MINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale. L'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN DU JARDIN COLONIAL .1 ET DES JARDINS D'ESSAI j DES COLONIES FRANÇAISES 1 SIXIEME ANNEE — 1906 PREMIER SEMESTRE LHi?v*ARY ^^\\' YORK BOTANICAL GAkDfcN PARIS Augustin GHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES SIXIÈME ANNÉE TABLE DES MATIÈRES Bulletin de janvier, n° 34, p. 1. Bulletin d'avril, n° 37, p 265. Bulletin de février, n° 35, p. 89. Bulletin de mai, n° 38, p. 353 Bulletin de mars, n° 36. p. 177. Bulletin de juin, n° 39, p. 441. DOCUMENTS OFFICIELS Ministère des Colonies. Organisation du personnel de l'Agriculture dans les Colonies 1 Rapports et décrets exemptant de certains droits d'entrée divers produits importés en Afrique occidentale française et en Nouvelle-Calédonie. . . 44 j[ Jar din colonial. Arrêté autorisant l'Académie des Arts delà fleur àouvi-ir au Jardin Colo- nial un cours gratuit. . , IV TAliLE Di:S MA'llKRi:s Afrique Occidentale. Avis de la Station agronomique de Hann au sujet de la délivrance des jeunes plantes 8 Quantités de cafés et de bananes de la Guinée française à admettre au bénéfice de la détaxe en 1906 177 Transport du matériel agricole sur le chemin de fer de Kayes au Niger. 178 Arrêté soumettant à une visite sanitaire les animaux importés en Guinée 179 Arrêté portant réglementation de la police sanitaire des animaux 26ri Congo. Quantités de cafés et de cacaos du Congo à admettre en 1906 au béné- fice de la détaxe 180 Madagascar. Liste des plantes mises en distribution par les Stations d'essai de Nanisa-. sana, de l'Ivoloïna et de Fort-Dauphin 272 Arrêté relatif à la culture du mûrier et des mûraies 353 Indo-Chine. Arrêté interdisant l'exportation des riz et paddys des provinces du centre de 1 Annani 8 Arrêté créant un tarif spécial P. V. pour le transport des noix d'arec sur les chemins de fer indo-chinois 181 Ari-êté fixant les prix des alcools indigènes 355 Nominations et Mutations. Personnel agricole 9, 106, 273, 357 Exposition d'Agriculture Coloniale. Récompenses 10, 89 Rapport de la classe III. Produits des forêts 107 Rapport de la classe II. Animaux invertébrés 183, 276 Rapport de la classe V. Caoutchouc, gommes, etc 358, 445 Concours général agricole de 1906. Les colonies au concours général agricole de 1906 274 TABLE DES MATIERES ÉTUDES ET MEMOIRES Par noms d'auteurs. P. Ammann. — Les matières tannantes de nos colonies, 144. — Analyses de noix de coco, 259. — La caféine dans les enveloppes des fruits de café, 331. — La banane sèche, 381. Chalot (C). — Importance commerciale du cacao pour la France et ses colo- nies, 84. — Note sur une floraison de bambous, 154, — Le cacaoyer au Congo français, 283, 390, 479. Chevalier (A.). — J.-B. Louis Pierre, 234. Delacroix (D'' G.). — Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds (suite), 37, 204, 33S, 402. DuBARD (Marcel). — Formation de bulbilles chez le coleus Cazo, 172. — Seconde note relative au Boulouba, 254. — Caractères des Phanérogames, 502. DucHÊNE. — Culture du cotonnier àla station expérimentale de Marovoay, 27, 137, 219. Dumas. — L'Oussounifing, 170. — Le maïs, 247. — Le sésame, 349. — L'ara- chide, 369. — Le manioc, 510. Dupont (R.). — Conférence sur la culture et la préparation du caoutchouc, 411. Fauchère. — Culture pratique du cacaoyer et préparation du cacao {fm), 66. — Entretien des cacaoyères, 227. — Culture pratique du caféier et préparation du café, 451 . Fleutiaux. — Les insectes, 87, 430, 518. Henry (Yves). — L'exploitation du caoutchouc en Afrique occidentale fran- çaise, 491. Krempf. — Invasion de sauterelles en Cochinchine et au Cambodge, 434. Lefaivre. — Le cacao à Cuba, 251. Le Moult (M.). — Note sur la culture du fraisier à la Guyane française, 514. Loir (D"" A.). — Les mouches et les maladies contagieuses, 158. — Poids des noix de coco, 351. — Particularité de l'aspect de la patho- logie vétérinaire aux Colonies, 463. VI TABLE DES MATIERES Nicolas. — Le caoutchouc à la Côte d'Ivoire, 256, Prudhomme (E.). — La sériculture à Madagascar (fin), 52. —Description et utilisation du cocotier, 113. — Culture et commerce du cocotier à Ceylan, 295. RiNGELMANN (Max"). — Ponts, radeaux et ijacs, U. — Irrigations, 193, 313. Serke (Paul). — L'industrie des chapeaux de bambou à Java, 80. — La sérici- culture et l'industrie séricigène à Java, 347. — L'exploita- tion des forêts de teck et autres boisa Java, 422. Tillier(L.). — Sur l'emploi de l'acide cyanhydrique pour la destruction des parasites, 169. 'VuiLLET (Jean). — Les kolatiers et les kolas, 129, 212, 326. Communications diverses. — Le Buntal. Son utilisation en chapellerie, 175. — Commerce des fruits exotiques à Southampton, 175. — Commerce du rafia de Madagascar à Trieste, 522. — Expertises de coton de Mada- gascar, 88. Statistiques commerciales. — Exportations agricoles, forestières et des pro- duits de la mer dans les colonies, 436, 523. Sujets traités. Arachide. — L'arachide (Dumas), 369. Bambou. — L'industrie des chapeaux de bambou à Java (Paul Serre), 80. — Note sur une floraison de bambous (C. Chalot), 154. Banane. — La l)anane sèche (P. Ammann), 381. Bois. — L'exploitation des forêts de teck et autres bois à Java (Paul Serre), 422. Boulovba. — Seconde note relative au boulouba (Marcel Dubard), 254. Buntal. — Le Buntal. Son utilisation en chapellerie, 175. Cacao. — Culture pratique du cacaoyer et préparation du cacao (Fauchère) {fin), 66. — Importance commerciale du cacao pour la France et ses colonies (C. Chalot), 84. — Entretien des cacaoyères (Fau- chère), 227. — Le cacao à Cuba (Lefaivre), 251. — Le cacaoyer au Congo français (Chalot et Luc), 283, 390, 479. Café. — Le caféine dans les enveloppes des fruits de café, 351. — Culture pra- ti(jue du caféier et préparation du café (Fauchère), 451. Caoutchouc. — Le caoutchouc de la Côte d'Ivoire (Nicolas), 256. — Conférence sur la culture et la préparation du caoutchouc (R. Dupont), 411. — L'exploitation du caoutchouc en Afrique occidentale française. (Yves Henry), 491. TABLE DES MATIERES VII Cocotier. — Description et utilisation du cocotier (Eni. Prudhomme), 113. — Analyses de noix de coco (Ammann), 259. — Culture et com- merce du cocotier à Ceylan (Em. Prudhomme), 295. — Poids des noix de coco (D"" Loir), 351. Coleus Dazo. — Formation de bulbilles chez le coleus Dazo (Marcel Dubard), 172. Coton. — Culture du cotonnier à la station expérimentale de Marovoay (Duchènej, 27, 137, 219. Expertises de coton de Madagascar, 88. Fraisier. — Note sur la culture du fraisier à la Guyane française (Le Moult), 514. Fruits exotiques. — Commerce des fruits exotiques à Southampton, 175. Génie rural. — Cours de génie rural appliqué aux Colonies (Max Ringelmann) ponts, radeaux et lacs, 11. — Irrigations, 193, 313. Insectes. — Les insectes (Fleutiaux), 88, 430, 518. —Invasion de sauterelles en Cochinchine et au Cambodge (Krempf), 434. Kolatier. — Les kolatiers et les kolas (Jean Vuillet), 129, 212, 326. Maïs. — Le maïs (Dumas), 247. Maladies. — Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds (D^ Dela- croix) (suite), 37, 204, 335, 402. — Les mouches et les maladies contagieuses (D'' A. Loir), 158. — Sur l'emploi de l'acide cyanhydrique pour la destruction des parasites (Tillier), 169. Manioc. — Le Manioc (Dumas), 510. Matières tannantes. — Les matières de nos colonies (Paul Ammann), 144. Oussounifing. — Oussinifmg (M. Dumas), 170. Pathologie vétérinaire. — Particularité de l'aspect de la pathologie vétérinaire (D'- A. Loir), 463. Phanérogames. — Caractères des Phanérogames (Marcel Dubard), 502. Pierre {J. B. Louis). — (A. Chevalier), 234. Rafia. — Commerce du rafiade Madagascar à Trieste, 522. Sériciculture. — La sériciculture à Madagascar (E. Prudhomme (/tn), 52. — La sériciculture et l'industrie séricigène à Java (Paul Serre), 347. Sésame. — Le sésame (Dumas), 349. Statistiques commerciales . — Exportations agricoles, forestièi'es et des pro- duits de la mer dans les colonies, 436, 523. MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS 6e Année Janvier 1906 No 34 MINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale L 'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES Jardins d'essai des Colonies Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à l'Inspection générale de l'Agriculture coloniale an Ministère des Colonies PARIS 1 Augustin CHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, i 7 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /er Janvier et du /ei' Juillet Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr. La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. Les citations ou reproductions partielles sont autorisées à condition de mentionner la source. PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feuilles grand in-8' parait tous les deuœ mois PARIS — AuGU.sTiN CHALLAMEL, Éditeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNE.MENT ANNUEL (France et Colonies; : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONUL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles grand in-8° parait tous les mois PARIS — Augustin CHALLAMEL, Éditeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL iFrance el Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLICATION TRIMESTRIELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNE.VIENÏ ANNUEL : France el Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial PUBLICATION MENSUELLE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : Friince, 5 fr. — Colonies el Union postale, 6 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 6e année Janvier 1906 No 34 SOMMAIRE UBRARY NEW YORK DOCUMENTS OFFICIELS -O BOTANICAL GARDEN. Pages Org-anisation du personnel de l'agriculture dans les Colonies i Arrêté autorisant l'Académie des Arts de la fleur à ouvrir au Jardin Colonial un cours gratuit 7 Afrique Occidentale. Avis de la station agronomique de Hann au sujet de la délivrance des jeunes plantes 8 . Indo Chine. Arrêté interdisant l'exportation des riz et paddys des provinces du centre de l'Annam 8 Nominations et mutations 9 Récompenses de l'Exposition nationale d'agriculture coloniale 10 ÉTUDES ET MÉMOIRES Ponts, radeaux et bacs (cours de Génie rural appliqué aux Colo- nies)^ par M. Max Ringelmann, directeur de la station d'essai de machines agricoles 11 Culture du cotonnier à la station expérimentale de Marovoay, par M. Duchêne, directeur de la station d'essai de Maro- voay 27 Les maladies des plantes cultivées dans les pays chauds, par le D"" Georges Delacroix {suite) 87 La Sériciculture à Madagascar, par M. E. Prud'homme, Direc- teur de l'Agriculture à Madagascar (Jin) 62 Culture pratique du cacaoyer et préparation du cacao, par M. Fau- chera, Sous-Inspecteur de l'Agriculture à Madagascar (fin). . 66 NOTES L'Industrie des chapeaux de bambou à Java, par M. Paul Serre, vice-consul à Batavia 80 Importance commerciale du cacao pour la France et ses colo- nies, par M. C. Chalot, professeur à l'Ecole supérieure d'agricultui^e coloniale 84 Les Insectes (Les chytus du caféier au Tonkin), par M. Fleutiaux ... 87 Communications diverses 88 Ce numéro contient le titre, les tables et la couverture du 2^ semestre de 1905(5^ année) Dans le cours de cette cinquième année, (( L'Agriculture pratique des Pays chauds » (bulletin du jardin colonial) a publié, outre les Documents officiels, 150 mémoires, notes et articles divers sur les cultures, l'élevage ou les productions des pays tropicaux ; ces articles contenant 267 photographies, figures ou croquis forment ensemble deux volumes in-8" de 536 pages chacun. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande, lifl COliliECTIOlSl DE " L'Agriculture pratique des pays chauds " comprend a ce jour 6 volumes lo Juillet 1901 à Juin 1903 i vol. in-So. 20 fr 20 Juillet 1902 à Juin 1903 — 20 fr. 3o Juillet 1903 à Juin 1904 — 20 fr. 40 Juillet 1904 à Décembre 1904 ... — 10 fr. 5° Janvier 1905 à Juin 1905 .... — 10 fr. 6' Juillet 1905 à Décembre 1905 ... — 10 fr. (Envoi franco contre mandat-poste) Pour les abonnements, demandes de spécimen, rensei- gnements divers, publicité, adresser lettres et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librairie Maritime et Coloniale 17, rue Jacob, Paris. Demander le prospectus détaillé, contenant le titre de tous les articles de la collection, avec le nom de Tauteur, rindication du Numéro dans lequel l'article a été publié. 6' Année. Janvier 1906. N° 34. PARTIE OFFICIELLE Organisation du personnel de l'agriculture dans les Colonies. RAPPORT AU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE La mise en valeur du sol de nos colonies est une des questions qui pré- sente, à l'heure actuelle, le plus haut intérêt. C'est en effet d'une culture méthodiquement établie et conduite avec précision, que devra, pour une bonne part, dépendre la définitive prospérité de nos possessions d'outre-mer. Quelles que soient, en effet, l'abondance de la richesse des ressources natu- relles des territoires soumis à notre influence, celles-ci seraient bientôt taries si la culture ne venait réparer les dommages que des récoltes souvent exces- sives ont pu causer. Partout où la culture apparaît, une colonisation métho- dique s'établit. Le colon se fixe à la terre. Les richesses nouvelles qu'il a fait jaillir du sol et qui, jusqu'à ce jour, y étaient demeurées latentes, retiendront sur ce patrimoine nouveau des générations successives autour duquel les indigènes, abandonnant la vie nomade, viendront s'établir et se grouper. Mais l'agriculture coloniale ne s'improvise pas. Elle exige, pour réussir, d'être établie sur des bases solides. Il importe de déterminer, par des expé- riences pratiques, le choix des plantes à cultiver et des procédés culturaux à suivre, de montrer, dans des champs de culture, ce que l'on peut attendre de chaque production, de mettre à la disposition des nouveaux arrivants des semences et des plants qui puissent, en leur épargnant une longue période d'attente, hâter le moment de la production et déterminer le succès de l'entre- prise et enfin d'étudier les problèmes si nombreux qui intéressent non seule- ment l'heure présente, mais aussi l'avenir. L'intérêt majeur qui s'attache à ces multiples questions ne m'a pas échappé. C'est pourquoi des décrets soumis antérieurement à votre haute sanction, ont déjà établi un Jardin colonial métropolitain qui centralise et dirige, dans leur ensemble, les efforts que font dans nos colonies les Jaixlins d'Essais et plus récemment une École supérieure d'Agriculture coloniale où tous ceux qui se destinent à aller vivifier le sol de nos possessions d'outre-mer, puisent un enseignement solide qui exercera la plus heureuse influence sur le développe- ment des grandes concessions agricoles. Déjà, chacune de nos colonies est pourvue de services agricoles qui s'ef- Bullelin du Jardin colonial. 1 2 DOCUMENTS OFFICIELS forcent de pi-opagcM' les végétaux utiles et d'organiser la colonisation. Mais tons ces services établis successivement, n'ont jusqu'à ce jour aucune homogé- néité ni aucune cohésion. Leur personnel n'est soumis à aucune règle fixe de recrutement et d'avancement. Au moment où le développement économique de nos colonies constitue une des questions qui présentent pour elles le plus haut intérêt, il importe de donner au Service de l'Agriculture une stabilité plus grande en soumettant son personnel à des règles fixes d'organisation. En même temps, la création de l'École supérieure d'Agriculture coloniale permet d'exiger, dès maintenant, des candidats aux emplois de ce service des con- naissances lechni([ues étendues et d'assurer les conditions générales de recru- tement. C'est dans ce but et sous l'empire de ces préoccupations que j'ai fait pré- parer Je projet de décret que j'ai l'honneur de soumettre à votre sanction. DECRET Vu le décret du 28 janvier 1899 portant création d'un Jardin d'Essais colonial ; Vu le décret du 29 mars 1902 instituant un enseignement supérieur de l'Agricul- ture coloniale ; Vu le décret du 3 juillet 1897 portant règlement sur les indemnités de route et de séjour et les passages des officiers fonctionnaires, employés et agents civils et niili taires des services coloniaux et locaux ; Vu le décret du 23 décembre 1897 portant règlement sur la solde et les accessoires de solde du personnel colonial ; Sur le rapport du Ministre des Colonies, Décrète : Titre premier. — Composition et recrutement du personnel. Article l*"", — Le service de rAgriculture, dans les colonies françaises autres que l'Indo-Chine, est placé sous la direction et la surveillance d'un personnel technique orj^anisé conformément aux dispositions du présent décret. Art. 2. — Des arrêtés des Gouverneurs généraux et Gouverneurs pris en Conseil d'administration ou en conseil privé et soumis à l'appro- bation préalable du Ministre, fixent les cadres du personnel agricole de chaque colonie comportant actuellement ou devant comporter un service d'Agriculture. Art. 3. — Le personnel de r.4griculture est placé, dans chaque colonie où sera organisé un Service d'Agriculture, sous les ordres d'un chef de service relevant directement du Gouverneur de la colonie. Art. 4. — A défaut de désignation spéciale par le Ministre, les fonc- DÉCRET 3 tions de chef de Service de l'Ajjriculture sont remplies, dans chaque colo- nie, par le fonctionnaire de ce service le plus élevé en grade ou le plus ancien dans le grade le plus élevé. Art. 5. — Composition du personnel. I^e personnel du Service de l'Agriculture comprend : 1° Des directeurs de l'Agriculture (3 classes) ; 2° Des inspecteurs de l'Agriculture (3 classes) ; 3° Des sous-inspecteurs d'Agriculture (3 classes) ; 4° Des directeurs de Jardins d'essais ou de Stations agronomiques (3 classes) ; 5" Des agents principaux de culture (3 classes). Art. 6. — Les directeurs de l'Agriculture ne peuvent être choisis que parmi les inspecteurs de l'Agriculture de l*^" classe, comptant, dans cette classe, trois années au moins de services effectifs aux colonies ou en mission. Art. 7. — Les inspecteurs d'Agriculture sont choisis exclusivement parmi les sous-inspecteurs et directeurs de Jardins d'essais ou de Sta- tions agronomiques de f*' classe comptant, dans cette classe, deux années au moins de services effectifs aux colonies ou en mission. Art. 8. — Les sous-inspecteurs d'Agriculture et directeurs de Jardins d'essais sont choisis : 1° Parmi les élèves diplômés de l'Institut national agronomique ou des Ecoles nationales d'Agriculture, de l'Lcole d'Horticulture de Versailles ou de l'École d'Agriculture coloniale de Tunis et pourvus du diplôme de l'École Supérieure d'Agriculture Coloniale; 2° Parmi les agents principaux de culture de 1'"'' classe comptant, dans cette classe, au moins une année de services effectifs aux colonies ou en mission. Les directeurs de stations agronomiques sont choisis parmi les élèves diplômés de l'Institut national agronomique, des Écoles nationales d'Agri- culture, de l'Ecole Centrale, de l'Ecole de physique et de chimie, ou les licenciés ès-sciences et pourvus du diplôme de l'École Supérieure d'Agri- culture Coloniale. Art. 9. — Les agents principaux de culture sont recrutés parmi les élèves de l'École Supéi^ieure d'Agriculture Coloniale, pourvus du certifi- cat d'études de cette école ou les élèves de l'École d'Horticulture de Villepreux ayant accompli un stage d'une année au Jardin colonial. 4 DOCUMEISÏS OFFICIELS Titre II. Traitement, Akt. 10. — Le traitement et Tassimilation des agents du Service de l'Af^riculture coloniale sont fi.xés, au point de vue des passages, des indemnités de route et de séjour, conformément au tableau ci-dessous : GRADES TR.VIT d'Europe EME.\T Colonial CATÉGORIES (1) i ire ■Directeur d'Agriculture ! 2" 1 3' cl cl cl 7.000 6 . 000 5.000 14.000 12.000 10.000 1"' catégorie B 1 V Inspecteurs \ 2" d'Agriculture / 3" cl cl cl 4-500 4.000 9.000 8.000 1>" catégorie B 3.500 7 000 2" catégorie Sous-inspecteurs et di- 1 ^^ l'cctcurs de jardins d'es- 1 .^,. sais et stations agro- j ^^ noniiqiies. 1 cl cl cl 3.000 2.750 2.500 6.000 5.500 5 . 000 Agents principau.\ de \ 1" culture / ge cl cl cl 2.000 1 . 750 1.500 4.000 3 . 500 3 . 000 3= catégorie Art. 11. — Les directeurs de l'Agriculture sont nommés par décret du Président de la République, ils sont avancés par arrêté du Ministre. Les inspecteurs et sous-inspecteurs d'Agriculture, les directeurs de Jardins d'essais et de Stations agronomiques sont nommés par arrêté du Ministre des Colonies sur la proposition des Gouverneurs. Art. 12. — Les agents principaux de culture sont mis, par le Ministre, à la disposition des gouverneurs. Ils sont nommés et avancés par ces hauts fonctionnaires. Art. 13. — Toute nomination a lieu à la dernière classe de l'emploi. Les avancements de classe ne peuvent être obtenus qu'après une année au moins de services eilectifs aux colonies ou en mission dans la classe immédiatement inférieure. Nul ne peut être admis dans le personnel de l'Agriculture aux colonies, s'il n'est Français et n'a satisfait aux obligations des lois sur le recrute- ment de l'armée. 1 . Catégories du tableau de classement anne,\c au décret du 3 juillet 1897 réglemen- tant la concession des indemnités de route, de séjour et des passages. DÉCRET S Art. 14. — - Les peines disciplinaires, applicables aux fonctionnaires du Service de TAgriculture, sont : 1° L'avertissement; — 2° La réprimande ou le blâme ; — 3" La suspension de traitement; — 4° La rétrogradation de classe ou d'emploi; — 5° La révocation. Art. 13. — L'avertissement est donné par le chef du Service de l'Agri- culture. La réprimande ou le blâme sont infligés par le gouverneur, sur la pro- position du chef du Service de l'Agriculture, avis en est donné au Ministre et mention en est faite au carnet de notes du fonctionnaire. La suspension du traitement est prononcée dans les conditions prévues aux dispositions du décret sur la solde du personnel colonial. Avis en est, dans tous les cas, donné au Ministre et mention en est faite au carnet de notes du fonctionnaire. La rétrogradation et la révocation sont prononcées après avis d'un con- seil d'enquête nommé soit par le Ministre des Colonies, si l'inculpé est en France, soit par le gouverneur de la colonie où il est en service. Le Conseil d'enquête est composé de la façon suivante : Emploi de Vinculpé : Directeur de 1' Agriculture. Président : L'inspecteur général de l'Agriculture coloniale ou un direc- teur du Ministère des Colonies ou encore un secrétaire général des colonies. Membres : Un chef de bureau du Ministère ou un administrateur en chef des colonies. Un chef de service faisant partie du Conseil d'administration ou du Conseil privé ou un sous- chef du bureau de 1'"'^ classe au Ministère des Colonies. Un sous-chef de bureau ou un directeur d'Agriculture plus ancien de classe ou de grade que l'inculpé, ou un adminis- trateur de l'''^ classe des colonies. Secrétaire: Le sous-chef de bureau le moins ancien ou le moins élevé en grade ou le directeur d'Agriculture ou l'administrateur des colonies. Emploi de l'inculpé : Inspecteur ou sous-inspecteur. Directeur de Jardins d'essais ou de Station agronomique. Président : Un administrateur en chef de 1" classe des colonies. Membres : Un administrateur de^ colonies de K*^ classe ou de 2'^ classe, un directeur de l'Agriculture ou un chef de service de l'Agriculture plus ancien ou plus élevé en grade que l'in- culpé. Un administrateur adjoint de f® classe ou 2®. classe ou un chef de bureau des secrétariats généraux. 6 DOCUMENTS OFFICIELS Secrétaire : L'administrateur adjoint de 1^'' ou 2" classe ou le chef de bureau des secrétariats généraux. Emploi de Vinculpé : Un agent principal de culture. Président : Le plus élevé en grade des membres du Conseil. Membres : 3 fonctionnaires, dont 2 ayant rassimilation d'officier supé- rieur, désignés par le Ministre ou par le gouverneur de la colonie^. Secrétaire: Le moins élevé en grade. Art. 16. — Les fonctionnaires inculpés sont appelés, par le Conseil d'enquête, à fournir leurs explications écrites ou verbales. Leurs moyens de défense sont annexés au procès-verbal du Conseil d'enquête et trans- mis avec celui-ci à l'autorité compétente pour statuer sur les mesures disciplinaires qui leur sont applicables. Titre 3. — Dispositions générales et transitoires. Art. 17. — Les agents du Service de l'Agriculture actuellement en ser- vice sont répartis, suivant leur traitement, dans les classes et grades prévus au présent décret. Ces agents continueront à recevoir leur solde actuelle si celle-ci est supérieure à celle de leur grade. Art. 18. — Les fonctionnaires et agents envoyés dans les colonies où il existe une caisse de retraite locale seront, dès leur arrivée dans la colo- nie, autorisés à opter pour le régime de ces caisses et, dans ce cas, ne pourront être changés de colonie que sur leur demande. Art. 19. — Toutes dispositions antérieures au présent décret sont et demeurent abrogées. Art. 20. — Le Ministre des Colonies est chargé de l'exécution du pré- sent décret qui sera inséré au Journal officiel de la République française, au Bulletin des lois et au Bulletin officiel du Ministère des Colonies. Fait à Paris, le 6 décembre 1905. Emile LouBET. Par le Président de la République : Le Ministre des Colonies, Clémentel. i. Lun de oes lonctionnaires devra appartenir au Service de l'Agriculture. ARRÊTÉ 7 RAPPORT AU MINISTRE suivi d'un arrêté autorisant l'Académie des Arts de la fleur à ouvrir au Jardin colonial un cours gratuit. Une Société d'artistes français désigné sous le nom d'Académie des Arts de la fleur, s'est fondée en vue de mettre â la portée de tous les moyens de tirer parti d'un enseignement pratique, donné gratuitement par des maîtres de talent. Un premier essai fait l'année dernière dans l'établissement horticole de la ville de Paris, à Auteuil, a donné les résultats» les plus satisfaisants. Les organisateurs de cet enseignement ont pensé qu'il serait possible de tirer le plus utile parti des documents de toute nature, rassemblés au Jardin colonial, et qui se rapportent aux plantes de nos colonies : végétaux cultivés en serre, ou dehors à la belle saison, fruits, fleurs et produits divers conser- vés dans les herbiers et les collections, documents photographiques, dessins, aquarelles, etc. Une délégation de peintres qui est venue visiter l'établissement de Nogent a reconnu qu'il serait facile de donner un cours dans les laboratoires qui sont libres le dimanche. Le Conseil d'administration du Jardin colonial a examiné la demande adres- sée par M, Cesbron, le Président élu de cette Académie, et a émis un avis très favorable à cette organisation dont pourraient bénéficier largement les ouvriers d'art des 12'' et 13" arrondissements de Paris, où l'industrie des meubles, des impressions, des papiers peints, etc., est si développée. Si Monsieur le Ministre veut bien autoriser la création de cet enseignement qui ne créera aucune charge matérielle pour le Jardin colonial, j'ai l'honneur de le prier de vouloir bien revêtir de sa signature l'ai^rêté ci-joint : Le 1'='' décembre 1905. J. Dybowski. ARRÊTÉ Le Ministre des Colonies, Arrête : Article I^"". — L'Académie des Arts de la fleur et de la plante est auto- risée à ouvrir au Jardin colonial un cours gratuit de dessin, peinture, modelage et interprétations décoratives applicables aux industries d'art. Art. 2. — Les cours auront lieu le dimanche. Ils seront organisés de façon à ne porter aucune entrave au fonctionnement normal du Jardin colonial. Art. 3. — Un emplacement sera mis par le Directeur du Jardin colo- nial à la disposition de l'Académie de l'Art de la fleur. Un règlement d'ordre sera établi d'accord entre l'administration de l'Établissement et celle de l'Académie de la Fleur. Cette dernière devra en assurer l'applica- tion et la rigoureuse observation. Fait à Paris, le 1"'' décembre 1905. Glémentel, 8 DOCUMENTS OFFICIELS AFRIQUE OCCIDENTALE INSPECTION DE I.'.VGRICrLTCRE Avis. — l>a station agronomique de Ilann sera en mesure de délivrer, au début de l'hivernage 1906, aux services publics et aux particuliers, des jeunes plantes dans des conditions analogues à celles qui ont régi les livraisons pour Thivernage 1905'. l']tant donné l'extension des pépinières, il pourra être délivré une quan- tité importante de plantes fruitières, d'avenues, d'ornement ou utiles à divers titres. Les intéressés sont priés, afin d'avoir entière satisfaction, d'adresser, dès à présent, leurs demandes au Gouvernement général (Inspection de rAgricullure). Il leur en 'sera accusé réception avec l'indication du prix de cession, dans le cas où les plantes demandées ne figureraient pas au tableau des cessions pour 1906. INDO-CHINE ARRÊTÉ interdisant Vexportation des riz et paddys des provinces du centre de VAnnani. Le Gouverneur général p, i. de llndo-Ghine, officier de la Légion d'honneur, Vu le décret du 21 avril 1891 ; Vu larrëté du 7 février 1899, déterminant le tarif de la taxe représentative de limpôt foncier établie à la sortie des riz de l'Indo-CIiine ; Vu les avis du Gomat et de la Chambre consultative mixte de commerce et d'agri- culture de l'Annam ; Attendu que la prochaine récolle du riz est signalée comme très compromise dans les provinces du centre de TAnnam, qu'une hausse très sensible s'est déjà manifestée sur le prix de celte céréale et que, en raison de la difficulté des communications, une partie de la population pourrait être menacée de disette si les approvisionnements à peine suffisants étaient diminués par l'exportation ; Sur la proposition du Résident supérieur en Annam et lavis conforme du Direc- teur général des Douanes et Régies ; La Commission permanente du Conseil supérieur entendue, 1. Voir le Biillelin du Jardin colonial, n° 31 (octobre 1905), page 265. NOMINATIONS ET MUTATIONS \j Arrête : Article 1'''^. — L'exportation des riz et paddys des provinces de Quang- binh, Quang- tri, Thua-thiên, Quang-nam, Quang-ngai, Binh-dinh et Phu- yên (Annani) est interdite jusqu'à nouvel ordre. Aht. '2. — Le Résident supérieur en Annam et le Directeur g'-énéral des douanes et régies de Tlndo-Chine sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté. Hanoï, le 17 octobre 1905. Broni, NOMINATIONS ET iMUTATIONS Afrique Occidentale française. Par décisions du Gouverneur général de l'Afrique Occidentale française : En date du 19 octobre 1905, M. Nicolas est nommé agent de culture de 5" classe du cadre du Sénégal et placé n. c. pour servir à la Côte d'Ivoire. En date du 19 octobre 1905, M. Costes, diplômé des Ecoles nationales d'Agriculture, est nommé agent de culture de 5® classe du cadre du Séné- gal, placé hors cadres pour servir en Guinée et maintenu en service à Conakry. En date du 14 novembre, M. Birard, pharmacien-major de 2° classe des troupes coloniales, est nommé adjoint au Directeur du Service météoro- logique de l'Afrique Occidentale française, en remplacement de M. le pharmacien-major de P'* classe Kérébel, rentrant en France. Indo-Chine. Par arrêté du Gouverneur général p. i. de l'Indo-Chine, en date du 11 octobre 1905, Sont nommés vétérinaires inspecteurs stagiaires des épizooties de l'Lido-Chine, à compter de leur désignation pour accomplir un stage à l'Institut Pasteur de Lille : M. Baron (Jean-Victor), vétérinaire diplômé de l'École d'Alfort ; M. Boucley (Charles- Victor), vétérinaire diplômé de l'Ecole de Tou- louse ; M. Merals (Marie-Paul-Eugène), vétérinaire diplômé de l'Ecole d'Alfort. 10 DOCUMENTS OFFICIELS Par arrêté du Gouverneur général p. i. de Tlndo-Chine, en date du 16 octobre 1904, M. Chapotte, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, chef du Service forestier de l'Indo-Chine, par intérim, est désigné pour remplir les fonc- tions de chef de la Circonscription forestière de la Cochinchine; M. Roj, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, chargé par intérim de la Circonscription forestière de la Cochinchine, est désigné pour diriger le bureau annexe du Service forestier de l'Indo-Chine à Saigon. École coloniale d'Agriculture de Tunis. Ont été admis comme élèves réguliers à la suite du dernier concours : MM. Touchard (Seine), Boucheron, Seguin (Eure), Fleury (Marne), Grouard (Seine-Inférieure), Larmignat (Indre), Colombier (Seine), Deveaud (Seine), Bargeon (Seine), Duchêne, Marullaz (Algérie), Jayant (Puy-de-Dôme), Gérard (Doubs), Regnault (Seine), Hervé (Ille-et- Vilainc), Lemarié (Eure-et-Loir), Jacottet (Eure-et-Loir), Langlois (Seine), Clémencet (Côte-d'Or), Bernard (Gers), Derougemont (Seine), Escande (Tarn), Corbet (Tunisie), Soulès (Seine), Sommer (Seine), Muller (Seine), Isaac (Algérie), Seghin (Vaucluse), Girou de Buzareingues (Aveyron), soit 27 élèves. Avec les vingt-neuf jeunes gens qui entrent en deuxième année d'études, l'Ecole de Tunis maintient donc son effectif au-dessus de 50 élèves. EXPOSITION NATIONALE D'AGRICULTURE COLONIALE et réunion internationale d'Agronomie tropicale de 1905. La distribution des récompenses de l'Exposition nationale d'Agri- culture coloniale et de la réunion internationale d'Agronomie coloniale a eu lieu le 24 décembre, sous la présidence de M. Clémentel, ministre des Colonies, dans les salles de la Société d'encouragement à l'Industrie nationale. La liste des récompenses n'a pu, faute de place, être insérée en janvier dans le Bulletin du Jardin colonial ; elle sera publiée in extenso dans le prochain numéro (février 1906). ÉTUDES ET MEMOIRES COURS DE GÉNIE RURAL APPLIQUÉ AUX COLONIES < PONTS, RADEAUX ET BACS 1° Ponts. Les ponts que nous pouvons avoir à construire aux colonies sont des ouvrages temporaires (désignés quelquefois sous le nom de ponts de fortune) ou permanents ; nous ne nous occuperons que de ces derniers, les premiers pouvant être considérés comme dérivés d'eux (nous laissons de côté les ponts importants, d'intérêt public, qui sont étudiés et établis par les soins de l'Administration). g — i :£ 6 Le pont AB [ûg. 1) étant ffj^j^if/., le prolongement d'un sen- 'df^û//^//%^ Fig. 1. Pont. Lier, d'un chemin ou d'une ^-^/.'^'/^''/'X, route a.h au-dessus d'une dépression D, occupée ordi- nairement par un cours d'eau, sa largeur est liée à celle de sa voie d'accès ; elle sera de : 0™ 70 s'il s'agit d'une voie paixourue que par des hommes (passerelle), 1™ 50 — — — animaux de bât, 3™ 00 — — — véhicules. Sans nous occuper pour l'instant de la longueur AB (fîg. 1) du pont, si nous faisons une coupe transversale suivant un plan y ^ nous voyons que l'ouvrage est constitué ^ ^ en principe par un certain nombre de pièces parallèles P (fig. 2) appelées pou- trelles^ sur lesquelles, entravers, est jeté le tablier t ; enfin chaque rive est limitée par les poutrelles dites de guindage G. A la place des poutrelles équarries on peut employer des pièces de bois à section circulaire F' G' t' (%• 2). ma' t: ^ Fig. 2. — Coupes en travers d'un tablier de pont. 1. Voir le bulletin n» 1 (juillet 1901), page 401 (2" année) et page 302 (année 1905, l^' semestre). 12 ÉTUDES ET JIÉMOIRES L'écartement c (fig. 2) des poutrelles ne dépasse pas 0'" 80 ; il peut se réduire suivant la section des bois et la charg-e que l'ouvrag-e doit supporter. Le tablier t. aussi jointif que possible, est confec- tionné avec de fortes planches ou avec des bois en grume et des fagots ou fascines recouverts d'une couche de sable ou de terre maintenue par les poutrelles de guindag-e. La section des poutrelles peut être car- Fijf. 3. — Sections transversales rée A (fîff. 3), rectangulaire B. ou circu- des poutrelles. i • /^ i t iaire L ; les dimensions a, h et A, et le diamètre d de la pièce supposée écorcée dépendent de la portée des poutrelles, de leur écartement et de la nature des bois. En fixant à 0'" 80 le plus grand écartement des poutrelles (e iig. 2), en considérant des bois analogues (comme résistance) au chêne ou au sapin, on peut tabler sur les dimensions maxima suivantes admises par le Génie (correspondant à un poids mort de 50 kilogrammes par mètre carré et à une charge maximum de 750 kilogrammes par mètre courant ; comme on le voit, ces chiffres sont bien plus éle- vés que ceux relatifs à nos applications, mais il est bon de tenir compte d'une médiocre construction et augmenter le coefficient de sécurité des pièces). ÉQUARRISSAGE EX CENTIMETRES d'uKE POUTRELLE (fig. 3) nètres) carrée rcctan gulaire circulair a T^ h d 3 H 8 13 13 4 13 10 15 16 5 15 11 17 18 6 17 13 20 20 7 19 14 22 23 8 21 16 24 25 9 23 17 26 10 25 19 29 Quand on emploie des supports, les poutrelles a a' (fig. 4) succes- sives d'une même file sont jumelées, c est-à-dire posées l'une contre l'autre sur le support .s et reliées ensemble. Il est bon de munir les ponts de garde-fous élevés à 1 mètre PONTS, RADEAUX ET BACS 13 environ au-dessus du tablier (perches reliées avec des lisses horizon- tales ou main courante). L'étude préliminaire pour fixer l'emplacement du pont comprend Fig. 4. — Liaison des poutrelles avec un support (plan). Fig. 5. — Culée. la mesure de la vitesse de l'eau, le relevé de la section et la déter- mination de la nature du fond. La liaison du pont avec la berge se fait par une culée ; les pou- trelles P (fig-. S) reposent sur un madrier ou sur des rondins c (con- stituant le corps mort) et buttent contre un rondin de culée m ; les pièces c et m, maintenues en place par des piquets, doivent résister aux différents efforts verticaux et horizontaux du pont. L'ouvrage doit être placé au-dessus du niveau h des plus hautes eaux, qu'on peut déterminer en examinant les traces que les crues laissent tou- jours sur les rives. En nous reportant à la figure 1 , la longueur AB de l'ouvrage étant connue, on peut considérer le cas d'un pont sans support ou avec supports reposant sur le fond; les premiers s'appliquent aux petites portées ou lorsqu'il s'agit de franchir un cours d'eau à courant rapide ^ risquant de compromettre la stabilité des supports. Lorsqu'on craint pour la solidité du pont, on peut armer les pièces de rive, comme on le ferait pour une poutre ordinaire ; il nous suffira d'indiquer les croquis : fig. 6, a, a' contre-fiches reposant sur les patins /), soutenant la poutrelle P parles traverses n et n' et, au besoin, par un lien c attaché en f/ ; l'angle a doit être d'au moins 30°; 1. La vitesse des courants se mesure au flotteur : Faible courant de O"" 50 à 0" 80 par seconde Courant ordinaire 0 . 80 à 1 . 50 — Courant rapide 1 . 50 à 2 . 00 — Courant très rapide 2 . 00 à 3 . 00 — Courant torrentiel, plus de. 3.00 — 14 ÉTUDES ET MÉMOIRES les poutrelles peuvent être en trois parties reposant sur les culées et sur n et n' ; — W///W tlans certains cas le point (/ 'f/(f///J/ neut être placé au-dessous iblier P, comme on doubler les contre- les. — Fig. 7, a sous- long-eron, 7j, h' traverses, c contre-iîches qu'on peut con- solider par des moises m. — Fig. 8, poutre armée en dessus par deux arbalétriers a a! reliés à la pièce P par des aiguilles ou moises n, n', n" . — Fig. 9, deux contre-fiches a, a' arc-boutées avec les Fia:. 6. — Poiil à contre-fiches. 'm '///. Èm 7K) m CL 'V>v/,///X Fig. ". — Pont sur soiis-lon^crons et contre-fiches. wm^f mwm. Fig. 8. — Pont sur fermes à aiguilles. fe "cC m, wm ^ b 'f!',. 'M ///// Fig. 9. — Pont sur contre-fiches arc-boutées. Fig. 10. — Pont sur contre-fiches arc-boutées. traverses 7j, h' supportant les poutrelles P. — Fig. 10, analogue, les trois pièces a, h et c sont arc-boutées avec les traverses tnm t' \ les poutrelles P reposent sur n et sur m. Les ponts portatifs du système Eiffel (1888-1889) sont formés d'éléments triangulaires A (fig. 11) en cornières d'acier, qu'on relie entre eux par les côtés a et a' et par />; les dimensions principales PONTS, RADEAUX ET BACS 15 des éléments ^ sont indiquées dans la fîg. 11 ; ils sont placés alter- nativement les ailes des cornières en dehors et en dedans dn pont; l'élément de tête est représenté en r; le montag-e terminé a l'aspect M/, Fig. 11. — Pont système Eifl'el. B ; on peut s'inspirer de ce dispositif en constituant les éléments A à l'aide de planches, du en faisant des poutres dites en treillis : les deux poutrelles a b ou a' h' (fig-. 12) sont reliées entre elles par des Fig. 12. — Poutrelles en treillis. montants m, m' et par des diagonales c en croix de Saint-André ou par des écharpes e ; le tablier ^peut se poser soit sur la poutrelle h, soit en t' sur des traverses reposant sur la semelle inférieure a' . Enfin on peut armer les poutrelles par des tirants inférieurs con- stitués par des cordages ou des lianes entrelacées a (fig-. 13) atta- 1. Ces éléments A pèsent 1 io kilogs environ. 16 ÉTUDES ET MÉMOIRES chées à des traverses h solidement reliées aux extrémités des pou- trelles P ; les tirants reçoivent une ou deux traverses c soutenant . _ , par des pièces obliques n la ^ . - traverse d. Beaucoup d'in- digènes établissent de véri- tables passerelles suspen- dues très bien combinées eu égard aux matériaux dispo- nibles et au service à rendre. Chaque fois que cela sera possible, il y a lieu de don- ner la préférence aux sup- ports placés dans . le lit du cours d'eau. Quand la vitesse de l'eau W///// ii(^ dépasse pas 1'" TJO par '//^/M. seconde, on peut supporter ^//fm. le pont P (fig. 14) tous les 3 ou 4 mètres par des che- valets a a', dont on voit une vue perspective en A (fig. lo) ; on distingue le chapeau />, les pieds c, les traverses (/, les écharpes e et les coussi- nets f\ lécartement n = 0,5 h; Técartement m = , c, on place des bois t (traverses plus longues que la largeur du tablier P) entre lesquelles on dispose des cales d. — Fig. 20, des gabions G, remplis de pierres ou de gravier, consolidés par les piquets a et supportant les poutrelles P; pour les passerelles légères, les ga- bions peuvent rester vides sans gêner l'écoulement des eaux. 11 est bon de protéger contre les corps flottants, les piles, chevalets, et étais n (fig. 21), en enfonçant du côté amont a des pieux b h' disposés en avant-becs mais indépendants des sup- ports n du pont P. On pourra quelquefois établir des enrochements a (fig. 22) main- tenus par des caissons formés de clayonnages h et de pilots reliés '.''Mi. '/////■ Fig. 20. Pile en gabions. # % 7L a @ ^ -f---^] I --t-rh -" Fig. 21. — -Pieux de protection des piles (plan). Fig. 22. — Pile en enrochement. Fig. 23. Pilot par traverses t ; on peut également employer de grands gabions dis- posés verticalement (cas d'un faible courant; 1™ 50 de profondeur au maximum). Nous n'insisterons pas sur les piles en maçonnerie de pierres ou de briques cuites, mais nous dirons un mot des pilots à vis employés 20 ÉTUDES ET MÉMOIRES par le Génie et qu'il sera quelquefois possible de fabriquer en décou- pant une feuille de tôle d'après le tracé Aa de lalig'ure23 : on obtient ainsi une spire A' qu'on cloue au pilot par les pattes a! ; la pointe conique est garnie d'une feuille de tôle t ; ce pilot est enfoncé par un mouvement de rotation /", dans le plan horizontal, donné à l'aide d'une broche ou d'un levier ; pour un pilot de 0™ 20 de diamètre, le cercle A a 0™ 50 de diamètre ; l'épaisseur de la tôle est d'au moins 2 à 3 millimètres. Avec les pilots à vis on constitue des palées comme s'il s'ao^is- sait de pilots ordinaires enfoncés par chocs ; au sujet de ces derniers Fig. 2 i. — Pilot. Fig. 25. — Palée de pilots. nous citerons la méthode employée par le Génie, sur l'Isère en un point où le courant a une vitesse de 1"'60 par seconde, avec une hauteur d'eau maximum de 2™ 50 (le pont, de 93 mètres de long-ueur, a très bien résisté pendant 2 mois à deux crues subites, lune de i mètre en 12 heures, l'autre de 1"' 20 en 24 heures; on avait seulement enlevé les poutrelles et le tablier du pont que l'eau menaçait d'atteindre). Les pilots A (fig. 24) ont 0™ 12 à 0™ 18 de gros diamètre ; leur longueur totale ne doit pas dépasser 3™ 50 à 3'" 80 ; la pointe a occupe de 0"'05 à 0™20 suivant la nature du fond, et la tète /), chanfrénée, reçoit une frette en fils de fer évitant le pilot d'éclater sous les coups de masse ; au-dessus du niveau x du fond du cours d'eau (marqué d'avance sur la pièce, d'après un sondage préalable), PONTS, RADEAUX ET BACS 21 le pilot a une longueur qui dépend de la hauteur d'eau mais qui ne dépasse pas 2"^ 30 ; la longueur de fiche x a est au maximum de 1"' 20 à l'"50. Dans les fonds de gravier de l'Isère (fonds qui indiquent un courant rapide et des crues subites) il a suffi de donner 1'" 20 de fiche à ces pilots ; pour les fonds vaseux (cours d'eau à faible vitesse et à crues lentes) on donne une fiche suffisante pour que le pilot ne s'enfonce pas sous la charge maximum qu'il doit supporter et qu'on détermine expérimentalement d'après certaines règles ^. Avec les pilots précédents on construit des palées espacées dé 4 mètres ; chaque palée comprend 4 pilots verticaux a a' (fig. 25) et deux pilots inclinés h formant contre-fiches; le chapeau c est formé de deux pièces moisées qui supportent les poutrelles et le tablier t indiqué en pointillé ; des écharpes d en croix de Saint-André conso- lident la palée dans le plan transversal ; mais comme ces écharpes Fig. 26. — Élévation et plan d'une passerelle volante. arrêtent les corps flottants, il ne faut les placer que si cela est indispensable. Pour construire une palée on se sert d'une passerelle volante a b (fig. 26), sorte d'échelle de 8 mètres de longueur et de 1™20 de largeur, 1. La règle du capitaine de Génie Gengembre, vérifiée à l'École d'Arras, est la plus recommandable ; elle est donnée par : Re = 0,625 Ph ^-^, R charge maximum (enkilogr.) qui doit supporter un pilot, e enfoncement en mètre) du pilot produit par les 10 derniers coups. P poids du mouton (en kilogr.), P' poids du pilot (en kilogr.), h hauteur de chute du mouton (en mètres). 22 ÉTUDES ET MÉMOIRES formée de 3 perches de 0"" 13 à 0'" 15 de diamètre moyen, reliées par des bouts de planches ; la passerelle est lancée de la rive ou d une palée n et est soutenue par deux g-alTes d auxquels on l'amarre ; en a on met une charge, qui peut être constituée par 6 à 8 hommes ; c'est en m que se placent les 2 hommes, dont l'un main- tient le pilot p vertical pendant que l'autre frappe à coups de masse (au début du travail, la tête du pilot ne doit pas se trouver à plus de l'"70 au-dessus du plancher m, sinon la manœuvre est trop difficile. Après avoir enfoncé les 2 pilots d'axe [a' fig. 25) on les relie temporairement par deux bois horizontaux, fixés par des brélag-es, et constituant un faux chapeau c permettant de retirer la passerelle ; entre n et c on jette alors des poutrelles et un tablier provisoires pour procéder à l'enfoncement des pilots a et />, de la iig-. 25, et achever la construction de la palée. Les ponts flottants (sur tonneaux, radeaux ou sur bateaux) ne peuvent être destinés qu'à un usage temporaire ; ils demandent des soins de réglage suivant les variations du niveau de l'eau ; il vaut souvent mieux les remplacer par des radeaux ou des bacs. 2° Radeaux et bacs. Les radeaux sont formés par la réunion d'un certain nombre de pièces de bois; la charge que peut supporter un radeau est égale à la différence entre le poids de l'eau qu'il déplace (volume du bois) et son propre poids ; on est ^ souvent conduit à disposer ce plusieurs couches superpo- sées de bois a, />, c (fig. 27) qu'on lie solidement entre elles ; les bouts des pièces sont coupés en sifflet, le bec posé en dessus et en plan ; on dispose les bois en retraite, à droite et à gauche de l'axe, afm de former un becn; les couches intermédiaires h sont souvent formées de branchages. On peut confectionner des radeaux avec des outres gonflées d'air, ou des tonneaux ; comme exemple nous donnons la figure 28 : les tonneaux / supportent les longrines aa' sur lesquelles on fixe les traverses hh' qui peuvent recevoir un plancher. Fij;'. 27. — Élévation et plan d'un radeau. PONTS, RADEAUX ET BACS 23 Les bateaux sont constitués par des courbes formées chacune de pièces a (fîg. 29) reliées à des montants a' ; ces courbes sont espa- cées (e) de 0™ 40 à 0'" 30 et les mon- tants sont reliés intérieurement par les tringles h b' d ; extérieurement on cloue le bordage de planches c dont on calfate les joints avec de la w- Fig-. 28. — Plan et élévation d'un radeau de quatre tonneaux. Fig. 29. Coupe transversale et plan partiel d'un bateau. >f«- ..--- — "' ' \ > 1 1 . " 1 Fig. 30. — Élévation et plan d'un bateau. filasse ou des fibres diverses; enfin on passe, si possible, un enduit hydrofuge (poix, résine, goudron végétal). Les bateaux da Génie, dont les dimensions principales sont 24 ÉTUDES ET MÉMOIRES indiquées par la figure 30, pèsent 300 kilogr. et peuvent supporter une charge de 3.000 kilogr. Les nacelles des indigènes peuvent être utilisées en en réunissant plusieurs a a' (fig. 31) par un plancher P solidement fixé ; on peut ainsi relier jusqu'à six petites nacelles n (fig. 32) sous un plancher P permettant ainsi de supporter les charges voulues. >R. Fig. 31. — Nacelles supportant un plancher. Fig. 32. — Plancher supporté par six nacelles. Hf-, i m y y Fig. 33. — Bac. Fig. 34. — Bac oblique. Quand le cours d'eau a un faible courant, on peut employer le hac B (fig. 33 I qu'on fait passer d'une rive à l'autre en le halant sur un câble c tendu en travers de la rivière ; le câble passe entre des che- villes /, formant fourches, fixées au bordage du côté amont. S'il y a un peu de courant, on utilise ce dernier pour faciliter le déplacement du bac dont on place Taxe x (fig. 34) incliné d'un angle a de 45 à o5*> avec la direction /'du courant; dans la figure 34 PONTS, RADEAUX ET BACS 25 le bac est supposé se déplacer dans le sens a ; pour faciliter la manœuvre, le câble c passe entre 2 chevilles d cl' sur le bordage amont et contre la cheville e sur le bordag-e aval ; la cheville e' servant à appuyer le câble lors du retour du bac, en sens inverse de a. Sur les rivières n'ayant pas plus de 110 à 120 mètres de largeur et un courant d'un mètre par seconde, on emploie la traille (on en Fig. 35. — Traille. Fig. 36. — Poulie de traille. Fig. 37. — Élévation d'un embarcadère fixe. Fig. 38. — Élévation et plan d'un embarcadère flottant. trouve de nombreux exemples sur le Rhône) : on tend à l'amont, et au-dessus du cours d'eau, un câble a b (fig. 3o) sur lequel roule un galet m (dit moufle de traille) ; le bac B est relié au moufle m par deux cordes c et c/ qu'on allonge ou raccourcit pour donner au bac l'inclinaison voulue (voir fig. 34) relativement à la direction f du courant. 26 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le moufle de traille peut être constitué simplement par une pou- lie à gorge A (fîg-. 36) roulant sur le câble a ; la fourche /", garnie de cales n pour éviter la prise du câble a entre elle et la poulie A, reçoit les cordes c et c?, et le poids p tend à ramener la poulie A dans le plan vertical. Pour ces transports par eau, Tabordage peut se faire sur des , embarcadères fixes A (fîg. 37) supportés par des chevalets et protêt gés par des pieux b indépendants qui servent à l'amarrage du bateau, ou sur des embarcadères flottants f (bateaux ou radeaux) (fig. 38), svipportant la passerelle B et protégés par les pieux d'amarrage b ; l'écartement de l'embarcadère /" à la rive est assuré par les perches n attachées aux piquets n' ; des câbles c c' conso- lident l'installation. Max RlNGELMANN, Professeur ù Vlnstitul agronomique et à l'École supérieure d'Agriculture coloniale, Directeur de la Station d'Essais de Machines. CULTURE DU COTONNIER A LA STATION EXPÉRlMEiNTALE DE MAROVOAY, PRÈS DE MAJUNGA Essais 1904-1905. En mars 1904, lors de la création de la Station d'essais, il exis- tait dans la province de Majung-a deux ou trois plantations de cotonniers, et çà et là, aux abords des villages, un certain nombre de pieds, vestiges d'anciennes cultures. Notre premier soin en arrivant fut d'observer soigneusement la végétation de ces divers sujets, afin d'en retirer le plus possible de données utiles à l'établissement de nos premiers essais. Ces données, il est vrai, ne pouvaient être précises, les éléments du début faisaient défaut et nous n'obtenions, des indigènes, que de très vagues renseignements. Nous parvenions cependant, vers la fin de l'année, à dégager quelques faits très caractéristiques qui, pensons-nous, méritent d'être exposés tout d'abord. Au commencement de juin, les cotonniers indigènes (désignons- les ainsi bien qu'ils paraissent relever de types déjà décrits) s'étaient chargés de capsules mûres ; certaines espèces cultivées en avaient fait autant. Nous enregistrions donc, à cette date, l'époque de la récolte. Un examen plus attentif des capsules nous laissa, cependant, quelques doutes. Les unes, de faibles dimensions, plus ou moins mal formées, donnaient une assez forte proportion de coton taché, les autres étaient tombées avant de s'ouvrir ; enfin, de nombreuses fleurs avortées et de très jeunes capsules jonchaient le sol. Les plants eux-mêmes présentaient un aspect peu vigoureux, leurs feuilles avaient revêtu une teinte bronzée particulière, annon- 28 ÉTUDES ET MÉMOIRES (.-ant une chute prochaine, certaines étaient sèches ; en somme, tout faisait pressentir, chez eux, la fin de la végétation. Il n'en était rien d'ailleurs : deux mois après, les mêmes plantes avaient repris un feuillage nouveau, déjeunes capsules se formaient en assez grand nombre, arrivant presque toutes ensemble à maturité dans le courant de septembre. La production du coton dépassa de beaucoup, en qualité et en quantité, celle précédemment obtenue. Il y a lieu ici d'ouvrir une parenthèse, afin de noter une obser- vation de grande importance, que nous devons à la culture de M. Billaud, à Marohogo. Se conformant aux indications fournies par les ouvrages qui traitent de la culture du coton en Egypte, M. Billaud n'avait pas hésité k monter une importante installation d'eau lui permettant d'irriguer ses cotonniers en saison sèche ; aussi vers la fin de mai, lors de notre passage, commençait-il les arrosages. Les plantations occupaient un vaste plateau de nature assez aride ; elles se trouvaient, d'autre part, à la période ingrate dont nous avons parlé plus haut, il n'était donc pas téméraire de bien augurer des effets de l'irrigation. Cependant, l'expérience vint bientôt mon- trer que ce qui était bon en Egypte pouvait être au moins inutile dans la rég^ion de Marovoav. Les champs irrigués n'avaient pas montré une végétation supé- rieure à celle d'autres champs non irrigués placés à côté et l'on cessa les irrigations. Ces champs arrosés donnèrent une récolte, moindre que celle des autres parcelles, d'un coton taché par les insectes qui s'y étaient multipliés en grand nombre. Ce fait, tout en méritant d'être confirmé par des essais pendant plusieurs années, démontrait assez bien la résistance toute particu- lière, ici, du cotonnier à la sécheresse. Et continuant l'exposé de nos observations, disons qu'au voisi- nage de la Station à Antanimanimanitra, chez M. Germain, existait une autre plantation d'un hectare environ, située au milieu des Satrana (Lataniers). Le Sea Island et une autre variété dont nous n'avons pu obtenir le nom (sans doute le Pérou dur) avaient été plantées l'une à côté de l autre. La façon dont ces deux espèces se comportèrent attira, d'une façon particulière, notre attention. Culture Dti cotonnier 29 Le Sea Island avait végété suivant le mode décrit plus haut, don- nant deux récoltes très médiocres sans s'être bien développé. L'autre avait poussé avec vigueur, ne fructifiant pas en mai, sans subir d'arrêt de végétation à cette date, avait produit fin septembre une grande quantité de coton d'excellente qualité : on doit donc en conclure que l'époque de maturation normale est le mois de sep- tembre. Notre dernière remarque porte sur l'examen des terrains, elle ne pouvait être importante, vu la faible quantité des surfaces mises en cultures ; nous observions cependant qu'en terres sableuses, acides ou trop humides, le cotonnier, pas plus, du reste, que bon nombre d'autres plantes connues de la région, ne prenait de déve- loppement ; il demeurait chétif et portait une ou deux capsules au plus. En toutes sortes de sols, les sujets indigènes atteignaient de fortes dimensions; mais il fallait tenir compte de leur âge; il est certain que plusieurs années avaient dû leur être nécessaires pour arriver à cette taille. Ces diverses observations, par ce qu'elles nous révélaient d'inat- tendu, nous servirent singulièrement à élaborer notre plan d'essais de 1903. Voici les points principaux sur lesquels devaient porter nos essais : 1° Choix des variétés les mieux adaptées à la région. — Nous avons vu plus haut que deux variétés semées dans le même champ avaient végété d'une façon différente et donné des résultats égale- ment variables. 2" Détermination de l'époque des semis. — Les saisons régu- lières et parfaitement tranchées que nous avons ici donnent une importance toute spéciale à la recherche de ce renseignement. Les indigènes, d'ailleurs, en connaissent toute la valeur pour leurs cultures et tentent rarement un semis s'il ne peut être exécuté à une époque que l'expérience a montré propice. Enfin, les observations citées plus haut au sujet de la végétation du cotonnier nous ont montré ce dernier ouvrant ses capsules à deux dates précises et nous ne devons pas nous étonner si l'expérience vient démontrer, dans la suite, qu'à une de ces deux époques il convient de faire correspondre celle de nos semis. 30 ÉTUDES ET MÉMOIRES 3" Choix des terrains. — Comme toutes les plantes dont on veut obtenir un rendement industriel, le cotonnier, sans être très exi- geant, demande au sol de remplir certaines conditions dont la déter- mination est d'un intérêt primordial. Nous devions donc, à ce sujet, obtenir la confirmation des don- nées déjà acquises par l'observation des cotonniers existant dans la région. Le champ d'expériences de la Station, constitué par cinq par- celles, de chacune un hectare, avait pour mission de répondre à ces questions. Chaque mois de la saison des pluies, nous devions semer un hec- tare ; ce semis devait comprendre un certain nombre de variétés. Bornons-nous à reproduire les fiches de renseignements àTaide des- quelles nous avons suivi ces essais ; nous tâcherons ensuite d'en tirer les conclusions les plus importantes. Essai n'' 1. Parcelle A, contenance: 1 hectare, solsilico-argileux magnésien, légèrement humifère, coloration peu foncée, sous-sol de même nature, plus clair, perméable. Etait recouvert de hautes herbes et, çàetlà, de petits champs de manioc et autres cultures indigènes : patates, arachides, etc. Pente légère au sud. Travaux et prix de revient : Le IH août 1904, défrichement, brûlage, réglage du sol, 30 journées d'hommes .... 30 fr. 15 septembre, l^"" labour à la charrue 25 » Ce labour est suivi d'un roulage 1 5 » Le 15 octobre, 2" labour, plus profond en croisant 25 » Le 25 novembre, après la pluie, 3" labour dans lequel une grande quantité d'herbe est enfouie 25 » Le 14 décembre, billonnage à la charrue pour le semis. ... 15 » 135 » Semis le 16 décembre ; les semences ont trempé 24 heures, 7 à 8 graines par poquet, à 0"' 60 sur la ligne, au sommet des billons, ces derniers ayant 1"'20 d'écartement. 8 journées à 1 franc et une de commandeur à 1 fr. 25, . 9.25 Profondeur du semis, 3 à 4 centimètres, sol très meuble. CULTURE DU COTONNIER Régime des pluies qui ont suivi. 31 DATES QUANTITÉS TOMBÉES DATES QUANTITÉS TOMBÉES millimètres millimètres 17 0.0 24 0.0 18 1.3 25 1.0 19 4.13 26 5.9 20 0.0 27 0.0 21 2.8 28 0.0 22 6.6 29 33.2 23 0.4 30 30.0 30 0.3 Le 24 décembre, levée générale très régulière, les pluies légères et peu continues de cette période ont été favorables à la bonne sor- tie des plants. Ceux-ci étaient déjà assez levés, le. 29 et le 30, pour n'avoir pas à souffrir de la violence des pluies de ces deux journées. VARIÉTÉS MISES EN EXPÉRIENCE Géorgie longue soie, de Vilmorin Sea Island — Louisiane — Choice Upland — Mit Affifi . . . . . — Abassi. . . .* — Yannovich — Peterkin de Fort-Dauphin — Turquestan de Fort-Dauphin . . . . G — N'' 1 de Fort-Dauphin. ... — . . Allen — — . , N«5 — — .. N° 7 — — . . Excelsior — .... — . . Griffin — .... — . . Russel — .... — . . Ozier Silk, association cotonnière. King Early — . . Russel big boll — . . Pérou dur — . . B — .. B. de Majunga — . . Soit pour le semis d'un hectare gr. Quantités semées. 0,400 0,400 0,400 — 0,400 — 0,400 — 0,400 — 0,400 — 0,800 — 3,600 — 0,250 — 0,08 — 0,120 — 0,300 — 0,040 — 0,040 — 1,600 — 1,200 — 0,600 — 0,800 — 0,800 — 0,800 — 0,800 — 0,800 — 0,120 - 12,350 - 32 ÉTUDES ET ÏUÉMOIRES MOIS DE JANVIER RÉGIME DES PLUIES "^^'« DATES QUANTITÉS DATES QUANTITÉS millimètres millimètres 1 0.0 23 34.5 2 4.2 24 44.1 3 0.5 25 3.1 du i au 14 0.0 26 et 27 0.0 1") 5.2 28 1.5 (lu IC) au 18 0.0 29 10.8 l(t 75.8 30 51.9 20 et 21 0.0 31 25.8 22 16.4 TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report des dépenses 144,25 Le 3 janvier, léger sarclage, 8 journées .... 8 Le 16, les plants sont butés; 2 sont laissés par poquet : 16 journées à 0 fr. 80 12,80 163,05 OBSERVATIONS Pendant la période sèche de la première partie du mois, les jeunes cotonniers ont beaueoup poussé, les variétés d'Egypte surtout, qui se montraient même sensiblement supérieures aux autres. A partir du 15, sous l'influence des pluies, le champ reprend son uniformité, toutes les variétés semblent d'égale vigueur; le 25, cha- cune d'elles nous montre les premières fleurs, surtout parmi les plants les moins développés. Seules cependant les variétés d'Egypte et le Pérou dur ne fleu- rissent pas. A la fin du mois les plants ont en moyenne 50 à 60 centimètres de hauteur, le feuillage est très vert. CULTURE DU COTONMEK 33 MOIS DE FEVRIER REGlJrE DES PLUIES DATES (jLiANTITÈS DATES QUANTITÉS millimètres millimètres 1 13 lo 9.1 2 1.7 16 1.8 3 4.9 17 21.9 4 1.0 18 1.2 b 0.8 19 2.3. 6 1.0 20 6.4 7 6.8 21 3.5 8 31.7 22 0.0 f» 17.6 23 0.0 iO 1.2 24 15.5 H 0.0 2") 0.6 12 19.8 26 0.0 13 2.8 27 0.3 14 0.3 28 8.2 TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report des dépenses à fin janvier 165,05 Le 4 février, binag-e et éclaircissage ; on ne laisse qu'un plant par poquet : 16 journées (Therbe s'était très développée) 16 Recherche des insectes, 4 janvier 4 Le 25, binag-e et buttag-e léger : 14 journées.. 14 199,03 OBSERVATIONS Ici nos observations sont faites pour chaque variété, car celles- ci commencent à montrer des différences sensibles. 1" Géorgie longue soie de Vilmorin. — Vigueur moyenne, hau- teur i mètre, sauf certains plants placés sur une tache sableuse pauvre, qui atteignent 50 centimètres au plus, diamètre des tig-es à la base 1 à 2 centimètres, branches latérales assez bien développées, aucune floraison, feuillage vert clair, peu d'insectes, pas de maladies. 2° Sea Island de Vilmorin. — En tous points semblable au pré- cédent ; paraît plus vigoureux cependant. Bulletin du Jardin colonial. 3 34 ÉTUDES ET MÉMOIRES 3° Louisane de Vilmorin. — Trapu, très ramifié, hauteur 60 à 80 centimètres, feuillage vert foncé, nombreuses fleurs, quelques capsules déjà formées à la base de la plante, tronc fort de 2 à 2 cen- timètres 1/2 de diamètre ; les branches latérales se développent plus que celles du sommet. i" Choice Upland de Vilmorin. — Mêmes remarques, jjIus vig-ou- reux encore, capsules et fleurs en nombre moins grand, quelques feuilles attaquées par une sorte de brunissure. .*)" Mit Affifi de Vilmorin. — A beaucoup poussé en hauteur, tiges atteignent 1'" oO, le tronc a environ 2 centimètres à la base. Cette variété est attaquée par une maladie cryptogamique encore indéterminée dont nous avons envoyé des échantillons au Jardin colonial, elle se manifeste sur les tiges par des taches noires allongées, à bords rougeâtres, de plusieurs centimètres de longueur, provoquant des lésions à ce point profondes que le moindre coup de vent suffît pour les casser ou décoller les branches. Si la tache existe à leur point d'insertion au tronc, les feuilles se ponctuent de noir et tombent. Nous constatons au début du mois les premières traces de cette maladie. 0" Abassi de Vilmorin. — Mêmes remarques, moins allongé, plus ramifié, semble mieux résister à la maladie que nous venons de décrire ; hauteur 1 mètre, diamètre du tronc à la base 1 à 2 centi- mètres, floraisons très rares, feuillage vert clair. 7" Yannovich de Vilmorin. — Tiges très allongées, l»" 50 en moyenne, ramifications secondaires très attaquées par la maladie cryptogamique, les feuilles de la base également ; plusieurs tombent, aucune fleur. 8" Peterkin (semences provenant de la Station d'essais de Fort- Dauphinj. — Pas trace de maladie, très ramifié, trapu, hauteur 1 mètre, diamètre du tronc à la base 2 centimètres à 2 cent. 1/2, fleurs nombreuses, beau feuillage vert sombre; est donc tout diffé- rent des 3 précédentes vai'iétés. Turquestan (semences provenant de la Station d'essais de Fort- Dauphin). Mêmes remarques. CULTURE DU COTONNIER 3o G. de Fort-Dauphin. — • Caractères identiques à ceux décrits pour l'Abassi, moins vigoureux, fortement attaqué par la maladie cryptogamique. N° 1 de Fort-Dauphin. — Semblable au Peterkin, mais végéta- tion moins bonne. Allen de Fort-Dauphin. — Feuillage vert clair, très peu de fleurs, hauteur 80 centimètres, assez ramifié, tronc de 1 cent. 1/2 à la base ; est légèrement attaqué par la maladie cryptogamique. N° 5 de Fort-Dauphin. — Identique au n° 1 . N" 7 de Fort-Dauphin. — Idem. Plus chargé de fleurs. Excelsior de Fort-Dauphin. — De valeur égale au Turquestan régulier comme végétation ; peu de fleurs. Griffin de Fort-Dauphin. — Idem. Plus vigoureux encore. Russel Han kins. — Idem. Ozier Silk de l'association cotonnière. — Idem. Un peu inférieur comme vigueur; présente des irrégularités de végétation. Russel big boll Kings early. — Idem. Pérou dur de l'association cotonnière. — Plants allongés, presque pas ramifiés, feuilles grandes, vert foncé, aucune fleur ; très attaqué par la maladie cryptogamique. B. association cotonnière et B. Majunga. — Ressemble au n" 1 de Fort-Dauphin. Vigueur moyenne, aucune maladie. En somme, les remarques importantes de ce mois portent sur les deux faits très caractéristiques suivants : 1" Toutes les variétés fleurissent, sauf le Sea-Island, l'Abassi, le Mit-Affîfi, le Yannovich, Allen, Géorgie longue soie et Pérou dur; 2° Le Pérou dur, l'Abassi, le Yannovich, le Mit-AfFifi; G. Fort- Dauphin, Allen sont les seules variétés attaquées par la maladie cryptogamique qui commence à revêtir une grand intensité. Ces plants paraissent jusqu'à présent suffisamment vigoureux pour lui résister. 3G ÉTUDES ET MÉMOIRES MOIS DE MARS RÉGIME MÉTÉOROLOGIQUE DATES OIANTITÉS P.VTE ~ QLAXTITES millimôtres millimèlres 1 0.5 17 0.0 -■) 5.7 18 0.0 :î 19.2 19 0.0,.>>' + 0.0 20 0.0 o 1.7 21 0.0 0 0.0 22 77.5 ; i 2.3 23 0.0 S 28.0 24 0.0 •1 , 0.0 25 0.0 n> 0.0 26 8.3 11 0.0 27 96.3 1-2 48.0 28 15.7 13 1.7 29 22.4 14 0.0 30 0.0 lo 0.0 31 0.0 1 '^ 1 0.0 TRAVAUX ET PRIX DE REVIEXT Report des dépenses de février. . . Le 12 mars, sarclag-e : 2l) journées. 199.03 21) 2 lit. 05 OBSERVATIONS En général pendant ce mois les cotonniers ont montré une fort belle végétation. Les variétés dEgvpte et autres citées sont toujours très atteintes par la maladie cryptogamique mais reforment de nouvelles pousses à mesure que la maladie en détruit d'anciennes: quelcpies rares flo- raisons. Même observation cjue pour le Pérou dur. mais celui-ci ne donne aucune fleur. Toutes les autres variétés sont très belles, les florai- sons sont nombreuses ainsi que les fructifications qui apparaissent surtout à la base des plants. [A suivre.) Duchène, Directeur de la Station d'essais de Marovoay. LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS {Suite K) Je terminerai cette étude sur les bouillies cupriques en parlant des bouillies sucrées, des bouillies au verdet, des bouillies au savon, de la bouillie à la colophane de Perraud et enfin de la bouillie au carbonate de soude et sulfate de cuivre ibouillie bourg-uignonnej. Bouillies sucrées. — La bouillie sucrée, à base de mélasse, peut être préparée soit par le procédé de Michel Perret, soit en addi- tionnant simplement la bouillie bordelaise de la quantité suffisante de mélasse, 1 "o seulement d'après Guillon et Gouirand. Néan- moins, la composition chimique de la bouillie obtenue peut varier sensiblement, suivant son mode de préparation, la quantité et la nature de la mélasse employée. Pour confectionner la bouillie sucrée d'après la formule de Michel Perret Communication à la Société nationale d'Agriculture. 2 mars 1892), on prend deux par- ties de chaux et deux parties de mélasse que l'on mêle en remuant dans quantité suffisante d'eau. 11 se forme alors des combinaisons de chaux avec les sucres de la mélasse, saccharose, glucose, lé^^llose. Dans deux parties de sulfate de cuivre dissous à part, on verse la mixture de mélasse et chaux, on ag-ite vivement, on complète la quantité de cent parties d'eau et la bouillie est faite. Par ce procédé, la décomposition du sulfate de cuivre par la chaux et les sucres de la mélasse ou leurs combinaisons amène, comme dans la bouillie bordelaise, la formation d'hydrate d oxyde de cuivre et de sulfate de chaux, dont une faible partie se trouve en dissolution ; mais, de plus, l'oxyde de cuivre insoluble entre en combinaison avec les sucres de la mélasse, et forme des sels, peu stables d'ailleurs, qui sont solubles et colorent eu bleu pâle le 1. Voir Bulletin. n°= 21. 22. 23. 24. 25. 29. 30. 32 et 33. 38 ÉTUDES KT MÉMOIRES liquide surnag-eaiit (juand on laisse reposer la bouillie. De même, le dépôt renferme des sucrâtes de chaux, composés insolubles des sucres de la mélasse avec la chaux. Comme il y a excès de chaux dans cette bouillie, la réaction en est le plus souvent alcaline. On obtient un résultat analogue en remplaçant la mélasse par une plus faible ((uantité de sucre ordinaire (saccharose) pur. Le sel dissous est alors un saccharate pur de cuivre. Il en est de même avec les glucoses, mais la quantité de sel de cuivre (glucosate) soluble est très faible et le liquide est à peine coloré. Les sucrâtes de cuivre dissous dans cette bouillie à la mélasse se décomposent assez vite : c'est là sans doute Torig-ine du dépôt noir brun d'oxyde de cuivre qui se produit dans la bouillie au bout de quelques jours. La bouillie sucrée obtenue par l'adjonction de mélasse à une bouillie bordelaise neutre ne renferme pas nécessairement un sel de cuivre en dissolution. On s'en rend compte en remplaçant la mélasse par une certaine ({uantité, environ la moitié par exemple, d'un des sucres qu'elle peut renfermer, saccharose, glucose, etc. Dans de telles conditions, si on filtre la bouillie, le liquide qui passe est par- faitement hyalin et ne renferme pas de sel de cuivre. Si l'on remplace les sucres purs par une quantité de un pour cent de mélasse un peu acide, le liquide filtrant est coloré en bleu par un sel de cuivre dissous dont la réaction est alcaline ; dès lors, la formation de ce sel de cuivre tient donc à la présence d'un acide organique complexe dans cette mélasse acide. Or, comme je viens de montrer que l'appa- rition d'un sucrate de cuivre exige la formation préalable du sucrate de chaux correspondant, comme ce dernier corps ne prend naissance que par l'emploi du procédé de Michel Perret, il s'ensuit que seule la formule en question permet d'obtenir avec certitude une bouillie possédant un peu de sel de cuivre soluble, immédiatement actif vis-à-vis des spores et d'ailleurs non corrosif. Quelle que soit d'ailleurs leur composition, les bouillies sucrées sont plus adhérentes que les bouillies bordelaises, et on devra pré- férer les formules qui donnent naissance à un produit cuprique soluble. Bouillies au verdet. — La combinaison de l'acide acétique avec l'oxyde de cuivre donne naissance à plusieurs acétates qui sont les verdefs : le verdet (jris, acétate bibasique de cuivre, et le verdet neutre^ acétate neutre de cuivre. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 39 Bencker a proposé dès 1886 d'utiliser surtout le verdet gris, amorphe, de couleur bleu grisâtre, qui se présente en grains plus ou moins agglomérés. En solution dans l'eau à 1,5 ou 2 °/o, il forme une bouillie légère, avec de légers flocons, qui n'encrasse pas les pulvérisateurs et renferme plus de cuivre que les bouillies bordelaise ou bourguignonne ordinaires. Cette bouillie est fortement adhérente. On fera bien de laisser macérer et gonfler deux ou trois jours d'avance la dose nécessaire de verdet gris dans 10 litres d'eau environ avant de parfaire définitivement la bouillie. Récemment E. Chuard et F. Porchet [Comptes rendus de l'Aca- de'mie des sciences, mai 1905) ont recommandé le verdet neutre de préférence. Il est facilement soluble dans l'eau; à la dose de 0,5 à 1,5 °/o, il est d'un emploi fort commode, et, évaporé sur la feuille, il se transforme en acétate bibasique moins soluble et fort adhérent, à un degré en tous cas supérieur à celui des bouillies bordelaise et bourg-uis-nonne. Le seul inconvénient du verdet est de laisser peu de traces sur les feuilles traitées, ce qui est un empêchement grave pour le contrôle du travail de pulvérisation. Les auteurs ci-des- sus nommés proposent d'y remédier en incorporant au verdet une poudre inerte, talc ou kaolin. Bouillies au savon. — La première formule de bouillie au savon donnée par G. Lavergne, en 1897, est la suivante : Savon noir 1 .000 grammes. Sulfate de cuivre 500 grammes. Eau 100 litres. On dissout à part le savon, en le malaxant dans l'eau avec une spatule ou un instrument analogue ; après dissolution complète, on verse peu à peu l'eau savonneuse dans la solution de sulfate de cuivre, en agitant fortement, et enfin on ajoute la quantité d'eau nécessaire pour faire 100 litres. La bouillie est d'un beau vert. Gomme elle renferme souvent des grumeaux, elle demande plus que toute autre bouillie cuprique à être tamisée avant l'emploi. Elle a l'avantage d'adhérer fortement aux feuilles ; mais bien des expé- rimentateurs ont obtenu des mixtures presque inutilisables, à dépôt très granulé, fournissant, à leur surface, une mousse épaisse, con- sistante. Aussi, les pulvérisateurs s'encrassent-ils très rapidement et leur nettoyage est assez laborieux. 40 ÉTUDES ET MÉMOIRES Depuis los premiers essais de Lavergne, on a aua^menté la quo- tité pour cent de sulfate de cuivre et on l'a amenée jusqu'à 2 % de sulfate de cuivre contre 3 % de savon. Les insuccès qui se produisent dans la fabrication des bouillies au savon, insuccès qu'il n'est pas toujours possible d'éviter, tiennent à des causes multiples, mais surtout à la nature très variable des savons et à la composition des eaux employées. Les savons pauvres en alcalins, ou du moins en carbonates alca- lins, fournissent particulièrement desprécipités compacts. L'eau très calcaire donne aussi naissance à des savons de chaux qui agissent dans le même sens. On a mis en vente, il est vrai, des savons spé- ciaux, en poudre; mais leur composition exacte n'est pas connue, et, en outre, on risquerait fort de n'en pas rencontrer partout. Dans les bouillies au savon, suivant les proportions relatives de sulfate de cuivre et de savon, le cuivre est précipité en quantité variable sous forme de sels insolubles. Avec les proportions de 2 ''/o de sulfate de cuivre et 3 °/o de savon noir, une certaine partie du sulfate de cuivre reste en disso- lution ; mais elle est accompagnée d'un autre sel cuprique soluble, dû à la présence d'acides organiques complexes se comportant au point de vue chimique de même que celui dont j'ai parlé pour la bouillie à la mélasse. Une analyse de cette bouillie que M. A. Vivier, directeur de la Station agronomique de Melun, a bien voulu faire sur ma demande lui a en elï'et prouvé : 1° que la partie licjuide de la bouillie contient très approximativement les deux tiers du cuivre total ; 2° que la quantité d'acide sulfurique qui se trouve dans le liquide filtré est insuffisante pour saturer tout l'oxyde de cuivre, d'autant qu'il y existe en même temps du sulfate de potasse : double raison pour que le cuivre en dissolution soit en grande partie à l'état organique. Le reste du cuivre est précipité en un dépôt vert, formé d'oléate, de margarate, de stéarate, etc., de cuivre, dépôt complètement inso- luble dans une eau tenant en dissolution de l'acide carbonique, soluble seulement dans l'eau chargée d'ammoniaque. L'eau pluviale ne remplit cette dernière condition que très irrégulièrement ; aussi, lorsque le cuivre soluble a disparu, entraîné rapidement par les pluies violentes, le dépôt restant sur la feuille ne diffère guère d'un vernis et risque fort d'être insuffisant. D'un autre côté, sur des organes jeunes, la quantité notable de sel de cuivre soluble con- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 44 tenue dans la bouillie peut être corrosive; aussi la dose de sulfate de cuivre doit-elle être nécessairement diminuée, et en même temps la dose de savon. En somme, malgré leur adhérence considérable, les bouillies au savon ne sauraient, à mon avis, être préférées aux bouillies sucrées. Bouillie à la colophane. — La bouillie à la colophane, de Per- raud [Comptes rendus de l'Académie des sciences, 5 décembre 1898), est, d'après son auteur, bien plus adhérente que la bouillie borde- laise, et le cuivre qui persiste sur les feuilles est solubilisable assez facilement. Les réactions chimiques qui se produisent sont iden- tiques à celles de la bouillie bourg-ujgnonne et le liquide qui sur- nag'C reste incolore. La colophane ne se mélangeant pas à l'eau, J. Perraud la solubi- lise en la transformant en une espèce de savon résineux. A cet effet, dans une solution bouillante de carbonate de soude à 25 °/o, il projette de la colophane pulvérisée à la dose de 25 °/o, en agi- tant fortement. Le produit refroidi se conserve pendant quelque temps ; par suite, il n'est pas besoin de dissoudre à nouveau de la colophane chaque fois qu'on doit faire de la bouillie. La formule préconisée est la suivante : Eau 100 litres Sulfate de cuivre 2 kilos Colophane solubilisée 0,500 g-r. Carbonate de soude Quantité suffisante pour alcaliniser légèrement. La colophane préparée est versée dans une certaine quantité d'eau oi^i on a dissous le sulfate de cuivre. Au mélange bien brassé, on ajoute la solution de carbonate de soude suffisante pour alcali- niser légèrement, c'est-à-dire jusqu'à ce que le papier de tournesol rouge commence à bleuir ; enfin on termine en introduisant la quantité d'eau suffisante pour faire cent parties. Cette bouillie donnerait, d'après J. Perraud, d'excellents résul- tats. En employant pour dissoudre la colophane la potasse caustique sous forme de potasse d'Amérique, il en faut une quantité sensi- blement plus faible que de carbonate de soude ; on pourrait ensuite 42 ÉTUDES ET MÉMOIRES achever la neutralisation et produire une alcalinité légère à l'aide du carbonate de potasse. Si, comme il est probable, l'adhérence se maintient suffisante, la présence de cette quantité de potasse, très faible cependant, sera une condition avantageuse pour la plante. Bouillie houniuignonne. — Bien que la bouillie bourguignonne présente à cause de son insuffisante adhérence un caractère d'in- fériorité, elle se pulvérise facilement, par suite de son dépôt moins dense que la bouillie bordelaise ; elle est d'ailleurs en général suffisante quand les chutes de pluie ne sont pas excessives. D'un autre côté, comme elle est encore employée presque exclu- sivement dans certaines régions, je crois devoir donner ici sa composition. La première formule de cette bouillie a été fournie à peu près en même temps, en 1887, par Peyreboire, Masson et G. Patrigeon ; ce dernier auteur l'avait appelée bouillie herri- chonne. La bouillie bourguignonne est confectionnée avec une dose de \ kil. 500 à 2 kilos de sulfate de cuivre pour cent parties d'eau. On neutralise la solution avec une autre solution de carbonate de soude. L'opération se fait ici plus facilement et plus sûrement. Un poids de 425 grammes de carbonate de soude pur neutralise 1 kilo de sulfate de cuivre pur. Le dépôt est constitué par un mélange d'hydrate et de carbonate de cuivre, d'aspect colloïdal. Le sulfate de soude qui se forme également reste dissous dans l'eau. Bien d autres formules de bouillies cupriques ont été préconi- sées, dont l'usage n'est pas passé dans la pratique, telles les bouil- lies au tannate de cuivre fjouéj, au naphtolate de cuivre (Mangin), etc. Poudres cupriques. — Les poudres cupriques furent utilisées presque en môme temps que les bouillies. On pensa que pour la vigne, il serait avantageux de mélanger soufre et sulfate de cuivre, de manière à combattre sur la vigne et par un seul traitement l'Oï- dium et le Mildiou. Les soufres sulfatés renferment en général I/IO de sulfate de cuivre que l'on déshydrate par la chaleur pour le pulvériser plus facilement. Le mélange est souvent corrosif pour les plantes. Aussi incorpore-t-on le sulfate de cuivre à d'autres substances inertes, talc (stéatite), plâtre, etc. Outre l'inconvénient de corroder assez souvent, les poudres MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 43 cupriques sont peu adhérentes, et ne peuvent, à ce point de vue, remplacer les bouillies. On ne les emploie g"uère que comme trai- tements complémentaires sur les vég-étaux buissonneux, oii les bouil- lies se répartissent inégalement dans les parties couvertes. Je considère qu'il est plus rationnel d'utiliser dans les poudres cupriques, non le sulfate de cuivre qui en solution assez concen- trée dans les g-outtes de pluie ou de rosée peut altérer les feuilles, mais l'hydrate d'oxyde de cuivre précipité, lavé puis desséché. On complète ainsi très heureusement le traitement aux bouillies, tou- jours plus actif. Succédanés des composés cupriques. — Les produits les plus variés ont été proposés pour remplacer, dans le traitement des mala- dies crjqDtog'amiques des végétaux, les composés cupriques, dont le prix depuis un certain nombre d'années a subi une augmentation très notable. On a préconisé : les phénols et leurs composés, acide phénique, naphtolate de soude, lysol, le borax, l'hyposulfîte de soude, toutes substances au moins très insuffisantes ; des sels métal- liques divers de plomb, de zinc, de nickel, de cadmium et surtout de mercure. Les sels de plomb et de zinc ont, en effet, une action évidente, mais elle est inférieure à celle des sels de cuivre ; les sels de nickel et de cadmium, les sulfates surtout, ont, d'après J. Perraud, une action à peu près égale à celle du sulfate de cuivre. Quant aux sels de mer- cure, bichlorure, oxydes, etc., leur effet sur les germes des para- sites est très puissant, autant au moins que celui des sels de cuivre, et bon nombre d'auteurs, en cas d'invasion grave d'une maladie cryp- togamique, ont conseillé leur emploi, soit directement, soit comme addition aux bouillies cupriques, mais à dose sensiblement plus faible que les sels de cuivre, 1/1000 à 1/2000 de sublimé corrosif (bichlorure de mercure), par exemple. L'emploi de ces bouillies mercurielles qui eut une certaine vogue, il y a quelques années, semble heureusement maintenant à peu près complètement aban- donné. Les sels de mercure ont, en effet, sur la végétation une action dépressive marquée, dont les effets ont été très souvent constatés. De plus, leur emploi n'est pas sans présenter des dangers d'intoxication graves, pour les imprudents et les ignorants. Aussi je me dispen- serai de conseiller, autant que possible, leur usage en agriculture. 44 ÉTUDES ET MÉMOIRES Action des sels cupriques sur les parasites. — Il faut se persua- der de ce fait que Yuction des sels cupric/ues sur les parasites des végétaux doit être considérée comme exclusivement préventive. Il ne saurait on être autrement. Dès qu'un organe de plante vivante est pénétré par l'appareil végétatif d'un champignon ou de quelque autre parasite, le sel cuprique ne saurait détruire le parasite, c'est- à-dire tuer son protoplasma, sans atteindre en même temps d'une façon grave le protoplasnia de la plante hospitalière dans l'organe envahi. Ce traitement caustique peut parfois trouver son applica- tion, nous l'avons dit plus haut, mais ce cas est exceptionnel. Si au contraire, l'organe de reproduction ou de multiplication du para- site, spore ou germe quelconque, est encore externe à la plante, le protoplasma de celle-ci, protégé pendant un certain temps au moins, par les défenses naturelles de la plante, cuticule ou périderme, ne peut suliir que plus tardivement le contact des sels de cuivre. Par contre, la spore ou un germe quelconque, souvent munis d'une membrane mince, sont sinon tués, du moins fréquemment placés dans l'impossibilité de se développer, ce qui pratiquement revient au même. On doit cependant reconnaître — et l'expérience l'a prouvé à de nombreux expérimentateurs — que la sensibilité que peuvent présenter vis-à-vis des sels de cuivre les divers organismes parasites est un phénomène fort variable. Ceux qui sont constitués par du protoplasma nu, c'est-à-dire dépourvu de memlirane, sont en géné- ral peu résistants. Il est possible aussi qu'il existe, pour des rai- sons que nous ignorons, des différences de sensibilité entre les divers protoplasmas. Quoi qu'il en soit, tandis qu'une dose de sulfate de cuivre inférieure à l/l.OllO.OOO en solution dans l'eau est suffisante pour arrêter l'évolution des zoospores du champignon du Mildiou de la vigne ou empêcher la végétation des Spirogyres, on voit au contraire les spores de nombre de champignons se développer dans des solutions du même corps à 1/20.000 et même quelquefois à 1/40.000, plus rarement à des doses moindres. Aussi, comme nous ne possédons guère d'agent plus actif que le cuivre contre les maladies parasitaires, il s'en rencontre un certain nombre qu'il est presque impossible de combattre par le procédé que nous venons d'étudier. En tous cas, la première condition de réussite, c'est d'appliquer le traitement avant infection, c'est-à-dire avant que la pénétration du parasite ait été opérée dans les tissus de son hôte. Le traitement doit., par conséquent., être préventif. Et, MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 45 bien qu'il est parfois délicat de saisir exactement le moment opportun, il faut avouer que lorsque la maladie prend une extension grave, le cultivateur peut, par nég-ligence ou ignorance, s'exposer à de graves mécomptes et subir de ce fait une perte considérable. Indépendamment de la présence d'une réserve suffisante de cuivre solubilisable et des qualités d'adhérence des bouillies cupriques appliquées à la vigne, Millardet et Gavon admettent aussi une réac- tion particulière de la plante traitée K Ils pensent que la cuticule peut s'imprégner d'une combinaison soluble de cuivre et contribuer dans une certaine mesure à empêcher la 23énétration de filaments de champignons qui auraient germé à la surface. Cette opinion n'est pas démontrée d'une façon suffisante. On a cherché à immuniser les plantes contre le parasitisme de certains champignons en introduisant dans le sol de culture une certaine quantité d'un sel de cuivre soluble et absorbable. Les résultats obtenus sont jusqu'ici médiocres : E. Laurent ~ a cultivé des pommes de terre en pots dans de la terre additionnée de 1/1000 en poids de sulfate de cuivre. Le développe- ment fut normal, et un tubercule ainsi obtenu infecté par le Phy- tophthora, avec une feuille atteinte appliquée sur la plaie, a été atta- qué, quoique moins fortement que le témoin. La conservation des tubercules traités de cette manière est mieux assurée (8 sur 10 restent sains), tandis que sur le témoin 2 sur 10 seulement. E. Marchai 3 a cultivé de la laitue dans du liquide de Sachs addi- tionné de sulfate de cuivre. La végétation est normale tant que le cuivre ne dépasse pas la dose de 4 à 5/10000. L'immunité exige- gerait une dose de 7 à 10/10000. La question est posée, mais, en réalité, il ne jDaraît pas qu'elle puisse être résolue pour un bon nond)re de plantes. En somme, l'action bien évidente des sels de cuivre sur beaucoup d'organismes parasites n'a pas encore reçu, malgré les nombreux 1. Millardet et Gayoïi, Recherche du enivre sur les ceps de vigne traités par le mélange de chaux et de sulfate de cuivre, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1885, t. CI, p. 9S5. — Des mêmes, Nouvelles recherches sur Vaclinn que les composés cuivreux exercent sur le développement du Peronospora de la vigne, Id., 1887. t. CIV, p. 242. 2. E. Laurent, De Vaction interne du sulfate de cuivre dans la résistance de la pomme de terre au Phytophtora iufestans, Id., 1902, t. CXXV, séance du 8 décembre. 3. E. Marchai, De Vimmunisation de la laitue contre le Meunier, Id., 1902, t. CXXV, séance du 8 décembre. 46 ÉTUDES ET MÉMOIRES travaux auxquels elle adonné lieu, une entière explication. On peut dire simplement qu'elle résulte d un eiïet toxique sur le protoplasma. Je ne parle que pour mémoire de Tidée émise par Aderhold ', que les bouillies cupriques en général doivent leurs propriétés comme fung-icides à l'action de la petite quantité de fer qu'elles renferment généralement ; aussi conseille-t-il d'ajouter à ces bouillies 50 à 100 grammes de sulfate de fer par hectolitre. Cette opinion, qui ne semble pas démontrée, n'a guère rallié de partisans. En tous cas, la bouillie à base de sulfate de fer et chaux ne possède pas l'action antiparasitaire des bouillies cupriques. Action des sels de cuivre sur les plantes vivantes. — L'action destructive des sels de cuivre sur les organismes inférieurs, para- sites ou non, est souvent très évidente après l'application des bouil- lies ou autres substances cupriques utilisées dans la pratique agri- cole. Les plantes supérieures, au contraire, n'éprouvent générale- ment que des dommages insignifiants sur leurs organes foliacés, par le fait du traitement ; un grand nombre d'ailleurs y sont indifférentes, et chez quelques-unes même, leur apparence florissante en même temps que la meilleure qualité de leur produit montrent quelles en ont tiré un profit évident. Il faut reconnaître que suivant les plantes ces effets sont fort variés. Ainsi sur la vigne, de nombreux obser- vateurs, Millardet, P. Viala, Schachinger, Rumm, etc., ont cons- taté depuis longtemps que les ceps traités conservent plus tardive- ment leurs feuilles à l'automne, que celles-ci sont plus rigides, plus épaisses, plus robustes, et que les raisins sont plus sucrés et à matu- rité plus hâtive que sur les ceps non traités, et cela en l'absence pour les deux cas de maladie quelconque. Viala - a pu arroser pen- dant 3 mois avec une solution de sulfate de cuivre un pied de vigne cultivédans un pot renfermant 15 kilos de terre siliceuse. Il a fait ainsi circuler dans ce sol 200 grammes de sulfate de cuivre sans que la plante semblât en souffrir ; elle était même d'un vert plus foncé et .semblait plus vigoureuse que le témoin. Les horticulteurs mettent parfois à profit cette propriété de sels de cuivre, pour obtenir des plantes plus vertes. Palmiers, Dracœna : ils les pulvérisent à la bouillie bordelaise. 1. Aderhold, Uniersuchiimien iiher dns Kinsieuern von fruchien und Gemûsen, in CentralhlaK fur Haklcriolojrie, II" partie, t. V, 1899, p. 511. 2. P. Viala. De l'aclion de certaines subsiances toxiques sur h Vigne, Revue de Viticulture, I. 1S91. p. 01. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 47 Sur la pomme de terre, au contraire, des recherches précises ont montré que lorsque la maladie du Phytophthora ne venait pas influencer la nutrition des plantes, les pieds traités présentaient parfois une infériorité, non très marquée mais évidente, comparati- vement aux pieds non traités (Aimé Girard, Sorauer, Andréa, Sut- tons et Sons, Tattka, Paulsen, Liepcher, F. Parisot, etc.). Cette action physiologique des composés cupriques sur les plantes supérieures a servi de texte à une quantité considérable de travaux qu'il m'est impossible de citer ici ^ Les auteurs dont les noms suivent sont, par ordre de date, ceux dont les mémoires ont une certaine importance : Millardet et Gayon, Gallovvay, Schachinger, Aimé Girard, P. Viala, Millier -Thurgau, Rumm, Haselhof, Sorauer, Aderhold, G. von Nœgeli, Garl Pulst, Liebscher, Frank et Krliger, Tschirch, Berlèse et Sosteg-ni, L. Mangin, A. Zucker, Barth, H. Coupin, Swingler, Otto, F. von Tubeuf, Hollrung, Wiesner, Miani, Windisch, Clark, Kohi, Bain, L. Bayer, Hattori, R. Schander, F. Parisot ^. Recherchons maintenant quelle est la cause physiologique de l'action des sels de cuivre sur les plantes supérieures. L'action favorable que les solutions cupriques exercent sur cer- taines plantes résulte évidemment de ce fait que le pouvoir d'assi- milation de la feuille est augmenté (Frank, Krïiger, Aderhold, Zucker). Les résultats ont été démontrés par la méthode de Sachs, décoloration de la feuille dans lalcool, traitement par l'eau iodée qui colore l'amidon. L'importance de la transpiration est modifiée soit en plus, soit en moins (Rumm, Mûller-Thurgau, Bayer). Schander [ouvrage cité) a vu la transpiration diminuer sur les hari- cots. L'emploi du papier de cobalt lui ayant fourni des résultats dis- cordants, il employa la méthode des pesées. Rumm a attribué l'ac- tion parfois favorable que les solutions de sels produisent sur l'as- similation à des effets électriques prenant naissance par le fait de 1. Pour les indications bibliographiques des travaux se rapportant à la question et non cités, voir les mémoires suivants, où se trouvent notées les unes ou les autres de ces indications : Tschirch, Das Kiipfer, Stuttgart, 1893. — L. Manj,'in, La végétation de la vigne et les pulvérisations aux sels de cuivre, Revue de Viticulture, t. II, p. 29, 189 i. — Samuel Bain, The action ofcopper on leaves, in Agricultural experiment Sta- tion of the University of Tennessee, vol. XV, n" 2, 1902. — Richard Schander, Ueher die physiologische Wirhung der Kupfervitriolkalkhrûhe, in Landwirthschaftliche Jahrbûcher, t. XXIII, 1904, heft 4-5. 2. F. Parisot, Traitements anticryptogamiques sur Pomme déterre, Journal d'Agri- culture pratique, 25 août 1904, pp. 334-335. 48 ÉTUDES ET MÉMOIRES la pulvérisation. Cette opinion est acceptée par Frank et Kriiger, par Zûcker. Schander la repousse. Il ne s'explique pas pourquoi ces effets ne se produisent pas toujours, par exemple, dans les cas où le sel de cuivre nuit à la plante traitée, et il propose une autre explication. Ce n'est pas, comme l'ont pensé ces auteurs, une action chimique ou l'ellet électro-chimique de la pulvérisation qui peut amener une assimilation plus marquée, mais bien l'influence de l'épaisseur de la couche de bouillie qui modifie l'action solaire dans un sens ou dans l'autre. Schander a pu, en efî'et, remplacer l'action de la bouillie par celle d'un papier blanc, laissant encore passer de la lumière, et la méthode de Sachs lui a montré une dif- férence de coloration encore marquée entre les deux zones, cou- verte et non couverte. 11 y a augmentation sensible d'amidon dans les tissus placés à l'ombre. De la sorte, l'action la plus importante de la bouillie bordelaise résulterait de ce fait que la chlorophylle est protégée contre l'influence destructrice d'une insolation intense et que la transpiration de la feuille est diminuée. Il faut observer, ce que Schander ne dit pas, que cette diminution de la transpiration est la conséquence nécessaire d'une activité moindre de la chlorophylle, ce qui affaiblit la chlorovaporisation. Pour lui, la diminution de trans- piration ne reconnaît sans doute d'autre cause qu'un moindre échauf- fement de la feuille. 11 considère également que la chaux et la poussière de soufre produisent parfois un verdissement intense de la feuille par un mécanisme analogue. Et la conséquence de ces faits, c'est ({ue la feuille reste plus longtemps verte en automne. Schan- der pense que ces effets heureux s'observent spécialement dans les étés ensoleillés et secs, et dans ce dernier cas, pour protéger les plantes qui en général et indépendamment de la protection contre les parasites, tirent avantage des pulvérisations cupriques, la vigne par exemple, il croit avantageux d'employer des bouillies assez épaisses, à 2 "/„ de sulfate de cuivre. Dans les années humides, au contraire, on n'emploierait que des bouillies plus faibles, à 1 °/o de sulfate de cuivre. La proposition de cet auteur est précisément con- traire aux habitudes ordinaires de la pratique, qui utilise toujours des bouillies plus riches en réserves cupriques dans les années très humides. Je ne crois pas qu'il soit prudent de changer cette cou- tume consacrée par l'expérience. 11 ne semble pas, comme l'ont pensé Wiesner et Kohi, que la couleur bleue du dépôt ait quelque importance au point de vue de l'action produite sur la feuille, en ce sens que le dépôt n'est pas transparent. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 49 Quelle que soit rexplication qu'on veuille attribuer à ces phéno- mènes, il semble établi qu'une certaine quantité de cuivre combiné pénètre dans la feuille, soit directement si la bouillie pulvérisée ren- ferme un sel soluble, soit plus tard si le produit pulvérisé est sus- ceptible de solubilisation ultérieure. Il a été possible à beaucoup d'expérimentateurs de retrouver dans les plantes traitées et par des méthodes diverses, des proportions de cuivre faibles, il est vrai, mais encore appréciables. Gomment s'opère cette pénétration? Nous avons déjà dit quelques mots de l'opinion de Millardet et Gayon qui pensent que la cuticule, dans la vig-ne au moins, accu- mule des sels de cuivre dans son épaisseur. S. Bain [Ouvrage cité) admet que l'osmose s'établit entre le suc cellulaire de la plante d'une part, et la solution cupric|ue extérieure à cette même plante de l'autre, et ce n'est que lorsque cette action devient intense que la limite de tolérance de la plante en question est dépassée. On observe alors des corrosions sur les feuilles et il peut y avoir des cellules tuées. Ge pouvoir de pénétration est, sur un vég-étal donné, en rap- port avec la minceur de la cuticule ; et comme toutes les conditions atmosphériques qui augmentent la transpiration de la feuille amènent en même temps un plus grand épaississement de la cuti- cule, il semblerait en résulter que les temps chauds et secs doivent retarder l'action des sels solubles de cuivre sur la plante. La cuti- cule des nervures est plus facile à traverser etl'épiderme des jeunes feuilles est notablement plus perméable que celui des feuilles âgées. Pour Bain, l'influence du remède cuprique sur la feuille est réglée par trois facteurs : 4° par le pouvoir de réceptivité particulier à chaque nature de feuille ; 2° par la quantité de cuivre pénétrant le protoplasma dans un temps donné ; 3** par la température. L'auteur considère, de plus, que l'effet nocif sur certaines plantes (pommier, pêcher, poirier, pomme de terre, par exemple) est fortement atténué ' par la présence d'une certaine quantité de chaux. G'est aussi l'opi- nion de Schander. Ge dernier auteur pense que la solubilisation du cuivre peut tenir à trois causes : l°la plante peut sécréter une sub- stance de réaction acide cjui dissout de petites quantités d'hydrate d'oxyde de cuivre ; 2° les produits de sécrétion de certaines feuilles [Phaseolus multiflorus) seraient capables, quoique étant de nature alcaline, de dissoudre l'hydrate d'oxyde de cuivre, mais l'auteur n'a pu le démontrer; 3° par l'action de la pluie ou de la rosée, il pour- Ballelin du Jardin colonial. 4 50 ÉTUDES ET MÉMOIRES rait de même y avoir dissolution à un taux très faible de petites quantités de sels de cuivre, pénétrant à travers Tépiderme. Cette action est la plus importante par les temps humides, et c'est à elle que Schander attribue les dégâts sur pommier et pomme de terre. En résumé, on peut considérer que l'effet produit parles composés cupriques sur les plantes supérieures s'accomplit vraisemblable- ment de deux manières dont les effets se combinent : i" par une action purement mécanique de la couche externe de bouillie; 2° par une action sur le protoplasma qui est de même nature que celle observée sur les crvptog-ames. Aune certaine dose, Faction du cuivre devient nuisible; mais l'observation journalière permet de supposer qu'à une dose extrêmement variable suivant les plantes, et que par- fois même l'analyse chimique ne permet pas d'apprécier, l'action des sels de cuivre peut être favorable à la plante. Cette quantité de cuivre, toujours inférieure à celle qui mnrquela limite extrême de la toxicité, peut amener, comme le croit Mangin [Mémoire cité), une suractivité de tissus. Dès lors, si nous considérons la question dans son ensemble, nous pouvons, au sujet de l'action des pulvérisations cupriques, en pathologie végétale, formuler les conclusions suivantes : 1° Au point de vue de la protection des plantes contre les mala- dies parasitaires, il semble qu'il faille accorder une influence prédominante à l'action des sels solubles sur les germes des para- sites ; mais on ne peut guère refuser une action plus faible, il est vrai, à la réaction de la plante vis-à-vis de l'agent cuprique ; 2° L'interposition d'une couche opaque et fort difficilement soluble paraît avoir une action physique directe sur l'assimilation en agissant sur la chlorophylle ; 3° La tolérance des plantes vis-à-vis de l'absorption des sels solubles varie avec chaque végétal, et telle dose, qui paraît simple- ment excitante et utile pour une plante donnée, peut être toxique pour une autre et amener la mort des cellules pénétrées par la solu- tion cuprique. Soufres et sulfures alcalins. Le soufre a été utilisé, nous l'avons vu, avec succès, pour le trai- tement des Oïdiums, celui de la vigne en particulier. Cette substance MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 51 est loin d'oiTrir pour les maladies des plantes tropicales l'intérêt qu'il présente dans les régions tempérées. Il n'est qu'un petit nombre de maladies dans les pays chauds qui semblent jusqu'ici jus- ticiables de ce traitement. On emploie le soufre sublimé ou le soufre trituré qu'on obtient maintenant sous forme de poudre à peu près aussi fine. On utilise aussi quelquefois en France le soufre d' Apt, qui résulte de la décomposition dans le sol du sulfate de chaux en présence des matières org-a- niques. Cette matière renferme des substances étrang'ères, souvent de nature bitumineuse et environ 1/5 seulement de soufre pur. Les sulfures alcalins ont action identique à celle des soufres. On peut les produire par l'action à chaud, continuée pendant plusieurs heures de la chaux sur le soufre. On les emploie en solution dans ' l'eau aux doses de 1/100 à 1/300. Mais leur action n'est pas, semble- t-il, supérieure à celle du soufre. On les répand avec les pulvérisa- teurs. Le soufre est répandu sur les plantes à l'aide de soufflets. On a constaté par l'emploi du soufre sur la vigne une action excitante sur la vég-étation, qui, comme nous l'avons vu, reconnaît sans doute une cause analogue à celle des bouillies cupriques. [A suivre.) D"" Georges Delacroix, Directeur de la Station de pathologie végétale^ Professeur à VEcole nationale supérieure d'Agriculture coloniale. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR {Suite K) II. Fonctionnement du Service de Sériciculture en 1904 et 1905. Depuis le moment où a été écrit le rapport séricicole de 1903, le Service de Sériciculture a continué à fonctionner d'une manière normale. La plupart des travaux et améliorations prévus ont pu être exécutés ; les progrès réalisés ont été aussi satisfaisants qu'on pouvait l'espérer. Ces profi;-rès ont été constatés et mis en évidence par la tournée d'inspection commencée par M. Piret pendant le second semestre de 1904 pour être achevée au printemps 190.') et par l'exposition séricicole du mois de mai dernier où les colons, les écoles libres ou officielles et les indigènes ont présenté un nombre considérable de très beaux échantillons de cocons et de soie bien supérieurs à ceux apportés l'année précédente (1904) à l'exposition de sériciculture de Nanisana. La comparaison des cessions de végétaux servant à l'alimenta- tion des bombyx séricigènes faites en 1903 et 1904, par la, Station d'Essais de Nanisana, accuse d'abord une augmentation si sensible qu'on ne peut plus, à l'heure actuelle, contester l'utdité des livrai- sons à un tarif très réduit des plants, graines ou boutures de mûrier, d'ambrevade et de tsitoavina [Dodonea maclagascariensis). l. Voir Bullclin, ii"' 22 à 33. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 53 ÉTAT RÉCAPITULATIF DES CESSIONS DE VEGETAUX servant à V alimentation des bombyx séricigènes pour les années 1903 et 1904. DKSIGXATION DES ESPECES ' Mûrier indigène Mûrier blanc Mûrier niullicaulc Mûrier des Philippines Tsitoavina (Dodonea Mada- gascariensis) Ambrevade (Cajanus indica) . Totaux 1150 ANNÉE 1903 CI 600 7.773 50 625 500 4.8S1 (( 50 49 13.378 'çô 5 1^250 o^5oo 1\76 ANNÉE 1904 o 2a -2 a O 26.6S0 16 .280 608 128 2.000 755 « < « 400 (( t 29.288 17 .563 O'' 230 3'' 380 28'' 100 SI"- 710 Soit en plus, pour l'année 1904 : 28.138 boutures, 4.1 83 plants enracinés et 29 kil. 960 de g-raines. Durant l'hivernage 1904-1905, les demandes ont dépassé de beaucoup le nombre des plants préparés par la Station de Nanisana qui, en raison des réductions opérées, au début de 1904, sur son budget, a dû limiter à un chiffre assez bas la quantité de plantes utiles à fournir dans le courant de la dernière saison des pluies. 11 est certain que sans cela les livraisons auraient atteint, en 1904, un chiffre encore bien plus élevé. Il y aura donc intérêt, pour l'avenir, à ne pas réduire les moyens d'action des pépinières du Service de Sériciculture. Nous avons signalé précédemment que, du mois de mars 1902 au !"'■ avril 1904, le Service de Sériciculture avait produit et livré 25.164 cellules de Sericaria mori soig-neusement sélectionnées et toutes passées au microscope. Les cessions faites depuis avril 1904 jusqu'au 18 avril 1905 ont dépassé le total des livraisons des années précédentes. En un an (avril 1904 au 18 avril 1905) le total des cessions est monté de 25.164 cellules à 54.876. Le tableau suivant montre comment se répartissent ces livraisons u ÉTUDES ET .MÉMOIRES et rimportance croissante des demandes spontanées des indigènes qui commencent à comprendre l'utilité de l'emploi des graines sélectionnées. TABLEAU RÉCAPITULATIF DES CESSIONS DE CELLULES DE SERICARIA MORT de mars lOO'} au 18 avril 1905. DESIGNATION Cessions aux pr; ^ri^m-'^mà Filature expérimentale de la Station de Nanisana. Élèves dévideuses au travail. École séricicole de Nanisana. COLONIE DE MADAGASCAR ET DÉPENDANCES ÉCOLE SÉRICICOLEj Magnanerie de] ,-,,.. ( normale ' Lilucation ,., . , BULLETIN D'ÉDUCATION N" 15 Température maxima : 23" 5 || Température minima : 20° 5 ) Moyenne diurne : 22°21. Durée de l'éducation : du 9 décembre 1904 au 12 janvier 1905 = 35 jours. Graines employées : 5 grammes de « Race Bionnc I ». MARCHE DE L'ÉDUCATION • TEMI'ÉHATUIU-: moyenne DURÉE FEUILLES consommées en kilog. OBSERVATIONS i" àfre 2' à}îe 3" âge i" âge 5' âge 21° 33 21° 9i 22° iO 22° 7 5 22" 13 Totaux .. , jours i 5 5 6 15 0.392 1.5X8 5.011 20.671 79.962 Petite éducation faite par lélève Rafiringa et sa femme. Magnanerie bien entretenue ; vers soignés dune manière très satisfaisante par Ra- iiringa pendant toute l'éducation. Bonne réussite ; cocons de très belle qualité. Quelques pertes de vers (une centaine en- viron) dues à la grasserie, au moment de la montée. Pas d'autres maladies. 35 107.630 RENDEMENT Cocons frais de bonne qualité 95.95 °/o Cocons doubles 2.22 °/„ Cocons fondus 0.34 "/„ Cocons faibles 1.43 °/o Divers défectueux 0.06 °/o Nombre de cocons frais par kilo 574 Rendement en cocons frais par 10 gr. de graines 19 k. 800 Quantité de feuilles nécessaire par 10 gr. de graines 215 k. 260 Quantité de feuilles nécessaire par kil. de cocons frais 10 k. 876 Quantité de feuilles nécessaire par kil. de soie grège 115 k. 645 Rendement total en cocons frais : 5.583 cocons pesant 9 k. 900. Vu et vérifié : Le Sous-Inspecteur d" Agriculture, A. PmET. Nanisana. le 13 avril 1905.! L'Agent sériciculteur, , Agmel. I. Biffer l'une de ces indications suivant l'époque choisie pour faire l'éducation. )E NANISANA élève BAFIRINGA DIRECTION DE L AGRICULTURE SERVICE DE SÉRICICULTURE BULLETIN DE DEVIDAGE N" 20 i Essai de 2 kilos de cocons frais de la quinzième éducation, Variété ou race : « Bionne pure I ». Tableau d'éducation n° 2 de l'élève Rafiringa. Bulletin d'éducation n° 15. Nombre de cocons par kilo. Prifrvng gpr-g 1 Cocons frais ' 570 Appréciation sur les cocons : Cocons de très belle qualité, grosseur moyenne, forme un peu allongée. Système de dévidage employé : Tavelette. RÉSULTATS DONNÉS PAR L ESSAI DE DÉ VIDAGE RKXDEMENT en grammes Grège. . . Frisons . Bassinés Bourre . , POUR LA quant, de co- cons ascs * ou frais ' soumis au dévidage 0 k. 188 0 k. 033 0 k. 044 0 k. 008 PAR KILOG. de cocons secs' ou frais' 0 k. 091 0 k. 065 0 k. 022 0 k. 002 Poids de cocons frais nécessaire pour filer un kilo de soie grège 10 k. 638 Poids de cocons secs nécessaire pour filer un kilo de soie grège. Poids des feuilles consommées par les vers par kilo de soie grège obtenu 115 k. 645 Poids de soie grège obtenu par 100 kilos de feuilles 0 k. 868 REMARQUES ET OBSERVATIONS La soie obtenue est de belle qualité. Dévidage marchant bien. Vu et vérifié : e Sous-Inspecteur d'Agriculture., Directeur de V Ecole sèricicole, A. PiRET. Nanisana, le 13 avril 1905. V Agent sériciculteur, Agniel. 1. Supprimer l'une de ces indications suivant l'état des cocons soumis au dévidage. 60 ÉTUDES ET MÉMOIRES nons deux vues montrant : l'une, l'aspect extérieur de cette cons- truction, exécutée sous la surveillance de l'agent de culture Mar- chand, et l'autre une leçon de dévidage donnée par M""' Agniel. Cette petite filature comprend quatre bassines fournies par la maison Berthault, de Lyon. Ces appareils ont été choisis d'après les indications qui m'ont été si obligeamment données, en 1904, par M. Testenoire, directeur de la Condition des soies de Lyon, à qui je tiens à adresser ici mes plus sincères remerciements pour le con- cours dévoué et désintéressé qu'il n'a cessé de prêter au Service de Sériciculture de Madagascar. L'eau chaude nécessaire au dévidage est produite par une chau- dière chauilee à la tourbe et distribuée aux bassines par un tuyau-- tage approprié. Les asples sur lesquels s'enroule la soie grège sont, en ce moment, actionnés à la main par lés élèves ; mais il est prévu que, sous peu, ce travail sera exécuté, pour ces quatre dévideuses, au moyen d'un petit manège actionné par un âne ou un mulet. Notons enfin que, dans le but de compléter l'outillage de la magnanerie d'études, la Direction de l'Agriculture a demandé, il y a quelques mois, à la Condition des soies de Lyon, de vouloir bien se charger de lui procurer le matériel nécessaire pour l'instal- lation d'un laboratoire de sériciculture, c'est-à-dire les divers appa- reils employés pour titrer les soies, éprouver leur ténacité ou leur élasticité, apprécier d'une manière rigoureusement exacte la valeur des cocons, etc. La plupart de ces instruments sont prêts et pourront être expédiés très prochainement à Madagascar. Paris, novembre 1905. Em. Prudiiomme, Ingénieur agronome, Directeur de V Agriculture à Madagascar. ANNEXE Modèle d'un carnet d'observations COLONIE DE MADAGASCAR ANNÉE 190 ET DÉPENDANCES DIRECTION DE L'AGRICULTURE Circonscription agricole d Station d'essais ou Pépinière agricoie d. CARNET D'OBSERVATIONS pour les expériences sur les plantes arbustives et, d'une manière générale, sur les cultures occupant le sol plus d'une année. Culture d Nom et titre de l'agent chargé d'exécutei' l'expérience et de la surveiller : M. 62 ÉTUDES ET MEMOIRES Parcelle n° Indications complémentaires sur la situation de la parcelle consacrée à cette culture ou à cet essai ^ : Conditions dans lesquelles l'expérience a été entreprise : Etendue de la parcelle : Nature du sol ^ : Nature du sous-sol - : Nature de la culture occupant précédemment la parcelle : Nature, constitution, vigueur et développement de la végétation spon- tanée : TRAVAUX PRÉPARATOIRES Défrichement : Méthode employée et date d'exécution : Nombre de journées de travail et prix de revient ^ : . . . Défoncement : Méthode employée et date d'exécution : Nombre de journées de travail et prix de revient ^ : . . . . Piquetage et trouaison : Dimension des trous : Espacement des trous : Remplissage des trous : . . . . Fumure : Date d'exécution do chaque opération Nombre de journées de travail consacrées à chacune de ces opérations : Piquetage : Trouaison : Remplissage : . . . . Fumure : Prix de revient de chaque opération: . Piquetage : Trouaison : Remplissage : . . . . Fumure : A REPORTER DÉCOMPTi: 1. Joindre, si possible, un plan ou un croquis permettant de savoir exactement ou se trouve la parcelle. 2. Indiquer l'analyse lorsqu'on la connaîtra. 3. Renseignement très important, car il permettra de se rendre compte du prix de revient dans chaque région. LA SÉRICICULTURE A MADAGASCAR 63 Report TRAVAUX DE MISE EN PLACE Provenance des graines ' : Provenance des plants ou des boutures : Age et dimension des plants : Mise en place : Date d'exécution : Méthode employée : Nombre de journées consacrées à cette opération:, Prix de revient : Reprise : TRAVAUX DTRRIGATION ET DE DRAINAGE Travaux de drainage : Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient: Travaux d'irrigation : Nombi'e de journées consacrées à cette opération et prix de revient : TRAVAUX DIVERS Ncnnbre de journées consacrées à chacun et prix de revient : Total DECOMPTE A , le 190 UAffent chargé de l'exécution des travaux. Vu et vérifié : Le Chef de la Circonscription agricole, Observations diverses et renseignements complémentaires -. 1. Dire leur qualité, nom de la variété, etc. 2. Indiquer avec soin tous les renseignements complémentaires qu'il paraîtra utile de signaler : but poursuivi, le plan de rexpéricnce, les instructions reçues, etc. 64 ÉTUDES ET MÉMOtRES I. 6" Mois de Janvier — TRAVAUX d'entri:tien et D'AMÉLIORATION 1" Soins donnés aux abris et date d'exécution ':..... Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient - : •2" Nettoyages, sarclage et date d'exécution :. . . . Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient ^ : 3" Labours, binages et date d'exécution ^ : . . . . . Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient ^ : . . . . 4" Travaux de taille et date d'exécution ':.... Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient - : 5° Maladies ou insectes : Remède ou traitement employé et date d'exécution :.. . Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient ^ : . . . . Travaux de remplacement et date d'exécution ' : . . . . Nombre de plants remplacés : Provenance des plants : Age et taille des plants :. . . . Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient ^ : Fumures et date d'exécution ^ : Nature et provenance de l'engrais : . . . . Dose emjiloyée par unité de surface : Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de rcvieiil - : Travaux d'irrigation, de drainage et date d'exécution ^ : Nombre de journées consacrées à ce travail et prix de revient ^ : . . . . Travaux divers et date d'exécution : Nond)re de journées consacrées à chacun de ces travaux et prix de revient -:.... II. — TRAVAUX DE RÉCOLTE ET DE PRÉPARATION Travaux de récolte commencés le , linis le Nombre : Poids : Volume : Nombre par kilo ou par 100 kilos : Poids de l'hectolitre :. . . . 1 Qualité de la récolte à l'étal brut: / Nondjre de journées consacrées à ce travail et prix ( de revient^ : \ Destination : 8 9« o •o f*; ■n o o o C •u JJ T. G er, CI D • i^ a Tôt \L. DECOMPTE 1. indiquer pour chaque opération la surface ou le nombre de plants. 