rès roluninl frnnçuis de l'JO'i, section de matière médicale et pliurmacie, et dont le manuscrit est actuellement à l'impression. Nous lui empruntons les diflérents détails chimiques qui vont suivre. LES PRODUITS UTILES DES BOMBAX 35 La quantité d'eau absorbée par le Kapok dans ce cas est de deux à trois fois supérieure à celle qui retient le même poids d'une ouate hydrophile de coton. Le Kapok s'enflamme facilement et brûle, en laissant comme résidu des cendres contenant du manganèse de même que celles du coton. Propriétés chimiques. — La nature des libres est indiquée par les réactions microchimiques. L'iode et l'acide sulfurique, la solution de chloroiodure de zinc, colore leur membrane en jaune et non en bleu comme celle des poils de coton dont la nature cellulosique est bien connue. Naturel- lement le Kapok ne se dissout pas dans la liqueur cupro-ammo- niacale de Schweizer, et il est à peine attaqué à l'ébullition par le liquide de Cross et Brevan (Zn Gl^ 2 p. -\- HCl 1 p.). La solution de sulfate d'aniline le colore en jaune verdâtre, et, ce qui est caractéristique, il se colore en rouge par AzO-^H à froid. CULTURE. RECOLTE Production. - — D'après Indische Mercur, il y a actuellement (1891) dans la partie centrale une cinquantaine d'exploitations qui récoltent le KajDok comme produit accessoire ou même comme pro- duit principal. Dix ans auparavant, on ne comptait guère que cinq exploitations de ce genre. Il se multiplie facilement de boutures, et les plantes obtenues poussent plus rapidement, mais moins régu- lièrement, que celles provenues de graines. On l'expédie presque toujours nettoyé, c'est-à-dire privé de graines. Pour 1896, la production de Java est estimée à 8.777 tonnes. On le récolte, en ramassant simplement les fruits mûrs tombés sur le sol, mais depuis quelque temps on procède aussi à la cueil- lette des fruits i, au moyen de longues perches de bambou termi- nées par un crochet. La récolte s'élève par arbre et par an à plus de 1. Bon nombre des renseignements économiques nous ont été fournis par l'intermé- diaire du Journal d'Agriculture tropicale et de son directeur, que nous sommes heu- reux de remercier de sa complaisance. 36 ÉTUDES ET MÉMOIKES 300 capsules, et un sujet quatre ans, en Cochinchine, en donnerait environ une centaine qui rendraient 750 grammes d'ouate, exempte de toute matière étrangère. Nous lisons ailleurs qu'il faut environ 80.000 de ces fruits pour obtenir 1 picul (62 kilos environ) de Kapok égrené (?). La bourre est retirée des fiuits avec les graines par les femmes et les enfants, et sécliée au soleil sur des aires cimentées recouvertes de grillages pour éviter que le vent n'emporte la marchandise. On procède ensuite à l'égrenage. 11 existe des égreneuses à Kapok, mais il nous a paru qu'aucune ne mérite jusqu'alors de mention spéciale. Il importe que les fabricants se rendent bien compte que cette opération, malgré l'analogie avec le coton, néces- site des appareils un peu dilFérents, car les graines sont lisses, et en aucun cas adhérentes à la bourre ; c'est plutôt une trieuse qu'une égreneuse qui semble nécessaire. Le Kapok brut, égrené, est alors pressé en balles peu comprimées, comme 1 exige le commerce, et pesant en moyenne 37 kilos. Des cultures s'étendent à Sumatra, au sud et à l'est de Bornéo et aux Célèbes, et devant l'utilisation, qui ne saurait que s'accen- tuer, la production ira sans cesse en augmentant. Au Cambodge, la production annuelle peut être évaluée à 60.000 kilos, et elle est moindre en Indo-Chine, où cependant VEriodendron anfractuosutn croît avec vigueur. Le Kapok est uti- lisé sur place pour les coussins, matelas, etc., et seulement par les indigènes. Commerce. — Les importations de Kapok en Hollande dépassaient 25.000 balles en 1897, valant k peu près 100 à 120 francs les 100 kilos; pour 1901, le trafic hollandais est évalué 1.137.853 kilos, représentant une valeur de près de deux millions de francs. Des renseignements les plus divers qui nous sont parvenus, il résulte que le prix du KajDok lin oscille entre 1 fr. 50 à 1 fr. 80 le kilo rendu en Europe. Usages. — Jusqu'à ces derniers temps, le Kapok était à peu près exclusivement employé à la fabrication de coussins, d'oreillers, de matelas, etc. Il y a quelques années, on pensa utiliser sa flottabilité pour la fabrication d'engins de sauvetage, de toute nature. Des expériences furent entreprises, particulièrement en Allemagne, où la maison LES PRODUITS UTILES DES BOMBAX 37 Baswitz et C'" breveta la flottabilité du Kapok ! Ce brevet ^ est exploité en France par MM. Guérin frères, qui nous ont fait part des résultats de tous les essais tentés par eux, et dont bon nombre sont officiels et des plus intéressants. Des bouées de Kapok de Java, immergées pendant plus de 20 jours, n'ont perdu qu'environ 1/5 de leur faculté de flotter. On n'emploierait pour la fabrication de ces engins de sauvetage que toute matière susceptible de supporter 30 à 35 fois son poids. Il ne nous paraît pas nécessaire d'insister sur cette qualité phy- sique de la ouate de YEriodendron tant ces exemples sont démons- tratifs. Il n'existe à notre avis aucun autre produit végétal suscep- tible de prétendre au même résultat, bien que la fîottahiliié ne soit pas l'apanage exclusif du duvet des Bombax. Il n'existe pas à notre connaissance d'essais sérieux tentés dans cette voie avec d'autres produits des Asclépiadées ou Apocynées et ni même avec la bourre de notre Peuplier, qui cependant présente des qualités comparables.' D'après nos renseignements, les bourres des différents Bombax présenteraient des différences considérables dans l'application aux engins de sauvetage. DifTérents Kapoks des Indes et du Cambodge et de l'Indo-Chine porteraient à peine 10-lS fois leur poids. Aussi sous le nom de Kapok envoie-t-on maintenant dans le commerce le duvet du B. anceps Pierre, de l'Indo-Chine, celui du Bombax Ceiha DC. dont nous avons précédemment parlé, et même l'ouate de VOchroma Lagopus. Le B. Ceiha est très abondant au Venezuela, il croît à l'état sauvage et se multiplie facilement en boutures et aussi par semis. A 5 ans, l'arbre atteint 7 mètres de hauteur, et à 20 ans, 45 à 20 mètres, avec un diamètre de 80 centi- mètres environ. Un arbre de 20 ans, d'après le même auteur (A. Jahr), fournit 120 livres de laine sèche et purifiée. Les poils des différents Bom- bax sont d'une structure identique, et les différences microscopiques sont très faibles, et à notre avis ne permettent guère d'affirmer leur origine botanique. Cependant le duvet du Ceiha est formé de poils dont la base est pourvue seulement de nombreuses ponctuations se prolongeant sur un plus grand espace que chez ïEriodendron. Ceux de VOchroma Lagopus ne présentent aucun ornement. Nous avons t. Brevet 279259. Société des engins de sauvetage. 38 ÉTDDES ET MÉMOIRES reproduit dans la planche qui accompagne cette note les aspects de quelques types d'ouate. Quant à l'ouate de Peuplier, elle se dis- tinguera toujours par ce caractère que les poils sont groupés assez régulièrement par trois à la base (PI. 9, fig. 6). Les autres différences portent sur la longueur et l'élasticité des poils et aussi sur l'épaisseur relative de la paroi par rapport au lumen central de la cellule. CONCLUSION En résumé, les Bombax, et en particulier Y Eriodendron anfrac- tuosum DC, sont susceptibles de fournir à l'industrie, en dehors de leur bois, des produits du plus haut intérêt : 1° la graine, qui ren- ferme une huile douée de propriétés alimentaires, qui après son extraction laisse un tourteau utilisable comme aliment et comme engrais, à la façon du tourteau de coton; 2° une bourre ou duvet soyeux, connu sous le nom de Kapok, dont les utilisations sont nom- breuses. Le Kapok peut servir d'abord à fabriquer des coussins, des mate- las, etc. et comme tel, devenir un objet de literie intéressant pour nos hôpitaux. Rappelons que si ces matelas sont très chauds, ils jouissent de la propriété, digne d'être signalée, de résister énor- mément au tassement et de reprendre leur volume primitif par une simple exposition au soleil et probablement à la chaleur sèche. La stérilisation de ces objets de literie serait vraisemblablement possible par l'exposition répétée à la chaleur de l'étuve sèche. Cette qualité d'élasticité et de résistance au mouillage permet- trait évidemment encore l'usage du Kapok en orthopédie (pelotes de bandages, et rembourrage d'autres appareils) ; ces essais n'ont pas encore à notre connaissance été tentés. Ne pourrait-on pas aussi substituer avec chance de succès le Kapok à l'ouate de coton, dans certains usages chirurgicaux? Enfin, et ce point semble acquis, le Kapok est l'un des meilleurs agents actuellement connus, pour la fabrication des engins de sau- vetage (bouées, ceintures, etc.). Rappelons seulement que pour ces différents usages où les quali- tés de souplesse, d'imperméabilité à Teau sont nécessaires, il importe de ne pas oublier que le Kapok devra toujours être LES PRODUITS UTILES DES BOMBAX 39 employé aussi peu comprimé que possible, afin d'éviter de briser les poils, ce qui permettrait à l'eau de s'insinuer dans les fragments, tandis que chaque poil constituant un tube capillaire fermé hermé- tiquement à lune de ses extrémités, et souvent aussi à peu près à l'autre, constitue un flotteur de premier ordre. Ajoutons que l'enchevêtrement des milliers de fils emprisonne de l'air, qui, ne séchappant qu'avec une extrême difficulté de ce milieu i^éticulé élastique, aug-mente dans de grandes proportions la flottabilité de la masse. Si maintenant nous ajoutons que le Gapo- quier, ou Fromager, croît dans toutes les régions tropicales, qu'il peut servir de porte-ombrage à bon nombre de cultures, qu'il se bouture avec facilité et qu'il croît avec une extrême rapidité, on voit qu'il peut devenir rapidement l'un des arbres les plus utiles et non des moins productifs pour le colon. Ce sont ces considérations de toute nature qui nous ont amené à écrire cette étude, encore incomplète sur divers points, mais qui, nous l'espérons, montrera quelle valeur peut acquérir ce végétal, susceptible de fournir, à l'aide de ses seuls fruits, sans aucun soin dispendieux, des produits industriels de valeur comme Yliuile, le tourteau et la bourre de Kapok. D'" Emile Perrot, Professeur à V Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. Addition. — Depuis la remise de cet article entre les mains de la Rédaction de cette Revue, nous avons eu connaissance d'une note, émanant des services maritimes officiels du gouvernement des États-Unis et qui met en doute la conservation des qualités de flottabilité des engins de sauvetage en Kapok. La résistance au mouillage se perdrait très rapidement au contact de l'eau. Des expériences nouvelles sont nécessaires. N'aurait-on pas trop comprimé les engins et ne seraient-ils pas restés de longs mois exposés un peu trop à l'humidité sans qu'il leur soit donné de reprendre de temps à autre leur élasticité, par un séchage suffisant? E. P. LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS {Suite) 1 LES BLESSURES Des formations assez analogues à celles qui viennent d'être décrites s'observent dans les blessures des feuilles de certaines plantes. Les feuilles de plusieurs Orchidées appartenant aux genres Cym- hidium, L^lia, Epidendrum^ Maxillaria présentent, lorsqu'elles sont blessées, une hypertrophie notable des cellules du mésophylle bordant la plaie -, en même temps que la paroi de ces cellules hyper- trophiées s'épaissit suivant des bandes disposées en réseau. Pen- dant cette période de différenciation de la paroi, le contenu cellu- laire, protoplasma, noyau, chlorophylle, amidon, s'épuise peu à peu et disparaît. De telles cellules se rencontreraient plus spécialement lorsque la plaie avoisine un faisceau conducteur (pi. IV, fîg. 1 et 2). Les feuilles de Vlmantophyllum miniatum montrent 'K dans les cellules du mésophylle blessé, une hypertrophie de cette nature, avec cette différence que les membranes des cellules hypertrophiées ne présentent pas d'épaississement et restent vivantes. Comme le montre la fig. 3, pi. IV, ces cellules se rejoignent et comblent la blessure, si du moins celle-ci est étroite. La consolidation est assu- rée par une formation de liège sur les deux faces de la feuille. Le mode de formation de ce liège sera expliqué un peu plus loin. Formation des thylles. — La production de thylles dans la cavité des vaisseaux de beaucoup de végétaux est encore un phéno- mène du même genre. La connaissance de ces organes remonte à Malpighi. Voici comment elles prennent naissance : Beaucoup de phanérogames possèdent du parenchyme ligneux 1. Voir Bulletin n»" 19 et 20. 2. BreU'eld, Ueber Vernarhung und Blattfull, in " Pringshcim's Jahrb. 1". wis- sensch. Botanik », XII, 1879, p. 13.^. 3. Jean Massart, otirraç/e cité, p. '«6 et 51. On trouvera dans cet ouvrage la biblio- graphie de toute la question de la cicatrisation des blessures. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 41 vivant, disposé en cellules allongées au contact immédiat des vaisseaux, primaires aussi bien que secondaires. Il est assez fré- quent dans de telles conditions d'observer la cellule du paren- chyme ligneux vivant, faisant hernie dans la lumière du vaisseau en passant au travers d'une ponctuation, et souvent le diverticule ainsi constitué est plus volumineux que la cellule qui l'a produit. Il semble que ce soit le calibre du vaisseau qui règle la dimension des thylles qui y pénètrent. Dans une thylle jeune, la membrane n'est pas modifiée ; le noyau de la cellule formatrice ne se divise pas et souvent il émigré dans la thylle, mais seulement en général lorsque le développement de celle-ci est assez avancé. On voit par- fois dans les thylles des grains d'amidon en quantité, comme dans les éléments ordinaires du bois, dans les Ficus, par exemple. Si le phénomène se produit aux dépens d'un certain nombre des cellules bordant le vaisseau, les thylles, d'abord à peu près globu- leuses, deviennent bientôt polyédriques, à cause de la pression qu'elles exercent les unes contre les autres, et bientôt la cavité du vaisseau est obstruée. A ce moment, il n'est pas rare, du moins quand les thylles jouent le rôle de tissu cicatriciel, d'observer la subérisation de leur paroi. L'obturation du vaisseau est ainsi produite aussi sûre- ment qu'avec la gomme de blessure. Quelques plantes d'ailleurs, telles que la vigne, sont susceptibles de produire indifféremment, quand elles sont blessées, des thylles ou de la gomme de blessure, et la raison de ce phénomène est inconnue. Ajoutons que les thylles se montrent aussi bien dans les parties souterraines qu'aériennes des plantes. Le liber vivant blessé peut, dans quelques circonstances, pro- duire également des thylles. Elles se montrent dans l'intérieur des cellules grillagées, et c'est aux dépens des éléments du parenchyme libérien qu'elles prennent naissance. Les thylles ne se montrent pas dans tous les végétaux et, pour une plante donnée, le plus souvent leur présence est irrégulière. La formation des thylles est favorisée par la|présence de bles- sures, bien qu'il semble prouvé qu'elles se montrent en dehors de cette circonstance. De même, l'attaque de certains parasites pro- voque leur apparition. C'est là, on doit le reconnaître, un pur phé- nomène de réaction de la part de la plante. Celle-ci obture ses vais- seaux par des thylles généralement subérisées et tend à empêcher la marche envahissante d'un parasite. Une atmosphère humide 42 ÉTUDES RT MÉMOIRES favorise la production des thylles. L'opinion a été émise par Bœhm et d'autres botanistes que la pression négative de l'air était la cause de la foi-mation des thylles. Le fait est possible, mais il ne semble pas que ce soit la cause unique. Quoi qu'il en soit, il semble indiscutable que dans nombre de circonstances les thylles n'ont d'autre rôle que d'obturer les vais- seaux à l'instar de la gomme de blessure. Les figures 4, 5, 6, 7 ci-jointes de la planche IV nous montrent la formation des thylles dans le Balisier [Canna indica), le Bananier d'Abyssinie [Musa Enseté) et le Ficus clastica. Le périderme cicatricieL — Dans les modes de cicatrisation que nous avons jusqu'ici passés en revue, nous n'avons pas encore vu se montrer une couche génératrice donnant naissance à de nou- veaux tissus. Nous allons trouver cette assise dans la production du périderme cicatriciel. Choisissons comme exemple la cicatrisation d'une plaie de l'écorce d'un rameau jeune de Caféier. La plaie a entamé le parenchyme cortical, et ce tissu est enlevé avec l'épiderme qui le recouvre. Dans la fig. 8 de la planche V, on voit une coupe transversale de cette plaie au moment où le liège cicatriciel est en voie de formation. On rencontre une première couche, C, m. J., dont les éléments aplatis, dépourvus de tout con- tenu, sont morts ; ce sont des cellules que l'évaporation du contenu, conséquence immédiate de la plaie de la membrane, a rapidement tuées et dont la membrane est restée cellulosique. Immédiatement au-dessous, nous rencontrons une couche de cellules intactes, dont le contenu s'est résorbé. L'emploi des réactifs nous montre que dans ces éléments la paroi a changé de nature et s'est subérisée, qu'elle a pris les caractères du liège. Enfin, entre cette seconde couche et le parenchyme cortical normal, nous voyons le péri- derme cicatriciel proprement dit, L. ci. Au-dessous des cellules directement subérisées sur place, le parenchyme cortical reste vivant. La plus externe des couches de cellules (jui le composent devient alors génératrice ; c'est une véritable couche phellofjène^ comme celle qui fonctionne dans la tige à la période secondaire pour former le périderme. Mais souvent la couche génératrice du périderme cica- triciel ne fonctionne que vers l'extérieur ; elle ne produit que du liège et pas de phelloderme. Les éléments du liège cicatriciel MALADIES DES PLANTES CULTIVEES DANS LES PAYS CFIAUDS 43 comme ceux du lièg-e normal, étant produits par les cloisonnements tang-entiels successifs de la cellule génératrice sont nécessairement disposés en files radiales. La cellule génératrice se divise d'abord une première fois en détachant un segment vers l'extérieur; la nouvelle cellule possède, au début, protoplasma et noyau, sa PLANCHE IV 1, Cicatrisation d'une plaie de feuille de Catleya par production de cellules hyper- trophiées. — 2, Une de ces cellules montrant les bandes d'épaississement réticulées de la paroi. — 3, Cicatrisation d'une plaie étroite dans une feuille cVImanlophyllum miniatum par production de cellules hypertrophiées se rejoignant. (Aux faces supé- périeure et inférieure il y a formation d'une assise de liège cicatriciel de chaque côté.) — 4, Début de la formation des thjlles dans un vaisseau annelé de Balisier {Canna indica) : A, un anneau; C l, cellules du parenchyme ligneux. — 5, Coupe longitudi- nale d'un vaisseau de Balisier d'Abyssinie {Musa ensete); Pa l, Parenchyme ligneux; Th, thylles. — 6, Coupe transversale du bois de Ficus elastica montrant la formation des thylles dans un vaisseau du bois secondaire : Fi, Fibres ligneuses ; Pa l, paren- chyme ligneux vivant ; Th, thylles. — 7, Coupe longitudinale du même : mêmes lettres. (Fig. 1 et 2 d'après Kuster; 3 d'après J. Massart; 4 et 5 d'après Kuster ; 6 et 7 ori- ginales.) membrane est cellulosique. Mais bientôt, peu à peu, le protoplasma et le noyau disparaissent, sont remplacés par du suc cellulaire et 44 ÉTUDES ET MÉMOIRES plus tard par de Tair, et en même temps la membrane perd son caractère cellulosique pour présenter les réactions de la subérine. Pendant que ces modifications s'accomplissent, la cellule généra- trice a légèrement augmenté de volume ; elle se divise à nouveau, en donnant vers l'extérieur une cellule qui va se modifier comme la précédente et se subériser. Le phénomène continue ainsi un certain nombre de fois et aboutit à la formation du tissu appelé liège cicatriciel, qui, par suite de son imperméabilité spéciale aux gaz et aux liquides, protège efficacement les tissus sous-jacents contre l'évaporation. La formation d'un liège cicatriciel est le mode général de cicatrisa- tion des tissus parenchymateux. On le i-encontre souvent dans la cicatrisation de Técore de tiges, de tubercules, de racines, dans la cicatrisation d'un certain nombre de fruits et de feuilles, surtout celles à structure épaisse, Bégonia, Aloë, Agave. Nous verrons sou- vent apparaître le liège cicatriciel dans les tissus parenchymateux, pour tendre à limiter l'extension du mycélium de champignons para- sites. Dans la cicatrisation d'une plaie d'écorce du Caféier, nous avons vu que la formation du périderme cicatriciel se bornait à la produc- tion d'assises de liège. 11 peut arriver que la couche génératrice de ce liège donne également naissance en dedans à du phelloderme. C'est le cas de la cicatrisation d'une plaie d'écoi'ce dans le Cacaoyer. Le Cacaoyer, à l'état normal, produit d'ailleurs et très prématuré- ment un tel périderme. La iig. 9 de la planche V montre les détails de cette formation qui, à part la production de phelloderme, est identique à celle du caféier. Ce n'est pas seulement autour d'une plaie qui met les tissus à nu qu'on observe la formation du liège cicatriciel ; ce dernier peut éga- lement s'organiser autour de tout tissu mort, inclus comme un corps étranger dans un tissu vivant. De cette manière, si la décomposi- tion a eu pour cause un parasite, ce tissu subéreux de formation nouvelle peut en arrêter la progression. C'est aussi par formation d'un liège cicatriciel que s'accomplit la cicatrisation d'un certain nombre de plaies de bouture. On observe très exactement, dans de telles conditions, ce que nous venons de voir dans la formation de liège cicatriciel sur le Caféier. Cependant, il est nécessaire de faire observer que tous les tissus parenchyma- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 4S teux ne présentent pas une égale aptitude à proliférer. C'est dans la couche génératrice libéro-ligneuse, le cambiutn, qu'on rencontre r. A- ^c.iTi.s. ,^0 à.- yCjn.s. ri.AxciiE V 8, Formation du lièf^e cicatriciel clans une plaie superficielle de l'écorce de la tige jeune de Caféier d'Arabie {Co/fea arabica) : Ep, épidémie; P/i, couche génératrice du liège : L ci, liège cicatriciel ; G m d, cellules ouvertes et tuées par la blessure ; C m s, cellules mortes intactes subérisées directement sur place; P c n, parenchyme cortical normal. — 9, Formation du liège cicatriciel dans une plaie superficielle de l'écorce de la tige jeune de Cacaoyer; Co ph, couche phellogcne; Ph, phellodernc ; Ce. mu, cellules mucilagineuses. (Figures originales.) cette qualité à son plus haut degré. Mais le liber mou, les cellules libériennes surtout, le parenchyme cortical, Tépiderme, le péricycle 46 ÉTUDES ET 31ÉM01RES non lig-nifié, la moelle peuvent aussi bien multiplier leurs éléments en donnant naissance dans leurs tissus à une couche génératrice subéreuse. 11 n'est même pas jusqu'au bois, mais seulement très jeune et lorsque ses éléments sont encore vivants, qui ne puisse participera la formation de ce bourrelet. Si, dans un bourrelet de cette nature, en dehors des tissus ligni- fiés, quelques régions parenchymateuses, comme le parenchyme cortical ou la moelle ne donnent naissance à aucune prolifération cellullaire, les éléments qui avoisinent la section se subérisent directement, comme nous avons plus haut pour la bouture de Canne à sucre, et la protection des éléments vivants est ainsi obtenue. Quant au bois et aux régions sclérifiées en général, il y apparaît soit de la gomme de blessure, soit des thylles, et l'obturation des parties ligneuses est ainsi assurée. Plus tard une telle bouture donnera des racines adventives qui, comme toujours, pour les Phanérogames, sont développées aux dépens du péricycle. Les racines ne se forment pas sur les bourre- lets, mais bien à la base de la bouture. La fig. 10 de la planche VI nous montre un schéma de cette cicatrisation d'une bouture par bourrelet simple. Il est nécessaire d'observer que dans la grande majorité de cas — et cette observation s'applique aux boutures quelles qu'elles soient — la bouture, pour donner son bourrelet cicatriciel, doit être protégée contre la sécheresse par un abri convenable, et arrosée convenable- ment. C'est seulement lorsqu'on bouture dans un sol constamment humide et des plantes à station aquatique qu'on peut sans inconvé- nient négliger ces précautions. Nous trouvons un assez bon exemple d'un bourrelet simple dans la cicatrisation des plaies de bouture du Pelargonium inquinans. Cependant, indépendamment de la formation d'un liège cicatriciel, il y a hyperplasie d'autres éléments et hypertrophie consé- cutive de la base de la tige. C'est déjà l'indication du bourrelet complexe. Les figures 1 1 , 12, 13 de la planche VI qui représentent la formation de ce bourrelet de Pelargonium montrent que c'est surtout le paren- chyme cortical de la base de la tige bouturée qui est l'origine de l'hypertrophie. Les éléments se sont divisés à plusieurs reprises et dans les trois dimensions. Cependant le liber également est le siège d'une certaine hyperplasie; on voit, en effet, sur la fig. 11 le péri- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 47 ô.c, t :i^ '"-{ PLANCHE VI 10, Schéma de la cicatrisation simple d'une bouture par production d'un liège cica- ti'iciel. Les parties vivantes de la tige : parenchyme cortical, Ec ; liber mou et cam- bium, L; la moelle. M, donnent lieu à la formation de liège cicatriciel. Se; en dessous de ce dernier, C m, cellules tuées par la blessui'e. Le péricycle sclérifié, P; le liber dur, D; le bois, B, s'obturent par des thj'lles ou de la gomme de blessure, K; R a, racine adventive apparaissant au dehors. — 11, Un bourrelet simple de Pelargo- niiim : Hy, partie hypertrophiée du parenchyme cortical à la base de la bouture ; R a, racine adventive ; Su, liège cicatriciel. — 12, Portion hypertrophiée du paren- chyme cortical à un plus fort grossissement, examinée à un stade déjà avancé du bouturage ; unecouciie de liège cicatriciel secondaire, Li, isole du restant de la bouture cette partie hypertrophiée du parenchyme cortical destinée à être éliminée. — 13, Portion plus grossie de la figure 11, montrant l'état définitif du bourrelet simple dans la partie médullaire de la tige : C s, cellules mortes subérisées directement sur place ; C d, cellules déchirées tuées directement parle traumatisme, à membrane restée cellulo- sique; S B, liège cicatriciel; C g, couche génératrice; M, cellules vivantes de la moelle. (Fig, 10 originale; fig. 11. 12 et 13 inédites de M. Prillieux.) 48 ÉTUDES ET MÉMOIKES cycle et le bois diverger à la base de la bouture, et ils sont écar- tés l'un de l'autre par les tissus nouvellement formés. En même temps, aux dépens de tous les tissus vivants, s'est diilerenciée une couche de liège cicatriciel en dedans d'une couche de cellules déchirées par le traumatisme et d'une seconde couche cellulaire restée intacte, mais dont les éléments sont morts et se sont subéri- sés comme dans le cas signalé plus haut pour le Caféier. Quant au bois, il obture ici ses éléments par la formation de gomme de bles- sure. Production du liège commercial. — Le liège employé à maints usages par l'industrie n'est autre chose qu'un périderme cica- triciel, dont la formation est artificiellement provoquée par l'homme. Les Chênes-lièges [Qiiercus Siiber et Q. occidenialis) produisent un liège normal dès leur première année. La couche génératrice est la première rangée des cellules du paren- chyme cortical, immédiatement sous l'épiderme. Elle donne nais- sance par des cloisonnements alternativement centrifuges et centri- pètes, à du phelloderme en dedans, à du liège en dehors. L'activité de cette couche phellogène n'est pas indéfinie, eai- au bout de quelques années, dans une couche plus profonde de l'écorce, qui peut appartenir au phelloderme, se montre une nouvelle couche phellogène qui donne de même du liège en dehors et du phello- derme en dedans. Toute la portion externe à ce second périderme, qu'elle soit ou non subérisée se dessèche et périt, étant donné qu'elle est privée de ses communications avec les autres éléments vivants de la tige. En même temps, l'écorce, quand elle a acquis ainsi plusieurs couches successives de périderme, se craquelé sous l'influence de l'augmentation de volume, déterminée par la crois- sance de la tige, et le liège ainsi dévelojopé est de uiauvaise qualité, dépourvu d'élasticité ; en pratique, on le qualifie de « liège mâle ». On l'extirpe alors par l'opération du démasclage, lors([ue la plante a at- teint environ l'âge de 15 ans, et on constate bientôt, à une très proche distance de la surface, la formation d'une nouvelle couche généra- trice qui fournira un liège infiniment plus homogène, à cellules presque cubiques, doué d'une élasticité plus grande, en un mot réunissant les qualités du liège industriel, (( le liège femelle ». La couche de liège formée ainsi annuellement mesure comme épaisseur de un à cinq millimètres. L'opération est renouvelée tous les huit MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 49 OU dix ans, et le liège est d'autant plus fin et régulier comme struc- ture que l'arbre est exploité depuis plus longtemps. Un arbre exploité avec soin, auquel il n'est pas fait de plaies inutiles, peut durer plus de 150 ans. Bourrelet complexe. Nous avons défini le bourrelet complexe, celui dans lequel les tis- sus néoformés ne sont pas exclusivement parenchymateux et se trouvent mélangés d'éléments fibro-vasculaires. C'est par le mode du bourrelet complexe que se cicatrisent un grand nombre de plaies de boutures et les plaies des végétaux ligneux, lorsque le cambium est lésé sur une certaine étendue. De même que pour le périderme cicatriciel, les tissus restés vivants de la tige, parenchyme cortical, péricycle non sclérifîé, liber mou, cambium, moelle, peuvent concourir à la formation du bourre- let complexe. Les tissus subérifiés et lignifiés, liège, bois adulte, liber dur, en sont incapables. Mais les tissus lignifiés sont, nous le savons déjà, capables d'obturer leurs éléments déchirés par la bles- sure, à l'aide d'une formation de gomme de blessure ou de thylles, Frank ^ affirme même que par leur croissance les thylles peuvent sortir hors des vaisseaux coupés et prendre part à la formation du bourrelet. La formation de tissus nouveaux dans les bourrelets cicatriciels, de boutures ou autres, s'accomplit naturellement aux dépens des réserves nutritives accumulées dans la bouture. On conçoit facile- ment, par suite, que pendant la période de formation du bourrelet, la quotité de ces réserves, l'amidon surtout, diminue considérable- ment et puisse même parfois disparaître. La cicatrisation de la bouture d'une Passiilore [Passiflora qua- drangularis) nous fournira un bon exemple de bourrelet complexe. Les figures 16 et 17 de la planche VU en montrent les différentes phases. Il est à observer que dans le bourrelet de cette Passiflore, les tissus nouveaux prennent naissance exclusivement aux dépens des tissus vivants extra-ligneux, y compris naturellement le cambium. L'épiderme et les deux ou trois premières couches du parenchyme 1. D' A. B. Frank, Die KrankheUen der Pflanzen, 2' éd., 1895, t. P% p. 69. Bulletin du Jardin colonial. 4 50 ÉTUDES ET MÉMOIRES cortical n'y participent pas, non plus d'ailleurs que la partie cen- trale de la moelle qui subérise directement une ou deux couches de cellules en contact immédiat avec celles que le traumatisme a bles- sées. Les cellules restées vivantes sur les limites de la région extra- ligneuse s'allongent, font saillie bientôt au delà de la plaie sous forme de papilles un peu renflées en massue, ce qui donne au bourrelet un toucher et un aspect rugueux. Ces cellules se divisent à plusieurs reprises par des cloisons dirigées dans toutes les directions, de telle sorte que chaque cellule se trouve bientôt transformée en une petite masse de parenchyme proéminente. Les cellules contiguës qui toutes sont le siège d'un pareil travail d'expansion et de multiplication contribuent ainsi à former la masse de parenchyme serré qui constitue le jeune bourrelet. Pendant un certain temps, cet organe présente des cellules minces, assez régu- lières, formant au début des files rayonnantes, surtout vers la partie superficielle du bourrelet, sans qu'il y ait, néanmoins, une direction prédominante de croissance. Ces cellules sont polyédriques par pression réciproque et entre elles il n'existe pas de méats. Au milieu de la masse du jeune bourrelet, on voit bientôt appa- raître çà et là des cellules qui prennent un caractère spécial. De même taille et de même forme que celles qui les environnent, elles s'en différencient par l'épaisseur de leurs parois, marquées de nom- breuses ponctuations. Ce sont des ce//?z/es vasculaires. Elles diffèrent notablement par leur taille, leur forme et leur mode de groupement des éléments vasculaires des tissus normaux. Elles sont petites, polyédriques, et souvent irrégulièrement quadrangulaires comme les autres cellules du parenchyme de lîourrelet ; mais elles montrent toujours des ponctuations identiques à celles des vaisseaux du bois secondaire. Elles sont aréolées dans la Passiflore quadrangulaire. Les cellules vasculaires d'origine traumatique se montrent tantôt isolées et à quelque distance les unes des autres, tantôt groupées en petits îlots au milieu de la masse du parenchyme du bourrelet ou bien en traînées irrégulières ; elles se dilférencient à partir du cambium, vers la base de la bouture, et se prolongent en divergeant dans le tissu du bourrelet. Plus tard, autour des cellules vasculaires, apparaissent également, par ditférenciation des cellules du bourrelet, des éléments plus allongés qui représentent les premières fibres ligneuses. Pour une bouture, l'irritation faisant suite à la blessure qui a .MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 51 L 'm -m /->!■ . ' ■'«^ l/v- -1 " } ' - >> -1 ■ " I, '■',>■' - . ' - . Vi^i ■ . ^ • \ • >-,-'■•''•' i • - . "7 - •> ■'^ -, ' x^ • • •», - ,' T "• ' I "■ • 7.'- t / / 'i ff m ^ \ \ 1 / 3 ^■^ 5 PLAXCHE VII 14, Coupe longitudinale montrant le schéma de la formation d'un bourrelet com- plexe typique. Les parties vivantes de la tige : P c, parenchyme cortical; L, liber mou et cambium ; il/, moelle, prolifèrent et concourent à la formation du bourrelet. Le bois, le liber dur, le péricycle sclérilié s'obturent par la production de gomme de blessure ou de thylles. Le bourrelet se recouvre extérieurement et en regard des régions non bourgeonnantes de la tige par une lame subéreuse, S. — Pe'/'., périderme normal de la tige. — 16, Début de la formation d'un bourrelet aux dépens du cambium, Ca, : Fj, fibres ligneuses jeunes ; L ;n, liber mou. — 16 (fig. en bas à gauche"!. Coupe longitudi- nale schématique du bourrelet d'une bouture de Passiflora qaadrangularis : Ep, épi- derme ; Pa e, parenchyme cortical ; Pé, péricycle ; L d, liber dur ; Lih, liber mou : Ca, cambium; B, bois; M, moelle; Bo, bourrelet: S, suber; C v, cellules vasculaires. — 17, Ilot fibro-vasculaire en formation dans le bourrelet; C v, cellules vasculaires; F j^ fibres jeunes; Ph, parenchyme du bourrelet; Ox, macles d'oxalate de chaux dans les éléments du futur liber. (Figures originales.) 52 ÉTUDES ET MÉMOIRES tranché la tig'e s'étend souvent au delà de la partie blessée ; les cel- lules vivantes à la hase de cette bouture participent alors au proces- sus de prolifération, mais de moins en moins à mesure qu'on s'éloigne de la plaie; dès lors, les formations nouvelles qui en sont issues diffèrent d'autant plus des tissus normaux ou, en d'autres termes, ont un caractère traumatique d'autant plus marqué qu'elles s'orga- nisent plus près de la blessure. Aussi, à mesure qu'on s'éloigne du bourrelet, on rencontre toutes les transitions entre le tissu ligneux traumatique et le bois normal. Nous avons vu un fait ana- logue pour la bouture de Pelargonium. Le bourrelet étant constitué, ses cellules externes se subérifient et perdent leur contenu, et le liège ainsi constitué va se relier aux bords du bourrelet avec le liège normal. En dedans, partout où le bourrelet recouvre, mais sans y adhé- rer, des éléments morts, vaisseaux, fibres, etc., il se produit égale- ment à sa surface une couche de liège, par une simple modification de la composition dans la membrane. La formation du bourrelet présente quelques variantes, non pas seulement quant au volume de ce bourrelet qui peut présenter suivant les plantes des ditïérences très notables, mais surtout au point de vue de quelques particularités anatomiques. La bouture de Ficus elastica est intéressante à ce sujet. Si on bou- ture une extrémité de tige encore herbacée, on constate au bout d'un certain temps la présence d'un bourrelet rugueux à peine proémi- nent qui recouvre entièrement la surface de section (pi. Vlll, fig. 48). Presque immédiatement au-dessous des éléments tués par la bles- sure, les cellules sur toute l'étendue de la section se mettent à proliférer; un périderme cicatriciel prend naissance, se subérise, et de même en dehors de lui une ou deux rangées de cellules se des- sèchent et subissent directement la transformation subéreuse ; en même temps, et comme il a été dit plus haut, les cellules tuées par le traum.atisme ne modifient nullement leur paroi qui reste cellu- losique. Le périderme cicatriciel rejoint le périderme normal de la tige, lequel apparaît ici d'une façon précoce, mais la base de la tige bouturée n'est pas, comme dans le cas du Pelargonium, envahie par l'hyperplasie, du moins au début de la production du bourrelet. Le caractère spécial du bourrelet de Ficus elastica, c'est le mode d'apparition du tissu fihro-vasculaire. Dans le bourrelet complexe, les éléments vasculaires se différencient généralement PLANCHE VIII 18, Schéma de la coupe longitudinale d'un bourrelet de bouture de Ficus elastica. faite avec un rameau herbacé jeune : Pé, péridermc de la tige; Pé c, périderme 91^3- triciel du bourrelet ; Lig, bois de la tige; M, moelle; Ca, cambium ; Lig Bo, bois du bourrelet; Lih, liber. — 19. Coupe longitudinale dans le bourrelet prise à la partie moyenne et montrant vers le haut le fonctionnement de l'assise génératrice libero- ligneuse, Ca, dans le bourrelet; Pé c, périderme cicatriciel; C m, cellules mortes, intactes et subérisées sur place ou tuées directement par le traumatisme et à parois restées cellulosiques. — 20, Schéma de la coupe longitudinale d'un bourrelet d une boutur ' "• _.-.:i,:.._:n. . r-„ „;. I.»,.l,„Il«o-pnP- Lib, let d'Achyranies montrant le début du cloisonnement qui aboutit à la formalion du bois cicatriciel. — 22, La même formation plus avancée dans le bourrelet d'un Coleus : Fi, cellules fibreuses; C i\ cellules vasculaires. (Ces 2 dernières coupes sont faites dans une direction perpendiculaire à l'axe de la tige.) (Fig. 18, 19, 20 originales; fig. 21 et 22 inédites de M. Prillieu.x.) 54 ÉTUDES ET MÉMOIIU:S de façon irrégulière au milieu du parenchyme ; dans le bourrelet du Ficus elastica (pi. VIII, fîg-. 19) une assise génératrice, véritable cambium secondaire, apparaît dans la moelle à peu de distance du périderme subérisé et parallèlement à lui. Cette couche généra- trice traverse toutes les assises successives de la tige, et, dans la région du bois, elle peut même se constituer aux dépens de cellules déjà ponctuées mais non encore lignifiées et manifes- tement de nature vasculaire. Au début, dans cette assise géné- ratrice, le cloisonnement se fait en dedans vers la tige et en dehors vers le jaériderme cicatriciel, dans un plan parallèle à la direction de ce dernier. Bientôt une partie des cellules ainsi consti- tuées prennent des cloisons suivant trois plans verticaux, c'est-à-dire parallèles à l'axe de la tige bouturée. Chaque cellule devient ainsi un centre de formation dont la partie centrale reste celluleuse, alors qu'à la périphérie se différencient des éléments plus longs qui enroulent les premiers, et deviennent des cellules vasculaires ponc- tuées et des fibres plus ou moins allongées, munies seulement de ponctuations peu nombreuses. Une cicatrisation de même nature a été signalée par Stoll ' sur Hibiscus Reginx\ mais ce sont les études faites par Prillieux- sur différentes plantes, Coleus, A(/eratum, Achyrantes, Alternanthera, qui ont élucidé cette singulière organisation du bourrelet. C'est en faisant des coupes transversales dans le bourrelet qu'on peut voir nettement cette structure et juger de l'orientation des élé- ments (pi. VIII et IX, fig. 21, 22 et 22 his). Les groupes cellulaires qui occupent le centre des masses d'éléments enroulés traversent cette zone ligneuse naissante à la façon des rayons médullaires. En même temps du côté externe de cette assise génératrice un paren- chyme qui paraît être de nature libérienne s'organise, l'épaisseur de la partie ligneuse augmente par formation d'une couche nouvelle constituée comme la première. Prillieux a reconnu pour YAlternan- thera et YAchyranthes que le bourrelet, de même que la tige, peut former plusieurs assises successives de faisceaux libéro-ligneux; c'est là un fait anatomique qui est la règle chez les Amarantacées, famille dans laquelle viennent se ranger les deux plantes précitées. 1. Stoll, Ueher (he Bildunn des Cnlliis bei Stechlingen, in « Botanisclie Zeitung », 187i 2. Éd. Prillieux, Sur les formations ligneuses qui se monlrenl dans la moelle des boutures. Compt. rendus de l'Acad. des Se, 29 mars 1882. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 55 Il est fort vraisemblable que certaines circonstances extérieures à la plante peuvent agir et modifier la structure du bourrelet dans une certaine mesure. Mais à ce dernier point de vue, l'âg-e de la por- tion de tige l^outurée peut avoir une influence considérable. Pour le Ficus elasfica, par exemple, nous venons de voir que lorsque la bouture est une extrémité jeune de tige, les éléments du bois non lignifié peuvent proliférer et concourir à la formation du bourrelet qui enveloppe toute la base delà bouture. Si, au contraire, on bou- ture une tige où la lignification s'est produite, comme le montre la fig. 20, on voit que le bois, B, ne pouvant développer de nouveaux tissus, le bourrelet s'interrompt nécessairement à son niveau. Ce bois s'obture ici par la production de gomme de blessure. Le bourrelet des Pétunia, au point de vue du tissu dont il tire son origine dans la tige, est assez particulier (pi. IX, fig. 23 et 24). On le voit prendre naissance presque exclusivement aux dépens du liber interne placé à la face interne du bois, dans la moelle, comme il est de règle chez les Solanées. La moelle y contribue aussi quelque peu. Rôle du bourrelet. — A son apparition, quand le bourrelet de la bouture est formé seulement de parenchyme mou et spongieux, il est logique de considérer que son rôle est d'emmagasiner l'eau du sol pour la fournir à la pousse bouturée encore dépourvue de racines adventives. Plus tard, quand celles-ci sont apparues, cjue la plaie de bouturage est cicatrisée, le rôle du bourrelet est terminé. Aussi, en dehors des parties ligneuses nouvellement formées, il n'est pas rare de voir les portions celluleuses s'altérer et se séparer par une lame de périderme des régions destinées à rester vivantes. Mode de division des cellules dans les bourrelets. — La division du noyau, dans la prolifération cellulaire qui amène la formation du bourrelet, se fait, semble-t-il, tantôt par division directe, par étranglement du noyau primitif (bourrelets de Ricin, Cucurbita, Traclescanf.ia, d'après Massart^), tantôt par caryokinèse, d'après Nathanson- (bourrelets de racines de Fève coupée longitudi- nalement). Dans des boutures de peuplier, le même auteur a vu les deux modes de division. 1. Massart, ouvrage cité. 2. Nathanson, Physiol. Uniersuchungen ûher amitotische Kerntheilung, in« Pring- sheim's Jahrb. fiir wissenschaftliche Botanik », 1900, XXV, p. 48. LA RAMIE ET SES ANALOGUES AUX INDES ANGLAISES [Suite.) 1 II RHEA ET GHINA-GRASS Les fibres tirées de deux formes de Bœhmeria sont parfois dis- tinguées séparément par les noms de Rhea (Ramie) et de China- GRASs^; d'autres fois, ces noms sont considérés comme synonymes, et indifféremment appliqués à l'une ou l'autre des fibres ; — ou bien, les rubans bruts d'écorce (qu'ils proviennent de l'Inde ou de la Ghine) sont désignés commercialement Rhea, et la fibre nettoyée, Ghina-grass. Quoi qu'il en soit, il semblerait que, soit espèces dis- tinctes, variétés faciles à reconnaître, ou seulement races cultivées d'une commune espèce, les deux formes sont grandement difîérenciées l'une de l'autre par deux caractères de la plus haute importance au point de vue commercial : La forme Rhea est une plante tropicale qui produit une fibre considérablement inférieure à l'autre, espèce des climats tempérés. Il y a à peu près deux ans, l'écrivain, suivant les instructions du Gouvernement de l'Inde, rédigea un précis de la correspondance officielle et des rapports qui existaient dans les Procès-verbaux du Trésor et du Département de l'Agriculture, sur la question du Rhea. Les faits réunis y furent imprimés en même temps dans le volume des Extraits des Archives du Gouvernement de tlnde, publié en 1888-89. Ce volume parut avant la partie de la Flore de VInde anglaise, de Hooker, qui contient le terme Bœhmeria, avait atteint le mot Inde, et était de plus antérieure à la réception du Bulletin de Kew pour 1888 et pour 1889. La publication mentionnée en dernier 1. Voir Bulletin, n" 21. 2. In Dictionnaire des prorhiils économiques de VInde, par Watt, vol. VI (1" par- tie). Calcutta, 1892. LA RAMIE 57 lieu renferme, dans les volumes cités, une série de documents de la plus grande valeur, qui traitent principalement des applications et méthodes expérimentées en Europe pour extraire la fibre. Il est d'ailleurs admis à la fois dans la Flore de l'Inde anglaise et dans le Bulletin que le Rhea de l'Lxde peut être reconnu comme une variété géographique, à laquelle on peut réserver le nom de Bœiime- RiA TEiNACissiMA. Cette coucessiou paraîtrait donc renforcer la princi- pale argumentation émise par l'écrivain dans le précis, auquel il est fait allusion ci-dessus ; il reste uniquement à constater si la décla- ration faite par lui ci-après est également exacte,, à savoir qu'il y a là une forme se plaisant davantage sous les tropiques que le type de l'espèce, la vraie Boîiimeria nivea. Si cela se confirme, il semble- l'ait alors rester peu de motifs de douter que la majeure partie des expériences faites jusqu'ici dans l'Inde ne couvrît une erreur, qui fit de l'insuccès presqu'une règle. La plante des climats tempérés de Chine fut cultivée dans des régions tropicales de l'Inde, et trou- vait à produire une fibre petite ou inséparable, par suite de sa crois- sance interrompue par le retour de la saison chaude et sèche. Le succès peut être possible avec la plante de Ciiine, dans les régions tempérées de ce pays ; avec la plante de l'Inde, il paraîtrait infini- ment probable, dans les parties tropicales plus humides, d'après la correspondance et les rapports cités plus haut. En préparant les matériaux, à la disposition de l'écrivain, pour le présent article, on a fait effort pour amener les faits donnés dans les Extraits jusqu'à ce jour, et pour les ranger suivant le système habituellement adopté dans cet ouvrage. C'est pourquoi on peut accueillir le présent article comme un mémoire plutôt pratique et commercial que comme un rapport scientifique et botanique, lequel se trouvera au mot Bœhmeria, dans le vol. I (461 à 464) de cet ouvrage, HAHITAT ET RÉGLONS DE CULTURE D'après Sir J.-D. Hooker, la Bœhmeria nivea, Hook et Arn., est originaire des Iles Malaises, de la Chine et du Japon, mais elle est cultivée dans les parties plus chaudes de l'Inde, surtout en Assam et au Bengale. La forme spéciale de la plante, que l'on rencontre du reste avec elle au Bengale, en Assam, en Birmanie, etc., se trouve celle-là 58 ÉTUDES ET MÉMOIRES inênie qui est plus particulièrement caractéristique parmi les formes malaises, savoir la variété connue sous nom de Bœiimer[a tenacissima? laquelle dilfère surtout du caractère typique de l'espèce (indigène de Chine) comme ayant des feuilles vertes sur la face inférieure avec des nervures blanchâtres, et supportées par des pétioles plus longs que dans le cas de la forme-type où les feuilles sont d'un blanc d'argent en dessous. Il paraîtrait aussi que la prétendue plante d'As- sam, quoique cultivée sur une grande étendue, n'a pas été observée à l'état franchement sauvage dans llnde ou la Birmanie. Pourtant, il existe toujours quelque confusion sur ce point, attendu qu'il n'a été, d'aucune manière, définitivement établi ce qu'on entend par BAN-RHEA (= rhea sauvage). En effet, il est très possible que le ban- rhea soit une forme réellement sauvage de la B. tenacissima, et que la plante en culture dans le Nord-Est du Bengale et de l'Assam soit l'une des nombreuses races cultivées de la vraie Bœiimeria nivea. Comme contraire à cet avis, nous possédons la déclaration de BucHANAN Hajiilton que la plante, poussée à Rungpore, était iden- tique à l'espèce importée de Malaisie par Roxburgh, et qu'il nomma Bœhmeria tenacissima; il y a aussi la considération émise plus loin que le ban-rhea paraît vraisemblablement représenter une espèce de ViLLEBRUNEA. De ce que la plante de Rhea n'a pas été vue à l'état sauvage dans l'Inde, on a supposé qu'elle doit y avoir été introduite dès les premiers temps. Mais il est probable que la B. nivea elle- même peut aussi avoir existé dans l'Inde antérieurement aux efforts qui, depuis le commencement du siècle jusqu'à ce jour, ont été con- stamment soutenus avec l'objectif de fixer le Rhea et le China- grass comme récoltes de l'agriculture dans l'Inde. En Chine, il sem- blerait que la plante venue dans les régions plus froides est la Bœhmeria nivea, mais que vers le Sud et le Sud-Ouest la forme malaise (Bœhmeria tenacissima) s'empare de sa place. Une intéres- sante série de spécimens, récemment reçus par le Gouvernement des Indes, du consul de Sa Majesté à Wenchow, se trouve, comme il fallait s'y attendre, être de la vraie Bœhmeria nivea. Jusqu'ici, il est pourtant satisfaisant d'avoir obtenu des spécimens authentiques, au point de vue botanique, de la plante à China-grass de Wenchow. Mais si l'enquête sur la question de la forme s'adaptant le mieux aux provinces dissemblables de l'Inde doit se poursuivre avec énergie, il serait nécessaire d'instituer des recherches consciencieuses dans l'Inde elle-même, aussi bien qu'en Chine. Par conséquent, lesspéci- LA RAMIE 59 mens de plantes du genre Bœhmeria, qui sont cultivées dans chacun des districts producteurs de la Chine, accompa<^nés de détails sur les méthodes de culture, offriraient un guide précieux sur la faculté probable d'adaptation de celle-ci à certaines régions de l'Inde. Mais nous sommes à présent absolument ignorants des formes de Bœhme- ria venues dans l'Inde elle-même. Dans les expériences faites jus- qu'ici, il semblerait que l'effort fût entièrement limité à déterminer la culture de la B. nivea, sans avoir fait un pas pour s'assurer si la race de l'Inde, indigène ou depuis longtemps acclimatée, était ou n'était pas la mieux adaptée pour la circonstance. Le précis de la correspondance officielle (auquel allusion ci-des- sus, comme ayant paru dans les Extraits des Archives du Gouver- nement de rinde, fut jugé d'un mérite suffisant pour en rendre dési- rable sa communication au Secrétaire d'Etat de Sa Majesté aux Indes, dans l'intention d'obtenir l'opinion du Directeur des Jardins Royaux de Botanique, à Kew, sur les résultats obtenus, c'est-à-dire sur cette vraisemblance que le prix supérieur obtenu pour la fibre chinoise était dû à l'inhérence d'une valeur plus grande de cette fibre, comparativement à la libre indienne. Malgré que l'écrivain l'ait combattue jusqu'à la date de publication du précis, l'opinion (primitivement avancée par Sir W. Hooker) paraît prévaloir parmi les botanistes, à savoir que la plante indienne était identiquement la même que la chinoise. De nombreux faits, reproduits dans le précis, paraîtraient justifier le soupçon que cette opinion prématurée était probablement une erreur, mais surtout cette rumeur que des cultivateurs européens et américains avaient reconnu la plante aux feuilles vertes pour mieux réussir sous les tropiques que dans les climats tempérés. Ce fait ne paraîtrait pas avoir été admis pendant la période qui fut considérée comme celle du plus grand intérêt que l'Inde porta à la question, et de là, après révision des rapports offi- ciels qui furent publiés sur les expériences faites, mûrit cette con- viction que la forme de Bœhmeria la moins appropriée aux régions des expériences culturales avait, en toute probabilité, été seule essayée. C'est donc une satisfaction d'apprendre, par la réponse fournie au Secrétaire d'Etat de Sa Majesté, que cette interprétation de la cause était visiblement aussi soutenue par M. W. T. Tiiisï:lton Dyer, Directeur des Jardins Royaux de Botanique. La question du Rhea peut ainsi être regardée comme ayant revêtu une nouvelle et, peut-être, bien plus encourageante tournure, de sorte que les plan- 60 ÉTUDES ET MÉMOIRES leurs intéressés dans la question sont vraisemblablement portés à regarder les remarques de M. Dyer comme d'un poids particulier. Il écrit : « La question soulevée par le D"" Watt au point de vue botanique a été traitée par Sir Joskpu Hooker dans la Flore de rintlc anglaise^ partie XV, 576-r377. La distinction ci-bas sur l'adap- tation aux conditions de climat, qui intéresse surtout les planteurs, a été observée à peu près dans chacune des parties du monde où ces plantes sont cultivées en vue des usages de la fibre. La Ramie, ou RiiKA proprement dit, peut être considérée comme la i^cprésenla- iioii tropicale du Ghina-Grass (Bœhmkria nivea), et elle est pour cette raison probablement mieux adaptée à la culture des contrées chaudes et humides. Dans de telles conditions, c'est une plante très vigoureuse, qui produit une fibre de valeur. Si cette fibre, à son meilleur aspect, est réellement aussi bonne que le meilleur Ghina-grass, c'est là une question qui semble ne pas avoir été tranchée définitivement. Gela peut se réduire à une simple question de sol et de climat. A Kew, nous trouvons que nous ne pouvons pas cultiver avec succès la B. tenacissima en pleine terre, tandis que la B. nivea elle-même reste dans le sol tout l'hi- ver, et fournit en été une forte récolte de tiges vigoureuses. Le China-grasspeut, par conséquent, donner un approvisionnement de fibre plus considérable et meilleur en des conditions de fraîcheur, alors que la Ramie ou Rhea peut donner également bien sous des conditions de température essentiellement tropicales. La question, en ce qui concerne l'Inde, peut être tranchée en cultivant dans des conditions variées de climat et de sol des spécimens authentiques de chacune des plantes, et en instituant, comme le suggère le D'' Watt, uue soigneuse analj^se chimique et microscopique des fibres produites par des plants cultivés dans l'Inde, et reconnus pour être de la vraie Bœhmeria nivea et de la vraie Bœhmeria tenacissima. formes commerciales des bœhmeria Ainsi on remarquera qu'un point de grande importance, sur l'en- tière appréciation duquel repose la possibilité de l'expansion future du Rhea, en tant que récolte agricole daus l'Inde, est la question de la forme de Rhea convenant à la région où la culture doit en être tentée. On a jeté un doute sur ridentilication du Rhea ou Ramie de LA RAMIE 61 rinde au Grass-cloth ^tissu d'herbe) de la Chine. Cette situation a été entretenue par des hommes de la pratique; des botanistes regardent les deux plantes comme des formes tout au plus cultivées dune espèce unique. Dans la mesure économique, il est de maigre conséquence que les différenciations se réduisent à des distinctions spécifiques, justifient la création de variétés à l'aide d'une seule espèce, ou puissent être seules admises comme constituant des races cultivées. Le point d'importance, suivant l'opinion qu'on désire affirmer ici, est par conséquent d'établir si, oui ou non, il y a des qualités supérieures ou inférieures de fibre, obtenues de plantes toutes désignées parles noms de Rhea, China-grass ou Bœhmeria nivea, ou par quelque autre appellation collective. Bien plus, il s'agit d'établir si ces plantes peuvent, ou ne peuvent pas, être toutes cultivées dans les mêmes conditions de sol et de climat ; en d'autres termes s'il existe une forme qui donnerait dans l'Inde de meilleurs résul- tats qu'on n'en a jusqu'ici obtenu avec le soi-disant Rhea de la majeure partie des expériences passées. L'écrivain fut prévenu de la possibilité d'une erreur dans l'identification du Rhea, alors qu'il pré- parait (en 1883) le rapport sur la Bœ^ieria nivea, tel qu'il est donné dans cet ouvrage, voir vol. I, 461-464. La première phrase ou deux de cet article peuvent être reproduites ici : « Kurz considère le ban- rhea de l'Assam, comme le Grass-cloth de Chine, qui serait ainsi entièrement distinct de la fibre de Rhea vraie. Si cela est exact, nous aurions tenté dans l'Inde de produire avec la plante impropre une fibre concurrente au Grass-cloth de Chine. Cela expliquerait ce fait que les échantillons de fibre du Rhea de l'Inde, exportés vers l'Europe, ont uniformément été taxés d'infériorité sur la fibre de Chine. Il semble infiniment désirable que le Grass-cloth de Chine soit attentivement examiné dans le but de confirmer l'opinion qui prévaut généralement qu'on l'obtient de la même espèce que la fibre du Rhea de l'Inde ». Aussi, de nouveau, le D"" Roxburgii, sans être évidemment averti de l'existence du Rhea en Assam et dans cer- taines parties du Bengale, sans l'être de ce fait qu'il était actuelle- ment cultivé et utilisé par les indigènes de ces pays, se procura de Sumatra, en 1803, quatre plants de Caloce (ou Caluse), et les planta dans les Jardins botaniques de Calcutta. Il donna à la plante ainsi obtenue le nom de Urtica ïenacissi.ma. Son lot poussa et se multiplie si rapidement que peu après il eut plusieurs milliers de plants. Vers cette époque, découverte fut faite par le D"' Bucha?s'an Hamil- 62 ÉTUDES ET MÉMOIRES TON (en 1610) que le Konkura ou Kankhura de Rungpore et de Dinagepore était identique aux plants que cultivait alors le D"" Rox- BLHGii. Dans le Journal de la Société d'Agriculture et d'Horticul- ture de rinde (vol. \'I, ancienne série, p. 30), on trouvera une description par le D'" Camphkll de la méthode de culture telle quelle fut pratiquée à Rung-pore. Le mémoire fourni par Roxburgii sur son Urtica iiinacissima fut très probablement, d'ailleurs, rédigé d'après les individus qu'il importa de Malaisie, et non d'après la plante de l'Inde. Dans son ensemble, le rapport de Roxburgii au Bureau du Commerce (1809), sur l'introduction du Calùe dans l'Inde, peut se lire avec intérêt. Il est reproduit dans le Journal de la Société d'Agriculture et d'Hor- ticulture de l'Inde (vol. VI, anc. série, p. 181). Dans cette feuille, on trouvera aussi un renvoi à la découverte de la plante par le Major Jenkins à Cachar, en l'an 1833, et à celle identique du Colo- nel BuRNEY dans les provinces Chan de Pevela et de Joukzouk, qui sont distantes d'Ava de sept ou huit jours de marche. Le major Macfarquhar écrivit (1836) qu'elle était cultivée par les Chans, les Siamois et les Chinois : <( Ces derniers, avec lesquels j'ai causé à ce sujet, en font les plus grands élog-es à cause de sa finesse de contex- ture et de sa solidité, à la fois comme tissu et comme cordage. » Le major Hannay et le major Jenrins appuient fortement sur ce fait que le Rhea est cultivé, et le han-rhea une plante sauvage, ni l'un ni l'autre de ces premiers observateurs ne paraissent avoir trouvé le Rhea, hormis l'état de culture. Cependant, pour continuer les cita- tions tirées du Dictionnaire (vol. I). : « Quelques spécimens de l'As- sam furent envoyés à la Société d'Agriculture et d'Horticulture de Calcutta, et les plantes obtenues de ces boutures furent cultivées dans le jardin de la Société. Depuis celte date (1840), la Société reçut, de temps à autre, les communications de plusieurs auteurs donnant des indications nouvelles sur la végétation et la préparation de la fibre dans le nord de l'Inde. Le D"" Mac Gowan fournissait des renseignements et des échantillons provenant de Chine. Le D*" Fal- CONER, et plus tard Sir William Hooker, identifièrent le Rhea comme étant la même plante avec laquelle se prépare le Grass- cloth de Chine. Cela vaut la peine de rappeler à ce propos qu'à l'aide du lot malais deRoxBURGH, la plante introduite fut à ce moment rapidement distri- buée par toute l'Inde, et cela étant, on peut douter justement laquelle LA RAMIE 63 des deux plantes, celle introduite ou celle indigène, fut envoyée en Europe pour détermination. Elîectivement, il est précisément possible que le vrai China-grass puisse avoir été introduit dans llnde, long- temps même avant l'époque de Roxburgh. En tout cas, dans son mémoire sur I'Urtica tenacissima, Roxburgh maintient que c'est une plante parfaitement distincte de I'Urtica nivea, telle que la décrivit LouRiEHO. Le mot «. Rhea », quoique usité en Assam, est, de façon incertaine, d'origine indienne. L'une des races qui dominent sur la frontière Est de l'Inde, et dans la vallée de Brahmaputra, vint du Siaçii par les flots successifs de la conquête. Les gens de ce pays n'ont-ils pas pu apporter le Rhea, et son nom, dans le pays de leur adoption? A l'appui partiel de cette supposition, on peut ajouter que, bien que des espèces de Bœhmeria se rencontrent à travers toute l'Inde, il se trouve chez les envahisseurs de l'Assam que la fibre est beaucoup employée pour les besoins textiles. Que la B. Nivea et la B. TENACissiMA se trouveut ensemble dans certaines parties de l'Inde, de nos jours, cela va sans dire ; par conséquent, les échantillons de l'Inde identifiés par les premiers botanistes ont pu être du China-grass, et non du Rhea. En effet, M. A. de Caisdolle [Origine des plantes cultivées, p. 146) va jusqu'à douter de l'existence du B. te^acis- siMA comme plante réellement sauvage dans l'Inde, et le dernier numéro de la Flore de t Inde anglaise la traite comme plante introduite. Parlant des ouvrages des auteurs sur le Rhea et le China-grass, M. DE Gandolle dit : « Nous ne devons pas nous fier aux expres- sions vagues de la plupart des auteurs >•> ni ajouter foi «. aux étiquettes attachées aux spécimens des herbiers, puisque fréquemment on n'a fait aucune distinction entre les plants cultivés, acclimatés, ou vrai- ment sauvages, et que les deux variétés de Bœhmeria nivea (Urtica nlvea Linné, et B. tenacissima Gaud, ou B. candicans Kussk.) ont été confondues ensemble ; ces formes semblent être des variétés de la même espèce, parce que des transitions entre elles ont été observées par les botanistes. Il existe aussi une sous-variété, avec des feuilles vertes sur les deux faces, cultivée par les Américains et par M. de MALARTiEdans le Sud de la France. » Puis, M. de Can- dolle en vient à démontrer que, d'accord avec Linné, la Bœhmeria nivea est très probablement une plante cultivée en Chine unique- ment, mais que, suivant plusieurs auteurs, c'est une plante sauvage abondante en Cochinchine, à IIong-Kong, aux Iles Philippines et dans l'Archipel Malais. Il ajoute alors : (( Les autres variétés n'ont nulle 64 ÉTUDES ET MÉMOIRES part été trouvées à l'état sauvage, ce qui suppose la théorie qu elles sont seulement le résultat de la culture ». Le Rhca sauvage de l'As- sam pourrait par conséquent ne pas être du tout le Rhea [Confr. avec ViLLEBRUNEA, yo/. VI, part. II). Dans le rapport donné au Vol, I de cet ouvrag-e, on a attaché une grande importance à ce fait que le Rhea de l'Inde a toujours valu un prix plus bas sur le marché que le China-g-rass. « Il est à remarquer que le Grass-cloth de Chine serait beaucoup plus fin que le Rhea ; étant bouilli, il perdrait 0,89, tandis (jue le Rhea, soumis au même traitement, cède 1,51 de son poids. Ces faits et d'autres, en sus de la qualité déclarée supérieure, et par conséquent du prix plus élevé payé pour le China-grass cloth comparativement au Rhea, semble- raient confirmer le soupçon que ces deux fibres peuvent après tout s'obtenir de plantes différentes. Cette remarque est faite purement à titre de suggestion, mais il semble grandement désirable que nous examinions à fond toutes les plantes qu'on rencontre également dans rinde, et qui donnent des fibres analogues au Rhea, tout comme d'examiner à nouveau la plante dont on obtient le Grass-cloth de Chine, avant que beaucoup plus d'argent soit dépensé en expériences avec de nouvelles machines » (p. 481), Il n'y aurait rien de singulier à supposer que, dans le vaste espace de la Chine, possédant comme l'Inde tous les degrés de cli- mat et de sol, tropicaux et tempérés, de montagne et de plaine, il exista plusieurs formes du genre asiatique, Bœhmeria, Il y a quarante ans, M. Decaisne (le Botaniste Français le plus distingué de son temps) cultiva à Paris le China-grass apporté du Céleste Empire par M. Leclanciikr, et ayant soigneusement observé les plantes en végé- tation arriva à cette conclusion qu'elles représentaient deux espèces faciles à distinguer sans hésitation. Il les désigna des noms d'URTiCA NiVEA et d'URTicA UTiLis, — la dernière était I'Urtica tenacissima de RoxRURGH,y>/fi/i/ef/e5 Tropiques., tandis que I'Urtica nivka appartient aux climats tempérés. La question du Rhea ou du China-grass, pour quelque temps après l'époque du rapport de M, Decaisne, se ralentit beaucoup dans la faveur populaire, et quand elle fut de nouveau reprise, les deux plantes furent envisagées comme une seule et même plante. Jusqu'à ce jour, tout au plus ce à quoi les botanistes ont consenti, c'est d'assigner à I'Urtica (Bu^meria) tenacissima le rang de variété de la B, nivea. Comme structure, les différences ne semblent pas être bien grandes, mais la plante des climats tempe- LA KAMIE 65 rés (B. nivea) est généralement considérée par le vulgaire comme reconnaissable d'avec l'espèce tropicale (B. tenacissima) par les revers blanc d'argent de ses feuilles, au lieu d'être vertes avec des veines blanches K Si ce sont là les seules différences, il faut admettre que la position botanique est inattaquable; mais, en se plaçant à un point de vue pratique, il serait fatal d'imposer la culture de la forme tropicale d'une espèce dans une région tempérée, ou d'une tempérée dans une tropicale. Il est vrai, du reste, que ces deux plantes ont montré une faculté sutrisante d'adaptation pour permettre à première vue pareille négligence, du moins jusqu'à un certain point. Mais l'expérience des cultivateurs européens est là pour assigner à laB. nivea des espaces plus septentrionaux et plus froids, et à la B. tenacissima des régions plus méridionales et plus chaudes sur le sol d'Europe. D'accord avec la plupart des écrivains, la Bœhmeria mvea a été trouvée aussi très bien adaptée à l'Amérique. Dans l'Inde, il semblerait que nous avons négligé ces observations essentiellement pratiques, et il est, par conséquent, probablement sûr de dire qu'une partie de notre insuccès est attribuable à notre négligence à ne pas avoir découvert expéri- mentalement laquelle ou lesquelles formes de Rhea ou de China-grass étaient adaptables à chaque étendue, avant que la culture, sur de grands espaces, fût entreprise. Lors même que la distinction entre les formes commerciales sus indiquées de Bœhmeria eût été observée, nous nous serions, dans l'Inde, toujours trompés, puisqu'on peut bien soupçonner qu'il existe dans ce pays de nombreuses autres plantes génériquement désignées comme Khea, dont les titres à un classe- ment indépendant n'ont jamais été considérés. DIIFÉRENTS SYSTÈMES DE CL'LTLRE HT DIFFÉRENTES CONDITIONS DE CLIMAT ET DE SOL NÉCESSAIRES ALX DEUX FORMES COMMERCIALES Parmi les Archives du Gouvernement de l'Inde, il se trouve une correspondance accompagnée d'une copie des « Orties textiles » de M. Favier. Un passage tiré de cette utile publication peut être donné ici, puisqu'elle enregistre les résultats des elTorts faits en France pour cultiver les deux formes commerciales de Bœhmeria : 1. lIuciKERclit: ou « Guano » 25 400 bananiers (ces frais sont remboursés parla vente des fruits) Etablissement de sentiers, de clôtures 50 Entretien pendant les 4 premières années (sarclage et replantation à fr. 100, l'an) 400 Intérêts à 12 % l'an, sur les avances de fonds 432 Coût d'un hectare en rapport 1 .597 1. Dans des trous de 0 ■" 80 de côté et de profondeur, et disposés de 2 à 3 mètres les uns des autres. Le sarclafïe se fait deu.x et trois fois par an. — La taille n'est pratiquée ^que sur des caféiers de 25 ans. (Note de M. de la Madriz.) 70 ÉTUDES ET MÉMOIRES à la quatrième année, non compris les frais d'administration, de la maison, etc.. Pendant la cinquième année, la plantation paye les frais d'entretien, les intérêts du capital avancé, à la condition de produire un tiers de livre par plant. Pendant la sixième année, le rendement est au minimum de 1/2 livre, et les bénéfices s'ac- centuent alors (( selon la cote », qui, par exemple, a varié (par 50 kilos) de cafés dits g-ras^és de 110 à 60 fr. (moyenne 8o fr.). On a vendu les cafés dits Trillados de 98 à 44 fr. (moyenne 71 fr.). En déduisant de ces chilî'res les dépenses indiquées plus haut (les frais de vente sur le marché français montant à 39 fr. 46 par 50 kilos), on obtient, pour le produit dun hectare lorsqu'il s'ag-it de trillados : 71 fr. comme valeur moyenne, et lorsqu'il s'agit de gra- gés : 8o fr., soit environ 28 °/o du capital. Mais comme le proprié- taire doit habiter sur ses terres, s'il veut les mettre en valeur, il faut bâtir une maison, des hangars, des usines, établir des carreaux de séchage, etc.. En procédant avec économie, ces constructions entraînent des frais égaux et parfois supérieurs à ceux de la planta- tion proprement dite. Par suite, le rendement réel doit être approxi- mativement évalué à 14 ou 15 °l„. Parfois, les capitalistes avancent des fonds à certains ouvriers agricoles qui se chargent d'établir des plantations et de les livrer au propriétaire dans un délai de 4 à 5 ans, à raison de fr. 0,50, à fr. 0,75 par pied de café. Si la plantation a été faite sous de bonnes conditions elle demeure, dit-on, en parfait état de rajiport pendant un demi-siècle; — et comme on remplace les caféiers qui meurent, on peut citer de nombreuses propriétés en (( rica tierra », qui, depuis un siècle, donnent constamment de satisfaisantes récoltes. On attribue cette pérennité à l'action des (( Bucares ou Guamos », indiquée ci-dessus, et qui empêche, par l'ombrage autant que par l'humus que donne la chute régulière du feuillage, l'épuisement des arbustes. Voici les devis de culture courante et des frais divers pour 100.000 pieds de café, couvrant une superficie de 58 hectares (en 1904) : L^. CAFÉ VÉNÉZUÉLIEN 71 CULTURE 2 sarclag-es par an k Brs. IG par hectare. 32-58 h. = Brs. 1,856 Taille (moitié de la plantation chaque année) Fr. 464 Soins à donner aux arbres « Bucares », replanter, mainte- nir la pépinière, tailler les arbres 200 Caféiers : maintenir la pépinière, replanter certains arbustes 400 Un majordome par an 1.440 Fr........ 4.360 CUEILLETTE, TRAVAIL A l'uSINE, VENTE En calculant sur une production de 375 q. de 500 q. Frais de la cueillette, transports à l'usine à Brs 8 3.000 4.000 Travail de l'usine Brs 4 1 .500 2.000 Fretauport (variable suivant distance), moyenne. 1.500 2.000 Frais pour ensacher le café, commission, intérêts et frais divers, moyenne 750 1 ,000 Compte annuel de la culture (voir ci-dessus). . . 4.360 4.360 Fr . . . 11.110 13.360 Les frais d'exportation au Venezuela par 50 kilos, transport aux port et quai 2 Br. Menus frais 1 Sacs et commission 2 . Y Les frais de transport pour l'Europe par 50 kilos : Fret maritime 2.25 Br. Assurance 40 Pesage et autres menus frais 1.00 Commission 2 °/o, courtage 1/4 °/o 1.35 Escompte 1 3/4 % 1 .05 72 ÉTUDES ET MÉMOIRES Frais d'exportation par 50 kilos du Venezuela en Europe 11 .03 Le café vient donc à coûter au propriétaire, par oO kilos vendus au Venezuela, si la récolte est de 1/3 Ib. par plant 29,00 Vendu au Venezuela si la récolte est de 1/2 Ib. par plant 26.72 Vendu au Havre si la récolte est de 1/2 Ib. par plant 43.68 Vendu au Havre si la récolte est de 1/2 Ib. par plant 40.44 Quant aux renseignements complémentaires (sur l'époque de la récolte, etc.), M. delà Madriz me dit ; C'est vers le mois de novembre que les fruits commencent à mûrir; alors se développe une activité générale dans le pays. Les villageois se portent vers les fermes pour y chercher du travail pen- dant trois mois. On leur paie la cueillette de 100 livres de café (en cerises), selon l'offre et la demande, de 1 à 2 bolivars. Il faut, soit dit par parenthèse, en moyenne 5 livres de café en cerises pour pro- duire une livre de café préparé : citons le fait qu'on montre des arbustes qui, en une récolte, ont donné 50 livres de cerises. En ce qui concerne les usines caféières elles se composent de grandes cours cimentées, atteignant jusqu'à 10.000 mètres carrés. Elles servent au séchage du café, et sont entourées de murs, de cor- ridors à colonnades et de hangars, avec les machines de lavage, aérage, nettoyage, les décortiqueuses, etc.. ; — le triage se fait à la main. Les appointements des divers employés montent en moyenne à 500 Brs (par mois) pour l'administrateur; à 240, pour le chef usi- nier ; à 160, pour le majordome des champs ; et à 120 bolivars, pour ses aides dits caporaux. Quoiqu'il existe deux compagnies de chemins de fer au Venezuela, la viabilité est très défectueuse ; le réseau des routes charretières, per- mettant de porter les récoltes aux stations, est inexistant. Aussi sont-ce, en grande partie, les bètes de somme qui font ce service. Dans ces conditions, les frais jusqu'aux ports d'embarquement varient de 4 à 8 bolivars par 50 kilos. LE CAFÉ VÉNÉZUÉLIEN 73 Ajoutons ici une série d'informations diverses que nie fournit obligeamment M. de la Madriz : CLASSIFICATION DES CAFÉS DE PROVENANCE VÉNÉZUÉLIENNE 1° Café extra-fin : café bleu, grosse fève 17 à 18 mm. de longueur sur 9 mm. de largeur, forme ovale, grain égal, huileux, transpa- rent avec pellicule argentée, se produit dans les montagnes près des côtes, dans la région de Caracas, de Valencia et de Merida, à une altitude de 800 à 1.600 mètres. Les marchés de cet article se trouvent à Londres, Trieste, Hambourg et Amsterdam. Valeur du jour : 75 à 80 fr. les 50 kil. (Havre). 2" Café mi-fin : café vert, fève moyenne de 15 à 16 mm. sur 8 mm. ; petite fève 11 à 12 mm. par 5 mm. ; se subdivisent en « teinte claire goût doux », provenant de « terres légères » et d'al- luvions ; ceux de « teinte foncée goût acide » proviennent de « terres fortes » et argileuses. Ce café, qui vient en plaines et en montagnes, se récolte à des altitudes variant de 500 et 800 mètres, Marché : Le Havre, Hambourg, Gênes et New-York. Valeur du jour : 58 à 60 fr. les 50 kil. (Havre). S"* Trillados dorés (non lavés) fins et très aromatiques de Villa Marin, el Tuy, Carabobo et Caracas. Marché : New- York et Hambourg. Valeur : 50 à 54 fr. les 50 kilos. 4° Trillados ordinaires : Barquisimeto, petite fève exportée par Puerto Cabello. Marché : Hambourg, Anvers, Le Havre. Valeur : 43 à 45 fr. les 50 kilos. 5° Trillados : grosses fèves de Bocono, Tovar, Merida et Tru- jillo; exportés par Maracaïbo, etc., etc. Ces articles ne sont géné- ralement pas très bien préparés, mais la fève est très aromatique, Marché exclusif : New-York (à parité de valeur avec Le Havre), de 46 à 50 fr. les 50 kilos. Les « maracaïbo » fournissent à l'exportation une moyenne de plus de 400.000 sacs. TRANSPORT MARITLME Le fret par tonne sur toutes les lignes (avec option) pour New- York (Red D, Line et Hollandais), Le Havre (allemands et trans- atlantiques, avec transbordement), Bordeaux (Transatlantiques), 74 ÉTUDES ET MÉMOIRES Londres (Royal Mail), Hambourg (allemands), Trieste (autrichiens), Marseille et Barcelona (espagnols et italiens). De Caracas à New- York : 31 fr. ; au Havre. 43 fr. 75; à Bor- deaux : 43 fr. 75 ; à Londres : 43 fr. 75 ; à Hambourg-, 43 fr. 75 ; à Trieste : f)8 fr. 75 ; à Marseille et Barcelona : 43 fr. 75, De Maracaïbo (pour les villes susdites) : 50 fr. Les ventes de café se font au Venezuela au même prix ou à peu de choses près que dans les pays consommateurs (l'exportateur vend souvent par cablogramme). L'un des nég-oces communs dans ce pays consiste à avancer aux planteurs les sommes dont ils ont besoin pour la récolte; ces bail- leurs de fonds prélèvent un intérêt de 1 °/o mensuel, reçoivent le café et prennent une commission de 2 °/o pour la vente. Les plantations de café ne sont point grevées de contributions territoriales, mais le produit paye une taxe d'exportation (de 2 boli- vars par 50 kilos), perçus par l'Administration douanière qui délivre les permis d'embarquement. Le loyer de l'argent est à 12 fr. "/o à Caracas l'an, et monte dans l'intérieur souvent à 15 et 18 °/o (de 1888 à 1893, l'intérêt avait baissé jusqu'à 7 °/o). En avril dernier, les Chambres ont voté l'établissement d'une banque hypothécaire devant faire des avances de fonds sur garanties à 7 Vo. De 1890 à 1900, Le Havre et Bordeaux recevaient jusqu'à 256.000 sacs, c'est-à-dire près de 15 millions 1/2 de kilos de cafés vénézuéliens, dont 9 millions pour la consommation française : au Havre, on préférait les « gragés », alors que les « Trillados >) trou- vaient preneurs à Bordeaux. Ces places ne s'approvisionnent plus dans les proportions men- tionnées ci-dessus de l'article en question, et il n'est pas certain que le Venezuela puisse récupérer son ancienne situation commerciale sur les marchés auxquels nous nous référons. M. de la Madriz pense que, parmi les travaux rémunérateurs aux- quels peut s'adonner un émigrant en pays vénézuélien, la culture du café doit figurer au premier rang. A l'appui de cet avis, mon correspondant fait valoir le climat sain des hautes plaines et vallées. Les colons et leurs familles, ajoute-t-il, sont à même de tirer profit, pendant les premières années de leur séjour en cette partie de l'Amé- rique, de cultures intermédiaires, telles que les bananes, haricots, LE CAFÉ VÉNÉZUÉLIEN fo manioc, maïs, etc.. (dans l'espace libre entre les jeunes caféiers). Ces cultures payeraient les frais de la plantation caféière et laisse- raient encore des bénéfices suffisants pour établir une petite usine.. VALEUR DES CAFÉS VÉNÉZUÉLIENS Vendu au VénézAiéla les 100 liv. La Guayra : fin bleu 46 kil. g-rag'és grosse fève Brs. 36 bleu et moyenne 48 vert grag-é, grosse fève 46 vert gragé, petite fève 40 Caracas Trillados non lavé : grosse fève 34 petite fève 30 Puerto-Cabello non lavé, petite fève 28 Maracaïbo-Trujillo non lavés, grosse fève. . 32 Id. Bocono et Towar non lavés, grosse fève, . 34 Id. Merida bleus gragés 56 Au Havre 50 kiL (en parchemin) 76f'40 66 66.83 S9 64.44 57 57.21 50 50.07 45.50 42.92 47.68 50 . 07 76.40 66 EXPORTATION ET CONDITIONS DE VENTE Frais : Londres New-York Havre Trieste Hambourg Commission de vente 2 1/2 7° 2 % 2 et 1 "/o 1 7o 2 et 1 1/2 "/o Courtage 1 "/o 1/2 7„ 1/4 7o 1/2 7„ 5/8 à 3/4 7^ Escompte sur les prix de vente 1 7o 1/2 7o 1 3/4 7» 1/2 7» 1 V„ Wiener. 1. Il Les ouvriers indigènes, doux et sociables, recevant l'instruction primaire, gagnent de 2 fr. 50 à 4 francs par jour, dans ce pays où la nourriture est abondante et peu coûteuse. » (Note de M. de la Madriz.) LE CAOUTCHOUC DES HERBES AU CONGO EXTRAIT DU RAPPORT DE M, GUYNET, DÉLÉGUÉ DE LA COLONIE, A M. LE COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT AU CONGO FRANÇAIS La Société générale de Procédés d'extraction du Caoutchouc s'est formée en 1901 en vue d'exploiter les brevets de MM. Arnaud et Verneuil, professeurs au Muséum d'histoire naturelle. Le procédé de ces Messieurs consistait à extraire le latex des écorces de lianes et à l'ag-glomérer de telle sorte que le latex soit entièrement puiifié, et de manière à permettre d'envoyer en Europe du caoutchouc sans impureté et d'une qualité constante. Les prin- cipales opérations étaient le décortiquage des lianes, l'écrasement des écorces sous des meules d'un poids appréciable, mues par la force motrice et le traitement à l'eau bouillante dans des appareils spéciaux assez compliqués. Une usine d'essai fut créée dès le début de la Société, à Levallois- Perret : on y traita exclusivement des écorces de lianes que la Société eut même beaucoup de peine à se procurer. Ces études des préliminaires durèrent environ un an. C est en 1902 que la Société ayant subi divers remaniements et désirant entrer dans la période d'application de son procédé dans les Colonies, j'eus l'occasion de nouer des relations avec MM. Leclan- ché, président de la Société générale de procédés d'Extraction du Caovitchouc, et Georges Renard, qui était alors son directeur. Mis au courant de l'affaire, je compris de suite tout l'intérêt qu'elle présentait et le parti que l'on pouvait en retirer pour notre colonie, et je ne tardai pas, à la suite de divers services rendus à la Com- pagnie, à en être nommé administrateur. Mon entrée au sein du Conseil de la Société fut, comme vous allez le voir, Monsieur le Commissaire général, le point de départ d'une orientation nouvelle. Je fis d'abord comprendre à mes collègues qu'une industrie n'était possible, dans une colonie comme le Congo, qu'à la condition d'avoir toute la bienveillance du gouvernement local; que jamais LE CAOLTCHOUC DES IIEKIÎES AU CONGO // ce dernier ne favoriserait une industrie a^'ant pour base la destruc- tion des lianes à caoutchouc, et (|ue, quand bien même on parvien- drait à l'installer, on rencontrerait des ditïicultés insurmontables du fait de l'accoutumance du noir k récolter le latex, à le coaguler lui-même, et à échanger contre des marchandises le caoutchouc sous la forme propre à chaque rég-ion. Je convainquis le Conseil d'autant plus facilement qu'il avait encore présentes à l'esprit les difïicultés c[u'il avait rencontrées pour se faire envoyer en Europe les écorces nécessaires pour ses expériences. L'entreprise eût donc été impossible, auCong-o Français du moins, si je ne m'étais fort heureusement souvenu avoir rencontré en grande quantité, lors de mes voyages, dans le Haut-Ogooué et notamment en 1899-1900 quand je rejoignis par cette voie le Congo, des plantes de petite taille, poussant en terrain découvert, et qui contenaient surtout dans leurs racines un latex abondant, facile à coaguler. Dans ma pensée, le procédé de MM. Arnaud et Verneuil devait s'approprier admirablement à ces tiges flexibles, toutes de petite dimension et dont on ne pouvait même concevoir que le latex fût extrait autrement que par la contusion par percussion, sur lequel repose le dit procédé. Je communiquai à mes collègues mes observations à ce sujet, et je réussis même à lei^r procurer sur le marché de Rotterdam un caoutchouc exporté qui venait de ces plantes, mais qui, en raison des impuretés qui y étaient contenues k la suite d'un traitement très sommaire par broyage des indigènes, n'était pas vendable. Ce caoutchouc soumis k notre traitement fut transformé très facilement k notre usine de Levallois-Perret en un caoutchouc abso- lument pur. Il était donc déjk aisé de déduire que les rhizomes bruts et les tiges de ces plantes seraient efficacement traités par les procédés de MM. Arnaud et Verneuil. Il ne s'agissait plus, pour s'en con- vaincre, que de se procurer des quantités suffisantes de ces rhizomes. En même temps que je m'adressai k la Société du Haut-Ogooué pour en obtenir des régions où j'en avais vu en si grande quantité, M. Pondère, qui se souvenait que le pays Batéké autour de Brazza- ville en était également couvert, écrivait k notre Directeur en Afrique. M. Pardiac (Messageries ffuviales du Congo). Et ce fut 78 ÉTUDES ET MÉMOIKES grâce à l'oblig-eance de ce dernier, guidé par l'expérience de M. Luc, directeur du Jardin d'Essai de Brazzaville, aucjuel nous ne saurions trop exprimer notre gratitude, que les premiers rhizomes furent récoltés, envoyés en France où, soumis à notre traitement dans l'usine de Levallois-Perret^ ils donnèrent des résultats qui dépassèrent même nos prévisions. De ce jour, le Conseil d'administration n'hésita plus : c'est au Congo que la Société allait porter tous ses elVorts. L'entrée de M. Pondère au Conseil, qui date de cette époque, en même temps qu'elle venait renforcer l'élément congolais, devait dans la suite procurer bien des facilités à l'entreprise naissante. L'installation de celle-ci à Brazzaville fut en effet singulièrement facilitée par la cession des ateliers et la force motrice des Message- ries fluviales du Congo : la présence de M. Pondère à la tête de la Société des Messageries fluviales du Congo en sa qualité de prési- dent-directeur et la mienne comme administrateur-délégué, per- mirent de conclure des arrangements profitables aux deux Compa- gnies. L'affaire néanmoins, comme vous avez pu le constater. Monsieur le Commissaire général, a donné lieu à bien des tâtonnements, résultant de ce que l'usine qui avait été construite à Paris n'avait pas permis de travailler industriellement, à proprement parler, les matières premières. La conséquence a été que, lors de notre instal- lation à Brazzaville, en janvier 1903, nous pensions être en mesure de commencer une exploitation, tandis qu'une série de perfectionnements et d'améliorations est venue s'imposer. Aujour- d'hui la mise au point est un fait acquis : nos essais faits jusqu'à ce jour nous donnent la certitude mathématique que l'affaire pourra fonctionner régulièrement dès que le matériel complet sera en marche. Une des grosses difTicultés de l'entreprise résidait dans la récolte des racines. C'est grâce à l'appui et à l'autorisation du Gouver- nement que notre administrateur-délégué, M. Georges Renard, a pu s'entendre, pendant son séjour au Congo, avec les villages indi- gènes, qui ont commencé à nous apporter des racines. Nous avons également dans les environs de Brazzaville établi, sur une étendue de 10 kilomètres, quelques chantiers, avec des ouvriers à notre solde ; leur récolte vient s'ajouter à celle des villages. Malheureusement ce commerce comporte un gros inconvénient : LE CAOUTCHOUC DES HERUES AU CONGO 79 la manière inutilisable des racines récoltées est d'environ 95 "/o. Il j a donc une question de portage excessivement intéressante, qui empêchait les indigènes de nous vendre les racines à un prix assez bas pour qu'ils y trouvent la rémunération de leurs peines. 11 en résulte cjue dans nos chantiers les racines nous reviennent à un prix exagéré. Cet inconvénient est pour le moment impossible à éviter. Nous sommes en train d'étudier la possibilité de placer dans les villag-es des petites machines marchant à bras, qui pourront pro- duire de l'écorce enlevée du bois, et réduiront ainsi le portage de plus de 50 °/o, tout en le rendant plus facile, l'encombrement étant moins g"rand. Dans ces conditions, nous avons lieu d'espérer que l'indig-ène, qui," vu le gros volume que présentent les racines, ne consent aujourd'hui à ne porter que 15 à 20 kilos, apportera volon- tiers 25 kilos d'écorces sous un volume réduit. Pour obvier à l'inconvénient que nous venons de signaler, nous avons dû changer de place nos chantiers, et ceux-ci ont été instal- lés en bordure du Congo pour supprimer le portage par les hommes. Nous faisons récolter les rhizomes par les indigènes, qui les déposent sur les bords du fleuve, et nous envoyons des chalands avec un vapeur pour les ramener à l'usine. De cette manière, en raison du coût peu important du combustible et de l'entretien peu onéreux du bateau d'une part, et d'autre part de la grande quantité de rhizomes qu'il est possible de mettre dans un chaland, notre prix d'achat de rhizomes est réduit de plus de moitié. 11 est indispensable d'abaisser ce prix dans la mesure du pos- sible : car, je le répète, la matière utile est de 5 "/o et remet le coût d'une tonne à un prix assez élevé. Et si ce prix n'avait pas été abaissé par le mojen que nous venons de préciser, il aurait été impossible de poursuivre cette industrie. Notre desideratum est donc que des villages de travailleurs s'installent définitivement sur nos endroits de récolte, c'est-à-dire que nous ayons non seulement des chantiers, mais encore des indigènes vivant avec leur famille et travaillant à forfait : ce serait à la fois très lucratif pour eux, et pour nous très avantageux. Il est à noter que jusqu'à ce jour les indigènes ne cherchent pas à se dérober à ce travail de récolte qui ne les fatigue pas et leur permet de se tenir en dehors des forêts sur des terrains découverts et à proximité de leurs habitations. 80 ÉTUDES ET MÉfllOllŒS Grâce ou Gouvernement, nous avons pu solutionner cette ques- tion de la niain-d teuvre ; il reste maintenant à compléter l'usine en vue d'une exploitation normale et constante. La première partie de notre usine a été installée très rapidement, grâce aux bâtiments tout agencés, dont nous avons parlé et que nous ont loués les Messageries fluviales. En raison des tâtonnements auxquels nous avons fait une précé- dente allusion, cette usine est incomplète, mais d'ici le mois de juin 1904 elle sera terminée. Un ingénieur parti le 31 mars der- nier pour Brazzaville est chargé : 1° De terminer tout ce qui n'était pas achevé ; 2° De revoir l'installation primitive et de rectifier ce qui serait défectueux. Nous avons aujourd'hui une usine comportant environ 200 tonnes de matériel ; visitée par les autorités de l'Etat Indépendant, elle a été l'objet de leur part d'un rapport très élogieux, et vous- même, Monsieur le Commissaire général, vous avez bien voulu apprécier la somme delforls qui a été dépensée pour arriver au résultat déjà acquis. Malgré les interruptions de travail de cette première année, nous avons néanmoins atteint une production sufïisante pour répandre notre produit sur les marchés d'Europe où il se vend au prix de 7 fr. 50 à 8 fr. 2o le kilo. Ce prix est susceptible d'augmenter avec la diminution du pourcentage d'eau. Au moins de juin, tout le matériel complémentaire sera en place, et k partir de ce moment nous pourrons expédier mensuellement en Europe de 6 à 10 tonnes. Notre intention n'est pas de développer cette usine, mais d'en construire une nouvelle à l'endroit oîi nous avons un poste à bois ; cette seconde usine serait installée pour produire de son côté de 10 k 15 tonnes. L'emplacement serait mieux choisi en ce sens ({ue nous n'aurons plus k payer de transports ni de racines, ni de bois. Le maximum que nous espérons faire produire à nos deux usines de Brazzaville, ou k une seule si nous nous bornons à développer celle existant déjk, sera de 25 tonnes par mois, soit 300 tonnes par an : c'est un rendement appréciable, et supérieur en tous cas k celui de toute concession du Congo Français k l'heure actuelle. Le Conseil d'administration de notre Société est actuellement composé comme suit : LE CAOUTCHOUC DES HERBES AU CONGO 81 Président : M. Leclanché, président de la Société du Bec Auer ; Administrateur-délégué : M. Georges Renard. Administrateurs : MM. Arnaud (du Muséum) ; William Guynet, délégué du Congo Français au Conseil supé- rieur des Colonies ; Laurans; Pondère, président de la Compagnie des Messageries fluviales dn Congo ; Ralîard; Dulfié ; Comte de Maupéou ; Philippi, administrateur-délégué de la Nieuwe Afrikan Handels, Vennootschap. Rotterdam. Au début de ce résumé rétrospectif de l'affaire d'extraction du caoutchouc, je me félicitais, Monsieur le Commissaire général, de l'action vraiment féconde que j'ai pu exercer sur elle ; certes, je suis réellement heureux d'avoir pu orienter vers notre colonie une industrie aussi intéressante, la première qui s'y installa. Mais la satisfaction que j'en ressens ne saurait me dispenser de rendre à César ce qui appartient à César, et je considère comme un devoir agréable à remplir de vous exprimer ici au nom de notre Société toute notre gratitude pour l'appui si utile que vous lui avez prêté. Le problème si difficile à résoudre de la main-d'œuvre, au lende- main du jour où l'installation de l'usine à Brazzaville fut décidée, se présentait dans toute sa rigueur. Pour en triompher, il n'a pas fallu moins que votre parfaite connaissance des indigènes : c'est grâce en effet à l'autorité persuasive que vous savez exercer sur eux que les habitants de la région de Brazzaville ont consenti à s'adonner à un travail nouveau. Aujourd'hui, la question est résolue : les indigènes préfèrent de beaucoup au travail si ardu de la forêt cette récolte de rhizomes en terrain découvert, pour lequel ils peuvent se faire assister de leurs femmes et de leurs enfants. Déjà des agglomérations se forment, des cultures vivrières sont créées par les agents de la Compagnie ; grâce aux avantages que leur fournit notre Société, l'amélioration de la condition morale des indigènes si étroitement liée à celle de leur condition physique ne tardera pas à se produire : et si, comme nous le prévoyons, Bulletin du Jardin colonial. 6 82 ÉTUDES ET MÉMOIRES notre production arrivera bientôt à atteindre 300 tonnes, on peut estimer à -SoO.OOO francs environ les sommes qui seront réparties annuellement entre les mains des indig-ènes de la région, rendant ainsi plus facile la perception de limpôt. L'heureuse répercussion de notre entreprise sur le budg-et local ne saurait donc vous échap- per, puisqu'à cet impôt il faut ajouter les droits payés par notre Société, qui, pour la sortie seule, s'élèveront annuellement à plus dei:i0.000 francs. Tel est, Monsieur le Commissaire g'énéral, le résultat pratique qui se dég-age, et dont le mérite vous revient pour une g-rande part, car il est dû à votre si juste compréhension des intérêts de la coloni- sation, à l'entente parfaite qui n'a cessé d'exister g-râce aux ins- tructions que vous aviez laissées au personnel de la colonie, entre l'Administration et les représentants de notre Société. J'ai pensé qu'une note technique sur le caoutchouc d'herbes ' compléterait utilement le rapport que j'ai l'honneur de vous adresser : j'ai eu recours, pour la rédiger, à mon collègue M. Arnaud, et je l'ai jointe au présent mémoire. Espérant vous avoir ainsi fourni tous les renseig-nements que vous pouviez souhaiter sur la Société générale de Procédés d'extraction du Caoutchouc, et sur le caoutchouc des herbes, je vous prie. Mon- sieur le Commissaire général, de me croire toujours à votre dispo- sition et d'agréer l'expression de mes plus dévoués sentiments. Signé : William Guynet, Délégué du Congo Français au Conseil supérieur des Colonies^ Adminisirnirur de la Société générale de Procédés d'c.r/raction du Caoutchouc o 1. Voir la note publiée dans le dernier numéro du Bulletin. 2. Une médaille d'or a été décernée à M. Guynet pour son exposition. NOTES STATION D'ESSAIS DE MACHINES EXTRAIT DU BULLETIN d'eXPÈRIENCES N" d'ordre 414. Essais sur l'emploi de branchages dans des foyers en fonte établis pour des combustibles minéraux. Renseignements généraux sur V appareil. L'appareil dont on s'est servi pour chaulTer l'eau est une lessiveuse en tôle g-alvanisée, de forme tronc-conique, et dont les dimensions sont les suivantes : Diamètre de la base inférieure 0'"360 Diamètre de la base supérieure 0 (jOO Hauteur du tronc de cône 0 613 Un couvercle est adapté à la lessiveuse et porte un thermomètre dont la partie inférieure plong-e dans l'eau qu'elle contient. Cette lessiveuse repose sur un foyer en fonte, de forme cylindrique, k retour de flamme, et dont les dimensions sont les suivantes : Diamètre intérieur du foyer. • 0 . 33S Hauteur du foyer (mesurée k l'intérieur) 0.210 ^. . , , , „ i Hauteur ... 0.100 Dimension de la porte du lover. . . ^ ,. « .^-v ^ " / Largeur 0.175 „..,,.,, 1 Longueur.. 0.175 Uimension de la o^rilie ] . a i c>a ^ \ Largeur 0.120 Hauteur de la g-rille au-dessus du sol 0 .072 Diamètre du tuyau de sortie de la fumée 0.085 Hauteur de ce tuyau au- \ à la partie inférieure. . 0.180 dessus du sol / k la partie supéiieure . . 2 . 820 Pour les essais de chauiTag-e avec de mauvais bois de branches et de branchag-es secs, on a enlevé la g-rille et la porte du foyer en fonte et on a construit devant celui-ci un foyer en briques dont les dimensions principales sont les suivantes : 84 NOTKS Hauteur intérieure 0'"(i() Larg'eur intérieure 0 'M) Longueur intérieure .... 0 9t) Pour protég^er ce foyer des pertes de chaleur, on l'a recouvert de terre, et on a bouché l'entrée à l'aide d'une plaque en tôle dont la partie inférieure est à 0'" 12 du sol. ESSAIS Les essais ont porté sur 84 litres d'eau qui ont été chauffés : 1" A l'aide de coke, d'anthracite et de briquettes en se servant du foyer en fonte. — Dans certains essais, on a protégé le foyer des pertes de chaleur à l'aide de briques posées près de ce foyer. 2" A l'aide de mauvais bois de branches et de branchages secs en se servant du foyer en briques. — La température de l'eau a été relevée toutes les dix minutes. — Pour rendre les expériences plus comparables on a supposé que la température de l'eau était de 20" au début de chaque expérience et toutes les températures constatées ont été modifiées en conséquence. On a noté les poids de combustible introduit dans le foyer chaque fois qu'on a chargé. — A la fin de chaque essai, la partie de combus- tible non brûlée, ou charbon, a été éteinte, puis pesée lorsqu'elle était sèche (cette portion {)eut servir à nouveau). Enfin, la température extérieure et la pression barométrique ont été prises au commencement et à la fin de chaque expérience. Il résulte de ces essais que le chauffage à laide de branches et de branchages secs exige une dépense de combustible environ 12 fois plus grande que celui qui est effectué avec des combustibles miné- raux. C'est ainsi que pour élever dans le même temps, de 20° à 47° 5 avec de l'anthracite et à 48° avec des branchages une masse d'e*tu de 84 litres, on utilise, les conditions de température et de pression barométrique étant sensiblement égales, 2 kilos d'anthracite et 35 kilos de branchages. En résumé on voit qu'il est possible, aux Colonies, d'utiliser, pour le chauffage, des bois de branches et branchages secs en se servant d'appareils munis d'un foyer en fonte, établis pour les combustibles minéraux, à la condition d'installer un avant-foyer en briques ou en terre, analogue à celui qui a servi aux essais. Le Directeur, RiNGELMANN. SUR L'ANATOMIE DES TUBERCULES \yEVPHORBIA INTISY' Ayant entrepris une étude d'ensemble sur le développement des tubercules chez les racines des Euphorbiacées qui en forment, nous présentons aujourd'hui quelques remarques relatives à VEuphorhia Intisjj, espèce xérophile caoutchoutifère du sud de Madag'ascar. Cette plante, connue depuis 1891, fut décrite en 1899 par Pru- dhome -^j classée et nommée en 1900 par Drake del Castillo'^; Fron^ en donna la même année une succincte description anatomique. Le système radical de la plante est très développé; les racines portent de véritables chapelets de renflements fusiformes, qui peuvent atteindre la grosseur du poing- ; chaque renflement est formé dune paroi extérieure d'une épaisseur égalant environ le 1/10 du diamètre maximum, entourant un abondant tissu d'aspect spon- gieux ; les cellules de ce tissu sont gorgées d'eau et constituent une réserve liquide qui permet à l'arbuste de traverser sans périr les longues périodes de sécheresse. La paroi d'un tubercule montre distinctement trois couches visi- bles à l'œil nu : une couche externe brune formée par le liège ; une couche moyenne blanchâtre, riche en laticifères, qui correspond surtout au liber secondaire accompagné de quelques assises de phelloderme (l'assise subérophellodermique est péricyclique) ; une zone interne brun clair qui représente la partie la plus jeune du bois secondaire, celle où les vaisseaux sont encore groupés en formation compacte. * Toute la partie centrale du tubercule, c'est-à-dire le tissu spon- gieux, est formée de grandes cellules à parois minces, cellulo- siques, parsemées d'îlots constitués chacun par quelques petits vais- seaux ligneux. Le trajet de ces vaisseaux est tout ce qu'il y a de plus irrégulier : une coupe perpendiculaire à l'axe du tubercule ren- 1. Note présentée à l'Académie des Sciences le 25 juillet 1701. 2. Prudhomme, Le Caoutchouc sur la cale esl de Madayascar [Revue de Madagas- car, décembre 1899). 3. Drake del Castillo, IVote sur Tlnlisy de Madagascar (Bull, du Mus. d'Hisl. nat., n" 5, 1900). 4. FnoN, Note sur TEuphorbia Intisy {Journal de botanique, iuin 1900). 86 NOTES contre les uns transversalement, d'autres obliquement, d'autres dans le sens longitudinal, de sorte que les îlots semblent contrac- ter entre eux un grand nombre d'anastomoses ; enfin les grandes cellules qui forment la masse du tissu sont rarement isodiamé- triques; elles présentent des marques d'étirement dans les sens les plus divers et semblent comme tendues entre les fdaments ligneux ; toute la région centrale du tubercule est homogène et ollVe la même structure. « Cette structure devient facile à comprendre, si Ion suit le déve- loppement d'une jeune racine. Au stade primaire, le cylindre cen- tral d'une racine renferme six faisceaux ligneux alternant avec six faisceaux libériens, entourant une petite masse de tissu parenchy- mateux, formé de cellules arrondies ; nous l'appellerons fissu axial, pour ne rien préjuger sur l'existence d'une véritable moelle dans la racine ; peu après apparaît un abondant métaxylème tandis que les cellules axiales continuent à s'accroître ; enfin de bonne heure les formations secondaires libéroligneuses entrent en jeu et l'assise génératrice différencie beaucoup plus de bois que de liber. « Le bois secondaire forme bientôt dans son ensemble six gros faisceaux, alternant avec les faisceaux primaires et séparés les uns des autres par de larges rayons de parenchyme {rayons principaux). Dans chaque faisceau, les vaisseaux sont alignés en files radiales, séparées par des files parenchymateuses généralement simples [rayons secondaires)', les files de vaisseaux présentent d ailleurs en divers points des cellules non lignifiées. « La tubérisation commence de bonne heure, parfois même elle est déjà visible extérieurement sur l'extrémité des racines en crois- sance ; elle a pour origine une turgescence considérable du tissu axial, dont les cellules distendues grandissent considérablement sans se cloisonner ; cette turgescence développe une pression cen- trifuge régulière qui agit sur tout l'anneau de bois secondaire; cet anneau doit donc s'agrandir et cède d'abord dans les régions les moins résistantes, suivant les rayons principaux ; les cellules qui les constituent sont étirées dans le sens tangentiel en proportion inverse de leur distance au centre ; la pression croissant sans cesse, l'étirement se transmet aux rayons secondaires; les points de moindre résistance cèdent les premiers ; on assiste alors à une dis- location progressive des gros faisceaux ligneux secondaires ; d'abord les files de vaisseaux s'écartent, puis, les résistances n'étant pas ENTOMOLOGIE 87 partout égales, des pressions obliques s'établissent qui brisent les tîles vasculaires ; les cellules non lig-nifiées de ces files se trouvent à leur tour soumises à des forces diversement orientées et s'étirent entre les g-roupes de vaisseaux qu'elles relient. Il résulte de tous ces phénomènes un éparpillement des vaisseaux en petits g-roupes dissé- minés au milieu d'un tissu parenchymateux général gorgé d'eau, prove- nant soit du tissu axial, soit des rayons, soit des cellules non lignifiées des files vasculaires ; l'ensemble présente à l'œil un aspect homo- o:ène. Les vaisseaux sont tendus dans la masse comme de véritables cordages et forment en définitive un réseau dont les mailles irré- gulières sont dues au jeu de forces de plus en plus compliquées ; c'est ce qui explique leur direction si variable et les apparentes anastomoses entre les paquets vasculaires. )> En résumé, la structure définitive du tissu spongieux a pour ori- gine une turgescence du tissu axial et peut s'expliquer par l'inter- vention de forces d'abord centrifuges, présentant bientôt des direc- tions irrégulières, par suite de l'inégalité des résistances, forces qui produisent la dislocation du bois secondaire normal. Dans un prochain travail nous ferons connaître les particularités secondaires de ces tubercules. Marcel Dubard et René Viglier. ENTOMOLOGIE Graines de prosopis pilifera. — En examinant les bocaux conte- nant les collections de graines du Musée du Jardin colonial, à Nogent-sur-Marne, l'un d'eux attira mon attention ; il était entiè- rement tapissé intérieurement d'un tissu blanc soyeux, à trame très serrée. Ce bocal contenait des gousses de Prosopis pilifera, du Mexique, ravagées par une multitude de chenilles dun blanc ver- dàtre. Après de longs mois j'obtins un papillon de la famille des Phycidae que l'abbé de Joannis rapporta à Plodia interpunctella Iliibner. Les mœurs de cet insecte sont connues, il vit dans les graines et fruits secs et a été signalé de presque toutes les parties du monde. II n'est donc pas certain que les gousses de Prosopis prove- nant du Mexique aient été infestées avant leur importation. Quelques autres papillons du même groupe, les Ephestia par exemple, tissent un tapis soyeux analogue. 88 NOTES Les mêmes graines ont également donné naissance à une multi- tude de Bruches dont je n'ai pu encore déterminer l'espèce. Insectes du cotoiNNier. — M. Vuillet, directeur de la Station agronomique de Koulikoro (Soudan), m'a communiqué plusieurs insectes recueillis par lui dans les plantations de cotonniers. UE.rcelsior prolific lui a fourni deux espèces de chrysomélides (Coléoptères) qui perforent les feuilles de nombreux trous ronds. Ce sont, d'après M. Jacobj, Nisotra dilecta Dahl. et Nisotra iiniformis Jac. Il a recueilli en même temps un curculionide du genre Mijllo- cerus et un coccinellide, Ckilomenes lunataF. Dans les plantations de cotonniers importés d'Amérique et notam- ment de Louisiane, il a récolté deux papillons que j'ai soumis à l'abbé de Joannis et qui sont : Rujenia ornata Walter (Notodontidae), spécial à l'Afrique, eiSijleptaderogata Fab. [Pyralidae-Pyraustinae), qui habite toute la zone tropicale d'Afrique et d'Asie. La chenille de la seconde espèce est verte, elle dévore la feuille, la salit de déjec- tions et l'enroule partiellement pour se transformer en chrysalide dans l'étui ainsi construit. Un nid de mélipona. — M. Dumas, agent de culture à Kouroussa (Haute-Guinée), m'a envoyé un nid fort curieux d'hyménoptère mel- lifère, établi dans un tronçon de bambou de faible diamètre. Cet apide, de très petite taille, est une Mélipona appartenant au sous-genre Trif/ona. L'abeille pénètre dans son nid par une série de deux ou trois tubes de cire de 10 à 15 millimètres de longueur, affectant la forme allongée et évasée d'un entonnoir, et superposés. Le nid est formé d'une multitude de petites de petites cellules ovoïdes. Au dire de M. Dumas, « les colonies sont quelquefois très rapprochées les unes des autres ; quand la ruche est enlevée, les insectes en reconstruisent immédia- tement une autre dans le voisinage. Les indigènes mangent le miel; sa récolte ne présente aucun danger, l'insecte ne piquant pas. Les moucherons, les soirs de forte chaleur, incommodent les hommes et les animaux par leur vol autour des yeux. » Les nids de Mélipones se rencontrent fréquemment dans les troncs d'arbres et atteignent souvent de grandes proportions. E. Fleutiaux. MAÇON, PKOTAT FKKHES, I.MI»KlMEUHs. -»-'C L/CrilUl '. A. LiUALLAMEL. HPh. MAYFARTH Se c c GHOIRS à Bananes à CACAO et fruits NOMBREUSES REFERENCES Presses à balles — Charrues Batteuses — Pressoirs E PARIS 6, rue Riquet ^^ VBi^^H^^ ^.^>0<»~- Dernière nouveauté lîHlCVETE S. G. n. (i. i JUMELLE A DÉCENTREMENT Format : 9X^2 La notice explicative est envoyée franco sur demande. - i '$> Dépôt général et exclusif pour la France, ses Colonies et l'Amérique du Sud des papiers mats E. VAN BOSCH Ventilateors aatoméeaftiqaes et éleetPiqaes de tous systèmes PERFECTIONNÉS LE GEKA Breveté S. G. D. G. 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TÉLÉPHONE 517-12, I I LIBRAIRIE MARITIME ET COLONIALE Augustin CHALLAMEL, Éditeur ±1, R-u.e vJsLCok), FJk.ISIS EXTRAIT du CATALOGUE GÉNÉRAL des OUVRAGES SUR LES COLONIES (Envoi franco sui' demande.) CATALOGUE DES OUVRAGES SUR LES CULTURES TROPICALES ET LES PRODUCTIONS DES COLONIES Pages Publication périodique 2 Ouvrages généraux 3 Canne à sucre 6 Caféier 7 Cacaoyer 8 Thé 9 Caoutchouc, gommes 9 Plantes oléagineuses 11 Coton, plantes textiles, soies 12 Tabac 1.3 Viticulture et vinification l.'{ Cultures et productions diverses 14 Elevage IG ï^*!^ Joindre aux commandes leur montant en un mandat-poste. L'expédition sera faite franco de port LIBRAIRIE AUGUSTIN CHALLAMEL, 17, RUE JACOB, PARIS PUBLICATION PERIODIQUE L'Agriculture pratique des Pays citauds BULLETIN DU JARDIN COLONIAL et des Jardins d'essais des colonies ^ O O Publié sous la dh^ection de l'Inspecteur général de l'Agriculture coloniale. *~* çû CD ce O Un numéro de 128 pages avec gravures et photographies W ^ paraît tous les deux mois. f-D O ^ Chaque numéro contient : Partie officielle. — Lois, décrets, règlements concernant l'agriculture aux colonies. Arrêtés et décisions des gouvernements locaux. Rapports rf\ des agents de cultures et des directeurs des jardins d'essais. t^» Études et Mémoires. — Monograpliies des diverses cultures et pro- /-s duclions coloniales. Rapports des missions scientifiques. Conférences de y'\ l'École nationale d'agriculture coloniale. Expériences de la station d'essai " de macliines agricoles. Notes diverses : floraisons ol^tenues dans les *W jardins d'essai, plantes en distribution. Abonnement annuel : France et Union postale 20 Ir. l'' année. Juillet 1901 à juin 1902. Un fort volume in-8° 20 fr. 2' année. Juillet 1902 à juin 1903. Un fort volume in-S" 20 fr. 3" année. Juillet 1903 à juin 1904. Un fort volume in-8° 20 fr. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande. Pour les annonces, s'adresser à la Librairie Challamel. OUVRAGES SUR LES CULTURES TROPICALES OUVRAGES GÉNÉRAUX TRAITÉ PRATIQUE DE CULTURES TROPICALES Par J. DYBO'WSKI Inspecteur général de VAgricnUiire coloniale, Directeur du Jardin colonial. Professeur à Vlnstitut national agronomique. Fréface de 15^. TISSEiS.A.ITJD Directeur honoraire de l'Agriculture. TOME PREMIER Conditions générales de la culture tropicale. Mise en valeur du sol. Multiplication des végétaux. — Les plantes vivrières. Culture potagère. — Culture fruitière. 1 fort vol. in-8° avec nombreuses figures, 1902 12 fr PETIT TRAITÉ D'AGRICULTURE TROPICALE Par H. -A. Alford NICHOLLS Traduit par E. RAOUL, professeur à VÉcole coloniale, ancien directeur de Jardins botaniques de la zone intertropicale . (lSro-u.-v-elle Éciition. 190±) 1 volume in-8o, avec figures dans le texte, cartonné cuir souple , 9 f r. 4 LIBRAIRIE AUGUSTIN CHALLAMEL, 17, RUE JACOB, PARIS BULLETIN DE LA SECTION D'AGRICULTURE COLONIALE de la Société française de colonisation Productions et Cultures coloniales. Comptes rendus des séances, de septembre 1931 à novembre 1902. Mémoires présentés de septembre 1901 k novembre 1902. Deux volumes in-S», dont un avec figure (1903). 15 » R. de WILDEMANN, Conservateur du Jardin botanique de l'Etat, à Bruxelles. Les Plantes tropicales de grande culture. — Café, cacao, cola, vanille, caoutchouc. 1 vol. in 8", avec figures et photogravures hors texte 1902. • o » SAUSSINE (G.), ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure Professeur au lycée de Saint-Pierre (Martinique.) La première année d'agriculture tropicale. Un volume in-18 avec nombreuses gravures, cartonné, ll!00. 2 50 Notions générales ; le sol. — Organes des planles. — Saisons, climat. — Qualité des terres, outils agricoles; engrais. — Animau-v domestiques : Alimentation et hygiène, basse-cour, plantes fourragères. — Cultures spéciales : Racines féculentes ; fruits ; céréales des tro- piques.— Plantes industrielles : Canne à sucre, caféier, cacaoyer, oranger. — Gommes, résines, essences. — Tanin; matières colorantes. — Arboriculture. — Plantes médicinales. LECOMTE (H.), docteur es sciences. — DORVAULT, ingénieur agronome. IMBART de la TOUR, auditeur au Conseil d'Etat. L'Agriculture aux Colonies. — Régime de la main-d'œuvre. — Régime de la propriété. (Tome V des Colonies P^rançaises. Publication du Ministère des Colonies pour l'Exposition de 1900.) In-S". 7 50 POULET (Georges), administrateur des colonies. Le Livre du Colon. Un volume grand in-18, 1899. 4 » De l'habitation et de ses dépendances. — Notions d'agriculture ; généralités. — Princi- pales cultures coloniales. — Cultures potagères dans les colonies. — L'élevage. — Hygiène coloniale. — Renseignements médicaux. MADINIER (Paul) Journal de l'Agriculture des pays chauds. In-S", 1867. 23 » De la nutrition végétale au point de vue de la loi de restitution. Br. in-S" 1867. 1 50 OUVRAGES SUR LES CULTURES TROPICALES RIVIÈRE (Ch.), ancien président de la Société d'Agriculture d'Alger, directeur du Jardin d'Essai du Hamma. LECQ (H.), inspecteur de l'Agriculture en Algérie, propriétaire-agriculteur. Manuel pratique de l'Agriculteur Algérien. Un beau volume, grand in-8°, iloO pages, graphiques et figures, 1900. 12 >> Régions climatologiques, zones culturales, météorologie, géologie. — Agriculture arabe, kabyle, saharienne et exotique. — Céréales, fourrages, plantes alimentaires. — Plantes économiques et industrielles. — Arboriculture et végétaux fruitiers. — Viticulture et vinifica- tion.— Préparation du sol, fumures, assolements, etc. — Génie rural, irrigations, machinerie agricole. — Horticulture générale, choix et culture des végétaux suivant les zones. Agriculture, pisciculture, sériciculture. — Plantes vénéneuses, animaux nuisibles, insectes, cryptogames, traitements divers. — Guide hygiénique et médical du colon. Bétail et élevage, troupeaux indigènes et européens, animaux de service, maladie des animaux domestiques, etc. -- Législation rurale. — Calendrier du cultivateur. SERVIER (André). Guide de l'Agriculteur en Algérie et en Tunisie. Résumé des prin- cipes agricoles dans l'Afrique du Nord, in-8°, 1897. 2 50 Choix d'une propriété. — Construction de l'habitation. — Principes de cultures. — Céréales. Cultures diverses. — Cultures fruitières. — La vigne. — Cultures maraîchères. — Cultures fourragères. — Le bétail : races bovine, ovine, caprine et porcine. — Chevaux, ânes, mulets, chameaux. — Petits bénéfices de la ferme. — Budget d'une petite exploitation agricole en Algérie et en Tunisie. JEANNENEY (A.), agent de colonisation. La Nouvelle-Calédonie agricole. iVature minéralogique et géologique du sol. Renseignements pratiques pour les émigrants. 1 vol. in-18 cartonné, 189i. 3 50 Le sol. — La flore. — La main-d'œuvre agricole. — Culture générale. — Le climat. Grandes cultures. — Légumes divers; le potager. — Fruits divers. — Fourrages. — Plantes à introduire. — Plantes à essence. — Tannants. — Féculents. — Bois. — Animaux. — Ren- seignements agricoles et commerciaux pour les émigrants. GREVERATH (A.) Vice-Président de la Société de propagandt coloniale. L'Agriculture en Indo-Chine, in-18, 1900. 2 » LAFONT (D"'), médecin de 2" classe des Colonies. Les Cultures de l'archipel des Comores. Canne à sucre. Vanillier. Caféier. Libéria. Cacaoyer. Cocotier. Brochure in-8°, 1902. 2 » 6 LIBBAIIUK AUGUSTIN CHALLAMEL, 17, UUIC JACOB, PARIS CANNE A SUCRE BASSET (N.), niilcny du Guide du fahricanl de sucre Guide du planteur de cannes. Traité théorique et pratique de lu cul- ture de 1(1 rainie ii surre. Un fort volume in-8° de 890 pages, 1880. 12 » Etude botanique. — Variétés et modifications. — Composition de la canne aux diverses époques de sa croissance. Du sol propre à la canne. — Influence de l'eau, de l'air, de la chaleur et de la lumière. — Du défrichement, des amendements. — Préparation du sol, labours, plantation. — Buttage, sarclages et binages. — Soins d'entretien. — l';paillago, déclia\issement. — Irrigations. — Cultures intercalaires et auxiliaires. — Kngrais. Récolte, procédés suivis, défauts à éviter. — llendements et moyens d'augmentation. — Frais habituels et frais rationnels. — Sécheresse. — Maladies. — Animaux nuisibles. Notes compU'mentaires. — Bétail. — Cultures accessoires. — Exploitation abusive. BONAME (Plu) Ancien directeur de la station agronomique de ta Poinle-ù-I'Ure Culture de la canne à sucre à la Guadeloupe, n\ec notes addition- nelles sur la fabrication du sucre et sur la culture de quelques plantes tropicales, caféier, cacaoyer, bananier, 2" édition revue et augmentée, 1888. * 7 » Variétés. — Climat. — Terres propres à la canne. — Préparation du sol. — De la planta- tion, époque, choix du plant. — Composition de la canne à sucre. — Engrais. — Irrigation et drainage, Ijutlage, épaillage. — Maladie, animaux et insectes nuisibles. — Hécolte. — Richesse saccharine. — Culture des rejetons. — Durée des plantations. — Cultures intercalaires. — Rendement de la canne. — Composition des produits et résidus de fabrication. — Extraction du Vesou. — Prix de revient de la culture et de la fabrication. — De l'alimentation du bétail. — Des labours et de l'ameublement du sol. COLSON (LiiON) Président de la Chambre d'Agriculture de la Réunion. La Canne à sucre aux îles Hawaï et à la Réunion. []n fort volume in-8" avec figures et pliotograpliies, 1901. 12 » l'nE.MHinE Partie : La Canne à Sucre aux lies Hawai. — Géographie. — Sol. — Plantation. — Rejetons. — Engrais. — Irrigation. — Laboui-. — Assolement. — Variétés de cannes. — Rendement des cannes à l'hectare. — Main-d'œuvre. — Frais de coupe. — Modes de transport. — Renseignements généraux. — Station et laboratoire d'essais à Hono- lulu. — Association des planteurs Hawaïens. — Prix de revient de 100 kilogrammes de sucre. — Extraction du jus. — Epuration des vesous. — Concentration. — Cuites. — Turbines. — Rendements en sucre. — Mélasses. — Générateurs. — Prix de revient à l'usine. — Rensei- gnements généraux. Descriptions de plantations et usines modèles aux iles Hawaï. Deu.xiéme partie : La Canne à Sucre à la Rcanion. — Géographie. — Plantation. — Façons cullurales. — Assolement. — Variétés de cannes. — Maladies de la canne. — Fer- tilisation. — Irrigation. — Labour. — Transport. — Main-d'œuvre. — Enseignement agri- cole. — Prix de revient de la tonne. — Crédit agricole. — Stations expérimentales. Commerce général. — Fabrication. — Générateurs. — Esjiagne. — Maurice. — Cuba. — Prix de revient actuel. — Planteurs. — Change. OUVRAGES SUR LES CULTURES TROPICALES 7 CAFEIER RAOUL (E.), pharmacien en chef des colonies, professeur à l'Ecole Coloniale et E. Darolles, sous-intendant militaire. Culture du Caféier, semis, plantation, taille, cueillette, dépulpation, (lécorticage, expédition, commerce, espèces et races. 1 volume in-S", avec une pliototypie. — 2= édition, 1897. 7 » Cullure. — Habitat et zones de culture. — Choix du sol ; abris ; plantations en forêt ; pépinières. — Entretien ; fumures ; taille ; écunage ; engrais ; cueillette. — Données statis- tiques. — Maladies des Caféiers. — Analyses. Préparation du café pour l'exportation. — Comptes de culture : au Mexique ; au Brésil ; en Nouvelle-Calédonie. — Espèces et races de culture. Partie commerciale. — Cafés des Antilles et de l'Amérique centrale. — Cafés du Brésil. Cafés d'Afrique et d'Arabie. — Cafés de l'Inde, de l'Annam et du Tonkin. — Cafés de la Malaisie et des Iles Philippines. — Cafés des iles de l'Océan Pacifique. DELACROIX (D'' G.), maître de conférence à l'Institut National agronomique. Clief des travaux de Patliologie végétale. Les maladies et les ennemis des caféiers. Un volume in-8° avec gravures (-2° édition), 1900. o » Maladies non parasitaires. — Maladies parasitaires. — Champignons. — Maladies des feuilles. — Hemileia; apparence; développements; dégâts; histoire; répartition de la ma- ladie.— Koleroga. — Champignons maculicoles. — Sphœrella coffeicola et stilbum flavidum. Parasites animaux. — Insectes attaquant les feuilles; les branches ; le tronc. — Insectes terricoles. — Insectes attaquant les fruits. — Cochenilles, etc. BORDAS (L.), docteur es sciences naturelles. Contribution à l'histoire naturelle de quelques Gryllidœ, et notamment le Brachytrupeo Achatimes Stoll, qui au ïonkin cause des ravages dans les plantations de café. In-8% avec planche, 1900. 4 50 BOUTILLY (V.) Inspecteur-adjoint des Eaux et Forêts, ancien directeur du service forestier et des cultures secondaires du Crédit foncier colonial à la Réunion. Le Caféier de Libéria, sa culture el sa manipulation. \}n. volume in-8' avec 2 planches en photogravure, 1900. 3 50 Caractères botaniques. — 'Végétation ; produits. — Résislance à l'hemileïa vastatrix. — Sélection et adaptation au milieu. — Teneur en caféine. — Origine et propagation. ^Avenir du Libéria. — Habitats. — Pépinières ; plantation. — Fumure et engrais. — Récolte et ma- nipulation.— Dépenses et receltes. — Ennemis et maladies. — Greffage et hybridation. 2. 3 SO Considérations générales. — Historique. — Culture. — Climat. — Sol. — Maladies et Insectes. — Mulliplication. — Entretien. — Récolle. — Rendement. — Commerce. — Produclion dans le monde entier. — Le Quinquina à Java et à Ceylan. — Prix du Quinquina et des sels de quinine. — Appendice : Le Quinquina à Madagascar. A. JOLYET Inspecteur-adjoint à l'Ecole nationale des Eaux et Forêts. Le transport des bois dans les forêts coloniales, débardage, che- mins forestiers, glissoirs, transport par eau. In-S" avec figures et photo- graphies, 1903. 2 » HEGKEL (D-- Edouard) Directeur de l'Institut Colonial de Marseille Les plantes médicinales et toxiques de la Guyane française, catalogue raisonné et alphabétique, in-S», 1897. " 3 50 Les plantes médicinales et toxiques de Madagascar, avec leurs noms et leurs emplois indigènes (catalogue alphabétique), un volume in-8°, 1903. 4 50 RADISSON La Badiane. Culture. Distillation. Commerce. Br. grand in-8°, 1898. » 50 PERROTET (G.-S.) Art de l'Indigotier ou traité des Indigofères tinctoriaux et de la fabrica- tion de l'Indigo. In-8», 1842. 3 50 LAURENT (L.) Docteur es sciences, chargé d'un cours à la Chambre de Commerce de Marseille. L'Or, dans les Colonies françaises. Un volume in-8», avec figures et deux cartes, 1902. 5 » Historique. — Gisements. — Traitement des minerais aurifères. — L'or dans les alluvions. Traitement de l'or filonien. — L'or dans les colonies françaises : gisements, géologie, e.xploitation, commerce. ■WATELIN (L.-Ch.) Culture du Maguey (Agave). Notes sur le Mexique. Br. in-8", J900. 1 50 •WILDEMANN (E. de) Conservateur du Jardin botanique de l'Etat à Bruxelles Notices svir les plantes utiles ou intéressantes de la Flore du Congo. 1 vol. iu-8" avec gravures, 190i. i 50 16 LIBRAIRIE AUGUSTIN CHALLAMEL, 17, RUE JACOB, PARIS ELEVAGE LAFORGUE, ingénieur agronome. L'Elevage en Nouvelle-Calédonie. l\ol. in-8" avec gravures, paraîtra lin J904. » » Climat. — Sol. — Origine du bétail calédonien. — Pratique actuelle de l'élevage. — Ele- vage rationnel. — Pâturage. — Les sauterelles. — Marquage. — Castration,s. — Budget d'une station. — Avenir de l'élevage calédonien. — Consommation. — Production. BOURGES (J.), vétérinaire en premier. Les Animaux domestiques au Soudan et au Tonkin, Climatologie, agriculture, fourrages, hygiène des équidés d'importation, pathogénie, un volume in-8", 1893. S » RAMIN (Alphonse) Elevage du Mouton. Australie-Algérie, traduit de l'anglais et annoté par A. Ramin, préface par G. Bonvalot. Vol. cartonné^ in-16, 1892. 1 75 BOSSIÈRE (René-E.) Etude sur l'élevage du Mouton dans le monde. Petit in-18, 1901. » 75 FOREST (J. AlNÉ) L'Autruche et la colonisation. Br. in-H», 1894. 1 » OUDOT (Jules), ingénieur civil. Le fermage des Autruches en Algérie (incubation artificielle). 1 vol. in-S» avec planches, 1888. 7 » EVANS (G. -H ), superintendant du département vétérinaire de la Birmanie. Traité sur les Eléphants. Leurs soins habituels et leur traitement dans les maladies. Un volume in-8° avec figures et planches hors texte, 1901. 10 » BOURDARIE (Paul) Domestication de l'Éléphant d'Afrique, Brochure in-8°, 1897. 1 » MASSOL (J.), du Tarn. Prés, foins et bétail en Algérie, ou Prairies naturelles et artifi- cielles. 1 vol. gr. in-8°, 1838. 5 » FEREZ (Victor) et SAGOT Le Tagasaste (cytisus proliferus varietas), fourrage important. Brocliure in-8", 1892. 1 50 Alenyon. — Imprimerie A. HERri.v, 9, rue du Cygne. — 13282 LIBRAIRIE MARITIME ET COLONIALE AUGUSTIN CHALLAMEL PARIS — 17, Rue Jacob, 17 — PARIS SPÉCIALITÉ D'OUVRAGES SUR LES COLONIES FRANÇAISES L'ALGÉRIE-L'ORIENÏ Etudes des Langues. — Voyages. — Sciences. — Histoire Naturelle CARTES DES COLONIES FRANÇAISES et Cartes géographiques diverses OUVRAGES SUR LES CULTURES TROPICALES ET LES PRODUCTIONS DES COLONIES Publications de l^Institut Colonial de Marseille OUVRAGES DE L'INSTITUT COLONIAL INTERNATIONAL DE BRUXELLES ET DE LA SOCIÉTÉ D'ÉTUDES COLONIALES DE BELGIQUE Publications du Ministère des Colonies A l'occasion de l'exposition universelle de 1900 Le catalogue est envoyé franco su/- demande YILMORIN-ANDRIEUX k C 4, Quai de la Mégisserie, PARIS LIANE A CAOUTCHOUC (Landolphia Florida) B_^ La Maison VILMORIN-ANDHIEUX ET C'^, toujours sou- cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir s'occuper d'une t'ai;on toute particulière de l'importatiou et de la vulg^a- risation des gjraines et plantes précieuses des pays chauds. Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent certainement au premier rarip^ des maisons recommandables pour cette importante question. Du reste ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a obtenu 7 Grands Prix à L'E.rposUion Universelle de it)oo, dont un spécialement accordé pour son Exposition Coloniale. En outre, le Jury de" la dernière Exposition d'Horticulture de Paris de 1901 vient à nou- veau de confirmer les décisions du Jury de l'Exposition universelle en lui attribuant le Pria; d'Honneur pour sa collection de plantes utiles présentées en jeunes sujets cultivés pour l'exportation dans les pays chauds. Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se t'ait un devoir de répondre de la façon la plus désin- téressée à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à, mesure de la récolte : Plantes textiles- — Agave Sisalana du Yucatan (vraii, Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroya gigantea, etc. Plantes économiques- — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola, Tabacs divers, Thé d'Annam et d'Assam, etc. Plantes à. caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis, Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, "Willughbeia edulis, etc. Plantes à épiées- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivrier, Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'outre-mer sur l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Wardj poin- l'expédition des jeunes plants ou des graines en stratification. 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La reproduction complète d'un article ne peut être faite quaprén autorisation spéciale. Les citations ou reproductions partielles sont autorisées à condition de mentionner la source. y PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feuilles grand in-8° parait tous les deux moix PARIS — Augustin CHALLAMEL, Éditeur, rue Jagoh, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies, : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONUL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles grand in-8° parait tous les mois PARIS — Augustin CHALLAMEL, Éditeur, rue Jacob, 17 PRLX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLICATION TRIMESTRIELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial PUBLICATION MENSUELLE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications; Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. - Colonies et Union postale, 6 fr. COmiPÂGNIE DU GÂZ CLÂYTOH Procédés et appareils de désinfection et d'extinction 20, RUE Taitiîout PAI^IS Ailresse télérjraphiiiae : Cluijgnz-Pdi-is Téléph. 322-73 Code abc /(•' éd. iniglais — 322-74 — Az IVaiirais L'appareil Clayton est employé par le Ministère des Colonies, pour ladésintection des hùpilaux, lazarets, casenieineiits, ])oiir la destriu'lion des lermiles. etc., etc. II est admis pour la désinseclion des établissements de l'Assistance publique. BENEDICTIN! ^af^sr^r^r^r^y<^r^r^ 65 ANNÉES DE SUCCÈS ^ HORS CONCOURS. PARBSalSOO ^ RIGOLES CALME la SOIF et ASSAINIT l'EAU CONTRE ■ Maux deTêle. d'Estomac, IndiiestiODS.Cliolérine EXOBLLENTpout les DENTS et laTOILETTE PRÉSERVATIFcontreles ÉPIDÉMIES EXIGER du RICQLÈS Se trouve dans les colonies, chef les principaux importateurs Jocaux. Inspecteur Colonial : ^" F. FASIO1 56, rue d'Isly, ALGER. •>s^>^^ v^ HratturTfuxtMimamBijglllg V. V E R M 0 R E L 0-^0. >î.. Constructeur, Villefranclie (Rliûne) PULVERISATEURS ET SOUFREUSES APPAREILS A GRAND TRAVAIL A BAT ET A TRACTION Solidité — Durée — Bon fonctionnemen Bouillie instantanée "ÉCLAIR" Les appareils sont livrés avec garantie ' Eclair Tu8f.i.i.£ Demander Cataloçyue et Renseignements à V. 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LE TAXIPHOTE sécurité absolue des diapositifs. \ Exposition de Paris 1900 : 3 GRANDS PRIX — 3 Médailles d'Or I Exposition de St-Louis 1904 : 3 GRANDS PRIX VOIR L'ANNONCE DU NUMÉRO PRÉCÉDENT — o — SEULGRANDPRIX pour les Machines agricoles françaises à TExposition Universelle de Paris 1889 — o — — 0 — HORS CONCOURS Membre du Jury international à l'Exposition Universelle de Paris 1900 — 0 — MATÉRIELS COMPLETS pour TOUTES CULTURES Outils spéciaux pour la Culture coloniale nATAlor.IIE ET RENSRKÎNKMENTS FRANCO SlHi DEMANDE LA MEILLEURE CHARRUE La plus pratique et la plus per/'ectioitiiée est le BRABANT DOUBLE tout acier oeA.BAJAC *'""* Ingénieur-Constructeur à LIANCOURT-Oise (France) L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 5e année Février 1905 No 23 SOMMAIRE DOCUMENTS OFFICIELS Nominations et mutations dans le personnel agricole 89 Congo français. — Arrêté prescrivant des pénalités contre les auteurs d'incendies des Savanes herbacées 90 Madagascar. — Décretprorog-eant jusqu'au 3 1 décembre 1 906, l'inter- diction d'exporter des vaches et g-énisses hors de la colonie de Madag'ascar, et maintenant à i5 francs le droit de sortie sur les bœufs 91 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les caféiers sauvages de la montagne d'Ambre (Madagascar), par M. Marcel Dubard 92 La Sériciculture à Madagascar {Km^^oviàe la direction de l'Ag-ri- culture) {suite) 10 1 La Ramieet ses analogues aux Indes anglaises, par M. Big-le de Cardo {suite] 112 Le Cheval au Soudan (Extrait d'un rapport de MM. Pierre et Monteil sur l'Elevag-e au Soudan) 1 26 L'Elevage à la Nouvelle-Calédonie, par M. Lafforg-ue (fin) i^o Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds, par le D'' G. Delacroix (suite) i55 NOTES La culture du tabac dans la vallée de VIvoilana 168 Production du coton dans les colonies allemandes 171 Odonates de Grand Bassam 1 74 CHEMINS DE FER DE L'OUEST PARIS A LONDRES via Rouen, Dieppe, et Newhaven, par lu gare Saint-Lazare. Services rapides de jour et de nuit tout les jours (y compris les dimanches et fêtes). Grande économie. — Trajet de jour en 9 heures, 1'" et 2c classes. Billets simples valables 7 jours. [■•e classe : 48 fr. 25 — '2« classe : 35 fr. — 3« classe : 23 Ir. 25. Billets d'aller et retour, valables un mois, f^ classe : 82 fr. 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — 3« classe : 41 fr. 50. Départs de Paris \ Saint -Lazare , 10 h. 20 matin et 9 h. 30 soir Arrivées à Londres iLondon-Bridgei, 7 h. soir et 7 h. 30 matin. Arrivées cà Londres i Victoria), 7 h. soir et 7 h. 30 matin. Départ de Londres (London Bridgé), 10 11 matin et 9 li. 10 soir. Départs de Londres ( Victoria), 10 II. matin et 9 h. 10 soir. Ari-ivées à "Psiris {Saint - Lazare] , 6 h. 40 soir et 7 h. 05 malin. Voitures à couloir dans les trains de marée de jour entre Paris et Dieppe. Des cabines particulières sur les bateaux sont réservées sur demande préalable. La Compagnie de l'Ouest envoie l'ranco, sur demande affranchie, des petits g-uides indicateurs du service de Paris à Londres. CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLEANS L'HIVER A ARGACHON, BIARRITZ, DAX, PAU, etc. Billets d'aller et retour individuels et de famille de toutes classes. 11 est délivré toute l'année par les gares et stations du réseau d'Orléans pour Arcachon, Biarritz, Dax, Pau et les autres stations hivernales du midi de la France : l'J Des billets d'aller et retour individuels de toutes classes avec réduction de 25 0/0 en [r-> classe et 20 0/0 en 2« et 3e classes; 2' Des billets d'aller et retour de famille de toutes classes comportant des réduc- tions variant de HO 0/0 pour une famille de 2 pei'sonnes à 40 0/0 pour une famille de 6 personnes ou plus; ces réductions sont calculées sur les |)rix dn tarif général d'après la distance parcourue avec minimum de 300 kilomètres aller et retour compris. La famille comprend : père. mère, mari, femme, enfant, grand-père, grand'mère, beau père, belle-mère, gendre, belle-Rlle, frère, sœur, beau-frère, belle sœur, oncle, tante, neveu et nièce, ainsi que les serviteurs attachés h la famille. Ces billets sont valables 33 jours, non compris les jours de départ et d'arri- vée. Cette durée de validité peut être prolongée deux fois de 30 jours, moyennant un supplément de 10 0/0 du prix primitif du billet pour chaque prolongation. CHEMINS DE FER DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE VOYAGES CIRCULAIRES A ITINERAIRES FIXES Là Compagnie délivre toute raiinée, à la gare de Paris-Lyon, ainsi que dans les principales gares situées sur les itinéraires, des billets de voyages circulaires à itinéraires fixes, extrêmement variés, permettant de visiter en !''<' et 2« classes, à des prix très réduits, les contrées les plus intéressantes de la France, ainsi que l'Algérie, la Tunisie, l'Italie et l'Espagne. Les renseignements les plus complets sur les voyages circulaires et d'excursion (prix, conditions, cartes et itinéraires) ainsi que sur les billets simples et d'aller et retour cartes d'abonnement relations internationales, horaires, etc., sont ren- fermés dans le Livret-Guide-Horaire P.-L.-M. venduau prix de 0 fr. 50 dans toutes les gares du réseau. VOYAGES CIRCULAIRES A ITINÉRAIRES FACULTATIFS SUR LE RÉSEAU P.-L.-M. La Compagnie délivre toute l'année, dans toutes les gares, des carnets individuels ou de famille pour effectuer en ire, 2" et 3« classes, des voyages circulaires à iti- néraires tracés par les voyageurs eux-mêmes, avec parcours totaux d'au moin 300 kilomètres. Les prix de ces carnets comportent des réductions très importante qui peuvent atteindre, pour les carnets de famille, .50 0/0 du tarif général. La validité de ces carnets est de : 30 jours jusqu'à 1 oOO kilomètres; 43 jours de 1.50L à 3 000 kilomètres; fiO jours pour plus de 3 OOO kilomètres. Elle peut être prolongée deux fois de moitié moyennant le paiement, pour chaque prolonga- tion, d'un supplément égal à 10 0/0 du prix du carnet. Arrêts facultatifs à toutes les gares situées sur l'itinéraire. VOYAGES INTERNATIONAUX A ITINÉRAIRES FACULTATIFS CHEMINS DE FER DU NORD PARIS-NORD A LONDRES Via Calais ou Boulogne. Cinq services rapides quotidiens dans chaque sens. Voie la plus rapide. — Services officiels de la Poste. {Vid Calais). 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La collection jusqu'à ce jour comprend 4 volumes : i*^ Juillet 1901 à Juin 1902 i volume in-8*^ 20 fr. 2° Juillet 1902 à Juin 1903 i — — 20 3° Juillet 1903 à Juin 1904 i — — 20 4.^ Juillet 1904 a Décembre 1904 i — — 10 [Envoi franco contre mandat-poste.) A partir de ce numéro le périodique devenu mensuel {chaque numéro 80 pages au moins) formera chaque année Deux volumes in-S" de 500 pages environ chacun. PRIX DE L abonnement ANNUEL (^France, Union postale) 20 fr. Adresser demandes d'abonnements et mandats à M. Augustin GHALLAMEL, Editeur, 17, rue Jacob, Paris (VP). ♦♦♦«♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ ♦ ♦ ♦ FABRIQUE SPECIALE ♦ t D'ORDRES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS ♦ I G. LEJviAITRE | ^ Fournisseur de plusieurs Chniiceileries ^ X PARIS t J 5 his, rue du Loxtvro fci-deiuinf, <^o, rue CorjiiilUère) x ♦ Téi.-|)hoii.- 281-^6 ♦ ♦ GRAND PRIX — EXPOSITION universelle de isoo - MEDASLLE D'OR ♦ LIBRAIRIE — PAPETERIE COMMERCIALE M J. 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TAUPIN & C'% Successeurs 50, rue Paul Bert - HANOÏ (Tonkin) OUVRAGES NOUVEAUX PAR CHAQUE COURRIER PAPIERS - IMPRESSIONS EN TOUS GE'NRES A-PiTIOLES IDE BXJREATJ CRÉ8YL-JEYE8 Désinfectant - Antiseî tique - Parasiticide , le seul li'iiiie KITuacilc Antise[)ti(|ue scienti- fiquement (kmonlrée, ;iy;iht olilenii la Méi/ai/le d'Or à VE.f/josili(in Universelle de /'(iris i(|oo, ^ ^^_ la plus haute récompense décernée au. r Désiii:ec- tants- Antiseptiques. Adopté parles Ecoles nationales Vétérinaires, les Ecoles il'Auricullure, d'Aviculiure, les services d'Hvuiène de Paris cl des Départements, les Services Vélérinaires de rAnnée, les Mniiici- palilcs, Hôpitaux-, les Hnras, etc. Le Crésyl-Jeves » est indispensable pour l'A-isain'ssement et, des Exploitations agricoles, pour assainir et déoiur^'lci' les loi-.iiix EtaW'es — Pour cloiçncr les Rats et les Soiiiis et loiile vermine I\, pandu sur les mares c< les Eaux stai^Tiantes. le " Cri'syl-Jeycs » détruit les Larves de Moustiques eldcsiifecle en supprimanl les miasmes dangereux. Envoi framo sur demande de Brochure o.veo Prix-Oourant et iVIo-le d'emploi. /?e/'H.ellulcs données aux indij^ènes qui viennent directement et spontanément s'adresser à la Direction de l'Agriculture. \ Cellules envoyées à Tamata\e Cessions directes aux indi- iiènes Cellules mises en éclosion à la Station d'essais de Nanisana Station d'essais de Tama- tave ToTAIX Tota /à litre d'essai. .5435 1 jiénéi S. SOS ■al.... 1 2 . S 1 l . 25.16.1 Remarques (jénéralea. — l*our 1904, dont les cessions se montrent déjà plus élevées que celles de 1903, il y a lieu de faire remarquer que ce tableau a été arrêté au I"' avril dernier. — Pour avoir les chillVes délinitifs de lannée couinante, il faudra ajouter à ceux donnés ci-contre les cession.s qui seront faites à la lin de 1904, au début de la prochaine campai^ne séricicole. L'examen de ce tableau permet de se rendre compte que de plus en plus les Malg-aches s'adressent spontanément et directement à la station de Nanisana pour se procurer des cellules. — Ils se sont montrés méliants au début, puis peu à peu ils ont reconnu la (pia- LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 105 lité supérieure des cocons obtenus avec les g-raines du Service de l'Agriculture, et hésitent de moins en moins à venir trouver soit M. Piret, soit M. Ag-niel, qui ne manquent jamais de profiter de ces visites intéressées pour montrer aux Malg-aches les éducations en cours, et pour leur donner des conseils sin- les soins à donner aux vers et sur la manière de s'y prendre pour bien réussir. Malgré tout, il y a encore beaucoup de progrès à faire de ce côté ; im grand nombre d'indigènes se procurent encore des œufs de mau- vaise qualité sur les marchés des environs de Tananarive. On ne pouvait d'ailleurs pas songer à supprimer les anciennes habitudes, dans l'espace de quelques mois ; mais il y aura intérêt, dès qu'on le reconnaîtra possible, à interdire complètement aux Malgaches le commerce des œufs de vers à soie. La Direction de l'Agriculture otfrant ces graines à titre gratuit, les indigènes n'ont aucune raison sérieuse à invoquer pour ne pas les employer de préférence aux mauvaises pontes qu'ils produisent eux-mêmes, et dont ils ne peuvent tirer qu'un produit fort médiocre. 11 est même très désirable, dans l'état actuel de la sériciculture, que les colons européens ne se préoccupent pas eux-mêmes des questions de grainage, afin d'éviter plus sûrement la dégénérescence des vers. Le grainage cellulaire exige à Madagascar les mêmes soins qu'en Europe. Cette opération présente d'autant moins de difficultés que la température demeure plus régulière au moment de la ponte. Ce sont donc, de même que pour les éducations, les grainages de sai- son sèche et froide qui donnent les moins bons résultats, à cause de la température et de la rareté des feuilles de mûrier qui, à cette époque de l'année, ne permettent pas d'entreprendre des édu- cations assez importantes pour procéder à une sélection aussi soi- gneuse qu'à l'ordinaire. Il sera donc utile d'essayer de supprimer le grainage de saison sèche, que je crois devoir considérer comme anormal, en recher- chant un moyen pratic[ue de conserver les graines produites à la fin d'avril jusqu'au mois d'octobre ou de novembre suivant. Nous signalerons, avant de quitter cette question, une particu- larité présentée par l'une des variétés de « Sericaria mori » actuel- lement en observation à Nanisana. 11 s'agit de l'espèce qui a été envoyée à la Direction de l'Agricul- ture par les soins du Jardin colonial, sous la dénomination « Blanc Bulletin du Jardin colonial. 8 COLONIE 1>K MAKAGASCAH KT IIKI'EMIANCES SERVICE DE lt|Ui:CTI()N DlC I. ACiltlCriTlHE (^>nlnl(MU•l•c \c I 2 Xiivciuhic l'.toî'. Aclicvôe le i:< Dt'cemhro 1902. ImIiiciI ioi MARCHE DE L'ÉDUCATION novi'iiibrc 12 13 1 i K) lij 17 18 19 20 21 22 23 24 25 2 fi 27 2 S 29 30 déch'" 2 3 i 3 6 7 S 9 10 II 12 13 TOTAl'X OU moyennes TEMPERATURE > ■r. 24 23 23 21.5 23 23 23.5 22.5 22.8 24.5 22.5 23.2 24.5 22.5 23.2 2i 22 5 26.2 24 22 22 . 4 24 23 23 2 24.5 23 23 . 4 25 24 21 25 23.5 24 25 21 21 25 23 23 24 22.5 23 23 22 21.8 23 21.3 22 23 21.5 21.6 21.5 20 . 5 21.6 21.5 20.5 20.6 22 21 21 23 21 21.6 23 21. 5 21.6 23 . 5 22 22.4 24 22 23 21 23 23 . 2 24 23 23 . 2 24 23 23 21 22.5 22.6 24 22 22.6 23 . 5 22 22 .2 22.5 21 21 20 2] 21 23 . f)2 22.25 22.52 23.6 23 23 . S 21 24 23 23 o ■■O 2 1 23.6 24 . 2 24 24 23.6 24 24.4 2i. i 24. 1 23 24 25 24 25 21.2 25 23 24 23 23 22 23 22 22 22 21.5 21 21 21 22 21.6 23 22 23.4 22 . 3 23 23 24 23 24 23.2 24 23.6 24 23 21 23 23 . 5 22. i 23 . 3 22. 2 22 21.5 22 2J.3 22.5 22.87 23.4 s 23.3 23.2 23.6 23 7 23.7 23 23.1 21 24.1 24.3 24.3 24 . 4 22.3 3 22.2 22 21.7 21 .2 2 1 2 21.8 22.3 3 1 3 1 6 3 23 23 23 23 23 23 23 22. S 22.1 21.3 21.6 22.93 Q U A X '1' I 'l' i^: y. 10 12 20 40 45 1 3 70 100 150 130 40 20 15 40 15 1 00 I 30 60 15 40 50 1 20 170 60 20 30 60 130 10 100 Total 1 k. SS7 Si 2'' AliK 170 230 400 3,S0 X 130 120 250 200 220 230 300 130 230 100 :'>30 io Toi al 3 k. 340 UT, OBSERVATIONS Kclosiou prompte et i-égnilière. Toutes les mues ont été très léitiilières. Les rentrées et les sorties des mues se sont bien ell'ectuécs sans maladie ni prric de \fis. I^a pro|)ortion des cocons doubles a été ])lus forte cpie d'iiabil iidc à cause du maiicpu- au moment de la montée en bruyère. Les feuilles consonunées par cette éducation ont été de bonne ipialilé. Les cocons ont supéi'icurs à ceux obtenus précédemment. Aucune trace de maladie. ! spac.j biei Résultats obtenus : Poids total des cocons (Vais : 22 kil. 660 jfranimes. Nombre total des cocons obtenus : 11 .77S c 'ocon> Vu et v(''i-ilié : Le Sous-lnspecleiu', clief de la Circonscription afiricoli- du Centre. PlIUÎT. SERICICULTURE MA(;.\.\M:mio \>h A. l AY.S.l xV.4 I'r(i\ cnancf de la ^l'ainc. Jaune mal. Eenle ])rofessionnelle B (Éducation n" 4 ;. (Juaulité de j^raine employée : 10 firammes. Jaune mat. Ecole professionnelle C. ET RENSEIGNEMENTS DIVERS DE FEUILLES CONSOMMÉES 'A u 3'^ AGE 1" .VUE r.T 5" .\GE -J. ■s. ■j. ■I. X X X ■r. X X X X X X X ^ '■^ ÎJ ^ o Cj rj o — o o " '— " "z f^. :- ^ '-^ -'. ^ ^ 3 C) O o o ii c^ 3i ^ o ^ — ^ IJ o 2 to w- ^1 M 'O ■^ o Cl .-c '■C •c o r^ ?0 o o o 5 .^^ O Cw ■^ r^ Si o i-*. G E ¥^ = Cj ^ -u /. — Q ri Cl o 1; X Cj -^ ' ^ ■J. 550 600 750 700 600 ,^ 'O o .£ SOO 1)00 SOO SOO 1.000 n ^ _^ 1.000 1.200 1.000 700 SOO cï ^ ■f^, s^ :: 1.000 700 600 900 loo ^ X -r^ o o 500 ■loo 300 350 SOO >•. ^- ^* "*^ /- CS c I.SOO 7.500 1.200 1.200 1.200 X ^ c oiE 1.500 1.500 1.500 1.500 I.SOO J5 <5 o "^ S 1.500 2.000 1.500 1.500 1.500 g. U ^ -:u =- 1.600 2.000 1.800 2.000 I.SOO , .C 5 •7- X ce O 1.700 1.500 500 1.700 1.000 500 1.600 600 I.SOO 500 1.500 100 es 2.200 2.300 2.400 O o ■^ , i- :- -^ 4.000 3.600 3.000 2.500 3.900 ~ o '"■ :/: c 1.500 i.OOO 1.200 3. S 00 4.800 o X 4.500 5 000 0.500 4.000 6.000 X ^ 3 «^ 6.500 6.000 6.000 6.000 6.500 SOO 1(10(10 6.000 6.000 S. 000 a> - -3 7.000 6.000 4.000 4.000 5.000 t^ ;s 4.000 3.000 2.000 2.000 3.500 — r- . p ce 2.600 1.200 1 .500 X r^ •o SOO 600 600 ÎJ ^ ^ 200 300 200 500 1J X ^. Total ^ Total ,<, Total •^ 17 1 c. 750 j?r. 1^ ii k. 500 i^T. iss k. 750 gr. Total j^énéral : 25s kil. 327 j;r. POIDS gl .VNTITÉ QUANTITES par kil. (Cocons de bonne qualité kilos 21 .300 120 1.120 Néant 120 Néant Il .2S9 70 335 Néant S4 Néant 530 (Cocons dél'ectueu.v 489. Fondus Doubles Satinés Faibles \'ides TOT.VI 22.660 Le (^imtremaitre de Séiicicultiire. Agmel. 108 ÉTUDES ET WÉMOIHES de Turquie ». — Les œufs poudus par les papillons de cette variété n'adhèrent pas au tissu sur lequel ils sont déposés par la femelle. — Ceci implique, pour faire le grainage cellulaire, la nécessité d'en- fermer chaque papillon femelle dans un petit sac, au lieu de se contenter de le poser sur un simple morceau de toile rectani^ulaire, comme on a coutume de le faire avec les autres variétés. 6° Expériences Séricicoles. — La surveillance des essais de sériciculture est confiée à un contremaître, M. Ag-niel, praticien habile qui s'acquitte de sa tâche, aussi bien qu'on peut le désirer, et a tout de suite compris Futilité d'enregistrer au fur et à mesure, et avec le plus grand soin, comme je le lui ai demandé dès le début, toutes les observations et tous les détails, même en apparence les plus futiles, recueillis pendant les éducations. Nous ne nous attarderons pas ici sur les résultats donnés par les nombreuses expériences déjà exécutées à Nanisana. On trouvera tous ces renseignements dans la troisième partie de ce rapport notre but est simplement d'indiquer maintenant comment on s'est arrangé pour recueillir régulièrement et sans omission tout fait intéressant à conserver, et toute indication permettant de déter- miner ultérieurement les variétés ou les éducations donnant les meilleurs rendements. Pour arriver à ce résultat, chaque élevage et chaque espèce de vers sont suivis au moyen de grands tableaux, qui doivent être con- stamment tenus au courant par le contremaître de sériciculture. On trouvera, pages 106 et 107, un modèle de ces tableaux qui fera comprendre de suite la nature des renseignements qu'ils permettent de recueillir d'une façon très régulière et sans crainte de voir l'agent chargé de ce travail oublier de temps à autre une indication essentielle. — On peut ainsi, à la fin d'une éducation, savoir d'une façon absolument précise tous les résultats quelle a donnés, et se rendre exactement compte de la marche des essais, des ellèts de la sélection, par exemple en comparant le dernier tableau aux précé- dents. Ces tableaux indiquent d'abord la quantité de graines employée, et le nom de l'espèce mise en éducation. On trouve ensuite, dans une série de colonnes, les températures extrêmes de cha(|ue jour à l'intérieur des chambrées, puis les températures ordinaires obser- vées à six heures du matin, à onze heures et à six heures du soir. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 109 — Des renseignements sur l'éclosion, sur les mues et sur la montée peuvent également être inscrits dans des colonnes spéciales, sépa- rant les âges les uns des autres et portant sur le tableau les indi- cations suivantes : Éclosion, l''' mue, 2'^ mue, 3'' mue, 4" mue, montée. On peut inscrire, en outre, pour chaque âge, la quantité de feuilles distribuées à chaque repas, et connaître de cette façon comment se répartit, entre les dilTéi^entes phases de l'existence des vers, la tota- lité des feuilles consommées pendant l'éducation. Une dernière et large colonne permet l'enregistrement des obser- vations diverses. Le bas de ce tableau sert à inscrire les résultats obtenus, c'est- à-dire : 1° Le poids total et le nombre de cocons frais ; 2" Le poids total des feuilles absorbées ; 3" La quantité de cocons de bonne qualité et celle des diverses espèces de cocons défectueux ; i" Le nombre de cocons frais contenus dans un kilogramme. Le dépouillement des tableaux de ce genre est assez long ; en outre, il est difficile, sans les résumer, lorsqu'on a à étudier les résul- tats de quelques dizaines d'éducations, de faire des comparaisons entre les chiffres portés sur chacun d'eux ; enfin sous certains rap- ports (calcul des rendements) ils sont incomplets. Afin de remédier à ces inconvénients, on résume et on complète maintenant chaque tableau sur des feuilles spéciales (bulletin d'édu- cation) permettant d'apprécier rapidement la marche des élevages et les rendements. Ces bulletins sont établis au fur et à mesure par le contre- maître de sériciculture, et vérifiés par le chef de la Circonscription agricole du Centre. Ces bulletins n'étant en définitive qu'un résumé succinct mais précis des tableaux précédents, il n'est pas utile d'expliquer longuement ce qu'ils contiennent. Un simple coup d'œil jeté sur le modèle suivant en donnera une idée beaucoup plus exacte que tout ce que nous poum'ions dire. 110 ÉTUDKS KT MÉM(»lUi;S lU'I.LKIIN d'ÉDICATIOiN iN" () [ Température maxima : 27" * Température minima : 20" Educalion normale n" (> ' lempt f Moyenne diurne : 21" à 2o" 2 Durée de l'éducation : Ui mars 1902 au 16 avril 11,)03 = 32 jours. Graine employée : o grammes. « Jaune Mat » lu'ole profession- nelle E. provenant de « Janne Mat » Ecole professionnelle 1). l*^"' âge. Température moyeniu- : 24° 7 2e -L 2:î" 3« — — ^{"H.'.'.'.'.'. 4e 22« 7 ")" — — 21" 9 '!..'' Totaux nrnKK Ki:i II.I.KS consouimées en kil. 5 jouis 4 ' — ") — 7 — 11 — U . G'.).". j l.îilO (1.1 '.10 i7.()4;i 9.3 . G9() 32 jours 119.130 N. B. — Bonne éducation. T'n tout petit peu de tlacherie et de pébrine. A la tin de la 4'' mue, feuilles laissant un peu à désirer comme qualité. liendcmcn/. Cocons frais de bonne qualité : 10 kilos =rr93.(ii %. — doubles — 0.410 = 3.8:J — — fondus — O.lT-i = 1.03 — — faibles — O.OO:; =: 0.88 — Divers défectueux — — — Nombre de cocons frais par kilo!.>;-rammes -= o20. Rendement en cocons frais par 10 i^r. de graines = 21 kil. 300. Quantité de feuilles nécessaires par 10 ^v. dei^raines= 238 kil. 200. — par kilo de cocons fi-ais =11 kil. I oO. — par kilo de soie ii^rèii^e = Nanisana, le Le CDuIroiiiaUro do Scricnlture, Agmkl. Vu et vérifié : Le Sous-Fnspecfeur de V Are de Hamie, donné dans le premier volume de cet ouvrag-e, très peu de chose d'un caractère nouveau a été appoi'lé pour faire la lumière; Le développement de cette fibre a lentement prog'ressé, avec une assurance plus «grande que n'eût lait le cas de ([uelque évolution violente. En même temps, une com[)araison de la situation présente de l'industrie du Uliea avec celle d'il y a >ing[ ans, ou même la moitié, le ([uart de cette période, révélera combien étonnamment l'attention du public a été portée vers ce sujet. Les annales des (Jflices de BreA^ets en Grande-Bretag-ne, en France, aux Etats-Unis, et dans l'Inde, ont été encombrés par lenreg'istrement de prog'rès et procédés, (jui tous amélioraient, ou prétendaient avoir amélioi-é, les méthodes anciennement en usag-e pour séparer. |)urilier et utiliser la fibre. Des applications et machines ont été inventées : (a) pour décortifjuer les tig-es en rubans d'écorce contenant la libie ; (b) pour isoler la fibre des lanières d'écorce sèche ; (c) pom- purifier et dégommer la fibre; et (d), pour la filer et tisser en fils, cordes et matières textiles. Dans quelques-uns de ces brevets, on soutient (pie de bons résultats peuvent s'obtenir seulement de tiges vertes ; dans d'autres, que les tiges sèches sont également utilisables. Tou- tefois, le prix du fret, accru par le transport du bois contenu inu- tilement dans les tig-es, vers un centre manufacturier lointain, a fait LA HAMIK 115 naître des pi-océdés spéciaux de décortication à eiuplover sur place. Dans quelques brevets le rouissag'e a été recommandé, dans d'autres condamné ; et à la fois, les méthodes chimiques et mécaniques de décortication ont été les unes et les autres vigoureusement déten- dues. Des lanières sèchesdécorceontétépréparées dans levoisinag'ede la culture et expédiées à l'usinier poui' subir le traitement ultérieur, — séparation et purification de la fibre. Peut-être, pourtant, que le meilleur des proj^rès modernes a été la cond)inaison de la décortica- tion et (le la purification dans une seule et même opération. La jus- tification de celle-ci repose dans léconomie efîectuée, et dans cette tht>orie cpu' les assises les plus internes de la fibre sont plus fines, et ainsi plus facilement attaquées par les réactifs chimiques ; elles coii tiennent aussi moins de g'oinme que les assises extérieures, et de là le traitement des rubans ou lanières d écorce serait accompagné d'effets préjudiciables à certaines portions de fibre. D'un autre coté, les examens chimiques et microscopiques accomplis par quehjues experts français pourraient être regardés comme jetant un point de doute sur le témoig'nag'e qu il existe un dé[)ôt de gomme plus lourd dans les couches extérieures de la fibre que dans celles intérieures. Demeurant satisfait de cette brève revue, comme indiquant quelques-uns des traits principaux de l'àpre concurrence dans les brevets sur le Rhea, on peut dire que, de (|ue]que moyen que la fibre soit séparée, le Rhea a maintenant atteint pratiquement une place marquée dans le commerce. Les diflicultés réputées insurmon- tables, sur lesquelles tous les premiers écrivains se sont ap[)esan- tis, ont virtuellement dispai'ues ; il est ordinaire d'avoir eu en main, comme preuve des mérites de tel ou tel procédé, des échantillons d'une belle fibre de Rhea dun bla.;c d'argent, des fils fabri((ués avec elle, des nappes de table, des rideaux, et d'autres tissus semblables fabriqués avec cette admirable fibre. L'écrivain a eu le plaisir d'exa- miner plusieurs échantillons pareils, dans les liasses de correspon- dance entretenue par le Trésor et le Département de l'Agriculture. Mais en préparant le présent article avec les Extraits des Archives du Gouvernement de ITnde, il a été contraint de publier seulement un résumé de quelques-uns des documents les plus remarquables, lires des volumineux matériaux mis à sa disposition. Depuis la date oîi les remarques ci-dessus concernant les brevets apparurent tout d'abord, le Rullelin de Keir a publié le rapport de M. D. MoiîRis sur les expériences dont il fut témoin à Paris en IIG ÉTUDES ET .MÉMOIRES Octobre 1888, au sujet de Textraction et de la purification de la fibre de Ramie. Quatre machines furent exhibées, trois fonction- nèrent. Celles-ci étaient : la machine de Landtsheer, la machine Barbier, et une machine de la G'" Américaine des libres. Elles ont paru être plus ou moins similaires à la machine Death et Ellwood, décrite à l'article Bœhmeria nivea, vol. I, 481, de cet ouvragée. Le procédé chimique Royer fut aussi exposé, mais la nature des ingré- dients chimiques employés ne fut pas expliquée. Commentant ces méthodes d'extraction de la fibre, M. Mokkis dit : « Rs sont brièvement constatés ces résultats des essais de Paris sur la Ramie. Que ces résultats soient insuffisants et décevants, qu'ils ne répondent pas de beaucoup aux espérances des inventeurs, il ne peut y avoir l'ombre d'un doute. 11 est probable qu'une nouvelle série d'essais sera inaugurée l'an prochain à l'occasion de l'Exposi- tion de Paris en 1889 ; et si on accroît l'importance des prix, on y verra sans doute une représentation plus grande et meilleure de machines et de procédés. » LE SYSTEME FAVIEK « On notera qu'il n'y a eu cette année aucun essai du système Favier, lequel est en fonction en Espagne, et se trouve décrit dans le Bulletin de Kew de Juin 1888, pages 145-149. Il n'y eut non plus aucun essai de la machine Death (construite par Death et Elwood, de Leicester) qui a été utilisée expérimentalement dans bien des parties du monde. Le procédé Favier fonctionne pour l'instant secrètement, et n'est par conséquent pas profitable au public. La libre produite jusqu'ici a été exclusivement utilisée en France; mais la (juantité ainsi mise en œuvre n'a pas été sulïisante pour former une opinion sur la permanence de cette entreprise. M. Favier qui a depuis longtemps pris un intérêt profond pour la fibre de Ramie, était membre du Jury aux essais de Paris, et les articles (ju'il a écrit sur le sujet dans \e Journal de Clnduslrie progressive d'octobre (7 et suiv.) peuvent être considérés comme personnifiant les vues de l'un des mieux informés parmi les experts français sur la situa- tion présente de la (juestion de la Ramie. » LA RAMIE 117 LE TRAITEMENT DES TIGES SÈCHES DE KAMIE . EN PRÉSENCE DES TKIES VEfiTES « En France on attache une importance, au delà de leur valeur, aux machines à nettoyer la Ramie à l'état sec. Gela provint en par- tie, sans doute, de ce fait que le système Favier, le seul qui jus- qu'ici a obtenu un certain succès, exige que les tiges soient séchées avant d être traitées. 11 régnait aussi une idée dominante en France, à savoir que. dans quelques parties du pays, il pourrait devenir possible pour les cultivateurs de produire une ou deux récoltes de Ramie, de couper et rentrer les tiges en été, et de les travailler à loisir durant l'hiver. Si on inventait une machine qui travaille la Ramie avec succès, il est peu probable que la France puisse concurrencer avec les pays intertropicaux et subtropicaux, où trois ou quatre coupes de tiges peuvent être récoltées dans Tannée. Maintenant on comprend insensiblement en France cette consé- quence, et la future exploitation de la Ramie est envisagée comme une question qui intéresse de plus près Alger et les Colonies tropi- cales de la France. » (( En ce qui concerne llnde, et nos propres Colonies, il est essen- tiel que les machines à Ramie fonctionnent sur les tiges vertes, et non sur le sec. Pendant la saison des pluies, quand l'air est impré- gné d'humidité, il serait impossible de sécher les tiges de Ramie à l'air libre après la coupe. Tenter de sécher par des moyens artificiels la quantité énorme de tiges produites, même par un petit nombre d'acres, imposerait un travail si considérable de manipulation, et une telle dépense de bâtiments et de combustibles que ce serait de suite une désespérante entreprise. « Le pourcentage de fibre brute, produite par les tiges de Ramie, est estimé à environ 10 "/o. Si les tiges doiventêtre d'abord séchées, avant que d'être traitées, il serait indispensable de manipuler, de transporter aux hangars de séchage, puis de charrier de nou- veau en dehors, cent tonnes de tiges pour chaque dix tonnes de fibre produite. On pourrait proposer de placer la récolte des tiges à la saison sèche, alors que les conditions seraient très favorables pour les sécher à l'air libre. « Malheureusement, cela ne serait pas praticable. Les tiges poussent mieux durant la saison des pluies ; une fois mûres, il faut I 18 Krii)i;s i:r .mi:.m(»iui:s les couper di' suiLc. l) ailleurs, il est évideul ([ue [)lus lût uue coupe est enlevée, nieilleiu'es seront les chances de la suivante. Durant la saison sèche, les ti^es poussent très lentement, et il a été constaté que de pareilles ti^es ont de courts entre-nœuds, beaucoup de bois, et oll're relativement une j)lus grande résistance au procédé de décor- tication. AiniiKs nsoCKDEs Kl' .\ia(:iiim;s « Des procédés et machines non encore mentionnés, il est intéres- sant de se reporter à une ou deux, j)<)ur renseig-ner les personnes qui ne peuvent pas autrement les connaître. I^n juin de 1 an passé, M. G. Maries, de Durbhunga. au Beng-ale, expédia à Kevv une série de spécimens de fibre de H;imie, sous différents états de préparation ; il demanda qu on veuille lui donnei' une opinion sur leur valeur. Il paraîtrait qu'il avait inventé une machine manceuvrée par deux hommes sur le champ, et capable d'opérer sur deux ou trois cents tiges par heure. Cette machine séparait simplement lécorce fibreuse du bois. Lécorce subissait alors l'opération d'un autre procédé, et définitivement elle était dél^arrassée des gommes et mucilage, puis transformée en une fibre suflisamment belle, prête à être utilisée par les industriels en textiles. (]ette fibre tut appréciée [)ar MM. Idk et CuKiSTii; comme « fibre de Ramie, long-ue, bien nettoyée, valant 28 livres pai- t(ume ». Les détails des méthodes de M. Maries n'ont pas été rendus publics; mais nous savons (ju'une maison bien con- nue de négociants de Calcutta a acette machine était appelée " broyeuse brevetée pour pré])aration delà Hamie, du lin. du chanvre, etc. ». L'appareil a euNironsix pieds de hauteur sur quatre de long. Il consiste en une table supérieure d'alimentation, de trente-six pouces di- large, sui' hupielle les tig^es sont l'oui'nies à trois paires de rouleaux cannelés, qui entraînent les tiges vers le bas entre cinc[ paii'cs de pièces de peig-nage alternant avec six paires de rou- leaux de guidage. Les peignes ressemblent ipielque peu à des sérans à main; on peut grossièrement les conq^arei' à des brosses épaisses en fil de métal, l^lles sf)nt atlaché(>s à deux cadres verticaux aux- LA KAMH': 1 19 quels un mouvement horizontal de va-et-vient est communiqur ; les dents s'entrelacent lorsque les deux cotés se rapprochent. La subs- tance fibreuse est tirée en bas par les rouleaux qui ont un mouve- ment intermittent; à chaque pose mojnentanée, les pointes piquantes pénètrent la matière, puis en sont rapidement éloii^-m'es. Graduel- lement, ce rideau descendant de fibres est déposé sur une table réceptrice en pente, qui se trouve dans le fond de la machine; sur cette table, la substance lig-neuse est auparavant transportée jusqu'à un récipient en état de broyag-e et de demi-pulvérisation, parfaite- ment débarrassée de fibre. Cette machine, on peut le dire, ne fut pas construite pour le traitement spécial de la Ramie. Malgré cela, pour- tant, elle nettoie la Kamie d une façon complètement satisfaisante; l'invenleur déclare qu'avec un petit nombre de modifications indis- pensables dans le détail, il pourra traiter les tig-es soit vertes, soit sèches, et produii'e une fibre nette à raison de 1 c. w. t. par heui-e. La machine peut être actionnée par un moteur d'inie puissance de deux chevaux, et exige deux personnes pour l'alimenter et la sur- veiller. « De petites quantités de tig'es de Ramie, venues à Kew, ont été successivement passées dans cette machine. L'inventeur propose, t[uand il aura achevé les modifications, de soumettre cette machine ;i une éjjreuve publique semblable à celle adoptée aux essais de Paris. A cet effet, il expose cpi un fort approvisionnement de tigres de Ramie sera demandé en France. K n y a quehjues avantag-es spéciaux attachés h cette machine, qui méritent d'être mentionnés. En premier lieu, la table d'alimen- tation est assez large pour qu'au moins 40 tiges puissent être pré- sentées à la fois aux rouleaux. Quand les tiges ont été entièrement saisies parles rouleaux, l'opérateur n'a pas besoin de leur continuer plus longtemps son soutien. Elles traversent sans interruption la machine, et peuvent être immédiatement suivies jiarun lot nouveau, sans l'action de retour qui est une partie essentielle du traitement dans les machines Death et de Landtsheer. Il y a là un gain consi- dérable de temps, et aussi une complète absence de force brutale à laquelle est sujette la fibre dans presque tous les procédés pure- ment mécaniques qui sont jusqu'ici parvenus à ma connaissance. Personnellement, je suis incapable d'exprimer une opinion sur la machine Wallace, Dire qu'elle donne plus d'espérances c[ue telle machine exposée aux essais de Paris, c'est purement alïirmer 120 ÉTUDES F:ï MÉMOIUKS quelle n'est pas tout à fait un échec. Quand la machine aura bien été éprouvée sur ses mérites, et qu'elle aura fonctionné sans discon- tinuité sur de grandes quantités de tiges de Ramie, les résultats parle- ront d'eux-mêmes. Jusqu'à ce que cela soit réalisé, il n'est évidem- ment point désirable de faire davantage que d'attirer l'attention sur une machine qui possède du mérite et qui, par des perfectionnements ultérieurs, peut rendre des services dans la production d'une (ibre bonne et marchande. CONCLUSIONS GÉNÉRALES « Une importante maison de commission me disait récemment : (- Il n'y a aucun doute que la Ramie excite actuellement un grand intérêt dans plusieurs parties du monde ; beaucoup de nations sont en train d'expérimenter par divers procédés l'extraction de la iibi*e à bon marché et rapide. Nous ne pouvons pas dire que tous les résultats qu'on nous a soumis jusqu'à présent soient complètement satisfaisants. La fibre est tantôt imparfaitement débarrassée de la matière gommeuse, tantôt le procédé échoue sur la question de prix, ou par suite des conditions locales dans lesquelles il doit être pour- suivi. Nous considérons que tout système de préparation qui ne peut produire la fibre propre non jjlanchie à 30 livres sterling la tonne, est incapable de réussir à placer, d'une manière stable, cet article dans l'estime des manufactures anglaises de tissus. » Cette opinion énonce très brièvement et très clairement la conclusion à laquelle je suis arrivé au sujet de la préparation des libres de Ramie. 11 est très possible que quelque machine ou procédé résou- dra définitivement le problème ; mais à présent l'exploitation de la Ramie, malgré des années de travail et le sacrifice de grosses sommes d'argent à son propos, ne peut être déclarée comme ayant encore émergée delà phase expérimentale » {Bulletin de Keiv). Ainsi que l'avait énoncé M. Morris, une série intéressante d'ex- périences furent effectivement entreprises à Paris durant l'Exposi- tion de 1889. M. Mokris fut de nouveau chargé d'y assister au nom du Gouvernement de l'Inde, et son rapport parut dans le Bulletin de Keir. En termes généraux, on peut dire que les machines, etc., exposées témoignent d'un vaste perfectionnement, si bien que M. Morris fut conduit à se faire une idée beaucoup plus favorable des chances futures de la cpiestion de la Ramie. L'analyse suivante LA RAMIE 121 du rapport de M. Morris donne les faits essentiels, et exprime en même temps l'opinion tenue par l'éditeur de V Agriculture de rinde. Machine Barbier. — La première machine dont on s'occupa fut celle de M. Armand, construite par Barbier; elle est destinée à fonctionner à la main, ou par la force de la vapeur. Le résultat de l'essai se résume ainsi : <( Prenant en considération le prix de cette machine, et la puissance nécessaire pour l'actionner, le rendement en rubans est trop faible, pour se montrer rémunérateur; la machine sous sa forme présente est sans usagée. De meilleurs résultats que ceux-ci ont été obtenus par la décortication de la Ramie à la main. » Machine Favier. — Cette machine est mue par une force de 3/4 de chevaux; elle consiste en une auge d'alimentation et un sys- tème quelque peu compliqué de rouleaux et de batteurs. Durant l'essai, les rubans s'accrochèrent une ou deux fois dans les rouleaux ; la machine fut obligée de s'arrêter. La moyenne de deux essais de quatre minutes et demie, et de dix-huit minutes, donna un résultat correspondant à environ 360 livres de fibi^e sèche dans une journée de 10 heures. 11 ne parut pas y avoir de perte. M. Morris dit : « Ces résultats, je les regarde, somme toute, comme satisfaisants ». « La nature quelque peu compliquée de diverses parties de la machine marcherait à l'encontre de la généralisation de son emploi parmi les cultivateurs des Colonies, mais il ne peut subsister qu'un bien faible doute sur le fait d'un grand progrès sur la plupart des autres machines à Ramie, dont on peut actuellement se servir. Elle pourrait néanmoins être adoptée pour l'usage des fabriques ou usines, où un travail perfectionné serait obtenu, et pour celui-ci, comme pour des utilisations similaires, la machine Favier peut être recommandée. » Machine Michotte. — De cette machine, une description est donnée ; mais M. Morris dit : « Cette machine dans son état actuel ne possède aucun mérite quelconque. Il est difficile de concevoir dans quelles circonstances on a pu l'admettre aux essais. » « Machine de Landtsheer. — Il y avait deux machines exposées, mais la plus grande semble être plus propre au succès que l'autre. Bulletin du Jardin colonial. 9 122 ÉTUDES ET mkmoihes Elle est mue par une force de deux chevaux et semble consister en un agencement de rouleaux et de batteurs. Un essai de deux minutes' et demie fut exécuté, dans lequel les résultats furent relevés, par équivalence, à 176 livres de rubans secs par jour de 10 heures. Le second essai fut de 11 minutes et demie; les résultats furent rame- nés à l'ég-alité de 575 livres de rubans secs par journée de dix heures. M. MoKRis fait cette remarque : <( 11 nest pas du tout impossible que M. de Landtsheerne puisse réaliser certain perfectionnement ulté- rieur à sa machine. En tous cas, la machine est digne de lattenlion des planteurs qui, avec un seul instrument, pourront travailler environ 50 tonnes de tiges vertes par semaine. C'est là un résultat exceptionnellement bon, et qui sert à démontrer quel progrès a maintenant été fait dans le perfectionnement des machines pour traiter la plante à Ramie sur un pied commercial. Procédé Fleurij-Moriceau . — — « Celui-ci était singulièrement simple ; il consistait à tremper les tiges fraîches (ou sèches), durant un temps court, dans de l'eau bouillante, et à enlever les rubans à la main. Une cuve galvanisée, ouverte, longue d'environ six pieds, large de deux, et profonde de quatre, remplie d'eau, était élevée sur briques (ou pierres), à environ dix-huit pouces de terre, sur un feu à découvert. Quand l'eau avait atteint le point d'ébullition, une manne, contenant cinquante ou cent tiges fraîches, y était abaissée et, suivant leur âge et leur qualité, laissée ainsi pendant cinq ou quinze minutes. Au bout de ce temps, la manne était haussée; les tiges restaient à ségoutter, tandis qu'un autre lot y était enfermé. Les tiges déjà trempées étaient alors enlevées par im couple d'ou- vriers, puis promptement et consciencieusement nettoyées à la main. Visiblement, l'action de l'eau bouillante avait complètement détruit l'adhérence de l'écorce au bois ; les rubans furent produits parfaitement purs et réguliers, et à première vue sans aucune perte de libre. » Les résultats obtenus équivalaient à 166 livres de libre sèche, par journée de 10 heures : l'essai dura quarante-six minutes. Résu- mant les conclusions acquises dans les essais de 1889, M. Moruis dit : « Les essais de 1889 se sont montrés beaucoup plus favo- rables que ceux de 1888, et la question est évidemment sur le point d'atteindre la solution dans plusieurs sens ignorés auparavant. On LA RAMIR 123 notera que les meilleurs résultats de 1888 furent à raison de 120 livres de rubans secs, par journée de 10 heures. Cela avec la petite machine de Landtsheer. En 1889, cette machine, après per- fectionnement, produisit à raison de 287 livres de rubans secs (plus du double) dans le même temps. Avec la s^rande machine (faisant la juste part de la moelle et du bois adhérant légèrement aux rubans humides), le rendement en rubans secs serait à raison de plus dune tonne et demie par jour. » M. Morris termine son rapport par une revue de ({uelques-unes des machines et procédés non représentés à Paris, qui sont récem- ment venus à sa connaissance dans ce pays et ailleurs. Les remarques suivantes sont d'une grande importance, et méritent la considération la plus attentive de tous ceux qui sont intéressés dans la question de production de la fibre de Rhea : « Quanta ce qui est connu dans le commerce sous le nomChina-grass, c'est une fibre préparée à la main, ordinairement expédiée des ports de Chine. Elle arrive dans ce pays par petits lots, l'importation annuelle étant seulement de cent tonnes environ. Elle est presque en- tièrement accaparée par les acheteurs du continent. Rhea est le nom appliqué à la fibre préparée à la machine, généralement sous la forme de rubans ou matière à demi préparée. Le prix en est beau- coup moindre que celui du China-grass et, en cas de forts charge- ments, il n'excéderait probablement pas 7 à 8 livres par tonne. Il est important, par conséquent, pour les planteurs de Ramie de viser à la production de rubans d'un coût n'excédant pas 4 à 5 livres au port d'embarquement. Pour semblable production, ce serait des éléments importants de planter la Ramie seulement dans les endroits où le sol et le climat permettront de récolter trois ou quatre coupes par an, où la main-d'œuvre est à très bon marché et abon- dante, et où de bonnes facilités existent pour le transport et l'em- barquement. » (Z)"" Morris.) « M. Morris aurait-il raison dans sa prévoyance (personne n'est du reste en meilleure situation que lui pour faire pareil calcul), on pourrait se demander encore si la culture du Rhea rapportera plus que, par exemple, le Jute, ou d'autres récoltes déjà cultivées dans l'Inde. Le prix coté est équivalent, pour ainsi dire, à (i roupies 8 par maund à Londres ; même si trois coupes peuvent être tirées de la plante au Bengale — chose incertaine, — le poids total de fibre par acre excéderait difficilement (au Bengale) une coupe de jute, le tem- 124 ÉTUDiis i:t mémoires pérainent des deux plantes et la somme de fibre de chacune d'elles étant prise en considération. Le Jute, en outre, est une de ces récoltes dérobées ; une seconde récolte, d'un autre g-enre, peut par conséquent être obtenue de la terre dans la même année » [L'Agri- culture de rinde, 14 décembre 1889). Depuis l'apparition du rapport de M. Morris sur les expériences entreprises à Paris, une série ultérieure d'essais analogues fut faite à Gennevillers, dans la banlieue de Paris, oîi la plante a été cultivée. Le « Concours » se tint du 27 au 30 septembre 1891 ; on y expérimenta un nombre d'appareils et machines nouvelles. L'opi- nion semble être parvenue à ce point qu'un grand progrès a été elfectué par la décortiqueuse de M. Faure. On peut la décrire comme une machine simple, adaptée à l'usage des champs, sans nécessiter un travail habile. Mais (juoique un progrès ait été accompli dans la question de machinerie, pour séparer et purifier la fibre de Rhea, l'écrivain n'ac- cepte nullement l'opinion émise par l'Agriculture de l'Inde au sujet des chances de la culture du Rhea dans l'avenir, sur une grande échelle. En même temps, il est probable qu'une invention calculée pour travailler les tiges sèches, ou partiellement sèches, obtiendrait un plus grand succès dans l'Inde que telle invention ou combinaison cependant simple dans laquelle la préparation des rubans incomberait au cultivateur. Cette opinion, ou verra, est en désaccord avec celle émise par M. Morris qui pense que les inven- teurs sont ajuste titre en train de porter leur attention sur des pro- cédés et méthodes simj^les pour traiter les tiges vertes. Par les tiges obtenues sur un vaste espace, trouvant un écoulement dans une usine pas trop éloignée, oîi elles pourraient être décortiquées, on aurait surmonté la principale difficulté pour engager le cultivateur de l'Inde à s'adonner à cette nouvelle culture. La pauvreté du rayât indien est telle que le bac de fer dans lequel on doit bouillir les tiges, selon le procédé Fleury-Mbriceau, serait au delà de ses moyens. S'il ne peut profitablement isoler l'écorce par le travail manuel, ou par un système qui ne coûte rien de plus que le travail, s'il ne peut du moins couvrir la dépense de quelque machine de fabrication européenne ou de produits chimiques, alors la décor- tication doit se faire en ce cas aux usines. S'il était possible d'en- courager la culture dans un rayon restreint autour de pareilles usines, la machinerie pourrait être conseillée pour traiter les tiges LA RAMIE 125 vertes. Mais il paraît vraisemblable que l'expérience passée dans la fabrication de Tlndig-o retarderait les capitalistes à s'embarquer dans une entreprise qui pourrait être envisagée par la perte totale des provisions de matière. Pour être tranquille, par conséquent, il faudrait tirer les tiges d'une surface vaste, -et n'y aurait-il d'autres raisons, pour diminuer le fret, les tiges devraient se vendre à l'état sec. Tout converge vers la solution indienne de la situation, ce qui est très naturel, quand même on compterait, avec le temps, voir le Rhea classé parmi les nombreuses autres récoltes qui s'offrent aux choix des cultivateurs. Il pourrait en être tout autrement si les planteurs se décidaient à prendre la chose en leurs propres mains, et à cultiver le Rhea sur des terres de leurs domaines, comme dans le cas du thé et du café. En d'autres termes, il se passera quelques siècles avant que les cultivateurs de l'Inde voient les avantages d'acquérir des outillages spéciaux pour une nouvelle culture. Ils n'ont pas même, à présent, découvert l'économie de temps, et par- tant l'importance pécuniaire, des procédés plus communs de l'agri- culture européenne. Ils continuent, comme firent leurs pères, à recueillir leurs récoltes avec une petite serpe, à dépiquer les céréales sous les pieds du bœuf patient, et à surveiller la brise qui souille pour vanner leurs grains par poignée. Avec un état aussi retarda- taire de l'agriculture, il faudrait démontrer que les profits de la cul- ture du Rhea sont beaucoup plus grands qu'ils sont même suscep- tibles de devenir, avant que le rayât puisse être amené à dépenser plus de ({uelques roupies à peine pour l'achat d'un appareil néces- saire. Serait-il possible d'extraire la fibre en faisant bouillir les tiges dans un pot de terre, tel que le potier du village pourrait le fournir, que le cultivateur indien regarderait peut-être la question plus favo- rablement; mais, comme sont les choses, il ne peut être conduit à cultiver le Rhea que si la récolte peut être vendue sur pied, ou après avoir été coupée et empilée pour un bref délai. [A suivre.) G. Bigle de Cardo. LE CHEVAL AU SOUDAN' Les expériences successives laites pendant les dilférenles cam- pagnes, depuis 1880, ont démontré que les animaux dont on se sert au Soudan résistent inéeralement au climat. Le cheval arabe a tou- jours été le plus éprouvé. Depuis 1893, le Soudan se sulïit à lui- même ; jamais plus sage mesure n'a été prise quand on songe au taux de la mortalité. La production locale fournit aux corps montés des chevaux qui, malgré leurs imperfections, sont supérieurs aux sujets d'imjiorta- tion puisque tous, possédant une immunité complète contre les maladies, résistent mieux que leurs congénères aux influences cli- matériques. Jusqu'ici, non sans efforts, il est vrai, les corps (spahis, conducteurs soudanais et 2'' tirailleurs sénégalais) ont réussi à assu- rer sur place leur remonte. En sera-t-il toujours de même et l'avenir ne nous réserve-t-il pas quelques déceptions? Pi-oblème gros de diiFicuUé et d'inconnu, d'au- tant plus que les besoins s accroissent avec l'extension de la colo- nie. En outre, comme le choix ne porte que sur l'élite, ne court-on pas le risque de voir se tarir une source qui peut paraître inépui- sable? Ce n'est pas lavis d'un des fils d'Amadhou que rencontra un jour le vétérinaire Soiivigny, pendant un séjour à El-Oued. « Avez-vous des chevaux dans le Soudan? lui demandait-il. — Si nous en avons, r'oprif Olhman d'un air âtonné ; si le seuil de la maison était fait dun tronc de palmier et rjuils fussent obli- gés d'y passer tous, Userait usé avant que le dernier fût passé. Nous en avons de (/ris, de rouges, de blancs, grands comme ceux-ci », en indiquant les chevaux arabes autour de lui. Cette réponse, si joliment imagée, montre que les temps sont bien changés. La guerre, avec ses nécessités, a fait disparaître ou bien a dis- I. Exliîiildun v;\p\wri9,wr\' Élevage an Soudan français, par M. PiDitiiiî, vctérinaire de lArmce cidoiiiale, et M. C. Montf.ii., ex-adininislriil,eur adjoint des coloinicp. LE CHEVAL AU SOUDAN 127 perse — si tant est c[u"elle en a laissé — les meilleurs éléments de la reproduction ; aujourd'hui la population chevaline est clairsemée. Elle redeviendra plus dense si l'Etat, profitant des enseig'nements de l'expérience et rejetant toute idée spéculative qui voudrait l'enga- g-er dans une voie inconnue, veut bien y aider par des encourage- ments dont nous parlerons plus loin. Les résultats obtenus dans les autres colonies et ici depuis quelques années, doivent aidera trouver le hl d'Ariane, qui guidera dans l'amélioration de la race indigène. Origine. — « Depuis l'islamisme, les nouvelles invasions des musulmans étendirent encore la réputation des chevaux arabes en Italie, en Espagne et même jusqu'en France où, sans aucun doute, ils ont laissé de leur sang. Mais, ce qui a surtout peuplé l'Afrique de chevaux arabes, c'est d'abord l'invasion de Sidi-Okba et. plus tard, les invasions successives des v® et vi*" siècles de l'hé- gire. Avec Sidi-Oklja, les Arabes n'avaient fait que camper en Afrique, tandis que, dans les v° et vr siècles, ils v sont venus comme colons pour s'y installer avec leurs femmes et leurs enfants, avec leurs chevaux et leurs juments. Ce sont ces dernières invasions qui ont établi sur le sol de l'Algérie les tribus arabes, notamment les Mehall. les Djendel, les Ouled-Madhi, les Danaouda ([ui se sont répandus partout et constituèrent la véritable noblesse du pays. Ce soni ces mêmes invasions qui ont transplanté le cheval arabe dans le Sondaji et peuvent nous faire dire, avec raison, que la race est une en Algérie comme en Orient. » Ce cheval oriental, dont on retrouve des types, à peu près purs, dans le Touat et l'Aïr, s'est répandu peu à peu vers l'ouest et vers le sud subissant à chaque étape les influences destructives du climat et d'une mauvaise exploitation du sol. C'est à des transfoi-mations organiques, consécutives à ces influences, que l'on doit la présence, au Soudan, de types assez distincts, que certains auteurs ont cherché à rapprocher des races arabes, barbes et sahariennes. Zones hippiques. — Principaux marchés. — Le Soudan hippique conqjrend tout le pays qui s'appuie à l'est sur le Niger, à l'ouest sur le Baoulé, et qui est limité, au nord par le 16'' degré et au sud par le 13''. Au delà de ces limites, l'élevage est difficile, impos- sible même ; si l'on excepte, toutefois, les maures Douaichs, Trarzas et Brachnas qui produisent de bons chevaux. 128 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les principaux centres de production et d'élevag-e sont : le Gourma, le Yalakala, le Kouroumeï, le Dargol, l'Aribinda, le Djili^odi, le Yateng-a, le Mossi, le Macina, le lîaroeli, le Bélédoug-ou (nord), le Bakoiinou, le Saheh (Ouled-Nacers, Sidi-Mamouds et Mech- doufs). Fait curieux et qui mérite d'être signalé, la lig-ne qui relie ces points (lig'ne sans doute isoclimatérique) en se prolongeant à l'ouest passe chez les maures Douaichs, Trarzas et Brachnas qui élèvent de bons modèles; continuée vers lest elle coupe le Yatenga, le nord du Mossi, le Liptako, longe le Haoussa, tous pays se livrant avec succès à rindustrie équine. Au point de vue de la production du bon cheval, de toutes les contrées que nous venons de citer la plus importante est, sans con- tredit, le Liptako. Viennent ensuite le Gourma, le Djilgodi, le Macina (rive gauche)', le Sahel et le nord du Bélédougou. La Macina (rive droite) (Saro, Pondori, Niansanary) et le sud du Bélédégou sont les régions les plus pauvres. Non seulerhent elles possèdent peu de chevaux, mais ils revêtent des caractères qui choquent l'œil en raison de leur peu d'harmonie. Il est impossible d'établir numériquement, avec quelque certitude, un état des ressources chevalines du Soudan. Les tribus nomades de l'est, les plus intéressantes au point de vue de Félevage, sont encore peu connues. Leurs déplacements perpé- tuels font varier la population chevaline sur les différents points du territoire, il en résulte un flottement continuel qui déroute le statis- ticien le plus sagace. Les chiiires suivants, fournis par les commandants de cercles, n'ont donc rien de bien positif : Mossi lO.IJOO Bélédougou 6 . 000 Macina (r. g.) et Bandiagara 4.000 — (r. d.) 2.500 Résidence de Dori 3. 000 Nioro 2.500 Ségou 1 . 500 Kouri 500 Goundam 250 Total 30.250 1. El, sur la rive droite, la l'éj^ion de Bandiaj^ara. LE CFIEVAL AC SOUDAN 429 Les principaux marchés sont ceux des villages de Banamba, Touba, Kiba, Sansandiny, Saral'éré et Dori. Ils prennent surtout de l'importance pendant les mois de janvier, février, mars, époques auxquelles les Maures, les Bellabès et les Touaregs, profitant de la saison sèche, amènent leurs élèves pour les échanger contre la gui- née ' et le mil. Partout ailleurs — on le conçoit, puisque ce sont des pays de production — le nombre des juments l'emporte; on ne trouve que peu de chevaux faits, encore appartiennent-ils à des notables qui ne les cèdent que dilBcilement et à des prix exorbi- tants. Marché aux chevaux de Banamba. Jusqu'à ces dernières années, les beaux produits de Touba étaient vendus à Samory. Ceux du Miniankala et de San trouvent leur écoulement à San- sanding et à Goumbou. Prototypes. — Par suite de différenciations organiques dues à l'influence des milieux cosmiques, le population chevaline du Sou- dan est devenue très hétérogène; il faudrait donc décrire chaque cheval en particulier pour donner une idée de l'ensemble. A ce tra- vail il convient de substituer la description de chaque variété en faisant rentrer dans la règle générale les exceptions qui composent chaque groupe. 1. Pièce d'étofle bleue représentant une valeur courante de 7, S ou 10 francs, sui- vant les régions. 13(1 ETUDES ET MEMOIRES (]hcv. La cachexie se montre surtout après les saisons pluvieuses et les inondations, dans les pays humides, marécageux et bas. L'herbe chargée d'eau, la mauvaise alimentation affaiblissent les animaux et i/élevage a la nouvelle-calédome 141) préparent le terrain pour la multiplication des larves, des distomes (douves), parasites qui provoquent cette allection. Il faudra donc, pour éviter cette maladie, ne livrer au troupeau les pàturaf^es humides et bas ([ue pendant la saison sèche. Si, mal- gré tout, quelques accidents se produisent, il suffira de faire émis^rer le troupeau sur un pàturag-e sec pour le mettre à l'abri. Quand on le pourra, on distribuera un peu de sel aux animaux. On augmentera aussi leur appétit et on les rendra plus résistants à Taction de la douve. IV Avenir de l'élevage du Mouton en Nouvelle-Calédonie Nous établirons d'abord le budget de la création d'un troupeau. Puis, quand ce dernier sera constitué, nous indiquerons les dépenses annuelles et les bénéfices que permet de réaliser une sem- blable entreorise : 1" Les chiffres qui vont suivre, absolument exacts, ont été pris sur les livres d'une station en voie de formation : 1^ Marche du troupeau : Octobre 1896. Souche, achat de . . 250 brebis 2 béliers 15 septembre 1897, 1" recense- ment : Croît sur 250 brebis 212 jeunes 15 septembre 1898. 2*^ recense- ment : Croît sur 240 brebis 186 jeunes 1 5 septembre 1899. 3'' recensement : Croît sur 240 brebis, plus 125 agnelles de 1897 292 jeunes Total du troupeau 942 tètes loO ÉTUDES ET MÉMOIKES qui peuvent se décomposer comme suit : Femelles portières 36?) Béliers 12 Agnelles 275 Mâles 280 Total 932 Nous avons déduit, dans ce dernier tableau, 10 brebis mortes de 1897 à 1898. Mais, comme nous le verrons plus loin, le propriétaire a livré : 1° En 1898, SO agnelles; 2° En 1899, 99 moutons mâles. Il lui reste donc, à la fin de 1899, un troupeau que nous pou- vons estimer de la façon suivante : 315 brebis portières, à 15 fr. l'une 4.725 t'r. 10 béliers (issus de purs sang- leister, à 100 francs l'un) 1.000 275 agnelles, à 12 fr. lune 3 . 300 181 mâles, à 20 fr 3.620 782 têtes valant 1 2 . 645 fr. Nous avons vu qu'au recensement de 1899 les naissances avaient été de 292. 11 est certain qu'elles auront été plus nom- breuses l'année suivante par suite de l'élévation de quelques agnelles k la dignité de portières. Néanmoins, nous les fixerons à une moyenne de 300, et comme le troupeau ne devra plus s'accroître, nous aurons à livrer tous les ans un nombre à peu près égal d'animaux sur un troupeau d'environ 1.000 têtes, soit approximativement 160 mâles et 140 femelles. l'élevage a la ISOUVELLE-CALÉDOiNlE 151 Devis de la création du troupeau : \° Dépenses : Octobre 189(3. Achat de 2.^0 brebis calédo- niennes mérinos leister, à 12 fr )^ . 000 Novembre 1896. Achat de 2 béliers purs leister en Australie, à 275 fr. l'un 550 Frais d'introduction 100 Février 1897. Achat de 2 tonnes de fil de fer k moutons, à 370 fr. la tonne 740 Frais de construction de barrières ( 1 .500 po- teaux, àO fr. 60) 900 Gages d'un berg-er pendant 3 ans (40 fr. par mois, 30 francs pour la nourriture) 2.520 Location pendant 3 ans de (iOO hectares, à 1 fr. 50..- • 2.700 Total des dépenses a la 3'' année 10.510 2° Recettes : 1898. Produit net de la vente de 250 toi- sons et 2 balles agneaux 800 1896. Produit net de la vente de 600 toi- sons 1.300 Vente de 50 agnelles, à 12 fr. l'une 700 1899. Produit net de la vente de 900 toi- sons 1 . 800 Vente à la boucherie de 99 moutons mâles pesant vif 4680 kilos, à 0 fr. 65 le kilo . . 3. 042 Total des recettes à la 3*^ année 7 . 642 11 reste donc k la troisième année, comme capital engagé, 2.868 fr. Et nous avons créé un troupeau valant 12.645 fr. ir)2 liTibEs i;r mkmoirks lUul^et annuel : /" Dépensea : Amortissement des barrières. Comme elles sont construites en gayac et fil de fer, nous leur accorderons une durée de 10 ans, d'où amortissement annuel lO'i Location de 600 hectares à 1 t'r. '50 *MjO Gages et nourriture du berger SiO 1 .901 Soit environ 2.000 fr. 9" Recettes. — Pour établir les recettes, nous prendrons pour bases des prix de la laine et des animaux ceux atteints en 1899. Les moutons ont été payés environ 30 fr. l'un. Nous conser- verons ce prix pour les niAles et nous évaluerons les femelles à 20 fr. seulement. Nous aurons alors : Laine, 1 . 000 toisons 2 . 000 1 00 moutons mâles, à ;^0 fr 4 . (*>00 1 U) brebis femelles, à 20 fr 2 . 800 Total des recettes 9 . 000 Soit un bénélice net de 7.600 fr., alors que le capital engagé pri- mitivement a été réduit à 3.000 fr. environ. Il est inutile d'insister sur les bénéfices considérables que promet l'élevage du mouton en Nouvelle-Calédonie. Pourquoi alors, nous dira-t-on, cette industrie ne s'est-elle pas plus développée dans la colonie ? Nous avons vu que l'une des causes principales était la présence de l'herbe à piquants. Cette difficulté peut être tournée par l'élevage mixte (bœufs et moutons) en paddocks. On met une forte proportion de bœufs qui mangent les sommités des herbes. Le mouton venant après et s'ac- commodant fort bien d'un pâturage beaucoup plus ras trouvera encore largement sa nourriture. Mais on comprendra facilement qu'un tel système demande des soins minutieux, une surveillance parfaite et des hommes 1res consciencieux. C'est pourquoi l'élevage en grand du mouton ne s'est pas développé en Nouvelle-Calédonie. l'élevage a la NOUVELLE-CALÉDONIE 153 L'autre cause, c'est toujours le peu de débouchés dans l'intérieur et le manque de moyens de communication. C'est ce qui a jusqu'à ce jour entravé le petit élevage. Pourtant, Nouméa serait un consommateur assez important. On y abat, en effet, en moyenne. (iOO moutons par mois, dont les 2/3 proviennent d'Australie. La quantité de viande blanche consommée, tant de veau que de morton, est cependant relativement faible à cause de la mauvaise qualité des animaux livrés. Elle serait certainement facile à aug- menter, surtout pour le mouton. Si quelques éleveurs se décidaient à améliorer leurs produits, à fournir au boucher des animaux pré- sentant plus de choix, plus d'étal, ils en trouveraient facilement le placement sans avoir à craindre de longtemps la surproduction. Il leur faudrait pour cela chercher à produire surtout des ani- maux de boucherie en ne considérant la laine que comme une res- source importante mais secondaire. Pour cela, le Leister serait excellent, et nous connaissons un troupeau, celui dont nous avons établi le budget, où, par suite de l'introduction de bons reproducteurs de cette race, le poids moyen des animaux livrés a passé de 15 kilos à 30 kilos. Le Leister a en outre, avons-nous vu, l'avantage de se dégarnir rapidement aux jambes et sous le ventre. Enfin, ainsi que le montrent les chiffres que nous avons donnés, l'élevage du mouton exige beaucoup moins de capitaux que le gros bétail et son rapport est beaucoup plus rapide. Par contre, il exige des soins plus minutieux, une attention plus constante, à cause des maladies particulières à ces animaux, de la tonte, des soins à donner aux toisons. Malgré tout, c'est encore là, croyons-nous, une source de revenus importants qui ne pourrait que faire acquérir un nouvel essor à la colonisation et augmenter par suite la prospérité générale de la Nouvelle-Calédonie. Lafforgue, Ingénieur-agronome . Bulletin du Jardin colonial. 11 LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS {Suite) 1 Cicatrisation des plaies cliez les végétaux ligneux. — Chez les plantes lij^neuses, les plaies superficielles n'atteij^nant pas le cambium se cicatrisent très généralement par la production d'un périderme cicatriciel, que nous avons étudié plus haut. Les plaies qui détruisent en partie le cambium, ou qui du moins s'arrêtent exacte- ment à son niveau, se ferment par production d'un bourrelet com- plexe. Au contraire de celui des boutures, g-énéralement mou et spongieux, ce bourrelet prend une consistance, une dureté remar- quables, souvent plus accentuées que celles du bois normal de l'arbre dont il s'agit. Ce bourrelet ligneux se constitue dans les mêmes conditions que celui des boutures et il présente avec lui des analo- gies évidentes. En ell'et, une plaie pour arriver jusqu'au bois entame l'écorce et la périphérie du cylindre central, le liber et le cambium. c'est-à-dire des tissus pour la plupart bien vivants et susceptibles de réaction. Il se produit dès lors un parenchyme cicatriciel, dans lequel va s'organiser une nouvelle couche libéro-ligneuse qui se raccordera latéralement avec le cambium normal. Ce parenchyme cicatriciel, vers la périphérie, régénère l'écorce d'une façon plus ou moins parfaite, et, par suite du développement du bourrelet ligneux, la plaie tendra vers l'obturation complète. Quant au bois qui a été blessé, son mode d'occlusion est toujours le même : il se fait, suivant le cas, par l'intermédiaire des thylles ou de la gomme de blessure. Suivant la nature de la plaie, l'apparence du bourrelet varie quelque peu. On peut considérer les cas suivants : plaie étroite, plaie large, plaie avec conservation du cambium. constriction de l'écorce sans plaie, plaie d'élagage, de grelVage. Considérons une plaie faite sur une tige jeune de Cacaoyer, étroite etayant endommagé le bois (pi. X, fig. 2(), 27). Le traumatisme aéga- 1. Voir Bulletin, n"' 19, 20 et 22. MALADIES [JKS PLANTES CULTIVÉKS DANS LLS PAYS CHAUDS 155 lement altéré l'écorce dans le voisinage de cette plaie profonde. La cicatrice primaire s'accomplit par le fonctionnement d'une couche Oz C -It'q^ TLANCIllî IX 22 bis, Coupe loiigitiidiiiale clans le bourrelet d'une bouture jeune d' Aliernanthern montrant les éléments du bois non encore lignifiés, Lig. f, proliférant et participant à la constitution du bourrelet; M, moelle : Ox, cellules de la moelle avec mâcles d'oxa- late de chaux. — 23, Coupe lonj^itudinalc d'une bouture de Pétunia, (le bourrelet, Bo, se forme en dedans du cylindre ligneux) : R n, racines adventives; M, la moelle. — 24, Portion plus fortement grossie de la figure 2.? : H, bois; L i, liber interne qui donne naissance au bourrelet; M, moelle; C r, cellules vasculaires. (Figures inédites de M. Prillieux.) Co. p/i, qui dans le cas actuel s'est installée en dedans du péricycle normal de la tig'e Cette couche donne du phelloderme, Ph, en dedans, du liège, Li. ci, en dehors. Les éléments constituant ces lofi ÉTLDF.S irr MÉMOIRKS couches sont naturellement disposés en séries radiales. En dehors du lièg'e, on trouve la portion de la tige qui est extérieure à la nouvelle couche génératrice subéro-phellodermique ; les éléments qui la com- posent, séparés de leurs connexions avec le reste de la tige, ne tardent pas à mourii'. Ce premier bourrelet, simple et purement celluleux, Bo. ce (fig-. 26) prend un développement d'autant plus marqué qu'on se rapproche plus des lèvres de la plaie, oîi il est proéminent au maxi- mum. Le bois blessé, K, montre ici seulement de la gomme de bles- sure. Par suite des progrès de leur développement, les deux bour- relets se rapprochent de plus en plus ; ils arrivent au contact et se soudent complètement, excepté sur une petite étendue, en Ca^ où la cavité finit cependant par disparaître par suite d'un plus grand développement du bourrelet. Il est à observer que ce bour- relet s'applique sur le bois de blessure, mais n'y adhère nullement. Le processus de cicatrisation ne se borne pas à l'apparition de ce bourrelet purement celluleux. La couche cambiale génératrice nor- male Gé (fig. 27) ne tarde pas à se prolonger dans le bourrelet et son fonctionnement produit en dehors un tissu, Lih. c, qui prend bientôt les caractères du liber, tandis qu'en dedans c'est du bois qui va prendre naissance, L. g. (juand sa différenciation est suffisante pour en reconnaître convenablement la nature, on peut voir que ce bois est formé de cellules vasculaires ponctuées et de fibres ligneuses courtes orientées de façons diverses et non régu- lièrement disposées comme dans la tige normale. Il est à observer que dans le tissu des loupes, ces tumeurs ligneuses dont l'origine est en général indéterminée, on rencontre également une pareille intrication des éléments ligneux, à laquelle on a donné le nom de madrures. Les organes présentant une telle structure possèdent alors une résistance considérable aux tractions en tous sens, qui les fait utiliser à certains usages industriels. La cicatrisation dune plaie ligneuse large se fait d'après le même procédé ; mais l'occlusion de la plaie se réalise d'autant moins faci- lement ([ue la plaie est plus large, et peut même parfois manquer (pi. X, fig. 28 et 29j. Il est aussi à observer que quand la plaie, et par suite le bourrelet qui prend naissance sur ses bords, présentent une lèvre supérieure et une lèvre inférieure, la dernière est toujours d'un volume sensiblement plus faible. Cette particularité trouve son explication dans ce fait que la circulation de la sève élaborée pro- PLANCHE X ■26. Coupe transversale cruno tigcjeune de Cacaoyer montrant le début de la cica- trisation d'une |)laie étroite : Bn ce, les 2 lèvi-es du bourrelet encore celluleux ; C t, cellules tuées par la blessure : G h. vaisseaux iniprésnés par la gomme de blessiu'e ; B h, bois bruni ]iar la gomme de blessure. — 27, Coupe transversale du même, plus étendue et schématisée, à un stade plus avancé du développement du bourrelet : les deux bourrelets se sont lignifiés et accolés par contact {Bo l ): en K, bois atteint par la gomme de blessiue : Ca, cavité non encore comblée, en dedans des 2 lèvres du bour- relet; Gé, couche cambiale ancienne: Lçf, bois; Ca ho, cambium flu bourrelet; LU) c, liber cicatriciel; R m. rayon médullaire; Pér, péricycle; Pa c. parenchyme cortical; Pé n, péricycle normal; Coph, couche phellogène; Li ci, liège cicatriciel; N. cellules mortes extérieures au liège cicatriciel. — 28. Bourrelet cicatriciel dune grosse branche d'un arbre de .35 ans ; la lèvre inférieure du bourrelet est moins développée. — 29, Cicatrisation partielle d'une lai-gc plaie ligneuse en coupe transversale ; Bl, portion ligneuse du bourrelet: B([, portion brunie du bois imprégnée parla goumie de bles- sure. fFig. 26 e( 27 originales: fig. 28, d'après Hartig; fig. 29, d'après Frank.) 138 ÉTllDKS Kl MKMOIRKS cède dans la lig-e do haut en bas et que la majeure partie de celle qui peut être utilisée par le bourrelet est, dans le cas actuel, inter- ceptée par le bord supérieur. Les plaies avec conservation du cambiuni montrent un type de cicatrisation jadis bien étudié par Trécul '. 