2. Rcnscif^ncnient très important. 3. Récolte à l'état l^nit. i. Dire la mélliodc employée et comment s'est effectue ce travail. LA SERICICULTURE A MADAGASCAR 65 Observations diverses et renseignements complémentaires Tous les renseignements concernant la préparation des récoltes seront consignés avec soin sur cette page. Ne jamais oublier de dire : 1° la mé- thode employée ; 2° la quantité soumise à la préparation ; 3° le poids et, s'il y a lieu, le volume des produits obtenus; 4" la durée des différentes phases de la préparation ; 5° la qualité du produit obtenu, dont on devra toujours conserver un échantillon dans les collections ; le numéro donné à cet échan- tillon devra être consigné ici. Faire, en outre, tous les calculs permettant de connaître les rendements par plant et par unité de surface (hectare). In- diquer également la destination donnée au produit obtenu. Etat de la culture ou de la plantation pendant le mois écoulé : Renseignements sur la croissance et la vigueur des plants, sur la floraison et sur la maturation : Renseignements sur les abris, sur leur croissance et sur leur vigueur : A ....,1e 190 LWgent chargé de Vexécution des tr.ivaux, Vu et vérifié : Le Chef de la Circonscription agricole, Bulletin du Jardin colonial. 5 CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER et préparation du cacao. [Suite K) établissement des cacaoyères a la guyane hollandaise main-d'qïuvre En ce qui concerne la Guyane Hollandaise, les renseig-nements que j'ai pu me procurer sont beaucoup moins précis ; néanmoins, M. Bray, un planteur distingué de Surinam, a bien voulu me don- ner les renseignements concernant le capital nécessaire à la créa- tion d'une cacaoyère. Avant de reproduire ici le devis établi d'après les indications que m'a obligeamment données M. Bray, je crois devoir parler un peu de la main-d'œuvre, qui est fournie à peu près exclusivement par des émigrants hindous et javanais ; ces travailleurs sont donnés aux planteurs pour une période de cinq années. Le gouvernement de la colonie se charge de l'introduction de cette main-d'œuvre. Les frais d'introduction sont fixés par un arrêté du gouver- neur de Surinam. Dans ces dernières années, ces frais ont été fixés à 260 florins, soit 559 francs, par ouvrier adulte. Le planteur qui a besoin de main-d'œuvre envoie sa demande, en indiquant le nombre des travailleurs qui lui sont nécessaires, à l'agent général de l'immigration qui, après avoir été autorisé par le Gouverneur, transmet l'ordre d'expédition des coolies à l'agent de l'émigration à Calcutta ou à Batavia. Le planteur en faisant sa demande indique la nationalité de la main-d'œuvre qu'il désire, et prend l'engagement de payer à l'ar- rivée des coolies les trois cinquièmes des frais d'introduction, soit 150 florins, ou 335 fr. 40, par travailleur adulte ; s'il ne peut payer toute cette dépense, il donne des garanties suffisantes pour assurer à la colonie le paiement de ces frais; dans ce dernier cas, il ne paye 1. Voir Bulletins, ir-'as à 33. CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 67 à l'arrivée des coolies que les 3/25 des frais d'introduction de la main-d'œuvre qui lui a été allouée. La somme qui lui reste à solder pour amortir sa dette est versée par quart, à la fin de chaque année, au trésor de la colonie, qui perçoit en outre un intérêt de 4,50 ° /^ sur les sommes dues. Les frais de rapatriement des immig-rants, comme les frais de leur introduction, sont à la charg-e du gouvernement, ou plutôt à la charg-e de fonds spéciaux administrés séparément et nommés '< fonds d'immigration ». La part dans les frais d'introduction que payent les planteurs est versée à cette caisse. La caisse d'immig-ration est alimentée par des emprunts coloniaux, dont l'amortissement et l'intérêt, calculés à 3 "/o, sont garantis par le gouvernement hollandais. Chaque année, les planteurs versent à la caisse d'immigration un impôt de 5 florins par homme adulte et 2 florins 50 par femme adulte travaillant sans contrat. L'introduction de la main-d'œuvre étrangère sans contrat, par des particuliers, est permise et encouragée par des primes accordées par le gouvernement colonial. Les coolies hindous et javanais ne sont néanmoins introduits que par le gouvernement. Lorsque les coolies ont terminé leur contrat, s'ils veulent reprendre du service chez le même planteur, ils reçoivent de celui-ci une prime assez élevée, fixée par le gouvernement local. Si au contraire ils désirent rester libres, afin de s'établir dans la colonie, en renonçant à leur droit aurapatrienient, on leur donne des terres et des primes en argent. L'introduction de la main-d'œuvre hindoue a été commencée en 1873 ; ce n'est que depuis 1890 que la Guyane emprunte des travail- leurs à Java. Le nombre des coolies introduits depuis ces époques a été : Hindous de 1873 à 1882 6.569 de 1883 à 1892 8.633 de 1893 à 1899 6.914 Total 22 . 1 1 6 Javanais 1890 à 1902 4.795 68 ÉTUDES ET MÉMOIRES Depuis ona rapatrié 6.012 Hindous et o4 Javanais. Ces deux sortes de travailleurs donnent de bons résultats ; natu- rellement ils ont chacun leurs partisans et leurs adversaires. L'hin- dou produit plus de besog-ne, mais il est beaucoup moins docile que le Javanais ; de plus, il économise beaucoup et envoie de l'argentaux Indes. Les coolies de Java sont des joueurs incorrigibles, qui n'ont jamais le sou, et renouvellent presque toujours leur con- trat, parce qu'ils n'ont pas d'économie au moment où il expire. J'ai longuement parlé de ces questions de main-d'œuvre avec de nombreux planteurs hollandais et avec M. Barnet-Lvon, l'aimable agent général de l'immigration à Paramaribe, à qui je dois presque tous ces renseignements. Il ressort des conversations que j'ai eues avec tous ces Messieurs, que l'emploi de la main-d'œuvre étrangère est une question très délicate. Tout d'abord il faut que les gérants des plantations apprennent à parler l'hindou ou le javanais, car ceux- ci conservent rigoureusement leur langue maternelle, et n'ap- prennent qu'avec une extrême répugnance la langue du pays dans lequel ils viennent s'installer. Les premiers temps, les gouvernements qui fournissent la main- d'œuvre en profitent pour épurer la région dans laquelle ils la prennent. Il faut bien se faire àcetteidée que toutes les fois que l'on commence à introduire de la main-d'œuvre étrangère, on reçoit les meurts-de-faim et une partie des gens sans aveu, du pays où on la prend. Même lorsque le pays est épuré et que l'on reçoit de bons sujets, il faut être très patient les premiers temps. Les colons de Surinam estiment, lorsqu'ils reçoivent de nouveaux coolies, que ceux-ci ne leur donneront de véritables bons services que 2 ans après leur arri- vée, aussi s'arrangent-ils pour ne pas avoir besoin de remplacer tout leur personne] d'un seul coup, et pour conserver des cadres suffisants pour que le dressage des nouveaux arrivants puisse se faire sans à coups. Les contrats, avons-nous vu précédemment, sont faits pour 6 ans ; le coolie doit 313 journées de travail par an. A la fin de son contrat il doit rendre au planteur un nombre égal de journées à celui qu'il aurait pu faire en moins du chiffre fixé par le contrat ; si, d'un com- mun accord avec son employeur, le coolie fait plus de 313 journées de travail par année, la durée de son contrat pourra être diminuée du nombre de journées qu'il aura fait en plus. I CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 69 La durée de la journée de travail est de 7 heures dans les champs et de 9 heures dans les bâtiments, mais le plus souvent les travail- leurs prennent la besogne à la tâche. Les coolies sont divisés en trois catégories, la première renferme les hommes de 16 ans et au-dessus, la deuxième les femmes adultes, les vieillards encore valides et les garçons de 10 à 16 ans. La troisième catégorie comprend les garçons et filles au-dessous de 10 ans. Je dois ajouter ici un détail qui ne plaira peut-être pas aux mora- listes, le gouvernement de Surinam est tenu d'introduire, au mini- mum, une femme pour deux hommes adultes, de sorte que les coolies hindous, employés à la Guyane Hollandaise, sont polygames à l'envers, Les salaires minima sont fixés ainsi qu'il suit : pour les immi- grants de la première catégorie, travaillant à la journée, le salaire est fixé au minimum à 24/100 de dollar, ce qui équivaut à 0 florin 60 ou 1 fr. 25 environ. Il est bien entendu que le salaire d'un ouvrier travaillant à la tâche pourra être supérieur à cette somme, mais non inférieur, à moins naturellement que l'ouvrier soit un fai- néant. Les prix de tâche réglés par un arrêté local, doivent être les mêmes pour les coolies engagés et pour les ouvriers travaillant libre- ment sur la même plantation, ou sur une plantation voisine. Les immigrants de la seconde catégorie doivent avoir un salaire minimum de 0 florin 40, soit environ 0 fr. 85. Pour les immigrants de la troisième catégorie qui ne sont pas obligés de travailler, il n'y pas de prix fixe ; on les rétribue suivant leurs aptitudes. Les ouvriers ne reçoivent jamais leur solde en nature, cependant les planteurs sont tenus, pendant les 3 premiers mois qui suivent leur arrivée sur la plantation, de leur octro\er des rations quoti- diennes, à charge par les coolies de les rembourser au taux de 0 florin 20, soit 0 fr. 40 centimes. Ces l'ations sont ainsi fixées par adulte des deux sexes : Riz 0 k. 750 Condiments 0 122 Sucre 0 023 Huile de coco .... 0 015 Légumes 0 1 22 Bois 1 500 r 7Q ÉTUDES ET MÉMOIRES Les rations doivent être fournies crues ou cuites au gré de l'immi- grant. Les mineurs de 10 k 16 ans des deux sexes reçoivent des demi- ations et les remboursent au prix de 0 florin 10, soit 0 fr. 20. Le planteur doit donner gratuitement des tiers de ration aux enfants au-dessous de tOans. Le logement est fourni gratuitement, et dans des conditions lixées par les arrêtés locaux. Les soins médicaux sont gratuits, à moins toutefois qu'il soit prouvé que la maladie ait été provoquée par la faute ou l'inconduite de l'immigrant. Pendant la durée de la maladie les coolies sont soi- gnés aux frais du planteur, s'ils sont hospitalisés, mais ils ne touchent pas de salaire. Les enfants de 9 à 12 ans doivent suivre les cours des écoles du gouvernement, sous peine, pour les parents, d'être punis d'amendes et même de prison. Les engagements sont ordinairement, de part et d'autre, fort bien observés, et comme à Trinidad, l'emploi de la main-d'œuvre intro- duite donne de très beaux résultats. Sans doute, le prix de 1 fr. 25 pour la journée de sept heures plus le logement semble un salaire très élevé, mais il faut tenir compte de la régularité du travail ; c'est un avantage énorme, que dis-je, c'est une nécessité absolue, d'avoir une main-d'œuvre stable sur laquelle on puisse compter sans cesse, pour établir et entretenir de sérieuses plantations. On peut, sans crainte d'être taxé de faiblesse à l'égard des races inférieures ou considérées comme telles, reconnaître que les coolies emplovés en Guyane Hollandaise, qui travaillent sous ce dur climat, restent sept heures durant sous une pluie torrentielle, et cela presque chaque jour, ne volent pas le prix de leur journée. C'est du reste grâce à ces Hindous et Javanais, qui restent S, 10 ans et même plus sur la même plantation, fournissant régulièrement leurs 300 et quelques journées de travail par année, que les planteurs hollandais doivent de vivre aussi facilement sous le climat de Surinam, qui est incontestablement l'un des plus durs. M. Bray, qui travaille avec la main-d'œuvre hindoue et javanaise, a bien voulu, comme je l'ai déjà dit, me fournir les renseignements qui m'ont servi à établir le devis de plantation suivant pour une sur- face de 100 acres. CULTURE PRATIQUE DU CAGAOYER 71 On a supposé que ces 100 acres étaient pris sur une ancienne plantation de canne à sucre abandonnée, et que par conséquent les drainages étaient faits. Nous avons vu au chapitre III que le drai- nage, à Surinam, revient à des prix très élevés, environ 800 fr. par hectare. Le plus souvent, les cacaoyères sont installées sur les nombreuses plantations de cannes abandonnées depuis de longues années. PREiMIÈRE ANNÉE Défrichement de 50 acres ^ à 30 florhis ^ par acre 1 .500 00 Achat de 40.000 plants de bananiers à 0.04 l'un 1 .600 Transport des bananiers 150 Plantation des bananiers 500 Semis en place des cacaoyers 120 Entretien des 50 acres pendant l'année 2.450 Frais d'introduction de 15 coolies 2.340 Construction des maisonnettes d'immigrants 1 .209 Taxe personnelle des 15 coolies 1 12 50 Entretiens pendant l'année des maisons de coolies 100 Impôt médical et frais d'hôpital 112 50 Salaire, nourriture et frais de service du surveillant 1.077 50 Imprévu 200 Total pour la première année 1 1 .471 50 DEUXIÈME ANNÉE Dépense de première année 11 .471 50 Intérêt de cette somme à 5 % 575 50 Entretien de 50 acres mis en culture 1 .650 Défrichement de 50 nouveaux acres 1 .500 Achat de 50.000 plants de bananiers 2.000 Transport et plantation de ces 50.000 plants de bananiers. 150 Plantation par semis de cacaoyers 120 Entretien de ces 50 acres pendant l'année, drainage 2.450 Frais d'introduction de 15 nouveaux coolies 2.340 Construction de maisonnettes pour ces coolies 1 .200 Taxe personnelle pour 30 coolies 225 A reporter 23.682 00 1. Un acre correspond à 42 ares 45 centiares. 2. Un florin vaut 2 fr. 15 environ. 72 ÉTUDES ET MÉMOIHES Report -23.682 00 Inipôl médical — "^ Salaire, nourriture et frais de service du surveillant 1 .077 50 Entretien des maisonnettes 200 Imprévus ''-^ A reporter 25 . 484 50 TROISIÈME ANiNÉE Dépense de la deuxième année 25 . 484 60 Intérêt de celte somme à 5 "/o 1 ■ 276 "25 Entretien des 100 acres 3.300 Approfondissement des di'ains 400 Entretien de bâtiments 200 Taxe personnelle pour 30 coolies 225 Impôt médical 223 Salaire du surveillant 1 . 077 50 Imprévu 300 32.488 35 QUATRIÈME ANNÉE Dépense de la troisième année 32.488 35 Intérêt de cette somme à 5 °/o 1 .626 45 Dépense pendant la quatrième année , 5.727 50 39.842 30 CINQUIÈME ANNÉE Dépense de la quatrième année 39.842 30 Intérêt de cette somme à 5 °/o 1 .994. 15 Dépense pendant la cinquième année 1 . 727 50 43.563 95 soit en francs, à raison de 2 fr. 15 pour un florin, 93.750 fr. 65, Comme on le voit, les frais d'établissement d'une cacao vère sont élevés à Surinam, mais les planteurs de ce pays retirent des profits très importants des bananiers qui abritent les cacaoyers. M. Bray estime qu'une plantation de 100 acres doit produire, de la deuxième à la quatrième année, une récolte de bananes dont la valeur ég-ale sensiblement le chiffre des dépenses d'établissement de la plantation, et peut même lui être supérieur. Après la qua- CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 73 trième année les bananiers ne rapportent plus, les cacaoyers donnent de trois à quatre mille kilos de cacao sec. A ce moment il faudra construire des séchoirs et une case à fer- menter, ainsi que des magasins ; de ce fait on dépensera encore au minimum 12 à 1.300 florins. En somme, une cacaoyère à Surinam, si l'on ne s'occupe pas du produit des bananiers, coiUe avant d'arri- ver au moment oi^i le cacao produit assez pour payer les frais d'en- tretien (sixième année) 2.500 à 3.000 francs par hectare au mini- num, non compris la valeur du terrain. M. Bray estime, d'après les résultats pratiques obtenus chez lui, qu'à l'âge de dix ans une cacaoyère de 100 hectares a coûté tout compris, bâtiments, terrain, 580.000 florins. Mais on peut estimer qu'à ce moment elle a produit en bananes et cacao 160.000 florins, de sorte que la dépense totale reste à la somme de 120.000 florins, soit 258.000 francs. Pour donner une idée plus exacte des résultats financiers d'une cacaoyère de Surinam, je reproduis dans le tableau ci-dessous les chiffres de récolte obtenus, dans une des plus grandes exploitations de Surinam, pendant les années 1896, 1897, 1898 et 1899, ainsi que les sommes totales payées pendant ces mêmes années .• a -a z z RÉCOLTE ANNUELLE en kilos SOMMES payées en floiùns OUVRIERS engagés OUVRIERS libres Cacao Libéria 1896 1897 1898 1899 125.314 180.136 126.345 161.902 7.170 43.495 52.438 47.007 46.325 80 52.396 24 54.052 57 57.997 05 337 388 413 367 48 48 39 50 t Z z SURFACE EN PLEIN rapport SURFACE DE plantations nouvelles SURFACE PLANTÉE pendant l'année Cacao Libéria Cacao Café 18 22.5 1 . 75 1896 1897 1898 1899 410 tlO 410 410 54.5 54.5 54.5 54.5 86.25 86 . 25 104.25 104.25 167.50 190 191.75 191.65 74 . ÉTUDES ET MÉMOIRES Si l'on prend la récolte la moins forte, celle de Tannée 1896, sa A^aleur arg-ent est de 125.314x1,40 = 1.754.936 pour le cacao. En 1902. le café de Libéria de Surinam se vendait à raison de 0 fr. 76 le kilo sur les marchés de New- York, la valeur de la quantité récoltée sur la plantation X... était donc de 7.170 x; 0,76 = o.i26 fr. iO, ce qui porte la valeur totale de la récolte à 180.866 francs. La dépense totale ayant été de 14.325 fr. 80 X 2 fr. 15 = 99.600 fr. 47, le bénéfice net s'est donc élevé à 18.066—99.600 = 81.155 fr. 53. L'année suivante, le g-ain a été de 172.593 fr. 27. Il faut remarquer que ce bénéfice a été donné par le cacao seul, car le prix de 0 fr. 76 le kilo pour le café est très voisin du prix de revient. Pour donner une idée frappante des dégâts occasionnés à la Guyane Hollandaise dans certaines plantations, par les « Balais de sorcières » et le Phytophthora omnivora, dont j'ai parlé précédem- ment au chapitre « Ennemis et maladies », il me suffira de dire qu'en 1900 cette même plantation qui donnait 172.593 fr. 25 de gain net en 1598 ne donna que 23.257 fr. 70 de bénéfice. M. Goefken, directeur de la plantation de Voorburg, dont j'ai parlé à plusieurs reprises, dit que le cacao dans les années ordi- naires coûte à produire 30 à 35 florins par sac de 100 kilos. C'est donc un prix moyen de revient de 65 francs, tous frais com- pris. Sous son habile direction, Voorburg arrive à donner à ses action- naires plus de 30 "/o de dividende. Pour la Guadeloupe, Guérin estime sans être précis, qu'une cacaoyère nécessite une dépense de 300 francs environ par hectare, comme frais d'établissement. Pour Madagascar, je n'ai pu me procurer aucun renseignement préciSj néanmoins des nombreuses conversations que j'ai eues avec les planteurs, il me semble résulter, que l'on ne peut guère songer à dépenser moins de 1.500 à 2.000 francs par hectare pour établir une cacaoyère dans de bonnes conditions. L'un des plus sérieux planteurs de la région de Tamatave m'a affirmé que cette somme est inférieure à la réalité. En se basant sur les dépenses qu'il a faites chez lui, ce planteur dit qu'un hectare de cacaoyers revient, à la huitième année, à 2.500 francs au minimum. I CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER • 7S APPENDICE LE CACAOYER A ^lADAGASCAR Importance actuelle de cette culture. Son avenir. Ainsi que je Tai dit précédemment, le Theobroma Cacao existait à Madag-ascar avant la campagne de 1895. Il est certain que le cacaoyer a été introduit de La Réunion dans la Grande Ile, et, ainsi que je Tai exposé dans le chapitre premier, je suis porté à croire qu'il vient indirectement de Ceylan. La culture de cette intéressante plante est restée localisée, sur le ver- sant oriental, dans les provinces de Tamatave, de \'atomandry, de Mahanoro et de Mananjary, mais c'est surtout dans les vallées de TIvo- oina et de llvondro que les cacaoyères ont pris un peu d'extension. 11 existait, avant la campagne, cinq ou six plantations dans ^la pro- vince de Tamatave, renfermant au total une vingtaine de mille plants. Depuis, les colons ont continué à étendre leurs plantations ; actuellement, le nombre des cacaovers mis en place, dans les vallées de l'Ivondro et de rivoloina, est d'environ 70 à 80.000. Il existe, dans la province de Vatomandry, trois ou quatre petites cacaoyères déjà en plein rapport, mais le nombre des arbres âg-és n'excède guère, dans cette subdivision administrative, le chiffre de 5.000. Après la campagne, les vallées du Sahantsio et du Mangoro avaient fait naître quelques espérances au point de vue de la culture du cacaoyer. Trois planteurs possédant de sérieux capitaux se sont mis à l'œuvre dès 1877: plus de 100.000 plants furent mis en terre, dans des conditions déplorables, en trois ans. Soit que le sol ne convint pas, soit que les abris ne furent pas bien établis, soit pour d'autres raisons, les résultats ne con- firmèrent pas les espérances du début et deux des planteurs ont aban- donné leurs plantations qui renfermaient au total 80.000 arbres environ. La troisième plantation visitée par l'auteur de ce travail, en juin der- nier, ne semble pas être en très bonne voie. Dans la province de Mananjary, le nombre des cacaoyers est très peu important, un ou deux concessionnaires s'occupent de cette culture ; le nombre des sujets mis en place à l'heure actuelle ne dépasse pas 2.000 à 2.500. En résumé, la cote de Madagascar possède, à la fin de 1903, environ 85.000 cacaoyei's mis en place dans des conditions passables, sur lesquels 25 ou 30.000 au maximum sont en plein rapport. 76 • ÉTUDES ET MÉMOIRES Dans les îles de Nossi-bé et dé Sainte-Marie, il existe aussi quelques petites cacaoyères de création récente, mais le nombre d'arbres mis en place est encore peu important. En 1902, la production totale pour l'Ile a été de 22.800 kilos de cacao préparé, représentant une valeur brute d'environ 45.000 francs. Les plantations sont ordinairement de peu d'étendue et le nombre d'arbres qu'elles renferment atteint rarement 10.000; il existe cependant dans la vallée de l'ivondro deux cacaoyères plus importantes, dont l'une possède 25.000 plants. La culture du cacaoyer est ordinairement faite d'une façon assez rudi- mentairc à Madagascar, les arbres sont rarement plantés suivant des lignes régulières. Les arbres d'ombrage ne sont pas non plus distancés régulièrement; dans certaines plantations ils font complètement défaut. Les sarclages sont malheureusement négligés par beaucoup de planteurs. La taille est peu ou pas mise en pratique. Il n'existe pas d'installation spéciale pour la fermentation. Les bacs sont toujours remplacés par des baquets. Le lavage est pratiqué par tous les planteurs qui produisent, en géné- ral, des cacaos de fort belle apparence. Le séchage se fait sur des nattes ou sur des claies; il n'existe, à ma connaissance, aucune installation spé- ciale pour le séchage du cacao. Ln ce qui concerne la quantité de produit qu'il faut attendre d'un arbre, j'ai dit, au chapitre qui traite des rendements, qu'il m'avait pas été possible de me procurer de renseignements précis à ce sujet. Dernièrement, M. Laroque a bien voulu me communiquer les chiffres de récolte qu'il obtient par arbre, sur la plantations Moritia », située sur les bords de l'Ivoloina. Des arbres âgés de huit à vingt ans, c'est-à-dire presque tous en plein rapport, lui ont donné, en 1902, une moyenne de 866 grammes de cacao préparé par arbre. L'année précédente, la récolte moyenne par arbre n'avait été que de 520 grammes; ces chiffres sont assez faibles, ils égalent cependant ceux obtenus à Trinidad dans les plantations moyennes. M. Laroque estime que les rats lui dévorent la moitié de sa récolte. En faisant une chasse acharnée à ces rongeurs, à l'aide de pièges et d'appâts empoisonnés, on arriverait à augmenter très sensiblement les rendements. Dès l'installation de la Station d'Essais de l'Ivoloina, le Service de r.\griculture s'est occupé de la culture du cacaoyer; des carrés d'essais furent plantés dans le courant de 1901. . En 1900, M. le Directeur de l'Agriculture ramena de France une série des principales variétés de cacaoyer des Antilles; ces plants mis en place Culture pratique du cacaoyer 77 un an après leur arrivée, ont commencé à porter des cabosses cette année. L'année dernière, la Station a reçu du Jardin colonial de Nogent-sur- Marne une partie dune importante collection d'espèces et de variétés de cacaoyers, expédiés de la Trinidad et de la Jamaïque pendant le séjour que je fis dans ces deux îles. Les Theobroma pentagonum et bicolor figuraient dans cette collection, ainsi que de très intéressantes variétés de A'énézuéla et de Colombie. Avenir de la culture du cacaoyer à Madagascar. — La France importe actuellement plus de 30.000 tonnes de cacao, et, chose surprenante, mal- gré l'étendue et la diversité de son domaine colonial, elle emprunte la presque totalité du cacao quelle consomme à l'étranger, principalement au Brésil, au Venezuela, à l'Equateur et aux possessions anglaises des Antilles. Sur les 30.000 tonnes qu'importe la métropole, les Colonies françaises en fournissaient à peine 800 en 1900. La Guadeloupe et la Martinique sont les deux colonies qui produisent le plus de cacao ; leur exportation dépassait en 1900 400 tonnes pour chaque île. Les désastres qui se sont abattus sur la Martinique en 1902 réduiront certainement les exportations de cette colonie, car les cacaoyères se trouvaient surtout dans la région dévastée par le volcan. La Guyane exporte à peine trois tonnes de cacao, le Congo en envoie une vingtaine de tonnes en Europe et, comme il a été dit précédemment, Madagascar, dont les exportations de cacao suivent une marche régulière- ment croissante, en expédie à l'heure actuelle une quantité à peu près égale, c'est-à-dire 22 ou 23 tonnes par an. A l'heure actuelle, la culture du cacao semble être en voie d'extension à la Guyane, au Congo et à Madagascar. Les tentatives sont cependant toujours empreintes d'une certaine timidité, malgré les avantages accor- dés par la Métropole. On sait en effet que la loi de douanes du 11 janvier 1902 a accordé aux denrées dites secondaires des Colonies françai.ses, une détaxe de .50 "/o sur le tarif général appliqué aux produits similaires provenant des pays étrangers. Du fait de l'application de cette loi, le tarif d'entrée des cacaos, qui est de 104 francs pour 100 kilos pour les produits étrangers, se trouve ramené à 52 francs pour les produits des Colonies françaises. C'est donc, en somme, une prime de 52 centimes par kilo que la Métropole accorde aux planteurs des Colonies françaises. Il faut espérer en outre que bientôt la détaxe complète, défendue avec ardeur par plusieurs membres éminents du Parlement et un grand nombre de savants et d'économistes, viendra apporter à ceux qui n'ont 78 ÉTUDES ET MÉMOIRES pas hésité à marcher de Tavanl, malgré les difficultés du début, la juste récompense de leurs elForts persévérants. Quoi qu'il en soit, il est regrettable de constater que la production du cacao reste à peu près stationnaire dans les Colonies françaises ; il y a un intérêt patriotique et économique des plus grands à ce que cette situa- tion cesse, et à ce que les 50.000.000 de francs que la France déverse annuellement dans les caisses des pays étrangers, en paiement du cacao qu'elle consomme, viennent enrichir ses Colonies. J'ai dit, dans le cours de ce travail, quelles étaient celles de nos colo- nies qui, au point de vue climatérique, semblent devoir convenir au cacaoyer. Jai montré également tout l'intérêt qui s'attache à la culture de cette plante, en raison du peu de main-d'œuvre qu'elle nécessite et aussi des bénéfices qu'elle peut procurer. Enfin, j'ai fait remarquer que le Cacao est un des rares produits coloniaux dont la période de surproduc- tion est encore très lointaine, si toutefois elle doit être atteinte, ce qui est peu probable. Pour être complet, il me reste à dire quel est, à mon sens, l'avenir du cacaover à Madagascar et à préciser les conditions dans lesquelles sa culture pourra s'étendre, dans la partie moyenne du versant oriental. Au chapitre sol, m'appuyant sur de nombreuses observations faites tant à Madagascar qu'en Amérique du Sud et aux Antilles, j'ai dit que les collines déboisées qui occupent la plus grande partie du versant Est ne présentent aucune ressource pour le cacaoyer, à cause de leur compo- sition physique spéciale. La culture doit donc en être localisée dans les vallées, et l'importance qu'elle pourra prendre est de ce fait intimement liée à l'étendue des ter- rains d'alluvions qu on y rencontrera. Si l'on se contente d'un examen superficiel, l'importance des terrains d'alluvions de la Côte Est paraît très grande, mais une étude minutieuse vient vite apprendre que dans les vallées situées entre Tamatave et Fara- fangana, seule partie de la Côte Est (jue je connaisse, les terrains d'allu- vions, non marécageux, sont moins répandus qu'on est tenté de le croire au premier abord. J'ai visité jusqu'aux premières chutes les vallées de la Manambavana. de la Matitanana, du Mananjary, du Sahantsio, du Mangoro, du Sakanila, de rivondrono et de l'Ivoloina. Les formations alluvionnaires saines sont identiques dans les bassins de tous ces lleuves. Elles sont ordinairement assez peu étendues, entrecou- pées de ruisseaux et de petits marécages. Elles forment presque toujours d'étroites bandes qui s'étendent le long des fleuves et qui sont limitées du côté opposé à la rivière, par les collines ou par les marais. Dans ces terres il faut encore faire une sélection rigoureuse. Ainsi que » CULTURE PRATIQUE DU CACAOYER 79 je l'ai dit au chapitre sol, les alluvions formées de couches peu épaisses de limon arj^ilo-siliceux alternant avec des bancs de sable, ne semblent pas présenter de grandes ressources pour le cacao. Il faut, semble-t-il, que la couche argilo-siliceuse atteigne au moins de 1 mètre à l'" "20 d'épaisseur. En somme, je crois que la culture du cacaoyer peut présenter de l'inté- rêt dans les provinces de Tamatave, d'Andevoranto, de Vatomandry et de Mananjary, surtout pour de petits capitalistes ayant des ressources relativement restreintes à mettre en œuvre. Les sociétés puissantes disposant de capitaux très importants y trouve- raient difficilement des espaces suffisants pour y créer des cacaoyères en rapport avec leurs moyens d'action analogues aux grandes exploitations de l'Amérique du Sud. En raison des surfaces restreintes dont ils pourront disposer, il semble- rait que les planteurs de cacaoyers installés dans les provinces citées plus haut auraient tout avantage à se livrer à une culture très intensive. Ils devraient adjoindre de forts troupeaux à leurs domaines, favoriser autant que possible la production du fumier et fumer méthodiquement leurs cacaoyères. Des tailles bien appliquées, associées à des soins d'entretien et à des fumures raisonnées, sont capables d'augmenter la production dans une très large mesure ; les résultats qu'obtiennent certains planteurs de Grenade le prouvent nettement. Les grandes sociétés semblent devoir trouver des champs d'action plus vastes dans les provinces de Fénérive et de Maroantsetra. Je ne connais pas encore ces subdivisions administratives, mais ce qu'en dit M. Des- LANDES permet de penser que c'est par là qu'il faut diriger les efforts des particuliers et des sociétés désireux d'installer de grandes cacaoyères. M. Deslandes s'exprime en effet ainsi au sujet des provinces de Féné- rive et de Maroantsetra : « Mais je puis être affirmatif en ce qui concerne c( la région de Maroantsetra que j'ai parcourue suffisamment pour me faire « une idée de ses terrains ; le cacaoyer est appelé à y réussir. On ren- « contre dans les vallées, celles de l'Antalambana en particulier, plus au « sud sur la Mananara, de vastes terrains d'alluvions, à sol profond, riche, « frais, présentant, en un mot, toutes les conditions requises », et plus loin il ajoute : « comme la province de Maroantsetra, celle de Fénérive « offre les conditions les plus favorables à l'établissement de vastes « cacaoyères. Les terrains d'alluvions riches, horizontaux, desservis par « des rivières, se rencontrent fréquemment. « Fauchère, Soiis-Inspecleur d'Agriciillure à Madagascar. NOIES L'INDUSTRIE DES CHAPEAUX DE BAMBOU A JAVA C'est à un Céleste qui avait habité longtemps Manille que Ton doit l'introduction, dans ditïérents districts de la Résidence de Bantam (ouest de Java), de l'industrie des chapeaux de bambou qui fait vivre aujourd'hui plus de 60.000 indigènes. Ce chapeau, très souple, a le grand avantage sur le Panama et le Manille qu'il coûte beaucoup moins cher; cependant, on lui reproche de jaunir à l'air et de ne pas supporter le lavage. Généralement, ce sont les hommes qui découpent en lanières très minces et très étroites, l'écorce d'un bambou spécial et qui portent l'article fabriqué au marché. Les femmes et les enfants procèdent à la fabrication dans les u Kampongs » (villages). 11 ne faut pas moins de deux jours de travail pour tisser un chapeau qui se vend, sur place, 20 cents de florin, (environ 42 centimes de notre monnaie). On compte dix qualités, selon la finesse du brin, dix numéros, pour parler comme les Européens fixés dans le district de Tange- rang, qui, avec l'aide d'auxiliaires chinois et malais, achètent les chapeaux par milliers sur les marchés indigènes, pour les classer et les expédier ensuite en Europe et aux Etats-Unis. Depuis près de deux années, par suite de grands achats efl'ectués par des maisons françaises et du nouveau débouché trouvé sur le marché de New-York, les prix des chapeaux de bambou ont presque doublé à Java pour les qualités ordinaires et augmenté de 50 % pour les qualités moyennes et fines. Les chapeaux communs se paient notamment 17 et 20 cents de florin (un florin ou 100 cents = 2 fr. 085) au lieu de 10 et 12 cents il y a quelques années et le prix l'industrie des chapeaux a java 81 des derniers numéros peut atteindre 85 cents ; enfin un maximum de 6 florins est consenti pour les articles d'une rare finesse qui se vendent en France de 25 à 30 fr. La qualité extra-fine n'est pas à la portée de toutes les bourses ; elle réclame d'ailleurs deux mois de travail journalier. On doit remailler, sur les bords, les chapeaux qui sont toujours doubles et de qualités difïérentes, la partie intérieure étant toujours un peu moins fine. Les hommes, femmes et enfants qui exécutent ce travail assez minutieux sont payés un cent et demi de florin par chapeau ; un bon spécialiste parvient à remailler 30 chapeaux dans une journée, du lever au coucher du soleil, et gagne ainsi 0 fr. 94 environ. C'est un maximum de salaire auquel le meilleur tisseur ne saurait prétendre. Or, si ce dernier est à même d'accoupler les cha- peaux, le remailleur ne sait pas toujours tisser; mais la plupart des indigènes préfèrent gagner un peu moins en fabriquant le cha- peau dans un village de l'intérieur que de remailler dans la maison d'un acheteur européen ou tout au moins à proximité de sa demeure. Dès qu'ils ont été remaillés, les chapeaux sont plongés dans un bain de bisulfite de soude, puis séchés au soleil ; certains fabricants ont bien songé à leur donner une blancheur éclatante en se servant de l'eau oxygénée, mais l'administration des douanes des pays pro- tectionnistes, dans lesquels ils effectuaient des envois, ayant refusé d'imposer ces articles d'une extrême blancheur comme « chapeaux bruts», il a fallu en revenir au lessivage par le bisulfite de soude. Cependant cette opération qui enlève un peu de la coloration jaune sale du bambou, fait apparaître, sur certains chapeaux, des taches noirâtres, par suite de l'action chimique du sel de soude sur le jus riche en tannin des fruits du pays que mangent, en travaillant, les tisseurs et les remailleurs. Ces chapeaux tachés qu'on ne saurait distinguer sur les marchés d'achat et qu'il est impossible d'expédier en Europe, sont cédés à moitié prix aux Chinois de Batavia qui les teignent avant de les écouler dans le pays. Il faut espérer qu'un chimiste intelligent trouvera bien quelque jour un ingrédient propre à faire disparaître sur les chapeaux les taches en question. En attendant, un acheteur européen a trouvé un emploi pour les chapeaux tachés qui lui restaient pour compte : il en fabrique des casques insolaires. Le chapeau brut est placé sur une forme métal- lique chauffée au gaz, puis il est enduit d'un vernis destiné à lui Bulletin du Jardin colonial. 6 82 îiOTES donner la rigidité et l'imperméabilité nécessaire avant de le recou- vrir de toile blanche à l'extérieur, et de le doubler de satinette verte k l'intérieur. L'aspect original du chapeau de bambou peut être d'ailleurs modifié à l'infini, grâce aux formes de bois ou de métal, ainsi qu'au fer du chapelier. On en fait notammest de très jolis chapeaux de dames. Les Européens qui s'occupent de ce commerce doivent surveiller constamment leur stock, et procéder à des inventaires réguliers, car il n'est pas de blanc, aux Indes, que les Malais n'aient volé et le chapeau brut est d'un écoulement facile dans le pays de produc- tion, même sans l'aide d'un receleur chinois. Pour l'expédition, on emjDile les chapeaux à coups de pilon de fonte dans des vieilles c:iisses zinguées ayant servi à l'importation des allumettes suédoises et payées ici de 9 à 12 fr. pièce. On par- vient ainsi à en loger de 1 .200 à 2.100, suivant l'épaisseur du bam- bou, dans une caisse qui ne mesure que 610 décimètres cubes. Les envois k destination de l'Ancien et du Nouveau Monde se seraient élevés, en 1904, k 2.S00 caisses contenant environ quatre millions de chapeaux. Une seule maison de Tangerang (Javaj aurait expédiéjusqu'k 30.000 chapeaux par semaine. A une certaine époque, mais généi'alement vers le temps de la moisson du riz, la fabrica- tion n'est plus aussi active et les envois se ralentissent. Les chapeaux du Tonkin, commencés en carré comme ceux de Manille, ont une apparence plus grossière que l'article de Java com- mencé en bouton; de plus, ils sont simples et moins rigides par conséquent que les chapeaux doubles. On reproche en outre aux tisseurs tonkinois de découper Técorce du bambou en lanières trop épaisses. Le Département de la Marine k Batavia fait distribuer, depuis plusieurs années, aux matelots de l'escadre en station dans les eaux de l'archipel indonésien, des chapeaux de bambou. En ces derniers temps, le Département de la Guerre a suivi cet exemple. 11 a adopté, pour remplacer le casque insolaire des soldats de l'armée des Indes, un chapeau de bambou teint couleur kaki et relevé k la façon Boër, k droite ou à gauche, grâce k deux boutons- pression, selon la position du soleil. On ne saurait nier qu'un tel chapeau donne un air crâne et martial au soldat qui en est coiffé, mais on peut douter qu'il le garantisse, en tout temps, d'une insola- tion, .surtout en pays équatorial. l'industrie des chapeaux a java 83 Un manufacturier français établi à Java aurait reçu une com- mande de plusieurs milliers de ces chapeaux qui lui seraient payés \ fr. 50 pièce. Le commerce des chapeaux de bambou a été très rémunérateur à Java jusqu'en ces derniers temps ; mais, par suite de la concurrence de nouveaux acheteurs très compétents, les anciennes maisons ont diminué leurs expéditions. La rivalité commerciale née de cet état de choses a surtout profité aux indigènes ; les prix ont monté et sont restés stationnaires, la demande dépassant toujours la production grâce à l'ingéniosité des intermédiaires européens qui trouvaient de nouveaux débouchés. Suivent les adresses des maisons établies dans la résidence de Batavia qui s'occupent de l'expédition des chapeaux de bambou : L. Platon (maison française), Kali-Besar, Batavia (agent à Bor- deaux : Charmet, 49, rue Ligier). Olivier et C" (maison française) à Tangerang (Java), maison à Paris, 9, rue d'Argout. Petitjean (maison française) à Tangerang. Reiss et C° (maison hollandaise), Kali-Besar, Batavia. Maintz et C° (maison allemande), Kali-Besar, Batavia (maison à Paris, rue Saint-Georges, 28). Société Coloniale indo-belge, Kali-Besar, Batavia (agent à Anvers : Fasting et C°). Sutorius en G°, Kali-Besar, Batavia. Paul Serre, Vice-Consul de France à Batavia. IMPORTANCK COMMERCIALE DU CACAO POUR LA FRANCE ET SES COLONIES L'examen des statistiques officielles portant sur une période de dix années, par exemple, est des plus instructifs, et permet de sai- sir, dune manière positive, l'importance commerciale d'un produit donné en même temps qu'il explique les fluctuations de cours des denrées coloniales dont il se consomme en France, chaque année, des quantités considérables, et qui jusqu'à ce jour, malheureuse- ment, tirent leur origine, pour une trop grande part, des pays étrangers. Si nous prenons le cacao, nous constatons que les importations annuelles vont sans cesse en augmentant ainsi que le montrent nettement les chiffres ci-dessous : COMMERCE GÉNÉRAL Quantités totales de cacao eu fèves importées Années. en France. 1894 28.281 tonnes 1895 33.133 — 1896 28.629 — 1897 25.407 — 1898 35.979 — 18!)9 41.056 — lî»00 33.160 — 1901 33.259 — 1902 40.108 — 1903 44.726 — 1904 49.159 —1 Ces chiiïres représentent les quantités de cacao qui ont été apportées par l'étranger ou par nos colonies, et qui étaient desti- nées à la consommation, k l'entrepôt, au transit ou à la réexporta- 1. r,l;i(frcs provisoires. IMPORTANCE COMMERCIALE DU CACAO 85 tion. Ils indiquent, en résumé, les quantités de cacao offertes à la France de 4894 à 1904 inclusivement. Le tableau suivant précise le premier en montrant quelles ont été, pendant la même période, les quantités de cacao mises en con- sommation : COMMERCE SPÉCIAL Quantités mises en Années. consommation. 1894 14.874 tonnes 1895 15.243 — 1896 15.820 — . 1897 16.214 — 1898 -■..... 17.444 — 1899 17.756 — 1900 17.462 — 1901 17.914 — 1902..' 19.261 — 1903 20.741 — 1904 21.7991 - On voit que la consommation du cacao augmente en France puisque, en dix années, elle est passée de 14.874 tonnes à 21.799 tonnes, soit une augmentation de 7.000 tonnes en nombre rond. Cette progression dans la consommation, si elle est rassurante pour les producteurs français, n'est pas assez en rapport avec la progression des importations totales, lesquelles de 28.281 tonnes en 1894 se sont élevées à 49.159 tonnes en 1904. C'est certainement à cette dernière cause qu'il faut attribuer la baisse de prix constatée sur les différentes sortes de cacao. En effet, si nous prenons les sortes moyennes de cacao, prove- nant des colonies françaises, qui se vendaient au demi-droit, envi- ron 2 francs le kilogr., dans ces dernières années, nous voyons que les mêmes sortes, en 1904 et 1905, n'ont pu être vendues qu'au- tour de 1 fr. 80 le kilogramme, ce qui représente une baisse d'au moins 10 francs par 50 kilogrammes. 1. Chiffres provisoires. 86 NOTES Nous savons que le cacao provenant des colonies françaises est favorisé, à l'entrée dans la Métropole, par une détaxe de 0 fr. 52 par kilogramme. Voyons donc si la culture du cacaoyer est en voie de développement dans celles de nos possessions où le climat lui est favorable. Cela n'est pas douteux puisque, en 1896, la produc- tion de la Guadeloupe et de la Martinique était de 812 tonnes et celle des autres colonies françaises de 10 tonnes seulement. En 1904, la production totale a dépassé 1.000 tonnes pour l'en- semble de nos colonies, ce qui représente à peu près la vingtième partie de la consommation totale. Dans ce chiffre, la part des colo- nies autres que la Guadeloupe et la Martinique, est de 125 tonnes en nombre rond. EXPORTATIONS DE CACAO DES COLONIES FRANÇAISES EN 1904 Guadeloupe 625.784 kilogr. Martinique 318.9221 — Congo Français 91 .092 — Madagascar 19.411 — Comores 13.217 — Guyane 9 . 246 — Nouvelle-Calédonie 2 . 090 — Réunion 1 . 539 — Côte d'Ivoire 980 — Indo-Chine 264 — Total 1.082.545 — Cette production ne tardera pas à être dépassée, et nous sommes persuadé que grâce aux efforts faits dans différentes colonies, notamment à la Côte Occidentale d'Afrique, au Gabon, les quantités de cacao de provenance française tiendront, dans les importations totales, une part qui dans l'avenir augmentera d'année en année, pour le plus grand bien de nos nationaux et du commerce français. G. Chalot. Professeur à VEcole supérieure d'Agriculture coloniale. I . En 1902 la production de la Martinique a été de 435.462 kilos. La diminution cons- tatée en 1904 est certainement due aux pertes de toutes sortes, causées par les érup- tions vnlcnniqucs. LES INSECTES 87 LES INSECTES LES CLYTUS DU CAFEIER AU TONKIN M. Bouton a publié, dans les Comptes rendus de V Académie des sciences, novembre 1904 et juin 1905, des notes sur deux Xylo- trechus qu'il a observés au Tonkin. La première de ces notes est réservée au X. quadripes Chev. [Mém. Liège, XVIII, 1863, p, 315), qui vit sur le caféier; la deuxième, sur une espèce ennemie égale- ment du caféier et aussi du bambou, dont il ne cite pas le nom, et qui est le A. annularis Fab. Dans la dernière de ces notes, il suppose que le X. quadripes n'est qu'une forme modifiée de Vannularis par le changement de milieu, en passant du bambou au caféier. Je ne le crois pas ; les deux insectes sont bien différents et ils constituent certainement deux espèces distinctes. Annularis est une très vieille espèce, excessivement commune dans toute l'Indo-Chine. Quant à quadripes, ses dégâts sur le caféier sont connus depuis longtemps, ils ont été signalés de Madras, par M. Lecot [Bull. Soc. Ent. Fr., 1868, p. 302). La larve a été décrite et figurée par Dunning [Tr. Ent. Soc. Lond., 1868, p. 105 et p. 126). Richter lui a donné le nom de coffeophagus [Proc. Agr. H art. Soc. Madras, 1867). A la suite d'une communication de M. Capus, directeur de l'Agriculture à Hanoï, j"ai publié sur le quadripes une note dans le Bulletin du Jardin colonial (1903, p. 754). Fleutiàux. COMMUNICATIONS DIVERSES Expertises de cotons de Madagascar. — Le Jardin colonial a reçu der- nièrement deux échantillons de coton provenant de Madag-ascar. Ces cotons récoltés, l'un dans la province de Tuléar, dans le sud-ouest de la grande Ile, et l'autre aux environs de Marovoay, dans la région de Majunga, ont été communiqués à l'Association cotonnière coloniale qui a fourni sur leur volume les renseignements résumés ci-après avec les indications données par la Direction de l'Agriculture de Madagascar sur l'origine des graines employées. 1" Colon recueilli aux environ.'^ de Marovoay (province de Majunga, nord-ouest de Madagascar). Coton cultivé par les indigènes, provenant de graines envoyées à Madagascar par l'Association cotonnière coloniale sous le nom de « Variété B » et distribuées aux Malgaches de la région de Marovoay, par les soins de la Direction de l'Agriculture, à la lin de 1901. Les experts ont fourni sur ce coton lappréciation suivante : « Beau et bon coton, belle nuance dorée, brillante, très propre. .« Classement : Du bon fuUy good middling à middling fair, un peu mou. « Soies fortes et assez régulières, pleines, longues de 29 à 30 milli- mètres. « Valeur en décembre 1905 : 82 fr. les 50 kilos égrenés, sur base du terme à 76 fr. « Ce coton serait très désirable et de vente facile ; il conviendrait parfaitement pour les fabricants de bonneterie. » 2" Coton récolté dans la province de Tuléar. — Cultures faites par les indigènes dans des conditions peu satisfaisantes. « a] Graines : La graine de coton vaut actuellement (décembre 1905) entre 12 et 15 fr. les 100 kilos, mais l'échantillon préparé à Tuléar se compose de semences trop velues pour pouvoir être utilisées par l'indus- trie. « h) Fibres : Coton sale, mal égrené, peu désirable, soie très courte manquant absolument de force. Les cotons de cette qualité pourraient néanmoins trouver preneur au prix de 65 fr. les 50 kilos sur base du terme à 76 fr. » Des échantillons de ces deux sortes de coton sont conservés, à titre de renseignements, au Jardin colonial, dans la salle de l'Exposition Perma- nente de Madagascar. MAÇON, HKOTAT KHÈHEs, .MPK.MEURs L Editeur-Géraut ." A. Challamel. f-ANDÏI!EUX k C'^ ! 4, Quai de la Mégisserie, PARIS i -•j-i^' ■b^: LIANE A CAOUTCHOUC Landolphia Heudelotii i La Maison VILMORIN-ANDHIEUX ET C-, toujours sou- } cieuse d'être utile à sou importante clientèle, a cru devoir i s'occuper d'une façon toute particulière de l'importation et de la \-ulga- j risation des graines et plantes précieuses des pays chauds Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent i i certainement au premier rang des maisons recommandables pour |.( résoudre cette importante question. Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a I i obtenu 7 Grands Prix à l'Exposition Universelle de iqoo, dont un |< s[)écialemenl accordé pour son Exposition Coloniale En outre, le Jury |ii de la dernière Exposition qui a en lieu en igoâ. an Jardin Colonial de {' Nogeiit-sur-Marne, a confirmé les décisions du Jury de l'Exposition Uni- verselle en lui attribuant le Premier Grand Prix d'Honneur. Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désin- Icressce à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés, Jute, F0urcroyi(j gisrantea, etc. Plantes économiques- — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses', Coca, Kola, Tabacs divers. Thé d'Annam et d'Assam, etc. Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis, Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughbeia edulis, etc. Plantes à épices- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivrier, Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. j| Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'outre-mer sur-' l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Ward pour l'expédition des jeunes plants ou des graines en stratification GRAINES AGRICOLES ET- INDUSTRIELLES Graines d Arbres et d'Arbustes pour pays tempérés et tropicaux. Assortiments de Graines potagères. Fleurs, etc., appropriés aux différents climats. CATALOGUE SPÉCIAL POUR LES COLONIES FRANCO SUR DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. 6e Année Février 1906 N» 35 . 'i Inspection générale de l'Agriculture coloniale ] MliNISTÈRE DES COLONIES L'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU i JARDIN COLONIAL ET DES 5 i Jardins d'essai des Colonies Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à l'Inspection générale de V Agriculture coloniale au Ministère des Colonies PARIS Augustin CHALLAMEL, Editeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /er Janvier et du /er Juillet i Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr. La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. ': Les citations ou reproductions oartielles sont autorisées à condition de mentionner la source. i < PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feaiUcs (//■(tiul in-8" parait tous les deux mois PARIS — Augustin CHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies; : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE UES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles çjrand in-8° parait tous les mois PARIS — Augustin CHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLICATION TRIMESTRIELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. - Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial J'UBL/CA TION MENSUELLE i |i COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. — Colonies et Union postale, 6 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 6e année Février 1906 No 35 SOMMAIRE NEWVORK BOTANICAt QARDEN. DOCUMENTS OFFICIELS Pages Liste des récompenses de l'Exposition nationale d'agriculture coloniale 89 Nominations et mutations 106 Rapport de l'Exposition nationale d'agriculture coloniale, classe III. Produits des forêts 107 ÉTUDES ET MÉMOIRES Description et utilisation du cocotier, par M. Em. Prud'homme, directeur de l'agriculture de Madagascar 1 13 Les kolatiers et les kolas, par M. Jean Vuillet, chef du service de l'agriculture du Haut-Sénégal et Niger 129 Culture du cotonnier à la station expérimentale de Marovoay, par M. Duchêne, directeur de la station d'essai de Marovoay. 187 Les matières tannantes de nos colonies, par M. Paul Ammann, chef du service chimique au Jardin colonial i44 NOTES Note sur une floraison de bambous, T^av M. C. Chalot, professeur à l'Ecole nationale d'agriculture coloniale i54 Lés mouches et les maladies contagieuses, par le D"" A. Loir, pro- fesseur à l'Ecole nationale d'agriculture coloniale i58 Sur l'emploi de l'acide cijanhydrique pour la destruction des parasites, par M. L. Tillier, professeur de la Ville de Paris. . 169 U agriculture dans la vallée du Niger fOussounifing), par M. Du- mas, agent de culture de l'Afrique occidentale française 170 Formation de Bulbilles chez le Coleus Dnzo, par M. Marcel Dubard, professeur à l'Ecole nationale d'agriculture coloniale 172 Communications diverses 17^ Dans le cours de la cinquième année (igoS) « L'Agriculture pratique des Pays chauds » (bulletin du jardin colonial) a publié, outre les Documents officiels, 150 mémoires, notes et articles divers sur les cultures, l'élevage ou les productions des pays tropicaux ; ces articles contenant 267 photographies, figures ou croquis forment ensemble deux volumes in-8 de 536 pages chacun. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande. liR COIiliECTIOjM DE " L'Agriculture pratique des pays chauds " COMPREND A CE JOUR 6 V O L U .M E S 10 Juillet 1901 à Juin 1902 20 Juillet 1902 à Juin 1903 . . 3o Juillet 1903 à Juin 1904 . . 40 Juillet 1904 à Décembre 1904 50 Janvier 1905 à Juin 1905 6° Juillet 1905 à Décembre 1905 ... — 10 fr (Envoi franco contre mandat- poste) I vol. in -80. 20 fr 20 fr. 20 fr. 10 fr. 10 fr. Pour les abonnements, demandes de spécimen, rensei- gnements divers, publicité, adresser lettres et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librairie Maritime et Coloniale 17, rue Jacob, Paris. Demander le prospectus détaillé, contenant le titre de tous les articles de la collection, avec le nom de Fauteur, l'indication du Numéro dans lequel l'article a été publié. 6« Année Février 1906 N^ 35 PARTIE OFFICIELLE LISTE DES RECOMPENSES DE L'EXPOSITION NATIOx\ALE D'AGRICULTURE COLONIALE CLASSE I l'^^ Section. — Café, cacao, thé, vanille, girofle, etc. Hors Concours M. BouRDiLLAT. — Remerciements du Jury. M. Menier. — Remerciements et félicitations du Jury. Grands Prix. MM. BouiN et Regouin (vanille). C'® Coloniale du Gabon [exposition d'ensemble). C'" française de Kong [café). Direction de l'agriculture de Madagascar. Remerciements du Jury à M. Em. Prudhomme, Directeur de l'Agriculture et à ses collabora- teurs ,(MM. Deslandes, Fauchère, Jaeglé, Rollot et Nicolas) pour le zèle qu'ils ont apporté à la préparation de l'exposition permanente de la colonie. M. Fillot [kola frais). M. Gillot [producteur et importateur de café). MM. Prévost père et fils [cafés divers). MM. Lecoutev et Herbunot [kola frais). Médailles d'Or. MM. Jenot (Vatomandry). — Moyaux (Nossy-Bé). — Bouas (Mahorense- tra). — Mersanne (Nossy-Bé). — Giraud (Nossy-Bé). — Locamus (Nossy-Bé). — Frager. — Plaire Florent. — Guinet. — Huby [pour les vanilles). MM. DupuY. — Castel du Genêt. — Bauristhène. — Laroque. — Chan- Balletin du Jardin colonial. 7 90 DOCUMENTS OFFICIELS TEPIE. DUMONT. HoDOUL. — M.VIGROT. VeNOT. ChAMBRE d'agriculture de Madagascar {pour le cacao). MM. Dui'UY. — Bauristhùne. — Maigrot. — Chambre d'agriculture de Madagascar {pour le café). Syndicat central des agriculteurs de France (pour laide qu'il apporte aux producteurs en facilitant Técoulement des denrées coloniales). — M"'' Lacaze. — MM. Paul Chaffanjon. — De Combles. — Sluzansri {Produits divers). Me'dailles de Vermeil. — xM"'" Camille Kempf {vanille). — M. le D' Dyé. — Lafichij-e (Ihc, café). Grandes Médailles d'Argent. — Société du Haut-Ogoué {cacao). — Société DU Haut-Como {cacao). Médailles d'Argent. — MM. Golson, de la Réunion {vanilles). — Locamus, de Nossi-Bé {ensemble de son exposition). — Chapmann {vulgarisation de la kola). Mentions honorables. — MM. Mendoza-Conception [ensemble de son exposition). — Bloch (vanilles). — Casablancas {ensemble de son exposition). — Gouvernement de la côte des Somalis. — Jardin bota- nique DE Saigon. — Indes françaises. — Jardin d'essai de Libreville. Le Jury constate l'ellort fait par cet établissement pour développer et améliorer la culture du Cacaoyer au Gabon et adresse à ses direc- teurs successifs auxquels on doit des contributions de valeur sur cette culture, des sincères félicitations. Il pense que l'on peut citer comme exemple les travaux du Jardin d'essai de Libreville, sur le cacao, aux Services ag"ricoles des colonies. 2" SECTION. — Céréales, fruits, tubercules, etc. Grands Prix. Jardin botanique de Saigon. Direction de l'agriculture de Cochinciiine. Syndicat central des agriculteurs de France. Direction de l'agriculture de Madagascar (Station d'essais de Nani- sana). Médailles d'Or. M.M. Gaston Lecoutey et Eugène Herbunot, producteurs de manioc au Rio-Ponjjo (Guinée française). — Comice et syndicat agricole de Sétif ('Constanlinej. — M. Picot (Aïn-Kerma). — M. de Bo.nao à Bou- la ri k. KÉCOMPENSES A l'eXPOSITION d'aGRICULTURE COLONIALE 91 Médailles d'Argent. — MM. Locamus (Nossy-Bé). — Sluzanski (province de Majunga). — Gazeneuve (Gonstantine), — Commune mixte d'Aïn- TouTA. — Mayère (Gonstantine). — Ben Gana Agha (Mohamed ben el hadj). — Pradines (Batna, Gonstantine). — Vacher (Konakry). Médailles de Bronze. — MM. Sabatier (Madagascar). — Séverat (Gasa- mance). — ■ Marzac (Tunisie). — Bain (Gonstantine). — Giieikh Saïd- ben-Maache (Lambessa), — Villon (Gonstantine). Mentions honorables. — MM. Gharlot (Paris). — Mendielle (Alger). — Bourguignon (Oran). — Teule (Boufarick). — Labeunie (Relizane). — Razafindrazaka (Morondava"!. CLASSE II 1'^ SECTION. — Bœufs, moutons, etc. Grands Prix. Gouvernement général de l'Afrique Occidentale [ensemble de Vexposi- tion). Médailles dOr. Lot de bovidés Zébus du Niger. Exposé par le Gouvernement de l'Afrique occidentale. — Lot de bovidés Tauriens du Fouta-Djallon. Exposé par le Gouvernement de l'Afrique occidentale. — Lot de moutons, race à poils du Sénégal. — Lot de chèvres de Nubie, de Syrie et de Malte, exposés par M. Grepin à Brunoy (Seine-et-Oise). Médailles d'Argent. — Lot de bovidés Zebus du Sénégal, exposé par le Gouvernement de l'Afrique occidentale. — Lot de bovidés Tauriens (N'Dama au Sénégal) (idem). —■ Lot de moutons du Touat, exposé par M. le C^ Barronnier à Biskra. — Lot de moutons somalis et croisements Berrichon-Somalis, exposé par F Ecole d'Agriculture de Grignon. — Lot de moutons Malgaches et croisements 'Mérinos-Malgaches, exposé par le Gouvernement général de Madagascar. — Lot de chèvres du Soudan, exposé par le Gouvernement de l'Afrique occidentale fran- çaise. — Jeune éléphant d'Afrique, exposé par M. Ormières, — Lot de chèvres naines du Sénégal, exposé par le Gouvernement de l'Afrique occidentale, — Ouvrage sur l'élevage au Soudan, par MM. Pierre et Monteil. — Ouvrage sur l'élevage à la Nouvelle-Galédonie, par M. Lafforgue, ingénieur agronome. 92 DOCUMENTS OFFICIELS Médailles de Bronze. — Lot de moutons du Soudan, exposé par le Gou- VEKNEMENT génékal DE l'Afrique occidemtale. — Potaniochèrc du Congre, exposé par M. Prins. — Cuirs et peaux de chèvres au Soudan, exposés par M. Perignon. — Produits animaux divers, exposés par M, CuARLOT (importateur). — Documents et photographies concernant les animaux domestiques en Indo-Chine, présentés par M. Halot, vété- rinaire à Hanoï. 2*^ SECTION. — Volailles. Hors Concours. Lot de coqs et poules, Grands combattants, exposé par M. Chatignan. Lot de coqs et poules, Dénudés de Madagascar, exposé par M. Lefebvre (Nogent-sur-Marne). Médaille d'Or. Coqs et poules, Combattants de Madagascar, exposés par la Direction de l'Agriculture (Stations d'Essais de Nanisana). Médailles de Vermeil. — Coqs et poules, exposés par le Gouvernement DE l'Afrique occidentale française. — Lot de Canards de Barbarie. — Lot de coqs et poules de Hambourg argentés, exposé par M. Emile Carpentier (Montreuil-sous-Bois). Médailles d'Argent. — Oies royales de Madagascar exposées par la Direc- tion DE l'agriculture. 3<= SECTION. — Entomologie et animaux invertébrés. Hors Concours. Jardin colonial. Direction de l'Agriculture de Madagascar. Laboratoire d'Études de la soie de Lyon. Médailles d'Or. M. DE Labonnefon. — MM. François Fischer et Dautzenberg. — M. Blaise. — M. Gascard. — Direction de l'Agriculture et du Com- merce DE Tunis. Médailles de Vermeil. — M. Bondonneau (appareils agricoles). — M. Mo- KET (^appareils apicoles). RÉCOMPENSES A l'eXPOSITION d'aGRICULTURE COLONIALE 93 Médailles d'Argent. — M. Miot (collections d'insectes). — M. Lelong du Dréneuc (coupes de fils de soie). — M. Lalandre (Madagascar) (cocons). — M"^ Lemaire (Madagascar) (cocons). — M. Ducrêt (rucher modèle). Société a Madagaskara » (cire). — M. Guiciiard (Madagascar) (cire). — M. DupuY (Madagascar) (cire). — M. Ducroquet (miel et cire). — M. Hégelé (cocons de Madagascar). — M. Massé (cocons de Madagas- car). — M. Char LOT (cire). CLASSE III Bois. Grand Prix. Ville de Paris pour Tensemble de son Exposition. Médailles d'Or. C'® Française du Congo occidental. — Résidence de Kompong-Thom (Cambodge). — Direction de l'Agriculture de Tunisie. — Scierie de la Côte d'Ivoire. Médaille de Vermeil. — M. Poeéguin (Guinée). Médailles d'Argent. — Direction de l'Agriculture de Madagascar. — Société du Haut-Ogooué. — Gouvernement du Sénégal. Médailles de Bronze. — Chambre d'Agriculture de Pondichéry. — M. Bourguignon (Algérie), — Société d'élevage et d'alimentation de Madagascar. — Société de la Côte de Guinée. CLASSE IV Génie rural. 1° Instruments et machines pour le travail du sol. Médailles d'Or. M. Besnard (Maris et Antoine) (alambics). — 'M. Pilter (machines agri- coles). — M. Emile Puzenat et fils (machines agricoles). — M. Gui- CHARD (machines agricoles). 9i DOCUMENTS OFFICIELS Médailles d'Argent. — M. Breton-Greuer (machines agricoles). — M. Darloy-Renallt (machines agricoles), — M. Vertheimer (faux et faucilles, etc.). — MM. Lasmolle et de la Faye (pompe et à vin et à eauK Médailles de Bronze. ~~ M. Albin Loebel (appareil à badig-eonner). 2" Instruments et machines pour la préparation des récoltes. Médailles d'Or. M. Mayfartii (divers appareils à sécher les bananes, à égrener, etc.). — M. Billioud (divers trieurs et déparchemineurs). — M. Pilter (divers trieurs à riz). • — Société générale Meulière (divers trieurs à riz). — M. Farcot fils (séchoirs à fruits). — M. Furrer-Prûs (séchoirs à fruits). Médaille d'Argent. — MM. Sauzay frères (machines agricoles). Médaille de Bronze. — M. Billy (divers trieurs). 3° Manèffes, moteurs divers et moulins à vent. Médailles d'Or. MM. Getting et Jonas (courroies « Titan »). — M. Aubert (machines à vapeur, locomobiles). — M. Pilter (moteur à vent). — M. Inchauspé (moteur nouveau modèle, à gaz pauvre). Médaille d'Argent. — M. Gauchot (moteur et dynamo). 4° Appareils hydrauliques. Grand Prix. M. René Arr.\ult (appareils de sondage). Médailles d'Or. MM. Sauzay frères. — M. Daubron. Médailles d'Argent. — M. Pire (nouvel élévateur d'eau). — MM. Couppez et Ciiapuis (élévateur d'eau). — M, Marchand (Madagascar) (nouvelle pompe « Tourniquet »). Médaille de Bronze. — M. Jonet (puits de sécurité). RÉCOMPENSES A l'eXPOSITION d'aGBICULTURE COLONIALE 95 5" Appareils de transport. Médaille d'Or. M. Marcou (voitures de transport et d'ambulance). Médailles d'Argent. — M. Camille et fils (colliers, sellettes et bâts). M. CouRTiN (voiture normande). Médailles de Bronze. — M. Allié (matériel de transport). — M. Pacquis (colliers). 6° Constructions coloniales. Médailles d'Or. M. KiRCHNER (machine à travailler le bois). — MiVT. Besnard (Maris et Antoine). — M. A. Boulet et C'® (machine à fabriquer les tuiles). — M. Conza (tente et matériel de campement). — MM. Michaux et Gan- DELOT (une maison coloniale en fibro-ciment). — G'" des Constructions démontables (une construction). Médailles d'Argent. — M. Gillet (une maison démontable en bois). — M. Th. Lemaire (divers poulaillers). — M. Brousset (poinçonneuses portatives). — Industrie internationale (un nouveau produit « Le Rube- roid »). — M. Weber (divers fours portatifs). — M. Ghampesme. — GoMPTOiR d'élevage (divcps poulaiUcrs) . — M. Schweitzer et G"^ (mou- lins à bras). Médailles de Bronze. — M. Bugnot(« le couvreur idéal »). — M. Lebrun (nouveau système de cafetière). — M. Flem (tente et appareil de cam- pement). 7° Matériel et outillage divers. Médaille d'Or. M. KuGELSTADT (basculcs de poche et pèse-bétail). Médaille d'Argent. — M. Frédéric Fouché (autoclaves et alambics). Médaille de Bronze. — M. Vialis (écrémeuses). y() DOCUMENTS OFFICIELS CLASSE V 1''^ SECTION. — Textiles. Hors Concours. MM. Saint frères (Jute). DlRKCTION DE l'AgRICILTURE DE MADAGASCAR (cîenlelles). Grands Prix. Gouvernement général de l'Afrique occidentale. M. Ll\ud (chapeaux de Madagascar). M. Roche, Victor (tissus de rabanes). Médailles dOr. M. Mathieu, à Madagascar. — MM. Poisson et Lefebvre (produits obte- nus par dégommage. spécial). — M. Delignon (tissus de soie de Tlndo- Chine). — Direction de l'Agriculture de Madagascar (chapellerie et sparterie). — Service de l'enseignement de Madagascar (sparterie et chapeaux). — Direction de l'Agriculture de Madagascar (station d'essais de Fort-Dauphin). — M. Fasio (Algérie) (fibres d'Agave). Médailles de 'Vermeil. — M. Pissard (ramie et tourbe). — M. Veinschenk (Kapok). Médailles d'Argent. — M, Levacher (kiosque en tissus de raphia). ^ MM. Blaghon et Péret (dégommage de la ramie et autres textiles). — M. Herseciier (Madagascar) (cotons). — M. Mersanne (cotons de Madagascar). — M. Germain (cotons de Madagascar). — M. Moyaux (cotons de Madagascar). — M. Sluzanski (cotons de Madagascar). Médaille de Bronze. — M. Michotte (produits obtenus en ramie par dégommage spécial). 2'- SECTION. — Caoutchouc, gutta-percha, gommes, minerais, etc. Hors Concours. Société générale des procédés d'extraction du caoutchouc. Sultanats du Haut-Oubangui (Congo français). Société de l'Ekei.a-Kadei-Sangha. RÉCOMPENSES A l'eXPOSITJON d'aGRICULTURE COLONIALE 97 Grands Prix. Afrique Occidentalf (Direction de l'Agriculture) (caoutchoucs). Madagascar (Direction de TAgriculture) (caoutchoucs). M. Edeline (caoutchoucs manufacturés). M. François, Grellou et G'" (caoutchouc et g-utta-percha). Société Industrielle des Téléphones (caoutchoucs bruts et ouvrés). Société anonyme des anciens Etablissements J.-B. Torriliion (caout- choucs manufacturés). M. Michelin et G'" (caoutchoucs manufacturés). M. Vincent et G'" (sel aggloméré). Médailles d'Or. M. André Grimault (pépites d'or de Madagascar). — Société La Kotto (Gongo français) (caoutchoucs). — M. J. de la Fresnaye (gutta-per- cha). — M. Armet de Lisle (minerais radifères). — The Gonstantine Phosphate G" et Société des Phosphates de Tébessa. — M. Louis Weinschenk (gomme-gutte et huile de kapok). — M. Zotier à Diego- Suarez (Madagascar) (caoutchouc). Médailles d'Argent. — M. Dupuy (Madagascar). — M. Guichard (Mada- gascar). — M. Moussu (Madagascar). — M. Joseph Severat (Gasa- mance). — Salines de Diégo-Suarez. 3« SECTION. — Matières grasses. Hors Concours. M. MiCHAUD (savons). M. Milliau (huiles diverses). Grands Prix. Gouvernement général de l'Afrique occidentale. M. Vidal-Engaurran (saindoux, huiles, margarines). MM. Rocca-Tassy et de Roux (coprah et huiles). MM. PiLLET ET d'Enfert (huilcs essentielles). Sahel tunisien (savons et huiles industrielles). Médailles d'Or. M. Robin (Madagascar) (essence d'ylang-ylang). — Société Oléicole de Sfax (huiles). — M. Glouet des Pesrughes (Paul) (huile d'olives). — M. Mathieu, à Bérafia (cocos et huile de cocos). 98 DOCUMENTS OFFICIFXS Médailles d'Argent. — M. Talansier (lait). — Union des Propriétaires FRANÇAIS DE Sfax (huilc). — M. Marquet (conserve de jaunes d'œufs et albumine). — M. Philipp (Bougie). — M. Ben-ali Ghérif (Bou- g-ie) (huiles algériennes). — M. Riquet à Allagan (Constantine) (huiles algériennes). — • M. Mauret (Bougie, Comice agricole), huiles algé- riennes. — M. DE Médina (huile d'olives). Médailles de Bronze. — M. Petrucci (huiles d'olive). — M. Weinschenk (huiles de kapok). — M. Routboul (huile d'olive). — M. Gandus (huile d'olive). — Graines oléagineuses : M. Verdenet, à Oued-Amizour. — M. MouRGUES à Tazmalt. — MM. Rousselet et Benoit. Mentions honorables. — M. Lamolère (teinture). — M. Cahour (ara- chides). — Résidence de Kompong-Tiiom (huiles et résines de bois). — M. Simon (parfumerie). — • M. Ribard. MM. Bataglia, à Akbou. — Bugnot. — Candrillier et Driard (Akbou). — Cazeneuve (Tlemcen). — Escary (Seddouk). — Ferrouillat (Oued Amizour). — Hammaouy (Allagham). — Magné (Chefka) et Raymond (Mouza la Mine). — Société des Huileries de Guelma. — Lasseriot (El Kseur). M. Rouyer et C"' (Bougie). MM. Arricau (Mascara). — Belkacem-Sliman (Abkou). — Nobles (Claude). — Parodi (Tlemcem). — Pratard (Azazga). — Pouzo (El Arrouch). — Richaud (Akbou). — Bataille (Allaghan). — Borel. — Bouscasse. — Broc — David. — Donain. — Havard. — Hurtrelle. — Merlot et Puyon. — Rouyer (Paul). — Thomas frères. — Teules et Saubrion. 4" SECTION. — Vins, cidres, bières, eaux-de-vie, alcools. Diplômes d'honneur. — Comice agricole de Médéa (Alger). — Société d'Agriculture d'Oran. — Comice agricole de Souk-Ahras (Constan- tine). — MM. Bardoux-Keller et Pernin (Oran). — MM. Barnaud et Renejam (Bougie), pour liqueur de mandarines. Grandes Médailles d'Or. — Comice agricole de Koléa (Alger). — Comice agricole du Sahel (Douera -Alger). — Syndicat agricole de Mascara (Oran). — Syndicat agricole de Tlemcen (Oran). — Société d'Agri- culture DE Tlemcen (Oran). — Société d'Agriculture de Constan- tine. — Comice agricole de Philippeville (Constantine). — Direction DE l'Agriculture et du Commerce de Tunisie. RÉCOMPENSES A l' EXPOSITION d'aGRICULTURE COLONIALE 99 Médailles d'Or. — ■ Comice agricole des Aribs (Aïn-Bessem, Alger). — Comice agricole de Boufarick (Alger). — Syndicat dit Zaccar, à Miliana (Alger). — Comices agricoles de Bône, de Batna, de Djidjelli. — Syndicat agricole de Guelma. — Syndicat agricole de Sétif. Grandes Médailles d'Or. — Déparlemenl d'Alger. — M. Durand (Pierre) > à Aïn-Bessem. — M. Boisset, à Médéa. — M. Humbert, à Berrouaghia. M. Camy (F.), à Loverdo. — M. Mallais, à Aïn-Bessem [pour Ven- semhle de leurs produits). Département d'Oran. — M. Lamur (Louis), à Oran. — • M. Durand ■ (Charles), à Arcole. — Parodi (Charles), à Tlemcen, pour V ensemble de leurs produits. VINS BLANCS Médailles d'Or. — Département d' Alger. — M. Bloch (Nathan), à Aïn- Bessem. — M. Bernault (Baptiste), à Douera. — M. Domain-Brin- court, à Cherchell. — M. E. Despaux, à Meurad. — M. Péan, à Médéa — M. Fenagutti, à Douera. Déparlement d'Oran. — M. Ryckwaert (Paul), à Arlal. — M. Théus (Paul), à Arlal. — M. Carrafaug, à Mascara. Département de Conslantine. — M. Maurice Bonnefoy, à Constantine. Tunisie. — Ecole d'Agriculture de Tunis. Grandes Médailles d'Argent. — Département d'Alger. — Crédit Foncier, à Hammam R'hira. — M. Laurens (Albert), à Koléa. Département d'Oran. — M. Vàndelin Knecht, à Fleurus. ' Médailles d'Argent. — Département d'Alger — M. Albert Viol, à Koléa. — M. DE BoNNo, à Boufarick. — M. Valla (Louis), à Médéa. — M. Cabanes (Hippolyte), à Douera. — M. Malbert, à Milianah. Département d'Oran. — M. Ricaud, à Oran. — M. Seaut (Théodore), à Bouguirat. — M. J. Dolfus, à Tlemcen. — M. Clerc (Élie), à Aïn- Tédéles. Département de Constantine. — M. Chamois (Charles), à Souk-Ahras. — M. Labarrère (Eugène), à Lambessa. — M. Chollet (Albert), à Sétif. Médailles de Bronze, — Déparlement d'Alger. — M. Gossein, à Médéah. — M. Maten (Louis), à Loverdo. — M. Démangeât (Lionel), à Douera. — M. Raffin, à Boufarick. — M. Mozon, à Rhegaïa. — M. Malbois, à Aïn-Bessem. — M. Filhiol (Gustave), à Aïn-Bessem. — M. Duchon (Louis), à Koléa. 100 DOCUMENTS OFFICIELS Département d'Oran. — M. J.-M. Bal, à Saint-Cloud. — M. Bichon (Ed.), à Oran. — M. Thorin (Emile), à Pont-Albin. — M. Geghre, à Mascara. — M. Saiptour (Georg-es),à Tlenicen. — M. Buzenat, à Oran. — MM. FouRNH, FRÈRES, à Mascara. — M. Tristan, à Mascara. — M. Mercier (Jean), à Tlemcen. Département de Constantine. — M. Aquilina (Joseph), à Souk-Ahras. — — M. Betch (Célestin), à Jarouria. — MM. Vaccaro frères, à Souk- Ahras. — M. Raucaz (M. -F.), à Souk-Ahras. — M. Bist (Biaise), à Souk-Ahras. — MM. Andriny frères, à Ain-Seymour. ■ — MM. Thomas frères, à Héliopolis. — M. Keller (Jules), à Philippeville. — École d'Agriculture de Philippeville. VINS ROUGES Médailles dOr. — Département d'Alger. — M. Gast (Barthélémy), à Loverdo. ■ — M. Crouzier (Baptiste), à Aïn-Bessem. — M. Bloch Nathan, à Ain Bessem. — M. Marim, à Milianah. — M. Goret (Gabriel), à Loverdo. — M. Péan, à Médéah. — MM. Gristi frères, à Médéah. — M. Maten (Louis), à Loverdo. — M. Fallet (Jean), à Médéah. — M. Hamo (Abel), à Damiette. — M. Bastien (Paul), à Milianah. — M. Plantier, à Milianah. — Crédit Foncier, à Hamniam- R'hira. — M. Martin Saint-Léon, à la Rhegaïa. — M. Bergue (Barthé- lémy), à Koléa. Département d'Oran. — M. Elie Clerc, à Aïn-Tédèlès. — M. Masson (Ernest), à Fleurus. — \'euve Gibergues, à Oran. — M. Léonard (Léon), à Tlemcen. — M. Kappler (Joseph), à Mascara. Département de Constantine. — C''' Genevoise, à Sétif. — M. Fug, à Guelma. Tunisie. — M. Grégoire Agnère, à Tunis. — École d'Agriculture, à Tunis. Grandes Médailles d'Argent. — Département d'Alger. — M. Gossein, à Médéah. — E. de Nonancourt, à Mouzaïaville. Département d'Oran. — M. Théls, à Oran. — M. Arrican, à Mascara. — M. Cabassot (Em.), à Mascara. Département de Constantine. — M. Ghanois, à Souk-Ahras. Médailles d Argent. — Département d'Alger. — M. Couteron, à Médéa. — M. DE Blay, à Aïn-Bessem. — M. Blayac, à Médéa. — M. Goste (Ernest), à Aïn-Bessem. — M. Lamestroff, à Damiette. — M. Gantié, à Aïn-Bessem. — M. Marty (Guillaume), à Ben-Chicao. — M. Resti- RÉCOMPENSES A l'eXPOSITION d'aGRICULTURE COLONIALE 101 CHELLi, à Margueritte. — M. Malbert, à Milianah. — M. Allarousse, à Milianah. — • M. de Bonno, à Boufarick. — M""^ veuve Gontard (Léon), à Douera. — M. Amilhac (L.), à Douera. — M. Fenagussi (Et.), à Douera. — M. Cabanis (Hippolyte), à Douera. — M. Duchon (Louis), à Koléa. — M. Mesnil-Arnaud, à Koléa. — • M. Vaqué (Élie), à Médéa. — M. Izard, à Lodi. — M. J. Delvert, à Aïn-Bessem. — M. Stever- LiNK, à Rheg-aïa. — M. Sabathier, à Marengo. — M. Démangeât, à Douera. — MM. Benoit et Lévy, à Douéi^a. Département d'Or an. — M. Cordonnier (Jules), à Misserghin. — M. Pra- DEL (Jean), à Oran. — M. Espéron (Médéric), à Fleurus. — M. Soip- teur (Georges), à Tlemcen. — M. Thesmar, à Tlemcen. — M. J. Doll- Fus, à Tlemcen. — M. Delonca, à Ras-el-Ma. — MM. Fromentat frères, à Fleurus. — M. Boux, à Bou-Afer. — M. Cazeneuve, à Tlemcen. — M. Barthe (Jean), à Bréa. — D"" Gros, à Mascara. Département de Conslantine. — M. Maxime Bonnefoy, à Constantine. — M. A. Augras, à Rénier. — M. Ehrlacher, à Guelma. — MM. Roujal FRÈRES, à Héliopolis. — M. Paul Drezet, à Souk-Ahras. — M. Gerio- jioLi (Flavio), à Souk-Ahras. — M. Raugaz (Joseph), à Souk-Ahras. — — M. Vaccaro (François), à Souk-Ahras. — MM. Heurtau frères à Souk-Ahras. — M. Fabre (Camille), à Souk-Ahras. — M. Moulins, à Rénier. — Ecole d'Agriculture de Philippeville. — M. Grima fils, à Philippeville. — M""^ veuve Rimaldi, à Souk-Ahras. — MM. Andrini frères, à Aïn-Seymoud. Tunisie. — M. Félix Ducroquet, à Tunis. Médailles de Bronze. — Département d'Alger. — M. Malleval (Joannès), à Loverdo. — M. Masson, à Hammam R'hira. — M. Payrousse (Pau- lin), à Loverdo. — M. Kadouche (David), à Médéah. — M. Cailleau (Eug.), à Ben-Chicao. — M. Lapostolle, à Médéah. — M. Filliol (Gustave), à Aïn-Bessem. — M. Armand (Robert), à Drariah. — M. Brincourt, à Cherchell. — M. Daboussy, à Boufarik. — M. Gontard fils, à Douera. — M. Paris (François), à Douera. — M. Foulon (Bap- tiste), à Ben-Chicao. — M. Bondeau, à Guyotville. — M. Bernault, à Douera. — M. Viol, à Koléa. Département d'Oran. — M. Cordonnier (Eugène), à Misserghin. — M. Mathis (Léon), à Mostaganem. — M. Vaudelin-Knecht, à Fleurus. — M. Mairin, à Quilles (Oran). — M. Barbe (Charles), à Tlemcen. — M. Barthe (Michel), à Tlemcen. — M. Brette (Augusto), à Tlemcen. — M. Descaunet, à Tlemcen. — M™*^ veuve Boyer (Barthélémy), à à Tlemcen. — M. Lamassoure, à Tlemcen. — M. Barthe (Laurent), à Mascara. — M. de Saunie, à Mascara. — M. Louis Giraud, à Mascara. — M. Thorin, à Pont-Albin. — M. Kikwaert, à Arbal. — M. Lejosne, 102 DOCUMENTS OFFICIELS à Oran. — M. Rigaud, à Oran. — M. Barthe (Louis), à Bréa. — M. Rey fils, à Oran. — M. Nogaro, à Tlemcen. — M. Soipteur (Hilaire), à Tlemcen. — M. Bardou (Henri), à Oran. — M. Ghomet, à Mascara. Département de Constantine. — M. Ferrando, à Aïn-Smara. — M. Lau- ZAT, à Philippeville. — M. Rudmann (Piètre), à Guelma. — M. Bap- tiste André, à Souk-Ahras. — M. Verney (Joseph), à Souk-Ahras. — M. Raucaz (Maurice), à Souk-Ahras. — M. Goy (Joseph), à Souk- Ahras. — M. Jacquelin père, à Souk-Ahras. — C'" Genevoise, à Sétif. — M. Magné, à Chefka. — MM. Thomas frères, à Héliopolis. — M. Amann, à Guelma. — M. Petit (Auguste), à Aïn-Seymour. — M. EspiTALiER, à Aïn-Seymour. — M. Bonthou, à Aïn-Seymour, — M. Pedroletti, à Souk-Ahras. VINS ROSES Médaille d'Or. — Département d'Oran. — M. Jarsaillon (Edm.), à Oran. Médailles d'Argent. — Département d'Alger. — M. de Bonno, à Boufa- rick. Département d'Oran. — M. Rey fils, à Oran. Médailles de Bronze. — Département d'Alger. — M. Bernault, à Douera. Département d'Oran. — M. Fromental, à Oran. — M. Varnery, à Valmy. Département de Constantine. — MM. F. et S. Grima, à Philippeville. — M. Raucaz (Maurice), à Souk-Ahras. — M. Vella frères, à Souk- Ahras. — M. Pienelli, à Souk-Ahras. VINS MOUSSEUX Médaille d'Or. — Département d'Alger. — M. Despaux, à Meurad (Alger). VINS DE LIQUEUR Médaille dOr. — Département d'Oran. — M. Lucien Rey fils, à Oran. Médailles d'Argent. — Département d'Alger. — M. Liautard, à Boufa- rick. Département d'Oran. — M. Eugène Varnery, à Oran. — M. Lucien Gar- TAVEZ, à Mascara. RÉCOMPENSES A l'eXPOSIÏION d' AGRICULTURE COLONIALE 103 Médailles de Bronze. — Département (VOran. — M. Dolfus, à Tlemcen. — MM. EscuDiER PÈRE ET FILS, à Saiiit-Denis-du-Sig. Département de Constantine. — M. Kessler (Charles), à Souk-Ahras. — M. Barraco (André), à Souk-Ahras. — M. Marizot, à Djidjelli. EAUX-DE-VIE Médaille d'Or. — Département (TOran. — M. Adolphe (Élie), à Saint- Gloud. Médailles d Argent. — Département d'Alger. — M. Daboussy (Ferdi- nand), à Boufarick. — M. Marini, à Milianah. Département d'Oran. — M. Bernard Mendielle, à Tassin. Département de Constantine. — M. Raucaz (Joseph), à Souk-Ahras. Médailles de Bronze. — Département d'Oran. — M. Gilles (Etienne), à Rio-Salado. Département de Constantine. — M. Andriny, à Aïn-Seymour. — M. Espi- TALLiER, à Aïn-Seymour. — M. Raucaz (Maurice), à Souk-Ahras. — M. SiNiBALDi, à Souk-Ahras. Ile de La Réunion. — Médaille d'Or. — M. Colson et C'^ à Saint- Louis, pour ses Rhums. Madagascar. — Médaille d'Or. — M. Mersanne, à Nossi-Bé, pour Rhum. — M. LocAMus, à Nossi-Bé, pour Rhum. — M. Giraud, à Nossi-Bé, pour Rhum. — M. Dupuy, à Tamatave, pour Rhum. — M. Mathieu, à Bérafia, pour alcool de coco et vinaigre. FRANCE [Exportation). BIÈRE Médaille dOr. — Bière du « Dragon », de la Brasserie générale du Midi. PRODUITS ŒNOLOGIQUES Diplôme d'Honneur. — Syndicat central des fabricants de produits OENOLOGIQUES DE France, lO, PUB de Lancrj, Paris. — Dujardin, succes- seur de Salleron^ 24, rue Pavée, Paris. 104 DOCUMENTS OFFICIELS CLASSE VI l"' SECTION. — Stérilisateurs. Médailles d Or. Syndicat i'kéliminaike a la G'*^ des iîaux potables stérilisées. — C"^ géné- rale AÉROHVDRAULiQUE. — G'*' GÉNÉRALE DU « Sanudor » (stérilisation de Teau par l'ozone). — G'*^ pour la fabrication des compteurs et maté- riel d'usine a gaz. Médailles d'Argent. — MM. Lasmolle et de La Faye (stérilisateurs et appareil à rincer et à stériliser les fûts). — MM. Guéret frères (filtres stérilisateurs). — G''^ des filtres pasteurisants. — Pasteurisateur Périllot (Lasmolle et de La Paye). Médaille de Bronze. — M. Tellier (Gh.) (stérilisateur). Mention honorable. — M. Ducourtioux jeune (stérilisateurs de lait). 2^ SECTION. — Hygiène, liabitation, vêtements, appareils de désinfection, produits pharmaceutiques, etc. Grands Prix. D"" Battesti, Président de la « Ligue corse contre le Paludisme ». C'^ DU gaz Glayton (procédés et appareils de désinfection, destruction des rong-eurs et insectes, extinction des incendies). Pharmacie centrale de France (produits pharmaceutiques). Médailles d'Or, M^L Priou et Ménétrier (matériel de pansements pour les colonies). — M. Vermorel "(appareils pour Tépandage des désinfectants). — MM. Gahen ET GuiLLiERME (unc moustiquaïre) . — Maison Marot-Her- BELOT frères (appareils pour la désinfection). — M. Landrin (produits pharmaceutiques). — M. Gillet (protection contre les moustiques). — M. Stiassnie (microscopes et loupes). Médailles d'Argent. — MM. Leune (appareils de laboratoires). — Société Paiush-nm: DANTisEPsiE ((( Luzofomie »). — M. PouLEisc (cantines de microgn-aphie). — « La Maya Bulgare », M. Garnier (ferment lac- tique). — M Le lait Sanzo » (lait solide), M. Gossart. — M. L. Vinay RÉCOMPENSES A l'eXPOSITION d'aGRICULTURE COLONIALE 105 (lunetterie et loupes). — Eaux minérales du Pestrin, M. Courthial, propriétaire. — • Eaux minérales d'Hamman R'hira. Médailles de Bronze. — MM. Audibert et C''^, pour produit « Le Sani- tor » et appareils de désinfection. — C'*^ générale de l'élevage (pour désinfectant « Le Sano »). — MM. Chénegros etD"" Le Maguet (trousses hypodermiques). — M. Rouillon (nouvelles peintures). — MM. Gollin ET G'" (El-Kossam). — M. Petel (équipements coloniaux). — M. Geb- HARDT (casque insolaire en liège pour chevaux). Mentions honorables. — M. Gomballt (produits vétérinaires). — M. Mon- tagu (ferrugine). — M. Detourbe (pavillons enduils d' « asol >>). CLASSE VII Enseignement, publications de documents. Hors Concours. Ministère des Golonies. Office colonial. Gouvernement général de l'Algérie [Office de r Algérie, Chambrées de Commerce, Chambres de V Agriculture). Résidence générale de la Tunisie. Direction de l'Agriculture de l'Indo-Giiine. Direction de l'Agriculture de ^Lvdagascar. Golonie de La Réunion. Institut Pasteur. GoMiTÉ DE Madagascar. M. You (membre du jury, ouvrages sur Madagascar). Grands Prix. Librairie Challamel (éditions coloniales). Dépêche coloniale illustrée. Ecole d'Agriculture de Tunis. Médailles d'Or. Librairie Amat. — Librairie Masson. — M. Vilbouchevitch [Journal dWgricuUure tropicale). — M. Deydier (ingénieur chef du Service Bulletin du Jardin colonial. 8 106 DOCUMENTS OFFICIELS des Travaux publics à la Guyane, pour ses travaux et collections). — M. HE GiRONcoLîRT (photographies et collections de Madagascar). — M. Golmet-Daage (dessins et tableaux d'histoire naturelle). — Asso- ciation DKs Chimistes de sucrerie et de distillerie. — M. Clément (tableaux et dessins d'histoire naturelle. — École de la Chambre syndicale des dentelles de Paris. — École du Parangon a Joinville- LE-PoNT. Médailles de Vermeil. — M. Gaitiiier-\'illars, éditeur. — ^LM. Boy veau et Cmeviu.et (codes télégraphiques). — M. Lutz (publications). — M. Pehrot (publications). — Capitaine Pérignon (documents, photo- graphies el collections). — M. Demoulin, instituteur (collections de i Office colonial scolaire). — Société de propagande coloniale. — Action maritime et coloniale et Comité de l'Océanie française. Médailles d Argent. — Librairie horticole {Le Jardin). — Journal « Le Caoutchouc et la Gutta-Percha ». — M. L.vtière (publications). — M. GuEGUEN ( publications). — Association Polytechnique de P.\ris (section du Tonkin). — Comice agricole de Boufarick. — Comice AGRICOLE DE BouGiE. — M. Maumené (du joumal Le Jardin]. — Syndi- cat CENTRAL DES AGRICULTEURS DE FrANCE. SoCIÉtÉ d'AgKICULTURE DE CoNSTANTINE. Médailles de Bronze. — Association pour favoriser le placement gratuit des Français à l'étranger et aux colonies. — AL Taupin à Hanoï (Col- lection de cartes postales). Mentions honorables. — « La France Coloniale ». — Société de Colo- nisation FRANÇAISE. SoCIÉtÉ CENTRALE d'.AgRICULTURE COLONIALE. NOMINATIONS ET MUTATIONS Guyane Par décision du Gouverneur de la (hiyane,en date du 9 décembre 1905, M. A. Henry, docteur en médecine, agriculteur, a été nommé membre de la Chambre d'Agriculture de Cayenne en remplacement de M. Charles Galliot décédé. Exposition nationale d'agriculture coloniale 1905 Classe III. PRODUITS DES FORÊTS Bois. RAPPORT DU JURY' Les exposants de la classe III étaient au nombre de seize ; leurs envois ont permis de constater une fois de plus la variété iniinie des essences coloniales et les multiples applications qu'elles pourraient recevoir. Mal- heureusement, à part quelques bois dont l'introduction dans l'industrie est déjà ancienne — l'acajou, Tébène, le teck par exemple — la plupart des essences exotiques sont encore mal connues des industriels et des commerçants et, comme tous les produits nouveaux, elles ont à lutter contre la méfiance et l'hésitation des acquéreurs. Des expositions comme celle de ce jour ont le grand avantage de révéler des richesses insoup- çonnées du plus grand nombre ; elles gagneraient encore en intérêt pra- tique si tous les exposants s'astreignaient à donner sur leurs envois les renseignements circonstanciés d'ordre commercial et technique qui sont seuls susceptibles d'intéresser le visiteur sérieux et de provoquer ses achats; mais ce serait sans doute trop demander actuellement; l'exploita- tion des bois de nos colonies françaises ne paraît pas s'être encore créé un marché absolument régulier sauf pour les essences connues depuis longtemps; les prix sont donc très variables, et ce n'est guère que depuis quelques années qu'on entrevoit une application plus générale des essences dures dans l'ébénisterie (principalement pour les meubles art nouveau), dans la carrosserie, la fabrication des wagons, etc. Il serait évidemment du plus haut intérêt pour l'avenir des bois colo- niaux, qu'il en fût fait une classification logique faisant ressortir la com- paraison de leurs propriétés avec celles des bois européens analogues ; 1. Le jury était composé de MM. le Commandant Houdaille, président; Mazerolle, ingénieur des Ponts-et-CIaaussées, rapporteur; François Deloncle, député; Gre- verath, membre du Conseil supérieur des Colonies , et Lefebvre, conservateur du bois de Vincennes, membres. IMPORTATIONS EN FRANCE DES BOIS EXOTIQUES 1° Bois d'éhénislerie en billes el huches sciés à plus de 2 déciin. d'épaisseur. !Etab'' français, côte occident. d'Afrique Nouvelle-Calédonie / Etab'' français côte occident. •g- ■ d'Afrique "* ( Autres Colonies ou Protect''. . . ! Etab'" français, côte occident. g i d'Afri([ue -5 Madaj;ascar et dépendances . . . < / Indo-Chine \ Autres Colonies et Protecl". . . 2" Bois d'éhémsterie sciés à ï" dé- cim. d'épaisseur ou moins. Al^'-érie Indo-Chine Madagascar et dépendances. . . . Autres Colonies et Protectorats 3° Bois odorants. Indo-Chine Etab'' français, côte occidentale d'Afrique ïltab'^' français d'Océanie Nouvelle-Calédonie Guyane française Guadeloupe Autres Colonies et Protectorats. ■5 ' Bois de teinture. Elab"' fi-ançais, côte occidentale il'Afritiue , Martinique Guadeloupe Autres Colonies ou Protectorats.. 5" Liège brut râpé ou en planches. Aljiérie Tunisie COMMERCE GENERAL 1900 A'aleui I .1 !()/ Il 20. -5, 1 00 90i.2ri0 420.120 21.Ô00 1901 Valeur 2^ o 2.127[ 119] 1 .72.^/ 47l\ 59/ .:^ 219.000 lôO.SlO ^J2. 744.090 A 141 9 3/ 220 437 685 6.71l) 1902 \'alcur 1.360 1903 ^'aleur 638 8.480 835.780 .601.500 29 250 > y \ 129.000 161.040 71 .875 (3.674. 500 355.500 DES COLONIES FRANÇAISES DE 1900 A 1904 O o 1904 Valeur 12 1.920 ).837 /l. 174. 600 36 ) 5.710 J 1.550 (1.744. 820 509 l 162 32.250 l 40 97 ) 13S.00O 71 1.376' 378' 6.924 182.500 3.462.000 COMMERCE SPÉCIAL 1900 Valeur 190 3.496' 879.250 21 j 1.155 41 l 340.740 34 32 I 1901 A'^aleur 1 85 ( 10 ) 23.750 11 203 219.000 141 433 652 29 5.005 ^ 395 \ 150.600 2.700.000 2.090' 559.75 149 ) 190 50 ■- o w o 1902 ^'aleu^ 1.563 54 ,• 579.690 471 59 J n 37.250 ) 3 i . 000 14 9 3 220 436 685 6.624 638 160.920 '3.631.000 1.360 3.277 ( 834 59 ) 000 3 . 339 277 /l. 129. 410 538 29 11 106 50 ;i 67.000 31 31.000 1903 •-' o 48 » Valeur 1904 o o (1,0 7.680 3.282 [ 744.2 10] I \ 60 4.750 477 ^1.391.000 337 / 61 06 ) 29.250 142 362 140 5.578 560 ?7.280 3.069.000 39 86 : 1 29 . 000 287 |, 71.415 262 6.326 380 \ 3.353.000 12 Valeui 1.920 fl.l52. 5.728 fl. 152. 800 36 ) 4.893 1.261 / 1.408. 220 130 117 125 ) 1 ! 40 , 97 31.250 138.000 71 1.376 378 182.500 6.872 3.436.000 I JIO DOCUMENTS OFFICIELS leur emploi au lieu d'être assujetti aux préférences passagères de la mode, pourrait alors s'étendre et venir peut-être suppléer au déficit de la production européenne. Ce ne sont là que des vues d'avenir, dont la réalisation complète est subordonnée au développement des voies de transport aux colonies ; les bois sont en efTet des matières encombrantes et pondéreuses pour lesquelles le prix du transport représente la moyenne partie du prix de revient; aussi les exploitations forestières sont-elles obligées de se localiser au bord de la mer ou au bord des cours d'eau; mais, même avec un champ d'action ainsi réduit, les richesses forestières dont on dispose permettraient de faire face dès aujourd'hui à d'importantes demandes et les besoins actuels des exploitants doivent se tourner pi-incipalement vers la création d'un marché, régulier sur les places de commerce européennes et vers l'abaissement des prix du fret. Les chilïres relevés (voir p. 109 et 110) sur les tableaux statistiques des douanes permettent de suivre les variations des importations en France des bois exotiques de nos colonies depuis 1900 jusqu'à 1904 et font ressortir, notamment pour les bois d'ébénisterie en billes, une progres- sion fort encourageante. Pour rénumération des objets exposés, nous grouperons ensemble, d'une part, les Gouvernements coloniaux et les Administrations et d'autre part, les Sociétés commerciales et les particuliers. ADMINISTRATIONS DIVERSES ET GOUVERNEMENTS COLONIAUX Une première mention est due à l'exposition de la "Ville de Paris qui montre dans une vitrine environ soixante-dix échantillons des bois des colonies françaises employés ou proposés pour le pavage : parmi les essences expérimentées, acajou, cailcédrat, palétuvier, N'kéva d'Afrique, takamaka de Madagascar, liem d'Annam, c'est cette dernière essence qui a reçu les applications les plus développées; environ 1500"'^ de ce bois ont été achetés par la ville de 1894 à 1900. Citons parmi les essences proposées une collection de bois de la Gôte-d'Ivoire, provenant de la Mi.ssion Iloudaille et de beaux bois de la Guyane : cèdre, wapa, balata, qui malheureusement n'ont été envoyés à la ville qu'en quantités insigni- fiantes et n'ont pu faire l'objet d'aucun essai pratique. Les essences dures principalement employées dans les essais de pavage en bois exotiques ne paraissent pas avoir donné les résultats espérés, et les recherches doivent se tourner vers les essences légères et imputrescibles. Comme la ville à elle seule consomme de "20 à 25.000'"2 de bois par an pour l'entretien de ses chaussées, on conçoit que cette application éven- tuelle des bois coloniaux offre un débouché important dont Tintérèt ne EXPOSITION NATIONALE d'aCRICULTURE COLONIALE 111 saurait échapper. Le jury a attribué à Texposition de la ville, le Grand Prix de la classe III. La résidence de Kompong-Thonn (Indo-Chine) a envoyé une quarantaine d'échantillons de bois dont plusieurs sont remarquables par la finesse du grain et Faspect nuancé des veines. Des étiquettes donnent pour chaque bois le nom indigène et le prix d'achat à Kompong-ïhonn. Il est sans doute à craindre qu'en raison des prix de transport la plupart de ces bois ne puissent recevoir en Europe que des applications peu étendues dans la marqueterie; quoi qu'il en soit, cet envoi est fort bien présenté, il com- porte, ainsi que nous le demandions plus haut, tous les renseignements nécessaires pour intéresser les visiteurs sérieux et le jury lui a attribué une médaille d'or. Une médaille d'or a été également attribuée à la Direction de l'Agricul- ture et du Commerce de Tunisie qui a exposé des troncs de chêne-liège, un ballot de liège, un intéressant tableau statistique des forêts du protec- torat, ainsi que des madriers d'essences diverses et des traverses de che- mins de fer. M. Pobéguin, administrateur des Colonies, a réuni un grand nombre d'échantillons de bois de la Guinée qui pourront utilement servir à l'in- ventaire des richesses forestières de cette colonie (médaille de vermeil). Au Gouvernement général de Madagascar et au Gouvernement du Séné- gal ont été attribuées des médailles d'argent; le premier a exposé une cinquantaine d'échantillons de bois divers; le second nous montre des poutres de « rônier » et de « cailcédrat ». Citons encore la Chambre d'Agriculture de Pondichéry (médaille de bronze) qui a assemblé dans un petit cadre une quarantaine d'échantil- lons hexagonaux de bois divers dont les nuances vives et variées témoignent des ressources de la résidence en bois de marqueterie, et le Gouvernement général de l'Algérie qui expose des échantillons de liège. SOCIETES COMMERCIALES ET EXPOSANTS DIVERS La Scierie de la Côte d'Ivoire qui est de fondation récente et qui, pour l'instant, parait se consacrer principalement à l'exploitation des bois indigènes pour les besoins locaux en vue de leur substitution aux bois d'importation (pin et sapin d'Europe), présente des meubles — buffet, malles, caisses — produits de son industrie locale ; des planches de téké et des plateaux d'acajou ; une médaille d'or a été attribuée aux intéres- sants envois de cette société dont les efforts, qui ne sauraient être trop loués, seront, espérons-le, couronnés de succès. H 2 DOCUMENTS OFFICIELS A la Compagnie française du Congo Occidental, qui occupe une place capitale parmi les iiuporlateurs de nos bois coloniaux, a été décernée également une médaille d'or; les billes de 5 mètres de longueur d'O'kou- mé, de bois rouge ou padouk, celle de N'duka équarrie à 50 centimètres, les plateaux de 75 centimètres de diamètre exposés par cette Compagnie montrent les dimensions atteintes par les arbres des forêts équatoriales et l'avenir qui — à côté de leurs emplois actuels — pourrait leur être réserA'é dans les bois de charpente et de construction si les diflicultés d'embarquement pouvaient être entièrement vaincues. Des plaquettes d'acajou, de noyer, de kubi, etc., complètent l'exposition de cette Compagnie. La Société du Haut Ogooué (médaille d'argent) montre un tourniquet de linil j)]aleau\ dessence.s diverses ; la Société coloniale française de la côte de Guinée (médaille de bronze) envoie trois gros blocs d'acajou ; la Com- pagnie coloniale française d'élevage et d'alimentation de Madagascar (médaille de bronze) expose avec les noms indigènes et les noms français ou francisés, six échantillons de bois divers ; et M. Bourguignon (médaille de bronze) de Misserghin (Oran) du liège et les bouchons fabriqués dans son usine. Citons enfin les cannes en bois de la Guyane, présentées par M. Char- lot et une vingtaine de plaquettes de bois envoyées par la Compagnie Coloniale du Gabon. Paris, le 13 juillet 1905. Le rapporteur de la classe III, Mazerolle, Ingénieur des Ponts-et-Chaussées. ÉTUDES ET MÉMOIRES DESCRIPTION ET UTILISATION DU COCOTIER i 1° Description sommaire. Le cocotier (^Coôos nucifera, Linné) qui, peut-être, n^est pas le plus beau des palmiers, surtout quand il est âgé, doit certainement être regardé comme le plus utile d'entre eux et mérite, à cause des nombreux et importants usages auxquels il se prête, d'être classé parmi les végétaux les plus précieux. On ne saurait donc, sous ce rapport, lui contester le titre de « Roi de la flore tropicale » qui lui a été donné par quelques personnes. Le cocotier est un palmier de grande taille, au port élancé, attei- gnant ordinairement de 20 à 25 mètres de haut. Le tronc presque lisse, de couleur grisâtre, et portant, même sur les parties les plus âgées, les traces très apparentes des points d'insertion des feuilles disparues, est fortement renflé à la base oiî il mesure en moyenne de 80 centimètres à 1 mètre de diamètre, alors qu'au sommet il dépasse rarement 90 centimètres de tour. Le port flexueux du cocotier est caractéristique chez les arbres âgés. Il est aussi rare, assurent les planteurs de Ceylan, de rencon- trer un vieux cocotier au stipe absolument droit qu'un aréquier pourvu d'un tronc tordu -. Ce port particulier n'est d'ailleurs pas dû, comme on serait tenté de le croire, à l'influence des vents domi- nants, car on trouve, dans une même région, des cocotiers dont les troncs, affectant les courbes les plus irrégulières et parfois brusque- ment coudés à angle droit, se dirigent dans tous les sens. Il n'est même pas rare de rencontrer, sur les côtes, certains de ces pal- miers dont la tête franchement inclinée vers le large semble vou- loir braver les vents les plus violents. Le tronc est surmonté d'un énorme panache de feuilles de cou- leur vert clair, mesurant de 4 à 5 mètres de long, dont l'aspect ne 1. Extrait de « Le cocotier » par M. Eni. Prudhomme, 1 volume in-8, avec nom- breuses photographies, paraîtra en avril 1906 (A. Challamel, éditeur). 2. On fait allusion ici à l'Areca catechu, ou Aréquier commun, dont le tronc long, grêle et droit comme un I, est caractéristique. Pliot. Em. Prudhomme Port des cocotiers âges. (Vue prise à Colombo en janvier 1900.) Cocotier à tronc courbé à angle droit. ^Zanzibar, octobre 1904.) Pliol. Em. Prudhomme. LE COCOTIER 115 manque ni de grandeur ni de beauté, surtout durant les dix ou quinze premières années et tant que le stipe n'atteint pas un trop g-rand développement. Comme chez tous les palmiers, les feuilles sont dahord entières dans le jeune âge et fortement plissées dans le sens des nervures. Chez les plants ayant moins d'un an, ces feuilles, à nervation pen- née, restent souvent ainsi jusqu'à leur chute ; mais, sauf pour quelques sujets exceptionnels, elles ne tardent pas à se déchirer en lanières de forme régulière, dont les déchirures correspondent aux plis. Elles forment ainsi des pinnules lancéolées, mesurant environ un mètre de long, disposées comme les barbes d'une plume, le long d'un axe central qui prolonge le pétiole. Le Cocos nucifera appartient, comme VEloeis guineensis ou pal- mier à huile de la Côte Occidentale d'Afrique, au groupe des Cocoïnées. Les principaux caractères botaniques tirés des fleurs et des fruits sont les suivants : chaque inflorescence, prenant naissance au milieu du bouquet de feuilles terminal, est d'abord renfermée dans une sorte de longue gaine lancéolée dure et ligneuse, appelée spathe, qui est très visible sur les deux gravures des pages 116 et 117, représentant des spadices épanouis. Les fleurs, munies d'un calice et dune corolle triphylle, sont unisexuées et réunies, mâles et femelles, dans les mêmes inflorescences. Les étamines sont au nombre de six ; les ovaires se composent de trois loges, dont deux avortent presque toujours ; mais on rencontre cependant, de temps à autre, des cocos dont deux loges normalement développées peuvent donner naissance à deux germes différents. On signale aussi, mais très rarement cette fois, des noix dont aucune loge n'a avorté. Les fruits, connus vulgairement sous le nom de noix de coco ou de coco, forment des espèces d'énormes grappes composées de noix à différents degrés de développement qui pendent, très apparentes, à la base et au milieu du panache de feuilles. Ce fruit est une sorte de drupe monosperme assez volumineuse, dépassant souvent la grosseur de la tête, de taille et de forme très variables, ordinairement ovoïde et parfois anguleuse, d'aspect très différent, suivant les variétés auxquelles on s'adresse. 11 comprend un mésocarpe fibreux et assez épais, recouvert d'une couche épider- mique lisse et un endocarpe osseux, très dur, laissant voir trois côtes longitudinales plus ou moins saillantes, suivant les variétés. H6 ÉTUDES ET MÉMOIRES Inflorescence du cocotier. (Noix en voie de formation.) Phot. Em. Prudhomme. A la base, se trouvent trois pores très apparents, correspondant à chacun des trois carpelles primitifs. LE COCOTIER 117 Iiifloi'escence du cocotier (Noix eiî voie de formation. Phot. Skeen and C». L'endocarpe, plus connu sous le nom de coque, constitue Tenve- loppe extérieure de la noix proprement dite et renferme une grosse 118 ÉTUDES ET MÉMOIRES graine creuse, sphérlque ou ovoïde, de forme assez variable suivant les espèces, composée presque entièrement d'un albumen oléagi- neux, cartilagineux, rayonné et d'épaisseur variable, au milieu duquel on trouve une cavité qui contient, à l'approche de la matu- rité, un liquide désigné sous le nom d'eau de coco. L'embryon est noyé dans la masse de l'albumen et situé à proxi- mité de l'un des pores de l'endocarpe (Voir les gravures ci-contre). Pliot. Eni. Prudhonime. Noix de cocotier accompagiice de sa bourre. B « Mésocarpe » ou » llusk » F Albumen A Noix proprement dite E Endocarpe D Point dattaclie du pédoncule '^ Germe c L'un des trois porcs de la noix C L'un des pores Le système radiculaii'e se compose d'une multitude de racines d'un faible diamètre s'étendant en tous sens et s'enfonçant parfois à une grande profondeur. Grâce à l'existence de l'enveloppe fibreuse dont nous avons parlé qui protège si bien les graines de cocotier contre les agents de des- truction extérieurs et leur permet de flotter, pendant des mois entiers, sans être altérées par l'eau de mer; grâce aussi aux mul- tiples usages de cet intéressant palmier qui, dès la plus haute anti- lp: cocotier 119 Grappe de noix de cocotier. Phot. Skeen and C°. I 120 ÉTUDES ET MÉMOIKES quité, n'ont pas manqué d'attirer l'attention des hommes et les ont en^^agés à transporter >des noix de coco avec eux partout où ils sont Phot. Em. Prudhomme. Noix de cocotier entière recouverte de couche épidermiquc. Phot. Em. Prudhomnie. Noix de cocotier débarrassées de leur enveloppe fibreuse pour montrer les trois côtes lonj^'itudinales et les trois pores. allés; le Cocos nucifcra est aujourd'hui connu dans le monde entier et existe en abondance dans toutes les régions tropicales ou subtropicales dont le climat et le sol peuvent lui convenir. LE COCOTIER 121 Le lieu d'orig-ine du cocotier est encore assez mal connu à Fheure actuelle. A. de Gandolle, qui s est fait une spécialité des études sur Forig-ine des plantes cultivées, a pensé, pendant longtemps, qu'il provenait de la Côte Occidentale de l'Amérique du Sud. Des recherches plus approfondies l'ont amené, plus tard, à considérer le cocotier comme orig-inaire d'un point de l'archipel Malais, voisin de Sumatra, (D'après une phot. Eni. Prudhomme.) Madagascar, décembre 1903. Système radiculaire du cocotier. Sa présence sur le continent asiatique (en Chine, à Ceylan ou aux Indes) ne remonte pas, d'après ce savant, à plus de trois ou quatre mille ans; mais, d'après de Gandolle, les courants ont peut-être transporté le cocotier en Afrique (Côte Orientale) et en Amérique (Côte Occidentale) à une date plus ancienne. De Candolle assure enfin que son introduction au Brésil, aux Antilles et sur la Côte Occidentale d'Afrique, ne remonte pas à plus de trois siècles. Le cocotier est extrêmement abondant sur le littoral de toutes les parties chaudes du continent asiatique et dans toutes les îles voisines, ainsi qu'en Malaisie et en Polynésie. On le trouve égale- Bulletin du Jardin colonial. 9 122 ÉTUDES ET MÉMOIRES ment en Nouvelle-Calédonie, à Madagascar, à Maurice, à Bourbon, aux Seychelles et sur une grande partie de la Côte Est du conti- nent africain. 11 est beaucoup moins répandu sur la Côte Occiden- tale d'Afrique ; mais on le retrouve très commun dans l'Amérique centrale et dans la portion tropicale et subtropicale de l'Amérique du Sud, notamment au Brésil, où il croît, paraît-il, dans l'intérieur des terres, jusqu'à près de 500 kilomètres de la mer. On le ren- contre enfin dans toutes les Antilles, principalement à la Jamaïque et à la Trinidad où il fait l'objet d'importantes entreprises agricoles. 2° "Usages et emplois. De tous les végétaux de la flore équatoriale, le cocotier est cer- tainement la plante dont l'homme a su tirer le meilleur parti. Il suffit de voir une fois un marché indigène en Extrême-Orient, et principalement à Geylan, ou mieux de visiter le Musée écono- mique de Colombo où l'on a réuni, dans une grande vitrine spéciale, une collection complète des principaux produits et articles tirés du Cocos nucifera, pour se rendre compte des multiples applications de ce remarquable palmier. Toutes les parties de l'arbre sont utiles à un titre quelconque, soit comme médicament ou comme matière alimentaire, soit pour être utilisées comme matériaux de constructions, soit enfin comme ustensiles déménage ou de pêche, comme vêtement, etc., etc Quelques personnes prétendent que les emplois du cocotier sont aussi nombreux que les jours d'une année. Je ne voudrais pas essayer de justifier cette opinion, peut-être un peu exagérée, de certains auteurs anglais ; mais on peut assurer que, tant au point de vue commercial et industriel que sous le rapport des usages domestiques, le cocotier est bien l'une des plantes les plus utiles du monde entier. On dit couramment, à Ceylan, qu'un indigène possesseur de douze cocotiers et de deux jacquiers en rapport est un homme indé- pendant. M. Ferguson cite même, d'après Sir J. Emerson Tennent, dans le « Geylon lland book and Directory » de 1899, le cas très curieux d'un procès dont la contestation portait sur la propriété de la deux mille cinq cent vingtième part de 10 cocotiers. Ceci montre bien quelle inq)Drtance les Cynghalais attachent à ce géant des monoco- tvlédonées. LE COCOTIER 123 I. Utilisation de la noix. Au point de vue industriel et commercial , le cocotier est avant tout une plante oléagineuse de premier ordre. L'huile extraite de l'amande, c'est-à-dire de l'albumen cartilagineux contenu dans les noix, est employée sur une grande échelle dans les savonneries et dans les fabriques de bougies. On s'en sert aussi, depuis quelque temps, pour préparer une excellente graisse alimentaire connue sous les noms de cocoïne, végétaline^ beurre végétal^ graisse végétale, pal- mitine, etc , pouvant, dans certains cas, se substituer au beurre. Cette matière est surtout utilisée dans la fabrication des biscuits et des gâteaux secs. En outre, cette huile, qui passe pour arrêter la chute des che- veux, est couramment employée comme pommade par tous les indi- gènes de la zone tropicale, à Madagascar par exemple, mais surtout à Ceylan ou aux Indes. On l'utilise également, sur place, dans la préparation des aliments, pour l'éclairage, etc... L'huile de coco, connue en langage tamoul sous le nom de Tinga- Yeiinei, est aussi utilisée par les Indiens pour s'enduire et se oindre le corps après leurs bains quotidiens. Ils la mélangent parfois, quand ils la destinent à cet usage, à de la poussière de bois de san- tal ou à d'autres substances odoriférantes. L'huile est extraite de l'amande préalablement brisée en deux ou trois morceaux et séchée, qu'on désigne alors sous le nom de coprah. Dans les pays de grande production, dont l'outillage industriel est suffisamment développé, le coprah est souvent traité sur place; mais cette matière première occupe également un rang important dans le commerce d'exportation d'un grand nombre de contrées tro- picales. Le résidu, appelé poonac, tourteau de coco, ou tourteau de coprah, constitue, quand il est de bonne qualité, un excellent ali- ment pour le bétail, qu'on utilise aussi parfois directement comme engrais. Un autre produit très important du Cocos nucifera est fourni par l'enveloppe fibreuse qui entoure les noix proprement dites. On en tire, par rouissage, une matière textile appelée coïr par les Anglais et plus connue en France sous les noms de bourre de coco ou de 124 ÉTUDES ET MÉMOIRES fihi^e de coco. Cette matière textile, très estimée pour faire des cor- dages employés par la marine, des brosses et des matelas, ou pour confectionner les tapis dits de coco, donne lieu, en Extrême-Orient, à des transactions commerciales importantes. C'est également avec le mésocarpe fdjreux du cocotier qu'on prépare le cotferdam utilisé pour protéger les navires. Citons enfin, parmi les produits tirés industriellement de la noix elle-même, le Dessicatcd coconut, ou amande fraîche de coco râpée et séchée, qui rentre dans la composition d'un assez grand nombre de mets, gâteaux, et bonbons fabriqués en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Hollande, aux États-Unis, en Angleterre, en Aus- tralie, etc • Les différentes parties de la noix se prêtent encore à une foule d'usages plus ou moins importants, dont quelques-uns méritent d'être signalés ici. Les cocos renferment, lorsqu'ils sont incomplètement mûrs, une sorte de crème moelleuse et nourrissante, facile à digérer et d'un goût fort agréable, qu'on peut manger à la cuiller. Cette substance qui, plus tard, devient assez dure et avec laquelle on prépare le coprah, constitue encore à maturité un aliment très nutritif et agréable, mais assez indigeste. Ceci n'empêche d'ailleurs pas les habitants d'un grand nombre de régions de faire rentrer l'amande de coco dans toutes leurs préparations culinaires. Cette substance constitue même, dans certaines réo-ions, notam- ment aux îles Tuamotou et Laquédives, la base principale de la nourriture des habitants, qui, dans ce cas, consomment un mini- mum de cinq à six noix par jour. Le fruit du cocotier contient en outre, un peu avant maturité, un liquide opalin de saveur douceâtre et un peu sucrée, prenant plus tard, c'est-à-dire à maturation complète, un goût légèrement acidulé et piquant. 11 constitue, principalement lorsque l'albumen est encore mou et gélatineux, une boisson rafraîchissante et très agréable que ne dédaignent pas les Européens. Ce breuvage, appelé Yelle-nis ' en tamoul et eau de coco en fran- çais, est d'une consommation courante dans les gares et dans tous les Rest-Houses - de Ceylan où des indigènes viennent offrir, pour 1. Mut à mot : « Uosée des feuilles ». 2. Sorte d'auberge tenue pai- des Gyuf,Mialais, sous la surveillance de TAdministra- lion, i);u'l(iiil où il n'y ii pat^ (l'iiôtel. LE COCOTIER 125 quelques cents ', aux voyageurs altérés, des cocos frais et bien choisis, en remplacement des rafraîchissements qu'on a coutume de vendre dans les g-ares européennes. Le lait de coco, qu'il ne faut pas confondre avec le Yelle-nis, se prépare en pressant fortement dans un linge, avec un peu d'eau, la pulpe obtenue en râpant finement une amande bien mûre. On extrait ainsi un liquide laiteux, ressemblant beaucoup au lait de vache, dont on fait un fréquent usage aux Indes et k Ceylan, et qui, paraît-il, peut être employé pour préparer le café au lait. Un des produits les plus curieux du cocotier est connu sous le nom de pomme de coco. On appelle ainsi la masse globuleuse et spongieuse qui remplit l'intérieur de la coque lorsque la germina- tion est commencée. Cette substance très tendre, légèrement sucrée et d'un goût fort agréable, constitue un mets assez recherché sous les tropiques. En sus des importantes applications du coïr auxquelles on a fait allusion précédemment, la bourre de coco, qui sert aussi à faire des lavettes et des balais communs, est avantageusement employée dans certaines régions pour calfater les navires. On l'utilise aussi, notamment au Jardin botanique de Calcutta et à l'Institut agricole de Buitenzorg, pour préparer des marcottes. La légèreté de cette fibre et sa résistance à l'humidité la rendent particulièrement propre à cet usage. Notons enfin que la poussière obtenue en préparant le coïr absorbe très bien les liquides et qu'à cause de cette propriété elle est couramment employée à Ceylan pour assainir les water-clo- sets. Cette poussière donne également d'excellents résultats pour l'expédition des graines délicates en stratification. Les noix entières coupées en deux, perpendiculairement à leur axe principal, constituent d'excellentes brosses pour frotter les par- quets, dont l'usage est bien connu aux colonies. Il existe certaines variétés, à coque de très petites dimensions, spécialement recher- chées pour cet usage. J'ai eu enfin l'occasion de constater tout der- nièrement, dans le nord-ouest de Madagascar, l'existence de cocos dont tous les ovules avaient avorté, mais dont les fleurs avaient néanmoins donné naissance à des masses de fibres avant extérieu- rement toutes les apparences de fruits complets. Ces cocos sans noix ne sont plus alors que de véritables brosses naturelles. 1, Le cent est la centième partie d'une roupie et vaut environ 0 fr. 0175, 126 ÉTUDES KT MÉMOIRES Les coques constituent un combustible de première qualité et répandent une lumière si vive et si brillante qu'on les utilise fré- quemment aux Indes, pour éclairer les cérémonies religieuses noc- turnes. Elles servent en outre à confectionner une foule d'ustensiles, d'un emploi journalier en Extrême-Orient (cuillers, mesures de capacité, pipes, vases d'ornement, etc.), ainsi qu'une quantité d'objets curieux et plus ou moins bien travaillés dont sont encom- brés les bazars de Colombo. L'endocarpe donne enfin, par combustion, un excellent charbon gras et doux, utilisé en peinture. Notons, pour terminer cette énumératlon déjà longue des mul- tiples emplois de ce fruit que, d'après M, Grisard, conservateur des collections de l'OiTice Colonial, les très jeunes pousses de coco en germination présentent un goût sucré très agréable qui les fait considérer comme de véritables friandises. Aux Indes, ces pousses sont consommées crues ou cuites sous la cendre. II. Utilisation des fleurs et de linflorescence. On tire de l'inflorescence du cocotier, avant que le spathe ne s'ouvre, un liquide très sucré, possédant une saveur un peu piquante, connu en anglais sous le nom de ioddij, et sous celui de callou doux près de Pondichéry. Il est appelé sura ou soury aux Antilles. Ce liquide passe pour être légèrement laxatif. On l'emploie fré- quemment aux Indes pour remplacer le levain. Il laisse déposer, par évaporation, \\n sucre de bonne qualité, nommé jaçfre ou jag- gcry, d'un usage courant en Extrême-Orient. Le callou doux^ abandonné à lui-même, ne tarde pas à fermen- ter et fournit alors le callou fermenté ou vin de coco, dont on tire, par distillation, un alcool de très bonne qualité, nommé arack. A Geyian et aux Indes Anglaises cet alcool donne lieu à un commerce considérable. Si l'on n'y prend pas garde, la fermentation alcoolique ne tarde pas à céder la place à la fermentation acétique dès que tout le sucre est transformé en alcool ; on se trouve alors en présence du vinaigre de cocotier encore appelé parfois vinaigre de callou. LE COCOTIER 127 Les fleurs, lorsqu'elles sont entièrement épanouies, sont pecto- rales et adoucissantes. III. Utilisation des feuilles et du bourgeon terminal. Les jeunes feuilles fraîches sont recherchées du bétail et cons- tituent un excellent fourrage, surtout pour les éléphants domes- tiques. On confectionne de bons balais avec les nervures des pinnules, ou Ekels, réunies en faisceaux. On peut enfin, à cause de leur résistance et de leur élasticité, s'en servir pour faire des nasses et de jolies cages à oiseaux ou les emplo^-er comme mèche de cierge. LesCvng'halais utilisent également le parenchyme foliaire du coco- tier à la place du papier à écrire, mais préfèrent cependant avoir recours, pour cet usage, aux feuilles du Talipot pal/n [Corj/pha umhracuUfera) et du Palnii//\7 palm [Borassiis flahelUformis). Les feuilles servent en outre à faire des nattes, des corbeilles ou des chapeaux, etc Tressées d'une manière spéciale, elles prennent à Ceylan le nom de Cadjans et sont alors employées pour couvrir les cases ou pour installer des cloisons légères à l'intérieur des maisons. De la gaine des feuilles on tire des fibres. Le bourgeon terminal constitue un excellent légume aussi fin et aussi délicat que le véritable chou palmiste tiré de VAreca oleracea, et bien supérieur à celui fourni à Madagascar par le raphia. Ce légume est ordinairement mangé bouilli ; mais on peut le mettre en conserve dans du vinaigre, pour remplacer les pickles, ou le consommer en salade. Un chou palmiste entier de cocotier, de dimension ordinaire, pèse environ de 10 à 15 kilogrammes et mesure approximativement 0 "^ 75 de long sur 0 '" 45 de tour. Enfin, les fd^res brunes entrelacées qui se trouvent appliquées sur le palmier à la base des feuilles forment un véritable tissu serré et très solide, souvent utilisé comme tamis par les indigènes, surtout pour séparer les impuretés mêlées au callou ou à l'huile. Ces lambeaux de tissus de forme triangulaire sont aussi employés, principalement par les pêcheurs, pour faire des vêtements qui présentent l'avantage de bien résister à l'eau de mer. Les marins s'en servent aussi parfois pour faire des voiles de petite taille. 