11 peut se présenter deux cas : ou bien le cambium est détruit par places, ou bien il peut être conservé entièrement. Dans le premier cas, le processus de répa- ration de la plaie est évidemment d'autant plus rapide que la sur- face cambiale détruite est plus restreinte. Le cambium c[ui reste, s'il est convenablement protégé contre la dessiccation, s'étend laté- ralement, en même temps qu il fonctionne comme assise généra- trice k double elFet ; et lorsque les îlots cambiaux persistants ne sont pas trop éloignés les uns des autres, l'obturation de la plaie peut être complète, mais il peut se produire dans le bois, dans les intervalles entre les portions cambiales primitives, de la gomme de blessure ou des thylles. Le tissu lig-neux provenant de l'activité du cambium restant montre son caractère normal ; le libei- reste plus longtemps à l'état de parenchyme homogène, mais g'énéralement il prend tôt ou tard dans sa partie profonde les caractères du lil)c'r. A sa partie périphéri([ue, le tissu qui se subéi'ise sur plusieurs couches, joue le rôle d'organe de protection. Quand le cambium est conservé sur toute sa surface, l'écorce peut être rég-énérée dune fac^-on complète. Le meilleur exemple qu'on puisse fournir de ces faits, c'est le cas des arbres à quin- quina cultivés dans l'Inde et k Java, et auxquels on applique le procédé du moiissafje. Ce procédé, imaginé par Mac Ivor, est pra- tiqué ainsi : Sur un arbre de huit ans. on fait une incision liorizontale aussi haut que possil)le, puis un certain nombr,' d'incisions verticales régulièrement espacées. L'écorce est enlevée en partie et dans des conditions telles qu'une bande sur deux est détachée de l'arbre, puis on entoure le tronc entier de mousse maintenue avec quehjues libres. Soustraites ■,\ l'air et à la lumière, les portions mises k nu et protégées contre l'évaporation prolifèrent bientôt, se cicatrisent rapidement, et quelques mois après bi [)remière opération, six k douze, les bandes d'écorce laissées sur l'arbre k la première opé- ration sont enlevées k leur toui". L'arbre est à nouveau « moussé », 1. Trécul, Reproiliicl ion ilii hois el ih> rérorrr, in " Annali."s des Scii'iifes natu- relles », 3" sérii', (. XIX, ISôlV MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 139 et vingt-deux mois après, à la place de l'écorce enlevée la première, on trouve une écorce reconstituée, plus épaisse que l'écorce natu- relle, du même àg-e. plus riche aussi en quinine. Cette seconde écorce est détachée, et six à douze mois plus tard c'est le tour de l'écorce enlevée la seconde. Et ainsi de suite alternativement. Ce sont surtout les Cinchona succiruhra et Cinchona officinalis qui ont ^^ 'fisj! liai iïiéa 'Ifl ■■ ■ ' ^^'l| îlîilÉ iSif ïÉiiii PLANCHi: XI 2!» /)f.s, C()U|)c IraiisvcTsak' dans lo parenchyme cortical normal de (Jinchnnu xitcri- ruhrii. — '29 1er, Coupe transversale dans l'écorce du même rciiénérée sous la mousse. — 30, Plaie d ela^^nfie complètement recouverte et depuis longtemps par un bourrelet lif^neux (section lonjiiludinale) ; la branche coupée présenle une faible coloia- tion brune vers sa ]iortion externe. G, due à la ^onime de blessure. — 31, Début de la cicatrisation (section longitudinale) : la branche coupée au ras du tronc, Br g, est imprég-née par la f^omme de blessure, et le bourrelet, Bo. apparaît autour de la partie sectionnée. (Fig. 29 his et 2<.) 1er, orig-inales ; fi^-. 30. d'après Ilarti^;-; fij;-. 3], inédite de M. PriJ- licux). été traités de cette manière. La structure de l'écorce moussée est assez différente de celle de l'écorce normale (pi. XI, fig. 29 his, 29 ter). Dans cette dernière, les éléments du parenchyme cortical sont élar- gis dans le sens tangentiel ; ils sont au contraire allongés dans le sens radial dans l'écorce moussée, et cette structure résulte du mode même I()0 ÉTLDEs i:t :méwoires déformation de cette écorce, qui est celui du périderme. L'épaisseur plus marquée du parenchyme cortical explique la plus jurande richesse en alcaloïdes, car c'est dans cette couche qu'ils sont surtout abon- dants. L'abondance plus grande des fibres sclérifiées dans le liber, leur disposition en libres radiales sont encore des caractères des écorces moussées. 11 s"v forme d'ailleurs comme dans les écorces normales une couche phellogène vers la partie externe, qui donne dans les deux cas naissance à du liège. Il faut ajouter qu'actuel- lement le procédé du moussage est de moins en moins employé, k Java au moins', tiepuis la découverte d'hybrides riches en qui- nine, qu'on exploite par l'arrachement vers l'âge où ils en ren- ferment le plus, vers quatre ans. La constriction ou la compression de 1 écorce, par un corps résis- tant, amène bientôt dans la région qui en est le siège un arrêt de fonctionnement dans la région correspondante du cambium. De telle manière qu'au bout d'un certain temps cette portion de l'écorce dont le développement s'est arrêté est débordée par l'écorce envi- ronnante qui forme au-dessus d'elle un bourrelet. Ce bourrelet devient ligneux et le bois finit par recouvrir le corps constric- teur. C'est ainsi qu'un fil de fer enserrant un tronc disparaît au bout d'un temps variable dans le bourrelet, qu'une étiquette clouée solidement sur un arbre est peu à peu recouverte. Tous ces objets se retrouvent dans le bois quand l'arbre est exploité. Les lianes qui grimpent autour des troncs et les enserrent sont de même capables de donner naissance, quand il s'agit d'arbres encore jeunes, à des bourrelets très longs de forme héliçoïde. Les plaies d'élagage ne se cicatrisent en général d'une façon con- venable qu'en observant certaines précautions (pi. XI, lig. 30 et 31). Pour que le bourrelet arrive à recouvrir d'une façon parfaite la plaie d'élagage, il est le plus souvent nécessaire de couper au ras du tronc la branche destinée à être enlevée. En effet, si l'on n'opère pas ainsi et qu'on laisse un chicot de bois d'une certaine longueur, le bord de la plaie, insuffisamment irrigué par la sève élaborée, dépourvu, par suite, de vitalité, n'a guère tendance à former un bourrelet qui puisse recouvrir la section transverse du bois de ce rameau. Le bourrelet se forme généralement plus bas qu'elle, vers la base du rameau. 1. E. Friidhomme, Le Quincfuinn, in » L'Affriciillure pratique des pavs chauds ». 1902. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DAMS LES PAYS CHAUDS l()1 Des organismes parasites peuvent dès lors pénétrer par la plaie et compromettre plus tard l'existence de la plante. La cicatrisation des plaies de g-reffag'e n'est qu'un cas un peu spé- cial de formation de bourrelets. On peut distinguer les greffes en trois groupes : les g-rell'es par approche, les greffes de rameaux, les g'reffes de bourg'eons. La greffe par approche se fait parfois naturellement dans les forêts. Deux branches au contact usent l'une contre l'autre leur périderme par l'action du vent qui les fait se mouvoir. S'il survient une longue période de calme, le bourrelet prend naissance sur chaque rameau et peu de temps après les deux bourrelets se sou- dent. Ce bourrelet, d'origine double, est très exactement constitué comme celui des plaies ligneuses en général. La greffe par approche artilicielle exige l'emploi d'un simple lien pour maintenir la coaptation des surfaces à greffer. La greffe par approche est souvent aussi réalisable sur les racines. Dans les greffes de rameaux (greffe en tête, greffe en fente, etc.), il devient nécessaire non seulement de ligaturer, mais encore d'en- velopper la greffe d'un corps isolant. Le greffon peut, dans ce cas, être assimilé à une bouture, et la surface qui y sera le siège de la prolifération doit évidemment être protégée contre lévaporation. Il n'est pas besoin d'ajouter que les deux bourrelets cicatriciels de la gretîe ne sauraient se souder que si les surfaces aptes à prolifé- rer, et particulièrement le camljium du porte-greft'e et celui du gref- fon, se trouvent au contact. Les mêmes considérations s'appliquent aux greffes de bourgeons (greffe en écusson). Ces dernières exigent, sur le greil'on, la présence d'une mince lame de bois dont le rôle est de maintenir l'intégrité de la couche cambiale. Le greffage peut aussi s'effectuer entre plantes herbacées et le processus de cicatrisation est absolument comparable à celui de la greife, ligneuse. Généralement, la greffe n'est possible qu'entre plantes appartenant soit à la môme espèce, soit au même genre botaniques. 11 y a cependant d'assez nombreuses exceptions à cette règle. Quant aux conséquences physiologiques de la greffe, aux modi- fications possibles du grelfon sous l'influence du porte-gretTe, ce n'est point ici le cas de traiter cette question. 11)2 ÉTUDES I:T MICMOIRKS FORMATION DE LA GOMME La production de ces matières visqueuses appelées yoinnics et mucilages est une propriété qu'on rencontre chez un assez or^and nombre de vég'étaux. Les cas où il est démontré que ce caractère est normal pour la plante sortent de notre programme et nous ne devons considérer que ceux oîi la formation de ces substances est un phénomène pathologique. Il est assez dillicile de définir ces deux termes, gommes et muci- lages, de manière à les dilTérencier exactement. En général, les gommes sont des produits s'écoulant souvent au dehors, où ils se concrètent en masses de forme, d'apparence, de couleur variées. Les mucilages sont semi-fluides, très généralement insolubles dans l'eau et simplement capables de s y gonfler; ils restent le plus souvent inclus dans l'organe où ils prennent naissance (divers organes des Malvacées, du C.acao. etc., etc.). Il est fort probable que les vraies gommes sont d'origine pathogène, alors que le j)lus souvent les mucilages sont des produits normaux. Les gommes sont amorphes, peu colorées ou légèrement brunes, tantôt solubles dans l'eau et lui communiquant, suivant la quantité ((ui y est dissoute, une viscosité variable, tantôt incomplètement solubles, tantôt enfin tout k fait insolubles, mais capables de s'y gonfler plus ou moins. Au point de vue chimicjue, les gommes aussi Ijien que les muci- lages ne sont point des individualités, mais un mélange com- plexe d'une arabane et d'une galactane ' en proportions variables, additionné d'autres substances (L. Maquenne, Les Sucres). Les gommes étant, comme nous le A'errons, des produits de transforma- tion des membranes végétales, on y retrouve les corps chimiques ([Lii existent dans ces membranes. 1. Larabaiif i-l la ^'■alaclanc sont des corps doiil la l'inuiion fhimiquc esl ick'nli(|ne à celle (le ramidun el de la cellulose : |)ai' ll^^■dl'a(ati^n. à la siiile de l'action d acides dilués sull'iii-i(nie ou cldorliydi'i(jui'), elles donnent naissance à des sucres. I-'araliane produit ainsi un suct'e à ') atomes di- carbone (pentosc), l'arabinose; la galactane, un sucre à 0 atonies de carbone (lie.xosi':. le galactose. MALADlliS DES PLANTES CLÎLTIVÉKS DAiNS LES PAYS CHAIIDS 163 Végétaux gommifères K Leur nombre est considérable et il en est qui ne sont encore que peu ou pas connus. Les g^ommes sont des produits utilisés dans la thérapeutique, l'alimentation, l'industrie ; mais en tant que produit pathologique, l'étude de leur mode de formation, la connaissance du végétal qui les produit et aussi bien leurs caractères généraux inté- ressent la pathologie végétale. Gommes d'Acacia. — Ce sont les Acacia, g-enre de Lég'umi- neuses-Mimosées, (jui produisent les g-ommes les pkis estimées. Il en existe de nombreuses sortes, et de plus, les diverses espèces botaniques ne donnent pas un produit identique ; de même, suivant la nature du sol, le degré d'humidité de la saison, le produit d'une espèce donnée est différent. Ce sont, en général, les contrées arides à climat plutôt désertique qui fournissent les meilleures sortes. La plus répandue des gommes d'Acacia est fournie par VAcicia arahica ^^'illd. (Acacia Adansonii Guill. et Perr.), dont l'aire de distribution est très vaste ; on trouve cette espèce en Afrique, de la vallée du Nil au Sénégal et jusqu'au cap de Bonne-Espérance au sud. En Asie, elle croît depuis l'Arabie jusqu'à l'Inde y compris, dans la partie méridionale du continent. La gomme arabicjue était jadis produite très abondamment en Arabie, dans l'Yemen et l'Ha- dramaout : d'où son nom. Aujourd'hui, le meilleur des produits donnés par cette espèce vient du pays Somali. L'Inde exporte égale- ment de la gomme d Acacia arabica. \j\icacia arabica montre, d'après Bentham, 4 variétés principales : var. fomentosa, qui croît au Sénégal ; var. nilotica, sur la côte orientale d".\frique, dans la vallée du Nil; var. indica. de l'Hîn- doustan; var. Kraussiana, de Natal. D'autres espèces à' Acacia fournissent des gommes qui rentrent également dans la catégorie des gommes arabiques : l. Nous avons surtout consulté povu" ce chapitre : D' II. Jacoh deCordeuiov, Irommcx, résilies d'orUfine exotique et les véijèlaux qui les ])ro(liiisent, Paris, 1 vol., 1000. — L.-(;. Lulz. Conlrlhiition à l'étude chimique et butaiiique des gommes, Thèse de Paris. 1893. — G. Planclion et L. Collin, Les droques simples d'origine véqélnle, Paris, 2 vol., I,S06, et ([uelques autres mcnioii-es indiqués en notes. 164 ÉTLDHS ET .MÉM01IU:S Acacia Verek Guill. et Perr. (.1. Sénégal \V.), s'étend dans le Soudan, de la Nubie à la Sénéf^ambie. Sch>veinfurth rapporte à cette espèce la belle gomme blanche du Kordofan. Acacia stenocarpa Ilochst, sud de la Nubie et Abyssinie. Acacia Seijal [A. Giraffa) et sa variété fistiila Delile, dans le Sen- naar, le sud de la Nubie, l'Afrique équatoriale. Cette espèce et la précédente donnent la gomme de Souakim ou gomme Taka, de cou- leur rougeàtre, bien inférieure à la gomme de VA. Verek. Acacia afaxacantha D.C. ', .1. allnda Guill. et Perr., fournissent au Sénégal une gomme voisine de celle de VA. Verek. Acacia torlilis Forsk,, du Soudan, fournit une gomme de qualité inférieure, "incomplètement soluble. Acacia horrida W. [A. capensis Burch. ?j, répandu dans les déserts de l'Afrique méridionale, exploité par les Allemands au Namaland. Il fournit une gomme d'assez bonne qualité, expédiée en quantité du Gap. Acacia detinens Burch, également de 1 Afrique austro-occiden- tale allemande, dont la gomme un peu colorée est de bonne qua- lité [Tropenp flanzer, ]u\n 1901). Acacia guinmifera W., dont le produit mélangé avec celui d'autres espèces [A. tortilis'l} fournit la gomme de Barbarie, incomplètement soluble. ^icacia Catechu Willd., du Coromandel, en Hindoustan, fournit une gomme en larmes brun foncé, un peu friables, solubles dans l'eau ; elle sert à falsifier la gomme arabique. Acacia Farnesiana Willd., de Saint-Domingue donne une gomme peu colorée, soluble, de b(jnne qualité, aux Antilles et dans l'Hin- doustan. Les espèces suivantes sont originaires d'Australie : Acacia dealbata Link. Gomme rougeàtre, à cassure claire, à solu- tion aqueuse très visqueuse ; Acacia deciirrens Willd. ; Acacia pycnantha Benth. ; Acacia hoinalophyUa A. ; Acacia microbotri/a Benth. ; Acacia pemhila A. Cunn., var. glahraln V . von Mûller. Ces dernières espèces donnent généralement des gommes claires et de bonne qualité. I. Jean Vnillet, Gommes el i^ommes-résines du Séiié(jitl el du Soiidun, lA^^riculture pratique des pays chauds, n°2, l'JOl, p. 327. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 165 U Acacia lehhe k W iUd., ov'igmaire duBeng-ale, fournit une gomme à peu près insoluble dans leau et qui s'y gonfle simplement (gomme de Sirissa). La gomme de Bassora serait due, d'après Th. Martins, à l'Acacia leucophlœa. Le fait n'est pas certain. D'après un botaniste explorateur, M. Geay ' , en Colombie, r Acacia macrantha produirait une gomme soluble (gomme de Guji), et de même V Acacia paniciilata (gomme de Tiamo). La gomme arabique comprend au sens large toutes les gommes solubles produites par les Acacia. Les caractères qui permettent d'établir le critérium de la valeur commerciale de ces gommes sont la solubilité dans l'eau, la limpidité de la solution et aussi son adhé- sivité. Les produits les plus estimés sont dus à V Acacia Verek. En général les meilleures sortes sont en morceaux assez volumineux et d'une belle transparence, d'un jaune pâle. La gomme arabique a une densité qui varie entre 1 ,5 et \ ,6; elle est entièrement soluble dans l'eau, et donne un liquide à peine coloré, à réaction acide. Cette solution ne précipite pas par l'acétate neutre de plomb, mais précipite par l'acétate basique. La gomme arabique renferme à l'état normal environ 3 °/o de cendres très riches en chaux. Frémv la considère comme une véritable combi- naison calcique qu'il appelle gummate de chaux. L'acide gum- mique peut être isolé en précipitant par l'alcool ou en soumettant à la dialyse une solution de gomme acidulée par l'acide, chlorhy- drique ou l'acide acétique. Ces termes : acide gummique, acide arabique, arabine et aussi bien arabane sont des mots équivalents, s'appliquant k un même corps. Ce corps est amorphe, d'apparence vitreuse, soluble à l'état frais; il devaient insoluble sous l'action de la chaleur ou de l'acide sulfurique concentré qui le convertit en acide métagummique ana- logue à la cérasine de la gomme des Amygdalées. Par ébullition avec les acides sulfurique ou chlorhydrique éten- dus, la gomme arabique se transforme en un mélange d'arabinose et de galactose, dans lequel ce dernier domine ordinairement de beaucoup (L. Maquenne, Les Sucres). L'oxydation par l'acide nitrique donne des proportions variables d'acide mucique (14 k 38 °/o) suivant les sortes. Les plus riches en arabane et par suite en 1. Communication verbale faite en février 1S96. IIJO ÉTl'DRS ET .MKMOIIŒS arabinose sont celles qui fournissent le moins d'acide mucique, car Tarabinose donne, dans ces conditions, de l'acide oxalique (L. Ma(juenne. ici.). Autres gommes de Légumineuses. — Bien d'autres espèces parmi les Légumineuses produisent des Gommes : Parmi les Mimosées : Piptadeniii rif/ida Benth., du lîrésil, donne la gonmie d'Angico, soluble dans l'eau. Piptadenia 6'iZ Griseb., delà partie septentrionale de la Répu- blique Argentine et du Chaco, fournit une gomme jaune rougeâtre. soluble dans l'eau. C'est la gomme Gebil. On y trouve, d'après le D"" Dominguez Trabajos del Museo de fonnacologin de liuenos- Ayres, n"3j,80pour IKO d'arabine. Alhizzia procera Benth., de l'Inde, dont la gomme à cassure claire se gonfle beaucoup dans leau, mais s'y dissout inconqjlètement. Alhizzia Sassa, de Nubie, donne une gomme à peu près analogue à la gomme de Bassora, à peu près insoluble dans l'eau. Pithecolohiuin hymensefolium, produit, d'après le rapport de Geay, en Colombie, la gomme Orore. Prosopis dulcis Benth., du Texas, donne la gomme Mezquite, en masses semi-transparentes, à cassure brillante, jaune pâle ou ambrée, presque entièrement soluble dans l'eau, très adhésive. Prosopis spicir/era L., de l'Inde, également gommifère. Prosojjis cumanensis, de Colombie, y fournit, d'après Geay, la gomme appelée cuji-3'aque. Parmi les Cfcsalpiniées : Cœsalpinia prœcox R. et Pav., du Nord de l'Argentine, fournit la gomme de Brea, jaune rougeâtre, transparente, qui se gonfle dans l'eau, finit par s'y dissoudre et, comme bien d^autres, bleuit en pré- sence de la teinture de gaïac. Quelques Bauhinia, surtout le />. variegata L., de l'Inde, dont la gomme brunâtre est insoluble dans l'eau. Le Tamarindus indica L. fournirait à Madagascar la gomme de Madiro, qui se présente en morceaux, formés de larmes agglomérées, claires, translucides, insolubles dans l'eau et s'y gonflant énormé- ment. Broivnea (grandiceps?) est également gommifère dans la Colom- bie, d'après Geay. MALADIES DES l'LAMHS CJJLTIVEES DAiNS LES PAYS CHAUDS 1 () / Dans le groupe des Papilionacées, le g'enre Astragalus fournit la gomme adnigunte. On doit citer à ce point de vue les espèces sui- vantes : Astragalus gummifer Labill., régions élevées de l'Asie Mineure, Liban, Arménie. Astragalus verus Olivier, .1. criosti/lis Boiss. et Haussk., A. ad scendens Boiss. et Haussk., Perse occidentale. Astragalus microcephalus W., Asie Mineure. Astragalus sfromatodcs Bung-e, Syrie septentrionale. Astragalus Kurdicus Boiss., .1. pijcnocladus Boiss. et Haussk., Asie Mineure. Kurdistan, régions montag'neuses. Astragalus Heratensis Bunge et ^4. strohiliferus Hoyle, Hérat, Khorassan ; elles constituent une forte partie de la gomme Kuteera de l'Inde. Astragalus cylleneus Boiss. et Held. et A. creticus Lam. croissent sur les montagnes de Grèce, le Parnasse, le Tayg'ète, sur l'Ida en Crète. La gomme qu'ils fournissent n'est plus guère exploitée. La gomme adrag-ante se présente sous deux formes : en filets ou en plaques. La gomme en filets ou vermiculée est en filaments apla- tis, blancs ou jaunâtres ; se dissout à peine dans l'eau, mais s'y gonfle énormément et bleuit par Tinde. La gomme en plaques forme des écailles irrégulièrement circulaires, se gonflent beaucoup dans l'eau, mais donnent un mucilage blanc ne bleuissant pas par l'iode. La partie soluble de la gomme adragante est constituée par de l'arabine. La portion insoluble, la bassorine ou adragantine, semble être une galactane. La gomme adragante fournit par l'oxydation à l'acide nitrique beaucoup d'acide mucique. L'hydrolyse donne de larabinose et du galactose. La gomme de Bassora, la gomme de V Acacia decurrens, la gomme Sassa ofïrent de grandes analogies chimiques avec la gomme adragante. Quelques autres Papilionacées fournissent aussi de la gomme, mais en petite quantité. On doit citer en particulier : Herminicra elaphroxylon, cité par Tschirch [Angeivandte Anato- mie, t. I, 1889, pp. 204, 212), produit une gomme, en Sénégambie. D"" Georges Delacroix, Directeur de la Station de pathologie végétale. Professeur à l'Ecole nationale supérieure d'Agriculture coloniale. NOTES NOTE SUR LA CULTURE DU TABAC CHEZ M. BENSCH DANS LA VALLÉE DE l'iVOILANA (près Tamatave). Nature du sol. — Autant que possible M. Bensch choisit pour faire ses plantations de tabac les alluvions légères des bords de la rivière, il estime qu'il est inutile d'irrig-uer sous le climat de Tama- tave et est plutôt disposé à croire que le drainage s'impose. L'examen minutieux de toutes les terres d'alluvions non cultivées de la vallée de l'Ivoloina, et notamment celles qui sont encore en friche à la Station d'essais, m'a amené à penser comme lui que le drainag-e doit souvent s'y faire sentir; il est en effet curieux de voir les sols non cultivés se couvrir d'une foule de petits Cyperus, indi- cation certaine d'une acidité relative, due très probablement à un excès d'humidité. Préparation du sol. — Jusqu'à présent M. Bensch avait dû se contenter de faire labourer ses terres à tabac à l'angady par des longanes ; ce travail est tellement long- et tellement coûteux que l'extension des cultures a nécessité l'emploi de la charrue. Les débuts ont été difficiles ; mais grâce à une louable persévérance on est arrivé à « Cyrano » à dresser trois paires de bœufs. Ces animaux travaillent maintenant sans interruption au défrichement de nou- velles surfaces qui seront plantées au prochain hivernage. On donne ordinairement deux labours, l'un 2 ou 3 mois avant la plantation, 1 autre la précède de quelques jours seulement. La première année de culture on ne fume pas le sol, c'est seule- ment à la deuxième année qu'où lui incorpore quelque temps avant la plantation une dose de 25 à 30.000 kilos de fumier de ferme à l'hectare. Semks. — Les semis sont faits en pépinières à toutes les époques de l'année, mais la meilleure époque est celle qui s'écoule de la fin d'août à la mi-octobre. Après la levée, les plants sont éclaircis; ils sont mis en place lorsqu'ils ont 4 ou 5 feuilles. C'est deux mois et demi après le semis que cet état est atteint. LA CULTURE DU TABAC 169 La mise en place se fait par une journée brumeuse, les jeunes tabacs sont plantées sur des lignes distantes de 0'" 90. On réserve un intervalle de 70 à 75 centimètres entre eux sur les lignes. Quelques temps après la mise en place, les plants sont butés légè- rement ; enfin pendant toute la végétation, le sol est maintenu propre par des binages et des sarclages donnés à la main. M. Bensch butte quelquefois une seconde fois, il dit (jue cette précaution est indis- pensable, car il a remarqué qu'il était très utile de maintenir con- stamment un cube de terre très meuble autour du pied des plants de tabac. Dès que les bourgeons floraux apparaissent, on étête la plante à laquelle on laisse 8 à 12 feuilles suivant sa force. SoRTF.s CULTIVÉES. — Le tabac que cultive M. Benscli est paraît-il une variété de Havane provenant du Jardin d'essais de la Réunion ; il a également, en moindre quantité, une autre forme connue à Bour- bon sous le nom de « Valentin ». La Direction de l'Agriculture a en outre remis à M. Bensch plu- sieurs espèces de graines de tabac originaires d'Extrême-Orient et récoltées sur des plants sélectionnés à la Station d'Essais de Nanisana , près Tananarive. Récolte. — Dès que les feuilles sont mûres, ce que l'on reconnaît à ce qu'elles s'infléchissent vers le sol, elles sont coupées une par une et soumises à un léger fanage (il va sans dire que la récolte doit être faite par beau temps), après lequel elles sont suspendues en guir- landes dans les séchoirs. Ces séchoirs sont de grands hangars de 20 mètres de longueur sur 10 mètres de largeur, fermés sur les côtés par des claies mobiles que l'on peut enlever à volonté pour augmenter ou diminuer la ventila- tion à l'intérieur du bâtiment. La dessiccation des feuilles se produit en 25 ou 30 jours, suivant, que le temps est plus ou moins sec. Au sortir des séchoirs, les' feuilles subissent un triage et sont classées par catégories d'après leur grandeur et leur taille, elles sont ensuite mises en manoques ou paquets de 25 à 30, que l'on porte dans la chambre de fermentation où on les met en gros tas. La fermentation est l'opération la plus délicate qui demande une attention et une surveillance très soutenues. On suit cette impor- tante phase de la préparation du tabac, grâce h un thermomètre dont le réservoir plonge au sein de la masse. Bulletin du Jardin coLonial. 12 1 70 iNOTES Après avoir été remuées 2 ou 3 fois pour rendre plus uniforme l'action des ferments, les feuilles atteiji^nent une température de 60", on remue alors le tas, les manoques se ressuient, on trie encore les feuilles, puis on les passe à la presse et on les porte au mao^asin. M. Bensch n'a pas encore exporté ses produits, il fabrique des cigares qui sont appréciés sur la place de Tamatave, et il a com- mencé dernièrement la préparation de tabac coupé pour la pipe et la cigarette. Au moment où j'ai visité « Cyrano » (12 octobre), M. Bensch possédait 7 hectares de plantations dont quelques-unes produisaient leur deuxième récolte, car le tabac rabattu aussitôt après la cueil- lette des feuilles donne un rejet qui porte, quelques mois plus tard, de très belles feuilles. Dans ses propriétés de Chantecaille, de Cyrano et de Tivoli sur lesquels on travaille activement, ce planteur espère pouvoir, au prochain hivernage, planter 15 hectares en tabac. A Cyrano, il a déjà commencé à faire des installations définitives ; des magasins en maçonnerie sont actuellement en construction, et une pompe Silter, mue par un aéromoteur, a été installée dans les premiers mois de Tannée. Elle fournit l'eau nécessaire au besoin de la ferme, car M. Bensch, outre ses bœufs de labour, entretient encore un important poulailler, un clapier qui donne asile à un grand nombre de lapins, et 2 ou 3 vaches françaises. La main-d'œuvre nécessaire aux cultures est fournie par les gens de la région, les cigares sont fabriqués par deux Malabars venus de Maurice, et la surveillance générale de cette intéressante plantation est assurée par trois Européens. Je dois ajouter que « Cyrano », en outre de ses plantations de tabac, possède une cacaoyère, une caféière de Libéria et une toute petite vanillerie. Des plants de caféiers hybrides, des arbres fruitiers venus de France et quelques exemplaires d'autres espèces écono- miques, provenant en partie de la Station d'essais de l'Ivoloina, ont été plantés autour de la maison d'habitation par le propriétaire actuel, qui a eu la chance de trouver sur cette propriété, lorsqu'il en a fait l'acquisition, un très beau lot de splendides litchis, qui fructifient abondamment, et un groupe de cocotiers renfermant au moins o ou 6 variétés distinctes, qui paraissent fort intéressantes. Le SoLis-ïnapecteur, Chef de la Circonscription agricole de V Est, Fal'ciièfu;. PRODUCTION DU COTON DANS LES COLONIES ALLEMANDES Notes de V ambassade de Berlin. La hausse rapide des cotons sur le marché des Etals-Unis ainsi que sur celui de Brème attire actuellement plus vivement encore l'attention de ce Comité sur l'intérêt de cette entreprise. Aussi vient-il d'organiser partout des missions en vue d'inspecter la culture cotonnière : dans l'Afrique Orientale allemande. M. J.-H.-G. Becker a été chargé d'inspecter les cultures et d'en créer de nou- velles le long de la ligne ferrée Tanga-Munesa, le long de celle qui est projetée de Dar-es-Salam à Mrogoro et Kihva, dans la direc- tion du lac Nyassa, sur le cours partiellement navigable du Rutiyi, enfin dans la région de la colonie qui est desservie par le chemin de fer anglais de l'Ouganda. Des cultures cotonnières ont été entre- prises à Bagamoyo par la Mission catholique, à Kihva, à Dar-es- Salam, à Mohorro. La récolte de cette année est évaluée à 50.000 livres. On s'est préoccupé, en vue du transport du coton, de combattre la mouche tsetse, fléau des bètes de somme, et d'étu- dier la construction d'un chemin de fer de Kihva au lac Nyassa. Le siège de la Mission est à Dar-es-Salam. A Togo, un poste d'inspection a été établi à Lomé. Plusieurs centaines de balles de coton ont été récoltées. Une ligne ferrée allant de Lomé à Palime est projetée par le Comité colonial : le Gouver- nement Impérial a l'intention d'en confier la construction à un entrepreneur choisi par lui et d'en concéder ensuite le trafic, ainsi que celui de la côte, à une entreprise commerciale. Dans l'Afrique Occidentale allemande enfin, le coton est cultivé au nord de la colonie, grâce aux moyens d'irrigation fournis par le fleuve Kunene. On propose aussi la formation d'une société en vue de construire des digues pour utiliser le fleuve SAvakop. La qualité du coton produit dans ces Colonies est satisfaisante, au dire des connaisseurs ; le meilleur est évalué à 70 ou 80 Mk. les 100 livres; comparable au « White Egyptian »>. il peut servir à la confection des filés les plus fins. La dernière récolte du Togo était supérieure en qualité à la précédente, et estimée par un expert anglais comme « Fully Good middling » . On conçoit ainsi l'intérêt par- I ~'2 >OTKS ticulier que ces preniiers succès ont éveillé chez le Comité colonial économique. Cet intérêt vient encore de se manifester par l'alloca- tion à un certiiin nombre de jeunes agriculteurs des fonds néces- saires pour aller étudier la culture du coton à Y« Ag-ricultural and Mechanical Golleg-e of Texas ». Les cours, qui durent neuf mois environ, embrassent tous les soins et toutes les connaissances qu'exige cette culture, avec des apjjlications pratiques dans une vaste plantation annexée à l'école. Le consulat allemand de Galves- ton assumera la surveillance des études des jeunes boursiers. Ceux- ci, en retour, prennent l'eng'ag-ement d'appliquer plus tard leurs connaissances dans une possession allemande. Cette ambassade a eu l'occasion de signaler l'intérêt chaque jour plus affirmé que portent aux essais de culture cotonnière dans les possessions allemandes d'Afrique les milieux coloniaux et indus- triels de l'Empire. Tout récemment encore, cette question était l'une de celles que l'Empereur recommandait à la délégation du Reichstag admise à son audience. D'autre part, les fîlateurs et fabricants de cotonnades de la société rhéno-westphalienneet de l'Association industrielle ont tenu à Mûnchen-Gladbach etàWerdau, d'importantes réunions consacrées au même objet, La campagne de housse présentement menée parla spéculation américaine augmente encore l'actualité de la question. On a reconnu les heureux résultats déjà obtenus par les essais de culture au Togo et dans l'Afrique Orientale : les produits de cette dernière colonie ont remporté, à l'exposition cotonnière organisée par les Anglais à Mombassa, au mois d'août, plusieurs premiers prix et un prix extraordinaire. Et, à propos des efforts tentés dans l'Afrique Occidentale allemande, l'organe de la « British-Cotton- Groving Association », qui est l'analogue du « Comité-Baumwolle » allemand du Togo et de notre « Association cotonnière coloniale », a pu écrire : « Aucun mouvement dans le développement éco- nomique de l'Afrique Occidentale n'a présenté une unanimité, une largeur de vues et de décisions telles que les efforts pour l'intro- duction de la culture du coton. L'Angleterre, la France et l'Alle- magne, ou, pour donner le pas à la puissance à qui il revient ici. l'Allemagne, l'Angleterre et la France sont, comme les nommait naguère sir Alfred Jones, « associées dans les mêmes efforts ». PRODUCTION DL' COTON DANS LES COLONIES ALLEMANDES 173 On a rendu justice, dans les réunions des 10 et 11 décembre, à l'action efficace du Comité colonial économique, à qui est due la création des inspections de la culture du coton aux Colonies ; ce Comité, soucieux de la collaboration des cultivateurs indigènes, a décidé également de leur garantir l'achat de leur récolte à un prix fixé, et d'instituer pour eux des marchés de coton et un sys- tème de récompenses, de prêts et d'avances pour primer et encou- rager leur culture. Le secrétaire du Comité colonial économique a exposé, dans la réunion de Miinchen-Gladbach, le prog-ramme de ce Comité pour les trois prochaines années ; il comporte une somme de 600 000 Mk. employée à la culture cotonnière. o70.000 Mk. ont déjà été réunis. On a recueilli dans l'assistance même des souscrip- tions pour parfaire la somme, et les filateurs présents se sont enga- g'és à souscrire pour un certain chiffre par chaque millier de broches en activité dans leurs fabriques. Mais, ainsi qu'on l'a unanimement reconnu, ces efforts de l'ini- tiative privée ne suffisent pas. Se référant à l'exemple donné par la France dans l'Afrique Occidentale française, on a montré que l'œuvre entreprise dans les possessions allemandes par le Comité colonial économique, c'est-à-dire l'étude des méthodes de culture des diverses variétés de coton, et l'établissement de plantations modèles était assumé dans les Colonies françaises par le Gouverne- ment lui-même, notre « Gouvernement, a-ton pu dire, ne doit pas rester simple spectateur des efforts des particuliers. -> Et l'on rappelle que le Gouverneur g^énéral de l'Afrique Occidentale française, M. Roume, avait dit, dans le banquet à lui offert, au Havre : « A l'Administration incombe en premier lieu le devoir de remédier aux défectuosités ou à l'insuffisance des voies de communication, sans lesquelles on ne peut absolument songer à aucune culture coton- nière », et que M. le Ministre des Colonies, pour montrer quels heureux résultats on pouvait se promettre du chemin de fer projeté dans cette colonie, avait exalté ceux du chemin de fer du Sénégal. L'appui de ces exemples a certainement fortifié les auditeurs dans leur conviction qu'on est en droit d'attendre du Gouvernement Impérial les moyens de pénétration dans l'arrière-pays des Colonies allemandes, moins bien pourvues qne celles des autres puissances de cours d'eau navigables. Et le vœu de la réunion de Miinchen- Gladbach ne fait, d'ailleurs, que rappeler les paroles que l'Empereur adressait aussi, récemment, aux députés reçus en audience, sur l'importance des chemins de fer dans les Colonies de l'Empire. ODONATES DE GRAND-BASSAM Dans une petite collection d'Odonates récoltés à Grand-Bassam par M. Lacroix, et que M. Fleutiaux a bien voulu menvoyer pour les déterminer, j'ai trouvé deux espèces très remarquables et encore non décrites. J'avais déjà reçu de M. Alluaud quelques Odonates d'Assinie et j'ai pu constater que Grand-Bassam et Assinie étaient des pays par- ticulièrement riches en espèces intéressantes d'Odonates. LIBELLULIN^ 1" Rhyothemis noiata Fabricius. \ cT incomplet. Espèce qui habite l'Afrique occidentale. C'est la Rhyothemis fenestrina de Rambur. 2" Trithemis festiva Rambur. 2 cT incomplets. Espèce assez commune dans toute l'Afrique tropicale et équatoriale, très com- mune dans l'Asie orientale, dans la Papouasie, aux Philippines, à Formose ; trouvée même en Asie Mineure. Les deux exemplaires sont remarquables en ce qu'ils n'ont aucune trace de teinte ochracée à la base des ailes. 3" Crocothemis erythrxa Brullé. 3 d" • La C. erythrsea est un des Odonates les plus répandus sur une foule de points du globe. On la trouve dans une g-rande partie de l'Europe, presque partout en Afrique, aux Canaries, dans les Indes orientales, au Tonkin et au Cambodge, à Formose, à la Nouvelle-Guinée, au Liban, à Kachgar. Aux Indes orientales et à Formose, elle cohabite avec la C. servilia Drury, qui s'en rapproche beaucoup et qu'on observe aussi en Chine, au Japon et aux Philippines, même en Australie. Outre ces deux espèces, le genre Crocothemis comprend 3 autres espèces peu différentes, les C. soror Rambur et reticulata Kirby de l'Inde, et la C. inquinata Rambur de Madagascar, un peu plus caractérisée. Ce genre Crocothemis est très voisin du genre Trithe- mis de l'ancien monde et n'en diffère que par son faciès et par un détail de la réticulation des ailes. i** Palpopleiira marr/inata Fabricius = lucia Drury. 1 (S . Com- mune dans l'Afrique tropicale. ODONATES DE GRAND-BASSAM 17o 5** Orthetrum brachiale Beauvois. 2 cT incomplets. Insecte com- mun dans toute l'Afrique. 6° C halcostephia flavifrons Kirhy . 2 cT- Espèce assez rare, obser- vée aussi bien en Abyssinie que dans l'Afrique occidentale. 7" Acisoma Lacroixi, nov. sp. 2 c?- Long-ueur du corps 26-27 """, de l'abdomen 17 '""', stigma 2 1/4"'"', enverg^ure 47-48 ""^. Ailes supérieures très légèrement salies avec 9 anténodales, la dernière non continue, et 7-8 postnodales, stig-ma long-, couvrant plus d'une cellule, brun entre nervures noires. Ailes inférieures avec, à la base, une très petite tache jaune brun s'étendant le long- de la membranule qui est brune, ayant 6-7 anténodales et 7-8 post- nodales. Les quatre triangles discoïdaux suivis de 2 rangs. Face d'un noir brillant, traversée au milieu par une bande jaune ; front et vertex également d'un noir brillant ainsi que le triangle occipital. Dessus du thorax noir terne, les côtés noirs, couverts de nombreuses taches jaunes, dont l'une remonte jusqu'à être antehu- mérale au bas du dessus du thorax, le dessous noir. On pourrait aussi bien dire que les côtés du, thorax sont jaunes, couverts de réti- culations noires. Pieds noirs. Abdomen rouge avec les deux premiers segments noirs, le S*" avec une tache noire de chaque côté, plus étendue vers la base qu'au bout, c'est-à-dire se rapprochant plus de l'axe dorsal de l'abdomen à la base du segment qu'à son extrémité. Au bout du 5'' une petite tache noire finale, le 6" avec le dos et le tiers final noirs, les 7, 8, 9, 10®* entièrement noirs. Appendices supérieurs droits, assez longs, rougeâtres, l'inférieur plus court, noir. Les 7, 8, 9, lO*"® segments excessivement rétrécis. Ressemble à Acisoma variegatiiin Kirby, du Nyasaland, mais en ditTère par la coloration du thorax, des pieds et de l'abdomen, dont la disposition n'est pas du tout la même, à en juger par la descrip- tion de Kirby. Dédiée à M. Lacroix qui a découvert cette espèce. CORDULliNJî 8° Macromia melania Selys. 1 $ incomplète . Afrique occidentale. 176 NOTES 9" Phi/lloniacromi» hiflavii, iiov. sp. 1 o . 1 o Assinie, coll. Martin. 1 (l ll6Ur-lj6rHnl . A. UlîALLAMEL. '0 SECHOIRS à Bananes à CACAO et fruits NOMBREUSES RÉFÉRENCES Presses à balles — Charrues Batteuses — Pressoirs 0 (I 0 8Ph. rJElv^A-lTlDER, LES O A-T^^X-iOO-UES iE PARIS S! 6, rue Riquet rk ÂYFARTH & C ETABLISSEMENT HORTICOLE SPECIAL POUR L'INTRODUCTION DES PLANTES EXOTIQUES Economiques et crornement 4, Impasse GIRARDON, Paris PLANTES A CAOUTCHOUC disponibles au fur et à mesure tic leur arrivée : Ilevea brasiliensis, Castilloa elastica, Maniliot dlaziovii (]lioiiemor|ilia iiiaero|)liylla, Funtumia (Kickxia) elastica, Ficus elaslica, Ficus Schlecliterii (exploité en Nou- velle-Calédonie), Landolphia Klainei et lleudelolii ^les deux meilleures lianes de forêt de 1 l'Afrique Occidentale) Landolphia Thollonii (caoutchouc des herbes , etc. PLANTES TEXTILES: Fourcroya gigantea, SANSEVIERES GIGANTESQUES, AGAVE SISALANA, Ramie, Musa textilis (Abacai, COTONS, etc. CACAOYERS, CAFÉIERS WIUSCADIERS, THÉS, VANILLES (boutures), GIROFLIERS, etc. Nous engageons vivement nos clients à nous transmettre leurs ordres à l'avance, de fnron à nous rmctlre de fau'e les livraisons des l'arrivôe des "rnints CATALOGUE ILLUSTRÉ, Franco sur dvnunu!.: USTAVE JOB MPORTATEUR O IE 7 et 9, passage Violet, PARIS de CAOUTCHOUC, GUTTA-PERCHA, BALATA. 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Quai de la Mégisserie, PARIS LIANE A CAOUTCHOUC (Landolphia Florida) ir^ La Maison VILMORIN-ANDlilEUX ET €'•% toujours sou- cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir s'occuper d'une façon toute particulière de l'importation et de la vulg'a- risation des g'raines et plantes précieuses des pays chauds. Ses relations commerciales avec toutes les parties du g-lobe la placent certainement au premier ran^ des maisons recommandables pour cette importante question. Du reste ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a obtenu 7 Grands Pria^ à l'Exposition Universelle de igoo, dont un spécialement accordé pour son Exposition Coloniale. En outre, le Jury de la dernière Exposition d'Horticulture de Paris de 1901 vient à nou- veau de confirmer les décisions du Jury de l'Exposition universelle en lui attribuant le Prix d'Honneur pour.sa collection de plantés utiles présentées en jeunes sujets cultivés pour l'exportation dans les pays chautls Enfin, .suivant une longue tradition, la Maison se t'ait un devoir de répondre de la façon la plus désin- téressée à toutes les demandes qui hii sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : Plantes textiles. — Ag'ave Sisalana du Yucatan (vrai , Cotons sélectionnés. Jute, Fourcroya giganlea, etc. Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix). 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Le bourgeon ter- minal des rameaux subit une modification dans son mode de déve- loppement pendant la période de temps, plus ou moins longue, que l'on peut appeler morte saison. Au début de cette période, les stipules qui protègent l'œil restent clos et ne s'entr'ouvrent qu'au départ de la végétation pour laisser passer deux folioles étiolées dont le développement reste inférieur au développement normal ; il en est de même pour l'entre-nœud. L'œil, protégé par ces deux folioles, reprend le mode de développement ordinaire. Le caféier émet facilement des bourgeons adventices au point où, pour une cause quelconque, la sève se trouve brusquement ralentie ou arrêtée dans son mouvement. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 187 Sur la tige, ces bourgeons prennent le nom de gourmands ou voleurs, parce qu'ils croissent si vigoureusement qu'ils absorbent une grande quantité de sève et causent ainsi le dépérissement des autres parties de la plante (fig. 1). Souvent ces gourmands forment des tiges secondaires. Les gourmands sont, parfois, utilisés pour reformer une nouvelle tige, lorsque le tronc d'une souche saine a été détruit. Les bourgeons adventices d'un rameau végètent de la même manière que le bourgeon de prolongation du rameau ; parfois ils s'ac- cumulent en un même point et forment cette difformité désignée du nom de balais de sor- cière. Les bourgeons à fleurs se développent régu- lièrement sur toute la portion du rameau qui n"a pas encore trois ans de pousse (fig. 3). Chaque bourgeon floral comprend un pédoncule court et trapu, enchâssé contre le rameau dans la gout- tière formée par le pétiole (fig. 4). Ce pédoncule porte à sa partie Fig. 3.- Fragment de rameaux garni de bour- geons floraux. i/çe stipu/e de /d feui//e / st/pu/es r/orai/x /eui7/e Fig. 4. — Schéma du bourgeon floraL Fig. 5. — Bourgeon et boutons floraux prêts à s'épanouir. supérieure deux stipules recouvrant deux écailles, le tout formant un ensemble protecteur des boulons floraux (fig. o) ; ils com- 188 ÉTUDES ET MÉMOIUES eéam coro//e /nés Fig. 6. — Coupe de la fleur prennent chacun : un court pédoncule lég-èrement renflé à sa partie supérieure pour loger l'ovaire à deux carpelles, parfois 3, chaque carpelle avant un ovule. L'ovaire est surmonté d'un calice gamosépale à cinq divisions; d'une corolle g-anio- pétale à cinq divisions profondes, tubulaire sur la moitié de sa longueur ; de cinq étamines et un style bifide (fig. 6). Le premier bourg-eon floral est bientôt suivi de deux autres qui lui sont latéraux et diamétralement opposés (fig. 7). Au moment de la floraison, les stipules et les écailles du bourgeon floral s'entrouvrent, les boutons floraux se redressent et la corolle s'épanouit : la fleur est prête pour la fécondation. La floraison se fait par périodes successives, dont la durée et la régularité ont pour principal facteur les conditions météorologiques de l'année. Ces successions sont dues à ce fait que les boutons floraux s'épanouissent suivant l'ordre de leur croissance, c'est-à- dire de leur emplacement. Comme dans une plantation, les boutons floraux d'une même place dans les bourgeons du même temps de croissance sont prêts à la fois, la floraison se fait en masse. Un soir la caféière a son aspect habituel, le lendemain au matin elle semble recouverte d'une neige légèrement odorante, de ce parfum qui a fait donner au caféier le nom de Jasmin (V Arabie. Le nombre, l'importance, la régularité des floraisons dépendent des conditions climatériques de l'année. D'une façon générale, les années à pluie sufTisante et régulièrement répartie, donnent le plus grand nombre de floraisons. Les premières, données parles premiers bourgeons, sont moins importantes que les troisièmes et quatrièmes qui sont données par des bourgeons latéraux. /eu/7/e 6c r/o Oourff. r/oraun seconc/aires 6o, vrqeon florâ/ pr//na> 2 Stipules Fij,". 7. — Coupe horizontale schciiia- li(|ue du rameau à remplacement des bourfïeons floraux. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFEIER 189 Le temps pendant lequel la fleur est épanouie est fort bref. Il varie de douze à trente-six heures. Après, la corolle se fane, jaunit, se détache de l'ovaire en entraînant le calice, les étamines et le style. Fécondation. — La fécondation est caractérisée par ce fait que les g-rains de pollen produits par les étamines qui ont éclaté au moment de l'épanouissement, sont transportés par le vent, les insectes, sur les pointes bifides et humides du style. Là, les grains de pollen germent, envoient leur tube pollinique à travers le style et l'un deux atteint l'ovule qu'il féconde. Si la fleur a été fécondée, immédiatement l'ovaire augmente un peu de volume et reste bien vert : on dit le fruit noué. ,-• f^râ- -pufpe envefoppe •s •rain e ) fruk ■.... . pédoncule Fig. S. — Coupe verticale schématique du fruit (Ceylan). Si, au contraire, la fleur n'a pas été fécondée, Me a. coulé. La fleur coulée reste épanouie un peu plus longtemps; mais quand la corolle se sépare de l'ovaire, celui-ci apparaît terne et fané, et se dessèche rapidement. La coulure a pour causes principales : la pluie qui empêche le déplacement des grains de pollen ; le soleil trop ardent, trop direct et le vent trop violent qui dessèchent les pointes du style ; la fai- blesse végétative de certains plants défectueux ou croissant dans un sol infertile. Pour une bonne floraison et une bonne fécondation, il faut non seu- lement des conditions météorologiques favorables, mais encore une plante de force végétative moyenne, indiquant un sol aux éléments chimiques bien proportionnés. 190 ÉTUDES ET MÉMOIRES Un plant trop \igoure\ix pousse à hois et donne fort peu de fleurs; un plant trop faible donne d'énormes quantités de fleurs qui coulent ou ne produisent que des fruits mal conformés. Le développement du fruit est assez lent. Ce n'est, environ, que quatre mois après la fécondation que les éléments constituants du fruit ont atteint leur développement normal. A ce moment, le fruit est une masse dure, verdàtre, ovoïde, de la grosseui- d'une petite bille. Il comprend deux parties principales : l'enveloppe et la graine (%. 8 et 9). L'enveloppe est constituée par le sac ovarien, à la partie super rieure duquel on voit la trace du style et de la corolle. Fig'. 9. — Coupe transversale schématique grossie pour montrer le dispositif de l'albumen dans la graine par le milieu du fruit (Geylan). La graine, encore sans parfum et inapte à g-ermer, comprend : la membrane qui tapissait la loge de l ovule ; Valhumen, formé de deux feuilles de forme spéciale, appliquées l'une contre l'autre, enroulées de façon à occuper le plus petit volume possible et adap- tées à leur rôle de réservoirs de substances alimentaires, par hyper- trophie de leurs tissus ; V embryon^ logé au point de réunion des deux feuilles de l'albumen, montre déjà les premiers éléments du plant futur, à savoir : la radicelle, la tigelle et son bourgeon termi- nal. Maturation. — Pour que le fruit soit à même de jouer son rôle naturel de reproducteur du plant et son rôle commercial de produit aromatique, il lui faut subir diflérentes modifications, qui se font pendant la période de maturation. La durée de cette période dépend des conditions atmosphériques du moment. Les saisons chaudes et humides favorisent la maturation. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 19t Pendant la maturation, les tissus du sac ovarien gonflent en se gorgeant d'eau, de matières mucilagineuses, de sucre et de parfum ; à ce moment, leur consistance particulière leur fait donner le nom de pulpe. La membrane extérieure du sac se colore du rose pâle au rouge brun. La pulpe est pour la graine un organe de dissémination par sa belle couleur et par le goût de ses sucs, qui attirent et font les délices de certains animaux, entre autres les oiseaux, qui, plus tard, rejettent, avec leurs déjections, la graine intacte. Quand le fruit, complètement mûr, s'est détaché de son pédon- cule, la pulpe favorise ou retarde la germination suivant que les conditions atmosphériques sont ou ne sont pas favorables à la germination. Si elles sont favorables, la pulpe se décom- pose et forme un terreau qui provoque la germination en entre- tenant autour de la graine une humidité favorable. Si les con- ditions atmosphériques ne sont pas favorables, la pulpe se dessèche forme une enveloppe rigide qui défend la graine contre la dessicca- tion. Pendant la maturation, les cellules de la membrane de la loge de l'ovule s'épaississent et s'enrichissent en éléments siliceux pour former une pellicule flexible, appelée parche ou parchemin. Le par- chemin est si résistant aux agents chimiques, qu'il peut impunément traverser tout l'organe digestif d'un oiseau, sans que ni lui, ni la graine qu'il protège subissent la moindre détérioration. Pendant cette même période de la maturation, l'albumen, dont l'épiderme supérieur de la feuille externe reçoit le nom de peau cVai-f/enf, se charge de diasthases, qui, au moment de la germination, attaquent les réserves alimentaires, les rendent solubles dans l'eau et aptes à nourrir l'embryon. Le fruit du caféier de Geylan, arrivé à pleine maturation, com- prend en moyenne : eau 59.12 1 on , AC o,oyj5 Fiii. 10. La uraine pcrniée. Fij;-. Il — Jeune plant semé le 16 seplembre, levé le 1j novembre cl'nnc pc))inière bien entretenue. Greffage du caféier. — Certains caféiers, peu producteurs, présentent une rusticité remarquable et vivent, là, où de bons plants ne pourraient se développer. On a soiiî^é, alors, à utiliser les pre- miers comme porte-g-relfes des seconds. Nos essais pratiques nous ont amenés aux mêmes conclusions que celles données par d'autres expérimentateurs : La g-relTe ne réussit vraiment que sur des plants herbacés ; le seul mode de greifage pos- sible : la g-reffe par approche présente des diflicultés sulïisantes pour la faire rejeter de la pratique. [A suivre.^ E. Pierrot, Diplômé de V Ecole nationale d'Agriculture^ Ancien chef de culture aux Colonies. Bulletin du Jardin colonial. I 1 PRODUCTION DU CACAO DANS LES COLONIES ÉTRANGÈRES NOTES SUR LA CULTURE DU CACAO A LA TRIMDAD L île de la Triiiidad est la plus riche et la plus imporlanlc des petites Antilles. Elle est située entre les 10", 2', 39" et 10°, 50', 29" de latitude nord, et les (iO«, 56', 35" et 61°, 59', 30" de lon- gitude ouest du méridien de Greenwich, et est séparée du continent Sud-Américain par le Golfe de Paria, un des plus étendus du Globe. Elle est justement renommée pour la fei'tilité de son sol, sa production de sucre et de cacao, et pour ses forêts riches en essences diverses. Cette colonie jouit de certains avantages spéciaux ; elle est en delîors de la zone des cvclones et sa position géographique, ainsi que ses conditions climatériques, la mettent dans une situation plus favorable que les autres Antilles pour la culture du cacao. La température moyenne est de 25" à 26" centigrades, le plu- viomètre accuse une chute deau de pluie annuelle de 1"'60 à 1"SS0. Toutes ces circonstances, favorisées en outre par son altitude moyenne qui est d'environ 1 iO mètres, contribuent puissamment au développement de la culture cacaoyère qui prend cliaque jour tme plus grande extension. La superficie de cette colonie est d'environ 480.000 hectares ; sur ce chilFre, plus de 100.000 sont la propriété de planteurs de cacao, mais ne sont pas actuellement entièrement cultivés. Je crois toute- fois que dans quelques années tout ce terrain sera planté en cacaoyers, et par suite l'exportation qui a atteint 30.000.000 de livres anglaises en 1901-1902 s'élèvera dans 12 ans à peu près à 50.000.000. Saisons. — H y a deux saisons à la Trinidad : la saison des pluies, de juin à décembre, et la saison sèche, de janvier à mai. Il ne faut pas croire, toutefois, qu'elles soient bien tranchées. En effet, sauf pendant le carême, il pleut tout aussi bien de janvier LE CACAO A LA IKIMDAD 195 à mai que de juin ;t décembre, mais pendant la saison sèche les pluies sont moins abondantes et moins fréquentes. La moyenne annuelle est, ainsi qu'il vient d'être dit, de 1"'60 à l'"80. Une chaleur humide est nécessaire au cacaoyer, si on veut obtenir des récoltes abondantes. Quand le sol est riche en matières orga- niques, l'arbre se développe très bien et donne un bon rendement même dans un endroit modérément sec. La meilleure altitude pour l'établissement dune cacaoyère est de 0 mètre à 150 mètres. Il faut aussi une exposition convenable à l'abri des forts vents d'est ou alizés qui sont ceux qui souillent une grande partie de Tannée à la Trinidad. On remédie, du reste, à cet inconvénient en abritant les cacaoyers au moyen d'arbres d'ombrage, comme il est dit plus bas. Choix du terhaln. — Le cacaoyer ayant une longue racine pivo- tante doit être planté dans un sol profond. Les meilleures terres sont celles qui se trouvent dans le fond des vallées ou dans les endroits onduleux, riches en humus, bien arrosés soit par les pluies, soit par les rivières, car si les cacaoyers doivent souffrir d'un excès quelconque, il est préférable que ce soit par excès d'humidité que par sécheresse. Le premier se corrige assez facilement par le drai- nage, tandis qu'il n'en est pas de même pour le second. Il est avéré, en effet, que les récoltes sont toujours plus abondantes dans les années pluvieuses que dans les années de sécheresse. Le cacaoyer croît et donne un bon rendement aussi bien dans les terres marneuses que dans un sol argileux, compact ou argilo- siliceux. La terre de forêts, riche en matières organiques, est celle qui réunit les meilleures conditions pour l'établissement d'une plan- tation, le cacaoyer se développant naturellement mieux dans un sol vierge. On doit éviter autant que possible d établir des plan- tations dans des terres trop sableuses à cause des pertes nombreuses d'arbres occasionnées par une période prolongée de sécheresse. Par contre, dans un sol argileux trop compact, on doit en corriger la nature par l'établissement de nombreux canaux. En résumé, les conditions climatériques de la Trinidad, la nature de son sol et l'humidité de son atmosphère sont tellement favo- rables à la culture du cacaoyer, qu'il vient en général partout. 106 ÉTUDES ET MÉMOIRES Préparation du terrain. — Pour établir vme plantation cacaoyère on commence naturellement par défricher le terrain. On se livre donc à ce genre de travail dans le courant du mois de janvier, époque à laquelle commence la saison sèche, de façon que les arbres abattus, et débités, aient le temps de sécher quand viendra le moment de les brûler. Le défrichement terminé, on débarrasse le terrain de toutes les plantes et broussailles qui le couvrent, on empile le tout, et, un un mois après, on y met le feu. Comme il reste toujours des par- ties qui n'ont pas été consumées, on les réunit en petits tas que Ton brûle également. Il y a quelques planteurs qui conservent quelques arbres de la forêt pour ombrager les cacaoyers, c'est un tort, parce que ces arbres, en général très haut, résistent au vent tant qu'ils sont en masse, mais isolés ils sont facilement déracinés, ce qui cause beau- coup de dégâts à la plantation. Jalonnements. — Le terrain complètement nettoyé, débrous- saillé et couvert d'une légère couche de cendre, on procède au jalonnement en quinconce, selon la distance à laquelle on veut planter le cacao, afin de marquer la place qu'il devra occuper. Cette distance varie suivant la nature du sol. Dans un terrain pauvre on jalonne de 4 mètres en 4 mètres, tandis que dans une terre riche il convient d'espacer les jalons de 5 à 6 mètres les uns des autres pour que les arbustes ne soient pas gênés dans leur développement futur. L'alignement pour les cacaoyers terminé, on marque l'empla- cement que devront occuper les immortelles devant servir à ombrager la plantation. Les piquets des immortelles doivent être disposés de S mètres en 8 mètres, à chaque deux rangées de cacaoyers, c'est-;i-dire au double de la distance marquée pour ces derniers, et en deliors des lignes, afin de pouvoir surveiller plus facilement la plantation. Il y a deux variétés d'immortelle qu'on utilise à la Trinidad : « l'Erythrina Velutina », appelée dans le pays Boccaré, et « 1 Kry- thrina ombrosa », ou Arnauco ; on les désigne toutes les deux ici sous le nom de « Madré del Cacao » (mère du cacaoyer). On se sert de préférence de ces deux variétés, parce que l'immortelle est un arbre qui croît rapidement dans les bonnes terres ; il a un feuil- LE CACAO A LA ÏRINIDAD 197 lage lég-er, donnant un ombrage très éparpillé sur le sol et abritant bien, par conséquent, les cacaoyers du soleil et des vents violents. Il est de la famille des légumineuses, conserve l'humidité au sol, et a la propriété d^emmagasiner l'azote par ses racines D'après des expériences qui ont été faites par le professeur Car naody, de la Trinidad, il paraît qu'à l'époque de sa floraison les fleurs de l'immortelle qui tombent en grandes quantités ajoutent de nouveaux éléments fertilisants au sol. Comme l'immortelle ne commence à donner de l'ombre que vers la quatrième année, il faut donc dans l'intervalle avoir recours, pour ombrager les jevines pieds de cacao, à des plantes d'une croissance encore plus rapide, telles que le bananier, le manioc, le maïs ou le riz. On procède, en conséquence, à la plantation de plants de bana- niers de 2 mètres en 2 mètres autour du jalon, et entre les bana- niers et le jalon on pique une bouture de manioc. Ce travail terminé, on peut, si l'on veut, semer de maïs ou de riz tout l'espace resté libre, ce qui non seulement couvrira le sol et empêchera la croissance des mauvaises herbes, mais donnera en 3 ou 4 mois une récolte dont le produit de la vente servira à payer une partie des premiers frais. On peut encore combattre la croissance des mauvaises herbes en piquant des plants de cannes à sucre. Dès que le temps est favorable, c^est-à-dire aux premières pluies, le travail qui précède pouvant être fait en temps sec, on plante le cacao, à raison de 3 graines à environ 0'"30 autour du piquet, et une graine d'immortelle dans l'emplacement qui lui est destiné. On établit en même temps des pépinières de cacaoyers dont les plants serviront à remplacer plus tard les pieds morts ou manquants et aussi afin de suppléer à la graine dans le cas où celle-ci ne donnerait aucun résultat. Plusieurs planteurs, au lieu de procéder de cette manière, emploient un autre système consistant à peupler la plantation par des cacaoyers levés en pépinières. Pépinières. — J'ai dit dans le chapitre précédent que beaucoup de planteurs, au lieu de disposer des graines dans le champ autour du jalon, transplantent les jeunes cacaoyers tirés de la pépinière. Si l'on adopte le premier système on réalise non seulement une petite économie en évitant le transport des plants de la pépinière aux places qu'ils doivent occuper sur le terrain, mais encore, n'a\ant 19S ÉTUDES KT MÉM()Illi:S subi aucun déplacement, ils tiendront mieux en terre et ne seront pas retardés dans leur croissance. Dans un coin ombrag-é, généralement près d'un cours d'eau, on défriche minutieusement un carré d'environ 10 mètres de côté, on enlève les racines et tout ce qui serait un obstacle à l'enlèvement des jeunes plants de cacaoyers. Le terrain bien préparé, sulfisamment ameubli et drainé, on plante de 0"" \() en 0'"10 des graines de cacao que l'on arrose de temps en temps. Les semences sont prises des cabosses cueillies sur les arbres les plus sains. On les conserve environ une semaine, afin de faciliter la germination des graines qui commence même avant qu'elles ne soient mises en terre. Les mauvaises herbes doivent être enlevées dès qu'elles appa- raissent. Au bout de six à huit mois, quand les jeunes plants ont atteint de 0'" 30 à 0'" 40 de hauteur, ils sont en état d'être trans- plantés. Il faut avoir surtout grand soin d'enlever la plante avec assez de terre pour éviter que les racines ne soient mises à nu. Les pépinières doivent être établies le plus près possible de la plantation. Draina(;e, — Au quatrième mois, le maïs ayant été récolté, un nettoyage est nécessaire ; une façon culturale est alors donnée au champ. On procède en même temps aux travaux de drainage superficiel consistant à creuser dans le sol, s'il est en plaine ou en vallée, de petits canaux de ()'"U) de largeur sur 0'"40 de pro- fondeur pour empêcher les eaux de séjourner à la surface du sol, ce qui nuirait à la plantation. Sarclage. — Au bout de 0 à 8 mois, quand le moment est favorable, c'est-à-dire ni trop pluvieux, ni trop sec, l'on commence la plantation proprement dite. On transporte les petits pieds de la pépinière aux endroits marqués par les jalons, en ayant la pré- caution, comme il a été dit plus haut, de prendre assez de terre avec le plant pour ne pas laisser ses racines k nu. Quel que soit le système que l'on aura adopté, semence directe sur le chanq), ou transplantation, il ne faut jamais laisser plus d'un pied à chaque jalon, et si les trois graines plantées au début ont levé il est néces- saire de ne laisser qu'un seul pied, les deux autres peuvent être utilisés pour remplacer les cacaoyers manquants. LE CACAO A LA TRINIDAD 199 Il sera nécessaire, par la suite et après cette opération, de visiter de temps à autre la plantation pour s'assurer que les jeunes cacaoyers se développent bien. Si quelques-uns laissaient à désirer, il ne faudra pas hésiter à les remplacer immédiatement par ceux laissés à cette intention dans la pépinière en nombre suffisant. Quatre sarclages pendant trois ans sont suffisants. De la troi- sième à la quatrième année les immortelles avant atteint un certain développement, il ne sera plus nécessaire que de faire 2 à 3 sar- clages au maximum par an. Dès la quatrième année, quelques cabosses font leur apparition, les frais diminuent, et progressivement à l'année suivante les cacaoj^ers arrivent à produire sufîisamment pour payer l'entretien de la plantation. De la quinzième à la quarantième année, selon les circonstances, les arbres peuvent être considérés en plein rapport. Dans l'intervalle, environ 4 ans après le défrichement, tous les troncs d'arbres laissés en terre s 'étant entièrement transformés en humus, on procède à l'établissement définitif d'un S3'stème de drai- nage toutes les deux rangées de cacaoyers. On aiïaiblit, en même temps, les plantes de premier ombrage, de façon à permettre aux jeunes cacaoyers de prendre corps. On continue ce travail jusqu'à ce qu'il ne reste plus sur la plantation que les cacaoyers et les immortelles. Taille. — Le planteur doit donner une grande attention à la taille, s'il désire obtenir une récolte abondante. Les fruits venant sur les plus grandes branches, il est nécessaire de les développer par une taille judicieuse pour qu'elles ne soient pas chargées de ramifica- tions inutiles. Un arbre typique de cacao doit avoir un tronc et trois branches bien ouvertes. Il ne doit avoir de feuilles qu'au sommet, de façon qu'elles ombragent l'arbre lui-même sans gêner la libre circulation de l'air. S'il pousse des branches gourmandes sur le tronc, on les coupe. Le cacaoyer. — Le cacaoyer dans un bon terrain atteint, quand il est livré à lui-même, une hauteur de 8 à 9 mètres, il étend ses branches latérales à une distance d'environ 3 mètres-, et h 2 ou 3 mètres du sol ses branches, au nombre de 3 à 6, jettent des rami- fications dans tous les sens. 200 É-rUDES ET JfÉMOlRES Il y a trois espèces de cacaos à la Trinidad : le Criollo, le Fores- tero et le Calabacillo. Le Criollo est peu cultivé, sa qualité est supérieure, mais son faible rendement et son peu de résistance ont obligé les planteurs à abandonner sa culture. Le Forestero, qui est Tespèce la plus répandue, est bien supérieur au Calabacillo, bien qu'inférieur en rendement ; cependant ce der- nier résiste mieux que les deux autres à la sécheresse. Récolte du cacao. — Lorsque les fruits du cacaoyer commencent à montrer des signes de maturité, variant, selon la couleur de la cabosse, du jaune orang-é quand les cabosses sont primitivement vertes, ou rouge foncé si les fruits sont de Tespèce rouge, on com- mence à faire la récolte de la plantation. Il faut avoir bien soin de ne récolter que les fruits mûrs. Les travailleurs, au moyen d'un long roseau au bout duquel est adaptée une serpette bien affilée, coupent d'un coup sec les fruits à la base du pédoncule. Il faut éviter d'arracher les cabosses pour ne pas faire de blessure à l'arbre. Les fruits répandus sur le sol sont alors ramassés dans des paniers par des femmes qui en font de gros tas, que des hommes, quelques instants après, ouvrent avec un coutelas pour en extraire les fèves qu'ils mettent dans des paniers transportés à dos d'âne aux bâtiments d'exploitation, pour leur faire subir l'opération de la fer- mentation préalable au séchage. Fermentation'. — La fermentation a pour but de développer l'arôme du cacao et de lui donner, en même temps, une belle appa- rence appréciée sur certains marchés, tels que ceux de New-York et de Londres. La préparation que Ion fait subir au cacao varie selon le marché auquel ce produit est destiné. Si l'on désire un cacao bien rouge, bien lustré, sec et d'une cas- sure cannelle, sans trop grande amertume, il faut le laisser dans les cases à fermenter de 4 à 0 jours ; cette durée varie suivant l'état hygrométrique de l'atmosphère. Si le temps est au sec, on peut sans danger le laisser 6 jours. Si le temps est à la pluie, 4 jours seront plus que suflisants. Si au contraire le cacao est destiné au marché français, <|ui préfère ordinairement une qualité plus infé- rieure, moins rouge et plus amer, on ne le laissera que 2 jours, tout au plus, dans la case à suer. LE CACAO A LA TIUMDAD 201 Case a suer. — Au fur et à mesure que les graines arrivent de la plantation, on les verse dans une grande boîte à double fond, d'en- viron 2 mètres de côté et de 3 mètres de hauteur, couverte d'un toit. Deux boîtes identiques sont accollées, de sorte que l'ensemble du bâtiment contient g-énéralement deux boîtes, quelquefois même quatre, suivant l'importance de la cacao^'ère. Quand une boîte est remplie, on met au-dessus des graines quelques feuilles de bananier, et au-dessus, des planchés les unes à côté des autres, et enfin sur les planches quelques pierres assez lourdes pour faire pression. La matière mucilagineuse qui entoure la fève de cacao se met à fermenter et la température de la boîte augmente peu à peu, surtout dans le centre. Dès le troisième jour, les graines sont transvasées dans le compartiment voisin pour leur faire subir une nouvelle fer- mentation. Cette seconde opération a pour but de faire fermenter toutes les graines au même degré. Si on ne procédait pas ainsi, il arriverait que les graines du centre fermenteraient beaucoup trop et éclateraient, tandis que celles qui étaient situées sur les côtés, dans la première boîte, ne recevraient qu'une fermentation insuffisante, le lot obtenu serait par suite d'une qualité inégale et partant infé- rieure. Durant cette fermentation, la matière visqueuse entourant la fève a disparu, et la graine de blanche qu'elle était à la surface, au début, a pris une belle couleur rouge acajou clair, qu'elle conserve- ra par la suite ; l'intérieur de la fève, de violet clair devient couleur cannelle, signe indiscutable de première qualité. Plus les graines ont fermenté plus leur qualité est améliorée, mais aux dépens de leur poids, car moins on les laisse fermenter et plus le cacao est lourd. Ainsi pour le marché français, où on ne laisse les graines que deux jours dans les boîtes, la fève devient moins rouge, elle pèse davan- tage, la cassure est plus violette, ce qui, en somme, peut consti- tuer une qualité, attendu que plus le cacao est amer et plus il sup- portera le sucre dans sa transformation future en chocolat. Or, le sucre étant un produit infiniment moins cher que le cacao, il en résulte que le chocolatier a plus de bénéfice et d'avantages à employer des cacaos amers. Séchage. — La fermentation terminée on étale les graines en 202 ÉTUDES ET MÉMOIHES couche d'environ 0'" 20 d'épaisseur sur des séchoirs de 20 mètres de loui^ueur sur G mètres de hirg'cur, et 0"' 20 de profondeur, construits sui' pilotis, h un mètre au-dessus du sol, recouverts de toits roulants, pour (juau moindre si<^ne de pluie on puisse refermer vivement le toit, afin que les graines ne soient pas endom- magées par l'eau. Suivant l'intensité du soleil, la durée du séchage varie de 5 à 10 jours. Les graines doivent être constamment remuées au moyen d'un râteau. Le soir vers trois heures, les graines sont mises en tas, et le toit roulant refermé, jusqu'au lendemain matin à 9 heures, heure à laquelle les graines sont de nouveau étalées sur toute la surface du séchoir. On continue cette opération jusqu'à complète dessiccation des graines qui, dès quelles sont refroidies, sont mises dans des sacs d'une contenance d'environ 1 00 à 1 50 livres anglaises et vendues sur place. Séchoirs artificiels. — Dans certaines grandes exploitations, on a recours, pendant la saison pluvieuse, à des séchoirs artificiels plus ingénieux les uns que les autres. Ils sont de divers types : dans les uns, on applique l'air chaud et sec ; dans les autres, la vapeur d'eau. Tous rendent quelques ser- vices, mais aucun jusqu'ici n'a pu donner des résultats analogues à ceux obtenus par le soleil. Néanmoins, dans les grandes exploita- tions, il est utile d'établir un séchoir artificiel : on évite ainsi des pertes causées par suite de l'insuffisance de séchage. Ennemi du cacaoyer. — Le principal ennemi du cacaoyer est la larve d'un insecte qui creuse un trou dans le tronc, et lorsqu'il arrive au cœur de l'arbre le cacaoyer meurt. Le trou fait par l'insecte étant assez grand et facile à reconnaître, on peut arriver k le détruire. On conserve l'arbre en bouchant le trou avec de l'argile que l'on enduit de goudron. L'écureuil et le rat musqué sont égale- ment des ennemis dangereux du cacaoyer. Contrat. — Lorsque le propriétaire d'un champ n'établit pas lui- même la plantation, il en confie le soin à des travailleurs indigènes LK CACAO A LA TRINIDAD 203 qui passent avec lui un contrat par-devant un magistrat, aux termes duquel le propriétaire, d'une part, s'engage à mettre à la disposi- tion du contracteur, pour une durée de 5 ans, un terrain complète- ment défriché et oi^i auront été disposés des canaux collecteurs principaux de drainage; d'autre part, le contracteur s'engage à planter, selon les règles ordinaires, les cacaoyers et les immortelles aux distances convenues, et à entretenir le terrain en bon état, moyennant le paiement, au bout de 5 ou 6 ans, époque de la livrai- son de la plantation, d'une somme de 1 schilling, soit 1 fr. 25 par arbre donnant un certain rendement, et de 0 fr. 60 pour les arbres de 2 à 3 ans. Le contracteur est autorisé à cultiver des plantes vivrières pour son usage exclusif, telles que manioc, cannes à sucre, choux, riz et maïs ; mais dès que le maïs et le riz ont été récoltés, il lui est défendu de faire d'autres semences de ces deux plantes pour ne pas épuiser le terrain. Rendement. — La moyenne de rendement par 1.000 arbres de cacaoyers en plein rapport est de 10 sacs, de 75 kilos chaque. Le Vice-consul, Barron. DIIU:CTION DE L'ACxRIGULTURE DE MADAGASCAR LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR RAPPORT DE 1903 SuifoK) BULLETIN DE DÉVIDAGE 11° 3 (Un duplicata de chaque bulletin de dévidag-e sera épingle sur le tableau d'éducation ayant trait aux cocons dévidés.) Essai dun kilogramme de cocons frais de la onzième éducation. Variété de race Bionne pure E. Tableau d'éducation n« 5. Bulletin d'éducation n" 5. Nombre de cocons frais = o25. Appréciation sur les cocons : Cocons de belle qualité bien régu- liers et de belle forme. Système de dévidag-e employé. Dévidage à la Tavelette. IIENDEIMENT on grammes Pour la quantitt' de cocons secs ou frais soumis au dé\icia|4C Par kilog. de cocons secs ou fi-ais (îrèffc 0 kil. 002 0 kil. 016/2 0 kil. 009 0 kil. 003 0 kil. 002 0 kil. 165 0 kil. 000 0 kil. 003 Frisons Bassines Bourre. Poids de cocons frais nécessaire pour lilei' un kilo de soie grège 1 0'^ 8G9 Poids de cocons secs nécessaire pour lîler un kilo de soie grège — Poids de feuilles consommées par les vers par kilo- gramme de soie grège obtenu 1 26 . 9.^)0 Poids de soie grège obtenu par 1 00 kilogrammes de feuilles '. 0.787 Remarques et observations. — Sous le rapport de la quantité de soie grège fournie par un poids déterminé de cocons frais, la variété « Bionne pure » se montre supérieure aux autres ; mais si l'on com- I. Voir lUtilelin n" 22 et 23. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 205 pare la soie obtenue à la quantité de feuilles nécessaires à sa for- mation, on trouve que pour cet essai la Bionne pure se classe au 2*^ rang, après le Jaune mat École professionnelle, qui pour la même éducation a donné 798 g-rammes de soie pure pour 100 kilogrammes de feuilles consommées. Nanisana, le 3 mars 1904. 7° Vulgarisation. — Collections de vulgarisation. — Participa- tion aux expositions. — Afin de vulgariser toutes les connaissances se rattachant à l'industrie séricicole, de faire connaître les produits qu'il est possible d'obtenir à Madagascar avec des soins, de mon- trer aux intéressés les résultats auxquels on peut arriver en suivant exactement les conseils de la Station de Nanisana, et de faire con- naître aux éleveurs et aux personnes chargées de les guider et de les conseiller les méthodes d'élevage les plus recommandables, la Direction de l'Agriculture a publié des brochures, préparé des col- lections qui ont été mises à la disposition des administrations pro- vinciales, et a participé à toutes les expositions où la présentation d'échantillons séricicoles était susceptible d'intéresser le public. Publications. — Dès le commencement de l'année dernière, M, Piret, sous-Inspecteur chef de la Circonscription agricole du Centre, a préparé, d'après les renseignements donnés par mes pre- mières expériences, une brochure de quelques pages renfermant, sous une forme aussi condensée que possible, toutes les principales indications nécessaires aux éleveurs. Cette étude, très facile à comprendre, même pour les personnes ignorant complètement en quoi consiste l'élevage du ver à soie de Chine, a été traduite en malgache. Elle a été publiée dans le ^Tournai officiel de la colonie (n" 781 du 25 février 1903), dans le Bulletin économic/ue de Madagascar (n" 1, l*^"" trimestre 1903), dans la Revue du Comité de Madagascar (n° 5 du 5 mai 1903), et en malgache dans le Vsevse frantsay mala- gasy (n° 333 du 6 mars 1903). On l'a, en outre, fait paraître en français et en malgache sous forme de tirages k part qui ont été répartis entre les diverses cir- conscriptions administratives du Centre et distribués à toutes les personnes qui en ont fait la demande au Service de l'Agriculture. Dans le but de faire connaître les produits séricicoles malgaches en France et à l'étranger, on a constitué au Jardin colonial une collection complète d'échantillons de toutes les éducations faites 206 ÉTUDES ET MÉMOIRES à Nanisana. Cette collection est exactement semblable à celle for- mée à la Station d'essais et permet de suivre, aussi bien à Paris qu'à Tananarive, les progrès réalisés pour chaque race mise à l'étude. En France, cette mesure est complétée par notre participation annuelle au Concours t^énéral agricole de Paris où les produits séricicoles présentés par la Direction de l'Agriculture ont obtenu un grand diplôme d'honneur, une première fois en 1903 et une seconde en mars 1904, à l'issue du dernier concours agricole. Enfin, en vue d'être renseigné plus exactement encore sur l'avis des spécialistes et de pouvoir faire exécuter de véritables essais industriels, le Service de sériculture a commencé, en 1903, l'envoi de quelques kilogrammes de cocons secs qui ont été soumis à l'examen du Laboratoire de la Condition de Lyon. Cette première expédition doit être renouvelée cette année, quand l'éducation actuellement en cours d'exécution sera achevée. Elle comportera cette fois un stock d'environ 200 kilogrammes de cocons secs qui ne pourra manquer de donner au point de vue intlustriel des indi- cations véritablement précises. La collection séricicole malgache du Jardin colonial comprend en ce moment, comme celle de Nanisana, plus de cent échantillons variés. Elle sera continuée au fur et à mesure que les éducations fourniront de nouveaux produits intéressants. A l'Exposition d'Hanoï, le Service de Sériciculture, qui, au moment de la préparation des collections destinées à être expédiées au Tonkin, se trouvait encore tout à fait à ses débuts, n'a pu envoyer qu'une dizaine de bocaux de beaux cocons. Au point de vue pratique, une exposition séricicole malgache ne pouvait, d'ailleurs, présenter en Indo-Chine qu'un intérêt assez secondaire, car Mada- gascar ne peut songer à exporter ses soies en Asie, c'est-à-dire dans la partie du monde d'oii provient justement le Sericaria mori et produisant beaucoup plus de soie qu'il ne lui en faut. Sous ce rapport, l'Exposition de Saint-Louis (Etats-Unis) présen- tait plus d'intérêt au point de vue séricicole. La Direction de l'Agriculture, quoique prévenue beaucoup trop tard, y a envoyé 23 boîtes de cocons et de soie (Landibé et Landikely) soigneusement choisies. A Madagascar même, la Station d'essais de Nanisana ne laisse échapper aucune occasion de mettre des échantillons séricicoles sous les veux des colons ou des indigènes. Elle en a fait déposer O' ^pof LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 207 au Musée commercial et agricole de Tamatave ; elle organise à chaque concours agricole de Tananarive une exposition séricicole particulière montrant au public à quel point en sont les essais. Enfin, l'état actuel de la sériciculture dans le Centre paraissant assez avancé pour justifier un premier concours spécial, la Direction de TAg-riculture a été charg-ée d'organiser à Nanisana, pour la fin de mai 1904, une exposition uniquement consacrée aux cocons et aux différentes soies de Landikely ou de Landibé. Exposition séricicole du 25 mai 1904. En dernier lieu, nous signalerons que, dans le courant de 1903^ le Service de Sériciculture a réparti, entre les subdivisions adminis- tratives delà région centrale, 38 collections de cocons. Ces collec- tions, composées chacune de trois boîtes, sont destinées à servir de base aux éleveurs en leur montrant à quoi ils peuvent arriver avec les g-raines cédées par la Station de Nanisana. Ces premières collections devront être complétées peu à peu par l'envoi de spécimens de soie dévidée et des différentes sortes de cocons de mauvaise qualité (cocons doubles, fondus, faibles, etc.), afin de mettre les chefs de province et les éleveurs en mesure de 208 ÉTUDES ET MÉMOIRKS faire trier ou de trier eux-mêmes leurs récoltes d "une manière con- venable. S" École séricicole de Nanisana. — Travaux d'installation et description. — Un des rouag-es les plus importants du Service de Sériciculture est l'Ecole séricicole de Nanisana, annexe de la Sta- tion d'essais, qui comprend aussi une petite section pour les élèves jardiniers. Le titre de ferme-école fera peut-être croire qu'il s'agit icid'un éta- blissement d'enseignement, où l'on fera des cours théoriques ou des classes plus ou moins à la portée des élèves. Tel n'e.st point le but poursuivi par la Direction de l'Agriculture. L'école de Nanisana qui va s'ouvrir dans quelques jours est, avant tout, et exclusivement, une institution d'apprentissage professionnel dont les élèves seront simplement exercés à fond à tous les travaux intéressant la culture du mûrier et l'élevag-e des A^ers à soie pour la section séricicole. Il faut, qu'à la sortie, chaque élève ayant suivi rég-ulièrement l'appren- tissag-e séricicole soit en état d'installer et d'entretenir convenable- ment une culture de mûriers, et de mener à bien des éducations de vers à soie. L'emploi du temps comprendra surtout des travaux pratiques. Ce sont les apprentis qui seront chargés d'entretenir, de développer les mûraies de Nanisana et d'exécuter toutes les opérations concer- nant les élevag-es de <( Sericaria mori », sous la surveillance et la direction du contre maître de sériciculture. Ils fourniront, en outre, la main-d'œuvre nécessaire à l'exécution des travaux de grainage, de sélection et de dévidage (jui ne vont pas manquer de prendre sous peu, à Nanisana, une importance très considérable. Ces travaux seront interrompus deux fois par jour par deux cau- series d'une heure, qui auront lieu dans les magnaneries ou sur le terrain au milieu des mûraies. Ces causeries faites par le Directeur de l'école ou par l'un des chefs de section ne donneront pas lieu à la rédaction de cahiers de notes et porteront toujours sur les travaux du jour. Elles seront complétées par l'examen d'échantillons, de photographies ou dessins convenablement préparés, permettant de bien faire saisir aux apprentis ce que l'on désire leur apprendre. Des interrogations fré(juentes montreront, en outre, si les élèves ont bien compris ce qu'on leur expliquait. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 209 Indépendamment des travaux ordinaires afTérents aux g-randes éducations de grainage du Service de Sériciculture, chaque élève devra dirig^er pour son propre compte, dans des locaux spéciaux faisant partie du village séricicole, des éducations particulières aux- quelles il se trouvera spécialement intéressé, car il est décidé que le produit de ces chambrées serait remis aux apprentis à la hn de leur apprentissage, à titre d'encouragement, sous forme de prime en argent ou de matériel servant à faciliter leur installation. Exposition séricicole du 25 mai 190i. Les magnaneries. La durée de l'apprentissage est fixée à deux ans, temps reconnu bien suffisant pour faire d'un indigène intelligent un bon ouvrier sériciculteur. D'une manière générale, les élèves de cette section seront accep- tés par ménage. Le mari sera spécialement exercé aux travaux de culture et d'élevage, tandis que la femme sera surtout chargée du dévidage, et concurremment avec son mari de tous les travaux d'in- térieur des magnaneries. 11 est bien évident que cette division ne sera pas absolue ; c'est ainsi, par exemple, qu'on emploiera très bien les femmes à la cueillette des feuilles, mais en principe on réservera les opérations les plus délicates et les plus minutieuses' aux élèves ouvrières. Bulletin du Jardin colonial. 15 210 ÉTUDES Eï MÉMOIRES Chaque promotion doit comprendre 10 ménages dont l'entretien est entièrement à la charge de l'Administration. Au complet, c'est-à-dire à partir du l"""" mai 1905, il y aura donc à l'Ecole de Nanisana 40 apprentis sériciculteurs. Les locaux de l'Ecole dont la construction a été commencée en 1903 comprendront, au total, quand ils seront complètement achevés : 1° .Une magnanerie d'études; 2" un atelier de dévidage; 3° un village séricicole. lA 7^-^ Miihoialoùre l^_r Mae calLeclL Magnanerie d'études. Plan du rez-de-chaussée. Tous ces importants travaux ont été exécutés sous la surveillance et la direction de M. Marchand, agent de culture adjoint au chef de la Circonscription agricole du Centre. M. Marchand s'est acquitté de cette tâche avec un dévouement et un zèle dont il mérite d'être vivement félicité, et auxquels je suis heureux de rendre hommage ici. 1° Magnanerie d'études. — Cette construction est la plus impor- tante de toute l'Ecole. — L'arrêté du 7 mai 1901 l'a désignée sous le nom de magnanerie modèle, mais aujourd hui cette dénomina- tion nous paraît inexacte, car il est impossible de donner ce grand bâtiment comme modèle aux éleveurs. Le but, en elfet, n'est pas le LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 211 même. L'éleveur n'a besoin que de salles d'éducation bien aérées, mais en définitive assez sommaires, tandis que la magnanerie d'études de Nanisana doit comprendre, en dehors des chambrées d'élevage dans lesquelles il faut pouvoir mener et surveiller séparément jus- qu'à 20 variétés difTérentes et même plus, un bureau laboratoire pour l'examen microscopique des cellules, une salle de collections, une chambre de grainage, un petit laboratoire de photographie, une Groupe d'élèves de l'École agricole et séricicole de Nanisana. glacière pour l'hivernation artificielle des œufs originaires de France et la conservation des cellules mises en réserve, de vastes greniers pour le séchage des cocons. Enfin il faut que toutes ces salles soient assez vastes pour y exercer en même temps un nombre d'apprentis plus élevé que celui des ouvrières réellement nécessaires au même travail chez un éleveur ordinaire, La magnanerie d'études comprend un sous-sol, un rez-de-chaus- sée surélevé de 1"'50 et un premier étage. L'ensemble représente un bâtiment de 26'" 50 de long sur 12™ 50 de largeur, composé d'un corps principal dans lequel sont installées une chambre d'élevage, une salle de grainage et la cage de l'escalier, plus deux ailes pla- 212 ÉTUDES ET MÉMOFRES cées perpendiculairement, dont l'une est entièrement occupée au rez-de-chaussée par une grande salle d'éducation et dont la seconde renferme le laboratoire-bureau et la salle de collections. Le sous-sol se compose d'une chambre noire, d'une vaste salle pour faire sécher les feuilles de mûrier et d'un réduit où l'on pro- jette d'installer un appareil frig-orifique. Le rez-de-chaussée donne accès au moyen de quatre perrons dis- posés sur les quatre faces de la construction aux diverses salles pré- cédemment énumérées. La salle de i^rainage, communiquant avec le laboratoire et une chambre d'éducation, mesure 3 mètres sur 5'" 10 de hauteur. Les salles d'éducation ont respectivement 11'" 50 et 6 mètres de long sur 5"' 10 et 5"' 20 de large. En temps ordinaire, la plus grande contient 80 mètres carrés de claies et la deuxième seulement 60 mètres ; mais il serait possible d'augmenter ces surfaces d'une manière très sensible. Chacune de ces salles est munie d'une cheminée permettant de chauffer lorsque la température n'est pas assez élevée. — La circu- lation de l'air est facilitée par de nombreuses ouvertures percées de tous cotés et par des cheminées d'aération communiquant avec les caves. Deux vérandas de 14 "' 50 sur 2 '" 20 facilitent les communi- cations d'une pièce à l'autre. Les greniers affectent sensiblement la même disposition que le rez-de-chaussée. Ils serviront, en même temps, au séchage des cocons, à l'emmagasinage de la soie et au classement de certaines collections de la Station d'essais qu'on ne sait où mettre jusqu'à ce jour. La magnanerie a été entièrement construite en briques cuites et en granit pour les soubassements. Elle est couverte en tuiles. 2" Atelier de dévidage. — Cet atelier n'est pas encore construit; mais les crédits nécessaires ayant été prévus au budget de 1904, ce bâtiment sera achevé avant la fin de l'année courante. L'unique dévideuse existant actuellement à Nanisana est instal- lée provisoirement dans la maison de M. Agniel, contremaître de sériciculture. A la fin de 1904, l'atelier doit comprendre deux dévideuses. — Au complet, il se composera, en 1905, de quatre petits appareils à filer la soie, dont les tours seront mis en mouvement au moyen d'un manège actionné par un mulet ou par un âne. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 213 Ces quatre dévideuses suffisent, semble-t-il, largement pour les essais de Nanisana et pour dresser les 20 apprenties dévideuses de l'École, L'excédent de cocons produit sera dévidé par les soins de l'Ecole professionnelle de Tananarive, qui possède des appareils d'un modèle perfectionné, actionné par un moteur à vapeur. 3° Village séricicole. — La moitié seulement du village séricicole a été construite en 1903, la deuxième portion sera commencée Magnanerie d'études inaugurée le 25 mai IPOl. incessamment dès que la magnanerie d'études sera terminée, et achevée avant décembre 1904. La première moitié, suffisante pour loger une promotion d'élèves, comprend 10 logements (A) composés chacun d'une pièce de 4"" 30 sur3'" 80, plafonnée et blanchie à la chaux. Chaque ménage aura donc une chambre à sa disposition. Au milieu de l'intervalle exis- tant entre les deux corps de bâtiment formant les logements, sont disposées, suivant trois lignes, les 10 magnaneries d'élèves (B) dans lesquelles chaque ménage sera chargé de diriger ses éducations parti- culières suivant les indications données par le contremaître, chef de la section séricicole. 214 ÉTUDES ET MÉMOIRES Ces maf^naneries sont d'un modèle très simple et peu coûteux. Ce sont des petites chambres en briques crues, couvertes en herana, mais plafonnées à cause des rats et des souris. Village séricicole de Nanisana. Echelle : 0"" 0015 par mètre. A. Habitation des élève». B. Magnaneries d'élèves. D. Habitation du surveillant. C. Chambre à feuilles. E. Cuisines. P. Parterres. NOTA. — La portion située à gauche de la li.tçne A B est seule entièrement achevée. moitié vient d'être commencée et sera achevée avant la fin de 1904. L'autre Chaque pièce comprend deux fenêtres non vitrées et deux portes disposées sur deux faces opposées, afin de faciliter la ventilation. Chaque maj^nanerie renferme quatre bâtis d'une surface totale de 20 mètres carrés. Le village comprend enfin deux petits magasins (C) et une case (D) pour le surveillant indigène. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 213 9° Tournées séricicoles. — L'arrêté du 7 mai 1901 a réglé, en outre, les encouragements à donner k la culture du mûrier, chez les colons européens et chez les Malgaches, en prescrivant chaque année la création de plantations de villages, dont tous les travaux d'installation et d'entretien doivent être exécutés par les indigènes de chaque groupe de cases. Ces cultures, comme celles des colons européens peuvent, quand elles sont bien entretenues, recevoir de deux à sept ans des primes d'encouragement, allant de trois h sept centimes par plant ou par trois mètres courants de haie. Ces mùraies sont complétées au fur et à mesure de leur développement par l'in- stallation de magnaneries dont les produits appartiendront aux vil- lages a^-ant participé à la création et à l'entretien des plantations et des chambres d'éducation. Afin d'éviter l'installation de cultures de mûrier sur des terres convenant mal à cette planle, dans le but de faire exécuter dans les meilleures conditions possibles tous les travaux demandés aux habitants et pour vérifier l'état où le fonctionnement des mûraies et des magnaneries déjà installées, la Direction de l'Agriculture envoie tous les ans en tournée d'inspection, dans les provinces sou- mises à l'arrêté du 7 mai 1901, un sous-inspecteur d'agriculture, chargé de visiter, avec le concours dune commission* dont le délé- gué du chef de province et le gouverneur indigène de la région font partie, les nouveaux emplacements proposés, de déterminer les primes à accorder et de contrôler ce qui a été fait depuis l'année précédente. Le délégué du Directeur de l'Agriculture doit, en outre, étudier l'opportunité de créer des magnaneries à proximité des plantations suffisamment développées pour fournir assez de feuilles, donner aux autorités locales tous les conseils ou renseignements dont elles ont besoin et rendre compte de toutes les observations recueillies pendant son voyage. Ces tournées d'inspection sont fort longues ; elles durent environ six mois et exigent un très gros effort de la part du fonctionnaire qui en est chargé. La troisième tournée accomplie à mon entière satisfaction par M. le 1. Composition de cette commission : Clief de la province ou soi délégué, un délé- gué du Directeur de l'Agriculture, Gouverneur principal de la Circonscription, sous- gouverneur, 216 ÉTUDES ET MÉMOIRES sous-inspecteur Piret, chef de la Circonscription agricole du Centre, a commencé le l"'' juin 1903 et a pu être achevée seulement au commencement de l'année courante. Cette inspection a permis de constater que, d'une manière générale, il y a lieu d'être très satis- fait du développement des mûriers plantés suivant les prescriptions données aux indigènes. 11 résulte des renseignements recueillis en 1903 par M. Piret qu'il existe actuellement dans le Centre 167 mûraies de fokonolona réparties comme l'indique le tableau suivant : nésiGNATiox des provinces ~ '{■ 'z 'z ^ C — -^ ~ - '^ ~> i ^ c NOMKHE DE IMEDS E.\ BON ÉTAT SIX MOIS à 1 an 1 A 2 ans 2 A 3 ans TOTAL * Province de l'Itasv ' .32 •11.76.20 22.94 23-291 13.866 11.635 4S.795 Province du ^'aki- nanka ratra 22 7I.S3.54 22.65.S8 13.099 750 21.208 35.057 Ancienne province dAnkaznbe - 54 85.73.S0 29.23.80 11.780 1.670 1.016 13.864 Province de l'Anga- vo-Mang:oro-Alao- tra » S 10.50 7.12 12.80 25.478 26.758 Province de l'Ime- rina Ccnli-al * ôl 76.00.50 32.73 900 21.798 22.698 Totaux ..... 167 115.68.68 49.751 16.286 81.135 147.172 2S6. 11.04 * Les cliiflres donnés dans cette coloi fine et dan s les trois précédentes comprennent des mùraies en haies et c les plants mis à 2 "■ 50 ou 3 mètres d'écart ainsi que d'autres placés à 5 mètres d "intervalle L'examen de ce tableau montre que l'étendue totale des mûraies choisies jusqu'à ce jour n'est pas encore cultivée. Cette constata- 1. Sont comprises dans ces évaluations les mûraies du sous-g^ouvernement de Mandiavato, appartenant autrefois au district d'Arivonimamo, 2. Sont comprises dans ces évaluations les mùraies des anciens districts de Mahitsy et de Marovatana rattachés maintenant à ITmerina Centrale. 3. Les mûriers de 2 à 3 ans ont été plantés en haie, c'est ce qui explique pourquoi il y en a aussi grande quantité sur vin espace relativement aussi restreint. 4. Ne sont pas compris dans ces évaluations les mûriers des districts de Marova- tana et de Mahitsy faisant autrefois partie de la province d'Ankazobé. Il existe, en outre, dans le district d'Arivonimamo un très grand nombre d'autres mûraies en bon élat, dues à linitialive privée des indif,'ènes ou créées avant l'arrêté du 7 mai 1901, par les soins de M. Marcox. Ces mûraies, qu'il n'a pas encore été pos- sible de visiter, seront, autant que possible, toutes inspectées en 1904. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 217 tion n'est pas anormale. On doit, en effet, poursuivre méthodique- ment chaque année, dans chaque province, la plantation de nou- velles mûraies de fokonolona, en tenant compte du nombre d'habi- tants pouvant être occupés à ces travaux. Les chefs de province et la Direction de l'Agriculture doivent donc simplement s'efforcer, en faisant leurs propositions annuelles de créer de nouveaux centres de plantation et s'arranger pour avoir constamment en réserve à proximité de chaque mûraie déjà créée une certaine étendue de ter- rain bien choisie à mettre en culture. L'inspection des mûraies en 1903 a donné lieu pour les primes aux propositions résumées dans le tableau suivant : ÉTAT RÉCAPITULATIF Des primes proposées à la suite de la tournée séricicole de 1904. PROVINCES Nombre de mûraies primées Nombre total de pieds proposés pour la prime Montant des primes Itasv 20 M 10 6 19 13.127 13.062 4.546 5.160 9.221 3.000 393 fr. 71 391 fr. 86 136 fr. 38 < 233 fr. 65 2/8 fr. 73 90 fr. 00 Vakinankaratra Ancienne province d'AnkazoJîé . . Angavo-Mangoro-Alff-tra Imerina Centrale Madame Lemaire. . M. Piret fait remarquer avec juste raison que le premier des deux tableaux précédents ne comprend que les mûraies de fokonolona ; mais qu'il existe, en outre, un très grand nombre d'autres mûriers, déjà très âgés ou plantés tout récemment par des colons ou sponta- nément par des indigènes. Cet agent ne croît pas être au-dessous 1. Est comprise dans ce chiffre une prime spéciale de 100 fr., proposée à titre exceptionnel pour le district Sihanaka, dont les habitants ont dû fournir un travail beaucoup plus considérable que les autres pour créer leurs mûraies. Ce travail supplé mentaire est dû à la rareté du mûrier dans la région d'Ambatondrazaka. Il a donc fallu venir chercher les premiers plants à la Station d'essais de Nanisana, près Tana- narive. 2\H ÉTUDES ET MÉMOIRES de la vérité ,en estimant qu'à l'heure actuelle il existe dans le centre de l'Ile (y compris les provinces d'Ambositra et de Fiana- rantsoa) environ 1.250.000 mûriers en bon état. Chaque mûrier pouvant, d'après les observations faites à la Sta- tion d'essais de Nanisana, fournir au moins un kilogramme de feuilles par saison à l'âge de trois ans, on peut évaluer, en ce moment, la production annuelle de feuilles de mûriers à environ 1.250 tonnes. Cette estimation est faite, en admettant que ces mûriers ne produisent pas plus d'un kilo par plant, ce qui est plutôt au-dessous de la vérité, car un grand nombre de sujets plus âgés fournissent certainement une bien plus forte quantité de feuilles. Spécimen de vieux niùriers dans la région de Vongoa. Il n'est donc pas exagéré, dans ces conditions, en comptant qu'il faut environ 150 kilos de feuilles pour produire 1.000 grammes 1 250 000 -— 8.333 kilos la quantité totale de soie grège évaluer à 150 de soie grège qui actuellement pourrait être produite dans le Centre si toutes les feuilles de mûrier étaient convenablement utilisées. La soie grège se vendant, en ce moment de 35 à 40 francs le kilo, la valeur totale de cette production pourrait s'évaluer à envi- ron 300.000 francs. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 219 Si tous CCS cocons pouvaient être centralisés en un seul point, si toutes les feuilles étaient bien emploA'ées, et si les Malg-aches élevaient convenablement les vers, cette production suffirait large- ment pour alimenter une filature ; mais il faut tenir compte que ces mûriers sont éparpillés de tous côtés dans un rectangle mesurant plus de 24-0 km. de large sur 675 km. de longueur, et qu'avant de songer à une filature installée à l'Européenne, il faut d'abord satis- faire les besoins locaux, qui sont loin d'être négligeables. Les nouvelles propositions établies pendant la dernière tournée séricicole représentent une superficie de i37 hectares, 87. dont 63 de nouveaux terrains. ETAT RECAPITULATIF des nouveaux terrains proposés par la Commission des classements durant V inspection séricicole de 190S. DÉSIGNATION DES PROVINCES ÉTENDUES PROPOSÉES Province de l'Itasv 24 hect. 39,20 76 hect. 16,78 72 hect. 30 "i hect. 01.67 Province de l'Imerina centrale Province de TAngavo-Mana^oro-AIaotra Province du Vakinankaratra . . Dans la province de l'Imerina Nord, les emplacements choisis antérieurement n'étant pas à beaucoup près encore tous occupés, il n'a pas été nécessaire de désigner cette année de nouvelles terres à consacrer à la culture du mûrier. Le développement des mûraies de fokonolona, va justifier pour 1904, la création d'un certain nombre de magnaneries, dont M. Piret étudiera en détail les conditions d'installation, pendant la tournée qu'il doit commencer dans les premiers jours de juin prochain. Les magnaneries dont la création paraît la plus urgente sont les suivantes : 220 ÉTUDES r:T mémoikrs 1° Province de Tltasy : Une mag-nanerie de 20 mètres carrés de claies à Miarinarivo, 2" Province du Vakinankaratra : Deux mag-naneries ^ à Antsirabé et quatre à Betafo, 3° Province de TAngavo-Mangero-Alaotra : Une magnanerie à Betatao. 4° Province de l'Imerina Nord : Une mag-nanerie à Ankazobé . 5» Province de l'Imerina Centrale : Une magnanerie à Manandrinna, une deuxième à Ambohitrini- manga et une troisième à Ambohidrano. 6" Province d'Ambositra : Une magnanerie à Ambositra. ^ 7" Province de Fianarantsoa : Une magnanerie annexée à la Ferme de l'Iboaka. Cela fait au total 16 chambres d'éducation, comprenant cha- cune 20 mètres carrés de claies, c'est-à-dire au total une surface de 320 mètres carrés, capaljle de produire approximativement à chaque éducation soignée 320 kilos de cocons frais de belle qualité. A ces nouveaux locaux viennent s'ajouter les magnaneries d'An- bohimanaga et d'Ambohidratrimo, créées avant la signature de l'ar- rêté du 7 mai 1901. Ces deux magnaneries ont été créées dans des conditions assez défectueuses. Il y aurait intérêt à rattacher complètement la première à la Sta- tion d'essais de Nanisana, et à mettre le plus tôt possible à Ambohi- dratimo, un ménage de sériciculteurs bien dressé, capable de diriger convenablement des éducations de vers à soie. Toutes les maisons malgaches du Centre peuvent, sans la moindre difficulté, être transformées en petites magnaneries, à condition toutefois de réserver spécialement pour cet élevage une des chambres du bâtiment et de prendre certaines dispositions que nous allons énumérer. 1. On prend ici comme unité les mag^naneries construites à la Station de Nanisana pour les apprentis séi'iciculteurs. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 221 Le point essentiel pour une magnanerie est de s'assurer une cir- culation et un renouvellement de l'air aussi faciles que possible. Il faudra donc avoir des ouvertures ou des fenêtres sur toutes les faces de la chambre, à deux ou trois mètres au plus les unes des autres. Ces ouvertures ou fenêtres seront munies d'un cadre, sur lequel on aura cloué une toile ou un morceau de calicot blanc, de façon que le local se trouve éclairé par une lumière tamisée. Il sera nécessaire éga- lement, que ces ouvertures soient garnies extérieurement d'un contrevent, afin de pou- voir empêcher les rayons solaires de péné- trer dans la magnanerie, ce qui pourrait occasionner une augmen- tation de température nuisible aux vers. CADRE POUR FENETRE t. Calicot fixé sur le cadre avec des semences (petites pointes). Muraie d'Antanjondra âgée de 3 ans. — District de l'Imamo. En général, en Imerina, il n'est pas nécessaire de chauffer les magnaneries depuis la lin d'octobre jusque vers le 15 avril, mais comme il se produit parfois des abaissements de température de plusieurs degrés, qui retardent le développement des vers ou nuisent k la formation des cocons, s'ils surviennent au moment de la montée, il serait utile d'avoir une cheminée dans toute magna- 222 ÉTUDES ET MÉMOIRES nerie bien tenue, afin de pouvoir chaulfer un peu, le cas échéant, pendant un jour ou deux, pour maintenir la température au degré convenable. Tous les trous de souris ou de rats devront être bouchés avec le plus grand soin ; en outre, le sol devra être carrelé afin de permettre le nettoyage. Nous avons ainsi à notre disposition, un local conve- nable pour élever les vers ; mais avant de les introduire dans la magnanerie, il est indispensable que celle-ci soit d'une propreté parfaite. Les murs seront donc soigneusement nettoyés et blanchis avec un lait de chaux contenant 3 "/„ de sulfate de cuivre, si le local a déjà servi; le carrelage sera lavé à grande eau; enfin, les claies, les montants et les traverses seront nettoyés avec soin, à l'eau chaude et au savon noir, puis plongés, autant que jiossible, dans une solution de sulfate de cuivre à 3 "/o, s'ils ont déjà servi. Pendant toute la durée des éducations, la magnanerie devra éga- lement être maintenue dans le plus grand état de propreté. 11 est à recommander, en outre, d'avoir soin d'arroser légèrement avant de balayer, afin d'éviter le plus possible que la jDoussière se répande sur les vers. Il sera même préférable de passer simplement un tor- chon mouillé sur le plancher ou sur le carrelage. Dans le cas où on se verra obligé de construire un nouveau bâti- ment, on pourra, avec avantage pour les petites éducations, adop- ter le modèle des magnaneries d'élèves de l'Ecole séricicole de Nani- sana, dans lesquelles on peut installer 2 bâtis portant chacun 10 mètres carrés de claies. [A suivre.) LA RAMIE ET SES AiNALOGUES AUX INDES ANGLAISES [Suite ^.) USAGES KUROPÉE.NS ET PROPRIÉTÉS RECONNUES DU RIIEA Les propriétés physiques inhérentes à la fibi-e la place dans une situation prééminente. Gomme force, c'est la seconde de toutes les fibres végétales, et dans quelques essais elle s'est montrée plus de deux fois plus forte que le chanvre de Russie (Cannabis sa tiva). Elle présente aussi une résistance exceptionnelle aux effets de l'humidité et autres conditions de climat, à en juger par l'action insignifiante sur elle de la vapeur à haute pression. Des échantillons de- fibre, exposés pendant deux heures à la vapeur sous environ deux atmo- sphères de pression, bouillis dans l'eau durant trois heures, et de nouveau soumis à la vapeur pendant quatre heures, perdent seule- ment de 0,89 à 1 ,51 pour cent ; tandis que le lin perd 3,o pour cent, le chanvre de Manille 6,07; le lin de la Nouvelle-Zélande 6,14, le chanvre de 6,18 à 8,44; et le jute 21,39 pour cent. En même temps, la finesse de la fibre la place ordinairement avant le lin, quoique, selon la méthode de cvdture, elle varie jusqu'à un degré extrême de ténuité, qui est seulement atteint par la fibre d'ananas. Tandis qu'en solidité, résistance et finesse, elle égale ou surpasse les meil- leures fibres connues, elle possède le brillant de la soie, partagé seulement par le jute qui est de beaucoup inférieur en solidité et en durée. D'un autre côté, -doit-on mentionner le velu particulier de la fibre qui, une fois mise en état de se combiner facilement avec la laine, la rend difficile à filer, à cause de sa raideur, et de sa fragi- lité, corrélative à la torsion, ce qui rend le fîl rude, en dépit de la douceur soyeuse des filaments isolés. « La réunion des qualités montrées par la fibre la dote d'affîni- 1. Voir Bulletin, n" 21, 22 et 23. 224 ÉTUDES ET MÉMOIRES tés avec d'autres fibres, animales ou végétales. Elles favorisent un large champ d'applications. Pendant la disette du coton, la fibre fut essayée comme succédanée, ou dans des expériences de mélange; elle était d'abord coupée à la longueur de deux pouces, et traitée par des alcalis et de l'huile. Les tissus faits en proportion égale de cette fibre et de coton d'Egypte ou de l'Inde, gagnèrent en force et en brillant ; ils n'offrirent aucune difliculté au filage et au tissage ; ils prirent, de plus, les teintures aussi bien que le coton d'Egypte et d'Amérique, mieux que le coton de l'Inde. Une légère modifica- tion de mordant, et de force de la cuvée, était nécessaire avec un petit nombre de couleurs. (( Comme concurrente des plus belles variétés des lins, elle a peut-être meilleure apparence. Des difficultés techniques surgissent pourtant en filant la fibre sur les machines à lin et, à cause de la raideur de la fibre, le fil produit est souvent très rude. Nombre de procédés ont été imaginés et brevetés par J. H. Dickson (de Godalming), par Marshall (de Leeds), Mœrman (de Gand), Bonsor (de Wakefîeld), etc., pour travailler la fibre sur la machinerie à lin, mais les véritables conditions de réussite où elle fut atteinte sont jalousement tenues secrètes. En comparant les deux fibres, on doit tenir compte, non seulement de leurs valeurs relatives sur le marché, mais aussi de ce fait que la fibre commerciale de Bœhme- ria contient encore beaucoup de sa gomme naturelle, impliquant le coût de travail et d'ingrédients chimiques pour son élimination, et conséquemment une perte de poids avant d'être prête au peignage et au filage. La perte de poids se monte à 23-28 °/o, généralement à 30-34 °/o, si bien que le prix de la fibre utilisable est augmenté de 33 à oO "/o, sans compter le coût du traitement. Avec les plus belles sortes de lin, elle peut concurrencer comme prix ; mais la demande pour cet article est limitée, en sorte qu'il semble douteux qu'elle supplantera jamais le lin ordinaire. La nature velue et la longueur de la fibre l'indiquent comme propre à concurrencer heureusement la laine, surtout les sortes à longs brins, dont les valeurs marchandes sont très élevées compara- tivement. Plusieurs industriels, e. g., Lister, Sangster, Wade et fils, Whitaker (de Bradfort), la G"'' du Ghina-Grass(à Wakefield) ont énergiquement recherché ce débouché plein d'espérances, bien que pas toujours avec succès. La fibre est soumise à un traitement chimique, qui occasionne la séparation des cellules, les plus I>A RAMIE 225 longues variant de quatre k neuf pouces. La perte par le trai- tement chimique se monte généralement au tiers du poids de la libre importée, le peignage livre environ égales proportions de fibre longue, d'étoupe et de peignons. Ainsi préparée, la fibre a été filée sur la machinerie à laine, et employée comme mohair, pour articles brillants ; suivant la règle, la chaîne était en coton, et la trame en fîl de Bœhmeria, d'un tordage comj)arativement moindre. La réussite de l'expérience fut compromise par la facilité avec laquelle le tissuprenait et conservait des plis ; on a depuis remé- dié à ce mal en se servant de chaînes en coton très épaisses, ou eu y mélangeant de la laine. Un nouvel effet, pour articles de laine, est actuellement obtenu en mélangeant 10 à 20 °/o de fibre de Brehmeria avec 9 k 10 °/o de laine, combinée avant filature, soit sur la machine k carder ou au diable, en prenant la première un peu plus longue que la seconde. Le fil est utilisé à la fois pour chaîne et pour trame ; la laine employée peut être cardée ou pei- gnée ; on peut produire le tissu, le fouler, le tisser comme d'habi- tude. En teignant l'étofTe, il se présente cet avantage que les deux fibres ne donnent pas la même teinte. De plus, les peignons ont été reconnus très convenables pour mélange avec les grosses laines, pour couvertures, renaissances et autres objets poilus. « Plusieurs expériences furent faites en appliquant la fibre comme substitut de la soie, ou en mélange avec elle ; mais le coût de la fibre, et les diflîcultés rencontrées dans sa préparation l'ex- clurent de toute concurrence avec le jute pour cet usage. En même temps, on doit se rappeler que l'étude des applications de cette belle fibre est encore en enfance, mais que ses propriétés inhé- rentes doivent assurer son utilisation étendu dans les étoffes tex- tiles, dès que la culture de la plante, l'extraction et la préparation de sa fibre auront reçu un plus grand développement. Maintenant même, il naît de nouvelles utilisations : Baker, Hill et Fils (de Nottingham) l'emploient actuellement sur une large échelle pour écharpes de dames ; la C"' des Fibres du Yorkshire (Wakefild) la convertit en mouchoirs, couvertures de parapluies, etc. « La force en combinaison et la légèreté de la fibre, sa grande solidité et sa résistance à l'eau, favorisent son application dans la fabrication des cordes, cordages et filets. A tous les égards, sauf le prix, elle est de beaucoup supérieure au chanvre ordinaire ; même sur la question de prix, on ne la trouve pas aussi défavo- Bulletin du Jardin colonial. J6 226 ÉTUDES ET MÉMOIRES rable que ne sont considérables le coût et la perte dans la prépara- tion du chanvre. Ses concurrents sur ce point seront probablement le chanvre de Manille (Musa textilis), le Phormium tenax,.et les Agaves. Pour les toiles à voiles et à tentes, sa supériorité sur le lin semble incontestable. Pour le fabricant de papier, le prix en est prohibitif ; mais un mélange dune proportion de peignons commu- niquera de la force et de la cohésion à des matières très inférieures. Le poids moyen supporté par des bandes de papier encollé, pesant 39 grammes l'une faite de cette fibre, était de 60 livres, tandis que la pâte du billet de la Banque d'Angleterre porte 47 livres, et la libre brute de l'Agave americana 89 livres. Les cours du marché et les approvisionnements de cette fibre ont jusqu'ici été sujets aux plus grandes fluctuations. Les premiers dépen- dront des degrés de succès avec lesquels la libre peut être préparée pour remplacer les autres, comme cela est déjà indiqué ; une condition importante, indispensable pour la prospérité de cette industrie, sera la possibilité d'obtenir des approvisionnements constants, d'une ou plusieurs qualités uniformes, et à un prix n'excédant pas 40 livres par tonnes. » [Encj/cl. de Spons, 931.) L'elîort fait dans cet article pour établir ce fait qu'il existe des qualités supérieures et inférieures de fibres, régulièrement vendues, comme peut convenablement l'être, par conséquent, le Rhea, se terminera par cette déclaration que nous ne possédons aucune analyse chimique et microscopique authentique de Bo^iimeria nivea poussée dans l'Inde, en tant que distincte de la B(E. ienacissima. CtIJ.TURE CLIMAT KXIGÉ POLR LE RIIEA Pour les renseignements concernant les méthodes de culture et les climats appropriés au lihea et au China-Grass, le lecteur est renvoyé au mémoire donné dans le premier volume de cet ouvrage. Depuis la publicatioii dudit volume, fort peu de chose, de nature pratique, est venu éclairer ces appels à la rectification particulière des opinions alors émises. A vrai dire, le seul point important a déjà été indiqué, à savoir que nous avons encore à découvrir si oui ou non les deux formes de Rhea furent séparément examinées dans LA KASIIK 227 rindè ; si non, quels sont les espaces de l'Inde particulièrement adaptés à l'une et à l'autre. En termes généraux, il peut du reste être établi que l'expérience passée semblerait indiquer cette conclu- sion que, tandis que plusieurs espèces de Bœhmeria sont indigènes dans l'Inde et peuvent pousser assez facilement, — quelques-unes étant même cultivées pour leur libre, — le climat de la plus grande partie de l'Inde n'est évidemment pas propre au Rhea, comme récolte des fibres. La plante est vivace ; elle n'est pas, par consé- quent, comme le jute ou le chanvre de Sunn, capable d'être limité, dans sa végétation, aux seuls mois de l'année qui lui sont néces- saires. Les transitions observées depuis la saison pluvieuse, chaude et humide, jusqu'à la saison sèche des chaleurs sont défavorables à la for- mation de la libre du Rhea. Durant la première, des tiges longues et pleinesdesèvese forment, absolument propres àl'obtention des libres ; mais, pendant la seconde, la croissance est lente ou suspendue, et les tiges en sève de la première saison sont desséchées. Le résultat final de ceci est qu'il se forme des articles longs et grêles, avec de nombreux nœuds qui opposent de grandes difïicultés aux moyens mécaniques de décortication. D'un autre côté, les procédés chi- miques, semblables à ceux de M. Favier, seraient probablement emplo3'al)les, même avec des tiges abondamment noueuses, puisque la nature de la fibre est continue et nécessairement point interrom- pue par les nœuds. Les expériences jusqu'ici conduites dans l'Inde, et qui ont été universellement reconnues pour avoir été des échecs, furent toutes orientées vers la découverte d'une machine qui décor- tiquerait à bon marché et commodément. En présence de ces insuccès, pourtant, les parties intéressées ont continué à poursuivre l'enquête ; de nombreuses communications, accompagnées d'échantillons admirables de fibre, sont chaque année produites. En Assam, où le Rhea est cultivé tout de bon, sur des surfaces étendues, il a été soutenu que les terres consacrées au thé sont d'une telle valeur, et le travail si coûteux, qu'il est extrêmement probable que le Rhea ne paierait pas comme industrie européenne. D'un autre côté, il y a de vastes étendues du Bengale oriental oîi ces objections auraient moins de poids, et dans les- quelles il paraît vraisemblable que quelques-unes des formes de Rhea ou de Ghina-Grass pourraient probablement être cultivées. Cela pourrait aussi s'appliquer à une partie de Madras, et le long de la côte ouest jvisqu'aux montagnes de Bombay. Elle pousse 228 ÉTUDES ET MÉMOIRES actuellement avec succès dans le Wynaad et à Mysore, évidem- ment aussi k Tirhnt. Peut-être certaines parties de la Birmanie, maintenant que de vastes régions, particulièrement dans les hauts territoires, ont été définitivement ouvertes, se trouveraient avan- tageusement utilisables ; quoique naturellement la question de main-d'œuvre aurait sa gravité. Il est cependant impossible de hasarder une opinion au sujet d'une culture étendue à venir dans rinde, jusqu'à ce que des expériences systématiques aient été exé- cutées avec tous les plants les plus productifs en libres qui sont similaires au soi-disant Grass-Glotli de Chine. NOTES TIRÉES DES ARCHIVES DU GOUVERNEMENT DE L INDE SUR LA QUESTION DU KIIEA Ayant montré l'esprit de quelques-unes des nombreuses commu- nications reçues par le Gouvernement de l'Inde, on peut donner ici un petit nom])re d'extraits des documents les plus importants, arrangés autant que possible par nom de la province à laquelle ils se rapportent. Pour les usages commerciaux, il n'est peut-être pas nécessaire de remonter l'histoire du Rhea plus en arrière que le temps (1(S69) où cet homme d'Etat éclairé, feu Lord Mayo, prit personnellement un vif intérêt à la question. Son Excellence fut conduite à offrir une récompense de 5.000 livres sterling pour la meilleure machine, qui décortiquerait et nettoierait la libre sur tiges vertes, et le ferait économiquement et pratiquement. La première exposition de machines et de procédés fut tenue en 1872; le résultat ayant été un échec, la récompense fut offerte une seconde fois. En 1879, un essai d'une dizaine de machines eut lieu ; mais encore, bien que quelques-uns des inventeurs reçurent des récompenses, on estima qu'aucune des machines ne réalisait les conditions désirées par le Gouvernement. En même temps, les opinions brièvement indiquées ci-dessus, en ce qui concerne le manque de convenance d'une grande partie de l'Inde pour le Rhea, furent généralement accep- tées; en conséquence, le Gouverneur Général se vit, en Conseil, inter- pellé pour le retrait de la récompense qui avait été deux fois dispu- tée sans succès. Ces essais eurent cependant une influence univer- selle. Des inventeurs dans chaque paNS tournèrent leur attention LA BAMIE ■ 229 vers la question et, comme résultat, de nombreuses inventions et procédés furent brevetés. La conséquence de cet intérêt réveillé a été la création pour le Rhea d'une position beaucoup plus encoura- geante que celle qu'il occupa jamais auparavant. La demande de cette fibre est fermement grandissante, et même l'Inde peut se g'io- rifîer d'avoir au moins une Compagnie, — la G'° des Fibres de Glen- Rock, à Wynaad, — laquelle consacre largement son attention au Rhea^. Ainsi, malgré les événements décourageants qui ont été enregistrés ci-dessus, l'Inde laisse espérer encore de prendre sa place parmi les pays du monde producteurs de Rhea. Avant que le rapport des membres de la Commission désignée par le Gouvernement pour apprécier les mérites des machines à Rhea, exposées à Saharunpur, eût circulé entre les mains des nota- bilités commerciales, de nombreuses demandes de terres incultes avaient été reçues par le Gouvernement de l'Inde. Le fait que de nombreuses espèces de Bœhmeria étaient indigènes de l'Inde fit supposer ce pays comme un champ plein d'avenir pour la culture du Rhea et du Ghina-Grass. Il est inutile de jjublier ces lettres ou les réponses du Gouvernement. On devait divulguer ce fait que les renseignements possédés par le Gouvernement ne justifieraient pas les vives espérances d'un avenir rapidement triomphant pour les cultivateurs de Rhea. Ceci, craint-on, eut pour effet de détourner les capitalistes vers d'autres contrées. La note officielle suivante, émanant du Trésor et du Département de l'Agriculture, donne le résumé complet des avis parvenus au Gouvernement. Il semble y avoir une impression très commune en Angleterre, et dans une certaine mesure dans l'Inde, que ce pays est, somme toute, bien adapté pour la culture extensive de la plante de Rhea. Ce n'est pas le cas ; et comme de nombreux questionnaires ont été récemment reçus de sources diverses, demandant des renseignements, et dans quelques cas des concessions de terre ou autre concours du Gou- vernement, il semble désirable que la vérité existant sur la question soit généralement répandue. Le fait est que la plus grande partie de rinde est impropre à la culture rémunératrice du Rhea, en tant que produit marchand, quoi qu'il puisse être très vrai que la plante pousse n'importe où dans l'Inde. 1. On prétend qu'une seconde Compagnie s'est établie à Bombay : la Compagnie des Bœhmériées. •2'M) KTIUKS KT MKMOIKKS Le Rhea était cultivé il y a ((uehfue neuf ou dix ans aux Jardins Botaniques de Saharunpur, et aux alentours, en vue du prix olîert par le Gouvernement de Lohd Mayo pour la machine à libre, qui réussirait. Il était alors prouvé que la tige du Rhea de Saharunpur était ordinairement très impropre à la conversion en libre. Un plan- teur hollandais de grande expérience, à Java, allégua pour cause que la tige était d'une qualité inégale à cause des alternatives de chaleur sèche et humide durant la saison de végétation. Entre une paire de nœuds, la tige se montrait courte, dure, altérée, et entre une autre paire, longue, molle et flexible. Si la tête de la tige était mûre, le pied était vert; si le bout était vert, la base était seule- ment à demi développée, et ainsi de suite, tandis que, pour les uti- lisations de la fibre, la tige entière devrait être une baguette verte et flexible, de qualité uniforme d'un bout à l'autre, semblable à ce qu'on peut seulement produire dans un climat égal comme celui de Java, où la température varie à peine pendant toute l'année et où l'atmosphère ne se dessèche jamais, une douce ondée ou devix tom- bant ordinairement chaque jour. Il est vrai que, par occasion, l'évé- nement d'un temps pluvieux et humide dure assez longtemps, même à Sahai-unpur, pour produire une récolte avantageuse dans l'année; mais le Rhea ne saurait pousser profitablement à moins de pouvoir faire trois ou quatre coupes dans les douze mois. Dès lors, Saharanpur peut être pris comme type de la totalité du nord de l'Inde. (Quelques localités peuvent être un peu plus favo- lables, mais la majorité moins favorable aussi. Dans le Bengale, la pluie est plus abondante, pendant la mousson (de juin à septembre), que dans le pays dont Saharunpur est le type, attendu qu'il y a, dans plusieurs de ses parties, Calcutta par exemple, des pluies plus hâtives en avril et en mai. Mais voici le témoignage du D'' King, Directeur des Jardins Botaniques de Calcutta, qui tenta des expé- riences pratiques sur le Rhea, le long des rives de l'Hooghly : « L'expérience que j'ai déjà acquise de la végétation du Rhea au Bengale, accrue comme elle le fut récemment par l'occasion qui me fut olferte de visiter Java et l'Archipel Malais, me fait fortement douter que le Rhea puisse jamais être cultivé, avec profit commer- cial, dans le Bengale. Le sol de cette province est plus pauvre que celui de Java et des îles de l'Archipel Malais; et l'engrais est diffi- cile à obtenir même près des grands centres, tandis que, dans la campagne, c'est presque une impossibilité : le Rhea ne produira LA RAMIE 231 certainement pas bien au Bengale sans une abondante irrigation pendant le temps chaud, et une copieuse fumure une fois par an. De plus, c'est une plante qui pousse naturellement dans le climat équa- torial. La température basse des temps froids (et particulièrement la température basse du sol), la chaleur sèche de la saison chaude dans le nord de l'Inde, lui sont également funestes. Je crois que, même si la Birmanie présentait toutes autres conditions à souhait, le haut prix du travail dans cette province serait contraire au succès financier. » L'extrait suivant d'une note (par M. Baden Powell, C. S.) demandée par le Gouvernement de l'Inde en 1881 , donne un résumé limpide des résultats atteints jusqu'à cette date, et est générale- ment confirmée par l'expérience ancienne : (( L'idée d'ouvrir un concours public pour une machine à prépa- rer la fibre du Rhea vint, je crois^ tout naturellement à maturité de la correspondance concernant la culture de la plante dans l'Inde. Personne en lisant cette correspondance ne pourrait éviter cette conclusion que la fibre peut être produite ; la difficulté est de savoir comment la préparer en tant que produit marchand, une fois poussée. Les deux choses malheureusement vacillent l'une sur l'autre ; il n'est d'aucune utilité de produire la fibre si nous ne pouvons la préparer pour le marché ; il ne sert à rien d'inventer des machines, si la fibre ne peut être produite en quantité convenable. « Parmi les plantes qu'on recommande à l'acclimatement, nous trouvons trois classes : 1" les plantes qui semblent s'adapter à presque tous les climats ; 2° les plantes qui pousseront seulement dans certaines conditions spécifiques, comme le Cerea ruber, le Pithecolobium, etc. ; 3° les plantes qui pousseront bien, mais avec ce que je peux brièvement appeler « la culture de jardin ». C'est cette dernière classe qui occasionne des dépenses, suscite de grandes espérances, donne naissance à des rapports flambants de succès, et à une interminable quantité de correspondance, de laquelle il est très probable qu'on tirera une conclusion fausse, fausse en fait, bien qu'en apparence tout à fait en accord avec l'évidence. A cette classe, j'ai peur que le Rheà n'appartienne. Il n'y a aucun doute que l'on peut le produire avec soin à Lucknow, Bareilly, Saharunpur, Dehra-Dun, et même à Lahore, aussi bien qu'à Calcutta, aux Sun- derbans, dans l'Assam et autres localités. Mais produire quelque 232 ÉTUDES ET MÉMOIKES plante de façon à obtenir un bon jardin de dix acres, et rédiger un rapport intéressant, c'est une chose; produire commercialement, en est une autre. « Si nous faisons un retour à l'évidence acquise, je pense qu'il y a force raison pour conclure que le Rhea poussera ; mais il ne pous- sera pas commercialement. Il s'agit d'une plante équatoriale (voir la discussion, pages 44-4 à 441) : il existe à la fois une forme tempé- rée et une autre tropicale) ; et il s'ajoute clairement à ses exigences de demeurer dans une grande uniformité de conditions. La chaleur sèche brûle le Rhea, la soif le tue à coup sûr; contre la gelée, il ne peut résister (quoique la gelée soit un des effets qu'il est le plus aisé d'éviter, après quelque temps d'installation). Même le sol froid, tel qu'à Calcutta, durant l'hiver, n'est pas favorable. (( Ce que le Rhea exige, c'est une atmosphère moite, non de longs mois de chaleur sèche, un sol naturellement riche qui n'a pas besoin de beaucoup d'engrais, une abondance de pluie, et point d'extrêmes de température. La difficulté des fumures n'est pas telle- ment grande, si ce n'est dans les localités où il est difficile ou coû- teux de se les procurer. Il n'est pas besoin d'avoir beaucoup de science horticole pour sentir qu'une plante peut être délicatement conduite à vivre là où les conditions n'en sont pas ordinaires. Un jar- din abrité peut produire une plante, alors que les champs d'alentour ne la produiraient pas. La pauvreté du sol peut être suppléée par la fumure. L'irrigation artificielle peut obvier aux elfets naturels du climat sec. Plus de soins sont donnés, plus ces adjuvants écartent les défectuosités climatériques, et ainsi améliorent la plante. Leur coût, et la difficulté de les appliquer sur une vaste échelle, n'est pas appréciable, quand l'étendue de l'essai est restreinte. Si l'expéri- mentateur est un enthousiaste, son rapport est plein d'assurance en soi. Même quand les résultats ne sont pas très bons, ils sont tou- jours exprimés avec partialité. « Je crois donc que l'exacte conclusion concernant le Rhea est celle-ci : Il n'est d'aucun profit d'ajouter foi à des résultats obte- nus en des conditions spéciales. Même les expériences de Howrah ne servent point de preuve, sinon pour montrer que le Rhea ne poussera pas dans le sens commercial à Calcutta, Saharunpur, et tous les autres essais ont été « de la culture de jardin », et précisé- ment aussi n'ont eu aucun succès. A moins que le Rhea puisse pousser dans certains districts comme une récolte de plein champ. LA RAMIE 233 avec juste autant de soins qu'exige un champ ordinairement liien exploité en vue d'une récolte plutôt supérieure, il n'y a aucun espoir avec lui. En Chine même, il est évident, d'après le rapport du D*Watson, que la fumure est donnée largement. Dans l'Inde, c'est toujours là une exception, mais non une exception insurmontable pour un important domaine. « Le vrai succès consiste à discerner les localités où les condi- tions seront aussi analogues que possil)le à celles de Sumatra, Java, etc., où elles sont sans extrêmes, où la température du sol ne s'abaisse pas en hiver, et où il y a abondance d'humidité. La Bir- manie est probablement mise hors cause, par suite des difïicul- tés de main-d'œuvre. Les seuls districts qui ne me paraissent pas sans promesses, sont l'Assam Supérieur, le Dacca, le Dinappur, etc. Les terres inondées ne sont d'aucun usage, les submersions tuent la plante. « Maintenant, en ce qui concerne l'Assam, il existe un rapport du Conservateur des Forêts qui dit que, même là, les champs exigent d'être soigneusement pioches, clôturés et abondamment pourvus d'engrais, et que si son ample introduction sur les marchés indi- gènes tient à ce qu'ils sont approvisionnés à un prix moyen de 30 à 40 livres sterling par tonne de libre brute, ... cette province ne sera pas une source d'approvisionnement, puisqu'il ne saurait à présent être produit au double de ce taux. » La conclusion tirée au paragraphe final de l'extrait ci-dessus est certainement juste, quoiqu'elle puisse être cause que quelques quelques parties du Sud de Madras puissent s'ajouter à la liste des localités convenables. On a raison aussi de penser que certaines régions de Birmanie (probablement les montagnes de Pégu et de Tenasserim) seraient reconnues convenables ; et, parce que la diffi- culté de main-d'œuvre est décroissante sous le régime de l'émigra- tion libre, le temps pourra venir où cette province pourra présen- ter des facilités pour la culture du Rhea, A présent cependant, l'Inde ne peut pas être considérée comme un champ favorable à l'industrie du Rhea. [Note du Trésor et du Département de V Agriculture.) G. Bigle de Cardo. (^4 suivre.) LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS {SuUeK) Gomme éléphantine. — Elle est produite par le Feronia cle- phantum (^orrea, Rutacée-Hespéridée de l'Asie tropicale. Elle se présente en larmes rougeàtres, transparentes, parfois ag-glomérées, est entièrement et rapidement soluble dans l'eau et ressemble à la «i^omme arabique par ses caractères extérieurs, ses réactions chi- miques. Aussi adhésive que la meilleure gomme d'Acacia, elle est utilisée dans l'Inde et s'y voit fréquemment dans les bazars. Autre gommes d'Hespéridées. — h^Omn^^eT [Citrus Aiiran- tium)^ le Pamplemousse [Citrus decumana), le Limettier [Ciirus limetta), le Cédratier [Citrus medica) peuvent fournir des g'ommes claires et solubles dans l'eau. Gommes de Méliacées. — Les Méliacées montrent un cer- tain nombre de plantes capables de produire de la i^omme : Le Marg-ousier ou Lilas des Indes [Melia Azedarach L.), de l'Asie méridionale, fournit une gomme qui ressemble beaucoup à la gomme arabique, de couleur ambrée ou brunâtre, à cassure vitreuse, entièrement soluble dans l'eau. Le Melia Azadirachta L., de l'Inde, de Malaisie, de Java, dont la gomme transparente, friable, à cassure vitreuse, de couleur variant du jaune pâle au rouge, est presque entièrement soluble dans l'eau, très adhérente. Elle renferme une forte proportion darabane et pourrait remplacer la gomme arabique (H. C. Prinsen Geerligs, in « Teysmannia », 1902, n° 1). Le Ccdrela odorafa L., des Antilles, de la Guyane, de la Colombie, dont la gomme tantôt transparente et claire, tantôt rou- geàtre ou brune renferme 74 "/o de gomme soluble. Le Cedrela Toona Roxb. est également gommifère et de même le Cedrela I. Vit'u- nnllctiii n"" 10. 20, 22 et 23. MALAfJIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 233 tiiisfralis F. von Millier, en Australie, d'après R. Greig Smith {Centralhlatt f. Dakter. II, t. XI, 1903, p. 608). Quelques Swietenia sont ég-alement gommifères : S. chickrassia Roxb., de l'Asie méridionale, dont la gomme jaune pâle ou rou- geàtre, presque complètement soluble dans l'eau parfaitement adhé- sive, mais un peu trouble; S. chloroxijlon Roxb., de l'Inde, et S. Mahagoni, des Antilles, l'Acajou, La g-omme brune de ce dernier arbre ne semble g-uère susceptible d'applications. Le Khaya sencc/alensis Guill. et Perrott., Gaïlcédra ou Acajou de Madère, de la portion occidentale de l'Afrique, du Sénég-al au Gabon, fournit une gomme que M. Mallèvre a bien voulu étu- dier sur ma demande au point de vue chimique. Elle est formée d'un mélange d'arabane et de galactane , incomplètement soluble dans leau. La partie dissoute contient comme certaines gommes arabiques une oxydase qui colore en bleu la teinture de gaïac. Gommes deTérébinthacées. — Dans la famille des Térébin- thacées on connaît comme plantes capables de produire de la gomme : Anacardiiirn occidentale L., des Antilles et de la Guyane ; la gomme qu'il produit en masses allongées d'un javme plus ou moins foncé, dures, transparentes, à cassure vitreuse, soluble en partie seulement dans l'eau froide ou l'eau bouillante, médiocrement adhésive. Odina Wodier Pvoxh., de l'Inde, qui, d'après certains auteurs^ ne fournirait qu'une gomme-résine. Odina giimmifera Bl., fournit la gomme de Djara, sans valeur, d'après H. C. Prinsen Geerligs (^ouvrage cité). Spondias diilcis Forst., la pomme Cythère de la Polynésie; la gomme, en larmes foncées, volumineuses, friables, à cassure vitreuse, se pulvérisant facilement, est peu soluble dans l'eau. Spondias purpurea L., prunier d'Espagne, des Antilles, donne une gomme verdâtre. C'est la gomme appelée Hycaye ou Hucaré. Spondias lutea, fournit en Colombie, d'après Geay, la gomme Jobo. Buchanania latifolia Robx., de l'Inde; la gomme qui en. dérive, pâle, presque entièrement soluble dans l'eau, est très adhésive. Gommes de Gombrétacées. — Parmi les Combrétacées, les espèces suivantes présentent un certain intérêt au point de vue de la production de la gomme : 23G ÉTUDES ET MÉMOIRES Anogeissus lalifolia Wallich [Conocnrpus /., Roxb.) fournit dans rinde la ^omme Dhaura, en larmes claires ou un peu colorées, transparentes, en partie soluble dans l'eau. Tenninalia arjuna \V. et Arn. et T. hellcrica Hoxb., qui pro- duisent des gommes claires. Tcrminalia tomentosa W. et Arn. et T. alata Dietr,, ils donnent des jj^ommes noires sans valeur. Gommes de Sterculiacées. — Le Cacaoyer [Thcohroma Cacao L.) fournit parfois, selon Mang-in, une gomme blanche qui se gonfle dans l'eau sans s'y dissoudre [Comptes rendus de l Acad. des Se. 1897, et Journal d' Agriculture pratique^ 1897, I, 25 février). Les Sterculia fournissent des produits intéressants au point de vue de la gomme : Sterculia urens Roxb., de l'Inde, dans la partie montagneuse du sud-est, laisse exsuder pendant la saison chaude une gomme que de CandoUe considère comme la vraie gomme de Kuteera et qui olTre une assez grande ressemblance avec la gomme adragante, se présente comme celle-ci en lamelles minces ou en petits frag- ments allongés et donne avec l'eau froide un mucilage assez ferme, incolore, qui se dissout à l'ébuUition. Sterculia tomentosa Guil. et Perr., de l'Afrique équatoriale, four- nit la gomme de M' Bep, blanche, nacrée, à odeur d'acide acé- tique comme celle du S. urens, insoluble aussi dans l'eau à froid, mais donnant un mucilage clair, un peu soluble à chaud, ne se colorant pas à l'iode, comme la gomme adragante. Le Sterculia tragacantha Lind., de l'Afrique équatoriale égale- ment, fournit une gomme assez identique à celle des précédents ; elle sert à falsifier la gomme arabique. Sterculia hypochra Pierre et ^S. Thorelii Pierre, de Cochinchine ; Sterculia rupestris Bentham, d'Australie, fournissent des gommes identiques. J'ai cité ces gommes de Sterculiacées, mais il y a de grandes pro- babilités, bien que leur mode de formation soit encore insufTisam- ment connu, pour que leur origine soit normale et non patholo- gique. En effet, d'après les observations de Van Tieghem ', la gomme est produite dans des canaux d'origine schizo-lysigènes, qui se rencontrent à la fois dans l'écorce et la moelle de la tige. I. Annales des Sciences naliireUes, 1886, p. 70. MALADIES DBS PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 237 Ces observations s'appliquent également a la tamille des Cyca- dées ; la p^omme y existe dans des canaux dont la localisation dans la tige est identique. La gomme du Ci/cas circinalis, la seule décrite, se rapproche beaucoup des gommes de Sterculia : blanche ou à peu près, translucide, insoluble dans l'eau, mais s'y gonflant considérablement. La gomme Sapote a été rapportée par Guibourt au Destrugesia scahrida, du Chili. Elle est de couleur brun foncé, d'odeur désa- gréable, insoluble dans l'eau. GrOmmes de Capparidées. — Le Mor'mga pterigosperma Ga'rtn., vulgairement Ben ailé, de l'Asie tropicale, produit une gomme souvent brune, insoluble, renfermant du tannin. Les gommes de Cactées, exsudées par quelques Nopals [Opuntia) et quelques Cereus, gommes blanc jaunâtre, insolubles dans l'eau, sont des produits qu'il est difficile de considérer comme patholo- giques. Gommes de Rosacées. — Parmi les Rosacées de la tribu des Amygdalées, un grand nombre déplantes sont gommifères, les Pru- niers. Cerisiers, Pêchers, Abricots, Amandiers. La gomme produite par ces plantes, appelée gomme nostras ou gomme du pays, est à peu près la seule produite dans les régions tempérées froides. Cette gomme, en larmes arrondies, de dimension variable, est de couleur jaune clair, incomplètement soluble dans l'eau, à laquelle elle abandonne un peu d'arabine. Cette partie soluble de la gomme nostras serait, d'après Garros, différente de l'arabine ; ce serait la cérabine. La partie insoluble qui forme gelée épaisse avec l'eau est la cérasine, considérée comme identique avec la bassorine et avec l'acide métagummique. L'hydrolj'se de la gomme nostras donne de l'arabinose et du galactose. On signale en Perse deux pruniers : Prunus Bopkarensis Royle et P. Pudduni Roxb. qui produisent une gomme de même nature, exploitée. Parmi les Bixacées, le Cochlosperniuni Gossypiuni D.C. fournil une gomme à demi transparente, blanche, à fragments striés, assez voisine de la gomme adragante , et possédant les mêmes proprié- tés. Elle contribue à produire la gomme de Kuteera, de l'Inde. 238 ÉTUDES ET MIOMOIIIES En Colombie, Cocldoaperniiiiii hihiscoidcs est éj^alement i^ommi- fère, d'après Geay (communicîition orale). Les Araliacées fournisseiiL quelques Aralia gommifères. Cette ii^omine s'épanche d'après L. Lutz ' dans des canaux et est phy- siologique ; néanmoins, d'après ce même auteur-^, Y Aralia spinosa fournit aussi une gomme pathologique abondante. Parmi les Sapindacées, on cite des Cupania à gomme à peine soluble, les Sapindus acuminatus et «S. emarginatus. Parmi les Célastracées, Elœodemlron glaucum Hooker donne, dans rinde, une gomme soluble à peine colorée. Plusieurs Uliizophoracées fournissent au Mexique de la gomme : Rhizophora Mangle, ou Manglier, donne la gomme Mangle, en masses brun rougeàtre, entièrement solubles dans l'eau ; B. Can- dcl fournit une gomme en masses transparentes, insolubles dans l'eau et s'y gontlant peu. « La Vigne [Vitis vinifera), parmi les Ampélidées, fournit souvent de la gomme de blessure qui sort par l'orifice des vaisseaux quand on coupe la branche. J ai vu une seule fois cette gomme se con- glomérer en masses brun clair, de la grosseur d'un petit œuf. Cette gomme est peu soluble dans l'eau et renferme une certaine propor- tion d'arabine (Mùntz). D'après Viaja -^ des concrétions gommeuses en fdets, très ana- logues d'aspect à la gomme de cerisier, se voient assez souvent sur les vignes sauvages en diverses régions des États-Unis, sur le Mustang ( Vifis candicans) en particulier. Gommes de Monocotylédones. — Quelques palmiers, comme le Cocotier [Cocos nucifcra) fournissent de petites quantités de gommes qui ne sont sans doute pas d'origine pathologique. La Canne à sucre [Saccharum officinarum) produit une gomme 1. L. Lui/., DncumeiU inédil, communiqué par Ictlre, S janvier 1905. 2. L. LuLz, llcrherrhes sur h (jommose f/'Aialia spinosa. Journal de Botanique, II, 1S97. pp. 91-'Jj. 3. Pierre Viala, Lsx Mnhidies de l:i Vi(fne, 3'- éd., 1 vol., 1S;93. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 239 d'origine pathologique qui sextravase dans les vaisseaux, mais ne semble pas apparaître à 1 extérieur. Chez de nombreuses Cannacées, d'après Lutz ', appartenant aux genres Canna, Maranta^ etc., il y a aussi parfois production de faibles quantités de gomme, dont l'origine n'est pas pathologique. Entin on doit citer la gomme Chagual, produite par des Bromé- liacées du genre Piij/a [P. coar'ctata, P. alpestris, P. cœriilea), du Chili, qui est soluble dans l'eau, comme la gomme arabique. Mode de formation de la gomme. Le mode de formation de la gomme n'est connu et n'a pu être suivi que pour un très petit nombre de cas. Aussi pouvons-nous supposer que dans certains des cas de production de gomme que nous venons d'énumérer, la présence de cette substance est nor- male et ne doit pas être considérée comme la manifestation d'un état pathologique. GrOmme adragante. — Le premier mode de formation de gomme convenablement étudié est cekii de la gomme adragante, par Hugo von Mohl '. L'examen des tiges d'Astragales atteintes par la gommification montre que, dès son apparition, c'est dans la partie profonde de la moelle que la gomme prend naissance ; plus tard et progressive- ment, la gommilication atteint les rayons médullaires. Les cellules de la moelle, minces au début, acquièrent peu à peu des membi-anes épaisses, nettement stratifiées, se gonflant au contact de l'eau, restant incolores. Puis la stratification s'atténue et disparaît, et la membrane fortement épaissie se présente gélifiée d'une façon homo- gène. A cette période, la membrane intercellulaire, qui reste long- temps visible, comme un réseau, entre les cellules gélifiées, apparaît encore très nettement. Mais bientôt elle se liquéfie aussi, les cel- lules médullaires s'isolent l'une de l'autre et elles coulent en un liquide visqueux. Progressivement, le processus de gommification s'avance dans la moelle en direction centrifuge vers l'extérieur et l.'L. Lutz, Gomme de Canna, Bull. Soc. bot. de France, t. XLIV, p. xlviii. 2. lluj^o \on Molli, Unlevsuchiingen iiher die Entslehungsweise der Traç/anth- (fiimini, in « Bolanisclie Zeitiinj;- », 1857, pp. 36 et 55. 2i0 ÉTUDES ET MliMOlRES les rayons médullaires larges sont à leur tour envahis comme la moelle et diffluent (voir pi. XII, lii?. 1 et 2). Les incisions qui sont t^énéralement pratiquées sur les tiges facilitent l'issue de la gomme au dehors. La formation de gomme est plus abondante et plus marquée quand les périodes sèches et chaudes succèdent sans transition aux périodes humides. Dès lors, la pression dirigée de dedans en dehors entraîne l'expulsion de groupes de cellules encore incomplètement gélifiées au milieu des masses gommeuses ; et si l'on traite le mucilage de gomme adragante par le chlorure de zinc iodé on voit souvent des portions se colorer en violet : ce sont de telles cellules qui donnent cette coloration. Les cellules en voie de gommification montrent dans leur cavité des grains damidon, qui possèdent encore leur réaction colorante en présence de l'eau iodée. La forme des fragments de gomme adragante est liée, semble-t-il, à la forme même de l'incision qui permet l'écoulement de la gomme. D'après Tschirch', on devrait attribuer sans doute à un proces- sus analogue la formation de la gomme de Moringa pteri/c/osperma. L'examen des morceaux de gomme du commerce y montre une structure cellulaire et fait présumer de son origine. Une pareille observation s'appliquerait, d'après le même auteur, aussi à la gomme de (Jochlospcr/nuni Gossi/piu/n. Gomme arabique. — Les connaissances que nous possédons sur la formation de la gomme arabique résultent des travaux de Wigand, de Mœller et de L. Lutz -. La première modification des tissus qui, par leur liquéfaction vont donner naissance à la gomme se reconnaît dans la partie vivante du liber. Les membranes cellu- laires ne tardent pas à gonfler sensiblement leur paroi, mais con- servent, au début du moins, leurs contours extérieurs nettement délimités. Bientôt, cette modification de la paroi s'accentue encore, peut s'étendre à tout le liber jusqu'au cambium, d'une part, et gagne vers le dehors le parenchyme cortical. L'épaississement de la paroi acquiert parfois un tel degré que la cavité centrale de la cellule, 1. .\. Tschircli, Ançiewiindle Pflanzeminalomie, I, p. 215. 2. Wij^aiid, Ueber (Jie Desorçfnnisalioii 1X, 188», 2" sem. 3. G. Delacroi.x, Sur (jueUiiies processus de (joinini/icution. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 249 diés avec plus de détails en même temps que les maladies des plantes auxquelles ils se rapportent. En résumé, on voit que dans les divers modes que nous venons de décrire, la production de la gomme présente un caractère com- mun, c'est de s'accomplir, au début, exclusivement aux dépens de la membrane intercellulaire. En tous cas, que la production de la gomme soit normale ou qu'elle soit d'origine pathologique, cette substance, ainsi que le déclare très justement L. Lutz ^, n'est pas un produit de sécrétion, comme l'ont pensé jadis certains auteurs, La production de gomme dans le genre Vitis s'éloigne de ces modes de formation. J'ai déjà dit que ce n'était que fort rarement que cette gomme apparaît en masse à l'extérieur, pour le Vitis vinifera du moins. Dans le seul cas de ce genre où j'ai pu en faire un examen microscopique, je me suis rendu compte que cette formation de la gomme était identiquement celle de la gomme de blessure étudiée plus haut. On n'y voit aucunement de lacunes et la gomme fluide ne se rencontre que dans les vaisseaux, à moins que quelque déchirure dans les tissus, fortuite mais en tous cas tou- jours rare, ne permette à cette gomme de se concréter au dehors. [A suivre.) D"" Georges Delacroix, Directeur de la Station de pathologie végétale, Professeur à l'Ecole nationale supérieure d'Agriculture coloniale. CONFÉRENCES DU JARDIN COLONIAL L'I- MIGRATION ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLES EN NOUVELLE-CALÉDONIE 19 janvier 1905. On a beaucoup médit de la Nouvelle-Calédonie, surtout depuis un an, et il y a lieu de déplorer qu'en en soit arrivé là plus de cin- quante ans après la prise de possession d'un pays aussi exception- nellement favorisé par la nature. Mais, heureusement, rien ne jus- tifie une défaveur qui ne sera certainement que momentanée. Ce n'est, en effet, pas une raison parce qu'une administration imprudente et s'occupant malheureusement trop de politique a com- promis la situation financière et économique de notre plus belle colonie du Pacifique pour qu'il y ait lieu de douter de son avenir. La Nouvelle-Calédonie est restée ce cju'elle a toujours été, un pays privilég-ié sous tous les rapports et il faut espérer que les per- sonnes dont c'est le devoir finiront par lui accorder toute l'attention qu'elle mérite en raison de l'importance que comporte sa situation géof^raphique, surtout à la veille de l'ouverture prochaine du canal de Panama. Il suflit, en effet, de jeter les yeux sur une carte pour constater que la Nouvelle-Calédonie est appelée à jouer un rôle que la France semble malheureusement n'avoir pas encore compris. Placée entre l'Australie et les îles de la Mélanésie et de la Polynésie, elle se trouve : D'une part, sur la route de Sydney à San-Francisco et à Panama par Fidji, les Samoa, Tahiti et les Marquises. Et, d'autre part, sur la route de la Nouvelle-Zélande en Indo- Chine parles îles Salomon, la Nouvelle-Guinée, Java et Sumatra, c'est-à-dire admirablement placée pour devenir, le jour où on le voudra, l'entrepôt du Pacifique, d'autant plus que son principal port, Nouméa, est vaste et des plus sûrs. DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE 251 Située entre le 16 h et le 165*- de^ré de long'itude Est, et entre le 20'' et le 22" deg-ré de latitude Sud, la Nouvelle-Calédonie est un pays tropical ; mais sa température est plutôt tempérée ; en effet, le thermomètre n'y monte que rarement jusqu'à SS'', ce qui a lieu seu- lement pendant quelques jours en janvier, et ne descend pas au- dessous de 13" dans la saison la plus fraîche, vers le milieu du mois d'avril. De plus, la différence entre le maxinmm du jour et de la nuit ne dépasse pas 9". Enfin, si pendant trois à quatre mois de l'année, de décend^re à mars, la température moyenne reste aux environs de 25 à 30°, ce qui finit par devenir un peu fatigant, par contre, pendant les huit autres mois de l'année, on jouit d'une tem- pérature prinlanière. Aussi l'Européen peut travailler sans dang-er pendant toute l'an- née, et c'est à peine s'il est obligé, par précaution, de s'abstenir pendant quelques heures au milieu de la journée dans la saison chaude, car il est bien rare que l'on entende parler d'insolation. De plus, le pays est d'une salubrité tout à fait exceptionnelle : les maladies endémiques et épidémiques y sont inconnues, et on constate même ce fait extraordinaire que le voisinag'e des marais ne cause pas de fièvres paludéennes, ce que l'on attribue à la présence d'un arbre particulier au pays, le Niaouli (Mélaleuca viridiflora), que l'on rencontre partout en arbrisseau, et dont les fleurs et les feuilles ont des propriétés antiseptiques que l'on a reconnues depuis long- temps, et qui sont actuellement utilisées par la médecine. On voit donc que, tant par son climat que par sa salubrité, la Nouvelle-Calédonie remplit les conditions essentielles que l'on doit rechercher pour une colonie de peuplement. Sa configuration et la nature de son sol se prêtent tout aussi bien à cette destination, le peu de largeur de l'île en rendent toutes les parties facilement accessibles. En effet, elle a 400 kilomètres de longueur et seulement 40 à 60 de largeur moyenne, de sorte qu'au- cun point ne se trouve à une grande distance de la mer, qui a été jusqu'à ce jour le moyen de communication le plus usité. D'une extrémité à l'autre de l'île règne une chaîne de montagnes dont le tracé est très irrégulier, mais qui ne la sépare pas moins en deux parties distinctes que l'on désigne sous les noms de Côte Est et Côte Ouest. De cette chaîne ^, détachent de chaque côté d'in- nombrables contreforts qui forment autant de vallées dans chacune desquelles se trouve un cours d'eau plus ou moins important — ces 2r)2 CONFÉRENCE cours d'eau qui ne tarissent jamais dans les parties montagneuses sont alimentés moins par les pluies qui sont plutôt rares que par les rosées déposées par les nuages qui couronnent journellement les sommets élevés. Pour passer d'une côte sur l'autre, les routes ou sentiers doivent franchir des cols dont l'altitude varie de 500 à 1.000 mètres. Sur la côte Ouest, les contreforts s'arrêtent à une assez grande distance de la mer et l'espace qui les sépare est occupé par de vastes plaines couvertes de pâturages. Sur la côte Est, au contraire, les contreforts arrivent souvent jusqu'à la mer, et les plaines y sont rares et de beaucoup moindre étendue. La surface totale de la Nouvelle-Calédonie est de 2.100.000 hec- tares, dont la moitié environ est occupée par les terrains miniers, de 150 à 200.000 hectares par des forêts, et le reste par des pâturages et des terres à cultures, ces dernières d'une contenance d'au moins 500.000 hectares, formées par les terrains qui avoisinent les mon- tagnes, par les innombrables vallées formées par les contreforts et par des plateaux élevés dont on a déjà fait l'essai, et qui sont proba- blement les centres de colonisation dans l'avenir, parce que la fraî- cheur qui y règne en permanence y permet pendant toute l'année des cultures qui sont difficiles dans les terrains trop exposés au soleil et au vent, mais ces terrains ne pourront être facilement occupés que lorsqu'il aura été possible de les doter de voies de communica- tion. C'est, en effet, jusqu'à ce jour, moins la qualité des terres qui a guidé dans le choix de l'emplacement des villages que le besoin que l'on avait de pouvoir y arriver ou en sortir. Aussi trouve-t-on presque tous les centres habités : Sur la côte Est, au bord ou à proximité de la mer ; Sur la côte Ouest, au pied des contreforts delà chaîne centrale, à proximité de l'unique route existante qui va de Nouméa à Bourail, ou du sentier qui en est le prolongement vers le nord. Tel est le pays dont la France a pris possession au mois de sep- tembre 1853 dans le seul but d'en faire un lieu de transportation pour les condamnés aux travaux forcés, pays sur lequel on ne savait à peu près rien, et dont on ignora pendant longtemps encore et les richesses naturelles et les ressources qu'il offrirait au point de vue de la colonisation agricole, car ce ne fut qu'en 1864 que l'Adminis- tration Pénitentiaire commença à s'y installer à l'occasion de l'arri- DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE 253 vée du premier convoi de condamnés, et ce n'est que de cette époque que datent les premiers essais de colonisation. Les anciens pensionnaires du bagne de Toulon, leurs surveillants et la petite garnison chargée de garder les uns et de protéger les autres, constituèrent une population nouvelle qu'il fallut nourrir et dont la présence offrait aux premiers colons le moyen de gagner de l'argent, peut-être même de faire fortune (quelques-uns y ont réussi), et c'est ainsi que se créèrent les premières maisons de com- merce et les premières stations d'élevage. Ces immigrants de la première heure vinrent d'Australie, et presque tous étaient de nationalités étrangères, Anglais ou Alle- mands, et cela se comprend quand on songe qu'à cette époque c'était seulement par des bateaux à voile que la Nouvelle-Galédo- o nie était en relations avec la France et qu'on ne mettait pas moins de 3 à 4 mois pour franchir les 6.000 lieues qui séparent la colonie de la Métropole. Mais on arriva cependant peu à peu à deviner ce qu'était la Nouvelle-Calédonie et à soupçonner les richesses natu- relles que renfermait son sol et l'avenir qu'y trouverait l'Européen, grâce à un climat exceptionnel qui lui permettait de travailler comme il l'aurait fait en Europe. Aussi, après la guerre de 1870, il se produisit un certain mouve- ment d'émigration vers la Nouvelle-Calédonie qui reçut, entre autres colons, quelques familles alsaciennes que l'annexion de l'Alsace- Lorraine avait chassées de leur pays natal, et, vers la même époque, un certain nombre d habitants de l'île de La Réunion que des com- patriotes déjà installés avaient attirés. Les uns et les autres ont en général prospéré, et leurs familles, devenues nombreuses, habitent encore la colonie. Puis vint la déportation des condamnés politiques de la Com- mune qui, par la notoriété de certains d'entre eux, appelèrent plus efficacement l'attention publique sur la Nouvelle-Calédonie dont on finit par connaître la valeur réelle d'autant plus que ce fut pré- cisément vers la même époque que furent découverts les premiers gisements de minerais de nickel. On sut enfin que la Nouvelle-Calédonie était un pays privilégié jouissant d'un climat merveilleux, d'une salubrité jaarfaite, et olTrant à ceux qui auraient le courage d'aller y chercher fortune la possibilité d'y arriver : 254 CONFÉKENCE Soit par rexploitation des mines ; Soit par l'élevag-e des bêtes à cornes; Soit par la culture ; Soit par le commerce. Ce sont encore aujourd'hui ces (juatre mènu's l>ranclies qui s'offrent à l'activité des émigrants. Au point de vue minier, la Nouvelle-Calédonie est un pays peut- être unique au monde ; car, sur une siq^erficie peu considérable, on y rencontre à peu près tous les minerais connus, mais les seuls qui aient été exploités jusqu'à ce jour sont : ceux de nickel, d'une abondance exceptionnelle ; de chrome, de cobalt, de cuivre, de plomb arg^entifère et d'or, et on n'exploite plus couramment que les trois premiers, dont on a exporté en 1902, dernière année d'exploitation normale les quantités suivantes : Minerai de nickel 130.000 tonnes — chrome 15.000 — — cobalt. . . . 8.000 — Depuis cette époque, l'exploitation a diminué pour le nickel et pour le cobalt aussi ; elle a augmenté pour le chrome. J'aurais désiré pouvoir vous donner quelques renseignements sur la manière dont sont constitués ces dilîérents minerais et sur les méthodes employées pour les exploiter ; mais, quelque intéressantes que soient ces questions, je dois, faute de temps, renoncer à vous les exposer en détail. 11 suffira d'ailleurs, pour vous donner une idée de l'importance qu'a prise l'exploitation de certains minerais, que je vous cite cer- tains faits tout récents qui vous montreront quels peuvent être les résultats quand les travaux sont entrepris avec prudence et conduits avec méthode. Pour le nickel, je prendrai comme exemple une mine à la créa- tion de laquelle j'ai assisté il y a environ douze ans, celle qui est connue sous le nom de mine de Néponi, du nom de la vallée dans laquelle se développe un chemin de fer à voie étroite de 25 kilo- mètres de longueur aboutissant à une baie admirablement abritée et accessible aux bateaux du plus fort tonnage qui viennent cher- cher les minerais. DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE 253 L'exploitation de cette mine, très bien dirigée par son fondateur, passé maître en pareille matière, donna des résultats tels qu'un beau jour une société anglaise vint lui offrir d'acheter le tout pour deux millions et demi. Le marché conclu, le fondateur céda la place à un nouveau directeur qui dirigea l'exploitation de telle manière qu'au bout d'un an on constatait à la fois diminution de la produc- tion et augmentation des frais, et que l'on finit par être obligé de fermer la mine. Pour le chrome, l'exemple à citer est de tout autre nature. A ers le nord de l'île, sur la côte ouest, se trouve, à proximité de la mer, une montagne isolée, un pignon, nommé le Tiebaghi, qui semble être un bloc de minerai de chrome. Cette mine appartient à une société qui a cédé à deux colons associés le droit d'exploitation pen- dant un certain nombre d'années, movennant une redevance de 15 francs par tonne de minerai extrait. Ces deux colons se mirent à exploiter et vendirent tout leur minerai à une personne qui le leur prenait sur place à un prix convenu. Mais ce dernier, trou- vant que l'exploitation ne marchait pas assez vite, préféra s'en charger lui-même et racheta aux deux colons leur droit d'exploita- tion, qui avait encore à peu près trois ans à courir, pour une somme de 1.250.000 francs. Maintenant, ce nouvel acquéreur exploite lui-même sur une grande échelle et c'est lui qui paye k la société propriétaire les 15 francs par tonne de redevance convenue. C'est un assez joli résultat pour le propriétaire de la mine ainsi que pour les colons qui l'exploitèrent les premiers, mais il est pro- bable que le nouvel exploitant y a aussi trouvé son compte, de sorte que c'est une affaire dans laquelle tout le monde doit être content. Si l'on ajoute à cela la situation brillante de la société Le Nickel, dont les actions, d'une valeur nominale de 250 francs, valent aujourd'hui 640 francs, on pourrait croire qu'il n'y a qu'à vouloir pour réaliser de gros bénéhces par l'exploitation des mines ; mais on se tromperait grandement, car, pour réussir, il faut non seule- ment avoir la main heureuse, c'est-à-dire tomber sur une mine riche et d'exploitation facile, mais encore disposer de beaucoup de capitaux ou, tout au moins, y suppléer en partie par beaucoujo de savoir-faire, d'économie et de prudence, car il faut arriver à pro- duire à bon marché, et cela n'est possible qu'en produisant beau- coup. 2o6 CONFÉRENCE Aussi les exemples que j'ai cités constituent Texception et, malheureusement, à côté de ceux, en petit nombre, qui ont réussi, on pourrait faire une longue liste de ceux qui se sont plus ou moins ruinés. L'exploitation des mines ne peut donc intéresser qu'un nombre restreint d'émigrants, et ce n'est pas d'ailleurs sur cette industrie qu'il faut compter pour coloniser et peupler un pays nouveau. Le mineur qui tire dvi sol les richesses que la nature y a enfouies ne fait que l'appauvrir et ne laisse dernière lui que des traces de dévastations que le temps seul fera disparaître, et, si les mines peuvent avoir une influence heureuse pour l'avenir, c'est unique- ment par les autres émigrants qui viennent se grouper autour d'elles et qui, par leur travail, améliorent le sol qu'ils préparent pour les générations futures. En un mot, c'est le colon cultivateur qui seul peut assurer la prospérité d'une colonie naissante, parce qu'il s'y installe à poste fixe et y crée une famille qui continuera et grandira l'œuvre com- mencée par lui : et, lorsque la mine sera épuisée et que ceux qid l'auront exploitée auront disparu, les colons cultivateurs seront là qui, par eux-mêmes et par leurs familles, continueront à peupler la colonie et à développer la production de la terre, source de pros- périté qui, elle, ne tarit pas. A ce point de vue et en dépit de toutes les critiques formulées, dans ces derniers temps surtout, contre la colonisation en Nouvelle- C.alédonie, je ne crains pas d'aftîrmer que cette colonie olfre tou- jours, comme par le passé, à l'homme courageux, travailleur et sobre, la possibilité de s'y créer une existence heureuse en s'occu- pant, suivant les capitaux dont il dispose, ou d'élevage, ou de cul- ture, ou mieux des deux à la fois. L'élevage des bêtes à cornes a été la première industrie de la Nouvelle-Calédonie et on comprend qu'il en ait été ainsi quand on voit à certains moments de l'année les plaines de la côte Ouest cou- vertes d'immenses tapis verts. Cependant ces pâturages ne res- semblent eii rien à ceux de France ; on n'y trouve à peu près qu'une seule herbe, l'andropogon, ou herbe à piquants, qui atteint une cer- taine hauteur et donne à la campagne plutôt l'aspect de vastes cul- tures de céréales (jue celui de })rairies. L. Simon. [A suivre.) NOTES LA CULTURE DU RIZ EN ITALIE Communication du consulat de France à Florence. Préparation du terrain, ensemencement, irrigation, culture, fumure et pi'océdés pour lutter contre la maladie. Les diverses espèces de riz cultivées en Italie sont les suivantes : 1" Riz u nostrale » (du pays), plante de dimension moyenne, d'une hauteur de 1 '" 25 à 1 ™ 30 environ, avec les nœuds de la paille non colorés ; grains oblongs, avec arêtes abondantes et d'une cou- leur rougeàtre. 2° Riz « ostigliese », qui a beaucoup d'affinités avec le précédent, dont il se distingue par une couleur plus claire et par un certain engorgement de la graine. S** Riz « Novarese », appelé aussi américain ; il serait originaire de la Caroline du Sud, ne se distingue des deux premiers que par un grain un peu plus oblong ; la plante est plus robuste et les nœuds de la tige sont d'une couleur violacée. 4° Riz « francone », sous-variété du précédent, dont il semble obtenu par la sélection des plantes plus résistantes au parasite le <( bussone » ; moins d'arêtes aux grains. 5° Riz « bertone » ou « mutico » ou encore chinois ; plus petit que les précédents, 4 "^ 10 environ; épis très fournis de grains qui sont les plus oblongs et sans arêtes. Espèce plus précoce que les autres. On emploie généralement cette qualité quand on sème tardive- ment ou lorsque les eaux d'irrigation sont plus froides qu'à l'ordi- naire. Les cinq variétés précitées sont celles que l'on cultive depuis longtemps dans la Haute-Italie. Les c{uatre premières sont vraisemblablement des modifications d'un même type. La cinquième est d'une importation plus récente; Bulletin du Jardin colonial. 18 258 NOTES on croit qu'elle a été introduite après les grandes invasions du <( bussone » en 1820. Les espèces « ostigliese » et « nostrale » ont à peu près disparu. Le riz prospère ou mieux encore donne de bons produits, même dans les terrains maigres. Il n'est pas rare d'obtenir des récoltes dans les terrains tout à fait caillouteux ou sabloneux qui sont fré- quents dans les régions où on cultive le riz. On peut, par ordre de qualités, classer ainsi les terrains aptes aux rizières. 1" Terres d'alluvions argileuses et argilo-calcaires ; les terres argileuses compactes sont moins bonnes ; ces terres produisent un grain gros et lourd donnant peu de déchet et de graines vides. 2° Terrains siliceux-argileux : ils sont moins bons suivant la quantité de cailloux qu'ils contiennent. Ces terres peuvent fournir de bonnes récoltes, mais non comparables avec celles que pro- duisent les terrains de la première catégorie. Ils ont l'inconvénient de nécessiter une quantité bien supérieure d'eau d'irrigation. 3° Terrains siliceux ou trop froids par suite de leur nature trop compacte. Les premiers sont peu favorables à la culture du riz, sur- tout parce qu'ils exigent une trop grande quantité d'eau d'irriga- tion. Cependant, lorsque l'eau est abondante, ils peuvent porter encore des récoltes assez bonnes, à condition toutefois qu'on n'ait pas négligé de fumer abondamment. Les terres trop compactes sont encore inférieures ; elles sont à considérer d'après leur degré de per- méabilité. Avant de semer le riz, il est bon de l'immerger dans une solution de sulfate de cuivre à 1 pour 100. Les parties trop légères montent à la surface et sont éliminées ; on obtient ainsi une sélection des bonnes graines ; les graines trop petites ou atrophiées, les graines des autres herbes viennent également à la surface et sont écartées. Parmi les nombreuses espèces d'herbes à semences qui infestent le riz, celles qui ne llottent pas sont rares ; aussi, par ce procédé, on les évite à peu près toutes. Il faut laisser les grains une heure dans la solution précitée ; cette immersion ne nuit pas à la qualité germinative, elle a de plus l'avantage de détruire les petits cryptogames qui entourent les grains de riz. On peut procéder à l'ensemencement aussitôt après ; si ce n'est pas possible il est bon de faire sécher les grains. On emploie aussi un autre moyen pour séparer du riz les graines LA CULTURE DU RIZ EN ITALIE 259 des herbes nuisibles. La plus grande partie de celles qui infestent les rizières proviennent de semences transportées par les eaux, aussi ce procédé consiste à intercaler dans les canaux secondaires d'irrigation des filtres de toiles montées sur filets métalliques ; ces toiles retiennent toutes les matières en suspension dans Teau, y compris les graines inutiles. Les expériences ont donné pour résul- tat une diminution de 50 et même de 90 7o àe ces graines ainsi éli- minées. La quantité de semence nécessaire par hectare varie entre 2 et 3 1/2 hectolitres, suivant la fertilité du terrain, selon que ce terrain est employé pour la première fois à ce genre de culture et aussi d'après la température de l'eau. Il va de soi qu'on sème moins de graines dans les conditions les plus favorables Après l'ensemencement, on fait traîner par un animal une planche appelée ici « scalone », afin d'appuyer les grains contre le sol et d'éviter ainsi de les laisser emporter par l'eau. Eaux d'irrigation. — La composition et la température des eaux d'irrigation ont une grande influence sur la production des rizières. L'eau doit être avant tout chaude ; la moins bonne est par consé- quent celle qui vient des réservoirs souterrains. L'origine de l'eau a une influence importante sur sa composition ; la composition elle-même est à considérer pour le bénéfice qu'elle apporte dans les irrigations. La quantité d'eau à employer par hectare de terrain est subor- donnée à la nature du terrain ; il faut une telle quantité d'eau dans certaines terres poreuses, qu'il vaut souvent mieux renoncer à y cultiver des rizières. L'emploi des engrais est excellent comme pour toutes autres cul- tures ; jusqu'ici c'est l'emploi des engrais azotés qui a donné les meilleurs résultats ainsi que celui des engrais phosphatés de préfé- rence aux engrais potassiques. Parmi les eng-rais chimiques, les plus usités, ceux qui ont la pré- férence pour la culture du riz, consistent en un mélange de phos- phates, de sulfate d'ammoniaque et de sulfate de potasse. Le pre- mier et le dernier mélange se donnent avant l'ensemencement ; le sulfate d'ammoniaque s'étend quand on dessèche les rizières avant l'émondage. Les rizières souffrent plus du manque de phosphates que des pro- duits azotés ou de potasse. L'emploi du sulfate d'ammoniaque a produit généralement en Italie de bons effets. 260 NOTES Des expériences faites récemment dans diverses rizières ont prouvé que l'emploi répété des phosphates et sulfate d'ammoniaque donne de meilleurs résultats que le nitrate de soude. Les terrains destinés à recevoir le riz doivent être disposés par paliers horizontaux, bordés de petites digues, destinées à retenir une épaisseur de \'2 k 15 centimètres d'eau. Par conséquent, dans les terrains peu inclinés, les digues doivent être plus espacées et moins élevées ; dans les terrains inclinés, les paliers sont plus nom- breux et les ditl'érences de niveau plus sensibles. La formation de ces compartiments n'exige pas un grand travail annuel pour les terrains qui sont constamment sujets à l'irrigation et qui doivent déjà se trouver par plans horizontaux ou avec une très petite inclinaison. On y travaille avec une petite charrue, à l'automne ou à la fin de l'hiver, suivant l'état des saisons, c'est-à-dire suivant que le riz succède à lui-même, à une prairie, au blé ou à d'autres céréales. Le terrain se travaille en le divisant en portions non inférieures à trois mètres et non supérieures à six mètres, séparées par des petits fossés qui circulent parallèlement de haut en bas du champ. On forme ensuite de petites digues dont un certain nombre se trouvent sur les bordures des paliers, et les autres leur sont perpen- diculaires. Si les paliers sont très étendus, on fait plusieurs files de petites digues parallèles, de façon à ce que chaque cadre ne mesure pas plus de 1.000 à 1.500 mètres carrés. On nivelle bien les cadres, de façon à ce que l'eau atteigne partout la même hauteur. Dans les rizières qui se succèdent à elles-mêmes, les petites digues situées le long des compartiments sont renversées par le labourage lorsque les différences de niveau sont peu importantes; on les conserve si les différences de niveau sont très sensibles ; dans le premier cas, on change les dispositions pour l'irrigation, ce qui est un avantage au point de vue de la production. Au moment d'irriguer, on fait arriver l'eau par un canal supérieur flanqué de petites digues qui la maintiennent élevée au-dessus du niveau de la rizière. Le long du remblai inférieur sont pratiquées des ouvertures par lesquelles l'eau entre dans les premiers cadres du champ ; de là elle passe successivement dans les autres par des ouvertures ménagées dans les petites digues respectives. Les compartiments qui reçoivent l'eau les premiers sont ceux qui produisent le moins, parce que l'eau est plus froide que dans les autres. - LA CULTURE DU RIZ EN ITALIE 261 Pour éviter cet inconvénient, on sème dans les premiers compar- timents des graines de variétés plus résistantes et plus précoces ; l'espèce dite « bertone » est préférée dans ce cas. On donne l'eau aux rizières avant l'ensemencement et on l'enlève quelques jours après ; on renouvelle l'opération ^au moment de l'émondage et huit ou dix jours avant la moisson. Lorsqu'on sèche les deux premières fois, il sufîit de fermer les bouches d'irrig-ation ; après la dernière opération, qui doit être très minutieuse, il faut couper aussi les dig-ues des petits canaux. L'élevage (allevamente) du riz se fait pendant la période inter- médiaire entre la germination et la formation des trois ou quatre premières petites feuilles. C'est une période critique pendant laquelle la plante a besoin de toutes sortes de soins attentifs sans lesquels la récolte peut être sérieusement compromise. Il faut maintenir les plantes dans un milieu favorable à un déve- loppement rapide et vigoureux. On y arrive en réglant rationnelle- ment l'irrigation. Après la germination, quand les plantes, à peine filiformes, com- mencent à croître, on enlève l'eau de façon à laisser le terrain sécher, un peu, pour permettre aux radicelles de pouvoir prendre. S'il fait froid et si on a de l'eau chaude, il convient de retarder cette opération de façon à combattre le froid ; on évitera ainsi un retard dans la croissance de la plante et l'inconvénient de voir jaunir les jeunes pousses, ce qui est un grand préjudice pour la quantité et la qualité de la récolte. Si la température est élevée, il faut aussi retarder cette opéra- tion, mais changer souvent l'eau afin d'éviter de la voir s'échauffer et « cuire » les jeunes pousses très sensibles. On procède à la moisson quand les épis sont devenus blonds et lorsque les graines, serrées entre les dents, ne se coupent pas faci- lement. 11 vaut mieux commencer la moisson quand le riz n'est pas tout à fait mûr; lorsque la maturité est complète, on est exposé à voir le grain tomber de lui-même. On commence en Italie à moissonner vers la mi-août, pour recueillir les récoltes semées au mois d'avril. Plus tard, c'est-à- dire en septembre, on récolte le riz semé plus tardivement. La moisson se fait à la main. Le principal ennemi des rizières en Italie est le « brusone », para- site cryptogame qui attaque les nœuds de la plante et les feuilles. 262 NOTES Le seul remède vraiment efficace qu'on a trouvé jusqu'ici pour combattre cette maladie, consiste à donner les plus grands soins au terrain et à la plante en procurant à celle-ci le maximum de vigueur possible. On a employé avec succès un mélange de chaux- magnésie répandu sur le terrain, dans une proportion de 6 jusqu'à lo quintaux par hectare; plus encore, si les terrains sont riches en humus. L'abandon des fumiers d'animaux est aussi recommandé alîn d'éviter le développement du « brusone ». On recommande aussi de ne pas laisser d'arbres dans les rizières. Le Gérant du consulat, E. DE Sainïe-Marie. LÉPIDOPTÈRES DE GRAND-BASSAM récoltés par M. Tristan Lacroi.v, et déterminés par M. Mabille président de la Société Entomolog^ique de France. RHOPALOCERA Danainae. Danais chrysippus L., v. alcippus Cr. Amauris psythalea PI. niavius L. Nymphalynae. Acraea egina Gr, gea F. serena F. Junonia délia Gr. Précis ierea Dr. s 0 phi a V . Salamis anacardii L. cylora F. Ilypoiymnas anlhedon Boisd. diibius Pal. mis ip pu s \.. Neptis melicerla F. graiilla Mab. Euphaedra ceres F. eupalus F. Aterica angustala D. veronica Gr. sophinus Stf;r. cupavius F. rihensis Hw. Cymothoe aralus Mab. egesta Gr, Pierinae. Pieris Iheodora F. Mylothris spica St. leskeana 01. Poniia alcesla Gr. marginea Mab. Callidryas rhadia Boisd. Terias floricola Boisd. hecahe L. ENTOMOLOGIE 263 Lycaeninae. Lycsena isis F. Hypolycsena faunus Gr. lebona Hew. Sithon limon F. Papilioninae. Papilio hovribilis Butl. merope Cr. menestheiis F. aristophontes 01b. demoleus L. phorcas Gr. poly certes Gr. leonidas F. cynorta F. tynderœiis L. Hesperinae. Tagiades fiesus F. Pyrrhochalcia iphis Dr. Euchromia lethe V. Otroeda sp. HETEROCERA Otroeda sp. Anlherxa sp. COLÉOPTÈRES RECUEILLIS . A NOUMÉA PAR M. LE RAT Cicindela semicincta Br. Caledonica lunigera Ghaud. — acentra Ghaud. — Mniszechi Thoms. — mediolineala Luc. Chtaeniiis binotalus Dej. — ophonoides Fairm. (inalhaphanus melanarius Dej. — impressipennis Lap. Sphodrosomus Saisseti Perr. Hyphydrus elegans Montr. Hy dations Goryi Aube. — consanquineus Aube. Hhantaticus signalipennis Lap. Lepevina Signoreti Montr. Tenehroides parallehis Fairm. Neothallis nigroœnea Gr. Coccinella transversalis Fab. Cœlophora Mulsanti Montr. Dermesles inilpinus Fab. Stethoxus australis Moatr. Dacti/losternum insulare Lap. Figulus lœvipennis Montr. Rhyssemus larsalis Wat. Gnaphalopoda Deslong champsi Fauv. Heteronychus australis Fauv. Enoplus tridens Montr. ChrysodemaerythrocephalaMonir. Solenisens mulahilis Bonv. Alaus Montraveli Montr. — farinosns Montr. Monscrepidius limbithorax Fleut. Natalis Dregei Montr. Cathorama tabaci Guér. Areotymus tristis Fauv. Cymbela dissimilis Pasc. Uloma punctulata Fauv. — tibialis Fauv. Episopus alutaceus Fauv. 264 NOTES Isopiis cnledoniens Bâtes. Alphitohius piceii.s 01. Brudijinerus (uherculatus Fauy. Ccilymnus Berardi Fauv. Diphi/rrhynchus holerageos Fauv. Thesilea mirabilis Fauv. Tanychilus insularis Fauv. Callismilax suturalis F'auv. — ■ lœriscula Fauv. — prismale Fauv. Apellodes Bavayi F'auv. Rhinoscapha sp. Geonemiis pictus Fauv. Elytrocallus gihhus Fauv. Perissops Laselenci Fauv. — sp. Conopsis mavulipes Fauv. Orthorrhiniis cylindricus Montr. Pferapion monstrosum Faust. Megalrachelus chloris Faust. Calandra oryzae L. Uropus Douei Moutr. Acanihopyçfus griseus Montr. — melallicus Montr. Agrionome Fairmairei Montr. Buprestomorpha Mon trou zieri Thoms. — Duhouzeti Montr. Blapsilon irroralum Pasc. — cyanipes Fauv. Spintheria gratiosa Pasc. Monohammus arleiisis Montr. Ceresium carinaliim Fauv. — quadrimaculalum Fauv. Enotes lifuanus Montr. Rosacantha ligrina Fauv. Phoracanlha Savesi Fauv. Nemaschema sanguinicolle Chev. Lepfocera albicincta Chev. Leplonola comilessa White. Enicodes granulum Fauv. — Latreillei Fauv. Stetopachys Javeli Baly. Monolepta semiviolacea Montr. Psylliodes Illigeri ? Perr. Cœlophora Mulsanli Montr. Cocciaella transversaUs Fab. MAÇON, PKOTAT FREKES, IMPRIMEUKS. E Edileur-iiéranl : A. Ghallamel. Ph. MAYFARTH â c SËGHOIRS à Bananesi à CACAO et fruits NOMBREUSES REFERENCES 0 esses à balles — Charrues |{ Batteuses — Pressoirs 3 (1 1 3DEl«i:A.lTIDEFi LES O A.T-A.LOGTJES lE PARIS 6, rue Riquet A rrrTi'' TTT Tii t7^ mil lîi? 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PUBLICATIONS DU MINISTERE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feuilles grand in-H" pavait tous les deuœ mois PARIS — Augustin CHAL[.AMEL, Éditeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies; : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles grand in-8° parait tous les mois PARIS — Augustin CHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRLX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 IV. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PU BUG A TION TRIMES TRI ELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial PUBLICATION MENSUELLE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; -Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. — Colonies et Union postale, 6 fr. COMPAGNIE 'DU GAZ CLAYTON Procédés et appareils de désinfection et d'extinction 20, RUE Taitbout — PARIS Adresse télégi-aphique : Clay gaz -Parais Téléph. 32.i-7a — 822-74 Code ABC 4® éd. anglais — Az français L'appareil Claylon est employé par le Ministère des Colonies, pour la désinfection des hôpitaux, lazarets, casernements, pour la destruction des termites, etc., etc. Il est admis pour la désinsection des établissements de l'Assistance publique. 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Max Ring-elmann 802 La Sériciculture à Madagascar {Ra-^tpari de la direction de l'Ag-ri- culturej [suite) ' 3 1 1 La Ramie et ses analoffues aux Indes anglaises, par M. Big-le de Cardo (suite) 32(J Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds, par le D"' G. Delacroix (suite) 334 CONFÉRENCE * L'émigration et le développement agricoles en Nouvelle-Calé- donie, par M. L. Simon (suite) 343 LO NOTES CD Les Insectes, par M. Fleutiaux (suite) 34() >- < CHEMINS DE FER DE L'OUEST PARIS A LONDRES via Rouen, Dieppe, el Ne-whaven, par lu gave Saint-Lazave. Services rapides de jour et de nuit tout les jours (y compris les dimanclies et fêtes). Grande économie. — Trajet de jour en 9 heures, l'" et 2e classes. Billets simples valables 7 jours. l^e classe : 48 fr. 25. — 2« classe : 35 fr. — 'M classe : 23 fr. 25. Billets d'aller et retour, valables un mois, l" classe : 82 Ir. 75. — 2e classe : 58 fr. 75. — .'^ classe : 41 fr. 50. 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Désinfoction des Habitations et C, Puisards, Fumiers, Ecuries, CRE8YL-JEYES llnrti Coucou r» Membre du Jury-Campement EXPOSITION PARIS 1900 FLEM 40-42, rue Louis-Blanc FABRICANT PAKIili Aiiuemicmi Dt 207, Fg-Saiiit-Martin CAMPEMENT complet et MATÉRIEL COLONIAL Tentes, Cantines, Sacs, Pharmacies, Cuisines, Lits, Sièges, Tables, Objets pliants, etc. Dépositaire des véritables produits dv l'inventeur FÉDIT Ci a o Si en 13 o 5 o a o 3 .2 "S "o o (/3 a; "53 a o o ALUMINIUM, NICKEL, ETC. FLEM, 40-42, rue Louis-Blanc, PARIS Matériel agricole moderne perfectionné MAGNIER-DÉDll" Ing.-Const,, h Groslay (S.-et-O.) France C harrues-brabants simples et doubles Polysocs simples et doubles. Construction en acier de tous instruments de culture. Album illustré, Devis. Renseignements franco. PARTIE OFFICIELLE LNDO-CHINE FRANÇAISE Le Gouverneur Général de Tlndo-Chine, officier de la Légion d'honneur, Vu le décret du 21 avril 1801 ; Vu l'arrêté du 2 juin 1897 fixant l'assiette et le tarif de Timpôt foncier anna- mite au Tonkin ; ' Considérant que dans l'intérêt du développement économique de la colonie, il importe de favoriser l'industrie de la sériciculture et d'amener les indigènes à donner plus d'extension aux cultures qui s'y rattachent; Vu l'avis du Conseil du protectorat du ïonkin ; Sur la proposition du Résident supérieur au Tonkin, La commission permanente du Conseil supérieur entendue, Arriîte : Article l'"'. — A partir du l" janvier 1905 et jusqu'au 31 décembre 1909, les terrains plantés en mûriers, compris jusqu'à présent dans la deuxième catégorie des terrains de cultures diverses, seront exonérés de tout impôt. Art. 2. — Sont et demeurent abrogées toutes les dispositions contraires à celles du présent arrêté. Art. 3. — Le Résident supérieur au Tonkin est chargé de l'exécution du présent arrêté. Hanoï, le 31 décembre 1904. Beau. BaUelin du Jardin eoloiiia.1. ^^ 266 DOCUMENTS OFFICIELS NOMINATIONS ET MUTATIONS DANS LE PERSONNEL AGRICOLE Afrique occidentale française. M. Bervas, agent de culture de 4" classe, retour de congé, est remis à la disposition du lieutenant gouverneur du Haut-Sénégal et Niger. Guinée. M. Leroide, agent de culture de f'' classe, est chargé de la direction du Jardin d'Essai de Camayenne. M. Bardou, agent de culture de 2'" classe, est mis à la disposition de M. l'Administrateur de Siguiri. M. Brossât, agent de culture de "2" classe, est mis à la disposition de M. l'Administrateur de Kouroussa. Indo-Chine. M. Roumat, agent de culture de 3" classe, est nommé agent de culture de 2® classe du service local d'agriculture du Cambodge, pour compter du 1" janvier 1905. MISSIONS M. Magnein, garde général de la circonscription forestière de l'Annam, et M. Martelle, commissaire du Gouvernement à Muongson (Laos), sont chargés de faire une tournée d'études, d'une durée maximum de trois mois, à l'elFet de se rendre compte de la nature et de l'importance des principaux peuplements forestiers dans la province de Tran-ninh ainsi que de toutes les questions se rattachant à l'état actuel et futur du Domaine forestier dans ces régions. ÉTUDES ET MÉMOIRES CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER Préparation du cacao CHAPITRE PREMIER HABITAT NATUREL HISTORIQUE Espèces et variétés Habitat naturel. — Le Theobroma cacao est une plante améri- caine. Il était cultivé par les Indiens long-temps avant la découverte du Nouveau-Monde, de sorte qu'il est assez difficile de fixer avec exactitude son habitat naturel. On est cependant certain que le cacaoyer pousse à l'état sauvage dans le bassin de l'Amazone et de FOrénoque. Mais, bien que divers auteurs le signalent comme étant spontané au Mexique et dans toute lAmérique Centrale, on ne peut pas affirmer qu'il pousse à l'état véritablement sauvage dans ces rég-ions. Il est probable qu'il y a été naturalisé par la culture ; c'est l'opinion émise par De Candole dans YOrigine des plantes cultivées. On prétend qu'il pousse également, à l'état sauvage, dans les forêts de la Trinidad, où il existe, en elVet, des cacaoyers, dont les fruits très petits, jaunes ou rouges, renferment des graines presque blanches à l'intérieur. D'autres espèces du genre, Theobroma pentag-onum, Theobroma bicolor, etc., qui fournissent également des produits comestibles et qui sont cultivées, semblent avoir une aire de croissance spontanée plus étendue. Elles se rencontrent dans les forêts de la Colombie et de l'Amérique Centrale. Ces points sont d'une importance secondaire pour une étude qui 268 ÉTUDES ET MÉMOIRES doit rester essentiellement pratique. Il suffit de savoir que les Theo- broma fournissant le cacao du commerce croissent à l'état sauvati^e dans des rég-ions très chaudes et très humides, pour en tirer les déductions pratiques qui doivent figurer au chapitre Climat. Historique. — Avant la découverte de l'Amérique, le cacao était, naturellement, inconnu en Europe. Les compagnons de Ferdinand Gortez qui débarquèrent au Mexique en l'an 1519 furent les premiers Européens qui consommèrent du cacao. Les indigènes l'employaient déjà à leur alimentation. C'est vers la (in du xvi'' siècle que les premières amandes furent envoyées en Euro[)e : c'est l'Espagne qui les reçut. C'est de la Péninsule que l'usage du cacao se répandit en France, où les premiers chocolats semblent avoir été vendus, vers I60O, par un nommé (^haliou qui reçut, à ce sujet, un privilège spécial du roi. Ensuite, le produit, tout d'abord très cher et surtout apprécié des classes élevées, s'est, peu à peu, démocratisé et est devenu, de nos jours, un aliment délicat à la portée de presque toutes les bourses. La consommation augmentant de jour eu jour, l'aire de culture du cacaoyer s'étend de plus en plus. Actuellement, cette précieuse espèce végétale est connue et cultivée dans toute la zone torride des deux Mondes. Cependant le véritable berceau de la culture du cacaoyer est resté, jusqu'à présent, confiné dans le voisinage des régions oîi la plante croît spontanément. Quoique le T. cacao soit cultivé un peu partout, aux Indes Orien- tales, à la Côte occidentale d'Afri(|ue, à Madagascar, etc., les pays grands producteurs de cacao sont ceux de l'Amérique du Sud, de l'Amérique Centrale et des Antilles : l'iilquateur, le Venezuela, la Trinidad, les Guyanes, le Brésil, le Mexique, etc. Il est évident que beaucoup de nos colonies ont un climat essentiellement propre à la culture du cacaoyer : le Dahomey, la Côte d'Ivoire, le Congo, peut-être quelques régions du Sénégal et du Soudan, la partie moyenne de la Côte est de Madagascar, la Guyane et les Antilles, conviendraient certainement. Il est à souhai- ter d'y voir cette culture prendre beaucoup d'extension, pour que la Métropole puisse arriver rapidement à trouver, dans ses posses- sions coloniales, l'énorme quantité de cacao qu'elle consomme et qu'elle emprunte, actuellement, presque totalement à l'étranger. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 269 La culture du cacaoyer mérite d'autant plus d'attirer Tattention, que c'est une de celles qui nécessitent le moins de main-d'œuvre, Fig. 1. — Theobroma cacao. et qui fournissent l'une des rares denrées coloniales dont la période de surproduction paraît très lointaine. 270 ÉTUDES ET SrÉMOlRRS Espèces et variétés. — Le j^-enre Theobroma appartient à la famille des Slerculiacées, tribu des Buttnériacées. L'espèce la plus répandue, et la plus communément cultivée, est le T. cacao. A l'état sauvage, le T. cacao est un petit arbre de 7 k 8 mètres de hauteur. Il est, généralement, un peu moins grand dans les cultures où, cependant, il arrive à cette taille, surtout lorsque la plantation a été faite très serrée. Son tronc est très droit et ordinairement terminé, lorsque l'arbre est jeune, par un verticille de trois, quatre, cinq ou six branches. Par la suite, il croît, au-dessous de cette couronne, un très grand nombre de rameaux gourmands, qui s'enchevêtrent les uns dans les autres, et donnent à l'arbrisseau un aspect très touffu et rameux. Les feuilles sont simples, alternes, obovales, oblongues, accumi- nées, le limbe est entier, glabre, sauf sur la partie inférieure des ner- vures qui est velue. Jeunes^ les feuilles sont rouge clair ou vert très clair, suivant la variété; lorsqu'elles sont adultes elles sont d'un vert très franc k la partie supérieure et un peu plus clair en dessous. Les dimensions des feuilles de cacaoyer sont très variables suivant l'âe-e et la vigueur de l'individu. Un plant qui croît normalement a des feuilles de 25 k 30 centimètres de longueur sur 11 k 12 de largeur; mais il n'est pas rare devoir, sur des sujets jeunes et vigoureux, des feuilles de plus grandes dimensions. Les fleurs, qui apparaissent presque toute l'année, sont disposées en cimes dichotomes et portées par des pédoncules grêles, le plus souvent uniflores, longs de 2 k 3 centimètres. Les inflorescences naissent sur les branches âgées et sur le tronc, quelquefois en très grande quantité. Les cinq sépales sont valvaires et colorés, ils sont ciliés sur les bords. Les cinq pétales, alternant avec les sépales, sont également colorés : ils possèdent, à la base, une partie élargie en cuiller, que surmonte une portion courte terminée par une extrémité spatulée et recourbée vers l'extérieur. L'androcée est formée de cinq étamines fertiles et de cinq sta- minades stériles en forme de languettes linéaires, qui alternent avec les étamines fertiles. Les étamines opposées aux pétales sont termi- nées par une paire d'anthères k deux loges déhiscentes en dehors. L'ovaire .supère, pentagonal, est k cinq loges dans chacune des- f[Uolles se trouvent une douzaine, au moins, d'ovules anatropes. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 271 insérés sur deux séries longitudinales. L'ovaire recouvert de poils glanduleux est surmonté d'un style à cinq stigmates. Fig. 2. — Fructification sur le tronc d'un cacaoyer de 8 ans. Le fruit, ordinairement connu sous le nom de cabosse, est une baie à écorce résistante, lisse ou rugueuse, de forme et de couleur variables. 272 ÉTUDES ET MÉMOIRES La cabosse, qui est pendante, donne au tronc du cacao un très curieux aspect dont la photographie n° 2 donne bien une idée. On trouve à peu près toute l'année des fruits et des fleurs sur le cacaoyer. Lorsque Ton brise l'écorce delà cabosse on trouve, à l'intérieur, des graines noyées dans une pulpe rose ou blanchâtre, d'un goût agréable, très légèrement acidulé. Ces amandes sont composées par un embryon à cotylédons chif- fonnés, repliés, dans lesquels se trouvent les principes auxquels le cacaoyer doit sa culture. La forme des graines est varial)le, tantôt elles sont franchement ovales et très bombées (cacao de Madagascar), tantôt elles sont très aplaties, presque triangulaires (Trinidad). Leur volume est aussi fort variable. Les fèves du cacao de Mada- gascar ont à peine 1 centimètre et demi à 2 centimètres de long, tandis que la longueur de celles de Surinam atteint, et dépasse, 2 centimètres et demi. L'enveloppe qui entoure l'embryon est rouge ; la couleur de l'amande varie du blanc presque pur (cacao de Madagascar) au vio- let foncé (cacao de Surinam et de Trinidad). Variétés. — Cultivé depuis la plus haute antiquité, le Theobroma cacao n'a pas manqué, comme toutes les plantes, de varier et de fournir une quantité déjà considérable de formes, qui pourraient, presque, être élevées au rang de variétés. On ne peut, malheureusement, pas dire que la volonté de l'homme se soit fait sentir dans les variations du cacaoyer; toutes les variétés ou, pour être plus exact, toutes les formes qui existent actuellement, ne sont autre chose que le fruit du hasard. Il n'est cependant pas douteux, étant donnée la tendance qu'aie cacaoyer à varier, qu'une sélection soutenue, constante et intelli- gente, arriverait à produire des variétés plus avantageuses à culti- ver que celles existant actuellement. Il serait tout particulièrement intéressant de pouvoir donner nais- sance à des formes plus précoces qui atteindraient plus rapidement la période de pleine production. C'est là l'œuvre des Jardins d'es- sais coloniaux ; il ne faut pas se dissimuler que c'est une entreprise longue demandant de la patience, des années et de l'argent. Maliifré tout on a essayé de classer les variétés connues du CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 273 cacaoyer; les résultats obtenus, dans cet ordre d'idées, ont, bien plus, une valeur théorique que réellement pratique et on peut dire, sans crainte de se tromper, que chaque pays a ses variétés spéciales. Souvent, telle forme qui donne, dans un pays, des produits médiocres, ressemble beaucoup à telle autre qui fournit, ailleurs, un produit de première qualité. A Trinidad, les variétés de cacao sont très nombreuses; mais, bien que les anciens planteurs espag-nols les aient rangées en un cer- tain nombre de catégories, il est très difficile de déterminer où telle variété finit et où telle autre voisine commence, tant les limites qui les séparent sont peu précises. A mon sens, les classifications de MM. Morris et Hart sont loin d'avoir une réelle valeur pratique. Au cours des nombreuses périgrinations que j'ai faites dans les plantations de Trinidad, jai demandé à plusieurs planteurs le nom des variétés de cacao qu'ils cultivaient. Ils m'ont fait, à cette ques- tion, les réponses les plus dilférentes, et j'ai pu me rendre compte que deux planteurs donnent, rarement, un même nom à une même variété. Le D"" Preuss a fait les mêmes observations ; il dit à ce sujet : c< Beaucoup de planteurs ne distinguent pas les variétés d'après les (( noms et il n'y a certainement pas deux planteurs dans tout Trini- (( dad ou Grenade qui assigneraient les mêmes noms à un certain « nombre de cabosses qu'on leur montrerait. » Une seule forme est assez bien connue de tous les planteurs, c'est celle désig-née sous le nom de Calahacillo ; elle donne un fruit tout petit renfermant des graines très aplaties et très serrées. C'est une variété tout à fait secondaire, très peu répandue du reste. Il est bien difficile de se faire une idée exacte de ce qu'est, à Tri- nidad, la variété désignée sous le nom de Criollo; aucun planteur n'a pu me la montrer avec certitude. Hart donne au terme Criollo le sens français des mots indigène et natif (c'est ce qui nous arrive lorsque nous donnons le nom de créoles aux métis et aux noirs de Bourbon), et il semble dire que le vrai Criollo est une forme qui croît à l'état sauvage dans les forêts de Trinidad. Pour lui, le Criollo est un cacaoyer à cabosse allon- gée, pointue, légèrement rugueuse, rouge ou jaune, présentant un étranglement très prononcé près du pédoncule. Le I)'' Preuss qui a étudié très minutieusement le cacao de l'Amé- rique Centrale et des Antilles ne reconnaît pas le vrai Criollo aux caractères indiqués par Hart. 271 ÉTUDKS ET MÉMOIRES Suivant lui, le CrioUo du Venezuela, le vrai Criollo, est, d'après les gravures annexées à son ouvrage I.e Cacao, une variété ayant une singulière ressemblance avec notre cacao de Madagascar, le Old Fii;-. 3. — Cabasses du cacao de Madasrascar, red Ceylon et le cacao d'Okumare ; j'ai vu fructifier ces deux der- nières variétés à la Station d'essais de Sainte-Clair à Trinidad en juin 1902. A Surinam, les planteurs désignent sous le nom de cacao de Gara- cas, tous les cacaos à cabosses rouges; mais presque tous mont CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 275 montré, comme véritable Caracas, une forme très répandue qui a absolument les caractères du GrioUo de Hart, Cette variété représentée en 2 par la photographie n° 4 donne de belles graines rondes dont l'embryon est à peine violacé. C'est la meilleure forme qui existe à la Guyane; les planteurs sérieux la recherchent beaucoup : c'est elle qui est presque exclusivement cul- Fi^. 4. — Variétés de cacao de la Guyane hollandaise. Cacao porcelaine. Caracos vrai. tivée dans la belle cacaoyère de Voorburg, dont il sera parlé plus loin, à propos des rendements. . D'autre part, au cours de la visite que je fis au Jardin botanique de Hape, à la Jamaïque, en compagnie de M. Grandsaull, planteur au Venezuela, je vis étiqueter, sous le nom de Forastero, la forme désignée par Hart par le terme Criollo, et connue des Hollandais de la Guyane, sous le nom de cacao de Caracas vrai. M. Grandsaull m'affirma que cette variété était bien le Criollo de Venezuela. Je rapporte ces opinions pour bien montrer qu'il règne une confu- sion considérable dans la classification des variétés de cacao; con- fusion qui est encore augmentée par Tignorance dans laquelle nous 276 ÉTUDES ET MÉMOIRES sommes du de^ré de stabilité de chaque variété ou forme et de Tin- tluonce que peuvent avoir sur la qualité du cacao, le milieu dans lequel vit le cacaoyer et le sol sur lequel il croît. Ces données, très importantes, ne pourront être connues que lorsque les expériences, actuellement en cours, dans quelques stations coloniales, sur des variétés introduites et d'origine connue, auront fourni des résultats pratiques. Cependant, on peut dire que le Criollo tel qu'on le connaît, prin- cipalement au Venezuela, se caractérise par ses g-raines très rondes, dont la coupe transversale est presque circulaire. La coupe de l'em- bryon est violet très clair ou blanc pur; même à l'état frais, cet embryon n'a pas une saveur trop amère. Si, question de forme de la cabosse mise à part, nous admettons que ce sont là les caractères du cacao Criollo, nous pouvons dire que la variété cultivée à Madagascar n'est pas, comme on l'a écrit souvent, un Forastero. A la condition, bien entendu, de donner à ce terme une valeur restreinte et non son sens littéral et absolu, égal au sens français du mot étranger, qui s'appliquerait parfaite- ment au cacao de Madagascar, lequel est une plante d'introduction, étrangère au pays par conséquent. Le cacaoyer introduit à Madagascar produit des cabosses de moyenne grosseur, rouges quelquefois, mais très rarement jaunes, présentant 10 sillons, dont 5 plus profonds, qui viennent tinir au point d'attache du pédoncule. C'est un fruit à 5 cotes nettement accusées, dont chaque côte présente une dépression longitudinale dans sa partie médiane. Les coupes en travers de la photographie n° 3 donnent une idée bien nette de cette forme. La cabosse verruqueuse présente d'assez grosses tubérosités ; elle est terminée par une pointe légèrement recourbée et elle ne présente pas d'étranglement près du pédoncule. Elle ressemble beaucoup à la cabosse du cacao, qui, d'après le D"" Preuss, serait le vrai Criollo. Elle est de grosseur moyenne, sa longueur varie entre 16 et 20 centimètres, et sa largeur entre 6 et 9. Elle renferme de 30 à 35 graines peu serrées, noyées dans une pulpe peu aqueuse et peu abondante. Ces graines, dont la longueur varie entre 1 centimètre et demi et 2 centimètres, sont remanjuablement renflées, de sorte que leur coupe transversale est presque circulaire. Sur la coupe, CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 277 Tembryon est blanc pur, et sa saveur, à l'état frais, est très peu amère. Lorsqu'elles ont été préparées, ces graines sont très souvent ren- flées, recouvertes dune pellicule rouge clair, très fine et non adhé- rente. L'embryon est brun clair, de consistance moyenne : il a un goût fin et presque aucune trace d'amertume. -.^J Alligator cacao Caracas Fig. 5. — Variétés de cacao de la Guyane hollandaise. C'est, certainement, une forme très voisine du Criollo du Venezuela. Ses produits sont, du reste, fort appréciés. M. Chante- pie a fait expertiser le cacao qu'il récolte à Madagascar; les experts de Bordeaux n'ont pas hésité à le classer parmi les meilleures sortes. Les planteurs de la Côte est, qui vendent en France, réalisent toujours à des prix très élevés, dépassant souvent 110 francs les 50 kilos. M. Jumelle, dans son bel ouvrage sur la culture du cacaoyer, a certainement commis un lapsus calami en écrivant que, de l'avis de spécialistes, le cacao de Madagascar, mieux préparé, pourrait valoir de 110 à 120 francs les 100 kilos. 