428 ÉTUDES ET MÉMOIRES IV. Utilisation du tronc et des racines. Le bois du tronc des jeunes arbres est mou et fibreux, mais très élastique et peut rendre, ou, pour mieux dire, pouvait rendre autre- fois, grâce à cette propriété, quelques services pour installer des fortifications passagères. Les troncs de palmiers plus âgés peuvent être utilisés pour faire des constructions provisoires, telles que des hangars ou des paillottes. On peut aussi s'en servir comme pilotis ou pour faire des radeaux, car ce bois qui se détériore assez vite à l'air libre, se conserve au contraire très longtemps dans l'eau de mer. La partie extérieure des vieux troncs, principalement à la base des cocotiers très âgés, est composée d'un bois lourd, très dur, à grain fin et serré, susceptible de prendre un très beau poli. Ce bois est rempli de faisceaux vasculaires, noirâtres ou rouges bruns, qui lui donnent un aspect tout à fait caractéristique, auquel il doit sans doute les noms de Bois de porc épie et de Porcupine ivood, sous lesquels il est connu dans le commerce. Ce bois, très élastique lorsqu'il est frais, sert â faire des manches de lances et de jolies cannes, bien connues de toutes les personnes qui ont fait escale à Colombo. Le Bois de porc épie est fréquem- ment utilisé en ébénisterie de luxe, principalement pour faire de la marqueterie et des meubles de petite taille. C'est ainsi que j'ai pu voir, à l'Ecole professionnelle de Kandv, des bibliothèques tour- nantes, des tables et des classeurs en Porcupine icood, d'un très joli effet. Il faut noter enfin que les racines du cocotier sont diurétiques ; qu'elles constituent, dit-on, un remède efficace contre la fièvre, et qu'en Orient on les emploie parfois comme masticatoire à la place de la noix d'arec. Em. Prudhommr, IiKjénicur agronome. Directeur de l'Agriculture à Madagascar. LES KOLATIERS ET LES KOLAS L — Zone naturelle. Noms vulgaires. Description. Espèces et variétés. Les kolatiers appartiennent an g-enre Cola de la famille des Ster- cnliacées, très voisine de celle des Malvacées, avec laquelle certains auteurs la réunissent. Ce sont de beaux arbres qui se rencontrent en Afrique occiden- tale, à l'état spontané ou cultivés par les noirs, entre le 9** latitude nord et le 9° latitude sud. Les Européens en ont fait des plantations, non seulement dans leurs colonies africaines situées dans la zone naturelle de ces arbres, mais aussi dans les autres pays tropicaux, et particulièrement dans quelques colonies des Antilles. Voici quelques noms vulg-aires de leurs fruits : Noix de kola, kola, ou cola, en français; Kolaniisse, en allemand ; Kola nuts ou kola, en anglais ; Kolanoot, en hollandais ; N'gourou, en ouolof (Sénégal) ; Onoro, en bambara (Haut-Sénégal et Niger) ; Goro, en saracolet (Haut-Sénégal et Niger); Gorro, en songhaï (Moyen-Niger) ; Goroyé, en foulbé (Haut-Sénégal et Niger)'; Go, en dionla (Côte d'Ivoire), d'après l'explorateur Wœlffel; Touré, en guéyé (Côte d'Ivoire), d'après WœllTel ; Ombene (Gabon), Les kolatiers ont une racine pivotante. Leur tronc est assez élancé et leur feuillage épais. Leurs fleurs, pourvues d'un calice à cinq lobes, dépourvues de corolle, sont diclines par avortement, c'est- à-dire manquent, soit d'étamines normalement développées, soit de pistil ; des fleurs mâles et des fleurs femelles sont réunies sur le même pied ; dans les fleurs mâles, les étamines sont disposées en cercles. 130 ÉTUDES ET MÉMOIRES Leurs fruits sont formés de 1 à 6 follicules de 10 centimètres de long-ueur en moyenne, à suture ventrale, verticillés, oblongs, rugueux, coriaces, dont chacun renferme environ six graines, rouges, roses ou blanc-jaunàtre, de la grosseur d\m marron. Phol. Em. Prudliomme. Rameau de kolalier (fleurs et fruits). Ces graines renferment différents principes utiles, dont la caféine et la théobromine, principes actifs du café et du cacao. On peut rapporter la plupart des kolatiers à deux types spéci- fiques principaux : 1" Cola vera K. Schumann (n° d'avril 1900 du Tropenpflanze7\) Kolatier qui atteint une dizaine de mètres de hauteur, planté par les indigènes autour des" villages dans la région forestière de la Guinée française, de Sierra Leone, du Libéria, de la Cote d'Ivoire, de la Côte dOr. Ses noix sont formées de deux segments. Cette espèce se distingue en outre de la suivante par les anthères qui ne sétalent pas et par les stigmates collés étroitement à l'ovaire. LES KOLATIERS ET LES KOLAS 131 2° Cola, acuminata K. Schumann (in Tropenpfîanzer^ inclus Cola Ballaiji Cornu, in Heckel). Grand arbre spontané des futaies du Cameroun, du Gabon, du Bas-Congo, dont les noix se divisent en quatre, cinq ou six segrnents. Ce serait à cette forme que se rattacherait le kolatier du Dahomey. En effet, M. l'administrateur Jean Fonssag-rives écrit, dans la notice publiée par le Dahomey à l'occasion de l'Exposition de 1900 : (( La kolah du Dahomey est facilement reconnaissable à ce que chaque fruit se divise en quatre ou cinq parties. Elle est principale- ment récoltée à Abomey-Calavi et dans les environs, en septembre et octobre. Les plus gros fruits sont d'une couleur rose, les petits sont rouge vif ; on en trouve même quelques-uns blancs. » D'après le D*" Bernegau (article du T ropenp flanzer) , tandis que le Kola du Cameroun, cuit dans l'eau pendant une demi-heure, produit des filaments brillants et soyeux, formés par de la matière gom- meuse, on ne remarque rien de pareil avec le Kola de Libéria. Le professeur K. Schumann, du Jardin botanique de Berlin, a nommé deux autres espèces de kola tiers du Cameroun, dont les noix seraient utilisées par les indigènes concurremment avec celles du Cola acuminata. Ce sont le Cola lepidota à feuilles trifoliolées, et le Cola anomala à feuilles verticillées par trois. Ayant habité, pendant cinq ans, le Soudan français, et ayant visité les princijaaux postes, l'un de nous a pu y observer personnellement sur les marchés, où partout la noix de kola occupe une des places les plus importantes, trois sortes commerciales de ce produit qui sembleraient correspondre à des variétés botaniques distinctes : 1** Noix grosses, de couleur blanc-jaunâtre claire, relativement peu amères, dont il a vu l'échantillon le plus typique sur le marché de Bobo-Dioulasso ; 2° Noix de grosseur moyenne et assez variable, de couleur blanc jaunâtre ou rouge plus ou moins foncé, très amères ; les plus com- munes sur les marchés de la région de Sikasso, Bamako, Ségou ; 3" Noix petites et rouges, très amères. Au moment du passage de Binger, [Du Niger au Go^fe de Guinée par le Pays de Kong et le Mossi, tome I, p. 311), on voyait sur le marché de Kong deux espèces de kola : le kola blanc de l'Anno et le kola rouge de l'Achanti, 132 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le kola blanc de l'Anno est de deux variétés : l'une d'un blanc jaune pâle, analogue à la couleur du kola de SakhaladuOuorodouzou, mais plus petite que ce dernier ; l'autre, de même grosseur, ne dif- fère que par sa teinte, d'un rose si pâle qu'il n'est pas classé dans le kola rouge par les indigènes ; on le vend mélangé au blanc sans différence de prix, ce qui n'aurait pas lieu s'il était plus foncé, car le kola rouge est toujours plus cher que le kola blanc de même grosseur. Le goût du kola de l'Anno est bien moins fort que celui du kola rouge, mais il renferme une teinture rouge qui est usitée par les indigènes en concurrence avec celle du kola rouge. Comme teinture, le kola blanc de l'Anno a les mêmes qualités que le kola rouge de l'Achanti. Ce kola est récolté en février, en juin et en octobre; les fruits de février se gâtent assez rapidement, tandis que les récoltes de juin et octobre se conservent plus facilement; ce kola, cependant, ne peut supporter de bien longs trajets, il se conserve au maximum et avec des soins pendant cinquante à soixante jours. IL — Culture Le kolatier à choisir pour la culture est le Colavera K. Schumann. Nous avons dit plus haut qu'il était cultivé par les noirs, autour des villages, dans la zone forestière delà Guinée française, du Libé- ria, de la Côte d'Ivoire et de la Côte d'Or. M. le lieutenant Wœllîel donne, dans son rapport de mission, une description très intéres- sante de la façon dont les noirs pratiquent cette culture dans le bas- sin de la Haute-Cavallv, description citée par M. Auguste Cheva- lier dans une note sur les observations et collections botaniques de la mission Wœlffel publiée dans le Bulletin du Muséum dliistoire nalureUe (1902. n° 2) : « Il faut au kojatier, pour bien pousser et donner de bonnes récoltes, un sol riche en humus, de l'ombre, de l'humidité et de la chaleur. Les indigènes le plantent de préférence autour des villages et en bordure sur les chemins, parce qu'il leur est ainsi permis de mieux les surveiller. Ils en plantent sans cesse de nouveaux pieds. Selon les contrées, les plantations appartiennent à des individus ou à la collectivité des villages. Dans ce cas, les coutumes qui régis- sent les plantations sont assez curieuses. Nul n'a le droit d'arracher une branche de l'arbre ou d'enlever des semences sous peine de LES KOLATIERS ET LES KOLAS 133 mort ; au moment de la récolte, les fruits sont soigneusement comptés et une distribution générale est faite, mais en observant certaines règles ; le nombre des kolas alloués varie avec Tâge et la situation sociale de chaque personne, mais tout le monde, même le plus misérable captif, en reçoit. » Binger, de son côté, nous donne les renseignements suivants sur riiabitat du kolatier : (( Le kola existe à l'état spontané sur toute la côte occidentale d'Afrique, on le trouve jusque par 10° de latitude nord, mais il reste stérile par cette latitude. « Son véritable habitat est compris entre 6° et 7° 30' de latitude pour les régions qui nous occupent. « Vers Sierra Leone et le Ouorocoro, le kolastérile est signalé par 10°, tandis que dans les régions que j'ai visitées, j'ai rencontré le pre- mier arbre à kola (stérile) dans le Coranza, près de Kintampo, par 8° 5' et près de Grumania dans l'Anno (8°). « Les premiers arbres en rapport se trouvent à Kamelinso (près Groumania, par 7° 50') et les derniers près d'Attakron, par 7°; la zone où l'arbre est en plein rapport semble donc être limitée et com- prise entre le 7° et le 8" pour l'xVnno et le Ouorodouzou. (' Bien que je n'aie pas visité ce dernier pays, il m'a été donné de calculer assez facilement par quelle latitude se trouvait le kola. De Tengréla partent les itinéraires, bien connus des marchands, sur Tonte, Siana, Kani et Sakhala. Les deux premières localités se trouvent, d'après les indigènes voyageant avec des ânes chargés (fai- sant 16 kilomètres en moyenne par jour), à 23 jours de marche, à peu près 350 kilomètres, dans une direction sud-sud-ouest, ce qui place ces marchés par 7° 40' de latitude nord- Sakhala, d'après les mêmes calculs, se trouverait par 7° 20'. u Mais nous avons vu au chapitre Samory (III), que ces marchés étaient situés à une trentaine de kilomètres au nord des lieux de pro- duction ; nous pouvons donc inférer que les kolas se trouvent envi- ron par 7° 15'. (( Dans l'Achanti, l'habitat du kola est sensiblement le même ; les missionnaires de Bâle et le docteur Mâhly, qui ont exploré la basse Volta, signalent le kola dans l'Akam et l'Okouav^ou ; or, ces deux régions se trouvent précisément entre 6° 30' et 7° 30' : on peut donc en déduire que le kola se trouve en plein rapport dans la zone com- prise entre 6° 30' et 7° 30' et, par extension, dans certaines régions 134 ÉTUDES ET MÉMOIRES (lu 6° au 8" ; qu'à l'étut isolé et stérile il est rencontré jusque par 10° de latitude nord. » Au sujet de la culture de cet arbre dans l'Anne (Côte d'Ivoire), le même auteur dit (ouvrage déjà cité, tome II, p. 244) : « En quittant Babraso, nous traversons de splendides plantations de kolas. Ces arbres sont plantés en quinconces alternant avec des palmiers à huile. Cette variété de StercuUa produit le kola blanc et le kola rose. Le tronc ressemble un peu comme écorce à notre hêtre ; et la feuille, au ficus ; mais, ce qui m'a frappé, c'est qu'à un mètre de terre tous les troncs se bifurquent. Les branches ne sont pas émondées quand elles sont jeunes, de sorte que dès que l'arbre commence à prendre de la vigueur, les indigènes sont forcés d'étayer les branches pour les empêcher de se briser. » Babraso se trouve dans l'Anno. D'autre part dans le bassin de la Sassandra (Côte d'Ivoire), l'ex- plorateur Thomann n'a rencontré le kolatier ni chez les Lo, ni chez les Boboua, mais seulement au sud, dans le Bo"-iié et le Balo. Eniin, M. Famechon donne quelques indications au sujet de la culture du kolatier en Guinée, dans la Notice sur cette colonie publiée à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900 : « Le kolatier existe en abondance dans les pays soussous depuis la frontière Sierra-Léonaise jusqu'aux confins sud du Rio-Nuhez, mais ne pousse pas plus au nord, ni dans le massif du Fouta-Djal- lon. On le retrouve en bosquets près de Yomaya, sur le territoire Limban resté français ; puis en grande abondance dans la province de Kissi, au sud-est du Tembicounda. <( La Guinée anglaise est mieux partagée que nous en terrains pro- ducteurs de colas, puisque cet arbre prospère sur tout son territoire. Néanmoins on peut en récolter chez nous en quantité suffisante pour les besoins de notre hinterland, pour le Fouta et le bassin du Niger qui en sont dépourvus, et les bonnes années il en reste encore suf- iisamment pour que l'on puisse en exporter une cinquantaine de tonnes sur le Sénégal et la Guinée portugaise. <( Chez les Bagas, on plante un kolatier pour commémorer la naissance de chaque enfant ou tout événement mémorable pour la famille. « Les villages soussous sont entourés de bosquets de kolatiers que les habitants exploitent, mais il semble que les Soussous, proprié- LES KOLATIERS ET LES KOLAS 135 taires actuels, n'en ont planté que très peu, et que les populations baga ou mandényi, qui habitaient avitrefois la contrée et étaient de bons cultivateurs, en avaient avant eux répandu l'espèce. » D'une façon générale, pour cultiver le kolatier en Afrique occi- dentale, on ne devra pas s'éloigner de plus de 9° de l'équateur, sinon la longueur de la saison sèche et les variations de la tempé- rature, qui descend parfois au-dessous de -|- 10" à la hauteur du 10° latitude nord, entraveraient la végétation de la plante. M. Ch. Rivière a constaté, au Jardin d'essai d'Alger, que cet arborescent ne supportait pas des abaissements de température de -|- 12° dans une serre chauffée. Sous un climat marin, le même arbre peut réussir dans toute la zone torride. Le kolatier a une racine profondément pivotante. Il ne résiste pas dans les endroits où, sous un sol peu profond, il rencontre soit l'eau, soit une couche rocheuse. Il redoute les emplacements inondés par les marigots et ceux où l'eau séjourne pendant la saison des pluies. La transplantation étant très délicate, on devra le semer à demeure en une place soigneusement ameublie et amendée, sur un mètre de diamètre et de profondeur. On pourra aussi le semer en pépinière ombragée et le transplanter en grosses mottes au bout de quelques mois, avant que sa racine ait pu prendre un développement impor- tant, dans des trous préparés dans les mêmes conditions. Il demande un ombrage modéré, qu'on peut lui procurer facile- ment en plantant avec lui des Acacia Lebbeck et des bananiers de la façon suivante : les kolatiers à 10 mètres en tous sens, les acacias à 20 mètres en tous sens à raison de un acacia pour quatre kolatiers, et les bananiers sur les lignes de kolatiers à 1"^ 50 environ des arbres qu'ils devront protéger. Les touffes de bananiers devront être émondées, soigneusement et souvent, pour permettre aux kolatiers de recevoir la lumière nécessaire : ils seront arrachés complètement dès que l'ombrage des Acacia Lebbeck, dont la croissance est rapide, sera suffisant. Les bananes seront un appoint sérieux pour la nourriture des ouvriers. Le kolatier exige peu de soins d'entretien. Il convient pourtant de bêcher profondément autour de lui sur un mètre de rayon au commencement et à la fin de la saison des pluies, et de profiter de cette opération pour lui donner les engrais dont on pouri^a disposer, fumier et ordures de village par exemple. 136 ÉTUDES ET MÉMOIRES Ce bêchage doit être complété, au moins pendant les premières années, par un sarclage général de la plantation, donné entre les deux bêchages dans le but de dégager les jeunes jolants des herbes. Il commence à fructifier vers l'âge de cinq ou six ans, mais on ne peut en attendre une récolte rémunératrice avant la dizième année : à partir de ce moment, il peut donner annuellement plusieurs mil- liers de noix. Cet arbre se multiplie aussi par boutures et marcottes. Au sujet de la culture du kolatier, il nous semble intéressant de citer l'opinion de M. Auguste Chevalier, que cet explorateur exprime dans une étude sur l'avenir de la culture du cotonnier au Soudan français, publiée dans le bulletin d'août 1901 de la Société Natio- nale d'Acclimatation de France : « De même que le kolatier est la seule plante dont le rendement paraisse actuellement devoir être rémunérateur pour l'Européen qui saura le cultiver dans la zone guinéenne (haute Côte d'Ivoire et régions boisées de la Guinée française); de même le cotonnier est la seule culture indigène actuelle, dont le développement soit suscep- tible d'alimenter un courant commercial important du Soudan pro- prement dit (du 10'' au 1(3'' degré lat. X.) vers l'Europe. » Le kolatier est actuellement cultivé sur différentes parties du globe, aux Antilles, dans les colonies du golfe de Guinée et en Extrême-Orient, notamment. [A suivre.) Jean Vuillet, Chef du Service de r Agriculture du Haut-Sénégal-Niger. CULTURE DU COTONNIER A LA STATION EXPÉRIMENTALE DE MAROVOAY, PRÈS DE MAJUNGA Essais 1904-1905. {Suite 1.) MOIS D'AVRIL RÉGLME MÉTÉOROLOGIQUE DATES QUANTITÉS D.VTES QUANTITÉS millimètres niillimèlres 1 2 3 0.0 29.7 127.5 5 6 7 90.0 14.4 0.0 4 45.9 La saison sèche commence; aucune pluie. OBSERVATIONS La plantation ne nécessite pas de travaux. Les journées de pluie continues et violentes survenues du 2 au 6 ont été les dernières de la saison; un temps sec a régné ensuite. Ce régime météorologique a apporté de graves ehangements dans le mode de végéter de nos cotonniers. Brusquement, sous Tinfluence d'un vent sec qui s'est élevé du sud à partir du 8, les plants ont perdu leurs nouvelles capsules, leurs fleurs et une partie de leurs feuilles. Celles de ces dernières qui persistaient étaient plus ou moins atta- quées par les insectes et une sorte de brunissure. Quelques capsules formées et déjà grosses se rencontrent encore à la base des plants. Ce sont celles qui nous fourniront le semblant de récolte objet du tableau qui va suivre. Sous la pluie des premiers jours du mois la maladie cryptoga- mique a redoublé d'intensité sur les variétés qu'elle affectionne, elle s'est beaucoup atténuée vers la fin, sans doute par suite de la séche- resse. En somme, dans son ensemble, le champ revêt une teinte bronzée peu satisfaisante. Aucune floraison nouvelle; certains plants, Yanno- vich, Sea-Island, atteignent jusqu'à 2"^ 50 de hauteur ; les essais de rabattage ne nous donnent pas de résultats intéressants. 1. Voir Bulletin, n" 34. Bulletin du Jurdin colonial. 10 138 ÉTUDES ET .MÉMOIRES MOIS DE MAI AUCUNE PLUIE OBSERVATIONS L'état général mauvais du mois dernier se maintient, il se reforme quelques nouvelles feuilles et fleurs ; mais le champ con- serve sa teinte noirâtre. Les variétés que nous avons mentionnées comme atteintes de la maladie crvptog-amique semblent revivre avec la sécheresse, les lésions deviennent plus rares, se cicatrisent ; enfin une nouvelle charpente cherche à se reformer qui n'est plus atteinte par des taches. Les capsules de la base des autres variétés qui avaient persisté, arrivent à maturité pendant ce mois, le coton qu'elles nous donnent est taché plus ou moins. En voici les poids ; ils nous permettront de classer les variétés dans leur ordre de résistance aux pluies ; nous l'avons établi pour un millier de pieds de chacune d'elles. Par 1.000 pieds. 1 N" 7 Fort-Dauphin 50 kil. 2 B. Assoc. cotonnière 23 — 3 Turquestan F. D 20 — 4 Russel 19 — 5 Griffin 18 — 6 King- Early A. C 17 — 7 Ozier Silk"^A. C IS _ 8 Han Kins F. D [l] — 9 Russel big boll A. C 12.500 10 G. F. D 12 — H Allen 10.500 12 Choice Upland 10 — 13 B. Majunga 9 14 N° 5 F. D 8 — CULTURE DU COTOiN'MER 139 15 Excelsior 7.200 1 6 Louisiane 7 — 17 NM F. D 5.400 18 Yannovich 5 — 19 Sea Island 2.100 20 Mit Affifi 0.200 21 Abassi 0.100 22 Peterkin 0.080 23 Géorgie longue soie 0 . 042 24 Pérou dur 0.000 Aucune de ces variétés ne mérite d'être considérée comme devant se cultiver pendant cette période. Les observations de l'an dernier se confirment et comme elles s'appliquent là à des espèces bien différentes, nous demeurons per- suadés, jusqu'à preuve du contraire, que cette culture a été entreprise à une mauvaise époque ; elle l'est certainement pour les dernières variétés de la liste qui n'ont même pas fructifié, ou pour ainsi dire pas. MOIS DE JUIN Rég-ime de la saison sèche : brouillards, le matin fortes rosées, le temps se rafraîchit, les journées sont un peu moins long-ues. OBSERVATIONS Peu de modifications, la maladie cryptogamique des variétés attaquées a complètement disparu, ces espèces continuent à former des pousses et des fleurs ; toutes les autres aussi, mais plus lente- ment. Nous voilà bien en présence d'un nouveau départ de la végé- tation, il n'est guère possible d'en douter. Les anciennes feuilles sont couvertes de taches bronzées et se per- sillent. Les plants sont g'énéralement pourvus d'une charpente puissante, la chute des feuilles permet d'en jug-er, certains troncs atteignent 3 centimètres de diamètre à la base. Nous aurons à constater à dater de ce jour, si, suivant l'exemple des cotonniers indigènes, ceux-ci vont se regarnir de feuilles et nous donner en octobre une belle récolte. 140 ÉTUDES ET MÉMOIRES Essai n** 2. Sauf en ce qui concerne l'époque des semis, nous nous sommes appliqués, clans l'établissement de ce deuxième hectare d'essais, à réunir des conditions identiques à celles précédemment exposées. Nous y sommes parvenus assez aisément ; c'est ainsi qu'en ce qui concerne le sol, les variétés, les façons culturales rien ne différait, sauf les frais de premier établissement qui se sont trouvés moindres par suite des difficultés plus g'randes pour le travail du terrain à la charrue. TRAVAUX ET PKIX DE REVIENT Dates du semis : le 25 janvier. Dépense y compris cette opération : 138,20 Germination : le 28. Levée générale : le 31, très rég^ulière. Les pluies de la fin de janvier ont favorisé beaucoup la sortie des jeunes plants. MOIS DE FEVRIER Pour le régime des pluies, se reporter au tableau déjà donné. TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report des dépenses 138,20 Eclaircissagedes touffes, on laisse deux plants par poquet le 3 février : 10 journées 10 148,20 Végétation bien régulière de toutes les variétés; les pluies conti- nues rendent leur développement assez lent. MOIS DE MARS TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report des dépenses ' 14tS,20 Le 19 mars, sarclage : 19 journées 19,25 167,45 CULTURE DU COTONNIER 141 ORSERVATIONS Vers le 9, les pluies deviennent moins nombreuses, les plants se mettent à pousser avec une extrême vig-ueur, ils atteignent rapide- ment 1 mètre de hauteur. Sauf les variétés d'Eg-ypte, le Pérou dur, le Sea-Island et espèces de ce type, les autres variétés donnent, à la date du 20, leurs premières floraisons. Nous relevons les premières traces de la maladie cryptoga- mique déjà signalée. MOIS D'AVRIL TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report 167,45 Le 18 avril, sarclage : 25 journées 25,25 192,70 OBSERVATIONS Pleine floraison pour les variétés déjà citées : le 1'^'' avril. Comme pour rhectare du premier essai, les pluies Adolentes des six premiers jours suivies de la sécheresse amènent la chute des fleurs et des nou- velles capsules qui s'étaient formées. Un bien petit nombre persiste. Ce champ n'a plus un aspect aussi satisfaisant, les feuilles com- mencent à prendre la teinte bronzée dont nous avons déjà parlé. Cependant ce phénomène est moins intense que dans la planta- tion de décembre, les plants continuent à pousser, ils ont 1'" 50 de hauteur, un tronc fort et beaucoup de branches latérales. La maladie cryptogamique des variétés d'Egypte et autres perd son intensité, ces espèces émettent de nouvelles pousses vigoureuses et d'un beau vert. MOIS DE MAI Aucun travail, l'herbe ne se développe plus, on conserve le béné- fice du précédent binage. 142 ÉTUDES ET MÉMOTKES OBSERVATIONS * La teinte bronzée qui commençait à apparaître sur une partie du champ s'est accentuée et étendue. Le Pérou dur reste très vert, vigoureux et ne porte toujours pas de fleurs. Déjeunes capsules s'étaient formées sur les autres variétés, elles tombent ainsi qu'une partie des feuilles. Les anciennes capsules qui avaient persisté après les dernières pluies, en petit nombre, il est vrai, commencent à s'ouvrir. Nous assistons en somme à la répétition de ce que nous avons décrit pour Thectare de décembre, sous une forine beaucouj) plus atténuée cependant. A ^^ 3- ^^^^^^Br9 kjl^EmB&i r-m? ^y3ÊIl1''^ 3/ >«' W^lHiâ^^^^l r^É ^ Pliot. Duchéne. Cotonnier Russel Bigboll. CULTURE DU COTONNIER 143 MOIS DE JUIN Pas de changement, les variétés d'Ég-ypte se remettent à pousser et à lleurir ; le Pérou dur continue à prendre un grand développe- ment. Quelques fleurs apparaissent. Enfin, tout à fait à la fin du mois, les autres variétés commencent à vég-éter un peu. En résumé, ce champ qui a été semé un mois après celui de décembre est au même point que lui, ses plants ont un développe- ment aussi puissant, son aspect g'énéral est un peu meilleur. 3® essai. Nous avons établi ce S*" hectare d'essais avec les mêmes méthodes et dans des conditions identiques aux précédentes. En coteau, avec pente plus forte que celles des deux autres champs, des dépenses plus réduites, tels sont les seuls chang'ements apportés. Semis : le 27 février 1903. Dépenses jusqu'à cette date, semis compris. . 177,23 MOIS DE MARS TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report 477,23 Remplacement des manques et léger binage : 7 journées 7,23 184,30 OBSERVATIONS Commencement de la levée le 2 mars, levée irrégulière terminée le 3 mars. Pluies assez fortes suivies de périodes sèches de quelques jours. Des plants déchaussés par les pluies se dessèchent, d'autres sont cassés par suite de la violence de ces pluies. Il en résulte de nombreux manquants que l'on remplace ; plants peu développés à la fin du mois. 144 ÉTUDES ET MÉMOIRES MOIS DAVRIL TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report 184.30 Remplacement et binage léger : 9 jomniées 9-^3 193.73 OBSERVATIONS De nombreux manquants se produisent sous Tinfluence des 6 journées de pluies violentes survenues au début du mois, il est nécessaire de faire de nouveaux remplacements. Le temps sec s'étant établi définitivement, tous les plants, sans distinction de variétés, prennent un développement rapide. Ils atteignent 80 centimètres h la fin du mois et revêtent une belle teinte verte. MOIS DE MAI Aucun travail, l'herbe ne se développe plus. OBSERVATIONS Pleine floraison dans les premiers jours du mois. Ces plants con- tinuent à pousser avec une vigueur extrême, aucune maladie. Si nous notons ces plants de 0, à 20, nous ne voyons pas de variétés que l'on puisse noter au-dessous de 13, plusieurs méritent la note 18. Ce champ forme contraste absolu avec ses voisins. [A SlÙVI^e.) DUCHÈNE, Directeur de la Station dressai de Marovoay. LES MATIÈRES TANNANTES DE NOS COLONIES L'industrie a besoin de plus en plus de matières tannantes riches ; nous avons donc recherché si nos colonies pouvaient fournir des matières tannantes susceptibles d'être exportées soit à l'état de nature, soit sous forme d'extraits concentrés. Une enquête a été ouverte, dans chacune de nos colonies, et les renseig-nements recueillis furent envoyés au Jardin colonial : celui- ci recevait en même temps des échantillons des végétaux renfermant du tannin, échantillons qui ont été analysés dans les laboratoires le Jardin i. C'est l'ensemble des documents, rapports et analyses, réunis sur cette question, qui sont rapportés ci-dessous. MADAGASCAR On trouve à Madagascar de nombreuses essences à écorces tanni- fères. Le laboratoire municipal de Tananarive a procédé à l'analyse des écorces les plus riches en tannin pour l'École professionnelle de Tananarive, et a obtenu les résultats suivants (le tannin a été dosé dans les écorces séchées à l'air libre, par le procédé J. Jean, et les résultats rapportés à un kilog-. de matières) : Ecorce de chêne Ecorce de rotra Ecorce de Harongana Ecorce de pêcher id. Ecorce de Zamborozano Ecorce de Lalona id. id. Ecorce de Volomborona Noix d'Arec (récoltées trop tard) Ecorce d'Eucalyptus Ecorce d'Eucalyptus (jeunes branches Feuilles d'Eucalyptus Ecorce de Lakitra Ecorce de Nato, TANNIN absorbable par la peau 88.90 8.3 . 33 58.06 62 . 3 i (( « 29.33 39.88 22.61 128.00 128.28 TANNIN non absorbable par la peau « 12.70 21.43 18.21 13.47 17.47 13.69 12.50 13.00 3.72 TANNIN total 54.00 101.60 5.30 102.50 104.76 44.25 66.00 76.27 75.81 6.73 21.10 46.80 53.57 35.11 141.00 132.00 1. La méthode employée est la suivante : épuisement des végétaux à l'eau, et dosage des matières tannantes par le permanganate de potasse par rapport à du tannin pur. ii6 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les échantillons analysés au Jardin colonial ont donné les résul- tats suivants (les résultats étant rapportés à 100 de matière sèche) : PRECIPITE avec les sels de fer Ecorce de Palétuvier f Majunga) [ Ecorce interne Ecorce de Palétuvier ] Couche extérieure de ( récorce avec lichens Ecorce de goyavier Ecorce de Sana (Faralanfiana id. Ecorce de rotra • • • • Palétuvier (Ecorce sans la parlic nU'vw. irAiiliikiifèsj . . Ecorce de Lalona Ecorce de Nato i^Prov. dWmpasipotsy) Ecorce de Ilafopotsy Ecorce de Palétuvier (Maintirano) Ecorce de Hempa (Forl-Daui)lun vert olive SOLUTION ac[ueuse rouge TANNIN o/o mat sèche noir bleu jaune — vert jaune rouge — bleu — — gris olive grenadine brun noir — — — rouge brun rose brun noir jaune rouge noir bleu jaune vert 21.40 12.00 2.40 16.00 9.30 12.10 !» . 30 24.50 9.30 l'.OO 5.50 13.00 1 0 . 00 De Texamen de ces deux tableaux il ressort qu'un certain nombre d'écorces, celles de Lakitra, de nato, de j^ovavier, de pêcher, pré- sentent des teneurs en tannin assez fortes. Malheureusement la plu- part des écorces de ces arbres sont inemployables en tannerie pour des raisons diverses. L'écorce de nato est un produit colorant dont les indigènes se servent pour teindre en un rouge bien caractéristique leurs lambas mortuaires ; de ce fait cette ecorce atteint sur les marchés une • valeur qui la rend inemployable pour la tannerie. L'écorce de Lalona. qui est la seule essence assez répandue en forêt, donne aux cuirs une couleur vineuse qui ne permet pas de conseiller l'emploi de cette ecorce. L'écorce de Lakitra réunit toutes les qualités d'une excellente ecorce de tannerie, elle donne aux cuirs une teinte blanche très précieuse ; par contre l'arbre est trop peu répandu pour qu'on puisse songer à l'employer économiquement : en outre le Lakitra ne vit pas sur les plateaux secs et dénudés. L'écorce de rotra serait utilisable pour la tannerie : l'arbre qui n'est pas très répandu en forêt est par contre susceptible d'être cul- tivé à proximité des villages, mais c'est un arbre de haute futaie à croissance très lente, et ce n'est guère qu'à 25 ou 30 ans qu'il est exploitable, car il fournit du bois de construction qui commence seulement à prendre toute sa valeur à cet âge. LES MATIERES TANNANTES DE NOS COLONIES 147 Tous les arbres précédents étant ainsi éliminés, restent le pêcher, le zamborozano et le g-ovavier pour la production d'écorces de tan- nerie : ils peuvent être cultivés à proximité des villages et ont une Phot. Em. Prudhomme. Le Palétuvier dans le nord-ouesl de Madagascar. croissance assez rapide. Mais ces essences, bonnes pour être utili- sées sur place, ne sont cependant pas assez riches pour pouvoir supporter des frais de transports élevés. Il ne reste donc plus que le palétuvier qui soit susceptible d'être exporté : cet arbre fournit en effet une écorce très riche en tannin 148 ÉTUDES ET MÉMOIRES (une écorce de palétuvier d'Antakarès dépouillée de sa couche externe a donné 24,50 %) et cependant les peuplements qui couvrent le littoral de la côte Ouest, et qui pourraient donner lieu à une exploitation d'une durée illimitée, restent jusqu'à présent inutilisés par suite du prix trop élevé réclamé par les compagnies de naviga- tion pour le transport de ce produit. Un commerçant de Morondava en a récemment tenté l'exportation : le prix du transport, réduit, de Morondava à Marseille était de 60 francs la tonne pour le tan en poudre, et 60 francs les 700 kilos pour le tan concassé. L'écorce coûtait à Morondova seulement 1 fr. les 100 kilos mais par suite de tous les frais elle revenait au quai de Marseille à 11 fr. 97 les 400 kilos. Le prix de vente était de 12 francs, ne laissant qu'un bénéfice de 0 fr. 03 par 100 kilos. Il serait cependant intéressant de recommencer cette tentative, soit en obtenant un nouvel abaissement de fret, soit en effectuant les transports par voiliers; les frais seraient ainsi très réduits et pourraient laisser un bénéfice appréciable. CONGO Les indigènes du Congo, à l'exception de ceux qui habitent les régions de la haute Sangha et du Chari et qui sont soumis à l'in- fluence arabe, n'utilisent pas les principes tannants contenus dans les végétaux. Ils se contentent de faire subir aux quelques orne- ments, sacs, fourreaux de sabre, ou tapis en peaux d'animaux une préparation rudimentaire. Les peaux servant à confectionner ces objets, débarrassées des parties graisseuses, sont étendues sur le sol en plein soleil : elles sont fixées en place et maintenues à l'aide de chevilles de bois. L'in- térieur est saupoudré de cendres pour empêcher la putréfaction. Pour ces motifs, les indigènes ne peuvent être appelés à fournir aucun renseignement intéressant permettant d'établir l'inventaire des matières tannantes qui peuvent exister dans les forêts de la colonie. Il existe cependant au Gabon des palétuviers dont l'écorce est riche en tannin : des dosages, effectués sur des échantillons décorées expédiés au Jardin colonial ont donné 12,70 de tannin p. 100 de matière sèche. Mais ces écorces expédiées très humides avaient moisi en route et perdu une partie de leur tannin ; elles doivent certaine- LES MATIÈRES TANNANTES DE NOS COLONIES 149 ment en renfermer une proportion plus grande que celle indiquée par l'analyse. Mieux que toute autre plante, le palétuvier serait facilement exploitable étant donné son habitat au bord des nombreuses criques navigables de la côte. La question du transport dans la colonie qui est la grosse difficulté pour beaucoup de produits à exporter, serait par conséquent fort simplifiée. Quant à la quantité pouvant être exportée, on peut la considérer comme illimitée. Il reste à savoir si ce produit peut remplir les conditions demandées par l'industrie. AFRIQUE OCCIDENTALE Dans les divers pays qui forment nos possessions d'Afrique occi- dentale, les indigènes connaissent et pratiquent le tannage des peaux : on pourra donc facilement, en notant leurs pratiques, con- naître les végétaux dont ils se servent ces renseignements nous seront transmis par la suite ; les chiffres que l'on trouvera dans le tableau suivant sont seulement le résultat des analyses effectuées sur les échantillons qui nous ont été expédiés : Ecorce de Palétuvier (Sénégal) l'HÉr.IPlTÉ avec les sels de fer SOI.I-TIOX aqueuse TANMN »/o mat. sèche Vert olive rouge — clair 15.00 4.60 6.10 Fruit de g'nigni (Cercle de Thics) Ecorce de gnigni (Cercle de Thiès) Feuilles de Ratte (Cercle de Longa) bleu noir jaune orange 11.00 Ecorce de Siri (Haut Niger et Soudan) .... vert noir lilas 15.20 Rameaux de Siri (id.) noir bleu rouge clair rouge jaune clair 11-50 1 0 . 40 45.00 Ecorce de Guélé (id.) Nep. nep. (^gousses d'acacia) (id.) id. id. 45.00 id. id. — — — 33.00 id. id. — — — — 31.20 Ecorce de nep. nep. (acacia) (id.) vert noir noir bleu rouge Jaune clair 9.90 15.00 Ecorce de Gueleba (Côte d'Ivoire) Ecorce de tamarinier (Côte d'Ivoire) vert brun rose 3.00 Ecorce de palétuvier rouge (Guinée) — olive très rouge 19.50 Ecorce de palétuvier noir (Guinée) — — brun 2.60 Noyaux de mangues noir bleu brun jaune 12.90 L'étude de ce tableau montre qu'il existe en Afrique occidentale des végétaux dont les teneurs en tannin sont très élevées. Les gousses de nep nep sont, sans contredit, de beaucoup les plus loO ÉTUDES ET MÉxMOlRES riches. Malheureusement ces gousses d'acacia ne se trouvent qu'en quantité limitée dans la province du Haut-Niger et Soudan, et ne peuvent par conséquent apporter qu'un faible appointa l'industrie des matières tannantes. Le palétuvier rouge du Sénégal et surtout de Guinée pourra plus facilement, par suite de sa présence sur les côtes, près des points d'embarquement, supporter les frais de transport si l'industrie se décide à l'employer. Quant aux autres essences, dont les teneurs en tannin ne sont cependant pas pour quelques-unes négligeables, il semble difficile que l'on puisse trouver du bénéfice à les exporter. On doit remar- quer en passant la faible teneur des écorces du palétuvier noir de Guinée : ces écorces, très minces, ont été expédiées mouillées, sont arrivées moisies et ont pu de ce fait perdre une grande partie de leur tannin : mais elles doivent cependant être sensiblement moins riches que les écorces de palétuvier rouge dont l'écorce est très épaisse. INDO-CHINE D'après les renseignements ' transmis par le service de l'Agricul- ture en Cochinchine, il ressort que plusieurs espèces de jaalétuviers croissent en grande abondance sur les berges des fleuves^ dans la zone des eaux salées. Suivant les analyses faites récemment pour trois variétés par le directeur du laboratoire de Saigon, les teneurs en tannin sont les suivantes : Vo du oc 18,93 »/o de tannin soluble à froid Vo da xuong. . . . 18,38 — — — Vo da que 24,13 — _ _ Les écorces se vendent respectivement de 0$ 80 à 1$ 20, de 1$ à 2$ 50, de IS 20 à 2$ le picul de 60 kilogrammes. Il est peu probable qu'il y aurait avantage à importer les écorces en France, par suite du prix très élevé du fret, et l'on devrait pro- céder à. la fabrication d'extraits sur place. 1. Ces renseignements ont été publiés dans le n" 25 du Bulletin économique da Gouvernement générul de l'Indo-Chinc. LES MATIÈRES TANNANTES DE NOS COLONIES 151 Les palétuviers sont de beaucoup la source la plus importante de tannin de la Cochinchine. Mais on y trouve aussi en petite quan- tité : les Mjrobolans, représentés par le Terminalia chebula (en anna- mite: chieû lieu) dont les fruits non mûrs contiennent de 31 à 43 ° j^ de tannin, et l'écorce de l'arbre jeune 34 °/o environ, et par le Ter- minalia tomentosa (en annamite : bàng-làng khê), renfermant de 4 à 6 7o de tannin dans les fruits et 6 à 13 *>/o dans l'écorce. Enfin les épicarpes du mangoustan contiennent un peu de tannin mais dans la faible proportion de 6, 58 "/q. NOUVELLE-CALÉDONIE Il existe dans la colonie plusieurs essences forestières suscep- tibles de fournir du tannin, parmi lesquelles on peut citer : le chêne g^omme (Spermolepsis tannifera) dont l'écorce peut fournir environ 12 °/o de tannin et ne contient aucune matière colorante; le chêne blanc (Weinmannia parviflora) qui, comme le chêne ordi- naire, possède environ 5 ^jo de tannin et se trouve en abondance dans la chaîne centrale; les casuarina ; l'acacia fornesiana qui est fort répandu dans la colonie ; enfin la canaigre qui peut renfermer 16 "/o de tannin et dont la culture, qui paraît devoir réussir, pourrait être propagée. Mais ces diverses espèces présentent l'inconvénient ou de ne pas être assez abondantes dans l'île pour faire l'objet d'une exploita- tion suivie ou de ne se trouver que dans les parties peu accessibles de la chaîne centrale. Le palétuvier est le seul arbre de la colonie qui semble se prêter à une exploitation facile. Il est très répandu, surtout sur la côte ouest dont il recouvre tous les marais ; il est moins abondant sur la côte est où les fonds marins sont en général plus inclinés que sur l'autre côte. On distingue deux espèces de palétuviers : le blanc et le rouge. Le palétuvier blanc est de beaucoup le moins répandu : sa richesse en tannin est d'ailleurs notablement inférieure à celle du palétuvier rouge dont la teneur ne descend pas au-dessous de 16 °/o. Cepen- dant l'échantillon qui nous a été envoyé n^accusait à l'analyse que 11,35 °/o. Ce chiffre, qui serait inférieur au chiffre normal, doit tenir à une mauvaise préparation des écorces : celles-ci sont du reste 152 ETUDES ET MÉMOIRES beaucoup moins épaisses que les écorces des palétuviers rouges de Madag^ascar renfermant 24,50 °/o- Si cependant on voulait utiliser l'écorce de ces palétuviers, l'ex- ploitation pourrait être entreprise avec des chances de succès. Cet arbre se trouve sur la côte et ne s'étend jamais bien loin du rivage de la mer ; le transport des matières tannantes pourrait donc être assuré facilement et sans trop de frais par les divers bateaux qui desservent l'île dans toute son étendue. La main-d'œuvre qui conviendrait le mieux à ce genre d'industrie serait la main-d'œuvre indigène qui reviendrait à 60 francs par mois environ, frais de nourriture compris. En dehors de ces frais, le concessionnaire du droit d'exploiter les palétuviers aurait à verser au domaine de l'Etat une redevance qui, très modérée au début, pourrait être augmentée dans des proportions raisonnables, si l'entreprise prospérait. * * * Parmi toutes les essences que nous avons rencontrées, il n'y a guère que le palétuvier qui soit assez abondant et assez riche pour qu'on puisse songer à l'importer en nature en France. On peut en effet trouver des écorces de palétuviers assez riches pour supporter les frais de transport : mais il faut choisir avec soin les espèces auxquelles on s'adresse, les dosages montrant que les teneurs en tannin varient dans de grandes projDortions non seulement suivant ces espèces mais encore avec l'âge des arbres. La préparation des écorces joue aussi un rôle très important : il faut les débarrasser de la couche externe qui contient fort peu de tannin, les récolter et les emmagasiner à l'abri de la pluie (le tannin de palétuvier est en effet très soluble même à froid), les faire sécher pour éviter les moisissures, et les expédier de façon à les conserver en bon état K Les teneurs de 25 à 30 *'/o en tannin que l'on obtient en procédant ainsi sont suffisantes, quoiqu'elles n'approchent pas des teneurs de 45 et 50 ^/^ qui ont été signalées pour des écorces ven- dues sur le marché de Hambourg (un morceau d'écorce de palétu- vier achetée sur le marché de Hambourg et analysée par nous n'a donné qu'une teneur en tannin de 24,42 *>/o). 1. Vrtip le Journal d' Agriculture tropicale, ii"' 34 et 37. LES MATIÈRES TANNANTES DE NOS COLONIES 153 Malheureusement le tannin de palétuvier donne aux cuirs une couleur rouge très prononcée qui fait rejeter ces cuirs sur les mar- chés d'Europe. Comme il est très difficile de décolorer ces tannins, l'exploitation des palétuviers ne pourra être entreprise en grand que lorsque, à l'imitation de ce qui se passe en Amérique, les cuirs rouges seront acceptés sur nos marchés. L'autre méthode pour l'exploitation du tannin contenu dans les végétaux consiste en la fabrication d'extraits. Cette fabrication résou- drait en partie la question du fret : comme on ne transporte plus que les matières utiles, on pourrait exploiter un plus grand nombre de végétaux à teneur en tannin plus faible, mais pouvant donner des cuirs de bonne qualité. Malheureusement la fabrication des extraits, sans être difficile, est encore assez délicate et demande à être conduite avec soin pour être économique. De plus, le manque de tonneaux en bois pour le transport des extraits serait dans beaucoup de cas sinon un empêchement, du moins une gêne très grande. Ce serait donc à tous les points de vue une industrie nouvelle à étudier, et à créer aux colonies. Paul Ammann, Ingénieur Agronome, Chef du service chimique au Jardin colonial. Bulletin du Jardin colonial. 11 NOTES NOTE SUK UNE FLORAISON DE BAMBOUS Floraison de V Ariindinaria Simoni au Jardin colonial Il y a quelques mois, en août dernier, M. le Dr. F. -H. Forel, professeur à l'Université de Lausanne, a publié un intéressant article 1 sur la floraison du Bamhusa gracilis, Hort. S, dans plu- sieurs localités de la Suisse. C'est qu'en effet, lorsqu'une espèce de Bambou se met à fleurir, sans que quoi que ce soi|. ait annoncé ou fait prévoir cette floraison, on voit quelquefois, à des intervalles de plusieurs dizaines d'années, qui ne se répètent d'ailleurs pas exacte- ment et, aussi parfois, pendant plusieurs années de suite, toutes les tiges d'une même touffe, toutes les touffes d'un même jardin, d'une même contrée et d'un même pays, touffes souvent séparées par des distances considérables, se mettre à fleurir en même temps. Ces plantes qui jusqu'à leur floraison avaient grandement contribué à la décoration de nos jardins et de nos parcs, prennent immédia- tement un aspect mort qui persistera tant c[ue leurs tiges resteront dressées. Celles-ci ne tarderont pas à se casser et à barrer le sol dans tous les sens, à des hauteurs variables, rendant toute circula- tion à peu près impossible sur le terrain qu'elles couvrent. Ce que nous constatons sur des plantes peu nombreuses, presque isolées, est tout à fait frappant lorsque Ton se trouve en présence d'une forêt de bambous qui sont en fleurs ou qui viennent de fleurir. Cela me remet en mémoire un spectacle fort curieux dont furent témoins les membres de la mission J. Dybowski dans l'Afrique centrale, vers le 7" de latitude nord et entre le 17° et le 18" de longitude est, en octobre 1891, et que le chef de mission a rapporté en ces termes ^ : 1. Bevae Horticole de VAUjcrie, il" 10, 9' année — octobre 1905. 2. Lu route du Tchad. — Paris, 1S93. UNE FLORAISON UE BAMBOUS 155 Pliot. Jardin Colonial. Rameau cT Arnndinaria. Simoni, après plusieurs mois de floraison. « Mais après quatre kilomètres rapidement franchis, les herbes deviennent plus hautes et recouvrent un g-rand nombre de perches gisant sur le sol ou enchevêtrées les unes dans les autres et main- 156 NOTES tenues quelquefois à plusieurs décimètres au-dessus du sol ; je les examine et, non sans ime très grande surprise, je constate que ce sont des bambous ' ; puis bientôt je vois quelques touffes de cette plante encore sur pied, mais desséchées. Les tiges ont de 15 à 18 mètres de haut ; elles se sont abattues sur le sol et forment comme un immense jeu de jonchets au milieu duquel on a toutes les peines à marcher. Il faut lever les pieds, enjamber ; on saccroche, on tombe et on n'avance qu'au prix d'une réelle fatigue. Puis nous tombons dans une région où tous les bambous sont vivants. Ce sont des plantes superbes. Les touffes ont 6 à 8 mètres de dia- mètre et les brins s'élancent en une gerbe haute et élégante et s'in- fléchissent en des courbes gracieuses. » Les bambous dont il est question, au début de cet extrait, avaient fleuri un certain temps auparavant et l'on voyait déjà, au milieu des tiges mortes, un jeune peuplement de jeunes bambous âgé d'environ 2 ans, c'est-à-dire correspondant à la floraison des pieds-mères. Les graines de certaines espèces de bambous sont comestibles ; non seulement elles peuvent servir pour la nourriture de la volaille mais aussi pour celle de l'homme. On a pu observer, dans l'Inde, que dans les années de disette, si une floraison de bambou se produit, les graines sont largement utilisées, à l'égal du riz, pour l'alimen- tation des habitants dans les contrées pauvres où les récoltes habi- tuelles ont fait défaut. Dans un autre cas, les graines de bambous sont indirectement la cause de grands désastres, ainsi que le rapporte M. le Dr Forel, Les années où ces plantes fructifient, leurs graines peuvent être si abondantes que les rongeurs : rats, souris, etc., se nourrissent facile- ment et abondamment. Cet excès de nourriture fait qu'ils se multi- plient énormément ; l'année suivante, ne trouvant plus cette nour- riture exceptionnelle, ils se jettent sur les récoltes et détruisent les céréales des plantations. La famine qui survient de ce fait est, dans ce cas, la conséquence de la fructification abondante des bambous. Dans le courant de l'été dernier on a pu constater, au Jardin colo- nial, la floraison de plusieurs touffes à'Arundinaria Simoni A. et Ch. Rivière, originaire de la Chine. Cette floraison a duré plusieurs mois, de mars à décembre au 1. Oxytenaiithera abyssinica. UNE FLORAISON DE BAMBOUS 157 moins, et a fait prendre aux plantes im aspect tel que nous nous sommes vus dans la nécessité d'en faire arracher la plupart. Il esta noter qu'au Jardin colonial V Arundinaria Simoni a porté tant de graines que des bandes de moineaux se trouvaient constamment dans le voisinage immédiat des plantes, et semblaient se nourrir presque exclusivement de leurs semences. Nous devons rappeler que le bambou dont il s'agit a fleuri plu- sieurs fois ailleurs, en 1902 et 1903, et que les observations qui ont été faites à ce moment par M. Ed. Bureau, sont relatées dans le Bulletin du Muséum d'histoire naturelle, n° 8, année 1903. La floraison de cette espèce semble donc être assez fréquente et se produire à des intervalles très rapprochés dans un même pays. C. CUALOT, Professeur à V École supérieure d'Agriculture coloniale. LES MOUCHES ET LES MALADIES CONTAGIEUSES LE CLOSET A LA TERRE A juste titre, on s'est beaucoup préoccupé, ces dernières années durant, du rôle que les parasites jouent dans la transmission des maladies infectieuses. Les dernières découvertes modernes ont prouvé l'importance de la destruction des rats, colporteurs de la peste, des moustiques, agents intermédiaires de la malaria, de la fièvre jaune, sans parler des puces, des punaises et autre vermine. Les récents travaux de MM. Ghantemesse et Borel ont attiré Tat- tention sur d'autres parasites qui paraissent être un des principaux organes de propagation de deux fléaux : le choléra et la lièvre typhoïde . La mouche commune, trop connue pour que nous en donnions ici une description, appartient à la grande famille des diptères. La femelle pond, par jour, environ 120 œufs, d'où, au bout de quelques jovn-s, sortent des petits vers blanchâtres qui sont les larves des mouches. En trois semaines, dans nos climats (avant, dans les pays tropicaux), l'insecte parfait est parvenu à son entier dévelop- pement. En calculant d'après la durée de la ponte, une mouche peut, à elle seule, pondre 25 millions d'œufs en un été, qui, s'ils sont déposés sur des matières nutritives, donneront à peu près le même nombre d'insectes. Les mouches vivent de préférence sur le fumier, sur les déchets de toute sorte, sur les viandes putréfiées, sur les cadavres des animaux : elles s'attaquent à ceux-ci, même avant la mort, quand ils sont affaiblis par la maladie. Ces insectes, qui dans les pays chauds constituent une véritable plaie, sont une des causes probables de la promptitude avec laquelle se propagent les maladies contagieuses. Si, dans nos pays, les mouches sont moins nombreuses que dans les pays chauds, elles ne con- stituent pas moins, outre les dangers auxquels elles nous exposent, un de nos plus réels ennemis. Leur présence nous incommode prin- LES MOUCHES ET LES MALADIES CONTAGIEUSES 159 cipalement en été dans les habitations, surtout si ces dernières sont situées à proximité d'un jardin ou d'une écurie. Tout comme pour les autres parasites, la destruction de ces enne- mis ailés s'impose et il faut lutter pour diminuer le plus possible le nombre de ces hôtes dangereux qui, par la facilité avec laquelle ils se transportent d'un endroit à l'autre, peuvent si aisément venir nous infecter. Or ce n'est pas au point de vue contagion que les mouches inspirent le plus de crainte au vulgaire. On est, pour ainsi dire, trop habitué à ce danger pour le considérer comme redoutable. Seul un petit nombre, composé des initiés à la microbiologie et à la parasi- tologie s'en rend compte et le craint. Mais la masse ne voit dans les mouches qu'un léger fléau auquel il est superflu de se soustraire et qu'il serait oiseux d'éviter. En vain parlera-t-on de la mouche charbonneuse, de celle qui transporte les germes de telle ou telle maladie, on vous répondra couramment que c'est un péril pres- que imaginaire tant la chose doit être rare, on aura un sourire d'in- crédulité et cela malgré les affirmations des savants, et les cam- pagnes des gens les plus autorisés. Nous croyons qu'un bon moyen de frapper les esprits et d'agir sur eux de façon plus efficace sera de faire considérer la mouche à un autre point de vue qu'à celui infection. Celle-ci, le fait est connu, cause un préjudice énorme au point de vue économique. En attirant l'attention sur les dégâts que ces insectes commettent dans nos maisons, à la ville ou à la cam- pagne, dans les exploitations agricoles et dans toutes les industries, on habituerait le gros public à l'idée de l'avantage qu'il y aurait à se débarrasser de cette engeance nuisible et peu à peu à persuader le public du danger qu'elle offre au point de vue hygiénique. Nos animaux domestiques, que les soins et l'éducation ont élevés au rang de bêtes de race, délicates et d'une organisation très fine, sont très sensibles aux atteintes des mouches. Actuellement nos animaux soigneusement élevés et entretenus avec soin, représentent une gi'osse dépense de travail et de capital et ont, par conséquent, une grande valeur. Il est reconnu que pendant la saison où les mouches abondent, le lait des vaches diminue et que les animavix se nourrissent moins bien, surtout s'ils sont dans une écurie mal aérée et qui n'est pas dans un état d'extrême propreté. Lahmann dit que la dépense complémentaire de force avec une 160 MOTES grande agitation causée par les mouches équivaut, par tête et par jour, à une livre d'avoine. Dans de mauvaises conditions, cette perte peut se chiffrer par une livre de poids vif par tête de gros bétail. On permet aux mouches de bourdonner à l'aise dans les écuries les mieux tenues. Piares sont les personnes qui songent à les détruire : on les considère comme un tourment inévitable pour les chevaux ; on n'essaye même pas de les soustraire à cette plaie et, si l'on essayait de catéchiser sur ce point tous les éleveurs de che- vaux, presque tous répondraient : et où a-t-on vu jamais une écurie sans mouches 1 Dans les a[)partements, les mouches se posent librement sur les g-laces, les meubles, les tableaux, les dorures, les livres des biblio- thèques, les objets qui ne peuvent chaque jour subir un minutieux nettoyage, les criblant de points noii-s c{ui ne sont autres que les excréments de ces insectes. Les considérations de l'hygiène autant que celles de la propreté engagent cependant à combattre l'invasion des mouches. Celles-ci, quand on les voit voler par nombreux essaims, donnent à l'endroit le plus propre une impression de saleté, lorsqu'on les rencontre dans les cuisines où ces insectes souvent posés en nombre sur les murailles, tombent fréquemment dans les aliments, ou dans les salons où on les voit butiner autour des fleurs et des plantes vertes. Et pourtant on regarde généralement comme inutile tout essai d'extermination et on ne lutte en aucune façon contre cette plaie considérée comme un mal établi par la nature. D'après ce que nous venons d'énumérer, il est évident que leur destruction devrait être prescrite par des règlements de police, autant, par exemple, que la lutte contre les chenilles et les rats. Un procédé, recommandé par Spitze, consiste à enduire de glu une feuille de papier que l'on place dans les endroits où les mouches abondent. Cette glu est préparée de la façon suivante : Deux parties de colophane pour une partie d'huile de navette mélangées sur le feu, auxquelles on ajoute ensuite de la térébenthine épaisse. On remue le tout jusqu'à ce que la masse soit refroidie et on ajoute quelques cuillerées de miel ou de sirop. En Afrique du Sud, j'ai vu maintes fois se servir de cette prépara- tion, mais rien ne m'était, je l'avoue, aussi répugnant que ces feuilles où venaient s'engluer les insectes, et qu'on voyait suspen- dues à la muraille des chand^res ou au lustre de la salle à manger LES MOUCHES ET LES MALADIES CONTAGIEUSES 161 dans laquelle volaient de véritables essaims. Souvent j'ai été exas- péré par ces pièges où plus d'une fois, en passant, se prenaient nos vêtements et même nos cheveux. Il n'est pas de contrée où il soit possible de rencontrer les mouches en aussi grand noml:»re qu'en Afrique Australe et, vers la fin de mon séjour dans le pays, j'avais vu sinon disparaître, du moins considé- rablement diminuer autour de moi ces hôtes ennuyeux qui nous poursuivaient partout et sans relâche. Je m'étais aperçu que, avec les solutions de formol ou de lusoforme, on enlevait les mauvaises odeurs et que, cessant d'être attirées par ces dernières, les mouches disparaissaient. Celles dont la présence nous avait incommodés étaient tuées par la solution au formol qu'on exposait dans un réci- pient où elles venaient se noyer. Mais pour empêcher les mouches de se multiplier, surtout dans les pays chauds, où cette rejDroduction n'est limitée que par la quan- tité de nourriture qu'on leur donne, il est nécessaire d'enterrer toutes les matières organiques le plus rapidement possible, en par- ticulier les matières fécales. Or dans la plupart de nos colonies, on se sert le plus souvent du water-closet, ce qui est une grande faute. Alors que j'étais en Tunisie, j'allai un jour à quarante kilomètres de Tunis, dans la presqu'île du Cap Bon, et là, un colon voulant me faire voir tous les avantages de son installation me montra, en particulier, un water-closet dans lequel il avait installé une chasse d'eau de dix litres, appareil acheté dans le plus grand magasin d'ac- cessoires sanitaires de Tunis, comme étant le dernier perfectionne- ment de la science de l'hygiène. Pour avoir de l'eau, il allait, au moyen d'une pompe, en chercher dans le puits voisin et l'amenait sur le toit de sa maison dans un réservoir qui servait à alimenter d'eau toute la maison, cuisine comprise. Cette chasse d'eau créait dans le terrain dans lequel elle arrivait des fissures qui la condui- saient sans filtration jusqu'à la nappe d'eau souterraine qui alimentait le puits situé à vingt-cinq mètres de la maison. Qu'une personne atteinte de fièvre typhoïde soit venue habiter cette maison et cela suffisait, non seulement pour répandre l'infection parmi les autres habitants de cette demeure, mais encore pour polluer les eaux du sous-sol. Combien d'endémies typhiques n'ont pas d'autres causes! A ce moment, là, tout autour de l'habitation, commençaient à se grouper des métayers qui, tous, avaient besoin de l'eau du sous-sol pour leur alimentation. Ceux-ci étaient ainsi deux fois exposés aux 1 62 NOTES dangers de la contag-ion soit en faisant usag-e de Teau, soit par les parasites qui auraient été en contact avec les matières diluées et ramenées par Teau à la surface du sol. On voit les grands désavantagées que peut jjrésenter cette méthode : par la chasse d'eau, sous prétexte d'hvgiène, nous diluons les matières fécales et nous favorisons l'envahissement de ces matières qui se désagrègent dans l'eau qui les aide à se répandre sur un espace beaucoup plus étendu où elles vont semer les causes de con- tagion. Il serait certainement plus conforme aux règles de l'hygiène d'abandonner, dans les pays chauds, les matières fécales à elles- mêmes. Bien que ce ne soit pas le desiderata au point de vue hygié- nique, le mal serait moindre que dans le premier cas, car les ardeurs du soleil tropical ferait disparaitre rapidement les excré- ments et la dessiccation de ceux-ci détruirait promptement les causes de contagion qu'elles peuvent contenir. Le mieux est de recouvrir de terre les déjections, car alors, les microbes saprophytes pullulent et ceux-ci détruisent les microbes pathogènes. En outre les matières se trouvent cachées et la transmission des maladies par le contact des mouches ne peut avoir lieu. Il faut remplacer le closet à l'eau par le closet à la terre. En Angleterre, cette dernière forme de closet a été particulièrement étudiée et elle est maintenant presque aussi perfectionnée que le closet à l'eau. Dans ce pa^^smême, à Hanover, ville de 20.000 âmes, dans laquelle on ne pouvait établir le closet à l'eau, on aménagea le svstème des earths-closet ou closet à la terre. En recommandant l'enfouissement immédiat de tout déchet organique, nous n'inven- tons pas une nouvelle mesure d'hygiène. Moïse a eu à lutter contre une plaie de mouches et il s'est rendu compte qu'il fallait être très explicite dans les instructions à donner à son peuple. Dans le Deu- téronome, on trouve le passage suivant : « Il doit exister en dehors « du camp une place où on ira faire ses excréments. Une pelle sera « en la possession de chacun et on devra s'en servir pour couvrir « avec de la terre les matières que Ton aura déposées car alors le <( camp sera sain, tout y sera propre et Dieu pourra venir pour t'ai- « der et te délivrer de tes ennemis ». Lorsque l'on veut établir le closet à la terre, il faut construire une maisonnette dans laquelle l'air et la lumière pénétreront facilement. Le réceptacle sera un seau en métal et suffisamment plus large que le trou du siège. La terre, contenue dans une caisse, s'y trouvera LES MOUCHES ET LES MALADIES CONTAGIEUSES 163 en assez grande quantité, de façon à n'avoir pas à en remettre tous les jours. Auprès de cette caisse on mettra une petite pelle qui servira à jeter de la. terre dans le seau chaque fois que des excréments y seront déposés. Le seau doit pouvoir être enlevé par l'extérieur ainsi que la caisse quand on aura à renouveler la provision de terre. On aménagera donc deux ouvertures pour ces petits services de vidang-es car, s'ils doivent être faits par l'intérieur du closet, celui-ci se trouvera sali par ces opérations. J'ai vu, en Australie et en Afrique du Sud, des ag-encements de ce genre ayant l'aspect aussi propre, aussi net que celui de water-closets les mieux tenus. Au-dessous du sièg-e, très propre, on aménag-era une ventilation afin que les odeurs désa- gréables s'échappent par cette issue et non par l'intérieur du closet, qui sera aussi muni d'une fenêtre afin de pouvoir y établir un cou- rant d'air. Souvent on voit, en Angleterre, dans les châteaux et dans les maisons suburbaines, des earths-closet perfectionnés oii la réserve de terre, placée dans un récipient, à une certaine distance du sol, retombe dans le seau recouvrant les matières lorsque, en tirant sur une chaîne, il se produit un déclanchement. C'est, pour ainsi dire, le système de la chasse de terre, remplaçant celui de la chasse d'eau. Pour enterrer les matières fécales provenant du closet à la terre, il ne faut pas creuser une grande tranchée, longue à remplir et qui laissera les matières à découvert pendant longtemps. Il faut, au con- traire, faire de petits trous et recouvrir les excréments dès qu'ils sont déposés dans ceux-ci. Il est nécessaire de soigner la façon de procéder qui, en somme, ressemble assez à celle du jardinier qui veut faire des plantations. Il a été reconnu qu'il suffisait d'un hec- tare pour permettre d'enterrer, pendant une année, les excréments de cinq mille hommes. Le terrain dont on aura besoin sera donc très limité lorsqu'il devra être annexé à une petite exploitation agricole. Il sera plus ou moins grand suivant le nombre des habi- tants. Voici la méthode à suivre pour avoir un lieu de vidanges bien aménagé : En admettant que l'on dispose d'un carré de SO mètres de côté, on divisera celui-ci en 16 bandes ayant chacune environ 3 mètres de large et 50 mètres de longueur, en ménageant au milieu de chacune d'elles un passage de près de 40 centimètres. De chaque côté de ce passage on disposera de petites tranchées creusées méthodiquement 164 NOTES les unes auprès des autres, destinées à recevoir les déjections. On procédera, de la façon suivante, à l'enfouissement de celles-ci : On apportera le seau du closet à la terre contenant les excréments d'une journée. On déversera celui-ci dans la première tranchée, pratiquée sur le point le plus éloigné des latrines. Les matières seront ensuite recouvertes d'une pelletée de terre provenant d'une seconde tranchée, suivant immédiatement la première et des- tinée à recevoir le lendemain le contenu du seau. Les matières seront déposées le jour suivant dans la tranchée restée à découvert et dont la terre aura servi à recouvrir la seconde et ainsi de suite jusqu'à ce que le carré de 50 mètres soit entièrement utilisé. Ces petites tranchées seront de la larg-eur d'une pelle ordinaire de jar- din. Naturellement on ne devra y enterrer que les matières, l'urine et le papier, en évitant d'enfouir des tessons de faïence ou de fer- blanc. La surface du terrain sera aussi soig-neusement ratissée que celle d'un jardin, ne laissant voir aucune trace désagréable de ce qui s'y trouve enterré. On évitera ainsi les mauvaises odeurs et les mouches qui, attirées par les émanations putrides quand les émanations organiques sont laissées à découvert, viennent y déposer leurs œufs. Le terrain pourra être ensuite converti en un jardin potager où l'on cultivera soit de l'herbe, soit des choux, des céréales, des oignons, des épinards ou toute autre plante servant à l'alimenta- tion. Il y aura donc pour le colon, un jardin potager des plus utiles pour son alimentation et en même temps, par l'enterrement des déchets organiques et de toutes les matières pouvant servir à l'ali- mentation des parasites, c'est-à-dire susceptibles d'être utilisées par les mouches pour leur reproduction, on arrivera à lutter avantageu- sement contre l'invasion de ces diptères à l'aide de ces deux agents : propreté et désinfection. D"" Adrien Lom, Professeur à VEcole nationale supérieure d' Agriculture coloniale. SUR L'EMPLOI DE L'ACIDE GYANHYDRIQUE POUR LA DESTRUCTION DES PARASITES (désinfection des serres par l'acide cyaniiydrique) Les essais qui ont été poursuivis au Jardin colonial, et dont on lira plus loin le compote rendu présenté par M. L. Tillier, avaient pour but la recherche d'un appareil simple et commode, qui permît d'utiliser sans danger l'acide cyaniiydrique aux colonies. La destruction des insectes à l'aide de l'acide cyaniiydrique est poursuivie d'une façon courante aux Etats-Unis. A cet effet, les plantes à traiter sont recouvertes d'une sorte de cloche en papier huilé : à la base de la plante et sous la cloche se trouve une terrine contenant de l'acide sulfurique dans laquelle on projette du cyanure de potassium ; la réaction est très vive et les vapeurs d'acide cyanhy- drique se dégagent brusquement : le gaz est retenu par la cloche et peut agir ainsi pendant un certain temps sur les parasites. Cette façon de produire le gaz est très dangereuse, car elle peut exposer l'opérateur à des accidents graves, l'acide cyanhydrique étant un des poisons les plus puissants que l'on connaisse. Avec l'appareil dont nous nous occupons ici, le gaz est produit dans un petit espace clos, sans danger pour l'opérateur, et il peut être dirigé au fur et à mesure de sa production à l'aide d'un tuyau à l'endroit où il doit être utilisé. L'emploi de l'acide cyaniiydrique pour la destruction des insectes parasites des végétaux, les cochenilles qui rongent les caféiers par exemple, est très simple. Les arbustes sont recouverts de leur cloche en papier dans laquelle on fait déboucher le tuyau amenant le gaz : on laisse agir le gaz le temps nécessaire, puis à l'aide d'une corde on tire la cloche pour permettre au gaz de s'échapper dans l'atmosphère. L'application du procédé pourra se faire à tous les végétaux : il y aura seulement lieu de rechercher les doses de cya- nure de potassium à employer par mètre cube d'air suivant les espèces végétales à traiter, celles-ci ne supportant pas également bien Faction du gaz. 166 KOTES Comme aux colonies la température est facilement supérieure à 27", l'on n'aura pas à craindre la condensation du gaz qui s'effectue à cette température. Le sol lui-même est généralement à une tempé- rature supérieure à 27°. On pourra donc emploj'er aussi l'appareil à la destruction des termites dans leurs termitières, et comme dans ce cas on n'aura pas à craindre d'employer des doses de cyanure trop fortes, on pourra détruire avec certitude tous les êtres vivants qui se trouveront dans les galeries. Par suite de la facilité avec laquelle on pourra l'employer, le gaz cyanhydrique pourra être utilisé à la destruction de tous les insectes qui se trouvent dans les habitations, puces, punaises, moustiques, mouches, et que l'on reconnaît aujourd'hui comme les principaux agents de transmission des maladies contagieuses. Même pour les maisons d'habitation, l'usage de l'acide cyanhydrique pourra être préconisé sans danger, avec un opérateur soigneux toutefois : dans les essais effectués au Jardin colonial, on pouvait entrer sans aucun danger dans les serres après une heure d'aération. La meilleure sanction aux expériences poursuivies au Jardin colonial est de voir l'appareil à produire l'acide cyanhydrique employé et rendre des services dans nos colonies. (P. A.). L'action de l'acide cyanhydrique au point de vue de la destruction des insectes a été suffisamment démontrée pour qu'il ne soit pas utile de s'étendre sur les avantages procurés par l'emploi de ce puissant insecticide. Nous rappellerons seulement que si l'acide cyanhydrique est un insecticide de premier ordre, il présente un très sérieux inconvénient, c'est d'être d'un emploi très dangereux, et si l'on considère avec quelle imprudence on a, jusqu'à présent, employé ce terrible poi- son, on peut s'étonner de n'avoir pas eu d'accidents mortels à enregistrer. Justement ému de cet état de choses, M. Dybowski, directeur de TEcole Nationale Supérieure d'Agriculture coloniale, qui fut des premiers en France à appliquer le gaz cyanhydrique à la destruction des insectes, rechercha avec M. Ammann, l'un des professeurs de l'établissement, un appareil permettant d'opérer en dehors de la serre, c'est-à-dire en toute sécurité. Un appareil provisoire fut d'abord établi et donna d'excellents LA DESTBUCTrON DES PARASITES PAR l'aCIDE CYANHYDRIQUE 167 résultats. La maison Glayton construit le modèle définitif repré- senté par la fig-ure, lequel fut exposé à l'Exposition coloniale de Nogent-sur-Marne, en juin-juillet dernier. Au cours de cette expo- sition, une commission fut nommée pour examiner l'appareil et assister à une expérience. "^SBH J***4^ ApiJarcil producteur d'acide cyanhydrique. L'appareil consiste en un récipient de tôle doublée intérieu- rement d'une enveloppe de plomb, inattaquable par l'acide. A la partie supérieure sont disposées deux ouvertures à fermetures hermétiques, dont l'une sert à l'introduction du cyanure et de l'eau nécessaires et Tautre à l'introduction de l'acide sulfurique. A cet effet, la seconde ouverture laisse passage à un siphon de plomb mis en communication, au moyen d'un robinet, avec un entonnoir de verre gradué, dans lequel est mis l'acide suliurique. Le robinet porte une aiguille se mouvant sur un cadran gradué 168 NOTES permettant ainsi de régler le débit de Tacide, et par conséquent la production du gaz. A la partie inférieure de l'appareil se trouve un tuyau de vidange et enfin, sur le côté, est adapté le tuyau d'échappement du gaz qu'un robinet met en communication avec une rampe à gaz disposée à l'intérieur de la serre sur le sol des sentiers. Voici dans quelles conditions fut faite l'expérience à laquelle nous avons assisté : L'appareil placé en dehors de la serre à caféiers fut mis en com- munication avec une rampe placée intérieurement ; dans l'ouver- ture ad hoc on introduisit un litre d'eau et 62o grammes de cya- nure de potassium, représentant une dose de 2 gr. o par mètre cube d'air contenu ; puis dans l'entonnoir de verre fut versé un litre d'acide sulfurique. Cette dernière quantité est un peu supérieure à celle qui est nécessaire, mais il est préférable d'avoir toujours un excès d'acide sulfurique pour être certain que tout le cyanure est bien décomposé à la fin de l'opération. Le robinet à cadran fut réglé de façon à ce que l'acide pût pas- ser dans l'appareil en un quart d'heure. Inutile d'ajouter que les serres avaient été, au préalable, closes aussi hermétiquement que possible et que les portes avaient été disposées de façon à pouvoir être ouvertes à distance au moyen de longues ficelles. La production du gaz terminée, on le laissa agir pendant une heure sur les [liantes et l'aération fut donnée. Quand elle fut suf- fisante pour permettre aux membres de la Commission de péné- trer sans danger dans la serre, ceux-ci purent constater que les nombreuses cochenilles qui envahissaient les caféiers avaient cessé de vivre, ainsi que les kermès dune passiflore tapissant le vitrage de la serre. Quelques vers de terre et des cloportes avaient subi le même sort. Aucune trace de brûlure ne put être constatée, même sur les feuilles les plus tendres de jeunes caféiers qui garnissaient les tablettes. L'opération complète avait duré une heure et demie et, pour un cube d'air de 250 mètres, la dépense avait été de 1 fr. 70 (acide sulfurique, 0 fr. 20 ; cyanure de potassium, 625 grammes k 3 francs le kilogramme =: 1 fr. 50), Des nombreuses expériences qu'il a entreprises au Jardin colo- nial, M. Dybovvski a pu établir les conclusions suivantes : LA DESTRUCTION DES PARASITES PAR l'aCIDE CYAMIYDRIQIE 169 1" Pour obtenir la destruction complète des différents insectes qui peuplent les serres, une dose de 2 gr. 5 par mètre cube d'air contenu est nécessaire et suffisante; 2" Pendant l'opération, une température supérieure à 27° est indispensable, le gaz opérant sa condensation à 27° et cette conden- • sation étant nocive ; É 3° La meilleure époque pour opérer est pratiquement de mai à K septembre, la difficulté pour les traitements d'hiver consistant dans ^B la masse d'air du haut de la serre qui se refroidit rapidement et aide à la condensation. Pour opérer en hiver, il est nécessaire de couvrir la serre de paillassons ; 4° Enfin, il est utile d'opérer le soir plutôt qu'à la grande lumière, celle-ci favorisant la brûlure. Ce dernier fait a été établi par une expérience très concluante, faite dans une serre dont une moitié avait été recouverte de paillassons ; des brûlures furent constatées dans la moitié de la terre soumise à la lumière du soleil, alors que dans la partie couverte aucune trace de brûlure ne put être relevée. De ce qui précède, il résulte que, tant par la modicité de la dépense que par les garanties de sécurité qu'il peut offrir, il est à souhaiter de voir cet appareil se répandre dans les établisse- ments. Il contribuera sans aucun doute à la généralisation d'un puissant moyen de destruction des insectes, en même temps qu'il mettra les opérateurs à l'abri des funestes effets du gaz cyanhydrique. A ce double point de vue, les inventeurs ont droit à la recon- naissance des horticulteurs. Louis TlLLIER, Professeur d'arboriculture de la ville de Paris. Biillelin du Jnrâin rnlmunl. 12 LAGRICILTURK DANS LA VALLÉE DU NIGER OUSSOUNIFING Colcus Coppini [Max Cornu) \uOussounifing est une petite labiée dont les parties anciennes sont légèrement odorantes, dont les tig-es rampantes émettent des racines adventives. Les tiges se terminent par une inflorescence qui avorte presque constamment. Les racines donnent de petits tuber- cules comestibles très nombreux, de la forme de la pomme de terre, de coloration rougeàtre, devenant noirâtre en vieillissant, d'où le nom d oussounifing qui signifie en Bambara petite patate noire. Son véritable habitat est la zone moyenne, de Kita à Sikano. On n'en connaît pas de variétés. Par la sélection, par la culture on améliore l'espèce et 1 on obtient des tubercules atteignant jus- qu'à cinq centimètres dans leur plus grand diamètre. On arriverait à en obtenir de blancs, car beaucoup ont la chair à peine teintée. Les Bambaras réservent à loussounifing les sols légers, riches en matières organiques, ou bien les terres éboulées. Une bonne fumure est du meilleur effet sur la quantité et la qua- lité du produit. La multiplication se fait de deux façons, directement au moyen de tubercules, ou bien par boutures. A la fin de la saison sèche, les tubercules ont déjà bourgeonné en magasin. On les plante, au commencement de l'hivernage, dans un sol bien sain. Puis au milieu de cette saison, on coupe la plante au ras du sol et les tiges servent de bouture pour un nouveau champ. L'indigène prend aussi ses boutures sur les repousses produites par les tubercules oubliés dans son champ de Tannée précédente. Les boutures sont plantées par paquets de trois ou quatre géné- ralement sur buttes. La meilleure distance à adopter entre les plants est de 50 centimètres. 1 l'agriculture dans la vallée du NIGER 171 Les pluies assurent la reprise. Si elles font défaut, la plantation est compromise. Les touffes ne tardent pas à s'étaler. Quand des sarclages sont nécessaires, il faut bien éviter de passer l'instrument sous la plante pour ne pas contrarier l'enracinement adventit. Déjà à la fin de septemfjre on peut cueillir de petits tubercules très appréciés des Européens. Mais ils n'atteignent tout leur déve- loppement qu'en octobre après la floraison. On en juge par l'aspect des tiges qui commencent à se dessécher. La récolte est facile, les tubercules étant très superficiels. Pour les conserver, il faut les mettre en lieu très sec et les étaler en couche peu profonde. L'indigène consomme l'oussounifing cuit à l'eau. La chair en est ferme, point filandreuse comme l'igname, ni pâteuse comme la patate. Pour l'Européen, l'oussounifing remplace la pomme de terre. La culture de cette plante est facile, sûre et d'un bon rendement. Nous avons obtenu, calculé à l'hectare, de 8.000 à 10.000 kilos de tubercules. La charge de 20 kilos se vend sur les marchés de 3 à 5 francs ; un kilo au détail, se paye de 0,20 à 0,30. L'oussounifing ne figure guère sur les marchés que pendant octobre et novembre. En décembre, la récolte est déjà consommée. Dumas, Agent de culture de V Afrique occidentale française. FORMATION DE BULBILLES CHEZ LE GOLEUS DAZO • Lorsqu'on étudie la morphologie des bulbilles, même en suivant leur développement, on se trouve en présence d'une condensation des tissus qui peut laisser quelque obscurité sur l'interprétation précise de ces organes ; aussi est-il intéressant de rechercher les cas où la tubérisation des rameaux aériens est jaour ainsi dire acciden- telle, car il devient généralement possible d'étudier les divers stades du phénomène et par consécjuent de comprendre la synthèse des tubercules aériens. J'ai été amené à faire des observations de ce genre sur des plants de Coleus Dazo cultivés dans les serres du Jardin colonial. Cette espèce, récemment décrite par M. Aug. Chevalier 2, produit au Congo, normalement, des rhizomes charnus, cylindriques, riches en matière de réserve et en outre, parfois, à l'aisselle des feuilles, des bulbilles ovoïdes atteignant 1 centim. 5 de long sur 8 milli- mètres de diamètre. En serre, je n'ai observé de tubérisations aériennes qu'exceptionnellement sur des plants provenant de bou- ture et mesurant à l'état adulte à peine 15 centimètres de haut, alors que la plante acquiert, dans son pays d'origine, environ le triple de cette dimension. Ces plants avaient été placés dans des conditions défavorables de végétation : les pots trop petits et la terre maintenue trop humide avaient empêché la formation d'aucun organe de réserve souterrain ; dans ces conditions, les substances élaborées par les feuilles, ne pouvant s'accumuler à la base de la tige, s'étaient localisées aux différents nœuds et presque tous les bourgeons axillaires s'étaient tubérisés à divers degrés. L'un des plants, par exemple, avait développé dix nœuds au moment où il commençait à se dessécher ; il présentait des phénomènes de tubé- risation à partir du troisième nœud et jusqu'au septième. Au premier nœ,ud, un seul des rameaux axillaires (les feuilles sont opposées) s'était 1. Comptes rendus de rAcadémie des Sciences, 13 novembre 1905. 2. Chevameu et Pehkot, Les végëUiux uliles de VAfriqne Iropicule française, vol. I, fasc. I. p. 126 Challamel, éditeurj. FORMATION DE BULBILLES CHEZ LE COLEUS DAZO 173 tubérisé; ce rameau, mesurant 12 millimètres de long, était fortement renflé sur la moitié de sa longueur, à partir de la base, tout en restant cylindrique ; il portait à sa partie inférieure quatre proéminences tubèri- sées, dont l'une, saillante de 6 millimètres, alFectait extérieurement la forme dune fleur et il se terminait par une région très légèrement char- nue, à l'extrémité de laquelle étaient groupés quelques bourgeons floraux peu développés ; il constituait, en somme, un acte d'inflorescence. Au quatrième nœud, un bourgeon axillaire était resté très court en se tubé- rifîant et l'autre atteignait 10 millimètres, renflé en forme de massue sur son tiers inférieur qui portait quelques bourgeons rudimentaires et ter- miné par une partie non tuberculisée, munie de jeunes fleurs, mesurant 1 millimètre à 2 millimèlres et encore très éloignées de leur épanouisse- ment. Le cinquième nœud portait un seul bourgeon développé, ayant donné un organe long de 3 millimètres et constitué par une petite masse ovoïde surmontée de deux fleurs. Au sixième na'ud un des bourgeons axillaires était resté rudimentaire, l'autre était disposé à peu près comme celui du quatrième nœud, mais sa région basale tubérisée montrait exté- rieurement par rapport à la tige un bourgeon renflé, mais non difTéren- cié, se détachant à l'aisselle même de la feuille mère ; de sorte que cette feuille possédait en apparence deux bourgeons axillaires, dont l'un, exté- rieur, était devenu charnu sans évoluer, l'autre, intérieur, avait fourni une inflorescence tuberculisée à la base : cette disposition rappelle les bourgeons axillaires prétendus multiples de certaines Dioscorées. Enfin le septième nœud portait deux bourgeons axillaires très courts formant de petits tubercules ovoïdes, surmontés de jeunes bourgeons floraux. Au point de vue anatomique, je signalerai seulement l'abondance des réserves amylacées dans la région médullaire des rameaux tubérisés ; les cellules sont bourrées de grains d'amidon qui deviennent polyédriques, par suite de compression réciproque ; on trouve également de l'amidon dans le tissu cortical, mais les grains sont beaucoup plus petits et peu abondants. M. Chevalier avait simplement observé le bleuissement par l'iode du contenu cellulaire, mais n'avait pu déceler dans ses échantillons d'éléments figurés '. Il résulte des faits précédents que : 1° le Coleus Dazo présente 1. 11 n'y a pas lieu, je pense, de voir là une contradiction. Dans les échantillons nomiaux recueillis par M. Chevalier, les tubercules axillaires ne sont que des organes à peine ébauchés et les matières de réserve ne s'y sont point encore con- densées ; dans les conditions défavorables de culture, où j'ai fait mes observations, les bulbilles acquièrent une utilité beaucoup plus considérable pour la plante qui différencie alors plus profondément les tubercules aériens qu'elle avait une tendance à produire ; dans ce cas, les bulbilles deviennent véritablement des organes de réserve avec précipitation des substances amylacées. 174 NOTES une tendance manifeste à accumuler ses réserves dans ses organes aériens, lorsque les conditions de vé^^étation ne sont pas favorables à la formation des tig-es souterraines ; 2° ces réserves, de nature amylacée, se déposent dans les bourgeons axillaires destinés primi- tivement à former des inflorescences ; l'axe d'inflorescence se tubé- rise en conservant d'abord une forme cylindrique, puis, le phéno- mène s'accentuant, il se renfle en massue à la base et tend de plus en plus vers la forme ordinaire des bulbilles ; 3° les bourgeons flo- raux inférieurs prennent part également à la tubérisation et, par suite d une abréviation considérable des entre-nœuds, peuvent donner Tillusion de bourg-eons axillaires multiples : 4" les bour- g^eons floraux supérieurs ont une évolution de plus en plus limitée à m^esure que la tubérisation s'accentue ; la région florale terminale tend par conséquent à disparaître, à mesure que les bulbilles se différencient davantag^e ; la reproduction par graines est donc com- pensée par la multiplication facile que permettent ces org-anes de réserve. Ces phénomènes, quoique décrits sur un exemple particulier, présentent une portée plus considérable, si Ton songe qu'ils doivent retracer, à quelques détails près, l'histoire de la formation des bul- billes chez les plantes où ces org'anes sont devenus normaux et qu'ils expliquent la suppression fréquente des fleurs chez les plantes qui ont des bulbilles. « Marcel Dubard, Professeur à l'Ecole supérieure (f Agriculture coloniale. COMMUNICATIONS DIVERSES Commerce des fruits exotiques à Southampton. — La grande faveur dont les fruits exotiques jouissent en Angleterre et les facilités qu'offre Southampton à leur importation semblent devoir attirer l'attention de nos producteurs d'Algérie et surtout de l'Ouest africain. La consommation des citrons ayant, paraît-il, été exceptionnelle aux Etats-Unis, a amené une hausse de prix dont les producteurs algériens pourraient profiter. Actuellement, c'est surtout la Sicile qui alimente le marché sud-ouest de l'Angleterre. Les bananes reçues à Southampton proviennent des Canailles. Elles sont importées, chaque année, en quantité de plus en plus grande, mais les demandes ne cessent d'augmenter. Southampton possède plusieurs entrepôts spécialement aménagés pour que ces fruits puissent être emmagasinés et terminer leur maturité dans une atmosphère régulièrement ventilée, maintenue à une tem- pérature favorable. Ces entrepôts possèdent une réelle importance, car Southampton ne reçoit pas des fruits exotiques seulement pour sa con- sommation, mais surtout en vue de la distribution dans d'autres régions de l'Angleterre (Communication du Consulat de France à Southampton.) Le « Buntal ». — Son utilisation en chapellerie. — En étudiant l'indus- trie de la chapellerie malgache, dont les exportations ont pris, dans ces dernières années, une certaine importance en France, l'Inspection géné- rale de l'Agriculture coloniale a été amenée à s'occuper des chapeaux de paille connus dans le commerce sous le nom de « Chapeaux Buntal ». Grâce à l'obligeance de M. le Consul général de France à Manille, le Jar- din colonial a pu se procurer, sur cet article, les quelques renseignements qui suivent : « Ces chapeaux sont confectionnés uniquement aux Philippines, sur- et tout dans la région du Lucban (province de Tabayas). La fibre de buntal, « dont on se sert pour les tisser, est élastique, très solide et de couleur « jaune pâle. « A Lucban, le buntal est également utilisé pour confectionner des « étuis à cigarettes. Il est extrait du pétiole du Livistona rotundifolia 176 COMMUNICATIONS DIVERSES (( (Mart) et du Livistona australis : palmiers désignés aux Philippines « sous le nom de Bu ri. « Les feuilles étant coupées, on débarrasse les pétioles de leurs épines « puis on les sectionne en fragments d'un mètre à 1 "^ 50 de long. On « débarrasse alors chaque morceau de pétiole de son enveloppe corticale « à l'extrémité qui, primitivement, se trouvait la plus rapprochée du M tronc du palmier; puis on lui donne quelques coups de maillet afin de u dégager les fibres qui s'y trouvent renfermées. « Dès que ces dernières se trouvent suffisamment dégagées, on les « arrache une à une en les tirant avec les doigts, après avoir pris soin de « se protéger la main au moyen d'un gant de cuir. Cette précaution « paraît indispensable pour éviter les blessures. « Dès qu'un ouvrier a retiré 10 ou 15 fibres, il en fait une sorte de « couronne qu'on met pour ramollir dans un tonneau rempli de « vinaigre où on la laisse séjourner pendant 10 ou 12 heures. Les fibres « sont alors retirées et jetées à diverses reprises dans de l'eau bouillante. « La préparation est achevée en les mettant sécher à l'ombre. » Le Jardin colonial possède dans ses collections des fragments de pétioles de Buri, du « Buntal » préparé à Lucban suivant la méthode indigène et un spécimen de chapeau confectionné par les Philippins avec cette fibre. MAÇON, PROTAT FHERES, IMPRIMEURS L Editeur-Gérant : A. Challamel. i LIANE A CAOUTCHOUC Landolphia Hauclelotii VlLMOIilN-ANDUlEUX k C'^ 4, Quai de la Mégisserie, PARIS gj^ La Maison VILMORIN-ANDRIEUX ET C-, toujours son- ^^^'^ cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir] s'ocruper d'une façon toute particulière de l'importation et de la vulj risation des çraines et plantes précieuses des pays chauds Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placen^^ certainement au premier rang des maisons recommandables pour^ résoudre cette importante question. i Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a-. obtenu 7 Grands Pria; à l'Exposition Universelle de l'joo, dont A; spécialement accordé pour son Exposition Coloniale En outre, le Jury^ de la dernière Exposition qui a eu lieu en igoo, au Jardin Colonial de^ Noçent-sur-Marne, a confirmé les décisions du Jury de l'Exposition Uni-j verselle en lui attribuant le Premier Grand Prix d'Honne''. Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désii^ téressée à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroyai gigantea, etc. î Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix). Caféiers (espèces diverses', Coca, Kola,,; Tabacs divers, Thé d'Annam et d'Assam, etc. ! Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensiS|!. Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Wiilughlieia edulis, etc. .'ç Plantes à épiées- — Caneliier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivrief^ Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. '^ Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. ^ Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'outre-mer sur.l l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Ward; pour l'expédition des jeunes, plants ou des graines en stratification. ■^ GRAINES AGRICOLES ET- INDUSTRIELLES Graines d'Arbres et d'Arbustes pour pays tempérés et tropicaux. Assortiments de Graines potagères. Fleurs, etc., appropriés aux différents climats. CATALOGUE SPÉCIAL POUR LES COLONIES FRANCO SUR DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. 6e Année Mars 1906 N<> 36 MINISTÈRE DES COLONIES \ Inspection générale de l'Agriculture coloniale Z 'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES Jardins d'essai des Colonies Tous documeuts et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à CInspection générale de l'Agriculture coloniale au Ministère des Colonies PARIS Augustin CHALLAMEL, Editeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /er Janvier et du /er Juillet ! Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 h. \ La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. Les citations ou reproductions oart telles sont autorisées à condition de mentionner la source. i PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques ] Un fascicule de 8 feuilles t/rnnd in-8° parait fous les deu.v mois ^ 1 ^ PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMEiNT ANNUEL (France et Colonies; : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles grand in-8° parait tous les mois PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLICATION TRIMESTRIELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 * PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial PUBLICATION MENSUELLE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques ; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons ie commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. — Colonies et Union postale, 6 fr. \ L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 6e année Mars 1906 N» 36 SOMMAIRE DOCUMENTS OFFICIELS Pages Afrique occidentale . — Quantités de cafés et de bananes de la Guinée française à admettre au bénéfice de la détaxe en 1906 177 Transport du matériel agricole sur le chemin de fer de Kayes au Nig-er 178 Guinée française. — Arrêté soumettant à une visite sanitaire les animaux importés en Guinée 179 Congo français. — Quantités de cafés et de cacaos du Cong"o à admettre en 1906 au bénéfice de la détaxe 180 Indo-Chine. — Arrêté créant un tarif spécial P. V. pour le transport des noix d'arec sur les chemins de fer indo-chinois 181 Rapport de l'Exposition nationale d'ag"riculture coloniale, classe II. Animaux invertébrés i83 ÉTUDES ET MÉMOIRES Cours de génie rural appliqué aux colonies. Irrigations, par M. Max Ring-elmann, directeur de la Station d'essai de Ma- chines agricoles 198 Les maladies des plantes cultivées dans les Pays chauds, par le D"" Georges Delacroix (suite) 2o4 Les kolatiers et les kolas, par M. Jean Vuillet, chef du service de l'agriculture du Haut-Sénég-al et Niger (suite) 212 Culture du cotonnier à la station expérimentale de Marovoay, par M. Duchêne, directeur de la station d essai de Marovoay. 219 Entretien des cacaoyères. par M. Fauchère, sous- inspecte ur d'ag-ri- culture à Madag-ascar 227 /. B. Louis Pierre, par M. A. Chevalier en mission du Gouver- nement g'énéral de l'Afrique occidentale française 284 NOTES L'agriculture dans la vallée du Niger : le Maïs, par M. Dumas, ag-ent de culture du Haut-Sénég"al et Nig-er 247 Le Cacao à Cuba, par M. Lefaivre, ministre de France à la Havane 261 Seconde note relative au Boulouba, par M. Marcel Dubard, maître de conférences à la Sorbonne 254 Le Caoutchouc de In Côte d'Ivoire, par M. Nicolas, ag-ent de culture de l'Afrique occidentale française 256 Communications diverses : Analyses de noix de coco 259 Dans le cours de la cinquième année (igoS) « L'Agriculture pratique des Pays chauds » (bulletin du jardin colonial) a publié, outre les Documents officiels, 150 mémoires, notes et articles divers sur les cultures, l'élevage ou les productions des pays tropicaux ; ces articles contenant 267 photographies, figures ou croquis forment ensemble deux volumes in-S" de 536 pages chacun. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande. UR COIiliECTIOfi DE ** L'Agriculture pratique des pays chauds " COMPREND A CE JOUR 6 VOLUMES lo Juillet 1901 à Juin 1902 . . 20 Juillet 1902 à Juin 1903 . . 3o Juillet 1903 à, Juin 1904 . . 40 Juillet 1904 à. Décembre 1904 50 Janvier 1905 à. Juin 1905 6» Juillet 1905 â, Décembre 1905 I vol. in-80. 20 fr. — 20 fr. — 20 fr. — 10 fr. — 10 fr. — 10 fr. (Envoi franco contre mandat-poste) Pour les abonnements, demandes de spécimen, rensei- gnements divers, publicité, adresser lettres et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librairie Maritime et Coloniale 17, rue Jacob, Paris. Demander le prospectus détaillé, contenant le titre de tous les articles de la collection, avec le nom de l'auteur, l'indication du Numéro dans lequel l'article a été publié. é« Année Mars 1906 N" 36 PARTIE OFFICIELLE LIBRARY NEW YORK BOTANICAL AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE Qarden. DÉCRET fixant les quantités de cafés et de bananes originaires de la Guinée fran- çaise à admettre en France du 1^'' juillet 1905 au 30 juin 1906 au bénéfice de la détaxe. Le Président de la République française, Sur le rapport du Ministre des Colonies et du Ministre des Finances, Vu les lois du H janvier 1892 (art. 3), du 24 février 1900 (art. 2), et du 17 juillet 1900 (art. 2), relatives au tarif des douanes ; Vu les décrets des 30 juin 1892, 22 août 1896 et 2o août 1900, accordant des exemptions ou détaxes à certains produits originaires des colonies. Décrète : Article F"". — Sont fixées ainsi qu'il suit les quantités de produits origi- naires de la Guinée française qui pourront être admises, du P"" juillet 1905 au 30 juin 1906, dans les conditions fixées par les décrets susvisés des 30 juin 1892, -22 août 1896 et 25 août 1900 : Cafés 25.000 kilos Bananes 2.500.000 — Art. 2. — Le Ministre des Colonies et le Ministre des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 26 janvier 1906. Emile Loubet. DÉCRET fixant les quantités de cafés originaires de la Côte d'Ivoire à admettre en France pendant l'année 1906 au bénéfice de la détaxe. Le Président de la République française. Sur le rapport du Ministre des Colonies et du Ministi'e des Finances, Vu les lois du 11 janvier 1892 (art. 3), du 24 février 1900 (art. 2) et du c Fig. 2. — Représentatiou gra- phique de la consommation d'eau des cultures irriguées sui- vant les saisons. 198 ÉTUDES ET MÉMOIRES Au sujet de la consommation d'eau suivant les périodes de Tan- née, nous avons la courbe a h c (fig. 2) dont les coordonnées sont les volumes d'eau y et le temps .r; les points a, h eXc correspondent à la fin des périodes : hiver (H. octobre, novembre, décembre et anvier) ; printemps (P. février, mars, avril, mai); été (E. juin, uillet, août, septembre) ; (voir plus haut les chiffres relatifs à l'arro- sage des palmiers-dattiers de l'Algérie). A Biskra, on estime qu'un palmier doit recevoir au moins 9.000 litres d'eau par an, dont 1.000 litres par mois du !«•• février k fin septembre, et 1.000 litres répartis dans les quatre mois d'oc- tobre à (in janvier; pendant cette dernière période, l'eau est uti- lisée à l'arrosage des cultures faites sur les terres labourées k l'ombre des palmiers. Nous donnons, dans le tableau ci-dessous, les chiffres de Wohlt- mann indiquant les quantités d'eau, exprimées en millimètres de hauteur, nécessaires pour ditférentes cultures industrielles : Cacao -JOOO"'"' par an Gutta-percha 18(MI — Quinquina . 170() — Girollier 1 iOO — Ananas \ '200 — Elœis 1-200 — Cocotier 1200 — Bananier 1000 — Vanillier 1000 — Indigotier 150""" par mois Maïs 100 à ISO""' par mois Tabac 100 — Manioc 160""" pendant les 2 ou 3 premiers mois Caféier (Libéria).. 150""' pendant 9 à 10 mois Caféier (d'Arabie). 100 — — En Egypte, d'après Sir William Willcocks, pour le cotonnier et pour la canne k sucre, un arrosage tous les 20 jours donne de très beaux produits'; il faut de 10 k 12 arrosages, répartis d'avril à 1. On arrose quelquefois les champs de cotonniers tous les 10 ou tous les 15 jours, mais le Service des irrijiations éjjyptiennes déclare que la plante est dans les meil- leures conditions avec un arrosage tous les 21 jours ; la plante commence à souffrir avec un arrosaj^e lous les 30 jours; elle dépérit lorsqu'on porte ce chiffre à 40 jours et la vé;^étatiim ne [)onvant suivre son cours avec un arrosage tous les 50 jours, la plante meurt. IRRIGATIONS 199 septembre, à raison de 830 mètres cubes par hectare et par arro- sage, soit une hauteur d'eau de 830 à 1.000 millimètres pour obtenir une récolte de coton ou de canne k sucre. Le riz n'est souvent arrosé que tous les ià 8 jours, mais il supporte toute l'eau qu'on peut lui donner ; ce n'est qu'en cas de manque qu'on l'arrose d'une façon intermittente et, en moyenne, tous les 5 à 6 jours. Le maïs est arrosé tous les 10 à 12 jours. Les cultures dites d'hivei^ appe- lées chetoui^ qui occupent le sol d'octobre à mai (blé, org-e, fèves) ', reçoivent 2 ou 3 arrosages k partir du mois de février ; une récolte de trèfle demande 8 arrosages (un toutes les deux semaines). Dans la Présidence de Madras, on estime qu'on doit maintenir sur une rizière, pendant 72 jours, une couche d'eau de 0"" 13 d'épaisseur et qu'un hectare perd 1 30 mètres cubes d'eau en moyenne par jour ; une récolte de riz nécessite en pratique de 12.000 k 13.000 mètres cubes d'eau par hectare. Au sujet des conditions d'utilisation de l'eau et de l'influence des arrosages sur les diverses cultures coloniales, suivant les plantes, le sol, le climat, le débit, la composition et la température de l'eau, il y aurait lieu de procéder dans chacune de nos possessions k des recherches spéciales en s inspirant des anciens travaux de notre maître Hervé-Mangon (essais en Vaucluse et dans les Vosges, 1859- 1863) qui ont servi de point de départ aux expériences des Stations d'irrigations si bien établies en Allemagne. Dans l'étude de toute irrigation, on peut distinguer les parties suivantes : a. — Les moyens employés pour se procurer Feau nécessaire, h. — L'amenée des eaux depuis leur point d'obtention jusqu'au lieu d'utilisation, c. — Les procédés d'utilisation (irrigations proprement dites), d. — L'évacuation des eaux usées ou de colature. Les travaux applicables aux parties a, h et d n'étant pas obligatoi- rement spéciaux aux irrigations, leur étude peut être traitée k part. 1. Les cultures dites d'été, appelées sefi, comprennent : le coton, la canne à sucre, le maïs, le i^iz; elles occupent le sol du printemps à l'automne. — Les cultures inter- calaires de maïs et de sorgho ou dourah ont lieu de juillet à octobre, pendant la crue du Nil (cultures appelées nabari ou nili) ou avant la crue, de mai à août dans les bassins d'inondations (cultures appelées qedi). 200 ÉTUDES ET MÉMOIRES Ainsi, on peut se procurer l'eau nécessaire aux irrigations, comme à l'alimentation des hommes et des animaux, à l'aide d'une dériva- tion, d'un barrag-e, d'un captage de sources, de puits ordinaires ou artésiens (oasis de l'Algérie), de machines élévatoires plus ou moins puissantes, de réservoirs recueillant les eaux pluviales (comme dans la Présidence de Madras où l'on compte près de 60.000 de ces réser- voirs). — L'amenée des eaux s'effectue rarement par des tuyaux ou conduites, mais le plus souvent par des canaux découverts. — L'éva- cuation des eaux de colature est assurée par des rigoles et des canaux établis sur le principe des travaux destinés à l'assainisse- ment des terres ; cette évacuation, très importante à considérer quand on a beaucoup d'eau à sa disposition, diminue d'intérêt et disparaît même lorsqu'on est obligé de mesurer l'eau aux plantes avec la plus grande parcimonie, toute leau fournie pénétrant assez rapidement dans le sol. Dans ce qui précède, on peut considérer de grands travaux desti- nés à une vaste étendue ou des applications j)lus restreintes. Les grands travaux, qui sont étudiés dans nos cours de Génie Rural, sont des plus intéressants pour nos colonies; le Gouverne- ment anglais a très bien compris son rôle dans l'Inde comme en Egypte, en organisant le Service des irrigations comme les autres services publics. Il sera donc utile d'étudier les grands réseaux d'ir- rigations de France, de l'Egypte, de l'Inde, de l'Amérique, ainsi que les irrigations de l'Italie et du littoral méditerranéen de l'Espagne. Pour nos colonies, il est plus probable que les canaux principaux seront exécutés directement par l'Administration ; mais, pour ne pas perdre de temps, nous croyons qu'il y aurait tout intérêt, dans des circonstances favorables, à engager des Sociétés sérieuses à entreprendre ces grands travaux d'amélioration foncière ; si ces Sociétés disposent du personnel technique et des capitaux néces- saires, si elles ne sont pas entravées dans leur entreprise, elles pour- ront mettre rapidement en valeur une grande étendue de territoire au profit de la colonie comme de la métropole ; c'est dans cet ordre d idées que nous croyons intéressant de donner ici l'analyse d'une note de M. G. Dauphinot, publiée dans le Bulletin économique de la Direction de V Agriculture et du Commerce du Gouvernement général de llndo-Chiiie (janvier 1904) et relative au Siam : Le Gouvernement du roi de Siam s'est depuis longtemps déjà rendu IRRIGATIONS 201 compte que le meilleur moyen d'augmenter la richesse du pays était d'encourager les travaux d'irrigation destinés à livrer à la culture du riz des terrains jusque-là improductifs; dans cette intention fut fondée, il y a une douzaine d'années, la Siani Ca/îa/'s, Land and Irrigation Com- pany, à laquelle fut accordée la concession de la vaste plaine du klong Ransit, située au nord-est de Bangkok. Cette compagnie, dont le capital est partie siamois, partie européen, a pour principal actionnaire et pour directeur un Autrichien, M. Muller. La concession avait été accordée aux conditions ci-dessous : 1° La compagnie devait être siamoise, c'est-à-dire soumise à la juridic- tion siamoise ; 2'^ Les prix de vente des terrains irrigués seraient fixés par le Gouver- ment. Au début, les prix furent de 2 ticaux le rai (1.600 mètres carrés) pour tous les terrains irrigués, excepté pour ceux qui se trouveraient le long du grand canal et dont le prix était de quatre ticaux ; les terrains d'angle, c'est-à-dire limitant deux canaux, pouvaient être vendus un tiers en plus. Enûn, le Gouvernement se réservait quelques terrains destinés à des bâtiments administratifs. Plus tard, sur la demande de la compagnie et par suite de la baisse du tical (1 fr. 40), les prix furent portés à 5 et à 10 ticaux. Aujourd'hui, on ne peut acheter à moins de '20 ticaux le rai. La plaine concédée, qui a une longueur de 64 kilomètres et une largeur moyenne de 30 kilomètres, était traversée en diagonale par le klong Ransit, canal peu profond qui reliait la rivière de Mahon au Ménam. Les travaux, dont les plans sont actuellement (janvier 1904) en très grande partie exécutés, consistaient à creuser ce canal, à en faire deux autres à peu près parallèles, l'un au nord, l'autre au sud, et à relier ces trois canaux par une vingtaine de petits canaux distants les uns des autres de deux kilomètres environ. Au début la compagnie employa la main-d'œuvre indigène et chinoise, mais elle y renonça bientôt et la plus grande partie des travaux ont été exécutés au moyen d'excavateurs mécaniques chauffés au pétrole. Malgré les difficultés du début, les résultats ont toujours été fort beaux et le prix de vente des terrains a été en moyenne au moins le double de ce qu'avait coûté leur mise en valeur. La plaine du klong Ransit, qui comprend 192.000 hectares et dont l'irrigation sera terminée dans deux ans, a déjà 150.000 hectares environ en culture. Plus de 30.000 habitants sont venus s'installer sur des ter- rains qui étaient entièrement déserts avant les travaux et, au mois de mars 1903, le roi de Siam a solennellement inauguré la ville de Tania- Buri, qui s'est élevée rapidement au milieu des nouvelles rizières. Nous ajouterons que la moitié au moins des travailleurs qui cultivent cette 202 ÉTUDES ET MÉMOIRES plaine sont des Laotiens qui descendent par villages entiers amenés du nord du Siam par leurs chefs et ne séjournent au klong Ransit que pen- dant la période de culture et de récolte du riz, c'est-à-dire penda,nt six mois environ. A cette époque de l'année, la population de la plaine est de près de 65.000 habitants. L'hectare produit 175 francs de riz et les 150.000 hectares cultivés aujourd'hui au klong Ransit donnent en moyenne un revenu brut de 26.250.000 francs, dont il faut déduire l'amortissement du prix d'achat des terrains, du matériel et les frais d'exploitation. Ainsi, en douze ans, le Gouvernement siamois a, sans aucune dépense, augmenté, par suite des impôts agricoles et d'exportation, ses revenus dans de grandes proportions et a doté le pays d'un élément de richesse considérable. Encouragée par ce premier succès, la Siam CanaVs, Land and Irriga- tion C" avait demandé la concession de la plaine comprise de l'autre côté du Ménam, entre ce fleuve, le klong Bangkok-Mai, la rivière de Tachin et le klong Bang-kaming. Elle était sur le point de l'obtenir, quand le Gouvernement du roi, se ravisant, annonça tout récemment son inten- tion d'entreprendre lui-même en régie l'irrigation de ce district et de s'en réserver ainsi tous les bénéfices. Les projets du Ministre dé l'Agriculture ne s'arrêtent d'ailleurs pas là. Il a fait engager l'an dernier, aux appointements de 30.000 francs par an, un spécialiste hollandais, M. Homan Van der Heyde, et l'a chargé d'éla- borer un plan d'ensemble d'irrigation de tous les terrains du delta propres à la culture du riz. De plus, il a envoyé à Java une mission dont le but est d'y étudier les travaux similaires et d'y recruter plusieurs ingénieurs qui seront placés sous les ordres de leur compatriote et constitueront ainsi un véritable Département de l irrigation. D'autre part, il est question de faire l'essai au klong Ransit de moulins à vent, en acier galvanisé, d'un diamètre de cinq mètres. Ces moulins seraient disposés de façon à transmettre leur force dont on pourrait se servir pour faire de l'irrigation pendant la saison sèche, et pour décorti- quer et moudre, pendant la saison des pluies, le riz destiné à la consom- mation locale. Il est probable que dans les plaines bien iri^iguées, on pour- rait, grâce à ces moulins, obtenir régulièrement deux récoltes de riz par an. L'importance des parties désignées précédemment par les lettres a, h et d (prise et amenée des eaux ; évacuation des eaux de colature) est fonction de l'étendue arrosée ; il n'en est pas de même pour la partie c (irrigations proprement dites), parce qu'ici nous n'avons à considérer que les méthodes et les dispositifs à employer pour IRRIGATIONS 203 Tutilisation de Teau sur un champ ou sur une parcelle, que ce champ soit isolé dans un domaine ou qu'il soit juxtaposé à un nombre quel- conque d'autres champs soumis aux arrosages. Ce sont les principes généraux de ces diverses méthodes d irrig-ation que nous allons exa- miner dans ce chapitre. Tous les procédés adoptés pour fournir l'eau nécessaire aux plantes ne comportent pas obligatoirement l'emploi d'eau s'écoulant à l'air libre ; lorsqu'à une profondeur déterminée se trouve une zone humide, il suffît de déblayer le sol sur une certaine épaisseur pour que les racines des plantes puissent atteindre facilement la partie supérieure de la nappe sou- terraine ; d'autres fois, cette excavation est pratiquée dans le but de diminuer la hauteur à laquelle on doit élever l'eau d'arrosage et en même temps pour abriter les cultures ; on trouve des exem- ples de ces procédés dans beaucoup d'oasis d'Algérie. Aux oasis de Tolga et de Foughala, faisant partie du groupe du Zab Dahraoui, aux environs de Biskra, chaque palmier^ dattier est planté au fond d'un trou tronconique A (fîg. 3) creusé d'une profondeur h de 1'" 50 à 2 mètres environ dans le gypse infer- tile a surmontant la zone humide h ; les déblais sont rejetés en d cl' autour de l'excavation. Fig-. 3. — Palmier des oasis du Zab Dahraoui. [A suivre. Max Ringêlmann, Professeur à VInstitut agi^onomiqiie et à VEcole supérieure d'Agriculture coloniale, Directeur de la Station d'Essais de Machines. LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS {Suite K) LES CHAMPICxNONS Les Champio^nons constituent parmi les parasites des végétaux le groupe de beaucoup le plus important, quant au nombre et quant à Fimportance des dégâts commis. Le caractère le plus saillant est constitué chez eux par l'absence de chlorophylle. Comme les Bactéries en général, ils doivent donc emprunter les matériaux carbonés, aussi nécessaires à leur existence qu'à celle de tous les êtres vivants, non à l'acide carbo- nique de l'air, mais à des composés plus complexes, élaborés par des organismes animaux ou végétaux suivant le cas. La privation de chlorophylle est corrélative chez les Bactéries et les Champignons de l'absence d'amidon vrai, à l'état d'élément figuré. Il faut observer que cette règle n'est pas absolue pour le règne végétal. Certains phanérogames (Cuscutes, par exemple), entièrement privés de chlorophylle, possèdent néanmoins beaucoup de grains d'amidon ; on doit supposer, il est vrai, que, dans ce cas, la substance en question est empruntée sans doute à l'état dissous, à la plante hospitalière. Au contraire, certaines Algues, comme les Fucacées, qui possèdent de la chlorophylle, ne montrent jamais d'ami- don. Une substance ternaire, un hydrate de carbone voisinde l'amidon, l'amyloïde, se rencontre, mais dans quelques cas seulement, chez les Champignons ; elle imprègne les membranes, tantôt à Tétat soluble dans l'eau (certains Bolets), tantôt à l'état insoluble (membrane des asques de certains Discomycètes), et dans ces cas elle bleuit par l'eau iodée. Structure. — L'appareil végétatif, le thalle d'un champignon peut être uni- oupluricellulaire, et chez quelques groupes très infé- 1. Voir Bulletin, n"' 21, 22, 23, 24, 25, 29, 30, 32 33 et 34. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 205 rieurs il est dépourvu de membrane (Myxomycètes, certains Oomycètes). Le noyau existe toujours dans les éléments vivants. Le plus souvent, le thalle est filamenteux et prend le nom de mycé- lium, qui peut être cloisonné (Basidiomycètes, Ascomycètes) ou dépourvu de cloisons (nombreux Oomycètes). On donne fréquem- ment aux filaments du mycélium le nom àhyphes. La membrane est de composition variable suivant les groupes; d'après Mangin, la cellulose, les substances pectiques, la callose, associées diversement et en général par deux, en sont les corps fon- damentaux. Reproduction. — La reproduction s'accomplit par reproduction sexuée, c'est-à-dire par l'intervention de deux cellules de sexe diffé- rent, gamètes, qui mélangent leur contenu et donnent naissance à un œuf onoospore, dont le développement reproduit la plante. Dans de nombreux cas, on n'a pu encore mettre en évidence cette repro- duction sexuée. Le terme de spore est appliqué souvent en pratique à des organes d'origine fort différente, dont le développement est également apte à reproduire le champignon. Les spores qui naissent par un simple bourgeonnement sur le mycélium portent le nom général de coni- dies. Les notions générales sur le parasitisme, le saprophytisme et la symbiose, impliquant l'idée du mode de vie dun être, s'appliquent intégralement aux champignons. Beaucoup de champignons, des saprophytes et aussi quoic[ue moins fréc[uemment des parasites sont susceptibles de culture en milieu artificiel. La stérilisation de ce milieu, comme il a été exposé pour les Bactéries, est une condition indispensable de bonne réus- site. Classification. — Les Champignons constituent une classe qui se subdivise en 4 ordres : 1° Les Myxomycètes, de consistance molle et gélatineuse, à thalle nu, c'est-à-dire à cellules dépourvues de membrane. Se repro- duisent unicpiement par spores, enveloppées d'une membrane. Pas de reproduction sexuée connue. 