278 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le cacaoyer cultivé à Madagascar a, pi'obahlement, été introduit de la Réunion, et il semble certain que cette ile la reçu de Cey- lan, tant les fruits du cacaoyer de Madag-ascar ressemblent à ceux du Old Red Ceylon. Cette dernière forme serait, d'après M. Jumelle, issue du Griollo du Venezuela, primitivement introduit à Ceylan. Quoiqu'il en soit, la variété malgache de cacao présente des carac- tères de stabilité presque parfaits. Dans toutes les plantations de la Côte est, dont les arbres proviennent d'une source unique, on cher- cherait en vain deux formes de cabosses. C'est à peine si les ten- dances à varier du cacaoyer de Madagascar s'accusent, de place en place, par l'apparition dans les semis, de quelques rares sujets pro- duisant des cabosses mûrissant à jaune. Encore, faut-il constater que si la couleur a changé, la forme est restée absolument identique à celle des cabosses qui ont fourni les graines. On peut dire que le cacaoyer malgache constitue une race parfai- tement fixée, puisqu'il se reproduit, par semis, sans variation sen- sible. Cette race a des qualités suffisantes, k mon sens, pour être assi- milée au meilleur Criollo. La dénomination de Forastero — ces deux termes étant pris dans le sens de variété — ne lui convient pas du tout. Le mot Forastero, à Trinidad, sert à désigner une foule de formes de qualité inférieure auCriollo.Lesfèvesde ces formes sont plus plates et la coupe de l'embryon est d'un violet très foncé. Ces caractères sont, on le voit, nettement différents de ceux du cacao de Madagas- car et, comme je lai dit plus haut, le terme Forastero ne lui peut être appliqué. On peut, il est vrai, admettre que le milieu suffit pour changer les caractères et la qualité d'une forme donnée de cacao. Le D"" Preuss rapporte, à ce sujet, de précieuses observations : cet auteur dit, dans son livre Le Cacao, que le cacao de Trinidad intro- duit au Venezuela s'améliore et fournit des produits supérieurs k ceux qu'il donne dans la Colonie anglaise. D'après lui, le cacao de Guayaquil, le plus réputé du monde, provient d'un arbre dont les cabosses rappellent beaucoup l'Amelonado de Trinidad. L'Amelo- nado est une forme très secondaire de l'île anglaise. A la Guyane hollandaise la confusion qui règne dans la classifica- tion des variétés de cacaoyer est, au moins, aussi grande qu'à Tri- nidad; il est bien rare que deux planteurs s'accordent pour donner des noms semblables k des formes identiques. Le mot Criollo y est inconnu ou, pour être plus exact, inusité. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 279 Tous les plants dont les cabosses mûrissent à rouge sont désignés sous le nom de Caracas; mais, ainsi que je l'ai dit déjà, tous les vieux planteurs s'entendent pour réserver le nom de Caracas à une forme spéciale, le CrioUo de Hart. Le D'' Preuss ne croit pas que la dénomination de CrioUo puisse être accordée à ce cacao et, d'après lui, le nom de Caracas ne lui convient pas. Le cacao connu sous le nom de « Surinam », souvent appelé « Porcelaine », correspond à l'Amelonado de Trinidad, il est très estimé. Ses cabosses mûrissent à jaune, elles sont courtes, presque lisses, un peu étranglées à la base et se terminent par une pointe très obtuse. Elles présentent dix rainures longitudinales plus ou moins prononcées. L' « Alligator cacao ^ » est une forme grossière mûrissant à jaune. L'écorce des cabosses est très épaisse et très rugueuse, les fèves sont grandes mais plates; la cabosse est de très grande dimension, elle est très allongée (photographie n° 5). Seul le vrai Caracas donne des graines à embryon de couleur claire; les autres variétés ont des graines d'un violet très foncé. Les photographies n*^* 4 et 5 représentent les principaux types des cacaos de Surinam. . En résumé, les variétés ou races, issues dvi Theobroma cacao, sont loin d'être classées d'une façon rigoureusement exacte. Il est très difficile, dans l'état actuel de nos connaissances, de dire, d'une façon certaine, la part qu'ont, sur la qualité du cacao, les formes cultivées et le milieu dans lequel elles végètent. Ce que l'on sait bien, c'est que chaque pays possède des variétés de qualités différentes : celles qui fournissent les meilleurs produits sont, ordinairement, les moins rustiques. Le T. cacao n'est pas la seule espèce du genre qui soit cultivée pour produire le cacao du commerce. Dans l'Amérique Centrale on cultive, sous le nom d' « Alligator » ou de « Largato, le Theobroma pentagonum, ([ui fournit un produit de très bonne qualité. Cette espèce ne diffère guère du Theobroma cacao que par la forme de ses fruits. Ceux-ci, au lieu d'avoir des sillons, présentent 5 arêtes très marquées, entre lesquelles se trouvent de très grosses verrues de forme très caractéristique. 1. Alligator ^= T. cacao à la Guyane cl T. pentagonum au Nicaragua. 280 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les photographies n°^ 6 et 7 faites à ïrinidad représentent le T. penta^onum. Fiy. 6. — Tlieolnvinia pentagonum. Les graines sont grosses et l'embryon est de couleur blanc pur. Le Theobroma anf';ustifoliuni se rencontre dans les cultures du Mexique et de rAmérique Centrale. Le Theobroma bicolor est une grande espèce, très vig-oureuse, doht les graines ne sont pas exportées. On le rencontre dans toute l'Amérique Centrale. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 281 Son fruit est à écorce lig-neuse, ses feuilles sont cordiformes. Les fèves blanches donnent un produit, dont la valeur commerciale est nulle, mais elles sont très appréciées dans les pays d'Amérique. Fig. 1. — Tlicobroma pentagonum. Le T. bicolor atteint jusqu'à 12 mètres de hauteur et, d'après le D'' Preuss, il est employé comme plante d'ombrage, pour le T. cacao, au Nicaragua. Les graines sont très pauvres en théobromine. [A suivre). Fauchère, Sous-Inspecteur de t Agriculture à Madagascar. Bulletin du Jardin colonial. 20 CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER [Suite '.) PRINCIPAUX FAI.TEL'RS A ÉTUDIER Lorsqu'une région donnée est reconnue favorable à la culture du caféier, l'exploitant a à déterminer la valeur de certains facteurs qui jouent un grand rôle dans la réussite de la plantation. Ces principaux facteurs sont : le sol, l'exposition, l'altitude, l'abri, le système cultural à suivre. Choix du sol. — Pour donner de belles productions longtemps soutenues, le caféier est exigeant sur les qualités du sol qui doit le. porter. Que d'insuccès sont dus à des plantations établies sur des sols non propices à la culture du caféier ! Nous ne saurions trop recommander aux planteurs de se hâter sagement, de ])ien étudier le sol, le sous-sol du terrain choisi et de ne planter que là où il a acquis la certitude de réussir. Au point de vue de la constitution pliysique du terrain, le caféier a une préférence marquée pour les terres franches, c'est-à-dire ni trop lourdes, ni trop légères, silico-arg-ileuses ou argilo-siliceuses. Cependant, il peut donner de bons résultats dans tous les terrains compris dans la g-amme qui s'étend des sols sableux aux sols argileux, à la condition qu'une quantité sufiisante d'humus atténue les défauts excessifs. Si le caféier est tolérant sur la ualure des éléments (pii consti- tuent les terrains, il ne Test plus pour ce qui est de leurs (pialités physiques. Il veut : des sols profonds, s'égouttant facilement, frais, sans humidité. Les racines du caféici- sont cxcej)lionni'lU'nu'ut sensil)les à la mauvaise influence de l'eau stagnante, (jui les tue par priA^ation I. Voir lîuUetiii n°2'i. m CULTLHK l'KAllOl [•; KT liATlONNKLLE DU CAFÉIEU 2S;{ d'oxygène et qui favorise le développement d'un champignon ter- rible : \e pourridié. Le caféier ne craint jDas les sols rocheux ou caillouteux, à la con- dition qu'il trouve, dans les interstices, une g-rande quantité de terre fine, où il puisse développer son chevelu. Au point de vue de la constitution chimique, le caféier a besoin de terres humifères, riches en substances azotées et minérales, sur- tout phosphoriques et potassiques. Ces exigences chimiques oblig-ent le planteur à une grande prudence dans le choix du sol, car il doit souvent opérer dans des régions telles que l'apport d'en- g-rais minéraux est trop onéreux pour être pratique. Le planteur peut acquérir des données sur la constitution chi- mi(|ue du terrain : 1" Par l'analyse chimique; 2° Par la vég-étation spontanée ; 3" Par la connaissance de la couche géologique ; 4° Par le champ d'expérience. \j' analyse chimique est rarement à la portée de l'exploitant, tant pour les difficultés des recherches que pour l'interprétation des résultats. Pour l'analyse des sols, il serait nécessaire qu'une colonie pos- sédât, au moins, vm laboratoire ou que la Métropole donnât aux colons de grandes facilités pour les mettre à même de connaître rapidement la valeur culturale exacte des terres qu'ils ont à exploi- ter. Que d'illusions dans ces mots mirifiques : terres vierges! La vécfétation spontanée donne des renseignements précieux, lorsque la flore du pays a été préalablement étudiée et classée sui- vant la nature des sols préférés par chaque espèce. D'une façon générale nous avons nettement observé que les terres favorables aux légumineuses avaient toute chance d'être favorables au caféier, si elles étaient profondes et exemptes d'humidité. La connaissance de la couche yéologique, à laquelle appartient un terrain donné, est importante, parce que l'on connaît aujourd'hui la composition minérale de toutes les roches qui composent la croûte terrestre. La composition chimique de deux terrains d'une même couche géologique ne varie que d'après la teneur en azote suffisam- ment indiquée par la luxuriance de la végétation spontanée. La 284 ÉTUDES ET MÉMOIRES détermination de la couche g-éologique est question délicate rare- ment à la portée de l'agriculteur. Le champ cV expérience, bien comjjris, est le guide par excellence et le frein nécessaire contre les essais hasardeux, mais il exige de l'exploitant : des connaissances, de la patience et un bon juge- ment. l^'action de l'homme sur le sol peut être puissante. L'exploitant peut modifier les propriétés physiques du sol par différents moyens, dont les principaux sont : les labours, les défoncements, le drai- nage, l'irrigation et l'apport d'amendements, parmi lesquels l'hu- mus est un des plus efficaces et souvent un des plus faciles à se pro- curer sous forme de terreau. La constitution chimique peut être améliorée par l'emploi des engrais. Exposition. — - L'influence des différences d'exposition des ter- rains ne se fait sentir que sm- les périodes végétatives du plant, en les avançant pour les expositions sud, en les retardant pour les expositions nord. Cependant, cette influence rend les plantations trop bien expo- sées au sud plus sensibles aux effets de la sécheresse et des grands excès de chalevir et de lumière qui, à de certains moments, peuvent occasionner le flétrissement du plant, non suffisamment ombragé, pendant quelques heures par jour. Altitude. — -Le caféier d'Arabie qui se développe bien dans les plaines saines, donne d'excellents résultats dans les lieux élevés, tant qu'il trouve une température suffisante. Sous les tropiques, la limite la plus habituelle de l'altitude à laquelle peut s'élever la culture du caféier est de l.SOO mètres au-dessus du niveau de la mer. Le caféier libéria préfère les régions basses et donne de bons résultats dans des plaines même humides où le caféier d'Arabie serait fatalement soumis aux rudes épreuves des maladies crypto- gamiques. Abri. — Le caféier est un arbrisseau qui naturellement croît sous forêt, un peu, parce qu'il craint les effets lumineux et calo- riques trop directs; surtout, parce que dans ce riche milieu qu'est le CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 28S sol des forêts, ses racines trouvent en abondance les éléments néces- saires à son organisme exigeant. Le plus souvent le caféier est cultivé sous abri, c'est-à-dire sous le couvert donné par certaines espèces d'arbres plus élevés que lui. En réalité, l'abri est dispensable ou indispensable. Il est dispensable quand le plant, âg-é d'au moins huit à dix ans, végète dans un sol d'excellente qualité, dont la fécondité est régu- lièrement et suffisamment entretenue, car la culture sans abri donne des rendements plus élevés, mais augmente dans de fortes proportions les risques de coulure. Bien dirigé et bien établi, labri n'a que de légers inconvénients amplement compensés par le rôle de régulateur qu'il possède sur les conditions météorologiques. Sous la protection du couvert, la fraîcheur de certaines nuits et les coujDs de soleils, surtout ceux du grand matin, sont atténués; la floraison s'opère dans un milieu plus calme, les productions annuelles sont plus régulières, les travaux culturaux sont plus aisés pour les travailleurs. h' abri est indispensable : au début de la création d'une plantation ; sur les sols en pente rapide pour atténuer la violence des pluies ; sur les sols qui ont tendance à être humides pour jouer le rôle de drains par la propriété qu'ont les végétaux d'évaporer d'énormes masses d'eau (pour s'augmenter d'un kilo de substance sèche, une plante évapore au moins 300 kilos d'eau). CHOIX DES ESPECES CONSTITUANT L ABRI En principe, tout arbre dont le fût s'élève à un ou deux mètres au-dessus du plant de caféier et dont les branches sont plutôt éta- lées qu'érigées, est susceptible de servir d'abri. En réalité, le choix des espèces végétales devant constituer l'abri est important. Il faut rejeter : les arbres au feuillage touffu, dense, impossible à diriger, sous le couvert duquel le plant s'étiolerait par manque de lumière; les arbres qui, se nourrissant des mêmes élé- ments nutritifs que ceux utilisés par le caféier, affament le plant ; enfin, les arbres trop brisants sous l'action du vent, qui, au lieu de protéger le caféier contre cette action, augmentent les dégâts. Deux arbres principaux, appartenant à la famille des légumi- 28G ÉTUDES VA' MÉMdlUKS lieuses, donnent Tabri type; Tun, pour les situations les plus géné- rales, est le bois noir; l'autre, réservé pour les sols humides, est rérithrvne. Le bois noir épanouit son branchage à trois ou quatre mètres au- dessus du sol et sur un rayon de quatre à cinq mètres; comme toutes les plantes de la famille des légumineuses, il jouit de la pro- priété de transformer l'azote de l'air en azote org-a nique, en sorte qu'il enrichit le sol qui le supporte ; à une certaine période de l'année correspondant à celle de la morte-sève du caféier, il se dépouille de toutes ses feuilles qui se transforment en humus; le cou- vert qu'il donne est léger, facile à diriger. Le bois noir craint les sols humides et les blessures mal traitées. Ces deux causes provoquent une sorte de pourriture : la gomme. L'érithryne est le t^'pe du végétal drain. Cet arbre croît avec ime grande vigueur et permet la culture du caféier dans des sols argi- leux et humides par son pouvoir asséchant et par ses racines puis- santes qui soulèvent les terres les plus compactes. L'érithryne à deux grands défauts : son couvert est trop épais et diilicile à diriger. Sous lui, il est fréquent de voir le caféier filer, c'est-à-dire pousser grêle au point que vers la huitième année, il n'est pas rare de voir le plant se renverser et continuer à croître avec les aspects les plus bizarres. Le deuxième défaut de l'érithryne est que ses branches se brisent facilement sous l'action du vent. Les plants destinés à créer l'abri s'obtiennent de graines ou de boutures cultivées en pépinières, analogues à celle décrite plus loin pour la multiplication du caféier. Leur mise en place se fait par trous, dont les dimensions dépendent de la qualité du terrain et dont l'écartement dépend de celui choisi pour les caféiers. Le plus souvent les plants pour abris sont mis à espacement régulier en tous sens et 1 toutes les deux lignes de caféier. Une fois planté, l'abri demande à être dirigé pour régulariser le couvert, le rendre juste suffisant pour ce à quoi il est destiné. On atteint ce but par des élaguages périodiques faits pendant la morte sève. Les blessures doivent être nettes et aseptisées, surtout pour le bois noir, sujet à une décomposition particulière : la gomme. Systèmes CUlturaux. — Qui dit culture, dit industrie consis- tant à exploiter le sol par l'intermédiaire du végétal. Nous appelons CULTURE PRATigiR KT RATIO^^■ELLE DU CAFÉIER 287 système cultural Teiisemble des principes qui président à la créa- tion et à la direction d'une exploitation agricole. De deux systèmes culturaux, le meilleur est celui qui fait rapporter les plus forts inté- rêts aux capitaux eng-ag-és. Nous pouvons ramener les divers systèmes culturaux suivis pour la culture du caféier à deux g-roupes : Les systèmes empiriques; Les systèmes rationnels ou méthodiques. Les systèmes empiriques, caractérisés par ce fait, que le diri- geant de l'exploitation, n'ayant pas de connaissances agricoles bien acquises et spécialisées au caféier, marche par tâtonnement. Suivant son tempérament, sa marche est prudente ou imprudente; et, suivant que les circonstances sont bonnes ou mauvaises, le compte cultural se solde par des bénéfices ou par des pertes toujours très fortes. En tout cas, les systèmes empiriques ne permettent jamais de faire rapporter aux capitaux engagés le taux d'intérêt maximum possible. Il est inutile de tenter une description ou un classement des divers systèmes empiriques suivis. Quiconque a, en connaissance de cause, parcouru les colonies, sait combien chaque exploitant est lier de sa méthode et défend les principes culturaux qu'il a cru trouver. Les systèmes rationnels, pour leur bonne application, exigent de l'exploitant la connaissance exacte et pratique des milieux dans lesquels la plante doit se développer et celle des exigences du caféier. Les systèmes rationnels, bien appliqués, permettent de tirer le meilleur parti possible de circonstances données et d'éviter les échecs désastreux occasionnés par une plantation créée dans un milieu défavorable. Quoique fondés sur les mêmes principes, les systèmes rationnels sont au nombre de deux : le système par épuisement, le système par engrais. Le système rationnel par épuisement est caractérisé par ce fait que l'exploitant utilise la fécondité naturelle d'un terrain avec l'idée raisonnée d'abandonner l'exploitation lorsqu'elle cessera de donner des bénéfices. Ce système s'applique : dans les "contrées vierges et fécondes, où 288 ÉTUDES ET MÉMOIRES les bons terrains sont nl)ondants et la population peu dense ; pour les terrains qui, en réalité ne conviennent pas à la culture du caféier, soit parce qu'ils sont trop humides, soit parce qu'ils n'ont pas une épaisseur de terre suffisante ou une bonne constitution phy- sique ou chimic[ue, soit parce qu'ils sont d'un abord difficile, ren- dant onéreux les travaux d'entretien de la fécondité, mais qui, momentanément, sont favorables h la culture du caféier, grâce à une forte couche d'humus et à une grande quantité d'éléments nutri- tifs, mobilisés par les végétations spontanées antérieures. Le système rationnel par engrais est caractérisé par ce fait que l'exploitant, dès la création de la plantation, prévoit, à un moment plus ou moins éloigné, la nécessité d'entretenir la fécondité du sol par les eng-rais, pour porter et soutenir, au maximum, la produc- tion des caféiers. Ce système s'applique dans les régions à population dense et fixe où chaque exploitation est nettement délimitée. PREPARATION DE SURFACE DU SOL Le terrain sur lequel l'exploitant a jeté son dévolu peut être boisé ou non boisé. Les terrains boisés out toujours eu, avec raison, la faveur des planteurs de caféier, l'arbre indiquant, par sa présence, des terres profondes et fraîches, que le régime naturel de la forêt a enrichi d'une grande quantité d'éléments fertiles, de suite utilisables par la plante. Sur ces terrains, l'exploitant peut ou supprimer totalement la végétation spontanée ou l'utiliser pour constituer le couvert de sa plantation. .Si le terrain boise est en pente accentuée^ il ne faut pas procéder à un déboisement général. Cette opération pourrait avoir les plus graves inconvénients, si la surface déboisée aune certaine étendue. En supprimant le rôle important que jouent les arbres en tant que condensateurs des nuages, le déboisement peut transformer le sol le plus fécond en un terrain aride. Les pluies torrentielles, dont la violence ne serait pas atténuée par les feuilles des arbres, auraient vite fait d'emporter l'humus et de laver les terres. Sui- h's terrains b(jisés en pente accentuée, il faut utiliser la forêt CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 289 et adapter son couvert aux exigences du caféier, par des abattages et des élag-ages bien réglés, par lesquels on devra chercher : 1° Avant tout, à créer un couvert régulier, suffisant, sans excès; 2" A supprimer les espèces d'arbres non favorables au caféier. Si le sol boisé est en plaine on en pente peu accentuée, les travaux de préparation de la surface du sol seront conduits d'après l'impor- tance de la surface à exploiter et le capital dont dispose le planteur. Si la surface est minime ou si les capitaux sont faillies, on pourra, comme dans le cas précédent, utiliser le couvert de la forêt. Dans certaines conditions autres, dont les principaux facteurs sont : création d'une grande plantation, sol d'excellente cfualité, capitaux disponibles élevés, main-d'œuvre à bon marché; l'exploi- tant aura avantage à procéder au déboisement total et au désouche- ment pour faire une plantation régulière, où les travaux d'entretien seront réduits à un prix de revient minimum par l'emploi d'instru- ments aratoires attelés ; de plus, ces travaux d'entretien seront faci- lités dans une large mesure. Destruction du ligneux. — Quelle que soit la méthode sui- vie avec les sols boisés, il faut avoir grand soin, après le déboise- ment, de détruire tous le ligneux qui, en pourrissant, devient le réceptacle par excellence du pourridié. Pour ce faire, les dépouilles de la forêt sont abandonnées sur place pour subir une dessiccation poussée aussi loin que possible. Les fûts sont ébranchés et trans- portés en des lieux réservés et classés suivant leur valeur utile ; les grosses branches sont brûlées dans des clairières et les bois menus brûlés par petits feux conduits de façon à ne pas endommager les arbres vivants. Les cendres sont recueillies avec soin et semées régulièrement à la surface du sol pour lequel elles constituent un engrais et un amendement précieux. Terrains non boisés. — Le dioix de ces terrains ne doit être définitif qu'après une étude très approfondie, caria végétation spon- tanée qui les recouvre ne donne que peu d'indices sur les condi- tions de viabilité que le caféier y trouvera. Ces sols, plus que ceux qui sont couv^erts par de la forêt, ont été la cause de nombreux échecs dus : soit à la mauvaise qualité du ter- rain, soit à la mauvaise méthode employée pour la création de la caféière, presque toujours pour ces deux causes à la fois. 2!K) ÉTUDES ET JJÉ.M01RES Pour les terrains non boisés en pente prononcée^ il faut, tout d'alîord. créer ral)ri le plus rapidement possil)le. On obtient ce résultat en doublant le nomljre des plants qui doivent constituer l'abri définitif. Quand la reprise de ces plants est bien assurée, on procède à la destruction de la végétation spontanée par des moyens mécaniques immédiatement suivis d'une plantation de cultures étouffantes comme le manioc. Après ces dillerentes opérations, le sol étant propre et ameubli, on peut procéder k la mise en place des plants de caféier. Au fur et à mesure que ceux-ci se développeront, on aménag-era le couvert par l'abattage des plants abris qui sont en excès. Si le terrain non boisé est en plaine ou en pjente peu pronon- cée et de bonne qualité, les conditions sont excellentes pour la création économique d'une caféière régulière, pour laquelle les frais d'entretien seront diminués et facilités par l'emploi des instruments aratoires attelés. La préparation de ces sortes de terrains est facile et relativement économique. On procédera tout d'a]:)ord à un écobuage de la sur- face pour détruire la végétation spontanée. Cet écobuage sera suivi d'une Jachèr-e morte pendant le temps de laquelle, au moyen de charrues approjoriées, on ameublira le sol et le sous-sol à ime pro- fondeur totale d'au moins 0'" 50. Le terrain ainsi préparé et ameubli sera ou planté d'un nombre de plants abris double de celui qui sera définitif, ou du nombre de plants abris seulement nécessaires, momentanément complétés dans leur rôle de couvert par d'autres cultures, telles que le bananier, le ricin, etc.. Eviter les cultures par trop étoulfantes ou inefficaces comme couvert, ou trop épuisantes, comme le maïs, le tabac, etc. Le tabac peut être cultivé pour utiliser le terrain, quand les plants d'abri donnent un couvert suffisant. PRÉPARATION DE FOND DU SOL Après l'exécution des différents travaux esquissés ci-dessus, le terrain se présente débarrassé des végétations spontanées et couvert, soit par la forêt naturelle aménagée aux besoins du caféier, soit par les plants abris transplantés par l'homme. Il faut alors travailler la terre de façon à lui permettre de donner au caféier les meilleures conditions vitales possibles. CULTURE l'RATKJUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 291 En principe, ce travail consiste à remuer le sol pour le rendre chi- miquement et microbiologiquement homog-ène dans toutes ses par- ticules, pour Taérer et le rendre perméable aux eaux de pluie ; à remuer le sous-sol, pour que les racines du caféier puissent y péné- trer et pour que dans son ensemble la couche arable soit un plus grand réservoir aux eaux de pluie et aux principes fertilisants. Le mode d'exécution du travail de préparation de fond du sol dépend de la situation du terrain, de sa nature et de son couvert. Toutes les fois que la chose est possiljle, il faut employer les instru- ments aratoires, à traction animale ou mécanique qui devront retourner une première bande de terre de quinze à vingt centimètres de profondeur, puis fouiller, au moyen de grilles, le sous-sol aussi avant que possible. Dans les sols à couvert naturel et dans les sols à pente accentuée, ce défoncement se fait à la pioche, quand les conditions économiques le permettent. Trous de plantation. — Quel que soit le mode de préparation que l'on ait fait subir au sol, il faut toujours le compléter par une façon spéciale donnée au point même où le plant de caféier doit se développer. Cette façon consiste à percer le terrain de trous dont l'emplace- ment varie suivant la densité de la plantation, et dont les dimen- sions dépendent de la qualité du terrain et de la variété de caféier cultivée. La densité d'une plantation, c'est-à-dire le nombre de plants mis à l'hectare, dépend : du mode de plantation adopté de la variété de caféier cultivée, du mode de végétation du plant dans une région donnée, et de la qualité du sol. Mode de plantation. — Il existe deux modes de plantation du caféier : en lignes et en foule. La plantation en ligne peut être régulière ou irrégulière. Elle est régulière, lorsque les lignes de caféier et les lignes d'arbres abris sont également espacées ; une telle plantation, totalement créée par l'homme, présente de nombreux avantages : elle permet l'emploi des instruments attelés, elle facilite tous les travaux culturaux dont la direction est simplifiée. La plantation en ligne est irrégulière quand les arbres abris sont ceux qui ont été gardés de la forêt naturelle ; elle ne permet que rarement l'emploi des instruments attelés. 292 ÉTUDES ET MÉMOIRES La plantation en foule est caractérisée jDar ce fait que l'exploitant n'a qu'une règle de direction : celle d'assurer à chaque plant une étendue convenable pour qu'il puisse se développer sans être gêné par les plants voisins. Ce mode de plantation permet ini plus grand nombre de plants à l'hectare si le terrain est tout à fait favorable. Influence de la variété. — Suivant la variété à laquelle il appartient, le caféier prend lui développement plus ou moins grand. Si, au moyen d'un lîl à plomb, on projette sur le sol les extrémités des rameaux moyens d'un plant bien développé, on obtient un cercle dont l'axe du plant est le centre, et dont le rayon est approxi- mativement de deux mètres cinquante pour le libéria, un mètre vingt-cinq pour le Ceylan, im mètre pour le moka, soixante-quinze centimètres pour le Leroy. Pour déterminer l'emplacement des trous de plantation, il faut ajouter à ces mesures, au moins sur deux faces tangentes au cercle tracé, un espace libre de cinquante centimètres pour faciliter la circulation de l'air et les travaux culturaux d'entre- tien de la caféière. En sorte que pour un développement normal, le libéria sera planté avec un écartement de quatre mètres sur la ligne et cinq mètres entre les lignes ; le Ceylan, deux mètres cinquante sur trois; le moka deux mètres sur deux mètres cinquante, et le Leroy un mètre cinquante sur deux mètres. Influence de la région. — L'influence de la région, due à ses conditions climatériques, principalement à la condition hygro- métrique, est très importante sur le développement du caféier. Les régions les plus favorables pour l'ampleur du plant sont celles où les pluies réparties à peu près régulièrement toute l'année donnent au pluviomètre une hauteur totale minimum de un mètre vingt. Les régions sèches, tout en permettant une culture de bon rap- port, diminuent sensiblement l'ampleur du plant. Cette influence de la région est telle que, par exemple, le caféier Ceylan, dont l'es- pacement moyen est de deux mètres cinquante sur trois, peut exiger trois mètres sur quatre, ou peut être réduit à deux mètres sur deux mètres cinquante. Plus le plant aura tendance à prendre un grand développement, plus l'espace libre entre les plants devra être con- sidérable. L'expérience montre que les régions humides poussent à la production du bois, et que les régions sèches favorisent la production du fruit. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 293 Influence de la qualité du sol. — L'influence de la qualité du sol sur le développement des parties aériennes du caféier est moins importante que celle de la rég'ion, parce que le sol renferme toujours une quantité d'éléments fertilisants suffisante pour bien nourrir le plant pendant les premières années de sa croissance. Dès que la terre ne fournit pkis assez abondamment les éléments utiles, le mode de vég-étation du plant se modifie plus ou moins profondé- ment suivant l'aliment principal indispensable qui le premier vient à faire défavit. Si cet aliment est l'azote, les feuilles croissent petites, peu abondantes et d'une teinte pâle, les pousses annuelles sont faibles; si l'aliment mancjuant appartient aux éléments miné- raux (acide phosphorique, potasse ou chaux), la fleur coule facile- ment et le fruit n'atteint pas un développement normal, souvent il est mal conformé. Si la terre est pauvre de tous les éléments nutritifs, le plant affamé croît d'une façon toute spéciale, les rameaux grêles et écartés forment un petit bouquet au sommet de la tig-e ; les rameaux inférieurs disparaissent à mesure cjue le plant s'élève; les feuilles sont peu nombreuses, les fleurs coulent facile- ment et les fruits sont mal conformés. L influence de la pauvreté du terrain est d'autant plus marquée que la région et le sol sont plus secs. Moins le sol est riche, plus claire doit être la plantation. Par exemple, dans une région donnée, on mettra sur im sol de bonne qualité mille quatre cent soixante plants (écartement de 2"' 5 sur 3) ; sur un sol de qualité moyenne, mille cent quarante plants (écar- tement 2'" 5 sur 3™ 5); sur un sol de qualité médiocre, neuf cent soixante plants (écartement 2'" 60 sur 4). Pour obtenir de bons résultats économiques, la culture du caféier ne doit pas être tentée sur des terres médiocrement pourvues d'élé- ments fertilisants. De telles surfaces, exceptionnellement bien pla- cées pourront être plantées lorscjucUes auront été modifiées par plu- sieurs années de culture améliorante. D'après MM. Nicholls et Raoul, à Geylan la plantation était faite à liaison de 3.02S plants à l'hectare, et dans certains cas jusqu'à 4.350 plants (espacement 1"^ 5 sur 1'" 5). Jalonnage des trous. — Lorsc|ue l'exploitant a déterminé, pour la caféière à créer, la densité et le mode de plantation il doit jalonner l'emplacement des trous. 294 ETUDES ET IMEMOIKKS Les jalons les plus faciles à se procurer sont ceux qui proviennent des tiges de bambous bien formées, sciées par morceaux de cin- quante centimètres de long, et chaque morceau débité verticalement à la hachette par éclat de deux centimètres d'épaisseur environ. Chaque éclat est appoint! à l'une des extrémités. Le jalonnement se fait au moyen de cordeaux, pour les planta- tions en ligne, et d'un bâton, ayant pour longueur l'écartement déterminé pour séparer l'axe des plants, dans les plantations en foule. Dimensions des trous. — Les dimensions à donner aux trous de plantation dépendent de la qualité du sol et des façons préparatoires cpie précédemment l'on a pu exécuter. Fis. 12 - Dimensions d'un Irou fait dans un terrain de bonne qualité. A. Terre de sui-face. — B. Sous-sol. Dans un sol de très bonne qualité et défoncé, on pourra se contenter de trous faits de quatre coups de binette et suffisamment profonds pour y placer la motte de terre qui enrobera les racines du jeune plant. Dans toute autre condition, les trous devront être faits avec soin. Chaque trou est un tronc de cône régulier. Pour les bonnes terres, les dimensions sont : base supérieure, quarante centimètres de dia- mètre; base inférieure, quarante-cinq centimètres de diamètre; hauteur, quarante à quarante-cinq centimètres. Pour des sols médiocres, les dimensions sont, dans le même ordre que précédem- ment : cinquante-cinq, soixante et quarante-cinq centimètres. Il faut se méfier de certaines terres glaiseuses, compactes, auxquelles on n'a pas pu faire subir les bons elfets d'un défonce- ment général et qui, après chaque pluie, se gorgent d'eau dans les endroits troués. Cette eau ne trouvant pas d'écoulement peut CLLTLKE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 295 séjourner assez longtemps pour tuer les racines du jeune plant de caféier. Dans ce cas, si la couche d'argile est peu profonde et repose sur un terrain filtrant, on peut la percer totalement au moyen de la barre à mine, puis remblayer le tube ainsi formé et deux à trois centimètres d'épaisseur du trou de plantation, par de la pierraille. Vig. 13. Trou drainé fait dans un sol arj^ileux assis sur un si il peruicahlc. A. Terre de surface. B. Sous-sol. C. Couche d'argile. D. Couche perméable. E. Drain. Si la couche d'argile est épaisse, mais améliorée à sa partie supé- rieure par une bonne couche d'humus, on peut se contenter de rem- placer le trou ordinaire par un trou de moindre importance, formé à la binette ou au hoyau. Dans les sols plats, de telles terres devront être mises en ados orientés de façon à faciliter l'écoulement des eaux. Préparation des trous. — Les hommes chargés de faire les trous sont divisés en deux équipes : les perceurs et les cureteurs. Les premiers sont munis d'une barre à mine légère et de bonne qualité, plate à lune de ses extrémités, pointue à l'autre, et d'une tige de fer d une longueur égale au rayon du cercle supérieur du trou à percer, terminée d'un côté par un œil, de l'autre par un cro- chet. 296 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les cureteiirs, qui pourront être des femmes ou des enfants d'une certaine vigueur, auront pour instrument de travail une demi-noix de coco ou une sorte d'écuelle en fer d'un demi-litre de capacité. 11 y a autant de cureteurs que de perceurs. Sur le terrain, chaque perceur prend deux trous à la fois, glisse l'œil de la petite tig'e de fer dans le piquet de bambou et avec le crochet trace un cercle, puis commençant par le centre il fouille le C B^ D Fig-. 1 i. — Mise en ados des sols argileux aptes à la culture du caféier. A. Ados. — B. Sous-sol. — C. Niveau primitif du sol. — D. Niveau du plan d'eau moyen. terrain avec le plat de la barre à mine qu'il remplace parla pointe, quand il traverse une couche caillouteuse. Quand le perceur a ameubli ime certaine couche de terre et qu'il a atteint les bords du cercle, il fait de même pour le trou voisin. Pendant ce temps le cureteur extrait le sol ameid3li et verse les quinze ou vingt premiers centimètres d'épaisseur sur un des côtés du trou : c'est la terre de surface; le reste, sur le côté diamétralement opposé : c'est la terre de sous-sol. Dans les sols à pente accentuée, la bonne terre sera mise en amont, la terre de sous-sol en aval. Chaque groupe (perceur et cureteur) peut faire, par journée de 10 heures de travail effectif : Dans un sol meuble 90 à 1 00 trous. Dans un sol franc 60 à 70 — Dans un sol dur ou caillouteux. 40 à oO — CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 297 Les trous doivent être faits au moins un mois avant la planta- tion. Remblayage partiel et fumure des trous. — Quelques jours avant la plantation, on dépose près de chaque trou de quatre ";';:-". A.- l^jjjmiiinii,,!,,,,,,,,;^;^;;^ B . C / \ -, J_'-J — --r ' ' — * , ^ ^-i \^ - -5 ---r ^:- -.-T^-.:-^ ^ ^ Fig. 15. — Préparation de trous de plantation. A. Crochet pour le tracé du cercle. — B. Jalon. — G. Barre à mine. — D. Trou en voie de formation. — E. Tas de terre pro\-enant du sol. — F. Truelle servant à l'extraction de la terre (souvent moitié de noix de coco). k six kilos de fumier bien décomposé, et si possible, enrichi par des engrais commerciaux appropriés. Ce fumier est immédiatement recouvert de cinq centimètres de bonne terre prise à la surface du sol de la plantation et débarrassée de toute brindille. Le trou de plantation est en partie remblayé par le tas de terre de surface, de telle façon que cette terre forme une surface courbe con- Ballelin du Jardin colonial. 21 298 ÉTUDES ET MÉMOIRES vexe, dont le sommet de 1;\ convexité, correspondant an centre du trou de plantation, soit à quelques contimètres au-dessous du niveau donné par les bords de ce trou. PLANTATION OU MISE EN PLACE DEFINITIVE La plantation doit, en principe, s'exécuter pendant la période de morte-sève. Pour la bonne réussite, elle exige un temps fran- chement pluvieux pour une longue période et une grande rapidité d'exécution. Le travail doit être dirigé de telle façon (jue les plants restent le moins longtemps possible hors de terre. Fig. 16. — Remblayage partiel et fumui'e du Irmi tle planlalion. A. Terre ramassée à la surface du s■ ''■ '/' ^ /f .<■ '''/■ '■/' ••'•^ Fig-. J8. — Plant de caféier mis en place. A. Terre de remblayage (sol). — lî. Mode de terre en robant les racines du plant. — C. Terre de surface mélangée au fumier, — D. Sol. — E. Sous-sol. La terre du sous-sol qui n'a pas été utilisée pour la mise en place est épandue à la surface de la plantation. Plantation par plants recépés. — Ce mode de plantation doit être réservé pour les surfaces où l'exploitant n'a pas pu trouver les conditions pratiques voulues pour créer une pépinière. Il con- siste à se procurer des plants de caféier âgés de deux ou trois ans et à les recéper à vingt ou vingt-cinq centimètres au-dessus du col- let; les racines plus ou moins privées de terre sont habillées à la manière habituelle et le pivot tenu aussi court que possible. Les plants, ainsi préparés, sont mis en paquets et liés en enrobant les racines dans de la mousse. Abrités du soleil ils peuvent être gar- dés, tels qvie, pendant plusieurs jours; même si pour une cause quelconque la mise en terre définitive doit être retardée pendant deux ou trois semaines, il suffît d'enterrer les paquets dans une couche de sable frais non humide. La mise en place s'exécute comme dans la plantation avec la motte. Cependant il faut avoir soin de coucher la tige de façon à ce qu elle fasse un angle de quarante-cinq à cinquante degrés avec \^ CULTURE PKATIQUE KT RATIONNELLE DLI CAFÉIER 301 A B 0,^0 A C 0,2 y Fif;-. 19. — Plantation par plants rccepés, 8 mois après la plantation. D. Fragment de racine montrant les radicelles constituant le chevelu. sol et de bien étaler les racines suivant leur direction naturelle, au fur et à mesure que l'on remplit le trou de plantation. Quelque temps après la mise en place, il se développe sur la tig^e des bourgeons. On supprime ceux qui partent de la face inférieure et l'on conserve le plus vigoureux de ceux qui croissent sur la face supérieure. C'est avec ce bourgeon que l'on reconstituera le pied de caféier. [A suivre.) Edouard Pierkot. COURS DE GÉNJE RURAL APPLIQUÉ AUX COLONIES ROUTES ET CHEMINS j)^ La question des voies de communication nous semble capitale et une colonisation rationnelle devrait s'elîectuer sur le principe sui- vant : soit un point A (Hg', 1) constituant un centre considéré comme organisé et relié avec la métropole (port, poste lélég'ra- phique, poste militaire) ; des ex[)lorations sérieuses ont montré qu'on pouvait avantageusement créer des exploitations dans la zone B, l'Administration doit établir une voie de com- munication n de A à B et en même temps poser une ligne téléphonique ; les nouvelles exploita- tions £•, e', e\.. auront à se relier, à leurs frais, avec la route A n B. Ce n'est que quand on sera bienétabli enB, qu'on pourra songei- à aller plus loin, en rayonnant, avec la même méthode, suivant d'autres directions, (^, D par exemple- (Nous trouvons illogique et surtout dangereux de s'en aller colo- niser loin du centre A, à l'aventure, sans s'assurer une communi- cation facile et aussi directe que possible avec ce centre ; combien de personnes que nous connaissons se sont placées, pour ainsi dire volontairement, dans des conditions défavorables en s'engageant dans des installations mort-nées, où elles n'ont pu récolter que du découragement? alors qu'un peu de jugement et un esprit métho- dique les eût détournées de cette mavivaise voie ; si on n'a pas le pouvoir d'empêcher les gens d'aller de plein gré se ruiner avec méthode, on a le devoir de ne pas les encourager dans de folles tentatives en leur donnant tous les conseils nécessaires.) Dans notre idée, une colonisation, ou la mise en exploitation Fi^. 1. — Plan do voies cU- comnuinicaliim. COURS Dl^ flÉiME RURAL APPLIQUÉ AUX COLONIES 303 dune colonie, doit se l'aire de proche en proche si l'on veut avoir les g-araniies nécessaires à toute œuvre durable ; cela n'exclut pas la rapidité de l'extension qui est en fonction des ressources disponibles ; en dehors de cette règle c'est l'incertitude assurant bien plus de déboires que de réussites. — Selon la fig-ure 1, la route A B, d in- térêt général, est un travail administratif, elfectué et entretenu par le Gouvernement de la colonie, dont le rôle doit être de choisir, d'une façon judicieuse, les points B d'expansion en ayant recours aux honnnes compétents, pourvus de l'instruction technique nécessaire, offrant toutes les g-aranties, devant faire partie du Conseil de la colonie au même titre que ceux qui sont chargés de sa défense, de ses travaux pid^lics ou de ses finances ; de cette façon, les colons sont utilement appelés dans le centre B après l'établissement de la voie de communication AB, et les dépenses engag-ées pour la cons- truction de cette voie ne sont que des avances que l'avenir rembourse largement au pays. Ajoutons qu'il n'y a aucune raison à ce que A B soit aussi Ionique possible; au contraire, r.. „ t, - ,. o ^ ^ P]„. 2. — Trace cl une route. avancer brusquement, et très sou- vent inutilement, d'un grand nombre de kilomètres ne vaut pas la mise en exploitation, avec toute sécurité, des surfaces plus voisines d'un point de départ. Si la route A B (fig. 1) est un travail dont nous n'avons pas à nous occuper ici, il n'en est pas de même des voies d'accès v, v' v" dont l'établissement et l'entretien incombent aux exploitations e, e', e"... La largeur de la voie d'accès (non compris ses abords) est déter- minée par le mode de transport employé : 1 à 1 ™ 50, transports à dos d'homme, 2 à 3 ™ 00, bêtes de somme, 3 à 5"^ 00, bêtes de trait. D'ailleurs il sera facile de prévoir une grande largeur pour l'avenir, tout en ne construisant d'abord que la voie qui corres- pond aux premières années d'exploitation. Les chiffres approximatifs précédents ne comprennent que la voie ou la chaussée; il est utile de faire des sortes d'accotements en débroussant le terrain de chaque côté sur une zone de 2 à S mètres, afin d'éviter les embuscades, et laisser d'un ou des deux 304 ÉTUDES ET MÉMOIRES côtés, à une distance variant de 7 à 10 mètres de l'axe de la voie, de grands arbres destinés à jalonner la route ; certains d'entre eux serviront temporairement de u^> .'y \,^„ supports aux fils téléphoniques en les transformant en poteaux ^ après l'ablation de la cime et des 'mYM^Z''/^/:f<>W///Z^a^yM^^^ branches principales. Il faut ^. , ^ , ,. , , éviter le plus possible les ou- l'ig'. 3. — Loupe eu travers cl une chaussée. , '■ *■ vrag-es d'art et ne pas chercher à faire uniquement une ligne droite qui, s'il est court, est souvent le chemin le plus difficile d'un point à un autre. Le tracé en ligne droite n'est applicable que dans les conditions favorables de sol plat et assaini. Dans les terrains mouvementés, il faut limiter la pente à 10 °/o au maximum et sur des portions d'une centaine de mètres au plus ; pour les plus longues rampes il con- vient de se tenir en dessous de G à 7 °/o ; si cette condition ne peut pas être remplie, l'utili- sation de la voie ne sera pas économique. En établissant des pentes, afin d'éviter les terrassements (remblais et déblais) on est conduit à tracer la voie suivant des lignes brisées : des courbes raccordant les alignements. Le tracé Fig. 4. Coupe en travers d'une chaussée. Fif;:. 5. — Coupe en travers d'une route. des courbes hc (fîg. 2) raccordant deux alignements a et a! peut se faire k l'aide des méthodes employées chez nous, mais s'effectue le plus souvent à vue, en ayant soin d'augmenter le plus possible leur rayon (jui doit être au moins d'une trentaine de mètres pour les COURS DE GÉME KURAL APPLKjLÉ AUX COLONIES 30o Fiy-. 6. — Coupe en travers d'une route en déblai-remblai. larges voies ; si roii a deux virages successils u[)posés, tels que bc et d e, il est bon de les séparer par un alignement a' d'une dizaine de mètres au moins. Pour ce qui concerne la coupe en travers (fig. 3), soit x le niveau moyen du sol naturel, y l'axe de la chaussée limitée par les projections y' et y\ dont l'écartement dé- Wfffr^-'. CL pend du mode de transport et du trafic ; on délimitera la voie par deux fossés /"et /"', dont les terres serviront à faire le rem- blai R, tout en asséchant l'ou- vrage. Ordinairement le rem- blai R détermine les sections des fossés ; pour les routes en 1 terre, on s'arrange à ce que le bombement de la voie R soit le-w^: /Il de sa largeur (-^ à ^pour les routes empierrées) ; d'autres fois, c'est le niveau du plan d'eau qui réglera la profondeur des fossés /", chargés d'assécher la route ; enfin on peut réserver entre le pied du remblai R et le bord du fossé une banquette À, /)', de 0"' 30 environ, mais qu'on peut augmenter pour permettre à deux équipes ou à deux véhicules de se croiser sans encombre. Dans de bonnes conditions de sol on adoptera le profil de la fig. 4 limitant le remblai à la portion a a' de la route h h' . La coupe transversale d'une voie peut alors se représenter par la fig. o ; en R la route, en f les fossés, en a la zone débroussée, en h le terrain naturel, en clés grands végétaux jalonnant la route, en d d'autres arbres coupés en partie et transformés, pour un certain temps, en poteaux supportant la ligne téléphonique t (en la fixant à des arbres à feuillage, on risque de voir la ligne détruite par les vents) . Sur quelques points du tracé on sera peut-être conduit à faire des terrassements ; tâcher de se placer à tlanc de coteau en adaptant une .*:' Fit^-. 7. Cassis. 306 ÉTUiJHS i;t memoihes Fig-. 8. — Ponoeaux. seclion nii-cléblai D (lig\ G), mi-remblai li, les terres de U étant fournies par D; plus tard, à petites journées, on complétera le travail par des banquettes a du coté aval ; au besoin des fossés /"du côté amont empêcheront les dég'ra- dations occasionnées par les pluies ; il convient de donner à la voie une pente transversale de b vers h' . Dans les creux, il faut s'occuper de l'écoulement des eaux qu'on devra assu- rer par des cassis c ' (lîg. 7 ) , obliques à Taxe long'itu- dinal X delà chaussée ; on voit en r' la coupe verti- cale du cassisc'. suivant x ; dans certains cas on peut employer des aqueducs ou ponceaux, en pierresa (fig-. 8), des g-abions g (fig. 8), des fascines / (fig. 8), enfin des ponts (en R la route peut être limitée par des barrières en bois ou par des banquettes en terre comme celle représentée en a dans la figure 6). Lorsque le tracé A B (fig-. 9) rencontre un marais M, il faut au- tant que possible le dé- tourner en a a' vers l'a- mont, et placer le ma- rais sous le vent régnant V de la route ; si ces deux conditions ne peuvent être remplies en même temps, conserver celle du tracé vers l'amont. Dans les terrains humides, voisins du marais, on sera souvent obligé de consolider la voie en plaçant successivement : un lit a (fig. 10) de branchages, de fascines, ou de troncs d'arbres disposés parallèlement à l'axe longitudinal et espacés de 0"'50 à 1 mètre (ils sont destinés à s'enfoncer peu à peu dans le sol x) ; un lit />, ana- logue, mais en matériaux jointifs, est placé transversalement (dans A Fig-. 9. Passage d'un marais. COURS DE GÉNIK KL:RAL Al'I'IJOUÉ AUX COLONIES :m Fi;;-. 10. — Coupe en (i-iuers d'une eliaussée en tei'iMin iniirécii^eux. certains cas défavorables, il faudra disposer plusieurs lits superpo- sés b, alternativement suivant l'axe longitudinal et perpendi- c _^ culairement à cet axe) ; des matériaux analogues 6* c', maintenus par des piquets, sont destinés à encaisser le remblai R en cailloux, en sable ou même en terre sèche. Il peut se faire c[ue le marais M {i\g. 9) soit temporaire et qu'il y ait intérêt, à assurer, au moins pour les hommes, un chemin direct h // ; tel est le cas des terrains inondables périodiquement ; établir alors, pendant la saison sèche, des passerelles a (fig-. 11) dont les châssis sont constitués par des montants m m', reliés par des écharpes e, et une lisse / ou main-cou- rante ; les châssis m e m' supportant des bois a, ou des perches garnies de branchages et de terre ; avoir soin que le plan a soit au-dessus du niveau h des plus hautes eaux, qu'on peut reconnaître à certains accidents du sol comme par la présence de certains A^égétaux spon- tanés. Nous nous sommes occupés jusqu'à présent de la voie d'accès au domaine, qui va de la route publi({ue aux cons- tructions rurales, et dont on doit chercher à ré- duire la longueur ; pour ce motif les bâtiments ne seront pas placés au centre Fif;. II. — Passerelle. 1 ■ 1 \ 1 \ i * iR ! ^ \ \ \ ^ R / / %^ ' 1 b" 1 a.' 1 i«. — S^ Y __^_ __-J Fig. 12. Chemins d'un domaine en sol plat. 308 ÉTUDES ET MÉMOIRES de gravité des terres, mais entre ce point et la route publique, tout en tenant compte des conditions de salubrité, d'abri contre les inondations, de profil du terrain, etc., étudiées dans nos cours de Génie Rural. Gom- I ~ ~ ""■-•-•.. TL"'\ nient tracer maintenant C^^ "1 les chemins d'exploita- tion afin de faciliter les différents services ? Dans le cas d'un sol relativement plat (fîg. 12), A étant la route d'accès aux bâtiments B et n le périmètre exploitable, tra- cer des voies transver- sales ou traverses a a' , et des lignes b, h\ h" ; en un mot employer les coor- données rectang'ulaires, les lig-nes h h' pouvant être distantes de 200 à 800 mètres par exemple; dans les grands domaines, Fiir. 13. — Cliemins d'un domaine en sol accidenté. tracer des voies diago- nales d d' pour diminuer les transports relatifs à certaines zones. Lorsque le terrain est très mouvementé, les bâtiments étant placés en B ('fîg. 13) et la voie d'accès en A, tracer les chemins principaux a, a', a" rapprochés des courbes de niveau n, n' n" , et les raccorder Fi par d'autres /j, />', h" auxquels on cherche à donner la plus faible pente possible ; les chemins a, a', a!'... seront à l'aval des zones à desservir C, G', G"... comme les bâtiments B seront à l'aval de la propriété, car les transports de bas en haut (de la ferme aux champs) sont insignifiants relativement à ceux effectués en sens inverse (les angles d seront effacés par des courbes). Les chemins d'exploitation ont le profil indiqué aux figures 4 (terres sèches) et 3 (terrains humides). — Coupe en travers d'un sentier. COURS DE GÉNIE RURAL APPLIQUÉ AUX COLONIES 309 Des sentiers compléteront le réseau de l'exploitation ; il faut chercher à faire autant que possible des lig-nes droites et non des tracés biscornus qu'on rencontre dans nos campagnes aussi bien que sur les pistes des colonies, parce qu'on a pas exécuté d'ouvrage préliminaire indiquant le sentier ou le chemin, tout le monde pas- sant là où d'autres ont déjà passé en piétinant et en comprimant le sol ; dès les débuts, marquer les chemins et les sentiers principaux par un décapage a b (fig. 14) du sol, un nivellement très ,J^£p_______«. ^ -^ grossier, effectué d'un coté Fi^-. 15. — Coupe en lnn;;- d'un eue. de grands piquets c, espacés de 4 à 10 mètres, servant à jalonner la route ; ces piquets pourront disparaître plus tard sans compromettre la direction du sentier. L'entretien de ces voies, etTectué pendant le chômage des autres travaux, consiste à enlever les herbes, à combler les ornières avec des matériaux voisins et si possible avec des pierres, enfin à curer de temps à autre les fossés d'assainissement. Gués. — La traversée d'un cours d'eau se fait souvent par un passage à gué ; les sentiers battus qui abou- tissent à un cours d'eau conduisent ordi- nairement à un endroit guéable ; quand on n'a aucune indication il faut chercher un gué en sondant la rivière avec une 11(1 ne de sonde. Pour les hommes, la profondeur du gué ne doit pas dépasser 0'" 70 à 0'" 80 ; pour les véhicules on peut aller jusqu'à 1 mètre ou l'"30; ces dimensions maxima corres- pondent à une très faible vitesse d'écoulement de l'eau ; choisir si possible un endroit où la vitesse de l'eau 'ne dépasse pas 0 '" 20 à 0 '" 30 par seconde. Le fond doit être solide (gravier), débarrassé des obstacles comme les grosses pierres ; les trous seront bouchés avec des matériaux voisins et les fonds mouvants seront comblés avec des fascines chargées de pierres et de gravier ; une houe ou mieux une grille, ou croc à 3 dents, facilite le travail. On peut améliorer un endroit guéable en augmentant la largeur Fii;-. 10. — Coupe en travers 81 310 ÉTUDES ET MÉMOIKES du cours d'eau ; on tronsforme le profil naturel abc (lig-. 15) sui- vant le tracé A n h m B qui a pour résultat de diminuer la vitesse d'écoulement de l'eau par suite de l'augmentation de la section. L'axe lon<^itudinal du ^ué est perpendiculaire ou oblique à l'axe du cours d'eau ; la dernière disposition est préférable, bien qu'elle augmente la longueur de l'ouvrage. Le g-ué doit avoir autant de largeur que possible et il est indiqué par quelques bois ou IniUses j , j' (lig. IBj enfoncés dans le lit du cours d'eau ; l'écartement 7, / des balises peut être fixé, suivant le trafic de la voie, à : 1 '" 50, hommes, 3 à o'". animaux de bât, 6 à 8"\ véhicules. Pour rendre ces balises plus visibles pendant le crépuscule il est bon de les surmonter d'un petit balais de branchages attaché au- dessus du plan des plus hautes eaux. Le balisage esl indispensable quand le gué n'est pas rectiligne. Max liINGELMAiN.N. DIRECTION DE L'AGRICULTURE DE MADAGASCAR LA SÉRICICULTURE A iMADAGASCAR RAPPORT DE 1903 [Suite •. ) Nous donnons ci-contre en plan, en élévation et en coupe, un croquis côté de ces chambres d'éducation, qui peuvent être entière- ment construites en briques crues et couvertes avec des herana ou en chaume d'herbes sèches. En ce qui concerne les bâtis et les claies, on a réalisé depuis un an diverses améliorations, dont on trouvera l'exposé à la fin de ce rapport (troisième partie). Jusqu'en octobre 1903, l'arrêté du 7 mai 1901 était seulement applicable aux subdivisions administratives qui ont servi tout der- nièrement à la formation des provinces de l'Imerina Centrale, de rimerina Nord, de l'Angave-Nangoro-Alaotra, de l'Itasy et du Vakinankaratra. — Une décision portant la date du 5 octobre 1903 l'a rendu applicable à la province d'Ambositra. — 11 est désirable maintenant que le Betsileo soit soumis le plus tôt possible à la même réglementation. Un arrêté, signé le (i février 1902, a placé cette région sous un régime spécial, au point de vue séricicole ; cette mesure n'a produit aucun elîet ; il serait très utile de la rap- porter et de la remplacer par la réglementation adoptée pour tout le reste du Centre. Tout ce qui vient d'être exposé s'applique exclusivement au centre de Tîle, c'est-à-dire à la contrée où l'on s'ellorce maintenant l. Voir Bulletin n"' 22 et 23. 312 ÉTUDES ET MÉMOIRES d'implanter et de développer Télevage du Landikely ; mais on s'in- téresse ég-alement à la sériciculture dans le district de Beforona, où M. le capitaine Laporte a pris l'initiative de faire planter par ses r^Si f^{] J^açâde. .W-j 2 i^L _ 3r20. . ,_K. 7i'"20 Xc ÛSû, asiL Fia Coupe AQ. MAGNANERIES D'ELEVES DE L'ÉCOLE SÉRICICOLE DE NANISANA n administrés environ 12 à lo.OOO mûriers qui, en ce moment, sont de belle venue. — Quelques éducations ont même déjà donné d'assez bons résultats. . Il en est de même dans le district d'Anosibé, qui à chaque nou- veau grainag-e demande des cellules à la Station d'essais de Nani- sana. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 313 Ces tentatives sont à encourager; toutefois, avant de rég-lementer la sériciculture dans les régions dont le climat paraît moins pro- pice aux vers que celui d'Emyrne et du Betsileo, il convient d'at- tendre ce que vont donner les essais d'élevage exécutés en ce moment à i'Ivoloina. — Si ces essais réussissent, on pourra songer à développer prudemment la sériciculture dans les régions jouis- sant d'un climat aussi tropical, mais jusque là je ne pense pas qu'il y ait lieu de faire plus. — Sur la côte Est et dans la région d'alti- titude moyenne, les plantations de mûriers réussiront certainement; mais c'est l'élevage même des vers à soie qui y présentera sans doute quelques diflicultés. En définitive, la question séricicole s'y présente sous un jour tout différent. Régions basses et régions d'altitude moyenne : Culture du mûrier facile, mais élevage assez délicat. Centre de Madagascar : Élevage très facile, à condition de prendre quelques précautions ; mais culture du mûrier nécessitant des soins attentifs. Une fois de plus, la tournée de 1903 a montré que la séricicul- ture ne pourra prendre un rapide et sérieux développement dans le Centre qu'au prix d'une collaboration active, continue et franche des divers services ou administrations appelés à s'occuper de cette question. (Administrations provinciales pour le développement et la surveillance des mûraies, ainsi que pour la vulgarisation des pro- cédés de culture ou d'élevage, Ecole professionnelle et Direction de l'Agriculture pour tout ce qui concerne le contrôle, les recherches techniques, les améliorations à apporter et les conseils à donner.) Il est impossible de citer ici toutes les personnes qui, convain- cues de l'utilité de cette collaboration, se sont occupées le plus acti- vement de la sériciculture, suivant les instructions données il y a deux ans par le Gouvernement général; je tiens cependant à rap- peler que les régions où MM. Garnier, Mouton, Hesling et Mar- coz ont été ou sont actuellement en service, sont justement celles où les mûraies de fokonolona promettent les meilleurs résultats. 10° Rôle de l'École professionnelle de Tananarive. — Toute cette organisation serait incomplète s'il n'existait pas à Tananarive un établissement s'occupant spécialement de tout ce qui concerne le dévidage des cocons, de l'emploi des déchets (cocons doubles, Bulletin du Jardin colonial, 22 314 ÉTUDES ET MÉMOIRES cocons faibles, frisons, etc.), de la recherche d'un modèle de dévi- deuse simple, peu coûteux et facile à réparer, à mettre entre les mains des Malg-aches, etc.. en un mot de tout ce qui se rattache à la partie industrielle de la sériciculture. Le rôle de l'Ecole professionnelle a également été prévu par la rég^lementation de 1901. — C'est l'Ecole professionnelle qui se charge d'acheter les cocons aux colons et aux indig-ènes, et d'en tirer parti, jusqu'à ce qu'un courant commercial séricicole, se soit créé à Madagascar où que des Européens, aient installé dans le Centre une ou plusieurs filatures. Cette facilité accordée aux premiers éleveurs et aux indigènes, a une importance capitale pour l'avenir de la sériciculture, car il est bien évident qu'il s'écoulera encore quelque temps avant de voir figurer les grèges de Madagascar pour un chiffre élevé parmi les exportations de la colonie. Sans la certitude de pouvoir écouler leurs premiers cocons, il est certain que bien des personnes, qui à l'heure actuelle songent déjà à faire quelques éducations, hésiteraient à s'occuper dès maintenant de sériciculture, même sur une petite échelle. L'achat par l'Administration des premières récoltes obtenues est donc, me semble-t-il, une excellente mesure dont on peut attendre les meilleurs résultats. Ces achats sont faits suivant un tarif publié de temps à autre dans le Journal officiel de la colonie. Depuis la publication du premier avis jusqu'à ce jour, l'Ecole professionnelle de Tananarive a fait l'acquisition de plus de 700 kilos de cocons frais et d'un peu moins de 40 kilos de cocons secs. Ce chiffre est encore peu élevé, mais il faut remarquer qu'il s'agit ici d'un simple début, et que pour commencer les indigènes acceptent toujours avec une certaine méfiance les offres de l'Ad- ministration, D'autre part, l'Ecole professionnelle ne possède encore pour tout l'Emyrne et le Betsileo ([u'un seul centre d'achat, alors qu'il en faudrait au moins quatre. Enfin, il est bien évident que quand les ventes de cocons déviendront réellement importantes, l'Administration n'aura plus besoin de servir d'intermédiaire aux éleveurs, car il faut espérer qu'à ce moment plusieurs colons son- geront à la création de petites filatures, dont le développement suivra l'extension des cultures du mûrier. W'' Améliorations. — 'Vœux et desiderata. — Tel qu'il est LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 315 installé en ce moment, le Service de Sériciculture peut suffire ; il semble néanmoins qu'on pourrait encore en améliorer le fonction- nement et l'outillage : 1° En installant le plus tôt possible une armoire frigorifique pour l'hivernation artificielle et la conservation des cellules ; 2° En dressant et en adjoignant un jeune hova intelligent au contremaître de sériciculture, pour l'examen microscopique des cellules; 3° En organisant à Nanisana, à partir de la prochaine saison des pluies, des conférences pratiques sur l'élevage des vers à soie et sur la culture du mûrier ; 4° En rattachant la magnanerie d'Ambohimanga à la Station d'essais de Nanisana et en mettant le plus tôt possible (immé- diatement si l'Administration supérieure le désire) un ménage de sériciculteur, dressé à Nanisana, à la tête de la magnanerie d'Am- tohidratrimo ; S" En créant, avant la fin de 1904, les 16 nouvelles magnaneries provinciales dont il est question dans la première partie du rapport ; 6** En plaçant la province de Fianarantsoa sous le régime de l'ar- rêté du 7 mai 1901 ; 7° En créant de nouveaux centres de plantations de mûriers dans les régions peuplées qui n'en possèdent pas encore (exemple : vallée de la Sambaina, dans le district d'Ambatolaepyj ; 8° En créant de nouveaux centres d'achat de cocons à la ferme de riboaka, dans le Betsileo, à Miarinarivo et à Antsirabe. Dans ce but, réunir la commission prévue à l'article 30 de l'ar- rêté du 7 mai 1901, qui aura pour mission de constituer les types étalons à adresser aux agents chargés de procéder aux achats et de fixer les prix à olTrir par kilogramme de cocons. — Cette commis- sion préparera en même temps, pour chaque centre d'achats, une note détaillée donnant toutes les indications nécessaires aux ache- teurs, au sujet du choix et de la valeur des cocons, et spécifiant en même temps la règle à suivre pour les faire parvenir à l'Ecole pro- fessionnelle de Tananarive, 3l6 ÉTUDES ET MÉMOIRES DEUXIEME PARTIE LE MURIER ET LES AUTRES PLANTES SERVANT A MADAGASCAR A LA NOURRITURE DES VERS A SOIE 1° Le mûrier. — Considérations générales. — On peut dire, avec la certitude presque complète de ne pas se tromper, que le mûrier trouve, dans tout Madagascar, un climat susceptible de lui con- venir. Les nombreux spécimens déjà très âg^és existant dans le centre montrent que le régime météorologique des hauts plateaux lui con- vient parfaitement; on doit signaler cependant que les jeunes branches souffrent parfois un [peu des abaissements de température dans les parties les plus fraîches de la région centrale, comme le Vakinankai^atra, mais les dommages causés par le froid sont bien rarement assez importants pour entraver sérieusement le développe- ment du mûrier et l'extension de sa culture. On rencontre, d'autre part, des mûriers très vigoureux dans la région d'altitude moyenne comme Beforona où les sujets mis à la disposition du capitaine Laporte par la Station de Nanisana sont de très belle venue ; d'un autre côté, il existe de beaux mûriers tout à fait sur la côte, à Tamatave, et notamment à la Station d'essais de rivoloïna où cette essence croît très bien. Il en est de même dans l'extrême Sud, à Fort-Dauphin ; enfin rien ne permet de croire que le mûrier ne se plaira pas sur la côte occidentale et principalement dans le Nord-Ouest, car tout ce qu'on a observé à Nanisana sur le développement de cette essence a montré qu'elle résistait fort bien à la sécheresse. En revanche, le mûrier se montre plus difficile au point de vue de la qualité des terres. On a dit et écrit qu'à Madagascar il pourrait pousser partout comme de la mauvaise herbe. A notre avis, cette opinion est inexacte, il y a d'ailleurs certains points de l'Ile où la mauvaise herbe elle-même ne peut arriver à se développer ; il est donc inexact de dire que le mûrier se trouve partout ici dans des conditions de végétation convenable. Dans le centre, sa croissance laisse très fortement à désirer sur les terres de coteaux, surtout quand on néglige de les ameublir pro- fondément ; en outre, il est absolument inutile, sans le secours de LA. SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 317 fumures abondantes, de songer à le cultiver d'une manière conve- nable sur ces sols ing^rats. En réalité, le mûrier peut venir en Emyrne dans presque tous les bas fonds bien travaillés, et donne surtout satisfaction sur les terrains irrigables et sufïîsamment fumés. Les points du centre où sa culture présente le plus d'avenir sont certainement les régions d'orig-ine volcanique du Vakinankaratra et de ritasy, puis le Betsileo, la province d'iVmbositra et enfin les ter- rains bien choisis des provinces de l'imerina centrale et l'Imerina nord, etc. Si sa culture présente en définitive quelques difficultés en Emyrne, en revanche, sa multiplication réussit ici presque sans soins et à peu près à toute époque de l'année, c'est-à-dire même au moment de la pleine végétation. C'est sans doute cette particularité qui a fait croire à bien des personnes qu'il ne serait pas plus ditïicile de cul- tiver le mûrier que de le bouturer. Cette explication nécessaire ne doit pas faire croire que la sérici- culture est incapable de prendre un très sérieux développement à Madagascar ; mais elle apprendra aux colons que la création de mûraie ne peut être entreprise sur une grande échelle, sans tenir compte de la valeur des terres (et sans soins), comme on le voit trop souvent faire, dans toute l'Ile, pour des cultures d'un autre genre. On a souvent le tort, aux Colonies, de prendre comme point de comparaison des plantes cultivées dans les jardins ou tout à fait à proximité des cases, oubliant ainsi que les végétaux placés dans de semblables conditions bénéficient largement d'abondantes fumures naturelles et de soins très importants qui passent inaperçus, mais qu'on ne peut songer à appliquer en grande culture. Cette comparaison est dangereuse et malheureusement trop fré- quente. Ces raisons suffisent largement pour recommander à tous les colons et planteurs de s'en défier. Jusqu'à maintenant ou a pensé, avons-nous déjà dit, que la séri- ciculture ne pourrait se développer que sur les hauts plateaux. Quelques timides essais faits sur les côtes donnent lieu d'espérer que cette opinion est erronée et que l'aire géographique de cette belle industrie pourra sans doute être considérablement étendue. C'est pour cette raison que depuis un an la Direction de l'Agricul- ture s'est efforcée, par de nombreux envois de graines et de bou- 318 ■ ÉTUDES ET MÉMOIRES tures, de faire planter quelques mûriers dans toutes les parties de l'Ile. En dehors du centre, un des points où cet arbre, et par conséquent l'élevage des vers à soie, présentent les plus grandes chances de succès paraît être le massif d'Ambre, dont le régime météorolo- gique et les terres semblent parfaitement répondre aux principales exigences de la sériciculture. LE MURIER CHEZ LES INDIGENES Le mûrier se rencontre dans presque tous les villages du haut pays et surtout à proximité des grands centres comme Tananarive, Ambositra et Fianarantsoa. Cette dissémination a largement facilité le rôle de l'administration lorsqu'il s'est agi, après la publication de l'arrêté du 7 mai 1901, de commencer la création des mûraies collectives désignées sous le nom de mûraies de fokonolona ou de mûraies de village, car elle a permis de trouver sur place les boutures nécessaires à l'installation des nouvelles cultures. Les régions comme celles d'Ambatondra- zaka et du lac Alaotra qui, à cette époque, ne possédaient pas de mûriers sont encore peu avancées au point de vue séricicole, malgré les très louables efforts des personnes chargées d'appliquer la nou- velle réglementation et malgré la bonne volonté des habitants. C'est ainsi que pour créer leurs premières mûraies les Malgaches du district Sihanaka ont dû venir chercher des boutures à la Sta- tion d'Essais de Nanisana, à plus de quatre jours de marche. 11 est bien évident qu'en pareil cas il n'a pas été possible de créer immé- diatement de grandes cultures ; il a fallu se contenter de petites plantations destinées à fournir des boutures quelques années après. Ce résultat vient d'être atteint pour la contrée d'Ambatondrazaka, grâce à M. l'administrateur en chef Comperat qui, en 1901, a su obtenir des indigènes qu'ils viennent prendre sans rétribution les boutures et plans enracinés que le Service de l'Agriculture mettait à sa disposition. Jusqu'en 1901, les véritables plantations de mûriers étaient exces- sivement rares à Madagascar. Les Malgaches se contentaient d'en planter à côté de leurs maisons et dans leurs jardins. Ces arbres, LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 319 quoique très mal soignés, se sont cependant bien développés, grâce aux conditions particulièrement favorables dont ils ont pu bénéfi- cier. C'est ainsi qu'on rencontre très souvent des mûriers extrême- ment vigoureux quoique mal formés par suite du nxanque de taille, principalement dans les grands fossés qui servaient autrefois de fortification, où ils sont bien abrités contre le vent et où ils trouvent, sans qu'il soit nécessaire de s'en occuper, d'abondantes fumures formées par les ordures ménagères des villages. On remar- quait, en outre, à la même époque, quelques petites plantations régulières, mais peu importantes, dans la province de Fianarantsoa, à peu de distance d'Alakamisy par exemple. Enfin, il faut ajouter à ces cultures les plantations faites k Mantasoa, sous la direction de Jean Laborde, et les quelques centaines de très beaux mûriers plantés autrefois, sans doute, par ordre du Gouvernement Hova à Antsiranambelona, dans le district de Befo- rona. Ce sont ces arbre qui ont permis à M. Hautefort de faire en 1902 plusieurs éducations de vers à soie, ({ui ont parfaitement réussi, avec des graines provenant de la Station de Nanisana.. Nous avons déjà vu que dès 1896 le Gouvernement général de la colonie avait reconnu l'utilité de multiplier les mûriers et de déve- lopper la sériciculture. Des instructions envoyées à tout le personnel de Tadministration ont engagé les chefs de province et de district à user de leur influence auprès des indigènes pour obtenir la mise en place de nou- veaux mûriers. Ces plantations faites sans ordre et sans beaucoup de soins n'ont pas donné partout d'excellents résultats ; elles ont néanmoins assez bien réussi sur certains points du Vakinankaratra, à Betafo, par exemple, où l'on trouve quelques milliers de mûriers de 5 ou 6 ans bien développés et en très bon état. C'est donc surtout depuis 1901 que cette culture est en voie d'accroissement rapide et sérieux chez les indigènes. Les mûraies de Fokonolona ne sont pas toutes également belles et également développées. L'effort n'a pas encore été partout assez énergique pour montrer aux Malgaches ce que l'administration atten- dait d'eux et pour leur faire comprendre les avantages des mesures prescrites par l'autorité supérieure. Les résultats les plus importants et les plus satisfaisants ont été obtenus dans le Vakinankaratra, dans le district d'Arivonimamo et 320 ÉTUDES ET MÉMOIRES à Betatao (province de lAngavo-Mang-oro-Alaotra), grâce à l'éner- gique et active collaboration de MM. Garnier, Mouton et Marcoz, administrateurs des Colonies, et grâce au zèle des MM. Charbotel, Echaubard et James, gardes de milice. Dans le district Sihanaka (région d'Ambatondrazaka) le même résultat serait déjà obtenu si, comme on l'a vu, l'administration de cette province n'avait pas rencontré au début de très grandes diffi- cultés qui forcément sont la cause d'un certain retard. Enfin la province de l'Itasy, qui maintenant s'occupe sérieuse- ment de sériciculture, mérite aussi d'être citée, à cause de l'exis- tence d'une belle mùraie dont la création, encore récente, est entiè- rement due, fait assez rare jusqu'à maintenant, à l'initiative d'un riche indigène, le nommé Raininosy, éleveur renommé de la région de Miarinarivo. On a expliqué, en parlant des tournées séricicoles, qu'il existait actuellement 167 mûraies de villages bien entretenues, occupant une surface de 115 hectares 68, bien cultivée, sur laquelle on peut trouver environ 150.000 mûriers de belle venue. Ce chiffre ne représente, d'après M. Piret, qu'une faible portion de la totalité des mûriers en bon état, existant à Madagascar, qu'il évalue à environ 1.250.000 plants ; mais les nouveaux sujets mis en place ont l'avantagé d'être réunis par groupes assez importants, avec lesquels on pourra faire des éducations vraiment bonnes, tandis que tous les autres, disséminés de tous côtés sur une surface supé- rieure à 160.000 kilomètres carrés, peuvent rarement servir à l'éle- vage de quantités appréciables déversa soie. Les mûriers plantés avant 1901 doivent donc surtout être consi- dérés comme des porte-boutures ; ceux mis en place depuis cette époque seront au contraire utilisés principalement comme produc- teurs de feuilles. En un mot, à la période de vulgarisation du mûrier va succéder maintenant la période d'exploitation. Nous n'abandonnerons pas cette question des mûriers indigènes sans rappeler que cette culture doit être surtout encouragée et déve- loppée dans les régions volcaniques (Vakinankaratra et Itasy), dans les provinces d'Ambositra et de Fianarantsoa ainsi, que dans une grande partie de l'Angavo-Mangoro-Alaotra où les terres convenant bien au mûrier semblent particulièrement abondantes. Cette culture pourra également être développée dans le reste du centre, mais cette fois sur des parcelles très disséminées et LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 321 souvent peu étendues, dont le choix exige la plus sérieuse atten- tion. LE MURIER ET LA SÉRICICULTURE CHEZ LES COLONS Plusieurs Européens commencent à s'occuper sérieusement de la plantation du mûrier et de la sériciculture dans le centre de Mada- gascar. Dans le Vakinankaratra ce sont MM. Jambut et Anjoulat, et sur- tout M. Anjoulat, dont le frère est allé en France pour étudier les différents systèmes de dévidag-e. Les frères Anjoulat paraissent disposés à monter une exploitation séricicole dans la région de Betafo. Dans la même province, on doit citer également les Sœurs de Saint-Josepri de Gluny qui produisent déjà de très beaux cocons. Dans la province de l'Imerina nord, le colon Gaudumet possède environ un millier de très beaux mûriers âgés de 3 à 4 ans. M. Gaudumet a déjà produit de très beaux cocons qu'il a vendus à Fécole professionnelle de Tananarive. Dans la province de TAngavo-Mangaro-Alaotra, MM. Lalandre et Bonmartin ont déjà commencé quelques très bons essais. Geux de M. Lalandre, colon militaire à Analabé, méritent une mention spé- ciale à cause du résultat vraiment remarquable auquel il est arrivé pour sa première éducation. En suivant exactement les conseils donnés par MM. Piret et Agniel, dans la brochure paru en 1903 sur l'élevage des vers à soie dans le centre, M. Lalandre est parvenu, du premier coup, avec des graines livrées par la Station d'essais de Nanisana à produire 40 kilogrammes de cocons de qualité tout à fait supérieure, aussi beaux que ceux produits parla Direction de l'Agriculture. Ce résul- tat est très encourageant et montre que les conseils donnés par les agents techniques sont de nature à aider d'une manière très effi- cace les colons disposés à s'occuper sérieusement de séricicul- ture. Dans l'Imerina centrale et dans la commune de Tananarive on trouve : l" M"*^ Lemaire, qui possède au moins 3.000 mûriers en bonne voie et qui commence à faire de l'élevage. La commission de con- 322 ÉTUDES ET MÉMOIRES trôle a proposé d'accorder une prime à cette plantation qui promet de bons résultats. 2° M. de Cotolendy de Beauregard, dont la plantation n'est mal- heureusement pas très bien entretenue. 3" M. Masse, qui a commencé tout dernièrement sa première édu- cation et dont les plantations encore toutes jeunes comprennent environs 14.000 mûriers. 4° M. Gommes, qui possède quelques haies de mûriers en assez bon état et paraît tout disposé à étendre ses cultures. 5" Les Frères des Ecoles Chrétiennes, qui font des éducations déjà depuis plusieurs mois et arrivent à de bons résultats. Toutes ces tentatives sont timides et peu importantes, mais il ne faut pas oublier que la sériciculture se trouve encore ici tout à fait à ses débuts et que les progrès accomplis depuis deux ans permettent d'espérer quelle entrera, à brève échéance, dans une phase réelle- ment pratique, aussi bien chez les colons que chez les indigènes. Les mûraies des planteurs européens sont encore de création trop récente pour qu'on puisse essayer de juger maintenant les divers systèmes de culture auxquels ils ont eu recours. LE MURIER A LA STATION D ESSAIS DE NANISAÎS'A Les essais de la Station expérimentale de Nanisana ont porté sur le mûrier du pays, c'est-à-dire sur les sortes anciennement impor- tées à Madagascar, et sur des variétés ou espèces d'introduction toutes récentes, dues au regretté M. Cornu, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Les mûriers envoyés à Madagascar par M. Cornu sont les suivants : Mûrier Multicaule. Mûrier des Philippines. Mûrier blanc. Mûrier du Tonkin. Ils ont été largement multipliés par le Service de l'Agriculture et se rencontrent maintenant dans les principales villes du centre. Multiplication du mûrier. — Le mûrier peut être multiplié à Madagascar par bouturage, semis ou grefTage. Le semis a pour LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 323 inconvénient d'exiger beaucoup de temps et répond mal aux exi- g-ences des coloniaux qui, en général, demandent, avec raison d'ailleurs, des méthodes culturales, permettant d'obtenir le plus promptement possible les premières récoltes, aussi, jusqu'à main- tenant, a-t-on un peu délaissé ce procédé à Nanisana pour avoir presque exclusivement recours au bouturage, c'est-à-dire au mode de multiplication le plus rapide et le plus commode dans les con- ditions actuelles. Quant au greffage qui, certainement, donnera de très bons résul- tats et devra être employé pour répandre certaines variétés, en uti- lisant par exemple comme porte-greffes des mûriers obtenus par semis, il n'a pas encore été possible, faute de temps, et surtout à cause de l'importance des travaux d'installation définitive entre- pris depuis deux ans, de s'en occuper d'une manière assez métho- dique et assez suivie pour pouvoir donner maintenant des indica- tions très précises sur cette question . Nous ne nous occuperons donc cette fois-ci, que de la multiplication par bouturage. Ce procédé, mis en pratique sur une grande échelle à la Station d'essais, pour répondre aux importantes demandes de cession adres- sées à la Direction de l'Agriculture, donne d'excellents résultats et ne présente aucune difficulté sérieuse. Le mûrier reprend par boutures avec une extrême facilité, qu'il s'agisse de rameaux herbacés ou de tiges ligneuses ; on peut epfin obtenir une reprise assez satisfaisante même pendant l'hivernage, c'est-à-dire au moment de la pleine végétation. On observe cependant une meilleure réussite peu de temps avant la reprise de la pousse annuelle ; c'est donc ce moment de Tannée que nous conseillerons de choisir de préférence à tous les autres. Le choix de la bouture n'est pas indifférent ; il importe en outre, malgré la facilité avec laquelle reprend le mûrier, de préparer les boutures avec un certain soin. Cette recommandation paraîtra cer- tainement exagérée aux personnes s'occupant de jardinage ou d'agriculture, mais j'ai vu faire aux Colonies des bouturages ou des semis dans des conditions tellement extraordinaires et avec une insouciance si complète des règles d'horticulture les plus élémen- taires qu'il n'est certainement pas superflu d'insister ici sur ces détails. On peut bouturer le mûrier soit en employant des branches déjà lignifiées, soit des rameaux encore herbacés. 324 ÉTUDES ET MÉMOIRES 1" Boutures ligneuses. — Les boutures de ce genre doivent être choisies sur des pousses formées de bois bien aoûté. Dans le centre de Madagascar l'aoùtement du bois se produit dans le courant de la saison sèche, avant le départ de la végétation, qui commence à se faire sentir dans la première moitié d'août. Les boutures doivent donc être préparées dans le courant de la deuxième quinzaine du mois de juillet. Les pousses choisies devront être saines et ne présenter aucune gerçure ou piqûre d'insecte. La longueur est déterminée par l'espace de cinq bourgeons bien cons- titués. La section inférieure, exécutée au moyen d'un instrumeut tranchant, doit être bien nette et faite à une très petite distance au- dessous d'un œil. La section supérieure, qui doit aussi être très nette, est opérée en biseau, à un centimètre environ au-dessus du cinquième bourgeon. En Emyrne, la grosseur des boutures ne paraît pas exercer une influence bien considérable sur la reprise ; les observations faites par le Service d'Agriculture indiquent cependant que les meilleures boutures sont celles qui atteignent approximativement la grosseur d'un doigt. Ce sont d'ailleurs celles de cette dimension qu'on se pro- cure le plus facilement sans nuire aux mûriers. L'emploi de rameaux lignifiés d'un plus large diamètre n'est d'ail- leurs pas pratique, car il nécessite l'enlèvement de branches déjà très développées, dont on peut difïïcilement se procurer une grande quantité sans nuire aux mûraies. Étant donné le moment auquel on doit procéder au bouturage, on comprend sans difficulté la nécessité de choisir, pour l'installation de la pépinière, un terrain facilement irrigable ou du moins situé à proximité de l'eau, afin de rendre les arrosages moins onéreux. 11 laut que cet emplacement soit sain et léger ; il doit avoir été cultivé les années précédentes et copieusement fumé un an avant d'être transformé en pépinière, car il est utile d'éviter avec soin les fumures fraîches dont l'emploi entrave souvent la reprise des bou- tures. Si par hasard on est obligé d'opérer sur un sol neuf qu'il est indispensable d'améliorer, il faut lui incorporer du terreau ou des gadoues très décomposées de préférence au fumier- La préparation sera complétée, au moins un mois à l'avance, par un ou plusieurs labours destinés à bien ameublir la terre sur une profondeur de qua- rante à cinquante centimètres. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 32o Après ces labours, on divise remplacement choisi en planches d'un mètre à un mètre trente de large, séparées les unes des autres par des petits sentiers destinés à faciliter l'exécution des travaux d'entretien. La plantation des boutures doit être faite aussitôt que possible après leur préparation. On commence par ouvrir au plantoir en quinconce des trous espacés de vingt à vingt-cinq centimètres et assez profonds pour que les deux jeux supérieurs de chaque bouture se trouvent seuls hors du sol. Les rameaux doivent être enfoncés dans une position légèrement inclinée ; enfin on prend la précaution d'appuyer la terre contre la base des boutures, jusqu'à ce qu'elles puissent résister à une légère traction. Après la plantation, il faut recouvrir la surface des planches d'une épaisse couche d'herbes sèches, ayant pour but de maintenir l'humi- dité et d'empêcher le tassement par les eaux d'arrosage. Il faut arroser copieusement, mais sans exagération, toutes les fois que le temps l'exige, de façon à entretenir une certaine fraî- cheur dans le sol. Il convient enfin de maintenir la pépinière con- stamment propre et meuble par des binages et des sarclages exécu- tés en temps opportun. Si toutes ces recommandations sont bien observées, la reprise ne tarde pas à se produire. Au bout de 5 ou 6 mois, l'enracinement est très suffisant pour opérer la mise en place. Les pousses peuvent atteindre à ce moment entre un mètre et un mètre vingt-cinq de hauteur. [A suivre.) LA RAMIE ET SES ANALOGUES AUX INDES ANGLAISES [Suite '.) ASSAM Culture en Assam. — Une adresse fut faite au Gouvernement d'Assam sur la question de distribution de terres dans cette pro- vince à des cultivateurs s'intéressant au Rhea, et l'extrait suivant d'une lettre officielle exprime clairement les espérances qui purent être fondées sur pareille spéculation. La plante de Rhea est communément produite dans le Haut Assam par les Doms et autres pêcheurs, qui tissent leurs filets à l'aide de cette fibre. Elle est cultivée par petits morceaux de terre, clôturés autour de leur demeure, sévèrement surveillés et engrais- sés copieusement avec du fumier de vache. Sous ce régime, qui n'implique aucune façon du sol, ni aucun trouble à la culture, la plante prospère avec luxuriance, et fournit une fibre suffisante à tous leurs besoins. On se demande néanmoins beaucoup si, considé- rant le coût de la vie et de la main-d'œuvre en Assam, un Euro- péen pourrait faire rapporter la culture du Rhea sur une grande échelle. Il y a trois ans, le Directeur de l'Agriculture en Assam réunit quelques statistiques sur la fibre du Rhea au sujet des prix importants qu'en olfraient en Angleterre les industriels qui le mélangent avec la soie et autres matières, pour tentures et étoffes analogues. Les prix anglais parurent d'abord viser à la promesse d'un gros profit, mais en faisant le calcul, après consultation du prix actuel de la fibre de Rhea sous son aspect le plus grossier sur place, il sembla qu'il y aurait à peine une marge laissée, même pour payer le coût du transport. 1. Voir Bulletin, n"" 21, 22, 23 et 24. LA RAMIE 327 RAPPORT DE GUSTAVE MANN, ESQ., CONSERVATEUR DES FORÊTS, SUR LA CULTURE DE LA PLANTE DE RHEA EN ASSAM 1. La plante de Rhea (Bœhmeria nivea) est cultivée partout dans les districts de la vallée du Brahmaputra, mais il pousse beaucoup mieux dans le Haut que dans le Bas Assam à cause de l'humidité plus grande, et de la pluie plus forte. Il n'existe probablement, dans l'Inde, aucun climat plus convenable que l'Assam, pour la culture de cette plante ; car elle pousse au plus haut degré de perfection possible là où elle reçoit le soin et l'entretien exigés. 2. Elle est à présent uniquement entretenue par les pêcheurs de cette province, à cause de la supériorité de sa libre pour la fabrica- tion des filets, et non pour la vente ; même au prix actuel, variant de une à deux roupies par seer, personne ne voudrait regarder la cul- ture du Rhea comme digne de peine, attendu qu'il ne pousse bien que là où il reçoit une grande somme d'attention dans la manière de remuer légèrement la surface du sol, de prodiguer l'engrais, et de palissader soigneusement. 3. Un sol meuble et friable, visiblement gras, et pas trop sablon- neux, est le plus convenable à sa végétation. La localité où il est planté doit être élevée, au point qu'il n'y ait aucun risque d'inon- dations ; attendu que, même si l'eau demeure seulement peu de temps sur le terrain, la plante serait perdue. 4. La culture a été décrite par le Major Hannay et autres avec exactitude, de sorte qu'il ne me reste rien à ajouter sur ce sujet. La plante se propage par sectionnement des racines, et s'améliore au même degré que le sol est travaillé ou ameubli, tenu net de mau- vaises herbes, et fumé. Elle se coupe de trois à quatre fois annuel- lement, et atteint une hauteur de 4 à 5 pieds. 5. Le rendement par acre, d'accord avec les déclarations des Booms ou des pêcheurs, dans les différents districts où je fis des enquêtes, est seulement de 200 à 300 livres de fd^re nette par acre, et par an ; mais leurs renseig-nements sont forts suspects. 6. La principale question, après tout, est de savoir si la plante de Rhea peut être cultivée à un bon marché suffisant, dans cette province, pour permettre qu'on utilise la fibre en une plus grande proportion dans la fabrication des articles bon marché, qu'on la produise en grande quantité afin qu'il puisse s'établir un grand 328 ÉTUDES Et MÉMOIRES marché et s'en développer un vaste commerce, comme l'indique le D"" Watson dans le § 45 de son rapport. Si sa large introduction sur les marchés indigènes dépend de son approvisionnement à une moyenne de prix de 30 ou 40 livres par tonne de fd)re brute, ainsi que l'établit le D'' Watson au i^ 46 de son rapport, cette province ne sera pas une source d'approvisionnement, puisqu'il ne peut être produit ici même au double cours pour le moment, ni dans l'ave- nir, ni aussi loin qu'on peut maintenant en juger ; car sa produc- tion exige autant de temps et de travail que le thé, tandis que cette dernière plante produit avec une moyenne de 280 livres par acre, et ■''aut ordinairement un schelling et huit pence par livre à Cal- cutta. 7. En fait, au prix bas ci-dessus de la fibre de Rhea, comme le note le D"" Watson, elle donnerait seulement un profit à peu près égal au riz, tandis que sa culture exige le double et le triple de temps et de soin. Pour cette raison, je ne vois même pas une pro- babilité de sa culture dans le district de Sylhet, où il y a une popu- lation plus dense, et où la main-d'œuvre est absolument bon mar- ché. 8. Des remarques ci-dessus, on entreverra que la fibre du Rhea n'a aucune chance dans cette province, parce que le succès de la culture du thé, autant qu'on peut le prévoir à présent, empêchera toujours les capitaux européens de s'employer à la culture du Rhea; il est beaucoup trop pénible pour les indigènes de cette province de s'y mettre, comme ils ont fait au Bengale pour la culture du jute, par amour du gain, tant que la fibre devra être produite à 40 livres sterling par tonne. Lorsqu'on examine la culture du Rhea dans les nombreuses publications officielles qui ont suivi les c Extraits précités des Archives du Gouvernement de l'Inde », très peu de renseignements d'un caractère définitif ont été versés pour éclairer le point de la production de la fibre par acre. Le passage suivant du (( Rapport agricole de l'Assarn », pour l'an 1885-86, sera cependant lu avec intérêt. Il confirme, en termes généraux, les rapports publiés par les prisons sur leurs expériences en culture de Rhea. Une petite quantité de Rhea fut cultivée dans la prison de Now- gong, durant l'année soumise à l'expérience. Le but de l'expérience était double. On demandait des détails sur le coût de la produc- tion de la fibre, et on manquait de comparaison entre une récolte LA RAMIE 329 poussée à l'ombre et une autre poussée au soleil. Le second but fut promptement atteint. Les plants placés à l'ombre refusèrent tout à fait de végéter, et furent un échec complet. Une surface de 71 X 74 (= 1 k. 3 1.) fut plantée dans le jardin de la prison au milieu d'avril. La première coupe produisit 3 seeis de fibre sèche en juillet. La seconde donna 10 seers, 9 chittacks, en septembre. La troisième coupe fournit 7 seers, 4 chittacks, en octobre. Total produit en 6 mois =: 20 seers, L3 chittacks = valeur (à 1 roupie par seer) : 20 — 13 roupies. Lorsque je vis la récolte dans le milieu de décembre, elle était presque bonne à couper, et pouvait sûrement être considérée comme devant donner une coupe de plus avant l'avril suivant. Par conséquent, on pouvait calculer sur cinq coupes depuis la susdite époque pour une période de douze mois. Mais le produit provenant des trois coupes était de 20 seers, 1 3 chittaks ; donc, le produit sur cinq coupes devraient être de 34 seers, 11 chittacks. (J'ai tenu compte d'une venue plus lente par temps froid, en attes- tant seulement une seule coupe entre décembre et avril.) Mais le coût de la coupe et de l'extraction de la fibre provenant d'une seule coupe était de 2 roupies. Donc le coût de deux coupes addi- tionnelles serait de 4 roupies. Aussi, la dépense totale en douze mois serait de 17 roupies. Conséquemment, les profits nets, en douze mois, seraient de 17 à 11 roupies, ou, approximativement, 100 ^'/o par an. Tirant les chiffres par acre, nous voyons que le poids de libre possible à obtenir serait de 911 livres, et le coût de 222 rou- pies par an. Le calcul ci-dessus s'applique bien entendu seulement à une sur- face très petite, et il est extrêmement dangereux d'arguer, d'après des données aussi réduites, que les profits seraient nécessairement proportionnels si les entreprises étaient conduites sur un pied com- mercial. Toutefois, quelle que soitl'évidence, elle contribue à démon- trer que le Rhea est une récolte profitable, et il n'existe aucun doute que le climat de la province lui convient admirablement. BENGALE Culture au Bengale. — Dans les papiers officiels que l'écrivain a pu consulter, rien de quelque importance ne s'offre touchant le Rhea dans les Basses-Provinces. Il est indispensable, en fait, de Bulletin du Jardin colonial. 23 330 ÉTUDES ET MÉMOIRES recourir pour les renseignements aux notes fournies ])ar Blciianan IIamu/fon, Campbell, et autres semblables auteurs qui ont écrit sur la culture du Rhea à Rungpore et à Dinagepore, il y a un demi- siècle. La description du D"' Campbell sur le dernier district est, peut-être, le meilleur mémoire qui soit jusqu'à présent paru. Il écrit : (( Dans VEloilc d'Orient du 26 du mois dernier, il y avait un article très intéressant sur la plante qu'on supjiose produire ce tissu superbe, le grass-cloth de Chine. L'autorité de Buchanan est citée èi l'appui de cette supposition que la plante est aussi originaire de Dinagepore et de Rungpore, où elle est connue et cultivée sous le nom de Kunkhura. Comme VEtoile est impatiente d'obtenir de nouveaux renseignements sur cette plante, je demande la permis- sion d'ofTi-ir le peu que j'en connais, et de vous dire où et comment vous pouvez vous procurer des détails complémentaires de valeur. « Dans le mois de janvier dernier, lorstpie je revenais de la fron- tière du Bhutan, à travers le district de Rungpore, mon attention fut attirée par les reflets d'une petite récolte verte, cultivée avec beaucoup de soin, contiguë aux villages le long des rives de la' rivière Teesta. Je n'avais pas vu la plante auparavant, et comme les récoltes hivernales sont rares dans cette partie du pays, ce fut une cause d'intérêt de plus. « Cette plante se trouvait être le Kniikhiira ; elle est considérée par le peuple comme une espèce de chanvre. On la sème à la fin des pluies, on la coupe et la rentre en fé.vrier et mars. Elle est de couleur vert sombre, pousse à 3 ou ï ])ieds de haut, et ne ressemble particulièrement à aucune des orties. Je suis familiarisé avec elles (on suppose que la plante du grass-cloth est une ortie). La feuille n'est pas sans ressemblance avec celle du groseillier noir. Cette plante est cultivée avec beaucoup de soin, principalement par les pêcheurs et autres sur les bords de la rivière, exclusivement pour fabriquer des iilets de pêche, à l'usage desquels elle est considérée sans égale à toute autre espèce de chanvre. La fibre est pro dans son sens le plus larw-e. Chez beaucoup de plantes susceptibles de devenir gommifères, il peut suffire d'une blessure pour faire naître la gomme ; mais il faut avouer que dans beaucoup de circonstances, la blessure seule ne suffît pas. Aussi la notion d'un parasitisme quelconque est-elle venue à l'idée de beaucoup de personnes pour expliquer la cause première de cette transformation gommeuse des tissus -. Kiit/.ing ■' attribuait la production de gomme adragante à un champignon con- tenu dans les tiges d'astragale. Plus tard, 0. Comes '' considérait une bactérie qu'il appela Bncterium Giiinmis comme la cause pre- mière de la gommose de la vigne, des Amygdalées, de la gomme de 1. Voir Ihdlelin, n"' 19, 20, 22, 23 et 2i. 2. L. Lutz, Élude de la gommose chez t'Aralia spinosa, in a Bulletin de la Société botanique de France ». t. XLIII (nov. 1S96). 3. Kiitzinfi', Griindziirje d. phil. Bol., 203, 20 1. 4. Prof. O. Cnmi's. Il mnrcitnite dclle r:u!ici e l;i (/onimosi dclln V'/7p. Napoli, 18S4. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 335 blessure d'autres plantes, mais il ne rapporte aucune expérience qui le démontre. Beijerinck ' incrimina des Cliampignons Ascomycètes, Pleospora guminipara Oudemans pour la gonmiose des Acacia, et Coryneum Beijerinckli Oud. pour celle des Amygdalées. Il est prouvé que cette dernière espèce est une cause de formation de «ifomme chez les Amvgdalées, le Pécher surtout ; mais.il est non moins certain que la gomme apparaît aussi souvent sans que le champig-non inter- vienne en aucune manière et qu'en général, mais non fatalement, la production de gomme succède à une blessure, plaie de taille, bles- sure accidentelle, plaies d'insectes comme les scolytes. L'action gommipare du Pleospora çjummipara me semble beau- coup moins certaine. Les renseignements que nous possédons sur les circonstances qui accompagnent l'apparition de lagomme arabique, quoique peut- être insuflîsamment circonstanciés, nous apprennent cependant qu'au Sénégal la période où la production de gomme est la plus abondante est celle qui succède immédiatement au vent d'est brû- lant et très sec, l'Harmattan, qui a traversé les régions arides du Sahara méridional. Sous son influence, comme dit H. Jacob de Cordemoy'-', «( les arbres se dessèchent, les écorces craquent et (( se fendent, la gomme s'écoule par les fissures et se concrète. Plus « ce venl d'est est fort et s'est prolongé, plus la récolte se fait abon- (( dante. » Les écorces ont été le siège d'une quantité considérable de petites blessures, et la gomme apparaît. « Mais, continue le <( même auteur, après les mois de janvier et février, pendant les- (. quels des rosées ont été amenées par les vents d'ouest, la séche- (( resse devient extrême. C'est alors que le produit est récolté en « abondance Ainsi, la gomme, formée sans doute pendant la « saison pluvieuse et humide, exsude pendant la saison sèche. » Martins ^ a signalé une abondante production de gomme sur V Acacia Verek du Sénégal à la suite de l'attaque d'un parasite phanérogame 1. D' M. W. Beijerinck. Onderzoekingen over de hesmeHelijUheid der Gomziekle hij planten, in Natuurk. verh. d. koninkl. Akademie, Deel XXIII. Amsterdam, 1S83. 2. II. Jacob de Cordemoy, ouvrage cité. ,3. Charles Martins, Sur un mode particulier d'excrétion de la gomme arabique produite par /Wcacia Verek du Sénégal in -. Revue des sciences naturelles », t. III, mars 1H75, Montpellier. 