2° Les Oomycètes, à structure filamenteuse continue générale- 206 ÉTUDES ET MÉMOIRES ment, c'est-à-dire le plus souvent dépourvue de cloisons, produi- sant des spores et montrant le plus souvent une reproduction sexuée. 3° Les Ascom jjcètes, à structure fdamenteuse cloisonnée, produi- sant à un moment donné de leur développement des cellules parti- culières, ascospores qui naissent, souvent au nombre de huit, dans des cellules-mères spéciales, les asques ou thèques. Chez un certain nombre d'espèces, la reproduction sexuée existe. Ce fait permet de rattacher directement les Ascomycètes aux Oomycètes. 4'^' Les Basidiomycètes à structure fdamenteuse cloisonnée, pro- duisant quand ils arrivent au terme de leur développement des spores spéciales, hasidiospores. naissant sur un org-ane uni- ou plu- ricellulé, la baside. Une reproduction sexuée identique à celle des Ascomycètes se rencontre dans cet ordre de Champignons. MYXOMYCÈTES Les Myxomycètes possèdent des caractères très tranchés. Leur appareil végétatif mucilagineux, mobilç, — le plasmode — unique- ment formé d'un protoplasme et de noyaux, a quelque appai:ence d'animalité. Aussi de Bary, les considérant comme des animaux, les appeta-t-il Mycétozoaires ; cette opinion n'est plus acceptée aujour- d'hui. Un Myxomycète montre à étudier deux phases successives, le corps végétatif et un appareil sporifère, qui se succèdent régulière- ment. Etudions le Fiiligo septica^ une espèce très répandue. Le corps végétatif, le plasmode, plasmodiiim (Cienko\vsky), est formé de protoplasma nu, avec nombreux noyaux, généralement blanc, vu en masse et incolore sous le microscope pour beaucoup d'espèces, du moins, coloré diversement dans quelques autres, jaune dans le Fuligo septica. L'absence d'enveloppe rend le plasmode émi- nemment mobile, comme tous les protoplasmas nus. Le volume du plasmode est variable ; il atteint et dépasse même celui d'une grosse orange ; la forme est fort inconstante, car pour progresser, le plas- mode émet des prolongements, pseudopodes^ dans lesquels s'accu- mule la partie la plus dense du protoplasma ; c'est par ce méca- nisme que s'établit le mouvement de toute la masse. Les pseudo- podes varient de forme à tout instant, suivant la direction de la MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 207 source active provoquant le mouvement. Ce mouvement, analogue à celui des amibes, est dit amihoïde. Le plasmode se meut sur son support, quand celui-ci est vertical, en sens contraire de la direc- tion de la pesanteur ; il est donc doué d'un géotropisme négatif (Rosanoiî). Une humidité excessive le repousse; on s'en rend compte quand le Fuligo septica végète sur les tas de tan (tan- née), oîi on le trouve assez souvent. Si on mouille le plas- Plaivche XVI. — Fuliyo seplica. 1. Plasmode à l'état naturel (réduit). — 2. Plasmode développé sur une plante en serre (réduit). — 3. Coupe longitudinale du plasmode fructifié. — 4. Le capillitium ; n, un nœud. — b. a' b' c' c" d' e' /"', phases successives du développement de la spore (d'après de Bary). — -6. Un myxamibe volumineux en voie de division (d'après de Bary). — 7. Un jeune plasmode ; P s, pseudopodes ; X, noyaux ; C E, corps étrangers inclus (réduit et schématisé). — 8. Un myxamibe volumineux (d'après de Bary). — 9. Un myxamibe enkysté; F, vacuoles (d'après de Bary). mode, il s'enfonce dans la masse. La lumière diffuse l'attire; la lumière vive du soleil le repousse, surtout les rayons les plus réfrangibles bleus et violets (Baranetzki), et en moins d'un quart d'heure, au soleil, le plasmode a disparu de la surface de la tannée. Un plasmode étant taillé en morceaux, chacun de ceux-ci jouit de la même propriété. Le plasmode possède aussi des propriétés chimio- tactiques, une décoction de tan l'attire (Stahl). Sous l'influence de conditions mauvaises, le plasmode cesse de se mouvoir et rentre tous ses prolongements ; il se divise en autant de masses qu'il renferme de noyaux et chaque masse avec la partie 208 ÉTUDES ET MÉMOIRES correspondante de protoplasme s'enveloppe d'une membrane de composition chimique ternaire qui a les réactions de la cellulose. Toutes ces masses de consistance cireuse ou cornée forment un kyste, qui peut être assez volumineux, se conserve parfois pendant un cer- tain nombre d'années et peut reprendre sa végétation quand les conditions chaleur, humidité, alimentation, redeviennent bonnes. Les plasmodes laissent intacts les grains d'amidon qu'ils ren- contrent, ils ne sont pas pourvus de ferment diastasique (Harshber- g-er). Ils sont susceptibles de digérer certaines substances quater- naires (albuminoïdes, etc.). Green [The soluble ferments and fermentation, 1899) rapporte que le plasmode traité par la glycérine donne un extrait doué de propriétés digestives vis-à-vis de l'albumine, en présence des acides lactique ou chlorhydrique ; plusieurs observations fPinoy, etc ) prouvent que le plasmode digère les corps de certaines espèces de bactéries. Il est donc doué de diastases protéoly tiques (pepsines). Dans ses mouvements, le plasmode peut englober de nombreux corps étrangers qu'il" expulse peu à peu de sa substance, s'ils ne sont pas susceptibles d'être assimilés. Le plas- mode renferme dans le Fuligo septica et dans beaucoup d'autres ici encore des granules de carbonate de chaux. Lorsqu'il est arrivé à sa période de fructification, généralement le plasmode s'élève s'il rencontre un support vertical, ou en tous cas il se dispose à la surface et y adhère fortement. La fructifica- tion est un sporange, de couleur, de taille variables suivant les espèces. Dans le Fuligo septica. ce sporange forme une espèce de gâteau à membrane extérieure mince, anhiste, c'est-à-dire sans structure cellulaire, pouvant atteindre 0 ™ 30, différencié à l'inté- rieur en filaments anastomosés, le capillitium, qui sont d'épaisseur variable, dans les mailles desquelles sont des spores très nom- breuses, noirâtres. Ces organes, capillitium et spores, résultent de la différenciation du plasmode, dont les nombreux noyaux, entourés de protoplasma, s'enveloppent chacun d'une membrane. Les spores germent sur leur support naturel. Pinoy a démontré récemment que la présence de certaines bactéries facilitait beaucoup cette germination et aussi la culture du Myxomycète en milieu arti- ficiel (tranches de carotte, etc.). Pour germer, la spore déchire sa membrane, épanche en dehors son contenu, noyau et protoplasma. La présence de l'eau est néces- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DAlSS LES PAYS CHAUDS 209 saire, et le contenu sorti au dehors ne tarde pas à s'allonger à une de ses extrémités où il est muni d'un long cil vibratile, dans le voi- sinage duquel est le noyau. La masse ainsi dépourvue de mem- brane est une zoospore, capable de ramper sur le support ou de nager en tournoyant dans une gouttelette d'eau. Bientôt la zoospore perd son cil, devient une fine masse molle, protoplasmique, avec un noyau, qui se meut par reptation, soumise aux mêmes excitants que le plasmode. Si l'aliment est convenable, si les autres condi- tions biologiques sont bonnes, chaque myxamibe se divise, proto- plasma et noyau, un certain nombre de fois. La fusion des myxa- mibes en un corps unique constitue le plasmode qui renferme autant de noyaux qu'il y a de myxamibes ayant concouru à sa formation. Les myxamibes sont susceptibles d'enkystement au même titre que les plasmodes. Ce développement se fait très rapidement, et on a pu voir sou- vent dans les serres le plasmode arriver à maturité et donner ses spores en moins de douze heures. Le Fuligo septica ou Champignon de la tannée est une espèce très répandue, assez fréquente dans les serres, et répandue aussi à l'air dans beaucoup de régions. Dans les serres en particulier, elle couvre les plantes de ses plasmodes et de ses fructifications, et, quoique ne pénétrant pas les tissus, elle leur nuit à la façon des fumagines, en obstruant les stomates et en interceptant la lumière, gênant ainsi la respiration et la fonction chlorophyllienne. Les Myxomycètes renferment 4 groupes, dont 2 seulement peuvent présenter pour nous quelque intérêt : les Endomyxées, dont le Fiiligo est un type, et les Plasrnodiophorées. Les Plasrnodiophorées ne sont pas classées par tous les auteurs dans les Myxomycètes. Van Tieghem les considère comme des Oomycètes très inférieurs. Ce sont de francs parasites, dont l'espèce la plus authentique et la plus connue, le Plasmodiophora Brassi- cse Woronine, envahit la racine des choux [Brassica) et de certaines Crucifères, du genre Brassica le plus souvent. Ce parasite est assez fréquent dans toutes les contrées où ces plantes se rencontrent. L'irritation amenée par sa présence dans les tissus se traduit par une hypertrophie notable, qui déforme considé- rablement les racines de la plante hospitalière. Bulletin du Jardin colonial. 9 210 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les cellules atteintes par le plasmode perdent peu à peu leur protoplasma propre, dont le noyau, avant de disparaître complète- ment, montre de fréquentes déformations. Ce plasmode est suscep- tible d'émigrer d une cellule épuisée vers les voisines encore vivantes, en traversant les parois par de Unes perforations. Il se nourrit ainsi du protoplasma de son hôte, dont il peut être diffé- rencié par ses granulations, ses leucites plus nombreux, des goutte- lettes de graisse, de taille variable : tous caractères d'un proto- plasma actif. Au bout d'un certain temps, quand l'aliment tend à disparaître, le plasmode fructifie et donne ses spores. Celles-ci se Pla>che XVII [Plasmodiophora Brassicœ Woronine). 1. Pied de chou atteint par la hernie. — 2. Cellules de la racine, montrant la forme jeune (plasmodique), Ci Ca, du parasite. — 3. Le plasmode s'est transformé en spores dans les cellules; C3, jeunes; C^, adultes, dans une cellule gréante. — 4. Le déve- loppement de la spore ; Sp g, germant ; =, phase zoospore ; itfy, myxamibe (d'après Woronine). voient plus souvent dans des cellules de dimensions sensiblement plus grandes du parenchyme, de véritables cellules géantes. Les spores, munies d'une membrane et d'un noyau, forment une masse compacte, aux lieu et place du plasmode qui s'est entièrement divisé pour les former. Elles sont hyalines, réfringentes, arrondies, très petites, i[/, 6 de diamètre. Lorsque le parasite a atteint cette période de son développement dans un nombre déjà assez considérable de cellules, la plante MALADIES DES PLANTES CULTIVÉKS DANS LES PAYS CHAUDS 211 atteinte a perdu toute résistance aux attaques, même de sapro- phytes ; g-énéralenient, la racine succombe sous la pourriture cellu- laire produite par le Bacillus Amylobacfer, avec production d'acide butyrique à odeur infecte. C'est cette pourriture qui met en liberté les spores ; celles-ci peuvent séjourner dans le sol un certain temps, sans germer. Le développement de la spore se fait chez le Plasmodiophora, comme chez les Myxomycètes en général, et c'est lorsque la zoo- spore a perdu son cil qu'elle pénètre les tissus jeunes de la racine des choux, plus spécialement, semble-t-il, les poils radicaux, d'où elle s'étend à la racine. Il est nécessaire de détruire et brûler les pieds atteints. On veil- lera au repiquage à éliminer et brûler les jeunes pieds qui montrent la moindre trace de tubérosité et à pratiquer une longue alternance de culture sur les sols où la maladie a sévi. D'après Seltensperger, puis G. Massée, le mélange d'une poignée de chaux éteinte, au sol de repiquage, empêcherait la maladie de se produire. [A suivre.) D'' Georges Delacroix, Directeur de la Station de pathologie végétale. Professeur à VEcole nationale supérieure d'Agriculture coloniale LES KOLATIERS ET LES KOLAS (^Suite K) in. — Conservation du fruit, Commerce. La conservation des noix de kola offre certaines diflicultés, dont la principale résulte du parasitisme d'une petite larve blanche. Les procédés employés par les noirs pour l'assurer varient suivant les pays. Dans les colonies du Gouvernement général de l'Afrique Occiden- dentale française, les noix sont généralement gardées et transpor- tées fraîches par petits paquets enveloppés de feuilles maintenues à un certain état d'humidité. Les indigènes qui en font le commerce doivent leur donner des soins spéciaux et enlever de leurs lots en temps opportun celles qui commencent à se gâter, moyennant quoi elles peuvent se conserver pendant plusieurs mois. Les habitants de la Haute-Cavally utilisent pour leur emballage une scitaminée à larges feuilles, appelée « Gon » en dioula (Aug. Chevalier. — [Note sur les observations et collections de la mission Wœlffel). Dans d'autres régions on emploie des feuilles de stercu- liacées, et les indigènes du Tapa se serviraient pour le même usage des feuilles de Thaumatococcus Danielli Benth., qu'ils nomment (( F'ita » ou (( Aworom ». Nous avons vu très souvent des noirs mettre des kolas dans une jatte d eau pour les conserver jusqu'au moment de les consommer. Les noirs du Cameroun font sécher les noix qu'ils récoltent dans la forêt. M. L. Bernegan, pharmacien de l'armée allemande, a pu constater que leur procédé détruit toute la matière colorante du kola. Enfin, les populations du Gabon-Congo conservent les kolas d'une façon très curieuse, que M. Berthelot du Chesnay rapporte dans une note sur le kolatier du Con^o français du n° de février 1903 Journal d'Agriculture tropicale : « Chaque année, les différents villages qui habitent la forêt, vont faire leur récolte dans la brousse, vers la fin de décembre, et en ramassent suffisamment pour leur consommation de l'année. Ils n'attendent pas que les noix soient 1. \'oir BuUclin, n° 15. LES KOLATIERS ET LES KOLAS 213 mûres, c'est-à-dire que les gousses jaunissent et s'ouvrent, mais simplement que la noix puisse se séparer facilement de la gousse. » La cueillette donne environ 20 à 2o kilos par arbre ; les noix sont enlevées de leur gousse et enfouies au milieu d'une termitière ; les fourmis blanches dévorent le mucilage blanc jaunâtre qui les recouvre, mais n'attaquent pas les noix, probablement à cause de leur amertume ; ne pouvant les détruire, elles les recouvrent com- plètement de l'espèce de glaise battue qu'elles forment sans cesse^ afin de réparer les dommages causés à leur fourmilière. Lorsqu'on a besoin de kola, on creuse dans la termitière pour en retirer la quantité nécessaire, et les termites, aussitôt après, recom- mencent leur travail de construction. De cette façon les noix sont constamment privées d'air et par suite à l'abri des ferments qui pourraient s'y développer ; leur conser- vation est regardée comme indéfinie, ou du moins, comme pouvant durer plusieurs années. Dans les pays de savane où les forêts sont très éloignées, on y transporte les noix à l'état frais ; une fois rendues à destination, elles sont conservées également à laide des termitières. Toutefois comme durant le transport elles pourraient s'avarier, on prend cer- taines précautions ; la noix est débarrassée par frottement de son mucilage, enveloppée avec soin dans les grandes feuilles d'une sterculiacée, [N'Zomhi des indigènes) et placée dans un long et étroit palmier à huile, dit « montêté », que le noir porte sur sa tête durant le trajet. Les noix de kola récoltées par les populations forestières de l'Afrique Occidentale sont achetées sur place par des intermédiaires, simples colporteurs et riches caravaniers, et ceux-ci vont les vendre SLW^ comptoirs de la côte ou sur les marchés de l'intérieur. La zone africaine de consommation ordmaire des kolas est limitée approximativement, au nord par une ligne brisée allant de Saint- Louis à Tombouctou et de Tombouctou à Kouka, au nord-est par le Ouadaï. Dans le Haut-Sénégal et le Moyen-Niger, les kolas se vendent depuis 2 pour 0 fr. 03, jusqu'à 0 fr.lo pièce, suivant l'éloignement des centres de production, l'époque de l'année, la grosseur et la qualité des noix. Les chemins de fer et la navigation à vapeur, qui font en ce moment de grands progrès en Afrique Occidentale, permettent de 21 i ÉTUDES ET MÉMOIRES transporter ce produit plus rapidement, donc avec moins de frais et de déchets, et facilitent ainsi sa dilfusion. De nombreux « dioulas » porteurs de charges de kolas, se remarquent déjà parmi les voyageurs du railway de Kayes au Niger, et ils savent fort bien apprécier les avantages de ce moj'en de transport. Jusqu'au moment de Foccupation européenne, l'insécurité de la brousse soudanaise entravait singulièrement le commerce des kolas. Le commandant Monteil pouvait dire, dans une conférence faite à la Sorbonne et reproduite dans la Bévue bleue du 4 février 1893 : «... La région est traversée par de nombreuses caravanes, qui viennent près des confins du Dahomey chercher la noix de kola, objet, dans le Soudan, d'un commerce considérable. Or cette noix de kola, qui coûte environ cinq eau ris ', arrive à en coûter 250 à Kouka. « Pourquoi cette majoration énorme ? C'est que les caravanes perdent en route les deux tiers de leur chargement pour assurer leur passage, et c'est dans la région dont je parle que leurs pertes sont surtout les plus grandes. Composées d'environ six cents indi- vidus et d'autant d'animaux, ces caravanes marchent en file indienne, avec une extrême lenteur, et sont suivies de chaque côté par des cavaliers du pays, qui ont tous le droit de demander quelque chose, et, sous peine d'être attaquées, elles doivent satisfaire à ces demandes incessantes. Tous les soirs elles sont obligées de cons- truire un camp retranché et de s'y enfermer, après avoir payé au chef du village le prix de l'emplacement. Mais alors survient un chef voisin qui leur dit : — Vous passez ici, c'est bien ; mais vous auriez pu passer chez moi ; il faut me donner quelque chose. — Et la caravane se voit contrainte de payer un prix de passage de 20, 30, 40 et quelquefois 100.000 noix de kola. >) Cet état de choses n'existe plus aujourd'hui, et, quelques rares territoires encore imparfaitement occupés exceptés, le commerçant ambulant indigène peut voyager librement en tous sens, sans payer d'autre tribut que sa petite patente de colporteur. Tout permet donc d'escompter qu'à un moment donné, dans les limites imposées par la production, l'usage des kolas se générali- sera en Afrique chez ceux oîi il n'est encore qu'une pratique de luxe. 1. Cyprea monela, pcLils coquillages servant de monnaie en Afrique et dont 10 à 50 représentent 0 fr.05 dans le Moyen-Niger. LES KOLATIERS ET LES KOLAS 215 M. Jean Fonssag^rives dit, au sujet du commerce du kola au Daho- mey (ouvrage déjà cité) : « Le commerce en est peu important, les indig-ènes du bas pays étant seuls à en consommer. (( La kolah du Dahomey n'est pas appréciée en Europe. Il y a quelques années on exportait énormément de kolah au Brésil. Les communications directes par voiliers ayant cessé, ce commerce est devenu nul. (( L'échang-e de la kolah entre indigènes est un gage d'amitié. Actuellement elle coûte de 2 fr. 50 à 3 fr. le kilogramme. » De son côté, M. Famechon donne les renseignements suivants sur le commerce de ce produit en Guinée (ouvrage déjà cité): « Le poids moyen des graines est de 80 au kilog., et la valeur de 250 à 400 pour cinq francs à la côte, tandis qu'elle est déjà de 80 à 100 pour cinq francs à Siguiri, et que le prix augmente rapide- ment à mesure qu'on s'élève dans le nord.» En Europe et en Amérique cette denrée n'est consommée qu'ex- ceptionnellement sous sa forme naturelle, mais elle est par contre utilisée pour la préparation d'un grand nombre de produits phar- maceutiques ou alimentaires dont nous parlerons plus loin. On l'importe ordinairement sous forme de noix sèches, cotées cette année de 0 fr. 25 à 0 fr. 35 la livre anglaise sur le marché de Liverpool. D'après le Professeur Heckèl, un kola sec de valeur doit : 1° Ne pas avoir d'odeur, surtout nauséabonde ; 2** Avoir une saveur astringente et légèrement amère, puis sucrée ; 3° Etre extérieurement de couleur rouille, ou marron, plus pâle sur la face commissurale que sur la face externe ; 4° Ne présenter aucune tache, ni blanche, ni noire, sur les deux faces ; 5° Présenter un tissu résistant, cassant, sec, ne se déprimant pas sous la dent ; 6" Ne montrer aucune trace de piqûre d'insecte. II convient de compléter cet examen superficiel par une analyse quantitative des principes actifs. Certaines maisons reçoivent aujourd'hui des kolas à l'état frais. A l'Exposition d'Agriculture Coloniale, tenue cette année à Nogent- 216 ÉTUDES ET MÉMOIRES sur-Marne, au Jardin Colonial, quelques exposants en présentaient de parfaitement conservés. IV. — Composition. Propriétés. Usages. La composition de la noix de kola {Cola vera de K. Schumann), est la suivante : Caféine 2.346] Théobromine . . 0 . 023 / Matières solubles Tanin 0.027 ( dans le chloroforme : 2.983 Corps gras. . . . 0.585 ] Tanin 1.591 j Rouge de kola. 1 .290 ( Matières solubles Glucose 2 . 875 i dans l'alcool Sels fixes 0 . 070 Amidon Gomme Matières colorantes. . . . Matières protéïques. . . . Cendres Eau 5 . 826 33.754 3.040 2.561 6.761 3.325 H. 919 70.169 Cellulose par différence 29.831 100.000 Le kola du Gabon [Cola acuminata de K. Schumann. var. Bal- layi) est moins riche en caféine et théobromine. Dès l'origine de leurs travaux, MM. Heckel et Schlagdenhaufen ont signalé le rôle physiologique important de la matière colorante rouge soluble dans l'alcool, qu'ils désignent sous le nom de « rouge de kola », mais ils n'ont pu la définir chimiquement. Knebel en a reconnu la nature complexe et glucosidique, et a montré que sous l'action des acides étendus, ou même de l'eau, ce composé, qu'il nomme « Kolanine », se dédouble en glucose, caféine et en un autre corps auquel il réserve le nom de « rouge de kola ». Un autre auteur, le docteur Caries, appelle « Kolanine » la com- binaison naturelle et entièrement soluble des alcaloïdes, qui se LES KOLATIERS ET LES KOLAS 217 trouverait dans toute son intégrité uniquement dans les fruits frais et sains. M. Bernegau sig-nale la réaction suivante : si Ton fait bouillir dans l'eau le kola do Libéria {Cola vera de K. Sehumann), la décoc- tion devient d'abord verte (par fluorescence), et ensuite roug-e brique (par réaction sucrée). Si Ton ajoute à la même décoction quelques g-outtes d'acide chlorhydriqus, elle prend une magnifique couleur rouge framboise. L'extrait de kola par l'éther acétique prend la même couleur par l'addition de quelques gouttes d'acide chlorhy- drique. Le kola du Cameroun [Cola acuminata de K. Sehumann) donne absolument les mêmes réactions. Le même auteur, en parlant des fruits du Cameroun, a préparé un extrait dont l'étude a été faite à son retour au laboratoire de M. le professeur Thoms. La proportion de caféine était de 1 ,552 p. 1 00. Il a aussi étudié le rouge de kola préparé avec ces noix : ce rouge se dissout lentement dans l'eau en donnant une solution de couleur rouge framboise et au bout de quelque temps il se forme un préci- pité blanc, cristallin, qui a été identifié avec la phloroglucine. Ceci démontre que le rouge de kola, qui est un glucoside, appartient à la classe des phloroglucides. Dans le liquide séparé de la phloro- glucine, il a pu démontrer la présence de la caféine. (L. Bernegau, Apotheker Zeituncf, 1901, p. 764, Mittheilungen ûher eine Reise nach West-Afrika). M, J. Warin a formulé de la façon suivante le mode opératoire du dosage des alcaloïdes dans l'exti^ait du fluide de kola et dans la poudre de kola [Journal de Pharmacie et de Chimie, 1902) : « Prenez 15 gr. de l'extrait fluide à essayer : chauffez au bain- marie pour chasser l'alcool (jusqu'à perte de 8 gr.). Triturez l'ex- trait ainsi réduit avec 10 gr. de magnésie calcinée en ajoutant environ 2 gr. d'eau. Laissez la réaction s'oj)érer. Placez le mélange pulvérulent humide dans un flacon sec, à large ouverture, d'une capacité d'environ 20 ce. Versez dans ce flacon 1 50 gr. de chloro- forme, notez le poids total du flacon et son contenu. Fermez par un bouchon traversé par un tube en verre d'environ un mètre de longueur. Portez au bain-marie et maintenez le chloroforme en ébuUition modérée pendant trois quarts d'heure. Laissez refroidir. Portez sur la balance le flacon dépourvu du bouchon et du tube ; rétablissez, s'il y a lieu, le poids primitif par addition de quantité suffisante de chloroforme. Agitez. Jetez le contenu sur filtre et 218 ÉTUDES ET MÉMOIRES prélevez 100 g-t\ du liquide filtré que vous évaporez au bain-marie (en vase profond afin d'éviter que le résidu ne grimpe par-dessus les bords), jusqu'à obtention de poids constant. « Le poids du résidu ainsi obtenu multiplié par 10 donne la teneur en alcaloïdes bruts de 100 gr d'extrait fluide. « La différence entre le poids des alcaloïdes bruts et celui des alcaloïdes purifiés est assez faible pour que l'on considère le pre- mier comme suffisamment exact dans l'estimation de la richesse des extraits fluides de kola en bases végétales. Il n'en est pas de même dans les essais effectués sur la poudre et, d'autre part, si l'on veut comparer les rendements dune poudre à ceux de l'extrait cor- respondant, il faut le faire en alcaloïdes purifiés. Voici comment nous obtenons ceux-ci : « L'alcaloïde brut est chauffé légèrement au bain-marie avec 10 gr. d'acide chlorhvdrique étendu de 10 gr. d'eau. La solution est filtrée dans une boule à décantation; le filtre et le vase sont soigneuse- ment rincés à l'eau distillée. On ajoute à la solution un excès d'am- moniaque pour mettre en liberté les alcaloïdes. On agite à trois reprises, chaque fois avec 20 gr. de chloroforme. Ce dernier, séparé et évaporé, abandonne les alcaloïdes purs qui sont pesés. Le résul- tat multiplié par 10 donne le rendement p. 100 de l'extrait fluide. « Pour le dosage de la poudre : Prenez 15 gr. de la poudre à essayer ; triturez-la avec 10 gr. de magnésie calcinée et 15 gr. d'eau. Laissez la réaction s'opérer. Placez le mélange avec 150 gr. de chloroforme dans un flacon à large ouverture, ainsi qu'il a été dit pour l'extrait et l'opération se poursuit comme pour ce der- nier. » Les bases xanthiques se trouvent aussi dans la feuille du kola- tier. M. J. Dekker a constaté la disparition de ces bases à mesure que les feuilles vieillissent, et que dans les feuilles le rapport des bases entre elles est l'inverse de ce qu'il est dans les graines : Feuilles jeunes 0, 049 p. 100 de caféine.- Feuilles jeunes 0, 101 p. 100 de théobromine. Feuilles âgées. Traces de bases xanthiques. [Untersuchung der Blilttcr von Theohroma Kakao und Sterculia Cola auf darin enthaltene Xanthinhasen Scheweiz ; \Voch. f. Chim. et Pharm. XL, 592, 1902). {A suivre.) Jean Vuillet, Chef du service de V Agriculture du Haut Sénégal-Niger. CULTURE DU COTONNIER 4 LA STATIO.N EXPÉRIMENTALE DE MAROVOAY, PRÈS MAJUNGA Essais 1904-1905. {Suite 1.) MOIS DE JUIN La plantation continue à prendre un développement considé- rable, les plants ont une charpente aussi bien formée que ceux des deux j)i"emiers hectares. Aucune maladie, feuillage très fourni et très vert, nombreuses capsules en formation. En résumé nous avons là le type vrai d'un beau champ de coton, présentant de Thomog^énéité malgré le nombre des variétés diffé- rentes dont il est constitué. Les variétés qui se comportent le mieux sont : Pérou dur 18 Russel big- boll 18 Turkestan 18 Choice Upland 18 Mit Affifi 17 Abassi 17 Yannovich 17 Peterkin 17 Griffîn 16 Han Kins 16 King Early 16 Géorg-ie longue soie 16 Sea Island 16 B. A. C 16 Les notes ci-dessus ne s'étendent que pour l'époque où nous sommes et n'indiquent que le degré de vigueur. 11 est bon de rappeler que ces plants sont en terrain de coteau et i. Voir Bulletin n<" 34-35. 220 ÉTUDES ET MÉMOIRES qu'ils ont fourni seulement pendant la période sèche la puissante végétation que nous leur voyons. Ceci semblerait prouver que, contrairement à ce qui se passe dans les autres pays producteurs, le cotonnier ici a un mode de végéter très particulier. Il redoute la pluie au point de ne très bien pousser qu'en saison sèche. Nous reviendrons tout à l'heure sur ce que peut avoir de très avantageux au point de vue économique une pareille préférence. 4'' essai. L'expérience a été entreprise dans des conditions analogues aux précédentes, les seuls changements portent sur le semis qui n'a pas été fait en billons mais à plat; il date du 30 mars. Les dépenses à cette date s'élèvent à 148 fr. 50, les frais de semis y sont compris. AVRIL Le terrain occupé par cet essai offre peu de pente dans certaines de ses parties, aussi les pluies des premiers jours d'avril noyèrent- elles complètement les semences. II n'en aurait peut-être pas été ainsi si ce semis avait été fait au sommet des billons comme pour les précédents hectares. Voyant la saison sèche approcher, nous avions pensé que les plants seraient en meilleure posture pour résister au manque de pluie en opérant le semis à plat. Mais nous avions compté sans ces violentes chutes d'avril dont la venue tardive n'a pas été sans surprendre les gens du pays. 5^ essai. Cet essai est la suite de l'autre. Après un rapide retournement du sol au polysoc, je faisais recommencer le semis sur le même terrain le 23 avril. TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report des dépenses précédentes 1 48 . 50 Le IG avril, labour au polysoc 15.00 Semis, 23 journées, dont 3 à 1 ,25 23 . 75 187^25 cIjLtùrè du cotonnier 221 observations Les semences sont placées à 8 ou 10 centimètres de profondeur, dans un sol légèrement humide; la levée est lente et irrégulière. MOIS DE MAI Report des dépenses 187.25 Léger binage et remplacements 10.25 I97T5Ô OBSERVATIONS Les jeunes plants à peine sortis sont dévorés par les insectes Ceux qui arrivent à prendre le dessus se développent lentement. MOIS DE JUIN Les plants qui ont résisté ont poussé convenablement; ils sont bien verts et n'ont aucune maladie. Tous commencent à fleurir, excepté le Pérou dur et les variétés d'Egypte. Ils ont en moyenne 50 à 80 centimètres de hauteur. 6^ essai. Entre temps nous avons exécuté un 6'' essai en sol riche dans la plaine ; les opérations culturales ont été réduites en raison de l'excellente qualité du sol. Le semis est fait le 29 mars et le prix de revient s'élève à cette date à 113 francs. OBSERVATIONS Nous avons eu recours à une seule variété, le Pérou dur ; semis à plat comme précédemment et pour les mêmes raisons. MOIS D'AVRIL OBSERVATIONS Les pluies noient une partie des graines ; on recommence le semis le 19 avril. 222 ÉTUDES ET MÉMOIRES TRAVAUX ET PRIX. DE REVIENT Report 113.00 Semis 7.00 120.00 Les seuls plants qui persistent avant ce deuxième semis se trouvent placés sur des éminences que forment les irrég-ularités du sol, le billonnage nous aurait donc évité de faire ce double semis. La deuxième levée se fait lentement ; elle est régulière, mais les plants vers la fin du mois sont encore peu développés. Ce champ olfre une dépression où le sol reste humide ; les graines y ont levé mais les plants sont chétifs et quelque peu jaunes. MOIS DE MAI TRAVAUX ET PRIX DE REVIENT Report des dépenses 120 . 00 Léger binage le 14 et quelques remplacements (qui d'ail- leurs ne lèvent pas) : 8 journées 8 . 00 128.00 OBSERVATIONS Pendant la deuxième semaine, ce champ a pris un aspect très brillant, les plants retardataires ont peu à peu rattrapé les plus anciens. Ces cotonniers montrent de belles pousses vertes d'une grande vigueur, ils atteignent 1 mètre à 1"' 20 de hauteur, ne montrent ni maladies, ni insectes, enfin n'ont encore aucune fleur. Les plants dont nous avons parlé qui occupent la partie humide du champ continuent à rester jaunes et se développent. MOIS DE JUIN Pas de travaux. OBSERVATIONS La végétation poursuit son cours d'une façon remarquable, les CULTURE DU COTONNIER 223 plants ont 1"* SO de hauteur, sont très branchus et g-arnis de feuilles larges très vertes; il ne reste aucun intervalle libre entre eux. Les fleurs comnjencent à apparaître. De leur côté, les plants placés dans la partie humide se sont mis à vég-éter et à reverdir. Ils atteignent 80 centimètres de hauteur. Le sol d'ailleurs s'est assé- ché. Remarques générales Nous n'avons certes pas la prétention de dégager de ces diverses observations des conclusions que par la suite on ne puisse réfuter. Nos expériences de la Station d'Essais de Marovoay datent de 6 mois, leurs résultats mériteront d'être confirmés pendant de nom- breuses années encore. Nous ne pouvons cependant nous empêcher d'être frappés par certains faits bien tranchés que les remarques suivies faites sur différents cotonniers depuis deux années nous obligent à prendre en considération. Nous les avons déjà exposées au début de ce rapport; nous allons j revenir en essayant de répondre aux trois questions établies pri- mitivement comme but de nos recherches. - l""** QUESTION De l'époque du semis. Le mode de véi-Inspecfeur d' Agriculture à Madagascar. J.-B. LOUIS PIERRE (1833-1905) Il y a environ un quart de siècle, un créole originaire de La Réunion, absolument inconnu des botanistes officiels, arrivait à Paris, rapportant pour l'Exposition universelle de t878 une énorme cargaison de collec- tions botaniques qu'il avait recueillies en Extrême-Orient. Pierre, — car c'était lui — venait de passer plus de dix années consé- cutives dans les forêts de la Cochinchine. Jardinier de la marine, il n'avait pas tardé à se laisser séduire par l'exubérance des flores tropi- cales, la variété des arbres qui peuplent les forêts équatoriales, la multi- plicité des produits végétaux que le commerce, l'industrie et la méde- cine pouvaient tirer de ces réserves séculaires. L'étude de la botanique était devenue pour lui une véritable passion et sans aucun maître, avec les seules connaissances qu'il avait acquises pendant un court séjour au Jardin botanique de Calcutta, aidé du natura- liste Anderson, il était parvenu à classer et à nommer la plus grande partie des arbres de ces contrées lointaines. Il n'avait pas tardé à être chargé officiellement d'inventorier les richesses forestières de nos posses- sions asiatiques par le Ministre de la Marine d'alors, l'amiral Duperré. A son retour en France, Bâillon et de nombreux botanistes systémati- ciens — car les flores exotiques n'étaient pas aussi délaissées en France qu'elles le sont aujourd'hui — furent pris d'étonnement lorsqu'ils purent examiner l'abondance et la richesse de matériaux rapportés par ce voya- geur. Depuis la mort de Boivin, les botanistes n'étaient plus habitués à pareille moisson. Mais la surprise fut beaucoup plus grande quand on apprit que ce col- lectionneur occasionnel avait la prétention de vouloir étudier lui-même le riche butin dont il avait dépouillé l'Asie pour l'apporter en France. L'œuvre que Pierre s'était proposée d'accomplir, il l'a poursuivie sans relâche ; jusqu'à sa mort, il s'y est consacré avec un labeur opiniâtre et s'il n'est pas parvenu à accomplir complètement cette tâche, que d'autres termineront bientôt, il faut l'espérer, c'est qu'elle était trop étendue et qu'en sciences naturelles jamais les recherches ne sont définitives. Pendant vingt-cinq ans, il a travaillé à l'étude des flores tropicales. Il a apporté à la connaissance de la végétation de nos possessions d'Asie et d'Afrique des contributions très importantes, et les nombreux travaux scientifiques qu'il laisse sont de ceux qui honorent la science d'un pays. Chez Pierre, du reste, l'homme privé était à la hauteur du savant. Sa J.-B. LOUIS PIERRE 235 puissance de travail était légendaire. Que de l'ois, enfermé dans le modeste cabinet où le Muséum abrita ses herbiers durant seulement les quatre dernières années de sa vie, nous avons vu cet énergique vieillard décrire et étudier minutieusement des spécimens, passant parfois dix heures de suite dans son laboratoire. On cite de lui ce joli mot. A un ami qui, le voyant fatigué il y a quelques mois, lui conseillait de se reposer, il répondit : « Mais, Mon- sieur, je n'ai pas le temps, il y a tant à faire en botanique et la vie est si courte ! » Son caractère un peu aigri vers la fin de sa vie savait pourtant rendre toujours hommage au mérite des autres. Mais son désintéres- sement surtout n'avait point de limites. Tout jeune botaniste qui venait lui demander des renseignements ne sortait jamais les mains vides. Non seulement il prodiguait des conseils, mais aux uns il remettait des maté- riaux d'études avec les dessins non publiés contenant les analyses minu- tieuses auxquelles il s'était livré ; aux autres, il distribuait ses manuscrits qu'il s'entêtait à ne pas publier lui-même. « Je n'ai pas le temps de revoir ce groupe ; voyez si vous pouvez tirer quelque parti de ces notes », disait-il, et il se remettait au travail. Avait-on besoin de la détermination d'une espèce, aussitôt il abandonnait toutes ses recherches pour satisfaire les autres. Les botanistes qu'il a ainsi aidés dans leurs recherches sont innombrables. Jean-Baptiste-Louis Pierre ^ naquit au Champ Borne à La Réunion, le 23 octobre 1838; il est mort à Paris le 30 octobre 1905 et ses obsèques civiles ont eu lieu le t*"" novembre en présence de sa famille et de quelques-uns de ses amis. Fils d'un riche planteur de l'ile de La Réunion, descendant d'une ancienne famille normande, il vit pendant son adolescence chavirer la fortune de sa famille à la suite des ravages causés par les cyclones et des pertes éprouvées du fait de l'affranchissement des esclaves. Cet événement eut une influence sur l'orientation de sa carrière. Il dut interrompre ses études de médecine et chercher dans les colonies un emploi pour vivre. L La carrière de Pierre en Extrême-Orient En 1865, à l'âge de 32 ans, après un séjour de quelques années dans les Indes anglaises, Pierre fut nommé directeur du Jardin botanique de Saigon. 1. M. le D"' F. Heim a créé le genre Pierrea, pour une Diptérocarpée d'Indo-Chine. (Voir Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, 1881, p. 958.) 236 ÉTUDES ET MÉMOIRES Cette fonction sédentaire ne suffisant pas à occuper son activité et à satisfaire sa passion pour la botanique, Pierre parcourut de 1865 à 1877 les forêts du Cambodge et de la Basse Cochinchine, il remonta le long de la côte du Siam jusqu'au 17'' degré de lat. N. C'est de ces voyages à travers les forêts et les savanes asiatiques qu'il rapporta lun des plus riches herbiers tropicaux composés par un seul collecteur, qui soient parvenus en Europe. Il consacra en outre au Jardin botanique et au Jardin du Gouverne- ment situés tous lès deux à Saigon une partie de son activité ; il créa de vastes pépinières qui ont servi aux plantations des rues de la ville et de ses squares ; il poursuivit divers essais agricoles à la ferme gouverne- mentale des Mares ; enfin il distribua largement aux colons quantité d'arbres fruitiers et de plantes industrielles et il contribua ainsi à disper- ser ces plantes utiles à travers nos possessions d'Asie. En ce qui concerne la vanille [Vanilla planifolia), il a été son introducteur en Indo-Chine. II. La Flore forestière de la Cochinchine L'œuvre principale de Pierre, celle qui assurera à son nom une place prééminente parmi les savants qui, à la fin du xix'' siècle, se sont occupés de l'étude de l'histoire naturelle de l'empire colonial français, est incon- testablement la Flore forestière de la Cochinchine. Pendant vingt années, Pierre s'est consacré à cette tâche, et sa grande publication bien que par- venue à peine à moitié, lorsqu'elle fut interrompue en 1899, reste néan- moins l'ouvrage consacré à nos flores coloniales le plus important qui ait été élaboré en France et l'un des plus vastes travaux qui aient jamais été publiés sur les flores forestières mondiales. Son importance n'est pas bien moindre que celle du Sylva of N . America de Sargent publié dans ces dernières années par le Département forestier des Etats-Unis. Le Gouvernement de la Cochinchine, puis plus tard le Gouvernement général de rindo-Chine ont consacré à cette œuvre une somme de plus de 300.000 fr. J'avais récemment l'occasion de parler de ce grand ouvrage à Sir Die- TRiGH Brandis, l'ancien directeur du service forestier des Indes, qui me dit en quelle estime on tenait cette vaste publication à l'étranger. Il a fallu cet heureux concours de circonstances : d'une part, une administration coloniale éclairée, disposée à s'imposer de lourds sacrifices pour l'étude de ses ressources naturelles, d'autre part la rencontre d'un savant laborieux de la valeur de Pierre, pour arriver à mettre debout un monument qui non seulement fait le plus grand honneur à la science J.-B. LOUIS PIERRE 237 française, mais aussi qui montre, comme on l'oublie trop souvent, la part que prennent déjà nos colonies aux travaux même de science pure ne comportant pas toujours un intérêt pratique immédiat pour elles. C'est pour cela qu'il convient d'associer au nom de M. Pierre celui des hautes personnalités qui ont soutenu son entreprise dès le début ou l'ont encou- ragée aux moments ditTiciles. Lorsque la colonie de la Gochinchine s'engagea dans cette publication, l'amiral Duperré était ministre de la Marine. Plus tard, lorsque le ver- sement des modestes allocations que recevaient M. Pierre et son dessina- teur M. Delpy fut sur le point d'être suspendu (en 1900), M. Pavie, l'an- cien chef des belles missions scientifiques en Indo-Chine et M. Capus, directeur de l'Agriculture, des Forêts et du Commerce de Tlndo-Chine, employèrent toute leur activité pour faire rétablir ces subventions. En continuant à s'intéresser à cette publication, MM. Doumer et Beau, suc- cessivement gouverneurs généraux de l'Indo-Chine, ont accompli un acte dont la science française leur est reconnaissante. On trouve dans la flore de Pierre les qualités maîtresses qui caractéri- saient tous ses travaux : un profond souci de la vérité, une abondance de détails dans les descriptions, une riche documentation. 11 ne néglige rien, et décrit minutieusement les organes d'apparence insignifiants ; au besoin, il s'adresse à la structure anatomique : c'est ainsi que, dans les fascicules 16 et 17, il consacra huit grandes planches à l'organisation des Diptérocarpées. Cette partie anatomique est certainement la plus faible de ses travaux; cependant, on reste plein d'admiration pour les faits qu'il a observés exactement, si l'on songe que Pierre n'eut aucun maître pour s'initier à ces recherches difficiles. Les plantes décrites dans la flore forestière proviennent de la Cochin- chine, du Cambodge et du Laos inférieur, c'est-à-dire des régions oià Ion pouvait circuler à l'époque lointaine où M. Pierre résida en Indo- Chine. La presque totalité des spécimens énumérés avaient été récoltés par lui. 11 a accessoirement utilisé des exsiccata provenant d'autres col- lecteurs : MM. le D'' TiioREL, M. Harmaxd actuellement consul de France à Tokio, M. Pavie l'explorateur si connu, enfin quelques échantillons de Balansa et du R. P. MONTROUZIER. Toutes les descriptions contenues dans l'ouvrage, y compris les dia- gnoses, sont en français. A la suite du nom scientifique et des synonymes, Pierre énumère quand il y a lieu les noms knier et annamites, parfois les noms en langue moi ou en siamois. Puis il mentionne l'habitat et la distribution géographique, enfin le n° de la plante dans son herbier. En second lieu vient la diagnose, puis la description détaillée avec l'in- dication des dimensions des principaux organes. 238 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le principal ouvrage de Pierre ' est, comme Ton sait, composé de grandes planches in-folio, accompagnées chacune d'une page ou deux de texte même format. Il comprend 25 fascicules de chacun 16 planches soit 400 planches au total. Les espèces de chaque famille qu'il a observées sont énumérées dans Tordre systématique d'après la classification de P. de Candûlle, et le travail s'étend des Magnoliacées aux Légumineuses. Du reste, nous don- nons dans le lableau suivant l'énumération des familles traitées avec la date d'apparition des fascicules. l'"" fascicule (Planches 1 à 16), Magnoliacées, Dilléniacées, Anonacées, 2« — (PI. 17 à 32), Anonacées. 3<= — (PI. 33 à 48), Anonacées, Chaillétiacées. Les trois premiers fascicules ne portent pas de date. Ils ont été publiés entre 1879 et 1882. 4« — 1") mai 1882 (PI. 49 à 64), Hypéricinées, Guttifères. 5« — LJ fév. 1883 (PL 6:i à 83), Guttifères. 6e _ l'y novembre 1883 (PL 84 à 96), Guttifères. Consacré à une monographie du genre Garcinia (40 pages). 7e — l^i- juillet 1883 (PL 97 à 112), Guttifères, Menisperniacées. S" — 2u janvier 1887 (PL 113 à 128), Ternstroemiacées. Contient une magnifique monographie illustrée des Thés d'Indo-Chine. Le genre Thea est divisé en trois sections. 9« _ 1er janvier 1888 (PL 129 à 143), Tiliacées. . 10« — l'-- février 1888 (PL 14o à 160), Tiliacées. Ile _ lei- niai 1888 (PL 161 à 176), Tiliacées et Malvacées. .12e _ le.- d^.^. 1888 (PL 177 à 194), Malvacées. 13e _ 1er f^y. 1889 (PL 19o à 208), Sterculiacées, Bulttnériacées. 14e _ 1er goût 1889 (PL 209 à 224), Diptérocarpées. irie _ 1er ,nars 1890 (PL 22o à 240), Diptérocarpées. 16e _ i.r oct. 1891 (PL 241 à 256), Diptérocarpées. 17e ._ 1er Q^t. 1892 (PL 257 à 272), Styracées et Mastixiacées, Simaru- bées, Irvingiacées, Olacinées, Icacinées, Malpighiacées. Pour la première fois se trouve décrite la famille des Irvin- giacées et l'étude de quelques plantes africaines est abordée notamment du Fegimanra africana Pierre ^ Mangifera afri- cana Oliver. 18e _ 1er juin 1^93 (pj 973 à 288), Malpighiacées, Ilicinées, Linacées, Erythroxj'lées, Rutacées. 19e _ 1er (jéc. 1893 (PL 289 à 304), Zanthoxylées, Célastracées, Hippo- cratéacées. 1. Le titre exact est : Flore forestière de la Cochinchine, ouvrage publié sous les auspices du Ministère de la Marine et des Colonies (puis par le Ministère des Colo- nies). Paris, Octave Doin, éditeur, 18.S0 (?) à 1899. J.-B. LOUIS PIERRE 239 20* — 1"' juillet 1894 (PI. 305 à 320), Célastracées, Rhamnées, Sapin- dacées. 21e — 1"' juillet 189o (PI. 321 à 336), Sapindacées, Méliacées. 22e _ l"juillet 1896 (PI. 337 à 352), Méliacées. 23e _ lei- juillet 1897 (PI. 353 à 368), Méliacées, Anacardiacées. 24^ — !"■ sept. 1898 (PI. 369 à 384), Anacardiacées. 25« — 15 avril 1809 (PI. 385 à 400), Légumineuses. Nous avons donné cette longue énumération pensant qu'elle pourrait être utile à ceux qui aui^ont besoin de consulter l'ouvrage dépourvu de table des matières et d'un maniement difficile en raison de son grand format. Ce qui donne surtout une valeur inestimable à la Flore de Pierre, c'est que chaque plante est accompag'née d'une grande planche représen- tant un rameau de l'arbre reproduit ordinairement grandeur naturelle et le détail de tous les organes de la plante minutieusement étudiés ; les planches des premiers fascicules furent dessinées par l'auteur lui-même, ensuite par M. Delpy, ancien sous-officier d'infanterie de marine, que M. Pierre avait connu en Asie et qui est resté jusqu'à la fin le dessina- teur de tous les ouvrages de Pierre. C'est à M. Delpy que sont dus aussi les innombrables planches autographiées relatives surtout à la flore d'Afrique, planches distribuées dans ces dernières années aux g-rands her- biers du Muséum de Paris, des Jardins royaux de Kew, du Muséum bota- nique de Berlin, du Jardin botanique de l'État à Bruxelles, etc. III. Autres travaux sur la flore asiatique En même temps qu'il poursuivait l'élaboration de sa grande flore, le laborieux botaniste publiait dans différentes Revues des observations sur des questions de détail, des diagnoses d'espèces nouvelles et des études extrêmement importantes sur la botanique économique. Il s'était attaché d'une façon toute spéciale à la famille des Sapotacées. Pour l'étude de l'origine de la gutta-percha, il avait été conduit à exami- ner ce groupe de végétaux dans leur ensemble et, dès 1890, il publiait l'ouvrage suivant, demeui^é malheureusement inachevé comme la plupart des travaux de l'auteur. 1. Notes botaniques. Sapotacées, Paris, in-8, Klinsieck, 5 janvier 1891 (an'êté à la page 58). Les autres publications sur la flore asiatique sont : 2. 1881. Sur deux espèces d'Epicharis produisant les bois dits Sandal citrin et Sandal rouge. Bulletin de la Société linéenne de Paris, I, p. 289. 240 ÉTUDES ET MÉMOIRES 3. 188Î). Sur le genre Philastrea, Ihid., p. 474-47o. 4. 1885. Plantes à gutta-percha, ILid., p. 497-499, 50o-U08, 519-o20, :i23- 528,529-531. 5. 1885. Sur la laque de Cochinchine, Ihid., 537-539. 6. — Sur le geni'e Zollingeria, Ihid., 633-635. 7. — Sur le genre Suringaria, //jjJ., 635-636. 8. 1887. Sur le genre Stixis Louv, Ibid., 652-656. 9. — Sur le genre Tirania, Ibid., 657-658. 10. 1888. Sur le genre Telotia, Ibid., 754-755. 11. — Sur le genre Melientha, Ibid., 762. 12. 1889. Sur IHarmandia, Ibid., 769-770. 13. — Sur le genre Eggersia, /Aie/., 787-789. 14. 1898. Observations sur quelques Bixacées, Bulletin du Muséum, 1898, p. 109. 15. 1903. Sur les Plantes à caoutchouc de l'Indo-Chine, Bévue des Cultures coloniales, t. XI, p. 225-229. 16. 1905. Quelques plantes nouvelles de l'Asie tropicale. Bulletin de la Société botanique de France, novembre 1905 (posthume). Enfin il convient de mentionner ici les descriptions d'espèces nouvelles publiées dans la récente thèse de M. le D"" Spire, sur les Plantes à caout- chouc cl' Indo-Chine. IV. Travaux sur la flore africaine Les travaux de Pierre sur la flore de l'Afrique tropicale ont été exces- sivement féconds en résultats scientifiques. On peut dire qu'il est le seul à avoir osé aborder l'étude d'ensemble des familles végétales représentées dans le Gabon et le moyen Gong-o français et les genres nouveaux très nombreux qu'il a été amené à créer sont aujourd'hui classiques dans les ouvrages de botanique générale. ^ La première note de notre auteur où il soit question d'une plante afri- caine est de 1886, mais c'est 10 ans plus tard, à partir de la séance du 7 février 1896 de la Société Linnéenne de Paris, qu'il se mit à poursuivre sans interruption des études surlailore gabonaise, études qui ont pris fin seulement quelques jours avant sa mort. Dès 1896, il était en possession de 600 espèces récoltées par M. Jolly, ancien préparateur de Bâillon, aujourd'hui directeur du Jardin d'essais de Bingerville (Gôte-d'Ivoire) et par le P. Klaine de la mission catho- lique de Libreville (Congo français). Par la suite, le P. Klaine lui fournit une abondante moisson de maté- riaux botaniques, aujourd'hui complètement étudiés et répartis dans les grands herbiers d'Europe. Grâce à ces envois, la flore forestière de la région du Gabon avoisinant Libreville est aujourd'hui en grande partie connue. J.-B. LOUIS PIERRE 241 Pierre eut également à sa disposition les collections anciennes rappor- tées du Congo au Muséum par Griffon du Bellay, Aubry-Lecomte, R. P. DuPARQUET et les herbiers récents de MM. de Brazza et Thorlon, H. Lecomte, Dybowski, Giialot, p. Trilles, Spire, Chevalier. Il est pro- fondément regrettable qu'une grande partie des recherches du laborieux chercheur soient restées en manuscrit et connues seulement d'un public très restreint de savants. Les publications de Pierre sur la flore d'Afrique forment néanmoins un riche bagage. Les notes dont nous donnons l'énu- mération sont la plupart très laconiques, mais elles se rapportent à des découvertes d'un grand intérêt scientifique. Les suivantes ont paru dans le Bulletin de la Société Linéenne de Paris. 17. 1880. Sur rOmphalocarpum Radlkoferi, 1, 1377-082. 18. 1896. Guttifères, 1, 1212, 1223. 19. — Guttifères, Rhizophiracées, 1225. 20. — Irvingiacées, Simarubacées, Burseracées, 123.3, 1241. 21. — Sapindacées, Anisophyllées, 1249. 22. — Panda, Pandacearum, 12ij"). 23. — Ochocoa, Myristicacearum, 1257. 24. — Thespesocarpus, Incertee sedis, 1258. 25. — Dichostemma, Eupliorbiacearum, 1259. 26. — Chelonecarya, Men.ispermacearum, 1260. 27. — Alractogyne, Rubiacearum, 1261. 28. — Rhopalopilia, Opiliacearum, 1263. 29. — Erytropyxis, Styracearum, 12(55. 30. Sur le genre Pappostylurn des Rubiacées, 1268. 31. — Sur le genre Karlea des Rhamnacées, 1270. 32. — Sur le genre £'rt/)ro7/ia des Rubiacées, 1273. 33. — Sur le genre Z)e/ptc/o/'a des Chrysopliyllées, 1275. 34. — Apocynées, 1277. 35. — Espèces nouvelles de Santlriopsis, 1279. 36. — Sur le Mannia af ricana, 128^1. 37. — Ileckeldora, nouvelle Méliacée, 1286. 38. 1897. Sur le genre Oricia, 1287. 39. . — Sur quelques Olacacées, 1290. 40. — Sur le Monotes glandulosa, i298. 41. — Sur le genre Crioceras de la famille des Apocynées, 1310. 42. — Sur le genre Ongokea de la famille des Aptandrées, 1313. 43. — Sur quelques Phytocrénacées du Japon et de l'Indo-Chine, 1315. 44. — Sur le genre Pteronema des Simarubacées, 1322. 45. — Sur quelques Raphiostyles, 1324. 46. - Sur le genre Plagiostyles, 1326. 47. 1898. Observations sur quelques Laiidolpliiées, t. Il, p. 33-40, 89-96, 97-104. 4^8. — Sur le N'Dyembo ou Landolphia Klainii, 13-16. Bulletin du Jardin colonial. 17 242 . ÉTUDES i:t .mémoires 49. — Observations sur quelques Méaisperniacées africains, 76-85. 50. — Sur le genre Ilelictonema des Hippocratéacées, 73-74. 51 . — A propos d'une Macarisiée du Gabon, 74-76. 52. — Sur les genres Oricia et Diphasia Rutse, 68. 53. — Sur le genre .ln) en prenant pour base les indica- tions des méthodes rationnelles de production ; tandis que les recettes sont fournies par le rendement d'un arbuste qui ne demande en règle ordinaire ni soins, ni culture, dont la productivité peut être intensivement accrue et prolongée durant une période presque illimitée, quatre-vingts ou cent ans, disent quelques spécialistes. Sans doute, la main-d'œuvre est actuellement moins chère aux Philippines qu'à Cuba où elle varie, dans les campagnes, de 0. 75 centavos (2 fr. 40) à 1 peso d'argent (3 fr. 70) mais les marchés importants du sud et de l'est des Etats-Unis, où les produits cubains jouiront de plus en plus d'un traitement de faveur sont tout proches : ceux d'Europe sont à 12 ou 15 jours. Ces renseignements recueillis pour les planteurs ou capitalistes américains par une revue américaine, pourront peut-être servir d'utiles indications à quelques-uns de nos compatriotes connaissant l'espagnol et ayant déjà une certaine pratique du monde inter-tropi- cal. D'après de récentes statistiques, VÉquateur à lui seul aurait apporté pour 1904, 28 millions de kilos de cacao. Ne pourrions-nous tirer à meilleur compte, de cultures cubaines, une partie de cette importation? C'est une étude dont il m'a semblé profitable de réunir quelques éléments à l'usage des intéressés. Lefaivre. Minislrc de France ù la Havane. SECONDE NOTE RELATIVE AU HOULOUBA (plante textile de l'afrique centrale) Dans une précédente note ^ nous avons fail connaître les diffé- rents usages auxquels peut servir le Boulouha, plante textile cultivée sur les bords du lac Tang-anyka. Nous avons en outre signalé qu'elle appartient au g-enre Gornphocarjnis, sans préciser l'espèce. Aujourd'hui, la comparaison avec les herbiers du Muséum nous permet d'aliirmer qu'il s'agit du Gomphocarpus semilunatus A. Rich, qui possède en Afrique une aire d'extension considérable, s'étendant à l'Abyssinie, l'Ouganda, l'Angola et l'Etat indépendant du Congo. Cette espèce est voisine du Gom. fruticosus, dont elle se distingue surtout par son fruit arrondi au sommet, tandis que. chez cette dernière espèce, le fruit possède un bec plus ou moins long suivant les variétés. Ces deux Gomphocarpus sont d'ailleurs très polymorphes et l'on n'est pas toujours d'accord sur leurs limites précises. L'échantillon de Boulouba que nous avons entre les mains pro- vient de cultures effectuées au Jardin colonial ; il présente quelques caractères, très secondaires d'ailleurs, qui le différencient un peu du G. semilunatus type ; les feuilles sont plus étroites, à nervures plus tines ; le calice possède des lobes moins longs et moins aigus; les graines sont un peu plus grosses. Ces faibles différences n'ont rien d'étonnant, si l'on songe que les plants du Jardin Colonial proviennent de graines recueillies sur des cultures et que, d'autre part, ils se sont développés dans des conditions climatériques bien différentes de celles de leul- pays d'origine. L'examen anatomique de la tige montre que les fibres sont grou- pées en faisceaux à contour elliptique en section tranversale, très nombreux autour de la tige et séparés par des intervalles à peu près égaux à leur plus petit diamètre; les faisceaux sont adossés au 1. fiuUelin du Jardin Colnninl. décembre 1905. N" 33. SECONDE NOTE RELATIVE -AU BOULOUBA 253 liber secondaire et leur plus grande dimension correspond à peu près au sens radial. Vers la base de la tige, les libres sont bien différenciées dans toute l'épaisseur du faisceau, leurs parois sont fortement épaissies ; elles ont peu de cohérence les unes pour les autres et sont termi- nées en pointes fines aux deux extrémités. Les faisceaux ne présentent point des caractères de maturité complète dans la région de la tige voisine de l'inflorescence, sur les plantes poussées dans les environs de Paris K Ils sont alors formés de nombreuses fibres, à parois relativement peu épaisses et la diffé- renciation en éléments filjreux souvent n'atteint pas le centre du faisceau, qui est occupé par de petites cellules parenchymateuses ordinaires. Les réactifs de la lignine (Sulfate d'aniline, Phloroglucine dissoute dans l'acide chlorhydrique) ne m'ont donné aucune coloration ; les fibres ne fixent pas non plus le vert d'iode. La différenciation des faisceaux fibreux et de leurs éléments étant probablement poussée plus loin, lorsque la plante croît dans les pays chauds, il ne faut donc point déduire des observations précédentes que la fibre est toujours de nature purement cellulosique ; mais il semble bien que la lignification, si elle se produit, doit être peu accentuée ; la matière textile doit donc posséder de précieuses qualités de souplesse. Les fibres présentent en section tranversale leur allongement maximum suivant le grand axe du faisceau et mesurent en moyenne dans cette direction 80 |;,. -, elles ont une largeur de 55 [j. suivant la direction perpendiculaire et une épaisseur à partir de 20 [x. Marcel Dlbard, Maître de Conférences à la Sorhonne. 1. Cette observation est en concordance avec la lignification tardive des éléments du bois secondaire, dont les assises les plus jeunes sont encore à l'état cellulosique, quoique ayant terminé leur diflereuciation morphologique. 2. Travail exécuté au laboratoire Colonial du Muséum. LE CAOUTCHOUC DE LA COTE DIVOIRE Nous extrayons du rapport d un agent du service de TAgricul- ture de l'Afrique occidentale les notes qui suivent. Elles jettent un jour nouveau et une grande clarté sur une question qui jamais, jusqu'à ce jour, n'avait été aussi nettement précisée. Grâce aux connaissances techniques de l'agent de culture chargé de l'examen de cette question, il est désormais établi que le Funtumia africana n'est employé par les indigènes que pour falsifier le caoutchouc obtenu par les récoltes de latex siu' le F. elastica. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette question et de publier d'autres renseignements sur cette importante question (note de la rédaction). (■ J'ai constaté près d'Alépé trois Ileveas fort beaux. Dansl'Indénié, tout le bon caoutchouc provient du Fromtoum qui n'est autre qu'un kickxia ou Funtumia elastica ; c'est la seuk^ plante donnant vérita- blement un bon caoutchouc ne devenant pas poisseux, mais les indigènes ne se contentent pas de saigner cette plante, ils mélangent à son latex celui du Fronnioudou, un autre kickxia le funtumia africana^ le latex de cette plante ne contient^ pas de caoutchouc, mais seulement une résine qui augmente le poids du caoutchouc coagulé, et le fait déprécier en le rendant poisseux. Les indigènes saignent encore une autre plante, le Diangoué; c est un ficus. Le latex du Diangoué donne un caoutchouc rouge, poisseux, de très mauvaise qualité. Il sert aussi pour falsifier le funtumia elastica. Pour récolter le latex, les indigènes font des incisions en arête de poisson; pour le recueillir, ils placent au bas de l'incision verticale, une large feuille en forme de cornet ou une bouteille à vin. La coagulation spontanée du latex étant très longue à se produire, on peut sans inconvénient le conserver plusieurs jours dans les bouteilles. Ils font faire aux incisions le tour complet de l'arbre et les font si rapprochées, que presque toujours, à la deuxième saignée, l'arbre meurt. Pour coaguler le latex, les indigènes creusent dans la terre LE CAOUTCHOUC DE LA COTE d'ivOIRE 2S7 de petites fosses rectangulaires dont les parois fortement damées ont été rendues imperméables au moyen d'un enduit composé de cendres et d'excréments de bœuf. On verse dans ces fosses tout le latex recueilli et on laisse la coagulation se faire naturellement ; quelquefois ils urinent dedans et mélangent le tout. Il faut, de cette façon, un mois environ pour obtenir une complète coagulation. Par ce procédé, on obtient des plaques de caoutchouc de couleur noire et d'odeur nauséabonde, pesant de 25 à 30 kilos et même plus. La charge dans le commerce est de 75 livres anglaises c'est-à-dire 34 kilos 300 environ. Ce caoutchouc est connu sur les marchés d'Eui'ope sous le nom de Hard Lunij. Ce Hard Luny est acheté à Abaisso selon la qualité : 6 livres anglaises c'est-à-dire 150 fr. G livres, 5 shillings — 156 fr. 25 6 livres, 11 shilings — 164 fr. 05 La coagulation spontanée commençant parles couches extérieui'es, l'eau et les matières végétales se trouvent emprisonnées dans l'intérieur, s'v décomposent et donnent au caoutchouc cette odeur nauséabonde si caractéristique. Les indigènes Poyo foués (homme caoutchouc) auraient intérêt à changer leur façon de coaguler, d'em- ployer la coagulation par l'ébullition par exemple. Pour obtenir cette coagulation, on emploie tout simplement l'eau bouillante. On préci- pite une certaine quantité de latex soit deux litres dans une bassine d'eau bouillante puis on remue avec un bâton ; la coagulation est presque immédiate ; il n'y a plus qu'à retirer de l'eau une grosse boule de caoutchouc bien blanc et pendant qu'elle est encore toute chaude, à l'aide d'un rouleau à pâtisserie, d'en faire une plaque de quelques millimètres d'épaisseur et faire sécher à l'ombre. Ces plaques, de blanches qu'elles étaient deviennent brunes mais ne contiennent aucune matière étrangère pas même une seule poche d'eau. Ce procédé de coagulation empêche toute fraude. Pour cela même, il sera impossible de le faire emplo\'er facilement par les indigènes, à moins que le commerçant se refuse d'acheter les caoutchoucs dits « Poyo ». Dans le cercle de Boudoukou, le caoutchouc est fourni par deux essences différentes : les lianes landolphia et aussi les kickxias. Les façons de récolte et de coagulation employées par les indigènes sur Bulletin dn Jardin colonial. 18 288 NOTES le latex des kickxias sont les mêmes que dans l'Indénié; les falsifi- cations sont également les mêmes et consistent à ajouter au latex du Funtumiaelastica du latex de Funtuniaafricana,et des nombreux ficus qui existent dans la région. Ce serait une erreur de croire qu'en opérant ces mélanges les indigènes agissent par ignorance. Tous les indigènes interrogés savent très bien que ces latex [ne contiennent pas de caoutchouc, mais en les mélangeant à celui du Funtumia africana, ils augmentent le poids des plaques qu'ils préparent. Leur excuse, la seule qu'ils donnent, c'est qu'on leur achète les produits ainsi falsifiés. On conseille aux indigènes de coaguler avec l'infusion de feuilles de Niama. Le niama étant très commun dans la région découverte et dans la zone intermédiaire entre la forêt dense et la région découverte ; il n'existe pas dans la forêt. La seule liane donnant un bon caoutchouc dans le cercle de Bon- doukou est le Landolphia Heudeloti. Pour récolter le latex les indi- gènes se contentaient autrefois d'inciser les lianes à coups de machette. Ce procédé détestable a été remplacé par les incisions annulaires et semi-annulaires. La coaarulation se fait directement sur l'incision avec dujus de citron. Avec le caoutchouc obtenu, on fait des boules de la grosseur d'une pomme en moyenne. Toutefois certains indigènes coagulent avec le niama et font des boules pesant 500 à 000 grammes. Le caoutchouc ainsi obtenu est, à mon avis, de. qualité légèrement inférieure à celui coagulé avec le jus de citron Nicolas, Af/ent de rulture de rAfri(/iii' Dccideiilale /'runruise. COMMUNICATIONS DIVERSES Analyses de noix de coco. — M. Amniann, chef du Service chimique au Jardin colonial, a eu Toccasion d'analyser dernièrement un certain nombre de noix de cocotiers provenant de la Côte d'Ivoire. On possède, jusqu'à ce jour, si peu de documents précis sur la composition exacte des fruits du cocotier qu'il paraît intéressant de résumer ici les résultats obtenus par M. Ammann. Les noix analysées peuvent se diviser en trois catégories : 1" Noix complètement mûres mais vertes, accompagnées de leur bourre et contenant de l'eau de coco ; 2° Noix accompagnées de leur bourre, mais complètement sèches et ne renfermant pas d'eau de coco ; 3° Noix semblables à celles de la première catégorie mais arri- vées au Jardin colonial entièrement dépouillées de leurs enveloppes fibreuses. On remarquera que les recherches exécutées par M. Ammann conduisent à des résultats fort différents suivant les fruits analysés. Gela doit être attribué, d'une part au degré de dessiccation des noix soumises à Son exa- men et, en second lieu, aux différences considérables présentées par les nombreuses'variétés de cocotier sous le rapport de l'épaisseur des enve- loppes fibreuses, du volume et de la forme des graines, de leur capacité interne, de l'épaisseur de l'albumen, etc. [Note de la rédaction.) Variétés du cocotier '. Cliché Eni. l'rudlionime. 1 . Extrait dp " ]>c Cocotier » fCiiltnre. commerce et industrie), par Km. Prudhomme, Librairie Challamcl. — Mars lOOrt. COMMUNICATIONS DIVERSES 261 Composition de noix de coco de la Côte d'Ivoire. I" Lot: Noix accompagnées de leur bourre^ entièrement formées contenant de Veau de coco et complètement mûres mais encore vertes * ic K ', ■<. "J DESIGNATION o m ° 15 o !/) o des t S h3 53 o 33 fi H 'B « O E - différentes parties g -S o a t. o •tj c a. a. ^ — ■ "O des noix s fi o o o o s a o a; o S 5 3 ^ G u y o o u o y U o Enveloppe fibreuse ou Bourre. — Coque. - 3 k 1 62 84.(52 » » 2 k 489 87.55 Amande fraîche 0 . 295 7.89 » « 0.230 8 . 09 Eau de coco ou liquide inté- rieur 0.280 7. 19 Ok072 n 0.121 4.36 Totavix 3k 737 100.00 » )i 2 k 843 100.00 1. Certaines variétés restent vertes même lorsqu'elles ont atteint la niatui-ité complète. (Note de la Rédaction.) 2. La différence enveloppe fibreuse et coque n'a pas été faite. 2""^ Lot : Noix accompagnées de leur bourre., mais complètement sèches et ne renfermant pas d'eau de coco. ïi "6 N" 1 N° 2 N'- 3 N° 4 N° 5 K .S fi o fi t« ^
  • 5 ii ^ "rfi 2 r' E -"S ôô o 2 « 33 '^ c ce s; o 2 * t S « 'Tr, o ^ ? _2 en .fi -H tn .- n. r^ O a O ^ O -1) o a o -o o a. O -5 fi O -r' C- - a.,'^ 0- ^ c- t. ,3 t. _ c .is c ^ Û. ^ -a 3 S 9-, r'. r.1 a c a C »« ^ ï^ fi ^ r, " fi i^' T " fi 0. c ^ O 5 o 0) O UJ o 1J 0 O o ^ o o O ^ O O u '- o y y o y y o y o y o Bourre ou en- "/o °/o 0 / 0 "A " / veloppe fi- breuse 0k530 51.36 Ok272 40.78 0k425 0 k 325 0kl85 39.19 Coque 0.198 20 . 30 0.147 22.04 66.71 67 O.IOS 22.. S8 Amande fraîche .... 0.247 25.33 0.248 37.18 0.212 33 . 29 0.160 33 0.179 37.9? Totaux;.... 0.975 100.00 0.667 100.00 0.637 100.00 0.485 100.00 0.472 100.00 OBSERVATIONS. — Les noix portant les n"= 2, 3, 4, et 5, sont sensiblement plus petites que celles de la 1" catégorie ; la capacité intérieure de leur coque ligneuse ne dépasse pas 300'=°"' environ. Pour les noix n° 3 et n" 4 la différence n'a pas été faite entre le poids des enve- loppes fibreuses et* celui des coques. Pour'la noix n° 2, en supprimant la bourre on a les proportions : 32 "/o de coque et 63 °/o d'amandes. Pour la noix n° 5, en supprimant la bourre on a les proportions suivantes : 37,5 °/o de bois et 62,5 % d'amande. ce c c i^ ^ «i .H C =U iji 1 9(iniITS3}liaD — 1 NOIXISOJKO.) e ce S i^ s ^ spiod lia \'()ixisodiv;o^ ■^ r". r- trj ( aiBiuisaiiigo £ \ VOIXISOJKOD c c : = - o ^ / spiod lia [ XOlXISOdlïOO k^ = = ■M -■ aiBiuisa^iioD - l KOlXlSOdltOD o :: = 2 ^ i spiod ua [ NlOIXlSOdlVOO v^ : = — ! f 3[Buiisa')tiao ac l KOIXISOdlVLOD -= ; = ■XL s '^ 1 spiod uo [ VOlXISOdKOD ■> : s Cl o a|Biuiso'}uao ,, \ VOlXISOdKOD O o « '■=. cC' Cl o "^ 1 spiod lia [ KOIXISOdKOD s (M O 1^ Cl 1- [ aiBiutsaiiiao r^ l KOIXlSOdKOD o e : = ci o o o ^ J spiod ua 1 îCOIXISOdKOO • ^•> : I - aiBuiigainao - ~ = ce Cl 2 '^' 1 spiod lia ' .VOlXISOdlVOD ■> = : r^ X Cl oc 1 aiBiuisa^niao ^ ^ voixisodKo:) r^ OC l^ ci o o o o '^^ / spiod ua ! XOIXISOdKOO ^ ce O ce r- ce o œ o Cl r- 1 a|Bunsa^iiaa ,--; l VOIXKOdKOO o o 00 (M 5 Cl Cl H '^ / spiod lia f voixisodKOy >> c Cl r- co f ajBiiiisoiiiao -, l \;oixisodKo:) o c l^ n - Cl —. / spiod lia \oixisodKi):> Cl TI I- X 1 a|Bunsa]uao _ \ \oixiso.iau:) c Cl -r C-l Cl Cl = '^' 1 spiod uo KoixisodKo;) '> if. (M OC 1 - C) 5i xiou sap saijjBd sajiiajoijip sa|i .s;oixvvois:;i - is - Tj "^ '" kilos kilos kilos kilos p. mil p. Uin 0.891 0.257 0^412 0. 115 190 " 3° 20 0.24S 1 .•)71 Il s'aj^it de noix arrivées Û.H50 » )) 0. 1 12 170 " 2° 28 0.137 1.023 à destination débarrassées O.SJO 0.-2-2-2 0.42i 0.144 140 '=■' 2" 22 0.314 2.343 de leur enveloppe fdireuse. 0.767 0.22J 0.415 0.129 125 ■=" 3" 30 0.175 1.501 Humidité des amandes. Noix conlenant de Teau de coco : 48,18 "/o. Noix ne renfermant pas d'eau de coco : 16,06 ""/o. Matières grasses contenues dans les amandes. Noix contenant de l'eau de coco : 35,96 °/o- Noix ne renfermant pas d'eau de coco : 52,88 °/o. Paul Amm.\nn, Ingénieur agronome, Chef (lu Service chimique du .Jardin colonial. Nous croyons utile de donner ici, à litre de comparaison, les analyses exécutées par MM. J. Lépine, Bachoft'er, Lascelles, Scott et Ruopeau que nous extrayons de l'ouvrage de M. Prudhomme sur le Cocotier'. 1. <- Le Cocotier » (Culture, commerce et industrie), par Em. Prudhomme (Librairie Challamel. — Mars 1906). 264 COMMUNICATIONS DIVERSES COMPOSITION de In jioij- de coco d'après MM. Lépine, F. Bachoffen. LasceUes-Scott et Rideau. DÉSIGNWTIOX des diflerentes parties de la noix. .ANALYSE DE M. .1. LÉPINE .\N.\ DEM. BA( Z C X E-- i r •(2) -YSE :hoffe.\ X ■- .\.N.A.LY .M. W. L.^ SCOTT .' z Z 1. E~ ■ ?r — *f3)- SE DE SCELLES H. S. A. Z _o X -^ •(4) .A.ISALYSE DE M. RIDEAU COMPOSITION en poids j kil. f COMPOSITION centésimale. COMPOSITION en ])oids kil. - — ' r- P Enveloppe fibreu- se k. 0.625 0.141 0.434 ().2.jO 43.100/0 9.72"/o 29.940/0 17.240/0 k. 1.225 0.247 0.396 0.268 1) 57.280/0 11.590/0 18. 550/0 12.580/0 >> )> 32.650/0 17.300/0 26.400/0 23.650/0 k. 0.850 0.238 0.320 0.24S 0.084 48. 850/0 13.680/0 18. 390/0 1 4.250/0 4.830/0 Coque Amande Liquide inl(';rieur ou eau de coco. . Déchets divers . . . Totaux Ik. 450 100.00 2 k. 136 100.00 » 100.00 1 k. 740 100.00 Des analyses faites en 1900 à Tananarive, par M. Bassière, pharmacien des troupes coloniales sur un lot de noix provenant de la région de Tama- tave ont donné comme proportion moyenne des enveloppes fibreuses 45 «/o du poids total des cocos (soit plus exactement 45,01 '//,,. 41,22 "/o et 45,23 °/o pour les trois analyses exécutées). ( Aiiiioliiliou de la Rédaction. ; 1. Extrait de .. X\\ Ahout Cliuoiiul Piantin;;' ... par J. I^erifuson-Colombo (Ile de Cej'lan). 2. Extrait d'un article de M. J. \'ilbouclie\vitcli paru le 5 février 1900 dans la Revue des Cultures Coloniales. 3. Extrait du » Geylon Manual Cliemical Analyses ... par M. Cochran. M. A. F, C, S, (Ceylan). 4. Etabli d'après les indications fournies par une étude de M. Rideau, colon plan- teur en Annani, paru le 27 août 1901 dans la Revue des cultures Coloniales. MAÇON. PBOT.AT FRERES. IMPRI.MEURr- L'Edifenr-Gérant : A. Ch.vi.i.a.mei, VILMORIN-ANDRIEUX & C' 4, Quai de ia Mégisserie, PARIS ^^>f^^ LIANE A CAOUTCHOUC Landolphia Heudelotii ^^ La Maison VILMORIN-ANDRIEUX ET C-, toujours sou- cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir s'occuper d'une façon toute particulière de l'importation et de la vulga- risation des çraines et plantes pr('cieuse.> des pays chauds Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent certainement au premier rang des maisons recommandables pourij résoudre cette importante question. ;■ Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle a)i obtenu 7 Grands Pria; à l'Exposition Universelle de igoo, dont un* spécialement accordé -pour son Exposition Coloniale En outre, le Jury;'! de la dernière Exposition qui a eu lieu en igoô, au Jardin Colonial -de-i Nogent-sur-Marne, a confirmé les décisions du Jury de l'Exposition Uni- verselle en lui attribuant le Premier Grand Priœ d'Honneur. Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de ré})oncire de la façon In i>lus désia léressce à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés. Jute, Fourcroyai gigantea, etc. Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola, Tabacs divers, Thé d'Annam et d'Assam, etc. Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis, : Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughbeia edulis, etc. Plantes à épices- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivrier,! 1 Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. 'A Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. |' Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'oulre-mer sur l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Ward' pour l'expédition des jeunes 1 plants ou des graines en stratification GRAINES AGRICOLES ET- INDUSTRIELLES Graines d'Arbres et d'Arbustes pour pays tempérés et tropicaux. Assortiments de Graines potagères. Fleurs, etc., appropriés nux différents climats. CATALOGUE SPÉCIAL POUR LES COLONIES FRANCO SL'R DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. ^ 6e Année Avril 1906 No 37 MINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale L 'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES Jardins d'essai des Colonies Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à V Inspection générale de l'Agriculture coloniale au Ministère des Colonies PARIS Augustin CHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /er Janvier et du /er Juillet Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr. La reproduction complète d'an article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. Les citations ou reproductions oartielles sont autorisées à condition de mentionner la source. PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE t Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives u Etudes économiques i| Un fascicule de 8 feuilles grand in-8° parait tous les deux mois PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMEiNT ANNUEL (France et Colonies; : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONUL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles grand in-S" paraît tous les mois PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLIC A TION TRIMES TRIELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial PUBLICATION MENSUELLE fi A COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons , de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. — Colonies et Union postale, 6 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 6e année Avril 1906 No 37 SOMMAIRE DOCUMENTS OFFICIELS Pages Afrique occidentale. — Arrêté portant rég-lementation de la police sanitaire des animaux 266 Madagascar. — Liste des plantes mises en distribution par les sta- tions d'essai de Nanisana, de l'Ivoloïna et de Fort-Dauphin. . . 272 Nominations et mutations dans le personnel agricole 278 Les colonies au Concours général agricole de igo6 . 274 Rapport de l'Exposition nationale d'ag-riculture coloniale, classe II. Animaux invertébrés (suite) 276 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le Cacaoyer au Congo français, par MM. Chalot, ancien directeur du Jardin d'essai de Libreville, professeur à l'Ecole supérieure d'ag-riculture coloniale et M. Luc, chef du service de l'agricul- ture du Congo français 288 Culture et commerce du cocotier à Ceglan, par M. Em. Pru- dhomme, directeur de l'agriculture de Madagascar 296 Cours de génie rural appliqué aux colonies. Irrigations, par M. Max Ring-elmann, directeur de la Station d'essais de Ma- chines agricoles (suite] 3i 3 Les kolatiers et les kolas, par M. Jean Vuillet, chef du service de l'agriculture du Haut-Sénég-al et Niger [suite) 826 Les maladies des plantes cultivées dans les Pays chauds, par le D'' Georg-es Delacroix (suite) 335 NOTES La sériciculture et V industrie séricigène à Java, par M. Paul Serre, vice-consul de France à Batavia 347 L'agriculture dans la vallée du Niger : le Sésame, par M. Dumas, ag-ent de culture de l'Afrique occidentale française 349 Communications diverses : La caféine dans les enveloppes des fruits de café r 35 1 Poids des noix de coco 35 1 Dans le cours de la cinquième année (iqoS) « L'Agriculture pratique des Pays chauds » (buhletin du jardin colonial) ' a publié, outre les Documents officiels, 150 mémoires, notes et articles divers sur les cultures, Télevage ou les productions des pays tropicaux ; ces articles contenant 267 photographies, figures ou croquis forment ensemble deux volumes in-8° de 536 pages chacun. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande. IiR COlAliECTIOjM DE ** L'Agriculture pratique des pays chauds " COMPREND A CE JOUR 6 VOLUMES |0 Juillet 1901 à Juin 1902 . . 20 Juillet 1902 à Juin 1903 . . 3o Juillet 1903 à Juin 1904 . . 40 Juillet 1904 à Décembre 1904 50 Janvier 1905 à Juin 1905 6= Juillet 1905 à Décembre 1905 I vol. in-80. 20 fr — 20 fr. — 20 fr. — 10 fr. — 10 fr. — 10 fr. (Envoi franco contre mandat-poste) Pour les abonnements^ demandes de spécimen, rensei- gnements divers, publicité, adresser lettres et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librai7-ie Maritime et Coloniale 17, rue Jacob, Paris. Demander le prospectus détaillé, contenant le titre de tous les articles de la collection, avec le nom de Fauteur, l'indication du Numéro dans lequel l'article a été publié. 6e Année Avril 1906 N° 37 PARTIE OFFICIELLE ubrarv NEW VORK AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE botanical Gardeyv. N" 74. — Rapport au Gouverneur général de l'Afrique occidentale FRANÇAISE suïvi (T 111% arrêté portant réglementation de la police sani- taire des animaux en Afrique occidentale française. Dakar, le 7 décembre 1905. Monsieur le Gouverneur général, L'arrêté du 31 décembre 1904, créant un service zootechnique de l'Afrique occidentale française, a permis de rattacher dans les colonies du Sénégal, Haut- Sénégal et Niger, Guinée et Dahomey, un vétérinaire aux services locaux d'agriculture. D'après ce même arrêté, ces fonctionnaires ont comme principale attribution de veiller à l'état sanitaire des populations animales de la Colonie à laquelle ils sont affectés. Cependant il m'avait paru rationnel de conserver la première année de fonctionnement à une étude d'ensemble de ces populations animales, d'en faire le dénombrement et la répartition avant d'entrer dans l'application d'un programme de police sanitaire. J'estime qu'à l'heure actuelle cette étape est franchie et que le moment est venu de mettre entre les mains des agents de la police sanitaire des animaux, l'instrument qui, jusqu'ici, leur a fait défaut. Le projet de réglementation que j'ai l'honneur de soumettre à la discussion du Conseil de Gouvernement forme un ensemble dont le principe a été tiré de la loi du 21 juin 1898 sur la police sanitaire des animaux en France. Il ne pouvait être, en effet, question d'établir en Afrique occidentale une réglementation aussi sévère que celle prévue par la loi française; le mode d'élevage pratiqué, la mentalité spéciale de l'indigène constitueraient des obstacles insurmontables à son application. Je me suis donc attaché à établir un projet de réglementation très simple, facilement applicable et suffisamment élastique pour se plier à toutes les exigences. Il ne comporte, par suite, que des lignes générales et laisse à MM. les Lieu- tenants-Gouverneurs l'initiative la plus large dans la détermination des mesures convenables et dans leur application. Il a du reste été tenu compte dans sa rédaction de toutes les remarques importantes suggérées par les différents Gouvernements locaux, ainsi que par l'inspection des services sanitaires civils et le service d'administration générale. ^ A ce projet se trouve jointe une notice rédigée par M. Pierre, vétérinaire- 2} inspecteur, sur les maladies épizootiques visées, leur détermination et les 3^ moyens de les combattre. >;j L'Inspecteur d'Agriculture, ^ Yves Henry. 5- Bulletin du Jardin colonial. 19 266 DOCUMENTS OFFICIELS ARRETE Le Gouverneur général de l'Afrique occidentale française, Commandeur DE LA Légion d'honneur. Vu le décret du 18 octobre 1904 portant réorganisation du Gouvernement g:énéral de l'Afrique occidentale française ; Vu l'arrêté du 31 décembre 1904 créant un service (zootechnique et des épizooties dans les Colonies de l'Afrique occidentale française ; A'u le décret du 31 mars 1897 sur la police sanitaire maritime applicable aux Colonies; Le Conseil de Gouvernement entendu, Arrête : TITRE PREMIER Article 1^"^. — Sont réputées contagieuses, dans tout le territoire de l'Afrique occidentale française, les maladies suivantes : La peste bovine dans toutes les espèces de ruminants; La péripneumonie, le charbon emphysémateux, la tuberculose dans lespèce bovine ; La fièvre charbonneuse dans les espèces chevaline, bovine, ovine et caprine ; La gale dans les espèces ovine, caprine et cameline ; La morve, la lymphangite épizootique dans les espèces chevaline, asine et leurs croisements ; La rage dans toutes les espèces; Les affections à trypanosomes dans les espèces bovine, chevaline, asine, mulassière, cameline. Art. 2. — Les vétérinaires du service zootechnique, les agents des services d'agriculture de l'Afrique occidentale française sont chargés de la police sanitaire des animaux. Ils sont chargés, en particulier, de la surveillance de tous les lieux ouverts à la vente des animaux et de viande de boucherie (foires, marchés, abattoirs). Les vétérinaires militaires, les médecins civils, les médecins du Service général et les médecins des corps de troupe peuvent être appelés à concourir à ce service. Art. 3. — Lorsqu'une maladie est signalée dans une localité, le Maire, l'Administrateur ou le Commandant du poste dont elle dépend fait cons- tater par un des fonctionnaires énumérés à l'article 2 si cette affection est une des maladies contagieuses prévues à l'article l'''",et, dans l'affirmative, en informe immédiatement le Lieutenant-Gouverneur et fait prendre d'urgence les mesures d'isolement et de désinfection prescrites. .Art. 4. — Après la constatation de la maladie, le Lieutenant-Gouver- ARRÊTli 267 neur de la Colonie prend, s'il est nécessaire, un arrêté portant déclaration d'infection qui indique l'application, dans un périmètre déterminé, des mesures jugées applicables prescrites au titre II, ainsi que les conditions d'application de ces mesures. Art. 5. — Après la promulgation de l'arrêté portant déclaration d'in- fection, tout propriétaire, détenteur ou gardien d'un animal atteint ou soupçonné d'être atteint est tenu d'en faire, dans le plus bref délai, la déclaration à l'Administration. L'animal atteint ou soupçonné doit être,j^en même temps, isolé des autres animaux. La déclaration et l'isolement sont ég-alement oblig-atoires pour tout ani- mal mort d'une maladie contagieuse ainsi que pour tout animal abattu qui, à l'ouverture du cadavre, est reconnu atteint ou suspect d'une maladie contagieuse. Art. 6. — Doivent être considérés comme suspects les animaux atteints de maladies non caractérisées, mais prenant un caractère envahissant. Sont considérés comme contaminés ceux qui auront cohabité avec les animaux atteints de maladies contagieuses et, pour la peste bovine, la rage, la morve et la péripneumonie contagieuse, ceux qui auront subi le contact d'animaux, de personnes ou d'objets qui auront été eux-mêmes en contact avec des contagieux. Dans les deux cas, la déclaration est obligatoire. Art. 7. — Les cadavres ou débris de cadavres des animaux morts ou abattus comme atteints de maladies contagieuses doivent être détruits par le feu ou enfouis à une certaine profondeur dans un terrain situé sous le vent et à 500 mètres au moins de toute habitation et entouré d'une clôture suffisante pour en défendre l'accès aux animaux. Aucune récolte de fourrage ne pourra y être effectuée. Les locaux où ont séjourné les animaux atteints de maladies conta- gieuses seront désinfectés ou détruits par le feu, s'ils ne peuvent être désinfectés. Les cours, enclos ou pâturages infectés seront interdits pendant un temps déterminé. Art. 8. — Dans tous les cas où il est ordonné de marquer les animaux au feu ou aux ciseaux, la marque est faite sur la fesse gauche ou au sabot. Elle consistera en un signe quelconque, dont la reproduction sera adressée à tous les agents du cercle et des cercles voisins. Art. 9. — Les frais dabatage, d'enfouissement, de transport de cadavres, de désinfection et de quarantaine sont à la charge des budgets locaux. Aucune indemdité ne sera due aux propriétaires des animaux abattus, sauf toutefois dans le cas de peste bovine où l'abatage des ani- 268 DOCUMENTS OFFICIELS maux non atteints donnera lieu à une indemnité lixée au quart de la valeur de l'animal. Art. 10. — Les Lieutenants-Gouverneurs déterminent par des arrêtés les mesures à prendre à Téyard des animaux soumis à Timportation et à l'exportation par terre. Lorsqu'aucune maladie n'aura été sig-nalée à la frontière, les animaux entreront librement. Toutefois les conducteurs d'animaux seront astreints à les présenter au poste le plus voisin de la route suivie par eux. Le Commandant de poste s'assurera de leur bon état sanitaire, en fera le recensement et délivrera un laissez-passer qui, en cours de route, devra être présenté aux autorités et en recevoir le visa. TITRE II MESURES SPÉCIALES CONTRE CHAQUE MALADIE Peste bovine. Art. 11. — Lorsque la peste bovine aura été constatée dans une loca- lité et que le Lieutenant-Gouverneur aura pris l'arrêté portant déclaration d'infection du territoire de la localité, les animaux qui en sont atteints et ceux qui auraient été contaminés, alors même qu'ils ne présenteraient aucun signe apparent de la maladie, sont abattus par ordre du représen- tant de l'autorité locale conformément à la proposition des ;igents sani- taires. Les localités, locaux, enclos, pâturages où ont séjourné des animaux malades sont mis en quarantaine pendant la durée de lépizootie. Art. 12. — Les animaux bovins, ovins et caprins des territoires infectés doivent être recensés. Tout cas nouveau de maladie doit être signalé. Il est interdit de laisser circuler les animaux desdites espèces dans toute l'étendue du territoire infecté. Les foires et marchés, concours agricoles, les réunions et rassemble- ments sur la voie publique ayant pour but la mise en vente ou l'exposi- tion des animaux seront également interdits. Art, 13. --- Il est défendu de laisser sortir du territoire déclaré infecté des objets ou matières pouvant servir de véhicule à la contagion, tels que : fourrages, pailles, litières, harnais, couvertures, objets de pansage, les peaux, les laines. Les cadavres d'animaux morts de peste bovine seront enfouis dans les conditions prévues à l'article 4 du présent arrêté. Les litières, fumiers, restes de fourrages seront brûlés ou enfouis avec les cadavres. ARRÊTÉ 269 Art. 14. — En ce qui concerne les seuls animaux considérés comme contaminés, la vente de la viande après abatage sur place est autorisée. Les animaux conduits à la boucherie seront amenés à l'abattoir ou au 'lieu d'abatage en suivant un itinéraire que leur assignera l'autorité locale. On ne devra livrer à la boucherie que le nombre d'animaux susceptibles d'être consommés immédiatement. Art. 15. — La déclaration d'infection ne peut être levée que lorsqu'il s'est écoulé un délai minimum de trente jours après la disparition com- plète de la maladie et après l'accomplissement de toutes les prescriptions relatives à la désinfection. Péripneumonie contagieuse. (Espèce bovine.) Art. 16. — Lorsque l'existence de la péripneumonie est constatée dans une localité, le Lieutenant-Gouverneur prend un arrêté portant déclara- tion d'infection des locaux et enclos dans lesquels se trouvaient les ani- maux malades. Art. 17. — Toutefois, le Lieutenant-Gouverneur peut, sur l'avis du vétérinaire local, autoriser la circulation dans le territoire de la localité, des animaux de travail qui ont été exposés à la contagion, quand ceux-ci sont jugés indispensables pour la culture et les transports. Il peut égale- ment autoriser la vente de ces animaux pour la boucherie. Dans ce cas, l'abatage a lieu dans la localité même, sous la surveillance de l'Administration. La chair des animaux atteints de péripneumonie peut être livrée à la consommation si l'état général des malades est satisfaisant. Les peaux, issues et abats seront enfouis. Art. 18. — Lorsque la péripneumonie a pris ou menace de prendre un caractère envahissant, la déclaration d'infection prévue peut comprendre le territoii'e entier d'une localité ou d'un cercle. Le Lieutenant-Gouverneur peut interdire l'accès des territoires déclarés infectés, la tenue des foires et concours. Art. 19. — La déclaration d'infection ne peut être levée que lorsqu'il s'est écoulé un délai de six mois sans qu'il se soit produit un cas nouveau de péripneumonie. Tuberculose. (Espèce bovine.) Art. 20. — Lorsque la tuberculose est constatée dans une localité, le Lieutenant-Gouverneur prend un arrêté portant déclaration d'infection des locaux occupés par les animaux malades. Art. 21. — Les animaux présentant des signes cliniques de tuberculose 270 DOCUMENTS OFFLCIELS sont abattus sur l'ordre d'un représentant de l'autorité locale, après avis motivé d'un vétérinaire ou d'un médecin. Les viandes provenant d'ani- maux atteints de tuberculose généralisée sont exclues de la consomma- tion. Dans le cas de tuberculose localisée, elles peuvent être consommées, à condition que les organes tuberculeux soient saisis et détruits. Art. 22. — La déclaration d'infection ne peut être levée que si tous les animaux contaminés ont été abattus, et après complète désinfection des locaux. Charbon emphysémateux ou symptomatique (Espèce bovine) et fièvre charbonneuse. (Espèces chevaline, bovine, ovine et caprine.) Art. 2.3. — Lorsque l'existence du charbon a été constatée, le Lieute- nant-Gouverneur prend un arrêté pour soumettre à la surveillance admi- nistrative les animaux parmi lesquels la maladie s'est déclarée. Aussitôt qu'un animal est reconnu malade, il est isolé. La surveillance cesse quinze jours après la disparition du dernier cas de maladie. Art. 24. — Pendant la durée de la surveillance, les animaux ne peuvent être vendus que pour la boucherie et à la condition qu'ils soient abattus sur place ou dans un abattoir public. Il est interdit pendant la période de surveillance d'introduire dans les locaux infectés de nouveaux animaux. Gale. (Espèces ovine, caprine, cameline.) Art. 25. — Lorsque l'existence de la gale est constatée dans une localité, le Maire ou le Commandant de cercle dont elle dépend prend les disposi- tions nécessaires pour placer les troupeaux dont font partie les animaux galeux sous la surveillance de l'Administration. Art. 26. — Il n'est permis de conduire ces troupeaux aux pâturages qu'après l'application d'un traitement curatif et en évitant tout contact avec les animaux sains. Art. 27. — Les peaux et laines d'animaux atteints de gale ne peuvent être livrées au commerce qu'après avoir été désinfectées. Cette mesure s'applique aux laines provenant d'un troupeau dans lequel des cas de gale ont été constatés. Art. 28. — Les mesures auxquelles sont soumis les troupeaux dans les- quels la gale a été constatée, sont levées après la disparition de la maladie et la désinfection des locaux. ARRÊTÉ 271 Morve et farcin. (Espèces chevaline, ovine et croisements.) Art. 29. — L'animal atteint de morve ou de farcin dûment constaté est abattu. L'animal suspect ou contaminé est soumis à une quarantaine de deux mois. Art. 30. — Il est interdit d'exposer des animaux contaminés dans les concours et de les mettre en vente. Le propriétaire ne peut s'en dessaisir que pour les faire abattre. Lymphangite épizootique. (Espèces chevaline, asine et croisements.) Art. 31. — Les animaux reconnus atteints de lymphangite, ainsi que ceux qui seraient déclarés douteux sont isolés des autres animaux suscep- tibles de prendre la maladie. Art. 32. — Lorsque les accidents offriront une grande ténacité et lorsque, par leur extension, ils auront une tendance à se généraliser et prendront un caractère incurable, les animaux seront abattus, sur la pro- position d'un vétérinaire. Les harnachements, objets de pansage, à l'usage des animaux malades seront désinfectés. Les cases et campements provisoires ayant abrité des lymphangiteux seront brûlés. Rage. (Toutes espèces.) Art. 33. — Tous les animaux atteints de la rage, quelle que soit l'espèce à laquelle ils appartiennent, sont immédiatement abattus et enfouis. Les chiens, chats mordus ou roulés par un animal enragé ou ayant été en con- tact avec lui sont aussi abattus. Art. 34. — Les autres animaux domestiques mordus par un animal atteint de la rage sont marqués, et il est défendu aux propriétaires de s'en dessaisir avant l'expiration d'un délai de trois mois pendant lequel ils sont surveillés. Toutefois, pendant les cinq jours qui suivent la morsure, ils peuvent être sacrifiés pour la boucherie. Leur abatage devra être constaté par l'Administration. Art. 35. — Lorsqu'un cas de rage aura été constaté dans une localité, le Maire, l'Administrateur du cercle ou le Commandant du poste le plus voisin pourra ordonner la séquestration de tous les chiens pendant deux mois au moins. Pendant le même temps, il est interdit aux propriétaires de se dessaisir de leurs chiens ou de les conduire en dehors de leur résidence. 272 DOCUMENTS OFFICIELS Les chiens errants sont abattus sans délai. Sont considérés comme errants, tous chiens non munis d'un collier portant indication du nom du propriétaire. Art. 36. — Si la rage se répand parmi les chats se trouvant dans une localité, tous les animaux de cette espèce sont abattus. Affections à Irypanosomes. (Cheval, mulet, âne, bœuf, dromadaire.) Art. 37. — Tout animal atteint de trypanosomiase sera immédiatement isolé des animaux sains. Art. 38. - Dans chaque Colonie, un arrêté du Lieutenant-Gouverneur déterminera les localités infectées qui devront être évacuées pendant les saisons dangereuses correspondant à la pullulation des mouches piquantes. TITRE III PÉNAUTÉS Art. 39. — Les infractions aux dispositions du présent arrêté seront punies des peines de simple police (1 à 5 francs d'amende, et, en cas de récidive, 1 à 5 jours d'emprisonnement. Art. 40. — Les Lieutenants-Gouverneurs des Colonies relevant du Gou- vernement général de l'Afrique occidentale française sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté qui sera enregis- tré et communiqué partout oîi besoin sera. Gorée, le 18 janvier 1906. E. ROUME. MADAGASCAR ET DÉPENDANCES Le Journal officiel de Madagascar et dépendances du 6 janvier dernier publie la liste des plantes mises en distribution durant le premier trimestre de 1906 par les Stations d'essais de Nanisana, de l'Ivoloïna et de Fort- Dauphin. Ce numéro rappelle également le règlement sur l'organisation et le fonctionnement du service des cessions de graines et de plantes aux particuliers ' . 1. Voir le bulletin du Jardin colonial, année 1902-1903, p. 382. NOMINATIONS ET MUTATIONS 273 NOMINATIONS ET MUTATIONS Sénégal. Par décision du gouverneur général, en date du 18 janvier, M. Leco- zannet, agent de culture de 5" classe du Sénégal, précédemment en ser- vice à la station agronomique de Hann, est mis à la disposition du M. le Lieutenant-Gouverneur du Dahomey. Guinée Française. Par décision du gouverneur général, en date du 21 décembre 1905, M. Dumas, agent de culture de 4" classe, de retour de congé, est dési- gné, pour prendre, en remplacement de M. Caille rapatrié en fin de mis- sion, la surveillance de la plantation de Kouria. Gabon. Par décision du gouverneur général, en date du 22 novembre 1905, M. Bellière, planteur, est provisoirement chargé de la direction du Jar- din d'essai de Libreville. Madagascar. Par décision du 13 janvier 1906, M. Piret, sous-inspecteur de 2« classe d'agriculture, attendu à Tamatave le 16 janvier 1906, a été affecté à Tananarive, comme chef de la circonscription agricole du Centre, en remplacement de M. Marchand, agent de culture de 1'''^ classe, en instance de départ en congé. Par décision du 24 janvier 1906, M. Grandjeon, agent sériciculteur, attendu de France, a été affecté à la station séricicole de Nanisana (Tana- narive). Indo-Chine. Par arrêté du gouverneur général en date du 16 décembre 1905, rendu sur la proposision du directeur de l'Agriculture, des Forêts et du Com- merce et l'avis conforme du Secrétaire général de l'Indo-Chine : M. Crevost (Charles- Victor), conservateur adjoint de T" classe du Musée agricole et commercial de l'Indo-Chine, est nommé conservateur titulaire de cet établissement. 274 DOCUMENTS OFFICIELS LES COLONIES AU GOxNCOURS GÉNÉRAL AGRICOLE DE 1906 Comme tous les ans, le dernier concours général agricole de Paris com- prenait une section coloniale dans laquelle ont figuré les collections et les produits présentés par les services agricoles ou les Stations d'essais de nos principales possessions équatoriales, par le Jardin colonial et par un certain nombre de colons planteurs ou de négociants métropolitains s'occupant du commerce des denrées d'origine tropicale. Cette section comportait enfin quelques bovidés zébus provenant de la côte occidentale d'Afrique. Parmi les nombreux échantillons et documents de toute nature présen- tés, à titre de vulgarisation et d'enseignement, par les soins du Jardin colonial figuraient : 1° une très importante série d'agrandissements pho- tographiques montrant au public la plupart des plantes économiques équatoriales et représentant des scènes de culture ou des animaux domes- tiques ; 2° Une série de boîtes, dites d'enseignement, montrant aux visi- teurs les produits coloniaux les plus importants sous leurs formes les plus diverses, donnant une idée de l'aspect des plantes qui les produisent, et indiquant toutes les phases de transformation par lesquelles il faut passer pour arriver au produit manufacturé. Cette exposition particulière du Jardin colonial a également attiré l'attention, par de nombreux échantillons, sur diverses denrées tropicales, telles que le manioc, les bananes sèches, le karité, le beurre de coco, etc., qui font, en ce moment, l'objet de recherches spéciales en vue de leur trouver de nouveaux débouchés et de nouvelles applications. L'Exposition de la Direction de l'Agriculture de Madagascar compre- nait des collections de cocons et de soies grèges, mettant en évidence les progrès accomplis par la Sériciculture depuis dix ans, puis des dentelles à la main confectionnées aux environs de Tananarive et des séries de chapeaux accompagnés d'échantillons des diverses pailles utilisées par les Malgaches pour l'industrie de la chapellerie. Cette exposition était complétée par des collections de denrées agri- coles et de produits de la forêt ou de la brousse permettant de se faire une idée aussi exacte que possible de l'ensemble des ressources actuelles de Madagascar. De son côté, la Direction de l'agriculture de l'Ouest africain et les diverses colonies composant le gouvernement général de l'Afrique occi- dentale étaient représentées par un lot de bœufs à bosses et par de nom- breuses séries d'échantillons montrant les productions naturelles ou agri- coles du Sénégal, de la Guinée, de la Côte-d'Ivoire, du Dahomey, etc. Enfin la Section coloniale se trouvait complétée par les expositions pré- sentées par un certain nombre de colons de Madagascar, du Tonkin, de LES COLONIES AU CONCOURS AGRICOLE 275 rAnnam, de la Nouvelle-Calédonie et de la Réunion, ou par des négo- ciants en denrées coloniales (MM. Fillot, Jouvez,de Combles, Huby, etc.). On pouvait remarquer enfin une collection fort complète de publications et d'ouvrages coloniaux exposés par la maison Challamel, comprenant tous les extraits du Bulletin du Jardin colonial. Nous donnons ci-après la liste complète des récompenses distribuées à la Section coloniale. 1° EXPOSANTS PRODUCTEURS Hors concours. — 1° Jardin colonial de Nogent-sur-Marne; 2° Société des Plantations d'Anjouan. Grand diplôme d'honneur. — D°° de Tagriculture de Madagascar. Diplômes d'honneur. — 1° Service de sériciculture de Madagascar ; 2° Gouvernement général de Madagascar : Industries diverses (chapeaux, dentelles) ; 3° Direction de l'agriculture du Gouvernement général de l'Afrique occidentale. Rappels de diplôme de médaille d'or. — 1° Gouv. du Sénégal, 2° Gouv. de la Guinée ; 3° Gouv. de la Côte d'Ivoire ; 4° Gouv. du Dahomey. Diplôme de médaille d'or. — Gouvernement du Haut-Sénégal-Niger. Rappel de médaille d'or. — M. G. Gillot (Nouvelle-Calédonie). Rappels de médaille d'argent (grand module). — 1° M. Sluzanski (Madagascar); 2° M"'' Lacaze, à Saint-Pierre (Réunion). Médaille d'or. — 1° M. Dupuy (Madagascar); 2° Paul Chaffanjon et O' (Indo-Chine). Médaille d'argent (grand module). — MM. Lalandre, Mathieu, Loca- mus (Madagascar) ; Le Goat de Kervéguen (Saint-Pierre, Réunion) ; Cour- cier (Nouvelle-Calédonie). Médaille d'argent. — 1° Compagnie du Lac Alaotra; 2° MM. Mersanne, Laroque, Maigrot, Guinet (Madagascar). Médaille d'argent. — - MM. Isautier, à Saint-Pierre (Réunion) ; Roux et Schaller (Tonkin). Médaille de bronze. — MM. Haegeli, Hodoul, Dumont, Sabatier, Flo- rent, Girard (Madagascar) ; Lafeuille (Tonkin) ; Dyé et Dechaume (Annam). 2° EXPOSANTS MARCHANDS Rappel de médaille d'argent grand module. — M. H. Fillot (Paris). Médaille d'argent grand module. — M. de Combles (Paris). Médaille d'argent. — MM. Bernard, Guffroy, Dubuffet et C'^ (Paris). Médaille de bronze. — MM. Rault, Casabianca, Lucina (Paris); L. Dard (Nevers); Huby (Rouen) ; Treignon (Djibouti). 3° ANIMAUX (Zébus) Afrique occ. française, D°° de l'Agriculture, un 1", un 2** et un 3« prix Exposition nationale d'agriculture coloniale 1905 Rapport sur la classe II. [Suite.) Autres expositions séricicoles. Le Laboratoire d'études de la soie, fondé en 1885 par la Chambre de commerce de Lyon est actuellement dirigé par M. Levrat ; il est annexé au Laboratoire de la Condition des Soies dirigé par M. Testenoire. Ce laboratoire est connu depuis trop longue date pour qu'il soit utile d'in- sister sur Timportance de l'œuvre qui a été accomplie par les savants qui s'y sont succédé et sur le rôle capital qu'il continue à jouer dans la sphère des industries sériques. Outre les spécimens relatifs au Tonkin dont il vient d'être question ci- dessus, ce laboratoire expose ses publications depuis 1884 jusqu'à 1905, comprenant 1 1 volumes et 4 fascicules exclusivement consacrés à des mémoires originaux. Les questions zoologiques relatives aux Lépidoptères séricigènes y ont été particulièrement traitées par M. Léon Sonthonax dont l'œuvre est actuellement reprise par M. A. Comte, attaché comme zoolo- giste au laboratoire. Sous les auspices de la Société d'études et de vulgarisation de la Zoolo- gie agricole de Bordeaux, M. Hugonenq de Lahonnefon présente une remarquable collection de Lépidoptères séricigènes qui, malgré leurs patries d'origine les plus diverses, offrent cette particularité d'avoir tous été élevés en France dans la Charente-Inférieure sur des végétaux indi- gènes. Tels soniVAttacus Allas de l'Himalaya, élevé sur l'Epine-vinette et l'Ailante ; les Actias selene et A. luna élevés sur le Noyer, VAttacus Orizaba du Mexique élevé sur le Frêne, le Lilas et le Troëne ; le Ceranchia apollina de Madagascar, élevé sur le Troëne et sur le Chêne ; le Saniia Cano- thi Boisd, originaire de Californie, élevé sur le Prunier, le Saule, etc. M. H. de Labonnefon a exposé en outre les volumes parus du recueil dont il dirige la rédaction, VLitermédiaire des Bombyculteurs et entomo- logistes, consacré surtout à la sériciculture. M. Lelong de Drenenc présente une collection de préparations micros- copiques permettant de se rendre compte des caractères différentiels des soies de diverses provenances, et le matériel technique nécessaire pour les obtenir. EXPOSITION NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 277 Faisant partie de l'exposition permanente du Jardin colonial, on remar- quait enfin, en dehors des vitrines consacrées à Madagascar et dont il a été question plus haut, une collection relative aux séricigènes sauvages. UEpiphora [Faidherhea) bauhiniœ (G. Mén.) compte parmi les espèces les plus richement représentées. On sait que la chenille de ce Lépidoptère vivant surtout sur les Bauhmia et les Zizyphus est très répandue dans certaines régions du Soudan et donne une excellente soie susceptible d'être utilisée par le cardage. D'après la Chambre de Commerce de Lyon, qui avait été consultée par M. de Trentinian à ce sujet, elle pourrait trouver un assez large emploi dans la fabrique lyonnaise. Signalons encore, comme curiosités au point de vue séricicole, les poches soyeuses faites par un Bombycide social de l'Afrique Occidentale, connu des indigènes sous le nom de Tombou-Fourkou. Celte espèce est, paraît-il, nouvelle et ne tardera pas à être décrite : elle appartient au genre anaphe et a été rapportée du Soudan par M. Vuillet. La soie est utilisée par les indigènes, et un échantillon d'étoffe très résistante, mais d'une couleur brune sans éclat, est exposé à côté du nid et des cocons de l'insecte. APICULTURE L'Apiculture se trouve surtout représentée par le Rucher-Ecole qui vient d'être installé d'une façon permanente au Jardin colonial dans le but de permettre l'étude pratique de l'Apiculture aux élèves de l'hxole natio- nale supérieure d'Agriculture coloniale, et qui est placé sous la direction de M. Diicret. apiculteur à Montreuil-sous-Bois. Le rucher renferme 25 ruches dont 18 sont déjà peuplées. Les principaux types de ruches y sont représentés et notamment les ruches Layens, Dadant-Blatt, Voir- not, Langstroth-Root, la ruche coloniale de Moret, sur laquelle nous aurons à revenir, des ruches vulgaires en paille et en osier. Douze des ruches qui composent le rucher sont conçues d'après un type imaginé par M. Ducret et qui, suivant lui, réunirait les avantages des grandes ruches horizontales et des ruches verticales. Ce modèle présente 20 cadres comme la ruche Layens ; mais leur hauteur est beaucoup moins grande, les dimensions étant de 27 X 31 au lieu de 37 X 31 centimètres ; les cadres sont surmontés de deux casiers à rayons ou à sections que l'on prélève au moment de la récolte. Ces ruches sont en outre très largement aérées. Mais ce qui retient particulièrement l'attention du visiteur au Rucher- Ecole, c'est une ruche d'étude et d'observation remarquablement agencée. Cette ruche vitrée renferme les dispositifs nécessaires pour permettre l'élevage artificiel des reines d'après les principes posés par Doolittle et d'après la méthode perfectionnée de Pratt, c'est-à-dire toute une série de godets en bois fixés sur des barres mobiles et parallèles aux traverses 278 DOCUMENTS OFFICIELS horizontales des cadres. Dans ces godets peuvent s'encastrer des cupules en cire faites à la machine et dont le diamètre est semblable à celui des alvéoles royaux. Lorsque l'on veut élever des reines, il suffit de priver la ruche de sa mère et de déposer dans les cupules préalablement préparées une parcelle de gelée royale, puis de placer sur cette gelée une larve pro- venant des cellules d'ouvrières, mais n'ayant qu'un jour ou deux. Les abeilles privées de -leur reine se mettent à élever ces jeunes larves qui, étaient primitivement destinées à devenir des abeilles ouvrières, et en leur donnant un régime approprié (gelée royale) les transforment en reines ; en même temps qu'elles construisent sur les ébauches artificielles qu'on leur a livrées les alvéoles royaux destinés à abriter ces jeunes reines en train d'évoluer. Une fois les alvéoles terminés et bien operculés, on les enlève avec leurs godets en bois et on les isole dans de petites cages rec- Ungulaires en fil de fer (cages Titoffj garnies de provisions et où les jeunes reines peuvent éclore en toute sécurité. Les reines obtenues au moyen de l'élevage artificiel doivent être fécon- dées. Ce résultat est habituellement obtenu en plaçant chacune d'entre elles dans une ruchette dépourvue de mère et ne présentant que un ou deux rayons; c'est la méthode bien connue de l'élevage en nucléus. Or, par une disposition ingénieuse réalisée au Jardin Colonial, toutes les ruchettes que nécessite la fécondation des jeunes reines se trouvent réu- nies entre elles, de façon à former une seule ruche divisée en comparti- ments ; chacun de ces compartiments peut donc être considéré comme représentant une ruchette et joue le rôle d'un nucléus; il reçoit une reine distincte, d'abord placée dans sa cage Titoff destinée à la protéger, et ensuite libérée. Cette ruche à compartiments^ dite de réserve des reines, est, paraît-il, d'un emploi très pratique et peut, dans un grand rucher, rendre de sérieux services en permettant à l'apiculteur de supprimer à coup sûr l'oi'phelinage des ruches. Tout le matériel qui précède se recom- mande en outre et surtout aux apiculteurs qui voudraient se livrer au commerce des reines, tel qu'il est pratiqué aux États-Unis. Madagascar. Une colonie formée des abeilles noires de Madagascar [Apis unicolor) avait été envoyée au Jardin colonial ; faute de précautions suffisantes, elle périt malheureusement en cours de route. Elle renfermait de fortes bâtisses en cire et un miel d'excellente qualité. Les produits de cette abeille sauvage, qui sont récoltés dans les forêts par les indigènes, sont d'ailleurs très appréciés à Madagascar. Le miel est consommé sur place, soit en nature, soit sous forme d'hydromel ; la cire, par contre, donne lieu à des transactions qui deviennent de plus en plus importantes ; en EXPOSITION NATIONALE DAGRICULTURE COLONIALE 279 1901, les exportations de cire portaient sur 262.000 kilos, d'une valeur de 649.730 francs. Bien que VApis unicolor ne soit guère exploitée aujourd'hui qu'à Tétat sauvage, elle est susceptible d'être domestiquée et élevée dans des ruches à cadres comme notre abeille européenne [Apis mellifica). Cette dernière existe d'ailleurs à Madagascar, où elle a été depuis longtemps importée et elle peut être utilisée pour le peuplement des ruchers. Il ne paraît donc pas douteux que, lorsque les méthodes apicoles européennes auront été vulgarisées, l'apiculture devienne, dans notre colonie, une industrie pros- père et florissante. Expositions particulières. M. E. Moret, de Tonnerre (Yonne) avait exposé une ruche à cadres, dite coloniale, spéciale pour les pays chauds. Cette ruche, construite avec tout le soin que cet apiculteur apporte habituellement à sa fabrication, se fait remarquer par la forme basse de ses cadres, condition essentielle pour les pays coloniaux, où une chaleur trop forte pourrait faire effon- drer les grands rayons ; recouverte d'une substance isolante (ruberoïd), et surmontée d'un toit à double plancher, elle s'agrandit à volonté au moyen de hausses et présente, en outre, un plateau mobile qui peut se baisser ou s'élever au gré de l'apiculteur selon les besoins de l'aération. La grande maison américaine A. I. Rool C", universellement connue et représentée à Paris par son agent général Bondonneau , présentait tout le matériel perfectionné qui est utilisé aujourd'hui en Amérique pour l'élevage des reines, mais qui est encore peu répandu en Europe, les cadres nourricerie avec cages Titoff, les cupules en bois garnies de cire système Pratt pour l'élevage des reines d'après la méthode Doolittle, les outils nécessaires pour le transfert des larves et de la gelée royale dans les alvéoles artificiels, les boîtes ou cadres à nucléus de différents modèles. La maison Root fabrique plusieurs types de ruches verticales (Darzenbaker, Longstrott-Root, Dadant-Root) présentant toutes des cadres à espacement automatique et bien construits pour parer aux incon- vénients de la propolisation. Les machines à gaufrer la cire (procédé Weed), les extracteurs, les sections unies ou à bords droits avec sépara- tions à claire-voie que la même maison exporte dans le monde entier sont actuellement trop connus pour qu'il soit utile de rappeler ici leurs avantages. INSECTES FOURNISSANT DES PRODUITS UTILES Nous n'avons guère à signaler dans cette section que les collections relatives aux Cochenilles de la gomme laque présentées par M. Gascard. 