33() ÉTUDES ET IMÉMOIUES qu'il a appelé Loranthus scnegalensis. L'auteur a tendance à y voir surtout un fait de traumatisme : <( Entre la branche à' Acacia et « Tempàtement souvent fort épais qui forme la base du Loranthus, « dit-il, on remarque un espace en forme de sillon, à travers lequel « la g-omme s'est fait jour au dehors ; c'est donc une voie préparée « par la nature, jouant le rôle d'une incision artificielle qui produirait « prol)ablement le même effet. » L'auteur attribue aussi une cer- taine influence à l'état d'afTaiblissement qui résulte de l'envahisse- ment du Loi^anthus. • Le D'" W. Busse a fourni récemment des documents fort intéres- sants sur inie cause de production de g-omme chez les Acacia dans les possessions allemandes de la côte orientale d'Afrique ^ Dans cette rég'ion où une température plutôt fraîche succède à la saison des pluies, on n'observe j)fis ces crevasses nombreuses sur les tiges des Acacia^ si fréquentes au Soudan et au Sénégal, Les blessures accidentelles produites par l'homme ou les animaux sont rares et pourtant on voit sur ces plantes des galeries souvent fort nombreuses qu'on doit attribuer à l'action des fourmis et qui sont une cause puissante de formation de gomme. Les fourmis perforent l'écorce des Acacia, creusent des cavités dans le bois, où elles déposent leurs œufs à l'abri d'autres animaux déprédateurs. Ce sont les espèces à bois tendre comme V Acacia Scyal qui montrent le moins de cavités. La fourmi ne consomme pas cette gomme exsudée qui parfois la gène en obstruant les galeries qu'elle creuse. Le D'' W. Busse convient que d'autres conditions qui seraient plutôt secondaires interviennent encore : il faut tenir compte aussi de l'âge des arbres, de l'état d'humidité du sous-sol, de l'état de la saison. On sait de même, au Sénégal et au Soudan, que pour une esjDèce donnée, l'influence de l'altitude du lieu a, entre autres conditions, une influence importante sur la quantité et la qualité du produit exsudé. Ces faits en tous cas démontrent bien clairement l'influence incontestable du traumatisme sur la production de la gomme ara- bique. La blessure dans le cas présent et dans d'autres analogues 1 . \'()ir à Cl! sujet : Gomme arahiiiue. les récents Irni^iux allemands, Journal d'Agri- culture Iropicale, l'" année, n" 2, :îl août 1901. — I)"^ Waltcr lîusse, Die Ausschei- (liinfi l'on (inmini nrahiriini an nslafrikanisclien Aliazien, in » Naturwissenschaft- liclic WocliiMiscliriri », N. F., I, n°9. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DA^S LES PAYS CHAUDS 337 peut être la porte d'entrée d'un parasite, bactérie ou autre ; mais jusqu'ici, il faut reconnaître que les cas où la présence et l'action réelle d'un parasite a pu être démontrée sont encore fort peu nom- breux. Wiesner ' a cru devoir rattacher la formation des g-ommes à la présence et à l'action d'un ferment non figuré, d'une diaslase voi- sine de l'amylase, qui amènerait l'amidon seulement à l'état d'éry- throdextrine et transformerait la cellulose vraisemblablement en gomme. Wiesner, en traitant de l'amidon de pomme de terre par une solution fraîche de gomme d'abricotier, transforme cet amidon en érjthrodextrine, alors que l'amidon témoin se colore en bleu par l'eau iodée. Il n'a pas réussi avec la solution aqueuse de gomme à dissoudre la cellulose. Wiesner a cru devoir invoquer la coloration bleue de la teinture de gaïac en présence de la solution de gomme pour démontrer Texistence de sa diastase. Cette réaction démontre la présence d'une diastase oxydante, mais non pas d'une diastase comme celle dont il invoque ici l'action. De même, l'action du chlorhj'drate d'orcine (solution avec 4 "/" d'orcine et acide chlorhydrique fort) employé à chaud et donnant avec les tis- sus gommifères une coloration rouge puis bleu violet, considérée par Wiesner comme caractérisant la présence de la diastase, indique simplement, comme on l'a dit depuis longtemps, la formation de fur- furol. La diastase de Wiesner existe, je crois, dans bien des cas de gommose (gommes nostras, Khaya seneffalensis, Oranger) ; c'est sans doute à elle qu'est due la modification chimique que subissent les grains d'amidon qui, à un moment donné, prennent en présence de l'eau iodée une coloration jaune rougeâtre. Cette diastase montre son action k un moment où la gomme existe déjà, puisque, avi début de cette formation, les grains d'amidon réagissent encore normale- ment à l'eau iodée. La production de cette diastase, cpii n'agit nul- lement sur la membrane, ne peut donc être considérée que comme une circonstance accessoire, et non comme la cause première, dans la formation de ces gommes. 1. J. Wiesner, Ueher ein Ferment, welrher in der Pfliinze die Umn\'illnn(j der Cel- lulose in Giiinnii und Schleim hewirkl, Bolanische Zeilung-, 43° aiin., LSS3, pp. 3""- 583. — Du même, Ueher das Gummifernient, ein neuesdiasialisches Enzym,welches die Gunimi- und SchleimmeUunorphosc in der Pflanze hedingt, Sitzungsberichle der Akademie der Wissenschaften zu Wien, .\CII, I, pp. i4-CS. 338 ÉTUDES i-;t mémoires De Rochebrune ^ partage l'opinion de Wiesner et propose le nom de « g-ommase » pour le ferment actif. Il ne donne aucune preuve justifiant cette opinion, et considère la sécrétion de cette diastase par les cellules comme un fait « d'adaptation physiologique », selon l'expression de Duclaux, de sorte que la gomme des Amygdalées et des Acacia ne serait pas un phénomène pathologique. Une apprécia- tion de cette nature est évidemment contraire à la vérité. Beijerinck attribue aussi à une diastase qu'ils sécréteraient l'action gommipare du Pleospora gummipara et du (Jorijncum Beijerinckii. Pour cette dernière espèce en particulier l'action de cette diastase sur le cambium déterminerait chez les Amygdalées l'apparition du parenchyme gommipare. Ces faits sont possibles, mais non prouvés. D'un autre côté, Gabriel Bertrand a signalé la présence d'une diastase oxydante, la laccase, dans la gomme arabique et d'autres gommes ; Mallèvre a reconnu la même substance dans la partie soluble de la gomme de Khaya senec/alensis, décelable dans les deux cas par le bleuissement direct de la teinture de gaïac. Mais ces auteurs n'ont pas cherché à établir une relation entre la production de la gomme et la présence de la laccase, qui semble faire par- tie du contenu normal de beaucoup de cellules végétales vivantes. H. Greig Smith, de Sydney, dans plusieurs travaux récents -, attribue à quelques bactéries un certain nombre de cas de forma- tion de gomme qu'il a étudiés. Sur la canne à sucre, il croit comme Cobb ^ que la formation de la gomme est due à une bactérie pour laquelle il conserve le nom de Cobb, Bacterium vascularum. Tout récemment, Erwin F. Smith, de Washington '', a repris la même question de la gommose de la canne à sucre et il semble partager l'opinion de son homonyme australien. Nous traiterons plus longuement cette question de la gommose de la canne à sucre quand nous parlerons des maladies de cette plante ; mais nous 1. De Rochebrune, Toxicologie africaine, 2° vol., 2" fasc. Paris, 1900. 2. R. GreigSmith, The hacterial origin of Ihegams ofthe arabingroup, Pvocedin^s of the Linnean Society of New-Soutli Wales, 1902, part 3. — Id., Der hiiklerielle Urspriing der Giiminiarlen der Arahingruppe, Pr()ceedings,etc., 1903, et Centralblatt f. Bakt., II, t. XI, 1903, p. 698. — [d.,The gummosis of svgar-cane, Procecdings, 1902, part I, et Centralbl.f. BaUt. II, t. IX, p. SOfi. 3. D' Cobb, AgriciiUural Gazelle of New-Soulh Wales, oct. 1893. 4. Erwin F. Smith, Ur sache der Cohb'schen Krankheit des Ziickerrohrs, Ccnlralbl. f. Bakt. II, 190'i, l. XIII, pp. 729-736. MALADIES DKS PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 339 dirons dès maintenant que d'autres causes que cette bactérie, dont l'action d'ailleurs ne me semble pas encore définitivement établie, sont capables d'amener la production de la g'omme chez la canne à sucre ; parmi celles-ci, nous nommerons l'envahissement du Borer {^Diatrœa sfriafalis), qui inocule souvent sur les pieds de canne à sucre des champignons à demi parasites et agirait à coup sûr dans le même sens pour une bactérie. Dans cette circonstance, il y a encore, en tout cas, l'influence manifeste du traumatisme. R. Greig Smith a rapporté la cause de la gommose de deux espèces d'Acacia [A. hinervata et A . penninerins) h àew^L bactéries cju'il appelle Bacterium Acaciœ et B. mctarahicum. Dans un bouillon composé de jus filtré de pommes de terre bouillies, de saccharose, d'acide tannique et d'eau, l'auteur ayant cultivé la première de ces bactéries, aurait pu précipiter de ce milieu de culture et y déceler chimiquement les acides de la gomme. Il faut avouer que les preuves qu'il en donne ne démontrent nulle- ment qu'il s'agisse chimiquement de gomme. D'un autre côté, l'auteur n'a fait aucune expérience d'infection qui puisse corroborer sa manière de voir. Il a, de même, attribué à ces mêmes bactéries d'autres gommoses, sur Pêcher, Amandier, Dlospijros, Vigne (exsu- dât gommeux des plaies), Sferculia diversifolia, Cedrela australis, où la gomme succède à une piqûre d'insecte, etc. Je pense que tous ces faits méritent confirmation et qu'on ne peut les accepter tels que cet auteur les présente. Je parle seulement pour mémoire du travail de Brzezinski', où l'auteur attribue, de même, la gommose des arbres fruitiers d'Europe à une bactérie qui serait fort voisine de celle à laquelle le même auteur a attribué le « chancre » de ces arbres. Il ne rapporte aucune expérience d'infection.. La gommose de la vigne, qui n'est, nous l'avons déjà dit, qu'un cas particulier dans la formation de la gomme de blessure en géné- ral, peut s'étendre dans la tige fort loin de la blessure qui en a été l'origine. Nous savons déjà que la production de cette substance constitue pour la plante un moyen de se protéger contre l'introduc- tion de germes pathogènes, bactéries surtout. Parmi ces dernières, il en est une, Bacillus vitivorus, dont la présence coïncide générale- 1. Joseph Brzezinski, Le chnncre des arbres, ses causes, ses symptômes. BiiU. de l'Acad. d. Se. de Cracovie, 1903, p. 1 il. 340 ÉTUDES ET MÉMOIRES ment avec l'abondante production «fommeuse caractéristique de certaines formes d'une maladie appelée par les Italiens mal nero^ et que M. Prillieux et moi-même avons qualifiée « gommose l^acil- laire ' » Des auteurs, plus anciens en général, ont accordé à la formation de la gomme une cause non parasitaire. Meyen -, puis Trécul •' ont invoqué diverses raisons dont l'eifet est d'accumuler sur les mêmes points une quantité de sève trop considérable ; cette nutrition excessive a pour résultat de donner naissance à de nouveaux tissus qui gorgés de sucs se résorberaient et donneraient naissance aux lacunes de la gomme, considérée encore comme un produit de sécré- tion. Wigand '' attribue le premier la production de gomme à la désorganisation des parois. Il considère qu'elle est due à des cir- constances qui mettent un terme à la vie des tissus ; qu'elle est le symptôme d'une maladie qu'il croit peu importante et sans grande nocivité. Frank ■'' admet en grande partie ces opinions. Sorauer ^ déclare que l'épanchement de gomme est un symptôme patholo- gique, dont la cause immédiate doit être cherchée dans une accumu- lation de matière plastique en certains points, par suite d'un défaut d'équilibre dans la formation des nouveaux tissus. Il faut dire que dans la pensée des auteurs que je viens de citer, ces faits s'appli- quaient surtout à la gommes des Amygdalées. On conçoit sans difficulté qu'il soit possible de généraliser un peu et d'étendre ces données à des cas que nous savons être assez analogues. Parmi ces faits, il en est qui ne peuvent plus être acceptés aujourd'hui, l'opi- nion de Trécul, par exemple, qui croyait voir dans la gommose une véritable sécrétion. Mais l'idée de reconnaître comme phéno- mène prémonitoire de l'apparition de la gommose l'apparition de 1. Prillieux et Delacroix, Comptes rendus de VAcad. des Sciences, mars et juin 1894; Société nat. d'Agriculture, 9 mai 1894. — Id., La gommose bacillaire, miilndie des Vignes, Annales de l'Institut national agronomique, XIV, 1895. 2. Meyen, Pflanzenpidhologie, 1841, pp. 55 et 229. .'5. Trécul, Prodiiclion de la gomme chez le Cerisier, le Prunier, VAmandier, l'Abricotier el le Pèch'kr, Soc. philomatiquc, proc.-verb. de la séance du 12 juillet 1862; journal l'Inslitnl, 1862, p. 241. 4. Wigand, Ueber die Desorganisation der Pllanzanzelle, inshesondere iiber die phijsiologische Bedeutung von Gnmmi und Ilarz (Prin^sheim's Jahrb., 1S63, III, p. 115 et 55). 5. Frank, Ueber die anatoniische Bedeutung d. veget. Schleime. — Kirscligummi, Prinfïsheim's Jahrb., V, 1866-67, p. 184. 6. Paul Sorauer, Lanihrirthsehaftliche Versuchsslationen,X'V, 1872, n° 6, p. 454. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 341 matières plastiques propres à Tédification de nouveaux tissus est ori<^inale ; elle est, de plus, conforme à la réalité des faits observés chez les Amygdalées, les Cifrus, le Khaj/a scnegalensis, et sans doute aussi d'autres plantes. Un tel phénomène est, sans nul doute, la conséquence d'une irritation, qui tout aussi bien peut succéder au traumatisme seul qu'être le résultat de l'intervention de para- sites divers. Quoi qu'il en soit, dans la très grande majorité des cas, l'hypothèse du parasitisme n'est pas appuyée d'expérimenta- tions sutïisantes. Aussi je crois c(u'on est encore en droit d'ad- mettre que l'irritation causée par le traumatisme est susceptible, sous certaines conditions favorables, de présider à la formation de la g-omme. MALADIES DUES A L'ACTION DES AGENTS MÉTÉORIQUES Nous devons, sur ce sujet, considérer l'action nocive que peuvent exercer les agents météoriques tels que la lumière, la chaleur, la sécheresse, l'humidité. L'ell'et pernicieux attribuable à ces diverses causes ne s'observe que dans des circonstances particulières, qui même pour les maladies des vég-étaux dans les régions tempérées sont souvent mal connues, incomplètement élucidées. A plus forte raison, comprendra-t-on que pour les affections de cette nature chez les plantes des pays chauds, il soit impossible de donner à un tel chapitre le développement qu'il devrait normalement comporter et qu'à ce point de vue on puisse faille la moindre tentative de géné- ralisation. Aussi, je pense que l'exposition de notions fort incomplètes et qui n'intéressent qu'un très petit nombre de plantes tropicales trouvera évidemment mieux sa place, lorsqu'il sera question des maladies de ces mêmes plantes. Nous renvoyons plus spécialement le lecteur aux chapitres qui seront consacrés aux maladies des Caféiers et de la Canne à sucre. MALADIES DE NATURE PARASITAIRE On rencontre fréquemment dans la nature, des êtres qui, bien qu'étant d'organisation fort différente, vivent en état d'intime asso- ciation et se comportent de telle manière que, suivant l'expression 342 ÉTUDES ET MÉMOIKES de Van Tieg-hem, « à l'aide de deux unités morphologiques, il se (c constitue une seule unité physiologique ». Deux cas extrêmes peuvent alors s'observer : Ou bien, le bénéfice est réciproque : les fonctions s'accomplissent chez les deux êtres ainsi associés de fa(,on telle qu'ils en tirent cha- cun avantage, et on dit alors qu'il y a symbiose ; Ou bien le bénéfice est unilatéral: l'un des associés fonctionne seul pour élaborer et accumuler la totalité ou au moins une forte partie de l'aliment, il doit nourrir son conjoint d'une façon plus ou moins complète, et, frustré d'une certaine quantité de sa substance nutritive, il soulîre du rôle qu'il est obligé de remplir. On dit alors qu'il y a panisitisme et que l'être qui vit ainsi aux dépens d'un autre est parasite sur ce dernier. Il faut observer que tous les intermédiaires entre la symbiose et le parasitisme peuvent en quelque sorte se rencontrer, et que la sym- biose vraie, 'parfaite, absolue est particulièrement rare, si tant est même qu'elle existe. Si nous considérons par exemple le cas des Lichens qui constituent l'exemple le mieux connu de symbiose, nous voyons que l'Algue, associée au Champignon, végète très conve- nablement dans des stations oi^i, par suite de la sécheresse, elle ne saurait vivre isolée ; et, si elle fournit au Champignon l'aliment hydrocarboné qu'elle élabore grâce à sa chlorophylle, elle en reçoit l'aliment minéral et une forte partie de l'aliment azoté. Cependant, alors que le Champignon se reproduit par un mode qu'il est main- tenant permis de considérer comme sexuel, l'Algue a perdu cette propriété et sa multiplication reste purement végétative. On voit donc qu'ici, bien que l'Algue tire des avantages réels de son asso- ciation avec le Champignon, elle a néanmoins par le fait de la sym- biose perdu l'usage d'une des plus importantes de ses fonctions physiologiques. Le parasitisme se présente sous des modalités fort diverses ; il peut agir avec une intensité extrêmement variable, et, d'un autre côté, les conditions qui le régissent, les facteurs qui interviennent dans son action méritent d'être étudiés avec une certaine attention. [A suivre.) D'" Georges Delacroix, Directeur de la Slnlion de pal liolnrjie végétale, Professeur à l'École nulioimle supérieure d'Agriculture coloniale. CONFÉRENCES DU JARDIN COLONIAL L'ÉMIGRATION ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLES EN NOUVELLE-CALÉDONIE [Suite] Il y a bien k certains endroits d'autres plantes comme le chien- dent, le mag^nana, la sensitive dont le bétail est très friand, mais la seule que Ton trouve partout est randropo<^on parce que seule elle résiste aux g-randes sécheresses. Le bétail s'en accommode d'ailleurs très bien et s'en contente, même quand elle est sèche, pourvu que l'eau ne lui manque pas. Cependant, en 186i, lors de l'arrivée du premier convoi de con- damnés, il n'y avait, sur ces pàturag'es naturels et très étendus, pas une seule tête de bétail et on dut importer d'Australie les bœufs qui servirent à alimenter les nouveaux habitants ; mais cette situation ne dura pas longtemps. Un Australien, le capitaine Pad- don, qui fréquentait l'île depuis quelques années et s'était même établi à l'île Nou pour faire le commerce d'échangée avec les canaques, s'empressa d'importer des animaux reproducteurs qu il installa à proximité de Nouméa et qui prospérèrent si bien que, dès 1870, le produit des troupeaux suffisait largement à tous les besoins de la consommation. Il avait d'ailleurs eu de nombreux imitateurs et l'accroissement de la production générale fut même si rapide que, dix ans après, bien que la population blanche eût sensiblement augmenté, les éleveurs se trouvèftnt très embarras- sés de leur bétail qu'ils ne trouvaient plus à vendre qu'à vil prix. La situation était grave et, comme on ne pouvait songer à faire de l'exportation en concurrence avec l'Australie, il ne fallut pas moms que la création d'une usine de conserves de viande pour sauver les éleveurs dune ruine certaine. Mais, en douze ans, de 1888 à 1900, cette usine beaucoup trop importante, absorba une telle quantité de bétail que, faute de matière première, elle dut fermer ses portes en 1001. 1. \'<)ir Biillelin. ii= 21. 344 CONFÉRENCE Alors commença une nouvelle ère de prospérité pour les éle- veurs qui obtinrent de leur bétail le prix qu'ils voulaient ; mais elle ne fut pas de long-ue durée, car, actuellement, le bétail est de nouveau trop abondant et, pour sauver la situation, on songe à créer une petite usine de conserves qui serait installée à Nouméa. Ce moyen réussira sans doute une seconde fois, mais il est à souhaiter que l'on se préoccupe un peu plus d'assurer l'avenir qu on ne l'avait fait précédemment. Quoi qu'il arrive, on voit que l'élevage, qui est une branche de l'agriculture, présente en Nouvelle-Calédonie les inconvénients de toute industrie dont les débouchés sont mal assurés. Il est donc prudent, pour la majorité des colons, de ne pas s'y adonner exclusi- vement et de ne faire de l'élevage que comme complément d'une exploitation agricole, ce qui m'amène à cette conclusion que la cul- ture de la terre est, pour un colon, le moyen le plus certain d'assu- rer l'existence de sa famille. Certes il lui sera interdit de rêver des coups de fortune comme ceux dont on trouve des exenqjles dans l'exploitation des mines, mais il est au moins à peu près certain de créer une belle propriété qui, au bout de dix à quinze ans, aura acquis une valeur que rien. ne pourra lui enlever. C'est un fait dont on peut citer de nombreux exemples et il est regrettable d'avoir à constater avec quel parti pris certaines per- sonnes semblent prendre plaisir à ne parler que des échecs que l'on a eu malheureusement à enregistrer, échecs très regrettables, c'est certain, mais qui étaient inévitables dans une certaine proportion et dont il serait plus juste de ne pas exagérer l'importance. On devrait surtout ne pas oublier qu'en pareilles circonstances ceux qui ont plus ou moins réussi se tiennent tranquilles et que ceux qui se plaignent le plus haut sont surtout ceux (j[ui ne devraient adresse» de reproches qu'à eux-mêmes, soit qu'ils n'aient tenu aucun compte des conseils qui leur ont été donnés, soit qu'ils n'aient même pas essayé de faire quoi que ce soit. Combien y en a-t-il en effet qui, bien que prévenus qu'ils ne rem- plissaient pas les conditions nécessaires pour réussir, ont voulu partir quand même et ont même eu recours à certaines influences pour obtenir le passage qu'on essayait de leur refuser dans leur intérêt ! Combien d'autres, pleins de confiance en eux-mêmes et impatients d'avoir à subir des délais, sont partis à leurs frais, dépensant amsi, DEVELOPPEMENT AGRICOLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE 345 dans leur imprévoyance, une bonne partie des capitaux dont ils auraient eu tant besoin là-bas ! Ce dernier cas est celui d'une famille T... qui est partie pour la Nouvelle-Calédonie à la ïm de l'année 1903, famille nombreuse qui avait à sa disposition environ 8.000 francs. Prévenu, en réponse à une demande qu'il avait adressée, des formalités qu'il devait rem- plir pour obtenir le passage gratuit. Son chef ne répondit même pas et on apprit par hasard que, ne voulant pas attendre, il s'était embarqué à ses frais avec toute sa famille, dépensant ainsi plus de 3.000 francs. Arrivé à Nouméa, M. T. reconnut qu'il s'était trompé, mais ne s'en plaignit pas moins, accusant tout le monde de son infortune et fatiguant de ses réclamations le Gouverneur qui eut la faiblesse, pour s'en débarrasser, de rapatrier toute cette famille aux frais de la colonie. Il est certain que de pareils faits ne peuvent équitablement être invoqués comme arguments contre la colonisation, mais on doit en tirer les conclusions suivantes : Si à ceux qui veulent partir quand même et à leurs frais, on ne peut que donner des conseils en les prévenant bien des dangers auxquels ils s'exposent, TT^tat qui distribue les passages gratuits a le droit et le devoir d'être beaucoup plus exigeant qu'il ne l'a été jus({u'à présent à l'égard de ceux qui s'adressent à lui pour être transportés dans une colonie et surtout ne pas se départir du prin- cipe qui a été posé dès le début : Que la réussite n'est possible avec un petit caj^ital que pour les familles de paysans habitués à une nourriture frugale, rompus aux travaux de la terre et assez nombreux pour pouvoir faire tout par eux-mêmes sans le secours d'aucun auxiliaire. Une famille remplissant ces conditions et possédant quelques milliers de francs pourra toujours se créer en Nouvelle-Calédonie une existence relativement heureuse. Avec un potager, une basse- cour et quelques cultures vivrières, elle arrivera promptement à produire elle-même la plus grande partie de ce qui est nécessaire à sa subsistance. Une vache ou des chèvres lui donneront du lait, des porcs, des lapins, de la volaille suppléeront au manque de boucherie fraîche, le potager produira tous les légumes d'Europe qui réunissent tous, même la pomme de terre dont la culture a été pendant longtemps considérée comme impossible, et de plus les Bulletin du Jardin colonial. 2î .'{te» (:oNFi^:nKNf:F; léi^umes du pays, patates, taros, aubergines, etc. — Enfin le ver- j^er donnera des oranges, des mandarines, des mang-ues, des ana- nas, des anones, des pêches de Chine, etc., etc., car la liste des fruits tropicaux serait long-ue, et, si on est privé des bonnes poires et des bonnes pêches d'Europe ainsi que de tous les fruits à noyaux, on peut en réalité se contenter de ceux que produit le pays et dont (juelques-uns sont exquis. Si l'on ajoute à cela que le poisson est partout abondant aussi bien dans les eaux douces que dans la mer, on voit que le colon qui saura s'y prendre pourra bien vivre sans trop entamer son capi- tal et attendre ainsi tranquillement les premiers produits de ses cultures d'avenir. Ces cultures sont celles du caféier, du cocotier et, peut-être aussi des plantes à caoutchouc dès que Ton sera fixé sur les espèces qu'il peut y avoir intérêt à cultiver. Pour les cocotiers il faut s'empresser d'en garnir tous les ter- rains qui peuvent leur convenir et qui ne conviennent générale- ment pas à d'autres cultures ; ni leur plantation, ni leur entretien ne donnent lieu à de grands frais et, au bout de quelques années, on trouve là un revenu certain. Au contraire, la culture de caféier demande de grands soins pour le choix du terrain, pour sa préparation et pour la plantation des jeunes plants que l'on sort de pépinière. Quant à la manière de faire, les avis sont partagés; les uns donnent la préférence aux plantations en montagne et sous forêt, d'autres préfèrent abriter leurs caféiers avec des bois noirs, qu'ils soient en plaine ou en montagne, et, à ce propos, je n'ai pas oublié que j'ai vu, en 181)0, détruire par le feu une magnifique forêt de 50 hectares située au bord d'une rivière : tout le bois a été brûlé sur place, puis le pro- priétaire a planté le tout en caféiers avec les bois noirs destinés à les abriter. Qui a raison ? Lequel des deux systèmes est le meilleur ? Il serait assez difficile de le dire, car j'ai vu des caféières des deux systèmes qui étaient également l)elles comme apparence et comme rende- ments ; j'ai même vu, dans certains terrains très profonds, des caféiers ayant déjà un certain âge qui, sans aucun abri, étaient en parfait état et donnaient de belles récoltes. Mais le système le plus employé en Nouvelle-Calédonie est celui qui consiste à abri- ter le caféier au moyen de bois noirs, probablement pour éviter les DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE 347 dég-àts que font, lors des ouragans tropicaux, les grosses branches cassées par le vent qui, tombant de haut, détruisent d'un seul coup un grand nombre d'arbustes en plein rapport — les bois noirs qui sont bas ne présentent pas, à beaucoup près, les mêmes inconvé- nients. Les caféiers commencent à rapporter à la troisième année de plantation, mais ils ne sont en plein rapport qu'à la cinquième ; alors, suivant la qualité des terrains et surtout les soins qui leur ont été donnés, ils peuvent produire de 300 à 500 grammes par pied, et même plus. Or on compte environ 1.(500 pieds à l'hectare, de sorte que la récolte peut varier de oOO à 800 kilos à l'hectare, ce qui est un rendement satisfaisant, surtout quand il s'agit de café de qualité supérieure, ce qui est le cas pour la Calédonie. Cependant, certains détracteurs de la colonisation ont été jus- qu'à dire qu'il vaudrait mieux renoncer à cette culture. Je ne crois pas que les colons soient de cet avis. Il est certain que. s'il s'agissait d'un café quelconque, analogue aux Santos ordinaire dont tous les marchés sont inondés, je n'hé- siterais pas à reconnaître qu'il serait plus sage de ne pas lutter ; car, étant donnée la cherté relative de la main-d'œuvre en Nouvelle- Calédonie, le prix que l'on pourrait obtenir couvrirait à peine les frais de culture — mais tel n'est pas le cas. La vérité est que le café de la Nouvelle-Calédonie, malheureusement encore peu connu, est destiné à prendre place dans le commerce à côté des cafés de choix, comme le Guadeloupe, le Bourbon et le Martinique (s'il y en avait encore). Voici, en effet, ce qu'en disait, il y a bien des années, le D'' Raoul dont les appréciations, qui sont celles d'un maître, n'ont été publiées qu'en 1897, quelque temps après sa mort : « Le meilleur café de l'Océanie est le Calédonie. Ce café, de pro- « duction récente, n'a encore été décrit dans aucun traité spécial. (( Je suis heureux d'avoir la bonne fortune de le placer au rang qui « lui est légitimement dû, c'est-à-dire en tête des cafés doux du « monde entier. Comme qualité, le Calédonie vaut presque le Moka « d'origine. Je le préfère cependant à ce dernier et la plupart des « consommateurs sont de cet avis. Si l'arôme est absolument aussi « agréable, le (Calédonie olfre cet avantage d'être dépourvu de (' toute espèce d'àcreté et de montant. » 318 CONFÉRENCE « La Nouvelle-Calédonie a la bonne fortune d'être « un terroir » « pour le café comme elle l'est aussi pour l'ananas ; c'est à elle à (( savoir tirer bénéfice de cette situation absolument exception- ce nelle. » On voit par là que le café cultivé en Nouvelle-Calédonie est, comme le Moka, du colfea arabica. Le D' Raoul déclare avoir porté lui-même dans cette colonie, vers 1870, des grains de moka d'Arabie, et reconnaît qu'à cette époque des créoles venus de la Réunion avaient déjà importé le café de même origine, qu'ils avaient cultivé dans cette colonie. Le café de la Nouvelle-Calédonie est donc en réalité de Bour- bon auquel il ressemble beaucoup et dont il ne diifère que par un léger goût de terroir. Aussi sert-il dans le commerce à suppléer à l'insuffisance de celui-ci dont on vend partout, alors que la quan- tité exportée annuellement par La Réunion ne dépasse pas 4.000 kilos. L'exportation du café de Nouvelle-Calédonie se chitfre au con- traire déjà par plus de 60.000 kilos ; elle augmente d'année en année et il est probable que l'accroissement des anciennes planta- tions et la création des nouvelles propriétés qui a ou lieu surtout de 1896 à 1902, aura pour conséquence que la quantité de café expor- tée dépassera prochainement le chitfre de un million de kilos. Dans ces conditions et surtout avec l'espoir que le Gouvernement et les Chambres finiront par reconnaître qu'ils ont un devoir patrio- tique à remplir, en accordant aux produits des colonies françaises l'entrée en franchise en France, les colons sérieux peuvent conti- nuer à se diriger vers la Nouvelle-Calédonie. Toute famille de cultivateurs, disposant d'un petit capital, pourra toujours s'y créer une existence plus heureuse que celle dont on a le spectacle dans certaines parties de la France, ;i la seule condi- tion que ses membres seront travailleurs, économes et sobres. Ils pourront arriver, sinon à la fortune, au moins à l'aisance, et leurs enfants s'installeront à leur tour, créant de nouvelles familles et s'attachant au sol hospitalier de leur nouvelle patrie. Alors seulement la Nouvelle-Calédonie finira par être peuplée comme il est nécessaire qu'elle le devienne, })Our qu'elle puisse représenter dignement la France dans cet immense Océan Paci- fique et }' jouer le rôle auquel elle est appelée par sa situation géographique. L. Simon. LES INSECTES PAPILLONS SERICIGENES DONT LES CHENILLES VIVENT EN SOCIÉTÉ La sériciculture est à l'ordre du jour à Madag-ascar ; elle entre dans une voie pratique et fait, l'objet d'expériences conduites avec méthode, qui ne tarderont pas à donner des résultats satisfaisants. L'élevag-e du ver du mûrier va devenir une véritable industrie. Sans contester la supériorité du produit de Sericar/a nioi-i, il convient de jeter un coup d'œil rapide sur quelques espèces sauvag'es indi- gènes. Parmi celles-ci, le Bnrocera rnadaffascariensis ou « landibé », déjà exploité par les Malgaches, doit tenir la première place. M. de Cordemoy l'a étudié dans son travail sur les soies exotiques ; moi- même, j'en ai dit quelques mots dans La Nature du 26 sep- tembre 1903, et je vais aujourd'hui parler un peu des espèces qui vivent en société dans des nids ou poches soyeuses, parfois très volumineuses, suspendues aux branches ou appliquées contre le tronc des arbres. Coquerel ' a fait connaître le Bombyx radama et a donné de bonnes figures de l'insecte et de son nid, dans les Annales de la Société entomologie/lie de France de 1866. Ce papillon a fait l'objet de plusieurs notes adressées au Jardin colonial de Nogent-sur- Marne; je crois utile de les publier ici, dans le but d'attirer l'attention sur lui. A en juger par la différence d'aspect qui présentent les échantil- lons de nids que j'ai pu observer, ils sont vraisemblablement pro- duits par plusieurs espèces. Les chenilles tissent d'abord en commun la poche qui les abrite pendant leur évolution larvaire, puis confectionnent individuelle- ment leur cocon à l'intérieur ; le sac ainsi gonflé en contient un grand nombre. Le papillon sort en perçant l'enveloppe extérieure. 1. Officier de marine distingué, fit larj;ement profiter la science des t)bscrvatioas faites au cours de ses voyages et publia de nombreux travaux entomologiques dans diflcrents recueils. II contracta une grave maladie de foie pendant l'expédition de Syrie, à laquelle il prit part : négligea sa santé pour continuer à servir: repari il bientôt puin- la Réunion et y niourul, 3o0 NOTES . FICHES ACCOMPAGNANT DES ÉCHANTILLONS DE NIDS ENVOYÉS PAR LA COLONIE DE MADAGASCAR AU CONCOURS AGRICOLE DE PARIS DE 1002 PROVINCE DE MAKOANTSETHA Echantillons de « Miana » provenant de Mananara. Ne fait l'objet d'aucun commerce. Sorte de bourre de soie produite par la chenille d'un lépidop- tère connu dans la rég-ion sous le nom de Mania ; pourrait faire Tobjet d'une industrie si la matière première est transformable. CERCLE DE MORONDAVA Cocons dits « le Moundo ». Les Sakalaves appellent l'insecte qui produit les cocons, le Moundo. Les cocons se trouvent non suspendus mais appuyés à l'écorce des arbres le long- des troncs ou des grosses branches. Les cocons se forment après la saison des pluies et pendant la saison sèche. 11 n'a pas été possible de trouver des insectes producteurs de ce y-enre de soie. D'après les Sakalaves, qui les recherchent pour les manger mélangés à de la graisse, chaque cocon en renfermerait de 40 à 50, de la grosseur de 3 centimètres de diamètre sur 8 k 10 centimètres de longueur. L'insecte serait, d'après sa description, un ver dans le genre du ver à soie ordinaire, d'une couleur blanche tirant sur l'ocre très clair. Les tirailleurs de Betsileo sont étonnés de la grosseur de ces cocons et n'ont pu dire s'ils avaient quelque analogie avec la soie de leur pays. Il serait sans doute intéressant de les livrer à l'analyse afin de voir le parti qui pourrait en être tiré au point de vue commercial' Ces cocons, d'après les dires des habitants, seraient communs dans la région. L'insecte semble indillerent dans le choix de larbre et de l'orien- tation. (.1 suivre.) E. Fleltialx. t-ES INSECTES fj'il NOTICE SUR UNE SOIE PROVENANT DE NIDS DE CHENILLES VIVANT EN COLONIE Indépendamment des nids de fourmis, toujours très abondants et très volumineux, on remarque sur beaucoup d'arbres de la forêt d'Amkeramadinika (province de Manjakandriana), de lon<^s sacs d'un blanc luisant suspendus aux extrémités des branches. Ces sacs, dont quelques-uns atteignent jusqu'à 0 '" 35 de lon- gueur, sont formés d'une soie très légère et très tenace paraissant, en bien des points, semblable à celle produite par le ver à soie. A l'intérieur de la poche so3^euse, vivent en colonie, au nombre d'une centaine environ, des chenilles de Bombycides ayant sensible- ment les dimensions, les poils et la couleur de celles du Bombyx processionnaire. Ces chenilles ne sortent que la nuit, isolément et sans suivre une direction déterminée. Elles se nourrissent de feuilles de l'arbre sur lequel elles ont construit leur nid suspendu et ne paraissent avoir de préférence marquée pour aucune essence. Elles restent pendant la journée pelotonnées dans l'enveloppe de soie, qu'elles souillent de leurs excréments, aussi l'intérieur se trouve-t-il d'une malpropreté pouvant d'autant plus nuire à la qua- lité du produit textile que les déjections, de la grosseur d'un grain de plomb moyen, constituent une matière étrangère très difficile à éliminer tout au moins mécaniquement. Si l'élimination pouvait avoir lieu par un procédé chimique, le produit mériterait d'être récolté, il pourrait fournir, à bon marché, une soie pouvant, sinon être substituée à celle du ver à soie com- mun, trouver tout au moins un emploi dans l 'aérostation ou dans la confection de tils conducteurs de l'électricité. La partie extérieure de la poche, beaucoup moins maculée, peut être facilement séparée des parties inférieures et intérieures. Le petit échantillon ne renferme que le produit ainsi purifié. A titre d'indication, deux nids complets sont également joints, de même un spécimen de chenilles. 11 semble qu'un Malgache pourrait sans peine recueillir une ving- taine d'enveloppes entières par jour ou 16 à 18 de ces enveloppes débarrassées des parties intérieures les plus soudlées. Les poils de la chenille ne sont pas urticants et la récolte des 352 NOTES nids peut se faire sans danger et sans aucune crainte d'ophthalniie pour les ouvriers. Les Malgaches pourraient être employés à la récolte à raison d'un salaire de 1 franc à 1 fr. 25 par jour. Dans le cas où le pro- duit présenterait une valeur commerciale, un échantillon de plusieurs kilos pourra être facilement adressé. Qualamazoatra, le 6 octobre 1902. L'inspecteur adjoint des Eaux et Fo/'êfs en tournée. On trouve aussi au Soudan un papillon du genre Anaphe ayant des mœurs analogues, dont la soie est utilisée par les indigènes; il le désigne sous le nom de c Tombou-Fourkou », M. le lieute- nant Delbor, commandant du poste de Léo, a envoyé à son sujet les renseignements suivants ; [A suivre.) E. Fleutiaux. MAÇON, PKOTAT FaEKES, IMPRIMEURS. L Edileur-GérHUl : A. Ghallamel. SECHOIRS à BananeTI à CACAO et fruits NOMBREUSES REFERENCES Presses à balles — Charrues Batteuses — Pressoirs \Fh. r)ETVi:A.lTIDER, LES C A.T.A.LOGtJES MAYFARTH & C^ ' "' 6, rue Riquet ÉTABLISSEMENT HORTICOLE SPÉCIAL POUR LIIMTRODUCTION DES PLANTES EXOTIQUES Economiq lies et cV ornement A. GODEFROMEBEUF 4, Impasse GIRARDON, Paris PLANTES A CAOUTCHOUC disponibles au fur et à mesure de leur arrivée : Hevea brasiliensis, Castilloa elastica, Maniiiot Glaziovii. 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PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feuilles ijrand in-H" parait fous les deux mois PARIS — AiuajsriN CHALLAMEL, Editeur, rue Jacom, 17 PRIX DE L'ABONNR.MENT ANNUEL (France et Colonies, : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles „.. (1rs li.")|iil;iii.\, lazarets, caseriieineiils, j)oiir ia (iesiruclioii des lenniles. etc., etc. il est admis pour la dosiiisecliuti des établissements (le l'Assistance publique. 65 ANNÉES DE SUCCÈS ^ HORS CONCOURS, PARBS^fSOO CALMS la SOIF et ASSAINIT l'EAU CONTRE I M20Z de Tête. d'Estomac, Indigestions. Cliolérine ESCELLENTpourUsD^NTSeiiaTQïLSTTE ÉSËRVÂTIFcoQlreles ÉPIDÉMIES EXIGER du RICQLÈS Etablisseivients SAVARY GAUTIER (Ingénieur E. C. P. et A. M.^ & O^ OlIMPERLK (Finistère) Expos, univers, de Paris, 1878, 1889, 1900 : 2 Médailles d'or, 4 Médailles d'argent. Expos, intern. des Cidres, Paris 1888 : premier prix, MÉDAILLE D'OR Exposition universelle de Saint-Louis (Etats-Unis d'Amérique^ 1904 : Médaille d'or 126 Diplômes d'honneur et Médailles PRESSOIRS à CIDRE et à VIN à Mouvement vertical BREVETÉS S. G. D. G. MOULINS A POMMES - FOULOIRS A VENDANGE Machines à battre à Manège — Charrues tarares, barattes, broyeurs d-ajonc ENVOI FRANCO DU CATALOGUE SUR DEMANDE PHOTO-SPORT 56, Rue Caumartin - PARIS (9'J Appareils photographiques perfectionnés Modèles spéciaux pour les Colonies JU]VIELiIiES APPAREILS STÉRÉOSGOPIQUES STÎÏ^ § FOIiDïflGS -•XJJK— § I ÎÎ[) DETECTIVES ACCESSOIRES g (^ r en so i*ecoiiiiu;tnflnnt ^ ^ de r (( AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS » /fi 141 Ventilatears aatoméeaniqaes et éleetriqaes de tous systèmes PERFECTIONNES _^ _^ .r^^'cTc)-; \ îii^Mn LE GEKA Breveté S. 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' Membre du Jury-Campement EXPOSITION PARIS 1900 FLEM 40-42, rue Louis-Blanc FABRICANT PARIS Aucieiniemi'Dt 207, Fg-SaiiU-Mailin CAMPEMENT complet et MATÉRIEL COLONIAL Tentes, Cantines, Sacs, Pharmacies, Cuisines, Lits, Sièges, Tables, Objets pliants, etc_ Dépositaire des véritables produits de l'inventeur FÉDIT t;: 1 0) "^ ^ "c?* <0 a o 1-^ A V. a bc •4» -^ • à 0 m 30 0.09 0.50 3.74 Traces No 2 de 0 ni à 0 ■" 30 1.20 p. 1.000 0.60 — 2.97 — 0.20 — Eh bien, ces terres, qui sont pauvres en acide phosphorique et excessivement pauvres en chaux, sont cependant capables, nous le savons par expérience, de pi-oduire du cacao, car il existe des plantations vigoureuses et productives de cacaoyer sur le bord de rivoloina et de l'Ivondro, J'ajouterai que ces terres, malgré leur pauvreté relative à l'ana- lyse, sont capables de donner pendant de longues années, sans le concours des engrais, des récoltes satisfaisantes de canne à sucre. Sans doute, l'analyse des terres permettra un jour de porter un jugement certain sur leur valeur agricole, mais, malheureusement, nous n'en sommes pas encore là. Et nous en sommes particulière- ment éloignés avec les terres tropicales, qui n'ont pas encore fait l'objet de recherches méthodiques et suivies. MM. Muntz et Rousseaux ont écrit avec raison, au début de leur étude sur les terres malgaches : « On ne peut pas appliquer le même coefficient de fertilité à des terres de même composition prises dans des situations de climat très différentes » , et plus loin : « Certaines terres capables de porter d'abondantes récoltes sous un climat chaud et humide resteraient stériles sous un climat tem- péré. » Pour bien montrer toute l'erreur qu'on s'exposerait à commettre si on se permettait de juger de la fertilité des terres tropicales d'après leur composition chimique, en se basant sur les règles géné- ralement adoptées par les agronomes français, je crois devoir reproduire ici les résultats des analyses faites par la Station agro- nomique de l'État Sao-Paolo, sur des terres d'une certaine partie de la région caféière de Compinas. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 383 TERRES DE LA RÉGION DE COMPINAS CONSIDÉRÉES COMME RÉGULIÈREMENT FERTILES ÉCHANTILLON N 0 1 ÉCHANTILLON n" 2 ÉCHANTILLON N° 3 P- 1.000 p. 1.000 p. 1.000 Azote 0.97 1.09 ^o g 1.51 Cette terre Acide phosplio- est consi- rique 0.43 0.29 • -— 1— 1 0.47 dérée comme Potasse 1 . 81 0.63 1.12 riche. Calcaire 0.23 0.16 tL, ?; 1.02 Dans la zone tempérée, de telles terres seraient considérées comme impropres à une culture rémunératrice, sans addition d'en- grais, par suite de leur pauvreté relative en acide phosphorique et en calcaire ; et cependant elles sont capables de produire simulta- nément pendant 2o à 30 ans, sans aucune application de matière fertilisante, d'abondantes récoltes de café et de maïs. L'opinion de M. Dafert, ancien chimiste de la Station ag-rono- mique de Gompinas, mérite bien à ce sujet d'arrêter l'attention : (( Cependant, on a souvent remarqué que les sols estimés les meil- leurs, d'après les idées européennes, se trouvent précisément de qualité inférieure ; ainsi de nombreux échantillons analysés à Gom- pinas et pris sur des plantations renommées pour leurs produits sont des sables d'une extrême pauvreté », et il dit encore : « les pro- priétés physiques ont une bien plus grande valeur. » M. Dafert s'est exprimé ainsi à propos de la culture du café ; les observations que j'ai pu faire au cours de mes voyages, tant à Madagascar qu'ail- leurs, me permettent de croire que son opinion s'applique à beau- coup d'autres cultures tropicales. Il résulte de ce qui précède que, pour tirer de l'analyse des terres des indications exactes sur leur productivité, il faudrait, abstrac- tion faite des méthodes de dosage à employer, au moins posséder, au préalable, une échelle de fertilité basée sur une longue série d'analyses de terrains de la même région en plein rapport. Lorsqu'on se trouve en pays neuf, à quoi peut-on reconnaître qu'un terrain est propre à la culture du cacaoyer? Nous répondrons sim- plement que toutes les terres situées dans les conditions de climat requises conviennent à cette culture si elles sont profondes, saines, Bulletin du Jardin colonial. 27 386 ÉTUDES ET MÉMOIRES riches en humus, et si elles portent une forêt composée de grands et vigoureux arbres. Tous les planteurs de la Trinidad, du Brésil et de la Guyane hollandaise que J'ai interrogés à ce sujet considèrent cette dernière condition comme un critérium et ils ne voudraient^ sous aucun pré- texte, planter le cacaoyer sur une terre vierge simplement recou- verte de broussailles ou d'une maigre végétation arborescente. La présence de certaines plantes croissant à l'état spontané peut aussi donner d'utiles indications, mais celles-ci n'ont qu'une valeur locale. Par exemple, à Trinidad, les meilleures terres à cacao se rencontrent, paraît-il, dans les régions où croissent de vigoureux Oreodox^ et une espèce spéciale de balisier que l'on trouve aussi à la Guyane hollandaise. On est d'accord pour connaître que les terres marécageuses ne peuvent pas convenir au cacaoyer et il en est de même de celles qui, très peu profondes, reposent sur une roche compacte. Dans ces dernières, l'arbre meurt, paraît-il, lorsque le pivot rencontre le roc. Mais on peut parfaitement établir une cacaoyère dans des terrains rocailleux, comme on ne craint pas de le faire à la Trinidad. Les vallées, même lorsqu'elles sont sujettes à être inondées, peuvent convenir au cacaoyer, à la condition toutefois que l'eau n'y séjourne pas après les inondations. On peut planter aussi sur les collines, même quand elles sont très escarpées, mais alors un sol d'une certaine consistance est nécessaire, car s'il était trop meuble les ravinements seraient k craindre. Il va sans dire que si, dans le pays où il s'établit, il existe déjà des plantations de cacaoyer, le nouveau colon doit s'attacher k con- naître les conditions dans lesquelles elles ont été effectuées et profi- ter dans la plus large mesure de l'expérience acquise par ses devan- ciers. A Madagascar, les terres propres à la culture du cacaoyer se trouvent disséminées en parcelles ordinairement assez restreintes dans les étroites vallées des rivières ; elles n'y sont pas couvertes de forêts, mais d'une épaisse brousse de graminées (fatèque) et de longosa (Amomum). La présence de cette dernière plante est cer- tainement un excellent indice de fertilité, car l'amomum ne pousse que dans les terres plus riches ; cependant cette plante se rencontre quelquefois sur des sols un peu humides pour le cacaoyer. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 387 Les terres qui long-ent les fleuves de la côte Est sont ordinaire- ment légères, car elles sont formées d'une alluvion riche en mica très friable, g-énéralement dépourvue d'éléments grossiers, que recouvre une couche d'humus épaisse de 25 à 40 centimètres. Je recommande vivement aux colons de faire, avant de planter, de nombreux sondages sur les terres qu'ils auront choisies, et de ne pas utiliser les parcelles dans lesquelles le sondage révélera la présence d'une couche de sable à une faible profondeur. Dans toutes les cacaoyères que j'ai visitées à Madagascar, et je les ai visitées presque toutes, j'ai constaté que les sujets plantés dans des terres paraissant très bonnes à la surface, mais reposant sur une couche de sable située à une faible profondeur, périssent vers l'âge de 6 à 8 ans. Il est bon de remarquer que fréquemment les alluvions de la côte Est sont formées de couches argileuses assez peu épaisses, alternant avec des couches de sable d'épaisseur également faible ; ces alluvions ne paraissent pas aptes à porter de belles cacaoyères. Les parties les plus basses des vallées, où l'eau séjourne, et où l'on rencontre les Pandanus et le Raphia, ne conviennent pas du tout au cacaoyer. Peut-être pourraient-elles se prêter à sa culture après avoir été parfaitement drainées, mais la question est à étudier. Ce serait une faute d'y planter le cacaoyer sans essais préalables, d'autant plus que leur assainissement coûterait fort cher. On courrait certainement au-devant d'un échec en plantant les collines qui bordent les vallées et sur lesquelles croissent à peu près exclusivement ces Ravenales qui donnent à la côte Est de Madagas- car un cachet si spécial. Il est à remarquer que l'analyse chimique des terres de collines de la côte Est ne fournit pas la raison pour laquelle elles sont impropres à la culture du cacaoyer, comme à celle de la canne et d'autres essences. En efl'et, leur composition chimique est, comme nous l'apprennent les résultats d'analyse rapportés ci-dessous, sensiblement la même que celle des terres d'alluvion des vallées. Mais elles difl^èrent nettement les unes des autres sous le rapport de la composition physique, et c'est là la raison essentielle de leur inégale fertilité. 388 ÉTUDES ET MÉMOIRES TERRE DE COTEAU PRISE SUR LE SOMMET d'uME COLLINE SUR LA RIVE DROITE DE l'iVOLOINA Azote 2. 41 pour 1000 Acide phosphorique 2. 02 Potasse 0. 52 Carbonate de chaux 0. 20 Je crois cependant que dans la région de Maroantsetra, où la belle forêt couvre encore les collines, le cacaoyer pourrait parfaite- ment être cultivé sur les coteaux boisés. J'ai pu voir, dans la pro- vince de Vatomandry, dans une plantation installée k la place d'un bois sur des collines de terre rouge où la couche de terre végétale atteint de 25 à 30 centimètres d'épaisseur, un certain nombre de cacaoyers d'une douzaine d'années, presque suffisamment dévelop- pés et produisant assez abondamment. Les conditions de sol dans lesquelles sont installées les cacaoyères au Brésil, dans l'Etat de Bahia, sont à peu près celles que l'on rencontrerait k Madagascar sur les collines où la forêt existe encore. 11 convient de remarquer que ces terrains formés de latérite comme ceux de Madagascar et du Brésil, perdent leur valeur agri- cole peu de temps après la disparition de la forêt, c'est ce qu'il est facile de constater en suivant les résultats successifs des déboise- ments pratiqués k outrance, dans certaines régions, par les popula- tions indigènes. [A suivre.) Fauciière, Sous-Inspccfeur de l'Agriculture à Madagascar. DIRECTION DE L'AGRICULTURE DE MADAGASCAR LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR RAPPORT DE 1903 [Su lie K ) 2° Boutures herbacées. — Quoique ce procédé donne des résul- tats bien moins satisfaisants que le précédent, nous croyons néces- saire d'indiquer sommairement en quoi il consiste. Ce mode de bouturage ne peut être employé qu'en décembre ou janvier, au moment où le mûrier se trouve en végétation. On choi- sit les boutures sur les jeunes rameaux en pleine pousse. Ils doivent porter quatre à cinq yeux et être presque entièrement effeuillés. La reprise se produit sans trop de difficultés et sans qu'il soit nécessaire de pailler, car on se trouve, en décembre et janvier, au moment le plus pluvieux de toute l'année. La mise en place des boutures herbacées ne peut avoir lieu, au plus tôt, qu'un an après le bouturag-e. Nous avons vu que les bou- tures ligneuses pouvaient être définitivement mises en 'place au bout de cinq à six mois, c'est-à-dire dans le courant de l'hivernage, suivant l'établissement de la pépinière. C'est cette méthode qui, jusqu'à ce jour, a été la plus employée à la Station de Nanisana, mais plusieurs expériences très con- cluantes faites dans le courant de l'année dernière nous ont démon- tré que pour l'installation définitive d'une mûraie il y a un très réel avantage à employer des sujets plus âgés, de 18 mois à 2 ans par exemple, convenablement taillés et dont la tête est déjà for- mée. Toutes les plantations créées dans ces conditions à Nanisana se présentent sous un bien meilleur aspect que les autres. De nou- veaux essais analogues seront recommencés en 1904 ; s'ils con- firment les résultats fournis par les premiers on pourra sans hési- 1. Voir Bullelin n°» 22, 23 et 24. 390 ÉTUDES ET MÉMOIRES tation conseiller d'avoir recours à cette méthode. 11 serait nécessaire dans ce cas, comme le font les planteurs européens, de créer des pépinières d'attente où les jeunes mûriers se développeraient et seraient soignés jusqu'au moment de leur transplantation définitive, c'est-k-dire pendant un an ou deux. Il est hors de doute, si ce procédé est réellement reconnu satisfai- sant d'ici un an, que le Service de Sériciculture devra se mettre, le plus tôt possible, en mesure de livrer aux éleveurs des plants de mûriers préparés de cette façon. Ces plants ne pourront naturellement pas être cédés à un prix aussi bas que les boutures enracinées âgées de six à huit mois, mais le sériciculteur regagnera largement cette dépense supplémentaire en profitant de récoltes plus hâtives et en n'ayant pas à entretenir, pendant un minimum de deux années, une culture de mûriers impro- ductive à cause de son jeune âge. Pour compléter ce paragraphe, il resterait à dire quelques mots du bouturage en place ; cette question sera étudiée en même temps que la transplantation à demeure du mûrier. MURAIES DE LA STATION D ESSAIS DE NANISANA EXPÉRIENCES CULTURALES Généralités. — Les expériences faites depuis trois ans à Nanisana permettent aujourd'hui de donner quelques indications générales pratiques sur la culture du mûrier. Malgré sa rusticité le mûrier croît mal sur les terres de qualité inférieure formant la plus grande partie des mamelons dont se compose l'Emyrne et jamais nous n'oserions conseiller d'y entre- prendre cette culture sur une étendue un peu considérable. Comme toutes les plantes le mûrier se plaît surtout dans les terres jouissant de bonnes propriétés physiques et riches en principes fertilisants, c'est-à-dire renfermant sous forme d'azote, d'acide phos- phorique, de potasse, etc., beaucoup de matières premières à trans- former. Les sols volcaniques de l'itasy et du Vakinankaratra, dont les analyses de MM. Mijntz et Rousseaux ont signalé l'excellente qualité, sont certainement, dans le centre, ceux où il est suscej^tible, d'une manière générale, de donner les meilleurs résultats. On peut citer LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 391 ensuite les alluvions de nature silico-arg-ileuse micacée suffisamment fi-ais, mais bien drainés pour éviter l'humidité stagnante. On évitera, en outre, avec le plus grand soin les endroits marécageux, mais on choisira de préférence les emplacements irrigables et situés autant que possible à l'abri des vents dominants. Aux environs immédiats de Tananarive, le mûrier peut être cultivé avec succès dans les bas-fonds et sur les sols peu accidentés situés à une faible hauteur au-dessus du niveau des rizières, à condition de ne rien négliger pour très bien préparer le terrain en l'amé- liorant par exemple pendant plusieurs années au moyen de cultures préparatoires telles que le manioc, et surtout par l'emploi de légu- mineuses, enfouies en vert, comme le pois mascate (Mucuna utilis) et le voanjobory (Voandzeia subterranea). On peut préparer les terres consacrées à la culture du mûrier en creusant de place en place des trous de dimensions convenables, en faisant des fossés au milieu desquels on procède à la mise en place à intervalles réguliers ou encore, ce qui est bien préférable, en défonçant le terrain en plein sur toute son étendue. 1" Procédé. Trouaison. — Cette méthode est surtout employée pour les mûriers demi-tige, c'est-à-dire ayant un tronc d'environ un mètre de hauteur. Elle consiste à creuser en quinconce, à trois mètres d'écart en tous sens, des trous mesurant au moins un mètre de largeur, de longueur et de profondeur. Cette opération est assez pénible et assez longue à cause de la compacité naturelle des terres du centre. Afin de la rendre j^lus aisée, il est utile de l'exécuter à la fin de la saison des pluies ou tout à fait au début de la sécheresse quand le sol est encore un peu humide et facilement attaquable par l'angady. Dans rimerina Centrale, l'époque la plus convenable se présente à la fin de mars et dans les premiers jours d'avril. La terre des trous est rejetée à droite et à gauche à la surface du sol ; le remplissage se fait en jetant dans le fond de chaque fosse de la terre de surface, des débris organiques de toutes sortes et une dose de fumier ou de gadoue aussi considérable que possible et d'autant plus forte que le terrain est de moins bonne qualité. Le remplissage doit être achevé dans le courant du mois de novembre suivant, c'est-à-dire, peu de temps avant la transplantation à demeure, en mélangeant encore à la terre une certaine quantité de matières fertilisantes. 392 ÉTUDES ET MÉMOIRES 2° Procédé. Fossé. — Ce procédé, un peu plus coûteux que le précédent, peut être employé soit pour la plantation de mûriers demi- tige, soit pour la culture en haie. Il consiste à remplacer les lignes de trous par des fossés d'un mètre de largeur et de profondeur. Cette opération exige exactement les mêmes soins que la trouaison. Lorsque les fossés doivent servir à la création d'une mûraie composée d'arbustes, séparées les uns des autres, on les trace à trois mètres d'écart. Dans le cas où il s'agit de haies, il suffît de laisser entre eux, d'axe en axe, une largeur uniforme de deux mètres. S*' Méthode. Défoncement en plein. — Le défoncement en plein est assurément beaucoup plus onéreux que la trouaison simple ou les fossés, mais il donne des résultats bien supérieurs et présente beaucoup plus de garanties pour l'avenir ; il mérite donc d'être recommandé chaque fois qu'il est possible de faire les sacrifices nécessaires. Nous rappellerons, en même temps, qu'il est préférable de planter cinq cents mûriers dans de bonnes conditions que cinq mille sans prendre tous les soins reconnus nécessaires par l'expérience et la pratique. Le défoncement en plein permet à la terre de retenir, pour passer la saison sèche, une réserve d'eau beaucoup plus considérable. Les racines peuvent s'y développer plus facilement; elles ne sont pas gênées, comme dans les deux cas précédents, par les parois des trous ou des fossés qui finissent toujours, au bout d'un certain temps, par entraver la croissance des mûriers. Enfin les mûraies créées dans diverses conditions à la Station d'essais de Nanisana nous ont démontré que le défoncement en plein donnait toujours un meilleur résultat que les deux autres méthodes. Ce travail doit être exécuté, jusqu'à quatre-vingts centimètres de profondeur au minimum, peu de temps après la iîn de la saison pluvieuse, avant que la terre soit devenue trop dure sous l'influence d'une sécheresse prolongée. Les terres d'Emyrne, si compactes à l'état naturel, s'améliorent d'une manière très sensible au point de vue des propriétés physiques, sous l'influence des labours, des fumures et des cultures prépa- ratoires. Elles deviennent au bout de quelques années de travail assez friables pour bien se laisser pénétrer par les eaux et répondent LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 393 mieux pai* conséquent aux exigences des plantes cultivées. Les pluies violentes ont toujours pour conséquence d'en durcir la surface, mais il suffît de quelques binag-es peu coûteux pour remédier à cet inconvénient. La mise en place peut se faire de différentes façons : soit dans le courant de la saison chaude et pluvieuse, soit en pleine saison sèche pendant le repos de vég-étation. Enfin le mode de culture adopté et F âge des mûriers permettent encore de distinguer diverses méthodes de transplantation à demeure. Les boutures n'ayant que cinq k six mois de séjour en pépinière doivent être transplantées pendant la saison humide et seulement lorsque le régime des pluies est bien établi, c'est-à-dire dans le courant de décembre. On peut également procéder à cette opération en janvier et février, mais il est très prudent de terminer la mise en place avant la fin de ce mois, afin que les arbustes aient le temps de bien reprendre avant l'arrivée de la saison sèche. Il faut également avoir la précaution d'arracher les plants des pépinières avec le plus grand soin pour conserver une bonne motte de terre adhérente aux racines. Toutes les racines brisées ou meurtries devront être sectionnées au moyen d'un instrument bien tranchant (couteau ou sécateur), puis, comme l'arrachage entraîne toujours la perte d'un certain nombre de ramifications radiculaires, il est nécessaire, pour diminuer l'évaporation, de supprimer la plus grande partie des feuilles des jeunes arbres à transplanter. Il est même bon, pour la même raison, d'enlever les extrémités des rameaux encore incomplètement lignifiés. Aussitôt après l'arrachage, qu'il est utile de faire par un temps sombre et pluvieux, on porte les plants sur le terrain de la mûraie, afin de procéder sans retard à la mise en place définitive. Pour cela, on ouvre au milieu de chaque trou préalablement comblé, ou aux endroits indiqués par le piquetage s'il s'agit de fossés ou d'un terrain défoncé en plein, une excavation sufTisamment grande pour loger la motte du plant et assez profonde pour que celui-ci se trouve enterré jusqu'au niveau du collet. Après l'avoir placé dans cette dépression, on ramène la terre autour de la motte et l'on appuie légèrement le sol à la main contre la base du jeune miu'ier. Si l'on redoute la sécheresse, il est bon de répandre autour de chaque plant une couche d'herbes fanées qui empêchera la terre de se dessécher. 394 ÉTUDES ET MÉMOIRES Cette précaution ne doit jamais être nég"ligée quand par hasard la mise en place ne peut avoir lieu que peu de temps avant la fin de la saison des pluies. S'il est absolument impossible de procéder k la transplantation immédiatement après Tarrachag^e, on doit, après avoir elTeuillé les plants, les porter dans un endroit très ombragé et les arroser fréquem- ment. Il ne faut en aucun cas les conserver plus de deux ou trois jours au grand maximum avant de les mettre en terre, 11 semble superflu de dire enfin qu'on doit choisir, dans les pépinières les arbustes les plus vigoureux et les mieux enracinés. Lorsque le but poursuivi est la culture sous forme de mûrier demi- tige, la mise en place doit être faite d'après nos observations, à environ trois mètres d'écart et en quinconce. Cette méthode a l'inconvénient de ne fournir une quantité appréciable de feuilles qu'à partir de l'âge de trois ou quatre ans ; lorsque la mûraie est installée avec des boutures enracinées n'ayant pas plus de six à huit mois, elle a l'avantage de donner des mûriers moins sujets aux attaques des maladies cryptogamiques et notam- ment à celles de l'Ovulariopsis Moricola, sorte de champignon microscopique parasite du mûrier, sur lequel on trouvera quelques renseignements dans la suite de ce rapport. Lorsqu'on désire un rendement plus rapide il est possible, malgré les dégâts causés par l'Ovulariopsis Moricola, de cultiver le mûrier sous forme de haies dont les lignes sont espacées de deux mètres à deux mètres cinquante. Dans cette hypothèse, les boutures enracinées sont mises en place, en prenant les précautions précédemment indiquées, à un mètre d'intervalle, au milieu des fossés dont nous avons parlé précédemment, en suivant des lignes parallèles piquetées, à intervalles réguliers, lorsqu'il s'agit de terrains défoncés en plein. La caractéristique principale des deux systèmes précédents est l'époque choisie pour la mise en place. On peut aussi y procéder en pleine saison sèche, lorsque les plantes sont complètement au repos, c'est-à-dire en juillet. Cette méthode a été mise en pratique à Nani- sana pour la transplantation définitive de mûriers déjà formés, âgés de quinze à vingt mois et mesurant déjà plus de deux mètres de haut. Elle a été faite soit à racines nues, soit en conservant une motte de terre adhérente au plant. Ces deux procédés réussissent parfaitement bien lorsqu'il est LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 395 possible d'irriguer ou d'arroser, pour favoriser la reprise. La mise en place à racines nues de sujets, déjàformés, âgés de deux ans, est même la méthode qui, dans ce cas particulier, nous a donné les résultats les plus favorables. D'une manière générale il est préférable de créer les mùraies avec des boutures ou des arbustes déjà fortement enracinés ; mais il est également possible d'avoir recours au bouturage direct en place qui, quoique donnant de moins bons résultats, est néanmoins susceptible, dans certains cas, d'être utilisé avec profit. Ce procédé peut être employé soit pendant la saison sèche, juste avant la reprise de la végétation, c'est-à-dire à l'époque la plus favorable pour le bouturage lorsqu'on opère dans une pépinière, soit en pleine pousse au milieu de l'hivernage, c'est-à-dire à un moment où la reprise des boutures présente, toutes choses égales d'ailleurs, pour la plupart des végétaux, d'assez sérieuses diffi- cultés. Le bouturage en place de saison sèche s'exécute exactement comme le bouturage en pépinière et ne peut être mis en jjratique que sur des terrains arrosables. Les soins sont les mêmes ; mais comme il est généralement impossible de donner des façons d'entretien aussi soignées à de grandes étendues que dans les planches d'un carré de multiplication, il est prudent de mettre ici en terre un nombre de boutures sensiblement plus élevé que celui des plants qu'on désire obtenir. Ainsi qu'on le verra plus loin, cette méthode a été employée à Nanisana dans le courant de 1903 et a donné des résultats assez satisfaisants. D'autre part, des expériences faites par M. Fauchère dans le courant de l'hivernage 1901-1902 ont démontré que le bouturage en place du mûrier réussit bien pendant la saison pluvieuse alors que les arbres sont en végétation. Ces essais permettent de fournir sur ce mode de multiplication et de mise en place les quelques renseignements suivants : Les rameaux-boutures bien lignifiés doivent être choisis, dans ce cas, exactement comme pour le bouturage ordinaire, mais en ayant particulièrement soin de ne les prélever que sur des branches très saines et très vigoureuses. Pour que les mûriers obtenus de cette façon puissent aisément résister à la saison sèche il est indispensable de planter les boutures 396 ÉTUDES ET MÉMOIRES dès que les pluies commencent à tomber d'une manière régulière. Il est indispensable, en outre, que ce travail soit terminé au plus tard vers le 15 janvier, sauf quand il s'agit de plantations irrigables. Il est possible dans ce dernier cas de prolonger le bouturage jusqu'à la mi-février ; mais il faut dans les deux hypothèses ne pas négliger de mettre en terre un excédent de boutures afin de compenser les manquants. Ces deux méthodes peuvent être employées aussi bien pour les cultures en haie que pour la création des mûraies composées de plants isolés, mais nous les croyons d'un emploi moins commode que l'utili- sation de mûriers élevés en pépinière; ce n'est donc pas, en général, à l'un de ces deux derniers procédés que nous conseillons d'avoir recours. Pour prospérer convenablement, le mûrier demande à être soigné. Il faut maintenir le terrain constamment propre et en ameublir fré- quemment la surface par des labours légers ou au moyen de forts binages. A Nanisana on donne en général trois labours d'entretien par an : un en octobre, quelque temps avant le commencement de l'hivernage, pour faciliter l'infdtration des pluies qui ne vont pas tarder k com- mencer; un deuxième en janvier, et un troisième en mai, à la fin de la saison humide, avant que, sous l'influence de la sécheresse, le sol ne soit redevenu très dur et difficile à travailler. Il faut songer aussi tous les ans, sauf sur les terres riches, à l'ap- plication de fumures (gadoues ou fumier), à raison de 8 à 10 kilo- grammes par plant au minimum, ce qui correspond à des fumures annuelles de dix tonnes environ par hectare. Lorsqu'il est impossible d'avoir recours à ces fumures, l'emploi des engrais verts, poismascate ou voanjobory, est très recommandable. Le pois mascate présente l'inconvénient, quand il pousse bien, d'envahir les mûriers en enroulant ses tiges flexibles autour des branches. Ceci peut être évité en faisant passer de temps à autre dans la plan- tation un ouvrier chargé de couper les tiges de pois mascate devenues gênantes ; mais on préfère cependant à Nanisana, à cause de cet incon- vénient, avoir recours, comme engrais vert, à une autre légumineuse non grimpante, connue dans le pays, sous le nom de Voanjobory (Voandzeia subterranea). Quelle que soit la plante employée, le semis est exécuté au début de LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 397 l'hivernage. L'enfouissement est effectué par un labour au moment de la floraison, c'est-à-dire à la fin de la saison pluvieuse ou au début de la sécheresse. Les autres soins comprennent, quand on le peut, des irrigations destinées à achever le départ de la végétation et la croissance de la plantation, le traitement ^ des différentes maladies ou la recherche des insectes s'attaquant au mûrier, et les travaux détaillés. La taille doit se faire pendant la période de repos, quelque temps avant le départ de la végétation. Elle consiste pour la première ou la deuxième année, lorsqu'il s'agit de mûriers demi-tige, à ne laisser qu'une branche, la plus vigoureuse naturellement, destinée à former le tronc, qu'on élite à 0"' 80, 1 mètre ou 1™ 25 au-dessus du sol. Cette taille provoque le départ d'un certain nombre de rameaux vigoureux à la partie supérieure du jeune tronc, qu'on laisse librement se développer pendant un an. Dans le courant de l'hivernage suivant, et à la même époque que l'année précédente, on supprime tous ces rejets, sauf les trois ou quatre plus beaux et mieux placés qu'on rabat au-dessus du quatrième ou du cinquième œil. Ces bourgeons donnent de nouveaux rameaux, dont on ne laisse que les deux plus forts qui à leur tour sont z^abattus l'année suivante au-dessus du quatrième ou cinquième œil, etc.. On doit, en outre et à n'importe quel moment de l'année, s'op- poser au développement des gourmands et rejets partant de la base du tronc. 1° Murales de Nanisana. — Le mûrier est cultivé àNanisana sous forme de plants isolés, munis d'un tronc ayant de 0'" 80 à 1 mètre de hauteur, et sous forme de haies. Ces deux svstèmes ont leurs avan- tages et leurs inconvénients : 1° Mûriers isolés. — Nous entendons par mûriers isolés des plan- tations formées de sujets indépendants, situés à une certaine dis- tance régulière les uns des autres. La première mûraie de ce genre, c'est-à-dire la plus ancienne, est située au nord du village séricicole et occupe une superficie de 68 ares. Elle comprend 140 mûriers blancs et 5(50 mûriers multi- caules, soit au total 700 plants, situés à 3 mètres d'écart. 1. Voir plus loin le paragraphe consacré à cette question. 398 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le terrain consacré à cette mûraie est de couleur rougeàtre, de nature silico-argileuse et de qualité assez ordinaire, mais il pré- sente le sérieux avantage d'être arrosable depuis un an et demi, grâce à l'existence d'un petit canal d'irrigation de 268 mètres de longueur, construit dans le courant de 1902. Avant d'être transformé en mûraie, ce terrain avait été consacré à des cultures annuelles pendant deux années consécutives. Les travaux d'aménagement ont été commencés en 1900. La pré- paration a consisté en une trouaison à trois mètres d'intervalle, Mûraie de Nanisana âgée de 3 ans 1/2. d'axe en axe, les trous mesurant un mètre de profondeur et d'ouver- ture. Ce travail portant sur 700 plants a permis de se rendre compte qu'en moyenne un ouvrier convenablement surveillé peut faire quatre trous d'un mètre cube par jour. La trouaison d'un hectare aurait donc nécessité, dans le cas présent, 2r30 journées de travail. La mise en place fut exécutée partie durant l'hivernage 1901- 1902 et partie pendant la saison pluvieuse suivante, au moyen de boutures enracinées ayant passé six mois en pépinière. Cette opé- ration a été effectuée après avoir mélangé k la terre de chaque trou une dose moyenne de six à sept kilogrammes de fumier (soit approxi- mativement 6 à 7.000 kilogrammes par hectare). LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 399 En 1901, une deuxième fumure de gadoue, à raison de 7.000 kilo- grammes par hectare, fut donnée à cette mûraie. Cet engrais répandu sur toute la surface du champ fut enfoui à un fer d'angady, c'est- à-dire à environ 0"" 20 de profondeur. En 1902, la fumure annuelle fut remplacée par une sole de voan- jobory; en 1903, on revint à la gadoue dont la Station possédait alors une grosse quantité. Sur cette fumure de gadoue on sema des pois mascates qui furent enfouis par un véritable défoncement à 0'" 60, destiné à compléter le travail préparatoire insuffisant de la simple trouaison. En résumé, depuis le début, ces mûriers ont reçu trois fumures et deux engrais verts, représentant au total unefumurede 28 à30.000 kilogrammes de fumier par hectare. Comme nous l'avons expliqué précédemment on a donné à cette mûraie trois labours d'entretien par an, y compris, bien entendu, celui nécessaire à l'enfouissement des engrais verts, des gadoues ou des fumiers. Ces diverses opérations ont complètement changé la nature du sol qui est devenu très friable et perméable, et a passé de sa couleur rouge brique primitive à une teinte brune beaucoup plus foncée. La taille a été conduite de manière à donner à chaque arbre un tronc d'un mètre de haut. La première opération de ce genre a été faite en juillet 1902. Cette première expérience sur la taille a permis de constater qu'il est bien plus facile de former un bon plant de mûrier blanc qu'un bon spécimen de multicaule. Ce dernier prend difficilement la forme en gobelet qu'il est si aisé de donner au mûrier blanc ou au mûrier du pays. Il est possible qu'il devienne nécessaire, pour cette raison, de lui appliquer une autre méthode de taille à déterminer, ou qu'il soit plus avantageux de le cultiver en haie. Le développement de cette plantation a toujours été très satis- faisant, surtout pour les mûriers blancs qui atteignent actuellement trois mètres de haut. Les pousses de 1902 et 1903 ont dépassé deux mètres de long. L'Ovulariopsis Moricola ^ a fait son apparition sur cette culture dès 1901. Pendant les premiers temps cette affection resta sans 1. Voir plus loin le paragraphe consacré aux maladies et insectes. 400 ÉTUDES ET MÉMOIRES inconvénient, puisque la mûraie n'était pas utilisée pour Téleva^e des vers, puis elle est devenue, à partir de 1903, la cause de la perte d'une assez grande quantité de feuilles, mais sans paraître causer un préjudice appréciable aux mûriers. On a eu éi,^alement en 1901 à lutter contre le Callimation Vonus- tum, puis plus récemment contre l'apparition d'un peu de coche- nille dont on s'est débarrassé au moyen d'un badigeonage à base de savon, dont on trouvera plus loin la composition exacte et le mode d'emploi. Cette mûraie est irrig'uée depuis 1902 à partir du mois de septembre de chaque année jusqu'au moment des grandes pluies. La première cueillette a été exécutée à la fin de 1903 et achevée en février 1904. Elle a fourni au total, à l'âg-e de trois ans, 687 kilo- grammes de feuilles, dont 527 kilogrammes provenant des multi- caules et 160 des mûriers blancs. La moyenne générale pour cette première petite récolte s'élève donc à 981 grammes de feuilles triées par arbre. Pour les mûriers blancs, cette moyenne est de 1.142 grammes. Pour les multicaules, elle s'abaisse à 941 grammes. Ces moyennes correspondent à une production d'environ une tonne de feuilles triées par hectare, avec laquelle on peut produire au minimum, en soignant bien les éducations, 6 kil. 500 à 7 kilo- grammes de soie grège. Toutes les autres mûraies du même genre sont de création beau- coup plus récente. On doit signaler d'abord 168 mûriers bordant le canal d'irriga- tion auquel on a précédemment fait allusion. Ces mûriers ont été plantés dans un terrain compact de très mauvaise qualité sur lequel l'herbe pousse misérablement. On n'a songé à cet emplacement qu'à cause de la proximité du canal d'irri- gation qui permet d'arroser ces arbres sans la moindre difficulté et sans frais appréciable. La plantation a été faite dans le courant de la dernière saison sèche, en juillet 1903, dans des trous d'un mètre cube, ayant reçu chacun une fumure de S à 10 kilogrammes, composée de gadoues. Cet essai mérite d'être signalé ici, surtout parce qu'il a permis d'essayer pour la première fois l'emploi de plants déjà âgés, ayant environ vingt mois d'existence, dont la mise en place, faite pour les uns à racines nues et pour les autres en ayant soin de conserver LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 401 la motte, a si bien réussi qu'on a pu dans un cas pressant tirer de cette petite plantation, en février 1904, malg-ré sa création toute récente, 95 kilogrammes de feuilles nettoyées, c'est-à-dire 565 grammes par mûrier. Le travail d'installation de cette planta- tion a demandé au total 67 journées de travail, se décomposant comme il suit : DÉSIG.XATIOX des travaux NOMBRE DE JOURNÉES DE TRAVAIL OBSERVATIONS Pour la plantation d'essai l'ar hectare com- prenant 1.000 arbres (approxinialil) Piquetage . Trduaison.. Hcniiilissage. Fumure . . . Plantation. 1 34 16 6 10 6 203 99 36 60 Soit environ \>nv joui née d'ouv. 4 f. 91 — — — lOf. 10 — — — 27 f. 7 — — — 16 f. 66 Totaux ou moyenne . . . 67 journées loi journées Le terrain consacré autrefois aux pépinières du Service Fores- tier a été transformé en une mûraie comprenant 480 arbustes mis en place en 1901, 1902 et 1903. Au total, cette plantation occupe une superficie de 48 ares, défoncés en plein, à 0'" 80 ou 1 mètre de profondeur environ. Ce travail a exigé environ cinq cents journées de travail. Les sujets mis en place étaient des boutures enracinées, âgées de six à dix mois, provenant des pépinières de la Station d'Essais. Ces plants ont reçu une fumure de gadoue et de fumier calculée sur le pied de 18 à 20.000 kilogrammes par hectare. Cet essai a permis de constater une fois de plus que les lignes de mûriers plantées à proximité des manguiers manifestent un retard de croissance très sensible. La création en 1903 d'une mûraie de 7.500 mètres carrés, établie à la place d'anciennes rizières de mauvaises qualités, envahies par les carex, nous met en mesure d'étudier en ce moment quel parti la sériciculture peut tirer d'emplacement de ce genre. La mise en place a été faite avec des plants d'âges différents et ne donne donc pas lieu à des remarques' applicables à l'ensemble de la plantation, mais la préparation du sol comprenant un défon- Bulletin du Jar din colonial. 28 402 ÉTUDES ET MÉMOIRES cernent en plein, à 0'" 80 ou un mètre de profondeur, et quelques tra- vaux de drainage ont été les mêmes et exécutés à la même époque pour toute l'étendue de la mûraie. Comme nous l'avons dit, le terrain occupé par ces mûriers est de qualité très médiocre, principalement en ce qui concerne le sous- sol composé d'un sable blanc ou jaunâtre très peu fertile. Le défoncement en plein a exigé 750 bonnes journées de travail. 11 faudrait donc compter sur 1 .000 journées d'ouvrier pour exécuter ce défoncement sur la surface totale d'un hectare. Les fossés de drainage ont, en outre, demandé environ 80 jour- nées d'ouvrier, soit par hectare environ 1 06 à H 0 journées. Le pique- tage à trois mètres en quinconce a nécessité neuf jours de travail, c'est-à-dire 12 journées pour un hectare. Enfin la préparation du sol a été complétée par une fumure de gadoue calculée à raison de 7 à 8 kilogrammes par mûrier, ayant encore absorbé 24 journées de travail pour les 7.500 mètres carrés, c'est-à-dire 32 journées pour un hectare. En résumé, la préparation complète de cette mûraie, mise en place non comprise, a demandé par hectare 1.154 journées se répartis- sant comme il suit : Défoncement en plein à un mètre 1.000 journées. Drainage 110 — Piquetage à trois mètres en quinconce 12 — Fumure à raison de 8 kilogrammes de gadoue par plant 32 — Total 1.154 journées, La mise en place a été faite : 1" Avec des mûriers du pa^^s âgés de 18 à 22 mois, dont 135 pieds ont été plantés en juillet 1903 et 405 en décembre suivant; 2" Avec des mûriers des Philippines et des mûriers blancs, bou- turés aux pépinières dans le courant de la saison sèche précé- dente. [A suivre.) LA RAMIE ET SES ANALOGUES AUX INDES ANGLAISES {Suite K) BlRMAr;^ei> -^^^ 4|k.> 2 3 4 5 Fifî. 22. — Elctaf^c par éclielons. 1. Tifie a. ijinoée en A. 2. RésuUat : ^(Uiniiaads bb'. 3. Gourmand \i rabattn sur son empâtemcul. 1) pincé en B. 4. Résultat: |;ourniands C C\ 5. Gourmand C rabattu sur son empâtement, c (opposé à b) pincé en C. abondantes et certaines se développent sur les bois d'un an et de deux ans. Soit, au moment de la morte-sève, un rameau A (fig. 23), âgé d'un an. Avec la serpette ou le sécateur on le rabat sur deux yeux. Pendant le cours de l'année suivante, il se développe deux bourgeons B et B' (fîg. 23 ). A la deuxième période de morte- sève, le bourgeon B est rabattu à deux yeux, le bourgeon W laissé intact (fig. 23). Pendant l'année qui suit, le rameau A fructifie CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFEIER 423 encore un peu, mais son vrai rôle est celui de rameau charpentier; le rameau B' se met totalement à fruit, avec la plus grande partie de sa nouvelle pousse; le rameau B émet deux bourgeons, G et G (fig. 23 A). Ala troisième période de morte-sève, seul le bourgeon G est rabattu à deux yeux (fig. 23 B). / ^ pér/ode Je morte- sève 2^ période de morte-seve Fig. 23. — Taille par reniplacenienl. T Tige section transversale. 1. A. Rameau de un an, vue en plan. 2. A. Taillé à 2 yeux. 3. Résultat : bourgeons B B'. 4. B. Taillé à 2 yeux. Pendant l'année qui suit, les rameaux B' et G' se mettent k fruit; le rameau G donne deux bourgeons, D et D' (fig. 23 G). A la quatrième période de morte-sève, le rameau B' est rabattu sur son empâte- ment ; le bourgeon D est rabattu à deux yeux et jouera le rôle des rameaux de remplacement B et G ; les rameaux G' et D' joueront le rôle du rameau producteur B' (fig. 23 D). 424 ÉTUDES ET MÉMOIRES Cette taille a pour avantages : 1° de donner plus de rigidité au rameau; 2° de développer au maximum la longueur du bois de bonne production qui, au total, sur les deux rameaux producteurs, FiJ,^ 23' - Taille par remplacement. T. Tige section transversale. Résultat : Bourj^eons G' 1 G. peut atteindre un développement de un mètre vingt à un mètre cin- quante ; 3** de ne laisser subsister que le minimum possible de vieux bois, dont la mise à fruit est incertaine ; 4** d'éviter le grand inconvé- 3^ période de morte - se Fig. 23b. — Taille par remplacement. T. Tige section transversale. G. Taillé à deux yeux. nient de la taille ordinaire qui, permettant aux rameaux un allonge- ment indéfini, les laisse grêles, au point que s'afîalant les uns sur les autres, ils se nuisent réciproquement, et il est de règle ordinaire de voir à la base des plants de caféier d'un certain âge des rameaux atteignant une longueur de deux mètres ne posséder que sept k huit paires de feuilles et vingt à trente centimètres de bois apte à don- ner des fruits. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 425 La taille de remplacement, telle que nous venons de la décrire, peut paraître compliquée ; sur le plant de caféier, alors que les Fig. 23°. — Taille par remplacement. T. Tige section transversale. Résultat : Bourgeons D' 1 D. A B- - D-, V. /3er/oc/e e/e morte sève Fig. 23'*. — Taille par remplacement. T. Tige section transversale. D. Taille à deux yeux. B'. Rabattu sur son empâtement. rameaux se différencient : par leur épaisseur, la coloration de leur bois et leur lono^ueur, elle est d'une application très simple. La valeur réelle de cette méthode, comme de tout autre capable d'influencer heureusement la production, ne pourra être indiquée qu'après un essai pratique suffisamment prolongé. [A suivre.) Edouard Pierrot. NOTES LA FUMURE DU MANIOC La consommation cUi tapioca devenant de plus en plus considé- rable on constate une tendance très marquée à l'extension de la cul- ture du manioc dans nos colonies tropicales et plus particulière- ment à l'île de la Réunion. Il devient donc nécessaire, pour augmenter la production, de recourir aux méthodes rationnelles de cultui^e, capables d'accroître la quantité et la qualité du produit. Les essais faits dans le but de préciser la fumure la plus conve- nable à appliquer au manioc ne sont pas nombreux ; néanmoins, les résultats obtenus à la suite de ces essais peuvent fournir des indi- cations utiles à interpréter pour le choix des engrais susceptibles de convenir à cette plante. 11 nous paraît utile de signaler, dans cet ordre d'idées, les quelques constatations relevées en Indo-Chine et à l'île de la Réu- nion, constatations qui nous paraissent avoir une portée pratique réelle, et qui peuvent inciter les cultivateurs de manioc à se livrer à de nouvelles expériences. On sait que le but à atteindre, dans la production du manioc, est l'augmentation de la richesse en fécule. Un premier point à observer réside dans la sélection rigoureuse des diverses variétés de manioc, cultivées afin d'éliminer celles qui, au point de vue de la teneur en fécule, n'ont qu'une valeur très restreinte. Le manioc amer [Jatropha Manihol L.), à racines à suc laiteux, jaunâtre, acre et vénéneux, est très répandu au Brésil, dans l'Inde, aux Antilles, etc., où il porte des noms divers. Il a donné naissance à deux variétés, l'une à tige rouge, l'autre à tige bleue, que l'on rencontre fréquemment aux Seychelles, à Maurice et Bourbon, dans les terrains non cultivés, situés dans le voisinage de la mer. Le manioc doux, ou cassave douce [Maniliot nipi Plan, ou Jnfro- LA FUMURE DU MANIOC 427 pha LœfJinffiiL.), à tubercules moins volumineux et roug-eàtres et à suc non vénéneux, est plus riche en fécule que l'espèce précédente et paraît être également originaire du Brésil, où il est connu sous le nom de Mandioca mansa. Les variétés de la cassave douce sont assez nombreuses. A La Réunion, on rencontre entre autres le manioc cheval, à tiges bran- chues et à racines peu féculentes, très tardif ; il doit être éliminé des bonnes cultures. La variété la plus riche en fécule est le manioc de Singapore, qui a donné trois sous-variétés : blanche, rosée et bleue. Cette variété gagne du terrain sur une autre très féculente aussi et bien connue à La Réunion sous le nom de manioc Sosso ou manioc de Saint-Phi- lippe, très rustique et donnant de beaux rendements sous tous les climats tempérés de l'île. Voici, d'après Payen, la composition de la racine de manioc : Fécule 23,10 Sucre, gomme 5,63 Cellulose, pectose 1,50 Matières azotées 1,07 Matières grasses. ..'.... 0,40 Sels minéraux 0,65 Eau 67,65 100,00 On remarque de suite la haute teneur en fécule, comparative- ment aux autres éléments. Et si l'on considère que c'est cette richesse en fécule qui constitue la valeur réelle du produit au point de vue industriel, commercial et alimentaire, on voit combien il est impoi^tant de favoriser la production de cet élément. Or, à côté du choix de la variété la plus riche en fécule, il est un autre facteur peut-être encore plus important au point de vue de la culture intensive, c'est l'emploi judicieux d'une fumure capable de pousser à la production de la fécule et de la porter à [son maximum. Précisément, la potasse, que l'on considère, avec raison, comme indispensable au développement des plantes, a pour effet de favori- ser la production de la fécule, de l'amidon et du sucre. Pour toutes les plantes à base de fécule — et nous avons vu, par l'analyse 428 NOTES ci-dessus, que le manioc en est une au premier chef — la potasse est un engrais indispensable pour obtenir de beaux produits. C'est ce qui explique pourquoi les végétaux qui produisent beau- coup de fécule, d'amidon, de sucre, tels que le manioc, la canne à sucre, la pomme de terre, etc., ne peuvent prospérer que dans les sols riches en potasse, et c'est ce qui explique de même l'effet des eng-rais potassiques appliqués sur ces cultures. On a constaté que l'engrais potassique élève la teneur en matières amylacées du grain d'orge et par suite la valeur marchande du pro- duit. Raisonnant par analogie, on peut donc dire que les engrais de potasse élèvent notablement la teneur en fécule du manioc et par suite sa valeur marchande, et c'est là un fait à retenir dans la pra- tique. Le résumé des essais faits en Indo-Chine, et dont il sera question plus loin, fixera d'ailleurs les idées à ce point de vue. Une observation fort intéressante, que nous ne manquerons pas de signaler, c'est que les engrais potassiques offrent l'avantage, non seulement d'augmenter la proportion de matières amylacées, mais encore de réduire celle des matières azotées. Or, dans la culture du manioc, on attribue à l'appHcation d'en- grais azotés la formation des racines amères, celles-ci étant trop riches en azote. M. G. Clarenc, agent des cultures à Diego-Suarez, a observé que la proportion des racines amères paraît être plus grande parmi les cultures faites dans un sol riche en principes azotés que dans celles occupant des sols pauvres en matières organiques. Dès lors, on peut admettre que les engrais de potasse auront pour heureux effet de contrebalancer l'excès d'azote contenu dans le sol et d'empêcher ainsi que les racines du manioc deviennent amères et conséquemment inutilisables. Cette question du manioc amer est de nature à exciter la curio- sité des hommes spéciaux, et il faut espérer que, tôt ou tard, on verra les recherches de l'analyse chimique s'en emparer ; c'est là un point de la plus haute importance, déjà signalé par M. Ed. Du Buis- son, président de la chambre d'agriculture de La Réunion, dans son intéressant ouvrage sur Vile de La Réunion, son présent, son avenir. En Indo-Chine, comme à l'île de La Réunion, on consacre de pré- férence à la culture du manioc les terres profondes, un peu légères, silico-argileuses . LA FUMURE DU MANIOC 429 Des essais de fumure du manioc ont été faits de 1901 à 1903, au champ d'essais de Oug'-Jêm, sous la direction de M. HalTner, direc- teur de l'aiïriculture en Cochinchine. La conclusion que M. Halfner a pu tirer des essais soig'neuse- ment conduits par ses agents de culture est la suivante : « C'est surtout la potasse qui agit sur le manioc. L'addition de cendres très riches en potasse a fourni la fumure la moins chère, donnant le ren- dement le plus élevé. » La forêt fournit une grande quantité de cendres. Après défriche- ment, on réserve un certain nombre d'hectares qui, tous les cinq ans, peuvent donner une coupe. Ces cendres contiennent 5,18 °/o de potasse et, dit M. Morange, directeur du laboratoire agricole de Saigon, elles peuvent être utilisées pratiquement comme source de potasse. Mais en raison de l'importance considérable que l'élément potassique présente pour le? cultures de manioc, cette source ne sutlit pas et l'on doit songer à recourir aux engrais potassiques du commerce. Le tableau suivant, dressé par M. Hall'ner, montre l'influence des fumures riches en potasse (cendres), sur le rendement du manioc cultivé en sol silico-argileux, la superficie de chaque parcelle étant de 300 mètres carrés : NUMÉRO des parcelles NATURE de l'engrais QUANTITÉ d'engrais à l'hectare l'Ofns niî LA rÉcoi.te à l'hectare TUHERCULES FARINE OU rondelles I II III IV V VI VII Témoin kilog. » 15 000 6.000 15.000 3.000 » 350 kilog-. 6.666 8.300 6.666 9.000 10.000 7.000 7.000 kilog. 1.500 1 . 666 1.400 1.866 2.000 1 . 433 1.600 Enj^rais de ferme.. . . Témoin Gendres Engrais de ferme . . . Cendres . Témoin Tourteau de coton . . L'avantage obtenu par l'emploi des cendres, dans la parcelle IV, à raison de G. 000 kilos, a donné une auo-mentation de rendement de 2.234 kilos, l'apport de potasse étant de 310 kilos. Dans un autre champ d'essais, avec 3.000 kilos de cendres, seu- lement, on a obtenu un excédent de récolte de 400 kilos, soit envi- ron 5/6 en moins. 430 NOTES Dans la parcelle V, fumée avec 15.000 kilos de fumier de ferme et 3.000 kilos de cendres, le rendement accuse 10.000 kilos. L'emploi des cendres a augmenté la récolte de 1.334 kilos. Le tourteau de coton n'a pas d'effet sensil)le ; sa teneur en potasse est de 5 kil. 390. Ainsi, les essais du champ de Oug Jêm justifient pleinement, la conclusion de M. HalTner sur l'action prépondérante de la potasse dans la production du manioc. Et il y a tout lieu de croire que l'as- sociation convenable des engrais de potasse au fumier de ferme constituerait la fumure la plus rationnelle. A La Réunion, on a fait aussi des expériences sur la fumure du manioc. D'après M. Jumelle ^, l'engrais ayant donné les meilleurs résul- tats, dans les sols suffisamment pourvus d'humus, est le suivant ; Par hectare Superphosphates de chaux (A 15 % soluble et 33 % insoluble) 400 kilos Nitrate de soude 300 — Chlorure de potassium 100 — Il conviendrait donc de multiplier les essais en ne perdant pas de vue la prédilection marquée du manioc pour l'élément potassique, facteur important à considérer dans la production de la fécule, et correctif de l'azote, car l'excès de ce dernier élément, nous le répé- tons, provoque l'amertume des racines. L emploi des engrais potassiques promptement assimilables serait à expérimenter très sérieusement. Henri Blin. 1. Jumelle, Plantes alimenlaires, p. 57. • RECHERCHES POUR DEVELOPPER LA CULTURE DU COTON DANS LES LNDES ANGLAISES ET POUR AMÉLIORER LA QUALITÉ ACTUELLEMENT RÉCOLTÉE SITUATION DU COMMERCE ET DE L 'INDUSTRIE DU COTON AUX INDES A LA FIN DE DÉCEMBRE 1903 Dans un document, qui quoique non officiel paraît émaner du service de l'Agriculture des Indes, on préconise les mesures k prendre pour arriver à développer la culture du coton aux Indes Anglaises, et à améliorer le produit jusqu'ici obtenu qui est inférieur aux cotons américain et égyptien, et ne répond pas entièrement, par sa qualité, aux besoins des industries cotonnières européennes. Pour mener à bien les expériences nécessaires, on espère obtenir l'appui financier de l'Association anglaise pour la culture du coton (British Cotton Growing Association) fondée en Angleterre dans le but de développer la culture du coton dans toutes les dépendances de l'Empire Britannique. Dans l'étude qui vient d'être publiée, on expose les conditions défavorables qui, jusqu'à présent, ont nui à la production de bonnes qualités de coton et au développement de la culture. Ces conditions sont que cette culture est restée jusqu'à présent entre les mains des paysans indigènes pauvres et ignorants, qui n'ont ni les moyens ni le désir d'abandonner les routines locales pour chercher à améliorer les qualités du coton ; ils ne peuvent, en effet, se procurer d'autres semences que celles produites sur place, ils ne sauraient donner d',ailleurs les soins nécessaires à la culture d'une autre variété que celle qui est couramment plantée dans. leur région, et finalement il résulte des procédés de vente usités, qu'ils n'ont aucun intérêt à produire du coton de qualité supérieure, qui deman- derait plus de soin, donnerait probablement un rendement moindre, car l'acheteur indigène n'apprécie la A^aleur de la récolte qu'au point de vue de la quantité, sans considération particulière pour la 432 NOTES qualité. En ce qui concerne les parties du territoire des Indes qui pourraient être propices à la production du coton et où cette culture n'a pas été encore introduite, le manque d'initiative des indigènes, rig-norance oi^i ils sont des bénéfices que Ton peut retirer de la culture du coton, ainsi que des soins à donner à cette culture et la ditlîculté de se procurer des semences sont autant de difficultés qui resteraient insurmontables si elles continuaient à n'être pas combattues par les intéressés européens. Pour améliorer cette situation défavorable dont les causes sont si bien connues on se propose de multiplier, en les disséminant dans toutes les régions supposées favorables à la culture du coton, des fermes modèles pour : 1° La démonstration expérimentale et la sélection des graines; 2" La culture pratique sur une plus grande échelle. Cette proposition n'est pas nouvelle, et des exjjériences ont déjà été faites dans ce sens sans donner de très grands résultats pratiques, mais il n'y a eu, jusqu'à présent, que des tentatives isolées faites dans une seule région, et dont on ne peut tirer des conclusions définitives. Ce qui paraît intéressant dans le nouveau projet, cest que ces expériences seraient j)oursuivies en même temps dans un grand nombre de localités soumises à des conditions climatériques et géologiques variées avec des semences diverses et conduites au moyen de capitaux mis à la disposition des expérimentateurs qui n'auraient dès lors à supporter directement aucun préjudice matériel en cas de non-réussite. On donne un plan d'organisation bien étudié, divisant les travaux à faire en deux catégories, savoir: 1° recherches expérimentales pour la sélection des semences les mieux appropriées aux diverses régions, amélioration des espèces et démonstration pratique par les résultats obtenus ; 2° cultures sur une plus large échelle en vue de résultats commercialement pratiques. On se propose de commencer, les opérations premièrement dans le Bengale, l'Assam et la Birmanie, se réservant de l'étendre au fur et à mesure du "succès, et autant que possible avec le concours des planteurs de thé et d'indigo dont le personnel européen peut surveiller et soigner les plantations expérimentales de coton, et qui peuvent également mettre à contribution les ouvriers indigènes des plantations sans s'imposer de surcroit de charge considérable. RECHERCHES SUR LA CULTURE DU COTON 433 Les fermes de cultures expérimentales ne devant donner aucune recette en compensation des dépenses, et étant établies pour stimuler la production et améliorer la qualité dans l'intérêt général des cotonniers anglais, on espère que les frais seront supportés par la « British Gotton Growing Association ». Leur rôle sera de: 1° Rechercher, acheter et améliorer les variétés de semences les mieux appropriées ; 2" Prendre des arrangements avec les planteurs et autres, principalement dans l'Assam, le Bengale et la Birmanie, pour ensemencer et cultiver des terrains d'une superficie variant de 1 à S acres de chaque variété, dans le but de reconnaître les variétés les mieux appropriées à chaque district ; 3° Après avoir reconnu les variétés de semences donnant les meilleurs résultats dans chaque district comme qualité et comme rendement, d'organiser sous la surveillance d'un Européen un certain nombre de terrains de culture d'une superficie variant de 5 à 20 acres, dans le but de démontrer aux paysans indigènes les meilleurs moyens de culture, ainsi que le genre de semence convenant le luieux à la localité. On cherchera principalement à améliorer les variétés indigènes qui ont paru donner de meilleurs résultats que les graines exotiques qui seront cependant également expérimentées sur une plus petite échelle. On devra donner une attention toi^te particulière aux arbres cotonniers dont l'existence a été dernièrement signalée, et dont on attend particulièrement de bons résultats pour les raisons suivantes (arbre cotonnier presque disparu du Bengale, dont on a retrouvé dernièrement quelques spécimens) : 1° Son fil est beaucoup supérieur à celui de toutes les variétés indigènes, et aussi à celui de beaucoup de variétés américaines ; 2° Les frais de culture sont beaucoup moins élevés que pour les plantes annuelles; 3° Il produit des récoltes régulières pendant un certain nombre d'années. Comme la qualité du sol, le climat, l'abondance et la régula- rité des pluies varient notablement, même dans les diverses régions d'une même province, il est nécessaire de disséminer et démultiplier, autant que possible, les petits champs d'expérience avant de commencer les cultures sur de grandes étendues sur un même point. Bulletin du Jardin colonial. 30 43 i NOTES La division du travail pour ces cultures expérimentales serait ori^anisée de la façon suivante: Les personnes charg-ées du contrôle auraient pour fonctions : 1" De choisir et de distrijjuer les semences ; ^2" De donner aux planteurs des avis techniques concernant la culture ; -k 3" De fournir les fonds pour couvrir les frais de travaux ; i° De relever et de centraliser les résultats obtenus. De leur côté, les planteurs auraient à: 1*^ Fournir le personnel européen pour la surveillance ; 2° Envoyer des rapports réguliers concernant l'état des cultures, le rendement des différentes variétés et les frais d'exjDloitation ; 3*' S'employer pour le mieux pour encourager les paysans à entreprendre la culture du coton ; 4° Réunir et expédier les produits des fermes expérimentales et démonstratives ouvertes sous leur surveillance. On établirait également dans une localité du bas Bengale une ferme g'énérale plus importante sous une surveillance plus spéciale, dans le but de faire des expériences plus approfondies sur les diverses variétés indigènes et exotiques dans le but d'obtenir et distribuer aux autres centres de culture les qualités de semences améliorées et les mieux appropriées à la culture. On se propose d'entreprendre, d'autre part, des cultures pratiques sur des terrains plus étendus, d'une superficie de 3.000 à 5.000 acres ensemencés avec les g'raines de coton choisies parmi les espèces que l'on suppose, d'après les études déjà faites, devoir donner les meilleurs résultats. En raison de la quantité limitée de graines dont on dispose, on ne peut espérer étendre cette année davantage cette culture ; mais on espère pouvoir, les années suivantes, renouveler ces cultures pratiques sur des champs de superficie plus étendue variant de 100.000 à 150.000 acres. Ces cultures seraient entreprises dans différentes conditions — soit à frais et profits communs avec les j^lanteurs sur des terres qu'ils occupent déjà, soit en faisant des arrangements avec les paysans indigènes qui prêteraient leur terrain, recevraient, en échange, des semences et des avances d'argent, et auraient, par contre, l'obligation de céder à la société la récolte à un prix fixé RECHERCHES SUR LA CULTURE DU COTON 435 d'avance — ou encore en faisunt des avances de semences et d'argent à des cultivateurs indépendants qui auraient la libre disposition de leur récolte, après avoir remboursé les avances reçues. On admet que lorsqu'on aura pu améliorer les semences et reconnu les meilleures variétés appropriées à chaque région, le bénéfice moyen retiré de ces cultures pratiques serait de 15 à 22 roupies (de 2o à 36 fr. 66) par acre. Si bien que puisse être étudié ce projet théoriquement, on ne peut prévoir encore ce qu'il pourra donner dans la pratique. 11 témoigne toutefois d'un ellort nouveau d'union pour répondre à un besoin de l'industrie métropolitaine dont il sera intéressant de suivre les résultats dans l'avenir. Pour le moment, on a réussi à élaborerun projetgénéral d'action, mais il reste toutes les difficultés subséquentes k surmonter, et elles sont nombreuses. Il faut, avant tout, trouver des adhérents entreprenants ou désintéressés pour monter une société et qui, d'après le but étendu recherché, devront être assez nombreux. 11 faudra s'entendre avec les planteurs dont la collaboration qu'on escompte doit former une des bases principales du système, et tous ne sont pas dès à présent convaincus que cette collaboration pourra leur être rémunératrice dans le présent ou dans un avenir prochain, et les conditions difficiles qu'ils traversent, soit comme producteurs de thé dont les prix de vente ne se sont pas élevés en proportion des charges nouvelles qui leur ont été imposées, soit comme producteurs d'indigo qui luttent si difficilement depuis quelques années contre le produit industriel allemand, ne les engagent pas à tenter de nouvelles expériences s'ils n'ont pas l'assurance qu'elles ne leur seront pas onéreuses. La Société projetée pourra sans doute compter sur l'assistance de la « Britisch Cotton Growing Association », mais, d'après les renseignements rendus publics, cette Société évaluait au commencement de l'année dernière qu'elle avait besoin, pour remplir son programme, d'un capital d'environ 1.260.000, mais ce programme ne comportait pas, je crois, à cette époque, une importante action aux Indes, elle doit porter ses efTorts sur toutes les différentes parties de l'Empire Britannique où le coton peut être cultivé, particulièrement en Afrique, et même si les cotonniers anglais s'imposaient de nouvelles charges pour augmenter les ressources de cette société, il est peu probable qu'elle puisse consacrer aux Indes des fonds suffisants 436. INOTES pour faire face à tous les frais d'expériences et d'administration qui seront très élevés en raison de l'étendue du prog-ramme eL du nombreux personnel nécessaire à son exécution. Au point de vue de leurs intérêts bien étendus les industriels métropolitains ont plutôt avantage à porter leurs efl'orts vers des régions nouvelles qui ne possèdent pas encore d'industrie concurrente, que vers les Indes où les résultats qu'ils pourront obtenir peuvent tourner principalement au profit des filatures et des tissages locaux, et non à celui des fabriques anglaises. Il est vrai que le programme de la Société nouvelle prévoit, dès la première année, des recettes provenant des cultures pratiques, puisqu'elle apprécie le bénéfice donné par ces cultures comme devant être de 25 à 36 fr. par acre — mais c'est une affirmation c[ui n'est, pour le moment, appuyée d'aucune démonstration. Il v a donc de bien sérieuses difficultés à vaincre, surtout si on tient compte combien dans tous pays les petits cultivateurs hésitent à abandonner d'anciennes habitudes de culture. Si les expériences de culture dirigées scientifiquement avec grand soin par des Européens donnent tous les résultats attendus, il faudra attendre encore longtemps avant que les paysans indigènes soient amenés à modifier leurs cultures, surtout si les acheteurs qui n'ont pas intérêt à changer leur méthode d'achat n'y sont pas contraints. Un petit cultivateur disposé à soigner ses cultures n'y aura pas plus d'avantage qu il n'en aurait actuellement si la récolte arrivée au centre de marché de la région est mélangée à d'autres de qualité inférieure et appréciée au poids comme c'est la coutume. Pendant tout le courant du mois de décembre, les exportations ont continué à être très actives et ont atteint le total de 21.574.809 roupies, soit 8.427.845 roupies de plus que pendant le même mois de 1902 où elles n'ont été que de 13.146.964 roupies, ce qui porte le total des exportations de coton brut pendant les 3 premiers trimestres de l'année financière (du 1'"'" avril au 31 décembre) à 139.360.145 roupies comme valeur, et à 4.941.602 cent, comme quantité — au lieu de 80.491.161 roupies, et 3.287.340 cent, pendant la même période de l'année 1902, soit l'augmentation considérable de 58.868.984 roupies pour cette partie de l'exercice courant. Les achats de l'Angleterre ont plus que doublé et ont monté de 4.093.443 roupies à 10.168.1 89 roupies — ceux de la France se sont élevés de 4.664.183 roupies à 7.323.497 roupies — tous les pays, sauf la Chine, ont contribué à cette augmentation, savoir : RECHERCHES SUR LA CULTURE DU COTON 437 Relevé des exportations de coton brut du l"'" avril au 31 décembre des années 1901, 1902, 1903: PAYS Royaume-Uni . . . Autriche-Hongrie Belgique France Allemagne Italie Espagne Chine Japon Autres Pays Total. 1901 Roupies 31.05.782 55.26.02:? 47.60.493 36.64.500 1.01 .62.104 77.57.054 11.14.025 96.83.836 3.88.26.297 9.23.673 8.55.23.786 1902 Roupies 40.93.443 79.22.488 1.00.30.071 46.64.183 1.42.54.755 97.99.850 14.88.595 33.30.360 2.33.96.145 15.11.271 8.04.91.161 1903 Roupies 1.01.68.189 1.04.38.170 1.65.05.130 73.23.497 2.59.44.298 1.49.35.527 43.05.042 29.44.733 4.28.28.0^7 39.07.532 13.93.60.145 La conséquence de ces demandes anormales a continué à être très défavorable à l'industrie locale, qui a été en grande partie réduite au chômag-e pendant plusieurs semaines ; heureusement que vers la fin de janvier la situation s'est un peu améliorée, les prix très élevés auxquels avait été coté le coton ayant commencé à baisser. L'opinion générale semble être que la guerre entre la Russie et le Japon sera plutôt avantageuse à l'industrie indienne du coton et au commerce des filés, car le Japon s'est établi depuis quelques années un concurrent dangereux des fils de coton indiens, sur les marchés chinois, et l'on escompte que tout ce qui pourra réduire les expor- tations de ce pays ne peut être qu'avantageux pour les Indes. De plus, le Japon est resté, jusqu'à ces temps derniers, le plus fort acheteur du coton brut des Indes, la cessation de ses achats ne peut que faciliter la baisse des prix au profit des industriels indiens, sinon au profit des vendeurs. LES INSECTES NOTICE SUR LE TOMBOU FOURKOU RÉGIONS DE GOUROUNSI OU SE TROUVE LE TOMBOU FOURKOU Les cocons du Tombou-Fourkou se trouvent réunis en assez grand nombre sur un arbre appelé taba (bambara) ou tagha (g-ourounsi), et dans les environs du 11" parallèle entre la Volta noire et la rivière Pagonoro, sur une étendue d'environ 12 à 15 kilomètres en territoire français. Elle se trouve d'ailleurs dans d'autres parties du Soudan, tout particulièrement dans le cercle de Sigmiri où les indi- S ènes mang-ent les chenilles. 'o RENSEIGNEMENTS SUR LA FORMATION DES COCONS Il est difiicile d'obtenir des renseig-nements à peu près précis sur la vie du Tombou-Fourkou. Dans ce que racontent les indii^ènes, il est bien difficile de démêler la vérité. Les uns disent que la che- nille rentre en terre, puis remontent sur les arbres où elle confec- tionne ses cocons et pond : ceux-là sont d'avis qu'il n'y a pas de papillons. D'autres, au contraire, disent que la chenille produit le papillon, mais ils ne sont pas d'accord sur le moment où les papil- lons prennent leur essor. D'après les renseig-nements recueillis tout récemment, les papil- lons sortiraient vers novembre. Pendant ce mois il a été impossible LES INSECTES 439 d'en avoir ; d'après de nouveaux renseignements, les papillons se verraient au moment des semailles. Le commandant de Léo a fait recueillir de nombreux cocons et les papillons ont commencé à sortir à la date du 9 juin ; les derniers renseignements étaient exacts. Il semble donc que le mois de juin soit le mois oîi les papillons prennent leur essor la ponte s'effectue également à ce moment, ou mieux pendant l'hivernage, après que les cocons ont été tissés. Le papillon est d'ailleurs laid, les moyens dont dispose le com- mandant de Léo ne permettent pas très probablement de pouvoir conserver intacts les papillons jusqu'à leur arrivée à Paris ; l'envoi ci-joint contient une vingtaine d'animaux. PROCEDES DE FABRICATION On i^écolte les cocons, non pas, comme il a été dit, au départ des papillons, mais à n'importe quel moment : ce sont du moins les renseignements donnés par deux hommes d'un village voisin de Léo qui s'occupent spécialement de cette récolte. On enlève l'enveloppe extérieure des cocons, on fait bouillir le reste dans de l'eau contenant de la cendre, et on obtient une soie qui est prête à être filée. Quant au tissage, il se fait paraît-il comme pour le coton, mais l'unique morceau d'étoffe faite de Tombou-Fourkou que le com- mandant du Poste de Léo a pu avoir pendant 14 mois, n'excédait guère 1 décimètre carré de surface. EMPLOI Le Tombou-Fourkou recueilli au Gourounsi est vendu à Boromo et travaillé à Ségou. Le fil seul est d'un usage courant : il sert à orner les boubous des indigènes, principalement le devant et les bords de l'échancrure par laquelle passe le cou. Le Commandant du Poste de Léo a vu plusieurs boubous ainsi ornés, mais il n'a jamais vu un vêtement tissé avec la soie du Tombou-Fourkou. 440 N OTES D'ailleurs on en recueille peu. Etant donné d'autre part le manque d'initiative des Gourounsis (ce produit est moins abon- dant d'ailleurs que semblait le croire un des anciens commandants de Léo), il n'y a rien à espérer du Tombou-Fourkou. Son prix est très élevé, comme on peut se le figurer en pensant que, recueillis au Gourounsi, ils sont vendus, par l'intermédiaire de Dioulas de Boromo et Ouahabou, à des tisserands de Ség-ou ; le fil seul est emjjloyé comme ornement, c'est-à-dire en petite quantité. Léo, le 9 juin 1902. Le Commandant du poste, Lieutenant Delbor. La lecture des notes ci-dessus et l'examen des échantillons d'étofîes provenant de l'Afrique occidentale, possédés par le Jardin colonial, font naître le désir de voir nos colons de Madagascar s'in- téresser aux nids du Bombyx radama. La récolte de ces nids peut se faire dans les forêts sans se préoccuper de l'éducation, et leur car- dage doit fournir une bourre de soie dont le faible prix de revient permettra sans aucun doute un emploi utile. E. Fleutiaux. MAÇON, PKOTAT FKÈREs, iMPiuMEuus. L E dileur-Géraul : A. Challamel. SECHOIRS à Bananesl à CACAO et fruits NOMBREUSES RÉFÉRENCES Presses à balles — Charrues Batteuses — Pressoirs Ph r):El>^ ARISTIDE R, LES OA-T^ft-LOOXTES MAYFARTH & C ^ "^ 6, rue Riquet ÉTABLISSEMENT HORTICOLE SPÉCIAL POUR LINTRODUCTION DES PLANTES EXOTIQUES Economiques et d' ornement . GODEF 4, Impasse GIRARDON, Paris PLANTES A CAOUTCHOUC disponibles au fur et à mesure (ic leur arrivée : Ilevea l)rasiHensis, Gastilioa elastica, Maiiiliot Glaziovii. 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Les citations ou reproductions partielles sont autorisées à condition de mentionner la source. PUBLICATIONS CU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. — Travaux historiques et géographiques. — Arch ve> Etudes économiques Un fascicule de S feuilles i/riiml iii-S''^ jiurdit tous les deu.v mois PARIS — Augustin CHAIJ^AMEL, Editeuk, hue J.vcou, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies : 15 ir. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D ESSAI DES COLONIES Un fascicule de J feuilles grand in-S' parait tous les /n:>is PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNE.MENT ANNUEL iFrance et Colonies) : 20 Ir. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLIC A TION TRIMES TIUELLE PARIS — OcTWE DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France cl Al-rérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Rens3i§nements de l'Office Colonial PUBLIC A TION MENSUELLE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Lista des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : Fr.ince, 5 Ir. — Colonies el Union postale, 6 fr. SOCIETE ANONYME DES Engrais Concentrés à ENTGIS (Belgique; -rt>OSC— K- Canne à sacre, Cacao, ^ Tabac, Coton, Banane, ^ Riz, Café, Thé, Maïs, ^ Vanille, Indigo, Ananas, ^ Orangers, Citronniers, JÎ Palmiers, etc. Engfrais pour Cultures tropicales Cotonnier. PRODUITS Tabac. Superphosphate concentré ou double r 43/00 o/o d'acide phosphorique soluble, dont g/io solubles dans l'eau. Phosphate de potasse. 38 Vo dacide phosphorique, 26 0/0 de potasse. Phosphate d'ammoniaque. 43 o/^ d'acide phosphorique, 6 0/0 d'azote. Nitrate de potasse. 44 0/0 de potasse, 1 3 0/0 d'azote. Canne à sucre. 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Deslandes, sous-inspecteur de l'Agriculture à iMadag-ascar 44^ Culture du Sorgho dans la vallée du Niger et du Haut-Sénégal, par M. Dumas, ag-ent de culture de l'Afrique occidentale . . . 4-^8 Culture pratique et rationnelle du eajéier, par M. Edouard Pierrot (suite) 466 La Sériciculture à Madagascar, par M. Prud'homme, Directeur de l'Ag-riculture à Madag-ascar (suite) 4^1 Culture pratique du cacaoyer. — Préparation du cacao, par M. Fauchère (suite) 490 La Ramieet ses analogues aux Indes anglaises, par M. Big'le de Cardo (suite) 5i6 NOTES Chambres d'isolement contre les moustiques, par le docteur Loir. 024 o Voir au verso « Avis aux abonnes » AVIS AUX ABONNES Tous les abonnés de « l'Agriculture pratique des Pays chauds » recevront gratuitement avec le n" de juillet un exemplaire du CATALOGUE OFFICrEL DE L'EXPOSITION D'AGRICULTURE COLONIALE Organisée au JARDIN COLONIAL du 20 juin au 20 juillet 1905 Ce catalogue contenant la liste des exposants et de nombreuses notices forme un volume de i6o pages orné de 82 photographies. Le Chasse -mouches des Haras éloigne instantanément des animaux et des habitations les TAONS, MOUCHES, MOUSTIQUES, etc.. -«———- Le Flacon : 1 fr. 25 ■'- ^ ■ ' ^ ' Dépôt Général : Laboratoire d'hygiène agricole P RDÏTADH DIRECTEUR - EX-PLÉVE DE L'INSTITUT PASTEUR C DtS^l^^^t^U , CHIMISTE-LAUREAT 27, Boulevard de Reiiilly. - PARIS et chez les épiciers, selliers, maréchaux-ferrants du monde entier. 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La plupart voient pour la première fois en arrivant dans la colonie, la plante dont ils ont imaginé d'entreprendre la culture. Mal préparés, munis d'aucun renseignement pratique n'ayant pas la moindre notion du climat qui régit la culture des plantes des régions dans lesquelles ils se trouveront placés, ils échouent nécessairement ou succombent à la maladie, contre laquelle ils n'ont pas été à même de se prémunir. C'est à ce manque de préparation technique qu'il faut attribuer tant d'insuccès, dont plus particulièrement la Nouvelle-Calédonie nous a offert le lamentable spectacle. Et c'est, en raison de ces échecs même, que suc- cessivement les rapporteurs du budget des Colonies ont chaque fois réduit les crédits d'un chapitre qui pourraient cependant présenter la plus haute utilité s'ils étaient employés d'une façon réellement pratique. C'est ce qu'a voulu indiquer l'honorable M. Le Hérissé, et c'est ce qui a été exprimé, à bien des reprises, au Conseil de perfectionnement de l'Office colonial. Le moyen qui semble être le plus sûr d'arriver à un résultat utile serait, comme l'indique M. le Rapporteur du budget des Colonies, de faire aux aspirants émigrants, non pas des leçons théoriques, mais des démonstrations pratiques en mettant sous leurs yeux les produits et les plantes dont ils devront s'occuper et les instruments qu'ils auront à employer. Cette courte période d'instruction, qui pourrait, pour le moment et à titre d'expérience, être fixée à quinze jours seulement, servirait en même temps à être renseigné sur les aptitudes de ceux qui désirent aller faire de la petite colonisation et permettrait de n'accorder des facilités de passage qu'à ceux qui sembleraient dans les conditions requises pour réussir. Bulletin du Jai clin colonial. 31 442 ARRÊTÉ Afin de permettre à ces émigrants de suivre ces exercices, une alloca- tion de deux francs par jour leur serait accordée pendant ce temps. Les démonstrations seraient faites dans les serres et les cultures du Jardin colonial et les professeurs de lEcole supérieure d'Agriculture coloniale leur donneraient les notions qui leur sont indispensables. La somme de cinq mille francs que M. le Rapporteur indique, comme pouvant être distraite dans ce but du Chapitre de l'émigration, suffirait pour couvrir les frais résultant de cet enseig-nement et de l'indemnité à servir aux futurs émigrants. L" Inspecteur général de V Acjricullure coloniale, J. Dybowski. ARRETE Le Ministre des Colonies, Vu le décret du '2(S janvier 1899 instituant un Jardin d'l*"ssai colonial; Vu le décret du ') mai 1901) portant modification du titre du Jardin d'P]ssai colonial el déterminant ses attributions ; Vu la loi de finances du 3f décembre 1900; Vu le décret du 29 mars 190'2 instituant au Jardin colonial un ensei- gnement agricole sous le nom de <> École supérieure d'Agriculture colo- niale )) ; Vu le rapport de la Commission du budget, Arrête : Art. 1 . — Les émigrants qui remplissent les conditions requises par les règlements spéciaux et sont admis à bénéficier des dispositions appli- cables à l'émigration, devront subir, avant leur départ, une période d'ins- truction pratique, de quinze jours, au Jardin colonial. Art. 2. — Ne pourront être dirigés sur la colonie, dont ils auront fait choix, que les émigrants qui, à la suite de cette période d'instruction pratique, auront été jugés aptes à la colonisation. Art. 3. — Une indemnité de deux francs par jour leur sera allouée pour leur permettre de subir cette préparation. .\rt. 4. — Une somme de cinq mille francs, prélevée sur le chapitre 17, est mise à la disposition du Jardin colonial pcuu' le couvrir des frais résultant des dispositions qui précèdent. Fait à Paris le 2i mai 1905. Clémentei,. ETUDES ET MÉMOIRES LE RAFIA lîOTANlQUE Description. — Le g-enre raphia appartient à la famille des Pal- miers, tribu des Lepidocaryées. L'espèce particulière à Madagascar a été désignée sous le nom de Raphia Ruffîa. C'est la plus belle du genre, et aussi la plus utile. Le palmier raphia existe en très grande abondance à Madagascar, particulièrement dans la partie moyenne de la Côte Est. Son nom indigène est Ralia ou lîolia. Il se plaît surtout dans les endroits humides, et il n'est pas rare de trouver de vastes marais entièrement peuplés de ce palmier. Il y pousse avec beaucoup de vig-ueur, étouH'ant même les autres essences. Il est à remarquer, en effet, que là oii existe ce qu'on appelle, peut- être improprement, une forêt de rafias, le peuplement est compact et ne comporte pas d'autres espèces de plantes. Comme les rafias garnissent presque tous les bas-fonds de la partie moyenne de la Côte Est, c'est dire le nondare énorme de ces palmiers qui peuvent être soumis à l'exploitation. Il est peu de plantes aussi belles. Quand il est en pleine vigueur, il a de quatre à huit mètres de tronc. Ce stipe porte, profon- dément marquées, les traces des feuilles qui sont tombées à mesure que de nouvelles sont sorties au sommet. Souvent même, la base des pétioles embrassant le stipe est restée attachée k celui-ci, ce qui donne un aspect tout particulier à la base du rafia. Les beaux pieds mesurent plus d'un mètre de diamètre. Les feuilles sont érigées et, à leur sommet, s'écartent rég-ulière- ment, formant un magnifique bouquet très symétrique et très gracieux ; sur de beaux spécimens, on en trouve qui mesurent quinze mètres de long-ueur. Le pétiole a, dans sa partie moyenne, la g-rosseur du bras. 444 ÉTUDES ET MÉMOIRES La face interne est creusée d'un léger sillon sur les bords duquel s'insèrent de chaque côté les folioles. Celles-ci mesurent jusqu'à 1 ■" 80 de longueur, et même parfois plus. Elles sont d'un beau vert foncé, mat à la face inférieure ou externe, et luisantes au contraire du côté interne. Ces folioles retombent gracieusement de chaque côté des pétioles et forment contraste, par leur couleur, avec la teinte rouge de ceux-ci. Enfin, au centre du rafia, au milieu de ce bouquet, si régulier que ses contours rappellent la forme d'un vase antique, s'érigent en un cône très allongé les feuilles qui, sortant du bourgeon terminal, ne sont pas encore épanouies. Nous verrons que c'est de ces jeunes feuilles pas encore épanouies, ou qui le sont à peine, que l'on extrait la matière textile qui a fait connaître le rafia en Europe. La croissance du rafia est lente. Je n'ai pas pu recueillir de données certaines sur les âges d'exploitation, de fructification, et sur la longévité de ce palmier. Les indigènes de la Côte Est prêtent peu d'attention aux végé- taux, même aux plus utiles, et comment obtenir d'eux des indica- tions sur l'âge d'un rafia, même en situation exceptionnelle, dans le village, par exemple, alors qu'ils ne savent pas quel est leur âge à eux-mêmes. Je crois qu'on peut sans grande erreur considérer quinze ans comme l'âge approximatif d'un jeune rafia exploitable, mais ce n'est que plus tard qu'il atteint toute sa vigueur, vers quarante à cinquante ans environ. C'est seulement alors que commence la fructification. Les spadices sont terminaux, très allongés, à divisions pectinées et tout d'abord enveloppées de lames gris brun qui, se recouvrant les unes les autres, cachent complètement les fleurs, puis les jeunes fruits. Les fleurs sont monoïques; les mâles ont de six à seize éta- mines, les femelles ont des staminodes réunis en urcéole, l'ovaire est triloculaire. Bientôt, le régime s'épanouit complètement, montrant des cen- taines de fruits jaune rouge, recouverts d'écaillés imbriquées et dont la forme générale e.st ovoïde. Ces fruits sont monospermes ; l'albu- men très dur est ruminé. Dès qu'un rafia commence à donner des régimes, il fleurit et fruc- tifie sans interruption. Sortant de la base du bouquet foliaire, atta- chés par une crosse d'environ dix centimètres de diamètre, les LE RAFIA 44S Jeune Rafia à la Station d'Essais de l'Ivoloina. 4i() ÉTUDES ET MÉMOIRES rég-imes à clifTérents états ne tardent pas à pendre le long- du tronc, ajoutant encore au pittoresque de la plantation. Les fruits mûrs tombent à terre et fournissent bientôt une véri- table pé|)inière de jeunes ralias. Mais la fructification épuise l'arbre ; qu'on se fasse une idée de la quantité de matériaux fournis par le palmier pour la formation des régimes, en sachant que ceux-ci ont en moyenne 2 "' 50 de long-ueur et pèsent 50 à 60 kilos. Voici les longueurs et les poids de cinq régimes de rafia cueillis à la Station d'Essais de Tlvoloina : Longueur Poids 3 •" 25 98 k. 3 '" 25 73 k. 2 "> 40 47 k. 2 - 30 75 k. 2 '" 15 35 k. J'ai mesuré dernièrement un régime de 3 '" 70 qui pesait 125 kilos. Or un rafia peut porter à la fois six régimes à différents états. Il n'est pas étonnant qu'une telle production soit pour l'arbre le com- mencement de la décrépitude. En efTet, à mesure que les régimes se forment, que les fruits mûrissent, les feuilles deviennent moins nombreuses, le splendide bouquet du rafia s'éclaircit, s'étiole. Les vieilles feuilles tombent, et il n'en pousse pas de nouvelles pour les remplacer. Si bien qu'à la fin, en haut du tronc des vieux rafias, on ne voit plus qu'un maigre bouquet de courtes feuilles, surmontant un paquet de régimes disposés autour du tronc. Mais sous ce squelette sont tombés des milliers de fruits qui, peu à peu, recouverts d eau, d'humus, germent et donnent de jeunes plants, ({ui croissent, luttent, s'étouffent les uns les autres. Finale- ment, quatre ou cinq rafias émergeront du fouillis, et remplaceront, cinquante ans plus tard celui qui leur avait donné naissance. La durée de la germination est très variable, et dépend surtout des conditions dans lesquelles la graine est placée. Il lui faut autant que possible un sol très meuble, de l'humidité et une chalear continue. Quel milieu plus favorable que ces peuple- ments de rafias émergeant du marais, le pied dans l'eau et dans LE RAFIA 447 l'humus ; quelle serre chaude est comparable à ces bas-fonds, où l'air est saturé d'humidité et où ne peut pénétrer le moindre souftle de vent ? Dans ces conditions, la germination ne doit pas durer plus de six mois, peut-être même moins. Mais les fruits semés en pépinière ne germent pas avant huit à dix mois, et souvent plus d'une année. On diminuerait sans doute ce temps en utilisant les châssis. L'essai serait intéressant à faire pour des pays qui voudraient introduire le Un régime de Rafia à la Station d'Essais de Tlvoloina . rafia. Pour hâter la germination, on peut retirer la graine des tégu- ments qui l'entourent. Quant au transport des fruits, je le considère comme facile. La stratification peut être employée pour de longs trajets. Pour de courts voyages, elle ne serait même pas nécessaire, l'albumen dur cpii entoure la graine constituant à celle-ci une enve- loppe qui lui conserve pendant un certain temps ses facultés germi- natives. Nous avons réussi, à la Station d'Essais de Tlvoloina (près Tama- tave) des envois effectués à longue distance, en particulier à Bui- tenzorg. Nous devons toutefois noter que, d'après M. Cornu, le regretté 4i-8 ÉTUDES K'V MÉMOIUES professeur de la chaire de culture au Muséum, les graines de rafia s altéraient rapidement, à cause du rancissement des matières grasses contenues dans le fruit, et il disait que pour les faire voya- ger il fallait les décortiquer au préalable, La jjrécaution est assurément bonne à prendre, mais elle n'est pas indispensable, et la graine de rafîa ne doit pas être considérée, pensons-nous, comme étant délicate et de transport difïicilc. AIRE DE DISPERSION Le ralia est une des essences les plus répandues à Madagascar. Toutefois, on ne le rencontre pas dans toutes les régions. Il lui faut pour bien végéter de la chaleur et de l'humidité. L'hu- midité du sol ne semble pas lui sullire. Celle de l'atmosphère paraît au moins aussi nécessaire. C'est ainsi que, dans la partie moyenne de la Côte Est. on trouve parfois de beaux rafias en terrain relativement sec, tandis que ihtns les régions où l'état hygrométrique est moins élevé, près de Maro- voay, par exemple, le même palmier, même poussant dans le marais, ne possède pas la même vigueur ni le même port majestueux. C'est pour la même raison que le rafia ne se rencontre pas dans le. nord de 1 île, même dans les bas-fonds humides. En parcourant ces régions, je ne l'ai remarqué en peuplements qu'à partir de la vallée de Bemarivo, entre Vohémar et Sahamba- vany. Encore n'y est-il représenté que par des bouquets clairsemés, et les spécimens sont de vigueur médiocre. Le sud de l'Ile, comme l'extrême nord, est dépourvu de rafia. Toute la région à climat désertique de l'Androy et du Mahafaly ne compte pas ce palmier dans sa flore, composée principalement de Cactées et d'Euphorbiacées. Mais on ne le rencontre pas non plus près de la côte, en s'éloignant de Fort-Dauphin. C'est seulement environ à partir de Farafangana que le rafia paraît; encore est-il loin d'être très répandu dans cette région. C'est une essence de la région côtière ; en s'éloignant de la Côte Est, on voit les peuplements de rafias diminuer rapidement, et ce n'est bientôt plus que par sujets isolés que se présente le palmier textile. Sa vigueur diminue aussi à mesure que l'altitude augmente. Pourtant, on le rencontre dans les bas-fonds abrités de la région centrale, et LE RAFIA 449 il existe même aux environs de Tananarive à létat de sujets isolés ou de jDetits bouquets. II y est d'ailleurs trop rare et de croissance trop lente pour y être exploité. Vers la partie moyenne de la Côte Est, on peut considérer que la zone de vég-étation vigoureuse du raiîa ne dépasse pas 400 à 500 mètres d'altitude. Maison en rencontre, ainsi que nous l'avons dit, de nombreux spécimens et même des bouquets en dehors de cette bande littorale. Les plus jolis peuplements de ralia se trouvent dans les provinces de Maroantsetra, Fénérive, Tamatave, Andevorante, Vatomandry, Mahanoro. Il en existe de fort étendus, par exemple le long' du canal des Pang'alanes, ou sur les ri^•es de l'Iaroka et, dans toutes les régions précédemment citées, dans les bas-fonds marécageux. Sur la Côte Est, le rafîa est par excellence une des plantes du pa3's Betsimisaraka. Ç est au Bemarivo, en eifet, que cette race commence à former le fonds de la population indigène, composée plus au nord de Sakalaves en majorité, et si, au sud de la province de Mananjary, on en trouve dans le pays en Antaimoro, du moins le rafia y est-il beaucoup moins abondant que dans la partie moyenne de la Côte. Nous verrons quels sont les multiples usages du précieux palmier en pays Betsimisaraka et nous serons forcés de conclure que, sans lui, les conditions de la vie indigène sur la Côte seraient fortement modifiées. Sur la Côte Occidentale de l'Ile, le ratia existerait, d'après M. Duchêne, directeur de la Station d'Essais de Marovoay, à l'ouest d'une ligne partant de Tuléar, passant vers Andriba et se dirigeant vers Diego. Toutefois, il est loin d'être également réparti dans cette région. La fibre n'est fournie en grande quantité que par le cercle d'Anala- lava, la province de Majunga, le cercle de Maevatanana (75.000 francs en 1903) ; Marovoay a exporté, en 1904, 231.120 kilogrammes de rafîa, valant 120.530 francs. A Andriba se trouve un marché de rafîa d'une certaine importance, où les indigènes de la région centrale viennent s'approvisionner. Mais, en somme, le rafîa est loin d'avoir sur la Côte Ouest la même importance que sur la Côte Orientale. L'exploitation est faite par les indigènes depuis un temps immémorial. Après avoir 4o0 ÉTUDES ET MÉMOIRES fortement diminué au moment de la conquête, elle a repris son ancienne activité. Quelques concessionnaires de la Côte Ouest ont des forêts de rafîa, mais ils n'exploitent pas eux-mêmes cette richesse naturelle, et se contentent de percevoir un droit sur les indigènes qui viennent couper le rafia chez eux. L'exploitation en vue de l'exportation n'existe qu'auprès des centres. A une certaine distance des villes, les Sakalaves n'utilisent plus le rafîa que pour leurs besoins, c'est-à-dire la confection de gros- sières rabanes et d'un tissu serré avec lequel ils font des mousti- quaires. C'est pourquoi, dans certains endroits voisins cependant de bois de rafîa, on paye la fibre jusqu'à 2 francs le kilogramme. HISTOKIQIIE Ce n'est que depuis peu d'années que le rafia est exporté de la Grande Ile, et surtout qu'il est expédié jusqu'en Europe. De temps immémorial, il est utilisé par les indigènes pour la con- fection de rabanes et sert en outre à de multiples usages (jue nous passerons en revue plus loin, mais ce produit ne donnait lieu qu'à un faible commerce. M. Dupuy, négociant à Tamatave, et qui habite cette localité depuis 18()!2, a bien voulu me fournir les renseignements (jviil possède sur la question, et je tiens à l'en remercier vivement. Vers 1860, tout le commerce d'exportation de rafia consistait en rabanes qui étaient envoyées en assez grandes quantités, mais ne donnaient lieu, vu leur bas prix, qu'à un mouvement d'argent assez faible. C'étaient, en effet, des tissus forts grossiers, qui étaient employés à Maurice et à La Réunion à faire sécher le sucre. On en faisait aussi, dans ces îles, des sacs servant à l'emballage du sucre, delà fécule d'arow^-root, du café vert, etc A son arrivée à Madagascar, M. Dupuy a fait lui-même d'impor- tantes expéditions de rabanes sur le marché de Maurice, où lécoulement en était facile vu les besoins des usines sucrières. Andévorante était alors le centre de production des rabanes communes, et cette région en fournissait de grandes quantités. Elles valaient sur place de 15 à 20 francs les 100 rabanes. La plupart, nous l'avons dit, étaient achetées par les commerçants de la Côte pour être expédiées à Maurice et à La Réunit)n. Mais une LK RAFIA 451 certaine quantité servait à emballer les nuuvliandises, princi- palement les toiles, qui s'expédiaient en jj;-randes quantités sur Tananarive. Jusqu'en 1875, le rafia fut inconnu sur le marché européen. Il est ditïicile de savoir qui. le premier, eut l'idée d'exporter ce produit. D'après M. Dupuy, cet honneur reviendi^ait à M. Guénot, de Vato- mandr^^ Ces premiers échantillons furent expédiés sur le marché de Londres, par l'intermédiaire de la maison Procter Brothers. La même année, la maison Oswald et C" commençait ii envoyer du rafia par Tamatave, et bientôt presque toutes les maisons se livrèrent au commerce de ce produit, (jui existait en g-rande abondance, avait été reçu favorablement en Europe, et que l'indigène fournissait à bas prix. Les cours, à cette époque, furent de 15 francs les 50 kilog-rammes au début, pour s'élever g'raduellement. Les expéditions continuèrent jusqu'en 1878; mais les stocks expédiés étant devenus trop considérables, une baisse se produisit sur le marché européen, et l'expédition cessa brusquement pendant quelque temps, pour permettre l'écoulement des stocks. Depuis lors, la consommation du rafia a beaucoup augmenté, malgré l'élévation des prix ; le marché étant plus étendu, les cours se sont rég'ularisés, et l'on ne constate pas sur le rafia les mêmes variations brusques de prix (jui affectent certains autres produits coloniaux. Le prix à Tamatave, pour les rafîas de première qualité, varie de 22 fr. 50 à 30 francs les 50 kilogrammes, marchandise en vrac. Le gouvernement Hova faisait payer à la sortie un droit de 1 fr. 65 par 50 kilogrammes de rafia. Actuellement, il n'y a pas de droit de sortie. A l'entrée en France, le rafia originaire de Madagas- car est exempt de tout droit lorsqu'il est accompagné d'un passa- vant originaire de la colonie. EXPLOITATION Le palmier rafia a des usages multiples. Mais c'est surtout par la fibre qu'il fournit qu'il est précieux. On exploite le rafia à toute époque de l'année, mais c'est surtout vers les mois de juillet à septembre que les indigènes coujiBnt les feuilles pour les exploiter. 452 ÉTUDES ET MÉMOIRES Quand un rafîa a atteint Tâg-e auquel il peut fournir la fibre, on peut couper deux feuilles par an, ;i six mois d'intervalle ; les feuilles exploitables sont les plus jeunes, celles qui se détachent du cône terminal. Pour donner un bon produit il faut qu'elles ne soient pas encore épanouies. D'après ce qui précède, on comprend qu'on ne peut couper qu'une feuille à la fois sur le même arbre. Les folioles sont appliquées contre le pétiole, les unes recouvrant les autres, et l'ensemble formant un cylindre, ou mieux un cône très allong-é de G, 7, 8 mètres de long'ueur. suivant la vigueur et l'âge du rafîa. Le pétiole a déjà pris sa teinte roug-e, mais les folioles sont jaunes. L'extrémité seulement commence à verdir légèrement. Si nous séparons les folioles du pétiole, nous voyons que chacune se compose de deux parties, rabattues l'une contre l'autre, se tou- chantparla face qui serait devenue, à l'épanouissement, lecôté interne et supérieur de la foliole. Ces deux parties en contact sont recou- vertes intérieurement d'un épidémie très fin, jaune, légèrement verdàtre, qui n'est autre que le rafia. Gomment l'indigène exploite-il ce produit? Le Betsimisaraka, qui est par excellence l'habitant du pays à rafia, ne soumet pas les palmiers de sa région à une exploitation régulière. Les neuf dixièmes des rafias, et peut-être plus, ne sont pas tou- chés par l'homme. Ce sont ceux qui se trouvent à proximité des villages qui, natu- rellement, sont le plus régulièrement exploités. Mais il ne faudrait pas croire que l'indigène considère le rafia comme une richesse dont il lui appartient de tirer le plus pos- sible, par un travail somme toute peu pénible. Pas du tout; en règle générale, il fera du « rafia » pour son usage personnel, s'il a besoin de remplacer son akanjobé, si sa femme n'a plus de simbo. Alors, il part couper la quantité de feuilles- suffi- sante, les apporte à sa case, sépare les folioles par quelques coups d'antsy et les met en petites bottes. Le reste est le travail des femmes. Si le besoin d'argent se fait sentir, par exemple au moment du payement de l'impôt, l'indigène recourt assez souvent au rafia. Mais dans ce cas, il lui en faut une assez grande quantité, qu'il ne trouverait pas à proximité du^village. LE RAFIA 453 Alors il va s'installer pour quelques jours avec sa famille, dans un (( village de rafîa », sorte de village composé généralement de deux ou trois cases sommaires, et situé au milieu ou au bord d'une forêt de rafîas. Il coupe le plus de feuilles possible, et les femmes préparent les fibres, les font sécher, les mettent en paquets, "et, au bout de quelquesjours, la récolte est suffisante pour représenter, au cours de la ville la plus proche, les quelques piastres dont l'indi- gène avait besoin. D'ailleurs, il ne se pressera pas dans sa besogne, le temps n'est rien pour lui. EXTRACTION DU RAFIA Le rafîa commercial n'est pas autre chose que la partie épider- mique supérieure des folioles du rafia. Chaque foliole comprend deux parties séparées par une nervure s'insérant sur le pétiole. Les points d'insertion de ces nervures forment sur le pétiole deux lignes régulières qui sont séparées entre elles par une dépres- sion arrondie. A l'état jeune, alors que la feuille à peine dévelop- pée se détache du cône central sortant du bourgeon terminal, les folioles sont appliquées dans une position verticale contre le pétiole de la feuille. Quant à la foliole, les deux parties planes qui la composent sont appliquées l'une contre l'autre, se touchant par la partie qui, à l'épanouissement, sera la double face supérieure de cette foliole. Les jeunes feuilles étant coupées sur le palmier et apportées en paquets près des cases ou dans le village de rafîa, le Malgache, muni de son antsy ou petite hache, prend les feuilles une à une et, les tenant par la partie supérieure, coupe très habilement les folioles près de leur point d'insertion. Les folioles de l'extrémité, d'une dimension trop faible, et qui souvent commencent à se déta- cher du pétiole, sont rejetées. Toutes ces folioles sont réunies ; les femmes, munies d'un cou- teau, séparent très habilement la nervure médiane des deux parties du limbe. Ces demi-folioles sont alors réunies en botillons. Tout le reste du travail est fait exclusivement par les femmes ; c'est plus particulièrement la préparation du ralia commercial. Les lamelles réunies en paquets présentent deux faces différentes 454 ÉTUDES ET MÉMOIRES d'aspect : lune d'un jaune blanchâtre complètement mat, et c'est la face inférieure ; l'autre présentant une teinte à peu près sem- blable, mais d'un aspect luisant dû à Tépiderme, qui n'est autre que le « rafla ». Chaque femme s'assied en face d'une bûche de bois, et munie d'un couteau peu coupant, saisit une des lanières du paquet qu'elle a placé à côt^ -d'elle. Préparation du Rafia. Bao, Vdvo, paquet de Talankira, store en talankira. Elle pose la lanière sur la bûche, la partie médiane de la lon- gueur bien applifjuée contre le bois, et en ayant soin que la face mate de la feuille soit en dessus; d'un coup rapide de son couteau, donné transversalement, c'est-à-dire dans le petit sens de la feuille, elle coupe celle-ci, moins toutefois la partie inférieure qui, plus résistante, n'est pas tranchée par la lame du couteau ; le cou- teau est posé à nouveau sur la lanière foliaire, près de l'endroit sectionné, puis d'un mouvement rapide, le couteau restant fixe, et maintenant la feuille appli([uée contre la bûche, la femme tire vivement l'extrémité de la lanière, la lame du couteau pénètre dans la coupure déjà faite, et toute l;i [)artie qui a été sectionnée se LE RAFIA 455 trouve enlevée ; prenant ensuite le couteau de l'autre main et opé- rant de même dans Tautre sens la femme enlève tout aussi rapide- ment la partie correspondante de la feuille située du côté opposé. 11 lui reste alors dans la main une très mince lanière végétale qui n'est autre que la couche épidermique supérieure de la jeune demi- foliole, c'est-à-dire le (( rafia ». Cette fibre est naturellement le produit principal fourni par l'ex- ploitation du palmier rafia, mais, ainsi que nous le verrons, presque toutes les parties du végétal sont utilisables. C'est ainsi que les nervures des folioles sont soigneusement mises en paquets : ce sont les talankira qui serviront à la confec- tion des nasses à poisson et à de multiples usages domestiques. Les pétioles des feuilles, qui peuvent dépasser huit mètres poul- ies feuilles exploitables, peuvent fournir des « bao ", c'est-à-dire des supports pour les charges à porter sur l'épaule. Mais générale- ment, le Malgache préfère les bao provenant de leuilles plus âgées, qui sont plus solides et sèchent plus vite. Dès que les fibres de ralia ont été extraites comme nous l'avons expliqué, les longues lanières très minces qu'elles forment sont réunies en petits tas ou en couches minces, en plein soleil. On les met généralement sur la terre nue ; les nattes sur lesquelles on pourrait les placer diminueraient sans doute la chaleur en réfléchis- sant une partie plus considérable que le sol dur qui ne la réfléchit qu'en partie et conserve lui-même du calorique. A cet état, le rafia est humide, de couleur blanc verdàtre et presque transparent. Par un beau soleil, une demi-journée suffit à assurer la dessicca- tion complète de la fibre. Il est préférable pour la qualité icar. Bulletin du Jardin colonial. 32 CULTURE DU SORGHO DANS LES VALLÉES DU NIGER ET DU HAUT SÉNÉGAL Le sorg-ho ou gros mil, Nion ou Bembéré en langues Malinké et Bambara, du genre Sorghum vulg-are (Pers.) ou Holcus sorghum (Z) ou Andropog-on sorghum (Brot. ) est une plante annuelle de la ti'ibu des Andropog-onés, famille des graminées, pouvant atteindre cinq à six mètres de hauteur. Les tiges, grosses à la base de deux à trois centimètres de diamètre, sont garnies de feuilles engainantes, terminées en pointe, à nervures parallèles, long-ues de cinquante, soixante et quatre-vingts centimètres, larges de cinq à dix. Elles émettent g-énéralement des racines adventives aux nodosités inférieures. Fréquemment les bourg'eons latéraux se développent et produisent une inflorescence. L'inflorescence du sorgho est une panicule. « Les épillets sont com- <( posés de deux fleurs, l'inférieure neutre et à une seule glumelle, « la supérieure hermaphrodite ou unisexuée ; ils sont géminés ou M ternes, Tintermédiaire sessile et fertile, les autres pédicellés et « stériles. Les glumes deviennent dures et sont mutiques. Les « glumelles, plus courtes qu'elles, sont : l'inférieure mutique ou « aristée dans la fleurhermaphrodite, la supérieurepluspetite, mutique « et quelquefois nulle. Les deux glumelles sont tronquées et ordinai- « rement g-labres. Il y a de une à trois étamines et un ovaire « sessile, glabre, surmonté de deux styles stigmatisés plumeux. » (H. Bâillon.) Le fruit est un caryopse plus ou moins libre entre les g-lumes ; cependant celles-ci peuvent former induvie dans certaines variétés. La panicule, plus ou moins lâche, dressée ou renversée, à branches plus ou moins long'ues, érig-ées le long' de l'axe central ou retombantes, la forme du grain, sa g-rosseur, sa plus ou moins grande liberté entre les glumes, la longueur des g-Iumes par rapport au grain, sont autant de caractères qui permettent de différencier les variétés de sorg-ho cultivées par les indig-ènes. Au sujet des variétés, il importe de savoir d'ores et déjà que les CULTUKE DU SORGHO 459 noms en changent avec les provinces, et même que le nom d'une variété dans tel cercle peut désigner une variété différente dans un autre. Cette multiplicité et cette confusion des dénominations n'est pas sans embarrasser la description. Si l'on s'en rapporte seulement aux caractères botaniques on s'aperçoit bien vite que le nombre des variétés n'est pas considérable. VARIÉTÉS DR SORGHO DU MOYEN NIGER 1" Keudé bile ouKeudé rouge. — C'est le plus petit des sorghos cultivés. Sa tige grêle, de un mètre cinquante à deux mètres de hauteur, est terminée par une panicule lâche et peu garnie. Les glumes de couleur rouge vif dépassent un peu le grain, qui. à maturité se trouve libre, entre elles. Le grain est petit, rouge, brillant, comme vitrifié, de forme allongée, pointu à une extrémité. D'excellente qualité, le Keudé rouge est très estimé des indigènes qui le consomment cuit à la vapeur d'eau, comme le riz, sans pilonage préalable. Il se conserve sans altérations deux ans en magasin, où les insectes l'attaquent peu. Cette variété se récolte après cent à cent dix jours de végétation. Sa grande précocité lui permet d'échapper au ravage des criquets. Malheureusement le rendement toujours faible n'encourage pas à se livrer en grand à sa culture. Il se sème en terre argilo-siliceuse. 2" Nionifi. — Le nionifi a une puissante végétation. Sa tige atteint quatre et cinq mètres de haut, les feuilles dix à douze centi- mètres de large. La panicule est serrée, très fournie, avec des rameaux longs et rigides. Les glumes, plus courtes de moitié que le grain, l'enserrent fortement à maturité. Elles sont arrondies à leur extrémité et généralement noires. Le grain est gros, aplati, ridé à sa partie inférieure, de couleur blanchâtre tachetée de rouge. Ce mil est peu estimé à cause de sa grossièreté. Sa conservation en magasin est difficile. Cependant sa précocité, son rendement élevé le font apprécier pour la culture, surtout dans les années de disette où l'indigène est pressé de faire une récolte. Les semis s'exécutent alors au début de l'hivernage. Il se récolte après cent vingt jours de végétation. 11 peut donner trois mille kilos de grains à l'hectare. Les terres fortes lui conviennent bien. 460 ÉTUDES ET MÉMOIRES 3° Keniki. — Le keniki est le plus communéTnent cultivé en pays Bambara el Malinké pour son grand rendement, sa bonne conservation et ses qualités alimentaires. La tige du keniki atteint quatre à cinq mètres de hauteur mais reste grêle. Les panicules ont jusqu'à soixante centimètres de long et leurs rameaux pendants de quinze à vingt centimètres. Elles s'inclinent sous le poids des grains. Ceux-ci sont gros, blancs, légèrement tachetés de rouge ou de noir. Leur forme est une ovale aplatie. A maturité, le grain est libre entre les glumes qui sont un peu plus courtes. Semé au commencement de l'hivernage, le keniki se récolte après cent cinquante à cent soixante jours. C'est le gros mil le plus commun sur les marchés. Il craint les terres humides. i° Bemberi. — Le bemberi se rapproche beaucoup du précédent comme durée de végétation, rendement, conservation et qualités alimentaires. Ses panicules sont également très longues ; mais son grain est plus gros, très pointu aux deux extrémités, plus allongé, d'un blanc plus brillant. Les glumes sont généralement noires, pointues, de même longueur que le grain qu'elles laissent libre à maturité. 5° Keudé blanc. — Le keudé blanc est petit comme le keudé bile. Le grain, également petit, s'en distingue par sa couleur blanche. Les glumes au lieu d'être rouges sont blanches ou noires. Le rende- dement est plus élevé ; il donne jusqu'à quinze cents kilos à l'hectare. La principale diiîérence réside dans la durée de végétation, cent cinquante à cent soixante jours. Le keudé blanc et le keudé bile ne sont cultivés que par les chefs de case importants. De Korve à Ségou on rencontre beaucoup de lougans de cette variété. 6° Amadi boubou. — Cette variété se distingue par sa floraison : l'axe principale de la panicule se recourbe en crosse après la fécon- dation. Aussi certains botanistes ont-ils faits de cette variété et de celles qui présentent le même caractère une espèce spéciale, leSorghum cernum. L'amadi boubou est très vigoureux, trapu, feuillu. Sa hauteur est de deux à trois mètres seulement. Il taie peu. La panicule est courte, à rameaux serrés et rigides. Le grain gros, arrondi à sa partie CULTURE DU SORGHO 461 supérieure, pointu à l'inférieure, est aplati sur une de ses faces. Variable est sa couleur, rouge ou blanche, mais toujours terne. Les glumes velues, courtes, arrondies, recouvrent à moitié le grain qu'elles enserrent à maturité. Ce mil est d'assez bonne qualité, se conserve bien. Il est surtout cultivé pour l'alimentation des chevaux aux environs de Ségou. Il est aussi assez répandu dans le Fouta. La durée de la végétation est de cent trente-cinq à cent quarante-cinq jours. II demande des terres fortes. 7° Hassa-Kala, Sorgho à sucre, Sorghumsaccharatum(Brot.). — Cette variété, dont certains auteurs font une espèce, est cultivée pour ses tiges sucrées. Lapanicule lâche, flexible, à longs rameaux, s'incline fortement à maturité. Les glumes sont blanches, légèrement tachetées de rouge, de même longueur que le grain, qu'elles enserrent intimement. Le grain, de grosseur moyenne, rouge foncé, comme torréfié, est aplati d'un côté et bombé sur l'autre, plus large à la partie inférieure. Il est peu estimé, même pour les animaux. La végétation demande cent quarante à cent cinquante jours. Le Hassa-Kala est cultivé surtout dans le Macina quelque peu en pays Malinké. On en porte sur les marchés de Kayes et de Bafou- labé. Il pourrait présenter de l'intérêt pour l'extraction du sucre, la fabrication de sirops, la distillation. Le suc des tiges contient 12 "/o de sucre de canne, ([uantité qui doit certainement Avarier avec le terrain, la saison, etc., mais que la culture pourrait développer comme cela a lieu pour la betterave. 8° Faraoro. — Le faraoro, ou mil des teinturiers, doit tout son intérêt à la couleur rouge que fournissent la tige et la partie engainante des feuilles. Il est cultivé exclusivement par les cordon- niers pour la teinture des cuirs. Le grain donne des coliques aux animaux. Aussi est-il important de reconnaître sa présence dans un lot de grains ou dans un champ. Le grain est gros, arrondi à sa partie supérieure, d'aspect gris sombre, bleuté. La plante se distingue aisément à la coloration rouge des tiges, comme il vient d'être dit. Les panicules sont fournies, serrées, longues de vingt à vingt-cinq centimètres, avec des rameaux très courts. Les glumes généralement rouges, de même longueur que le grain, ne s'en séparent que par un léger pilonage. On obtient la 462 ÉTUDES ET MÉMOIRES couleur rouge par macération prolongée dans l'eau des parties colorées. Elle est appliquée sur les cuirs au moyen d'un mordant, ordinairement des cendres végétales. VARIÉTÉS DE SORGHO DES HAUTES VALLÉES DU NIGER ET DU SÉNÉGAL Dans la Haute Guinée et les régions limitrophes la culture du sorgho n'est qu'accessoire. On y compte cependant plusieurs variétés. Voici les plus répandues : Le bembéri-ba ou Niogué ou Bessegué, bien différent du bembéri du Moyen-Niger; il a un gros grain aplati, comme écrasé, de deux à trois millimètres de diamètre, avec le hile noir. On le sème soit dans un champ de riz de montagne au premier binage, soit autour des habitations entre les poquets de maïs. La végétation est de cent soixante jours. La production peut atteindre 2.500 kilos à l'hectare. Gettevariété, malgré son grain volumineux, est estimée pour l'alimentation humaine. Le keudé misse et le keudé ni-oulé sont deux variétés qui ne diffèrent que par la couleur du grain, blanche pour le premier, rougé pour le second ; mêmes caractères botaniques également que le keudé blanc du Moyen-Niger. On les sème comme le bemberiba entre les lignes de riz de montagne. Leur végétation demande cent trente jours. Le sauko est une variété très tardive se récoltant seulement en décembre et janvier, après six mois de végétation. Sauko signifie perdu, abandonné. En effet, il reste comme abandonné dans le champ après la récolte des autres produits avec lesquels on l'a semé : riz, patates, coton, etc. Dans le Ouassoulou, le sauko porte le nom de soukou. Il n'est guère cultivé que par les rares possesseurs de chevaux. Lefaraoro ou mil des teinturiers, porte le nom de moigne dans les régions sud. Dans les provinces qui n'ont pas été dévastées par les conquérants ou dont les anciennes populations ont repris possession, on trouve une infinité de sous-variétés de sorgho avec des dénominations imagées tout à fait locales : le saramioulé (petit mouton rouge), le kamin keudé (mil pintade), le dion kédaba (captif à grande bouche), le missibakou (queue de grande vache). Il serait oiseux de chercher à les distinguer des variétés déjà décrites. Contentons-nous de l'ori- CULTURE DU SORGHO 463 finalité de leurs dénominations qui fait ressortir l'imagination du noir et la poésie qu'il attaciie à ses cultures. Au point de vue alimentaire, on peut faire du mil deux catégo- ries, le fin et le grossier. Le fin est petit, brillant, à cassure nette, vitrifiée. Le grossier est généralement plus volumineux, à aspect terne, à cassure farineuse. Le premier est réservé à l'homme ; le second plutôt aux animaux. Le prix du grossier n'est cependant pas très inférieur et il est plus productif. La culture du sorgho dans le Moyen-Niger présente l'importance de celle du blé dans les climats tempérés. Dans un centre, l'étendue des champs de sorgho est en rapport direct avec la population ; pas une famille qui n'ait son lougan. Dans les régions sud, oi^i les pluies sont plus abondantes ; le sorgho est balancé ou même détrôné par d'autres produits tels que le riz, le fonio et même par des plantes à racines charnues : manioc, igname, patate. Les régions où le sorgho domine sont d'abord le Sénégal, puis le Soudan au nord du 12*^ de latitude, cercles de Kayes, Bafoulabé, Kita, Nioro, Bamako, Goumbou, Sokolo, Ségou, Bougouni, San, Sikasso. Au sud du 12" parallèle, l'abondance des pluies, avons-nous dit, permettant la culture du riz de montagne met celle du sorgho en seconde ligne. lien est ainsi dans les cercles de Kouroussa, Kankau, Dinguiray, Rissidougou, Beyla, etc., dans le nord de la Côte d'Ivoire. Les grandes étendues de terrains inondés dans les cercles de Djenné, Bandiagara, se prêtent à la création de rizières et diminuent d'autant la culture du sorgho. La végétation rapide du sorgho demande un sol convenablement détrempé, ni trop, ni pas assez. L'humidité atmosphérique lui importe peu; ainsi, les mils cultivés en saison sèche, dans les ter- rains abandonnés par les inondations, donnent d'aussi belles récoltes que ceux cultivés en hivernage en terres ordinaires. Cependant l'humidité du sol ne doit pas dépasser certaines limites. De plus, elle se combine avec la fertilité du terrain. Nulle plante n'est aussi sensible que le mil à ces conditions. Un terrain riche en matières organiques, avec des pluies exagérées, donnera une végétation luxuriante d'abord ; mais la fécondation n'aura pas lieu. Le mil devient fou, suivant l'expression des noirs. Un terrain pauvre, dans 464 ÉTUDES ET MÉMOIRES les mêmes conditions atmosphériques, produira au contraire une bonne récolte. Les fleurs ne couleront pas. Dans les terres riches on peut obtenir des récoltes supérieures avec des pluies modérées; mais on s'expose à une déception complète. Par contre, les terrains moins fertiles donnent toujours C[uelque chose. Finalement, on a avantage à choisir des terres de fertilité moyenne pour la culture du sorgho et à réserver les sols riches à d'autres emplois. L'indigène préfère défricher les flancs des montagnes voi- sines. Les pluies apportent chaque année des matières fertilisantes des plateaux supérieurs et rajeunissent le terrain suffisamment pour permettre des récoltes répétées de la même céréale. Ce défrichement n'est malheureusement pas sans inconvénient ; les arbres dispa- raissent brûlés sur place ou vendus ; les rizomes de bambous qui maintenaient les terres sont détruits, d'où toutes les conséquences funestes du déboisement. Le colon qui voudrait se livrer à la culture du sorgho devrait choisir les plaines à cause de l'économie de main-d'œuvre et de l'usage possible d'instruments perfectionnés. Il y maintiendrait la fertilité par l'assolement en alternant le gros mil soit avec l'ara- chide, soit avec une autre plante comme la patate comportant un apport d'engrais, soit encore avec une jachère entretenue. Dans les terres inondées, l'assolement n'est pas nécessaire, grâce aux inondations mêmes et non grâce au limon ; car le limon ferti- lisant dont on se plaît à parler pour le Niger en particulier n'a pas la fécondation qu'on lui attribue. PREPARATION DU SOL Quand les premières pluies annoncent l'arrivée de l'hivernage, en mai pour la zone moyenne, on débarrasse les champs des résidus de la précédente récolte — les résidus du sorgho sont considérables. — Les longues tiges couchées sur le sol sont rassemblées par longues bandes et brûlées. Leur cendre fournit des matières assi- milables. La rosée et les averses les fixent au sol au lieu qu'elles soient emportées par le vent, si cette opération était prématurée. Cette première opération nécessite cinq à six journées de main- d'œuvre par hectare ; une jachère de deux à trois ans nécessiterait CULTURK DU SORGHO 465 le même temps. Par contre, après l'arachide, il ne reste que peu d'herbes sèches à brûler ; la terre est même déjà légèrement remuée par la récolte des gousses souterraines. Le sol ainsi débarrassé, il faut lutter avec les herbes qui lèvent aux premières pluies. Cette opération es! de la plus haute impor- tance pour le sorg-ho, qui, jeune, se confond aisément avec des graminées spontanées, dont on ne pourra pas le distinguer au moment du sarclage. Un labour, lorsque ces mauvaises herbes ont atteint quelques centimètres de hauteur, sulïit généralement à les faire disparaître pour un temps suffisant. Cependant dans les terres riches l'opération est plus compliquée. Les rizomes donnent trop vite naissance à de nouvelles feuilles. 11 faut compléter le labour en enlevant les rizomes à la main. Un homme laboure avec son daba à sept ou huit centimètres de profondeur quatre à cinq ares par jour ; ce qui représente environ vingt journées par hectare. Combien valent mieux que le daba primitif des indigènes, la houe mécanique ou le grand « (Cultivateur » canadien pour la préparation des terres, au point de vue de la rapidité et de l'économie I Ces instruments perfectionnés permettent deux opérations : un premier passage dès que la terre est un pevi humide, pour l'enfouissement des graines étrangères et la pénétration des pluies, un deuxième plus profond avant l'ensemencement pour la destruction des herbes parues et l'ameublissement du champ. On pénètre dans le sol avec ces instruments au moins aussi profondément qu'avec le daba. A la Station agricole de Kati, en 1899, les terrains à mil furent préparés à la charrue. On obtint une récolte supérieure d'autant plus remarquable que les pluies tombèrent en petite abondance cette année, et que les indigènes, qui en somme ne font que gratter leur champ, n'eurent qu'un produit si pauvre que la famine s'en suivit quelques mois après. Cependant, à l\ati, le terrain est plutôt de qualité inférieure. Cette observation montre qu'un labour sérieux est toujours profitable, même sur des sols vierges, contrairement à certaines idées régnantes. Fréquemment, l'indigène prépare son champ à mil en disposant la surface en petites buttes. Cette pratique ne paraît pas aussi avantageuse c[ue le labour à plat ; l'eau qui reste stagnante dans les dépressions amène la chlorose des plantes. De plus, l'indigène n'opère ainsi que pour éviter un labour complet. Le labour à plat, 466 ÉTUDES ET MÉMOIRES aune profondeur convenable, rend le sol perméable, évite les stag- nations et permet aux racines de plong-er plus avant dans la terre. Fréquemment encore, l'indigène ne donne à son lougan aucun travail préalable. Le sol absolument sec, comme anhydre plusieurs mois de Tannée, se ramollit aux premières ondées et devient per- méable aux racines des plantes. L indigène y fait un trou et y place son sorgho. Il arrive que la récolte est bonne, malgré cette simpli- cité, grâce aux soins d'entretien consécutifs. Le labour préparatoire au daba n'attaque pas la terre plus profondément que les binages d'entretien ; mais il a pour effet la destruction des mauvaises herbes qui peuvent compromettre la végétation du mil. Dans les régions sud, aux pluies abondantes, la culture du sorgho, comme nous l'avons déjà dit, est secondaire. On ne la pratique qu'en culture dérobée, c'est-à-dire surajoutée à une autre plus importante. Quand, dans un champ de riz de montagne, par exemple, on surajoute une variété de sorgho à végétation lente, on le sème par petits poquets espacés de cinq ou six mètres lorsque le riz est déjà levé. Le riz arrive à maturité en trois et demi ou quatre mois et est cueilli. Le mil resté seul dans le champ poursuit sa végétation deux ou trois mois encore. Peu développé d'abord à côté du riz, il n'en gêne pas l'évolution. Ailleurs on choisit une variété de riz très précoce ou mieux encore du fonio et ce n'est qu'après la moisson qu'on sème dans les chaumes une variété de sorgho à évolution rapide. Les dernières pluies de l'hivernage suffisent à le faire lever et l'humidité qui reste dans le sol lui permettra d'arriver à maturité. Dans ces régions méridionales, en somme, l'indigène n'apporte que peu de soins à la culture du mil. Enfin, dans les terres d'inondation, dès que les eaux se retirent, les hautes herbes qu'elles couvraient sont arrachées et bridées, et le sol légèrement ameubli. Lorsque les terres d'inondation ont une pente très accentuée, elles n'ont pas d'herbes. Les eaux en se retirant découvrent un sol nu et tout préparé. [A suivre.) Dumas, Agent de Culture de r Afrique Occidentale. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER {Suite K) Observation des points de dépérissement. — L'observa- tion des points de dépérissement possibles doit constamment attirer l'attention de l'exploitant. Le dépérissement est facile à remarquer par les modifications apportées dans le mode de végétation du plant de caféier. Il peut se faire par étendue, par tâche, par plant ou par fraction de plant, enfin il peut être accidentel. Le dépérissement par étendue^ caractérisé par ce fait que la région atteinte dépérit progressivement, mais ne s'étend pas, a pour cause le sol qui cesse d'être favorable à la culture du caféier pour l'une des trois raisons suivantes : 1" Parce que les racines ont atteint une couche de terre se res- suyant mal et restant trop humide pendant une longue période. Dans ce cas, les plants qui tout d'abord avaient eu les caractères d'une belle végétation présentent brusquement dans leur mode végétatif des fluctuations en rapport direct avec les alternatives de sécheresse et d'humidité, jusqu'au moment où la racine du plant trop affaiblie cesse d'émettre des radicelles ou succombe envahie par le pourridié. La preuve directe de la présence d'un excès d'eau dans la couche arable est donnée par des trous dits d'observation, profonds de soixante à quatre-vingt centimètres, faits de place en place. Le seul remède est le drainage. 2° Parce que les racines ont atteint une couche de terre conte- nant des matières toxiques telles que : des pyrites, des sels de cuivre, etc., etc.. Dès que les racines arrivent en contact avec ces substances, le plant empoisonné meurt rapidement sans que l'on puisse en attribuer la cause à un excès d'eau ou à une maladie. Il n'est pas possible de lutter contre un tel mal, qui est aisément cer- tifié par l'analyse chimique. Il faut abandonner la plantation. 3° Parce que la plantation a été faite sur un sol d'apparence fer- 1. Voir Bulletin n"' li, 25, 26. 46S ÉTUDES ET MÉMOIRES tile, en réalité incapable de fournir pendant une long-ue période de temps une quantité suffisante délémenté nutritifs utilisables. Dans ce cas, pendant les premières années qui suivent la plantation, les /" plants sont d'une belle venue, puis peu à peu les récoltes baissent, les rameaux inférieurs se dégarnissent de feuilles, se dessèchent et meurent affamés. Le plant devient « haut sur jambe », g'rêle et dépourvu de feuilles sur tous les rameaux. La pousse annuelle est de plus en plus petite. Il faut avoir recours énerg-iquement aux engrais. Le dépérissement par tache, caractérisé par le fait que le mal débute par quelques plants et gagne de proche en proche, à la façon d'une tache d'huile, a pour cause un cryptogame champignon minuscule et parasitaire, parfois un insecte. Le dépérissement par plant ou fraction de plant, caractérisé par le fait qu'un plant ou une fraction de plant dépérit, sans que Ic^ régions ou les plants voisins indiquent de modification dans leur mode végétatif, a pour cause parfois un cryptogame, le plus sou- vent un insecte. Aux effets causés par ces deux agents destructeurs du plant de caféier : le cryptogame et l'insecte, on a donné le nom générique de maladies. Maladies. — Croissant dans les sols et dans les régions qui lui conviennent, le caféier est une plante rustique, peu sensible aux attaques des insectes ou des cryptogames, dont les lésions acciden- telles sont naturellement et rapidement circonscrites par les vigou- reux tissus avoisinant le point d'attaque. L'étude complète et méthodique des insectes ou des cryptogames parasites du caféier est encore à faire, et nous nous verrons souvent dans l'obligation de signaler un mal sans pouvoir affirmer la cause exacte et le remède possible, espérant provoquer des recherches dont les résultats peuvent devenir utiles à un moment donné, car il est fréquent de voir telle maladie jusqu'alors bénigne prendre subite- ment, sous l'influence de causes mal déterminées, un développe- ment tel qu'elle devient un désastre, si Ion ne connaît pas les moyens de la combattre. Naturellement, les maladies du caféier se divisent en deux groupes : celles qui sont dues aux insectes, celles qui sont dues aux cryptogames. CULTURE PRATIQUE ET RATIOINNELLE DU CAFÉIER 469 Insectes nuisibles au caféier. — Les cigales sont des insectes de l'ordre des hémiptères, tribu des homoptères, dont les mâles sont pom'vus, à la partie inférieure de l'abdomen et proche du corselet, d'un appareil produisant un son tout particulier. La femelle porte à l'extrémité postérieure du corps une sorte de lame avec laquelle elle divise le bois des rameaux secondaires en lamelles régulières, entre lesquelles elle pond ses œufs. Une femelle peut pondre de cinq à six cents œufs, desquels éclosent de petites larves hexapodes, qui abandonnent la branche et s'enfoncent sous terre pour y sucer la sèv.^ des racines et y subir les diverses transformations qui les amè- neront à l'état d'insecte parfait. Les cigales, qui apparaissent en masse à certains moments, sont dangereuses par les entailles profondes et étendues qu'elles font dans les rameaux, entailles dont la forme particulière rend difficile le développement du bourrelet cicatriciel. La branche fortement atfaiblie dans sa résistance casse au moindre choc ou au moindre vent, et la blessure favorise la pénétration des maladies crjptoga- miques. Le remède consiste à essayer de capturer l'insecte parfait, ou à rechercher les lésions fraîches faites aux rameaux, pour les atl'ran- chirà la serpette, et à brûler les déchets qui contiennent les œufs. La cigale est surtout abondante dans les régions à sol léger et sain. Le mineur est un coléoptère d'un millimètre et demi à deux de longueur, au corps cylindrique, de coloration brune, avec les élytres brillantes. La tète et le corselet sont soudés ensemble et forment une masse globuleuse d'un diamètre plus grand que celui du cylindre formé par l'abdomen. Les extrémités des pattes et des antennes sont rousses. Cet insecte pénètre par les bourgeons et descend dans le cylindre médullaire des jeunes rameaux qui flé- trissent sur une plus ou moins grande étendue et meurent. Les dégâts sont généralement peu importants. Pour se débarras- ser de l'insecte, il faut couper les rameaux à un ou deux yeux au- dessous du point extrême de la flétrissure et les brûler. La tarière, ou Borer, est un insecte : le xylotricus perforateur, s'at- taquant plus particulièrement aux plantations subitement privées de leur couvert. La larve fortement armée pour la perforation pénètre dans la tige et y subit ses métamorphoses. L'insecte parfait ressort par la galerie précédemment creusée par la larve pour vivre à l'air libre et pour s'accoupler. M. Boutan, ayant remarqué que si la larve 470 ÉTUDES ET MÉMOIKES est bien armée pour perforer, l'insecte adulte ne Test pas du tout, détruit l'insecte, en enveloppant les tiges de caféier avec un tissu grossier placé alors que la larve a pénétré dans la tige et avant que l'insecte adulte, qui ne peut percer ce tissu, ne soit ressorti, et est ainsi condamné à mourir sans pouvoir se reproduire. Les coccidées se fixent sur les jeunes rameaux dont elles pompent la sève. Les rameaux se couvrent d'une sorte de rouille noire, puis flétrissent et meurent. Il faut détruire, par le feu, les rameaux malades. Le puceron du café a parfois causé des dégâts importants dans les plantations de Ceylan. Cet insecte semble s'éloigner des cultures bien soignées. En cas d'envahissement, on peut tenter des vajjori- sations : avec des dissolutions à base d'alcool et de jus de tabac, ou de sulfure de carbone, ou dacide phénique étendu, ou de carbonate de soude et de pétrole. La teigne de la feuille est un papillon minuscule, le Cemiostoma cotTeellum. dont la larve vit entre les deux parenchymes des feuilles, sur lesquelles on voit apparaître de larges taches de coloration variée. La feuille ne peut plus remplir ses diverses fonctions, se dessèche et meure. Les dégâts sont parfois importants. Pour enrayer la multiplication du papillon, il faut couper les feuilles malades et les détruire par le feu. La mouche découpeuse a à peu près la grosseur et la forme de la guêpe ordinaire, elle découpe une certaine portion de la feuille du caféier puis roule le fragment en carnet dans lequel elle pond un œuf. Les dégâts sont rarement importants. Maladies cryptogamiques. — La nielle des feuilles est due à un champignon qui apparaît, le plus souvent après les premières pluies hivernales, d'abord aux branches basses du plant de caféier et à la face inférieure des feuilles qui se couvre de taches livides et jaunâtres, d'abord disséminées puis confluantes, et comme poudrées d'une fine moisissure rougeâtre. Bientôt la face supérieure de la feuille se tache mais sans moisissure. Le centre de la tache noircit, la feuille se dessèche, tombe et sert à la propagation du mal. Lorsque les conditions atmosphériques, du moment, sont favo- rables au développement du champignon, les dégâts sont impor- CULTURE PRYTIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 471 tants. En 1873, l'île de Geylan récoltait de quarante-neuf à cinquante millions de kilos de café, sur une surface de près de cent cinquante mille hectares de plantation. A ce moment, la nielle des feuilles fit son apparition dans l'île et se propagea si rapidement qu'en 1880 toutes les plantations avaient disparu. Les Ang-lais luttèrent avec énergie contre le fléau qu'ils ne purent pas vaincre et sauvèrent leur fortune en remplaçant la culture du caféier par celle du thé. De tous les remèdes essayés contre la nielle des feuilles, seuls les sels de cuivre ont semblé donner de bons résultats. MM. Isoutier frères, de La Réunion, se sont bien trouvés de l'emploi de la bouillie sucrée Michel Perret, composée de : Sulfate de cuivre 1 k. 500 Mélasse. . 1 k. 500 Chaux vive 1 k. 500 Eau 100 k. * projetée au moyen d'un pulvérisateur puissant et dont l'action est complétée par l'usage de fumures abondantes. Le mal de Mysore est un champignon, le Pellicularia koleroga, se développant sur les feuilles et les fruits qui se couvrent d'une matière gélatineuse se transformant en gouttelettes noirâtres. Les fruits pourrissent et tombent par grappes. Les dégâts sont parfois importants. La tache brune du jeune plant doit être due à un champignon. Elle est caractérisée par un anneau brun, large de deux à trois milli- mètres, formé par les tissus desséchés et ratatinés delà tigelle. Cette maladie, qui cause parfois des dégâts sensibles dans les pépinières, attaque les plants depuis la période de germination jusqu'au moment où le bois de la tige est lignifié. Le pourridié est un champignon dont le mycélium puissant vit sur les fragments de bois mort pourrissant dans les sols humides, et attaque facilement les racines du caféier végétant mal dans ces sortes de sols. L'exploitant doit surveiller attentivement le dévelop- pement de cette maladie, reconnaissable au feutrage blanc qu'elle forme sur les racines, et l'enrayer dès ses débuts par l'arrachement et la destruction par le feù des plants atteints, et par le drainage général du sol humide. Si le terrain est totalement envahi, il faut sacrifier la plantation, assécher le sol qui ne devra être replanté qu'après une dizaine d'années de mise en culture ordinaire. Le chancre est un champignon causant de grands ravages dans 472 ÉTUDES ET MÉMOIHES toutes les plantations, sans que Ton ait encore pu déterminer^les causes exactes les plus favorables à son développement. Dans cer- taines régions, il cause annuellement la mort de dix pour cent des plants. Les premiers symptômes du mal sont accusés par le brusque dépérissement des petites branches. En soulevant l'écorce du rameau principal qui supporte cette branche, on trouve une moisissure bleuâtre qui s'étend graduellement à mesure que Ton descend le long- de la tige. Le plant meurt après une lutte plus ou moins pro- longée pouvant durer plusieurs mois. On ne connaît pas de remède contre ce champignon et tout plant attaqué est condamné. Accidents. — Les principales causes accidentelles pouvant amener la mort du caféier sont : le mauvais emploi des instruments servant à la taille, les grands vents, les pluies torrentielles, les inon- dations et les incendies. Le mauvais emploi des instruments servant à la taille cause par- fois des blessures dangereuses, parce qu'elles facilitent la pénétra- tion des maladies cryptogamiques et parce qu'elles permettent la pénétration des eaux de pluie, qui peu à peu désorganisent les tissus. Lorsque le croissant du sécateur est posé sur la partie de branche qui doit continuer à végéter, il détermine une meurtrissure diffici- lement l'ecouverte par le bourrelet cicatriciel. Il peut aussi arriver qu'en voulant sectionner au sécateur une branche un peu forte, le tailleur appuie trop fortement sur la branche et en détermine l'éclatement. Cette blessure peut amener la mori du plant, si on ne supj^rime pas de suite et totalement la branche éclatée. De tous les instruments employés pour la taille, le plus dange- reux est la scie. Le maniement de cet outil demande de la pratique, et son action doit toujours être complétée par celle de la serpette qui affranchit la plaie, et par l'application d'un mastic capable d'asepti- ser la plaie et d'empêcher la pénétration des eaux de pluie. Voici la composition d'un mastic s'employant tiède et donnant de bons résultats : l*» Faire fondre ensemble : Résine 1 kil. 250 Poix blanche 0 kil. 750 CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIER 473 2° En même temps, faire fondre à part : Suif 0 kil. 250 3" Verser le suif fondu bien liquide dans le premier mélange en agitant fortement. i^ Verser lentement et en remuant constamment le mélange : Ocre rouge 500 gr. Dans le commerce on trouve le mastic Lhomme Lefort, s'em- ployant à froid, et donnant de bons résultats. Les f/rands vents seuls n'ont pas une action directe bien dange- reuse sur le caféier, dont la tige est solidement fixée au sol par le pivot, et les racines puissamment aidées par le chevelu, et dont les rameaux, très flexibles, plient sans casser. Mais les plantations peuvent être fortement endommagées par les arbre abris qui, plus exposés, ont souvent leurs grosses branches brisées, lesquelles pous- sées par le vent culbutent les caféiers. L'action des grands vents est particulièrement désastreuse, lorsque le sol est détrempé par les pluies. Dans ce cas, les plants, balancés par le vent, forment, dans la terre, avec leur pivot, un entonnoir qui permet à la tige des déplacements d'une amplitude de plus en plus étendue. Sous l'inlluence de ces tractions répétées, le chevelu des racines se brise et les plants peuvent être totalement renversés. Aussitôt après que le vent est tombé, il faut rapidement parcou- rir la caféière, redresser les plants endommagés, arranger les racines en les recouvrant dune bonne couche de terre fine et combler les trous en entonnoir. Si la région est sujette aux accidents de cette nature, il peut être avantageux de tuteurer les plants. Les pluies torrentielles, en ravinant le sol, peuvent avoir une action néfaste sur les plants de caféier. Les plantations en plaine ont rarement à en souffrir, au contraire celles qui sont en pente sont très sensibles aux effets du ravinement qui peut aller jusqu'au ravi- nement du plant. Pour pouvoir combattre, avec quelques chances de succès, les effets des courants d'eau qui se forment pendant la durée des pluies torrentielles, il faut agir préventivement en disposant, dès le moment de la plantation, les pierres trouvées dans le sol en lignes Bulletin du Jardin colonial. 33 474 ÉTUDES ET MÉMOIRES i parallèles établies suivant les courbes de niveau. Ces pierres filtrent les eaux de pluie, g-ardent la terre qui sans elles eût été emportée dans les vallées, si bien qu'après un certain temps la plan- tation semble avoir été faite par gradins. Lorsque les pierres manquent, on peut les remplacer par des clayonnages fixés à des piquets en bois dur. Les effets des inondations dépendent de la vitesse du courant, de la hauteur atteinte par les eaux et de leur qualité. Un courant peu intense, une faible élévation des eaux et des eanx limoneuses sont les facteurs d'une inondation utile qui en col- matant le terrain le féconde. Dans ces mêmes conditions, avec une forte élévation des eaux, les effets de l'inondation peuvent être dang-ereux, si des pluies ne surviennent pas, après le départ des eaux, pour laver les feuilles dont les fonctions sont empêchées par le dépôt limoneux qui les recouvre. Les courants rapides sont toujours très dangereux ; leurs mau- vais effets peuvent être, en partie, atténués au moyen de planta- tions de haies vives, faites en lignes, espacées de vingt ou trente mètres et dirigées normalement aux courants. Pour se défendre contre les inondations, il est deux méthodes, l'une d'intérêt général qui consiste à supprimer les inondations en améliorant au moyen de plantations et de captations l'état des sols des régions supérieures sur lesquels ruissellent les eaux pour rejoindre les lignes de thalweg. Le boisement des hauteurs est le facteur le plus puissant de cette méthode qui a toujours donné d'excellents résultats. L'autre méthode, d'intérêt particuliei-, consiste à défendre la plan- tation contre l'envahissement des eaux au moyen de digues suffi- samment puissantes. Par elles-mêmes, les caféières craignent peu les incendies, mais fréquemment elles sont entourées de terrains en friches, dont les hautes herbes peuvent s'enflammer et détruire une partie des plan- tations. Pour éviter ce fléau, il faut agir préventivement en entou- rant la plantation d'une large bande de terrain qui sera ou cultivée régulièrement, ou débarrassée des végétations adventices par des fauchages périodiques. Durée et reconstitution d'une caféière. — La durée d'une caféière dépend essentiellement des plus ou moins bonnes conditions CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIEK 475 de viabilité données aux plants par les conditions climatériques de la rég'ion et par les qualités du sol. Au Brésil, une plantation cesse d'être d'un bon rapport dès l'âge de douze à quinze ans, alors qu'aux Antilles, au VénézAiéla, une plantation de quarante et même de cinquante ans est encore exploi- table. La reconstitution d'une caféière peut se faire de trois façons : par furetage, par totalité et par assolement. La reconstitution par furetage consiste à remplacer au fvir et ci mesure les plants qui cessent d'être exploitables par de jeunes plants. Ce mode de reconstitution doit être réservé aux jeunes plan- tations dont l'allure g-énérale est bonne, mais où chaque année quelques plants succombent par suite de leur mauvaise constitution ou par suite de maladie. La reconstitution par totalité consiste à arracher totalement la plantation, k travailler le sol et à replanter sur le même emplace- ment. Ce mode de reconstitution s'applique lorsque, dans son ensemble, la plantation cesse d'être exploitable, parce que les plants ont atteint l'âge de décrépitude habituel à la région oîi l'on se trouve placé. Il doit être réservé aux terrains d'une fécondité exception- nelle, capable de fournir pendant une deuxième période de planta- tion les éléments nutritifs recherchés par le caféier, et à la condi- tion toutefois que la j)remière plantation n'ait pas succombé aux maladies cryptogami([ues, auquel cas le terrain serait saturé de g-ermes capables de mettre en danger la nouvelle plantation dès sa création. La reconstitution par assolement est fondée sur les deux prin- cipes suivants : 1° La production d'une plantation est d'autant pkis élevée, sa direction est d'autant plus facile, que les plants sont plus homo- gènes. 2° Un terrain qui a supporté une plantation pendant une longue période de temps doit être soumis pendant quelques années à une culture améliorante qui permettra la formation dans le sol d'une nouvelle provision d'éléments nutritifs et la destruction des insectes ou cryptogames nuisibles au caféier qui ont pu envahir la couche arable. Cette période de culture améliorante ne doit pas être moindre de cinq ans. Quand la première plantation aura succombé aux atteintes d'une maladie cryptogamique très contagieuse et très 476 ÉTUDES ET MÉMOIRES ' vivace, il sera parfois nécessaire de prolonger la période de culture améliorante pendant quinze ans, vingt ans, parfois même davantage. Par culture améliorante, il faut entendre celle qui ameublit fré- quemment et profondément le terrain et lui apporte, soit par la plante soit par l'engrais, plus d'éléments fertilisants, surtout miné- raux, qu'elle n'en exporte par les récoltes. Pour appliquer la reconstitution par assolement, l'exploitant divise la surface de sa propriété apte à porter une culture de caféier en deux zones, l'une mise de suite en exploitation, l'autre mise en culture ordinaire rendue améliorante trois ou quatre ans avant le moment oîi elle sera plantée, c'est-à-dire huit à dix ans avant le moment où la première zone plantée cessera d'être exploitable. A ce moment cette plantation sera arrachée et le sol soumis à la culture améliorante. Mise en exploitation d'une caféière abandonnée. - Pra- tiquement il peut se faire que l'on ait à remettre en exploitation une caféière abandonnée, pour une cause quelconque, pendant un certain nombre d'années. 11 faut tout d'abord s'assurer de la qualité des plants. S'ils sont sains et vigoureux, on procède au débroussage de la plantation. Quand les caféiers sont bien dégagés, et le terrain nettoyé, on récolte le café tombé ; puis, au moment de la morte- sève on procède à l'étêtage ou au recépage des plants. Lorsque l'abandon de la caféière n'a pas duré pendant une trop longue période de temps, les plants sont encore munis à leur base de rameaux secondaires. Dans ce cas, on étête les plants à la hauteur habituelle favorable à la bonne exploitation de la caféière. Après cette opération, il faut veiller avec grand soin à rompre les gourmands qui vont se développer avec énergie pendant les premières années qui suivent. Lorsque l'abandon de la caféière a duré une longue période, les parties inférieures du plant ont été all'amées par les parties supérieures ; les rameaux du bas sont morts et le caféier est « haut sur jambe », en sorte que, si on pratiquait simplement l'étêtage, il ne resterait qu'un petit nombre de rameaux capables de production fruitière. Dans ce cas, si l'on a affaire à des plants qui ne sont pas Agés de plus de huit à dix ans, on les récèpe, c'est-à-dire que la tige est sec- tionnée à dix ou quinze centimètres au-dessus du sol. Cette opération provoque la poussée de nombreux gourmands, dont un ou deux des CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIEB 477 plus vigoureux sont conservés et servent à reformer la tig-e qui est conduite à la façon habituelle. Récolte du café. — La récolte du café comprend deux opéra- tions : la cueillette de la cerise sur les rameaux et le ramassage du café tombé par terre. Cueillette de la cerise. Nous avons vu que le caféier fleurissait par périodes successives, que l'importance des floraisons allait en pro- gression ascendante jusqu'à un certain maximum, après lequel la progression devenait ascendante. La maturation se fait de même par périodes ; T'importance des cueillettes suivant aussi une progression d'abord ascendante puis descendante. Comme sur le même point d'un rameau, on trouve à la fois des cerises miires, des fruits encore verts et des fruits à peine noués, il faut veiller avec soin à ce que les personnes chargées de la cueillette ne prennent que les cerises bien mûres qui seules sont d'un travail facile et régulier, et qui seules contiennent le grain ayant acquis le maximuiTi de qualités marchandes. La récolte se fait à la tine ou au sac. Pour la cueillette à la tine, l'homme est muni d'un sac ordinaire, ou sac de charge, et d'une tine, sorte de gamelle en fer-blanc, cylindrique, pouvant contenir deux kilos de cerises. Pendant le travail, la tine est logée dans l'angle formé par l'avant-bras gauche un peu replié sur le bras et fixé contre la poitrine par une légère pression. Dans cette position, l'homme saisit à tour de rôle chaque rameau avec la main droite, le passe à la main gauche qui le tend légèrement pendant que la main droite, devenue libre, cueille les cerises mûres qui sont versées dans la tine. Au fur et à mesure que la tine est pleine elle est versée dans le sac de charge. Pour la cueillette au sac, l'homme est muni du sac de charge et d'un autre sac contenant de trente à trente-cinq litres qu'il fixe à sa taille au moyen d'une ceinture qui n'est, le plus souvent, qu'une simple corde un peu grosse. Par ce moyen l'homme a les deux bras libres pour la cueillette. Dans les caféières importantes, la cueillette du café demande une grande activité de la part du surveillant, qui doit conduire son équipe de façon à pouvoir interpeller directement et sûrement l'homme qui fait un travail incomplet. 478 . ÉTUDES ET MÉMOIRES * Chaque sac de charge est marqué au nom de l'ouvrier qui s'en sert. A la fin de la journée la récolte est portée au lieu où la cerise doit être manipulée; là, chaque sac est passé à la bascule puis versé sur une plate-forme où la cerise est exa- minée en présence de l'homme qui l'a récoltée. Le chef d'exploitation fait alors les observations qu'il juge utiles. La quantité de cerises cueillies jour- „ ,. nellement est fort variable suivant Tha- bileté de l'individu et suivant 1 époque Fig. 21. —Sac de cueillette. de la cueillette. En pleine période de maturation un homme habile peut cueil- lir de 76 à 80 kilos de cerises par jour. La maturation des fruits donnés par les dernières floraisons étant très irrégulière et les produits peu importants, l'exploitant doit, à un moment donné de la récolte, décider d'attendre de cueillir en une seule fois toutes les cerises restantes, lorsque la plupart d'entre elles seront mûres. Ramassage du café tombé par terre. — Cette opération se fait quand la récolte des crises est complètement terminée. Pour l'exécuter, on choisit un moment où la terre est bien ressuyée alors que le temps semble devoir rester beau quelques jours. Les ouvriers se mettent à genoux et avancent progressivement en lignes régulières, en cherchant méthodiquement les grains de café tombés. Pendant ce travail, il faut fouiller avec soin les trous de rats, car ce rongeur fait ses délices de la pulpe des cerises, mais ne touche pas au grain. La quantité de café recueillie journellement varie de un à quatre kilos, suivant la façon dont la cueillette a été conduite et suivant l'importance des vents qui ont pu survenir pendant la période de maturation. Rendement par plant de caféier. — Le rendement par plant de caféier dépend du terrain, de l'âge et de la qualité indi- viduelle du plant, aussi ce rendement est-il très variable. Le caféier commence à donner quelques fruits ii partir de trois ans. La production augmente rapidement pour atteindre, vers la dixième année, un maximum que l'exploitant doit chercher à main- tenir par des soins culturaux entendus. CULTURE PRATIQUE ET RATIONNELLE DU CAFÉIEH 479 On peut donner comme chiiTres moyens, à titre crindication, qu'un plant vég^étant dans de bonnes conditions, donne : A l'âge de 8 ans de 40 à 50 g-r. de café marchand 5 ans 800 à 400 7 ans 400 à 500 0 ans oOO à 600 Il est fréquent de trouver dans une caféière certains plants dont les rendements dépassent de beaucoup les chiffres donnés ci-dessus. Il en est qui arrivent à produire vers Tâge de dix ans jusqu'à plus d'un kilo de café marchand. Ces plants doivent être notés par l'exploitant qui utilisera leurs cerises pour ensemencer ses pépi- nières. Rendement par hectare de caféière. — Le rendement par hectare de caféière est, lui aussi, très variable, suivant la qualité individuelle et lâge de chaque plant, suivant la qualité du sol et suivant les plus ou moins bonnes conditions données par la région pour la végétation du caféier. Pratiquement on considère qu'une exploitation commence à donner quelques bénéfices lorsque la récolte atteint 300 kilos de grain marchand à l'hectare. En moyenne, un bon rendement varie de cinq à sept cents kilos par hectare de caféière âgée de plus de sept ans. Une caféière établie dans de bonnes conditions et habilement conduite peut donner des rendements de beaucoup supérieurs à ceux qui ont été indiqués. Plus une région présente de difficultés pour la bonne végétation du caféier, soit par suite des conditions clima- tériques non complètement favorables, soit par suite de certains défauts du sol, plus l'exploitation d'une caféière doit être conduite avec soin et avec science. A part de rares exceptions, l'exploitant habile, au lieu de créer des caféières étendues, aura grand avantage, à tous les points de vue, de concentrer ses forces sur une surface restreinte à laquelle il fera rendre la plus grande production possible. Rapport des différentes productions entre elles. — Quand on cueille i.OOO kilos de cerises mûres on peut compter avoir : de 17 à 20 kilos de fruits de fin de récolte (sèches) de 20 à 25 — de café ramassé par terre — {A suivre.) Edouard Pierrot, DIH1^:CTI0N DE L'AGRICULTURE DE MADAGASCAR LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR RAPPORT DE 19(Ki {Suite '.) Premier cas. — 135 mûriers de 1(S mois plantés en juillet, (^es mûriers mis en place, les uns à racines nues, les autres avec leur motte à la fin de juillet dernier ont très bien repris et poussent très vigoureusement, malgré la mauvaise qualité du terrain. Ils ont été taillés de manière à donner des troncs dun mètre à l"" 25 de hau- teur. Leur tête est à l'heure actuelle très bien formée. La plupart d'entre eux ont fourni, pendant la dernière saison des pluies, des pousses atteignant près de trois mètres de long. Mais la mise en place exécutée de cette façon a exigé des arrosages fréquents jus- qu'à la reprise complète. Ces mûriers ont donné, en février 1904, 324 kilogrammes de feuilles triées, correspondant à un rendement de 2 kil. 400 par plant et à une production de deux tonnes, 400 kilogrammes par hectare. La vigueur de cette mûraie prouve : I'' L'heureuse influence des défoncements en plein ; 2" L'avantage et la reprise parfaite des plants âgés; 3° La possibilité d'utiliser, de la façon la plus avantageuse pour la sériciculture, les bas-fonds humides et les terres de rizières faci- lement drainables. Deuxième cas. — 305 mûriers âgés de 22 mois environ, mis en place en décembre. Ces mûriers sont évidemment beaucoup moins développés, mais néanmoins en très bonne voie. Leur mise en place s'est faite sans dilTiculté. La première cueillette exécutée en février a donné environ 500 grammes de feuilles par plant. Troisième cas. — Mise en place de 1 20 mûriers des Philippines et 160 mûriers blancs en décembre 1903. Boutures enracinées âgées de six mois. La reprise de ces mûriers n'a rien laissé à désirer. Les I. Voir Bulletin, n"" 22, 23, 2i, 25 et 26. LA SÉRICULTURE A MADAGASCAR 481 mûriers blancs atteignent actuellement 1 mètre à l'" 30 de hau- teur. Les mûriers des Philippines plus élancés, mais moins garnis à la base, ont en moyenne entre 1™ 25 et 1™ 50 de haut. Cette variété porte de très belles feuilles, de grandes dimensions et très bien nourries. 2" Mûriers en haies. — La première mûraie en haie a été créée à Nanisana au début de 1901, sur une parcelle de 54 ares, située à proximité et au nord du villag-e des élèves sériciculteurs. Ce ter- rain, primitivement consacré à des cultures annuelles, est de nature silico-argileuse et peu fertile. Le but était, en créant cette plantation, den tirer parti pour lès vers dans le plus bref délai. Il a été possible d'y récolter cette année 816 kilogrammes de feuilles triées, représentant un rendement de 1 .511 kilog'rammes par hectare. Cette culture n'a pas donné jusqu'à présent des résultats aussi satisfaisants que les- autres. Ce fait doit être attribué à une prépa- ration de terrain beaucoup moins bien exécutée que pour les autres miiraies. C'est ainsi qu'au lieu d'adopter le défoncement en plein, on avait cru pouvoir se contenter de longs fossés parallèles, situés à l'isoles uns des autres, d'axe en axe, et mesurant, en moyenne, 0"'60 d'ouverture sur 0'" 70 de profondeur. Enfin la plantation, au lieu d'être faite avec des boutures enracinées, comme on en a l'habitude maintenant, a été établie au moyen du bouturage en place, qui a nécessité, parla suite, beaucoup de travaux de remplacement, deve- nus la cause, aujourd'hui, d'assez importantes irrégularités de vég-étation. Depuis sa création, cette mûraie a été labourée deux fois par an et fumée chaque année à raison de 18 à 20.000 kilogrammes de gadoue ou de fumier de bovidés par hectare. Ce système de culture a permis de constater enfin que les mûriers en haie sont atteints par l'Ovulariopsis Moricola beaucoup plus facilement que ceux cultivés sous forme de haute et demi-tige. Une deuxième expérience, exécutée en 1903, vient confirmer qu'une préparation insuffisante du sol a pour conséquence, du moins dans les débuts, de causer un retard très sensible à la croissance du mûrier. Cet essai a consisté dans la mise en culture, sous forme de haies espacées d'vin mètre vingt et formées de plants mis en place à 482 ÉTUDES ET MÉMOIRES 0"" 50 d'écartemenl, après un simple labour à la ciiarrue. La parcelle consacrée à cette expérience mesure 21 ares, et se compose d'une terre silico-arg-ileuse ; elle était employée, depuis plusieurs années, à des cultures d'Ampemby (Sorgho indigène) et de manioc ; enfin elle a été fumée à raison de 20 . 000 kilogrammes de gadoue par hectare. . Les plants mis en place dans cette mûraie provenaient les uns d'un semis exécuté à Nanisana un an auparavant, les autres de boutures enracinées aux pépinières de la Station. Malgré ces soins, on observe un retard considérable non seulement sur les sujets provenant de semis, ce qui n'a rien d'anormal, mais aussi pour les mûriers obtenus par bouturage. Elle n'a fourni au total, au début de 1904, que 189 kilogrammes de feuilles, dont une grande partie de qualité trop inférieure pour servir à lalimentation des vers à soie. Ces deux tentatives ne doivent pas faire croire toutefois que les cultures en haie ne sont pas susceptibles de donner de très bons résultats, même très peu de temps après leur création. Leur principal inconvénient est la facilité avec laquelle elles sont attaquées par l'Ovulariopsis Moricola ; mais il a été démontré, à Nanisana, qu'en préparant le sol avec soin, on peut obtenir d'excel- lents résultats. L'exemple suivant le démontrera amplement. Il est donné par une mûraie en haie occupant une parcelle irrigable de 18 ares, composée d'une terre rouge de nature silico-argileuse, de qualité ordinaire, et autrefois consacrée à la production du manioc. La préparation de cette parcelle fut commencée en juin 1902 par un bon défoncement à cinquante centimètres. Elle a été complétée par une fumure de 20 tonnes de fumier d'étable par hectare ; enfin la mise en place a été faite en août 1902, avec des boutures enracinées ayant dix mois de séjour en pépinière. Ces plants, disposés à 0"» 50 d'écart sur des lignes espacées d'un mètre vingt, ont été irrigués tous les dix jours jusqu'à la reprise complète, c'est-à-dire jusqu'à l'hivernage suivant. Dès le début, la végétation s'est montrée très vigoureuse et très régulière. Les mûriers étaient si développés un an après qu'on se vit obligé de supprimer une ligne sur deux en 1903, et de ne laisser Sur chacune d'elle qu'un arbuste par mètre courant. Ces mûriers, de très belle venue, atteignent en ce moment LA HEKICICULTURE A MADAGASCAR 483 quatre mètres de haut. Il est donné au début de l'année courante une première récolte de 967 kilogrammes de feuilles, représentant par hectare une production dépassant rJ.MOO kilogrammes à Tâge d'un an et demi. Cette mûraie a exi^é pour son installation 82 journées de travail et 51 pour son entretien dans le courant de 1903. Indépendamment des feuilles récoltées tout dernièrement, elle a fourni de très jolis plants déjà bien développés qui ont servi à l'installation d'autres mûraies. Il semble intéressant d'indiquer ici comment s'est réparti le travail total : 1° TRAVAUX DE PREMIÈRE INSTALLATION DESIGNATION DES TRAVAUX Défoncement à 0 ™ 50 Fumure à raison de 20.000 kil. par hectare. . Mise en place. — Lignes espacées d'un mètre vingt. — Plants mis à 0 ■" 50 sur les lignes Irrigation pour assurer la reprise TOTAII.X NOMBRE I>E JOURNEES DE TRAVAIL Pour la mûraie établie à Nanisana 40 journées 15 — 12 — 10 — 82 journées Par hectare (approximatif) 250 journées 84 — 66 — 55 — 155 journées 2° TRAVAUX d'entretien EN 1903 DÉSIGNATION DES TRAVAUX NOMBRE r>E .lOIIRNÉES DE TRAVAIL Pour la mûraie établie à Nanisana Par hectare Deux labours (janvier et juillet 1903) Taille (juillet 1903) ]() journées 10 ' — 15 — 10 — 88 journées 55 ' — s4 — 55 — Fumure l'IO 000 kilos nar hectare^ Irrigation TOTAI'X 51 journées 282 journées CULTURE DU MURIER EN TERRE DE RIZIERE Il nous reste enlîn à examiner, pour achever l'étude de cette question, la possibilité de planter le mûrier en terre de rizière 484 ÉTUDES ET MÉMOIRES convenablement drainée, non dans le but d'en faire une culture permanente, mais simplement une culture annuelle ou bisannuelle qu'on assolerait avec celle du riz et dont on cueillerait la feuille sans ménag-ement, puisqu'il ne s'ag^it ici ([ue d'une plantation temporaire à laquelle on ne demande qu'une chose : donner rapide- ment une abondante récolte. La culture annuelle du mûrier est connue en (^hine et en Indo- Chine ; il n'est donc pas impossible de l'entreprendre ici; mais on doit rappeler qu'elle trouvera un sérieux obstacle à Madagascar, dans la présence de l'Ovulariopsis Moricola, Quoi qu'il en soit, comme il est probable qu'on arrivera à diminuer dans une très large mesure les importantes pertes de feuilles causées par ce champignon, on a commencé à Nanisana, en 1903, une pre- mière série d'expériences qui doivent être continuées en 1904, et qui ont pour but de se rendre compte : 1° Des précautions à prendre pour cultiver le mûrier dans ces conditions ; 2° Des rendements qu'on peut espérer obtenir de cette façon. Ces essais ont démontré, tovit d'abord, qu'il est inutile de songer à cultiver le mûrier dans des rizières insuffisamment bien drainées ou sujettes à être inondées. Tovites les expériences commencées sur des terrains de cette nature ont dû être abandonnées, car, comme on le prévoyait, les résultats ont été déplorables. En revanche, un essai exécuté en rizière convenablement assainie a fourni en deux récoltes, pendant la saison des pluies qui vient de prendre fin, une première fois 245 kilogrammes de feuilles, et une deuxième 221 kilogrammes, soitau total 466 kilogrammesde feuilles, correspondant par hectare à une production de 1 .864 kilogrammes, avec laquelle on peut, dans de bonnes conditions, produire io kilogrammes de soie. Ces résultats ont été obtenus dans les conditions suivantes sur une parcelle de rizière de 25 ares, de fertilité ordinaire. Ces expériences ne sont pas encore assez avancées pour qu'on puisse en parler plus longuement dans ce rapport. C'est seulement dans un an environ qu'on pourra se prononcer avec plus de précision sur les avantages et les inconvénients de cette méthode de culture. Travaux (V inslallation. — Labour à 0'" 50 : 60 journées de travail, c'est-à-dire 240 par hectare. LA SERICULTURE A MADAGASCAR 485 Fumure : 4. 