280 DOCUMENTS OFFICIELS Depuis de longues années déjà, M. Gascard, professeur à l'École de Médecine de Rouen a fait porter ses recherchss sur la chimie des gommes laques, et son mémoire. Contribution à Vétude des gommes laques des Indes et de Madagascar, paru en 1893, a enrichi la science d'une ample moisson de faits nouveaux sur l'histoire de ces produits dont la composi- tion chimique était encore mal connue. M. Gascard a étudié deux sortes de gommes laques, Tune (gomme laque carminée) produite par la Coche- nille à laque des Indes, la Tachardia lacca (Sign.), est couramment employée dans l'industrie ; la seconde, dépourvue de substance colorante (gomme laque blanche) est fournie par une cochenille de Madagascar que M. Gascard a surtout contribué à faire connaître et qui a été décrite par Targioni-Tozzetti sous le nom de Gascardia madagascariensis. Les insectes qui produisent cette gomme laque vivent en colonie sur les rameaux des palétuviers. Tous les insectes d'une même colonie sont réu- nis entre eux par la masse résineuse qu'ils ont sécrétée et l'ensemble forme une masse plus ou moins sphérique ou ellipsoïde, de teinte pâle et grisâtre, dont l'axe est formé par la branche qui sert de support. La gomme laque de la Gascardia est assez répandue dans l'île, et les Saka- laves l'utilisent comme mastic. Il y aurait sans doute intérêt a cultiver cette cochenille comme celle des Indes pour employer ses résines à la fabrication de vernis transparents. On sait que, outre les résines et les substances colorantes qui seules ont été utilisées (vernis à l'alcool, teinture rouge de laque) les gommes laques contiennent une proportion de cire assez notable. M. Gascard a donné un procédé permettant d'utiliser les résidus de la préparation pour en retirer les cires. De très beaux échantillons de ces cires de gomme laque sont exposés, les unes avec leur couleur jaune naturelle, les autres décolorées. Il est à noter que la gomme laque de Madagascar renferme beaucoup plus de cire que celle des Indes. Parmi les substances chimiques résultant de l'analyse des substances précédentes, on remarquait surtout un échantillon d'alcool myricique pur provenant de la cire de la gomme laque des Indes. INSECTES NUISIBLES AUX CULTURES Les collections appartenant au Jardin Colonial constituent à elles seules presque toute l'exposition relative à cette section. Le service entomologique du Jardin Colonial de Nogent-sur-Marne a été organisé sous la direction de M. Dybowski par M. Fleutiaux en 1900, après l'exposition universelle. La compétence bien connue de ce savant entomologiste ne pouvait manquer d'assurer les rapides progrès de cette EXPOSITION NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 281 nouvelle institution. Tous les insectes envoyés par les aj^ents coloniaux ou trouvés au Jardin Colonial sont au fur et à mesure préparés, identifiés et classés suivant leur origine par M. Fleutiaux ou par les spécialistes les mieux qualifiés, qui ont bien voulu donner au Jardin Colonial le concours de leur collaboration. Malgré tout l'intérêt que présente la collection faunistique ainsi cons- tituée et à la formation de laquelle M. Fleutiaux a largement contribué en puisant dans ses collections personnelles, ce sont surtout les insectes nuisibles parvenus à la Direction du Jardin Colonial qui doivent fixer notre attention. Ils constituent un ensemble déjà considérable dont les éléments ont été groupés à côté des produits auxquels ils se rapportent. On remarque notamment les cadres dans lesquels se trouvent groupés les insectes du caféier et du café, ceux du cacaoyer, ceux du bananier, des lianes à caoutchouc, ainsi qu'une fort belle collection dans l'alcool des insectes de la canne à sucre de Java. Tous ces matériaux ont été l'objet de nombreux et intéressants articles qui ont été publiés par M. Fleutiaux dans le Bulletin du Jardin Colonial et parmi lesquels les études sur les ennemis du caféier, du cacaoyer, du caoutchouc, retiennent particulière- ment l'attention. Les insectes utiles (sériculture, apiculture, etc.) relèvent aussi du ser- vice entomologique du Jardin Colonial, mais nous les avons précédem- ment passés en revue et nous n'avons pas à y revenir. Enfin, en dehors de l'organisation et de la conservation des collec- tions, le même service est chargé de répondre à toutes les demandes de renseignements émanant des agents de culture aux colonies ou des colons eux-mêmes et concernant les insectes nuisibles. M. Fleutiaux a déjà, à ce titre, fourni un nombre considérable de consultations, communiquant chaque fois aux intéressés les moyens de préservation et de destruction qui, dans l'état de nos connaissances, doivent être considérés comme les mieux appropriés à la nature des dég-àts signalés. La Société d^études et de vulgarisation de la Zoologie agricole de Bor- deaux-à exposé, outre les collections séricicoles de M. de Labonnefon ci- dessus mentionnées, ses propres publications, c'est-à-dire les années 1902 à 1904 de son Bulletin. Cette société a été fondée en 1902 par M. Gruvel, maître de conférences de Zoologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux, qui, comme secrétaire général, s'est entièrement consacré à l'œuvre éminemment utile inscrite dans son programme. Grâce à son activité et à son dévouement, il a permis à la Société d'atteindre le but qu'elle se pro- posait ; son influence s'est rapidement accrue, et elle rend aujourd'hui de * sérieux services aux agriculteurs de la région du Sud-Ouest; ses publica- tions ayant en outre une portée scientifique et pratique sont appréciées de tous ceux qui s'intéressent aux questions de la Zoologie appliquée et Bullelin du Jardin colonial. 20 282 DOCUMENTS OFFICIELS elles renferment, soit sur les insecticides et la lutte contre les animaux nuisibles, soit sur les auxiliaires de Tagriculture, un grand nombre d'études qui présentent un intérêt général et dont la lecture peut être profitable aussi bien aux habitants des colonies qu'aux agriculteurs de France. M. Miot a présenté une collection d'insectes nuisibles et utiles renfer- mant un nombre considérable d'échantillons ; elle constitue un ensemble instructif et intéressant, mais se rapporte surtout à la faune indigène. MOLLUSQUES COMESTIBLES ET PRODUCTEURS DE NACRE, Perles, coquilles employées comme monnaie ou ornements. Cette section n'est représentée que d'une façon très incomplète. Tahiti expose ses nacres et ses huîtres perlières. Madagascar présente aussi des huîtres perlières de petite taille. Mais les vitrines qui attirent le plus l'attention du visiteur sont celles qui renferment les collections exposées par MM. François, Fischer, Dantzenberg et qui comportent une magnifique série de coquilles utili- sées dans l'industrie, ou au point de vue de l'ornementation. On remarque notamment les g-rosses cocjuilles d'eau douce récoltées par M. le capitaine Biaise au Tonkin, coquilles bivalves, telles que Unio Cumingi ou Dipoas plicatus dont les Annamites se servent pour les incrustations. Les coquilles utilisées par les indigènes de l'Océanie et la collection d'orne- ments, d'armes, d'outils, tels que herminette en tridacne, cuillers en coquille de turbo, armes incrustées, etc., forment enfin un ensemble des plus curieux rapporté par M. François de ses missions en Océanie. Marchal Directeur de la Station d'entomologie agricole de Paris. ÉTUDES ET MÉMOIRES LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS Introduction du cacaoyer au Gabon. Il est difficile d'indiquer le moment exact de Tintroduction du Cliché de M. DybowskL Cacaoyer âgé de quatre ans. Var. de San-Thomé (Amenolado). cacaoyer au Gabon. Cela d'ailleurs ne présente qu'un intérêt histo- rique. On peut supposer, toutefois, qu'il fit partie des premières 284 ÉTUDES ET MÉMOIRES 1 plantes utiles que les missionnaires ou quelques particuliers pré- voyants, allèrent chercher ou firent venir de San-Thomé, île portugaise voisine, avec laquelle le Gabon entretint pendant longtemps des relations régulières, soit par les navires de guerre de la flottille locale, soit par les paquebots de commerce. Ce qu'il y a de certain, c'est que les premiers essais sérieux de culture de cacaoyer datent de la création du Jardin d'Essai de Libre- ville, en 1887. Il faut reconnaître à ce propos, l'influence heureuse qu'exerça, sur notre colonie, l'île de San-Thomé, pays riche par son agriculture, et où depuis fort longtemps la culture du cacaoyer tenait une place des plus importantes, qui n'a d'ailleurs fait depuis, que s'accentuer d'année en année, la production du cacao ayant, dans ce pays, dépassé considérablement celle du café, qui pendant une longue période avait été la principale de l'île. L'année 1889 marque le début des plantations de cacaoyer dans la colonie. Les premières cultures furent entreprises par une maison hollandaise la Niemce Afrikaansche Handels Vennootschap, au Gayo,près de la rivière Loémé. Pendant un certain nombre d'années cette plantation fit l'admiration de tous ceux qui eurent l'occasion de la visiter ; malheureusement, les résultats obtenus par la suite ne répondirent pas aux brillantes espérances du début. Trois ans après, en. 1892, le Gabon fut choisi par un voyageur entreprenant, qui s'était mis à la recherche de régions propres à la culture du cacaoyer sur la côte occidentale d'Afri([ue. Ce voyageur, M. H. Janselme, demanda et obtint l'autorisation de s'ins- taller dans <( rile aux Perroquets » située au fond de l'estuaire du Gabon. Il y a créé une plantation de cacaoyers qui, par la suite, grâce aux résultats qu'elle a donnés, a fortement encouragé d'autres per- sonnes, à tenter ailleurs la même culture. Vers cette époque, la région de l'Ogooué attirait un Européen, M. H. Rousselot, fixé depuis quelques années dans la colonie. Il ne feardait pas à s'installer et à commencer les premiers travaux de plantation dans le Bas-Ogooué, à l'endroit connu sous le nom d'yls- clioukk. Dès le début, on n'était pas resté inactif dans le sud de la colonie, ; et bien que se trouvant dans le bassin conventionnel, la région du j LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 285 Kouillou attirait quelques commerçants de Loang-o qui créèrent là des plantations assez importantes de cacaoyer. Ce n'est g-uère pourtant que dans ces dernières années, à partir de 1898, que se dessina nettement le mouvement agricole qui a amené la création de toutes les plantations de cacaoyer existant à l'heure actuelle dans la colonie, et principalement au Gabon. Cliché de M. Dybowski. Fruits du Cacaoyer de San-Thomc. Var. Amenolado. 286 ÉTUDES ET MÉMOIRES Variétés cultivées. Leur valeur comparative. Les premières plantations de cacaoyer au Gabon, ont été consti- tuées avec des graines provenant de l'Ile San-Thomé, et appartenant à la variété Amenolado. Il était prudent, à cette époque, de s'en tenir exclusivement à une variété introduite depuis environ un siècle, et adaptée à un pays soumis à des conditions climatériques sensiblement voisines de celles de notre colonie. Tous les planteurs ont jusqu'à ce jour cultivé, à peu près unique- ment cette variété, qui a été répandue peu à peu dans le pays, et sur la valeur de laquelle chacun pouvait avoir des renseig-nements précis. La rusticité de la plante, son abondante fructification, les résul- tats déjà obtenus parles premiers planteurs, tout cela joint au prix de vente du produit, suffisait aux nouveaux venus, désireux de con- sacrer leurs capitaux et leurs efforts à la culture du cacaoyer. Il existe cependant dans tous les pays d'ancienne culture de cette plante, une g-rande quantité de variétés pour la plupart désignés par des noms de pays, ou de villes de l'Amérique du Sud. Toutes ces variétés se distinguent plus ou moins, par la forme et la couleur de leurs fruits, mais où leur dissemblance devient intéres- sante, c'est lorsque l'on considère les différences de cote qui sont données à leurs graines préparées, sur les marchés d'Europe. Pour beaucoup, les procédés de préparation influent certainement, mais il faut admettre que le caractère même de la graine et sa com- position, ont aussi leur importance. D'une manière g^énérale, il va intérêt à chercher le type adapté au pays et présentant les plus grands avantages au point de vue de la rusticité de la plante, de sa rapidité à entrer en fructification, du nombre de fruits qu'elle donne, de leur rendement en graines, et de la valeur du produit. Il ne faut pas, cependant, se laisser trop séduire par les prix donnés à certaines variétés qui, produisant peu, pourraient donner un bénéfice moindre, qu'une variété moins bien cotée, et fructifiant plus abondamment. A fructification et rusticité ég^ales, il est bien LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 287 évident que le produit le mieux coté sera le plus avantageux, et celui qu'il y aura intérêt à cultiver. Une étude de ce genre n'est jamais terminée et demande de longues années d'observations et beaucoup de patience ; c'est le rôle des services agricoles métropolitains pour les grandes cultures euro- péennes, et c'est celui des jardins d'Essai dans les colonies. C'est dans ce but que l'un de nous (M. Chalot), alla chercher au Cameroun, en 1898, des graines de cacaoyers appartenant à des variétés originaires de l'Amérique du Sud. Ces graines ont constitué la collection étudiée plus loin, laquelle comprend une vingtaine de variétés. Les noms donnés à ces variétés n'ont rien d'absolu, et il est bon de faire remarquer, à ce propos, que les fruits rapportés du Cameroun étaient déjà plus ou moins modifiés et hybrides, et que de nouvelles hybridations se sont produites depuis, au Jardin d'Essai de Libre- ville. Il ne faudra pas, par conséquent, tenir rigoureusement compte du nom adopté pour chaque sorte lequel représente plutôt un nom de classement dans notre collection, et qui permettra dans l'avenir la multiplication des variétés réunissant le maximum de qualités. D'autre part, pour que cette étude fût complète, il serait néces- saire qu'une colonne mentionnât la production exacte annuelle, moyenne, pour chaque sorte. Ce travail n'a pu encore être fait, mais sera utilement suivi dans une nouvelle station expérimentale spécialement créée à cet effet, par M. le Commissaire Général Gentil. Toutefois, dès à présent, avec les renseignements que nous possédons, et les observations faites depuis la mise en culture des variétés, introduites en 1898, trois d'entre elles se présentent avec de gros avantages sur le San-Thomé. Ce sont le Guayaquil et lesTrinidad n*'2 A et n" 2. La rusticité et la produc- tion annuelle du Guayaquil sont au moins égales à celle du San- Thomé. Il en est de même pour le Trinidad n*" 2 A. Le Trinidad n° 2 a l'inconvénient d'avoir une cabosse ^ à coque très épaisse ce qui rend l'extraction de la graine difficile. Enfin nous citerons le Soconusco, à cause de sa production annuelle régulière et très abondante. 1. Nom vulgaire du fruit du cacaoyer. 288 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le premier classement que nous n'hésiterons pas à établir avec les données que nous possédons actuellement, sera le suivant : 1° Guayaquil ; 2° Guayaquil A; 3° Trinidad n« 2 A ; 4° Trinidad n° 2 ; . 5° Soconusco ; 6° San-Thomé. Par la suite lorsqu'il sera possible d'obtenir une plus grande quan- tité de cacao, nous nous proposons de faire expertiser, à nouveau, le produit des différentes variétés, déjà cotées une première fois, sur les premiers échantillons préparés. RENDEMENT MOYEN PAR CABOSSE DE CHAQUE VARIÉTÉ, EN GRAINES FERMENTÉES, LAVÉES ET SÉCHÉES, AVEC INDICATION DE LA VALEUU DU PRODUIT. ^ s Cl ce o 'a o o DÉSIGNATION DES V.A.RIÉ1ÉS POIDS de la cabosse NOMBRE de graines POIDS DES Avec leur pulpe GRAINES Lavées et sèchées ESTIMATION au 1/2 droit ' 1 2 3 4 5 6 7 8 0 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 Trinidad n" 9 576 566 605 285 517 392 655 726 433 378 723 538 960 459 423 356 465 349 367 203 282 566 46.3 39.1 38.2 39.9 41.7 34.8 38.8 38.9 42.4 46.3 40.5 30.5 31 31 37.4 40.3 31.6 34.2 26.4 25.3 23.2 39.1 160 145 135 97 122 104 127 145 130 106 129 107 126 102 117 93 107 80 84 33 40 145 60.5 48.5 48.5 48.5 46 . 5 45 45.5 45 45 43 43 40.5 37 36 35 34.5 27 27 23 14 6 non lavé 88 fr. 92 90 84 90 83 86 90 88 86 90 96 96 80 90 92 87 94 20 15 92 GuHA'aauil Guayaquil A Trinidad n° 7 A Caracas n° 2 Trinidad n° 3 Soconusco Criollo Trinidad n° 6 San Thomé Caracas n° 3 Trinidad n" 2 A Trinidad n° 2 Surinam Trinidad n° 7 Caracas W 1 Trinidad n° 4 Foraslero Trinidad n° 1 Trininad n" 1 A Trinidad n° 4 A Guayaquil A l. Chiffres donnés par la Maison Menier, d'après les échantillons préparés au Jar- din d'Essai de Libreville. LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 289 N° 1. — Trinidad n° 9. Couleur du fruit : Vert clair puis jaune serin, et jaune d'or à matu- rité. La coloration verte persiste longtemps près du pédoncule du fruit. Note générale : Grand développement, vigoureux, fructification abondante peu régulière. Cabosses saines. Ces arbres portaient de nombreux fruits très beaux à la quatrième année de plantation. N° 2. — Guayaquil. Couleur du fruit : jaune clair. Note générale : Grand développement, très vigoureux, très résis- tant, légère tendance à produire des gourmands; fructification assez abondante et très régulière, fruits sains, nombreux fruits très beaux à la quatrième année. N° 3. — Guayaquil A. Couleur du fruit : vert violacé foncé, puis i-ouge, et rouge orangé vif à maturité. Note générale : Grand développement, vigoureux, résistant ; fruc- tification abondante et régulière. Cabosses très saines. N« 4. — Trinidad n'' 7 A. Couleur du fruit : jaune verdâtre puis orangé clair à maturité. Note générale : Développement moyen, vigueur moyenne ; très forte fructification, cabosses saines. N° 5. — Caracas n° 2. Couleur du fruit : gris d'argent strié de brun, puis jaune d'or à maturité. Note générale : Développement moyen, vigoureux; tendance à donner des gourmands, fructification moyenne assez régulière. Cabosses saines, nombreux fruits dès la quatrième année de planta- tion. VARIETES DE CACAOYERS EXISTANT AU JARDIN D ESSAI DE LIBREVILLE Forme du fruit. — Coupe donnant l'épaisseur de la coque. Graine. — Coupe dans la graine. Ces figures représentent les fruits au -1/5 de leur grandeur naturelle. 2. — Guayaquil. 5. — Caracas n" 2. 7. — Soconusco. 8. — Criollo. 11. — Caracas n» 3. 12. — Trinidad n" 2 A. 13. — Trinidad n" 2. 4. — Trinidad n° 7 A. 10. — San Thomé. 16. — Caracas n° 1. 6. — Trinidad n" 3. 14. — Surinam. 17. — Trinidad n° 4. 9. — Trinidad n" 6 0© 15. — Trinidad n» 7. 18. — Forastero 0® 19. — Trinidad n" 1. 20. — Trinidad n» 1 A, 21. — Trinidad n° 4 A. 292 ÉTUDES ET MÉMOIRES N° 6. — Trinidad n° 3. Couleur du fruit : violet foncé puis roug-e et rouge vif orangé à complète maturité. Note générale : Végétation vigoureuse, naturellement étalée, néces- sitant peu de taille. Bonne fructification régulière. Cabosses toujours saines ; nombreux fruits à la quatrième année de plantation. N" 7. — Soconusco. Couleur du fruit : violet, puis grenat, et grenat orangé clair à maturité. Note générale : Grand développement, étalé, très ramifié, très vigoureux et résistant; fructifie énormément et très régulièrement. Cabosses toujours saines et bien développées. Commence à fructifier à la quatrième année. N» 8. — Criollo. Couleur du fruit : vert argenté taché de brun, puis jaune clair et vert près du pédoncule, jaune d'or à maturité. Note générale : Grand développement, rameaux dressés, vigou- reux, résistants ; fructifie peu, assez régulièrement, porte de nombreux fruits bien développés dès la quatrième année. N° 9. — Trinidad n° 6. Couleur du fruit : vert argenté taché de brun, jaune d'or à complète maturité , Note générale : Grand développement, vigueur moyenne, fructi- fication très forte mais irrégulière. N° 10. — San-Thomé. Couleur du fruit : jaune orangé. Note générale : Développement moyen, adapté au pays. Fructifi- cation abondante et régulière. LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 293 N° 11. — Caracas n'' 3. Couleur du fruit : gris argenté clair, puis jaune, la coloration j^rise persistant près du pédoncule et jaune d'or à maturité. Note générale : Développement moyen, tendance à produire des gourmands, résistant ; fructification moyenne. Cabosses saines. N° 12. — Trinidad n° 2 A. Couleur du fruit : rouge et rose violacé recouvert d'une pruinosité blanchâtre. Note générale : Grand développement, vigueur moyenne, fructi- fication très irrégulière mais abondante. Cabosses saines. Commence à fructifier à la quatrième année. N" 13. — Trinidad ii° 2. Couleur du fruit : gris d'argent pruiné, taché de violet puis d'ocre jaune taché de brun lavé à maturité. Note générale : Grand développement, très vigoureux, fructifie beaucoup et très régulièrement. Cabosses saines. N" 14. — Surinam. Couleur du fruit : gris puis jaune serin à maturité. Note générale : Petit développement, forme basse, fructifie peu et irrégulièrement, ('abosses saines. N° 15. — Trinidad n° 7. Couleur du fruit : violet puis rouge, et rouge clair à maturité. Note générale : Développement moyen, vigueur moyenne, donne régulièrement beaucoup de fruits, mais un grand nombre d'entre eux avortent. Forte fructification dès la quatrième année de plantation. N° 16. — Caracas n° 1. Couleur du fruit : vert argenté puis jaune et jaune d'or à matu- rité. Note générale : Développement moyen, peu résistant à la période sèche ; fructifie beaucoup mais très irrégulièrement. Cabosses saines. 294 ÉTUDES ET MÉMOIRES N° 17. — Trinidad n" 4. Couleur du fruit : grisâtre puis jaune grisâtre clair à maturité. Note générale : Petit développement ; fructifie peu mais régulière- ment. N" 18. — Forastero. Couleur du fruit : violet foncé puis rouge vineux à maturité. Note générale : Petit développement, peu vigoureux ; fructifie beaucoup et souvent, mais les cabosses sont mal formées et en par- tie avortées ; fructification très abondante dès la quatrième année. No 19. — Trinidad n° 1. Couleur du fruit : rouge violacé puis rouge, et rouge orangé clair à maturité. Note générale ; Petit développement, vigueur moyenne ; fructifie peu et irrégulièrement. N° 20. — Trinidad n° 1 A. Couleur du fruit : vert clair puis jaune brun à maturité. Note générale : Petit développement, peu vigoureux ; fructifie peu et irrégulièrement ; porte souvent des cabosses avortées. No 21. — Trinidad n° 4 A. Couleur du fruit : rouge violacé, puis rouge clair, et orangé clair à maturité. Note générale : Développement moyen, peu vigoureux ; fructifie beaucoup et régulièrement, mais la plupart des fruits avortent. [A suivre.) Ch. Chalot m. Luc Ancien Z)"" du Jardin d'essai de Libreville Chef du service de l'agriculture Prof, à r Ecole Sup'^^ d'Agriculture Coloniale du Congo français et Dépendances CULTURE ET COMMERCE DU COCOTIER A CEYLAN' LE DESSIGATED GOGONUT 1° LE COCOTIER A CEYLAN La belle colonie anglaise de Ceylan paraît être aujourd'hui, sous tous les rapports, la contrée où le cocotier est le plus répandu et le mieux cultivé, où les indigènes savent en tirer le meilleur parti et où les industries intéressant les produits du « Cocos nucifera » sont les plus variées. De très anciens documents mentionnent l'existence du cocotier à Ceylan en même temps que celles de l'aréquier et du (( Borassus flabelliformis », mais sans lui attribuer, d'abord, une réelle impor- tance. C'est seulement à partir du xn« ou du xui® siècle que les Cynghalais semblent s'être intéressés, d'une manière sérieuse, à ce palmier. Quoi qu'il en soit, il est probable que le cocotier couvrait déjà de grandes étendues dans le Sud-Ouest de l'Ile bien avant l'arrivée des Portugais ; mais c'est seulement durant l'occupation hollandaise, c'est-à-dire après 1656, que l'on songea à développer cette culture. C'est dans ce but qu'un gouverneur hollandais jjroposa, en 1740, de distribuer des terres aux personnes s'engageant à planter des cocotiers dans certaines conditions. Malgré tout, le Cocos nucifera fut planté, pendant plusieurs centaines d'années, exclusivement par les indigènes, et ne donna lieu, d'abord, à aucune exportation. C'est seulement durant la seconde moitié du siècle dernier qu'on vit les cocoteries prendre une extension rapide sous l'impulsion des Européens restés hésitants pendant longtemps à cause de la lenteur de la croissance de ce 1. Second extrait (voir bulletin n" 35) de « Le Cocotier » par M. Em. Prudhomme, 1 vol. in-8°, avec nombreuses photographies, paraîtra fin avril 1906 (A. Challamel, Editeur). 296 ÉTUDES ET MÉMOIRES palmier qui, suivant la nature du sol, réclame une période de 7 à 15 ans avant de fructifier. Suivant Ferg-uson, les premières plantations régulièrement établies par les Européens datent de 1841. Elles furent installées dans le Nord (presqu'île de Jafna) et sur la Côte Orientale, dans la région de Batticola, mais ne donnèrent aucun bénéfice sérieux à leurs propriétaires, non à cause d'une croissance défectueuse mais Cliché Km. Prudhomme. Le cocotier à Ceylan. semble-t-il, seulement à cause de l'absence à peu près complète de voies de communications économiques. Peu après, les Européens commencèrent à créer des cocoteries dans des régions plus favorisées sous ce rapport, dans les districts de Chilaw et de Puttalam par exemple, puis sur toute la portion des Côtes Ouest et Sud comprise approximativement entre Puttalam et le district d'Hambantota. En même temps, les indigènes se mirent aussi à planter beaucoup de cocotiers dans la même partie de l'île, et cette culture gagna peu à peu du terrain vers l'intérieur, principalement dans la zone située entre les parallèles de Puttalam et de Chilaw. LE COCOTIER A CEYLAN 297 On estime qu'en 1860 il existait environ 20 millions de cocotiers à Ceylan, couvrant une superficie de 100.000 hectares, A l'heure actuelle, les statistiques anglaises évaluent à 700.000 acres i, c'est- à-dire approximativement à 280.000 hectares, l'étendue occupée par les cocoteries appartenant aux Européens et aux indigènes. Cette étendue, qui s'élèvera sans doute jusqu'à 400.000 hectares dans quelques années, lorqu'on aura étendu le réseau ferré, correspond à environ 60 millions de cocotiers fournissant, chaque année, au moins 800 millions de noix, dont la moitié est utilisée sur place par les indigènes. Cette production ne paraît pas très élevée pour une telle quantité de plants, mais un nombre important de ces palmiers sont réservés pour la préparation de l'arack et ne donnent donc pas de fruits. Ceux-ci fournissent, en général, pour plus de 12 millions de francs d'alcool par an. Sur cette somme, le gouvernement local prélève, sous forme d impôts variés, environ le huitième de son revenu total annuel, c'est-à-dire plus de 5 millions de francs. A Ceylan, cette culture est surtout 1res développée dans la « Western Province » et dans la « North-Western province ') qui, à elles deux, comprennent près de 150.000 hectares de cocotiers. On en trouve également beaucoup dans la (( Southern Province » ; puis, en plus petite quantité, dans l'extrême nord de l'Ile, sur la Côte Orientale et même dans la « Central Province ». En résumé, il occupe une large bande continue de la zone côtière ouest, sud-ouest et sud, allant de Puttalam à Hambantota, passant par Chilaw, Negombo, Colombo, Galle etMetara. Cette aire cultu- rale est surtout très développée en largeur à la hauteur de Chilaw, de Negombo et de Colombo. Elle est complétée par trois centres de production d'une certaine importance, isolés les uns des autres et situés dans la presqu'île de Jafna, aux environs de Trincomalle et dans la région de Batticola. Tout ce que nous venons de voir montre bien quelle est l'impor- tance du cocotier à Ceylan comme culture locale, c'est-à-dire sous le rapport de ses nombreux emplois chez les indigènes et des transac- tion locales. Au point de vue industriel et du commerce d'exportation, le 1. D'après le Hand book de Ferguson, la surface occupée par le cocotier à Ceylan est donc sensiblement égale à celle prise par le riz, et près de deux fois plus grande que celle consacrée au thé. Elle représente environ la cinquième partie de l'étendue totale des terres cultivées. Bulletin du Jardin colonial. 21 298 ÉTUDES ET MÉMOIRES ISLAND OF Wlullaittivu jTrincotna Balticalc; COLOMBO Hambantota LESFIf^ASSL.OlL . ^^H/S Carte de Ceylan avec indication de Taire géographique de la culture du cocotier. LE COCOTIER A CEYLAN 299 cocotier tient également une place prépondérante, n'atteignant pas, il est vrai, une importance aussi considérable que pour le thé, mais se présentant, semble-t-il, dans des conditions plus satisfaisantes pour l'avenir, sous le rapport de la stabilité et de l'accroissement des débouchés. Cliché Eni. Prudhomme. Le cocotier aux environs de Négombo. (Ile de Ceylan.) Au point de vue économique général, le cocotier présente l'ap- préciable avantage de fournir un fret considérable aux Compagnies de navigation. Rien que pour Ceylan, cette culture donne au moins, à l'heure actuelle, 90.000 tonnes de produits divers à transporter par an dans toutes les parties du monde. Enfin, certaines industries du cocotier n'ayant encore, il y a à peine une cinquantaine d'années, qu'un intérêt purement local, ont 300 ÉTUDES ET MÉMOIRES pris, depuis 1860, un très grand développement, et sont devenues aujourd'hui l'objet d'entreprises européennes très importantes et très prospères. Certaines de ces industries, comme la préparation en g-rand du coïr et la fabrication du Dessicated Goconut, peuvent même être considérées comme orig'inaires de Ceylan. En tout cas elles y ont atteint, à coup sûr, un degré de perfection qui paraît, en ce moment, n'avoir encore été dépassé dans aucune autre rég'ion. Le commerce d'exportation du cocotier intéresse, à Ceylan, tous les produits fournis par cet important palmier. C'est ainsi qu'on trouve, dans les statistiques douanières, 1 envoi de quantités fort importantes de noix entières, d'huile, de coïr, de cordag-es en fibre de coco, de coprah, de poonac, de Dessicated Coconut, de coques de noix de coco, d'arack, de cadjans et même d'une foule d'autres articles confectionnés soit avec le tronc, soit avec les fruits du cocotier et vendus aux passag-ers comme objets de curiosité. On peut évaluer, en ce moment, que les exportations représentent au minimum 35 à 40 millions de francs, se décomposant approxi- mativement comme il suit : Huile coco 14 à 17 millions de francs Coprah 12à 13 millions de francs Coïr sous diverses formes 2.500. 000 Poonac ou tourteau de coco 1.250.000 Noix entières 750 . 000 Arack 500 . 000 Dessicated Goconut et divers 3 . 000 . 000 L'huile est surtout envoyée en Angleterre, aux Indes, aux Etats- Unis et en Europe (Puissances continentales), et le coprah princi- palement en Allemag-ne, eu Russie, en France, en Belg-ique et en Australie. Le Dessicated Coconut est presque entièrement absorbé par l'Angleterre, l'Allemagne, l'Amérique et la Hollande ; le coïr par le Royaume Uni, l'Europe Continentale et les Indes ; le poonac principalement par l'Allemagne et la Belgique ; et les noix entières par l'Angleterre, l'Allemagne, l'Afrique et les Indes. Enfin l'arack est presque entièrement expédié aux Indes. Les diverses statistiques données ci-après montrent, d'une manière plus précise, les quantités reçues par les principaux pays importateurs : LE COCOTIER A CEYLAN 301 Principales exportations du coprah et de l'huile en 190''2 et 190S avec l'indication des pays importateurs. PAYS ACHETEURS 1° Coprah Allemagne Russie France Relgique Autriche Grande-Bretagne Autres pays (Hollande. Espagne, Chine, etc.) 2° Huile Grande-Bretagne Etats-Unis d'Amérique Autriche Allemagne Belgique France Italie Indes Anglaises Chine Année Année 1902 1903 Tonnes Tonnes 9.135 13.814 1 683 11.176 5.595 4.793 1.165 2.726 780 1.349 656 » 49 1.816 15.323 21.338 4.724 5.442 1.258 1 . 620 640 1.153 297 544 12 637 302 » 3.269 » 42 )) OBSERVATIONS Les principales aug- mentations intéressent donc surtout la Russie et l'Allemagne. Augmentations sensi- bles pour tous les pays importateurs, mais sur- tout pour la Grande- Bretagne, les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et la Belgique. Principales exportations de poonac en 190*2 et J903 avec l'indication des pays exportateurs. PAYS ACHETEURS Poonac Allemagne Belgique France Grande-Bretagne Afrique 1902 1903 Tonnes Tonnes 6.852 7.555 5.619 7.214 » 208 1 157 » 104 OBSERVATIONS 302 ÉTUDES ET MÉMOIRES En 1903, le Goïr, sous toutes ses formes (cordag-e, fibres, etc.), produit par Cejlan, a été principalement importé par les contrées indiquées ci-après : PAYS ACHETEURS 1903 OBSERVATIONS Grande-Bretaj cA c -co 3 :- « .2 c; E -OJ 3 0:3 0 0 S.'.3 0 H 'C :tf -^ 00 < 0 — c« 0 -^ 0 • > Pi ra 3 « 0 oii ■a 'Xi 1 •- 0 a 1=^2 s; |-Si ^■9 ?^ TÏÏ :S2oc ■^ « 3- S ^.'S- ^-' 0 0 0 lO ce-_ Tî T3 s^ 1 1 3 es es !« îfj C« . C -5 0 0 0 _• C g t« P ce m u ~ 0 0 c G s ■-" « 05 c X =■' Oi C C S-^ 3t^ c ^•^ 0 C 0 r, 0 1, ; ^ t- 0 ^^^S C 3 -^ 5 3 'ij r- 0 ce '^. 0 -= r- 0 2 es 0 ^ oc 0 co • >; 2. == ^ <^' ^ c: u r- ^ <, 0 co lO — j- 3 r-* *3 3 " «i ^ r- U ~ ^H "Ô °' 0 « J -1 1 . ... X . * c ^' Ci ~ 0 0 .:i:.ii^^ 3 '« X ^ 0 -ï "-^ œ oc I^ î-l C5 3 3 ce C-. 0 œ — ss «J .?; oc 0 0 (M *«< -0 ., ° 0 — ce 0 ce œ> S a- r- 00 oc tO 'OC 0 — — 1 0 .."î ce .n CD JS oj -< '3 3 -■!• tO î-l t^ Î-) 0 C-1 c-i ^ — ïrH 0 ^ 0 J 1 0 00 0 ce 0 oc 0 «0 = s oc kil kil. kil. kil. noi ^5 ^tH ^ 0 - 0 ï, œ X 1- ce - ' ce 0 — 0 ■". œ CT »■? -T r- G 3 *0 ce ., 0 Oi " ^ E 5 ce — î-i Ci 03 5= 0 ^ r; 0 œ -■!■ 0 ^. oc t~ GNAT produi 0 ïj u 1 ■3 3 »■ 0 a. 7.^ ■i 0^ «-^ "" * C ^ (- 3 0 0 0 ^ ^ '5=- 0 c8 uEûhQz u ««3 LE COCOTIER A CEYLAN 305 En 1861, il n'est question ni du poonac ni du Dessicated Coconut comme produit d'exportation. Ce dernier article ne fig-ure, dans les statistiques officielles deCeylan, que depuis 1891. L'exportation du coprah a donc, de 1861 à 1902, augmenté dans la proportion de 1 à 18 ; celle de l'huile a plus que sextuplé ; celle des noix entières a doublé ; enfin celle du coïr a quintuplé. En 1861, la valeur totale des exportations de la culture du coco- tier ne dépassait pas 3.162.986 fr. ; elle atteignait 7.315.339 fr. en 1882 ; 18.880.618 fr. en 1895 ; 19.002.730 fr. en 1896 ; 22.342.457 fr. en 1897 et plus de 35 millions de fr. en 1902 ; elle a donc plus que décuplé dans l'espace de 40 ans. 2° LE DESSICATED COCONUT 1° Considérations générales. Le produit connu en anglais sous le nom de « Dessicated Coco- nut » (mot à mot : « Noix de coco desséchée ») n'est autre que l'albumen du Cocos nucifera râpé, ou divisé en fragments de diffé- rentes grosseurs, et séché avec le plus grand soin, avant que les amandes, choisies très fraiches, n'aient perdu la saveur délicate des cocos récemment récoltés. En définitive, cette matière possède, sous bien des rapports, les plus grandes analogies avec les coprahs de bonne qualité. Elle n'en diffère que par les soins apportés au choix des noix et aux procédés de préparation. Sa composition est à peu près la même que celle du coprah bien sec; mais ici, la dessiccation étant conduite avec soin et propreté, le dessicated coconut conserve un goût et une odeur assez agréables qui le font rechercher dans bien des rég-ions pour la confection de certains gâteaux et de biscuits, pour la confiserie, ou pour préparer des puddings et des entremets. 306 ÉTUDES ET MÉMOIRES Les indig-ènes font, en Extrême-Orient, une énorme consommation de cocos frais, réduits en poudre ou en petits fragments, qu'ils mélangent à la plupart de leurs aliments. C'est sans doute cette habitude qui a donné l'idée aux Européens d'essayer de faire subir aux amandes fraîches une préparation assez soig-née pour permettre de les exporter sans qu'elles perdent leurs qualités premières. L'industrie du « Dessicated Goconut » est surtout développée à Geylan où l'on trouve d'importantes usines préparant cette matière sur une grande échelle. Les exportations qui, en 1892, ne dépas- saient pas 643 tonnes, se sont élevées, en 1903, à plus de 7.900.000 kilog-rammes. Le « Dessicated Goconut» est surtout envoyé en Angleterre, en Allemagne, en Amérique, en Australie, en Belgique, en Autriche, en Ghine et en Hollande. La France n'importe qu'une quantité assez faible de <( coco râpé ». Il semble d'ailleurs que bien peu de Fran- çais connaissent ce produit. J'ai même eu l'occasion de constater, tout dernièrement, que l'existence du« Dessicated Goconut » semble inconnue dans une colonie anglaise voisine de Madagascar, où le cocotier constitue cependant une des principales cultures. En ce qui concerne les possessions françaises, il y a lieu de faire exception pour Tahiti où il existait, il y a quelques années, d'après la brochure publiée en 1900 sur les < Etablissements français de l'Océa- nie », deux fabriques de (( coco râpé». Ge produit, désigné dans cette région sous le nom de « Farine de coco », diminue malheureusement tous les jours d'importance à Tahiti. 2° Préparation industrielle. La préparation industrielle du (( Dessicated Goconut » comprend, d'après les renseignements que je dois h l'oblig-eance des aimables directeurs de la maison Vavasseur de Golombo, quatre opérations distinctes : 1° La réception des noix et l'extraction des amandes; 2° Le râpage ou la transformation en fragments de petites dimen- sions ; 3" La dessiccation ; 4" L'emballage. LE COCOTIER A CEYLAN 307 I. Réception des noix et extraction des amandes. Une noix avec ses 2 traits de scie. P'P rt yyyyy^2<^^yyyyyy^^yyy^^;^y^^ La maison Vavasseur achète aux indigènes les cocos débarrassés de leur enveloppe fibreuse. Le prix des noix fraîches et bien mûres, ainsi préparées, variait, en 1900. entre 30 et 50 roupies le mille, c'est-à-dire de S fr. 25 k 8 fr. 75 le cent, transport à l'usine compris. La première opération consiste à ouvrir les cocos pour séparer l'albumen. On se sert, dans ce but, d'une scie circulaire rotative avec laquelle on entame légè- rement la coque, suivant deux axes perpendiculaires. On achève ensuite de briser l'endocarpe au moyen d'un ou deux petits coups de marteau. On enlève alors l'amande fraîche au moyen d'un couteau. Les scies sont souvent assemblées par deux, sur un même axe A, comme l'indique le croquis ci-contre, et mises en marche par une seule poulie P. A côté, se trouve une poulie folle P' avec laquelle on peut arrêter le mouvement à volonté. Chaque scie S est recou- verte d'une sorte de capuchon en métal C ne laissant, à la partie antérieure, qu'une seule ouverture en forme de rectangle allongé, permettant de mettre la noix au contact avec la scie et de la maintenir à distance con- venable pour éviter qu'elle ne soit trop pro- fondément entamée. Un homme peut ouvrir de cette façon environ 5.000 cocos par jour. Les amandes sont alors frottées vigoureuse- ment et grattées avec un couteau, pour les débarrasser de la pellicule rougeâtre et des filaments dont elles sont encore entourées, puis soumises au râpage. Ce travail est exécuté à la tâche par des enfants, payés environ 0 fr. 90 pour mille noix. Croquis schématique montrant l'installation d'une paire de scies rotatives. Croquis schématique montrant une scie rota- tive vue de face. 308 ÉTUDES ET MÉMOIRES II. Râpage ou transformation en fragments de petites dimensions. Le « Dessicated Goconut » est vendu C et expédié en Europe sous différentes formes. On le débite parfois en minces lamelles ou copeaux d'un centimètre de large (shred), ou en filaments allongés ressemblant assez à des morceaux de vermicelle (strips), ou encore en une Croquis schématique montrant sorte de poudre composée de petits une scie rotative vue de profil, fragments de forme irrégulière. Ce résultat est obtenu en adaptant de différentes façons, sur le disque d'une râpe rotative, des lames de couteaux de forme variable faisant légèrement saillie d'un côté. Ce disque D est vertical et percé d'un certain nombre de petites lucarnes régulièrement espacées, de forme rectangulaire, placées dans le sens des rayons. Chacune de ces ouvertures sert à fixer une ou plusieurs lames coupantes dont on règle exactement la position au moyen de vis. On soumet successivement chaque noix N à l'ac- tion des couteaux au moyen d'un levier L, manœuvrable à la main, qui permet de les appuyer contre le disque en dépla- çant, dans le sens de la flèche, la masse de bois M. Les fragments d'aman- de sont recueillis dans une trémie T, qui les rassem- ble dans un récipient R placé en dessous. La forme en lamelles (shred) s'obtient au moyen de lames plaies de largeur convenable. La transformation en étroits filaments (strips) est obtenue au moyen Croquis schématique dune râpe à coco, pour la d'une lame COUpante SUr fabrication du Dessicated Coconut. laquelle sont iixées, à un millimètre les unes des autres, des petites lames de couteau de forme /oinl fi Lxe Montage des cocdecuLX. saj- le dtsaiLe LE COCOTIER A CEYLAN 309 triang-ulaire allongée, dont la partie antérieure est tranchante. Ces couteaux ont l'inconvénient d'être assez difficiles à aiguiser. Dans le cas où l'on veut obtenir du « Dessicated Coconut » en poudre, on peut se servir d'une série de scies circulaires situées à une très petite distance les unes des autres et disposées comme celles qui servent à ouvrir les noix. On produit alors une sorte de poudre assez analogue à de la sciure. Le nombre des scies est géné- ralement de douze; leurs dents sont plus grosses et plus fortes que celles des scies servant simplement à entamer les coques. Le débit en poudre permet de traiter environ 1.000 noix à l'heure, la préparation des shredset des strips est un peu moins rapide ; elle ne permet pas de fragmenter plus de 800 cocos à l'heure. in. Dessiccation ou étuvage. Il ne reste plus, après le broyage ou râpage, qu'à faire sécher le « Dessicated Coconut » dans une étuve à air chaud, dont la tempé- rature est maintenue entre 80 et 88° centigrades. On l'étend ensuite en couche mince sur de grandes tables de bois pour le refroidir avant de procéder à l'empaquetage et à l'emballage. IV. Empaquetage et emballage. La noix de coco râpée est expédiée en caisses doublées de métal ou, comme le thé, en paquets métalliques hermétiquement fermés, ne contenant qu'une petite quantité de Dessicated Coconut. Ces paquets, destinés à la vente au détail, sont de dimensions variables et con- tiennent une livre, une demi-livre ou deux livres anglaises de pro- duit, c'est-à-dire de 222 gr. 8 à 907 gr. 2 de coco râpé. Dans le cas de l'emballage en caisse, on tasse modérément et régulièrement le '< Dessicated Coconut » par couches peu épaisses, au moyen d'une pièce de bois garnie de métal, ayant la même forme et sensiblement les mêmes diinensions que les fonds de caisse. A Ceylan, il existe d'importantes fabriques de Dessicated Coco- nut, surtout à Colombo, à Negombo et à Veyangoda, point situé un peu au nord-est de Colombo, dans la Western province. On calcule qu'il faut environ trois noix pour fabriquer une livre anglaise de coco râpé. La préparation d'une tonne exige donc un peu plus de 6.700 fruits. 310 ÉTUDES ET MÉMOIRES onnes 8000 7000 7.26; .S?!*^^ 7.93l3K> ff!360, 661* 6000 6l5— < ^""^^ tft r-" K ir. K " a o 73 tn OJ «^ O , lorsque toute la zone m a été arrosée. Fi j,. 8. — Irrigation par déversement (coupe verticale et plan). IRRIGATIONS 317 L'irrigation par infiltration (appelée encore irrigation à la raie), sera la plus employée dans les colonies; elle permet en effet d'éco- nomiser l'eau. On pratique de petites rig-oles parallèles a, j6, c (fîg. 9), séparant des zones occupées par une ou plusieurs lignes de plantes et, au moment voulu, on admet l'eau dans ces rigoles qu'il convient de faire gratter de temps à autre ; rappelons que l'eau n'a ja- mais besoin d'être en contact directavecle colletd'un végé- tal dont les racines s'éten- dent à une certaine distance dans le sol La longueur^des rigoles a, i), c (fîg. 9 se détermine empiriquement ; elle varie, selon la nature du sol, d'une trentaine à une centaine de mètres. Fig. 9. - Irrigation par infiltration (coupe verticale). Fier. 10. Irrigation par infiltration (plan). Fig. 11. — Disposition pour l'irrigation d'un arbre par infiltration (coupe verticale et plan). On arrose par infiltration le maïs, le blé, le cotonnier, les fèves, la ramie, etc. Dans les sols peu fertiles des petits domaines de l'Utah on pra- 318 ÉTUDES ET MÉMOIRES CL, ^ «' & ■iHi^' ■^' a.' "TÎTT -Dr ■ JJ- w m- ^ CL' s& 15F ..U-- — ■ Fig. 12. — Plan d'un verger disposé pour l'irrigation par infiltration. tique cette méthode sous le nom d'irrigation au hàton (ou à la canne) ; les plantes cultivées (haricots, maïs, etc.), a, a... (fig. lOj sont réunies en touiïes ou poquets plus ou moins rég-ulièrement répartis dans le champ A; lors de l'arrosag-e, on fait arriver Feau dans la rig-ole i), puis, avec un bâton, on creuse de petites saignées c, c' ... amenant l'eau au pied de chaque poquet a. L'irrig-ation par infiltra- tion est appliquée avec suc- cès aux cultures arbus- tives. Comme les racines s'étendent toujours ;i une certaine distance du collet a (lig. 1 1 ) de l'arbre, il suffît de creuser une rigole circu- laire b h\ raccordée par le caniveau c avec la rigole /• d'alimentation, le caniveau c étant fermé avec une motte de terre t qu'on enlève à la pelle lors de l'arrosage pour la remettre ensuite; ce dispositif, présentant un plan d'eau d'une faible sur- face, diminue les pertes par évaporation, qu'on peut en- core restreindre en recou- vrant le sol d d'un paillis. Les arbres peuvent être plantés en carrés, ou mieux en quinconces ; le canal prin- cipal A (fig. 12) débouche dans des rigoles a et a' d'oii y\^. 13. — Irrigation par submersion d'un l'eau se rend dans les cani- palmier dans les oasis de l'Oued Rir'. veaux circulaires />, qui entourent chaque arbre. Lorsque les rigoles a' sont simplement creusées dans le sol, on limite leur longueur à moins de 100 mètres dans les terrains filtrants et à 200 mètres au plus. Dans certaines cultures d'orangers de Californie, l'irrigation a lieu par infdtration en envoyant l'eau, pendant un certain temps, dans des raies de charrue tracées de chaque côté de la ligne d'arbres, à un mètre des troncs. IRRIGATIONS 319 ^ En dernier lieu, examinons ce qui est relatif à rirrigation par submersion cette dernière pouvant être intermittente ou continue. La submersion intennit- tente est appliquée aux ar- bres : les bananiers aux Canaries, les cédratiers et les orangers en Californie, en Espag-ne et à Jaffa, les palmiers-dattiers dans les oasis de l'Algérie, etc. — Le sol est divisé en compar- timents a (fîg-. 13) par des bourrelets h de terre, et l'eau est introduite par des SvMi.'':'.!;';/,;,,^ iS.i.iii.'.'W/dii'.'M m\V;."'i„V'////a Adiii ■.<■""/% # ij î ! I rfV,','".V.V:-""«! ii'.'-'.' "'/0 M-V-'-' Fig-. 14. — Plan dun vevgev disposé pour rirrigation par submersion. iç,. 15. — Irrigation bananiers aux Canaries. par submersion des rig-oles dérivées du canal d'alimentation ou seguia c (oasis de l'Oued-Rir' : Ourir, Ayata, Sidi-Yaya; dans la cuvette a on a cultivé aussi, pendant quelques années, certaines plantes, et en par- ticulier des asperg'es) ; on trouve des exemples de cette disposition au Jardin d'es- sais du Hamma près d'Alg-er. Les compartiments a peuvent avoir iO mètres et plus de côté, et lors de l'arrosag-e on y laisse couler l'eau un certain temps, jusqu'à ce qu'il y ait une couche d'une épaisseur vou- lue après l'absorption de la zone superficielle du sol (à l'Oued-Rir', on estime à 3 mètres cubes par ''^^f////^^". palmier le volume d'eau de sub- mersion envoyée à chaque arrosage ,, ^'^- le-lr-ytion par submersion ^ ^ o d un oi'anger à Jalia. dans la cuvette a). La figure 14 donne le plan partiel d'un terrain aménagé, compre- nant les compartiments a alimentés par les seguias de distribution c, qui reçoivent les eaux d'une rigole d branchée sur le canal d'ame- née A. 320 ÉTUDES ET MÉMOIRES D'autres fois on pratique des cuvettes irrég-ulières a c (fîg. 15), au fond desquelles on cultive une ou plusieurs plantes h (3 bananiers aux Canaries), et les dépressions sont alimentées en temps voulu par la rig-ole d. A Jafîa ' les orano^ers a (fig-. 16) sont plantés au mi- lieu de cuvettes circulaires h, ayant de 0" 90 à 1 ■" 20 de diamètre et 0 '" 30 de pro- fondeur, soit une capacité d'environ 300 décimètres cubes (il serait bon d'éviter, par une petite butte repré- sentée dans notre dessin, que l'eau soit en contact direct avec le collet de l'arbre). Les installations Fig. 17. — Plan d'un vergjer de Californie disposé pour l'irrigation par submersion. sont faites en sol siliceux ou silico- arg-ileux; l'eau, fournie par des puits de 4 à 25 m. de profondeur, est éle- vée par des norias mues par des mulets, des dromadaires ou des mo- teurs à pétrole; suivant les domai- nes, le débit oscille de 8 à 30 mè- tres cubes à l'heure, et l'eau est dis- tribuée par des canaux maçonnés débouchant dans des rigoles en terre, d'où elle se rend dans les cu- vettes aménagées au pied de chaque oranger. On arrose pendant les heures les plus fraîches de la jour- née ; les jeunes greffes sont irriguées trois ou quatre fois dans la saison sèche, les arbres reçoivent un arrosage plus ou moins co- pieux tous les cinq ou tous les dix jours, suivant la nature du sol léger ou compact; en août, les cuvettes sont binées {gaara), et la première submersion n'a lieu que 15 jours après; en hiver on donne un piochage [tourieh] aux cuvettes. Fig. 18. — Compartiments disposés pour les irrigations par submersions intermittentes. 1. Selon M. Apfelbaum, Journal d'agriculture tropicale, n" 23 du 31 mai 1903. IRRIGATIONS 321 ^ / î h r u ~=rT'=-.'r:.-iT..T.^ l ......Jl k il En Californie, les rigoles c (fîg. 17), qui font communiquer les cuvettes successives j& entre elles, sont situées sur les lignes xx' des plantations a et Teau passe ainsi d'une cuvette à la suivante, de sorte que les premiers arbres de chaque ligne, rapprochés de la rigole d'alimentation A, sont bien plus arrosés que les derniers ; ainsi qu'on le voit, cette disposition ne vaut pas celle indiquée par la figure 42. Dans certaines régions du nord de la Tu- nisie on adopte, pour les oliviers, le tracé de la figure 17, mais la rigole A ne reçoit de l'eau de ruissellement que pendant les pluies qui tombent sur les terrains situés en amont, formant bassin de réception. Par le procédé que nous venons d'exami- ner, après l'arrosage de chaque arbre, toute la surface de la cuvette est fortement mouil- lée et doit perdre rapidement une certaine partie de l'eau par l'évaporation du sol ; aussi, dans les cas où l'on ne dispose que de très peu d'eau, nous croj'ons préférable de rem- placer cette submersion intermittente par l'in- filtration, selon le principe indiqué par les figures 11 et 12. Les submersions intermittentes s'appli- quent à toutes les plantes cultivées (céréales, légumineuses, etc.) qu'on réunit dans des i j /i B' / i Fig. 19. — Comparti- ments disposés pour les ir- rigations par submersions compartiments n'ayant souvent pas plus de intermittentes. 10 mètres de largeur et 30 mètres de lon- gueur; ces compartiments a a! (fig. 18) sont séparés les uns des autres par des bourrelets b de terre, et sont alimentés par la rigole c de distribution branchée sur le canal d'amenée A. En Tunisie, sur les domaines très plats, les champs a, b. . .k, l (fig. 19) sont carrés et ont souvent une surface de un hectare à un hectare et demi; l'eau dérivée de la rigole A passe, au moment voulu, dans la rigole de distribution B B', et l'aiguadier la fait écouler d'abord dans le champ a, puis, quand ce dernier a reçu l'eau nécessaire, dans le champ b et ainsi de suite jusqu'en /", pour revenir du côté opposé de gr en Z; de cette façon, Taiguadier peut toujours se déplacer sur la fourrière sèche d'un champ non encore arrosé. 322 ÉTUDES ET MÉMOIRES Rappelons que la submersion intermittente est utilisée chez nous avec succès pour la destruction des insectes (phylloxéra dans les vig-nes ; vers blancs dans les prairies). La submersion continue est surtout appliquée aux rizières : une parcelle cultivée, entourée de bourrelets en terre, reçoit de l'eau qu'on maintient autant que possible sous une certaine épaisseur. Lorsque l'eau est élevée mécaniquement, souvent à l'aide de machines mues par des hommes, on cherche, par économie, à en fournir le moins possible, c'est-à-dire qu'on se contente de rempla- cer le volume perdu par infiltration et surtout par évaporation : c'est la submersion à eau dormante, appliquée g-énéralement aux terrains élevés ; cette méthode a le grave défaut de. constituer, pour ainsi dire, un marais artificiel. On connaît l'insalubrité proverbiale des rizières à eau dormante, et l'on sait aujourd'hui que les fièvres paludéennes, dont elles sont la cause, sont propag-ées par les mous- tiques [Anophèles), les larves de ces derniers trouvant, dans le sol marécagi-eux , d'excellentes conditions d'habitation. Lorsqu'on a assez d'eau à sa disposition, on la fait traverser le ou les compartiments soumis à la culture et l'on pratique la submer- sion à eau courante, infiniment moins insalubre que la précédente à la condition que l'eau se déplace partout sans rester stagnante dans aucune partie de chaque compartiment; on peut même dire que, dans beaucoup de pays, si l'eau circule bien sur tous les points et si l'on multiplie les soins d'entretien, la submersion à eau courante n'est pas insalubre. Cette nécessité d'assurer un écoulement lent mais continu dans toute l'étendue de chaque compartiment nous conduit à recommander de donner des dimensions restreintes à chacun de ces derniers, de un quart à un demi hectare par exemple, conditions qui sont loin d'être réalisées dans la plupart des cas : les compartiments des rizières italiennes ont de 1 à 2 hec- tares de superficie; ceux de la Caroline du Sud et de la Floride ont de 3 à 10 hectares, mais il faut dire qu'ils reçoivent beaucoup d'eau, et sont aménagés de façon à être mis à sec plusieurs fois pen- dant le cours de la végétation, afin de faciliter les binages qui détruisent une certaine quantité d'insectes ; de même les comparti- ments sont mis à sec une semaine avant les travaux de récolte effec- tués à l'aide de moissonneuses-lieuses. Dans nos colonies, oîi la température est élevée, la submersion peut être une cause d'insalubrité et il y aurait lieu de rechercher par des IRRIGATIONS 323 expériences comparatives s'il ne serait pas possible de substituer avantageusement à la submersion l'irrigation par infiltration, le riz étant semé sur des planches étroites séparées par des rigoles parcourues par de l'eau courante ; au besoin on devrait chercher les variétés à grand rendement capables de vivre dans un sol très imbibé mais sans que leur collet soit directement en contact avec l'eau, ce dont nous ne voyons pas du tout la nécessité au point de vue de la physiologie végétale ; on donnerait tout de même satisfac- tion au dicton populaire qui déclare que « le riz doit avoir la tête au soleil et le pied dans l'eau ». En résumé, nous croyons que si le riz repiqué et submergé peut, jusqu'à nouvel ordre, rester la culture des petits domaines des indigènes, il conviendrait, au contraire, dans les grandes exploitations, de semer le riz en lignes et de le soumettre à l'irrigation par infiltration; on pourrait, de cette façon, utiliser avantageusement diverses machines tirées par les attelages, tant pour la préparation des terres, les ensemencements, les binages que pour les travaux de récolte. Enfin, ajoutons à l'appui de ce qui précède, que M. Balansa ^ déclare n'avoir pas trouvé de différence botanique entre le riz sec et le riz d'eau du Tonkin. L'irrigation par submersion continue à eau courante, exige, en Europe méridionale, suivant la nature du sol, de une fois et demi à près de 4 fois le volume d'eau employé, sur une même surface, avec l'irrigation par déversement : ce ne sont pas tant les plantes qui nécessitent ce supplément, que la perte par évaporation à la surface du plan d'eau. Ainsi en Italie, d'après des chiffres relevés par Gus- tave Heuzé, un débit par seconde de 20 à 22 litres suffit pour arroser de 20 à 25 hectares de prairies, alors qu'il ne peut irriguer que : 6 hectares de rizières dans les sols très filtrants, 9 — — dans le Verceillais, 10 — — dans le Piémont, 12 à 15 — en Lombardie. Lorsque la température est élevée, la perte d'eau journalière par évaporation à la surface des bassins de submersion peut atteindre jusqu'à 19 millimètres d'épaisseur (chiffre constaté dans une rizière du Portugal, selon les notes données par Hervé-Mangon dans son 1. Catalogue des graminées de l'Indo-Chine française, B. Balansa; Journal de la Société botanique de Paris, 1890. 324 ÉTUDES ET MÉMOIRES Fig. 20. — Coupe verticale d'une rizière. cours à l'Institut National Agronomique) ; cette perte énorme repré- sente ainsi 190 mètres cubes d'eau par hectare et par jour! A certaines époques (après le repiquage du riz) le sol doit être recouvert, dit-on, d'une couche d'eau de 0 ™ 05 à 0 '" 08 d'épaisseur ; cette indication nous montre y\.ij\ >(/ u*i II ly^', ,7^', I . ^«,. ^^^ ^^ différence de niveau entre le point haut et le point bas d'un comparti- ment doit varier de 0 '" 03 à 0 ™ 05 au plus ; c'est donc l'inclinaison du sol qui dé- terminera la dimension d'un compartiment mesurée suivant la ligne de plus grande pente; mais, dans le cas de sols à pente très faible, d'autres considérations, dont nous parlerons tout à l'heure, pourront in- tervenir pour modifier, dans certaines directions, la dimension des compar- timents. Enfin, à d'autres époques de la vé- gétation, la couche d'eau ne doit pas, dit-on, dépasser, dans les parties bas- ses, 0 "> 20 à 0 ™ 25 ; une épaisseur d'eau de 0™ 10 à 0 ■» 15 semble la plus favorable ; c'est ce qui détermine les dimensions des bourrelets en terre limitant les compartiments ; ces bour- relets doivent avoir une revanche de 0"M5 au moins et une banquette de (3 m 15 à 0 "^ 30 de largeur. Fig. 2J. — Plan d'une rizière. Le terrain est divisé par les bourrelets a, :%• 20) en compartiments plus ou moins réguliers suivant le tracé des courbes de niveau; l'eau passe d'un compartiment h dans celui d'aval A' et, après un parcours, il est bon de lui ajouter une certaine quantité d'eau vierge provenant directement d'un canal de dérivation. L'écar- tement a a', qui peut être influencé par la pente naturelle du sol, est tel qu'il ait toujours à l'amont y, comme à l'aval y\ l'épaisseur d'eau voulue. Les rizières du Japon, cultivées comme des jardins, sont surtout établies sur le flanc des coteaux aménagés en terrasses de forme IRRIGATIONS 325 irrégulière, n'ayant chacune pas plus d'une vingtaine d'ares de superficie et il en existe beaucoup n'ayant à peine qu'une centaine de mètres carrés ; d'après M""' Bishop ^ l'eau est élevée au moyen d'une écope suspendue ou d'une roue portative, légère, en bambou, avant jusqu'à 2 ™ 50 de diamètre ; un homme actionne et transporte aisément cette machine élévatoire d'un point à un autre de ses rizières. Lorsque le sol est plat, soit d'une façon naturelle, soit à la suite de travaux coûteux de nivellement et de régularisation, les divers compartiments de submersion sont carrés ou rectangulaires ; sinon leur forme irrégulière est imposée par les courbes de niveau ; c'est le cas le plus général. Pour atténuer l'intensité des vagues, qui dégradent les bourrelets, on diminue la dimension des compartiments de submersion dans la direction des vents régnants de la localité. La figure 21 donne, à titre d'exemple, le plan partiel d'une rizière dont les compartiments successifs sont en a, h, c /", g \ l'eau est amenée par le canal ABC; une première prise d'eau n alimente le bassin a qui se déverse, suivant les flèches, dans les bassins sui- vants jusqu'en d ; il est bon de changer de place, de temps à autre, les coupures x, x' afin de modifier la direction générale d'écou- lement de l'eau dans chaque compartiment; le bassin e, tête d'une nouvelle série f, g de compartiments, reçoit en partie l'eau n' de d et de l'eau m du canal A B ; souvent, quand on a beaucoup d'eau à sa disposition, on dérive du dernier compartiment d d'une série les eaux usées dans un canal D. (Les recherches d'Hervé-Mangon ont montré que, pendant l'irrigation, les eaux perdaient leur oxygène dissous et s'enrichissaient en acide carbonique). Après un parcours dans le canal D les eaux se sont améliorées par l'absorption d'une certaine quantité d'oxygène de l'air et on peut les reprendre pour la submersion de compartiments inférieurs. Rappelons que la méthode de submersion continue est appliquée au dessalement des terres ; elle est utilisée chez nous pour les cres- sonnières, dont les procédés culturaux ont été importés d'Erfurt aux environs de Paris par M. Cardon, à la suite des guerres du pre- mier Empire (18H). Max RlNGELMANN, Professeur à rinstitut agronomique et à rÉcole supérieure d'Agriculture coloniale, Directeur de la Station d'Essais de Machines. l. Unbealen Tracks in Japan ; Londres. 1 LES KOLATIERS ET LES KOLAS [Suite K) Les noirs de l'Afrique Occidentale considèrent le kola comme l'un des dons les plus précieux de la nature. Ils en usent dune façon journalière, quand leur condition le leur permet, et lui attribuent des propriétés nutritives, fortifiantes, toniques et antidysenté- riques. Dans les territoires du Haut-Sénégal et Niger, ils le consomment sous forme de noix fraîches, qu'ils mâchent longuement, crachant le résidu. Une eau quelconque semble agréable et plus fraîche à la bouche après cette mastication. Les Européens qui ont habité les régions à kola s'accordent à reconnaître la grande valeur que les indigènes attachent a ce produit. L'un de nous a pu souvent, par la simple distribution de quelques kolas, obtenir de porteurs ou de piroguiers, de plein gré, des efforts surprenants. Enlisant les récits des explorations africaines, on trouve à chaque instant des témoignages de services rendus par le kola aux voya- geurs. Nous en citerons quelques-uns. C'est d'abord Nachtigal, qui, -au Ouadaï, conservait précieuse- ment une petite provision de noix de kola, et en prélevait une part pour s'attirer les bonnes grâces des princes, car, à Abecher, le roi Ali seul en faisait venir de temps en temps du Bornou et les réser- vait à son usage personnel. Jean Dybowski rapporte dans la relation de son exploration dans le Haut -Congo {La route du Tchad, édition complète 1893), qu'il était assuré de l'entrain et de l'endurance de ses miliciens tant qu'il se trouvait dans une région à kola [Cola Ballayi]. Mage, dans son Voyage au Pays de Ségou, raconte le fait sui- vant : « Le 8 juillet 1863, à trois heures dix minutes, Ahmadou se mit 1. Voir Bulletin n" 35 et 36. LES KOLATIERS ET LES KOLAS 32T en marche ; en même temps, il m'envoyait 100 gourous i par Samba N' Diaye, qui, comme un vrai roué, au lieu de m'en dire le nombre, me dit : (( — Je t'apporte des g-ourous. » u Et il m'en donaa quelques poignées, puis affecta de chercher dans son g-uiba (poche sur le devant de la poitrine), de sorte que, croyant qu'il n'en avait plus que quelques-uns, je lui dis : (( — Si tu en as encore garde-les pour toi. » Il ne m'en avait donné que 32 et en avait encore 48, car les gourous se comptent comme les cauris, 80 pour 100. Le soir, je le sus et lui en réclamais quelques-uns, et bien qu'il dit les avoir tous mangés ou donnés, je lui en fis rendre 10 ou 15. « C'était, en ce moment, une marchandise précieuse, car il allait falloir se tenir éveillé. » Binger est encore plus explicite : « Le Soudanais attribue au kola les mêmes qualités que nous accordons au café. Pour l'indigène, le fruit mâché constitue un remède à bien des maux. A-t-il besoin de sommeil? Le kola est un soporifique ! Doit-il veiller ? C'est le kola qui l'empêche de dormir ! Il calme la faim et la soif, et a, en outre, chez les noirs, la réputa- tion d'être un aphrodisiaque incontesté. « J'en ai usé le plus souvent possible pendant mon voyage ; chez moi son action se traduisait surtout sur les nerfs ; il me semblait qu'il augmentait, dans certaines circonstances, ma force de résis- tance et qu'il me permettait plus facilement d'endurer les fatigues. (( Je le goûtais surtout quand je n'avais à boire que de l'eau crou- pie ou chargée de substances organiques. « Son goût étant excessivement amer, l'eau la plus mauvaise paraît bonne à boire après, et il fait oublier l'odeur fade de la boisson qu'on vient d'avaler. (( Mais là où j'ai surtout apprécié le kola, c'est surtout par les ser- vices qu'il m'a rendus en me permettant d'en distribuer aux nom- breux visiteurs que je recevais. C'est une politesse facile à faire, et quoique le prix du kola soit très élevé dans certaines régions, mon approvisionnement en marchandises me permettait de faire des achats fréquents de kola et de vivre en grand seigneur en en fai- sant de nombreuses distributions. 1. Kolas. 328 ÉTUDES ET MÉ3I01RES (( C'est avec le kola que je me faisais des amis et que je déliais la langue des noirs qui daignaient me rendre visite. Combien d'itiné- raires et de renseignements portés sur ma carte et dans la présente relation ne sont-ils pas dus à l'à-propos avec lequel je distribuais cette consommation de luxe ! (( Le kola était donc pour moi un excellent auxiliaire. (( Pour bien définir les propriétés du kola, il faudrait en faire de minutieuses analyses, et surtout pouvoir employer en France les fruits frais, non séchés.» Parmi les noms plus modestes des voyageurs qui complètent l'œuvre civilisatrice de leurs célèbres devanciers, nous prendrons comme exemple ceux de M. G. Thomann, l'explorateur de la Sas- sandra (Cote d'Ivoire), qui déclare : (( Les nègres, et surtout les Sénégalais, prisent fort la kola. On peut obtenir de ces derniers de longues et pénibles étapes avec une nourriture insuffisante, à la condition qu'ils ne manquent pas de fruits — facilement transpor- tables d'ailleurs — de la bienfaisante malvacée » \ et de M. Conrau, qui assure que dans ses explorations du Cameroun il emportait tou- jours des kolas frais comme provision principale, et que ses por- teurs ont vécu presque uniquement de kola pendant plusieurs jours 2. Enfin, nous citerons une anecdote relatée par le D"" Rançon ^ : « En 1888, lorsque j'étais commandant du cercle de Koundou, je reçus, un jour, un pli de M. le commandant supérieur du Soudan avec ordre de le faire parvenir au plus tôt à M. le commandant du cercle de Bamako. Je fis immédiatement appeler le courrier habi- tuel du poste, x\hmady-Silla, et lui donnai la consigne de se rendre dans le plus bref délai à Bammako. Je lui demandai ce qu'il désirait comme vivres de route : du sucre, répondit-il, du biscuit et des kolas. Avec ce simple viatique, il s'engageait à être le lendemain à destination. Je lui fis donner immédiatement ce qu'il demandait et il se mit en route aussitôt. Le lendemain, à une heure de l'après- midi, je recevais une dépêche de M. le commandant de Bamako maccusant réception du pli. (( Mon homme était parti à dix heures du matin : il avait donc mis 1. La Sassandra. Par Georges Thomann {Supplément au Bulletin du Comité de l'Afrique française, d'octobre 1901). 2. Relaté par M. Bernegau dans un article du Tropenpflanzer (année 1900) sur le kolatier au Cameroun. 3. Dans fa Haute-Gambie, page 462. LES KOLATIERS ET LES KOLAS 329 vingt-six heures pour faire les 1 35 kilomètres qui séparent Koundou de Bammako. Il fît le trajet de retour dans un laps de temps aussi court et quand je lui demandai s'il était fatigué : « — Non pas beaucoup, mais un peu, parce qu'il y a bien bouffé « Gourou (kola) (sic). » Le fait n'a pas besoin de commentaires. Le kola calme la soif et fait trouver l'eau la plus mauvaise excel- lente. Comme preuve à l'appui de l'opinion des noirs, nous pour- rions citer les noms de nombreux officiers qui, comme nous, ont fait au Soudan un usage fréquent du kola. Nous nous contenterons d'affirmer ce fait, pensant bien qu'une expérience de près de cinq années sur laquelle repose notre asser- tion suffira pour convaincre les plus incrédules. Personnellement, nous avons remarqué que, dans certains cas, l'usage habituel de la kola devenait un besoin, et que des indigènes, accoutumés depuis longtemps à elle, souffraient de maux de tète quand ils venaient à en manquer. Quelques peuplades d"x\frique attribuent aux graines du kolatier des propriétés aphrodisiaques. Les noix de kola occupent aussi une place très importante dans la vie sociale des noirs. Elles sont tour à tour : cadeau de fiançailles ou de mariage, gage d'amitié ou d'amour, amulette, olfrande aux féticheurs, objet d'échange remplaçant la monnaie, tribut, surpaye, fétiche d'épreuve que l'on mange en prêtant serment, etc. Dans différents de ces rôles, le kola blanc est souvent un sym- bole d'amitié ou d'amour *. L'un de nous a vu, à Kati (Moyen-Ni- ger), pendant l'opération de la circoncision, les jeunes patients ouassoulonkés mâcher des kolas. A titre documentaire, il convient d'ajouter ici que les kolas sont souvent employés, par les artisans noirs, pour teindre en rouge les étotfes ou les cuirs. D'après M. Bernegau [Apotheker Zeitung^ 1901, p. 764), le bois des rameaux de l'arbre à kola est très employé au Dahomey par les indigènes pour l'entretien des dents. Ce bois, qui contient une subs- tance astringente, est aussi souvent utilisé en décoction dans les 1. Le Commandant Mattei dit que lorsqu'un roi vassal de Sokoto mourait, le sul- tan envoyait à son successeur des kolas blancs, la cérémonie du couronnement n'a- vait lieu que quelques mois après (Bas-Nig^er, Bénéoué, Dahomey, 1890). Bulletin du Jardin colonial. 23 330 ÉTUDES ET MÉMOIRES maladies de la oorge. L'eau qui a bouilli avec ce bois prend un g-oût excellent. Les noix de kola ont été signalées en Europe en 1591, par Clusius, qui les désignait sous le nom de Coles. L'arbre qui les produit n'était décrit qu'en 1804, par Palisot de Beauvois, dans la Flore dOware et de Bénin, et ce botaniste le nom- mait Sterculia acumifiata, nom qu'il convient de ne pas employer, car les étamines sont disposées sans ordre dans le genre Sterculia, en cercles dans le genre Cola créé en 1832 par Schott et Endlicher. Jusqu'à ces dernières années, une grande confusion régnait au sujet de l'origine botanique des différentes sortes de kola du commerce. Les travaux du professeur M. Cornu, du Muséum de Paris, et sur- tout ceux plus récents du professeur K. Schumann, du Jardin bota- nique de Berlin, ont beaucoup contribué à la faire cesser. Il est pro- ])able que M. Auguste Chevalier a pu recueillir, au cours de ses explorations botaniques, les matériaux nécessaires pour écrire pro- chainement l'histoire du genre Cola. Les propriétés thérapeutiques des noix de kola ont été étudiées spécialement et vulgarisées en 1883, par les professeurs Heckel de Marseille et Schlagdenhauffen de Nancy [Des kolas africains au point de vue botanique, chimique et thérapeutique), puis par Dujar- din-Beaumetz et Monnet [De la kola, Paris, 1884). En 1889, Firth écrivait en parlant de ce produit : « Stimule le système nerveux ; augmente la tension artérielle et la force des bat- tements du cœur ; aide à supporter la fatigue et la privation de nou- riture ; diminue l'essoufflement ; aphrodisiaque et diurétique. » Les préparations à base de kola n'ont pas toujours donné ces résul- tats. Cela tiendrait à ce qu'elles sont généralement préparées avec des noix sèches, qui sous cet état ont perdu une grande partie de leurs propriétés. La dessiccation, en effet, détruit la koloxydase, fer- ment signalé sur le kola frais en 1896, par le docteur Caries, et transforme les combinaisons naturelles solubles de caféine et de théobromine (kolanine vraie de Caries), en produits insolubles. M. de Wildeman, pharmacien, conservateur au Jardin botanique de l'Etat à Bruxelles, dit dans son ouvrage sur Les plantes tropi- cales de grande culture : (( Pour obtenir en Europe, avec le kola, les effets obtenus par les nègres d'Afrique mastiquant les noix fraîches, il faudra trouver un moyen de préparer le kola dans son intégrité, de façon à avoir, dans LES KOLATIERS ET LES KOLAS 331 la préparation, non seulement la kolanine vraie, mais encore la kolo- xydase, les phosphates de chaux, de potasse et de fer contenus dans la noix. Ce résultat peut être obtenu en employant les prépa- rations à base de sucre et de vin. Sans entrer dans de grands détails pharmaceutiques, nous pouvons cependant dire que la préparation la plus recommandée est une pulpe formée de parties sensiblement égales de fruits frais et de sucre : cette préparation ne redoute ni l'air, ni la chaleur, et le sucre, aliment respiratoire, ajoute à la valeur du médicament, » Le kola, comme le café et le thé, entre dans la catégorie des ali- ments d'épargne. On peut considérer ces substances comme aptes à utiliser les réserves de l'organisme en cas de privation d'aliments proprement dits. Leur mode d'action n'est pas parfaitement connu. Il est probable qu'ils accélèrent plutôt qu'ils ne ralentissent le pro- cessus de nutrition et qu'ils déterminent un accroissement des oxy- dations. D'autre part, ils agissent sur le système nerveux, aug- mentent la force des excitations et modifient les sensations de fatigue. Le rôle du kola comme aliment et médicament d'épargne est plus actif que celui des produits analogues. Le D' Lapicque rapporte qu'il a pu rester quarante heures sans nourriture et marcher une journée entière sans défaillance, grâce à l'ingestion de quelques grammes de kola. On peut prescrire diverses préparations à base de kola soit pour augmenter la résistance à la fatigue, en vue d'un effort à fournir, soit pour combattre la dépression consécutive au surmenage physique. La mastication prolongée de graines concassées, à la dose de 4 à 8 grammes par jour, est une médication simple et efficace. On trouve dans le commerce des biscuits à la poudre de kola, préparés d'après une formule de Heckel, et destinés aux marcheurs. La valeur de cette préparation a donné lieu à des assertions contradictoires. Comme tonique du système nerveux, la kola trouve son emploi dans le traitement des neurasthéniques. La vogue de ce médica- ment est telle que les malades atteints de neurasthénie se le pres- crivent eux-mêmes sans attendre l'avis du médecin (G. Lyon). D'après Ballet, on peut donner au neurasthénique de la teinture de kola à la dose de XV à XX gouttes, prises avant le repas. On remédie ainsi à l'angoisse que fait éprouver aux malades la dépres- sion de la circulation périphérique et les douleurs précardiales. 332 ÉTUDES ET MÉMOIRES Il faut autant que possible éviter de prescrire l'usage prolongé de certaines préparations telles que vins et élixirs qui peuvent entraî- ner des troubles g-astriques et intoxiquer le malade progressivement. Une bonne méthode consiste à employer la kola granulée à la dose d'une cuillerée à café à chaque repas. On peut aussi associer la kola aux préparations phosphatées. Dans les cardiopathies avec asystolie ou hyposystolie, la kola peut être utilisée dans le but de combattre l'hypotension artérielle et d'augmenter la diurèse. On prescrit : Extrait fluide de kola 40 grammes Alcool à 90« 300 — Sirop de sucre 400 — Teinture de vanille 20 — Eau q. s. pour 1 . 000 — Une cuillerée à soupe correspond à 1 gr. d'extrait fluide ; une à trois par jour. Extrait alcoolique de kola. . . 10 grammes Poudre de kola q. s. F. s. a 100 pilules. —8à 15 p. jour. Dans les états neurasthéniques qu'on observe au cours et dans la convalescence des maladies infectieuses, la kola peut être un adju- vant du traitement tonique. Un grand nombre de formules peuvent être usitées ; voici les principales : Eau 50 grammes Teinture de kola au 1/3 10 — Teinture de vanille 0.5 — Sirop simple 15 — M. à prendre dans la journée. Teinture de kola 20 grammes Teinture de coca 10 — Biphosphate de chaux 20 — Vin de Malaga q. s. pour 1 .000 — 1 à 2 verres à liqueur par jour aux repas. LES KOLATIERS ET LES KOLAS 333 Extrait fluide de coca. ... ] — — kola. ... [ ââ 30 grammes^. Eau distillée Glycérine 10 — Une cuillerée à café au moment de chaque repas. Sirop d'écorces d'oranges amères 300 grammes Extrait hydro-alcoolique de kola 10 — Une cuillerée à bouche avant chaque repas. Extrait de quinquina ) ^ ^„ — kola ] — rhubarbe 0 gr. 02 — noix vomique . . 0 gr. 005 Pour une pilule; 2 à chaque repas. Dans la période hectique de la tuberculose pulmonaire chronique, Granet conseille de donner la kola sous la forme suivante : Teinture de kola ) „^ , [ aa 50 centig-r. — — coca ) Acide citrique 1 gramme Deux fois par jour une cuillerée à café dans un bol de lait. D'une manière générale, on peut introduire l'acide citrique et les citrates dans les préparations, dans le but d'éviter la précipitation d'éléments insolubles de la kola. En médecine infantile, la kola peut être également utilisée. Dans le traitement de la broncho-pneumonie des enfants. Comby prescrit : Teinture de kola 20 grammes Vin de Malaga 40 — Sirop de fleurs d'oranger 20 — Eau 60 M. par cuillerées à dessert toutes les deux heures. 1. ââ= de chaque. , 334 ÉTUDES ET MÉMOIRES Dans le traitement de certaines affections du tube digestif, la kola peut rendre de précieux services ; c'est ainsi qu'elle ag-it efficace- ment contre les diarrhées chroniques (Dujardin-Beaumetz), et contre la diarrhée de Cochinchine (Cunéo). M. Berneg-au rapporte qu'il a éprouvé sur lui-même l'effet bienfaisant d'une décoction de kola frais du Cameroun contre des coliques violentes occasionnées par l'ingestion de graines de croton. Le même auteur recommande, en cas de dysenterie, une décoction de riz ou d'avoine et de noix de kola fraîches. Hamilton, cité par Bocquillon-Limousin i, prétend que la masti- cation de 1 gr. 5 à 3 gr. de kola fait cesser le mal de mer en 40 minutes. D'après les recherches du D"" Schumburg, communiquées par l'au- teur à un Congrès contre la tuberculose, le lait de kola mérite une attention particulière au point de vue de l'alimentation de l'armée et de la population, d'autant plus qu'on peut la confectionner avec du petit-lait, qui peut ainsi être avantageusement utilisé pour la consommation journalière. La kola est la base de boissons agréables et toniques à la fois. Elle sert à agrémenter les eaux gazeuses en faveur dans les colonies anglaises. L'eau minérale donne avec un peu de vin de kola une boisson rafraîchissante et très digestive, précieuse sous les tropiques. Sous quelque forme que ce soit, l'abus de la kola détermine des accidents légers, tels que palpitations et insomnie. J. et H. VciLLET, Ingénieurs- Agronomes. 1. H. Bocquillon-Limousin. Manuel des plantes médicinales, exvtiques et colo- niales, 1905. LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS {Suite ^.) OOMYCETES Les Oomycètes, appelés aussi Phycomycètes, comprennent un groupe très naturel, dans lequel on constate pour un grand nombre d'espèces une formation d'œufs, évidente et indiscutable ; le terme de Phycomycètes, imaginé par de Bary implicfue l'idée d'une repro- duction ressemblant à celle des Algues. L'appareil végétatif des Oomycètes est constitué par des fdaments rameux, multinucléés, généralement dépourvus de cloisons. La reproduction sexuée s'accomplit par la copulation de deux organes de sexe différent, qu'on a appelés gamètes. Elle aboutit à la formation d'un œuf. Quand les gamètes sont identiques, on dit qu'il y a isof/amie; quand elles sont de taille ou de forme différentes, il y a liétérogamie. Les Oomycètes renferment sept familles dont trois : les Chytridi- nées, les Mucorinées et les Péronosporées, les dernières surtout ont un intérêt en pathologie végétale. Les Saprolégniées, voisines des Péronosporées ne renferment guère que des espèces saprophites ou à peu près. Chytridinées. Les Chytridinées sont des champignons, le plus souvent aqua- tiques, vivant souvent sur des Algues ou des Infusoires, plus 1. Voir Bulletin, n°' 21, 22, 23, 24, 25, 29, 30, 32, 33, 34 et 36. 336 ÉTUDES ET MÉMOIRES rarement sur des vég"étaux supérieurs ; il en existe au moins un parasite d'un mollusque [Nephromyces) et un autre d'Anguillules [Catenaria). Les Chytridinées possèdent presque tous des zoospores, nées dans des zoosporang-es et munies suivant les g-enres, tantôt d'un, tantôt de deux cils vibratiles, qui permettent leur motilité. La repro- duction sexuée, quand elle existe, est tantôt isogame, tantôt hétéro- g'ame. L'org-ane végétatif (thalle) est constitué, dans certaines espèces de cette famille et pendant une période plus ou moins longue de l'existence du champignon, par un protoplasma nu, dépourvu de membrane. La famille des Chytridinées montre peu de cohésion, étant con- stituée par des genres assez disparates. Quelques auteurs les consi- dèrent comme des formes dégénérées dOomycètes; pour d'autres, au contraire, elles constituent des formes primitives d'évolution de l'ordre des Oomycètes, qui ont persisté et constitueraient la souche de ce groupe important de Champignons. Mucorinées. Les Mucorinées sont toutes des Oomycètes entièrement adaptés tous à la vie aérienne ; aussi n'y rencontre-t-on plus de zoospores, qui n'ont d'utilité réelle que chez les plantes aquatiques, puisque ces organes sont destinés à ne se mouvoir que dans l'eau. Les Mucorinées ont leur protoplasma et leurs noyaux entourés d'une membrane pen- dant toute la durée de l'existence. Elles sont généralement dépour- vues de cloisons, du moins leur appareil végétatif, qui prend ici et pour tous les ordres etfamilles qui vont suivre, le nom de mycélium. Mycélium. — Un mycélium constitue ainsi un organe générale- ment filamenteux, dont la membrane, de composition chimique ter- naire comme la cellulose, enveloppe un protoplasma et des noyaux. D'après L. Mangin, la membrane des Mucorinées serait constituée par un mélange de substances pectiques et de cellulose et elle bleuit par les réactifs iodés : acide sulfurique au 1/3 puis iode, chlorure de zinc iodé, acide phosphorique iodé, etc. Le mycélium des Mucorinées dépourvu de cloisons, mais renfer- mant un protoplasma muni de beaucoup de noyaux prend ainsi théo- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 337 riquement l'apparence d'une cellule unique, le thalle est continu; mais en réalité, comme l'absence de la cloison n'empêche pas néces- sairement l'individualité cellulaire, on doit néanmoins considérer que ce mycélium est constitué par de nombreuses cellules. On donne assez souvent à l'élément cellulaire de cette nature, constitué seule- ment de ses parties essentielles, protoplasma et noyaux, le nom d'énerffide. Le mycélium des Mucorinées est généralement ramifié à l'infini et l'intensité de la ramification est proportionnelle à la puissance nutritive du support. Mais à mesure que la ramification progresse, la partie active du contenu, protoplasma et noyaux, abandonne les parties anciennes, où ne persiste plus qu'un liquide cellulaire hya- lin, pour se porter vers les parties jeunes, vers les extrémités des ramifications nouvellement formées, où il montre des courants internes très actifs. Souvent le contenu vivant se sépare des parties d'où il s'est retiré dans les tubes mycéliens par des cloisons trans- versales irrégulièrement espacées. Ce phénomène, comme le fait observer Van Tieghem {Traité de botanique, 2" édit., p. 1069), doit être distingué de la production des cloisons dans un mycélium cel- lulaire ordinaire : ici les portions isolées sont mortes. Le mycélium blessé se cicatrise de même par production de cloisons, et il est tou- jours possible de multiplier ainsi le mycélium par bouturage; chaque portion se cicatrise par cloisonnement vers l'extrémité tail- lée et prolifère ensuite. Les Mucorinées peuvent se multiplier par spores, conidies et œufs. Les derniers seuls procèdent du mode sexué. Les deux autres, spores et conidies, ont en somme la valeur de bourgeons qui se détachent et produisent par leur développement un individu nou- veau. Spores. — Les spores, immobiles ou du moins douées seulement de mouvements passifs, naissent dans des organes spéciaux, de véri- tables cellules-mères, les sporanges, qui s'insèrent sur le mycélium. Les sporanges sont isolés dans le Mucor mucedo ; mais suivant les genres et même les espèces, ils peuvent être groupés de façon variable. Le sporange naît sur un filament mycélien et s'élève verti- calement dans l'air. Il est constitué par un pied assez grêle, sur- monté d'une vésicule renflée, souvent arrondie, qui est le spo- range proprement dit; dans d'autres cas, le pied se ramifie et 338 ÉTCDES ET MÉMOIRES chaque ramification se termine par un sporange. Le pied du spo- range renferme au début de nombreux noyaux et un protoplasma disposé en réseaux à mailles assez larges. Peu à peu le contenu s'accumule en grande partie dans la vésicule qui renferme ainsi Planche XVIII. MUCORINÉES Mucor miicedo. — 1. Mycélium, My, avec sporange jeune, Spo. — 2. Sporang;e rempli de spores. S; Col., columelle. — 3, 4. Germi- nation de la spore. — 5, 6, 7, S. Phases successives de la formation de l'œuf. — 9. Germination de l'œuf en un sporange. — 10. Conidie d'un Morlierella. — II. Ghlamydospores, Chl. de Mucor racemosiis. — 12. Dissociation du mycélium en articles dans la même espèce. — 13. Articles bourgeonnants isolés delà même espèce. (Figures en partie schématisées.) de nombreux noyaux et qui ne tarde pas à s'isoler du pied par une cloison. Dans les Mucor, celle-ci fortement convexe vers la cavité du sporange constitue la columelle. Le pied est le siège de courants protoplasmiques intenses. Le protoplasma du sporange se divise en autant de masses qu'il renferme de noyaux ; ces masses proto- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 339 plasmiques uninucléées s'entourent d'une membrane qui constitue la spore et tout le protoplasma du sporange est utilisé dans la divi- sion. Cependant Vuillemin {Études biologiques sur les Champi- gnons, 1886) et Schmitz [Untersuchungen iiber die Zellkerne der Thallophyten) ont rencontré des Mucorinées à spores plurinucléées. Le tissu du sporange encore jeune gélifie la membrane moyenne des cellules-filles qu'il renferme et il se constitue ainsi autant de spores isolées qu'il s'était produit de cellules-filles. Puis la membrane du sporange, qui le plus souvent se hérisse à l'extérieur de petites aiguilles rayonnantes d'oxalate de chaux, subit une modification importante dans sa structure, qui l'amène à se solubiliser instanta- nément quand elle se trouve en contact avec une goutte d'eau ou de rosée. Dès lors, les spores parvenues à leur maturité complète, enveloppées par une membrane, sont dispersées par le vent ou toutes influences extérieures. Pendant cette différenciation des spores, le pédicelle, vidé de son protoplasma et de ses noyaux ne renferme plus qu'un liquide hyalin et quelques cristalloïdes d'une substance albuminoïde, la mucorine, qui s'est séparée du contenu cellulaire, au moment de la formation des spores ; la mucorine cristallise de façons diverses, appartenant toutes au système cubique et elle ne disparaît des cellules, où elle semble figurer comme un déchet, qu'au moment où elles ont perdu toute vitalité. Les spores sont aptes à se développer de suite. A cet effet, elles grossissent sensiblement, déchirent leur membrane et émettent un filament recouvert d'une membrane à sa surface, qui se ramifie pour constituer un nouveau mycélium. Conidies. — Diverses Mucorinées appartenant aux genres Mortie- rella, Syncephalis, Choanephora ont la propriété de donner des conidies, c'est-à-dire des spores exogènes capables d'un développe- ment identique à celui des spores produites dans les sporanges. Dans un milieu nutritif, ces conidies donnent un nouveau mycélium ; dans l'air humide, elles produisent un tube sporangifère. Sous cer- taines conditions, dans le Choanephora par exemple, le mycélium peut ne donner que des conidies et pas de sporanges. Reproduction sexuée. — La reproduction sexuée qui aboutit à la 340 ÉTUDES ET MÉMOIRES formation des œufs, prend naissance par le fait de circonstances en général fort différentes de celles qui amènent la production des spo- rang-es et des conidies. Le plus souvent, pour les observer on doit pla- cer le mycélium, après une période de croissance active dans des conditions qui peuvent menacer l'existence de la plante. Chez un Miico7\ par exemple, qui a été cultivé sous cloche, il suffira d'enlever cette cloche, de faire par suite dessécher la surface de milieu nutri- tif, de manière à gêner l'oxvg-énation du mycélium profond. Pour produire des œufs, deux rameaux voisins de mycélium, croissent l'un vers l'autre jusqu'à venir au contact et chacun d'eux vers son extrémité prend une cloison qui lisole. Bientôt, au point de ii^i' '■< J^:^é'r: Planche XIX L'œuf d'un Sporodinia. — 1. Zygospore (œuf) mûre montrant des noyaux nombreux, disposés aux angles du réseau protoplasmique. — 2. Le même œuf à un stade avancé, montrant trois globules chromatiques, C, d'aspect oléagineux (substance de réserve). — 3. Portion du contenu du même, montrant les noyaux nucléoles n, de petite taille, et les glo- bules chromatiques, C (grossissement beaucoup plus fort, environ 680). (Figures communiquées par M. P. -A. Dangeard.) contact, les deux cellules accolées, gélifient la membrane et les con- tenus arrivent au contact l'un de l'autre. Les phénomènes intimes de cette fécondation sont d'ailleurs insuffisamment élucidés. Dan- geard et Maurice Léger, Sur la structure des Mucorinées, le Bota- niste, 4« série 1894-1895, ont reconnu dans le Sporodinia grandis l'accumulation de nombreux noyaux dans les deux gamètes ; ils les ont vus, en grande partie disparaître plus tard, mais la fusion n'a pas été observée. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 341 Les deux rameaux constituant les gamètes sont tantôt droits (Aff/cor), tantôt arqués comme les mors d'une tenaille (Phycomyces). Généralement ils sont de m'ême taille et de même forme et il y a isog-amie parfaite; mais quelquefois de taille un peu différente et l'hétérogamie commence à se montrer. Les deux gamètes sont à peu près arrondies le plus souvent et l'œuf qui résulte de leur fusion a la forme d'un tonnelet. Bientôt, l'œuf augmente de volume, s'enveloppe d'une membrane propre qui est double, cartila- gineuse et verruqueuse, extérieurement mince, lisse à l'intérieur ; ces deux membranes sont recouvertes de la membrane primitive appartenant aux deux cellules qui se sont fusionnées. Cet organe, amplifié, de couleur généralement noirâtre, est considéré par Van Tieghem comme un embryon. Il se développe en donnant naissance à un filament qui perce les deux membranes externes épaissies ; il sort tapissé par la membrane interne mince. Quand la germination se fait dans l'air, le filament donne une sporange ; quand elle se fait dans un liquide, le filament s'allonge, se ramifie et produit un nou- veau mvcélium. Quelquefois, les deux rameaux qui donnent naissance aux gamètes n'arrivent pas au contact, ou bien si le contact s'opère, la cloison ne s'ouvre pas. 11 peut arriver néanmoins que chaque gamète se développe sans fécondation et donne un œuf. 11 y a dans ce cas une véritable parthénogenèse, et l'organe ainsi produit germe néanmoins comme un œuf. 11 y a apogamie quand la plante entière ne donne que des organes de cette nature. Récemment Blakeslee [Serual Reproduclion in the Mucorinese, Proced. of the Amer. Acad. of arts and sciences, vol. XL, 1904, pp. 203-221) a spécifié un fait intéressant dans la formation de l'œuf des Mucorinées. Ses observations l'ont amené à constater deux groupes dans cette famille : 1** Les Homothallées, chez lesquels l'œuf résulte de la fusion de deux gamètes provenant du même mycélium [Sporodinia grandis) ; 2° les Hétërothallées., chez lesquels l'œuf résulte de la fusion de gamètes provenant de deux thalles dif- férents (Mucor, Rhizopus). En un mot, certaines Mucorinées auraient des thalles monoïques, d'autres des thalles dioïques. Pour ces der- nières en mettant les deux thalles de sexe différents en présence, il obtenait de nombreux œufs. 11 a même pu obtenir un commence- ment d'hybridation entre un thalle de Mucor et un thalle de Phy- comyces. 342 ÉTUDES ET MÉMOTRES Mode dévie. — Les Mucorinées peuvent être saprophytes ou para- sites. Certaines espèces saprophytes [Mucor i^aceinosus, Mucor spi- nosus, Mucor circinelloïdes , etc., cultivées dans un milieu dépourvu doxyg-ène, se comportent, comme des levures et empruntent 1 oxy- gène au support pour réaliser une véritable fermentation alcoolique, si ce support renferme dug-lucose. En présence de l'air, le mycélium végète avec son apparence normale et briile simplement le glucose, et de même le saccharose, car ne possédant pas d'invertine, il ne peut le transformer en glucose. Mais vient-on à supprimer l'accès de l'oxygène, la fermentation alcoolique avec production d'alcool, acide carbonique, glycérine, acide succinique et autres produits secondaires s'établit bientôt, comme s'il s'agissait d'une véritable levure alcoolique [Saccharomyces Cerevisise par exemple). En même temps qu'on observe cette modification dans les propriétés chimiques du champignon, le mycélium modifie notablement son apparence et se déforme. Les rameaux se découpent par des cloisons transversales en articles courts qui se désarticulent, s'arrondissent, bourgeonnent à la façon de la levure, pendant un temps plus ou moins long. Si le liquide de culture ne renferme pas de glucose ou bien si celui-ci disparaît et que l'oxygène y soit également raréfié, les articles épaississent, leurs parois deviennent de véritables kystes, qu'on appelle chlamydospores (spores vêtues) et végètent à l'état de vie latente. Si les conditions redeviennent normales, les chlamydospores se développent et germent en donnant un nouveau mycélium . D'autres espèces du même groupe se comportent différemment : le Mucor javanicus Wehmer fait même fermenter le saccharose et est fort voisin de M. circinelloïdes. Les Mucor Bouxianus [Ainy- lomyces Rourii a Calmette), Bhizopus Japonicus Vuillemin [Amy- lomyces ^), Bhizopus tonkinensis Vuillemin [Amylomyces y), le Bhizopus Camhodja Lafar, jouissent de la propriété de saccharifier l'amidon et de faire fermenter le glucose obtenu qui est transformé en alcool. Le Bhizopus Oryzae n'amène guère les matières amyla- cées au delà de la production de sucre; il donne à peine d'alcool. Quelques-unes de ces Mucorinées sont susceplibles de servir dans l'industrie. Elles proviennent des levains employés au Japon, à Java, au Cambodge, au Tonkin, pour jjroduire l'alcool de riz. Les autres Mucorinées saprophytes cultivées en un milieu privé d'air ne tardent pas à périr [Mucor mucedo^ par exemple). MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 343 Les Mucorinées parasites attaquent d'autres champignons ou même des Mucor. Le parasitisme peut être nécessaire pour cer- tains ; pour d'autres, plus nombreux, il est seulement facultatif et la Muco- rinée peut se développer quoique un peu plus faiblement dans des décoc- tions du champignon attaqué. Il n'y a guère qu'une Mucorinée, le Choanephora infundibulifera (Gurrey) Saccardo, qui parasite un Phanérogame, la Ketmie [Hibiscus esculentus) ', dont elle stérilise les fleurs, dans l'Inde. Le fruit étant comestible, le dommage est certain. Cette Mucorinée n'est cependant Chonnephora infumiibnlifera (Cur- P^s un parasite franc absolu, car rey) Saccardo. — a, Extrémité elle se développe dans une décoction d'un conidiophore Cp/i, portant des ^^ ^^^^^ ^^ Ketmie. conidies, L. — jD, Deux sporanges, a divers états de maturité. — d, OEuf^ Cette espèce présente des spo- nouveiiement formé. ranges, des conidies et des œufs, et (Figures de Cunningham.) ^ , même des azygospores. Planche XX Péronosporées ^. A part le genre Pythium^ souvent rapporté aux Saprolégniées, la famille des Péronosporées ne renferme que des parasites nécessaires qui, dans beaucoup de cas, sont pour certains Phanérogames l'origine de maladies graves. Les Péronosporées s'éloignent des Mucorinées par leur reproduction sexuée, franchement hétérogamique, par la formation, dans la majeure partie des genres, de zoospores nées de zoosporanges et aussi par le genre de vie qui est parasitaire. Le caractère le plus important qui différencie les Péronosporées des Saprolégniées est la formation d'une seule oosphère dans l'oogone pour les Péronosporées, de plusieurs oosphères dans l'oogone chez les Saprolégniées. Le genre Pythium qui ne donne dans chaque 1. Gunnin^ham, Choanephora, Transactions of Linnean Societyi London, 1878. 2. Pour la bibliographie des Péronosporées, voir A.-N. Berlèse, Saggio di una manografia délie Peronosporacee, Rivista di patologia végétale, VI, p. 78 et 237 ; Vil, p. 19 ; IX, p. 1 ; X, p. 185. Index bibliographique X, p. 287. 344 ÉTUDES ET MÉMOIRES oog'one qu'une seule oosphère est donc intermédiaire entre les deux. Il faut ajouter que les Saprolég-niées sont souvent des sapro- phytes sur animaux ou végétaux aquatiques et qu'ils sont sans intérêt pour le sujet de nos études. Vnj. *-^ Planche XXI Plasmopara viticola Berkeley et Curtis. — la, Conidiophore sortant par l'ostiole d'un stomate S. f : St, Stérigmate trifide au sommet, portant les conidies-sporang-es, Co. — b, L'extrémité d'un stérigmate fortement grossie. — c, Formation des zoospores par division complète du protoplasma de la conidie-sporange. — c', La conidie-spo- range ouverte, les zoospores étant en partie expulsées. — =, Une zoospore isolée avec ses deux cils. — d, Germination de la zoospore par un filament. 2. Un œuf de Plasmopara viticola : M, membrane externe (membrane de l'oogone modifiée ; ex., exospore ; en, endospore. 3. Le mycélium dans la pulpe du raisin : Cp., cellule de la pulpe; My, fdament mycélien inlercellulaire : Se, suçoirs. 4. Germination d'un œuf, par production d'arbuscules conidiophores. D'après Prillieux. Chez les Péronosporées, le thalle, mycélium, se compose d'un fila- ment indétiniment ramifié, s'étendant entre les cellules. Le con- tenu est un protoplasma incolore ou d'un jaune pâle, parfois fai- MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 345 blement brunâtre, renfermant des noyaux abondants et qui y paraissent irrégulièrement réjDartis. Mangin considère la membrane comme constituée par un mélange intime de cellulose et de callose, qui peuvent être dissoutes isolément, la cellulose par le liquide de Schweizer, la callose par la potasse ou la soude après ébullition prolongée. Le mycélium ne peut être considéré comme absolument continu, car on voit sur la membrane des épaississements localisés de callose complets ou incomplets. Le mycélium envoie dans la cellule de l'organe parasité, et au travers de la membrane, des organes absorbants, suçoirs, de forme variable, tantôt en forme de boules courtement pédicellées, tantôt ramifiés et pouvant s'étendre dans la cellule. Souvent, la membrane du suçoir est munie exté- rieurement, dans l'intérieur même de la cellule, d'une gaine de callose, susceptible de se gonfler (Mangin). Dans les feuilles, le mycélium des Péronosporées s'étend assez peu et ne dépasse pas le pourtour de la partie teintée de fauve, où les tissus sont morts ou envoie de destruction. Dans les tubercules ou les fruits au contraire, le mycélium a une propension bien plus marquée à l'extension. Les Péronosporées se multiplient asexuellement par le moyen de sporanges donnant naissance à des zoospores dans certaines espèces, ou bien dans d'autres germant directement par un filament. Elles se reproduisent sexuellement par hétérogamie. Sporanges. — Parvenu à un certain degré de développement, le mycélium des Péronosporées produit un appareil donnant naissance à des sporanges morphologiquement comparables à ceux des Muco- rinées. Ces sporanges sont des organes de dissémination rapide du champignon ; dans certains genres (zoosporanges vrais), ils produisent des zoospores ; dans d'autres, ils perdent ce caractère, devenant un organe banal de multiplication, une s/jo/'e qui germe par un filament. Les zoosporanges ou les spores, qu'on appelle dans la famille des Péronosporées plus fréquemment du nom de conidies, sont portés sur des appareils différenciés de façon variable suivant les genres ; les conidiophores font souvent issue au dehors par les stomates, et c'est la raison pour laquelle la fructification se voit plus souvent sur la face inférieure des feuilles. D'après Mangin, la membrane des arbuscules sporangifères ou'conidifères ne renferme que de la cellu- lose ; la callose ne se rencontre qu'au niveau de l'articulation du Bullelin du Jardin colonial. 24 346 ÉTUDES ET MÉMOIRES sporange et de la conidie. C'est par la liquéfaction de cette portion calleuse que les conidies sont mises en liberté. Les observations de P. -A. Dangeard, A.-N. Berlèse, etc., ont démontré que les sporanges ou les conidies renferment plusieurs noyaux en nombre variable de 4 à 8, venus directement du conidio- phore. Le développement delà conidie-sporang-e s'accomplit par Fun des trois modes suivants : 1° Le sporange tombé dans une goutte d'eau divise son proto- plasma en un certain nombre de masses, autant, semble-t-il, qu il possède des noyaux ; les masses du protoplasma divisé se disposent isolément autour de ces noyaux. A un moment donné, chacune des masses dépourvue de membrane acquiert deux cils vibratiles dispo- sés latéralement en sens contraire; bientôt le sommet du sporange s'ouvre, les zoospores sont mises en liberté. (Quelques Plasmo- para, la majorité des Cystopus, les Phytophthora, les Sclerospora, le Basidiophora.) 2° Le sporange se perfore au sommet, épanche au dehors son contenu qui s'entoure d'une nouvelle membrane et germe aussitôt en produisant un filament. (Quelques Plasmopara.) 3« La conidie pousse directement un filament par son sommet {Bremia) ou latéralement [Peronospora). La conidie terminale de Cystopus Portulacse germe également de cette manière. Les zoospores après avoir nagé un certain temps, perdent leurs cils, s'entourent d'une membrane et pénètrent la plante hospitalière soit en perforant la cuticule et l'épiderme, soit en passant par un stomate. Le filament germinatif s'allonge entre les cellules, s'y ramifie et constitue un nouveau mycélium. [A suivre.) D-" Georges Delacroix, Directeur de la Station de pathologie végétale, Professeur à VÉcole nationale supérieure d'Agriculture coloniale. NOTES LA SÉRICICULTURE ET L'INDUSTRIE SÉRICIGÈNE A JAVA On trouve, à Lyon même, des « soyeux », pour parler comme les gens du métier, qui semblent persuadés que la culture des vers à soie a atteint un grand développement aux Indes Néerlandaises. Il suffira, pour les détromper, de leur apprendre qu'il n'existe à Java que 2 ou 3 magnaneries ; le plus important de ces établissements, situé à Pangkalan (résidence de Batavia), appartient à un Chinois nommé Lie-Kim-Liong qui n'a pas manqué d'y adjoindre, il y a quelques années, une filature de 62 bassines. Lé mûrier pousse partout à Java, mais le climat de l'île, qui anémie les gens, amène naturellement la dégénérescence des séricigènes, surcoût dans les régions basses ; l'humidité de l'atmosphère leur est également contraire dans les parties montagneuses. Les cocons vivants importés du Japon portent environ 900 yards de fil ; les larves qu'on en obtient ne donnent, après quelques années, que des cocons de 600 yards. La chaleur étant continuelle, les vers, qui songent surtout à se multiplier, filent leur cocon à la diable ; ils travaillent en tout temps et perdent ainsi leur énergie vitale, alors qu'au Japon et ailleurs ils se reposent pendant l'hiver. Le croisement opéré par le magnanier chinois précité du « Bom- byx mori » avec une variété locale provenant du Lampong (sud de Sumatra) a déjà donné un lépidoptère qui résiste aux injures du cli- mat. Des expériences fort intéressantes pourront d'ailleurs peut-être être tentées avec différentes chenilles à soie de Java, notamment avec le cricula trifenestrata qui pullule dans l'île à certaines époques et dont les cocons, dun beau jaune d'or et à structure fenêtrée, se trouvent disposés en grappes sur le <' canarium commune », le « mangifera indica » le « persea gratissima », etc. Ce cocon, très commun éga- 348 NOTES lement aux Indes anglaises, ne peut être dévidé, mais on en tire, notamment en Angleterre, une bourre qui est employée dans la iila- ture de la schappe. L"« attacus atlas » qui vit sur le « nepheliiim lappaceum », r<( erythrina indica», le « cinnamonnum zeylanicum », etc., etc., et dont le superbe papillon fait le bonheur des touristes, file un cocon énorme ; mais celui-ci ne peut être dévidé jusqu'au bout et la soie qu'on en retire est inférieure. L'« attacus cynthia » semble digne également d'attirer l'attention des magnaniers locaux ainsi que 1'» ocinara lida » que l'on trouve jusqu'à une altitude de 3,000 pieds sur le « Ficus venosa », voire même la chenille (( actias ledo ». Le magnanier de Java dont il est parlé plus haut exporte trois qualités de soie blanche (vers importés du Japon) filées à 6-8, 10 et 16 cocons, et une soie jaune (ver métis du Lampong) à 10 cocons. Le titre de ces soies grèges est assez ferme, mais on pourrait filer à partir de cinq cocons et en obtenir un titre plus fin. Des soies javanaises ont été expédiées déjà en France par l'inter- médiaire de commissionnaires de la place de Batavia ; mais on obtient de meilleurs prix en les envoyant à Hong-kong oi^i se trouvent d'ailleurs un grand nombre de courtiers achetant notamment pour l'Amérique. La quantité de soies grèges expédiées de Java n'est pas suffisam- ment importante pour figurer dans les statistiques douanières et l'on ne saurait même l'évaluer d'après le nombre des bassines, car les dévideuses doivent chômer quand il y a disette de cocons. En manière de conclusion, on peut émettre l'opinion que la sérici- culture ne prendra jamais une grande extension à Java, pays chaud et humide en tout temps. Rappelons ici que les premiers essais d'élevage furent tentés vers 1720 sous la Vice-Royauté de Zwaar-Decroon et rej)ris cent ans plus tard par du Bus de Gisignies. En 1829, on arrivait à filer 67 livres de soie. Le Gouverneur général van den Bosch donna l'ordre, en 1831, de planter 56o hectares de mûriers dans douze départements de Java. On importa des graines de tous les pays séricicoles d'Italie, de France, des Indes anglaises, de la Chine, du Japon. Un Français nommé Diard installa ime magnanerie sur le versant du volcan Gedeh ; mais ses vers dégénérèrent dès qu'il les ramena àime basse altitude. Moringher essaya de placer les œufs dans des chambres l'agriculture dans la vallée du NIGER 349 froides. Enfin, en 1838, le Gouvernement abandonne la partie, mais RoUin Conquerque, envoyé en mission en France, arrive ensuite avec quatre sériciculteurs de la vallée du Rhône et l'on recommence à élever des vers dans les Preangers et les districts de Tjirebon et Rembang. En 1839, on possède 60 hectares complantés de mûriers et environ un million de vers dans cinq magnaneries ; mais la soie qu'on obtient revient à un prix fabuleux. Beaucoup plus tard, Holle fait venir des graines du Japon et fonde un établissement d'élevage à Waspada ; enfin, sous la direction de Tejsmann, de nouveaux essais sont tentés, mais sans succès réel, à l'Institut botanique de Buitenzorg, avec l'aide d'un magnanier cochinchinois. C'est donc à un Chinois qu'il était réservé de tirer profit de l'éle- vage des vers à Java et d'obtenir, le premier, des résultats vraiment pratiques. Paul Serre, Vice-consul, gérant le consulat de France à Batavia. L^AGRICULTURE DANS LA VALLÉE DU NIGER LE SESAME. Bénéen langue indigène. Sesamum orientale. Le Sésame est une plante annuelle qui prend, quand elle isolée, l'aspect d'un arbuste de 1 mètre à 1'" SO de hauteur, aux brindilles étagées sur une tige unique. Les fleurs couvrent les brindilles sur toute leur longueur. Le fruit est une capsule remplie de graines d'un petit volume, aplaties, serrées les unes contre les autres, comme empilées. L'indigène le cultive très peu. Il n'en fait que quelques pieds autour des habitations, quelquefois en bordure d'autres cultures. Et encore ne le sème-t-il pas toujours : ce sont des produits de graines perdues de l'année précédente qu'il respecte dans les sar- clages. On en distingue deux variétés : 1° Le Bénégue, à graines blanches, plus volumineuses, plus estimées ; 350 NOTES 2° Le Bénéfiriff, à g^raines noires ou grises. Le Sésame a une végétation rapide : on le sème vers le milieu de riiivernage, de façon à le faire arriver à maturité après les pliiies. Pour faire un champ de Sésame, il faut semer en lignes distantes d'au moins 0"^ 50, et ménager la graine si l'on ne veut pas être obligé d'éclaircir plus tard. Après un mois de végétation, le Sésame est assez fort pour étouffer les plantes étrangères et rendre les sarclages inutiles. La maturité des capsules sur la plante n'est pas uniforme. Cepen- dant elle se généralise assez rapidement pour permettre une seule récolte. On attend que les fruits en retard aient changé de couleur. Les graines se perdent peu. La récolte se fait en coupant les plantes à la faucille. On laisse sécher; et on met en bottes. Le battage se fait comme pour les graminées. Nous avons obtenu, h la station agricole de Koulikoro, de 1 .800 à 2.500 kilos de graines à l'hectare. La culture du Sésame est simple et peu dispendieuse. Le point important est de semer ni trop tôt ni trop tard. Trop tard, la plante n'atteindrait pas tout son développement ; trop tôt, les dernières pluies nuiraient à la récolte. Le Sésame a sur l'arachide l'avantage de demander peu de main- d'œuvre tout en donnant un rendement égal. La richesse du Sésame en huile est plutôt supérieure à celle de l'arachide. 100 kilos de Sésame donnent 50 kilos d'huile. Si l'indigène préfère cultiver l'arachide, c'est cjue l'amande se mange. Par contre, le Sésame n'est pas une plante améliorante et ses fanes n'ont aucune utilité. La culture du Sésame pourra devenir très avantageuse quand les voies de communication permettront une exportation peu coûteuse. Dumas, Agent de cultui^e de V Afrique occidentale française. COMMUNICATIONS DIVERSES I. La caféine dans les enveloppes des fruits de café. La présence de la caféine dans la pulpe des cerises du caféier a déjà été signalée. Voici quelques analyses eifectuées au Jardin colonial qui donnent les proportions de caféine contenues dans la pulpe et dans la parche. Cerises de cofïea arabica : Pulpe et parche mélangées 0,36 de caféine % — Parches seules 0,13 — % Cerises de coffea liberica : Pulpe et parche mélangées 0,11 — "/o — . Parches seules 0,08 — "/o On voit que la pulpe renferme un peu plus de caféine que la parche. Mais ces proportions de caféine ne sont guère suffisantes, même si Ton prend des pulpes de café d'Aralie plus riches que les pulpes de café de Libéria, pour permettre Tutilisation de ces sous-produits de la décortica- tion du café pour l'extraction industrielle de la caféine qu'ils con- tiennent. Paul Ammann. Rappelons, à titre de renseignement, que, suivant M. Gabriel Bertrand, chef du service de Chimie biologique à l'Institut Pasteur, la teneur en caféine des grains de café de diverses provenances varie, d'après les ana- lyses qu'il a effectuées sur de nombreux échantillons fournis par le Jardin colonial ', entre 0,69 °/o (café de la Nouvelle Galédonie) et 1,60 "/o (café de la Guinée française) pour le café à Arabie, et de 1,06 à 1, 45 °/o pour le coffea liberica (Libéria du Congo : 1,06 "/q. Libéria de Java : 1,45 °/o). [Note de la Rédaction). IL Poids des noix de coco. M. le D'' Loir, professeur de l'École nationale supérieure d'agricul- ture coloniale, a eu l'occasion de pi^océder, il y a quelques semaines, au Jardin colonial, à diverses pesées de noix de cocotier provenant de la Côte d'Ivoire, dont il nous paraît utile de donner ici un résumé sommaire. 1. Voir le bulletin du Jardin colonial, 2'= année, p. 212. 352 COMMUiNICATlONS DIVERSES Ses recherches ont porté sur un lot de 200 cocos en bourre bien mûres, mesurant environ 0 " 21 de haut sur 0 '" 16 de larg-e. — Noix proprement dites ayant approximativement 0"' 12 de long- sur 0"" 10 de large à mi- hauteur. — Enveloppe fibreuse dont l'épaisseur variait entre 0 *" 06 et 0"" 02. Poids moyen de chaque noix. l''e pesée de 20 noix entières, non ouvertes : 21^^ 1*^05 2e — 18.200 0.91 3e _ 20.800 1.04 4e — 20.400 1.02 5e — 21.100 1.053 6e — 20.200 1.01 7e — 19.850 0.9923 8e — 19.900 0.99S 9e _ 20.300 1.015 IQe — 21.400 1.07 Poids total des 200 noix entières. : 2031^100 Poids d'une noix, moyenne générale : 1'^ 01373 En brisant ces noix pour extraire l'albumen, on a obtenu 6 kil. 050 de liquide intérieur ou d'eau de coco, soit une proportion de 33 gr. 1 /4 par noix. Il ne faut pas oublier que ces indications se rapportent à une seule variété de cocotier de la Côte d'Ivoire. Ce qui a été dit dans le Bulletin n°36 (communications diverses, page 259) montre que le poids des noix est très variable suivant les variétés. Le Jardin colonial s'efforcera de commencer, aussi prochainement que possible, des recherches méthodiques sur les poids et la composition des fruits de chacune des variétés du cocos nucifera. MAÇON, PKOTAT FKliRES, IMPICMEVUS L' EdïleUl'-Gérailt Z A. GuALLAMEI.. VILMORIN-ANDIIIEUX k C'^i 4, Quai de la Mégisserie, PARIS ^^-■^i LIANE A CAOUTCHOUC Landolphia Heudelotii g;;^ La Maison VILMORIN-ANDRIEUX ET C", toujours soûl cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoi^ s'occuper d'une façon toute particulière de l'importation et de la ^Tilgajj risation des çraines et plantes précieuses des pays chauds. j Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placen^j certainement au premier rane: des maisons recommandables pou | résoudre cette importante question. Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle il obtenu 7 Grands Prix à l'Exposition Universelle de iQoo, dont ui'j spécialement accordé pour son Exposition Coloniale En outre, le Jur;; de la dernière E.vposition qui a eu lieu en igoS. an Jardin Colonial d ( IVoçent-sur-Marne, a confirmé les décisions du Jury de l'Exposition Uni 1 verselle en lui attribuant le Premier Grand Prix d'Honneur. ;' Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désicij téressée à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : \i Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai, Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroy'ii gigantea, etc. • Plantes économiques- — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses". Coca, Kolî 1 Tabacs divers. Thé d'Annam et d'Assam, etc. j Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensisji Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughlieia edulis, etc. ;■■ Plantes à épices- — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivriei'4 Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. j^ Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. |j| Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'outre-mer sui^ l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Ward) pour l'expédition des jeunej^ plants ou des graines en stratification. ' ' GRAINES AGRICOLES ET- INDUSTRIELLES Graines d'Arbres et d'Arbustes pour paj's tempérés et tropicaux. Assortiments de Graines potagères, Fleurs, etc., appropriés aux différents climats. CATALOGUE SPÉCIAL POUR LES COLONIES FRANCO SU'R DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. MINISTÈRE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale L'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES Jardins d'essai des Colonies Tous dociiments et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à l'Inspection générale de V Agriculture coloniale au Ministère des Colonies PARIS Augustin CHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /ei' Janvier et du /^r Juillet Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr, La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. Les citations ou reproductions oart telles sont autorisées à condition de mentionner la souroe . PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. — Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feuilles grand in-8" parait tous les deux mois PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMEiNT ANNUEL (France et Colonies, : 15 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE UES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 5 feuilles grand in-S" parait tous les mois PARIS — Augustin CHAI^LAMEL, Editeur, [rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL 1 France et Colonies) : 20 fr. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLICATION TRIMESTRIELLE PAKIS — Octave DOLN, Éditeur, place de l'Odéon, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial P UB Lie A TION MENS UEL LE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. — Colonies et Union postale, 6 fr. L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 6e année Mai 1906 N« 38 SOMMAIRE LIBRARY NEW YORK BOTANICAL DOCUMENTS OFFICIELS OARDEN. Pages Madagascar. — Arrêté relatif à la culture du mûrier et des muraies 353 Indo-Chine. — Arrêté fixant les prix des alcools indigènes 355 Nominations et mutations dans le personnel agricole 357 Rapport de l'Exposition nationale d'agriculture coloniale, classe V. Caoutchouc, Gutta Percha, Gommes, etc 358 ÉTUDES ET MÉMOIRES L'Arachide, par M. Dumas, agent principal de culture dans le Haut Sénég-al et Niger 369 La Banane sèche, par M. P. Ammann, chef du service chimique au Jardin colonial 38 1 Le Cacaoyer au Congo français, par MM. Chalot, ancien directeur du Jardin d'essai de Libreville, professeur à l'Ecole supérieure d'agriculture coloniale et M. Luc, chef du service de l'agricul- ture du Congo français (suite) 390 Les maladies des plantes cultivées dans les Pays chauds, par le D' Georges Delacroix (suite) 4o3 Conférence sur la culture et la préparation du caoutchouc, par M. R. Dupont, curateur de la station botanique des Seychelles 4i i NOTES U exploitation des forêts de teck et autres bois à Java, par M. Paul Serre, vice-consul de France à Batavia 422 . Les Insectes, par M. Fleutiaux 43o CD Communications diverses : Invasion de sauterelles en Cochinchine et C\? au Cambodge 434 Statistiques commerciales 43b Dans le cours de la cinquième année (igoS) « L'Agriculture pratique des Pays chauds » (bulletin du jardin colonial) a publié, outre les Documents officiels, 150 mémoires, notes et articles divers sur les cultures, Télevage ou les productions des pays tropicaux ; ces articles contenant 267 photographies, figures ou croquis forment ensemble deux volumes in-8° de 536 pages chacun. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande. UR COIiliECTION DE *' L'Agriculture pratique des pays chauds '* COMPREND A CF: JOUR lo Juillet 1901 à Juin 1902 . . . 20 Juillet 1902 à Juin 1903 . . . 3o Juillet 1903 à Juin 1904 . . . 40 Juillet 1904 à. Décembre 1904 . 50 Janvier 1905 à Juin 1905 . . 6° Juillet 1905 à Décembre 1905 (Envoi franco contre mandat-poste) VOLUMES I vol. in-80. 20 fr 20 fr. 20 fr. 10 fr. 10 fr. 10 fr. Pour les abonnements, demandes de spécimen, rensei- gnements divers, publicité, adresser lettres et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librairie Maritime et Coloniale 17, rue Jacob, Paris. Demander le prospectus détaillé, contenant le titre de tous les articles de la collection, avec le nom de Tauteur, rindication du Numéro dans lequel l'article a été publié. 6*" Année Mai 1906 N° 38 PARTIE OFFICIELLE MADAGASCAR ET DÉPENDANCES ARRÊTÉ modifiant Varrété du 7 mai 1 90 1 ^ créant une magnanerie modèle, des champs d'' expériences pour la culture du mûrier et des mùraies, et l arrêté du 6 février 1902, relatif aux encouragements à donner à la culture du tnùrier dans le Betsileo. Le Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, Vu les décrets des \ 1 décembre 1895 et 30 juillet 1897 ; Vu l'arrêté du 7 mai 1901 ; Vu l'arrêté du 6 février 1902; Vu l'arrêté du a octobre 1903, rendant applicable à la province d'Ambositra l'arrêté du 7 mai 1901 ; Considérant que les Européens qui s'adonnent à la sériciculture concourent puissamment au développoment de cette industrie, tant par l'exemple d'un labeur persévérant que par les produits de choix qu'ils obtiennent, montrant ainsi à la population indigène les méthodes de culture et d'élevage à mettre en pratique, et que, par suite, leurs efforts méritent d'être encouragés; Sur la proposition du Secrétaire Général; Le conseil d'administration entendu, Arrête : Article P"". — L'article 18 de l'arrêté du 7 mai 1901 est modifié et complété comme il suit : « Art. 18. — Il sera alloué à chaque village, collectivement, pour les mùraies de fokonolona, et à chaque particulier européen ou indigène, ou famille, pour les mûraies lui appartenant, une prime annuelle d'encoura- gement. « Cette prime sera calculée sur les bases ci-après : par pied de 2 à 7 ans inclusivement, mis en place à 2 m. 50 au moins d'intervalle en tous sens et maintenus en bon état d'entretien, ou par 3 mètres courants pour les plantations en haies, de 2 à 7 ans inclusivement, maintenues en bon état d'entretien, savoir : « De 2 à 3 ans : 3 centimes par plant ou par 3 mètres courants de haie. « De 3 à 5 ans : 5 centimes par plant ou par 3 mètres courants de haie. Bulletin du Jardin colonial. 25 354 DOCUMENTS OFFICIELS « De 5 à 7 ans : 7 centimes par plant ou par 3 mètres courants de haie. « Elle sera payée chaque année, au commencement du 4*^ trimestre, au vu de registres tenus, pour les mùraies des indigènes, par les autorités indigènes, et contrôlés conformément aux dispositions ci-après : La com- mission prévue à l'article 13 ci-dessus, en même temps qu'elle procédera, sur place, en présence du fokonolona, au choix des terrains destinés à la création des mûraies à ci'éer pour lexercice suivant, examinera l'état des mûraies existantes, déterminera l'âge des plants donnant droit à la prime et vérifiera le nombre des habitants contribuant à la culture. « Les observations de la commission seront consignées sur les registres tenus par les sous-gouverneurs et vérifiés par le chef de la province, conformément aux modèles ci-annexés 4 et 4 his ; elles seront transmises, dans la même forme, par les soins du chef de la province, au Gouverneur Général, en vue de l'allocation de la prime. « Pour les mûraies des Européens^ les registres seront tenus par les propriétaires eux-mêmes et les primes seront payées^ après avis d'une commission composée du chef de la province ou de son délégué, du chef du service de r agriculture ou de son délégué, du propriétaire ou de son représentant. » AuT. II. — L'article 1*"" de l'arrêté du 6 février 1902 est modifié et complété de la manière suivante : « Art. l®"". — Dans la province de Fianarantsoa, il sera alloué, à tout particulier Européen ou indigène, ou famille, pour mûraies lui apparte- nant, une prime annuelle d'encouragement. (( Cette prime sei'a calculée sur les bases ci-après, par pieds de "2 à 7 ans inclusivement, mis en place à 2 m. 50 au moins d'intervalle en tous sens et maintenus en bon état d'entretien : « De 2 à 3 ans : 3 centimes par plant. « De 3 à 5 ans : 5 centimes par plant. « De 5 à 7 ans : 7 centimes par plant. « Elle sera payée chaque année au vu de registres tenus, pour les mûraies des indigènes, par les autorités indigènes et conti'ôlés sur place par une commission composée : « Du chef de province ou de son délégué ; « D'un délégué du chef du service de l'agriculture ; M Du gouverneur principal ou de son délégué; « Du sous-gouverneur. « En cas d'empêchement de luii ou de deux de ses membres, la com- mission fonctionnera valablement si elle comprend au moins : « Le chef de province ou son délégué ; « Le sous-gouverneur. « Pour les mûraies des Européens, les registres seront tenus par les ARRÊTÉ 355 propriétaires eux-mêmes et les primes seront payées après avis d'une commission composée du chef de la province ou de son délégué, du chef de service de Vagriculture ou de son délégué, du propriétaire ou de son représentant. Art. III. — MM. le Secrétaire général, les Administrateurs chefs des provinces de Tlmerina centrale, Imerina du Nord, Angavo-Mangoro, Itasy, Vakinankaratra, Ambositra et Fianarantsoa et le chef du service de Tayriculture sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de Texécution du présent arrêté. Fait à Tananarive, le 27 janvier 1906. Victor AUGAGNEUB. INDO-CHINE FRANÇAISE Le Gouverneur Général de l'Indo-Ghine, Commandeur de la Légion d'honneur, Vu le décret du 21 avril 1891; Vu l'arrêté du décembre 1902, sur le régime des alcools en Indo-Chine, et notamment l'article 91, § 2, dudit arrêté; Vu l'arrêté du 22 novembre 1902, réglementant la vente des alcools en Indo-Chine; Vu l'arrêté du 29 novembi-e 1905, réservant à l'Administration des douanes et régies la vente des alcools indigènes et vins de Chine en Cochinchine; Sur la proposition du Directeur général des douanes et régies, Arrête : ArticteI^"". — Les alcools indigènes fabriqués en Cochinchine, par des procédés asiatiques et par la mise en œuvre du riz nêp seront payés aux distillateurs par l'Administration des Douanes et Régies aux prix maxima ci-après : 28 S 80 Thectolitre d'alcool pur quand le cours du picul de 60 kilos 700 de riz nêp variera entre 2 S 20 et 2 S 45. 30 S 40 quand le cours variera entre 2 $ 46 et 2 $ 70 32 00 33 60 35 20 36 80 38 40 40 00 41 60 43 20 44 80 46 40 et ainsi de s uite 2 71 et 2 95 2 96 et 3 20 3 21 et 3 45 3 46 et 3 70 3 71 et 3 95 3 96 et 4 20 4 21 et 4 45 4 46 et 4 70 4 71 et 4 95 4 96 et 5 20 336 DOCUMENTS OFFICIELS Akt. 2. — Ces prix seront fixés trimestriellement, en prenant pour base le cours moyen du riz nêp en Gochinchine, pendant le trimestre précédent. Ce cours moyen sera communiqué aux intéressés qui pourront, dans les cinq jours de la communication, présenter leurs observations, sil y a lieu. Art. 3. — Les prix fixés par Tarrêté du 6 mai 1903, relatif à Tachât de l'hectolitre dalcool pur indigène, aux distillateurs en Gochinchine et au Cambodge, demeurent applicables aux distillateurs fabriquant avec des procédés européens, autres que la Société française des Distilleries de rindo-Chine. Art. 4. — Le Directeur général des Douanes et Régies est chargé de l'exécution du présent arrêté qui entrera en vigueur à compter du P-" janvier 1906. Saigon, le 26 décembre 1905. Beau. Le Gouverneur général de Tlndo-Ghine, Commandeur de la Légion d'honneur. Vu le décret du 21 avril 1891 ; Vu l'arrêté du 20 décembre 1902, sur le régime des alcools en Indo-Chine, et notamment les articles 91 et 92; Vu l'arrêté du 22 décembre 1902, relatif aux dépôts régionaux et à la vente des alcools indigènes et vins de Chine ; Vu le décret du 7 août 1903, approuvant les ai'rêtés des 20 et 22 décembre 1902; Vu l'arrêté du 10 septembre 190.3, fixant à 30 cent, par litre d'alcool pur la taxe de consommation à percevoir sur les alcools indigènes; Vu l'arrêté en date du 29 novembre 1905, stipulant qu'à partir du l'^'" décembre 1905, la vente des alcools indigènes et des vins de Chine sera assurée en Cochinchine par l'Administration des douanes et régies; Vu l'arrêté du 6 mai 1903, fixant l'échelle des prix auxquels sera fait l'achat de l'alcool indigène aux distillateurs établis en Cochinchine; Vu l'arrêté en date du 26 décembre 1905, fixant l'échelle des prix auxquels se fait l'achat de l'hectolitre d'alcool pur indigène aux distillateurs établis en Cochinchine, employant le riz et les procédés indigènes de fabrication; Vu le contrat en date du 12 novembre 1905 entre l'Administration des douanes et i^égies et la Société française des distilleries de l'Indo-Chine, et vu le câblogramme ministériel n° 317 en date du 10 novembre 1905 ; Sur la proposition du Directeur général des douanes et régies de l'Indo- Chine, Arrête : Article T"". — Les prix maxima auxquels les distillateurs établis en NOMINATIONS ET MUTATIONS 357 Cochinchine, autres que la Société Française des Distilleries de Tlndo- Chine, livreront à la Régie le produit de leur tabrication, proportionnelle- ment aux contingents annuels dont les montants sont déterminés par déci- sion du Directeur général des Douanes et Régies de rindo-Ghine,sont fixés pour le premier trimestre 1906, à : ]° Trente et une piastres vingt cents (31 $ 20) l'hectolitre d'alcool pur, pour les alcools indigènes ordinaires provenant de la distillation du riz ordinaire ; 2° Et quarante piastres (40 $00) l'hectolitre d'alcool pur pour les alcools indigènes provenant de la distillation du riz nêp à l'aide des pro- cédés indigènes. Art. 2. — Le Directeur général des douanes et régies de l'Indo-Ghine est chargé de l'exécution du présent arrêté. Saigon, le 27 décembre 1905. Beau. NOMINATIONS ET MUTATIONS DANS LE PERSONNEL AGRICOLE Afrique occidentale française. Par arrêté du Gouverneur Général daté du 1'^'' février, sont admis dans le cadre du personnel du Service de l'Agriculture organisé par le décret du G décembre 1905, en qualité d'agents principaux de l''" classe : MM. Dumas, agent de culture de 4*^ classe du cadre du Sénégal; Gostes, agent de culture de 5*^ classe du cadre du Sénégal; Bardou, Brossât, Orsolani, agents de culture de 2" classe du cadre de la Guinée; Dufossé, Edwards, agents de culture de S'' classe du cadre de la Guinée. Par arrêté du Gouverneur général daté du 24 février: M. Bret (Charles-Gustave-Maurice), ancien élève diplômé de l'Ecole supérieure d'agriculture coloniale, est nommé agent principal de culture de 1""^ classe et appelé, en cette qualité, à servir à l'Inspection de l'Agri- culture de l'Afrique occidentale française. Guinée française. Par décision du Lieutenant-Gouverneur datée du 9 février 1906 : M. Jean Costes, agent de culture, a été chargé de l'entretien des plan- tations des avenues, boulevards, places et jardins de la ville de Conakry. o 358 DOCUMENTS OFFICIELS Haut Sénégal. — Niger. I/élevage des autruches présentant le plus grand intérêt pour la colonie du Haut Sénégal et Niger, une mission en vue de Tétude de cette intéres- sante question a été confiée, par décision en date du 15 janvier 1906, à M. le docteur Decorse, médecin aide-major de l""*" classe des troupes coloniales. Cet officier devra s'occuper en même temps, de l'étude des mesures à prendre pour protéger les aigrettes et les marabouts. Indo-Chine française. Par arrêté du Gouverneur Général de Tlndo-Chine, en date du 25 jan- vier 1906, rendu sur la proposition du Directeur de FAgriculture, des Forêts et du Commerce de l'Indo-Ghine et l'avis conforme du Secrétaire général de llndo-Chine : Sont désignés pour être délégués à l'Exposition coloniale de Marseille en 1906, dans les conditions fixées par l'arrêté du 10 juin 1905, savoir : Comme représentants de la Chambre d'agriculture au Tonkin : MM. Louis Bonnafont, planteur à Phu-lang-Thuong; Schaller, planteur à Cho-cay par Phu-ly; Lucien Levy, planteur à Kha-luat par Ninh-binh ; C. Morice, planteur à Son-tay. Par arrêté du Gouverneur Général de l'Indo-Chine, en date du 17 janvier 1906, rendu sur la proposition du Directeur de l'Agriculture, des Forêts et du Commerce et l'avis conforme du Secrétaire général de l'Indo-Chine : M. Amand (Émilien-Ludovic), garde principal de 2" classe de la garde indigène, détaché à la Direction de l'Agriculture, des Forêts et du Com- merce, est chargé par intérim des fonctions de conservateur du Musée agricole industriel et commercial de l'Indo-Chine, pendant l'absence du titulaire M. Crévost. Par arrêté du Gouverneur Général de l'Indo-Chine, en date du 29 jan- vier 1906, rendu sur la proposition du Directeur de l'Agriculture, des Forêts et du Commerce et l'avis conforme du Secrétaire général de l'Indo- Chine : M. Dauphinot (Georges), agent commercial de V classe, détaché à Bangkok, est chargé des fonctions de chef du service commercial à la Direction de l'Agriculture, des Forêts et du Commerce de l'Indo-Chine, pendant l'absence du titulaire de l'emploi qui se rend en mission en France. Exposition nationale d'agriculture coloniale 1905 Rapport sur la Classe V. Caoutchouc, gutta-percha, gomme, minerais. (rapport a m. l'inspecteur général de l'agriculture coloniale, COMMISSAIRE GÉnÉRAL DE l'eXPOSITIOn) Le jury de la 6'' section de la classe V de l'Exposilion d'Af,Ticulture Coloniale, au Jardin Colonial, composé de M. Paraf, industriel, président, de M. William Guynet, délégué du Congo, secrétaire-rapporteur, de M. Gaboriaud, délégué de la Guinée, et enfin de M. de Saumery, négo- ciant-planteur, a décerné les récompenses dont la liste a été remise au commissariat de l'Exposition. Nommé secrétaire-rapporteur, j'ai l'honneur, au nom du jury de cette section, devons adresser sous forme de rapport quelques renseignements sur les expositions que nous avions mission d'examiner et à l'appui des récompenses que nous avons cru devoir décerner : CAOUTCHOUCS GOUVERNEMENT GENERAL DE l'aFRIQUE OCCIDENTALE. — Grand Plix. L'Afrique Occidentale à qui nous avons donné cette haute récompense a, en ce qui concerne les caoutchoucs et, de par le fait des colonies qui la composent, une quadruple exposition dont les produits ont pour chacune un caractère bien spécial. Nous passons donc en revue sommairement les vitrines du Sénégal, de la Guinée, de la Côte d'Ivoire et du Haut-Sénégal et Niger. A. Vitrine du Haut-Sénégal et Niger. — Cette vitrine contient de très beaux échantillons de caoutchouc (Gohine) coagulé par divers procédés. A signaler une très belle boule en caoutchouc filé et du caoutchouc en feuilles récolté par les écoles de saignées, dont l'heureuse initiative de création revient au gouvernement général de l'Afrique Occidentale. Le caoutchouc de valeur vraiment commerciale qui domine dans cette colonie est le Landolphia Heudelotii. B. Vitrine du SénégaL — L'exposition de cette colonie comprend des produits de diverses contrées, telles que la Gambie, la Casamance, etc.. et des espèces de caoutchouc importées et cultivées. Nous retrouvons en efïet, des échantillons de Landolphia Heudelotii, préparés par les indi- gènes de la Casamance, de Ficus Vogelii, et de Manihot Glaziowii, etc. C. Vitrine de la Guinée. — Les espèces exposées par cette colonie sont plus nombreuses bien que, comme dans les colonies précédentes, le Lan- 360 DOCUMENTS OFFICIELS dolphia Heiidelotii fournisse presque exclusivement le caoutchouc com- mercial. Les sortes difîèrent surtout par la manière dont le caoutchouc est pré- paré. — A sig;naler des échantillons comparés entre le caoutchouc récolté depuis la mesure administrative qui prescrit lesanctionnement des houles et celui qui était récolté antérieurement. — L'exposition comprend outre le caoutchouc provenant de la brousse, des échantillons de caoutchouc récoltés au Jardin d'essai de Camayenne, pour lesquels également divers procédés de coagulation ont été employés, notamment des échantillons de Manihot Glaziowii. D. Vitrine de la Côte d'Ivoire. — Cette colonie présente des échantillons, très remarquables, de Landolphia Heudelotii coagulés par divers procédés (acide sulfurique, ébullition. citron, évaporation). Nous remarquons un bocal contenant du caoutchouc de Kickxia pro- venant du cercle de Sassandra. Cette colonie est la première, dans Tordre géographique, à fournir du caoutchouc d'une autre provenance que la liane. — On sait, en elTet, que l'arbre à caoutchouc, connu sous le nom de Kickxia ou Funtunia elastica, qui fait au Congo français la richesse des régions de la Sangha, et dont le produit est si apprécié, ne se rencontre pas en Afrique Occidentale avant la Côte d'Ivoire. — Les quelques types rencontrés dans la brousse, dans le protectorat de Sierra Leone et dans les parages de la Guinée, sont des Kickxia africaua et non elastica, de la même famille, mais donnant un produit résineux et non marchand. GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE MADAGASCAR. Grand PrlX Les caoutchoucs de cette colonie sont présentés avec un goût parfait en deux vitrines des plus intéressantes. — Les principales essences de caoutchoucs et de gutta, produites par la Direction de l'Agriculture, y figurent en bonne place à côté des caoutchoucs récoltés par les indigènes, et qui proviennent des divers districts de Tamatave, Farafangana, Fort- Dauphin, etc. Les espèces les plus communes de la Colonie sont le Landolphia Perrierii, le Landolphia Sphœrocarpa et le Mascarenhasia, ce dernier compte diverses espèces et est plus communément désigné sous l'appellation des indigènes, de Hazozdrano ; ces caoutchoucs croissent dans les forêts ou du moins en pays humides et chauds sous le climat équatorial. En ce qui concerne le caoutchouc de Fort-Dauphin, il présente ce caractère spécial de provenir d'Euphorbes au lieu de Landolphias, comme cela est constaté pour la majeure partie des caoutchoucs des autres régions de Madagascar, et de croître en pays semi-désertique. Ce caoutchouc est généralement désigné sous le nom d'Intisy. A signaler enfin un très bel échantillon de caoutchouc de Tamatave, Présenté par M. Guichard. EXPOSITION NATIONALE d' AGRICULTURE COLONIALE 361 SOCIÉTÉ LA KOTTo. — Médaille d'Or. Avec la Société la Kotto, à laquelle nous avons décerné une médaille d'or, nous passons aux espèces du Congo Français. — L'exposition de cette Société concessionnaire du Gouvernement français dans l'Oubangui se borne à deux échantillons de caoutchouc. Celui-ci est de toute première qualité. 11 se présente dans le commerce sous la forme de boules très irrégu- lières, très aplaties, ayant un diamètre moyen de 3 centimètres environ. Sa coloration est brun noirâtre, sa surface lisse et non poisseuse. A la coupe, sous une couche de "2 millimètres, très brune, on trouve d'abord une coloration, assez semblable à celle du jambon, qui s'éclaircit de plus en plus pour devenir au centre blanche et rose. Les boules sont très denses ; peu de cavités, pas d'impuretés, sauf quelques débris d'écorce. Le produit est très nerveux. Il est presque impossible de préjuger quels sont les végétaux produc- teurs de cette gomme. Les forêts qui bordent la Kotto, comme celles du reste qui entourent l'Oubangui et le M'Bomou, ne sont que d'étroites galeries boisées n'atteignant jamais plus de 500 mètres de largeur ; il est donc probable que les Yacomas vont rechercher leurs produits tout le long du fleuve, à de grandes distances de son confluent avec le M'Bomou. Il doit s'en trouver du reste d'assez grandes réserves, puisque, jusqu'en 1903, le commerce du caoutchouc n'existait nullement dans le pays, et que les indigènes n'utilisaient le caoutchouc que pour quelques usages insignifiants : fixation des gardes de couteau, des pointes de flèches, mailloches de tam-tam, etc. Un des effets incontestables, du régime des concessions au Congo, est d'avoir dans certaines régions absolument créé l'industrie du caoutchouc. Quant aux procédés de coagulation, ils doivent ressembler à ce que nous avons vu employer aux N'Sakaras : arrachement des parcelles de latex coagulé sur la liane et enroulement de ces petites lanières qui, encore fraîches, se collent entre elles. Dans les cas où le produit, plus nerveux, tarde à se prendre, l'indigène s'en enduit le tronc et les bras. Au contact de la chaleur du corps, le sérum s'évapore et le caoutchouc, pris en fines pellicules, se détache avec une grande facilité de ces torses hui- leux. Le pourcentage de caoutchouc recueilli dans les échantillons mis en dentelles est : Gomme brute 100 kilog. Gomme lavée et sèche 84,77 Perte au lavage 15,23 % 362 DOCUMENTS OFFICIELS SOCIÉTÉ INDUSTRIl-LLE DES TÉLÉPHONES. Grand Prix. (Caoutchoucs bruts et ouvrés). Tout le monde connaît l'importance de cette Société, et il ne nous semble pas nécessaire d'insister sur ce point. Les caoutchoucs bruts de diverses provenances, soit en boules, soit en dentelles, que cette Société expose à Nogent sont de la plus belle qualité et témoignent de sa préoccu- pation de n'employer pour sa fabrication que des produits de tout premier ordre. A côté de cette matière première, la Société expose ses principaux objets de fabrication, parmi lesquels nous mentionnerons plus particuliè- rement les étoffes caoutchoutées et les pneus. — Un Grand Prix reve- nait de droit à cette firme. SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES PROCÉDÉS d'eXTRACTION DU CAOUTCHOUC. Hors Concours. La Société Générale des procédés d'extraction du caoutchouc qui a exposé pour la première fois ses produits à Saint-Louis a tenu à figurer également à Nogent. — Le caoutchouc qu'elle expose provient de l'usine que cette compagnie a cré^e il y a bientôt 3 ans à Brazzaville (Congo Français) pour le traitement des herbes à caoutchouc. Jusque-là négligées par suite de la difficulté d'extraction du latex, ces herbes à caoutchouc, très abondantes dans certaines régions du Congo Français, ont pu être utilement traitées grâce au procédé breveté de MM. Arnaud etVerneuil, professeurs au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, procédé dont la Société générale d'extraction du caoutchouc s'est assuré le mono- pole. En raison de la nouveauté de ce produit, j'ai cru qu'il serait intéressant d'entrer dans quelques développements sur la plante d'où il est extrait et qui constitue une richesse jusqu'ici demeurée inexploitée. Le caoutchouc des herbes s'extrait de plantes herbacées de la famille des Apocynées, genre Landolphia. D'après les récentes recherches sur place de M. Chevalier, le distingué explorateur français, chef de la mis- sion (( Ghari », ces plantes herbacées appartiennent à deux espèces très répandues dans la brousse dont elles forment la principale végétation : le Landolphia Tholloni (Dewèvre) et le Landolphia Humilis (Schlechter). Ces plantes à petites feuilles lancéolées atteignent ordinairement une hauteur de 40 à 60 centimètres; contrairement aux autres Landolphiées, qui émettent de nombreuses ramifications aériennes et constituent quel- quefois des lianes énormes, elles restent toujours de petite taille, en buissons, et sans aucune tendance à s'élever à la façon des plantes grim- pantes. EXP0S1T[0N NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 363 Contrairement aussi à la dénomination fautive de caoutchouc d'herbes, celui-ci n'est nullement extrait des parties aériennes de la plante, mais bien des parties souterraines, constituées par un lacis inextricable de rhizomes, dont la grosseur varie du diamètre d'un crayon au diamètre du bras, quand on arrive à la souche mère des rhizomes. Le caoutchouc est renfermé dans la zone corticale interne et forme là un réseau de fils élastiques contenus dans les vaisseaux laticifères. Il est impossible de retirer le caoutchouc par les méthodes ordinairement employées pour l'extraire des arbres, tels que l'Hevea ou même les lianes des forêts africaines (la saignée ou la coupe en fragments) : car le latex des rhizomes de Landolphias Tholloni ou Humilis est si épais qu'il ne peut s'écouler par l'incision ou la coupe. Le procédé de MM. Arnaud et Verneuil (brevets américains, allemands et autres) permet, au contraire, d'extraire la totalité du caoutchouc. Il consiste essentiellement, dans la contusion par percussion et le traitement à l'eau bouillante, des parties corticales des rhizomes, dans des appareils spéciaux assez compliqués, mais très rustiques, qui en extraient directement le caoutchouc à l'état de pureté. En effet, le traitement à l'eau a pour effet d'enlever toutes les matières gommeuses et albuminoïdes, qui causent tant de préjudice aux caoutchoucs africains, en amenant rapidement la putréfaction et aussi le poisseux si redouté pour les caoutchoucs. Le caoutchouc extrait par le procédé mécanique est exempt de toutes impuretés, quand il a été passé au déchiqueteur. Il renferme toujours une certaine quantité d'eau qui en assure la conservation et le préserve de l'oxydation à l'air; dans l'état actuel, cette quantité peut paraître trop forte, mais elle est susceptible d'être réduite. Le produit est blanc, quand il vient d'être préparé ; mais il passe rapidement au noir. Il est très élas- tique, assez nerveux, moins cependant que le Para ou la Kassai, sorte américaine fort appréciée, qui ont une origine botanique différente. Sa charge de rupture est à peu de chose près, celle du Para, cependant avec un allongement plus grand : il se rapproche ainsi du caoutchouc du Laos, Par contre, il est très recherché des manufacturiers en raison même de la facilité avec laquelle on peut lui incorporer, sans changer sa nature, le soufre (et les matières minérales colorantes) nécessaire à la vulcani- sation. Bref, c'est un caoutchouc de première qualité, qui est appelé à un grand avenir en raison même de la source inépuisable constituée par là brousse africaine. Les rhizomes du Landolphia Tholloni, plus riches en caoutchouc que ceux du Landolphia Humilis peuvent contenir de 6 à 8 % de caoutchouc, suivant l'âge de la plante et l'époque où se fait la récolte. Ces espèces très répandues sur le plateau Batéké et le long du Congo jusqu'à la rivière Bleue, oià le docteur Spire a pu en recueillir de nom- 364 DOCUMENTS OFFICIELS breux échantillons, ont été observées dans le Haut-Ogooué par Fauteur de ce rapport, dès 1899 ; dans cette région elles commencent dès qu'on entre dans le pays découvert qui succède au pays Adouma. M. Pondère en signalait également la présence dans la Haute-Sangha en 1901, et enfin, M. Chevalier, dans sa récente exploration, a rencontré les mêmes espèces dans lOubangui et dans le Chari : cette variété de localités est intéressante, puisqu'elle prouve la résistance et la richesse des deux variétés de cette plante. Le pourcentage de caoutchouc recueilli dans les échantillons mis en dentelle est : Gomme brute 100 kilos Gomme lavée et sèche 70,50 Perte au lavage 29,50 7o L. EDELiNE. — Grand Prix. (Caoutchouc industriel), La manufacture L. Edeline, 43, quai National, à Puteaux, exploite la fabrication et la vente de tous articles en caoutchouc employés dans les différentes branches de l'industrie, ainsi que les pneumatiques de la marque « Gallus ». La maison fait un chiffre d'affaires annuel de 2.500.000 francs environ, tant en caoutchouc industriel qu'en pneumatiques. Elle occupe 350 ouvrières et ouvriers. Les produits exposés, en ce qui concerne la partie technique, consistent en tuyaux pour tous usages, articles pour vapeur et pour eau, clapets, rondelles, courroies pour les machines, garnitures de cylindres, articles spéciaux, pour les diverses industries, pièces en ébonite, bottines pour chevaux, bandes pleines pour voitures attelées, tapis pour voitures, etc. La partie pneumatique expose les pneus Gallus vulcanisés ou collés pour vélos, et les pneus Gallus pour voitures automobiles et voitures attelées. La manufacture L. Edeline. a obtenu les récompenses suivantes aux différentes expositions auxquelles elle a pris part. Paris 1889 Médaille d'argent Lyon 1894 — de bronze Anvers 1894 — d'or Paris 1900 2 — d'or Ostende 1901 Grand Prix Hanoi 1903 Grand Prix Saint- Louis 1904 2 Médailles d'or. I EXPOSITION NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 365 TORiLHON & c°. — Grand Prix. 11 s'agit d'une firme également des plus connues et les produits fabri- qués dans les usines de Chamalières et de Royat sont universellement appréciés. Ces usines .occupent aujourd'hui plus de 500 ouvriers et ouvrières et la force motrice qu'elles emploient (hydraulique, électrique ou vapeur) dépasse 1.000 chevaux. Elles s'étendent sur une surface de 20.000 mètres dont 7.000 occupés par les ateliers. En plus des deux usines ci-dessus, la Société anonyme des anciens éta- blissements J.-B. Tourilhon possède à Paris une maison de vente située 10, rue du P'aubourg-Poissonnière, avec petit atelier pour la préparation de certains accessoires de vélocipédie, et rue Duret, "29, des ateliers spé- ciaux pour la pose des bandages pleins et en particulier de la bande américaine B & S. Des agrandissements de ces établissements de Paris sont à l'étude. Les usines de Chamalières et de Royat fabriquent tous les articles employés dans l'industrie : courroies, tuyaux, clapets, joints de toutes sortes, tampons, etc. ; les caoutchoucs imperméables ; caoutchouc cuir pour la carrosserie, étoiles pour vêtements, couvertures, etc. ; les vête- ments imperméables vulcanisés soit à l'étuve, soit à froid ; les nombreux objets employés en vélocipédie : pneumatiques cloisonnés « Le Touriste », chapes, protecteurs, cercles creux, cercles pleins, pédales, poignées, patins de freins, etc. ; les chaussures en caoutchouc de toutes formes depuis la légère chaussure babouche qui protège de l'humidité les fines bottines de nos élégantes, jusqu'à la lourde botte qui garantit le chasseur ou le pêcheur du rhumatisme qui le guette ; les pneumatiques pour voitures attelées, motocycles ou automobiles ; enfin les bandages pleins, bande à talons destinée à être forcée dans la jante des roues, et surtout la bande américaine B. & S. Cette multiplicité d'articles a conduit à diviser les ateliers en six par- ties : 1" Ceux où se fabrique le caoutchouc industriel, c'est-à-dire où l'on nettoie et où l'on triture la gomme lelle qu'on la reçoit des lieux de prove- nance, où l'on effectue le mélange intime du soufre et du caoutchouc, où on le lamine et où l'on confectionne les différents objets et enfin où on les vulcanise. 2° Ceux dans lesquels on applique le caoutchouc sur les tissus à rendre imperméables. 3° Ceux où l'on confectionne les vêtements avec ces tissus. 4° Ceux où l'on teint, blanchit et apprête les tissus servant aux divers articles. 5° Ceux où s'effectue la fabrication de la chaussure. 366 DOCUMENTS OFFICIELS 6"^ Enfin les ateliers mécanique?, qui, outre l'entretien du matériel, construisent une bonne partie de Toutillag-e employé dans les usines et les nombreux moules indispensables aux divers services. Un puissant outillage mécanique est réparti dans ces divers ateliers il comprend entre autres : 7 déchiqueteurs et "25 mélangeurs dont une partie, mue par la force hydraulique, travaille jour et nuit ; 4 grandes calandres dont une monumentale du poids de 42 tonnes; "20 petites presses à vulcaniser et 12 grandes; 3 grandes presses à cofire spécialement construites pour la cuisson des bandes américaines B & S, car la fabrication de ces bandages nécessite un outillage tout particulier et d'une perfection absolue; . 11 métiers à enduire les tissus, etc. ; Des diverses applications du caoutchouc auxquelles se rapporte sa fabrication, c'est certainement, à l'heure actuelle, la confection des articles de vélocipédie, des vêtements et des tissus imperméables, des tuyaux de toutes sortes et des bandes américaines B & S qui constituent les 4 plus importantes branches de son industrie. Les articles que comprend le rayon de vélocipédie sont légions : Enveloppes à talons ou à tringles de toutes dimensions, moulées et vul- canisées ou confectionnées à la main; chambres à air, chapes, protecteurs lisses ou antidérapants, cercles creux, cercles pleins, cordes et anneaux pour garnissage de l'oues de voitures d'enfants ; bandage cloisonné « Le Touriste », sorte de creux cellulaire presque aussi souple que le pneu et complètement increvable, poignées d'extrémités ou de milieu de guidon, pédales ordinaires ou extensibles dites « américaines », patins de frein de toutes sortes, dissolution de caoutchouc pour la réparation et celles à froid et à chaud pour la fixation des bandages sur les jantes, etc. Dans les ateliers de confection des vêtements, qui occupent le premier étage d'un vaste corps de battei'ie dans l'usine de Chamalières, on fabrique tous les vêtements imperméables pour hommes, dames et enfants, les capotes et manteaux divers si appréciés de nos officiers de terre et de mer qui les connaissent sous le nom général de « Torrilhon ». Ceux-ci trouvent d'ailleurs encore dans le rayon des vêtements et tissus une foule d'objets à leur usage : couvertures de campement et sacs de couchage imperméables ; tubes, cuvettes faciles à emporter en campagne, tabliers de cheval, cuissards, tapis de selle, etc. La fabrication des tuyaux divers avec et sans toiles, avec ou sans spi- rales métalliques, intéresse un grand nombre d'applications : tuyaux d'aspiration et de refoulement pour pompes à eaux, acides, jus, sucres, tuyaux de freins à vide ou à air comprimé; tuyaux pour gaz et pour huiles, pétroles ; vapeur à toutes pressions. En ces divers tuyaux, la pro- EXPOSITION NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 367 duction actuelle de Tusine dépasse 300.000 mètres, plus de 300 kilomètres. Dans les moments de presse, l'outillage permet de produire jusque 2.000 mètres de tuyaux par jour. A ces trois grandes divisions de sa fabrication dont les deux dernières datent de la création de la manufacture, il convient d'ajouter comme article d'une importance de tout premier ordre, la fabrication de la Bande américaine B & S. Ce bandage qui convient merveilleusement aux voi- tures attelées et aux voitures automobiles dont la vitesse est compatible avec l'adoption de caoutchoucs pleins, est breveté en France et à l'étran- ger et l'exclusivité de l'exploitation de ces brevets a été concédée à la Société anonyme des anciens établissements J.-B. Torrilhonpour la France et ses colonies, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et la Suisse. Ces bandages B & S. qui se fabriquent en une qualité toute spéciale et qui nécessitent un outillage très particulier pour leur confection, sont en somme des bandes de caoutchouc traversées, de distance en distance, par des broches en acier. Ces broches s'appuient sur les ailes d'une jante en acier, en forme d'U évasé, et elles y sont appliquées fortement par deux cercles en acier que l'on sertit à l'aide d'une machine fort simple. L. FRANÇOIS, A. GRELLOu & c°. — Grand Prix. L'exposition de la maison François et A. Grellou & G" tient une place, des plus honorables à l'exposition de Nogenl. Sa vitrine renferme une belle collection de caoutchoucs bruts et quelques échantillons de Gutta per- cha. Quant aux produits de fabrication, ils semblent d'excellente qualité, les fils et câbles électriques et les courroies de transmission sont la spécialité de cette maison ; nous avons cru devoir décerner un Grand-Prix à cet exposant. (u4 suivre.) Le Président, Le Secrétaire Rapporteur, G. Paraf William Guv.net Membre du Conseil Supérieur Délégué du Congo français des colonies. au Conseil Sup. des colonies. Phototype de M. Fron. Plant d'arachides provenant des cultures du Jardin Colonial. ETUDES ET MÉMOIRES L'AGRICULTURE DANS LA VALLÉE DU NIGER ' L'ARACHIDE Arachis hypogea (Légumineuse) L'arachide, pistache de i&vve,^ tiga en langue Bambara, est une plante annuelle de la famille des Lég^umineuses Papillonnacées, série des Hedysarées. Sa description botanique est trop répandue pour que nous nous y attachions, voulant rester dans notre rôle purement agricole. Nous n'en donnerons que les caractères qui intéressent le cultivateur. Un champ d'arachide rappelle, à première vue, une prairie de trèfle ou de luzerne. L'Arachide est surtout remarquable par ses deux sortes de fleurs : les unes jaunes, en petit nombre sur le pied émaillent la surface du champ pendant une assez longue durée de la végétation ; elles sont stériles. Les autres beaucoup plus nombreuses se cachent sous les rameaux. Celles-ci sont fertiles ; ce sont elles qui donnent les gousses. Après la fécondation, le pédoncule floral s'allonge de quelques centimètres en se dirigeant vers le sol, où il finit par pénétrer avec l'ovaire. Le développement souterrain de l'ovaire aboutit à une gousse de un à quatre centimètres de lon- gueur suivant les variétés, renfermant une, deux ou trois graines, rarement davantage. La gousse à maturité est d'un jaune sale, un peu spongieuse, facile à briser dans les doigts. Les graines ou amandes flottent dans la coque. Leur volume est variable. Variétés. — Nous avons relevé cinq variétés d'Arachide : Le lotiga ou loséno. Cette variété est caractérisée par ses rameaux nombreux, dressés, feuillus, longs de Om. 30 àOm. 40, par 1. Voir les Bulletins du Jardin colonial de juillet, novembre, décembre 1905, jan- vier et avril 1906. Bulletin du Jardin colonial. 26 370 ÉTUDES ET MÉMOIRES la disposition des gousses toutes rassemblées au centre de la touffe formée par la plante. Le lotig'a est la variété la plus répandue. Le tigadia ou ouootiga. Rameaux peu nombreux, rampants, pla- qués sur le sol, pouvant atteindre 0m.50 et Om. 60 de longueur. Gousses peu nombreuses au centre de la plante, mais disséminées par groupes de deux ou trois le long des rameaux. Cette variété s'étale beaucoup en laissant à découvert de nom- breux espaces. La disposition des gousses rend la récolte difficile. Le rendement en est moindre pour des surfaces égales. Le tigadia se rencontre ordinairement dans les cultures, mélangé au lotiga. Le sogobatifja. Grosses gousses de trois et quatre centimètres de long se présentant par deux ou trois à l'aisselle des feuilles. Cette variété est cultivée surtout dans la région de Sikasso, où elle donne de très belles récoltes. Le bentiga ha. Gousses également volumineuses, grosses comme un doigt de pied, disent les noirs, mais souvent vides ; produit peu. Le dioiigossi ou fila tiga. Gousses très petites ; forte production néanmoins. Cultivé dans le Ouassoulou. Diongossi signifie captif pris. La légende raconte qu'un captif en fuite, en train de satisfaire sa faim avec des graines de diongossi, y mit tellement de temps à cause de leur petitesse, qu'il fut repris. Une question se pose à propos des variétés d'arachide : ce serait de connaître leur valeur respective en huile, de façon à pousser les sélections vers les grosses amandes ou vers les petites. C'est à l'industrie k y répondre et à faire connaître ses désirs. AïKE GÉOGRAPHiouE, — Terrain. — MoDEs DE CULTURE. — L'arachide est une des cultures les plus répandues de l'Afrique occidentale. Dans le Bas Sénégal, elle tient la première place. Dans le Haut Fleuve elle a perdu de son importance. Dans le bassin du Niger, au nord du 12'' degré de latitude elle marche de pair avec le mil ; au sud, elle vient après le riz, le fonio et les tubercules : manioc, patate, igname. C'est dire que l'arachide s'accommode de tous les climats de la colonie. L'arachide se développe tant que durent les pluies ; la végétation ne s'arrête qu'à la sécheresse. Il en résulte que, dans les régions où l'hivernage est de longue durée, les parties centrales de la l'arachide 371 plante ont des gousses déjà mûres, alors que les extrémités sont encore en fleurs. Les terres légères, saines, c'est-à-dire où Feau ne séjourne pas, conviennent le mieux à l'arachide. Son pays de production par excellence, le Cayot, est un terrain sablonneux. Les plateaux de latérite à petit grain, très nombreux à l'intérieur, donnent de bonnes récoltes. La culture de l'arachide est même le meilleur moyen d'utiliser ces terrains pauvres. Dans une terre compacte, l'arachide pousse ; mais les fleurs n'arrivent pas toujours à se frayer un chemin dans le sol ; ce qui diminue le rendement. De plus la qualité devient inférieure. L'humidité occasionne une maladie analogue au pourridié de la vigne qui tue l'arachide. Les sols riches en humus, à puissante végétation, ne conviennent pas à l'arachide précisément à cause de leur humidité. Les vallées du Sénégol et du Niger présentent ime assez grande variété de terrains pour qu'on ne soit jamais embarrassé dans le choix des sols qui lui sont propices. On peut semer l'arachide sur des défrichements ; elle ne se con- fond j)as avec les plantes étrangères dont on la débarrassera par des sarclages. L'arachide entre dans la catégorie des plantes sar- clées. L'arachide se cultive seule ou bien intercalée à d'autres plantes. L'indigène pratique beaucoup la culture intercalaire, arachide et mil. Le mil avec sa taille élevée ombrage le sol et le maintient frais. L'arachide au lieu de ramper dresse ses rameaux. Il en résulte que les gousses sont concentrées au pied de la plante. Si l'on veut avoir une récolte convenable par ce procédé, il faut semer serré. Pour ces cultures intercalaires, l'indigène forme souvent de petites buttes et sème l'arachide tantôt dessus, tantôt entre, sui- vant que le sol ou le climat sont plus ou moins humides. Mais de préférence il sème l'arachide seule, surtout quand il en fait un champ important ; et il opère alors presque toujours à plat. Pour une exportation en grand, surtout avec l'emploi de machines agricoles, la culture à plat est seule pratique. L'arachide, comme beaucoup de légumineuses, assimile l'azote atmosphérique ; elle enrichit le sol au lieu de l'appauvrir. C'est une plante améliorante. Quand on brûle les résidus des précédentes récoltes, les cendres 372 ÉTUDES ET MÉMOIRES favorisent beaucoup les commencements de la végétation de l'ara- chide. C'est du reste la seule fumure qu'on puisse donner ; il y a déjà tant de frais par ailleurs dans cette culture. Préparation du sol. — Suivant que le terrain est plus ou moins lég-er, suivant qu'il juge que la pénétration des feuilles dans le sol pourra s'effectuer plus ou moins aisément, l'indig-ène pratique, au daba, un labour de cinq ou six centimètres de profondeur. On se contente de nettoyer la surface en formant ou non des buttes comme nous l'avons déjà vu. Sans labour préalable, il obtient toujours une récolte quelconque mais le simple passage du daba, bien que superficiel, double le rendement. Pour une terre légère, le daba est sufTisant ; il n'en est plus de même pour un sol compact. Il faut le fouiller plus profon- dément. D'une façon générale, on peut dire que les rendements sérieux n'ont jamais été obtenus qu'avec la charrue. Lorsque le champ est exposé à ce que l'eau des pluies y séjourne, il est nécessaire d'en drainer la surface. On la disposera au moyen de la charrue en sillons de deux à trois mètres de largeur. Ce pro- cédé cependant ne peut convenir aux terres humides. Celles-ci ne sont jamais bonnes pour l'arachide. Se3]is. — On sème soit la gousse d'arachide entière, soit les amandes. La levée, dans le premier cas, est retardée de deux ou trois jours ; ce qui n'a pas d'importance. Mais le semis avec les amandes est préférable. Il permet de sélectionner la semence, d'éli- miner les graines mal venues ou en mauvais état de conservation. On enfouit régulièrement les graines deux par deux, tandis que les gousses en comportent un nombre variable. On commence à semer l'arachide après le sorgho, généralement en juillet. Les amandes perdues d'une récolte précédente germent dès que la fraîcheur du sol lui convient. La façon dont se comporte cette germination de fortune est la meilleure indication du moment de faire les semis. Semer trop tôt, c'est s'exposer à voir le plant compromis par la sécheresse. Les premières feuilles de l'arachide donnent lieu à une grande évaporation ; elles luttent contre l'excès de cette évapora- tion en se fermant aux heures chaudes de la journée ; mais si le l'arachide 373 sol n'est pas suffisamment détrempé, la plante vaincue se fane vite. Les semis se poursuivent jusqu'en août. Ils s'opèrent par poquets de deux graines à la distance de Om. 60 les uns des autres dans tout les sens. Après de multiples essais nous jugeons cette distance de Om. 60 comme la plus convenable. Un pied d'arachide peut arriver à couvrir une surface de un mètre à 4 m. 50 de diamètre ; mais il n'y a pas intérêt à lui réserver un espace aussi étendu puisque les gousses se groupent surtout au centre. L'ouvrier creuse d'un coup de daba un trou de 2 à 3 centimètres de profondeur et laisse tomber deux amandes qu'il recouvre avec la terre conservée sur son outil. Il avance d'un pas et recommence la même opération ; ainsi de suite. Un hectare demande trois journées et 25 kilos d'amandes. Ces semis peuvent se faire au semoir en lignes. Végétation. — Le sixième jour après le semis, les cotylédons soulèvent la terre. Les feuilles ne tardent pas à se former autour de la tige, mais restent longtemps en touffe serrée avant que les rameaux s'élancent. Les premières fleurs apparentes se montrent 25 ou 30 jours après la levée. Cette floraison stérile, à coloration jatme, se maintient plus d'un mois, toujours discrète. A mesure que les rameaux s'allongent, les fleurs fertiles, cachées sous l'aisselle des feuilles, pénètrent dans le sol en fixant la plante comme des racines adventives. L'arachide progresse tant que durent les pluies et émet constam- ment des fleurs fertiles. En terrains légers, dès que les pluies cessent, la plante se dessèche rapidement. Fin octobre, on peut récolter. Dans les sols un peu compacts les amandes restent longtemps gorgées d'eau. La récolte n'est possible qu'un mois plus tard. Entretien. — Quelques jours après la levée, on remplace les pieds manquants, avortés ou détruits par les singes, les perdrix ou autres maraudeurs. Vers la troisième ou la quatrième semaine, on bine et on sarcle. Ce travail demande 13 à 14 journées à l'hectare. On peut le faire avec le cultivateur mécanique si le semis est en lignes régulières. 374 ÉTUDES ET MÉMOIRES Un deuxième binage est encore utile un mois après ; nous disons utile mais pas indispensable ; si les travaux préparatoires ont été bien faits, l'arachide vigoureux a pris le dessus sur les mauvaises herbes. S'il est utile, on doit le pratiquer avec précaution pour ne • pas toucher aux pédoncules des gousses en formation dans le sol. L'ouvrier évitera de passer son daba sous les rameaux et même de les soulever. Cette opération demande dix journées. On comprend qu'elle ne peut être faite au cultivateur mécanique. Enfin quand le champ a été mal préparé, et que vers la fin de l'hivernage les herbes s'en sont emparé, on doit les enlever, mais à la main. Récolte. — La récolte de l'arachide n'est jamais pressée. Elle peut attendre plusieurs semaines sans inconvénient. Le cultivateur ne s'en occupe qu'après avoir rentré ses autres produits. On a cependant avantage à récolter dès maturité ; l'arrachage est plus facile, le sol restant meuble-. Les gousses sont encore solide- ment adhérentes à la plante ; on les amène toutes en tirant sur celle-ci. Plus tard les gousses perdent leur adhérence ; il faut fouil- ler le sol devenu dur pour les recueillir. De plus les parties aériennes de la plante, qui constituent un bon fourrage, d'une réelle valeur commerciale, s'altèrent, se perdent aux vents à mesure que la sécheresse se développe. La récolte se fait au daba, pied par pied, en déchaussant d'abord la plante, puis en tirant sur la tige. Les plantes retournées sont laissées sur le sol, les gousses en l'air, pendant une journée, ou moins si l'atmosphère est trop sèche. Quand on veut conserver le fourrage, on les rassemble en meules. C'est dans l'emplacement même des meules qu'on pratique à la main la cueillette des gousses. Ce travail est fait par les femmes et les enfants. Ils ne prennent que les gousses pleines ; elles sont reconnaissables à la simple pression des doigts. Les gousses vides restent avec la paille. C'est dire que la cueillette se fait gousse par gousse. C'est une opération longue. 11 faut compter, pour un rendement moyen d'un hectare, 80 journées. Elle ne peut se faire économique- ment qu'à la condition de la pratiquer en famille. Plus d'un Euro- péen a éprouvé des mécomptes dans la culture de l'arachide préci- l'arachide 375 sèment à cause de ce travail de la séparation des gousses. Pour surmonter la difficulté, on s'entend avec un chef de village, ou avec quelques familles, en leur abandonnant une partie de la récolte, le cinquième généralement. Comme la cueillette des gousses peut attendre en plein air durant toute la saison sèche, on peut profiter, pour passer ces marchés, du moment où le noir, ayant épuisé ses provisions a le moins d'exigences. On peut séparer par le battage en exposant les plantes alternati- vement au soleil et à la rosée jusqu'à ce qu'elles deviennent friables. On bat au fléau ou à la batteuse. Le fourrage est perdu ; perdus également beaucoup de fruits : des gousses s'ouvrent et laissent échapper les amandes qui sortent meurtries de l'opération. Le produit n'a plus d'homogénéité, composé qu il est de gousses encore intactes et de graines plus ou moins altérées. Dans certaines circons- tances cependant le battage peut être avantageux. Dans les terres compactes, où la récolte est retardée par la force même des choses, il reste facilement dans le sol 1/4 des gousses. Si on veut les recueillir, on ne peut le faire qu'à la main. C'est au cultivateur à juger s'il a intérêt ou non à cette opération. Dans la culture familiale, cet intérêt existe toujours ; c'est une occupation pour les enfants. Lorsque le cultivateur n'enlève pas ces gousses restées dans le sol, les glaneurs, les singes, les écureuils en font leur profit Enfin, faut-il le dire, le maître avare, y envoie volontiers ses captifs cher- cher leur nourriture. Les gousses, recueillies dans des corbeilles, sont portées devant les cases et étendues sur le sol durci des lieux de passage, en couche de 1 0 à lo centimètres d'épaisseur. Tous les matins, après le lever du soleil, on les retourne à la main ou au râteau, pendant 5 à 10 jours, jusqu'à dessiccation. Puis on les emmagasine dans des boundou comme pour le mil. Maladies et ennemis. — L'arachide a ses maladies et ses enne- mis. La principale maladie est le pourridié ; nous en avons déjà parlé à propos des terrains humides. On l'observe encore dans les champs qui n'ont pas subi un labour préparatoire. Les feuilles jaunissent, se persillent et la plante finit généralement par périr. Nous avons également dit un mot des déprédations des singes et 376 ÉTUDES ET MÉMOIRES et des perdrix. Les sing-es viennent en troupes nombreuses dans les champs éloig-nés des habitations ; ils peuvent y causer des dégâts importants soit au moment des semis, soit à la maturité. Lorsque les gousses sont étendues devant les cases, ce sont les fourmis rouges qui viennent les ravager. En magasin, larachide se conserve bien grâce à l'élasticité de ses coques, qui pare au danger de l'entassement. Il n'y a à se préserver que des rong-eurs et des termites. Rendement. — Le rendement moyen des surfaces cultivées en arachide dans la colonie peut s'estimer à 4.000 kilogrammes de g-ousses par hectare. Mais combien souvent cette culture est faite de façon rudimentaire ! Avec une préparation du sol au daba, déjà le rendement s'élève à 1.500 et 2.000 kilos. Par la charrue il monte jusquli 3.000. Un hectolitre de g-ousses pèse environ 85 kilos. Les graines décortiquées représentent en poids 60 % du fruit complet. On peut estimer à 1.000 kilos le rendement moyen en fourrage sec. Nous avons obtenu jusqu'à 2.000 kilos. Usages. — L'amande d'arachide, d'après Corenweider, contient pour 100 : Huile 51.75 Substances azotées 21 .80 Matières organiques 17.66 Potasse, chlore, etc 2.03 Eau 6 . 76 Elle entre pour une large part dans l'alimentation des noirs. On la consomme nature ou grillée. Légèrement torréfiée et écrasée, elle entre dans la composition des sauces, qui accompagnent les préparations de mil, de riz ou de fonio. Enfin on fabrique de l'huile. Les femmes écrasent les amandes dans un mortier ; puis projettent dessus de l'eau bouillante. L'huile vient surnager. Elles la recueillent par décantation. Cette huile indigène se vend de 0 fr.50 à 0 fr. 70 le litre. L'arachide est le Vade-mecum des vovag-eurs. Les Dioulas ou colporteurs, très répandus dans la colonie, en croquent tout le I l'arachide 377 long- du chemin. Arrivés au gîte, ils tirent encore de leur sac une poig-née de pistaches pendant la préparation du couscous. Commerce. — L'arachide est avec le mil, le riz, le fonio, la den- rée la plus répandue sur les marchés. Les g-ousses au détail se payent, à la récolte, 0 fr. 15 le kilo. En hivernage, le prix s'élève à 0 fr. 25 et 0 fr. 30. Au détail, l'arachide se vend plutôt décortiquée par sou ou cauris (menue monnaie en coquillage.) Il nous suffira de rappeler qu'au Sénégal l'arachide est le prin- cipal élément de l'exportation. On en expédie annuellement en Europe cent mille tonnes d'une valeur de plus de quinze millions de francs. A l'intérieur, le chemin de fer a créé des huileries pour son maté- riel. Elle achète les amandes de 15 à 18 francs les 100 kilos. Le fourrage est acheté par le service des subsistances 3 et 4 francs les 100 kilos, pour les chevaux et les mulets de l'année. Ces achats se font à la récolte. La ration journalière d'un cheval est de 3 à 4 kilos suivant la taille. Le noir possesseur d'un cheval lui fait manger même des gousses pour lui donner de l'embonpoint. Économie de la culture. — La culture de l'arachide demande beaucoup de main-d'œuvre. Nous l'envisagerons à deux points de vue : 1° pratiquée uniquement par la main-d'œuvre indigène ; 2° pratiquée avec le secours des machines agricoles. Voici les frais de culture pour la main-d'œuvre indigène pour un hectare. Préparation du terrain, nettoyage et labour au daba 25 journées à 0 fr. 75 18 fr. 75 Semence 40 kilos, à 0. 25 prix à l'époque de son emploi 10 fr. 00 Semis 3 journées à 0 fr. 75 1 Deuxième semis pour remplacer les man- > 3 fr. 75 quants 2 — \ Trois sarclages et binages 30 — 22 fr. 50 Récolte et mise en meules 15 — M fr. 25 Cueillette des gousses '. 80 — 60 fr. 00 Total 126 fr. 25 378 ÉTUDES ET MÉMOIRES Avec ce sj'stème de culture on peut compter sur un rendement de 1.500 kilos de gousses à 150 fr. et 1.000 kilos de fourrage à 2 fr. les 100 kilos 20 fr. 170 fr. Différence ou bénéfice net . . . 43 fr. 75 Ce bénéfice déjà minime demeure encore aléatoire : la vente du fourrag-e est loin dêtre assurée. De plus une culture un peu étendue épuiserait bien vite les ressources en main-d'œuvre. On tourne la difficulté, comme nous l'avons déjà dit, en traitant avec un chef de case ou de village pour la cueillette des gousses. On le paye en nature. Nous avons vu conclure ce marché par l'aban- don de l/r5 des gousses ; soit 300 kilos sur 1.500. On réalise ainsi une économie de 30 francs sur le compte précé- demment établi, ce qui porte le bénéfice à 73 fr. 75. Voici maintenant le décompte de la culture de l'arachide avec les machines agricoles, établi pour une superficie de 5 hectares. Nettoyage à la main. ... ... 25 journées à Ofr. 75 18 fr. 75 Labour à la charrue 25 — à 1 fr. 00 Semences 200 kilos — — Semis au semoir 3 — 0 fr. 75. 1*"' sarclage au cultivateur. ... 1 2" — à la main ) Ce 2" sarclage peut être inutile. ] Récolte 75 — .... Capital engagé 200 fr. dont Tamortissement et l'intérêt à 25"/c Total . .. . 25 fr. 00 50 fr. 00 3 fr. 00 1 fr. 00 37 fr. 50 56 fr. 25 50 fr. 00 241 fr. 50 Ce qui donne pour un hectare 48 fr. 30 de frais. Le rendement par ce procédé de culture est plus considérable ; il s'élève à 2.500 kilos de gousses par hectare. Nous en abandonnons 500 pour la cueillette des gousses ; restent 2.000 kilos d'une valeur de 200 francs. Bénéfice net 200 fr. — 48 fr. 30 = 151 fr. 70 Nous ne comptons pas ici la valeur du fourrage consommé dans l'exploitation même. Ce bénéfice serait encourageant; mais il est facile de comprendre que la culture de l'arachide, soit par les moyens indigènes seuls, soit avec l'aide de machines ne peut pas prendre une grande exten- sion. La main-d'œuvre est limitée ; elle ne tarderait pas à faire défaut. l'arachide 379 Conclusion. — Pour nous résumer sur la culture de l'arachide nous dirons. Qu'elle convient surtout à l'indigène à cause de la main-d'œuvre considérable et spéciale qu'elle exige. Qu'elle doit être encouragée. Plante sarclée, l'arachide demande plusieurs nettoyages du champ pendant sa végétation et le laisse débarrassé des mauvaises herbes pour les cultures suivantes. Plante améliorante, assimilant l'azote atmosphérique, elle enri- chit le sol par ses débris. Ses longues racines vont puiser les matières minérales dans la profondeur et le disséminent à la surface en pourrissant, double fumure pour de nouvelles semences. La culture de l'arachide est le fond de Tassolement. Après les végétations épuisantes du sorgho, du riz de montagne, du coton, elle seule peut régénérer les terres. L'industrie cotonnière doit y chercher un complément obligé. C'est avec l'arachide qu'on rendrait la fertilité aux champs épuisés des grands centres, tels que Kankan, Bamako, Ségou, etc. Bien que la culture de l'archide convienne surtout à l'indigène, elle doit aussi figurer dans toute exploitation importante, ne serait- ce que comme fourrage et consécutivement comme engrais. Dans certaines circonstances, pour augmenter le volume alimen- taire du fourrage, on peut laisser les gousses adhérentes à la paille. Le bétail s'en trouve mieux. Les feuilles d'arachide séchées encore vertes rendent l'appétit aux chevaux. C'est au manque de fourrage d'arachide ou à sa mauvaise conservation qu'on doit attribuer le peu de résistance du cheval et sa rareté dans le sud de la colonie. L'indigène de ces régions n'entend rien à l'élevage de cet ani- mal. Encore un avantage de l'arachide qui a bien son importance, c'est qu'elle est une des dernières plantes sur lesquelles s'abattent les criquets. Enfin si les terres cultivées de la colonie qui s'appauvrissent d'année en année ne sont pas plus avancées dans cette voie, c'est à la culture de l'arachide, qu'on le doit. Nous ne terminerons pas sans dire un mot d'une question brû- lante que réveille dans notre esprit la culture de l'arachide : c'est celle du déboisement dont se préoccupe le gouvernement de la colonie. Déjà dans certaines régions le déboisement prend des pro- portions inquiétantes. Nous citerons le Fouta, pays entre tous dont 380 ÉTUDES ET MÉMOIRES les parties boisées devraient être respectées h cause de sa situation à la tête des plus importantes vallées. L'indigène y déboise réguliè- ment les flancs de montagnes pour se procurer des terrains neufs. Il n'en aurait nul besoin s'il savait conserver la fertilité de ses champs. Un assolement bien compris avec l'arachide lui en fourni- rait le moyen. Finalement, l'arachide a un grand rôle à remplir à tous les points de vue dans l'avenir de la colonie. Dumas, Agent principal de culture en service dans le Haut-Sénégal Niger. LA BANANE SÈCHE § 1. — AVENIR COMMERCIAL DE LA BANANE SÈCHE Dans toute exploitation agricole, les fruits que l'on récolte sont destinés à être consommés ou employés immédiatement, ou bien expédiés à une distance plus ou moins grande, ou bien conservés pendant un temps plus ou moins long. Dans une exploitation où l'on s'occupe de la production des bananes, l'on a en vue, pres- que exclusivement, l'expédition des fruits vers des pays éloignés. Mais de même que dans toute exploitation tous les fruits que Ton récolte ne sont pas marchands, de même dans une banane- raie tous les régimes ne sont pas bons à être expédiés : tel est le cas des régimes qui ont irrégulièrement mûri, ou qui, pour une cause ou pour une autre, ont été avariés ; de ceux qui, possédant moins de huit mains, sont considérés comme « non marchands ». Parmi ces régimes défectueux, on peut encore ranger par exemple les régimes de bananes indigènes en Guinée, provenant du musa sapientum en général : ces bananes, quoique très fines, très parfumées et sucrées, ne peuvent être exportées par suite de la petite taille de leurs régimes. Une autre cause de perte pour une exploitation pro- vient des régimes qui parfois arrivent trop tard pour prendre le bateau et qui sont alors difficilement utilisables. Tous ces déchets qui, lorsque l'on a en vue seulement la produc- tion de la banane fraîche, n'cnt pas d'utilisation, peuvent cepen- dant être transformés en un produit nouveau, accepté sur le marché : la banane sèche. Depuis longtemps déjà, on s'occupe de la dessiccation de la banane, et cette industrie se pratique d'une façon suivie en Amé- rique. Par la dessiccation, on obtient des fruits qui, ne renfermant plus que 30 pour 100 d'eau environ au lieu de 60 à 70 pour 100, conservent le goût et le parfum du fruit frais tout en étant d'une conservation facile. La banane sèche n'arrive encore que peu sur le marché européen, surtout en France, où elle est à peine connue, mais toutes les per- 382 ÉTUDES ET MÉMOIRES sonnes qui en ont goûté ont été unanimes à apprécier ce nouveau produit, ce qui permet de bien augurer de l'accueil qui lui est ré- servé de la part des consommateurs. Il est aussi très difficile de fixer une valeur marchande pour la banane sèche, mais d après Phototype Km. Prudhomine Akondro Barabo. (Variété de banane de la côte Est de Madagascar). quelques es.sais qui ont été faits cette année, on peut donner, comme prix très approximatif, celui de 1 franc le kilogramme. La banane sèche sera certainement très facilement acceptée sur le marché ; mais il reste à trouver la forme sous laquelle on présen- tera le nouveau produi . La banane simplement séchée ressemble à une sorte de cigare aplati de couleur jaune brun ; sous cette forme, la banane peut être employée directement par certaines LA BANANE SÈCHE 383 industries, celle des confiseurs entre autres, mais elle a deux défauts : elle est très poisseuse et elle a une forme désagréable à l'œil ; il faudra donc la transformer de façon à flatter la vue et à ne pas salir les doig-ts. On fait en Amérique une sorte de saucisson avec les bananes sèches, celles-ci sont mises les unes contre les autres, enveloppées dans des feuilles et fortement serrées avec des fibres de raphia, on les coupe ainsi en rondelles, tout comme un Phototype Em. Prudhomme. Akondro lahy. Mot à mot bananier mâle. (Variété de la côte Est de Madagascar). saucisson ordinaire. Cette forme sera-t-elle adoptée sur le marché eui^opéen ? Ou bien préférera-t-on les formes un peu massives sous lesquelles on présente le pain d'épices ? Ce sera aux consommateurs à rég-ler cette question. § 2. — Préparation de la banane sèche. La méthode la plus simple pour obtenir des bananes sèches con- siste à peler des bananes et à les exposer au soleil jusqu'à dessicca- 384 ÉTUDES ET MÉMOIRES tion suffisante. Mais ce procédé très simple et peu coûteux ne peut-être appliqué que dans les pajs où le soleil brille constamment. Or, il n'en est pas ainsi en Basse-Guinée, où pendant cinq mois d'hivernag-e, on le voit peu ou pas du tout. Dans la Moyenne-Guinée, les conditions climatériques sont un peu meilleures : Forage passé, le soleil reparaît aussitôt après, même en pleine saison des pluies. L'on doit donc avoir à sa disposition, un appareil qui permette de faire cette dessiccation par tous les temps. Un tel appareil sera sur- tout précieux à la côte pendant Thivernage ; c'est l'époque où les embarquements sont gênés, où l'air est très humide, et les bananes mal ressuvées sont de mauvaise conservation ; la dessication artili- cielle permettra de tirer parti de ces fruits. Le principe sur lequel sont construits les dessiccateurs est très simple : il s'agit de faire circuler de l'air chaud sur les fruits que Ion veut dessécher; c'est dire que beaucoup de dessiccateurs peuvent être employés à cet usage. Nous allons cependant donner des indi- cations sur deux appareils qui nous ont servi pour nos essais au Jardin colonial et qui ont donné de bons résultats. Évaporateur de la maison Mayfa/'th. Cet appareil est composé : a) D'un foyer à double enveloppe, dans lequel on brûle un com- bustible quelconque, muni d'un tuyau qui emmène les gaz provenant de la combustion. h) Et d'une caisse en bois de 3 à 5 mètres de long et de 0 m. 70 à 1 mètre de large. Cette caisse légèrement inclinée, repose par sa partie inférieure, sur la partie supérieure de la double enveloppe du foyer. Elle est partagée en deux compartiments par une cloison, et dans chacun de ces deux compartiments se trouvent trois hauteurs de claies; c'est sur ces claies que se posent les fruits à dessécher. L'opération avec cet appareil est extrêmement simple ; l'air qui s'est échauffé au contact du foyer, pénètre dans les compartiments où l'on a disposé les fruits et les dessèche. Les claies sont introduites dans le compartiment supérieur et dans sa partie la plus basse : au fur et à mesure que la dessiccation s'avance, on pousse les premières claies par des claies nouvellement chargées, jusqu'à ce qu'elles arrivent à la partie supérieure du compartiment du haut ; les fruits sont retournés, examinés, et s'il est nécessaire, les claies introduites de nouveau dans l'appareil, mais cette fois dans le compartiment inférieur. La dessiccation peut, de cette façon, être poussée aussi loin qu'on le désire. LA BANANE SECHE 385 Les prix de ces appareils sont respectivement de 389 marks 5, pour 8 mètres de claies et de 995 marks pour 32 mètres carrés de claies. Le montag-e de l'appareil est extrêmement simple, ainsi qu'il res- sort de Finspection de la figure. Appareil Mayfarth. Evaporateur Waas. Les Maisons Fritz-Marti et Fûrrer Priiss ont mis chacune à notre disposition un de leurs appareils. Mais comme ces appareils sont absolument identiques, une seule description suffira . L'évaporateur Waas se compose ég-alement d'un foyer au contact duquel l'air vient s'échauffer ; cet air chaud s'élève alors et passe successivement dans une série de plateaux superposés, dont le nombre varie suivant la g-randeur de l'appareil; chacun de ces pla- teaux dont le fond est formé par une toile métallique à petites mailles, renferme deux claies sur lesquelles on dépose les fruits. La marche de l'appareil est aussi très simple ; un certain nombre de plateaux chargés est tout d'abord mis sur l'appareil : lorsque la Bulletin du Jardin colonial. 27 386 ÉTUDES ET MÉMOIRES dessiccation des fruits y contenus est déjà un peu avancée, l'ouvrier appuyant sur un levier, soulève tous les plateaux déjà en service et peut introduire un nouveau plateau par-dessous. La même manœuvre du levier permet de vérifier les plateaux de n'importe quel rang- ; on peut ainsi se rendre compte de la façon dont l'opération se conduit dans toute la hauteur de l'appareil. Ces appareils sont aussi expédiés en deux parties : le générateur dair chaud et l'ensemble des plateaux. Pour 20 mètres carrés de claies ces appareils peuvent contenir 200 kilogrammes de bananes et coûtent 1.175 francs; pour 26 mètres carrés on peut mettre 230 kilogrammes et le prix est de i.430 francs. Mais on peut avoir des évaporateurs qui ont 40, 80 et même 100 mètres carrés de surface de dessiccation et dont les prix sont fixés sur devis. § 3. — Essais de dessiccation. Effectués au Jardin colonial à Nogent. Un certain nombre d'expériences ont été faites au Jardin colonial dans le but d'étudier le rendement des régimes de bananier de Chine en bananes sèches, ainsi que la qualité des produits obtenus. Un régime de 20 kg. 530 a donné 13 kg. 370 de bananes pelées, soit pour 100 kilogrammes de régime une proportion de 65 kilo- grammes de bananes prêtes à être séchées et 35 pour 100 de déchets (peaux des bananes et axe du régime). Le minimum de déchets que nous ayons obtenu a été de 31 pour 100, chiffre encore supérieur à celui indiqué par Raoul et Sagot, qui est de 25 pour 100. Si l'on dessèche trop vite les bananes, celles-ci se caramélisent à la surface, puis se dessèchent ensuite très mal. Des bananes des- séchées dans ces conditions ont donné pour 5 kilogrammes de bananes pelées : Appareil Mayfarth : 1 kg. 500 Ijananes sèches, soit 30 pour 100 des bananes humides ou 19 kg. 500 pour 100 kilogrammes de régime. Evaporateur Waas : 1 kg. 380 bananes sèches, soit 27,6 pour 100 de bananes humides ou 17 kg. 940 pour 100 kilogrammes de régime. Dans une autre série d'expériences entreprises avec l'évapora- teur Waas (Fûrrer Priiss), la dessiccation a été jDoussée très lente- LA BANANE SECHE 387 ment de façon à obtenir des bananes d'une belle couleur jaune d'or. Dans ces conditions, la dessiccation a pu être j^oussée plus loin que dans les premières expériences. Appareil Waas (Évaporation simple) 21 kg. 960 de bananes pelées ont donné 4 kg-. 600 de bananes desséchées à 45 pour 100 d'eau, ce qui représente 20,9 pour 100 388 ÉTUDES ET MÉMOIRES du poids des bananes pelées et 14 kg-. 421 pour 100 kilogrammes de régime. (Des bananes conservées pendant 4 mois, ne se sont pas altérées et ont gardé tout leur parfum). Dans une dernière série d'expériences faites avec le même appa- reil (Fritz-Marti), on a desséché comparativement des bananes mûres, presque mûres et pas mûres. Les bananes mûres séchées ont donné 19,1 pour 100 du poids des bananes humides non éj^luchées. Les bananes peu mûres, 17,1 pour 100. Les bananes pas mûres, 16,9 pour 100. Dans ces dernières expériences le rendement des bananes sèches a été rapporté au poids des bananes vertes avec leur jDclure ; mais il n'a pas été tenu compte du poids de Taxe du régime ; les bananes mises en expérience provenaient, en effet, de régimes différents et avaient été choisies en vue d'étudier les produits que l'on pouvait obtenir suivant les états de maturité. Ces bananes desséchées renfermaient du reste : Mûres, 32 pour 100 d'eau; 29,8 pour 100 sucre réducteur ; 3 pour 100, saccharose. Peu mûres, 27 pour 100 d'eau; 26,7 pour 100 sucre réducteur; 3 pour 100, saccharose. Pas mûres, 22 pour 100 d'eau; 9,9 pour 100 sucre réducteur; 2,9 pour 100, saccharose. Les bananes non mûres, qui se sont desséchées très rapidement parce qu'elles contiennent peu de sucre, se réduisent très facilement en farine, elles sont riches en amidon. Ce sont les bananes mûres qui ont donné les plus beaux produits, d'un jaune doré, agréables à l'œil et d'un goût très fin; ce sont certainement elles que l'on aura intérêt à dessécher dans une exploitation. Les bananes non mûres, et surtout les grosses bananes farineuses pourraient être desséchées en vue de la fabrication de la farine de bananes dont on a tant parlé ces dernières années : mais il faudrait d'abord être définitivement fixé sur la valeur de cette farine et sur l'accueil que les consommateurs lui réserveraient. Voici à titre de document deux analyses de farines de bananes, effectuées au Jardin Colonial .• l'une vient de Java et se vend sous le nom de Bananina ; l'autre farine nous avait été remise par la maison Mayfarth. LA BANANE SÈCHE 389 Farint Bananina Farine Mayfarth Humidité 12.10 10.70 Matières azotées 3 . 63 3.31 Matières grasses 1.10 1.15 Matières amylacées .. . 71.45 68.15 Cellulose 1.30 1.94 Cendres 2-70 2.40 Non dosé 7.72 12.35 100.00' 100.00 P. Ammann Ingénieur agronome^ Chef du Service chimique au Jardin colonial. Deux nouveaux essais de dessiccation de bananes mûres exécutés tout dernièrement par les soins du Jardin Colonial chez M. May- farth d'une part, et chez MM. Fûrrer Priiss de l'autre, ont donné des résultats tout à fait comparables à ceux consignés dans cet article par M. P. Ammann. (Note de la rédaction.) LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS [Suite '.) Climat du littoral Pluie, température, hygrométrie. Celui qui veut tenter la culture du cacaoj'er, dans une région déterminée, doit, avant toute chose, se préoccuper du climat qui peut être, ou non, favorîible à la plante qu'il désire cultiver. Si remplacement choisi se trouve aune petite distance de planta- tions déjà un peu anciennes, ayant fait leurs preuves, on pourra en déduire que Ton se trouve dans de bonnes conditions au point de vue climatérique. Il en est autrement si, pour une cause quel- conque, on se fixe dans une région neuve, au point de vue agri- cole. A l'heure actuelle, on possède des renseignements suffisamment précis, sur les différentes régions de la zone côtière, pour faire son choix en toute connaissance de cause. Le tableau ci-contre, résumant les observations d'une année, faites à Libreville, où le cacaoyer se comporte bien, au point de vue clima- térique, pourra sinon servir de type, du moins fournir une bonne base d'appréciation. On sait, en effet, que pas plus au Gabon qu'ail- leurs, les observations métérologiques d'une année ne se répètent exactement l'année suivante. Des moyennes d'une dizaine d'années ne fourniraient d'ailleurs pas, à cet égard, de renseignements plus précis, puisque, ce qu'il importe surtout au planteur de connaître, ce sont les observations extrêmes ; minimas et maximas concernant la température, l'hygrométrie, et les périodes plus ou moins longues de sécheresse qui peuvent être atténuées ou aggravées, suivant que l'humiditéde l'air est plus ou moins abondante. On conçoit, en effet, facilement, que le cacaoyer pourra plus facilement supporter une période assez longue de sécheresse, s'il se trouve dans un milieu où l'humidité atmosphérique, par suite de circonstances spéciales : voi- sinage de la mer, d'un fleuve, d'une rivière, d'un lac, de marais, etc., 1. Voir Bulletin n° 37. LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 391 conserve pendant la période sèche un degré d'humidité assez élevé pour corrig-er, en partie, la rig-ueur de la sécheresse. Si, au contraire, pendant la période sèche, ledeg-ré d'humidité de l'air diminue nota- blement, par suite d'une situation spéciale ou de l'absence d'abris contre les vents, les cacaoyers souffriront beaucoup, surtout si ces facteurs défavorables exercent leur action pendant un certain temps. Au Gabon, la petite saison des pluies commence dans le courant du mois de septembre. En décembre ou janvier suivant, il peut y avoir un ralentissement, ou même une interruption de courte durée dans les chutes de pluie : c'est ce qu'on appelle la petite saison sèche. En janvier ou février les pluies reprennent avec plus d'inten- sité et s'accentuent en force et en violence jusqu'en mai. La saison sèche commence habituellement dans les premiers jours de juin. Suivant les années, la saison des pluies commence plus ou moins tôt, de même que la saison sèche est plus ou moins rigoureuse ; ces différences se constatent d'ailleurs dans tous les pays, et à ce propos nous devons dire qu'il ne faut jamais se baser sur les années excep- tionnellement sèches, par exemple, qui peuvent se présenter de temps à autre, pour en déduire qu'une culture donnée est impossible dans une région déterminée. Conservation des graines de cacaoyer. Comme presque toutes les semences contenant une matière grasse, les graines de cacaoyer s'altèrent rapidement sous l'influence de l'air, de la chaleur, de la lumière et de l'humidité. Normalement, les graines renfermées dans le fruit ne se conservent guère en bon état pendant plus d'une quinzaine de jours. Si on les retire du fruit, leur altération est encore plus rapide. La durée limitée de la faculté germinative des graines de ca- caoyer, oblige le planteur à n'utiliser, pour les semis, que des graines provenant de fruits fraîchement récoltés. Il est très facile, au nouveau venu, de se procurer les graines dont il a besoin, s'il se trouve à une petite distance de cultures déjà anciennes. Au contraire, s'il est obligé de faire venir ses graines d'un pays ou d'une région éloignée, il sera nécessaire qu'il prenne des précautions pour empêcher les graines de s'altérer en cours de route. 392 ÉTUDES ET MÉMOIRES La même précaution est à prendre, s'il s'ag-it d'introduire, de pays voisins, des graines de variétés, dont on veut essayer la culture. Dans ce cas, voici comment il convient de procéder, pour que les fruits puissent supporter un voyag-e de quelque durée. Choisir sur les arbres des fruits qui, selon les variétés, présentent les caractères d'une prochaine maturité ; il est nécessaire, en effet, de ne pasprendre de fruits trop mûrs. Conserver ces fruits à l'ombre, et exposés à l'air, dans la journée seulement, pendant 48 heures au moins, pour que l'enveloppe du fruit perde une partie de son humidité. Après ce temps, faire fondre de la paraffine et en couvrir toute la surface du fruit d'une couche continue, sur une épaisseur d'au moins 2 millimètres. Ce n'est qu'à la condition que toutes les parties de la coque seront bien couvertes de paraffine, que la pro- tection sera efficace. Après refroidissement de la substance protectrice, envelopper chaque fruit séparément dans une feuille de papier, et placer le tout dans une caisse peu épaisse, dont les vides seront remplis avec de la sciure de bois. La fermeture de la caisse ne sera pas hermétique ; elle devra au contraire laisser pénétrer de l'air dans l'intérieur du colis. Nous avons pu, par ce moyen, conserver des cabosses de cacao, en excellent état, pendant plus de deux mois. Choix des porte-graines, sélection, semis. Pour avoir des graines présentant le maximum de garanties, on choisira d'abord, dans une plantation en rapport, les arbres bien portants, à écorce lisse, à feuillag'e vert, à fructification rég-ulière, à bonne vig-ueur moyenne, ayant peu tendance à donner des g-ourmands. Sur ces arbres types, on prendra seulement les plus beaux fruits l^ien formés, mais pas trop mûrs. San Thome Trln'.dad ^nilu, dans chacune des cabosses, on ne „. gardera que les plus belles graines en rejetant celles placées aux extrémités des fruits, généralement petites et mal formées, et celles trop aplaties et avor- tées. Si malgré une bonne apparence extérieure, il se trouvait, dans un LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 393 ■adiculo fruit ouvert, une trop grande quantité de graines fivortées ou mal venues, il serait bon d'en rejeter la totalité. En prenant ces précautions, les se- mences auront été choisies selon les principes généraux de la sélection, qui sont de première im- portance en agricul- ture. La forme généralement ovoïde, de la graine du cacaoyer, varie plus ou moins chez les différentes variétés (fig. 1). Toutefois on retrouve aisément, dans toutes les formes, un carac- tère distinctif qui permet, à quelques rares exceptions près, de placer la graine dans la position voulue, pour que la germination ait lieu dans de bonnes conditions. Ce caractère réside dans la forme de la graine qui a toujours une de ses extrémités un peu plus large que l'autre et légèrement aplatie. C'est par l'extrémité la plus large que se développera la radicule ; c'est par conséquent ce côté qui doit être enfoncé verticalement dans le sol (fig. 2). Dans les cas douteux seuls, on peut tourner la diffi- culté en posant la graine à plat (fig. 3). On voit, dans la fig. 4, une graine placée dans le sol, la radicule en l'air ; le plant qui sera fourni par cette graine devra être rejeté car sa tige se développerait mal et en cerceau. Avec un peu d'habitude, le planteur ne se trompera pas. Toute- fois il sera possible d'augmenter les chances de réussite dans le pla- cement des graines en terre, par un procédé fort simple, qui consiste après avoir brisé les cabosses à en retirer les graines et à les laisser éten- dues à l'ombre en couches peu épaisses, pour éviter la fermentation et cela, pendant quelques jours, jusqu'à ce qu'apparaisse, à une de leurs extré- mités, un point blanc qui est la partie inférieure de la radicule. Cette exposi- tion pendant quelquesj ours des graines à l'air, aura en outre l'avantage de faire Fis 394 ÉTUDES ET MÉMOIRES sécher en partie la pulpe qui les entoure, et qui en rend le manie- ment difficile. Un procédé souvent employé consiste, avant le semis, à rouler les graines dans de la cendre de bois, afin de les mettre à Fabri de l'attaque des fourmis et autres insectes, très friands de la pulpe sucrée qui, à l'état frais, est adhérente aux graines. Ainsi préparée, la g-raine doit être prise entre le pouce et lindex, de façon que les doigts, et non la graine, fassent le trou dans la terre qui, bien qu'ameublie, pourrait blesser l'extrémité de la radicule. En retirant les doigts, la terre retombera d'elle-même suffisamment pour recouvrir la graine, tout en permettant à l'opérateur d'aperce- voir son extrémité (fîg. 1). Le planteur comprendra aisément qu'étant donnés les soins qu'il doit apporter au semis pour obtenir une bonne germination, il doit auparavant commencer par faire un choix judicieux des graines destinées à la pépinière pour que de bons résultats puissent être obtenus, par la suite, dans la plantation. SEMIS EN PLACE Le semis direct, quoique se rapprochant le plus de ce qui se passe dans la nature, est absolument contraire aux principes élémentaires de multiplication, qui veulent que toute extrémité de racine sec- tionnée produise plusieurs ramifications et des radicelles supplé- mentaires, et favorise, par cela même, le développement plus rapide de la plante. Ce procédé, d'ailleurs peu employé au Gabon, est à notre avis peu pratique, et nous ne l'indiquerons que pour mémoire. Lorsque le débroussement du terrain est fini, le creusement des trous terminé, et les bananiers porte-ombre plantés, et suffisam- ment développés, on choisira une journée sans pluie et on fera pas- ser dans chaque ligne un homme qui ameublira et égalisera à la bêche la terre fraîchement rapportée dans chaque trou. Les graines seront semées ensuite, à raison de trois par trou, et à une distance de 20 à 25 centimètres les unes des autres, de façon à former un triangle équilatéral dont les graines marqueront les som- mets. Lorsque les jeunes plants auront 15 centimètres de hauteur, et LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 395 lorsqu'il sera possible de disting-uer le plus vigoureux, on supprimera les deux plus chétifs, avec précaution, pour ne pas déchausser celui qui devra rester définitivement. Si ces plants ne devaient pas être utilisés pour des remplacements, on pourrait se contenter de les couper au sécateur. Ce procédé paraît seulement pratique dans le cas où ne disposant que d'un faible capital, on voudrait après avoir débroussé quelques hectares de forêt, en réservant suffisamment d'arbres pour l'om- brage, semer des graines directement de place en place, à des distances variant de 3 à 4 mètres, sans alignement bien régulier, avec des frais de préparation de terrain très réduits. L'inconvénient du semis direct en place, est d'abord d'occuper de grandes étendues de terrain au moment où les cacaoyers sont à l'état de jeunes plants ; de rendre plus difficile, par le fait de leur grand écartement, les soins de toutes sortes à leur donner: sarclages, arrosages, etc., et de les exposer davantage, étant moins surveillés, à être attaqués par certains insectes, et même à être coupés par les travailleurs pendant les sarclages, SEMIS EN PÉPINIÈRE (PLEINE TERRE ET PANlERs) Le semis en pépinière est évidemment de beaucoup préférable au semis direct. C'est le plus généralement adopté au Gabon. - 55 /Si? ^0, ISO JiO, 130 iO mitres . _ ^0^ 120 ,30, ISO .30. ICO Ô5 K K K .< rf K X X X X X >t X X V X X X X X XXX X X X X X X X XXX X 'X X X X X X XXX X X X X X X X XXX X X K X X X X XXX X X X X X X X Fig. 1. Il faudra autantque possible, pour établir la pépinière, choisir un terrain sensiblement égal à celui de la jjlantation, sans craindre de le prendre un peu compact, pour rendre plus facile la transplan- tation des cacaoyers. Une méthode quelquefois employée consiste à prendre en bor- 396 ÉTUDES ET MÉMOIRES dure de la forêt et du débroussement, une superficie rectangu- laire permettant de faire bénéficier les jeunes plants de l'abri de la haute futaie. Elle évite l'ombrage artificiel mais a l'inconvénient d'ombrager très irrégulièrement les jeunes plants, et de rendre imjîossible la diminution graduelle de l'ombrage au fur et à mesure de la crois- sance des plants pour leur donner plus de résistance. Cliché de M. Dybowski. Pépinière de Cacaoyers dont la couverture a été enlevée. Nous préférons et indiquons comme meilleure méthode celle qui consiste à choisir, en plein débroussement, une surface relativement plane de plusieurs ares de terrain pour établir la pépinière. Après avoir extirpé à la houe toutes les racines renfermées dans le sol et égalisé la surface du carré, on dispersera les cendres qui se trouveront amassées par place pour obtenir le maximum d'homogé- néité du terrain, puis on fera un labour profond à la houe, et ensuite à la bêche pour briser les mottes. On établira ensuite une base de 10 mètres, orientée de l'est à l'ouest, aux extrémités de laquelle on fera partir 2 lignes perpendiculaires LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 397 plus OU moins étendues suivant l'importance que l'on voudra donner à la pépinière. En règle g-énérale, il y aura intérêt à ne pas dépasser une superficie de 10 ares qui est plus que suffisante pour avoir un rayon d'action utile. Sur la base on marquera les points correspondant aux planches et aux sentiers qui seront orientés Nord-Sud ; on achèvera le tracé et on fera le semis en espaçant les graines de 20 à 25 centimètres en tous sens. La largeur de 1 '" 20 pour les planches est suffisante et facilite le sarclage des jeunes plants avec les 0 ™ 30 de sentier réservés. La distance de 0 ™ 25 entre les graines donne, avec les dimensions que nous indiquons pour les sentiers, 1.200 plants à l'are (fig. 1). C'est par la division régulière des planches, et les distances bien égales entre chaque plant, qu'on obtiendra des plants bien constitués recevant tous la même quantité de lumière, et que par la suite on aura une plantation bien uniforme. Pour la couverture de la pépinière, la forêt fournira tout ce qui est nécessaire : des piquets à fourche que l'on enfoncera de distance en distance, et qui seront reliés par des tiges de palmier bambou (Raphia). Les feuilles du même palmier, ou du palmier à huile, étendues sur les bambous pour intercepter les rayons solaires, formeront la couverture. . Si l'on couvre la totalité de la pépinière, on devra placer la cou- verture à 1 ™ 80 ou 2 mètres au-dessus du sol, de façon à permettre la circulation facile des travailleurs sous l'abri. On peut opérer plus rapidement en ne couvrant que les planches, auquel cas il sera nécessaire de réserver 0 ™ 60 pour les sentiers et de n'établir la couverture, plus légère, qu'à 1 " 20 au-dessus du sol. Lorsque les plants auront 2 mois de semis, on enlèvera graduel- lement les feuilles de la couverture pour habituer peu à peu les cacaoyers au soleil, sans toutefois les y exposer complètement. En étendant la plantation, il est bon de créer de nouvelles pépi- nières plus rapprochées des nouveaux terrains à planter, ce qui facilite le travail de transplantation. 398 ÉTUDES ET MÉMOIRES Choix des vases. Sous le climat du Gabon, lorsque Ton choisit un temps couvert de saison des pluies, la reprise des jeunes cacaoyers de pépinière en pleine terre s'effectue facilement, si la transplantation est faite avec soin. Il n'y a par conséquent pas nécessité à semer en vases. Le vase en bambou occasionne le développement exagéré du pivot au détriment du chevelu, donne des plants peu trapus et doit être réservé pour les transports à longue distance. Le panier en rotin n'a pas les mêmes inconvénients. Il a générale- Fiu-. 1. ment une forme conique et peut être rapidement fait par les indi- gènes àl'aidede quelques lanières de rotin tressées (fig. 1). Pour faire le semis on placera les paniers serrés les uns contre les autres de manière à former les planches que l'on abritera comme il est indiqué plus haut pour les pépinières de pleine terre. On prendra la terre moyenne de la plantation jusqu'à 0 ™ 30 de profondeur et on la réunira en tas pour la mélanger, et remplir ensuite les paniers. Il sera bon de butter les paniers en bordure pour leur conserver LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 399 Thumidité nécessaire. Cela fait, une graine sera placée au milieu de chaque panier comme nous l'avons vu au début de ce chapitre. De 8 à 12 jours après la mise en terre des g-raines, les deux cotylédons commenceront à apparaître, et la jeune tig-e se formera bientôt en même temps que les premières feuilles se développeront. En principe, le but cherché par ce procédé qui vient d'être indiqué, est de faciliter la reprise des jeunes plants au moment de la mise en place; en enterrant le panier dans le sol où. il ne tarde pas à pourrir ; on évite alors le sectionnement des racines. Il faut donc, dans ce cas, garder peu de temps les paniers en pépinière, sans quoi, les racines, dépassant le vase à claire-voie, pénétreraient dans le sol même, et la transplantation serait à peu près la même que celle du plant élevé en pleine terre. A ce sujet, précisément, nous préconisons le semis en panier gardé assez longtemps pour nécessiter la section des racines. Ce procédé aura, à notre avis, l'avantage de faciliter l'enlèvement de la motte tout en permettant de bénéficier de la coupe des racines. Il donnera un pourcentage de réussite à la reprise, supérieur à celui obtenu par la transplantation du semis de pleine terre. M. Dagot, planteur à Ningué-Ningué (Como) se sert de morceaux de tôle, affectant la forme d'une tuile, pour le transport des plants de pleine terre. Chaque ouvrier en a une certaine quantité. Il détache la motte à la bêche, la serre dans la tuile, répète l'opération sur plusieurs plants, et les transporte ainsi à la fois, en conservant autour des racines la presque totalité de la terre. En un mot, dans la transplantation du cacaoyer, ce n'est pas la section des racines qu'il faut éviter, mais bien le transport à racines nues des jeunes plants. Situation et choix du terrain, nature du sol, sondages. De la situation, du choix du terrain et de sa nature dépendent en partie l'avenir de la plantation. Il est donc essentiel d'attirer plus particulièrement l'attention du planteur sur ces différents points. S'il arrive pour la première fois dans la colonie, il ne devra 400 ÉTUDES ET MÉMOIRES Fife'. l pas craindre de passer plusieurs mois à la recherche de l'emplacement convenable, et ce temps ne sera pas perdu dans la suite. La région côtière, placée dans des condi- tions climatériques favorables à la réussite de la plantation, est sillonnée dévoies navigables qui facilitent les recherches. Lorsque le plan- teur aura fait choix dune des trois régions principales : Como, Ogooué, Kouilou, il aura intérêt à visiter, lui-même, les plantations déjà existantes, qui pourront lui servir de relai dans sa visite des terrains disponibles, et constitueront pour lui un premier document instructif. Les chefs des postes administratifs ne manqueront pas de lui faciliter sa tâche en l'aidant dans la mesure de leurs moyens. 11 est peu facile de reconnaître à première vue la configuration d'un terrain boisé deans la zone tropicale ; toutefois certains détails, tels que la présence d'arbres plus élevés, notamment du haohah et du fromager, indiquent une élévation de terrain ou un plateau. Jusqu'à ce jour, la question de l'altitude ne s'est jDas encore posée, toutes les plantations existantes se trouvant sur des emplacements peu élevés. Nous pensons, toutefois, que l'on pourrait, sans avoir quoi que soit à craindre, planter le cacaoyer jusque vers 2oO mètres d'altitude, dans les régions montagneuses comme celle du Haut- Como. La première préoccupation, pour le futur planteur, est de rechercher un endroit suffisamment abordable. S'il n'existe aucune piste indigène, il faudra forcément se frayer un passage à la matchète en traversant, dans un sens quelconque, le plateau aperçu. Pendant que deux hommes ouvriront ce passage, le planteur pourra commencer quelques sondages préliminaires, à l'aide d'une sonde (forte tarière à gorge) qu'il aura eu soin d'emporter (fig. 1). Il fera dégager légèrement la surface du sol de distance en distance, fera pénétrer la sonde en vissant aussi profondément que jDossible, et la retirera directement pour ramener avec elle un peu de terre du sous-sol. Ces premiers sondages lui permettront de savoir s'il n'a pas affaire à un sous-sol rocheux qui occasionnerait de trop grands frais de plantation. LE CACAOYER AU COiNGO FKANÇAIS 401 Lorsque la première piste sera poussée assez loin pour permettre au planteur de se croire en présence d'une superlicie de terrain assez étendue, il sera temps de retourner au point de départ. Le travail des jours suivants consistera à débrousser une super- ficie suffisante à réta- blissement du campe- ment provisoire, à agrandir la première piste de pénétration, à en tracer une autre au milieu, perpendicu- lairement à la pre- mière, pour couper le terrain en croix sui- vant la figure 2. L'é- tendue des pistes va- riera naturellement suivant l'importance que l'on pensera donner à la future plantation. Les extrémités des deux pistes seront ensuite réunies par un chemin de pourtour. Des sondages seront faits sur toutes ces pistes ; de plus quelques trous de 1 mètre à 1 "' 50 sur 50 de profondeur faits à la bêche, permet- tront de se rendre plus facilement compte de la valeur et de la composition physique du sol. Il ne faudra pas craindre de répéter la première partie de ce travail (établissement de la première piste de pénétration) sur différents points avant de faire son choix, définitivement. Il est assez difficile de définir exactement le meilleur sol à cacao pour les rég-ions du Gabon. L'exemple prouve que l'arbre, étant donné le climat du littoral, peut croître dans tous les terrain des forêts. Cependant les sous-sols rocheux qui entraînent des frais con- sidérables de plantation, devront être délaissés. Les sols trop argileux ont l'avantage de conserver plus d'humidité en saison sèche, mais nuisent à la croissance rapide des plants. Les sols sablonneux se dessèchent plus rapidement mais se laissent pénétrer facilement par les racines des plantes. Il faut donc choisir, si possible, une terre de composition moyenne, argilo-sablonneuse à Bulletin du Jardin colonial. 28 402 ÉTUDES ET MÉMOIRES sous-sol perméable, et éviter les parties trop humides, les terrains trop bas, de même que les plateaux trop accidentés. Une bonne précaution consiste à choisir les terrains, propres à la culture du cacaoyer, en saison des pluies, pour être bien certain ou que Teau ne stagnera pas à la surface, ou ne sera pas retenue à une liveau de I eau faible profondeur, par un sous-sol imperméable, ce qui ferait certai- nement dépérir les cacaoyers, dès que leurs racines principales auraient atteint la couche d'eau retenue dans le sol. Etant donnée la coupe de terrain ci-dessus, c'est entre les points A et B que les cacaoyers se comporteront le mieux. Nous avons vu qu'au Cong-o, les sols boisés sont les seuls qui puissent convenir à la culture du cacaoyer, les terrains de plaine, étant en général très pauvres. En terminant ce chapitre, nous croyons intéressant de donner, à titre de simple indication seulement, les résultats de l'analyse d'un mélange de plusieurs échantillons de terre provenant de 1' « Ile aux Perroquets », plantation de cacaoyers dans Testuaire du Gabon K Analyse chimique Azote 0.2216 Acide phosphoriquo 0.272 Chaux 0.2940 Magnébie 0 1 150 Potasse 0.0952 Soude traces Oxyde de fer 1.30 Acide sulfurique 0.054 par les chiffres de l'analyse physique, est essentiellement sablon- neux ; les cacaoyers s'y comportent bien et fructifient abondamment depuis huit ans. 1. Ces cliifTres nous ont été obligeamment communiqués par M. H. Janselme, pro- priétaire de cette plantation. Ch. Ghalot Ancien D' du Jardin de Libreville Prof, à l'Ecole sup"^ d'Agriculture coloniale. [A suivre.) M. Luc Chef du service de V Agriculture du Congo français et Dépendances. Cailloux Analyse physique 1 . 1.00 . 87.13 . 7 . 41 . 0.50 2.35 0.63 . 0.96 100.00 compte Sable sil icoux . Arffile Calcaire Matières organiques Humus . Eau me on peut s'en rendre LES MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS [Suite K) Œufs. — La formation des œufs chez les Péronosporées s'accom- plit par le concours de deux gamètes de taille et formes différentes : il y a hétérogamie. \J oogone, organe femelle, ne renferme qu'un seul gamète, oosphère. Le protoplasma de l'organe mâle, anthéridie ou pollinide (de Bary), ne se résout pas en anthérozoïdes. L'oogone semble, en général, se former rapidement. Le sommet d'un filament de mycélium se renfle en vésicule ; du protoplasma et un certain nombre de noyaux s'y accumulent, puis la vésicule se sépare du filament par une cloison de callose. Le protoplasma a pris un aspect réticulé ; les noyaux nombreux, allongés ou irrégu- liers se disposent aux angles du réseau, d'après les observations de A.-N. Berlëse [Cystopus Portulacse, Peronosporaparasitica, P. Fica- riae). Beaucoup plus rarement, et seulement par hasard, l'oogone peut être intercalaire sur un filament; elle en est séparée alors par deux cloisons. Puis, le protoplasma se différencie en deux zones : une partie périphérique transparente, le périplasma ; une partie centrale, granuleuse, Voosphère. Les noyaux ayant pris une forme arrondie subissent alors une division caryokynétique rapide qui en amène le nombre à plus de deux cents parfois. En même temps, l'oogone tout en conservant sa paroi mince prend son déve- loppement définitif. A ce point de vue les observations de Wager, Fisch, Zalewski, Dangeard, A.-N. Berlèse coïncident assez bien. Tous ces noyaux, ont tendance à se rendre vers la périj)hérie de l'oosphère, où ils contribueraient à former la paroi propre de cet organe. D'après A.-N. Berlèse, qui insiste sur ce fait et Ta observé dans 1. Voir Bulletins n"^ 21, 22, 23, 24, 25, 29, 30, 32, 33, 34, 36 et 37. 404 ETUDES ET MEMOIRES 'Se '50 PI,A^'CHE XXII Bmmia, Lactucse (Berkeley) Regel. 1. Extrémité d un rameau conidiophore. — 2. Germination de la conidie (par un filament). 3. Germination de la conidie-sporange de Plnsrnopara viticola (anormale; : a, la coni- die-sporangc expulse son contenu, pi\ ; en h, ce contenu s'entoui'e d'une membrane; il germe par un filament en c. (D'après P. Viala.) Peronospora Schachtii Fuckel, sur la Betterave. — 4. Extrémité d'un rameau conidiophore. — 5. Germination d'une conidie par filament. — 6. Une cellule de la feuille, montrant le suçoir ramifie, Se. — 7. Œufs montrant les trois membranes dif- férenciées. Cystopus candidus (Persoon/ Léveillé. — S. Coupe transversale dans une feuille de Bourse-à-Pasteur, montrant les conidies en chapelet : St, stérigmates ; Se, suçoirs. — 9. Germination de l'œuf : le protoplasma de l'œuf se divise en zoospores; l'endospore qui les renferme fait hernie hors de l'exospore. (D'après de Bary.) Phytophthora infestans (Montagne) de Bary. — 10. Extrémité de la fructification conidienne. MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 405 un certain nombre d'espèces, un seul noyau resterait dans Foo- sphère, constituant le noyau femelle. P. A. Dangeard a vu dans l'oosphère, un corpuscule simulant un noyau et qu'il ne croit pas de nature nucléaire. Berlèse n"a pu trouver aucune différence entre les affinités colorantes de ce noyau unique de l'oosphère et de ceux franchement végétatifs qui gagnent la périphérie de l'oosphère. L'anthéridie naît généralement au sommet d'un rameau qui fré- quemment se détache du pédicelle de l'oogone près de la cloison basilaire ; sa forme est souvent cylindrique ou en massue. Le proto- Planche XXIII Pythiam de Baryanum Hesse. — 1. Filament de mycélium. — 2. Gonidies : à gauche en place; à droite, germant par un filament. — 3. Germination des conidies, d'un mycélium poussé à la surface de l'eau, par production de conidies-sporanges secon- daires : en a début; enb, phase plus avancée; z, zoospores (uniciliées). — 4. Forma- tion de l'œuf : l'anthéridie ou poUinide à gauche. (D'après Hesse.) plasma de l'anthéridie, finement granuleux, vacuolaire, ne con- tient que dix à douze noyaux issus du mycélium et semblables à ceux de l'oogone ; il se sépare du filament par une cloison de cal- lose. Berlèse n'a pas observé la division des noyaux comme dans ceux de l'oogone. Dans nombre de cas, l'anthéridie envoie un ramuscule qui traverse la membrane de l'oogone et le périplasme et s'enfonce dans l'oosphère, sous forme d'expansion sinueuse. Bientôt le protoplasma de l'anthéridie, comme celui de l'oogone, mais à un moindre degré, se différencie souvent aussi en un péri- plasma transparent et un protoplasma qui va devenir fécondateur, le gonoplasma. Puis une certaine quantité de ce dernier, au moins chez le Cijstopus Portulacse et les Peronospora étudiés à ce point 406 ÉTUDES ET MÉMOIRES si^.V. de vue par A.-N. Berlèse, accompagné d'un seul noyau, ne différant en rien de ceux restés dans lanthéridie, s'engage dans le tube fécondateur. Le noyau mâle n'offre également, quant à ses affinités colorantes, aucune différence avec le novau femelle. L'extrémité du tube fécondateur ne tarde pas à s'ouvrir, ou peut-être à se gélifier, et le protoplasma accompagné du noyau mâle pénètre dans l'oosphère. Le tube se con- tracte, la partie qui s'est engagée dans l'oosphère dispa- raît peu à peu, laissant à sa place un petit trou ; l'autre portion entre l'oosphère et la paroi de l'oogone peut persis- ter plus longtemps et on peut la voir colorée en brun à la maturité de l'oogone. Souvent, le noyau mâle, épanché dans l'oosphère, se rapproche du noyau femelle et s'y accole ; un protoplasma finement granu- leux, dense, réfringent les entoure. Peu à peu, la mem- brane nucléaire disparaît et les deux novaux se fusionnent, assez lentement, semble-t-il. A.-N. Berlèse conclut de ses observations que le noyau de l'embryon possède un nombre de chromosomes double de celui de chacun des deux noyaux sexuels qui ont concouru à sa formation et que dans ceux-ci aucun phéno- mène de réduction chromatique n'est intervenu. D'après ce qu'il a vu, en particulier sur Cystopus Portulacse, A.-N. Berlèse admet que la réduction chromatique s'opère après la fécondation, alors que le noyau de l'oosphère s'est déjà divisé un certain nombre de fois. Wager et A.-N. Berlèse ont observé que dans un certain nombre de Péronosporées qu'ils ont étudiées au moment oiiroosphore passait à l'état de repos, le nombre des noyaux y était de trente-deux. A.-N. Berlèse qui admet que ces noyaux proviennent du noyau embryonnaire de l'oosphore, considère par Planche XXIV Cystopus PorlulacFe Léveillé. — Forma- tion de l'œuf, un peu avant la fécondation : 0., l'oogone; Os., l'oosphère; Pé, péri- plasma; A'. /"., noyau sexuel femelle; N. i', noyaux végétatifs ayant émigré dans le pé- riplasma sur le pourtour de l'oosphère; A, anthéridie ou poUinide; T. /"., tube fécon- dateur; .Y. m, noyau sexuel mâle: N. v, noyaux végétatifs de l'anthéridie. (D'après A.-N. Berlèse.) MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 407 suite que celui-ci s'est divisé cinq fois. Il trouve dans chacun de ces trente-deux noyaux, de même que dans le noyau embrj^onnaire, un nombre de chromosomes double de celui des noyaux végétatifs, et il a vu, dans Cijstôpus Portulacœ, la réduction chromatique s'opé- rer à la germination de l'oosphère. 11 faut considérer que les observations faites depuis de Bary sur beaucoup de Péronosporées, surtout sur des Peronospora^ per- mettent de déclarer avec une quasi-certitude que nombre de ces Planche XXV Cyslopas Porlulacse Léveillé. — 1. L'œuf formé, OE, vu du côté opposé à la péné- tration du tube fécondateur avant la fusion des noyaux sexuels, N. s.; m., la mem- brane propre de l'œuf non dilTcrenciée ; M, la membrane de l'oogone. — 2. L'œuf après fécondation ; le périplasma, Pe, n'est qu'en partie figuré ; yV., le noyau de l'œuf. (D'après A.-N. Berlèse.) ► champignons n'accomplissent l'acte sexuel que d'une façon assez incomplète. La perforation de la paroi de l'oospore par le tube fécondateur de l'anthéridie ne se reproduit pas toujours ; parfois même, ce tube fécondateur, surtout chez les Plasmopara, n'existe pas, de même que l'anthéridie. Cependant, dans ces divers cas l'œuf se reforme. On peut donc penser que dans ces cas, comme chez d'autres Oomycètes, l'œuf prend naissance par suite d'un phé- nomène de parthénogenèse. De Bary et Woronine admettaient, pour les cas où le tube fécon- dateur existe et pénètre l'oosphère, les trois cas suivants : I. La plus grande partie du protoplasma de l'anthéridie gagne l'oogone, après l'ouverture de l'extrémité du tube fécondateur [Pythiuin). 408 ÉTUDES ET MÉMOIBES II. L'ouverture est très étroite et il n'y a qu'une minime portion du protoplasma mâle qui passe dans l'oogone [Phytophtora). III. Le tube reste constamment fermé et on ne voit aucun pas- sage (Cystopus). Les observations ci-dessous rapportées corrigent jusqu'à un cer- tain point ces données, et, comme on a vu, les complètent. La formation des oospores ou œufs, n'a pas lieu nécessairement à l'automne, comme on le déclare généralement pour le Plasmo- pnra viticola et d'autres espèces. A.-N. Berlèse insiste, avec juste raison, sur ce fait qu'elle apparaît toutes les fois que, par suite d'attaque intense ou pour toute autre cause, l'organe envahi est menacé dans son existence. En un mot, ici, comme dans toutes les circonstances analogues, la reproduction sexuée, qui est le mode par excellence de perpétuation de l'espèce, se montre quand l'ali- ment tend à manquer au mycélium du champignon et compromet son existence. Après la formation de l'œuf, la membrane de Tendospore s'épaissit sensiblement et se transforme en deux couches : l'exospore, souvent callosique, formée aux dépens du périplasma et de noyaux qui y émigrent et l'endospore cellulosique. La membrane de l'oogone subit parfois aussi une amplification. L'exospore parfois se colore en bru- nâtre plus ou moins foncé. Germination de l'œuf. — La germination de l'œuf se produit après une période de repos, généralement après l'hiver; elle s'accomplit par la rupture de la membrane et la production d'un filament tapissé par l'endospore et aboutit à la formation d'une fructification sporangiale qui termine le filament en question généralement court. Chez les Cystopus, la membrane se rompt, le contenu sort épanché dans l'endospore dilaté en vésicule, le protoplasma se divise en autant de masses qu'il y a de noyaux et chaque amas de protoplasma avec un noyau donne une zoospore à deux cils, semblable à celles de sporanges ; les zoospores sont mises en liberté par la rupture de la membrane. Principaux r^enres. — Les plus importants sont les suivants : Pythium. Mycélium en grande partie externe au support, sans suçoirs, pouvant traverser les cellules ; produisant dans les tissus MALADIES DES PLANTES CULTIVÉES DANS LES PAYS CHAUDS 409 OU extérieurement des sporanges en général isolés, portés sur des filaments non différenciés, ou bien intercalaires, germant par zoo- spores. OEufs germant par zoospores. Cystopus. Mycélium interne, intercellulaire produisant des suçoirs. Sporanges en chapelet, germant par zoospores. OEufs germant par l'intermédiaire dune vésicule secondaire donnant des zoo- spores. Phytophtora. Mycélium interne, intercellulaire, avec suçoirs. Filaments sporangifères sortant par les stomates, ramifiés en cyme. Sporanges germant par zoospores ou parfois en un filament. Plasmopara. Mycélium interne, intercellulaire, avec suçoirs arrondis ou ovoïdes. Filaments sporangifères, ramifiés selon le système de la grappe, à ramuscules terminaux courts, souvent trifldes. Sporanges germant tantôt par zoospores, tantôt par expulsion du plasma des sporanges qui s'entoure d'une membrane et germe en filament. Sclerospora. DifTère de Plasmopara par ses conidiophores rameux, disparaissant vite ; conidies germant par zoospores ; œufs à mem- brane épaisse. Bremia. DifTère de Plasmopara et de Peronospora par ses conidio- phores, plusieurs fois ramifiés dichotomiquement, terminés au som- met en vésicule portant des papilles cylindriques terminées par les conidies; conidies germant en filament. Peronospora. DifTère de Plasmopara par ses suçoirs généralement ramifiés ou filiformes, par ses conidiophores dichotomiquement ramifiés, à rameaux ultimes arqués, par la germination des conidies qui se fait à l'aide d'un filament. {A suivre.) ' D'" Georges Delacroix, Directeur de la Station de pathologie végétale, Professeur à VÉcole nationale supérieure d'Agriculture coloniale. CONFÉRENCE SUR LA CULTURE ET LA PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC Par M. R. Dupont, directeur du Jardin botanique de Mahé (Seychelles). CONSEILS AUX PLANTEURS DES SEYCHELLES Le caoutchouc est, de tous les produits agricoles, celui qui a le plus d'avenir, celui qui coûte le moins à fabriquer, et enfin celui qui convient le mieux aux j)ajs qui, comme les Seychelles, n'offrent plus de terres vierges, à la culture plus exigeante des plantes herba- cées. En effet, quand les terres ont cessé d'être fertiles, il vaut mieux les adonner à l'arboriculture, plutôt que d'y cultiver les plantes annuelles ou bisannuelles, parce que les arbres, ayant des racines plus longues, peuvent trouver plus de nourriture en s'éten- dant sur une surface plus grande, tandis que les plantes herbacées se développent sur un périmètre restreint, tout en absorbant, en moins de temps, les mêmes éléments du sol qui permettent aux plantes d'accomplir toutes les phases de leur végétation. Les arbres ont en outre sur les plantes herbacées l'avantage de couvrir les terres d'une façon permanente, et par conséquent de les empêcher d'être lavées ou entraînées par les pluies. C'est heureux que parmi les arbres Ton trouve des plantes qui, comme le cocotier et le caout- chouquier, peuvent produire, sur une surface donnée, autant et même plus que n'iinporte quelle plante herbacée qui exige un entretien constant du sol et un sol de meilleure qualité. Dans tous les pays les terres pauvres sont reboisées et c'est là la meilleure façon de les utiliser. C'est pourquoi nous avons souvent recommandé aux plan- teurs de ce pays la culture des plantes à caoutchouc. Je crois devoir insister à nouveau sur cette recommandation et résumer, aussi briè- vement que possible, la culture des arbres à caoutchouc et la pré- paration de ce produit. Autrefois les plantes à caoutchouc se trouvaient dans des forêts vierges. Des agronomes, à la tête desquels il convient de citer les directeurs des jardins royaux de Kew, ont pensé avec raison que par la transplantation de ces plantes, dans les pays dont le climat et le sol étaient analogues à ceux de pays d'origine, l'on réussirait la CULTURE ET PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC 411 culture artificielle des caoutchouquiers. Au prix de grands sacrifices, et en affrétant même un navire, le gouvernement indien est parvenu à sauver d'une cargaison de graines, quelques centaines de plants qui ont été distribués à Ceylan, dans llnde et à Singapour. Les plants de Ceylan et de Singapour ont parfaitement réussi tandis que les plants de l'Inde n'ont pas trouvé un sol et un climat, surtout un climat, convenables. J'insiste sur ce fait qui démontre la nécessité d'envisager les conditions climatériques d'un pays avant d'y intro- duire une nouvelle plante, et qui fait ressortir également la réussite des plantes à caoutchouc dans les pays dont le climat et le sol sont analogues à ceux des Seychelles. L'on a bien dit que les plantes bien venues à Singapour et à Ceylan ne produiraient pas de caout- chouc, tout comme j'ai entendu affirmer le fait aux Seychelles. Or, depuis S ans, grâce à l'énergie des directeurs des jardins de Péra- dényia à Ceylan, et aussi à la bonne volonté de plusieurs voyageurs, qui avaient traversé les forêts de l'Amérique et qui ont bien voulu pratiquer des saignées sur les arbres cultivés de Singapour, à l'ins- tar des procédés employés par les Américains du Sud, l'on est arrivé, non seulement à produire du caoutchouc analogue au pro- duit des forêts vierges, mais à l'extraire à meilleur marché et en plus grande quantité d'arbres encore très jeunes. La période expérimentale est donc terminée et aujourd'hui ce n'est pas sur des suppositions que je me baserai pour vous indiquer sommairement les conditions agricoles et industrielles qui sont nécessaires à une bonne production de caoutchouc, mais sur des données rigoureusement contrôlées qui sont fournies par les plan- teurs de Ceylan, où l'on se pique, avec raison, de la plus grande correction dans l'interprétation des faits agricoles. ESPÈCES DE PLANTES QUI PRODUISENT LE CAOUTCHOUC DU COMMERCE ET QUI ONT ÉTÉ INTRODUITES AUX SEYCHELLES Le caoutchouc est produit par quatre familles de plantes. l*' Les Euphorbiacées, qui renferment l'Hevea Brasiliensis ou caoutchouquier de Pai^a ; le Manihot Glaziovii ou caoutchouquier de Céara. Cette famille est représentée aux Seychelles par le manioc, le tanghin rouge, le bois jasmin, le castique, etc. 2" Les Moracées, qui fournissent le caoutchouc de Panama (Cas- tilloa élastica) et le caoutchouc d'Annam (Ficus élastica). Cette 4Î2 ÉTUDES ET MÉMOIRES famille est représentée dans cette colonie par les fougiers et les jacquiers. 3° Les Asclépiadées, qui produisent le caoutchouc d'Afrique et de Madagascar, et dont la famille est représentée ici par la liane sans feuilles et le fanor. 4° Les Apocynacées, qui renferment aussi d'autres lianes à caout- chouc bien connues de l'Afrique et de Madagascar, et que l'on retrouve représentées dans la flore des Seychelles par le bois de lait (Tabernœmontana) et le bois chauve-souris. L'on a déjà introduit aux Seychelles un grand nombre de plantes qui sont exploitées industriellement dans d'autres pays. 1° Le caoutchouquier manioc (Manihot Glaziovii), qu'on a eu peut-être le tort de ne pas cultiver encore sur une grande échelle dans les pays plus secs que les Seychelles, car des essais systéma- tiques entrepris à Ceylan et dans l'Afrique Allemande ont déjà fait ressortir que cette plante n'avait pas été traitée précédemment avec les soins voulus, et qu'elle réussissait mieux que le Para dans les terres inférieures et sèches, tout en fournissant en abondance un caoutchouc d'excellente qualité. 2° Le caoutchouquier de Para, semble le mieux s'approprier au sol et au climat des Seychelles que toutes les autres espèces. Ce caoutchouquier est heureusement celui dont le produit est le plus haut coté, et qu'il y a par conséquent le plus d'avantages à cultiver. 