500 kilogrammes : 9 journées, c'est-à-dire 36 par hectare. Mise en place par bouturag'e direct en juillet; lignes espacées Mûrier indigène. d'un mètre, boutures mises à 0'" 50 sur les lignes : 8 journées, c'est- à-dire 32 par hectare. Les travaux de drainage et de protection sont comptés dans le défoncement ; quatre irrigations [)our assurer la reprise : 16 journées, c'est-à-dire 64 par hectare. 486 ÉTUDES ET MÉMO lU ES Deux labours d'entrelieu en décembre et février: 23 journées, c'est-à-dire 86 par hectare. Rameau de Miiriei' imilticaule. AVANTAGES ET INCOMVÉNIENTS DE CHAQTE ESPÈCE DE MURIER. Les diverses sortes de mûriers existant, en ce moment, à Nanisana sont, avons-nous vu, le mûrier du pays, le mûrier multicaule, les mûriers des Philippines, le mûrier blanc et le mûrier du Tonkin. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 487 1" Mûrier du pays. — Le mûrier du pays est très vigoureux ; les ndigènes en distinguent deux variétés auxquelles ils donnent les noms de mûrier mâle et mûrier femelle. Les feuilles du premier sont sensiblement plus petites que celles de la variété femelle. Ces mûriers se forment facilement en gobelet. Leur taille ne présente aucune difficulté. 11 paraît, en outre, s'être fait dans le pays un bien plus grand nombre de variétés, mais dont on connaît encore mal les qualités et les défauts. Les mûriers indigènes entrent toujours en végétation un peu plus tard que le mûrier blanc et le mûrier multicaule. Un classement méthodique de ces variétés, dont plusieurs se rapprochent beaucoup du mûrier blanc et du mûrier du Tonkin, sera commencé aussi prochainement que possible, aiin de pouvoir examiner avec soin leurs défauts et leurs qualités, sous le rapport de leur culture et de leur valeur comme nourriture de vers à soie. 2° Mûrier multicaule. — Le mûrier multicaule est caractérisé par d'énormes feuilles pouvant atteindre, dans de bonnes conditions de végétation, jusqu'à 0'" 30 de long sur 0'" 20 de largeur. Ces feuilles sont gonflées et crevassées sur presque toute leur surface. Les vers en paraissent très friands ; mais elles ont l'inconvé- nient de retenir, dans leurs nombreuses anfractuosités, beaucoup d'eau rendant leur séchage difficile et leur emploi peu pratique lorsque les pluies sont fréquentes. On a fait, à ce point de vue, à Nanisana, des expériences comparatives mettant bien ce défaut en évidence. Deux lots de vers appartenant à la même variété, nourris, au moment le plus pluvieux de l'année, l'un uniquement avec des feuilles de multicaule, et l'autre avec des feuilles de toute provenance, ont donné les résultats suivants : DÉSIGNATION Durée de l'éducation Nombre de cocons frais au kilog. Cocons doubles Cocons faibles et autres Quantit.def"" consommées par kilog. de cocons frais Vers nourris uniquement avec des feuilles de mûrier multi- caule jours 33 35 660 .550 p. 100 O.GO 1 .15 p. 100 14.83 2.01 kil. 24 . 620 1 1 . 460 Vers nourris avec des feuilles de toute provenance 488 ÉTUDES ET MÉMOIRES Ce tableau suffit pour montrer que les feuilles de mûrier multi- caule ont donné de très mauvais résultats à cause d'un séchage insuffisant, bien difficile à réaliser pendant la saison des pluies. En revanche, cette variété peut très bien être utilisée pendant Rameau de Mûrier blanc. les périodes relativement sèches, et notamment avant le commence- ment de rhivernage. Elle est susceptible, par exemple, d'être employée avec profit dans les mûraies irriguées qui se couvrent de nombreuses feuilles et commencent à pousser vigoureusement en septembre et octobre, bien avant les plantations ordinaires dont la pousse commence à peu près au même moment, mais demeure très lente jusqu'au véritable début de l'hivernage. LA SÉKICULTURE A MADAGASCAR 489 Les feuilles du multicaule qui, à cause de leur minceur, conviennent très bien aux vers, présentent au contraire, pour la même raison, le très sérieux désavantage d'être facilement déchirées par le vent. Enlin, aux environs de Tananarive, le mûrier multicaule paraît se former en arbre avec plus de peine que les autres espèces. Il se Rameau de Mûrier des Phillippines. taille beaucoup moins facilement; mais comme nous n'avons pas encore de spécimens âgés de cette espèce, il ne faut pas consulérer cette appréciation comme définitive. Comme précocité, le mûrier multicaule se classe avec le mûrier blanc avant les variétés indigènes et celle des Philippines. Ces diverses remarques, nous le répétons, ne sont que le résultat de deux années d'études. Deux faits seulement nous paraissent définitivement acquis â l'heure actuelle: la qualité des feuilles dont les vers semblent très voraces, et le dan-^er présenté par Vemploi du Bulletin du Jardin colonial. "'■* 490 ÉTUDES ET MÉMOIRES multicaule en période pluvieuse à cause des difficultés du séchage dues à la nature particulière des feuilles de cette espèce. 3" Mûrier des Philippines. — Le mûrier des Philippines pousse également très bien, jusqu'à ce jour, en Emyrne. Il est caractérisé par de grandes feuilles de forme régulière ovale et allongée. Ces feuilles sont entières et dentées ; à Nanisana on n'a jamais observé une seule feuille, lobée sur cette espèce de mûrier. Une culture de 120 plants de cette espèce créée à Nanisana, dans le courant de 1903, permettra de formuler prochainement une appréciation plus précise sur la valeur de cette variété dont les vers semblent se montrer très friands. 49 Miirier blanc. — Le mûrier blanc, caractérisé par l'irrégularité de forme de ses feuilles luisantes, plus ou moins dentées, pointues et lobées, promet d'excellents résultats dans le centre de Madagascar. La facilité avec laquelle on lui donne, par la taille, la forme en gobelet préconisée pour le mûrier a déjà été très remarquée à la Station de Nanisana, (^ette espèce se montre aussi précoce que le multicaule. 5" Mûrier du Tonkin. — Nous ne dirons qu'un mot pour signaler l'existence de cette variété dont le Service de l'Agriculture ne possède encore qu'un très petit nombre d'exemplaires. Les spécimens récemment introduits présentent les plus grandes analogies avec certaines variétés du pays. Une mûraie entièrement composée d'arbustes de cette sorte sera créée, à Nanisana, aussi prochainement que possible, afin de comparer les exigences et les avantages du mûrie^ du Tonkin aux autres espèces ou variétés d'introduction récente ou ancienne. Jusqu'à ce jour, toutes ces sortes de mûrier nous paraissent mériter d'être multipliées sur une grande échelle et vulgarisées le plus possible dans tout le centre de Madagascar. [A suivre.) Em. Prudhomme. Directeur de V Agriculture à Madagascar. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER et préparation du cacao. [Suite K) CHAPITRE IV PRÉPARATIOIS ET AMÉNAGEMENT DU SOL. ABRIS Défrichement. — Une fois le sol choisi, il faut le préparer et l'aménag-er ; s'il est couvert de forêt on procède à Tabatage des grands arbres, et au coupa<^e des grandes broussailles, quelque temps avant la saison sèche ; quand celle-ci est arrivée depuis un certain temps, et que les broussailles sont suffisamment desséchées, on y met le feu. Plusieurs planteurs interrogés à ce sujet, tant à la Guyane hollan- daise qu'à la Trinidad, sont d'avis qu'il serait préférable, après avoir abattu la forêt, de laisser repousser pendant quelques mois et de couper encore une fois tous les rejets. Le brûlage a l'inconvé- nient considérable de détruire une grande quantité de matière orga- nique, car, lorsqu il est un peu sec, l'humus qui recouvre le sol des forêts brûle parfaitement ; d'autre part, la plus grande partie des cendres provenant de la combustion des bois et des brous- sailles est perdue pour le planteur, car si le sol est quelque peu en pente, les eaux de ruissellement les emportent dans les parties basses, dissolvent une partie des matières minérales qu'elles ren- ferment et les emmènent à la mer. Le brûlag-e a l'avantage de détruire une grande quantité d'in- sectes et de laisser le sol plus propre ; il est certain aussi qu'en brûlant on opère plus économiquement, et c'est ordinaii-ement le procédé employé pour le défrichement. Lorsque l'on détruit une forêt pour planter le cacaoyer, qui demande de l'ombrag'e, on est naturellement amené à se demander s'il n'y a pas avantage à réserver lors du défrichement un certain nombre d'arbres destinés à fournir l'abri contre le soleil. ,1. Voir Bulletin n" 25. 492 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les planteurs de la région de Bahia procèdent ainsi, et ils donnent pour raison que la main-d'œuvre leur fait défaut et qu'ils ne connaissent pas encore l'essence d'ombrag-e idéale pour leur région . A la Guyane hollandaise et à la Trinidad, les planteurs de cacao détruisent impitoyablement tous les arbres de la forêt, ils préfèrent en planter de nouveaux, considérant qu'il est indispensable que les arbres protecteurs et les jeunes cacaoyers se développent ensemble, pour que les premiers ne nuisent pas aux seconds en accaparant le sol. 11 n'est pas douteux que lorsque l'on conserve des arbres de la forêt vierge comme protecteurs, ceux-ci ont envahi le sol avec un fort système radiculaire, et qu'ils épuisent rapidement la nour- riture mise à la disposition des jeunes plants de cacaoyer. Les planteurs de Trinidad et de Surinam m'ont aussi fait remar- quer que les arbres de la forêt sont ordinairement très élancés et peu toutfus, qu'ils donnent par conséquent peu d'ombre, à moins qu'on ne les conserve très près les uns des autres; alors, l'inconvé- nient de l'épuisement du sol par leurs racines se produit avec intensité au détriment de la nouvelle plantation. Enfin on a remar- qué que les arbres forestiers, lorsqu'ils sont subitement isolés do ceux qui les entourent, n' offrent pas une grande résistance au vent et sont très facilement renversés. On comprend que le préju- dice qu'un de ces arbres cause en s'abattant sur les cacaoyers qui l'entourent, est bien supérieur à la dépense entraînée par son aba- tage et la replantation d'un nouvel arbre protecteur au moment de l'établissement de la plantation. Si l'on considère qu'il est très difficile, pour ne pas dire im[)os- sible, de conserver les arbres de forêt suivant des lignes régulières, ce qui nuit beaucoup à la régularité de la plantation; on se rangera facilement à l'avis des planteurs hollandais et anglais, à savoir qu'il vaut mieux abattre en plein que conserver des arbres d'om- brage au moment du défrichement; néanmoins, dans certaines cir- constances, on est obligé de recourir à ce procédé, soit à cause du manque de main-d'œuvre, soit parce ({ue l'on n'est pas fixé sur le choix des arbres qu'il conviendrait d'employer dans la région. Si l'on conserve les arbres de la forêt, il faut, avant de mettre le feu, dégar- nir autour d'eux pour éviter qu'ils ne soient brûlés. Quand le teu a passé, il reste sur le sol une certaine quantité de troncs et de branches incomplètement consumés, on les fait ramener et amon- CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 493 celer autour des grosses souches, puis on y met le feu pour empê- cher celles-ci de repousser. Les g-ros troncs restent ordinairement sur le sol où ils se décom- posent lentement ; les bois durs se conservent très longtemps et j'ai pu voir des planteurs brésiliens aller dans leurs caféières cher- cher des troncs abattus depuis 12 ou 15 ans, pour faire des travaux de charpente ou de menuiserie» Fig. 8. — Vue prise dans une cacaoyère à la Guyane hollandaise. Canal de drainage servant de voie de communication. Drainage. — Si l'emplacement choisi est en plaine et qu'il repose sur un sous-sol tant soit peu argileux, il faut le drainer for- tement à l'aide de fossés plus ou moins rapprochés et plus ou moins profonds suivant sa nature. Dans les alluvions argileuses de la Guyane Hollandaise, les planteurs ont été obligés de faire dispo- ser le sol de leurs plantations en planches de 7 à 8 mètres de large, séparées entre elles par des fossés de 0"" 60 de largeur et d'une profondeur un peu inférieure, ces fossés vont déboucher dans un canal plus large s'ouvrant dans le grand canal collecteur qui entoure la plantation et va jeter les eaux dans les fleuves. 494 ÉTUDES ET MÉMOIRES A la Trinidad, dans les plaines d'Arima, on a diî drainer, nnais d'une façon moins complète; cependant dans les plantations de M. Centeno on a creusé des fossés de 0'" TiO de côté toutes les deux rantrées de cacaoyers. Lorsque la plantation est en montag^ne, il n'est pas ordinaire- ment utile de creuser des fossés ; mais si le terrain est très en pente il peut être nécessaire d'ouvrir de distance en distance des ri^^oles très lég-èrement en pente pour recueillir les eaux de ruissellement et les rejeter en dehors de la plantation, on évite ainsi le ravine- ment. Chemins. — Quand le sol a été défriché et drainé il faut tracer les chemins ; on doit autant que possible faire des champs régu- liers pour faciliter la surveillance et l'exploitation ; si le terrain est suffisamment plan, on devra adopter la disposition en carrés ou en rectano^les, chaque rectangle, d'une superficie variable, étant séparé du voisin par un chemin de 3 mètres de largeur, qui per- mettra la circulation des voitures. Abris contre les vents. — Lorsque ïon opère en pays exposé aux vents violents il est absolument indispensable de réserver, tous les 100 mètres, dans une direction perpendiculaire aux vents domi- nants, une bande de terre d'au moins 40 mètres de largeur, sur laquelle on plantera un fort rideau d'arbres. Pour éviter que les racines de ces arbres n'aillent épuiser le terrain environnant, cette bande de terre devra être isolée du reste de la plantation par un fossé de 0*" 50 à 0 "' 60 de profondeur et de largeur égale. Dans les contrées accidentées, il n'est pas possible de donner à la plantation une aussi parfaite rectitude, et si les pentes sont très fortes on doit se contenter de sillonner les champs par des chemins en zigzag, dans lesquels on fait les transports avec des animaux munis de bâts, comme cela se pratique à Trinidad. Dans les pays montagneux, si les vents sont violents, il peut être prudent et même indispensable de ne planter que sur les versants non exposés au vent ; si l'on plante sur les flancs exposés, il faut rapprocher les lisières, car l'influence protectrice de celles-ci se fait sentir à une distance beaucoup moins grande qu'en plaine. Bien entendu, si l'on opère en forêt, il est très sage de conserver les lisières lors de l'abatage, et de les protéger contre le feu lors de l'incinération des broussailles. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 495 Trouaison. — On ne donne jias ordinairement un défoncement en plein lorsque Ton veut planter le cacao. 11 serait sans aucun doute très nécessaire de faire subir un défoncement complet au sol, comme on le fait en Europe lorsqu'il s'ag-it de cultures arbustives, mais malheureusement les moyens restreints à la main-d'œuvre défectueuse dont disposent ordinairement les planteurs des pavs tropicaux ne leur permeltent pas de donner à leurs sols les façons culturales considérées comme indispensables dans les climats tem- pérés, et presque toujours ils sont obligés de se contenter de faire fouiller le sol seulement à la place où devra être planté le jeune arbuste. Quand on a affaire à des terres lég-ères et dépourvues de pierres, on peut même se dispenser de creuser des trous, mais cette opération a toujours une heureuse influence sur le développement des jeunes plants, et il est préférable de ne pas la nég-liger. Piquetage. — Quand le terrain a été nettoyé, les chemins tracés et l'emplacement des lisières arrêtés, on procède au piquetage. Le piquelag-e consiste à marquer à l'aide d'un fort piquet l'em- placement exact de chaque cacaoyer ; à la Trinidad ce travail est ordinairement fait à tâche, par des ouvriers auxquels on donne ordinairement un salaire de 4 francs par 100 piquets plantés. La confection des piquets est à leur charge, mais il est supposé que le bois pour les faire est sur place. Lorsque l'on défriche une forêt c'est une précaution à prendre que de réserver tous les bois dont on aura besoin (piquets, perches) avant de brûler. Alignement. — On attache beaucoup d'importance à la Trinidad et à la Guyane hollandaise à ce que les lignes de cacaoyers soient très droites, et les plantations faites très régulièrement ; il doit en être ainsi partout et pour toutes les cultures, car il est infiniment plus faciles de bien surveiller des plantations faites avec soin. Dans ces deux contrées, tous les travaux d'entretien se font à la tâche, et il devient indispensable d'avoir des plantations régulièrement établies, car, par exemple, pour les sarclages, on calcule les prix pour une surface couverte par un nombre donné d'arbres. La régularité dans la plantation a en outre pour avantage de don- ner à tous les arbres le même espace et de leur permettre ainsi de se développer bien ensemble. Aménagement du sol à Madagascar. — Pour ce qui concerne 496 ÉTUDES ET MÉMOIRES Madagascar, ce que nous avons dit dans le chapitre précédent de la situation et de la nature des terres propres à la culture du cacaoyer, nous renseigne suffisamment sur ce qu'il y aura à faire pour les aménager. La question de conservation des arbres d'ombrage ne se pose pas. Il suffira pendant une période sèche de faire abattre la brousse herbacée à l'aide de coutelas et de la brûler quelques jours après. Dans les régions où l'on défriche la forêt, il faut procéder à l'abattage des arbres assez longtemps avant la plantation des abris. Ici, cette opération devra être faite très peu de temps à l'avance, car autrement on s'exposerait à voir le sol recouvert d'une nouvelle brousse aussi touifue, lorsque l'on voudrait planter. Les amomum sont des plantes dont les souches sont difficiles à détruire et qui repoussent très vite. Les alluvions de la côte Est sont ordinaire- ment assez saines et il ne me semble pas nécessaire de recomman- der le drainage; néanmoins, s'il se trouvait dans la plantation des cuvettes dans lesquelles l'eau reste stagnante plusieurs jours après les pluies, il serait nécessaire d'ouvrir des rigoles pour la faire écouler. En somme, les terres à cacao de Madagascar se présentent aux planteurs dans des conditions particulièrement avantageuses au point de vue de l'aménagement, et avec 50 ou (iO journées d'hommes on peut très bien défricher un hectare et le mettre prêt à être piqueté ; ce travail reviendrait donc à environ 60 ou 70 francs, tan- dis qu'à Trinidad, par exemple, il faut compter, pour défricher le même espace, 150 à 160 francs au minimum et lorsque l'on opère en vallée il faut ajouter à cette somme le coût du drainage, qui peut être quelquefois considérable. A la Guyane hollandaise, le drainage d'une parcelle de 50 hectares a coûté en mo3'enne, dans une plan- tation bien tenue, 350 tlorins par hectare, soit une somme supé- rieure à 700 francs ; à Trinidad on dépense à peu près 200 francs pour drainer un hectare. Si le drainage est inutile, ou presque, sur la côte Est, il n'en est pas de même des lisières contre le vent et je les considère comme absolument nécessaires pour abriter les plantations contre les vents du sud-est et sud, qui soufflent la plus grande partie de l'année, et quelquefois avec violence. Evidemment cette remarque ne s'applique qu'aux emplacements non abrités naturellement par des lignes de hautes collines, comme cela se rencontre assez fréquemment. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 497 Distance à adopter. — La distance à laquelle on plantera est forcément très variable suivant la richesse du sol, ordinairement on plante beaucoup trop près ; à Surinam, dans les anciennes plan- tations, les cacaoyers sont distancés de 14 pieds ; mais les planteurs ont reconnu cette distance comme insuffisante et ils plantent main- tenant à 16 et 18 pieds. A Trinidad les plantations faites à 12 pieds ne sont pas rares ; mais cet intervalle est manifestement insuffisant, car à 6 ou 7 ans les cacaoyers qui sont loin d'avoir atteint leur complet développement, se touchent déjà et se gênent mutuellement, aussi dans les nouvelles plantations a-t-on adopté un écartement de 14 pieds (4"' 60). Cependant si l'on voulait exploiter le sol d'une façon intensive, peut-être pourrait-on faire comme quelques cultivateurs de Gre- nade, qui plantent leurs cacaoyers à 3 mètres de distance sans abri contre le soleil. La période de pleine production est moins longue à venir; mais la plantation dure aussi beaucoup moins longtemps et il faut, pour maintenir la productivité, donner des façons culturales au sol et le fumer, ce que l'on ne fait ordinai- rement pas dans les grandes plantations. Je conseillerai aux planteurs de Madagascar d'adopter la dis- tance de 4 mètres. Si la plantation trop serrée a des inconvénients, un espacement trop grand est également préjudiciable parce que les arbres mettent trop de temps à couvrir le sol de leur ombrage ; de ce fait les frais d'entretien sont considérables, car lorsque le sol est complètement ombragé, les herbes ne poussent presque plus et les dépenses de sarclage sont réduites au minimum ; il faut aussi considérer que dans les plantations très écartées, le maxi- mum de rendement est atteint plus tard, mais il est ordinairement plus élevé que dans les plantations trop serrées. Le directeur de la plantation de Jagshust, Tune des plus grandes et des plus intelligemment installées de la Guyane hollan- daise, m'a dit l'année dernière, qu'il lui paraîtrait très pratique de planter le cacaoyer sur des lignes espacées de 3 mètres, la dis- tance observée sur les lignes étant de 5'" 50 à 6 mètres, et d'en- lever progressivement une ligne sur deux par la suite. Ce procédé, qui pourrait remédier aux inconvénients des plantations trop ser- rées et trop écartées, mérite d'autant plus de retenir l'attention qu'il est conseillé par une personne très au courant de tout ce qui se rattache à la pratique culturale du cacaoyer 498 ÉTUDES ET MÉMOIRES A Madagascar on a planté souvent beaucoup trop près ; il n'est pas rare de voir des arbustes distancés de 3 mètres à peine : c'est tout à fait insuffisant. Abris contre le soleil. — Le piquetage ayant été fait, il peut être procédé à la plantation des abris. Bien entendu les lisières doivent être plantées aussi longtemps que possible à l'avance, tandis qu'il est bon de ne pas planter trop longtemps d'avance les abris pour l'ombrage, afin d'éviter que l'inconvénient signalé plus haut, qui se produit lorsque l'on conserve des arbres de la forêt, soit occasionné par les plantes d'ombrage trop développées au moment de la mise en place des cacaoyers. Tous les planteurs de cacao à qui j'ai parlé à ce propos sont d'accord pour reconnaître qu'il est mauvais de planter sous un ombrage trop intense. Les plants s'étiolent et restent chétifs, tandis qu'une exposition modérée au soleil, dans les premières années, leur donne beaucoup plus de force. Constitution des lisières. — Les lisières sont, comme nous l'avons vu, des rideaux d'arbres plantés de distance en distance, suivant une direction sensiblement perpendiculaire à la direction des vents, pour protéger les plantations contre l'action de ceux-ci. A la Guyane et à Trinidad on ne fait ordinairement pas de lisières ; on sait en elfet que ces pays sont en dehors de la zone des cyclones et par conséquent des vents violents. Il n'en est plus de même à la Guadeloupe où les planteurs de café du Camp Jacob et des environs de la Basse-Terre sont obligés de protéger leurs plantations par des lignes de pois doux finga laurina), espacées de 10 mètres ; sur ces lignes, les arbres sont placés à des distances très minimes, moindre qu'un mètre ordinairement. La plantation des lisières est faite à la Guadeloupe deux, trois ou quatre ans avant la plantation des jeunes caféiers. Je ne crois pas devoir conseiller aux planteurs de cacao d'em- ployer cette méthode qui n'est pas pratique au point de vue de l'exploitation, et je crois préférable de m'en tenir à ce que j'ai dit précédemment, c'est-à-dire de réserver tous les 100 ou 200 mètres par exemple, une bande de terre de 10 mètres de largeur, isolée du reste de la plantation par des fossés pour empêcher les arbres de la lisière de porter préjudice aux cacaoyers voisins, et de planter CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 409 cette plate-bande avec des espèces à cimes toulluos. Dans ces con- ditions, la lisière, qui devient un véritable rideau, doit être formée : 1° D'une lig-ne de grands arbres plantés dans le centre; 2" De lignes d'arbrisseaux ou darbustes qui garniront le bas de la lisière laissé libre par les grands arbres à tronc ordinairement nu. On pourrait procéder ainsi : planter au centre de la plate-bande, sur deux lignes distancées de deux mètres, les grands arbres sépa- rés par un intervalle de 4 mètres sur la ligne. De cliaque côté il resterait un espace libre de 4 mètres de large sur lequel on place- rait deux ou trois lignes d'arbrisseaux ou d'arbustes. La première des conditions que doivent remplir les arbres pour abriter les plantations du vent, c'est de pousser rapidement et de présenter un bois assez tlexible pour ne pas être brisés par les vents. Un grand nombre d'espèces peuvent réunir ces conditions à un degré plus ou moins grand. Ce sont, pour les grands arbres : Artocarpus incisa et integrifolia, Swietenia Mahagoni et macrophylla, Cedrela odorata, Ilura cre- pitans, divers Ficus, Eucalyptus robusta et citriodora, Grevillea robusta, etc. .. Albizzia stipulata, Inga dulcis, Khaya senegalensis, Melia Azedarack, etc.. etc.. De toutes ces espèces je crois devoir recommander plus parti- culièrement pour Madagascar l'Eucalyptus robusta et le Grevillea robusta. Ces deux essences déjà employées dans beaucoup de pays poussent avec rapidité, sont résistantes auvent, s'élancent bien et ne donnent pas d'ombrage à la partie de la plantation qui les avoisine ; il n'est du reste pas douteux que dans chaque pays on trouvera des espèces spéciales susceptibles de donner de bons résultats qu'on aura avantage à employer. Pour ce qui est des plantes de 2 mètres de hauteur devant rester toulîues jusqu'à la base, on n'a que l'embarras du choix. L'Aca- lypha qui croît avec une grande rapidité, atteint o à b mètres de hauteur et se multiplie avec une grande facilité par bouture, don- nera certainement de très bons résultats. Comme nous l'avons dit plus haut, il sera bon d'établir les lisières aussi longtenq^s que possible avant l'exécution de la plan- tation; néanmoins si cette condition ne pouvait être remplie, il serait prudent, pour les points les moins abrités naturellement du 500 ÉTUDES El MÉMOIRES vent, d'établir au début des lideaux provisoires de bananiers assez rapprochés. Établissement des abris pour lombrage. — Presque tous les planteurs admettent que l'ombre est absolument indispensable au cacaoyer ; les observations faites dans les stations oii il croît natu- rellement viennent justifier cette manière de voir, cependant s'il est reconnu et indiscutable que l'ombrage est indispensable dans le jeune âge, je ne puis admettre sans réserve qu'il en soit de même lorsque les arbres ont atteint un certain Age ; les méthodes de culture sont là pour m'autoriser à émettre quelques restrictions à ce sujet, car si certains planteurs comme ceux de la Trinidad sont d'avis que l'ombre compacte est absolument nécessaire, d'autres prétendent qu'il n'en est pas de même ; ainsi à la Guyane hollan- daise on s'accorde pour reconnaître qu'anciennement on ombrait d'une façon trop complète; tandis que dans les anciennes plantations les arbres d'ombrage étaient plantés à 30 pieds, dans les nouvelles on les plante à 60 et 66 pieds ; dans un des districts de la Guyane hollandaise, il existe une cacaoyère de 200 acres, qui ne possède pas d'arbres d'ombrage et l'on est satisfait des résultats obtenus. A la Grenade, située cependant très près de la Trinidad, on n'ombre jamais les cacaoyères. Je ne conclurais pas que ceux qui ombrent les cacaoyères ont tort et que ceux qui ne les ombrent pas ont raison, ou vice versa. En agriculture il faut être très prudent avant de condamner telle ou telle méthode culturale, ordinairement basée sur des observations pratiques et consacrées par de longues années d'expérience. Je dirai au contraire qu'il me semble que les plan- teurs de Trinidad qui ombrent leurs cacaoyers d'une façon presque excessive ont raison, et que ceux de la Grenade qui ne les ombrent pas ont également raison, puisque tous réussissent à gagner beau- coup d'argent. Il faut, à mon sens, rechercher la cause de ces dilférentes méthodes culturales, et c'est l'avis du D"" Preus, dans des différences climatériques et peut-être aussi dans des conditions de sol diffé- rentes. Tandis qu'à la Trinidad la chute ordinaire annuelle de pluie dépasse rarement 1"^ 80, elle ne descend presque jamais au-des- sous de 3 mètres à la Grenade ; les planteurs de Trinidad ont bien remarqué que dans les années sèches, les plantations trop peu ombragées étaient souvent anéanties et qu'au contraire celles dans CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 50i lesquelles les arbres d'ombrage sont bien développés, résistaient. On plante à Trinidad un arbre d'ombre pour deux cacaoyers, c'est évidemment beaucoup; mais au Nicaragua, où la saison sèche dure très long-temps, on plante souvent un arbre d'ombre par cacaoyer. En somme, lol^servation des faits existants permet de poser comme règ^le g-énérale que l'intensité de lombrage, toutes choses étant ég-ales d'ailleurs, doit varier en raison inverse du degré d'hu- Fiy'. 9. — V'uc ]jris(.' tlans une cacao^èro à Suriiiani à remar([iu'r le pi'u d'intensité cronibragei. midité du climat ; on peut même dans certains cas supprimer com- plètement les arbres d'ombre. Les cacaoyers dans ces "'conditions prennent moins de développement, ils produisent beaucoup plus tôt, mais s'épuisent aussi plus rapidement. Le climat de la côte Est de Madagascar, si l'on ne considère que les hauteurs d'eau, est en somme très humide, puis(jue la chute annuelle atteint souvent 3 mètres. Il convient de considérer que la marche générale du climat, à cause probablement de l'ab- sence complète de forêt sur la plus grande partie du littoral, est 502 ÉTUDES ET MÉMOIRES sensiblement différente de celle d'autres régions plus boisées, Tri- nidad par exemple, qui a des chutes d'eau très sensiblement plus faibles. Dans les régions forestières il passe bien peu de journées sans que l'on ait à enregistrer de fortes bruines qui laissent, il est vrai, peu de trace au pluviomètre, mais qui sont cependant suffisantes pour entretenir la fraîcheur et diminuer considérablement l'évapo- ration. Sur la Côte Est de Madagascar, il en est généralement autrement, on observe fréquemment en pleine saison des pluies, plusieurs journées de suite sans précipitation atmosphérique. Ces péinodes sèches qui succèdent presque sans transition à des périodes très pluvieuses, sont généralement accompagnées d'une forte insolation et de vents desséchants, aussi ne tarde-t-on pas à voir les plantes souffrir d'une évaporation trop considérable dès que les journées ensoleillées ont succédé aux journées pluvieuses. Ces observations m'amènent à penser, bien que d'autres personnes soient d'un avis contraire, que le cacaoyer aura absolument besoin d'un ombrage assez intense, dans la région de Tamatave tout au moins. Des constatations faites tout récemment me permettent même de dire que les échecs qui ont accompagné certains essais de culture du cacaoyer sur le versant oriental sont en partie dus à rinsuffîsance de l'ombrage et de l'abri conti"e le vent. Il en sera probablement autrement plus au nord, dans la pro- vince de Maroantsetra par exemple, où, d'après les observations faites à l'Observatoire Météorologique de la province, les précipi- tations atmosphériques sont sensiblement plus importantes. Dans ces conditions il peut se faire qu'un ombrage modéré puisse suffire, mais tout me porte à croire que partout k Madagascar il sera utile d'abriter le cacaoyer du soleil pendant toute évolution. La ques- tion ne se pose pas pour les 4 ou 5 premières années, puisqu'il a été dit plus haut qu'il était partout reconnu comme nécessaire de protéger les jeunes plants contre les ardeurs du soleil, à l'aide de l'abri provisoire, ordinairement formé de bananiers. Pour me résumer en ce qui concerne l'ombrage des cacaoyères établies ou à établira Madagascar, je me crois autorisé à dire que je considère comme absolument nécessaire la formation d'un abri permanent, d'une intensité moyenne, qui pourra sans inconvénient être diminuée, pendant les 3 ou 4 mois de saison sèche, par la chute des feuilles. Quant à l'abri provisoire, les expériences faites à la Station d'Essais de l'Ivoloina en ont démontré l'utilité absolue. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 503 Abris provisoires. — On comprend que les abris provisoires doivent pousser avec rapidité pour qu'ils puissent ombrager rapide- ment la jeune plantation. On s'adresse partout, je crois, au bananier, mais les planteurs de Trinidad, du Venezuela, de la Guyane ajoutent ordinairement, pour augmenter l'ombre, dans les premiers temps, quelques autres espèces, telles que le manioc qu'ils plantent plus près du jeune cacaoyer. Dans beaucoup de pays on plante un pied de bananier pour un cacaoyer, à Trinidad on en plante deux, A Surinam.j'ai pu voir de jeunes cacaoyères dans lesquelles les arbustes étaient disposés à 16 pieds de distance, tandis que les bananiers ne l'étaient qu'à 10. On fait ainsi une plantation irrégulière, que je ne recommanderai pas et j'aime mieux préconiser la méthode employée à Trinidad. Les piquets marquant la place des cacaoyers, ayant été plantés à 4 mètres ou 4'" 50 en carré, on marque ensuite la place des bananiers à l'aide de piquets plus petits, on place sur la ligne des cacaoyers et dans les deux sens un bananier juste au milieu de l'intervalle qui les sépare, on a ainsi deux bananiers pour un cacaoyer. Cette disposition est, à mon avis, préférable à celle qui consiste à planter les cacaoyers entre des lignes continues de bananiers; ces lignes arrivent bien vite à former voûte et il s'établit ainsi un couloir dans lequel les cacaoyers sont privés de lumière et soumis à un courant d'air continu. On peut, bien entendu, planter soit en carré, soit en quinconce ; dans le second cas, les arbres jouissent d'un espace plus régulier. A la Jamaïque on plante souvent le cacaoyer dans les cultures de bananiers destinées à produire des fruits pour l'exportation vers les Etats-Unis. A la Guyane hollandaise comme du reste à la Trinidad, on n'emploie pas indifféremment telle ou telle espèce de bananier, on donne la préférence aux Musas paradisiaca que les Hollandais appellent « Bakoven », c'est le « Plantam » des Anglais. A Trini- dad on emploie surtout la variété de bananier connue sous le nom de « Gros-Michel » qui doit être aussi une variété du Musa paradi- siaca. Les formes du Musa sapientum donnent moins d'ombre, se déve- loppent moins et finissent ordinairement de fructifier vers la troi- sième année. A Madagascar il y aura lieu de pousser très loin la sélection des variétés de bananier à employer et de tenir compte 504 ÉTUDES ET MÉMOIRES pour ce faire, des observations qui ont été faites à la Station d'Es- sais de rivoloina et publiées par mon collègue M. Deslandes, sous-inspecteur de l'Agriculture, dans le numéro 10 du Bulletin du Jardin colonial. Parmi les variétés du bananier mises à l'étude à la Station d'Es- sais de rivoloina comme plante d'ombrage, dans les plantations d'essais de cacaoyer, l'une, la Banane figue », connue par les indi- gènes sous le nom d'Ankondromvazaha (mot à mot banane des Européens) a tellement soulfert des attaques d'un charançon, reconnu par M. Fleutialx, entomologiste du Jardin colonial, comme étant le Sphenophorus sordidus, qu'elle a été complètement détruite, laissant exposé en plein soleil les jeunes cacaoyers qu'elle abritait. Cette circonstance nous a permis de reconnaître qu'à Mada- gascar comme partout ailleurs le cacaoyer a besoin de beaucoup d'ombre dans son jeune âg-e. Il semble sage de conseiller aux planteurs de Madagascar d'em- ployer surtout le bananier à fruits violets qui s'est montré très résis- tant aux attaques du sphenophorus; cette variété a en outre l'avan- tage de s'élancer beaucoup. 11 existe encore dans la région une variété de bananier dont les fruits renfermciit des graines, qui semblent être à recommander, mais en l'employant il faut renoncer aux pro- duits que peut donner la vente des bananes, lorsque la plantation se trouve à proximité d'un centre important de consommation. Peut-être p;)urrait-on employer utilement l'Abacca qui donne des libres dont le placement est assuré en Europe. Peut-être beaucoup de planteurs auraient-ils à Madag-ascar avantage à employer cette espèce pour abriter leurs jeunes cacaoyères, car il est bien peu de régions de la grande île où les bananes aient une valeur digne d'ar- rêter l'attention; l'Abacca pousse malheureusement assez lentement. Les bananiers se multiplient comme on le sait par œilletons que l'on sépare des pieds-mères en leur conservant une partie de souche. Ces œilletons, qu'il faut choisir assez jeunes et auxquels on enlève les feuilles, sont mis en place aussi peu de temps que possible après l'arrachage. A Trinidad et à la Guyane hollandaise le creusement des trous et la plantation des bananiers se font à la tâche, à raison d'environ trois francs pour cent œilletons, ceux-ci étant rendus sur le champ. Comme je lai dit plus haut, il est mauvais de planter le.s plantes d'ombrage trop longtemps avant les jeunes cacaoyers; à Surinam et CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 505 à Trinidad, on les plante ordinairement trois mois environ avant ces derniers; on préfère, paraît-il, mettre les bananiers en place durant la saison sèche. En même temps, ou quelque temps après la mise en place des bananiers, il est d'usag-e de placer en triangle, à 0 "^ 60 environ du piquet qui marque la place de chaque cacaoyer, trois boutures de manioc qui fournissent de l'ombi-e au jeune plant dans les premiers temps qui suivent sa mise en place ou sa levée, si Ton sème directe- ment sur le terrain. Pour Madagascar, je crois devoir recommander de planter les bananiers cinq à six mois environ avant les cacaoyers, mais je ne puis conseiller l'emploi des boutures de manioc qui m'ont cependant paru donner d'excellents résultats dans les jeunes cacaoyères, tant à Surinam qu'à l^rinidad; cette restriction est faite à cause des san- gliers qui pullulent sur la côte Est et qui, attirés par les racines de manioc, peuvent, en une seule nuit, détruire un nombre important de cacaoyers, en fouillant le sol autour d'eux. On pourra certainement trouver d'autres plantes pour remplacer le manioc; mais il faut qu'elles poussent vite et qu'elles reprennent facilement de bouture ; le pig-non d'Inde employé comme support de la vanille pourrait peut-être le remplacer. Le mûrier est très proba- blement susceptible de rendre des services ainsi que l'ambrevade, (Gajanus indica), le mimosa de La Réunion (Leucaena g'iauca). On entreprendra prochainement à la Station d'Essais de l'Ivoloina de sérieux essais d'ombrage à l'aide du Gajanus indica (Ambrevade), du Lancaena glauca et du Mûrier déjà utilisé par un planteur de la vallée de l'ivondro. Les deux premières plantes, qui appartiennent à la famille des lég-umineuses, poussent très vite, sont très rus- tiques, possèdent la propriété de fixer l'azote atmosphérique et ont toutes les deux de très sérieuses qualités fourragères; elles paraissent pouvoir très avantageusement remplacer le manioc pour ombrager directement les jeunes cacaoyers. Il suffirait, semble-t-il, de les semer trois mois environ avant la mise en place, dans trois ou quatre poquets autour des trous que doivent occuper les arbustes, pour avoir au moment de leur plantation un ombrage très suffisant. Dans les pays d'Amérique du Sud et des Antilles, on emploie de préférence le manioc parce qu'il donne un produit très appréciable. Quand il s'agit de remplacer une culture arbustive déjà établie par celle du cacaoyer, on peut, dans certains cas, se servir des arbustes Bulletin du Jardin colonial. "^^ 506 ÉTUDES ET MÉMOIRES existants comme abri provisoire. Ainsi j'ai vu, à la Guyane Hollan- daise, des planteurs employer les caféiers de Libéria pour ombra- ger les jeunes cacaoyers destinés à les remplacer. Il faut dans ce cas élaguer et éolaircir judicieusement les arbustes qui occupent le terrain pour que les nouveaux plants n'aient pas à souffrir de leur voisinage. Abris permanents. — Les abris permanents sont constitués à l'aide d'arbres appartenant à diverses espèces qui devraient théori- quement remplir les conditions suivantes : croître rapidement, avoir des racines pivotantes pour ne pas épuiser la surface du sol, s'élever suffisamment jDour permettre aux cacaoyers de croître à l'aise sous leur cime, avoir un feuillage assez dense pour donner en tout temps un ombrage suffisant sans l'être trop. En pratique il n'est guère possible de trouver un arbre idéal réu- nissant toutes les qualités énoncées précédemment, et la plupart de ceux qui sont employés actuellement par les planteurs des divers pays les possèdent plus ou moins. Les arbres probablement les plus emplo3^és pour ombrager les cacaoyères sont certainement ceux qui appartiennent au genre Ery- thrine; à la Guyane hollandaise, à la Trinidad et au Venezuela, on plante à peu près exclusivement les Erythrina umbrosa et velutina que les vieux planteurs espagnols ont nommé Madredel cacao (Mère du Cacao) et que les hollandais de Surinam connaissent sous le nom de Kofféemama. L'Erythrina umbrosa, connue à la Trinidad sous le nom de Ananco, est élancé, de grandes dimensions et réservé pour les parties montagneuses ; l'Erythrina velutina que l'on appelle « Bocare » se plaît surtout dans les plaines et il réussit mieux dans les terrains humides que l'Erythrina umbrosa, c'est certainement le « Bocare » que l'on trouve partout à la Guyane hollandaise. Les planteurs hollandais, anglais (de Trinidad) et vénézuéliens ne voudraient, pour rien, remplacer les Erythrines par une autre espèce végétale ; est-ce à dire que cet arbre réunit toutes les condi- tions que nous avons énumérées? Il en est loin. Tout d'abord les Erythrina sont des arbres de grandes tailles, l'Erythrina umbrosa atteint souvent dans les cacaoyères une hauteur supérieure à 25 mètres avec un diamètre à la base du tronc dépassant un mètre ; multipliés par boutures-plançons, ces arbres gigantesques n'ont pas de pivot, leur système radiculaire est uniquement formé de racines CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 507 énormes qui courent sur le sol à plus de 20 mètres du tronc, ne donnant pas à l'arbre une stabilité toujours suffisante, surtout lors- qu'il croît sur des pentes arg-deuses ; j'ai vu, à plusieurs reprises, dans les cacaoyères des districts de Montserrat et de Couva à Tri- nidad, de ces géants renversés par le vent, surtout après une forte pluie ; on conçoit ce que leur chute cause de dommages aux cacaoyers qui se trouvent dans leur voisinage; cet inconvénient n'est pas le seul que possède les immortelles, elles se dépouillent chaque année de leurs feuilles : quelques personnes regardent cette propriété comme un avantage. Tous les planteurs que j'ai interro- gés à ce propos sont d'avis que c'est un défaut, et le 1)'" Preus, dont la compétence est indiscutable en matière de cultures coloniales, est de leur avis. lui présence de ces désavantages, on est fatalement amené à se demander pourquoi des planteurs aussi experts en culture du cacaoyer que ceux des Guyanes, de Trinidad et de Venezuela, tiennent tant à cette essence. Elle a évidemment, comme toutes les légumineuses, la propriété d'assimiler directement, par symbiose, l'azote atmosphérique, mais cette connaissance n'est pas suffisante pour expliquer la préférence des planteurs. Tout récemment, le professeur Carmady, chimiste du gouverne- ment de Trinidad. dans une étude très intéressante, vient de démon- trer scientifiquement la raison pour laquelle l'Erythrine est à peu près exclusivement employée dans cette île, pour l'ombrage des cacaoyères. Les travaux de Bonane nous ont appris que la graine de cacao est très riche en azote et ce chimiste a calculé que 1.000 kilos de graines préparées contiennent 16 kilos 400 d'azote. Toutes les fois que l'on exporte une tonne de cacao marchand d'une plantation, on enlève donc au sol 10 kilos 400 d'azote, que seule la nitrification des matières organiques qu'il contient peut lui restituer, si on ne les lui rend pas par l'apport d'engrais ou par un autre moyen. M. Carmady a démontré par une série d'analyses que la puissance d'assimilation de l'azote par les Erythtrina est telje que la simple chute des fleurs sur le sol suffit à rapporter à celui-ci tout l'azote que lui enlèvent les graines de cacao. Il a calculé que 2o0 cacaoyers produisent oOO livres de cacao, contenant au total 12 livres 1/2 d'azote ; pour ombrager ce nombre de cacaoyers, il faut 50 immortelles, qui donnent environ 500 livres de fleurs sèches, contenant 4 "/o d'azote, soit 20 livres. 508 ÉTUDES ET MÉMOIRES Ce même auteur fait remarquer, en outre, qu'il y aurait avantag-e à ce que les fleurs soient enfouies, aussitôt que possible après leur chute, car elles perdent rapidement une grande partie de Tazote qu'elles contiennent, ainsi que le mettent en évidence les analyses faites au laboratoire de Port-of-Spain. Les fleurs fraiches d'Erythrine dosent 6.32 °/o d'azote, deux jours après leur chute elles n'en dosent que 5.16 °/o, cinq jours après leur chute elles n'en dosent plus que 4 1/4 "/o. La quantité de 500 livres de fleurs que M. Carmady indique comme étant la production de 50 arbres ne peut pas paraître exag-é- rée pour qui a vu cette essence au moment de la floraison ; il est bien évident que c'est parmi les espèces arborescentes l'une de celles qui fleurissent le plus abondamment. Les planteurs de Java utilisent plusieurs espèces d'Erythrines, parmi lesquelles l'Erythrina subombrans. La puissance d'assimilation de l'azote par cette espèce a été démontrée par M. Grandeau, qui a, d'après M. Dybowski, donné les analyses suivantes des feuilles ; 1000 kilos de feuilles sèches dosent : Azote 18 kil. 790 Acide phosphorique i 400 Potasse 3 180 Chaux 37 Magnésie 2 500 La chute des feuilles peut donc parfaitement être considérée comme une véritable fumure. En outre de l'avantage mis en évidence par MM. Carmady et Grandeau, les Erythrines ont la propriété de croître très rapidement et de se multiplier avec une grande facilité par bouture : elles donnent en trois ou quatre ans des arbres très sufïisants pour ombrager la cacaoyère ; malheureusement leur bois n'a aucune valeur. Au Nicaragua, on emploie le Gliciridium maculata ; j'ai vu cette espèce en expérience à la Station de Sainte-Clair à la Trinidad : le directeur en espère beaucoup de satisfaction. Le Pithecolobium Saman qui est quelquefois employé au Vene- zuela n'est utilisé nulle part à Trinidad ni à la Guyane Hollandaise où il est regardé comme mauvais, son développement est trop con- CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 509 sidérable, et il ne laisse rien croître sous son ombrage. M. Hart, de Trinidad, qui est homme de grande expérience, en est cependant un chaud partisan. Dans les Indes orientales, on emploie beaucoup diverses espèces dWlbizzia, particulièrement les Albizzia moluccana et stipulata qui croissent avec une rapidité extraordinaire, mais auxquels on reproche d'être trop peu résistants aux vents. L'Albizzia lebbeck est aussi employé ; sa croissance est plus lente, mais il résiste mieux aux tempêtes. IJeaucoup d'autres espèces sont encore employées : le Swietenia Mahagoni, le Cedrela odorata sont, à la Guadeloupe, préférés aux Erythrines auxquelles on reproche d'être facilement envahies par les parasites. Cet argument me paraît peu acceptable, car à la Guyane hollandaise, on prend très bien le soin de faire débarrasser, tous les deux ans, les Immortelles de la multitude d'épiphytes qui les ont envahies. Le Cedrela odorata et le Swùetenia Mahagoni sont des arbres atteignant des dimensions gigantesques qui donnent, il est vrai, après 30 ou 40 ans, des bois de bonne qualité, mais qui n'ont pas, comme les légumineuses, la propriété de fixer l'a/.ote atmosphérique et qui épuisent, par conséquent, considérablement le sol ; aussi je ne suis pas de l'avis de Guérin qui les préconise. Les cacaoyères abritées par des Cedrela et des Khaya Senegalensis que j'ai visitées à la Guadeloupe ne sont pas, à beaucoup près, compa- rables à celles de Trinidad. On emploie encore plusieurs autres espèces pour ombrager les cacaoyères. L'Artocarpus incisa. ditTérentes espèces d'inga, des anacardium, l'Hura crepitanset, paraît-il à Ceylan, le Manihot Glaziowii. Toutes ces essences sauf les Inga, ne donnent pas de merveilleux résultats ; elles sont en somme peu utilisées, sauf celles à fruits comestibles, que les tout petits planteurs possédant peu de terrain plantent en mélange avec toutes les espèces susceptibles de leur fournir un pro- duit alimentaire. Le Manihot Glaziowii est absolument inutilisable à Madagascar, où il est facilement brisé par les cyclones. J'ai vu, à la Jamaïque, une petite cacaoyère ombragée des cocotiers, je ne crois cependant pas que le cocotier puisse être cité comme arbre d'ombrage du cacaover. Quelques auteurs ont écrit que le muscadier est employé pour ombrager les cacaoyères dans certains pays ; il doit y avoir erreur, 510 ÉTUDES ET MÉMOIRES car la croissance, du Myristica fragrans est, beaucoup trop lente et on croit généralement qvi'il lui faut aussi de Tombrag-e dans les premières années de sa vie. En résumé, pour le choix des essences dombrag^e pour rétablis- sement des abris permanents du cacaoyer, il paraît nécessaire de s'adresser aux arbres de la famille des légumineuses qui croissent avec rapidité et qui épuisent peu le sol. Les petits planteursemploient toutes sortes d'essences en mélange avec les cacaoyers ; ce mode d'opérer n'est pas à conseiller. Pour le Cong-o, M. Rousselot recommande le Musang-a Sclinithi, préconisé aussi par M. Dybowski. A Madagascar, les quelques plantations de cacaoyers établies jusqu'à ce jour sur la côte Est sont toutes ombragées avec le bois noir (Albizzia Lebbeck) qui se développe d'une façon très satisfai- sante. 11 croît malheureusement très lentement, mais il reste bien au vent et c'est en somme la seule espèce que l'on puisse, quant à présent, recommander en toute connaissance de cause. Son feuillage n'est pas trop dense, on pourrait seulement lui reprocher d'être trop caduc et de laisser trop longtemps en plein soleil les arbris- seaux qu'il doit ombrager. La multiplication peut se faire par boutures, mais on emploie surtout le semis, les jeunes plants reprennent bien à la transplanta- tion, la croissance est moins rapide que celle des Erythrines et il est nécessaire de planter les Albizzia Lebbeck au moins deux années avant la mise en place des jeunes cacaoyers. En tout cas, je n'hésite pas à recommander vivement aux colons d'attendre pour planter les bananiers que les bois noirs aient atteint une certaine hauteur, parce que si les bananiers prenaient le dessus, en les ombrageant d'une façon trop intense ils entraveraient complètement la crois- sance. Les observations faites k ce sujet à la Station de l'Ivoloina sont probantes. Il existe sur la côte Est de Madagascar plusieurs espèces d'im- mortelles dont nous ne connaissons pas la détermination exacte. II est très probable qu'elles pourraient, comme les Erythrina umbrosa et velutina, être utilisées, malheureusement leur feuillage ne dure pas longtemps et il est, à différentes époques de l'année, attaqué par une multitude de chenilles qui pourraient bien être dan- gereuses pour le cacaoyer. Néanmoins, je crois, comme feu M. Lacharme, qu'il pourrait être intéressant d'étudier ces espèces au point de vue de leur valeur comme arbres d'ombrage. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER SU Dans la vallée de la Matitanana, province de Farafangana, on rencontre un grand nombre d'une Erythrine, prenant un très grand développement et ressemblant beaucoup au bocare de Trinidad. Les indigènes qui la nomment sanganakoholahy (Crête de coq) savent très bien l'heureuse influence qu'elle a sur le développement • des cultures et sont très heureux lorsqu'ils peuvent planter leur riz à la place de l'une d'elles. 11 est probable que cette espèce pourrait avantageusement être employée pour ombrager les cacaoj'ères. Bien que l'Albizzia Lebbeck présente de sérieuses qualités, il ne fournit pas encore l'essence idéale à cause de la lenteur de sa crois- sance et de la caducité de son feuillage. Dès 1898, la Direction de l'Agriculture s'est occupée d'introduire à Madagascar les espèces les plus employées par les planteurs des Indes orientales. L'Albizzia Moluccana, l'Albizzia stipulata et pithecolobium saman, sont actuel- lement mises à l'étude à la Station de Tamatave. Les deux premières espèces poussent avec une extraordinaire rapidité ; des plants mis en place en août 1901 avaient en Février 1902 plus de sept mètres de hauteur, ainsi qu'il est facile de s'en rendre compte en jetant un coup d'œil sur les photographies ci-contre, n°* 13 et 16. Tout fait donc prévoir que ces deux essences, qui se sont mon- trées assez résistantes au vent à la Station d'Essais de l'Ivoloina, pourront être employées très avantageusement sur la côte Est. 11 suffirait, semble-t-il, de les planter quelques mois avant les bana- niers, pour qu'elles n aient pas à souffrir d'un ombrage trop consi- dérable, et, mises en places 6 à 8 mois ou plus avant les jeunes cacaoyers, elles seraient, lorsque les bananiers commenceraient à perdre de leur vigueur, assez développées pour ombrager suffi- samment la cacaoyère. Elles présentent en outre l'avantage de conserver des feuilles pendant toute l'année. Néanmoins, les essais sont encore trop récents pour que l'on puisse en tirer des déduc- tions catégoriques; il faudra voir aA^ant de quelle façon se com- porteront les arbustes ombragés, pour pouvoir dire quelle sera la valeur exacte de ces essences, mais il me semble que déjà on peut les employer sans crainte. Le Pithecolobium saman se développe avec une rapidité beaucoup moindre, c'est à peine si ceux plantés à la même époque que les Albizzia moluccana et stipulata ont actuellement deux mètres cin- quante de hauteur, ils poussent très capricieusement, mais paraissent avoir une grande résistance à l'action des vents; l'avenir 512 ETUDES ET MEMOIRES nous apprendra ce que cette espèce vaut comme essence d'ombrag-e à Madagascar. Distance à observer entre les arbres d'ombrage. — Les arbres destinés à ombrager d'une façon permanente semblent devoir, comme nous l'avons vu précédemment, être plantés d'autant plus loin que le climat du pays dans lequel on opère est plus humide. A y X *•' K '9', X ^•.' X >' .•' & K ® X X © X ;».' X ;•; X •' X !•' X >; X '•[ ;c )C X X X '•\ X ]•' X m] X "•1 X >; ,'•.' ■>( © y X © X X ® [•] X ■».' X \»[ X >■ X *•" X _'•' X ;< X. X X X 'é' X >■ X "•; X IV X ;#; X '•' X ® y X ® X © X !•' X >■ X '•1 X X y X '•' <9 ^j-^iA/^/nss la Guyane hollandaise, on plantait anciennement les Immortelles à 30 pieds (10 mètres) ; on porte maintenant cette distance à 60 et 66 pieds (20 à 22 mètres). A la Trinidad, au contraire, on rapproche beaucoup plus et la distance ordinairement adoptée est de 28 pieds, soit 9 mètres, c'est-à-dire le double de celle qui sépare les pieds de cacao. Dans des pays plus secs, comme au Nicaragua, on plante jusqu'à un arbre d'ombrage par cacaoyer. A Madagascar, étant donnés le climat et le développement que prend le bois noir et que semblent prendre les Albizzia moluccana et stipulata, il me paraît qu'il fau- CULTURK PRATIQUE DU CACAOYER 513 dra planter à 8 ou 9 mètres de distance, suivant que les cacaoyers seront plantés à quatre ou quatre mètres cinquante, pour assurer un ombrag-e suffisant dans les premières années qui suivront la dis- parition des bananiers. Plus tard, il sera probablement nécessaire d'enlever un arbre sur deux ; toutefois cette suppression d'une par- tie des arbres d'ombre devra se l'aire^ profçressivemenl par des éla- gages judicieux. Pour éviter les dommages que pourrait causer à la cacayoère l'abattag'e de gros arbres, on peut procéder comme les planteurs de Trinidad : ils enlèvent à la base des arbres à supprimer un anneau d'écorce de 30 à 60 centimètres de hauteur, la plante se dessèche, la décomposition l'envahit et la chute des grosses branches se fait pro- gressivement. Pour terminuer ce qui a trait à la disposition à donner à la plan- tation, j'ai cru pouvoir établir le croquis ci-dessus, dans lequel les cacaoyers sont supposés être plantés à quatre mètres, les arbres d'ombrag-e à huit mètres, et les bananiers sur des lignes espacées de deux mètres, leur distance sur les lignes étant de quatre mètres. C'est la dispositon adoptée par les planteurs de Trinidad, qui peuvent à juste titre revendiquer l'honneur de savoir cultiver le cacaoyer. Trouaison. — En règle générale, il est admis que l'on doit exé- cuter la trouaison aussi longtemps que possible avant la plantation. Dans les pays propices à la culture du cacaoyer on pourra agir ainsi si le sol est perméable ; lorsqu'il est argileux, comme à la Guyane hollandaise, il est préférable de reboucher les trous aussitôt après qu'ils ont été creusés, autrement ils se remplissent d'eau et il faut les vider au moment de les combler : c'est un surcroît de travail et la besog-ne s'accomplit dans de mauvaises conditions. A Madag-ascar où on n'a guère cet inconvénient h redouter, les terrains d'alluvion sont en g-énéral assez perméables et l'eau qui pourrait, à la suite d'une forte pluie, s'être accumulée dans les trous, s'en retire vite en s'infîltrant dans le sol. La dimension à donner aux trous est variable suivant la nature du sol sur laquelle on opère. Dans les pays où les terres sont très meubles et où la main-d'œuvre est rare, l'équateur, par exemple, on ne fait ordinairement pas de trou; à la Trinidad où les terrains sont assez compacts cependant, on ne fait ordinairement pas de trous 514 ÉTUDES ET MÉMOIRES non plus, et lorsque Ton met en place un plant muni de sa motte on se contente, au moment de le planter, d'ouvrir à la place qu'il doit occuper une excavation de grandeur à peine supérieure au volume de la motte. 11 vaudrait peut-être mieux trouer, mais les résultats justifient les moyens : les cacaoyers de Trinidad plantés dans ces conditions poussent avec vigueur et cela suffit aux plan- teurs qui font de beaux bénéfices. En raison de la compacité du sol, les planteurs de Surinam trouent ordinairement le sol. Les excavations creusées pour recevoir les jeunes cacaoyers, dans les bonnes plantations, ont trois pieds de côté (un mètre) et un pied et demi de profondeur (0™ 50). 11 peut être bon de creuser plus profondément, car à Surinam, comme il a été dit précédemment'^ le cacaoyer émet un nombre considérable de racines horizontales, qui couvrent la surface du sol et qui ne suffisent pas toujours à lui assurer une stabilité suffisante, de sorte que très souvent il est renversé par le vent. En creusant plus profondément, le pivot pourrait prendre un développement plus considérable et assurer à l'arbre une plus grande solidité, cependant il faut tenir compte de la configuration spéciale du sol à Surinam et que la présence de l'eau à une profondeur très faible ne permet pas au cacaoyer d'émettre un pivot aussi long qu'il peut le faire dans des terrains plus sains. Sur la côte Est de Madagascar, on donne ordinairement aux trous 0"" 60 de côté : cette dimension paraît suffisante. Si l'on rebouche les trous au moment de la mise en place, il faut avoir bien soin de tenir compte du tassement qui se produira ; on commet souvent la faute de ne pas former, en rebouchant le trou, une butte dépassant de 8 à 10 centimètres le niveau du sol non remué, pour qu'après le tassement le collet du plant se trouve juste à ce niveau, et on plante trop bas. Le cacaoyer se trouve alors dans une cuvette où l'eau s'accumule à chaque pluie au grand détriment de son système radiculaire. Quand on opère à la place d'une forêt, c'est-à-dire lorsque le terrain est recouvert par une couche plus ou moins épaisse d'humus, ce serait une faute de reboucher les trous avec de l'humus pur. L'humus se délaye trop par l'action de pluies et son échaufîement est tellement considérable sous l'action du soleil, que des plants mis dans de semblables conditions ne peuvent pas vivre ou vivent misé- rablement. Des expériences faites dans ce sens à la Guyane hollan- CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 515 daise par M. Folmer, g-érant de la plantation de Jaj^ltust, la plus importante de Surinam, ont été absolument concluantes, et il faut, en rebouchant les trous, mélang-er l'humus et la terre en parties ég-ales au moins. A Madagascar la surface des espaces propres à la culture du cacao est recouverte d'une couche vég-étale formée de terre humifère dont il ne faut pas craindre de remplir le trou. Au moment du remplis- sage des trous, il peut être utile, lorsque le sol est peu riche, dincomposer un peu de cendre et de fumier, c'est ce que font les planteurs hollandais, lorsqu'ils plantent sur une terre qui a déjà porté des cultures de canne à sucre par exemple. Pour les plantes d'ombrag'e, on ne fait pas ordinairement les trous d'avance, on se contente de les ouvrir au moment de la mise en place et on leur donne des dimensions beaucoup plus restreintes. [A suivre.) Fauchère, Sous-Inspecleur de l'Agriculture à Madagascar, LA RAMIE ET SES ANAL()GUP:S AUX INDES ANGLAISES [Suite K) 7. Sol et situation de la plantation. — Une terre <^rasse et riche convient le mieux aux plants, mais ils pousseront en n'importe quel genre de sol pourvu qu'une g-rande distribution d'humidité soit à leur disposition, combiné à un drainage parfait. La seconde condition s'impose en nécessité urgente, particulièrement durant la saison des pluies, attendu (jue, si la terre était imperméable et devenait marécageuse, les plants pourriraient entièrement dans un ■temps très court. Si la terre est pauvre, une large provision d'en- grais est nécessaire, autrement les tiges seraient courtes et faibles ; elles produiraient à peine de fibre. Dans aucune partie de l'Inde Supérieure, la plante ne pourrait être cultivée avec succès, sans que l'eau d'irrigation soit à porté*e pendant la saison sèche. Les facilités pour obtenir une ample provision d'eau, combinées avec une tem- pérature modérée à toutes les saisons, rendent ce district particu- lièrement favorable à la plante. 8. Culture. — Que le terrain ait été garni de plants provenant de graines ou de boutures (paragraphes 4 et 5), lors du printemps suivant, après avoir récolté la première coupe de jets utilisables, de deux plants l'un devra être transporté dans un terrain nouveau, et mis en terre à deux pieds d'écartement. L'année suivante le même procédé devra être poursuivi, arrachant alternativement une racine sur deux, la replantant à quatre pieds de distance. Après cela les plants peuvent parfaiternent rester sans prélèvement durant quatre ans. Bien travailler à la houe les entre-pieds après chaque coupe, enlever les mauvaises herbes, irriguer modérément pendant la sai- son sèche, et pourvoir à la fumure, sont choses indispensables. L'unique fumure que j'avais à ma disposition a été végétale, princi- palement composée des feuilles et de la partie ligneuse de la plante 1. Voir Bulletin, n" 21, 22, 23, 24, 25, 26. LA RÀMIE 5l7 elle-même, de feuilles d'arbres et de végétaux amassées polir la circonstance ; je leur mélano^e un monceau considérable de cendres de bois. Avec Taide de cette seule fumure, j'ai entretenu des plants poussant dans le même milieu, pendant plus de six ans ; mais, con- séquence de l'état alors très enchevêtré du terrain, les tiges étaient courtes et très faibles. Je recommanderais donc lui déplacement complet après quatre ans, la terre pouvant être alors bien labou- rée, nettoyée et fumée. 9. Cueille de la Récolte. — Les époques de récoltes varieront légèrement suivant les différences de saison. J'estime que dans cette région trois bonnes coupes peuvent être assurées par an; la pre- mière durant la seconde moitié d'avril, la deuxième environ au commencement d'août, et la troisième vers la fin de novembre. On trouvera grand avantage à ajourner la cueille de la seconde coupe, et particulièrement la troisième aussi longtemps que l'état des plantes le permettra. Si la troisième coupe est cueillie dans le milieu de novembre, le temps ici, durant le restant du mois, n'est pas suffisamment froid pour empêcher la nouvelle poussée ; les jeunes pousses apparaîtraient-elles au-dessus du sol hâtivement en janvier que les gelées, habituelles à cette époque, les endommagent sérieusement, et amoindrissent la coupe de printemps. Ma propre expérience indique que les tiges devront être cueillies aussitôt que la cuticule montre une couleur brun clair sur un tiers seulement de la longueur. A cet état, si le sol est bon et la plante saine, le» tiges seront lisses du gros bout à la cime, les feuilles d'un vert foncé éclatant au-dessus et d'un blanc de perle au-dessous, les bourgeons de ramification à l'aisselle de chaque pétiole sont sur le point de sortir. Si on cueille plus tôt que cela, je trouve l'union des fibres très faible et une partie considérable se désagrège dans l'opération du raclage de l'écorce. Si on admet une poussée plus tardive, les branches axitlaires se seront développées, ce qui occa- sionnera des ruptures à chaque nodosité, soit en teillant soit en nettovant. 10. La hauteur moyenne des tiges venues ici a été de six pieds, après avoir supprimé la partie tendre de la cime. Pour la récolte, je munis chaque coolie d'une serpette tranchante. A l'aide de cette dernière, ils coupent les tiges mûres tout près de terre ; celles-ci sont 518 ÉTUDES ET MÉMOIRES enlevées en paquets par des gamins jusqu'à la fosse à fumier la plus proche. Là les enfants enlèvent neuf pouces de la cime, et passe une seule main avec pression douce depuis le sommet jusqu'au gros bout ; ce travail enlève toutes les feuilles. Les tig-es sont alors pla- cées dans de l'eau claire d'où les peleurs les retirent et séparent l'écorce, qui est de nouveau jetée dans l'eau ; on l'en retire lorsque les hommes en ont besoin pour la nettoyer. Ceux-ci étendent deux ou trois lanières d'écorce sur une planche unie, les raclent pendant quelques instants sur la face intérieure, du gros bout vers la pointe, puis ils les retournent sur elles-mêmes et répètent le raclage qui enlève la pellicule : l'écorce est alors suspendue, ou étendue sur le gazon propre pour sécher. 11. Prenant la distance de quatre pieds d'écartement pour les plants en plein rapport, un acre contiendra (en tenant compte des chemins et canaux d'irrigation) 3.000 pieds. Plus que cela, j'estime que ce serait trop serré, et accroître la peine tout en diminuant la production actuelle durant une période de quatre ans. Ainsi plan- tée, le champ sera d'une croissance régulière, et les pieds ne pré- senteront aucune détérioration. 12. De pesées expérimentales réitérées, j'ai déduit que la moyenne suivante procède de mille tiges fraîchement coupées à G pieds de long. Livres. Poids sitôt coupées 286.0 — — séchées 77. S = 27 % — de lanières fraîches 33.0 = 29 — — sèches 21 .5 ^ 7.5 — du bois frais 203.0 = 71 — — sec 56.0 = 19.5 — de fibres sèches nettoyées. . . 18.7 = 6.5 — de l'eau 208.5 = 73 13. Si on prend de grandes tiges, de sept à huit pieds, la moyenne est moindre pour le poids de l'écorce, mais dans l'extrac- tion de la fibre nette elle est légèrement plus grande. Avec de petites tiges, de 3 à 4 pieds, le pourcentage de l'écorce est franche- LA RAMIE 519 ment plus élevé, mais le rendement en libre est tout juste de 35 o/o. D'ailleurs, la difficulté supplémentaire pour couper, écorcer et nettoyer les petites tiges est une considération importante. La coupe faite pendant la saison des pluies contiendra toujours un pourcentage d'eau supérieur, et celui de la fibre nette se trouvera plutôt moindre, la fibre étant aussi plus douce qu'aux autres époques de récolte. Cela est dû, je considère, au fait que, à cette époque, la matière résineuse de la plante est dans un état plus dilué, et consé- quemment une plus grande portion en est éliminée pendant Topé- ration du lavage et du raclage de l'écorce. 14. J'ai déjà exprimé mon opinion contre l'emploi de tiges, soit imparfaitement mûres, soit petites, comme capables de donner un résultat inférieur à la fois en qualité et en quantité ; même je suis pleinement convaincu de l'opportunité non seulement d'un triage de la récolte, à mesure de la coupe, d'après la longueur de tige s'il est nécessaire, mais je recommanderai en outre que toute l'écorce provenant de toutes les tiges de 5 pieds et au-dessus soient divisées en deux, la fibre des parties hautes et basses étant recueil- lie distinctement. Si la plante est cultivée comme je le conseille, la dif- férence en longueur de tige à chaque coupe sera reconnue, fort petite, la coupe de la mousson fournissant toujours les plus longues tiges. 15. Prenant les citations ci-dessus comme base de calcul, et sachant que chaque pied établi comme je le recommande donnera au moins une moyenne de six tiges durant la première année, j'admets que : 3000 x; 6 tiofes X! 18 livres X! 3 coupes ^^,. ,. — — — = y/2 livres par acre et 1000 . ^ par an. Dans des évaluations plus anciennes, calculant sur des récoltes plantées serrées et des tiges de 4 à 5 pieds, je pris garde de restreindre mon évalution à 750 livres par acre, mais une expé- périence complémentaire de cinq années m'a montré que, avec une culture convenable en plein champ, 1.000 livres par acre pouvaient parfaitement être assurées. 16. Je ferai maintenant allusion au prix de la culture et de la préparation de la fibre, dans une proportion susceptible d'extension. Après une soigneuse revision des déboursés réels, j'estime la dépense comme suit : 520 ÉTUDES ET MÉMOIRES /?. a p. Rente de la terre par acre et par an 40.0.0 Culture 1/4 homme par acre, à 5 roupies par mois. . . 15.0.0 Coupe et sortie des tiges : 2 hommes pendant 3 mois, à 4 roupies chacun par mois 24.0.0 Décortication et raclage : 7 hommes à 5 roupies. . chacun par mois 1 05 . 0 . 0 Surveillance des indigènes à 10 roupies par mois. . pour 50 acres ; soit 2.8.0 Coût de 950 livres de libre 156.8.0 Roupies =369 par tonne. dont 247,5 roupies, ou 67 °/o, sont absorbées dans la préparation seule de la fibre. Ce rendement a été obtenu sous la surveillance la plus sévère, et je ne pense pas qu'on puisse obtenir plus par le travail manuel des indigènes quand ils travaillent à la journée. 17. Les meilleurs moyens de réduire le coût excessif de la pro- duction ont été et sont actuellement encore recherchés avec ardeur; le résultat est anxieusement attendu. Beaucoup prévoient que la séparation de la fibre peut être effectuée par les moyens méca- niques, d'autres que le but peut être obtenu par des procédés chi- miques. Jusqu'ici je pense que nous avons été entraînés hors du droit chemin par notre connaissance de la méthode chinoise pour préparer la libre. Mais, autant que j'en suis informé, les Chinois n'utilisent pas la fibre à Tétat de fil, mais de filaments désagrégés qu'ils réunissent en fils par une manipulation particulière à eux- mêmes. Ce procédé serait également impossible et dispendieux en Europe comme celui de la première séparation de la fibre a été reconnue telle. Nous avons besoin de la fibre dans un état où elle puisse être de suite travaillée par les machines et réduite en fil ; je suis profondément imbu de la conviction que cela peut s'accomplir sans l'aide d'une machinerie coûteuse et d'une force mécanique requise pour l'actionner. 18. Le projet de rouissage comme on l'applique au lin, chanvre, sunn, jute, etc., est reconnu pour avoir été dans quelques localités employé avec succès pour le China-Grass. Je l'ai essayé de toute manière à ma disposition sur la tige verte ou sèche, aussi bien que sur lanière verte ou sèche dans l'eau courante ou stagnante, soit froide soit chauffée. Les résultats ont été uniformément sans succès. LA RAMIE 521 De la lanière rouie en eau tranquille, fréquemment changée, la libre se séparait proprement, et avait bon aspect ; mais après rui- çage et séchage elle était dune valeur moindre, étant faible, sans brillant, décolorée. Dans tous les autres essais, la libre elle-même se décomposait également avec la matière résineuse. Je puis ajou- ter que j "ai réussi ici à cultiver et à rouir du lin, qui a été évalué en Angleterre à G. o. 0 liv. st. par tonne, de telle sorte que mon aménagement de routoir ne pouvait pas être tellement défectueux que d'avoir uniquement été cause de mes échecs dans ces essais. 19. Lorsque je me rendis en Angleterre en 1871, je pins avec moi, sur le produit de cet état, des tiges sèches, de la lanière sèche, et de la fibre nettoyée à la main. Je réussis à obtenir qu'il fût fait des expériences sur tous ces échantillons par les usiniers qui avaient été habitués à travailler la libre. Je peux ici remarquer que le D"" Watsûn se base sur la fibre qui a été travaillée à l'aide de la machinerie employée pour la préparation du lin et de la laine. La mienne était préparée parla machinerie usitée pour l'utilisation des déchets de soie, et le China-Grass, dans l'état oîi il est habituelle- ment importé, subit précisément la même marche degré par degré. Le résultat de ces opérations montre clairement que les tiges sèches et l'écorce pourraient toutes deux être travaillées, chacun donnant une bonne fibre nette. Ma fibre nettoyée subit une perte de 9 "/o, en la préparant pour l'opération des machines. Le 1)'' Watson estime la perte de 25 à 30 °/o. Je peux concevoir aisément cela après examen des échantillons de Rhea et de Rami que j'ai obtenus en Angleterre. Ces échantillons, je n'en doute pas, furent grossiè- rement préparés de la façon décrite dans le rapport de ce gentil- homme (page 37, colonne 2), oii un paquet d'écorce est noué par un bout cà un crochet, et où un grattoir de chaque côté de chaque lanière est supposé achever le travail. Dans ce procédé, une grande masse d'évaporation peut s'être produite avant que chaque lanière d'écorce ait été travaillée. Dans mon procédé, il n'y a aucune chance d'évaporation jusqu'à ce que la fibre nette soit exposée à l'air ; les raclages répétés sur les deux côtés du ruban d'écorce. l'eau étant fréquemment appliquée durant le procédé, peuvent natu- rellement avoir éliminé une portion beaucoup plus grande de matière gommeuse et résineuse que ne peut le faire le procédé brutal. 20. Avec la connaissance à présent acquise il est évident que. Bulletin du Jardin colonial. •"* 322 ÉTUDES ET MÉMOIRES quelque adroitement préparée, la fibre de China-Grass doit subir une manipulation de procédé chimique antérieur à la machinerie qui opère sur elle. Ce procédé implique l'usage de la fermentation, des agents dispendieux, et des applications de prix bas comparati- vement à la machinerie. J'ai toujours cherché à montrer que l'opé- ration sur la plante dans son état frais doit être plus profitable, attendu que, avec le sj^stème présent, le coût du transport est réduit à bien moins qu'il serait par transport du produit sous une autre forme encore inconnue. 21 . Comme l'opération chimique est le premier pas imposé à l'industrie, et que la fibre perd ainsi une partie de son poids, il serait évidemment très désirable que le procédé soit mis à exécution par le cultivateur, ou dans son immédiat voisinage ; il économise- rait ainsi 10 à 30 °/o du coût du transport, obtenant d'ailleurs un meilleur prix pour son produit. Les résultats des expériences, faites par moi en Angleterre, montrent que la fibre nette pouvait être extraite de l'écorce sèche, sans l'aide de la machinerie; naturelle- ment, elles augmentèrent en moi la conviction qu'un procédé sem- blable serait également efficace sur l'écorce fraîche. Comme dans le second cas, la gomme et la résine seraient à un état liquide, elles seront bien plus promptement attaquées qu'après avoir été séchées et contractées. C'est pourquoi ces solutions plus faibles, et consé- quemment moins coûteuses, produiraient la dillerence d'effet. Je n'ai pas eu de moyens à ma disposition pour me procurer des appa- reils convenablement construits pour la circonstance, mais je me suis complètement assuré de la praticabilité de ma façon d'opérer, et qu'elle dispensera de toutes machines coûteuses pour la prépara- tion de la fibre en ce pays, à moins qu'on ne désire la transformer en fil et la tisser alors, auquel cas une usine bien aménagée peut s'établir. 22, Il y a de nombreuses années, je me souviens d'avoir lu un mémoire sur un instrument ou petite machine qui avait été inven- tée en Amérique pour l'usage des fabricants de panier, à l'aide de laquelle un seul homme pouvait peler autant d'osiers en un jour qu'autrefois auraient fait une vingtaine. Un ou plusieurs instru- ments de ce genre, suivant la grandeur de la plantation, satisfe- rait notre premier désir, parce que le pelage des tiges de China- Grass, même par une main experte, est une opération lente. Une chaudière convenablement construite et commode, dans laquelle LA RAMIE 523 soumettre l'écorce à raction des réactifs chimiques est la seconde nécessité ; quelques récipients appropriés dans lesquels laver à fond la fibre nettoyée compléteraient le matériel nécessaire de l'usine. L'intérêt des frais pour ces acquisitions, ajouté au coût des pro- duits chimiques employés, je le crois certainement, ne monterait pas à un quart de celui du travail à la main, comme à présent, et serait une somme minime comparée au coût d'une machinerie et de la force motrice pour l'actionner. 23. Je crains que l'expression ci-dessus de mes idées soit consi- dérée comme très alarmante, et je n'aurais pas dû à présent m'aventurer à les émettre, si ce rapport m'avait été demandé par le Gouvernement. J'ai maintenant donné mon opinion ; avec la déférence due à ceux des hommes très intelligents dont l'attention a été consacrée à cette question, je pense qu'elles seront trouvées dignes de considération. J'ai dépensé douze années et tout à fait épuisé mes ressources dans l'effort persistant pour établir solide- ment le China-Grass comme produit important de ce district et j'ai toujours eu confiance que quelque autre individu bénéficierait de mes pertes et réussirait là où j'ai succombé par manque de ressources pour prolonger la lutte. 24. Mon vif désir eût été d'expédier un échantillon de ma fibre, préparé de la manière indiquée, mais je n'ai pu obtenir les matières nécessaires. Si je puis le faire bientôt, j'enverrai un échantillon, James Montgomery, Kangra, le 24 février 1876, [A suivre.) G. Bigle de Cardo. NOTES CHAMBRE DISOLEMENT CONTRE LES MOUSTIQUES La dernière épidémie de fièvre jaune au Sénégal, en février 1900, a de nouveau attiré l'attention sur cette maladie dont l'apparition cause tant de trouble dans le commerce de notre colonie. Quelques mois plus tard, en février 1901, la commission améri- caine de la Havane faisait connaître que le virus de la fièvre ama- ryle existe dans le sang- des malades et qu'elle est transmise à l'homme sain par l'intermédiaire d'un moustique particulier. Il était de la plus haute importance de vérifier ces données nou- velles, car si elles étaient confirmées, la défense contre la fièvre jaune devait être orientée tout autrement qu'on ne l'avait fait jus- qu à présent. Aussi, les pouvoirs publics, le service de santé des Colonies, le gouvernement du Sénégal, tous les négociants notables de la colo- nie, se mirent d'accord pour demander l'envoi à Rio-de-. Janeiro d'une mission française pour l'étude de la fièvre jaune. Cette mis- sion fut instituée sur la proposition de M. le Ministre des Colo- nies, qui demanda au D"' Roux, directeur de l'Institut Pasteur, de vouloir bien en désigner les membres. MM. les D""* Marchoux, Simon et Salimbeni furent désignés et partirent de suite. Ils confîrmèrenf les travaux de la mission amé- ricaine à la Havane ; montrèrent que les moustiques du genre Ste- gomia sont les véhicules de la fièvre jaune, que, sans eux, cette maladie n'existe pas et qu'eux seuls en transportent le germe du malade au bien portant. Ils démontrèrent que la fièvre jaune ne peut être transmise sans ces intermédiaires et qu'elle est toujours inoculée par les moustiques, ne pouvant être transportée par une autre voie. Il y a six mois, je visitais l'hôpital d'isolement de Saint-Sébas- tien, à Rio-de- Janeiro, où la mission Pasteur a établi son labora- toire et où j'avais été voir le D*" Marchoux. Le directeur de l'hôpital, CEIAMBRE D ISOLEMENT CONTRE LES MOUSTIQUES 525 qui me f;iisait les honneurs de sa maison, me dit en me montrant le linge des varioleux : « Nous désinfectons ce linge à la vapeur avant de le donner à la buanderie. Celui de la fièvre jaune est donné directement, sans être desinfecté, car la fièvre jaune n'est pas une maladie contagieuse. Vous semblez étonné de cette asser- tion ; il y a deux ans, je ne l'aurais pas faite, mais maintenant, grâce à la mission Pasteur, nous connaissons bien l'étiologie de la maladie et nous constatons que la pratique donne raison à la science du laboratoire. » Dans les chambres d'isolement en fil de fer, construites par la mission Pasteur, et qu'on désigne sous le nom de chambres Mar- choux, nous avons vu, lors de notre passage à Rio-de-Janeiro, les quelques rares malades de fièvre jaune qui existent encore dans la ville. Cette chambre Marchoux est une cage ayant 3 mètres de long sur 3 mètres de large et 2'" 50 de hauteur, composée d'une solide arma- ture en fer sur laquelle est tendue une toile métallique de un demi- millimètre de maille. Cette chambre est fermée par un tambour de 80 centimètres de profondeur, muni de deux portes de 80 centi- mètres de largeur et de 2 mètres de hauteur, qui s ouvrent l'une en dedans, l'autre en dehors. Un système de poids peut empêcher d'ouvrir simultanément les deux portes. Ces cages sont assez grandes pour contenir un lit, une table, et pour permettre de circuler autour du malade. Le constructeur les fait maintenant par panneaux séparés, de sorte qu'on peut leur donner des dimensions variables. Quelle que soit leur taille, elles offrent aux insectes une barrière infranchissable, derrière laquelle le malade n'est pas privé d'air. Elles présentent sur le grillage des portes et des fenêtres un gros avantage. Si, par une fausse manœuvre ou une erreur commise, il s'est introduit quelque mous- tique dans l'intérieur, la recherche et la destruction en est très facile, contrairement à ce qui se passe dans une salle plus vaste et forcément plus obscure. Grâce à ces chambres portatives, il devient facile de transformer un hôpital quelconque et même un simple baraquement en un hôpital d'isolement modèle, puisqu'il permet l'isolement individuel auquel on reconnaît aujourd'hui tant d'importance. Un simple drap appliqué le long d'une paroi empêche deux malades voisins de se voir. Les visiteurs peuvent causer aux isolés sans communiquer effectivement avec eux. 526 NOTES Il est certain que ces avantages sont importants, qu'ils ne sont pas les seuls que peuvent apporter ces chambres métalliques. L'usag-e en fera certainement reconnaitre beaucoup d'autres. Les découvertes de la science qui ont été mises en pratique à la Havane viennent de l'être à Rio-de-Janeiro où la chambre Mar- choux sert depuis deux ans à isoler les malades atteints de la fièvre jaune en empêchant les moustiques propagateurs de lafTection de venir s'infecter à leur contact. Le président de la République du Brésil, a chargé, il y a deux ans, des fonctions de directeur général de la santé publique, un jeune homme de trente-deux ans, le D"' Oswaldo Cruz, qui revenait de passer trois années à Paris, à l'Institut Pasteur, en lui donnant un budget d'un million pour o'^ganiser la lutte contre la fièvre jaune. Immédiatement il se mit à l'œuvre. Le 20 avril 190-H, il mit en marche une armée de désinfecteurs, au nombre de 1.2U0 per- sonnes, qu'il avait éduqués lui-même à faire la chasse aux mous- tiques. Depuis dix ans, la moyenne de la mortalité par la fièvre jaune avait été à Rio-de-Janeiro de : 129 morts en janvier, 272 morts en février. Mortalité en 1903: Janvier 133 morts Février 142 Mars 151 Avril 19 Mai 24 Juin JO^ Total 479 morts dans les six premiers mois de 1903. Mortalité en 1904 : Janvier 3 morts Février 7 Mars 7 Avril 8 Mai 10 Juin 4 Total . 39 morts dans les six premiers mois de 1904. CHAMBRE D ISOLEMEINT CONTRE LES MOUSTIQUES 527 528 NOTES Devant ces résultats remarquables, le budget du département de l'hygiène vient d'être ])orté à T.oOO.OOO francs par année, pendant trois ans, pour permettre de compléter l'org-anisation actuelle et d'organiser d'une façon parfaite la lutte contre la peste et la variole. Grâce à l'amabilité du directeur général de l'hygiène, j'ai traversé Rio-de-Janeiro pour aller à l'hôpital d'isolement dans une victoria dont le cocher portait la croix rouge, signe distinctif du service de 1 hygiène, et, constamment, j'étais obligé de rendre le salut des personnes qui se découvraient, me prenant pour un membre du Service qui contribue à enlever à la ville son renom de foyer de fièvre jaune. Nous sommes loin du temps où on lançait des pierres aux hygiénistes. J'ai assisté au départ de Buenos-Ayres des membres do la (Con- vention internationale sanitaire réunis à Rio-de-Janeiro en juin dernier. On se moquait beaucoup, dans la Répul)lique Argentine, de la prétention des Brésiliens qui voulaient faire admettre que Rio-de-Janeiro n'était pas un foyer de fièvre jaune. Devant les résultats obtenus, les deux savants qui représentaient la République Argentine signèrent le protocole de la Conférence qui reconnaît que Rio-de-Janeiro n'est pas un foyer de fièvre jaune. Espérons que dans nos Colonies françaises la lutte sera orga- nisée d'une façon aussi intelligente qu'elle l'a été à Rio-de-Janeiro. Comme nous venons de le dire, on a donné des pouvoirs extraor- dinaires judicieusement à un jeune homme plein de feu pour ses entreprises, il a pu, grâce à l'argent dont il disposait, organiser son service d'une façon remarquable. Les résultats ({u'il a obtenus nous montrent que l'on doit laisser à celui que l'on charge d'une grande (Teuvre sanitaire, la liberté la [)lus conqjlète dans son action. La chambre Marchoux sera fort utile aux Colonies, mais nous pen- sons quelle trouvera son application dans nos pays européens pour assurer l'isolement dans les maladies contagieuses. D'" A. Loir, Professeur clhygiène à l" École nationale supérieure d'Agriculture coloniale. MAÇON, PHOTAT FKKRES, lAIPKI «EUKS. L E clUeU r-( J éPHnl T A. CnALLAMEL. 0 I — SECHOmTTBananesl à CACAO et fruits NOMBREUSES RÉFÉRENCES Presses à balles — Charrues Batteuses — Pressoirs IDEl^A-lTIDER, LES G A-TA-LOO-XTES a Ph. MAYFARTH & C^ ^ "^ ^ 6, rue Riquet \ ÉTABLISSEMENT HORTICOLE SPÉCIAL POUR L'INTRODUCTION DES PLANTES EXOTIQUES E conomiq lies et d' ornement A. 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Départ de Londres (London Bridge), 10 h matin et 9 h. 10 soir. Départs de Londres ( Victoria), 10 h. matin et 9 li. 10 soir. Arrivées à Psiris {Sa i n l- La:ai-e) , 6 h. 40 soir et 7 li . 05 matin. Voitures à couloir dans les trains de marée de jour entre Paris et Dieppe. Des cabines particulières sur les bateaux sont réservées sur demande préalable. La Compagnie de l'Ouest, envoie franco, sur demande affranchie, des petits guides indicateurs du service de Paris à Londres. CHEMIN DE FER DE PARIS A ORLEANS VOYAGES DANS LES PYRENEES ■•oO^Xlvao- La Compagnie d'Orléans délivre toute l'année des Billets d'excursions comportant les trois itinéraires ci-après, permettant de visiter le Centre de la France et les Stations balnéaires des Pyrénées et du Golfe de Gascogne. l^-^ ITINERAIRE Paris, Bordeaux, Arcachon, Mont-de-Marsan, Tarbes, Bagnères- de-Bigorre, Montréjeau, Bagnères-de-Luchon, Pierrefitte-Nestalas, Pau, Puyôo-Bayonne-Dax, ou Puyôo-Dax-Bordeaux, Paris. 2" ITINÉRAIRE Paris, Bordeaux, Arcachon, Mont-de-Marsan, Tarbes, Pierrefitte- Nestalas, Bagnères-de-Bigorre, Bagnères-de-Luchon, Toulouse, Paris, (via Montauban-Cahors-Limoges ou via Figeac-Limoges). 3« ITINÉRAIRE Paris, Bordeaux Arcachon, Oax, Bayonne-Puyôo-Pau ou Puyôo- Pau, Pierrefitte-Nestalas, Bagnères-de-Bigorre, Bagnères-de-Luchon, Toulouse, Paris (via Montauban-Cahors-Limoges ou vid Figeac-Limoges) DURÉE DE VALIDITÉ : 30 JOURS (nON COMPRIS LE JOUR DU DÉPART) Prix des Billets : l>-« Classe : 163 fr. 50 c. — 2^ Classe : 122 fr. 50 c. \ — CHEMINS DE FER DE PARIS-LYON-MÉDITERRANÉE VOYAGES CIRCULAIRES A ITINÉRAIRES FIXES La Compagnie délivre toute raniiéc, à la gare de Paris Lyon, ainsi (|iie dans les principales gares situées sur les itinéraires, des billets de voyages circulaires à itinéraires fixes, extrènienicnt variés, permettant de visiter en 1'" et 2» classes, à des piix très réduits, les contrées les plus intéressantes de la France, ainsi (|ue l'Algérie, la Tunisie, l'Italie et l'Espagne. Les renseignements les |)lus coniplets sur les voyages circulaires et d'excursion (prix, conditions, cartes et itinéraires) ainsi que sur les billets simples et d'aller et retour cartes d'abonnement relations internationales, horaires, etc., sont ren- fermés dans le Livret-Guide Horaire P.-L.-M. vendu au prix de 0 fr. 50 dans toutes les gares du réseau. VOYAGES CIRCULAIRES A ITINÉRAIRES FACULTATIFS SUR LE RÉSEAU P.-L.-M. Là Compagnie délivre toute l'année, dans toutes les gares, des carnets individuels ou de famille pour elFectuer en l'", 2" et 3» classes, des voyages circulaires à iti- néraires tracés par les voyageurs eux-mêmes, avec parcours totaux d'au moin, 300 kilomètres. Les prix de ces carnets comportent des réductions très importantes qui peuvent atteindre pour les carnets de famille ijO 0/0 du tarif général. La validité de ces carnets est de : 30 jours jusqu'à 1 500 kilomètres; 45 jours de 1,501 à 3 000 kilomètres; fiO jours pour plus de 3 OOO kilomètres. Rlle peut être prolongée deux fois de moitié moyennant le paiement, pour clia(|ue prolonga- tion, (l'un supplément égal à 10 0/0 du prix du carnet. Arrêts facultatifs à toutes les gares situées sur l'itinéraire. VOYAGES INTERNATIONAUX A ITINÉRAIRES FACULTATIFS CHEMINS DE FER DU NORD PARIS-NORD A LONDRES Via Calais ou Boulogne. Cinq services rapides quotidiens dans chaque sens. Voie la plus rapide — Services officiels de la l'oste. (Via Calais). Services rapides entre P^ris, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne, la Russie, le Danemark, la Suède et la Norvège. 5 express dans chaque sens entre Paris et Bruxelles Trajet en 3 li 50 3 — — — Pans et Ainslerdam — 8 li 3 5 — — — Paris et Cologne — 8 li. 4 — — — Paris et. Francfort — 12 h 4 — _ — Parts et Berlin — 18 h. Par le Nord-ExprcoS (quotidien^ — 16 li. 2 — — Punis et Saint-Pétersbourg — 51 li. Par le Nord-Express (bi-liebdomadairc) — 45 h. 1 — __ _ Paris et Moscou -- 62 li. 2 — — Paris et Copenhague — 28 h. 2 — — — Paris et Stock'linlin — 13 li. 2 — __ _ Paris et Christiania — i9 h. VI — CELOREYDRATE de BIMÉTETLAMINOBENZOYLPENTANOL N'occasionnant ni Maux de Tête, ni Nausées ni Vertiges, ni Syncopes Toxicité beaucoup plus faible que celle de ia COCO/ne SOLUTIONS pour INJECTIONS à 0,75 % en ampoules de lO" (Chirwgie générale). à. I % en ampoules de 2" (Odontologie, petite Chirurgie). àk 10 % en ampoules de 1/2" (Aneithéaie lombaire). ISOLUTIONSsiérilisêes,.BADIGEONNAGES (Rbino-Laryngologie) à 5 % Chlorurée sodlque en ampoules de 2««. à 10 % Clilorurée sodlque en ampoules de 2". PASTILLES DE STOVAÏNE BILLON dosées à deux milligrammes. Affections de la Boucne et de la Gorge, Pharmacie BILLON 46, Rue Pierre Charron — PARIS (8e Arr*) TÉLÉPHONE 517-12 VII — LIBRAIRIE MARITIME ET COLONIALE Augustin CHALLAMEL, Éditeur i'>9 rue .Juoolt, I^.ARI^ OUVRAGES SUR LES COLONIES FRANÇAISES L'ALGÉRIE, L'ORIENT BIBLIOTHÈQUE D'AGRICULTURE COLONIALE PUBLICATIONS DE L'INSTITUT COLONIAL DE MARSEILLE sous la direction du I)'" llcckel. (Produits naturels des Colonies et cultures tropicales) Publications du Ministère des Colonies A l'occasion de l'exposition universelle de 1900 Un siècle d'expansion coloniale. Marcel Dubois et Terrier. Ors;'anisation administrative, politique et judiciaire. Arnaud et Méray. Mise en valeur de notre domaine colonial. Camille Guy. L'instruction publi([ae. Froidevau.r. — Survivance de l'esprit français. Tantet. \ Régime de la propriété. Imbart delà Tour. — Régime de la niain-d'd-uvre. Dorraull. L'Agriculture aux Colonies. H. Lecomte. Ouvrages de l'Institut Colonial International de Bruxelles et de la Société d'Études Coloniales de Belgique s CARTES DES COLONIES FRANÇAISES \ LE CATALOGUE EST ENVOYÉ FRANCO SUR DEMANDE \ THE ^^B8T ^FRIO-^N MAIL. ^ !^ REVUE AFRICAINE HEBDOMADAIRE ^ N I I ^ Directeur: Ed. MOREL,. auteiii* des n Affairtt West A/riçan » ^ ^ 4, Old Hall Street, LIVLRPOOL ^ ^ ^ ^ l'out ce qui intéresse r.\fri(]ue Occidentale et Cenlnde, Possessions :iii_u;iaises et éli;inj;ère9. v ^ ^ > AD0M.M:ME.NT AIMM'EL : 26 sli. . î; '. ^y/yyyyyy yyy/yi ■ . — VIll — 7 et 9, passage Violet, PARIS TÉLÉPHONE: 324-51 GUSTAVE JOB & C IMOnDTATITIIDC ^® caoutchouc, gutta-percha, llllrUniAlt,UnO BALATA. cacao et d^^ tous produits culoniaux EXPORTATEURS DE TOUS PRODUITS Commissions — Consignations — Avances Hbéra.les A PTPWPTPQ '^ LONDRES, LIVERPOOL, LE HAVRE, HAMBOURG, JIUJjIiUJjO NEW-YORK & BRESIL-NORD Corvei^pondancp on Expafinol, Portugais, Italii'u, Avf//ais. A/frmaud. ADRESSE TÉLÉGRAPHIQL'E : SPARTACUS-RAR 13 CODES EMPLOYÉS : A. B.C. 4^édit., A.BC. 5'édU.,A.I.,Lieber's, Wester7i Union Code, Non-Pareil., Code Privé BENEDICTINE !<3< •) r\gn^f^^^gf^^^^r^r^^^^^gf^ h Se trouve dans les colonies, ^ che^ les principaux importateurs locaux. Inspecteur Colonial : F. FASIO, 56, rue d'Isly, ALGER. 1^:^ LABORATOIRE D'ANALYSES AGRICOLES ET INDUSTRIELL!?S Fondé en i888, par Pu. LAFON H- LANDOWSKM^ Sncces.seur Ingénieur-Agronome, Chimiste-Expert TERRES, EAUXT^ENGRAIS, RÉCOLTES Eaux d'alimentation et d'irrigation (an. chim et bactér.) Boissons fermentées. — Huiles et graines grasses. — Amidons. — Sucres. (Uioiili'honc. — (UiHa-perrlui. — (ioinmcs. — Café. — Thé. M(il('. — Coca. — Cacao. — Koln. — (îin(jpmhv<'. — Cannelh - Piment. Pninre. i cornes rt toutes matières tannantes. — K.r-ftri-ti.ns Inilnsli-lelles. I*A9(IS. — f , Kiic *ie lilllc. — PAIIIK \1^} VILMORIN-ANDÏllEUX & C 4, Quai de la Mégisserie, PARIS LIANE A CAOUTCHOUC (Landolphia Florida) La Maison VILMORIN-ANDRIEUX ET C-, toujours sou- cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir s'occuper d'une façon toute particulière de l'impoi'tation et de la vulga- risation des çraines et plantes précieuses des paj's chauds Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent certainement au premier rang des maisons recommandables pour cette importante question. Du reste ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a obtenu 7 Grands Prix à l'Exposition Universelle de igoo, dont un spécialement accordé pour son Exposition Coloniale. En outre, le Jury de la dernière Exposition d'Horticulture de Paris de 1901 vient à nou- veau de confirmer les décisions du Jury de l'Exposition universelle en lui attribuant le Prix d'Honneur pour sa collection de plantes utiles présentées en jeunes sujets cultivés pour l'exportation dans les pays chauds Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désin- téressée à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vraii, Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroya gigantea, etc. Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses^ Coca, Koln, Tabacs divers, Tlié d'Annam et d'Assam, etc. Plantes à caoutchouc. — Gastilloa elastica, Eupliorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis, Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, .Marsdenia verrucosa, Wilhii^hlteia edulis, etc. Plantes à èpices. — Canellier de Ceylan, (iingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivrier, Vanilles du .Mexi(iue et de Bourbon (boutures), etc Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attenti .n de notre clientèle d'outre-mer sur l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées caisse Ward pour rexjjedition des jeunes plants ou de.-, graines en stiaiiiicalion GRAINES AGRICOLES ET- INDUSTRIELLES Graines d'Arbres et d'.\rbustes pour pays tempérés et tropicaux. Assorlimeiits de Graines potagères. Fleurs, etc., approprias aux différents climats. CATALOG LE SPÉCIAL POLR LES COLONIES FRANCO SI:R DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. LIBRAIRIE MARITIME ET COLONIALE Augustin GIIALLAMEL Éditeur 17, ru(! Jncob, l»AICI|i^ TRAITÉ PRATIQUE DE CULTURES TROPICALES Par J. DYBOWSKI Inspecteur général de l'AgricuUnre coloniale. Directeur dn Jardin colonial, Pro/'esseur à l'Instilul national agronomique Préface de M. Tisserand, Directeur lionoraire de rAgricuUure TOME PREMIER Conditions gcnéi-ales de la cullm-e tropicale. — Mise en valeur du sol. Multiplication des véjiétaux. — Les plantes vivi'ières. Culture potagère. — Culture fruitière. 1 fort volume in-S" avec nombreuses ligures 12 fr. BIBLIOTHÈQUE D'AGRICULTURE COLONIALE OUVRAGES SUR LES COLONIES FRANÇAISES L'ALGÉRIE, L'ORIENT PUBLICATIONS DE L'INSTITUT COLONIAL CE MARSEILLE sous la direction du D'^ Hcckel. IPrmliiilx naUu-els des Colonies et culUires tropicales) PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES à l'occasion de l'K.xposilion Universelle de 1900 Un siècle d'e.vpansion c(>\on\a\e. Marcel Dubois et Terrier Orjjanisation administrative, politique et judiciaire. /lr;i;//j(/ el Mérai/ Mise eu valeur de notre domaine colonial. Camille (iui/ L'instruction i)ub!iquc. Froideraux. — Survivance de l'esprit français. Tantet Régime de la propriété. Imbarl de la Tour. - Kégimc de la main-d'ctuvre. Dorvaull L'Agriculture aux Colonies. H. Lecomle. Ouvrages de l'Institut colonial international de Bruxelles et de la Société d'Études coloniales de Belgique. CARTES DES COLONIES FRANÇAISES Le Catalogue est envoyé fninm sur demande. 3 5185 00258 4496 i-, et :.■ ■>:^'^^'i^:,^.