3° Le caoutchouc liane, dont M. Ed. Lanier a introduit une espèce de Madagascar, et qu'il serait désirable d'essayer dans les terrains où le Para ne réussit pas. Ces terrains sont nombreux aux Sey- chelles et ils sont aujourd'hui improductifs. Les caoutchouquiers lianes, et principalement le Landolphia Heudelotii, peuvent s'y développer et fournir un produit à bon marché. En Afrique Equato- riale, l'on rencontre ces lianes dans des endroits déserts, rocheux et composés de sols granitiques comme ceux des Seychelles. C'est la seule richesse de ces immenses pays très peu accessibles aux Euro- péens, où malheureusement les feux de brousse en ont détruit un très grand nombre. Ces lianes ont, à mon avis, un certain avenir. Par la sélection on arrivera à produire des sujets à écorces riches» tout comme les quinquinas qui, sortis des forêts, sont maintenant cultivés avec tant d'habileté à Java, que l'on n'accepte plus dans le commerce les produits naturels. Les plantes à lianes ne produisent pas tous les ans ; on ne les saigne pas ; il faut les abattre, et comme I CULTURE ET PRÉPAKATION DU CAOUTCHOUC 413 elles repoussent de souche l'on obtient une bonne récolte tous les 3 ou 4 ans. Dans la cour de r« Eastern Telegraph Company » une de ces plantes de Madagascar, qui vous est bien connue, semble végéter avec vig-ueur même sur le bord de mer. Il convient de noter la possibilité de cultiver cette plante, sur le sable du littoral où il est rare de rencontrer d'autres plantes à caoutchouc. 4° Parmi les Moracées, l'on a déjà introduit aux Seychelles, pro- bablement comme plante d'ornement, le Ficus élastica qui vous est familier. Il y a un énorme spécimen au Rochon que j'ai saigné à plusieurs reprises. II faut à cet arbre des terres fertiles et un espace considérable dont nous ne disposons pas dans notre petite colo- nie. 5" Le caoutchouc du Lagos (Funtumia élastica) a aussi été intro- duit. Il semble réussir moins bien que le Para, quoique jusqu'à pré- sent les spécimens introduits aient acquis un bon développement dans les terres inférieures. Cet arbre est attaqué en Afrique et à Ceylan, par de nombreuses chenilles qui ont été cause de l'abandon de sa culture. 6° Il en est de même du caoutchouc de Panama (Castilloa élastica) qui semble peu vigoureux aux Seychelles et qui, par suite, devien- drait facilement la proie des insectes. A Capucin, où quelques spé- cimens ont été plantés, les pucerons leur font un tort sérieux. Je n'hésite pas à recommander de préférence le caoutchou- quier de Para, qui est de toutes les plantes à caoutchouc celle qui a le plus d'avenir, et qui végète vigoureusement aux Seychelles dans les terres qui ne sont pas trop compactes. Cette espèce a résisté à la sécheresse de 1904, ce qui prouve qu'elle est rustique, et c'est une plante rustique qu'il faut à la culture aux Seychelles. Il y a près de trois ans, quand nous avons recommandé la culture de cette plante, elle était encore peu connue en dehors des forêts de l'Amérique et de quelques planteurs de l'Extrême-Orient. L'on pouvait se procurer des semences au prix de 5 roupies le mille '. La roupie, dont le cours est variable vaut environ 1 fr. 70 à 1 fr. 80. Aujourd'hui que sa réussite est assurée dans les pays équatoriaux, il est plus difficile d'ob- tenir des semences dont le prix a considérablement augmenté. Les quelques milliers de plants qui ont déjà réussi aux Seychelles devront être soignés, de façon à produire des semences dans le plus bref délai. 1. La roupie, dont le taux est variable, vaut environ 1 fr. 70 à 1 fr. 80. 414 ÉTUDES ET MÉMOIRES AIRE GÉOGRAPHIQUE DU PARA ET EXIGENCES CULTURALES Cette espèce est indigène dans la vallée de TAmazone. Elle vient bien dans les pays à climat analogue. C'est une erreur de croire que ces pays sont très nombreux. Au-dessus de 3.000 pieds d'alti- tude, dans les climats favorables, l'arbre ne produit pas de fruits et donne à la saignée très peu de caoutchouc. 11 y a donc avantage à le cultiver principalement dans la région qui s'étend à 5° de chaque côté de l'Equateur, et dans cette région, à choisir de préférence les terres basses du littoral. Les Seychelles se trouvent placées dans cette zone. Par suite d'observations faites légèrement par quelques voyageurs, l'on a pensé pendant longtemps que cet arbre ne poussait que dans les terres inondées par les crues de l'Amazone. On sait aujourd'hui qu'au contraire ce n'est que de rares spécimens qui se trouvent dans les terres marécageuses où des graines ont germé après avoir été enlevées des forêts situées sur les plateaux plus éle- vés et plus secs. Les plants des terres marécageuses viennent même moins bien que ceux des sols drainés. PLANTATION L'on peut planter à 12 pieds d'écartement, les plants d'un mois provenant de semis faits en pépinière sous abri de feuillage. 11 est bon de mettre les graines en lignes à 4 pouces en tous sens dans la pépinière. Les trous doivent être aussi grands que possible dans les terres dures, c'est-à-dire qu'ils doivent avoir 18 pouces à 2 pieds. Dans les terres friables, j'ai vu mettre les plants dans des trous forés à la barre à mine. Quand les jeunes plants sont détruits par les animaux (rats, tangres, etc.), on préconise, dans quelques pays, la plantation au moyen de jeunes souclies d'un an, coupées à 18 pouces de haut et munies du pivot raccourci à un pied. Les souches donnent des plantes qui sont moins flexibles que les arbres venus sans secousses, mais quand on est à l'abri des animaux il vaut mieux planter des jeunes brins de semence et les couper à 18 pouces de haut quand le bois est bien formé, s'ils se couchent. De CULTURE ET PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC 415 cette façon, on peut obtenir des boutures qui prennent facile- ment. Les soins à donner à une plantation deviennent nuls, si l'on adopte la bonne pratique des cultures intercalaires de pistache, citronnelle, manioc, etc., jusqu'au moment où les arbres rentrent en rapport. Autrement il faut maintenir la plantation aussi propre que possible, autour des arbres, jusqu'à ce que ceux-ci soient assez développés pour empêcher les herbes de croître. Si la plantation faite à 12 pieds semble trop serrée après 15 ou 20 ans, il est pos- sible de donner plus de développement aux meilleurs arbres en éli- minant les plus faibles ou ceux qui donnent moins de latex. Ces arbres, comme toutes les plantes, ont une individualité bien mar- quée, et il importe de sélectionner comme porte-graines les plants qui rapportent le plus. L'idéal serait de cultiver aux Seychelles, dans les bonnes terres, un mélange de cacaoyers et de caoutchou- quiers, ces derniers servant d'arbres d'ombrages. Dans ce cas il fau- drait mettre les plants mélangés à la suite les uns des autres à 15 pieds entre les plants de même espèce. Le cacaoyer donne une demi-livre à peu près par arbre, à une demi-roupie la livre, depuis la 5'' année, et le caoutchouc qui donne la même quantité se vend 4 roupies et 4 rou- pies 50 après la 1° année. En comptant 200 caoutchouquiers, l'on obtient 300 livres de caoutchouc, soit 1.200 roupies, dont la prépara- tion ne coûte que 120 roupies et des 200 cacaoyers Ton peut retirer éga- lement 300 livres de cacao, soit 150 roupies dont il faut déduire 75 rou- pies pour la préparation et autres frais. Ces chiffres sont très élevés et méritent de fixer notre attention. On a souvent dit aux Seychelles, qu'il était impossible de cultiver les caoutchouquiers, parce que les surfaces à planter sont moins considérables que dans d'autres pays. Je répon- drai à cet argument, par un exemple que je tire de quelques notes glanées au cours de mon voyage dans l'archipel malais. Une petite plantation de 5 arpents, faite sur un terrain occupé par des caféiers produisait, à" 6 ans, une demi-livre par arbre. Les plants étaient écar- tés de 12 pieds et le planteur saignait par mois 1 50 arbres, c'est-à-dire un demi arpent. 11 récoltait, comme je viens de le dire, 75 livres de caoutchouc tous les mois, qu'il vendait à Singapour 4 roupies la livre, et obtenait ainsi 300 roupies. Ses frais s'élevaient seulement à 60 roupies par mois. La différence, c'est-à-dire 240 roupies, repré- sentait son bénéfice net par mois et par 1 /2 arpent, et suffisait pour l'entretien de toute sa famille. 11 y a peu de cultures, semble-t-il, qui 416 ÉTUDES ET MÉMOIRES soient aussi rémunératrices. Ces résultats prouvent qu'elles peuvent être faites sur une petite échelle sans qu'il soit besoin d'espaces considérables. On a mis en doute les rendements de 1 à 2 livres par arbre obtenus à Ceylan, jusqu'au jour où les plants du jardin de Singapour ont été assujettis, par groupes de 100, à des saignées régulières faites en arête de poisson. Les résultats obtenus ont dépassé toutes les espérances. .L'on a réussi à tirer de quelques arbres encore jeunes jusqu'à six livres de caoutchouc. PRÉPARATION Le lait des arbres à caoutchouc est très différent de la sève des autres arbres. Ces deux liquides existent simultanément dans les caoutchouquiers. Le lait que l'on rencontre plutôt dans les végétaux, qui sont caractéristiques des régions tropicales, présente beaucoup d'analogie avec le lait animal. Dans ce dernier, les globules de graisse sont tenus en suspension dans un liquide clair, tandis que le lait des caoutchouquiers renferme des globules de caoutchouc d'une nature résineuse. Dans les deux liquides l'on trouve en outre des sels et des matières albuminoïdes qui sont coagulés de la même façon par la chaleur et par les acides. Le lait des arbres à caoutchouc est enfermé dans un système de tubes ou vaisseaux qui se forme cons- tamment entre lécorce et le bois, dans le voisinage des cellules génératrices de l'arbre. Ces tubes sont rangés longitudinalement dans le tronc des arbres et forment un système continu, avec très peu ou presque pas de cloisons transversales. Dans les arbres à gutta-percha, qui appartiennent à une seule petite famille de plantes rares (les Sapotacées) les tubes à résine sont isolés les uns des autres dans le tronc des arbres. C'est pourquoi en saignant les arbres à caoutchouc au même endroit pendant plusieurs jours con- sécutifs, le lait s'échappe pendant longtemps par les niêmes ouver- tures tandis que dans les arbres à gutta l'écoulement s'arrête très rapidement et l'on est obligé de les abattre pour retirer beaucoup de lait. L'extraction du lait des caoutchouquiers s'opère par incision et dans les parties basses du tronc, parce que les jeunes extrémités renferment une substance moins élastique et peu durable. On a imaginé une série d'incisions en forme de V ou d'X ou d'arête de poisson, ou bien on a tout simplement imité les sauvages CULTURE ET PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC 417 de l'Amérique qui, au moyen d'une hachette en forme de coin, frappent l'arbre obliquement de bas en haut, aussi haut qu'ils peuvent atteindre, et tout le long- du tronc. La hachette étant très épaisse ne pénètre pas profondément et les blessures qui en résultent se cicatrisent facilement. C'est là le point essentiel et que l'on a fidèlement observé en fabriquant des outils plus faciles à manier que la hache des sering-ueros. Le dernier instrument inventé est un cou- teau qui permet d'inciser en détachant sans bavures l'écorce qui s'enroule à travers l'ouverture pratiquée au-dessus de la partie tranchante. Il n'est pas important de pratiquer les incisions doubles en V. Le lait coule aussi bien des incisions simples, pourvu que celles-ci soient pratiquées obliquement. En effet, les vaisseaux latici- fères, se trouvant placés long-itudinalement, dans le tronc des arbres, si l'on coupe longitudinalement on peut passer entre deux vais- seaux. L'idéal est de couper horizontalement, mais dans ce cas le lait s'écoule de tous les points de la blessure et se répand un peu trop loin du point de sortie. Il vaut donc mieux couper obliquement pour ouvrir un g-rand nombre de vaisseaux, et en même temps pour réunir en un point unique, et de là dans un gobelet, le lait qui s'écoule. L'on peut sérier les incisions en V en les mettant, par exemple, à égale distance sur une partie du tronc, et recommencer le lende- main et tous les jours suivants en plaçant les nouvelles incisions entre les premières jusqu'à ce que tout un côté de l'arbre ait été sai- gné sur une hauteur de six pieds. L'année d'après on saigne l'autre côté de l'arbre en face, pour inciser ensuite alternativement les deux autres côtés, la troisième et la quatrième année. Ce n'est que 5 ans après que l'on saigne la première partie déjà incisée. De cette façon on ne fatigue pas l'arbre et l'on peut pratiquer les inci- sions de façon à ce que les branches de V s'entrecroisent sans se réunir pour obvier à l'inconvénient des grandes blessures. Les incisions en arête de poisson, qui sont excellentes parce que les branches sont obliques, ont l'inconvénient de former des blessures assez prolongées qui sont plus lentes à se cicatriser. En pratiquant la saignée des arbres à caoutchouc, on s'est aperçu que le lait coulait plus le second que le premier jour et ainsi de suite jusqu'au 15® jour et même davantage. Il y a une sorte d'appel de lait vers les blessures faites sur ces arbres. L'on profite de cette singularité en saignant du même côté le plus longtemps possible, et l'on s'arrête quand les Bulletin du Jardin colonial. 29 418 ÉTUDES ET MÉMOIRES blessures deviennent trop nombreuses ou trop grandes. Avec les incisions en arête de poisson l'inconvénient réside dans la largeur de la blessure, car tous les jours, au lieu de faire de nouvelles inci- sions, on se contente de raviver la lèvre inférieure des incisions obli(|ues faites précédemment pour provoquer Tappel du lait. Cette sing-ularité d'une plus grande excrétion du lait vers les endroits blessés, et aussi le fait d'avoir découvert récemment que les arbres attaqués par des insectes donnent plus de lait que les autres, ont fait supposer que le lait n'existait dans les caoutchouquiers que comme une réserve d'aliments et d'autres substances spéciales, qui sont accumulés par la nature pour cicatriser les plaies et réparer les forces de l'arbre blessé. COAGULATION Nous avons vu précédemment que le lait des caoutchouquiers contenait des substances albuminoïdes comme le lait animal. Ces substances se coagulent par la chaleur ou par les acides. En se coagulant elles enserrent les globules de caoutchouc ou de graisse dans un réseau, et il se forme une masse spongieuse qui surnage. Le point important, pour le lait des caoutchouquiers, c'est d'isoler le caoutchouc ainsi coagulé des matières albuminoïdes et autres im- puretés, et le sécher en couches minces. S'il reste des matières albuminoïdes, la masse fermente rapidement et se couvre de moisissures. Les sauvages de l'Amérique se servent d'un pro- cédé qui donne d'excellents résultats et que l'on cherche à imiter dans les autres pays. Le seringuero fait premièrement un feu avec des branches vertes et des graines de palmiste. Sur ce feu il place son boias ou calebasse en terre cuite dont il a enlevé le fond. La fumée rentre par le trou du fond et ressort par le goulot. Quand le seringuero juge, avec la main nue, que la chaleur de la fumée est suffisante, il prend son taniboca, c'est-à-dire une, palette en bois sur laquelle il verse de l'autre main et sur chaque face un peu de lait. Il laisse égoutter sa palette puis il la présente ainsi enduite d'une mince couche de lait à la fumée s'échappant du boias. Immédiate- ment le caoutchouc est coagulé et il recommence l'opération jusqu à ce qu'il ait coagulé tout le lait obtenu dans la journée (8 à 10 litres). Ce procédé est long, mais il implique la possibilité de coaguler et de CULTURE ET PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC 419 stériliser le caoutchouc, molécule par molécule. C'est certainement celui qui donne les meilleurs résultats. A Ceylan et à Singapour on laisse coaguler naturellement le lait, additionné d'eau et fdtré, dans des assiettes en fer-blanc de 7 pouces de diamètre et de deux pouces de profondeur qui contiennent un peu plus d'un litre de lait. Le lait coagulé est ensuite détaché à la main, pressé au moyen d'un rouleau en bois, puis desséché dans une chambre froide sur des tablettes. L'on conçoit qu'avec un rendement d'une livre par litre de lait et par arbre, un seul arpent nécessite la coagulation de 200 litres par an, en deux fois, à 6 mois d'intervalle, c'est-à-dire environ 5 litres par jour, ou l'emploi de 4 assiettes, le temps de la saignée durant 40 jours pour chaque arbre. L'emploi de ce procédé de coagulation n'offre aucune difficulté quand on cultive seulement quelques arpents. Mais quand on cultive le caoutchouc sur 1.000 arpents, c'est au moins 4.000 assiettes qu'il faudrait employer. C'est pourquoi on cherche maintenant à coaguler le caoutchouc au moyen de machines qui permettent, comme à Ceylan, de travail- ler le lait instantanément et de débiter le caoutchouc en fils bien propres et de couleur uniforme. Une des dernières machines de ce genre inventée dans les Détroits permet d'obtenir le caoutchouc en forme de gâteaux boursoufïlés analogues aux crêpes et qui se dessèchent rapidement. Le caoutchouc obtenu à l'état de biscuits, sans l'usage de machines, a déjà une réputation toute faite ; l'on peut juger de sa pureté par transparence. C'est vraiment une des meilleures formes sous laquelle il convient de vendre ces sortes de marchandises. SURPRODUCTION On a souvent avancé que le caoutchouc serait bientôt avili par la surproduction. Cette hypothèse n'est nullement basée sur des faits. Depuis 10 ans on a fini de découvrir des forêts vierges, et celles que l'on exploite aujourd'hui sont si éloignées des ports d'em- barquement que le prix de revient du caoutchouc planté est bien inférieur au prix d'acquisition du caoutchouc des forêts. Aujourd'hui les principales forêts de l'Amazone d'où l'on retire du caoutchouc sont à plus de 1.000 milles à l'intérieur. Pour cette exploitation il faut organiser des bandes de travailleurs qui ont à lutter contre un climat meurtrier et les attaques des sauvages. 420 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le commerce absorbe 60.000 tonnes de caoutchouc. A Java, Sumatra, Ceylan, en Birmanie et dans l'Inde, la surface plantée atteint 70.000 arpents, et ce n'est que dans 10 ans à peu près que les arbres seront en rapport. Si nous comptons 200 livres à larpent, c'est seulement 7.000 tonnes de caoutchouc qui seront produites dans 10 ans par ces pays, soit seulement le 1/10 environ des besoins du marché. En Afrique Centrale, il y a beaucoup de terres favo- rables H la culture du Para, mais ce n'est pas avant longtemps que les plantations y seront faites sur une échelle suffisante pour influen- cer le marché. Au Brésil, la production annuelle est de 33.000 tonnes ; dans l'Amérique Centrale, elle est de près de 6.000 tonnes; en Afrique et Madagascar 18.000 tonnes ; en Extrême-Orient 3.000 tonnes. Il y a 20 ans, la consommation du Para s'élevait à 8.500 tonnes; aujourd'hui elle est de 33.o00 tonnes. Les prix de vente pour la même période 1879-1904 ont passé de 1 roupie 50 à 3 roupies 99. Les caoutchoucs d'autres provenances montrent la même progression, sauf pour le prix. Il est permis de déduire de ces chiffres deux faits indiscu- tables, à savoir : 1° que le caoutchouc des forêts est exploité sur une échelle 10 fois plus grande qu'auparavant sans que la nature aide à remplacer les arbres que l'on détruit ; 2° que cette extinction des forêts naturelles arrivera dans un bref délai, même si la consommation n'augmentait pas. Des personnes compétentes assurent que le produit des plantations qu'il est possible de faire dans le monde entier ne pourra pas suffire à la demande croissante dont il est l'objet, et qu'après 30 ans au moins la baisse des prix provenant de la surj)roduction hypothétique entraînera la création de nouvelles industries qui sont actuellement languissantes. USAGES Dans le numéro du l®'" mars 1 905 de VIndia Ruhber T4^or/c?, je trouve que l'on a demandé en un seul jour 21 brevets américains, 25 brevets anglais, 14 brevets allemands, 14 brevets français (74 brevets en tout) pour la fabrication d'objets en caoutchouc. Ces chiffres se passent de commentaires pour expliquer l'avenir de ce produit quant à ses usages. Il importe cependant d'insister sur plusieurs nouveaux débouchés. On adapte en ce moment à tous les véhicules. CULTURE ET PRÉPARATION DU CAOUTCHOUC 421 des roues munies d'enveloppes en caoutchouc, et surtout aux omni- bus. On pense que seulement à Londres, où il y a 20.000 omnibus, le nouveau débouché sera cause que pendant de nombreuses années encore il y aura une hausse sur le prix du caoutchouc. On cherche aussi à paver les rues de cette ville avec des blocs de caoutchouc. Dans les constructions navales, on se sert du caoutchouc pour assu- rer l'étanchéité des cloisons, pour les conduites d'eau et d'électri- cité, aussi chaque navire en absorbe-t-il de grandes quantités. Pour les câbles télégraphiques sous-marins ou autres, on n'emploie pas seulement la gutta-percha, qui est une substance fort rare, mais aussi des composés doués des mêmes propriétés électriques qui sont formés de caoutchouc et de cires ou de résines végétales. R. Dupont, Ancien élève de l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon, curateur de Station botanique des Seychelles. NOTES L'EXPLOITATION DES FORÊTS DE TECK ET AUTRES BOIS A JAVA Toutes les forêts, à Java et Madoura, appartiennent au Gouver- nement indo-néerlandais, à l'exception toutefois de celles qui sont situées dans les sultanats de Djoedjakarta et de Sourakarta, mais, là encore, le bois de teck, c'est-à-dire ce qu'elles contiennent de plus précieux, est la propriété des Domaines. Les deux îles sont divisées en vingt-cinq districts forestiers de teck et autres bois ; seules, les forêts de teck sont exploitées ration- nellement ; les autres sont rasées le plus souvent, quand il n'a pas été décidé de les conserver, pour des raisons climatologiques et hydrologiques. Le djatti (nom malais du teck = tectona g-randis =) que l'on trouve à Java et autres îles de la Sonde, pousse généralement dans les terrains secs de nature siliceuse ; il se plaît de préférence dans les régions basses où règne une température chaude et sèche ; aussi le trouve-t-on rarement au-dessus d'une altitude de 500 pieds. Cet arbre se développe assez rapidement jusqu'à l'âge de sept à huit ans, puis il croît très lentement jusqu'à l'âge de cent ans (son tronc peut alors mesurer jusqu'à 4 pieds de diamètre), mais on le coupe généralement quand il a atteint 40 ou 50 ans. A Java, les tecks de 70 à 80 pieds de haut sont rares ; ils ont le plus souvent de 50 à 60 pieds. Le tronc est plus ou moins courbé et déformé par des bosses ; les branches s'étendent peu et leur écorce est aussi lisse et d'une couleur aussi claire que celle du corps de l'arbre. Couvert de feuilles et de fleurs en mars et avril, le djatti est dénudé en juillet et août ; en novembre il porte des fruits. Cette essence si utilisée dans les chantiers de construction navale ne contient pas de tannin, mais elle recèle une certaine quantité de silice drainée dans le sol, ainsi qu'une huile exhalant une odeur EXPLOITATION DES FORÊTS DE TECK 423 repoussante qui écarte les termites. Ces névroptères sont d'ailleurs moins bien outillés que le taret (teredo navalis) qui perce le teck aussi facilement que le pitch-pin. Les Javanais préparent avec les jeunes feuilles de djatti une teinture violette utilisée pour l'impression des calicots blancs importés de Manchester, dont ils se vêtent. Peu embarrassés, comme toujours, pour donner aux choses la dénomination qui leur est propre, les indigènes ont désigné les différentes espèces de teck qui poussent aux Indes sous les noms suivants : Le djatti soungou (corne de bufle) dont les veines sont fines et régulières et la fibre très résistante. C'est la meilleure variété connue avec le djatti lin go [teck huileux). Le djattidouri[k épines) qui contient un grand nombre de nœuds. Le djatti kemhang (à fleurs) de couleur foncée et onde comme la moire. Le djatti kapour (à chaux) qui contient beaucoup de résidus calcaires que la sève a véhiculés, et dont la couleur ressemble à celle du chêne; il est moins dur que les espèces précédentes et plus facile à travailler. Le djatti guenibal, de couleur brune, gras au toucher. C'est l'espèce préférée par les constructeurs de navires. Enfin, le djatti hatov (pierre) le djatti mignak; le djatti doring et le djatti verov. A la suite d'expériences faites à Haarlem on a reconnu que sur 1600 échantillons de bois récoltés dans l'Insulinde, 116 espèces avaient une densité dépassant 1 \21 — — variant de 0.9 à 1 168 — — — 0.8 k 0.9 291 — — — 0.7 à 0.8 618 _ — — 0.5 à 0.7 182 — — — 0.4 à 0.5 82 — — — 0.3à0.4 16 — — inférieure à 0.3 1.600 Le poids spécifique du teck de Java peut varier par d. c. de 0,592 d'après Figée, à 0,809 d'après Norlindger pour le djatti douri. En consultant les archives locales, nousapprenons que, vers 1840, une commission spéciale constatait, de visu, que les arbres pourris- 424 NOTES saient sur pied dans la région de Rembang (Java). Les forestiers allemands appelés en 1849 par le Gouvernement, voulurent orga- niser administrativement l'exploitation des forêts, mais ils embras- sèrent un domaine trop vaste et connurent rinsuccès. Trente ans •plus tard, on accordait très peu de concessions, de crainte que le prix des bois ne baissât, et l'on importait de Singapore des poutres et des madriers. Ceci rappelle la Compagnie des Indes incendiant les girofliers dans les îles des Moluques autres que Banda, afin de se garantir de toute concurrence et d'un avilissement des prix. Ce ne fut guère qu'en 1880 que l'on commença à s'occuper des forêts, et en 1896-1897 seulement, que l'on songea à créer les pre- mières pépinières. Les forêts de teck du Gouvernement couvraient, à la fin de 1903 i, une superficie de 643.818 hectares, y compris 6.007 hectares plan- tés au cours de l'année, car il est bon de dire ici que le teck cultivé est plus apprécié des acheteurs que le teck sauvage. Les jeunes arbres souifrent généralement du voisinage de Valang-alang (Impe- rata ariendinacea), mauvaise herbe très commune aux Indes, et dont on limite les ravages en interposant entre les rangs de tecks une légumineuse très vivace appelée kratok (Phaseolus species). L'administration des forêts avait planté, en outre, à la fin de l'exercice 1903, 316.599 Ficus elastica, 31.636 Hevea brasiliensis et 36.191 Castiloa elastica, celui des arbres à caoutchouc qui réussit le moins bien ici ; de grandes superficies de terrains avaient été reboisées avec du Santal, du bois d'acajou, diverses espèces de Kinas, voire même des Rotins. Le personnel du Service forestier se compo- sait alors de 151 européens et de 506 indigènes. Les revenus s'étant montés à 2.363.679 florins- et les dépenses à 1.427.655 florins, le bénéfice net réalisé s'est élevé, en 1903, à 936.024 florins, soit envi- ron 1.956.290 francs, comme le montre le tableau ci-après. Le Gouvernement exploite lui-même quelques districts forestiers, mais il procède à des adjudications dans les chefs-lieux de provinces (Résidences) pour la plupart des ventes en âge d'être coupées; il passe ensuite devant notaire, avec le plus offrant enchérisseur, un contrat d'exploitation, après avoir exigé le dépôt d'une caution, Les sections adjugées ont généralement une superficie de 100 à 300 et 400 hectares, mais quelques-unes atteignent jusqu'à 4 000 hec- 1. Derniers chifl'res statistiques parus. 2. Le florin vaut 2 fr. 09. EXPLOITATION DES FORÊTS DE TECK 425 tares et dans les Résidences de Samaran^ et de Sourakarta un Chinois est adjudicataire d'un lot de 7.826 hectares. La quantité de bois à couper dans un lot est évaluée par les Ins- pecteurs des forêts, qui sont d'ailleurs couverts par la fameuse for- mule S. G. D. G., et la taxe due par l'adjudicataire est fixée k tant par an ou par mètre cube de bois obtenu, selon l'état de la forêt. Ainsi le district de Goumen'g-, situé dans le Rem'bang-, d'une REVENUS FLORINS DÉPENSES FLORINS Produit de Fadjudication des forêts 1.703.945 62.463 3.883 389.698 23.627 137.914 40.149 Sommes dépensées pour le reboisement forêts de teck 226.414 58.816 146.872 104.210 171.793 249.664 133.705 131.413 27.310 165.455 12.003 Sommes payées par les Euro- péens et assimilés, pour le boisqu'ils ont été autorisés à couper dans les forêts de l'Etat non adjugées et par les indigènes Bois offerts en vente publique et autres produits des fo- rêts autres forêts Frais d'arpentage, de carto- graphie, etc Construction de routes, de ponts, d'habitations, creu- sement des fossés de bor- nase Frais des coupes opérées par le Gouvernement Valeur des bois fournis aux Départements des Travaux Publics et de la Guerre .... Valeur des bois coupés pour les besoins du Département de l'Intérieur mais non livrés Salaires des employés de l'administration forestière : A. Inspecteur principal, Ins- pecteurs, garde-forestiers, élèves B. Surveillants, arpenteurs et élèves Revenus divers : ventes de bois aux concessionnaires de terrains domamiaux. (baux emphytéotiques) .... G. Frais de voyages D. Traitement du personnel administratif, et auxiliaires. G. Police forestière et person- nel indigène Total 2.363.679 D. Achatd'instruments divers et fournitures de bureau. Total 1.427.655 superficie de 3.674 hectaies, devra donner, pendant les dix années que l'adjudicataire pourra l'exploiter, un total de 20.601 m. c. de bois. Dans certains endroits on ne compte que sur quelques cen- taines de mètres cubes. La durée de l'exploitation varie ainsi de 2 à 10 ans, et le Gouvernement impose parfois la condition de laisser un grand nombre de baliveaux. Quand une forêt de tecks a une grande étendue, elle est divisée en autant de sections qu'il y a d'années d'exploitation portées dans le contrat; chacune de ces sections est défrichée à tour de rôle sui- vant son numéro d'ordre, et l'Administration des Forêts procède de suite au reboisement avec les jeunes arbres provenant de ses pépi- 426 NOTES nières. Le Gouvernement n'adjuge d'ailleurs, chaque année, que la centième partie environ de la superficie totale des forêts de tecks, l'arbre n'atteignant son complet développement qu'à l'âge de cent ans, comme il a été dit plus haut. La redevance annuelle à payer varie selon l'importance de la coupe et la taxe par mètre cube de bois oscille entre 13 et 20 florins (un florin = 2 fr. 09) pour les poutres ayant au moins 5 mètres de longueur. Le bois à brûler, les copeaux d'équarissage, etc., rap- portent au Gouvernement de 20 à 50 cents de florin par m. c. (un florin r= 100 cents). La plupart des adjudicataires sont des Chinois, ces derniers ont d'ailleurs d'énormes capitaux à leur disposition depuis que la ferme de l'opium et celle des monts- de-piété leur ont été retirées par le Gouvernement. Deux grandes Compagnies hollandaises (Neder- landsch Indische Hontaankap maatschappij et Javasche Bosch- exploitatie maatschappij) prennent part également aux adjudi- cations. Les tecks sont cerclés deux ans avant d'être abattus ; cette opé- ration consiste à faire dans le tronc, à 50 ou 60 centimètres du sol, pendant la saison sèche, une incision circulaire de 5 à 6 pouces de large jusqu'au delà de l'écorce, afin de faire mourir l'arbre lentement ; on obtient ainsi un bois de durée et qui ne joue pas, une fois débité. La première préoccupation de l'adjudicataire d'une forêt, c'est d'établir le tracé d'une ligne de tramAvays à voie étroite destinée au transport des bois et aboutissant soit à un port de mer, soit à une station de chemin de fer. Ce travail ne manque pas d'offrir des difficultés, le teck poussant généralement dans les endroits acciden- tés. On construit ensuite avec du bambou les habitations des employés et ouvriers, ainsi que les hangars où les pièces de bois seront mises à l'abri de la phiie et du soleil. On commence alors à abattre ; puis on équarrit sur place, afin de diminuer les frais de transport ; car on ne trouve pas à Java, comme au Siam ou en Birmanie, des rivières navigables dans l'intérieur du pays, pour faire flotter les bois ; — Ce travail doit être surveillé car il faut éviter le déchet et la malfaçon, les ouvriers javanais se servent de fortes haches forgées dans le pays, avec lesquelles ils taillent les troncs à angle droit aussi régulièrement que peut le faire un charpentier, en Europe, avec des outils perfectionnés. EXPLOITATION DES FORÊTS DE TECK 427 Les poutres mesurent généralement de 5 à 15 mètres de longueur au maximum, et par exception 20 mètres; l'équarrissage dépasse rarement 60 centimètres dans tous les sens. Les poutres longues et lourdes sont amarrées avec des chaînes de fer et traînées par des attelages de 10 à 30 buffles. La saignée circulaire se paie de 1 à 11/2 cent et l'abatage à rai- son de 8 à 12 cents le mètre courant ; ce prix est augmenté quand l'arbre est entouré de lianes. Le tarif d'équarrissage varie de 2 fl. SO à 4 fl. par m. c. ; on paie un peu plus pour les parties longues que pour celles qui sont de dimension moyenne. Le tirage des arbres à la chaîne avec des buffles est payé de 0 fl. 75 à 1 fl. par m. c. et par paal de 1500 mètres; le transport au moyen de charrettes coiite de 0 fl. 20 à 0 fl. 30 seulement par ni. c. Aux bûcherons, on accorde pour couper le bois à bniler (branches) et mettre les bûches en tas, de 0 fl. 25 à 0 fl. 30 par m. c. ; pour le bois fendu la rémimération est portée à 0 fl. 35 et 0 fl. 50. Le trans- port du bois à brûler dans des charrettes coûte de 0 fl. 07 à 0 fl. 11 par m. c. et par paal; au-dessus de 5 paals ces prix subissent une légère augmentation. Le flottage entre Blitar et Sourabaya coûte 5 florins par m. c. et le transport par chaland, de l'intérieur à la côte, 3 fl. 50 par koyan del852k°«80. L'exploitation des forêts représente donc pour l'indigène une source intarissable de profits. L'administration forestière réalise, de son côté, un bénéfice de 3 fl. 52 par hectare et 8 fl. 93 par m. c, contre 2 fl. 20 par hectare et 9,91 par m. c. accusés par les particuliers, mais la preuve de ceci doit être difficile à faire. Certains capitalistes fixés aux Indes se tiennent sur la réserve dans la crainte que le Gouvernement n'exploite un jour lui-même toutes les forêts de tecks ; mais, jusqu'ici, grâce à ses frais de personnel et d'administration, le bois lui revient plus cher qu'aux adjudicataires. Le Chef du département intéressé prétend le contraire ; il va même jusqu'à assurer que si le Gouvernement avait exploité lui-même ses forêts, depuis 1900, il aurait réalisé un bénéfice de 700.000 flo- rins par an, mais il semble que le personnel forestier a suffisamment à faire en s'occupant du reboisement, indispensable ici pour retenir 428 NOTES les eaux propres à Tirrig-ation. Enfin certains spécialistes assurent qu'il j aurait intérêt pour 1 administration des forêts, à couper les arbres et à ne charger les contractants que de l'équarrissage, du transport et de la vente des poutres. L exploitation des bois courts, de 3 à 6 mètres, n"a jamais été encouragée par le Gouvernement, qui a, au contraire, mis certaines entraves, en 1900. à l'expédition des traverses de chemin de fer. L'administration des forêts tient à une exploitation rationnelle, alors que l'adjudicataire tient à sortir de son lot le plus d'argent possible, tout en réduisant ses frais à un strict minimum. Il coupe même les bois jeunes. Si, pendant la durée du contrat, le prix des poutres monte, il réalise de gros bénéfices, mais s'il baisse, il fait de grosses pertes, car les redevances restent les mêmes et la concur- rence entre soumissionnaires les a portées ces derniers temps à un maximum. Aussi, en 1903, le Gouvernement a-t-il dû aider quelques contractants qui se trouvaient dans une position cri- tique. Les chemins de fer de l'Etat et des Compagnies particulières, le Département des Travaux Publics, le Génie militaire, les Sociétés industrielles, les fabricants chinois de meubles, les entrepreneurs de bâtisses, etc., sont grands acheteurs de teck. L'exportation, très importante, a lieu à destination de l'Afrique du Sud et des ports de Gênes, Le Havre, Amsterdam, Hambourg, Londres et Liver- pool. Etant donné le plus grand nombre de concessions accordées ces temps derniers à des particuliers, il a été nécessaire de chercher de nouveaux marchés de vente en Europe; mais, fort heureusement, les envois du Siam et de la Birmanie ont diminué au même moment. La progression des expéditions ressort d'ailleurs des chiffres suivants : 1901 : 8.574 mètres cubes ; 1902 : 13. 444 mètres cubes ; 1903 : 28.071 mètres cubes dont 10.381 m, c. de traverses de chemin de fer ; 1904 : 29.736 mètres cubes dont 15.063 m. c. de traverses de chemin de fer. N'en déplaise aux Californiens, les traverses de teck doivent être de beaucoup supérieures à celles de Redwood (Sequioa sempervi- rens) tant vantées sur le Pacifique, mais elles sont naturellement plus chères. EXPLOITATION DES FORÊTS DE TECK 429 L'administration indo-néerlandaise semble avoir un faible pour les adjudications; elle fait non seulement appel à la concurrence pour vendre les tecks sur pied, mais aussi pour acheter des poutres équarries. La dernière adjudication locale, pour lesannées 19ÛG-1908, a donné les résultats suivants : Un prix de 35 florins a été accordé pour les poutres mesurant moins de 3 mètres de longueur, un de 43 florins pour celles de 3 à 4 mètres, un de o3 florins pour celles de 4 à 5 m., un de 57 florins pour celles de 5 à 7 m., un de 65 florins pour celles de 6 à 7 m., un de 75 florins pour celles de 7 à 8 m., un de 85 florins pour celles de 8 à 9 m. Sur une valeur de 4 millions et demi de francs de bois de char- pente et de construction navale, comprenant surtout du teck, expor- tée, en 1904, des Indes néerlandaises, Java figure pour 3.879.000 francs. La richesse forestière de Sumatra et de Bornéo dépasse cer- tainement celle de la perle de l'archipel ! . . . mais l'exploitation des forêts n'y a pas encore été entreprise sur une grande échelle. Samarang est le principal port d'expédition des bois équarris, puis viennent, par ordre d'importance, Sourabaya et Batavia. . La France en a reçu, en 1904, pour une valeur de 12t).000 fr. Les Pays-Bas 1.285.000 L'Afrique 1 .167.000 (comprenant surtout des traverses de chemin de fer) L'Angleterre 584.000 Indes Anglaises 478 . 000 Singapore 449 . 000 L'Italie 111.000 L'Allemagne 38.795 etc. En plus de ces bois de construction on a exporté, en 1904, des Indes Néerlandaises, 3.791.482 kilogs d'ébène, soit : en France 927.971 kilogs en Chine 2.140.448 en Hollande 401.519 à Singapore 148.549 à Hongkong 144.962 en Angleterre... 105.095 etc. 430 NOTES Les envoi de bois de Santal (Santalum album) se sont élevés à 5U.988 kilogs, soit : à Hongkong 385. S16 kilogs 60.002 309 en Allemagne en France et ceux de bois de gahrou (bois d'aigle ou calambac) à 9 . 277 kilogs. Cette essence est très estimée des Orientaux; elle exhale une odeur agréable quand on la brûle. Enfin les expéditions de bois de laka à Singapore se sont montées à 163.179 kilogs. Paul Serre, Consul de France à Batavia. LES INSECTES INSECTES RÉCOLTÉS AU HAUT-SÉNEGAL ET NIGER PAR M. VUILLET DIRECTEUR DE l' AGRICULTURE A KOULIKOrO COLÉOPTÈKES Cicindela nilotica Dej. — senegalensis Dej. — Dumolini Dej. — higuhris Dej. — melanchoUca Fab. Euryoda versicoloi' Dej. Cosmema sp. Megacepha senegalensis Latr. el Dej. — quadrisignata Dej. Calosoma senegalense Dej. Polyhirma sp. Anlhia sulcala Fab. — nimrod Fab. Tefjlus Megerlei Fab. Chlœnius denticulatus Dej. — Dassaulti Dej. — venalor Dej. — cœcus Dej. — senegalensis Dej. — (3 esp.). Graphipterus senegalensis Dej. — sp. Anisodaclylus (2 esp.). Hypolilhus holosericeus Dej. — saponarius Dej. — sp. Brachynus (4 esp.). Platymetôpus (3 esp.). Ozœna sp. LES Casnonia (2 esp.). Ophionea sp. Acanihogenius (2 esp.). Tetragoiioderus sp. Bradycellus sp. Selenophorus sp. Acupalpus sp. Galerila africana Dej. Craspedophorus brevicollis Dej. Scarites tenehricosus Dej. Thlibops longicollis Putz. Dislichus gagatiniis Dej. Clivina sp. Eunectes griseus Fab. Copelatiis sp. Hydroporus sp. Dineutes sp. Hydrophilus sp. Helochares sp. Cyclonotum sp. Cryptarcha sp. Episcapha sp. Episcaphula (2 esp.). [Nitidulide). [Colydide). [Endomychide). Silpha micans. Anlhrenus sp. Dermestes sp. Sapj'inus sp. Hister (2 esp.). Paussus (3 esp,). Canthon (2 esp.). Copris laïns Har. — sp. Aphodius (5 esp.). Rhyssemus sp. Phœochrous sp. Onthophagus maculatus Fab. — ohliquus 01. — (3 esp.). Oniticellus sp. Trochalus (4 esp.). INSECTES 431 Apogonia sp. Anomala sp. Schizoaychus sp. Heteronychus sp. Adoreius (5 esp.). Popilia (2 esp.). Rhahdolis sohrina G. et P. Diplognatha gagales Fab. Cetonia marginella 01. — slolala Fab. — (6 esp.). Pachnoda ornata Fab. — marginala Drury. Heterorhina ahhveviala P'ab. Gnathocera varians G. et P. — sp. Gametis sanguinolenta 01. — œquinoctialis 01. — sp. Macroma cognata Schaum. Mausoleopsis sp. Oxythyrea Peliti G. et P. — adspersa Fab. — (2 esp.). Psiloplera (3 esp.). Acmœodera sp. {Biiprestides, 2 esp.), Sternocera castanea 01. — - interrupta 01. Chrysohothris dorsala Fab. Lampetis Sergenti Cast. et G. Anlhaxia sp. Corœhus sp. Agrypnus puher Cand. — crassiusculus Cand. Lacoii fœdus Cand. Telralohiis Roudani Cand. — près gigas Fab. Megalorhipis validicornis Boh. Cardiophorus près fastidiosus Cand. — hoploderus Cand. — phœopteras ? Cand. Melanolus iimhilicaiiis Gyll. 432 NOTES Heferoderes mitigatus Cand. Psephus sp. Helerohostrychus hrunneus Murr. Sinoxylon près transvaalense. — senecjalense Karsch. Apate lerehrans Pall. Xy laper f ha picea 01. Lycus termiiiatus Daim. — prœmorsus Fab. — sp. Luciola puncticolUs Casl. — discicollis Cast. suis (3 esp.). Apalochrus sp. Melyris ahdominaUs Fab. — sp. Tillus senegalensis Cast. Necrohia ru/ipes Fab. Lyctiis sp. Trachyderma hispida Fab. Micraulereus anomalus Guér. — sp. Thalpophila sp. Gonocephalum inquiiiHlum Sahlb. — angustatum (Dej.j. — hispidum Br. Opatrinus sp. Scier on sp. Zophosis sp. Ogcoosoma geminala Fab. — (4 esp.). Tentyria sp. Uloma sp. Himatismus senegalensis Haag. Phrynocoliis Spinolai Sol. Pogonohasis opafroides Sol. Pachypterus près elongatus Muls. Oplochirus sp. Prœgena marginala Fab. — sp. Làgria près vestita Cast. — (2 esp.). Tetraphyllus (2 esp.). Cossyphus sp. Mononima sp. Mylahris hifasciala 01. — (10 esp.). Epicauta hrevipennis (Dej.). — Westermanni Maki. Cantharis flavicornis Lac. — (3 esp.). Iletica rufa Fab. Mordella (2 esp.). Siderodaclylus sagillarius. — (3 esp.). Cylas hrunnens 01. — sp. Apoderus sp. Brachycerus (2 esp.). Myllocerus (4 esp.). Episus cœnosus. Polycleis (2 esp.), Curculio sp. Anœmerus lomenlosus Fab. Lixiis dorsalis Schonh. — nehulosus. — sp. Cepurus torridiis 01. Cleonus (3 esp.). Anthonomus sp. Alcides dentipes Fab. — senex. — suhfasciatus. — sp. Baridius sp. Rhynchophorus phœnicis Fab. Sphenophorus sp. Rhyncolus sp. Calandra oryzse L. Cerohates sp. Bruchus (3 esp.). [Anlhrihiide). Platypus sp. Tithoes maculatus Fab. Mallodon Downesi. Phryneta aurocincia Guér. LES INSECTES 433 Plocederus fiicalus Thoms. Xystrocera senegalensis Kl. Cordylomera nitidipennis Serv. Ccillichroma sp. Purpuricenus sp. Coptops sp. Ceroplesis nesluans 01. {Cérainhycides, 3 esp.). Lenia armata Fab. — sp. Hispa (3 esp.). Aspidomorpha (2 esp.). Cassida nigroguttata Thoms. Nosognatha ruficollis 01. Clythra (2 esp.). Peplotera cylindriformis Lac. Cryptocephalus (2 esp.). H al tic a sp. Luperus sp. Plagiodera circumcincla Sahl. Enlomoscelis cincla. Mesodonia sp. Monolepla (2 esp.). Anlacophora vinula. — ■ sp. Lœtana histrio. OEdionychis (4 esp.). Podagrica (2 esp.). Syagrus calcaralus Fab. [Eumolpides, 6 esp.). Euryope quadrimaculata. Epilachna reticulata Fab. — similis Muls. — sp. Chilomenes lunata Fab. Alesia hamata Thunb. Coccinella vicina Muls. Chilocorus (2 esp.). Scymniis sp. HEMIPTERES Callidea signala Fab. • — duodecini puuclala Fab. Aspongopus viduatus Fab. Nezara viridula L. Hotea subfasciata Westw. Dysderens (larve). Acanthomia hytriroides Stal. Oxycarenus hyalinipennis Costa. Sphœocoris personafus Schonh. Alphocoris lohulatus Stiil. Physorhynchus lucidus Lep. et Serv. HYMENOPTERES Scolia cyanca Lep. Pepsis sp. Rhynchium abyssinicum Sauss. Chrysis prsetexta Buyss. Apis fasciata Latr. Ichneumon sp. D or y lu s sp. Mutila sp. Tabanides (3 esp.). DYPTERES Syrphide (1 esp. Earias insvlana Boisd. Spilosonia sp. Bulletin du Jardin colonial. LEPIDOPTERES Corcyra franslineella Rag. Mussidia nigriveuella Rag-. M. Fleutiaux. 30 COMMUNICATIONS DIVERSES Invasion de sauterelles en Cochinchine et au Cambodge, Une invasion de sauterelles sest produite en Cochinchine à la fin de l'été 1905. Cette invasion, qui d'ailleurs, n'a pas causé de dégâts très con- sidérables car, à cette époque, les rizières se trouvaient encore inondées, a été étudiée par M. Krempf, naturaliste attaché à la mis- sion d'exploration scientifique permanente de l'Indo-Chine. qui fut envoyé sur les lieux par M. Broni, gouverneur général par intérim, pour étudier les origines du fléau. Les renseignements recueillis sur cette question par M. Krempf et transmis au département par M. Beau, gouverneur général de r Indo-Chine, peuvent être résumés comme il suit : Les caractères zoologiques de l'insecte, dont M. Krempf a examiné un grand nombre d'échantillons, différencient le criquet observé en Cochinchine de la redoutable espèce qui exerce tant de ravages en Algérie et en Tunisie. 11 se rapproche plutôt des nombreuses formes de sauterelles que l'on remarque en Amérique, aux abords de la chaîne des Montagnes Rocheuses et dans les plaines du Texas. Suivant M. Krempf, ce criquet ne serait pas d'importation étran- gère, mais devrait être considéré comme une espèce indigène. Si, jusqu'à présent, il n'a pas été reconnu comme tel, cela tiendrait à ce que son aire de répartition géographique ne s'étend pas unifor- mément sur rindo-Chine entière. Les deltas, en particulier, ne lui conviendraient pas et il se développerait, de préférence, dans les vastes étendues de clairières désertes, disséminées au milieu des régions forestières du Cambodge, du Laos et de l'Annam. Les recherches entreprises n'ont pu cependant être encore poussées assez loin pour fixer, en vue de la prévision de migrations ultérieures, sa région permanente d'habitat. Il a seulement été possible de découvrir le centre où, avant de COMMUNICATIONS DIVERSES 435 se répandre sur la Cochinchine, les sauterelles de la dernière inva- sion avaient déposé leurs œufs et où les nouveaux sujets s'étaient développés. Ce territoire suspect serait le nord du canton de Moc- Hoa, dans la province de Tan-An (Cochinchine) et le sud de Soai- Tiep, dans le Cambodge. Sur les plaines désertes et raarécag-euses qui composent la majeure partie de ces régions des criquets ont commencé à apparaître à la fin de mai 1903. En juin, on observait d^s adultes accouplés et des pontes. En août, les amas de criquets étaient denses, cheminaient sur le sol et, en maints endroits, en masquaient la couleur et les accidents. Cependant, les terres cultivées, assez éloignées de ces centres de pontes, étaient peu touchées, et c'est à la faveur de cette circonstance que l'importance de l'invasion dont on était menacé, échappa à tous. La crue annuelle du Mékong-, arrivant vers le milieu de septembre et inondant les plaines de joncs, provoqua l'émigration de toutes les sauterelles alors capables de prendre leur vol, détruisit le reste et noya les œufs pondus. C'est alors que les essaims se répandirent sur les rizières de Cochinchine et d'une partie du Cambodge, suivant la direction des brises régnantes. La longue immersion de la région contaminée, qui dura environ un mois, a dû, d'après M. Krempf, complètement anéantir les œufs de sauterelles. Néanmoins, l'administration locale fait surveiller soigneusement les points suspects.- _ STATISTIQUES COMMERCIALES Exportations agricoles, forestières et des produits de la mer dans les colonies françaises. ILE DE LA RÉUNION Exportations du l''-^' au 3 1 janvier 1906. i° Vanilles et vanillons. — La Réunion a exporté, dans le courant du mois de janvier dernier, 6.204 kilos de vanille, contre 5.86'i kilos durant la période correspondante de 1905, soit une augmentation de 342 kilos au profit de jan- vier 1906. Ces exportations, toutes faites à destination de Marseille, se sont réparties comme il est indiqué ci-après : Vanilles de 1" quai. 2 — 3= — Vanillons de 1" quai. — 2' — Vanilles fendues de 1"' quai. __ 2" Totaux Vanilleset \anill(iiis de rebut Totaux généraux 3.081 k. contre 2.323 k. enjanv. 1905 soit une aug. de 758 k 789 - 611 4.33 - 404 836 - 488 391 - 196 376 - 188 29 104 5.935 — 4.311 269 - 1.548 178 29 348 195 188 75 diminution de augment. de 1.621 diminution de 1.279 6.204 5.862 augment. de 342 La principale augmentation porte donc sur les vanilles de U'' qualité (758 kilos) et la diminution la plus importante sur les vanilles et vanillons de rebut (1.279 kilos) dont il serait désirable de voir disparaître complètement l'exportation. En ne tenant pas compte de ces déchets, on constatera qu'en janvier 1900 les exportations de vanille de la Réunion accusent, sur la période correspondante de 1905, une augmentation dépassant 1.600 kilos (exactement 1.621 kilos). Les vanilles ont atteint à Siint-Denis, en Janvier 1906, les prix donnés ci- dessous : STATISTIQUES COMMERCIALES 437 Vanilles de P» qualité : 16 fr. le kil. — 2« : 9 — -^ 3« : 6 — Vanillons de !■■« qualité : 8 — Vanilles fendues de 1" qualité : 11 — — 2» — : 6 — Vanilles et vanillons de rebut: 3 — 2° Sucre. — Les exportations de sucres ont été sensiblement moins élevées qu'en janvier 1903. Elles se sont élevées à 786.824 kilos (768.139 kilos pour Marseille et 18.685 kilos à destination de Madagascar et de Djibouti) contre 2.280.117 kilos (2.278.092 kilos pour Marseille), pour la période correspondante de l'année pré- cédente, soit une diminution de 1.493.293 kilos. Prix du sucre à Saint-Denis en janvier 1906 : 22 francs les 100 kilos. 3° Rhum. — Les exportations de Rhum sont, cette année, beaucoup moins élevées que durant la période correspondante de 1905 (janvier). — Elles n'ont pas dépassé, 54. 001 litres, dont 264 hectolitres, 44 à destination de Marseille et 275 h. 57 à destination de Madagascar, de Saigon, de Suez et de l'Ile Mau- rice (264 hectolitres pour Madagascar, 573 litres pour Saïgon, 527 litres pour Suez et 57 litres pour l'Ile Maurice). 4° Café. — La quantité totale de café exportée a été fort peu importante. Elle n'a pas dépassé 411 kilos, dont 226 kilos à destination de Marseille et 185 kilos à destination de Majunga, Tamatave, Saïgon et l'Ile Maurice. Durant la période correspondante de 1905, les exportations s'étaient élevées seulement à 357 kilos, dont 307 kilos pour Marseille. En janvier dernier, le café de la Réunion était coté 340 francs les 100 kilos sur la place de Saint-Denis. 5° Paille de chouchoute, fibres d'aloès : Paille de chouchoute : janvier 1906 : 8.705 kil. — Janvier 1905 : 7.223 kil- Au profit de 1906 Augmentation : 1.482 kil. Fibre d'aloës : janvier 1906 : 23.507 kil. — Janvier 1905 : 180 kil. Au profit de 1906 Augmentation : 23.327 kil. La totalité de la paille de chouchoute et des fibres d'aloès a été expédiée à Marseille. 6° Sacs en Vacoa. — Janvier 1906 : au total 9.000 sacs ont été exportés, dont 6.000 à destination de Marseille, 2.000 pour Maurice et K'OO à destination de Mayotte. En janvier 1905, exportation de 7.223 sacs. 1° Girofle. — Clous de girofle : 1.136 kilos à destination de Marseille. Griffes de girofle : 77 — — 438 STATISTIQUES COMMERCIALES Valeur sur la place de Saint-Denis, en janvier 1906. Clous de girofle : 90 francs les 100 kilos. Griffes de girofle : 30 — 8° Essences diverses. — 2.687 litres pour Marseille, contre 3.778 litres en janvier 1905, c'est-à-dire une diminution de 1091 litres. 9° Tabac. — 5.466 kilos de tabac haché, contre 4.095 kilos pendant la période correspondante de 1903, soit une augmentation de 1.371 kilos. La plus grande partie de ce tabac a été expédiée à l'Ile Maurice (5.318 kilos) ; le reste a été envoyé à Tamatave (74 kilos) et aux Seychelles (74 kilos). 10° Produits divers. Tapioca et fécules : 20 kil. (62 kil. en janv. 1903). Légumes secs : 831 — à destination de Tamatave (1.083 kilos en janvier 1903). Maïs — : 200 — Oignons — : 2.003 — 30 kilos à destination de Marseille et surtout pour Tamatave : 1.933 kilos. Liqueurs — : 3 lit. Miel — 33 — Thé , — : 1 kil. (43 kilos durant la période correspon- dante de 1903). NOUVELLE-CALÉDONIE Exportations du 1"^ au 31 janvier 1906. Presque toutes les exportations des produits de l'Agriculture, de la forêt ou delà brousse et des pêcheries, faites par la Nouvelle-Calédonie, du 1" au 31 janvier 1906, accusent une augmentation assez sensible sur celles de la période correspondante de 1903. — Les deux seuls produits pour lesquels on constate une diminution, peu importante d'ailleurs, sont la gomme de Kaori ainsi que les os et sabots de bétail à l'état brut. 1° Café. — Dans le courant de janvier 1906 on a exporté 36.493 kilos de café valant 62.038 francs, contre 37.497 francs durant la période correspondante de 1905. Les exportations de 1906 accusaient donc au 31 janvier dernier, une aug- mentation de 4.341 francs. La majeure partie de ce café a été embarquée à destination de la Métropole ou des Colonies françaises. Les expéditions faites à l'étranger (Australie) n'ont pas dépassé 100 kilos, d'une valeur de 170 francs, en janvier 1906, et 328 francs en janvier 1903. 2° Coprah. — Les exportations de Coprah se sont élevées à 189.337 kilos représentant une valeur de 36.807 francs contre 33.498 francs en janvier 1905, soit une augmentation de 3.309 francs. Ces-envois se sont répartis entre la France ou les Colonies françaises et l'Australie, comme il est indiqué ci- après : STATISTIQUES COMMERCIALES 439 Janviei- 1906 : 26.650 kilos de coprah valant 7.993 fi'/ à destination de la Métropole et des Colonies françaises. — 162.707 de coprah kilos valant 48.812 fr. à destination de l'Australie. Total. 56.807 fr. Janvier 1905 : 32.498 fr. de coprah, à des- tination de la Métro- pole et des Colonies françaises. 21.000 fr. de coprah, à des- tination de FAus- tralie. Total. 53.498 fr. 3» Peaux et dépouilles d'animaux. a) Peaux brutes de bœufs, de veaux et de moutons. La totalité des peaux de veaux et de moutons et la plus grande partie des peaux de bœufs exportées par la Nouvelle-Calédonie ont été expédiées à l'Etranger. Sur 20.025 kilos de peaux de bœufs valant 15.857 francs, exportées en jan- vier dernier (augmentation de 7.447 francs au profit de 1906), 19.275 kilos valant 15.237 francs étaient destinés à l'Australie et seulement 750 kilos, valant 600 francs, à la France ou de ses colonies. Toutes ces exportations ont été faites par le port de Nouméa. Peaux brutes de veaux et de moutons : Exportations entièrement destinées à l'Australie, aussi bien en janvier 1906 qu'en janvier 1905. Janvier 1906 : 443 kilos de peaux de veaux valant 459 francs et 2.631 kilos de peaux de mouton valant 2.153 francs. Janvier 1905 : 120 francs de peaux de veaux et 250 francs de peaux de mou- tons On observe donc une augmentation de 339 francs pour les peaux de veaux et de 1 .903 francs pour celles de moutons, en faveur du premier mois de 1906. A noter également quelques envois peu importants de peaux de chèvres en Australie par Nouméa (84 francs). b) Os et sabots de bétail à Vétat brut, crin brut, suif, cornes de bœuf. Exportations peu importantes en janvier 1906 et janvier 1905. entièrement destinées à l'éti'anger. 12.186 kilos valant 1.069 francs en janvier 1906 contre 1 .150 francs en jan- vier 1903 (diminution de 81 francs). A noter en sus, pour Nouméa, 43 francs de crin brut, 200 francs de suif (500 kilos) et 250 kilos de cornes valant 90 francs. 4° Nacres de perles en coquilles brutes et biches de mer. — Janvier 1906 : 62.210 kilos de coquilles brutes valant 7.776 francs, dont 47.538 kilos valant 5.942 francs pour la Métropole et les colonies françaises et 14.672 kilos valant 1.834 francs à destination de l'étranger. 440 STATISTIQUES COMMERCIALES La Nouvelle-Calédonie a de plus exporté à l'étranger 7.249 kilos de biches de mer à destination de l'étranger valant 3.853 francs au lieu de 100 francs en janvier 1905, soit une augmentation de 3.753 francs au profit de 1906. 5» Caoutchouc. — Nouméa a expédié en Australie, du l^^'au 31 janvier 1906, 1.348 kilos de caoutchouc valant, suivant les statistiques officielles, 13.480 fr. et 656 kilos valant 6.560 francs à destination de la Métropole. 6° Bois de Santal. — Exportation entièrement destinée à la Métropole ou aux Colonies françaises : 14.988 kilos valant 8.225 francs en Janvier 1906 contre 517 francs en 1905, d'où une augmentation de 7.708 francs au profit de l'année courante. 7" Gomme de Kaori. — En janvier 1905, exportation de 195 francs de gomme de Kaori ; aucun envoi n'a été enregistré pour la période correspondante de 1906. 8° Champignons. — Janvier 1906 : 800 kilos valant 600 francs à destina- tion de l'Australie. MAÇON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS L Editeur-Gérant : A. Ghallamei., YlLMOllIN-ANDRIEUX & C 4, Quai de la Mégisserie, PARIS LIANE A CAOUTCHOUC Landolphia Hsudelotii g^^ La Maison VILMORÏN-AND[UEUX ET C'=. toujours sou- cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir! s'occuper d'une façon toute particulière de l'importation et de la vulga-j risat.oa des graines et plantes précieuses des pays chauds i Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent j certainement au premier rang des maisons recommandables pour résoudre cette importante question. | Du reste, ses efforts ont été couronnés de succès puisqu'elle aj obtenu 7 Grands Prix à L'Ex-posilion Universelle de l'juo, dont uni spécialement accordé pour son Exposition Coloniale En outre, lo JuryS de la dernière Expo^iiion qui a en lieu Cii igo5, au Jardin Colonial deç Nogent-sur-Marne, a confirmé les décisions du Jury de l'Exposition Uni-j! verselle en lui attribuant le Premier Grand Prix d'Honneur. [{ Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de rcjiondre de la façon la plus désia-|j léressée à toutes les demandes qui lui sont adressées. . t> Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : j! Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai , Cotons sélectionnés, Jute, Fourcroyaij gigantea, etc. ' Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola,*) Tabacs divers. Thé d'Annam et d'Assam, etc. i Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis,* Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughheia edulis, etc. {'■ Plantes à épices. — Canellier de Geylan, Gingembre des Antilles, Girotlier, Muscadier, Poivrier,* Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. Graines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc , etc. I Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler -l'attention de notre clientèle d'oulre-mer suril l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Wardj pour l'expédition des jeuneslB plants ou des graines en stratification. j GRAINES AGRICOLES ET^ INDUSTRIELLES Graines d'Arbres et d'Arbustes pour pays tempérés et tropicaux. Assortiments de Graines potagères, Fleurs, etc., appropriés aux différents climats. CATALOGUE SPÉCIAL POUR LES COLONIES FRANCO SUR DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. 6e Année w M.AAJ Juin 1906 No 39 MINISTERE DES COLONIES Inspection générale de l'Agriculture coloniale L'Agriculture pratique des pays chauds BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES Jardins d'essai des Colonies Tous documents et toutes communications relatives à la rédaction doivent être adressés à l^ Inspection générale de l'Agriculture coloniale au Ministère des Colonies PARIS Augustin CHALLAMEL, Éditeur Rue Jacob, 17 Librairie Maritime et Coloniale Les abonnements partent du /er Janvier et du /er Juillet Prix de l'Année (France, Colonies et tous pays de l'Union postale). — 20 fr. La reproduction complète d'un article ne peut être faite qu'après autorisation spéciale. Les citations ou reproductions oartielles sont autorisées à condition de mentionner la source. PUBLICATIONS DU MINISTÈRE DES COLONIES REVUE COLONIALE Explorations. — Missions. —Travaux historiques et géographiques. — Archives Etudes économiques Un fascicule de 8 feuilles grand in-S" parait tous les deujc mois V. PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur, rue Jacob, 17 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies; : 15 fr L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONUL ET DES JARDINS D ESSAI DES COLONIES Un fascicule de 3 feuilles grand in-S" parait tous les mois PARIS — Augustin GHALLAMEL, Editeur,[rue Jacob, 17 PRLX DE L'ABONNEMENT ANNUEL (France et Colonies) : 20 ir. Annales d'Hygiène et de Médecine Coloniales PUBLICATION TRIMESTRIELLE PARIS — Octave DOIN, Éditeur, place de l'Odéox, 8 PRIX DE L'ABONNEMENT ANNUEL : France et Algérie, 10 fr. — Etranger, 12 fr. Feuille de Renseignements de l'Office Colonial P UBLICA TION MENS UEL LE COLONISATION : Exploitations agricoles et industrielles, enquêtes économiques, etc. COMMERCE : Renseignements commerciaux et statistiques; Avis d'adjudications Offres et demandes commerciales; Mouvement des paquebots; Liste des maisons de commerce, etc. ABONNEMENT ANNUEL : France, 5 fr. — Colonies et Union postale, 6 fr. \ L'AGRICULTURE PRATIQUE DES PAYS CHAUDS BULLETIN MENSUEL DU JARDIN COLONIAL ET DES JARDINS D'ESSAI DES COLONIES FRANÇAISES 6e année Juin 1906 N» 39 SOMMAIRE DOCUMENTS OFFICIELS Pages Rapports et Décrets exemptant de certains droits d'entrée divers pro- duits importés en Afrique occidentale française et en Nouvelle Calédonie 44 1 Société Nationale d'Agriculture. — Election de M. Dybowski. . . . 444 Rapport de l'Exposition nationale d'ag-riculture coloniale, classe V. Caoutchouc, Gutta Percha, Gommes, etc. (suite) 445 ÉTUDES ET MÉMOIRES Culture pratique du Caféier et préparation du café, par M. Fau- chère, inspecteur de lag-riculture à Madag^ascar, charg-é de missions 4^1 Particularité de V aspect de la pathologie vétérinaire aux Colo- nies, par M. le D^ A. Loir, professeur à l'Ecole nationale supérieui'e d'agriculture coloniale 4o3 Le Cacaoyer au Congo français, par MM. Chalot, ancien directeur du Jardin d'essai de Libreville, pi'ofesseur à l'Ecole supérieure d'ag-riculture coloniale et M. Luc, chef du service de l'agricul- ture du Congo français (suite) ■ ■ • 479 L'exploitation du Caoutchouc en Afrique occidentale française, par M. Yves Henry, directeur de l'ag-riculture de l'Afrique occidentale française ; ' ," " ' ' ^^^ Caractères des Phanérogames, par M. Dubard, professeur à l'Ecole nationale supérieure d'ag-riculture coloniale 5o2 NOTES L'agriculture dans la vallée du Nig-er. — Le Manioc, par M. Dumas, agent de culture de l'Afrique occidentale française 5io Note sur la culture du fraisier à la Guyane française, par M. Le Moult ^^1 Les Insectes, par M. Fleutiaux ^'° Communications diverses : Commerce du Rafia de Madagascar à Trieste ^^^ Statistiques commerciales. — Exportations agricoles, forestières ^t des produits de la mer ^^^ Dans le cours de la cinquième année (igoS) « L'Agriculture pratique des Pays chauds » (bulletin du jardin colonial) a publié, outre les Documents officiels, 150 mémoires, notes et articles divers sur les cultures, Télevage ou les productions des pays tropicaux ; ces articles contenant 267 photographies, figures ou croquis forment ensemble deux volumes in -8° de 536 pages chacun. Un numéro spécimen est adressé franco sur demande. IiR COLkliECTION DE ** L'Agriculture pratique des pays chauds " COMPREND A CE JOUR 6 VOLUMES 10 Juillet 1901 à Juin 1902 20 Juillet 1902 à, Juin 1903 . . . 3o Juillet 1903 à Juin 1904 . . . 40 Juillet 1904 à, Décembre 1904 . 50 Janvier 1905 à Juin 1905 . . 6» Juillet 1905 à Décembre 1905 . I vol. in-80. 20 fr — 20 fr. — 20 fr. — 10 fr. — 10 fr. — 10 fr. (Envoi franco contre mandat-poste) Pour les abonnements, demandes de spécimen, rensei- gnements divers, publicité, adresser lettres et mandats à M. Augustin CHALLAMEL, Editeur, Librairie Maritime et Coloniale 17, rue Jacob, Paris. Demander le prospectus détaillé, contenant le titre de tous les articles de la collection, avec le nom de Fauteur, et l'indication du Numéro dans lequel l'article a été publié. 6« Année Juin 1906 N" 39 PARTIE OFFICIELLE NEW VORf MINISTÈRE DES COLONIES botanica Rapport au Président de la république française suivi d'un décret exemptant des droits d'entrée fixés par la rég-lementation du 14 avril 1905, les caoutchoucs bruts, la gomme copal brûle, et les arachides importés dans les colonies faisant partie du gouvernement général de l'Afrique occidentale française. Paris, le 2 mai 1906, Monsieur le Président, Le décret du 14 avril 1905, qui a fixé les droits à l'entrée et à la sortie en Afrique occidentale française, a compris parmi les exemptions les amandes de palme, le sésame, le riz en paille. Ces produits ne sont pas fréquemment importés dans nos colonies qui les produisent elles-mêmes en abondance. Ils ne peuvent donc être utilisés pour la consommation et, d'autre part, il n'existe pas, en Afrique occidentale française, d'indus- tries de transformation permettant de les mettre en œuvre. Ces importa- tions, qui proviennent exclusivement des colonies étrangèi^es, sont desti- nées à être réexportées et elles n'empruntent la voie de nos possessions que pourbénéficier des facilités de réexpédition. Il s'agit donc en l'espèce d'un transit que, loin d'entraver, on doit chercher à encourager puisqu'il est susceptible de procurer à notre commerce maritime et à nos colonies un supplément de trafic et d'activité. Or, d'autres prodiiits que ceux spécifiés au décret du 14 avril 1905 ont été récemment importés en Afrique occidentale française. C'est ainsi que des caoutchoucs bruts, de la gomme copal brute, des arachides, ont dû, en l'absence de disposition expresse du décret précité, acquitter les droits d'entrée. Pour combler cette lacune, j'ai l'honneur de soumettre à votre haute sanction, après avoir pris l'avis du conseil d'État, le projet de décret ci- joint, qui exempte de tous droits d'entrée en Afrique occidentale fran- çaise les caoutchoucs bruts, la gomme copal brute et les arachides importées dans nos territoires de l'Afrique occidentale française. Je vous prie d'agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon profond respect. Le ministre des colonies, G. Leygues. Bulletin du Jardin colonial. 31 442 DOCUMENTS OFFICIELS Le Président de la république française, Sur le rapport du ministre des colonies. Vu la délibération du conseil du gouvernement de l'Afrique occidentale frança'ise en date du 12 décembre 1905 ; Vu la loi du 7 mai 1881 ; Vu le décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du gouvernement général de l'Afrique occidentale française ; Vu le décret du 14 avril 1905, fixant les droits à percevoir à l'entrée et à la sortie en Afrique occidentale française, Le conseil d'État entendu, Décrète : Article P^ — Sont ajoutés à la liste des exemptions générales pré- vues au tarif d'importation du décret du 14 avril 1905 les produits sui- vants: Caoutchoucs bruts ; Gomme copal brute ; Arachide. Art. — Le ministre des colonies est chargé de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française, et inséré au Bulletin des lois et au Bulletin officiel du ministère des colo- nies. Fait à Paris, le 2 mai 1906. A. Fallières. Par le Président de la République : Le ministre des colonies, G. Leygues. Rapport au Président de la république française, suivi de deux décrets fixant pour la période s'étendant du l""" juillet 1906 au 30 juin 1907 : 1" Les quantités de maïs provenant des exploitations françaises des Nouvelles-Hébrides, à admettre en franchise à la Nouvelle- Calédonie ; 2" les quantités de café, cacao et vanille de même origine, à recevoir en franchise dans les colonies françaises autres que la Nouvelle- Calédonie; 3° les quantités de café, de cacao et de vanille provenant des exploitations françaises des Nouvelles- Hébrides, à admettre en France ou en Nouvelle-Calédonie dans les conditions fixées par le décret du 12 novembre 1901. Paris, le 11 mai 1906. Monsieur le Président, Le décret du 16 avril 1904, qui exempte des droits de douane : 1° les maïs originaires des Nouvelles-Hébrides importés en Nouvelle-Calédonie ; ARRÊTÉ 443 2° les autres produits de la même origine importés dans les autres colonies françaises, dispose que des décrets rendus sur la proposition du ministre des colonies détermineront, chaque année, d'après les statistiques olfi- cielles fournies par le coinmissaire général de la République dans l'océan Pacifique, la nature et la qualité des produits qui pourront être importés au régime de faveur précité. En exécution de ces dispositions et conformément aux propositions du gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, commissaire général de la Répu- blique dans l'océan Pacifique, j'ai l'honneur de soumettre à votre signa- ture le projet de décret annexé au présent rapport, fixant le crédit des produits dont il s'agit pour la campagne 1906-1907. Veuillez agréer, monsieur le Président, l'hommage de mon profond respect. Le ministre des colonies., G. Leygues. Le Président de la République française, Sur le rapport du ministre des colonies, Vu l'article 2 de la loi du 30 juillet 1900 ; Vu le décret du 16 avril 1903, fixant le régime douanier applicable à certains produits originaires des Nouvelles-Hébrides : 1° A l'entrée en Nouvelle-Calédonie ; 2" A l'entrée dans les autres colonies françaises ; Décrète : Article l^"". — Les quantités de maïs originaires des exploitations françaises des Nouvelles-Hébrides qui pourront être admises en franchise de droit en Nouvelle-Calédonie, du l*^"" juillet 1906 au 30 juin 1907, sont fixées à 3.500. 000 kilogrammes. Art. 2. — Sont fixées comme suit les quantités des produits originaires des exploitations françaises des Nouvelles-Hébrides qui pourront être admises en franchise de droit dans les colonies françaises autres que la Nouvelle-Calédonie, du !«■■ juillet 1906 au 30 juin 1907 : Café, 50.000 kilogr. Cacao, 2.000 kilogr. Vanille, 1.000 kilogr. Art. 3. — Le ministre des colonies est chargé de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 11 mai 1906. A. Fallières. Par le Président de la République : Le ministre des colonies^ G. Leygues. 444 DOCUMENTS OFFICIELS Le Président de la République française, Sur le rapport du ministre des colonies et du ministre des finances, Vu l'article 2 de la loi du 30 juillet 1900 ; Vu le décret du 12 novembre 1901 , fixant le régime douanier applicable à l'entrée en France et en Nouvelle-Calédonie à certains produits origi- naires des Nouvelles-Hébrides ; Décrète : Article. 1". — Sont fixées comme suit les quantités des produits origi- naires des exploitations françaises des Nouvelles-Hébrides qui pourront être admises en France et en Nouvelle-Calédonie, du 1'^' juillet 1906 au 30 juin 1907, dans les conditions établies par le décret susvisé du 12 novembre 1901 : Café, 250.000 kilogr. Cacao, 3.000 kilogr. Vanille, 4.000 kilogr. Art. 2. — Le ministre des colonies et le ministre des finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 11 mai 1906. A. Fallikkes. SOCIÉTÉ NATIONALE D^AGRIGULTURE Dans la séance du 4 avril, M. Dybowski, Lispecteur général de l'agri- culture coloniale, a été élu membre de la Société nationale d'Agriculture. Cette élection a été ratifiée par décret du Président delà République dont M. Becquerel président de la société, a donné lecture lors de la récep- tion de M. Dybowski, dans la séance du 23 mai. C'est la première fois que cette Académie compte un membre élu au titre des cultures colo- niales. Exposition nationale d'agriculture coloniale 1905 Rapport sur la Classe V. Caoutchouc, gutta-percha, gomme, minerais. {Suite'.) j. DE LA FRESNAYE. — Médaille d'Or, L'exposition de cet industriel consiste exclusivement en échantillons des plus intéressants de gutta-percha de différentes provenances et de g'omme Balata. L'adoption delà gutta-percha à la fabrication des chaussures nous a semblé à retenir. A signaler enfin un nouveau produit : la gutta-percha d'Eucommia Ulmoïdes extraite des feuilles d'un arbre de la Manchourie, connu sous la précédente dénomination et qui semble être appelée à un cer- tain avenir, le jour où le marché pourra être alimenté en quantité suffi- sante de matière première. M. Dybowski a été le promoteur de ce nouveau produit, qui offre cette particularité que, malgré les difficultés de multiplication des plants, la culture de cet arbre serait possible au moins en Algérie. SULTANATS DU HAUT-OUBANGUI. HotS COUCOUFS. La vitrine de cette autre Société concessionnaire du Congo renferme des échantillons de caoutchouc de fort bonne qualité ; son champ d'action s'étend sur le territoire le plus vaste qui ait été concédé à une seule Société soit 140.000 km- ; son exportation s'élève déjà à l'heure actuelle, après 4 ans d'exploitation, à près de 150 tonnes de caoutchouc sans compter l'ivoire qui est récolté en quantité dans cette région. L'inconvénient que peut présenter l'éloignement de cette exploitation est largement compensé par la facilité apportée aux transactions commer- ciales en raison de la présence des Sultans dont la puissance facilite singu- lièrement les choses. MICHELIN ET c". — Grand Prix. Une des plus intéressantes et plus instructives vitrines de notre récente exposition, était assurément celle de la maison Michelin. 1. Bulletin n" 38. 446 DOCUMENTS OFFICIELS Cette maison qui s'est créée par ses propres procédés de travail et l'excellence de sa fabrication, une situation prépondérante dans l'industrie du caoutchouc, s'est adonnée, en outre, à une étude complète de la matière première. Elle a équipé dans ce but de nombreuses et impor- tantes missions, chargées de recueillir sur place tous les documents con- cernant les lieux de production des divers caoutchoucs et d'étudier les possibilités de plantations et de culture d'arbres et de lianes à caout- chouc dans les colonies françaises et les pays de Protectorat. Elle a fait ainsi explorer, notamment le Soudan et le Sénégal, le Congo français, la Guyane française, Madagascar et aussi, dans l'Amérique du Sud, le Pérou et le Brésil. De chacune de ces missions, un important bagage scientifique a été rapporté. C'est ainsi qu'une première mission à Madagascar a rapporté plusieurs tonnes des divers caoutchoucs de l'île. Ces caoutchoucs ont été identifiés comme provenance botanique, analysés et classés comme valeur industrielle. Deux autres missions se sont succédé dans la même île; la dernière a abouti à la création d'une maison d'achat à Tuléar. De sa longue exploration dans le Pérou et l'Amazone, la maison Michelin a recueilli une riche collection d'échantillons du caoutchouc fourni parles diverses variétés d'Hévéa qui y croissent. Dans son exposition au Jardin Colonial, la maison Michelin avait présenté de curieux échantillons de ces diverses pirovenances, en les accompagnant d'une collection d'autres échantillons qui montrant les transformations que subit la matière première avant d'arriver à la forme définitive et plus particulière au pneumatique. Elle accompagnait cette suggestive démonstration de différentes brochures éditées par elle, sur la fabrication du pneumatique ; des tableaux de nom- breuses analyses exécutées dans son laboratoire, des diverses sortes de caoutchoucs connues, attiraient surtout l'attention des spécialistes. Le laboratoire modèle que cette maison a installé dans les usines de Clermont-Ferrand est devenu le collaborateur de quelques-unes de nos grandes administrations coloniales pour cette documentation. Cette collaboration n'a pas été inutile au développement de l'exploita- tion du caoutchouc dans nos diverses colonies. Citons, à cet égard : L'étude des caoutchoucs du Soudan, du produit du Karité, des pseudo- guttas africaines, etc., faites à la demande du général de Ti'cntinian, Gouverneur du Soudan. L'étude des caoutchoucs du Bas-Laos et du Tonkin, faite à la demande du Ministère des Colonies ; L'étude des variétés de caoutchoucs fournies par la grande île de Mada- gascar. L'étude des produits obtenus par le pilonage des écorces de lianes ou de racines (procédé de M. Maurice Thiry, inspecteur-adjoint des EXPOSITION NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 447 forêts), qui triplent le rendement d'une plante en caoutchouc utilisable, études entreprises à la demande du général Galliéni, gouverneur de Madagascar, et dont les résultats ont été publiés par le journal officiel de Madagascar; Etude des produits obtenus du Castilloa Elastica de plantation, suivant divers modes de coagulation, entreprise à la demande de Sir Robert Hart, Directeur du Jardin botanique de la Trinité ; Etude des premiers caoutchoucs obtenus par les plantations de l'Hevea à Ceylan, entreprise à la demande de Sir John C. Willis, Directeur du « Royal bonatical Garden » de Peradeniya (Ceylan). Relations dans les publications officielles anglaises ; Etude de nombreux échantillons de caoutchouc remis par M. Jumelle, de l'Institut colonial de Marseille (résultats publiés dans les ouvrages de ce savant) (voir Jumelle « Les plantes à caoutchouc et à Gutta »). Etc. etc. Si nous ajoutons que les résultats les plus intéressants des analyses faites, tant pour son propre compte que pour autrui, figuraient dans l'exposition de la maison Michelin au Jardin Colonial, on ne s'étonnera pas que cette exposition ait remporté, non seulement auprès des visiteurs, mais encore — et surtout — auprès du monde scientifique qu'elle intéres- sait plus spécialement, un légitime et magnifique succès. ÉKÉLA-KADÉI-SANGHA. — HorS COIlCOUrS Société concessionnaire du Congo qui a réussi, grâce à la fusion, de deux sociétés voisines, l'Ekéla et la Kadéi. Ce caoutchouc de toute première qualité se présente sous forme de petits dés de 15 à 20 millimètres environ de côté, percés d'un petit trou qui sert à passer un lien les réunissant entre eux. Coloration bru1i noirâtre, et sans trace de poisseux. A la coupe, caoutchouc très dense, sans aréoles et sans impuretés, d'une coloration uniforme noire bleutée. Excessivement résistant et très nerveux ; vu en lames minces, il présente une coloration jaune pâle. Les échantillons adressés à Nogent, sont d'une coloration extérieure plus noirâtre, et leur surface semble légèrement poisseuse. Il est hors de doute que nous avons à faire à des producteurs et à des procédés de coagulation identiques. Ce produit, absolument pur, sans débris d'écorce et sans terre, doit être obtenu par une coagulation, faite par l'indigène à son retour au vil- lage. Cette coagulation est sans doute provoquée par l'addition de suc extrait de la Bossanga (Costus Lucanusiamus.) D'après les renseignements qui nous sont communiqués par M. Fon- 448 DOCUMENTS OFFICIELS dère, l'Ireh ou Funtunia elastica existe également en grande quantité dans les régions marécageuses. Il est donc probable que son latex entre presque exclusivement dans la formation de ce produit. La Société exporte à l'heure actuelle environ 150 tonnes de caoutchouc qui à l'analyse donne : Gomme brute 100 kilos Gomme lavée et sèche 93.40 — Perte au lavage 6.60 °/o MINERAIS ANDRÉ GRiMAULT. — Médaille d'Or. (Pépites d'or) M. André Grimault expose de belles pépites d'or de Madagascar, dont deux peuvent peser environ 100 grammes chacune ; les récentes décou- vertes minières faites dans cette île permettent de le considérer comme un précurseur. AKMET DE LisLE. — Médaille d'Or. (Minerais radif ères-radium) Monsieur Armet de Lisle expose des minerais radifères qui lui ont été envoyés des colonies, entre autres un mica provenant de Tunisie, qui, par ses propriétés radio-actives mérite un examen plus approfondi, et pour lequel on va incessamment entreprendre des recherches autour de l'endroit où on l'a trouvé. II expose des appareils pour la recherche des minerais radifères, et mentionne deux méthodes, l'une photogi\iphique l'autre électrosco- pique. Il expose aussi des sels de radium à différentes activités : 100 à 2.000.000 (bromure de radium pur) l'ituranium étant pris comme unité. 11 expose également les appareils couramment employés en médecine pour l'usage des sels de radium, carcer, noavus, épithélioma, conjoncti- vite, etc., et aussi contre les piqûres de moustiques, vipèi^es. il expose enfin différents médicaments, notamment le bromhydrate de quinine employé avec succès dans les fièvres paludéennes, intermittentes, etc. Dans une petite brochure, mise à la disposition du public, on peut voir les photographies des pi'incipaux ateliers où se fait le traitement des mine- rais radifères, ainsi que les laboratoires où se termine la purification des sels de radium. EXPOSITION NATIONALE d'aGRICULTURE COLONIALE 449 L'usine de M. Armât de Lisie, fondée depuis un an seulement, est déjà en mesure de fournir des quantités notables du précieux produit. Elle fonctionne sous la haute compétence de M. Danne, le préparateur et col- laborateur de M. Curie dans ses belles découvertes ; un chimiste et un physicien sont attachés à l'usine. PHOSPHATES DE TEBEssA. — Médaille d'Or. Cette Compagnie expose des phosphates dont la valeur est appréciée en France pour l'agriculture, et des tableaux de production instructifs. A signaler à titre de document géologique des fossiles, encastrés dans le minerai. MAISON LOUIS wEiNscHENK. — Médaille d'Or. (Gomme gutte) Malgré le peu d'importance de cette exposition, nous avons cru devoir décerner une médaille d'or à cet exposant en raison de la petite quantité de ce produit qui arrive directement sur les marchés français. La gomme gutte de M. Veinschenk vient en effet du Cambodge, tandis que la presque totalité de l'importation vient du Siam et passe par les voies anglaises. MM. VINCENT & c°. — Grand Prix. (Blocs de sel manufacturé) Cette manière de présenter le sel, qui est en Afrique un des plus grands facteurs d'échange, est des plus intéi^essantes ; elle olfre cet avantage d'évi- ter, dans les transbordements, et en raison de l'humidité des régions aux- quelles ce produit est destiné, des pertes de poids appréciables. En outre, le maniement de ces blocs revêtus d'un enduit imperméable est plus facile que celui des sacs. Cette industrie a d'ailleurs pris, en raison des considérations précitées, un très grand développement depuis quelques années, elle ne s'en tiendra pas là. Le Président, Le Secrétaire-Rapporteur, G. Paraf, , William Guynet, Membre du Conseil Supérieur Délégué du Congo français, des colonies. au Conseil Sup. des colonies. "T '™rr'*?^"T'''!'?'8Sp*''^^i^'v^-'^ss Coffea arabica. ÉTUDES ET MÉMOIRES CULTURE PRATIQUE DU CAFÉIER PRÉPARATION DU CAFÉ CHAPITRE PREMIER Habitat naturel. — Historique. ESPÈCES ET VARIÉTÉS Habitat naturel. — Le Coffea Arabica, l'espèce certainement la plus cultivée du genre Coffea, est sauvag-e en Abyssinie; c'est ce pays que tous les auteurs s'accordent à lui donner comme patrie. Son nom pourrait donner à croire qu'on le trouve également à l'état sauvage en Arabie; il n'en est rien, paraît-il, et il a été importé de l' Abyssinie dans l'Yémen. De Candolle '< Qriginp des plantes cultivées » dit que le caféier est sauvage en Abj^ssinie, dans le Soudan, à Mozambique et à la Guinée; mais il est porté à croire que le véritable marché du caféier est l'Abyssinie et qu'il a été naturalisé par la culture dans les autres pays. Ce fait s'est reproduit ailleurs : le caféier échappé des cultures croît maintenant à l'état subspontané dans plusieurs forêts du Bré- sil et des Antilles, où on est bien certain qu'il n'a jamais existé à l'état sauvage. L'emploi du café remonte, en Abyssinie, aux temps les plus reculés ; de là il se serait répandu en Perse, puis en Egypte et enfin en Europe, où il a été connu vers l'année 1640, en Italie. En France, on commença réellement à en faire usage vers 1670, bien que quelques années avant, on connaissait déjà le breuvage vendu sous le nom de cahoué. Malgré une foule de conflits et de prohibitions bizarres, l'emploi 452 ÉTUDES ET MÉMOIRES du café s'est de plus en plus répandu dans presque tciut l'univers. La consommation mondiale dépasse actuellement le chiffre fantas- tique de 800 millions de kilos, La production du café est de ce fait devenue l'une des branches les plus importantes de l'agriculture tropicale. L'aire de culture du précieux arbuste, tout d'abord limitée aux pays voisins de son berceau de croissance spontanée, s'est peu à peu étendue et maintenant le café est connu et cultivé dans toute l'immense zone qui s'étend des plaines de Téquateur au 28'' parallèle nord et au 30° degré de latitude sud. Le Goffea arabica peut encore croître à l'air libre en dehors de ces limites : la Sicile en possède bien quelques pieds par 36° de latitude nord, mais la culture ne peut pas y être entreprise écono- miquement. De récentes expériences l'ont démontré, pour l'Algérie par exemple. A l'heure actuelle, sa véritable patrie d'élection est devenue le Nouveau Monde, L'Amérique Centrale et l'Amérique du Sud appro- visionnent en ce moment presque tout le marché mondial. L'Etat de Sao Paolo du Brésil fournit à lui seul une quantité presque suffi- sante de café pour subvenir à la consommation du monde. La pro- duction de cet Etat dépasse actuellement 600 millions de kilos et elle est en voie de progression. Pour celui qui a visité la splendide région caféière de Sao-Paolo, il n'y a pas de doute, c'est bien la patrie du caféier, nulle part ailleurs il pousse avec une telle vigueur et réclame si peu de soin. Presque toutes les colonies françaises se prêtent, et par leur sol, et par leur climat, à la culture du caféier; quelques-unes d'entre elles ont fourni et fournissent encore des cafés très renommés. Malgré cela, malgré les sacrifices consentis par la Métropole pour ses colonies, la production du café est à peu près insignifiante dans les possessions françaises. La France consomme environ 90.000 tonnes de café par an ; c'est à peine si ses colonies lui en fournissent 600 tonnes. Les exportations de café semblent cependant en voie de progres- sion à la Guadeloupe. Espèces et variétés. — Le Goffea arabica appartient à la famille CULTURE PRATIQUE DU CAFÉIER 453 des Rubiacées; c'est un joli arbuste, quelquefois un petit arbre, qui peut atteindre 6 à 7 mètres de hauteur. Coffea arabica. Il croît g-énéralement en toufPes, ses branches, longues et grêles, portent des feuilles opposées d'un beau vert luisant. Ses feuilles ont 4 et 5 centimètres de long, elles sont pédoncu- lées ; le pédoncule a 1 centimètre et demi environ. 4S4 ÉTUDES ET MÉMOIRES La nervure principale et les nervures secondaires du limbe, au nombre de 9 à 42, sont très apparentes. Les fleurs sont réunies par petits groupes de 3 à 7 à l'aisselle des feuilles. La floraison est très éphémère ; mais elle se reproduit plusieurs fois dans l'année. Les fleurs des caféiers sont d'un très beau blanc, elles ont une odeur suave très pénétrante, rappelant un peu celle des fleurs d'orang-er. Leur calice est peu dévelojDpé, il présente cinq divisions peu accentuées, la corolle est formée d'un tube de 1/2 à 3/4 de centimètre de longueur, terminé par cinq divisions de lon- gueur égale. Les étamines au nombre de quatre font saillie au-dessus du tube de la corolle, ainsi que le style terminé par deux stigmates. A la fleur succède une baie divisée en deux loges par une cloi- son verticale, chaque loge renferme une graine. A maturité le fruit du caféier est rose vif ou même franchement rouge, quelquefois jaune. La variété x\marelho du Brésil produit des fruits jaunes. La pulpe qui entoure les graines est sucrée et d'un goût assez agréable. Ces graines sont convexes du côté externe et planes du côté interne par lequel elles sont accolées; la partie plane présente un sillon longitudinal formé par le repli de l'albumen corné. L'albumen, partie consommable, est entouré, lorsqu'il est sec, d'une fine pellicule argentée, adhérente, que la préparation fait disparaître d'une façon plus ou moins complète. Lorsqu'elle a été dépulpée, la graine reste enfermée dans une enveloppe cornée, appelée parche, qu'elle ne remplit pas complète- ment. Le vide qui reste entre la parche et la graine provient de ce que la graine se contracte davantage que la parche par la dessiccation. Nous verrons, par la suite, les moyens mis en pratique pour débar- rasser la graine des enveloppes, pulpe, parche et pellicule, qui l'en- tourent et la rendre commerciale. Dans chaque pays on connaît des formes spéciales de Goffea ara- bica, qui ont, chacune, des qualités propres, mais qu'il ne semble cependant pas possible d'élever au rang de variétés. Ainsi, au Brésil, on cultive le café Boubou et le café nacionaU. Le 1. Orthographe portugaise. CULTURE PRATIQUE DU CAFÉIER 455 premier est beaucoup plus précoce que le second, mais les deux formes ont assez peu varié, au point de vue morphologique, pour qu'il soit difficile de les reconnaître à première vue, et c'est tout au plus si, à mon sens, elles peuvent être considérées comme des races. Dans certains cas cependant, les variations ont été beaucoup plus considérables, et on connaît, au Brésil notamment, deux ou trois formes qui diffèrent nettement du type et constituent certainement des variétés. Ce sont le café Amarello, le café Maragogipe et le café Mur t ha dont certains auteurs font une espèce. A la Réunion, le café Leroy, dont les origines sont assez con- fuses, produit des grains petits, pointus aux deux extrémités. Certains auteurs en font, à tort peut-être, une espèce (C. lau- rina). Toutes ces variétés sont en somme assez peu connues, et bien des auteurs, qui ont probablement puisé leurs renseignements à la même source, en ont donné des descriptions assez peu exactes et ont émis à propos de leur valeur respective des appréciations erron- nées qu'il convient de rectifier. Naturellement, il ne saurait être question ici de parler de toutes les formes Goffea Arabica existantes, je me contenterai de signaler les plus connues parmi celles qui peuvent être considérées comme de vraies variétés. Le café Amarello ou de Botucatu ne diffère de l'Arabica ordi- naire que par la couleur de ses cerises qui sont jaune clair à matu- rité. On lit quelquefois que cette variété donne des grains trop riches en caféine, fournissant par suite un breuvage acre. Peut-être les planteurs brésiliens n'ont-ils pas toujours apprécié le café de Botu- catu à sa juste valeur et l'ont-ils, à un moment donné, considéré comme une forme médiocre ? Ils sont, à l'heure actuelle, revenus sur cette première apprécia- tion ; toutes les personnes que j'ai consultées à ce sujet, pendant mon séjour dans l'État de Sao-Paolo, sont unanimes pour recon- naître que le café Amarello est une variété très intéressante, productive, qui fournit un café très uniforme et très apprécié. Plusieurs fazendas importantes agrandissent leurs plantations de caféier Amarello. C'est le cas pour la fazenda San-Martinho où Lon projetait en 1902 de mettre en terre plusieurs centaines de mille pieds de caféiers de Botucatu. 456 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le caféier Maragog-ipe se distingue à première vue du CofTea Arabica ordinaire; il atteint de beaucoup plus grandes dimensions, ses ramifications sont plus dressées, ses feuilles sont plus grandes. Coffea Maragogipe. sans toutefois atteindre des dimensions exagérées, comme on l'in- dique dans quelques ouvrages. Elles sont plus lancéolées et très gaufîrées, la longueur du limbe n'excède guère 18 à 21 centimètres et la largeur de 8 à 12. La pointe CULTURE PRATIQUE DU CAFÉIER 457 qui termine le limbe est très accentuée et longue. Lorsqu'elles sont jeunes, les feuilles sont très retombantes, c'est là un caractère qui Caféier Maragogipe. frappe à première vue, parce qu'il donne à l'arbuste un aspect spécial et très différent de celui que présente le tyjDe. La cerise est de dimension beaucoup plus considérable. Ses graines atteignent presque la grosseur de celles du caféier de Libéria, elles conservent cependant la forme de celles du caféier d'Arabie ordi- naire. Bulletin du Jardin colonial. 32 458 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le principal reproche qu'adressent les planteurs au caféier Mara- gog-ipe, c'est son manque de fécondité. Il est, en effet, surprenant de voir, à côté de caféiers ordinaires rachitiques rompant sous le poids des cerises, ces grands arbrisseaux vigoureux ne portant presque pas de fruits. De plus, dans les plantations où il n'existe pas une quantité suffi- sante de maragogipe pour qu'on puisse en faire des lots, les gros grains qu'il fournit restent mélangés aux cafés ordinaires et les déprécient en leur enlevant leur uniformité. Quelques personnes ont dit devant moi, que les lots de maragogipe étaient peu prisés en Europe à cause de leur taille trop grande ; cet avis est sujet à contro- verse et tous les planteurs ne sont pas d'accord : ainsi, à la fazenda Dumont, appartenant maintenant à une Compagnie anglaise, le café maragogii^e est estimé. On en fait des lots uniformes, qui obtiennent toujours de très hauts prix sur les marchés de Londres. En somme, je crois, et c'est là une appréciation toute person- nelle, que le caféier Maragogipe est peu recommandable à cause de son manque de fécondité. Probablement en raison de la dimension de ses feuilles, on avait pensé, à un moment, que le caféier maragogipe résisterait mieux à l'Hemileia que le C. Arabica type. Les essais entrepris à ce propos n'ont pas donné de résultats brillants. On peut sans crainte avancer que le caféier Maragogipe ne résiste nullement au parasite. J'ai pu personnellement le constater dans une plantation de la province de Farafangana, qui en possède un certain nombre de plants. Le Caféier Murtha, dont quelques auteurs font une espèce [Coffea myrtifolia)^ diffère du type par la petitesse de ses feuilles dont la surface est environ trois fois moindre. C'est une forme peu vigoureuse, à ramifications courtes, à feuilles très rapprochées et très persistantes, ce qui est un inconvénient pour la cueillette comme on la pratique au Brésil. En général, les planteurs estiment peu le café murtha, il en existe très peu dans les plantations brésiliennes. Le D"" Baretto croit cependant cette variété capable de rendre des services dans les régions un peu froides où le café nacional souffre. Sur sa propriété de Pirituba, il possède une plantation de caféier murtha dont il est satisfait. Le café Leroy de Bourbon, trouvé accidentellement, paraît-il, dans les plantations, fournit un grain très petit, de forme très carac- CULTURE PRATIQUE DU CAFÉCER 459 léristique. Au lieu d'être arrondi aux extrémités, le ^rain est nette- ment pointu; il est du reste connu dans le commerce, sous le nom de <( Bourbon pointu ». On reproche à ce café de manquer d'arôme; Goffea congensis introduit à Madagascar par le Jardin colonial. j'ai eu l'occasion de le consommer à Madagascar, et je l'ai toujours trouvé exquis. Le café Leroy a des feuilles plus petites et plus rap- prochées que celles du caféier ordinaire, il est rustique et a rendu, à ce titre, des services à Bourbon. 460 ÉTUDES ET MÉMOIRES - Comme je l'ai dit précédemment, une foule d'autres formes existent dans les pays producteurs de café ; ainsi on parle fréquem- ment du café de la « Blue mountain » de la Jamaïque, certains pépi- niéristes, de différents pays, vendent sous ce nom des plants de caféier qui ne présentent en somme aucune différence avec le Coffea Arabica type. Je ne sais, si ce café de « Blue mountain » transporté ailleurs fournit un café aussi estimé que celui qu'il donne à la Jamaïque, mais je suis porté à croire que la valeur commerciale de son produit est due bien plus au milieu dans lequel il croît, qu'à la forme elle- même, et je pense que ce caféier qui donne à 1 .500 mètres d'altitude, dans des terres pierreuses et très saines, un café excellent fournirait un produit médiocre s'il était transporté dans les plaines et cultivé sur des sols plus humides. On ne peut donc, à mon sens, n'accorder à toutes ces formes qu'une valeur essentiellement locale, et il serait oiseux et long- de vouloir les décrire. L'apparition de \Hcmilcia vastatrix dans tous les pays baig-nés par l'Océan indien, et la destruction à peu près complète des caféières existantes, ont amené toutes les personnes s'occupant d'agri- culture tropicale à rechercher des espèces et des variétés plus rus- tiques, donnant des produits consommables. La première espèce qui paraît avoir attiré l'attention est le C. libe- rica, dont la rusticité est très grande. Me proposant de consacrer une notice spéciale à cette espèce, je ne m'étendrai pas plus sur elle ici. Le C. liberica_, qui possède de réelles qualités au point de vue de la rusticité, produit malheureusement un café médiocre, et les recherches ont continué dans le but de découvrir une espèce pouvant, tout en résistant à l'Hemileia, fournir un café capable de remplacer celui du G. arabica. Parmi les introductions qui paraissent être les plus intéressantes, il convient de citer le C. Stenophylla dont le produit est, paraît-il, de bonne qualité, et dont la résistance à l'Hemileia semble suffi- sante. Le C. Conffensis, introduit à Madagascar par le Jardin Colonial, est un arbuste qui présente des feuilles gauffrées, d'un vert beau- coup plus clair que celles du C. Arabica, les fleurs sont également un peu différentes. CULTURE PRATIQUE DU CAFÉIER 461 Les baies sont plus petites que celle du caféier d'Arabie, elles sont d'un beau rouge vif à maturité, la peau est peu épaisse, la pulpe peu abondante : les grains sortent avec une facilité extrême de la cerise, par conséquent on ne rencontrera au- cune difficulté pour la préparation. La résistance de cette espèce à l'He- mileia semble abso- lue. A la Station d'essais de Tama- tave oii je l'ai obser- vée, je n^ai jamais vu une seule tache d'Hemileia sur ses feuilles, cependant que les Coffea Ara- bica périssaient, tués par le parasite. La valeur commer- ciale du C. Gongen- sis n'est malheureu- sement pas encore établie. Le C. Cdïiephora introduit depuis peu à Madagascar par le Jardin Colonial sem- ble, lui aussi, résis- tant. Il est cependant sujet aux attaques du champignon lorsqu'il est en pépinières. Les grains sont de belle forme et de grosseur moyenne. Si, comme on le dit, la qua- lité du café qu'il produit permet de le présenter avantageusement sur les marchés d'Europe, cette espèce, ainsi que le C. Congensis, est certainement appelée à grand avenir. On cultive dans les jardins botaniques nombre d'autres espèces, Caféier hybride Libéria arabica. 462 ÉTUDES ET MÉMOIRES G. jasminoïdes^ etc., etc., dont la valeur est essentiellement bota- nique. En somme, jusqu'à ce jour, malgré des recherches opiniâtres et de très intéressantes introductions, aucune espèce n'a paru douée des qualités suffisantes pour pouvoir remplacer avantageusement le G. Arabica. Il est prématuré de recommander aux planteurs de se lancer dans la culture de telle ou telle espèce. Dans divers pays, et plus particulièrement aux Indes Néerlan- daises, on a essaj^é d'obtenir des hybrides de G. Arabica et de G. liberica. La valeur des plants ainsi obtenus n'est pas encore établie d'une manière bien précise, il est impossible, quant à présent, de se faire une idée de la place qu'ils prendront à l'avenir dans les cultures. En 1900, la Direction de l'Agriculture a reçu de Java un certain nombre de caféiers hybrides. Plantés à la station d'essais de l'Ivo- loina, ces arbustes s'y sont mal comportés. La jDlupart d'entre eux ont végété misérablement, beaucoup sont morts. Get insuccès ne peut être imputé à l'Hemileia vastratix. Les caféiers hybrides n'ont, pour ainsi dire, pas été attaqués par le parasite. G'est à peine si nous avons observé quelques taches sur un petit nombre d'entre eux. Il serait peu sage de tirer des conclusions fermes de ce premier essai et d'en déduire que les caféiers hybrides ne pourront rendre aucun service à Madagascar. Il suffît d'enregistrer cet insuccès et d'espérer que dans un autre sol ou dans des conditions de climat et d'abri différentes, les résul- tats seront meilleurs. Ajoutons que les hybrides produisent des cerises plus petites que celles du G. liberica, mais leurs enveloppes sont aussi résistantes et il semble que l'on doive rencontrer les mêmes difficultés pour les dépulper. [A suivre.) Fauchère, Sous-Inspecteur de V Agriculture à Madagascar, Chargé de mission. ' PARTICULARITÉS DE L'ASPECT DE LA PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE AUX COLONIES. Maladies européennes méconnues. ' — Conditions différentes de contagion el de mortalité. — Histoire du charbon en Australie. Virulence particulière de certaines épidémies. — Application pratique de données scientifiques connues. — Utilité au point de vue économique de ces mesures inappli- cables aux pays européens. — Péripneumonie, malaria bovines. — Nécessité des quarantaines et de l'isolement. — Étude scientifique des maladies du bétail. Lorsqu'on arrive dans les régions nouvelles, on est frappé par les aspects particuliers que présente la pathologie vétérinaire. On voit des maladies inconnues dans nos pays d'Europe et dont l'his- toire est à peine ébauchée à l'heure actuelle. Mais à côté de ces maladies nouvelles on rencontre des affections qui se présentent à l'observateur sous des formes différentes de celles que nous sommes habitués à voir dans nos pays européens. Examinées super- ficiellement elles ne peuvent faire croire qu'une maladie identique à celles dont les symptômes sont connus en Europe puisse appa- raître sous cette forme. On croit alors être en présence d'une mala- die à étudier. En dehors des lésions pathologiques, la marche et les caractères mêmes de l'épidémie sont différents. Je vous en don- nerai pour preuve une affection pourtant bien connue en Europe et sur la nature de laquelle on discutait encore lorsque je suis arrivé en Australie, en 1888. Cette maladie, c'était le charbon. Les cas étaient tellement nombreux et si foudroyants que les pathologistes ne pouvaient se mettre d'accord pour l'identifier avec notre charbon bactéridien ou sang de rate. Cette question est assez intéressante au point de vue général de la pathologie des pays nouveaux pour que je relate ici mes observations faites à ce sujet pendant un séjour de quatre années en Australie, Cette contrée est un pays neuf car cent ans ne comptent guère dans la vie d'un peuple. Il ne contenait, au moment de sa prise de possession par l'Angleterre, à la fin du xviii® siècle, que des habitants clairsemés et privés d'animaux domestiques. Colons et troupeaux 464 ÉTUDES ET MÉMOIRES lui sont venus depuis de l'extérieur à des dates variées et relative- ment récentes. Pendant lalong-ue traversée nécessaire autrefois pour aborder le continent nouveau, les animaux malades sur le quai de départ ont pu disparaître, de sorte que l'importation d'espèces nouvelles n'a pas nécessairement été accompagnée de l'importation de toutes les maladies qui sévissent sur ces espèces dans notre vieux continent. Puis, à un jour donné, telle ou telle de ces maladies a apparu, à la suite de l'extension des échanges, de l'établissement de stations intermédiaires, de la diminution de plus en plus grande de la durée du vovage. Une fois installée, et rencontrant une population vierge de toute atteinte, elle s'est développée plus ou moins vite et acclimatée. Puis est venue la période de lutte. Le pays était neuf et n'avait pas encore eu le temps de se préoccuper des progrès accomplis par la science. Il a cherché une protection dans les lois douanières, et s'est entouré d'un régime de quarantaines plus rigoureusement observées qu'en aucun autre pays du monde. Quel a été l'effet de ces quaran- taines? Jusqu'à quel point ont-elles réussi à protéger le continent nouveau des maladies qui n'y existaient pas encore au moment où elles ont été inaugurées ? Voilà toute une série de questions bien particulières à l'Australie, qu'on est autorisé à se poser, et qui, bien résolues, ne seraient pas sans intérêt. La rage et la morve n'existent pas dans ce vaste con- tinent. L'histoire du charbon en Australie est à ce point de vue fort ins- tructive. En 4847, soixante ans après la première importation du bétail, le charbon fît son apparition en Australie dans une ferme appartenant à M. Cordeaux, à Leppington, localité du comté de Cumberland : d'où son nom de « Cumberland Disease ». Depuis cette époque il est aisé de suivre l'envahissement progressif du mal. En 1851, une commission royale fut nommée, à l'effet de décou- vrir la nature de cette maladie, et elle ne la pas identifiée avec le charbon. Ce n'est qu'en 1888 que la preuve absolue de l'identité du « Cum- berland Disease » et du sang de rate, fut donnée par la mission Pasteur, Voici le rapport que nous adressâmes au ministre des mines, au mois de mai 1888. (( Nous avons l'honneur de vous présenter le compte rendu des LA PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE AUX COLONIES 465 recherches que nous avons entreprises, sur votre requête, dans le but de déterminer la nature de la maladie de Gumberland, kMarah, station de M. Devlin, dans le district de Riverina. Le mardi 1" mai, nous avons inoculé avec le sang d'un mouton, mort de la maladie de Gumberland, ainsi que l'avaient établi MM. Stanley et Devlin, deux jeunes moutons, à la partie interne de la cuisse; au bout de trente-six à quarante heures, un des moutons mourut, et la nécrop- sie montra les lésions habituelles que l'on rencontre en France chez les animaux morts du sang de rate ou charbon : œdème gélatineux au point d'inoculation, rate grosse, noire et molle, le sang noir, non coagulé, des hémorragies sous-cutanées, l'urine sanguinolente, etc. Le jeudi 3 mai, avec le sang extrait delà rate du mouton, nous inoculons quatre souris, trois d'entre elles moururent en moins de dix-huit heures. « L'examen microscopique montra l'existence du hacillus anthra- cis chez les trois. Avec le sang de la rate d'une de ces souris, on ensemença du bouillon de bœuf stérilisé et neutralisé ; au bout de vingt-quatre heures, le bouillon prenait l'aspect floconneux carac- téristique du développement du bacille charbonneux. Sous le microscope, les microbes se montraient sous la forme de filaments avec formation de spores. « D'autres cultures étaient faites sur gélatine et sur pommes de terre. Le 7 mai, à 9 heures du matin, un lapin est inoculé avec quelques gouttes de la culture; il meurt le 8, à 3 heures de l'après- midi. L'examen post mortem fut fait en présence de M. Stanley, vétérinaire du gouvernement, et M. W. Hamlet, chimiste du gouver- nement. C'est grâce à l'obligeance de ces messieurs que nous avons pu poursuivre nos expériences dans le laboratoire d'analyse du gou- vernement. L'examen du sanga montré que, seul, le hacillus anthra- cis existait. Les expériences et les cultures nous permettent d'affir- mer : l'' que les lésions anatomiques de la maladie de Gumberland sont les mêmes que celles du charbon ; 2° que la maladie est due à la présence d'un microbe dont l'aspect, les cultures et les propriétés physiologiques sont les mêmes que ceux du hacillus anthracis ; 3° que par suite, la maladie de Gumberland et le charbon sont une affection identique. Ont signé : A. Loir, N. Germont et F. Hinds. » A la suite de ce rapport, et à la requête du gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud, une démonstration, analogue à celle de 466 ÉTUDES ET MÉMOIRES Pouilly-le-Fort, faite par MM. Pasteur, Chamberland et Roux en 1881, fut donnée par la mission Pasteur, pour montrer la valeur du vaccin charbonneux et pour mettre en lumière refficacité de cette vaccination contre la maladie de Cumberland. Les expériences eurent lieu à Junee dans le paddock de M. W. Hammond. Trente- neuf moutons et six vaches furent achetés à Cootamumdra, district non infecté par la maladie. Ving-t de ces moutons et quatre vaches furent vaccinés, le 4 septembre 1888, avec le premier vaccin. Ces animaux, après être restés au repos jusqu'au 18 septembre furent inoculés ce jour-là avec le deuxième vaccin ; ils n'éprouvèrent aucun résultat fâcheux de cette deuxième vaccination et subirent une inoculation virulente de contrôle le 2 octobre dans les conditions suivantes : Le 29 septembre, on sème dans du bouillon le sang- d'un animal mort du « Cumberland Disease » au mois de mai, recueilli par les membres de la mission Pasteur, et conservé depuis cette époque par M. Hamlet, chimiste du gouvernement. Le 30, on inocule trois mou- tons avec des quantités différentes de la culture. La période d'incu- bation variant suivant les doses, on était en droit de prévoir que l'un, au moins, de ces animaux mourrait le 3 octobre et pourrait ainsi servir tout frais, aux inoculations virulentes qui devaient se faire à cette date en présence du ministre de l'agriculture, des délé- gués des différentes colonies et de 200 propriétaires environ. Le 2 octobre à 3 h. 30 m. l'un des animaux inoculés le 30 septembre, meurt comme on s'y attendait. Après l'autopsie et l'examen du sang au microscope, la commission s'étant assurée que la mort était bien due au <( Cumberland Disease », on commença l'inoculation des trente-neuf moutons avec le sang de l'animal qui venait de suc- comber, inoculant un vacciné et un non-vacciné alternativement, se servant de la même seringue et de la même quantité de sang pour chacun d'eux, environ deux gouttes ; les six vaches furent aussi ino- culées avec quatre gouttes du même sang. Tous les animaux, vacci- nés et non vaccinés, furent placés dans le même enclos, nourris de de la même façon et buvant la même eau ; de l'herbe fraîche fut de plus répandue à terre et c'est sur elle que les animaux non vaccinés moururent, contaminant ainsi la nourriture des animaux vaccinés et accroissant pour eux le risque de contracter la maladie. Ils restèrent ainsi confinés et nourris dans cet enclos pendant les quatre jours qui suivirent l'inoculation. Les dix-neuf moutons témoins moururent LA PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE AUX COLONIES . 467 tous. On verra dans un tableau donné plus loin que la durée d'incu- bation chez ces animaux varie entre trente et soixante-trois heures. Des deux vaches non vaccinées, l'une mourut à 10 h. 30 le samedi 6 octobre, l'autre, après avoir été très malade, est revenue à la santé. Tous les moutons et vaches vaccinés restèrent jusqu'en 1892 en très bonne santé dans une station où les pertes avouées sont de 12 à 15 0/0. Après ces expériences, la commission reconnut l'efficacité du vaccin Pasteur pour prévenir la maladie de Cumberland, et dans son rapport au gouvernement, elle ajouta qu'elle en recommandait l'adoption. Au commencement de juillet 1890, nous avons installé un labo- ratoire où nous avons préparé le vaccin du charbon jusqu'à la fin de 1892, date à laquelle nous avons remis le service à notre suc- cesseur. Pourquoi à notre arrivée ne connaissait-on pas la nature de l'épi- démie ? Quelles étaient les difPérences que présentait le charbon australien de celui en Europe? A quoi tenaient ces différences ? La maladie a été introduite en Australie en 1847, c'est-à-dire plus de cinquante ans après l'importation des premiers animaux domestiques, qui date du début de la colonisation, le continent aus- tralien n'ayant eu jusque-là que des marsupiaux. Trouvant des ani- maux absolument indemnes de toute atteinte de maladie, elle se propagea rapidement, amenant des mortalités de trente à quarante pour cent alors qu'en Europe une mortalité de douze pour cent est considérée comme très exagérée. Au moment de mon arrivée en Australie, il mourait, disait-on, au moins deux cent mille moutons par an. Pourquoi cette grande mor- talité ? Le charbon est-il dans ces pays, plus virulent qu'en Europe? Nous avons fait de nombreuses expériences pour le savoir et nous avons pu nous convaincre que la maladie australienne n'est pas plus virulente qu'en Europe. Les animaux ne sont pas plus sensibles aux effets du virus. Nous nous en sommes assurés en inoculant des cochons d'Inde, des lapins, des moutons, avec le virus australien et ils succombent dans le même espace de temps que dans les autres pays. De plus, comme c'est la règle en France, toutes les vaches ne meurent pas après une inoculation virulente. 468 ÉTUDES ET MÉMOIRES En octobre 1888, à la démonstration de Junee faite pour prouver l'efficacité du vaccin Pasteur contre la maladie de Cumberland, vingt moutons furent inoculés avec les vaccins venus de Paris, et quinze jours après ils reçurent le sang d'un mouton mort du char- bon une heure auparavant. Ces moutons résistèrent parfaitement ; ils restèrent plus de trois ans vivants, dans une propriété où les pertes avouées étaient de 12 à 15 0/0. Dix-neuf moutons témoins, inoculés à Junee, en même temps et avec le même sang, moururent après les périodes, d'incubation données par le tableau suivant. INOCULATIONS DU 2 OCTOBRE 1888 N° 2. Mort le 3 octobre, 30'' 15 \ N" 4. Mort le 4 octobre, 39'' 45 \ 7. — 30''26 c 18. — 40'' 15 j c 15. — 32'' 40 ' ° " «...n. I o 11. Mort le 4 oclobre, 34''55( § 9. — 49'' (^ o c t-* 18. — 40'' 15 1. — 41'' 05 es <— * 3 3. — 49'' U O 9. — 49'' r^ 17. — 49'' tn 16. — 51'' 30 "9 H- C8 8. 5. Moi •t 1 e 5 octobre 52'' 15 63'' 30 10. — 35''40 6. — 35'' 45 13. — 36''05 12. — 36'' 35 10. — 37''40, Ces durées d'incubation sont sensiblement les mêmes que celles signalées dans le rapport de M. Rossignol sur la célèbre expé- rience de Pouilly-le-Fort, en 1881, dans les conditions sem- blables. Mais quoiqu'en Australie le microbe ne soit pas plus virulent qu'en Europe, il est des cas où la mort arrive très rapidement. Par exemple, il n'est pas rare de voir des moutons conduits dans une contrée infectée, y mourir dix-huit à vingt heures après leur arri- vée. Ils ont été fatigués par le voyage ; peut-être la fatigue est-elle la cause de cette courte période d'incubation? A l'époque de la démonstration de Junee, l'expérience suivante a été faite pour étu- dier l'action du surmenage, sur la durée de la période d'incubation. Quatre moutons sont inoculés à deux heures de l'après-midi, le 5 octobre 1888, avec le sang d'un mouton mort du charbon; ils sont alors forcés, pendant sept heures de suite, par un berger à cheval, de marcher, de courir dans un enclos. Ils ne paraissent pas, après cette course, aussi fatigués que les moutons qui ont été expo- sés au surmenage et à la soif pendant un voyage de plusieurs jours, sur des routes où ils ne trouvent que peu ou pas de nourriture. Pourtant ces quatre moutons ontété certainement un peu surmenés ; LA PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE AUX COLONIES 469 en examinant leur température, on note une élévation notable. La mort de ces quatre bêtes est arrivée, 1° le 6 octobre à 2 heures, 24 heures après l'inoculation. 2° à 4 » 26 » — — 3° le 8 octobre à 6 h. 30 40 h. 30 — — • 4° » à 7 h. 30 41 h. 30 — — En comparant ces résultats avec ceux du tableau donné ci-des- sus, pour les dix-neuf moutons inoculés le 2 octobre, puis conser- vés au repos dans une étable, on constate que, pour deux des quatre moutons surmenés, la période d'incubation a été de beau- coup plus courte que pour aucun des dix-neuf, et que la moyenne de cette incubation chez les quatre surmenés, trente-trois heures environ) est considérablement moins longue. Ce résultat montre qu'il ne faut pas s'étonner si, grâce à des conditions particulières pour le développement de la maladie, telles que fièvre, privation de nourriture ou surmenage, on voit la mort survenir chez des mou- tons vingt heures après leur arrivée dans des régions infectées. lly a quelques années, MM. les professeurs Gharrin et Roger ont étudié l'action produite jjar la fatigue sur l'incubation du charbon. Les animaux dont ils se servaient étaient des rats blancs qui ne sont pas très sensibles à l'action du virus. Un certain nombre de ces rats, après l'inoculation étaient laissés au repos ; tandis que d'autres étaient placés dans une cage à écureuil d'un mètre de diamètre. Cette cage faisait dix tours par minute, les animaux qui l'occupaient marchaient dans une direction opposée à celle du c^dindre, à raison d'environ 2.260 mètres par heure. La fatigue imposée à ces animaux inoculés produisit un effet favorable au développement de l'infec- tion. Les rats surmenés sont toujours morts avant ceux qui étaient restés au repos. Il est donc certain que dans le cas du charbon, comme dans beaucoup d'autres maladies, le surmenage favorise le développe- ment de l'infection ; il est aussi certain que les conditions dans les- quelles les moutons sont parqués en Australie [sont favorables au surmenage. Dans ces immenses enclos, de 10 à 20 mille hectares, où ils sont livrés à eux-mêmes par troupeaux de 10 à 20.000 mou- tons, et où la présence d'un chien sauvage est suffisante pour les effrayer et leur faire parcourir l'enclos d'un bout à l'autre, ils sont certainement plus exposés au surmenage que sur nos petites proprié- 470 ÉTUDES ET MÉMOIRES tés européennes où ils sont en nombre limité et presque toujours surveillés. Une autre raison encore peut aider à expliquer la grande morta- lité en Australie : la saison dangereuse est bien plus longue qu'en Europe . Une troisième cause, et celle-ci, facile à éviter pour les proprié- taires, si son importance était bien comprise ; c'est la façon dont on se débarrasse des animaux morts delà maladie. Une bête succombe- t-elle en France ? il y a presque toujours une personne pour porter le cadavre à un établissement d'équarrissage où on la paie de sa peine. Si la distance est trop considérable, il y a de véritables cimetières pour les moutons, entourés de barrières pour tenir à l'écart les autres animaux. En Australie malheureusement, quand un animal meurt, il reste sur place, il est mis en pièces par les oiseaux de proie et les chiens sauvages (dingos) qui répandent ainsi la maladie. Ces faits existant depuis de nombreuses années, il n'y a pas d'exa- gération à dire que le sol de certaines régions est littéralement saturé des microbes, ce qui augmente les causes d'infection. 11 nest pas possible de forcer les propriétaires à incinérer les cadavres. Beaucoup craignent, et non sans raison, d'allumer ainsi des feux de prairies. Que ne comprennent-ils les dangers auxquels les expose leur incurie à cet égard ? En brûlant les corps, les causes actuelles de contagion, de char- bon pour les animaux, et de pustules malignes pour l'homme, dimi- nueraient. Cette remarque ne s'applique pas seulement au charbon mais à toutes les maladies du bétail en général. Si je me suis étendu sur cette question spéciale à l'Australie, c'est que j'ai été à même de l'étudier à fond pendant mon séjour à l'Ins- titut Pasteur de Sydney et que les observations que j'ai pu faire sont applicables dans tous les pays nouveaux. J'ai retrouvé des faits absolument analogues en 1902, pendant ma mission de Rhodésie. Malaria bovine. La Tristeza ou malaria bovine est connue en Rhodésie sous le nom de liedwater et vient de sévir sous la forme d'une véritable épi- démie (1901 et 1902). Pendant ces dix dernières années, onasignalé LA PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE AUX COLONIES 471 des cas de Texas fever ; de temps en temps, les routes, les villes et tout le pays a été peu k peu et graduellement infecté et, comme la tique [Rhipicephalus Décolorât us), (qui est le véhicule germe de la maladie), se trouve en grand nombre dans ce pays, tout a été réuni pour disséminer l'infection. Il est probable que l'infection a été apportée par les bêtes servant aux transports et venant du Natal et du Transvaal où la maladie existe depuis longtemps. Les ravages de la malaria bovine furent retardés en Rhodésie par ce fait qu'une grande partie du bétail a été décimée depuis 1894 par la rinderpest, les tiques ne trouvant plus ou presque plus de bétail, ne pouvaient s'infecter ni infecter de nouvelles bêtes, par consé- quent. L'attention des éleveurs a été surtout attirée sur les dangers de cette épizootie par ce fait que, en 1901, sur plus de 800 bêtes importées d'Australie pour repeupler le pays des animaux que la peste bovine avait fait mourir, trois seulement étaient vivantes au bout de quelques semaines. Cette mortalité énorme fut suivie d'une véritable épidémie l'an d'après sur le bétail. Cette piroplasmose bovine peut revêtir une forme maligne et une forme bénigne. Dans la première, les animaux présentent brusque- ment une fièvre intense, 40 — 41°, suivie plus ou moins vite d'abat- tement et d'inappétence ; bientôt on constate de Thémoglobinurie très fréquente et la couleur rouillée des excréments qui sont sou- vent diarrhéiques au début, puis très durs après, si le malade résiste un peu. La destruction des globules sanguins par le Piroplasma marche parfois avec une incroyable rapidité et Furine paraît bientôt noire ; quelquefois, au contraire, la perte des hématies reste limitée et ce n'est guère que le dernier jour de la vie que l'urine rouge apparaît. Parfois même, ce dernier symptôme fait défaut. Pendant toute la crise aiguë, la température reste élevée. Quand il se présente des phénomènes nerveux, on croirait les animaux enragés. La mort survient en trois à cinq jours, rarement huit à 10 jours; dans ce dernier cas, l'ictère se montre fréquemment. Si l'animal résiste, il peut aller rapidement vers la guérison ; ou bien il reste extrêmement anémié, faible et amaigri pendant des semaines ; c'est cette forme qui mériterait le nom de chronique ; elle peut se termi- ner aussi par la mort des sujets qui se trouvent alors dans un véri- table marasme. 472 ÉTUDES ET MÉMOIRES t*endantma mission en Rhodésie, j'ai eu à examiner plusieurs bêtes mortes de la Redivater, les organismes se montraient dans au moins 80 à 90 °/o, des globules rouges; la forme caractéristique en poire était peu abondante. Les bêtes mouraient rapidement de la maladie, souvent sans présenter les symptômes principaux, comme le pissement du sang. En 1901, à l'Institut Pasteur de Tunis, nous avons examiné avec M. Ducloux de nombreuses préparations de sang de bêtes tuni- siennes mourant de la maladie ; on trouvait des organismes dans chaque champ du microscope, mais en petit nombre, tandis que sur les animaux autopsiés en Rhodésie, ils étaient très nombreux. En Tunisie, les bêtes que nous avons examinées étaient venues au laboratoire et mouraient très lentement après plusieurs jours de maladie. En Rhodésie, il vient d'y avoir une véritable épidémie fou- droyante et dans le sang on trouve une grande quantité d'orga- nismes microscopiques. Les préparations de sang que j'ai faites en Rhodésie ont été examinées par M. le professeur Laveran et, le 16 mars 1903, il a publié à l'Académie des Sciences une description des formes trouvées dans ces préparations. On rencontre des élé- ments allongés, bacilliformes, droits ou recourbés, au nombre de un à quatre dans une hématie, des petits éléments sphériques res- semblant à des microcoques souvent en nombre de deux ou quatre dans une hématie. Dans une même hématie, on rencontre souvent des pseudo-micro- coques et des pseudo-bacilles. Les formes typiques du Plroplasma hir/eminum sont, en général, rares dans les préparations ; on les rencontre toujours en même temps que les formes atypiques. Les formes atypiques de Plroplasma hi gémi nu m ont été signalées déjà par quelques observateurs et il est à noter que, dans tous les cas, il s'agissait d'épizooties africaines. On cherche, comme mesure prophylactique contre cette mala- die, à détruire les tiques qui infestent les bêtes ; pour cela, on vient de faire construire de nombreux (( Dipping Tanks » ; ce sont de grandes piscines où les bovidés sont précipités au moyen d'une planche à bascule sur laquelle on les fait avancer ; ils nagent en tra- versant le bain et sortent de l'autre côté. Chaque bête reste environ dans l'eau une minute. L'eau du bain est chauffée à une tempéra- ture d'environ 38 à 39° centigrades. UN « DIPPING TANK » Vue extérieure. ''^"^:<&^- Goupe intérieure. Bulletin du Jardin colonial. 33 474 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le bain contient : 6 livres d'arsenic 24 livres de savon jaune commun 24 livres de cristaux de soude 20 litres de goudron de Norvège 1600 litres d'eau. Ce liquide est porté à l'ébullition pendant six heures. Pour cela, on se sert à Bulawayo de deux réservoirs en fer d'une capacité de 1.600 litres. On met 1.200 litres de liquide seulement dans chacun d'eux et on ajoute 300 litres lorsque l'ébullition a été continuée pen- dant cinq heures. Si on emplit les réservoirs de suite, le liquide coule au dehors en bouillant. Il faut que tout le liquide soit soumis à l'ébullition, ce que l'on fait en emplissant plusieurs fois les réservoirs, car le bain contient environ 14.000 litres, il est couvert, de façon à ce que la pluie ne puisse pas y entrer. On se sert constamment du même bain, en se contentant d'ajouter du liquide frais pour remplacer celui que chaque bête emporte en sortant de l'eau ; on compte que la perte ainsi produite est d'environ moins de 4 litres par tête. Les tiques ne tombent que quatre à cinq jours après le bain. Les vaches pleines, celles qui sont très maigres peuventêtre baignées im- punément. Ces bains sont fort utiles en attendant que la vaccination donne des résultats parfaits et soit répandue dans la grande pratique comme elle commence à l'être duns la République Argentine, par Lignières où jai suivi ses expériences l'an dernier. En Australie, il existe plus de trois cents de ces bains construits par le Gouvernement ou les propriétaires. Péripneumonie contagieuse des bêtes à cornes. On trouve souvent aux colonies, dans ces pays nouveaux, l'ap- plication de données scientifiques connues mais qui ne peuvent être mises en pratique en Europe où les conditions ne sont pas les mêmes. Étant directeur de l'Institut Pasteur en Australie, j'eus l'occasion de résoudre une question regardant la santé du gros bétail ; c'était une question de microbiologie : les éleveurs l'ont compris et ont obtenu du Gouvernement qu'il s'adressât à la mission Pasteur. LA PATHOLOGIE VÉTÉRINAIRE AUX COLOMES 475 En Australie, l'élevage des bêtes à cornes se fait en grand dans les régions éloignées de la Côte. Lorsqu'on veut amener les bovidés dans les ports de mer, où se fait l'embarquement de ces animaux, dans les frigorifiques qui les conduisent en Europe, on est obligé de faire parcourir à ces bêtes des distances énormes de plusieurs cen- taines de kilomètres. Les exodes se font sur des routes spécialement réservées à cet usage, routes qui sont infectées par la péripneumo- nie contagieuse des bêtes à cornes. Les voyages durent deux ou trois mois, et les bêtes qui n'ont pas la péripneumonie dans les pays d'élevage où elle n'existe pas, la gagnent pendant le voyage, d'où des pertes de 35 et de 40 %. Lorsque le premier cas se présente, il est, en effet, trop tard déjà pour mettre le reste de troupeau à l'abri de la maladie par l'inocu- lation préventive suivant la méthode Willems. Les Australiens, qui connaissent l'efficacité de l'inoculation du virus péripneumatique à la queue, pour prévenir la maladie, dési- raient obtenir une culture in vitro de la maladie pour s'en servir avant le départ des animaux pour les marchés du Sud. Ainsi posé, nous savions le problème insoluble, connaissant les efforts tentés par tous les bactériologistes pour isoler le microbe spécifique. Mais nous connaissions les expériences de Pasteur, qui inoculait les ani- maux dans une région autre que la queue (régions défendues et fai- sant courir des risques de mort à l'animal) et obtenait ainsi un œdème contenant une grande quantité de virus. Nous démontrâmes que ce virus était aussi actif , que le liquide du poumon de la péripneumo- nie, que l'on pouvait, avec ce virus, obtenir des passages par des animaux offrant une source suffisante de liquide ; que ce liquide donnait l'immunité aussi bien que le virus du poumon ; il avait même l'avantage d'être un peu atténué ou tout au moins plus pur, et, par- tant, d'entraîner moins souvent la perte de la queue de l'animal inoculé . Nous avons indiqué, après plusieurs mois, les conditions à rem- plir pour obtenir, à coup sûr, de bons résultats avec de jeunes veaux. A la suite de ces recherches, qui ont été récompensées par le Gou- vernement d'un prix de 25.000 francs, nous avons installé une sta- tion où l'on entretient constamment une source de ce virus qu'on recueille dans des tubes effilés envoyés ensuite aux propriétaires qui en font la demande et permettent d'inoculer les bêtes avant 476 ÉTUDES ET MÉMOIRES le départ, sur les routes qui mènent aux grands marchés du Sud. Cette inoculation préventive évite en Australie, de l'aveu des intéressés, une perte annuelle de plus de 16.000.000 de francs. Cette méthode est mise en pratique à Theure actuelle et je l'ai vue employée dans l'Afrique du Sud où elle donne de bons résultats entre les mains du directeur de l'Institut Bactériolog-ique de Gra- hamtown où j'ai eu la satisfaction de la voir fonctionner il y a trois ans. Vous voyez que la bactériologie peut être d'un puissant secours lorsqu'il faudra lutter contre les épizooties qui attaqueront le bétail dans ces pays neufs. Cette science avec toute sa méthode, est appli- cable dans tous les cas, qu'il s'ag-isse de médecine vétérinaire, de médecine humaine et même de bactériologie agricole. Au point de vue de votre installation aux colonies, ayez toujours un lazaret qui vous servira de pavillon d'isolement et d'observa- tion pour les animaux dont vous aurez fait récemment acquisition avant de les mettre en contact avec le bétail se trouvant déjà dans votre propriété. C'est le meilleur moyen de défense contre la pro- pagation des épizooties, car, dans le lazaret il vous sera facile de prendre contre cette contagion limitée des mesures de désinfection qu'il serait difficile d'appliquer plus tard, une fois la maladie dissé- minée. D"- A. Loir. LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS [Suite K) Débroussement. Abris contre le vent et contre le soleil. Le premier travail à effectuer, lorsque l'on a fait choix d'un ter- rain convenant au cacaoyer, sera le déboisement, car, au Congo, il n'y a, nous le répétons encore, que les terrains boisés qui soient assez riches pour permettre d'espérer de bons résultats de la culture du cacaoyer. Partant de ce principe que le cacaoyer a besoin d'ombrage, il a été admis pendant longtemps, dans tous les pays où l'on s'est occupé de cette culture, que pour réussir, il fallait planter le cacaoyer sous l'ombrage des arbres indigènes existants sur les terrains de forêts. De nombreux mécomptes ont été dus à l'application de cette théorie, car dans beaucoup de cas on l'a exagérée, en plantant le cacaoyer sous un couvert d'arbres beaucoup trop dense, se laissant à peine traverser parla lumière. Certes, il peut n'y avoir aucun inconvénient à laisser debout, au moment de la préparation du terrain, certains arbres, bien fixés au sol et très élevés, mais à la condition que les différentes essences conservées ne soient pas à plus de quinze à vingt mètres les unes des autres, et que leur hauteur permette à la lumière d'arriver jus- qu'au sol. Malgré cela, étant donné qu'il y a toujours à craindre après un déboisement partiel, la chute des arbres conservés, lesquels, n'étant plus aussi abrités contre les vents et soutenus par leurs voisins, peuvent s'arracher ou se briser peu à peu, et blesser en tombant un certain nombre de cacaoyers déjà grands, nous serions plutôt par- tisans d'un déboisement complet avant la mise en terre des ca- caoyers. Pour effectuer ce déboisement, on commence par couper d'abord toute la petite végétation qui couvre le sol, laquelle est composée de lianes et d'arbustes de différentes grandeurs. Une fois tout cela coupé et brûlé, on peut plus facilement procéder à l'abatagede tous les arbres. 1. Voir Bulletin n"' 37, 38. 478 ÉTUDES ET MÉMOIRES En procédant à ce déboisement, il ne faudra pas omettre de garder de place en place, et si possible sur tous les côtés de la plantation, des lisières d'arbres, d'une certaine largeur, qui protégeront la plan- tation contre l'influence desséchante des vents, surtout pendant la période sèche. A défaut de lisières d'arbres assez épaisses, sur le pourtour de la plantation, il sera indispensable d'en réserver ou d'en établir immédiatement sur les parties exposées aux vents régnants. Si le cacaoyer peut se passer d'ombrage lorsqu'il a atteint une certaine taille, il a absolument besoin d'être protégé contre l'ardeur du soleil dans ses premières années. La plante que l'on doit choisir pour lui donner cet ombrage est le bananier. Il sera par conséquent nécessaire, dès les premières pluies, de planter sur le terrain de la plantation des rejetons de bananiers que l'on demandera aux indigènes, et qui appartiendront de préférence à l'espèce Musa sapienfurn : c'est le bananier qui a été reconnu comme se comportant le mieux pour ombrager les jeunes cacaoyers; ses fruits, qui se mangent crus, habituellement, sont ceux que pré- fèrent les Européens. Dans de bonnes conditions, on pourra procéder à la mise en place des cacaoyers, deux à trois mois environ après la plantation des bananiers. Les emplacements occupés par les bananiers, dans la plantation, sont indiqués par la figure ci-dessous. A un moment donné, on avait supposé que le Combo-Combo (Musanga Smithii), arbre indigène très répandu, pourrait être avantageusement employé pour ombrager les cacaoyers. On a malheureusement constaté, depuis, qu'il ne possède pas une grande vita- lité, qu'à un certain âge il sèche sur pied, que ses branches en tombant peuvent blesser des cacaoyers, et qu'en outre il absorbe une grande quantité d'eau dans le sol, ce qui pourrait être préjudiciable aux cacaoyers pendant les périodes sèches. Nous ne pensons donc pas que le Musanga-Smitliii doive être planté ou conservé pour servir d'ombrage dans les plantations. Tout au plus pourrait- on songer à l'utiliser, mais à l'état jeune seulement, pour le sup- primer au bout de quelques années. ® + ® ■(- ® + ® + ® + ® + ® -1- ® + ® ■♦- ® + ® + ® + ® + ® + ® -(- ® + ® + ® + ® + ® + ® + ® + ® © Cacaoyer. + Bananier LE CACOYER AU CONGO FRANÇAIS 479 Après la quatrième année de plantation, les bananiers seront devenus presque inutiles ; il n'y aura donc qu'à les supprimer, car ils pourraient, occupant trop de place, gêner les cacaoyers et finir par épuiser le sol. Dès le début de la plantation, en prévision de l'enlèvement des bananiers, on aura pu utilement planter, tous les quinze ou vingt mètres, dans la plantation, une essence utile quelconque, à crois- sance assez rapide, de manière qu à la suppression des bananiers, les cacaoyers ne soient pas complètement dépourvus d'ombrage. Ces essences, replantées, pourront être choisies parmi celles qui existent déjà dans le pays, et qui fournissent des graines oléagi- neuses comme Voicala^ par exemple, ou parmi celles, indigènes également, ou d'introduction, connues comme fournissant du caout- chouc. Dans cette catégorie il y a le Kickxia elastica^ VHevea, et bien d'autres encore. La mesure de l'ombrage que Ion doit donner aux cacaoyers est difficile à évaluer. S'il est trop abondant, les cacaoyers pourront arriver à se développer mais ne fructifieront que très peu. Si au contraire Tombrage n'existe pas ou est insuffisant, les cacaoyers porteront vite des fruits, en très grand nombre, mais s'épuiseront d'autant plus rapidement que le sol de la plantation sera moins riche. Un ombrage bien compris permettra donc d'obtenir des récoltes normales qui pourront se continuer régulièrement pendant une longue suite d'années, sans avoir à craindre un épuisement prématuré de la plantation. Distances. Jalonnement. — Creusement des trous Plantation — Époques. Le terrain destiné à la plantation se trouvant entièrement déboisé, et aussi net que possible, vers la fin. de la saison sèche, il y aura lieu, à ce moment, de procéder d'abord à la division de la planta- tion et ensuite au jalonnement des carrés. Une des bonnes divisions à adopter est celle qui consiste à faire des carrés d'un hectare, 1 . Pentaclethra macrophylla. 480 ÉTUDES ET MÉMOIRES séparés par des chemins de quatre mètres de largeur. Cette division du terrain sera facilement obtenue à l'aide d'une chaîne d'arpenteur, d'une équerre et d'un certain nombre de jalons ; quant aux limites des carrés elles seront indiquées par de forts piquets. Le travail du jalonnement, qui servira à marquer l'emplacement de chaque cacaoyer, sera effectué de la manière suivante, en sup- posant que la distance de quatre mètres ^ entre les cacaoyers, soit celle que l'on aura adoptée. Disposant d'un fort cordeau de 100 mètres de longueur et de deux mesures de 4 mètres, on tendra le cordeau à 2 mètres du bord d'un carré, et sur le cordeau, on marquera, à l'aide de la mesure et de petits piquets, l'emplacement de chaque cacaoyer. La première ligne étant ainsi indiquée, on portera le cor- deau à 4 mètres en arrière, et on jalonnera de la même façon en adoptant la disposition en quinconce, comme étant celle qui per- mettra aux cacaoyers de se développer dans les meilleures conditions et sans se gêner entre eux. Lorsqu'un hectare aura été entièrement jalonné, on pourra faire creuser les trous destinés à recevoir les cacaoyers. Les dimensions moyennes de ces trous seront de 0. 60 X 0. 60x0. 60, ce qui est suffisant, dans les sols légers ; dans les sols compacts elles devront être augmentées. En creusant les trous, la terre de la surface, qui est la meilleure, devra être mise d'un côté, et celle provenant du fond, d'un autre côté. Il faudra éviter de mélanger la bonne terre avec la mauvaise en effectuant ce travail. Les trous seront laissés ouverts un certain temps, pour que sous l'action de l'air et des premières pluies, la terre retirée des trous et celle du trou lui-même, puissent se bonifier. Le remplissage des trous avec de la bonne terre ne devra seulement être fait que quelques jours avant la plantation des cacaoyers et par un temps non pluvieux. Si les pépinières de cacaoyers ont été établies pendant le courant de la saison sèche, et si les bananiers ont été plantés de très bonne heure, on pourra commencer la mise en place des cacaoyers dans le courant du mois de novembre et la continuer jusque vers janvier et février. A ce moment, nous pensons qu'il faudrait arrêter la plan- tation pour la reprendre Tannée suivante, dès le mois d'octobre. 1. Dans les pays où les sols sont très riches on plante à 5x 5 ou quelquefois à 4 X 5. La distance de 4x4 paraît être une bonne moyenne pour les sols de la colonie quoique lécartement de 4 X 3 ait été adopté par quelques planteurs. LE CACOYER AU CONGO FRANÇAIS 481 La levée en motte des jeunes cacaoyers dans la pépinière devra être faite avec tout le soin désirable pour que leurs racines restent exposées à l'air le moins de temps possible. Les précautions k prendre, pendant ce travail, seront d'abord d'abriter les plants du soleil pendant le transport de la pépinière dans les carrés, et de ne tasser le sol, autour des cacaoyers, que si la terre n'était pas trop mouillée. Au moment de la mise en place, une petite cuvette devra être ménag-ée à la main, autour de chaque plant, et un arrosage copieux, malgré une probabilité de pluie, devra suivre immédiate- ment le travail de plantation. Soins à donner pendant la première année de plantation. Formation des couronnes. Régénération des jeunes sujets. — Arbres types. Si la plantation, comme cela est à recommander, a été faite en octobre, novembre et décembre, c'est-à-dire pendant les premiers mois de la saison des pluies, il n'y aura, toutes les six semaines environ, jusque vers la fin de mai, qu'à passer avec une binette pour couper ou arracher à la main, les herbes qui pourraient se déve- lopper sous les cacaoyers. Dès que la saison sèche sera nettement dessinée, toutes les herbes devront encore être coupées assez pro- fondément dans le sol, et laissées étendues, en guise de paillis, sur toute la surface du terrain. Les mauvaises herbes qu'on laisserait se développer pendant la période sèche puiseraient dans le sol une certaine quantité d'eau, et cela au détriment des cacaoyers. Pendant la période sèche, si quelques plants paraissaient souffrir, il n'y aurait qu'à les arroser copieusement de temps à autre, et piocher légèrement la surface du sol autour de chacun d'eux sur un rayon de un mètre environ. Une année environ après la mise en place des cacaoyers, le premier verticille ou couronne de branches apparaîtra. Cette couronne se forme à des hauteurs variables suivant la vigueur des plantes. Quel- quefois on la voit qui se montre à 50 centimètres du sol chez les plants ayant souffert, et d'autres fois seulement à 1 m. 50 de hauteur et même davantage sur des plantes très vigoureuses. La hauteur à laquelle il est préférable de voir la couronne se former est d'environ 482 ÉTUDES ET MÉMOIRES un mètre. Cela est vSuffisant pour que les arbres puissent se former convenablement et soient assurés de recevoir toujours la lumière Cliché de M. Fauchère. Jeune Cacaoyer formé à trois branches. et lair qui leur sont nécessaires pour fructifier dans de bonnes con- ditions. Si la couronne se forme à une hauteur supérieure, cela LE CACOYER AU CONGO FRANÇAIS 483 diminue la résistance du cacaoyer aux grands vents, et complique, dar la suite, les travaux de cueillette des fruits. Lorsque la couronne a tendance à se former trop haut, on peut essayer de rabattre la tige à 80 centimètres du sol environ ; une nouvelle pousse se développera sur laquelle la couronne se for- mera. On peut procéder de la même manière lorsque certains cacaoyers ne forment pas leur couronne régulièrement. Cette couronne doit être composée de trois, quatre ou cinq branches. Quand il y en a cinq, on constate qu'il y en a deux plus faibles que les autres. Suivant les cas, on gardera trois branches ou cinq branches. Si l'on se trouve en présence d'un cacaoyer de force moyenne, on pourra se contenter de lui laisser trois branches seulement ; si au contraire la plante est très vigoureuse, on devra, si possible, lui laisser ses cinq branches pour éviter que le vent ne lui déchire le tronc du haut en bas, pendant les fortes tornades de la saison des pluies, ce qui se produirait plus facilement, si la couronne n'était composée que de trois branches. Les cinq branches conservées peuvent aussi, dans une certaine mesure, empêcher la formation des gourmands. 11 va sans dire que dès le début de la plantation les gourmands devront être supprimés aussitôt leur apparition. En résumé, un cacaoyer bien formé devrait avoir, suivant sa vigueur, une couronne de trois, quatre ou cinq branches, formée à environ 1 m. 20 au-dessus du sol. Maladies, animaux, insectes et plantes nuisibles. Maladies. — Jusqu'à ce jour, aucune maladie cryptogamique, présentant le caractère d'un fléau épidémique, n'a fort heureuse- ment été constatée nulle part dans les plantations de cacaoyers au Congo. En différents endroits on a observé, pour la première fois, il y a au moins une dizaine d'années, mais seulement d'une manière iso- lée, que des cacaoyers paraissant bien portants jusque là, voyaient toutes leurs feuilles jaunir brusquement, et prendre presque aussi- tôt un aspect desséché ; peu de temps après le tronc des cacaoyers ainsi frappés, était envahi par un grand nombre de petits insectes 484 ÉTUDES ET MÉMOIRES appartenant aux genres Platypus et Xyleborus . Au début, la mort des cacaoyers fut imputée à ces insectes, mais par la suite on s'aperçut qu'ils n'apparaissaient que lorsque le cacaoyer avait été frappé par ce que les planteurs de la colonie ont appelé le « Coup de soleil », ce qui semble correspondre à ce qu'on désigne à Mada- gascar sous le nom d'à apoplexie ». La cause de cette mort subite des cacaoyers a échappé jusqu'ici aux observateurs, mais il est probable que des études ultérieures nous la feront connaître, et qu'alors, il sera peut-être possible de sauver, dans une certaine mesure, les cacaoyers frappés. Dès maintenant, ce qu'il y a de mieux à faire, lorsque l'on voit toutes les feuilles d'un cacaoyer se dessécher brusquement, c'est de rabattre immédiatement, et sans tarder, toutes les branches de la plante jusque sur leur empâtement, de manière à ne conserver que le tronc, sans aucune feuille. Dès que ce travail aura été effectué, toutes les coupes devront être couvertes avec un mastic à greffer quelconque, ou à son défaut, avec de la terre glaise ou argileuse, pour empêcher le dessèchement du cacaoyer malade. Insectes. — Parmi les insectes qui, au Congo, semblent s'atta- quer plus particulièrement au cacaoyer, il y a tieu de citer VApate monachus qui se creuse des galeries dans le tronc, ou sur les grosses branches des cacaoyers. Sa présence est bien vite signalée à l'attention du planteur par les déchets de sciure de bois qu'il repousse hors de sa galerie, et qui tombent à terre. Sans tarder, il faut boucher avec soin tous les orifices que l'on peut voir sur le tronc du cacaoyer attaqué. Le mastic à greffer pourra rendre, là encore, des services, en empêchant l'insecte emprisonné de sortir de sa galerie, où il ne tardera pas à périr. Si les galeries ne sont pas très profondes, le cacaoyer, une fois débarrassé de son hôte pourra ne pas trop en souffrir, mais si elles sont très étendues, il pourra être nécessaire ou de couper entièrement la branche atta- quée, ou s'il s'agit du tronc, le recéper à une petite hauteur au-des- sus du sol. Pour lutter contre les insectes qui peuvent s'attaquer au cacaoyer on fera bien, dans les plantations de peu d'étendue, de laisser des pintades circuler un peu partout ; chaque jour elles feront dispa- raître de nombreux insectes et ne causeront aucun dommage. Animaux nuisibles. — Parmi les animaux dont le planteur de LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 485 cacaoyer aura à se défendre, il y a lieu de citer les rats qui pourront, à un moment donné, causer de grands dommages aux récoltes. Pour détruire cet ennemi, nous ne pouvons mieux faire d'abord que conseiller l'introduction de la mangouste, ce qui est facile, et rapporter un moyen i qui a été indiqué par un planteur de Mada- gascar, pour empoisonner les rats lorsqu'ils sont réfugiés dans les arbres. « Le moyen dont il s'agit consiste à mélanger 20 grammes d'acide arsénieux appelé aussi arsenic hlanc ou « mort aux rats » à un kilog. de mais que l'on fait au préalable griller et moudre ; ce mélange est déposé, par portion de 100 grammes, dans des nœuds de bam- bous que l'on fixe horizontalement, sur les branches les plus rap- prochées du sol pour que la pluie ne tombe pas dedans. Les rats, attirés par l'odeur du maïs grillé, consomment l'appât et meurent en très grand nombre. » On devra constamment veiller à ce que les cabris et les moutons ne puissent pas circuler dans les cacaoyers, car en peu de temps un grand nombre de ces derniers j^ourraient avoir leurs troncs complè- tement écorcés. D'ailleurs, d'une manière générale, les précautions nécessaires devront être prises pour que les différents animaux domestiques ne commettent aucun dégât dans la plantation. En certains endroits il pourra être nécessaire de protéger les jeunes cacaoyers contre les sauterelles. Plantes parasites. — Au Congo, le cacaoyer comme les autres arbres cultivés, sert souvent de support à un certain nombre de plantes parasites, notamment à des Loranthus qui peuvent être comparés au gui d'Europe et qui, avec le temps, feraient périr les cacaoyers sur lesquels ils auraient élu domicile, si on ne les détrui- sait dès que leur présence est constatée. En effet, si on laissait ces Loranthus se développer sur les cacaoyers, ils ne tarderaient pas à les tuer et à se substituer à eux. La plupart du temps, pour détruire ces parasites, il n'y a qu'à cou- per et à brûler les branches qui les supportent, et cela le plus tôt possible, car ils se développent au détriment des cacaoyers. Les cacaoyers d'un certain âge peuvent aussi porter des mousses plus ou moins abondantes ; il n'y a qu'à les détacher en frottant les 1. Culture pratique du cacaoyer, par M. Fauchère. Année 1906. 486 ÉTUDES ET MÉMOIRES parties qui en sont couvertes, mais en évitant d'entamer Técorce des arbres. Instruments employés pour les cueillettes. Les cabosses de cacao, lorsqu'elles sont mûres, doivent être détachées des arbres avec soin, à Taide d'un instrument tranchant et non par torsion du fruit comme cela se pratique parfois. Ce travail demande à être exécuté par des ouvriers habiles pour éviter que des lambeaux d'écorce ne soient arrachés avec les fruits mûrs. Si on arrache les fruits, on provoque en effet non seulement la formation de plaies, mais on détruit aussi une partie des cabosses avant leur maturité, celles-ci étant souvent réunies par groupes. Pour détacher les cabosses placées sur les branches basses, à hau- teur d'homme, il faut se servir, soit d'un séca- teur, soit d'une serpette. Pour celles que l'on ne peut atteindre de cette manière, il est néces- I 2 3 saire d'employer un des couteaux en usage dans les différents pays producteurs de cacao, et dont la forme est repré- sentée ci-dessus. Ces couteaux doivent être en bon acier, légers, et pourvus de manches flexibles ayant 2 mètres de longueur environ. Avec le n° 1 et le n° 2 on peut faire tomber les fruits, soit en poussant l'outil vers le haut, soit en le tirant vers le bas. D'un autre côté le bec de ces couteaux permet d'enlever un fruit dans un groupe de plusieurs cabosses. Avec le n° 3 on ne peut détacher les fruits qu'en poussant de bas en haut. Ce qu'il faut éviter en se servant de ces différents couteaux, c'est de blesser les branches de cacaoyer. Nous avons eu l'occasion de voir au Congo les indigènes chargés d'effectuer les cueillettes, se servir tout simplement d'une serpette ne se fermant pas, fixée au bout d'un rachis de feuille de palmier à huile. LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 487 Entretien de la plantation, fructification, récoltes. Après la plantation des cacaoyers, l'entretien consistera à main- tenir le sol dans un état de propreté aussi parfait que possible. En effet, dès le début, les herbes de toutes sortes auront vite couvert Cliché de M. Luc. Fructification de Cacaoyer au Jardin d'essai de Libreville. la surface du terrain, surtout en saison de pluies. Il y aura par con- séquent lieu de les couper ou de les arracher de temps à autre, et de les remuer à l'aide d une fourche pour les faire sécher ; ensuite il sera bon de les étendre sur toute la surface du sol, et notamment au pied des cacaoyers. Une mauvaise pratique que nous avons eu l'occasion de remarquer 488 ÉTUDES ET MÉMOIRES au Congo, dans une plantation, consistait à ramasser en lignes, au milieu des rangées de cacaoyers, toutes les mauvaises herbes qui, à chaque nettoyage, étaient toujours remises au même endroit, et finissaient par constituer une sorte d'exhaussement. Dans ce cas, une fois décomposées, les herbes ainsi ramassées constituaient un bon engrais qui ne profitait pas aux cacaoyers. Bien plus, les racines de ces derniers, au bout d'un certain temps, se trouvaient mises à découvert, ce qui est mauvais à tous les points de vue pour les plantes. Si provisoirement, pour hâterleurdécomposition, il était nécessaire de réunir en tas les herbes coupées, il ne faudrait pas tarder à les étaler sur toute l'étendue du terrain, et de préférence dans le voisi- nage des cacaoyers. C'est principalement au début de la saison sèche, que les carrés de cacaoyers devront être binés, car si des herbes étaient laissées vivantes, elles absorberaient, au détriment des cacaoyers, une partie de l'humidité renfermée dans le sol. La suppression des gourmands et du bois sec sur les cacaoyers fait également partie de l'entretien; toutes ces branches inutiles devront être coupées à n'importe quel moment. Pour ce qui est du nettoyage ou taille des cacaoyers, au cours duquel toutes les branches inutiles ou mortes seront enlevées, il sera préférable de l'effectuer pendant la période sèche, avant la reprise de la végéta- tion, et après la principale récolte. C'est vers deux ou trois ans que l'on voit le cacaoyer porter ses premières fleurs, mais à cet âge il y en a peu qui se nouent et qui, par conséquent, donnent des fruits. 11 faut attendre la quatrième année, en général, pour voir des fruits en nombre appréciable ; leur nombre augmente d'ailleurs, par la suite, d'année en année. On dit que pour ne pas affaiblir les cacaoyers on doit supprimer les premières fleurs. A notre avis, cette recommandation ne peut être que théorique, car il est impossible, dans une plantation un peu étendue, de supprimer les fleurs de cacaoyers pour ne pas avoir de fruits ; le mieux nous paraît de laisser se développer tous les fruits qui se forment. Au Congo, comme dans tous les pays de culture du cacaoyer, l'arbre, à partir d'un certain âge, porte des fruits toute l'année; il y a cependant des époques de récoltes plus ou moins abondantes. Dans la région du littoral, il y a par exemple une petite récolte LE CACAOYER AU CONGO FRANÇAIS 489 en mars et avril, et une récolte principale en août et septembre. Entre temps, les cueillettes doivent être faites régulièrement, et d'autant plus souvent que la plantation est plus importante. Le cacaoyer portant en tout temps des cabosses à différents degrés de maturité, il doit être recommandé, au moment des cueillettes, de ne détacher des arbres que les fruits arrivés au degré de matu- rité voulu, c'est-à-dire ayant, suivant les variétés, pris la teinte jaune ou rouge. 11 faut éviter, autant quon le peut, de laisser cueil- lir des fruits non mûrs à point, car les graines qu'ils renferment se rident et communiquent de l'acidité ou un mauvais goût à toutes celles qui sont mises à fermenter avec elles. Si, au contraire, les cabosses sont laissées trop longtemps sur les cacaoyers, les graines qu'elles renferment peuvent subir un commencement de germination, ce qui déprécie le produit une fois préparé. Pour effectuer la cueil- lette, les hommes, munis d'une serpette et d'un des couteaux à cacao dont il a été question dans le cours de cette étude, sui- vent ligne par ligne en passant chaque cacaoyer en revue pour en déta- cher les cabosses mûres à point. Si elles sont très nombreuses, on peut les laisser sur le sol où elles seront ramassées par d'autres hommes qui, à l'aide de sacs, les transportent sur les bords des carrés. En attendant que le travail de cueillette soit terminé, il n'y a aucun inconvénient à laisser les fruits en tas, de place en place dans la plantation, pendant un ou deux jours, à la condition de les couvrir avec de l'herbe ou des feuilles de bananier. Lorsque la cueillette est terminée, on extrait les graines des cabosses, et on les met dans des caisses munies de deux bras à l'avant et à l'arrière (fig. 1), p. 4 pour les transporter à l'endroit où se trouvent les cuves à fermentation. Pour ouvrir les cabosses, on peut se contenter de les frapper sur une pierre ou bien de couper les deux extrémités à l'aide d'un cou- teau, et de pratiquer une coupe longitudinale, ce qui permet d'ouvrir facilement la coque du fruit et d'en retirer les graines fraîches en une fois, ces dernières étant disposées en une masse régulière autour du placenta. Bulletin du Jardin colonial. 34 Fig. 1. 490 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le maniement du couteau demande une certaine habileté pour ne pas entamer les graines à l'intérieur du fruit. Les coques sont laissées sur le terrain auquel elles restituent, à Cliché de M. J. Dybowski. Aspect crune jeune planlatioii de Cacaoyers. la condition d'être enterrées, une partie des matières fertilisantes enlevées par les récoltes successives. (^A suivre.) Ch. Chalot, Ancien D^' du Jardin de Libreville, Prof, à l'Ecole sup''<' d'Agriculture coloniale. M. Luc, Chef du service de V Agriculture du Congo français et Dépendances. L'EXPLOITATION DU CAOUTCHOUC EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE Rapport a M. ROUME, gouverneur général. Dakar, 12 janvier 1906. Monsieur le Gouverneur général, J'ai l'honneur de vous adresser, conformément à votre demande, un rapport succinct sur l'état de la « question du caoutchouc » en Afrique occidentale française. Les indications qu'il renferme font partie intégrante de l'étude géné- rale de cette question, qui sera présentée sous forme de notice à l'Exposition coloniale de Marseille. Il ne m'avait pas paru possible, malgré le travail considérable accompli jusqu'à ce jour dans les différentes Colonies du Gouvernement général, de vous présenter plus tôt le résultat de notre action dans ce sens ; les recherches effectuées, les premiers travaux entrepris, étaient encore trop récents pour me pei'mettre d'en affirmer les conclusions ; enfin je n'aurais pu avant une année d'application, vous exposer les résultats de la réglementation intervenue sur l'exploitation et la circulation du caoutchouc. Le but même de ce rapport en indique tout naturellement la division; dans la première partie j'exposerai la situation de cette question avant les mesures récemment prises ; dans la seconde j'étudierai ces mesures elles-mêmes ; enfin, dans la troisième je ren- drai compte des résultats obtenus. 11 vous sera possible, de cette façon, de juger de la coordination des pre- miers travaux entrepris ainsi que de l'importance à leur donner par la suite. Les industi'iels et les négociants qui ont collaboré dans la plus large mesure à l'établissement de leur programme, y trouveront la confirmation des résul- tats acquis ; le monde colonial intéressé se rendra compte en même temps qu'il y a des difficultés considérables à solutionner la « question du caout- chouc » en Afrique occidentale française, et que cette question est, depuis bientôt quatre ans, l'objet de toute la sollicitude de l'Administration. I. État de la question jusqu'en 1903 A. — De l'état des peuplements de lianes à caoutchouc. On peut suivre presque mathématiquement, par la lecture des rapports agricoles que dressent les Administrateurs, l'avancement progressif de l'exploitation du caoutchouc au Soudan et en Gui- née. L'occupation française y était à peine établie que déjà des corn- 492 ÉTUDES ET MÉMOIRES merçants hardis initiaient les indigènes à la récolte de ce produit et leur en révélaient la valeur. Au Soudan, c'est d'abord l'Administration qui en vulgarise la connaissance et qui prend le caoutchouc à l'impôt ; puis, bientôt, le commerce s'empare de ce trafic qui va désormais constituer le plus important élément du revenu de la Colonie. C'est ainsi que progres- sivement, sans attendre que la voie ferrée relie les deux vallées du Sénégal et du Niger, l'exploitation avance rapidement, gagnant tout de suite Koutiala, Bougouni, puis Sikasso, Bobo-Dioulasso et, enfin, toute la Haute Côte d'Ivoire. En Guinée, un mouvement analogue se dessine, les exploitants gagnent successivement le centre du Fouta-Djallon, Timbo et Labé, puis Kouroussa et Kankan et se rejoignent par Beyla et Odienné à ceux du Soudan central. Tout cela s'est opéré en très peu d'années, les exportations ont doublé, triplé ; la valeur du caoutchouc sur les marchés s'est accrue elle-même rapidement et est venue aiguiser davantage la convoitise des commerçants. A cette époque la liane gohine n'est pas encore étudiée au point de vue forestier ; c'est à peine si elle est définitivement identifiée au point de vue botanique et l'Administration ne s'est pas encore préoc- cupée de son exploitation rationnelle. Cependant quelques avis pessimistes se sont déjà fait jour, quant à l'état des peuplements exploités, aux procédés abusifs employés et au danger qu'ils leur font courir. A partir de ce moment, tous les rapports administratifs concer- nant cette question, ne cessaient de dénoncer les maux résultant de l'état de choses existant ; il n'est pas d'Administrateur qui ne s'élève énergiquement contre les abus qui ont pour effet de déve- lopper les procédés désastreux d'exploitation que le noir est déjà trop enclin à pratiquer. Soucieux des intérêts qui leur sont confiés, ils se préoccupent de rechercher les moyens les plus efficaces pour réfréner cette exploitation barbare et souvent n'hésitent pas à les appliquer sous leur propre responsabilité. Ce fut, du reste, là leur seul levier d'action jusqu'à présent, aucune réglementation officielle ne leur permettant d'agir à coup sûr pour la protection des peuplements de lianes, et encore arriva- t-il souvent que, devant les plaintes du commerce, l'Administration dut faire cesser sur certains points l'application de mesures de pro- tection cependant bien légères. l'exploitation du caoutchouc 493 Toute rattention était, en effet, concentrée sur la préparation du caoutchouc et la répression de la fraude ; les moyens préconisés pour combattre une exploitation abusive manquaient g-énéralement de base scientifique et, il faut bien le dire aussi, étaient alors d une application bien difficile. Action administrative. — Aussi l'action des Gouvernements se concentra-t-elle surtout sur l'étude de la production et de la prépa- ration du caoutchouc. Au Soudan, les premières études présentant un réel intérêt scien- tifique furent faites par M. Liotard, alors pharmacien de la Marine ; elles furent publiées aux « Archives de Médecine navale » (1889, n» 9). Puis ce furent ensuite les docteurs Thiroux et Coppin (1 892 et 4894), dont les recherches jetèrent un peu de clarté dans la classi- fication des apocynées que l'on rencontre au Soudan. Puis, enfin, les deux missions remarquables accomplies, en 1903, par MM. Hamet et M. A. Chevalier. Les recherches du premier élucidèrent à peu près complètement, au point de vue préparation et utilisation industrielle, la question du caoutchouc. Celles du second, faites avec la collaboration de M. Hua, profes- seur au Muséum, permirent d'établir définitivement la classification botanique des lianes à latex. En même temps (1899 et 1900), M. le général Trentinian prenait l'initiative de créer à Kouroussa, seul point où Ton connût bien à cette époque la liane g-ohine et le moyen d'en extraire le caoutchouc, une école pratique destinée à faire connaître à toutes les popu- lations du Soudan la méthode rationnelle d'extraction de ce pro- duit. Par ordre du Gouverneur, tous les villages de l'ancien Soudan envoyèrent plusieurs adultes à Kouroussa pour une période variant de huit à quinze jours, pendant laquelle on complétait leurs connais- sances sur la liane gohine, la manière de l'inciser, de recueillir le latex et sur les meilleures solutions végétales à employer pour la coagulation. Moins d'une année suffit pour que plusieurs centaines d'indigènes fussent à même d'éduquer à leur tour leurs congénères et cette mesure eut pour effet de quintupler la production dans l'espace de deux années. 494 ÉTUDES ET MÉMOIRES Le caoutchouc préparé était de toute beauté ; il fut vendu au profit des indigènes, qui furent frappés du prix très élevé qu'il atteignit. Cette institution, si utile à tous les points de vue, cessa de fonc- tionner vers 1900. En Guinée, l'Administration paraît s'être intéressée plus tard à l'exploitation des lianes ; il faut cependant signaler la première tentative qui ait été faite en Afrique occidentale française, de repeu- plement en lianes par l'indigène. C'est à M. l'Administrateur en chef Noirot que revient cet honneur ; dès 1898 ce fonctionnaire ten- tait de constituer dans différents villages des « plantations collec- tives », sorte de communaux, repeuplés en lianes, et dont la pro- priété appartenait aux villages. Dans son rapport, M. Noirot raconte qu'il a éprouvé de très grandes difficultés pour en faire accepter l'idée aux Foulahs, et que la plupart des chefs de village lui avaient répondu que les enfants et les singes, très friands des fruits de gohine, se chargeaient d'en assurer la multiplication. Il signale également les obstacles que l'on rencontre à vouloir constituer des peuplements à l'aide de pépinières et de la transplan- tation, et conclut que le seul procédé à considérer repose sur la multiplication par semis en place. Par une circulaire du 12 août 1901, M. le Gouverneur Cousturier rappelle aux Administrateurs de la Guinée les formes que doit revêtir leur action pour la constitution de nouveaux peuplements, et leur enjoint de faire tous leurs efforts pour amener les villages à une telle pratique et pour constituer eux-mêmes, à proximité de leur poste, une plantation modèle. A cette circulaire était jointe une instruction relative à la pratique du repeuplement. Cette ins- truction, due à M. Teissonnier, directeur du Jardin d'essais de Camayenne, est rédigée d'une manière fort claire et contient à peu près toutes les indications réellement pratiques relatives à la mul- tiplication. Elle recommande uniquement, et avec raison du reste, la mul- tiplication par semis direct et de préférence dans des régions boi- sées. C'est à cet ensemble de mesures que se borna l'action adminis- trative dans le sens du repeuplement et il faut bien le dire, dans la plupart des cas, les instructions restèrent lettre morte ; on n'était L EXPLOITATION DU CAOUTCHOUC 495 pas encore suffisamment persuadé de l'efficacité de notre action à ce sujet, et les efforts faits pour secouer l'apathie naturelle du noir manquèrent presque toujours de conviction. Et cependant l'application de mesures radicales s'imposait ; de tous les points de l'Afrique occidentale la même plainte s'élevait : le caoutchouc disparaît, dans quelques années la production bais- sera régulièrement et avec elle une source très importante de reve- nus. Nous ne pouvions accepter plus longtemps la continuation de cet état de choses, il fallait agir. B. — De la qualité des sortes africaines de caoutchouc. Répression de la fraude. Ainsi que je le disais plus haut, la répression de la fraude du caoutchouc a été, de tous temps, la préoccupation la plus sérieuse du Gouvernement ; la cause principale en était dans les plaintes continuelles du commerce au sujet de la qualité de ce produit. Habitués par les acheteurs à un système d'exploitation très voi- sin de la (.( rafle ». les indigènes ne songeaient à apporter aux fac- toreries que la plus grande quantité de produit, sans se soucier beaucoup de la qualité. Il est exact de dire que les encouragements les plus directs leur venaient des acheteurs eux-mêmes qui, sous la poussée d'une con- currence effrénée, achetaient tout, afin de réaliser de quelque façon que ce fût, un bénéfice immédiat. La conséquence de tels procédés commerciaux ne tarda pas à se faire sentir ; les sortes africaines se présentèrent bientôt sur les marchés dans de mauvaises conditions de pureté, puis avec des caractères évidents de fraude. Le commerce se plaignit fortement et l'Administration songea alors à s'opposer à la préparation et à la circulation de caoutchoucs fraudés. Le premier acte administratif est un arrêté de M. le Gouverneur général Ballay, du 5 mars 1901, pris sur la proposition de M. le délégué permanent Merlaud-Ponty, qui interdit, dans toute l'éten- due du Haut-Sénégal et Moyen-Niger, la circulation du caoutchouc en boules non coupées. En Guinée, la fraude fut telle qu'un effondrement des cours se produisit qui eût pu mettre en danger les finances locales ; aussi le commerce, s'adressant à l'Administration, la pria instamment d'ins- 496 ÉTUDES ET MÉMOIRES tituer une réglementation sévère, capable de faire cesser un état de choses auquel il avouait ne pouvoir rien changer de sa propre initiative. M. le Gouverneur Cousturier prit alors, à la date du 22 mai 1901, un arrêté interdisant l'exportation des « caoutchoucs mouillés, fabriqués avec des racines, des caoutchoucs gluants dits Sticky et des caoutchoucs contenant plus de 1 "/„ d'impuretés. » C'était là une réglementation draconienne, car la faculté d'arrê- ter la circulation de caoutchoucs contenant plus de 1 "/o d'impure- tés donnait à l'Administration le droit d'interdire tout mouvement de cette matière. Néanmoins les bons effets de cette réglementation ne tardèrent pas à se faire sentir ; les cours reprirent un taux normal et sous l'influence d'une surveillance douanière des plus dures, il se consti- tua Une sorte commerciale le « Niggers rouge Conakry » qui arriva à faire prime sur les marchés. Devant ce résultat, le Gouvernement local, toujours aiguillonné p'ar le commerce, resserra encore plus la réglementation en vigueur et par l'arrêté du 20 février 1903 établit le régime suivant : La circulation, l'achat, la vente ou le dépôt des caoutchoucs fre- latés ou mouillés, dont la sortie était prohibée par l'arrêté du 22 mai 1901, étaient interdits dans toute l'étendue de la Colonie. - Les agents des Douanes et tous autres fonctionnaires désignés h cet effet pouvaient procéder à la visite des caoutchoucs, sur les routes et dans les boutiques accessibles au public où se traitaient les opérations commerciales. Enfin, les boules ou parties de boules reconnues frelatées devaient être confisquées. Pour peu que l'on connaisse les habitudes commerciales du centre de l'Afrique, on se rend compte, à première vue, non seulement de l'impossibilité de l'application dun tel règlement, mais encore des conflits graves qu'une pareille atteinte à la liberté commerciale devait amener. Il eût fallu un nombre incommensurable de fonctionnaires pour la surveillance du trafic et, de la part des commerçants locaux, une résignation à toute épreuve, toutes conditions irréalisables. Basée sur une conception trop particulariste des intérêts de la Colonie, ces dispositions amenèrent, dès le début, de graves diffi- cultés en Haute-Guinée, Elles furent résolues à Saint-Louis par une L EXPLOITATION DU CAOUTCHOUC 497 Commission dont vous m'aviez confié la présidence et qui conclut à l'unanimité, après expertise, à la recevabilité des lots refusés à la circulation. Vous receviez, en même temps, des plaintes très motivées de la part de plusieurs maisons de commerce importantes, qui deman- daient instamment l'établissement d'une rég-lemeniation normale. Par ailleurs, en Casamance et à la Côte d'Ivoire, la circulation du caoutchouc était entièrement libre. A la faveur de ce régime tout particulier, la préparation du caoutchouc avait pris une allure des plus critiquables ; les sortes présentées de ces deux provenances, quoique fabriquées avec le latex des mêmes plantes, étaient à tous points de vue défectueuses. En Casamance, les impuretés atteignaient un taux qui avoisinait la fraude et dont les industriels se plaignaient fortement. En Côte d'Ivoire, la préparation par l'urine dans des fosses où le latex est accumulé, donnait et donne encore les « lumps», si pénibles à travailler et dont le prix est très inférieur. Telle était donc la situation au point de vue de la répression de la fraude : d'un côté une réglementation d'une sévérité excessive, de l'autre, absence complète de réglementation. Une réglementation sage devait tenir le plus grand compte de l'identité des plantes produisant le caoutchouc en Afrique occiden- tale française, ainsi que de l'intérêt qu'il j avait à présenter sur les deux marchés européens de Liverpool et de Bordeaux, les caout- choucs africains sous la forme la plus avantageuse, au point de vue de leur valeur et de la répression de la fraude. II. — LÉGISLATION INTERVENUE EN 1905 Je ne reprendrai pas, dans ce court exposé, l'étude détaillée de la législation intervenue récemment et dont la préparation n'a pas demandé moins de deux années de consultations et de discussions de toute nature. L'énoncé que j'ai fait dans le premier chapitre montre suffisam- ment l'opposition des nombreux intérêts dont il y avait lieu de tenir compte et, par suite, la diffîcidté de trouver des mesures qui les satisfassent tous. Pour ne rien laisser dans l'ombre et plus particulièrement pour coordonner les desiderata formulés par les négociants et les indus- 498 ÉTUDES ET MÉMOIRES triels, vous me charg-iez de visiter, au cours de l'année 1904, les places d'Europe où se traite le caoutchouc, ainsi que les fabricants français. Pendant les quatre mois que dura cette étude, j'eus l'occasion de m'entretenir avec les principaux courtiers français et étrangers et les divers intermédiaires traitant le caoutchouc, de visiter les usines françaises et quelques usines anglaises et belges où se tra- vaille cette matière. Les renseignements recueillis, joints à l'ensemble des avis émis parles représentants des divers intérêts en présence, permirent de rédiger le projet d'arrêté présenté à la session de 1904 du Conseil de Gouvernement et qui fut publié le l'^'" février 1905. Les prescriptions de cet arrêté sont contenues dans cinq articles et se rapportent aux quatre idées directrices suivantes : I. — Répression de la fraude (Art. 1"'') ; H. — Conservation des peuplements existants (Art. 2 et S^i ; in. — Constitution de peuplements nouveaux (Art. 4) ; IV. — Création d'écoles pratiques de caoutchouc (Art. 5), Leur rédaction a été conçue dans l'esprit le plus large, de façon à ce que leur application puisse se faire suivant tous les tempéra- ments nécessités par l'état actuel des Colonies composant le Gou- vernement général. Je ne saurais mieux faire ressortir le caractère de cette réglemen- tation qu'en reproduisant le texte même de la lettre que vous adressiez à MM. les Lieutenants-Gouverneurs au sujet de l'applica- tion de cet arrêté : (f Le Gouverneur général de l'Afrique occidentale française à Messieurs les Lieutenants-Gouverneurs de la Guinée française, de la Côte d'Ivoire, du Dahomey, du Sénégal et du Haut-Sénégal et Niger. « J'ai l'honneur de vous transmettre une ampliation de l'arrêté du jer février 1903, délibéré en Conseil de Gouvernement et régle- mentant la circulation du caoutchouc en Afrique occidentale fran- çaise. (( Cet acte a pour objet de prévenir les adultérations du produit que pratiquent les indigènes et d'amener rapidement ceux-ci à amé- liorer leurs procédés de préparation. (( Toute fraude nettement caractérisée, faisant clairement ressor- l'exploitation du caoutchouc 499 tir la mauvaise foi, le dessein de tromper de la part du producteur devra être sévèrement réprimée. Par contre, toute adultération du produit qui ne serait vraisemblablement que le résultat de malfa- çons ne devra être poursuivie qu'avec les tempéraments que com- portent l'inexpérience et la mentalité des indigènes du lieu. « Bien plutôt que de décourager les producteurs de bonne foi par des mesures de rigueur, il convient de les avertir, de les conseiller, de les amener à mieux comprendre leur propre intérêt et les prolits qu'ils auraient à apporter plus de soin dans leurs procédés de récolte, dans leurs modes de préparation. C'est une œuvre de persuasion et d'éducation à poursuivre qui exige l'intervention incessante des fonctionnaires de tout ordre appelés à servir dans les régions à caoutchouc. Je compte sur leur zèle et leur activité pour multiplier les écoles du genre de celles créées au Soudan pour inviter les indigènes à en suivre les cours en grand nombre, pour les amener à préparer le caoutchouc comme au Para, en plaquettes minces et diaphanes qui permettent la rapide vérification du produit. « Il est, en effet, à noter que si, pour des raisons de circonstances, l'arrêté n'exige pas que le caoutchouc ne soit présenté à la vente que sous cette forme, ce n'en est pas moins l'objectif vers lequel doivent tendre nos efforts pour, d'une part, supprimer d'une façon absolue toute tentative de fraude, d'autre part, donner satisfaction au désir exprimé par tous les fabricants de caoutchouc, (( Je ne saurais trop vous recommander d'apporter la plus active sollicitude à la création des écoles professionnelles, à la surveil- lance et à l'extension des peuplements. Le caoutchouc est un pro- duit de haute valeur dont l'utilisation industrielle s'étend chaque année ; c'est une ressource économique de premier ordre et un important élément de revenu pour les finances de l'Afrique occi- dentale française. A divers titres, il réclame toute l'attention et a droit à tout l'intérêt des pouvoirs publics. « E. ROUME. ). m. — RÉSULTATS ACQUIS FIN 1905 L — Répression de la fraude. Pour mesurer la portée de la réglementation intervenue, il est nécessaire d'envisager séparément les situations créées de son fait a^ Soudan, où il n'en existait pas précédemment, et en Gui- née, où la législation ancienne devait être fortement amendée. '500 ÉTUDES ET MÉMOIRES SOUDAN Je dois dire que dans cette rég-ion, rAdministration n'avait pas attendu la publication de l'arrêté pour recommander aux Adminis- trateurs de veiller, aussi attentivement que possible, à ce que les indigènes apportent plus de soins dans la préparation du caoutchouc et n'y mélangent pas des matières terreuses qui en diminueraient fortement la qualité. La situation des caoutchoucs du Soudan était, en eftet, au cours de la campagne 1904, devenue fort mau- vaise. MM. Faucher et Chaumel, courtiers de la place de Bordeaux, avec qui l'Inspection de l'Agriculture est en rapports suivis, nous faisaient part de leurs craintes très vives au sujet de la mauvaise qualité des caoutchoucs « en provenance » du Soudan central, prin- cipalement de Sikasso. Ces craintes, du reste, n'étaient pas vaines, puisque les cours baissèrent sensiblement vers le milieu de l'année. Le « Twist Soudan », qui valait à Bordeaux, en janvier 1904, 9 fr. 30 — 9 fr. 50 le kilogr., était tombé, en septembre, à 8 fr. 25 — 8 fr. 80 ; le « Niggers Soudan » avait lui-même fléchi de 9 fr. 40 —9 fr. 70 à 8 fr. 25—8 fr. 70. A cette baisse des cours, due uniquement à la fraude, venaient s'ajouter de graves difficultés dans les transactions et dans le règle- ment des marchés. Des stocks importants restaient en magasin et ne trouvaient pre- neurs qu'aux prix de 4 fr. 50 à 5 francs le kilog. ; un malaise géné- ral pesait sur la place de Bordeaux. Cette situation était éminemment préjudiciable à la renommée de notre production ainsi qu'à la situation du nouveau marché de Bordeaux, vers le développement duquel se portait toute votre sollicitude. Vous avez aussitôt demandé au Gouverneur du Haut-Sénégal et Niger de prendre d'urgence les mesures que comportait cette situa- tion ; peu après, l'arrêté réglementant la production et la circulation du caoutchouc entrait en vigueur. Cet arrêté reçut de tous un accueil des plus favorable, il permet- tait d'atteindre le but visé sans gêner, en quoi que ce soit, les opé- rations commerciales. l'exploitation du caoutchouc 501 Il permit, dès sa publication, de resserrer les mesures déjà prises contre la fraude. Une amélioraiion notable se produisit presqu'aussitôt et progres- sivement, par la localisation des centres où se produisaient encore des adultérations, il nous fut possible, avec le concours de M. Fau- cher, de porter nos efforts sur les points plus particulièrement défectueux. Le « Twist Soudan » qui valait 8 fr. 60 — 9fr. 20 en janvier attei- gnait 9 fr. 60—10 fr. 20 en septembre 1905, soit 1 fr. 40 de plus qu'en septembre 1904. Le « Niggers Soudan » qui valait 9 fr. 40 — 10 fr. 50 en janvier atteignait 10 fr. 35—11 fr. 20 en septembre 1905, soit 2 fr. 35 de plus qu'en 1904. Cette amélioration très sensible, obtenue par la seule action de l'Administration et le concours des courtiers français, peut et doit encore s'accentuer. Certains points du Soudan (Haute Côte d'Ivoire) exportent encore une marchandise défectueuse au point de vue de la préparation ;' il est nécessaire que dans cette région on abandonne la préparation en grosses boules, dont la dessiccation est impossible et qui arrivent souvent stickées sur le marché ; il faut de même que l'Administra- tion locale veille plus attentivement à ce que l'indigène ne mélange pas au caoutchouc, en le préparant, une certaine quantité de matière terreuse. Le critérium de la qualité des sortes de cette provenance pourrait être le « Niggers Beyla » coté à part dès le mois d'avril 1905, qui valait, en septembre, 11 fr. 30 à 11 fr. 50 le kilogr. et qui représente le plus bel exemple de l'amélioration que l'action administrative peut amener. (.4 suivi^e.) Yves Henry, Directeur de l'Agriculture de V Afrique occidentale française. CARACTERES DES PHANÉROGAMES i | FLEURS ET PRÉFLORAISONS L'ensemble du règne végétal se divise en deux grands groupes : les plantes vasculaires, c'est-à-dire dépourvues de vaisseaux, organes conducteurs de la sève, et les plantes non vasculaires, c'est-à-dire dépourvues de ces organes spéciaux. L'existence des vaisseaux est liée à une différenciation morpholo- gique particulière de la plante; les plantes vasculaires sont aussi celles qui possèdent des racines, organes dont la fonction la plus importante est d'absorber les liquides du sol, qui sont ensuite apportés aux diverses parties du végétal par les vaisseaux. Les plantes vasculaires fournissent deux embranchements : Les Cryptogames vasculaires. Les Phanérogames. Les noms donnés à ces deux embranchements ont été introduits dans la botanique depuis longtemps; ils indiquent par leur signifi- cation étymologique que dans le premier groupe les phénomènes de la reproduction sont cachés, difficilement observables, qu'ils sont très évidents au contraire dans le deuxième groupe. A l'origine, il en était véritablement ainsi, mais aujourd'hui ces noms, quoique conservés, ont perdu leur signification primitive, les phénomènes de la reproduction étant aussi bien connus chez les Cryptogames que chez les Phanérogames. On donne généralement comme caractère élémentaire des Phané- rogames, celui de posséder des fleurs et l'on définit par fleurs les assemblages de feuilles différenciées d'une manière particulière en vue de la production des cellules génératrices ; il est inutile de réflé- chir bien longtemps pour s'apercevoir qu'une définition aussi vague peut s'appliquer également aux fructifications des cryptogames vasculaires et aux soi-disant fleurs des Phanérogames. Il y a donc lieu de préciser la distinction. Parmi les feuilles modifiées du bour- 1. Leçon d'ouverture du cours de botanique professé à l'École nationale supé- rieure d'Agriculture coloniale (28 octobre 1905). CARACTÈRES DES PHANÉROGAMES 503 geon floral, les unes ont simplement un rôle protecteur et consti- tuent \q périanthe, les autres au contraire portent les cellules repro- ductrices ou gamètes [étamines et carpelles). La formation de l'œuf nécessite la conjugaison de deux gamètes. L'un est immobile et possède h sa disposition des réserves nutri- tives abondantes, c'est le gamète femelle ou oosphère ; l'autre au contraire est mobile, dépourvu de réserve et se porte au devant de l'oosphère, c'est le gamète mâle; on le nomme anthérozoïde, qu'il soit ou non pourvu de cils vibra tiles. Chez les Gryptogrames vasculaires les anthérozoïdes sont conte- nus à l'intérieur d'un réceptacle clos Yanthéridie, qui s'ouvre à matu- rité, mettant les anthérozoïdes en liberté, ceux-ci se rendent ensuite librement vers l'oosphère. Chez les Phanérogames, les anthérozoïdes sont contenus à l'intérieur du grain de pollen, celui-ci germe, donne naissance à un prolongement ou tube pollinique qui vient se mettre en contact avec l'oosphère, les anthérozoïdes voyagent à l'intérieur du tube pollinique et n'arrivent à l'oosphère que par son intermédiaire. L'existence du tube pollinique cons- titue donc un premier caractère spécial aux Phanérogames. De la fusion des deux gamètes résulte l'œuf, qui se développe en embryon, jeune plantule possédant une différenciation en racine, tige et feuilles. Cet embryon entouré de tissus spéciaux, servant à sa nutrition [albumen) ou à sa protection [téguments) se détache de la plante à maturité et constitue la graine. La graine, peu riche en eau, traverse une période de vie ralentie puis, placée dans des conditions favorables germe en donnant une plante nouvelle. C'est une formation particulière aux Phanérogames, qui n'a pas son équi- valent chez les Cryptogames vasculaires i. Les Phanérogames sont donc caractérisés par Vexistence du tube pollinique et de la graine. Il y a d'ailleurs une certaine continuité entre les Cryptogames vasculaires les plus élevés en organisation et les Phanérogames, comme le montre l'étude approfondie des phénomènes de la repro- duction. Considérant en particulier l'embranchement des Phanérogames ainsi défini, examinons de plus près les organes appelés fleurs. Une fleur se compose le plus souvent de pièces disposées en v«rti- 1. Certains botanistes et particulièrement les Allemands ont, pour ce fait, subs- titué l'expression des Siphonogames à celle de Phanérogames. 504 ETUDES ET MEMOIRES cilles successifs, c'est-à-dire s'insérant sensiblement au même point de Taxe dans chaque verticille. Le périanthe ou partie protectrice comprend un ou plusieurs verticilles de petites feuilles vertes ou sépales formant sa partie externe ou calice, un ou plusieurs verticilles de petites feuilles colorées ou pétales formant sa partie interne ou corolle. Les organes reproducteurs, situés à l'intérieur du périanthe sont : 1° Les éta- mines disposées en un ou plusieurs verticilles et formées générale- ment d'une partie grêle, allongée, le filet terminé par une masse renflée, ïanthère renfermant les grains de pollen ; l'ensemble des étamines forme Vandrocée ; 2° Les carpelles disposés également en un ou plusieurs verticilles et renfermant les ovules dans la masse desquels se différencient les oosphères ; l'ensemble des carpelles forme le gynécée ou pistil. Dans bien des cas, cependant, chaque pièce florale est insérée à un niveau spécial de l'axe et les différentes pièces s'étagent le long d'une spirale décrite autour de cet axe ; la disposition verticillée peut-être considérée comme la limite d'une disposition spiralée. Les caractères tirés de la disposition des pièces florales jouent un très grand rôle dans la classification des Phanérogames et l'on est amené à considérer, par exemple, l'indépendance ou la soudure des pièces d'un même verticille, l'indépendance ou la concrescence des verticilles successifs, etc. Il est même intéressant, dans bien des cas, d'observer la façon dont les pièces d'un même verticille se juxtaposent ou se superposent, et ces dispositifs, souvent peu nets après l'épanouissement de la fleur, doivent être étudiés de préférence dans le bouton ; ils constituent les différents modes de préfloraison. Ces modes s'expriment par des diagrammes, c'est-à-dire au moyen de la projection sur un plan per- pendiculaire à Taxe floral des différentes pièces de la fleur, supposées insérées sur un réceptacle conique, de manière à ce que les projec- tions de deux verticilles ne se superposent pas. La préfloraison est surtout intéressante à considérer pour les ver- ticilles du périanthe dont les pièces généralement foliacées ont une propension à se recouvrir les unes les autres. Nous allons, pour fixer les idées, décrire et coordonner les pré- floraisons d'une corolle par exemple, et ce que nous dirons pour cette enveloppe pourra s'appliquera tout autre verticille floral, nous supposerons de plus que nous avons affaire à un verticille de 5 pièces, ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent. CARACTÈRES DES PHANÉROGAMES 505 La préfloraison est dite valvaire lorsque les pièces se touchent latéralement sans se recouvrir ; elle est valvaire indiiplicative ou rédiiplicative (fî^. \ et 2) suivant que les bords en contact sont repliés en dedans ou en dehors. Lorsque les pièces sont toutes recouvertes d'un côté et recou- vertes de l'autre, la préfloraison est dite convolutive ou tordue (fig. 3) ; il peut alors arriver que les pièces soient recouvrantes de gauche à droite ou de droite à gauche pour un observateur placé debout, au centre du diagramme. Fig. 1. — 1. Préfloraison valvaire induplicative. 2. Préfloraisoa valvaire réduplicative. 3. Prefloraisoii convolutive ou tordue. Dans tous les autres cas, il y a au moins une pièce complètement recouvrante et une autre complètement recouverte. On distingue ainsi : 1° La préfloraison imbriquée où l'une des pièces est recouvrante A, une autre adjacente complètement recouverte B, et les trois autres recouvrantes d'un côté, recouvertes de l'autre G. Si l'on décrit le diagramme dans le sens des aiguilles d'une montre, on a la suite fermée ABGGGA (fig. 4), ou bien la suite AGGGBA (fig. 4') que nous appellerons disposition complémentaire et qui correspond à la suite des pièces dans la fig. (4) parcourue en sens inverse des aiguilles d'une montre. 2° La préfloraison vexillaire où l'une des pièces est recouvrante A, luné des pièces non ajacentes recouverte B et les trois autres recouvrantes d'un côté, recouvertes de l'autre G. On aura alors la suite fermée AGGBGA ou bien la suite AGBGGA pour la disposition complémentaire (fig. 5 et 5'). La préfloraison quinconciale ou deux des pièces sont complète- ment recouvrantes A, deux des pièces complètement recouvertes B et une pièce recouvrante d'un côté, recouverte de l'autre G. On Bulletin du Jardin colonial. 35 506 ETUDES ET MEMOIRES aura alors la suite fermée ABCABA ou bien la suite ABACBA pour la disposition complémentaire (fig. 6 et 6). Dans chaque cas, la préfloraison complémentaire est l'image dans un miroir de la préfloraison directe. On pourrait, d'autre part, des figures précédentes en déduire autant d'autres, en faisant correspondre aux parties recouvrantes des parties recouvertes et vice-versa ; on obtient les formules cor- respondantes en remplaçant les B par des A, les A par des B sans Fi{?. 2. — 4. Préfloraison imbriquée ; 5. Préfloraison vcxillairc : 6. préfloraison quinconciale ; i", 5', 6". préfloraisons complé- mentaires des précédentes. modifier les C; il est facile de voir que cette opération fournit pour chaque ligure une ligure complémentaire, une figure directe et sa complémentaire étant réciproques et qu'on ne peut trouver ainsi un nouveau mode de préfloraison ; ce fait résulte de ce que dans chaque combinaison entre le même nombre de pièces A et B, une ou deux, suivant les cas. Nous pouvons alors nous demander si nous avons envisagé pré- cédemment toutes les combinaisons possibles et si de plus nous pouvons trouver un lien qui les rattache. Nous allons essayer de trouver ce lien, en laissant de côté les cas simples des préfloraisons valvaire et tordue. Pour cela nous allons considérer un verticille comme la limite d'une spirale foliaire infiniment aplatie; on sait d'après les lois de CARACTÈRES DES PHANEROGAMES 507 la phyllotaxie que deux plans axiaux passant par Tinsertion de deux feuilles consécutives font entre eux un ang^le constant ou angle de divergence ; de plus, dans le cas qui nous occupe, les cinq pièces du verticille couvrant une circonférence complète ne peuvent former entre elles que des ang-les de divergence égaux à un multiple de 360« 5 Pour trouver les préfloraisons, nous allons donc considérer des 1 , ,. . 360 ^ 360 ., 360 , .^.^ angles de divergence égaux a -^, 2X-v-, 3X — ^, 4XobU; nous pouvons de plus décrire ces angles dans le sens des aiguilles Fig. 3. — Préfloraisons correspondant aux diverses divergences ; 7 et 7', div. \ pr. imbriquée; 8 et 8', div. |, pr. quinconciale ; 9 et 9', div. |, pr. quinconciale ; 10 et 18', div. I, pr. imbriquée. d'une montre ou en sens inverse ; pour tracer le diagramme correspon- dant à un angle donné, il suffira de remarquer que toute pièce foliaire est recouverte par les pièces situées au-dessous, recouvrante pour les pièces insérées au-dessus d'elle ; nous obtenons ainsi les 8 dia- grammes (fig. 7 à 10, 7' à 10'). La pièce médiane postérieure a toujours été prise comme point de départ et numérotée 1 ; nous numérotons dans chaque diagramme les pièces suivant leur ordre d'insertion. 1 ,• 360 ^ , ^360 , . , On voit ainsi que les divergences ——-et 4 X -g- donnent des o 360 ^ „ ^ 360 préfloraisons imbriquées et les divergences À X —g- et d X —g- 508 ÉTUDES ET MÉMOIRES donnent des préfloraisons quinconciales ; ces préfloraisons sont directes ou conplémentaires suivant le sens d'enroulement de la spirale, et de plus, les passages de la divergence — ^ à 4 X -û- j' i . 1 1 1- « 360 , „ 360 -, . d une part et de la divergence 2 X— ^ — a o X -^, d autre part, équivalent au renversement du sens de la spirale. Nous avons donc une interprétation de la préfloraison complé- mentaire par rapport à la préfloraison directe ; celles-ci corres- pondent aux deux sens possibles d'enroulement pour la spirale foliaire. 'B 11 B C 12 C Fig-. 4. — Diverses dispositions possibles pour les pièces d'un verticille du type 5; dans les figures 11 à 14 la pièce antérieure de gauche est recouvrante en avant: dans les figures 11' à 14', correspondant aux précédentes, la pièce antérieure de gauche est recouverte en avant. Mais l'hypothèse que nous avons faite en considérant un verti- cille comme la limite d'une spirale ne permet pas de retrouver la préfloraison vexillaire. En employant un raisonnement abstrait, nous pouvons mainte- nant montrer que les préfloraisons énoncées précédemment sont les seules possibles. Si nous laissons de côté les préfloraisons valvaire et tordue, il y a toujours dans le diagramme au moins une pièce complètement recouvrante A^ ; nous la prendrons comme point de départ ; les deux pièces adjacentes sont nécessairement recouvertes du côté de A^ ; par leurs autres extrémités, elles peuvent être toutes deux recou- vrantes ou toutes deux recouvertes, ou l'une recouvrante, l'autre CARACTÈRES DES PHANÉROGAMES 509 recouverte; enfin les deux pièces antérieures du diagramme se recouvriront l'une l'autre en avant et deux cas sont k distinguer suivant que de ces deux pièces, la recouvrante est celle de gauche ou celle de droite ; en suivant ces indications nous pouvons cons- truire 8 figures (fig. 11 à 14, ll'à 14") où nous retrouvons les trois modes de préfloraison décrits et ceux-là seulement; quatre des combinaisons donnent la préfloraison quinconciale, deux la préflo- raison vexillaire, deux la préfloraison imbriquée. On obtient d'ail- leurs pour chaque préfloraison autant de fois la disposition directe que la complémentaire. On indique quelquefois sous le nom de pré- floraison cochléaire une préfloraison dans la- quelle la pièce médiane postérieure est recou- verte, les deux pièces adjacentes recouvertes également par les deux pièces antérieures ; en réalité, ce n'est là que la fiffure complémen- , ' .^ ." . ,^ Fig-, 5. — 16. Préfl. vexil- taire d une préfloraison vexillaire ; c est donc laire (type papilionacé) ; aussi une préfloraison vexillaire; elle n'en le. Préfl. cochléaire (type j.fw,, ... . cœsalpinié) dans lecasde diffère pas en principe et ne communique un ^^^^^ zygomorphes. véritable caractère à la fleur que dans les cas de symétrie par rapport à un plan, les diverses pièces d'un même verticille n'étant plus toutes équivalentes; on différencie par exemple les Papilionacées des Cœsalpiniées par la préfloraison de la corolle qui est vexillaire dans le premier groupe, cochléaire dans le second (fig. lS-16) mais dans ces deux groupes la fleur est zygomorphe. Il nous reste enfin pour terminer à voir ce que deviennent les préfloraisons, quand le nombre des pièces s'abaisse au-dessous de 5. Par un raisonnement analogue au précédent on trouve ^ : i Préfloraison imbriquée ABCGA et préf. complémentaire ACCBA. Préfloraison vexillaire ACBCA et préf. complémentaire identique. Préfloraison quinconciale ABABA et préf. complément, identique. Ce sont les mêmes préfloraisons que pour cinq pièces avec sup- pression d'une pièce G. _. ., i Préfloraison imbriquée ABCA et préf. complémentaire ACBA. Pour 3 pièces j ,^, . , , •. i ^ ( L est la seule possible Marcel Dubard, [Professeur à V Ecole supérieure d^agriculture coloniale, 1. Les préfloraisons valvaire et tordue peuvent, bien entendu, sp rencontrer avec un nombre variable de pièces. NOTES L'AGRICULTURE DANS LA VALLÉE DU NIGER LE MANIOC 1 Manihot dulcis et M. utilissima. Le Manioc est un petit arbrisseau pouvant atteindre deux à trois mètres de hauteur. Les tiges, de couleur sombre, sont couvertes de nodosités écailleuses produites par les stipules de la base des feuilles. Celles-ci sont alternes, palmées à 3, 5 et 7 lobes, à long pétiole long ou jaunâtre. Les fleurs sont terminales, en grappes, à pétales monoïques, avec 10 étamines unies à leur base. Le fruit est une capsule à trois coques. Les racines charnues, brun rougeâtre, fasci- culées, rayonnent autour du collet de la plante. Les indigènes distinguent deux espèces de manioc : le manioc doux et le manioc amer. 1° Le Manioc doux (Manihot dulcis) Banankougui en Bambara, Bantara en langue Foula. 11 se reconnaît à première vue à sa teinte générale vert clair, à ses feuilles très rapprochées avec un pédoncule rouge à la base, jaune pour le reste, à ses racines qui prennent en vieillissant un aspect chagriné. Cette espèce est la moins pro- ductive. On la cultive près des habitations. La racine se mange crue ou cuite. 2° Le Manioc amer (Manihot utilissima) Bara hanankou (Bara signifie mauvais). Cette espèce a une végétation vigoureuse. L'as- pect général est vert foncé. Le pétiole des feuilles est long, rouge brun sur toute la longueur. Les feuilles sont plus grandes. Toutes les parties sentent fortement les amandes a mères. Les tubercules atteignent parfois la grosseur de la jambe ; ils restent lisses en vieil- lissant. Cette espèce est très vénéneuse, à cause de la présence de l'acide prussique si l'on en juge par l'odeur. Ces propriétés t. Voir le Bulletin du Jardin colonial. l'agriculture dans la vallée du NIGER oH vénéneuses préservent les plantations de la dent des sing-es et des rats. Elles permettent de les faire loin des villages. Le rendement est considérable. Entre les deux espèces on trouve des variétés peu vénéneuses qui forment transition de l'une à l'autre. CULTURE Le manioc se cultive dans toute l'Afrique occidentale, mais prin- cipalement dans le sud. Dans les régions du nord on n'en fait plus des champs; on ne le met qu'en bordure et auprès des habitations. La plante se développe plus ou moins rapidement suivant le cli- mat. Dans les pays pluvieux, les tubercules arrivent à un dévelop- pement suffisant en une année de végétation; tandis que dans d'autres régions, il faut deux et trois ans. Les sols légers et riches en humus sont ceux qui conviennent le mieux au manioc. Mais c'est, en somme, une plante rustique qui pousse dans n'importe quelle terre. Elle aime les engrais, mais préfère la potasse à l'azote qui porte à l'amertume. L'indigène du sud prépare ses champs de manioc en les disposant en buttes qu'il forme pendant la saison sèche ou à la fin de l'hiver- nage, après une récolte précoce de riz de montagne ou de fonio. S'il s'agit seulement de petites cultures autour des habitations, le sol est préparé comme pour tout autre produit. Pour les cultures que nous avons dirigées nous-mêmes, le champ a été défoncé au daha durant la saison sèche, et fractionné en grosses mottes bien vite eifritées aux premières pluies. La planta- tion s'est faite à plat. Cette pratique nous a toujours donné de bonnes récoltes. Le manioc se plante par boutures : on prend sur des pieds dune année des tiges aoûtées qu'on taille en fragments de 20 à 25 centi- mètres. On utilise ces fragments immédiatement ou bien on les met en pépinières jusqu'au moment de s'en servir. On plante au commencement de l'hivernage. Dans le sud, c'est plutôt à la fin de cette saison. On forme un champ, ou bien on plante en bordure d'une autre culture. On enfonce les boutures à mi-longueur un peu obliquement, dans le sol ameubli disposé en buttes ou laissé à plat. Pour un champ, on plante à la distance de 512 NOTES 0 m. 80 à i mètre en tous sens. Pour bordure, on plante sur deux rang-ées distantes de 0 m. 50. Quinze jours après la plantation, les boutures émettent des racines et les yeux restés à l'airlibre bourgeonnent. Les boutures réussissent en moyenne dans la proportion de 90 °/o. Les soins d'entretien consistent en sarclag-es durant les deux premiers mois. Plus tard, les sarclages deviennent inutiles, le manioc ayant pris le dessus sur les plantes étrangères. Les champs de manioc sont d'un beau vert, d'un vert foncé pour les variétés vénéneuses. Cette teinte se maintient dans la saison sèche très avant. Les racines tuberculeuses se développent jusqu'au mois de janvier. Le sol se fendille autour des pieds à mesure que les racines grossissent. La récolte se fait au fur et à mesure des besoins. Pour enlever les racines sans les blesser, l'indigène les dénude avec son daba en sou- levant les mottes de terre durcie. Quand le déchaussement est suf- fisant, il tire sur le pied qui vient bientôt avec toutes ses racines charnues disposées en auréole. USAGES Le manioc doux se consomme quelquefois au naturel. Le plus sou- vent l'indigène passe au mortier les racines sèches, puis au tamis, fait cuire à l'eau la farine obtenue, et en forme une bouillie épaisse. Pour le manioc amer, il dépouille les tubercules de leur écorce et les fait tremper dans l'eau courante au moins vingt-quatre heures. Quand les racines ont perdu leur amertume, il les fait sécher et s'en sert au fur et à mesure de ses besoins, ou bien les réduit en farine connue sous le nom de Sinkoro qu'on trouve sur les marchés. On sait que le tapioca provient du manioc. La farine du tubercule contient une matière gommeuse qui, sous l'action de la chaleur, agglomère les grains de fécule et leur fait prendre la forme du tapioca. L'indigène l'obtient en étendant sur une plaque de tôle une mince couche de farine de manioc délayée dans de l'eau, en chauf- fant à 80" ou 90", tout en remuant la pâte avec une fourchette de bois, jusqu'à ce qu'elle ait pris la forme granulée voulue. L'indigène granule de même la farine de fonio. l'agriculture dans la vallée du mgek 513 analyse de la baclne de manioc D'après Payen. Fécule 23.10 Sucre, gomme 5 . 65 Cellulose pectose 1.50 Matières azotées 1 . 05 Matières grasses 0 . 40 Sels minéraux 0 . 65 Eau 67.65 100.00 Le manioc doux donne en moyenne à l'indigène 15.000 à 20.000 kilos de racines à l'hectare. Avec un peu plus de soins, nous avons obtenu 35.000 et 40.000 kilos. Le manioc amer a un rende- ment double. Dumas, Agent de culture de l'Afrique occidentale française. NOTE SUR LA CULTURE DU FRAISIER A LA GUYANE FRANÇAISE Monsieur Léopold Le Moult, chef du Service des travaux péni- tentiaires de la Guyane française, a réuni, sur la culture du fraisier dans cette colonie, des observations intéressantes qui ne manqueront pas d^attirer Vattention des personnes qui s'efforcent d'améliorer, sous le rapport des fruits et des légumes, le régime alimentaire des Européens appelés à vivre dans les parties les plus chaudes de la zone équatoriale. Les remarques de M. Le Moult pourront utilement être rappro- chées de celles faites à Madagascar, sur la culture de la fraise, notamment aux environs de Tamatave et de Fort-Dauphin, c'est-à- dire tout à fait sur la côte et dans une des régions les plus chaudes et les plus humides de la grande Ile. M. Le Moult a publié le résultat de ses premières expériences, avant d^ avoir entièrement achevé ses essais, sous forme d'une commu- nication à la Société nationale d'Agriculture de France, dont nous extrayons les principaux passages suivants. La culture du fraisier est-elie possible dans les Gu^^anes, et par- ticulièrement dans les parties basses de la Guyane française? Tel fut la question que je me posai en mai 1903. J'avais entendu pailer, en 1898, d'un essai tenté à Cayenne, par un employé de l'Administration pénitentiaire. — Dans le jardin de cet employé, l'on remarquait en elTet quelques fraisiers, et même quelques fraises. — D'autres essais, avaient également été tentés mais n'avaient donné que des résultats à peu près nuls : beaucoup de feuilles, mais peu ou point de fruits. J'appris en outre que l'abbé Maldidier, curé de Kourou, possédait quelques caisses de fraisiers provenant de l'île Andillaise de Sainte- Lucie et donnant quelques fruits. M. Maldidier voulut bien me remettre 3 plants de ses fraisiers, je les mis immédiatement en pots, t NOTE SUR LA CULTURE DU FRAISIER EN GUYANE 515 conformément aux indications qui m'étaient données ; mais cette expérience me donna des résultats aussi peu satisfaisants que mes premiers essais de culture de la fraise en pleine terre. — Dix mois après la plantation, les fraisiers mis en pots n'avaient pas encore fleuri. Je fis en même temps quelques essais au moyen de graines pro- venant de France et appartenant aux variétés suivantes : Docteur Morère, Saint-Joseph, Gaillon à gros fruits rouge, Gaillon à gros fruits blancs. Après plusieurs échecs je parvins enfin à obtenir quelques centaines de fraisiers de très belle venue que je mis en pleine terre dans un endroit abrité. Getessai fut encore presque entiè- rement anéanti par les fourmis manioc qui rendent la culture maraî- chère si aléatoire dans les Gujanes ; je pus néanmoins sauver un cer- tain nombre de plants, appartenant à la variété Saint-Joseph, que j'avais conservés en pots, dans un endroit abrité et inaccessible aux fourmis ; la base des pots était en effet plongée dans l'eau sur une hauteur de quelques centimètres. C'est de ces plants que je pus obtenir, pour la première fois, en 190 i, les premières belles fraises. Le fraisier pouvait donc produire sous le climat particulièrement chaud de la Guyane, et le résultat cité ^^lus haut, obtenu dans des conditions plutôt défavorables, ne pouvait que m'encourager à poursuivre l'expérience. J'eus, par la suite, et toujours en pots, de fort beaux fruits, qui firent l'admiration de tous les visiteurs. Malheureusement, beau- coup de fruits avortaient, aussi me parut-il nécessaire de 'chercher un autre mode de culture pour le fraisier. Je revins alors à la mise en place en pleine terre, mais en a^^ant soin, cette fois, de choisir un emplacement presque complètement à Fabri des fourmis manioc, dans un jardin entièrement entouré de murs. Le résultat obtenu fut celui que j'espérais. En janvier 1905, plusieurs plants de fraise Saint-Joseph, mis en pleine terre à l'abri des fourmis, donnèrent des fruits aussi gros (pour cette espèce) que ceux que l'on obtient en France. De nouveaux semis, exécutés en septembre 1904, me permirent d'obtenir de nouveaux pieds de fraises a Saint-Joseph » et des plants de fraises Saint-Antoine de\Padouc, Vicomtesse Héricart de Thury, Docteur Morère et Sensation que je résolus de mettre en pleine terre. Mais, instruit par l'expérience, je pris mes précautions contre les fourmis manioc. Autour de chaque planche, je fis creuser une 516 NOTES rigole que je fis garnir d'argile et recouvrir de briques ; avec un léger revêtement au mortier de ciment. Ces rigoles sont toujours rem- plies d'eau, et empêchent ainsi les fourmis manioc, d'arriver jus- qu'aux fraisiers. J'avais ainsi disposé 5 planches, pouvant recevoir chacune 50 fraisiers ; soit une planche par espèce. En mai 1905, la planche des « Saint-Joseph », faite la première, présentait un coup d'oeil magnifique. Tous les plants étaient garnis de nombreuses fleurs, formant une nappe blanche, laissant à peine voir les feuilles ; malheureusement les pluies torrentielles vinrent tout gâter. J'eus des fruits, mais en petit nombre, comparativement à la floraison. Le même fait se produit d'ailleurs en France où, comme en Guyane, les pluies abondantes ont pour effet de faire couler les fleurs : c'est-à-dire d'empêcher la fécondation, et par suite, la for- mation des fruits. Mais la Guyane est un des pays de la terre où il tombe le plus d'eau (près de 6"' 00 en 190i, d'après les bulletins météorologiques) et si, en France, l'on peut négliger de protéger les fraisiers contre les pluies abondantes, cette précaution est nécessaire en Guyane, pour obtenir des fruits. Je conseille donc de protéger les fraisiers à 50 ou 60 centimètres du sol, pendant les fortes pluies, au moyen de paillassons très ser- rés, mais d'enlever ceux-ci pendant les embellies. Vers la fin de juin, les pluies devinrent moins abondantes ; la saison sèche approchait. Les « Saint-Antoine de Padoue », (( D"" Morère », « Vicomtesse Héricart de Thury » et « Sensation », se mirent à fleurir à leur tour et donnèrent des fruits magnifiques ; mais la chaleur devint alors excessive, et manquant d'aides, je dus me contenter de faire arro- ser une seule fois par jour, le soir ; c'était insuffisant. Si l'abondance des pluies fait couler les fleurs, la sécheresse excessive empêche le grossissement des fruits. Il importe donc d'arroser au moins 2 fois par jour, et d'une façon très copieuse, ou alors de protéger les plants pendant les heures les plus chaudes, de la même façon que nous venons de voir pour la pluie. En France, le fraisier peut produire pendant 2 ou 3 ans ; en Guyane il paraît nécessaire de renouveler les plants chaque année, NOTE SUR LA CULTURE DU FRAISIER EN GUYANE 517 en raison de la puissance de la végétation et de la production presque continuelle de fruits. Le fumier de cheval ou de mule paraît suffisant, à la condition, toutefois, de fumer plusieurs fois par an, notamment après chaque production principale. Gomme en France, il est également bon de disposer de la paille sous les fruits pour les faii'e grossir et surtout pour les empêcher de pourrir. Les jeunes sujets fleurissent souvent moins d'un mois après avoir été détachés de la plante mère. C'est ainsi que j'ai pu voir une planche faite depuis 15 jours seulement dont presque tous les plants étaient déjà fleuris. Pour la production du fruit, il convient de couper tous les filets avec soin, de façon à permettre aux pieds mères de prendre de la force. Soignées de cette façon, les plantes deviennent magnifiques, et certaines d'entre elles se couvrent entièrement de fruits. Le Moult. LES INSECTES Note sur divers insectes de la nouvelle-calédOiME s'attaquant au caféier Le Jardin Colonial a reçu, tout dernièrement, de la Nouvelle- Calédonie, divers insectes recueillis sur les caféiers du domaine de V Ecole de Yahoué. Suivant les renseignements fournis par le Gou- verneur de cette colonie, les ravages causés par ces insectes sont suf- fisants pour tuer les caféiers. Ces parasites ont été soumis à l'exa- men de M. Fleutiaux qui a bien voulu les déterminer et fournir sur leurs mœurs les indications suivantes : L'insecte désigné comme étant Fauteur des dégâts signalés sur les caféiers à TEcole d'Yahoué (N. Caléd.), est Xylothrips religio- sus Boisduval, de la famille des Bostrychides (Coléoptères j. En effet, ces insectes sont xylophages et l'un d'eux, VApate monacha Fabricius, est depuis longtemps connu comme un des plus terribles ennemis du caféier et aussi du cacaoyer. Sa taille assez grande permet de le combattre facilement. Je crois que l'on peut appliquer avec succès au Xylothrips les moyens destructeurs préconisés contre ÏApate (voir Bull. Jard. Col., 1901, n° 3, p. 394). Une des espèces envoyées, également indiquée comme hôte du caféier, mais avec la mention « dégâts inconnus », est aussi xylo- phage et appartient à la famille des Scolytides, c'est le Xyleho- rus raripilis Fauvel, petit coléoptère vivant en nombreuses colo- nies. Quant au 3*" insecte recueilli à l'Ecole de Yahoué et signalé comme étant nuisible au caféier, si sa larve parcourt le canal médullaire des jeunes rameaux, c'est pour y poursuivre les autres parasites dont elle se nourrit. Clavicorne de la famille des Colydides : Phormesa insularis White. LES INSECTES 519 II. — INSECTES ENVOYÉS AU JARDIN COLONIAL PAR LA FERME ÉCOLE DE YAHOUÉ (nOUVELLE-CADÉDONIE) Ces insectes ont été recueillis à Yalioué dans les forêts et sur les bois noirs (Albizzios hebbeck) abritant des caféiers. Caledonica lunigera Chaud. Xanthophoea picea Montr. Rhantus punctatus Steph. Hesperus speculifrons Fauv. Dactyloslernum insulare Cast. Bothrideres vittipennis Grouv. Dermestes vulpinus Fab. Attagenus gloriosae Fab. Leperina Signorefi Montr. — Guerini Montr. Thallis nigrœenea. Comacupus tricuspis Fab. se trouvent dans les endroits humides et sur les bois en décom- position. Alaus farinosus Montr. MonocrepidiuslimbithoraxFleut. Callisrnilax Bavagi Fauv. — Deplanchei Fauv. — suturalis Fauv. Alphitohius piceus Fab. Eutochia tibialis Fauv. Pcrissops sp. Mecystocerus impjressus Montr. Orthorhinus criiciatus Montr. Acant.hopygus griseus. Araeocerus fasciculatus Deg-. Agrionome Fairmairei Montr. trouvé sur des bancouliers. La larve très recherchée par les Canaques perfore de grands trous dans les bancouliers et les font périr. Spintheria Doiiei Montr. Monohamrnus artensis Montr. Bosacantha tigrina Montr. Encides Fischteli Schreib. Leptonota sanguinicollis Chev. •^— albovittata Fauv. Aulacophora coffess. Coccinella transver salis Fab. INSECTES [Col.) DU CAFÉIER Phormesa insularis White. Xylothrips religiosus Boisd. Xyleborus raripilis Fauv, HEMIPTERES Chrysocoris sex rnaculata hea.ch. Tectocoris lincola L. Spiideus punctatissimus Montr. Diactor orientalis Dali. 520 NOTES Mie fis profana Fab. Dysdercus sidae Montr. Neurocienus Hochs tetteri Mayr. Melampsalta nuniensis Leth. III. — Insectes trouvés au jardin colonial dans UNE CAISSE DE BANANES SÈCHES PROVENANT DE LA GUINÉE FRANÇAISE. Lépidoptère. — Ploclia uiterpunctella. Attaque les fruits secs dans presque tous les pays. GoLÉoPTÈRE, — Silvanus frumentarius. Cosmopolite. Hyménoptère. — Petite parasite des précédents. IV. — Insectes s'attaquant au cotonnier dans le nord-ouest DE MADAGASCAR Echantillons recueillis par M. Duchène, Directeur de la Station d'Essais de Maravoay, près Majunga. Ces insectes soumis à lexamen du Jardin Colonial ont été déter- minés par M. Fleutiaux. HÉMIPTÈRES Nezara viridula L. Nezara sp. — Espèce très voisine de la précédente. Dysdercus flavidus Sign. V. — LÉPIDOPTÈRES RÉCOLTÉS A RINGERVILLE (COTE DTVOIRE PAR M. JOLLY LÉPIDOPTÈRES Danaïs chrysippus v. alcippus Cr. Acrsea egina Cr. Amauris psylhaleaPl. — geaF. — niavius L. — serena F. — sp. — pharsalus W. LES INSECTES 521 — lycoa G. — alciope \\e\\. — eiirila F. — sp. Junonia délia Cr. Précis terea Dr. Euralia anthedon Boisd. Neptis sp. Euphaedra ceres F. Aterica cupavius F. Callidrias rhodia F. Belonois calypso Dr. Hypanis ilithyia Cr. Terias flnricola Boisd. Mylothris leskeana 01. Tachyris sp. — sp. Callosune evippe L. Ponlia alcesla Cr. Ypthima dolela Kirby. — sP; Papilio anliniachus Dr. — demoleiis L. — arislophonles 01b. Sphinx sp. — sp. Euchromia lethe F. Cœnides sp. Parnarâ sp. Pardaleodes Edipus Cr. Lilhosia sp. — sp. NEVROPTERES Crocothemis eryfhrœa Br. Myrmeleon sp. — sp. Ed. Fleutiaux. Ballelin du Jardin colonial. 36 COMMUNICATIONS DIVERSES COMMERCE DU RAFIA DE MADAGASCAR A TRIESTE Une intéressante communication émanant du Consulat Général de France à Trieste, signale que les fibres de Rafia de Madagascar sont maintenant d'un usage courant dans une grande partie de l'Autriche, où les agriculteurs les emploient pour attacher les plantes et notamment les vignes. Les tresses de rafia utilisées dans cette région sont expédiées de Mada- gascar sur Alexandrie, et, de là, transportées à Fiume ou à Trieste par les vapeurs de la Compagnie du Lloyd autrichien. Les importations de rafia se font déjà par grandes quantités et pour- raient sans doute prendre un développement assez considérable si les principaux exportateurs de Madagascar entraient directement en rela- tions avec les négociants Triestins. STATISTIQUES COMMERCIALES Exportations agricoles, forestières et des produits de la mer dans les colonies françaises. GABON Quantités de bois exportées pendant Vannée 1 903. Le Gabon a exporté, en 190,"), 13.572 tonnes de bois. Ces exportations se sont faites par Libreville (9.712 tonnes) et le cap Lopez (3.860 tonnes). Elles comprennent surtout de l'acajou et de l'okoumé. Okoumé: — 6.836 tonnes, dont 4,698 tonnes exportées par Libreville et 2.138 par Cap Lopez. Acajou : — 5.679 tonnes, dont 4.90.8 tonnes exportées par Libreville et 771 par Cap Lopez. Ebène : — 755 tonnes, dont 718 tonnes par le cap Lopez et 37 tonnes par Libreville. Autres bois : — 302 tonnes. — Libreville : 69 tonnes, cap Lopez : 233 tonnes. GUADELOUPE 1° Exportations du 1^'^ au 31 Janvier 1906. 1° Café. — La Guadeloupe a exporté, en janvier 1906, 99.742 kil. 5 de café contre 62.536 kilos en janvier 1905, soit une augmentation de 37.206 kil. 5 au profit de l'année courante. Comme en 1905, la majeure partie de ce café a été expédiée en France (97.763 kilos). Les colonies françaises n'ont reçu direc- tement de la Guadeloupe que 1.969 kil. 5 de café et l'Étranger seulement 10 kilos (à destination de Haïti). 2° Cacao. — Contrairement à ce qui s'est produit pour le café, les exporta- tions de cacao de janvier 1906 sont moins élevées que celles du commence- ment de l'année dernière. Elles n'ont pas dépassé 68.724 kilos alors qu'elles ont atteint 76.984 kilos en janvier 1905, d'où une diminution de 8.260 kilos. La totalité de cacao a été embarquée à destination de la France ou des colo- lonies françaises, aussi bien en janvier 1905 qu'en janvier 1906. 3° Vanille. — Exportation de 401 kilos durant la première période de l'année courante, contre 160 kil. 6 pendant la période correspondante de 1905, aug- mentation de 240 kil. 4 au profit de 1906. 524 STATISTIQUES COMMERCIALES La plus grande partie de cette vanille (304 kilos) a été envoyée à l'éti'an- ger. La France en a reçu seulement 43 kilos et les colonies françaises r»4 kilos. Les envois à l'étranger se sont répaitis comme il suit : 99 kilos pour Tri- nidad, 173 kilos pour Anligua et 30 kilos pour Saint-Thomas. 4" Sucre. — 2.307 kilos de sucre de canne pour lel"'" mois de 1906 au lieu de 496 kilos pendant la période correspondante de l'année précédente. Augmen- tation de 1.811 kilos au profit de 1906. Presque tout ce sucre (1992 kilos) a été acheté par les colonies françaises, les envois en France n'ont pas dépassé 13 kilos, ceux destinés à l'étranger n'ont atteint que 300 kilos (à destination de Haïti). ' '.')° Mélasse. — La comparaison des exportations des mois de janvier 1905 et 1906accusent, pourl'année courante, nue importante diminution : 24.266 litres en janvier dernier, contre 166,710 litres pour l'année précédente, soitune dimi- nution de 142.444 litres. Ces 2 exportations ont été entièrement faites à desti- nation des colonies françaises, 6" Rhum et tafia. — On constate également, pour ce produit, une diminution très sensible: 30.236 litres au lieu de 37.098 litres, soit une diminution de 26.862 kilos. L'exportation de janvier dernier s'est répartie comme il suit : France 12.989 litres Colonies françaises.. 16.989 — Houki 258 — 2° Exportations du /"'" février au l"^ mars. i° Café. — Les exportations ont atteint 113. 935 kil. 3 en février dernier, ce qui porte à 213. 698 kilos la quantité exportée depuis le l*""" janvier 1906, contre 231.668 kilos pour la période correspondante de l'année précédente (janvier et février 1905). D'où une diminution de 99.742 k. 3. La totalité de ce café a été expédiée en France ou dans les colonies fran- çaises : HO. 407 kil. 5 pour la métropole et 3.348 kilos pour nos Colonies. 2" Cacao. — Les 92.760 kilos de cacao expédiés en février 1906 ont été envoyés en France. — Ces exportations, quoique sensiblement plus impor- tantes que le mois précédent, ne permettent pas encore de rattraper le chiffre atteint pour janvier et février 1905 qui s'est élevé à 213.240 kilos contre 161.484 kilos seulement pour la période correspondante de l'année courante, c'est-à- dire que nous devons enregistrer, au l*""" mars 1906, une diminution de 51.556 kilos. 3° Vanilles. — Exportations de février 1906 sensiblement moins élevées que celles de la période correspondante de 1903 : 191 kilos dont 54 kilos pour la France et 137 kilos pour les colonies françaises. La quantité exportée à la date du l^"" mars dernier ne dépasse pas 392 kilos alors qu'elle s'élevait à 767 kil. 03 au 1«>- mars 1905. Diminution de 173 kil. 03 pour la période janvier et février 1906. 4° Sucre. — Comme pour février, la plus grande partie du sucre exporté a été envoyée en France. STATISTIQUES COMMERCIALES o25 Les envois aux colonies françaises n'ont pas dépassé 3.S46 kilos et ceux à destination de l'étranger (Dominique) 4.018 kilos alors Cfue la quantité de sucre expédiée en France a atteint 3.396.662 kilos. La totalité des envois de février s'élève donc à 3.404.226 kilos. Du i" janvier au l""" mars 1905 on avait exporté 3.026. 465 kilos de sucre contre 3.404.226 kilos pour la période correspondante de 1906, d'où une aug- mentation de 377.761 kilos au profit de l'année courante. 5° Mélasse. — L'importante diminution signalée pour les exportations de mélasse dans le courant de janvier n'a pas été rattrapée par les envois du mois de février qui n'ont pas dépassé 24.305 litres à destination des colonies fran- çaises. Cette exportation est sensiblemant égale à celle du mois précédent (24.266 litres). Du 1" janvier au 1'='' mars 1905, la Guadeloupe a expédié 256.643 litres de mélasses et seulement 48.571 litres durant les deux premiers mois de 1906. L'année courante a donc subi, jusqu'à présent, un fléchissement de 208.072 litres. 6" Rhum et tafia. — Les exportations du mois de février s'élèvent à 76.954 litres et se répartissent comme il suit : France, 54.020 litres. Colonies françaises, 22.904 litres. Étranger (Iles Turques), 30 litres. Les exportations des deux premiers mois de 1906 montent donc à 161.484 litres contre 213.240 litres pour les mois de janvier et février 1905, d'où une diminution de 51.756 litres. 7° Rocou. — Exportations à destination de la métropole atteignant 8.334 kilos ; aucun envoi n'avait été enregistré en janvier. Les exportations des deux premiers mois de 1905 ont atteint 12.960 kilos 5.400 kilos pour janvier et 7.560 kilos pour février. 3" Exportations du h^ au 31 mars i° Café. — A signaler un accroissement sensible des exportations de café qui s'élèvent à 202.012 kil. 5 pour mars 1906 (199.971 kil 5 pour la métropole et 2.041 kilos à destination des colonies françaises). Les exportations des trois premiers mois de l'année courante accusent, sur la période correspondante de 1905 une augmentation de 44.728 kil. 3 — 415.710 kil. 5 contre 370.982 kil. 2 pour le l»"" trimestre de l'année dernière, 2" Cac&O. — Les exportations de cacao du mois de mai's n'ont pas encore permis de rattraper les fléchissements signalés pour les mois de janvier et de février; mais les écarts au l®"" avril dernier sont sensiblement moins élevés qu'à la fin de février. La totalité du cacao exportée en mars (79.208 kilos) a été envoyée en France. Les exportations des trois premiers mois de 1905 se sont élevées à 251.704 kil. 6; celles du 1" trimestre de 1906 à 240.692 kilos. L'écart qui, à la fin de février, était de 51.556 kilos n'atteignait plus que 11.012 kil. 6 à la date du 1'"' avril. S26 STATISTIQUES COMMERCIALES 3° Vanilles. — En mars, exportation de 428 kilos de vanille dont 315 à desti- nation de l'étranger (300 kilos pour New- York et 15 kilos pour Antigua), 23 kilos pour les colonies françaises et 90 kilos pour la France. Pour les trois premiersmois de 1905, les exportations sont montées, au total, à 2.060 kil.03 ; pour les trois premiers mois de 1906, elles n'ont pas dépassé 1.020 kilos, d'où une diminution de 1.040 kil. 03. 4° Sucre. — Les envois du mois de mars ont été très importants ; ils atteignent 10.151.068 kilos : 10.143.750 kilos pour la France, 6818 kilos pour les colonies françaises et 500 kilos pour l'étranger (Dominique). Jusqu'à ce jour les exportations de sucre sont plus importantes qu'en 1905; elles atteignent 13.557.601 kilos pour la période janvier, février et mars 1906, alors qu'elles ne dépassaient pas 11.813.380 kilos pour le 1" trimestre de 1905. Augmentation de 1.744.221 kilos. 5° Mélasse. — Le fléchissement constaté en janvier et février va en s'accen- tuant; les envois du moisdemars ne dépassent pas 38.883 litres, (38.465 litres pour les colonies françaises et 418 litres pour la métropole. Les envois du premier trimestre de 1906 atteignent 87.454 litres; ceux de la période correspondante de 1905 montent à 330.250 litres, d'où une diminution de 242.796 litres. 6° Rhum et Tafia. — Augmentation très importante; exportation totale du mois de mars : 1.245.613 litres (France, 1. 227.799 litres, colonies françaises : 17.707 litres, colonies étrangères (Haïti) : 113 litres. Au l^"" avril, les envois de rhum et de tafia atteignaient donc 1.352.809 litres alors qu'ils ne dépassaient pas 353.569 litres pour la période correspondante de 1905. Nous avons donc à enregistrer une augmentation très importante de 999.240 litres. 7° Rocou. — Exportations de mars sensiblement plus élevées que celles du mois précédent : 25.120 kilos au lieu de 8.334 kilos. Les exportations des trois premiers mois de 1905 et des trois premiersmois de 1906 sont sensiblement les mêmes. !«>• trimestre de 1905 : 32.010 kilos. 1'^'" — 1906 : 33.454 kilos, augmentation de 1.444 kilos. 8° Campéche. — A signaler, pour le mois de mars dernier, un envoi de 20.000 kilos de Campéche à destination de F"rance; aucun envoi de ce genre n'a été enregistré en janvier ou février et pendant les trois premiers mois de 1905. RESUME TRIMESTRIEL DES EXPORTATIONS DE LA GUADELOUPE 1<^'' trimestre de 1906. En résumé, pour la Guadeloupe, les exportations des denrées du crû de la colonie se répartissent pour les 1'^'* trimestres de 1905 et 1906, comme l'indique le tableau suivant. '■O o W in o Cl û H en H w « eu w O en W o U <: O H H O eu W W a <; C3 V 1.; COO H ■^ CM ■ ' 00 - -a o ce b -o 2S ^^ o vto a es a. S - - "a. -3 c c>a o 1 ■^ in ^ ^ 3 ooqO'^v)-Œ>>*o ^<05CMoir)omo es C~. CO o CD ■•* 00 sj- o , O ino^r~.c~(Mpoo H ^>* ifjoomcocj •*(M lO PO 00 -«rH 'O ^n o 5 J ic o o z: '^ •TH - 'S -JL ~ -t - ~ ~ w fL, — ra 0 a _ •Of / tfi K ( o ryj ^ \ -. 5 M lO - ^ a S o •- ce --)• co œ o S o o S- in «^HiOCOO „ „ ^ in "cieooco ~ " "• X Oh U c B C3 r- C) t^ r~ aj !« A •H OO o — O o ^^j;j<;— X^ji (M CT 1^ I- QO OC "!■ O 3 CO O ,!h ^1" C2 co iM Ti O in O ■^ to T- vr ^-!< oc »T o . Ph fe 00 o o ^-r co o o ^T ~-t< m eo 5-) cd Vf c-i in Î-) eo — oo c-acoo - :; jj 5 ^ 5; ^ ■^. r" O S ! ■ ■< c« O ^*-a — -es ; • '3 ■d ■^ 'S" — '*j • — -w p — = 5 3^ ï S g cug ■- 2 = y :^ 5 y S g eS-S^S— ^es3 o 'T3 U U ;" en P?, es c: U <: a •0 73 C 0 m tfi H U '/V -OJ 0 > Li 0 a &, 0 QJ X X rr X\>XXXX\XNXXNVXXXNXXXNXXXXNXXNXXXXVVVXV\\X\N\\NX\XXN>XXXN^ I SOCIETE ANONYME DES Engrais Concentrés à BNQIS (Belgique) Engrais pour Cultures tropicales Cotonnier. PRODUITS 1 i I Canne à sucre. Cacao, ^ Tabac, Coton, Banane, ^ Riz, Cajé, Thé, Maïs, ^ Vanille, Indigo, Ananas, ^ Orangers, Citronniers, ;J Palmiers, etc. Tabac. Superphosphate concentré ou double 43/5o o/o d'acide phosphorique soluble. dont 9/10 sol L! blés dans l'eau. Phosphate de potasse. 38 ^/o d'acide phosphorique, 26 0/0 de potasse. Canne à sucre. 43 0 / 0 d'acide phosphorique, Phosphate d'ammoniaque. 6 0/0 d'azote. Nitrate de potasse. 44 0/0 de potasse, i3 0/0 d'azote. \NXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX\V>.\NXXXXXXX>.V>.XVXNNXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXVVVVV LA MEILLEURE CHARRUE La plus pratique et la plus perfectionnée est le BRABANT DOUBLE tout acier DE A. BAJAC * "^* Ingénieur-Constructeur à LIANCOURT-Oise (France) SEULGRANDPRIX pour les Machines agricoles fra nçai ses à TExposition Universelle de Paris 1889 — o — — 0 — HORS CONCOURS Membre du Jury international à l'Exposition Universelle de Paris 1900 MATÉRIELS COMPLETS pour TOUTES CULTURES Outils spéciaux pour la Culture coloniale CATALOGUE ET RENSEIGNEMENTS FRANCO 8UH, DEMANDE Appareils à Défibrer et à Décortiquer les Plantes textiles F. FASIO. — 56, rue d'Isly, Alger MONO-DEFIBREUSE dite la " Portative " pour toutes variétés d'Agaves : Aloes. Sisal, Fnnrcroya, Ixtle, Univittata, Tampico, etc., pour les diverses SansC' vieres, le BcUtLinier, la Rainie Cette machine peut aussi défibrer le Phormium, le Yucca et les feuilles S Ananas . " AUTO-APLATISSEUR pour Feuilles ". Pouvant alimenter plusieurs défibreuses. Nécessaire seulement pour traiter les variétés à feuilles très épaisses ou dans la marche à bras Je la Mono-Défibreuse. CES DEUX Machines peuvent indifféremment être actionnées A BRAS ou AU MOTEUR. Travail simple ! Appareils peu coûteux ! Catalogue, prospectus et Prix sur demande. — Dépôt des machines à Paris : chez M. Chaumeron, 41, rue de Trévise, où de fréquentes exi^erieiices de detibr.ition ont lieu à la demande des intéressés. — Stock de feuilles fraîches de diverses agaves pour expériences. Dépose (j 0 0 (] 0 0 0 0 0 D 0 ' C ÈVAPORATEURS WAAS Brevetés s G. d. G. Portatifs, munis d'organes de réglage de chaleur, très pratiques POUR LA DESSICATION RAPIDE, RÉGULIÈRE ET ÉCONOMIQUE des Produits coloniaux tels que : BANANES, CACAO, CAFÉ, THÉ, FRUITS, LÉGUMES, PLANTES, etc., leur assurant une longue durée de conservation parfaite. Médaille d Or Exposition coloniale de Nogent-sur-Marne igoS et Premiers Prix à tous les concours en France et à l'Etranger. Ces appareils, facilement trausportables, ne sont ni encombrants, ni coûteux. Une seule personne peut opérer le séchage tout en préparant les produits. R. FURRER-PRIISS, 4, Boulevard Saint-Martin, PARIS I 9 ViLMORlN-ANDllïEUX k G' Quai de la Mégisserie, PARIS LIANE A CAOUTCHOUC Landolphia Heudelotii a^J^ La Maison VILMORIN-ANDRIEUX ET C'', toujours sou- cieuse d'être utile à son importante clientèle, a cru devoir s'occuper d'une façon toute particulière de l'importation et de la vulga- risation des graines et plantes précieuses des pays chauds Ses relations commerciales avec toutes les parties du globe la placent certainement au premier rang: des maisons recommandables pour résoudre cette importante question. Du reste, ses efforts ont été couroimés de succès puisqu'elle a obtenu 7 Grands Prix à l'Eji'position Universelle de lyoo, dont un spécialement accordé pour son Exposition Coloniale En outre, le Jury de la dernière Exposition qui a en lieu en igoS, au Jardin Colonial de Nogent-sur-Marne, a confirmé les décisions du Jnry de l'Exposition Uni- verselle en lui attribuant le Premier Grand Prix d'fLmneur. Enfin, suivant une longue tradition, la Maison se fait un devoir de répondre de la façon la plus désin- téressée à toutes les demandes qui lui sont adressées. Graines et jeunes plantes disponibles au fur et à mesure de la récolte : Plantes textiles. — Agave Sisalana du Yucatan (vrai), Cotons sélectionnés. Jute, Fourcroya gigantea, etc. Plantes économiques. — Cacaoyer (variétés de choix), Caféiers (espèces diverses). Coca, Kola, Tabacs divers. Thé d'Annam et d'Assam, etc. Plantes à caoutchouc. — Castilloa elastica, Euphorbia Intisy, Ficus divers, Hevea brasiliensis, Landolphia (diverses sortes), Manihot Glaziovii, Marsdenia verrucosa, Willughheia edulis, etc. Plantes à épices. — Canellier de Ceylan, Gingembre des Antilles, Giroflier, Muscadier, Poivrier, Vanilles du Mexique et de Bourbon (boutures), etc. Gi'aines de plantes médicinales, à gomme, à huile, à essence, à tanin, etc., etc. Emballage spécial. — Nous croyons devoir appeler l'attention de notre clientèle d'outre-mer sur l'avantage qu'ils trouveront à employer nos caisses vitrées (caisse Wardj pour l'expédition des jeunes plants ou des graines en stratiiication- GRAINES AGRICOLES ET- INDUSTRIELLES Graines d'Arbres et d'Arbustes pour pays tempérés et tropicaux. Assortiments de Graines potagères, Fleurs, etc., appropriés aux différents climats. CATALOGUE SPÉCIAL POUR LES COLONIES FRANCO SL^R DEMANDE Correspondance en toutes langues. — La maison n'a pas de succursale ni de dépôt. ) New York Botanical Garden Librar 5185 00258 4512 >*?: >' K'-:\m ' > ■■:H.